D&W1988 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. £. %ô 4> A*J } m ' ' »"i PARIS — IMPRIMERIE DE KULLET- BACHELIER, rue du Jardinet, n° i2.- COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE eu date du <3 eWtlet «835 , PAR MM. LES SECRETAIRES PERPÉTUELS. TOME CINQUANTE ET UNIÈME. JUILLET — DÉCEMBRE 1860. PARIS, MALLET- BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Augustins, n° 55. 1860 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 JUILLET 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « M. Becquerel a l'honneur de présenter à l'Académie l'ensemble de ses recherches sur la température de l'air, des végétaux et du sol à diverses profondeurs, et dont elle a bien voulu autoriser l'impression : ces recher- ches ont été faites concurremment avec le thermomètre ordinaire, les thermomètres à maxima et à minima, et le thermomètre électrique qui, sans aucun doute, est l'instrument le plus convenable pour les faire sans être arrêté par des difficultés souvent insurmontables, quand il s'agit sur- tout d'observer à des profondeurs ou à des hauteurs telles, que l'observa- teur ne puisse lire les indications. Les diverses parties de ce travail ayant déjà été communiquées à l'Académie, M. Becquerel s'abstient de l'en entre- tenir de nouveau. » ZOOLOGIE. — Observations sur le degré d 'animalité et sur les espèces de Spongilles, et particulièrement sur la grande espèce du lac Pavin; par M. H. Lecoq. « De (animalité des Spongilles. — La grande question de l'animalité des éponges ne peut être tranchée d'une manière absolue par l'observation mi- nutieuse des Spongilles. Presque tous les auteurs anciens leur ont attribué une sensibilité plus ou moins obtuse. Marsigli, Ellis, Solander, Jussieu (.6 ) assurent avoir remarqué des contractions et des dilatations successives dans les oscilles des éponges. Je crois avoir remarqué des mouvements dans ces oscules, au moment de la sortie de l'eau. Je ne pourrais l'affirmer. » Rondelet a nettement refusé la vie animale aux éponges, tandis que Imperato assura que la vie résidait dans la pulpe gélatineuse qui revêt les spicules. Je suis entièrement de son avis pour les Spongilles. On sait que Tournefort et Linné lui-même, dans les premières éditions de son Sjstema nalurœ, en faisaient des végétaux. » Les observations très-bien faites de nombreuxsavantsitaliens'confirment notre croyance à l'animalité des éponges et des Spongilles. » Laurent considère la masse glaireuse des Spongilles, des éponges et des infusoires comme les premiers rudiments de l'animalité, et il n'admet dans les infusoires ni estomacs, ni organes sexuels, ni système nerveux. C'est pour lui du tissu muqueux contenant des lacunes. » A peine sorties de l'eau, les Spongilles se putréfient à la manière des substances animales. De Blainville dit aussi qu'elles répandent par la com- bustion une odeur très-fétide. Il ajoute, d'après Lamouroux sans doute, bien qu'il ne le cite pas, qu'elles contiennent une grande quantité de chaux : ce qui n'est pas. )j Donavan regarde ces êtres comme des espèces de nids de larves ; mais il suffit de les voir dans leur développement complet pour reconnaître leur grande analogie avec les éponges marines. » L'analogie des éponges, des Spongilles et des algues ne peut échapper à personne. L'apparition de conceptacles, la production de zoospores nageant avant de se fixer, au moyen de cils, phénomène si élégamment démontré dans les algues par M. Turet, sont autant de points de contact que l'on ne peut méconnaître. » Les Spongilles doivent être placées avec les éponges près des algues. Elles commencent certainement cette élégante série animale qui va prendre dans les Rayonnes ces formes si curieuses et si variées, et nous montrer leur tendance à la divergence. » La division et la subdivision quaternaire, si remarquable dans les végé- taux cryptogames, est encore mieux caractérisée dans certains êtres infé- rieurs du règne animal. Ainsi la forme adulte du Volvox globator est une sphère composée de trois générations emboîtées les unes dans les autres : le Volvox parent qui contient huit filles, et chacune de celles-ci renferme à son tour huit petites-filles. Il arrive ce qui a lieu dans certains agarics et dans les lycoperdons, qu'il y a quelquefois avortement de quelques-unes (7) des filles du Volvox ou des spores, qui sont ainsi réduits à trois ou même à deux sur chaque pédicelle. » Le nombre binaire a été observé par M. Turet dans les tentacules des corpuscules de plusieurs algues. Il a cité aussi le nombre quatre dans les tentacules d'autres espèces. D'après le même auteur, la spore du Fucus ser- raius se partage en huit sporules distinctes. » Dans le Fucus nodosus la spore se partage en quatre sporules, d'après MM. Crouan. » Dans le Fucus canaticulatus la spore se partage en deux sporules. » Daus notre Spongille il est impossible de compter les granulations des corps reproducteurs, mais il est remarquable que le nombre des spicules contenus dans les conceptacles soit ordinairement de deux ou de quatre. » Il est plus remarquable encore de voir sur de larges surfaces couvertes de Spongilles ces dépressions régulières, formées par l'arrangement des spicules, arrangement souvent quinaire, qui laisse déjà prévoir les formes symétriques ou pentagones des Échinodermes. » Cette dernière observation suffirait à elle seule pour faire placer les Spongilles dans la série animale. m Des espèces de Spongilles. — Lamouroux a décrit quatre espèces de' Spongilles sous le nom à'Ephidatie, nom qui rendait inutile celui de Spon- gille créé plus tard par Lamark. Il eût mieux valu peut-être laisser ces pro- tions parmi les éponges où Gmelin, qui décrit déjà les quatre espèces de La- mouroux, les avait placées. » Un long et consciencieux travail de Laurent sur la Spongille fluviatile a été inséré dans le voyage de la Bonite. Ce travail est accompagné de très- belles planches, dessinées avec talent par M. Gratiolet et dont la clarté cor- rige en partie la confusion du Mémoire de Laurent. On se demande ce qu'il peut y avoir de commun entre la Spongille fluviatile, recueillie dans un canal sur des tiges et des feuilles de Ceratophyllum et le voyage de cir- cumnavigation de la Bonite; mais il serait plus nécessaire de savoir quelle espèce Laurent a étudiée sous le nom de Spongille fluviatile , car une déno- mination française ne dit rien, surtout quand son auteur n'est pas cité. Il est vrai que cette question n'avait pour Laurent aucune espèce d'impor- tance, puisqu'il termine son intéressant Mémoire sur la Spongille par ces paroles : « Les différents aspects sous lesquels se sont présentés les corps reproduc- » teurs, les individus isolés et leurs masses spongillâires ne nous ont point' » permis d'établir des caractères différentiels assez tranchés pour établir (8 ) » plusieurs espèces de Spongilles. Toutes celles que les auteurs ont propo- » sées ne nous paraissent pas devoir être reconnues. Nous sommes porté à » croire que ce ne sont pas même des variétés. Jusqu'à ce jour nous ne » pouvons les considérer que comme des variations. Mais pour nous pro- » noncer définitivement sur ce point, il faut en appeler à des expériences » que les circonstances ne nous ont pas encore permis de poursuivre avec » toute la persévérance qu'elles exigent. » [Voyage autour du monde de la Bonite. Zoophytologie, 1 844 î p- 25o,.) » Malgré mon opinion sur la non-permanence absolue et la non-fixité de l'espèce, je ne puis admettre cette confusion de Laurent. L'espèce existe dans les Spongilles; elle est nettement tranchée, et celle qui nous occupe est trop distincte de celle décrite par cet auteur pour qu'on puisse les réu- nir. J'ai dans les bassins de mon jardin, à Clermont même, une Spongille qui n'est pas celle du lac Pavin, ni celle décrite par Laurent, lequel du reste a eu le tort de ne rien préciser ni sur l'espèce qu'il a étudiée, ni sur la localité où elle a été recueillie. J'ai rencontré, il y a plus de quarante ans, dans le département du Nord, une Spongille que la rivière d'Helpe avait rejetée sur le gazon et dont j'ai conservé la description et le dessin. C'était encore une espèce très-différente. » Il se peut que celle de Pavin soit la même que celle qui habite les lacs du nord de l'Europe. Ce serait alors le Spongilta lacustris Gmelin ou Ephida- tia lacustris Lamouroux, synonyme que Dutrochet applique mal à propos au Spongilla rarnosa Lamark, dans son Mémoire sur la Spongille. » UEpidatia lacustris La m ou roux est, selon cet auteur, rampante, fragile, à rameaux droits et obtus et habite les lacs du nord de l'Europe. >• On conçoit qu'une telle description laisse beaucoup d'incertitude et soit très-difficile à appliquer. » Comme je ne connais pas cette espèce du Nord, je préfère considérer celle de Pavin comme étant la même, jusqu'à plus amples renseignements. » Ce que je puis affirmer, c'est que cette espèce prospère à une basse tem- pérature et que souvent elle reste pendant plusieurs mois sous une glace épaisse, recouverte elle-même d'une couche de neige, laquelle intercepte toute lumière qui puisse pénétrer dans les eaux. Mais on sait que les éponges marines vivent aussi dans les mêmes conditions d'obscurité, et si leurs espèces sont plus abondantes, plus variées et plus développées dans les eaux chaudes des mers tropicales, ces êtres existent aussi dans les mers du Nord et jusque sur les rivages du Groenland, de l'Islande et peut-être du Spitzberg. (9) » Il faut donc que les eaux de toutes les parties du monde contiennent de la matière organique et que, par une prévoyance toute spéciale de la nature, une sorte d'attraction vivante permette à cette matière de se réunir sous des formes variées. » Il paraît pourtant, au point de vue géographique, que si les éponges marines préfèrent en général les eaux chaudes des mers tropicales, les Spon- gilles au contraire se plaisent dans les eaux froides des lacs et des rivières, dans les régions tempérées et septentrionales, et il semble nécessaire que cette eau se renouvelle ou soit souvent agitée. » En effet, l'espèce du lac de Pavin est plus belle, plus développée du côté où des sources pures et fraîches y versent leurs eaux, et l'espèce que j'ai trouvée dans le bassin de mon jardin naît de préférence sur la pierre d'où l'eau s'échappe et sur laquelle cette eau retombe continuellement. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur les congru em es ; par M. V.-A. Le Besgiïe. « I. Étant donnée une équation/- (.r):=o de degré ra, si l'on fait^ = F(jc), F(.r) étant une fonction entière de x, on sait que les n valeurs de f corres- pondantes aux n valeurs de x sont les racines d'une équation f (y) = o, aussi de nième degré. Si n est un nombre composé (n = ef) et que la fonc- tion F {x) puisse être choisie de sorte que les valeurs de y soient égales f à/, il en résulte ?(j) = l et par suite f (» m o, équation de degré e. » Cette simplification se présente pour l'équation xP I '— — - = xp~* -+■ xp~2 -4- . . . -+- X2 4- X -+- I = o, .r — I en supposant p premier et p — i = ej; il suffit de poser 1=0 les p — î valeurs de y sont égales f a f, et l'on trouve une équation de C. R., i80c, ime Semestre. (T. LI, N» I.) a ( io ) forme (i) f + p (A2 j-2 H- A, f~* -+- . . . + Ae) = o, où les coefficients, sauf le premier, sont des entiers multiples de p. » Il est aisé de voir qu'en posant y= i ■+■ ez l'équation (i) se change en une autre de même degré (2) ?e(z) = o, qui n'est autre que l'équation auxiliaire de Gauss, pour la résolution de xp = 1 . L'équation (1), que j'ai démontrée dans les Comptes rendus de 1 844 5 est plus commode en bien des cas. » Pour p 7= if+ 1, on a Ja-(-0 ' /> = «; pour p = 3/ + i» j* — 3pj — pL = o, 4/> = I>2+ 27 M% L=i (mod3); pour p — 4/ '-Hi, {^_[I_2(_I)/]^p_4p(jr_L)2 = o, ^=La + 4M2, L=i (mod4). » On connaît l'usage de ces équations dans la théorie des résidus qua- dratiques, cubiques et biquadratiques; je me propose de présenter d'une manière plus simple et plus complète ce que j'ai écrit à ce sujet, et sur la résolution de l'équation xp = 1 . » II. M. Kummer a montré que l'équation auxiliaire de degré e, fe[z) = o étant changée en congruence à module premier S > S » • • • » S » Comme la fonction f (z) se tire de f{x) en prenant x-h - = z, on résoudra la congruence (fE_1[z) = o (mod q — kp 4- î) a en faisant z = g" 4-" gip~i) k (modç). » V. Pour le module ç = kp — î, la congruence j(x)~o n'est plus possible ; mais on peut, relativement à ce module, décomposer J(x) en facteurs irréductibles du second degré x' — xz-hi. a.. ' ( i» ) » II suffit de résoudre z2 — nt2=i (mod<7), le nombre n étant un non-résidu quadratique de q. » Il résulte encore de là que les valeurs de z satisfont à la eongruence T,_, (») = o (mod7 = *p-i). » Ce point sera développé dans le Mémoire indiqué plus haut. » VI. La détermination des racines de la eongruence cp _,(z) = o (modç = kp + r), r^=i (mod/>) conduirait de même à la décomposition de j\x) en facteurs irréductibles de degré f, relativement au module q. » M. Rummer, après avoir prouvé dans ses Mémoires que le produit ? ( y) ? ( y - 0 ? (J - 2) • • • ? (J - ? + 0» ou l'on donne à j" une valeur entière quelconque, est multiple de q', q étant un nombre premier et e le degré de

1—' (-)• ■ " (f) = -.; puis, par le théorème de M. Kummer, d'où encore p— » #>(l)=<-'> ' ' * • ce qui n'est autre chose que la loi de Legendre, démontrée de tant de ma- nières. » La démonstration précédente s'est depuis longtemps présentée à M. Liouville, qui ne l'a point publiée. » ZOOLOGIE. — Note sur le Trichina spiralis; par M. Vikchow. « J'ai eu l'honneur, l'automne dernier, de faire part à l'Académie des premiers résultats de mes recherches relatives au développement des Tri- chines introduits dans l'économie par les voies digestives. » Depuis lors l'Académie a reçu communication des recherches du pro- fesseur Leuckart; celles-ci semblaient, contrairement aux miennes, démon- ( i4 ) trer que le tricocéphale était un degré du développement régulier du trichine. » Des observations ultérieures ont montré que le trichine représente un genre particulier d'entozoaire, et M. Leuckart lui-même a reconnu l'exac- titude de mes premières observations. » C'est sur les lapins que j'ai pu suivre le développement du trichine. Lorsque l'on fait mangera un lapin de la viande contenant des trichines, on voit, trois ou quatre semaines après, l'animal maigrir; ses forces diminuent sensiblement, et il meurt vers la cinquième ou sixième semaine qui suit l'ingestion de la viande renfermant les entozoaires. Si l'on examine les muscles rouges de l'animal ainsi mort, on les trouve remplis de millions de trichines, et il n'est pas douteux que la mort n'ait été produite par une atrophie musculaire progressive, consécutive aux migrations des trichines dans l'économie. « Dans un des cas, j'ai vu moi-même mourir l'animal ; il était si faible, qu'il ne pouvait se tenir sur ses pattes; couché sur le côté, il avait, de temps à autre, de légères secousses; enfin les mouvements respiratoires cessèrent, tandis que le cœur battait encore régulièrement : la mort survint après quelques mouvements spasmodiques. » Par cette alimentation, j'ai obtenu cinq générations d'entozoaires. J'ai d'abord fait manger à un lapin des trichines vivants occupant un muscle humain; il mourut au bout d'un mois : je fis alors ingérer à un second lapin des muscles du premier, il mourut aussi un mois après. La chair musculaire de celui-ci me servit à en infecter trois autres en même temps; deux d'entre eux moururent trois semaines après et le troisième au bout d'un mois. J'en nourris alors deux, dont l'un avec beaucoup et l'autre avec peu de la chair de ces derniers : le premier mourut au bout de huit jours sans que l'autopsie révélât d'autre lésion qu'un catarrhe intestinal; le second succomba six semaines après le début de l'expérience. » Chez tous ces animaux, à l'exception de l'avant-dernier, tous les mus- cles rouges, sauf le cœur, renfermaient une telle quantité de trichines, que chaque parcelle examinée au microscope en contenait plusieurs, quelquefois jusqu'à une douzaine. » Il s'agit donc ici d'une affection mortelle. L'observation attentive faite sur ces animaux, ainsi que sur d'autres, donna les résultats suivants : Peu d'heures après l'ingestion des muscles malades, les trichines dégagés des muscles se trouvent libres dans l'estomac; ils passent de là dans le duodé- num et arrivent ensuite plus loin dans l'intestin grêle pour s'y développer. ( i5 ) Dès le troisième ou quatrième jour, on trouve des œufs et des cellules sper- matiques, tandis que les sexes sont devenus distincts. Bientôt après, les œufs sont fécondés, et il se développe, dans le corps des trichines femelles, de jeunes entozoaires vivants. Ceux-ci sont expulsés par l'orifice vaginal situé sur la moitié antérieure du ver, et je les ai retrouvés, sous forme de petits filaires, dans les glandes mésentériques et surtout en nombre consi- dérable dans les cavités séreuses, particulièrement dans le péritoine et le péricarde; ils avaient, selon toute apparence, traversé les parois intestinales, suivant probablement la même voie que celle que parcourent les psoro- spermies, d'après les recherches de l'un de mes élèves, le docteur Klebs, c'est-à-dire qu'ils pénètrent dans les cellules épithéliales de l'intestin. Du reste, je n'ai pu en découvrir ni dans le sang, ni dans les voies circulatoires. » En continuant leurs migrations, ils pénètrent jusque dans l'intérieur des faisceaux musculaires primitifs, où on les trouve déjà, trois semaines après l'alimentation, en nombre considérable et à un degré de développe- ment tel, que les jeunes entozoaires ont presque atteint les proportions de ceux qui étaient renfermés dans la chair ingérée par l'animal. » Pour être certain qu'avant l'expérience l'animal n'avait pas de tri- chines dans ses muscles, j'ai examiné plusieurs fois, avant de le nourrir, un morceau de muscle excisé sur le dos, et n'en ai pas trouvé de trace là où plus tard ils devaient se rencontrer en si grand nombre. » Les trichines progressent dans l'intérieur des faisceaux musculaires primitifs où on les voit souvent, plusieurs à la file l'un de l'autre. Der- rière eux, la substance musculaire s'atrophie; autour d'eux, ils provoquent une irritation, et dès la cinquième semaine commence leur enkystement ; le sarcoleum s'épaissit et le contenu des fibres musculaires présente les signes d'une végétation cellulaire plus active; le kyste est donc le produit d'une sorte d'irritation traumatique. » Chez le chien, on suit très-bien le développement des trichines dans l'intestin; mais ils ne passent pas dans les muscles, soit que l'intestin, soit que les sucs digestifs du chien soient nuisibles aux migrations ou à l'évolu- tion ultérieure de ces êtres. » Je dois à l'obligeance de M. le professeur Zencker de Dresde les mus- cles de la femme avec lesquels j'ai commencé cette série de recherches. Dans ce cas, la mort survint dans des circonstances entièrement semblables à celles que j'ai observées sur mes lapins; l'autopsie ne découvrit d'autre lésion que d'innombrables trichines dans les muscles, et ni ici, ni dans les muscles des lapins, ils n'étaient visibles à l'œil nu. ( i6) » De ces faits, il ressort donc qu'il est des cas mortels d'infection par les trichines qui ne peuvent être reconnus qu'avec le microscope, et que jus- qu à présent on n'avait pas observé d'autres cas que ceux où les trichines étaient non-seulement enkystés, mais où ce kyste était déjà pour le plus grand nombre arrivé à un degré très-avancé de crétification ; car ces kystes seuls sont visibles à l'œil nu. » Or, comme les kystes ne se forment que de la quatrième à la sixième semaine, et la crétification probablement après des mois, on peut en conclure que jusqu'ici on n'a reconnu ces cas chez l'homme qu'après qu'était sur- venue une sorte de guérison, alors que les symptômes se rapportant à l'évo- lution récente des trichines, étaient oubliés depuis longtemps. En recueil- lant exactement les antécédents chez les malades qui ont éprouvé les symptômes précités, on verra probablement bientôt augmenter le nombre des cas de maladie à trichines. » Outre le mérite d'avoir constaté chez l'homme les trichines que j'ai découverts dans l'intestin du chien, expériences que j'ai communiquées a l'Académie, le professeur Zencker a pu retrouver le reste des trichines qui avaient infecté sa malade et jeter ainsi un grand jour sur l'étiologie de cette affection. Comme la malade avait été transportée de la campagne à l'hôpital de Dresde, le professeur Zencker prit des renseignements et trouva que, quatre semaines auparavant, on avait dans cette même habitation abattu un porc renfermant des trichines; que le jambon et les saucisses faits avec la chair de cet animal en contenaient un grand nombre; qu'enfin le boucher qui avait écorché le porc et mangé des trichines frais, comme plusieurs autres personnes, avait, comme elles, présenté des symptômes rhumatis- maux et typhoïdes plus ou moins graves; mais la malade transportée à Dresde succomba seule à l'ingestion de la viande de ce porc. » Dès à présent cet état présente un grand intérêt hygiénique. >- L'ingestion de viande de porc fraîche ou mal apprêtée, renfermant des trichines, expose aux plus grands dangers et peut agir comme cause pro- chaine de la mort. •■ Les trichines conservent leurs propriétés vitales dans la viande décom- posée, ils résistent à une immersion dans l'eau pendant des semaines; enkystés, on peut, sans nuire à leur vitalité, les plonger dans une solution assez étendue d'acide chromique, an moins pendant dix jours. » Au contraire, ils périssent et perdent toute influence nuisible dans le jambon bien fumé et conservé assez longtemps avant d'être consommé. » ( '7 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix de Physiologie expérimentale. MM. Cl. Bernard, Flourens, Milne Edwards, Coste et Rayer réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS PHYSIOLOGIE. — De l'unité de jugement on de sensations dans l'acte de la vision binoculaire^ ou du mécanisme de la vision simple et en relief avec deux yeux; par M. Giraud-Teixon. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemmentnommés : MM. Pouillet, Babinet, Cl. Bernard.) (Un précédent Mémoire, auquel se lie celui-ci, avait été lu le 20 février dernier et renvoyé à une Commission composée de MM. Pouillet, Babinet_, Cl. Bernard.) « La doctrine des points identiques est incompatible avec la donnée anatomique de la permanence de la forme sphérique des surfaces pro- fondes du globe oculaire. Cette incompatibilité résulte de la différence des parallaxes oculaires correspondant, dans l'un et l'autre œil, à une même étendue superficielle d'un corps placé sans symétrie sur les axes optiques. » Mais la variabilité de la surface rétino-choroïdienne sous l'action du muscle tenseur de la choroïde, et qui nous avait paru propre à concilier les faits nouveaux, dévoilés par l'étude de la stéréoscopie, avec la doctrine des points identiques, étudiée à son tour plus profondément, laisse également en dehors d'elle un certain nombre de faits qui ne s'y peuvent plier. » Le problème est donc toujours posé. » Peut-on s'appuyer en effet sur la considération de l'horoptre, qui, de quelque façon qu'on l'envisage, sous-entend toujours, si l'on va au fond des choses, que l'on ne voit simples que les corps dont la forme coïncide- rait avec la surface géométrique et définie de l'horoptre? » Peut-on se reposer davantage sur la théorie de MM. Alex. Prévost, Briicke, Brewster, qui supposent que la vision, soit monoculaire, soit binoculaire, ne porte jamais que sur un seul point, en un instant donné très-court ; que la vue se promène successivement et avec une très-grande rapidité, sur tous les points d'une perspective, l'un après l'autre? Le sens intime, l'observation attentive, démentent suffisamment cette conception. Elle est, d'ailleurs, péremptoirement détruite par l'expérience de Dove . C. R. , 18G0, ime Semestre. (T. Ll, N° I.) 3 ( >8 ) l'illumination subite d'une double vue stéréoscopique par l'étincelle élec- trique procure la sensation instantanée du relief au moyen du double dessin plat fusionné. » En scrutant directement la doctrine des points identiques, on arrive bientôt à découvrir en quoi on s'est abusé jusqu'ici en ce qui la concerne. » Et d'abord, contrairement à ce qu'on croyait, elle se trouve renversée, et non pas confirmée par l'expérimentation phosphénienne. » En opposition avec l'opinion reçue, on reconnaît expérimentalement que deux points non géométriquement homologues peuvent procurer une sensation unique (si l'on fait mouvoir à cet effet le globe oculaire pendant la stimulation phosphénienne); inversement, on démontre aussi que deux points géométriquement homologues peuvent procurer des sensations dou- bles et séparées. Il suffit pour cela que leurs directions verticales soient amenées à se rencontrer. >. L'analyse de la production de la diplopie, dans l'acte de la vision binoculaire, celle de la vision stéréoscopique (synthèse de la vision ordi- naire), la dissociation de l'harmonie des accommodations de distance d'angle, lors de l'usage des besicles convexes ou concaves, tous ces faits démontrent que la fusion des deux images peut se faire et se fait souvent, contrairement aux idées régnantes, sur des axes optiques secondaires, et n'est pas du tout limitée aux axes polaires ou optiques principaux. » De telle sorte que de toutes ces analyses concordantes un seul prin- cipe survit aux autres, et s'accorde, sans les expliquer pourtant encore, avec tous les faits de la fonction visuelle, le principe de direction, flanqué de celui de l'extériorité, qui ne peut s'en séparer et est inné ainsi que lui. » Il manque cependant quelque chose encore dans cet ensemble : com- ment, doit-on se demander, se limitent donc les impressions reportées sur les directions virtuelles, comment se localisent-elles en un point plutôt qu'en un autre de ces directions? » Par une certaine faculté de limitation, notion nouvelle, due, comme principe abstrait, à M. Serres d'Uzès, mais dont le mécanisme réel n'a aucun rapport avec celui imaginé par cet ingénieux et savant physiologiste. » Etudions-la analytiquement dans la vision monoculaire : où est la force limitatrice dans la vision avec un seul œil? >• En ce qui concerne la vision monoculaire, elle nous paraît résider dans une propriété de la sensibilité spéciale dont il s'agit ici, et qui n'a pas en- core été placée dans tout son jour, quoiqu'elle fût implicitement comprise dans quelques-unes des explications ayant cours dans la science, à savoir : » La notion procurée au sensorium de la continuité des lignes et des ( '9 ) surfaces éclairées ou visibles, par le sentiment de la continuité des sensa- tions uniformes et graduées (couleurs et teintes), d'un élément rétinien à l'élément immédiatement voisin. Par contre, la notion d'une intersection de surfaces et de lignes naît de la rupture brusque de cette continuité de teintes. » A partir et tout autour du point de vue central, tout l'espace visible se peint, renversé, sur le fond rétinien, comme un tout composé d'élé- ments superficiels à teintes uniformes ou graduées, se coupant les uns les autres par des couleurs et des tons différents, entraînant par là, pour le jugement, l'appréciation des surfaces qui se limitent mutuellement, qui se projettent les unes sur les autres. >i Ces petites surfaces limitent ainsi de proche en proche chaque direction virtuelle; une même surface répondait, dans le sensorium, à la succession non interrompue d'une même teinte entre les deux variations brusques qu'elle sépare. » L'éducation, l'habitude et la mémoire complètent le jugement porté. » Ce sont ces derniers éléments qui, dépourvus de fixité mathématique, engendrent alors toutes les illusions de la vue monoculaire, celle du moule creux d'une médaille vue en reliel, celle des tableaux, celles des diagrammes des figures géométrales à trois dimensions. » En quoi la vision binoculaire diffère-t-elle de celle-ci ? » i°. Par la présence au fond des yeux de deux tableaux semblables, mais non identiques, que les deux organes, comme l'a montré Wheatstone, ont une ardente tendance à fusionner; » i°. En ce que, dans la fusion de ces deux tableaux dessinés par l'espace visible au fond de chaque œil, chaque organe limite mathématiquement, et en fait, la position des points vus, sur la direction qui leur correspond, à l'entre-croisement même de cette direction virtuelle avec celle qui, dans l'autre œil, correspond au même point considéré. » Tel est le fait expérimental; mais comment les yeux acquièrent-ils ou transmettent-ils au sensorium la notion de cet entre-croisement, comment s'y reconnaissent-ils entre toutes ces directions qui se coupent? » C'est ici qu'intervient la notion de la continuité des surfaces et de la perception de leur étendue, par le sentiment de la continuité des teintes. » Le point de vue central étant le même pour l'un et l'autre œil, et fixé par la rencontre des axes optiques principaux, les deux tableaux sembla- bles, mais non identiques, dessinés sur chaque rétine, se superposent plus 3.. ( *o) ou moins confusément, si l'on veut, par suite de la tendance innée du sen- sorinm à les confondre. » Mais sous l'influence de la notion de la continuité des surfaces, d'après le sentiment delà continuité des teintes, la première étendue superficielle à teinte uniforme qui s'étend, d'un côté ou d'autre, à partir du point de vue ou centre commun, étant interrompue dans chaque organe de la même ma- nière et par une iutersection semblable de part et d'autre, révèle au senso- rium son intersection avec la surface immédiatement voisine, la même évi- demment pour les deux yeux. » Au lieu où s'opèrent ces deux ruptures partielles dans la teinte ou la couleur, le sensoriuin rapporte nécessairement l'existence de la même cause, l'intersection des mêmes surfaces, la saillie ou le retrait du même corps sur le corps voisin. Par là sont déterminées dans chaque organe celles des direc- tions virtuelles dont le concours limitera, de part et d'autre, le renvoi exté- rieur de l'impression. » Par là sont triés, choisis les points rétiniens dont les deux directions virtuelles correspondent au même point donné de l'espace visible. Tel est le fait physiologique précurseur de la notion de l'entre-croisement. Les organes ayant en eux-mêmes la faculté de se représenter virtuellement la direction réelle du point lumineux, et étant avertis, d'autre part, de l'origine réti- nienne des deux directions qui se correspondent, placent tout naturelle- ment ce point visible à leur entre-croisement, comme la géométrie détermine la position d'un point sur un plan à l'intersection des deux droites aux- quelles ce point appartient à la fois. » Et l'on notera que ce mécanisme intime ne suppose aucunement l'égalité dans chaque œil, des petits éléments de surface du tableau visible de l'es- pace; ces parallaxes sont, on le sait, inégales, quoique peu différentes ; mais c'est cette différence même qui procure la notion du relief. » En résumé, on voit par là que l'unité de la vision binoculaire est due à ce que deux directions, deux axes secondaires quelconques jouissent, relativement au point sur lequel ils se rencontrent, de la même propriété que les axes optiques principaux, eu égard an point de vue. Ils fixent, pour l'observateur, la position relative des points auxquels ils correspondent avec la même précision dont sont investis les axes principaux pour déter- miner le point de vue. En un mot, tous les axes secondaires du cristallin sont des axes optiques qui se comportent entre eux comme les axes po- laires eux-mêmes. » ( n ) M. J. Desbois lit un Mémoire ayant pour titre : « Causes de l'infériorité de l'homme comparée aux oiseaux, et des moyens de remédier à cette infériorité ». Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission nommée pour les diverses questions relatives à l'aéronautique. MÉMOIRES PRÉSENTÉS L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1860, question concernant le nombre des valeurs des fonctions bien définies qui contiennent un nombre donné de lettres. Ce Mémoire, inscrit sous le n° 3, est renvoyé à l'examen de la Commission nommée dans la séance du 18 juin. PHYSIOLOGIE. — Mesure du volume des poumons de l homme; par^H. N. Gréhant. (Exlrait.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Cl. Bernard.) « Plusieurs physiologistes ont déterminé le volume des poumons par le volume d'air-qu'ils renferment après la mort, après une profonde expiration dont la valeur est inconnue. » J'ai pensé qu'il valait mieux faire cette mesure chez l'homme vivant, et j'ai trouvé dans la respiration de l'hydrogène le moyen que je cherchais. » Je fais passer un litre d'hydrogène purifié dans une cloche à robinet placée sur l'eau, munie d'un tube flexible que l'on introduit dans la bou- che; les fosses nasales étant fermées, je fais exécuter, après une expiration ordinaire, l'inspiration du gaz hydrogène, l'expiration dans la cloche, je ferme le robinet après cinq mouvements pareils pendant lesquels aucune communication n'a été établie entre les poumons et l'extérieur. » Un homme robuste fut soumis à cette expérience, l'analyse eudiomé- trique faite sur l'eau montra que le mélange gazeux refroidi contenait 23,5 pour 100 d'hydrogène; ainsi le litre inspiré ne forme que les 23,5 cen- tièmes du volume total cherché, un seul centième sera 23,5 fois plus petit ou -— -et le volume entier cent fois plus grand — 5— =-• » On trouve ainsi que le volume des poumons après l'inspiration est ( fcrf) 4T,255; le volume de l'air qui reste dans ces organes après une expiration égale est 31, 2 5 5 . » L'exactitude du procédé dépend de l'homogénéité du mélange; je l'ai vérifiée par plusieurs expériences : je fis inspirer cliaque fois un litre d'hy- drogène, mais je recueillis on le gaz de la 2e expiration ou celui de la 3% de la 4e, de la 5e. Voici les résultats de mes analyses : Le gaz de la 2e expiration contenait 24,8 pour 100 d'hvdrogène. » 3e » » 25,4 » » 4e * " 23,7 » » 4e (bis) • » 23,5 • » 5* » » a3,5 » Ainsi à partir de la 4e expiration le mélange est homogène. » Le volume obtenu est celui des gaz qui remplissent les bronches après l'expiration, ramené à la température de l'eau de la cuve; ce n'est point leur volume absolu, puisqu'ils sont en général plus chauds et plus humides. » Une correction très-simple permet de calculer ce volume absolu. Soient : V le volume trouvé à la température t de l'eau de la cuve, y tension de la vapeur d'eau, ï et F les nombres correspondants pour l'air des pou- u 1 -, u' • 11 • • Y(n-KT)(H-/) mous, H la pression atmosphérique, le volume corrige seija -. - ' • J'ai reconnu que l'air expiré était saturé de vapeur d'eau à 36°, 4, l'eau de la cuve était à 17 degrés. La correction faite, le volume 3',255 devient 3l,6a3. » Le volume de l'air qui reste dans les poumons après l'expiration, ce que j'appelle la capacité pulmonaire, est invariable si l'expiration est égale à l'inspiration précédente. » Au lieu d'un litre d'hydrogène on peut donc inspirer^ litre ou un volume quelconque, mais connu, et c'est là un moyen de vérifier la méthode; après une inspiration de \ litre d'hydrogène, la capacité des bronches fut trouvée de 3', 259, au lieu de 3',255 trouvée plus haut. » Le volume de l'air dans les poumons augmente régulièrement du vo- lume de l'inspiration et revient à sa première grandeur par l'expiration égale; des efforts passagers peuvent le faire varier davantage : ainsi chez une personne robuste dont la capacité pulmonaire est 31, 95, l'inspiration la plus profonde après une expiration ordinaire est 21,4'. Et l'excès d'une expiration profonde sur une expiration ordinaire 3',o3; la capacité pulmo- (»3 ) naire présente un maximum 6',36, un minimum o'^a ou résidu respira- toire; la différence 5l,44 est la capacité inspiratoire extrême de M. Hut- chinson. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la jormation de la glace au Jond de l'eau (grundeis des Allemands); par M. Engfxhardt. (Extrait.) (Commissaires, MM. Boussingault, Despretz, de Senarmont.) Après un précis historique très-détaillé des recherches qui ont été faites sur ce sujet, l'auteur expose dans les termes suivants les principaux résul- tats de ses recherches et les conséquences pratiques auxquelles elles l'ont conduit : « Voici les expériences que j'ai faites à Zinswiller (Bas-Rhin) en 1829, et que je viens de répéter pour élucider la question. » J'avais pris trois chaudières de fonte d'environ 1 mètre de diamètre, que j'ai remplies d'eau. Pour juger de l'influence des corps étrangers, j'avais mis au fond de l'une des chaudières des morceaux de bois et de fonte; dans l'autre ou avait laissé se congeler un peu d'eau; dans la troisième il n'y avait rien. Ces corps étrangers n'exercèrent aucune influence sensible. » Au moment de commencer l'expérience, l'air était à — a°; il a fait plus froid pendant la nuit; l'eau était à o°. Elle se recouvrit immédiate- ment de lames de glace qui se croisèrent à 3o°, 6o° et 120", et qui formè- rent bientôt toute une croûte de glace à la surface. Le lendemain j'ai cassé cette croûte, qui était de 35 à 40 millimètres d'épaisseur, j'ai décanté l'eau des chaudières, et j'ai trouvé toutes les parois et le fond tapissé d'une couche de glace contiguë de 20 à a3 millimètres d'épaisseur. La surface était lisse, il n'y avait que par-ci par-là quelques légères rugosités ; c'est à ces rugosités que se trouvaient attachées des houppes d'aiguilles de glace. » En janvier dernier, je fis de nouvelles expériences. Je pris trois chau- dières en fonte de 55o à 670 millimètres de diamètre et un baquet en bois de 640 millimètres. Je les ai remplis d'eau de la rivière, qui avait -+- i° ; la température de Pataiosphère, était à — a0 dans la journée, mais elle descendit à — 5° la nuit. On plaça ces vases sur des supports de 20 centi- mètres de haut, afin de les environner d'une température égale de tous les côtés. Le lendemain les quatre chaudières étaient couvertes d'une couche •de glace unie de 12 à 14 millimètres d'épaisseur. Les chaudières en fonte étaient recouvertes d'une couche de glace de 20 millimètres aux parois et de i5 à 20 millimètres au fond. Cette couche de glace était lisse et sans ( »4 ) aspérités. Le cuveau en bois n'avait qu'une couche d'environ i millimètres sur les parois et quelques houppes en aiguilles. Sur le fond se trouvaient quelques lames de glace isolées de 100 à no millimètres de longueur, 5 à 7 millimètres de largeur et i à i millimètres d'épaisseur, garnies sur le bord de petites lames implantées verticalement sur la grande lame, comme les dents d'une scie. Ces dents ou aiguilles latérales avaient 5 à 7 millimètres de longueur sur 1 à a millimètres de largeur. Ces expériences, répétées à plusieurs reprises, avec un froid de — 6° à — 70 centigrades, donnèrent tou- jours le même résultat, à savoir qu'après s'être recouverts d'une couche de glace à la surface, les vases se tapissaient aussi d'une couche de glace aux parois et au fond, comme cela était à prévoir, glace d'épaisseur différente selon la conductibilité et le rayonnement des parois. » C'est ainsi que la cuve en bois avait la couche de glace plus mince sur les parois que les chaudières en fonte, et que sur son fond il n'y avait d'ordinaire que des aiguilles ; que les chaudières en fonte prenaient des couches de glace d'autant plus fortes que le froid était plus intense, que les couches étaient toujours un peu plus fortes aux parois qu'au fond, et qu'une fois formées, ces couches, mauvais conducteurs du calorique, faisaient elles-mêmes fonction de parois isolantes, et n'augmentaient guère d'épais- seur vers l'intérieur. » Pour observer la formation de la glace au fond de l'eau, j'avais pris des assiettes en fonte d'environ 5 centimètres de profondeur ; elles étaient placées sur un mélange réfrigérant de neige et de sel de cuisine. La tempé- rature de l'air ambiant de la chambre était de -f- i5°. Alors naturellement il ne s'est pas produit de glace à la surface de l'eau, mais bien au fond de l'assiette. La congélation n'était pas toujours la même : une fois c'étaient des aiguilles qu'on voyait grandir sensiblement jusqu'à ce que la force ascensionnelle produite par leur pesanteur spécifique plus légère eût vaincu la faible adhésion de leur petite base ; elles se détachaient alors et venaient nager à la surface. Une autre fois le fond se couvrait très-rapidement d'une couche mince de glace unie qui se trouvait quelquefois rayée des mêmes lignes fines que j'ai déjà mentionnées en parlant des glaces formées aux parois des chaudières. Revenons maintenant à la formation de la glace au fond des rivières. » La terre, toujours à la température au-dessus de o°, ne perd son calo- rique qu'à la surface par rayonnement ou par contact de corps plus froids. La terre qui forme le fond et les parois des rivières est très-mauvais con- ducteur du calorique, mais l'eau et la glace sont encore plus mauvais con- ( *5 ) ducteurs. La glace, spécifiquement plus légère que l'eau, vient toujours nager à la surface quand sa force ascensionnelle produite par cette pesanteur moin- dre est parvenue à vaincre son adhésion au fond de l'eau. .T'ai même con- staté qu'elle entraîne du fond de l'eau des corps plus lourds. » Le maximum de densité de l'eau est, non pas à o°, mais à 4°, 44 centi- grades, ce qui fait que toutes les grandes masses d'eau plus ou moins tran- quilles, et même celles qui n'ont qu'un mouvement contigu, non tour- billonnant, de manière que les couches ne soient pas gênées dans leur superposition selon leur poids spécifique, sont au fond de l'eau à une tem- pérature au-dessus de o°, quand même l'eau est à o° ou gelée à la surface. Cet hiver, à une température de — 1 1°, l'étang de la forge de Niederbronn, qui n'a que i mètre environ de profondeur, était recouvert d'une couche de glace de 25 centimètres d'épaisseur,- et cependant l'eau qui s'en écoulait était à -+- 3°. » Par ce concours admirable de circonstances, les grandes masses d'eau ne se gèlent jamais au fond, et lors même qu'il y a de la glace au fond de l'eau, elle finit par s'en détacher et parvenir à nager à la surface. Mais nous voyons aussi que chaque fois que l'eau, refroidie jusqu'à o°, trouve un fond refroidi également à o°, elle se gèle tout aussi bien au fond qu'à la surface. Il faut donc pour produire de la glace au fond de l'eau que celle-ci soit mise en mouvement de manière que ses couches inférieures puissent être refroidies à o°, et même un peu plus; que cette eau froide descende au fond de la rivière, qu'elle en refroidisse les parois, et qu'elle trouve finale- ment au milieu du mouvement un point de repos, où elle puisse exercer sa force d'adhésion, sa force de cristallisation. » En effet, un corps étranger, un obstacle placé, au milieu d'un courant d'eau, y produit deux effets différents : d'une part il change la direction des molécules liquides qui le frappent, et leur donne des mouvements de rota- tion parfois assez forts pour former de véritables tourbillons; d'autre part les molécules liquides qui se trouvent immédiatement derrière l'obstacle passent à l'état de repos, et il y a des points stationnaires et presque im- mobiles. » Ce sont là les bonnes conditions pour la formation de la glace au fond des rivières. Le mouvement tourbillonnant produit par les obstacles amène l'eau froide à o° et moins au fond du lit de la rivière, et y refroidit les parois; dès lors les molécules de l'eau, à peu près immobiles derrière l'obstacle, peuvent y exercer leur force d'adhésion et se cristalliser. Mais il faut pour produire ces effets un froid intense, et surtout d'une certaine durée. C. R., i8Co, i™ Semestre. (T. LI, N° I.) 4 (ati) » L'influence exercée par ces obstacles est évidente dans les diverses expériences que j'ai relatées. On la reconnaît dans les petites aspérités des planches non rabotées de M. Leuke, dans les cailloux du Rhin observés par M. Fargeaud, et les contre-forts du pont de l'Aar, décrits par M. Hugi. » En résumé, j'attribue principalement, comme Arago, la formation de la glace au fond de l'eau aux obstacles qui se trouvent dans le courant ; mais pour moi ces obstacles ne sont pas seulement des points d'appui pour les cris- taux, mais d'une part ils servent à augmenter le mouvement de rotation, le mouvement tourbillonnant qui fait descendre l'eau qui est à o° jusqu'au fond de la rivière, et d'autre part ils produisent des points d'équilibre, des points stationnairesau milieu du mouvement où la force cristallisante peut s'exercer. J'ai parfaitement constaté l'influence de ces corps étrangers dans le canal d'amenée de l'usine de Zinswjller. Pendant l'hiver de 1829 la glace se formait au-dessous de l'eau, là où il y avait de grosses pierres, des racines ou des branches d'arbres qui plongeaient dans le canal. J'ai fait cesser pres- que entièrement la formation de la glace au fond de l'eau en faisant enlever les corps étrangers. Je conclus donc, en recommandant d'enlever au moins pendant les plus grands froids, et autant que faire se peut, les herses, les barres de fer près des vannes et des écluses, et tous les corps qui peuvent occasionner un mouvement de tourbillonnement. • ÉCONOMIE rukale. — Emploi du coal-lar saponiné pour la destruction des insectes; extrait d'une Note de M. Lemaire. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, "Velpeau, J. Clo- quet, auxquels est adjoint M. Moquin-Tandon.) « Pour mes expériences je me suis servi de boîtes en carton de 6 centi- mètres de diamètre, percées à l'aide d'une épingle de nombreux trous sur toutes leurs faces. L'intérieur de ces boîtes a été imprégné de teinture de coal-tar saponiné, de manière à ce que leur surface ne présentât point de li- quide qui put toucher au corps de ces animaux. Quelques-uns meurent en cinq minutes, d'autres un peu plus tard, enfin après une demi-heure de séjour tous étaient morts. J'ai répété ces expériences avec de l'émulsion de coal-tar au cinquième, avec de l'acide pyroligneux chargé des principes du goudron et avec du phénate de potasse. Ces deux dernières substances les tuent rapi- dement, un peu moins vite cependant que la teinture; mais l'émulsion agit avec beaucoup moins d'énergie. J'ai déjà expérimenté sur cinquante de ces (*7 ) animaux, an moins, appartenant aux Mollusques, aux Insectes et aux ani- maux rayonnes, toujours avec le même succès. » J'ai fait avec la terre de jardin réduite en poudre grossière et le goudron de houille une sorte de terreau qui contient environ 4 pour ioo de goudron et dont le prix de revient serait à peu près celui du terreau. Mes expériences ont été faites sur deux carrés de salades (romaine, laitue), sur des dahlias et des reines-marguerites, récemment plantées, en tout trente pieds. J'ai entouré ces plantes d'une couche de 25 centimètres d'étendue et i cen- timètres d'épaisseur de terre goudronnée, et dans l'intervalle je laissai de ces mêmes plantes dans l'état ordinaire, afin de pouvoir comparer. Aucun de ces végétaux entourés de la terre protectrice n'a été visité par les limaces; tandis que les autres, depuis six jours que l'expérience est commencée, ont été constamment attaqués par un grand nombre de ces animaux et par des insectes » La terre coaltarée, placée sur une fourmilière qui avait plus de i mètre carré à son centre, a fait disparaître en une nuit tons ces animaux. Depuis quatre ans mon jardinier avait essayé par divers moyens de les détruire sans y être parvenu. C'était la fourmi noire; il y en avait certainement plu- sieurs milliers. » Pour les arbres, je me suis servi de pinceaux proportionnés à leur volume pour les débarrasser des pucerons. Pour le tronc et les branches le coal-tar saponiné réussit, mais pour les feuilles et les boutons de fleurs ce n'est pas praticable ; l'action de cette substance les colore en jaune et les rend malades. Le phénate de potasse et le goudron dissous dans l'acide pyroligneux exercent une action analogue. Celle de l'émulsion au cinquième n'a pas autant d'inconvénients, mais elle est beaucoup moins énergique. Pour les espaliers on peut appliquer le coal-tar saponiné sur le mur. » Pour éloigner le charançon ou autres insectes des greniers où les grains sont déposés, je pense qu'il suffira d'étendre sur le sol et sur les murs une couche de coal-tar saponiné. » PHYSIQUE mathématique. — Théorie de [induction, en parlant de l hypothèse d'un seul fluide; par M. A. Renard. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Lamé, Bertrand.) « Dans mon travail actuel je n'examine que le cas de l'induction linéaire. Après avoir établi, comme résultat de recherches antérieures, que le mode de propagation de l'électricité dans un fil est un transport de molécules, et 4.. ( 28 ) non une vibration, j'examine les courants d'induction produits : i° par un autre courant qui varie d'intensité; 2° par un courant qui commence ou qui finit; 3° par le déplacement d'un conducteur en présence d'un cou- rant, ou réciproquement. » Comme conséquence de ces vues théoriques, j'arrive dans le premier cas à des formules qui diffèrent assez peu de celles de Weber, et dans le dernier cas, à des lois dont quelques-unes ont servi de point de départ à la théorie de Newmann. » ANÂTOMlE. — Découverte des vaisseaux lymphatiques dans les oreillettes du cœur: lymphatiques de la dure-mère du cerveau', par M. Pappeixheim. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Becquerel présente au nom de M. D. S. Stroumbo, professeur à Athènes, une Note ayant pour titre : « Explication du phénomène de la grêle ». Selon l'auteur, la grêle serait « la conséquence d'une trombe préexistant dans les régions supérieures entre deux nuages orageux ayant des électri- cités contraires, ou entre un nuage et la terre. » CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Martin de Moussy, le premier volume d'un ouvrage qui a pour titre : « Description géographique et statistique de la Confédération Argentine ». L'ouvrage, qui se composera de trois volumes, est le résultat d'un séjour de dix-huit années passées par ce médecin dans l'Amérique du Sud. M. le Secrétaire perpétuel présente encore les trois dernières livraisons d'un ouvrage italien intitulé : « Introduction à la Mécanique et à la Phy- sique générale (Jilosofia délia natura) », par M. le professeur Gallo, de Turin. Ces nouvelles livraisons sont renvoyées, comme les précédentes, à l'exa- men de M. Babinet, qui en fera, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. ANATOMIE. — Sur les ganglions périphériques des nerfs; par M. Remak. « Dans un Mémoire sur les terminaisons des nerfs [Comptes rendus, 1860, ( 29 ) ns 19), M. Jacubowitsch parle de groupes de cellules nerveuses que, d'a- près lui, on observe sur le trajet des faisceaux nerveux dans le cœur, les poumons, les reins et dans la couche submuqueuse de la vessie et de l'in- testin. M. Jacubowitsch ajoute qu'on voit distinctement les cylindres d'axe se terminer, non plus dans le noyau de la cellule, mais dans la masse de toute la cellule. » Je crois devoir noter que les petits ganglions mentionnés par M. Jacubo- witsch sont connus depuis longtemps. J'ai été assez heureux pour découvrir en i838 les petits ganglions du cœur, des poumons, de la langue, du la- rynx, de la vessie, en i852 les petits ganglions de l'estomac. Dernièrement M. Meissner les a découverts dans la paroi des intestins. Les petits gan- glions du cœur, des poumons et du larynx ont été dessinés par moi dans les Archives de Physiologie deMuller en i844- Du reste je renvoie au Manuel de Physiologie de Muller (traduit par Jourdan) et à mon Mémoire sur les ganglions de l'estomac, publié dans les Comptes rendus de la Société de Biologie en i852. » On sait que les cellules nerveuses ou ganglionnaires se trouvent dans ces ganglions sur le trajet des fibres nerveuses; mais de quel droit peut-on dire que les cellules soient les terminaisons de ces fibres? » chimie organique. — Action de l'iode sur une solution concentrée de cyanure de potassium, production instantanée de cristaux d'iodocyanure de potassium; par M. Langlois. « Une réaction fort curieuse a lieu entre l'iode et le cyanure de potas- sium dissous dans une faible quantité d'eau; le premier de ces corps dispa- raît presque instantanément et se trouve remplacé par des cristaux incolores dont la forme est celle d'aiguilles prismatiques. On obtient constamment et rapidement ces cristaux en opérant sur une dissolution formée avec 1 partie de cyanure de potassium et a parties d'eau distillée. » Les quantités relatives d'iode et de cyanure à mettre en contact pour produire le phénomène sont représentées par l'équation suivante : KCy + aI = KI, Cyl. » Les cristaux d'iodocyanure de potassium se décomposent facilement; on ne peut guère essayer de les purifier sans en modifier la constitution. Les corps qui les composent n'y perdent pas complètement les propriétés qu'ils possèdent à l'état de liberté. Ainsi, l'eau dissout toujours plus d'io- ( 3o) dure de potassium que d'iodure de cyanogène; continuant son action, on finit même par enlever entièrement le premier de ces iodures. L'éther rec- tifié agit tout autrement : il prend l'iodure de cyanogène et laisse l'iodure de potassium. » Ces mêmes cristaux, dont on apprécie facilement la forme aiguillée à l'aide du microscope, perdent de l'iodure de cyanogène au contact prolongé de l'air atmosphérique et se transforment alors en cristaux cubiques. On suit pour ainsi dire de l'œil cette transformation quand les cristaux sont dé- posés sur une seule lame de verre, mais elle ne se produit plus si une seconde lame les recouvre. » Après avoir été recueillis et desséchés sur du papier à filtrer, ils fon- dent à 900, et donnent déjà à cette température de l'iodure de cyanogène; mais le dégagement en est beaucoup plus abondant vers 1200 à i3o°. Si la chaleur s'élevait encore, l'iodure de cyanogène serait accompagné de va- peurs d'iode. On obtient pour résidu de l'iodure de potassium mélangé avec une matière noire ayant tout à fait l'aspect du paracyanogène, et dis- paraissant en la soumettant à l'action simultanée du calorique et de l'oxy- gène de l'air. » Ils sont solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther à 6o° Baume. Ce dernier liquide ne les dissout pas sans en changer sensiblement la nature; il fournit par l'évaporation spontanée de nouveaux cristaux contenant une bien plus forte proportion d'iodure de cyanogène, mais dont la composition reste constante. lisse comportent avec la chaleur comme les premiers; à 90°, ils laissent échapper très-lentement de l'iodure de cyanogène; entre 1200 et i3o°, le dégagement en est considérable et presque instantané. » Leurs propriétés rappellent tout à la fois celles des iodures de cyano- gène et de potassium. La saveur en est très-piquante ; leur dissolution, ad- ditionnée de quelques gouttes d'acide sulfureux, bleuit l'amidon; elle pré- cipite en blanc jaunâtre l'azotate d'argent, en jaune les sels de plomb et en rouge le bichlorure de mercure. L'azotate d'argent ammoniacal y produit un précipité noir dont je n'ai pas encore déterminé la nature. L'analyse constate dans ces cristaux : Formule Ire expérience. IIe expérience. . ._ a un Iodure do potassium. . .. 18,60 '8,91 19>^i Iodurc de cyanogène 72>3g 72,76 7'>99 Eau 9,01 8,33 8,47 100,00 100,00 100.00 (3i ) PHYSIQUE. — Sur une solution fluorescente tirée du Fraxinus ornus, L.; par M. L. Dcroun. « On sait, grâce aux beaux travaux de M. Stokes, que plusieurs sub- stances organiques sont susceptibles de présenter une fluorescence plus ou moins prononcée. Récemment M. le prince Salm-Horstmar a signalé la fluorescence que peut fournir la fraxine, extraite du Fraxinus excelsior, si commun dans toute l'Europe tempérée, et il a indiqué comment ce produit doit être séparé de l'écorce. M. Ed. Becquerel a montré que la lumière électrique est éminemment propre à rendre manifestes les phénomènes de fluorescence, et M. Geissler de Bonn a construit pour ce genre d'observation des tubes spéciaux où la dissolution de fraxine, entre autres, apparaît d'une fort belle teinte verdâtre. Toutefois le temps altère bientôt cette dissolution et la couleur diminue beaucoup d'éclat. » On peut obtenir, avec une grande facilité, une liqueur douée d'une très-belle fluorescence à l'aide du frêne à manne {Fraxinus ornus, L.), origi- naire du midi de l'Europe, mais assez répandu maintenant et souvent cul- tivé dans nos latitudes supérieures. En jetant dans l'eau quelques lambeaux d'écorce, on voit presque instantanément se produire de beaux reflets bleus et, en moins d'une minute, on a une dissolution manifestant les effets de la fluorescence la plus brillante. L'intensité de l'effet dépasse ce que peut pro- duire le sulfate de quinine. Cette dissolution, examinée suivant les mé- thodes de M. Stokes, montre très-bien les caractères de la fluorescence ; mais elle donne surtout une coloration admirable à l'aide de la lumière' de Geissler. En prenant un de ces tubes où le courant électrique est enve- loppé par la colonne liquide, on obtient une nuance d'un bleu pur et intense. » La facilité et la rapidité avec lesquelles cette dissolution s'obtient, sans aucune opération chimique et à l'aide d'un mince rameau de Fraxi- nus ornus, sont un précieux avantage pour la préparation de diverses ex- périences. » ZOOLOGIE. — Sur le groupe de la montagne Noire {déparlement de C Aude) ; par M. C. Mène. (Extrait.) « Legronpedela montagne Noire, situé entre Cabardès et Saint- Pons, et même au delà, jusqu'à Bédarieux, est formé presque entièrement par des (3a ) terrains de transition, moitié de l'étage supérieur, moitié de l'étage moyen (silurien). •> Aux environs de Lastours, sur la rivière l'Orbiel, ces terrains de tran- sition s'appuient sur les granités et les terrains primordiaux ; il en est de même à Saint-Pons. Ils contiennent alors des veines d'un quartz très-blanc, et des amas de chaux carbonatée et cristallisée ou compacte mêlée à des schistes verdâtres. A la Caunette, Salsigues, Villanière, ces terrains renfer- ment des amas énormes (12 à i5 mètres) de fer hydroxydé compacte, sili- ceux et carbonate ; dans d'autres endroits, des pyrites de fer, de cuivre, de la galène, de l'antimoine, etc. A Cabrespine et à Sallèles, ce sont des schistes nacrés gris, avec un calcaire grenu et esquilleux, puis çà et là des grès quartzites; à Castanviel, à Citou, on retrouve les mêmes allures qu'à la Cau- nette, et aussi des amas de peroxyde de fer: à Caunes les schistes prennent en partie l'apparence rougeâtre, et sont mélangés de calcaires en forme de petites amandes; à Bédarieux enfin (avant d'arriver au lias et aux marnes irisées de la Maloue), les schistes redeviennent verdâtres, et les calcaires esquilleux ou grenus. » Le calcaire qui nous occupe, et qui a été nommé par MM. Élie de Heaumont et Dufrénoy calschiste, est très-remarquable à Caunes, où il est exploité pour marbres; il est composé de petits nodules en forme d'amandes, intercallés dans un tissu schisteux, si je puis parler ainsi; cette structure est très-visible lorsque, pour analyser ces marbres, on attaque le calcaire à l'acide chlorhydrique : il reste après la dissolution de la chaux comme un réseau schisteux qui tenait dans ses mailles les nodules dont nous parlons, ce qui confirme le mode de formation que lui a indiqué M. Dufrénoy; on y trouve çà et là (surtout dans la variété rougeâtre) des Orlhoceras bien conservées, quelques Spirifer, et une coquille analogue à celle delà Térébra- tule (je n'ose la nommer, parce que ses formes ne sont pas assez nettes). » Les schistes verdâtres de ces terrains sont satinés et dépourvus de mica; le talc y domine à tel point, qu'en certains endroits on le trouve libre et assez net. On y voit aussi des veines de granité, de feldspath, de quartz, de fer oligiste, du fer oxydé rouge, de la pyrite, etc., qui se trouvent inter- calés dans ces roches concurremment avec des calcaires cristallisés. » Il serait difficile d'assigner un ordre d'antériorité à toutes ces roches schisteuses et calcaires, car elles passent fréquemment des unes aux autres, et pourraient constituer un grand nombre de variétés. Je crois cependant qu'elles peuvent se généraliser en quatre principales classes : (33) « La première, composée de schistes et de calcaires, a l'apparence verdàtre ou noire, elle est en morceaux délités ou fragments pseudorhomboïdaux irréguliers, elle couvre des étendues considérables depuis Pujol de Bosc jus- qu'à Limousis, etjjjdepuis Castanviel, Citou, jusqu'à Saint-Pons. » Elle donne à l'analyse : Silice o,538 ) Alumine o,oi5 J 0,896 Magnésie. . o ,347 ' Chaux 0,020 0,020 Oxyde de fer 0,020 0,018 Acide carbonique 0,012 0,012 Eau u,o45 o,o44 Potasse, soude 0,008 Perte o,oo5 • La seconde ressemble à un schiste ardoisier gris-cendré, fibreux par instants, mais soyeux et brillant ; il se laisse fendre en plaques assez grandes pour qu'on puisse les utiliser comme ardoises de toitures : cependant il se délite à l'air, et dans quelques localités il est d'un médiocre usage; c'est dans cette variété qu'on rencontre le talc. Celui que j'ai recueilli m'a donné à l'analyse : Silice o ,633 Magnésie o,3?.3 Alumine 0,010 Chaux 0,008 Oxyde de fer 0,016 Eau et perte o',oio (C'est peut-être de la stéalite. ) » La troisième est un schiste gris-noir, micacé, à feuillets durs et peu prononcés, mais onduleux, et assez délitables. » La quatrième est vert-jaunâtre et d'une apparence terreuse : c'est lui qui renferme plus spécialement les rognons d'oxyde de fer. » Le calcaire présente comme variétés trois classes principales. La pre- mière est compacte, à cassure conchoïde, gris-cendré ou noirâtre ; il donne à l'analyse 92 à o,5 pour 100 de carbonate de chaux. La seconde est rou- geâtre, d'apparence plus schisteuse; c'est elle qui est exploitée comme 0. R., ]86o, ïme Semestre. {T. LI, N« 1.) 5 ( 34 ) marbre de Cannes. Voici son analyse : Silice 0,057 J Alumine 0,010 > 0,1 o3 Magnésie o,o33 ] Chaux o,438 o,44° ! Variété de marbre Oxyde de fer 0,070 0,070 [ nommé griotte. Acide carboniqtie. . . 0,342 \ Eau o,o45 > o,388 Perte o,oo5 ) » La troisième variété est un calcaire grenu veiné de schiste et contenant des feuillets argileux rappelant la disposition du gneiss. » A ces dernières roches se trouvent subordonnées des brèches calcaires mêlées de fragments de granité, gneiss, agglutinés par un ciment sablonneux, puis des psammites à gros grains. » M. Fabrk, à l'occasion d'une communication récente de M. Morel sur la classification des diverses variétés du crétinisme, rappelle que dans un ou- vrage publié en 1857, et présenté à l'Académie en i858, il a insisté, comme le titre même l'indique, sur les rapports du goitre et du crétinisme-. Plusieurs Membres font remarquer que le fait étant depuis longtemps connu, pour l'ancien comme pour le nouveau inonde, de toutes les per- sonnes qui ont séjourné dans les pays à crétins, il n'y a pas lieu à s'occuper de la question de priorité relativement à des publications comparativement récentes. M. Serbat adresse d'Agen les résultats de ses observations sur la nou- velle comète, qu'il a vue, pour la première fois, le a3 juin et dont il assigne la position aussi bien qu'a pu le lui permettre le défaut d'instruments et de cartes célestes détaillées. M. Pascal prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission chargée d'examiner une Note qu'il a adressée en mars i8fio sur une modification à apporter aux locomotives pour prévenir les incendies qui menacent les forêts de pins des landes traversées par des chemins de fer. (Renvoi à l'examen de M. Combes, déjà chargé de prendre connaissance de la première communication.) La séance est levée à 4 heures trois quarts. F . (35) BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Recherches sur la température des végétaux et de [air et sur celle du sol à diverses profondeurs; par M. Becquerel. Paris, 1860; in-4°. (Extrait du t. XXXII des Mémoires de [ Académie des Sciences.) Traité des tumeurs de l'orbite; par M . Demarquay. Paris, 1860; 1 vol. in-8u. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. J. Cloquet.) Description géographique et statistique de la Confédération Argentine; par V. Martin de Moussy. T. Ier. Paris, 1860; in-8°. Essai sur [hydrologie; par R. Thomassy. Paris, i85g; br. in-4°- (Pré- senté, au nom de l'auteur, par M. Babinet.) Méthode et Instruction pour l'extinction progressive de la gattine et des autres maladies constitutionnelles et héréditaires qui peuvent en général frapper le ver à soie; par M. et Mme Bernard-Durand. Paris, 1860; br. in-8°. Réforme fondamentale des Sciences physiques produite par la découverte de [origine des faits cosmiques; par Pierre Béron. ire livr. Réforme de laphjsique parla découverte de la stœchiométrie des équivalents électriques ; ie livr. Réforme de la physique par la découverte de la cause de la polarisation et de l'induction électrique ; in-8°. Dell' assagio d'oro. . . Etudes et expériences sur l'essai de l'or et sur le départ; par M. J. Bugatti, second essayeur à la Monnaie de Milan. Milan, 1859; br. in-8°. Sommario... Sommaire hislorico-critique des progrès de la chimie dans le cours de ce siècle; par M. R. Napoli. Naples, 1860; br. in-8°. Instruccion... Instruction sur [éclipse du soleil qui doit avoir lieu le 18 juillet 1860. Madrid, 1860; in-8°. Beitràge... Essai sur l'anatomie pathologique de ta moelle épinière; par M. de Lenhosseck. Vienne, j85q; br. in-4°. Fbp/ rcSv... Sur les connaissances et les opinions des anciens et des modernes relativement aux phénomènes physiques en général et sur leurs méthodes d'in- vestigation desdits phénomènes; par M. D. S. Stroumbo. Athènes, 1 858 ; br. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Becquerel.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 JUILLET 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel annonce que le tome XXX des Mémoires de l'Académie est en distribution au Secrétariat. M. Bablvet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de sa Notice sur l'éclipsé du soleil du 18 juillet 1860 complétée par la Notice sur l'éclipsé du i5 mars 1 858. physique. — Nouvelles expériences faites avec la machine de Ruhmkorfj pour mettre en évidence la force répulsive des surfaces incandescentes; par M. Faye. (Troisième article.) « En passant le 7 de ce mois par Paris, j'ai trouvé chez M. Ruhmkorff mes appareils presque terminés. L'un d'eux nous a permis de faire immédia- tement quelques expériences nouvelles dont le succès nous a vivement frap- pés. Il s'agissait d'examiner de nouveau l'action de la force répulsive sur la lumière bleue qui s'accumule au pôle négatif, dans le vide produit par la machine pneumatique. On se rappellera que nos premières épreuves don- naient seulement un faible indice de cette influence sur la lumière bleue, tandis que la répulsion se manifestait par des effets tres-marqués sur les slra- tifications de la lumière rose. C. R., 1860, 2"" Semestre. (T. LI , N° 2.) 6 ( 38 ) . » Le nouvel appareil que M. Ruhmkorff a bien voulu construire pour moi se compose d'un grand ballon percé de quatre ouvertures et armé de quatre douilles en cuivre. Par les douilles verticales pénètrent les élec- trodes ; par les douilles horizontales passent des tiges de cuivre réunies à l'aide d'une lame mince de platine. Cette lame, située dans le plan des quatre tiges, est à égale distance des boutons des électrodes. Pour la porter an rouge-blanc, il suffisait de faire passer dans les liges le courant voltaï- que de trois ou quatre éléments de Bunsen que M. Ruhmkorff avait bien voulu préparer. » L'un des électrodes étant mis en Communication avec le pôle positif de la machine de Ruhmkorff, et le conducteur horizontal avec le pôle néga- tif, la lumière bleue se répand sur la lame de platine (i). Cela posé, si l'on fait passer le courant de la seconde pile par ce même conducteur transver- sal, et par conséquent par la lame de platine, de manière à la porter à l'in- candescence, on voit aussitôt les couches de lumière bleue qui se trou- vaient appliquées contre les parois verticales de la lame de platine s'écarter rapidement de ces parois. Cet écart augmente avec la température de la lame; il diminue avec cette température; il disparaît quand la lame est refroidie. » On ne saurait craindre ici une action propre au courant voltaïque qui sert à chauffer la lame, car il ne se produit rien quand on supprime le cou- rant avant l'incandescence, et si on le supprime après avoir porté la lame au rouge-blanc, le phénomène subsiste sans altération tant que la chaleur produite n'a pas disparu. , » Pour bien voir l'effet si manifestement répulsif des surfaces incandes- centes et éviter l'éblouissement causé par la lumière du platine rougi, il faut placer l'œil dans le plan de la laine, de manière à n'apercevoir qu'un faible filet lumineux : alors la lumière bleue forme, à droite et à gauche de ce filet brillant, deux sortes de lèvres qui souvrent ou se ferment, sans changer de couleur, en proportion du degré de chaleur communiqué au platine, degré (i) Quand on produit l'étincelle d'induction comme à l'ordinaire entre les électrodes opposés, la lumière rose stratifiée est coupée par la lame de platine, et si à ce moment on détermine l'incandescence, on voit la lumière s'écarter à droite et à gauche de la lame échauf- fée, mais en s'affaiblissant et en présentant des phénomènes particuliers dont l'étude me paraît exiger l'emploi de l'appareil complet ( Compte rendu de la séance du 28 mai) et des disposi- tions nouvelles. ( 39) que l'on fait varier à volonté. Cette expérience a été répétée plusieurs fois devant M. E. Becquerel, et elle nous a paru décisive à l'égard des objec- tions que l'on a opposées à mes premiers essais. » M. E. Becquerel a voulu examiner l'influence de la rentrée successive de l'air dans le ballon. En faisant tourner à plusieurs reprises le robinet supérieur, comme lorsqu'on veut introduire dans l'appareil un peu de vapeur d'éther ou d'essence de térébenthine, l'écart des lèvres bleues dimi- nue, mais d'une manière peu sensible. En laissant rentrer une plus grande quantité d'air (avec un faible sifflement), cet écart s'annule presque entière- ment. Il est à remarquer que cette seconde expérience concorde de tous points avec les idées exposées dans mon premier article sur la nature de la force répulsive (p. 898, lignes 17-21). » chimie minéralogique. — Deuxième Note sur la diffusion d'une matière organico- minérale et sur son rôle de principe colorant dans les minéraux et dans (es roches; par M. J. Focrnet. « Dans ma précédente Note, je me suis spécialement arrêté sur certains principes bruns dissous dans les quartz, parce que ces minéraux me fournis- saient un moyen commode d'entamer la question que je me proposais de traiter. Je dois actuellement déclarer que des composés analogues se mê- lent à la plupart des autres substances pierreuses. Ils interviennent égale- ment dans les nuances d'un grand nombre de combinaisons métalliques. Enfin il faut ajouter que la nature ne s'est pas uniquement astreinte à pro- duire des teintures brunes, et qu'elle obtient les teintes les plus diversifiées en interposant entre les molécules minérales des matières colorantes du même rang que les précédentes. •> Près du rose tendre de la quincyte de M. Berthier, elle a posé le rouge vif et non moins fugace de la heulandite. D'un autre côté, le quartz rose lui a servi de passage au violet des améthystes et en général, du violet au bleu, la transition s'établit par l'agencement de diverses pierreries versicolores. A son tour ce bleu tourne au glauque des aigues-marines, lequel vire au vert pur des émeraudes. Puis auprès de ces gemmes se placent les béryls jaunes, servant de point de ralliement à tout un assortiment de cristaux teintés en jauft de brique, jaune de miel, orangés, jaune-jonquille, jaune de paille, jaune citrin, jaune de safran, jaune verdâtre, nuances capables de se fusionner dans un sens ou dans l'autre avec l'une des couleurs sus-men- tionnées, de telle sorte que le chimiste doit être embarrassé quand il lui 6.. (4<>) faut trouver un point fixe pour poser les bases de ses formules. En tout cas, tant de variations ne pouvaient pas, à mon sens, être le résultat de combi- naisons prises dans l'acception rigoureuse du mot, et l'ensemble des faits s'accordait trop bien avec ce qui me revenait de toutes parts au sujet de l'al- térabilité, delà mutabilité de ces principes colorants, pour ne pas me porter à rejeter d'emblée l'influence prépondérante des oxydes métalliques. » Que de fois n'ai-je pas admiré l'aptitude des tourmalines des phosphates calcaires, des émeraudes, à se galonner, perpendiculairement à leur axe, de toutes les couleurs du spectre, ou bien encore la facilité avec laquelle ces minéraux ont pu se donner des gaines différentes de leur cylindre central? Encore, lorsqu'en i834 j'avais la liberté de fouiller à mon aise dans la riche collection de M. de Drée, quelle n'était pas ma satisfaction quand je voyais le violet ainsi que le brun se disséminer en forme de nuages dans la masse compacte des quartz, et le rouge vif jasper le blanc des lamelles de certains minéraux clivables, tels que la heulandite. » Quelques exemples pris dans la masse vont justifier ma manière d'en- visager les faits. » Les quartz bruns sont souvent fétides à un degré vraiment intolérable, et M. Knox en a extrait 0,937 p. 100 d'une sorte de napbte. lisse décolorent en outre promptement, de même que les variétés rose et améthyste, en laissant pour résidu des masses d'une remarquable hyalinité. M. Ileintz n'a pu tirer que 0,00273 p. 100 de carbone de l'améthyste : mais cette tendance à la décoloration sous l'influence d'une assez faible chaleur était déjà con- nue des anciens; les joailliers ayant constaté qu'il suffit d'un bain de suif en fusion pour détruire la fuliginosité des quartz enfumés, lesquels ne dif- fèrent pas en cela des autres. » "Je suis parvenu à blanchir la baryte sulfatée jaune de Royat au point qu'elle avait acquis la transparence et presque les qualités réfringentes du sulfate de plomb. » M. Wolf a reconnu que le spath fluor vert de la Sibérie subit une perte de o,o4i6 p. 100 sous l'influence de la chaleur, et M. Schafhautl a ob- tenu d'une variété très-fétide, du carbone, de l'azote, de l'hydrogène et de l'acide chlorique? J'ai décoloré complètement et en peu de temps divers minéraux de ce genre, parmi lesquels il faut mentionner d'une façon toute spéciale la variété violette de Romanèche que l'on devait crcnre teintée par le manganèse qui sert de support à ses cristaux. » D'un autre côté, les chimistes ont suffisamment vu les zircons rouges, bruns ou noirs passer à l'état incolore en acquérant un éclat supérieur à ( 4< ; celui qu'ils possèdent naturellement. M. Launoya fait en sus l'intéressante remarque d'un changement de couleur en rapport avec l'exposition d'un cristal à la lumière ou à l'ombre. » La teinte verte de feldspath de l'Oural tourne au gris terne avant que le minéral ait atteint la chaleur rouge. M. K.nox s'est assuré que la variété bleue de Groenland est chargée de bitume au point de fusion quand on le projette en poussière dans du nitre fondu. Enfin il a extrait des liquides empyreumatiques de quelques variétés blanches ou couleur de chair. » On doit à Klaproth la connaissance d'un phénomène important en ce sens qu'il établit le fait curieux du changement d'une couleur en une autre. Les émeraudes vert de mer, aussi bien que les jaunes, poussées à une forte chaleur tournent au bleu. J'ai produit, sans grand effort, le même bleu pur chez une aigue-marine, et en répétant les caléfactions, la pierre s'est décolo- rée de plus en plus, de manière à affecter enfin l'aspect d'une tige de verre quand elle était refroidie ; mais alors encore une élévation de température lui restitue quelque chose de son bleu. Ces résultats obtenus avec des éme- raudes diverses portent à conclure que la substance colorante parvenue à l'état bleu a acquis une stabilité qui n'appartient pas à la matière initiale dont elle dérive. Du reste, ce bleuissement se manifeste également dans d'autres conditions chez quelques hydrocarbures, témoin l'idrialine, qui subit une modification du même genre sous l'influence de l'acide sul- furique, témoin encore la pulpe blanche de certains champignons et les sucs de diverses plantes que l'on me permettra sans doute de mentionner à l'occasion de principes minéraux avec lesquels ils ont tant d'analogie. » M. Lewy est parvenu récemment à effectuer la décoloration de cer- taines émeraudes vertes. Il a tiré du fait la conclusion que ces gemmes sont teintées par une matière organique. On lui objecte l'oxyde de chrome signalé par les chimistes. La difficulté sera facile à lever, et d'ailleurs les auteurs arabes avaient déjà la connaissance de l'altérabilité de la couleur smaragdine. Ils estimaient surtout l'émeraude du désert de l'Hégaz. Cest la plus belle, la plus pure, la plus brillante, celle qui ne change jamais. Bien plus, nos pères avaient reconnu qu'il en est dont la couleur verte résiste au feu, tandis que chez d'autres elle est altérée. Et sans remonter si haut on peut rappeler les observations faites par Patrin sur certaines émeraudes de la Daourie. Leurs cristaux sont très-fragiles au moment où on les extrait de la carrière; ils répandent alors une odeur analogue à celle qu'émet le quartz fétide de Nantes, et les surfaces nouvellement séparées se trouvent enduites d'un fluide d'apparence grasse, plus volatil que l'éther. ( te ) » Rien no me serait plus facile, dès à présent, que de multiplier les cita- tions de ce genre, en rappelant les nombreuses expériences de MM. Rnox, Braconnot, Spallanzani, Gmelin, Àrf'widson , Hermann, ainsi que les miennes. Elles ont été dirigées sur les silicates hydratés comme sur les sili- cates anhydres; elles embrassent le groupe des calcaires, celui des roches volcaniques et plutoniques, y compris divers minéraux filoniens; mais, pour abréger, je me contente d'ajouter ici quelques détails relatifs aux cristaux guttiferes qui ont fait l'objet des remarquables observations microscopiques de M. Brewesler. Non seulement il a pu calculer que ces cavités sont quel- quefois rapprochées au nombre de 3oooo dans une pièce dont la surface n'est que de 4- de pouce carré, mais il a observé déplus qu'elles renferment des gaz, divers liquides, tantôt très-expansibles, tantôt très-visqueux et quel- quefois solidifiables en prenant un aspect résineux. Ceux-ci ne sont pas tou- jours incolores; en outre, leurs couleurs sont variées, les uns étant bruns, tandis que d'autres sont verts. » Evidemment de pareilles accumulations doivent jouer un rôle essentiel dans la coloration des minéraux, et, de plus, elles doivent influer sur les ré- sultats des analyses, d'une façon notable. N'est-il pas à croire, entre autres, que le mica, objet de tant de contradictions physiques et chimiques, n'est qu'un composé hétérogène de matières colorantes et de silicates fluorifères ou non. Le mica brun, par exemple, est teinté d'une façon fort irrégulière, comme le prouvent les nuages colorés et incolores qu'il laisse apercevoir par transparence. M. Rose a pu le verdir en recourant à la simple caléfac- tion. Je l'ai blanchi complètement sans que ses lames aient perdu leur éclat, en me servant d'acide sulfurique étendu d'eau et agissant à froid. Il me faut donc demander actuellement si l'on restera bien convaincu de l'exactitude des formules proposées pour cette variété. Quant à moi, quelque flatteurs qu'ils soient pour l'œil, je me sens parfaitement incapable d'accepter, sans amendements, les symboles algébriques avec lesquels on s'est plu à expri- mer sa constitution. » Ces rapides aperçus exigeaient naturellement un contrôle plus sérieux que ne l'est celui qui peut résulter d'une simple distillation ou d'une calé- faction opérée dans un bain de sable, moyen dont je me suis fréquemment servi. Je montrerai en conséquence dans une prochaine Note un caméléon organico-minéral obtenu par voie humide, non pas en gouttelettes micro- scopiques, mais en masses suffisamment volumineuses pour remplir des cap- sules, et que l'on pourra se procurer très-facilement. » (43 ) OROGRAPHIE. — Recherches sur tes systèmes de montagnes de £ Amérique centrale; par M. J. Ditrocher. « Parmi les systèmes de montagnes qui ont donné à l'Amérique centrale sa configuration et son relief, il faut regarder comme le plus important de tous celui qui est parallèle à l'axe longitudinal de cette contrée, et qui coupe sous un angle d'environ 55 degrés à l'ouest, le 90e degré de longitude occi- dentale (1); je proposerai de l'appeler système longitudinal de l'Amérique centrale. On en reconnaît l'empreinte dans la disposition de la côte occi- dentale, ainsi que dans l'orientation de la cordillère centrale ou Sierra madré. Cette direction coïncide aussi avec celle de la zone formée de terrains volcaniques et celle des principales files de volcans dont elle est hérissée. Il y a d'ailleurs beaucoup de vallées et de dépressions dirigées dans ce sens : je citerai parmi les principales le cours supérieur du Rio Chiapa, du Rio Lempa, une partie du Rio Escondido et du Rio San-Juan, le bassin des lacs de Managua et de Nicaragua, ainsi que le golfe de Nicoya. ■» D'ailleurs les directions 0,2 5 à o,4o N. s'observent très-fréquem- ment dans les roches anciennes de grauwacke et de schiste de l'Amérique centrale : il est fort probable qu'il y a eu, à une époque géologique assez recidée, un système de dislocations dirigé de o,3o à o,35 N-, et que ce sys- tème s'est reproduit à une époque récente, alors qu'a pris naissance la chaîne volcanique de l'Amérique centrale. Celle-ci s'est formée au pied d'une chaîne plus ancienne, et suivant la même direction; on sait que des faits semblables s'observent dans d'autres contrées. j> Le système de l'Amérique centrale est exactement représenté par un grand cercle de comparaison joignant les deux volcans les plus élevés du Mexique et de la Nouvelle-Grenade, savoir le volcan d'Orizaba, haut de 54oo mètres, et le volcan de Tolima, élevé de 55ao mètres. Il est remar- quable de voir que la ligne de jonction de ces deixx cônes gigantesques, éloignés l'un de l'autre de près de 700 lieues, coïncide avec Taxe de la chaîne volcanique centre-américaine, longue elle-même de plus de 3oo lieues; prolongé vers le sud-est, ce grand cercle traverse l'intérieur du Brésil parallèlement à la côte qui s'étend de l'île de la Trinité (à l'embouchure (1) Ce système orographique me paraît différer sensiblement de celui que M. Charles Sainte-Claire Deville a signalé comme s'étendant à travers la mer des Antilles, de l'île de la Trinité à la pointe du Yucatan. (44) de l'Orénoque) jusqu'au cap San Roque ; ensuite il rase l'extrémité méridio- nale de l'Afrique, puis il coupe la partie sud de l'île de Sumatra, qui est de nature volcanique; il traverse l'île de Bornéo- parallèlement à sa côte nord- ouest; au delà il coupe l'île de Mindanao, passe au nord de l'archipel des Mariannes, parallèlement à la partie sud-est de la grande île de Ni phon. Enfin il traverse le Mexique, suivant une direction parallèle à sa côte sud-ouest. Ce grand cercle de la sphère terrestre est remarquable par les régions vol- caniques qu'il comprend et par la multiplicité des volcans alignés suivant sa direction. » Il est un second système dont la trace est profondément marquée dans les régions porphyro-schisteuses et métallifères de l'Amérique centrale; il a imprimé des directions comprises entre l'E. a5 et l'E. 3oN. à un grand nombre de chaînons de montagnes et de rivières qui aboutissent à la côte de la mer des Antilles, entre le cap Gracias a Dioset la baie d'Amatique, an fond du golfe de Honduras. Ainsi je citerai les monts Micos, les monts Espi- ritu Santo, etc., et les fleuves Motagua, Chamelicon, Santiago, Segovia, etc. , Cet ensemble de traits géographiques se rattache à une même cause que je propose d'appeler système de Segovia, d'après le nom que portent l'une des régions montagneuses du Nicaragua et le fleuve le plus étendu de l'Amérique centrale. On peut représenter ce système par un grand cercle joignant le volcan de Coseguina (au bord de la baie de Fonseca), au cap de Gracias a Dios, où est l'embouchure du Rio Segovia. Il rencontre le 90e degré de lon- gitude occidentale sous un angle de 63 degrés à l'est; en se prolongeant vers le nord-est, il coupe l'île d'Haïti, passe par les Canaries, traverse le grand désert de l'Afrique septentrionale dans un sens à peu près parallèle aux chaînes de montagnes qui le bordent. Au delà d passe près d'Aden et du cap Guardafui; puis il coupe l'équateur sous 66° 26' de longitude orientale, presque au même point que le système des Pyrénées. Au delà il traverse l'Australie dans sa plus grande dimension, du golfe d'Exmouth au cap Byron ; puis il passe par l'archipel de Pomotou, entre les îles de Taïti et les Marquises. » Un troisième système, également bien caractérisé, coupe à angle droit le 90e degré de longitude occidentale; il a produit plusieurs chaînons de montagnes et des vallées courants de l'est à l'ouest; il a imprimé cette orientation à la côte septeutrionale du Honduras, depuis la baie d'Ama- tique jusqu'au cap Gracias a Dios. Les îles de Tehuantepec et de Panama, l'axe montagneux de la province de Veragua et la vallée de l'Orénoque sont aussi dirigés moyennement de l'est à l'ouest. Ce système, dont on re- (45) connaît l'empreinte dans l'orientation des montagnes du Venezuela, paraît avoir aussi contribué à la configuration des grandes Antilles, surtout des îles de Haïti et de Porto Rico. C'est sans doute à lui qu'il faut rapporter la série des volcans du Mexique, laquelle s'étend d'un Océan à l'autre, suivant la ligne est-ouest. Ce système, que l'on peut appeler système du Venezuela et des volcans du Mexique, se trouve exactement représenté sur la sphère géologique de M. Élie de Beaumont, par le grand cercle octaédrique qui passé près de la ville de Guatemala, longe la côte septentrionale du Vene- zuela, coupe le centre de l'Afrique australe, au plateau de Dombo; puis, après avoir rasé la pointe nord de Madagascar, il passe entre le nord du continent australien et l'archipel de la Sonde; au delà il coupe la Nou- velle-Guinée et la Nouvelle-Bretagne. » 11 y a un quatrième système, qui est à peu près perpendiculaire au précédent, et qui a imprimé la direction nord-sud à la côte des Indiens Mosquitos, depuis l'embouchure du Rio San-Juan jusqu'au cap Gracias a Dios. La même direction s'observe dans la partie de la côte du Yucatan qui avoisine la colonie anglaise de Bélize. La côte du Pacifique et la rive occidentale du lac de Nicaragua offrent aussi des portions orientées de la même manière, mais d'une étendue restreinte. On doit rattacher à ce sys- tème de dislocations beaucoup de vallées de l'Amérique centrale, et sur- tout du Honduras, qui courent du sud au nord, ainsi que les montagnes qui les séparent. Il en est de même du Rio Atrato, R. Cauca et R. Magda- lena dans la Nouvelle-Grenade, et des parties de la cordillère qui encaissent ces rivières. » Le système actuel, auquel on peut donner, à cause de sa direction, le npm de système méridien de la Nouvelle- Grenade et de l'Amérique centrale, est assez bien représenté par le grand cercle dodécaédrique rhomboïdal qui, sur le globe de M. Élie de Beiumont, passe par les îles Gallapagos; plus au nord il rase la côte sud-est du Yucatan, longe le bord occidental du lac Michigan, coupe le lac Supérieur; et, après .avoir passé près du pôle, il entre en Sibérie, près de l'embouchure du Jénisseï, dont il longe le cours : il traverse ensuite l'intérieur de l'Asie, en sort à l'embouchure du Gange, et au delà il court parallèlement aux îles Adaman et Nicobar, dans le golfe du Bengale. » Il est à noter qu'aucun de ces quatre systèmes ne touche le sol de l'Europe. Les deux premiers remontent à des époques géologiques un peu anciennes; ils ont fortement «affecté les terrains porphyro-schisteux du C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 2.) 7 (46) nouveau monde : les traits orographiques les mieux accusés que l'on y observe, dans l'Amérique centrale, seront en effet dirigés entre le N.-O. et l'O.-N.-O., ou bien entre le N.-E. et l'E.-N.-E. Mais l'un au moins de ces deux systèmes, celui quenous axons nommé système longitudinal dei Amérique centrale, s'est reproduit, comme nous l'avons vu, à une époque géologique- ment récente, lorsque s'est formée la chaîne volcanique centre-américaine. » Je n'ai pas en ce moment de données suffisantes pour fixer avec pré- cision l'âge de ces divers systèmes de montagnes; celui des volcans du Mexique me paraît être le plus moderne, mais il n'est probablement que la reproduction de fractures parallèles à un système plus ancien, qui avait façonné les montagnes du Venezuela. » analyse MATHÉMATIQUE. — Sur [intégration des différentielles irrationnelles ; par M. P. Tchebichef. « En vertu de ce que nous avons montré dans le Mémoire « sur l'inté- gration des différentielles qui contiennent une racine carrée d'un poly- nôme du troisième ou du quatrième degré » [Journal de Mathématiques pures et appliquées de M. Liouville, 1807), l'intégration de la différentielle il—L ■■ en termes finis, quelles que soient les fonc- F(«) yW+P*3-*-?*1-»-**-*-* tions entièresy(ar) et F (a:), se réduit définitivement à l'évaluation des inté- /x ■+■ L . = dx, où /, m, n, p sont des \Jx* -+- lx> -H »«' -t- nx -\-p valeurs connues et L une constante qui se détermine par la condition que ces intégrales soient exprimables en termes finis. Tant que cette condition peut être remplie, on trouve l'intégrale / . dx, d'a- J s/x1 ■+- lxi ■+- mx* ■+■ nx -H p près la méthode d'Abel, en développant en fraction continue l'expression \/x* ■+■ lx3 4- MX* -+- nx -+- p, et en poussant ce développement jusqu'à des dénominateurs où se manifeste leur périodicité. Mais comme cette périodi- cité n'a pas lieu dans le cas où l'intégrale / -.— dx, J \'x* ■+- l.r3 -f- mx' ■+- nx-h p pour toutes les valeurs de L, est impossible en ternies finis, on conçoit que cette méthode conduit à une série d'opérations qui peut aller à l'infini sans donner aucun résultat décisif. Cette difficulté ne saura être levée par la considération des intégrales qui déterminent la nature de la fonction L * dx et par lesquelles on peut reconnaître s'il y a  y'x1 -t- lx3 ■+■ mx'1 + nx ■+■ p (47) lieu de chercher son expression en fermes finis, car pour cela il est indis- pensable d'avoir la valeur exacte de ces intégrales, tandis qu'elles ne peu- vent être évaluées qu'approximativement. Pour l'intégration en question, on doit avoir un moyen qui, d'après la nature-des quantités l, m, n, p, et à l'aide des seules opérations algébriques en nombre limité, puisse manifester si l'intégrale / x =. dx est possible ou non en termes J yV + lx3 -t- mx' -h nx ■+- p finis. C'est ce que nous avons cherché à faire, et nous y sommes parvenu, en tant que les quantités l, m, n, p sont rationnelles et le polynôme x* -+- lxs -+- mx* -4- nx + p indécomposable en facteurs linéaires à l'aide des seuls radicaux carrés. Au moyen de la méthode que nous avons trouvée pour l'intégration des différentielles de ce cas, on parvient, par une série d'opérations identiques, ou à s'assurer que cette intégration est impossible en termes finis, ou bien à l'exécuter complètement. En tous cas le procédé se termine, et chaque fois on peut assigner la limite du nombre des opéra- tions qu'on aura à faire. En remettant l'exposé de cette méthode à un Mé- moire détaillé sur ce sujet, nous nous bornerons pour le moment à observer que, pour le cas que nous avons résolu, la méthode en question fournit un moyen infaillible d'assigner la limite où, en cherchant l'intégrale par la méthode d'Abel, on peut toujours arrêter le développement en fraction continue. Cela posé, et en admettant, pour plus de simplicité, que la diffé- rentielle . dx est réduite à la forme y x' -+- Ix3 -t- mx1 -\- nx -\- p x+ A dx, \x< -t- px* -f- qx •+- r p, q, r désignant des nombres entiers, la méthode d'Abel relative au cas en question peut être complétée ainsi qu'il suit : » Si dans la différentielle ■ dx, le polynôme y x4 •+■ px' -+- qx ■+■ r x* ■+■ px2 -h qx -t- r, ayant pour coefficients des nombres entiers, n'est pas décomposable en facteurs linéaires à l'aide des seuls radicaux carrés, cette différentielle, quelle que soit la valeur A, ne pourra être intégrée en termes finis, tant que dans la fraction continue résultant du développement de \!x* -h px* ■+■ qx -t- r, aucun des îN- i premiers dénominateurs n'est du deuxième degré, N 1- (48) étant le nombre des solutions entières des équations y' - te = /)s+iîr, za[4x*z — x'y' — iSxyz + l\ y3 + 272*] = (4p» + 2?f )f - i6[U;a - ir}'+$pf]r. Dans le cas contraire, pour une certaine valeur de A, la différentielle 1 A dx s'intègre en termes finis, et l'on trouve son intégrale y x' + px' + qx ■+■ r par la formule I - '(.r) •+- \/x' -\-px2 ■+■ qx -+- r où f[x) est la réduite qu'on obtient en s'arrêtant dans le développement de \Jx* -+- px2 -+-' qx ■+- r en fraction continue au premier dénominateur du second degré, et X le degré du numérateur de cette réduite. » La méthode d'Abel ainsi complétée donne tout ce qui est nécessaire pour l'intégration des différentielles en question, vu qu'on peut toujours déterminer le nombre N qui désigne combien les équations y* — 'Sxz = p* + i2r, za[4x8z-+- x*y% — iSxyz -+- l\ y3 + 272*] ont de solutions entières. » En effet, la dernière de ces équations suppose que le carré de z divise le nombre (4p3 + *7fW ~ '«W - 4')' + 9W*]'\ Donc, en cherchant les diviseurs carrés de ce nombre, on parviendra à assigner toutes les valeurs que peut avoir l'inconnue z. D'autre part, en prenant pour z chacune de ces valeurs, avec le signe + ou —, on aura pour obtenir x et y deux équations qui déterminent complètement ces inconnues, et qui, d'après la forme de ces égalités, ne peuvent avoir plus de six solutions. Il sera donc facile d'énumérer les solutions entières de ces équations, et on voit que leur totalité ne surpassera jamais le produit du nombre des diviseurs carrés de (4/>3 + *iq*)q* - i6[{p* - 4';3+ 9W2k par 12.» (49) RAPPORTS. ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Rapport sur un Mémoire deM. Bâillon, intitulé : Recherches organogéniques sur la fleur des Conifères. (Commissaires, MM. Brongniart, Gay, Jaubert, Payer rapporteur.) « Malgré les difficultés que présentent les études organogéniques, l'on ne » saurait trop engager les jeunes botanistes, disait M. Ad. Brongniart en » 1846, à poursuivre cette direction de recherches, parce que, appliquée » successivement à des organes variés et à des plantes de familles diverses, » elle jettera beaucoup de jour sur l'organisation végétale, et permettra » d'apprécier l'exactitude des différentes théories sur la constitution des » plantes et de quelques-uns de leurs organes. » » Les résultats obtenus par ceux qui ont suivi ces conseils ont déjà dé- montré combien les prévisions de notre confrère sont justes et quel rôle important l'organogénie est appelée à jouer dans la détermination des affi- nités des plantes entre elles. Le Mémoire de M. Bâillon, dont nous avons à rendre compte à l'Académie et qui a pour objet l'une des familles les plus importantes du règne végétal, la famille des Conifères, en est une qouvelle preuve. » Au commencement de ce siècle, en effet, trois botanistes des plus émi- nents, tous trois Membres de cette Académie, B. Mirbel, L.-C. Richard et R. Brown, se sont occupés de la famille des Conifères et eurent chacun leur manière de voir sur la fleur de ces arbres. » Dans ses Eléments de Botanique publiés en i8i5 et plus tard dans ses divers Mémoires, B. Mirbel considère les cônes des Cyprès et ceux des Pins comme très-différents par les organes qui les constituent, bien qu'ils se ressemblent beaucoup par la forme générale. Dans les Cyprès, les bractées prennent un grand accroissement, s'élargissent en tète de clou, se durcis- sent, se serrent par leurs bords et forment les écailles du cône ; c'est à leur aisselle qu'apparaissent les fleurs sur des pédoncules extrêmement courts. Dans les Pins, au contraire, les bractées se développent peu, tandis que les pédoncules qui portent les fleurs grandissent beaucoup, s'aplatissent, de- viennent durs et constituent les écailles du cône. Par conséquent les écailles du cône sont des bractées dans les Cyprès, des pédoncules aplatis dans les Pins. » Quant aux fleurs, qu'elles soient insérées sur des pédoncules très-courls (5o) comme dans les Cyprès ou sur des pédoncules très-développés et aplatis comme dans les Pins, leur structure est toujours la même ; c'est un petit sac en forme de bouteille, le pistil, au fond duquel se trouve un mamelon cel- uleux, V ovule réduit à son nucelle. » Sous l'empire de préoccupations nées de ses études antérieures, L.-C. Richard, qui avait analysé avec beaucoup de soins les fruits et les graines d'un grand nombre de plantes et avait cherché à y reconnaître les diverses parties de l'ovaire et de l'ovule, regarde le sac de la fleur des Conifères comme un calice et le mamelon celluleux comme un pistil auquel l'ovule est intimement soudé. Quant aux écailles des cônes de Cyprès et de Pins, elles sont pour lui toutes de même nature; ce sont partout des bractées. » Enfin pour R. Brown (Annales ctes Sciences naturelles, i" série, t. VIII), les écailles des cônes de Cyprès comme celles des cônes de Pins ne sont ni des bractées, ni des pédoncules aplatis; ce sont des feuilles carpellaires, c'est-à-dire des pistils ouverts et étalés, et ces sacs en forme de bouteille au fond de chacun desquels on aperçoit un mamelon celluleux, ce sont des ovules dont le sac est la primine, et le mamelon celluleux le nucelle. » En présence de ces trois opinions si contradictoires et qui n'étaient appuyées que sur des considérations théoriques, les botanistes se sont par- tagés. A l'étranger, c'est, en général, la manière de voir de R. Brown qui fut adoptée. En France, tandis qu'Achille Richard professait à l'Ecole de Médecine de Paris la doctrine de son père, M. Ad. Brongniart enseignait au Muséum d'Histoire naturelle celle de R. Brown, et votre rapporteur celle de B. Mirbel à la Faculté des Sciences. » LesrecherchesorganogéniquesauxquellesM. Bâillon s'estlivré viennent de résoudre cette question si controversée de la nature des divers or- ganes de la fleur des Conifères et permettent d'apprécier, selon l'expression si juste de noire confrère, M. Ad. Brongniart, Y exactitude des différentes théories sur la constitution de ces plantes, en démontrant que l'opinion émise par B. Mirbel est la seule vraie. » Si l'on suit, en effet, les phases diverses par lesquelles passent les cônes d'un Pin et d'un Cyprès depuis leur première apparition jusqu'à leur eotier développement, on voit qu'à l'origine ils se ressemblent complète- ment. Chacun d'eux se présente sous la forme d'un petit axe le long duquel se développent successivement des bractées, de la base au sommet. A l'ais- selle de chaque bractée naît un pédoncule, et alors des différences se mani- festent. Dans les Cyprès, les bractées prennent un grand accroissement et forment les écailles du cône; les pédoncules, au contraire, restent très- ( 5i ) courts, et les fleurs, qui sont très-nombreuses, apparaissent à leur partie supérieure comme dans une cyme contractée de Lamium album. Dans les Pins, les bractées se développent peu, tandis que les pédoncules s'al- longent beaucoup, s'aplatissent pour constituer les écailles du cône, et les fleurs apparaissent au nombre de deux seulement sur la face supérieure de chacun d'eux. Cette forme aplatie des pédoncules ne surprend pas ceux qui savent que dans plusieurs plantes, telles que les Ruscus, les Xyloplijlla, les Phyllocladus, etc., les rameaux la présentent. » Quant à la fleur elle-même, elle se montre dans les Cyprès et dans les Pins comme un petit mamelon, de chaque côté duquel apparaît un petit bourrelet ressemblant complètement à une très-jeune feuille. Ces deux bourrelets, en grandissant, deviennent cormes et forment autour du ma- melon central une sorte de cupule dont le bord se relève en deux petites pointes correspondant aux deux bourrelets primitifs. Pour quiconque à suivi comparativement les développements de l'ovule et du pistil dans les Chénopodées, les Amarantacées, les Polygonées, etc., nul doute n'est possi- ble: cesdeux bourrelets sont les rudiments de deuxfeuilles carpellaires et la cupule qu'ils constituent plus tard, le rudiment d'un pistil. Les bords de cette cupule s'élèvent peu à peu; sa base se renfle, et l'on a finalement un sac en forme de bouteille, un vrai pistil, dont la partie inférieure renflée est l'ovaire et la partie supérieure rétrécie le style. Au fur et à mesure de ces transformations successives de ce pistil, le mamelon central grossit, s'al- longe et devient un ovule. Seulement on n'aperçoit jamais de primine ni de secondine ; c'est un ovule réduit à son nucelle, un ovule nu. » Lorsque R. Brown publia ses considérations sur la fleur des Conifères, personne n'avait encore observé d'ovules sans enveloppes, comme on l'a fait depuis dans les Loranthacées, les Santalacées, les Acanthacées, etc. D'un autre côté, on n'avait aucune idée du mode de formation du pistil, et l'on ignorait qu'à l'origine tout pistil est largement béant et que ce n'est que peu de temps avant l'anthèse que son ouverture se ferme. Il serait donc injuste de juger sévèrement une opinion qui, à cette époque, pouvait être soutenue avec quelque apparence déraison, bien qu'aujourd'hui, après les observations faites sur d'autres plantes par plusieurs botanistes et sur les Conifères par M. Bâillon, elle puisse surprendre. » Indépendamment des Cyprès et des Pins, M. Bâillon a encore étudié quelques autres genres de Conifères, notamment les Taxus, les TaxodiumT les Juniper-us et les Phyllpcladus. Ses observations sont pleines de détails- ( 5* ) intéressants; mais comme elles ne soulèvent pas de questions générales, nous croyons inutile de nous y appesantir. » En résumé, par l'heureuse direction de ses recherches, par la persis- tance qu'il a mise à les poursuivre, aussi bien que par l'importance des ré- sultats obtenus, nous croyons que M. Bâillon mérite l'approbation de l'Aca- démie, et nous vous proposerions l'insertion de son travail dans le Recueil des Savants étranaers si nous ne savions que l'auteur a l'intention d'en faire l'objet d'une publication spéciale. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de juger les pièces admises au concours pour le grand prix de Mathématiques, question concernant les surfaces applicables sur une surface donnée. MM. Bertrand, Liouville, Chasles, Hermite, Serret, réunissent la majo- rité des suffrages. MEMOIRES PRESENTES M. le Maréchal Vaillant, en présentant, au nom de M. Bonnafont, un Traité théorique et pratique des maladies de l'oreille, ouvrage destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, dépose une Note manuscrite dans laquelle l'auteur, pour se conformer a une des conditions imposées aux concurrents, signale ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. le Maréchal Vaillant présente une Note de M. le colonel Coffjn accompagnant l'envoi d'une collection de coquilles recueillies -par lui dans la Nouvelle-Calédonie. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards, "Valenciennes, Maréchal Vaillant.) ( 53 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Théorie du Régulateur - Duvoir ; par M. J.-N. Haton de i.a Govpiixière. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Combes, Lamé, Delaunay.) » Je me suis proposé dans ce Mémoire l'étude d'un nouveau régulateur à force centrifuge construit par M. Duvoir. Je décrirai d'abord en peu de mots sa disposition. » L'organe essentiel est un anneau, susceptible déjouer autour d'un de ses diamètres qui est assemblé à angle droit sur un arbre horizontal de la machine. Celui-ci est renflé à sa jonction avec la charnière, pour permettre dans son intérieur le jeu d'un secteur qui tourne avec l'anneau et engrène avec une crémaillère. Cette dernière sollicite d'une part le mécanisme de ré- gulation (valve, soupape, etc.) à l'aide des intermédiaires ordinaires, et de l'autre un ressort amarré à un point fixe. La force centrifuge qui se déve- loppe dans la rotation tend à mettre le plan de l'anneau à angle droit sur l'arbre; la tension du ressort tend au contraire à le coucher sur l'axe. De là un antagonisme, d'après lequel il s'établit une relation entre la vitesse et l'inclinaison de l'anneau, et par suite le degré d'ouverture des soupapes. De là enfin un moyen de régularisation. « La théorie de cet appareil m'a paru présenter de l'intérêt, tant pour les propriétés qu'on en déduit qui sont fort curieuses, que parce qu'elle offre un des exemples, trop rares en mécanique appliquée, où la question peut être traitée en rigueur et sans qu'on soit obligé de recourir à des approxima- tions plus ou moins satisfaisantes. Pour obtenir ce résultat, j'ai dû y intro- duire l'emploi des fonctions elliptiques. Mais j'ai eu soin de disposer les calculs de manière que les formules fussent aussi explicites et aussi faciles à évaluer en nombres que si elles ne renfermaient que des sinus ou des loga- rithmes. Les fonctions qui y figurent ont en effet été réduites par Legendre en tables, qui en donnent les logarithmes avec douze et quatorze décimales. » Il y a deux équations à résoudre. Elles sont de forme transcendante. Mais, par une circonstance heureuse, elles se rapportent à deux types aux- quels les calculateurs sont habitués et dont les racines se trouvent avec une grande facilité. La première est celle qui sert à assigner la position d'une planète dans son orbite elliptique à une époque donnée. La seconde se ren- contre dans les théories mathématiques de la chaleur et de l'élasticité. » La partie numérique ne présentera donc jamais de difficultés véritables C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 2 ) 8 ( 54 ) et se trouve réduite à des termes très-simples. Je me suis attaché davantage à discuter les formules à un point de vue général, et je suis arrivé par là à des résultats dont je vais esquisser rapidement les principaux. » Si on suppose d'abord une vitesse de rotation u infiniment grande, l'anneau restera couché sur l'axe ou se mettra à angle droit sur sa direction. La vitesse diminuant, les deux positions d'équilibre s'écarteront peu à peu de ces limites et iront en se rapprochant. Elles se rejoignent sous un angle = m + — 0.59,68 © *^ = (D * -+- 2.16,9 ia) &*m = r+ -+- 34.42,54 ©»•=(©*-+- 7 28,6 (*) R*m = &* — 7.53,88 (D»^ = 7 (e) = i543B.A.C. fi = 4-52.36,25 © = —58.46.20,9 GÉOLOGIE. — Nouvelles secousses de tremblement de terre à Nice; extrait d'une Lettre de M. Prost à M. Élie de Beaumont. « D'après mon journal d'observations, le sol de Nice a éprouvé, depuis le 3 juin jusqu'au 12, des trépidations très-intenses et très-prolongées. Les cristaux de mon lustre ont presque toujours été en mouvement, et j'ai vu hier dans un journal que ces phénomènes coïncident avec les secousses éprouvées à Brousse dans la même période. » GÉOLOGIE. — Sur une nouvelle éruption d'un volcan islandais; extrait d'une Lettre de M. Pjetlrsson à M. de Saulcy. « Le 9 mai de cette année, le glacier connu sous le nom de Myrdalsjùkull a commencé à vomir par la crevasse de Kôtlugja d'abord des masses de neige agglomérée, et des torrents d'eau, puis des flammes et des quantités énormes de sable brûlant, de telle sorte que d'ici (de Reykjavick) on a pu quelquefois, dans la soirée, apercevoir les feux du volcan, quoiqu'il soit éloigné de nous d'environ trente milles danois. Maintenant cette éruption, qui a été accompa- gnée de tremblement de terre, a tout à fait cessé, et cette fois elle ne paraît pas avoir causé de grands malheurs aux habitants de la contrée; cela tient surtout à ce que le vent du nord a emporté vers la mer l'es cendres et les eaux. » Plus d'une fois dans le passé, ce volcan (c'est-à-dire la crevasse de Kôtlugja), situé dans le district de Skaptafell a causé les plus grands dom- mages aux Islandais, en créant autour de lui un vaste désert. » Voici, suivant nos annales, les plus mémorables de ces éruptions : » 1. En l'année 8g4 de l'ère chrétienne. » 2. En ç/34. » 3. En 1000. » 4- En i-?.l\5. » 5. En 126a ou 1263. (68 ) » 6. En i3rt (mais touchant cette éruption les témoignages des chro- nologistes ne sont pas d'accord). » 7. En 1416. >» 8. En i58o. Dans cette éruption, la montagne glacée (le glacier) de Mvrdalsjôkull se fendit, la crevasse de Kôtlugjâ paraît s'être formée alors, car c'est à cette occasion que le nom de Kôtlugjâ paraît pour la première fois. » 9. En 161 2. » 10. En 1755. L'éruption, commençant vers l'arrivée de l'hiver, dura trois semaines. Elle répandit sur les régions voisines des masses si considé- rables de sable brûlant, que cinquante fermes furent détruites, et que les hommes et les troupeaux périrent en même temps. On assure que dans cette année fatale l'Islande perdit 40000 chevaux, 600 vaches et 45ooo brebis. » 11. En 1823, du 22 juin au 18 juillet. » 12. En 1860, le 9 mai. » L'hiver passé n'a pas été très-froid, et jamais nous n'avons eu à Reykja- vick plus de i4 degrés Réaumur; dans le nord de l'Islande on n'a eu à sup- porter que 20 degrés au plus. » PHYSIQUE appliquée. — Sur un nouveau pyroscope ; par M. Jourdes. « Dans la plupart des usages industriels, on a besoin plutôt d'un pyro- scope qui sert à reconnaître le moment où la température est arrivée à un degré déterminé dans un espace qui est toujours le même, que d'un pyro- mètre dont l'objet est de fixer ce degré sur l'échelle des températures. Pour cette application spéciale, les pyromètres de Wedgwood et de Rrongniart peuvent être remplacés par une disposition beaucoup plus simple. Il suffit de placer dans l'espace chaud une barre métallique qui dépasse d'une cer- taine longueur la paroi de l'espace. La partie extérieure de la barre porte une cavité remplie d'huile ou de mercure et dans laquelle plonge le réser- voir d'un thermomètre à mercure, qui ne reçoit ainsi que la chaleur trans- mise par la conductibilité de la barre. La température de l'espace sera sen- siblement la même lorsque le thermomètre à mercure marquera le même degré. » La séance est levée à 5 heures. E. D. B. (6&J BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut impérial de France; t. XXX. Paris, 1860; 1 vol. in-4°. Notice sur l éclipse de soleil du 18 juillet 1860, complétée par la Notice sur l'éclipsedu i5 mars i858 , ; par M. Babinet. Paris, 1860; 1 f. in-8°. Analyse de plusieurs produits d'art dune haute antiquité; par J. Girardin, ie Mémoire. Paris, 1860 ; br. in-4°- (Extrait du t. VI, ire série, ire partie, des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles - Lettres. ) Traité théorique et pratique des maladies de l'oreille et des organes de l'audi- tion; parle Dr J.-P Bonnafoint. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Offert, au nom de i'auteur, par M. le Maréchal Vaillant.) Galvanothérapie, ou de /' Application du courant galvanique constant au trai- tement des maladies nerveuses et musculaires; par le Dr Robert Remak, tra- duit de l'allemand par le Dr A. Morpain. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Etude de l'étage kimméridien dans les environs de Montbéliard et dans le Jura, la France et l'Angleterre; par Ch. Contejean. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Mémoires sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d'Avesnes et du Boulonnais; par Jules GOSSELET. Paris, i86o;br. in-8°. (Offert, au nom de l'auteur, par M. Delafosse.) Torgan. Les grandes usines de France. Sèvres. Ie partie, i5e livraison; grand in-8°. Notes pour servir à l histoire des épizoïques, etc. ; par Jean-Paul CoiNDE (de Lyon). Moscou, 1860; -| de f. in-8°. Sur quelques recherches récentes et phénomènes divers relatifs au soleil; par M. le professeur Gautier. Genève, 1860; 1 f. in-8°. Mémoire sur les altérations frauduleuses de la garance et de ses dérivés, con- tenant un procédé usuel propre à les reconnaître; par M. D. Fabre jeune. Avignon, 1860; br. in-8°. Mémoire sur l'acide phénique et les huiles saponifiables des huiles de houille, tourbe, schiste, etc., leurs dérivés par substitution et leurs applications, notamment à l'embaumement des corps, au tannage des cuirs, etc.; par M. Boboeuf; br. in-8°. C. R., 18G0, 2me Semestre. (T. LI, N° 2.1 IO ( 7°) Copie du brevet d'invention et de perfectionnement pris par M. Bobœuf le 17 mars 1 856. Mémoire descriptif ;br. in-8°. Nouvelle étude sur la végétation, la culture et la maladie des pommes de terre ; par Victor Chatel (de Vire); \ de f. in-8°. Jnnales academici, 1 856-1 857. Lugduni-Batavorum, 1860; in-4°. Introduzione... Introduction à la mécanique et à la physique générale ; pat M. G. GALLO; vol. II, fasc. i5, 16 et 17 ; in-8°. Délia distribuzione... De la distribution de la pluie en Italie dans les diffé- rentes saisons de tannée; par M. le professeur Zantedeschi; br. in-8°. Sulla... Mémoire sur la propriété littéraire et artistique; par F. Restelli, avocat, lu à l'Institut Lombard, dans les séances des 1 5 et 29 décembre 1 85g: br. in-4°. Memorie. . . Mémoires du royal Institut Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol. VIII, second delà 2e série, fascicule 2; in-4°. Atti... Jetés du royal Institut Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol. Il, fasc. 1 à 3; in-4°- Mind and... Le cerveau et l'intelligence, ou Rapports de la conscience et de [organisation ; par M. Laycock. Edimbourg, 1860; 2 vol. in-12. (Offert, au nom de l'auteur, par M. Milne Edwards.) Reply... Réponse de M. A dams aux diverses objections qui ont été Jaites contre sa théorie de [accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune; br. in -8°. Bericht... Compte rendu de ta Xe réunion générale de la Société historique de Styrie, le 16 avril 1859 ; br. in-8°. X et XI Jahresbericht... Xe et XIe Comptes rendus annuels de l'état et des travaux de la Société historique de Styrie, mars 1 858 -février 1860; 2 br. in-8°. Mittheilungen... Communications de la Société historique de Styrie; IXe voiume; in-8°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR I.' ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE JUIN *860- Annales des maladies chroniques et de [ hydrologie médicale ; juin 1 860; in-8". Annales forestières et métallurgiques ; mai 1860; in-8°. Annales télégraphiques ; mai-juin 1 $60 ; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; mai 1860; in-8°. Astronomical... Notices astronomiiptes ; nos 18 et 19; in-8°. ( V ) Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère; t. VIII, n° 3o; in-8°. Boletiu... Bulletin bibliographique espagnol; nos i à la; in-8°. Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; avril et mai 1860; in-8°. Bulletin de [Académie impériale de Médecine; t. XXV, n° 16 ; in-8°. Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. III, n° 4 ; in-8°. Bulletin de la Société académique d Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; n° 5^; in-8°. • Bulletin de la Société de Géographie y avril et mai 1860; in-8°. Bulletin de la Société française de Photographie ; juin 1860; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; mai 1860 ; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; mai 1860; in-8°. Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; t. IV, n° 4; in-8°. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles; nos 45 et 46; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 1 er se- mestre 1860; nos 23 -26; in-4°- Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVI, 21e -25e livraisons; in-8°. Il nuovo Cimente. . Nouveau Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; t. XI, mars et avril 1860; in-8°. Journal d'Agriculture de la Côte-d'Or; mai 1860; in -8°. Journal d'Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, n05 1 1 et 12; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; juin 1860; in-8°. Journal de l'âme; juillet 1860; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; mai 1860; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; avçil 1860; in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; juin 1860; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; nos 16-18; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi; mai 1860; in-8°. Journal du Progrès des sciences médicales ; n°* 22-26; in-8°. La Bourgogne. Revue œnologique et viticole ; 18e livraison; in-8°. La Culture; n° 24 ; in-8°. L'Agriculteur praticien; 2e série, n° 17; in-8°. L'Art dentaire; juin 1860 ; in-8°. L'Art médical; juin 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 83e et 84e livr. : in-4°. ( 7^) Le Technologiste ; juin 1860; in-8°. L ' Hydrotérapie ; rge fascicule; in-8°. Magasin pittoresque ; juin 1860; in-8°. Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de V Académie royale des Sciences de Berlin ; février- avril 1 860 ; in-8°. Monthly notices... Procès-verbaux de la Société royale astronomique de Londres; vol. XX, n° 6 et 7 ; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; juin 1 860 ; in-8°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de i Académie royale des Sciences de Gôttingue; année 1860, n° 17 ; in-8°. Nouvelles Annales de mathématiques, Journal des candidats aux Ecoles Polytechnique et Normale ; mai 1860; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres,- 2 e série, vol. 1er, n05 10 et 12 ; in-8°. Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société royale Géographique de Lon- dres; vol. IV; n° 2; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 8e année; nos 11 et 12; in-40. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n° 12; in-b°. The Journal . . . Journal de la Société royale de Dublin; octobre 1 858 ; n° 1 1 , in-8°. Gazette des Hôpitaux civils et militaires ; n09 65-77. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; noa 22-26. Gazette médicale de Paris; nos 22-26. Gazette médicale d'Orient , juin 1860. L'Abeille médicale; n°8 23, 24, 26. La Coloration industrielle ; nos g et 10. La Lumière. Revue de la Photographie; nos 21-24. L'Ami des Sciences; nos a3-26. La Science pittoresque ; nos 7-9. La Science pour tous; n°* 27-30. Le Gaz ; nos 8 et 9 . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »»»»4 SÉANCE DU LUNDI 16 JUILLET 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président rappelle que la séance publique annuelle de l'Institut est fixée au i5 août prochain, et invite l'Académie des Sciences à procéder au choix du lecteur qui devra la représenter dans cette séance. chimie APPLIQUÉE. — Note sur les étoffes de soie teintes avec la fuchsine, et réflexions sur le commerce des étoffes de couleur ; par M. E. Chevkeul. » Deux matières colorantes récemment produites artificiellement sont d'un emploi fréquent, l'une dans la teinture en violet, l'autre dans la tein- ture en violet-rouge. » Toutes les deux sont obtenues au moyen de l'aniline ( 2Az ' 2C 4 'H + H 2 O). » Cette base donne le violet sous l'influence des hypochlorites, et une couleur violet-rouge quand on la traite par le bichlorure d i'étain anhydre,, puis par l'alcool, ainsi que l'a fait M. Renard, de Lyon, qui a nommé fuchsine le produit de cette réaction, par la double raison que cette dénomination rappelle la couleur des fleurs du fuchsia et que le nom allemand est l'équi- valent du mot Renard, nom de l'auteur de la découverte. C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 3.) I I ( 74) » Aucune matière colorante à ma connaissance n'est comparable à la fuchsine pour l'éclat, l'intensité et la pureté de la couleur. » Elle teint la soie en Ier violet-rouge, violet-rouge, 5 violet, et on peut monter une gamme du blanc jusqu'au i ie ton sans rabat. Depuis le ton 4 jusqu'au 8e ton, on a la moyenne ou à peu près des couleurs appelées roses; car les fleurs des rosiers qu'on peut considérer comme types du rose sont le 5 violet, le violet-rouge et le i violet-rouge. » La carthamine appliquée sur la soie donne généralement des couleurs allant du 3 violet-rouge au rouge; il peut donc y avoir une, deux, trois, quatre ou cinq gammes de mon cercle chromatique comprises entre la couleur de la fuchsine et celle de la carthamine, toutes les deux appliquées sur la soie. » Avant la fuchsine la carthamine donnait le plus beau rose, mais c'était du rose moins violet, tandis que la fuchsine donne le rose du 5 violet, du violet-rouge ou du i violet-rouge, couleurs ordinaires des roses, comme je viens de le dire. » Les roses de cochenille sont pour l'éclat et l'intensité aux roses de car- thamine à peu près ce que ceux-ci sont aux roses de fuchsine. » Les dames qui aiment le rose doivent éviter de se placer à côté de celles qui portent le rose de fuchsine, si elle portent des roses de carthame, et à plus forte raison de cochenille. » Si les amis du rose sur soie doivent des remercîments à l'auteur de la découverte de la fuchsine, ce n'est point un motif pour que cette couleur puisse être appliquée sur la soie destinée à la confection d'étoffes pour ten- tures, rideaux et meubles quelconques ; car si la fuchsine a l'éclat de la rose, elle en a la fragilité. » Récemment on m'a demandé pourquoi des passementeries, des marce- lines, des satins employés pour l'ameublement s'étaient altérés: c'est la ré- ponse à cette question que je me permets de présenter à l'Académie, parce qu'elle me donne l'occasion de développer quelques réflexions sur la partie industrielle, commerciale et économique des étoffes teintes, réflexions que me dictent à la fois l'intérêt de notre industrie et celui du consommateur. » La passementerie, la marceline et le satin ont passé, parce qu'ils sont teints en fuchsine. » Il suffit de quatre heures d'insolation pour que la soie teinte avec cette matière soit sensiblement ternie, tourne au vineux ; puis elle passe au roux. » Seize jours d'insolation produisent l'effet dont l'Académie jugera par l'échantillon que je mets sous ses yeux. (75 ) » Enfin la fuchsine employée sur le coton n'a pas plus de stabilité, comme les échantillons que je dépose aussi sur le bureau de l'Académie le prouvent. L'exposition de ces étoffes à l'air lumineux a été d'un mois, du 12 de juin au 12 de juillet 1860. » Une carte d'échantillons de laine, de soie et de coton teints avec la fuchsine et la carthamine, que je joins aux précédents, montre que \a fuch- sine appliquée sur la soie est plutôt inférieure qu'égale en stabilité à la car- thamine; car la soie teinte avec cette dernière a une couleur orangée plus sensible que la soie teinte avec la fuchsine n'a de couleur violacée, et cepen- dant celle-ci avait été montée au 8 ton, tandis que l'échantillon teint à la carthamine ne l'avait été qu'au 6,5 ton. » La cochenille avec laquelle on fait le cramoisi correspondant au 10 ou 1 1 ton de mon 3 violet-rouge, couleur correspondante au violet-rouge de fuchsine, monté à ce même ton a bien plus de stabilité que ce dernier; et l'on peut dire que sous ce rapport c'est une couleur précieuse pour l'ameu- blement. » Lorsque le violet-rouge de fuchsine éprouve un changement sensible d'une insolation de quatre heures, le violet-rouge de cochenille n'en a pas éprouvé pour ainsi dire après huit jours d'exposition à l'air lumineux. » De la soie alunée et tartrée teinte en violet-rouge 9 ton, c'est-à-dire au-dessous du ton cramoisi, après une insolation de huit mois n'avait perdu que 3 tons. » Enfin de la soie teinte en 1 violet-rouge 10 ton avec tartre et composi- tion d'étain n'avait perdu dans le même temps que 1,5 ton. Réflexions. » Le fait dont je donne connaissance à l'Académie ne conduit-il pas à la question de savoir si le manque de garantie dans le commerce des étoffes à l'égard de l'acheteur n'est pas un inconvénient réel, et s'il n'en existe pas, à ce que le consommateur soit exposé à payer fort cher une étoffe de soie d'une couleur vraiment belle, mais sans aucune stabilité, quelle que soit d'ailleurs la qualité du tissu? L'inconvénient est réel à mon avis, et mes ré- flexions ont pour objet, sinon de le détruire, du moins de l'atténuer. » Lorsque les jurandes et maîtrises existaient, le commerce était complè- tement garanti par les ordonnances qui assujettissaient l'industrie de la tein- ture au principe de la distinction des étoffes de grand teint et des étoffes de petit teint; car tout recours était facile à l'acheteur auquel on avait vendu pour étoffe de grand teint une étoffe de petit teint. Mais cette distinction, 11.. (7 rative des étoffes exposées à l'air lumineux; » J'ai démontré en i837 l'influence de l'oxygène atmosphérique dans la plupart des cas où les étoffes teintes avec des matières colorantes d'origine organique se décolorent par leur exposition à la lumière du soleil, en prou- (i) Les tableaux déposés dans les galeries seraient exposés au public dans un lieu cpji ne serait pas frappé par la lumière directe du soleil et tenus dans l'obscurité durant le temps de la fermeture des galeries. ( 7« ) vant que ces mêmes étoffes se conservent des années entières dans le vide lumineux. » J'ai démontré la même année que, contrairement à ce résultat, le bleu de Prusse dans le vide lumineux se décolore en passant d'abord au blanc, puis à une couleur brune de terre d'ombre, et qu'il se recolore en bleu par le contact de l'oxygène. » Aujourd'hui je mets sous les yeux de l'Académie des résultats fort diffé- rents, ils m'ont été donnés par l'acide picrique employé en teinture depuis une vingtaine d'années. » A froid il donne; à la laine le jaune 8 ton ; à la soie le 2 jaune 5 ton. » Au bouillon il donne ; à la laine le 3 orangé-jaune 9 ton ; à la soie le 1 jaune 6 ton ; dans les deux cas il ne se fixe pas au coton. » Rien de plus remarquable maintenant que de suivre les changements que la laine et la soie éprouvent sous l'influence de l'air lumineux. Couleur de la soie Après 6 jours d'insolation » 18 » 2 3 4 5 6 Couleur de la laine. jaune. 9 ton. Après 6 jours d'insolation 3 or. h 9,5 ton. 5 or. j. 9 ton. ■ 18 » 3 or. j- 9,5 ton. 4 or. j. 9,5 ton. * 1 mois d'insolation 2 or. j- 10 ton. 3 or. j. 9 ton. » 2 a or. j- io,5 ton. 3 or. j. 9,80 ton. M 3 » Idem. 1 or. j. 7,5o ton. » 4 » 5 or. 1 1 ton. 1 or. j. 7,5o ton. » 5 » 4 or. 10,75 ton. or. j. TT6»2^ ton. 6 8 » 3 or. 10,75 ton. 5 or. j. — 3 ton. 3 or. 11 ton. » Ces résultats ne sont-ils pas curieux quand on les rapproche des précé- dents? Cette progression, d'après laquelle la laine, en 8 mois, gagne 2 tons en passant du 5 orangé-jaune 9 ton au 3 orangé 1 1 ton, c'est-à-dire en passant par 8 gammes vers le rouge. » La soie, après avoir gagné 4 tons à peu près vers le rouge, a commencé à descendre à partir du 3 mois. » L'acide picrique qui m'a présenté ces curieux phénomènes ayant été pour moi, sous le nom d'amer de fFelter ou d'amer au maximum , l'objet d'études toutes spéciales ainsi que l'amer au minimum nommé depuis acide indigotique, je dépose sur le Bureau un Mémoire sur ces deux acides avec des considérations sur divers points de la théorie chimique. Voici le titre de ce Mémoire : ( 79 ) ' « Notes historiques sur la nature immédiate de l'amer de Welter et de l'amer au minimum (acide indigotique), à propos du Rapport de MM. Dumas et Balard sur le travail de M. Léon Schischkoff, lieutenant d'artillerie au service de la Russie, suivies de quelques considérations sur divers points de théorie chimique. » CHIMIE MINER ALOGIQUE. — Troisième Note sur le Caméléon organico-minéral des argiles tertiaires du Pref-Oum-Theboul près de La Calle (Algérie); par M. J. Fournet. « La montagne d'Oum-Theboul présente, entre ses grès supérieurs et ses calcaires inférieurs, un dépôt d'argile d'environ 55 mètres de puissance. Il est traversé par le filon de galène qui a fait connaître cette station placée sur la limite orientale de nos possessions algériennes. » L'argile en question est très-plastique, confusément schisteuse, et nul- lement effervescente. En vertu de son hygroscopicité, elle se gonfle au contact de l'air, lentement, mais avec une irrésistible énergie. Sous l'in- fluence du mouvement moléculaire qui se produit alors, des murs de gale- rie sont graduellement déplacés tout d'une pièce; les briques des voûtes sont broyées comme si une presse hydraulique agissait contre elles. Il est probable que les pyrites efflorescentes, disséminées en fines cristallisations dans la masse terreuse, ajoutent l'influence de leur tuméfaction à celle que produit l'humidité atmosphérique. On était également en droit de supposer que la matière colorante de cette terre joue un rôle dans le phénomène. Voulant jeter quelque jour sur cette dernière question, je me livrai aux recherches qui font l'objet de la présente Note. Elles ont été faites sur un échantillon pris à quelque distance du filon et dans la partie saine de l'in- térieur delà montagne. Mon dessein primitif fut bientôt modifié par suite des curieuses propriétés que je ne tardai pas à rencontrer. » La couleur de cette argile est le gris pur; mais le grillage change cette teinte de façon qu'elle tourne à la nuance café-clair, en même temps qu'il se dégage une odeur sulfureuse. Cà et là, des taches rouges, dues à la for- mation du peroxyde de fer aux dépens des pyrites, se développent par suite de cette opération. » La distillation dans un tube fermé produit des traces de soufre, une eauet une huile empyreumatiques. Le résidu acquiert une teinte plus fon- cée, se montrant irrégulièrement marbré de noir, de manière à faire ad- ( 8o) mettre que la distribution de son principe hydro-carburé ne doit pas être uniforme. Du reste cette argile n'est nullement calcarifère. » L'eau distillée, agissant à froid, pendant deux jours, ne fait pas dispa- raître la teinte grise de la terre. Cependant le liquide se colore en jaune pâle et l'ébullition le trouble rapidement, la moyenne partie de sa matière colorante s'agglomérant en fins grumeaux, on en une poussière flottante, jaune-ocreuse. » La même dissolution, évaporée à l'aide d'une douce chaleur, prend successivement une nuance plus foncée, bien qu'il ne se produise qu'une faible quantité de particules flottantes; mais vers la fin de l'opération la liqueur devient rapidement plus chargée, et, si l'on saisit l'instant favo- rable pour incliner la capsule dans divers sens, on arrive à étendre le tout à la manière d'un vernis glutineux fortement adhérent contre les parois du vase. » Cet enduit est d'abord uniformément brun-orangé, ou ocreux; puis une caléfaction modérée, portée au point de déterminer la dessiccation complète du produit, convertit rapidement la couleur en une teinte bleue- verdâtre, foncée, souillée par l'interposition de quelques parties delà ma- tière pulvérulente jaune. A froid, l'humidité de l'air rétablit le jaune oran- gé, et il est facile d'accélérer ce retour en faisant intervenir l'insufflation de l'haleine. De nouvelles dessiccations et humectations reproduisent tour à tour ces singuliers effets, pourvu que la température soit constamment ménagée. Dans le cas contraire, la désorganisation survient, et le dépôt est rendu insensible aux actions précédentes. » Sans aller si loin, j'ai repris par l'eau l'ensemble de la matière en la débarrassant, par le filtre, de la partie insoluble qui était successivement accumulée. Une nouvelle évaporation a fourni le même enduit jaune-bru- nâtre, dans lequel on ne distinguait que des facules yerdâtres très-pâles. Une goutte d'ammoniaque, donnant plus de vigueur aux teintes, fit naître ins- tantanément une étrange distribution de petites taches vertes, irrégulières et dispersées en abondance au milieu de la partie orangée. Une plus forte dose d'ammoniaque produit un précipité d'un gros vert sombre, et ce dé- pôt s'altère au contact de l'air, virant de plus en plus à l'orangé brunâtre. Alors son volume augmente par suite de la combinaison avec l'alcali. En effet, quand par 1 évaporation à siccité on a complètement ôté au produit l'odeur qu'il tenait de l'excès du réactif, on peut en faire renaître une très- vive, en déplaçant la base volatile par une base plus énergique, telle que la potasse. En cet état la teinte verte ne se rétablit plus par l'humectation et ( 8i ) par la dessiccation. Un excès d'ammoniaque ne déterminant qu'une disso- lution très-imparfaite de la substance, elle paraît être modifiée et comme fixée. » L'argile se montre moins délayable dans l'alcool rectifié à 88 degrés, dans l'éther sulfurique et dans l'alcool éthéré que dans l'eau. Ses morceaux conservent à peu près leur forme dans ces nouveaux dissolvants, et leur teinte grise persiste comme précédemment; mais la partie du principe co- lorant déjà examinée se dissout dans les agents spiritueux avec lesquels elle reproduit les phénomènes généraux de viridité et de bruniture, de façon qu'il est inutile de s'appesantir sur ces détails. Il importe davantage d'insis- ter sur certaines différences de nature à compléter la connaissance du corps. On conçoit, en effet, qu'en vertu de leur volatilité, qu'il est facile d'activer à froid par un courant d'air, les nouveaux liquides doivent donner des pro- duits plus normaux que l'eau dont le départ, toujours lent à effectuer, laisse la substance aux prises avec diverses causes de modification. » En procédant avec les précautions indiquées, la dissolution alcoolique ne tarde pas à montrer une nuance rose qui perce malgré les flocons jau- nâtres, suspendus dans le liquide, et la matière douée de cette couleur se fixant la première contre les parois du vase, il est facile de la rassembler, au moins en partie, plus près des bords que la matière orangée brune. La dessiccation subséquente produit un vernis rose pâle, et plus bas un vernis bleu-glauque, tous deux étant légèrement souillés par l'interposition des particules jaunes. Le repos subséquent, au contact de l'air, détermine une agglomération en grumeaux bruns, à la suite de laquelle la couleur bleue devient plus équivoque. Toutefois le résidu étant encore soluble dans l'al- cool, fournit un nouveau bleu décidément grisâtre et plus louche que pré- cédemment. Quant à la partie rose, elle s'altère si rapidement, en prenant une teinte pâle et sale, qu'il est fort difficile, sinon impossible, de la con- server. » En parlant du rôle de l'eau, j'ai fait mention des phénomènes occa- sionnés par l'addition de l'ammoniaque. Il m'a paru à propos de soumettre directement la dissolution alcoolique à l'action de la potasse caustique. Celle-ci produit instantanément un coagulum caillebotté, abondant et orangé, qui, repris par l'eau, s'y divise en flocons que la dessiccation ne fait pas verdir. Il s'ensuit que la potasse agit sur le corps, dans le même sens, mais d'une façon plus énergique, que l'ammoniaque, c'est-à-dire qu'il y a combinaison, et à l'instar de la combinaison ammoniacale, elle est suffisam- C. R., 186c, 2">e Semestre, (T. U, N° 3.) ,a (82 ) ment insoluble pour ne laisser, après la filtration et l'évaporation du li- quide, que de très-faibles résidus jaunâtres et incapables de verdir. » L'argile jaunit promptemenl l'essence de térébenthine, quoique la masse ne se désagrège pas sous son influence. La concentration fait acqué- rir au dissolvant unenuance jaune-rosée assez agréable; en outre ce liquide étalé en couches minces paraît rose. Cependant l'évaporation ménagée au- tant que possible, ou même facilitée par des additions successives d'alcool, ne laisse qu'un vernis brun-orangé qui se convertit en une matière colopho- nique brune et solidifiable par le refroidissement. « L'argile ainsi que sa matière colorante sont insensibles à l'action de la benzine. » Le résidu brun-orangé et insoluble provenant des traitements divers ne manifeste aucune réaction avec le protosulfate de fer, avec les prussiates jaune et rouge de potasse, ainsi que le chlorure d'or. » Les acides nitrique et muriatique l'attaquent énergiquement en déve- loppant une belle couleur citrine, et la dessiccation donne une combinaison orangée, analogue à la gomme-gutte en bâton. L'acide sulfurique décolore promptemenl le même résidu qui, par l'évaporation, devient également ci- trin, puis brunit et tourne enfin au noir. Ces actions portent à supposer que les deux premiers acides se combinent avec la matière colorante de façon à constituer des sels, tandis qu'elle jouerait le rôle d'acide avec les alcalis. » Les combinaisons nitrique et muriatique sont solubles dans l'eau et donnent les réactions que voici : » L'ammoniaque et la potasse font renaître les flocons brun-orangé. Les sulfates de protoxyde et de peroxyde de fer produisent des combinai- sons brun-jaunâtre. Le nitrate de plomb donne un précipité blanc qui à l'état sec forme une poussière vert-grisâtre. Le prussiate jaune de potasse n'occasionne qu'une très-légère agglomération brunâtre. Le prussiate rouge développe, au contraire, une couleur vert-brunâtre intense, mais peu stable, la matière tournant au brun, puis au noir par la dessiccation. Ces deux réactions démontrent que le fer n'est nullement la cause de la colora- tion ocreuse qui apparaît si fréquemment. Le chlorure d'or ajouté au liquide légèrement chauffé laisse, au bout de vingt-quatre heures, une zone sèche et verte, établie autour de la partie liquide qui, de son côté, s'est colorée en rouge pourpre sans avoir perdu de sa limpidité. Enfin la dessiccation complète produit un enduit d'or; mais la couche rouge est envahie cà et là parle vert qui tourne décidément au bleu. On trouvera peut-être que ces irisations sont compliquées d'effets de transparences dus à l'or très-aminci. ( 83 ) » L'affinité de la matière pour les alcalis et sa stabilité en leur présence m'ont décidé à esayer d'abréger les opérations nécessaires pour la dégager de sa gangue, en traitant directement l'argile par l'hydrate potassique employé à chaud. Dans ce but, j'ai introduit à peu près parties égales de menus fragments d'alcali et d'argile dans un tube fermé, du genre de ceux dont se servent les pyrognostes. A la lampe, la réaction s'effectue avec une vive tuméfaction et en produisant une masse fondue brun-orangé. L'argile désagrégée est noyée dans cette combinaison que l'eau fait tourner subitement au vert en la dissolvant partiellement. Ce résultat diffère de ceux qui proviennent de l'évaporation des dissolutions aqueuse et alcoolique, puisque celles-ci lais- sent des vernis verts; il fallait ensuite le concours de l'humidité pour les ramener au brun-orangé. » Le liquide vert filtré a produit les réactions suivantes : » Sa partie colorante s'agglomère à l'état de flocons verts, de façon qu'au bout de vingt-quatre heures il ne reste qu'une eau à peine colorée en jaune. Cette même précipitation s'opère plus activement à chaud, et le marc vert qui jaunit par la dessiccation ne reprend que partiellement la couleur verte par l'humectation. De même l'addition de l'ammoniaque, de l'alcool ou de l'éther hâte la coagulation des flocons verts que l'évaporation réduit à l'état d'enduits jaunes plus ou moins foncés. » L'acide muriatique reproduit son composé jaune clair à sec. L'acide sulfurique charbonne la matière. » Le chlorure de platine, le chlorure d'or, et le nitrate d'argent for- ment des magmas bruns foncés, tournant plus ou moins au noir par la dessiccation. » Le prussiate de potasse jaune provoque la décoloration sans aucun dépôt. a Le protochlorure d'étain donne un précipité caillebotté, jaune sale et rosé, tournant au nankin par la dessiccation. Celui que produit le bichlo- rure d'étain reste blanc. » Enfin le sulfhydrate ammoniaque fait naître des flocons d un vert sombre, et très-stables, en ce sens que leur réunion résiste pendant plusieurs jours à l'influence de l'air. Elle n'est pas sensiblement altérée par la potasse liquide dans laquelle la masse ne fait que foncer en couleur, sans se dissoudre notablement, à moins d'effectuer une évaporation à siccité ; alors on obtient un vernis brun susceptible de verdir par l'humectation. Les mêmes flo- cons sont attaqués instantanément par l'acide muriatique, qui en dégage l'hydrogène sulfuré avec effervescence. ia.. ( 84 ) » En résumant actuellement l'ensemble des faits, on voit que la matière grise de l'argile d'Oum-Theboul contient un principe colorant soluble dans les acides, dans l'eau et dans divers liquides spiritueux. Il joue le rôle de base avec les acides, et celui d'élément électro- négatif avec les alcalis aux- quels il s'unit en formant des composés peu solubles. Ses couleurs dépen- dent en partie de la manière dont il a été dégagé de sa gangue. Au milieu des diverses mutations qu'elles subissent, sous l'influence des réactifs et de l'état de sécheresse ou d'humidité, on remarque deux termes plus fixes que les autres, l'orangé-brunâtre et le vert, autour desquels se groupent le jaune, le rose et le bleu plus fugaces ou plus accidentels. » S'il fallait se baser sur l'ensemble des caractères précédents pour rap- procher le corps colorant d'une autre substance déjà connue, j'inclinerais à la ranger auprès de la matière dichroïte, verte et rouge, qui se produit dans les eaux minérales de Vichy. De part et d'autre on voit les mêmes nuances vertes tournant parfois au bleu, des résidus jaunes et une aptitude à effecter la teinte rouge ou rose. En cela, les différences faciles à constater par la comparaison de mes résultats avec ceux de Vauquelin me paraissent sus- ceptibles de recevoir leur explication en tenant compte des conditions chi- mico-géologiques très-distinctes qui ont présidé à la formation des dépôts respectifs. Mais ici doivent s'arrêter ces aperçus, attendu l'insuffisance de mes expériences. Qu'il me suffise d'avoir indiqué une substance rendue curieuse par ses changements, substance que la routine ordinaire aurait réduite aux monotomes bitumes et aux fastidieuses eaux empyreumatiques, acides ou alcalines. D'ailleurs j'en ferai prochainement connaître l'existence dans une roche en apparence bien différente de l'argile qui m'a servi de point de départ. Il s'agit, en effet, d'un jaspe, faisant feu au briquet et dont le rôle géologique est d'une grande importance en Algérie, ainsi que dans d'autres contrées méditerranéennes. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui aura à décerner le prix Bordin pour 1860 (direction et intensités comparatives des courants produits par les différentes substances thermo- électriques). MM. Pouillet, Regnault, Despretz, Becquerel, de Senarmont réunissent la majorité des suffrages. (85 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. VOYAGES scientifiques. — Exploration de la mer Rouge exécutée en i85o,- 1860, par ordre de i Empereur, d'après les instructions de M. le Ministre de l'Algérie et des Colonies, par M. le capitaine de frégate Russel. — Résultats relatifs à l'histoire naturelle obtenus dans le cours de l'expédition, y compris un séjour d'un mois et demi en Abyssinie; Mémoire de M. A. Courbon. chirurgien de marine de première classe. (Commissaires, MM. Brongniart, Milne Edwards, Valenciennes, Decaisne, Ch. Sainte-Claire Deville.) L'auteur, en terminant son Mémoire, en résume le contenu dans les termes suivants : « Géologie. — Je rapporte, de chaque point que nous avons visité et que j'ai fait connaître, de nombreux échantillons géologiques accompa- gnés de Notes sur leurs provenances et leur gisement. Pour quelques localités plus intéressantes, mes Notes sont accompagnées de coupes théo- riques et de croquis des montagnes faits dans différents sens. J'ai même tracé sur des plans levés à vue et faits soit par M. le commandant Russel, soit par moi-même, la disposition des terrains de plusieurs points intéres- sants. C'est ainsi que j'ai fait les cartes géologiques de Périm, de Dissée, de Dooniairah, des environs de Halay et de Tatjoura. » Rolanique. — La botanique a fixé mon attention à peu près d'une égale manière. Je rapporte, en résumé, 660 espèces de plantes, représen- tées par plus de 4«oo échantillons, recueillies dans les différentes localités que nous avons visitées. J'ai pris souvent les mêmes plantes dans des lieux différents, afin de bien saisir les modifications qu'elles y présentent. Toutes les fois que je n'ai pas pris dans une localité des échantillons de plantes qui se répétaient trop souvent et qui n'offraient aucun intérêt, j'ai toujours noté avec un soin minutieux ces plantes, leurs stations, de manière à avoir une véritable flore de chaque endroit. C'est ainsi que je puis donner la flore de l'île Dissée, de la baie d'Adulis, de l'île Française, de l'île Daily, du continent dans le voisinage de Massouah, de Doomairah, de Périm, des environs de Tatjoura, etc. Ces flores locales, intéressantes au point de vue de la géographie botanique, devront être à peu près complètes, puisque nous avons parcouru la mer Rouge à l'époque la plus favorable pour la végéta- tion; que cette époque passée, tout le pays est complètement aride, com- ( 86) plétement désolé. J'ai pris soin de noter aussi pour chaque plante son nom vulgaire, ses usages, ainsi que tous les caractères qu'elle pouvait perdre par la dessiccation. Plusieurs plantes incomplètement connues, à cause de leur difficulté à se conserver en herbier, ont été même décrites sur le frais. C'est ainsi que je possède la description complète du quolqual, euphorbe arbo- rescente dont les coupes transversales du tronc ont la forme d'étoile, de plusieurs autres Euphorbiacées céréiformes et asclépiadées, du messenna entièrement inconnu et de deux rhizophoras qui me paraissent offrir des caractères non encore signalés. » Zoologie. — En zoologie, je n'ai pu, à cause du temps, recueillir que peu de choses. Toutefois je rapporte 6 espèces de Poissons dont deux sur- tout présentent des particularités intéressantes, 2 Sauriens dont un paraît nouveau, 3 Arachnides dont un scorpion, une espèce d'Iule et 284 Insectes représentant 101 espèces qui se classent dans les six ordres suivants: Co- léoptères, 65; Orthoptères, 6 ; Névroptères, 1 ; Hyménoptères, 5; Hémi- ptères, 23; Diptères, 1. » Médecine. — La salubrité apparente et, toutes les fois que la chose a été possible au moyen de renseignements, la salubrité réelle de chaque lo- calité ont été étudiées. La géographie médicale, science si intéressante et encore dans l'enfance, a aussi fixé mon attention. J'ai cherché à connaître, dans chaque localité, les maladies particulières qu'elle pouvait présenter, et pour les maladies communes aux divers pays, leur fréquence relative, leur gravité, les différences qu'elles peuvent offrir dans tous leurs symptômes, leurs marches, etc. J'ai fait des recherches nombreuses sur cette prétendue Chorée d Abyssinie ou Tigretier qui doit être rayée du cadre nosologique, ainsi que sur certaines formes de l'aliénation mentale très-communes en Abyssinie, la lypémanie et la zoanthropie. La médecine indigène de chaque endroit n'a pas été non plus négligée. Enfin j'ai fait des recherches toutes particulières sur les tœnifuges d' Abyssinie et particulièrement sur le mé- senna, précieux anthelminthique encore si peu connu. » MÉTÉOROLOGIE. — Climatologie de Montevideo ; observations météorologi- ques faites durant dix-sept ans dans, diverses parties de l'Amérique du Sud; par M. Martin de Mocssy. (Commissaires, MM. Mathieu, Élie de Beaumont, Pouillet, Gay, Boussingault.) « J'ai l'honneur, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, de soumettre au ( 87 ) jugement de l'Académie un Mémoire sur la climatologie de la ville de Monte- video (État oriental de l'Uni gay, Plata), et trois registres contenant une série de dix-sept années d'observations météorologiques continuées sans aucune interruption depuis le Ier septembre i8ZJ2 jusqu'au 21 juin 1859, jour de mon retour en France. » Cette suite d'observations comprend deux séries : la première de douze années faites à Montevideo exclusivement : le Mémoire ci-joint en est le résultat. La seconde, de près de cinq ans, embrasse le journal météorolo- gique de mes voyages dans le bassin de la Plata, le Paraguay, le Chili et trois mois de traversée océanienne. Les résultats de cette seconde série sont consignés dans le Ier volume de l'ouvrage que j'ai déjà eu l'honneur d'offrir à l'Académie (1). » Ces observations, faites du aa° au 35° de latit. S. et à toutes les alti- tudes depuis o jusqu'à Zj5oo mètres, sur une étendue de pays égale à cinq fois celle de la France, peuvent offrir quelque intérêt pour la météorologie générale du globe. Elles ont été faites avec le plus grand soin et avec de bons instruments; c'est donc avec quelque confiance que j'ose les présenter à l'Académie, en sollicitant sa bienveillance pour mes travaux. » M. Ancelet adresse de Vailly-sur-Aisne un Mémoire intitulé : « De l'in- digestion des graisses considérées spécialement au point de vue des ajfections du pancréas ». Dans ce travail, l'auteur s'est proposé de mettre en présence certains faits pathologiques et les résultats des expériences instituées sur les animaux vivants dans le but d'étudier l'action des liquides pancréatiques. Suivant lui, ces derniers résultats seraient susceptibles d'une double interprétation, et par conséquent moins concluants qu'on ne l'a supposé. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Flourens, Bernard, Pelouze.) M. Mandet soumet au jugement de l'Académie un « Mémoire sur la scil- litine, ses caractères, sa préparation et son emploi en thérapeutique ». L'auteur annonce être parvenu à isoler deux principes actifs jusque-là (1) Description géographique et statistique de la Confédération Argentine, t. Ier, liv. iv, Climatologie). ( 88 ) confondus par les chimistes qui se sont occupés de la scille : un principe irritant ou vénéneux qu'il désigne sous le nom de skuléine, et un autre, la scillitine, incapable de produire les accidents qui suivent quelquefois l'admi- nistration des préparations scillitiques et jouissant à un haut degré de pro- priétés expectorales et diurétiques. (Commissaires, MM. Chevreul, Bussy.) RI. Tardy envoie une addition à son « Mémoire sur la Physiologie de l'homme et en particulier sur la Physiologie universelle ». (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 24 octobre : MM. Duméril, Flourens, Rayer.) CORRESPONDANCE . M. le Ministre i>e l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics transmet un opuscule de M. A7. Bonajous, professeur à la Faculté d Aix, sur le Dacus oleœ (mouche de l'olivier) et sur les moyens de détruire cet insecte malfaisant. ARITHMÉTIQUE DES CHINOIS. — Usage de l'Abacus ou Souwan - pan ; par M. d'Escayrac de Lauture; extrait dune Lettre adressée de Chang-Haiy à M. Chasles (1). « Les Chinois sont loin d'être mathématiciens; leur esprit paraît même se refuser à saisir les abstractions d'un ordre un peu élevé, et l'on peut dire que l'algèbre est de toutes les sciences celle qu'ils peuvent le moins en- tendre. Ils n'ont été vraiment astronomes que par l'intermédiaire des Arabes ou des Jésuites, et leur astronomie a disparu avec l'influence des mission- naires. Mais les Chinois sont un peuple essentiellement pratique, ingénieux dans l'invention de ses outils et de ses procédés : et l'usage qu'il fait de son abacus mérite d'attirer un instant l'attention des mathématiciens. Les pro- cédés arithmétiques des Chinois sont peut-être exactement ceux des Russes, (1) M. le comte d'Escayrac de Lauture, chargé par l'Empereur d'une Mission scientifique en Chine et au Japon, a bien voulu me transmettre des détails sur l'arithmétique pratique des Chinois. J'extrais de sa Lettre les passages suivants qui peuvent offrir de l'intérêt à l'Aradémie. Ch. («9 ) qui ont un instrument pareil appelé te halii' ou stchota; ils doivent se rap- procher beaucoup aussi de ceux des Romains. Plusieurs peuplades de l'intérieur de l'Afrique font leurs calculs avec des cailloux (calcitlum), ou en traçant des raies sur le sable. L'arithmétique de ces peuplades est deve- nue décimale depuis que quelques mots arabes leur sont arrivés avec l'isla- misme pour l'appellation des nombres 6, 7, 8, 9, 10; leur numération était auparavant quinaire, comme je l'ai moi-même constaté. Un médecin fran- çais, M. Cuny, qui voyageait dans le Dar-Four, m'avait adressé à ce sujet quelques observations assez curieuses ; je crois qu'elles seront bientôt pu- bliées avec le voyage de M. Cuny, qui a malheureusement péri victime de son zèle pour la science. » L'Abacus chinois ou Souwan-pan est, comme vous le savez, un cadre oblong renfermant plusieurs rangées de boules mobiles, disposées per- pendiculairement à sa longueur. Chacune de ces rangées peut servir à représenter les unités, les dizaines, etc.; dans l'autre sens l'instrument esf encore divisé vers le tiers de sa hauteur; chaque rangée de boules en compte deux au-dessus de cette division, et cinqau-dessous: quelques Sou- wan-pan n'ont qu'une et cinq ou même quatre boules, ce, qui suffît pour le calcul, mais est considéré comme moins commode. » Les boules placées an-dessus âe la division valent 5, celles placées au-dessous valent 1 . Chaque rangée peut donc servir à compter jus- qu'à i5; le nombre des rangées varie de huit à quinze. » L'instrument étant au repos, les boules sont placées contre les bords inférieur et supérieur du cadre. Pour inscrire un nombre, on amène les boules contre la division centrale. • • • • (')- (1) Ici M.d'Escayrac décrit lesnpéralions successives par lesquelles on effectueavec leSouwan-pan l'Addi- tion, la Soustraction, la Multiplication et la Division. Les nombreuses figures qui représentent l'état des boules sur l'instrument, à chaque opération partielle, ne nous permettent pas de rapporter ces détails, qui cependant ont de l'intérêt, car on tes chercherait en vain, je crois, dans les auteurs qui depuis deux à trois siècles ont écrit sur la Chine. Le P. Martini, qui parait être le premier qui ait fait connaître le Souwan- pan, s'est borné à décrire la forme de cet instrument, ajoutant que les Chinois le manœuvrent avec une promptitude surprenante et une sûreté que n'offre pas le calcul à la plume; mais il n'a pas parlé de la manière de s'en servir dans chacune des quatre opérations principales de l'Arithmétique. (V. Sinicx historiée Decas prima. Monachii, l658;in-4°) D'après les opérations que décrit M. d'Escayrac, les Chinois font l'Addition et la Soustraction en com- mençant par les chiffres de l'ordre le plus élevé, contrairement à notre manière d'opérer. Mais pour la Mul- tiplication, qui se prête aussi à cette marche, ils commencent, comme nous, par les chiffres de la droite. Leur manière de faire la Division parait être la même que chez les Européens. Le V. Martini rapporte que le Souwan-pan a été imaginé, comme l'Arithmétique elle-même dont il est l'instrument pratique, par un ministre de Hoangti, troisième empereur des Chinois, 2897 ans avant la C. R. , 1860, 2m« Semestre. (T. U, N° 3.) '3 (9o) » Leur façon de calculer en s'aidant d'un outil est toute matérielle et nous semble grossière : elle est cependant fort commode et très-rapide. L'aba- cus est employé ici dans les plus grandes administrations publiques et chez tous les négociants européens par les caissiers chinois; son inconvénient, très-grave, est qu'il ne laisse aucun vestige du calcul. Les caissiers, les mar- chands se servent de l'abacus avec une rapidité incroyable. Je calcule moi- même (à notre manière) assez vite, et cependant des Chinois étrangers au commerce ont fait devant moi des calculs dont je leur fournissais les élé- ments, en un tiers et moitié moins de temps que moi. Un voyageur assure que les Chinois ne pouvaient suivre ses calculs : c'étaient sans doute des Chinois bien ignorants ou bien polis. « Le système imparfait de numération des Chinois les oblige à une repré- sentation matérielle des nombres. Quand ils n'ont pas un abacus sous la main, ils tirent quelques sapèques de leur poche ou ramassent quelques ■cailloux pour effectuer leurs calculs. naissance de Jésus-Christ. Mais comme il dit aussi qu'un autre ministre du même emuereuf^a découvert l'étoile Polaire, qu'un troisième a inventé la Musique, etc., il faut croire que ces traditions fabuleuses indiquent seulement une haute antiquité. On sait que les Romains possédaient un instrument de calcul tel que lo Souwan-pan, mais qui en défe- rait par la forme; et qui était plus complet, en ce qu'il comportait le calcul des fractions. Us l'appelaient Abacus. /Vu lieu de boules enfilées sur des cordons, ce sont, dans cet Abacus, des boulons que l'on fait glisser dans des rainures. Four chaque ordre d'unités décuples, il n'y a que cinq boutons, dont quatre valent chacun une unité; le cinquième en vaut cinq. D'autres rainures sont destinées au calcul des fractions, lesquelles étaient duodécimales. Les rainures des unités décuples, affectées comme les boules du Souvan- pan au calcul des nombres euliers, sont marquées des lettres numérales I, X, C, M, etc., de même que les colonnes de l'Abacus écrit (qui se traçait sur la lakle couverte de poudre), dontBoèce nous a laissé la descrip- tion, et qui est la véritable origine de notre Arithmétique actuelle, origine, par conséquent, latine et grec- que, et non arabe ou hindoue, comme on l'avait cru (voir Comptes rendus, t. XVI, p. i3g3-i420, année 1843). Plusieurs exemplaires de l'Abacus romain nous sont parvenus. Il en eiiste un au Cabinet des Antiques de la Bibliothèque impériale, qui a été décrit par le P. du Molinet dans son ouvrage intitulé Le Cabinet de la Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris, l(Jgf»j in-folio). Un autre a été décrit par Mardis Velserus (voir Rerum Auguslanarum VinJelicarum libri oclo. Veneliis, i?>y j ; in-folio, p. iSa), et depuis par plu- sieurs auteurs. Voir: L. Pignorius : De Servis et eorum apud Veteres ministeriis, Commentarius. Aug. Vind., i6i3, in-40; — J. Gruter : Inscriptionum Bomanarum corpus absolutissimum, etc., in Bibliopolio Commeli- niano, 1G16, in-folio, p. ccxxiy ; — F. Bianchini : La Isloria universale provata con monumenli e Jigurata con simboli degli Antichi. In Borna, 1747, '"-4°> P- I07- On trouve aussi la description de l'Abacus romain et du Souwan-pan chinois dans les Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres (année 1G86, n° 180). Velser, donnions venons de citer l'ouvrage sur les Antiquités d'Augsbourg, est, comme l'on sait, l'illustre patricien de cette ville à qui (ialilée a adressé ses célèbres Lettres sur les taches du soleil. Qu'on nous permette à ce sujet une courte digression. La seconde de ces Lettres, dont M. Volpicelli a retrouvé dei- nièrement l'autographe, présente plusieurs variantes avec les éditions qui en ont paru jusqu'ici. Le savant Secrétaire perpétuel de l'Académie des Nuovi Lincei a eu la louable pensée d'en faire une nouvelle publica- tion conforme à l'original, qu'il a accompagnée de fioles intéressantes. C'est dans la présente séance même qu'il adresse à l'Académie cette publication. ( Voir le Bulletin bibliographique.) Ch. (9' ) » L'abacus peut être regardé comme spécialement adapté à la numéra- tion décimale bien que les quinze boules que porte chacune de ses rangées le rendent propre à l'emploi du système sexdécimal. Les Chinois ont suivi, dans presque toutes leurs mesures, le système décimal, et quand ils s'en écar- tent, c'est rarement pour employer 12, ses multiples ou sous-multiples même. C'est donc par erreur que M. deHnmboldt, dans un Mémoire sur les systèmes de chiffres de tous les peuples (lu à l'Académie des Sciences de Berlin, le 2 mars 1829, inséré au Journal de M. Crelle, t. IV, p. 206, 1829) dit: « Si, comme le dit Ovide, nous comptons suivant les dizaines, quia toi cligiti, » per quos numerare solemus, l'homme, avec des extrémités divisées six fois, » serait arrivé à une échelle duodénaire, à des groupes de 12, qui offrent le » grand avantage de divisions sans fractions, par 2, 3, 4 et 6, et dont les » Chinois, depuis les temps les plus reculés, se servent pour leurs mesures » et leurs poids. » Il n'en est point ainsi, et cela prouve une fois de plus combien il y a en Europe, même parmi les plus grands esprits, d'erreurs accréditées sur la Chine. Les mesures chinoises sont assurément fort an- ciennes; la plus forte de celles de longueur est le yin qui vaut 10 chang loochih (ou pied deom,3i2) pour le chih de Péking, 1000 tsun et 10000 fan. » Celle de distance est le pou ou pas, qui est de 5 pieds chinois. Le li ou mille vaut 36o pou, et 25o li font un degré du méridien terrestre. » Celle de surface est le maou qui a un pas chinois de largeur, sur i4o de longueur. 100 maou font un king. » La plus forte de celles de capacité est le chih ou picul cubique, qui vaut jo tô, 100 ching et 1000 hô. » Enfin, le liang ou once (tael) se divise en dixièmes et en centièmes dans les comptes. » Pour en revenir à l'abacus, je crois qu'il serait d'un bon usage dans notre pays pour apprendre aux enfants la numération et le calcul. Leur es- prit peu développé saisirait mieux la théorie de l'abacus, et passerait ensuite facilement à notre système de numération et de calcul écrit (1). » Les plus petits enfants apprennent ici en deux mois à se servir de l'aba- cus avec une grande prestesse ; et il serait aussi difficile de trouver en Chine (1) La censée de M. le comte d'Escayrac est réalisée dans beaucoup de salles d'asile, où l'on apprend à compter aux enfants sur un instrument appelé boullier, à peu près semblable au Souwan-pan chinois. C'est, je crois, notre confrère M. le général Poncelet qui a fait con- naître en France cet instrument qu'il rapportait de Russie, et dont il a introduit l'usage en premier lieu dans les écoles de Metz. ' Ch. i3.. (9-) des gens qui en ignorent l'emploi, qu'il est malheureusement facile de trou- ver en Europe des gens qui ne savent pas, ou ne savent que très-imparfaite- ment résoudre les problèmes les plus simples de l'arithmétique, qui seraient même incapables d'écrire un nombre. » Observations de M. Morin sur ta lecture jaite par M. le Président de la Lettre de M. d'Escayrac de Lauture. « A l'occasion de la communication précédente de M. le Président, le général Morin fait remarquer qu'il y aurait probablement aussi quelques renseignements curieux à recueillir sur les connaissances des Chinois en géométrie, surtout en ce qui concerne les applications aux arts. » A l'appui de cette opinion, il cite des modèles d'engrenage héliçoïde adaptés à de petits appareils servant à satiner le ruban, qui ont été rapportés par l'ambassade de M. de Lagrenée en Chine. Ces modèles offrentla solution d'un problème d'engrenage qui, dans ces dernières années, avaitoccupé plu- sieurs géomètres distingués. Il y a donc lieu de croire que leur tracé a été, de la part des Chinois, l'objet de certaines recherches et le résidtat de règles qu'il serait bon de connaître, et qu'il pourrait y avoir bien d'autres exemples analogues de l'emploi fait par les Chinois des tracés géomé- triques. » Il pourrait donc être intéressant de profiter du dévouement de M. d Es- cayrac de Lauture à la science pour recueillir des renseignements sur le degré d'avancement des connaissances des Chinois en géométrie. » PALÉONTOLOGIE. — Note sur les Crustacés jbssiles des sables de Beaucharnp ; par M. Alphonse Edwards. « On a reconnu depuis longtemps que les sables de Beaucharnp renfer- ment quelquefois une grande quantité de débris de Crustacés, que Desma- rest a décrits sous le nom de Portunus Hericarti; cependant on ne s'était jusqu'à présent formé qu'une idée incomplète de la richesse carcinologique de ce dépôt. Dans une sablière appartenant à cette formation géologique et située au Gué-à-Tresnes, près de Meaux, ces fossiles, comme on l'avait déjà remarqué, sont extrêmement abondants. En très-peu de temps j'ai pu y ras- sembler des pièces provenant de plus de 3ooo individus. J'ai reconnu, par une étude attentive, que la plupart n'appartiennent pas à des Portunes, ni même à aucun autre Brachyure, mais se rapportent à une espèce particu- (93) lière du genre Gallianasse, Crustacé macroure, dont on trouve des repré- sentants dans les mers actuelles, et dont toutes les parties sont d'une mol- lesse extrême, à l'exception des pattes de la première paire, dont l'armure dermique est au contraire très-résistante; on comprend donc que ces derniers organes aient pu seulsse conserver par la fossilisation, et effectivement, malgré la grande abondance de ces débris, je n'ai pu y rencontrer que des articles appartenant à cette paire d'appendices. Je proposerai de désigner ce Crus- tacé sous le nom de Callianassa Heberli. Je me bornerai à ajouter ici qu'il se distingue des autres espèces, soit fossiles, soit récentes du même genre, par l'existence d'une échancrure profonde, située entre la base de l'index et l'ar- ticulation du pouce. » J'ai aussi rencontré dans la même localité diverses pièces appartenant au Porlunus Hericarti, telles que l'épistome et les pièces branchiostégiques, qui seront très-utiles pour compléter la description de cet animal. » Une troisième espèce de Crustacés Décapodes qui se rencontre aussi dans cette sablière, mais qui paraît y être très-rare, doit prendre place dans la grande famille des Ocypodiens et former une petite division générique entre lesGrapseset les Métaplax; je me propose de la décrire sous le nom de Psammocjrapsus parisiensis. » Une quatrième espèce provenant de la même localité appartient au genre Pagure ; malgré toutes mesrecberches, je n'ai pu m'en procurer qu'un seul échantillon. C'est une pince incomplète; elle me semble cependant pouvoir être caractérisée spécifiquement. Je la désignerai sous le nom de Pagurus arenarius. » Parmi les débris que j'ai recueillis dans ces sables tertiaires, se trouvent des pièces qui ne me paraissent pouvoir être rapportées à aucune des es- pèces dont je viens de parler, mais elles ne caractérisent pas les animaux auxquels elles appartenaient, de manière à permettre de classer ceux-ci méthodiquement. La première de ces pièces est un dactylopodite antérieur, remarquable par sa forme allongée et renflée à son extrémité libre; il paraît provenir d'un Brachyure. La seconde est un protoméropodite qui, par sa conformation, paraît appartenir à un animal de la famille des Ocypodiens, différant cependant du Psammograpsus parisiensis. » Il paraîtrait donc que les sables de Beauchamp renferment à l'état fos- sile au moins six espèces de Crustacés Décapodes, dont la plus abondante est la Callianassa Heberli. » ( 9'» ) MINÉRALOGIE. — De la présence du vanadium dans les argiles de Forges-les- Eaux et de Dreux; par M. A. Tebkeil. ■ La présence du vanadium dans les argiles a été signalée pour la pre- mière fois par M. P. Beauvallet, qui trouvait ce métal en quantité dans l'ar- gile de Gentilly, près Paris. Dans la Note qu'il présentait à ce sujet à l'Aca- démie des Sciences, le 22 août i85g, M. P. Beauvallet disait qu'en opérant d'après la méthode qu'il a indiquée pour extraire le vanadium des argiles, j'avais, de mon côté, trouvé du titane el du tantale dans les différentes argiles que l'on rencontre dans les environs de Paris. » Depuis lors, de toutes les argiles analysées, soit par M. P. Beauvallet, soit par moi, celle de Gentilly seule fournissait du vanadium ; cependant je viens de constater la présence de ce métal dans l'argile de Forges-les-Eaux, près de Rouen, et dans l'argile des environs de Dreux. » L'argile de Dreux est employée à la manufacture impériale de Sèvres pour faire les cazettes, et c'est sur des morceaux de ces cazettes, que M. Re- gnaulta bien voulu me donner, que j'ai opéré; elle n'a fourni à l'analyse que des traces à peine sensibles de vanadium; mais il est probable que les lavages que subit l'argile avant d'être employée ont dû lui en enlever une certaine quantité (1). » Quant à l'argile de Forges-les-Eaux, elle paraît être plus riche en vana- dium que l'argile de Gentilly; elle contient aussi du titane. Cette argile est employée à la confection des pots de verreries; elle est très-réfractaire et presque blanche quand elle est cuite : l'échantillon sur lequel j'ai opéré m'a été donné par M. Clémendot, qui l'emploie dans sa cristallerie de Clichy. » Les argiles de Gentilly, de Forges-les-Eaux et de Dreux ne renferment que des millièmes ou que des dix-millièmes de vanadium ; mais si l'on con- sidère la masse des argiles qui recouvre le globe, on voit que le vanadium n'est pas aussi rare qu'on l'avait cru jusqu'à présent. » PHYSIQUE. — Recherches sur l'électricité atmosphérique; par M. P. Volpicelli. « Des deux caractères qui constituent l'électricité, l'un sa tension, l'autre sa nature, le premier dépend de l'état hygrométrique de l'air, le second en (1) M. P. Beauvallet a remarqué que l'argile de Gentilly qui resle exposée à la pluie pen- dant quelque temps perd presque tout son vanadium. (95) est indépendant. D'après cela les recherches sur la nature de l'électricité atmosphérique doivent intéresser plus que celles sur sa tension. J'ai com- mencé à examiner par plusieurs moyens la nature de l'électricité indiquée, dans les journées qui ne sont pas orageuses, et je demande la permission de communiquer à l'Académie les résultats que j'ai obtenus jusqu'à présent. » i°. Une tige de cuivre fixée, et bien isolée sur le toit du Musée phy- sique de l'Université romaine, était par son extrémité supérieure à la hau- teur de /|5m,^9 du niveau de la mer. Si la tige se terminait supérieurement en pointe, ou en globe métallique, et par son extrémité inférieure commu- niquait soit avec un condensateur très-sensible à paillettes, soit avec un électroscope simple à piles sèches, elle manifestait bien rarement l'existence d'électricité atmosphérique. Mais si la tige communiquait avec un électro- scope condensateur à. piles sèches, on avait toujours des signes d'électricité, tantôt positive, tantôt négative. Ainsi cet électroscope condensateur est l'unique moyen par lequel on puisse toujours obtenir par une tige fixe la nature de l'électricité atmosphérique. En outre, pour être certain des résul- tats de cette expérience, il faut en premier lieu bien s'assurer, avant de commencer, que l'instrument est à l'état naturel, ce qu'on obtient en tou- chant en même temps ses deux plateaux, et ensuite en les séparant l'un de l'autre. Si la feuille d'or, dans cette séparation, reste immobile, on pourra commencer l'expérience. En second lieu, il faut recueillir l'électricité une fois avec le plateau supérieur, une autre fois avec l'inférieur, obser- vant que les deux résultats sur la feuille d'or s'accordent, l'un et l'autre, à indiquer la même nature pour l'électricité recueillie. De plus, après avoir achevé, il faudra laisser toujours les plateaux du condensateur en contact tous les deux avec le sol, et séparés l'un de l'autre par une feuille métalli- que non isolée. Ces précautions deviennent indispensables dans l'emploi de l'électroscope condensateur à piles sèches, quand il s'agit de connaître la nature des très-petites doses d'électricité, telles que sont ordinairement celles de l'électricité atmosphérique. » 20. La nature de l'électricité atmosphérique peut varier, dans quelques cas, cinq ou six fois dans le court espace de trois ou quatre minutes. » 3°. L'électricité atmosphérique recueillie avec cette tige terminée supé- rieurement, ou parune pointe, ou par un globe métallique, se trouve toujours être de la même nature, c'est-à-dire que si elle est positive ou négative avec la pointe, elle le sera aussi avec le globe; et pour ce qui regarde la charge, celle-ci varie bien peu, et souvent elle apparaît quelque peu plus (9<0 grande avec le globe qu'elle ne l'est avec la pointe, bien entendu dans une même expérience. » 4°. En plaçant sur la pointe, ou une flamme, ou un globe incandes- cent, ou même des charbons ardents, presque toujours l'électricité qu'on obtient négative avec la pointe, ou avec le globe, se transforme aussitôt en positive si forte, que les électromètres, même sans condensateurs, peuvent souvent en mesurer la charge; ce qui arrive bien rarement avec la simple pointe ou le globe. Si, au contraire, l'électricité atmosphérique obtenue par la pointe ou par le globe est positive, comme cela a lieu dans les journées de beau temps, alors les flammes, les charbons ardents et les métaux incan- descents en augmentent de beaucoup la tension. Plus la flamme est éner- gique, plus elle augmente la quantité d'électricité. Les effets de la flamme à alcool surpassent ceux de la flamme à huile. On en doit conclure que la flamme induit le plus souvent en erreur, quand on explore avec elle l'élec- tricité de l'atmosphère, et cette erreur se rapporte tant à sa nature qu'à sa tension. » 5°. Si dans quelques cas très-rares, la flamme ne change pas l'électri- cité négative, montrée par la pointe et par le globe, en électricité positive, elle n'augmente pas non plus sa tension, et il semble même qu'elle la dimi- nue plutôt. Donc les flammes, et les corps incandescents aussi, apportent de graves perturbations dans les résultats des recherches snr l'électricité atmosphérique. » 6°. Dans une chambre, et avec les moyens indiqués, qui sont les plus délicats, j'ai obtenu des traces toujours positives d'électricité par les flammes. » Je n'ai pas encore répété ces expériences, à des hauteurs plus grandes, ni dans les journées orageuses; aussi doivent-elles être continuées. Cette communication a principalement pour objet d'annoncer le commencement d'une étude consistant dans une comparaison entre les différents résultats qu'on obtient en prenant l'électricité atmosphérique avec une tige métal- lique isolée et fixe, niais terminée ou par une pointe, ou par un globe, ou par des flammes diverses, ou enfin par des corps incandescents, comparai- son qui jusqu'à présent n'a pas attiré, ce me semble, l'attention des phy- siciens. » (97 ) PHYSIQUE. — Sur la cohésion de quelques liquides el sur le rôle de la cohésion moléculaire dans les réactions chimiques des corps; par M. D. Menndéléeff. « Pour résoudre les questions concernant les causes qui produisent les diverses réactions chimiques et déterminent les différences dans les pro- priétés physiques des corps, il faut connaître d'abord la valeur de la cohé- sion moléculaire des corps. C'est justement pour la détermination de cette valeur que j'ai continué mes recherches (Comptes rendus de 1860, Ier se- mestre, n° 1) sur la capillarité et le poids spécifique des liquides adhérents. » Le tableau ci-dessous contient les résultats numériques de mes re- cherches récentes : Poids Poids Coefficient Cohésion des molécules spécifique de capillarité moléculaire chimiques 4 /„ à t0 à *„ = P. =dg. =a'. =P.dg.a-. Benzine C H6 78,0 0,84407 6,817 (i5°,o) 470»1 Toluène C H8 92,0 ■ o, 85636 6,654 (i5°,o) 5a4>3 Xylène C8t'° 106,0 0,83087 6,626 (i5°,o) 583,5 Cymène C" H» '. . i34,o 0,86519 6,586(i5°,7) 763,5 Amylène C5H"> 70,0 0.65167 5,38o(i6°,5) 245,4 CélèneC'6H" 224,0 0,78932 7,oo2(i5°,2) 1237,6 Bromure d'éthyle C2HbBr 106,0 1,41893 3,436(i5°,o) 5i6,8 lodure d'éthyle C'H5I i56,b 1,93090 3,oi4 (i5°,o) 9°7,9 Chlorure d'amyle C5 H" Cl iÔ6,5 0,87442 5,6i6(i5°,3) 523, o Bromure d'amyle Cs H" Br 148,0 1,20587 4>3i7(i5°,7) 770,5 lodure d'amyle C5 H" 1 198,0 1 ,5o868 3,825(i5°,8) 1142,6 Benzoate de méthyle C8 H* O2 i36,o 1,09208 7, 112(12°, 3) io56,5 » d'éthyle C9 H'0 O' i5o,i 1 ,05170 6,986 (i4°,i) 1099^2 Chlorure de benzoïle C H5 O Cl. .. . i4°.5 I»2I79° 6, 679(13°, 8) n43,o Chlorure de silicium Si2 Cl1 170,6 1,49276 2,797 (i5°,o) 7,2»3 Silicate d'éthyle (C H5 )< Si2 O' 208,6 o,933g3 4,736 (22°,5) 921,7 Oxychlorure de phosphore P O Cl3 . . i53,7 1,66200 3, 922(19°, 5) 1001,9 Oxyde d'éthyle et d'amyle C H16 O. 116,0 o,8o357 5,820(1 4°, 7) 542,5 Acétone (acétique) C'H'0 58, o 0,80080 6,i33(i5°,o) 284,9 » Ces résultats, tout en confirmant les conclusions énoncées dans mon premier Mémoire, démontrent néanmoins que ce n'est pas toujours la valeur de « x 69 qui correspond ànx CH2, mais que la différence entre les va- leurs de la cohésion moléculaire des homologues peut varier dans les limites de nX 5o (comme par exemple pour la benzine et le toluène), à n x 90 par exemple pour l'amylène et le cétène). C. R., 1860, ame Semestre. (T. U, N° 5.) • *4 (9« ) » En comparant les nombres obtenus pour C2H5I et CSHH Br, on voit que la cohésion moléculaire de l'iodure dépasse celle du bromure corres- pondant à peu près de 38o unités. » Nous allons citer maintenant quelques faits qui tendent à démontrer que la détermination de la valeur de la cohésion moléculaire pourrait con- tribuer beaucoup à la connaissance des causes qui font naître les réactions chimiques. » On sait que les acides gras réagissent sur les alcools à la température ordinaire beaucoup plus lentement qu'à une température plus élevée. L'explication la plus simple de ce fait serait la suivante : la réaction a lieu dans les deux cas, parce que la somme des valeurs exprimant la cohésion moléculaire des produits de la réaction (l'éther composé et l'eau), est tou- jours plus grande que la somme correspondante des corps réagissants (l'alcool et l'acide). La réaction étant plus énergique à une température plus élevée, il faut supposer que la somme des valeurs trouvées pour les corps réagissants diminue avec la température plus rapidement que celle des valeurs obtenues pour les produits de la réaction. En effet, leShrésultats numériques viennent à l'appui de cette interprétation. On a, par exemple, à i5° : Cohésion moléculaire de l'alcool éthylique =218 » de l'acide acétique = 355 La somme des corps réagissants = 5^3 Cohésion moléculaire de l'éther acétique = 449 » de l'eau = 18 X 0,9992 X i4»&2 == 267 La somme des produits =716 Cette dernière somme est 1 , 249 plus grande que celle des corps réagissants. Le rapport entre les deux sommes va en croissant avec la température ; à 75° il est 1 1 1,265 : Cohésion moléculaire à 75° de l'acool éthylique. ... = fô X o ,742 X 4>9*> — •&) >• de l'acide acétique = 60 X 0,997 X 4)55 = 272 Somme = 44 ' » de l'éther acétique . .. . = 88 X 0,823 X 4)49 = 327 » de l'eau = 18 X 0,975 X i3,i8 = 23 1 Somme = 558 À ioo° il dépasse sans doute le nombre 1 , 3i ; aussi la réaction est-elle alors beaucoup plus vive qu'à la température ordinaire. (99) » On sait qu'à la température ordinaire l'action de l'acide acétique sur l'alcool amylique est plus lente que sur l'alcool éthylique. On trouve l'ex- plication de ce fait en ce que/dans le premier cas, le rapport entre la somme des cohésions moléculaires des corps réagissants et la somme correspondante des produits de la réaction est = i *. i , 206 (= 785 '.9/17), tandis que dans le second il est =1 : 249. » Pour démontrer l'existence d'un rapport entre le coefficient de capil- larité (ou de cohésion) et les autres propriétés physiques, nous allons com- parer le coefficient de capillarité avec la chaleur latente de vaporisation à la température d ebullition : Température Coefficient Chaleur latente d'ébullition ù T,, do capillaritc à T„. do vaporisation à T,. Eau ioo" ,2)47 Brunner. 536,5 Regnault. Alcool méthylique. . . 66° 5,25 Menndéléeff. 264,0 Favre et Silbermann. » éthylique. ... 780 5,12 » 209,0 \» » amylique i3i° 4»6° » 121,0 » Acétate d'éthyle 74° 4>5i » 106,0 » Éther éthylique 35° 4>^7 Brunner. 9'i° " Iodure d'éthyle 700 2,46 Menndéléeff. 47 >° Andrews. » On voit par ces nombres que la quantité de chaleur nécessaire pour la vaporisation diminue avec l'abaissement du coefficient de cohésion, résultat qui est complètement d'accord avec l'opinion que la chaleur latente de va- porisation n'est que le travail de la chaleur nécessaire pour équilibrer la cohésion du liquide. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la jormule rationnelle de l'acide fulminique; par M. L. Chichkoff. « On a proposé, dans ces derniers temps, deux formules différentes pour l'acide fulminique. L'une de ces formules a été donnée à la suite de la dé- couverte du dédoublement de cet acide en acides isocyanurique et cyanique. Cette première formule devait servir à démontrer que l'acide fulminique était un corps nitré; elle expliquait, en même temps, la facilité avec laquelle les cyanates dérivent des fulminates. « La formule C2(Az02)fPAz.2 CHAzO(*), (*) C = i2, H= 1, 0 = 16, Az=i4. 14.. ( ïoo ) qui avait été donnée alors à l'acide fulminique, représentait une combi- naison de l'acétonitryle mononitré avec 2 équivalents d'acide cyanique. » Dans le même temps, M. K.ékulé proposait une autre formule pour l'acide fulminique : il l'envisageait comme un cyanure deméthyle monio- nitré CAz.CH2(AzOa). • Plus tard ce chimiste obtint par l'action du brome sur le fulminate de mer- cure le composé CAz.CBr2(AzOa). La simplicité de la formule proposée par M. Kékulé, ainsi que la décou- verte du dérivé brome précédent, qui semblait pouvoir être considéré comme un dérivé direct, par substitution de l'acide fulminique, disposèrent la plupart des chimistes en faveur de cette seconde formule. Lorsque j'avais donné pour l'acide fulminique la première formule Ca(AzOa)HaAz.2CHAzO, j'admettais provisoirement pour l'acide isocyanurique la formule Ca(AzOa)HaAz.CHAzO. Par suite, l'acide fulminique n'aurait différé de l'acide isocyanurique que par 1 équivalent d'acide cyanique en plus dans la première. » Dans mes nouvelles recherches sur les fulminates, entres autres résul- tats je suis arrivé à constater, par l'étude comparative des propriétés des fulminates avec celles des isocyanurates, que l'acide fulminique dans son scindement en acides isocyanurique et cyanique, subit un changement mo- léculaire très-prononcé. Il fallait donc chercher à représenter par des for- mules différentes la composition de ces deux isomères : les acides fulminique et isocyanurique. » Or on s'explique bien plus facilement les propriétés de ces acides en leur donnant les formules suivantes : C2(AzOa)aH4 (CAz)2, acide fulminique, Ca(Az02)H20) CAz>Az, acide isocyanurique. H) » La première formule représente un dérivé de l'alcool éthylique par ( ioi ) substitution du cyanogène à l'oxygène, et de i équivalents du groupe AzO2, à 2 équivalents d'hydrogène. Quant à l'acide isocyanurique, la formule citée représente la cyanamide nitro-acétique. En admettant pour l'acide ful- minique la nouvelle formule, on s'explique aisément, non-seulement la manière dont s'engendre ce corps dans l'action de l'acide nitrique sur l'al- cool, mais encore toutes les propriétés générales des fulminates. » On sait, en effet, que dans l'action de l'acide nitrique sur l'alcool, il se forme toujours une quantité considérable d'acide cyanhydrique. » J'admets qu'en même temps l'alcool, mis en présence de l'acide ni- trique, donne lieu à la formation d'un dérivé nitré qui est l'éthylène binitré C2(Az02)2H2, et que ce composé se combine à l'acide cyanhydrique pour constituer l'a- cide fulminique C2(AzO*)2H2 + aCAzH = C2(Az02)2H*(CAz)2. Éthylène binitré. Ac.cyanhydr. Acide fulminique. Ce qui m'a conduit à admettre cette formule, c'est la facilité avec laquelle elle rend compte des dilférentes réactions propres à l'acide fulminique. » Les faits suivants serviront à le démontrer : » i°. Les fulminates possèdent les propriétés essentielles des cyanures : ils sont très-vénéneux; ils dégagent par l'action du brome ou du chlore res- pectivement du bromure ou du chlorure de cyanogène; traités par l'acide chlorhydrique, ils dégagent de l'acide cyanhydrique. Dans toutes ces réac- tions les fulminates se comportent comme de véritables cyanures. ' )> 20. Chaque fois qu'on remplace l'argent, le mercure, etc., des fulmi- nates par des métaux alcalins, on voit se former du cyanate de la base employée. « La formation des cyanates est due dans ce cas à la réduction du groupe binitré sous l'influence de l'affinité qu'ont les cyanures alcalins pour l'oxy- gène. C'est ainsi, par exemple, qu'en traitant le fulminate de mercure par l'iodure de potassium, la potasse caustique, le sulfite de potasse, etc., j'ai réussi à obtenir des quantités notables de cyanate de potasse, qu'on trans- forme facilement en urée d'après la méthode ordinaire. » 3°. Les propriétés explosives des fulminates s'expliqueront ainsi parfai- tement par l'instabilité extrême du groupe éthylène binitré et la facilité avec laquelle l'oxygène de ce corps se porte sur les cyanures métalliques. ( '02 ) On se rappelle, en effet, que les mélanges des cyanures métalliques, avec des corps riches en oxygène, possèdent à un haut degré les propriétés explosives. » 4°- L'admission du groupe Ca (AzO2)2 H* est hypothétique à l'époque où nous sommes, cependant après la découverte des composés C( AzO2)3 H. C2 (AzO2)3 Az, etc., la formation d'un corps de cette nature ne présente rien d'impossible. » Quant à la combinaison de l'éthylène binitré avec l'acide cyanhydrique, cette réaction n'a rien de nouveau; elle nous rappelle les combinaisons bien connues des hydrocarbures avec les hydracides. » On remarque que j'admets dans l'éthylène binitré a équivalents d'hy- drogène remplaçable par des métaux. Il en est de même comme pour le nitroforme qui, dérivant du gaz des marais par une réaction analogue, présente toutes les propriétés d'un acide énergique C2(Az02)2Hs, Ethylène binitré. CH\ C(AzOa)'H. • Gaz des marais. Nitroforme. » 5°. Lorsqu'on essaye de déplacer par double décomposition le métal faisant partie des fulminates, on sait que le déplacement ne porte ordinai- rement que sur la moitié du métal. Ce fait trouverait aussi son explication si l'on admettait que les fulminates sont des sels doubles, provenant de deux acides différents, dont l'un est l'éthylène binitré et l'autre l'acide cyan- hydrique. » En résumé, de tous les faits qui précèdent, je crois tirer cette conclusion que, une fois l'éthylène binitré obtenu d'une manière directe ou indirecte, il deviendra possible de faire la synthèse des fulminates. En effet, l'éthylène binitré devant être un acide, il ne restera plus, pour produire un fulminate, qu'a traiter le nouveau corps par l'oxyde d'un métal et à déterminer sa combinaison avec 2 équivalents d'un cyanure métallique. r> ÉCONOMIE RURALE. — Sels ammoniacaux délaissés comme engrais par l 'agriculture française ; par M.. A. Mallet. « La découverte si intéressante de MM. Margueritte et de Sourde val appelle à nouveau l'attention du monde savant sur l'emploi des sels ara- ( io3 ) moniacaux en agriculture. Les réflexions dont quelques pnblicistes ont accompagné l'annonce de l'heureux progrès réalisé par ces messieurs, me prouvent que plusieurs ignorent pourquoi l'agriculture française n'a pas recours aux sels ammoniacaux comme engrais; car je ne parle pas de quelques milliers de kilogrammes de sulfate d'ammonia/jue vendus annuel- lement poar cet emploi. Que signifie cette minime quantité à côté des millions d'hectares cultivés en France! » On serait dans une grave erreur en pensant que le prix du sulfate d'ammoniaque chez nous le fait délaisser comme engrais par nos agricul- teurs. En i844> M. Kuhlmann, dans les Mémoires si intéressants qu'il a pu- bliés sur le sujet qui nous occupe, concluait, des expériences auxquelles il s'était livré pendant plusieurs années consécutives, qu'il y aurait avan- tage incontestable pour les agriculteurs à se servir du sulfate d'ammoniaque quand son prix, qui était alors de 52 francs les ioo kilogrammes, serait tombé à 46 francs; et a alors, disait-il, la consommation de ce pro- duit industriel n'aura plus de limites. » Depuis plusieurs années, le sulfate d'ammoniaque destiné à l'agriculture se vend au plus 36 francs, il a donc baissé de 22 pour 100 depuis 1842, et l'agriculture française n'en emploie pas plus pour cela. « En Angleterre et en Belgique, ces deux pays où l'agriculture est si avancée et si progressive, où on utilise tous les engrais que la nature met à notre disposition, et qui sont sans contredit les meilleurs (nous n'en sommes pas encore là en France, sauf dans quelques départements), le sul- fate d'ammoniaque se vend très-souvent plus cher qu'en France. La spé- culation anglaise vient, presque tous les ans, acheter en France du sulfate d'ammoniaque qu'elle se procure à prix réduit quand le stock est impor- tant, pour le revendre, sur le marché de Londres, 38 et 40 francs. Il n'y a pas deux ans que les fabricants de produits ammoniacaux de la Belgique vendaient le sulfate d'ammoniaque 45 et 5o francs, et avaient peine à suf- fire aux demandes que leur adressaient les agriculteurs. » La grande consommation de sulfate d'ammoniaque faite par l'agricul- ture dans ces deux pays prouve surabondamment qu'elle sait tirer un bon parti des ressources que lui offre l'industrie pour venir en aide à la nature. Mais ce qui prouve surabondamment aussi que l'agriculture française agit autrement, et que le prix des matières ammoniacales n'est point un empê- chement pour elle, c'est qu'il y a dans les départements une foule d'usines à gaz qui ne tirent aucun parti des liqueurs ammoniacales provenant de la ( io4 ) distillation de la houille, et contenant souvent 4^5 pour ioo d'ammo- niaque. Que ces usines ne trouvent pas d'avantage à fabriquer des sels ammoniacaux, cela peut très-bien se concevoir; mais ce que l'on ne conçoit pas, c'est que souvent ces usines ne trouvent pas d'agriculteurs du voisinage qui consentent à venir enlever gratis ces liqueurs ammonia- cales. « On serait donc dans l'erreur, et on serait en même temps injuste envers les fabricants de produits ammoniacaux français si on les accusait, et même si on les soupçonnait d'empêcher l'agriculture nationale de se servir des sels ammoniacaux comme engrais, et cela, soit par leur prétention de réaliser de grands bénéfices, soit par l'insuffisance de leurs procédés de fabrication. Depuis longtemps les fabricants de ces produits, comme les fabricants de produits chimiques en général, ne sont pas au-dessous de leurs concurrents étrangers, et les droits d'entrée énormes dont on les a jadis protégés ne les ont point empêchés de marcher dans la voie du progrès aussi bien que s'ils avaient eu à supporter la concurrence étrangère bien mieux placée qu'eux, l'Angleterre spécialement, sous bien des rapports. » Pour le moment, les fabriques de sels ammoniacaux de notre pays suf- fisent et au delà au besoin de la consommation nationale, puisqu'elles ex- portent une quantité notable de leurs produits. » Le procédé de MM. Margueritte et de Sourdeval est très-ingénieux sans doute, mais il ne vient pas combler, en France du moins, une lacune regrettable en ce qui concerne les produits ammoniacaux, par cette seule raison qu'on en fabrique beaucoup plus qu'on n'en consomme, et ce en uti- lisant des résidus obligés de certaines industries qui prennent tous les jours de plus en plus d'importance; ainsi l'industrie du gaz d'éclairage, suscep- tible à elle seule d'en produire plus de six millions de kilogrammes, je parle des produits ammoniacaux et non des résidus. Et ces résidus, qui con- tiennent l'ammoniaque toute formée, n'ont d'ailleurs de valeur que par l'exploitation à laquelle ils ont donné naissance; on peut donc dire que les matières premières ammoniacales ne coûtent rien. » CHIMIE organique. — Note sur l'éther œnanthique ; par M. A. Fischer. « MM. Liebig et Pelouze ont découvert en 1 836, dans l'huile d'eau-de- vie (weinfuselôl), un éther particulier qu'il ont nommé éther œnanthique et auquel on attribue généralement le bouquet des vins. L'acide œnanthique, ( >o5) auquel MM. Liebig et Pelouze ont donné la formule CMH"0',HO, a été trouvé depuis dans l'huile d'eau-de-vie (huile d'eau-de-vie de marc)? « Les travaux de ces auteurs ont été confirmés par M. Mulder (i). M. Delffs de son côté à émis l'opinion que l'acide cenanthique était iden- tique à l'acide pélargonique C,8H,80\ » Il résulte de recherches que j'ai entreprises, au laboratoire de M. Frésé- nius, que l'acide cenanthique n'existe pas, mais qu'il constitue un mélange d'acide caprylique et d'acide caprique. Je suis occupé en ce moment à re- chercher les autres acides gras volatils existant dans l'huile de marc de raisin. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelles expériences concernant l'action de la garance sur les œufs de poule et sur les dents des Mammifères; Lettre de M. N. Jolv à M. Flourens. « L'importante communication que vous avez faite à l'Institut dans sa séance du l\ juin 1860, et les remarques ingénieuses dont elle a été l'objet de la part de M. Coste, m'ont rappelé certaines expériences qui m'avaient, il y a plus de quinze ans déjà, donné des résultats analogues à ceux qu'on observe dans les œufs des truites dites saumonées. Je viens de "répéter ces expériences avec un plein succès. En effet, en mêlant de la garance aux aliments ordinaires d'une poule pondeuse, j'ai obtenu des œufs dont le contenu renfermait une assez grande quantité (ïalizarine ou de purpurine pour qu'il parût, le blanc surtout, sensiblement rosé. Bien plus, la coque elle-même offrait une teinte rougeâtre plus ou moins prononcée, surtout à sa surface extérieure. » Ces résultats m'amènent logiquement à conclure : » i°. Que le sang qui porte à l'ovaire les matériaux de l'œuf, y porte aussi le principe colorant dont il est chargé ; » i°. Que la membrane muqueuse de l'oviducte est elle-même imprégnée de ce principe. » L'examen direct de cette membrane a confirmé les inductions que j'avais tirées à la seule inspection des œufs pondus. Elle était, en effet, très- légèrement rosée; mais cette teinte était infiniment moins prononcée que (1) Annales de Poggendorff, t. LXXXIV, p. 5o5. C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N° 3.) I 5 ( io6) celle du jabot, et surtout que celle du gésier, dont la muqueuse était, dans toute son épaisseur, d'un rouge cramoisi aussi foncé que celui du pantalon de nos soldats (i). » Ce n'est pas tout encore. Dans votre Note sur la coloration des os du fœtus par [action de la garance mêlée à la nourriture de la mère, vous dites que : Ce moyen d'appel et de ventilation peut avec une très-faible dépense d'installation, dans les villes éclairées au gaz, se combiner avec les autres dispositifs employés dans les hôpitaux et les lieux publics. Il est susceptible d'améliorer ceux qui existent, en leur servant d'auxiliaire pour la ventilation d'été et pour les circonstances exceptionnelles, pourvu que l'on assure en même temps l'arrivée d'une quantité suffisante d'air nouveau par des ori- fices convenables. » Outre l'application que l'on peut faire de ce qui précède à des édifices publics en prenant des dispositions d'ensemble, lors de leur construction, il serait possible d'étendre ce procédé, comme moyen de circonstance, à des constructions existantes, sans y apporter de changements trop considéra- bles. Dans ce cas, après avoir assuré la rentrée de l'air nouveau à une tem- pérature convenable, on ferait évacuer l'air vicié par des cheminées spé- ciales, apparentes ou cachées, qui auraient leur issue supérieure vers le plafond de l'étage ou plus haut s'il était possible. 16.. ( lt» ) » D'après quelques expériences faites il y a plusieurs années au Conser- vatoire des Arts et Métiers, un poids de ok,o42 d'huile de colza, brûlé par heure dans une lampe-carcel, produit dans un tuyau de om,i 8 de diamètre et de 6 mètres de hauteur, l'appel de 1^5 mètres cubes d'air par heure. Par conséquent la combustion d'un kilogramme d'huile produirait l'appel de ' ,' = Ai6n mètres cubes d'air. 0,042 ' » D'une autre part la quantité de chaleur développée par 1 kilogramme d'huile de colza est égale à 9300 calories, celle de 1 mètre cube de gaz d'éclairage est de 6100 d'après sa composition. » Le rapport de ces quantités de chaleur étant -5— ■ = 0,66 , il s'ensuit que dans les mêmes conditions la combustion de 1 mètre cube de gaz de- vrait produire l'appel de 0,66 X 4^7 mètres cubes = 2750 mètres cubes d'air. » Mais les évaluations précédentes ne sont encore, il est vrai, basées que sur une expérience dont le dispositif fort simple était loin de présenter la complication et de donner lieu à des résistances aussi grandes que celles que l'on rencontre dans les appareils de ventilation ordinaire; toutefois, en admettant même qu'en pratique on n'obtienne qu'une fraction assez faible du volume d'air qu'elles indiquent, on voit que par la simplicité de son installation, par la facilité avec laquelle il se prêterait à toutes les applica- tions, ce mode de ventilation mérite d'être essayé en grand ; l'expérience seule pouvant fournir des bases à des calculs plus exacts. » Je pense donc qu'il y a dans l'emploi des appareils et du gaz d'éclai- rage au moyen de ventilation puissant et commode que l'on peut dans beau- coup de circonstances utiliser avec avantage, et il m'a paru utile de donner de la publicité à cette idée, en attendant que des expériences et des appli- cations spéciales me permettent d'en mesurer exactement l'efficacité. » CHIMIE MiNÉUALOGlQUE. — Quatrième Note sur la matière colorante orcjanico- minérale de certains jaspes de la province de Constantine; par M. J. Fouhxet. « Dans mes trajets entre le massif kabylique et la chaîne du Djebel- Haddeda sur la frontière tunisienne, j'ai retrouvé presque partout les nappes d'un système tertiaire, supérieur au calcaire nummulitique, et com- posé, de bas en haut, d'un étage calcaire, en petits bancs, sur lequel gît la masse argileuse dont il a été question dans ma Note précédente, et que re- couvrent les puissantes assises d'un grès dont le sable est siliceux. L'âge de ( "3 ) cette formation n'est pas encore rigoureusement précisé; mais ce n'est pas sur des considérations de cet ordre que je veux insister en ce montent. Il s'agit simplement des modifications qui affectent certaines parties des grès et des argiles de cet ensemble. » En divers endroits, ces argiles étant durcies au point de faire feu au briquet, prennent en gros l'apparence de certaines porcellanites. On les voit affecter ce caractère au Kef-oum-Theboul, puis le long de l'Edougli sur la route littorale de Bône au Raz-Toukouch, et enfin à la base septentrionale du Filfilah, où elles ont été réunies à un prétendu trias métamorphique qui, dit-on, constitue ce massif, trias qui d'ailleurs n'est qu'un terrain si- lurien du genre de celui que l'on voit autour de Bône, les schistes ainsi que les marbres intercalés étant identiques de part et d'autre. » La confusion à cet égard a été en partie provoquée par les filons amphi- boliques qui traversent indifféremment le terrain tertiaire et le groupe silu- rien. On a pu les considérer comme étant les agents sous l'influence desquels le métamorphisme des argiles a été effectué. Cependant une inspection plus attentive permet de constater qu'au Filfilah les roches qualifiées du titre de porcellanites sont simplement appliquées, avec leurs grès, contre les roches anciennes, de telle sorte que les actions calorifiques qui modifièrent celles-ci, devaient être parfaitement amorties, lorsque les roches récentes furent dé- posées. Bien plus, au Kef-oum-Theboul, où l'on ne découvre pas plus les traces des éruptions amphiboliques que celles d'aucune autre roche plulo- nique, la même argile, plus ou moins endurcie, se présente à divers niveaux dans l'argile grise demeurée parfaitement plastique. Elle forme, en outre, une nappe épaisse et complètement solidifiée que l'on voit à la partie supé- rieure du dépôt. Or, les causes plutoniques, dans l'hypothèse de leur inter- vention, auraient évidemment dû métamorphiser tout l'ensemble argileux et non pas quelques-unes de ses lames, en laissant les antres intactes. Elles devaient, plus particulièrement' encore, agir de bas en haut, en effectuant la cuisson des argiles inférieures de préférence à celles du toit, tandis que c'est l'effet inverse qui est en vue. » Ces circonstances, si bizarres en apparence, ayant excité mon attention je poussai mes investigations jusque dans les grès superposés aux argiles. En général leur sable quartzeux est soudé par un ciment argileux; mais au- près de l'argile endurcie, ce ciment se trouve remplacé par de la silice en telle abondance, que non-seulement la roche est devenue excessivement dure, mais que de plus des druses munies des pointements d'un quartz hyalin garnissent de toutes parts ses gerçures de retrait. Il s'est donc con- ( n4) stitué là une sorte de quartzite, donnant au briquet des étincelles aussi vives que l'argile sous-jacente. Cette juxtaposition, qui certainement n'était pas fortuite, me donna aussitôt la solution du problème, en me faisant voir que j'étais devant des productions géologiques assimilables aux résultats en partie artificiels, en partie naturels, mis en évidence par M. Jutier, ingénieur des mines, chargé de la captation des sources de Plombières [Annales des Mines, i85q). » En perçant ses galeries au travers d'un épais béton, jeté par les Ro- mains sur le fond de la vallée, il découvrit dans cette masse infiltrée depuis des siècles par les eaux chaudes minérales, divers hydrosilicates cristallins, du fluorure de calcium, ainsi que des concrétions siliceuses du genre des' calcédoines. Il fit, de plus, l'observation à la fois délicate et capitale de la conversion des fragments de briques, contenus dans ce mortier, en des sortes de jaspes sanguins, chez lesquels mïe cassure lisse et conchoïdale avait remplacé la texture rugueuse habituelle. Evidemment cette transformation n'était que le résultat d'une imbibition siliceuse poussée au degré de la su- persaturation. » Attiré à Plombières par l'importance de ces découvertes, et ayant fait une ample collection de ces produits, il me fut facile de faire l'application des idées de M. Jutier aux roches algériennes. Je déclare donc qu'elles n'ont pas été endurcies par le feu, mais simplement par des eaux silicifères. Elles ne sont pas des porcellanites, mais de pures masses de formation aqueuse. D'ailleurs du moment où les sables des grès se trouvaient visiblement ci- mentés par une silice déposée au fur et à mesure que s'effectuait leur sédi- mentation, il était logique d'imaginer que les particules argileuses ont dû être pareillement agglutinées, consolidées, par la même substance miné- rale. » Ces aperçus théoriques se trouvaient confirmés par les caractères phy- siques du jaspe étalé le long du littoral de la province de Constantine. Il n'offre en aucune façon les indices de la fusion si patents dans les porcella- nites de nos montagnes lyonnaises. Ici l'amphibole ne se présente pas sous la forme de filons injectés après coup dans les assises, comme ils se mon- trent en Algérie; mais elle s'est sécrétée dans de petites bullosités, dans des ocellations fermées de toutes parts, et intimement fondues avec la pâte en- vironnante. L'état schistoïde des argiles algériennes s'est conservé. 11 est re- présenté dans leurs jaspes par des zones de diverses couleurs, parallèles aux plans des couches, tandis que dans les porcellanites lyonnaises on re- connaît des étirements transversaux, des larmes et autres configurations ha- ( l|f) bituelles chez les masses amenées à l'état de fluidité viqueuse. Enfin dans les porcellanites, la silice n'est libre que dans le cas où elle provient d'un caillou de quartz imparfaitement fondu. Dans le jaspe, au contraire, son excès s'est sécrété au milieu des nombreuses fissures de retrait dont la masse est sillonnée. Et si j'insiste sur ces différences, c'est en partie dans le but d'éviter à l'égard des deux roches les effets d'une regrettable confusion qui tend à s'introduire dans la science. Il me semble qu'au rebours de cette propension, on devrait s'efforcer de conserver l'ancienne distinction, car elle est basée sur deux causes fondamentales parfaitement différentes, sa- voir, le feu et l'eau, dont les produits modifiés par les interventions acces- soires se disputent le partage du vaste domaine de la nature inorganique. » Cependant il ne s'agit pas de s'abandonner aux simples apparences extérieures. L'analyse devait confirmer leurs indications, et, pour atteindre plus sûrement mon but, j'ai choisi à Oum-Theboul trois échantillons, dont l'un était l'argile parfaitement délayable, l'autre offrant les caractères de dureté et de cassure diamétralement opposés ; le troisième se trouvait inter- médiaire entre les deux précédents, en ce sens qu'il avait conservé l'état rugueux de la terre, quoiqu'il eût perdu sa plasticité. Le soin des opéra- tions fut confié au zèle de M. Séeligmann, chimiste municipal. Elles ont été effectuées sur des matières grillées au préalable, soit afin d'éliminer le soufre des pyrites disséminées dans les roches, soit dans le but d'éviter les embarras que suscite la substance colorante. Les résultats confirment trop catégoriquement les prévisions basées sur les caractères pétralogiques pour ne pas devoir être rapportés ici : Argile tendre. Silice 63 , oo Alumine et fer 3 1 ,60 Manganèse, chaux, magnésie et perte. ... 5,4° 100,000 » La progression croissante de la teneur en silice, en rapport avec les modifications progressives du caractère physique essentiel, suffirait au besoin pour démontrer l'exactitude de la théorie qui vient d'être proposée. Cependant il fallait ne rien laisser à désirer, et, dans le but de compléter les moyens de conviction, je mets en avant un témoin irréfragable de l'état primitif du jaspe. Ce témoin sera sa matière colorante. » Tant que l'on a l'imagination encore imbue des principes admis au sujet de la constitution habituellement minérale des corps qui teignent les Argile demi-dure. Jaspe dur 69,30 76, 56 28,00 23,33 2,70 0,11 100,00 100,00 ( iif) minéraux, on s'abandonne d'une façon toute naturelle à l'idée que le vert sombre, tournant plus ou moins au noir, du silex en litige, provient d'un silicate de fer. Au besoin le chalumeau apporterait son appui à cette ma- nière de voir, car par le grillage il ferait passer la couleur au jaune du tripoli, et le borax donnerait les autres réactions de l'oxyde de fer. Toute- fois les doutes naissent du moment où l'on envisage les modifications qu'é- prouve la nuance fondamentale de la pierre dans ses parties exposées à l'air. Elle ne se rouille que fort peu ; son vert tend simplement à tourner au bleu. D'un autre côté, la distillation fournit l'huile empyreumatique, produit habituel de la désorganisation ignée des produits organiques. Il est encore à remarquer que la poussière de la pierre s'agglomère au grillage, comme si ses particules étaient saisies par la transsudation d'une substance aggluti- nante. Enfin l'attaque à la potasse achève de réduire au néant les primitives conceptions, car la masse fondue présente une coloration verte intense, laquelle persiste, malgré la dissolution dans l'eau, jusqu'à ce que la réunion en flocons ait permis à cette matière colorante de se précipiter. » Arrivé à ce point, j'ai chargé M. Diet, élève distingué de notre École des Sciences appliquées, de continuer les expériences, car je voulais obtenir un contrôle de celles que j'avais faites sur l'argile normale. Les réactions produites par les prussiates et par le chlorure d'or s'accordent avec celles qui ont été indiquées dans ma précédente Note pour démontrer l'identité du principe colorant des deux masses. Il se charbonne sous l'influence de l'acide sulfurique. Son rôle est également neutre en présence du nitrate d'argent. De part et d'autre, on voit poindre en lui la tendance à passer au rouge, au brun, suivant les agents, de façon que, malgré les différences d'intensité, conséquences probables de quelques modifications provenant des traitements subis, le fond de la substance restant le même, mon hypo- thèse au sujet de la formation de l'une des roches aux dépens de l'autre se trouve désormais à l'abri de toute suspicion. » Il me serait facile actuellement d'étendre la théorie aux jaspes que j'ai vus, dans l'île d'Elbe, à Volterrajo, ainsi que sur d'autres points, former des nappes non moins importantes qu'en Algérie. Je pourrais encore ajouter à mes épigénies les jaspes stratiformes, rubannés, multicolores de divers pays, les schistes siliceux plus ou moins noirs et analogues aux pieires de louche des terrains anciens et houillers, les calcaires basiques ou triasiques remplacés par du quartz dans le Beaujolais, dans les environs de Semur et d'Ober-Bergiieim, les silex jaspiques contenus dans plusieurs gîtes de fer hydraté de la Haute-Saône et du duché de Bade, certaines prases, et peut- ("7) être le plasma, en les distinguant soigneusement d'avec les produits sembla- bles provenant des formations plutoniques. Reportant d'ailleurs mon atten- tion sur les grès silicifiés qui, à Oum-Theboul, reposent sur les jaspes, je me croirais en droit de rattacher au même groupe de phénomènes les quartzites alpins, les grès ardoisiens siliceux du Lyonnais, de la Bourgogne et des Vosges; mais je préfère terminer en faisant ressortir une application du principe à l'exploitation de quelques gîtes métallifères de l'Algérie. » Les filons dont je veux parler traversant le terrain tertiaire en présence des associations du genre de celles que j'ai mentionnées à l'occasion de ceux de la Sierra de Carthagène (Comptes rendus, 1857). On les voit à Aïn- Barbar, dans l'Edough, placés près de roches que je me crois autorisé à con- sidérer comme étant voisines des trachytes, ou bien des eurites et des gra- nités modernes de l'Espagne, de la Toscane et de l'île d'Elbe. D'ailleurs M. Fiajolat a constaté l'existence de masses basaltiques et laviques au Raz- Toukouch, circonstance qui contribue au raccordement des roches respec- tives. Au début de la présente Note, j'ai annoncé en outre qu'au Filfilah comme à l'Edough, des filons amphiboliques pénètrent dans le même ter- rain tertiaire. J'ajoute maintenant que les gîtes cuprifères de l'un et de l'autre massif comprennent au nombre de leurs gangues un silicate vert, analogue à celui qui constitue la partie dominante des amas plombifères de Carthagène. Celui d'Oum-Theboul, il est vrai, se trouve être plus spécia- lement plombifère que les filons des deux autres groupes montagneux de l'Algérie. Il n'est pas environné, comme eux, d'une escorte plutonique essentiellement caractéristique, et pourtant il n'en est pas moins positif qu'il est inclus dans des marnes tertiaires exactement pareilles. Diverses impossibilités, dont le développement serait superflu ici, obligeant encore à le faire écarter du rang des productions aqueuses, il ne reste, à l'égard de sa formation, d'autre ressource que celle de lui attribuer la même origine éruptive. » Ceci posé, je complète ces détails en faisant observer que le filon du Ref-Oum-Theboul est établi en plein dans les argiles, de façon qu'à part leur tendance à se détremper et à occasionner l'écrasement des voûtes et des boisages, on n'a rencontré aucune grave difficulté dans le percement des galeries au travers de leur masse. Eh bien, il n'en est pas de même sur le versant oriental de Filfilah, à l'Oued -Meçadjet. Ici l'exploitation d'un assez beau filon de cuivre dut être suspendue -à cause de l'excessive dureté du jaspe encaissant. La dépense exigée pour l'entaille de cette C. R., i»6o, 2mt Semestre. (T. II, N°4. ) 17 ( '"8 ) roche absorbait tous les bénéfices. Ayant eu connaissance de ces cir- constances, j'ai dû donner le conseil de faire étudier les alentours du gîte, afin d'arriver à voir si les galeries ne pourraient pas être établies quelque part dans les argiles sous-jacentes, dussent-elles être beaucoup plus pro- longées afin d'arriver au but. Le succès d'une pareille exploration, basée sur les arrangements réciproques d'Oum-Theboul, serait certainement un des résultats les plus avantageux de mes observations par suite desquelles l'idée de la formation épigénique du jaspe a remplacé celle de sa produc- tion par la voie du métamorphisme. » Avant d'en finir avec la matière colorante de mes argiles grises, je dois ajouter que je viens d'examiner celle qui à Vichy contient en abon- dance de petits Cypris(?) Elle m'a donné exactement, le même principe colo- rant, tantôt vert, tantôt orangé, tantôt jaune, rose ou bleu, que celle d'Oum- Theboul. Les réactions étant pareilles de part et d'autre, je vois se confir- mer l'exactitude du rapprochement que j'établissais, dans la précédente Note, entre la substance dichroïte découverte par Vauquelin et la mienne. Il devient, de plus, à peu près certain que les eaux minérales de l'Allier l'ont simplement extraite des bancs de Cypris(?) qu'elles doivent traverser avant d'arriver au jour. Si donc, comme le prétendent les médecins, les corps organiques ne sont pas sans influence à l'égard des vertus curatives des eaux minérales, on peut espérer que l'on arrivera à l'accumuler au be- soin dans les bains et dans les boissons. En tons cas, je dois engager les chimistes parisiens à examiner dans le même sens l'argile plastique qui infecte certains quartiers des environs de la capitale. Ils y trouve- ront très -probablement un composé du même genre qu'ils arriveront peut-être à utiliser en guise de matière tinctoriale. De mon côté, je poursuis mes recherches sur les argiles de diverses formations géologiques. » GÉOGRAPHIE. — Etudes hydrographiques et géologiques sur le lac de Nicaragua (Amérique centrale); par M.. J. Durocher. « Indépendamment des vastes et nombreuses lagunes qui s'étendent le long du littoral des deux mers, et principalement le long de l'Atlantique, l'intérieur de l'Amérique centrale offre beaucoup de nappes d'eau distri- buées, pour la plupart, dans la zone volcanique; aussi elles sont, en géné- ral, plus ou moins rapprochées du Pacifique. Les deux lacs les plus étendus, ceux de Nicaragua et de Managua, occupent un même bassin situé au pied de la chaîne métallifère des Chontales et parallèle à l'axe longitudinal de la ( "9) cordillère centre-américaine. La superficie du premier de ces lacs peut être évaluée à n5 myriamètres carrés : c'est la plus grande nappe d'eau douce que l'on connaisse dans l'Amérique centrale et méridionale; elle approche par ses dimensions de quelques-uns des grands lacs de l'Amérique du Nord. L'étendue et la position remarquable de cette mer intérieure lui ont acquis une grande célébrité ; cependant ses caractères géologiques sont encore presque inconnus. Sa double importance, au point de vue physique et sous le rapport commercial, justifie les détails dans lesquels je vais entrer. » La comparaison des séries d'observations barométriques, exécutées sous ma direction, d'une part dans la baie de Salinas, de l'autre au bord du lac de Nicaragua, m'a conduit à attribuer à ce dernier une élévation moyenne de 32 mètres au-dessus du niveau du Pacifique. Les -valeurs qu'on avait obtenues antérieurement pour cette altitude étaient un peu plus fortes et s'élevaient jusqu'à 4o mètres. » Quant à l'océan Pacifique, malgré les assertions contradictoires qu'ont émises divers observateurs (i), il n'est pas douteux que son niveau soit le même que celui de l'Atlantique. Au Nicaragua, la largeur du continent est trop grande pour que cette détermination puisse se faire avec une parfaite certitude ; mais les nivellements exécutés dans les meilleures conditions par les ingénieurs anglo-américains le long du railway de Panama, qui a seule- ment 76 kilomètres d'étendue, ont démontré que les niveaux des deux océans, comparés à la hauteur moyenne des marées, sont réellement iden- tiques. Une conclusion semblable, en ce qui concerne la mer Rouge et la Méditerranée, résulte des études topographiques les plus récentes; ainsi il faut dorénavant regarder les différentes branches de la nappe liquide qui recouvre les trois quarts de notre planète comme se trouvant normalement au même niveau. » Le lac de Nicaragua éprouve des variations de niveau de divers genres : (1) L'ingénieur en chef des raines Garella avait conclu d'un nivellement effectué à tra- vers l'isthme de Panama que le niveau moyen du Pacifique se trouvait à 2m, 908 au-dessus de l'Atlantique ; mais dans une brochure plus récente, le niveau de la mer des Antilles a été présenté au contraire, d'après une indication de John Baily, comme surpassant d'environ 2 mètres celui du Pacifique (baie de Salinas). Ces assertions incompatibles n'ont rien d'éton- nant, si l'on réfléchit aux difficultés de nivellement précis dans ces régions et à la complication provenant des marées qui s'élèvent de 2 à 6 mètres sur les divers points de la côte occiden- tale, tandis que sur les rives de la mer des Antilles la hauteur de l'oscillation n'est, en géné- ral, que de 4o à 5o centimètres. 17.. ( «o ) il en est qui ne sont qu'apparentes, et qui, ayant lieu presque tous les jours, à peu près aux mêmes heures, ont été envisagées comme des sortes de ma- rées, quoiqu'elles n'offrent pas de connexion avec les phases de la lune. Les oscillations diurnes qui ont lieu sur les rives du lac varient de o à 3o centi- mètres : d'après des observations hydrométriques effectuées régulièrement par M. Peudefer à San Carlos, sur la côte orientale, c'est ordinairement vers le milieu du jour que le niveau s'élève le plus dans ces parages, et c'est vers le soir qu'il est le plus bas. Ces oscillations me paraissent dues à une sorte d'intermittence dans le souffle des alizés : l'action de ces courants aé- riens est peu sensible dans la matinée, et alors l'équilibre tend à s'établir à la surface du lac ; mais, dans l'après-midi, l'impulsion du vent devient plus vive, et alors les eaux sont repoussées de la côte orientale; et, par suite, elles tendent à s'élever sur la côte opposée. D'ailleurs, ainsi que je l'ai mon- tré précédemment, à partir du mois de juin, les vents de sud-ouest, qui émanent de la mer du Sud, viennent lutter avec les alizés et neutralisent en partie leur influence ; alors, comme le montre l'expérience, les oscillations diurnes du niveau du lac deviennent plus faibles et plus irrégulières. » Quant aux variations de niveau dépendant des saisons, elles s'élèvent à im,5o et im,6o : le maximum de hauteur a lieu vers la fin de novembre, dans le dernier mois de la saison des pluies. Les crues sont bien plus consi- dérables, s' élevant jusqu'à 5 et 6 mètres dans certaines rivières du pays. d Des observations que j'ai faites sur la côte occidentale du lac, et qu'il serait trop long de détailler ici, me portent à croire que le niveau moyen des eaux est aujourd'hui un peu plus élevé qu'autrefois; ce fait peut s'ex- pliquer, soit par un mouvement du sol, tel qu'il s'en produit dans un pays si fortement ébranlé par les tremblements de terre, soit par le simple effet des atterrissements qu'engendrent les détritus charriés par les nombreux cours d'eau qui se jettent dans le lac et qui tendent à en amener le com- blement graduel. La profondeur de cette vaste nappe d'eau est bien infé- rieure à celle d'autres lacs du pays plus exigus ; elle est bien moindre qu'on ne serait porté à le croire, quand on considère l'origine de cette dépression en rapport avec des actions volcaniques. C'est seulement en des parties éloignées du rivage que l'on trouve des profondeurs de 60 à 70 mètres ; mais près des bords le fond s'abaisse avec une faible pente. » D'ailleurs, les vents alizés déterminent la formation de barres à l'embou- chure de la plupart des rivières qui débouchent sur la côte occidentale du lac; et même, en certains endroits, il se produit des lagunes et comme de petits deltas éphémères où l'on voit des troncs d'arbres englobés dans une ( 121 ) accumulation de détritus terreux et organiques. En outre, les plages de sable qui séparent les parties rocheuses de la côte offrent une sorte de petit cor- don littoral, arénacé, où avec des détritus divers, principalement volcani- ques, on voit briller une grande quantité de lames de fer oligiste micacé et souvent aussi du fer titane. Ainsi l'on peut observer, sur le pourtour de cette petite mer, une image réduite de la plupart des phénomènes qui se produisent sur les rives de l'Océan. La lutte des alizés et des vents de sud- ouest y fait naître, de même que sur la partie voisine du Pacifique, des cou- rants aériens tourbillonnants, que l'on nomme papagayos, et qui sont re- doutés des navigateurs. » Les observations thermométriques dont j'ai précédemment exposé les résultats montrent que la température moyenne des eaux du lac de Nicara- gua est de 270 g, et les variations qu'elle éprouve sont très-restreintes. Les animaux aquatiques de la zone torride jouissent là de conditions très- favorables à leur développement : il s'y trouve, en effet, une nombreuse population de poissons et d'alligators; ceux-ci atteignent des dimensions considérables, 6 à 7 mètres de longueur. Il y a aussi beaucoup de requins, de même que dans le Rio San Juan, qui sert de communication avec l'Atlan- tique. Il est surprenant de rencontrer dans des eaux complètement douces des animaux aussi essentiellement marins que les squales : par contre, on trouve des caïmans dans la plupart des baies, sur la côte de l'océan Paci- fique. » Ce qui donne une physionomie particulière au lac de Nicaragua, c'est la présence des îles volcaniques qui s'y élèvent du sein des eaux. La plus grande, celle d'Ometepe, renferme un volcan éteint, haut de i53o mètres et remarquable par la régularité de sa forme conique : il doit être formé de roches trachy tiques, d'après les débris que j'ai observés à son pied; au som- met on aperçoit un cratère ébréché, contenant, dit-on, un petit lac où vivent des poissons. Les autres îles, dont j'ai visité une partie, se composent de roches porphyro-volcaniques : à Zapatera, qui est la plus grande île après Ometepe, et qui offre une crête dentelée s'élevant de 5 à 600 mètres, j'ai observé un dépôt très-régulièrement stratifié de tuf volcanique en cou- ches régulières et peu écartées de l'horizontalité : quelques-unes sont à l'état de brèches, poudingues et conglomérats; elles renferment de très-gros fragments de roches porphyro-pyroxéniques et trachydoléritiques, dont la structure est parfois scoriacée. Il y a aussi un calcaire concrétionné, qui s'est déposé entre les plans de stratification et dans les fissures des roches. » Aux îles Solentiname, qui viennent après Zapatera dans l'ordre de gran- ( «*> ) deur, et qui sont bien moins élevées, se trouve aussi un tuf, qui est ici composé principalement de débris trachy tiques; il y a, en outre, du por- phyre augitique. Ce porphyre présente un très-grand développement, soit sur les îles, soit sur les rives du lac ; c'est lui qui forme les rochers de San Carlos, à la naissance du Rio San Juan ; et je l'ai observé sur d'autres points de la côte orientale. Un porphyre semblable, mais plus compacte, se montre aux îlesNinsitale, appelées aussi Jobos : quant aux centaines de petites îles rocheuses qu'on appelle los Covales, et qui, séparées par d'étroits canaux, s'élèvent comme des masses tuberculeuses, comparables à l'archipel de Stockholm, dans le golfe de Botnie, ou aux mille îles du lac Ontario, on y trouve un porphyre trachydoléritique analogue à celui que j'ai observé sur le Mombacho, la plus haute montagne qui borde le lac (environ i5oo mè- tres d'altitude) ; à son pied, du côté nord, s'élève, semblable à une cloche, le piton trachytique de Posintepe. Aux alentours s'étend une formation de tuf ponceux, qui constitue la campagne de Grenade; mais là où est bâtie la ville de ce nom, s'étend, au-dessus de la pierre ponce, un dépôt d'argile su- perficiel. » Sur la côte occidentale du lac, entre le populeux village de San Jorge, près de Rivas, et l'embouchure de la Sapoa, affleure une formation de grauwacke métamorphique, se divisant fréquemment en masse sphéroïdales à couches concentriques ; sa texture est porphyro-cristalline, et l'on y dis- tingue avec des grains feldspathiques des lames d'hornblende verdâtre. Elle est traversée par quelques masses de porphyre amphibolique, et s'étend en couches diversement inclinées jusqu'à la Sapoa; mais là reparaît un dépôt de tuf volcanique, renfermant des couches à grandes parties (brèche et con- glomérat), dans lesquelles prédominent tantôt les débris de roches trachy- tiques, tantôt ceux de porphyres pyroxéniques et de roches trachydoléri- tiques. Ces couches, qui, dans d'autres régions, sont à peu près horizontales, présentent souvent par ici une inclinaison plus ou moins forte, s' élevant parfois à 4o et 5o°. Ces relèvements dépendent des phénomènes qui ont donné naissance à la vaste dépression du Nicaragua. » Le dépôt de tuf et de conglomérat porphyro-trachytique constitue, avec quelques masses de porphyre, les montagnes de Tortugas qui bordent la rive sud-ouest du lac, entre l'embouchure de la Sapoa et le village de las Haciendas, habité par une petite tribu d'Indiens sauvages. Mais, au sud de ce hameau et jusqu'à la naissance du Rio San Juan, la rive méridionale du lac présente, sur une étendue de 12 à i5 myriamètres, une plaine submer- gée, où l'on ne peut tracer de limite précise entre la terre et l'eau. Elle est ( ta3 ) couverte par un réseau impénétrable de plantes aquatiques, formant une immense prairie flottante, mais maintenue en place par des palmiers à tige basse : dans la partie la plus rapprochée du rivage croissent des arbres di- cotylés, dont la racine est cachée sous l'eau ou enfoncée dans un sol maréca- geux; en devenant de plus en plus serrés, ils forment une forêt qui relie insensiblement la terre ferme à la plaine liquide couverte de plantes herba- cées. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix Bordin pour l'année 1860, question concernant l'influence que les insectes peuvent exercer sur la production des maladies des plantes. MM. Milne Edwards, Brongniart, Decaisne, Moquin -Tandon et de Qtia- trefages réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Note sur les citernes de Venise; par M. G. Grimaud, de Caux. (Extrait.) (Commissaires, MM. Morin, Rayer, Combes.) « La ville de Venise, si curieusement située, au milieu d'un grand lac d'eau salée communiquant avec la mer, est établie sur une surface de 5aooooo mètres carrés, abstraction faite des grands et des petits canaux. Année commune, il y tombe 82 centimètres de pluie. La plus grande partie de cette pluie est recueillie par 2077 citernes, dont 177 sont publiques, et 1900 appartiennent aux maisons particulières. Elles ont ensemble une ca- pacité de 202735 mètres cubes. Le pluviomètre du séminaire patriarcal démontre que la pluie tombe à des distances et avec une abondance suffi- santes pour remplir les citernes cinq fois par an, ce qui donnerait près de 24 litres par tête. Mais le sable dépurateur occupant dans la citerne à peu près le tiers de sa capacité, les 24 litres se réduisent à 16. » Les citernes de Venise doivent servir de modèle, tant pour la manière dont elles sont construites que pour le choix des matériaux qu'on y emploie, et à ce titre elles méritent d'être étudiées dans tous leurs détails. Ceux qui suivent peuvent être considérés comme officiels , car ils m'ont été fournis par M. Salvadori, ingénieur de la municipalité de "Venise. ( "4) » Les matériaux essentiels constituants d'une citerne sont l'argile et le sable. On creuse le sol jusqu'à environ 3 mètres de profondeur. Les infil- trations de lalagune empêchent d'aller plus avant. On donne à l'excavation la forme d'une pyramide tronquée dont la base regarde le ciel. On main- tient le terrain environnant à l'aide d'un bâti en bon bois de chêne ou de larix, s'appliquant sur le sommet tronqué aussi bien que sur les quatre côtés de la pyramide. Sur le bâti en bois on dispose une couche d'argile pure, bien compacte et bien liée, dont on unit la surface avec un grand soin. L'épaisseur de cette couche est en rapport avec les dimensions de la citerne : dans les plus grandes, elle n'a pas plus de 3o centimètres. Cette épaisseur est suffisante pour résister à la pression de l'eau qui sera en con- tact avec elle, et aussi pour opposer un obstacle invincible aux racines des végétaux qui peuvent croître dans le sol ambiant. On regarde comme très- important de n'y point laisser de cavités où l'air puisse se loger. » Au fond de l'excavation, dans l'intérieur du sommet tronqué de la pyra- mide, on place une pierre circulaire creusée au milieu en fond de chau- dron ; et on élève sur cette pierre un cylindre creux du diamètre d'un puits ordinaire, construit avec des briques sèches bien ajustées, celles du fond seulement étant percées de trous coniques. On prolonge ce cylindre jus- qu'au-dessus du niveau du sol, en le terminant comme la margelle d'un puits. » Il y a ainsi entre le cylindre qui se dresse du milieu de l'excavation pyramidale et les parois de la pyramide revêtues d'une couche d'argile reposant sur le bâti de bois, un grand espace vide. On remplit cet espace avec du sable de mer bien lavé, dont la surface vient affleurer l'argile. » Avant de couvrir le tout avec le pavé, on dispose à chacun des quatre angles de la base de la pyramide une espèce de boîte en pierre fermée par un couvercle également en pierre et percé de trous. Ces boîtes, appelées cas- settoni, se lient entre elles par un petit canal en rigole, en briques sèches, reposant sur le sable. Le tout est recouvert enfin par le pavé ordinaire, qu'on incline dans le sens des quatre orifices des angles, des cassetioni. » L'eau recueillie par les toits entre par les cassetioni, pénètre dans le sable à travers les jointures des briques des petits canaux, et vient se ras- sembler en prenant son niveau au centre du cylindre creux dans lequel elle s'introduit par les petits trous coniques pratiqués au fond. » Une citerne ainsi construite et bien entretenue donne une eau très- limpide, fraîche, et la conserve parfaitement jusqu'à la dernière goutte. » Il y a sur les hauteurs qui environnent Paris de grands établissements ( ]25 ) et même des agglomérations d'habitants pour lesquels une citerne véni- tienne serait un véritable bienfait. Dans ces localités la superficie des toits est assez étendue pour constituer à la citerne, comme disent les Vénitiens, une dot généreuse. » ÉCONOMIE RURALE. — Education en plein air du ver à soie de V Allante; Note de M. Gcérin-Meneville. (Extrait.) (Commission des versa soie.) « J'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie des travaux que je pour- suis depuis quatre ans pour introduire dans la grande pratique la culture de l'Ailante et de son ver à soie. » Désirant montrer aux personnes qui ne peuvent s'éloigner de Paris la facilité avec laquelle on peut élever ce ver à soie en plein air ( malgré les orages et les abaissements de température), et presque sans main-d'œuvre, ce qui le distingue de celui du mûrier qui nécessite l'emploi de nombreux ouvriers, j'ai organisé une expérience pratique dans le bois de Boulogne, grâce à l'obligeance de M. Alphan, autorisé par M. le préfet de la Seine, et l'on peut y voir cet insecte domestique paissant en pleine liberté sur des Allantes, et y construisant ses cocons. Cette expérience pratique est certai- nement dans des conditions moins favorables que celles qu'il m'a été pos- sible d'organiser dans les départements; je citerai notamment les essais faits chez M. de Lamote-Baracé, qui possède dans le département d'Indre-et- Loire plusieurs hectares de plantations d'Ailantes, disposés en lignes comme des vignes. L'expérience sur laquelle j'appelle aujourd'hui l'attention de l'Académie est placée au milieu d'un bois, sur des rejetons dispersés sans ordre et ne se touchant pas. Elle est exposée aux attaques de nombreux oiseaux, et nécessite une garde dont la dépense ne sera pas en rapport avec la petite étendue de cette éducation; mais mon but n'est pas d'obtenir là des éléments pour apprécier le rendement (par hectare) de cette culture, comme le fait M. de Lamote-Baracé, et comme je le ferai, l'année prochaine, avec la plantation du domaine impérial de Lamothe-Beuvron. » Je crois que ce fait d'application de l'entomologie est de nature à inté- resser l'Académie des Sciences, et j'ai pensé que ses Membres accueilleraient avec bienveillance l'invitation que j'ai l'honneur de leur faire de visiter mon expérience dans le bois de Boulogne, route d'Auteuil à Boulogne, premier chemin à droite après la pépinière d'arbres verts. » C. R., 1860, am« Semestre. ( T. Ll, N° 4.) ' ^ ( "6) 31. Gouyon, médecin à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), lit une Note sur une opération qu'il pratique dans les cas de croup où l'on a coutume de recourir à la trachéotomie, et sur certains autres procédés médico- chirurgicaux qui lui sont propres. Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Velpeau, J. Cloquet et Jobert de Lamballe. MÉMOIRES PRÉSENTES. analyse mathématique. — Mémoire sur le calcul inverse des intégrales définies; par M. Eugène Rouché. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Lamé, Bertrand, Serret.) « En mécanique, en physique, dans la théorie de l'attraction, en un mot dans les diverses branches de mathématiques appliquées, on rencontre la question suivante : « Déterminer une fonction inconnue par la condition qu'une certaine intégrale définie, contenant cette fonction sous le signe /, acquière une valeur algébrique donnée. » » Un exemple, emprunté à l'électrodynamique, rendra cet énoncé plus clair. On sait que l'action d'un pôle d'aimant sur un élément de courant électrique renferme en facteur une fonction inconnue de la distance; pour déterminer cette fonction, on fait agir sur le pôle d'aimant, non plus un élément de courant, mais un courant fini ou infini, placé dans des circon- stances telles, que l'expérience puisse fournir la loi de son action totale; telle est, par exemple, l'expérience de MM. Biot etSavart qui apprend que l'action d'un courant rectiligne indéfini sur un pôle d'aimant est en raison inverse de la distance du pôle au courant. Cette action totale s'exprime d'ailleurs à l'aide de la formule de l'action élémentaire par une intégrale définie qui contient par conséquent la fonction inconnue sous le signe/; l'équation qui détermine cette fonction a donc la forme indiquée plus haut. * ' » Malgré les précieux travaux d'illustres géomètres, parmi lesquels il faut surtout citer Abel, Murphy, Liouville, la branche d'analyse qui au- rait pour effet la détermination d'une fonction inconnue engagée sous un signe d'intégration définie, n'est encore qu'à l'état d'ébauche; on conçoit ( I27 ) d'ailleurs que l'on ne pourra s'élever à des méthodes véritablement géné- rales que lorsqu'on possédera un très-grand nombre de formules particu- lières, de propositions plus ou moins étendues, auxquelles on sera parvenu de plusieurs manières; de la comparaison de ces formules et des procédés correspondants pourra naître alors un nouveau corps de doctrine auquel semble assez bien convenir le nom de calcul inverse des intégrales définies. C'est à ce calcul que se rapporte mon travail. Je divise ce Mémoire en deux parties. » Dans la première, je me suis appliqué à retrouver par une voie nou- velle des résultats connus. Ainsi je résous, indépendamment du calcul des différentielles à indices fractionnaires, les divers problèmes que M. Liou- ville a traités dans un beau Mémoire, inséré au XXIe Cahier du Journal de [E cole Polytechnique. Outre que dans les matières de ce genre il importe beaucoup, je le répète, de varier les procédés de démonstration, quelques géomètres me sauront gré d'avoir affranchi la solution de ces problèmes intéressants d'un algorithme qui n'est pas encore, à tort sans doute,, généra- lement répandu. Les questions que je résous sont au nombre de six; les quatre premières, pour lesquelles j'ai conservé exactement les énoncés de M. Liouville, sont deux problèmes de géométrie, le problème déjà énoncé de Pélectrodynamique, et une question sur l'attraction; la cinquième est la recherche des courbes tautochrones dans le vide et dans un milieu résis- tant, et la dernière, sur laquelle il faut que je donne ici quelques explica- tions, est la démonstration de la formule fondamentale de l'électrody- namique. L'action mutuelle de deux éléments de courants électriques renferme deux fonctions arbitraires que l'illustre Ampère détermina, en supposant fort judicieusement à priori qu'elles ne diffèrent que par un facteur constant, et qu'elles étaient, comme toutes les forces de la nature, en raison inverse d'une certaine puissance de la distance. M. Liouville, conservant seulement la première hypothèse, a montré depuis que l'une des expériences d'Ampère ne suffit pas pour déterminer la fonction incon- nue qui reste, mais que cette expérience assigne à cette fonction deux termes, l'un en raison inverse du carré de la distance, l'autre renfermant une constante arbitraire. J'ai dû me placer au point de vue le plus général, c'est-à-dire laisser dans la formule les deux fonctions inconnues que deux expériences m'ont permis de déterminer complètement, sans rien préjuger sur la forme ni sur les relations mutuelles de ces fonctions. J'appelle l'atten- tion sur cette partie de mon travail qui contient, je crois, la première dé- 18.. ( ra8 ) monstration nette et tout à fait générale de la formule sur laquelle est fon- dée la théorie de l'électrodynamique. » La seconde partie de ce Mémoire est consacrée à la généralisation des formules qui précèdent. Délaissant alors les questions particulières, je poursuis surtout la recherche de propositions générales renfermant un grand nombre de cas particuliers, et par conséquent susceptibles de nom- breuses applications. Ainsi ce sont moins des formules particulières que des classes particulières de formules que j'ai surtout en vue, persuadé que là doit être la véritable source du progrès. Il m'est impossible d'entrer ici dans les détails ; mais il suffira de jeter un coup d'ceil sur cette seconde partie pour voir qu'elle présente un ensemble parfaitement défini, conte- nant un groupe de théorèmes du même genre, déduits tous de quelques principes simples par un procédé uniforme, en un mot, qu'elle constitue une de ces théories partielles dont la réunion doit former le calcul inverse des intégrales définies. » PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur t 'absorption de la chaleur rayonnante obscure dans les milieux de l'œil; par M. J. .1 wssi \. (Commissaires, MM. Regnault, de Senarmont, Cl. Bernard.) « La considération de certains faits rapportés dans le Mémoire dont je présente ici l'extrait, m'ayant conduit à penser que les milieux de l'œil de- vaient jouir de la propriété d'absorber les rayons de chaleur obscure qui accompagnent en si grande abondance les rayons lumineux dans la plupart de nos sources artificielles de lumière, je me suis proposé de constater cette propriété et de la mesurer par des expériences précises. » Ce Mémoire comprend : » i°. La détermination de la quantité de chaleur qui parvient à la rétine dans les yeux de divers animaux et pour diverses sources. » a°. La recherche delà fraction d'absorption afférente à chaque milieu dans l'effet total. a 3°. La thermocrose des milieux ou l'étude de leur mode d'action sur la chaleur. » L'appareil de Nobili et Melloni employé à ces recherches sortait des ateliers de M. Ruhmkorff. Il était installé dans une pièce au nord. On n'.v laissait pénétrer que le jour nécessaire aux lectures galvanométriques, et ( I29 ) seulement au moment des expériences; en outre, on s'était fait une loi de n'y jamais laisser faire de feu. » La pile était rigoureusement abritée des rayonnements étrangers par un double système d'écrans métalliques : l'un, formant chambre noire autour du banc; l'autre, plus petit, entourant la pile et permettant de la désarmer lorsque cela était nécessaire. » OEil entier. — Pour mesurer la transmission de l'œil entier, on mettait à nu une partie de l'humeur vitrée à sa partie postérieure ; on plaçait ensuite cet organe dans un étui formé de deux couronnes de liège présentant inté- rieurement, après leur réunion, la forme de l'œil; l'une de ces couronnes portait une petite glace de omm,i à on,m,2 d'épaisseur destinée à s'appliquer sur l'humeur vitrée. On plaçait ensuite l'œil ainsi préparé sur une lame mé- tallique que portait l'écran destiné à définir le pinceau calorifique inci- dent. Cette lame était mobile et permettait de placer l'axe optique de l'œil dans l'axe du flux calorifique ou de l'en éloigner suffisamment pour permettre la mesure directe de ce flux. Tel était le principe de la méthode; pour les détails, ils se trouvent dans le Mémoire dont je ne donne ici que l'extrait. » Voici les nombres obtenus comme moyennes d'un grand nombre de mesures : Rayons qui parviennent à la rétine sur ioo rayons d'une lampe à modérateur incidents sur ta cornée. OEil de bœuf. OEil de mouton. OEil de porc. 7>7 8»4 9.' » Pour la lampe Locatelli, les résultats sont plus faibles encore; pour la spirale de platine, ils sont même douteux; ainsi, le nombre de rayons qui parviennent à la rétine décroît rapidement avec le pouvoir éclairant de la source. » Pouvoir absorbant de chaque milieu. — On a fait sur ce sujet un travail très-complet; les résultats seuls peuvent trouver place ici (i). (i) Dans le cours de mes expériences, j'ai reconnu qu'un cristallin pressé entre deux verres plans fait encore office de lentille; ce fait prouve d'un manière très-simple l'existence de couches centrales plus réfringentes. ( i3o) Absorption de chaque milieu de l'œil pour la chaleur de la lampe à modérateur. Rayons réfléchis à la surface de la cornée .... 4 4 4 Rayons absorbés par la cornée 5g, 8 56,9 ^7,5 Rayons absorbés par l'humeur aqueuse l9i'2) 20,6 Rayons absorbés par le cristallin 6,8 > 3o,7 7,2 Rayons absorbés par l'humeur vitrée 2,5) 1,6 Rayons qui parviennent à la rétine 7,7 8,4 9,1 Rayons incidents 100,0 ioo,o 100,0 » Courbe de transmission des milieux. — Les données établies ci-dessus ont permis de construire la courbe qui représente le phénomène de l'absorption de la chaleur dans les milieux de l'œil. Dans cette courbe, les abscisses re- présentaient les épaisseurs des milieux, et les ordonnées les quantités corres- pondantes de chaleur transmise. Cette courbe est très-régulière, sa forme générale est celle d'une branche d'hyperbole équilatère qui s'approcherait très-rapidement de l'axe des abscisses pour devenir ensuite parallèle à cet axe vers les points qui répondent aux rétines. Il résulte de cette dernière circonstance que les radiations qui parviennent à la rétine sont déjà presque totalement dépouillées de leurs rayons obscurs, d'où il suit que les milieux de l'œil jouissent de cette belle propriété d'opérer une séparation complète entre les deux espèces de radiations. La chaleur qui parvient à la rétine paraît être l'expression du pouvoir calorifique des rayons lumineux. » Thermocrose des milieux. — L'étude des milieux à ce point de vue a montré que leur mode d'action sur la chaleur rayonnante était identique à celle de l'eau. » En résumé, les conclusions qui se déduisent des résultats de mes re- cherches peuvent être formulées dans les propositions suivantes : » i°. Chez les animaux supérieurs, les milieux de l'œil qui sont d'une transparence si parfaite pour la lumière, possèdent au contraire la pro- priété d'absorber d'une manière complète les rayons de chaleur obscure, opérant ainsi une séparation des plus nettes entre ces deux espèces de radiations. » 20. Au point de vue physiologique, cette propriété des milieux paraî- tra importante si l'on considère que dans nos meilleures sources artificielles de lumière (lampe Carcel) l'intensité calorifique de ces radiations obscures est décuple de celles des radiations lumineuses. ( >3i ) » 3°. Ces radiations obscures s'éteignent en général avec une rapidité extrême dans les premiers milieux de l'œil : pour la source citée, la cornée en absorbe les deux tiers, l'humeur aqueuse les deux tiers du reste, de sorte qu'une fraction extrêmement faible se présente aux autres milieux. » 4°> Quant à la cause de cette propriété des milieux de l'œil, elle ré- side tout entière dans leur nature aqueuse ; leur thermocrose est identique à celle de l'eau. » 5°. Enfin, une dernière réflexion semble naturelle à l'égard de nos sources artificielles de lumière; ne doit-on pas les considérer comme bien imparfaites encore, puisqu'il existe pour les meilleures d'entre elles une si grande disproportion entre les rayons utiles et ceux qui sont étrangers au phénomène de la vision, disproportion qui se retrouve nécessairement entre la dépense totale et celle qui serait théoriquement nécessaire. » Pendant le cours de ces études, commencées en janvier i85o,et dont les principales conclusions ont été insérées dans un paquet cacheté déposé à l'Académie en septembre de la même année, M. Tyndall, physicien an- glais très-distingué, a publié un travail sur la thermocrose des gaz (lecture faite à l'Institution royale le 10 juin i85o,). Dans ce Mémoire, il rapporte une expérience faite sur l'humeur vitrée d'un œil de bœuf, humeur à laquelle il reconnaît la propriété d'arrêter les rayons obscurs d'un spectre calori- fique. Il en conclut que si les rayons obscurs ne donnent point la sensation de lumière, c'est probablement parce qu'ils ne parviennent jamais à la ré- tine. Cette conclusion ne me paraît point légitime, et d'ailleurs on vient de de voir que ce n'est point dans l'humeur vitrée que la chaleur obscure est arrêtée. Cette expérience isolée, dont je n'ai eu connaissance qu'en m'occupant des recherches historiques nécessaires à la rédaction de ce Mémoire, est la seule, que je sache, qui ait été publiée sur le sujet qui nous occupe. » PHYSIQUE DU GLOBE. — De la vitesse et du débit des rivières pendant le flux et le reflux; par M. E. Olivier. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Combes, Delaunay.) L'auteur, géomètre en chef des Ponts et Chaussées du royaume des Pays-Bas, adresse de la Haye ce Mémoire, qu'il accompagne de la Lettre suivante : ( i32) « L'effet du flux et du reflux sur le débit des rivières, sujet jusqu'à pré- sent peu traité dans les livres élémentaires, mérite néanmoins l'attention spéciale des ingénieurs. Ce fut cette considération qui me porta à rédiger une Note que l'Institut des Ingénieurs néerlandais me fit l'honneur d'insérer dans ses ouvrages, et dont je prends la liberté de vous offrir aujourd'hui une traduction. » Je serais charmé qu'elle pût intéresser l'Académie. Dans le cas où elle jugerait mes recherches dignes de quelque attention, je me proposerais de traduire de même la dernière partie de l'original qui traite de l'appli- cation de la formule de Bellanger aux rivières à flux et à reflux. A quoi j'ajouterais alors la traduction de ma Note sur la Meuse, qui contient cette application, eu égard aux affluents de cette rivière. » Le Mémoire original qui fait aussi partie de cet envoi présente dans quatre cartes la portion du littoral voisine de Dordrecht en 1699, 1780, 1 833 et 1 856, et permet déjuger des changements survenus en un siècle et demi en- viron dans l'espace envahi par les eaux lors de la catastrophe qui, en novembre t^ii, submergea soixante-douze villages. M. S. Couturier soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour litre : « De l'assimilation de l'azote par les fernents en décomposant l'air et l'eau pour former soit AzH3, soit AzO5. » (Commissaires, MM. Payen, Balard.) M. Capiox adresse de Marseille la figure et la description d'un injecteur automoteur pour les locomotives. (Commissaires, MM. Combes, Morin.) M. Guilbault envoie de Saintes une addition à son Mémoire sur la di- rection des aérostats. Ce Mémoire est accompagné d'une figure. (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés dans la séance du 6 février dernier, MM. Piobert, Morin et Seguier.) ( '33 ) . CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Haton de la Goupil- lière, un ouvrage ayant pour titre : « Éléments du calcul infinitésimal ». Ce livre est un résumé des leçons que fait l'auteur à l'École des Mines. M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance un Mémoire de M. R. Thomassj (voir au Bulletin bibliogra- phique) et lit l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie des Sciences mon premier Essai sur la Géologie pratique de la Louisiane, travail résultant d'observations person- nelles, contrôlées à plusieurs reprises, soit sur les bords du golfe du Mexique, soit sur les rives du Mississipi et sur les contours de son delta. J'y ai d'abord mis au jour, avec les relations trop longtemps cherchées du célèbre de la Salle, une série de cartes également inédites relatives au grand fleuve américain. Ces cartes, qui permettent de mesurer au compas les atterrissements extraordinaires produits aux bouches du fleuve, m'ont fait apprécier toute sa puissance sédimentaire, et m'ont donné la solution du problème relatif au prolongement de son delta. Supposé d'abord de 35o mètres par an, puis réduit sans de meilleures raisons à i5 ou 16 mètres, cet allongement du Mississipi dans le golfe du Mexique se trouve actuelle- ment fixé à 100 mètres de développement annuel. Ce calcul, ayant été fondé sur la cartographie la plus exacte et sur i3o années d'observations positives, ne saurait rien offrir d'hypothétique, et je crois devoir le présenter comme un résultat nouveau acquis à la science. » M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance les deux livres suivants : i°. Un ouvrage intitulé : « Nouvelles études philosophiques sur la dégé- nération physique et morale de l'homme », par M. Savoyen, inspecteur des eaux de Salins (Savoie). L'ouvrage, qui avait été publié en 1 854» est adressé par l'auteur à l'oc- casion de la réclamation de priorité soulevée récemment par M. Fabre à C. R., 1860, 2m<> Semestre. (T. LI, M0 4.) J9 ( m ) l'égard de M. Morel sur la question des rapports entre le goitre et le crétinisme. (Renvoi à titre de renseignements à la Commission nommée dans la séance du 4 juin dernier pour le travail de M. Morel, Commission qui se compose de MM. Flourens, Rayer, Cl. Bernard.) 20. Un ouvrage écrit en allemand et ayant pour titre : « Essais pour établir les bases d'une alimentation rationnelle des Ruminants » ; par MM. Henneberg etStohmann. (Renvoi à M. Boussingault, avec l'invitation d'en faire l'objet d'un Rapport verbal.) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la détermination du coefficient de l'équation séculaire de la Lune; Lettre de M. i>e Pontécoclant à M. le Secrétaire perpétuel. « Absent de Paris depuis plusieurs mois, ce n'est que par une circon- stance fortuite, et il y a deux jours à peine, que j'ai eu communication d'une Note de M. Delaunay sur le calcul du coefficient de l'équation séculaire du moyen mouvement lunaire, insérée dans les Additions à la Connaissance des Temps pour 1862. Comme le résultat auquel parvient l'auteur, relative- ment à la valeur de ce coefficient, diffère sensiblement de celui que j'ai obtenu moi-même d'une autre manière, et que j'ai présenté dans une Note insérée dans le Compte rendu de la séance du 9 avril 1860(1), je crois devoir entrer dans quelques explications sur les causes qui ont produit ce singu- lier désaccord entre des résultats qui devraient nécessairement concorder, puisqu'ils dérivent de formules analytiques qui ne diffèrent que par la forme, mais qui doivent conduire au même but lorsqu'elles sont convena- blement employées. » i°. J'observerai que la méthode adoptée par M. Delaunay dans ses re- cherches est la méthode ordinaire de la variation des constantes arbitraires, souvent employée par Laplace et par tous les géomètres qui se sont occupés de la théorie de la Lune, pour le calcul de certaines inégalités particulières, telles que les inégalités à longues périodes, les inégalités séculaires ou les iné- galités qui deviennent sensibles par les petits diviseurs que l'intégration leur (1) Tome L, page 734. ( '35 ) fait acquérir; cette méthode n'appartient donc pas spécialement à Poisson, et sous ce point de vue on pourrait déjà contester Ja justesse du titre adopté par M. Delaunay pour son Mémoire; la seule idée qui soit propre à Poisson est celle d'étendre cette méthode à la détermination même des inégalités périodiques : mais cette idée m'a toujours paru d'une extrême difficulté à appliquer dans la pratique, à cause du grand nombre et de l'inextricable complication des inégalités dont est affecté le mouvement lunaire, et je crois pouvoir assurer que Poisson, à la fin de sa carrière, et sur les ob- servations que je lui avais souvent présentées sur ce sujet, y avait tout à fait renoncé. » 20. Un seul coup d'œil jeté sur l'analyse de M. Delaunay suffit pour montrer que, contrairement à ce qu'avait supposé M. Le Verrier, dans la discussion scientifique élevée au sein de l'Académie au commencement de cette année, et à ce qu'on avait pu inférer des paroles de M. Delaunay lui-même dans cette discussion, ses formules sont tout à fait exemptes des défauts que j'avais signalés dans celles de M. Adams, et par lesquels il a été conduit inévitablement, comme je le lui avais annoncé il y a plus de sept ans, à des résultats non-seulement défectueux sous le rapport théorique, mais encore en opposition manifeste avec les résultats des ob- servations. » 3°. Sans entrer dans aucun détail sur l'exactitude des calculs de M. De- launay, et supposant son analyse d'une précision rigoureuse, j'observerai que rien ne justifie la conséquence que M. Delaunay a prétendu en tirer, et que la concordance qu'il a cru trouver entre son résultat et celui de M. Adams, qu'il avait voulu vérifier, n'existe en aucune manière. En effet, cet accord n'est dû qu'à une singulière confusion que M. Delaunay fait entre les deux quantités désignées ordinairement par n et n, par tous les géomètres qui se sont occupés de la théorie de la Lune. La première est sa vitesse moyenne dans son orbite réelle, telle qu'elle est donnée par l'ob- servation, la seconde sa vitesse moyenne dans son orbite elliptique. Si M. Delaunay admet ces définitions, ce qui est probable d'après ses formules, quoiqu'il ne le dise pas positivement, alors les deux équations qu'il pose »'' n' à la page 10 de sa Note ?i — — = «, et — = m sont également fausses l'une et l'autre. En effet, la quantité que les géomètres depuis Laplace ont tou- jours désignée par m, est le rapport du moyen mouvement du Soleil au moyen mouvement de la Lune dans son orbite réelle, que nous connais- 19.. ( '36) sons par l'observation, et non le rapport du moyen mouvement du Soleil au moyen mouvement de la Lune dans son orbite elliptique que nous ne con- naissons et n'avons le moyen de connaître en aucune façon. La première valeur qu'obtient M. Delaunay pour l'expression différentielle de la longi- tude moyenne a besoin, d'ailleurs, d'être rectifiée conformément à cette observation, en y substituant nt pour n; l'équation sans cela serait impos- sible : on obtient ainsi, d'après les indications mêmes de son analyse, v ' dt \ n] 2 n] 04 n) J en observant que le premier membre est égal à la quantité que nous avons désignée par n, et qu'aux quantités près de l'ordre m*, on peut supposer — = T = m ■ On aura donc par une première approximation, et en négligeant les quan- tités de l'ordre m*, n = nt(i — m* m2 dé2 J et par suite -r = — - • -r= m2 (1 — 2m'- — 3 m2 dé2). Si l'on substitue cette valeur dans l'équation (a) en négligeant les termes d'un ordre supérieur à m*, on aura _ > - n( ^ _ m. - (^-m2 + -gJi/^j âe'2j, valeur exacte jusqu'aux termes de l'ordre m2, mais où le coefficient du terme en m* n'a plus aucun rapport avec le coefficient -0- donné par M. Adams. » Si M. Delaunay veut rectifier son analyse d'après les observations que je viens de présenter, et réparer quelques omissions que peut-être il a pu commettre, il retrouvera identiquement, au moyen des formules dont il a ( i37 ) fait usage, le résultat que j'ai déduit d'une méthode toute différente (i). Je ne saurais désirer une vérification plus concluante de l'exactitude de mes calculs. » CHIMIE — Recherches sur les produits d'oxydation de la Dulcine par l'acide azotique. Première partie : Production de l'acide racémique artificiel; par M. H. Carlet. « M. Liebig a fait voir (2) qu'en traitant le sucre de lait et la gomme par l'acide azotique, on obtient, outre l'acide mucique et l'acide oxalique, dont la formation était connue depuis longtemps, une certaine quantité d'acide tartrique. M. Bohn a reconnu (3) que cet acide artificiel possède un pouvoir rotatoire moléculaire pareil à celui de l'acide droit naturel, et que toutes leurs propriétés sont absolument semblables. » D'autre part, Laurent et M. Jacquelain (4) ont obtenu de l'acide mucique et de l'acide oxalique en attaquant la dulcine par l'acide azotique. Ayant répété cette expérience il y a quelques années, je crus entrevoir la formation d'autres produits ; mais je ne poussai pas plus loin cette recherche à cette époque. Le nouveau fait annoncé par M. Liebig me suggéra la pensée que, parmi ces produits, il pourrait se trouver de l'acide tartrique. La dul- cine n'ayant pas d'action sur la lumière polarisée, il était extrêmement inté- ressant d'être fixé sur la nature des propriétés optiques de l'acide tartrique qu'on en. pourrait retirer, si toutefois cet acide ou quelqu'une de ses modi- fications se trouvait dans les produits de l'opération. » Je repris donc l'étude de cette réaction, et après divers tâtonnements je suis arrivé à obtenir quelques grammes de crème de tartre. Pour cela j'ai suivi, sauf quelques modifications, le procédé employé par M. liebig pour le traitement du sucre de lait. J'indiquerai plus tard la manière dont l'opé- ration doit être conduite. Dans tous les cas, la quantité de crème de tartre obtenue a été minime : elle ne dépasse pas 1 { à 2 pour 100 du poids de la (1) Voir les Comptes rendus de l'Académie, n° i5 (9 avril 1860). (2) Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CXIII, p. ij janvier 1860. — Annales de Chimie et de Physique, t. LVIII, p. 449» 3e série. — Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XLIX, p. 34i. — Jbid., p. 377. (3) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XLIX, p. 897 . (4) Laurent, Comptes rendus des Travaux de Chimie, i85o, p. 364; 1 85 1 , p. 29. — Jacquelain, ibid., i85i, p. 21. ( i38) dulcine employée. J'espère que de nouveaux essais me permettront d'aug- menter ce faible rendement. » Dans cette opération, j'ai remarqué la formation d'une matière que je crois être l'intermédiaire entre la dulcine et les acides mucique, paratar- trique et oxalique. Cette matière, dont je poursuis en ce moment l'étude, jouit d'une partie des propriétés des sucres représentés par la formule C^H^O12; ainsi, tandis que la dulcine ne jaunit point par les alcalis, et n'a aucune action, ni sur le tartrate de cuivre et de potasse, ni sur le sous-nitrate de bismuth, ni sur l'indigo en présence des alcalis, la nouvelle matière jaunit par les alcalis, et réduit ces trois réactifs avec la même énergie que le glucose. » La crème de tartre a été saturée par le carbonate de potasse, puis pré- cipitée par un sel de plomb. Ce sel, traité par l'acide sulfhydrique, a donné l'acide qu'on a fait cristalliser. L'inspection attentive des cristaux permet déjà de reconnaître l'acide paratartrique ou racémique. Les propriétés chi- miques conduisent au même résultat. Ainsi : « ogr, 5oo d'acide cristallisé perdent, à i io°, ogr, o54 d'eau, soit 10,80 pour ioo. La formule C* H6 Oia -+- a HO exige 10,71 pour 100. » ogr,5oo de crème de tartre ont donné ogr, 23o de sulfate de potasse, soit 20,6 pour 100 de potassium. Le calcul exige 20, 76 pour 100. » oBr, 498 d'acide cristallisé non desséché ont donné ogr,5io d'acide car- bonique et oB%224 d'eau; d'où C= 27,92, H = 4. 99- La formule de l'acide cristallisé exige C = 28, 5j, H = 4, 76. » La dissolution de l'acide précipite le chlorure de calcium ; le précipité, dissous dans l'acide chlorhydriqne, se reproduit immédiatement par l'addi- tion de l'ammoniaque, en prenant un aspect chatoyant; enfin la dissolution ne dévie pas le plan de polarisation de la lumière. » Ces caractères suffiraient, je crois, pour caractériser l'acide racémique. Le plus important cependant, dans le cas actuel, pour constater l'identité parfaite entre l'acide obtenu et l'acide naturel, est le dédoublement en acide tartrique droit et en acide tartrique gauche. M. Pasteur, dont les beaux travaux sur l'acide racémique sont connus de tout le monde, a bien voulu me prêter son concours éclairé pour effectuer cette séparation, et je ne puis m'empêcher de lui témoigner ici toute ma reconnaissance pour la manière obligeante avec laquelle il m'a accueilli et m'a prodigué ses précieux con- seils. On a fait d'abord du racémate de Cinchonicine, qui a été mis à cristal- ( i39 ) User; au bout de quelques jours, il s'est déposé des cristaux de tartrate gauche de cinchouiciue ; ils ont été reconnus par la réaction suivante. Les cristaux, débarrassés d'eau mère par expression entre des papiers, donnent une dissolution qui ne précipite pas immédiatement par le chloruré de cal- cium ; en y ajoutant du tartrate droit d'ammoniaque additionné de chlorure de calcium, on a obtenu immédiatement un abondant précipité, qui, vu au microscope, est formé d'aiguilles allongées qui distinguent le racémate de chaux, tandis que le précipité obtenu à la longue par le tartrate gauche de cinchonicine et le sel de chaux est formé d'octaèdres de tartrate de chaux. Cette expérience, faite au laboratoire de M. Pasteur, ne laisse plus aucun doute sur la nature de l'acide racémique examiné ; il se dédouble comme l'acide naturel. » Ainsi donc on obtient, comme produit dérivant de la dulcine inactive, l'acide racémique, corps également inactif sur la lumière polarisée, mais pouvant se dédoubler en deux corps possédant chacun un pouvoir rotaloire moléculaire d'égale intensité et de sens contraire. De ce fait on peut tirer deux conséquences : l'une, peu probable et en désaccord avec tous les faits connus jusqu'à ce jour, c'est qu'on pourrait obtenir une substance active au moyen d'une substance inactive ; l'autre, plus probable, c'est que la dulcine elle-même n'est inactive qu'en apparence, qu'elle est formée de deux ma- tières douées du pouvoir rotatoire moléculaire et dont l'action sur la lumière polarisée se neutralise. » Dans ce cas, on peut présumer avec vraisemblance qu'un grand nombre de substances organiques, considérées jusqu'à présent comme réellement inactives sur la lumière polarisée, ainsi qu'on le croyait pour l'acide racé- mique, jusqu'à ce que M. Pasteur eût prouvé le contraire, ne sont, comme la dulcine, inactives que par compensation ; et l'on voit tout de suite quel intérêt s'attache à un fait qui semble ne pas devoir être une exception dans l'ordre des phénomènes naturels. » Il reste à démontrer par une expérience directe la possibilité du dédou- blement de la dulcine en deux matières actives : c'est le but vers lequel tendent à présent mes efforts. Je ne me dissimule pas les difficultés que j'aurai peut-être à vaincre; mais la sympathie que j'ai rencontrée autour de moi, et particulièrement chez MM. Biot et Pasteur, et la certitude que leurs excellents conseils ne me manqueront pas, me font une loi de persévérer dans la voie où j'ai été assez heureux pour réussir en commençant. » ( »4o ) CHIMIE. — Note sur la composition du permanganate de potasse; par M. M. Machuca. « M. Phipson ayant mis en doute récemment l'existence de l'acide per- manganique et la formule du permanganate de potasse, Mn20T, K.O, donnée par M. Mitscherlich, j'ai cru unie de reprendre, au laboratoire de M. Wurtz, l'analyse de ce dernier sel. Mes expériences confirment complè- tement les résultats auxquels était arrivé l'éminent chimiste de Berlin, et je pense que les assertions de M. Phipson reposent sur des erreurs d'analyse. » J'ai analysé le permanganate de potasse par deux méthodes : » i°. En dosant le manganèse et le potassium parles procédés connus; « 20. En déterminant la quantité de chlore mis en liberté par l'action de l'acide chlorhydrique sur le permanganate. » J'ajoute que ce sel a été bien desséché soit dans l'étuve, soit dans le vide de la machine pneumatique. » Voici les nombres que j'ai obtenus : Expériences. — ~~~- — ^ Théorie. I. II. III. IV. , ._ - .— , Manganèse 34,63 34,59 34,52 34, 6o Ma» 34,82 Potassium 24,37 24,45 » » K 24,68 Oxygène » » » » 08..... 4°>5o 100,00 » Si la formule Mn2K08 est exacte, 100 parties de permanganate de potasse doivent dégager, en décomposant l'acide chlorhydrique, 1 12, 3 par- ties de chlore. » J'ai dosé le chlore dégagé dans ces conditions à l'aide des méthodes indiquées par Gay-Lussac. L'une de ces méthodes est fondée, comme on sait, sur la transformation de l'acide arsénieux en acide arsénique, l'autre repose sur la transformation de l'acide sulfureux en acide sulfurique qui est dosé à l'état de sulfate de baryte. J'ai trouvé que 100 parties de Mn2KO* dégageaient de l'acide chlorhydrique 112,0 et 1 12,18 parties de chlore, ré- sultats qui concordent parfaitement avec la théorie en admettant la for- mule de M. Mitscherlich. » ( i4i ) PHYSIQUE. — Sur la température de l'eau à tétat sphéroïdal; par M. S- de Luc a. « M. Boutigny, en se fondant sur des expériences directes, dit que « la température des corps à l'état sphéroïdal, quelle que soit d'ailleurs celle du vase qui les contient, est invariable et toujours inférieure à celle de leur ébullition ; elle est de o,6°,5 pour l'eau. » » MM. Laurent, Le Grand, Rramer, Belli, Peltier et Baudrimont ont obtenu des résultats qui diffèrent entièrement de ceux trouvés par M. Bou- tigny. Ces auteurs ont déterminé la température de l'eau à l'état sphéroïdal au moyen d'un thermomètre plongé dans le sphéroïde; mais il n'est pas possible d'obtenir, par cette méthode, des résultats concordants, car les causes d'erreurs sont diverses, et on ne peut pas les éliminer entièrement ni facilement. » J'ai pensé qu'en employant, dans ces expériences, un corps coloré capable de perdre sa couleur à une température déterminée, on arriverait à des résultats plus précis. En effet, l'iodure d'amidon produit dans l'eau une solution bleue; cette solution se décolore complètement à la tempéra- ture de 8o°, et même la décoloration commence à celle de 5o°. Si mainte- nant on fait passer à l'état sphéroïdal une portion de ce liquide bleu dans une capsule de platine fortement chauffée, l'iodure d'amidon ne se décolore pas et le sphéroïde se maintient coloré jusqu'à la fin. » Cette expérience montre clairement que la température de l'eau à l'état sphéroïdal n'atteint pas 8o°, et même qu'elle doit être au-dessous de 5o°. » On peut exécuter cette expérience de plusieurs manières; mais elle réussit toujours lorsqu'on fait passer à l'état sphéroïdal d'abord une solution d'iodure de potassium au millième, et qu'on y ajoute ensuite, en même temps, au moyen de deux pipettes effilées par un bout, de l'eau de chlore ou de brome et de la solution d'amidon. Pour cette expérience, l'iodure de potassium doit être neutre, et les solutions de chlore ou de brome récem- ment préparées, et elles ne doivent pas contenir des acides libres, qui agiraient sur l'amidon en le changeant en glucose. » On peut facilement faire tomber le sphéroïde coloré d'iodure d'ami- don dans un verre à expérience sans lui faire perdre sa couleur; il peut être ensuite décoloré par la chaleur, et lorsque, par le refroidissement, il reprend sa couleur bleue primitive, on peut le faire passer de nouveau à l'état sphé- roïdal sans qu'il perde sa nuance "caractéristique. C. R. , 1860, 2me Semestre. {T. LI, N° 4.) 20 ( i4») » Il est donc évident que le sphéroïde d'eau, coloré par l'iodure d'ami- don, doit se trouver à une température inférieure à 8o°. » Le sphéroïde d'albumine contenant le double de son volume d'eau acquiert seulement à la partie extérieure une teinte opaline, tandis que la partie centrale se maintient limpide et transparente, de manière à ce qu'on puisse la dissoudre dans l'eau, la coaguler par la chaleur et précipiter l'al- bumine par l'alcool. » J'ai observé que la température de l'eau à l'état sphéroïdal est d'autant plus basse, que celle de la capsule où on la chauffe est plus élevée : la raison m'en semble évidente, car dans ces conditions, l'atmosphère de vapeur qui entoure le sphéroïde se renouvelle plus facilement, c'est-à-dire que l'évapora- tion des couches extérieures du sphéroïde devient plus rapide et cause un abaissement de température proportionnel dans les parties centrales. » PHYSIQUE. — Direction des courants induits lorsque le fil inducteur fait partie d'un fil télégraphique ; par AI. C.-AÏ. Guillemin. « En présentant à l'Académie, dans la séance du 1 1 juin dernier, des recherches sur le développement des courants induits de fermeture et de rupture dans trois appareils d'induction, j'annonçai que quand on dispose l'expérience de manière à ce que le fil inducteur lasse partie d'un fil de ligne, on obtient dans les courants induits des inversions très-prononcées. Ce sont les résultats sommaires de ces recherches que j'ai l'honneur de pré- senter aujourd'hui. » Si l'on considère deux tranches voisines d'un fil inducteur, les tensions de ces tranches subiront des variations dont la grandeur relative change à chaque instant pendant que le courant se propage. La direction et l'intensité du courant qui se développe dans les parties voisines du fil induit, sous l'in- fluence de ces variations, changent en même temps qu'elles. Il suit de laque si l'on soumet un même fil induit successivement à l'action des différentes parties d'un fil inducteur heaucoup plus long que lui, le courant induit dé- veloppé dépendra de la somme des actions élémentaires exercées par la partie du fil inducteur qui agit, et changera, pour le même moment, d'un bout à l'autre du fil inducteur. On trouvera la vérification de ce premier point dans les nos (4), (5) et (10) des séries qui suivent. Ou bien si l'on soumet à l'ac- tion d'une même région du fil inducteur des fils induits de diverses lon- gueurs, la somme des actions exercées par le fil inducteur sur le fil induit changera encore, ainsi qu'on pourra s'en assurer en comparant deux à deux les séries (i) et (3), (2) et (4). Enfin, il est clair que des variations égales ( i43) dans la tension des deux tranches du fil inducteur ne donneront naissance à aucun courant capable de faire dévier l'aiguille d'un galvanomètre placé dans le fil induit. Il doit donc exister, pour un même fil inducteur et aux différents moments de la propagation du courant, une série de points où le courant induit est nul. C'est en effet ce qui ressort assez bien de la compa- raison de tous les nombres suivants. Les expériences ont été faites avec mon appareil comme il est indiqué dans la Note que je viens de rappeler, avec cette différence que le fil inducteur est fixé à l'une ou à l'autre extrémité d'un fil télégraphique de 570 kilomètres de long, et qu'on interpose la terre dans le circuit, au lieu de le fermer sur lui-même. » Le 1 3 juillet dernier, avec les fils directs de la ligne passant par le Mans, Lizieux, et 66 éléments Bunsen, j'ai obtenu 12 séries de nombres que je présenterai en un seul tableau pour rendre la comparaison facile. 2 5 10 i3 27 34 4o 48 60 67 82 109 "9 154 *3i 33 37 39 54 62 68 78 88 '94 1 11 128 ,44 176 (0 -5i — 32 7 18 4 3 2 i> 3 4 I 2 1 2 1 4 1 8 0 (3) -64 -64 -59 -54 -29 —22 — 12 — 3 5 7 8 7' 6 2 (3) -38 ; 15 18 i5 2,5 .,5 I 3 4 1 2 1 2 1 4 ■ 4 1 8 0 (4) -70 -63 -53 -43 — 7 ? 6 9 10 10 7» 4, 2, 1 2 (5) -4, -36 — 32 —27 -14 — 1 1 — 8 -4 1 2 ? 1 1 ', 1 *(6) 22 20 '7 16 8 7 5 3, 3 •2' 1 1 2 1 4 0 •'(a) 26 5 — 10 — 8 — 2 — 1, — 1 1 2 1 ~~ 4 I ~4 0 0 0 0 "(8) '55 54 48 42 16 7 1, -3 -i3 -8 — 6 — 5 -3 — 2 (9) -42 -38 -25 — 20 - 6 — 3 — 1 1 2 1 2 i> 1, 1 1 2 (.0) 0 0 0 0 0 0 — ', — 3 - 6 — 5 -4 -3, — 2 — 1 *(,,) 0 0 0 0 1 2 1 4 5 5 5 4 2 1 1 2 •(M) 1 8 1 4 1 4 1 2 5 3 2 7 4 2 if 1 7 4 3 2 5 4 1 2 » Les deux premières lignes contiennent les temps exprimés en dix-mi I- 20.. ( '44) lièmes de seconde; la première se rapporte aux courants induits de ferme- ture des séries (i), (2), (3), (4), (5), (9), (10); la seconde correspond aux courants induits de rupture des séries (6), (7), (H), (11), (12) marquées d'un astérisque. Les nombres qui sont précédés du signe — représentent des dé- viations produites par des courants induits de direction inverse par rapport au courant inducteur; les autres nombres correspondent à des courants directs. On a mis, par abréviation, une virgule après quelques nombres pour indiquer qu'il faut y ajouter o°,5 ou autrement un demi-degré. » Le fil inducteur est placé entre le pôle de la pile et le fil de ligne, pour les séries (1), (2), (3), (4), (5) du courant induit de fermeture et (6), (7), (8) du courant induit de rupture. Le fil inducteur se trouve entre le fil de ligne et la terre pour les séries (9), (10) du courant induit de fermeture et (1 i)(ia) du courant induit de rupture. Les séries (3), (4), (5) ont été obte- nues avec une bobine composée de deux fils de cuivre égaux de \ de milli- mètre de diamètre et 3oo mètres de longueur chacun, enroulés ensemble sur un même tube. Dans toutes les autres on s'est servi de la bobine n° 1 de la Note du 1 r juin, dont les fils ont une longueur double. Ces bobines ne portaient pas d'armature de fer dans les séries (1), (3), (7) ; elles en conte- naient dans toutes les autres. L'interruption avait généralement lieu près du fil inducteur, excepté dans les séries (10) et (1 1) où elle se faisait entre la pile et le fil télégraphique; pour la dernière, après la suppression du contact avec la pile, le fil était déchargé par l'extrémité qui avait reçu le courant. Dans l'expérience (5) on a placé un fil de fer de ^ de millimètre et de 900 mètres de long, représentant une résistance équivalente à celle de ï3o kilomètres de fil de ligne, en sorte que le fil inducteur se trouvait inter- calé dans le fil télégraphique, à une certaine distance du pôle de la pile. Dans ce cas, le courant inverse dure plus longtemps que pour l'expérience (4), qui ne diffère de celle-ci que par l'absence de ce fil de fer. « En résumé, au moment où le courant se propagé dans le fil inducteur, il se développe dans le fil induit deux courants de sens contraire, l'un in- verse, l'autre direct : ce dernier est le plus faible et le premier seul est ma- nifeste, quand on établit le contact d'une manière permanente. La présence du fer dans la bobine augmente la durée du courant inverse. Le courant in- duit de rupture est évidemment plus homogène que le courant induit de fer- meture; il est toujours direct, excepté dans les séries (7) et (8) où le fil té- légraphique se décharge à travers le fil inducteur par l'extrémité qui reçoit le courant. En rapprochant ces expériences de la suivante (9), on apercevra facilement leur concordance, assez peu apparente au premier abord. » ( i45) astronomie. — Eclipse solaire du 18 juillet 1860 : obseivations de physique et de météorologie, faites à Bordeaux pendant l'éclipsé,- par MM. Baudri- mo\t, Rauhjj, Houel, Royer et Micé. « Nous avons étudié ce qui est relatif à la lumière, à la chaleur, à la pression atmosphérique, à l'hygrométrie et au magnétisme. » La lumière a été étudiée aux deux points de vue de son intensité op- tique et de son intensité chimique. » Les observations sur l'intensité optique ont été faites à l'aide d'un pho- tomètre particulier imaginé par M. Baudrimont. Cet instrument est fondé sur l'extinction de la lumière par deux prismes colorés à épaisseurs variables et à faces parallèles. Les nombres compris dans le tableau sont simple- ment proportionnels aux épaisseurs sous lesquelles la lumière observée a été éteinte. Notre intention était d'observer la lumière directe du Soleil et celle réfléchie par un disque blanc placé sur un fond noir; mais l'instrument, qui venait d'être retouché et que nous n'avons reçu que le 18 au matin, n'a pu éteindre qu'une seule fois la lumière directe du Soleil. » Les observations de lumière chimique ont été faites avec du papier sensible exposé pendant une minute au soleil. Chaque épreuve, fixée par une solution d'hyposulfite de soude, était ensuite placée sur une feuille de papier blanc à côté de l'indication de l'heure à laquelle on l'avait obtenue. Après l'éclipsé, plusieurs personnes ont comparé ces épreuves entre elles, et leurs intensités relatives ainsi déterminées sont consignées dans le tableau par des numéros d'ordre dont le plus faible correspond à la teinte minima et le plus fort à la teinte maxima. » En outre, les différentes phases de l'éclipsé ont été constamment ob- servées à l'aide d'un télescope dioptrique de Lerebours, appartenant à la Faculté des Sciences. » Pour les températures, on a employé trois thermomètres dont un à l'ombre et deux au soleil; l'un de ces derniers avait son réservoir recou- vert de noir de fumée, ahn de permettre de distinguer la température due au rayonnement solaire de celle de l'atmosphère. « Indépendamment de ces instruments, une pile de Nobili, communi- quant avec un galvanomètre de Billaut, a été employée comme thermomètre différentiel pour distinguer ces deux sources thermométriques; l'une des faces de cette pile recevait directement les rayons solaires par un cône noirci, l'autre, au contraire, en était soigneusement abritée. ( '46 ) » La pression atmosphérique a été mesurée avec un baromètre de Fortin. » Pour l'humidité, on a employé un hygromètre à condensation. » Ce qui est relatif au magnétisme a été constaté à l'aide d'une boussole d'inclinaison de Gambey et d'une aiguille de déclinaison de om,ao se mou- vant sur un cercle gradué horizontal. Pour l'intensité, on s'est servi d'un barreau cylindrique fortement aimanté placé sous une cage vitrée d'une longueur de om,/fo et de om,oa de diamètre : le barreau était dérangé de sa direction par un aimant, et on mesurait la durée de 16 oscillations doubles. Ces observations avaient pour but de faire savoir seulement si le magnétisme terrestre serait influencé par l'éclipsé. » Le tableau suivant contient le résultat des observations : LUMIÈRE TEMPÉR ATCRE. naires . Ther- momètre BARO- HÊTRE. HYGRO- MÈTRE . MAGNÉTISME. Thermomètres ordt HEURES des obser- vations. (Heures de Bordeaax.} visible. Observateur : M. Baudrimont. Degrés du photomètre - chimique Mani- pulateur : M. Hicé N" d'ordre des épreuves Observateur 1 M. B aulin . mètres tell. mul- tiplicateur Obser- vateur : M. Royer, aidé de M. Pellls. Arcs de déviation Obser- vateur : M. Raulin. Hauteurs réduites a zéro. Obser- vateur : M. Royer, aidé de M.Fournet Points de rosée. Dé- clinaison et in- clinaison. Intensité Obser- vateur : M. Raulin. Durée de seize oscillations doubles Ther- momètre à l'ombre. Tnern* au se Réservoir intact. Réservoir noirci. observés. 9. 0 u » M » » D 760,8 » » Midii5 » » 23,0 26,5 « » 760,4 » ■ i.3o » » 24,0 26,8 • 28 760,4 ■o,7 < 12,50 1.41 h 8 23, a 25,1 27,1 24 760,4 10,6 2. S* 12,52 2. 0 52° (qq. nuages). 7 !> n • » » » 0 » 2.20 42 id. 5 23,0 »4,2 25,8 22 760,4 12,0 12,58 2./|0 37 (bonne observât.) 4 22,6 23,5 24,8 12 760,3 16,0 W 12,57 2.5o » M M » n 2 » » 0 » 2.58 33 1 » » » 0 ■ 18, S V » 3. 1 » » 21,2 21,1 21 ,3 j M )> » 3.io » » » ■ a 4 » ■ 3 W 3.i8 162 (lum. directe.) 1 5o (lum. réfléchie.) ao,9 21,8 23,0 12 760,4 18,6 *T3 H ffi* 12,57 3.36 58 3 21,0 23,1 25,5 25 » .6,2 • 3.47 » » » >l « 27 » 1» » 4. 4 n 6 21,9 24,2 27.4 26 760,4 '4,6 12,57 5. 0 » » ■ 1 » | 1 i3,6 » 6. 0 * » 21 , 1 22 y I 24,3 » 760,4 "3,6 ,1 12,58 ( i47 ) » Il résulte de ce tableau : » i°. Que, comme on devait s'y attendre, au maximum de l'éclipsé ont correspondu le minimum de lumière optique et celui de lumière chimique. » a0. Que les indications du thermomètre à l'ombre ont été généralement, comme on devait le penser, inférieures à celles des thermomètres placés au soleil, et que, parmi ces derniers, le thermomètre noirci indiquait une tem- pérature plus élevée que le thermomètre à réservoir libre; mais, chose re- marquable, vers trois heures, c'est-à-dire au maximum de l'éclipsé, les trois instruments ont sensiblement indiqué la même température, d'où il résulte que la chaleur rayonnante du Soleil était nulle pour ces instruments. Ces résultats ont été confirmés de la manière la plus évidente à l'aide du thermo- multiplicateur différentiel qui à 2h 58m ne donnait plus de déviation appré- ciable. » 3°. Que les variations barométriques ont été peu sensibles, mais que toutefois elles ont indiqué une diminution de la pression atmosphérique vers le milieu de l'éclipsé. » 4°- Que l'hygromètre, observé avec soin, a fourni des résultats remar- quables et inattendus que nous recommandons à l'attention des physiciens : la température, à laquelle la condensation s'est opérée, s'est graduellement élevée de io°,6 à i8°,8 depuis l'origine de l'éclipsé jusqu'à son maximum, et elle a ensuite diminué régulièrement, d'où, d'après la théorie de l'instru- ment employé, la quantité d'humidité de l'atmosphère se serait accrue dans le rapport de i à i ,6 pour décroître ensuite. « 5°. Que les observations relatives au magnétisme n'ont donné rien qui mérite d'être signalé. » Le matin, il y avait du brouillard et l'air était calme. Pendant l'éclipsé, la direction du vent, soit à la hauteur où nous nous trouvions, soit à celle des nuages, a été constamment de l'ouest à l'est. » Des nuages ont empêché certaines observations, notamment celles de la lumière, d'être faites à toutes les heures arrêtées d'avance. » Ces heures pourront toujours être trouvées d'une manière exacte en notant que l'éclipsé a fini à 4h 4m du chronomètre dont nous nous sommes servis. » Notre travail a été accompli sur la grande terrasse de l'institution Royer-Micé, un des points les plus élevés de la ville. » (Renvoyé à l'examen de M. Rabinet.) ( i48) ASTRONOMIE. — Éclipse de Soleil du 1 8 juillet 1860 : Note accompagnant l'en- voi de trois images photographiques faites à Metz par le capitaine du génie Lamey; par M. C.-M. Goplier. (Extrait.) > « Sur l'épreuve n° 3 on remarque une auréole qui entoure la partie visible du Soleil. On n'avait cependant rien remarqué de semblable, soit sur le verre dépoli de la chambre noire, soit quand on regardait directement le Soleil avec la lunette munie d'un verre coloré. Si cette auréole a existé dans ces deux dernières circonstances, on n'y a pas fait attention, ce qui porte à croire qu'elle devait être moins sensible que sur l'image. Sur l'image n° 3 elle est plus forte vers le milieu du croissant que vers les cornes, ce qui doit la faire attribuer, en partie du moins, au jeu de la lumière du Soleil dans les cirrus qui, pendant toute la durée de l'éclipsé, ont légèrement voilé le ciel. » Mais on remarque, tant sur cette épreuve n° 3 que sur les précé- dentes, que l'auréole est plus large, plus vive et plus nettement limitée du côté de la concavité du croissant que du côté opposé. On remarque encore que, vers la corne ouest, et sur une certaine étendue nettement limitée , sa largeur n'est pas plus grande que celle de la couronne extérieure, et cela vis-à-vis d'une portion du contour de la Lune, où l'on soupçonne des den- telures, et par suite la présence de hautes montagnes. » (Renvoyé à l'examen de M. Babinet.) ASTRONOMIE. — Eclipse de Soleil du 18 juillet 1860; observations de tempéra- ture faites à Belfort durant l'éclipsé; images photographiques de l'astre éclipsé; extrait d'une Lettre de M. Verniek^/s. « Voulant m'assurer par moi-même de l'état anormal de l'atmosphère le 18 juillet, jour de l'éclipsé de Soleil, je me suis servi à cet effet de deux thermomètres parfaitement identiques et de même précision. L'un a été suspendu au nord à l'ombre, l'autre au midi, en plein soleil. Les résultats des degrés thermo métriques qu'ils ont marqués sont inscrits très-exacte- ment dans le petit tableau que j'ai l'honneur de vous envoyer ci-inclus, pensant qu'il pourrait être de quelque utilité aux sciences astronomiques. » Par la même occasion, en qualité de photographe, j'ai joint également à cette Lettre trois petites épreuves photographiques de l'astre éclipsé, pro- venant de clichés faits avec un objectif simple pour paysage de MM. Lere- bours et Secretan, de 1 10 millimètres de diamètre et d'une longueur focale ( i49 ) de y 5 centimètres. Ces clichés ont été obtenus sur collodion en une frac- tion de seconde, de ah /|5m à 3h 20™, c'est-à-dire au moment des plus grandes phases de l'éclipsé. » La seule remarque que je puis faire sur ces épreuves très-petites, mais bien nettes, est que la ligne du croissant qui touche au satellite de la terre me paraît plus éclairée que la partie centrale de cet arc. Cette différence est plus apparente sur les négatifs ou clichés. » L'auréole qui entoure ou qui enveloppe l'éclipsé me paraît due au re- flet de'légèi es vapeurs qui régnaient au ciel dans le moment. Tableau indiquant l'état anormal de l'atmosphère le 18 juillet 1860, jour de l'éclipsé de Soleil, à Belfort. Temps quelque peu nuageux avec intervalles de soleil. Degrés du thermomètre centigrade '' A l'ombre. Au soleil. 6 matin ig » io » 25 35 12 » 25 3t i soir 26 38 2 » : 27 44 2 3o » 26 ^ 28 -r\ 3 » ^-h a6-A 3 3o » 24 25 tï 4 " 23 ^ 25 4 3o » 22 Jy 24 ■& . 5 » ; 22 -i 23 5 3o » 22 22 tt 6 » 21 21 6 3o » 20 20 tï » Le ciel s'est couvert de nuages à 3h 3om. » A 5 heures il tombait quelques gouttes d'eau. A 6 heures il pleuvait fort. » Dans la journée, le baromètre était au-dessous de beau temps. » (Renvoyé à l'examen de M. Babinet.) MÉTÉOROLOGIE. — Sur la formation de la grêle et sur la figure des grêlons; extrait d'une Note de M. L. de Sevin Talève. Cette Note serait difficilement comprise sans le secours des figures qui C. R., 1860, 2""= Semestre. (T. LI, N° 4.) 21 ( i5o) l'accompagnent et qui ne peuvent être reproduites dans le Compte rendu; nous nous bornerons donc à mentionner le fait qui a servi de point de dé- part à ces recherches et que l'auteur expose dans les termes suivants : « Pendant l'hiver de i83o qui fut très-rigoureux, l'eau gelait habituelle- ment dans un appartement que j'habitais à la campagne, à l'exposition du sud-est, au premier étage. Un matin, en me levant, je fus surpris de ne pas trouver l'eau congelée sur ma table, comme il arrivait d'ordinaire, quoique le froid fût toujours au moins aussi vif. Le pot à eau était plein et il ne pré- sentait aucune trace de glaçons. Voulant remplir un verre à boire placé à côté, je versai l'eau d'une certaine hauteur, ao centimètres environ; elle me parut tomber en nappe limpide : je pus ainsi remplir complètement le verre qui était d'une forme évasée, beaucoup plus large à l'orifice que dans le fond. Mais aussitôt le verre plein, ou peut-être même à mesure qu'elle tombait, Ceau se congela instantanément en entier, et je retirai du verre un bloc de glace compacte, exactement moulé sur le vase et qui me parut égale- ment plein dans toute son épaisseur, sans trace d'eau liquide. » M. L. Corvisart, qui avait présenté en i85o, au concours pour le prix de Physiologie expérimentale des « Recherches sur une fonction peu con- nue du pancréas », rappelle que ce Mémoire mentionné dans le Rapport de la Commission avait été indiqué comme devant être réservé pour le futur concours; il demande en conséquence que ce Mémoire, qui a dû être conservé, soit soumis à l'examen de la Commission chargée de décerner le prix pour 1860. (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie.) M. Farre, qui avait précédemment adressé deux exemplaires d'un Mé- moire imprimé sur les altérations frauduleuses de la garance et de ses déri- vés et sur un procédé propre à faire reconnaître ces fraudes, demande que ce Mémoire soit soumis au jugement d'une Commission. On fera savoir à l'auteur que l'Académie, en vertu d'une décision déjà ancienne, ne renvoie point à l'examen d'une Commission les ouvrages écrits en français et publiés en France. La séance est levée à 5 heures. E. D. B. ( i5i ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 16 juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Notice sur le B°n F.-A.-H. de Humboldt, associé de [Académie royale; par M. Ad. Quetelet. Bruxelles, 1860; br. in-18. Notice sur Daniel- Joseph- Benoit Mareska, correspondant de l'Académie; par le même. Bruxelles 1860; br. in-18. Astronomie et magnétisme; par le même; \ de f. in-8°. Magnétisme, étoiles filantes, etc. Réduction des observations magnétiques de M. E. Quetelet; par M. Hansteen, associé de l'Académie royale. Lettre adressée à M. Ad. Quetelet; br. in -8°. Magnétisme terrestre; -j de f. in-8°. Magnétisme terrestre et aurore boréale. Sur le magnétisme terrestre et spécia- lement sur la déclinaison observée à Bruxelles. Lettre de M. Lamont, directeur de l Observatoire de Munich, à M. Quetelet; br. in -8°. Météorologie. Orage du 19 février 1860,, Note de M. Ad Quetelet, directeur de [Observatoire; br. in-8°. De la nécessité d'un système général d'observations nautiques et météorolo- giques. Lettre de M. Maury, directeur de [ Observatoire de Washington, à M. Ad. Quetelet; br. in-8". Sur la variation des éléments magnétiques. Lettre du Père A. SECCHI, directeur de l'Observatoire de Rome, à M. Ad. Quetelet. Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; t. IX et X. Bruxelles, i85o. et 1860; in-8°. Bulletins de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; 2e série, année 1859; t. VII et VIII; in-8°. Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Année 1860; in- 12. Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles, pour [année 1860; par A. Quetelet, directeur. Bruxelles, 1839; in-18. (Tous ces opuscules sont offerts par M. Ad. Quetelet.) Fragments d'études sur François Bayle. Discours prononcé à l'ouverture de la séance publique de la Société de Médecine de Toulouse, le ao mai 1860; par M. le professeur Gaussail, président. Toulouse, 1860; br. in-8°. Mémoire de physique astronomique; par H. Planavkkgne. Manille, 1860; br. in-8°. ( I* ) Recherches sur l'attraction moléculaire (suite), agent et matière; par A. BOUCHÉ; br. in-8°. Recherches sur le népenthès des Grecs dans les livres botaniques chinois; par le Cher DE Paravey. Versailles, 1860; \ f. in-8°. Mémoires de la Société impériale d' Agriculture, Sciences et Arts d' Angers. (Ancienne Académie d'Angers). Nouvelle période; t. III, 2e cahier; Angers, i86o;in-8°. Délia... Mémoire sur les essais de culture de tabacs à fumer, Virginie et Kenlucky, faits en 1 85g dans les provinces de Salerne et de Caserte; par M. A. Bruni. Naples, 1860; br. in-12. Sul cuore. . . Recherches anatomico-physiolorjiques sur le cœur humain étudié en place, extérieurement et intérieurement; par M. A. TlGRl; atlas in~4° de 3 planches (sans texte). L'Académie a reçu dans la séance du s3 juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Eléments du calcul infinitésimal ; par J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Géologie pratique de la Louisiane ; par R. Thomassy. La Nouvelle-Orléans- Paris, 1860; 1 vol. in-4°. Galvanothérapie, ou de l'Application du courant galvanique constant au traite- ment des maladies nerveuses et musculaires ; par le Dr Robert Remak, traduit de l'allemand, par le Dr A. Morpain, avec les additions de l'auteur. Paris, 1860; 1 vol. in- 8° (Offert, au nom de M. le Dr Remak, par M. Rayer.) Nouvelles études philosophiques sur la dégénération physique et morale de l'homme; par leDrL. Savoyen. Paris, 1 854 î in-8°. De l'amputation de la cuisse dans l'articulation de la hanche ( avec un cas de succès). Rapport lu à la Société de Chirurgie par M. H. Bon Larrey, sur un Mémoire de M. William SandsCox. Paris, 1860; br. in-4°. Compte rendu du service de clinique chirurgicale de M. le B°" H. Larrey, semestre d'été 1 8 56 ; parle DrG. Gaujot. Strasbourg, 1860; br. in-8°. (Pré- senté, ainsi que le "précédent, par M. J. Cloquet.) Planisphère en un seul cercle dans lequel sont réunis les deux hémisphères présentant les points cardinaux de tous les lieux du globe; dressé par F.-H. Chemin ; 1 857 ; 1 feuille grand atlas. Notice sur le planisphère en un seul cercle; par M. F.-H. Chemin. Passy-les- Paris, 1857; br. in-8°. (Présentés, au nom de l'auteur, par M. Despretz.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 JUILLET 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE. — Note confirnvilive des résultats annoncés par M. Carlet dans le numéro précédent des Comptes rendus; par M. Biot. « En exposant devant l'Académie, dans sa dernière séance, la formation artificielle de l'acide paratartrique, dérivé de la dulcine, par M. Carlet, j'ai mentionné deux procédés mis en œuvre par M. Pasteur, pour éprouver si ce produit était effectivement résoluble, en acide fartrique droit et en acide tartrique gauche, comme l'acide paratartrique naturel. L'un de ces procé- dés, est le même que M. Pasteur avait employé en 1848, devant les Com- missaires de l'Académie, lorsqu'il nous fit voir ce remarquable phénomène de dédoublement. 11 consiste à mettre en présence, dans l'eau distillée, les éléments constitutifs du paratartrate neutre de soude et d'ammoniaque, que la cristallisation sépare en tartrates droit et gauche des mêmes bases, distincts par leurs formes, et exerçant sur la lumière polarisée des pouvoirs rotatoires moléculaires égaux, de sens contraires, qui se compensaient mu- tuellement dans leur ensemble. L'autre procédé, découvert plus tard par M. Pasteur, consiste à former une solution aqueuse de paratartrate acide de cinchonicine, d'où la cristallisation, lentement ménagée, sépare d'abord des cristaux de tartrate gauche parfaitement purs, et plus tard, les cris- taux également purs de tartrate droit, qui en forment le complément, ce C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N» 8.) 22 ... . i » » i . i t qui dispense du triage manuel. Le même phénomène de séparation sponta- née se produit aussi avec le tartrate acide de quinicine. Seulement, l'ordre dans lequel les deux dépôts s'opèrent est inverse. Celui des tartrates droits précède celui des tartrates gauches. M. Pasteur a soumis l'acide paratar- trique artificiel de M. Carlet aux deux premières épreuves. Mais, lundi dernier, la séparation par la cinchonicine s'était seule effectuée, de sorte que M. Carlet a dû ne mentionner que celle-là dans la Note qu'il vous a soumise. Elle suffisait comme démonstration. Depuis lors, la solution de paratartrate neutre de soude et d'ammoniaque a aussi déposé ses cristaux, que l'on a trouvés spontanément séparés en tartrates droits et en tartrates gauches, comme on pouvait le prévoir. Toutefois, je n'ai pas cru inutile d'annoncer ce complément de vérification à l'Académie. Car, dans l'étude de phénomènes si nouveaux et si imprévus, la concordance des preuves, même surabondantes, n'est jamais de trop pour établir irrécusablement la vérité. » mécanique CÉLESTE. — Réponse à la Lettre de M. de Pontécoulant insérée au Compte rendu de la dernière séance (p. 1 34); pot M. Delaunay. « Dans une Lettre adressée à M. le Secrétaire perpétuel et insérée au Compte rendu de la dernière séance, M. de Pontécoulant présente quelques observations critiques sur le calcul que j'ai fait de l'équation séculaire de la Lune par la méthode de Poisson. L'Académie voudra bien me permettre d'y répondre. » M. de Pontécoulant conteste d'ahord la justesse du titre que j'ai donné à ma Note , imprimée dans les Additions à la Connaissance des Temps pour 1862, parce que, dit-il, la méthode que j'ai suivie n'appartient pas spécialement à Poisson. On sait que cet illustre géomètre a présenté à l'A- cadémie, le 17 juin i833, un Mémoire sur le mouvement de la Lune autour de la Terre (1), dans lequel il propose d'appliquer la méthode de la variation des constantes arbitraires au calcul des inégalités lunaires, ce qu'on n'avait pas fait jusque-là. M. de Pontécoulant prétend que, dans ce Mémoire, Poisson avait uniquement en vue la détermination des inégalités périodiques; il suffit de le parcourir pour se convaincre du contraire. L'auteur y montre même comment la méthode qu'il propose de suivre pour la Lune, conduit (1) Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XIII. ( '55) à la valeur de l'accélération séculaire de son moyen mouvement; mais il s'arrête au terme en m2, qu'il retrouve identique à celui que Laplace avait obtenu précédemment. S'il eût poussé ce calcul un peu plus loin, jusqu'au terme en m", il eût fait précisément ce que j'ai fait récemment en suivant la même marche que lui. En quoi le titre de ma Note manque-t-il donc de justesse? » M. de Pontécoulant passe ensuite au fond de la question, et, après avoir reconnu que mes formules sont exemptes des défauts qu'il persiste à voir dans celles de M. Adams, il conteste l'exactitude de la conséquence que j'en ai tirée. Suivant lui, l'accord de mon résultat avec celui de M. Adams ne serait dû qu'à une singulière confusion que je jais entre les deux quantités dési- gnées ordinairement par n et n, par tous les géomètres qui se sont occupés de In théorie de la Lune. Peu importe la signification que tel ou tel géomètre attribue aux lettres ri et n, que j'emploie dans mes calculs. Je suis parfaite- ment libre de les employer comme je l'entends, pourvu que j'en définisse nettement le sens, et c'est ce que j'ai fait. La singulière confusion que M. de Pontécoulant me reproche consiste en définitive en ce que j'ai représenté par ces deux lettres des quantités autres que celles qu'il a l'habitude de leur faire représenter; et il prétend corriger mon résultat en substituant sa défi- nition des lettres n et n, à celle que j'en ai donnée moi-même. Je le demande maintenant : lequel de nous deux tombe dans une singulière confusion? Si M. de Pontécoulant avait examiné ma Note avec toute l'attention qu'on doit apporter à la lecture d'un travail qu'on se propose de critiquer, il aurait vu que l'accord de mon résultat avec celui de M. Adams existe bien réellement, et n'est dû à aucune erreur de ma part. » Je profiterai de cette occasion pour annoncer à l'Académie que le Mé- moire publié par M. Adams, il y a quelques mois, sur la question tant con- troversée de l'accélération séculaire du moyen mouvement de la Lune, a déjà porté ses fruits. Ce Mémoire a amené M. Plana à s'occuper de nouveau de la question. 11 l'a discutée dans une série de Lettres adressées à M. Lub- bockdans le courant du mois dernier; ces Lettres ont été publiées à sa demande. Dans les premières, il conteste encore le résultat de M. Adams relativement au terme en m*; mais bientôt la lumière se fait dans son esprit, et il finit par reconnaître la complète exactitude de ce terme en m4 que M. Adams a trouvé en i853, et que j'ai confirmé plus tard d'une manière si complète, soit en suivant la méthode qui m'est propre, soit en suivant celle que Poisson a proposé d'appliquer à la recherche des iné- galités lunaires. » 2 À. « • ( '56) ASTRONOMIE. — Observations faites pendant /' éclipse totale du 18 juillet 1860, sur le sommet du mont Saint-Michel, au Desierto de las Palmns en Espagne ; par le P. Secchi. « Permettez-moi de vous adresser, en ma qualité de Membre correspon- dant de l'Académie, une courte relation des observations faites pendant l'éclipsé totale du t8 courant que j'ai pu observer en Espagne. » Le lieu d'où j'ai observé l'éclipsé a été le sommet du mont Saint-Michel, au Desierto de las Palmas, au point même de station choisi par MM. Biot et Arago pour les opérations de la triangulation française, point qui s'élève à 7^5 mètres au-dessus du niveau de la mer et domine un horizon d'une im- mense étendue. Le temps a été magnifique pendant toute l'observation. Cependant une cruelle anxiété nous a préoccupés jusqu'à peu de minutes avant le commencement du phénomène, à cause des petits nuages parasites qui se formaient continuellement autour de la montagne et se dissolvaient seulement à quelque distance. Mais heureusement ils se dissipèrent peu de temps avant le commencement, et le temps se maintint beau jusqu'au soir. » J'étais en compagnie de M. de Aguilar, directeur de l'observatoire de Madrid, et de M. Cepeda, jurisconsulte de Valence, amateur très-distingué; mais je ne parlerai que des observations qui m'appartiennent, attendant que le premier surtout, à qui je dois infiniment pour son assistance dans cette expédition, rende compte de tout ce qui a été fait par la Commission espagnole. » L'instrument dont je me suis servi était une lunette de Fraunhofer, de 78 millimètres d'ouverture, de im,20 de longueur focale et donnant un gros- sissement qui pouvait varier de 60, 90 et i3ofois; les deux premiers gros- sissements laissaient voir le soleil entier, et le changement de trois oculaires se faisait avec une extrême rapidité en glissant seulement une coulisse qui les portait. Le micromètre consistait, à l'intérieur, en un réticule de 6 fils d'araignée espacés de 6' (qui disparurent tous dans l'obscurité) et de 4 fils de platine très-fins qui étaient disposés de manière que les deux extrêmes étaient distants entre eux d'un diamètre lunaire exactement ; les deux autres, au mi- lieu de ceux-ci, étaient légèrement inclinés, etsous-tendaient i'3o"àla partie plus étroite, et 2' 3o" à la plus large ; cette disposition était destinée à obtenir une estime plus exacte des protubérances. Tout le micromètre pouvait tourner sur une alidade fixe, avec un plateau sur lequel était fixé un cercle gradué et une feuille de carton blanc sur laquelle on pouvait marquer l'angle de position en pressant une simple pointe portée par l'alidade fixe, ( i57) réservant ainsi la lecture après l'observation. L'instrument était monté équa- torialement et avait été rectifié le jour précédent; sa stabilité était très-grande. » Quelques minutes avant le commencement des observations, je vérifiai la position de l'instrument, et le commencement fut indiqué par un télé- graphe de Morse, que M. le directeur Aguilar avait bien voulu me faire obtenir de la direction générale des télégraphes de Madrid, et auquel un pendule-compteur, qui battait les secondes, faisait marquer les secondes. Un mécanisme particulier très-simple servait à marquer l'instant de l'obser- vation. Quelques minutes après le commencement, je cherchai à voir le disque de la lune à l'extérieur du soleil, mais je ne pus y parvenir. A 2h io,m, je réussis à le voir très-nettement dans une étendue d'environ io° au plus; mais quelque temps après la lune disparut, et depuis lors elle ne put être observée que par instants. Cela serait-il dû à la diversité des parties de la couronne solaire sur laquelle le disque de la lune se projetait? » Ce que j'ai observé d'une manière certaine, c'est que, non-seulement le bord du croissant solaire était plus tranché du côté de la phase concave que de celui de son bord propre, mais qu'aussi le champ de la lunette était bien plus clair du côté de celui-ci que du côté de la lune, et cela se voyait même en projetant l'image solaire sur un papier blanc. » Les cornes restèrent toujours très-nettes et les taches solaires se couvri- rent successivement sans déformation sensible au grossissement de 90 fois. Les montagnes lunaires se dessinaient très-bien sur le fond solaire et échan- craient le bord intérieur de la phase. » Après que le centre du soleil se fut caché (et même un peu avant), la lumière de l'horizon diminua brusquement, d'une manière sensible et inat- tendue. Les objets environnants ne changèrent pas cependant notablement de couleur. » L'éclipsé s'approchant d'être complète, j'ôtai tous les verres fixes de couleur et je suivis le soleil avec un verre tenu à la main. C'était un excel- lent verre à teinte neutre de M. Lerebours, à lumière graduée, dont la partie faible est très-délicate. On voyait déjà le mince croissant se briser en plu- sieurs parties près des cornes qui restaient encore très-nettes, et la couronne commençait déjà à se montrer très-bien, même avec le verre obscur. Le soleil, réduit à un simple filet, disparut sans former les grains de chapelet. « J'ôtai alors immédiatement le verre de couleur, et je fus tout surpris de voir le soleil encore blanc, et sa lumière si forte, qu'elle me blessa les yeux; mais son éclat allait toujours visiblement en diminuant et se chan- geait en une lumière pourprée, qui tout à coup parut terminée par une ( i58 ) infinité de pointes pourprées, lesquelles se cachèrent aussitôt, et alors deux grandes protubérances rouges parurent près du point d'occultation. L'une d'elles était haute au moins de 2' 3o", et large à la base de 2'. Sa forme était conique, légèrement effilée et courbée au sommet. Près d'elle il v en avait une autre, haute d'environ la moitié de la précédente, mais qui s'étendait par un arc considérable au moins de 5° sur le bord solaire, et sa cime était en forme de scie à dents très-menues, parallèle au bord de la lune. « Je regardai aussitôt le bord opposé du soleil, mais je ne vis rien pa- raître encore. Revenant au premier bord, je vis que les protubérances se cachaient rapidement. » Pendant tout ce temps, la couronne était magnifique, mais plus brillante du côté où le soleil s'était caché. Du reste, sa lumière était tout autour uni- forme et sans interruption, d'un beau blanc argenté et s'évanouissant gra- duellement en partant du bord de la lune jusqu'à une distance d'environ un rayon lunaire au moins. A cette distance, elle commençait à avoir plusieurs interruptions, et de larges faisceaux s'en échappaient; mais ceux de la partie supérieure étaient alors plus longs et arrivaient au moins à un dia- mètre et un quart de la lune. Dans la partie inférieure, je ne vis qu'un de ces longs faisceaux. Je plaçai l'œil alors à un polariscope d'Arago dirigé déjà très-près du soleil, et je constatai que les deux images n'étaient pas de teinte égale, et que la couronne, dans l'une, était allongée dans une direction, et dans l'autre, en un sens perpendiculaire à la première ; mais je ne pus donner que quelques secondes à leur examen. » En revenant à la lunette, je regardai encore un instant la scène impo- sante qui se déroulait alors sous mes yeux dans toute sa majesté. La lune parfaitement noire se montrait avec toute la gloire de ses rayons qui me pa- rurent alors allongés en bas et dont j'estimai la longueur à deux diamètres solaires. Le fond du ciel était légèrement cendré, mais non d'un aspect mena- çant; les objets voisins plongés dans une lumière crépusculaire très-faible contrastaient avec les objets éloignés auxquels l'ombre n'était pas encore arrivée. Tout cela faisait une scène unique au monde et qui restera profon- dément gravée dans mon esprit ; la solennité du spectacle paraissait frapper profondément les assistants qui, quoique très-nombreux, restaient plongés dans le silence le plus profond. » Je ne perdis cependant pas beaucoup de ces instants précieux dans cette contemplation, et je revins immédiatement à la lunette. Je trouvai l'as- pect du soleil bien changé; les deux grandes protubérances dont j'ai parlé avaient presque disparu, et un grand nombre d'autres étaient sorties de ( i59 ) tous les côtés du soleil (ce moment correspondait à peu près à la moitié dé la totalité) et je me trouvai un instant embarrassé pour savoir lesquelles je choisirais pour en mesurer l'angle de position ; car il était inutile de mesurer la grandeur qui changeait à vue d'ceil. Avec le mécanisme du micromètre, en quelques secondes, je pus en fixer six , mais j'en comptai au moins dix ; et il n'y avait presque aucune partie de la surface du disque où quelque point ne parût ; elles semblaient presque régulièrement distribuées. Voici les angles pris en comptant de l'est au nord-ouest-sud : 3o,°, o, 75°,o, u6°,o, i73°,o, an°,3> 3io°,o. » Un plus grand éclat de la couronne d'un côté annonçait déjà que le so- leil allait sortir ; alors, en dirigeant mon attention de ce côté, je fus étonné de voir un très-grand nombre de protubérances très-petites, et au-dessus d'elles un nuage rouge tout à fait détaché qui restait suspendu et séparé du reste et du bord lunaire par un espace blanc très-sensible. Sa figure était allongée d'environ 3o" de longueur sur 3" de largeur, et sa forme à peu près serpentante et aiguë aux extrémités. Je ne pus m'empècher d'avertir mes compagnons de ce que j'avais sous les yeux, et ils le constatèrent aussi immédiatement. Mais ce nuage n'était pas seul; j'ai la conviction qu'il était accompagné de plusieurs autres très-petits qui restaient à peu près au même niveau comme une série de cirri. Leur couleur était celle des protubérances, seulement un peu plus claire. » Pendant tout cela, le nombre des protubérances croissait immensément de ce côté-là, et bientôt elles formèrent un arc continu en forme de scie qui s'étendait au moins à 6o° de la circonférence et qui augmentait graduelle- ment en extension pendant que sa partie centrale allait toujours croissant en largeur et en vivacité de lumière. La couleur pourpre se mêlait à la cou- leur blanche du soleil avec une transition graduée, jusqu'à ce que celle-ci devint si forte, que l'œil ne put la soutenir; les protubérances disparurent alors : ce que nous disons s'applique au bord solaire qui était déjà décou- vert. » Le soleil brillait alors dans le ciel comme un point de véritable lumière électrique et faisait un singulier contraste avec la couronne qui persistait encore, et en cachant avec la main la partie claire, je pus la voir pendant 4o secondes encore. » Ce qui m'a plus frappé dans cette circonstance, c'est l'immense quan- tité de protubérances rouges et leur distribution , telle, qu'on peut ab- solument dire qu'elles environnent tout le soleil, et que celles qu'on observe communément ne sont que le sommet des plus élevées; et je ne ( 160 ) doute pas qu'en certaines circonstances favorables on ne puisse voir le soleil couronné en entier par elles. Cette couronne de lumière empêche les obser- vations exactes du temps, et elle doit donner un diamètre solaire différent selon le verre foncé qu'on emploie. Le temps de la totalité de l'obscurité " totale fut trouvé par M. Cayetano de Aguilar de 3m 1 is, mais il s'écoula comme un instant, et tout au plus le jugeâmes-nous de am. » Dans ces moments-là, ma conviction sur la nature de ce que je voyais fut que le phénomène était réel et que je voyais vraiment des flammes dans l'atmosphère solaire et des nuages suspendus dans ces flammes; il m'au- rait été impossible d'imaginer autre chose, comme, par exemple, que cela pût être un phénomène quelconque de diffraction ou de réfraction. » La graduation si nette et le mélange si sensible de la lumière de cou- leur fleur de pêcher, avec le hlanc de ce que nous appelons photosphère, était d'un caractère tout aulre que celui que j'aie jamais vu dans les phéno- mènes de diffraction, d'interférence et de réfraction, et tout à fait hors des limites des illusions quelconques. Je ne doute donc pas qu'elles ne soient réellement propres au soleil, et la structure de ces nuages suspendus achève de fortifier ma conviction. » Pour ce qui regarde la partie de la couronne plus éloignée, et ces longs faisceaux de rayons, la chose ne me parut pas si certaine. Ils avaient trop l'aspect de ceux qu'on voit sortir des trous des nuages au coucher du so- leil. Cependant il faut distinguer ceux-ci de la couronne véritable, qui était continue beaucoup plus au delà des protubérances. Cependant M. Cepeda, qui observait avec une excellente lunette à grand champ, assure qu'il a vu un faisceau de ces rayons courbes et divisé en branches comme le bois des cerfs vers leur partie supérieure. » Toutes les observations que je viens de rapporter m'ont été confirmées par la photographie. Le directeur M. Antonio de Aguilar m'avait engagé à apporter la grande lunette de Cauchoix montée sur un très-solide pied équa- torial en fonte et mue par une horloge, pour faire des photographies so laires. Outre les épreuves nombreuses du soleil entier, on a fait quatorze épreuves des phases agrandies, et cinq de grandeur naturelle de l'image focale de a3 millimètres de diamètre, et qui représentent toutes les phases du phénomène. L'examen de ces photographies sera fait dans des conditions plus commodes avec des instruments convenables. Pour le moment, je dirai seulement que le temps d'exposition a été très-variable, de 3S à 3o', et que toutes les images sont solarisées dans les protubérances ; mais la couronne a une intensité différente selon le temps. Elle n'a pas partout la ( i6i ) même intensité, mais les parties plus vives ne correspondent pas aux protu- bérances. On voit aussi une plus grande intensité et la chaîne des protubé- rances vers le premier et le dernier instant de l'occultation totale. La force de la lumière des protubérances est telle, qu'une épreuve est venue triple par une secousse instantanée donné à la lunette. Dans cette opération déli- cate, M. Monserat, professeur de chimie à l'Université de Valence, s'est chargé de toutes les opérations photographiques, et mon confrère le P. Vinader a assisté à la marche et au règlement de la lunette. L'épreuve mal réussie dont j'ai parlé tout à l'heure nous a 'prouvé qu'on aurait pu obtenir des images agrandies en très-peu de temps, au moins pour les protubé- rances. » Cette communication étant déjà devenue trop longue, j'omets les dé- tails des observations ordinaires, et je dirai seulement que ce qui restait de la lumière était assez fort pour permettre de distinguer les objets menus, et de lire sans peine les livres ordinaires, et que j'ai vu, sans les chercher, Vénus et Jupiter, et quelques autres étoiles. Une portion de cette lumière pouvait cependant provenir de la réflexion d'un nuage peu éloigné faible- ment éclairé par le soleil, où l'on entendait gronder le tonnerre et où l'on vit même briller l'éclair. » Je donnerai le résultat des observations faites avec le thermomultipli- cateur de Melloni par M. Botella, inspecteur des mines. En général la marche a été très-régulière, voici quelques chiffres : h m Commencement.. 1.5^ galvanomètre 20,0 2. 11 » i8,3 2.25 » i5,5 2.35 • » 11 ,5 2.58 » 2,0 3. 5 9 i,5 . 3.io » 0,0 Sortie du soleil . , 3.12 » o,5 3.20 » 1,0 3.35 » 12.0 3,55 » i5.o 4.16 » 17.5 , 4.3o » 20.0 » Un déclinomètre de Jones très-sensible observé d'heure en heure par M. Mayo, ingénieur, ne donna aucune marque de dérangement. M. le C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° S.) a3 ( i6a) professeur Barreda observa le spectre solaire à ma demande, et il en rendra compte dans un Mémoire spécial. Le vent ne souffla pas aussi fort que nous nous y attendions; au contraire il parut se calmer. Les animaux qui se trou- vaient aux environs ne firent aucun mouvement qui indiquât qu'ils fussent affectés ; seulement les cigales se turent et nous vîmes une chauve-souris voltiger près de l'ermitage en bas à la station photographique, qui était placée à a5o mètres au-dessous de la station astronomique, près du cou- vent des religieux Carmélites qui nous ont donné une très-bienveillante hospitalité. » M. d'Arcbiac fait hommage à l'Académie d'une Notice biographique dont il est l'auteur, sur M. Dufrénoy. NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, au renouvellement de la Commission des comptes. MM. Mathieu et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire sont élus Membres de cette Commission. MÉMOIRES LUS. CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation du gaz oléfiant en acides organiques complexes; par M. Ad. Wuutz. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Balard). « Ayant réussi à convertir le glycol en acide glycolique et en acide oxalique, et le propylglycol en acide lactique, j'ai émis l'opinion, dans mon Mémoire sur les glycols, que ces derniers composés pouvaient être envisa- gés comme les alcools des acides diatomiques. » Les faits que je vais avoir l'honneur d'exposer aujourd'hui apportent une confirmation nouvelle et un développement inattendu à cette manière de voir. J'espère qu'ils jetteront quelque jour sur la constitution des acides végétaux complexes que l'organisme des plantes a eu jusqu'ici le pouvoir exclusif de former par voie de synthèse. •» Les acides glycolique, lactique, oxalique qui dérivent des glycols par des réactions analogues à celles qui transforment l'alcool en acide acétique, sont des acides simples dans leur constitution. Tels ne sont point ceux que ( i63 ) je viens d'obtenir en soumettant à des réactions oxydantes les glycols com- pliqués que j'ai nommés alcools polyéthy iéniques. €'HM » En oxydant l'alcool diéthylénique €SH* lô-8, j'ai obtenu un acide iso- Hs) mérique à l'acide malique ; dans les mêmes circonstances j'ai transformé €JHM €2H* f l'alcool triéthylénique r-so* }^* en un acide plus compliqué encore. HM » L'oxydation de l'alcool diéthylénique s'accomplit facilement soit à l'aide du noir de platine, soit par l'action de l'acide nitrique. Dans ce der- nier cas la réaction est très-violente et l'on observe un dégagement tumul- tueux de vapeurs rouges. Le liquide acide, évaporé à siccité, se prend en une masse de cristaux. » J'ai redissous ces cristaux dans l'eau ; j'ai saturé la liqueur acide par un lait de chaux, j'ai porté à l'ébullition et j'ai séparé par le filtre un dé- pôt d'oxalate de chaux qui s'était formé. La liqueur filtrée a laissé déposer par le refroidissement un sel de chaux cristallisé en aiguilles longues et brillantes. Séchés à 1700, ces cristaux possèdent la composition du ma- late de chaux neutre et sec. Us renferment €4H4Cas€)5-+-6at d'eau de cristal- lisation qu'ils ne perdent complètement que vers 1600. Presque insolubles dans l'eau froide, ils se dissolvent difficilement dans l'eau bouillante. La dissolution saturée à l'ébullition donne avec une solution concentrée de nitrate d'argent, un abondant précipité blauc, grenu et qui augmente par le refroidissement. La composition de ce sel d'argent est exprimée par la for- mule ^♦H'Ag'ô6, qui représente aussi la composition du malate d'argent. » Délayé dans l'eau et décomposé par l'hydrogène sulfuré, le sel d'argent fournit une liqueur très-acide, qui laisse déposer de volumineux cristaux, lorsqu'elle est convenablement concentrée. Ainsi isolé, le nouvel acide se présente en gros prismes rhomboïdaux, possédant une saveur acide franche. Il est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool. Sa composition est exprimée par la formule €*H6O8-t-Hs0. Il s'effleurit lentement à l'air en perdant 1 atome d'eau de cristallisation. Cette eau se dégage rapidement dans le vide ou à ioo°. Lorsqu'on chauffe 23.. ( »«4) leselsecvers i48°, il fond et se prend parle refroidissement en une masse cristalline. A une température plus élevée, entre a5o et 270°, il se décom- pose en dégageant un mélange de gaz qui ne renferme qu'une petite quan- tité d'acide carbonique et qui brûle avec une flamme bleue. Le résidu dis- tillé à feu nu donne un liquide épais fortement acide, et se prenant, au bout de quelque temps, en une masse cristalline, véritable acide pyrogéné. » La forme du nouvel acide, l'eau de cristallisation qu'il renferme et qu'il perd en s'effleurissant, et la manière dont il se comporte lorsqu'on le chauffe, tous ces caractères le distinguent suffisamment de l'acide malique, dont il présente d'ailleurs la composition et la complication moléculaire. Mais voici une propriété qui le rapproche de cet acide : fondu avec de l'hy- drate de potasse, il dégage de l'hydrogène et se dédouble en acide acétique et en acide oxalique €' H' K' ô5 + KHÔ = €s K1 Ô* -H € « Hs KO! + H» . » Lorsqu'on divise en deux parties égales une solution concentrée du nouvel acide; qu'on neutralise une moitié par la potasse et qu'on ajoute l'autre moitié, il se forme immédiatement un précipité d'un sel acide peu soluble dans l'eau et qui ressemble à la crème de tartre. » Ce sel est anhydre et renferme C'H'KQ5. Calciné dans un tube, il noir- cit en répandant l'odeur du sucre qui brûle. Sa solution abandonnée à l'air se remplit de moisissures. » Tout porte à croire que l'acide que je viens de décrire est ou iden- tique ou isomérique avec un acide que M. Heintz vient d'obtenir, comme produit accessoire de la préparation de l'acide glycolique au moyen de l'acide monochloracétique et de l'hydrate de soude. Pour se prononcer à cet égard, il convient d'attendre les nouvelles expériences de M. Heintz qui n'a pas encore étudié son acide à l'état de liberté (1). o L'oxydation de l'alcool triéthylénique par l'acide nitrique s'accomplit avec les mêmes phénomènes que l'oxydation de l'alcool diéthylénique. En neutralisant par la chaux les acides formés, j'ai obtenu, par un traitement convenable, deux sels de chaux : l'un, peu soluble dans l'eau froide, était identique au sel de chaux, précédemment décrit ; l'autre, beaucoup plus so- luble dans l'eau, a cristallisé en houppes soyeuses semblables à l'amiante. La composition de ce sel de chaux sec est exprimée, d'après mes analyses, (1) Poggendorff's Ânnalen, t. CIX, p. 482, 1860, n° 3. par la formule ( '65) ^H'Ca'O6. Sa solution aqueuse donne avec le nitrate d'argent un précipité blanc, et le sel d'argent, décomposé par l'hydrogène sulfuré, donne un liquide qui ren- ferme le nouvel acide. Celui-ci ne cristallise pas, mais reste après l'évapo- ration sous forme d'une masse sirupeuse. » Si l'on compare la composition des alcools polyéthyléniques à celle des acides auxquels ils donnent naissance en s'oxydant, on constate, entre ces corps, des relations très-simples et analogues à celles qui existent entre l'alcool et l'acide acétique : une certaine quantité d'hydrogène disparaît et est remplacée par une quantité équivalente d'oxygène. Lorsque le glycol ou l'alcool éthylénique se transforme, en s'oxydant, en acide glycolique, on peut admettre que le radical éthylène €*H* se convertiten glycolyle €SH*0. De même dans l'oxydation de l'alcool diéthylénique on peut supposer que les deux radicaux éthylène se convertissent l'un et l'autre en glycolyle. L'alcool diéthylénique devient ainsi acide digty colique. L'acide formé à l'aide de l'alcool triéthylénique dérive de celui-ci par un procédé non moins simple : les deux radicaux éthylène se convertissent l'un et l'autre en glyco- lyle, tandis que le troisième reste intact. On obtient ainsi Y acide diglycol- éthylénique. Les formules suivantes montrent ces relations : €'H* t'H'O H!P ' Glycol. €!HM €!H4 O8, H') Alcool diéthylénique. €*H'\ H4) Alcool triéthylénique €►?, H2 Acide glycolique. €sHsO) H* ) Acide diglycolique. ** n ^la* t,\ €'H!0( ' "' W ) Acide diglycoléthylénique. » On conçoit que d'autres acides puissent se former par l'oxydation des alcools polyéthyléniques. Quoi qu'il en soit, ceux que j'ai fait connaître (i) Ces formules ne sont pas les seules à l'aide desquelles on puisse exprimer le mode de dérivation des acides dont il s'agit. A la place de 2 atomes de glycolyle ces acides pourraient ( '66) aujourd'hui possèdent la complication moléculaire et les caractères des acides végétaux proprement dits. Je fais remarquer, en terminant, qu'ils ont été obtenus, par voie de synthèse, à l'aide du gaz oléfiant, qui a été trans- formé successivement en bromure d'éthylène, en glycol et en oxyde d'éthy- lène. Par condensation de tous leurs éléments, l'oxyde d'éthylène et le glycol ont été convertis en alcools polyéthyléniques et ceux-ci finalement en acides diglycolique et diglycoléthylénique. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Études chimiques sur ta betterave à sucre, dite betterave blanche de Silésie; par M. H. Leplay. (Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Payen.) Première partie. — Du développement et de l'accumulation du sucre dans la betterave à sucre pendant sa végétation. — Au moment de sa maturité. « On considère généralement les betteraves qui sont employées dans la fabrication du sucre comme contenant, en moyenne, 10 pour ioo de sucre. » Cependant les chimistes qui en ont déterminé la richesse saccharine, ont constaté qu'elles présentent des variations assez grandes dans la pro- portion de sucre qu'elles renferment. » M. Vilmorin fils, en i85o, se fondant sur les observations faites dans la culture de diverses variétés de plantes potagères, se demanda « si en prenant pour reproducteur, dans un lot considérable, la racine la plus su- crée de toutes, en choisissant de même pour porte-graines dans sa descen- dance les individus les plus riches en sucre, il ne pourrait pas arriver à élever d'une quantité notable la richesse saccharine de la betterave à sucre. » » Convaincu des avantages que pouvait procurer à la fabrication du sucre la solution du beau problème agricole posé pour la première fois par M. Vilmorin fils, je résolus d'en faire une étude approfondie. J'étais alors renfermer i atome d'oxalyle et i atome d'éthylène. Dans ce cas leur constitution serait exprimée de la manière suivante : 0\ € !H*\ €2H4 G' Q'fO3 H1) et C'H4 G'Oa H' ( i67 ) dans une culture perfectionnée (i) où l'on ensemençait chaque année, pour la fabrication du sucre, plus de aoo hectares de betteraves, cultivées sous les mêmes influences d'engrais, d'ensemencement, de culture et de climat; je me trouvais par conséquent dans des conditions parfaites pour cette étude. » Pour choisir les betteraves destinées à produire la graine, c'est-à-dire les plus sucrées d'une récolte, M. Vilmorin indiqua alors divers moyens basés, soit sur l'analyse saccharimétrique, soit sur la densité du jus de la betterave destinée à servir de porte-graines. » Ces moyens me parurent peu praticables dans une grande culture comme celle où je me trouvais et qui exigeait au moins de a5 à 3o mille porte-graines par année. Je résolus donc de chercher un autre moyen pour déterminer le choix des betteraves les plus riches en sucre et les faire servir de porte-graines. )> Quand on examine avec soin tin champ de betteraves en végétation à l'époque de leur maturité, c'est-à-dire en octobre, on est frappé des diffé- rences que présentent leurs caractères extérieurs. On rencontre des bette- raves dont les feuilles sont longues, larges, droites, épaisses, à surface ru- gueuse, d'un vert foncé, à pétioles gros et charnus, et d'autres dont les feuilles étroites, petites, se rapprochent du sol en forme d'éventail, d'un vert pâle, lisses, à pétioles moins prononcés et plus fibreux ; » Des betteraves à collet allongé et volumineux et des betteraves à collet plat, ras ou peu proéminent; » Des betteraves longues et pivotantes et des betteraves rondes et four- chues; » Des betteraves complètement enfoncées en terre et des betteraves au quart ou au tiers sorties de terre ; » Des betteraves de diverses grosseurs et de différents poids, depuis un kilogramme et au-dessous, jusqu'à plusieurs kilogrammes. )> En présence de ces signes extérieurs qui peuvent servir à distinguer, à reconnaître et à grouper les betteraves d'un même champ et même d'une même récolte, je me suis demandé si, parmi ces caractères extérieurs, il ne s'en présenterait pas plusieurs ou même un seul qui reslât constant avec la richesse saccharine des betteraves, qui pût caractériser les plus riches en sucre, et servir ainsi de caractère absolu pour opérer le triage des porte- (i) A Tournns (Saône-et-Loire), dans la culture de MM. Lanet et Charbonneau. ( '68 ) graines au moment de la récolte. Il m'a semblé que, si ce caractère exté- rieur était établi, le problème du choix des porte-graines serait résolu tel que l'avait posé M. Vilmorin et d'une manière parfaitement praticable dans la grande culture. » Ces expériences pour être concluantes devaient être nombreuses et exécutées dans un temps très-limité, sur des betteraves ayant végété d.ui> différentes natures de terrain. Elles ont été commencées le 7 octobre et terminées le 7 novembre de la même année; elles ont porté sur 167 bette- raves récoltées dans seize champs différents et dans quatre natures de sol, soit sol argileux, siliceux, calcaire et sol argilo-siliceux peu calcaire. » Le dosage du sucre a été opéré au moyen du saccharimètre de Soleil par rotation directe, sur le jus obtenu isolément de chacune de betteraves par le râpage et la pression. » Ces analyses conduisent aux conclusions suivantes : » i°. Les feuilles dans la betterave en végétation ne présentent point, dans leur développement, un caractère qui corresponde à la richesse sac- charine de leur jus. » a°. Les betteraves rondes et fourchues ont une richesse saccharine d'environ 1 pour 100 plus grande que les betteraves longues et pivotantes. » Si la forme ronde et le plus souvent fourchue de la betterave indique une richesse saccharine plus grande que dans les betteraves longues et pivo- tantes, elle ne peut être un caractère suffisant pour déterminer avec certi- tude le choix des betteraves les plus riches en sucre. » 3°. Les betteraves qui végètent complètement en terre ont en moyenne une richesse saccharine de près de 5o pour 100 plus grande que celles qui végètent plus ou moins en dehors du sol. Mais ce caractère ne suffit pas à faire reconnaître la betterave la plus riche en sucre et ne peut donc servir à déterminer le choix des porte-graines. » 4°- Les betteraves à collet court sont en-moyenne de 2 pour 100 plus riches en sucre que les betteraves à collet allongé. » 5°. Si les betteraves les plus petites sont généralement les plus riches en sucre, il n'en est pas moins établi que leur poids ne peut servir de ca- ractère exclusif pour choisir avec certitude les plus riches en sucre de toute une récolte. » 6°. Les betteraves cidtivées dans les sols calcaires donnent, en moyenne, une richesse saccharine plus grande que celles qui sont cultivées dans les autres sols; ce caractère, tiré exclusivement du sol, ne peut servir à déter- miner le choix des betteraves les plus riches en sucre. ( «%) » 70. Les betteraves de moins de i kilogramme, comme celles de i à 2, de a à 3, de 3 à 4, de 4 à 5, de 5 à 7 et de 7 à 9 kilogrammes cultivées dans les sols calcaires, donnent un jus dont la richesse saccharine est con- stamment plus grande que celle des betteraves de même poids cultivées dans les autres sols. » 8°. Plus les betteraves augmentent en poids, plus la valeur relative des différents sols, au point de vue de la richesse saccharine des betteraves, diminue. » 90. Dans les sols calcaires, qui sont, dans tous les cas, les plus favorables au développement du sucre, les betteraves éprouvent une décroissance ré- gulière de richesse saccharine qui correspond régulièrement à l'augmenta- tion de leur poids même jusqu'à 9 kilogrammes, en suivant, pour ainsi dire, une loi régulière de proportion qui n'existe plus pour les betteraves ayant végété dans le sol argilo-siliceux, et qui est encore plus variable et plus irré- gulière dans les betteraves ayant végété dans les sols argileux. » io°. Dans les sols calcaires, les variations de richesse saccharine que présentent les betteraves entre elles sont régulièrement les mêmes sous la même décroissance en poids. » 1 1°. Dans les sols calcaires, les variations de richesse saccharine que présentent les betteraves entre elles sont régulièrement les mêmes pour les betteraves de moins de 1 kilogramme, comme pour les betteraves de 1 à 2, de 2 à 3, de 3 à 4, de 4 à 5, de 5 à 7 et de 7 à 9 kilogrammes. Cette variation entre les betteraves d'un même poids est régulièrement égale pour chacun de ces groupes et ne varie que de 1 1 à 1 5 pour 100. » Dans les sols argileux, au contraire, ces variations dans la richesse sac- charine sont énormes, elles ne paraissent soumises à aucune loi de propor- tion et présentent des différences qui s'élèvent de i4 à 56 pour 100. « 12°. Parmi les sols calcaires, ceux qui se rapprochent le plus, indé- pendamment de la grande quantité de carbonate de chaux qu'ils contien- nent dans un état de désagrégation plus on moins grand, des sols argilo- siliceux, sont ceux où la décroissance de la richesse saccharine des bette- raves est la moindre sous l'influence du développement de la betterave en poids. » i3°. La cause de l'augmentation de la richesse saccharine des bette- raves, ou mieux de V accumulation du sucre dans les betteraves pendant leur végétation et particulièrement au moment de la maturité, réside dans le sol. » Cette cause n'est point constante et absolue ; elle varie avec la nature des sols. C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° S.) *k ( i7° ) » Le sol contenant une grande quantité de pierre calcaire plus ou moins désagrégée (carbonate de chaux) est le sol où cette cause paraît produire son maximum d'effet, » Cette cause éprouve dans le sol calcaire des modifications successives et régulières, et va en s'amoindrissant dans un rapport constant avec le déve- loppement de la betterave en volume; dans les sols non calcaires, au con- traire, c'est-à-dire dans les sols argileux et même argilo -siliceux, cette cause de l'accumulation du sucre ne paraît soumise à aucune règle fixe, elle paraît varier beaucoup et surtout perdre encore plus de son intensité sous la même influence du développement de la betterave en volume. » chimie — Nouveau procédé d'extraction du sucre de betterave au moyen de l'acide carbonique pur, obtenu par un nouveau mode de production indus- trielle; par MM. Meschelynck et J.-F. Lionnet. (Commissaires, MM. Payen, Pelouze.) « L'idée première de l'application de l'acide carbonique à l'extraction du sucre contenu dans les jus de betteraves déféqués par la chaux remonte à plus de vingt ans. Elle appartient à M. Kuhlmann, qui l'abandonna, sollicité sans doute par d'autres travaux. Elle fut reprise en 1848 par M. Rousseau, et abandonnée de nouveau, malgré les résultats remarquables obtenus en 1849 et ï85o, parce que le procédé pour se procurer l'acide carbonique né- cessaire à l'exploitation de cette idée n'était pas manufacturier. » Le procédé des auteurs pour se procurer les quantités d'acide carbonique nécessaires pour leurs opérations, presque sans frais, consiste à faire agir la vapeur d'eau sur le carbonate de chaux. On sait, en effet, que ce carbonate se décompose à une température d'autant plus basse, qu'il est plus humide, et qu'il peut même perdre tout son acide carbonique si on le chauffe à ico° dans un courant de vapeur d'eau. Des cornues en terre réfractaires remplies de craie sont placées dans un fourneau à réverbère. On élève la température selon le besoin. Ces cornues communiquent, par leur partie postérieure, avec le générateur à vapeur au moyen de tubes munis de robinets. Lorsque les cornues sont uniformément arrivées au rouge sombre, on ouvre les robinets de vapeur, et il se produit presque instantanément des torrents de gaz acide carbonique que l'on re- cueille dans un gazomètre. 100 kilos de craie peuvent fournir environ 20 000 litres de gaz, qui, à 3oo litres par ioop litres de jus, pourront débar- rasser de la chaux qu'ils contiennent 66000 litres de jus. ( i7' ) CHIMIE. — Recherches sur les indices de refraction de quelques métalloïdes et métaux à l'état de vapeur; par M. F. -P. Le Rocx. (Commissaires, MM. Babinet, Faye, Delaunay.) « On en est encore à désirer une relation, même imparfaitement indi- quée, entre les indices de réfraction des corps et les autres données phy- siques relatives à chacun d'eux. L'analogie doit porter à croire que ces relations se manifesteront surtout en étudiant les propriétés optiques des corps simples, principalement à l'état gazeux. C'est en effet sous cet état que ce qui est particulier à la nature même de chacpie corps doit se mani- fester de la façon la plus indépendante. >> Ces considérations m'ont engagé à aborder la détermination expé- rimentale des indices d'un certain nombre de corps non étudiés jusqu'ici à l'état gazeux, tels que le soufre, le phosphore, etc., parmi les métalloïdes, et le mercure, et peut-être même le potassium, le sodium et le cadmium parmi les métaux. » Ces déterminations, déjà délicates sur les gaz permanents, sont compli- quées d'une façon notable par la nécessité d'opérer à des températures aussi élevées que celles qu'exigent les corps que nous venons de citer. Jusqu'à présent je n'ai pu faire que des expériences préliminaires, dont les résultats, encore incomplets, peuvent déjà paraître intéressants comme premiers renseignements sur les propriétés optiques de ces corps, pour la plupart opaques. » Voici quelques-uns de ces résultats : » La vapeur de mercure ne s'est pas montrée sensiblement colorée ; peut-être est-elle légèrement bleuâtre. Son pouvoir réfringent est assez faible. » La vapeur d'arsenic est d'un beau jaune de citron. Sou, pouvoir réfrin- gent est très-faible. » Le phosphore est fortement réfringent. Il disperse d'une manière no- table. Sa vapeur paraît incolore. » La vapeur d'iode a un tel pouvoir absorbant, qu'il faudra un appareil spécial pour observer son indice. Son pouvoir dispersif paraît considérable ; car en raréfiant la vapeur d'iode de manière à apercevoir l'image d'une fente lumineuse, j'ai pu voir cette image composée de deux parties distinctes juxtaposées, l'une bleue, l'autre rouge. » Les appareils sont dès à présent disposés de manière à donner aux 34- ( *72 ) résultats numériques le plus haut degré de précision auquel on puisse pré- tendre dans ces circonstances. Si je ne donne dès aujourd'hui aucun nombre, c'est que ces expériences n'ont pas été assez répétées pour fournir des ré- sultats. » ZOOLOGIE. — Recherches sur les phénomènes chromatiques dans toute l'échelle zoologique; par M. J.-P. Coinde. (Commissaires, MM. Chevreul, Flourens, Milne Edwards.) L'auteur distingue ces phénomènes, en chromatismes constants, et en chromatismes changeants. Les chromatismes constants sont l'albinisme etle mélanisme, que M. Coinde suit dans tous leurs degrés. Parmi ces degrés ou passages insensibles, « j'ai pu, dit-il, parfaitement remarquer celui que j'ai nommé chlorisrne, caractérisé par une couleur jaune plus ou moins claire ou fortement prononcée, et un autre que j'ai nommé rubrinisme à cause de sa teinte rouge. Beaucoup de reptiles des genres fripera, Lacerta, Tropidonatus affectent ces teintes, ainsi que quelques poissons. J'ai trouvé le chlorisrne chez les Amphibiens ou Batraciens, Salamandra, Bujo, Trito, etc., ainsi que chez beaucoup de pois- sons. Je crois même que les belles couleurs de la tanche sont souvent dues à ce phénomène, et je suis persuadé que beaucoup d'oiseaux roux, contre nature, doivent être considérés comme atteints de rubrinisme. Je crois for- tement aussi que le chlorisrne est une preuve de dégénérescence ou marche vers l'albinisme, tandis qu'au contraire le rubrinisme serait un passage au mélanisme. » La seconde partie des Recherches de M. Coinde est consacrée aux chro- matismes chaiïgeants ou intermittents, qui sont extrêmement nombreux et se remarquent surtout chez les reptiles et presque toils les animaux à peau nue ou presque nue. TOXICOLOGIE. — M. Fasoli adresse un travail sur l'emploi des contre- poisons en général et en particulier sur celui du sesquioxyde de fer dans l'empoisonnement par l'acide arsénieux. L'auteur a fait plusieurs séries d'expériences sur des chiens de petite taille, jeunes et bien portants. Sur dix-neuf chiens empoisonnés avec l'acide arsénieux à doses variables et croissantes, cinq, auxquels il n'a été administré aucun contre-poison, sont morts; sur les quatorze autres, traités par le sesquioxyde de fer ( i73) hydraté et l'hydrate de sulfure de fer, douze ont parfaitement guéri et deux seulement sont morts. (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Pelouze.) CORRESPONDANCE. M. Alciati annonce que son procédé préventif pour combattre la maladie de la vigne, procédé indiqué t. XLIX, année i85ç), p. i^3 des Comptes rendus de l'Académie des Sciences, réussit en Piémont mieux que le soufrage, et demande si l'on est arrivé aux mêmes résultats en France. M. Payen, l'un des Commissaires auxquels a été renvoyé le Mémoire de M. Alciati, déclare que l'opinion de la Commission n'est pas favorable au procédé dont il s'agit. M. i.e Ministre de l'Agriculture , du Commerce et des Travaux publics annonce l'envoi de 60 exemplaires de la 3e partie du tome Ier des Travaux de la Commission française sur l'industrie des nations publiés par ordre de l'Empereur. Ces exemplaires sont destinés à MM. les Membres de l'Aca- démie. Le même Ministre envoie pour la bibliothèque de l'Institut un exem- plaire des nos 2 et 3 du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant l'année 1860, et en outre un exemplaire du XCP volume des Brevets d'in- vention pris sous l'empire de la loi de 1791 . M. Henry E. Roscoe, secrétaire de la Société Littéraire et Philosophique de Manchester, remercie l'Académie, au nom de cette Société, de l'envoi de plusieurs volumes de nos Mémoires et de nos Comptes rendus hebdoma- daires, et il envoie en même temps, pour la bibliothèque de l'Académie, le tome XV, seconde partie, des Mémoires de la Société de Manchester et les Bulletinsde la même Société pour i858-i85o, et i85g-i86o; plus un ouvrage de J. Dalton sur les Phosphates et les Arséniates, deux ouvrages de C.-G. Jo- bert, intitulés : Idées, première et deuxième partie, et la Philosophie de la Géologie. ( '74) ASTRONOMIE. — Lettre adressée à M. le Président de l'Académie des Sciences sur la constitution physique des comètes; par M. Benjamin Piehce. « Monsieur, je vous prie de soumettre au jugement de l'Académie des Sciences mes recherches sur la constitution des comètes. » Mon analyse est purement quantitative et nullement qualificative; mais les résultats prennent naturellement une forme qualificative d'exposi- tion. Cependant je les exprimerai sous cette forme, en raison de sa conve- nance et de sa simplicité, et je ferai remarquer que l'ordre de l'exposition est presque inverse de celui de la démonstration . Ainsi l'exposition commence par le noyau et s'étend vers la queue, tandis que l'ordre de ma démons- tration commence par la queue et se termine au noyau. Ce qui suit est donc l'expression physique des différents points établis par mes recherches, lesquelles sont principalement dérivées des observations faites sur la comète de i858, connue sous le nom de Donati. » i°. Le noyau est d'une densité métallique. Les densités des diverses comètes paraissent être différentes, et la limite de cette densité est comprise entre 3 et ao, l'eau étant prise pour l'unité. » i° . Le noyau est entouré d'une immense atmosphère. Le diamètre du noyau de la comète de Donati était moindre de 1 5o milles, tandis que celui de son atmosphère dépassait /joooo milles. » 3°. Sous l'influence de la chaleur du soleil, la matière s'élève du noyau et est déposée dans l'atmosphère, sous la forme d'une enveloppe. Cette enveloppe monte avec une vélocité presque uniforme, laquelle, dans la comète de Donati, était de 3o milles à l'heure. » 4°- A mesure que l'enveloppe monte, elle devient électrique comme un nuage et est repoussée ou attirée par l'électricité du soleil. Lorsque l'in- fluence électrique du soleil devient suffisante pour surmonter les forces en vertu desquelles l'enveloppe est unie, cette dernière se sépare de la comète et devient la queue. » 5°. Lorsque la queue se sépare de la tète de la comète, la vélocité quelle tire d'une action d'impulsion ou de répulsion de la comète est si petite, qu'elle peut être négligée; ce qui concorde avec les résultats obtenus par Bessel dans le cas de la comète de Halley, et diffère des calculs de Pape pour la comète de Donati. » 6°. Les particules les plus électrisées de la queue de la comète sont celles du bord antérieur, et l'intensité de l'électricité est la même dans toutes ( i75) ces particules. Il est probable que ce maximum d'électricité est le même pour toutes les comètes ; mais cette conclusion demande de nouvelles re- cherches. L'intensité du maximum d'électricité dans les particules de la comète de Donati était suffisante pour détruire la gravitation et donner une force répulsive du soleil égale à a-|, l'unité étant l'attraction de la gravita- tion (i). » n°.- Toutes les particules de la queue de la comète qui ne se trouvent pas dans le bord antérieur ont une beaucoup plus faible électricité, et la faiblesse de l'électricité correspond à la distance à laquelle ces particules se trouvent en arrière du bord antérieur. Cette conclusion est une modifica- tion très-importante de la théorie de Bessel qui a été adoptée par Pape. » Dans le cas de la comète de Donati, il y avait des particules si fai- blement électrisées, que l'attraction de la gravitation surpassait la répulsion électrique. Conclusions subsidiaires et additionnelles. » 8°. Les sections de la queue de la comète, faites par des plans perpen- diculaires au bord antérieur, sont des cercles dans le voisinage immédiat de la comète , mais deviennent des ellipses de plus en plus allongées à me- sure qu'elles s'en éloignent. Lorsque l'observateur est dans le plan de l'or- bite de la comète, la queue est toujours très-étroite et aussi presque com- plètement droite. » 90. Lorsqueja distance périhélique d'une comète surpasse, d'une petite quantité, un demi-diamètre du soleil, de manière que la comète s'éloigne de cet astre en parcourant presque les mêmes parties de l'espace par les- quelles elle s'en est approchée, la queue qui est restée en arrière dans le mouvement d'approximation se trouve tout proche de celle qui est formée par la comète qui s'éloigne, et les deux peuvent être confondues l'une avec l'autre, ou bien peuvent être vues toutes les deux ; on verra alors la pre- mière queue s'étendre à une plus grande distance de la comète, mais ne pas avoir avec elle une connexion continue. Ce cas s'est présenté dans la grande comète de i843. C'est cette circonstance qui a induit en erreur Newton, lorsqu'il imagina que la comète de 1689 avaii envoyé sa queue à la distance (1) Une observation extrêmement délicate et un calcul très- rigoureux sont nécessaires pour déterminer ce maximum d'intensité. Les formules approximatives données par Bessel ne sont pas assez exactes pour cet objet. ( 176 ) de l'orbite de la terre et même au delà, dans l'espace d'un petit nombre d'heures. » io°. Le noyau de la comète est dans un état de vibration, comme un aimant. Bessel a démontré ce fait pour la comète de Halley de i835; mais Pape n'a pu faire concorder les observations faites sur celle de Donati avec cette hypothèse. Cependant s'il est reconnu que ce n'est pas le noyau lui-même qui a été observé, mais seulement les protubérances des enveloppes succes- sives, au moment où elles se trouvaient tout proche de la comète, il est aisé de voir que le point observé était déplacé par chaque changement de l'en- veloppe. En tenant compte, comme il convient, de ce déplacement, il paraît que la période totale d'oscillation, dans le cas de la comète de Donati, a été de sept jours et demi, et la surface totale de l'oscillation de 1 1° 3o'. Le dépla- cement du point observé du a5 au 26 septembre a été de 3°; du 3o sep- tembre au 6 octobre de 38°, et du 9 au 12 de iap en arrière du premier point d'observation. » ii". Le mouvement sans résistance de la queue de la comète est incompatible avec l'existence d'un milieu résistant qui serait suffisamment dense pour retarder la comète elle-même. La perte de matière répulsive par la comète produirait le même effet apparent. » i3°. L'admission d'une action électrique et magnétique comme ayant une importance cosmique dans les théories des comètes, entraîne avec elle la nécessité d'examiner si elle n'entre pas aussi pour quelque chose dans les phénomènes planétaires. » N'est-il pas possible que le mouvement du périgée de Mercure, qui semble avoir été démontré par les profondes recherches de M. Le Verrier, soit dû à l'action du soleil considéré comme un aimant sur Mercure aussi considéré comme un corps magnétique? » Ne serait-il pas possible aussi d'expliquer de la même manière les dif- férences remarquables entre la théorie et l'observation qui ressortent des recherches de MM. Adams et Delaunay ? * chimie. — Recherches chimiques sur les éléments minéraux contenus dans la Tillandsia dianthoidea; pat M. S. de Luca. « La Tillandsia vit, hors du contact immédiat de la terre, suspendue dans l'atmosphère ; cependant cette plante, se trouvant à une distance pas trop grande du sol, doit nécessairement être en contact avec les substances minérales et organiques qui, sous forme de poussière, voltigent dans l'air; ( !77 ) ces substances, se déposant sur les parties extérieures de la plante, peuvent passer dans l'organisme végétal et y être assimilées par l'action de l'acide carbonique, de l'ammoniaque et de l'humidité de l'atmosphère. » Pour ces recherches, j'ai d'abord séparé, par des moyens mécaniques, de la tige et des feuilles de la Tillandsia qui étaient presque à l'état sec, toutes les parties adhérentes et incrustées. On a partagé ainsi la plante en deux parties : la première comprenant les parties adhérentes, la seconde com- prenant la plante elle-même. » Cette seconde partie pesait 4gr,775, et a perdu, à la température de 1 10 degrés, o&^ix ; cette perte représente la vapeur d'eau dans la propor- tion d'environ 16 pour ioo. Les cendres obtenues par l'incinération s'éle- vèrent à ogr,275, soit environ 6 pour ioo, et contenaient de la silice en excès, une médiocre quantité de chaux, des traces de magnésie, de potasse, de soude et d'acide phosphorique, une sensible proportion de fer, et les réactions indiquaient à peine, mais pas d'une manière sûre, la présence de l'alumine et du manganèse comme aussi de l'acide sulfurique et du chlore. » La première partie, c'est-à-dire celle qui contenait les matières ad- hérentes, pesait igr,o,83, perdait à la température de 1 10 degrés ogr, 161, et, après l'incinération, laissait un résidu de ogr, 149; ce qui donne 9 pour 100 d'eau et 8 pour 100 de cendres. Ces cendres avaient une couleur rougeâtre et contenaient un excès de fer, de silice et de chaux. » Ces excès qualitatifs, quoique exécutés sur des petites quantités de matière, montrent que les substances minérales contenues dans la Tillandsia dianlhoïdea sont, en général, les mêmes qui se trouvent dans les plantes ordinaires, et de plus que l'air atmosphérique, dans la couche qui se trouve en contact immédiat avec la terre, peut tenir en suspension des poussières d'origine minérale et organique qui fournissent aux plantes les substances que leur fournirait directement le sol. . » Je me propose de continuer ces recherches, en y introduisant les élé- ments de quantité, grâce à l'obligeance de MM. Descaine et Moquin-Tandon, qui m'ont fourni des nombreux échantillons de tiges et feuilles d'Orchidées, et de Broméliacées épiphytes. » CHIMIE — Piecherches sur l'iode atmosphérique ; par M. S . de I t ( / . « A la suite de mes communications du a5 octobre 1 858 et du 25 juillet iSSg, j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie les résultats C. R., i»6o, 2me Semestre. (T. LI, N°3. ) ^5 ( '78) des nouvelles recherches que, cette année, j'ai faites à Pise dans le but de constater l'iode dans l'atmosphère. Les voici : » i°. Une quantité de neige d'environ 6 kilogrammes a été recueillie sur le toit d'une maison située à la partie centrale de Pise, et a été introduite dans un flacon en verre. Cette neige a produit, en quelques heures, une liqueur très-limpide, dont la moitié fut évaporée avec du carbonate de potasse dans une capsule de porcelaine, et dont l'autre moitié fut évaporée en même temps avec une égale quantité de carbonate de potasse conte- nant -ij de milligramme d'iodure de potassium : le résidu obtenu de la pre- mière moitié, par les réactifs les plus délicats, n'a montré aucune réaction iodée, tandis qu'avec l'autre résidu on obtenait facilement toutes les réac- tions appartenant à l'iode. > a°. Le 4 février de cette année, j'ai établi, sur la partie supérieure de la tour penchée de Pise, un appareil solidement fixé pour recueillir l'eau de pluie. Cette tour, qui domine la ville, se trouve isolée, au voisinage des an- ciens monuments et de quelques établissements d'utilité publique, et, par sa position, elle est dans les conditions les plus favorables pour recueillir l'eau de pluie exempte de toutes les impuretés qui s'élèvent du sol et qui se mêlent aux couches inférieures de l'atmosphère. » La quantité totale des eaux recueillies dans l'appareil mentionné, de- puis le 4 février jusqu'au 25 du mois de juin dernier, s'élève à i4 litres et 6oo centimètres cubes, ce qui résulte du tableau suivant : lit Du 4 au 29 février 2 ,900 Du 1" ou 3i mars 0,460 Du ier au 3o avril 7 ,200 Du 1" mai au 1" juin 1 , i65 Du icr au 25 juin • 2,875 Total 14,600 » 3°. Eau recueillie du l\ nu 29 février. — Elle a été partagée en trois par- ties : la première, de 1 litre et 750 centimètres cubes, a été évaporée dans un ballon à long col avec du carbonate de potasse pur ; la seconde, de 5oo centimètres cubes, dans une capsule de porcelaine, avec le même car- bonate de potasse ; et la troisième, de 65o centimètres cubes, dans une cornue tubulée, munie d'un récipient aussi tubulé, et en présence du même carbonate de potasse. Les trois résidus obtenus ainsi n'ont pas fourni la moindre réaction qui caractérise l'iode. Je dois dire que le résidu prove- ( *79 ) nant de l'eau évaporée dans la capsule de porcelaine, au contact direct de l'air confiné du laboratoire, après les traitements convenables, a présenté une réaction douteuse de coloration rougeâtre par l'acide azotique et l'amidon ; cependant, dans ces trois traitements, en y ajoutant quelques traces d'un iodure alcalin, on obtenait facilement les colorations bleues intenses dues à l'iodure d'amidon. » If. Eau recueillie du i™ au 3i mars. — On l'a évaporée, avec du carbo- nate de potasse, dans une cornue tubulée, munie d'un récipient où l'on a condensé avec soin l'eau d'évaporation. La calcination du résidu obtenu et les divers traitements alcooliques ont été exécutés dans la même cornue ; les solutions alcooliques ont été évaporées dans une capsule de porcelaine. Les résultats ont été négatifs relativement à la présence de l'iode; mais 3^ de milligramme d'iodure de potassium en solution a manifesté instanta- nément les réactions de ce métalloïde lorsqu'on l'a ajouté à ce même trai- tement. » 5°. Eau recueillie du Ier au 3o avril. — Avec cette eau on a fait quatre expériences, en employant, dans chacune des trois premières, a litres d'eau, et dans la dernière i litre et 200 centimètres cubes. L'évaporation a été faite dans la cornue déjà indiquée avec du carbonate de potasse pur; mais on n'a obtenu, par des traitements appropriés, aucune réaction apparte- nant à l'iode. Le résidu obtenu par l'évaporation des deux premiers litres d'eau, après l'avoir épuisé par l'alcool, a été traité par l'eau distillée; dans cette solution on a ajouté un petit excès d'azotate d'argent et d'acide azo- tique, et l'on a obtenu osr, oZji d'un composé argentique qui, décomposé par le zinc et l'acide sulfurique étendu, n'a fourni aucune réaction iodée. » 6°. Eau recueillie du Ier mai au ier juin. — Elle a été évaporée dans la même cornue avec du carbonate de potasse, sans fournir la moindre trace d'iode. )> 70. Eau recueillie du Ier au 25 juin. — Avec cette eau on a fait deux expériences, c'est-à-dire 2 litres ont été évaporés avec du carbonate de potasse dans la même cornue, et ont fourni des résultats négatifs relati- vement à la présence de l'iode; et 875 centimètres cubes ont produit, par l'azotate d'argent et l'acide azotique, un précipité de osr,o3a5, ayant tous les caractères du chlorure d'argent. » Il résulte de ces expériences que la neige et l'eau de pluie sur lesquelles j'ai opéré ne contenaient pas d'iode sensible aux réactifs. » 25.. ( i8o) CHIMIE. -r-Note sur la solubilité des carbonate, sulfate et phosphate de chaux dans les sels ammoniacaux; par M.. Ch. Mène. « En général, en chimie, le carbonate de chaux est réputé pour être insoluble ; l'eau chargée d'acide carbonique est reconnue comme seule ca- pable de le tenir en dissolution, et c'est à la faveur de cet agent qu'on explique toujours sa dissolution dans les eaux et qu'on en déduit ensuite la formation des tufs calcaires, des stalagmites, etc., en géologie. Comme il s'est présenté à moi un fait remarquable à cet égard, je crois qu'il est de mon devoir de le signaler, car il peut mettre en garde contre une erreur grave en analyse chimique, et servir en même temps d'explication à quelques produits géologiques et à quelques phénomènes qu'on observe en agricul- ture, etc. » Si l'on prend une dissolution de chlorure de calcium et qu'on la pré- cipite par du carbonate de soude ou de potasse, on obtient un précipité blanc volumineux de carbonate de chaux; si on y ajoute alors une dissolution de chlorhydrate d'ammoniaque, il se redissoudra immédiatement et si faci- lement, que dans le cas inverse, c'est-à-dire celui où un sel de chaux se trouve en présence d'un sel ammoniacal, il n'y aura pas de précipité par le carbonate de soude (je ne parle ici que du cas où l'on ne prend pas l'oxa- late d'ammoniaque). Ce qui induira en erreur davantage, c'est que, par l'ébullition, le précipité ne se régénérera pas, et qu'on sentira une odeur ammoniacale. Dans les mêmes circonstances, le sulfate et le phosphate de chaux se dissolvent. La réaction réussit aussi bien avec le sulfate d'azotate qu'avec le chlorhydrate d'ammoniaque. Les carbonates et le phosphate d'ammoniaque ne le redissolvent pas. Le carbonate de soude et de potasse, mis en excès sur le carbonate de chaux, le dissolvent, tandis que les bicar- bonates le laissent intact. » Si maintenant on prend du carbonate de chaux naturel (craie de Meudon, calcaire jurassique, etc.), qu'on le mette dans l'eau distillée avec un morceau de sel ammoniac pendant seulement quelques instants et qu'on filtre, l'eau qui passera précipitera abondamment par l'oxalate d'ammoniaque. Un os que l'on met digérer quelques heures dans une grande quantité de sel am- moniac présente le même état de mollesse que celui que l'on obtiendrait par une dissolution de gaz acide carbonique ou un acide : cest même une expérience de cours publics (l'oxalate démontre que le calcaire est presque totalement dissous). ( i8i ) » Ces résultats démontrent qu'en analyse on ne doit jamais employer que l'oxalate d'ammoniaque pour reconnaître les sels de chaux et les doser; que dans les études sur les eaux, quand la liqueur ne sera pas acide et qu'elle contiendra un sel ammoniacal (i), il ne faut attribuer la grande quan- tité de carbonate ou de sels de chaux qu'à la présence de ce sel ammo- niacal, et non pas à de l'acide carbonique formant un bicarbonate alcalin, puisque les bicarbonates ne dissolvent pas le bicarbonate de chaux. De même, quand il y aura beaucoup de carbonates ou de sels de chaux dans une eau, on devra y chercher des sels ammoniacaux, puisque ces derniers en facilitent la solubilité. » Dans la nature, où presque toutes les eaux contiennent des sels ammo- niacaux provenant des détritus organiques, les calcaires peuvent s'y dis- soudre et donner lieu à des dépôts, des stalactites, etc., en vaporisant l'eau de la dissolution. Ce qui semblerait le prouver, c'est que les eaux ne sont pas acides en général, et que l'air des grottes à stalactites ne contient pas plus d'acide carbonique que l'air des autres lieux. Enfin, en agriculture, rien n'empêche de supposer que les sels de chaux ne s'assimilent pas aux végétaux par la dissolution du calcaire dans les sels ammoniacaux des en- grais, etc. » M. l'abbé Labobde envoie à l'Académie un Mémoire intitulé : « Vibrations tracées sur un verre immobile, et reproduites par la photographie. » Cette Note, accompagnée d'une foule de figures photographiques et dont il serait impossible de donner une idée exacte sans le secours de ces figures, est la seconde partie du travail entrepris par l'auteur. Elle est renvoyée à une Commission composée de MM. Pouillet, Duhamel etDespretz, chargée anté- rieurement d'examiner la première. Dans une Lettre adressée à l'Académie, MM. Farnam-Maxweia-Lyte et Michelier font part de leurs observations sur la dernière éclipse de soleil ; ces observations ont été faites au point dit ^Hôtellerie, situé sur le versant sud du pic du Midi, dans les Pyrénées, à une altitude de 2400 mètres, qui leur a permis d'obtenir, sans être troublés par les nuages, une série d'é- preuves photographiques qui accompagnent leur Lettre. Ces messieurs ont (1) Il est reconnu par tous les chimistes, depuis les analyses deMM.Boussingault, Bineau, Henri, etc., etc., que l'ammoniaque et les sels ammoniacaux existent dans presque toutes les- eaux. ( i8a) observé qu'au moment de la plus grande occultation, les pierres rougeâtres avaient pris une teinte vert-olive, que les pierres grises ont bleui, et que les visages des personnes étaient sensiblement blafards. La température à suivi la marche inverse; le minimum a eu lieu au point de la plus grande occul- tation. Il a fait, pendant quelques instants, un froid très-vif. La vaste plaine de nuages, dont l'épaisseur n'était pas moindre de 800 mètres, que dominait le point occupé par les observateurs, s'est élevée peu à peu à mesure que l'occultation augmentait; elle a atteint sa pins grande hauteur au moment maximum de l'occultation et s'est abaissée ensuite progressivement. M. Mathieu, qui a soumis à l'Académie ses recherches sur la construc- tion des membres artificiels, annonce qu'il a fait subir à cet appareil de nou- velles modifications et des perfectionnements qui en rendent les mouve- ments plus faciles et plus variés. (Renvoyé à la Commission déjà nommée.) M. le Dr Sandras adresse la seconde partie de son travail intitulé : « Mé- moire sur les maladies nerveuses ». Cette seconde partie est spécialement consacrée à l'étude du tempérament nerveux. Ce travail est renvoyé à la Commission déjà nommée. M. Geoffroy-Saint-Hilairk dépose sur le bureau le premier fascicule des Mémoires de la Société d'Anthropologie. M. Coitant demanda l'autorisation de retirer les pièces qu'il avait re- mises à l'Académie relativement à un papier de sûreté inimitable et incon- trefaisable. La Commission n'ayant pas fait de Rapport sur ce travail, l'au- torisation est accordée. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. F. •( i83 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE . L'Académie a reçu dans la séance du 23 juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Des forces productives, destructives et improductives de la Russie ; par Auguste Jourdier. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Notice théorique et pratique sur l'injecteur automoteur, breveté, propre à L'ali- mentation des chaudières à vapeur et à [élévation de l'eau; par M. H. Giffard. Paris, 1860; in-4°- Vojacje médical en Allemagne; par le Dr Gallavardin ; seconde partie, Paris-Lyon, 1860; br. in-8°. Turgan. Les grandes usines de France. Sèvres. 3e partie, Encastage — Fours ; 16e livraison; grand in-8°. Excursion aux carrières de Saint- Acheul; par Georges Poughet; br. in-8°. Notice sur l ' ininflammabililé des pailles, papiers, bois, huiles, goudrons, pein- tures, tissus de toute nature, par les procédés brevetés en France et à l'étranger de A. Carteron. 3e édition. Paris, 1860; br. in-8°. (Commission du prix dit des Arts insalubres.) Statistique méthodique des Sociétés savantes, artistiques et autres, de leurs pu- blications et journaux de tous genres; par M. Aimé BouÉ ; \ de f. in-8°. Annali... Annales de Mathématiques pures et appliquées, publiées par M. B. Tortolini; t. II, année 1859. Borne; in-4°. Nuovi... Nouveaux principes de physiologie végétale appliquée à l' agricul- ture; par M. G. Cantoni. Milan, 1860; 1 vol. in-8°. Nuova... Nouvelle théorie des instruments d'optique; par le professeur O.-F. Mossotti. Pise, 1857; in-8°. Beitrâge. . . Matériaux pour servir aux bases d'une alimentation rationnelle des Ruminants; ire livraison; par MM. les D" W. Henneberg et F. Stohmann. Brunswick, 1860; ivol.in-8°. Ergebnisse... Etudes et résultats de la clinique médicale à Bonn; par le DrM.-E.-A. Naumann, t. IL Leipzig, 1860; 1 vol. in-8°. Recherches sur le bruit de souffle dans les maladies du cœur; par Eug. Huzar. Paris, 1860; br. in-8°. (Adressé pour le concours aux prix Montyon, Mé- decine et Chirurgie, avec une courte indication de ce que l'auteur considère comtne neuf dans son travail.) ( '84) L'Académie a reçu dans la séance du 3o juillet 1860 les ouvrages dont voici les titres : Notice sur la vie et les travaux de P.- A. Dufrènoy, suivie d'une liste biblio- graphique de ses publications; par A. d'Archiac, lue à la Société Géologique de France dans la séance du ai mai 1860; br. in-8°. Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée; publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics ; t. XCI. Paris, 1860; in-4°. Ministère de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Catalogue des brevets d'invention, année 1860; nos a et 3; in-8°. Richesses ornithologiques du midi de la France, ou Description méthodique de tous les Oiseaux observés en Provence et dans les départements circonvoisins ; par MM. J.-B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye, 4e fascicule; in-4°. Justice à qui de droit, ou Quelques mots sur les eaux minérales gazeuses, ferro- alcalines et salines du Moneslier-de-Clermonl [Isère), et, par occasion, sur les eaux minérales en général; parle Dr Sylvain EymarD; br. in-8°. Du raisin considéré comme médicament, ou de la Médication par les raisins (Cure aux raisins, — Cura delC uva, — Traubenkur); par J.-Ch. Herpin (de Metz). Paris, 1860; br. in-12. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 102e et io3elivr. in-4°. Mémoire de la Société d' Anthropologie de Paris; t. Ier, Ier fascicule. Paris, 1860; in-8°. Appello... Mémoire à propos des dernières études rationnelles et expérimen- tales touchant la pourpre des anciens; par le prof. B. BiziO; br. in-8°. Memoirs. . . Mémoires de la Société littéraire et philosophique de Manchester, 2e se rie,. XV, 2e partie. Londres, 1860; in-8°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société littéraire et philosophique de Manchester; session 1 858-1 859 et session 1 85g- 1860; in-8°. Ideas... Idées : ou Esquisse d'un nouveau système de philosophie; par A.-C.-G. Jobert. Londres, 1848 et 1849; 2 vol. in-ia. The philosophy... La philosophie de la géologie; par le même; 2e édition. Londres, 1847; in-12. On The... Sur les phosphates et arséniates, le sel microcosmique, les acides, les bases et l'eau et une méthode nouvelle et facile d'analyser le sucre; par M. John Dalton. Manchester, 1 840-1842; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Noie de M. Biot. « Je prie l'Académie de permettre que je lui fasse hommage d'un écrit dont le sujet s'est produit pour la première fois, dans ses séances mêmes, il y a près d'un demi-siècle. Il est intitulé : Introduction aux recherches DE MÉCANIQUE CHIMIQUE DANS LESQUELLES LA LUMIÈRE POLARISÉE EST EMPLOYÉE AUXILIMREMENT COMME RÉACTIF. » Je me suis proposé d'y résumer, en un petit nombre de pages, les épreuves expérimentales par lesquelles on constate l'existence des pouvoirs rotatoires moléculaires; les procédés et les formules par lesquelles on mesure leurs in- tensités, absolues et relatives; les indications qu'ils nous fournissent sur la constitution interne des groupes moléculaires qui composent les corps où on les observe ; enfin les méthodes raisonnées et rigoureuses qui règlent ces diverses applications. J'expose ensuite les principales découvertes, aussi imprévues que variées, auxquelles ce nouvel élément d'exploration a déjà conduit les chimistes, tant français qu'étrangers, qui ont commencé d'en faire usage. Puisse le tableau que j'ai tracé de leurs succès, encourager d'autres pionniers de la science, à se lancer, après eux, dans ce pays in- connu. » C «., 1860, 2m* Semestre. (T. U, N° 6.) 26 ( >86) SÉRICICULTURE. — Maladie des vers à soie. Noie sur une éducation faite à Milan par M. le Maréchal Vaillant en 1860; par M. A. de Quatrefages. « On sait depuis longtemps qu'au milieu des préoccupations les plus graves M. le Maréchal Vaillant n'oublie jamais qu'il appartient à l'Acadé- mie des Sciences et qu'il est Membre de la Commission des vers à soie. Per- sonne ne sera donc surpris que notre confrère ait profité de son séjour dans une contrée ravagée par la pébrine, pour faire des recherches sur un sujet qui touche à de si sérieux intérêts. M. le Maréchal a fait lui-même une petite éducation qu'il a suivie dans toutes ses phases jusqu'au moment où, rappelé en France, il a dû laisser à des mains intelligentes le soin de re- cueillir les cocons et les œufs. Il s'est alors fait adresser les uns et les autres et a bien voulu les confier à mon examen. lies résultats de cette étude, complétés par les renseignements oraux de notre confrère et comparés à ce qui se passe dans nos contrées séricicoles, présentent un intérêt que l'Aca- démie comprendra aisément. » La petite chambrée dont il s'agit a été élevée sans feu, dans un salon habituellement ouvert. On s'est borné à la garantir des rayons directs du soleil. » Les vers ont été nourris sur des rameaux dont le pied trempait dans un vase d'eau, ce qui permettait à la feuille de conserver sa fraîcheur bien plus longtemps. lisse sont parfaitement accommodés de cette nourriture et ont mangé la feuille jusqu'à la côte. Les rameaux épuisés étaient remplacés par d'autres. Cette manœuvre, évidemment impraticable dans une éduca- tion industrielle, a amené la mort accidentelle de quelques vers. » Mais pas un seul des vers à soie élevés dans les conditions que je viens d'indiquer n'est mort de maladie. Du premier jour jusqu'au dernier, tous ont présenté les apparences de la santé la plus entière. Tous étaient remar- quables par leur grosseur, la fermeté des tissus, la couleur nette et franche généralement regardée comme la preuve d'un état sanitaire parfait. En outre ils étaient remarquablement agiles. Enfin tous ont fait leurs cocons et chacun de ces derniers a fourni son papillon. La ponte a aussi bien marché, dit-on; les correspondants de notre confrère ne lui ont d'ailleurs transmis à cet égard aucun détail. Cette omission est regrettable. Le poids de la graine envoyée est de 5gr,45, le nombre des cocons étant 47 ; mais nous ignorons combien ces derniers ont fourni de femelles et par Conséquent quel a été le rendement moyen de celles-ci. ( .87) » Quoi qu'il en soit, il est évident que la petite chambrée de M. le Maré- chal a parfaitement réussi. Pendant toute leur éducation les vers ont pré- senté une grande vigueur et toutes les apparences d'une santé parfaite, et cependant il est incontestable pour moi qu'un certain nombre d'entre eux a été atteint par la pébrine. » En effet parmi les cocons qui m'ont été remis, plusieurs présentaient autour de l'ouverture qui avait servi d'issue au papillon, des taches très- foncées et dont la couleur rappelait celle du liquide que j'ai trouvé dans le cœcum distendu outre mesure des papillons les plus malades (i). Sur un certain nombre d'autres, les taches, quoique moins prononcées, étaient en- core d'une teinte fort suspecte. Enfin chez un assez grand nombre les bords de l'ouverture étaient sans taches, ou bien ne présentaient d'autre teinte étrangère à la couleur du cocon que celle des déjections nankin clair qui caractérisent un animal sain. » Parmi ces mêmes cocons un certain nombre avait les parois formées par une seule couche serrée. Ils avaient été évidemment tissés par des vers vigoureux et qui avaient construit leur enveloppe d'un seul trait. D'autres présentaient au contraire des parois formées de plusieurs couches concen- triques bien distinctes, annonçant que l'animal, se sentant fatigué, s'y était repris à trois ou quatre fois pour terminer son ouvrage. » En tenant compte des divers caractères que présentaient les qua- rante-sept cocons soumis à cet examen, j'ai cru pouvoir les répartir en trois catégories, ainsi qu'il suit : » i°. Cocons filés par des vers probablement sains. ... 18 o,38 » a". Cocons filés par des vers très-probablement atteints, mais assez légèrement 16 o,34 » 3°. Cocons filés par des vers sérieusement atteints par la maladie i3 o,a8 47 ioo » Après avoir examiné les cocons, j'ai dû en faire autant pour la graine. Mais on sait que jusqu'ici on n'a trouvé aucun moyen certain de distinguer la bonne de la mauvaise. Le procédé dû à MM. Vittadini et Cornalia, pro- cédé qui paraît avoir réussi, n'est applicable qu'aux œufs dont le dévelop- (i) J'ai montré que c'était là la fameuse vésicule noire dont on a tant parlé et que l'on a voulu regarder comme une dépendance des organes reproducteurs {Études sur les maladies actuelles des vers à soie, PI. V, fig. 36). 26.. ( i88) peraent est très-avancé et même aux jeunes vers. Je ne pouvais donc l'em- ployer. Toutefois un examen attentif fait à la loupe avec un grossissement suffisant permet de reconnaître si le développement des enveloppes du jeune ver s'est fait avec plus ou moins de régularité. En d'autres termes, cette étude permet de s'assurer si les choses se sont passées normalement pendant la première période de la vie embryonnaire. En joignant aux indi- cations tirées de cet ordre de faits celles que fournissent d'autres signes connus de tous les graineurs attentifs, j'ai pu encore partager les œufs en trois catégories. J'ai considéré comme étant probablement bons ceux qui, à une couleur gris de lin foncé bien égale, joignaient un réseau pigmen- taire parfaitement régulier; j'ai regardé comme douteux tous ceux qui pré- sentaient une teinte plus ou moins jaunâtre et un réseau pigmentaire irrégulier à divers degrés; enfin les œufs qui avaient conservé la couleur initiale, ceux qui étaient déjà flétris, etc., ont été régardés comme cer- tainement mauvais. » Or, sur cent graines prises au hasard et minutieusement examinées, j'ai trouvé : ' » Bonnes ou présumées telles 3i » Douteuses 60 » Mauvaises 9 JOO » La forte proportion des graines désignées comme douteuses ne doit pas nous étonner, puisque je ne plaçais dans la première catégorie que les œufs d'une apparence irréprochable, et dans la dernière que ceux dont l'éclosion était impossible. » Ceci admis et sous les réserves indiquées plus haut, l'examen des co- cons et des œufs dont je parle conduit aux résultats suivants : » i°. La très-petite éducation de M. le Maréchal Vaillant a donné cham- brée complète dans un pays où la pébriue présente encore une intensité presque égale à celle des années précédentes. » a0. Malgré ce succès complet en cocons, la pébriue régnait dans la chambrée dont il s'agit. » 3°. Contrairement à ce que m'ont présenté presque toutes les cham- brées industrielles dans les contrées où la maladie sévit comme elle l'a fait cette année en Lombardie, les vers et papillons de cette petite éducation n étaient pas tous atteints par la pébrine. » 4°. Les données, incomplètes il est vrai, fournies par l'examen des ( i89) cocons et de la graine conduiraient à admettre que \ environ de la cham- brée dont nous parlons a échappé à la maladie. » Voyons maintenant ce qui s'est passé cette année en France et dans les grandes éducations. » De tous les renseignements que j'ai pu me procurer résultent deux faits importants. » Le premier, c'est qu'un très-grand nombre d'insuccès ont été dus cette- année à la mauvaise qualité des graines importées du dehors. Cependant parmi ces graines il s'en trouvait qui offraient toutes les garanties possibles. Elles avaient été récoltées dans des localités qui jusqu'en i85o, en avaient fourni d'excellentes; elles avaient été préparées avec le plus grand soin et en dehors de toute idée de spéculation. Les graines du comice d'Alais peuvent ici être citées comme exemple. Comment se fait-il qu'elles aient échoué ? » La réponse à cette question est facile. Le mal, qui jusqu'à présent avait épargné une partie des régions séricicoles de l'Europe orientale, a fini par y pénétrer. Ces mêmes contrées qui nous ont envoyé des graines saines pendant tant d'années, ne nous en enverront plus que de viciées jusqu'à ce que le fléau les abandonne. Cette invasion était un fait facile à prévoir, et l'Académie se rappelle peut-être que je l'annonçais comme probable, — je ne voulais pas dire certaine, — il y a de cela plus de deux ans. » Je voudrais encore pouvoir croire que je me trompe; mais malheureu- sement le doute ne m'est pas possible. J'ai reçu d'Athènes, par les soins de M. Gaudry, un flacon de vers morts ou malades de diverses maladies qu'on pourrait croire n'être que des affections ordinaires, à en juger par l'éti- quette. Mais le moindre examen suffit pour reconnaître que tous ces vers sont pébrinés comme l'étaient ceux des chambrées que j'ai vu périr en quelques jours dans mes deux missions. » Certainement dès l'année dernière il aurait été possible de reconnaître à l'aide d'une étude attentive que la pébrine apparaissait en Orient, aux environs d'Andrinople en particulier. Si l'enquête deux fois demandée par l'Académie avait été faite convenablement, elle aurait épargné pour cette année à notre sériciculture une perte qu'il me parait difficile d'évaluer à moins de vingt à vingt-cinq millions. » Cette leçon profitera-t-elle du moins? Je ne l'espère guère. Les graines d'Andrinople se trouvant viciées, on se rejettera sur celles de l'Asie Mineure qui jusqu'à présent paraissent avoir conservé leur bonne qualité. On tirera de là sa provision d'œufs de vers à soie sans y regarder de plus près que par { 19° ) le passé, jusqu'au moment où une nouvelle déception viendra atteindre la sériciculture et coûtera la France encore quelque vingtaine de millions. » Mais alors où ira-t-on chercher de la graine? Sera-ce dans les régions européennes qui, comme la Valachie et le Portugal, ont donné cette année encore des œufs de bonne qualité? Mais on oublie que la France et l'Italie seules consomment annuellement dans les circonstances actuelles plus de iooooo kilogrammes de graine. Sera-ce dans l'Inde? Divers renseigne- ments donnent à craindre que le mal ne fût déjà dès l'année dernière aux environs de Calcutta. Sera-ce en Chine? Les graines de cette provenance ont généralement échoué cette année, et pourtant il en est entré en France et en Italie par des voies très-diverses, dont quelques-unes au moins sem- blaient présenter de sérieuses garanties. Certes, le commerce honnête des graines a déjà rendu de grands services à la sériciculture et pourra lui en rendre encore; mais, si ce qu'on est en droit de craindre se réalise, il arri- vera inévitablement de deux choses l'une : ou bien ce commerce, malgré son intelligence et son activité, deviendra impuissant à satisfaire aux be- soins de la consommation; ou bien il ne pourra livrer les œufs de vers à soie qu'à des prix dont l'élévation emportera d'avance tout bénéfice aux sériciculteurs. » En présence d'éventualités pareilles, n'est-il pas évident que ces der- niers doivent par-dessus tout et avant tout chercher à produire eux-mêmes ces œufs que déjà ils payent si cher et qui peuvent leur manquer complète- ment d'un jour à l'autre? » Les observations précédentes étaient nécessaires pour faire comprendre toute l'importance du second fait qu'il me reste à signaler et des consé- quences qui en ressortent. » En même temps que l'on constatait l'insuccès des graines étrangères, on reconnaissait qu'un certain nombre de graines françaises et italiennes, de graines de pays comme on dit vulgairement, réussissaient d'une manière inattendue. C'est à elles presque exclusivement qu'ont été dus les succès exceptionnellement remarquables qui m'ont été signalés sur plusieurs points de l'Ardèche, du Gard et de l'Hérault (i). La plupart de ces graines, hâ- tons-nous de le dire, provenaient du centre de la France, des environs de Cahors en particulier ou de divers autres points qui n'avaient été que peu ou point atteints par l'épidémie. f i) La plupart de ces renseignements m'ont été fournis par MM. Henri Bousquet, maire de Valleraugue, Gagnât, juge de paix à Joyeuse, et Rouvier, avoué à Largentière. ( '<)< ) » Mais les sériciculteurs n'ont pas tenu compte île celte circonstance. Voyant des chambrées provenant de graines de pays qui avaient produit en abondance de magnifiques cocons, ils ont cru qu'ils allaient se remettre en graine en faisant grainer comme par le passé les produits de ces grandes éducations. Alors ont apparu de nouveau des symptômes menaçants dont ils ont été surpris et qui pourtant étaient bien faciles à prévoir et à expli- quer pour quiconque s'est nettement rendu compte de la nature du mal. » Des Lettres que j'ai reçues de divers côtés, des détails circonstanciés dans lesquels sont entrés quelques-uns de mes correspondants et surtout M. Gagnât, sériciculteur éminent de Joyeuse, il résulte que le grainage se fait généralement mal dans les départements qui, comme l'Ardèche et le Gard, ont été plus particulièrement atteints par l'épidémie. Parfois les pa- pillons sont beaux d'apparence et s'unissent sans grandes difficultés; mais à la ponte, les femelles se montrent paresseuses, ne se débarrassent de leurs œufs qu'avec de violents efforts et souvent n'en pondent qu'une faible partie. Parfois aussi les papillons sortis de cocons excellents, choisis dans les chambrées les mieux réussies, présentent l'aspect le plus misérable, ne s'accouplent qu'avec peine ou ne s'accouplent pas du tout, et la ponte est presque nulle. Parfois même la chrysalide ne peut se transformer en pa- pillon, ou bien celui-ci n'a pas assez de vigueur pour percer le cocon. J'ai pu constater tous ces faits sur un lot assez nombreux de cocons que M. Rou- vier, de Largentière, a bien voulu m'envoyer sur ma demande, après les avoir fait choisir avec soin dans les meilleures chambrées du voisinage. » Bien évidemment, toutes ces chambrées avaient été atteintes par la pébrine. Le mal n'avait pas été assez fort pour empêcher les vers de filer leurs cocons, mais il a révélé sa présence au grainage, et les œufs pondus par ces papillons infectés à divers degrés ne donneront l'année prochaine que de tristes résultats. » On voit combien tous ces faits recueillis dans la grande industrie con- cordent avec ceux que nous a présentés l'étude de la chambrée expérimen- tale de M. le Maréchal Vaillant. Dans cette éducation modèle, le petit nombre des élèves, les conditions absolues de salubrité dans lesquelles ils ont été placés, ont procuré une réussite complète en cocons. Mais toutes ces condi- tions réunies n'ont pu empêcher entièrement l'invasion de la pébrine. Nous avons vu qu'on ne pouvait guère évaluer qu'à - le nombre des pa- pillons préservés; et dans les conditions sanitaires où se trouvait placé notre honorable confrère, c'est encore, il faut le dire, un magnifique résul- tat. Les | des élèves ont été atteints soit à l'état devers, soit à l'état de ( '92 ) papillons, et sont par cela même devenus impropres à fournir de la bonne graine. Combien la proportion doit-elle être plus forte dans les cham- brées industrielles soumises à toutes les conséquences qu'entraînent l'en- combrement et des soins imparfaits! Ce que j'ai vu dans mes deux mis- sions m'autorise à penser que les chambrées dont M. Rouvier m'a adressé des échantillons, examinées à la loupe au moment de la montée, n'auraient peut-être pas montré un seul ver qui ne fût plus ou moins taché. » 11 y a donc en ce moment un danger très-réel pour nos sériciculteurs à se laisser aller sans réflexion et sans étude à l'entraînement qui se prononce en faveur des graines de pays. Il faut soigneusement distinguer entre celles qui proviennent de contrées qui ont toujours été saines ou que le fléau a quittées, et celles qui ont été produites dans une localité où l'épidémie manifeste encore sa présence. » Les premières donneront dès à présent des résultats à peu près cer- tains; les secondes entraîneront presque à coup sûr de nouveaux désastres si elles ont été recueillies sans les précautions nécessaires, et ces précautions sont d'ailleurs bien simples. » En effet, là même où règne encore l'épidémie, le mal fléchit manifeste- ment. Les meilleures graines du monde n'auraient pas donné il y a deux ans des chambrées comme celles qu'on a obtenues cette année dans certains cantons de l'Ardèche et sur quelques points des hautes et basses Cévennes. Le moment vient où toutes ces contrées peuvent aussi faire elles-mêmes les graines dont elles ont besoin . Car les éducateurs seront placés dans des con- ditions sanitaires plus favorables que celles qui entouraient M. le Maréchal Vaillant, et cependant notre confrère avait très-probablement obtenu \ de papillons pouvant donner de la bonne graine. • Mais pour atteindre ce but si désirable, il est indispensable en ce mo- ment, il sera nécessaire peut-être pendant quelques années encore que les sériciculteurs procèdent autrement qu'ils ne le faisaient jadis. Il faut qu'ils renoncent absolument à faire grainer les cocons de leurs chambrées indus- trielles, quelque beaux, quelque sains qu'ils puissent leur paraître ; il faut qu'ils fassent de très-petites chambrées, de 5 à 10 grammes au plus, exclusivement consacrées au grainage et élevées dans les conditions les plus strictes d'une en- tière salubrité; il faut qu'îYs épurent soigneusement ces chambrées, qu'ils écar- tent avec soin tout ver, tout papillon douteux. En un mot, il faut qu'ils s'astreignent dans le choix de leurs reproducteurs à toutes les précautions qu'emploient les éleveurs de nos autres animaux domestiques. » J'ai la conviction entière que si ces conseils sont suivis, la France se ( <93 ) sera remise en graine au bout de peu d'années. A son tour peut-être, — pro- bablement pourrait-on dire, — elle vendra de la graine aux pays qui la lui fournissent depuis si longtemps, et qui à leur tour auront été atteints par le fléau. En tout cas, ce résultat se traduirait pour la sériciculture française par une économie de 9.5 à 28 millions annuellement employés à acheter des graines étrangères et qui représentent certainement le plus clair des bé- néfices des véritables producteurs. » ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Sur le pouvoir éleclromoleur de l'organe de ta torpille; nouvelles expériences de M. Matteucci. « Je demande la permission à l'Académie d'ajouter encore la descrip- tion de quelques nouvelles expériences destinées à compléter la dernière communication sur ce sujet, faite dans la séance du su mai dernier. Je me suis principalement occupé à étudier de nouveau la première proposition de mon Mémoire, c'est-à-dire que le pouvoir électromoteur de l'organe de la torpille, ce pouvoir qui donne lieu à un courant constant, et qui tient l'aiguille du galvanomètre déviée pendant vingt à trente heures, existe in- dépendamment de l'action immédiate du système nerveux. Je me borne à décrire ici une de mes nouvelles expériences qui me paraît frappante. J'ai placé deux torpilles, qui avaient été conservées dans l'eau de mer à peu près quinze à seize heures après être sorties de la mer, dans une boîte de fer-blanc qui a été entourée de glace pilée, et déposée au milieu d'un grand bloc de glace. De deux jours en deux jours je retirais la boîte pour étudier le pouvoir électromoteur de l'organe. Après deux jours, la dévia- tion était presque aussi grande que sur une torpille vivante; après quatre jours l'organe donnait encore une déviation constante de 5o° à 6o°. Ce n'est qu'après huit jours que la déviation était réduite à 5° ou 6°, mais toujours dans le sens du courant qu'on obtient au commencement, et qui est aussi celui de la décharge instantanée. Je ne doute pas que cette expé- rience eût encore mieux réussi si elle eût été tentée dans l'hiver au lieu de l'être dans l'été. Je n'ai pas besoin d'ajouter que bien avant la fin de huit jours il n'y avait plus de trace ni d'excitabilité des nerfs, ni d'irritabilité musculaire dans ces torpilles. » J'ai étudié de nouveau la deuxième proposition, c'est-à-dire que le pouvoir électromoteur de l'organe de la torpille augmente, et que cette aug- mentation persiste pendant un certain temps, en mettant l'organe en acti- C. fi., 1860, 2me Semestre. ( T. 1,1, N° 6.) 27 ( '94) vite. Peu d'expériences d'électrophysiologie sont aussi sûres et aussi con- cluantes que celle-ci, Il s'agit de placer deux morceaux d'organe de mêmes dimensions et pris sur la même torpille l'un contre l'autre. On fait, par exemple, toucher ensemble les deux faces appartenant au dos, et on applique les extrémités du galvanomètre sur les deux faces externes qui sont celles appartenant au bas-ventre. Ordinairement on n'a pas de courant, ou bien on a un courant très-faible qui ne tarde pas à disparaître. Si alors on pique avec une épingle un des morceaux, ou bien avec des ci- seaux fins on coupe les petits filets nerveux de ce morceau, ou on l'excite avec un courant électrique, ce qui détermine la décharge de ce morceau, comme on peut s'en assurer avec la grenouille ; on trouve après, en fer- mant le circuit du galvanomètre, que les deux morceaux d'organe ne sont plus égaux, et que celui qui a été excité a acquis un pouvoir électromoteur bien plus fort que l'autre, et cela pour un certain temps. J'ai répété plu- sieurs fois de suite sur deux morceaux d'organe la même expérience, en faisant alternativement passer l'excès du pouvoir électromoteur d'un mor- ceau à l'autre. » L'action des nerfs sur l'organe électrique s'exerce donc de deux ma- nières différentes : l'action nerveuse, comme si elle déterminait la sécré- tion des matières qui forment l'appareil électromoteur, tient cet appareil constamment chargé ; d'un autre côté, les nerfs agissent pour déterminer la décharge instantanée. » Dans un Mémoire auquel je travaille maintenant sur les phénomènes électriques de la contraction musculaire, je ferai voir la différence qu'il y a entre ces phénomènes et ceux de l'organe de la torpille. On peut répéter avec des" muscles l'expérience que j'ai décrite sur les deux morceaux d'or- gane, et on trouve que le pouvoir électromoteur musculaire est aussi mo- difié d'une manière permanente après avoir été en activité pour un certain temps, mais d'une manière bien différente de l'organe de la torpille. » Lorqu'on pense que les milieux gazeux différents n'ont aucune in- fluence sur le pouvoir électromoteur de la torpille, que ce pouvoir dis- paraît seulement lorsque l'organe est plongé dans des solutions légè- rement acides ou alcalines, tandis que les solutions neutres ne l'altèrent pas, on est vraiment tenté d'admettre que la cause du pouvoir élec- tromoteur est due à la présence de matières hétérogènes qui existent séparées dans chaque organe élémentaire, sous l'influence du système nerveux. » Je ne laisserai pas ce sujet sans faire noter les différences qui existent ( ig*) entre la fonction des muscles et celle de l'organe électrique. Dans les pre- miers il y a une grande activité chimique qui change la substance 'même du muscle et la composition du milieu gazeux dans lequel il se trouve; il y a en même temps dégagement de chaleur et production de travail mé- canique. Tel n'est pas le cas de l'organe de la torpille; je me suis assuré, parles moyens les plus délicats, que l'organe ne s'échauffe pas lorsqu'il est en activité, que son action sur l'air, qui est toujours très-petite, ne varie pas lorsqu'il agit, de même que sa composition chimique. » MÉMOIRES LUS. ASTRONOMIE. — Observation de f éclipse totale de Soleil du 18 juillet 1860; par M. Pkazmowski. (Commissaires, MM. Babinet, Faye.) « Les expériences dont j'ai l'honneur de présenter les résultats à l'Acadé- mie ont été faites à Briviesca (Espagne) dans les conditions atmosphériques qui, grâce à d'autres relations, sont maintenant connues. » Je me suis plus particulièrement occupé de la polarisation de la lumière de la couronne et des protubérances rouges, car les observations faites jus- qu'ici sur ce sujet ont été pour la plupart très-contradictoires. J'ai toujours pensé qu'une étude bien faite de ce phénomène pouvait donner de précieux renseignements sur la constitution physique du Soleil. » De nombreuses observations avaient déjà démontré d'une manière à peu près certaine l'existence de la lumière polarisée dans la partie du ciel environnant le Soleil éclipsé; il restait cependant à préciser sa na- ture, à déterminer d'une manière précise la direction du plan de pola- risation, etc. » Quant aux protubérances, nous ne possédions encore aucun document. Il est vrai que leur étude présentait certaines difficultés. En observant les protubérances au moyen du polariscope, ces apparences se projettent sur un fond formé par l'auréole, laquelle est polarisée elle-même et colorée de teintes variant avec la position de l'analyseur. Or, par le seul contraste des couleurs, les proéminences elles-mêmes pouvaient se revêtir d'une teinte complémentaire de celle de fond, et par conséquent variant avec cette der- nière. Il fallait donc éliminer l'influence de la couleur de l'auréole polarisée et en outre détruire la polarisation de cette lumière par laquelle les protu- a7- ( -96) bérances peuvent être enveloppées; car autrement, comment discerner si la polarisation mise en évidence appartient à la proéminence ou à l'auréole qui l'enveloppe. » Je me suis décidé à étudier séparément chacun des deux phénomènes et avec des polariscopes spéciaux que je vais décrire. » Pour déterminer la direction du plan de polarisation de l'auréole, j'ai fait usage d'une lunette à oculaire terrestre grossissant 22 fois. Au foyer commun de l'objectif et de l'oculaire j'ai disposé une plaque de quartz à double rotation donnant la teinte sensible. Un prisme de Nicol était placé entre le premier et le second verre de l'oculaire, là où le pinceau est le plus aminci. L'addition de ce polariscope ne modifiait en rien la netteté des ima- ges de ma lunette. » Comme dans le polariscope d'Arago, le champ de la lunette se trouvait partagé, par une ligne noire, en deux segments colorés. Le prisme et la plaque étaient solidaires et tournaient ensemble de telle sorte que les deux moitiés du champ n'étaient uniformément colorées que dans une seule position : celle où la ligne de séparation coïncidait avec le plan de polarisation de la lumière. » Au moment de l'obscurité totale, l'auréole est apparue; j'ai amené l'i- mage de la Lune au centre du champ de la lunette, la ligne de jonction des deux quartz étant verticale et coupant l'image du disque et de la cou- ronne en deux parties égales. Les deux segments de l'auréole ne se sont pas montrés également colorés dans toute leur étendue. Les extrémités su- périeures et inférieures de chaque segment, en contact avec la ligne de jonction des quartz, étaient seules uniformément colorées; à droite et à gauche de ces extrémités, les deux moitiés étaient vivement colorées de teintes complémentaires, l'une rouge, l'autre verte. » Un mouvement de rotation imprimé à l'oculaire autour de son axe n'a rien changé à ces colorations par rapport à la ligne de séparation des quartz. La lumière de la couronne était donc polarisée et son plan de polarisation coïncidait donc avec la normale au contour de la Lune. » Ce n'étaient pas des traces de polarisation, mais les couleurs les plus intenses : d'un côté, le rubis le plus vif, de l'autre l'émeraude la plus pure. Autant que je me le rappelle, la partie de l'auréole la plus fortement colorée ne correspondait pas à la partie la plus lumineuse, mais se trouvait à une certaine distance du bord de la Lune. » Une seconde lunette semblable à la précédente, mais d'un grossisse- ( '97 ) nient double, était destinée à l'observation des protubérances. Dans l'ocu- laire de cette lunette, entre le premier et le second verre, j'avais placé une lame de quartz perpendiculaire à simple rotation donnant le rouge; en avant de l'oculaire se trouvait un prisme biréfringent d'un angle assez faible et donnant aux deux images une séparation angulaire de i \ minute. Ce prisme pouvait tourner sur lui-même. » Dans cette disposition, la Lune et la couronne étaient bien dédoublées par le prisme, mais d'une si petite quantité, que la majeure partie de leur étendue se trouvait formée par deux images complémentaires reconstituant la lumière blanche. Les protubérances se trouvaient également dédoublées; mais comme leur étendue était moindre que 1 ^, écartement donné par le prisme, il en résultait que les deux images n'étaient pas superposées, mais nettement séparées. Je voyais donc deux images des proéminences se proje- tant sur le fond blanc de la couronne. » Si les protubérances eussent été polarisées, les deux images eussent été colorées de teintes complémentaires ; or ces deux images étaient bien certainement de même teinte et de même intensité lumineuse. Je crois donc pouvoir avancer que la lumière des protubérances n'est pas polarisée. » Les résultats de ces observations me semblent suffisamment positifs pour qu'il soit permis dès à présent d'en tirer quelques conclusions. » La polarisation de la couronne prouve que cette lumière émane du So- leil et qu'elle a été réfléchie ; une polarisation vive, très-prononcée, prouve en même temps que les particules gazeuses, sur lesquelles se fait la réflexion, nous envoient de la lumière réfléchie à peu près sous l'angle maximum de polarisation. » Pour les gaz, cet angle est de Zj5° ; or, pour réfléchir de la lumière sous cet angle, la molécule gazeuse doit se trouver à proximité du Soleil. Une atmosphère solaire semble seule pouvoir remplir ces conditions. » Les protubérances rouges ne nous envoyant pas de lumière polarisée se comportent donc comme les nuages de notre atmosphère ; est-il permis d'en conclure que ce sont des nuages solaires composés non pas de parti- cules gazeuses, mais liquides ou même solides? La haute température du So- leil donne en tous cas à supposer que ces nuages sont composés de ma- tières très-réfractaires. » ( '98 ) voyages scientifiques. — Expédition de MM. Schlctgintweit frères dans [Inde et la haute Asie; Note de M. Hermann de Schlagintweit. (Commissaires nommés pour de précédentes communications de M. Schla- gintweit : MM. Boussingault, Babinet, Duperrey, auxquels est invité à s'adjoindre M. Serres.) « M. Hermann de Schlagintweit présente les parties jusqu'à présent achevées de l'ouvrage publié par ses frères et par lui sous le titre de Résultat d'une Mission scientifique dans l'Inde et la haute A$ie. Un premier exposé des résultats obtenus dans cette expédition avait été fait à l'Académie par MM. Hermann et Robert, immédiatement après leur retour en août 1857 (voir les Comptes rendus, t. XLV, p. 5 16, séance du 12 octobre); malheureu- sement les tristes nouvelles de la mort de leur frère, qui est tombé victime de son zèle scientifique à Kashgar, se sont depuis complètement confirmées. » Les objets mis sous les yeux de l'Académie sont : » i°. Le premier volume de l'ouvrage contenant les déterminations astro- nomiques de latitude et de longitude, et les observations magnétiques. » 20. La première partie de l'Atlas, contenant dix vues en chromo-litho- graphie, qui reproduisent les grandes aquarelles faites par les auteurs d'après nature; le format de l'Atlas (1 mètre de hauteur sur 70 centimètres de lar- geur), a permis de rendre tous les détails des originaux; trois cartes des lignes magnétiques font aussi partie de la première livraison de l'Atlas. » 3°. Plusieurs pièces ethnographiques, des tètes moulées sur des hommes vivants et reproduites directement par la galvanoplastie. » M. de Schlagintweit résume dans les termes suivants les recherches qui font l'objet du premier volume. » A. Observations géographiques. — Pour l'Inde proprement dite, excepté peut-être pour les parties centrales, les latitudes et les longitudes sont données par la grande triangulation anglaise, opération conduite avec une perfection qui ne pourrait être surpassée et à laquelle se rattachent les noms bien connus de Hodgson, Everest Waugh et Thuillier. Mais l'Himalaya, et plus encore les terrains au nord, le Thibet et le Tourkistan, présentaient en grande partie des terrains nouveaux; cependant les voyageurs ont trouvé que, pour quelques parties du Thibet au moins, les latitudes ont été assez bien données dans les itinéraires de Jaquemont, Moorcroft, les Stracheys ; les longitudes, d'ailleurs, montraient des différences très-considérables qui s'élevaient: ( '99 ) jusqu'à 20 de différence pour Yarkand et Kashgar, les cartes anciennes les ayant données trop à l'est. » Pour la détermination des chaînes principales de montagnes, un fait nouveau et très-important a été constaté par MM. deSchlagintweit, savoir : que ce n'est pas le Ruenluen qui forme la séparation des eaux, comme on le trouve indiqué sur les cartes de Humboldt et Klaproth, les seules pour ces régions qui soient basées sur des travaux originaux, mais le Rarakoroum (une chaîne à peu près parallèle à l'Himalaya) qui forme le bord septen- trional du Thibet. » B. Observations magnétiques. — Les observations précédentes de ma- gnétisme terrestre faites avec tant de zèle et d'habileté par le capitaine Elliot, leur prédécesseur, avaient pour objet l'archipel indien . Pour l'Inde les observations de cette nature se réduisent à peu près à ce qui concerne la déclinaison le long des côtes, dont la détermination est due spécialement à la marine de la Compagnie des Indes; seulement dans le sud de l'Inde quelques observations magnétiques plus complètes ont été faites par MM. de Blosse- ville, puis par MM. Caldecott et Taylor et tout récemment par M. Broun. » I. Déclinaison. — i°. La ligne sans déclinaison s'approche de très- près des embouchures de l'Indus et se continue au sud à une distance de 20 3o' de longitude de la côte occidentale de l'Inde. » a°. Dans la vallée du Brahmapoutra s'est trouvée une région anomale isolée, mais de grande étendue, dans laquelle la déclinaison est considé- rablement moins à l'est que ne le ferait présumer la forme générale des lignes isogoniques; » 3°. La zone du changement le plus rapide de déclinaison s'est pré- sentée entre les degrés de latitude 29 à 34 et de longitude 71 à 80. » 4°- Dans la région du Thibet et spécialement au nord du Ruenluen la déclinaison a été plus à l'est que les approximations des cartes antérieures ne le faisaient supposer. » IL Inclinaison. — Cet élément a montré en général les formes les plus régulières, mais en même temps les irrégularités locales, quoique très-petites, ont été trouvées les plus fréquentes, principalement dans le sud, où d'ail- leurs nous nous trouvons dans la région où la force verticale est à son mi- nimum; c'est ce qui explique, en partie du moins, la prépondérance d'in- fluences locales. » III. Intensité. — L'élément de l'intensité totale a présenté des résultats tout à fait inattendus, qui ne seront pas, je crois, sans intérêt pour les ques- tions générales de magnétisme terrestre; le calcul détaillé de nos observa- ( aoo ) tions a parfaitement confirmé ce que j'ai déjà eu l'honneur de communiquer à l'Académie comme résultat préliminaire immédiatement après notre retour de l'Inde, savoir : » i°. Dans l'Inde et particulièrement dans sa partie méridionale, les lignes isodynamiques montrent une courbure au sud très-générale et très- marquée. » 20. Tout le long de l'Himalaya il y a une zone d'intensité considéra- blement au-dessous de la valeur moyenne; dans cette zone est compris le bord de l'Himalaya même et une partie plus ou moins large des plaines qui y touchent. » Nous pouvons ajouter comme un fait très-important que depuis que nos propres observations ont été faites dans le sud de l'Inde, M. Broun a obtenu à Travancore et le long de la côte orientale des intensités qui s'accordent parfaitement avec les formes générales des lignes isodynamiques que nous avions trouvées. » Ces faits, je le sens, sont très -difficiles à expliquer. Peut-être les circonstances suivantes pourront être indiquées comme causes principales. » La puissante action de l'insolation tropicale modifie considérablement l'état magnétique des couches argileuses qui couvrent généralement la sur- face, et cette modification peut se comparer, quoique infiniment moindre, au changement produit dans de la terre argileuse par l'exposition au feu. D'ailleurs la zone de dépression d'intensité est en même temps celle où le déversement des eaux de l'Himalaya produit une humidité extrême du sol, et dans laquelle l'insolation, pendant une grande partie de l'année, est considérablement réduite par la saison des pluies et par l'état généra- lement nuageux du ciel. » Qu'il me soit permis, dit en terminant M. de Schlagintweit, d'ajouter encore quelques mots relatifs aux têtes ethnographiques que je présente ici, et de faire observer combien la comparaison des races est facilitée par des fac-similé plastiques indépendants de toutes modifications qui pour- raient y être faites par la main de l'artiste même le plus consciencieux. » Le nombre de notre collection de l'Inde et de la haute Asie, dont le catalogue détaillé a été présenté, comprend a^5 moulages; récemment un nombre considérable vient d'y être ajouté par notre frère Edouard, officier dans l'armée de la Bavière : il avait pris part avec l'armée espagnole à la guerre contre les Marocains et, après la paix, a passé encore plusieurs mois dans le Maroc occupé d'observations scientifiques. » ( aoi ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Études chimiques sur la betterave à sucre, dite Betterave blanche de Silésie. Deuxième partie : Du développement et de l'accumulation du sucre dans la betterave à sucre pendant sa croissance jusqu'à sa maturité; par M. H. Leplay. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Boussingault, Payen.) « Les résultats de mes premières études sur le développement du sucre dans les betteraves à sucre m'ont engagé à les continuer pendant l'année 1 85 1 , dans le but surtout de reconnaître si ces résultats étaient constants, s'ils n'étaient point produits par des circonstances météorologiques particulières à l'année 1 85o; si la richesse saccharine de la betterave est la même à toutes les époques de sa végétation ou si l'accumulation du sucre s'y produit à une époque déterminée ; si l'influence du sol et du poids des betteraves se re- trouveraient les mêmes à toutes les époques de sa végétation. Enfin je me suis proposé d'examiner les différentes modifications que le sol éprouve sons l'influence de la végétation de la betterave. » Pour arriver à résoudre ces diverses questions, les analyses de bette- raves ont été commencées dès les premiers jours de juillet : à cet effet, j'ai choisi quatre champs de betteraves, dont la composition de chaque sol cor- respondait aux quatre divisions précédemment admises : i° sol argileux; 2° siliceux; 3° calcaire; 4° argilo-siliceux. » Ces analyses ont été échelonnées à diverses époques pendant la végé- tation de la betterave jusqu'à sa maturité, en ayant soin de prendre dans chaque champ, à chaque époque d'expérimentation, un certain nombre de betteraves parmi les plus grosses et les plus petites, et quelques-unes inter- médiaires entre ces deux extrêmes. On a déterminé non-seulement le poids des betteraves, mais encore le poids comparatif des feuilles aux différentes époques de la végétation et dans différents sols. Ces analyses, faites de juillet à octobre, sont au nombre de i3o. » Il résulte de la comparaison des nombres fournis par ces analyses, que : Les feuilles de betteraves ont acquis, dans tous les sols, leur maximum de développement vers le i5 août. Jusqu'à cette époque, le poids des feuilles est le plus souvent supérieur à celui de la betterave elle-même. A partir de cette époque, le poids des feuilles reste stationnaire. » Le sol calcaire est celui dans lequel le poids des feuilles par rapport au poids des betteraves est moins élevé. C. R., l86c, 2m« Semestre. (T. U, N° 6.) ' *& ( 202 ) » Pendant tout le temps que les feuilles augmentent en poids, les bette- raves augmentent peu en poids. » Le maximum de développement du poids des betteraves a lieu sur- tout en septembre et octobre : il n'est point en rapport avec le poids des feuilles. » Pendant leur croissance, les betteraves éprouvent de grandes variations dans leur richesse saccharine. Ces variations sont quelquefois de 5o pour ioo dans- l'espace de quelques jours. » Toutes les betteraves, pendant leur développement jusqu'en septembre, quel que soit leur poids relatif, arrachées à une même époque, ont à peu près la même richesse saccharine, excepté dans le sol calcaire où l'influence du sol et l'influence du poids de la betterave sur la richesse saccharine se remarquent dès le mois de juillet. » Quand il se produit de grandes variations soit en moins soit en plus dans la richesse saccharine des betteraves pendant leur croissance, ces va- riations sont à peu près les mêmes pour toutes les betteraves, quoique de poids différents; le même effet se produitdans tous les sols. » L'accumulation du sucre dans les betteraves ne prend une marche ré- gulière et constante, que lorsque les feuilles sont complètement dévelop- pées, c'est-à-dire dans le courant de septembre et octobre, et cela dans tous les sols. C'est surtout à cette époque que se remarque, dans tous les sols, l'influence du poids des betteraves sur leur richesse saccharine. » Pour apprécier les modifications qu'éprouvent les différents sols, par rapport à la proportion de carbonatps solubles et insolubles qu'ils contien- nent, sous l'influence de la végétation de la betterave, j'ai analysé, de pré- férence, la terre qui adhère toujours, même avec beaucoup de persistance, aux radicules qui se trouvent insérées sur la betterave, comme celle qui avait dû éprouver les plus grandes modifications sous l'influence immédiate des radicules pendant la végétation. La terre la moins adhérente a été éliminée par des chocs successifs sur la betterave, afin de ne recueillir que celle ad- hérente aux radicules. Ces analyses ont toujours été faites sur de la terre desséchée à ioo°, et débarrassée des radicules par le crible. Les nombres fournis par ces analyses ont conduit aux conséquences suivantes : » Il résulte des nombres groupés dans les tableaux qui accompagnent ce Mémoire, que tous les sols contiennent une très-petite quantité de carbo- nates et bicarbonates solubles, et qu'ils contiennent relativement une bien plus grande quantité de carbonates insolubles. » Les différents sols, au point de vue des carbonates insolubles, diffèrent ( 203 ) entre eux dans de grandes proportions. Dans un même sol, cette quantité de carbonates insolubles varie également dans de grandes proportions, sur- tout dans les sols argileux, dont la plus grande partie a été amenée sur le sol par des amendements (marne, chaux, écumes de sucrerie). » Sous l'influence du développement de la betterave en volume, la quantité de carbonates insolubles diminue dans le sol qui adhère aux radi- cules dans une proportion telle, que le sol le plus riche en carbonate inso- luble, tel le sol le plus calcaire, perd plus des ■— de la quantité de calcaire qu'il contenait, et en cet état en renferme moins que le sol argileux lui- même. La diminution des carbonates insolubles contenusdanslesolsous l'in- fluence de la végétation de la betterave ne s'étend qu'au sol qui avoisine les radicules de la betterave, et dans lequel elle puise les éléments qui lui sont utiles. Le sol compris entre les rangs de betteraves ne subit pas de change- ment sensible dans la proportion de carbonate insoluble qu'il contient. » Ces faits établissent qu'il existe une grande coïncidence entre la pré- sence des carbonates solubleset insolubles contenus dans les différents sols et l'accumulation du sucre dans les betteraves qui y végètent. » Ainsi, dans les sols argileux, siliceux et argilo-siliceux qui contiennent peu de carbonates solubles et insolubles comparés au sol calcaire, les bette- raves qui y végètent y ont également une richesse saccharine moins grande que dans le sol calcaire. » Ces sols argileux et argilo-siliceux présentent, surtout dans les diffé- rentes parties d'un même champ, des quantités très-variables de carbonates solubles et insolubles, et donnent de même des betteraves d'une richesse saccharine très-variable, dans lesquelles betteraves l'accumulation du sucre ne paraît soumise à aucune règle fixe. » Il n'en est pas de même dans les sols calcaires où les carbonates exis- tent en très-grande quantité : l'accumulation du sucre dans les betteraves s'y fait au maximum et paraît suivre une loi régulière pour les betteraves d'un même poids. » Cette accumulation du sucre dans les betteraves végétant dans les sols très-calcaires décroît d'une manière parfaitement régulière au fur et à me- sure qu'elles augmentent de poids, et dans ces mêmes circonstances la partie du sol qui adhère aux radicules s'appauvrit successivement en carbo- nates insolubles, au point d'en contenir moins que les sols argileux, siliceux et argilo-siliceux. Dans ces circonstances aussi, sa puissance de production saccharine diminue dans les mêmes proportions. » Ces coïncidences si nombreuses me paraissent devoir jeter quelque 28.. • ( 204 ) lumière, non-seulement sur la cause de l'accumulation du sucre dans les betteraves à sucre, mais encore sur l'origine des éléments constitutifs du sucre formé pendant la végétation de la betterave. » CHIMIE appliquée. — Epuration des jus sucrés de la canne et de la betterave; extrait d'une Note de MM. Possoz et Périer. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payen.) « Les agents d'épuration auxquels nous donnons la préférence (après en avoir essayé une foule d'autres) sont depuis longtemps usités : ce sont la chaux et l'acide carbonique, mais nous les appliquons dans des conditions nouvelles, et nous en obtenons des résultats bien supérieurs à ceux qu'on connaissait déjà. » i°. Nous employons des doses de chaux, non pas en rapport avec la quantité de sucre contenu dans le jus ou la solution sucrée, mais bien en raison directe de la quantité de matières étrangères que nous voulons éliminer. o 20. La totalité de la chaux et de l'acide carbonique est employée par nous, en plusieurs dosages séparés et fractionnés, soit en général pour le jus de betterave, par exemple : A. Un quart de la chaux, en une i" addition, pour défécation à froid ou à chaud. B. Moitié de la chaux, pour 2e addition -+- ire carbonatation (incomplète), pour déco- loration. C. Un quart de la chaux, pour 3e addition -f- 2# carbonatation (complète), pour épu- ration. » 3°. Dans la première carbonatation, nous avons soin de ne pas em- ployer l'acide carbonique en excès, mais nous laissons au contraire de la chaux libre, afin de ne pas redissoudre certains principes colorés que nous avons reconnus être insolublesen présence d'un faible excès de chaux, mais très-solublespar un excès d'acide carbonique et même lorsque ce faible excès de chaux (environ -~ô du poids du jus) n'existe plus. Nous avons observé qu'en opérant ainsi, nous fixons à la manière d'une laque, les matières co- lorées, albuminoïdes et extractives, en combinaison insoluble avec le carbo- nate de chaux naissant. » 4°- Après avoir séparé le dépôt coloré résultant de la ire carbonatation, nous ajoutons dans le jus clair et déjà très-décoloré le reste de la chaux à ( ao5 ) employer; et seulement alors, en l'absence de matières colorées , nous satu- rons toute la chaux par un excès d'acide carbonique. » 5°. Ces deux carbonatations, ainsi pratiquées, suffisent pour obtenir manufacturièrement et facilement du sucre brut de belle et excellente qua- lité, au moins égal à la nuance dite belle quatrième, sans employer de char- bon animal. » 6°. Si nous voulons obtenir du sucre plus blanc, nous pouvons y par- venir, en évaporant le jus traité comme il vient d'être dit, vers 1 5° Baume (soit i,i 4o de densité), et en faisant une quatrième addition de chaux H d'acide carbonique, ou bien encore en filtrant sur une très-minime quan- tité de charbon animal. Par l'un ou l'autre de ces deux moyens, nous pro- duisons alors du sucre qui peut entrer directement dans la consommation sans passer par le raffinage. - » 70. Nous sommes arrivés à raffiner complètement les sucres bruts de canne ou de betterave, sans aucun emploi de charbon animal ni de sang, mais seulement par des additions successives de chaux et d'acide carbo- nique. » 8°. Au lieu de faire aucune dépense (soit de combustible ou de toute autre nature) pour la production des quantités considérables d'acide car- bonique dont nous avons besoin, nous pouvons réaliser, au contraire, une économie de calorique, attendu que nous prenons l'acide carbonique dans les gaz résultant de la combustion de la houille, à leur sortie des fourneaux • de générateurs de vapeur, ce qui nous permet d'utiliser complètement le calorique de ces gaz aspirés mécaniquement, et cela d'autant mieux, qu'avant de les mettre en contact avec le sucre, nous devons les refroidir au-dessous de ioo° centigrades et les laver parfaitement. » CHIMIE minérale. — Du dosage de l'étain dans les minerais de ce métal; par M. Moissexet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Fremy.) « Aucune des méthodes aujourd'hui en usage pour l'essai des minerais d'étain ne constitue un procédé pratique, à peu près exact et applicable aux minerais pauvres, aussi bien qu'aux produits enrichis de la préparation mécanique. » Sur les mines et dans les usines, on a recours à des essais rapides et approximatifs; au laboratoire, le dosage de l'étain dans les minerais peut se ( ao6 ) faire exactement, mais il est pénible et délicat, même pour un chimiste exercé. » Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au juge- ment de l'Académie, j'indique comment on peut doser l'étain, sous forme de bouton métallique, en précipitant parle zinc une dissolution de chlorure d'étain et en fondant le précipité dans un corps gras; je donne en même temps un moyen simple de réduire l'étain oxydé et d'obtenir la dissolution chlorhydrique d'étain et de fer. » Par cette nouvelle méthode, les explorateurs français pourront consta- ter économiquement les teneurs des lots de minerais abattus, au fur et à mesure des recherches, et suppléer ainsi en partie à l'appréciation à vue, qui demande l'expérience du métier de mineur; d'autre part, les habiles ingénieurs du Cornwall pourront étudier à fond la marche, l'effet enrichis- seur et les pertes des divers appareils de préparation. » Les procédés actuellement en usage répondent à des besoins spéciaux ; il m'a paru utile de les décrire avec quelque détail et de les discuter, afin de préciser les services qu'ils peuvent rendre et d'exposer les difficultés de divers ordres que présente le dosage de l'étain. » En Angleterre, on connaît deux modes d'essai : le lavage à la pelle, appelé vannitig, est appliqué à tous les lots de minerais, à leur arrivée aux ateliers de préparation et avant le bocardage (i). L'étain oxydé est obtenu presque pur, mais la perte est considérable. L'essai par voie sèche ne se fait que sur le minerai riche, et sert de base à la vente. Les procédés anglais sont purement industriels : calqués l'un et l'autre sur le traitement en grand, ils n'en indiquent point les perles normales, » Au laboratoire de l'Ecole des Mines, nous employons les méthodes analytiques exactes données par M. Berthier, puis par M. Rivot, auquel on doit l'usage de l'hydrogène comme agent réducteur. Cependant leur discus- sion m'a conduit à admettre qu'un procédé pratique devait : i° réduire l'étain oxydé sans fondre les gangues; 20 se dispenser pour cela de l'appareil à hydrogène, afin de réduire, sans porphyrisation préalable, un poids no- (1) On aura une idée de l'importance du vanning par les données suivantes : Les i3o à i4o mines d'étain exploitées dans le Cornwall produisent annuellement de 8000 à 9000 tonnes de minerai bon à fondre, ce qui correspond à une masse de matières bocardées de 4ooooo à 45oooo tonnes. La plupart des mines entretiennent chacune un maître essayeur avec deux aides. La mine de Carubrea, près Redruth, a trouvé économique d'installer une paire de cylindres broyeurs, exclusivement consacrés à la pulvérisation des prises d'essai. ( 207 ) table de matière pauvre ; 3° éviter le sulfhydrate ou l'hydrogène sulfuré pour la séparation du fer et de l'étain, au moins dans le cas le plus général; 4° enfin, comme desideratum évident, obtenir l'étain à l'état métallique. D'autres conditions sont à observer, notamment celle du prix des vases et des réactifs. » Le procédé proposé comprend généralement cinq opérations : » i°. Traitement par l'eau régale; purification du minerai. >' 2°. Réduction en présence d'un excès de charbon. » 3°. Dissolution par l'acide chlorhydrique de l'étain et du fer. » 4°- Précipitation de l'étain par le zinc dans la liqueur chlorhydrique. » 5°. Fonte de l'étain précipité, au moyen d'un bain d'acide stéarique. » La précipitation de l'étain par le zinc est assez rapide; elle s'achève en liqueur encore fortement acide. L'extension du chlorure d'étain et la pro- portion d'acide libre influent (en dehors des actions électriques) sur la forme du précipité. On obtient, selon les circonstances, des aiguilles bril- lantes; des écailles soit unies, soit à bord dentelé, soit striées en feuilles de fougère et d'un éclat nacré; une mousse; enfin un dépôt boueux qui, tra- versé par les bulles d'hydrogène, a tout à fait l'aspect d'une éponge de cou- leur grise. Ce dernier état caractérise toujours la fin d'une précipitation, car il correspond à une liqueur d'étain très-étendue. » Le zinc du commerce renferme des impuretés ; l'inconvénient qui pour- rait en résulter est prévenu par l'emploi du zinc sous forme de bouton, sus- pendu par un fil de cuivre au sein du liquide; l'étain se précipite tout au- tour du bouton et fait une enveloppe non adhérente dont on retire aisément le bouton de zinc recouvert des impuretés correspondantes à la partie attaquée. » L'enveloppe d'étain est comprimée dans une capsule de porcelaine sous un pilon d'agate; les plaquettes ainsi obtenues sont fondues en quel- ques minutes en présence d'un peu de bougie stéarique. Le bouton a tous les caractères de pureté désirables. » Les gangues les plus fréquentes dans les gisements d'étain sont : les roches encaissantes : granité, porphyre, schiste; les minéraux pierreux : quartz, feldspath, tourmaliue, mica, spath fluor et chlorite; les minéraux métalliques : pyrite de fer, mispickel, cuivre pyriteux, cuivre sulfuré, l'oxyde de fer, la blende, enfin le wolfram. » Aucune d'elles ne s'oppose à l'application du procédé. » ( 208 ) PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur les régénérations osseuses; par M. Bourgcet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Rayer, Cl. Bernard.) « Dans ce Mémoire, l'auteur cherche à démontrer la réalité du phéno- mène de la régénération des os longs à la suite de leur résection et de leur extirpation dans une grande étendue de leur diaphyse, et il étudie le rôle que joue le périoste dans ces diverses circonstances. » Son travail est basé sur trois observations cliniques. » La première se rapporte à un-cas de résection de la clavicule pratiquée pour une carie étendue de cet os. La résection comprit 8 centimètres de longueur de l'os, la régénération eut lieu dans l'étendue de 5 centimètres. ■&■ * Le malade recouvra avec le temps le libre exercice des fonctions du membre. Examiné dix ans après l'opération, l'os nouveau paraissait très- dur; il était plus court et plus volumineux que l'os ancien, un peu irrégu- lier et comme chagriné à sa surface, et il se continuait sans ligne de démarcation apparente avec les deux fragments sternal et acromial sur lesquels la section avait été opérée. » Le second fait est relatif à un cas de résection du quatrième métacar- pien et du cinquième métatarsien, pratiquée chez le même sujet, pour une lésion identique à la précédente. La résection du métatarsien porta sur une longueur de 44 millimètres, l'os se régénéra dans l'étendue de 29 milli- mètres. Le métatarsien, au contraire, fut réséqué sur une longueur de 35 millimètres et la régénération se fit dans l'étendue de i(\ millimètres. Les deux os reprirent après la guérison la forme générale de l'os ancien; ils restèrent seulement, comme dans le cas précédent, plus courts, plus irréguliers et plus volumineux. Le malade finit par recouvrer tous les usages de la main et du pied. >» Enfin la troisième observation a trait à un cas de fracture comminu- tive du tiers supérieur de l'humérus, compliquée de plaie pénétrante, et consécutive à un coup de feu tiré à bout portant. L'os était réduit en un grand nombre de fragments irréguliers et anguleux, représentant par leur réunion plus de 7 centimètres de la diaphyse humérale. Le foyer de la frac- ture fut largement mis à découvert; les fragments enlevés, en laissant le périoste en place, et la- plaie qui en résulta, pansée comme une plaie simple. A la place de la portion d'os enlevée, il se forma une tumeur d'abord molle et fibro-cartilagineuse, qui devint plus tard osseuse. Cet os ( 2°9 ) nouveau ou, si on aime mieux, cette espèce de cal très-allongé et très- volumineux, examiné onze ans après l'opération, représentait une produc- tion osseuse, longue de 5 à 6 centimètres, étendue du col chirurgical jusqu'aux environs de l'empreinte deltoïdienne, bosselée à l'extérieur, parsemée de saillies et d'irrégularités stalactiformes, se continuant en haut et en bas avec les deux fragments de la fracture. Les mouvements de l'épaule étaient libres dans tous les sens. Le malade se servait parfaitement de son bras et exerçait la profession de tailleur. » L'auteur termine son travail par les conclusions suivantes : » i°. La régénération des os longs, à la suite de leur résection ou de leur extirpation sur une étendue considérable de leur diaphyse, est un fait réel et incontestable. » 2°. L'os nouveau a de la tendance à rester plus court, plus volumineux, plus irrégulier que l'os ancien ; mais il conserve la forme générale de ce dernier, et il en remplit avec le temps toutes les fonctions. » 3°. Le résultat de ces opérations, pour être sainement apprécié, a besoin d'être constaté longtemps après la guérison. » 4°- La scie à chaîne peut être utilisée pour détacher les chairs et le périoste à la face profonde des os, dans les points où il est impossible d'at- teindre à l'aide d'autres instruments. » 5°. Le phénomène de la régénération osseuse mérite d'être rapproché de celui de la formation du cal avec lequel il présente la plus grande analogie, sinon même une identité complète. » 6°. La conservation du périoste est éminemment avantageuse pour la reproduction de l'os; toutefois, elle n'est pas absolument indispensable, les parties molles environnantes pouvant le suppléer et suffire dans quelques circonstances à ce travail réparateur. » 7°. Les fractures comminutives compliquées de lacération des parties molles, d'esquilles nombreuses avec perte de substance de l'os et écarte- ment dès fragments, sont susceptibles de consolidation par régénération osseuse, si on enlève les esquilles en ménageant le périoste, et qu'on traite la plaie consécutive comme une plaie simple. » M. Coinde adresse une liste de 9 espèces d'Oiseaux dont il a obtenu des spécimens à l'île Saint-Paul, dans la mer de Kamtschafka, non loin du détroit de Bering, et de 3o Coléoptères dont 27 sont des îles Aleutiennes et 3 du Kamtschatka. (Renvoyé à l'examen de M. Milne Edwards.) C. R., 1860, 2<™ Semestre. (T. LI, N° C. ) 29 ( aI° ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire de la Carte géolo- gique du département du Puy-de-Dôme, exécutée par M. Baudin, ingénieur en chef des Mines. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Beech, un opuscule ayant pour titre : « Théorie de Pinjecteur automoteur des chau- dières à vapeur de M. Giffard ». M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la correspondance une « Histoire de l'art de la guerre avant l'usage de la poudre », par M. E. de la Barre Duparc, capitaine du génie, professeur d'art militaire à l'Ecole de Saint-Cyr. M. Despretz fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. John Tyndall, de la Société royale de Londres, d'un ouvrage sur les glaciers des Alpes. [Voir au Bulletin bibliographique.) M. Despretz est invité à faire de cet ouvrage, qui est écrit eh anglais, l'objet d'un Rapport verbal. M. le Maire de la ville de Sens annonce que cette ville a été autorisée à élever, au moyen d'une souscription, une statue à l'illustre ïhenard : il espère que l'Académie s'associera à cet hommage payé à la Mémoire d'un savant qu'elle a compté si longtemps au nombre de ses Membres. Une liste sera ouverte au Secrétariat, et le produit de la souscription sera transmis à la Commission chargée de présider à l'exécution du monument. L'Académie royale des Sciences de Turin remercie l'Académie pour l'en- voi du XXXe volume de ses Mémoires. SÉRICICULTURE. — Maladie des vers à soie. Moyen de reconnaître la graine provenant de papillons atteints par la pèbrine; extrait d'une Lettre de M. Cornalia adressée' à M. deQuatrefages. « Vous vous souvenez certainement que je fais mes observations ou sur ( *M ) les œufs mis en incubation, ou sur les petits vers à soie sortis ou prêts à sortir de l'œuf; vous vous souvenez aussi que la méthode que j'emploie pour faire l'examen de la graine, consiste à broyer l'œuf ou le petit ver entre deux lames de verre. Alors on obtient une bouillie de laquelle il faut ôter soit la coque de l'œuf, soit les membranes de l'animal pas encore bien écrasées. Après on couvre le tout avec une très-mince lame de verre, et on ajoute une goutte d'eau distillée pour diluer la bouillie, et on la soumet au microscope. » Pour rendre facile l'observation, j'emploie un fort grossissement du microscope au moins de 45o diamètres; ainsi, si dans le vitellus et dans le germe, ou dans la petite larve ily a des corpuscules vibrants, on les découvre tout de suite. Je ne reviendrai pas sur les caractères de ces corpuscules qui sont toujours identiques par leur forme, leur grosseur, leurs propriétés phy- siques et chimiques. » Dans les trois premiers mois de cette année, malgré toutes mes occu- pations au Musée, j'ai examiné pas moins de cent trente-six qualités de graine, qui m'ont été données par mes amis, et qui provenaient des locali- tés les plus disparates : Lombardie, Toscane, Adria, Adrianople, Cassaba, Perse, Ghilan , Monténégro, Suisse, Prusse, Portugal, Chili, Inde, Chine, etc. Ayant fait au moins dix à douze observations par qualité, j'ai complété plus de quinze cents observations. Pour faire plus vite, j'exami- nais deux ou trois œufs ou larves à la fois, et même davantage lorsque dans les premières observations je les trouvais sains. Au contraire en y décou- vrant des corpuscules, j'examinais un œuf ou une larve à la fois; autre- ment je ne pouvais pas savoir si les corpuscules que je voyais dans le champ du microscope, provenaient d'un œuf ou de deux, et de tous les œufs à la fois. » Pour prononcer un jugement encore plus cerlain, il faudrait porter le nombre des observations pour chaque graine à cinquante, même à cent; alors on pourrait même établir avec précision le degré de l'infection, si d'un quart, d'une moitié, etc. « Tous les résultats de la culture en grand des qualités examinées par moi ont parfaitement répondu à mes prévisions. » La méthode que je viens d'indiquer pourra peut-être être jugée par le public comme pénible ou difficile; je ne sais que dire. Quoique se faisant au moyen d'un instrument dont le vulgaire ne sait pas faire usage, l'opé- ration est néanmoins des plus simples, et chaque personne passablement instruite pourrait l'exécuter. .29- ( 2I2 ) » J'ai peu de confiance dans toute la cohorte des remèdes qui ont été proposés; un de mes amis m'a dit avoir obtenu quelques avantages par le charbon et le sucre ; cela tournerait à votre louange, propagateur comme vous avez été de ce remède. » Les éducations pour graine au grand air sur les mûriers mêmes, comme les a annoncées M. Chavanne de Lausanne, pourraient être très-utiles. J'en ai fait une, et je crois y avoir reconnu un avantage décisif. » Sur la nature des corpuscules, je me rapproche de l'opinion de M. Cha- vanne, qui les regarde comme des cristaux d'une substance qui devrait être expulsée, et sous ce rapport je n'allais pas bien loin du vrai en 185^, en les disant produits par une métamorphose rétrogradante des tissus. » En effet, les tissus des papillons, quoique sains, présentent les cor- puscules oscillants, qui croissent en quantité lorsque le papillon est de plus en plus voisin de sa fin. C'est pourcelaque si un ver àsoie qui vient de naître en offre, il est déjà près de sa fin, et ne pourra accomplir ses métamor- phoses. » ZOOLOGIE. ■— Notice sur quelques poissons du Sud qui se rencontrent parfois dans la mer du Nord; par M. S. Nilsson. « On trouve quelquefois, près des côtes maritimes du nord de la Scandi- navie,-des poissons dont la patrie n'est pas le Nord, mais la partie méri- dionale de l'océan Atlantique. Ils ne se propagent jamais dans le Nord ; ils ne s'y trouvent qu'en exemplaires adultes, jamais on n'en voit de jeunes. La plupart se trouvent jetés sur les rochers ou sur la côte. Tels sont : Gymnetrus grillii, Tracliyptcrusvogmarus, Pterycombus brama, Lampris guttatus, Chironeclus arcticus, Beryx borealis, Slernoptyx olfersii, Cantliaiiis griseus. Plusieurs d'entre eux ont déjà été trouvés dans les parages sud de l'Atlan- tique, et l'année passée on a trouvé sur un rocher, auprès d'une des îles de Bermudas, un poisson inconnu qu'on a figuré et décrit dans l'Illustrated Times of London, sous le nom de Sea-Serpent. Mais on n'a que voir la figure pour à l'instant y reconnaître notre Gymnetrus grillii. La description le prouve encore, et la figure est même la meilleure qui jusqu'ici existe de cette espèce. Sur les côtes de Norvège, cette espèce a été trouvée cinq ou six fois dans une centaine d'années environ. » Il me semble qu'il n'existe qu'un seul moyen d'expliquer comment ces poissons peuvent être transportés du sud de l'Atlantique aux côtes septentrionales de la Norvège; c'est d'attribuer ce transport au Gulfstream ( 2'3 ) qui sort du golfe du Mexique, traverse l'Océan et par son eau chaude adoucit même le climat des rivages de la Norvège. Auprès de ces rivages, on trouve souvent flottant sur la mer des fruits appartenant à l'Amérique du Sud. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Présence du cuivre dans l'eau minérale de Balance; extrait d'une Lettre de M. Béciiamp à M. Dumas. « J'ai traité l'eau de Balaruc comme pour une analyse minérale quel- conque. Dans la recherche des bases, le précipité déterminé par le sulfure de potassium s'est partagé en deux parties par l'action dissolvante de l'acide chlorhydrique. La partie soluble des sulfures contenait le fer, la partie in- soluble était formée par du sulfure de cuivre. » I. 4° litres d'eau de Balaruc acidulée, réduits à un petit volume, ont fourni ogr,oi7 d'oxyde de cuivre. » IL 35 litres de la même eau, réduits à 6 litres par l'ébullition, donnent lieu à un précipité qui contient tout le cuivre. Le dosage a fourni ogr,oi5 d'oxyde de cuivre pour ce volume d'eau. » III. 12 litres traités de la même manière ont fourni ogr,oo62 d'oxyde de cuivre. » La quantité de ce métal est donc telle, que si elle existait à l'état de sulfate dans l'eau, il y aurait plus de i4 centigrammes de ce sel par io litres. Aussi est-il très-facile de découvrir le cuivre dans 3oo centimètres cubes d'eau de Balaruc. » Ces trois dosages, faits dans trois saisons différentes de la même année, des constatations nouvelles faites depuis, les soins les plus minutieux pris contre les chances d'erreur, soit sur les lieux, en puisant l'eau, soit au labo- ratoire, nous ont assuré que le cuivre est un élément constant de l'eau de Balaruc. Il explique les propriétés purgatives de cette eau thermale, beau- coup mieux que la nature de ses autres éléments minéralisateurs, ainsi que nous le montrerons dans le Mémoire que nous aurons l'honneur d'adresser ^prochainement à l'Académie. » Depuis que ce fait a été constaté, M. Moitessier, en suivant la même marche, a trouvé le cuivre dans d'autres eaux. Nous avons entrepris en commun des recherches sur la diffusion du cuivre dans les eaux minérales de nos contrées. » L'eau de Bourbonne que m'a envoyée M. le Dr Tamisier contient aussi ( «4) des traces de cuivre, mais en proportion bien moindre que celle de Balaruc et non dosable dans les mêmes limites. » CHIMIE MINÉRALE. — Note sur la composition des acides du manganèse ; par M. J. Personne. « M. Machuca ayant publié dans une Note, insérée aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences du 23 juillet dernier, les résultats d'analyse du permanganate de potasse, confirmant la composition de ce sel établie par M. Mitscherlich, je crois devoir rappeler qu'il y a près de dix ans j'ai pu- blié, en collaboration avec mon regrettable ami M. Lhermite, un travail sur le même sujet : Faits pour servir à [histoire des acides manganique et hyperman- ganique (Journalde Pharmacie et de Chimie, t. XIX, février i85i). » Dans ce travail, nous avons donné les résultats de différentes analyses des permanganates de potasse et d'argent ; le rapport que nous avons trouvé entre l'oxygène et le manganèse dans le manganate de potasse. Ces expé- riences, auxquelles nous nous sommes livrés, confirment pleinement la composition de ces sels donnée par le savant chimiste de Berlin. » ÉLECTRO-CHIMIE. — Sur télectrolyse d'un mélange d'alcool et d'acide azotique; par MM. J.-Cii. d'Almeida et P. -P. Dehérain. « Un courant qui traverse un mélange d'acide azotique et d'alcool ne décompose que l'acide, qui seul est conducteur de l'électricité; mais les produits directs ou secondaires de la décomposition réagissent sur l'alcool : ce sont ces réactions que nous avons étudiées. » 3 volumes d'alcool ordinaire et i d'acide azotique sont placés dans une cornue tubulée munie de son récipient; deux lames de platine amènent le courant produit par cinq grands éléments de Bunsen Aussitôt que les communications sont établies, une grande quantité de gaz se dégage au pôle négatif, aucun gaz au contraire n'apparaît au pôle positif. » L'oxygène, qui devrait se dégager, est donc complètement absorbé, au moins pendant les premières heures de l'électrolyse. >> Dans le récipient passe un liquide éthéré. Nous y avons constaté la présence : i° de l'aldéhyde, a° de l'éther acétique. Enfin nous avons cru y reconnaître de l'éther formique. » Quant à l'azote qui se développe au pôle négatif dans l'électrolyse de l'acide azotique, il réagit également sur l'alcool. En effet, les liquides encore ( 2.5) acides restés dans la cornue étaient chargés d'ammoniaque mélangée à une certaine quantité d'ammoniaques composées, reconnaissables à leur odeur et à leur propriété de brûler avec production d'acide carbonique. » Ainsi se trouve résumée dans une seule expérience la production de plusieurs dérivés importants de l'alcool. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur la matière colorante des suppurations bleues : pyocyanine; par M. Fordos. « Le pus présente dans certains cas, assez rares, la propriété très-remar- quable de colorer en bleu les linges à pansement. La cause de ce phénomène a déjà été étudiée par les chimistes, et des opinions très-diverses ont été émises pour l'expliquer. J'ai été conduit dès le début de mes recherches, qui datent de quelques années, à considérer comme une matière colorante spéciale la substance qui produit cette coloration, et j'ai proposé de la dé- signer sous le nom de pyocyanine ((). J'ai réussi depuis lors à l'obtenir cristallisée, mais en quantité trop faible pour l'étudier convenablement. Je crois néanmoins utile de publier dès à présent les résultats que j'ai ob- tenus, en attendant que je puisse me procurer de la matière pour en con- tinuer l'étude. » Pour isoler la pyocyanine, j'emploie le procédé suivant : Je fais macérer les linges à pansement, pendant quelques heures, dans de l'eau additionnée de quelques gouttes d'ammoniaque. J^a dissolution bleue un peu verdâtre que j'obtiens est agitée avec du chloroforme; celui-ci enlève à l'eau la ma- tière bleue, des matières grasses et des matières colorantes jaunâtres qui donnent à la dissolution bleue une teinte verdâtre! Je sépare la dissolution chloroformique à l'aide d'un entonnoir à robinet; je la filtre et la laisse évaporer à l'air. Je traite le produit de l'évaporation par de l'eau distillée, qui dissout la pyocyanine et quelques corps étrangers, sans toucher aux matières grasses. La dissolution aqueuse est agitée avec du chloroforme. Je sépare comme précédemment la dissolution chloroformique à l'aide de l'entonnoir à robinet; je laisse cette dissolution s'évaporer à l'air, après l'avoir filtrée. J'obtiens pour résidu de la pyocyanine contenant encore un peu de matières étrangères jaunâtres. J'ajoute sur ce résidu quelques gouttes (i) Recueil des travaux de la Société d'émulation pour les Sciences pharmaceutiques, t. III, i" fascicule, p. xxx. ( yG ) d'acide chlorhydrique étendu qui transforme la pyocyanine en une sub- stance rouge, que je considère comme une combinaison de pyocyanine avec l'acide employé; je laisse sécher à l'air; je traite alors par«le chloro- forme qui dissout les matières étrangères et n'exerce aucune action dissol- vante sur la substance rouge. Quand cette dernière est suffisamment pu- rifiée, je la triture avec un peu de carbonate de baryte en présence du chloroforme. Le carbonate de baryte s'empare de l'acide, et la pyocyanine, mise en liberté, se dissout dans le chloroforme. Je filtre la dissolution chlo- roformique et j'obtiens, par l'évaporation spontanée, des cristaux de pyocyanine. » La pyocyanine est d'une couleur bleue plus ou moins foncée; examinée au microscope, elle présente des cristaux prismatiques bleus. Elle est so- luble dans l'eau, l'alcool, l'éther et le chloroforme. La dissolution aqueuse est décolorée par le chlore; les acides la rougissent et les alcalis lui rendent sa couleur bleue. La liqueur bleue, agitée avec du chloroforme, lui cède la pyocyanine ; le chloroforme est sans action sur la liqueur rougie par les acides. » La dissolution de pyocyanine, contenant encore du pus, perd sa cou- leur d'un jour à l'autre, si on la conserve dans un flacon bouché; mais il suffit de l'agiter à l'air pour lui rendre sa couleur primitive. Le même phé- nomène de décoloration se produit, si l'on chauffe, dans un tube à essai, la dissolution bleue avec quelques gouttes de solution de sulfure de sodium, et l'on reproduit la coloration bleue en agitant la liqueur à l'air. Ces faits prouvent que la pyocyanine peut, de même que plusieurs matières colo- rantes, devenir incolore, sous l'influence des désoxydants, pour reprendre ensuite sa couleur bleue au contact de l'oxygène de l'air, et expliquent comment un pus incolore peut néanmoins colorer en bleu les linges à pan- sement. » L'ammoniaque m'a paru faciliter le développement de la pyocyanine; et c'est pour ce motif que, dans le procédé d'extraction, je traite les linges à pansement par de l'eau légèrement ammoniacale. » La pyocyanine me paraît devoir être considérée comme une base orga- nique pouvant produire avec les acides des combinaisons rouges. J'ai obtenu, en ajoutant sur de la pyocyanine quelques gouttes d'acide chlorhydrique étendu et laissant évaporer, un produit rouge cristallisé en prismes à quatre pans, insoluble dans le chloroforme, et qu'il a suffi de traiter par le carbo- nate de baryte pour reproduire la pyocyanine. » La même expérience faite avec l'acide acétique fournit une combinaison ( 2I7 ) rouge peu stable; par l'évaporation spontanée, l'acide se dégage et les cristaux bleus de pyocyanine reparaissent. i> La pyocyanine diffère complètement de la biliverdine que l'on a con- sidérée comme le principe colorant des suppurations bleues; elle diffère aussi de la cjanourine trouvée dans un dépôt urinaire bleu par Braconnot, ainsi que de la matière bleue rencontrée dans la bile par M. Chevreul et dans le sang par M. Lecanu. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sur le foie et sur les matières grasses provenant du contenu du l'appareil circulatoire d'un individu atteint d'atrophie du pancréas; par M., de Lcca. « M. le professeur Eartolini, directeur de la clinique médicale de l'hô- pital de Pise, à l'occasion de l'autopsie d'un individu mort par une conges- tion cérébrale et qui avait le pancréas en partie atrophié, a eu le soin de re- cueillir quelques matières dans le corps de cet individu et de me les confier pour les soumettre à des recherches chimiques. Ces matières consistaient: i° en une portion de foie et i° en un mélange de différentes substances solides et liquides recueillies dans la cavité droite du coeur, dans la région de la poitrine et dans la veine cave inférieure immédiatement après le dia- phragme. Voici les traitements qu'on a fait subir à ces matières. » I. Recherches sur le foie. — i°. L'eau distillée, employée pour laver le foie, dissout une matière qui a la propriété de réduire le tartrate de cuivre et de potasse, et de fermenter au contact de la levure de bière avec produc- tion d'acide carbonique absorbable entièrement par la potasse: c'est la matière sucrée qui se trouve dans le foie. » 2°. Une partie du foie, épuisée par l'eau distillée de manière que les dernières eaux de lavage ne réagissaient plus avec le sel de cuivre, a été abandonnée à elle-même pendant plusieurs heures : dans ces conditions il s'y est formé une nouvelle quantité de sucre séparable par l'eau. Il existe donc dans le foie une matière qui peut se transformer en sucre avec l'ac- tion du temps et par le seul contact des substances qui se trouvent dans cet organe. » 3°. Le foie, débarrassé de toutes les matières solubles dans l'eau, a été broyé dans un mortier et exposé à l'action d'une chaleur modérée en pré- sence d'une petite quantité d'eau. Il a fourni une solution laiteuse tenant en suspension une matière blanchâtre qui passe à travers les filtres à la C. R., 1S60, 2me Semestre. (T. LI, N° 6.) 3o ( *i8 ) manière de la solution d'amidon. Cette solution ne réduit pas les sels de cuivre, mais elle se colore avec l'iode et devient limpide et transparente au contact de la salive : dans ce dernier état elle réduit le tartrate de cuivre et de potasse et fermente avec la levure de bière. »4°- Cette même matière blanchâtre, lorsqu'on la traite d'abord au bain- marie par quelques gouttes d'acide chlorhydrique et ensuite par une faible solution de chlorure de sodium, produit un liquide capable de réduire les sels de cuivre, de fermenter par la levure de bière, et de fournir, par une lente évaporation, quelques cristaux contenant une quantité de chlore moindre que celle qui se trouve dans le chlorure de sodium pur. Ces cris- taux représentent la combinaison du glucose de la matière glycogène du foie avec le sel marin. » De tout ce qui précède, on déduit facilement que dans le foie examiné, malgré l'atrophie du pancréas, se trouvent toutes les matières découvertes par M. Claude Bernard, ce qui prouverait que la maladie du pancréas n'a pas modifié sensiblement la fonction glycogénique du foie. » II. Recherches sur la matière grasse du mélange. — Le mélange indiqué plus haut, formé de matières liquides et solides, fut évaporé au bain- marie et séché à i io°. On a obtenu ainsi un résidu sec pesant 4sr,36a : ce résidu fut épuisé par l'éther, qui lui a enlevé par le premier traite- ment toute la matière soluble, les traitements successifs ne cédaient à ce dissolvant que quelques traces de matière. Les solutions éthérées, réunies, ont laissé après leur évaporation une matière presque fluide à la température ordinaire, pesant i gr,79D. Cette matière était à réaction neutre : la teinture de tournesol mise en contact avec elle, soit directement, soit en dissolvant la matière dans l'alcool, ne changeait passa teinte; l'eau de baryte agitée avec cette même matière ne changeait pas de titre. Elit: était saponifiable par la baryte avec séparation de glycérine. » i°. Le mélange primitif, épuisé par l'éther, cédait à peine quelques traces de substance à l'alcool ; mais ces quelques traces ne pré.sentaient pas ail toiynesol des réactions nettes. » 3°. Après ces deux traitements, par l'éther et par l'alcool, le mélange primitif, séché à no°, représentait à peu près la différence entre 4g%36a (poids du mélange) et igr,7g5 (poids du corps gras soluble dans l'éther), et constituait une substance fibrineuse blanchâtre, mêlée avec une autre ma- tière colorée en rouge brique. n On est par conséquent porté à conclure que dans le mélange examiné n'existaient pas, d'une manière sensible, d'acides gras libres, et que la ma- ( 2I9 ) tière grasse n'avait pas été décomposée. Cela pourrait être rattaché à la ma- ladie du pancréas. On sait que M. Claude Bernard a montré qu'à l'état normal le suc pancréatique a la propriété de décomposer les graisses. » TÉRATOLOGIE. — Note sur un poulet hypérencéphale ; par M. D a reste « J'ai entrepris, depuis plusieurs années déjà, de poursuivre, et d'éten- dre les mémorables travaux de Geoffroy-Saint-Hilaire sur la production artificielle des monstruosités. Mes travaux ne m'avaient donné jusqu'à pré- sent que des résultais incomplets. Dans ces derniers temps, j'ai été beaucoup plus heureux, et je suis arrivé, en changeant les conditions normales de l'in- cubation, à déterminer dans les embryons de poulet un certain nombre d'anomalies. J'espère pouvoir, dans quelque temps, faire connaître à l'Académie les résultats de mes études, et quelques éléments nouveaux que je crois pouvoir introduire dans la science des monstruosités. Mais en attendant que mes travaux soient terminés, je crois pouvoir, dès à présent, faire connaître un de cas les plus curieux d'anomalie qui ont été le résultat de mes expériences. » L'embryon qui m'a présenté cette anomalie, et qui provenait d'un œuf ouvert au neuvième jour de l'incubation, était plein de vie, et les mouve- ments qu'il exécutait dans la cavité amniotique, étaient aussi vifs que ceux des embryons du même âge qui sont en parfaite santé. Or cet embryon présentait une anomalie fort rare. Toute la masse encéphalique esten dehors et au-dessus du crâne, et y forme unetumeur considérable, partagée d'avant en arrière par un sillon médian, en deux moitiés qui sont elles-mêmes divi- sées en trois parties représentant l'hémisphère cérébral, la couche optique et le lobe optique. Cette masse encéphalique est beaucoup plusvolumineuso que la tête qu'elle borde des deux côtés. La tête présente d'ailleurs dans sa conformation une régularité assez grande : seulement les yeux sont beau- coup plus petits que d'ordiuaire. L'œil gauche présente cependant encore des paupières, tandis que l'œil droit ne se manifeste au dehors que par une tache noire visible au travers des téguments. Tout le reste du corps de l'embryon était développé de la façon la plus normale. » Cette anomalie reproduit très-exactement les caractères que Geoffroy- Saint-Hilaire avait assignés au genre Hypérencéphale. Or il est très-digne de remarque qu'à l'époque où M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire écrivait son Traité de Tératologie, le petit nombre de monstruosités hypérencéphaliques 3o.- ( -xio f alors connues appartenait à l'espèce humaine. Depuis cette époque on n'a signalé, du moins à ma connaissance, qu'un seul cas d'hypérencéphalie en dehors de l'espèce humaine : c'est une autre poule hypérencéphale, dont M. Davaine a donné la description, il y a dix ans. Le poulet hypérencé- phale de M. Davaine différait de celui que je décris actuellement par l'absence complète de l'un des yeux. » Mais ce qu'il y a peut-être de plus intéressant dans l'organisation du petit monstre que j'ai sous les yeux, c'est l'existence d'une bride membra- neuse qui s'étend de l'allantoïde au côté droit de la tumeur. En effet, lors- que Geoffroy Saint-Hilaire décrivait en 1822 le monstre humain dont il faisait le type du genre Hypérencéphale, il signalait une particularité ana- logue (1). Il existait une bride membraneuse s'étendant du placenta jusqu'à la hernie cérébrale. Toutes les personnes qui se sont occupées de tératologie savent que Geoffroy-Saint-Hilaire a vu dans ce fait l'explication d'un très- grand nombre de monstruosités. Ce n'est point ici le lieu de discuter la valeur de cette explication. Qu'il me suffise de dire que dans la plupart des cas d'hypérencéphalie qui ont été signalés par les auteurs, cas qui sont encore en très-petit nombre, on a signalé des faits analogues. Tout récem- ment encore, M. le docteur Hotiel, conservateur du Musée Dupuytren, a fait connaître un hypérencéphale humain dans lequel on remarquait une semblable disposition (2). Sans vouloir me prononcera présent sur la signifi- cation de ces faits anatomiques, je crois devoir signaler un exemple de plus, et fort curieux par les circonstances nouvelles où il se présente, de la fréquente répétition des mêmes types en tératologie. » astronomie. — Observations faites à Briviesca (Vieille-Caslille) sur l'éclipsé totale de Soleil du 18 juillet 1860; par M. Lespiault. « J'avais disposé dans une lunette de 85 millimètres d'ouverture un ocu- laire micrométrique qui m'avait été cédé par MM. d'Abbadie et Petit. Cet oculaire ne renversait pas les images, et grossissait 55 fois environ, de sorte que le champ de l'instrument était, à peu de chose près, égal au disque lunaire; le micromètre se composait d'un réseau de traits fins et parallèles (1) Voir dans la Philosophie anatomi/jue de Geoffroy Saint-Hjlaiiik tout le chapitre qui est consacré à la description anatomkpae de l'Hypérencéphale, p. i56 à 22 1 . (2) Houel, Mémoire sur 1rs adhérences du placenta ou des enveloppes à certaines parties du corps du fœtus, dans les Mémoires de la Société de Biologie; 1857, p. 55. ( «« ) gravés sur verre mince dans deux directions perpendiculaires. 22 divisions sous- tendaient un angle de i5'. » Je me proposais d'observer et de mesurer l'auréole et les protubé- rances. Dans ce but, j'avais, quelques moments avant l'obscurité totale, amené l'un des traits du micromètre en contact avec le point zénithal de l'image lunaire. En le maintenant dans la même portion relative, pendant toute la durée du phénomène, je pouvais prendre des mesures exactes aux extrémités des diamètres vertical et horizontal, très-approchées sur les autres points du limbe, mais je n'avais que par estime les angles de position. » Quelques secondes avant le premier contact intérieur, la limite formée par l'arc de la Lune a paru irrégulière et tremblante; mais je n'ai aperçu ni Baily-beads, ni dents de peigne. Au moment où le dernier rayon du Soleil a disparu, l'auréole, déjà visible depuis quelques secondes, a subite- ment augmenté d'éclat, et des protubérances se sont montrées sur divers points du limbe. Quoique j'aie examiné simultanément les deux phéno- mènes, je donnerai séparément pour chacun d'eux le résultat de mes ob- servations. » Auréole. — Les faisceaux et les traits lumineux qui rayonnaient autour du disque obscur étaient loin d'être disposés avec symétrie ; leur éclat, leurs dimensions, leur forme, leur position même par rapport au limbe, étaient irrégulièrement variables d'un point à l'autre. Ici des traits de lumière isolés s'élançaient à peu près dans le prolongement des rayons; là ils se groupaient en minces faisceaux coniques dont la base s'appuyait sur la Lune, tandis que leur sommet allait se perdre dans l'espace par teintes dégradées. Ces jets lumineux, généralement rectilignes, quelquefois recour- bés, surtout à leur extrémité, partaient presque tous du bord de la Lune, et, quoique leur multiplicité dans le voisinage du limbe donnât à la por- tion intérieure de l'auréole un éclat plus considérable que celni de la région extérieure, cette auréole ne m'a nullement paru divisée en deux zones con- centriques. » Deux particularités ont appelé mon attention. Aux environs du point zénithal, j'ai distingué nettement un grand nombre de traits lumineux d'un blanc plus vif peut-être que les autres, qui, loin de converger vers le centre, coupaient, au contraire, les rayons et les faisceaux sous diverses incidences, de tejle sorte que cette portion de la couronne paraissait formée de lignes de lum ère entre-croiséei dans tous les sens ; qielques-unes d'entre elles étaient même presque tangentes au disque central. » En descendant vers la droite du disque, c'est-à-dire vers l'occident, la ( 222 ) portion du limbe qui s'étendait du 120e au i5oe degré à partir du zénith, servait de base à trois grands faisceaux lumineux juxtaposés, dont le der- nier particulièrement avait une étendue beaucoup plus considérable que les autres parties de l'auréole ; sa longueur totale était d'environ 3 rayons du disque ou 45', ainsi que je m'en suis assuré en faisant sortir entièrement la Lune du champ; ce faisceau était entièrement sillonné de traits blancs, qui, s'irradiant à partir du sommet, allaient atteindre les divers points desalarge base : ces traits avaient quelque analogie avec ceux d'une aurore boréale, mais leur lueur était plus douce et plus tranquille. » Protubérances. — Avant même l'instant du dernier contact, le mince filet lumineux formé par le bord du Soleil se colorait de rose et prenait l'aspect d'une crête de feu. Pendant la première minute de l'obscurité, cette crête a disparu derrière le disque lunaire. En même temps, les protu- bérances isolées diminuaient à l'orient et se formaient ou grandissaient à l'occident, comme derrière un écran mobile. Cet effet général ne permet guère de douter que les proéminences n'appartinssent au Soleil : le détail de mes observations m'a confirmé dans cette manière de voir. » A quelques degrés à l'ouest du point zénithal s'élevait une belle protubé- rance cylindrique, évasée par le haut, d'un rouge transparent tirant sur le carmin; j'ai trouvé pour ses mesures, i5 secondes environ après le com- mencement de l'obscurité : Hauteur 3,2 Divisions micrométriques. . . = 2', 2 Largeur à la base i,5 » » ... =1', o En marchant vers la gauche ou vers l'est, on remarquait un petit pic incandescent, que j'ai négligé en raison de ses faibles dimensions; en conti- nuant mon examen dans le même sens, j'ai vu, à mon grand étonnement, à 70 environ à l'orient du point zénithal, un véritable nuage de feu complète- ment isolé du disque obscur; car, entre la partie inférieure du nuage et le limbe de la Lune, j'apercevais le fond blanc de l'auréole à travers une division entière du micromètre, c'est-à-dire sur une largeur de 45" environ. J'ai trouvé pour les dimensions angulaires de ce nuage : Longueur 2,3 Divisions micrométriques. . . = 1', 6 Largeur '. 0,7 » » ... =o',5 Sa couleur était d'un rouge rosé non uniforme; son contour extérieur était très-nettement arrêté, tandis que sa limite intérieure restait un peu indécise. » En continuant à descendre le long du côté oriental du limbe, je n'ai ( a23 ) trouvé jusqu'au diamètre horizontal qu'une protubérance très-légère, der- nier vestige sans doute de la crête ignée qui se montrait au commencement de l'obscurité ; mais, un peu plus bas, à ioo° environ du point zénithal, s'éle- vait une belle proéminence dont la forme nettement caractérisée est repro- duite dans le dessin joint à ma Note. Cette proéminence est la plus considé- rable de toutes celles que j'ai vues pendant l'éclipsé : Hauteur 3,5 Divisions micrométriques. . . =• 2', 4 Largeur à la base 1 ,4 » » ... =s 1/.0 » En remontant le long du côté occidental du limbe, j'ai aperçu à peine sur son contour un ou deux points teintés de rose; mais 3o ou l\o secondes avant la fin de l'obscurité, j'ai vu s'élever tout à coup une magnifique crête lumineuse d'un rouge éclatant, qui paraissait émerger du disque obscur sur un arc de plus de 4o° de longueur. Les variations de grandeur qu'elle éprou- vait à chaque instant ne m'ont permis d'en prendre aucune mesure ; mais j'ai pu constater que son étendue et son éclat croissaient avec rapidité jusqu'au premier rayon du Soleil. » astronomie. — Note sur l'éclipsé totale de Soleil observée à Vittoria {Espagne) le 18 juillet 1860; par M. Biaxchi. (Extrait.) « ... A l'instant où l'éclipsé totale a eu lieu, tous les phénomènes prin- cipaux que j'avais observés lors de l'éclipsé de 1842 à Narbonne, et dont l'Académie a connaissance, se sont reproduits. Les mêmes pics ont apparu, occupant la même place sur le bord du disque. Cette grande ressemblance entre l'aspect qu'ont présenté les éclipses de iS.'ia et de 1860 est le point principal sur lequel je désire attirer l'attention de F Académie. J'achève de décrire à grands traits l'éclipsé que je viens d'observer. » J'ai vu cette fois les dentelures noires, dites le chnpelet, se détacher sur le dernier croissant du Soleil. L'auréole lumineuse qui rayonnait autour de l'astre éclipsé m'a paru plus éclairante qu'en 1842. Je n'ai vu ni dans l'une ni dans l'autre des deux éclipses, ni les filets lumineux serpentant sur le disque lunaire, ni le trou d'Ulloa. » J'ai constaté, je le répète, que les pics observés dans l'éclipsé de i8/|2 se sont représentés dansTéclipse de 1860, ayant sensiblement la même forme, et surtout occupant la même position respective, la même orientation sur le bord du disque. Je joins à ma Note les photographies des deux dessins au crayon faits chacun sons l'impression immédiate des observations. » ( "4 ) M. Zantedeschi fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il vient de publier sous le titre de « Phénomènes physiques observés dans l'éclipsé lunaire du 7 février 1860 ». Dans la Lettre jointe à sa brochure, l'auteur annonce qu'on y trouvera un parallèle entre les phénomènes physiques des éclipses lunaires et ceux des éclipses solaires, parallèle qui, dit-il, manquait jusqu'à ce jour à la science. M. Pappenheim prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur diverses communications qu'il lui a adres- sées concernant l'anatomie et la pathologie. Dans la même Lettre, l'auteur fait mention des recherches auxquelles il s'est livré pendant un voyage en Amérique, et qui ont surtout rapport aux races indigènes. Comme M. Pap- penheim ne mentionne guère que les observations qu'il a faites sur les lan- gues, les résultats de ce travail ne sont pas du ressort de l'Académie des Sciences ; quant à ses précédentes communications, elles ont été comprises dans le nombre des pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, concours qui n'est pas encore jugé. M. Querner, médecin à Hamilton (Canada), annonce qu'ayant eu occa- sion de faire de sérieuses recherches sur le choléra-morbus durant les épi- démies qui ontravagé à plusieurs reprises le pays qu'il habite, il est parvenu à découvrir un traitement rationnel tellement efficace, que depuis huit ans il n'a pas perdu aucun malade; il pense n'avoir pas été moins heureux dans la recherche d'une méthode prophylactique. Il offre de faire connaître à l'Académie ses découvertes, moyennant une rémunération de 5oooo francs. On fera savoir à M. Querner que l'Académie considère comme non ave- nue toute communication relative à des remèdes ou procédés curatifs que les inventeurs tiennent secrets. Si donc il se propose de présenter ses décou- vertes au concours pour le prix du legs Bréant, son premier soin devra être de les faire connaître dans un Mémoire suffisamment détaillé. M. Glaise adresse d'Auxerre (Yonne) un Mémoire intitulé : « Études sur la lumière, applicables à la démonstration de l'atmosphère de la Lune et au phénomène de la diffraction. » M. Faye est invité à prendre connaissance de ce Mémoire, et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. ( n5 ) BULLETIN IUBI.fOC.ItAI>IIIQUE- L'Académie a reçu dans la séance du 6 août 1860 les ouvrages dont voici les titres : Introduction aux recherches de mécanique chimique, dans lesquelles la lumière polarisée est employée auxili drement comme réactif; par M. BiOT; br. in-8°. (Extrait des Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIX.) Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. J. Decaisne; 3jeet 36e liv.; in-4°. Théorie de l'injecleur automoteur des chaudières à vapeur de M. H. Giffard; par M. Reech. Paris, 1860; br. in-4°. Histoire de l'art de la guerre avant l'usage de la poudre ; par Ed . DE la Barre DuPARCQ. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique, et publié par ordre du Ministre Secrétaire d'Etal au département de la Guerre; t. IX. Paris, i858; in-8°. Exercices anatomiques et physiologiques ; par le Dr Eugène Giraudet. Paris, 1860; in-12. Ligne de télégraphe. Europe — Asie — Afrique — Océanie — Amérique. Section de Mossoul à Hàidérabad ; de Calcula à Bangkok et Singapour ; par M. Vérard de Sainte-Anne. Paris, 1860; br. in-8°. De la culture et de la récolte du liège en Algérie; par M. H. Gaultier de Claubry; br. in-8°. TlJRGAN. Les grandes usines de France. Sèvres (fin). Décoration; 17e li- vraison; grand in-8°. Moyen sûr et prompt de guérir te croup; par le Dr Missoux, de Fournols. Ambert, 1860; br. in-12. Carte géologique du département du Puy-de-Dôme, dressée par D. Baudin ingénieur des mines, pendant les années i843, i844> '845 et 1846. Dei... Des phénomènes physiques observés dans l'éclipsé lunaire du 7 février 1860; parle prof. Zantedeschi; br. in-8°. The glaciers... Les glaciers des Alpes: relation d'excursions et d'ascensions dans ces montagnes, explication de l'origine et des phénomènes des glaciers, et exposition des principes physiques auxquels ils se rattachent; par J. Tyndall. Londres, 1860; 1 vol. in-8°. Transactions... Transactions de la Société royale des Arts et Sciences de l'Ile Maurice; nouvelle série, partie 2, vol. Ier. Maurice, 1860; in-8°. C. R. , 1860, 2rae Semestre. (T. LI, N°C.) ( 226 ) PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1800- Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à [étranger; par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LVIII; juin et juillet 1860; in-8°. Annales de /' Agriculture française ; t. XV, n° 12; t. XVI, n° 1; in-8°. Annales des Sciences naturelles, comprenant la Zoologie, la Botanique, l'Ana- tomie et la Physiologie comparée des deux règnes et l'Histoire des corps organisés fossiles; 4e série, rédigée, pour la Zoologie, par M. Milne Edwards; pour la Botanique, par MM. Ad. Brongniart et J. Decaisne; t. XIII, n° 4; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; juin 1860; iu-8°. Annuaire de Id Société météorologique de France ; juillet 1860; in-8°. Astronomical... Notices astronomiques; n° 20; in-8°. Atti. . Actes de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts; t. V, 3e série, 7e livraison ; in-8°. Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère; t. VIII, n° 3i; in-8°. Boletin... Bulletin bibliographique espagnol; n°* i3 et i4; in-8°. Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; juin 1860; in-8**. Boletin... Bulletin de la Société des naturalistes de la Nouvelle-Grenade; feuilles 1 et 2; in-8°. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine ; t. XXV, nos 17-20; in-8°. Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, I . III, n° 5 ; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; 2e série, t. IX, nos 5 et 6 ; in-8°. Bulletin de la Société a" Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe; 2e série, t. VII; in-8°. Bulletin de la Société de Géographie; juin 1860; in-8°. Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; t. V, 3e livraison; in-8°, avec atlas in-fol. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale ; mai 1 860 ; 111-40. Bulletin de la Société française de Photographie ; juillet 1860; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; 2e se- mestre 1860; nos i-5; in-4°. ( 227 ) Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des prouvés des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVII, ire-4e livraisons; in-8°. Journal a" Agriculture de la Côte-d'Or; juin 1860; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, n05 i3 et i4; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; juillet 1860; in-8°. Journal de l'âme; août 1860; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; juin 1860; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; juillet 1860; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; nos 19-21 ; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi; juin 1860; in-8°. La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; icf livraison; in-8°. La Culture; n° 1 ; in-8°. L'Agriculteur praticien; 2e série, nos 18-20; in-8°. L'Art dentaire; juillet 1860 ; in-8°. L'Art médical; juillet 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 85e et 86e livr. ; in-4°. Le Technologiste ; juillet 1860 ; in-8°. L ' Hydrotérapie ; 21e fascicule; in-8°. Magasin pittoresque; juillet 1860; in-8°. Monthly notices... Procès-verbaux de la Société royale astronomique, de Londres; vol. XX, n° 8 ; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; juillet 1 860 ; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l' Université et de l'Académie royale des Sciences de Gôtlingue ; année 1860, nos 18-21 ; in-8°. Nouvelles Annales de mathématiques , Journal des candidats aux Ecoles Polytechnique et Normale ; juin 1860; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; 2e série, vol. II, n° 1 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; juillet 1860; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 8e année; n° i3;in-4°. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; nos i3 et i4; in-8°. Société impériale de Mélecine de Marseille. Bulletin des travaux ; juillet j 860 ; in-8°. Société impériale et centrale d' agriculture : Bulletin des séances, Compte rendit mensuel; ie série, t. XV, n° 3; in-8°. Gazette des Hôpitaux civils et militaires; n05 78-90... ( 228 ) Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n"' 27-30. Gazette médicale de Paris; nos 27-30. Gazette médicale d'Orient ; juillet 1 860. L'Abeille médicale; nos 27-31. ' La Coloration industrielle; n°* 11 et 12. La Lumière. Revue de la Photographie , nos 25-3o. L Ami des Sciences; nos 27-31. La Science pittoresque ; nos 10- 1 3. La Science pour tous; n05 3 1 -3/j . Le Gaz; nos 10 et 11. ERRATA. (Séance du 3o juillet 1860.) Page i56, ligne 4, au lieu de Membre correspondant de l'Académie, lisez Correspondant de l'Académie. • Page 171, ligne 3 : noms des Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Leroux sur les indices de réfraction de quelques métalloïdes et métaux à l'état de vapeur, ait lieu de MM. Babinet, Faye, Delaunay, lisez MM. Babinet, Regnault, de Senarmont. La Commission indiquée à tort pour ce Mémoire, avait été nommée pour le Mémoire de M. Peirce sur la constitution physique des comètes, p. 174- Le nom de l'auteur de ce der- nier Mémoire a été par erreur écrit Pierce. Page 177, ligne 11, au lieu de excès, lisez essais. »««*«IB COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ■aaa»- » SÉANCE DU LUNDI 13 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. CBASLES. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Eclipse solaire du 1 8 juillet : Indication des faits observés à Castellon de la Plana(ro/aume de Valence, Espagne), par M. von Feilitzsch ; Lettre de M. Faye à M. le Secrétaire perpétuel. « J'ai reçu ces jours-ci quelques nouvelles de l'éclipsé ; peut-être inté- resseront-elles l'Académie, malgré le nombre de celles qui lui sont sans doute déjà parvenues. Si vous en jugez comme moi, je vous prierai de les lui communiquer. » Voici d'abord une longue Lettre en allemand de M. le baron von Fei- litzsch avec un dessin très-bien exécuté. M. von Feilitzsch (i), qui est bien connu des astronomes par ses observations de l'éclipsé totale de i85i, et surtout par la théorie qu'il a donnée de ces phénomènes, observait à Cas- tellon de la Plana, sur la tour de l'église, avec MM. Bùmker, de Hambourg, Wolfet Legrand, de Montpellier, et Claros, d'Estramadure. M. le profes- seur Plantamour, directeur de l'observatoire de Genève, s'était porté sur (i) La Lettre de M. von Feilitzsch et le dessin colorié qui l'accompagne resteront déposés an Secrétariat, où MM. les Membres de l'Académie pourront les consulter. C. R., 1860, ïm« Semestre. (T. LI, N° 7.) ^2 ( 23o ) Ja tour de la caserne; M. Lamont, directeur de l'observatoire de Munich, M. Bremiker, de Berlin, et M. Jrndl, observaient dans un jardin. » Mon savant correspondant était muni d'un appareil très-simple qui lui a permis de mesurer à diverses reprises les hauteurs et les angles de posi- tion des protubérances roses, et bien qu'il n'ait pas encore achevé le calcul rigoureux de ses mesures, il est certain que le résultat de ces mesures con- firme pleinement un phénomène déjà noté par MM. Mauvais, Petit et d Ab- badie, à savoir que le décroissement des protubérances orientales, tout comme l'accroissement des protubérances occidentales, est plus rapide que le mouvement relatif de la Lune et du Soleil. » M. Plantamour a fait en outre la remarque fort intéressante, que les protubérances orientales diminuaient de largeur à mesure qu'elles dispa- raissaient sous le bord de la Lune. » Le dessin ci-joint, qui mérite, je crois, d'être conservé dans les archives de l'Académie, montre la couronne telle qu'elle a été vue à l'œil nu. M. von Feilitzsch fait observer qu'elle ne présente aucun rapport avec la couronne uniforme de Péclipse de i85i ; elle ressemble au contraire aux dessins de l'expédition brésilienne en 1 858. Elle était d'un blanc de lait ; sa largeur était d'environ la moitié du disque lunaire. Un des faisceaux divergents atteignait une longueur égale au diamètre tout entier. Ce qui a le plus frappé l'habile observateur, c'est le faisceau en forme de lyre qu'on remarque au sud-ouest. » Quant aux protubérances, elles étaient moins nettes et plus pâles qu'en 1 85 1 . Leur hauteur était aussi beaucoup moindre, car celle qui est désignée par a sur le dessin, à l'ouest, atteignait à peine i'. » On a beaucoup insisté, dans ces dernières années, sur une relation qui existerait entre les taches du Soleil et les protubérances lumineuses. M. von Feilitzsch déclare que, malgré le grand nombre de taches et de facules qui existaient à l'époque de l'éclipsé sur le disque solaire, aucune d'elles ne ré- pondait aux protubérances observées; tandis que les montagnes lunaires qui découpèrent en deux endroits le mince croissant de lumière, vers l'in- stant du premier contact intérieur, lui ont paru répondre à la protubérance marquée b sur le dessin ci-joint, et à la chaîne de collines rougeâtres qui la suivaient un peu plus à l'est. » On trouvera dans la Lettre de M. le baron von Feilitzsch la description de quelques curieuses apparences uotées par M. Arndt et M. Claros. J'ajou- terai seulement ici la conclusion finale que l'auteur déduit de ses observa- tions, favorisées par un ciel magnifique : cette conclusion est que l'éclipsé ( a3i ) de 1860 a fourni des preuves décisives en faveur de l'opinion qui attribue la couronne et les nuages lumineux à de simples apparences optiques, et non à des parties intégrantes du Soleil ou de son atmosphère. » Cette opinion paraît devoir être confirmée par d'autres observateurs, car M. Roche m'écrit que deux personnes de Montpellier ayant observé l'éclipsé à Miranda, et deux autres près de Valence, la comparaison de leurs observations confirme mes idées sur l'absence d'une atmosphère solaire. Les apparences seraient purement optiques, et se réduiraient probable- ment à des effets de diffraction. Les rayons de la couronne, aux deux sta- tions, ne présentaient aucune ressemblance. Quant aux protubérances, rouges à Miranda, elles étaient blanches à Valence, et beaucoup plus grandes. » Espérons que la comparaison des observations espagnoles et de celles qui ont été faites en Amérique, en Algérie et en Ethiopie tranchera définiti- vement toutes les questions soulevées par ces phénomènes si controversés. » Une remarque de M. von Feilitzsch me fait regretter vivement qu'on n'ait point cherché la planète de M. Lescarbault pendant l'éclipsé. Lorsque le disque du Soleil n'était encore couvert qu'aux |-, on voyait déjà à l'œil nu une étoile au zénith. On sait que les tentatives faites en mars et en avril dans les observatoires anglais de Victoria, de Madras et de Sidney, pour décou- vrir cette planète sur le Soleil n'ont pas été plus heureuses que dans notre hémisphère. » Je ne puis résister au plaisir de vous transcrire ici un court passage d'une Lettre écrite de Tudela par un ami de ma famille qui avait voulu jouir en amateur du magnifique spectacle d'une éclipse totale : « On ne saurait » trop insister, dit-il, sur ce qu'avait d'imposant cette énorme colonne » d'ombre qui arrivait du nord-ouest, nous laissait dans l'obscurité pen- » dant 2m8s, dit-on (ce n'est pas un astronome qui parle), et poursuivait » ensuite sa marche vers le sud-est. Vous avez quelquefois observé la pluie » tombant à distance d'une manière inclinée : supposez qu'au lieu de voir » des rayons de pluie tombante, vous ayez une énorme masse d'atomes, » une poussière impalpable d'un gris foncé verdâtre, également inclinée » en partant du Soleil qui était très-haut, à 2h 5am à Tudela, et vous aurez » une idée de ce que j'ai vu arriver. Au retour de la lumière, je n'ai vu » qu'une masse confuse s'en allant, sans que je pusse distinguer d'inciinai- » son, ce qui se comprend très-bien. » » C'est là le phénomène que j'avais signalé aux observateurs qui ont pu observer l'éclipsé du mois de septembre i858 du haut d'une des cimes des 3î.. • ( alia ) Andes. Je pensais qu'en mesurant la distance zénithale du sommet de cette vaste colonne d'ombre, on pourrait en déduire une évaluation approchée de la hauteur de l'atmosphère. » Voilà, monsieur et cher confrère, le résumé de ce que j'ai appris sur ce beau phénomène. Je serais heureux que ces détails, joints à l'importante Lettre de M. le baron von Feilitzsch, fussent jugés dignes de l'attention de l'Académie. » M. Le Vkkrier fait de vive voix une communication sur les points qui, dans l'observation de l'éclipsé du 18 juillet, lui semblent établis par le té- moignage concordant de tous les observateurs. zoologie. — Recherches anatomiques sur Z'Ascalaphus meridionalis; par M. Léon Du ont. « Il est un groupe d'élégants Névroptères qui jusqu'à ce jour avait éludé mon scalpel et laissait dans mes recherches d'anatomie entomologique une regrettable lacune : c'est celui des Ascalaphiens. » Dans l'étude de la structure extérieure ou squelettique de l'Ascalaphe, ses fines et longues antennes terminées par un bouton abrupte ont appelé ma spéciale attention. Ces antennes servent à l'insecte de balanciers ou d'avirons aériens, soit pour diriger le vol, soit pour favoriser la station at- mosphérique quand il veut planer. Il était réservé à la micropsie de révé- ler dans ce bouton terminal une texture et des fonctions inaperçues par les entomologistes. Ce bouton est formé de douze cerceaux annulaires, noi- râtres, séparés par autant d'intersections linéaires, membraneuses, qui faci- litent son développement subvésiculeux. J'ai constaté dans son intérieur une pulpe spéciale avec d'imperceptibles trachéoles. C'est là un organe qui à mes yeux cumule les deux sens de l'ouïe et de l'odorat. » L'appareil sensitif de l'Ascalaphe ne diffère point de celui que j'ai fait connaîlre dans YOsmjlus, son voisin dans le cadre classique. La masse op- tique du cerveau, hérissée de ses innumérables ocellaires, m'a fourni l'oc- casion de confirmer et de corroborer la valeur d'un fait remarqué par M. Rambur d'une rainure transversale aux yeux. La micropsie prouve que cette rainure n'est pas bornée à la cornée réticnlaire; elle correspond au-dessous de celle-ci à un ruban fibro-membraneux qui règne dans toute l'épaisseur de la masse optique, en sorte qu'il y a réellement de chaque côté deux yeux au lieu d'un. ( m ) » L'appareil respiratoire ne diffère en rien de celui de ses congénères. » L'appareil digestif a des glandes salivaires bien caractérisées. Le canal alimentaire est court comme celui des animaux carnassiers, et PAscalaphe est insectivore. L'œsophage est suivi d'un jabot, puis d'une panse latérale. Il y a un gésier renfermant une valvule pylorique. Le ventricule chiliftque est grand, blanc et hérissé de courtes papilles. Il se termine intérieurement par une valvule venlriculo-inteslinale, l'analogue de Yiléo-cœcale des animaux su- périeurs. Le Joie consiste en huit vaisseaux hépatiques à bout libre et borgne. L'intestin slercoral débute par une portion cylindrique, bientôt réfléchie en un cœcum caractérisé par six disques orbiculaires de texlure contractile, favorables à la défécation. » L'appareil génital a presque la même composition que dans les ani- maux supérieurs. L'Ascalaphemâle diffère extérieurement de la femelle par la saillie au bout de l'abdomen d'un forceps ou d'une tenaille qui exerce son action dans l'acte copulatif. Les testicules, bien séparés l'un de l'autre, sont fixés à la base de la cavité abdominale; chacun d'eux est une glande ovale-oblongue blanche et unie intérieurement, mais au-dessous de cette tunique c'est un épi serré et mûriforme de capsules spermifiques ovalaires et sessiles. Le conduit déjérent, quatre fois plus long que le testicule, est d'une ténuité capillaire; les vésicules séminales forment deux agglomérations ar- rondies et presque confondues d'utricules ovoïdes et sessiles. » Les ovaires se composent chacun d'un faisceau de dix gaines ovigères multiloculaires, maintenues en place par un ligament suspenseur, destiné à prévenir les accidents que pourrait entraîner pendant la gestation l'accrois- sement progressif du volume et de la pesanteur des ovaires. Les gaines ovigères s'abouchent isolément en arrière à un calice, l'émule d'une matrice, où les œufs à terme doivent séjourner un certain temps. Les cols des deux calices confluent pour la formation de Yoviducte. A la région dorsale de celui-ci s'implante en avant la poche copulatrice d'Audouin, destinée à rece- voir le pénis lors de la copulation et à conserver la liqueur séminale destinée à donner aux œufs à terme le baptême de la fécondation. En arrière se voit ' une double glande sébifique qui sécrète une humeur spéciale pour enduire et préserver les œufs au moment de la ponte. » ( «34 ) CHIMIE ORGANIQUE. Faits pour servir à [histoire des ammoniaques composées; par M. A. W. Hofmann. « Substitutions inverses. — J'ai montré, il y a plusieurs années, que le bromure ou l'iodure d'un ammonium quaternaire se scinde, sous l'influence de la chaleur, d'un côté en bromure ou en iodure d'un radical d'alcool, et de l'autre en monamine tertiaire. >. Etant revenu dernièrement à l'étude de cette classe de substances, j'ai été conduit à examiner l'action de la chaleur sur les sels d'ammoniums tertiaire, secondaire et primaire. » L'expérience m'a démontré que ces corps subissent une décomposition parfaitement analogue. Le chlorure d'un ammonium tertiaire, soumis à la distillation, fournit le chlorure d'un radical d'alcool et une monamine secondaire; le chlorure d'un ammonium secondaire donne naissance au chlorure d'un radical d'alcool et à une monamine primaire; enfin le chlorure d'un ammonium primaire se décompose en chlorure de radical d'alcool et en ammoniaque. » Mes anciennes expériences ont fait voir qu'on peut monter dans l'échelle des dérivés ammoniacaux enj remplaçant, l'un après l'autre, par des radicaux, les 4 équivalents d'hydrogène de l'ammonium. De même, il est évident, d'après les expériences que je vais exposer, qu'on peut aussi descendre pas à pas en substituant successivement de l'hydrogène aux radi- caux. » Prenons comme exemple les sels d'ammonium de la série éthylique, la seule que j'aie examinée jusqu'ici. Echelle ascendante. H3Az + CïH»Cl(i) = [(C2Hs)HîAz]Cl, Chlorure d'éthylammonium. = [(C2H5)îH2Az]Cl, Chlorure de diéthylammonium. Ammo- Chlorure niaque. d'éthyle. ( CaHs )H2Az-|- CaH5Cl Ethyl aminé. (i) B = i; C = i2 ( 235 (C2H5)2HAz-f-CaH5Cl =[(C,H,)H»Az]CI, J f i . 1 1 1 s 1 : 1 1 1 1 i ( i . ■ - Chlorure de triétbylammonium. (C2H5)3 Az-r-C2H5Cl = [(C2H5)* AzjCl. IriiHIivlamine. Chlorure de tétrélliylan.monium. Échelle descendante. [(C2H5)4 Az]CI = C2H5Cl + (C2Hs)3 Az, Chlorure do Chlorure Triéthylamine. tétrélhylummonium. d'éthyle. [(C2H5)3H Az]Cl = C2H5Cl + (C2H5)2H Az, Chlorure de Diéthylamine. iriéthylammonium. [(C2Hs)2H2Az)Cl = C2H5C1 + (C2H5) H2Az, Ethylamine. Chlorure de diélhylammomum. [(C2H5) H3Az]Cl = C2HSC1 + H3Az, Chlorure d'éthylammonium. » Ces réactions, quoique intéressantes au point de vue scientifique, n'ad- mettent malheureusement qu'une application bornée en pratique. Plu- sieurs circonstances qu'il est difficile d'éviter troublent la netteté des transformations. Si la température n'est pas assez haute, une petite portion du sel d'ammonium soumis à la distillation se sublime sans altération; de plus, une partie du même sel est reproduite, dans le col de la cornue et dans le récipient (i), par la recombinaison des produits mêmes de sa scission; enfin, si la température est trop élevée, il arrive que le chlorure d'alcool monoatomique se décompose en radical diatomique, et en acide chlorhy- drique produisant, avec la monamine libérée pendant la réaction, un sel qui à son tour est aussi décomposé. (i) On peut obvier en partie à cet inconvénient en recueillant dans un acide les produit» de la distillation. ( a36) » Ainsi, le chlorure de diéthylammonium donne en même temps que le chlorure d'éthyle et l'éthylamine, de l'éthylène et du chlorure d'ethylam- monium, ce dernier se scindant de nouveau en chlorure d'éthyle et en am- moniaque. » Je me propose d'appliquer les réactions que je viens d'indiquer aux termes de la série de phosphore. Peut-être par cette voie seraient obtenues les phosphines diéthylique et monoéthylique, substances qui n'ont pas encore été produites. » CHIMIE. — Remarques sur tes densités de vapeur dites anomales; par M. A. W. Hofmann. a Dans une Note adressée à l'Académie à la fin de l'année dernière, j'ai fait voir que la molécule des diamines, comme celle de tous les autres composés bien examinés, correspond à a volumes de vapeur (1). J'ai essayé en même temps d'expliquer les densités de vapeur, anomales en apparence, des diamines hydratées, en admettant que les vapeurs données par ces substances ne sont que des mélanges de vapeur de base anhydre et de vapeur d'eau. » Ainsi, on a admis que l'hydrate d'éthylène-diamine se scinde, sous l'influence de la chaleur, en éthylène-diamine anhydre (a vol.) et en eau (a vol.). ((C'H')") H CîH,0AzïO= Ha [Az* + J„ 0(a). I 1 M'' ( H2 ) l ' > La densité de vapeur de l'éthylène-diamine, rapportée à la densité de l'hydrogène étant 3o, et celle de la vapeur d'eau étant 9, la densité d'un mélange de volumes égaux de ces deux substances == - = 19,5, chiffre coïncidant au résultat de l'expérience. » En continuant l'étude des diamines, j'ai remarqué de nombreux faits analogues. Sans entrer dans le détail de ces recherches, je prends la liberté de présenter à l'Académie une observation qui paraît résoudre expérimen- talement cette question. (i) H'O = 2 vol. (2) H = 10; 0 = i6; C = 12; etc. (237 ) » L'éthylène-diamine soumise à l'action de l'iodure d'éthyle donne une série de dérivés éthyliques parmi lesquels j'ai surtout étudié la base diélhy- lique. Ce corps à l'état anhydre est un liquide contenant G6H",Azî = J(CîH5)2 Az\ ( H2 ) et formant un hydrate bien cristallisé et très-stable, de la composition (C2H*)"' H C«H,8Az20 = {(CaH5)a}Az2 + ]tjjO. H2 H) » L'expérience a donné la densité de vapeur de la base anhydre = 5t,6i, ce qui prouve que la molécule de Péthylène-diamine diéthylique corres- pond à 2 volumes de vapeur, la densité théorique étant — = 57. » En déterminant la densité de vapeur de l'hydrate cristallin, j'ai trouvé 33,2, chiffre en parfait accord avec le résultat obtenu dans le cas de l'éthy- lène-diamine elle-même. Ici encore l'interprétation naturelle de ce chiffre nous conduit à admettre que la base hydratée se décompose en diamine anhydre et en eau, et que la densité observée est celle d'un mélange de volwmes égaux de vapeur de diamine et d'eau, lequel mélange produirait une densité = -* — 33. 2 » L'exactitude de cette interprétation peut être démontrée par une ex- périence très-simple. >< Ayant observé que l'hydrate perd son eau lorsqu'il est distillé à plu- sieurs reprises avec un grand excédant de baryte anhydre, j'étais amené à essayer la décomposition de l'hydrate à l'état de vapeur. Si la vapeur obtenue en chauffant cette substance à une température supérieure d'en- viron 200 à son point d'ébullition, était en effet un mélange des volumes égaux des vapeurs de la base et de l'eau à l'état de dissociation, pour me servir d'une expression heureuse de M. Deville, il était alors très-probable que le volume de vapeur produit par cette substance se réduirait à moitié sous l'action de la baryte anhydre. L'expérience a vérifié mon attente. » La partie supérieure d'un tube de verre rempli de mercure et renversé dans la cuvette était entourée d'un autre tube, ouvert aux deux bouts, et d'un diamètre à peu près triple de celui du premier tube; l'espace annulaire C. R. , 1860, 2me Semestre. (T. LI, N" 7.) 33 ( 238 ) entre les deux étant fermé à la partie inférieure par un bouchon bien serré. Le vaisseau ainsi formé autour du tube intérieur était muni en outre d'un tube de cuivre, ouvert en haut, fermé en bas et fixé aussi dans le bouchon. Le vaisseau étant rempli de paraffine, et le tube de cuivre étant chauffé par une lampe, il était facile de maintenir à une température hante et constante la partie supérieure du tube contenant le mercure, tandis que le bout inférieur plongé dans la cuvette restait accessible. Après avoir fait monter au haut du tube une petite quantité de la base hydratée et avoir chauffé la paraffine, oh a observé le volume de la vapeur fournie par la substance. On a alors introduit dans le tube quelques morceaux de baryte anhydre, tout en maintenant constante la température du bain. Dès que la baryte fut arrivée dans la vapeur, le mercure commença à monter et ne devint stationnaire qu'après une diminution de vapeur s 'élevant, les correc- tions nécessaires étant faites, à la moitié du volume primitif. » MÉMOIRES LUS. physiologie. — Sur la pression du sang dans le système artériel; par M. Poiseuille. (Commissaires, MM. Flourens, Morin, Cl. Bernard.) « Nous avons établi depuis longues années que deux hémodynamomètres de mêmes dimensions, appliqués simultanément en des points du système artériel inégalement éloignés du cœur, donnaient la même pression. Ce fait, en opposition avec les idées de Bichat qui voulait que la force d'impulsion du sang, due aux contractions du cœur, s'éteignît complètement aux vais- seaux capillaires, a été nié, combattu par M. le Dr Volkmann de Halle, dans un ouvrage qui déjà date de plusieurs années (1), et cela en s'appuyant, à tort selon nous, sur les travaux des hydrauliciens (2), desquels il résulte que les pressions qui naissent du mouvement de l'eau dans un tuyau rigide horizontal, sous une charge constante, diminuent de plus en plus en s'ap- prochant de l'orifice de sortie. Mais quelques publications récentes sur la circulation préconisant sa manière de voir, j'ai cru devoir étudier particu- lièrement les résultats que m'opposait M. Volkmann. Cet examen d'ailleurs me fournissait l'occasion, en me livrant à de nouvelles recherches, d'inter- préter, s'il y avait heu, le fait en question qui, bien que reconnu par la plupart des physiologistes, est resté jusqu'à présent sans explication précise. (1) Die Hdmodynamik. Leipzig, it55o. (2) D'Aubuisson de Voisin, Traité d'Hydraulique, p. ig5 et suivantes, i83/j. » Nous nous sommes donc occupé, au point de vue des pressions, des expériences d'hydraulique dont nous venons de parler, mais avec des tubes dont les dimensions fussent comparables à celles des vaisseaux des animaux, et dans le cas d'une pression constante qui pût atteindre au besoin la pression du sang dans le système artériel aortique. Expériences A. Charge 3Gc,f> d'eau. — Tuyau cylindrique en laiton /= iooc,46, d= i6mm,3. — Un premier piézomètre a est distant du réservoir de -jS^iS, un second ë de 5ic,i5 et un troisième ■/ de 77e, oi. NUMÉROS des expériences. ÉCOULEMENT. INDICATIONS DES PIÉZOMÈTRES. a 6 7 1 2 3 4 i3C,5 35,75 36, 00 36,27 c 8,00 35,4° 35,8o 36,25 0 3,5 35,25 35,70 36,24 mm _ .„ . ( d=n,qo... Par un orifice unique \ , L •' > . , < rf = b,75... terminal. J , _ ' ( d= 3, 10... » Chaque expérience de ce tableau fait voir en effet que les pressions diminuent en s' approchant de l'orifice de sortie, ainsi que l'ont constaté les hydrauliciens. Seulement nous ferons remarquer que, si dans l'écoule- ment à gueule bée (exp. i), les piézomètres extrêmes offrent une différence de 10 centimètres, cette différence n'est plus que de oc,5 (exp. 2) lorsque l'orifice de sortie devient environ quatre fois plus petit, quoique ces piézo- mètres soient distants l'un de l'autre de plus de 5o centimètres. » Mais l'appareil qui nous a donné ces résultats répond-il aux disposi- tions anatomiques qu'offrent les vaisseaux dans la circulation sanguine? Nullement. Le sang lancé par le cœur, pour arriver aux capillaires des divers organes, ne parcourt pas un vaisseau unique; il n'atteint les capil- laires qu'après avoir traversé l'arbre artériel , c'est-à-dire un tronc, l'aorte, des branches, des rameaux, des ramuscules : et branches, rameaux, ra- muscules, tout en cheminant, présentent, comme l'aorte, des issues secon- daires plus ou moins nombreuses. Or, d'après les expériences que nous allons rapporter, la présence de ces orifices latéraux de sortie tend à dimi- nuer la différence des pressions extrêmes; il arrive parfois qu'une permu- tation des mêmes issues rend les indications des piézomètres voisins du réservoir inférieures à celles des piézomètres plus éloignés; et dans cer- taine disposition des issues les pressions sont les mêmes partout. 33.. ( 24o ) » Nous avons fait souder çà et là, dans toute l'étendue de l'un de nos tuyaux, neuf petits tubes de dérivation, de sorte que nous avonseu au besoin dix issues, en y comprenant l'ajutage adapté à l'orifice terminal du tuyau. » A l'extrémité de chaque petit tube de dérivation, dont les dimensions sont environ 10 centimètres de longueur et 1 1 millimètres de diamètre, est fixé un robinet, lequel reçoit desajutages de diamètres variant de 2 à g mil- limètres. Tous ces robinets étant fermés, celui de l'orifice terminal ouvert, on se trouve dans le cas des expériences précédentes. Lorsque, au contraire, les robinets des petits tubes sont ouverts, ou quelques-uns d'entre eux, il s'agit alors d'un écoulement par des orifices multiples. Nous avons pu ainsi comparer les pressions qui ont lieu dans ce dernier cas, à celles provenant d'un écoulement par un orifice unique terminal, soit en rendant la somme des lumières des ajutages, en y comprenant toujours celle de l'ajutage terminal, tantôt égale à la lumière des tuyaux, tantôt plus petite ou plus grande. » Ici le tuyau est environ deux fois plus long que le précédent. Expériences B. Charge 36c,5 d'eau. — Tube cylindrique / = 200e, 16, d= i6mnl,3. — Le premier piézomètre a est distant du réservoir de 25e, 2, le deuxième 6 de i52c,3 et le troisième -/ de 178e, 16. NUMÉROS des expériences. ÉCOULEMENT. INDICAT a ONS DES PIËZOMÈTRES. g 7 c 4°4 2,0 1 Par six issues dont la somme des lu- 2 mières est égale environ à celle du 20,0 17,0 i6,5 3 4 1 mm j Par un orifice unique l ds= 7,9. • . 1 terminal. ( rf=2,i... i / Par cinq issues dont la somme des ln- l mières est égale environ à celle de 35,0 36,3 31,75 36, 10 3i ,25 36,o 5(*) ' l'orifice unique de sortie de l'expé- 1 rience 3, et par conséquent moin- l dre que celle du tuyau, expér. 1 . . 1 > 35 1 34,5 34,25 (*) Des pi y par exem] ézomètres placés sur des petits tubes de dérivati >le, donnaient la même pression que •/. on, peu éloign es des piézomètres du tuyau ( *1 ) » On voit que l'écoulement ayant lieu à gueule bée (exp. i), la pres- sion de 7 est inférieure à celle de a de plus de 20 centimètres ; mais lorsque le liquide s'échappe par six issues, cette différence est réduite à moins de 4 centimètres, et cepeudant ces piézomètres sont distants l'un de l'autre de plus de i5o centimètres. Même remarque pour les expériences 3 et 5. » Ainsi, en substituant à un orifice unique terminal plusieurs issues de lumière égale, les pressions extrêmes diffèrent beaucoup moins l'une de l'autre, et sont presque égales lorsqu'il s'agit d'une somme de lumières d'is- sues ayant environ le quart de la lumière du tuyau. » Nous avons expérimenté à des pressions supérieures à la précédente, et des résultats analogues ont été obtenus, ainsi que le montre le tableau C que nous donnons dans notre Mémoire et ne. reproduisons pas ici, faute d'espace. » Les expériences suivantes ont été faites à la pression de 189e, 5 d'eau, environ celle du sang artériel chez les Mammifères. Charge 189e, 5 d'eau. Expériences D. Même tuyau et même disposition des piézomètres que dans les expériences B. NUMEROS des expériences ÉCOULEMENT. 4 5 6 A gueule bée Par dix orifices dont la somme des lu- mières égale environ celle du tuyau. Par les mêmes issues que dans l'expé- rience 2, mais elles offrent un ar- rangement différent mm. ' dz=1,g... Par les mêmes orifices que dans l'ex- périence 7, mais ils offrent un ar- rangement différent INDICATIONS DES PIÉZOMÈTRES. Par un orifice unique terminal . 101 ,5 Ji4i° 90,5 i8o,5 i87,75 189,5 i75,o 176,5 i5,o 109,0 107,0 169,5 .84,75 i88,25 177,0 176,5 3,5 107 1 08 , o 167,0 184,0 188,0 176,5 » Ce tableau confirme les corollaires tirés des expériences B, mais il ( *4a ) contient un résultat nouveau, à savoir qu'en permutant les issues de l'ex- périence 2, la pression obtenue pour a (exp. 3) par cette permutation, est devenue inférieure à y de 17e, 5, de supérieure qu'elle était auparavant; or, si une permutation des orifices peut ainsi changer les pressions, on com- prendra qu'une certaine permutation des mêmes issues puisse donner lieu à des pressions égales dans toute l'étendue du tuyau ; c'est précisément ce qu'a donné l'expérience 8, dans laquelle les pressions sont les mêmes, lorsqu'elles étaient différentes dans l'expérience 7. Nous n'avons pas eu l'occasion de constater s'il en était de même pour les charges inférieures 36e, 5 : 97e, 5, considérées précédemment. » Ainsi, en nous plaçant dans les conditions anatomiques que présen- tent les vaisseaux sanguins, nous arrivons à des résultats tout autres que ceux invoqués par M. Volkmann. » Les expériences que nous venons de rapporter semblent tout à fait favo- rables à l'égalité de pression dans les vaisseaux artériels ; mais dans la seconde partie de notre travail, tout en nous appuyant sur quelques-unes d'entre elles, nous avons eu égard en outre aux conditions physiologiques de la circulation, et nous avons tout lieu d'espérer que l'interprétation qui en résultera ne laissera rien à désirer. » ANATOMIE comparée. — Recherches anatomiques et physiologiques sur te système tégumentaire des Reptiles (Sauriens et Ophidiens) ; par M. Emile Blanchard. (Résumé.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Cl. Bernard.) u On sait que le système tégumentaire offre des variations considérables parmi les Reptiles de l'ordre des Sauriens. Plusieurs des représentants de cette division zoologique ont la peau simplement tuberculeuse. Dans la plupart des types, au contraire, la peau est revêtue d'écaillés; chez les uns, ces écailles sont juxtaposées ou faiblement imbriquées, tandis que chez les autres elles se recouvrent successivement, de façon à présenter une large surface libre. Les zoologistes qui se sont livrés à l'étude des Reptiles, ont constaté ces différences et n'ont pas manqué de décrire la disposition des squames dans chaque genre. Mais là ils se sont arrêtés. En signalant ces différences, ils n'ont pas songé à y découvrir un but de la nature. Ils n'ont même accordé aucune attention à la structure des écailles, et pourtant cette structure, facile à observer à l'aide de faibles grossissements, fournit des caractères assez saillants pour répandre une certaine lumière sur les affini- tés naturelles des divers types. (*43) >> Bien que l'étude du rôle physiologique des parties tégumentaires des Reptiles ait été fort délaissée, nous voyons cependant que William Edwards, après ses belles expériences si connues sur la respiration cutanée des Batra- ciens, s'est assuré que chez les Lézards la respiration pulmonaire devient également insuffisante en été pour entretenir la vie; « seulement, ajoute-t-il, » il est beaucoup plus remarquable en ce que leur peau est écailleuse, ce » qui n'aurait nullement fait présumer que l'action de l'air sur cet organe » fût si nécessaire. » » Mes observations et mes expériences vont montrer que les téguments de ces animaux sont tout à fait organisés pour recevoir d'une manière effi- cace l'action de l'air. » Tout d'abord j'ai dirigé mes recherches sur les Sauriens dont les squames présentent le plus grand développement et la structure la plus compliquée, c'est-à-dire sur les Scinques [Goncjylus ocellatus et G. cyprins (Plestiodon Aldrovandi Dum. et Bibr.), Seps chalcides, etc.). » Chez ces Reptiles, les écailles douées d'une solidité remarquable, par suite de l'existence de corpuscules osseux dans leur épaisseur, offrent la plus élégante structure. Formées par plusieurs lames superposées, elles sont pourvues de canaux anastomosés dans leur partie moyenne et ouverts à la base, et en outre d'espaces lacuneux d'un aspect argenté. L'aspect argenté est dû à la présence d'air engagé et dans les canaux et dans les espaces lacu- neux. C'est là ce qui contribue à donner aux Sauriens du groupe des Scin- ques le brillant et l'éclat de leur écaillure pendant la vie. » L'étude des écailles des Reptiles de la famille des Scinques devait me conduire à reconnaître toute l'importance physiologique de ces parties té- gumentaires. La présence de l'air témoignait d'un rôle actif dans la fonction respiratoire; la souplesse des squames pendant la vie, leur prompte dessic- cation après la mort, montraient que leur tissu, comme celui de toutes les surfaces respiratoires, a besoin d'être maintenu dans un certain état de mol- lesse pour que l'oxygénation du sang puisse s"effectuer. » Afin d'avoir la démonstration complète de ces faits déjà rendus évidents par l'observation directe, j'ai eu recours à des expériences. Si l'on plonge des écailles ou même un animal entier dans l'eau, an bout d'un espace de temps plus ou moins court, suivant le degré de la température, l'air s'é- chappe ou se dissout et le liquide vient remplir les tubes et les cavités occu- pés auparavant par l'air. La grande perméabilité du tissu est donc manileste, mais j'ai voulu rendre le fait plus palpable encore et me mettre en mesure de prouver de la façon la plus positive l'existence de véritables conduits, de véritahles cavités. Dans ce but j'ai employé successivement des liquides qui, ( *44 ) en se combinant, donnent des précipités de couleur vive. Ainsi, je mouille des écailles dans une dissolution de bichromate de potasse; quelque temps après, j'en lave la surface avec de l'eau pure pour les plonger ensuite dans une dissolution d'acétate de plomb. Peu d'instants suffisent pour que les conduits et les lacunes aérifères se dessinent avec la couleur jaune clair du chromatc de plomb. De même après l'emploi successif du prussiate de po- tasse et d'un sel de fer, on les voit remplis d'une belle couleur bleue. D'un autre côté, on constate que les vaisseaux qui se distribuent à la peau et en- tourent la base des écailles forment des réseaux très-riches. Il est ainsi de toute évidence que l'oxygénation du sang a lieu sur toute la surface du corps de ces Reptiles écailleux, à l'exception de la tête, garnie de plaques d'une structure différente de celle des écailles. » Les squames desScinques, imbriquées et de la sorte soulevées les unes au-dessus des autres, ont la disposition la plus favorable pour être pénétrées par l'air humide. Les écailles de la plupart des autres types de Sauriens ne se recouvrent pas ou se recouvrent peu et ont une structure plus simple que dans les Scinques. Néanmoins, chez les Lézards proprement dits, les squames ayant entre les lames dont elles sont composées un tissu spongieux, possèdent encore à un haut degré la faculté d'absorber l'air et l'eau. Il n'est pas rare d'apercevoir nettement de l'air engagé entre leurs lames. Chez les Stellions, chez les Varans terrestres où les écailles ont la forme de scu- telles, il devient certain que la respiration cutanée , très-notable encore, est moindre que dans les types précédents. Les Geckos (Gecko rnaurilanicus, Laur., etc.), ont la peau revêtue d'écaillés si petites, que plusieurs Erpétolo- gistes les ont considérées comme des tubercules; cependant ce sont de véri- tables écailles, absorbant l'air, l'eau et tous les liquides avec une facilité extrême. Elles sont parcourues par des canaux anastomosés, circonscrivant des cellules qui apparaissent avec une grande netteté lorsqu'ils sont remplis d'un précipité coloré obtenu par le moyen que j'ai rapporté. » Chez les Caméléons seuls parmi les Sauriens, la peau est verruqueuse et là, suivant toute apparence, elle joue un rôle peu sensible dans la réoxy- génation du sang. » Si l'on vient à examiner les conditions biologiques de ces divers Repti- les, on reconnaît bientôt une remarquable appropriation de leur système tégumentaire à ces conditions. Les téguments ne pouvant accomplir leur rôle comme organe respiratoire qu'en demeurant maintenus dans un cer- tain état de mollesse, les Sauriens qui vivent constamment sur les arbres à l'air libre, comme les Caméléons, se trouvent en dehors des influences né- cessaires à une respiration cutanée quelque peu active. ( M5 ) » Les Geckos et les Varans terrestres, souvent exposés à l'action directe d'un air très-chaud, mais qui à certains moments trouvent de l'humidité dans leurs refuges, sont au contraire pourvus de téguments perméables à l'air et à l'eau. Ce caractère de perméabilité, joint à une augmentation de surface fournie par l'étendue des squames, se manifeste au plus haut degré chez les espèces qui habituellement recherchent des abris humides, ou se mouillent volontiers, en s'exposant à la pluie, et en entrant dans des flaques d'eau ou dans des mares. Les serpents dont l'écaillureest si parfaite, donnent souvent ce spectacle. » Mes recherches sur le rôle du système tégumentaire des Reptiles seraient incomplètes si je n'avais en même temps considéré attentivement dans ces animaux les variations de l'organe spécial de la respiration dont Meckel a publié un simple aperçu il y a plus de trente ans. » Entre tous les Sauriens, il n'en est pas dont les poumons acquièrent une ampleur comparable à ceux des Caméléons. Les Caméléons sont préci- sément les Sauriens dont la peau semble être la moins organisée pour absorber le fluide respirable. Un type du nouveau monde, le genre Phry- nosome, se fait remarquer par le volume de ses poumons; ses écailles sont fort petites. Chez les autres Sauriens, les poumons n'offrent pas de diffé- rences très-prononcées sous le rapport de leur dimension , mais l'étendue des surfaces qu'ils présentent varie au contraire dans une large mesure. En effet, ces organes ont des cloisons nombreuses dans les Reptiles dont la peau est garnie d'ecailles peu développées; les cloisons diminuent, s'effacent même totalement vers l'extrémité des poumons chez ceux qui ont le tégu- ment le mieux conformé pour venir en aide à l'organe affecté spécialement à la respiration, par exemple les Scinques, les Orvets, etc. Je puis ajouter que les réseaux vasculaires cutanés sont riches surtout chez ces derniers, et comparativement très-lâches dans les Caméléons. » D'après ces faits, on comprend que plus les Reptiles se dégradent, plus les téguments de ces animaux prennent d'importance dans l'acte de la respi- ration ; que plus les organes spécialement affectés à cette fonction se per- fectionnent, plus au contraire s'affaiblit le rôle des téguments. » Il pourra donc suffire maintenant, jusqu'à un certain point, de con- naître le genre de vie d'un Saurien, pour déterminer très-approximativement le développement relatif de ses poumons et de son système tégumentaire. De même, l'examen du système cutané permettra de concevoir d'une ma- nière assez exacte le degré de perfection que doivent acquérir les poumons ; et la connaissance de la structure de ces organes ne laissera pas que de C. R., 1860, ame Semestre. (T. LI, N° 7.) 34 ( 46 ) donner une idée juste des conditions dans lesquelles peut vivre tel Reptile. « Certaines influences particulières, il est vrai ^agissent sur l'étendue de la respiration, par exemple le degré d'activité de l'animal ; mais c'est en vue de ces influences que je formule mes propositions avec quelques restric- tions. » L'étude comparative des conditions biologiques des animaux et de leurs rapports avec les particularités d'organisation est appelée, je crois, à jeter une vive lumière sur beaucoup de questions physiologiques. Là où l'expé- rience du laboratoire serait incomplète , il s'agit de consulter l'expérience fournie par la nature elle-même. Guidé par cette pensée, je poursuis d'autres recherches; j'aurai prochainement l'honneur d'en présenter les résultats à l'Académie. » CHIMIE végétale. — De l'importance comparée des agents qui concourent à la production végétale; par M. Georges Ville. (Commissaires, MM. Brongniart, Payeri, Peligot.) I . — Fonction de la potasse. « Plus on étudie la végétation, plus on se convainc que les végétaux peuvent être assimilés sous beaucoup de rapports aux productions de la na- ture inorganique. Les végétaux ne sont-ils pas le produit d'un petit nombre d'éléments matériels, se combinant sous l'empire de leur affinité réci- proque ? » En assimilant les végétaux aux minéraux, je ne prétends pas identifier ces deux ordres de formation, et méconnaître la fonction de l'activité parti- culière dont l'embryon végétal est le premier foyer et le végétal arrivé au terme de son existence la dernière expression. » En assimilant la substance végétale aux minéraux, je veux simplement faire volontairement abstraction de la vie, et des réactions multiples qui se passent au sein des tissus, pour m'attacher, de préférence, aux effets varia- bles produits sur la végétation par les agents matériels qui y concourent, et découvrir, s'il est possible, le rapport existant entre la nature des milieux où la végétation s'accomplit, et le développement que les végétaux y acquièrent. » Si on entre dans cette voie d'investigation, un fait inattendu se révèle à vous : on découvre que certains produits sont actifs ou inertes, favorables à la végétation ou sans utilité pour elle, suivant la nature des corps con- tenus dans le sol, ou suivant la nature de ceux qu'on leur associe. » Par exemple, je me pose cette question : Quel est le degré d'utilité ( Ml ) pour les végétaux d'un mélange de phosphate de chaux et de carbonate d'ammoniaque, ou de tel autre composé azoté qu'on voudra, à l'exception du nitrate de potasse? L'expérience répond qu'un tel mélange exerce si peu d'influence sur les végétaux, qu'on est autorisé à la déclarer absolument nulle. On sera bien surpris de cette proposition, elle est pourtant certaine. Je mets sous les yeux de l'Académie la photographie des cultures qui l'at- testent, et je vais entrer dans le détail des expériences dont ces photogra- phies sont la fidèle représentation. » Pour mettre ce résultat en évidence, il faut opérer dans des pots de biscuit de porcelaine d'une pâte dure et compacte. Il faut, de plus, se servir comme sol de sable calciné une première fois au feu d'un four à porcelaine, puis lavé à l'acide chlorhydrique étendu, et calciné une seconde fois au moufle dans un creuset couvert. Ces précautions sont destinées à prévenir l'introduction accidentelle d'un peu de potasse. Si l'on réussit à se mettre à l'abri de cette intervention, 20 grains de blé cultivés avec le secours d'un mélange de phosphate de chaux, de phosphate de magnésie et de nitrate de chaux en proportion équivalente ogr, 110 d'azote, produisent 6gr,02 de récolte se décomposant de la manière suivante : Paille et racines 5gr,87 I figr .*. 10 grains oBr,i5 ) » L'addition de 3 grammes de silicate de potasse au mélange précédent élève la récolte à 22^,27, se décomposant comme il suit : Paille et racines i98r,og | „#, 101 grains 3«r,i8 j 22 '*7 [ ' » Il suffit de rapprocher ces deux résultats 6gr, 02 et 22s',27 pour justifier, je crois, sans plus de commentaires la proposition que j'ai formulée en com- mençant. Disons donc, et disons bien haut : « Un mélange de phosphate de chaux et de matière azotée, agissant isolément, est sans influence sur la végétation ; l'addition de la potasse communique soudain à ce mélange une efficacité incomparable. » » Ce résultat avait trop d'importance à mes yeux pour ne pas le sou- mettre à une vérification sévère. Mais, en y réfléchissant, il m'a paru inté- ressant de substituer au sable calciné, dont le caractère par trop exception- nel comme sol nuit à la généralisation des résultats, une terre naturelle- (*) Expérience de i85g. (**') Expérience de i858. 34- ( 248 ) ment dépourvue de potasse. Grâce à cette substitution, la vérification que je projetais acquérait plus de généralité, sans rien perdre de son caractère scienlifique, et l'agriculture y gagnait une précieuse indication. Parmi les terres se recommandant à mon choix par leur composition, celles des Landes de Gascogne m'a paru devoir mériter la préférence. Formée presque exclu- sivement de sable siliceux sans autre addition qu'un peu d'alumine, d'oxyde de fer et d'humus, elle offre une simplicité de composition favorable au but queje m'étais proposé. Divers échantillons de cette terre m'ayant été fournis par les soins de l'administration chargée des cultures impériales, j'ai pu in- stituer cette année deux séries parallèles de cultures avec et sans le concours de la potasse. Chaque culture a reçu 10 grammes de phosphate de chaux et ogr, r 10 d'azote. L'une des séries recevait en plus l\ grammes de silicate de potasse (*). » Dès le début de l'expérience, ces deux séries de culture ont offert un contraste saisissant : là où la potasse faisait défaut, la végétation était à peu près nulle; les plantes languissantes et chétives pouvaient à peine se soute- nir. Dans les pots où la potasse faisait partie de la fumure, la végétation pré- sentait une activité remarquable : le chaume de quelques céréales s'est élevé à im,3o de hauteur; les épis étaient bien fournis de grains. » Au surplus, la moyenne des récoltes obtenues dans les deux cas et un regard jeté sur les photographies qui accompagnent celte Note, en diront plus que toutes les descriptions possibles. CULTURE DANS LA TERRE DES LANDES. — RÉCOLTE MOYENNE. _.,... ,, ... . Phosphate de chaux Matière azotée. Phosphate rie chaux. Matière azolce. Silicate de potasse. Paille et racines . ^fr ,65 i . ftft Paille et racines . . i6*r,8o ) ; 1 5 grains o«r,23 (^ ' 1 88 f-rains 48r>'5) ?'° » Il est donc avéré que la potasse est l'agent régulateur des bons effets produits sur la végétation par un mélange de phosphate de chaux et de ma- tière azotée. J'ajoute enfin que la nature de la matière azotée ne change pas le sens du phénomène. J'ai opéré indifféremment avec le nitrate de soude, le nitrate de chaux, le sel ammoniac, le carbonate d'ammoniaque et l'urée : le résultat s'est maintenu invariable. En l'absence de la potasse, la végétation était chétive, stationnaire et rudimentaire. La participation de la potasse lui imprimait une activité immédiate. Pour être rémunératrice, la culture dans les Landes de Gascogne exige donc qu'on se préoccupe autant de pour- voir le sol de potasse, que de phosphate de chaux et de matières azotées. » (*) On peut remplacer le silicate dépotasse parle bicarbonate. ( *49 ) MEMOIRES PRESENTES. M. le Maréchal Vaillant présente au nom de M. Millon deux Notes dont il fait connaître le sujet dans les termes suivants : « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie deux Notes rédigées par M. le Dr Millon, directeur de la pharmacie centrale d'Alger. » La première fait connaître une propriété du charbon de bois qui n'a pas été encore signalée que je sache : » Il résulte des expériences de M. Millon que le charhon de bois, obtenu à 320°, représente un résidu organique altérable sous l'influence de l'air par les solutions alcalines et se transformant en leur présence en une ma- tière noire, analogue aux produits humiques, acide, insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'ammoniaque et dans les alcalis. >• Cette transformation du charbon de bois obtenu à 320° est rapide et complète avec la potasse en fusion, mais elle est déjà très-sensible avec la dissolution la plus affaiblie d'un carbonate alcalin. » M. Millon insiste sur ce dernier résultat, qui lui a fourni l'explication de certains faits de nitrification sur lesquels il se propose d'appeler l'atten- tion de l'Académie. » La seconde Note du D1 Millon signale un phénomène singulier qui se produit dans la combustion du sulfure de carbone par l'air froid, quand il se volatilise dans une atmosphère imprégnée d'eau et d'ammoniaque. » Si dans un ballon en verre rempli d'air et dont les parois sont humec- tées avec de l'eau, l'on introduit simultanément i gramme ou a d'ammo- niaque liquide et i5 ou 20 gouttes de sulfure de carbone, on voit se former au bout de quelque temps un nuage plus ou moins dense, qui remplit bien- tôt le ballon et s'y maintient pendant plusieurs heures. » Or, l'apparition de ce nuage ne pouvant être expliquée, d'après le D1 Millon, par aucune action directe de l'ammoniaque et du sulfure de^ car- bone l'un sur l'autre ou sur l'eau, il en conclut que le phénomène, désigné sous le nom de nuage ou de brouillard, peut se manifester au sein d'une atmosphère humide, quand viennent à s'y rencontrer des substances indif- férentes les unes pour les autres et pour l'eau; il suffit qu'elles se transfor- ment, au dépens de l'air et de l'eau, en substances nouvelles douées sans doute chacune d'un pouvoir optique spécial. » Peut-être, dit M. Millon, la météorologie puisera-t-elle dans ce fait ( 25o ). quelque explication utile pour compléter la théorie physique de certains hrouillards et des nuages. » (Renvoi aux Commissaires désignés pour une précédente communication de l'auteur également présentée par M. le Maréchal Vaillant : MM. Chevreul, Dumas, Bussy.) chimie appliquée. — Fabrication du sucre de betterave : Note adressée par M. Maumeîje à l'occasion d'une communication récente de MM. Meschelynck et Lyonnet. (Commissaires désignés pour le Mémoire de MM. Meschelynck et Lyonnet : MM. Pelouze, Payen.) « Ce travail se bornant à une préparation de l'acide carbonique que les auteurs croient nouvelle, je demande la permission de rappeler que ce procédé est celui que j'ai indiqué dans un Mémoire soumis à l'Académie le a5 mars i856 et qui est un extrait du brevet pris le 26 février i85ô sous le n° 22478- Voici la copie textuelle du passage relatif à la préparation de l'acide carbonique (dans le brevet) : « L'acide carbonique doit être préparé par la calcination de la pierre à » chaux, aidée de la vapeur, et recueilli dans un gazomètre, etc. » » J'ajouterai que ce procédé doit être employé cette année dans une fa- brique de sucre où l'on s'occupe d'essais en grand de mon procédé. » A cette occasion, je prie l'Académie de recevoir quelques renseignements sur les essais que j'ai fait faire jusqu'à présent. » S. M. l'Empereur ayant daigné charger MM. Morin et Payen, Membres de l'Académie, d'examiner ma méthode, divers essais ont été faits au Con- servatoire des Arts et Métiers, et 7 hectolitres préparés dans les conditions les plus imparfaites ont été conservés pendant plus d'nn an sans la moindre altération. Ils ont fourni du sucre bien cristallisé; la mesure de ce sucre n'a pu être obtenue exactement faute d'un procédé suffisamment précis : mais le degré saccharimétrique n'a pas varié. » Deux grandes expériences ont été faites dans des fabriques. La pre- mière au Pont-Rouge , près Soissons. On a conservé plus de 800 hecto- litres dans la cuve du gazomètre à gaz d'éclairage. Le jus était seulement re- couvert par la cloche remontée à 5o centimètres au-dessus de sa surface; des planches dressées des bords de la cuve à ceux du gazomètre empêchaient les courants d'air, et leur action était rendue plus complète par une couche ( *5i ) de paille et de terre. Le jus a passé huit mois dans ces conditions sans la moindre altération apparente. La chaleur de l'été, qui n'a cessé d'agir sur la cloche, n'a pas amené la plus légère fermentation et l'essai eût été probable- ment décisif, si l'extraction du sucre avait été exécutée comme elle devait l'être avec les précautions nécessaires. » Une autre expérience a été faite à Charleville par M. Waroquier sur plus de 600 hectolitres. La citerne s'ouvrait dans la cour de la fabrique et ne put être complètement mise à l'abri des eaux pluviales. Une couche d'environ 10 centimètres de hauteur se produisit à la surface du jus et devint le siège d'une fermentation visqueuse et putride des plus complètes. Cette fermentation ne se communiqua pas le moins du monde au jus lui- même, et ce jus préparé avec les plus mauvaises betteraves donna un ren- dement au moins ordinaire. » Je n'ai pas l'ombre d'un doute sur la réalité des avantages d'une extraction faite au moyen des jus conservés par la chaux ou les alca- lis, et je prie l'Académie d'accueillir quelques réflexions que je n'avais pu donner dans mon premier Mémoire. » La plus grande objection qui m'ait été faite, est celle-ci : la conservation ne peut donner plus de sucre que les cuites immédiates et les appareils de cuite sont toujours en avance sur la râperie. Il n'est pas douteux que la conservation améliore les jus comme je l'ai annoncé. Us se défèquent à froid et peuvent le plus souvent être cuits sans noir ou à très-peu près. D'un autre côté les râperies, au lieu d'être concentrées dans les fabriques, peuvent être divisées dans les fermes, et les jus mêlés de chaux seraient conduits aux fabriques pour y être traités. Les jus préparés avec des betteraves en bon état donneront alors, sans noir ou à peu près, un rendement presque égal au rendement théorique, et le sucre sera de la meilleure qualité. » Un grand avantage de mon procédé c'est de permettre l'emploi de toute espèce de betterave. Or on voit aisément quel immense bénéfice pour l'a- griculture. Il n'est plus nécessaire de s'en tenir aux betteraves pivotantes qui exigent tant de main-d'œuvre et de soins pour leur culture. On peut cultiver les betteraves rondes et l'on vient d'acquérir la certitude par un travail de M. Leplay (présenté aussi dans l 'avant-dernière séance) que ces betteraves ont une richesse de 1 pour 100 supérieure à celle des longues et pivotantes, du moins en général. » J'ajouterai une très-courte observation sur un autre sujet, mais à l'oc- casion d'une communication faite dans la même séance, je veux parler de la Note de M. Mène sur la solubilité du carbonate, du sulfate et du phos phatede chaux dans les sels ammoniacaux. ( 252 ) » Je demande la permission de rappeler que j'ai annoncé le premier la solubilité du carbonate de chaux sons l'influence de certains sels, comme on peut le voir dans le Mémoire sur les eaux de Reims, Mémoire que l'Acadé- mie a honoré d'une médaille d'or en i85t. Au § CLIV de ce Mémoire j'ai écrit : « .... L'acide carbonique n'est pas le seul agent de dissolution des car- » bonates : certains sels ont aussi la puissance de détruire leur insolubilité. » Dans les eaux naturelles les carbonates sont dissous en partie par l'action » de l'acide carbonique, et en partie par l'action des autres matières sa- » lines. » CHIRURGIE. — Note sur un nouveau perfectionnement apporté à [opération des polypes nasopharingiens ; par M. Maisonneuve. (Extrait par l'auteur.) . (Commissaires. MM. Velpeau, Jobert de Lamballe, J. Cloquet.) « Ces polypes constituent une classe redoutable de tumeurs qui, prenant naissance dans le périoste ou les tissus fibreux de la voûte du pharynx, s'insinuent par leurs prolongements multiples, dans les diverses anfractuo- sités de la face, y déterminent les plus hideuses déformations, et finissent par compromettre la vie ou obstruent les voies respiratoires et digestives. » Parmi toutes les méthodes opératoires proposées pour la guérison de ces tumeurs, une seule jusqu'à présent a été reconnue efficace et radicale : c'est celle de Flaubert de Rouen. Elle consiste à extirper préalablement l'os maxillaire supérieur pour aller saisir le polype à son point d'implantation. Mais quand on l'exécute par les procédés ordinaires , cette précieuse méthode est d'une exécution si longue et si compliquée, elle détermine sur le visage de si graves mutilations, que les chirurgiens hésitent à en faire usage ou ne s'y décident qu'à la dernière extrémité. » Par mon procédé, tous ces inconvénients disparaissent et l'opération, tout en conservant son efficacité, a l'immense avantage de s'exécuter avec une rapidité merveilleuse et de ne laisser aucune trace sur le visage. Au moyen d'une pince incisive puissante dont un des mors est introduit dans la narine l'autre dans la bouche, j'incise d'un seul coup la voûte palatine; avec la même pince dont un des mors reste dans la narine, tandis que l'autre embrasse la face externe du maxillaire, j'opère la section transversale de l'os, qui, n'ayant plus de soutien, est extrait facilement et met à décou- vert l'insertion du polype dont il devient alors très-simple de faire l'extir- pation radicale. » Comme complément de cette description, je rapporte dans le Mémoire ( a53 ) que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, l'observation d'un jeune homme auquel j'ai fait l'application de ce procédé et qui, en quelques semaines, a été guéri radicalement, sans qu'il restât sur son visage la moindre mutilation, m M. Gouriet, de Niort, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Théorie chimique pour expliquer l'assimilation du phosphate calcaire et la nécrose phosphorée. Conséquences physiologiques qui en dérivent. » (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Cl. Bernard.) M. Fréd. Leclerc adresse, de Tours, une Note sur les résultats de quelques nouvelles recherches de physiologie végétale. Ces recherches, qui se composent principalement d'expériences sur la sève avec les conséquences qu'on peut tirer des résultats obtenus relativement au rôle physiologique des trachées, sont renvoyées à l'examen d'une Com- mission composée de MM, Brongniart, Decaisne et Moquin-Tandon. M. Fayet, qui avait précédemment adressé au concours pour le prix de Statistique, diverses pièces imprimées mentionnées au Bulletin biblio- graphique du Compte rendu de la séance du 3i mars, adresse aujourd'hui, comme appendice à ces recherches sur la population de la France, l'article « Instruction primaire » refait et complété d'après les documents officiels, et un supplément à l'article « Recrutement militaire ». (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) CORRESPONDANCE. M. Flourens présente, au nom de l'auteur, M. Sédillot, un ouvrage intittdé : de l'Evidement des os; ouvrage remarquable, dit M. Flourens, et l'un de ceux qui entrent plus avant dans l'esprit de cette partie nouvelle de la chirurgie, qui naît, en ce moment, des expériences physiologiques sur la formation des os. M. Flourens signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance un ouvrage posthume de feu M. G. Venerio, contenant les résultats C. R., 1860, 2ra« Semestre. (T. LI, N° 7.) 35 t m ) d'observations météorologiques faites à Udine dansle Frioul, de i8o3 à 180/L Un exemplaire de cet ouvrage, publié par le frère de l'auteur avec l'aide de M. le professeur J.-B. Bassi, avait été adressé à l'Académie; mais par suite de la double application de ce nom Académie, c'est dans la Bibliothèque de l'Université et non dans celle de l'Institut qu'il avait pris place : la Lettre d'envoi, retrouvée après huit ans dans les feuillets du livre, a fait connaître sa véritable destination : on signalera cette cause du retard dans la Lettre de remercîments qui sera adressée au donateur. M. Ff,ounENs signale parmi les pièces imprimées de la séance un Mé- moire de M. Manteyazza, professeur d'hygiène à Milan, sur la vitalité des zoospermes de la grenouille et sur la transplantation des testicules d'un ani- mal à l'autre. Écrit en français et précédemment annoncé par une Lettre mentionnée au Compte rendu de la séance du 9 avril dernier, où le nom, par suite d'une signature peu lisible , est écrit Montegazza, cet opuscule est aujourd'hui accompagné d'une Lettre à M. Flourensdont nous extrayons les lignes sui- vantes : « Par vos expériences sur le périoste vous avez fait naître, Monsieur, les découvertes de M. Ollier; je crois avoir fait un nouveau pas sur la même route, en démontrant que l'on peut transplanter les testicules d'une grenouille à l'autre, et je me trouverais très-honoré si vous vouliez bien donner à l'Académie une idée de mes recherches sur ce sujet, ainsi que sur la vitalité des zoospermes chez le même animal. » Voici les faits les plus importants sur lesquels j'ose appeler l'attention : » i°. Les zoospermes de la grenouille peuvent vivre depuis — i3°,75 jusqu'à — i43°,75. » a°. Ils peuvent être pris dans la glace jusqu'à quatre fois de suite sans mourir. » 3°. Le testicule de la grenouille peut être transplanté d'un animal à l'autre soit sous la peau de l'abdomen, de la cuisse ou du dos. » 4°- Si on greffe le testicule sous la peau de l'abdomen d'une grenouille femelle peu de jours avant la ponte des œufs, il arrive quelquefois qu'il se développe une telle attraction entre le testicule et les veines, qu'il y a ulcé- ration des muscles du ventre, et les éléments mâle et femelle viennent en contact. Ce phénomène arrive avec une telle force, que la grenouille meurt toujours. » ( a55 ) CHIMIE. — Faits pour servir à l'histoire de la fécule, du ligneux, de la gomme, de ta dulcine et de la marmite; par M. A. Béchamp. « Dans une Note récemment présentée à l'Académie où M. H. Carlet an- nonce la découverte de l'acide racémique parmi les produits de l'oxydation de la dulcine, on lit le passage suivant : « De ce fait on peut déduire deux conséquences, l'une peu probable et » en désaccord avec tous les faits connus jusqu'à ce jour, c'est qu'on pour- » rait obtenir une substance active au moyen d'une substance inactive; » l'autre plus probable... » » Je demande la permission de rappeler que, dans un Mémoire sur la fécule et le ligneux (Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. XLVIII, p. 458), après avoir annoncé que ce dernier composé, comme la fécule, pouvait se transformer en une modification soluble que j'ai désignée sous le nom de ligneux soluble et en un produit que j'ai nommé dextrine de ligneux, j'ai fait la remarque suivante : « Mais ce qu'il y a de remarquable et très-digne d'être noté, c'est que, « tandis que le pouvoir rotatoire de la fécule soluble est le plus grand qui » soit connu, le pouvoir rotatoire du ligneux soluble est nul, dans les li- » mites de l'expérience; et ce qui n'est pas moins remarquable dans l'his- » toire des pouvoirs rotatoires, le ligneux soluble, corps optiquement inac- » tif, devient actif vers la droite en se transformant en dextrine et en sucre. » L'inactivité paraît appartenir au ligneux insoluble lui-même,car une dis- » solution de coton dans l'acide chlorhydrique fumant, d'où l'eau sépare » du ligneux insoluble sous l'état gélatineux, ne dévie pas le plan de pola- » risation. » » Il résulte de ce passage qu'en i856 j'avais déjà annoncé la possibilité de former des substances optiquement actives avec une substance inactive. Naturellement je devais chercher la cause de ce fait si en désaccord avec tous les faits connus jusqu'alors. Cette question m'a constamment occupé depuis cette époque. C'est afin de prendre date que j'extrais de mes notes ces fragments d'étude, tout incomplets qu'ils soient encore. » I. Dans un Mémoire présenté l'année dernière à l'Académie, j'ai fait connaître la composition et les propriétés des dérivés nitriques de la fécule. La fécule mononitrique et la fécule dinitrique se présentent à nous sous deux états moléculaires différents, dont le pouvoir rotatoire est proportion- 35.. ( a56 ) nel à celui de la fécule qu'ils renferment. De ces composés on peut régéné- rer la fécule dans sa forme soluble. » II. Nitrodextrin.es. — La fécule et le ligneux engendrent chacun des produits de désagrégation qui ont perdu les propriétés essentielles des corps d'où ils proviennent. La dextrine de fécule de la plupart des auteurs a un pou- voir rotatoire [a]y = 1760/' moindre que celui de la fécule soluble [a]/= 21 1°/\ La dextrine de ligneux possède un pouvoir rotatoire [a]/ = 88°9\ supérieur à celui du ligneux qui est nul, mais inférieur à celui de la dextrine de fécule dont elle partage la plupart des autres pro- priétés. Elles engendrent l'une et l'autre un dérivé nitrique. » Dextrine dinitrique de fécule. C,2H808,2N05. — On dissout 1 partie de dextrine dans 5 parties d'acide nitrique fumant et on ajoute à la disso- lution un volume d'acide sulfurique à peu près égal à celui de l'acide ni- trique. Il se sépare un précipité visqueux qui, broyé dans l'eau, se réduit en poudre. Le précipité lavé et séché se dissout dons l'alcool à 900 centési- maux. La solution alcoolique l'abandonne par évaporation sous la forme de plaques vitreuses dures et pulvérisables. » La dextrine nitrique de ligneux se prépare de la même manière. Elle se dissout mal dans l'alcool à 900, mais facilement dans l'alcool éthéré. a III. La gomme, de même que la fécule, peut engendrer deux dérivés nitriques. » Gomme mononilrique. C,aH90',N05. — Elle se prépare en broyant dans un mortier refroidi 1 partie de gomme et 3 parties d'acide nitrique fumant. Lorsque la dissolution, quoique mucilagineuse, est complète, on ajoute 20 à 3o volumes d'eau distillée. Le précipité lavé et séché s'agglo- mère et devient corné. Il est soluble dans l'alcool à 95° centésimaux qui l'abandonne à l'état d'une masse blanche qui s'électrise par la trituration. » Gomme dinitrique. C,aH808,2N05. — Pour la préparer, je dissous dans un vase refroidi 1 partie de gomme dans 5 d'acide nitrique fumant, et je verse dans la dissolution 3 parties d'acide sulfurique concentré. On divise le caillot qui se produit et on traite le mélange par 20 à 3o vo- lumes d'eau. Le précipité que l'on obtient est plus dur que celui de la gomme mononitrique. Il se dessèche après les lavages en restant pulvérulent. L'al- cool à 95° centésimaux ne dissout qu'une partie de ce précipité. La partie dissoute est la gomme dinitrique. La portion insoluble est un composé dif- férent sur lequel je reviendrai dans mon Mémoire. » Le pouvoir rotatoire moléculaire de la gomme pure est d'environ ( s57 ) [a]/'=36°\. Les gommes nitriques sont au contraire dextrogyres, de même que la gomme que l'on en peut régénérer par le procédé général que j'ai déjà souvent appliqué. L'explication de ces faits trouvera sa place dans le Mémoire complet qui fera suite au travail sur la fécule et le ligneux, dont la première partie a été indiquée en commençant ces lignes. » IV. Dulcines nitriques. — La dulcine paraît former plusieurs dérivés nitriques. J'en ai isolé deux jusqu'ici. La dulcine sur laquelle j'ai opéré, je la devais à l'obligeance de M. Berthelot. » Dulcine trinitrique. C H*03,3NOs. — La dulcine se dissout dans l'acide nitrique fumant, mais l'eau ne sépare rien de cette solution. Pour éthérifier la dulcine, il faut en dissoudre i partie dans 5 d'acide nitrique et y ajouter 10 parties d'acide sulfurique concentré. La liqueur se trouble sans former de dépôt; mais en versant, sans perdre de temps, le mélange dans ioà i5 vo- lumes d'eau, il se fait un précipité semi-liquide qui se prend peu à peu en une masse butyreuse. Le produit recueilli, lavé, se dissout dans l'alcool à 96° centésimaux el cristallise en belles aiguilles incolores et flexibles qui ont la composition ci-dessus. » La dulcine trinitrique fond à 85°,5 (1). La mannite trinitrique, d'après mes déterminations, fond entre 68° et 720, en moyenne yo°(2). Si l'on prend les points de fusion de la mannite (1660) et celui de la dulcine (1820) et qu'on en retranche le point de fusion moyen de leurs dérivés nitriques, on obtient, dans le premier cas, 960 et dans le second g6°,5 pour différence. Ces nombres ne paraissent pas fortuits. » La dulcine trinitrique dégage incessamment des vapeurs d'acide ni- trique; à la fin, ce composé acquiert plus de stabilité et n'est plus formé que de dulcine dinitrique. » Dulcine dinitrique. C6H50% aNO*. — Lorsqu'on abandonne pendant un mois de la dulcine trinitrique dans un milieu dont la température est comprise entre 3o et 45°, ses cristaux ne se déforment point; ils deviennent seulement plus durs, moins flexibles. Le résultat est moins soluble dans l'alcool et il en cristallise plus facilement en belles aiguilles prismatiques transparentes. » Le point de fusion de la dulcine dinitrique est situé entre 120 et 1 3o°. La fusion est pâteuse à i3o°, elle est complète à i4o°; à i45° des vapeurs rouges apparaissent. (1) Nombres obtenus : 86°, 85°, 84°, 85°, 86°, 86°, 84°, 870. (2) Nombres obtenus : 700, 720 ,68°. ( a58 ) » Lorsqu'on maintient la dulcine trinitrique en fusion à 900, elle dégage des vapeurs rutilantes, et si l'on a soin d'agiter sans cesse, ce dégagement est aussi régulier que quand on décompose un nitrate métallique. Peu à peu la masse devient plus pâteuse et à la fin il ne reste plus qu'un produit blanc, dur et pulvérisable, à réaction acide. La mannite trinitrique chauffée de la même façon donne un résidu semblable. Il en est de même des dérivés ni- triques du sucre de lait. » Par l'action des sels ferreux on réduit lesdulcines nitriques ; les phéno- mènes sont les mêmes que j'ai déjà signalés pour d'autres dérivés nitriques. Je n'ai pas réussi à obtenir de la dulcine cristallisée, mais bien un sirop incristallisable : peut-être la dulcinane, isomère de la mannitane de M. Berthelot. » L'étude de ces réactions et des nouveaux composés qui prennent nais- sance sera complétée dans le Mémoire que j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie. J'ai seulement voulu prendre date en publiant ces documents préliminaires. » chimie APPLIQUÉE. — Recherches sur l'essence de Citrus Lumia; par M. S. de Luc a. « La plante du Cilrus Lumia, avec ses nombreuses variétés, est abon- dante en Calabre et en Sicile : elle produit un fruit qui, par les apparences extérieures, ressemble beaucoup au citron ; mais tandis que ce dernier fournit un jus acide, l'autre, au contraire, en donne un sucré ayant une saveur fort délicate et aromatique. L'écorce de ce fruit exhale une odeur très-suave qui est différente de celles de citron et d'orange, et qu'on pour- rait comparer à l'odeur de l'essence de bergamote : celle-ci cependant est plus forte et pénétrante. » Cette essence a été préparée, par l'expression des écorces des fruits du Citrus Lumia, à Squillace, en Calabre, où ces mêmes fruits sont appelés Limi di Spagna. Elle a une couleur jaune très-foncée; mais en la distillant, la matière qui la colore reste comme résidu dans la cornue. Les premières portions de cette essence distillent entre i3o et 1800 et elles contiennent de l'eau; la plus grande partie passe de 180 à 1900; et à la température de 200 à 2ao°, on voit apparaître, parmi les produits volatils, des vapeurs blanches douées d'une odeur empyreumatique, tandis qu'un résidu brun foncé reste dans la cornue. Ce résidu et les premières portions qui passent à la distillation contiennent des composés oxygénés. ( ^9 ) » L'essence distillée est tout à fait limpide et incolore; la portion re- cueillie de r8o à 1900 avait une densité de 0,912 à la température de io° centigrades. Par une nouvelle rectification, le point d'ébullition de l'es- sence se fixe à 1 8o° et y reste stationnaire jusqu'à ce que la presque totalité ait distillé. Les expériences suivantes ont été faites sur la portion de l'es- sence recueillie exactement à 1 8o°. » Cette essence est plus légère que l'eau, et sa densité, déterminée à la température de 180, est égaleào, 853; elle est insoluble dans l'eau, à laquelle cependant elle communique son arôme particulier par l'agitation ; elle se dissout faiblement dans l'alcool et avec beaucoup de facilité dans le sulfure de carbone et l'éther. Sa composition est représentée par la formule C2oHi6j ce qui résulte des nombres suivants fournis par l'analyse : J. 11. Carbone 87,89 87,75 Hydrogène 1 1 ,98 II)97 99.87 99>72 La formule C^H16 exige : C 88,2 H 11,8 100,0 » Cette essence, mélangée à l'alcool et a l'acide azotique, s'hydrate et produit par l'action du temps une matière cristallisée. Elle est attaquée par l'acide azotique, à l'aide de la chaleur, avec dégagement de vapeurs ni- treuses et production de matières résineuses d'un aspect jaunâtre. Le gaz acide chlorhydrique sec aussi bien que le même acide en solution concen- trée, agissant à la température ordinaire, se combinent à l'essence en pro- duisant des combinaisons liquides et cristallisées : le composé cristallisé, doué d'une odeur particulière et fusible par une légère chaleur, est un bichlorhydrate de la formule C^H18, aHCl, car il renferme environ 34 pour 100 de chlore. » Enfin cette essence dévie à droite le plan de polarisation de la lumière, et cette déviation, déterminée par M. Buignet, a été trouvée égale à -1- 34 ( 2ÔO ) pour la teinte de passage. On se rappelle que la teinle de passage pour l'essence de mandarine est égale à i n,5 (i). » Comme le Citrus Lumia comprend plusieurs variétés, j'ai l'intention de me procurer les différentes essences de leurs fruits pour en faire une étude comparative. » anatomie comparée.— De la nature des globules ovoïdes dans les versa soie; par HA. A. Ciccone, « Que les corpuscules ovoïdes jouent un rôle très-important dans l'épi- démie dominante des vers à soie, c'est ce qui ne peut faire l'objet d'un doute. Mais il reste à savoir ce que sont ces corpuscules? Sont-ils des cristaux, des psorospermes, des hématozoïdes, des algues unicellulaires, ou panistophytons, ou bien tout simplement des éléments organiques du ver? J'ai cru qu'il fallait chercher la solution de cette question dans l'étude du corps gras, dans sa constitution histologique et dans les changements qu'il subit en rapport aux âges et aux métamorphoses du ver. C'est ce que j'ai fait pendant la campagne séricicole de cette année, et je crois avoir obtenu des résultats satisfaisants, dont j'ai l'honneur de présenter un résumé à l'Académie. » On remarque dans le corps gras des membranes et des globules. Il y a aussi un liquide, difficile à saisir, mais dont l'existence est incontestable- ment démontrée par la facilité avec laquelle se déversent les courants de globules par les crevasses des canaux déchirés. C'est probablement un liquide albumineux. » Membranes. — Les membranes se présentent sous une double forme, tubulaire et vésiculaire, c'est-à-dire qu'on remarque des canaux et des vésicules. » Canaux. — Les canaux sont constitués par une membrane très-mince, transparente, très-facile à déchirer, parcourue par un grand nombre de ramifications trachéales, dont quelques-unes pénètrent dans leur intérieur. Ils sont très-variables, selon l'âge et l'état du ver. Leur volume va toujours grandissant, de manière qu'à chaque âge du ver le diamètre des canaux augmente, au moins d'un tiers : ainsi dans le premier âge, c'est à peine qu'il dépasse omm,02 , tandis que dans la chrysalide et dans le papillon on en trouve de omm,2. Ils ont une forme irrégulière; mais leur irrégularité est plus prononcée dans les derniers que dans les premiers âges; ce qui tient (1) Compte rendu, séance du 23 novembre 1857. ( *6i ) peut-être à la torsion sur eux-mêmes et aux étranglements produits par des ramifications trachéales. Ils ne suivent aucun ordre dans leur disposition ; ils s'entremêlent et s'entrelacent d'une manière inextricable. Us sont liés entre eux par des trachées. Leur membrane devient plus facile à déchirer à mesure que le ver s'approche de la maturité. » Vésicules. — Dans le premier âge, on ne découvre pas de vésicules : ou peut seulement en apercevoir les rudiments dans certaines plaques blanches, qui sont plus marquées dans les cas de jaunisse. Mais les vésicules se mon- trent très-nettement dans la maturité du ver. Elles sont remplies de globules et peut-être aussi d'un liquide : souvent on y voit aboutir l'extrémité d'une ramification trachéale. » GLOBULES. — Il y a dans le corps gras quatre espèces de corps arron- dis : ce sont les gouttelettes huileuses, les globules minimes, les globules ronds et les globules ovoïdes. » Gouttelettes huileuses. — C'est un abus de les ranger parmi les globules, attendu qu'elles ne sont pas renfermées dans des vésicules. Elles offrent une très-grande variété de volume : les plus grandes ont un diamètre de omm,02, les plus petites de omm,ooi ; mais le plus grand nombre tourne au- tour de omm,oi. Il est très-rare d'en trouver dans le premier âge; elles abondent dans la chrysalide et surtout dans le papillon : elles se trouvent ordinairement mêlées aux globules ovoïdes. Elles proviennent du verse- ment du liquide contenu dans les globules ronds gonflés et puis déchirés. » Globules minimes. — On a trop négligé ces globules. Leur diamètre va de oœm,ooo3 à omm,ooo4 : ils sont si minces, qu'il faut un grossissement de 600 diamètres pour constater leur transparence; à un grossissement moindre ils paraissent des points noirs. Us sont plus pesants que l'eau. On y remarque un mouvement moléculaire très- vif. Dans le premier âge du ver les canaux en sont presque exclusivement remplis. Lorsque commencent à paraître les globules ronds dans les vésicules, on en remarque des renfermés dans les vésicules et des libres dans les canaux. Leur nombre est constam- ment en raison inverse du nombre des globules ovoïdes, tellement que dans la chrysalide on en trouve assez peu; encore moins dans le papillon. » Globules ronds. — Ces globules se développent sur les plaques blanches citées plus haut; ces plaques leur servent d'enveloppe, en forme de vési- cules. Ils sont moins pesants que l'eau. Il est impossible d'y reconnaître un mouvement moléculaire bien marqué. Us sont presque égaux, et présentent un diamètre d'environ omm,ooi 2. Souvent, mais pas toujours, ils sont mêlés C. P.., 1860, 2me Semestre. (T. LI, iV° 7. j 36 avec îles globules minimes. D'abord les vésicules sont nettement séparées entre elles, pais, en se gonflant, elles se rapprochent, et finissent par crever. Les globules augmentent successivement de volume, et quand la vésicule est crevée, ils se désagrègent; enfin ils crèvent eux-mêmes, et donnent issue au liquide qu'ils contiennent; d'où la formation des gouttelettes huileuses. » Globules ovoïdes. — Voilà le sujet essentiel de ces recherches. Ils ont de diamètre transversal environ omm,oo 12, de diamètre longitudinal à peu près omm, 001 7. Ils sont plus pesants que l'eau. On y remarque un mouvement moléculaire très-sensible, mais moins vif que celui des globules minimes. Il est très-rare qu'on en rencontre quelqu'un dans le ver sain; mais on en trouve constamment un certain nombre dans la chrysalide parfaitement saine, et dans les meilleurs papillons on les trouve en très-grande quantité. Dans certaines maladies on les voit dans le ver. Quelquefois on en trouve très-peu, mêlés aux globules minimes et aux ronds; mais, quand le nombre en est très-grand, les globules minimes ont presque disparu, et au lieu des ronds on trouve des gouttelettes huileuses. Ils sont presque tous égaux; mais, si l'on parvient à les surprendre en voie de formation, on en trouve qui sont plus petits. On en trouve très-rarement et en très-petit nombre dans quelques œufs malades; on en rencontre aussi quelques-uns dans les canaux urobiliaires. Ainsi, je crois pouvoir assurer qu'ils peuvent se former partout où il y a des globules minimes, avec lesquels ils ont une grande analogie et dont ils sont évidemment la transformation. » Ainsi donc, les globules ovoïdes ne sont ni des cristaux, ni des ento- phytes, ni des zoophytes; ils sont des éléments organiques du ver à soie. Us sont une modification des globules minimes; dans le ver sain ils appa- raissent dans la période de la transformation du ver en papillon ; ils ne peu- vent naître que là où sont des globules minimes. Leur présence dans certaines cavités est une pure illusion; si l'on excepte les cas très-rares pour l'œuf et les canaux urobiliaires, leur siège unique est le corps gras, et ceux que l'on trouve dans d'autres organes ou dans le sang dérivent des canaux crevés du corps gras. » MÉTÉOROLOGIE. — Obsemations d'étoiles filantes du i3 juillet au \o. août; apparition des aurores boréales des 9, to et 12 août; Note de M. Coulvier- Gravier. « étoiles filantes. — Dans le tableau ci-après, on voit comment le ( ^63 ) nombre horaire moyen des étoiles filantes (ramené à l'heure de minuit par un ciel serein, par conséquent corrigé de la présence des nuages et de la lune) croît progressivement du i3 juillet aux 9, 10, 11 août, époque du maximum de cette partie tle l'année. Durée Nombre Heures Nombre Moyennes Ciel de des moyennes horaire de Année. Mois. Dates. visible. l'observ. étoiles. des observ. à minuit. 3 en 3. 1860 Juillet. . l3 9>5 k m 2.25 5 h m II .07 2,5 ] l5 7>8 2.25 20 11.52 8,8 5,8 étoile >9 4,o 0 75 2 10.87 6,2 21 8,0 2.25 12 11 ,5a 6,2 j 22 2,0 O.^S 5 1 .22 7>9 5,9 24 4,o I .5o 6 i.i5 3,7 ) 26 6,5 i.5o »4 i.45 1,1 3o Lune 1.00 l3 1 .3o 16,0 | | 16, 1 Août. . 6 6,5 I .00 18 9.3o 24,7 - 7 4,0 I .00 1 1 9.3o 17,0 17,0 9 10,0 O.75 36 9-37 60,7 j Lune o.5o i5 10. i5 62,4 62,4 Lune 2.75 123 12.45 64,0 1 10 6,5 i.5o 61 10.00 54,5 | 53,6 Lune 3.5o 120 12. 3o 53,2 | 12 6,0 2.5o 46 10. i5 25,0 25,0 » D'après les moyennes prises de 3 en 3 observations jusqu'au 7 août, on trouve que le nombre horaire moyen à minuit est successivement 9,8 étoiles; 5, 9; 16,1 ; le 7 août 17; le 9, 62,4; le 10, 53,6; le 1 1, par le tracé de la courbe des observations, on obtient 4°,°> et le 1 2, par les obser- vations elles-mêmes, on a 25 étoiles. La moyenne générale des 9, 10, it août est pour cette année de 52,2 étoiles. L'apparition du phénomène pour les 9, 10 et 1 1 août reprend une marche ascendante; les années qui vont suivre montreront si cette marche doit continuer ou reprendre une marche décroissante. » AURORES RORÉales. — Nuit du g au 10 août. En montant observer, nous, nous sommes aperçu tout de suite par l'état du ciel dans la région du nord, qu'il y avait déjà quelques apparences d'aurore boréale. En effet à 9h3om du soir cette aurore commença à se montrer à diverses reprises jusqu'à 1 1 heures du soir, époque où l'aurore disparut entièrement. Dans le plus beau mo- 36.. ( 264 ) ment de cette aurore boréale l'étendue de l'arc a été de /j5°, de la Chèvre à X Grande Ourse. La hauteur du sommet de l'arc était de ao°, car il s'élevait jusqu'à o Grande Ourse. Les rayons qui se montraient de temps à autre du N.-N.-E. au N.-O., passaient de la couleur rouge foncé à un rouge plus clair tirant sur le blanc, et leur mouvement de translation était de l'O. à l'E. » Nuit du 10 au i i août. A ()h i 5m malgré la présence de nuages et d'une brume assez dense qui obscurcissait la région de FO.-N.-O. à l'E.-N.-E., on vit cependant qu'une aurore boréale existait déjà du N.-O. au N., car sa lumière, qui éclairait le ciel au-dessus des nuages, rendait ceux-ci beau- coup plus sombres. De 9bi5ra à minuit, l'aurore, qui avait d'abord son foyer au N.-O., s'étendit peu à peu et finit par occuper toute l'étendue du ciel comprise entre la Chèvre et Ç Bouvier, ce qui donnait à son arc une amplitude de plus de ioo°. Et comme les rayons s'élevaient jusqu'au carré de la Petite Ourse, le sommet de l'arc avait donc 45° de hauteur au-dessus de l'horizon. La durée de cette aurore boréale a persisté jusqu'à a heures du matin. Dans ses plus beaux moments elle a montré une splendide illu- mination, car il y eut de superbes rayons qui passèrent vivement du rouge foncé au rouge blanc. Ensuite pendant presque toute la durée de l'aurore, excepté durant l'apparition des rayons qui avaient leur mouvement de translation de l'O. sur l'E., la matière qui formait l'aurore devenait unie et passait au blanc mat, de là au blanc vert. Le plus beau moment de l'au- rore a eu lieu entre le Bouvier et le carré de la Grande Ourse. Les nuages qui n'ont pas cessé de couvrir une grande partie de ce côté du ciel et la pré- sence de la lune, en ont dérobé et affaibli l'éclat. n.Nuit du il au 12 août. A 9 heures on voyait des rayons couleur rose s'élevant jusque vers la Polaire. A 1 ib3oœ, elle avait pris un grand dévelop^ pement ; l'étendue de son arc depuis Arclurus jusqu'à 1 Cocher avait 1 200, et son sommet ou son élévation au-dessus de l'horizon s'élevait à la hau- teur ^ Cassiopée ou 56°. Après la couleur rose on a eu la couleur blanche qui est restée la couleur des derniers rayons. Ils avaient un mouvement de translation de l'O.-S.-O., à l'E.-N.-E. » L'aurore boréale, voilée cette fois non par des nuages d'abord, mais par des cirrus, donnait à ceux-ci une couleur plus sombre. Ceci prouve une fois de plus que la région où naissent les aurores boréales se trouve située au-dessus de la couche de ce genre de nuages. » • . ( «65 ) ASTRONOMIE. — Observations de i éclipse de Soleil du 18 juillet 1860; par M. Herjhaniv Goldschmidt. « M. Maedler avait exprimé le désir que je vinsse le rejoindre à Vittoria pour l'observation de l'éclipsé. Il ne m'a fallu qu'un mot d'encouragement du grand astronome de Dorpat pour m'y décider, et je lui dois la grande satisfaction que j'ai éprouvée en étudiant des détails nouveaux de ce phé- nomène extraordinaire. Libre de toute responsabilité comme amateur, j'ai pu m'abandonner tranquillement à mes impressions pendant les trois mi- nutes de la totalité. Que l'Académie veuille bien me donner la permission de lui soumettre ce que j'ai vu de plus intéressant (1). » Le commencement de l'éclipsé n'a pas été observé à Vittoria à cause des nuages. A ih38nj on vit que la Lune avait déjà mordu sur le Soleil. » Suivant les lectures de ma montre, réduites provisoirement en temps moyen de Vittoria , le premier contact d'une tache solaire eut lieu à ih Ô7m 58% et la fin de l'éclipsé à 3h 58m4os. Une demi-minute environ avant la totalité, le limbe Est de la Lune qui avançait vers le croissant Est du Soleil était irrégulier sur toute la circonférence, mais surtout dans la partie nord-est où les contours de la Lune m'ont paru déformés, indéterminés, et la lumière du croissant solaire assombrie et très-peu intense. J'ai pu alors distinguer de petits nuages gris, isolés en partie, flottant en dehors du disque solaire à quelques minutes du bord, et du côté où le contact intérieur devait avoir lieu. Un de ces nuages isolés, de forme arrondie, et un autre allongé qui touchait le bord extérieur du Soleil se détachaient en gris sur le fond un peu plus clair du ciel, car la couronne ne se voyait pas encore à ce moment. Un instant après, ce nuage pyramidal devenait plus clair et diaphane; les contours en étaient plus foncés et semblables aux bords extérieurs d'un cy- (i)M. Goldschmidt a présenté avec son Mémoire trois tableaux, esquisses à l'huile, repré- sentant ce qu'il a vu. L'image est renversée, et la couleur telle qu'on l'a voyait dans la lu- nette. Le tableau n° 1 représente le Soleil quelques secondes avant la totalité, avec ses nuages gris en dehors du Soleil. — N° 2. Après le commencement de l'éclipsé totale, et l'apparition de la couronne. — N° 3. Montre la grande protubérance avec les petites à sa base, visibles après la réapparition du Soleil. De plus une feuille représente, en couleurs d'aquarelle : — N° 4. La girandole, au mi- lieu de la totalité. — N° 5. La girandole à la (in de la totalité. — N° 6. La girandole après la réapparition du Soleil. — N° 7. Le crochet. — N° 8. La dent. — N° 9. Le nuage isolé. ( a66 ) lindre en verre, vu contre le jour. J'avais à peine pu saisir cette brusque transformation lorsque la presque totalité survint, coloriant ce nuage pyra- midal en rose. J'ai ainsi assisté à la formation d'une protubérance. A ce mo- ment, je vis paraître au sud-est de celle-ci de trèsrpetites proéminences qui la touchaient, semblables à des perles de nacre de forme irrégolière, demi- transparentes, enchâssées vers leur base d'un rouge cinabre mêlé de noir, moins diaphane que la couleur tendre des grandes protubérances; la colo- ration entière en rose eut lieu un instant après; mais lorsque plus tard je dessinai les autres protubérances, cette partie dentée avait disparu. » Dans ce moment, l'auréole s'était formée et toutes les protubérances visibles à la fois. L'auréole était d'une couleur jaune très-prononcée, vue dans la lunette, et d'égale intensité aussi loin que le champ de la lunette me permettait de voir ; elle n'était pas éblouissante, l'aspect ne fatiguait nulle- ment ma vue, pendant les trois minutes de la totalité. J'ai principalement remarqué dans la couronne, des rayons partant du centre de la Lune au nord-est, occupant environ 3o° de la circonférence et diminuant d'intensité dans la direction nord. Une grande masse lumineuse occupait la partie sud, s'étalant vers le sud-est et sud-ouest en faisceaux courbes, concaves vers le sud et entremêlés de masses claires d'une couleur jaune et de la forme de cirrus. Le faisceau principal au sud-est avait une grande ressemblance avec la branche australe de la nébuleuse d'Orion. Des apparences analogues se montraient à l'endroit opposé, au nord du disque lunaire, mais moins dis- tinctes et ayant la forme d'une parabole dont le sommet passait par la Lune. La limite de la couronne vue à l'œil nu était plus restreinte; l'anneau qu'elle formait ne dépassait pas 6' d'arc et était d'un blanc argenté. Mon attention était entièrement absorbée par les protubérances, et j'ai pu dessi- ner les contours principaux de quelques-unes situées sur la partie nord. La plus imposante et la plus compliquée que j'appellerai la girandole, était d'une beauté impossible à décrire. Elle s'élevait en langues de feu très-effi- lées d'une couleur rose, les bords en étaient pourpres, transparents et lais- saient voir l'intérieur, car on s'apercevait distinctement que la protubérance était creuse. Un peu avant la fin de la totalité, j'ai vu s'échapper des gerbes de lumière d'un rose pâle et transparentes du sommet de toutes les arêtes supérieures, s'étalant un peu en éventails, et alors la protubérance ressem- blait réellement à une girandole. Sa base, qui au commencement de la to- talité était très-tranchée sur le limbe noir de la lAine, devenait un peu moins arrêtée; le tout prenait un aspect plus élhéré et vaporeux; je ne la perdis pas de vue un instant. ( 2f)7 ) » L'émanation de lumière qui sortait des arêtes, disparut avec les pre- miers rayons solaires ; mais il n'en était pas ainsi de la protubérance même, car un instant avant la fin de la totalité je vis à droite de sa base ( image renversée) naître de petites proéminences, serrées les unes contre les autres et de forme presque carrée (caractère des proéminences dentées), deux autres de la même bauteur apparaissaient du coté gauche lorsque le Soleil avait déjà réapparu, à 2b 55m et 5^m. » La corne nord du croissant solaire touchait la dernière de ces proémi- nences 4m4os après la réapparition; une vive lumière m'a fait abandonner cette intéressante observation, car je ne me servais pas de verre coloré, mais je puis toutefois assurer que la girandole et les petites protubérances à sa base n'avaient pas encore disparu en ce moment. » Pour juger de la faiblesse d'intensité lumineuse du croissant solaire, je dois dire que j'ai observé la réapparition avec la pleine ouverture de l'ob- jectif de 48 lignes. Des essais postérieurs m'ont fait voir que mes yeux n'auraient pu supporter un seul instant la lumière avec l'objectif réduit à ao lignes, et à une hauteur du Soleil très-peu élevée au-dessus de l'ho- rizon. Quoique je sois convaincu que les protubérances appartiennent au Soleil, je dois toutefois remarquer qu'au dernier moment je fus sur- pris de voir que la girandole paraissait plutôt se diriger vers le centre de la Lune que vers le centre du Soleil. J'estimais la hauteur de la giran- dole à environ 3' 3o" au commencement de la totalité, et à 4' vers la fin. La seconde protubérance à droite de celle-ci à environ 35° (image renversée) et d'une hauteur de 3'2o" avait la forme de la lettre go- thique n ; je l'appellerai le crochet. Une troisième, moins haute (a'20"), à droite des deux premières, à une distance égale à celles des deux autres, était sans forme comparable, les contours se voyaient très-uets, et je l'ap- pellerai la fient. A 1 1° à droite de la deuxième, j'en ai vu une autre très- petite, de forme carrée. Entre celle-ci et la troisième, il y avait un nuage rose de forme allongée et recourbée, incliné de 45° vers la gauche du bord de la Lune et entièrement détaché, flottant sur l'auréole comme un nuage rouge sur un ciel crépusculaire. Son centre était élevé environ à la moitié de la hauteur des autres protubérances, ou de a' au-dessus du limbe de la Lune. Une protubérance qui se montrait aussi dès le commencement au sud-est, devenait plus haute au milieu de la totalité. Je dois encore remar- quer que toutes les protubérances que j'ai pu étudier ont montré dans leur forme une tendance générale de courbure, dont la concavité était ( a68 ) tournée du côté de l'ouest. J'ai pu voir les contours de la Lune, encore onze minutes après la totalité, se détachant en gris sur le ciel qui était à peine plus clair que la Lune même. » Absorbé par ce grand spectacle de la nature, je n'ai pas observé les ombres mouvantes qui avaient attiré mon attention dans ma jeunesse lors d'une éclipse annulaire. Je me rappelle qu'à cette époque, deux minutes avant la formation de l'anneau le mouvement des ombres était dirigé de l'ouest vers l'est et très-lent. J'ai tout lieu de croire, d'après le récit qui m'a été fait par des personnes du pays, que des taches d'un beau jaune (amarillos) ont été vues sur leurs vêtements, surtout sur leurs chemises, se mouvant de l'ouest à l'est pendant que le vent était nord. Ce récit, qui m'a été fait en présence de M. Airy, mérite de la confiance de la part de personnes qui ignoraient le phénomène. » Je n'ai pu voir de traces de la lumière zodiacale; la couleur au zénith était noir-bleu, contrastant avec la lumière jaune-vert à l'horizon. Au com- mencement de l'éclipsé, je vis par moments les cornes du croissant solaire alternativement arrondies, surtout la corne nord. Mes observations ont été faites avec une lunette de 4 pouces d'ouverture, d'un grossissement de 36 a 4o fois qui me permettait un champ de 106' d'arc. » astronomie. — Sur l' éclipse totale du 18 juillet i86o; . par M. J.-IV. Legrajîd. « L'opinion paraît s'établir de plus en plus que les protubérances ap- partiennent au Soleil et sont des nuages nageant dans l'atmosphère de cet astre. Elle s'appuie principalement sur deux faits dont je ne méconnais pas l'importance, savoir : leur hauteur variant conformément au mouvement du Soleil, et surtout l'intensité de leur lumière. Voici deux autres faits qui ne lui sont pas favorables, et dont le premier au moins me semble con- cluant. J'ai observé à Castellon de In Plana avec une lunette de grand champ, qui me permettait de voir à la fois tout le phénomène. » i°. La disparition complète du Soleil a d'abord laissé voir deux belles protubérances que j'appellerai a et b, et que M. Secchi a parfaitement dé- crites. Puis, quelques instants après, il en' a paru une troisième c, un peu à gauche du vertical de la Lune, presque aussi haute que a et un peu moins large. L'apparition de cette protubérance a été presque instantanée; elle a surgi comme un trait du bord de la Lune et a eu tout de suite sa plus grande hauteur. Si les protubérances étaient des nuages solaires, il faudrait donc ( 269 ) tjue j'eusse assisté à la formation soudaine d'une nuage d'immense dimen- sion ; cela paraîtra certainement peu vraisemblable. * 2°. J étais placé à très-peu près sur la même ligne perpendiculaire à la ligne de centralité que M. Secchi; j'observais les mêmes phases de l'éclipsé au même instant physique; j'aurais dû voir les mêmes protubérances, à la hauteur près, si elles étaient quelque chose de réel appartenant au Soleil; l'intervalle des deux stations étant au plus de trois lieues, la variation de hauteur, d'une station à l'autre, aurait été au maximum de 7 à 8" en plus et en moins. Or M. Secchi a vu plusieurs protubérances dont je n'ai pas aperçu la moindre trace. M'ont-elles échappé parce qu'elles étaient trop petites ? C'est ce que la communication de M . Secchi ne peut nous apprendre, mais ce que nous apprendront sans doute les photographies de M. Monserat, quand on les aura. L'incertitude serait encore mieux dissipée si les photo- graphies avaient été prises au même instant dans les stations : avis pour une autre occasion. » En attendant, pour qu'on ne se hâte pas trop de m'opposer la faiblesse de ma lunette, et aussi pour rendre à chacun ce qui lui appartient, j'ajou- terai, avec son autorisation, que mon collègue M. Wolf, qui observait à mon côté avec une lunette 5 ou 6 fois aussi forte que la mienne, et qui embras- sait pourtant à la fois le contour entier de la Lune, n'a vu ni plus ni moins de protubérances que moi, et que nous sommes tombés d'accord sur leurs positions, ainsi que sur leurs hauteurs absolues et relatives. » Pendant la première moitié du phénomène, nous n'avons vu que les trois protubérances indiquées plus haut, dont la seconde b avait une forme pyramidale et présentait une couleur rose très-pure et très-vive. Pendant la seconde moitié a d'abord apparu une protubérance que j'appellerai d ', parce qu'elle formait comme le pendant dec, quoiqu'elle fût bien moindre; puis une bordure que j'appellerai b'a', parce qu'elle semble être l'équivalent de b et a. Cette bordure avait au plus le tiers de la hauteur des premières pro- tubérances ; elle a présenté un mouvement intestin indescriptible ; sa cou- leur était loin d'être pure, mais présentait du rouge et de l'orangé entremêlés; d'après la figure que j'en ai faite de visu, sans prendre de mesure, elle occu- pait environ 4°° sur le contour de la Lune Enfin, sur un espace de 140 à i5o°, nous n'avons aperçu aucune protubérance. » (Montpellier, 1 1 août 1860.) C. K., 186c, 3m« Semestre. (T. LI, N» 7.) $7 ( 27° ) ASTRONOMIE. — Observation de [éclipse du 1 8 juillet; extrait d'une Lettre de M. A. Laussedat. « Batna, 29 juillet 1860. » J'ai passé la plus grande partie de la semaine qui vient de s'écouler à achever les réductions des observations astronomiques destinées à nous donner l'heure avec une entière exactitude, et je puis maintenant donner les résultats définitifs en ce qui concerne spécialement le phénomène astrono- mique; je laisse pour plus tard les détails concernant le phénomène physique. » La position géographique de Batna, fournie par les Cartes du Dépôt de la Guerre, et légèrement corrigée, quant à la latitude, par mes propres observations, est la suivante : Latitude nord 35 32 . 5o Longitude à l'E . de Paris 3 . 5o . 20 Longitude à l'E. de Greenwich 6. 10. 3o Avec ces éléments, et au moyen des Tables publiées dans un supplément au Nautical Almanac de 1860, nous avions trouvé facilement les instants des contacts extérieurs et intérieurs des bords du Soleil et de la Lune, ainsi que le milieu de l'éclipsé totale. Je vais résumer dans le tableau suivant les ohservations faites par MM. Bour, Salicis et moi, comparées entre elles et avec les heures que nous avions obtenues au moyen des Tables. Toutes ces heures sont en temps moyen de Batna. M. Salicis observait avec une lunette de Baudry de 3 pouces d'ouverture et de im, 10 de foyer; M. Bour avec une petite lunette appartenant au cercle méridien portatif du Dépôt de la Marine et installée sur un support provisoire assez incommode ; enfin je me servais moi-même d'une lunette de Brunner de % pouces et demi d'ou- verture et o™,85 de foyer montée équatorialement et munie d'un micro- mètre de position. M. Bour notait lui-même les heures de ses observations à l'aide d'un chronomètre Winnert battant les f de seconde, et M. Dubois, capitaine du génie, attaché à la place de Batna, avait bien voulu se charger de noter celles des observations de M. Salicis et des miennes en suivant attentivement un second chronomètre Winnert qui battait la \ seconde. Enfin, j'avais à la main une excellente montre de Perrelet dont l'aiguille des secondes se dédoublait et servait à enregistrer instantanément les phé- nomènes observés. Cette montre, qui m'avait été prêtée par M. Laugier, fournissait un moyen de contrôle infaillible des nombres notés par M. le capitaine Dubois. J'ajoute que les épreuves photographiques des phases de ( 271 ) l'éclipsé étaient obtenues aux instants précis indiqués par M. le lieutenant d'artillerie Zickel et donnés par un chronomètre Motel. Je crois inutile de dire que tous ces chronomètres étaient fréquemment comparés entre eux et que l'état absolu de chacun d'eux résultait de celui du chronomètre qui servait aux observations méridiennes journalières. Dans un Mémoire détaillé que je prépare dès à présent pour M. le Ministre de la Guerre, je réunirai tous les documents dont j'ai fait usage et qui serviront de preuves justifi- catives aux résultats suivants que je transcris tels qu'ils ont été obtenus. NUMÉROS des CONTACTS. NOMS DES OBSERVATEURS. HEURES ANNONCÉES d'après les Tables du Nautical Almanac. SALIC1S. I..MSS1.IHT. BOUR. 1er. (Exférieur). . 2e. (ier Intérieur). (Milieu : moyenne). 3e. (2e Intérieur) . 4e. (2e Extérieur). Adopte l'heure ob- servée par M . Laus- sedat h m s 3-46.12,0 3.47-4o,4 3.49. 8,8 4 .5i . 11 ,0 h m s 2.37.29,0 3.46. 9,5 3,47-38,9 3.49. 8,3 4.5i. 9,5 b m s » 3.46.7,5 » ' » 4. 5.. 7,8 h m s 2.37. 0,0 (*) 3.46. 5,0 3.47-40,0 n 3.49.15,0 4.51 .00,0 (n (*) A la minute seulement. (**) Voir la Carte de la brochure intitulée : Total solar Eclipsi; 1860, July 18. (***) A la minute seulement. » Je dois ajouter, avant de terminer, que M. Mannheim a fait de son côté des séries d'observations météorologiques très-soignées, et M. Girard a passa- blement réussi dans la photographie des phases partielles. Je suis resté ici un peu après nies compagnons de voyage pour tenir l'engagement que j'avais pris avec moi-même de déterminer, indépendamment de l'éclipsé, la posi- tion géographique de notre station. » TECHNOLOGIE. — Emploi du jragon (Ruscus aculeatus) dans lu fabrication du papier; extrait d'une Note de M. ue Paravey. « Dans un moment où l'Angleterre et la France se plaignent du manque de chiffons pour le papier, je crois devoir signaler à l'Académie une plante qui pourrait, dans notre pays, être employée comme elle^l'est dans d'autres à cette fabrication. ( 272 ) » Il s'agit d'une Asparaginée, dufragon ou houx épineux (Rusais aculea- tus), qui à Gartope, sur le Sindh supérieur et au nord des monts Hima- laya, donne un papier très-bon, usité au Thibet et chez les banquiers des Indes, papier qui, sali ou écrit, peut se refondre et blanchir de nouveau. C'est le célèbre Moorcroft, envoyé dans ces parages pour en ramener des chèvres du Thibet, qui cite cet usage du fragon ou houx épineux. Son voyage est traduit dans le tome I des Nouvelles Annales de Voyaqes de Malte- Brun, année 1819. » Le fragon croît partout en France, mais nos fabricants de papier me semblent ignorer encore l'usage qu'ils en pourraient faire. » M. Bizio adresse de Venise une réponse à la réclamation de priorité sou- levée en faveur de feu M. Fusinieri relativement à ses recherches sur la cor- rélation entre le poids des équivalents des corps et leurs propriétés physi- ques et chimiques (voir le Compte rendu de la séance du 19 décembre i85g. p. g83-84). « Les livres de M. Fusinieri adressés par sa veuve, même quand ils contiendraient en effet ce qu'on prétend y trouver, ne pourraient consti- tuer, dit M. Bizio, une priorité en sa faveur, puisqu'ils ont été publiés en i844i i845 et 1847 pendant que mon travail a paru en 1842 dans le Ier vo- lume de l'Institut impérial et royal vénitien, et n'a excité aucune réclama- tion de la part de M. Fusinieri, qui vivait alors et était membre de l'Insti- tut ». (Renvoi aux Commissaires précédemment désignés: MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) M. Savoten écrit de Moutiers (Savoie) relativement à un opuscule qu'il a récemment adressé sous le titre de : « Nouvelles études philosophiques sur la dégénération physique et morale de l'homme », et indique comme con- tenant de plus amples développements sur cette question, un Mémoire ma- nuscrit qu'il avait présenté au concours pour le prix Montyon dans les der- niers mois de l'année 1 858. M. Callaud prie l'Académie de vouloir bien hâter lé travail de la Com- mission chargée de l'examen de son Mémoire sur un système de piles sans vases poreux. (Renvoi aux Commissaires nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Despretz. ) La séance est levée à 5 heures. F- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. L'Académie, depuis la dernière séance, a eu la douleur d'apprendre la mort d'un de ses plus anciens Membres, M. Duméril (André-Marie-Contant), décédé à Paris le 14 août 1860. Le convoi du vénérable Académicien a été suivi par tous ceux de ses confrères qui se trouvaient en ce jour à Paris : MM. Milne Edwards, Isid. Geoffroy Saint-Hilaire et Valenciennes y ont porté la parole au nom de l'Académie des Sciences et du Muséum d'histoire naturelle. MÉMOIRES ET COMMUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau une Note adressée à l'Académie par Sir David Brewster, l'un de ses huit Associés étrangers. Cette Note, qui est écrite en anglais et qui, arrivée tout récemment, n'a pu encore être traduite, paraîtra en français dans un prochain numéro du Compte rendu; elle a pour titre : « Observations sur un point de l histoire de l'optique. » sensibilité TACTILE. — Cancer récidivé occupant le sourcil, le dos du nez, le grand angle de l'œil droit. — Ablation. — Autoplastie double avec le même lambeau; par M. Jouer t de Lamralle. « Qu'il me soit permis de parler d'un fait qui a rapport à la sensibilité tactile. » L'Académie se rappellera peut-être que j'ai eu l'honneur de lui com- muniquer mes recherches sur la nature du tissu cicatriciel et sur les moyens de remédier aux difformités qu'il cause quelquefois. Aujourd'hui, je me permets de rapporter à l'Académie le fait d'un nommé Saint-Roy, âgé d• Immédiatement après cette ablation, je procédai à la réparation de la perte de substance en taillant un lambeau aux dépens du front; il fut abaissé, incliné, et sa base fut fixée sur le côté du nez parla suture entrecoupée. » Le septième et le huitième jour, les points de suture furent enlevés. Le greffe avait pris racine, et une continuité de tissus et un accord de vita- lité l'indiquaient suffisamment. » D'abord dans le pédicule seul s'était localisée la sensibilité, et plus tard elle gagna la totalité du lambeau, qui fut susceptible de toutes les im- pressions. Mais les piqûres et les excitations étaient rapportées au pédicule lui-même. » Dès que la sensibilité et la vitalité furent incontestables dans le lam- beau, ce qui fut facile à prouver par la sortie d'un sang rouge à la suite do piqûres superficielles, dès lors il me fut démontré qu'il était temps d'entre- prendre la seconde partie de l'opération, le lambeau pouvant vivre par lui- même après la section du pédicule. C'est le 10 février que je songeai à uti- liser le pédicule pour effacer le reste de la difformité. Pour cela, je ravivai les surfaces, je détachai obliquement le pédicule du lambeau, je l'inclinai vers les paupières, le grand angle de l'œil, et je le fixai à ces diverses par- ties à l'aide de points de suture entrecoupée. » Le déplacement total du pédicule a suffi pour compléter l'autoplastie nasale et palpébrale. Cette greffe charnue permet à la vision de s'exécuter facilement, et avant l'opération il en était autrement. ■> L'opération sanglante qui a été pratiquée chez ce malade, la répa- ration qui l'a suivie, et les phénomènes qui se so*it passés alors, méritent de fixer l'attention. » D abord il est à noter que la base du lambeau a pris racine sur le tissu inodulaire ravivé. La communication s'est nécessairement établie dans ce point entre les parties molles du nez et le lambeau lui-même. Là il s'est fait (a75 ) une circulation nouvelle entre les surfaces saignantes. Pendant quelques jours, le lambeau a été principalement alimenté par le pédicule jusqu'à ce que la continuité vasculnire fût établie. Jusqu'à ce que la circulation du pédicule et celle de la base du lambeau se fussent prêté un mutuel concours, le lambeau est demeuré insensible, flasque, et à basse tempé- rature dans la plus grande partie de sa surface. Ce n'est qu'exclusive- ment dans le pédicule que la sensibilité s'est conservée et est demeurée intacte. Aussi n'existait-il aucune communauté de fonctions entre la base du lambeau et son pédicule. Il n'y a eu de sensibilité réelle dans la surface de la greffe animale que lorsque la circulation nouvelle a été établie entre les surfaces saignantes. » L'examen attentif que nous avons fait jour par jour des changements survenus dans les parties prothétiques nous a permis de voir naître la sensi- bilité; d'abord douteuse, puis obscure, et enfin évidente. Les piqûres, les attouchements ont été d'abord nuls, et par degré on a pu y découvrir des changements de température et d'excitation qui étaient rapportés par le malade au pédicule, dans le principe. » On comprend qu'on se soit vivement intéressé au résultat delà seconde opération ou au déplacement du pédicule du lambeau. Ici on voit ce pédi- cule devenir insensible après sa section, et ce n'est que lorsqu'il a pris des adhérences solides avec les deux paupières, que des phénomènes curieux et intéressants ont pu y être découverts. Ils ont tous rapport à la circula- tion et à la sensibilité. » La circulation ne se fait plus du tout par la primitive place où le lam- beau avait été pris, puisqu'il s'en trouve complètement détaché : aussi une nouvelle circulation s'est-elle complètement créée entre le lambeau et les parties sur lesquelles il a été fixé. Dès lors ce sont de nouveaux vaisseaux qui établissent de nouveaux rapports entre les surfaces. Cette circulation nouvelle s'est perfectionnée avec le temps, c'est-à-dire que les vaisseaux ont pris des proportions plus considérables; aussi les piqûres du lambeau fournissaient-elles du sang rouge avec la plus grande facilité. » Des nerfs ont dû se créer probablement aussi à la manière des vais- seaux, et se perfectionner en raison directe de la sensibilité. Voilà pourquoi, sans doute, la sensibilité suit progressivement le développement de la circu- lation. » Mais ce qu'il y a de fort remarquable dans ce renouvellement de sen- sibilité, c'est son apparition, son augmentation d'intensité en raison de la circulation, et dans un lieu où le lambeau n'offre plus aucune communica- 38.. ( *76) tion avec la région où il a été emprunté. En effet, il y a séparation vascu- laire et séparation nerveuse complètes entre les parties prothétiques et le lieu qui les a fournies ; car la sensibilité est complètement rapportée par l'opéré au nouveau domicile du lambeau. Par conséquent, il s'est établi une communauté de seusibilité et de circulation avec la région réparée. Rien, suivant moi, ne prouve mieux l'unité du système nerveux en ce qui a rap- port à la sensibilité, quels que soient les rapports indirects des nerfs du lam- beau avec les nerfs du point réparé. » ASTRONOMIE. — Sur l' éclipse du 1 8 juillet i8€o. Deuxième communication; par le P. Sixcin. a Permettez-moi de revenir une autre fois sur quelques points relatifs aux observations de l'éclipsé passée, pour éclaircir quelques sujets restés encore douteux dans ma première communication. » Eu parlant des rayons lumineux ou aigrettes qui débordaient la cou- ronne de la Lune, je disais que leur origine ne m'était pas encore assez bien constatée, et qu'on aurait bien pu appeler en jeu pour les expliquer l'ac- tion atmosphérique terrestre. Cette conjecture est maintenant pour moi passée au degré de certitude : avec des éclipses artificielles, j'ai réussi à imiter parfaitement le phénomène, et je me suis convaincu que l'illu- mination de notre atmosphère est suffisante pour le produire. Si l'on intro- duit dans une chambre avec un héliostat un large faisceau de rayons solaires, et que pour en voir mieux la marche on excite de la poussière ou on fasse avec de l'encens brûlé un nuage artificiel, et qu'on intercepte la marche de ce faisceau avec un écran dentelé au bord, en regardant de côté on verra une multitude de rayons parallèles; mais si l'on place l'œil dans la direction de son axe, on verra par un effet de perspective une couronne de rayons divergents, dont la position dépendra des proéminences de l'écran, et, selon la position de l'œil, on pourra avoir ces rayons tous convergents au centre, ou plus ou moins inclinés et presque tangents au limbe de l'écran . Le même effet sera produit si, l'écran étant peu dentelé, l'ouverture paria- quelle entrent les rayons n'est pas bien régulièrement circulaire, mais porte des dentelures. Ces deux causes de production de rayons se réunissent émi- nemment dans l'éclipsé solaire : les montagnes lunaires agissent comme des écrans irréguliers pour intercepter plus ou moins les rayons provenant des parties plus vives de la couronne, et les protubérances solaires avec leur éclat éclairant irrégulièrement tout autour de l'atmosphère terrestre doivent ( 377 ) faire l'effet des ouvertures irrégulières. On explique ainsi les rayons obli- ques ou non concurrents au centre ni de la Lune ni du Soleil, qu'on a observés en quelque occasion. Cependant la couronne elle-même près du bord solaire et les protubérances ont été tout à fait inimitables avec les différents moyens que j'ai essayés : les franges ainsi produites à l'extérieur sont très-limitées et d'un caractère tout à fait différent de la couronne; et les proéminences que j'ai produites avec des boules couvertes de cristaux et d'autres matières ont été aussi d'une teinte et de caractères optiques par- faitement différents des protubérances solaires, et je n'ai pu réussir à rien produire de semblable. » J'ai déjà dit comment ces proéminences se couvraient et découvraient selon le mouvement de la Lune : maintenant, après avoir mesuré sur les photographies les angles de position des protubérances, j'en ai trouvé une qui se développe très-bien dans la première et dernière épreuve, et je trouve une différence de 6° dans la position. Dans la première elle est it\i°, dans la dernière 2480. Quelle que soit l'erreur du zéro absolu ( qui doit être très- petit), cet angle est relatif, car la direction du mouvement diurne était donnée à très-peu près par l'ombre d'un fil métallique tendu dans la chambre obscure, près de la plaque. Une autre protubérance dans la partie opposée du disque dans la première épreuve a 780, et dans la dernière 76°. Voici les angles de toutes les autres principales, en comptant sur l'image renversée de l'est pour le nord, à l'ouest, etc. » Première épreuve :78e; 88°; 11 3°; de 1 35 à 1 ^8°, très-large; 2 12°, isolée; 2420. » Dernière épreuve : io°; 4o°, nuage; 760; 2900; 3oo°; 2480. » L'arc rose visible près du commencement et la fin de la totalité a fait l'impression aussi vive que les protubérances, et cette force chimique est sans doute due à leur couleur violette. » Une autre circonstance très- remarquable (et qui, étant répétée dans les deux photographies du milieu de la totalité, ne peut être l'effet du hasard) est celle-ci, que l'auréole en général se trouve plus développée selon un dia- mètre que selon l'autre qui lui est perpendiculaire. Or la direction du plus grand développement ne coïncide pas avec la ligne de marche de la Lune, ni avec la direction des aigrettes visibles à l'œil nu; elle correspond, au contraire, à la direction de l'équateur solaire et la ligne de moindre exten- sion à son axe polaire. Cela, comme on voit, serait un résultat très-intéres- sant, et qu'il faut chercher à vérifier dans les autres photographies ; dans cela, nous avons un avantage dans nos épreuves, que le temps ayant été très- ( 77») court, les rayons dus à l'influence atmosphérique terrestre n'ont fait aucune impression, et n'ont pu troubler l'action de l'atmosphère solaire. » Le fait, bien constaté dans cette occasion, que le Soleil est recouvert d'une couche gazeuse de couleur pourpre, m'a fait soupçonner qu'on de- vrait obtenir un diamètre solaire différent selon la qualité des verres qu'on emploie pour observer le Soleil. En ce moment, mes moyens d'observation ne sont pas trop parfaits ; j'ai cependant voulu l'essayer avec en petit hélio- mètre de Dollond, de construction optique excellente. Avec cet instrument, j'ai constaté que lorsque les disques sont parfaitement en contact avec un verre rouge, ils paraissent séparés d'un petit filet avec le verre de teinte bleue neutre. Cet intervalle est à peu près 2". Les astronomes pourvus de moyens plus puissants pourront vérifier et discuter mieux ce résultat. » Le verre noir gradué de M. Lerebours que j'ai employé à l'observation de l'éclipsé m'a fourni indirectement un moyen excellent photométrique pour évaluer l'intensité de la lumière solaire près du centre et des bords du disque. Ce verre est formé d'un prisme rectangulaire long de 8 centimètres et large de 22 millimètres. Son épaisseur relative varie de i centimètre à 2e, 75, et il est achromatisé avec un verre blanc. Or, lorsqu'on fait ces ob- servations en plein soleil, il faut employer la partie plus épaisse, pendant que, durant la dernière partie de l'éclipsé, j'ai été obligé d'employer la partie la plus mince pour voir nettement le bord. Cela prouverait que la lumière près du bord est: bien inférieure en intensité à la moitié de celle qu'on a près du centre. Cette graduation de la lumière est déjà même con- statée par les observations rapportées dans la première communication. 11 est bon de remarquer que le verre, dans sa partie plus mince, laisse à peine passer les rayons d'une lampe Carcel visible à 20 centimètres de dis- tance dans la nuit. » Je viens maintenant à l'examen de l'obscurité générale, qui a été géné- ralement moindre qu'on ne s'y attendait. Cela est dû sans doute en grande partie aux flammes nombreuses qui entouraient la Lune, et que plusieurs observateurs constatèrent à l'œil nu, en disant que le Soleil tenait du feu (el sol tienejuego), et à la forte lumière de la couronne, Cependant je crois que beaucoup est dû à l'illumination de la portion d'atmosphère visible du centre même de la zone de totalité, et qui, près de l'horizon, est éclairée par le Soleil. En effet, M. Biot (Comptes tendus, t. XXXIX, p. 8a5) a dé- montré qu'un rayon lumineux qui marche horizontalement dans l'atmo- sphère, est entré en celle-ci dans un point qui est distant de 7°3o' du lieu de l'observateur, et qu'un rayon qui marche à io° d'élévation au dessus de ( *19 ) l'horizon est entré à a° 19' de distance, en supposant ces angles mesurés au centre de la terre : or la section du cône d'ombre totale n'avait cette foi* que a° de rayon à peu près à la surface terrestre. Il résulte donc que jusqu'à une élévation d'au moins io°, on voyait une grande partie de l'atmosphère terrestre éclairée par le Soleil. Cela explique la lumière jaune visible près de l'horizon, et encore pourquoi on a pu voir près du Soleil, malgré la lumière de la couronne, les étoiles Castor et Pollux, et on n'a pas pu voir Sirius et la Lyre, qui sont bien plus brillantes, mais qui se trouvaient alors plus près de l'horizon. » Je vous disais dans l'autre Lettre que le déclinomètre a été observé chaque heure : cela n'est pas exact; les observations ont été faites de i5 en i5 minutes avant l'éclipsé, et de 5 en 5 minutes près de la totalité et durant la totalité même; et sa marche, sensiblement la même qu'à l'ordinaire, montre la fausseté de certaines théories relatives à ce sujet, émises au- trefois. » A propos du magnétisme, nous sommes ici actuellement dans de conti- nuelles perturbations magnétiques, qui paraissent liées à l'état orageux de notre atmosphère. L'autre jour (7 août), à l'instant d'un éclair, le bifilaire dévia de i5 divisions! Le soir des 7, 8 et 9 courant, nous avons eu toujours un peu de lumière au nord, avec forte perturbation magnétique. Il parait que, cette année, l'époque des perturbations, qui d'ordinaire arrive à la fin d'août, a beaucoup anticipé. Le 7, jour de la plus grande perturbation, le temps a été très-orageux. » RAPPORTS. ZOOLOGIE — Rapport sur des coquilles rapportées de la Nouvelle- Calédo- nie par M. le colonel du génie Coffyx, et données par M. le maréchal Vaillant. (Commissaires, MM. le Maréchal Vaillant, Milne Edwards, Valenciennes rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, M. le Maréchal Vaillant, M. Milne Edwards et moi, de faire connaître le mérite de plusieurs espèces de coquilles rap- portées de la Nouvelle-Calédonie par M. le colonel du génie Coffyn. « La Nouvelle-Calédonie, découverte par Cook en 1772, a été visitée par Labillardière en 1792, qui a rapporté de cette île un grand nombre de plantes. ( a8o ) » Ce célèbre botaniste s'occupa très-peu de la zoologie de ce pays, et cependant il a donné au Muséum d'histoire naturelle plusieurs oiseaux in- téressants qui figurent encore aujourd'hui dans la grande collection ornitho- logique du Muséum d'histoire naturelle. Il ne paraît pas en avoir rapporté des coquilles, quoique plusieurs de Mollusques du genre des Hélix, et de la sub- division des Bulimus de Lamarck y soient abondantes. On peut en juger par le nombre de ces coquillages trouvés par les récents explorateurs de cette île depuis qu'elle est devenue une possession française. Presque tous les offi- ciers de i Arche-d A lliance ou du Câlinât ont collecté de ces Bulimus, qui sont restés dans des collections particulières. Des amateurs très-zélés pour la conchyliologie les ont décrites et ont ainsi augmenté de leur description la liste très considérable des Gastéropodes pulmonés terrestres ou à quatre tentacules. » Nous avions pu acheter pour les collections dont l'arrangement nous est confié au Muséum, un ou deux exemplaires des espèces remarquables qui vivent sur les plantes de la Polynésie australe. Ces espèces ont toutes sur la columelle ou sur la lèvre un dépôt calcaire abondant, et un bourrelet plus ou moins épais. » On voit déjà ces sortes de dents représentées sur le dessin d'une de ces coquilles donné par M. Martyn, figurée sous le nom de Limax fibratus (Martyn, Conchyliologie, PL XXV) : c'est une coquille des îles des Amis. On peut se demander si le Bulime nommé par M. Gassies sous la même dénomination spécifique (Gassies, Journal de Conchyliologie, 1857, 3e ca- hier, p. »83), appartient réellement à l'espèce de Martyn. » Ce Bulime à columelle dentée et un peu tordue paraît être une forme de limaçon propre aux îles du grand Océan Indien. Elles sont généralement de petite taille; voici la grandeur de. ces coquilles prises sur les individus du Muséum : m Bulimus scarabus o,o45 Bulimus caledonicus o,o55 Bulimus Lessonii o ,o65 » Nous avons à vous signaler en première ligne, dans la petite collection donnée par M. le Maréchal Vaillant qui la tenait de M. le colonel Coffyn, une très-belle espèce de Bulime qui manquait encore aux collections du Muséum d'histoire naturelle : le Bulimus Souvillei décrit par M. Morelet et figuré dans le Journal de Conchyliologie, PI. IX, jîg. i3. Nous regrettions ( a8i ) beaucoup de ne pas voir cette coquille très-belle dans les séries du Muséum, parce qu'elle n'est pas rare dans les bois de Balade, établissement principal des Français dans l'île; elle y a été découverte par M. Magen, officier de la marine, embarqué sur V Arche-d'' Alliance, et qui en avait rapporté une dou- zaine au moins dès la première exploration. » Cette belle espèce va figurer dans le genre si nombreux en espèces dans notre collection nationale; nous aurons soin de faire connaître sur l'étiquette le nom du donateur, et ladated'entréedanslacollection. C'est une habitude à laquelle nous ne manquons jamais dans toutes les parties zoologiques ou botaniques du Muséum d'histoire naturelle. » Nous pouvons encore signaler le Pyrula râpa, coquille toujours rare et recherchée. » Le colonel Coffyn a été encore plus heureux sous le rapport scienti- fique dans ses recherches, dans ses récoltes en Acéphales marins. » Il a trouvé une nouvelle espèce du genre Marteau (Malleus), qui pren- dra place dans le Muséum sous le nom de Malleus Coffjni, Val. Il est carac- térisé par l'obliquité de la fossette du ligament. » Un autre genre de la famille des Ostracées est celui desPernes. Celle que M. le colonel a découverte est une coquille très-voisine du Perna canina de Lamarck; on peut lui donner la dénomination de Perna Coffyni, Val. Secondement, nous avons une seconde espèce remarquable par l'angle très- aigu qui suivent les stries d'accroissement du corselet. Je la nommerai Perna anqulijera, Val. d Une troisième espèce a des ressemblances assez grandes avec le Perna femoralis de Lamarck. Je la dédierai, comme l'espèce de Marteau signalée plus haut, au colonel, dont les recherches viennent d'enrichir le Muséum; elle ira prendre place dans nos collections à côté de ses congénères sous le nom de Perna Coffyniana, Val. » Ces noms seront, nous l'espérons, un encouragement à donner aux officiers qui aimeront à voir leurs noms inscrits dans les grandes collections du Muséum d'histoire naturelle, visitées journellement par un si grand nombre de naturalistes français et étrangers, et qui le seraient peut-être encore plus si la place ne manquait pas aux administrateurs pour y disposer plus convenablement les collections si précieuses qui composent le Musée. » La Commission ne peut que remercier M. le colonel Coffyn d'avoir consacré quelques moments de ses loisirs à des investigations utiles aux pro- grès de la zoologie, et en particulier à l'étude de la conchyliologie; et elle C. R., 1860, Jme Semestre. (T. LI , N° 8.) 3o, ( 28a ) demande à l'Académie d'engager cet officier supérieur dans l'arme savante à laquelle il appartient, de continuer des recherches dont il pourra faire profiter l'histoire naturelle et l'une des branches de cette science. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. botanique. — Rapport sur un Mémoire de M. Weddell, relatif au Cynomorium coccineum. (Commissaires, MM, Brongniart, Tulasne, Decaisne rapporteur.) « Ainsi que son titre l'indique, le Mémoire dont nous avons à rendre compte à l'Académie porte sur une des plantes les plus singulières du règne végétal, et une de celles qui, depuis un siècle, ont le plus occupé les bota- nistes. Elle a fourni, entre autres, à L.-C. Richard la matière d'un impor- tant travail, et tout récemment elle a été l'objet des recherches de M. J. Dalton Hooker, l'un des botanistes les plus autorisés de notre temps. » Dans une introduction placée en tète de son Mémoire, M. Weddell soumet à une revue critique les opinions de ses devanciers sur la structure, le mode de végétation et les affinités naturelles de cette plante, sans en excepter celles qu'il a émises lui-même il y a une dizaine d'années. » La famille des Balanophorées, à laquelle appartient le Cynomorium, est toute composée de parasites. Elle comprend aujourd'hui une trentaine d'espèces inégalement réparties entre l'ancien et le nouveau monde. Le Cynomorium, de même qu'un petit nombre d'autres végétaux de familles essentiellement tropicales ou australes (Chamœrops, Pelargonium, Stapelia, Gnmplwcarpus , etc.), qui sont comme autant de membres égarés de flores étrangères à nos latitudes, s'avance jusqu'au centre du bassin méditerra- néen, à l'île de Malte, sur les côtes septentrionales de l'Afrique, sur celles de l'Espagne et, plus loin encore vers le Nord, jusqu'en Toscane. Remarqué par les plus anciens botanistes italiens, et surtout par Boccone, il fut classé, suivant les idées et les aperçus de ceux qui l'observaient, tantôt parmi les champignons, tantôt parmi les plantes d'organisation plus élevée. Je n'ai pas besoin de dire que depuis Micheli , et par suite des recherches de ce naturaliste célèbre, le Cynomorium a définitivement pris place parmi les végétaux phanérogames, et que sa structure a été d'autant mieux comprise, qu'on a pu s'éclairer par l'examen d'un plus grand nombre de plantes ana- logues, c'est-à-dire appartenant comme lui au type des Balanophorées. » Les études botaniques semblent entrer, depuis quelques années, dans ( a83 ) une nouvelle phase, et on doit reconnaître que leurs procédés se sont nota- blement améliorés. On ne se contente plus, pour expliquer la structure des végétaux, et même simplement pour en déterminer les espèces, d'échan- tillons d'herbiers presque toujours incomplets dans quelques-unes de leurs parties et toujours déformés, on veut observer les végétaux vivants, dans toutes les phases de leur vie, depuis l'instant de la germination jusqu'à la maturité des graines, et, lorsqu'il s'agit de travaux monographiques, dans toute la série des variations dont les types spécifiques sont susceptibles. Cette voie lente, mais féconde en résultats, fait tous les jours mieux appré- cier l'institution des jardins botaniques, c'est-à-dire des collections vivantes, dont les herbiers ne seront un jour que le complément, au lieu d'être, comme ils le sont de nos jours, la partie principale du matériel scientifique. Malheureusement il est beaucoup de végétaux, et la grande majorité des parasites est du nombre, qui n'ont pas encore pu être, assujettis à aucun mode de culture, et c'est là précisément ce qui en retardera l'étude peut- être bien longtemps encore. En présence de cette lacune de nos jardins bo- taniques, M. Weddell n'a pas hésité à se transporter sur les lieux où croît le Cynomorium. En 1867, il se rendit à Oran, où la plante est assez com- mune, et il y séjourna deux mois, suivant jour par jour son développement. Il en rapporta aussi des graines, afin d'en étudier plus à loisir la germination à Paris, à l'aide d'une de ces petites serres à multiplication dont on fait un si fréquent usage dans nos jardins botaniques, soit pour faire enraciner les boutures, soit pour faire germer les graines de végétaux exotiques auxquelles la chaleur seule de notre climat ne suffirait pas. » C'est à M. Weddell, ainsi qu'aux botanistes qui, avant lui, ont parcouru l'Algérie, que nous devons de savoir que le Cynomorium est indifférent sur le choix des plantes qui doivent lui fournir sa nourriture. Ce parasite im- plante ses suçoirs sur toutes les espèces qui se trouvent à sa portée, qu'elles soient monocotylédonées ou dicotylédonées, vivaces ou simplement an- nuelles; seulement, dans ce dernier cas, son existence cesse avec celle de la plante nourricière, tandis qu'elle se prolonge indéfiniment sur les espèces vivaces. Cette disposition du Cjnomorhim, sans être un fait bien commun dans le monde des végétaux parasites , est loin cependant d'être sans exemple. Nous le retrouvons effectivement sur notre Gui commun, qui croît, peut-on dire, sur tous les arbres de nos climats; la principale diffé- rence, entre les deux plantes, étant dans le site propre à chacune d'elles, puisque le Gui est tout aérien, tandis que \eCynomorium ne s'attaque qu'aux parties souterraines des plantes. 39.. (*8i) » La tige du Cynomorium est un rhizome charnu, couvert d'écaillés, tou- jours enfoui sous la terre, mais poussant ça et là des rameaux qui s'élèvent verticalement hors du sol, et qui ne sont, à proprement parler, que ses in- florescences. Leur structure est la même que celle du rhizome : comme ce dernier, ils sont charnus, formés d'un abondant tissu cellulaire, à peu près homogène dans toutes les parties delà piaule, et dans lequel sont dissémi- nés des vaisseaux rayés dont les agrégations forment des prismes triangu- laires. On voit que cette structure intérieure rappelle d'assez près celle des monocotylédones. A l'extérieur, les tiges aériennes florifères du Cynomorium sont revêtues d'écaillés plus fermes que celles de la partie souterraine ; leur teinte générale est le rouge de sang, qui tire insensiblement sur le brun noir à mesure que la plante vieillit. » Les suçoirs du Cynomorium naissent exclusivement sur les racines. Celles-ci se renflent à leur extrémité, sur laquelle bientôt un petit mamelon conique fait saillie. C'est là le suçoir destiné à s'implanter dans une racine étrangère. Il se comporte vis-à-vis d'elle comme le feraient les suçoirs de la Cuscute, en traversant le système cortical, et en allant se greffer sur le faisceau vasculaire central. A part la perforation qu'elle en éprouve, la ra- dicule nourricière demeure intacte; c'est une particularité qu'on a d'ailleurs observée dans le parasitisme des Orobanches. » Les tiges ou, plus exactement, les rameaux florifères du Cynomorium sont cylindriques, charnues, très-grosses relativement à leur longueur, qui n'atteint guère que 20 à 3o centimètres. Elles se terminent par une sorte de massue, qui n'est que l'agrégation des appareils floraux au nombre de plu- sieurs centaines et même de plusieurs milliers. Quelle est la nature de cette inflorescence; à quel type faut-il le rapporter? A première vue, ou serait tenté de l'assimiler à celle des Massettes (Typha) de notre pays; mais M. Weddell a reconnu que cette inflorescence, en apparence si simple, se compose en réalité d'une multitude de petites cymes triflores et détermi- nées. En examinant cette sorte d'épi dès son plus jeune âge, on voit les fleurs naître par groupes à l'aisselle de bractées charnues disposées en spirale. Ce fait avait échappé à tous les botanistes, qui, avant lui, n'avaient observé le Cynomorium que sur des échantillons desséchés et, par suite, tout à fait déformés. » Dans l'examen des organes de la reproduction, M. Weddell a fait preuve d'une délicatesse d'analyse remarquable. Un des caractères généraux de la famille des Balanophorées est d'avoir des fleurs unisexuées, monoïques ou dioïques; la seule exception à cette règle nous est offerte par le Cyno- ( *85) tnotium, dont les fleurs sont polygames. Mais si ce mélange de fleurs mâles, femelles et hermaphrodites accroît quelque peu la difficulté des recherches analytiques; d'autre part, ainsi que le fait observer M. Wedclell, cette réu- nion de fleurs staminées au milieu de fleurs d'une autre nature est un gage de plus douné à la fécondation des germes, et par suite à la formation de la graine, qui fait souvent défaut dans les fruits des autres genres de Bala- nophorées. Cette circonstance a permis à M. Weddell de pousser plus loin qu'on ne l'avait fait jusqu'ici l'étude de ces derniers organes. » La structure des anthères et celle du pollen n'offrent rien de bien parti- culier ; nous ne nous y arrêterons donc pas. Mais il n'en est pas de même des fleurs femelles. L'excessive ténuité et la mollesse des organes, la difficulté de faire des coupes bien nettes et qui en mettent à nu les parties constituantes, rendent suffisamment compte de ladivergence des opinions qui ont étéémises à cet égard par les botanistes de premier mérite, tels que MM. J. Dalton Hooker, Hofmeister, etc. M. Weddell lui-même avait eu la sienne, il y a dix ans; elle était fausse, et il en fait l'aveu : « Les résultats, dit-il, que m'ont » fournis de bons matériaux, m'ont convaincu que les idées que je m'étais » formées sur la nature du pistil des Balanophorées étaient tout à fait erro- » nées. « On aime à trouver cette loyauté dans les déclarations des hommes de science. » Indépendamment de la détermination des parties florales et du fruit que M. Weddell a décrit avec une exactitude dont l'un de nous a pu se convaincre, il restait à élucider un point très-controversé relativement à l'or- ganisation de la graine. » Malgré l'autorité de ceux qui ont soutenu l'opinion contraire, l'ovule du Cynomorium est pourvu de téguments ; il a par conséquent un micro- pyle et un albumen charnu contenant un embryon turbiné sans aucune trace de lobes cotylédonaires, et identique de forme avec celui de plusieurs autres végétaux parasites du même groupe, et la pointe de cet embryon, c'est-à-dire la région d'où sortira la radicule, est tournée vers le micropyle, suivant la loi commune. » Ainsi que nous l'avons dit plus haut, M. Weddell ne s'est point arrêté à l'analyse des. organes du Cjnornorium adulte; il a étendu ses recherches à la germination elle-même, dont on n'avait encore aucune idée. Pour y par- venir, il s'est servi d'une petite serre portative où la chaleur pouvait être réglée à volonté. En élevant la chaleur à + 3o°, M. Weddell eut la satisfac- tion de constater un commencement de germination. Les graines produi- sirent un prolongement radiculaire blanchâtre, demi-transparent, d'une ( 286 ) texture utriculaire délicate, mais qui offre ce phénomène très-singulier et jusqu'ici sans exemple, d'être constamment dressé vers le ciel au lieu de se diriger vers la terre, comme cela a lieu dans la presque universalité des vé- gétaux phanérogames. Cette exception si remarquable à une loi générale a entraîné M. Weddell à des considérations qu'il serait peut-être hors de pro- pos de rapporter ici. Nous nous bornerons à signaler le rapprochement qu'il fait de cette radicule ascendante avec les tigelles des autres végétaux phané- rogames, lui laissant la responsabilité de cet aperçu, et exprimant avec lui le vœu que ce point intéressant de physiologie végétale soit repris par les observateurs qui se trouveront en mesure de le faire. » En résumé, le travail de M. Weddell, que l'un de vos Commissaires a pu vérifier dans ses parties les plus essentielles, peut être considéré comme une de nos monographies les meilleures et les plus complètes. L'auteur y associe la rigueur des analyses à la justesse des appréciations. » Ce Mémoire est accompagné de dessins anatomiques extrêmement bien faits; et l'on sait de quelle importance est ce genre d'illustration pour les travaux scientifiques, pour ceux surtout qui traitent d'organogénie. Ces dessins, ébauchés par l'auteur, ont été reproduits par le pinceau exercé de M. Riocreux. » Vos Commissaires pensent donc que par la nouveauté des observations, leur exactitude et l'importance du sujet, le travail de M. Weddell est digne de l'approbation de l'Académie, à laquelle nous demanderions de le faire insérer dans le Recueil des Savants étrangers, si déjà il ne devait être publié très-prochainement dans les archives du Muséum. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. GÉOLOGIE. — Recherche de l'azote et des matières organiques dans les substances minérales; par M. Delesse. (Commissaires, MM. Balard, de Senarmont, Delafosse.) « Les matières organiques existent en quantité très-notable dans la plu- part des substances qui composent l'écorce terrestre. Pour constater leur présence, il suffit de chauffer légèrement ces substances dans un tube de verre; car alors il se dégage une odeur empyreumatique très-sensible, et même dans certains cas il se dépose des matières bitumineuses. La distil- ( #7 ) lation qui s'opère est tantôt acide, tantôt alcaline, quelquefois l'un et l'autre. Quand elle est acide, du soufre, de l'acide nitrique ou flnorhydrique ou quelque autre acide, se dégagent ordinairement de la substance soumise à l'essai. Mais le plus généralement elle est alcaline, et il se produit de l'am- moniaque qui se forme aux dépens de matières organiques azotées. » Comme l'azote des matières organiques peut être dosé avec une très- g'rande précision, il m'a paru intéressant de le rechercher dans les roches et même dans les minéraux. Le procédé qui a été employé est celui de Will et Warrentrapp, perfectionné par M. Peligot. Les substances minérales con- tenant extrêmement peu d'azote, il était nécessaire d'opérer sur de grandes quantités qui s'élevaient à 20 et quelquefois à [\o ou à 5o grammes. En outre, le saccharate de chaux destiné à neutraliser l'acide sulfurique était très- étendu et se versait à l'aide d'une burette graduée du système de M. Hervé- Mangon. Dans les expériences pour le dosage de l'azote qui étaient très- nombreuses, j'ai d'ailleurs été secondé par MM. Brivetet Babinski. » Minéraux* — Si l'on examine successivement les divers minéraux, 011 recounaît facilement qu'ils renferment de l'azote et des matières organiques, même lorsqu'ils sont le mieux cristallisés. La chaux fluatée verte contient 0,08 millièmes d'azote; le quartz enfumé du granité 0,20; l'opale du trachyte, o,3o, l'opale des geysers de l'Islande, 0,12; la calcédoine du mélapyre, seulement 0,07 ; il y en a donc notablement moins que dans le quartz du granité. » Le pyroxène, l'amphibole et leurs variétés, le grenat, le mica, le dis- thène, la staurotide et en général les silicates, ne donnent que très-peu d'azote. L'émeraude aigue-marine de Sibérie n'en contient que 0,04 ; mais il y en a 0,22 dans la topaze fortement colorée du Brésil, qui est associée au diamant et connue dans la bijouterie sous le nom de topaze brûlée. Sa belle couleur jaune-rougeâtre tient à une matière bitumineuse qui se volatilise par la distillation, puis va se condenser de nouveau dans le tube. Parmi les hydrosilicates, le talc, la stéatite et même les zéolithes ne donnent que des traces d'azote. » La baryte sulfatée blanche, à grands cristaux spathiques, en contient 0,10; le gypse grenu des environs de Paris, 0,26. Généralement il y a de l'azote en quantité dosable dans les sulfates que nous offre la nature, et il en est de même pour les carbonates. » Ainsi, le spath d'Islande le plus transparent renferme des matières or- ganiques, et on y trouve jusqu'à o, 1 5 d'azote. Il y en a autant dans la chaux carbonatée qui est en stalactites et qui s'est formée par infiltration. Un fer ( a88 ) carbonate spathique bien cristallisé renfermait 0,19 d'azote, et il y en avait 0,17 dans une smithsonite concrétionnée. » Les minéraux cristallisés que nous offre la nature contiennent donc de petites quantités d'azote et de matières organiques; toutefois l'azote ne dé- passe pas quelques millièmes dans ceux qui en contiennent le plus. » On peut craindre que cet azote ne soit accidentel et ne provienne d'in- filtrations de la surface; mais l'expérience montre que l'on obtient des ré- sultats très- voisins ou à peu près constants, lorsqu'on opère sur les mêmes minéraux se trouvant dans les mêmes conditions de gisement. » Bien qu'il puisse paraître extraordinaire, au premier abord, de trouver des matières organiques dans des minéraux qui se sont formés à l'intérieur de la terre; il est cependant facile de s'en rendre compte, puisque ces ma- tières existent dans les eaux superficielles et souterraines et même dans les eaux minérales. » Corps organisés. — Les corps organisés fossiles provenant soitd'animaux, soit de végétaux, renferment surtout une grande proportion d'azote et de matières organiques. Chauffés dans le tube fermé, ils prennent une couleur plus foncée et souvent ils dégagent beaucoup d'ammoniaque, ainsi que des matières bitumineuses. » Divers os de vertébrés fossiles ont été examinés. J'ai constaté d'abord qu'un os humain provenant des catacombes de Paris, et remontant à plus d'un siècle, contenait encore 32,25 millièmes d'azote. Il y en avait seule- ment 0,89 pour le Mégathérium ; o,4i pour le Palneothérium du gypse pari- sien et moins de 0,20 pour les Sauriens appartenant a l'époque du lias. » Les dents et les défenses, qui sont plus compactes que les os et généra- lement protégées par de l'émail, conservent beaucoup mieux leurs matières organiques. Une dent de l'hyène des cavernes contenait 26,95 millièmes d'a- zote; il v en avait encore 0,84 dans le bone-bed, qui est en grande partie formé de dents de poissons et qui se trouve à la partie supérieure du keuper. » Les défenses conservent moins bien leurs matières organiques que les dents, car dans une défense du Mastodonte du calcaire miocène deSansan qui m'a été remise par M. Lartet, il y avait seulement o,56 d'azote. » Les matières organiques des coprolites résistent bien à la fossilisation. Dans un coprolite du tourtia il y avait 0,37 d'azote; il y en avait encore o,33 dans un coprolite de Saitrien qui était très-ancien et remontait au muschelkalk. .» Les têts calcaires des Mollusques appartenant à différentes époques géologiques ont également été essayés. Leur proportion d'azote varie peu e (289) elle est toujours faible. Ainsi, dans les Cérites tertiaires, dans les Mol- lusques des faluns, clans les Polypiers du terrain dévonien, dans le rostre des Bélemnites, la proportion d'azote est très-peu différente et reste infé- rieure à o,ao. » Les végétaux, par cela même qu'ils sont en grande partie formés de carbone, résistent beaucoup mieux à la fossilisation que les animaux. On sait d'ailleurs qu'ils renferment une proportion très-notable d'azote, qu'ils soient à l'état de tourbe, de lignite, de houille ou d'anthracite. * En résumé, les corps organisés fossiles, animaux ou végétaux, contien- nent encore de l'azote et des matières organiques. En outre, lorsqu'on com- pare des corps organisés appartenant à une même espèce, leur azote diminue généralement à mesure qu'on descend dans la série des terrains; par consé- quent, toutes choses égales, les substances minérales contiennent d'autant moins d'azote et de matières organiques, qu'elles appartiennent à une époque géologique plus ancienne. » Il faut observer cependant que la proportion des matières organiques ne dépend pas seulement du temps; elle dépend aussi de la nature même des substances que l'on considère, des roches qui servent de gangue à ces sub- stances, des modifications que ces roches ont éprouvées, et, en un mol, de circonstances très-complexes. >■ M. Chatelaix lit un Mémoire sur un nouveau procédé pour la fabrication du sucre de betterave, procédé pour lequel un brevet d'invention a été pris au nom de MM. Châtelain et Du Rieux. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Payen, Fremy. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Maréchal Vaillant présente une Note de M. Millon, qu'il résume comme il suit : « J'ai été prié par M. le D' Millon, directeur de la Pharmacie centrale à Alger, de mettre sous les yeux de l'Académie une Note relative à la nitri- fication en Algérie. » Ayant reconnu, par l'analyse d'un grand nombre des eaux potables de l'Algérie, que la plupart de ces eaux contiennent du nitre dans des pro- portions souvent considérables, M. Millon a été amené à rechercher par quels moyens s'opère la production naturelle de ce sel. C. R., 1860, 2™' Semestre. (T.LI,'lt* 8.) 4° ( *9° ) » La composition des terres recueillies à Biskra, et exploitées dans l oasis même pour la fabrication du salpêtre, lui a fourni un premier type des mé- langes sur lesquels il a opéré; plus tard il a fait varier à l'infini la compo- sition de ces mélanges, en s'attachant d'ailleurs, dans ses expériences, à ne pas sortir des conditions naturelles et normales de la production du nitre. 11 abandonnait les mélanges à eux-mêmes, et, au bout de deux ou trois jours au moins, huit au plus, il y recherchait le salpêtre. » Il a pu constater de la sorte qu'on n'obtient jamais une nitrification rapide en dehors des conditions suivantes : » i°. Un sol ou masse solide supportant les substances destinées à réagir ; » 2°. [Jn carbonate alcalin, ou mieux encore un mélange de carbonates alcalins et terreux ; » 3°. Un principe hu inique; » 4°- Un sel d'ammoniaque. » Suivant la nature des mélanges, la nitrihcation arrive plus ou moins vite à ses limites; mais elle atteint son maximum en vingt ou vingt-cinq jours au plus. Le nitre obtenu ne dépasse guère un dix-millième de la masse du mélange. « M. Millon s'est attaché également à reconnaître les influences natu- relles qui déterminent dans certaines localités les accumulations spontanées de nitre, grâce auxquelles on obtient des terres qui en contiennent jusqu'à 4, 5 et même 6 parties pour ioo. » Il a constaté d'abord que le nitre se déplace à travers un sol humide et se rassemble dans les couches superficielles. Ayant fait pénétrer une solu- tion faible de nitrate de potasse par la partie inférieure d'un prisme de terre végétale haut de 7 centimètres, il a trouvé, après deux ou trois arrosages à l'eau distillée, que le centimètre supérieur du prisme contenait six fois plus de nitre que le centimètre inférieur. » M. Millon signale ce déplacement ascensionnel du nilre comme une cause d'erreur à éviter dans les dosages du salpêtre, dosages qui ne peuvent être concluants qu'autant qu'on les opère sur la masse totale de la terre ou sur une partie représentant exactement la composition delà masse. » Un autre fait non moins important, selon M. Millon, au point de vue de l'accumulation du salpêtre, c'est la présence du nitre atmosphérique. Il pense que l'air, qui renferme sans doute du nitrate d'ammoniaque, verse et dépose ce sel à la surface du sol, qui le retient, grâce aux pluies, à la rosée, à l'humectation insensible produite par le rayonnement nocturne. Il reste à M. Millon, pour établir et mesurer cette influence atmosphérique ( 29' ) sur la formation du salpêtre, à doser l'acide nitrique dans la pluie, dans la rosée, dans l'eau qu'on peut recueillir à toute heure du jour ou de la nuit sur les parois d'un vase de verre considérablement refroidi. » En résumé, M. le docteur Millon s'est attaché dans son travail à dé- couvrir les conditions de la nitrification et à préciser, avant tout, le point d'origine de ce phénomène. Il le place dans les produits ultimes de toute décomposition organique, végétale ou animale : un mélange de carbonate alcalin et terreux, d'acide humique, d'ammoniaque et d'eau. Telle est, sui- vant lui, la source de toute nitrification normale, de manière que la nitri- fication, dit-il, s'emparant en quelque sorte du caput morluum, indiquerait peut-être le moment ou le point saisissable par lequel rentrent dans le mou- vement de la vie les éléments chimiques ayant déjà contribué à la formation des animaux et des plantes. » (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Bussy, M. le Maréchal Vaillant.) physique. — Note sur l'accouplement des piles en séries hétérogènes ; par M. Th. du Moncel. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Despretz.) « Dans un précédent travail j'ai formulé les lois relatives au groupement des piles par séries homogènes. Aujourd'hui je vais indiquer celles qui concernent le groupement des piles en séries hétérogènes, c'est-à-dire en séries composées les unes d'éléments réunis en tension, les autres d'éléments réunis en quantité. » Pour ne pas compliquer la question, nous ne l'étudierons que par rapport à deux séries seulement. » Si ces deux séries étaient homogènes, on aurait, d'après ce que j'ai dé- montré dans^non premier travail, II) i». I = _^£- (*) pour deux groupes dont les éléments sont accouplés en quantité, et qui (*) E représente la force électromotrice de chaque couple , I l'intensité du courant, R la résistance de chaque couple , r la résistance du circuit extérieur, n le nombre d'éléments de chaque groupe. 4o.. ( 292 ) sont eux-mêmes réunis en tension ; pour deux groupes dont les éléments sont accouplés en tension, et qui sont eux-mêmes réunis en quantité. » Mais si les deux groupes sont composés, l'un d'éléments réunis en ten- sion, l'autre d'éléments réunis en quantité, les formules précédentes de- viennent C\\ i« r_ "Ef/r-t-i) [-°) * («'-t-i)R + Kr quand la réunion des deux séries est faite par les pôles dissemblables ; ,,s 2o T- E("' + 0 Wl «l + r(«'+i) quand la réunion des deux séries est faite par les pôles semblables (ou en quantité). » Il en résulte que l'intensité du courant dans ces deux cas est généra- lement inférieure à celle que fournirait l'accouplement des deux séries fait d'une manière symétrique, mais encore peut devenir inférieure à l'intensité du courant produit par une seule des deux séries. » Soit une pile de Daniell de 72 éléments distribués également entre deux séries et une résistance r= 1000 mètres, on aura : » i°. Pour l'accouplement par séries homogènes en quantité, t_ a x 36 X 455a __ 2 x 800 + 36xi 000 — v7'i » a0. Pour l'accouplement par séries homogènes en tension, 2 x 36 x 455a _ fi 36 x 800 -+- 2 x 1 000 ' ' » 3°. Pour l'accouplement par séries hétérogènes (réunies en tension), T_ 36x4552(36-n) _ l— (36! + 1)8004- 36 Xi 000 "~ ' ' » 4°- Pour l'accouplement par séries hétérogènes (réunies en quantité), 4552(36' + i) , , 36x8oo + iooo(363+i) *", » Or une seule des deux séries dont les éléments auraient été accouplés en tension aurait donné I = 5,5. Du reste, il est facile de reconnaître, par l'inspection des formules, que le désavantage des accouplements par séries hétérogènes est d'autant plus marqué, que la valeur de R se rapproche da- vantage de celle de E et que R est plus grand. De sorte qu'il peut arriver, avec des piles peu résistantes, comme celle de Bunsen, que l'accouplement en rapport avec la formule (3) donne une intensité supérieure à celle fournie par l'accouplement correspondant à la formule (i) quand /est rela- tivement considérable. » Ces formules expliquent un phénomène qui a surpris certains savants quand on a expérimenté la machine magnéto-électrique des Invalides, il y a un an. On avait reconnu, en effet, que 48 des bobines d'induction de la machine, accouplées en quantité, étant réunies aux 48 autres bobines, accou- plées en tension, ne donnaient pas plus, et même (avec la réunion des deux systèmes par les pôles semblables! donnaient moins de lumière électrique que le seul système des 48 bobines groupées en tension. D'après les for- mules précédentes, il est facile de voir qu'il devait en être ainsi, car la résis- tance de l'arc de lumière électrique est très-considérable. » mathématiques. — Arithmoaraphe polychrome ; par M. Dubois. (Commissaires, MM. Mathieu, Morin, Serret.) « Le but que je me suis proposé d'atteindre est la construction d'un appareil à calculer, simple, d'un prix très-peu élevé, sans rouages ou or- ganes mécaniques quelconques, avec lequel on pût faire en quelque sorte automatiquement et sans tension d'esprit toutes les opérations de l'arith- métique, addition, soustraction, multiplication, division, extraction des racines carrées et cubiques. » Le principe de mon arithmographe est au fond celui qui guida Néper dans la construction et l'arrangement de ses bâtons compteurs; mais le principe est appliqué dans des conditions toutes nouvelles. Les bâtons sont ( 294 ' réduits à une seule face, leur nombre est indéfini, toutes les lectures de chiffre se font sur une même ligne horizontale. » La grande difficulté à vaincre dans les machines à calculer, suivant le système décimal, est la manière d'opérer le report, toutes les fois que le chiffre résultant des additions dépasse 10; ou de faire l'emprunt lorsque le chiffre à soustraire est plus grand que le chiffre dont on soustrait. Par cela même que je renonce à tout rouage, a tout organe mécanique, je ne fais dans le courant des opérations ni reports, ni emprunts; le résultat brut de l'opération est donc inexact, et il faut absolument le corriger par une opération dernière. Cette correction n'est possible qu'autant que tous les reports et les emprunts effectués auront laissé sur l'appareil une trace per- manente de leur apparition, indiquant la phase de l'opération à laquelle ils ont eu lieu, et la correction à apporter au résultat provisoire, c'est-à-dire le nombre d'unités dont il faut augmenter ou diminuer le chiffre à gauche pour le rendre rigoureusement exact. Or ce problème très-difficile je crois l'avoir résolu d'une manière nouvelle et qui laisse bien peu à désirer. » L'arithmographe polychrome est construit tout en bois ou en carton ; son volume est tres-réduit, quoiqu'il s'étende à des nombres de à3 chiffres : ses dimensions sont 4 centimètres de hauteur, i décimètres de largeur, a centimètres d'épaisseur. Il se compose essentiellement de deux tables, l'une pour les additions, l'autre pour les multiplications, et de deux séries de coidisses dans lesquelles se meuvent de bas en haut et de haut en bas, deux séries de languettes ou baguettes. A la table d'addition correspon- dent a3 languettes sur lesquelles sont écrits verticalement et dix fois de suite les dix chiffres arabes de o à 9, de manière à former dix dizaines successives, commençant chacune par o et finissant par g. Mais, et c'est ce qui a fait donner à l'instrument le nom d'arithmographe polychrome, chaque dizaine successive dans le sens vertical est caractérisée par une cou- leur propre, blanc pour la première, gris pour la seconde, rouge pour la troisième, etc., etc. Toutes les opérations en définitive se font par additions de chiffres, et les additions de chiffres se fout par l'élévation des languettes, à l'aide d'une pointe qui amène le chiffre voulu dans la ligne ou rainure horizontale où s'inscrit la somme ou le total. Le chiffre ainsi amené, par élévations successives, à partir du zéro de la première dizaine blanche, sera sur telleou telle bande coloriée, suivant que les chiffres ajoutés auront été plus ou moins grands, que l'opération aura été plus ou moins prolongée. Si le chiffre somme est sur la bande blanche, c'est qu'on n'aura pas dépassé 9; on ( 295 ) aura dépassé une fois, deux fois, trois fois 9, si le chiffre final est sur la bande grise, rouge, bleue, etc., de sorte que la couleur indique immédiate-» ment combien de fois on a dépassé 9, et par conséquent le nombre d'unités dont il faut augmenter le chiffre à gauche pour tenir compte des reports. Tout mon secret est là; une petite gamme de dix bandes coloriées re- produite au sommet de l'instrument rappelle incessamment au regard la valeur numérique de chaque teinte. Il arrive pour la soustraction ce qui est arrivé pour l'addition, ou, pour les emprunts, ce qui a eu lieu pour les re- ports. On part d'une couleur, du gris par exemple, s'il s'agit d'une seule soustraction; et si après avoir soustrait le chiffre voulu par abaissement de la languette, le chiffre différence est encore sur la bande grise, c'est que le nombre soustrait étant plus petit que le nombre à soustraire, il n'y a pas eu d'emprunt, il n'y a rien à corriger; si au contraire en retranchant .- ( 3oo ) pour ioo; mais il n'est pas altéré par l'acide fluorhydrique. L'acide sulfu- rique l'attaque et fait dégager de l'acide fluorhydrique pur; cependant sa transformation complète en sulfate de chaux est délicate et difficile à exé- cuter, car le sulfate formé constitue une espèce d'enveloppe qui empêche l'action ultérieure de l'acide sur les parties centrales où doit se trouver encore du fluorure inattaqué : par conséquent il faut pulvériser ce mélange, le traiter de nouveau par l'acide sulfurique et recommencer cette opération jusqu'à ce que le produit ne change plus de poids. » Pour montrer les difficultés que présente cette transformation, il suffit de dire ici, sans entrer dans les minutieux détails de manipulation, qu'une expérience qui avait pour but de transformer une quantité donnée de ce fluorure en sulfate de chaux, commencée le 7 mai dernier, ne put être ter- minée que le 1 du mois de juin. En effet, on a d'abord préparé un échan- tillon de fluorure de calcium en poudre très-fine, on a déterminé sur une partie la perte de poids par la calcination ménagée, on a fait digérer à froid une autre partie avec de l'acide sulfurique dans un creuset de platine, on a introduit ce creuset dans un autre de terre, et celui-ci on l'a placé dans un fourneau où on l'a chauffé avec précaution. On a répété cette opération onze fois en ajoutant dans le même creuset de platine des quantités connues d'acide sulfurique : c'est seulement les deux dernières opérations qui n'ont donné aucune variation de poids. Voici les chiffres de cette expérience : » ogr,g3o5 de fluorure de calcium sec ont fourni igr, 63^ de sulfate de chaux en employant 7°°, 5 d'acide sulfurique : un égal volume de cet acide évaporé dans un creuset de platine laisse un résidu fixe de osr,oo7, de manière que le sulfate de chaux réel est de igr,63o. Il n'est pas inutile de mentionner ici que tout acide sulfurique distillé et conservé dans des fla- cons en verre laisse par l'évaporation un résidu fixe qu'on ne doit pas négliger dans les recherches de précision. » Les expériences qui suivent ont été exécutées par la même méthode, mais avec quelques modifications dans les détails de manipulation. » oRr, 836 de fluorure de calcium sec ont produit i6r,462 de sulfate de chaux. On avait employé 3 centimètres cubes d'acide sulfurique : un égal volume de cet acide laisse par l'évaporation un résidu fixe de osr,oo3, de manière que le sulfate de chaux doit être réduit à igl, 45g. » ogr, 5o2 de fluorure de calcium sec ont donné osr, 877 de sulfate de chaux. On avait employé a centimètres cubes d'acide sulfurique distillé qui laissent o^ooiS de résidu fixe : c'est donc ogr, 8755 de sulfate de chaux réel. ( 3oi ) » ogr,3985 de fluorure de calcium sec ont donné os',6g6 de sulfate de chaux. On avait employé 2 centimètres cubes d'acide sulfurique qui laissent ogr,ooi5 de résidu fixe, ce qui donne ogr, 6g/i5 pour le sulfate de chaux réel. » En résumé, il résulte de ces expériences que l'équivalent du fluor, en partant de celui de l'hydrogène égal à l'unité, est représenté par le nombre 19. En effet, on a : CaFl. CaO, SO1. Équivalents. Sr gr Première expérience o,g3o5 1 ,63o '8,87 Deuxième expérience o,836 ',4^9 '8,97 Troisième expérience o,5o2 0,8^55 '8,99 Quatrième expérience o,3g85 • 0,6945 19,02 » Ces résultats s'accordent avec ceux obtenus par M. Dumas. » En terminant cette communication, je dois faire mention d'un fluorure de calcium que je me suis procuré l'année dernière à Paris et qui mérite d'être signalé à cause de sa composition complexe. En effet, il perd au delà de 1 pour 100 de son poids par la calcination ; il contient en abondance de la silice, une médiocre proportion de plomb, de fer, de cuivre et de zinc à l'état de sulfure; de l'alumine, de la magnésie et de l'acide phosphorique. Enfin on y constate la présence de traces de manganèse. Par l'action de l'acide sulfurique, ce fluorure complexe dégage du fluorure de silicium et peu d'acide fluorhydrique, dont la solution aqueuse n'attaque que très- faiblement et très-lentement le verre. Ce sont ces opérations infructueuses au point de vue de la préparation de l'acide fluorhydrique qui m'ont engagé à m'occuper de l'étude du fluorure de calcium de la Toscane. » ASTRONOMIE. — Observation d'une comète faite sur la côte du Brésil; Lettre de M. E. Luis à M. Élie de Beaumont. « Rio de Janeiro, 9 juillet 1860. » Jeudi 5 juillet, à bord du Cruseiro do Sul, dans la traversée deBahia à Rio de Janeiro, j'ai, ainsi que les membres de la Commission scientifique dont le gouvernement du Brésil m'a donné la direction, aperçu après le coucher du soleil une belle comète. Elle a commencé à apparaître quand le soleil a été à environ 8° sous l'horizon, et sa queue n'avait pas moins de i4 à i5° de longueur. Le noyau brillait comme une étoile de 2' grandeur. La comète était un peu au nord de Mercure. ( 302 ) » La Commission scientifique est arrivée à Rio de Janeiro samedi soir, mais le temps couvert a empêché de faire une observation. Hier soir, di- manche, nous avons observé cette comète, qui s'est beaucoup déplacée et était près de Saturne. L'éclat a notablement diminué. L'astre a paru beau- coup plus tard dans le crépuscule. Le noyau ne brille plus que comme une étoile de 3e à 4e grandeur, et la queue est trois fois plus courte que le 5 juillet. » La comète a probablement été aperçue en Europe, quoiqu'elle pût être tout près de l'horizon quand une obscurité suffisante pour sa visibilité a eu lieu. Des nuages ou des brouillards ont peut-être suffi à empêcher de la voir, et c'est ce qui m'engage à prévenir de son existence. Malheureuse- ment le départ immédiat du paquebot anglais m'empêche de transmettre une Notedétaillée, et la multiplicité des occupations résultant de noire arrivée et du débarquement de nos instruments ne nous a pas laissé le temps de réduire nos observations. Je transmettrai donc de plus amples détails par le pro- chain paquebot. Dans tous les cas, il n'aura pas été possible de voir en Europe cet astre aussi brillant que nous l'avons aperçu le 5 juillet. » hygiène publique. — Ventilation : remarques à l'occasion d'une communication récente de M. Morin; extrait d'une Lettre de M. R. Walters. « En Angleterre et en Ecosse, les moyens proposés par l'illustre Académi- cien ont été maintes fois mis en pratique, mais jamais avec le succès qu"on en attendait. Ou bien la ventilation était trop faible et inefficace, ou bien il y avait production de courants d'air si intenses, que tout le monde s'enrhu- mait. Tel est le cas, par exemple, à l'hôtel de ville de Birmingham, belle salle de concert, où l'on a arrangé tous les becs à gaz près du plafond, afin de les faire servir à la ventilation en même temps qu'à l'éclairage. Or les courants d'air dans cette salle sont quelque chose de vraiment extraordi- naire ; aussi est-elle abandonnée par les dames delà ville, qui ne peuvent s'y trouver quelque temps sans gagner des rhumes ou d'autres maladies plus graves. Je pourrais citer quantité d'exemples pareils. » Dans une petite ville de province, en Angleterre, j'ai trouvé une salle de fumeurs qu'on avait essayé de ventiler en établissant des tuyaux au-dessus de chaque bec à gaz. Ces tuyaux conduisaient l'air échauffé en dehors de la chambre. Or il n'est pas possible de rester dans cette salle lorsqu'il y a plus de six ou huit personnes qui fument à la fois, et la salle est faite pour con- ( 3o3 ) tenir quarante à cinquante personnes. Ici la ventilation est aussi inefficace qu'elle était trop forte dans le premier exemple. » Je profiterai de cette occasion pour dire combien j'ai admiré, pendant un récent séjour à Paris, le système de ventilation du Dr Van Hecke, établi à l'hôpital Beaujon, à l'hôpital Necker, à l'asile impérial du Vésinet, etc. Ce système est le plus efficace et le plus économique que j'aie encore xu. L'air des salles est pur comme celui d'un champ; on n'y sent pas la moindre odeur, et de plus il n'y a pas le moindre courant d'air. Hiver et été, les salles sont maintenues à une température de + i5°, en chauffant l'air dans l'hiver, en le refroidissant pendant l'été. L'excès de vapeur de la petite machine qui fait mouvoir le ventilateur sert à donner des bains de vapeur et à chauffer les autres bains. Enfin un seul homme suffit pour soigner le tout. » M. Ant. Cima, professeur de physique au Collège national de Turin, adresse, à l'occasion d'une communication récemment faite à l'Académie, un exemplaire d'une Note qu'il a publiée en août i85o dans les Annali di Fisica e Chimica de Turin, et qui a pour titre : « Sur le pouvoir des humeurs de l'œil pour transmettre le calorique rayonnant » . « En lisant, dit l'auteur, l'extrait qui a été publié dans les Comptes rendus du travail de M. Janssen (séance du a3 juillet 1860), je me suis persuadé que ce travail est beaucoup plus étendu et plus complet que le mien ; mais, d'ailleurs, le plan de recherches, laméthoded'expérimentation etles appareils sont les mêmes. Je me suis servi de la méthode de Melloni pour déterminer au moyen des déviations de l'aiguille galvanométrique les rapports des rayons transmis et des rayons arrêtés par les divers milieux de l'œil. J'ignore quelle méthode a suivie M. Janssen, et par conséquent je ne sais si les diffé- rences entre ses résultats et les miens tiennent à la manière différente d'éva- luer ce rapport ou plutôt à quelque autre circonstance que je n'ai puconnaî- tre à raison delà brièveté de l'extrait donné dans les Comptes rendus. » La Lettre de M. Cima et la Note imprimée qui y est jointe sont renvoyées, à titre de renseignement, à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Janssen, Commission qui se compose de MM. Regnault, de Senarmont et Cl. Bernard. M. Bianchi adresse un supplément à sa Note stir Véclipse solaire du ( 3o4 ) 1 8 juillet. Dans cette seconde communication l'auteur ne présente pas de faits nouveaux, mais expose les conséquences qui lui semblent résulter de la comparaison des phénomènes observés récemment avec ceux qui l'avaient été dans l'éclipsé du 8 juillet 1842, et recherche ce que cette comparaison peut nous apprendre relativement à la constitution physique du soleil. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i3 août 1860 les ouvrages dont voici les titres : De l'évidement des os ; par M. Sedillot. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Du coaltar saponiné, désinfection énergique, arrêtant les fermentations. De ses applications à [hygiène, à la thérapeutique, à [histoire naturelle; par M. J. Lemaire; br. in- 8°. Défense du Mémoire sur les causes de la coloration des œufs des Oiseaux et des parties organiques animales et végétales; par M. Cornay. Paris, 1860; br. in-8°. De quelques particularités des formations volcaniques, notamment dans la vallée du Salagou; par MM. Marcel de Serres et Gazalis de Fondouce. Montpellier, 1860; br. in-8°. Essai sur les piles servant au développement de l'électricité; par M. A. Callaud. Lille, 1860; in-12. Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Nancy pour obtenir le grade de docteur es sciences; par M. Constant Rosmann. Strasbourg, i85g; in-4°. Sur la vitalité des zoospermes de la grenouille, et sur la transplantation des testicules d'un animal à l'autre; par le Dr Paolo MANTEGAZZA; br. in-8°. ( 3o5 ) Mémoires de C Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 7e série, t. II, nos 1, 2 et 3; in-4°. Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; t. Ier, feuilles 7 à 36; in -4°. Recueil d'observations sur les maladies de la peau; par MM. BOECK et Danielssen ; 2e livr. avec planches. Minutes of... Procès -verbaux de l'Institution des Ingénieurs civils, avec une analyse des discussions ;\o\. Ier et vol. IV à XVII. Londres, 1842, 1 845 à i858; i5vol. in-8°. Report of the... Rapport sur la 29e réunion de C Association britannique pour l'avancement des sciences tenue à Alberdeen le 12 septembre i85g. Londres, 1860; 1 vol. in-8°. Die Kommende... Sur la prochaine transformation de la terre; par M. Randorf. Ratisbonne, 1860; 1 vol. in-8°. Osservazioni... Observations météorologiques faites à Vdine dans le Frioul, pendant les années i8o3 à 1842; par M. Girolamo Venerio. Udine, 1 85 1 ; in- 8°. *<~- L'Académie a reçu dans la séance du 20 août 1860 les ouvrages dont voici les titres : Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, publié par ordre du Ministre de la Guerre; 3e série, t. I, II et III. Paris, i85g et 1860; in-8°. (Destiné, par l'auteur, au concours pour le prix de Statis- tique.) Statistique de la France comparée avec les autres Etats de C Europe; par Mau- rice Block. Paris, 1860; 2 vol. in-8°. Traité des maladies de la peau; par Félix ROCHARD. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Destiné au concours du prix Bréant.) Recherches sur les suppurations endémiques du foie d'après les observations C. R., 1860, îme Semestre. (T. LI, N° 8.) 42 ( 3o6 ) recueillies dans le nord de l'Afrique; par J.-L. Rouis. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Valenciennes.) Rapport général sur les expositions industrielle, scientifique et artistique de Montpellier pour l'année 1860; par M. Paul Gervais. Montpellier, 1860; br. in-8°. Réflexions sur l amélioration morale des classes ouvrières. Discours lu par M. Ch. Thierry-Mieg à la Société industrielle de Mulhouse, dans sa séance du br. 28 mars 1860; br. in-8°. Artillerie. Garde-côtes locomobile; par Edouard Gand. Amiens, 1860; br. in:8°. Notices sur un nouveau système de Tables trigonométriques, suite de la Notice sur un nouveau système de Tables de logarithmes à cinq décimales,- par A. Bouché. Paris, 1860; br. in-8°. Du principe colorant des suppurations bleues; par X. DELORE. Lyon, 1860 ; br. in-8°. Essai sur la possibilité de recueillir les matières fécales, les eaux vannes, les urines de Paris, avec utilité pour la salubrité, et avantage pour la ville et pour l'agriculture; par A. Chevallier. Paris, 1860; br. in-8°. Les siîiistres de mer rendus dix fois moins fréquents par [emploi d'un système de sauvetage entièrement nouveau, applicable à tous les bâtiments pontés de la marine, du commerce et de l'Etat sans aucun changement de construction; par le Dr P. Brevard. Grenoble, 1860; br. in-8°. Turgan. Les grandes usines de France. Orfèvrerie Christofle. — Historique. 18e livraison; in-8°. Société Vaudoise des Sciences naturelles [séances des 5 et ig janvier, 20 avril et 1" juin i85g). Etudes géologico-archéologiques en Dannemark et en Suisse; par A. Morlot. Lausanne, mars 1860; br. in-8°. Sul potere... Sur le pouvoir des humeurs de Cœil à transmettre le calorique rayonnant; par M. A. Gima; ■[• de f. in-8°. (Extrait des Annales de Physique et de Chimie de Turin, août i85g.) Notizia* . . Notice historique sur les travaux de la classe des Sciences physiques (3o7 ) et mathématiques de l'Académie royale des Sciences de Turin, pendant l'année i858; par M. E. Sismonda, secrétaire perpétuel de la classe. Turin, 1859; br. in-8°. Address. . . Discours à laSection géographique et ethnologique de l'Association britannique à la réunion a" Oxford en 1860; par son président sir R.-J. Murchi- son ; br. in-8°. Annual report... Rapport annuel du directeur général du relevé géologique de la Grande-Bretagne , du Musée de Géologie pratique et de l'Ecole nationale des Mines; par le même; br. in-8°. Supplemental... Observations supplémentaires sur l'ordre des anciennes roches stratifiées du nord de [Ecosse et des roches éruptives qui leur sont associées; par le même; br. in-8°. ERRATA. (Séance du 6 août 1860. Page 25g, ligne dernière, au lieu de -f- 34, Usez ■+■ 37. COMPTE RENDU DES SÉANCES m L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 27 AOUT 1860. PRÉSIDENCE DE M. DESPRETZ. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau un exemplaire des dis- cours qui ont été prononcés aux funérailles de M. Duméril par MM. Milne Edwards, Geoffroy-Saint-Hilaire et Valenciennes. M. le Secrétaire perpétuel lit une Lettre de M. Ehrenberg, qui, récem- ment nommé à une place d'Associé étranger, adresse ses remercîments à l'Académie. « Cette distinction, dit M. Ehrenberg, la plus haute à laquelle un savant puisse prétendre, acquiert encore à mes yeux un nouveau prix pour le souvenir de l'homme illustre dont je viens occuper ia place, d'Alexandre de Humboldt, si longtemps mon ami, mon protecteur. » . Dans une seconde Lettre parvenue en même temps, mais adressée au Président de l'Académie, M. Ehrenberg fait connaître le motif qui l'a empê- ché de témoigner aussi promptement qu'il l'aurait désiré sa vive reconnais- sance ; il n'a pas voulu pour cela recourir à une main étrangère, et il a dû attendre la fin d'une affection de la vue qui avait interrompu momentané- ment ses travaux qu'il reprend aujourd'hui avec une nouvelle ardeur. C. R., 1860, 2"" Semestre. (T. LI, N° 9. ) /j3 (3io ) ZOOLOGIE. — Sur un second exemple de reproduction de l'Autruche en Europe; Lettre adressée à M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire par M. le prince A. DE DÉMIDOFF. « Mon établissement zoologique de San-Donato vient d'offrir un second exemple de la reproduction de l'Autruche, et cette fois dans une propor- tion importante et avec des circonstances décisives pour l'acclimatation de ce bel et utile oiseau. Un couple qui m'avait déjà donné deux jeunes Aulruches en 185g, vient d'en produire six après une incubation dont je crois devoir signaler les phases; car, dans un fait nouveau, les moindres détails ont leur intérêt, jusqu'à ce qu'une expérience plusieurs fois renou- velée les ait rendus familiers. » Un grave accident arrivé au mâle dans le courant du mois de mars avait fait craindre de le perdre. L'oiseau, qui dans l'accouplement se livre à des ébats d'une extrême violence, avait passé la tête avec une telle force à tra vers les barreaux serrés qui enferment le parc, qu'il ne put la retirer qu'en se faisant au cou une énorme blessure. De prompts secours furent prodi- gués au pauvre animal, qui, très-ombrageux d'ordinaire au temps de la ponte, se laissa traiter avec une grande patience, et s'abstint de toute nour- riture tant que durèrent ses souffrances. Au bout de trois semaines, il était parfaitement guéri, et recherchait la femelle avec une nouvelle ardeur. » La ponte a commencé le 1 1 mai, et elle a suivi un cours régulier, c'est- à-dire un œuf tous les deux jours jusqu'au 3i . Ce jour-là, après avoir pondu le onzième œuf, la femelle s'est mise en incubation pendant deux heures. Le mâle l'a remplacée, mais jusqu'à la nuit seulement. » Le ier juin, la femelle a couvé de 8 heures du matin à 3 heures de l'après-midi; puis le mâle a pris sa place sans désemparer jusqu'au 2, à 1 o heures du matin. Il en a été de même pour la journée du 2 au 3. » Le 3, le nid recevait un douzième œuf, le 4 UQ treizième, le 5 un qua- torzième, et la ponte s'est arrêtée. » Jusqu'au a3 juin, l'incubation s'est continuée dans l'ordre déjà indi- qué : la femelle couvant cinq heures, de 10 à 3 heures de l'après-midi, et le mâle ayant pour sa part la longue immobilité de dix-neuf heures, qu'il gardait jusqu'au lendemain. » Dès le 1 4 juin, la température avait éprouvé de brusques variations. Presque chaque jour il éclatait un orage mêlé de pluie et de vent. Le 17, entre antres, ce fut une véritable bourrasque accompagnée de coups de ( 3u ) tonnerre. Aux premiers signes précurseurs de cette tempête, la femelle vint se placer auprès du mâle pour l'aider à préserver la couvée, et, contre son habitude, elle y resta jusqu'au 18, à 8 heures du matin. Quant au mâle, il ne quitta pas son poste avant 3 heures de l'après-midi, de sorte qu'il de- meura vingt-quatre heures sans prendre de nourriture. » Le temps s'était rasséréné. Le a3 juin, vers 3 heures du matin, M. Des- ineure, chargé de la direction de mou établissement, fut averti par un pe- tit cri particulier, qu'il avait appris à connaître l'an passé, comme le signe de l'éclosion d'un jeune oiseau. Celui-ci, en effet, courait déjà autour du mâle, qui ne quitta pas le nid de toute la journée. M. Desmeure ayant observé que le petit s'était écarté du nid et était embarrassé dans un buis- son, prit le parti d'entrer dans le parc. Il remit le nouveau-né sous l'aile du mâle, et profita de la circonstance pour mettre à sa portée une dose suffi- sante de nourriture et d'eau. Le mâle aussi bien que la femelle ne parurent pas troublés par sa présence. A ce moment apparurent trois petites Au- truches, qui, s'élançant du» nid, vinrent becqueter la pâtée, composée, comme l'an dernier, d'œufs, de salade et de mie de pain finement hachés. » Le il\, le mâle n'avait pas cessé de couver, et les quatre petits se prome- naient avec la femelle. Vers a heures cependant il se leva en laissant voir un cinquième petit, qui se prit à courir çà et là. Pendant vingt minutes, l'oi- seau se promena, mangea, caressa les petits, puis il vint se remettre sur le nid, où la femelle l'avait remplacé. A la nuit, les cinq petits se rangèrent sous ses ailes. » Le 26, au point du jour, les jeunes Autruches commencèrent à suivre la femelle, qui présida à un copieux repas, dont elle prit sa part. Le mâle s'é- tant levé un instant, M. Desmeure alla inspecter les œufs, et sentit dans l'un d'eux un mouvement violent. Reconnaissant que le petit faisait de vains efforts pour briser sa prison, il ouvrit la coque au point voulu et remit l'œuf à sa place. Peu d'instants après le retour du mâle, le dernier venu ap- paraissait. Plus délicat que les autres, il avait de la peine à se tenir sur ses pattes et roulait comme une boule; mais au bout de quelques heures, il sui- vait ses aînés en picotant de tous côtés. » Dès ce moment, le nid fut à peu près abandonné; le mâle n'y fit plus que des stations irrégulières; il paraissait agité et inquiet. C'est qu'en effet un orage se préparait et fondit sur San-Donato avec une extrême violence. La foudre éclata deux fois sur des paratonnerres distants d'environ 1 5o mè- tres du parc des Autruches. Celles-ci et leurs petits ayant cherché un refuge dans la cabane couverte, les huit œufs qui restaient furent apportés et placés A3.. ( to ) dans un nid de sable préparé à tout événement dans cette loge, mais les Autruches les délaissèrent décidément, à compter du moment où l'orage éclata. Sur ces huit œufs, cinq étaient en bonne voie d'éclosion; les autres étaient clairs. » Cette seconde expérience de reproduction de l' Autruche, bien quelle présente à peu près les mêmes détails que la première, offre cependant quel- ques remarques, de nature à faire augurer que la domestication marchera de pair avec la reproduction. Cette fois, en effet, le couple se montrait si peu sauvage, que j'ai pu, pendant six ou sept jours de suite, aller passer un quart d'heure dans le parc, à quelques pas du nid, sans troubler les oiseaux. Celui qui couvait ne donnait aucun signe d'agitation, l'autre s'appochait de moi avec des intentions évidemment pacifiques. M. Desmeure, qui dans cette occasion a déployé le même zèle qu'à la première épreuve, et n'a pas, pour ainsi dire, perdu les Autruches de vue, pense qu'après trois ou quatre couvées les Autruches se reproduiront sans plus de façon que les oiseaux de basse-cour. » Les deux oiseaux nés en i85o, sont magnifiques et presque aussi grands que le couple producteur. Rien n'indique encore leur sexe, qui ne se manifestera qu'avec l'âge adulte. » J'apprends à l'instant que le petit qui vint le dernier, et pour ainsi dire artificiellement, n'a pas vécu au delà de quelques jours. Il ne reste donc comme produit de cette année que chuj jeunes Autruches; mais celles-là par- faitement bien conformées et commençant à prendre la forme et le caractère de leur race, dont aucun signe n'apparaît à la naissance. A sa sortie de l'œuf, l'Autruche a le cou et les pattes remarquablement courts. » « M. Is. Geoffroy -Saint-Hii.aikk, en présentant la Note de M. le prince de Démidoff, rappelle qu'il a eu l'honneur d'être chargé, il y a deux ans, par M. le Maréchal Vaillant de la présentation d'une autre Note, très-inté- ressante aussi, sur une première reproduction de l'Autruche, obtenue par M. Hardy à la pépinière centrale d'Hamma, en Algérie. M. Hardy a eu de- puis un grand nombre de jeunes Autruches; il est maintenant à la seconde génération. Mais, avant les reproductions obtenues àSan-Donatochez M. le prince de Démidoff, par les soins de M. Desmeure, on n'avait pas un seul exemple de reproduction de l'Autruche en Europe. Dans le nord de la France, particulièrement à la Ménagerie du Muséum, les Autruches pon- dent très-fréquemment, mais leurs œufs jusqu'à présent se sont toujours trouvés clairs. Dans le midi de la France, à Mèze près de Montpellier, ( 3i3 ) M. Moqnin-Tandon a constaté dans un cas la fécondation de l'œuf; mais il n'y a pas eu d'éclosion. » Aussi M. Geoffroy-Saint-Hilaire, en insistant sur les avantages que l'on pourrait tirer de l'acclimatation en Europe et de la domestication d'oiseaux de boucherie, n'avait-il pas cru devoir comprendre parmi eux l'Autruche d'Afrique, se bornant à recommander celles des Nandous et du Dromée ou Casoar d'Australie, espèces originaires de climats bien moins chauds que l'Afrique. Les Nandous vivent bien en Europe, et on a déjà des exemples de reproduction. Quant au Dromée ou Casoar d'Australie, cet oiseau non-seulement peut vivre sous notre ciel, mais on ne connaît aucune espèce qui en supporte mieux les intempéries. Le Dromée est telle- ment robuste, tellement rustique, qu'on l'a vu, à la Ménagerie du Muséum, rester à l'air libre pendant des années entières sans jamais chercher un abri dans sa loge, ni le jour ni la nuit, même par les temps les plus rigoureux : plus d'une fois il s'est laissé à la lettre enfouir sous la neige, sans paraître en souffrir le moins du monde. » A l'occasion des remarques très-intéressantes de M. le prince deDémi- doff sur les circonstances de l'incubation des œufs pondus à San-Donato, M. Geoffroy-Saint-Hilaire rappelle qu'en Algérie M. Hardy a vu de même l'Autruche mâle s'occuper beaucoup plus des œufs que la femelle; dans .une des incubations, la femelle se bornait même le plus souvent à venir en l'absence du mâle retourner les œufs avec beaucoup de soin, puis elle se retirait. Au Muséum, où le Casoar de l'Australie s'est reproduit, et où M. Florent Prévost a recueilli avec le plus grand soin toutes les circon- stances de la reproduction, c'est le mâle qui a couvé les œufs; et seul aussi, il a fait l'éducation des jeunes. Le rôle de la femelle s'était borné dans ce cas à pondre les œufs. » Chimie organique. — Bases diatomiques à phosphore el arsenic ; par M. A.-W. Hofmann. « J'ai fait voir dans une Note précédente que le bromure de triéthyl- pnosphnnium brométhylique, soumis à l'action de l'ammoniaque et des monammines, se transforme en combinaisons de phosphammonium. La netteté de cette réaction et les propriétés bien définies des produits qui en résultent m'ont engagé à étudier la manière d'être de ce bromure sous l'influence des monarsines. » En digérant à ioo° un mélange de bromure brométhylique et de ( 3i4) triéthylarsine dans un tube scellé à la lampe, on observe la répétition des phénomènes qui caractérisent la réaction réciproque entre ce bromure et les monatnmines ou monophosphines. Au bout de vingt-quatre heures, l'ac- tion est terminée ; la masse cristalline qui s'est formée n'est autre que le dibromure d éthylène-phospharsonium hexéthylique : [(G H'Br) (C2H5)3P]Br<*)+ (C2H5)3As = |"(C2H*)"j £||J,T? ÏW- » Traité à froid par l'oxyde d'argent, le dibromure se transforme en dioxyde bien caustique renfermant c-H'6pAso-!«c2H4nc2H5)6p^"jœ I • H2 j ' dont les propriétés physiques et chimiques ressemblent à celles des combi- naisons des phosphammoniums et des diphosphoniums. Les sels du phos- pharsonium sont la plupart cristallisables; j'ai obtenu le dichlorure et le diiodure en belles aiguilles. Le dichlorure forme des combinaisons bien cristallisées avec les chlorures d'étain, d'or et de platine. » J'ai surtout examiné le sel platinique. On l'obtient à l'état de précipité jaune pâle, en apparence amorphe, presque insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'acide chlorhydrique concentré et bouillant. En refroidissant, cette dissolution dépose des cristaux magnifiques, d'un jaune orangé, et appartenant, selon les mesures de M. Quintino Sella, au système trimé- trique. Le sel platinique contient . C44H34PAsPtCl6 = r(C2H4)"|(C2H5,3p Ici2 I; ; |(C2H5)3AsJ " » Les combinaisons du phospharsonium et surtout le dioxyde sont moins stables que les termes correspondants des séries diphosphonique et phosphammonique. Soumise à l'ébullition, la base libre se scinde en tri- éthylarsine et en oxyde de triéthylphosphonium oxéthylique : (C-H.)-(C-H.).PA:J01 = (c)h>),As+j[(C.H.O)(C-H-)'PJ0i) (*) H = i; 0 = i6; C=i2; etc. (3i5 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de, 1860, question concernant les équations différentielles des surfaces applicables sur une surface donnée. Ce Mémoire est inscrit sous le n° 2. • M. le Maréchal Vaillant présente, au nom de l'auteur, M. Lencjtet, chef de bataillon du génie en retraite, une Note sur les taches et autres ap- parences observées à la surface du soleil. « Je vois avec satisfaction, dit l'auteur dans cette Note dont nous nous bornerons à reproduire les premiers paragraphes, que toutes les observa- tions de la dernière éclipse s'accordent pour confirmer ce que j'ai publié en 1837 sur la constitution physique du soleil, et qu'elles contredisent, au contraire, les idées soutenues parHerschel et Arago. » Un savant, dont la voix aura plus d'écho que la mienne, vient déjà d'être conduit, par les faits observés, à mon explication des taches du soleil, qu'il n'énonce encore, il est vrai, que très-sommairement et sous forme dubitative : « Or je crains que... le soleil ne soit simplement un corps » lumineux en raison de sa haute température... L'astre ainsi formé d'un » corps central solide ou liquide, recouvert d'une atmosphère, rentre dans » la loi commune de la constitution des corps célestes... L'observation » prouve encore que cette matière rose s'accumule quelquefois en quan- » tités plus considérables sur certains points; et, comme la lumière de la » pailie correspondante du soleil peut se trouver plus ou moins éteinte, on ar- » rive à une explication naturelle de l'existence de taches à la surface de l'astre. » (Rapport de M. Le Verrier sur l'éclipsé du 18 juillet 1860.) » On le voit, M. Le Verrier attribue les taches à des nuages solaires; car lui-même il reconnaît, dans une autre partie de son Rapport, que les appen- dices roses ne sont que des nuages. M. Lespiault, de Bordeaux, a vu <> un » véritable nuage de feu complètement isolé du disque obscur; » et d'autres observateurs de l'éclipsé ont également constaté l'existence de nuages so- laires. » Malgré mon admiration pour William Herschel, je me suis tou- jours révolté contre son explication des taches du soleil, qu'à son tour M. Le Verrier vient révoquer en doute aujourd'hui. » (Renvoi à l'examen de MM; Babinet, Faye.) ( 3«6 ) THERMOCHIMIE. — Recherches sur l'affinité chimique: Phénomènes calorifiques produits par la réaction de l'eau et de l'alcool sur diverses substances,- par M. P.-A. Favke. ! Commissaires, MM. Despretz, Payen, Peligot.) « J'ai communiqué récemment à l'Académie (i) des recherches faites avec la collaboration d'un de mes élèves, M. duQueylar. Ces recherches ont porté sur les phénomènes calorifiques produits dans la réaction de l'eau sur quatre substances de nature et de propriétés bien différentes : l'acide sulfu- rique, l'acide acétique, l'acétate de potasse et l'iodure de potassium. La capacité de nos moufles, quoique pouvant contenir 5oo centimètres cubes, ne nous a pas permis de pousser nos dilutions aussi loin que nous l'aurions désiré ; nous nous trouvions d'ailleurs bien en deçà de la limite de la sensi- bilité de notre instrument. » Mes devanciers dans l'étude relative à l'action de l'eau sur les sels, et particulièrement M. Person, n'avaient pas abordé la question en faisant intervenir les quantités de chaleur et les masses équivalentes qui réagissent. Nous croyons donc avoir avancé la solution du problème en l'abordant dans de meilleures conditions. » Ce Mémoire est une suite du précédent : les recherches ont porté sur un plus grand nombre de substances, et nous avons de plus fait aussi inter- venir l'alcool comme dissolvant. ■» Le tableau ci-après comprend les résultats des nouvelles expériences. Ces résultats sont rapportés aux équivalents des substances prises à l'état anhydre, l'équivalent de l'hydrogène étant représenté par i gramme. Les nombres inscrits dans la première colonne indiquent le nombre d'équiva- lents ou de fractions d'équivalent du dissolvant employé et ajouté succes- sivement. Le nombre de calories en regard dans la seconde colonne corres- pond à chaque addition nouvelle; de sorte que pour avoir l'effet d'un nom- bre déterminé d'équivalents, il suffira d'une simple addition. Quant aux nombres de la première colonne auxquels ne correspondent pas de valeurs calorimétriques, ils expriment en équivalents les quantités d'eau ou d'alcool nécessaires pour maintenir à l'état de dissolution saturée à a4° environ i équivalent des substances en expérience. > (i) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. L, p. i i5o. (3.7) EAU. I 2 2 2 2 4 4 4 4 4 4 CALORIES 33, 75 20,70 15,58 i3,5o >4,87 46,68 Si/ag '09,93 -i4,34 108,79 248,65 228,77 »94i'7 158,95 260,75 90,01 57,88 45,33 140,41 106,7-4 160,62 121 ,18 96,36 83,09 67,51 93,55 67,06 47,10 4o, 52 57,09 7 4 4 4 4 4 4 40 80 CALORIES S 20,2 o I 4 o œ 12 e I 14o 3o,î '4o 80 = io,3 o o 4 S 20 4. a I « 5 4 S 20 o < 40 282,83 '09,29 26, 16 - 7,98 - '0,98 - '4,76 -167,83 -io5,65 - 84,37 -200,10 -358, 16 -gig,83 -658 ,80 -222,94 -728,26 -288,29 -398,20 -279,28 -702,70 — 302,70 85 ss l|8o EAU. !l5? •ë i5o 5 '9,5 ■ o t 12 7 4° o 12 i4o s 4o •s 80 ï,'9,' « ■a 1 2 » 2 4° £ 80 = 22, 1 1 4 a ^ 12 ! 4° CALORIES -386,24 -355,85 -558, o5 — 201 ,32 -207 ,23 -332,64 329,43 i38,82 54,o4 278,71 365, 25 i/7,90 - 83,77 -160, 12 -25o,77 18,6 4 20 10,2 4 CALORIES - 46,44 — 224,10 !4o J 33,i I 4 o I 80 s '- I 5,3 "5 1 10,6 G 53, 1 1*9 4o — 16, 23 — 37. 65 — 29, 5i 7 ,o° ■ 4,00 11,59 121 5, 25 660,26 58, 37 i37,55 — i3i,6a —275,14 -2,8,44 7,9 5 5 3,o4 I 0,78 0,78 i,56 3,9' 3,9' CALORIES. 9' ,9' 0,91 7 ,35 14,88 3 1,85 4'.4/ 64, 5o ■ i5i ,37 -100,67 -142,91 -1 1 3 , 5 1 - 84,24 - 58,22 ■ 47,0° • 40, 3o ■ 32,77 58,27 3i ,o5 346,3o 220,62 3i3,5o 798,33 3a5,i5 » On a de plus fait réagir sur diverses substances des vingtièmes d'équi- valent d'eau. Dans ce cas, en partant du vingtième et en ajoutant les autres successivement, on a, ainsi que l'on pouvait s'y attendre, obtenu des nom- bres de plus en plus faibles. C R., 1860, 2">« Semestre. (T. LI, N° 9.) 44 ( 3«8) Conclusions. » i°. Pour arriver à un état d'équilibre, les corps que l'on a mélangés dégagent ou absorbent de la chaleur. Ce fait paraît jusqu'à présent fonda- mental. » i°. Deux corps mélangés dans les conditions que nous venons de faire connaître ne semblent pas agir par des masses chimiquement équivalentes; car, s'il en était autrement, il faudrait admettre que l'acide sulfurique, par exemple, peut, d'une part se combiner à plus de 6o équivalents d'eau, et que i équivalent d'eau, d'autre part, peut se combiner avec au moins 20 équivalents du même acide; et alors quelle serait la limite à laquelle l'affinité peut être satisfaite ? » 3°. Deux ordres d'actions semblent se produire simultanément et mar- cher de front: une action d'attraction réciproque des molécules hétérogènes qui sont mises en contact et qui est accompagnée d'un dégagement de cha- leur, et une action de diffusion qui produit un abaissement de température. Le nombre fourni par l'expérience est positif ou négatif suivant que la pre- mière ou la seconde de ces actions prédomine. Ainsi lorsqu'on emploie l'alcool comme dissolvant, c'est le phénomène de diffusion qui semble l'emporter presque toujours. » 4°- Les dissolutions des sels qui cristallisent à l'état anhydre produisent toujours un abaissement de température lorsqu'on les étend d'eau. » 5°. Les dissolutions des sels qui cristallisent avec de l'eau produisent de la chaleur ou en absorbent lorsqu'on les étend d'eau; et il semble, jus- qu'à présent, que l'action attractive accompagnée d'un dégagement de cha- leur prédomine lorsqu'on fait réagir une quantité d'eau peu considérable, tandis que le phénomène de diffusion tend à l'emporter à mesure que l'on ajoute une proportion plus forte de ce dissolvant, ainsi que cela semble ressortir des expériences sur le carbonate de potasse. » Je continue des recherches dirigées dans cette voie et je me propose de comparer les résultats avec les densités respectives des corps en expérience et de leurs dissolutions. Dans les cas où les corps seront susceptibles d'agir sur le plan de polarisation des rayons lumineux, je me propose d'étudier les particularités qui pourront se présenter dans le courant des expériences, en utilisant ainsi le précieux réactif dont M. Biot a doté les chimistes. » (3i9) ZOOLOGIE. — Note sur un cas de parasitisme improprement pris pour un mode de reproduction des Injusoires ciliés ; par M. Balbiâni. (Commissaires précédemment nommés : MM. de Qnatrefages, Cl. Bernard.) « Dans ces dernières années, M. le professeur Stein s'est fait, ainsi qu'on le sait, le promoteur d'une théorie célèbre qu'il a vivement défendue dans tous ses écrits sur le développement des Infusoires, et d'après laquelle les Vorti- celliens ne se reproduiraient qu'après s'être métamorphosés en Acinètes. D'autre part, le même auteur cherche à établir des rapports de parenté entre plusieurs autres types élevés de la même classe et certains corps acinéti- formës qu'on trouve parfois dans leur intérieur, et qu'il considère comme les embryons de ces espèces. » Les relations que M. Stein suppose exister entre les Vorticelliens et les Acinétiniens ne reposent que sur une simple hypothèse, qui a été victorieu- sement combattue par plusieurs de ses successeurs, notamment par MM. Cla- parède et Lachmann ; mais il n'en est pas de même des vues qu'il s'efforce de faire prévaloir au sujet de l'origine des corps acinétiformes des Infu- soires. Sur ce point, la théorie du naturaliste allemand n'a pas encore trouvé de contradicteurs, et la faveur dont elle jouit semble s'appuyer sur des exemples de plus en plus nombreux. Nous avions nous-même partagé pen- dant assez longtemps cette manière de voir, et, à l'époque où nous avons communiqué à l'Académie les premiers résultats de nos recherches sur la propagation de ces animaux , nous avions effectivement admis,, chez cer- taines espèces, une véritable ovoviviparité, en rattachant à cette variété dans le mode de développement des jeunes, les corps embryonnaires dont MM. Focke, F. Cohn et Stein avaient signalé l'existence chez plusieurs In- fusoires ciliés, entre autres chez le Paramecium bursaria, où j'avais eu moi- même de fréquentes occasions de les observer. D'autres espèces m'avaient, au contraire, présenté des œufs parfaitement caractérisés, destinés à éclore hors du corps de la mère. Or la découverte que, depuis cette époque, je fis chez plusieurs de ces dernières, de productions toutes semblables à celles que m'avaient présentées le P. bursaria et dont l'apparition n'avait été précédée d'aucun des phénomènes caractéristiques d'une génération sexuelle, fit naître chez moi le soupçon qu'il pouvait bien s'agir ici, non pas d'un phé- nomène de reproduction, mais d'un simple cas de parasitisme. D'un autre côté, des observations ultérieures, répétées un grand nombre de fois, m'a- vaient porté à concevoir des doutes sur la réalité des faits d'ovoviviparité 44- ( 32o ) que j'avais primitivement observés. En effet les corps arrondis, munis d'un nucléus et d'une vésicule contractile que, dans nies premières recherches, j'avais fréquemment trouvés mêlés aux œufs du Paramecium bursaria, étaient loin de se présenter par la suite d'une manière constante, ou bien je pus les observer chez des individus qui n'étaient manifestement pas parvenus à une époque de reproduction sexuelle, et dont les organes générateurs n'avaient pas cessé de présenter l'état rudimentaire qui les caractérise dans les inter- valles de ces époques. Enfin, en observant des animaux qui, antérieure- ment à l'accouplement, avaient été placés hors de tout contact avec d'au- tres espèces appartenant à la même classe, et que j'examinais soigneusement jour par jour, je ne pus jamais constater cette transformation en embryons des œufs encore renfermés dans le sein de la mère. Je voyais, au contraire, celle-ci s'en débarrasser constamment par la ponte avant qu'aucune modi- fication indiquât chez eux un commencement de développement. Sous ce rapport, le P. bursaria se comportait donc comme toutes les autres espèces que j'avais eu l'occasion d'observer. » Tous ces faits laissaient déjà présumer que dans mes premières recher- ches j'avais été induit en erreur par un de ces cas de parasitisme qui com- pliquent parfois les phénomènes de propagation chez les animaux inférieurs et qui ont été plus d'une fois déjà la source de semblables méprises. Ces présomptions se sont récemment transformées en une certitude complète, lorsque j'ai été à même d'étudier ces prétendus embryons dans quelques- unes des autres espèces où leur présence avait été signalée par mes prédé- cesseurs, principalement chez le Paramecium aurelia, le Stjlonychia mylilits, VUroslyla grandis. Je me suis alors assuré de la manière la plus positi\e qu'il ne s'agissait nullement ici d'un rapport génétique entre ces types et les corps acinétiformes qu'on trouve à certains moments dans leur intérieur, mais que ceux-ci n'étaient en réalité que des Acinétiniens parasites, et de- vaient dès lors être rélégués dans la subdivision spéciale que, sous le nom d'ordre des lnfusoires suceurs, MM. Claparède et Lachmann ont récemment établie dans la classe des lnfusoires pour les espèces qui composent cette famille. » Quant à leurs caractères génériques, ces Acinétiniens appartiennent évidemment au genre S/iliœropluja des mêmes auteurs. Mais ces espèces se distinguent de toutes leurs congénères, en ce qu'elles sont aptes à jouir d'un double genre de vie pendant chacun desquels elles offrent un aspect complètement différent. Tantôt, sous la forme de petites masses cylindri- ques, garnies sur toute leur surface de cils natatoires, et de quelques su- ( m ) çoirs assez courts, on les voit nager librement dans le liquide et aller à la recherche des espèces aux dépens desquelles elles se nourrissent; tantôt, prenant une forme sphérique, elles dépouillent leur revêtement ciliaire, mais conservent leurs suçoirs tentacules, et attendent dans une immobilité complète qu'un animal vienne à les effleurer en passant. Immédiatement elles s'attachent à celui-ci et se laissent entraîner au loin. Bientôt on s'aper- çoit que le contact entre les deux animaux devient plus étendu et que le pa- rasite cherche à pénétrer de plus en plus dans l'intérieur de sa proie, non pas au moyen d'une effraction violente de la peau, mais en refoulant dou- cement au-devant de lui le tégument extensible de celle-ci. A mesure qu'il progresse, les parties qu'il a écartées reviennent successivement sur elles- mêmes, en vertu de leur élasticité, de manière que le chemin parcouru par le parasite n'est bientôt plus indiqué que par un canal étroit qu'il laisse en arrière de lui, et qui servira plus tard d'issue à sa nombreuse lignée. C'est l'orifice externe de ce conduit que M. Stein assimile à une sorte d'os uteri. Parvenue au centre de son hôte, l'Acinète cesse de cheminer, prend la forme d'une boule et ne manifeste de vie que par les battements de sa vésicule con- tractile. Placée dans l'intérieur d'une cavité qu'elle remplit exactement et dont la paroi est formée par la peau, refoulée en dedans, en manière de doigt de gant, du Paramécien ou de l'Oxytrichine qui lui sertd'abri, elle absorbe par toute sa surface le suc de son hôte. Elle grossit rapidement et ne tarde pas à se multiplier par division spontanée, dans l'intérieur même de sa loge, dont la paroi s'étend de plus en plus pour contenir sa descendance; et comme un même animal peut être envahi à la fois, sur divers points de sa surface, par plusieurs parasites, il en résulte, dans son intérieur, autant de chambrées distinctes composées de membres plus ou moins nombreux. J'ai observé certaines Oxytrichines qui hébergeaient plus de cinquante de ces parasites et dont le corps en était énormément gonflé et déformé. Néan- moins l'animal qui servait ainsi à la fois de nourriture et d'habitation a cette nombreuse colonie, n'en paraissait nullement incommodé et conti- nuait à se mouvoir et à se nourrir comme à l'ordinaire. J'ai même vu des Paramecium aurelia s'accoupler et se reproduire de la manière la plus nor- male, immédiatement après qu'ils s'étaient trouvés débarrassés de leurs hôtes. Cette circonstance est d'autant plus intéressante, qu'on sait qu'il suffit d'une seule Padophaga, de taille même médiocre, pour épuiser et tuer les plus gros Jnfusoires. La marche de ces Acinètesdans l'intérieur de l'animal envahi est assez lente, et il s'écoule une heure à une heure et demie avant qu'ils paraissent au centre de celui-ci. ( 322 ) » Une expérience concluante nous servira enfin de dernier argument pour démontrer la nature parasitique de ces êtres. Ayant placé une dizaine de Paramecium aurelia, offrant toutes des Acinètes dans leur intérieur, au milieu de nombreux Infusoires de même espèce qui en étaient entièrement exempts et dont la provenance était toute différente, nous avons constaté qu'il suffisait de quatre jours au plus pour que la plupart de ces derniers, à l'exception d'un très-petit nombre seulement, fussent à leur tour infestés des mêmes parasites. » En terminant, nous croyons encore devoir faire remarquer qu'en com- battant ici la théorie de la reproduction des Infusoires par phases embryon- naires, nous n'entendons parler que des seuls Infusoires ciliés, eu excluant de ce groupe, ainsi que l'ont fait MM. Claparède et Lachmann, les espèces munies de suçoirs rétractiles auxquelles appartiennent les Acinétiniens dont il est question dans cette Note, et chez lesquelles la réproduction par em- bryons est, au contraire, un moyen de reproduction extrêmement répandu, comme l'a démontré au reste, le premier, le savant dont nous combattons ici en partie les idées. Mais tout en restreignant à ces espèces la théorie de M. Stein, tout prouve que la production de ces germes n'est pas un phéno- mène sexuel, mais simplement un cas de gemmiparité interne de plus à ajouter aux faits analogues qui ont déjà été découverts dans d'autres ani- maux inférieurs. » PHYSIQUE. — Mémoire sur les vibrations des membranes élastiques; ' par MM. F. Bernard et Bourget. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires MM. Lamé, Clapeyron.) « Lorsqu'une membrane bien tendue vibre sous l'influence d'un son élevé rendu dans son voisinage, il se produit, en général, un système de lignes nodales plus ou moins nettes, et ce système semble se déformer d'une ma- nière continue lorsque le son s'élève progressivement. » De ce fait, qui pouvait bien n'être qu'une illusion en ce qui touche les déformations, Savart avait tiré les conséquences suivantes : » i°. Une membrane convenablement tendue peut vibrer à l'unisson de tous les sens produits au-dessus du son fondamental (i). (i) Savart ne parle pas du son fondamental d'une manière explicite; cependant quelques passages de son Mémoire font présumer qu'il admettait un son au-dessous duquel les lignes nodales ne se formaient pas (Annales de Chimie et de Physique, t. XXVI, p. i/f)- ( 3a3 ) » a°. On peut passer d'une figure nodale à une autre quelconque par des déformations insensibles en faisant varier le son d'une manière continue. » Ces conséquences, qui sont très-importantes au point de vue de la théorie de l'audition, avaient été déduites par Savart d'un grand nombre d'expériences et généralisées ensuite par ce célèbre physicien qui les avait étendues aux corps de formes et de dimensions quelconques. Un instrument nouveau, le phonographe de M. Scott, repose sur ces principes. Cette opi- nion a jusqu'ici été admise par le plus grand nombre des physiciens, et les assertions de Savart sont reproduites sans commentaires dans les Traités de Physique les plus récents. » La question de la vibration des corps traitée par une savante analyse a conduit deux de nos géomètres les plus éminents, Poisson (i) et M. Lamé (2) a des conséquences diamétralement opposées à celles de Savart. Il résulte en effet du calcul : » i°. Qu'une membrane de forme et de tension données ne peut vibrer qu'à l'unisson de certains sons déterminés ; » a°„ Qu'à un son donné il correspond en général une infinité de lignes nodales; » 3°. Que toutes ces figures dérivent d'un type caractéristique pour chaque son, et sont des déformations théoriques de ce type, dépendant non de la variation du son, mais de l'état initial de la membrane; » 4°- Qlie deux types nodaux ne peuvent pas se transformer l'un dans l'autre; » 5°. Que les systèmes types et par conséquent leurs dérivés se succè- dent à des intervalles d'autant plus rapprochés et sont d'autant plus com- pliqués, qu'ils correspondent à des sons plus élevés. » Ces conséquences sont tellement en désaccord avec les faits énoncés par Savart et admis après lui, qu'il est devenu indispensable de reprendre cette question au point de vue expérimental, afin de substituer, s'il est pos- sible, des notions exactes à des principes douteux ou erronés. Tel est le but que nous nous sommes proposé dans le travail que nous avons l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. » M. Lamé, dans ses remarquables Leçons sur l'Elasticité, a traité le cas des membranes vibrantes et en particulier celui des membranes carrées et rectangulaires. En suivant la méthode tracée par l'illustre géomètre, la suc- (1) Mémoires de l'Institut, t. VIII. (2) Leçons sur l'Élasticité. (3,4) cession des types et leurs intervalles sont faciles à calculer. La discussion des équations finales relatives à ces cas particuliers nous a permis de dé- terminer la forme d'un nombre suffisant de courbes appartenant aux sys- tèmes dérivés les plus simples, et de nous élever par induction aux princi- pales déformations possibles d'un système quelconque. » Nos recherches ont dû porter plus spécialement sur les membranes carrées qui devaient nous fournir les données expérimentales nécessaires pour étudier sans difficulté les cas les plus compliqués : nous nous réser- vons de faire connaître plus tard les résultats relatifs aux membranes rectangulaires, circulaires et elliptiques. Les membranes que nous avons étudiées présentaient des épaisseurs variées; elles étaient tendues sur des cadres de substances et de masses très- différentes. Nous les mettions en vibration au moyen de tuyaux de flûte dont on faisait varier à volonté le son par le mouvement d'enveloppes cylindriques en carton qui les emboî- taient à leur partie supérieure. Un sable très-fin recouvrait uniformément la membrane; on la faisait vibrer en la plaçant à une distance convenable de l'ouverture du tuyau ou de la lumière. Le nombre des vibrations corres- pondant aux divers sons était donné au moyen de longues cordes très-fines tendues sur un sonomètre. Nous avons constaté que nous pouvions facile- ment apprécier les sons à moins d'un comma ordinaire. » Disons tout d'abord que ces expériences exigent le secours d'une oreille très-sensible, si l'on veut opérer avec quelque précision. » Dès nos premiers essais, qui datent de trois ans, de nombreuses anoma- lies se sont manifestées : nos membranes nous paraissaient en désaccord complet avec la théorie, quant à l'ordre, à la succession des lignes nodales et à leurs intervalles musicaux relatifs. Une seule loi se vérifiait d'une ma- nière incontestable : la membrane se montrait complètement inerte pour certains sons compris dans les intervalles souvent très-considérables qu'in- diquait la théorie, par exemple dans celui de plus d'une quinte qui sépare le son fondamental du son qui correspond à la première ligne nodale. Ce résultat était du reste facile à prévoir, car la deuxième loi de Savart est en contradiction évidente avec la première : le son fondamental ne donne lieu à aucune ligne nodale intérieure, la membrane vibre énergiquement et en totalité; les bords seuls sont des nœuds qui se conservent dans tous les sys- tèmes comme on peut le voir dans les figures données par Savart ; comment imaginer une combinaison qui permette de passer insensiblement au sys- tème le plus simple, celui d'une seule ligne, en conservant les nœuds des bords? ( 3 85 ) » Une étude attentive et patiente des faits nous a permis de lever en to- talité les difficultés que nous avons rencontrées. Nous avons reconnu que presque toujours une membrane même la mieux tendue présente deux axes d'élasticité : qu'elle se dédouble pour ainsi dire, qu'on a affaire à deux membranes pour chacune desquelles les systèmes nodaux se succèdent dans l'ordre théorique. La distance qui sépare deux types semblables, sur ces deux membranes, peut aller jusqu'à deux tons et demi; on conçoit alors comment, entre deux systèmes de même type, d'auires lignes peuvent être intercalées, et le trouble qui doit en résulter dans la formation et la succes- sion des lignes. Les membranes les mieux tendues ne nous ont jamais donné moins d'un huitième de ton environ ;pour l'intervalle relatif à deux types de même ordre. » D'autres anomalies curieuses se manifestent encore. On les trouvera dans notre Mémoire. Nous nous bornerons à un court résumé des consé- quences de nos expériences. » Nous avons constaté que les lois théoriques précédentes, relatives à la forme, à la succession étala classification des lignes nodales, se trouvent parfaitement vérifiées.: les systèmes nodaux se succèdent exactement comme l'indique la théorie : les intervalles relatifs seuls sont changés, ils sont plus grands que 'les intervalles calculés; ils varient avec la nature de la membrane. » 'PHYSIQUE. — Recherches sur les changements le volume et de densité résultant de ta fixation ou de l'élimination de l'eau de cristallisation; par M. Ch. TlSSIER. (Commissaires, MM. >Pelouze, Pouillet.) M. Pappenheim adresse une Note sur la tuberculose aiguë vermineuse , Note qui est, comme ses précédentes communications sur les tuberculoses, ren- voyée à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. D'autres Notes du même auteur parvenues avec celle-ci, et qui se rap- portent à divers points d'anatomie pathologique, sont renvoyées à l'examen d'une nouvelle Commission composée de MM. Serres, Àndral, Rayer. M. CoiNDE«oumet au jugement de l'Académie une Note sur une^spèce dé C-remille (Àcerina) provenant de la Saône, et qu'il croit n'avoir pas été>con- nue jusqu'à ce jour des ichthyologistes. (Renvoi à l'examen de M. Valenciennes. ) C. R., 1860, a™ Semestre. (T. U, N" 9.) 4^ ( 3a6 ) Une seconde Note du même auteur sur deux espèces d'Épizoïques qui vivent parasites du Flammantest renvoyée à l'examen de M. Milne Edwards. M. Hoffmann présente une Note concernant l'action rubéfiante des bains animés par une petite quantité d'essence de térébenthine, et décrivant la marche de cette rubéfaction dont on pourrait, selon lui, tirer parti dans certaines affections. M. Lukomski, qui avait, en 1 858, fait connaître les résultats auxquels il était arrivé dans le traitement de la syphilis au moyen de l'inoculation du virus-vaccin, annonce que des expériences nombreuses sur cette méthode de traitement faites à la clinique de la Faculté de Médecine de Moscou ont pleinement confirmé ce qu'il avait avancé d'après ses propres observations. Ces expériences viennent d'être publiées par M. Jeltsineski,qui les avait faites sous la direction de M. le professeur Popow. M. Lukomski en adresse à l'Académie un exemplaire. La Lettre et le volume sont renvoyés à l'examen de MM. Serres et Andral, désignés pour la première communication de M. Lukomski. M. Manificat présente le modèle en petit d'un dispositif de son invention qu'il désigne sous le nom de « Système cylindrique pour carguer et lar- guer les voiles ». (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Duperrey et Morin.) M. Villaine présente un Mémoire intitulé : « Traité de la locomotion aérienne » . (Renvoi à la Commission des Aérostats.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. de Mardi- yny, un Mémoire imprimé « Sur les inondations des rivières de VArdèche ». (Renvoyé, à titre de renseignements, à la Commission des Inondations.) M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la correspondance des « Etudes chimiques et physiologiques sur les os », par M. Alphonse Milne Edwards. (3*7 ) M. Dumas présente au nom de l'auteur, M. Ramon Torres Munoz de Luna, des « Eludes chimiques et physiques sur l'air atmosphérique de Madrid ». Cet ouvrage, qui est écrit en espagnol et imprimé à Madrid, mais auquel l'auteur a joint une analyse en français, est renvoyé à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. PHYSIOLOGIE. — action centripète du courant galvanique constant sur les nerfs de l'homme; par M. IVi.hak. « Au mois de décembre de l'année 1 855, j'ai eu l'honneur d'adresser a l'Académie une Note sur des contractions toniques ou continues, qui se produisent dans les muscles du bras de l'homme sain, pendant l'action con- tinue d'un courant galvanique constant fort sur un tronc nerveux de ce membre, soit dans les muscles animés par le nerf excité, soit dans les mus- cles antagonistes. » Dans un autre Mémoire sur l'action physiologique et thérapeutique du courant galvanique constant sur les nerfs et les muscles de l'homme, lu par moi dans la séance de l'Académie le 22 septembre i856, j'ai exprimé l'opinion que les contractions toniques observées par moi sont de nature réflexe et peuvent être produites aussi par excitation des nerfs cutanés : par exemple, extension continue de la main et des doigts par l'entrée d'un cou- rant fort, de 4° éléments de Daniell, dans la branche terminale antérieure sensible du nerf radial. » Pour appuyer cette opinion, je citais encore une série d'observations thérapeutiques, qui me semblaient démontrer que le courant constant est en état, non-seulement d'exciter les centres nerveux, mais de régler et de rétablir les actions des cellules ganglieuses centrales, en leur communiquant l'excitation périphérique des fibres nerveuses. » Après avoir poursuivi plus tard ces recherches sur un grand nombre de malades, j'en ai commencé à donner un aperçu dans ma o Galvanothé- rapie des maladies des nerfs et des muscles », publiée en i858, dont une traduction française (par M. Morpain) vient de paraître à Paris (1). On y trouvera des faits qui semblent mettre hors de cloute que l'application du (1) Qu'il me soit permis de dire ici que la traduction des Préfaces et de l'Introduction présente quelques inexactitudes que je ne tarderai pas de rectifier dans le Journal de Phy- siologie de M. Brown-Séquard. 45- ( 3a8 ) courant constant sur les nerfs d'un membre dans des cas d'hémiplégie, de paraplégie, de catalepsie ou d'autres maladies centrales, peut produire des effets visibles, dans un autre membre, qui n'est pas sujet à l'action immé- diate du courant. » Néanmoins on pouvait douter encore si les effets centripètes que je viens de citer se propagent aux centres nerveux par la voie des- fibres ner- veuses; on pouvait soupçonner même qu'ils étaient simplement liés à*la dé- rivation du courant sur la voie humide des tissus et du sang. » Maintenant je désire attirer l'attention de l'Académie sur quelques faits qui jettent une nouvelle lumière sur cette question. » Déjà au mois de juin i858 j'avais eu l'occasion de faire des observa- tions sur un homme de quarante-cinq ans, qui depuis douze ans souffrait de paraplégie incomplète des membres inférieurs, provenant en apparence d'atrophie progressive de la moelle épinière, et j'avais vu que l'entrée d'un courant fort (de 5o éléments de Daniell) dans la partie supérieure du grand nerf sciatique près de la tubérosité de l'ischion ne produisait pas du tout ou très-peu de contraction dans le domaine du nerf excité, mais des contrac- tions instantanées fortes dans le domaine du même nerf du côté opposé, notamment dans les muscles de là cuisse animés par les branches collaté- rales comme dans les. muscles de la jamhe animés par le nerf sciatique poplité interne. » Dans le cours duiseineôtre passé j'ai pu, en présence dé médecins et d'étudiants, poursuivre la .même observation sur une femme de quarante- huit ans, qui, depuis dix, ans, après avoir souffert pendant deux ans de symptômes d'atrophie progressive de la moelle épinière, était frappée de pa- raplégie complète des membres inférieurs et de paraplégie incomplète du dos et des bras. Elle passait sa vie dans sou lit ou adossée dans un fauteuil, ne pouvant se tenir assise sur une chaise sans appui; point de mouvement dans les cuisses, les jambes et lespieds; seulement le muscle tibial posté- rieur droit offrait quelquefois une. légère contraction. Les mouvements des bras et des mains montraient la maladresse particulière qui est propre à cette maladie. Les muscles des extrémités étaient flasques: leur excitabilité dans les cuisses et les jambes, pour des courants constants et induits, était perdue; dans le dos et les bras, elle existait encore; point d'anesthésie, excepté à la plante du pied. » L'entrée d'un courant de 60 à 70 éléments de Daniell (moyennant des boutons métalliques d'un pouce de diamètre, couverts d'épongé humide) dans la partie supérieure du grand nerf sciatique, entre le grand trochanter ( 3ay j et la tubérosité de l'ischion, produisait et produit encore des contractions' instantanées fortes dans le rayon du grand nerf sciatique du côté opposé, dans tous les muscles animés par ce nerf, exceptés ceux qui reçoivent leurs rameaux du nerf sciatique poplité externe. « La direction du courant dans le nerf n'était pas toujours d'importance, pourvu que l'électrode négative touchât le nerf. » L'action constamment croisée du courant empêchait déjà défaire dé- pendre le phénomène décrit de courants dérivés. En outre, quand on met- tait l'électrode positive entre le coccyx et la tubérosité de l'ischion, et quand on fermait la chaîne sur la dernière, on ne produisait aucune contraction; mais dès que l'électrode négative touchait la région du nerf entre la tubéro- sité de l'ischion et le grand trochanter, la contraction se montrait sur le côté opposé de la manière la plus prompte et décisive. Cette expérience démon- trait que les contractions croisées sont réflexes et d'origine centrale. » Ordinairement les muscles animés par le nerf excité restaient tran- quilles. Pourtant, après des excitations du nerf souvent répétées, des con- tractions isochrones plus faibles commençaient quelquefois à se montrer sur lemème côté, mais seulement dans les muscles correspondants à ceuxqui se trouvaient en mouvement sur le côté opposé, c'est-à-dire que les muscles animés par le nerf poplité externe restaient tranquilles sur les deux côtés. Ge qui semble prouver que cette contraction aussi,' en apparence directe et immédiate, est de nature réflexe ! )> L'excitation pareille des branches postérieures des nerfs sacrés, qui, comme toutes les branches postérieures des nerfs rachidiens, sont purement sensibles, produisait les mêmes contractions croisées des cuisses et des jambes, mais d'une manière encore plus énergique, ce qui ne laisse pas de doute, que c'est parla voie des fibres sensibles que l'excitation se commu- nique au centre nerveux. )> A la région de la queue de cheval on provoquait par l'entrée du même courant les mêmes contractions, mais sur les deux côtés, ce qui veut dire que l'excitation des racines postérieures produisait aussi des contractions croisées réflexes. Sur la ligne médiane dorsale, l'excitation restait sans effet. » Outre les contractions réflexes que je viens de signaler, on observait encore des contractions : i° dans le domaine du nerf obturateur par l'entrée du courant dans le nerf plantaire externe du même côté; 2° des contrac- tions dans le domaine des nerfs radiaux des deux côtés par l'entrée du cou- rant dans le nerf poplité externe droit; 3° des contractions dans le domaine ( 33o ) du nerf poplité externe par l'entrée du courant dans le nerf poplité externe du même côté. Dans ce cas, la contraction instantanée se prolongeait en contraction tonique ou continue si la chaîne restait fermée ; 4° des contrac- tions faibles des fessiers par l'entrée du courant dans le plexus brachial et sur les deux côtés de la colonne vertébrale (branches postérieures des nerfs rachidiens). » Le résultat le plus remarquable de ces recherches, c'est que les muscles qui ont subi des contractions réflexes souvent répétées sont rentrés sous l'empire de la volonté. La malade peut faire des mouvements assez libres des jambes, des pieds et des orteils. Les mouvements des cuisses, qui n'ont été frappées que de contractions rares, sont encore très-limités. Pourtant la malade peut rester assise sans s'appuyer, même avec les bras levés, et se servir mieux de ses mains. » Les muscles éveillés par voie réflexe ont regagné en partie leur excita- bilité électrique. Sous ce rapport, l'excitation directe des muscles restait sans effet. De l'autre côté, l'excitabilité réflexe diminuait à mesure que l'in • fluence volontaire augmentait. » Pour expliquer les faits que nous venons de décrire, je crois devoir, suivant les recherches de Stilling et les miennes, citer encore quelques faits anatomiques: i° les fibres sensibles passent, toutes ou la plupart, dans les cellules ganglieuses des colonnes postérieures grises de la moelle épinière; a° ces cellules semblent être, par la commissure postérieure, en commu- nication transversale entre elles; 3° elles sont en communication avec les grandes cellules multipolaires delà colonne grise antérieure du même côté ( voir mon Mémoire sur les cellules ganglieuses multipolaires dans les Comptes rendus mensuels de l'Académie royale de Berlin; janvier i854); 4° elles semblent être en rapport aussi avec les mêmes cellules du côté op- posé par les fibres croisées de la commissure antérieure; 5° les grandes cel- lules des colonnes grises antérieures donnent naissance aux fibres motrices volontaires; 6° l'ensemble ou la plupart des fibres des cordons blancs an- térieurs jouent le rôle de commissures entre le cerveau et les cellules mo- trices des colonnes grises antérieures. » En considérant ces détails anatomiques encore très-défectueux, on pourrait dire que l'entrée du courant constant dans une fibre sensible ne peut pas seulement éveiller l'action des cellules axiles sensibles et motrices de la moelle épinière, mais ouvrir aussi dans le même temps la voie des commissures cérébro-médullaires. (33. ) » Il faut noter encore que ni la sortie du courant constant ni les chocs d'induction électrique ne produisaient les phénomènes décrits dans cette Note. » chimie organique. — Recherches sur les sucres ; par M. A. Gklis. « Dans une communication faite à l'Académie (i), j'aiétahli que le sucre cristallisable éprouve par la fusion un dédoublement qui le transforme d'une part en glucose dextrogyre, et d'autre part en un corps nouveau, au- quel j'ai attribué la formule C,2H,0O'°. » Ce corps, qui ne possède pas la propriété de fermenter directement, se transforme par l'action des acides étendus en une glucose incristallisable et fermentescible dont le pouvoir rotatoire à gauche est très-développé et de beaucoup supérieur à celui de sucre interverti. En m'appuyant sur cette propriété et sur l'opinion, très- probable, émise par M. Dubrunfaut, qui tend à considérer le sucre cristallisable comme un sucre composé, j'ai pensé que le corps nouveau que j'avais obtenu s'était formé aux dépens de l'élé- ment gauche de ce sucre. Toutefois, en continuant mes expériences, j'ai re- connu que les produits se modifiaient et changeaient de nature lorsque le sucre était maintenu en fusion. Ainsi, dans ces conditions, la glucose re- produite par l'action des acides conserve toujours son pouvoir rotatoire à gauche, mais la valeur de ce pouvoir rotatoire diminue notablement, et cette diminution paraît dépendre de la durée de l'expérience. Ce résultat m'a donné l'idée de rechercher si les sucres simples ou glucoses, n'étaient pas susceptibles de donner naissance par déshydratation directe à une série de corps isomères de la formule C,2iroO'°; et laissant de côté le sucre cristallisable dont la nature complexe doit néces- sairement amener des complications dans les résultats des expériences, j'ai opéré sur les deux glucoses bien caractérisées que l'on suppose devoir exister dans le sucre cristallisable, c'est-à-dire sur la glucose ordinaire, préparée avec l'amidon et l'acide sulfurique, ou retirée du miel et sur la glucose incristallisable que l'on obtient avec l'inuline. Chacun de ces composés m'a (i) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. XI.VIII, p. 1062. ( 33a ) fourni un corps nouveau qui lui correspond, et ces corps qui se confondent avec les gommes et les dextrines par leur formule, s'en rapprochent égale- ment par quelques propriétés. » Lorsqu'on chauffe la glucose ordinaire de ioo à no°, on lui enlève facilement 2 équivalents d'eau, c'est-à-dire 9 pour 100, sans la colorerd'une manière notable. Si, arrivé à ce point, on élève la température jusqu'à 1700, d« manière à chasser une quantité d'eau nouvelle représentant 1 nouveaux équivalents, on obtient une masse plus ou moins colorée, suivant que la chaleur a été appliquée avec plus ou moins de précautions. Cette masse contient divers produits. Elle est formée pour la plus grande partie d'une substance incolore, à peine sucrée, et qui se distingue des sucres en ce que, ne fermentant pas directement, elle peut redevenir fermentescible en se transformant en glucose par l'action des acides étendus. Elle contient en outre une petite quantité des diverses substances qui constituent le caramel et des quantités variables de sucre indécomposé. » Il est toujours facile au moyen de l'action des ferments de constater la présence de la substance nouvelle, mais il n'est pas aussi aisé de l'obtenir à l'état isolé, car on détruit bien par la fermentation le sucre qui l'accom- pagne, mais le charbon ne sépare qu'imparfaitement les produits du cara- mel. Toutefois les conditions dans lesquelles on produit cette substance, ainsi que toutes les données de mes analyses, dont je ne puis ici indiquer les détails, prouvent que sa composition doit être représentée par la formule » Elle a donc la composition de la dextrine, et à ce point de vue il était important de prendre son pouvoir rotatoire. J'ai obtenu des dissolutions assez décolorées pour que cette détermination fût possible du moins ap- proximativement, et j'ai reconnu que cette substance est dextrogyre, mais que le nombre qui représente son pouvoir rotatoire est un peu inférieur à celui de la glucose dont elle provient, et par conséquent bien éloigné du chiffre élevé qui caractérise la dextrine, dont elle n'est qu'un nouvel isomère. » La glucose d'inuline, traitée dans les mêmes conditions, donne des ré- sultats analogues, mais la facile décomposition des produits rend la réaction, moins précise et l'examen plus difficile. Cependant la marche des phéno- mènes peut être nettement constatée. » D'après ces faits, il devient facile d'expliquer ce qui se passe pendant les premiers moments de l'action de la chaleur sur le sucre cristal lisable. ( 333 ) » Dans ma Note sur le sucre fondu, j'ai appelé saccharide le corps nou- veau que j'avais obtenu : ce nom ne peut être maintenu. La terminaison ide ne saurait être appliquée aux produits de la glucose, car le nom de glu- coside appartient déjà à une classe nombreuse de corps. J'adopterai donc la terminaison ane, comme l'a fait M.Berthelotpour la mannitane et la dul- citane, dérivés de la mannite et de la dulcite qui ont la plus grande analogie de formation et de rôle chimique avec les corps qui font l'objet de ce travail. En admettant avec M. Dubrunfaut l'identité de la glucose d'inuline et de la glucose lévogyre du sucre interverti, on aurait la glucosane et la lévulo- sane (i), en attendant les corps analogues que l'on ne tardera pas à décou- vrir. La glucose de sucre de lait, chauffée dans les mêmes conditions, m'a déjà fourni un composé du même ordre; mais je donnerai la description de ce composé, qui se caractérise plus nettement que ceux des autres glucoses, dans un travail spécial sur le sucre de lait. » J'ajouterai, en terminant, que les faits indiqués dans cette Noteme pa- raissent avoir de l'importance non-seulement au point de vue de la science pure, mais aussi parce qu'ils pourront servir à expliquer plusieurs résultats, encore obscurs, observés dans la pratique industrielle de la distillation des mélasses. Je reviendrai dans mon Mémoire complet sur ce point important de la question. » chimie appliquée. — Sur] la préparation du fer réduit par t hydrogène et sur la manière de le préserver de l'oxydation; par M. S. de Luca. « Le fer pur entièrement divisé, connu sous le nom de fer réduit par l'hy- drOgène, beaucoup employé en médecine, se trouve maintenant en grande abondance dans le commerce, mais sans la moindre garantie relativement à sa pureté. Le fer qu'on prépare industriellement doit être presque toujours impur, par la simple raison que, dans une préparation en grand, la purifi- cation des réactifs et des produits qu'on obtient ne peut pas aller très-loin; il y a une limite où il est nécessaire de s'arrêter, mais dans laquelle ne se trouve pas la pureté qu'on devrait toujours rencontrer dans les substances qu'on introduit dans l'économie de l'homme. Ajoutons à cela que le fer ré- duit du commerce se trouve souvent mélangé avec de la fine limaille de fer, et que quelquefois il est constitué simplement par du fer ordinaire préparé en poudre très-fine par un système de limes. » Il est cependant facile de découvrir ces falsifications : il suffit de trai- (i) M. Berthelot a nommé la glucose d'inuline : lévulose. C. R., 1860, 2me Semestre. (T. Ll, N° 9.) 4°" ( 334 ) ter le fer suspect par un acide étendu et pur, qui doit le dissoudre et pro» duire une solution limpide, sans aucun résidu, si le fer était pur et ne con- tenait pas du fer ordinaire. Ce procédé donne aussi des indications sur le soufre que presque tous les fers réduits contiennent en plus ou moins grande abondance ; on peut le constater par un papier imbibé d'une solution d'acétate de plomb mis en contact avec le gaz» hydrogène qui se dégage lorsqu'on traite le fer par un acide étendu : le papier noircit si le fer con- tient du soufre. ■> Il est très-important d'obtenir un fer réduit exempt de soufre; mais il est impossible de l'avoir pur par le procédé industriel: c'est dans le labora- toire, au contraire, qu'il faut le préparer avec des soins minutieux. Pour ob- tenir le fer pur, il est nécessaire de préparer d'abord un oxyde de fer d'une pureté pour ainsi dire absolue; mais si on obtient cet oxyde en décompo- sant le sulfate de fer, il est presque impossible de pouvoir le débarrasser complètement d'une partie du sulfate qui lui reste adhérent et que les lavages répétés n'éliminent pas. Je préfère décomposer un chlorure acide de fer par l'ammoniaque, dans le but d'obtenir un oxyde de fer pur. L'acide chlorhydrique élimine du fer tout le soufre sous la forme d'hydrogène sul- furé, et en faisant bouillir la solution acide on est sûr de chasser les der- nières traces de ce même acide qui pouvaient se trouver dans la solution. En précipitant ensuite par l'ammoniaque le chlorure de fer, on formera des composés solubles et volatils que les lavages et la chaleur peuvent facile- ment éliminer. » Mais il ne suffit pas d'avoir de l'oxyde de fer pur lorsqu'on se propose d'obtenir du fer exempt de soufre; il faut aussi que l'hydrogène qu'on doit employer en excès pour le réduire ne contienne pas de soufre. Tous ceux qui ont la pratique du laboratoire et qui sont familiarisés avec les manipu- lations chimiques comprennent parfaitement les difficultés qu'on rencontre dans la purification d'un gaz. Le contact des substances gazeuses avec les réactifs est très-limité, particulièrement lorsque ces derniers sont liquides; souvent il faut employer une agitation prolongée pour obtenir une absorp- tion complète : et il est à peine ici nécessaire de rappeler que l'acide sulfu- rique n'absorbe le gaz oléfiant qu'au moyen de 3ooo secousses. Pour puri- fier donc l'hydrogène, il faut obtenir un dégagement lent de gaz, le diviser par des corps poreux imprégnés des réactifs convenables, introduire ces corps poreux dans des tubes disposés verticalement et faire arriver le gaz par la par- tie supérieure de ces tubes. Ainsi l'hydrogène, malgré sa grande légèreté, doit traverser ces tubes de haut en bas et se trouver en contact avec les réactifs où il dépose ses impuretés et tout son soufre. ( 335 ) » Une autre source de soufre, ce sont les tubes en caoutchouc vulcanisé, dont on se sert ordinairement pour joindre les différentes parties des appa- reils, et qui donnent du soufre par une simple action mécanique de frotte- ment. En faisant passer à travers ces tubes un courant de gaz hydrogène pur, comme aussi de l'acide carbonique purifié, j'ai pu obtenir, dans l'eau où ces gaz barbotaient, un dépôt de soufre que j'ai ensuite transformé en acide sulfurique par l'action de l'acide azotique, et que j'ai dosé à l'état de sulfate de baryte. Par conséquent, si on se sert de tubes en caoutchouc, il faut les faire bouillir dans une solution de potasse, avant de les employer pour joindre les différentes parties d'un appareil à hydrogène, lorsque ce gaz doit servir pour réduire l'oxyde de fer. » Pour préserver le fer réduit de l'oxydation, il faut l'introduire dans des ampoules en verre, séchées d'abord et en faisant cette opération dans une atmosphère d'hydrogène. L'introduction du fer doit se faire au moyen de mesures en verre, contenant exactement un poids de fer déterminé d'a- vance. Enfin on ferme les ampoules à la lampe. » En résumé, tous les fers réduits du commerce que j'ai examinés con- tiennent du soufre; ils laissent souvent déposer de la silice et des sub- stances noirâtres, lorsqu'on les traite par les acides étendus, et ils sont par conséquent impurs. Ce sont les pharmaciens eux-mêmes qui doivent, avec des soins minutieux, préparer le fer réduit pour les besoins de la médecine, l'industrie ne pouvant leur fournir que des produits d'une pureté relative. » M. Sandras adresse la troisième partie de son travail sur les maladies nerveuses. C'est seulement quand toutes les parties de ce travail lui auront été sou- mises que l'Académie pourra les renvoyer à l'examen d'une Commission. La séance est levée à 4 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 27 août 1860 les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours prononcés aux funérailles de M. Duméril, le jeudi 16 août 1860; in-4°. De la traversée des Alpes par un chemin de fer. Développements. Etude du pas- sage par le Simplon ; par Eugène [-'LACHAT. Neuilly, 1860; 1 vol. in-8°. ( 336 ) Eeclierches tératologiques sur .l'appareil séminal de l'homme; par Ernest Godard. Paris, 1860; in-8°. Recherches sur la substitution graisseuse du rein; par le même; br. in-8°. (Ces deux ouvrages ont été présentés, au nom de l'auteur, par M. Rayer.) Etudes chimiques et physiologiques sur les os; par Alphonse MlLNE Edwards. Paris, 1860; br. in-8°. Mémoire sur les inondations des rivières de l'Ardèche; par M. DE Mardigny. Paris, 1860; br. in-8°. (Renvoyé, à titre de renseignements, à la Commis- sion des Inondations.) Histoire du merveilleux dans les temps modernes; par Louis Figuier, t. IV. Paris, 1860; 1 vol. in-12. De la fièvre puerpérale devant /' Académie impériale de Médecine et des prin- cipes de l'hygiène et de l'organicisme appliqués à la solution de cette question; par le Dr L.-L.-J.-F. Martinenq. Paris, 1860; in-8°. Etudes sur les Broméliacées ; par le Dr C. KoCH, professeur à Berlin, traduit de l'allemand par M. Alfred DE Borre. Gand, 1860; br. in-8°. Note sur les différentes espèces de fer métallique employées en médecine ; par M. Deschamps (d'Avallon); \ de f. in-8°. Traitement radical de la maladie syphilitique par la vaccination, fondé sur des données physiologiques et confirmé par des observations cliniques; par Basile Jeltsinesky, médecin à la clinique de l'Université impériale de Moscou. Moscou, 1860; br. in-8°, imprimée en langue russe. (Renvoi, à titre de renseignements, aux Commissaires nommés pour une communication de M. Lukomski.) Deux lois du monde, ou la vraie religion sanctionnée par toute la création. Paris, 1860; in- 11. Mémoires de la Société impériale des Sciences naturelles de Cherbourg, t. VII. Paris-Cherbourg, 1860; in-8°. Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse. Compte rendu des travaux depuis le i5 mat i85q jusqu'au 20 mai 1860 (60e année). Toulouse, 1860; br. in-8°. La lepra... La lèpre en Espagne au milieu du XIXe siècle. Son étiologie et sa prophylaxie; par D.-F. Mendez Alvaro. Madrid, 1860; br. in-4°. Estudios... Etudes chimiques sur l'air atmosphérique de Madrid; par D. Ramon Torres Munoz de Luna. Madrid, 1860; in-8°. (Adressé pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 3 SEPTEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. DE SENARMONT. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANATOM1E COMPARÉE. — Note sur le développement des premiers rudiments de l'embryon. Plis primitifs. Ligne secondaire; par M. Serres. « Dans l'histoire du développement du poulet, la manifestation des pre- miers rudiments de l'embryon, est le point tout à la fois le plus élevé et le plus difficile de l'embryogénie. L'observation porte sur des objets si déli- cats, sur des nuances souvent si fugaces, que, malgré l'attention la plus suivie, on est exposé quelquefois à se méprendre sur la signification des phénomènes, que l'on ne peut bien voir qu'à l'aide du microscope. » De là, la diversité d'opinions émises au sujet des plis primitifs et de la ligne centrale qui vient plus tard s'interposer entre eux; ligne que nous nommerons secondaire, pour exprimer l'ordre relatif de son apparition : plis et ligne qui ouvrent le développement de l'embryogénie des oiseaux. » Jusqu'à la moitié du premier jour de l'incubation, aucune partie de l'embryon ne commence à se former; ce n'est que vers la quinzième heure qu'on en aperçoit les premiers rudiments, et ces premiers rudiments sont, en premier lieu, les deux plis primitifs conformément à la loi de symétrie, et, en second lieu, la ligne secondaire qui vient s'interposer entre eux conformément aussi à la loi d'homœozygie. » Si, vers la fin de la quinzième heure de l'incubation, on observe la sur- face du disque prolifère, on remarque que le changement qu'il éprouve consiste dans la manifestation de deux plis, placés à une certaine distance de son centre. Leur formation paraît produite par le soulèvement des lames dont se compose la membrane blastodermique. En dehors et en dedans C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N° 10.) ^7 ( 338 ) de ces plis, le reste de la surface de ce disque ne subit aucun changement, aucune modification apparente. Par l'effet mécanique de leur soulèvement, les plis primitifs laissent entre eux et en dedans une petite surface plane du disque qui leur est intermédiaire et qui les unit en quelque sorte. Cette surface plane, qui va de l'un à l'autre des plis, est la bandelette axile du disque blastodermique et prolifère, dont la transparence permet de voir les corps qui sont placés au-dessous. » Dans cette première métamorphose, il n'y a pas encore de ligne secon- daire qui se soit produite : la bandelette axile en tient la place. Or, comment va se produire cette ligne? Se formera-t-elle sur la bandelette axile inter- posée entre les plis? ou bien cette lame restera-t-elle étrangère à sa mani- festation? De la solution de cette question dépend, comme on le voit, non- seulement le mécanisme de la formation de la ligne secondaire, mais encore la détermination de l'origine et du siège des premiers rudiments de l'em- bryon. Et de là, dans la théorie épigénique des développements, l'intérêt qui s'attache à cette secoude métamorphose du disque prolifère. « Supposez, en effet, que par la marche des développements, les deux plis primitifs se rapprochent l'un de l'autre : n'est-il pas évident que le ré- sultat de ce rapprochement sera de diminuer l'étendue déjà si minime de la bandelette axile qui les sépare? mais, tout en se rétractant, cette handelette resîera toujours interposée entre eux ; elle formera en quelque sorte une es- pèce de coin qui empêchera les bords internes des plis de se toucher immé- diatement et de se confondre. Les bords internes des plis n'étant pas d'abord amenés au contact immédiat, une rainure, un vide restera entre eux, et ce vide, cette rainure constituera la ligne secondaire, au fond de laquelle sera toujours présente la bandelette axile rétractée et tellement amincie, qu'elle devient transparente. » Selon Pander, le mécanisme de cet amincissement réside dans le feuillet muqueux dont les globules qui le constituent se retirent vers le bourrelet des plis primitifs. Ce mécanisme ainsi que la manifestation de la ligne secon- daire telle que nous venons de la présenter, et tels que nous les avons dé- crits avec détail dans les Archives du Muséum en i83g, ont été très-bien ex- primés par M. Coste de la manière qui suit : « Les deux lignes dont il s'agit » sont les faisceaux qui composent ou qui composeront le cerveau et la » moelle épinière. Il faut, pour apprécier ce qui va suivre, se défendre de » l'idée que ce sont là deux lames médullaires libres; on peut constater » avec quelques soins que ce sont deux bourrelets formés dans l'épaisseur » de la membrane, et dont on prendrait une idée assez exacte en les com- » parant à deux demi-cvlindres qui se correspondraient par leur surface (339) » convexe. Tout est continu néanmoins, parce que ces deux bourrelets sont » nés dans l'épaisseur d'une membrane; mais ces renflements s'étant opérés » dans des points assez distants entre eux, il faut qu'ils s'accroissent pour » finir par s'entre- toucher. » C'est ainsi qu'il faut entendre l'union mutuelle des deux bourrelets, par » la tangente de la surface convexe des deux demi-cylindres : ils n'étaient » pas libres auparavant, mais ils étaient séparés par un intervalle rempli » par une membrane transparente et dont l'épaisseur a diminué à mesure » que les bourrelets se sont accrus : la membrane intermédiaire qui, dans » ce point central, avait plus d'épaisseur que dans la circonférence, semble » être réduite par la prospérité même des bourrelets, à en juger par la trans- » parence qu'elle y a acquise. Mais enfin ce point intermédiaire est envahi » parles progrès de laccroissement des bourrelets; ils se touchent, ils se » confondent dans ce point. Lorsque les deux bourrelets sont sur le point » de se toucher, la lumière qu'ils interceptent par leurs surfaces obliques » donne à ce point de contact l'aspect d'une ligne noire et déliée. Mais » comme dans l'extrémité céphalique les bourrelets s'accroissent et s'unis- » sent plus rapidement, qu'ils y sont unis dans de- grandes surfaces, lorsque » dans tout le reste ils sont seulement rapprochés, le même jeu de la lumière » donne à l'extrémité de cette ligne noire un renflement ombré qui est loin » d'exprimer ce que MM. Prévost et Dumas ont pensé. La prévention de « X animalcule spermatique logé dans un cercle a tellement préoccupé ces » habiles observateurs, qu'ils ont cru en reconnaître les formes dans l'illu- >■ sion d'optique dont nous parlons. Pour éviter cette erreur, il suffit d'exa- » miner avec la même attention toute la longueur de la moelle épinière à » divers degrés de sa formation. On s'assurera aisément ainsi que l'union » des deux faisceaux se fait d'abord dans la région du cerveau et dans celle » du dosj mais qu'elle se fait plus lentement dans les régions cervicale, » lombaire et caudale. Or, dans les points déjà réunis, on verra, soit la t> ligne noire étroite, soit une ombre plus large et plus vague dans ses con- » tours, suivant la largeur du contact, et dans les points où l'union n'est » pas accomplie, ceux même où l'approche n'est pas complète, une vive » lumière passer entre les deux faisceaux par des espaces quelquefois très- » petits, et enfin les deux contours de chaque faisceau nerveux se profiler » par une ligne noire en tout semblable à celle du point de contact quand « il a lieu (i). » » La formation de la ligne secondaire par le rapprochement homœozy- (i) Recherches sur la génération des Mammifères, par M. Coste, suivies de Recherches sur la formation des Embryons, par MM. Delpech et Coste, p. -77, 78 et 79. 47- ( 34o ) gique des deux lignes primitives et l'effacement de la bandelette axile, est surtout rendue manifeste, quand on est assez heureux pour la voir se déve- lopper en place. Le Ier août 1 843, nous ouvrîmes un œuf de la vingtième heure de l'incubation et nous laissâmes en place le disque prolifère : sur sa surface on remarquait deux demi-lignes primitives très-nettement dessi- nées ; elles étaient parallèles symétriques tenues à distance l'une de l'autre par la bandelette axile qui les séparait. En haut elles divergeaient légère- ment : en bas elles s'écartaient l'une de l'autre en formant un angle très- ouvert; cet écartement inférieur était d'autant plus sensible, qu'en cet en- droit les lignes étaient réunies par un tractus blanchâtre situé au point même de leur séparation. M. Verner, peintre du Muséum, en prit aussitôt le dessin à la loupe. Or, pendant qu'il exécutait le dessin, les deux bourre- lets des plis primitifs étaient en mouvement et se rapprochaient l'un de l'autre. La bandelette axile qui les séparait diminuait visiblement d'étendue à mesure que s'opérait ce mouvement à si petite distance. Enfin, quelques minutes après qu'il eut commencé, les deux plis amenés au contact donnè- rent naissance à un trait linéaire délié. Ce trait linéaire délié, était la ligne secondaire qui s'était formée sous nos yeux. Le dessin de cette seconde métamorphose fut également exécuté, et sa comparaison avec le premier donne une idée précise du mécanisme de cette formation. La ligne secondaire occupait l'axe du disque prolifère : en haut, on remarquait un renflement ombré un peu vague; en bas, la ligne se bifurquait; chaque branche de la bifurcation ou de la fourche représentait un des bourrelets primitifs non amenés au contact ; à l'angle de la séparation des lignes on remarquait une commissure qui représentait les traces de la bandelette axile. On voit d'a- près cette description que la ligne secondaire a pris la place de la bandelette axile qui s'est effacée en partie; on voit également que sa manifestation est produite par la tangente de la surface convexe des deux demi-cylindres des lignes primitives ou des deux bourrelets qui les constituent (M. Coste), conformément aux données delà loi d'homceozygie. » M. Remak, qui a donné à la membrane sur laquelle se dessinent les plis primitifs le nom de lame axile, expose ainsi qu'il suit la manifestation de cette ligne : « Il se montre dans son axe une ligne trouble qui se pro- •» duit dans l'étendue de l'espace moyen, lorsque Con presse l'une contre » l'autre les deux moitiés latérales de la lame axile. » Cette ligne trouble, ajoute le même zootomiste, peut être facilement prise pour le rudiment d'un organe, par exemple la corde (i). (i ) Recherches sur le développement des animaux vertèbres, explication dela_/%. 8, B, PI. ln. ( 34t ) » Nous examinerons plus tard cette dernière assertion, mais nous ferons remarquer ici, que la pression exercée sur les bords de la lame axile, n'a d'autre objet que celui de produire artificiellement le rapprochement des surfaces des deux bourrelets de la membrane, rapprochement qui, comme nous venons de l'exposer, donne naissance à la ligne secondaire ou à la rainure qui sépare les bords internes des bourrelets primitifs. » On conçoit d'après ce mécanisme que si, par une cause quelconque, un obstacle s'oppose au rapprochement des deux surfaces des bourrelets, la ligne secondaire ne sera pas produite, ou plutôt on conçoit que l'écarte- ment desdeux demi-cylindres de ces bourrelets en exagérera la production, de manière à donner naissance à un hiatus très-ouvert qui en occupera la place. C'est ce que j'ai remarqué une fois. » Entre les deux plis primitifs se trouvait un corps blanchâtre résultant de la rupture de la bandelette axile et d'une portion du noyau de la cicatri- cule. Ce corps, agissant à la manière d'un coin, tenait à distance les deux plis primitifs, dont les bords internes, au lieu d'être convexes, étaient de- venus concaves. Dans l'hiatus produit par leur écartement, on voyait le corps blanchâtre continu par un pédicule avec le bord interne de l'un des plis primitifs, et libre dans l'hiatus formé par leur écartement. Ce corps me parut être la bandelette axile isolée des plis primitifs, auxquels elle sert d'intermédiaire dans l'état normal. » Dans la formation de la ligne secondaire en place, nous avons vu que les bourrelets des lignes primitives n'étant pas amenés inférieurement au point de contact, s'écartaient légèrement l'un de l'autre, de sorte qu'à cette période du développement, la ligne centrale se termine en fourche. Mais bientôt, de la vingt et unième à la vingt-quatrième heure au plus tard, les bourrelets écartés l'un de l'autre se rapprochent de nouveau, la fourche se ferme, et la ligne redevient unique. L' écartement et la réunion des bourre- lets circonscrivent ainsi un petit losange, qui donne une forme de fuseau à cette partie de la ligne primitive. » Nulle part la formation de cette ligne par les bourrelets des lignes pri- mitives n'est plus manifeste que dans ce losange fusifor me, dont les dimen- sions sont si variables vers la fin du premier jour, dont la forme même est si changeante lorsque l'on détache la préparation pour l'observer au micro- scope. Changements produits au reste par la mobilité en cet endroit des bourrelets des lignes primitives. » De ce qui précède il suit : y i°. Que les deux plis primitifs qui se manifestent sur la surface du disque prolifère sont les premiers rudiments de l'embryon naissant; ce qui ( 342 ) justifie pleinement le nom de plis primitifs que leur a donné M. Pander; » 2°. Que la bandelette axile qui les sépare est le résultat du soulève- ment de la membrane du disque prolifère dans les points où ces plis se manifestent ; » 3°. Que cette bandelette axile est lisse, plane, transparente et sans nulle trace de ligne le long de son axe; » 4°- Que par suite des développements, les bourrelets que forment les deux lignes primitives, se rapprochent l'un de l'autre en attirant à eux la bandelette axile ; » 5°. Que par ce rapprochement, les bourrelets des plis primitifs étant amenés au contact, il se manifeste entre eux un ombre linéaire, une rai- nure, une ligne enfin, qui n'est que de seconde formation et, qu'en raison de cette formation même, nous nommons ligne secondaire. » Présentation par M. Chevheul à l'Académie de l'ouvrage intitulé : « Chimie organique fondée sur la synthèse ». « J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie, au nom de M. Berthe- lot, de deux volumes in-8° qu'il vient de publier sous le titre de Chimie organique fondée sur la synthèse. » L'ouvrage se compose de quatre livres : » Le livre I et le livre II comprennent la synthèse des carbures d'hydro- gène et la synthèse des alcools et des corps qui en dérivent; le livre III et le livre IV ont pour titre : Des principes sucrés et des méthodes. » Dans l'impossibilité de présenter l'extrait d'un ouvrage qui se com- pose de l6o8 pages, y compris une Introduction historique de i58 pages, je me bornerai à établir l'état où l'analyse organique immédiate avait amené la science chimique lorsque M. Berthelot entreprit les travaux qu'il vient de réunir, et à résumer en peu de mots ce qu'il a fait pour la chimie orga- nique, en se livrant à des recherches synthétiques dans le but de reproduire des espèces chimiques bien définies. » Les premiers travaux de M. Berthelot firent présager aux amis de la science les succès de ses travaux futurs, et le présage fut bientôt accompli lorsqu'il publia ses synthèses des corps gras. En effet, ces synthèses ont été le point de départ des nombreuses recherches que l'auteur a soumises à l'Académie, avec une si louable persévérance, dans les années qui viennent de s'écouler. » Les synthèses des corps gras de M. Berthelot ont été appréciées très- justement et comme résultats et comme espérances qu'elles donnaient des progrès que des synthèses nouvelles de produits organiques feraient faire à ( 343 ) la science. Cependant les recherches de M. Berthelot sur les corps gras ne paraissent point avoir été suffisamment appréciées au point de vue de l'ana- lvse immédiate organique. Je demanderai donc à l'Académie la permission de justifier mon opinion en entrant dans quelques détails propres à montrer pourquoi j'attachai dès l'origine un si grand prix aux synthèses de M. Ber- thelot. » Je m'appliquai, dans mes recherches sur les corps gras, à montrer que les composés organiques sont assujettis à des proportions définies d'élé- ments tout aussi bien que les composés inorganiques, et quoique Gay- Lussac et Thenard eussent publié des analyses élémentaires du sucre, de l'amidon, du ligneux, de plusieurs acides ternaires, etc., une des grandes autorités de la science, Berzelius, s'énonçait ainsi en 1819 dans la première édition de son Essai sur les proportions chimiques : « I_,es lois qui limitent les » combinaisons des atonies élémentaires dans la nature organique diffèrent » beaucoup de celles que nous venons d'examiner, et permettent une telle » multiplicité dans les combinaisons, qu'on peut dire qu'il n'y existe aucune » proportion déterminée Dans la nature organique, les degrés de » combinaison sont presque à l'infini et n'ont aucune analogie avec ceux » qu'offre la nature inorganique. » » Mes travaux de chimie organique, accomplis déjà avant cette époque (1819), étaient en opposition avec cette manière de voir, et tous ceux qui les ont suivis sont venus confirmer les premiers. » S'il existait des corps dont la composition semblait favorable à l'opi- nion de Berzelius et contraire à la mienne, c'était certainement la compo- sition des corps gras connus sous le noms de suifs, de graisses, .de beurres et d'huiles, avant que l'analyse immédiate les eût réduits à un petit nombre de principes immédiats neutres dont je rappelle les noms , stéarine, marga- rine, oléine, phocénine, butyrine, caproïne, caprine, hircine, cétine, et avant de savoir qu'en les soumettant à l'action des alcalis, les huit premiers se ré- duisent chacun en un acide gras spécial et en glycérine, et la cétine en acides et en éthal. » Mais évidemment les suifs, les graisses, les beurres et les huiles une fois réduits à un petit nombre d'espèces définies, et la composition élémen- taire de chacune d'elles confirmée par une composition équivalente à un acide spécial -+- delà glycérine, ou de l'éthal, -+- de l'eau, l'opinion de Berzelius n'était plus soutenable. » Qu'on me permette quelques remarques sur la méthode qui me guida dans les recherches que je rappelle. ( 344 ) » Toutes furent dirigées par la méthode à posteriori. » Mes analyses élémentaires ne furent point établies d'après des moyennes, mais d'après une seule analyse, que je jugeai devoir être préférée à trois ou quatre autres d'une même espèce chimique. » En outre en soumettant à une critique raisonnée la question de savoir si j'avais obtenu à l'état de pureté absolue les espèces de corps gras neutres précitées, je reconnus la probabilité qu'elles ne l'avaient point été ; et cela à cause de leurs analogies de composition, de leurs affinités mutuelles, de la petite différence existante entre leurs points de liquéfaction ou de solidi- fication, et enfin à cause de la faiblesse même d'affinité des réactifs em- plovés pour les séparer les unes des autres. » En un mot, l'analyse, entre mes mains du moins, avait été impuissante à isoler absolument les espèces de corps gras neutres. » Mais en soumettant à la critique raisonnée la question de savoir si les acides gras que j'ai nommés avaient été obtenus à l'état de pureté, je fus conduit à une conclusion contraire, l'acide oléique excepté, peut-être. » En effet, les acides étant doués de la propriété de s'unir en des propor- tions définies avec les bases salifiables, et ces combinaisons pouvant différer beaucoup plus en solubilité les unes des autres que ne diffèrent entre eux les corps gras neutres d'où ces acides ont été séparés, et d'un autre côté les sels n'ayant point entre eux, relativement aux dissolvants, des affinités aussi grandes que tes espèces de corps gras neutres en ont ensemble relativement aux dissolvants neutres que j'avais employés pour les isoler, il m'a été permis d'isoler les uns desjautres, à l'état de pureté, lesacides gras précités. » Mais. comment y suis-je parvenu? u C'est au moyen de la méthode des lavages successifs^ et j'ose dire que cette méthode est applicable aujourd'hui à la question de savoir si tel corps appelé simple, l'est, je ne dis pas absolument, mais relativement à la mé- thode expérimentale; c'est ce que j'ai eu l'occasion de dire lors delà discus- sion qui s'est élevée dans l'Académie entre MM. Dumas et Despretz. » D'après la probabilité que je n'avais point obtenu les espèces de corps gras neutres à l'état de pureté, je fus conduit à conclure qu'à ce dernier état ils ne donneraient par la saponification qu'un seul acide avec de la glycérine ou de l'éthal. » Toujours fidèle à la méthode à posteriori, je réservai pour la fin de l'ou- vrage deux hypothèses sur la composition des espèces de corps gras neutres. » Dans la première, on considère ces principes comme formés immédia- tement d'oxygène, de carbone et d'hydrogène. (345) » Dans la deuxième, on les considère comme des composés d'un acide gras et de glycérine ou d'un carbure d'hydrogène base de 1 ethal. » En donnant la préférence à cette hypothèse, j'en développai les consé- quences en rattachant la composition des corps gras neutres à celle des éthers en particulier et des sels en général. » Voilà où en était la science après mes travaux sur les corps gras. » En avril i854 M. Berthelot, en reproduisant les espèces fie corps gras neutres par la synthèse, en combinant directement leurs acides respectifs avec la glycérine, donna une très-grande probabilité à la deuxième hypothèse; je dis une très-grande probabilité, en me rappelant l'opinion de chimistes fort distingués qui ont combattu l'existence des bases toutes formées dans les sels, par exemple l'existence de la chaux dans le sous-carbonate de chaux. » Quoi qu'il en soit, M. Berthelot, en formant par la synthèse de la stéa- rine, de la margarine, de l'oléine, etc., a démontré, comme je l'avais conjec- turé, que ces principes immédiats à l'état de pureté ne donnent chacun qu'un acide spécifique avec de la glycérine lorsqu'ils sont parfaitement purs. 11 a donc mis hors de doute ce qui était une simple conjecture. » En outre il a démontré l'existence de plusieurs stéarines, de plusieurs margarines, de plusieurs oléines, etc. » Cette intervention de la synthèse comme complément nécessaire des résultats de l'analyse organique immédiate montre bien la puissance de la chimie pour connaître les principes immédiats, connaissance indispensable à la physiologie des plantes et des animaux. » En définitive M. Berthelot, en prenant les acides que la méthode des la- vages successifs était parvenue à obtenir à l'état de pureté, a recomposé les corps gras neutres et a fait connaître des espèces nouvelles qui n'ont point été reconnues encore dans les corps vivants. » Préoccupé encore de l'impression d'une Notice sur la personne et les travaux d'Ebelmen, je ne puis m'empècher de rappeler ce que la chimie minérale lui est redevable, lorsqu'il démontra par la synthèse que des miné- raux que la nature seule avait offerts aux savants, n'étaient point une excep- tion aux combinaisons définies, puisque la synthèse démontrait qu'ils résultaient de l'union en proportion indéfinie de minéraux isomorphes parfaitement définis dans leur composition spécifique. » Les savants qui liront dans l'ouvrage de M. Berthelot les travaux aux- quels il s'est livré après la synthèse des corps gras neutres, que je me suis borné à rappeler, verront qu'il a répondu aux espérances qu'on avait con- çues de son activité et de son dévouement à la science! » <:. R., I86o, 2"" Semestre. ( T. LI, N° 10.) 4^ ( 346) MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Principes généraux relatifs aux eaux publiques : so- lution du problème relatif à leur température et à leur limpidité; extrait dune Note de M. G. Grimaud, de Caux. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Morin, Rayer, Combes.) « Partout où l'on a dû faire une distribution d'eaux publiques, on s'est trouvé en présence de deux difficultés. » La première difficulté, c'est la recherche d'une eau salubre et suffisam- ment abondante; la seconde difficulté, c'est le moyen de ménager à cette eau les qualités que l'on aime à rencontrer dans une eau destinée à la boisson, c'est-à-dire la limpidité et une température constante, agréable en été comme en hiver. » L'eau la plus pure est Veau de pluie; elle est en même temps la plus légère : c'est proprement de l'eau distillée qui, en traversant l'atmosphère, s'est chargée d'air.... Après l'eau de pluie vient l'eau de fleuve, l'eau courante qui s'alimente surtout par la pluie, et dont les molécules s'aèrent en roulant à l'air libre et à la lumière. Après l'eau de fleuve vient Veau de source; celle- ci est toujours dans les conditions qu'a dites Pline, il y a vingt siècles : taies sunt aquœ, qualis est terra per quam fluunl, c'est-à-dire que l'eau de source est toujours plus ou moins minérale, selon les substances qu'elle rencontre et qu'elle dissout en traversant le sol. n J'ai dit, dans une communication récente à l'Académie, comment on pouvait le mieux recueillir et conserver l'eau au moyen de la citerne véni- tienne. Mais l'eau de pluie n'arrive pas toujours en temps opportun et sa quantité est rarement en rapport avec tous les besoins. Il faut donc recourir à l'eau de rivière, et, en l'absence de l'eau de rivière, à l'eau de source... » Il est contraire aux principes de l'hygiène de couvrir les réservoirs. L'avidité de l'eau pour l'oxygène a bientôt appauvri le peu d'air contenu entre la nappe d'eau et le plafond qui la couvre : il se forme alors une at- mosphère que j'appellerai putéale. Cette atmosphère donne lieu au déve- loppement de Y odeur spéciale de renfermé qui se manifeste dans les lieux clos, et où l'air n'est pas suffisamment renouvelé. >i Arrivons maintenant à la deuxième difficulté. Dans les distributions ( 347 ) d'eaux publiques, on opère presque toujours sur des masses d'eau considé- rables. Ce sont de grandes agglomérations d'habitants qu'il faut appro- visionner. Pour Paris c'est iooooo mètres cubes ou ioo millions de litres à distribuer en vingt-quatre heures. Comment clarifier et comment rafraîchir, en un si court espace de temps, une telle masse d'eau? Nulle part on n'a attaqué le problème en son entier : partout on s'est préoccupé uniquement de la clarification. , » En Angleterre, on a mis l'eau en dépôt dans des bassins; et, après quelque temps de séjour, on lui a fait traverser des couches degravier et de sable. On se figure aisément la capacité de tels bassins et de tels filtres. Des millions ont été dépensés à les construire : plusieurs des compagnies qui approvisionnent Londres ont renoncé à leur emploi, parce qu'il aurait aug- menté de i5 pour ioo le prix de revient de l'eau. A Paris on a essayé les filtres à pression : d'abord avec le sable seul, puis avec des éponges et même avec de la laine. On n'a pas considéré que les éponges et la laine ne sont pas des substances inertes. Ainsi, de ces deux moyens, l'un anglais, l'autre français, le premier est resté insuffisant, et le second a été rendu suspect. i Dans toute distribution d'eaux publiques, on amène l'eau aux maisons. Distribution, c'est division, c'est partage, c'est fractionnement. On fait aisé- ment et parfaitement sur la fraction, ce que l'expérience démontre ne pou- voir être accompli sur l'entier. On amène donc l'eau par fraction et on l'amène à chaque maison avec une pression quelconque. Or cette pression est toujours suffisante, pour faire traverser à l'eau un filtre hermétique, se nettoyant lui-même et d'un débit plus que suffisant pour les besoins de la maison la plus populeuse. Ainsi voilà résolue la difficulté relative à la cla- rification de l'eau; car, le filtre hermétique n'ayant pas à fournir des quantités d'eau relativement exorbitantes, le sable fin et le gravier y suffi- ront, et l'on pourra rejeter les moyens expéditifs mais suspects, fournis par les éponges et la laine. » Quant à la température, cette difficulté est encore plus facile à résoudre que celle de la clarification. Dans ma Note sur la composition des citernes de Venise, j'ai oublié de dire en terminant que l'eau puisée dans ces ci- ternes est toujours fraîche, c'est-à-dire qu'elle a toujours une température au-dessus de zéro, de 8 à 90 Réaumur. C'est la température qu'on aime à rencontrer, été comme hiver, dans l'eau destinée à la boisson; et c'est celle qu'on trouve à Venise, à 3 mètres au-dessous du sol, profondeur où on loge les citernes. Or à Paris il n'y a guère de caves dont la température soit plus élevée. Est-il donc bien difficile de concevoir une disposition d'ap- • 48-. (348 ) pareil très-simple, applicable à toutes les maisons, au moyen de laquelle l'eau du filtre hermétique ira s'équilibrer avec cette température, avant de venir s'écouler par un orifice branché dans un endroit quelconque de la cour ou de l'allée de la maison? En tout cas je crois pouvoir dire ici que la difficulté a été vaincue, et qu'un appareil construit d'après les principes que je viens d'exposer est maintenant l'objet d'un brevet d'invention. Au moyen de -cet appareil, chaque maison pourra avoir sa source d'eau claire et fraîche, quels que soient la température et l'état plus ou moins trouble de l'eau à son origine. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelles expériences relatives aux générations dites spontanées; par M. L. Pasteur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Cl. Bernard.) « Depuis les dernières communications que j'ai eu l'honneur d adresser à l'Académie au sujet de l'origine des ferments et des générations dites spontanées, mon attention s'est portée sur divers points qui intéressent par- culièrement le débat, et qui aujourd'hui encore soulèvent de graves diffi- cultés, bien que leur explication se trouve implicitement comprise dans mes travaux antérieurs. Or, tant que la doctrine des générations spontanées pourra opposer à la doctrine contraire une seule objection sérieuse, on peut s'attendre à la voir reparaître. Car elle s'étaye, à notre insu, de ses affi- nités avec l'impénétrable mystère de l'origine de la vie à la surface du globe. C'est une de ces questions que l'on peut comparer au monstre de la Fable, à plusieurs têtes sans cesse renaissantes. Il faut les détruire toutes. » Un travail célèbre de Gay-Lussac, devenu entièrement classique, a singulièrement influé sur les esprits dans le sujet qui nous occupe. Chargé de l'examen des procédés de conserves d'Appert, qui n'étaient que l'applica- tion industrielle des expériences de Needham et de Spallanzani sur les gé- nérations dites spontanées, Gay-Lussac s'exprime ainsi : « On peut se con- » vaincre en analysant l'air des bouteilles dans lesquelles les substances » ont été bien conservées qu'il ne contient plus d'oxygène, et que l'absence » de ce gaz est par conséquent une condition nécessaire pour la conserva- » tion des substances animales et végétales. » » Dans le même travail, Gay-Lussac rapporte l'expérience si souvent mentionnée depuis, des grains de raisin qui, écrasés sous le mercure, ne ( 349) subissent la fermentation qu'autant qu'ils ont le contact de l'oxygène pur ou de l'air en proportion même à peine sensible. » Ces expériences, qui n'ont qu'une exactitude relative, n'ont jamais été contestées. Peu à peu, sans apporter dans ces délicates recherches une critique aussi sévère qu'il eût fallu l'exiger, les auteurs étendirent les prin- cipes du savant physicien aux productions des infusions. Et aujourd'hui en- core, partisans et adversaires des générations spontanées, tout le monde admet que la plus petite quantité d'air commun, mise au contact d'une infusion, y détermine en peu de temps la naissance de Mucédinées ou d'Infusoires. » Cette manière de voir a toujours eu pour appui, an moins indirect, l'habitude prise et jugée indispensable par les observateurs d'éloigner avec des précautions infinies dans leurs expériences l'accès de l'air ordinaire. Tantôt ils recommandent de calciner l'air commun, tantôt ils le soumettent aux agents chimiques les plus énergiques; souvent ils placent préalable- ment toutes ses parties au contact de la vapeur d'eau à ioo°; enfin ils opè- rent d'autres fois avec de l'air artificiel, et s'il arrive, dans l'une de ces conditions diverses, que l'expérience donne lieu à des productions organi- sées, on n'hésite pas à affirmer que l'opérateur n'a pas su éviter complètement l'introduction d'une petite portion d'air ordinaire, si petite soit-elle. Dès lors les partisans des générations spontanées s'empressent de faire remar- quer avec raison que si la plus minime portion d'air ordinaire développe des organismes dans une infusion quelconque, il faut de toute nécessité, au cas où ces organismes ne sont pas spontanés, que dans cette portion si petite d'air commun il y ait les germes d'une multitude de productions diverses; et qu'enfin, si les choses sont telles, l'air ordinaire, selon les expressions de M. Pouchet, doit être encombré de matière organique : elle y formerait brouillard. i> Ce raisonnement est assurément fort sensé, d'autant plus que toutes les espèces inférieures qui se montrent distinctes, semblent l'être réellement, et provenir par conséquent de germes différents. » Il y a donc là une difficulté sérieuse et en apparence tres-réelle. Mais n'est-elle pas le fruit d'exagérations et de faits plus ou moins erronés? Est-il vrai, comme on l'admet depuis Gay-Lussac, qu'il y a continuité de la cause des générations dites spontanées, dans l'atmosphère terrestre? Est-il bien sûr que la plus petite quantité d'air ordinaire suffise à développer dans une infusion quelconque des productions organisées? Quel est enfin ( 35o ) le degré de confiance qu'inspirent les résultats dus à Gay-Lussac, ou mieux l'interprétation qu'il leur a donnée, et qui a été non-seulement acceptée, mais exagérée. » Les expériences suivantes répondent à toutes ces questions. » Dans une série de ballons de 25o centimètres cubes, j'introduis la même liqueur putrescible (i), de manière qu'elle occupe le tiers environ du volume total. J'effile les cols à la lampe, puis je fais bouillir la liqueur et je ferme l'extrémité effilée pendant l'ébullition. Le vide se trouve fait dans les bal- lons. Alors je brise leurs pointes dans un lieu déterminé. L'air ordinaire s'y précipite avec violence, entraînant avec lui toutes les poussières qu'il tient en suspension et tous les principes connus ou inconnus qui lui sont associés. Je referme alors immédiatement les ballons par un trait de flamme et je les transporte dans une étuve à 25 ou 3o°, c'est-à-dire dans les meilleures con- ditions de température pour le développement des animalcules et des mu- cors. » Voici les résultats de ces expériences, qui sont en désaccord avec les principes généralement admis, et parfaitement conformes, au contraire, avec l'idée d'une dissémination des germes. « Le plus souvent, en très-peu de jours, la liqueur s'altère, et l'on voit naître dans les ballons, bien qu'ils soient placés dans des conditions identi- ques, les êtres les plus variés, beaucoup plus variés même, surtout en ce qui regarde les Mucédinées et les Torulacées, que si les liqueurs avaient été librement exposées à l'air ordinaire. Mais, d'autre part, il arrive fréquem- ment, plusieurs fois dans chaque série d'essais, que la liqueur reste absolu- ment intacte, quelle que soit la durée de son exposition à l'étuve, comme si elle avait reçu de l'air calciné. » Ce mode d'expérimentation me paraît aussi simple qu'irréprochable pour démontrer que l'air ambiant n'offre pas à beaucoup près, avec conti- nuité, la cause des générations dites spontanées et qu'il est toujours possible de prélever dans un lieu et à un instant donnés un volume considérable d'air ordinaire, n'ayant subi aucune espèce d'altération physique ou chi- mique, et néanmoins tout à fait impropre à donner naissance à des Infusoi- res ou à des Mucédinées, dans une liqueur qui s'altère très- vite et constam- ment au libre contact de l'air. Le succès partiel de ces expériences nous dit (i) Eau albumineuse provenant de la levure de bière, eau albumineuse sucrée, urine, etc. (35. ) assez d'ailleurs que, par l'effet des mouvements de l'atmosphère, il passera toujours à la surface d'une liqueur qui aura été placée bouillante dans un vase découvert, une quantité d'air suffisante pour qu'elle en reçoive des germes propres à s'y développer dans l'espace dedeux ou trois jours. » J'ai dit que les productions sont plus variées dans les ballons que si le contact avec l'air était libre. Rien de plus naturel. Car en limitant la prise d'air et en la répétant nombre de fois on saisit en quelque sorte les germes de l'air avec toute la variété sous laquelle ils s'y trouvent. » Les germes en petit nombre d'un volume limité d'air ne sont pas gênés dans leur développement par des germes plus nombreux ou d'une fécondité plus précoce, capables d'envahir le terrain, en ne laissant place que pour eux. C'est ainsi que le Pénicillium glaucum, dont les spores sont vivaces et fort répandues, se montre seul au bout de très-peu de jours dans des liqueurs, non renfermées, qui offrent au contraire des productions extrêmement di- verses lorsqu'on les soumet à des quantités limitées d'air. » Enfin je ne dois pas omettre de signaler les différences que l'on observe dans le nombre des résultats négatifs de ces expériences suivant les condi- tions atmosphériques. Ici encore nous trouvons une confirmation frappante de l'opinion que je défends. » Rien de plus facile en effet que d'élever ou de réduire soit le nombre des ballons où il naîtra des productions, soit le nombre des ballons où elles seront totalement absentes. » Je me bornerai à parler ici des expériences que j'ai pu entreprendre dans les caves de l'Observatoire de Paris, grâce à l'obfigeance de M. Le Verrier. » Dans cette partie des caves situées dans la zone de température inva- riable, l'air parfaitement calme doit évidemment laisser tomber ses pous- sières à la surface du sol, dans l'intervalle des agitations qu'un observateur peut y provoquer par ses mouvements ou par les objets qu'il y transporte. Et en multipliant par conséquent les précautions, lorsque l'on y descend, pour y faire des prises d'air, les ballons qui ultérieurement se montreront sans productions organisées, devront être considérablement plus nombreux que dans le cas où ils auront été, par exemple, remplis d'air dans la cour de l'établissement. C'est en effet ce qui arrive, et le sens des résultats, par l'ac- cord qu'il présente avec la nature ou la multiplicité plus ou moins grande des précautions dont on s'entoure, afin d'éviter l'introduction accidentelle des poussières étrangères, oblige d'admettre que si les ballons étaient ouverts ( 35a ) et fermés dans les caves sans que l'opérateur fût tenu de s'y transporter, l'air de ces caves se montrerait constamment aussi inactif que de l'air porté au rouge. Ce n'est pas cependant qu'il ait par lui-même, et vu les conditions où il est placé, une inactivité propre. Tout au contraire, se trouvant saturé d'humidité et la plupart des organismes inférieurs n'ayant nul besoin de lumière pour vivre, cet air m'a toujours paru plus propre que celui de la surface du sol au développement de ces organismes. » En résumé, nous voyons que l'air ordinaire ne renferme que ça et là, sans aucune continuité, la condition de l'existence première des générations dites spontanées. Ici il y a des germes, à côté il n'y en a pas. Plus loin il y en a de différents. Il y en a peu ou beaucoup selon les localités. La pluie en diminue le nombre. Pendant l'été, après une succession de beaux jours, il v en a considérablement. Et là où il y a un grand calme prolongé de l'at- mosphère, les germes sont tout à fait ahsents el la putréfaction n'existe pas, du moins pour les liquides sur lesquels j'ai opéré. » Mais comment se fait-il que dans l'expérience des grains de raisin de Gay-Lussac la levure de bière prenne naissance à la suite de l'introduction d'une très-petite portion d'air; et que si l'on répète cette même expérience sur des infrisions diverses, on voie celles-ci s'altérer sous l'influence de quantités d'air minimes, bien plus, par l'introduction d'air calciné ou d'air artificiel; car les expériences de M. Pouchet effectuées sur la cuve à mer- cure sont exactes, tandis que celles de Schwann y sont presque constam- ment erronées. C'est tout simplement que le mercure est à profusion rempli de germes. Je l'ai déjà dit à propos d'expériences qui seront exposées dans mon Mémoire, mais je vais aujourd'hui en donner des preuves qui étonne- ront tout le monde. » Je prends du mercure, puisé sans précautions particulières, dans la cuve d'un laboratoire quelconque, et, à l'aide de la méthode que j'ai décrite antérieurement, au sein d'une atmosphère d'air calciné, je dépose un seul globule de ce mercure, d^la grosseur d'un pois, dans une liqueur altérable. Deux jours après, dans toutes les expériences que j'ai faites, il v a eu des productions variées; et en répétant au même moment, par la même méthode, sans rien changer à la manipulation, les mêmes essais, sur du mercure de même provenance, mais préalablement chauffé, il n'y a pas eu la moindre production. » ( 353 ) PHYSIOLOGIE. — De l'antagonisme qui existe entre la strychnine et le curare, ou delà neutralisation des ejfets tétaniques de la strychnine parle curare; par M. L. Vella, de Turin. (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Cl. Bernard.) « La propriété que possède le curare de paralyser les nerfs moteurs si bien démontrée par les expériences de M. Cl. Bernard, m'avait donné l'idée d'appliquer cette substance au traitement dn tétanos, maladie essentielle- ment convulsive. » La déduction physiologique de ce traitement reposait sur la possibilité de neutraliser les effets de la strychnine parle curare sur un animal vivant, en un mot sur l'antagonisme qui existe entre ces deux poisons. Ce point fondamental, que je n'ai pu qu'indiquer dans la première communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie (1), sera, j'espère, bien établi parles expériences que je viens lui communiquer aujourd'hui. » Je crois que cette démonstration est importante au point de vue phy- siologique, car elle doit servir de base scientifique à toutes les applications qu'on pourrait faire du curare en thérapeutique. » Afin d'éclairer cette question, j'ai fait depuis quelques années un grand nombre d'expériences (ï). » Ces expériences peuvent se grouper en deux catégories : la première, dans laquelle les animaux empoisonnés par l'ingestion de strychnine dans l'estomac, recevaient dans le sang des doses successives de curare dès que les symptômes tétaniques se manifestaient, de façon à neutraliser complète- ment l'action toxique du premier poison, et par conséquent jusqu'à par- fait rétablissement; la seconde, dans laquelle j'injectais dans le sang des ani- maux un mélange de strychnine et de curare qui restait complètement sans action, tandis qu'un autre animal, placé dans les mêmes conditions, mou- rait avec la même dose de strychnine sans mélange. » Enfin, comme contrôle de toutes mes observations, j'ai laissé en repos , pendant quelques jours les animaux qui avaient résisté à l'action de la (i) Séance du 29 août 1859. (2) Beaucoup de ces expériences ont été faites à Turin; grâce à l'obligeance de M. Cl. Ber- nard, j'ai pu les répéter et varier de différentes manières, pendant ces deux derniers mois, dans son laboratoire au Collège de France. , C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. Ll, N° 10.) 5o ( 362 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Principe colorant des suppurations bleues; extrait dune Note de M. Fordos en réponse à une réclamation de priorité adressée par M. Delore. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Dumas, Balard. ) « Mon travail sur la matière colorante des suppurations bleues présenté à l'Académie dans la séance du 5 août, avait été communiqué à la Société d'émulation pour les sciences pharmaceutiques le Ier février 1859, par con- séquent neuf mois avant la communication faite par M. Delore, au mois de novembre de la même année, à la Société de Médecine de Lyon » Mon travail d'ailleurs n'a pas seulement une date antérieure et au- thentique, mais encore il diffère considérablement de celui de M. Delore. Qu'annonce-t-il en effet avoir obtenu? Une matière colorante verte qui ne cristallise pas; cette matière, examinée au microscope, présente « des gra- » nidations foncées qui n'ont rien de caractéristique. » Elle donne des dis- solutions vertes, que les acides rougissent et que les alcalis ramènent au vert. « Entre ces deux teintes, dit M. Delore, il est impossible d'obtenir la colo- » ration bleue. » .) La matière colorante que j'ai isolée, et que j'appelle pyocyanine, est bleue quand elle est pure; elle cristallise facilement et produit des cristaux bien définis; elle fournit des dissolutions bleues; elle rougit par les acides, et les alcalis lui rendent sa couleur bleue primitive. J'explique cette ac- tion des acides et des alcalis. Je donne aussi l'explication de ce phéno- mène curieux, que le pus qui colore les linges à pansement peut n'être pas coloré par lui-même et renfermer, à l'état incolore, la matière colorante. La pyocyanine est accompagnée dans le pus par une matière colorante jaune, qui lui donne une couleur verte ou verdâtre, et dont il est assez difficile de la débarrasser complètement : évidemment, la matière colorante obtenue par M. Delore n'est qu'un mélange de pyocyanine, de matière jaune et de matières organiques. » M. Liowkl adresse, en son nom et celui de M. Mechelynck, une réponse à la réclamation de priorité élevée par M. Maumené à l'occasion de leur Mémoire sur un procédé d'extraction du sucre de betterave au moyen de l'acide carbonique pur obtenu de la chaux. ( 363 ) Quand les deux auteurs ont présenté leur travail à l'Académie, ils n'a- vaient pas, disent-ils, connaissance de celui de M. Maumené; mais d'après les renseignements qu'il a donnés ils n'hésitent pas aujourd'hui à reconnaître ses titres à la priorité de l'idée. Toutefois ils persistent à penser que dans le procédé qu'ils ont décrit, il reste quelque chose de neuf et d'important au point de vue industriel, et ils espèrent que la Commission chargée d'exa- miner leur Mémoire en jugera de même quand elle aura pris connaissance de la Note qu'ils lui soumettent maintenant. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Payen.) MM. Philipeaux et Vulpian en présentant au concours pour le prix de Physiologie expérimentale leur Mémoire intitulé : Recherches expérimentales sur la génération des nerfs séparés des centres nerveux , y joignent la Note sui- vante qui en est à la fois l'analyse et le complément. « Le fait nouveau qui ressort de notre travail était déjà indiqué dans une Note que nous avons présentée à l'Académie en octohre i85g. » Lorsqu'un nerf a été divisé transversalement, on sait que la partie périphérique de ce nerf perd sa propriété et subit une altération anato- mique profonde. Tous les physiologistes admettaient que l'altération anatomique du nerf *et l'abolition de sa propriété sont permanentes tant qu'une réunion ne s'établit pas entre les bouts séparés. Or nous démontrons expérimentalement que cette opinion doit être complètement modifiée, car nous faisons voir que la partie périphérique d'un nerf, séparée de la partie centrale du même nerf, par section ou par excision, peut, après s'être alté- rée complètement, recouvrer plus ou moins entièrement sa propriété physio- logique et sa structure normale, sans qu'il se fasse une réunion préalable entre les deux bouts. » Ce fait a, nous le pensons, une assez grande importance au point de vue de la physiologie générale du système nerveux ; car il prouve : » i°. Que le maintien de la structure normale des nerfs n'est pas lié aussi nécessairement qu'on le pensait, aux connexions intimes de ces nerfs avec le centre nerveux, puisque la restauration anatomique d'un nerf peut se faire alors même qu'il demeure tout à fait séparé de ce centre; » 2°. Que la motricité, et par induction l'excitabilité sensitive, ne sont pas, comme certains auteurs l'ont cru, des forces d'emprunt puisées par les nerfs dans le système nerveux central , mais que ce sont bien des propriétés 5o.. ( 364 ) de tissu liées à l'intégrité de la nutrition et de la structure des tubes nerveux, puisque la motricité, abolie pendant un temps plus ou moins long dans un nerf qui reste séparé du centre nerveux, reparaît dans ce nerf, sur place, dès que le nerf recouvre sa structure. » Notre travail, outre la démonstration de la proposition principale qui y est développée, contient des faits expérimentaux propres à éclairer d'au- tres points de la physiologie du système nerveux et dont quelques-uns sont relatifs aux résultats de réunions de nerfs d'origine et de structure diffé- rentes, et d'autres à la sensibilité récurrente. Après la section d'un nerf moteur, nous avons toujours trouvé au milieu de tubes nerveux altérés quelques tubes sains, observation déjà faite par M. Schiff sur les racines an- térieures des nerfs ; et nous pensons avec lui que ces tubes sains sont des tubes nerveux sensitifs émanés d'un nerf de sensibilité s'accolant au nerf moteur en un point plus ou moins rapproché de sa périphérie, et remontant le long du nerf moteur vers le centre. Ce sont ces tubes nerveux sensitifs qui donneraient aux nerfs moteurs leur sensibilité récurrente. » M. Champouillox présente des considérations sur la rubéfaction produite par le contact des nids ou bourses soyeuses du Bombyx processionnaire. Il recherche quel est l'agent immédiat de l'érythème produit non-seule- ment par le contact, mais même par le voisinage de ces bourses quand elles sont agitées, et répandent dans l'air la matière pulvérulente dont elles sont farcies ; il examine les moyens qu'on a conseillés pour calmer cet éry- thème de la peau, parfois très-douloureux et accompagné de fièvre ; il ne croit donc pas qu'un agent sujet à produire d'assez graves accidents puisse, comme l'avait pensé Réaumur, remplacer les vésicatoires ordinaires, ni, comme on l'a proposé récemment, être employé pour rappeler une rougeole et une scarlatine disparues par délitescence. (Renvoi à une Commission composée de MM. Andral, Moquin-Tandon.) M. Desprels soumet au jugement de l'Académie une Note « Sur l'équi- valent mécanique de la chaleur ». (Commissaires, MM. Regnault, Bertrand.) M. de Lamezan adresse, de Munich, un Mémoire écrit en allemand et ayant pour titre : « Solution théorique et pratique du problème newtonien ( 365) des surfaces de moindre résistance, avec application à la construction navale et aux projectiles coniques » . (Commissaires, MM. Dupin, Piobert, Bertrand.) CORRESPONDANCE . CHIMIE ORGANIQUE.— Sur les alcools polyélhy téniques ; par M. A.-V. Lourenç.o. « Dans une de mes communications précédentes, j'eus l'honneur d'an- noncer à l'Académie que le glycol chauffé avec le bromure d'éthylène, entre 1 10 et iao°, donnait naissance à l'alcool diéthylénique, au glycol bromhy- drique et à l'eau. Ce ne sont pas cependant les seuls composés qui se for- ment dans cette réaction. Le peu de substance que j'avais à ma disposition, ne m'avait pas permis de me prononcer sur la nature de quelques autres composés, bouillant à des températures de plus en plus élevées. » Lorsque l'alcool diéthylénique, liquide bouillant vers 245°, a passé, le thermomètre monte toujours, et on peut séparer par la distillation frac- tionnée un composé bouillant vers 2900. Les analyses faites sur la portion qui distille entre a85 et 295°, conduisent à la formule suivante : t8HltO» = j3(€î^) 1 O*. » C'est l'alcool triéthylénique, obtenu par M. Wurtz par l'action d'oxyde d'éthylène sur glycol. Il en possède toutes les propriétés. » Le liquide restant a été fractionné en maintenant la pression à omm,025, sauf de petites oscillations de la colonne barométrique, et ou a pu ainsi isoler trois autres composés. L'analyse du premier, bouillant vers a3o° sous cette pression, conduit à la formule €.h»ô.=|4(€'h;)|ô1 C'est l'alcool tétriéthylénique étudié et décrit par M. Wurtz, qui l'a obtenu par l'action de l'acide acétique sur l'oxyde d'éthylène, et saponification de l'acétate tétriéthylénique. » Alcool penléthjlénique. — Le second composé, bouillant vers 281" sous la même pression, est un liquide visqueux comme la glycérine, soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Les analyses ont donné les résultats suivants : ( 366 ) » En centièmes : I. II. Moyehiie. Théorie. C 5o,n 50,27 5o,io, G1» 5o,42 H 9,23 9,62 9,60 H" 9,24 cf. — » . ' » » O6 40,34 100,00 qui conduisent à la formule G'»H"06 = j 5(€^Mo? de l'alcool pentélhylénique. » Alcool hexéthy Unique. — Le troisième composé, bouillant vers 325° sous la même pression deomm,oa5, ne se distingue du précédent que par sa viscosité encore plus grande. Son analyse a donné : » En centièmes : C 5o,87 G" 5i,o6 H..,.. 8,95 H" 9,o5 O » O7 39,89 1 00 , 00 Ces nombres conduisent à la formule composé d'une condensation encore plus élevée , que j'appellerai Y alcool hexéthy lénique. Si l'opération est conduite pendant un temps suffi- samment long, et en employant un excès de glycol, on peut obtenir des combinaisons de condensations de plus en plus élevées, formant une série, dont le terme général serait W )** ' m Ces composés deviennent de plus en plus visqueux à mesure que leur complication moléculaire augmente. On remarque une différence d'à peu près 45° entre leurs points d'ébullition. On se rend compte de la formation de ces composés condensés en remarquant que le glycol bromhydrique réagit sur le glycol, comme je m'en suis assuré par des expériences (367 ) directes, selon l'équation générale suivante : H« ) ^| Hj ! H' ( -f"nDr- Br » L'acide bromhydrique formé, réagissant sur le glycol en excès, régé- nère le glycol bromhydrique, qui à son tour agit sur les alcools condensés. C'est pour cette raison qu'on n'a obtenu aucun autre composé brome, in- dépendamment du glycol bromhydrique, quelle que soit la phase de l'ex- périence où on s'arrête. » On connaît donc aujourd'hui trois réactions, donnant naissance aux alcools polyéthyléniques : » i°. Action du bromure d'éthylène sur le glycol. Cette réaction m'a permis de préparer le premier composé de ce genre : V alcool diétliy Unique, formé par la condensation de i molécules de glycol, et elle donne, comme on le voit, tous les termes de la série. >■ 20. Action de l'oxyde d'éthylène sur le glycol. » 3°. Action des acides sur l'oxyde d'éthylène en excès et saponification des acétates polyéthyléniques. Ces deux dernières réactions ont été indi- quées par M. Wurtz, qui a démontré que tous ces composés jouent le rôle d'alcools, et auquel appartient de les rapporter aux types de plus en plus compliqués. » Si l'on élève la température du mélange de bromure d'éthylène et de glycol au-dessus de i3o°, on obtient des résultats tout à fait différents : le liquide brunit et les alcools disparaissent, en donnant naissance aux éthers bromhydriques des mêmes alcools ; cette différence dans le mode d'action tient à ce que l'acide bromhydrique formé réagit alors non-seulement sur le glycol, mais sur les alcools de condensation supérieure, en vertu des réactions suivantes : (■) ■<*"£> }e~+H*_{")c>. + ii.o. Br (,) ■(«■ H') | o~ + ,H.Br = j » <€'«'> j 0~ i aH-O. » Je compte revenir prochainement sur ces éthers et d'autres corps qui se forment dans cette seconde phase de l'opération, et qui présentent quel- que intérêt théorique. » ( 368 ) CHIMIE ORGANIQUE. —Recherches sur la constitution chimique de la phillyrine; par MM. Bertagnim et de Lcca. « L'écorce du Phillyrea tatifolia, plante connue en Italie sous le nom de lillatro, contient un principe cristallisable, la phillyrine, découvert par un pharmacien de la Toscane, M. Carboncelli, qui en a fait connaître le mode de préparation et a indiqué quelques-unes de ses propriétés. L'étude de la constitution chimique de la phillyrine a été commencée par l'un de nous, M. Bertagnini, qui, en l'assimilant aux glncosides, l'avait dédoublée en phillygénine et en glucose par une série d'expériences précises et suivies. Ce travail comprend la continuation de cette étude. » Pour obtenir la phillyrine, on traite à chaud la décoction de l'écorce de Phillyrea par la chaux éteinte ou par l'oxyde de plomb en poudre très- fine, et l'on évapore la liqueur filtrée : cette liqueur, abandonnée à elle- même pendant quelques jours, dépose de la phillyrine cristallisée, qu'on purifie par de nouvelles cristallisations dans l'eau et dans l'alcool. A l'état de pureté, elle a une saveur amère à peine sensible ; sa couleur est d'un blanc de neige pur; elle est très-légère et sans aucune odeur. Elle est à peine soluble dans L'eau froide, mais, au contraire, elle se dissout abon- damment dans l'eau bouillante, qui par le refroidissement la laisse déposer à l'état cristallin : une partie de phillyrine a besoin d'environ i3oo parties d'eau pour s'y dissoudre à la température de ç/\ Dans l'alcool, elle se dis- sout plus facilement, mais plus à chaud qu'à froid : à la même température de 90, [\o parties d'alcool dissolvent une partie de phillyrine. Elle n'est pas soluble dans l'éther. » Les eaux mères qui ne fournissent plus de phillyrine par la concentra- tion etpar le temps, contiennent de la mannite, qu'on peut facilement ob- tenir par les procédés ordinaires. Les propriétés de cette mannite sont identiques avec celles que possède le principe cristallisable qu'on extrait de la manne, c'est-à-dire goût faiblement sucré, cristallisation sous forme de prismes rhomboïdaux, solubilité dans l'eau et dans l'alcool, point de fusion entre 164° et i65°, composition exprimée par la formule CaH'()6. L'analyse de cette mannite a fourni en centièmes 3g, 5 1 de carbone et 7,7 d'hydrogène : le calcul exigerait C = 3g, 56 et H = 7,7. » La phillyrine contient de l'eau, qu'elle peut perdre non-seulement à une température inférieure à ioo°, mais aussi à la température ordinaire lorsqu'on la place au voisinage de l'acide sulfurique concentré dans* une ( 369) atmosphère limitée d'air, ou bien lorsqu'on fait passer sur elle un courant d'air desséché. La quantité d'eau que peut contenir la phillyrine varie sui- vant l'humidité et la température de l'atmosphère. » La composition de la phillyrine desséchée est représentée par la for- mule C54H34 02î, ce qui résulte des nombres suivants fournis par l'analyse : i. il. m- Carbone 60,49 60, 5i 60, 58 Hydrogène 6,37 6,38 6,37 Oxygène » » » » La formule C5*H34Oa2 exigerait : Carbone 60,67 Hydrogène 6 , 37 Oxygène 32 , 96 100,00 » Par l'action modérée de la chaleur, la phillyrine ne s'altère pas, mais vers 1600 elle fond et produit un liquide mobile, transparent et incolore; vers aoo°, la masse se colore d'une faible teinte rougeâtre: cette coloration augmente en élevant la température, et le produit commence à se décom- poser à 25o° en dégageant des gaz inflammables et des vapeurs empyreuma- tiques, et en laissant vers 2800, comme résidu, un charbon volumineux, léger et difficile à brûler. La phillyrine fondue se fendille par le refroidis- sement, sans perdre de sa transparence : en cet état, elle n'est pas apte à absorber facilement l'humidité de l'atmosphère. » La phillyrine se dissout complètement à froid dans l'acide sulfurique concentré, en développant une coloration rouge-violacée. Au contact de l'humidité, cette solution se décolore après un temps plus ou moins pro- longé, et laisse déposer une matière brune; dans la solution on trouve du glucose. L'acide nitrique attaque la phillyrine, qui donne naissance, suivant la concentration de l'acide, à différents produits cristallisables et à de l'acide oxalique. Le chlore et le brome transforment la phillyrine en dérivés chlorés et bromes qui cristallisent facilement. » La phillyrine doit être rangée au nombre des glucosides, car elle ne ré- duit pas les sels de cuivre et ne fermente pas par la levure de bière; elle peut acquérir ces propriétés, c'est-à-dire fournir du glucose, lorsqu'on la traite au bain-marie par les acides étendus. Elle se dédouble en glucose et en philly- génine, non-seulement par l'action des acides, mais encore lorsqu'on la met dans les conditions de la fermentation lactique. Ce dédoublement n'est pas G. R., 1860, 3"" Semestre. (T. LI, N° 10.) *I ( 37o ) opéré par la synaptase. Par l'effet de ce dédoublement, i équivalent de phil- lyrine, en s'appropriant 2 équivalents d'eau, donne naissance à 1 équivalent de phillygénine et à 1 équivalent de glucose, ce qui résulte de l'équation suivante : C54H3*022 + H202 = C42H240,2 + C,2H,20,2. Phillyrine. Eau. Phillygénine. Glucose. » Cette réaction est analogue à celle de la salicine, qui se dédouble en saligénine et en glucose : C26H,80,4 + H2 O2 == CM H8 O4 + C,2H,aO'2, Salicine. Eau. Saligénine. Glucose. et lorsque l'on compare la formule de la phillygénine à celle de la saligénine, on trouve une relation remarquable, que la première est polymère de l'autre, et que les deux substances ont la même composition centésimale : C42H240,2 = 3C,4H804. Phillygénine. Saligénine. » La formule C54H34 O22 de la phillyrine a été déduite de sa composition élémentaire, du sucre qu'une quantité donnée de phillyrine a fourni par l'action des acides, des quantités de phillygénine obtenues soit par la fer- mentation, soit par l'action des acides sur la solution alcoolique de philly- rine, et de l'analyse des composés chlorés, bromes et nitrés de la phillyrine et de la phillygénine. » On obtient la phillygénine pure en plaçant la phillyrine dans les con- ditions de la fermentation lactique, ou bien en traitant à chaud la solution alcoolique de phillyrine par les acides faibles. Elle est d'un blanc nacré et cristallise facilement ; elle est presque insoluble dans l'eau ; elle se dissout dans l'alcool à froid, mais moins que la phillyrine; l'éther la' dissout très- bien et la laisse déposer à l'état cristallin ; elle est fusible sans altération sensible; l'acide sulfurique la colore en rouge amarante; l'acide azotique l'attaque vivement ; elle est soluble dans la potasse et dans l'ammoniaque en solution. La formule C42H24012 de la phillygénine exige en centièmes : Carbone 67 ,74 Hydrogène 6 ,45 Oxygène • 25, 81 100,00 ( 37« ) L'analyse a fourni les nombres suivants : 1. il. Carbone 67 ,65 67 ,69 Hydrogène 6,46 6,47 Oxygène » » » Par l'action du chlore, du brome et de l'acide azotique sur la philly- rine et sur la phillygénine, ont été obtenus les composés suivants : Phillyrine C"H340" Phillygénine C"H24012 Dichlorophillyrine . . . C"H"C1'0!2 Dichlorophillygénine . . . C42H"C12012 Dibromophillyrine . . . CS4H32Br>022 Dibromophillygénine . . . C42H"Br20,; Ntirophillyrine C"H" (AzO4) O" Nitrophillygénine C42H» (AzO4) O12 Dinitropbillyrine C"H3,(Az04)20" Dinitrophillygénine C42H!2(Az04)20''2 Chloronitropbillyrine. C5,H3ÎCI (AzO'JO22 Chloronitrophillygénine. C"H2,C1 (AzO4) O" Bromonitrophillyrine. Ci4H"Br(Az04) O" Bromonitrophillygénine. C"H 2Br (Az04)0" PHYSIQUE. — Observations sur la condensation des gaz par les corps poreux et sur leur absorption par les liquides; par MM. A. Tehreil et E. Saint- Edme. « Quand un gaz est condensé par un corps poreux ou absorbé par un liquide, y a-t-il production d'électricité? » Telle est la question que nous nous sommes proposé de résoudre; et nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie les résultats de nos premières expériences. » Nous avons examiné successivement la condensation de l'acide chlor- hydrique, de l'acide sulfureux, de l'acide carbonique et de l'ammoniaque par le charbon, et dans aucune de ces condensations nous n'avons observé de production d'électricité. Dans l'absorption par l'eau des gaz acide sulfu- reux, acide carbonique et ammoniac, on n'observe point également de pro- duction d'électricité; il en est de même pour l'absorption du cyanogène par l'alcool et de l'oxyde de carbone par la dissolution de prolochlorure de cuivre dans l'ammoniaque. » On constate au contraire un dégagement d'électricité très-sensible dans l'absorption du gaz acide chlorhydrique et du gaz acide iodhydrique par l'eau : on l'observe aussi dans la condensation d'un mélange d'oxygène et d'hydrogène par la mousse de platine; on l'observe de même lorsqu'on combine l'ammoniaque avec les gaz acide chlorhydrique et acide sulfu- reux. 5t.. ( 37a ) » Tous les gaz acides absorbés par une dissolution de potasse, donnent naissance à un courant électrique. » Il paraît résulter de ces premières expériences que, lorsqu'un gaz est condensé par un corps poreux ou absorbé par un liquide avec lequel il ne se combine pas, il ne se produit point d'électricité par le fait de ces simples con- densation et absorption ; et qu'au contraire toutes les fois que la condensa- tion des gaz par les corps poreux ou leur absorption par les liquides est accompagnée d'une action chimique, il y a production d'électricité. On remarquera cependant qu'il n'y a pas courant électrique dans l'absorption de l'oxyde de carbone par la dissolution du protochlorure de cuivre dans l'ammoniaque, quoiqu'on ait annoncé que dans ce cas il y ait combi- naison. » Il nous est impossible de nous étendre ici sur les diverses dispositions expérimentales auxquelles nous avons dû avoir recours pour nos recher- ches; nous dirons seulement que nous les avons variées de plusieurs ma- nières, afin d'être complètement assurés des résultats que nous annonçons aujourd'hui. » chimie ORGANIQUE. — Acide malique obtenu par la désoxydation de l'acide lartrique; Note de M. V. Dessaignes. « En poursuivant l'étude des métamorphoses de l'acide tartrique sous l'influence de l'acide hydriotique, j'ai observé le fait suivant sur lequel je me permets d'appeler l'attention de l'Académie. » La parenté de l'acide tartrique et de l'acide malique a été démontrée par la formation de l'acide succinique, aux dépens de ces deux acides, comme l'ont fait voir les expériences de M. Schmitt et les miennes. Je viens en donner une nouvelle preuveen montrant que l'acide tartrique se convertit en acide malique par désoxydation. En effet j'ai trouvé ce dernier acide dans les eauxmères provenant de la préparation de l'acide succinique par l'action de l'iode et du phosphore sur l'acide tartrique et je l'ai isolé de la manière suivante. Cette eau mère, colorée par l'iode, a été saturée à froid par un lait de chaux et filtrée pour éliminer l'acide phosphorique. La liqueur filtrée a été précipitée par l'acétate de plomb, et le précipité décomposé par l'hydro- gène sulfuré. Le nouveau liquide évaporé pour chasser une partie de l'acide hydriodique a été de nouveau traité par l'acétate de plomb en fractionnant la précipitation. Le premier précipité jaune était de l'iodure de plomb. Le deuxième, entièrement blanc, a été décomposé par l'hydrogène sulfuré. La (373) dissolution acide, ainsi obtenue, évaporée au bain d'eau, a laissé une masse confusément cristallisée, qui à l'air se liquéfiait partiellement. Les cristaux non déliquescents consistaient en acide succinique. La partie déliques- cente a été à demi saturée par l'ammoniaque, et on a obtenu par évapora- tion des prismes bien solubles souillés par une poudre cristalline peu soluble qui était de la crème de tartre. Les prismes ont été encore précipités par l'acétate de plomb, et comme le sel de plomb refusait de cristalliser, on l'a fait bouillir avec de l'eau : c'est la portion de ce sel soluble dans l'eau bouillante qui par l'hydrogène sulfuré a enfin donné de l'acide malique à peu près pur. Cet acide présentait en effet toutes les propriétés physiques et toutes les réactions de l'acide malique. Je citerai entre autres les faits sui- vants : par la distillation sèche il a produit de l'acide fumarique et son bi- sel ammoniacal chauffé à 1 700 a donné de la fumarinide, qui elle-même par l'action de l'acide chlorhydrique a formé de l'acide aspartique inactif, bien cristallisé et facile à reconnaître. » M. Paget annonce l'envoi, fait par ordre de l'Amirauté britannique, des cartes et instructions nautiques publiées par le Bureau hydrographique durant l'année i85o,-i86o. Cet envoi se compose de o,3 cartes et plans et de a3 livres et opuscules. M. Lemaire prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie les communications qu'il lui a faites concernant l'emploi du coal-tar saponiné. Ces pièces seront réservées pour être soumises à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. .1 Axssiv, auteur d'un Mémoire sur la chaleur rayonnante obscure dans les milieux de l'œil, adresse une Lettre en réponse à celle par laquelle M. Cima, de Turin, signalait les recherches qu'il avait faites sur le même sujet. M. Janssen déclare qu'il n'avait pas connaissance du travail du savant piémontais, sans quoi il se serait fait un devoir de le citer. Quanta son propre travail, puisque M. Cima ne le connaît que par l'extrait très-succinct qui en a été publié dans les Comptes rendus, il se propose de lui en transmettre une copie complète en lui demandant communication du sien. « Peut-être cette ( 374 ) communication réciproque, ajoute M. Janssen, sera-t-elle pour nous deux le point de départ de nouveaux travaux sur une question qui est d'un grand intérêt physiologique. » M. Morel prie l'Académie de vouloir bien l'autoriser à reprendre un Mémoire qu'il a précédemment présenté, et sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. Ce Mémoire, qui a pour titre : « Essais aéronautiques et hydronautiques, basés sur l'étude des organes des animaux qui se meuvent dans l'air et dans l'eau », avait été présenté non en 1857, comme le dit M. Morel, mais en (856. Il demanda plus tard et obtint l'autorisation de le reprendre [voir le Compte rendu de la séance du 23 février 1857). Ce Mémoire, qui n'a pas alors été repris, reste toujours à la disposition de l'auteur, mais ne peut être remis qu'à lui-même ou à une personne dûment autorisée. La séance est levée à 4 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 27 août 1860 les ouvrages dont voici les titres : Sulli... Sur les tremblements de terre survenus à Rome pendant les années i858 et iS5g; par C. Scarpellini; i f. in-4°. (Extrait du Bulletin de corres- pondance scientifique de Rome.) Revista... Revue trimestrielle de l'Institut géographique, historique et ethno- graphique du Brésil,- t. I à XXII. Rio-de-Janeiro, 1839-1859; in-8°. Oblaçâo... Offrande de l'Institut géographique et historique brésilien à la mémoire de son président honoraire, le prince don Alphonse. Rio-de-Janeiro, ï847; in-4°- Novo orbe serafico . . . Chronique des Frères mineurs de la province de Brésil; par le Frère Ant. de Sainte-Marie Jaboatam; réimprimée par ordre de l'Institut historique brésilien. Rio-de-Janeiro, 1 858 ; a vol. in-8°. Untersuchungen. . . Recherches sur f histoire naturelle de f homme et des ani- maux,parM. J. Moleschott; année i85g; VIe vol., n°6; in-8°. ( 375 ) L'Académie a reçu dans la séance du 3 septembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Séance publique annuelle des cinq académies du mardi 14 août 1860, présidée par M. Gilbert, président de l'académie des Beaux- Arts ; in-4°. Institut impérinlde France. Académie Française. Séance publique annuelle du jeudi a3 août 1860, présidée, en l'absence de M. DE Rémusat, directeur, par M. Saint-Marc Girardin ; in-4°. Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 37e li v. ; in-4°. Chimie organique fondée sur la synthèse; par M. Marcel lin Berthelot. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Le Nâcérî. La perfection des deux arts, ou Traité complet d'hippologie et d'hip- piatrie arabes, ouvrage publié par ordre et sous les auspices du ministère de l'Agri- culture, du Commerce et des Travaux publics, traduit de l'arabe d'Abou Bekr Ibn Bedr; par M. Perron. Paris, 1802, i85o,et 1860; 3 vol. in-8°. Becherches expérimentales sur la régénération des nerfs séparés des centres nerveux; par MM. les Drs J.-M. Philipeaux et A. Vulpian. Paris, 1860; br. in-8°. (Adressé au concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Faculté de Médecine de Paris. Concours pour l'agrégation (Section danato- mie et de chimie). Des radicaux composés. Thèse présentée et soutenue le 10 août 1860; par Emmanuel-Ossian Henry. Paris, 1860; br. in-4°- Becherches chimiques et médicales sur les matières organiques des eaux suif ti- reuses (barégines et suif ur aires); pat le même. Paris, 1860; br. in-8°. Notice sur les eaux, les eaux mères et les sels de Salies (Béarn); par MM. O. Réveil et O. Henry fils, suivies de notes et observations; par M. le Dr Nogaret. Paris, 1860; br. in-8°. Bapports sur les affections épidémiques qui ont régné au Havre et dans ses environs durant l'année 185g; parle Dr Lecadre. Havre, 1860; br. in-8°. Assainissement delà vallée de Graville-l' Eure ; par le même ; 1 f. in-4°. Descrizione... Description d'un nouvel anémométrographe et sa théorie; par le professeur Volpicelli. Rome, i85g; br. in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 SEPTEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. POUILLET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président se rend l'interprète des sentiments de l'Académie, qui depuis la dernière séance a eu la douleur de perdre deux de ses Membres, MM. Daussy et Payer, décédés l'un et l'autre le même jour, 5 septembre. « M. Cuasles fait hommage à l'Académie du volume intitulé : Les trois livres de Porismes d'Euclide, rétablis pour la première fois, d'après la Notice et les Lernmes de Pappus, et conformément au sentiment de R. Simson sur la forme des énoncés de ces propositions (i). » C'est l'ouvrage que M. Chasles a eu l'honneur d'annoncer à l'Académie dans la séance du 6 juin 185g, en présentant une Notice historique de ce qui a été fait depuis deux siècles et demi relativement au sujet obscur, mais si intéressant, des Porismes; et en appelant l'attention des savants sur les questions qu'il y avait encore à traiter, pour arriver ensuite au Réta- blissement même de l'œuvre perdue d'Euclide. ■> « M. Chevrecl fait hommage, aux noms du Président et du Secré- taire perpétuel de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France, MM. Chevreul et Payen, du Compte rendu de la séance annuelle du 5 août 1 86o. » Ce Compte rendu comprend le Discours du Président sur les exposi- (i) L'ouvrage est présenté par M. le Secrétaire perpétuel au nom de l'auteur en ce mo- ment absent pour cause de santé. C. R., i86o, amc Semestre. (T. LI, N° il.) 52 ( 378 ) tions agricoles, et un Rapport fort détaillé de M. Payen sur les travaux accomplis en agriculture du i4 juillet i85g au 10 juillet 1860. Ce Rapport avec les précédents seront consultés avec avantage par toutes les personnes désireuses de suivre les progrès des sciences agricoles dans ces dernières années. » ASTRONOMIE. — Sur t éclipse totale du 18 juillet dernier et sur les obser- vations de M. Plantamour, Directeur de l'Observatoire de Genève; par M. Faye. « Les documents relatifs à l'éclipsé du 18 juillet nous arrivent successi- vement. J'ai reçu ces jours-ci une brochure où M. Plantamour a exposé les observations qu'il a faites dans le midi de l'Espagne, à Castellon de la Plana, et je désire en signaler à l'Académie les principaux résultats; mais au- paravant je rappellerai les éclipses antérieures, ainsi que les discussions dont elles ont été l'objet dans le sein de l'Académie. » Quand on est témoin de phénomènes nouveaux et inattendus, la pre- mière tendance de l'observateur n'est pas toujours de chercher pénible- ment le lien, souvent fort obscur, qui les rattache à d'autres faits connus, mais bien d'imaginer un agent spécial pour en rendre compte. Ces hypo- thèses, qui naissent spontanément dans notre esprit, deviennent souvent, après l'avoir satisfait un moment, de sérieux obstacles aux progrès de la science, car ils empêchent de voir ou d'apprécier les faits qui les contre- disent, et qui pourraient mettre sur la voie d'explications plus rationnelles. Ces faits contradictoires, on les nie d'abord ou on les dédaigne, jusqu'au moment où, en s'accumulaut, ils forcent l'attention rebelle et finissent par renverser l'hypothèse. » On vit, il y a dix-huit ans, en juillet 1842, autour du Soleil éclipsé, des lumières roses ou violettes jaillir du bord obscur de la Lune. La première idée fut que ces lueurs étaient des objets réels, quelque chose comme des montagnes immenses s'élevant sur le Soleil par delà sa photosphère. La seconde idée, après un instant de réflexion sur la constitution plus ou moins probable du Soleil, fut qu'on avait eu sous les yeux des nuages roses for- mant une sorte d'enveloppe autour de la photosphère, avec des saillies très- prononcées çà et là. Cette idée, qui vient d'être reproduite à propos de l'éclipsé de juillet dernier, a été admirablement exposée et discutée par Arago, l'un des témoins de l'éclipsé totale de 1842. » Je n'avais pas vu cette éclipse; libre de toute impression, je remarquai que l'hypothèse d' Arago ne répondait en réalité qu'à ce qu'il venait de voir (379) lui-même, et nullement à l'ensemble des faits. Ainsi Arago avait vu des lueurs rouges hors de la Lune ; mais M. Valz, le savant directeur de l'Ob- servatoire de Marseille, les avait vues au contraire sur la Lune elle-même, près du bord, à l'intérieur de son disque obscur. M. Billet, alors professeur de physique au lycée de Marseille, distingua bien, comme M. Valz, le faible intervalle qui séparait les points lumineux du limbe de notre satellite. La même apparence avait été notée à Narbonne par un professeur de Toulouse, et en Espagne par un médecin. Or, de deux choses l'une, ou bien les deux phénomènes sont entièrement différents, ou bien, s'ils proviennent d'une même cause, cette cause doit être purement optique. Mais, me disais-je, la première supposition n'est guère admissible, car si quelque cause inconnue amène des jets lumineux sur l'écran obscur qui masque le Soleil, cette même cause en produira plus aisément encore en dehors de l'écran. D'ail- leurs les faits convenablement étudiés, c'est-à-dire sans prévention, sans parti pris d'exclusion arbitraire, montraient un passage si gradué de l'un à l'autre phénomène, une transition tellement ménagée, qu'il était impossible d'en faire deux catégories distinctes. Voici ces faits : » i°. Les protubérances lumineuses ont été vues en dedans de la Lune par l'amiral Ulloa, Aranda et Winthuysen, en 1778; par M. Valz, M. Billet et d'autres observateurs, en 1842 (1). » i°. Les protubérances ont été vues en entier sur la Lune, mais en contact avec le bord, par M. Parés à Prades, par le P. Bayma et le docteur .Pagani à Novare, en 1842; par M. de Parpart, à Storlus, en i85i. » 3°. Une protubérance a été vue en partie sur la Lune, en partie hors de la Lune, par M. Billerbeclt, à Rastenburg, en 1 85 1 . » 4°- Des protubérances ont été vues hors de la Lune, mais en contact avec son bord, par beaucoup d'observateurs, en 1733, 1842, i85o, i85i, i853. » 5°. Des protubérances ont été vues hors de la Lune, et à quelque dis- tance du bord, en 1 85o et en 1 85 1 . » Ainsi ces phénomènes sont connexes et non distincts. Or le simple fait que les lueurs fixes ont été vues sur le disque de la Lune renverse l'hypo- (1) Il s'agil ici de points fixes et brillants ( tellement brillants que les observateurs ont tous cru voir le Soleil lui-même à travers quelque trou existant dans la Lune, ou par une fissure naturelle) et non des lueurs serpentantes de Halley ou de Louville, en 17 15, de MM. Zante- deschi et Wùllerstorff en 1842. C'est à ces dernières, pour lesquelles je propose le nom d'auréole interne, qu'il faut sans doute rapporter la lueur orange notée sur le centre de la Lune par M. de la Pinelais, au Pérou, en t858, et certaines colorations uniformes du disque entier de la Lune à l'instant de la totalité,, 5a.. ( 38o ) thèse de l'enveloppe rose de nuages solaires, et ne laisse place qu'à la se- conde partie du dilemme, c'est-à-dire à un jeu de lumière, à un phénomène du même ordre que la diffraction, par exemple. » Qu'a-t-on répondu à ce raisonnement? une seule chose : on a dit que les astronomes qui avaient vu des lueurs sur la Lune avaient mal vu, et que ceux qui les avaient vues eu dehors étaient les seuls qui eussent bien vu. » Quand on possède sur un point quelconque de la science une théorie positivement démontrée, on conçoit que cette théorie, fondée sur des ob- servations, puisse servir à contrôler plus tard les observations elles-mêmes, à distinguer les mauvaises d'avec les bonnes; mais ira-t-on jusqu'à concéder le même privilège à une simple hypothèse? A ceux qui se croyaient en droit de lui reprocher d'avoir mal vu, M. Valz avait le même droit de ré- pondre, et il a effectivement répondu, que l'illusion était certainement de leur côté. » Sans me laisser décourager par cette manière de raisonner, j'ai continué à comparer les laits. Passons donc à la couleur de ces flammes mystérieuses. En voici la classification : i". Des protubérances de couleur blanche; 2°. Des protubérances de couleur rose; 3°. Des protubérances du rouge le plus vif; 4°. Des protubérances rouges mêlées de parties orangées; 5°. Des protubérances fleur de pécher; 6°. Des protubérances violettes; 7°. Des protubérances noires (t); 8°. Des protubérances blanches bordées de noir (2). » Ce n'est pas tout : en certains lieux, les protubérances ont gardé con- stamment leur teinte première; en d'autres, elles ont d'abord passé succes- sivement par toutes les nuances de l'iris, sauf le jaune pur et le vert (3), depuis le blanc ou le gris jusqu'au violet, puis ont repassé en rétrogradant parles mêmes nuances à la fin de l'éclipsé. Ailleurs encore on les a vues mi- partie blanc et rose, c'est-à-dire une moitié blanche et comme translucide, l'autre moitié rose ou fleur de pêcher. Enfin le savant directeur de l'Observa- (1) Au Pérou, en i853, par le Dr Moësta, directeur de l'Observatoire du Chili, et par ses adjoints. (2) Au Brésil, en i858, par les membres de l'expédition brésilienne. (Rapport de MM. Faye et Delaunay, Comptes rendus, t. XLVIII, p. i5g.) (3) Ces couleurs se retrouvent amplement dans les effets d'illumination atmosphérique et terrestre qui s'observent pendant une éclipse totale. (38i) toire de Vienne, M. de Littrow, a noté, en 1842, que ces protubérances étaient visibles en gris avant qu'elles se colorassent, et qu'elles continuè- rent à être visibles après que leur couleur s'était dissipée. C'est précisé- ment l'observation de M. Goldschmidt en juillet dernier, et cette remarque nous aidera peut-être à comprendre le fait si curieux que M. Legrand a signalé dernièrement à l'Académie. (Séance du i3 août.) » Il est difficile d'admettre dans le Soleil des nuages de toutes ces cou- leurs; il est plus difficile encore d'attribuer leur coloration, tantôt succes- sive, tantôt instantanée, à une cause optique inconnue, sans être conduit aussitôt à cette conclusion, que cette cause inconnue pourrait bien être tout le problème. » Je ne m'arrêterai pas à la forme de ces protubérancesqui a présenté les plus grandes différences d'un lieu à l'autre, dans la même éclipse, et qu'on a vue souvent varier d'un instant à l'autre dans le même lieu, pour ne m'oc- cuperque de leur distribution sur le contour du disque solaire. Si elles apparte- naient au Soleil, ce n'est pas la distance de deux stations prises sur le globe terrestre qui pourrait affecter sensiblement la position des protubérances observées, quand on les rapporte au disque du Soleil ; les effets de parallaxe ne seraient pas plus sensibles que pour les taches solaires elles-mêmes. Si donc un nuage blanc ou noir, rouge ou violet, apparaît autour du Soleil éclipsé, il devra être vu dans la même position par tous les observateurs, absolument comme les taches du Soleil (1). Cette constance a-t-elle lieu ef- fectivement? Non, le résultat des efforts de M. Arago pour identifier les protubérances vues en 1842 a été négatif. On s'est rejeté sur Ja surprise causée par un phénomène inattendu, sur l'incertitude des évaluations; mais en i85i tout le monde était préparé, et pourtant M. Airy n'a pas mieux réussi que M. Arago à identifier d'une manière satisfaisante les protubé- rances vues à cette époque en Suède et en Norwége. Mêmes résultats pour l'éclipsé de 1 858. Quant aux observations toutes récentes du 18 juillet der- nier, on peut comparer déjà les photographies de M. Warren de la Rue on les excellents dessins de M. Goldschmidt, avec ceux de MM. de Feililzsch et Plantamour. Quant à moi, je nai retrouvé jusqu'ici sur les seconds, ni la protubérance en forme de navire sous voiles ou de girandole, ni la pro- tubérance en forme de |l gothique. De même je ne vois dans les pre- (1) Quand on mesure, on rapporte ces protubérances aux bords de la Lune; quand on discute, on doit préalablement les rapporter au disque solaire, en tenant compte de la posi- tion de l'observateur et de la manière dont la Lune se projettp, pour lui, sur le Soleil. ( 382 ) miers aucune trace de l'espèce de crochet qui figure à droite dans les dessins des seconds. » L'auréole des éclipses totales a été expliquée dans le même système d'interprétation commode : on n'a pas manqué de lui attribuer aussi une existence propre, et delà considérer comme la manifestation resplendissante d'une immense atmosphère dont le Soleil serait entouré. Ne fallait-il pas d'ailleurs une atmosphère pour soutenir des nuages? Il est vrai qu'en certains lieux les apparences ont assez bien répondu à cette hypothèse. Je citerai par exemple les descriptions deBaily, de M. Airy, en 1842. Pour ces éminents observateurs elle apparut en effet comme une couronne brillant d'un éclat tranquille, uniformément dégradée, sans trace d'irrégularités quel- conque. Mais partout ailleurs l'auréole a présenté des aspects si divers, si compliqués de rayons en faisceaux s'étendant à plusieurs degrés du centre du Soleil, tantôt normaux, tantôt tangents au disque de la Lune, ici cylindri- ques, là coniques, ailleurs paraboliques, voire même de parties entière- ment détachées, que toute idée de rapporter le phénomène à une atmosphère du Soleil paraît avoir à peu près disparu. Autant vaudrait assigner une exis- tence réelle aux rayons que la vue simple montre dans les étoiles, ou aux anneaux alternativement obscurs et lumineux que les lunettes un peu fortes nous font voir autour de leurs images. Il est même inutile aujourd'hui de rappeler l'objection que j'avais avancée autrefois contre cette immense atmosphère en disant que les comètes traversaient librement les espaces où on voulait la placer. L'éclipsé dernière a ajouté à toutes les variétés ob- servées depuis 1766, variétés dont on ferait un volume, un faisceau encore plus singulier affectant la forme d'une lyre, et une branche dentelée comme une partie de la nébuleuse d'Orion. » On se rappelle d'ailleurs la célèbre expérience de Lahire qui reprodui- sait artificiellement une auréole en exposant une boule de bois sur le pas- sage d'un faisceau de rayons solaires. Le P. Secchi, qui vient de répéter cette expérience, y a même retrouvé les faisceaux de rayons tangents au bord de l'écran. Or comment se dissimuler que si un simple jeu de lumière dévie à ce point les rayons du Soleil caché derrière la Lune, un phénomène ana- logue pourrait produire à plus forte raison les inflexions beaucoup moindres qui forment les protubérances? Quant aux délicates observations de M. Rut- czicki, aux îles Marquises, et de M. Liais, au Brésil, sur les rapports des protubérances avec les rayons de l'auréole (1), au lieu d'en conclure que les (1) Des relations plus ou moins analogues, mais moins précises, ont été notées par ( 383 ) deux phénomènes appartiennent à l'atmosphère du Soleil, nous en conclu- rons que les protubérances et les auréoles ont une origine commune dans les jeux variés de lumière auxquels l'interposition de la Lune donne naissance à 96000 lieues de nous. » Parlerai -je de la polarisation de l'auréole et des protubérances? Une communication récente de M. Govi nous a montré combien peu la physique est avancée sur ces matières. Arago avait cru d'abord que la lumière de l'au- réole ne devait pas être polarisée; mais il fut le premier à constater le con- traire en 1842, sans toutefois avoir pu noter la direction des plans de pola- risation. On devra consulter aussi les observations de M. d'Abbadie en 1 85 1 . Celles de M. Prazmowski en 1860 ont, en tout état de cause, une grande importance, mais, je l'avoue, la conclusion que cet éminent physi- cien et astronome en a tirée lui-même me semble prématurée. » C'eût été un véritable triomphe pour les nuages solaires que de pou voir être rattachés à la formation des taches (1). On l'a tenté, mais sans succès; les taches n'ont répondu aux protubérances ni en i85i, ni en 1 858, ni même en 1 860. D'ailleurs un argument péremptoire a été opposé à cette idée : il y a des protubérances tout autour du Soleil, même aux pôles, tandis qu'il n'y a jamais de taches dans les régions polaires de cet astre. » Une dernière preuve, un véritable experimentwn crucis, c'eût été de retrouver les protubérances autour du Soleil en dehors des éclipses. M. Arago en avait annoncé la possibilité. Un savant astronome anglais, M. Piazzi Smyth, a entrepris une expédition lointaine, au sommet du Pic de Ténériffe, afin de se placer dans les circonstances les plus favorables, mais il n'a rien vu. » Ainsi en résumé le lieu, la couleur, la distribution autour du Soleil, les relations avec l'auréole, les variations de forme ou de grandeur d'une station à l'autre, l'impossibilité de voir ces phénomènes lorsque la Lune n'est pas là pour leur donner naissance, tout nous montre qu'il s'agit d'une cause purement optique et non d'un échafaudage de réalités. Comment M. Valz entre les points brillants sur le disque lunaire et l'auréole. On peut citer aussi l'ob- servation de M. de Parpart à Slorlus, et une foule d'autres qui montrent clairement que les rayonnements propres de certaines protubérances contribuent à former les rayons de l'auréole. Les rayonnements qui jaillissent des sommets des protubérances à un certain mo- ment, et qui ont été si bien décrits par M. Goldschmidt, ne sont pas non plus des phénomènes exceptionnels. (1) Pour ce qui est de la singulière tentative qu'on a faite récemment d'expliquer les ta- ches elles-mêmes par les nuages roses de l'enveloppe hypothétique, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de la discuter. ( 384 ) donc se fait-il que l'hypothèse des nuages roses formant une enveloppe au- tour du Soleil ait obtenu depuis dix-huit ans tant de faveur auprès d'un certain nombre d'astronomes? Cela tient, je pense, à deux causes, à savoir la facilité avec lacpielle l'esprit humain met de côté toiit ce qui contrarie une idée préconçue, ensuite l'illusion involontaire qui se produit presque tou- jours dans les faits de mouvement relatif. Admettons pour un moment que les lueurs des éclipses sont dues à une certaine inflexion des rayons de lu- mière rasant le globe de la Lune et surtout les aspérités si considérables dont il est parsemé ; n'est-il pas clair que la grandeur et la position de ces lueurs dépendront à chaque moment delà position de l'observateur par rapport au cône circonscrit aux deux astres? On verra, par exemple, les protubérances diminuer d'un côté et grandir de l'autre, dans le sens du mouvement de la Lune, tandis que, dans le sens perpendiculaire, elles pourront conserver leurs dimensions et varier seulement quant à l'angle de position. Eh bien! quelle impression produiront ces mouvements divers sur l'observateur per- suadé que ces flammes sont immobiles? Il croira voir marcher la Lune au milieu des protubérances, les masquer successivement d'un côté et les démasquer de l'autre, absolument comme s'il s'agissait d'objets réels placés au delà de cet écran. L'impression ainsi produite sur lui sera si forte, que la conviction en résultera immédiatement, et c'est en effet ce qui a eu lieu pour bon nombre d'observateurs. » Pourtant les protestations n'onl pas manqué. Des astronomes expéri- mentés ont affirmé que les protubérances sur lesquelles leur attention était spécialement fixée n'avaient changé ni de forme, ni de grandeur, ni de po- sition par rapport au bord de la Lune pendant toute la durée de l'éclipsé totale. D'autres ont été plus directement au but en mesurant ces hauteurs. Or quel a été le résultat des mesures en 1 84'-» ? Les mesures de M. Mauvais accusent un accroissement supérieur au déplacement de la Lune. De là l'hypothèse ingénieuse de M. Babinet qui, pour tenir compte de cette diffé- rence, attribuait les protubérances à des nuages cosmiques circulant autour du Soleil suivant les lois de Kepler. Quel a été le résultat de ces mesures en 1 85 1 ? Toujours le même. En 1 858, résultat inverse. Il n'y a qu'un seul moyen de se tirer d'embarras, toujours le même aussi : c'est de déclarer que ceux qui ont jugé les protubérances immobiles, comme ceux qui les ont vues croître ou décroître trop ou trop peu rapidement, ont mal vu et mal mesuré. » Tel était l'état des choses avant l'éclipsé de juillet dernier. On voit maintenant pourquoi l'attention se dirigeait principalement vers la mesure des protubérances en hauteur. Aussi avais-je cru moi-même devoir signaler ( 385 ) aux observateurs du futur phénomène les variations d'angle de position dont on ne s'était pas occupé jusque-là dans les éclipses antérieures. Mes suggestions à ce sujet, basées sur des essais concluants avec un micromètre construit tout exprès, avaient été communiquées à l'Académie dès le mois d'octobre. J'ai eu le plaisir de voir qu'elles étaient accueillies par la Société Royale Astronomique de Londres, et par M. de Littrow, directeur de l'Ob- servatoire de Vienne, dans son Instruction sur la dernière éclipse; j'ai eu aussi la satisfaction d'apprendre que plusieurs observateurs les avaient mises à profit le 18 juillet. » Il paraît que, dans une des stations espagnoles, les variations de l'angle de position d'une protubérance ont répondu au mouvement de la Lune, et c'est là une donnée importante dont toutes les théories devront tenir compte; mais il n'en a pas été de même des variations de la hauteur mesurées à Castellon de la Plana par M. le professeur Plantamour. Les résultats de M. Plantamour, que je vais exposer à l'Académie, confirment pleinement ceux de M. de Feilitzsch, que j'ai déjà eu l'honneur de lui, communiquer. (M. Faye donne lecture des principaux passages delà brochure (i) et met les dessins de l'éclipsé sous les yeux l'Académie.) « Je citerai du moins les conclusions du savant directeur de l'Observa- toire de Genève : « Il est résulté pour moi de l'observation de l'éclipsé du 18 juillet l'im- » pression, d'autant plus vive que je m'y attendais moins, que tous ces phéno- » mènes tels que la couronne, les faisceaux de rayons et les protubérances » ne sont pas des phénomènes existant réellement autour du Soleil, qui » deviennent visibles parce que la Lune cache le disque même du Soleil, et » qui changent seulement par le fait que cet écran en masque et en dé- » masque alternativement telle ou telle partie, mais que ce sont des phéno* » mènes lumineux produits par l'écran qui s'interpose dans la direction des » rayons solaires, et que leur modification dépend de la position de l'ob- » servateur plus ou moins rapproché du cône tangent aux disques du » Soleil et de la Lune. » » Au premier abord, il semble que, de chercher l'explication de ce phénomène dans de simples jeux de lumière , ce soit en rabaisser singulièrement l'importance, alors que d'autres y voient la révélation des mystères de la constitution du Soleil. Mais, si on veut bien réfléchir un moment à l'échelle immense sur laquelle opère l'astronome dans ses obser- (i) Cette brochure est un extrait du dernier numéro de la Bibliothèque universelle de Genève. C. R., 18G0, 2me Semestre. (T. LI, N° H.; 53 ( 386 ) vations, si on se rappelle que, grâce à celte immensité même, l'astronome a découvert des lois physiques dont la simple constatation a semblé longtemps impossible par toute autre voie , et que l'expérience la plus raffinée a seule réussi de nos jours à vérifier physiquement, on comprendra que des jeux de lumière, plus ou moins semblables à la diffraction, mais observés sur cette échelle, peuvent aussi nous mettre sur la voie de nouvelles propriétés de la lumière (i), toutaussi bien que les petits retards périodiques des éclipses des satellites de Jupiter, ou les oscillations imperceptibles des étoiles observées par Picard et Bradley. » ASTRONOMIE. — Eclipse du 18 juillet. — Etoiles filantes du mois d'août; Lettre du P. Secchi à M. Élie de Beaumont. , « Borne, ce a5 Août 1860. « Ayant reçu de M. Aguilar quelque autre épreuve des photographies solaires faites au Desierto, je me hâte de vous remettre une suite de quatre épreuves faites pendant la totalité, que je vous prie de présenter en mon nom à l'Académie (2). J'ai peu à redire sur ce que j'ai déjà indiqué dans les communications précédentes, et, sans répéter ce que j'ai dit dans ma pre- mière communication, je crois nécessaire seulement de faire la comparai- son entre ces photographies et celles de M. de la Rue, lesquelles ont été obtenues près de Miranda, dans une station où l'instant absolu de l'obscurité totale précédait d'environ 9 minutes de temps l'arrivée du même phéno- mèneau Desierto. La seule différence qui existe estentre lamanière de compter les angles de position, que j'ai comptés de l'est apparent par le nord appa- rent, etc., pendant que M. de la Rue les compte par le nord vrai allant vers l'est vrai. Avec cette variation on trouve que les positionsdes protubérances fie nos photographies sont identiques avec celles de M. de la Rue, à quelque petite différence de 1 ou 20 pour celles qui sont bien limitées. Cette différence peut s'expliquer par la difficulté de prendre des angles dans nos petites figures qui ont 1$ millimètres seulement de diamètre, ou par une petite différence (1) Dans cette voie on peut citer déjà les expériences que le Père Secchi vient de reprendre d'après les académiciens Lahire et De l'Isle; les curieux essais de M. Govi ; les observations de polarisation d'Arago, de MM. Mauvais et d'Abbadie, celles de MM Liais et Praimowski ; l'étude des réfractions anormales qui doivent se produire, dans notre atmosphère, le long du cône circonscrit au Soleil et à la Lune, inflexions auxquelles j'avais moi-même attribué tout d'abord une part beaucoup trop grande dans la production de ces phénomènes; enfin les recherches d'optique de M. le professeur de Feilitzsch. (2) Ces épreuves, qui ont été mises sous les yeux de l'Académie, restent déposées au Se- crétariat où l'on pourra les consulter. (387) introduite au moment du changement de la chambre obscure qui peut-être n'a pas été fixée exactement au repère que j'avais fait au tube de la lunette. Ce petit détail ne change en rien le fait de l'identité, et peut être produit aussi par le changement de place de la Lune relativement à la période de la phase locale. » J'ai fixé la première petite photographie sur une feuille de papier blanc entourée de deux graduations selon les différentes manières de compter. On voit par là les identités suivantes : P. Secchi '.. 78° n3 i35 198 2i3 242 M. de la Rue 1970 1 54 «35 12g m 72 57 28 348 » Celles-ci sont les seules protubérances dont M. de la Rue a donné une description dans le journal le Times (9 août 1860) et on peut voir par nos photographies qu'il n'embrasse que la moitié de celles qui sont enre- gistrées dans nos différentes images, et que dans la troisième il en paraît déjà d'autres, qui sont complètement développées dans les quatrième et cin- quième. La seule différence essentielle que je trouve entre les angles micro- métriques et ceux déduits des photographies est que dans deux il y a erreur de i.8ob , ce qui est dû à ce que j'ai pris l'angle entre les fils du micro- mètre sans faire le demi-tour du cercle de position. Voici les trois suites d'angles ainsi rectifiés (comptant toujours à ma manière) : Première photographie . 780*; 88°; n3°; de 1 35 à 1 48° arc luisant; 212; 242*; Dernière photographie . io°; 4°°> 760*; 248*; 2900; 3oo°; de 35o à 36o° arc luisant; Angle micrométrique . 3g0; 75; 1160, 211°; 353°; 3io°. » On voit donc clairement que si quelque observateur n'a pas vu tant de protubérances que moi, on doit en chercher ailleurs la raison ; et il n'est pas improbable que cela tienne à quelque constitution de l'œil, ou plutôt au grand degré d'attention qu'on fixait involontairement sur un ou deux de ces objets et qui faisait qu'on ne voyait pas les autres. Je crois cela d'au- tant plus vrai, qu'une grande protubérance, la 570 de M. de la Rue (21 3" de moi), qui a été vue par tant d'observateurs, m'a échappé, occupé que j'étais à observer les autres, n3et i35°(M.). » Ainsi étant très-occupé à voir la diffusion de lumière qui règne près du bord solaire, je n'ai pas observé ces protubérances ni avant ni après la totalité. J'ai fait des essais infructueux pour les voir en plein Soleil; mais je me suis convaincu que cela serait impossible. J'en ai presque la preuve dans le fait suivant : Ayant un jour avec M. Monserrat pris la photographie du plein Soleil à foyer direct, avec une exposition instantanée, ouvrant et couvrant l'objectif, nous trouvâmes le Soleil tout à fait ultra-solarisé, et la 53.. ( 388 ) région atmosphérique près du Soleil faisant une couronne magnifique ten- dant même à être solarisée. Nous conclûmes de cela que la lumière des protubérances est au plus égale à celle que nous envoie l'atmosphère ter- restre illuminée par le plein Soleil, et conséquemment elles seraient invi- sibles pendant que l'atmosphère est illuminée par le plein Soleil. » Quoique très-petites, ces images font cependant voir le double sommet de la proéminence de 280 de M. de la Rue et l'inclinaison delà protubérance 570 : le grand arc entre 129 et i35°, etc. En somme, il me paraît parfaite- ment établi qu'à Miranda et au Desierto on a photographié sensiblement les mêmes objets. Cela prouve aussi combien en une autre occasion on devra avoir soin de faire des images photographiques, mais agrandies; car je suis sûr aussi que pour elles l'impression est très-rapide. » La conséquence principale qu'on tire des photographies des phases partielles dont le diamètre est 106 millimètres est celle que j'ai déjà re- connue dès i85i, que le bord est excessivement faible en comparaison du centre. On dirait, en observant ces images du côté du bord solaire, que la plaque collodionnée n'était pas au foyer, tant son bord est diffus; mais le bord lunaire est là, et par son tranchant fait voir que celle-ci n'est pas la cause de la diffusion, mais que cela tient réellement à l'indécision réelle du Soleil. » Dans plusieurs de ces photographies il y a la tache avec sa pénombre bien tranchée, et on voit clairement que le bord du Soleil est beaucoup moins luisant que la pénombre de cette tache même. J'espère pouvoir bientôt faire parvenir aussi à l'Académie des photographies de cette espèce. Ainsi ces dernières observations confirment les résultats que j'ai toujours soutenus devant l'Académie pendant les neuf dernières années sur la constitution de l'atmosphère solaire, et que mes travaux thermométriques sur la me- sure des radiations solaires avaient déjà placé hors de question. Je viens de faire une comparaison entre l'absorption de l'atmosphère terrestre donnée par l'observation, et celle de la théorie de Jjaplace, et je trouve que la théorie ne représente pas les faits. Je remets les détails à une autre occasion. » Les étoiles filantes observées au commencement du mois ont donné un maximum décisif au 10 août. Le g, de gh du soir à ioh 3om étoiles filantes 5o, dont très-luisantes 8 10, de 8h 45m à ioh 3om ■> 124 » 25 11, de 8h 3om à oh 3om » 25 » 5 » Ces jours ont été très-troublés, et on a vu le 12 une lumière boréale assez sensible. » ( 389) ASTRONOMIE. — Observations de l'éclipsé du 18 juillet faites à Briviesca; Lettre de M. Petit à M. Élie de Beaumont. « Je viens un peu tard vous parler, après tant d'autres, de l'éclipsé du j8 juillet dernier; mais je désirais, avant de le faire, avoir terminé les cal- culs relatifs à la position géographique de la station où je m'étais transporté avec M. d 'Abbadie et à la détermination de la marche de mon chronomè- tre, afin de pouvoir vous adresser en même temps les résultats mathémati- ques et les résultats physiques de mes déterminations. Malheureusement, M. d' Abbadie m'ayant offert d'employer de concert avec lui son cercle de voyage, je n'emportai pas le mien, qui est fort lourd et moins maniable; et celui dont nous avons pu disposer une fois rendus en Espagne, parait avoir des défauts inhérents à sa construction, qui ont introduit dans nos résultats des discordances dont la discussion numérique est devenue fort longue avant de fournir une conclusion qui fût de nature à me satisfaire. Enfin, après beaucoup d'efforts, je suis parvenu à obtenir des résultats que je crois assez bien déterminés et que je vous transmets. M. d'Abbadie, habi- tué à" sa lunette, qui était armée d'un prisme et dont il ne tenait pas à dé- placer l'oculaire, observait les passages au fil horizontal, tandis que je pre- nais les heures de ces passages à un chronomètre Winnerl, dont la marche a dû être régulière, surtout depuis le i5 jusqu'au 18 juillet, malgré les incohérences sur l'heure absolue données par le cercle et peut-être aussi par l'état constamment nuageux du ciel, qui ne laissait voir le Soleil qu'as-- sez imparfaitement; car une exacte proportionnalité s'étant maintenue entre cet instrument et deux autres chronomètres auxquels il a été comparé plu- sieurs fois, de la première à la seconde des deux époques, on ne peut sup- poser que les trois instruments aient été simultanément sujets aux mêmes variations. Voici maintenant les résultats : » Latitude de Briviesca, jardin de M. Christoval Labarga attenant à l'église du couvent des religieuses de Sainte-Claire: Tp 12 juillet 1860, par 16 hauteurs circumméridiennes du 0. . . 42-33. 19,20 N. (£ 16 juillet 1860, par 8 » » ... 42-33. 4>^7 4 20, 5 i3,5 700,32 A la fin de l'obscurité totale j4,i 19,7 i3,2 700,32 A la fin de l'éclipsé 17,0 26,0 i5,6 700,51 » A Toulouse, M. Bousquet, conducteur des travaux du canal du Midi, a également observé le thermomètre, le baromètre et l'hygromètre de quart d'heure en quart d'heure pendant l'éclipsé qui a été presque totale (1 1,5 doigts); et il a obtenu, entre autres, les nombres suivants : Thermomètre extérieur Hygromètre. Baromètre à l'ombre. à zcro. 0 mm Avant le commencement de l'éclipsé . ... 26,0 4^ 744>3' Au milieu de l'éclipsé, moment du maximum d'obscurité 20, 5 58 744>58 A la fin de l'éclipsé. ... ! 22,5 56 744»4° » D'où il résulte qu'à Toulouse le baromètre aurait suivi une marche inverse de celle suivie àBriviesca, puisqu'au moment du maximum d'obscu- rité il serait monté de oœm,27, tandis qu'à Briviesca il serait descendu de omm,5o. Quoi qu'il en puisse être de cette légère divergence et de la cause qui adula produire, le rapprochement des observations de Toulouse et de Briviesca fournirait, à défaut d'autres données, une différence, de niveau de 5 23 mètres environ entre la cuvette du baromètre à l'observatoire de Tou- louse et celle du baromètre à notre station de Briviesca, c'est-à-dire une hauteur de Briviesca égale à 720 mètres au-dessus de la mer, l'observatoire de Toulouse étant lui-même aune hauteur de 198 mètres. » Permettez-moi de vous citer un dernier fait qui a été observé et qui ma été communiqué par M. d'Essalles, neveu de l'illustre professeur hono- raire de la Faculté de médecine de Montpellier, M. Lordat. a Pendant » l'éclipsé presque totale, qui a eu lieu dans le département de l'Hérault, » les feuilles de trois acacias de Constantinople, qui se ferment pendant » l'obscurité de la nuit et nullement quand les nuages obscurcissent le » Soleil, me dit M. d'Essalles, se sont en partie fermées, mais sur quelques C. B., 1860, 2"" Semestre. (T. LI, N° il.) 54 ( 394 ) » rameaux seulement, aucun rapport n'existant sur les trois sujets entre la » quantité de feuilles fermées et la quotité de l'éclipsé. » J'ignore si ce fait est nouveau; mais il me paraît bon, dans tous les cas, à ajouter à ceux ana- logues qui auraient pu être observés pendant les éclipses partielles, et c'est pour cela que j'ai cru devoir vous le transmettre comme appendice aux autres détails dans lesquels je suis entré. » Je ne veux pas oublier, en terminant, de rappeler ici que le gouverne- ment espagnol s'est montré noblement hospitalier envers les astronomes qui s'étaient rendus dans la péninsule. D'après ses instructions, les autorités lo- cales se sont prêtées, avec le plus cordial empressement, à nous seconder; l'administration des douanes a écarté tous les obstacles qui auraient pu entraver l'entrée de nos instruments; la population s'est montrée constam- ment pleine de déférence ; enfin le télégraphe lui-même, à l'exclusion de tous les autres services publics ou privés pendant la durée de l'éclipsé, avait été, sous l'impulsion éclairée de M. Aguilar, directeur de l'observatoire de Madrid, mis gratuitement, le 17 et le 18 juillet, à la disposition des savants étrangers qui désiraient communiquer avec l'observatoire de la capitale. S'il ne m'a pas été possible, en ce qui me concerne, d'obtenir, comme je le désirais, une double comparaison chronométrique, la faute ne doit donc nullement en être imputée à l'administration espagnole, mais uniquement au grand nombre de demandes qui ont été faites des divers points de la ligne télégraphique sur laquelle je me trouvais moi-même, et à l'obligation de partir de Briviesca dans la soirée du 18 juillet, sous peine d'y rester confine pendant bien des jours, par le défaut de places dans les diligences qui font le service de Madrid à Bayonne. » Voilà, Monsieur et cher ancien maître, les principaux détails qu'il m'a paru convenable de vous adresser sur le voyage que j'ai fait en Espagne pour observer un de ces phénomènes qui, par leur rareté comme par leur gran- diose magnificence, seront toujours appelés à produire la plus vive impres- sion sur ceux auxquels il pourra être donné d'en être témoins. Malgré les difficultés dont je vous ai parlé au début de ma Lettre, j'ai tenu surtout à vous communiquer la partie mathématique de mon observation, comme élé- ment de vérification pour les tables astronomiques, et je me féliciterais que ce motif vous parût de nature à justifier mon envoi un peu tardif, ainsi que .la prière d'en faire part à l'Académie. » ( 395) CHIMIE ORGANIQUE. — Remarques sur les bases polyatomiques des séries d'azote, de phosphore et d'arsenic ; par M. A.-W. Hofmann. « En poursuivant l'examen des bases polyatomiques, dont l'étude m'oc- cupe depuis quelque temps, j'ai obtenu sur la construction de ces corps quelques notions générales que je prends la liberté de soumettre au juge- ment de l'Académie. » Considérons d'abord les bases que peut engendrer la réaction réci- proque entre les monamines et les chlorures ou les bromures diatomiques, et prenons pour exemple de ces derniers le dibromure d'éthylène. m Ce corps peut fixer ou deux ou une molécule de monamine et donner naissance à deux séries de sels, l'une diatomique, l'autre monatomique, lesquelles, dans le cas de l'ammoniaque, s'exprimeront par les formules sui- vantes : I. Série diatomique. II. Série monatomique.' Bases éthyléniques. Bases brométbyliqiies. [(C2H4)" H6Az2]"Br2 (*) [(CaH4Br) H3Az]Br [(C2 H4)"2 H4 Az2]"Br2 [(C2 H4 Br)2 H2 Az]Br [(C2H4)"3H!,Az2]"Br2 [(C2H4Br)3H Az]Br [(C2H4)"4 Az2]"Br2 [(C2H4Br)4 Az]Br • » Ce ne sont pas les seuls produits qui peuvent se former. Le brome latent dans les sels de la deuxième série peut être éliminé, en partie ou en entier, à l'état d'acide bromhydrique formé aux dépens de l'eau ou aux dépens de l'éthylène elle-même. Dans le premier cas, le brome sera remplacé par le résidu moléculaire HO, la base bromélhylique se transformant en base oxétlij- lique; dans le second groupe C2 H4Br perdant simplement de l'acide brom- hydrique, on obtiendra des bases vinyliques. On aura donc, outre les deux premières séries, deux autres groupes qu'on peut exprimer par les formules suivantes : III. Bases oréthyliques . IV. Bases vinyliques. [(C2H4HO) H3Az]Br [(C2H3) H3Az]Br [(G2H4HO)2H2Az]Br [(CJH3)2H2 Az]Br [(C3H4HO)3H AzjBr [(C2H3)3H Az]Br [(C2H4HO)4 Az]Br [(C2H3)4 Az]Br (*) H= i; 0= 16; C= 12, etc. 54-. ( 396 ) » En cherchant la vérification expérimentale de ces idées, on reconnaît tout de suite qu'on peut diminuer d'une manière très-acceptable les complica- tions extraordinaires qui embrouillent cette réaction. On n'a qu'à remplacer l'ammoniaque par des monamines primaires, secondaires ou tertiaires, dont le degré de substitution de plus en plus avancé prévienne la formation d'un grand nombre de corps théoriquement moins intéressants. » En effet, tandis que l'action de l'ammoniaque sur le dibromure d'éthylène ne produirait pas moins de seize sels, sans compter les produits intermé- diaires et les corps nombreux résultant des réactions secondaires, une mo- namine primaire n'en produira pas plus de douze, une monamine secon- daire pas plus de huit, et, en dernier lieu, une monamine tertiaire en produira seulement quatre. » Dans le cours de mes recherches, j'ai eu recours successivement à l'am- moniaque, à l'éthylamine, à la diéthylamine, mais je n'ai réussi à obtenir expérimentalement l'expression simple de la théorie, qu'en étudiant l'action du dibromure d'éthylène sur la triéthylamine, la triéthylphosphine et la triéthylarsine. » En effet, en traitant convenablement le dibromure d'éthylène par les bases tertiaires de la série d'azote, du phosphore et de l'arsenic, on produit les trois groupes suivants : SÉRIE D'AZOTE. SÉRIE DE PHOSPHORE. SÉRIE d'aRSEHIC. I. Sels éthylène-hexéthy tiques. •[(C'H'nC'H^Az'fBr' [(C'H<)"(C,Hs)',F]"BrI [(C!H')"(C'Hs)«As']"Br' II. Sels bromèthyltTiéthyliques. [(C'H,Br)(C1Hs)3Az]Br [(C3H4Br)(C,H»)3P]Br [(CJH4Br)(C'H5)3As]Br III. Sels oxéthyllriéthy tiques. [(C'H50)(CIHs)3Az]Br(*) [(C'H'O) (CJH')3P]Br [(C'HsO) (C2EP)3As]Br IV. Sels vinyltrièthyliques . [(CJH3)(C'Hs)3Az]Br [(C'H3)(C'Hs)3P]Br t(C'H3)(C,Hi)JAs]Br Chacun des quatre sels, dans les trois groupes, représente, comme on (*) Le terme azoté manque dans la série éthylène-éthylique, mais j'ai obtenu le corps cor- respondant dans la série méthylène-méthylique. (397) voit, une des quatre classes de sels dont la formation est indiquée par la théorie. » Parmi les nombreux produits de ces réactions, ce sont surtout les combinaisons [(CaH*Br) (CaH*)»Az]Br, [(CaH*Br) (C2Hs)»P]Br, [(C2H4Br) (CaH5)»As]Br, qui ont fixé mon attention. Traités par des monamines, des monophos- phines, et des monarsines, ces trois corps se transforment en une vaste série de sels diammoniques, diphosphoniques et diarsoniques, et de sels mixtes, phosphammoniques, phospharsoniques et arsammoniques, dont j'ai déjà fait connaître les termes principaux; enfin, soumis à l'action des diamines, l'éthylène-diamine par exemple, ils donnent naissance à une série non moins étendue de sels polyatoiniques de degré supérieur, dont l'examen m'occupe à présent. » L'étude des combinaisons bromées m'a conduit à quelques autres ob- servations qui paraissent ouvrir une voie nouvelle à ce genre de recherches. J'ai déjà fait voir que, sous l'influence des oxydes (oxyde d'argent ou eau), le brome latent des corps brométhyliques s'élimine à l'état d'acide bromhy- drique, et se remplace par le résidu HO, [(CaH4Br)(CaHs)»P]Br+H20 = HBr-i- [(CaH4HO)(CaHs)8P]Br, le sel nouveau offrant à l'égard du corps dont il résulte la relation si répan- due en chimie qu'on observe, par exemple, entre l'alcool et le bromure d'éthyle, et entre l'acide glycolique et l'acide bromacétique. L'analogie une fois reconnue, rien n'était plus naturel que d'essayer la retransformation du bromure oxygéné en bromure brome. Cette transformation réussit sans difficulté en soumettant le sel oxygéné à la réaction élégante que nous devons à M. Cahours. En effet, en traitant le bromure oxygéné par le penta- bromure ou par le pentachlorure de phosphore, on obtient facilement les bromures brome et chloré de la série : [(C2H*HO)(C2H8)3P]Br + PClï = POCl3-f-HCI-h[(C2H'Cl)(CaHs)3P]Br. » Les bromures triéthyl-brométhyliques peuvent être envisagés comme des combinaisons tétréthyliques dans lesquelles une molécule d'éthyle s'est transformée en brométhyle. La facilité av*ec laquelle le brome et la molé- cule HO s'échangent dans les réactions que je viens d'indiquer m'a engagé à tenter dans ces corps le remplacement du brome par l'hydrogène. Cette (398) substitution ne présente pas de difficultés. Mises en contact avec l'hydro- gène naissant, les combinaisons brométhyl-triéthyliques se transforment en combinaisons tétréthyliques : [(C2H4Br)(CâHs)8P]Br-+-aH = HBr+ [(C2Hs)»P]Br. On a donc la série suivante : Bromure de tétréthylphosphonium [(CaH*H)(C2H5)3P]Br. Bromure de chloréthyl-triéthylphosphonium. . [(C3 H* Cl) (C2 H5 )3 P]Br. Bromure de brométhyl-triéthylphosphonium.. [(C2H*Br) (C2H5)3]Br. Bromure d'oxéthyl-triéthylphospbonium [(C2irHO)(C2H5)3P]Br. » En produisant les bromures brométhyliques, le dibromure d'éthylène agit donc exactement comme s'il était du bromure d'éthyle brome. D'ail- leurs, je me suis assuré par des expériences spéciales que le chlorure d'éthyle chloré et le bromure d'éthyle brome (i) attaquent lentement la triéthylphosphine; les produits de la réaction étant identiques avec le corps qu'on obtient en soumettant la triéthylphosphine à l'action du dichlorure ou du dibromure d'éthylène. » En terminant, qu'il me soit permis de signaler en deux mots le déve- loppement des observations que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Aca- démie. » Conçue sous la forme la plus simple, la transformation d'une base monoatomique en base diatomique se rapporte à l'introduction, dans la première, d'un radical monochloré ou monobromé dont le chlore ou le brome peut servir de point d'attaque à une seconde molécule de monamine. » Le bromure de brométhylammonium, en fixant une seconde molé- cule d'ammoniaque, se transforme en dibromure d'ethylène-diammonium : [(C2H4Br)H3 Az]Br + H8 Az = [(C2H4)"H9Az2]"Br2. » En prenant pour point de départ la transformation des bases monato- miques en bases diatomiques, deux voies s'ouvrent à la construction des bases triatomiques, tétratomiques, en général des bases polyatomiques. En premier lieu on accroîtrait l'accumulation des molécules ammoniques dans 1 », • ' ' — — *— - — ~ — — ~-" — (i) J'ai obtenu le bromure d'éthyle monobromé : (("H.'BrjBr, ainsi que le bromure d'éthyle dibromé : (C!H'Br!)Br, en traitant le bromure d'éthyle par le brome en vase clos à 1700. ( 399 ) le système basique, en augmentant le nombre des molécules du brome dans le radical. Les bromures de dibrométhyl-ammonium, de tribrométhyl- ammonium, etc., traités par l'ammoniaque, se transformeraient en tribro- mure de triammonium et en tétrabromure de tétramonium : [(C2H8Br2)H8Az]Br-t- 2H8Az=[(C2H3)'" H9 Az']"Br3, [(C2H2Br3)H3Az]Br4-3H3Az=~[(C2H2)lvH,2Az4]'vBr4, » Encore, la fixation des molécules d'ammoniaque pourrait s'effectuer par l'accumulation des radicaux monobromés dans l'ammoniaque primitive. C'est ainsi que les bromures de di, de tri et de tétra-brométhylammonium se transformeraient en bases triatomique, tétratomique et pentatomique : [(C2H4Br)aH2Az]Br + 2H3Az = [(C2H4)"2H8Az3]'"Br3, [(C2H4Br)3H Az]Br-ï-3H3Az = [(C2H4)''3H,0Az4]lvBr4, [(C2H4Br)4 Az]Br + 4H3Az = [(C2H4)"4H,2Az5]lvBr5. » Le remplacement de l'hydrogène dans les bases par le chlore et le brome présente quelques difficultés, mais des moyens indirects, semblables à ceux que m'ont fourni les phénylamines bromées et chlorées se montre- ront probablement d'une applicabilité plus générale. D'ailleurs, on a^l'ac- tion du pentachlorure et du pentabromure de phosphore sur les bases oxy- génées que j'ai signalées plus haut et dont l'emploi promet une ample moisson de résultats. » Ce n'est qu'avec lenteur que les développements précédents se vérifient • par l'expérience. Néanmoins le commencement est fait. Déjà j'ai obtenu la série des bases triatomiques, parmi lesquelles la diéthylène-triamine C4H,sAz3 = ^ „J Az3 H5 ) est la plus remarquable. Cette base, h première triammoniaque Iriacide, forme des sels magnifiques de la formule [(C2H4)"2H8Az8]'"CP, qui seront de ma part l'objet d'une communication spéciale. » (4oo ) MÉMOIRES LUS PHYSIOLOGIE. — De l'action comparée de l'alcool, des anesthésiques et des gaz carbonés sur le système nerveux cérébro-spinal; par MM. Lai.lemaxd, Perrin et Duroy. (Commissaires précédemment nommés : MM. Flourens, Pelouze, Rayer, Cl. Bernard.) , « Aux premiers jours de la découverte de l'éthérisation, M. Flourens a démontré que l'action de l'éther sulfurique et du chloroforme sur les cen- tres nerveux est successive et progressive, et que ces deux agents abolissent la sensibilité et la motricité de la moelle épinière et des cordons nerveux. Répétant les expériences de M. Flourens, nous avons étudié par les mêmes moyens l'action des corps précités, et nous avons reconnu que, tandis que l'alcool et Pamylène abolissent, comme le chloroforme et l'éther, la sen- sibilité et la motricité de la moelle épinière, l'inhalation de l'acide carboni- que et de l'oxyde de carbone les laisse subsister jusqu'au moment de la mort des animaux soumis à l'influence de ces deux gaz. » Action de l'alcooi»et des anesthésiques. Alcool. — On introduit dans l'estomac d'un chien de taille moyenne ioo grammes d'alcool à 210, addi- tionnés d'un poids égal d'eau, en trois doses égales, données à i5 minutes d'intervalle. » Une heure après l'administration de la première dose, l'animal est dans un état complet d'ivresse. » Les membres sont en résolution, la peau est insensible ainsi que le globe de l'œil, les pupilles sont dilatées; l'artère crurale indique 120 pulsa- tions, la poitrine 22 aspirations par minute. » A ce moment on enlève l'arc postérieur des trois dernières vertèbres dorsales, et l'on met la moelle à nu dans l'étendue de 5 centimètres environ. » On pique les faisceaux postérieurs et antérieurs de la moelle ; on saisit et l'on tiraille avec les mors d'une pince les racines postérieure et antérieure d'un nerf rachidien : on ne provoque aucun signe de sensibilité, ni aucune secousse musculaire. » Quatre heures après ces manœuvres, la léthargie ébrieuse rétrocède sensiblement; la langue et les mâchoires s'agitent; les paupières se ferment quand on touche le globe de l'œil. (4o. ) » On pique alors la moelle de nouveau : l'animal pousse des gémisse- ments; des convulsions agitent le train postérieur. « Le chien est tué ensuite par strangulation. » Des expériences avec le chloroforme, l'éther sulfurique et l'amylène qui ont donné des résultats analogues sont ensuite exposées dans le Mémoire, après quoi les auteurs continuent en ces termes : « Ainsi l'action de l'alcool, du chloroforme, de l'éther et de l'amylène suspend complètement la sensibilité et la motricité de la moelle épinière et des cordons nerveux. Nous avons constaté également qu'en faisant passer un courant d'induction à travers la moelle dont l'action est suspendue, on réveille son excitabilité, qui se manifeste par des secousses musculaires. Nous ajouterons que la sensibilité et la motricité de la moelle et des nerfs repa- raissent dès que cesse l'influence des agents qui avaient été administrés. » Action des gaz carbonés. Acide carbonique. — Sur un chien de forte taille, on enlève l'arc postérieur des deux dernières vertèbres dorsales, et on découvre la moelle dans l'étendue de 3 centimètres environ. L'animal est ensuite soumis à l'inhalation de l'acide carbonique mélangé d'une très- petite quantité d'eau. Il est tout à fait insensible et immobile au bout de 10 minutes. Le sang artériel a pris la couleur foncée du sang veineux. On pique avec la pointe d'un stylet les faisceaux postérieurs de la moelle et une racine postérieure sans provoquer de signe de sensibilité. » On pique une racine antérieure et les faisceaux antérieurs de la moelle. 11 se produit aussitôt des secousses violentes dans le train de derrière. » On irrite le nerf sciatique mis à nu, et on provoque des convulsions dans les muscles des membres auxquels il se distribue. » L'irritation de la moelle et des nerfs détermine des contractions mus- culaires qui s'affaiblissent de plus en plus, mais qui ne cessent de se mani- fester qu'au moment où l'animal succombe. » Suit le détail d'une autre expérience faite avec Y oxyde de carbone et dont les résultats ont été semblables à ceux de l'expérience précédente. « Les faits qui précèdent permettent d'établir une ligne de démarcation bien tranchée entre l'alcool et les anesthésiques, chloroforme, éther, amy- lène d'une part, et les gaz carbonés, acide carbonique, oxyde de car- bone d'autre part, au point de vue de l'action physiologique qu'ils déter- minent. » Nous pensons, en outre, qu'il est possible d'apprécier la nature de l'influence produite par ces deux ordres d'agents : C. R., 1860, a""> Semestre. (T. LI, N° ii.) 55 ( 402 ) » i°. L'alcool, le chloroforme, l'éther et l'amylène agissent primitive- ment et directement sur les centres nerveux dans la substance dequelles ils viennent s'accumuler. » Nous avons démontré, dans une Note lue à l'Académie dans la séance du 24 octobre dernier, que l'alcool n'est ni transformé ni détruit dans l'organisme et qu'il s'accumule dans les centres nerveux. Les anesthésiques ne sont pas non plus transformés dans l'économie, et ils s'accumulent comme l'alcool dans les centres nerveux qui en retiennent plus que les autres tissus et que le sang. » Les chiffres suivants représentent la répartition proportionnelle de ces agents dans l'organisme. Sang Cerveau Foie Tissu musculaire et cellulaire. Ingéré dans l'estomac. I ,O0 .,34 ',48 Traces. Injecté dans les veines. I ,00 3,00 •>75 • ÉTHER CHLOROFORME. sulfurique. 1,00 1 ,00 3,92 3,25 2,08 2,25 0,l6 0,25 • 1 ,00 3, OÔ I ,00 Traces. -à. » 20. Les gaz carbonés exercent primitivement une influence spéciale sur le liquide sanguin ; l'acide carbonique donne au sang artériel la couleur du sang veineux. L'oxyde de carbone altère l'état et les propriétés physio- logiques des globules sanguins. Il nous semble alors qu'il est difficile de ne pas admettre que les phénomènes d'insensibilité développés par l'inhalation de ces gaz ne sont que l'effet consécutif et secondaire de l'altération du sang. On sait en effet que l'innervation ne s'accomplit qu'à la condition de l'excitation physiologique du système nerveux par le fluide sanguin. On sait encore que quand le sang ne peut se révivifier au contact de l'oxygène, comme dans les asphyxies par obstacle mécanique à la respiration, ou dans le croup, il survient un état anesthésique qui annonce l'imminence du dan- ger et la cessation prochaine de la vie. » Ainsi les anesthésiques dépriment et éteignent les fonctions du système nerveux; leur action progressive suspend ensuite la respiration qui est sous ( 4o3) l'influence de la moelle allongée. Ils déterminent donc une anesthésie pri- mitive et une asphyxie consécutive ou indirecte. » L'acide carbonique et l'oxyde de carbone modifient les propriétés du sang et l'empêchent d'entretenir l'innervation. Ils produisent primitivement l'asphyxie ou l'arrêt de l'hématose, et déterminent une anesthésie consécu- tive ou indirecte. » M. Flourens a caractérisé, il y a longtemps, ces deux genres d'action physiologique dans ces termes qui formulent l'idée de notre travail : « Il y a » donc un rapport réel, une analogie frappante entre l'éthérisation et l'as- » phyxie. Mais dans l'asphyxie ordinaire le système nerveux perd ses » forces sous l'action du sang noir, du sang privé d'oxygène; et dans » l'éthérisation le système nerveux perd d'abord ses forces sous l'action » directe de l'agent singulier qui la détermine. C'est là qu'est la diffé- » rence (i) ». Conclusion. » i°. L'alcool, le chloroforme, l'éther et l'amylène agissent directement et primitivement sur le système nerveux. » a°. L'acide carbonique et l'oxyde de carbone agissent directement et primitivement sur le sang qu'ils modifient, c'est par le moyen de cette mo- dification du sang qu'ils déterminent secondairement des phénomènes d'insensibilité.- » Ces corps ne sont donc que des pseudo-anesthésiques. » MÉDECINE. — Mémoire concernant l'influence du climat d'Alger sur les affections chroniques de la poitrine; par P. de Pietra Santa. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Pouillet, Rayer, Bienaymé.) « S. E. le Ministre de l'Algérie et des Colonies nous ayant confié la mis- sion d'étudier l'influence du climat d'Alger sur les affections chroniques de la poitrine, S. E. le Ministre du Commerce a bien voulu demander pour nous au Comité consultatif d'Hygiène publique des instructions spéciales; nous nous sommes constamment efforcé de répondre à ce programme, et nous venons communiquer à l'Académie les principaux résultats de nos re- (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, i847> '• XXIV, p. 543. 55.. ( 4o4 ) cherches. L'exposé que nous avons l'honneur de lui soumettre se compose de trois chapitres. » Le premier est consacré à l'étude de la climatologie générale d'Alger : nous avons recueilli avec soin les observations météorologiques remontant à vingt-deux années; elles nous ont prouvé que le climat de la ville d'Alger tient un juste milieu entre le climat tempéré et le climat tropical. Cette pro- position trouve sa démonstration dans les faits suivants : » i°. Pureté très-grande de l'atmosphère, ciel bleu et sans nuages; » i°. Brièveté du crépuscule; » 3°. Grandes vicissitudes de température, bien que les variations saison- nières soient peu marquées, et que la moyenne annuelle de température s'élève à io,°,i7 centigrades; » 4°- Etat hygrométrique modéré de l'air ambiant; » 5°. Oscillations limitées de la colonne barométrique dans ses mouve- ments diurnes et annuels (moyenne de 22 ans = 762mm,3a). » 6°. Certaine périodicité des vents et de la pluie, vents et pluie qui se produisent dans des conditions bien déterminées. » Dans le deuxième chapitre nous abordons les questions relatives aux diverses catégories de. la population, à la mortalité adulte et enfantine, à l'acclimatement, aux influences climatériques sur les maladies des organes respiratoires, à l'antagonisme de la phthisie, avec les fièvres pernicieuses et typhoïdes, aux conditions générales de la phthisie. » Nos recherches statistiques établissent l'augmentation de la population d'Alger par trois causes principales : » i°. L'immigration (les arrivées étant toujours supérieures aux départs); » 20. La diminution de la mortalité; » 3°. L'augmentation des naissances. » Des faits authentiques prouvent d'une part que l'insalubrité, quand elle est le résultat de causes appréciables, ne résiste pas à la main des hommes; d'autre part que l'acclimatement, c'est-à-dire la faculté pour l'homme de vivre dans une localité, de s'y bien porter, de s'y perpétuer, n'est pas une chimère. » Après avoir constaté dans le troisième chapitre l'existence de la phthisie à Alger, nous recherchons les causes indépendantes de la climatologie, qui favorisent l'évolution de la maladie, et qui ont leur raison d'être dans ces deux faits : » i°. Mépris des lois de l'hygiène; » a°. Influence déplorable de notre conquête sur les mœurs indigènes, ( 4o5 ) qui n'ont emprunté jusqu'ici à notre civilisation que ses éléments de liber- tinage et de démoralisation. » Six propositions résument la longue enquête à laquelle nous avons procédé. » i°. Les conditions climatériques de la ville d'Alger sont très-favorables pour les affections de la poitrine en général, et pour la phthisie en parti- culier. » 2°. La phthisie existe à Alger chez les immigrants, comme chez les indi- gènes; mais la maladie y est beaucoup plus rare qu'en France et sur les côtes delà Méditerranée. » 3°. L'augmentation delà phthisie chez les indigènes (arabes, nègres, musulmans, israélites) tient à des circonstances exceptionnelles, à des causes indépendantes de la climatologie. » 4°- L'heureuse influence -du climat d'Alger est très-appréciable dans les cas où il s'agit, soit de conjurer les prédispositions, soit de combattre les symptômes qui constituent le premier degré de la phthisie. » 5°. Cette influence est contestable dans le deuxième degré de la tuber- culose, alors surtout que les symptômes généraux prédominent sur les lésions locales. » 6°. Elle est fatale au troisième degré, dès qu'apparaissent les phéno- mènes de ramollissement et de désorganisation. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Recherche de l'azote et des matières organiques dans tes substances minérales; par M. Delesse (i). (Commissaires précédemment nommés : MM. Balard, de Senarmont Delafosse.) « La recherche de l'azote et des matières organiques dans les roches offre d'autant plus d'intérêt, que ces dernières constituent l'écorce terrestre. Il est facile de constater que la plupart contiennent des matières organiques dont la proportion est du même ordre que celte des minéraux et des corps organisés qui les composent. « (i) Voir Comptes rendus, t. LI, p. 286. ( 4o6) » Passons successivement en revue les roches éruptives, puis les roches stratifiées. » Roches éruptives. —D'abord, les roches nommées plutoniques contien- nent des matières organiques et même de l'azote. En effet, il y en a dans le granité et généralement dans les roches granitiques. Un granité des Vosges renfermait o,i5 millièmes d'azote; un porphyre quartzifere 0,17; une mi- nette 0,18. Lesdiorites et les mélaphyres m'ont paru en avoir sensiblement moins que les roches granitiques; dans plusieurs échantillons il n'en existait que des traces, et dans les autres la proportion est restée inférieure à 0,06. « L'euphotide, la.variolite, la serpentine, renferment à peu près la même proportion d'azote que les roches granitiques. » Les roches volcaniques contiennent elles-mêmes un peu d'azote. Lors- qu'elles sont hydratées, sa présence est facile à constater; toutefois, lors- qu'elles sont anhydres, il ne se rencontre plus qu'en très-petite proportion bu bien même il disparaît complètement. Le rétinite de Saxe, celui d'Ecosse qui répand par le frottement une odeur de truffe, ont donné tous deux 0,16 d'azote. L'obsidienne elle-même renferme également de l'azote; il y en a o,o4 dans celle du Mexique ; 0,1 1 dans celle de Vulcano; 0,1 5 dans celle d'Islande qui est vitreuse, bien compacte et d'une belle couleur noire. » Le basalte, même lorsqu'il est prismatique et lorsque l'augite et le pe- ridot y sont parfaitement cristallisés, renferme aussi de l'azote en proportion très-notable et quelquefois jusqu'à o,3o. Le trapp en renferme également et le trapp prismatique de la Chaussée des Géants en a donné o,43. » Au premier abord ces résultats semblent extraordinaires; ils s'expli- quent cependant lorsqu'on observe que des matières organiques peuvent très-bien être associées aux roches éruptives, même lorsqu'elles sont volca- niques; souvent aussi des substances bitumeuses imprègnent complètement ces roches et tapissent leurs cellules. » Plusieurs essais sur les pierres météoriques m'ont fait voir qu'elles peuvent contenir des matières organiques, comme l'a indiqué M. Wôhler, et qu'en outre il peut s'y trouver de l'azote. » II était intéressant de rechercher l'effet de la décomposition sur les ma- tières organiques des roches. Dans ce but, l'azote a été déterminé dans une même roche à l'état normal et à divers états d'altération. » L'expérience m'a montré que quand le granité, le porphyre, la minette, le trapp se décomposent et se changent en arène, en argue, en kaolin, leur proportion d'azote est inférieure à celle de l'état normal. C'est surtout bien sensible pour le kaolin, dans lequel il y a seulement o,o3 d'azote. Par consé- ( 4o7 ) quent lorsqu'une roche se décompose sur place, l'infiltration tend non pas à augmenter, mais bien à diminuer les matières organiques. » Lorsque la roche décomposée est argileuse et lorsqu'elle est ensuite remaniée par les eaux, il en est tout autrement, comme on va le voir par l'examen des roches stratifiées. » Roches stratifiées. — Ces roches s'étant formées en présence des animaux et des végétaux qui ont peuplé le globe aux différentes époques géologiques, doivent nécessairement contenir une proportion notable d'azote et de ma- tières organiques. » Ainsi, il y a de l'azote dans la chaux phosphatée en nodules; mais il y en a moins cependant que dans celle qui a conservé la forme de coprolites. » L'anhydrite des marnes irisées a donné très-peu d'azote, beaucoup moins que le gypse grenu et fossilifère des environs de Paris. » Le calcaire est souvent imprégné de matières organiques qui contri- buent a lui donner sa couleur et qui contiennent de l'azote. Lorsqu'il est métamorphosé en marbre blanc saccharoïde, on n'en trouve plus que des traces indosables. La quantité d'azote est également très-faible dans l'oohte jurassique. Mais dans la craie de Meudon elle s'élève à o,a5. Il y en a seu- lement 0,28 dans le calcaire bitumineux de Seyssel qui est employé à Paris pour la fabrication de l'asphalte. « Dès que le calcaire est mélangé d'argile, il passe à l'état de marne, et alors il contient relativement beaucoup d'azote; les recherches de plusieurs savants ne laissent aucun doute à cet égard. La présence d'une proportion plus grande d'azote est du reste une des causes pour lesquelles la marne est si recherchée pour l' amendement des terres. » Les sables siliceux, les grès, les quartzites contiennent généralement très-peu d'azote. Il n'en est pas de même pour les roches stratifiées siliceuses qui sont plus ou moins mélangées d'argile. Ainsi l'azote s'est élevé à 0,37 dans la mollasse de Berne; à 0,29 dans un grès dévonien d'Alençon ; à or5i dans le psammite du Condros. » Tous les tripolis qui ont été examinés m'ont donné une odeur empy- reumatique très-prononcée, et il est très- facile de s'en rendre compte, puis- qu'ils sont formés de carapaces d'infusoires; celui de'Bilin contenait 0,48 d'azote. » Le tuf volcanique qui a recouvert Herculanum renferme 0,1 a d'azote, et il y en a même davantage dans le trass des bords du Rhin. » Si l'on considère les roches argileuses, elles sont relativement plus (4o8 ) riches en azote que les autres roches stratifiées. Dans l'argile proprement dite, telle que l'argile plastique des environs de Paris, l'argile qui enveloppe les meulières de la Beauce, l'argile d'Oxford, l'azote peut dépasser \ mil- lième. » Ti'azote se retrouve même dans le schiste ardoisier on maclifère; car il y en a 0,21 dans le schiste maclifère de la Bretagne, et 0,29 dans l'ardoise d'Angers. » Lorsque le schiste est bitumineux, il peut devenir beaucoup plus riche en azote : le schiste houiller de Bonchamp m'a donné 0,09 d'azote ; le schiste silurien de Hellekis, i,44î le schiste du lias de Boll, 1,80; celui de Reutlingen, 2,83. Ce dernier sert du reste à fabriquer du gaz pour l'éclairage. » Les alluvions et les terres végétales appartiennent encore aux roches stratifiées; mais comme il s'y trouve les débris d'un grand nombre d'ani- maux et de végétaux, leur richesse en matières organiques et_en azote de- vient exceptionnelle. De nombreux essais de ces roches ont déjà été faits par MM. Boussingault, Payen, Hervé-Mangon, Barrai, Isidore Pierre et par quelques autres savants. » L'azote contenu dans les roches stratifiées dépend non-seulement des conditions dans lesquelles elles se sont formées, mais encore de leur com- position minéralogique et même de leur état physique. Toutes choses égales, il augmente ordinairement avec leur richesse en argile. Bien qu'il doive diminuer par l'action du temps, il se conserve quelquefois en très-grande proportion jusque dans les couches les plus anciennes du globe. » Le métamorphisme tend généralement à diminuer l'azote et peut même le faire disparaître complètement; car le marbre statuaire, la prédazzite, le calcaire devenu cristallin au contact des filons, le grès vitrifié par le basalte, le quartzite, le schiste ardoisier et maclifère, les schistes cristallins, le mi- caschiste, contiennent beaucoup moins d'azote que les roches normales desquelles ils proviennent. « L'existence de l'azote et de matières organiques dans la plupart des roches éruptives vient d'ailleurs confirmer les idées que j'ai développées précédemment sur leur origine (1). » (1) Comptes rendus, t. XL VIII, p. 957. — Bulletin de la Société Géologique, 2" série, t. XV, p. 728. Recherches snr l'origine des roches. ( 4o9 ) MÉCANIQUE. — De [influence de la suspension ù lames sur les oscillations du pendule conique; par M. H. Résal. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Morin, Séguier.) « Les pendules à balanciers coniques que M. Redier a envoyés à l'expo- sition universelle de Besançon ont beaucoup excité la curiosité d'une partie de la population de cette ville qui compte actuellement près de 10000 horlogers. » Quelques personnes ayant émis des doutes sur l'isochronisme des révo- lutions de ces balanciers, doutes qui n'ont de valeur qu'en raison du mode de suspension adopté, j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt d'étudier cette question avec quelques détails. » Je me suis uniquement occupé du cas des petites oscillations, en négli- geant de plus le carré du rapport de la longueur des lames à celle du pen- dule, ce qui est permis. » J'ai reconnu que les révolutions sont isochrones lorsque le rapport du produit du poids du système qui réunit les deux couples de lames, par la longueur de ces lames, à 12 fois le moment d'inertie du balancier corres- pondant à toute perpendiculaire à son axe de figure menée à son extrémité supérieure, est suffisamment petit et du même ordre de grandeur que le carré de l'angle formé par cet axe avec la verticale, condition qui paraît être remplie d'une manière très-large par les balanciers de M. Redier. » En employant la méthode de calcul qui est indiquée dans la théorie du mouvement de la Lune autour de son centre de gravité, et en opérant par approximation, je me suis assuré que lorsque cette condition n'est pas remplie, l'isochronisme n'existe plus, et que les révolutions successives du balancier ne sont pas exécutées dans le même temps. » Il est probable que le pendule conique, par suite de l'heureuse applica- tion qu'il vient de recevoir sous le rapport pratique, sera l'objet d'études expérimentales dans les cours de physique. Mais l'expérience montre que la courbe décrite n'est pas une ellipse, qu'elle affecte en quelque sorte la forme d'une spirale elliptique, dont les rayons vecteurs maximum et mini- mum se déplacent, dans le sens du mouvement rotatoire, plus ou moins rapidement d'une révolution à une autre. Cette différence, que l'on ne peut attribuer à la rotation de la Terre, entre la théorie et l'observation, disparaît, ainsi que je l'ai fait voir, en tenant compte de la résistance de l'air supposée C. R., 1860, 2me Semestre. (T. H, N<> il.) 56 ( 4»o ) proportionnelle à la vitesse, hypothèse admissible pour les mouvements lents, et que Poisson a justifiée en parlant des expériences de Bessel sur le pendule ordinaire. Cette résistance n'altère pas d'ailleurs l'isochronisme des oscillations. » chimie appliquée. — Procédé pour l'épuration des jus sucrés de la canne et de In betterave ; extrait d'une réponse de M. Possoz et Périek à une réclama- lion de priorité de M. Maumené. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pelouze, Payen.) « En présence de la réclamation à laquelle a donné lieu notre communi- cation du 6 août, qu'il nous soit permis de faire remarquer à l'Académie que les observations de M. Maumené sont mal fondées à plusieurs titres : » i". Parce que M. Maumené méconnaît l'essence et la véritable portée de notre procédé, en supposant que nous venons réclamer comme nouveaux des moyens qu'il a revendiqués lui-même (bien qu'ils eussent été préconisés fort antérieurement à son Mémoire du 25 mars 1 856) ; en effet, nous ne proposons pas la défécation à froid comme chose nouvelle, attendu que nous savons que ce mode de défécation a été recommandé depuis long- temps par divers chimistes, et notamment par Davidow. » 2°. Parce que jamais nous n'avons manifesté l'intention de conserver des jus sucrés, ainsi que l'a proposé M. Maumené, et que notre procédé ne consiste pas, ni dans la conservation, ni dans la défécation des jus sucrés, comme l'avance M. Maumené, mais seulement dans l'épuration de ces jus, ainsi que du sucre brut destiné an raffinage. » 3°. Parce que non-seulement notre procédé s'applique aux jus défè- ques à froid et à chaud par les méthodes connues, mais même aux jus sucrés simplement additionnés de chaux et immédiatement carbonates, sans donner à la défécation le temps de s'effectuer, pratiques qui n'ont aucun rapport avec le procédé de conservation que M. Maumené revendique, quand nous ne songeons nullement à l'employer. D'ailleurs, bien avant M. Maumené, on savait que la chaux empêche les altérations des jus sucrés, ainsi qu'il résulte de nombreuses observations bien connues et notamment des travaux que M. Rulhmann a publiés en i838. » 4°- Quant aux avantages que peuvent présenter nos additions succes- sives de chaux et d'acide carbonique pratiquées selon la méthode qui nous est particulière, et c'est là le seul point que nous ayons l'honneur de pré- (44 ) Dès aujourd'hui, M. le Secrétaire "perpétuel dépose sur le bureau de l'Académie une Lettre que M. de Chancourtois vient de lui adresser sur un objet important dans la constitution minérale du département de la Haute- Marne, qu'il a su mettre en rapport avec la stratigraphie, sous un point de vue qui lui est propre. GÉOLOGIE. — Sur la distribution des minerais de fer ; Lettre de M. E.-B. de Chancourtois à M. Élie de Beaumont. « Paris, le 10 septembre 18G0. » Je viens vous prier de vouloir bien soumettre à l'Académie des Sciences l'observation que m'a donné lieu de faire, sur la distribution des minerais de fer, le travail de publication de la carte géologique de la Haute-Marne exécutée par feu M. Duhamel. » Les minières figurées, d'après le relevé de M. Duhamel, s'alignent sui- des directions qui concordent exactement avec celles des failles et des ac- cidents géologiques. » Ce fait, dont on se convaincra facilement par la simple inspection des alignements tracés en rouge sur la carte, a une assez grande importance au point de vue pratique, puisqu'il fournit un principe pour la recherche des nouveaux gîtes que l'on doit espérer rencontrer sur les lignes jalonnées par les gîtes connus, dans les directions fixées et particulièrement aux inter- sections de ces lignes. Il me paraît de plus fécond en conséquences théo- riques. » Une étude détaillée fournira évidemment matière à un Mémoire assez considérable. Aujourd'hui je viens seulement, à l'occasion de la présenta- tion de la carte, prendre date pour signaler les principales circonstances de l'observation et les déductions qui en ressortent immédiatement. » Il est à peine nécessaire d'insister sur la concordance parfaite des ali- gnements et des directions des failles par coïncidence ou parallélisme. Elle est frappante, mais toute naturelle. Les minerais de fer étant des produits d'émanation, qui doivent se trouver nécessairement sur les lignes de fissure de l'écorce terrestre et surtout aux croisements. On peut seule- ment s'étonner que la remarque n'ait pas été faite plus tôt. » Mais il faut noter avec intérêt la présence, parmi les alignements, de directions diverses propres à des systèmes de soulèvement plus ou moins antérieurs aux terrains qui comprennent les gîtes, par exemple de la direction (4i5) du système du Rhin, très-fréquente dans les minerais du terrain néocomien. C'est là une preuve bien manifeste de la persistance ou de la réouverture des anciennes fractures. Et quoi de plus simple ? Les assises des terrains vstratifiés ne sont-elles pas assez exactement aux fissures d'émanation ce que les couches de badigeon sont aux lézardes d'un mur récrépi. » Une autre preuve du même phénomène résulte de la distribution sur une même ligne de divers gîtes compris dans des terrains différents. » On voit, par exemple, sur une ligne 1N.O.-S.O, qui part des minières de Nijon (près Bourmont), une série de gîtes compris dans les différents étages des terrains jurassiques et crétacés, ou an moins reposant sur ces étages en relation intime. » Je touche là un point délicat et je dois prévenir une objection. » Parmi les gîtes signalés sur la carte, il y en a de notoirement interstra- tifiés dans les terrains comme les gîtes néocomiens, d'autres sont superfi- ciels, et dits par certains géologues d'alluvion ou de remaniement, parce qu'on les a considérés comme résultant de la destruction d'un étage supé- rieur à celui sur lequel ils reposent. » N'aurait-il pas fallu distraire ces sortes de gîtes avant de tracer les ali- gnements pour ne faire porter ceux-ci que sur des gîtes de minerais géodi- ques ou en poches, c'est-à-dire sur les gites franchement adventifs? » Je ne le pense pas. Je crois, au contraire, que la régularité même du réseau d'alignements établi sur l'ensemble des gîtes sans distinction conduit à une proposition assez importante, savoir : que les dépôts déminerai de fer, alors même qu'ils se présentent interstratifiés, sont essentiellement locaux et correspondent avec précision aux points de bâillement des fissures infé- rieures. » Il me paraît probable que les gîtes horizontaux formés dans les bas- sins de sédiment autour de chaque orifice d'émanation ferreuse, sont ordi- nairement très-circonscrits, et que, si dans des lieux hachés de fractures il a pu se former accidentellement des assises de minerai douées d'une cer- taine continuité, la diffusion des émanations fournies par un système de tissures contemporaines, pendant une formation, n'a produit en général qu'une imprégnation de l'horizon sédimentaire correspondant insuffisante pour y constituer une couche exploitable. » Je rapproche ainsi la loi de distribution dtt fer de celle qui préside à la distribution des autres métaux moins communs, en ce sens que je restitue aux coordonnées horizontales l'importance prédominante sur la coordon- née verticale dans la détermination des lieux géométriques de concentra- (4i6) tion. Ou, pour parler un langage plus conforme aux habitudes géologiques, j'augmente la continuité du gisement du fer dans le temps aux dépens de sa continuité dans l'étendue. . ■» Dans cette manière de voir on fait facilement droit aux réclamations* des paléontologistes qui protestent contre le placement des gîtes de fer en horizons géologiques absolus. » La disposition des gîtes dits d'alluvion ou de remaniement, comme ceux que l'on rencontre au pied des terrasses de l'oxford-clay, cesse aussi d'être une difficulté : ces gîtes, souvent fort peu remaniés, sont là sur la faille dont le jeu postérieur ou non à leur formation a découpé le contour de la terrasse. On en voit un exemple très-frappant entre Rimaucourt et Prez sous la Fauche au pied des talus oxfordiens. On comprend aussi très- bien pourquoi on trouve du minerai de fer dans les plus petits lambeaux d'argiles oxfordiennes encastrés comme des pièces de marqueterie entre les failles, au milieu de la grande oolithe, près de Donnemarie et Mont- Saugeon, au sud du département, tandis que de grandes nappes des mêmes argiles n'en contiennent plus. » En ces points les failles préexistaient comme fissures d'émanation avant de servir à la dislocation. » Vous m'avez rappelé, Monsieur, que vous aviez fixé depuis longtemps des directions d'alignement pour les amas gypseux des marnes irisées. Le tracé des alignements de ces amas dans la Haute-Marne vient de confirmer pleinement vos anciennes déterminations, et, chose à noter, plusieurs lignes . sont communes au gypse et au minerai de fer. Les sources minérales et les dépôts de tuf servent aussi de jalons. » Mais je ne veux pas sortir de la question des minerais dont vous avez bien voulu me laisser l'initiative, quoique, dans le travail auquel vous m'avez lait l'honneur de m'associer, vous m'en ayez certainement donné la clef par la discussion approfondie des directions géologiques. Dans cette question même je ne puis avoir d'autre prétention, en l'abordant, que de développer un détail de votre œuvre, et ce que j'avance me semble procé- der si naturellement de l'ensemble de vos théories, que, sans en décliner toutefois la responsabilité, je ne saurais trop dire quelle part je n'en dois pas aux souvenirs de vos enseignements. » La nécessité de terminer l'impression de la carte de M. Duhamel ne m'a pas permis de poursuivre les directions en dehors du département. Il faudrait d'ailleurs, pour le faire utilement, substituer aux procédés gra- phiques les méthodes de calculs trigonométriques que nous avons intro- (4i7) duites dans l'étude de la structure du globe et que les déformations des projections ne rendent que trop vite indispensables. » Cependant on peut déjà juger que la direction très-voisine du système du Rhin relie les principaux groupes de la Haute-Marne et de la Moselle et particulièrement celui de Montgeune et Narcy avec celui de Saint-Pancré. C'est là un rapport dont la détermination précise promet de très-utiles con- séquences, grâce à l'excellente monographie que M. Jacquot a publiée à Metz sur les mines de la Moselle et dans laquelle, malgré la sobriété de ses déductions théoriques, il signale deux directions assez constantes affectées par les fentes dont le remplissage constitue une catégorie de minières et la liaison possible de ces directions avec des failles. » Il y aura aussi, je n'en doute pas, des rapprochements très-probants avec les cartes des départements voisins, notamment celle de la Côte-d'Or où les failles ont été étudiées avec tant de soin par M. Guillebot de Ner- ville. Mais c'est surtout dans les minières de la Franche-Comté qu'il sera intéressant de suivre l'application du principe, et je regrette de ne pouvoir aller en ce moment à la réunion extraordinaire de la Société Géologique à Besançon pour attirer sur cette question l'attention de nos confrères. La solution complète demandera des efforts multiples. Je désire y contribuer, mais je m'estimerai déjà heureux si j'ai pu vous aider à faire toucher dans son détail les règles d'alignement et de symétrie qui dominent les faits géo- logiques. » « M. Iîu'.jm t. au nom de M. Roche, professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, fait hommage d'un ouvrage intitulé : Réflexions sur la Théo- rie des Phénomènes cométaires, il en donne le précis suivant : Le travail de M. Roche est recommandable sous plusieurs points de vue. D'abord par l'historique très-clair et très-profondément discuté de toutes les hypothèses que les astronomes ont émises sur un des points les plus difficiles de la science astronomique. En France, même après les publications d'Arago, nous n'avions à consulter aucun ouvrage qui fût à la hauteur de la question. » M. Roche passe en revue les théories de Cardan, de Kepler, de Hooke, de Newton, d'Euler, d'Olbers, de Bessel, de John Herschel et de quelques auteurs plus modernes. Il en apprécie la valeur, en montre les côtés faibles et arrive enfin à sa théorie, dont il avait déjà jeté les fondements dans un Mé- moire sur les atmosphères des corps célestes. Il concevait alors que les C. R,, 1860, î°" Seme» la Société d'Accli- matation avait pris les mesures et réuni les fonds nécessaires pour faire venir du Pérou un troupeau de vingt têtes environ : ce premier projet ne put être réalisé, par suite de la mort soudaine d'un ingénieur français, M. Crosnier, qui avait bien voulu s'occuper au Pérou de l'acquisition et de l'expédition du troupeau. » Un second projet, auquel la Société, maintenant en possession de res- sources plus considérables, a pu donner une plus grande extension, vient d'être heureusement mis à exécution : un troupeau d'Alpacas et de Lamas a été amené des Cordillères à Paris par M. Roehn, dont le nom, comme on le verra bientôt, se rattachait déjà honorablement à plusieurs entreprises (1) En parlant des anneaux dan,s le spath d'Islande, sir John Herschel ne mentionne ni le Dr Wollaston, ni M. Biot, ni M. Seebeck, mais il les décrit comme le résultat de la réunion de deux axes en un seul, ainsi que je l'avais fait précédemment. D'après le même principe, il ne mentionne pas mon nom comme auteur de la découverte des anneaux dans la glace, quoique ce soit une observation plus difficile à faire. (2) Le Lama existe au contraire et réussit en divers lieux. Les expériences faites au Muséum d'histoire naturelle ont eu, en particulier, un plein succès. D'un couple acquis en Angleterre, on a fait sortir en peu d'années tout un petit troupeau. (43o) de ce genre. Le troupeau se composait, au départ du Pérou, de plus de cent têtes; mais les circonstances dans lesquelles se trouvent présentement le Pérou et la Bolivie ont obligé M. Roehn de traverser, en caravane, une •grande partie du continent américain; et durant ce difficile et périlleux voyage, et ensuite pendant une traversée dont la durée a été exceptionnel- lement longue, plus de la moitié des individus a successivement succombé. En des mains moins habiles et moins expérimentées, le troupeau eût vrai- semblablement péri presque tout entier. Le nombre des individus survivant au moment de l'arrivée à Bordeaux était de 45; mais deux d'entre eux étaient très-malades, et ils ont péri, l'un le surlendemain entre Bordeaux et Paris, l'autre lors de l'arrivée des animaux au Jardin zoologique de la So- ciété d'Acclimatation (t). Il reste donc 43 individus, savoir : 33 Alpacas, 9 Lamas et i Vigogne. » Quelques-uns seulement de ces animaux resteront au Jardin d'acclima- tation. Six Alpacas et Lamas sont destinés à S. M. l'Empereur, et quelques autres à la Société d'Acclimatation des Alpes et à M. de Bothschild, qui avaient désiré prendre part aussi aux frais et aux chances de l'expédition ; le reste du troupeau ira rejoindre au printemps, dans le dépôt de reproduc- teurs que la Société d'Acclimatation a créé dans le Cantal, d'autres animaux de montagne, et particulièrement plusieurs Yaks et notre principal trou- peau de Chèvres d'Angora. Espérons que les Alpacas et Lamas amenés par M. Roehn ne réussiront pas moins bien sur notre sol que ces deux autres espèces de Ruminants, et particulièrement que la Chèvre d'Angora intro- duite, il y a cinq ans seulement, par la Société d'Acclimatation, par M. le Maréchal Vaillant, et par l'émir Abd-el-Rader, et qu'on peut dire dès à présent un animal français : car il existe maintenant plusieurs troupeaux de cette race dans nos montagnes, et aussi dans celles de l'Algérie. La Société possède, en outre, en Sicile un troupeau de même origine, et un autre en- core existe en Allemagne. » Je me fais un devoir de rappeler ici, comme déjà je l'ai fait dans plu- sieurs de mes mémoires et ouvrages sur l'acclimatation, les vœux déjà émis et les efforts déjà faits à diverses époques pour la réalisation du progrès au- quel nous touchons enfin. Le point de départ tle tout ce qui a été tenté en France est dans les écrits de Buffon. Dès 1765, notre grand naturaliste avait songé à enrichir les Alpes et les Pyrénées du Jjama et de ses congénères : « J'imagine, disait-il, que ces animaux seraient une excellente acquisition (1) Le débarquement du troupeau a eu lieu à Bordeaux le 7 septembre, et son arrivée à Paris le 9. ( 43> ) » pour l'Europe, et produiraient plus de bien réel que tout le métal du nou- » veau monde. » » Il s'en fallut de peu, à cette époque, que Buffon, secondé par l'abbé Béliardy, ne déterminât le gouvernement à tenter l'introduction du Lama, de l'Alpaca et même de la Vigogne; mais au dernier moment on s'arrêta devant cette assertion, justifiée, disait-on, par le témoignage des voyageurs : le Lama et l'Alpaca ne peuvent vivre que de Xycho des Cordillères! » Dans notre siècle, on ne s'est pas borné à renouveler lé vœu de Buffon ; plusieurs tentatives ont été faites pour le réaliser. La première est due à l'initiative de l'impératrice Joséphine ; la seconde, bien plus près de nous, à celle du duc d'Orléans : l'une et l'autre restées sans succès, par suite de cir- constances qui firent périr ou laisser au port d'embarquement les individus acquis pour la France (i). Une troisième a eu lieu en 1849 par mes soins, sous la direction et avec le bienveillant concours de M. Lanjuinais, ministre de l'Agriculture (2). Enfin une quatrième a été l'œuvre de M. Poucel, qui, dans la généreuse pensée d'enrichir l'agriculture et l'industrie de son pays, avait emmené du Pérou, pour les embarquer à quatre cents lieues du point de départ, soixante Lamas, Alpacas et Vigognes : de tout ce troupeau, six Lamas seulement ont pu parvenir en Europe ; mais le nom de M. Poucel n'en a pas moins droit à être honorablement rappelé, au moment où s'ac- complit une cinquième et plus heureuse tentative. » Les avantages de l'acclimatation de l'Alpaca et du Lama n'ont pas été moins bien compris à l'étranger que chez nous. En Espagne, un petit trou- peau de Lamas existe depuis trois ans dans une des propriétés du Roi, qui lui fait donner des soins bien dirigés. Dans une des colonies espagnoles, à Cuba, est un autre petit troupeau, acquis par le gouvernement colonial. Aux États-Unis, le Lama et l'Alpaca ont été de même tout réaemment introduits, et sur une plus grande échelle : une partie des individus qu'on'y possède, ainsi-que les Lamas du roi d'Espagne et ceux de Cuba, viennent d'un troupeau que M. Roehn était déjà parvenu à faire sortir du Pérou. Enfin l'Australie, déjà si riche en bêtes à laine, vient de recevoir aussi quelques Lamas de ce même troupeau ; et presque au même moment, un grand (1) Je me borne à indiquer ici ces deux tentatives. J'en ai parlé plus longuement dans une autre communication faite à l'Académie en 1847 (voir les Comptes rendus, t. XXV, p. 865 et suiv.), et dans mon Rapport général sur les questions relatives à l'Acclimatation ; ■849- (2) J'ai fait connaître dans mon ouvrage sur les Animaux utiles (voy. la 3e édition, i854, ou la 4% sous presse), les causes extra- scientifiques qui ont fait échouer cette tentative, h une époque où j'étais devenu étranger à sa direction. ( 43a ) nombre d'autres individus, 200 environ, reste de 4<>o Lamas et Alpacas, ont été amenés dans le même pays par M. Ledger. Une prime de deux cent cinquante mille francs avait été offerte par le gouvernement co- lonial de Sidney pour l'importation de l'Alpaca : cette prime est devenue la juste récompense des cinq années de travaux, d'efforts inouïs, et selon les termes d'un rapport que j'ai sous les yeux, « de martyre », au prix des- quelles M. Ledger est parvenu à doter l'Australie des précieuses bêtes à laine des Cordillères. » Il y a, comme on le voit, une heureuse émulation entre les peuples les plus avancés pour ajouter, par l'acclimatation, aux ressources de leur agri- culture et de leur industrie. Puisse cette pacifique rivalité produire partout les résultats qu'on est fondé à en espérer! » HISTOIRE naturelle. — Classification zoologique et anthropologique; par M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. « M.. Tsidore Geoffroy-Saint-Hilaire fait hommage à l'Académie de trois tableaux lithographies, présentant sous une forme synoptique les rapports des groupes principaux du règne animal et !a classification des races humaines. » Les groupes primaires admis en zoologie par l'auteur sont au nombre de' trois : les animaux binaires, groupe depuis longtemps établi par M, de Blainville, les rayonnes et les homogènes. L'objet de ce tableau est de montrer que ces trois groupes représentent trois termes d'une série très-régulièrement constituée, et que leurs caractères essentiels sont susceptibles d'être ramenés à des considérations géométriques et arithmétiques, dont le rapprochement fait nettement saisir l'ordre sériai. Du premier au dernier (et il en est de même dans les embranchements et classes, des premières subdivisions aux dernières), la similarité se prononce de plus en plus, et le mode de coordi- nation se simplifie. Ainsi, pour commencer par le caractère géométrique, il y a, dansle premier groupe, coordination des parties similaires par rapport à un plan, plus généralement à une surface (1) ; la coordination se fait, dans le second, par rapport à une ligne; dans le troisième, par rapport à un point; ou en d'autres termes, par rapport à une épine, à un axe et à un centre. Dans le premier, en outre, les parties similaires se répètent deux à deux, dans le second plusieurs à plusieurs, dans le troisième en nombre très-grand et indéfini, sinon infini; d'où, en un mot, la dualité, la multiplicité définie et la multipli- (1) Les parties, ordinairement coordonnées par rapporta un plan, le sont quelquefois par rapport à une surface courbe, ou même à une surface enroulée en spirale. ( 433 ) cité indéfinie ou indemnité, selon une expression déjà employée en philo- sophie. » Dans le tableau anthropologique, l'auteur donne place à douze races, les seules qu'il regarde comme encore assez bien connues pour être exacte- ment classées. Parmi elles, les quatre principales sont, suivant lui, les races caucasique, mongolique et éthiopique, placées de même par tous les auteurs au premier rang, et la race liottenlote; celle-ci, rattachée par les uns à la mon- golique, par d'autres à l'éthiopique, parce qu'elle réunit plusieurs des carac- tères principaux de l'une et de l'autre. On sait que dans la race caucasique, et c'est ce qui la distingue essentiellement, il y a prédominance de la région supérieure de la tête, c'est-à-dire du crâne et du cerveau, sur les mâchoires et les organes des sens, ou, comme l'a remarqué M. Serres, des parties nourries par la carotide interne sur celles qui le sont par la carotide ex- terne. Il y a, au contraire, prédominance dans la race mongolique de la région moyenne, qui est très-élargie, et dans la race^éthiopique, de la région inférieure, qui se projette en avant. Le caractère très-remarquable de la race hottentote est la prédominance à la fois de la région moyenne et de la région inférieure, en un mot, de la face tout entière qui est à la fois élargie et pro- jetée en avant; d'où la réunion des conditions qui placent au second rang la race mongolique et font descendre au troisième la race éthio- pique. En d'autres termes, la race caucasique étant orthognathe, la mon- golique eur/gnathe, et l'éthiopique prognalhe, la hottentote est à la fois eurygnathe et prognathe. A ce caractère très-important, et qui en fait, dans la série des races humaines, un dernier terme diamétralement opposé au premier, la race hottentote joint un mode d'insertion des cheveux qui lui est propre, une disposition spéciale des orteils décroissant graduelle- ment, comme les tuyaux d'une flûte de Pan, de l'interne à l'externe, le développement des nymphes, et diverses dispositions ostéologiques (i) et encéphaliques, déjà bien étudiées par divers auteurs. » La race hottentote, une des moins importantes, si l'on compte le nombre des individus qu'elle comprend et le rôle qu'elle joue dans l'hu- manité, en un mot, si on la considère au point de vue ethnographique, est, au contraire, comme on le voit, une des plus importantes, une des races de premier ordre, au point de vue taxonomique, et d'après la valeur des modi- fications qui la caractérisent. (i) La plus remarquable est la non-bifurcation des apophyses épineuses cervicales, M. Duvernoy a le premier signalé ce caractère. C. R., 18C0, a™» Semestre. (T. LI, N° 18.) ^9 ( 434 ) » Entre les races caucasique, mongolique, éthiopique et hottentote qui représentent, pour ainsi dire, les quatre points cardinaux de l'anthropologie, se placent toutes les autres races. Leurs innombrables modifications, et les passages qui ont lieu de l'une à l'autre, forment de leur ensemble une sorte de réseau qui relie plus ou moins intimement entre elles toutes les variations du type humain. » Les races que M. Geoffroy-Saint-Hilaire a cru pouvoir comprendre dans son tableau, comme déjà suffisamment distinctes, sont les suivantes : » Races à cheveux lisses : Caucasique, Alléganienne, Hyperboréenne, Malaise, Américaine; Mongolique, Paraboréenne (i)j; Australienne. » Races à cheveux crépus (appartenant particulièrement à l'hémisphère austral) : Cafre, Éthiopique, Mélanienne; Hottentote. » MÉMOIRES LUS. médecine. — Note sur le délire hypochondriaque considéré comme symptôme et comme signe précurseur de la paralysie générale; par M. Baillarger. . (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Andral, Rayer.) « La paralysie générale est une des maladies cérébrales les plus fréquentes et les plus graves. Elle frappe l'homme dans toute la force de l'âge et le conduit à la mort en le faisant passer parla plus triste dégradation. » Tous les médecins sont d'ailleurs d'accord pour considérer cette affec- tion comme très-insidieuse à son début. Elle met souvent, en effet, un temps très-long à se développer, n'offrant d'abord que des symptômes en appa- rence légers ; dans beaucoup de cas ces symptômes légers passent inaperçus, et quand la maladie est reconnue, il est déjà trop tard pour arrêter sa marche. Il importe donc à un très-haut degré de saisir les premières mani- festations de cette affection, et ainsi je crois faire quelque chose d'utile en signalant la relation étroite qui me paraît exister entre la mélancolie hypo- chondriaque et la paralysie générale. Cette relation une fois démontrée, le délire dont je viens de parler devient, en effet, un symptôme nouveau, qui peut dans beaucoup de cas servir au diagnostic de la maladie à son début. Ce symptôme aurait d'autant plus d'importance, que la paralysie gé- nérale accompagnée de mélancolie est souvent, pendant sa première période, difficile à distinguer de la mélancolie simple. » Les conceptions délirantes des hypochondriaques paralytiques sont des plus variées, cependant il en est qui se présententsi souvent, qu'on pourrait (i) Ordinairement confondue avec la race hyperboréenne. ( 435 ) jusqu'à un certain degrélesregardercomineayantici quelque chosede spécial. » Les malades croient que leurs organes sont changés, détruits ou com- plètement obstrués. Ils prétendent, par exemple, qu'ils n'ont plus de bouche, qu'ils n'ont pins de ventre, qu'ils n'ont plus de sang; ou bien que leur pharynx est bouché, leur estomac complètement plein, que leur ventre est barré. Il semble à quelques-uns que les aliments qu'ils prennent sortent des voies ordinaires, qu'ils passent sous la peau ou même dans leurs vête- ments. Quatre malades prétendaient que leur corps tombait en putréfaction. Plusieurs d'entre ces derniers paraissaient avoir des hallucinations de l'odo- rat. Il en est qui soutiennent qu'ils ne peuvent plus ouvrir les yeux et qu'ils sont devenus aveugles; d'autres cessent de parler et assurent plus tard qu'il leur était impossible d'ouvrir la bouche ; ils affirment encore ne plus pou- voir avaler, ni aller à la selle, ni uriner. Ils trouvent que leurs membres sont changés, qu'ils sont plus gros ou plus petits, ils disent même qu'ils ne les ont plus. Enfin, il en est qui vont jusqu'à se croire morts. Ils restent immo- biles, les yeux fermés, et quand on soulève leurs membres, ils les laissent retomber comme s'ils étaient complètement paralysés. Ces diverses concep- tions délirantes entraînent souvent de fâcheuses conséquences. Beaucoup de malades refusent avec plus ou moins d'énergie de prendre des aliments, et quelquefois il faut recourir à l'emploi de la sonde œsophagienne. » Ces derniers, pour peu que le délire se prolonge, ne tardent pas à tom- ber dans le marasme. J'ai vu succomber, après huit jours seulement de maladie, un aliéné qui opposa la plus grande résistance à l'emploi de la sonde, d'après cette idée, que son estomac était complètement plein et son pharynx obstrué. » Un hypochondriaque, au début de la paralysie générale, prétendait qu'il ne pouvait plus uriner et en même temps il faisait des efforts pour retenir son urine. Sa vessie se distendit énormément, et il se donna une véritable rétention. Il fallut avoir recours au cathétérisme, qui offrit de grandes difficultés. Au bout de quelques jours, le chirurgien pratiqua une fausse route, le malade succomba rapidement, étant encore à la première période. La disposition à la gangrène, qui est un des caractères de la paralysie générale au dernier degré, existe ici plus prononcée et avant l'époque ordinaire. » Le délire hypochondriaque n'est donc pas seulement un symptôme dans certaines formes de la paralysie générale. Il faut ajouter que c'est un symptôme grave et un signe prognostique fâcheux. « En voyant les conceptions délirantes dont j'ai parlé se reproduire si 59.. ( 436 ) souvent chez les paralytiques atteints de mélancolie, j'ai dû accorder au même délire une attention spéciale lorsque je l'ai observé chez des malades qui n'offraient encore aucun signe de paralysie. J'ai pu constater déjà dans un assez grand nombre de cas que beaucoup de ces malades avaient plus tard été atteints de paralysie générale. » Je suis bien loin assurément de regarder cette terminaison comme constante, mais elle est, à mon avis, si fréquente dans cette forme de mé- lancolie, que celle-ci mérite une place à part et que son pronostic est beau- coup plus grave. Je me borne donc à établir que le délire hypochondria- que constitue dans la mélancolie une présomption grave de terminaison par- la démence paralytique, et qu'il est un élément de plus pour le pronostic. » M. le Dr Combes a publié dans sa thèse l'observation d'un malade atteint d'une lypémanie avec stupeur, offrant des symptômes graves. Ce- pendant rien n'indiquait que ce malade dût plus tard être atteint de para- lysie générale. Après quinze mois il sortit guéri de l'asile où il avait été soigné. En lisant cette observation, je fus frappé de l'existence de certaines conceptions délirantes de nature hypochondriaque : le malade, en effet, avait cru qu'il allait mourir, si même il n'était déjà mort; il prétendait que ses membres étaient anéantis, qu'il ne les avait plus, etc. Cette donnée me parut suffisante, et j'écrivis à M. Combes pour savoir ce que le malade était devenu. Sa réponse confirma le pronostic. J'appris, en effet, qu'après avoir repris pendant une année des fonctions assez importantes, l'ancien mélancolique avait été atteint de paralysie générale. On voit que dans ce fait, si l'on eût tenu compte du délire hypochondriaque comme signe prognos- tique, on aurait pu annoncer avec de grandes probabilités la paralysie gé- nérale plus de deux années à l'avance. » Sans doute il peut paraître étrange qu'on puisse ainsi s'appuyer sur une certaine forme de délire pour prédire la désorganisation du cerveau; mais ce fait, si singulier qu'il paraisse, n'est que le second du même genre pour ce qui a trait à la paralysie générale. » Depuis les beaux travaux de M. Bayle, il n'est pas un médecin qui mette en doute que le délire des grandeurs est, dans beaucoup de cas, le signe précurseur de la démence paralytique. Il y a plus de trente ans qu'un médecin distingué, confirmant l'opinion de Bayle, écrivait que ce délire mérite d'autant plus de fixer l'attention, que très-souvent il peut servir à diagnostiquer la paralysie générale plusieurs mois à l'avance. Des obser- vations par centaines ont depuis établi ce fait. Or, si le délire des grandeurs permet, dans la monomanie et la manie, de prédire la paralysie générale plusieurs mois et quelquefois même plusieurs années à l'avance, pour- quoi n'en serait-il pas ainsi du délire hypochondriaque dans la mélancolie ? » Quant à l'explication de ces laits, je n'essayerai pas de la donner, et j'ajouterai que c'est en vain qu'on a cherché jusqu'ici à se rendre compte de la relation qui existe entre le délire ambitieux et la paralysie générale. » Quelle que soit d'ailleurs l'explication qu'on propose, je rappellerai qu'on devra tenir compte d'un fait très-remarquable et généralement peu connu. Je veux parler de la fréquence relative de la paralysie générale chez les femmes des différentes classes de la société. » Tandis que la maladie est également fréquente chez les hommes de toutes les classes, on observe, au contraire, pour les femmes, la différence la plus singulière. La paralysie générale, très-commune chez les femmes des classes pauvres, est très-rare, au contraire, chez les femmes des classes riches. Ce fait a certainement été oublié par ceux qui ont voulu expliquer le nombre plus grand des folies ambitieuses par le développement des idées de spécu- lations, par le désir plus général d'arriver rapidement aux honneurs et à la fortune. » Je crois donc qu'il faut, jusqu'à nouvel ordre, se borner à constater que le délire des grandeurs et le délire hypochondriaque sont, dans beau- coup de cas, mais dans des conditions différentes, des signes précurseurs de la paralysie générale. J'ai cru utile d'appeler l'attention sur le second de ces faits; quant au premier, il était depuis longtemps connu. » CHIMIE VÉGÉTALE. — De l'importance comparée des agents de la production végétale; par M. G. Ville. (Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniart, Payen, Peligot.) II. — La soude peut-elle remplacer la potasse ? « Depuis quelques années l'agriculture anglaise consomme pour la fumure des terres des quantités énormes et toujours croissantes de nitrate de soude importé du Pérou. Les bons effets de ce sel, attestés aujourd'hui par la pratique agricole la plus étendue, ont été mis en lumière, à l'origine, par les savantes recherches de M. Kuhlmann (i), par les études plus théoriques de MM. Bineau, Boussingault, Georges Ville. Parmi les travaux ayant le plus contribué à l'avancement de nos connaissances sur l'utilité pratique du nitrate de soude, on ne peut omettre les nombreuses et remarquables pu- blications sorties de la plume du Dr Pusey (a). (i) Expériences chimiques et agronomiques, in-8°; 1847. (2) The Journal o/the royal Agricultural Society 0/ England, t. XIII, XIV et XV. ( 438 ) « Savants et agriculteurs, hommes de théorie et exploitants du sol, tout le monde est unanime maintenant pour ranger le nitrate de soude parmi les agents les plus efficaces de la production végétale. » Avant que l'infortuné Leblanc eût découvert le procédé admirable qui a permis à l'industrie de retirer la soude du sel marin pour alimenter les arts et l'économie domestique de ce précieux agent, on mettait à profit la faculté dont les plantes marines sont douées d'extraire la soude des eaux de la mer et de l'accumuler au sein de leurs fragiles tissus. La combustion de ces plantes laisse comme résidu une cendre dont le carbonate de soude est un des éléments prédominants. On procédait autrefois à l'égard des plantes marines comme on le fait encore en Amérique lorsque, les voies de grande communication et les moyens de transport venant à manquer, on ne peut tirer parti du bois des forêts. Alors on brûle les arbres pour retirer de leur cendre la potasse assimilée par la végétation. » Parmi les plantes propres à l'extraction de la soude, la Barille, cultivée sur les côtes d'Espagne, produit par sa combustion une cendre dont la partie soluble contient de 20 à 40 pour 100 de carbonate de soude (1). Quoique moins riches en alcalis, les cendres des varechs en contiennent cependant des quantités considérables. L'abondance de la soude dans la cendre de ces végétaux, jointe à la disparition des végétaux à soude dans l'intérieur des terres lorsque le sol cesse de contenir du sel, indiquent clai- rement que la soude est essentielle à leur constitution, qu'elle remplit à leur égard une fonction de premier ordre. En raison de l'étroite parenté existant entre la soude et la potasse, il est intéressant de se demander jus- qu'à quel point ces deux alcalis peuvent se remplacer mutuellement, et si cette substitution n'apporte aucun trouble dans le cours de la vie végétale. » M. Payen rapporte que les branches et les feuilles du Mesambrianlhe- mum cristallinum , exploité à l'île de Ténériffe pour l'extraction de la soude, sont parsemées de glandes remplies d'une dissolution d'oxalate de soude, lequel disparaît pour faire place à l'oxalate de potasse, à mesure qu'on s'é- loigne du littoral pour s'avancer dans l'intérieur des terres. » Le vénérable M. de Gasparin cite une autre plante où la potasse se sub- stitue à la soude plus complètement encore, sans préjudice d'aucun genre. Il paraît que le Salsola tragus, exploité comme plante à soude entre Fron- (1) Thenard, t. III, p. i/Ji. (439) tignan et Aiguës-Mortes, remonte très-loin dans la vallée du Rhône. « Elle » ne se montre pas moins vigoureuse dans la station la plus continentale » qu'elle ne l'était près de la mer. Alors cependant la plante ne contient » que de la potasse, la soude a entièrement disparu (i). » » Il semblerait réstdter de ces deux exemples que la potasse peut quel- quefois remplacer la soude; reste à savoir si l'inverse est également possi- ble, si la soude peut tenir lieu de la potasse pour certains végétaux, et si ces derniers s'accommodent de la substitution? A l'égard du blé, la réponse des phénomènes à cette question est aussi nette que péremptoire : la soude, employée à l'exclusion de la potasse, porte une grave atteinte à son déve- loppement, elle change totalement le rendement des cultures. Je puis invo- quer à cet égard le témoignage de deux expériences exécutées dans des conditions différentes, et dont les résultats se vérifient et se complètent réci- proquement. » Par les raisons que j'ai rapportées dans ma dernière Note (2), j'ai adopte la terre des Landes, naturellement dépourvue de potasse, comme sol d'expé- rimentation. Chaque culture a reçu 10 grammes de phosphate de chaux et ogr, 1 1 o d'azote. La potasse et la soude ont été employées à l'état de nitrate. » Avec le phosphate de chaux et le nitrate de potasse, on détermine une végétation active et florissante. Dans ces conditions, le blé réussit à mer- veille; le chaume est ferme, l'épi bien formé, richement pourvu de grains; le grain est dense et volumineux. » Remplace-t-on le nitrate de potasse par le nitrate de soude? La végéta- tion change aussitôt de caractère : le blé pousse mal; le chaume, au lieu de s'élever verticalement, s'incline en tous sens. Les épis sont peu nom- breux ; les grains sont rares, chétifs, incomplètement formés. » Je place sous les yeux de l'Académie la photographie de ces deux cul- tures. Le poids de récoltes va traduire sous une autre forme le témoignage de la photographie : CULTURE DANS LA TERRE DES LANDES. — RÉCOLTE MOYENNE DESSÉCHÉE A 100°. Semence, 20 grains. Phosphate de chaux. Nitrate de potasse. Phosphate de chaux. Nitrate de soude. Paille et racines I2«r,i4 ) , Paille et racines 78r,o85 1 7. > iafr,Q2 ' ' \ -*' Ai 140 grains 2«r,78 j ' '" 20 grains o6r,325 ) ; '* (1) De Gasparin, Cours d'Agriculture, 3e édition, 1. 1, p. 106. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LI, p. 246. ( 44o) » La différence va du simple au double. La soude ne peut donc remplacer la potasse. J'ai dit que cette proposition était susceptible d'une autre dé- monstration; il me reste à la faire connaître. » Au lieu d'ajouter à la terre des Landes un mélange de phosphate de chaux et de nitrate de potasse, ou un mélange de phosphate de chaux et de nitrate de soude, ajoutons en plus, à chaque mélange employé comme engrais, 4 grammes de silicate de potasse. En l'absence du silicate, la culture au nitrate de soude était inférieure à celle au nitrate de potasse : l'addition du silicate équilibre les effets ; les différences entre les cultures s'éteignent. Le nitrate de soude se montre aussi efficace que le nitrate de potasse. Pourquoi, dans ces nouvelles conditions, se demandera-t-on peut- être, les deux nitrates produisent-ils sensiblement les mêmes effets? Parce qu'ils n'agissent, répondrons-nous, que par leur azote. » Le sol étant largement pourvu de potasse par l'addition du silicate au mélange primitif, comment la potasse du nitrate de potasse pourrait-elle manifester son influence ? Quelques chiffres vont me permettre de mieux pré- ciser les effets obtenus : CULTURE DANS LA TERRE DES LANDES. — RÉCOLTE MOYENNE DESSÉCHÉE A 100°. Semence, 20 grains. Phosphate de chaux. Diitrate de potaisc. Phosphate de chaux. Nitrate de soude. Silicate de potasse. Silicate de potasse. Paille et racines. . . i7Br,3q ) „ ... Paille et racines i5Br,70 ) _ ., L y > 22Br,3q(*l . . U \ 20eT,in 211 grains 5sr,oo ) 'w 210 grains 4 >"7 ) » Conclusion. En tant qu'il s'agit du blé, la soude ne peut pas remplacer (*) Ces résultats sont des moyennes ; voici les expériences isolées qui les ont fournies : Phosphate de chaux. Nitratejde potasse. Phosphate de chaui. Nitrate de soude. Silicate de potasse. Silicate de potasse. I. I. Paille et racines intT,no I _ _ Paille et racines i5gr,25 ) c ■ ei-»*: 23«r,o5 ' «9,r,7o 2i5 grains 5Br,35 220 grains 4 ,45 II. II i7Br,o8 I . Paille et racines > 2i8r 70 207 grains 4er>65> ) 201 grains 4êr>9° Paille et racines i7Br,o8 1 . Paille et racines i6Br,i4 ) , (44i ) la potasse; le nitrate de soude associé au phosphate de chaux est un en- grais peu efficace. Une addition de potasse communique à ce mélange une activité immédiate. Si dans la pratique le nitrate de soude s'est montré effi- cace, c'est parce que le sol était naturellement pourvu de potasse. » ASTRONOMIE. — Eclipse du 18 juillet : Observations faites à Batna [Algérie). Observateurs : MM. Laussedat, Salicis, Mannheim, Bour et Girard : Exposé des résultats obtenus. (Extrait d'un Mémoire de M. Laussedat.) (Commissaires, MM. Babinet, Faye, Delaunay.) « Dans le courant du mois de juin dernier, S. Exe. M. le Ministre de la Guerre décida qu'une Commission, composée de personnes attachées, à divers titres, à l'enseignement de l'Ecole Polytechnique (i), se rendrait dans le sud de la province de Constantine, en Algérie, pour y observer l'éclipsé totale de Soleil du 18 juillet. » Les préparatifs de cette expédition que j'avais l'honneur de diriger, durent être faits avec la plus grande diligence; mais heureusement le Dépôt de la Marine et les collections de l'Ecole Polytechnique renferment d'excel- lents instruments qui furent mis à notre disposition. MM. Brunner, Walferdin et Winnerl eurent aussi l'obligeance de contribuer à compléter notre ma- tériel scientifique. » Constituée le 19 juin, la Commission s'embarquait le 29 à Marseille pour Philippeville, et arrivait le 6 juillet à Batna où elle s'installa. Grâce à la bienveillance de M. le colonel Pein, commandant supérieur, et de M. le commandant Mante, chef du génie, un petit observatoire fut créé en moins de trois jours en avant de la porte de Lambèse, et nous pûmes procéder ré- gulièrement à nos observations dès le 10 juillet. » Le Mémoire que j'ai adressé à M. le Ministre de la Guerre, et qu'il a bien (1) Cette Commission était composée de : MM. Laussedat, capitaine du génie, professeur à l'École Polytechnique, Salicis, lieutenant de vaisseau, 1 Mannheim, capitaine d'artillerie, > répétiteurs, Bour, ingénieur des mines, ] et Girard, conservateur des collections scientifiques à la même École. C. R. , 1860, 2"" Semestre. (T. LI, N° 12.) 60 ( 44a ) voulu m'autorisera soumettre au jugement de l'Académie, est divisé en cinq chapitres, dont voici l'analyse : » I. Observations astronomiques. — Les observations entreprises avant l'éclipsé, et destinées principalement à nous faire connaître l'état et la marche de nos chronomètres, furent faites au moyen d'un excellent cercle méridien portatif de Brunner, appartenant au Dépôt de la Marine. Ces observations et tous les calculs de réduction sont annexés au Mémoire à titre de pièces jus- tificatives. Nos chronomètres, quoique transportés si loin et par de mau- vaises routes, ont repris à Batna une marche aussi régulière qu'auparavant. Le même cercle méridien, muni de microscopes micrométriques, nous a permis de déterminer la latitude de notre station avec une grande précision. Enfin, les observations de la Lune et des étoiles de culmination lunaire que j'ai faites les 28, 29 et 3i , pourront être comparées avec celles qui ont sans doute été faites, à l'une de ces dates au moins, dans quelque observatoire permanent, ce qui nous permettra de déterminer aussi la longitude de Batna sans avoir recours à l'observation de l'éclipsé. On pourra donc, je l'espère, réserver cette observation pour la vérification des Tables de la Lune. » Les observations des contacts des disques du Soleil et de la Lune, faites le jour de l'éclipsé, ont été déjà communiquées à l'Académie. Une révision attentive de mes calculs n'a pas modifié sensiblement les nombres qui ont été publiés dans les Comptes rendus. J'ai cru pouvoir conclure de l'examen de ces nombres deux faits intéressants : » i°. Que l'on connaît encore mal les diamètres apparents de la Lune et du Soleil, ce dont les astronomes conviennent généralement. » 20. Que l'accord remarquable qui existe entre le calcul etl'observation, quant à l'instant prédit pour le milieu de l'éclipsé totale, témoigne de l'exac- titude des Tables actuelles de la Lune et du Soleil, et prouve aussi en même temps que la longitude de Batna indiquée sur la carte de l'Algérie du Dé- pôt de la Guerre est probablement exacte à très-peu près. » II. Phénomènes physiques observés pendant l'éclipsé. — J'ai fait un dessin de l'auréole lumineuse formée autour du disque obscur de la Lune pendant l'éclipsé totale; ce dessin accompagne mon Mémoire. Mes collaborateurs, consultés un instant après la réapparition du Soleil, se sont accordés à re- connaître l'exactitude de cette représentation du phénomène. On y voit deux groupes de protubérances de couleur rose un peu terne que Ton dis- tinguait à l'œil nu. Parmi les aigrettes, dont quatre s'étendaient à une assez grande distance de la Lune, il en est dont les radiations ne partent ni du centre du Soleil ni du centre de la Lune, et l'une d'elles surtout est remar- ( 443 ) quable par la courbure de ses rayons qui lui donnent l'aspect d'un panache, M. Salicis, qui observait les protubérances dans une lunette dont le gros- sissement était de 35 fois, en a vu sept dont il a mesuré les angles de position; mais la manœuvre assez pénible de sa lunette l'a empêché d'ex- plorer le disque entier de la Lune, et il n'a eu le temps ni de dessiner le détail des protubérances ni d'en mesurer les hauteurs. » La coloration du ciel, très-faible autour de l'auréole, allait en se ren- forçant vers le zénith, où elle prenait une teinte bleue-ardoisée. L'horizon au sud et à l'est avait la même teinte un peu plus sombre ; au nord et à l'ouest, il était plus lumineux, et l'effet général, de ce côté, était celui du crépuscule du matin, avec des tons dégradés en sens inverse, passant du bleu lavé au jaune orangé pâle. L'obscurité n'était pas très-grande, et les yeux des observateurs s'y accoutumant peu à peu, on y voyait assez pour lire des chiffres écrits au crayon, dessiner, etc. » Un grand nombre de spectateurs ont vu plusieurs astres briller pendant l'éclipsé totale, et M. Salicis a même aperçu Jupiter ou Vénus un peu avant la disparition complète du Soleil. Le nombre des étoiles vues par les diffé- rents observateurs a varié de trois à neuf, parmi lesquelles Jupiter, Vénus, Saturne, Régulus et Sirius sont le plus souvent signalés. » Tous les spectateurs ont vu, à l'œil nu comme dans les lunettes, qu'avant la disparition du Soleil, le croissant qui en restait présentait dans sa forme un défaut frappant de symétrie : l'une des extrémités était effilée, tandis que l'autre était tronquée et arrondie. Une épreuve photographique prise à ce moment rend cette apparence avec la plus entière fidélité. M. Salicis a remarqué en outre un aplatissement apparent du bord de la Lune reproduit également par la photographie. » MM. Bour et le capitaine du génie de Bretteville ont constaté la pola- risation de la lumière de l'auréole, et estimé que le plan de polarisation faisait un angle de j 5 à 200 avec l'horizon. » Le phénomène des franges mobiles, qui apparaissent au moment de l'occultation totale et à celui de la réapparition du Soleil, a été observé avec le plus grand soin par M. Mannheim et se trouve décrit avec détail dans le Mémoire; c'est la première fois, je crois, qu'on aura recueilli des données aussi précises sur cet objet. » Enfin, MM. Bour et Mannheim ont aperçu, l'un dans une lunette et l'autre à l'œil nu, un point brillant près du bord du disque de la lune et leurs observations sont concordantes. 6o.. ( 444 ) » III. Observations météorologiques. — Les observations barométriques, hygrométriques et magnétiques faites pendant l'éclipsé sont négatives. Le thermomètre a baissé continuellement depuis le commencement de l'éclipsé jusqu'à l'occultation totale du Soleil, et a remonté à partir du moment de la réapparition, quoique moins rapidement. Au moyen des thermomètres différentiels et d'un thermomètre à minima de M. Walferdin, on a constaté un abaissement de 5° en dix minutes, à l'approche de l'éclipsé totale. Enfin le vent, très-fort dans la matinée, est tombé peu à peu à partir de 2 heures, et pendant l'éclipsé l'air était très-calme. » IV. Effets produits sur les hommes, les animaux et les plantes. — Il n'y a rien à signaler en ce qui concerne les Européens. Les Arabes parurent gé- néralement indifférents. Leurs femmes poussèrent des cris et adressèrent des injures au Soleil pendant l'obscurité, puis elles furent toutes joyeuses de revoir la lumière et le manifestèrent bruyamment. Les animaux supé- rieurs, sauvages ou domestiques, ne parurent pas influencés par l'obscurité insolite de l'éclipsé. Au contraire, les oiseaux, les insectes et les fleurs se conduisirent comme si la nuit fût venue réellement. On ne remarqua rien de particulier à l'égard des reptiles. Les renseignements qui sont consignés dans le Mémoire m'ont été fournis, pour la plupart, par M. Bauchetet, garde du génie, qui avait installé lout un système d'observations à ce sujet. » V. Opérations photographiques. — Notre appareil, improvisé en moins de huit jours, était excellent pour reproduire les phases, mais insuffisant pour obtenir l'éclipsé totale. Les douze épreuves qui accompagnent le Mémoire ont été prises sur des plaques placées exactement dans le plan du méridien, la face sensible tournée vers l'ouest. L'image du Soleil y était projetée par un héliostat et à travers une lunette calée horizontalement. Grâce à ces précautions, j'ai déjà pu tirer de nos épreuves des résultats utiles : celui, par exemple, de mesurer avec assez de précision l'angle de position des quatre points de contact. » Je donne dans le Mémoire la solution d'un problème de géométrie sphérique qui s'est présenté à ce sujet, et dans les documents annexés les calculs et l'orientation des épreuves voisines du contact. » M. Mannheim a fait les calculs et dressé les tableaux qui se rapportent aux observations météorologiques. 11 a décrit, dans une Note insérée à la fin du chapitre III, les instruments dont il s'est servi. » M. Girard, de son côté, m'a remis une Note détaillée sur les différents (445 ) procédés photographiques qu'il a employés, tant pour les phases que pour l'éclipsé totale (i). Cette seconde Note fait suite au chapitre V. » Je dois dire, en terminant, que MM. de Bretteville et Duborp, capi- taines du génie, Dauvais, médecin-major, Zickel, lieutenant d'artillerie, et Genouille, sergent du génie, nous ont prêté constamment le plus précieux concours. » ASTRONOMIE. — Remarques sur l'hypothèse de l atmosphère de la Lune, à l'occa- sion de la lecture précédente; par M. Faye. « Sans anticiper en rien sur le Rapport auquel donnera lieu l'importante communication de M. le capitaine Laussedat, je désire signaler dès aujour- d'hui à l'attention de l'Académie deux passages de son Mémoire dont j'ai été très-vivement frappé. Le premier est la mention d'un point lumineux vu sur le disque de la Lune et analogue à ceux de l'amiral Ulloa, en 1778, et de M. Valz, directeur de l'observatoire de Marseille, en 1842. Le second est une déformation particulière qui a été remarquée à un certain instant dans le mince croissant solaire, et qui s'est reproduite dans une des curieuses épreuves photographiques de M. Girard, que M. Laussedat vient de placer sous nos yeux. Cette déformation ne saurait guère provenir que d'une réfraction anormale, soit dans l'atmosphère terrestre, soit dans celle de la Lune, et comme cette dernière idée paraît s'être spontanément présentée à l'esprit des observateurs eux-mêmes, je vais tâcher de montrer que cette supposition n'est nullement contredite par l'état actuel de la science. Je dirai plus : l'hypothèse de l'atmosphère lunaire, si nettement indiquée déjà par la visibilité du contour de la Lune en dehors du Soleil longtemps avant ou après la totalité (1842, i858), ne mérite pas l'abandon où elle a été laissée depuis que les esprits se sont tournés vers la supposition d'une atmosphère solaire qu'aucun phénomène ne me paraît légitimer (2). » On a dit et répété partout que la Lune n'a point d'atmosphère, parce que la durée de l'occultation des étoiles répond exactement au diamètre bien connu de notre satellite. Cette négation est trop explicite : Bessel a dé- montré seulement que, s'il existait une telle atmosphère, sa réfraction hori- zontale, sur les bords de notre satellite, ne pourrait dépasser un très-petit » (1) Ces images photographiques sont mises sous les yeux de l'Académie. (2) Pas même le décroissement de l'intensité lumineuse vers les bords du Soleil. Voir à ce sujet, dans les Comptes rendus, t. XLIX, p. 696-705, mon Mémoire sur l'Atmosphère du Soleil. ( 446 ) nombre de secondes. Ajoutons ici que ses calculs reposent sur les Tables de Burckardt, et par conséquent sur des termes erronés pour la parallaxe. Mais, sans infirmer autrement son résultat, je dis qu'il ne faudrait pas rai- sonner ici des éclipses d'après les occultations, attendu qu'il existe, comme on va le voir, une différence capitale entre ces deux phénomènes, en ce qui concerne l'atmosphère de la Lune. » Rappelons d'abord que la Lune n'est point un sphéroïde homogène et que sa figure doit dès lors différer de celle que la théorie de sa rotation conduit tout d'abord à lui assigner, à savoir un ellipsoïde à trois axes inégaux dont le centre de figure coïnciderait avec le centre de gravité. On est ainsi amené à considérer le cas où, au rebours de ce qui est admis poul- ies planètes et le Soleil, le centre de gravité et le centre de figure seraient distincts dans notre satellite, et séparés par un intervalle appréciable. M. Hansen a cherché s'il était possible de déterminer la situation de ces deux points; il est arrivé à cette conclusion que l'une de leurs trois coor- données relatives dépendait du théorème suivant : et on en déduit, pour la distance des centres, 59000 mètres, ou environ i5 lieues. » Ainsi le centre de gravité serait, par rapport à nous, au delà du centre de figure, à une distance d'environ i5 lieues, comptée sur l'axe du sphéroïde lunaire qui est constamment dirigé vers la Terre (c'est en effet par rapport à cet axe que le moment d'inertie doit être minimum). » Or les surfaces de niveau se règlent dans ce cas sur le centre de gra- vité et non sur le centre de figure. En considérant donc, pour simplifier, la Lune comme étant sensiblement sphérique, on trouvera que la surface du niveau moyen laisse en saillie de notre côté un ménisque plein de i5 lieues de flèche, et du côté opposé, que nous ne voyons jamais, un ménisque vide de même épaisseur. Si l'on verse un fluide quelconque en un point ( 447 ) quelconque du sphéroïde lunaire, ce fluide coulera vers le ménisque le plus bas, c'est-à-dire vers le ménisque vide, et pourra y atteindre une hau- teur de i5 lieues au centre, sans qu'on en voie, de la Terre, la moindre trace (i). » Appliquons ces belles considérations de M. Hansen aux phénomènes des éclipses, mais auparavant introduisons dans la question un élément nou- veau dont l'illustre astronome allemand n'avait pas à se préoccuper. Cet élé- ment, c'est la chaleur solaire. On sait que la durée des jours lunaires est de ag,5 de nos jours terrestres, en sorte que le Soleil reste environ i5 jours de suite sur l'horizon d'un lieu quelconque de la Lune (il faut excepter les contrées très- voisines des pôles, où les jours sont encore plus longs). La cha- leur acquise par le sol, du moins de notre côté, à l'époque de la Pleine Lune, pendant une si longue insolation, doit être très-grande; sir John Herschel pense même qu'elle pourrait être bien supérieure à celle de l'eau bouillante. Obscures d'ailleurs, les radiations calorifiques, dirigées de la Lune vers la Terre, sont absorbées par les couches supérieures de notre atmosphère et ne parviennent pas jusqu'à nous (2). Mais l'époque des éclipses de Soleil, c'est la face opposée, invisible pour nous, qui a reçu 7 ou 8 jours de suite l'action des rayons solaires, et si cette face est recouverte d'une atmosphère, une grande partie de la chaleur absorbée sera employée à en échauffer, à en dilater les couches superposées. Dès lors l'atmosphère devra se déverser par delà le cercle du niveau moyen qui limite précisément l'hémisphère tourné vers rfous; en un mot elle viendra empiéter sur cet hémisphère, et en border le contour sur une certaine épaisseur. A la Pleine Lune, au contraire, c'est-à-dire vers l'époque où s'observent la plupart des occultations d'étoiles, l'atmosphère aura subi le refroidissement progressif d'une longue nuit de 7 ou 8 fois 24 heures, elle sera rentrée dans ses limites, elle aura disparu complètement pour nous, ou n'aura laissé sur le bord de notre satellite que les couches les plus élevées, les moins denses et les moins réfringentes. » Ainsi, pour discuter l'hypothèse de l'atmosphère lunaire et son influence soit sur les occultations, soit sur une partie des phénomènes des éclipses, il est désormais indispensable de tenir compte de l'âge de la Lune et de sa li- bration actuelle, car les contractions ou les expansions de la couche d'air (1) C'estainsi que pour la Terre elle-même, les continents sont émergés sur un hémisphère, tandis que sur l'autre ils disparaissent complètement sous l'Océan. (2) Voir à ce sujet, dans les Comptes rendus, t. XLIX, p. 737, une curieuse observation météorologique de M. Poey, directeur de l'observatoire de la Havane. ( 448 ) postérieure, sa disparition ou son apparition sur les bords, dépendent évi- demment du premier élément, et, d'autre part, la libration nous découvre tantôt à l'est ou à l'ouest, tantôt au nord ou au sud, des régions placées au- dessous du niveau moyen que nous venons de définir comme la limite pos- sible de l'atmosphère. Il serait intéressant de reprendre à ce point de vue les calculs d'occultation d'étoiles et même ceux des éclipses totales de Soleil. En attendant, on remarquera que cette théorie rend parfaitement compte de certains faits, tels que le phénomène observé et photographié par l'expédi- tion de l'École Polytechnique en Algérie, le raccourcissement de la durée de l'éclipsé totale, la netteté du contour de la Lune sur le fond de l'auréole, et la visibilité du contour entier de la Lune en dehors du Soleil. L'inter- prétation de ce dernier phénomène dont il n'est pas possible de douter, et dont l'expédition brésilienne de 1 858 a offert un mémorable exemple, manquait jusqu'ici, et ne saurait en aucune façon se rattacher à l'atmo- sphère hypothétique du Soleil. » Remarques de M. Chevrecl à l'occasion de la même lecture. « Si M. Chevreul a bien entendu le Mémoire de M. Laussedat, l'auteur, en jetant les yeux sur un papier où des traits auraient été tracés avec un crayon, ne les aurait vus distinctement qu'après les avoir regardés quelques instants. Or s'il n'y a pas eu de méprise, M. Chevreul demande à M. Laus- sedat si les traits tracés au crayon ne lui ont pas paru colorés quand il les a vus distinctement. Après la réponse négative de M. Laussedat, M. Chevreul donne le motif de la question. C'est que souvent dans des circonstances analogues à celles dont a parlé M. Laussedat, il se manifeste des phénomènes de contraste dont jusqu'ici on a à peine parlé. » M. Chevreul en a signalé un de ce genre dans son ouvrage de la loi du contraste simultané des couleurs (p. 76 et 77) propre à démontrer que les phénomènes de ce nom les plus fréquemment perçus, le sont sans fatigue de l'œil. Une écriture d'un gris pâle tracée sur un papier de couleur lui ayant été remise à la chute du jour, il eut peine d'abord à en distinguer les lettres, mais ensuite il parvint à les lire, et alors elles lui parurent de la cou- leur complémentaire du fond ; d'où il conclut que lorsqu'il les lisait facile- ment, son œil devait être moins fatigué que lorsque, cherchant à les déchif- frer, il ne percevait pas les modifications de couleur qu'offre le contraste simultané. » M. Chevreul ajoute qu'il a toujours remarqué le contraste simultané de deux couleurs dans les circonstances où il a voulu répéter des expé- ( 449 ) riences analogues à celles que Beguelin a décrites dans une Note imprimée dans les Mémoires de l'Académie de Berlin de l'année 1771 (1). Il s'agit d'abord de taches de sang qui apparurent à Henri IV jouant aux dés avec le duc d'Alençon et le duc de Guise. Voltaire, en rapportant le fait, l'attribue à l'apparence rouge que prennent les points noirs des dés quand ils font un angle donné avec les rayons du Soleil. Beguelin rapporte à l'appui' de l'opi- nion de Voltaire, les lettres noires d'un livre qui paraissent rouges quand on les lit à la lumière du Soleil en certaines circonstances. « J'ai fait, ajoute M. Chevreul, un grand nombre d'expériences analogues à celles de Beguelin, mais j'ai constamment observé que le phénomène pré- sentait toujours les deux couleurs complémentaires : lorsque les lettres me semblaient rouges, le papier était verclâtre; lorsqu'elles me semblaient vertes, il était rosé, etc. » Je publierai incessamment les recherches dont je parle ainsi que celles que j'ai faites sur la vision des objets colorés éclairés par des lumières ar- tificielles, y compris la lumière électrique, car ce genre de vision présente des phénomènes fort remarquables. Par exemple, la vision des corps blancs à la lumière de l'huile, du suif, de la cire et du gaz, qui nous semblent, blancs, réfléchissent en réalité une lumière jaune mêlée d'orangé. Enfin dans l'ouvrage que j'imprime (XXXIIIe volume des Mémoires de [Acadé- mie] je fais voir que les rayons lumineux de diverses couleurs ne manifes- tent la couleur spéciale à chacun d'eux que quand ils sont dilatés à un cer- tain degré; car sont-ils concentrés, ils donnent une image blanche dont la coloration spéciale ne dépasse pas un quart ou un tiers de ton. » MÉMOIRES PRÉSENTES. PHYSIQUE MÉCANIQUE. — Recherches sur tes effets mécaniques produits dans les corps par la chaleur; par M. H. Resal. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Duhamel, de Senarmont, Clapeyron.) « Lorsqu'on expose, à l'action de la chaleur, un corps soumis à une pression uniformément répartie sur sa surface, la quantité totale de cha- leur dépensée utilement se compose de deux parties. L'une correspond au travail extérieur produit; l'autre, constituant la chaleur sensible, a pour (1} Sur la source d'une illusion du sens de la vue qui change le noir en couleur d'écar- late, p. 8. C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N« 12.) 6l ( 45o ) effet de développer un travail intérieur, travail que l'on peut considérer comme le résultat du développement ou de l'introduction dans le système matériel, de nouvelles forces moléculaires essentiellement répulsives. » Trouver l'expression de ce dernier travail, dans le cas des corps ho- mogènes, tel est l'objet que je me propose dans ce Mémoire. » Pour les corps solides, le travail correspondant à une calorie et à un accroissement de température de i° a pour expression r Ta'E ô TTC en appelant a |e coefficient de dilatation linéaire, E le coefficient d'élasti- cité, F le poids spécifique, c la chaleur spécifique. « Pour les liquides à la pression P, on a la formule 1 — 25* > D izcy dans laquelle jS et y représentent respectivement les coefficients de dilata- tion et de compressibilité. » Enfin les gaz sont régis par la formule fa TTC \ C ] c' étant la chaleur spécifique sous volume constant. » J'ai appliqué ces formules aux corps pour lesquels j'ai pu me procu- rer les éléments numériques qui m'étaient nécessaires. » ACOUSTIQUE. — Sur une ancienne détermination du nombre absolu des vibrations du diapason; par M. G. Govi. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet, Duhamel, Despretz.) o Les historiens de l'acoustique ont presque tous ignoré le nom et les recherches de Victor-François Stancari, de Bologne, qui donna en 1706 une méthode exacte pour compter le nombre de vibrations correspondant à un son déterminé. On cite ordinairement les procédés de Galilée, de Mersenne et de Sauveur, pour passer immédiatement après aux moyens beaucoup plus modernes imaginés par Robinson, par Cagniard de La tour, par Savart, par ( 45i ) Scheibler, etc., etc. Or il est d'autant plus injuste d'oublier les travaux de Stancari sur cette matière, que l'instrument employé par lui contenait en germe le robinet deRobinson, la sirène et les roues dentées, et qu'il en avait parfaitement compris et expliqué le jeu et la hanté importance. Stan- cari était né le 29 juillet 1678, il mourut dans son pays le 27 mars 1709, après avoir produit un assez grand nombre de travaux, tous remarquables. Il était très-bon géomètre, excellent astronome et physicien fort habile. Eustache Manfredi en a écrit l'éloge en tête de ses principaux Mémoires re- cueillis et publiés par lui après sa mort sous le titre de » Victorii Francisci Stancarii, philosophiœ doctoris bononiensis, et in patrio archegymnasio ana- lyticae lectoris, Schedae mathematica: post ejus orbitum collecta?. Ejusdem observationes astionomicœ. » Bononiœ, MDCCXIII; 1 vol. in-/|°. C'est de ce petit livre, devenu assez rare aujourd'hui, que j'ai tiré le Mémoire dont j'ai l'honneur de joindre ici la traduction. Son titre est: De cerla soni mensura constiluenda. Il a été lu à l'Académie de Bologne, le 6 mai 1706. » Après y avoir fait la critique du procédé des battements imaginé par Sauveur, Stancari y décrit ses propres expériences exécutées par le moyen d'une roue tournante de 1 mètre environ de diamètre, garnie de 200 che- villes également espacées et fixées sur le contour de la roue, perpendicu- lairement à son plan. Chaque cheville en venant frapper un même point de l'espace y produit des chocs, dont la succession rapide constitue un son appréciable. Stancari fait varier ce son en changeant la vitesse de rotation de la roue et finit par le mettre à Vunisson avec la note dont il veut compter les vibrations. Connaissant alors le nombre de dents de l'appareil et sa vitesse de rotation, il en tire immédiatement le nombre d'oscillations cor- respondant au son étudié. Il parvient ainsi à vérifier les lois des cordes vi- brantes et fixe à 618 le nombre de vibrations du tuyau de l'orgue de Saint-Pétrone qui donnait la note appelée vulgairement clef de basse. La note la plus élevée du même orgue correspondait, suivant Stancari, à 3720 oscillations par seconde. Il faut cependant remarquer que les notes de l'orgue de Saint-Pétrone étaient d'un ton plus aiguës qu'elles n'auraient dû l'être d'après le diapason de Bologne. » Il serait impossible de contrôler aujourd'hui les observations de Stan- cari, attendu que l'orgue de Saint-Pétrone a été remanié et modifié à plu- sieurs reprises. Quant à la désignation de clef de basse, il n'est pas facile de retrouver dans la nomenclature moderne la note à laquelle on pourrait l'appliquer. J'ai compulsé à cet effet les manuscrits originaux de Stancari sans y rien trouver déplus précis; il faut donc s'en tenir aux conjectures. 61.. ( 45a ) » Si nous voulons cependant avoir égard à l'ancien usage de désigner les clefs par le nom de la note qui se trouve sur la ligne de la portée où l'on marque la clef, nous trouverons qu'à la dénomination de clef de basse cor- respond aussi le nom de clef de fa. La note étudiée par Stancari serait donc un fa, et précisément le fa3 de nos gammes actuelles. » \je,ja% de 6 1 8 vibrations donne un ut3 de 462,5 et un u(6 de 3708, qui diffère de 12 vibrations seulement du nombre assigné par Stancari comme limite des sons aigus dans l'orgue de Saint-Pétrone. On aurait suivant cette hypothèse le la3 de 772,5 oscillations, nombre assez rapproché de 743,97 que M. Delezenne assigne à l'ancien ta3 de chapelle. Mais si l'on baisse ces notes d'un ton pour les mettre d'accord avec le choriste de Bologne, on tombe sur un la3 excessivement grave, car il est de 695, 25 vibrations si l'on baisse la note d'un ton mineur, et de 686,67 si on la fait descendre d'un ton majeur{i). Ces deux la3 seraient compris entre \efa3 et \eja3* d'une gamme accordée sur le la3 de 853,33 vibrations. Ceci vient à l'appui de l'assertion d'après laquelle on a jugé nécessaire de fixer l'étalon des sons musicaux, pour en arrêter la marche ascendante. » Si l'on voulait considérer la clef de basse de Stancari comme étant une note différente du fa3, on arriverait pour le la3 à des chiffres impossibles, ou bien on ne retrouverait plus avec assez de précision la limite des sons aigus assignée par l'auteur. » Il est donc bien démontré que le la, ou le diapason était en 1706 à Bologne excessivement plus bas qu'il ne l'est de nos jours. » Quant au nom de Stancari, nous osons espérer qu'il figurera désormais à la place qui lui convient dans l'histoire de l'acoustique. » M. Berne, auteur d'un travail « Sur le redressement immédiat dans les maladies de la hanche », envoie, pour se conformer à une des conditions (1) L'énorme différence que l'on remarque entre le la, corrigé de Stancari et le la, donné par Sauveur presque à la même époque pourrait bien provenir de ce que le physicien ita- lien se serait mépris en écrivant, sur la foi de quelque musicien de ses amis, que le choriste de Bologne était d'un ton au-dessous de Saint-Pétrone. Si l'on intervertit le rapport et que l'on prenne le la, du théâtre un ton au-dessus du la, de chapelle, on tombe alors sur les deux valeurs 869,06 et 858,34, q1" se rapprochent beaucoup plus des nombres assignés par d'autres savants aux tons ou choristes du commencement du xvme siècle. L'élévation pro- gressive du diapason n'en est pas pour cela moins remarquable. ( 453) imposées aux concurrents, une indication en double exemplaire de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. ( Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Pappenheim adresse deux nouvelles Notes faisant suite à ses recher- ches sur la tuberculose. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Un ouvrage de M. lions o sur les suppurations endémiques du foie d'après des observations recueillies dans le nord de l'Afrique » , ouvrage présenté dans la séance du ao mars dernier par M. Valenciennes, sera, d'après la dale de cette présentation, compris dans le nombre des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1861 . CORRESPONDANCE . La Société impériale d' Agriculture, d'Histoire naturelle et des Arts utiles de Lyon annonce l'envoi d'un nouveau volume de ses Annales. La Société nationale de Silésie adresse le t. XXXVII de ses Annales. Travaux de ses Membres et changements survenus pendant le cours de l'année 1 85g. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie les cartes, plans et instructions nautiques compris dans un nouvel envoi fait par ordre de l'Amirauté britannique et annoncé par une Lettre communiquée à l'Aca- démie dans sa séance du 20 août dernier. Ces pièces, publiées par le Bureau hydrographique, d'août i85gen août 1860, se composent de o,3 plans et cartes et de a3 imprimés, instructions nautiques, phares, etc. M. le Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance une Flore de l'Asie Mineure et des îles de l'Archipel grec, par M. P. TchihatcheJ. Cet ouvrage est accompagné de la Lettre sui- vante : « M'étant imposé la tâche difficile d'examiner la végétation et la consti- tution géologique de contrées encore presque inconnues aux sciences exactes, j'ai dû, avant d'aborder la réalisation de mon projet, me livrer sur (454 ) les lieux mêmes, à une longue série d'études préparatoires, car des explo- rations botaniques et géologiques étaient impossibles sans un relevé topo- graphique; et de plus, les premières exigeaient une appréciation clima- tologique des contrées dont il s'agit. En conséquence, dès l'année 1847 j'entrepris la construction d'une carte générale, et j'établis plusieurs stations d'observations météorologiques sur les points les plus opposés de la Pénin- sule. Les résultats de ces travaux préparatoires consignés dans deux ou- vrages : la Géographie physique comparée et la Climatologie de l'Asie Mineure, lurent publiés en 1 853 et en i856, et successivement présentés à l'Acadé- mie. Le terrain une fois déblayé, j'ai pu aborder l'objet même de ma mis- sion, et donner à mes explorations botaniques et géologiques des bases plus solides. » Depuis Tournefort un laps de temps considérable s'était écoulé avant que les botanistes eussent imité l'exemple qui leur avait été donné par le célèbre prédécesseur de Linné; aussi les explorations botaniques en Asie Mineure ne se sont-elles multipliées qu'à une époque comparativement ré- cente. Toutefois, malgré les services incontestables qui avaient été rendus à la science par les nombreuses collections de plantes recueillies dans ces contrées et décrites avec autant de soin que de compétence, ces collections et ces publications ne nous donnaient que le tableau de quelques localités éparses. Ma première tâche a donc dn être d'abord de faire disparaître ces dernières, et ensuite de déterminer l'aire d'expansion que pouvaient avoir, tant dans le sens vertical qu'horizontal, les espèces déjà constatées par mes prédécesseurs dans certaines localités. Treize années de pénible exploration m'ont permis sinon d'atteindre complètement, mais du moins d'approcher lebutque je m'étais proposé. Aussi, en ajoutant aux données que l'on possé- dait déjà sur la végétation de certaines régions de l'Asie Mineure tout ce que mes propres investigations m'ont fourni, j'ai eu le bonheur de réunir près de sept mille espèces, dont je donne rémunération dans les deux vo- lumes que j'ai l'honneur de présenter. Cette énumération renferme 190 diag- noses, dont 5t inédites; les autres 140 auraient déjà été publiées, mais comme elles se trouvent disséminées dans des ouvrages qui ne sont pas également accessibles aux savants de tous les pays, j'ai cru rendre service aux bota- nistes en leur épargnant des recherches toujours trop longues et quelquefois infructueuses. Quant aux espèces que je me suis contenté de nommer sans en donner la diagnose, elles se trouvent décrites dans les ouvrages dont les botanistes sont censés être en possession, ou qui du moins sont plus ou moins à leur portée. Afin de multiplier autant que possible les moyens de ( 455 ) contrôle et les garanties d'exactitude pour la détermination des espèces, j'ai eu soin de citer les numéros des collections auxquelles elles se rapportent. . . De plus, je n'ai pas voulu accepter définitivement aucune de mes propres déterminations sans les soumettre au contrôle des autorités les plus compé- tentes: ainsi toutes mes collections on été soigneusement examinées soit par MM. Fischer et C.-A. Meyer, soit par M. Decaisne, soit par M. Boissier. Enfin c'est à M. Fischer, mais surtout à M. Boissier que je dois la description des espèces nouvelles découvertes par moi et dont le nombre se monte à 7 i , v inclus un nouveau genre (Tchihatchewia Boiss.). » Comme c'est principalement sous le point de vue de la géographie botanique que j'ai envisagé mes études sur la végétation de l'Asie Mineure, je n'ai rien négligé pour compléter mes indications d'habitat par les rensei- gnements les plus détaillés et les plus précis sur les conditions topogra- phiques locales. En conséquence, chaque espèce recueillie par moi-même est accompagnée non-seulement de l'indication de l'altitude où je l'ai re- cueillie, mais encore de toutes les altitudes où j'ai pu l'observer sur les divers points de la péninsule Anatolique. » Les deux volumes dont j'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie sous le nom de Eléments d'une Flore de /' Asie Mineure, de l' Arménie et des îles de l'Archipel grec, ne représentent que l'inventaire des richesses végétales de ces magnifiques régions; c'est à un troisième volume que je réserve les dé- veloppements des conséquences que suggère cet inventaire, en en déduisant les caractères généraux de la Flore de l'Asie Mineure, ainsi que ceux par lesquels elle se distingue de la Flore des contrées de notre globe placées à peu près dans des conditions semblables. J'espère pouvoir présenter à l'Aca- démie ce troisième et dernier volume de ma Botanique de l'Asie Mineure, aussitôt après mon retour d'une nouvelle expédition que je me propose d'effectuer dans le courant de l'année prochaine. » M. Êlie de Beaumojjt communique l'extrait suivant d'une Lettre qui lui est adressée du Camboge par M. l'abbé Arnoux. « L'an dernier j'eus l'honneur de vous écrire une Lettre dans laquelle je parlais d'une espèce de charbon de terre recueilli dans la grande ile qui s'étend devant le port de Compot au Camboge, de quelques autres miné- raux de moindre importance, et d'une comète qui parut ici vers la fin de 1 858. Cette année j'ai encore quelques renseignements à donner et je me fais grand plaisir, comme toujours, de vous les communiquer. ( 456) » Il y a quelque temps que j'ai été obligé de faire un voyage au Cam- boge et j'ai passé plusieurs mois chez l'illustre prélat vicaire apostolique de cette mission. Pendant ce temps-là des chrétiens m'ont apporté différents matériaux à examiner; mais c'étaient toujours des pyrites de fer provenant de différents points du royaume : cependant j'ai remarqué une fois de la craie recueillie sur la rive gauche du grand fleuve, à un endroit un peu plus haut que Chélang. Ensuite on finit par m'apporter un assez petit échantillon d'un minéral un peu plus intéressant. Il était gris-bleu avec éclat métallique très-vif, se clivant facilement et nettement en petits cubes. Au chalumeau sur le charbon il me donna immédiatement un globule de plomb avec abondance de vapeurs sulfureuses. (M. l'abbé Arnoux a reconnu dans le même minéral du cuivre et de l'argent.) On m'a dit avoir recueilli ce miné- ral au pied Est de la haute montagne qui s'élève à l'occident de Ginhalu. Ce pic fait partie de la chaîne qui s'étend vers le nord un peu ouest, jusque vers Battambang. Dans les environs de ce dernier endroit et au milieu de ces mêmes montagnes, il y a eu des Américains qui ont fait des lavages d'or: il paraît qu'ils en trouvaient en assez grande quantité, mais qu'ils n'ont pu résister aux fièvres. » Permettez-moi de vous communiquer encore une observation que j'ai faite depuis longtemps dans ces pays-ci et qui ne semble pas indigne de votre attention. Je me figurais, d'après ce que j'avais lu dans des livres enj Europe, que je verrais sous les tropiques les astres du firmament plus brillants qu'en France; mon expérience est bien loin de confirmer cette présomption. J'ai bien reconnu que nous avons un ciel clair beaucoup plus souvent ici qu'en France : pendant cinq ou six mois, lors de la saison chaude, le ciel, durant la nuit, est presque continuellement serein et res- plendissant, mais je n'ai jamais remarqué que les étoiles fussent elles- mêmes plus resplendissantes qu'à Paris par une belle nuit du mois de février. Il me semblerait plutôt le contraire ; au moins est-il sûr que dans ce pays-ci je n'ai jamais vu aussi clairement, à beaucoup près, et aussi dis- tinctement la voie lactée que je l'ai observée autrefois en France. D'où vient cela? Je n'ose hasarder à ce sujet aucune conjecture je laisse l'explication aux physiciens et me contente de constater le fait. » (457 ) PALÉONTOLOGIE. — Résultats des nouvelles fouilles exécutées sous les auspices de l'Académie à Pikermi (Grèce); Lettre de M. A. Gaudry à M. le Secré- taire perpétuel. « Je viens vous prier de vouloir bien faire connaître à l'Académie le résultat des nouvelles fouilles paléontologiques qu'elle a daigné me charger d'entreprendre en Grèce. » J'ai cru devoir, pour remplir plus complètement ma mission, rester à poste fixe sur le point même des fouilles ; je viens de passer trois mois et demi à Pikermi. La libéralité de l'Académie m'a permis d'employer un plus grand nombre d'ouvriers qu'en i855; en outre, je me suis trouvé dans la saison la plus favorable pour exécuter des fouilles, car le torrent de Pi- kermi, dans les escarpements duquel se trouvent les ossements, était presque à sec, de sorte que j'ai pu creuser plus profondément que son lit; enfin la sécheresse des sables argileux supérieurs à la zone des ossements a rendu possible l'emploi de la mine. Grâce à ces avantages, je crois pouvoir vous annoncer que le résultat des fouilles entreprises pendant cet été dépasse de beaucoup celui de mes recherches de 1 855. » J'avais trouvé alors trois têtes de Singes; je viens d'en découvrir dix-sept. Huit de ces têtes étaient rassemblées dans un espace qui avait tout au plus 3 mètres cubes : ainsi les Singes fossiles qui étaient presque inconnus en Europe, il y a quelques années, vont cesser d'être une rareté. » J'ai dix têtes, plusieurs mâchoires, des mains entières et de nombreux os longs de divers carnassiers : Hyènes, Thalassictis, Pseudocyon. Deux tètes, accompagnées de plusieurs ossements, se rapportent à une nouvelle espèce de Civette, que M. Lartet et moi avons proposé, en i856, de nommer Viverra Orbignyi. Une des têtes de carnassiers indique un mammifère plus petit que tous ceux dont les débris ont déjà été recueillis à Pikermi ; le Putois et la Mouffette sont les animaux vivants qui paraissent s'en rappro- cher davantage par la dentition ; mais notre nouveau fossile offre des diffé- rences importantes : il a, notamment, les mâchoires encore bien plus raccourcies. » A mon précédent voyage j'avais recueilli un crâne incomplet d'un Cochon gigantesque, Sus Erymanthius, Wagner. Je viens d'en trouver quatre parfaitement entiers; j'ai aussi quatre têtes complètes de Rhinocéros C. R., 1860, 2me Semestre. (T. U, N« 12. ) ^2 ( 458 ) adultes, deux têtes de jeunes Rhinocéros et un nombre considérable d'os de toutes les parties du corps. » J'ai découvert deux mâchoires inférieures d'un pachyderme qui n'a pas encore été trouvé à Pikermi; il a sept dents molaires disposées d'après le type des Rhinocéros et des Palaeothérium ; la dernière molaire est à trois lobes, comme dans les Palaeothérium, et l'avant-dernière a un rudiment de troisième lobe. L'animal auquel nos mâchoires appartiennent est beau- coup plus petit que le Rhinocéros de Pikermi; il a la taille du Palœothe- rium médium. » J'avais, en 1 855 , rapporté quelques os des membres et une mâchoire inférieure de Mastodonte, munie seulement de deux dents. Je viens de trouver plusieurs débris de cet animal, notamment une tête garnie de ses dents molaires et dont les défenses commençaient à pousser. » J'ai aussi recueilli une mâchoire supérieure et une mâchoire inférieure d'un jeune Dinothérium. Mais, ce qui sans doute intéressera particulière- ment l'Académie, c'est la découverte d'os qui indiquent un animal encore plus gigantesque que les plus grands mammifères fossiles signalés par Cuvier. J'ai trouvé un (ibia long de o,5 centimètres; le tibia du grand Mas- todonte de l'Ohio, cité par Cuvier, n'a que 60 centimètres, et les tibias des Eléphants de l'Inde n'ont pas même cette dernière dimension. Le rétrécis- sement de la face astragalienne de cet os lui donne un aspect très-particu- lier; il correspond, du reste, au rétrécissement d'un astragale recueilli en [856 et rapporté par M. Lartet et par moi au Dinothérium; je suppose donc que l'os gigantesque de Pikermi appartient au Dinothérium. Cet os est muni de son péroné. A 1 mètre de distance du point où il a été extrait, j'ai trouvé un cubitus et un radius qui sont aussi gigantesques; ils appar- tiennent peut-être au même animal. Les membres du Dinothérium n'étaient pas, je crois, encore connus. » Avant les fouilles faitesà Pikermi, les Girafes fossiles n'étaient encore re- présentées que par une mâchoire inférieure trouvée en France, et une dent isolée découverte en Suisse. A mou premier voyage en Grèce, j'ai rapporté un très-grand nombre d'os de Girafes. M. Lartet et moi avons annoncé à l'Académie qu'il y avait à Pikermi deux espèces de Girafes hien différentes par leurs proportions : nous avons nommé l'une Camelopardalis Duvemoyi et l'autre Camelopardalis allica. Les nouvelles fouilles ont mis au jour des séries d'os en connexion, une mâchoire inférieure et deux têtes, l'une incomplète, l'autre parfaitement intacte. Des deux espèces de Pikermi, l'une présente le type des Girafes vivantes; elle est un peu plus grêle; l'autre, au contraire, ( m ) s'éloigne notablement du type des Girafes vivantes; elle est bien plus mas- sive et semble former une transition au genre Sivatherium- Son radius et son canon antérieur réunis représentent un animal dont le membre antérieur a un demi-mètre de moins que dans les Girafes vivantes et dans notre seconde espèce de Girafe fossile : cependant il est à noter que sa grosseur absolue est plus considérable. » Bien que j'aie recueilli en i 855 un nombre très- considérable d'os d'Anti- lope, je n'avais pu me procurer des têtes dont les cornes et les mâchoires fus- sent conservées en même temps. Cette fois-ci j'ai obtenu huit têtes entières de diverses espèces, ayant encore tout à la fois les axes osseux de leurs cornes et leurs dents. Ainsi, pourra cesser en grande partie l'incertitude qui planait sur lesdébrisfossiles desespèces si variéesdes Antilopes grecques. Une de mes têtes est particulièrement intéressante en ce qu'elle porte les cornes d'une espèce d'Antilope décrite par M. Wagner sous le nom A' Antilope PallasiiA& savant professeur de Munich avait rapproché de ces cornes une mâchoire de rumi- nant gigantesque : cette pièce n'est qu'une mâchoire de Girafe; elle diffère complètement de la mâchoire adhérant à la tête d'Antilope Pallasii que je viens de recueillir. Auprès de cette tête, j'ai trouvé un nombre considérable d'humérus, de radius, de fémurs, de tibias, etc., qui lui appartiennent sans doute; ils sont de grande taille, mais bien différents cependant de ceux de dos deux espèces de Girafes. » Les os d'oiseaux étaient presque inconnus ;i Pikermi. J'en ai recueilli un certain nombre, entre autres : une tête en très-bon état accompagnée de deux humérus, d'un radius, d'un cubitus, d'un fémur et de deux tarso- métarsiens; ces os semblent appartenir à un gallinacé; quelques autres os paraissent au contraire se rapporter à des échassiers; deux humérus indi- quent des oiseaux de grande taille. » On n'avait pas encore trouvé de reptiles à Pikermi ; j'y ai découvert trois exemplaires d'une espèce jàe Tortue dont la dimension rappelle la Tortue vivante si commune dans les campagnes de la Grèce. » Telles sont les pièces les plus importantes que j'ai recueillies. Lorsque je serai revenu à Paris et que j'aurai reçu les avis de mon savant collabora- teur, M. Lartet, je demanderai à l'Académie la permission de lui rendre un compte plus détaillé des richesses paléontologiques découvertes sous ses auspices. » M. Gaudry avait fait connaître d'une manière sommaire les beaux résul- 62.. ( 46o) tats de ses dernières fouilles dans une Lettre adressée à M. d'Archiac qui en avait préparé un extrait pour le Compte rendit; cet extrait n'ajoutant aucun détail nouveau à ceux qu'on vient de lire, M. d'Archiac n'a pas jugé néces- saire qu'il fût reproduit ici. Remarques de M- Valenciennes à l'occasion de celte même communication. « Après avoir entendu la lecture de la communication intéressante de M. Albert Gaudry, M. Valenciennes ajoute qu'il a reçu en même temps une Lettre dans laquelle ce jeune savant annonce en ces termes l'envoi prochain d'une collection d'épongés conservées dans l'alcool. « On ne pèche pas d'épongés sur les côtes de l'Attique. D'après les ren- » seignements qui m'avaient été donnés par plusieurs personnes, j'ai cru » que je ne pourrais m'en procurer qu'en faisant un voyage à l'île d'Egine. » Pourtant, comme j'en avais vu d'échouées sur les côtes de Phalère et de » Munychie, j'ai insisté pour faire une pêche dans la direction de ces côtes. » J'ai donc pris au Pirée une barque et des plongeurs; nous avons côtoyé » les petites falaises de calcaire tertiaire qui s'étendent entre Munychie et » Phalère; j'ai obtenu vingt-neuf échantillons, pris en moyenne à 5 mètres » de profondeur au-dessous de la surface de la mer. Suivant vos instruc- » tions j'ai mis les éponges dans des linges, telles qu'elles sortaient de l'eau, » je les ai disposées dans un baril que j'ai rempli d'alcool à 3o°, je vous » envoie ce baril. . . J'ai mis dans le baril des petits corps qui se trouvent » sur les rochers sous-marins à côté des éponges. . . . J'ai joint quelques » arches que j'ai trouvées dans les éponges. Lorsqu'il y a sept ans j'ai été » sur les côtes de Chypre à la pêche des éponges, j'ai été frappé de la » quantité d'arches qui vivent dans les oscules des spongiaires. » » Il est facile de reconnaître dans les courtes Notes de cette Lettre la sagacité de l'observateur qui nous fera mieux connaître les habitudes et les mœurs de ces singuliers animaux. Nous reviendrons dans peu de temps sur l'envoi que nous promet M. Albert Gaudry, qui ne s'est pas seulement borné à des recherches fructueuses sur les fossiles de Pikermi, mais qui, on le voit, a fait sur d'autres sujets des excursions pleines d'intérêt afin de remplir con- venablement la mission que l'Académie lui a confiée. » (46i ) physique. — Expériences qui confirment, dans une certaine mesure, ta théorie de la force électromotrice de Voila; par M. J.-M. Gaugaix. « La formule très-simple au moyen de laquelle Ohm représente la dis- tribution des tensions dans l'état permanent (p. 108 de la traduction fran- çaise) conduit aux propositions suivantes : » La tension d'une partie de circuit homogène quelconque varie pro- gressivement dans toute l'étendue de cette partie, et pour des longueurs égales la variation est la même. » Quand on passe d'une partie de ce circuit à une autre, il se produit dans la tension une variation brusque qui est égale à la force électromotrice développée au point de contact des deux parties. » Quand une cause quelconque fait varier la tension d'un point donné, tous les autres points du circuit éprouvent en même temps des variations égales de tension. » La première de ces propositions résulte de l'hypothèse fondamentale admise par Ohm, et j'en ai constaté l'exactitude dans un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, et qui a été récemment publié dans les Annales de Chimie et de Physique, mai 1 860. ,. » Il me restait à vérifier les deux autres propositions ; elles sont la con- séquence nécessaire du principe sur lequel Volta a basé la théorie de sa pile : mais ce principe ayant été lui-même contesté par des physiciens émi- nents, j'ai cru qu'il était utile de le soumettre à de nouvelles vérifications. » I^ méthode expérimentale que j'ai employée est extrêmement simple. J'ai pris une pile composée d'un très-grand nombre de petits éléments bien isolés, et j'ai constaté les tensions au moyen d'une série d'électroscopes à feuilles d'or que j'ai mis en communication avec les divers points du cir- cuit. J'ai opéré tour à tour sur des circuits ouverts et sur des circuits fer- més. La formule d'Ohm dont j'ai parlé tout à l'heure a été établie pour des circuits fermés, mais il est clair qu'elle peut également s'appliquer aux circuits ouverts; car un circuit ouvert peut toujours être considéré comme un circuit fermé dans lequel on a introduit une résistance infinie. i> Tous les résultats que j'ai obtenus sont parfaitement d'accord avec les lois d'Ohm, et par conséquent avec le principe de Volta qui leur sert de base. Je dois en mentionner quelques-uns. » i°. La pile étant isolée, si l'on met l'un des pôles en communication ( 46a ) avec le sol, on obtient, comme on le sait, une série de tensions de même signe, qui vont en croissant d'un pôle à l'autre; mais ce que l'on n'a pas remarqué généralement et ce qui est important pour la discussion, c'est . que ces tensions persistent quand la communication avec le sol est rompue et que la pile se retrouve complètement isolée ; à la longue, il est vrai, il se produit une modification, quand l'appareil est abandonné à lui-même ; les pôles opposés finissent avec le temps par prendre des tensions égales et contraires, mais il paraît certain que cette modification lente est le résultat de l'influence de l'air ambiant, et l'on ne peut guère douter que si cette influence était nulle, la distribution des tensions qui s'établit quand un point du circuit est mis en communication avec le sol ne persistât indéfi- niment après la suppression de cette communication. » i°. Quand la pile est isolée et que les tensions polaires sont égales et de signes contraires, chacune d'elles est égale à la moitié de la tension que prendrait l'un des pôles, si l'autre pôle était mis en communication avec le sol. Ce résultat indiqué tout d'abord par Volta a été contesté; des observa- teurs habiles ont trouvé que la tension était tout à fait inappréciable dans le cas d'une pile isolée, bien que cette tension pût devenir très-notable, lorsque l'un des pôles communiquait avec le sol. Mais il est aisé d'expli- quer cette divergence : elle tient à ce que les savants dont je viens de parler ont opéré sur des piles composées d'une vingtaine d'éléments seulement et qu'ils ont été obligés pour constater les tensions d'employer le condensa- teur; la perturbation causée par l'emploi de cet instrument explique le résultat obtenu; on peut le reconnaître aisément en se reportant aux consi- dérations indiquées par Ohm (p. 1 13 de la traduction française). » 3°. La pile étant isolée, supposons que par un contact de quelques instants on ait préalablement réduit à zéro la tension du pôle zinc et porté à sa valeur maximum la tension du pôle cuivre; les choses étant en cet état, si l'on prend une lame métallique pourvue d'un manche isolant, qu'on l'électrise positivement au moyen dune machine électrique ou d'un élec- trophore et qu'ensuite on la mette en communication soit avec le pôle zinc, soit avec le pôle cuivre, soit avec tout autre point de la pile, on voit au moment du contact tous les électroscopes diverger à la fois et tous indi- quent le même accroissement de tension : cet accroissement ne varie pas avec le point touché, si la quantité d'électricité apportée par la lame au circuit reste toujours la même. Bien que cette expérience soit excessivement simple, je ne crois pas que personne l'ait faite jusqu'ici; elle me paraît ( 463 ) fournir une démonstration aussi directe que possible du principe qui a conduit Volta à la découverte de sa pile. Cet illustre physicien s'est bien sûrement trompé en admettant que la force électromotrice résulte exclusi- vement du contact du cuivre et du zinc; il paraît hors de doute aujour- d'hui que la force qui se développe au contact des métaux est extrêmement petite en comparaison de celle qui prend naissance au contact du zinc et du liquide : mais, d'après ce qui précède, il'me paraît démontré que la force électromotrice a pour effet de maintenir une différence constante entre les tensions des conducteurs qui sont placés à droite et à gauche du lieu (quel qu'il soit) où elle prend naissance. » 4°- On a affirmé que la tension de chaque pôle dépend non-seule- ment de l'intensité de la force électromotrice, mais de la conductibilité plus ou moins imparfaite de la pile; j'ai voulu vérifier ce fait, qui a été présenté comme un argument en faveur de la théorie chimique, et je l'ai trouvé inexact. J'ai noté d'abord les tensions polaires d'une pile de 63o couples en laissant subsister des communications métalliques entre tous les éléments; puis, cela fait, j'ai divisé ces éléments en plusieurs groupes que j'ai réunis entre eux par des fils de coton, et j'ai de nouveau constaté la tension des pôles : cette tension a été exactement la même que dans le premier cas, bien que la résistance eût été énormément augmentée par l'interposition des fils de coton. » Les résultats que je viens d'indiquer ont été obtenus dans des circuits ouverts. Pour étudier la distribution des tensions dans un circuit fermé, j'ai réuni les deux pôles de ma pile au moyen d'un fil de coton dont les divers points ont été mis en communication avec de petits électroscopes à feuilles d'or; au moyen de cette disposition on rend sensible à l'œil l'état du circuit, et l'on peut constater aisément que les tensions de deux points donnés conservent toujours entre elles une différence constante, bien que les valeurs absolues de ces tensions puissent passer par tous les états de grandeur possible : on fait à volonté varier ces tensions, comme dans le cas des piles ouvertes, en mettant un point du circuit en communication soit avec le sol, soit avec un réservoir chargé d'électricité. » MINÉRALOGIE. — Note sur une nouvelle espèce de cuivre gris, la Foumetite ; par M. Ch. Mène. « Aux Ardillats, à quelques kilomètres N.-O. de Beaujeu (Rhône), il existe dans les porphyres quartzifères un filon de galène (direction N.-N.-O.) ( 464 ) qui est accompagné à sa partie inférieure d'un cuivre gris que l'on a regardé jusqu'à présent, tantôt comme une Temnantite, tantôt comme une Bourno- nite, tantôt comme une Panabase. Par suite de divers travaux sur ce filon, j'ai eu à ma disposition certaines quantités de ce minéral, je l'ai analysé avec soin et j'ai obtenu les résultats suivants : ter SCHÊME. 2e SCHÈME. 3e SCHÈIIE. Densité : Densité : Densité : 4,3i88 4>3°!>3 4>320i Cuivre o,265 o,23o 0,268 Plomb 0,099 0,087 o,io5 Soufre 0,190 o,1*^ 0,192 Gangue, quartz 0,167 0,274 9>i52 Fer .• 0,025 0,021 0,025 Arsenic 0,066 o,o58 0,067 Antimoine 0,182 0,160 0,187 Perte 0,006 o,oo3 0,004 1,000 1,000 1,000 » En éliminant la gangue, nous aurions en moyenne pour 100: Cuivre 32 , o Plomb 12, o Soufre 23,o Fer 3,o Arsenic 8,0 Antimoine 22 ,0 Ce qui donnerait en formule brute FeAs + PbS + SCu'S + SSb'S5. » Ce minéral se trouve associé à du quartz blanc en cristaux, à de la galène et à du quartz recouvert d'arséniate de cuivre. » Ce qu'il y a de curieux dans ce filon des Ardillats, c'est qu'on n'y trouve ni barytine ni fluorine, tandis que les filons de galène environnants (Monsol, Propières, Chenelette, etc.) en sont remplis. Comme on peut le voir, ce minéral n'est ni une Temnantite, ni une Bournonite, ni une Panabase, mais un intermédiaire entre les unes et les autres. Comme je ne lui ai trouvé aucune substance identique ou analogue dans les Traités de Minéralogie, je propose de lui donner le nom de Fournetite, en l'honneur de M. Fournet, ( 465 ) Membre de l'Académie des Sciences et professeur de minéralogie à Lyon. Je supposerai à ce minéral (qui n'est qu'un sulfure multiple) la formule de (Sb2S3 -}- 3Cu2S) + 2SbaSs, aRS (R radical). Dans ce cas a RS se composerait de Pb S et AsFe. Je n'ai rencontré jusqu'à présent ce minéral qu'à l'état compacte et amorphe; il ressemble beaucoup à la pyrite de fer amorphe; mais il a une couleur gris-acier un peu moins verdàtre. » M. Dumas présente au nom de l'auteur, M. S. Papillon, un Mémoire in- titulé : « Etudes sur la densité des gaz et des vapeurs ». La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L' Académie a reçu dans la séance du 17 septembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours de M. Faye prononcé aux junér ailles de M. Daussy, le jeudi 6 septembre 1860; -| f . in-4°- Institut impérial de France. Académie des Sciences. Discours de M. Ad. Bit>n- gniart, -prononcé aux funérailles de M. Payer, le vendredi 7 septembre 1860; £ f. in -4°. Asie Mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette con- trée; par P. DE Tchihatcheff. 3e partie. Botanique, 1. 1 et IL Paris, 1860; in-8°, avec atlas in-4°. Etudes des lois des courants électriques au point de vue des applications élec- triques; par le Vicomte Th. DU MONCEL. Paris, 1860; in-8°. Note sur te Cattleya trianaM, Linden; par M. Duchartre ; br. in-4°. Recherches physiologiques, anatomiques et organogéniques sur la colocase des anciens, Colocasia antiquorum, Schott ; parle même; br. in-8°. C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 12.) 63 ( 466 ) Examen physiologique des cultures forcées de lilus de M. Laurent aîné; par M. Duchartre; i f. in-8°. Notice sur la vie et les travaux de M. Louis Vilmorin; par le même; i f. in/4°. Sur l'ancienneté géologique de l'espèce humaine dans (Europe occidentale ; par M. E. Lartet; \ f. in-8°- Sur l'existence de l'homme sur la terre antérieurement à l'apparition des an- ciens glaciers. Lettre de M. Ed. COLLOMR à M. Alph. Favre; \ de f. in-8°. Recueil de Mémoires des astronomes de [Observatoire central de Russie, publié avec l'autorisation de l'Académie des Sciences; vol. II. Saint-Péters- bourg, 185g; in-4°. Librorum in bibliotheca spéculas Pulcovensis anno i858 exeunte contentorum catalogus systematicus . Edendum curavit et prœfalus est Otto Struve. Petro- poli, 1860; 1 vol. in-8°. Memorie... Mémoires de [Institut R. Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol. VIU, 2e delà seconde série, fasc. 3. Milan, 1860; in-4°. The nautical... Almanach nautique et éphémérides astronomiques pour l'année 1864, publié par ordre des Lords Commissaires de [Amirauté. Londres, 1860; in- 8°. Instruction... Instructions nautiques, phares, etc., a3 vol. ou br. in-8°. — Cartes publiées par le Bureau hydrographique de l'Amirauté britannique pen- dant [année 1 85g- 1860. Sieben... 3ye Compte rendu annuaire de la Société nationale de Silésie : tra- vaux de ses membres et changements survenus dans le cours de [année j 85g. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. •«««< SÉANCE DU LUNDI 24 SEPTEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Remarques de M. Biot sur la Lettre du Dr Brewster, publiée dans te Compte rendu de ta dernière séance. « La Lettre que le Dr Brewster vient d'adresser à l'Académie, est tout entière employée à se plaindre de ce que, dans une Note relative à l'histoire de l'optique, insérée il y a dix-huit ans aux Comptes rendus, et que j'ai nou- vellement réimprimée, je n'ai pas, à son gré, suffisamment rappelé, ou Joué, diverses observations qu'il a faites, il y a un peu moins d'un demi- siècle. Les personnes qui auraient la curiosité de compulser les pièces de ce procès, reconnaîtront aisément que les torts dont le Dr Brewster me charge n'existent que dans son imagination. Mais, quoique je regrette qu'il me les suppose, je n'aurai pas, envers moi-même, le tort beaucoup plus réel, de m'engager avec lui, sur des sujets pareils, sans aucun profit pour la science, dans une polémique rétrospective, qui ne convient ni à mou âge, ni au sien. » mécanique PHYSIQUE. — Nouvel examen de la question relative aux oscillations tournantes du pendule à libre suspension, en ayant égard à l'influence de la rotation de la terre ; par M. Poncelet. « Je me propose ici d'entretenir l'Académie des Sciences de l'une des intéressantes et épineuses questions de dynamique appliquée, que j'ai l'in- C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI , N° 15.) 64 ( 468 ) tention de publier prochainement questions dont plusieurs m'ont beaucoup préoccupé pendant ma longue carrière d'ingénieur et de professeur, sans que j'aie trouvé l'occasion et le loisir de les approfondir et de les rédiger avec les développements que réclame leur utilité pratique ou l'importance et les difficultés de leur solution mathématique. De ce nombre sont celles qui concernent le mouvement relatif ou obligatoire des points pesants sur les courbes ou surfaces matérielles et continues diversement mobiles ou entraî- nées dans l'espace, problèmes étudiés anciennement avec tant d'intérêt par les Euler, les Bernoulli, les Clairaut, et auxquels se rattachent évidemment ceux qui concernent la théorie des diverses roues hydrauliques, du mou- vement des projectiles et du pendule, plus ou moins entraînés dans la rota- tion diurne de notre globe. » A l'égard du pendule dont je prétends m'occuper plus particulière- ment ici, au point de vue théorique, ce merveilleux instrument, envisagé dans son acception la plus générale comme fournissant, avec une précision extrême, par ses oscillations répétées ou son état d'équilibre stable, la me- sure et la direction des plus petites forces naturelles, on ne doit pas oublier, comme cela se fait trop souvent à notre époque, qu'entre les mains de Galilée, d'Huygens et de Newton, il a été, mais seulement après les dé- couvertes du premier d'entre eux, relatives à la loi de la chute des graves, de celle de l'inertie et de l'indépendance de l'action des forces continues par rapport au mouvement déjà acquis, le véritable fondement ou point de départ des principes les plus généraux de la dynamique, tandis qu'entre les mains non moins habiles des successeurs de ces grands hommes, il est de- venu une source également admirable, des plus précieuses comme des plus utiles découvertes de la physique moderne et des sciences ou des arts nom- breux qui s'y rattachent. D'un autre côté et quant à ce qui concerne plus spécialement le pendule usuel ou servant à mesurer le temps par ses oscil- lations périodiques, on doit observer qu'il y a une grande distinction à établir entre le pendule stalionnaire et le pendule oscillant, entièrement libre ou captif, c'est-à-dire contraint d'osciller autour d'un axe horizontal fixe ou déterminé ; ensuite que les découvertes dont il a été parlé en dernier lieu, comme se rattachant à ce délicat et précis instrument, sont entière- ment dues à des physiciens ou géomètres expérimentateurs, tels que Bou- guer, La Condamine, Borda, Coulomb, Cavendish, OErsted, Ampère, etc., aux noms desquels il faut bien joindre celui de Dubuat, qui, le premier, a établi expérimentalement les lois capitales de la résistance que les fluides op- ( 469 ) posent au mouvement des corps oscillants de diverses formes et volumes (i): découverte fort injustement attribuée au célèbre astronome Bessel de Kœ- nisberg, qui, il est vrai, après l'avoir soumise à de nouvelles vérifications expérimentales, en a appliqué le résultat à la correction de la formule ordi- naire du pendule oscillant dans l'air atmosphérique, et dont, suivant cette remarquable loi, la masse doit être augmentée de celle du fluide déplacé, entraîné, sans que la résistance du milieu ait d'ailleurs, sur la marche même des oscillations, d'autre influence que d'en réduire progressivement l'am- plitude ou l'étendue angulaire. » Ces déductions si simples des persévérantes expériences de Dubuat, celles surtout qui concernent, en général, la masse du fluide entraîné par les corps en mouvement dans un milieu ou fluide en repos, auraient, je veux bien l'admettre, pu être devinées à priori, d'après la connaissance des lois générales de la dynamique, de même qu'elles ont, depuis, été commentées, interprétées par l'illustre Poisson, au moyen d'une savante analyse d'ailleurs fort discutable en principe ; mais cela n'ôte rien au mérite de la décou- verte de notre célèbre ingénieur, dont les droits me paraissent aussi bien établis, à cet égard, que le sont ceux de M. Foucault à la démonstration si brillante de la rotation de la terre ati moyen du pendule débarrassé, autant que faire se peut, de toute entrave: démonstration que de savants géomè- tres, en France, se sont à l'envi empressés, sinon de justifier, ce qui était peu nécessaire sans doute, du moins d'interpréter, de vérifier en quelque sorte à posteriori, en y appliquant diversement les lois abstraites du calcul ou du raisonnement géométrique. » Or, bien que M. Foucault ait nettement indiqué, dans son Mémoire inséré en i85i dans les Comptes rendus de F Académie des Sciences, la signi- fication qu'il attache au principe, à l'idée de la persistance du plan des oscil- lations pendulaires dans l'espace libre, sur lequel sa démonstration expéri- mentale repose, principe qui n'avait point été énoncé avant lui, et qu'il ne faut pas confondre, comme cela se fait quelquefois par analogie, avec la loi de l'inertie attachée à la matière proprement dite; bien encore que notre ingénieux physicien en ait également fait la très-heureuse et délicate appli- (i) Principes d'Hydraulique, t. II, sect. I et II, ou Introduction à la mécanique indus- trielle (Metz, 182g à 184 1), contenant un résumé rapide des principaux résultats des expé- riences de Dubuat, concernant la résistance des fluides (p. 586 et suiv.). 64.. ( 47o ) cation à l'appareil de physique nommé gyroscope, il n'en est pas moins vrai qu'on a tenté de jeter du doute sur l'origine et la portée des belles dé- couvertes qui en ont été la conséquence, mais qui n'étaient ni aussi simples, aussi faciles à faire qu'elles le paraissent aujourd'hui à quelques per- sonnes, puisqu'elles ont échappé à Galilée lui- même, dans ses observations sur le balancement des lustres, à longue suspension, de la cathédrale de Pise, et à ses savants disciples, si intéressés pourtant à trouver une preuve directe de la rotation de la terre. Car ce qu'on a rapporté (i) des expé- riences de Vincent Viviani ne prouve qu'une chose : c'est que ce célèbre mathématicien, en remarquant, non sans surprise, la gyration inévitable, les déviations tournantes des oscillations de son pendule à libre suspension, était loin de soupçonner qu'elles fussent précisément dues à cette même rotation, en vertu des lois de l'inertie et du mouvement relatif déjà obser- vées à cette époque par Galilée et Torricelli, dans la trajectoire parabolique des projectiles et dans diverses autres circonstances. » Il faut pourtant bien qu'il y ait, même dans un siècle aussi savant que le nôtre, quelque mérite à la révélation de l'idée, du fait, du principe si l'on veut, qui sert de point de départ aux belles expériences et inventions de M. Foucault, pour que la tendance si manifeste du pendule libre à la gyration transversale, loin de servir de trait de lumière aux nombreux suc- cesseurs de Galilée, physiciens ou géomètres, les ait contraints de recourir à des moyens plus ou moins délicats et rationnels, d'y mettre obstacle sans multiplier par trop les gênes et les frottements divers. Enfin il faut bien qu'il en soit ainsi encore, pour qu'un géomètre de la trempe de M. Poisson, dans son Mémoire de 1826, ait affirmé, d'une manière générale et comme un résultat positif de très-savants calculs, que « les oscillations du pendule » sont indépendantes de la rotation diurne de la terre et les mêmes dans » tous les azimuts autour de la verticale : ce qu'il était bon de faire voir, » ajoute l'auteur, vu le degré de précision que l'on apporte maintenant » dans les mesures du pendule à secondes en différents lieux de la terre (a); » phrase qui reste vraie néanmoins, si l'on n'entend parler que de la durée même des oscillations périodiques du pendule, que l'illustre géomètre avait uniquement en vue, sans aucun doute, et non de la déviation tournante du (r) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXXII, p. 635 (année i85i). (2) XXVI1-' Cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique, t. XVI, p. 22. (47' ) prétendu plan d'oscillation azimntal du fil de suspension, dont la direc- tion varie, en réalité, à chaque instant ou pendant la durée même d'une detni-oscillation. » D'autre part, si le principe, l'hypothèse de l'invariabilité relative de direction de ce plan dans l'espace libre, avancé par M. Foucault, et justifié à ses yeux par divers faits d'observation, a été admis, notamment par M. Poinsot (i) et cela sans aucune hésitation, comme base suffisante de dé- monstration, de la loi de rotation de ce plan en fonction de la latitude de chaque lieu, également indiquée par notre habile physicien, non comme un résultat immédiat de ses expériences, ce qui est vraiment regrettable, mais bien comme une déduction tirée, par lui, d'un raisonnement géométrique à priori; si, en un mot, M. Poinsot a admis, comme chose évidente en soi, que « cette rotation apparente ne dépend, au fond, ni de la gravité, ni » d'aucune autre force, qu'elle est un phénomène purement géométrique » et dont l'explication doit être donnée par la simple géométrie, comme l'a » fait M. Foucault et non point par des principes de dynamique qui n'y » entrent pour rien » ; en revanche M. Binet et d'autres savants après lui, rejetant ce soi-disant principe, sans doute comme n'étant pas, à leur sens, suffisamment démontré, ont entrepris de traiter la question exclusivement par les principes généraux et incontestables de la mécanique analytique; c'est-à-dire, en partant des équations différentielles du mouvement appa- rent à la surface de la terre, attribuées à M. Poisson ; ce qui conduit à une vérification à posteriori de la loi des oscillations tournantes, et consistant, comme l'a énoncé lui-même M. Foucault, « en ce que le déplacement an- » gulaire du plan d'oscillation est égal au mouvement angulaire de la » terre dans le même temps, multiplié par le sinus de la latitude. » » Malheureusement l'analyse différentielle ne parvient à ce remarquable résultat que par les méthodes d'intégration approximatives et discutables dont il a été précédemment parlé; de sorte qu'il ne s'agirait là que d'une loi, d'une vérité purement relative ou conditionnelle, mais non point abso- lue ; ce qui a laissé dans l'esprit de beaucoup de personnes, un doute fâcheux, qui ne se dissipera qu'à l'aide de procédés, de démonstrations en- tièrement irréprochables. Car, au fond, les principes généraux de mécanique dont cette analyse procède, ne sauraient en eux-mêmes avoir tort, et il faut bien admettre que, dans le cas mixte d'entraînement relatif qui nous (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXXII, p. 206. ( 47* ) occupe, la masse du pendule n'est pas, à l'égard du globe terrestre, dans l'état absolu de liberté ou d'indépendance qui appartient, par exemple, aux projectiles ordinaires quand on fait abstraction de la résistance de l'air ; ce qui exige, quoi qu'on fasse, de recourir directement, avec M. Binet, aux équations différentielles du mouvement apparent déjà mentionnées, ou à la considération équivalente des forces centrifuges composées, qui, par elles- mêmes, compliquent si singulièrement la solution des problèmes relatifs à ce genre de mouvements. » Pour simplifier la mise en équations dans cette dernière hypothèse, et élucider en quelques points la question, on pourrait, à la rigueur, se con- tenter de rechercher la loi du mouvement pendulaire en projection ortho- gonale sur le plan de l'équateur terrestre: chose facile, puisque, d'après des considérations purement géométriques qu'il serait inutile de rapporter ici, la force centrifuge composée y a précisément pour expression ds F = amwa ou amu -> dt où w représente la vitesse angulaire de la rotation diurne de la terre, de rayon R ; ds l'arc, perpendiculaire ou normal à F, que décrit en projection, pendant l'élément de temps dt, le centre de gravité M de la masse m ou du poids mg, suspendu à l'extrémité inférieure du pendule, dont le centre fixe de suspension est, je suppose, représenté sur le plan de l'équateur ter- restre par le point O, pris pour origine des coordonnées x etj de M, me- surées sur les axes rectangulaires OX, OY, dont le second est dirigé vers le centre C de la terre, et le premier à droite de OC, se confond en direc- tion, avec la projection ou portion occidentale de la tangente au parallèle qui répond à l'origine O et au point de suspension du pendule. » Nommant, de plus, X la latitude de ce parallèle, de ce point de suspen- sion, g, l'accélération relative à l'action directe de la gravité terrestre sur/n, dirigée vers le centre C (accélération qu'il ne faut pas confondre avec celle g de la pesanteur), et dont la projection sur le plan de l'équateur, dirigée de M vers C, a pour expression g, — : la force d'attraction correspondante étant mesurée par mgt — - > en supposant, comme d'habitude, que les di- mensions, les écarts du pendule soient infiniment petits par rapport à la distance au centre de la terre. La force centrifuge due au mouvement circu- laire avec lequel la masse m est entraînée dans le mouvement diurne du ( 473 ) globe, parallèlement à l'équateur, étant, d'autre part, représentée par le produit mw'CM, et dirigée suivant le prolongement de CM, en sens con- traire de la force attractive ci-dessus, la différence m.CM (| _ w.) = m.CM (Cii^ - «■) représentera, eu projection, la résultante même de ces deux forces. » Enfin, si l'on nomme a l'angle MOX. formé par le rayon vecteur OM = p de la trajectoire de M avec l'axe des x positifs censé à droite de OC, la force d'inertie relative et totale agissant sur ro, considérée en projection sur le plan de l'équateur ou des axes OX et OY, emportés, par hypothèse, avec la tra- jectoire de M, dans le mouvement diurne de ce plan, cette force aura, comme on sait, pour moment par rapport à O, p3da, double de l'aire décrite par OM autour de O pendant dt; et comme, d'autre part, on trouve sans diffi- culté, par des considérations purement géométriques, pour le moment re- latif au point O, des forces centrifuges d'entraînement circulaire et angulaire de m, je veux dire, des forces centrifuges ordinaire et composée dont les valeurs m sont indiquées ci-dessus, comme on obtient, dis-je, pour le mo- ment de ces forces, les expressions très-simples mir(8>~ w2R)cM'r = m(8* — w2R)cosX.r, 2inup-£, il viendra, par le théorème relatif aux moments des impulsions ou aux aires (i), puisqu'il y a antagonisme obligé entre les moments des forces d'inertie et d'entraînement angulaire par rapport à celle de la gravité terrestre, d(p* -^-\ H- 2M pdp — (g, — w^R) cosX.r dt; équation d'où a naturellement disparu le moment relatif à la tension incon- nue du fil de suspension, agissant de M vers O, sur le plan de l'équateur; et qui, en attribuant à g, — oaR la valeur g qu'on lui connaît, prendra la forme, encore plus concise, i'5\d~-'~w)=:;£ cosl xdt = g cosXp cosàdt, (i) Additions au chap. II des Eléments de Mécanique de M. Résal, p. 192 et suivantes} nos 54' et 59'. ( 474 ) dont l'interprétation géométrique est très-facile, d'après le théorème des moments cité plus haut, et qui, sons un énoncé un peu différent, revient à celui des aires dû à Newton, puis généralisé par Darcy et Euler. Car il s'agit ici d'un mouvement apparent où le déplacement angulaire da. du rayon vecteur p, par rapport à l'axe OX, doit être augmenté ou diminué, selon le sens des rotations, du déplacement différentiel w dt correspondant au mouvement absolu de l'équateur terrestre : chose en quelque sorte évi- dente en soi, la seule que le raisonnement puisse justifier à priori comme exprimant la loi des déviations tournantes du fil de suspension du pendule, relative, non à la durée finie de ses oscillations, mais bien à celle de cha- cun des intervalles dt du temps qui s'y rapportent. ■> En développant cette équation et supprimant le facteur variable p commun à tous ses termes, ce qui est permis en toute rigueur, la condition p = o, ne pouvant convenir qu'à l'état d'équilibre stable du pendule, elle prendra la forme définitive cfa. d? Ida. \ . ?;F- + 2SFU + w)=scosXcosa> sous laquelle elle paraît peu susceptible de réduction ultérieure et d'inté- gration immédiate, à moins d'introduire de prime abord dans la question, c'est-à-dire avant toute détermination des constantes arbitraires, etc., quel- que hypothèse plus ou moins permise physiquement. » Par exemple, au pôle, où l'on a rigoureusement cos À = o, cette équa- tion devient d'à. dp I do. u dont l'intégrale générale, en désignant par C la constante arbitraire et rétablissant le facteur p d'abord supprimé, est évidemment £($'+•)- ci résultat d'une interprétation géométrique également facile, mais qui, dans sa forme générale, s'accorde assez peu avec les propositions antérieurement admises relativement à la loi des oscillations apparentes du pendule conique, à la hauteur des pôles, puisque a représente réellement l'angle que décrit le plan vertical ou azi mutai du fil de suspension. (475 ) » Supposant notamment, d'après l'hypothèse ordinaire, qu'ayant amené un tel pendule à la position d'immobilité, oblique, pour laquelle la vitesse angulaire apparente — est nulle et p = p0, on vienne, tout à coup, à le lâcher sans vitesse initiale, il en résultera ■C = upl, et par conséquent, à une époque quelconque du mouvement, de pi — + w = «4; dt p2 ce qui indique, en effet, même au pôle, une loi de rotation fort compliquée indépendamment d'ailleurs des faibles perturbations qui peuvent provenir du mode d'attache, de la constitution élastique du fil de suspension, ainsi que de la variabilité de sa tension sous l'action combinée de la pesanteur et de la force centrifuge. Car la seule hypothèse que nous nous soyons permise dans ce qui précède, c'est que la distance de la masse m, au centre de la terre, soit rigoureusement constante dans ses diverses positions. » Si, au lieu de supposer nulle, comme on vient de le faire, la valeur initiale de la vitesse angulaire — du rayon vecteur p, autour de O, on lui en attribuait une, — u, égale et précisément contraire à celle de la rotation diurne du globe, la constante arbitraire C, serait également nulle, et l'équa- tipn différentielle du mouvement azimutal, toujours à la hauteur du pôle, deviendrait plus simplement fcfêftï).!?* à laquelle on peut satisfaire pour tous les instants, soit par la condition p = o, qui doit être écartée puisqu'elle convient purement au pendule d'équilibre ou stationnaire, soit par la relation toute spéciale da dt + w = °' qui donne a = a0 — u t ; la longueur de la tige du pendule étant quelconque, c'est-à-dire petite ou grande, relativement à l'amplitude des excursions, et a0 mesurant, au moment du départ, l'écartement, sur le plan de l'équateur relevé ici à la hauteur du pôle si l'on veut, par rapport à l'axe OX, alors totale- ment arbitraire et emporté dans le mouvement diurne de ce plan, au- C. R., 1860, Jm« Semestre. {T. Ll, N° 13.) 65 ( 476) tour de l'axe terrestre, confondu avec la verticale même du point de sus- pension du pendule. » Mais je ne m'arrêterai pas à cette discussion relative à un cas de projec- tion horizontale, auquel je me propose de revenir, ci-après, d'une manière plus générale, et je me borne à faire observer que, quand on suppose le point de suspension du pendule situé, non au pôle, mais bien dans le plan même de l'équateur, il n'en résulte aucune simplification essentielle dans l'état du problème ou de l'équation générale d'abord considérée, puisqu'on a simple- ment alors, à cause de X = o, d'à. dp L- o L (SH=< p le + 2 dt \ équation tout aussi complexe, en effet, que celle d'où elle provient, par suite de la présence inévitable dn terme relatif à la pesanteur, jointe à celle de la variable indépendante t, qui obligerait de recourir, comme dans la théorie ordinaire du pendule, à l'équation correspondante des forces vives, d'où &> aurait d'ailleurs forcément disparu. » Sans aller plus loin, il semble résulter à priori de ces considéra- tions géométriques, que, à moins de circonstances exceptionnelles ou d'artifices particuliers dans la mise en action du pendule conique, il ne sau- rait, même au pôle ou à l'équateur, suivre, dans ses oscillations tournantes par rapport à la verticale, les lois simples qu'on lui avait de prime abord attribuées. » Toutefois, comme j'ai principalement considéré ces lois en projection sur le plan de l'équateur, il est bon de montrer que la remarque subsiste, à fortiori, pour le cas généralement traité par les auteurs, où la projection se fait sur le plan horizontal même du point de suspension, plan pour le- quel le terme relatif à la pesanteur disparaît naturellement. C'est ce que je me propose de faire dans le Compte rendu de la prochaine séance de l'Aca- démie, avec le développement nécessaire pour amener la conviction dans l'esprit du lecteur. » anatomie COMPARÉE. — Deuxième Note sur le développement des premiers rudiments de l'embryon; absence des rudiments de la corde dorsale dans le premier jour de sa formation. — Viduitè primitive de la ligne secondaire; par M. Serres. « Si les anatomistessont d'accord sur l'existence des plis primitifs et de la ligne secondaire qui se manifestent sur la surface du disque prolifère, il (4?7) n'en est pas de même de leur interprétation. Pour nous, les deux plis pri- mitifs de la membrane germinale du disque prolifère sont le symbole de la dualité primitive des organismes; pour d'autres zootomistes, au contraire, c'est la ligne secondaire qui est considérée comme le point d'émergence des éléments des organes. » Pour nous, les plis primitifs sont la lame nerveuse dont se formera l'axe cérébro spinal du système nerveux, et dont se dégagera le feuillet fibreux destiné à lui servir d'étui ou d'enveloppe. Pour les autres zootomistes, les plis sont le feuillet fibreux, destinés aussi à envelopper la moelle épinière, et à constituer, d'après M. de Baër, un étui rempli d'un liquide, dans lequel se développera plus tard l'axe cérébro-spinal du système nerveux. Pour tous, c'est la question fondamentale et initiale de l'organogénie des Ver- tébrés. » Après avoir si bien exposé la manifestation des plis primitifs, M. Pan- der se trompa, quand il considéra le trait délié blanchâtre de la bandelette axile, comme le rudiment delà moelle épinière (i). » Ce trait délié existe, mais quelle est sa nature? Pour la déterminer, il faut rappeler que le noyau blanchâtre de la cicatricule, est situé au-dessous de la bandelette axile à laquelle il adhère légèrement. Or, la bandelette- étant transparente, c'est ce corps que l'on aperçoit au travers. D'abord superficiel, ce trait blanchâtre s'enfonce à mesure que les bourrelets des plis primitifs sont amenés l'un contre l'autre et que la bandelette axile, amincie de plus en plus, s'est effacée complètement. Le noyau blanchâtre de la cicatricule est alors à nu au fond de la rainure de la ligne secondaire, et c'est lui que l'on peut apercevoir encore quand les bords de la ligne s'entr'ouvrent naturellement ou artificiellement. Si l'on observe le disque prolifère en place, le trait nuageux blanchâtre dessine alors les contours irréguliers de la ligne secondaire; il paraît continu si la tangente des bour- relets n'est pas interrompue; il est brisé, au contraire, si les bourrelets se touchent et paraissent adhérer en certains points. Cette dernière apparence du trait blanchâtre du noyau de la cicatricule est due à la séparation des bords de la ligne secondaire; car c'est par l'intervalle microscopique qu'ils laissent entre eux que se réfléchit la lumière qui le laisse entrevoir. » L'apparition du noyau blanchâtre de la cicatricule peut donc avoir (i) • Inter utramque plicara primitivam, brevi abeorum orlu et conjunctione intervallo, » tenue filamentum albidum nascitur, quod mox medullam spinalem rite agnoscimus. » (Sect, 4, Hora décima sexta.) 65.. ( 478 ) lieu par l'intervalle vide et microscopique qui existe entre les lèvres de la ligne secondaire, et voici les expériences qui prouvent l'existence de ce vide. » En premier lieu, si, après avoir détaché le disque prolifère de la surface du vitellus, on l'étend sur une plaque de verre, on observe que la ligne secondaire se montre dans toute son étendue, en divisant même quel- quefois le repli d'où provient le capuchon céphalique. » En second lieu, si, à partir de la vingtième heure, on place, comme dans l'expérience précédente, la préparation sur une plaque de verre, on voit la ligne secondaire centrale se dessiner nettement. Regardée à la loupe, la ligne parait brune dans toute son étendue et comme il ressort des expériences qui suivent, elle parait libre, par suite de la disparition de la bandelette axile. » i°. Si l'on place la plaque de verre sur laquelle est étendue la pré- paration sur un fond blanc, la ligne diamétrale est blanche; » 1°. Sur un fond bleu, elle est bleue; v 3°. Sur un fond rouge, elle est rouge; » 4°- Enfin, la ligne secondaire prend la couleur des corps sur lesquels elle est placée, ce qui prouve qu'elle est libre et que les rayons lumineux 'la traversent sans rencontrer aucun obstacle. » En troisième lieu, ce libre passage de la lumière dans le vide' qui existe au fond de la ligne centrale secondaire, est plus manifeste encore quand on observe la préparation au microscope et avec un grossissement de ioo à aoo diamètres. Le passage de la lumière réfléchie du miroir fait scintiller la ligne dans toute sa longueur, et elle apparaît alors avec un aspect blanc et éclatant qui tranche sur le fond obscur des bourrelets de la ligne. » Au début, le vide de la ligne secondaire par transmission de la lu- mière ne s'étend qu'à la moitié du disque; puis il en occupe les deux tiers, puis la totalité. Très-souvent elle est droite ; d'autres fois elle est un peu courbe, d'autres fois enfin elle parait ondulée. Ces aspects divers, qui ne sauraient se produire si la bandelette axile était encore présente, sont dus en partie au déplacement qui s'opère pendant qu'on exécute la prépara- tion pour la détacher du vitellus et la transporter sur la plaque. » Le vide de la ligne secondaire devenant surtout manifeste par le gros- sissement du microscope, ce genre d'expérimentation mérite une attention toute particulière. » Le i5 août i84^, et par une lumière vive, un œuf de la vingtième heure de l'incubation fut ouvert, et la préparation fut placée sur le porte- objet du microscope. A un grossissement de 200 diamètres, nous distin- ( 479) gnons d'abord les bourrelets, que leur couleur brune dessinait d'une ma- nière très-tranchée, et dans toute leur longueur ; entre les deux bourrelets une ligne blanche se détachait avec d'autant plus de vivacité, qu'elle ser- vait de séparation aux deux bandes brunes des plis primitifs. La lumière qui la traversait scintillait dans toute son étendue et fatiguait l'œil par son éclat ; elle régnait tout le long de l'axe du disque prolifère. Le dessin ter- miné, le verre sur lequel était la préparation fut placé d'abord sur un pa- pier noir. Examinée à la loupe, toute la ligne secondaire parut noire; elle fut mise ensuite sur un papier rouge, et elle devint rouge, puis bleue, sur un papier bleu; enfin elle devint blanche quand on plaça le verre sur un papier blanc. » Le même jour, nous ouvrîmes un œuf de là dix- huitième heure de l'in- cubation. Les bourrelets des lignes étaient beaucoup moins saillants dans les deux tiers supérieurs, de sorte que la ligne blanche qui les séparait pa- raissait plus superficielle; on eût dit qu'elle était superposée dans le haut sur le disque prolifère, tandis qu'elle paraissait située plus profondément dans le tiers inférieur. La lumière qui la traversait et qui dessinait la ligne sur l'ombre des bourrelets, scintillait avec plus d'éclat encore que dans l'ex- périence précédente. Comme dans l'expérience précédente, apposée succes- sivement sur un papier rouge, noir, bleu et blanc, le vide de la ligne trans- mettait, à chaque fois, la couleur du papier sur lequel la préparation était placée. » Le même jour encore on ouvrit un œuf de la vingtième heure de l'in- cubation; la préparation placée sur le microscope, comme le9 précédentes, dessina la ligne blanche sur son axe, et la dessina avec d autant plusde net- teté, qu'elle avait le double de largeur des lignes précédentes. Cette largeur provenait du froncement des bords des plis primitifs, qui étaient sillonnés çà et là, mais à des distances assez régulières, par des stries transversales, lesquelles se portaient des bourrelets à la périphérie des plis. Du reste la lumière réfléchie traversait la ligne secondaire avec une pleine liberté, et elle transmettait la coloration des corps avec une pureté qui prouvait que rien d'opaque ne s'opposait à son passage. » Par le dessèchement des préparations, les bourrelets s'écartèrent l'un de l'autre, le vide de la ligne centrale s'agrandit; et, en les regardant à contre-jour, la vacuité de l'espace libre qui les séparait se voyait manifeste- ment à l'œil nu. Ainsi desséchées, ces préparations se sont conservées, et j'ai pu montrer, dans mes leçons au Muséum, ce fait si important de l'em- bryogénie comparée. ( 48o) >- Le trait délié blanchâtre que l'on a pu prendre pour la moelle épiniére, n'est donc qu'une apparence, sans existence réelle sur la surface du disque prolifère. C'est l'apparition du noyau blanchâtre de la cicatricule, noyau blanchâtre vu d'abord au travers de la lame axile transparente, pendant la durée éphémère de son existence et avant la formation de la ligne secon- daire, puis vu dans le fond de la rainure de cette ligne au travers de l'espace libre qui existe en écartant les bourrelets des plis qui la constituent. » Or, la personnification de ce trait blanchâtre devient par cette inter- prétation une chose réelle, une individualisation qui pouvait servir d'assise à d'autres hypothèses. Ainsi, dans leur remarquable travail sur les premiers rudiments de l'embryon, MM. Prévost et Dumas délogèrent cette moelle épi- niére primordiale pour mettre à sa place le zoosperme. Cette idée ingénieuse était d'autant plus séduisante, que quelquefois la ligne secondaire avec son renflement supérieur et sa terminaison effilée simulait, jusqu'à un certain point, les traces de la tète et de la queue d'un animalcule spermatique. Mais bientôt, éclairés par leurs propres expériences, ces deux éminents physiolo- gistes abandonnèrent une supposition que ne pouvaient en aucune manière justifier les variations de la ligne secondaire, dans le premier jour de la for- mation du poulet. En sera-t-il de même de la corde dorsale carlikgineuse que l'on a substituée au zoosperme, de même que celui-ci avait été substitué à la moelle épiniére? C'est ce que nous devons présentement examiner. » Faisons observer d'abord que l'existence ou la non-existence d'une corde cartilagineuse, ouvrant le développement des premiers rudiments de l'embryon, intéresse tout à la fois l'anatomie et la physiologie. L'anatomie, parce que dans ce chaos qui se débrouille au début de l'embryogénie, il est très-important de déterminer quelle est la nature des premiers tissus orga- nicpies qui se dégagent de la substance germinale. La phjsiologie, parce qu'il importe beaucoup à l'étude de la vie à son début, de connaître si les propriétés inhérentes à ce tissu initial,. sont dénature à présider à la con- struction d'un être organisé aussi élevé que l'est un animal vertébré. » Cela posé, entrons dans l'examen des apparences qui, dans le cours du premier jour de la formation du poulet, ont pu faire croire à la présence d'une corde dans l'axe de l'embryon naissant. Le résultat, de cet examen sera, d'une part, de nous montrer que rien d'analogue à une corde ne se montre, ni dans la bandelette axile, ni dans la rainure de la ligne secon- daire, et, de l'autre, de nous convaincre que l'axe cérébro-spinal du système nerveux est, comme je l'ai démontré en 1821, le terme initial de l'organo- génie des animaux vertébrés. (48i ) » Pour juger de l'existence ou de la non-existence d'une corde dans les premiers rudiments organiques de l'embryon, nous suivrons M. de Baër, l'auteur de cette assertion, dans l'exposition qu'il en a faite dans le Traité de Physiologie de M. Burdach et dans son ouvrage sur le développement des animaux : « Jusqu'au delà du milieu du premier jour, dit ce célèbre zootomiste, » aucune partie de l'embryon *i'a commencé à se former; c'est seulement » vers la quatorzième ou la quinzième heure qu'on en aperçoit le premier » rudiment, qui consiste, non pas dans les deux plis primitifs de M. Pander, » mais dans une bandelette moyenne qui a une ligne et demie de longueur, » et que j'appelerai bandelette primitive. C'est le précurseur de la colonne » vertébrale occupant l'axe longitudinal de l'auréole transparente (i). » » Comme on le voit, la bandelette primitive de M. de Baër est notre bandelette axile, et sa détermination réside dans l'ordre de son apparition relativement à celui des plis primitifs que M. de Baër nomme bourrelets des lames spinales ou dorsales. » Cette bandelette précède-t-elle ou suit-elle la manifestation des plis ou des bourrelets? Là est le premier terme de la question. Or la détermination de ce premier terme est si évidente de la quinzième à la dix-huitième heure de la formation des premiers rudiments de l'embryon, que nul doute ne peut rester dans l'esprit de l'observateur qui assiste à la manifestation et à la délimitation de cette bandelette. » En effet, avant le travail moléculaire qui préside au soulèvement des # plis ou des bourrelets de la membrane, il n'existe nul vestige de la déli- mitation de la bandelette axile. Ces vestiges, légers d'abord comme un nuage, n'apparaissent que lorsque les globules élémentaires commencent à se porter le long de ces plis; de plus, les traits nuageux qui circonscrivent a bandelette ne deviennent très-sensibles qu'au furet à mesure que ces plis se soulèvent et augmentent de hauteur et d'épaisseur, par l'accumula- tion des molécules qui les constituent. D'où il suit que la manifestation des plis ou des bourrelets de la membrane, est la cause déterminante de la déli- mitation de la bandelette axile qui, au lieu d'être primitive, est évidemment consécutive à leur formation. La bandelette est en quelque sorte une vallée entre deux collines : supprimez les collines et la vallée n'existe plus. » Il suit encore de ce mécanisme de formation des plis et de la bande- lette qui leur est intermédiaire, que celle-ci devra nécessairement reproduire ( i) Ouvrage cité, t. III, p. 206. ( 48a ) par son aspect les temps divers du double soulèvement de la membrane ou des deux collines. Ainsi, quand à leur début les deux plis ne sont tracés que sur le milieu de la membrane, la bandelette axile n'est apparente qu'en cet endroit ; la plaine, la vallée qu'elle représente est sans limite en haut et en baSj elle est ouverte dans C3s deux sens; mais, à mesure que les plis se prolongent, la bandelette s'étend en suivant leur prolongement; enfin, quand les plis s'inclinent en haut l'un vers l'autre, quand par cette incli- naison ils sont amenés au contact, en formant un arc d'abord, puis une espèce de renflement que l'on nomme tantôt le bouton, tantôt la tète, la bandelette axile, limitée supérieurement par ce bouton des plis ou cette tête, répète exactement leurs contours. Il en est de même intérieurement : le contact des plis dans cette région délimite intérieurement la partie de la membrane qui la constitue. » Si les rudiments primitifs de l'embryon restaient dans cet état, si les collines des plis restaient immobiles, vous auriez entre eux une bande- lette membraneuse de la même nature que les plis, bandelette que vous pourriez comparer, soit à un fil, soit à un ruban, soit même à une corde, et qu'à raison de sa position vous pourriez considérer encore comme le rudiment, comme le précurseur de la colonne vertébrale, ainsi que l'a fait M. de Baër. » Mais si, dans la marche des développements, cette bandelette disparaît de la surface du disque prolifère, si elle est détruite, que devient alors votre ruban, votre corde, votre précurseur de la colonne vertébrale? Evidemment ce précurseur se dissipe, se dissout comme la bandelette qui est présumée , lui donner naissance. Or nous avons vu comment la bandelette axile, dite primitive par M. de Baër, n'a qu'une existence éphémère, et comment elle disparaît, dès la première métamorphose du disque prolifère, par le méca- nisme de la formation de la ligne secondaire. Cette disparition, au reste, a été vue et très-bien exprimée par M. de Baër lui-même : La bandelelte pri- mitive, dit cet ingénieux observateur, ne subsiste que fort peu de temps, et elle se compose d'un amas de globules qui tiennent assez peu les uns aux autres (i). » Après cette constatation de la disparition de la bandelette axile ou pri- mitive, il est nécessaire de voir comment on la fait renaître pour la faire servir à la présence des rudiments de la corde dorsale dans les dévelop- pements du premier jour de la formation de l'embryon. (i) Physiologie de M. Buboach, t. III, p. 207. — Développement des Oiseaux, rédigé par M. de Baër. ( 483 ) « Quant à la bandelette primitive, dit encore le même zootomiste, elle » n'existe que peu de temps; voilà pourquoi M. Pander l'a négligée dans » son histoire du développement du poulet. Il l'a vue, sans doute, car les » dessins de la PL I, fuj. 4, 5, de la PL II, fig. 2 de son ouvrage ne peu- » vent se rapporter qu'à cette bandelette (1). » » Ici M. Baër a raison; non-seulement la bandelette axile est indiquée dans les fig. 4 et 5 de la PL I, et mieux exprimée encore dans \esjig. 1 et 2 de la PL II, quoique M. Pander ne la mentionne pas dans son ouvrage, mais le point dans lequel cet observateur nous paraît se méprendre, c'est lorsqu'il considère la ligne secondaire si bien exprimée par M. Pander dans \esfig. 4 et 5 de la PL II, comme la persistance de la bandelette axile ou primitive. Cette ligne est produite par le rapprochement des deux plis pri- mitifs des fig. 1 et 2 de la PL I. En les écartant, on voit que les bords internes des plis sont libres et que rien d'analogue à la bandelette dont on fait naître la corde dorsale ne se trouve entre eux. Comme nous le verrons plus tard, M. Pander rapporte ces bords à la moelle épinière. » Il est à remarquer en effet qu'en même temps que M. de Baër retire à ces bords leur caractère de moelle épinière, il semble la remplacer par le retour de la bandelette primitive qui n'existe plus, lors de cette seconde métamorphose du disque prolifère. » Au reste, dans des observations si difficiles, et dans lesquelles l'erreur nous menace de tant de côtés, on conçoit que la ligne secondaire ait pu être confondue avec la bandelette axile. En effet, dès leur origine, et pen- dant que les plis sont écartés l'un de l'autre, cette bandelette leur est inter- médiaire; après leur rapprochement, la ligne secondaire la remplace sous ce rapport, elle est intermédiaire aussi aux deux plis primitifs. On conçoit, dès lors, comment celte communauté de rapports a pu en imposer aux zooto- mistes. C'est du moins de cette manière que l'on peut comprendre certaines observations de M. Remak. Dans les fig. 8", 9*, ioA et 1 iÀ de la PL I, ce zoo- tomiste distingué indique la rainure et les bords de la ligne secondaire, comme le point d'origine de la corde, et dans la fig. 9% qui représente une section transversale des plis, le point noir qu'il signale sur la ligne médiane, comme le rudiment de cette corde, me paraît, d'après mes expériences, la rainure de cette ligne. (i) Développement des Animaux, ouvrage en langue allemande, p. i3, 2e alinéa. C. R., 1860, 3mo Semestre. (T. U, N° 43.) 66 (48* ) » Au reste les observateurs qui, sans idées préconçues, ont étudié ce pre- mier terme de l'embryogénie, n'ont rien vu sur le parcours de la ligne se- condaire, que l'on put rapporter soit à la moelle épinière, soit à une bande- lette, soit enfin à la corde dorsale. Relativement à cette dernière, nous ne citerons que le travail de M. Coste, par la raison que les Commissaires de l'Académie des Sciences (i) ont suivi avec la plus grande attention la mani- festation des faits sur lesquels il repose : « II nous semble impossible, dit » M. Coste, de ne pas reconnaître que la corde dorsale n'est qu'un jeu » de la lumière, comme on en voit un grand nombre d'autres, dans l'ob- » servatioii des faits du même ordre. » » Cette conclusion ne peut s'appliquer qu'aux premières ébauches de l'embryon naissant, car nous verrons bientôt d'où naît la corde dorsale et comment elle se développe. » De ce qui précède et de ce que nous avons exposé dans la première Note, il suit : » i°. Que la corde dorsale n'existe pas dans le premier jour et la moitié du second de la formation de l'embryon des Oiseaux ; » 2°. Que la ligne secondaire que l'on a personnifiée sous ce nom offre un intervalle libre, existant entre les bords internes des plis primitifs; ligne qui s'infléchit avec eux au moment de la formation du capuchon céphalique; » 3°. Que cette ligne secondaire, ou cet intervalle des plis primitifs ne saurait être prise pour le rudiment d'un corps quelconque, puisque la lumière le traverse librement lorsqu'on observe la préparation au micro- scope ; » 4°- Il suit enfin que si la corde dorsale n'existe pas dans le premier jour de la formation de l'embryon, elle n'est pas, et elle ne saurait être, l'axe autour duquel viennent se former les premières parties du fœtus. » » M. d'Archiac fait hommage à l'Académie du VIIIe volume de l'Histoire des progrès de la Géologie, comprenant la description de la formation tria- sique. » Cet ensemble de dépôts qui a succédé aux roches permiennes et pré- cédé celles du lias, offre, dit-il, lorsqu'on les suit attentivement dans les diverses parties du globe où ils ont été reconnus, des contrastes et des par- (i) MM. Dutrochet, Serres, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire ; Dutrochet rapporteur. ( 485 ) ticularités dont l'importance semble avoir échappé souvent aux observa- teurs. Ces oppositions d'une part jointes à une certaine uniformité de l'autre impriment à ce système de couches un caractère original qu'on ne ren- contre aussi prononcé dans aucun autre terme de la série géologique. Les traits qui lui sont propres ne pouvaient d'ailleurs être mis dans tout leur jour que par une synthèse précédée elle-même d'un examen comparatif minutieux de tous les faits acquis à la science. » Les résultats les plus généraux déduits de cet examen ont été exposés à la fin du volume dans un résumé qui est l'expression la plus simple dés divers ordres de phénomènes dont cette période secondaire ancienne a été témoin. On y a réuni et comparé les conclusions les plus essentielles re- latives à la composition, à la distribution et à la puissance du trias, aux roches sédimentaires subordonnées qu'il renferme, aux produits ignés com- temporains ou plus récents qui s'y sont introduits, aux divers minerais qui y sont exploités, aux combustibles qu'on y observe, enfin aux caractères particuliers de sa flore et surtout à ceux de sa faune. » En un mot la période du trias qui s'est écoulée entre l'ère paléozoique et celle des sédiments jurassiques, paraît être l'une des plus curieuses à étu- dier, une de celles qui appellent le plus vivement les méditations du natura- liste, tant par la variété des phénomènes inorganiques qui s'y sont produits que par la singulière répartition des êtres organisés qui peuplaient alors la surface de la terre. » • M. Petit, qui avait précédemment adressé un extrait de sa Table des Crépuscules [voir le Compte rendu de la séance du 9 janvier, t. L, p. 81), envoie aujourd'hui la totalité de ces Tables, et prie l'Académie de vouloir bien en autoriser l'insertion dans le Compte rendu de la présente séance. ( Voir p. 486 et suivantes.) 66. ( 486) TABLE donnant, en minutes et dixièmes de minute de temps moyen, les durées des crépuscules, pour les l'abaissement crépusculaire du LATITUDES 0° 1° 2° 3° 4° 76,6 5° 76,5 6° ;6,5 7° 76>7 8° 76,8 9° 76>9 10° 77,o 11° 77,2 12° 77,4 13° 77,7 78,0 15° 78,3 16° 78,7 17° 18° i - 2/i ,6,6 76,6 76,6 76,6 79,o 79,4 23 76,0 76,0 75>9 75,9 76,0 75,9 76,0 76,1 76,1 76,2 76,4 76,6 76,8 77 1 77,4 77,7 78,1 78,5 78,9 22 75,4 75,4 75,3 75,3 75,4 75,4 75,4 73,6 75,5 75,7 75,9 76,0 76,2 ',<-' 5 76,9 77, 2 77,6 78,0 78,4 21 74,9 74,8 74,8 74,8 74,8 74,8 74,9 75,o 75,0 75,2 75,4 75,5 75,7 :'' 0 76,4 76,7 77," 77,5 77,9 — 20 74,4 74,3 74,3 74,3 74,3 74,3 74,4 74,4 74,5 74,7 74,9 75,1 75,3 -r> 5 75,9 76,2 76,6 77>° 77,4 1 "9 73,9 73,9 73,9 73,8 73,8 74,o 74,o 73,9 74,' 74,3 74,4 74;6 74,8 75 1 75,4 75,7 76,. 76,5 76,9 18 73,5 73,4 73,5 73,4 73,4 73,6 73,6 73,.s 73,7 73,9 74,o 74,i 74,4 7 1 7 75,o 75,2 75,6 76,0 76,3 '7 73,1 73,o 73,. 73,0 73,o 73,2 73,2 73,2 73,3 73,5 73,6 73,8 74,o 7Î 3 74,6 74,8 70,2 75,6 75,9 — .6 72,7 72,6 72>7 7»> 7 72,7 72,8 72>9 72,9 73,0 73, , 73,3 73,5 73,7 7^ 9 74,2 74,5 74,9 75,2 70,5 i5 72,3 72,3 72>4 72,3 72,4 72,5 72,6 72,5 72,6 72,7 72,9 73,1 73,4 73 6 73,8 74,i 74,5 74,9 75,2 •4 72,0 7', 9 72,0 7',9 72,1 72,1 72,2 72,1 72,3 72,4 72,6 72,8 73,1 7- 3 73,5 73,8 74>2 74,6 74,9 i3 7', 7 71,6 7. ,6 71,6 7', 7 7', 7 71,8 7. ,8 72,0 72,1 72,3 72,5 72,8 ?3 0 73,3 73,6 73,9 74, 3^ 74,6 — 12 7>,4 71,3 71,3 7. ,3 7', 4 7', 4 7. ,5 71,5 7', 7 7', 9 72,1 72,3 72,5 72 8 73,1 73,4 73,7 74,o* 74,4 II T,' 7',' 7',' 7',i 71,2 71,2 71,2 71,3 7', 4 7., 6 7.,8 72,1 72,3 72 5 72,8 73,2 73,5 73,7 74 , 1 10 7°. 9 7°, 9 70,9 70,9 7',' 71,0 71,0 71,' 71,2 7', 4 71,6 7', 9 72,1 7-' 3 72,6 73,0 73,3 73,5 73,9 9 7°, 7 70,7 70,8 70,7 7°, 9 7°>9 70,9 7°>9 71,0 71,2 7>,4 7', 7 7', 9 72 2 72,5 72,8 73,. 73,4 73,8 - 8 70,5 70,5 70,6 70,6 70,7 7°, 7 70,8 70,8 70,9 7',' 71,3 7i,5 7', 8 7- 1 72,4 72,7 73,0 73,3 73,7 7 70,3 7°, 4 70,4 7°, 4 70,5 70,6 70,6 70,6 70,7 70,9 71,2 7>»4 71,6 1} 9 72,3 72,6 72,8 73,2 73,6 G 70,2 70,2 70,2 70,2 70,3 70,4 7°, 4 70,6 70,6 70,8 7',' 71,3 71 ,5 V 8 72,2 72,5 72,7 73,1 73,5 «i 5 70,1 70,0 70,0 70,1 70,1 70,3 70,3 70,5 70,6 70,8 71,0 71,2 7', 4 7> 7 72,1 72,4 72,6 73,, 73,5 - 4 70,0 69,9 69,9 69,9 70,0 70,1 70,2 70,4 70,6 70,8 71,0 71,2 7', 4 7' 7 72,0 72,3 72,6 73,i 73,5 o 3 <>9,9 69-9 69,8 69,8 70,0 70,1 70,2 70,3 70,5 70,7 70,9 7',' 71,3 7' fi 72,0 72,3 72,6 73,0 73,5 p 2 69,8 69,8 69,8 69,8 69,9 70,0 70,1 70,2 70,4 70,6 70,8 71,1 71,3 7' 6 72,0 7ï,3 72,6 73,0 73,5 Q I I 69,8 69>7 69,7 69,8 69,9 70,0 70,1 70,2 70,3 70,6 70,8 71,' 71,3 7> fi 72,0 72,3 72,7 73,o 73,5 «5 / 0 69,8 69>V 69,7 69,8 c9,9 70,0 70,1 70,2 7o,4 70,6 70,8 7',' 7', 4 7' 7 72,0 72,3 72,7 73,i 73,5 O 1 1/5 I 69,8 69,7 69,6 69,8 69,9 70,0 70,0 70,3 70,5 70,7 70,9 71,2 7',4 7' 7 72,1 72,5 72,8 73,1 73,6 ^ 2 69,8 69,7 69,6 69,7 «9,8 69,9 70,0 70,3 70,6 70,8 71,0 71,3 7. ,5 7' s 72,2 72,6 72,9 73,2 73,7 K Z3 3 69,9 69,8 69,6 69>7 Gg,8 69;9 70,0 70,3 70,6 70,8 7',' 7', 4 71,6 7' 'i 72,3 72,7 73,1 73,4 73,9 ■+■ 4 70,0 69,8 69,7 69,8 69,9 70,0 70,1 70,4 70, G 70,9 71,2 71,5 7, ,8 72 1 72,4 72,8 73,2 73,6 74,i a 5 70,1 70,0 69,9 70,0 70,1 70,2 70,3 70,6 70,8 71,0 71,3 71,6 7'. 9 72 2 72,6 73,, 73,4 73,8 74,3 , 6 70,2 70,1 70,0 70,2 70,3 7°, 4 70,5 70,8 71,0 71,2 71,5 71,8 72,1 72 1 72,8 73,3 73,6 74,i 74,5 7 70,3 70,3 70,2 70,4 70,5 70,6 70,8 71,0 71,2 7', 4 7', 7 72,1 72,4 72 fi 73,0 73,5 73,8 74,3 74,8 + 8 70,5 70,5 70,5 7°, 7 70,8 70,9 71,0 71,3 71,5 7", 7 7', 9 72,3 72,6 72 fi 73,3 73,7 74.o 74,5 75,0 9 7°, 7 70,8 70,8 7°, 9 70,9 7',' 7',' 71,5 7. ,8 7',9 72,1 72,6 72,8 73 '! 73,6 74,o 74,3 74,8 75,3 IO 7<>,9 71,0 71,0 71,1 V>> 71,3 7', 4 7', 7 72,0 72,2 72; 4 72,9 73,. 73 i 73,9 74,3 74,6 75,1 75,6 1 1 7>,' 71,2 71,2 7', 3 71,3 71,5 71,6 7',9 72,2 72,5 72,7 73,2 73,4 73 7 74,' 74,6 74,9 75,4 75,9 '-+- 12 7', 4 7>,4 7', 4 V, 5 71,5 7', 7 7i,9 72,2 72,5 72,8 73,1 73,4 73,7 74 0 74,4 74,8 75,3 75,7 76,2 i3 7'.7 7', 7 7", 7 7. ,8 7', 9 72,1 72,3 72,6 72,9 73,, 73,5 73,8 74,' 74 1 74,8 75,2 75,8 76,2 76,6 "4 72,0 72,0 72,0 72,1 72,2 72,5 7a,7 73.0 73,3 73,5 73,8 74,2 74,5 74 H 75,2 75,7 76,3 76,6 77,' ■s 72,3 72,3 72,4 72,5 72,6 72.9 73,i 73,4 73,7 73,9 74,2 74,6 74,9 75 :-; 75,7 76,2 76,7 77,2 77,7 -t- .G 7^,7 72,7 72,8 73,0 73,1 73,3 73,5 73,8 74,o 74,3 74,6 75,o 75,4 75 s 76,2 76,7 77,2 77,7 78,3 ■7 73,8 73,2 73,3 73,4 73,6 73,8 74,o 74,3 74,5 74,7 75,2 75,5 75,9 76 3 76,7 77,2 77,7 78,3 78,9 18 73,5 73,6 73,8 73,9 74,i 74,3 74,4 74,8 75,o 75,2 75,7 76,0 76,4 76 g 77,3 77,8 78,2 78,8 79,6 ■9 73,9 74,o 74, 2 74,4 7M 74,8 74,9 75,3 75,6 75,8 76,2 76,5 76,9 77 i 77,9 78,4 78,8 79,4 80,3 -+- 20 74,4 74,5 74,6 74,8 75,0 75,3 75,5 75,8 76,' 76,4 76,7 77.' 77,5 78 o 78t5 79,o 79,5 80,1 80,8 21 74,9 75,0 75,2 75,3 75,5 ,5,8 -6,0 76,3 76,7 77,0 77,3 77,7 78,' 78 ii 79,2 79,7 8o,3 80,9 81, G 22 1U 75,6 75,7 75,9 76,1 76,4 76,6 76,9 77,3 77,7 78,0 78,4 78.7 79 3 79,8 8o,5 81,1 81,8 82,5 23 76,0 76,2 76,3 76,4 76,6 76,9 77,2 77>5 77,9 78,3 78,7 79,' 79,5 79 g 8o,5 81,2 8> ,9 82, G S3,3 -+- ll\ 76, G 76,8 76>9 77,o 77, 2 77, 5 77,8 78,2 78,6 79,o 79,4 79,8 80,2 80 7 8i,3 B*,i 82,7 83,5 84,3 (487) déclinaisons du Soleil comprises entre — 24° et -+- 24°, et pour les latitudes terrestres variant de 0° à 70", Soleil étant supposé égal à 18°. TERRESTRES. 19" 79,9 20° 21° 22° 23° 24° 25° 26" 27" 28° 29° 30° 31° 88,3 32" 33" 34° 9', 5 35° 92,7 36° 94,o 37° 95,3 38" 96,8 39° 98,4 80,4 80.8 81,4 82,0 82,6 83,3 84,o 84.7 85,5 86,4 87,4 89,3 9o,4 79 ,4 79,7 80,1 80,8 8i,4 82,0 82,7 83,3 84,o 84,8 85,7 86,6 87,7 88,5 89,7 90,8 92,0 93,2 94,4 95,8 97,3 78,8 79,' 79,5 80,2 80,9 ■81,4 82,1 82,7 83,4 84,2 85,i 85,9 87,1 87,8 89,0 90,1 9i,3 92>5 93,7 95,0 96,4 78,3 78,6 79,o 79,6 8o,3 80,8 8i;5 82,1 82,8 83,6 84,5 85,3 86,4 87,2 88,3 89,4 90,6 9', 7 92,9 94,2 95,6 77.8 78,2 78,6 79,2 79,8 8o,4 80,9 81,6 82,3 83,i 83,9 84,8 85,7 86,6 87,6 88,7 89,9 9',o 92,2 93,5 94,8 77, 2 77,8 78,2 78,8 79,3 79,9 8o,3 81,1 81,9 82,7 83,4 S4.3 85,i 86,0 87,0 88J1 89,3 90,3 9', 5 92,8 94,o 76,8 77.3 77,8 78,3 78,8 79.4 79,7 80,6 8', 4 82,2 82,9 83, S 84,6 85,5 86,5 87,5 88,7 89,7 9',o 92,1 93,4 76,4 76,9 77,4 77,9 78,4 79.0 79,4 80,1 80,9 8., 7 82,5 83,3 84,1 85,0 86,0 87,0 88,1 89,2 90,4 9', 6 92,9 76,0 76,5 77.' 77,6 78,1 78,7 79,2 79,8 80,5 8i,3 82,1 82,9 83,7 84,6 85,5 86,5 87,6 88,8 90,0 9',' 92 , 4 75,6 76,1 76,8 77,2 77,8 78,4 78,8 79.4 80,1 80,9 81,7 82,5 83,3 84,2 85,i 86,1 87,3 88,3 89,0 90,6 9', 9 75,3 75,7 76,4 76,9 77,5 78,' 78,5 79,o 79,7 8o,5 8I;3 82,1 82,9 83,8 84,8 85,8 87,0 88,0 89,1 90,2 9', 5 75,0 75,5 76,1 76,6 77,2 77,8 78,2 78,7 79,4 80,1 80,9 8i, 7 82,6 83,5 84,5 85,5 86,7 87,7 88,8 89,9 9", 2 74,8 ,5,3 75,8 76,3 76,9 77,6 78,0 78,5 79,' 79,9 80,7 8i,5 82,3 83,3 84,3 85,3 86,4 87,4 88,5 89,6 90,9 74,6 75»' 75,6 76,0 76,6 77,2 77,7 78,3 78,9 79,7 8o,5 8i,3 82,1 83,i 84,' 85,i 86,i 87,2 88,2 89,3 90,6 74,4 74,9 /5,4 75,8 76,3 77,o 77,5 78,1 78,7 79,5 8o,3 81,1 8', 9 8-1,9 83,9 84,9 85,9 88,0 88,0 89,0 90,4 74,2 74,7 75, î 75,7 76,2 76,9 77,3 78,0 78,6 79,3 80,1 80,9 81,7 82,7 83,7 84,7 85,7 86,8 87,8 88,9 90,2 74,' 74,6 75,1 75,6 7°,' 76,8 77,2 77,9 78,6 79,3 80,0 80,8 81,6 82,6 83,5 84,5 85,5 86,6 87,7 '88,8 90,' 74,0 74,5 75,0 75,5 76,1 76,7 77,' 77,8 78,4 79,' 80,0 80,7 8i,5 82,5 83,3 84,3 85,4 86,5 87,6 88,7 90,0 73,9 74,4 74,8 75,4 7c,o 76,6 77,o 77,7 78,2 79,° 79,9 80,7 8i,5 82,4 83,2 84,3 85,3 86,4 87,5 88,7 90,0 73,8 74,3 74,8 75,4 76,0 76,6 76,9 77,6 78,0 79,o 79,9 80 (7 8i,5 82,4 83,2 84,3 85,3 86,4 87,6 88,8 90,0 73,9 74,3 74,8 75,4 76,0 76,6 77,o 77,5 78,2 79,o 79,9 80,7 8i,5 82,4 83,3 84,3 85,4 86,5 87,7 88,9 90,' 73>9 74,3 74,8 75,3 76,0 76,7 77>' 77,5 78,3 79,' 80,0 80,7 81,6 82,5 83,4 84,4 85,5 86,5 87,7 89,0 90,2 74,o 74,4 74,8 75,4 76,0 76,7 77,2 77,6 78,4 79,2 80,1 80,8 81,7 82,6 83,6 84,5 85,6 86,6 87,8 89,1 90,4 74,o 74,4 74,8 75,4 76,0 76,7 77,2 77,7 78,5 79,3 80,2 80,9 81,8 82,7 83,7 84,7 85,8 86,8 88,0 89,3 90,6 74,o 74,4 74,9 75,5 76,1 76)7 77,3 77,8 78,5 79,3 80,2 81,0 81,9 82,9 83,9 84,9 86,0 87,0 88,2 89,5 90,8 74,i 74,5 75,0 75,6 76,2 76,8 77,5 78,0 78,7 79,5 8o,3 8,,. 82,1 83,o 84,' 85,i 86 „2 87,3 88,5 89,8 9',' "4,2 74,7 75,2 75,7 76,3 76,9 77,6 78,3 79,o 79,7 8o,4 8i,3 82,3 83,2 84,3 85,3 86,5 87,7 88,9 90,2 9', 6 74,4 74,9 75,4 75,9 76,4 77>o 77,8 78,5 79,2 80,0 80,7 81,6 82,6 83,5 84,6 85,6 86,8 88,1 89,4 90,6 92,0 74,6 75,o 75,5 76,0 76,6 77,2 78,0 78,7 79,4 80,2 81,0 8', 9 82,8 83,8 84,9 86,0 87,2 88,5 89,8 9',' 92,5 74,8 75,2 75,7 76,3 76,9 77,5 78,2 79,o 79,8 80,6 8' ,4 82,2 83,2 8/1,2 85,3 86,4 87,6 89,0 90,3 9', 7 •93,0 ;5,o 75,5 76,0 76,6 77,2 77,8 /8,5 79,3 80,1 80,9 81,8 82,6 83,7 84,6 85,8 86,9 88,0 89,4 90,8 92,2 93,5 75,2 75,7 76,3 76,9 77,6 78,2 78,9 79,6 8o,5 8i,3 82,2 83,i 84,2 85,i 86,4 87,4 88,6 89,9 9', 3 92,8 94,2 75,5 76,0 76,6 77,2 77,9 78,6 79,3 80,0 80,9 81,7 82,6 83,6 84,6 85,7 86,9 88,0 89,2 90,5 9', 9 93,4 95,0 75,8 76,3 76,9 77,6 78,3 79.o 79,7 8o,4 8i,3 82,2 83,i 84,' 85,i 86,3 87,4 88,6 89,9 9'," 92,5 94 ,'2 95,9 76,1 76,7 77.2 77,9 78,7 79,5 S0,2 80,9 81,8 82,7 83,6 84,6 85,7 86,9 88,0 89,3 90,6 9', 9 93,3 95,0 96,8 76,4 77,' 77.6 78,3 79,' 79,9 80,6 8' ,4 82,3 83,2 84,2 80,2 86,3 87,5 88,7 9°,' 9',4 92,8 94,3 95,9 97,8 76, « 77,5 78,, 78,7 79,5 8o,3 81,1 82,0 82,8 83,8 84,8 85,8 86,9 88,1 89,4 90,8 92,3 93,8 95,3 96,9 98,8 77,3 78,0 78,6 79,2 79,9 80,7 81,6 82,6 83,4 84,4 85,4 86,5 87,6 88,8 90,2 9', 6 93,3 94,7 96,4 98,0 100,0 7;>s 78,5 79,2 79,8 8o,5 8l ,Q 82,2 83,2 84,1 85,i 86,1 87,2 88,4 89,6 9',' 92,5 94,3 95,7 97-4 99,2 101 ,3 78,3 79,o 79,7 8o,5 81,2 8', 9 82,9 83,9 84,8 85,8 86,9 88,1 89,4 90,6 92,' 93,5 95,3 96,8 98,6 ioo,5 102,6 78,1) 79,6 8o,3 81, 1 81,9 82,7 83,6 84,5 85,5 86,6 87,8 89,' 90,4 9', 7 93,' 94,6 96,3 98,0 99,8 101,9 104,1 79,5 80,2 80,9 81,8 S2,6 83,6 84,4 85,2 86,3 87,5 88,8 90,1 9', 4 92,7 94,2 95,9 97,5 99,3 101,2 io3,6 io5,9 80,2 80,9 81,6 82,5 83,3 84,4 85,2 86,0 87,1 88,5 89,8 9',' 92,5 93,9 95,5 97,2 98,8 100,7 102,8 io5,3 107,7 80,9 81,7 82,4 83,3 84,2 85,3 86,1 87,0 88,i 89,5 90,8 92,' 93,6 95,' 96,7 98,5 ioo,3 102,3 104,6 107,2 109,6 81,6 83,4 S3,2 84,i 85, 1 86,1 87,0 88,0 89,. 90,5 9', 8 93,3 94,8 96,4 98,' 100,0 102,0 104,1 106,5 109,1 111,8 82,4 83,2 84,1 85,o 8G,o 87,0 88,0 89,0 90,2 9', 7 93,0 94,6 96,2 97-9 99,6 101,6 io3,9 106,0 108,6 111,2 1,4,2 83,3 84," 85,o 85,9 87,0 88,0 89,' 90,2 9', 4 93,o 94,3 95,9 97,6 99,5 101,2 io3,3 io5,8 108, 1 "°,7 n3,6 116,9 84,5 85,o S6,o 86,9 88,c 89,0 90,2 9', 3 92,6 94,3 95,8 97,4 99,2 101 ,2 io3,o io5,3 107,8 uo,3 ii3,i 1 16,3 119, S 85,2 86,0 87,0 88,0 89,0 90,i 9',4 92,6 94,o 95,6 97,3 99," 100,9 io3,o io5,o 107,3 110,0 112,7 n5,8 119,2 123,0 ( 488 ) TABLE donnant, en minutes et dixièmes de minute de temps moyen, les durées des crépuscules, pour les rabaissement crépusculaire du II • LATITUDES 40° 41° 42° 43° 44" 45° 46° 47° 48" 49° 50" 51° 52° 53" 54° - 24 99)9 101 ,6 io3,4 io5,3 107,3 109,5 111,8 "4,2 116,8 "9,7 122,7 126,1 129,5 i33,3 i37,5 23 98>9 ioo,5 102,2 104,2 106,1 108,1 110,4 112,8 u5,3 118,0 121,0 124,1 127,4 i3i ,0 i35,o 22 98,0 99,6 101,2 io3,i io5,o 106,9 109,2 111,5 "3,9 116,4 "9,4 122,3 125,5 128,9 •32,7 21 97. • 98,7 ioo,3 102,1 104,0 io5,9 108,1 110,3 1 12,6 n5,i "7,9 120,7 123,9 127,1 i3o,8 — 20 96,4 97,9 99,5 ioi,3 io3,i io5,o 107,1 109,2 m,5 "3,9 116,6 "9,4 122,4 125,6 129,1 '9 95,7 97i' 98,8 100,6 102,3 I04,2 106,2 108,3 uo,5 "2,9 "5,5 118,2 121,0 124,2 127,5 18 95,' 96,5 98,1 99,9 ioi,5 io3,4 io5,4 107,5 109,6 1 13,0 "4,5 117,0 119,8 122,9 ,26,1 '7 94,5 95,9 97,5 99,2 100,9 102,7 104,6 106,7 108,8 III, 1 n3,5 1 16,0 118,8 121,7 124,9 — 16 9^.9 95,4 96,9 98,5 100,2 102,1 104,1 106,0 108,1 110,3 112,6 ii5,i "7,8 120,6 "3,7 i5 93,4 94,8 96,3 98,0 99,6 101,6 io3,4 io5,3 107,4 109,6 i",9 "4,3 116,9 "9.7 122,7 ■4 93,0 94,3 95,8 97,5 99,i 101,0 102,8 104,7 106,8 109,0 111,2 u3,6 116,2 "8,9 121,9 i3 92,6 93,9 95,3 97, • 98,7 ioo,5 102,3 104,1 106,2 108,4 110,6 n3,o n5,5 n8,3 121 ,3 12 92,2. 93,5 95,o 96,7 98,4 100,0 ■ 01,8 io3,7 io5,8 107,9 !I0,I 112,5 ..5,i "7,9 120,8 1 1 9' .9 93,2 94,7 96,4 98,1 99,7 ioi,5 io3,3 io5,5 107,5 109,7 112,1 "4,7 "7,5 120,3 10 9'77 93,0 94,4 96,2 97,8 99,4 ioi,3 io3,o 105,2 107,3 109,5 111,8 "4,4 117,2 120,0 9 9i,5 92,8 94,3 96,0 97,6 99,2 101 , 1 102,9 io5,o 107,1 109,3 111,6 "4,i 116,9 "9.7 — *8 9' >4 92,7 94,2 95,8 97,4 99,' 100,9 102,8 104,8 106,9 109,2 m,5 "4,0 ..6,7 "9,5 7 9'»4 92,6 94,i 95,7 97,4 99,o 100,9 102,7 104,8 106,9 109,2 ui,5 "4,0 1,6,6 119,5 6 9i,4 92,6 94,' 95',7 97,4 99,o 100,9 102,7 104,8 106,9 109,2 111,6 "4.2 ,,6,8 "9,7 J 5 91,4 92,7 94,2 95,7 97,5 99, « 101 ,0 102,8 io4,9 107,0 109,4 iii,8 "4,4 1,7,1 120,0 - 4 9'i 4 92,8 94,3 95,9 97,6 99,3 101,1 io3,o io5, 1 107,2 109,6 112,1 "4,8 "7,6 120,5 o 3 9',5 92,9 94,5 96,2 97,8 99,5 101,3 io3,3 io5,3 107,5 109,9 "2,4 ll5,2 1.8,1 120,9 b 2 9' ,6 93,i 94,7 96,5 98,0 99,8 101 ,6 io3,6 io5,6 107,9 110,3 112,9 ..5,7 118,6 121 ,5 ° 1 i 9>,9 93,4 95,0 96,8 98,2 100,1 102,0 104,1 106,1 108,4 110,7 u3,5 ..6,3 119,2 122,2 $ 0 92,3 93,8 95,3 97,o 98,6 ioo,5 102,5 104,6 106,7 109,0 111,4 "4,i 116,9 "9,9 123,1 o ' i 92.7 94,2 95,6 97,4 99,' 101,0 io3,i 105,2 107,4 109,7 112,2 "4,9 "7-7 120,9 124,1 < 2 93,0 94,6 96,0 97,8 99,6 101,6 io3,8 io5,8 108,1 no,5 1 1 3 , 1 "5,7 .,8,7 122,0 125,3 ^ j 3 93,4 95, 1 96,6 98,3 100,4 102,2 io4,4 io6,5 108,9 iu,4 "4,o "6,7' 1,9,8 .23,2 126,7 -H 4 93,9 95,6 97 ,2 99,o 100.9 102,9 io5,i 107,3 109,7 ii2,3 ii5,i 118,0 ,2,,, 124,5 128,3 a S 94,5 96,2 98,0 99,8 101,7 io3,7 106,0 io8,3 110,7 u3,3 "6,4 "9,4 ,22,6 .26,1 i3o,i 6 95,2 97,o 98,8 100,6 102,6 104,6 107,0 109,3 '",9 "4,6 "7.7 121 ,0 124,3 128,1 l32,2 7 96,0 97,7 99,6 ioi,5 io3,5 io5,6 108,0 no,5 n3,3 1 16,1 "9,2 122,6 ,26,1 .3o,2 i34,5 4- 8 96.7 98,5 100,4 102,4 io4,5 106,7 109,2 "',9 114,8 117,8 121 ,0 124,4 ,28,2 .32 ,5 137,2 9 97,5 99,4 101,4 io3,5 io5,6 108,0 1 10,6 "3,4 "6,4 119,6 122,9 126,5 ,3o,5 i35,2 140,2 10 98,4 100,4 102,5 104,7 106,9 •09,4 112,1 n5,o 118,1 121,6 125,0 129,0 i33,3 .38,4 .43,6 n 99,5 101 ,5 io3,6 106,0 108,3 110,9 "3,7 116,7 120,0 123,7 127,4 i3i,8 i36,4 ■4', 9 '47,6 -1- 12 100,7 102,7 i°4,9 107,4 '09,9 112,6 n5,5 118,7 122,2 126,0 i3o,2 i34,8 i39,9 i45,7 i52,3 i3 102,0 104,1 106,4 109,0 111,7 "4,5 117,5 120,8 124,7 128,7 i33,3 i38,i ■ 44,o .5o,4 157,8 M io3,3 io5,6 108,0 110,7 n3,6 u6,5 119,8 123,3 127,5 i3i,9 i36,8 142,2 '48,7 .55,9 i64,5 i5 104,8 107,3 ■09,7 112,5 1.5,7 118,8 122,3 126,2 i3o,7 i35,5 140,8 147,0 ■44,3 162,6 172.9 ■+> 16 io6,5 109,0 111,7 n4,5 117,8 .21,3 125,1 129,4 i34,3 i3g,5 i45,5 i52,5 160,9 171.0 i84,o '7 io8,3 m ,0 n3,8 116,9 120,2 124,1 128,3 i33,o ■ 38,3 ■44,1 i5i,i i5g,2 169,2 182,0 200,2 18 110,2 n3,i 116,1 119,5 123,1 127,3 '3i,9 '37,0 i42,9 ■49,8 '57,8 i67,5 180,2 198,2 249,2 ■9 112,3 1,5,4 118,8 122,4 126,4 i3o,9 i36,o '4', 7 i48,4 i56,3 166,0 178,4 197,3 246,8 -1- 20 "4,7 118,0 121,6 125,5 i3o,i ,34,9 140,7 '47,3 i55, 1 164,6 '76,9 '94,6 244,5 21 117,3 120,9 124,8 129,2 i34,3 l39,7 146,2 i54,o i63,4 175,4 193,0 242,6 22 120,2 124,2 128,5 i33,3 '39,0 i45,3 '52,9 iG2,3 174,2 i9i,3 240,6 23 123,5 ■27,9 i3o,7 i38,i ■44,4 l52,0 161 ,2 173,0 190,2 238,7 1 -+- 24 127,1 i3i,9 •37,4 ■ 43,7 .5.,. 160,0 '7', 9 188,9 237,2 ( 489 ) déclinaisons du Soleil comprises entre — 24° et -t- 24°, et pour les latitudes terrestres variant de 0° à 70° Soleil étant supposé égal à 18°. TERRESTRES. 55° S6° 57° S8r 59° 60° 61° 62° 03° W 65° 66° 67° 68° 69° 70° ■4i,9 ■ 46,5 l52,2 i58,3 i65,o 172,6 18. ,3 191,3 203,4 218,2 238,0 268,6 i3a,2 143,7 ■ 48,8 .54,5 160,7 167,7 '75,5 .84,4 '94,8 207,2 222,5 242,6 274,1 i36,8 l4l,2 ■45,9 i5i ,2 157,0 .63,4 170,5 '78,7 187,8 .98,6 311,4 227,1 247,9 280,2 "34,7 i38,8 ■ 43,3 148,2 i53,8 '59,8 .66,4 .73,8 182,1 '9', 7 202,9 2i5,g 232,3 253,7 286,9 i3a,8 ,36,7 >4',o 145,7 .5o,9 i56,5 162,7 169,6 '77,3 186,0 196,0 207,4 221 ,2 238,o 260,3 294,6 i3i, i i34,9 i39,o i43,6 '48,4 .53,7 159,6 166,1 173,3 181 ,2 190,3 200,6 212,6 227,8 244,6 267,5 129,5 i33,2 137,2 141, 6 .46,3 i5i,5 '56,9 i63,K 169,6 '77,3 i85,6 195,1 2o5,g 218,4 233,5 25l,4 128,1 i3i,8 '35,7 '39,9 ■44,4 '49,4 .54,6 .6o,5 ■66,7 '73,9 181,7 190,5 200 , 4 211,7 224,9 240,5 127,0 i3o,5 i34,3 .38,4 142,7 '47,5 .52,5 i58,2 164,3 171,1 178,4 186,7 195,9 206,3 218,3 232,2 126,0 129,3 i33,o 137,1 1.4-1,3 '45,9 i5o,g .56,3 162,2 168,6 175,7 i83,6 192,2 202, 1 2.3,1 235,9 125, 1 128,4 l32,0 i36,o .40,1 ■ 44,6 ■ 49,4 .54,6 160,4 166,6 173,5 .81,. '89,4 198,6 209,1 320,9 124,4 127,7 l3l,2 i35,o 139,1 143,6 '48,2 i53,3 '58,9 i65,o '7',7 ■79,0 187,0 '95,9 2o5,g 217,0 123,8 127,1 i3o,5 '34,3 i38,S 142,7 '47,3 '52,4 ■57,8 ■ 63,8 170,3 '77,4 i85,2 '93,9 2o3,5 2l4,2 123,4 126,5 i3o,o '33,7 l37,7 142,1 .46,6 i5i,6 i57,o 162,8 169,5 176,3 '83,9 '93,4 201 ,8 212, I 123,0 126,2 129,6 i33,3 '37,3 '44,6 . 146,2 i5. ,. .56,5 162,3 168,9 175,5 i83,i '9', 4 200,7 2.1,1 122,8 125,9 I29,4 i33,i 137, 1 ■ 4i,3 145,9 .5o,8 .56,2 162,0 .68,4 175,1 182,7 191,0 200,2 210,6 122,6 125,9 '39,4 i33,o 137,0 14., 2 '45,7 i5o,7 1 56 , 1 161,9 .68,3 175,2 182,8 '9',' 200,4 2.0,8 122,6 125,9 '29,4 i33,i 1.37,1 141,3 '45,9 i5o,8 i56:2 162,2 .68,6 175,6 i83,3 .91,8 201 ,2 211,7 122,8 126, 1 129,5 .33,4 '37,4 ■4', 7 .46,3 i5i,3 ■56,7 162,7 169,3 .76,5 184,2 '92,9 202,8 2i3,5 123,1 126,4 129,9 i33,8 i37,8 '42,3 147,0 l52,0 .57,5 i63,6 170,4 '77,6 .85,7 '94,7 204,9 216, 1 123,5 126,8 i3o,4 .34,3 i38,5 '43,i '47,9 i53,o .58,7 '64,9 '7',9 '79,4 187,7 '97,' 207,7 219,8 124,0 127,4 i3i,i i35,o i3g,3 '44,o '48,9 ■ 54,3 160,2 .66,7 '73,7 181,6 192,4 200,3 211,6 224,6 124,7 128,2 i3i,9 '35,9 i4o,3 145,2 i5o,2 i55,8 '61,9 168,6 .76,. 184,4 .93,8 204 ,'4 216,7 23 1,2 125,5 129,1 '32,9 137,1 '4', 7 ■ 46,6 i5.,8 ,57,6 .64,0 171,1 '79,' 188,0 198,0 209,6 223,3 239,8 126,5 l3û,2 •34,3 i38,5 143,2 .48,2 .53,8 '59,9 166,7 '74,2 182,6 192,3 2o3,4 216,3 232,1 252,0 I27.7 i3.,4 '35,7 140,1 '44,9 i5o,3 i56,2 162,6 169,8 '77,9 .87,. 197,6 210,2 225,1 244,2 270,9 ■29,' i32,g '37,3 142,0 ■47,o '52,7 .5g,o '65,9 173,5 182,4 192,5 204 , 5 219,0 237,0 272,9 33i,4 i3o,7 '34,6 '39,2 144,2 '49,5 i55,5 .62,2 ■69,7 178,1 187,9 '99,8 2l3,2 23 1 ,0 255,7 322,3 ■ 32,4 '36,7 i4i,4 '46,7 152,4 ■ 58,8 .66,. 174,3 183,7 194,8 208, i 225,1 249,2 3'4,' 134,4 139,0 i44,o '49,6 i55,7 162,7 170,6 '79,8 190,5 2o3,5 220,0, 243,3 3o6,5 i36,6 14. ,5 '46,9 i52,9 ■59,7 '67,4 176,0 i86,5 '99,2 2.5,3 z37,9 299,7 139,2 i44,5 , 1 5o , 3 i56,8 .64,3 172,9 i83,o 195,2 210,9 233,o 293,4 142,3 '47, 9 154,3 i6i,5 '69,9 '79,7 191,6 206,8 228,4 287,6 145,7 i5i,9 i58,9 167,1 176,6 i88,3 203,1 224,2 282,3 '49,7 i56,6 '64,4 '73,9 i85,2 '99,7 220,4 377,4 ■ 54,3 162, 1 171,2 182,3 .96,5 216.8 272,9 l5g,8 168,8 '79,7 193,7 2.3,5 268,7 .60,5 '77.3 '90,9 210,4 264,8 175,0 .88,4 207,6 26. , . 186,1 205,0 257,8 202,5 254,7 251,9 ( 49° ) MÉMOIRES LUS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — De l'aménagement et de la conservation de l'eau de la pluie, pour les besoins de l'économie domestique, dans les habitations ■ rurales et dans les communes dépourvues d'eau de source et de rivière; par M. Grimaud, de Caux. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreu), Morin, Rayer, Combes.) « Bien des communes et des habitations rurales n'ont ni eau de source, ni eau de rivière; elles ont recours à l'eau du ciel et en manquent souvent; non que l'eau du ciel soit insuffisante, mais parce qu'on la recueille ou la conserve mal. u En moyenne il tombe annuellement om,76 de pluie, dont : en hiver 21 pour ioo;au printemps et en été 23 pour ioo; et en automne 3i pour ioo. La moindre quantité tombe à Marseille, om,5o; lemaximumà]Santes,im,o5. Pour le reste de la France, la moyenne om,76 est une moyenne pratique, c'est-à-dire que l'on peut baser sur elle un système applicable en tous lieux. Je prends pour base iooo habitants et je calcule la provision sur les vrais besoins. Dans nos villes une voie d'eau de 20 litres alimente convenable- ment un ménage moyen, un ménage de 4 personnes : c'est donc 5 litres par personne; et, pour 1000 personnes, 5ooo litres ou 5 mètres cubes. A Paris, il pleut 1 jour sur 2,5o; il pleut 1 jour sur 6,4o à Marseille. En calculant avec ces deux extrêmes seulement, la moyenne serait de 1 jour sur 4,5o pour toute la France; exceplis excipiendis, on peut adopter cette moyenne. Il tombe plus ou moins de pluie en un temps et sur une superficie donnés. Pour n'être pas pris au dépourvu, il est évident qu'il faut calculer la super- ficie sur le temps où il tombe le moins d'eau. » On a vu que la moindre quantité est en hiver, où en 90 jours on a 21 pour 100 delà pluie totale de l'année. 21 pour 100 sur om, 76, c'est envi- ron o,i5 (om,i4o,6) qui tombent en 1 jour sur 4>5o; c'est om,i5 pour 20 jours d'hiver; c'est om,oo75, un cube de 7mm,5 d'eau par jour de pluie. Mais ce cube de 7mm,5 nous est donné par 1 mètre carré de superficie : 1000 mètres carrés nous donneront donc 7rac,5o. Maintenant quelle est la réserve qu'il nous faut? Puisqu'il pleut 1 jour sur 4,5o, cette réserve doit être de 4 jours et demi. A 5 mètres cubes d'eau par jour, c'est 22mc,5o, lesquels exigent une superficie de 3ooo mètres carrés. U n'y a pas en (49') France de petite commune qui ne dispose d'une semblable superficie de toits. On la trouverait dans beaucoup de grandes habitations rurales, même dans de simples fermes, c'est-à-dire que dans bien des fermes, dans presque toutes les grandes habitations et dans toutes les communes cer- tainement, on peut recueillir, sans difficulté aucune, la provision d'eau nécessaire à une population de iooo habitants. » Il serait facile de construire des citernes vénitiennes pour emmaga- siner a5 mètres cubes d'eau du ciel ; encore plus facile d'en construire de 10 mètres. C'est la petite dimension qu'il faudrait adopter, parce qu'elle permet de disperser l'approvisionnement sur plusieurs points de la com- mune. » J'ai pris une moyenne de 4 jours et demi. Il est bien évident que, si l'on se tient à la lettre, on reste dans le faux et dans l'absurde. En toutes choses la lettre tue. J'ai pris cette moyenne pour la clarté du calcul seule- ment. La vérité est qu'il faut partout un approvisionnement de 20 jours au moins; et, dans des localités exceptionnelles, davantage. Dans les salines du midi de la France, par exemple, on compte généralement sur un plus grand nombre de jours se suivant sans pluie. L'approvisionnement de 20 jours pour 1000 habitants sera donc de 100 mètres cubes. On ne fait pas de citernes vénitiennes de 100 mètres cubes, mais on peut accolera chaque citerne un magasin dont la contenance peut être portée, sans grands frais, même à 200 mètres. Pour 200 mètres ce serait un cube de 10 mètres de côté et de 2 mètres de hauteur; et 200 mètres cubes d'eau, c'est la provision de 4o jours. Élevez la hauteur du magasin à 3 mètres et vous avez une provision de 60 jours. » Dans une commune, quelque petite que vous la supposiez, la super- ficie de toit, pour doter les magasins d'eau, ne saurait jamais manquer, même pour une dimension plus considérable. Elle ne manque pas non plus relativement dans les habitations rurales et dans les fermes. On a donc ainsi une citerne et un magasin. Il résulte de cette combinaison un avantage plus considérable qn'il ne semble au premier abord. L'eau du magasin peut s'altérer; et de fait, il est peu de réservoirs d'eau, disposés sur ou sous terre, dans lesquels à la longue l'eau non renouvelée ne s'altère plus ou moins. Une simple modification dans l'un des éléments de la citerne véni- tienne met à l'abri des effets de toute altération, et voici en quoi cette mo- dification consiste. » Tl faut se rappeler que l'eau est introduite dans la citerne par les cas- C. R., 1860, 2™« Semestre. (T. LI, K» iô.) ^7 ( 49* ) settoni et les canaletli. On donne aux cassettoni et aux canaletti réunis i mètre cube de capacité et on les remplit de charbon. Désormais toute base d'altération, provenant des causes ordinaires, est immédiatement éli- minée; car il ne faut que i kilogramme de charbon pour dépurer i mètre cube d'eau. Les cassettoni et les canaletli sont très-accessibles, étant à la surface : on peut donc renouveler le charhon pour chaque opération sans difficulté; et même en rendre la dépense insignifiante, pour ainsi dire, en le révivifiant. » Le système que je viens d'exposer est applicable partout, il est à la por- tée des ressources des plus pauvres communes. Quant à son exécution, les agents voyers des cantons sont naturellement indiqués; et, pour le service journalier, pour la surveillance, la conservation et l'entretien, les maires, par l'intermédiaire des serviteurs salariés de leur commune. » Je n'entrerai dans aucune des graves considérations hygiéniques qui naissent du sujet. J'ai voulu démontrer que l'eau du ciel est suffisante par- tout : j'ai voulu faire comprendre que, partout aussi, il est extrêmement facile de l'aménager. J'ajoute qu'en utilisant de plus grandes superficies de toit que celles que j'ai calculées, on aurait avec la même facilité l'approvi- sionnement des animaux. On remplacerait ainsi par des abreuvoirs d'eau salubre les mares trop souvent infectes où on les conduit se désaltérer; on conjurerait de la sorte une des causes efficientes les plus certaines des épizooties. » MÉDECINE. — De ta perversion des facultés morales et affectives dans la période prudromique de la paralysie générale des aliénés, au point de vue de la méde- cine légale; par M. A. Brieriie de IJoismom . (Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Baillarger : MM. Serres, Flourens, Andral, Rayer.) « Il y a treize ans, je publiais dans la Gazette médicale (22 mai 1847) cette Note, avec deux observations à l'appui : « Aucun des auteurs qui ont traité de la paralysie générale des aliénés n'a parlé d'une période prodro- mique de cette singulière maladie, du plus grand intérêt, au point de vue de la morale et de la médecine légale. Cette période prodromique, qui remonte quelquefois à six, sept ans et plus avant l'explosion apparente de la folie, est caractérisée par les perversions des facultés morales et affectives, sans que les individus qui présentent ces changements en soient moins aptes à remplir les devoirs de la vie sociale ou à s'acquitter de leurs fonctions. » (493) » Parmi les faits de ce genre, je me bornerai au suivant : Je fus appelé en consultation pour un ancien officier ministériel dont les soustractions dans une vente avaient fait, plusieurs années auparavant, beaucoup de bruit. Il y avait même eu un commencement d'instruction, un mandat d'arrêt. Comme cet acte resla inexplicable, il fut renvoyé delà plainte, mais obligé de se démettre de sa charge. Les observations que j'avais déjà recueillies sur ce sujet me firent penser alors que cet homme était sous l'influence de cette période prodromique de la paralysie générale. Aucun renseignement cepen- dant ne m'avait été donné. Ses premières paroles à mon entrée dans son cabinet me révélèrent la nature de l'affection et son ancienneté. Sa pronon- ciation était, en effet, embarrassée, l'incohérence manifeste, la physionomie comme pétrifiée, la démarche lourde et vacillante. Il y avait plus de huit ans qu'on s'était aperçu des soustractions, et ce n'était que depuis quelques mois qu'on avait reconnu la maladie mentale. » Ce fait et d'autres avaient appelé mon attention, aussi ai-je noté avec soin, dans 100 observations que j'ai moi-même recueillies, tous les change- ments de caractère, d'humeur, de conduite qui pourraient éclairer la ques- tion. Le plus fréquent, celui que l'on observe dans les trois quarts des cas, consiste en une irritabilité plus grande, en des mouvements d'impatience, de colère, de violence. Chez un nombre beaucoup plus restreint d'individus, la maladie est, au contraire, précédée d'un état de placidité, d'indolence, d'apathie. Ils raisonnent bien, conviennent qu'ils doivent s'occuper, agir, prendre un parti; mais entre la parole et l'action, il y a un abime qu'ils ne peuvent franchir. » Au lieu de l'irritabilité colérique, de l'apathie raisonnée, on observe en- core les perversions des facultés morales et affectives. Les personnes qui jus- qu'alors s'étaient montrées probes, religieuses, de mœurs pures, présentent les contrastes les plus opposés. » Ce symptôme est d'autant plus utile a connaître, qu'il arrive souvent que, les facultés paraissant intactes, les parents et les amis ne se doutent pas de la perturbation actuelle. De ces perversions, celle qui a le plus frappé est la manie du vol, qu'on peut rattacher à une disposition d'esprit, très-commune chez les paralysés généraux, par suite de laquelle ils se croient riches, puis- sants, maîtres de tout ce qu'ils voient. On a voulu considérablement res- treindre cette folie des richesses, cette manie des grandeurs; dans nos ioo observations, nous l'avons constatée 64 fois; et dans la dernière séance de l'Académie, M. Baillarger disait quelle était un des signes principaux de la maladie. 67.. ( 4g4 ) » Les premières atteintes de la paralysie générale ne développent pas seu- lement le penchant au vol, elles peuvent aussi conduire à des dérèglements honteux. Un négociant fut placé dans mon établissement pour une folie qu'on croyait simulée; il était sous le coup d'une banqueroute frauduleuse. Ses parents me racontèrent que, plusieurs mois avant son admission, il avait commencé à faire des sorties sans but et avec une apparence de mys- tère. Suivi pendant quelque temps, on acquit la preuve qu'il se rendait dans de mauvais lieux, ce qui était complètement opposé à ses principes et à sa conduite antérieure. Durant dix-huit mois qu'il fut soumis à mon observa- tion et examiné à diverses reprises pour s'assurer de son état mental, il se renferma dans une sorte de mutisme qui semblait étrange et arrêtait les poursuites. Quand on le pressait de questions, il se contentait de répondre : « J'ai fait ce qu'on fait dans le commerce, tout s'expliquera et se justifiera. » Un matin, je faisais ma visite, il vint à moi d'un air souriant, et me demanda, en bégayant fortement, de lui prêter quatre millions. A partir de ce moment, la paralysie générale fit des progrès rapides, et deux mois après, le malade succombait dans le dernier degré de la démence. » Il est donc certain que la paralysie générale peut produire des chan- gements notables dans le caractère et la conduite de ceux qui en sont at- teints, et donner lieu à des actes excentriques, mauvais, répréhensibles. Sans doute ces faits s'observent dans la vie ordinaire et s'expliquent par l'entraînement des passions; ils sont alors du ressort de la justice. Mais il arrive plus ordinairement que ces chutes soudaines sont le résultat de la folie et spécialement de la paralysie générale; or, dans les cas de l'espèce, il y a fréquemment des symptômes précurseurs, des avant-courrierSj comme l'a très-bien dit le Dr Forbes-Winslow, dans son remarquable ouvrage des Maladies obscures du cerveau et des désordres de l'esprit (Londres, 1860). Ce sont ces symptômes initiaux qu'il faut rechercher et mettre en évidence. L'indice qui doit guider le médecin pendant cet examen délicat est la pen- sée des malades. Dans la plupart des cas, en effet, où ces transformations de caractères, d'humeur, de conduite ont lieu, il est fondé à craindre une paralysie générale ; si l'âge de trente-cinq à quarante-cinq ans, les excès sensuels et intellectuels, l'hérédité se trouvent réunis, la présomption ac- quiert encore plus de force. » Indépendamment des symptômes caractéristiques qui vont être indi- qués, il faut tenir compte d'un accident fort commun, la congestion céré- brale. Elle peut consister en un simple étourdissement, des vertiges, passer même inaperçue; mais le plus ordinairement reconnue, elle a des suites (495 ) graves. Elle détermine un affaiblissement des facultés intellectuelles, des absences, des pertes de mémoire. Parfois la bienveillance est plus expansive que de coutume, et il perce dans le discours une confiance qui sera plus tard la manie ambitieuse. D'autres fois, au contraire, mais plus rarement, on observe un état de tristesse, une tendance à la mélancolie, à l'hypo- chondrie. » Les désordres du système musculaire sont la pierre de touche de la maladie. Parmi eux, il en est un surtout qu'on peut considérer comme très- important; il se manifeste par un tremblement passager des lèvres, un em- barras à peine sensible de la langue, une hésitation à prononcer une lettre, un mot, qui ne se reproduit quelquefois qu'à de longs intervalles. Seul ce symptôme ne suffit pas, quoiqu'il ait une valeur véritable; mais s'il se joint à la diminution étendue de la motilité, ce qu'on apprécie en recommandant au malade de vous serrer la main, de se tenir sur une jambe, la certitude de la paralysie générale augmente. A ces symptômes il faut ajouter l'inéga- lité des pupilles, l'impuissance ou l'exaltation des fonctions sexuelles, l'af- faiblissement de la sensibilité cutanée et certains tremblements des fibres muscidaires. Nous avons vu dans plusieurs cas une paralysie de la sixième paire précéder de quelques années la paralysie générale et la faire diagnos- tiquer. » En résumant les observations de ce travail et les remarques auxquelles elles ont donné lieu, nous nous croyons en droit de conclure : » i°. Que les individus qui, à une époque déjà avancée de la vie, offrent un changement de caractère, commettent des actions qui sont en désac- cord complet avec leurs principes et leurs antécédents, doivent faire suppo- ser une altération des facultés intellectuelles. » 2°. Cette probabilité devient une certitude lorsque l'on constate chez eux l'existence des symptômes caractéristiques que nous avons énumérés. » 3°. L'incertitude qui' pourrait se manifester à un degré encore peu marqué de la maladie, se dissipe par l'observation, parce que o,5 fois sur i oo la paralysie générale tend à faire des progrès continus, et qu'elle se termine par la mort dans la même proportion. » 4°- Les symptômes initiaux décrits ont une importance réelle, car ils mettent sur la voie de l'existence de la paralysie générale lorsque celle-ci n'est pas encore déclarée. » ( 496 ) MÉCANIQUE. — Note relative à une expression analytique de l'équivalent mécanique de la chaleur; par M. Desprels. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Lamé, Regnault, Bertrand.) « L'expression analytique à laquelle je suis parvenu pour représenter l'équivalent mécanique E de la chaleur agissant sur un fluide élastique à o° est de la forme P« E = *faD SctYL'—i) P représentant la pression du fluide, a son coefficient de dilatation, â sa densité par rapport à l'eau, c sa chaleur spécifique et R' — i réchauffe- ment qu'il subit par une compression de son volume égale à En remplaçant a par » cette formule s'appliquerait à un fluide d'une température quelconque t. » Lorsqu'il s'agit de l'air, de l'oxygène ou de l'hydrogène, cette formule donne des résultats compris entre 429 et 412 kilbgrammètres. Appliquée à l'acide carbonique, elle donne pour l'équivalent mécanique une valeur inférieure de -fe environ à la moyenne des précédentes, ce qui tient sans doute à ce que ce fluide est plus voisin de son point de liquéfaction. » Par une autre formule j'ai déterminé le rapport des quantités de chaleur reçues successivement par un fluide dont la température s'élève de i° à pression constante et à volume constant; et ce rapport m'a conduit a indi- quer le moyen de calculer, dans chaque cas particulier, la quantité de cha- leur absorbée par un fluide dont le volume et la pression changent à la fois . » MÉMOIRES PRESENTES. PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur la présence de l' iode dans l'atmosphère; par M. A». Chatin. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen.) « Les résultats constamment négatifs qu'obtient à Pise, comme à Paris, un chimiste italien dans ses recherches de l'iode de l'atmosphère par les ( 497 ) eaux pluviales, m'ont inspiré le désir d'examiner si, moi aussi, je ne trou- verais pas l'iode dans les eaux atmosphériques de Pise, comme je l'ai trouvé dans celles de Paris. » Je me suis attaché à suivre les procédés mêmes par lesquels ce savant chimiste a cru pouvoir établir l'absence de l'iode; mais, comme on pouvait le prévoir, mes résultats sont encore ici opposés aux siens. » Non-seulement j'ai constaté l'existence de l'iode dans les eaux pluviales de Pise, mais aussi dans celles de Florence et de Lucques. La seule diffé- rence entre les eaux pluviales de Pise et de Paris, c'est que dans les eaux de la première de ces villes dont Lucques et Florence ne diffèrent pas, la proportion d'iode paraît être sensiblement moindre que dans celles de Paris. » Je n'ai donc pas seulement réussi à établir, parles moyens mêmes aux- quels mon contradicteur avait demandé ses preuves, l'existence de l'iode dans les eaux pluviales de la Toscane, j'ai en outre pu doser comparati- vement ce corps. » Pour aller au-devant de craintes chimériques, je dirai que c'est à Ver- sailles, loin de tout laboratoire et atelier de photographie, que j'ai procédé aux recherches dont j'ai l'honneur de communiquer les résultats à l'Aca- démie. J'ajouterai que, comme dans mes recherches précédentes, des contre-épreuves à blanc ont été faites avec mes réactifs, d'ailleurs préala- blement essayés. Enfin, puisqu'il est question de réactifs, je dois prévenir les chimistes qui, mettant mes résultats sur le compte des agents employés, ne se sont nullement préoccupés de l'eau distillée et du potassium, que je viens de déceler de nouveau la présence de l'iode dans 5 échantillons d'eau distillée et dans 3 échantillons de potassium bien brillant sortant des meil- leurs laboratoires. J'ai d'ailleurs de péremptoires raisons pour me faire fort de prouver l'existence de l'iode dans tous les potassiums, comme dans la plu- part des eaux atmosphériques. » Un mot encore d'une objection faite par plusieurs chimistes. Nous n'admettrons jamais, disent-ils. la présence de l'iode dans l'atmosphère, sur les réactions, quelque spéciales et caractéristiques qu'elles soient; il fatit que vous retiriez de l'iode en nature. Je pourrais bien faire remarquer que les savants qui ont conclu de leurs recherches à l'absence de l'iode n'ont eu en vue que ces réactions; mais je veux prouver par un exemple, emprunté au sujet lui-même, combien l'objection faite est spécieuse. Je ne peux, je l'avoue, isoler l'iode des eaux pluviales; d'autres, j'en suis sûr, seront un jour plus heureux. Mais je suis plus éloigné encore d'isoler direc- tement l'iode des eaux de rivières, moins abondant que celui des eaux U98 ) pluviales; et cependant, les laboratoires de la nature me venant en aide par la concentration de l'iode dans les plantes aquatiques, j'ai pu montrer de l'iode retiré du Nasturtium officinale, R.Br, et du Ceratophyltum demersum, L. Or, parce que je ne pourrais retirer de l'iode des eaux au sein desquelles ces plantes vivaient, dira-t-on que l'iode retiré de celles-ci n'existait pas dans les eaux elles-mêmes ? » Je me propose d'ailleurs de faire vivre, pour les soumettre ensuite à l'analyse, des plantes aquatiques dans des eaux pluviales additionnées seu- lement de substances minérales non iodées. » ÉCONOMIE RURALE. — Nouveau mode d'emploi du soufre contre la maladie de la vigne; extrait dune Note de M. Mercieul, de La Tour-Saint-Gelin (Indre-et-Loire). (Commission de la maladie de la vigne.) « J'ai fait choix djin certain nombre de ceps, qui l'année dernière ont été attaqués par l'oïdium d'une manière si intense, que pas un grain n'a échappé, pas une grappe n'a été cueillie. J'ai divisé mes ceps en deux grou- pes égaux. Le premier groupe devait être mis en traitement, le deuxième groupe abandonné à lui-même, comme moyen de comparaison. » Vers les premiers jours du mois d'août dernier, l'oïdium commença à paraître sur les deux groupes. Le 16, je fis sur le premier groupe l'expérience suivante : » J'enlevai la terre, autour de la tige du cep, dans l'étendue de 3o centi- mètres environ, mais à une profondeur variable, car aussitôt que j'arrivais aux premières radicelles, je m'arrêtais. Je semai dans cette excavation une bonne poignée de fleur de soufre, et je fis en sorte d'en accumuler une certaine quantité sur la tige de l'arbuste. Cela fait, je replaçai la terre tout de suite. Il va sans dire que je visitais mes vignes chaque jour. Voici quel est l'état, aujourd'hui 20 septembre : » Premier groupe. — Ces vignes sont dans les meilleures conditions. Les grappes ont un très-bel aspect. La maturité est aussi avancée que la saison le permet. Le mycélium n'a pas disparu des baies qui étaient tachées au moment où l'expérience a été faite, mais elles ne sont pas plus malades, et même il y a tout lieu de croire qu'elles arriveront à maturité. Ce que je tiens .à constater, c'est qu'aucune grappe nouvelle n'a été atteinte par le parasite. » Deuxième groupe. — Ces vignes sont dans un état pitoyable. L'oïdium / ( 499 ) y a fait des progrès rapides ; il est fort à craindre que les fruits ne soient, au moment de la récolte, dans le même état que l'année dernière. » Je n'avais pas l'intention de publier ces premiers essais qui, pour être concluants, devront être répétés en temps opportun, c'est-à-dire dans le courant de l'hiver. En opérant à cette époque, on aura un double avantage : i°le prophylactique sera prêt à agir sur la sève au moment de la végéta- tion ; 20 la main-d'œuvre ne sera pas beaucoup plus dispendieuse que pour la culture ordinaire. Mais j'ai pensé que les propriétaires de vignes pourraient encore répéter l'expérience, et peut-être sauver quelques grappes de leurs vignobles. » Après avoir fait connaître ce résultat, je dois entrer dans quelques détails sur les motifs qui m'ont engagé à expérimenter dans ce sens. Depuis longtemps je me demandais : Le principe morbifique de l'oïdium porte-t-il son action localement ou sur la sève du végétal? J'avais déjà fait un certain nombre d'expériences comparatives pour tâcher de résoudre cette question ; d'autres sont à l'étude, celle que j'ai l'honneur de vous signaler est de ce nombre. Naturam morborum curationes ostendant. J'ai déjà par devers moi un certain nombre de faits qui me permettent de tirer cette conclusion : La maladie de la vigne appelée oïdium est une affection générale, et par conséquent un traitement général seul lui convient. » En effet, jusqu'à ce jour, les expérimentateurs se sont bornés au trai- tement local; et parmi les nombreux procédés mis en œuvre, le soulrage au moyen du soufflet paraît offrir le plus de chances de succès, et cepen- dant ne réussit pas toujours. Mais, disent les viniculteurs les plus expéri- mentés, pour combattre avantageusement le parasite, il faut soufrer dès le début, soufrer à haute dose, soufrer souvent. Il me serait facile de prouver qu'en répandant ainsi le soufre à profusion, on fait en réalité un traitement général. En effet, le sol s'en imprègne, et la plante s'en sature par toutes ses voies d'absorption. Que l'on essaye comparativement (comme je l'ai fait à plusieurs reprises) de couvrir de fleur de soufre un certain nombre de grappes, avec la précaution qu'il s'en répande le moins possible sur le sol et sur les branches du végétal. Dans ce cas, bien que l'on emploie le soufrage un grand nombre de fois, on n'obtient aucun résultat. » • ■ M. Raoclt soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Forces électromotrices développées au contact des liquides ». ,Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de MM. Pouillet et Babinet, précé- C K., 1860, îm« Semestre. (T. U, N° 13.) ^8 ( 5oo ) demment désignés pour une Note du même auteur concernant un nouveau procédé appliqué à l'étude des forces électromotrices. CORRESPONDANCE. M. Eue de Reacmont, dans la séance du 20 août dernier, et à l'occasion d'un opuscule de M. Brevard sur un moyen de sauvetage pour les navires présenté comme nouveau, avait fait remarquer que ce moyen, basé sur l'emploi de l'air comprimé, avait été depuis près de vingt ans proposé par M. Triger. Aujourd'hui M le Secrétaire perpétuel dépose sur le bureau une Lettre dans laquelle cet ingénieur, en remerciant l'Académie d'avoir con- servé le souvenir de ses anciennes communications, l'entretient des démar- ches qu'il avait faites à diverses reprises pour obtenir de l'Administration le moyen d'essayer en grand son procédé de sauvetage. « Ce projet, dit M. Triger, dont j'avais plusieurs fois entretenu M. Arago, en i845, avait été repoussé par le Conseil de l'Amirauté; depuis, en 1848, M. Arago étant lui-même ministre de la marine, s'en était vivement occupé et n'avait pas obtenu, malgré cela, un meilleur succès auprès de son Con- seil d'Amirauté. » ». GÉOLOGIE. — Sur la position géologique du gisement fossilifère de Pikermi; Lettre deM. Gaudry à M. le Secrétaire perpétuel. « Je viens de compléter les recherches que j'avais commencées en 1 855 pour fixer la position géologique du gisement fossilifère que l'Académie m'a chargé d'explorer. » J'ai suivi pas à pas, dans toute leur étendue, les dépôts de limons rouges qui renferment à Pikermi un si grand nombre d'ossements. Ces limons ont été formés par l'érosion des roches du Pentélique; ils ont une épaisseur très-faible vers la cime de cette montagne; leur puissance aug- mente à mesure que Ion descend vers les plaines; ils se prolongent jusqu'à la mer d'Eubée. Dans les roches du rivage j'ai retrouvé des ossements, bien que je fusse à plus de 8 kilomètres du lieu où se font les fouilles : on voit que le gisement offre une vaste surface. » Les terrains des environs de Pikermi présentent la superposition sui- vante de haut en bas : » 1". Sables et conglomérats de l'époque actuelle : 3 mètres. » 20. Couches sensiblement horizontales de limons rouges, qui alternent avec des conglomérats (gîte des ossements). Puissance : ^5 mètres. ( Soi ) » 3°. Couches fortement soulevées de calcaires lacustres, de conglomé- rats, de sables argileux et de mollasses. Les conglomérats dominent dans les parties inférieures; les calcaires dominent dans les parties supérieures. Puissance : 200 mètres. » 4°. Calcaires cristallins du Pentélique, alternant avec des schistes, en couches très-tourmentées. Puissance : 5oo mètres au moins. w Les terrains qui, dans l'énumération précédente, sont placés au-des- sous des limons rouges, en sont quelquefois très-difficiles à distinguer, car ils renferment des conglomérats semblables; mais j'ai de nombreuses coupes qui montrent nettement les limons rouges ossilères disposés en bancs hori- zontaux sur les couches inclinées des calcaires lacustres et des conglomé- rats qui en dépendent. L'âge de ces couches sera facile à déterminer; ils correspondent aux gompholites, décrits en Morée par MM. Boblaye et Virlet ; ils ont participé au même soulèvement (système de FÉrymanthe) C'est dans ces terrains que j'ai recueilli, en Eubée, les plantes dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie; dans FAttique même ces terrains ren- ferment aussi des plantes. Je viens d'en trouver à Oropo vingt-quatre échan- tillons que j'adresse à M. Brongniart. Outre les plantes, ces terrains con- tiennent beaucoup de coquilles lacustres : j'ai découvert à Ménidi et à Daphné des Unio; à Raphina, des Melanopsis; à Menkuri, à Calamo, à Marcopoulo, à Oropo, des Planorbes, des Limnées, des Paludines. » L'âge du limon qui renferme les ossements pourra lui-même être fixé directement; car, en suivant la mer depuis l'embouchure du torrent de Pikermi jusqu'à la plaine de Marathon, on voit, en trois endroits, la base du limon rouge ossifère recouverte par des Huîtres et des Peignes. Sur la côte de Phalère et de Munychie, j'ai retrouvé ces mêmes fossiles associés avec un très-grand nombre d'Oursins et de coquilles marines. J'envoie ces divers fossiles au Muséum, et je rapporte un grand nombre de coupes montrant les superpositions des terrains dans toutes les parties de FAttique. Je viens aussi de compléter la carte géologique de cette contrée. » Les faits de géologie positive bien établis, il restera encore une diffi- culté théorique : en additionnant les échantillons bons ou mauvais qui m'ont passé par les mains à Pikermi en i855 et cette année, je trouve vingt-deux Singes, douze Rhinocéros, un Macrothérium, des Carnassiers divers dont quelques-uns avaient une force extrême, deux Dinothérium, trois Mastodontes, sept Sangliers, dix Girafes, près de cent Antilopes et autant d'Hipparions. Or l'inspection des lieux prouve que les ossements de tous ces animaux proviennent uniquemen^des versants orientaux du Penté- 68. ( 5oa ) lique et de ses dépendances, quoique ces versants occupent au plus quatre lieues carrées. Un événement extraordinaire a seul pu rassembler sur cet espace étroit et accidenté des êtres si nombreux dont quelques-uns étaient gigantesques. Cet événement fut peut-être une inondation. Je serais disposé à regarder les animaux fossiles de Pikermi comme les représentants de la période antérieure aux dislocations du système de l'Erymanthe, c'est- à-dire comme les représentants d'une époque antérieure aux temps qui ont été témoins de leur enfouissement. Pendant cette époque, la Grèce s'éten- dait sans doute à travers l'Archipel jusqu'en Asie, car on retrouve dans les îles d'Eubée, d'Hilidromie et de Samos, et sur la côte d'Asie Mineure la continuation des formations lacustres de l'Attique. Sur ce vaste continent, les Girafes, les Rhinocéros, les Mastodontes, les troupes d'Hipparions et d'Antilopes purent se développer librement. Lorsque le sol se disloqua de telle sorte qu'une partie s'enfonçât dans la mer et qu'une autre s'élevât pour former les collines tertiaires dont est couvert le terrain secondaire de l'Attique, plusieurs des animaux, fuyant l'inondation, gravirent le Penté- lique; ils y moururent, faute d'espace et de nourriture : peu à peu leurs ossements furent entraînés par les eaux qui descendaient sur les versants du Pentélique et furent ensevelis dans les limons qui se déposèrent en bas de la montagne, après la dislocation du système de l'Erymanthe. » Lettre de M. A. Gaddry concernant t 'envoi en France des fossiles annoncés dans une précédente communication. « J'ai l'honneur de vous prévenir que je viens d'expédier à Paris les osse- ments que j'ai recueillis à Pikermi; ils occupent quarante-trois caisses. Le gouvernement grec ne s'est point résolu sans difficulté à laisser sortir pour la seconde fois de Grèce une collection considérable des ossements de Pi- kermi. Le ministre de France, M. Bourée, m'a prié, de la part du gouverne- ment, d'abandonner au Musée d'Athènes une partie des échantillons ré- cueillis : on a prétendu que cette demande était fondée sur certaines lois prohibitives spéciales à la Grèce. J'ai répondu que je n'avais pas le droit de disposer de pièces recueillies aux frais de l'Académie. J'ai seulement donné l'assurance que je prierais l'Académie de vouloir bien permettre que, lors- que les ossements de Pikermi auraient été classés à Paris et étudiés, je choi- sisse dans les doubles de quoi former une collection qui serait envoyée au Musée d'Athènes. Le gouvernement grec m'a permis alors d'emporter mes quarante-trois caisses intactes. J'ai tâché de faire pour le mieux; j'ose espérer que l'Académie m'approuvera et voudra bien prendre en considé- ration la demande du gouvernement grec. » ( 5o3 ) astronomie. — Nouvelles observations jaites au Brésil de la IIIe comète de 1860; Lettre de M.. Emm. Liais à M. le Secrétaire perpétuel. ■ Rio de Janeiro , le 24 août 1860. » J'ai l'honneur de vous adresser encore deux observations de la IIIe co- mète de 1860, faites à Rio de Janeiro par la Commission scientifique Brési- lienne sous ma direction. T. M. de Rio de Janeiro. h m s b m s 0 t h 18 juillet. 7 17.37,2 B*«= ii. 35. 14, 26 © = 12. 3. 2,g5 23 » 8.i5.36,4 B*^=i2.i3. 6,11 © = 22.29.43,35 » Depuis ma dernière communication sur cette comète, j'ai appris qu'elle a été vue en Europe, et j'ai trouvé dans les journaux une observation faite à Paris le 22 juin. J'ai combiné cette observation avec les nôtres pour recti- fier l'orbite, et j'ai trouvé qu'une ellipse représentait notablement mieux le mouvement qu'une parabole. Voici les éléments elliptiques auxquels je suis parvenu : Passage au périhélie = 1 5, 8936478 Juin. Temps moyen de Rio de Janeiro. Distance périhélie = 0,2921259 Excentricité = 0,997240 Demi grand axe = io5,84 Durée de la révolution = io88an5, 9 Inclinaison = 79. 17.38,0 Longitude du nœud ascendant = 8442.5o,o ) , . . . . „_ Longitude du périhélie = z6i .2, . 9,5 | ÉqUin°Xe m°yen du »" Janvier l86°- » La comète a été aussi observée à l'observatoire de Rio de Janeiro à l'aide d'un équatorial de Dollond. Le directeur de cet établissement, M. de Mello, m'a communiqué les observations que je vous donne ci-dessous : h m s m s in («) i3 juillet. 7.17. 3,75 M*m=m.+ — 9.35,00 ©*♦=©* -t- 13. 10,0 (b) '5 » 7.27.57,40 »*« = fl*- 0.45,00 ©*« = ©* + 1.10,0 (c) 16 » 7. i5. 14,74 m*m = iR* — 1.37,83 (o*« = (D*-r- 4. 0,0 id) '7 " 7'52-49>78 2R*«.= m*— o. 5,5o © *m = © * -+- o.5a,5 (e) '8 » 7.32.52,32 m*^) = b.* — 0.51,62 ©*^ = ©* — 3. 7,5 (/) '9 » 7-49-4I>8° R*^ = m* — o. 4,00 ©*« = ©* + 6. 6,5 (s) 2° » 7-38. 7,88 m*^ — m* — 29, 8,00 ©*^ = ©* -+-4i.5o,o W 2l » 7.31.17,97 jr m§ = b. * -h 5. 9,00 ©*^ = ©*-+- 5.20,0 (0 23 » 7.36.59,97 ' at*« = jr*— 10. 6,00 ©*• = ©* -f- 27.30,0 ( 5o4) Positions moyennes des étoiles de comparaison. M 51 = 10.56.47 Cj? = -+- 2.24.58 [*3 ai = n . 8 , 40 ©== — 3.46. 9 M M = 11 . ig. 3 (D = — * • 7. 4.59 (*) ai = 1 1 . 26 . 5 1 ©=■ — 9.32. 2 C*) ai = 1 1 . 36 . 1 2 ® = — 12. I . 6 (/) m. — 1 1 .43.49 dt), f-1 (da. 4- aismXdt) expriment, dans ces cas respectifs, le double des aires décrites, dans l'élément dt du temps, par l'un et l'autre rayon vecteur, autour de pôles ou origines qui appartiennent d'ailleurs à des axes de rotation et de moments égale- ment distincts, à savoir : l'axe même de la terre et la verticale du lieu, inclinés entre eux d'un angle , 900 — \ , égal au complément de la latitude X , de ce Heo, etc. ( 5*3 ) alors on a pu apporter des simplifications, plus ou moins contestables en principe, aux équations différentielles du problème. C'est ainsi notam- ment que M. Binet, dès le début de son intéressant Mémoire, en vient à admettre, d'après des considérations analytiques, ce semble inutilement compliquées ou laborieuses, que la tension du fil de suspension peut être supposée égale à l'accélération g de la pesanteur, la masse m étant prise pour unité, etc.; ce qui revient proprement à considérer sa longueur comme infinie par rapport à l'amplitude des excursions de cette masse. dz » D'autres savants distingués observant depuis, que u, y , -g sont des quantités extrêmement petites par elles-mêmes, suppriment à priori le se- cond membre de l'équation (2). Admettant, de plus, l'hypothèse, purement gratuite et généralement inexacte, que le pendule passe, à chacune de ses oscillations, par la verticale du point de suspension, ils en concluent, sans hésiter, l'équation de condition dx . . — + wsm A = o, al et par conséquent a = ot0 — wsinX.2; ce qui, pour le cas des très-petites oscillations, serait une confirmation, au moins approximative, de la loi énoncée d'une manière absolue par M. Fou- cault, et considérée, ainsi que j'en ai déjà fait la remarque, comme évidente à priori, par de très-savants académiciens. » Sans trop étendre le champ de ces observations critiques, je ferai pourtant encore remarquer que, si l'on prend le plan horizontal de projec- tion des x, jr, non plus au point de suspension du pendule, mais bien au point le plus bas de la surface sphérique, de rayon l, qui contient à tous les instants son extrémité inférieure, c'est-à-dire le centre de gravité de la masse zn, la masse du fil de suspension étant, à l'ordinaire, censée nulle ou négligeable, on aura rigoureusement, dans tous les azimuts : (3) p2 = z(zl-z), d{p*) = »(/ - z)dz, cip= (l~z)dz, et approximativement pour le cas des excursions infiniment petites du pendule, (4) pt=ilz, d(pi) = 2ldz, pdp==ldz, dp = — ; 70.. (5i4) ce qui revient tout simplement à admettre que z est négligeable par rapport à la longueur l du fil de suspension du pendule, comme le suppose au fond l'analyse entière du Mémoire de M. Binet. Mais il ne servirait à rien, quant à présent, d'avoir égard à ces dernières relations, et il suffit, pour la discussion, de transformer généralement l'équation différentielle (2) du mouvement apparent dans la suivante .~> a' d'à da ., .. r . . » (5) ,, , . , + -r + wsinX = u cosX-; = cos Xsin a tane 8, v ' d(p3)dt dt . I — z Dl ' puisque y = psina — /sin/3sina, /— z= Icosfi; fi représentant l'angle d'écartement du fil de suspension avec la verticale correspondante au point fixe de suspension. . » Toutes les fois donc qu'on se permettra, au moins dans une première approximation et à cause de la petitesse de l'angle |3, de négliger le second membre de l'équation ci-dessus vis-à-vis de wsiny, n'importe l'azimut, ce qui est rigoureusement exact au pôle, l'équation (2) donnant (6) /3s(^ + Wsinx)=C, on en tirera des conséquences tout à fait analogues à 'celles qui nous ont occupés dans le précédent article; c'est-à-dire qu'il existerait deux circon- stances seulement où, par des dispositifs particuliers d'installation et de mise en action du pendule, la constante arbitraire C devenant nulle, on aurait, à toutes les époques du mouvement, sinon d'une manière absolue, du moins approximativement, (n\ — -r-wsinX te o, ou a = a0 — osinX.*, l'angle a0 servant toujours à fixer la position initiale du pendule et - ou sin/5 conservant, dans les excursions de ce dernier autour de la verticale, une valeur finie généralement variable, bien qu'extrêmement petite. » Ces deux circonstances peuvent généralement être énoncées ainsi : » 1". Lorsque, à l'instant où l'on commence à mesurer le temps, le pen- dule occupant naturellement la position verticale qui correspond à ç> = o, se trouve animé, soit par une impulsion directe et horizontale, soit en vertu d'un mouvement antérieurement acquis, d'une vitesse angulaire et azimutale quelconque, indépendante de celle « du globe, mais convenablement mo- dérée afin d'éviter de trop grandes excursions par rapport à la verticale; (5,5 ) ce qui ne peut être réalisé physiquement et en toute rigueur, qu'autant que l'impulsion, exactement normale à la surface sphérique de la boule du pen- dule, passerait par son centre de gravité confondu avec le centre de figure, de manière à n'imprimera la masse de cette boule, aucune rotation ni dévia- tion oblique à l'horizon, à peu près comme cela arrive dans certains coups de queue du jeu de billard. » 2°. Lorsque le pendule étant amené, au premier instant et en dehors de la verticale, dans une position d'équilibre stable ou de repos relatif, pour, laquelle la valeur initiale de |3 soit suffisamment petite, celle de a étant quelconque, on vient tout à coup à le lâcher en lui imprimant transversa- lement et perpendiculairement à son plan vertical, un mouvement tel que, considéré en projection sur le plan horizontal supérieur, la vitesse angulaire — soit égale et directement opposée à la composante w sin A, de celle du globe, projetée suivant la direction de ce même plan horizontal; ce qui revient proprement à imprimer au centre de gravité de la boule du pendule, toujours horizontalement et perpendiculairement à l'extrémité du rayon vecteur p0, relatif au point de départ, une vitesse w sin lp0, dirigée dans le sens du mouvement apparent des étoiles. » Quant au cas où l'impulsion, dirigée de même, aurait une intensité moindre ou plus grande que w sin lp0, la loi des oscillations, comme on l'a vu déjà dans le premier article, serait tout autre même dans l'hypothèse des excursions infiniment petites. Or on doit observer que, en raison de l'ex- trême petitesse de o = -x — -, ce ne pourrait être qu'après de longs tâton- nements ou par des combinaisons matérielles fort difficiles à réaliser en toute rigueur, que l'on parviendrait à satisfaire à la relation mentionnée en dernier lieu. » Telles seraient aussi, en adoptant la manière de raisonner et les hypo- thèses ci-dessus, les conditions uniques sous lesquelles la loi des oscillations tournantes du pendule conique, d'abord indiquée par M. Foucault, pour- rait, loin de l'équateur terrestre, se réaliser, expérimentalement, avec un degré de précision d'autant plus grand d'ailleurs, que l'écart maximum du fil de suspension par rapport à la verticale du lieu serait lui-même moins considérable. » Je dis loin de l'équateur, parce que, à l'équateur même, ou aux envi- rons, sinX étant nul ou indéfiniment petit, devient numériquement com- parable à la quantité cosXsina tangj3, qui ne pourrait dès lors être né- ( 5i6 ) gligée d'une manière absolue ou supprimée de l'équation différentielle du mouvement, qu'autant qu'on se reporterait à la limite extrême de petitesse de tang|3; ce qui, à cause de f (S + u sin x) = °> donnerait : ou p = o à tous les instants, ou — -t- wsinX = o, et par con- séquent — nul, n'importe l'azimut; conséquences également absurdes. » En dehors donc de ces conditions relatives au lieu d'installation et à la mise en action du pendule libre, il faut bien le redire, la loi si simple, exprimée par l'équation — -+-wsinX=o,ou son équivalente a=a0 — w sin X.«, ne saurait être réalisée par aucune expérience, quelle que fût d'ailleurs la longueur de la suspension, etc. ; je veux dire la petitesse relative des angles |3 d'excursion du pendule par rapport à la verticale du point d'appui fixe. La loi dont il s'agit, n'est donc, à cet égard encore, que d'une vérité pure- ment relative ou conditionnelle; ce qui ôte fort peu d'ailleurs au mérite de sa découverte. Mais, si l'on s'est assez vite aperçu de ses incertitudes, on n'en n'avait point jusqu'ici, il me semble, suffisamment précisé les circon- stances ou les conditions physiques, et l'on peut dire, sans trop s'aven- turer, que la question était demeurée dans une obscurité sinon complète, du moins pleine de doutes et de restrictions fâcheuses au point de vue théo- rique ou mathématique. » Cette obscurité, ces incertitudes regrettables tiennent, sans aucun doute, à la manière, tout à la fois indirecte et générale, dont on a abordé la question sans se souvenir de l'énorme influence exercée par les conditions fondamentales du mouvement, et du vague, des difficultés inhérentes à l'hypothèse d'un état initial quelconque ou non suffisamment défini ; diffi- cultés que ne sauraient faire disparaître par elles-mêmes les méthodes d'ap- proximation employées, avec tant de profit d'ailleurs, dans les questions relatives aux perturbations planétaires, et dont, même pour le cas du pen- dule à oscillations coniques, considéré sans tenir compte de la rotation de la terre, on se fera une idée, à priori, en consultant la Mécanique analytique de Lagrange (t. II, sect. vin, art. i5), ou le Mémoire original, si plein de fé- conds aperçus, que le célèbre Clairaut a publié dans les Collections de Y Académie des Sciences pour 1738 (Mémoires, p. 281), et qui est surtout remarquable par la méthode, à la fois directe et lumineuse, avec laquelle il (5«7) y a traité la question du pendule, à l'instar des illustres mathématiciens de son époque, qui n'avaient point encore songé à résoudre les problèmes relatifs au mouvement par des procédés exclusivement algébriques ou analytiques. » L'équation différentielle (i) d'où nous sommes partis avec M. Binet, et qui remplace ici celle des aires dont Lagrange et les autres auteurs de Traités de Mécanique, Prony, Francœur, Poisson, etc., ont, simultanément avec l'équation des forces vives, fait usage pour arriver à la solution du problème du pendule libre, envisagé dans les conditions ordinaires où 't> = o, cette équation, dis-je, est susceptible de plusieurs autres transfor- mations qu'il pourrait être intéressant d'étudier en elles-mêmes, comme nous l'avons déjà fait précédemment. Ainsi, par exemple, il serait facile d'en éliminer à priori p et y en les remplaçant par z et sin a ; mais on ferait dès lors apparaître des radicaux dans le résultat, qu'on éviterait d'ailleurs parfaitement, si l'on substituait à ces variables, comme l'a fait Lagrange à l'endroit cité, les fonctions trigonométriques des angles a et |3, dont nous nous sommes déjà servis ci-dessus transitoirement. » Toutefois, il conviendrait auparavant de débarrasser l'équation fonda- mentale du facteur implicite p, commun à tous ses termes, ainsi qu'on l'a fait dans le premier article pour le cas où la projection du mouvement pen- dulaire a lieu sur le plan de l'équateur; chose évidemment permise, et qui exige simplement qu'on en développe le premier membre, et qu'on rem- place y par sa valeur p sin a dans le second ; ce qui donne généralement p—f-t- zdp (-p ■+■ wsinX) + a^cosXsinarfz = o, nouvelle équation qui, à cause de p = /sin/3, z = l—lcos£l, ou dp = ZcosjSc//3, dz = sin ]32sin2X- Wz(z0 — z) Y en négligeant également et à fortiori w2 sin2X- vis-à-vis de l'unité, et sup- S posant que le pendule s'abaisse à partir de t = o ou que z diminue. C. R., 1860, ame Semestre. {T. U, N° 14.) 7 ' ( 520 ) » On aura donc i ' fl y» — dz i fi t = -i/- l — ; =-\/-arccos JV? l/l, / I V 2 V g la constante arbitraire s'évanouissaut pour la valeur z = z0 qui correspond à la position initiale du pendule. » De là on tire réciproquement à cause de a = a0 — u sinX<, et par conséquent on aura, pour l'équation de la trajectoire en projection sur le plan horizontal, ou, par des transformations faciles , toujours en ayant égard aux relations géométriques et approximatives (4) posées en premier lieu, etc. » La réalisation des conditions initiales du mouvement dont il s'agit étant extrêmement délicate, pour ne pas dire impossible, physiquement, ainsi que je l'ai tout d'abord fait observer, il serait peu utile de pousser plus loin la discussion relative aux diverses autres particularités de ce mouve- ment, dont la trajectoire, en projection sur le plan horizontal, appartient à la classe des courbes transcendantes qui, perpétuellement rentrantes sur elles-mêmes, passent une infinité de fois par l'origine des coordonnées polaires, servant ici de pied à la verticale du point de suspension du pen- dule. Quant au cas, moins douteux, où le pendule recevrait dans la position verticale, une vitesse initiale quelconque, d'accord néanmoins avec l'hypo- thèse des oscillations extrêmement petites, il résulte aussi de ce qui pré- cède, que, pouvant, au degré d'approximation supposé, négliger générale- ment w2 sin2 X - vis-à-vis de l'unité, la valeur de t, dans le cas dont il s'agit et attendu qu'elle croît en même temps que z à partir de l'origine du mouve- ( 5... ) ment, où z = o, sera donnée par cette aulre intégrale t = ivIf/^./Vprfp^-""^)]. puisque t et z s'évanouissent simultanément. » Par suite aussi, on aura inversement, pour calculer z en fonction de t ou de a, d'où, en substituant à z sa valeur approximative -^> f=lha-lh0cos(î\Jlty, ce qui donne encore, par une transformation facile, l'équation qui représente également, en projection sur le plan horizontal, une courbe bouclée^ sorte de rosace dont les spires convexes rentrent une infinité de fois sur elles-mêmes, en passant par l'origine des rayons vecteurs p, à chacune des périodes ou révolutions complètes, pour lesquelles sin [_ y / «sin* J y / wsin) n étant un nombre entier positif quelconque, y compris o, c'est-à-dire pour tous les angles a qui satisfont à la condition a = a0 + nn Kl - w sinX Kl - W SU V s » Quant à la durée même des demi-oscillations qui correspondent à chacun des retours du pendule à la verticale où z et p sont nuls, elle sera évidemment donnée par la formule T = y ^ arc (cos = — i) = «JU ou 2n\^l~, 71- ( 522 ) s'il s'agit d'une révolution entière, précisément comme cela a lieu dans l'hy- pothèse des oscillations planes du pendule, où l'on néglige la rotation diurne de la terre. » On arrive, du reste, à la même conséquence lorsque l'on considère l'instant des plus grandes excursions par rapport à la verticale, correspon- dant aux valeurs p = ± \J2lh0 du rayon vecteur. Enfin des circonstances analogues se présentent dans le cas, précédemment examiné, où le pendule part de la position relative aux valeurs z = z0 , p = p0. » En remplaçant, dans ces mêmes équations, p et z par leurs valeurs p = l sin ^3, z = / — cos |3, ou approximativement z = - |32 1, ce qui revient à négliger la quatrième puissance de |3, elles mettront à même de calculer cet angle à chaque instant, ou pour chacune des valeurs de t et de a. Ainsi, par exemple, il en résultera la nouvelle équation ce qui donne très-simplement pour exprimer la relation entre a et |3 représentant, si l'on veut, en coor- données sphériques, la trajectoire même du mobile. » Telles sont les conséquences auxquelles on arrive inévitablement lors- que, admettant l'hypothèse des oscillations infiniment petites, on se permet de négliger à priori le second membre de l'équation fondamentale (2), éta- blie au commencement de cet article ; conséquences qui diffèrent, comme on le voit, en plus d'un point, de celles obtenues par d'autres auteurs, mais qui laissent à désirer une solution du cas plus général où le pendule rece- vrait, au départ, une impulsion distincte de celles que nous avons précé- demment admises, en vue de préciser les conditions sous lesquelles la loi a. = a0 — m sin X . £, peut être réalisée par l'expérience, toujours dans l'hypo- thèse des excursions très-petites du pendule. » Ce cas plus général exigerait, en effet, de recourir à l'intégrale pre- mière (6), c'est-à-dire P2(ï + MsinX):=C' que j'ai d'abord posée, et au moyen de laquelle l'équation des forces vives ( ">*3 ) prenant la forme, très-complexe, mais en apparence seulement, fit \f p- [2 g (/;»-+- z0 — z — w'sin^p'-l-aCwsirù)] — C2 reste, à cause de p2 = ilz — z'\ ou approximativement p2 = alz, intégrable parles méthodes de quadrature et de transformations déjà indiquées: le signe supérieur de l'ambiguïté continuant à correspondre au cas où le pendule s'élève, et le signe inférieur à celui où il s'abaisse; enfin les valeurs essentiel- lement positives de z, mesurant, en projection sur la verticale du point de suspension, la hauteur du mobile m au-dessus de sa position d'équilibre la plus basse, elle-même située à la distance / au-dessous de ce point, et l'amplitude des oscillations relatives à s, demeurant, d'autre part, comprise entre des limites très-resserrées. » Partant delà d'ailleurs et procédant absolumentcomme on Fa fait pour le cas où C = o, on arriverait, sans trop de difficultés et attendu que le terme — ojasin2Xj52 sous le radical de l'expression de dt continuerait à être né- gligeable à cause de sa petitesse , aux diverses équations transcendantes qui représentent, pour ce cas plus général, les lois du mouvement du centre de gravité de m sur la trajectoire sphérique, sauf que la constante C, prenant la valeur C = ^(^+WsmX) dans les conditions initiales du mouvement ainsi généralisé, il en résulterait d'une part, un peu plus de complication dans l'expression analytique des intégrales appartenant toujours à la classe des fonctions trigonométriques ou circulaires, d'une autre, que la durée du retour du pendule aux mêmes positions relatives cesserait dès lors d'être absolument indépendante de la rotation diurne du globe, et enfin que le pendule, au lieu de passer comme précédemment dans chacune de ses oscillations périodiques par la verticale du point de suspension en demeurerait constamment écarté de manière à dé- crire, autour de cette verticale, des nappes ou surfaces coniques rentrant sur elles-mêmes, et affectant, à la limite de petitesse de leur ouverture ou am- plitude, la forme elliptique d'abord démontrée par Clairaut, pour le cas où l'on néglige l'influence de la rotation terrestre, puis retrouvée, généralisée avec des circonstances curieuses, par notre savant confrère feu Binet, pour le cas où, au contraire, l'on prétend approximativement en tenir compte. » Mais je m'abstiens d'entrer à cet égard dans des développements qui me feraient dépasser les bornes que j'ai dû m'imposer dans cette commu- ( 5^4) nication à l'Académie ; me contentant d'avoir mis le lecteur sur la voie des solutions relatives à ce cas général, dont les résultats différeraient, en plus d'un point, de ceux qui sont déjà connus. » physique DU globe. — Analyse mécanique de Pair atmosphérique en diffé- rents lieux, pour servir à V histoire des générations spontanées ; extrait d'une Note adressée, de Messine, pnrM. Pouchet. « J'analyse avec le plus grand soin l'air des localités les plus diverses ; je soumets à l'aéroscope l'atmosphère des villes et des marais, et celle de la . mer et des montagnes. Dans les premières, je la trouve toujours surchargée d'une infinie variété de débris organiques et de quelques autres objets employés pour nos besoins. Dans les marais et dans les plaines, on y ren- contre une énorme quantité de parcelles de végétaux. Au contraire, en pleine mer, loin des rivages, et dans les montagnes au-dessus de la zone des habitations et des végétaux, les corpuscules atmosphériques deviennent N infiniment rares et infiniment ténus, même dans un volume d'air consi- dérable pour de telles expériences, dans 10 centimètres cubes. Dans un tel volume nous n'avons encore rien rencontré assurément que l'on puisse considérer comme de la fécule, ou comme des œufs d'Infusoires ou des spores de Mucédinées. Cependant avec un seul décimètre cube de ce même air, pris soit en pleine mer entre la Sardaigne et la Sicile, soit au milieu de la mer Ionienne, soit enfin au haut de l'Etna, j'ai toujours obtenu d'im- menses légions d'Infusoires ciliés. m Dans ces expériences, je me suis assuré, comme dans toutes celles que j'ai déjà faites, que la scissiparité n'a joué aucun rôle et qu'il en a été de même de la reproduction normale. Il eût donc fallu, pour expliquer les phénomènes que j'ai observés, rencontrer dans l'air autant d'œufs qu'il s'est produit d'animalcules, ce qui assurément n'existait pas, car le mi- croscope n'eût pas permis qu'ils échappassent au physiologiste le plus inattentif. » MÉMOIRES LUS. ANATOMIE COMPARÉE. — Recherches sur le système vascidaire sanguin de l'Hippopotame ; par M. P. Gratiolet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Rayer.) « Les recherches que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie ont eu ( 5a5 ) pour objet le système vasculaire de l'Hippopotame, considéré surtout comme animal plongeur. Je vais essayer de les résumer en quelques mots. » Les artères, qui émanent de l'aorte, ont la même distribution que dans le cochon, et nous n'y insisterons pas. Elles sont en général assez grêles, et, à l'exception de la tête, ne se résolvent nulle part en réseaux admi- rables. La crosse de l'aorte est très-peu élevée, au contraire de ce qui a lieu dans le phoque, et elle n'a point ces dilatations qui ont été signalées en général dans les Mammifères plongeurs. Les carotides primitives sont peu volumineuses. Nous insistons ici sur l'extrême gracilité de l'artère verté- brale, de la cervicale ascendante, de l'occipitale et de la carotide interne, en un mot, de toutes les artères postérieures de l'encéphale ; quant à la carotide externe, elle est, chose remarquable, un peu plus volumineuse que la carotide primitive elle-même, et présente dans son trajet et dans sa terminaison des particularités qu'il importe de signaler. » Elle s'engage, à l'ordinaire, entre la pièce basilaire de l'hyoïde, située à son côté interne, et un petit groupe de muscles qui passent en dehors d'elle. Ce rapport n'entraîne en général aucune compression de l'artère; tan- tôt en effet ces muscles, c'est-à-dire le stylo-hyoïdien et le digastrique, sont attachés au sommet d'un talon osseux qui les éloigne du corps de la pièce basilaire et laissent à l'artère un libre passage; tantôt c'est la pièce basilaire elle-même qui fait un coude pour s'éloigner des petits muscles. Mais dans l'hippopotame il n'en est point ainsi : la pièce basilaire n'a point de talon, elle ne fait point de coude, et les muscles dont j'ai parlé sont immédiate- ment appliqués sur elle, à sa racine; or c'est précisément en ce point que la carotide externe s'engage, et les moindres contractions de ces muscles doivent exercer sur elle une compression plus ou moins forte; les injections que l'on pratique rendent cette conséquence manifeste. Ainsi, par le fait seul d'un mouvement d'élévation de l'hyoïde, le cours du sang dans la ca- rotide externe peut être interrompu. Cette conséquence doit avoir sur la circulation cérébrale une grande influence, par suite du mode de terminai- son tout à fait exceptionnel de cette artère; en effet, elle se termine par deux branches équivalentes, l'une pour le réseau admirable de l'orbite, l'autre qui pénètre par la fente sphénoïdale dans le réseau admirable carotidien, et qui joue le rôle d'artère carotide interne antérieure. Ainsi les compressions exercées sur la carotide externe peuvent tarir, à un instant donné, la source la plus considérable du sang qui arrive à la tête; cette disposition anato- mique semble avoir pour but de prévenir les congestions céphaliques pen- dant ces longues suspensions de la respiration qui sont familières à l'hip- ( 5a6 ) popotame ; hâtons-nous de dire qu'elle n'a sur la circulation veineuse aucune influence, les veines jugulaires passant en dehors des petits muscles dont nous avons parlé. « Les particularités principales que présentent les veines peuvent être ainsi résumées : » i°. Les veines sous-cutanées forment de grands plexus, abondants surtout vers la région inguinale; celles des membres se déversent dans la veine iliaque externe et dans l'axillaire; c'est à ces plexus sous-cutanés qu'aboutissent presque en entier les veines collatérales des doigts. » 2°. Les veines satellites des troncs artériels principaux des membres et de leurs artères musculaires sont remplacées par des réseaux veineux unipolaires, qui forment à ces artères une enveloppe épaisse et chevelue à partir de la base des doigts. Ces réseaux, très-abondants, se gonflent énor- mément quand on les injecte. » 3°. La veine cave inférieure est grande; elle se dilate sensiblement au niveau du foie, se loge presque en entier dans le bord postérieur de cet organe, et reçoit en ce point, par l'intermédiaire d'un grand sinus, des veines hépatiques énormes. Au-dessus du diaphragme elle se rétrécit et se termine dans l'oreillette droite par un canal cylindrique d'un diamètre relativement fort petit. » 4°- Vers le point où cette région cylindrique se sépare de la région dilatée existe, dans les parois mêmes de la veine, une couche annulaire de fibres musculaires striées, formant une sorte de sphincter tout à fait ana- logue à celui que Burow a fait connaître dans le phoque. » 5°. Tandis que la veine cave inférieure s'ouvre dans l'oreillette par un orifice étroit, la veine cave supérieure, au contraire, se déverse par un sinus largement ouvert; ces ouvertures et celle de la veine coronaire n'ont point de valvules. » 6°. Les artères pulmonaires sont grandes; leurs valvules sygmoïdes, et il en est de même de celles de l'aorte, manquent de tubercules d'Aran- tius. Les veines pulmonaires ont dans l'oreillette gauche trois orifices distincts; elles n'ont point de valvules, et leurs orifices en sont également dépourvus. » 70. L'oreillette droite a moins de capacité que l'oreillette gauche ; le trou de Botal est à peu près oblitéré chez l'animal naissant, et il en est de même chez l'adulte, suivant les observations de Gordon; ajoutons que le canal artériel s'oblitère aussi très-promptement; dès le quatrième jour, il est à peine perméable au sang. ( m ) » 8°. Les ventricules sont grands, presque équivalents, et leurs extré- mités étant séparées par un petit sillon, le cœur semble avoir deux pointes; c'est là peut-être un indice de cette division du cœur qui a été signalée dans les Rytina, les Dugongs et les Lamantins. Les valvules auriculo-ventricu- laires sont remarquables dans l'Hippopotame par le petit nombre de leurs colonnes charnues. La plupart des filaments fibreux qui les sous-tendent, émanent, comme cela a lieu dans le phoque, des parois mêmes du cœur. « 90. Je passe sous silence les veines porte et ombilicale, qui ne présentent chez l'animal nouveau -né rien de remarquable dans leur volume ou leur distribution. » Essayons maintenant d'expliquer par ces faits comment une longue suspension des mouvements respiratoires peut chez l'Hippopotame se con- cilier avec la vie. » L'existence d'un anneau musculaire comprimant la veine cave infé- rieure a pour cette explication une importance capitale, ainsi que Burow l'a fort bien indiqué. Il me semble utile d'en développer ici les principales conséquences. Supposons d'abord une complète oblitération : dans ce cas, le sang que ramène la veine cave inférieure n'arrivera point au cœur, il s'accumulera dans les trames vasculaires, dans les réservoirs veineux, quels qu'ils soient ; le sang de la veine cave supérieure, au contraire, rer viendra librement dans l'oreillette droite, d'où il passera dans le poumon, et de là par l'aorte dans toute l'étendue du système artériel ; une partie de ce sang s'engagera donc dans les origines de la veine cave inférieure et s'a- joutera à la masse du sang immobilisé. Ce sera une nouvelle quantité de sang enlevé à la circulation pulmonaire, et les mouvements du cœur conti- nuant, il se fera à chaque instant, et de la même manière, une soustraction nouvelle à certains organes, et en particulier à ceux d'où viennent l'azygos et la jugulaire, c'est-à-dire aux centres nerveux et aux principaux organes des sens. Ainsi l'imminence de cette congestion des centres nerveux, qui est l'une des principales causes de la mort par asphyxie, sera de plus en plus éloignée, résultat auquel vient en aide la faculté que possède l'Hippopotame d'oblitérer en partie son système carotidien. Mais cette curieuse organisa- tion a encore une autre conséquence : on sait que les Mammifères plongeurs ont la faculté d'obturer leurs narines et d'emporter sous les eaux une grande quantité d'air; or il est évident que cette quantité d'air suffira d'au- tant plus longtemps, que les courants sanguins qui agiront sur elle seront plus faibles et plus lents. La flamme se fait donc plus petite, si je puis ainsi C. R., 1860, ame Semestre. (T. U, N° 14.) 7* ( 5a8 ) dire, pour vivre plus longtemps dans une atmosphère limitée. Il est évident que des résultats analogues seraient obtenus dans le cas d'une oblitération incomplète de la veine cave inférieure, à la condition que le sang rendu par elle fût en quantité inférieure à celui qu'elle recevrait des artères. » Les libres communications de l'azygos et des veines mammaires avec la veine cave supérieure indiquent clairement que les muscles du tronc et ceux des membres antérieurs sont, ainsi que les centres nerveux, soustraits aux causes de congestion ; l'existence des réseaux admirables veineux au- tour des artères des membres a également pour but de retarder l'immi- nence des congestions musculaires; l'animal soustrait donc à cette conges- tion son cerveau, ses yeux, ses muscles, ses poumons, et il conserve ainsi avec la vie l'intelligence et la liberté des mouvements volontaires. » En résumé, les faits et les réflexions que je viens d'avoir l'honneur de soumettre à l'Académie sont une confirmation de cette idée, instinctivement acceptée des l'enfance de la physiologie, que les Mammifères plongeurs acquièrent cette faculté en détournant de leurs poumons la plus grande partie de leur sang, se faisant ainsi par instants, et par une suite d'artifices très-simples, semblables, à certains égards, aux Reptiles, chez lesquels la circulation pulmonaire n'est qu'une dérivation partielle de la circulation générale. » pathologie. — Aphonie complète avec productions pathologiques dans le larynx, constatées par [examen laryngoscopique ; extrait d'une Note deM. Moura- lîOlKOlIIXON. (Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « Première observation. — Joseph F..., ouvrier imprimeur en taille- douce, âgé de quarante-sept ans, s'est présenté, le iï janvier dernier, avec- une aphonie complète. Il ne se rappelle pas d'avoir eu de maladie sérieuse; sa constitution est très-bonne et sa santé toujours parfaite. Vers le mois de septembre 1 856, il s'est aperçu que sa voix ne montait pas aussi haut que d'ordinaire en chantant. Insensiblement il arriva, dit-il, à ne plus pouvoir faire la grosse voix ; enfin, dans les derniers mois de 1857, il avait totale- ment perdu la voix et la parole. Examiné le 21 janvier dernier, je ne con- state qu'une rougeur exagérée du pharynx et de l'isthme du gosier. Sa voix articulée est nulle, il parle à voix basse comme les personnes qui chu- chotent, et il faut être près de lui pour distinguer ce qu'il dit. Il sent dans ( 529 ) le gosier, dit-il, quelque chose qui le gène, et plusieurs fois il aurait rejeté, en toussant, de très-petits morceaux de chair, dont un seul m'a été remis. » Les divers traitements que Joseph F... a suivis pour recouvrer la voix n'ont abouti à aucun résultat. L'application locale d'une solution modérée de deutochlorure hydrargyrique, ou sel de Boutigny, est faite plusieurs fois sur le pharynx à trois et quatre jours d'intervalle. Dès la quatrième appli- cation, Joseph F... articule quelques syllabes; depuis plus de trois ans, dit-il, il n'en a pas fait autant. Sa voix cependant n'augmente pas de timbre, elle n'est formée que de sons entrecoupés, et elle se maintient ainsi jusqu'à la fin de juin. A cette époque, Joseph F... perd entièrement le peu de voix qu'il a acquis. » Supposant à tort comme à raison que la glotte est gênée ou rétrécie, je procède à sa dilatation à l'aide d'une bougie d'étain. Deux séances ont suffi pour faire reparaître une partie de la voix articulée avec un timbre plus élevé que la première fois. Cette voix se maintient pendant quatre, six, huit jours. C'est surtout le deuxième et le troisième jour après le ca- thétérisme de la glotte que la parole est plus facile et plus naturelle. » L'examen laryngoscopique fait à plusieurs reprises, mais toujours impar- faitement, ne m'avait encore rien appris sur la cause réelle de cette aphonie, lorsque M. le Dr Czermak, de Vienne, fit lui-même cet examen en ma pré- sence, le 20 août dernier, et, après quelques tâtonnements inévitables, me montra à l'angle antérieur de la glotte une petite tumeur, épithéliale suivant lui. Cette tumeur, du volume d'un petit pois, adhère plus par- ticulièrement au bord libre de la corde vocale inférieure droite; elle vient reposer sur la corde vocale inférieure gauche, lorsque les deux cordes vocales se rapprochent pendant la phonation. J'ai pu m'expliquer dès lors pourquoi Je cathétérisme de la glotte avait obtenu des résultats avantageux, quoique passagers. » Vers le milieu de septembre, M. Czermak m'a fait l'honneur de m'a- dresser M. le Dr Semeleder, un de ses élèves, très-exercé au maniement du laryngoscope. Ce savant médecin a examiné avec moi Joseph F... Nous avons constaté une modification dans la forme et le volume de la tu- meur; celle-ci est aujourd'hui bilobée. Le lobe droit est plus long, plus volumineux que le lobe gauche, et sa surface est légèrement mamelonnée; il est situé sur le bord libre de la corde vocale droite. Cette modification est le résultat probable du cathétérisme. » Deuxième observation. — Charles R..., menuisier, âgé de quarante ans, né à Bruges, s'est présenté le 3 mars dernier avec une aphonie complète. 72.. ( 53o ) Le \li août 1857, à la suite d'une journée pluvieuse, il eut froid aux pieds. Dans la nuit, sa voix, qui jusque-là n'avait subi aucune altération, disparut complètement. Plus tard, à deux ou trois reprises différentes, il a rejeté en toussant de très-petits morceaux de chair, qui s'écrasaient sous la pression des doigts, et qui n'ont été précédés ni suivis de crachement de sang. Tout récemment il m'en a apporté un qui a l'aspect d'une portion de mûre très- fine. » Le 25 août dernier, M. Czermak, à l'aide du laryngoscope, constata en ma présence une tumeur conique, à sommet libre plongeant dans la glotte ; sa base occupait les deux tiers antérieurs de la corde vocale inférieure droite, la face laryngienne du cartilage thyroïde et la moitié intérieure de la corde vocale gauche. La nature de cette tumeur est. également épithéliale pour M. Czermak. A défaut de galvanocaustique convenable, j'ai employé sans hésitation le cathétérisme de la glotte, afin d'écraser la tumeur. Quelques jours après l'emploi de ce moyen, Charles R... m'apporta le petit débris mûri- forme dont j'ai parlé plus haut. Examiné depuis par M. le Dr Semeleder et par moi, nous avons pu constater plusieurs fois que la tumeur est divisée au- jourd'hui en deux portions : l'une, plus grande, occupe les deux tiers anté- rieurs de la corde vocale du côté droit; l'autre, mince et étroite, est située sur la moitié antérieure de la corde vocale gauche. Ces deux portions se réunis- sent en avant et s'implantent sur le cartilage thyroïde au point d'insertion des deux cordes vocales inférieures ; leurs bords libres, ondulés, comme lacérés, se mettent en contact lorsque les cordes vocales elles-mêmes se rapprochent. Cette division de la tumeur primitive est le résultat du cathé- térisme de la glotte. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. physiologie COMPARÉE. — De [influence du système nerveux sur les mouve- ments respiratoires chez les Dytisques; par M.. E. Faivre. (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Rayer.) « Chez les Dytisques, comme chez les autres insectes du même groupe, la respiration s'accomplit au moyen des mouvements de la portion dorsale et des lames latérales de chacun des anneaux de l'abdomen. » Pendant l'inspiration, les lames latérales s'abaissent, la courbure dor- sale de chaque anneau diminue, et les extrémités se portent en haut et en ( 33 1 ) avant; en même temps le diamètre antéro-postérieur de l'abdomen s'al- longe. Pendant l'expiration, les choses se passent en sens inverse. » Outre les mouvements rhythniés qui s'accomplissent environ douze fois par minute et qui sont bien visibles lorsque l'insecte est privé de ses ailes, il existe des mouvements abdominaux postérieurs très-apparents sur l'in- secte intact, soit pendant la marche, soit pendant la nage. Pendant la marche, l'insecte allonge, au delà de ses élytres, et abaisse légèrement l'extrémité abdominale, de manière à permettre l'introduction de l'air exté- rieur dans la chambre respiratoire. Pendant la nage, lorsqu'il plonge entiè- rement, l'insecte ferme cette cavité en appliquant exactement contre les élytres les derniers anneaux qu'il retire et élève. De temps à autre, il re- vient à la surface du liquide pour prendre de l'air, et abaisse alors les derniers anneaux en soulevant légèrement les élytres. Tels sont les mou- vements abdominaux postérieurs qui concourent à l'entretien de la respi- ration pendant le vol, la marche ou la nage des Dytisques. » Les nerfs qui se distribuent aux organes respiratoires sont au nombre de sept paires que nous avons suivies depuis leur origine ; elles naissent toutes des quatre ganglions abdominaux, et se terminent aux muscles qui entourent chaque stigmate. » Connaissant la disposition des parties et les mouvements respiratoires normaux, nous avons essayé de déterminer, au moyen de l'analyse expéri- mentale, l'influence des divers ganglions nerveux sur ces mouvements. » Nous enlevons sur plusieurs Dytisques le ganglion sus-œsophagien, et la respiration continue. Les mouvements abdominaux postérieurs s'exé- cutent également pendant la marche et pendant la nage, bien que l'insecte ait perdu, comme nous l'avons montré ailleurs, la direction de ses mouve- ments. Chaque fois que nous plongeons dans le liquide le Dytisque opéré, il ferme, comme à l'ordinaire, la partie postérieure de l'abdomen, il l'ouvre au contraire dès qu'il est ramené à la surface. Ces phénomènes s'accom- plissent pendant plus de dix heures après l'opération. » Nous enlevons sur d'autres animaux le ganglion sous-œsophagien, ou, ce qui est plus simple, nous coupons les deux connectifs qui le suivent. La respiration semble d'abord quelques instants suspendue, mais si on con- tinue à observer, on la voit se rétablir graduellement et persister pendant plusieurs heures; on l'excite surtout par des mouvements réflexes, provo- qués en irritant les pattes, les ailes ou les anneaux de l'abdomen. » L'ablation du ganglion sous-œsophagien n'abolit donc pas la respira- tion, mais elle abolit les mouvements abdominaux postérieurs. En effet, lois- ( 53, ) qu'on plonge dans l'eau un Dytisque ainsi opéré, il ne ferme plus la cham- bre respiratoire, en appliquant les anneaux de l'abdomen contre les ély- tres; il ne l'ouvre plus par des mouvements inverses lorsqu'on le sort du liquide; cependant la respiration continue, et les mouvements abdominaux postérieurs peuvent s'accomplir encore par actions réflexes. En perdant, par suite de l'opération, la faculté de marcher et de nager, l'insecte a donc aussi perdu celle de produire régulièrement les mouvements abdominaux postérieurs qui sont liés à la locomotion de l'animal. » Si nous laissons les connectifs qui joignent le ganglion prothoracique au ganglion mésothoracique, les mouvements respiratoires sont troublés, mais ne sont pas abolis : ils persistent longtemps encore après l'opération, et il est très-facile de les produire par mouvements réflexes. Après l'opéra- tion, les mouvements abdominaux postérieurs n'existent plus. » Si nous séparons le ganglion mésothoracique du ganglion métathora- cique, de manière à laisser ce dernier centre seulement en rapport avec les ganglions abdominaux, nous constatons encore que les mouvements respi- ratoires ne sont pas abolis et qu'ils peuvent pendant un certain nombre d'heures se produire spontanément et sous l'influence d'actions réflexes. Dès que nous coupons sur les Dytisques ainsi opérés les connectifs qui lient le ganglion métathoracique aux ganglions abdominaux, à l'instant la respiration disparaît et il n'est plus possible de la provoquer dans sa tota- lité par des mouvements réflexes. Ainsi l'intégrité du ganglion métatho- racique coïncide avec l'entretien des mouvements respiratoires. Il suffit d'enlever ce centre pour qu'à l'instant la respiration cesse. » L'expérience nous conduit donc nécessairement à admettre que le der- nier ganglion du thorax, à l'exclusion de ceux qui le précèdent et le sui- vent, produit et entretient directement, et comme centre réflexe, les mouve- ments respiratoires. Rappelons qu'aucun des nerfs respiratoires ne prend naissance sur le ganglion métathoracique. » Nous venons de montrer qu'après la section des connectifs qui réu- nissent les ganglions du thorax à ceux de l'abdomen, la respiration est abolie; les ganglions de l'abdomen et les huit paires de nerfs qui en partent, pour se distribuer aux organes respiratoires, jouent donc simplement le rôle de conducteurs. L'irritation directe de ces centres ne peut ranimer la respiration, elle provoque seulement, pendant quelques instants, des mou- vements irréguliers dans les anneaux de l'abdomen : les lames latérales de- meurent immobiles. » Ep résumé, l'expérience nous a appris que chez les Dytisques la respi- ( 533 ) ration, comme la locomotion, exige, pour se produire, l'influence et le concours de plusieurs centres nerveux. » L'ablation du ganglion sous-œsophagien a fait cesser les mouvements abdominaux postérieurs. » L'ablation du gangliou métathoracique fait cesser les mouvements res- piratoires, ceux même qu'on peut provoquer par action réflexe. » Les ganglions de l'abdomen, insuffisants à entretenir par eux-mêmes la respiration, sont seulement des conducteurs. » On ne saurait méconnaître une analogie singulière entre quelques-uns des résultats que nous avons obtenus, et les conséquences auxquelles est arrivé depuis longtemps M. Flourens à la suite de ses célèbres expériences sur les animaux supérieurs. » médecine. — Note sur la mélancolie avec stupeur, considérée comme signe pré- curseur de la paralysie générale ; par M.. Billod. (Commissaires précédemment désignés pour le Mémoire de M. Baillarger : MM. Serres, Flourens, Rayer.) « Dans une communication récente, M. Baillarger exprime l'opinion que la paralysie générale, dans un assez grand nombre de cas, est précédée d'un délire hypocondriaque auquel il attribueune valeur prognostique importante. Plus que personne je suis à même d'apprécier l'exactitude de cette donnée, car l'observation communiquée par M. Combes à M. Baillarger, et sur laquelle celui-ci fonde surtout son opinion, a été recueillie dans mon ser- vice et sous mes yeux ; aussi les remarques que je vais présenter à ce sujet n'ont-elles pas pour objet de contredire, mais bien plutôt de confirmer, en les généralisant, les assertions de mon savant confrère. » Je me propose, en effet, d'établir que les considérations émises par M. Baillarger sur le délire hypocondriaque en tant que caractérisant ou précédant la paralysie générale, peuvent s'appliquer aussi bien à tout délire mélancolique, quelle que soit la nature des conceptions délirantes, et, par exemple, à un délire de persécutions; qu'enfin c'est bien plutôt à la mé- lancolie, le plus ordinairement avec stupeur, qu'à la nature des concep- tions délirantes qui la caractérisent, que se rapporte le fait important par lequel M. Baillarger est venu remplir une lacune de l'histoire de la para- lysie générale. C'est du moins ce qui me semble résulter de l'observation ci-après : (53| ) » Le nommé R..., officier en retraite, âgé de cinquante et un ans, d'un tempérament nervoso-bilieux, était atteint, lors de son entrée à l'asile, le i r décembre i848, d'une lvpémanie profonde avec stupeur, délire de persécu- tions et disposition au suicide. Le malade portait au cou la trace d'une petite corde à l'aide de laquelle il avait tenté de s'étrangler quelques jours aupara- vant. Depuis l'admission, le penchant au suicide se manifestait par un refus d'alimentation qui céda au bout d'un mois. La stupeur était de plus en plus prononcée , et l'absence de volonté complète. Il résulte, en effet, d'une annotation écrite par le Dr Levincenl, mon honorable prédécesseur, sur le registre des placements, que le malade « était nourri comme un » enfant, et ne savait plus porter les vivres à la bouche. » Médecin-adjoint de l'asile à cette époque, j'ai examiné avec soin le malade, et j'ai pu me convaincre, tant par mes propres observations que par les renseignements transmis par M. le Dr Maudet, de Cholet, qui avait délivré le certificat à fin d'admission, que R... n'avait jamais manifesté la moindre préoccu- pation hypocondriaque, et que le délire avait toujours été caractérisé par des idées de persécutions et des craintes d'empoisonnement. Le malade se croyant entouré d'ennemis armés qui en voulaient à ses jours, avait d'abord manifesté du peuchant à la violence, puis, s'imaginant qu'il était menacé des plus affreux supplices, il aurait cherché à s'y soustraire par le suicide. Ce fut alors, paraît-il, que la stupeur succéda à l'excitation. Du reste, je le répète, aucune préoccupation hypocondriaque, et, pendant plusieurs mois, aucun embarras dans la parole et autre symptôme de paralysie générale. Six mois après l'admission, l'intelligence de M. R... sembla se réveiller dans le cours d'un interrogatoire subi devant M. le prési- dent du tribunal, et sous l'influence d'un appel à ses souvenirs militaires; mais ce ne fut qu'un éclair. On ne constata alors encore aucun embarras dans la parole. La démence sembla imminente. » Je transcris ici les deux annotations suivantes de M. Levincent, con- statant les progrès de l'affection dans le sens de la démence paralytique. « Janvier i85o. La démence se prononce. Les idées de suicide persistent. » Les forces se relèvent. Le capitaine R... prend de l'embonpoint. Il a la » parole embarrassée. » « Janvier i85i. Démence gaie. Les idées de suicide n'ont pas reparu. » Parole de plus en plus embarrassée. Vanité puérile. Perte de la mé- » moire. » » Tel était l'état dans lequel je trouvai, avec quelques symptômes plus (Caractérisés de paralysie, le malade lorsque je pris le service au mois de ( 535 ) juin 1 854- Enfin la mort survint, par suite des progrès de la paralysie, le ai novembre i855. » A la suite de cette observation, je pourrais citer celle même publiée par M. Combes et sur laquelle s'appuie M. Baillarger; car si le délire a eu pendant quelque temps dans ce cas le caractère hypocondriaque, il avait fini par le perdre, et les préoccupations de santé avaient fait place à d'au- tres conceptions délirantes, et, par exemple, à cette idée qui avait fini par absorber le malade, qu'il allait être jugé et condamné à mort pour des faux imaginaires. " Enfin, j'ai en ce moment dans mon service un aliéné qui, depuis vingt mois environ, est dans un état de lypémanie avec stupeur, délire de persécu- tions et disposition au suicide, qui ne tardera pas, j'en suis convaincu, à se compliquer de paralysie générale, si j'en juge déjà par une certaine lenteur avec instabilité dans la démarche et un léger embarras dans la parole. » Il résulte de ce qui précède que la paralysie générale est quelquefois précédée d'une aliénation mentale caractérisée par un délire mélancolique s'accompagnant ordinairement de stupeur. Reste à savoir si dans ce cas le délire mélancolique doit être considéré comme un signe précurseur de para- lysie générale, ou si cette dernière affection ne doit pas être considérée comme une complication pure et simple sans relation avec la nature du délire et dont la lypémanie ne serait pas plus exempte que toute autre forme d'aliénation mentale. C'est là, je l'avoue, un point qui me semble laisser encore quelque incertitude et sur lequel je n'oserais, quant à présent, me prononcer d'une manière absolue. » Dans le cas où le délire mélancolique devrait être considéré comme un signe précurseur de paralysie générale, il y aurait lieu, ce me semble, de dé- terminer d'une manière précise les caractères à l'aide desquels on pourrait distinguer ce même délire alors qu'il doit ou ne doit pas aboutir à la para- lysie générale, du moment où il est démontré que le délire mélancolique est loin d'avoir toujours cette fatale terminaison. » Après avoir admis, avec M. Baillarger et la plupart des auteurs, que le délire mélancolique peut, aussi bien que le délire des grandeurs, caractéri- ser la paralysie générale, il ne me paraît pas hors de propos, en terminant cette Note, de constater que ces deux délires se combinent quelquefois chez le même individu pour constituer un état mixte dans lequel les idées de richesse et de grandeur s'enchevêtrent, par exemple, avec les idées de persécution. J'en pourrais rapporter ici deux exemples qui depuis six ans se sont offerts à moi. » C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 14.) 7^ ( 536 ) M. Lemaire adresse une Note ayant pour titre : « Rôle des Infusoires et des matières albuminoïdes dans la fermentation, la germination et la fécon- dation. » M. Lemaire ayant, dans son travail sur le coal-tar saponiné, récemment soumis au jugement de l'Académie, constaté l'action toxique de cette sub- stance ainsi que de la benzine et de l'acide phénique sur des animaux de diverses classes, Mollusques, Articulés, Rayonnes, a été conduit à penser qu'on pourrait expliquer par cette action toxique, s'exerçant sur les Infu- soires, la propriété que possèdent les substances en question d'arrêter et de prévenir la fermentation. De nouvelles expériences, entreprises dans le but de vérifier cette conjecture, lui ont donné les résultats qu'il en attendait. La présence du coal-tar, de la benzine oude l 'acide phénique a préven u , sans qu'il y eût mélange, la fermentation de matières éminemment fermentescibles, même au contact de l'air, « En résumé, dit M. Lemaire en terminant sa Note, je pense que les Infusoires si abondamment répandus dans la nature, et qui ont été constatés dans la liqueur séminale de presque tous les ani- maux connus, dans les organes mâles de presque toutes les plantes, con- stituent le primum movens des phénomènes de fermentation, de germination et de fécondation, mais que, pour que leur action se manifeste, leur réu- nion avec des matières albuminoïdes paraît indispensable. » Cette Note est renvoyée à l'examen des Commissaires désignés pour diverses communications relatives à la fermentation : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault et Cl. Bernard. M. Leroy soumet au jugement de l'Académie une nouvelle Table à calculer. (Renvoi à l'examen de M. Babinet. ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Algérie et des Colonies adresse, au nom de M. J. de Roboredo, secrétaire du Conseil des colonies de Lisbonne, un numéro des Annaes do Conselho ultramarino, partie non officielle, comprenant un tra- vail sur la flore de la province d'Angola (Afrique équinoxale). M. Gay est invité à prendre connaissance de cet ouvrage et à en faire l'objet d'un Rapport verbal. ( 537) M. Milm: Edwards présente de la part de M. Rudolf Leuckart, pro- fesseur d'anatomie comparée à Giessen, deux Mémoires relatifs à l'his- toire naturelle des vers intestinaux : dans le premier, l'auteur s'occupe du développement du Trichina spiralis; dans le second, il étudie les métamor- phoses des Pentastomes (P. tœnioïdes et P. denticulatum). M. H. -G. Broiïn adresse un exemplaire de ses Eludes morphologiques , et, dans la Lettre jointe à son envoi, fait au sujet de ce livre, qui est la publication d'un travail couronné par l'Académie, les remarques suivantes : « L'Académie a entendu la lecture de plusieurs Mémoires de M. Chatin sur les critères du développement comparatif des différentes familles du règne végétal, et je vois, d'après les extraits qu'en donnent les Comptes rendus, que M. Chatin arrive à des conclusions la plupart tout à fait semblables à celles que j'ai déjà exposées à plusieurs occasions et principalement dans le livre en question, qui a été imprimé il y a déjà deux ans. Il y a seule- ment cette différence principale, que M. Chatin s'appuie sur un plus grand nombre de points de vue relatifs aux végétaux, et aux végétaux seuls, pen- dant que les arguments employés dans mon Traité sont déduits de la con- sidération des deux règnes organiques, et ainsi reposent sur une base beaucoup plus large et en même temps plus solide , puisque les lois communes aux deux règnes se présentent ordinairement avec beaucoup plus de clarté dans celui qui est le plus élevé et le plus étendu. » Ujie esquisse préliminaire de ce travail se trouve dans l'introduction (déjà imprimée) de mon Mémoire couronné il y a deux ans par l'Académie, et ce fut justement à l'occasion des préparatifs faits pour ce travail que j'avais senti la nécessité d'exposer plus au large les principes généraux qui pourraient servir à déterminer le degré relatif que chaque groupe d'êtres organisés doit occuper dans la série ascendante. Les passages de mon livre qui concernent les plantes s'y trouvent aux pages 164, 45o, 4S9, 47' et autres. » L'ouvrage et la Lettre qui l'accompagne sont renvoyés, à titre de pièce à consulter, à la Commission chargée de l'examen du travail de M. Chatin, Commission qui se compose de MM. Brongniart et Moquin-Tandon. 73- ( m ) ASTltONOMIE. — Observation de la nouvelle planète jaile, le %■>. septembre, à BilkparM. Luther, qui lui a donné le nom de Danaé; extrait d'une Lettre de M. H. Goi.dschmidt. « J'ai eu l'honneur de vous annoncer la découverte d'une nouvelle petite planète que j'avais faite le g septembre à 8 heures du soir dans la constella- tion du Verseau. La planète se trouvait, comme il a été dit, à 45" est de l'étoile n° 44384, et avait sensiblement la même déclinaison. La proxi- mité de l'étoile de comparaison m'avait fait estimer le nouvel astre trop petit, ou de i ie grandeur au lieu de ioe-i Ie grandeur. » Empêché par une indisposition d'observer la planète, je me suis adressé à M. Luther, avec la prière de chercher l'astre et de le nommer en même temps. C'est le nom de Danaé qu'il avait choisi. En voici l'observa- tion que cet astronome m'avait envoyée. » Danaé. 22 septembre, 1 ih3am, temps moyen de Bilk. » Ascension droite apparente : 22h23m i os. » Déclinaison australe : 3° 4o' (10-1 Ie grandeur). » Mouvement diurne, en ascension droite, — 49"? en déclin., -+- 3'. » CHIMIE. — Sur la génération de l 'acide fuchsique au moyen de l'aniline; par MM. Persoz, V. de Luynes et Salvétat. « Dans le numéro 10 des Comptes rendus de l'Académie des Sciences et dans le cahier d'août dernier des Annales de Physique et de Chimie, M. Bé- champ a fait connaître les résultats d'expériences qu'il a faites sur la pré- cieuse matière colorante rouge signalée pour la première fois par MM. Ver- guin et Renard frères de Lyon. » M. Béchamp pose en principe que les oxysels à base réductible, ou autres composés pouvant fournir directement ou indirectement de l'oxy- gène, conviennent seuls pour la génération de la fuchsine, et qu'il y a ré- duction de ces composés par l'aniline à la température de l'ébnllition de celle-ci. A l'appui de cette opinion, il avance que dans la formation de la fuchsine au moyen du chlorure stannique il se forme du chlorure stan- neux d'après l'équation qui suit : 3C,2H7N + 2Cl2Sn + HO = *ClH,ClSn, C,2H'N + C,2H°NO. » Un grand nombre de faits sont inconciliables avec cette manière de voir, entre autres : ( 539) » i°. L'acide fuchsique, car c'est un véritable acide, se forme par l'ani- line anhydre et le chlorure stannique anhydre sans l'intervention de l'équivalent d'eau qui figure dans l'équation de M. Béchamp. » a0. Il ne se forme point de chlorure stanneux. Pour le prouver, il suffit de prendre le produit brut de la réaction, de le délayer dans l'alcool et de le traiterpar un grand excès d'ammoniaque liquide, qui s'empare de l'excès d'acide et dissout la fuchsine en laissant l'étain à l'état d'oxyde insoluble. Celui-ci recueilli, lavé à l'eau pui* à l'alcool, se dissout dans l'acide chlorhy- drique, excepté quelque peu de matière colorante entraînée. La dissolution présente alors tous les caractères des sels stanniques, et particulièrement elle précipite en jaune pâle par l'hydrogène sulfuré. » 3°. Et d'ailleurs le sulfate stanneux lui-même chauffé avec de l'aniline en excès engendre l'acide fuchsique parfaitement caractérisé. Le sulfate stanneux qui a servi à cette expérience avait été préparé en faisant réagir sur l'étain l'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique à équivalents égaux. La liqueur ainsi obtenue, évaporée à siccité, laisse le sulfate stanneux sous la forme d'une poudre blanche très-hygrométrique. » M. Béchamp, pour justifier encore sa théorie, dit, à propos de la réac- tion de l'acide arsénique sur l'aniline, qu'il se forme un arséniate acide et que « ce sel, réagissant alors sur lui-même vers 190 à 2000, fournit de l'eau, » de l'acide arsénieux et une quantité de fuchsine libre ou représentée par » les produits de sa décomposition, proportionnelle à celle de l'acide « arsénieux formé. » » Nous n'avons pas été assez heureux pour saisir cette réduction, car pour nous, ainsi que nous l'avons déclaré, c'est à peine si nous avons pu constater des traces d'acide arsénieux. Voici comment nous avons opéré pour déterminer l'état d'oxydation de l'arsenic après la formation de la fuchsine sous l'influence de cet acide. -» Eclairés par les observations de M. Perkin, qui a démontré la nature complexe du produit qu'on désigne dans le commerce sous le nom d'ani- line, et qui a constaté dans ce mélange la présence de plusieurs bases ho- mologues (cumidine, xylidine, toluidine), tout aussi capables de produire des dérivés colorés, nous nous sommes avant tout préoccupés dans cette expérience délicate d'obtenir un produit assez défini pour que nos conclu- sions pussent être vérifiées dans tout état de choses. » A cet effet, dans un petit appareil distillatoire en verre muni de son récipient nous avons introduit une certaine quantité d'aniline anglaise, et sur celle-ci nous avons fait arriver un courant de gaz chlorhydrique (54o ) pur et sec; et pendant la réaction, on a chauffé jusqu'au point où le pro- duit formé sous l'influencé de l'acide chlorhydrique se volatilisait. Lorsque les trois quarts environ de l'aniline furent ainsi distillés sous forme de chlorure, il resta dans la cornue un produit d'un jaune verdâtre, opalin, visqueux, exigeant pour se volatiliser une chaleur infiniment plus élevée. Le chlorure le plus volatil ayant été recueilli fut traité par la chaux, qui mit en liberté un liquide huileux que nous avons rectifié par une nouvelle distil- lation; il était alors incolore : son point d'ébullition ét?it voisin de 1800. >< C'est ce produit que nous avons considéré comme de l'aniline, et nous l'avons employé sous le poids de 10 grammes avec \i grammes d'acide arsénique pur préalablement dissous dans 12 grammes d'eau. Le mélange a été chauffé de la température ordinaire à celle de ioo°, 1200, i6o°et 1800; dans l'espace de sept heures, il s'est transformé en fuchsine, sauf environ 2 grammes qui ont échappé à l'action de l'acide arsénique. » Le mélange resté dans la cornue, traité par l'eau de chaux tiède, a laissé dissoudre toute la fuchsine ; il est resté comme résidu un sel calcaire coloré par de la résine, et quelques traces d'indisine qu'on a enlevées à l'aide d'un traitement par l'alcool et l'éther. Si l'on veut purifier davantage le sel cal- caire ainsi obtenu, avant d'en rechercher la nature, il suffit de le dissoudre dans l'acide chlorhydrique faible qui laisse un peu de matière colorante ; on filtre et on précipite par l'ammoniaque. L'un ou l'autre de ces précipités calcaires, dissous dans l'acide chlorhydrique, forme des liqueurs dans les- quelles l'hydrogène sulfuré est sans action immédiate; ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'il se produit un trouble blanc-jaunâtre. Ce trouble caractérise le sulfide arsénique. Si, au contraire, on traite préalablement ces mêmes liqueurs par trois ou quatre fois leur volume d'une dissolution con- centrée d'acide sulfureux, et qu'on les porte à l'ébullition de manière à chas- ser complètement cet agent réducteur, elles précipitent abondamment par l'hydrogène sulfuré en jaune clair, coloration caractéristique du sulfide ar- sénieux (orpiment). » Tels sont les faits qui nous ont conduits à ne pas regarder l'acide fuchsique comme le produit d'une oxydation. La réaction qui l'engendre n'est pas de même ordre que celle qui conduit à l'indisine, la matière vio- lette obtenue par M. Perkin. » Quant à cette dernière, nous ferons remarquer qu'elle ne constitue que les 4 centièmes du poids de l'aniline employée pour la former; elle pourrait donc fort bien n'être qu'un produit accessoire de l'oxydation de l'aniline du commerce par les différents agents oxydants. ( 54i ) » Nous espérons que nos expériences, faciles à répéter, seront bientôt confirmées par M. Béchamp lui-même, qui voudra bien nous démontrer notre erreur si nous l'avons commise. » CHIRURGIE. — De la méthode galvano- caustique appliquée au traitement de la cataracte; extrait dune Note de M. Ta vignot. « L'appareil instrumental se compose de la pile Grenet à pédale et de deux tiges conductrices appropriées. Ces deux tiges en ivoire sont tout à fait pareilles et terminées, à une extrémité, par le prolongement du cordon métallique central auquel vient s'adapter le fil conducteur de la pile, et à l'autre extrémité par un pas de vis qui sert à recevoir une aiguille à cataracte de 16 à 18 millimètres de longueur. Tout ayant été disposé pour l'opération, le chirurgien y procède de la manière suivante : )> Premier temps. — L'une et l'autre main armées d'une tige galvano- caustique, il dirige leur fer de lance de manière à traverser la circonférence externe de la cornée dans deux points différents, mais non opposés, le pre- mier correspondant au diamètre transversal et le deuxième au diamètre vertical de l'œil. C'est la ponction externe qui est pratiquée la première, l'inférieure l'est ensuite et presque aussitôt. » Deuxième temps. — Il suffit de presser avec le pied sur le pédale de la pile pour rendre incandescent l'un des fers de lance tenu en contact avec l'autre; on peut alors, à l'aide de mouvements de jonction et de disjonction des aiguilles, détruire la capsule antérieure dans toute l'étendue du champ pupiilaire, et réduire simultanément le cristallin lui-même en une sorte de détritus informe dont la résorption fait ensuite promptement justice. » Troisième temps. — On cesse la pression exercée avec le pied; dès lors la pile ne fonctionne plus, et les aiguilles, refroidies, sont dégagées rapide- ment de la chambre antérieure de l'œil. » Cette opération est d'une exécution très-rapide, peu douloureuse et d'une précision extrême, à cause de l'immobilisation absolue du globe oculaire. Grâce à la transparence de la cornée, on peut suivre, un à un, chacun des mouvements imprimés aux instrumens, calculer leur portée et régulariser ainsi leurs effets. » chimie appliquée. — Sur la matière phosphorescente de ta raie ; par M. T.-L. Phipson. (Extrait.) « Les poissons marins, comme on sait, deviennent lumineux à la sur- ( 54a ; face de leur corps après qu'ils. ont été quelque temps hors de l'eau. L'idée s'est répandue que le phosphore, ou quelque composé du phosphore, est pour quelque chose dans la luminosité des Poissons (*), et j'ai voulu voir si cette idée était réellement fondée. J'ai donc enlevé sur une raie la suhstance lumineuse; elle paraît dans l'obscurité comme une sorte d'huile qui s'attache aux doigts, et qui luit sous l'eau comme dans l'air. Cette matière fut mise dans un flacon avec un peu d'eau distillée, et dans l'es- pace de vingt-quatre heures environ, elle avait cessé de luire et exhalait une odeur ressemblant un peu à celle du fromage pourri. La matière, qui était d'abord d'un blanc gris, devint sous l'eau brun-noirâtre; l'eau même avait pris cette couleur en devenant trouble. » Ce liquide fut traité par l'ade azotique bouillant, afin de détruire la ma- tière organique et d'acidifier le phosphore, s'il ne l'était déjà. Une partie de la liqueur filtrée et claire fut alors neutralisée par de l'ammoniaque et traitée par du chlorure ammonique et du sulfate magnésique. Une autre partie resta acide et fut additionnée de molybdate ammonique et chauffée. Or ces réactifs, quelque sensibles qu'ils soient, ne décelaient aucune trace d'acide phosphorique. Le phosphore et ses composés ne sont donc pour rien dans le phénomène de la phosphorescence des Poissons. Il a été en outre démontré par plusieurs observateurs que les animalcules lumi- neux n'y jouent aucun rôle; je l'ai moi-même constaté plusieurs fois. « En examinant la matière luisante sous le microscope, je n'ai reconnu qu'une masse amorphe; j'ai remarqué cependant beaucoup de petits corps ronds, qui étaient évidemment des spores de champignons ou de quelque autre cryptogame, et je fus d'abord tenté d'attribuer cette phosphorescence à la présence de quelque champignon lumineux, qui aurait envahi la sur- face du poisson au moment où il allait se décomposer. Mais aujourd'hui je suis porté à croire que le phénomène en question est dû à quelque com- posé organique, non encore connu, qui aurait pour l'oxygène une affinité pareille à celle du phosphore pour ce corps. Il ne faut pas oublier cepen- dant que la matière phosphorescente du poisson luit sous l'eau , tandis que la lumière du phosphore s'éteint dans ce milieu. » (*) Il paraît, d'après certaines observations de Robert Boyie, faites en 1672, que la chair des Mammifères luit également dans l'obscurité ; le savant célèbre que je viens de nom- mer l'a surtout remarqué sur la chair de veau. ( 5/,3 ) M. Brenna, qui en 1 855 avait envoyé de New-Haven (Connectitut) un Mémoire destiné au concours pour le prix du legs B; éant, demande aujour- d'hui dans une Lettre écrite de New-York à connaître le jugement porté sur son travail. On fera savoir à M. Brenna que son Mémoire a été compris dans le nombre des pièces soumises à la Commission qui a fait son Rapport dans la séance du 14 mars i85g. Cette Commission, en ne nommant entre tous les concur- rents que le seul M. Doyère, dont elle a jugé le travail digne du prix annuel, a porté un jugement tacite sur tous les autres travaux. M. Dupuis adresse une Note concernant les résultats auxquels il est arrivé dans des expériences faites avec le siphon. M. Babinet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à être renvoyée à l'examen d'une Commission. La séance est levée à 4 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du jer octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Cours de Mécanique appliquée professé à f Ecole impériale des Ponts et Chaus- sées; par M. Bresse. Seconde partie: Hydraulique. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Essai, sur la théorie de la variation diurne barométrique, sur la constitution de l'éther et sur l'analogie de ce fluide avec le fluide électrique; Mémoire présenté à la Société académique de (Aube, par le Dr C.-L. Henry. Troyes, 1860 ; in-8°. De la circulation hépatique et de la prétendue circulation hépatico-rénale ; recherches sur les valvules rénales; par le Dr JaCQUEMET. Montpellier, 1860; br. in-8°. De l'expérimentation en physiologie; par le même; Montpellier, 1860; br. in-8°. Traité de médecine légale et de jurisprudence de la médecine; par A. Dambre, 2e vol. Gand, 1860; in-8°. C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° 14.) 7 4 ( 544 ) Physique du globe. Détermination de la loi du mouvement d'un point matériel sur un plan incliné, à une latitude quelconque, en ayant égard à [influence exer- cée par la rotation diurne de la terre; par DE COLNET D'HuART. Luxembourg, i86o; br. in-«°. Sur les bolets bleuissants. Etude de la formation de principes colorants chez plusieurs champignons: par M. T.-L. Phipson. Bruxelles, 1860; £ f. in-8°. Sulla... Essai sur l'industrie du fer en Lomhardie; par M. CURIONI. Milan, 1860; in-8°. Annaes... Annales du Conseil d'outre- mer, partie non officielle. Observations phyto- géographiques sur la flore de la province d'Angola (Afrique équi- noxiale); par M. F. Wei.witsch; in-4°. Dan und... Structure et développement des Pentastomes ; par M. R. Leuckart. Leipsig-Heidelberg, 1860; in-40. Untersuchungen... Recherches sur le Trichina spiralis; par le même. Leipsig-Heidelberg, 1860; br. in-4°. Morphologiscbe... Etudes morphologiques sur les lois de formation des corps naturels en général et en particulier des corps organiques; par le Dr H.-G. Bronn, avec 449 gravures sur bois. Leipzig et Heidelberg, i858; in-8°. Dertiende. .. Treizième Mémoire sur la Faune ichthjologique des Célèbes; par M. P. Bleeker ; br. in-4°, accompagnée de quatre autres brochures sur l'ich- thjologie des îles des Indes. ~-W PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1860. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, JipussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LVIII, août 1860; in-8°. Annales de l'Agriculture française; t. XVI, nos 4 et 5; in-8°. Annales de la propagation de lafoi; septembre 1860; n° 192 ; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; août 1860; in-8°. Atti... Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei; i3e année, 4e ses- sion du 4 mars 1860; in-4°. Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; août 1860; in-8°. Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère, nouvelle période ; t. VIII, n° 32; t. IX, n°33; in-8°. ( 545 ) Bulletin de l' Académie impériale de Médecine; t. XXV, n° 23; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, I. 111, n° 6; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; ie série, t. X, n° 8; in-8°. Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers; 2e semestre 1860; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; juillet 1 86o; in-4°. Bulletin de la Société française de Photographie ; septembre 1860; in-8°. Bulletin de la Société Géologique de France; août 1860; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; août 1860; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; ie se- mestre 1860; nos io-i3;in-4°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVII, ioe- i3e livraisons; in-8°. Journal d'Agriculture de la Càte-d'Or; août 1860; in-8°. Journal d' Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, nos ly et 18; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; septembre 1 86o; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture; août 1860; in-8°- Journal de Mathématiques pures et appliquées ; juillet et août 1860; in-4°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°9 25-27 ; in-8°. La Bourgogne. Revue œnologique et vilicole; 21e livraison; in-8°. La Culture; n° 5 ; in-8°. L'Agriculteur praticien; 2e série, nos a3 et a4; in-8°. L'Art dentaire; septembre 1860; in-8°. L'Art médical; septembre 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 89e et goe livr. ; in-4°. Le Technologiste ; septembre 1860 ; in-8°. L'Hydrolérapie; 4e fascicule; in-8°. Magasin pittoresque; septembre 1860; in-8°. Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Berlin; mai et juin 1860 ; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; septembre 1 860 ; in-8°. Nouvelles Annales de mathématiques , Journal des candidats aux Ecoles Polytechnique et Normale; août 1860; hi-8°. -> ( 546) Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; ie série, vol. II, n° 3 ; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; nos 4 et 5 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; septembre 1860; in-8°. Revista... Revue des travaux publics; 8e année; nos 17 et 1 8; in-40. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; nos 1 7 et 18; in-8°- The Quarterly. . . Journal trimestriel de la Société chimique de Londres; vol. XIII, n° 5o; juillet 1860; in-8". Gazette des Hôpitaux civils et militaires; nos io3-i i5. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°* 36-39- Gazette médicale de Paris; n0> 35-3g. Gazette médicale d'Orient; septembre 1860. L'Abeille médicale; n°* 36, 37, 39. La Coloration industrielle ; nos 1 5 et 16. La Lumière. Revue de la Photographie; nos 35-39- L'Ami des Sciences; nos 36-4o. La Science pittoresque ; nos 18-21. La Science pour tous; n05 4<>43. ERRATA. (Séance du 3 septembre 18G0.) Page 356. ligne i4, au lieu de combinaisons magnétiques non oxygénées, lisez combi- naisons métalliques non oxygénées. Page 359, ligne 17, au lieu de du chlore, de l'iodaniline sur l'oxyde d'argent, lisez du chlore, de l'iodaniline, de la tribromaniline sur l'aniline et par celle de l'iodaniline sur l'oxyde d'argent. t COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 8 OCTOBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Le Verrier annonce que le i5 septembre M. Ferauson, en Amérique, a trouvé une petite planète nouvelle qui diffère de celles de MM. Chacornac et Goldschmidt. TECHNOLOGIE. — Observations sur les préparations auxquelles on soumet les peaux des animaux dans les arts industriels; par M. J. Cloquet. « En général on ne soumet aux procédés industriels des tanneurs, cor- royeurs, mégissiers, chamoiseurs ou parcheminiers, que les peaux des diffé- rentes espèces d'animaux mammifères. De très-grandes différences existent entre ces peaux ainsi préparées, non-seulement suivant les opérations aux- quelles elles ont été soumises, mais aussi par rapport à la nature, à l'âge, au sexe des animaux dont elles proviennent, et cela relativement à leur éten- due, leur épaisseur, leur souplesse ou leur fermeté et leur ténacité. Je pense qu'il serait intéressant de soumettre aux différents procédés industriels et comparativement, les peaux d'autres espèces d'animaux, celles par exemple des reptiles et des poissons, car peut-être obtiendrait-on de ces expériences des résultats avantageux pour l'industrie. Ces réflexions me sont suggérées par, les pièces que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie : c'est une peau de boa (Bon constrictor) qui a été tannée, et dont on a confectionné une chaus- C. R., 1860, »me Sem«/re.(T. LI, N« 18») 75 ( 548 ) ■ sure (des bottes) dont le cuir offre une force et une souplesse remarquables. Les écailles de la peau du reptile ont conservé leur imbrication régulière ainsi que leur coloration à peu près naturelles. Les dessins bariolés et symé- triques de couleur noire de la peau sont parfaitement conservés et se déta- chent sur le fond marron clair du reste de l'enveloppe. Le cuir présente une épaisseur et une force de résistance qu'on ne lui soupçonne pas à la pre- mière vue, et l'envers de la peau présente le dessin des écailles par des reliefs et des sillons alternatifs. « Il serait à désirer que des tentatives nouvelles lussent faites pour la pré- paration industrielle des peaux d'animaux des classes inférieures des verté- brés qui offrent de si grandes différences avec celles des classes supérieures. Je destine les deux préparations que je possède, l'une aux collections de reptiles du Muséum d'histoire naturelle, et l'autre aux cabinets du Jardin zoologique d'acclimatation (i). » MÉMOIRES LUS. CHIMIE ORGANIQUE. — Théorie chimique de la nilrification; par M. E. Milloï». (Commissaires, MM. Regnault, de Senarmont, Maréchal Vaillant.) « Dans deux séances antérieures de l'Académie, M. le Maréchal Vaillant a communiqué les résultats très-sommaires de travaux que j'ai entrepris, en Algérie, pour expliquer au point de vue chimique les phénomènes de la nilrification . , ( i ) J'ai appris de M. le professeur Auguste Duméril qu'il existe au Muséum d'histoire natu- relle une peau tannée d'une espèce de grand Boa de Cayenne [Eunecte murin). Le tannage a parfaitement réussi; la peau est très-souple et a conservé toute son écaillure; elle a une remarquable force de résistance, et mesure 5m,85 de longueur sur une largeur de 4» à 55 centimètres dans une grande partie de son étendue. C'est un des plus remarquables exemples qu'on puisse fournir des heureux et utiles résultats du tannage de la peau des serpents. Il est évident en effet qu'on pourrait l'utiliser à un emploi industriel. Le Muséum possède également une paire de petites chaussures fabriquées avec de la peau de Saumon tannée, et qui a été achetée à l'Exposition universelle de i855; elle provient de la ville de Friederichshaal, en Norwége. Un voyageur a rapporté à M. A. Duméril qu'il n'était pas rare de voir dans l'Amérique du Nord des chaussures fabriquées avec de la peau de Caïman. Une semblable chaussure a été rapportée des États-Unis par l'un des fils du général Lafayette. ( 549) » Ces premières communications ont eu pour objet de montrer que la marche de la nitrification est surtout sous la dépendance de la température élevée à laquelle le sol et l'atmosphère se maintiennent durant plusieurs mois de l'année; dans de pareilles conditions, le nitre se forme toujours avec régularité, pourvu qu'on mette en présence un produit humique, un , sel ammoniacal et un mélange de carbonates alcalin et terreux. » Il faut en outre que la masse solide fournie par les matériaux précé- dents soit humectée par l'eau et oxygénée par l'air. » Ces circonstances sont si bien définies, qu'un sol qui manque d'alcali, ou d'acide humique ou d'ammoniaque, cesse de produire du nitre; mais il suffit de lui restituer le principe absent pour que la nitrification apparaisse bientôt. » J'ai varié à l'infini la vérification du fait fondamental, en l'acceptant d'abord simplement comme un résultat d'expérience; ensuite je me suis efforcé d'en établir la théorie, c'est-à-dire que j'ai voulu le rattacher aux faits chimiques déjà connus. b Evidemment la substance dont la présence et la nécessité ne s'expli- quent pas, c'est le principe humique; quel est son rôle et à quoi sert-il, entre l'alcali fixe et l'alcali volatil, lorsque ce dernier s'oxyde par l'air, en fournissant l'azote, élément essentiel du nitre? » Cette intervention de l'humus, naturel ou factice, peu importe son origine, donne pourtant la clef de la nitrification, et voici comment. L'hu- mate alcalin qui prend naissance par le mélange des matériaux indispensa- bles à la nitrification, absorbe l'oxygène de l'air assez énergiquement; or cette oxydation de l'acide humique est la cause même de l'oxydation de l'ammoniaque. C'est une influence de voisinage, un entraînement; la com- bustion s'établit, à froid, au milieu de ces substances qui se touchent, et l'humus, en se brûlant, détermine la combustion de l'ammoniaque. » On adoptera plus tard un mot pour exprimer le mieux possible cette oxydation simultanée de l'humus et de l'ammoniaque. Pour le moment, je mécontente d'affirmer que cette tendance de l'affinité est si naturelle, qu'il m'a été possible de remplacer l'humus par les corps les plus divers. » Comme exemple de ces combustions d'un ordre distinct, je citerai celles que j'ai obtenues avec le phosphore, le cuivre et le fer. Ces trois élé- ments si différents l'un de l'autre se substituent très-bien à l'humus et pro- voquent, à froid, par leur combustion propre, la nitrification de l'ammo- niaque; le contact de l'air suffit pour engager la réaction. Je dois donner quelques détails sur ces nouvelles expériences. 75.. ( 55o ) » Dans, un ballon de verre de 6 à 8 litres, j'introduis un bâton de phos- phore, puis de l'eau légèrement ammoniacale, en quantité suffisante pour recouvrir à moitié le bâton ; la combustion lente du phosphore commence aussitôt et en même temps s'établit celle de l'ammoniaque; les produits comburés se condensent dans l'eau et parmi eux se retrouve l'acide nitrique. » Dans l'expérience qui précède, le carbonate d'ammoniaque remplace bien l'eau ammoniacale ; mais il n'en est plus de même du sulfate d'ammo- niaque ni du chlorhydrate : ces deux sels ne produisent pas de nitre, et il est présumable que la nitrification se fait, aux dépens de la partie émergente du phosphore, entre les principes volatils, eau, air, ammoniaque ou carbo- nate d'ammoniaque. La nitrification se présente comme un phénomène demi-aérien, lorsqu'elle ne s'accomplit pas entièrement dans l'atmosphère. » En employant le cuivre métallique à la place du phosphore, l'oxyda- tion de l'ammoniaque s'établit encore d'elle-même; elle se développe avec beaucoup d'énergie; il se fait du nitrite en même temps que du nitrate, et cette formation des composés oxygénés de l'azote est abondante relative- ment à celle qui s'observe avec le phosphore et surtout avec le fer; aussi est-ce l'expérience que je recommande pour constater la combustion de l'ammoniaque dans ces sortes de réactions. » On procède de la manière suivante : On arrose de la tournure de cuivre, introduite dans un grand ballon de verre, avec de l'ammoniaque caustique qui mouille le métal et ne le submerge pas. Dès que la surface brillante du cuivre s'est ternie, on le décape, en l'agitant avec la liqueur ammoniacale, et lorsque celle-ci nedissout plus les produits de l'oxydation, on verse dans le ballon une nouvelle quantité d'ammoniaque caustique. Finalement on emploie assez d'ammoniaque pour obtenir une dissolution complète, et dans la liqueur bleue, qu'on décante, on ajoute de l'eau de baryte. On porte le tout à l'ébullition; l'ammoniaque se dégage et l'oxyde de cuivre se précipite. On filtre, et il ne reste plus qu'une liqueur contenant le nitrate et le nitrite de baryte, avec de la baryte en excès. Il est intéres- sant de remarquer que c'est au milieu même de cette réaction de l'ammo- niaque et de l'air sur le cuivre, ou bien, en d'autres termes, à l'aide de la liqueur ammoniaco-cuprique, que s'obtient la dissolution du ligneux. » Avec le fer métallique on agit comme avec le cuivre, mais la produc- tion du nitre est beaucoup plus lente et infiniment moindre. Il y a pour ce cas, dans les affinités mises enjeu, une tendance qui combat la nitrification, la tendance du fer à réduire l'acide nitrique. Cette circonstance est de na- ture à ralentir et à restreindre l'oxydation de l'ammoniaque. Mais ce qui ( fôl ) rend cette dernière production du nitre, si faible qu'elle soit, tout à fait dé- cisive en faveur de la théorie des oxydations simultanées, c'est l'impossibi- lité absolue de substituer le peroxyde de fer au fer métallique. » On sait que la réduction du peroxyde de fer par l'ammoniaque est le pivot des idées qu'on a le plus récemment émises sur la nitrification. J'at- tache la plus grande importance à l'opinion des chimistes éminents qui ont longuement développé cette doctrine : mais je dois à la vérité de déclarer que les essais les plus variés ont été faits en vue d'oxyder, à froid, l'ammo- niaque par le peroxyde de fer et qu'ils ont tous été infructueux ; je n'ai ja- mais obtenu le moindre indice de nitrification. » Ainsi, à la température de l'air, le fer est un agent d'oxydation pour l'ammoniaque, et dans les mêmes conditions l'ammoniaque demeure in- tacte en présence du peroxyde de ce métal. » Tous ces résultats n'ont rien de surprenant, en admettant la théorie que je propose, et cette nouvelle méthode d'oxydation aura sans doute désormais des effets aussi simples et aussi réguliers que ceux qui se rattachent aux lois de double décomposition, ou bien aux déplacements de base et d'acide, ou bien encore aux substitutions organiques. » Quant à l'extension de cette théorie, elle ne saurait se borner aux faits que j'ai présentés (i). J'aurais sans doute pu rechercher un grand nombre d'exemples parmi les faits existants, ou bien en découvrir plusieurs autres qui se seraient ajoutés à ceux qui précèdent; mais je me suis attaché pour le début à bien définir les réactions qui s'obtiennent par l'emploi de sub- stances d'une diversité caractéristique. » Des analogies faciles à saisir conduiront certainement plus loin. Pour- quoi d'autres ' matières organiques n'agiraient-elles pas à la manière des composés humiques? Pourquoi le cuivre, le phosphore et le fer seraient-ils les seuls corps dont la combustion provoquerait celle de l'ammoniaque? » Si la substance qui entraîne l'oxydation offre une grande variété de na- ture et d'origine, la substance qui subit l'entraînement n'est sans doute pas moins sujette à varier. En faisant un emprunt aux faits observés par M. Schœnbein, je montrerais sans peine que l'ammoniaque n'est pas le seul principe susceptible de se brider, autour du phosphore, à la température de l'atmosphère; je citerais la belle expérience dans laquelle un bâton de (i) Ne prévoit-on pas dès maintenant la facilité avec laquelle les nombreux agents réduc- teurs qui s'échappent des corps en putréfaction, s'anéantiront dans l'air par une combus- tion réciproque et simultanée? ( 55a ) phosphore, à demi plongé dans la dissolution incolore d'un sel de manga- nèse, sulfate ou chlorure, lui communique bientôt une riche teinte vio- lette. » Enfin, il est facile de prévoir que dans ce concert et ce groupement des affinités, l'oxydation parallèle n'est pas le seul effet à obtenir. » Au lieu de se brûler plus ou moins, au voisinage du cuivre, du phos- phore, de l'acide humique ou de leurs analogues, il est possible qu'une substance organique, insoluble comme le ligneux, se dissolve, ou bien se dédouble en molécules plus simples : il est possible encore que plusieurs principes, indifférents les uns pour les autres, se combinent, en recevant le mouvement chimique établi par cette combustion lente et spontanée. » Que l'on se représente l'action chimique portée dans les directions les plus diverses, avec la marche, la durée et dans les limites de température qui appartiennent à la vie elle-même, et l'on aura, ce me semble, une idée générale de la voie ouverte par l'étude méthodique delà nitrification. » « M. Pelouze, après la lecture du Mémoire de M. Millon, prend la parole et rappelle une expérience qu'aurait citée M. Peligot s'il eût été présent à la séance. » M. Peligot a constaté qu'il se forme de grandes quantités d'acide nitreux lorsqu'on abandonne à lui-même, à la température ordinaire, un mélange de cuivre divisé et d'ammoniaque. » CHIRURGIE. — Remarques sur quelques variétés de H hypospadias et sur le traitement chirurgical qui leur convient; par M. Bouissox. (Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie quelques remarques extraites d'un Mémoire relatif à l'hypospadias, dans lequel j'ai pour but d'établir que ce vice de conformation, qui est la conséquence d'un arrêt de développe- ment, peut se présenter sous des formes et à des degrés différents. J'admets quatre variétés principales d'hypospadias sous le noms de balanique, pénien, scrotal et périnéal, suivant que l'ouverture anormale de l'urètre correspond au-dessous du gland, du corps caverneux, à l'angle scroto-pénien ou au niveau du périnée. » Ces variétés et les troubles fonctionnels qui en résultent n'ont été jus- qu'à ce jour bien étudiés qu'au point de vue tératologique et médico-légal. ( 553 ) Mais l'hypospadias n'a été l'objet que d'un petit nombre d'essais de théra- peutique chirurgicale. » Je pense que la chirurgie appliquée à la correction de ces anomalies peut accroître le nombre et changer le caractère des services qu'elle a rendus jusqu'à ce jour. Les tentatives actuellement connues ont eu surtout pour but, dans le traitement de l'hypospadias, de favoriser, par la clôture de l'ouverture anormale ou par l'établissement d'un nouveau canal, l'émis- sion régulière des liquides qui parcourent l'urètre. La chirurgie doit se proposer un autre problème : celui de restituer les formes du pénis et les fonctions qui lui sont dévolues comme organe copulateur, fonctions qui sont gênées ou empêchées dans certaines variétés d'hypospadias. » Il existe deux complications à peine indiquées par les auteurs et qu'on peut désigner sous le nom de verge palmée et de verge coudée. Le moyen de remédier à ces deux difformités par des opérations distinctes consiste, dans le premier cas, à diviser la membrane inter-scroto-pénienne, et, dans le second, à faire la section directe de la bride urétrale et la section sous- cutanée des parties de l'enveloppe fibreuse et de la cloison des corps caver- neux qui, par l'arrêt de leur développement ou par leur rétraction, pro- duisent l'incurvation du pénis. » J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie des opérations chirurgicales et des dessins destinés à démontrer l'efficacité des moyens que j'ai proposés. Les conclusions de ce travail peuvent être formulées de la manière suivante : » i°. Les degrés moyens de l'hypospadias, c'est-à-dire l'hypospadias pé- nien et l'hypospadias scrotaL appartiennent seuls à la chirurgie rationnelle. » 2°. Celle-ci ne doit pas avoir pour but exclusif de restituer la forme et les dimensions du canal de l'urètre de manière à permettre rémission ré- gulière des liquides qui parcourent ce canal ; elle doit se proposer aussi de rétablir les formes et les fonctions du pénis considéré comme organe de copulation. » 3°. Ces formes et ces fonctions sont altérées ou empêchées dans les complications de l'hypospodias que nous avons désignées par les expres- sions de verge palmée et de verge coudée. » 4°- Le premier vice de conformation est curable par la section de l'adhérence cutanée, avec la précaution de rapprocher les bords de la plaie par la suture et d'effacer ainsi l'angle scroto-pénien, de manière à ramener les deux moitiés de la ligne cicatricielle dans une même direction longi- tudinale. ( 554 ) » 5°. Le second vice de conformation peut être corrigé par la section de la bride urétrale complétée par la section sous-cutanée de l'élément fibreux du pénis formant la partie inférieure de son enveloppe et la cloison in ter-caverneuse. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE APPLIQUÉE.— Sur les câbles télégraphiques; par M. C. -M. Gciixemin. (Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Pouillet, Despretz.) « L'administration des lignes télégraphiques, par l'intermédiaire de M. Bergon, m'a demandé d'étudier, au moyen de mes appareils, sur des câbles qu'elle a fait confectionner dans ce but, certaines lois qu'il lui im- porte de connaître pour la solution de la question des câbles télégraphiques sous-marins. Il s'agissait principalement de savoir comment la condensa- tion, et par suite le retard dans la transmission des signaux, varient avec l'épaisseur, la nature de la substance isolante et la longueur des conduc- teurs. Après en avoir conféré avec M. Bergon, nous avons arrêté ensemble le plan de recherches ci-après détaillé. » Les câbles au nombre de cinq, chacun de 55 à 56 mètres de longueur, sont formés d'un fil de cuivre de i millimètre de diamètre, couvert de gutta-percha ou de caoutchouc non vulcanisé, dont la surface vernie à la gomme laque est entourée d'une lame d'étain qui représente l'armature extérieure des câbles. On a assuré la continuité de cette lame métallique en la liant avec un fil de enivre de { de millimètre de diamètre. » Dans quatre câbles la couche de gutta-percha présente une épaisseur variable. Elle est de i millimètre dans le n° i , de i millimètres dans le n° a, de 3 millimètres dans le n° 3 et de 5 millimètres dans le n° t\. Le cin- quième câble n° 5 présente une lame de caoutchouc de i millimètres d'é- paisseur et se trouve dans les mêmes conditions que le n° a, abstraction faite de la nature de la substance isolante. >> Avant de les vernir à la gomme laque et de les couvrir de lames d'étain, tous ces câbles ont été plongés dans l'eau salée pour essayer leur isolement. Dans les premiers moments, la perte était faible et égale pour tous. Au bout de quelques heures, les n09 i et i perdaient plus que les autres, et la différence est devenue de plus en plus marquée pendant trois jours qu'a duré l'immersiou. Le caoutchouc paraît donc isoler mieux que la gutta- ( 555 ) percha, et cette dernière substance semble se laisser pénétrer peu à peu par la solution salée. » Pour étudier la condensation électrostatique, j'ai fait usage, à cause de la faiblesse des effets sur une si petite longueur, d'un appareil qui m'a servi en 1 849 à obtenir des courants à l'aide d'une pile isolée et sans com- munication entre les deux pôles [Comptes rendus de [Académie des Sciences, t. XXIX, p. 5a 1). » Cet appareil est composé de quatre roues fixées sur un même axe, pré- sentant sur leurs surfaces des parties métalliques et des plaques d'ivoire. Quant on imprime aux roues un mouvement de rotation, il s'établit des communications intermittentes entre les pôles de la pile et les deux arma- tures, de telle manière que le condensateur se trouve chargé et déchargé cent ou cent vingt fois par seconde. Le galvanomètre peut être placé, soit sur les fils qui, mettant en contact les pôles de la pile avec les armatures, opèrent la charge, soit sur ceux qui transmettent la décharge; la déviation est la même dans les deux cas, mais il vaut mieux l'interposer dans les fils de la décharge, pour la mesure de la condensation. Les lames métalliques qui effectuent la décharge ont une largeur triple de celles qui effectuent la charge. Les contacts durent environ j~^ de seconde pour les premières et •5^ de seconde pour les autres. » En restant dans les limites de 200 à 25° pour les déviations galvano- métriques, et en faisant usage d'une pile de 1 2 à 36 éléments Bunsen, j'ai obtenu les résultats suivants : » i°. Pour une même vitesse de rotation, la déviation est sensiblement proportionnelle au nombre des éléments; mais on peut, sans la changer, faire varier leurs surfaces dans des limites très-étendues. Ce fait confirme les idées primitives de Volta et d'Ohm sur la distribution des tensions dans la pile. » 20. Si l'on représente par 100 la force condensante du câble n° 1, celles des nos 2, 3, l\, 5 sont 84, 75, 67, 62. Les trois premiers nombres, qui se rapportent à la gutta-percha, montrent que la force condensante diminue à mesure que l'épaisseur de la couche isolante augmente, mais dans une proportion de moins en moins rapide. Le rapprochement des nos 2 et 5, dont l'enveloppe isolante est de la même épaisseur, l'une de gutta-percha, l'autre de caoutchouc, donne le nombre 0,72 pour l'induction spécifique de la seconde substance par rapport à la première. » 3°. La force condensante reste à peu près la même, quand on fait varier la force des éléments du simple au triple. C. R., 1860, ume Semestre. (T. H, N° 18.) 76 ( 556 ) » 4°- Lorsqu'on prend la terre pour intermédiaire, tant pour charger que pour décharger le condensateur, le galvanomètre indique la même dé- viation que précédemment, quel que soit le conducteur sur lequel on le place. » 5°. Le fil intérieur ne prend qu'une quantité d'électricité très-faible, quand on supprime, pendant la charge, la communication de l'armature extérieure à la terre; elle n'est pour le n° 5 que la 45e partie, pour le n° i la 65e partie environ de ce que prend chacun de ces câbles quand cette communication existe. Cette charge est 3 ou 4 fois plus faible que celle du même fil isolé dans l'air. Cet effet paraît être dû à une certaine quantité d'électricité qui adhère à la surface de la substance isolante en contact avec le fil; il est semblable à celui qu'on observe dans la bouteille de Leyde à armatures mobiles. » 6°. Si l'on compare la charge que prend chaque câble par l'effet de la condensation à celle du fil isolé dans l'air, on trouve pour les n°* 1, a, 3, 4, 5 approximativement les rapports suivants : 18, 16, i4, 12, n. » 70. L'action inductive électrostatique exercée par le fil intérieur sur l'enveloppe d'étain est égale à celle que cette dernière exerce sur lui. » 8°. En plaçant les cinq câbles à la suite les uns des autres, de manière à en former un seul d'une longueur quintuple, ou bien en les disposant parallèlement, les armatures semblables étant réunies, la condensation to- tale est égale à la somme des condensations de chacun des câbles pris iso- lément; ce qui fait présumer que les effets observés précédemment subsis- teront pour des longueurs quelconques. » 9°. La charge dynamique que l'on obtient en faisant communiquer l'une des extrémités du fil intérieur à la terre est d'environ moitié de la charge statique que l'on a quand cette communication n'existe pas, si toute- fois la force de propagation de la pile est très-grande. » Les cinq câbles ont été enroulés en bobines, pour l'étude de l'induction électrodynamique. Les effets de cette nature sont plus difficiles à analyser et présentent moins de constance que les précédents, à cause de la difficulté d'avoir de bons contacts quand le courant passe et des fermetures et ou- vertures de circuit toujours identiques à elles-mêmes. L'appareil précédent est d'un usage difficile pour ce genre d'expériences, il a malgré cela été employé pour le courant de rupture. J'ai préféré ici observer des déviations impulsives qui sont assez fortes, en fermant et ouvrant le circuit avec la main. Cependant la marche générale des phénomènes, tant sur les câbles tendus et isolés dans l'air, que sur ceux qui sont disposés en bobines, est assez évidente et peut se résumer en quelques mots. (557 ) » io°. Les différences précédemment signalées relatives à l'épaisseur et à la nature de la couche isolante subsistent et se produisent dans le même sens, soit que la bobine contienne à l'intérieur une armature de fer qui augmente l'intensité du courant induit, soit qu'elle n'en contienne pas. » 1 1°. En ajoutant les câbles bout à bout, le courant induit n'augmente pas proportionnellement au nombre des câbles réunis, il tend au contraire vers une limite d'autant plus rapidement que la tension de la pile est moindre. » ia°. Quand on réunit les câbles parallèlement les uns aux autres, le courant induit décroît et tend à devenir nul. » On peut déduire de ces expériences quelques indications pratiques. Le caoutchouc isole mieux et condense moins que la gutta-percha ; à ce point de vue il doit être préféré dans la construction des câbles. On diminuera la condensation et par suite le retard dans la transmission des signaux en augmentant l'épaisseur de l'enveloppe isolante ; la charge électrique sera au contraire plus grande si l'on augmente le diamètre du fil conducteur. Dans un câble composé de plusieurs conducteurs isolés, les effets dus à la condensation, comparable à celle qui a lieu dans la bouteille de Leyde, sont très-intenses, et les courants d'induction analogues à ceux des bobines sont relativement très-faibles. Ces derniers sont évidemment nuls quand le câble ne contient qu'un seul conducteur isolé. » M. Tedeschi (Angelo) adresse au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon un Mémoire écrit en italien sur un nouveau procédé de cathétérisme pour le cas de rétrécissement de l'urètre, procédé dans lequel la seule force employée pour faire franchir l'obstacle est le poids de la sonde qui, au moyen de dispositions très-simples et éclaircies d'ailleurs par des figures, peut être augmenté graduellement sui- vant l'exigence des cas et le progrès de l'opération. Ce Mémoire, arrivé trop tard pour le concours de cette année, sera réservé pour celui de l'an prochain. M. Sasse adresse de Colberg (Prusse) un Mémoire ayant pour titre : « Essai d'une théorie de la chaleur et de la lumière solaires. » Cette Note, qui est écrite en français, est renvoyée à l'examen d'une Com- mission composée de MM. Pouillet, Regnault et Lamé. 76.. ( 558 ) CORRESPONDANCE. II. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du LVe volume des Brevets d'inventions pris sous l'empire de la loi de i844et deux nouveaux numéros (4 et 5) du catalogue des Brevets d'inventions de l'année 1860. M. le Secrétaire perpétuel , en signalant parmi les pièces manuscrites de la Correspondance une Lettre d'invitation pour l'inauguration du Jardin zoologique d'acclimatation du bois de Boulogne qui a eu lieu le 6 octobre, fait remarquer que des invitations individuelles avaient été adressées à MM. les Membres de l'Académie. La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie plusieurs épreuves photographiques (des portraits en pied aux deux tiers, à peu près de la grandeur naturelle), présentées comme spécimens d'un nouveau pro- cédé d'agrandissement à la lumière solaire ou à la lumière électrique, des images obtenues sur collodion , par M. Wothly, d'Aix-la-Chapelle (Prusse). Ces épreuves sont transmises par M. l'abbé Moigno. « Je suis arrivé à ces résultats inespérés, dit M. Wothly dans une Lettre jointe à son envoi, par un ensemble de moyens qui constitue presque un art nouveau. Une disposition optique analogue à celle de l'héliostat me donne un large faisceau de rayons rigoureusement parallèles qui tra- verse le négatif obtenu sur demi-plaque collodionnée, emporte avec lui l'i- mage devenue positive, et s'épanouit en un immense cône de rayons diver- gents qui vont fixer l'image sur une feuille de papier mécanique sensibilisée. L'intensité de ces rayons est assez grande pour que le positif, quand on opère à la lumière solaire, s'achève en quinze ou vingt-cinq minutes; la régularité de leur distribution et de leur marche est telle, que l'impression est aussi nette sur les bords les plus extrêmes qu'au centre, même lorsque l'image a am,6o de hauteur et im,5o de largeur. Pour ramener la durée de l'impression à un temps aussi court, j'ai dû recourir à des combinaisons nouvelles d'agents sensibilisateurs. Pour pratiquer les opérations du lavage, du virage et du fixage sur des feuilles si difficiles à manier, j'ai dû suppléer aux cuvettes im- possibles par des tours de main aussi rapides qu'efficaces. Mes portraits demi-nature et nature entière ont, il me semble, un caractère particulier, qui attire plus vivement et charme plus agréablement le regard; ils rappel- ( 559) lent mieux, je crois, que les photographies ordinaires l'œuvre du crayon d'un dessinateur éminemment habile, tant les teintes sont harmonieuses et fondues ; j'ajoute qu'elles sont presque inaltérables à la lumière, parce que mon procédé de fixage les met à l'abri de toute sulfuration. » • M. Delacnay transmet une Lettre de M. t 'Abbé Hamel qui prie l'Acadé- mie de vouloir bien comprendre l'Université de Québec dans le nombre des établissements scientifiques auxquels elle fait don de ses publications. L'université possède déjà tout ce qui a paru des Mémoires et des Comptes rendus; elle serait heureuse de recevoir la suite de ces collections comme un don de l'Académie. (Renvoi à la Commission administrative.) MÉTÉOROLOGIE ET GÉOLOGIE. — Observations recueillies dans une traversée d'Europe aux Antilles. — Observations faites à la montagne de la Soufrière [île de la Guadeloupe) ; par M. A. Damocr. « Dans le cours de l'été dernier, ayant été obligé, pour affaires de famille, de me rendre à la Guadeloupe, j'ai employé les loisirs de la navigation à quelques observations barométriques et thermométriques que je demande la permission de soumettre à l'Académie, dans la pensée quelles ne seront peut être pas sans intérêt pour les personnes qui s'occupent de météoro- logie. La première série d'observations a été faite du 4 au 18 juin 1860, pendant la traversée de Southampton à la Guadeloupe, à bord du paque- bot anglais le Shannon. La deuxième série, qui commence le i3 juillet et finit le 27 du même mois, a été faite pendant le retour en Europe, à bord de l'Atralo. Le baromètre du bord et le thermomètre qui s'y trouve joint étaient gradués suivant les mesures anglaises. J'ai converti cette graduation en mil- limètres. Les thermomètres dont j'ai fait usage pour observer la température de l'air et celle de l'eau avaient été construits par M. Baudin et vérifiés par M. Ch. Sainte-Claire Deville, quia eu l'obligeance de me les confier. ■ » La température de l'air était prise aussi régulièrement qu'il m'était possible, cinq fois par jour: à 6 heures du matin, à 9 heures, à midi, à 3 heures et à 6 heures du soir : les nombres portés au tableau ci-joint sont les moyennes de ces cinq observations diurnes. Je n'ai pris la température de l'eau de mer qu'à de plus rares intervalles, vers 6 heu- res du matin, les dispositions prises à bord des navires ne m'ayant pas per- mis de renouveler ces observations dans le cours de la journée. » Le tableau suivant présente les moyennes diurnes, ainsi que la position géographique du navire à midi. ( 56o ) DATES. 1860. POSITION DU MA Méridien < Latitude N. VIRE A MIDI. e Paris. Longitude 0. PRESSION barométrique moyenne, réduite à zéro. TEMPÉRATURE moyenne de l'air. Therm. centigr. TEMPÉRATURE de la mer à 6 heures du matin. Therm. centigr. Juin 4 48° 58 0 1 9.33 mm 757,65 0 I2,o 0 % 5 46.40 l4.3o 760,84 12»9 » 6 43.40 19.20 763,57 "4.6 w 7 4o.54 24. 1 3 761,73 •7»4 » 8 38.4o 28.5i 759>79 18,0 18,0 9 35. 10 33.28 766,58 20,2 20,0 IO 32.3g 38.35 769,03 22,9 » 1 1 3o.8 43.29 769»°9 24,2 23,8 12 27.43 48.38 766,56 24,6 24,5 i3 25.34 54.2 765,42 25,3 25,o «4 22.22 58.22 764,83 25,9 » i5 '9-59 63.i3 763,60 27,2 27,5 16 En vue des îles Vierges. 762,59 26,9 27,5 "7 En vue de l'île de Saba. 760,42 27>7 27,8 18 En vue de l'île d'Antigue. 759>47 26,8 ' 27.7 Juillet i '.', Entre Saba et les îles Vierges. 27,8 •4 En vue de Saint-Thomas. » i5 758,64 26,2 27,2 16 25. 3o 62.49 758,72 27,3 » '7 28.5o 59.53 758,72 26,7 27>9 18 3^2.2 56. 3i 760,58 26,6 » J9 34.44 52.42 763,72 24,5 u 20 37.7 48.24 763,66 24,5 » 21 39.45 43.42 763,78 23,4 » 22 42.19 38 33 765,43 21,8 » 23 44.12 32.47 764,80 20,9 U 24 45. 5i 27 .3 765,5i '8,9 » 25 47.32 20.59 762,02 i6,3 17,0 26 48.46 4.47 756, 1 1 15,7 » 27 En vue des Sorlingues. 752,41 i5,5 » ( 56 1 ) » A la Guadeloupe, où j'ai séjourné du 19 juin au 1 a juillet, sur l'habi- tation de M. Charles Le Dentu, située au Matouba, à 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, les pluies ont été très- fréquentes, surtout pendant la nuit. Elles tombaient par averses qui duraient rarement plus d'une demi- heure. Les sommités de l'île étaient souvent voilées par la brume : l'extré- mité du cône de la Soufrière ne s'est laissé voir dégagée de nuages que trois ou quatre fois, et pendant quelques courts moments. » M. Ch. Deville m'avait confié des tubes pour recueillir les gaz et divers réactifs dans le but d'étudier la nature des fumerolles qui se déga- gent sur le plateau de la Soufrière. En vue de cette exploration, le i*r juil- let au matin t nous partîmes du Matouba, au nombre de onze personnes. M. le colonel Frébault, gouverneur de la Guadeloupe, dont la bienveil- lance et la sollicitude pour ce qui intéresse la prospérité de la colonie sont justement appréciées de tous ceux qui le connaissent, avait bien voulu s'adjoindre à notre petite expédition. Après avoir suivi une route sinueuse qui traverse une magnifique forêt, nous arrivâmes près d'une source chaude qu'on nomme le Bain-Beauvallon. Sa température était de + 34° centigrades. Après quelques heures de marche à travers des bois de mangliers, nous atteignîmes le pied du cône. Avant d'y monter, nous allâmes visiter la source du Galion qui surgit en trois filets d'eau chaude, à travers des roches ferrugineuses et argileuses, désagrégées et passées à l'état d'ocre rouge. L'eau de cette source exhale l'odeur d'hydrogène sul- furé : elle laisse déposer du soufre pulvérulent sur ses parois. Sa tempéra- ture est de + 6o° centigrades. » A 1 heure, nous avions atteint le plateau de la Soufrière. On sait, d'a- près les observations de M. Ch. Deville et la belle carte qu'il a publiée sur la partie sud-ouest de la Guadeloupe, que l'altitude de ce point culminant de l'île est de i48/j mètres. » Pour arriver aux fumerolles, on traverse une large et profonde crevasse, à parois verticales, en passant sur une roche éboulée qui forme une sorte de pont naturel. Le voisinage des fumerolles s'annonçait par l'odeur d'hy- drogène sulfuré et par des vapeurs brûlantes s'échappant avec sifflement. Quelques morceaux de soufre se montrent épars à l'entour. La brume épaisse, la pluie et le vent soufflant par rafales nous empêchèrent de recueil- lir les gaz. La nuit, que nous passâmes sous l'abri d'une tente, fut accompa- gnée de rafales et de pluie. Le lendemain, à 5 heures du matin, le thermo- mètre marquait + i4°- La brume épaisse, la pluie et la violence du vent, qui paraissaient devoir se prolonger encore, nous firent, bien à regret, renoncer ( 562 ) aux expériences. Nous avons constaté seulement que les fumerolles déga- geaient beaucoup de vapeur d'eau; elles noircissent le papier d'acétate de plomb et rougissent le papier de tournesol. Nous n'avons remarqué ni odeur d'acide chlorhydrique, ni celle d'acide sulfureux. Du soufre cristallin se dépose journellement, mais en petite quantité, autour des parois de chaque fumerolle et sur les roches voisines. Deux des plus fortes fumerolles, l'une située près du cratère Napoléon, l'autre à l'entrée d'une crevasse qui fait le prolongement du grand cratère, chassent violemment les morceaux de bois et les pierres d'un petit volume qu'on jette à leur orifice. Une petite fume- rolle, d'où les gaz s'échappaient sans apparence de pression, a fait monter le thermomètre à + 700. Il est probable que les grandes fumerolles auraient donné une température plus élevée; mais il ne nous fut pas possible d'en approcher suffisamment pour y introduire nos thermomètres qui d'ailleurs, et selon toute apparence, eussent été brisés sous l'action delà chaleur et de la pluie tombante. » M. le colonel Frébault et M. Capitaine, chimiste distingué, demeurant à la Basse-Terre, ont bien voulu se charger de reprendre les expériences dans une saison plus favorable. » A propos des intéressantes observations communiquées par M. Damour, M. Ch. Sainte-Claire Deville présente les remarques suivantes : « L'inspection des moyennes barométriques diurnes contenues dans le tableau qui précède, confirme le fait, signalé pour la première fois par Ad. Erman et vérifié maintes fois depuis, savoir qu'à la surface de l'Océan il existe un maximum de pression à une latitude qui oscille entre 3o°et37°, suivant la position en longitude et la saison. Voici, en effet, ces moyennes diurnes pour trois zones extrêmes, dans les deux traversées d'aller et de retour : Juin. Juillet, mm. mm. Vers la latitude de 4g° 7^7,5 ^52, 5 » de 3o à 32° 769,0 765,5 » de 170 759,5 758,5 » Quantauxobservationsgéologiques, malgré le fâcheux contretemps, trop fréquent sur ces points culminants des îles tropicales, qui a empêché les observateurs de recueillir les gaz de la Soufrière, cette petite expédition ne sera pas sans utilité pour la science. En effet, les essais chimiques faits par ( 563 ) M. Damour prouvent que ces fumerolles présentent, en 1860, les mêmes caractères que lorsque je les ai étudiées en i84ï-i843, caractères qui sont aussi ceux que notre savant confrère M. Boussingault a constatés, en r83o, sur la plupart des cônes volcaniques de la Nouvelle-Grenade. » Enfin, l'observation faite aux Sources du Galion offre un intérêt tout particulier. Ces sources, qui sourdent au nombre de cinq du pied du cône supérieur, ne présentaient en 1 84 1 - 1 8/|3 qu'une température de 3o° à 37°,8 et un simple dégagement d'acide carbonique, tandis qu'en 1860 elles laissent échapper en même temps de l'acide sulfhydrique et possèdent une température de 6o°. Or, ces mêmes sources du Galion, observées par M. Amie, quelques jours après la petite éruption de 1797, dégageaient alors abondamment l'acide sulfhydrique et avaient une tem- pérature de 8o°. En 181 1, M. L'Herminier père y constatait (1) une température de 49° > 1» présence de l'acide sulfhydrique et un dépôt de soufre. Voici donc des gaz, provenant d'un même orifice, et qui, dans une courte période, ont présenté à plusieurs reprises des variations capitales dans leurs propriétés physiques et chimiques. Ce fait confirme pleinement - le caractère général de variabilité que j'ai déduit d'un très-grand nombre d'observations faites, dans ces dernières années, sur les émanations volca- niques de l'Italie méridionale. On remarquera d'ailleurs que, conformé- ment à ce que j'ai conclu aussi de mes recherches, la température s'élève lorsque l'émanation, passant de la phase carbonique à la phase sulfhydro- carbonique, indique un degré supérieur d'intensité éruptive. » Après la communication de M. Ch. Sainte-Claire Deville, M. Chkvkeu. s'énonce dans les termes suivants : « En prenant la parole après M. Ch. Sainte-Claire Deville, ce n'est point avec l'intention de modifier en quoi que ce soit ses observations, c'est pour profiter de l'occasion de rappeler unesérie d'observations faites en i83oàSpa et à Baden-Baden. Je reconnus dans des eaux ferrugineuses où l'acide sulf- hydrique n'avait point encore été signalé, la présence de ce gaz dans l'éma- nation gazeuse de ces eaux. Mon procédé consistait à laisser un quart d'heure ou plus un papier d'acétate de plomb dans l'atmosphère de la (1) Ces observations, et d'autres que j'utiliserai bientôt pour la description géologique de la Guadeloupe, sont extraites de cahiers manuscrits rédigés par M. L'Herminier père, lesquels m'ont été généreusement communiqués par son fils, le docteur L'Herminier, de la Pointe-à- Pître. C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° 18.) 77 (56^ ) source, limitée autant que possible. L'observation que je rappelle n'a pas d'importance, je crois, pour modifier l'opinion de l'action médicale de ces eaux, l'acide sulfhydrique y étant en une trop faible proportion ; mais elle me semble avoir quelque intérêt, si on considère que dans toutes les eaux artésiennes venues d'une certaine profondeur, j'ai reconnu ce même gaz, dont l'origine est bien certainement la décomposition des sulfates par des matières organiques agissant hors du contact de l'air. » Les sources de Spa dans lesquelles je constatai la présence de l'acide sulfhydrique, en présence de M. Plateau, sont le Pouhon, le Tonnelet, la Sauvinière et le Groesbeck. Je ne parle pas de la Geronstère, parce que, quoi qu'on en ait dit, on avait parfaitement constaté avant moi son carac- tère sulfuré. » J'ai reconnu la présence de l'acide sulfhydrique dans l'eau ferrugi- neuse de Baden-Baden. » Je rappellerai : i°. Que j'ai décomposé complètement le sulfure de so- dium par l'acide carbonique ; » 2°. Que j'ai réduit le sous-carbonate de soude par l'acide sulfhydrique en sulfure, et en carbonate qui peut se précipiter, si la solution est suffi- samment concentrée. Évidemment une eau aérée étant meilleure comme eau potable qu'une eau qui ne l'est pas, il est nécessaire, quand on fait usage d'eaux arté- siennes ou de sources profondes qui ont été privées d'oxygène par des matières organiques, de les aérer avant d'en faire usage comme eaux po- tables. » chimie appliquée. — Sur ta cémentation du fer; par M. H. Caroiï. « Les procédés employés dans l'industrie pour cémenter le fer varient par la composition des céments, mais tous se ressemblent par la manière d'opérer; on place la pièce à cémenter dans une boîte en tôle en l'entourant soit de poussier de charbon ou de suie, soit de cuir carbonisé ou de corne, etc. Chaque méthode est préconisée par ceux qui l'emploient, mais l'explication du fait lui-même est jusqu'ici restée inconnue. En cherchant à me rendre compte du phénomène, j'ai pensé que la combinaison du fer et du charbon ne pouvait avoir lieu que par l'intermédiaire d'un composé carburé gazeux qui, pénétrant dans les pores du métal dilatés par la chaleur, y abandonnait son carbone. Or, d'après la nature même des céments em- ployés dans l'industrie, ce composé m'a semblé devoir être un cyanure. Pour m'en assurer, j'ai fait les expériences suivantes : ( 565 ) » L'appareil dont je me suis servi se compose d'un tube en porcelaine rem- pli de charbon concassé en morceaux de la grosseur de i centimètre cube en- viron ; au milieu du tube et suivant son axe est placée une barre de fer carrée qui se trouve ainsi complètement entourée de charbons. Le tube est mis sur un fourneau à réverbère muni de son laboratoire et chauffé au coke. L'appareil ainsi disposé, j'ai fait passer successivement dans le tube porté au rouge, de l'hydrogène, de l'oxyde de carbone, de l'azote, de l'air, de l'hydro- gène carboné pur, etc. ; après deux heures de feu chaque fois je n'ai jamais obtenu de cémentation. Quelquefois et à de rares endroits la surface du fer était un peu plus dure, mais dans tous les cas la cémentation, toujours superficielle, pouvait être attribuée à l'impureté du charbon ou du gaz. » Il n'en est pas de même si, au lieu de ces gaz, je fais passer du gaz am- moniac sec; la cémentation alors est rapide et belle : après deux heures de chauffe, la barre de fer trempée immédiatement, puis martelée pour resser- rer le grain et trempée de nouveau, accusait dans sa cassure une cémenta- tion de a millimètres de profondeur, parfaitement régulière et à grain ma- gnifique. A quelle cause attribuer la cémentation? Évidemment à l'action de l'ammoniaque sur le charbon ; ces deux corps à cette température ont dû former du cyanure d'ammonium gazeux qui a cédé son charbon au fer et donné ainsi naissance à l'acier. » Mais ceci n'était encore qu'une hypothèse, j'ai voulu constater direc- tement l'action du cyanure d'ammonium; pour cela, j'ai supprimé le char- bon dans le tube de porcelaine, je n'y ai laissé que le fer placé dans l'axe et soutenu dans cette position par ses deux extrémités ; j'ai préparé dans une cornue du cyanure d'ammonium, que j'ai fait passer à l'état de gaz et sec dans le tube de porcelaine porté au rouge; après deux heures de chauffe, la barre de fer a été retirée et a subi les mêmes opérations que la précé- dente, elle était parfaitement cémentée et l'extrémité voisine de l'arrivée du gaz l'était bien plus que l'autre. D'après cela j'ai cru pouvoir conclure que dans ce cas la cémentation avait été produite par le cyanure d'ammo- nium. » Le gaz ammoniac ou plutôt le cyanure d'ammonium ne pouvait avoir seul la propriété de cémenter, il était plus que probable que les autres cyanures alcalins devaient la posséder aussi ; la trempe au prussiate, si connue dans l'industrie, en était une preuve, mais malheureusement dans ce cas la cémentation, n'étant jamais que superficielle, ne pouvait être com- parée à l'autre. Il m'a fallu par suite employer d'autres moyens pour arriver à la constatation dj»la cémentation par les cyanures alcalins. 77- ( 666 ) » Mon appareil étant disposé comme précédemment, j'ai imbibé les charbons avec une dissolution peu concentrée de carbonate de potasse et j'ai fait passer dans le tube porté au rouge un courant d'air sec; on sait que dans ces circonstances il se forme du cyanure de potassium sensiblement volatil au rouge. C'est sur ce corps que je comptais pour cémenter le fer; en effet, après deux heures de feu la barre accusait une cémentation magni- fique et profonde de plus de 2 millimètres. » La soude, la baryte et la strontiane cémentent à peu près de la même manière sous l'influence du courant d'air. Quant à la chaux, comme je m'y attendais, elle ne produit aucune cémentation et par cela même vient ap- porter une preuve de plus à l'appui de mon hypothèse de la cémentation par les cyanures. Voici comment : Il y a plusieurs années, je me suis occupé de la préparation des cyanures alcalins par la voie sèche; pour les obtenir, je faisais passer du gaz ammoniac sec à travers un tube rempli de charbons et porté au rouge; je dirigeais ensuite le cyanure d'ammonium ainsi formé dans un autre tube également porté au rouge et contenant des nacelles de charbon remplies de la base dont je voulais faire le cyanure. J'obtins ainsi et très-facilement les cyanures de potassium, sodium, barium et strontium, mais je ne pus jamais produire les cyanures de calcium, de magnésium, etc. La chaux ne pouvant, comme la baryte, former un cyanure sous l'influence de l'azote et du charbon, ne devait donc pas être propre à la cémentation si mon hypothèse était vraie. La présence d'une base alcaline ne suffit pas, comme on le voit, pour produire la cémentation, il faut encore que cette base puisse, dans les circonstancesoù elle se trouve, former un cyanure. S'il n'y a pas de cyanure formé, il n'y a donc pas de cémentation. » Toutes les recettes plus ou moins bizarres employées dans l'industrie pour cémenter le fer peuvent s'expliquer par la formation des cyanures. Les charbons préparés contiennent toujours de la potasse ou de la soude, les matières animales qu'on y ajoute apportent aussi, en même temps que l'al- cali, l'azote qui sert à faire le cyanure. » En résumé, il me semble que ces expériences démontrent d'une manière incontestable que, pour obtenir une cémentation rapide et profonde, il faut favoriser au milieu du charbon qui entoure le fer la formation des cyanures alcalins que j'ai cités. L'application en serait des plus faciles dans l'industrie; peut-être aussi par ce moyen pourrait-on réduire de beaucoup la durée de la cémentation et conserver par cela même une ténacité plus grande à la partie centrale du métal qui n'a pas été atteinte par la cémentation. » ( 567 ! chimie métallurgique. — Sur la constitution chimique des fontes et des aciers; remarques Jaites, à [occasion de la précédente communication, par M. E. Fremy. « L'intéressante communication de M. le capitaine Caron me fournit l'occasion de faire connaître à l'Académie quelques-uns des résultats que j'ai obtenus dans un travail que je poursuis depuis longtemps sur la consti- tution des fontes et des aciers. Les faits que je vais signaler ont été déjà communiqués à plusieurs Membres de l'Académie; je les ai développés éga- lement dans mon cours de l'École Polytechnique. » Des observations nombreuses prouvent que l'azote exerce de l'influence sur le phénomène de l'aciération, et confirment l'opinion que notre savant confrère M. Despretz a consignée dans son travail sur l'azoture de fer* » Tous les chimistes connaissent en effet la transformation si rapide du fer en acier sous l'influence du ferrocyanure de potassium, et les recherches intéressantes de M. Saunderson, dans lesquelles cet habile fabricant prouve que dans les caisses de cémentation l'acier ne se forme que sous la double action du carbone et de l'azote. » J'ai pensé que l'azote n'avait pas seulement pour effet, dans la cémen- tation, de présenter au ferle carbone à l'état gazeux, mais que, restant uni au carbone, il pouvait se combinerai! métal. » La présence de l'azote dans certains échantillons de fer, de fonte et d'acier avait déjà été constatée, de la manière la plus nette, par M. Mar- chand. Il restait à rechercher sous quel état l'azote pouvait exister dans l'acier ou dans la fonte : c'est cette question que j'ai voulu examiner. » Lorsque, en suivant la méthode de Berzelius, on soumet l'acier ou la fonte à l'action du bichlorure de cuivre, on obtient un résidu qui contient du graphite et une matière brune. » Cette dernière substance n'est pas du charbon, comme on le croit géné- ralement; elle est en partie soluble dans la potasse. Lorsqu'on la chauffe, elle dégage une quantité considérable d'ammoniaque et présente de l'ana- logie avec certains dérivés du cyanogène. » Les expériences que je ferai connaître dans un Mémoire spécial ten- dent à prouver que les fontes et les aciers, qui sont considérés comme des carbures de fer, sont plutôt des combinaisons de métal avec un radi- cal complexe pouvant être comparé au cyanogène, et qui se produit direc- tement comme lui par la combinaison du carbone avec l'azote atmosphé- ( 568 ) rique. La matière brune dont j'ai parlé précédemment et l'huile infecte qui se forment dans l'action des acides sur les fontes et les aciers, seraient les produits de décomposition de ce radical composé. » Les métalloïdes, tels que le soufre, le phosphore, l'arsenic, qui modi- fient d'une manière si profonde les propriétés des aciers et des fontes, agis- sent, selon moi, principalement sur le composé azoté dont je viens de parler et peuvent même le modifier par substitution. Je citerai à cet égard une ex- périence qui me paraît intéressante au point de vue théorique, et qui donne l'explication de plusieurs faits observés dans la pratique. » J'ai fait fondre, au milieu d'une brasque siliceuse, une fonte au charbon de bois très-graphiteuse. Le culot ainsi obtenu était recouvert de graphite ; la fonte s'était chargée, pendant l'opération, de 3 centièmes de silicium et était restée grise et malléable : elle ressemblait, par conséquent, aux fontes grises au coke préparées dans de bonnes conditions. Jje silicium s'était substitué dans ce cas au carbone, qui, cristallisant à l'état de graphite dans la masse métallique, avait formé la fonte grise siliceuse bien connue des métallur- gistes. » J'ai soumis ensuite la même fonte grise à l'action de différentes bras- ques pouvant donner au métal du soufre, du phosphore ou de l'arsenic. » Dans ces essais, la fonte est devenue blanche et les métalloïdes se sont substitués au carbone, qui, se trouvant éliminé complètement du bain mé- tallique, est venu cristalliser à sa surface et former de larges lamelles de graphite. » Ces fontes, traitées par les acides, ont produit des huiles infectes qui contenaient les métalloïdes que j'avais employés pour blanchir les fontes. » Lorsque le soufre s'introduit dans les fontes, il élimine donc en partie le carbone et forme un radical sulfuré produisant une fonte blanche qui n'a plus la propriété de s'empâter avec le graphite comme les fontes grises ordinaires. « C'est en étudiant les modifications que les métalloïdes peuvent faire éprouver à la substance organique qui existe dans les fontes, dans le fine- metal et dans l'acier, que l'on déterminera les relations que ces produits présentent entre eux : à cet égard les analyses chimiques sont devenues insuffisantes. En effet, les données analytiques qui portent sur la détermi- nation brute du carbone contenu dans les fontes et les aciers ne peuvent fournir aucune indication utile, car on donne en général le nom de car- bone à un mélange de graphite et de substance organique azotée : on tient compte ainsi du graphite qui, étant interposé simplement dans la masse ( 569) métallique, n'y joue aucun rôle, et on néglige la détermination de la sub- stance azotée qui paraît être le corps réellement actif.. » En résumé, il me paraît impossible d'admettre aujourd'hui que les fontes, le fine- métal et l'acier sont formés essentiellement par la combinai- son du fer avec le carbone.et qu'ils ne diffèrent entre eux que par la pro- portion de ce métalloïde. » La substance qui dans les composés précédents modifie d'une manière si utile pour les arts les propriétés du fer, peut être quelquefois un métal- loïde, mais peut aussi être composée; elle se rapproche alors des dérivés du cyanogène et se transforme comme eux par l'action des métalloïdes; lorsque cette substance contient, soit de l'azote, soit du soufre, soit du phosphore et de l'arsenic, elle forme, en s'unissant au fer, les fontes blan- ches, grises et truitées, le fine-métal et l'acier. » La couleur et l'aspect des fontes ne suffisent donc pas pour faire con- naître leur composition; il existe plusieurs espèces de fontes blanches qui diffèrent entre elles par la nature du métalloïde qu'elles contiennent; et une fonte grise au coke qui retient 2 ou 3 centièmes de silicium peut res- sembler à une fonte grise au bois qui est à peine siliceuse. Les relations qui- lient les fontes aux aciers ne sont pas aussi simples qu'on le croit géné- ralement. » A une époque où l'industrie cherche à produire de l'acier à un prix peu élevé et à transformer la fonte en acier par des méthodes diverses, j'ai pensé que les faits qui précèdent pourraient guider les maîtres de forge dans leurs essais, en déterminant surtout la nature du problème qu'ils ont à résoudre. » « M. Despretz rappelle, à l'occasion de la même communication, qu'il a combiné l'azote avec quelques métaux, et particulièrement avec le fer. Ce métal, porté à la température rouge d'un fourneau à réverbère, et exposé pen- dant huit à dix heures à l'action du gaz ammoniacal, lavé par la potasse, par l'eau, et desséché parle chlorure 'de calcium, prend jusqu'à 11, 5 pour 1 00 d'accroissement de poids. ( Voir Annales de Chimie et de Physique, 1 829, le détail des expériences à l'aide desquelles il prouve que ce produit formé est un azoture.) On y trouve : « Le fer devient blanc, cassant, et même fria- » ble, plus léger, moins altérable à l'air et dans l'eau que le fer ordinaire. « Il conserve sa facile solubilité dans les acides et sa vertu magnétique. » La densité du métal a été réduite à 5 dans quelques expériences. » » L'auteur a combiné même directement l'azote avec le fer [voyez la Notice de 1857, p. i3). (57o) » M. Despretz rappelle aussi que dans le IIe volume de son Trailé élé- mentaire de Chimie, p. 571, il s'exprimait ainsi : « L'expérience a prouve •> que l'emploi des matières animales ou du sel ammoniac facilite la corn- » binaison du carbone avec le fer. D'abord, le métal se combine avec » l'azote de la matière animale ou avec le chlore du sel, dont il est dé- » pouillé ensuite par l'hydrogène; le métal devient plus poreux et consé- » quemment plus propre à entrer en combinaison avec le crrbone. » » Par ces citations M. Despretz ne veut en aucune manière affaiblir l'im- portance des résultats constatés par M Caron. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'alcool cuminique et sur trois alcaloïdes qui en dérivent; par M. A. Rossi. « Je viens de préparer les trois alcaloïdes qui dérivent de l'alcool cumini- que, c'est-à-dire la cuminammine primaire, la cuminammine secondaire et la cuminammine tertiaire. Leur composition est représentée par les formules suivantes-: Q10JJU 1 Cuminammine primaire. . > Az = G">H"Az, Cuminammine secondaire I J > Az = C°H17 Az, Cuminammine tertiaire... (G10H1S)3 Az '= €30H89Az. » On obtient ces trois alcaloïdes par l'action de l'éther cuminochlôrhy- drique sur l'ammoniaque. Je prépare l'éther cuminochlorhydrique par l'ac- tion de l'acide chlorhydrique sur l'alcool cuminique comme on prépare l'éther benzochlorhydrique et l'éther anisochlorhydrique. » On mélange l'éther cuminochlorhydrique avec une solution alcoolique concentrée d'ammoniaque, et on chauffe le mélange au bain-marie dans un tube fermé. La réaction, commencée à froid, s'achève après quelques heures d'échauffement. Dans la liqueur alcoolique refroidie il se fait un dépôt de sel ammoniac, et il se sépare quelque goutte huileuse qui est la portion de l'alcaloïde tertiaire libre qui ne peut pas rester dissoute dans l'alcool froid. On filtre et on évapore la solution alcoolique filtrée; on obtient un résidu cristallin qui est un mélange des hydrochlorates des alcaloïdes pri- maire et secondaire souillé par une matière huileuse, qui est l'autre por- tion de l'alcaloïde tertiaire libre qui était restée dissoute dans l'alcool. On (-571 î lave par l'éther le dépôt de sel ammoniac sur le filtre et le résidu cristal- lin ; on obtient ainsi une solution éthérée de l'alcaloïde tertiaire libre. On évapore l'éther; alors l'alcaloïde tertiaire reste à l'état d'une matière hui- leuse qui par quelques secousses cristallise. On le presse dans le papier et le récristallise dans l'alcool; on l'obtient ainsi pur. » Pour séparer l'un de l'autre les hydrochlorates des deux autres alcaloï- des qui. restent dans le résidu cristallin, on profite de la différence de leurs solubilités dans l'eau, le sel de la cuminammine secondaire étant bien moins soluble dans l'eau froide que le sel de la cuminammine primaire. On dissout donc le résidu cristallin dans l'eau bouillante et on laisse refroidir; l'hydro- chlorate de la cuminammine secondaire cristallise en aiguilles blanches; on filtre et on évapore à sec; la cuminammine primaire cristallise en lames nacrées rhomboïdales. » Pour extraire les deux alcalis des deux sels précédents, on dissout ces sels dans la plus petite quantité d'eau possible, on y verse de l'ammoniaque et on agite avec de l'éther. On évapore à la température ordinaire la solu- tion éthérée; on obtient comme résidu l'un ou l'autre alcali, suivant la nature du chlorhydrate employé. » Voici les caractères de ces trois alcaloïdes : » La cuminammine primaire, €,0H15 Az, est un liquide huileux, incolore; dans le mélange réfrigérant de glace et de sel marin, elle se fait plus dense, mais elle ne se solidifie pas. Elle commence à bouillir à 2800, mais elle se décompose en partie; à la température ordinaire elle paraît volatile : en effet, en approchant au-dessus du vase qui la contient une baguette mouillée d'acide chlorhydrique, on voit apparaître des fumées blanches. Elle a une réaction alcaline tranchée sur le papier rouge de tournesol. Elle est presque insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool bouillant et dans l'éther. Elle absorbe l'acide carbonique en formant un composé solide. L'hydrochlo- rate de cuminammine primaire cristallise en lames nacrées rhomboïdales ; il est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool. » On obtient le chloroplatinate de cet alcaloïde en petites lames jaune- orange en mélangeant les solutions aqueuses bouillantes de chlorure de platine et de chlorhydrate de cuminammine ; par le refroidissement il cris- tallise. Il est peu soluble dans l'eau froide, assez soluble dans l'eau bouil- lante et dans l'alcool. » La cuminammine primaire est isomère de la diéthylaniline de Hof- mann, mais les caractères de ces deux alcaloïdes et de leurs sels sont aussi différents que leurs constitutions. C. R., 1860, ]«» Semestre, (T. LI, N° 18.) 7^ (57a ) » La cuininammine secondaire, GaoH27 Az, est un liquide huileux, inco- lore, plus dense que la cuminammine primaire; dans le mélange réfrigérant elle devient visqueuse, mais elle ne se solidifie pas. » Au-dessus de 3oo° elle commence à bouillir en se décomposant. Elle est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. » Le chlorhydrate de cet alcaloïde cristallise en aiguilles luisantes; il est très-peu soluble dans l'eau froide, un peu plus soluble dans l'eau bouil- lante, très-soluble dans l'alcool. » En mélangeant les solutions aqueuses bouillantes de chlorure de pla- tine et de chlorhydrate de cuminammine secondaire, on voit se séparer le chloroplatinate sous la forme d'une matière huileuse brune, qui par le refroi- dissement devient un corps d'apparence résineuse. Il est soluble dans l'al- cool, et par l'évaporation spontanée d'une solution alcoolique on peut l'obtenir en très-petites aiguilles roses. » La cuminammine tertiaire, G30H*9Az, est une matière cristallisée en lames blanches, luisantes, rhomboïdales presque rectangulaires. Elle fond entre 81 et 82°en une huile incolore. Une fois fondue, elle reste liquide à la température ordinaire, et il lui faut quelques secousses pour cristalliser. Elle ne peut bouillir sans se décomposer; elle est très-soluble dans l'éther et dans l'alcool bouillant, un peu soluble dans l'alcool froid, insoluble dans l'eau. Elle n'a pas de réaction alcaline sensible. Le chlorhydrate de cet alcaloïde cristallise en aiguilles blanches groupées en forme de croix ; il est presque insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool. » Le chloroplatinate de cet alcaloïde cristallise difficilement; sa solution alcoolique le laisse par évaporation sous la forme d'une matière visqueuse qui se solidifie en se séchant. » Les alcaloïdes dont il vient d'être question démontrent la grande ana- logie qu'il y a entre les alcools homologues à l'alcool éthylique et les alcools aromatiques auxquels appartient l'alcool cuminique. » La cuminammine tertiaire est semblable à la benzammine tertiaire obtenue par M. Cannizzaro, non-seulement par sa manière de production, mais aussi par ses caractères. » Ces recherches ont été faites dans le laboratoire de chimie générale de Gènes. » chimie ORGANIQUE. — Sur te chlorure d amyle trichloré; par M. A. Bauer. « Quand on fait passer un courant de gaz chlore sec dans l'hydruie ( *#.) d'amyle, une assez vive réaction se manifeste. La liqueur absorbe le chlore en le transformant en partie en acide chlorhydrique qui se dégage en grande quantité. Cette réaction est accompagnée d'un dégagement de cha- leur suffisante pour porter le reste de la liqueur au point d'ébullition, de manière qu'on est forcé de cohober plusieurs fois la liqueur distillée et par conséquent non attaquée par le chlore. » Après avoir fait passer le chlore pendant plusieurs heures, j'ai soumis la liqueur devenue très-épaisse à la distillation. Elle a commencé à bouillir vers 1800; le thermomètre est monté très-vite à 23o°, se maintenant long- temps entre 23o et 2^0°. En chauffant davantage, la liqueur noircit et se décompose complètement, lorsque le thermomètre atteint 3oo°, en laissant un résidu de charbon. » L'analyse de la liqueur passée entre 23o et 2400 conduit à la formule G5 H8 Cl4 = G3 H8 Cl3) ci i; lfe corps est donc le chlorure d'amyle trichloré, qui se produit en vertu de l'équation suivante : €T !+8ci=G5H8ciV4HC1- » C'est un liquide incolore, doué d'une odeur particulière. Il est inso- luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther. Plus lourd que l'eau, très-épais, il ne brûle que quand on le chauffe, et avec une flamme jaune et bordée de vert. Il bout vers 2400 et se décompose partiellement par la distillation. Soumis à l'actiou d'une solution alcoolique de potasse, il se convertit en un corps qu'on peut envisager comme l'amylène trichloré ( 3H7Cl8. La réaction est exprimée par l'équation suivante : C5 H8 Cl4 + RHÔ = G8 H' Cl3 h- KC1 -+- H*Ô. » Les propriétés de ce corps sont analogues à celles du chlorure d'amyle trichloré. Il bout vers aoo°. » physiologie.— dation du curare sur la torpille électrique ; par M. A. Moreau. « J'ai pratiqué dans la veine dorsale de la torpille l'injection d'une solu- tion de curare. Le poisson remis dans l'eau a continué à respirer et à na- ger pendant quelques instants, puis a cessé de nager et bientôt après de 78- ( 574 ) respirer. Plaçant alors sur le dos de ce poisson plat une grenouille, dont j'avais coupé le bulbe rachidien pour supprimer tout mouvement volon- taire, j'ai pincé la torpille sur les parties latérale et postérieure du corps. Aucun mouvement ne s'est manifesté dans le poisson; mais au même instant la grenouille a fait un bond vertical énergique. » Ainsi, l'impression produite par le pincement a été transmise aux centres nerveux, et est revenue, parles nerfs qui animent l'organe électrique, déterminer une décharge, sans produire en aucun point du corps de mou- vement réflexe. » Cette expérience a été répétée un grand nombre de fois, et toujours avec* le même résultat. Elle n'exige d'autre précaution que celle de renou- veler, environ toutes les cinq minutes, la grenouille dont les tissus perdent vite dans l'eau de mer leurs propriétés physiologiques. » Après ces essais, la torpille est retirée de l'eau. L'abdomen étant ouvert, je soulève les nerfs volumineux situés à la face inférieure du cartilage qui limite en haut la cavité abdominale. J'excite avec un courant électrique ces nerfs composés de filets de sentiment et de filets moteurs : aucun mou- vement ne se manifeste; mais l'organe électrique produit une décharge ac- cusée par la grenouille placée sur le poisson, et par le galvanomètre mis, au moyen de fils de cuivre isolés, en communication avec deux plaques de platine reposant sur la face supérieure et la face inférieure de l'organe élec- trique. Ainsi cette excitation ne détermine aucun mouvement réflexe, ni même direct, c'est-à-dire dû à la contraction des muscles animés par le nerf que l'on a excité; mais l'impression produite sur les nerfs du senti- ment a été transmise par eux aux centres nerveux, et ceux-ci ont réagi sur les nerfs de l'organe électrique et produit la décharge par leur intermé- diaire. » Enfin, je porte l'excitation sur une des branches du pneumo-gas- trique qui vont animer l'organe électrique après avoir traversé les bran- chies; j'excite le nerf avant son entrée dans les branchies; j'obtiens à chaque excitation une décharge sans aucune contraction des muscles des branchies, tandis que sur une torpille non-curarée l'excitation portée sur le même point du nerf détermine la contraction des muscles en même temps que la décharge. » Il est presque inutile de dire que les muscles excités directement, c'est- à-dire sans l'intermédiaire des nerfs, se contractent vivement. On sait en effet que M. Claude Bernard s'est servi du curare pour montrer que la con- traction du muscle peut être obtenue indépendamment de l'action du nerf. ( 575 ) » Les expériences que je viens de citer, et que j'ai faites à Naples en 1 858 et à Palevas près Montpellier en 1860, montrent que l'action du curare s'exerce d'abord sur les nerfs moteurs, et que les nerfs électriques con- servent leurs propriétés physiologiques comme les nerfs du sentiment et les centres nerveux. » La période, très-longue, de l'empoisonnement pendant laquelle les nerfs électriques survivent aux nerfs moteurs (quant aux propriétés phy- siologiques), apparaît d'autant plus tôt que la vitalité du poisson est plus grande. Les doses employées étaient de 3 à 4 centimètres cubes d'une solu- tion contenant 3 grammes de curare pour 100 grammes d'eau, pour des torpilles de taille moyenne. » mécanique physique. — Remarques au sujet de la communication faite par M. Poncelet dans la séance du 24 septembre dernier ; extrait d'une Note de M. Dehaut. « Il résulte des préliminaires du travail de M. Poncelet, que M. Foucault est considéré comme ayant le premier découvert le principe, l'idée de la persistance du plan d'oscillations du pendule libre. C'est contre cette opinion que je viens réclamer la priorité en faveur de Poinsinet de Sivry, qui a clairement émis ce principe dans un ouvrage imprimé en 1782. Voici en effet ce qu'on lit dans sa traduction de l'Histoire naturelle de Pline, t. XII, p. 486. Je reproduis textuellement le passage qui se trouve parmi d'autres notes du traducteur. « Il y a un moyen d'obtenir une boussole sans aimant; c'est par un pen- » dule mis en vibration, selon une direction connue et relative à deux des » points cardinaux en opposition; car le vaisseau, en tournant sur lui- » même, ne dérangerait pas pour cela cette direction une fois donnée au » pendule, qu'il ne s'agirait plus que d'entretenir en mouvement par une » puissance uniforme et indifférente aux quatre points cardinaux, c'est-à- » dire par une puissance ou force motrice constamment dirigée de haut en » bas. Si donc ce pendule, vers le haut de sa broche ou de sa corde, eu ») un mot, vers le point de suspension, était muni d'uue petite voile tendue, » sur laquelle agirait de haut en bas la puissance anémique d'un soufflet, » qui ne serait mis en jeu que d'une manière intermittente, et lorsque le » pendule, en s'élevant de ce côté, aurait rapproché sa voile de ce souffle » moteur; on conçoit qu'un tel pendule conserverait son mouvement, et » qu'en outre, il conserverait toujours sa direction première ; laquelle, » étant connue, donnerait une boussole sans aimant. » ( 576 ) pathologie. - Fâcheuse influence exercée sur tes enfants par l'état d ivresse du père au moment de la conception; extrait d'une Note de M. Demeaux. « Des circonstances particulières m'ont procuré, dit l'auteur, l'occasion d'observer dans ma pratique un bon nombre d'épileptiques. Sur trente-six malades soumis à mon observation, depuis douze ans, et dont j'ai pu con- naître l'histoire, je me suis assuré que cinq d'entre eux ont été conçus, le père étant dans un état d'ivresse. J'ai observé dans la même famille deux enfants atteints de paraplégie congéniale, et je me suis assuré, par les aveux précis de la mère, que la conception avait eu lieu pendant l'ivresse. Chez un jeune homme de dix-sept ans atteint d'aliénation mentale, chez un en- fant idiot âgé de cinq ans, je retrouve encore la même cause. » M. YVanner expose les résultats auxquels il est arrivé dans des expé- riences ayant pour but de faire connaître l'influence de la température sur la coagulation plus ou moins prompte du sang. Le sang fourni par une saignée pratiquée sur l'expérimentateur lui- même était introduit dans des tubes plongés dans de l'eauà diverses tempé- ratures; ces tubesétaient constamment agités, l'immobilité ayant paru accé- lérer la coagulation de manière à rendre les résultats moins nets. Dans l'un desbains-marie, l'eau était à 220, dans l'autre à 370, dans le troisième à 44° L'expérience a été répétée plusieurs fois dans des tubes de différents dia- mètres et avec des résultats concordants : c'est toujours pour la tempéra- ture de 370 que la coagulation a été le plus lente. L'auteur s'appuie de ce résultat pour expliquer certains faits pathologiques, certaines ecchymoses cadavériques, etc. M. Brunet en adressait au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un Mémoire imprimé intitulé « Recherches sur les néomem- branes et les kystes de l'arachnoïde », y joint une Note manuscrite dans laquelle il a consigné les résultats de ses observations ultérieures sur ces productions membraneuses. 'â (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. ÎNamias adresse de Venise pour le même concours un opuscule intitulé « Nouvelles études électrophysiologiques et applications à la médecine ». Dans la Lettre jointe à cet envoi, il indique quelques-uns des résultats con- ( 577 ) signés dans cette publication, qui est un supplément à celle qu'il avait pré- cédemment adressée. M. Dambre envoie de Courtray (Belgique) un exemplaire du second volume de son Traité de Médecine légale et de Jurisprudence delà Médecine, et prie l'Académie de vouloir bien se rappeler cette publication quand elle aura à choisir parmi les étrangers un Correspondant pour la Section de Mé- decine et de Chirurgie. (Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.) M. Turck, qui a précédemment adressé une réclamation de priorité à l'é- gard de M. Czermak pour l'invention du laryngoscope, réclamation à laquelle ce médecin a répondu, prie aujourd'hui l'Académie de vouloir bien sus- pendre son jugement jusqu'à ce qu'il lui ait fait parvenir une traduction française de son « Traité pratique de Laryngoscopie » et une nouvelle ré- ponse aux allégations de son adversaire. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Bouviek adresse une Note sur l'origine des divers types des mesures itinéraires des anciens, et demande qu'elle soit substituée à celle qu'il avait envoyée en janvier 1 858 sous le titre de « Note sur les types du stade d'Eratosthène ». (Renvoi à l'examen de M. Babinet désigné pour la première communication.) La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 8 octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DECAISNE; 3c/ liv. ; in-4°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844>' publiée par les ordres de M. le Ministre de [Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XXXV. Paris, 1860; in-4°. ( 578 ) Catalogue des brevets d'invention; année 1860, nos 4 et 5; in-8°. Voyage aupajs des Mormons ; par Jules Remy. Paris, 1860; 2 vol. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. C. Gay.) De l'analyse infinitésimale, étude sur la métaphjsigue du haut calcul; par Charles de Freycjnet. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. Matériaux pour la paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes; publié par¥ .-J . PlCTET; 2e série, io-i2elivr.; in-4°. Recherches sur les néomembranes et les kjstes de l'arachnoïde; par M. Da- niel Brunet. Thèse pour le doctoral en médecine, présentée et soutenue ù la Faculté de Médecine de Paris le 3o avril i85o,. Paris, i85o,; in-4°. Annales de la Société de Médecine de Saint-Etienne et de la Loire ou Compte rendu de ses travaux; t. Ier, 3e partie, année i85o,. Saint-Etienne, 1860; in-8°. Rapport sur les travaux du Conseil de salubrité et des Conseils d'arrondissement du département du Nord pendant l'année i859,n° 18. Lille, 1860; 1 vol. in-8°. Dei recentissimi... Exposé de nouvelles études éleclro-phjsiologiques et de leurs applications à la médecine; par le Dr Namias; br. in-8° [recherches fai- sant suite autravail couronné par [Institut Lombard en mai 1859). Il grande... La grande éclipse de Soleil du 18 juillet 1860, observée au Cam- pidoglio; par C. Scarpellini ; \ f. in-4° avec figures. Observations... Observations faites à [observatoire magnétique et météoro- logique de Sainte-Hélène, avec la discussion des observations faites à Sainte-Hélène, au cap de Ronne-Espérance, aux îles Falkland, au fort Carlton [Amérique du Nord) et à Pékin; publiées par le gouvernement britannique sous l'inspection de M. Ed. Sabine; t. II, 1844-1849. Londres, 1860; in-4°- Catalogues... Catalogues des collections d'Histoire naturelle, Mammifères, Oiseaux, Poissons, Reptiles, Insectes, etc., en tout 66 volumes ou brochures de divers formats. (Cet envoi avait été annoncé par une Lettre mentionnée au Compte rendu de la séance du 20 août.) Annalen... Annales de [Observatoire impérial de Vienne, publiées par M. C. de Littrow; 3e série, IXe vol., année 185g. Vienne, 1860; in-8°. Meteorologische... Observations météorologiques faites à l'Observatoire impérial de Vienne de 1775 à ] 855, publiées par MM. C. de Littrow et C. HORNSTEIN. Ier vol., 1775-1796. Vienne, 1860; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 OCTOBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Note sur les Spongiaires envoyés des côtes de [Attique par M. Albert Gaudry; par M. A. Valenciennes. « Il s'en faut de beaucoup que les éponges qui servent à nos usages do- mestiques soient semblables, par leur nature animale ou par les fibres élas- tiques anastomosées qui constituent leur tissu, à tous les autres Spongiaires que les mers du monde entier nourrissent dans leurs eaux. Rien n'est plus varié que les corps réunis sous la dénomination générale d'Épongés. C'est cependant sous le nom unique et commun d'épongés que les natu- ralistes ont en général parlé de ces êtres dans leurs ouvrages. )> Les fibrilles de l'Éponge commune soutiennent une membrane plus ou moins épaisse, repliée sur elle-même pour former et remplir les espaces vides du tissu aréolaire des fibres. En traitant convenablement cette masse, on n'y trouve ni granules, ni spicules calcaires ou siliceux ; elle paraît être homogène. En lessivant par une faible solution alcaline une éponge telle qu'elle sort de l'eau de la mer, on obtient les fibres élastiques d'apparence cornée qui font ce corps dont nous nous servons sous le nom d'épongé. Ces fibres, d'une nature très-voisine delà substance constituant l'axe des Gor- gones, résistent à l'action d'une solution de potasse assez concentrée ; ce qui prouve que ces fibrilles sont d'une nature propre différente de la corne. » Les nombreux essais des chimistes sur ce corps si utile, si abondant, C. R., 1860, 2m° Semestre. (T. LI, N° 16.) 79 ( 58o ) et dont l'exploitation devient l'objet d'un commerce important, tendent tous à consacrer cette vérité. » Les collections du Muséum renferment une assez belle suite d'espèces ainsi composées, et auxquelles je réserve le nom spécial d'épongés (pongia). C'est le premier genre de la famille ou même de l'ordre des Spongiaires. » D'autres espèces ont cette matière membraneuse sans réseau propre- ment dit, mais des filaments très-longs, entrelacés comme des fils emmêlés, mais sans anostomoses. » Un nombre assez considérable d'autres Spongiaires ont, dans les nom- breux canaux dont ils sont creusés, des spicules de silice, quelques autres n'ont que des spicules calcaires. • » Dans quelques autres Spongiaires la silice est tellement abondante, que le corps ne ressemble plus à vine éponge : tels sont les Jplntions. » La même abondance de calcaire existe seule dans les Nullipores. » On conçoit, d'après ce résumé très-abrégé, l'intérêt qu'il y avait à obtenir pour nos collections et nos recberches scientifiques des Spongiaires conservés dans l'alcool; c'est ce qui m'a fait recommander tout spéciale- ment à M. Albert Gaudry la recherche d'épongés des côtes de l'Attique, en les conservant telles qu'elles sortent de la mer dans l'eau-de-vie. » Il en a annoncé à l'Académie l'envoi, et je les présente à l'Académie à cause de la grandeur et de la parfaite conservation de la substance animale et à cause de la nature toute particulière de ces gros Spongiaires. » L'industrie enlève aux éponges, par des lavages convenables, leur matière animale. Ces lavages sont d'abord faits sur les bords de la mer, au moment où elles sont tirées de la mer. Elles sont ensuite remaniées dans les magasins d'où le commerce les prend. En voulant étudier une des grosses éponges envoyées par M. Gaudry, et encore enveloppée dans sa membrane mucilagineuse, je l'ai lessivée dans une eau alcaline très-faible, obtenue par le simple lavage des cendres de bois à brûler, pour montrer la différence entre une éponge lavée et celle que l'on peut appeler naturelle. J'ai vu cette masse entière se dissoudre dans le liquide en moins d'une demi-heure. J'avais tant de fois soumis des fibrilles de diverses sortes d'épongés à des semblables lavages, que j'ai été très-surpris de cette disparition de l'éponge. J'ai répété les mêmes essais, et le résultat a toujours été le même. Aussitôt j'ai repris des éponges ordinaires, je les ai mises dans la même lessive alcaline, et celles-ci ont, comme on l'a toujours observé, résisté à ce traite- ment. C'est donc un fait tout nouveau qu'il existe dans la Méditerranée, sur les côtes de l'Attique, à Munychie, des Spongiaires formés presque en. 4 (58i ) entier d'une matière animale soutenue par d'innombrables filaments entre- lacés comme des fils fins ou des cheveux mêlés; on observe parmi eux des spicules siliceux très-longs, à tète arrondie et pointus à l'une des extré- mités. J'avais observé, il y a déjà longtemps, dans la collection du Muséum d'histoire naturelle, unSpongiaire de la mer Rouge rapporté par M. Botta; il offre le même caractère. C'est mon Adyctia Amphitrite (Val.). Ces Spon- giaires formeront donc dans la classe un ordre nouveau, caractérisé par la facilité avec laquelle les fibrilles se dissolvent, et par l'absence de réseau. J'en connais encore une espèce rapportée par mon ami Puillon de Boblaye, lorsde l'expédition de Morée, une est mon Adyctia Pkttonis (Val.); je donne à l'espèce nouvelle de l'Attique le nom de Adyctia Proserpinœ. » ANATOMIE COMPARÉE. — Troisième Note sur le développement des premiers rudiments de l'embryon. — Formation primitive de l'axe cérébro-spinal du système nerveux. — Développement de la corde dorsale et du canal verté- bral; par M. Serres. « Dans mes travaux sur l'anatomie comparée du cerveau, j'ai cherché à déterminer les caractères qui distinguent le système nerveux des animaux vertébrés de celui des invertébrés, et j'ai trouvé que la disposition membra- neuse et lamellaire était le signe pathognomonique de l'axe cérébro-spinal de ce système, dans le premier embranchement du règne animal, tandis que la disposition ganglionnaire, même dans sa partie centrale, caractéri- sait celui du second. » A l'aide de ces caractères, j'ai pu déterminer la nature nerveuse de la lame des plis primitifs dans le début de l'embryogénie des Oiseaux, et, dans cette classe, sa continuité avec le nerf optique en a donné la preuve directe, de même que dans la classe des Mammifères cette preuve avait été fournie par la continuité des lames nerveuses primitives avec le bulbe du nerf olfactif. Par suite de cette détermination, j'ai nommé la lame des plis, lames cérébro-spinales, et j'ai constaté leur dualité après la disparition de la bandelette axile. » Ce phénomène de composition, d'une part, et de décomposition, de l'autre, offre quelque chose de singulier qui échappe à nos investigations. Tandis, en effet, que l'action vitale se porte sur les plis , elle se retire et abandonne la lame axile qui leur est intermédiaire; cette lame axile est frappée de mort au moment même où la vie paraît se concentrer sur les deux plissements de la membrane cérébro-spinale. Or il est à remarquer 79* • ( 58a ) encore que le premier effet de cette action vitale des deux plis va être de les ramener à l'unité par une double suture, et de les convertir d'abord en une gouttière par la formation de la suture antérieure, puis en un canal, lorsque les lames cérébro-spinales redressées sur leurs côtés, viendront se conjoindre en arrière par la formation de la suture postérieure. A l'aide de ce mécanisme, les lames cérébro-spinales deviennent tout à la fois le symbole de la loi de symétrie et de celle d'homœozygie : de la loi de symé- trie, par la dualité des plis; de la loi d'homœozygie, par la fusion antéro- postérieure de chacun d'eux, pour donner naissance au canal de l'axe cérébro-spinal du système nerveux des vertébrés. » Si l'on considère que cet axe cérébro-spinal est le premier des organes qui se détache nettement de la substance plastique qui constitue l'embryon naissant, on verra comment cet organe fondamental des vertébrés est, d'une part, le point autour duquel se forment les autres parties du foetus et, de l'autre, comment et pourquoi son mode de formation devient le type et, pour ainsi dire, le critérium du développement des autres organismes. C'est là ce qui donne un si grand intérêt à tous les temps de la manifesta- tion de cet appareil primordial. » Et d'abord si, à partir de la dix-huitième heure de l'incubation, vous détachez avec soin le disque prolifère et que vous le plongiez dans l'eau en insufflant légèrement sur la partie centrale de l'aire embryonnaire, à l'aide des tubes effilés qui nous servent à injecter les vaisseaux lymphatiques, vous voyez les deux lames nerveuses se plisser dans leurs deux tiers supérieurs ; ce plissement se fait transversalement dans la partie correspondant à la moelle épinière, et de dehors en dedans : en dedans, les plis s'arrêtent à la ligne secondaire qui est rendue très-sensible par le soulèvement des lames; en dehors, leur ondulation est festonnée, et leur aspect blanchâtre tranche sur le fond obscur de la ligne de l'ellipse extérieure dont elle semble se détacher. Au quart antérieur des lames cérébro-spinales leur plissement change de direction ; de transversaux qu'ils étaient, les plis deviennent longitudinaux : ce changement de direction des plis s'opère à la grosse extrémité de ce que l'on a nommé le bec d'aiguière et se prolonge jusqu'en avant. Au tiers inférieur, le plissement des lames cérébro-spinales n'est que très-légèrement indiqué. Ce caractère du plissement des lames, ce changement de direction des plis qui délimite si nettement la moelle épi- nière et l'encéphale, ces stries blanches qui dessinent les ondulations des plis sur un fond grisâtre, n'indiquent-ils pas la nature nerveuse de ces lames? Ces contours latéraux si nettement et si constamment exprimés sur ( 583 ) leur partie encéphalique, contours le plus souvent au nombre de (rois et rarement au nombre de quatre, ne sont-ils pas les traits caractéristiques et, pour ainsi dire, ineffaçables du bulbe de la moelle allongée, puis de celui des lobes optiques, puis de celui des hémisphères cérébraux ? Hémisphères, lobes et bulbe qui forment l'essence même de l'encéphale dont nul anato- miste n'a méconnu la nature nerveuse, nature confirmée encore par le mé- canisme de leur conjugaison. » En effet, les deux lames nerveuses cérébro-spinales, primitivement indépendantes, sont destinées à se réunir, et elles se réunissent en effet ; les deux bords libres de ces lames s'envoient réciproquement et sur toute la ligne de haut en bas, de petits prolongements nerveux qui de droite se portent à gauche et qui de gauche se portent à droite ; une suture se forme entre elles par l'effet de ces prolongements nerveux. Dans ce nouvel état, l'axe cérébro-spinal représente une longue gouttière dont les bords latéraux fendent à se relever et à s'incliner en arrière l'un vers l'autre. En mettant la pièce dans l'eau, cette gouttière s'élargit, et dans son fond vous remar- quez la suture formée par l'émission des lames; et, chose remarquable, ces filets d'émission s'entre-croisent les uns les autres de manière à rendre plus ferme et plus résistante l'union qui vient de s'établir entre elles. » Supposez une corde, supposez une bandelette ou un corps quelconque au lieu et à la place qu'occupe la suture ? Comment celle-ci eût-elle pu s'opérer? comment les filets d'émission des lames eussent-ils pu s'entrela- cer ? La formation de la suture n'eût pas été possible, à moins toutefois que la nature n'eût pratiqué un mode de réunion semblable à celui que nous nommons en chirurgie suture enchevillée, ce qui eût été assez bizarre. » Par un nouveau jet de développement, la gouttière cérébro-spinale se convertit en canal, par un mécanisme qui répète en arrière des lames ner- veuses le procédé de réunion que vous venez d'observer en avant. Sitôt, en effet, que la suture antérieure est bien consolidée, les parois des feuillets s'élèvent, s'inclinent l'une vers l'autre et, de leurs bords qui se regardent, partent, comme en avant, des filets nerveux d'émission qui de l'un se por- tent à l'autre, et qui s'engrènent en s'imbriquant au lieu de s'entre-croiser. La suture postérieure qui en résulte est aussi moins solidement tissue en arrière qu'eu avant. » La formation primitive de l'axe cérébro-spinal du syslème nerveux présente ainsi chez tous les animaux vertébrés trois temps bien distincts et bien caractérisés : le temps pendant lequel les cordons sont doubles, isolés et indépendants l'un de l'autre; le temps pendant lequel ils se réunissent en ( 584) avant par une suture entre-croisée, et à la suite duquel l'axe nerveux repré- sente une longue gouttière cérébro-spinale; enfin le temps pendant lequel se forme la suture postérieure qui convertit cette gouttière en canal. Le pre- mier temps est l'expression de la loi de symétrie, le second et le troisième représentent les procédés de la loi d'homœozygie. « Sur cette base commune à tous les vertébrés se dessinent plus tard les caractères de l'axe cérébro-spinal qui distinguent les classes de cet embran- chement du règne animal. Or, remarquez bien que ces caractères se dessi- nent toujours et partout en vertu du principe de soulèvement des parties, en vertu de leur dualité primitive qui établit leur indépendance, et en vertu de leur conjugaison qui, à l'aide des faisceaux rentrants, forme les points de suture qui relient entre elles des parties symétriques et homogènes. » On avait dit d'une manière beaucoup trop absolue : le système nerveux est tout l'animal ; c'est par lui et autour de lui que l'embryon se déve- loppe; dans l'engouement dont se prirent les anatomistes pour l'homologie vertébrale, on devait s'attendre à voir porter sur le système fibro-cartilagi- neux qui précède la transformation osseuse, l'attribut dont on avait doué le système nerveux. » Sous le nom de corde dorsale, et sous l'influence du principe du dé- doublement des parties emprunté à la botanique, le signalement d'un petit filament cartilagineux dont l'apparition des rudiments ne nous a paru sen- sible que vers la fin du second jour de l'incubation, et dont l'existence en dépasse rarement la fin, devait servir à déshériter le système nerveux de son indépendance et de l'influence qu'il exerce sur les ébauches premières de l'embryon. Dans cette hypothèse, l'étui vertébral devait précéder l'axe cérébro-spinal, et, mieux encore, ce dernier était présumé procéder du pre- mier; en d'autres termes, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, le con- tenant devait se former avant le contenu. De là la manifestation tardive de la moelle épinière, dont ou ne fait apparaître les éléments globulaires que peu après le milieu du second jour, éléments même tellement imparfaits à cette époque, qu'on les représente unis par une masse visqueuse claire , ressemblant à une couche qu'on aurait étalée avec un pinceau sur la face interne des lames dorsales, à laquelle elle adhère fortement (i). Il est néces- saire de rappeler ici que les lames dorsales de M. de Baër ne sont autres que les lames cérébro-spinales dont nous venons d'étudier la nature et la for- mation primitive, lames dont ce célèbre zootomiste montre clairement (i) Physiologie de M. Burdach, t. III, p. 219. ( m ) l'épaississement par la formation successive de lames intérieures, ainsi que nous l'avons établi depuis si longtemps. Indiquons maintenant leur indé- pendance de la membrane d'enveloppe d'où proviendra le canal vertébral. » C'est dans le cours de la première moitié du second jour que l'on dis- tingue avec précision la délimitation de l'axe cérébro-spinal de la membrane d'enveloppe qui doit constituer l'étui vertébral. Sur un embryon de cet âge, placé dans l'eau froide alcoolisée, et considéré par la région dorsale, le canal de l'axe nerveux n'était pas fermé en bas; en haut, les lames ner- veuses postérieures se touchaient à peine; de sorte qu'un souffle léger les fit entrouvrir; sur les côtés et à droite et à gauche, les feuillets de la mem- brane vertébrale s'étaient rabattus en laissant au milieu l'axe nerveux par- faitement distinct. Sur un autre, la disposition était inverse; c'est par en bas et à la partie moyenne que la conjugaison des lames nerveuses et ver- tébrales était le plus avancée. Sur un troisième, que nous avons fait repré- senter dans la Pi. XXVIe, les deux dispositions précédentes se trouvè- rent réunies; on voyait d'abord au milieu et en haut l'axe cérébro-spinal avec les vésicules cérébrales ouvertes et formant encore une gouttière au fond de laquelle se voyait la suture antérieure des lames nerveuses; la suture et la gouttière se prolongeaient jusqu'au tiers supérieur de la moelle épi- nière; en cet endroit, il y avait un pont formé par la fusion et le redresse- ment en arrière des lames cérébro-spinales; au delà de ce pont reparaissait la gouttière; puis, de nouveau, les lames épineuses réunies par une suture lâche, fermaient dans cette partie le canal épinien, fermé de cette manière en avant et en arrière; sur les côtés_, et jusques au delà du pont, les lames vertébrales écartées longeaient l'axe cérébro-spinal, contre lequel elles s'appliquaient jusques au quart inférieur de cet axe; dans ce dernier quart, les lames vertébrales se réunissaient l'une à l'autre par une suture qui com- plétait en cet endroit l'enveloppement de l'axe nerveux par ces lames. En cet endroit encore, il y avait ainsi deux canaux emboîtés l'un dans l'autre; l'un appartenait à l'axe cérébro-spinal, l'autre aux lames enveloppantes de l'étui vertébral. » Arrivons maintenant à l'encaissement de l'axe cérébro-spinal du sys- tème nerveux par le canal vertébral et, dans l'examen de cette seconde question aussi difficile que la première, employons la logique sévère de l'anatomie des développements organiques. » S'il existait une bandelette primitive, assise de la corde dorsale et pré- curseur de la colonne vertébrale, n'est-il pas évident que les noyaux verté- braux devraient apparaître aux lieu et place que vous assignez à cette ban- ( 586 ) delette, à cette corde? Or, vous placez cette bandelette, cette corde le long de la ligne secondaire ; c'est donc sur le trajet de cette ligne que devront se montrer de prime-abord les rudiments des vertèbres; de plus, la ligne secondaire est unique, de même que votre corde ou votre bandelette, par conséquent la rangée de noyaux dont cette corde est présumée le précur- seur, devra être unique aussi. Mais tout cela est-il? Si, au lieu d'apparaître le long de la ligne secondaire centrale, les noyaux vertébraux se montrent sur le côté directement opposé? si, au lieu d'une rangée unique de ces noyaux, vous en avez constamment deux, l'un à droite, l'autre à gauche de la ligne secondaire centrale, que deviendront vos suppositions en présence des faits? » Ainsi posée, la question devient donc accessible à l'observation, ou plu- tôt elle est entièrement dans l'observation dégagée de toute idée préconçue. » Placez-vous à cet effet vers la fin du premier jour de la formation de l'embryon, au moment où les lames cérébro-spinales commencent à se sou- lever; vous voyez d'abord sur leur côté externe et vers la vingtième heure, une ombre se dessiner dans la région dorsale; plus tard cette ombre devient membraneuse ; la préparation mise dans l'eau légèrement alcoolisée, la mem- brane s'étale de haut en bas, en dehors des lames cérébro-spinales, desquelles elle paraît se soulever, en haut elle forme une espèce de pont entre les contours qui dessinent les vésicules cérébrales ; quelquefois dans la région médiane, elle forme une ligne ondulée en zigzag de chaque côté. Plus tard encore et dans la région dorsale, elle constitue de petits corpus- cules arrondis d'abord, puis qui prennent une forme carrée; ces corpus- cules sont les noyaux vertébraux ; il y en a une rangée à droite et une à gauche. Dans leur intervalle se trouvent les lames cérébro-spinales, et au milieu, dans le lieu qu'occupait la ligne secondaire, vous apercevez la suture antérieure de la moelle épinière. Suivez maintenant l'accroissement de ces noyaux vertébraux, vers la trente-cinquième ou la quarantième heure de l'incubation, vous voyez le noyau vertébral à peu près quadrilatère, se di- viser en deux parties par un sillon vertical. La partie interne du noyau re- présente le corps de la vertèbre ; la partie externe en représente les masses latérales; chacune d'elles s'accroît par la transformation delà lame verté- brale fibreuse qui les sépare ; en arrière, cette transformation, ou cet enva- hissement de la lame fibreuse par les masses latérales des noyaux vertébraux ne représente rien de remarquable. En avant, au contraire, vous voyez apparaître le filament cartilagineux que l'on a désigné sous le nom de corde dorsale. A. peine indiqué d'abord les troisième et quatrième jours, d'après ( m ) nos expériences, il est très-bien développé les cinquième et sixième; il con- stitue alors un filament fibro-cartilagineux placé au-devant et en dedans du corps vertébral, formant une saillie légère dans ce dernier sens. Ce filament n'est pas libre dans le canal; il est retenu à droite et à gauche, et il ne se déplace pas quand on le touche avec une aiguille mousse. La préparation étant mise dans l'eau, vous voyez la lame fibreuse se boursoufler sur ses côtés, et vous reconnaissez alors la gaîne dans laquelle il parait contenu, ainsi que l'a fait observer M. de Baër, et à laquelle il adhère selon la remarque de M. Remak. Selon ce dernier zootomiste, la gaîne serait quel- quefois plus résistante que ce filament. Ce filament, qui seul doit repré- senter la corde dorsale, et qui serait plus exactement nommée prévertébrale, à cause de sa position, est un peu plus fort dans sa partie moyenne qu'à ses deux extrémités ; il n'a pas de tête distincte, ce qui devrait être cependant, s'il représentait la ligne secondaire à l'époque où celle-ci simule jusqu'à un certain point la forme d'une épingle. » Ce filament prévertébral, qui, nous le répétons, doit seul représenter la corde, est continu dans toute son étendue; il n'offre pas les intersections qui, dès leur origine, caractérisent si nettement les noyaux vertébraux, ce qui semble indiquer qu'il est étranger en quelque sorte à la composition des éléments de la colonne vertébrale. Ajoutons que ce filament cartilagineux que M. de Baër rapproche avec raison du cartilage permanent qui se trouve dans la colonne vertébrale de quelques poissons cartilagineux, n'a qu'une existence éphémère ; sauf l'analogie curieuse que nous venons de rappeler, il apparaît et disparaît, sans que nous puissions apprécier au juste ce qu'il vient faire dans les développements primitifs de l'embryon. Sous ce rapport, je ne saurais mieux le comparer qu'au maxillaire inférieur transitoire et cartilagineux que j'ai signalé chez l'embryon de l'homme, chez celui des carnassiers et de certains pachydermes; maxillaire inférieur temporaire, qui est un prolongement de la longue branche du marteau, et qui semble cor- respondre à un des arcs branchiaux des Poissons. Or, qui jamais a songé à faire de ce maxillaire fibro-cartilagineux et transitoire le prototype du déve- loppement du crâne? En voyant ce filament cartilagineux qui constitue es- sentiellement la corde dorsale, en considérant son apparition tardive, sa forme, sa position, ses connexions et sa durée éphémère, peut-on lui attri- buer une influence quelconque sur les développements primitifs de l'em- bryon ? sur ceux même delà colonne vertébrale? Peut-on croire surtout qu'e//e nest pas seulement l'axe autour duquel viennent sejormer les pre- mières parties du fœtus, mais la véritable mesure de tout le corps et des systèmes C. R., 1860, im« Semestre. (T. U, N° 16.) 8° ( 588 ) principaux? Dans la supposition même du dédoublement des parties, cette assertion ne nous paraît pas justifiable. •• La déshomogénisation de la substance germinale qui constitue le fond de l'embryon naissant et, en quelque sorte, son sol natal, est le phénomène le plus important de l'embryogénie primitive. La membrane du disque pro- lifère ou toute membrane prolifère où se passent les premières évolutions embryonnaires est composée de trois lames ; selon l'ingénieux Dcellinger, elles sont au nombre de trois : la séreuse, qui est la plus externe ; la vascu- laire, qui est moyenne, et la muqueuse, qui est interne. La stratification de ces lames s'opère par le procédé de soulèvement, et leur distinction ne re- pose pas seulement sur leur position respective; elle est établie encore par le caractère des corpuscules qui entrent dans leur composition. La première a ces corpuscules d'une moyenne grandeur, dans la seconde ils sont les plus volumineux, et dans la troisième leur petitesse est extrême. Leur développement s'opère de dehors en dedans, et chacune d'elles forme un demi-cercle de chaque côté, demi-cercle qui est la source de la dualité pri- mitive des organismes dont ces lames sont, pour ainsi dire, les racines- D'après l'observation de M. Coste, le mouvement moléculaire qui préside au travail de l'organogénie primitive s'effectue également de dehors en de- dans; la lame vasculaire est particulièrement propre à la connaissance de ce mouvement centripète. « On dirait qu'une force commune attire les cjlo- » bules du blastodeime vers la ligne axuelle de l'ellipse intérieure; qu'en » même temps les globules du tapis sont attirés par cette même force, » selon tous les rayons, vers le point central;... non-seulement cette idée » résulte de la forme et de la teinte de Yellipse extérieure, surtout de ce » qu'elle est nettement et fortement opaque à l'intérieur, tandis qu'elle » finit comme un nuage à l'extérieur, mais encore de ce que, avec de l'at- » tention et de la patience, sous un grossissement considérable du micro- » scope et en entretenant l'élévation de la température dans la pièce obser- » vée, on peut voir des globules du lapis marcher dans la direction rayon- » nante de la circonférence vers le centre, arriver dans la pénombre de la » ligne de Yellipse extérieure, s'y arrêter, courir quelquefois parallèlement à » cette même ligne, enfin s'y arrêter, et probablement s'y concréter. La » formation de cette ligne elliptique extérieure est d'autant plus intéressante « à observer, qu'elle est la préparation d'un appareil vasculaire de la plus » haute importance (1), » et qu'elle peut servir de type, selon nous, au (i) Recherches sur la Formation des Embtyons, par MM. Delpech et Coste, p. 70. ( m) développement centripète des autres lames embryonnaires; car l'hystogénie microscopique qui promet à la physiologie médicale des révélations si im- portantes, paraît soumise aux mêmes règles de formation que l'organogénie. » En résumé, on peut déduire de ce qui précède : i° que l'axe cérébro- spinal du système nerveux est le premier des organes qui se détache de la substance plastique qui constitue l'embryon ; a0 que, par suite de cette primogéniture, son mode de formation devient le type de la formation des autres organismes; 3° que les noyaux vertébraux par lesquels débute le canal osseux qui doit encaisser l'axe cérébro-spinal sont constamment dou- bles ; 4° que les parties de ces demi-noyaux qui doivent constituer le corps de la vertèbre sont réunies en avant par une lame fibreuse dont la transfor- mation osseuse complète le corps de chaque vertèbre; 5° que sur l'axe de réunion des demi-noyaux des corps vertébraux apparaît un filament cartila- gineux renfermé dans une gaîne fibreuse; 6° que ce filament cartilagineux qui constitue la corde dorsale est continu, et ne présente pas les intersections qui caractérisent la colonne vertébrale des animaux vertébrés; 70 enfin on peut en déduire la probabilité que dans l'hystogénie microscopique l'or- ganisation paraît suivre dans l'arrangement de ses éléments, les règles qui lui sont propres pour les organes eux-mêmes. » ASTRONOMIE. — Découverte de la petite planète n° 60, à Washington; de la petite planète n° 62 , à Berlin . « M. Le Verrier a annoncé dans la dernière séance, d'après une Lettre de M. Maury, directeur de l'observatoire de Washington, que M. Ferguson, astronome assistant de cet observatoire, y avait découvert un nouvel asté- roïde de la 11e grandeur. » Cette planète, vue dès le i/j> n'a pu être observée régulièrement qu'à partir du i5. Voici les deux positions du 1 5 et du 16 : Temps moyen de Washington. Ascension droite. Déclinaison, h m s bms o f „ Septembre 1 5. . . 9.39.14,2 23.4-37,3 — 3.22.56,8 » 16... 8.29.50,9 23.3.46,1 — 3.29.54,0 » Si l'on classe cette planète ainsi que les deux dernières suivant l'ordre des publications, conformément à l'usage, la planète de M. Chacornac por- tera le n° 59, celle de M. Ferguson le n° 60, celle de M. Goldschmidt le n° 61. 80.. ( 59a) » M. Le Verrier annonce aujourd'hui, d'après une Lettre qu'il a reçue du directeur de l'observatoire de Berlin, M. Encke, qu'on y a découvert la 62e petite planète. Les circonstances de cette découverte sont remarquables. »> Le (4 septembre, profitant de la libéralité des gouvernements qui veu- lent bien nous permettre de transmettre gratuitement par la voie télégra- phique les nouvelles urgentes, j'informai M. Encke de la découverte faite le 12 par M. Chacornac. Or il résulte de la Lettre de M. Encke que M. le Dr Forster et M. Lesser s'étant mis en devoir d'observer le nouvel astre, rencontrèrent, vers la place indiquée, une étoile mobile, qu'ils durent prendre pour la planète de M. Chacornac. Plus tard la différence qui exis- tait entre leurs déterminations et celles qui ont été faites dans d'autres ob- servatoires, leur a fait reconnaître qu'il s'agissait d'un astre distinct. « M. le Dr Forster et M. Lesser, dit M. Encke, qui observaient à l'obser- » vatoire, ont trouvé une étoile de 1 Ie grandeur si proche du lieu qu'ils » avaient présumé, qu'ils croyaient que c'était la planète de M. Cha- » cornac. Ils l'ont donc suivie , et les observations suivantes ont été » faites. 1860. Septembre 14 Octobre Temps moyen de Berlin. Ascension droite. Déclinaison'. 14. • 19... 20. . . h m s 13.17. 5 11. 16. 19 IO.20.48 b m 9 o.38. 4>42 0 . 34 • 5 1 , 28 0.34- 10, 8« 0 , « -t- o.56. 3,o -+- o.3o.34.3 -+- o.25.33,2 23... 24... 10. 17 .32 12.38 11 o.32. 4<4' 0 . 3 1 . 1 7 , 06 -(- 0. 9.50,0 -+- 0. 4. 4,6 6... 1 3. 19.20 0 . 22 . 3o , 34 — 0.57.55,3 8.. . 10. . . 11 . 4o • 1 5 11. 9.47 0.21. 8,08 0 19.45,67 — 1. 7. 6,1 — 1.16.26,4 » La discordance de ces observations avec celles de Greenwich, Bilk et » Vienne et la marche régulière de l'étoile montrent que cette étoile sera » une nouvelle planète, qui sera la 62e , si l'on ne veut changer les » nombres. » » M. OEltzen, de l'Observatoire impérial de Paris, a, sur les observations de Berlin, calculé les éléments de l'orbite de la nouvelle planète (62), ainsi qu'une courte éphéméride destinée à faciliter les observations. («9» ) Éléments de la planète @, déduits des observations faites à Berlin, les 14 et 24 septembre et le 10 octobre 1860. Époque : 1860, octobre o.oh, temps moyen de Greenwich. Longitude moyenne 1 3 . 44 • 58 Anomalie. . . . — 16. 24. 33 Excentricité 10. 2.22 Longitude du périhélie 3o. q 3i 1 ^ . , n„ w .... „ ? _ Eqmnoxe moyen de 1860, janvier 1. Longitude du nœud 120.20.09 \ Inclinaison 2 . 1 1 . 35 Mouvement diurne 646", 109 Log. du demi grand axe o,493i34 Éphéméride pour ob, temps moyen de Greenwich (équinoxe moyen de 1860, o). 1860. a. S Log. û h m o / Octobre.... i3 0.18,0 — 1.28 0,2106 — 17 i5,4 — 1.44 0,2147 — 21 i3,2 — i.58 0,2201 — s5 11,2 — a. 9 0,2261 — 29 9,6 — 2.18 0,2329 Novembre... 2 8,3 — 2.24 o,24o5 — 6 7,4 — 2.28 -0,2486 — 10 6,9 — 2.28 0,2578 — i4 6,8 — 2.26 0,2668 — 18 . 7,0 — 2.21 0,2764 MÉMOIRES LUS anatomie COMPARÉE DES végétaux. — Ordre des Thésiacées ou Santa lacées: Rapports de leur structure anatomique avec leur classification ; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « L'examen anatomique de nombreux types de l'ordre des Santalacées permet de tracer, parallèlement aux caractères organographiques ou mor- phologiques, les caractères anatomiques de ce groupe important de végétaux ainsi que ceux des genres divers qui le composent. C'est l'exposé de ces caractères généraux que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences. » Le rhizome, la tige et les feuilles, organes de végétation susceptibles ( 5çp ) d'offrir des modifications anatomiques à la fois variées et fixes dans la limite de certains groupes, ont été mis principalement à tribut pour mes diagnoses. Les racines ont une structure trop uniforme pour être d'un grand secours. Quelquefois j'ai fait intervenir les pédoncules ou axes de re- production. Quant aux parties elles-mêmes de la fleur, elles ont été négli- gées ici. Cependant elles sont susceptibles de fournir, par des dissections délicates, ainsi que Purkinge l'a depuis longtemps signalé pour les an- thères, des caractères d'une certaine valeur, que j'aurai plus tard à faire intervenir » Ordre. — L'ordre des Thésiacées, que distingue surtout en morpholo- gie un placenta filiforme et central portant, suspendu à son sommet, un nombre défini de ces singuliers ovules sans téguments dont la structure remarquable nous a été révélée par les travaux de MM. Ad. Brongniart (Jnn. Se. Nat., XLIII), Griffith {Trans. Lin. Soc., XVIII), Decaisne (Ann. Se. Nat., sér. a, XI et XIII) et Henfrey (Trans. Lin. Soc., XXII), a les ca- ractères anatomiques suivants. — Tige. Fibres corticales ne manquant ja- mais et réunies par faisceaux ordinairement disposés sur un seul cercle. Système ligneux à vaisseaux ni pressés tous entre eux ni prismatiques, et à fibres épaisses, non entremêlées de cellules courtes ou ponctuées ou granu- lifères, à rayons médullaires existant etàutricules médullaires le plus sou- vent ponctuées. Rhizome généralement pourvu de fibres corticales, man- quant de vraies trachées et à moelle sans ponctuations. Pédoncules privés de fibres corticales, de rayons, de moelle vraie (souvent) et ayant tous leurs vaisseaux rapprochés en un nombre défini de faisceaux. — Feuilles à un seul faisceau et ayant (les vraies Thésiacées, Comandra livida excl.) les cel- lules épidermiques des deux faces semblables entre elles, non sinueuses, et le parenchyme ou homogène ou symétrique. » lies affinités anatomiques des Thésiacées avec les ordres de végétaux parasites qui ont été de ma part l'objet de recherches précédemment sou- mises à l'Académie, sont aussi légères que les affinités morphologiques. Leurs vaisseaux primatiques et ordinairement pressés entre eux suffiraient à éloigner les Cuscutacées, les Cassythacées, les Orobanchées et les Mono- tropées. Les Epirhizanthées et les Rhinanthacées, moins différentes des Thésiacées, sont cependant rejetées loin de celles-ci par l'absence, dans leur tige, de véritables fibres corticales et de rayons, ainsi que par l'organi- sation générale de la feuille. Je dirai, en traitant des Loranthacées, les analogies très-réelles et les différences qui existent entre ces plantes et les Thésiacées. Nous verrons ensuite les Cytinées, les Balanophorées et les ( 593 ) Rafflésiacées clore le cercle des ordres de végétaux parasites en s'écarlatit des Loranthacées, et surtout des Thésiacées, pour se rapprocher, par plus d'un caractère anatomique important, des Monotropées et des Oroban- chées. » Les ordres de végétaux non parasites dont il importe le plus de re- chercher, en raison de leurs affinités morphologiques, les rapports anato- miqnes avec les Thésiacées, sont les Daphnacées, les Helwingiées, les Eléa- gnées et les Aristolochiées. Or ces ordres se distinguent bien et sommai- rement : les Daphnacées, par leurs fibres corticales ouéparses ou nulles (Drn- peles), par l'organisation de la couche ligneuse; les Helwingiées (que M. De- caisne a* séparéesdes Thésiacées), par l'absence de fibres corticales vraies, par la structure du corps ligneux de la tige et parcelle des feuilles ; les Eléagnées, par leur système fibro-cortical épars comme dans les Daphnées, par leurs feuilles à épidermes dissemblables et à parenchyme hétérogène; les Aristo- lochiées, par le manque de fibres corticales, par le corps fibro-vasculaire de la tige et du rhizome divisé en paquets distincts, ainsi que par la struc- ture générale des feuilles. Les Thésiacées se distinguent anatomiquement aussi des autres plantes monochlamydées, telles que les Laurinées, les Ama- rantacées, les Salsolacées, les Basellacées, etc. Parmi les dernières, le Bous- singaullia, volubile comme les Aristoloches, tient à celles-ci, mais nullement aux Cuscutacées et aux Cassythacées, par quelques points de l'anatomie de sa tige. » Deux grandes tribus sont indiquées par l'anatomie dans les Thésiacées. La première, que nous nommerons les Thésiées vraies, a pour caractères principaux des feuilles à épidermes semblables et à parenchyme homogène ou symétrique; toutes ses espèces sont parasites. La deuxième tribu, pour laquelle nous adopterons le nom de Santalées, a des feuilles à épidermes dis- semblables et à parenchyme non symétrique; les végétaux qui en font partie ne participent pas au parasitisme des Thésiées. Les Buckleyées et les Antho- bolées de M. A. de Candolle sont de petits groupes intermédiaires aux pré- cédents et qui me paraissent tenir, celui-ci aux Thésiées, celui-là aux San- talées. » Genres. — Les genres des Thésiacées trouvent dans l'anatomie des ca- ractères complémentaires de ceux demandés jusqu'à présent à la seule mor- phologie. Les principaux de ces caractères sont : » Pour le Thesium : rhizome pourvu de paquets de fibres corticales, mais privé de trachées; tiges à paquets fibro- corticaux en nombre limité (5-io), ( 594) à vaisseaux du bois ou épars ou rectisériés, à utricules médullaires ponc- tuées; feuilles à vaisseaux groupés; stomates transverses. » Pour le Comandra : rhizome sans Kbres corticales ni trachées, et à système ligneux composé d'un verticille de faisceaux isolés par un tissu médullaire a utricules non ponctuées ; tige à paquets fibro-corticaux contigus à la couche périxyle, à corps ligneux festonné, sans rayons vrais ; feuilles à vais- seaux disposés en séries rayonnantes et à stomates obliques. » Pour le Leptomeria : tige à cuticule très-épaisse, à stomates transverses, à vaisseaux du bois épars, à cellules spéciales entourant la couche périxyle. » Pour Y Arjona (type anatomique remarquable) : tige à système ligneux composé d'un nombre défini de paquets fibro-vasculaires (sans trachées), de faisceaux corticaux en nombre égal aux précédents, à tissu ou scléreux ou scléroïde autour de chaque faisceau cortical, à paquets spéciaux de cel- lules scléreuses alternant régulièrement avec ces faisceaux et les reliant entre eux ; feuilles à faisceau composé en bas de fibres ligneuses ponctuées, en haut d'un groupe de vaisseaux entouré d'un tissu délicat. » Pour le Nanodea : tige à stomates nuls, à système fibro-cortical très-ré- duit, à parenchyme cortical rentrant, à faisceaux ligneux isolés, à fibres du bois rayonnantes, peu épaisses et largement rayées, à vaisseaux ponctués ou à larges raies; feuilles à stomates nuls et à faisceau formé à son centre par un paquet de vaisseaux, etc. Mais je laisse les diagnoses des genres pour considérer, au point de vue de l'anatomie, quelques-uns des change- ments opérés par M. A. de Candolle dans sa belle monographie des Thésia- cées (Santalacées). » L' Osyridicarpos, formé sur deux Thesium à fruit drupacé, a quelques caractères anatomiques. L'anatomie ajoute aussi aux caractères qui ont rlécidé à séparer du Thesium le Rhoïacarpos ; elle justifie complètement le grand écart morphologique signalé par M. A. de Candolle entre ce genre et Y Hamikonia. L'anatomie confirme la réunion du Rhinoslecjia au Thesium, et n'est pas opposée à la fusion du Fusanus dans le Sanlalum. Elle s'accorde avec la morphologie pour rejeter le Ceiuantesia à la suite des ïhésiacées, et faire (avec M. Ad. Brongniart) du Nyssa le type d'un petit ordre voisin des Alangiées ; mais elle est contraire à la réunion du Mida au Santalum. L'ana- tomie établit en particulier que Y Henslowia helerantlia et le Sphœrocarya leprosa, signalés par M. de Candolle comme devant très-probablement quit- ter les genres auxquels on s'accordait à les rapporter, sont lis types de genres propres. ( 595 ) » On voit qu'en résumé tous les changements de genres opérés ou même seulement pressentis par M. de Candolle trouvent, à une exception près, leur confirmation dans l'anatomie. C'est à la fois l'éloge du beau travail de cet illustre botaniste et la preuve des services que l'anatomie est appelée à rendre à la classification végétale. » Espèces. — Quant aux rapports de ces études sur les Thésiacées avec la diagnose de leurs espèces, elle ressort de chacune des descriptions. La structure de latige diffère beaucoupdans les Thesiumdivaricalum, T.pratense, T. alpinum, et cependant ces espèces sont regardées comme voisines. L'ana- tomie de la tige et celle des feuilles se réunissent pour distinguer le Comandra timbellata du C. livida. Les paquets fibro-corticaux et le tissu scléreux sépa- rent le Leptomei ia acida du L. Billardieri. Une disposition spéciale du pro- senchyme ne permet pas de confondre les Arjona pusilla et A. luberosa. Les Quincliamalium chilense, Q. gracile, Q. ericoïdes ont des tiges spécifiquement différentes; il en est de même des Cliorelrum lateriflorum et C. cjlomeratum. L'anatomie des feuilles caractérise les Henslowia varions, H. umbellata et H. Reinwardtiana , etc. Nous étendre davantage serait superflu. L'espèce devait avoir, elle a, en botanique comme en zoologie, ses caractères ana- tomiques aussi bien que ses attributs extérieurs. » anatomie COMPARÉE. — Recherches sur l'encéphale de l'Hippopotame; par Si. Pierre Gratiolet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Flourens, Rayer.) « Considéré en général, l'encéphale de l'Hippopotame présente la phy- sionomie propre aux Pachydermes tétradactyles. Je vais essayer d'en dé- crire en quelques mots les formes extérieures. » Le bulbe est de grandeur médiocre; il en est de même du pont de Va- role et des autres parties qui constituent l'isthme de l'encéphale. Ces parties s'éloignent très-peu des conditions qui sont réalisées dans le cochon et dans le pécari. Les bandelettes optiques sont extrêmement grêles. Leur chiasma est fort étroit, et il en sort des nerfs optiques si menus, que dans l'Hippo- potame nouveau-né ils égalent à peine ceux d'un cochon de Siam naissant. Au-dèvant des bandelettes, cette partie découverte de l'étage inférieur des corps striés que l'on désigne dans l'homme sous le nom de champs olfactifs, fait une assez grande saillie ; elle est large en tous sens, convexe, arrondie, et, C. R., 1860, 2*»03. » En comparant ces deux séries de formules, on voit que le résidu oxy- géné C8H90 joue tout à fait le rôle d'uu radical monatomique, comme dans la série des alcaloïdes que j'ai décrite dans une Note précédente. » Dès à présent on peut affirmer que ce même radical G8 H9 Ose trouve à l'état d'hydrure dans le corps homologue à l'anisol (phénate d'éthyle). En effet, il résulte par les remarquables expériences de M. Cahours : » i°. Que l'anisol dérive de l'acide anisique, comme l'acétène (hydrure de méthyle) dérive de l'acide acétique; » 2°. Que l'anisol non -seulement par son origine, mais aussi par ses réactions se comporte, comme les acétènes ; par exemple, comme le toluène (hydrure de benzéthyle) et ses homologues: en effet, comme le toluène mononitré se transforme dans l'alcaloïde primaire de l'alcool benzoïque, ainsi l'anisol mononitré se transforme dans un alcaloïde qui doit être l'al- caloïde primaire de l'homologue inférieur à l'alcool anisique ; » 3°. L'homologue à l'anisol (le phénate d'éthyle) donne des réactions analogues. L'alcaloïde que M. Cahours a obtenu par la réduction du pbé- ( 6o7 ) nate d'éthyle binitré doit être considéré comme l'anisammine primaire mononitrée. » Pour compléter cette démonstration, il faut prouver que le phénate d'éthyle monochloré est identique au chlorure du radical €8H90, c'est- à-dire à l'éther monochlorhydrique de l'alcool anisique, et que l'anisol monochloré est identique à l'éther monochlorhydrique de l'homologue inférieur de l'alcool anisique. » Mes expériences sur ce point sont en cours d'exécution, et j'espère dé- montrer que, en partant des homologues du phénol, on peut obtenir d'un côté les acides homologues à l'acide anisique, et de l'autre les alcools cor- respondants; comme en partant du toluène j'ai obtenu d'un côté l'acide toluique, et de l'autre l'alcool benzoïque. » Dans le cas que les prévisions qui dirigent mes expériences actuelles soient confirmées, tout le problème sur la constitution des acides homolo- gues à l'anisique et des alcools correspondants se réduit à la recherche de la constitution du phénol qui est le point de départ de ces séries alcoo- liques. » Les chimistes peuvent bien apercevoir par les idées que je viens d'ex- poser que je ne considère pas le phénol comme un alcool. Je crois que s'il existe un homologue inférieur à l'alcool benzoïque, il serait isomère, mais pas identique au phénol. Ce que je viens de dire paraît favorable à l'idée émise par M. Rolbe dans un de ses Mémoires, que l'alcool anisique ne serait pas analogue aux glycols de M. Wurtz. Néanmoins je ne considère pas la question comme tout à fait décidée. » En remettant la discussion de cette question au jour où je pourrai dis- poser d'un plus grand nombre de données expérimentales, je me conten- terai pour le moment de donner une description sommaire du nouvel acide dont il vient d'être question. » On chauffe à ioo° une solution alcoolique d'éther anisochlorhydrique t8H"ÔCl et de cyanure de potassium jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus du chlorure de potassium. On filtre alors la liqueur, et on chasse par la distillation la plus grande partie de l'alcool; on y ajoute de l'eau et on agite par l'éther qui dissout tout l'éther anisocyanhydrique. On décante la solu- tion éthérée, on évapore l'éther, et on obtient pour résidu une huile brune qui est certainement l'éther anisocyanhydrique impur. Je ne me suis pas arrêté à dépurer cet éther. Tel quel je l'ai obtenu, je l'ai soumis à une ébul- lition prolongée en contact d'une solution concentrée de potasse caustique; : ' • - ( 608 ) l'éther anisocyanhydnque qui surnage se décompose peu à peu, en déga- geant de l'ammoniaque, et il finit par disparaître. » Si alors on sature l'alcali par un excès d'acide chlorhydrique, le nou- vel acide se précipite à l'état huileux. En agitant la liqueur par l'éther et en évaporant la solution éthérée, on l'obtient sous la forme d'une huile jau- nâtre qui après quelque temps cristallise. Pour l'obtenir incolore, on le dis- sout a froid dans le carbonate de. soude, on filtre la solution et on précipite l'acide, et on le fait récristalliser dans l'eau." » L'acide hoino-anisique ainsi obtenu cristallise en lames nacrées. l\ fond entre 85 et 86°. A une température élevée il distille sans décomposi- tion. Il est très-soluble dans l'alcool et dans l'éther, aussi dans l'eau bouil- lante, très-peu dans l'eau froide. ' » Le sel de soude de cet acide est très-soluble dans l'eau. On obtient le sel d'argent en précipitant le sel de soude par le nitrate d'argent. Le sel d'argent est très-peu soluble dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau bouillante. » L'analyse élémentaire du sel d'argent de cet acide est parfaitement d'accord avec la formule €9H9AgOs. » astronomie. — Eclipse solaire du 18 juillet ; Lettre rfe'M. Plantamocr à M. Élie de Beaumont. ' « Dans le second Mémoire qu'il vient de publier sur l'éclipsé du 1 8 juil- let le P. Secchi arrive à des conclusions sur lesquelles je désirerais pré- senter à l'Académie quelques observations. Un motif spécial m'engage à vous adresser cette Lettre : c'est la discussion à laquelle le savant astronome du Collège Romain se livre sur la Notice que j'ai publiée sur ce sujet dans la Bibliothèque universelle, et dont j'ai eu l'honneur d'envoyer un exemplaire à l'Académie. En premier lieu, le P. Secchi conteste l'exactitude des obser- vations que j'ai faites sur le nuage isolé situé à 45° environ au nord-est; il attribue à une erreur d'estimation la distance du bord de la lune à laquelle j'ai placé ce nuage dans mon premier dessin; il attribue de même la dispa- rition de ce nuage vers le milieu de l'eclipse, et sans qu'il eût été atteint par le bord de la lune, à une inadvertance de ma part, ce nuage existant encore, et m'ayant échappé faute d'avoir regardé cette partie du champ avec une attention suffisante En second lieu, le P. Secchi conteste l'exis- (6og) tence des faisceaux de rayons lumineux que j'ai indiqués dans mes des- sins comme partant de la couronne dans la direction des protubérances; voici ce qu'il dit : « Ces dessins doivent, à ce que je crois, être interprétés » avec indulgence, car je n'ai rien vu de ce qu'ils signalent, et les photogra- » phies n'indiquent pas autre chose qu'un plus grand éclat de la couronne » dans le voisinage des protubérances. C'est peut-être cela seulement (un » plus grand éclat de la couronne) qiie l'on doit voir dans ces figures, qui. » semblent plutôt faites pour donner une indication des apparences que » pour prétendre à une représentation exacte des phénomènes, comme on » peut en juger par le bord tranché de la couronne; la couronne ne se » terminait pas ainsi brusquement, mais elle se fondait très-graduellement » dans l'espace. » » Cette approximation est fondée sur la conclusion, à laquelle le P. Secchi a été amené par la comparaison des empreintes photographiques prises par M. Warren de la Rue et de celles qui ont été effectués sons sa propre direction. Cette conclusion la voici : « Les objets photographiés au Desierto » et à Rivabellosa sont identiques, » et il en tire la conséquence suivante : >j Les observations optiques directes ne sont que de peu de poids, lors » même qu'elles seraient dues aux astronomes les plus expérimentés, parce »,que la précipitation, la préoccupation, l'imagination de chacun et la- » diversité des instruments exercent une influence trop grande sur l'inter- » prétation du petit nombre de faits, que l'on peut apercevoir à la hâte, » et des apparences d'après lesquelles on trace la forme des protubérances; « enfin, la rapidité avec laquelle elles sont masquées et démasquées donne » lieu à une confusion entre les changements réels et les changements » apparents. » » Sans méconnaître en aucune façon l'immense importance de la photo- graphie, envisagée comme moyen d'observation, et les services qu'elle peut rendre en particulier en ce qui concerne les phénomènes de l'éclipsé totale, il me semble que c'est aller trop loin que de mettre hors de cause et de rejeter toute observation, ou tout fait, qui ne trouvera pas sa confirmation sur les plaques photographiques. Il est facile, eu effet, d'indiquer plusieurs cas ou plusieurs circonstances dans lesquels l'œil est un appareil bien plus sûr et bien plus sensible que les plaques daguerriennes. Ainsi en ce qui concerne la rapidité de l'impression, qui est pour ainsi dire instantanée dans l'œil, tandis que des objets peu lumineux prennent un temps plus ou moins long pour laisser une empreinte sensible sur la plaque; si pendant ce temps l'objet éprouve des changements de grandeur, de forme, de ( 6ro) couleur ou d'intensité lumineuse, il est impossible d'en retrouver la moindre trace sur l'empreinte, tandis que l'œil peut saisir toutes ces modifications. De plus, ce n'est que par leurs propriétés chimiques que les rayons mani- festent leur action sur le papier préparé, cette action dépend à la fois et de la vivacité de la lumière et de la couleur, en sorte qu'il est impossible de distinguer à laquelle de ces causes est due la vivacité plus ou moins grande de l'empreinte. S'il est possible, comme le dit le P. Secchi , « que des pro- » tubérances aient pu se dessiner sur la plaque, lors même qu'elles étaient » invisibles, parce que l'œil est moins sensible aux ondes de l'éther qui » forment les rayons les plus efficaces du spectre chimique, » n'est-il pas tout aussi possible que d'autres rayons aient pu produire une impression très-sensible sur l'œil sans cependant laisser une trace appréciable de leur action chimique sur le collodion? L'action chimique n'est pas la seule propriété des rayons lumineux, on ne peut donc pas s'en remettre exclusi- vement à un mode d'observation qui n'est basé que sur cette action. » Il est difficile de se convaincre, d'après les matériaux publiés jusqu'à présent, de l'identité complète des objets photographiés à Rivabellosa et au Desierto. Pour les premiers, on ne les connaît que par les gravures dont M. W. de la Rue a accompagné sa relation dans ÏJllustrated London News, du 25 août, et c'est sur ces gravures que le P. Secchi a fondé ses déduc- tions. Quant aux seconds, le savant astronome du Collège Romain avait à sa disposition les quatre épreuves photographiques prises au Desierto, dont il a donné dans sa première brochure des copies aussi exactes que possibLe. Il reproduit sur une seule figure, qui accompagne sa seconde brochure, tous les objets qui ont laissé leur empreinte sur les épreuves, et particulièrement sur la première et la dernière; mais cette figure donne des détails tellement différents de ceux que l'on peut reconnaître sur les fac-similé des épreuves, qu'il faudrait, pour se prononcer, avoir sous les yeux ces dernières, ou du moins des reproductions par voie photographique. Le P. Secchi dit bien que c'est seulement après avoir vu les dessins de M. W. de la Rue qu'il a pu se convaincre de la réalité de l'existence de plusieurs objets dont l'em- preinte était tellement faible et incertaine, qu'on aurait pu, sans cette con- firmation, l'attribuer à une illusion; de là vient que l'on trouve sur cette figure une foule d'objets dont il n'y a aucune trace dans les fac-similé ; d'autres sont considérablement modifiés. Il semble difficile qu'il n'y ait pas un peu d'incertitude et d'arbitraire dans l'interprétation d'empreintes aussi faibles; on pourrait tout au plus conclure à l'analogie, et non à l'identité des objets photographiés, d'autant plus que même cette dernière figure pré- (6n ) sente avec les dessins de M. W. de la Rue des divergences assez notables, qui ne peuvent pas être attribuées au déplacement parallatique du disque lunaire. Mais il est d'autres objets sur lesquels les gravures publiées à Rome laissent quelque doute; ainsi, dans le fac-similé de la première photogra- phie, prise au commencement de l'éclipsé totale après une exposition de 10 secondes (ou 6 secondes seulement d'après la seconde brochure), on voit au nord-est deux protubérances, qui sont nettement marquées; ces deux protubérances se retrouvent dans la troisième photographie, seule- ment la distance qui les sépare est notablement, plus d'une fois et demie, plus grande; dans la quatrième, la distance a diminué; enfin, dans la cin- quième, où ces protubérances sont marquées, quoique faiblement, la dis- tance est sensiblement la même que dans la première. Vu l'exactitude et le soin avec lesquels ces gravures sont faites, il est impossible d'attribuer ces variations à une erreur; la position relative de ces protubérances a-t-elle réellement changé pendant la durée de l'éclipsé totale? La petitesse de la figure ne permet pas du reste de reconnaître un changement de forme. Ainsi encore, dans le fac-similé de la première photographie, celle de ces mêmes protubérances, qui est le plus à l'est, est représentée comme empiétant notablement sur le disque de la lune, tandis que sur la gravure qui accom- pagne la seconde brochure, cette protubérance n'est pas même en contact avec le bord de la lune, elle en est très-distinctement séparée. C'est à peu près à la place où se trouve cette protubérance, que j'ai vu le nuage déta- ché sur lequel j'ai fait des observations, dont le P. Secchi met en doute l'exactitude, en s'appuyant sur les photographies. Or, abstraction faite de ce qu'il n'est pas prouvé qu'on aurait dû voir la même chose à Castellon et au Desierto, mes observations ont été faites précisément à un moment pour lequel il n'y a pas de dessins photographiques; en effet, la première épreuve, prise 6 ou 10 secondes immédiatement après le commencement de l'é- clipse totale, était terminée avant que j'eusse porté mon attention sur cette région; j'avais examiné successivement les protubérances qui se trouvaient dans la partie sud et est du contour de la lune, dans l'ordre dans lequel je les décris dans ma Notice, et ce n'est que 3o à 4° secondes après le com- mencement de l'éclipsé totale que j'ai observé le nuage isolé dont j'ai estimé à une demi-minute la distance au bord de la lune. En admettant même que cette distance soit exagérée, l'apparition d'une masse colorée, séparée du bord de la lune par un intervalle non coloré, est un phénomène quia attiré au plus haut degré mon attention, en sorte que je ne puis pas avoir le moin- C. R., 186c, 2mc Semestre. (T. LI, N° ICO 83 ('•«* ) dre doute sur cette séparation. Du reste, d'après le dessin qu'il a donné de ses propres observations dans sa première brochure, le P. Secchi a vu lui- même an même endroit un nuage isolé du bord de la lune. En ayant égard, d'une part, à ce que le mouvement de la lune devait la rapprocher de ce nuage, d'autre part à ce que le déplacement parallatique de la lune entre les stations de Castellon et du Desierto devait également la rapprocher du nuage pour la première de ces stations, il est impossible que la masse colo- rée isolée, que j'ai observée à Castellon, à une époque postérieure, soit iden- tique à celle que la photographie faite une demi-minute auparavant, au Desierto, place en contact avec le bord de la lune, et même sur le disque de cet astre. Ne serait-il pas possible, vu la différence dans la sensibilité de la rétine et de l'appareil photographique pour les différents rayons du spectre, que l'empreinte soit celle de l'espace non coloré situé entre le bord de la lune et le nuage coloré, et que celui-ci n'ait pas laissé de trace appréciable de son action chimique? Je ne peux pas non plus admettre l'explication que donne le P. Secchi du fait que cette masse colorée a disparu pour moi vers le milieu de l'éclipsé; pendant près d'une minute je n'ai pour ainsi dire pas détourné mon attention de ce nuage, j'y revenais constamment, tant j'étais frappé des changements que je lui voyais subir sous mes yeux, et lorsqu'il a cessé d'être visible, je le cherchais avec la plus grande atten- tion à la place qu'il avait occupée. Qu'il y ait eu à la même place, pendant le reste de la durée de l'éclipsé totale, un objet invisible à l'œil qui ait laissé une empreinte photographique, c'est possible; mais je n'en persiste pas moins à soutenir que l'objet observé par moi a subi de profondes modifica- tions pendant la durée de sa visibilité. » J'ajouterai enfin quelques mots sur les faisceaux de rayons lumineux, que le savant astronome romain regarde comme l'effet d'une imperfection de mes dessins, et qui, selon lui, doivent être interprétés comme devant seulement indiquer un plus grand éclat de la couronne dans la région cor- respondante. Si j'admets volontiers l'imperfection de mes dessins, en ce qui concerne le bord dur et tranché de la couronne et des rayons qui en éma- nent, imperfection due à l'impossibilité d'obtenir à l'aide de la gravure sur pierre des traits suffisamment fins et des teintes se fondant graduellement, je ne saurais pas admettre l'interprétation proposée par le P. Secchi. En dessinant dans de certaines directions des faisceaux de rayons lumineux, e n'ai point voulu indiquer un renforcement de la lumière de la couronne, mais une prolongation ou une émanation partant de ce point, ainsi que je l'ai dit dans ma Notice. J'ai été d'autant plus surpris de cette opinion émise ( 6.3 ) par le P. Secchi et de sa déclaration, qu'il n'a rien vu de semblable ; qu'il dit précisément le contraire dans sa première brochure, à la page 16. Après avoir décrit l'apparence que la couronne présentait à l'œil nu, il parle de plusieurs jfaisceaux de lumière qui s'élançaient de la couronne dans toutes les directions; ces faisceaux sont reproduits dans la figure qui accompagne la brochure, et, sauf que leur exécution est beaucoup plus parfaite, ainsi que le comporte la gravure sur acier, ils offrent une grande analogie avec ceux que j'ai voulu représenter. Mon erreur consisterait-elle en ce que je les ai vus dans la lunette, tandis qu'ailleurs on les aurait vus à l'œil nu seulement? J'avoue que je ne comprends pas l'objection. L'argument tiré contre la réa- lité de l'existence de ces faisceaux du fait que les photographies ne les repro- duisent pas, n'est pas concluant; il paraît que la lumière de la couronne n'exerce qu'une action très-faible sur le collodion, à en juger parla faiblesse de l'empreinte sur les fac-similé. En outre, la nature du réactif employé à développer l'image influe sur la visibilité de l'empreinte ; c'est du moins ainsi que le P. Secchi explique l'extrême faiblesse de la couronne dans ies deux dernières épreuves, bien que la plaque ait été exposée pendant un temps notablement pJus long. En comparant l'éclat de la couronne, dans la partie la plus intérieure, avec celui des faisceaux de rayons lumineux, on comprend facilement que ces derniers n'avaient pas pu laisser une em- preinte sensible. » S'il m'était permis d'énoncer mon opinion sur ce sujet, j'ajouterais, en terminant, que dans cette question surtout il me semble dangereux de mettre hors de cause et de repousser une observation, parce qu'elle ne cadre pas avec telle ou telle théorie sur la constitution physique du soleil. Nos connaissances sur cette constitution, ainsi que sur les phénomènes qui se produisent dans les éclipses totales, sont encore si peu avancées, qu'il est désirable de faire usage de tous les matériaux à l'aide desquels on peut comparer les observations faites en différents endroits; il est, en effet, de la plus grande importance d'étudier les modifications qui résultent de la posi- tion de l'observateur. » astronomie.— Eléments approchés de la planète @; Lettre deM. Ed. Dubois à M. le Président de l'Académie. « École Natal» de Bre»t, u octobre 1860. « J'ai l'honneur de vous adresser les éléments approchés de l'orbite de la planète ®, découverte par M. Chacornac. J'ai appliqué la méthode de 83., (6i4) Gauss aux trois observations faites à Paris le 12 septembre par M. Cha- cornac lui-même, et les 18 et 19 septembre à l'observatoire de Greenwich. Comme l'arc parcouru par la planète dans l'intervalle des observations est très-petit, je n'ai pas cru devoir pousser très-loin l'approximation ;. ainsi je n'ai pas refait le calcul en corrigeant de l'aberration après ma première approximation. Éléments approchés de la planète (*•) : Demi grand axe ■=. 2.97167 Excentricité c = 0,16080 Longitude du nœud Q = 176 "9' 49" Inclinaison . I = i5° 19' 9" Longitude du périhélie n = i68°29'44" Durée de la révolution sidérale. T = 1871-1,01 Mouvement moyen n = 692", 7 Météorologie. — Halos lunaires; extrait d'une Lettre de M. Gaultier de Ci.aubry à M. le Secrétaire perpétuel. « Me trouvant en ce moment en tournée pour la présidence des examens dans les Écoles de Médecine et de Pharmacie de l'Ouest, j'ai eu occasion d'observer à Tours deux halos lunaires, pour lesquels je n'ai pu, faute d'in- struments, prendre des mesures, et dont je prendrai cependant la liberté de vous dire quelques mots. » Dans la partie de la France que j'ai parcourue, à un très-petit nombre de jours près où la température s'est élevée au-dessus de 200, et sans pluie, le thermomètre ne marquait souvent le matin que 4 ou 5°, et parvenait difficilement à 12 ou 1 5°, et si la pluie ne tombait pas constamment, et souvent sans discontinuité, à peine du moins le soleil brillait-il pendant quelques instants. » La journée du vendredi 28 août avait été magnifique; le samedi, le temps, couvert toute la matinée, offrait dans la soirée toutes les apparences d'un changement complet. Vers ioh3om, le professeur Brame et moi nous remarquâmes un halo d'une dimension très-grande. Ce halo offrait, au moment où je l'aperçus d'abord, deux cercles concentriques dans le pre- mier desquels on distinguait, très-nettement circonscrites, des zones orangé, vert, bleu et violet affaibli. On ne distinguait bien nettement dans le cercle extérieur que l'orangé et le vert.... A 1 1 heures, le cercle extérieur s'était très- fortement affaibli. A nh4om, tout avait disparu. (6,5 ) » Vendredi dernier, 5 du courant, la journée avait été très-belle ici, la température élevée. A o,h35m, un très-beau halo se manifesta; quelques teintes jaunes et verdâtres s'y faisaient à peine apercevoir; il persévéra d'une manière très-sensible jusqu'à ioh3om. « M. Fraisse, auteur d'un Mémoire sur les moyens de prévenir les inon- dations, prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle ce Mémoire a été renvoyé. La séance est levée à 5 heures. E. D. B. ( 6i6) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i5 octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : * Institut impérial de France. Académie des Beaux-Arts. Séance publique annuelle du samedi 6 octobre 1860, présidée par M. Gilbert, président; in-4°. Institut impérial de France. Discours de M. Gilbert, prononcé aux funérailles de M. Hersent, le vendredi 5 octobre 1860; |- f. in-4°. Direction générale des douanes et des contributions indirectes. Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année 1859. Paris, 1860; grand in-4°. Etudes et expériences synthétiques sur le métamorphisme et sur la formation des roches cristallines; par M. Daubuée. Paris, 1 860 ; in-4°. (Extrait du t. XVII des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Sciences.) Théorie analytique du système du monde; par G. DE PontéCOULant. Sup- plément au VIF livre. Paris, 1860; in-8°. Observations météorologiques faites à Lille pendant l'année 1 858-1 85g; par Victor Meurein. Lille, 1860; br. iti-8°. Des tumeurs hémorrhoïdales et de leur traitement; par M. J. Benoit. Mont- pellier, 1860; br. in-8°. Notice sur la faune ornithologique de l'île Saint-Paul; par J.-P. CoiNDRE; £ de f. in-8°. Philosophical... Transactions philosophiques de la Société royale de Lon- dres, pour Cannée i85g; vol. CXLIX, part. 1 et 1. Londres, i85get 1860; in-4°. Proceedings... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. X, nos 38 et 39 ; in-8". Memoirs... Mémoires de la Société royale astronomique de Londres; vol. XXVIII. Session 1868-1859. Londres, 1860; in-4°. Astronomical... Observations astronomiques, magnétigues et météorologiques faites à l Observatoire royal de Gi'eenv)ich dans l'année 1 858, sous la direction de G.-B. Airy, Astronome royal, publiées par ordre de l Amirauté. Londres, 1860; 1 vol. in-40. Réduction... Réduction des observations de la lune faites au même Observa- toire de i83i à 1 85 1, calculées sous la direction de M. G.-B. Airy. Londres, 1859; in-4°- (6i7) The oceanic... Hydrozoaires océaniques. Descriptions des Calycophoridées et Physophoridées, observés pendant le voyage du vaisseau de l'Etat le Rattle- snake, dans les années i846-i85o; par M. T. -H. Huxley. Londres, 1 858 ; in-4°. (Publication de la Société Ray.) Further... Nouvelles recherches sur la substance grise de la corde spinale; par M. J. Lockhart Clarke. Londres, i85g; br. in-8° (Extrait des Transac- tions philosophiques pour i85o,.) Observations... Observations sur la structure de la fibre nerveuse; par le même; br. in-8°. Rectification... Rectification des erreurs logarithmiques dans la mesure de deux sections de l'arc méridional de l'Inde; par le colonel Everest; br. in-8°. Neue untersuchungen... Nouvelles recherches sur la structure de la moelle épinière; parle Dr B. Stilling. Cassel, 1859; I v°l- in*4° avec atlas in-fol. Meteorologische... Observations météorologiques faites dans le royaume des Pays-Bas et dans ses possessions, etc., publiées par [Institut royal météorologique des Pays-Bas, i85g. Utrecht, 1860; in-4° oblong. Ueber die. . . Sur {inviolabilité des espèces des êtres organisés,- par O. KoESTLiN. Stuttgart; br. in-4°. ERRATA. (Séance du 8 octobre 1860.) Page 576, ligne 20, au lieu de dans des tubes de différents diamètres, lisez dans d'autres tubes. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 OCTOBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président dépose sur le bureau un exemplaire des discours pro- noncés sur la tombe de M. Dumérit, au nom de la Faculté de Médecine, de l'Académie impériale de Médecine, de la Société Entomologique de France, et une Notice nécrologique par M. Ch. Dunoyer, Membre de l'Institut. Ces pièces sont adressées par M. Aucj. Duméril, fils du savant naturaliste. MÉMOIRES LUS. MÉDECINE. — Guérison d'un cas de mutisme consécutif à la fièvre typhoïde; par M. le Dr Baudelocque. (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Andral, Pouillet. ) « Charles Fleschelle, soldat, âgé de vingt-trois ans, fut affecté, en i856, pendant la campagne de Crimée, de la fièvre typhoïde, et dans le cours de cette maladie, lé 16 mai, il perdit l'usage de la parole; c'est à titre de muet non sourd qu'il fut admis, en i85g, à l'hôtel impérial des Invalides; à cette époque, il ne pouvait prononcer aucun mot, ni même produire aucun son. Le ier septembre dernier, Charles Fleschelle vint me consulter; il C. R., 1860, 2me Semestre. {T. Ll, N° 17.) 84 ( Û20 ) était alors muet depuis plus de quatre ans, et par suite du traitement médi- cal que je lui ai fait subir, il a recouvré peu à peu la parole. » L'individu dont il est question dans cette Note est présenté par M. Bau- delocque, ainsi qu'un jeune sourd-muet de naissance qui maintenant jouit de la faculté de parler et entend quelque peu. médecine. — Mémoire sur l'emploi vulgarisé du chloroforme dans les accouchements; par M. Jeaucourt. (Extrait.) (Commissaires, MM. Flourens, Velpeau, Jobert de Lamballe.) « 11 résulte de mes observations et de mes recherches que chaque fois que pendant les éthérisations les malades respirent bien, l'anesthésie se produit facilement et promptement. J'ai pu m'assurer encore que si rien ne fait obstacle au jeu régulier et continu du souffle respiratoire, non-seule- ment les éthérisations n'offrent aucun danger, mais en outre elles sont exemptes de ce qu'on a appelé les effets physiologiques du chloroforme, ou du moins ceux-ci sont très-peu prononcés. » Mais la respiration peut s'altérer facilement pendant les inhalations, sur- tout à leur début, et c'est dans cette altération que réside tout le danger de l'anesthésie provoquée. En remontant aux sources de cette altération, j'ai pu m'assurer encore que si la continuité du souffle respiratoire est troublée par un obstacle quelconque, l'anesthésie cesse d'être facile et prompte à se produire et s'accompagne d'accidents plus ou moins redoutables. L'obs- tacle qui s'oppose ici à son jeu régulier et continu, c'est son interruption momentanée. Que les interruptions proviennent de causes multiples dé- pendant, soit de l'opérateur, comme lorsque les vapeurs anesthésiques sont présentées par lui ou trop rapidement ou en trop grande abondance, soit du malade hù-mème lorsque de sa propre volonté il cesse de respirer et résiste même aux injonctions qui lui en sont faites; leur résultat immédiat est de modifier plus ou moins profondément la quantité et la qualité de l'air con- tenu dans les poumons; leur résultat secondaire est variable comme leur fréquence et leur durée : elles pourront ne déterminer qu'une suffocation passagère, comme aussi elles pourront produire l'asphyxie. Ce dernier phé- nomène peut trouver son explication dans la double source qui le produit : privation de l'air respirable et intoxication résultant du mélange gazeux retenu dans les poumons. C'est vraisemblablement à lui qu'il faut attribuer la production des accidents qui ont accompagné quelquefois l'emploi des (6*i ) anesthésiques. Il me paraît douteux qu'ils dussent être rapportés à la syn- cope et que celle-ci ait agi directement ou indirectement sur les mouvements du cœur. Le défaut d'innervation de cet organe me paraît plutôt résulter ici du caractère complexe de l'asphyxie elle-même. » On a eu grand tort jusqu'à ce jour de prendre l'état de la circulation pour guide de l'anesthésie, parce que l'intégrité de cette fonction est liée manifestement ici à l'intégrité de la respiration : tant que celle-ci s'opère d'une manière normale et continue, la circulation n'est jamais altérée. » L'examen attentif de la cause qui produit les accidents fournit en même temps l'indication des moyens qu'il faut lui opposer pour la détruire ou pour l'éloigner. Les règles à ce sujet, que j'ai données dans mon Mé- moire et que je ne veux pas détailler ici de nouveau, peuvent se comprendre sous cette formule générale : Pour éviter tout accident dans la provocation de l'anesthésie, il faut veiller avec sollicitude à ce qu'il existe une rénova- tion incessante de l'air contenu dans la poitrine, jusqu'à l'invasion du som- meil. Si jusqu'à ce moment la respiration s'est faite toujours d'une manière égale et continue, elle ne s'interrompra pas de nouveau. » L'anesthésie chez les femmes en couches ne doit pas être poussée or- dinairement plus loin que l'abolition de la sensibilité et la résolution des membres supérieurs. Sous l'influence du sommeil qu'on provoque chez elles et avec l'aide d'inhalations bien dirigées, l'accouchement perd sa gra- vité ordinaire et s'accomplit d'une manière normale, sans danger aucun, sans courir même les risques de voir le travail se suspendre ou se ralentir si l'on prend la précaution d'administrer les vapeurs au moment que. j'ai appelé d'élection, c'est-à-dire au moment de la dilatation complète du col ; comme, en outre, les conséquences en sont toutes favorables et diminuent la fréquence des accidents puerpéraux, on peut rassurer l'esprit public sur l'anesthésie et la proposer à toutes les femmes en couches. » pathologie végétale. — Maladie de la gomme chez les cerisiers, les pruniers, les abricotiers, tes amandiers ; par M. A. Trécul. (Extrait.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique. ) « Les anatomistes croient généralement aujourd'hui que chez les Amyg- dalées la gomme est sécrétée par les cellules de l'écorce interne, qui la dé- poseraient dans les méats intercellulaires, où elle s'accumulerait en si grande quantité, sous l'influence de certaines circonstances, qu'à la fin elle déchi- 84.. ( 6*2 ) rerait l'écorce et s'écoulerait au dehors. Celte opinion étant fondée sur des observations incomplètes, je me propose de démontrer dans ce Mémoire, i° que la gomme rejetée par les arbres de nos cultures n'est pas sécrétée dans l'écorce, mais dans le corps ligneux ; 2° que ce que l'on a pris pour des ca- naux gommeux, dans l'écorce des Amygdalées, est un réseau de cellules d'une structure particulière. » La maladie de la gomme provient de diverses causes, qui toutes ont pour effet d'accumuler sur les mêmes points une quantité de sève trop con- sidérable. Elle naît d'une nutrition trop abondante des nouveaux tissus. Quand ceux-ci reçoivent trop de sucs, les jeunes cellules de la couche géné- ratrice, principalement aux endroits où devaient, en apparence, être formés les vaisseaux, sont résorbées. Il en résulte des lacunes pleines de liquide auquel se mêlent le contenu des cellules dissoutes, les membranes non com- plètement liquéfiées, et des cellules entières détachées du pourtour désagrégé de ces cavités accidentelles. Celles-ci, d'abord fort petites, s'élargissent par la résorption des cellules environnantes. Ces cellules, avant de disparaître, grandissent quelquefois beaucoup, et peuvent même se diviser transversale- ment en plusieurs utricules, après s'être allongées. » Si cette nutrition trop abondante détruit en totalité les cellules généra- trices, tout accroissement cesse dans la partie attaquée, et des escarres plus ou moins larges, une carie sans gomme, que l'on remarque souvent à la surface des arbres, en sont la conséquence; car les tissus ligneux sous-jacents s'altèrent, et la nécrose avance ainsi vers l'intérieur du tronc. Le mal qu'elle occasionne ne consiste pas seulement à faire périr les tissus immédiatement affectés. En s'étendant sur les côtés, cette nécrose, rétrécissant peu à peu l'espace parcouru par les sucs, force ceux-ci à s'accumuler dans les parties saines. Ces parties en reçoivent momentanément une vigueur plus grande, et la manifestent par un accroissement plus considérable ; mais elles finissent souvent par subir elles-mêmes les résorptions signalées plus haut. )> Quand, au contraire, les cellules génératrices les plus externes n'ont pas été détruites, elles continuent la multiplication, laissant derrière elles une zone de lacunes plus ou moins étendues. Les nouvelles utricules pro- duites par ces cellules génératrices non résorbées, se changent en écorce et en bois, pendant que la multiplication utriculaire continue. Dans ce cas, l'arbre n'éprouve pas un grand dommage de la part des lésions existantes, si toutefois les mêmes altérations ne se renouvellent pas dans ces tissus récemment formés: Mais si, après la naissance d'une zone ligneuse à l'exté- rieur de la zone des lacunes, la nutrition trop abondante se répète, à la suite ( 6a3 ) de pluies nouvelles par exemple, des résorptions surviennent encore, en- gendrent des lacunes, qui peuvent être suivies des mêmes accidents, soit de la mort de la couche génératrice, et alors tout accroissement cesse, soit de la production d'autres couches ligneuses. C'est à de telles intermittences de génération utriculaire et de résorption que l'on doit de trouver quelque- fois dans l'aubier plusieurs zones de bois alternant avec des zones de lacunes. » Il est vrai ce pendant que de semblables lacunes peuvent naître aussi, sous l'influence des mêmes causes, dans l'aubier un peu plus anciennement développé. Alors je les ai vues parfois commencer dans les vaisseaux eux- mêmes. La paroi vasculaire est peu à peu résorbée, elle disparaît complète- ment, et la résorption s'étend aux cellules ligneuses contiguës. Dans tous les cas les cellules des rayons médullaires sont atteintes les dernières. » Telle est l'origine de la maladie de la gomme. Jusque-là aucune trace de cette substance n'est apparue. Celle-ci n'est même que rarement ou ja- mais découverte dans les lacunes entourées de très-jeunes tissus. Ce n'est ordinairement qu'assez longtemps après la résorption que la gomme com- mence à se montrer. Elle fait sa première apparition au pourtour des lacunes, sous la forme de productions incolores, souvent mamelonnées^ d'aspect gé- latineux, qui remplissent progressivement ces lacunes, où elles peuvent se colorer en jaune ou en brun. » Des lacunes à gomme peuvent encore être formées, mais bien plus ra- rement, au milieu du bois des années précédentes. Dans cette circonstance, on voit poindre entre les cellules une sorte de substance intercellulaire, dont la quantité augmente graduellement. (Sur quelques places j'ai trouvé cette matière nettement limitée autour de chaque fibre ligneuse, dont elle semblait être une émanation.) Enfin, ces fibres s'élargissent, puis se dissol- vent. Les lacunes ainsi développées sont immédiatement pleines de gomme, qui paraît provenir, d'abord de l'excrétion apparente des fibres ligneuses, ensuite de leur transformation et de celle de leur contenu. » Si les lacunes pleines de gomme sont dans le voisinage de l'écorce, ou si la couche ligneuse qui les couvre est encore très-jeune, et présente peu de résistance, la gomme sécrétée la rompt, pénètre dans l'écorce, la traverse et arrive au dehors. L'écorce interne est facile à traverser, grâce aux accidents que présente fréquemment son tissu. Celui-ci, s'accroissant plus vite que l'é- corce externe, se divise assez souvent, suivant les rayons médullaires, en lames qui se contournent, ou même se plissent un peu, laissant entre elles des espaces que la gomme peut occuper. Mais ce ne sont pas ces espaces ( 6a4 ) pleins de gomme, à cette époque seulement, que les anatomistes ont regardés comme des méats intercellulaires agrandis et devenus des canaux gommeux. Ce qu'ils ont désigné ainsi est réellement une production de l'écorce. Cepen- dant, il faut le reconnaître, cette formation a, même pour l'œil le plus exercé, toute l'apparence de courants de gomme. En voici l'origine : Dans la région corticale la plus proche de la couche génératrice, toutes les cellules ont les parois fort minces; mais en vieillissant certaines d'entre elles restent délicates et produisent souvent chacune un groupe de cristaux, tandis que les autres cellules s'épaississent à divers degrés. » Ces cellules épaissies sont disposées en séries rayonnantes fort irrégu- lières, très-sinueuses, réunies par des séries transversales de même nature. Leur ensemble forme un réseau très-compliqué, dont les cellules minces et contenant des cristaux occupent les mailles. ■ Arrivées à une certaine épaisseur, beaucoup des cellules de ce réseau sont comprimées, et c'est de l'application de toutes ces membranes utricu- laires les unes contre les autres, que résultent les stries qui ont fait croire à de la gomme remplissant des canaux intercellulaires. » Aux lésions que je viens de décrire ne se bornent point les altérations dues à la maladie de la gomme. Le séjour de cette matière dans l'écorce, en entretenant une humidité constante, devient aussi très-pernicieux. En <>ffet, une fermentation s'établit, les liquides s'acidifient et concourent puissamment à la destruction des tissus dans lesquels ils se répandent. » EMBRYOGÉNIE. — Mémoire sur la structure intime de la vésicule ombilicale chez les Mammijères ; par M. Ch. Robin. 9 (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Coste.) « Les anatomistes et les embryogénistes qui ont décrit la vésicule om- bilicale se bornent à dire, en parlant de sa structure, qu'elle est constituée par le feuillet muqueux du blastoderme. Aucun ne s'est préoccupé de la comparaison des éléments anatomiques qui composent les parois de cet organe avec ceux de l'amnios, de la tache embryonnaire et des tissus du fœtus qui succèdent à cette tache. » Les résultats de cette comparaison sont cependant importants. Les cellules qui, par leur juxtaposition et leur cohérence, constituent les feuil- lets du blastoderme, ne sont pas seulement dissemblables d'un feuillet à l'autre de cet organe comme on le savait, elles sont en outre d'espèce diffé- rente dès leur origine et pendant toute la durée de leur existence dans la ( 6a5 ) partie dite tacite embryonnaire et dans celle qui, continue avec elle, formera bientôt l'amnios d'une part et la vésicule ombilicale de l'autre. Dès l'appa- rition des diverses parties du blastoderme, on peut constater des diffé- rences de texture entre celles dont vont provenir les organes définitifs et permanents de l'embryon et celles qui forment les organes temporaires ou transitoires du fœtus. Ainsi il n'y a pas similitude entre toutes les cellules du blastoderme ; le nom de cellules embryonnaires ne doit plus être considéré comme servant à désigner une seule espèce d'éléments anatomiques, mais il doit avoir un sens générique et il s'applique à plusieurs espèces d'éléments ayant les caractères de cellules. » » Les cellules dont la tache embryonnaire est formée proviennent des globes vitellins qui composent ['amas murifotme à l'un des pôles de l'ovule, à une époque où le reste du blastoderme est déjà constitué. On en retrouve encore chez les embryons de vache qui ont i/j à 18 millimètres de long, chez les embryons humains, chez ceux de mouton, de porc et de chien, qui ont de 8 à 10 millimètres de long, mais seulement dans quelques parties du corps et non dans ses parois comme dans les jours précédents. Ces cel- lules sont sphéroïdales, un peu polyédriques par pression réciproque, et elles conservent quelque temps cette forme lorsqu'on vient à les isoler. Leur diamètre est de 10 à i5 millièmes de millimètre seulement. Elles ont un et quelquefois deux noyaux sphériques, sans nucléoles, larges de 5 à 6 millièmes de millimètre. Entre le noyau et la surface de la cellule se trouvent de fines granulations moléculaires grisâtres. L'eau les gonfle, l'acide acétique les pâlit considérablement, puis peu à peu dissout complè- tement le corps de la cellule en laissant intact le noyau. » Ces seuls caractères suffisent déjà pour faire distinguer ces cellules de celles qui composent le feuillet du blastoderme qui va former l'amnios, et qui 6ont trop connues pour que j'en parle ici. Celles des parois de la vési- cule ombilicale ne diffèrent pas moins, et leur dissemblance peut être con- statée dès que cette vésicule se délimite, bien que ses parois soient en conti- nuité de substance avec la tache embryonnaire. Dès l'époque de l'apparition des vaisseaux dans la vésicule ombilicale, on constate que les parois de cet organe et de son pédicule se composent de trois couches, en y compre- nant celle des capillaires. Ceux-ci ne sont pas situés à la surface extérieure de l'organe, mais entre les deux autres tuniques composées de grandes cellules. Je ne parlerai pas dans ce travail d'une quatrième tunique, formée de tissu lamineux (tissu cellulaire), qui se produit après toutes les autres aux dépens du tissu lamineux, dit magma réticulé chez l'homme, qui est ( 6i6 ) interposé à l'amnios et an chorion. Cette tunique se retrouve sur la vésicule ombilicale de l'embryon humain, où elle est très-mince et très-adhérente à celle qui lui est sous-jacente. » La tunique interne de la vésicule qui correspond au feuillet muqueux du blastoderme est la plus épaisse; elle est molle, grisâtre, et ne présente pas à sa face interne les plis villeux qu'elle porte chez les oiseaux. Elle est formée de plusieurs rangées de grosses cellules, larges de 2 à 3 centièmes de millimètre, sphériques quand elles sont isolées, mais polyédriques par pression réciproque. Elles sont parsemées de nombreuses granulations grisâtres accompagnées d'autres granulations plus grosses, à centre jaune et brillant et à contour foncé. Ces cellules renferment un noyau ovoïde, or- dinairement sans nucléole. Ce noyau manque sur un certain nombre des cellules. » Extérieurement à cette couche se trouve le réseau de capillaires, à mailles polygonales très-élégantes. Mais en dehors de ce réseau on voit en- core une deuxième couche de cellules dont l'existence n'a pas été signalée. Cette tunique est formée par une ou deux rangées seulement de cellules polyédriques, anguleuses, un peu aplaties. Cette forme les fait distinguer aisément des précédentes, bien que leur volume soit à peu près le même. Elles diffèrent encore de celles-là en ce qu'elles renferment un ou deux noyaux transparents, sphériques, larges de 8 à 11 millièmes de millimètre. » Elles sont plus pâles que les autres et parsemées de granulations gri- sâtres plus fines et plus rares. Leur aspect général les rapproche un peu des cellules du feuillet séreux ou amniotique du blastoderme, mais elles sont plus granuleuses et plus molles, plus faciles à écraser. » C'est en dehors de cette couche de cellules que se produit plus tard la tunique mince formée de tissu lamineux (tissu cellulaire), mentionnée plus haut, qui est la plus extérieure. » Quelque abrégé que soit l'exposé de ces caractères, il suffit pour faire saisir les différences qui existent, non-seulement entre les cellules des deux tuniques celluleuses de la vésicule ombilicale, mais encore entre celles-ci et celles de la tache embryonnaire. Le contenu de la vésicule est, comme on le sait, formé d'un liquide tenant en suspension des granulations grais- seuses et des cellules irrégulières très-granuleuses. » (627 ) M. Lesiaire lit un Mémoire « sur le rôle des infusoires et des matières albuminoides dans la fermentation, la germination et la fécondation. » Ce Mémoire, qui contient le développement des idées exposées par l'au- teur dans sa Note du ict octobre, est renvoyée, comme l'avait été celle-ci, à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Milne Edwards, Regnault, Decaisne et Cl. Bernard. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1860 (question des surfaces applicables). Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 3. PHYSIOLOGIE. — Nouvelles expériences sur l' hétérogénie , au moyen de l'air contenu dans tes cavités closes des végétaux; par MM. IV. Joly et Ch. Musset. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Regnault.) « Nous avons eu l'honneur de communiquer à l'Académie au commen- cement de cette année les résultats de quelques expériences instituées dans le but de nous rendre compte, par nous-mêmes, de l'origine des microphytes et des microzoaires qui pullulent partout et toujours dans les infusions de matières organiques. Après six mois de nouvelles expériences suivies sans relâche, nous venons apporter de nouvelles pièces à consulter, dans le pro- cès engagé entre les partisans et les adversaires de l'hétérogénie. » Comme, en définitive, le point capital de la question se réduit au moyen de se procurer de l'air extrêmement pur, c'est-à-dire complètement dé- pouillé des germes qu'on dit flotter dans l'atmosphère, nous avons eu l'idée d'expérimenter avec l'air ou les gaz renfermés dans les cavités closes des corps organisés. La vessie natatoire des poissons, la gousse du baguenau- dier, le fruit du piment annuel, l'énorme baie des Cucurbitacées potagè- res, etc., venaient, pour ainsi dire, au-devant de nos souhaits. Nous allons exposer ici le résultat d'une expérience de ce genre que nous avons exécutée avec la Courge potiron. » Nous faisons bouillir pendant deux heures, et dans l'eau distillée, quelques morceaux de foie de mouton. Puis, nous prenons un tube renflé en poire à l'une de ses extrémités, ouvert et effilé à l'autre. Nous le chauf- C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. U, N° 17.) 85 ( 628 ) fons pendant une demi-heure jusqu'à ramollissement du verre. A ce mo- ment, nous le fermons à la lampe d'émailleur. Quand il est refroidi, nous plongeons sa pointe effilée dans l'infusion bouillante, et nous cassons cette pointe sous le niveau de cette même infusion. Une portion de celle-ci se précipite dans le tube que nous mettons immédiatement sur des charbons incandescents. L'ébullition recommence, et nous fermons de nouveau le tube au moment même où la vapeur s'en échappe encore. L'ébullition, qui continue quelquefois pendant plus d'un quart d'heure, lorsque le tube est éloigné du feu, nous avertit que le vide est aussi parfait que possible. L'appareil une fois refroidi, nous en plongeons la pointe dans la chair de la marge, et nous la cassons en l'enfonçant. Dès qu'elle a pénétré dans la cavité du fruit, une petite quantité d'air s'introduit dans le tube qui contient l'infusion. Par excès de précaution, nous mettons autour de la plaie faite par ce même tube une couche épaisse de vermillon imbibé de vernis au copal. Un critérium est placé à côté comme terme de compa- raison. Cette expérience, si simple en apparence, offre cependant d'assez grandes difficultés d'exécution. Nous l'avons bien réussie deux fois, mais vainement tentée plusieurs autres, tantôt par une cause, tantôt par une autre. » Après six jours d'une vive attente, nous avons examiné l'infusion, et nous y avons vu de nombreuses bactéries. Beaucoup d'entre elles étaient déjà mortes : les survivantes étaient peu vigoureuses; résultat bien naturel si l'on songe : i° que l'air de la courge est riche en acide car- bonique; il en contient environ 4 pour ioo (i); a° qu'il n'était entré que quelques bulles d'air dans la décoction d'ailleurs très-peu chargée; 3° enfin, que cet air ne se renouvelait pas. » Le critérium nous a offert les mêmes animalcules; mais ils étaient beaucoup plus nombreux et plus vifs, ce qu'il faut attribuer, sans aucun doute, à la grande quantité et au renouvellement facile de l'air avec lequel la décoction se trouvait en contact. » A l'appui de ces résultats, nous pourrions citer ceux que nous avons obtenus en répétant avec le plus grand soin, et en y apportant quelques modifications qui nous sont propres, les expériences de Schultze, de Schwann et de Mantegazza. (i) Nous basons cette assertion sur les expériences dont nous a rendus témoins M. Meilhès, préparateur de physique et de chimie de la Faculté des Sciences de Toulouse, qui a bien voulu nous prêter son utile concours. ( 629) « En ce qui concerne les deux premières, nous avons obtenu des micro- phytes et des microzoaires dans l'une, des microzoaires seulement dans l'autre, bien que l'air employé eût été purifié par l'acide sulfurique, la potasse ou le feu, et quelquefois par deux de ces agents. Quant à l'expé- rience de Mantegazza, qui, selon nous, a eu en France trop peu de reten- tissement (i), elle nous a donné des résultats à peu de chose près iden- tiques à ceux qu'a mentionnés ce physiologiste, c'est-à-dire une foule de Bacterium termo, Bacterium catenula. » MÉDECINE. — Sur le délire mélancolique considéré comme précurseur de la paralysie générale; extrait d'une Note de M. Linas. (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Rayer.) Cette Note, adressée à l'occasion des communications récentes de MM. Baillarger, Brierre de Boismont et Billod, est terminée par le para- graphe suivant, qui fera suffisamment connaître l'opinion à laquelle s'est arrêté l'auteur relativement à la question débattue. « M'appuyant sur l'observation clinique et sur l'autorité de MM. Calmeil, Bayle, Parchappe, Trélat, etc., je crois pouvoir conclure : » i°. Que ni le délire hypochondriaque, ni la mélancolie avec stupeur n'ont aucun caractère spécial, aucune valeur pàthognomonique relative- ment à la période prodromique de la paralysie générale; » a0. Qu'on peut observer au début, comme dans le cours de cette af- fection, toutes les variétés du délire mélancolique. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur l'influence de la pression atmosphérique dans le drainage; par M. Risler. (Commissaires, MM. Boussingault, Payen.) M. Tcrck adresse comme pièces à l'appui de sa réclamation de priorité pour la question du laryngoscope : i° une traduction française de sa « Mé- thode pratique de laryngoscopie » et un exemplaire de la nouvelle édition allemande de ce traité; %° une nouvelle réponse aux communications faites (l) Voir dans le Giornale del R. Istituto lombardo, t. III, p. 467, Ricerche sulla gene- razione degli infusorii, di P. Mantegazza. Milano, i85i . 85.. ( 63o ) à l'Académie par M. Czermak; 3° dix-huit pièces imprimées relatives à la question débattue. Ces pièces sont renvoyées, comme l'avaient été les communications précé- dentes relatives au laryncoscope, à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. Coinde soumet au jugement de l'Académie une première série de Notes sur les poissons fluviatiles de France. (Renvoi à l'examen de M. Valenciennes, qui fera savoir à l'Académie si ces communications doivent être l'objet d'un Rapport.) MM. Lallemaxd, Perrin et Durov, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie leur ouvrage intitulé : « Du rôle de l'al- cool et des anesthésiques dans l'organisme », y joignent, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans cet ouvrage. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPONDANCE. histoire DES mathématiques. — M. Chasles communique l'extrait d'une Lettre de M. Cantor, professeur de mathématiques à l'Université d'Heidelberg, relative à un point de l'histoire de la Géométrie chez les Grecs. Il s'agit de l'époque à laquelle a vécu le géomètre Zénodore, dont le nom se rattache notamment à la théorie des figures isopérimètres. « Théon d'Alexandrie, dans son commentaire sur le 1er livre de l'Aima - geste de Ptolémée, dit que, des figures qui ontleurs contours égaux, la plus grande est celle qui a le plus grand nombre d'angles, et par suite que cette figure est le cercle ; et de même, que la sphère est le plus grand des so- lides d'égale surface. « Nous allons le prouver, ajoute Théon, d'une ma- » nière abrégée, tirée des démonstrations de Zénodore, dans son Traité des » figures isopérimètres (i). » » Ce géomètre Zénodore est cité aussi par Proclus, dans son commen- (i) Commentaire de Théon a" Alexandrie sur le Ier Livre de la Composition mathématique de Ptolémée. Voir p. 33 Je la Traduction de M. Halma. Paris, 1821 ; in-4°- Clavius a rapporté, dans son Commentaire sur la Sphère de Sacro Bosco, cette partie du (63. ) taire sur le Ier livre des Eléments d'Euclide, mais pour un autre sujet beau- coup moins important. Proclus dit que les sectateurs de Zénodore distin- guaient les problèmes des théorèmes , et il rapporte les définitions qu'ils donnaient de ces deux sortes de propositions, définitions qui sont sans doute celles de Zénodore. Il paraît faire entendre que ce géomètre suivait les doctrines d'OEnopide de Chio, et il ajoute qu'il était disciple d'Andron (i). » Voilà les seules mentions qui attestent le mérite de ce géomètre, qui paraît avoir eu une certaine célébrité, puisqu'il est cité à deux titres différents, et surtout pour avoir pris part à une théorie importante, celle des isopérimètres. » A quelle époque vivait-il ? Tel est le sujet de la Note de M. Cantor. » Blancanus (2) cite Zénodore d'après Théon seulement; cependant il le dit disciple d'OEnopide de Chio, probablement d'après Proclus; il le place après OEnopide vers le commencement du 111e siècle de la fondation de Rome, de 552 à ^5i avant Jésus-Christ. » J.-G. Vossius (3), qui parle d'OEnopide d'après un passage de Proclus autre que celui dont il vient d'être question, passe sous silence Zénodore. » Mais Bernardin Baldi le cite en indiquant Proclus, Théon et Simpli- cius; il le dit disciple d'Andron, partisan de la doctrine d'OEnopide, et le place dans la o,5e olympiade, 3g8 ans avant notre ère (4). » Heilbronner, qui, comme Blancanus, ne lui consacre qu'une très- courte mention, pour son Traité des Isopérimètres, le dit aussi disciple d'OEnopide (5); il entend donc le placer dans le ve siècle avant Jésus^ Christ, car il ne peut y avoir d'incertitude sur l'âge d'OEnopide, cité par plusieurs historiens pour des découvertes en astronomie, notamment celle de l'obliquité de l'écliptique (6), et par Proclus qui, dans un endroit, lui Commentaire de Théon, et conséquemnient de l'ouvrage de Zénodore. Voir p. q8 de l'édition de Lyon, 1607; in-4°. (1) Proclus; Livre II, chap. VIII. (2) -De mathcmaticarum natura dissertatio ; una cum clarorum Mathematicorum Chrono- logia. honomœ, i6i5; 4°- V. p. 41- (3) De universce Mathesios natura et constitutione Liber ; cui subjungitur Chronologia Ma- thematicorum. Amstelaedami, i65o; 4°- (4) Cronica de Matematici , overo Epitome dell'istoria délie vite loro. In Urbino, 1707 ; 4°- V. p. 6. (5) Historia Matheseos universœ a mundo condito ad seculum XVI. Lipsiae, I742j 4°- (6) Diodore de Sicile, Plutarque, Théon de Smyrne, Diogène Laerce, Élien, Censori- nus. Voir J.-G. Vossius, p. 147; Heilbronner, p. 109, 1 16. ( 63a ) attribue la a3e proposition des Éléments dEuclide (i), et dans un autre (2) le nomme parmi les inventeurs de la géométrie, et le place dans l'intervalle de temps qui sépare Platon de Pythagore. Proclus dit même qu'il fut un peu postérieur à Anaxagore, le célèbre philosophe de l'école ionienne, le maître et l'ami de Périclès. » Montucla, de même qu'Heilbronner, place Zénodore dans le Ve siècle avant notre ère, et ajoute qu'ainsi son écrit sur les isopérimètres est le pre- mier des écrits de l'antiquité qui nous soit parvenu (3). » Cependant un philologue de Fribourg, M. Nokk, a cherché à appro- fondir la question de l'âge de Zénodore. Se fondant surtout sur une citation d'un passage du livre de la Sphère et du Cylindre d'Archimède, annoncée dans des termes identiques par Pappus dans le Ve livre de ses Collections mathématiques, et par Théon dans les démonstrations empruntées de Zéno- dore, M. Nokk a pensé pouvoir conclure que ce géomètre devait être posté- rieur à l'an a5o avant Jésus-Christ, conséquemment contemporain à peu près d'Archimède. » M. Cantor, en admettant cette conclusion, a cherché à fixer plus précisément l'âge de Zénodore. Il incline à le rapprocher de Ptolémée, qui florissait vers l'an 1 3o de notre ère. » Il oppose d'abord à Heilbronner et à Montucla une interprétation dif- férente du texte de Proclus, qu'il entend ainsi : « Zénodore appartenait » à l'école d'Œnopide, mais il était disciple d'Andron. » Par là il écarte le rapprochement de date entre OEnopide et Zénodore, admis par ses de- vanciers. Mais c'est surtout sur cette circonstance, que Zénodore était dis- ciple d'Andron, qu'il appelle l'attention des érudits et des géomètres; car il faut chercher dans l'histoire un mathématicien de ce nom, et le trouver dans des conditions d'époque acceptables au point de vue de la nature des questions traitées par Zénodore. M. Cantor en trouve un, que cite l'historien J. Capitolin comme ayant été le maître de mathématiques du futur empereur Antoninus philosophus. Cet Andron était de Catane en Sicile. L'empereur Marc-Aurèle a vécu de l'an 12 c à 180. Zénodore, qui aurait eu le même maître, aurait donc été son contemporain, et en même temps contemporain de Ptolémée. Telle est la conjecture à laquelle les recherches érudites du savant géomètre d'Heidelberg l'ont conduit, et qu'il nous prie de commu- (1) Livre III; Commentaire sur la a3e proposition des Éléments. (2) Livre II, chap. IV. (3) Hist. des Math., t. I, p. i$i. ( 633 ) niquer à l'Académie, sans méconnaître les limites de probabilité dans les- quelles se doit toujours renfermer un premier résultat historique de cette nature, quelque intérêt qu'il puisse présenter, a M. Babinet présente l'extrait suivant d'une Note de M. Ch. M. fVillich, sur la forme de la cellule des abeilles. « La question de l'angle qui règle la terminaison de la cellule hexago- nale des abeilles ayant occupé l'attention de l'Académie en conséquence d'un Mémoire de lord Brougham, qui donnait un angle différent de quel- ques secondes de l'angle que Maclaurin annonçait comme le résultat de ses recherches, je me hasarde à soumettre à l'Académie une solution simple et géométrique delà question, avec un modèle sur lequel je la prie de jeter les yeux. C'est un dodécaèdre à plans rhombes allongé dans un sens de ma- nière à former uue espèce de prisme hexagonal terminé par deux pointes formées chacune par un assemblage de trois rhombes. Le dodécaèdre à plans rhombes de la cristallographie est bien connu. Il peut être formé par quatre rhomboèdres. Le dodécaèdre allongé que j'admets comme formant la cellule de l'abeille, se compose de sept rhomboèdres pareils. » L'angle solide trièdre du dodécaèdre à plans rhombes, comme celui du dodécaèdre allongé, ou cellule d'abeille, est formé de trois angles plans ayant chacun ioo,°28'i6", ce qui s'accorde avec le calcul de Maclaurin. » Le dodécaèdre ordinaire à plans rhombes peut se déduire du cube de plusieurs manières différentes. » Si du centre d'un cube on mène des plans de division aboutissant aux six carrés qui en forment la surface, on obtient six pyramides à base carrée. Si l'on implante ces six pyramides par leur base carrée sur les faces d'un autre cube de même côté, on forme le dodécaèdre ordinaire à plans rhom- bes, qui par suite est en volume le double du cube ayant même côté. » Deux des pyramides extraites du cube étant jointes base à base, for- ment un octaèdre qui est en volume le tiers du cube, et par suite le sixième du dodécaèdre de même côté. » Si l'on coupe en deux une de ces pyramides, et qu'on assemble les deux moitiés en les renversant, on obtient un solide dont trois forment un rhomboèdre. Quatre rhomboèdres pareils forment le dodécaèdre à plans rhombes, et sept de ces rhomboèdres donnent un dodécaèdre allongé qui est la cellule des abeilles. ( 634 ) ( La Note de M. Willich contient aussi les résultats de divisions ultérieu- res de la pyramide à base carrée qui forme le sixième du cube.) » L'angle de io9°28'i6" se présente dans plusieurs des solides de la géométrie et de la cristallographie, comme le grenat, le diamant et plusieurs autres substances cristallisées dans le système cubique. » M. Faivre prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi les pièces de concours pour le prix de Physiologie expérimentale, la Note qu'il lui a présentée au mois d'avril dernier « sur les modifications qu'éprouvent après la mort, chez les grenouilles, les propriétés des nerfs et des muscles ». M. Gaudry, de retour de Grèce, après l'accomplissement de la mission qui lui avait été confiée par l'Académie, annonce que les ossements fossiles qu'il a recueillis à Pikermi sont déposés au Muséum d'histoire naturelle, et pourront dans quelques jours être soumis à l'examen de Messieurs les Commissaires. PALÉONTOLOGIE. — Présence du grand daim et du renne parmi les fossiles du midi de la France ; Note de M. Pacl Gervais. o J'ai eu l'occasion de constater récemmment la présence, dans nos dépôts pléistocènes du bas Languedoc, de deux espèces curieuses de la famille des Cerfs, qu'on ne soupçonnait pas s'y trouver. » La première est le grand daim, décrit autrefois par G. Cuvier, d'après un fragment de bois découvert dans les sables diluviens des environs d'Abbe- ville : c'est le Cervus Somonensis des auteurs actuels. On l'a signalé plus récemment dans la Limagne et dans le Velay. Une portion assez considé- rable d'empaumure, trouvée dans la brèche osseuse de Pédemas, près Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard), appartient bien certainement à l'espèce dont il est question ici. C'est ce dont je me suis assuré en la comparant avec la pièce type de la description de G. Cuvier que l'on conserve au Muséum de Paris. Elle indique un sujet encore un peu plus grand ; mais la forme générale n'en est pas différente, et l'on y voit les points d'intersection des andouillers supérieurs rangés de même et en même nombre. Les brèches osseuses de Pédemas m'ont aussi fourni des débris très-caractéristiques du genre Rhinocéros et quelques fragments appartenant au Cheval fossile. » La seconde espèce de Cervidés que je désire indiquer dans cette Note .est le renne fossile. On l'a déjà mentionné dans plusieurs localités pléistocènes, (635) particulièrement en France. Abbeville, les environs de Paris, Étampes, Issoire, la caverne de Brengues dans le Lot, etc., en ont fourni des débris si peu différents de ceux des rennes actuels du Nord, que beaucoup d'au- teurs doutent encore qu'on doive les en distinguer spécifiquement. Ce renne fossile, dont mon Tarandus martialis de Pézenas est très-facile à sépa- rer, répond aux Cervus Guettardi et priscus de quelques naturalistes. J'en ai reçu un fragment de bois très-reconnaissable dans un envoi considé- rable d'autres ossements appartenant au grand ours des cavernes ( Ursus spelœus), et recueillis en même temps dans la grotte d'Aldène, qui est située auprès de Cesseras (Hérault). » anatomie COMPARÉE. — Note sur la constitution anatomique des nerfs des sens dans te genre Aplysia; par M. de Martini. « On connaît la grande irritabilité de la peau, des tentacules et de la bouche de ces Mollusques gastéropodes à la moindre stimulation méca- nique. J'ai noté aussi les effets d'un faible courant galvanique appliqué sur les organes des sens : l'excitation de deux points très-voisins, après avoir dépassé le collier œsophagien, détermine la contraction de presque toute la couche musculaire de la peau et du pied. Ce fait démontre que non-seu- lement les ganglions du collier œsophagien, mais les autres ganglions aussi ont la propriété de réfléchir les actions centripètes en actions centrifuges, et d'établir le pôle central d'une circulation nerveuse, qui a été mise en lumière par M. Flourens sur des preuves physiologiques, et par M. Jacu- bowitsch sur des faits anatomiques. » Or les nerfs des organes des sens, savoir dans Y Aplysia les nerfs de la peau, des tentacules et de la bouche, sont fournis de renflements ganglion- naires en grand nombre. Ceux-ci se trouvent, pour les nerfs cutanés, dans presque tous les points de ramification et d'anastomose; et, pour les nerfs des tentacules, aussi sur le trajet des branches et des filaments extrêmes. » Les renflements ganglionnaires ont une grandeur considérable rela- tivement aux branches nerveuses. Ils ont une couleur jaune,, etsont formés de cellules ganglionnaires pour la plupart monopolaires. " Je crois devoir signaler ce fait que pour les nerfs des tentacules la pré- sence des cellules ganglionnaires ne manque pas même dans les filaments nerveux au milieu des fibres, et que le plexus nerveux terminal du tentacule est formé surtout de cellules multipolaires. Enfin la constitution ganglion- C. R., 186c, 2me Semestre. (T. U, N° 17.) 86 \ ( 636 ) naire s'étend jusqu'aux fibres primitives des nerfs des sens; en effet celles- ci sont fournies de distance en distance dans leur longueur de renflements cellulaires nucléés. Il est bon de considérer que ces renflements ganglion- naires manquent sur les nerfs qui se distribuent aux muscles du pied. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Source thermo-minérale découverte aux environs de Montpellier ; Note de M. A. Moitessier. « Cette source a été découverte, vers la fin de l'hiver i85g, à une dis- tance de 2 kilomètres au nord de Montpellier. Elle jaillit par un trou de sonde, à une profondeur de a5 mètres, au fond d'un puits où elle se mélange avec quelques filtrations d'eau froide qui viennent modifier ses propriétés. Dans la même localité et dans un rayon de quelques centaines de mètres, se trouvent plusieurs autres eaux thermales, moins importantes, mais qui, jaillissant dans des conditions analogues, paraissent avoir une origine commune. » La source qui nous occupe fournit un volume d'eau assez considérable. Limpide quand elle vient d'être recueillie, cette eau, au bout de quelques heures, se trouble légèrement et finit par laisser déposer un sédiment gri- sâtre peu abondant. Son goût est fade; elle est sans odeur. » Sa température est de 35° centigrades : sa réaction sur le papier de tournesol est franchement alcaline ; mais maintenue pendant quelque temps à une température voisine de l'ébullition, elle devient complètement sans action sur des réactifs colorés. Ce fait s'explique facilement si l'on admet l'existence simultanée dans cette eau de sulfate de chaux et de carbonates alcalins; une double décomposition, s' effectuant entre ces composés à une température de ioo°, donne en effet naissance à du carbonate de chaux et à des sulfates alcalins, sans action sur le papier de tournesol. » Nous donnons ci-après les résultats d'analyses effectuées sur de l'eau recueillie au mois d'août 1860, après de longues sécheresses. Nous avons essayé de grouper par le calcul les divers éléments indiqués par l'analyse, sans y attacher toutefois d'autre importance que celle que l'on doit accor- der à une hypothèse. (637) Résultats de l'analyse. Analyse calculée. Potasse o , o44 1 Bicarbonate de potasse o , 0862 Soude o,i535 Bicarbonate' de soude 0,0075 Chaux •.. o,3g57 Bicarbonate de chaux 0,6182 Magnésie 0,0823 Bicarbonate de magnésie . . . o,258g Protoxyde de fer . . . 0,0020 Bicarbonate de fer o,oo44 Alumine o,oo3o Sulfate de chaux 0,3772 Silice 0,0110 Chlorure de sodium 0,2793 Chlore o , 1 68g Arséniate de soude o , 0004 Acide sulfurique fc. . . . 0,221g Phosphate de soude Traces. Acide phosphorique Traces. Borate de soude Traces. Acide arsénique 0,0002 Silice 0,0110 Acide borique Traces. Alumine o ,oo3o Acide carbonique o ,57 1 2 ' 6/Î61 » D'autres analyses ont été faites sur de l'eau recueillie à diverses épo- ques, et, bien que dans leur ensemble elles concordent avec celle que nous venons de donner, nous avons observé quelques filtrations d'eau froide. » CHIMIE MINÉRALE. — Note sur le quadroxalate de fer ; par M. T. L. Phipson. « L'acide oxalique forme avec le fer deux sels bien distincts, selon qu'il se combine avec le protoxyde ou le peroxyde de ce métal. Les propriétés du sel de protoxyde sont les suivantes : » C'est une poudre jaune-paille, inaltérable à la lumière et à l'air, inso- luble dans l'eau et dans un excès d'acide oxalique, à froid ou à chaud, très- lentement soluble à froid dans l'acide hydrochlorique. L'acide azotique le dissout en le transformant en un sel de peroxyde qui est soluble. Lorsqu'on le chauffe, il prend feu à une température peu élevée et brûle comme de l'amadou, laissant ainsi un résidu d'oxyde ferrique rouge. L'ammoniaque le décompose en oxyde ferreux et oxalate ammonique. Avec le ferricyanure potassique il donne par décomposition partielle une belle couleur vert pâle qui pourrait s'employer pour l'aquarelle ou la peinture à l'huile. Cette poudre verte brûle aussi comme de l'amadou lorsqu'on la chauffe. » Ce sel se prépare en ajoutant un excès d'acide oxalique, ou bien une dissolution d'oxalate ammonique à une solution de sulfate ferreux. Dans les deux cas le précipité jaune n'apparaît que par une forte agitation ou 86.. ( 638 ) bien à la suite d'un repos de quelques heures. Ce précipité est anhydre. Re- cueilli sur un filtre, lavé, séché et analysé, il donne le résultat suivant : I. II. Théorie. Oxyde ferreux io,>35 19,44 20,00 Acide oxalique 80, 65 8o,56 80,00 100,00 100,00 100,00 Cette analyse correspond à la formule FeO,4C2Os. Ce sel est donc du quadroxalate ferreux anhydre. » PHYSIQUE appliquée. — Note sur les coefficients de charge des fils télégraphiques; par M. J.-M. Gaugain. « La durée de propagation de l'électricité peut être déterminée dans un circuit quelconque au moyen de la formule très-simple que j'ai fait connaître dans une précédente Note ( Comptes rendus, 20 fé- vrier 1860); mais pour appliquer cette formule, il faut que l'on détermine dans chaque cas particulier l'élément nouveau auquel j'ai donné le nom de coefficient de charge. Cet élément ne dépend que de la grandeur et de la forme de la section, et l'on pourrait le déterminer par le calcul en partant du principe posé par Poisson ; mais, comme cette détermination comporte des difficultés d'analyse, je ne considère le coefficient de charge que comme une donnée d'observation. Il résulte de là que, lorsqu'on voudra comparer les durées de propagation correspondant à deux conducteurs de sections données, il faudra commencer par chercher le rapport de leurs coefficients de charge. Cette recherche n'offre d'ailleurs aucune diffi- culté. Il suffit, en effet, de prendre un échantillon de chaque conducteur (de la longueur de 1 mètre, par exemple), de le placer sur un support isolant, de le charger en mettant son extrémité en communication avec une source constante, puis de le séparer de la source, et de jauger en- suite la charge communiquée en la faisant passer dans un de ces électro- scopes à décharges, dont j'ai fait un si fréquent emploi dans mes précédentes recherches. J'ai appliqué cette méthode aux fils cylindriques de petit dia- (639) mètre qui sont en usage pour les communications télégraphiques, et j'ai obtenu les résultats suivants : iamètre des fils. Coefficients de charge. ■ mm IOO 2 n3 3 125 4 ■ 33 5 '4- » On peut remarquer que les coefficients de charge croissent beaucoup moins vite que les diamètres. Ce résultat est facile à expliquer. L'étendue de la couche électrique croît comme le diamètre du fil, puisque cette couche est superficielle; mais son épaisseur diminue quand le diamètre augmente. » En partant des nombres ci-dessus, on trouve que les durées de pro- pagation sont proportionnelles aux nombres qui suivent : Diamètre des fils en millimètres i, 2 , 3, 4 > 5 Durées de propagation 100, 28, 2, i3,9, 8,3, 5,6 » On voit que l'on augmente considérablement la rapidité de la trans- mission en augmentant le diamètre des fils conducteurs. » Tous les nombres qui précèdent se rapportent aux fils suspendus dans l'air qui ne sont soumis à aucune influence latérale. Je me proposais de déterminer également les coefficients de charge des fils immergés, et j'ai fait dans ce but, il y a déjà plusieurs mois, un assez grand nombre d'expé- riences sur des échantillons de câbles que l'administration des lignes télé- graphiques a eu l'obligeance de mettre à ma disposition. Mais j'ai été arrêté par une difficulté imprévue : j'ai reconnu tout d'abord que la gutta-percha dont on se sert pour former l'enveloppe des câbles est loin d'être une sub- stance parfaitement isolante, comme ou le suppose généralement ; pour mettre en évidence sa conductibilité, il suffit de prendre un fil métallique enveloppé de gutta-percha, d'appliquer sur une portion de l'enveloppe une feuille d'étain, puis de faire communiquer cette armature avec un électro- scope à décharges, en même temps qu'on met le fil intérieur en rapport avec une source d'électricité constante; on obtient ainsi un flux uniforme d'électricité qui se transmet du fil intérieur à l'armature d'étain à travers la couche de gutta-percha, et, ce qui est digne de remarque, le fil intérieur et ( 640 ) l'armature d'étain conservent, malgré le flux transmis, des charges perma- nentes d'électricité contraire, comme le feraient les armatures opposées d'une bouteille de Leyde. Je me propose de revenir ultérieurement sur les phénomènes particuliers qui résultent de l'action simultanée de ces deux causes, la transmission du flux et la condensation de l'électricité; mais pour les analyser complètement, il m'a paru nécessaire d'étudier d'abord la condensation isolément, en me mettant à l'abri de toute cause perturba- trice, et je fais préparer dans ce but des spécimens de câbles dans les- quels la gutta-percha sera remplacée par une substance véritablement iso- lante, par de la gomme laque; des spécimens de i mètre suffisent, comme je l'ai fait remarquer plus haut, pour la détermination des coefflcients de charge. » Parmi les câbles sur lesquels j'ai opéré, il s'en trouve deux qui ne diffè- rent que par la nature de l'enveloppe isolante; elle est pour l'un de gutta- percha et de caoutchouc pour l'autre; j'ai pu, en conséquence, comparer ces deux substances, et j'ai trouvé que la conductibilité du caoutchouc est en général supérieure à celle de la gutta-percha. Il serait impossible d'ail- leurs de fixer le rapport de ces deux conductibilités, parce que la gutta- percha et le caoutchouc sont deux corps qui manquent d'homogénéité, le caoutchouc surtout. Sur le même câble, on trouve des parties qui présentent des conductibilités extrêmement différentes. » GÉOMÉTRIE analytique. — Sur les lignes de courbure des surfaces du second ordre; par M. l'abbé Aoust. « Une des constructions les plus simples du rayon de courbure des courbes du second ordre est fondée sur ce théorème que l'on trouve dans le livre des Principes de Newton : « Dans une conique, la normale terminée au grand axe s'obtient en projetant le rayon de courbure sur le rayon vecteur issu du foyer, et en projetant cette projection sur la direction de la nor- male. » Il est facile de montrer que le même théorème a lieu pour les sur- faces du second ordre. » Soient deux surfaces homofocales p et p. qui se rencontrent suivant une ligne (pft). En un point quelconque de cette ligne, menons les deux rayons principeux de courbure R , Rv de la surface p, le premier relatif à la direc- tion pp, et le second relatif à la direction perpendiculaire. Appelons N la normale terminée au plan des xz, menée au même point de la surface; on (64. ) aura en coordonnées elliptiques : B _p2 -v'/p1 .V- \? — p2 r-2- n \ix3 — b2 f*2 — , R =pL -p* r-'-^ p \ fi2 — O2 p' — C2 / » Or le sinus de l'angle que Tare géodésique ombilical tracé sur la sur- face p fait en ce point avec la ligne de courbure (jxp) est donné par S1IW s/9 En ayant égard à cette expression, l'on aura les théorèmes suivants. « I. En un point quelconque d'une surface p. du second ordre, la nor- » maie N s'obtient en projetant le rayon principal Ro relatif à une ligne » de courbure sur la direction du premier élément de l'arc géodésique )> mené de ce point à l'ombilic de la surface homofocale qui passe par cette » ligne de courbure, et en projetant cette projection sur la direction de la » normale, N = R sin2ï. » p « II. Si en un point quelconque d'une ligne de courbure ((ip) tracée sur » une surface p. du second ordre, on mène une normale à cette surface, et » qu'on projette cette normale sur la direction du premier élément de » l'arc géodésique ombilical mené de ce point sur la surface homofocale » qui passe par cette ligne de courbure, la projection sera constante, „ . . Ll2— b\ A2—?2 N sin i — t 1/ 4 •• » » On voit que la constante est le paramètre réduit de l'ellipse dont le grand axe et le petit axe sont (x et y/fi2 — b2. « III. Si en un point quelconque d'une ligne de courbure (/xp) tracée sur » une surface ^ du second ordre, on projette successivement, tantôt sur » la direction du premier élément de l'arc géodésique ombilical de la » surface homofocale qui passe par ((ip), tantôt sur la direction de la nor- » maie de la surface /z, le rayon de courbure de cette surface relatif à la ( 64a ) )> ligne (/x/s), et ses projections successives, la troisième projection sera » constante, p v- \ p-' — c* « IV. Si en un point quelconque d'une ligne de courbure tracée sur une surface p. du second ordre, on mène lejayon de courbure de cette surface relatif à la direction perpendiculaire à la ligne (p.p), et qu'on le projette sur la direction du premier élément de l'arc géodésique ombi- lical tracé sur la surface homofocale qui passe par la ligne (/u.p), cette projection sera constante, i/S3 „ V fi1 — c' » Ces théorèmes montrent que la construction que nous avions en vue peut être employée pour déterminer en un point les rayons principaux de courbure d'une surface du second ordre. Il suffit que l'on connaisse l'angle i que fait en ce point, avec la ligne fip, l'arc géodésique ombilical de la sur- face homofocale passant par la ligne p.p ; or il a été montré (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. L, p. 4^4) que l'on pouvait déterminer géo- métriquement cet angle par la construction d'un triangle rectiligne. » économie rurale. — Maladies et régénération des pommes de terre; extrait d'une Lettre de M. Deboutteville. « En examinant les faits constatés dans les différentes épidémies qui ont attaqué la pomme de terre depuis l'année 1846 jusqu'à l'époque ac- tuelle, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et en France, on est amené à conclure que la cause première efficiente des diverses épidémies qui ont dévasté les cultures de pommes de terre, aussi bien dans les temps passés qu'à l'époque actuelle, réside dans les plantes elles-mêmes, les circonstances extérieures ne faisant que modifier les diverses manifestations maladives, soit dans leur intensité, soit dans leurs symptômes. » De plus, il faut reconnaître que : i° il n'y a pas d'exemple, dans le cours des épidémies, soit de frisole, soit de gangrène, dont l'histoire nous est con- nue, qu'une variété de pomme de terre atteinte par celles-ci ait recouvré la santé sous l'influence de quelques modificateurs que ce soit; 20 que par- (643) tout ces' épidémies n'ont cessé que par suite de l'abandon des variétés ma- ladives, et de leur remplacement par d'autres variétés préexistantes ou ob- tenues de semis à cette occasion ; 3° enfin que, à raison de l'état d'épuise- ment et de maladie des plantes sur lesquelles on peut récolter les graines, il est nécessaire, si l'on veut arriver plus sûrement à obtenir de nouvelles variétés douées de toutes les qualités désirables, de mettre par préférence en usage les méthodes dont l'expérience a constaté la puissance, celles des semis réitérés et de l'hybridation, isolément ou concurremment. » Des semis, exécutés en 1860 m'ont présenté, dès la seconde généra- tion, une amélioration tellement prononcée sous le double rapport de la proportion des tubercules atteints par la maladie et de la quantité du pro- duit, que je suis porté à croire qu'un petit nombre d'ensemencements successifs suffiront pour obtenir des variétés en même temps saines et fer- tiles. » • M. Berigny communique les résultats des obsetvalions ozonométriques instituées au phare de Calais par M. l'ingénieur Le Blanc et recueillies par M. Delannoy. Ces résultats sont présentés sous forme de tableau donnant, pour chacun des mois de 1859, la comparaison des sommes d'ozone obte- nues au phare et à l'extrémité ouest de la jetée et des quantités d'eau éva- porées. « En jetant les yeux sur ce tableau, dit M. Berigny, on remarque qu'il existe une énorme différence entre les sommes obtenues à l'un et à l'autre poste d'observations; cette différence est de 1498, la somme des papiers les plus fortement nuancés se trouvant à l'extrémité ouest de la jetée. D'où il résulte, ainsi que je l'avais déjà démontré dans mes précédents Mémoires, que l'humidité a une grande influence sur la coloration des papiers ozo- nométriques ; seulement, ici il faut en déduire l'action qu'exerce probable- ment la nature de l'air marin. » J'ai aussi essayé de rechercher, au moyen de ce même tableau, si la coloration du papier se manifestait en raison de la quantité d'eau évaporée, et j'ai trouvé, dans ces observations, que cinq fois ce phénomène marchait en raison directe pendant les mois de mars, avril, mai, août et septembre, et trois fois en raison inverse, juillet, octobre et novembre. » M. de Castelnait adresse une Note sur l'interdiction des aliénés, Note dans C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N° 17.) 87 ( 644 ) laquelle il cherche à appeler l'attention sur les conditions physiologiques auxquelles il faut avoir égard pour que des mesures judiciaires destinées à garantir les intérêts de personnes supposées incapables de les défendre elles-mêmes, ne leur deviennent pas, par le fait, plus préjudiciables qu'utiles. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du %-x octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Du rôle de l'alcool et des aneslhésiques dans l'organisme, recherches expéri- mentales ; par MM. Ludger Lallemand, Maurice Perrin et J.-L.-P. Duroy. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Adressé au concours pour les prix Montion, Médecine et Chirurgie.) Eludes et expériences synthétiques sur le métamorphisme et sur la formation des roches cristallines ; par M. DaurréE. Paris, 1859; br. in-8°. Résumé météorologique de l'année i85g pour Genève et le grand Saint-Ber- nard; parE. Plantamour. Genève, 1860; br. iu-8°. Mémoires hypsométriques dans les Alpes exécutés à l'aide du baromètre; par- le même. Genève, 1860; br. in-4°- Observations astronomiques faites à l'observatoire de Genève dans les années 1 855 et 1 856; par le même. Genève, 1860; br. in-4°. Discours prononcés sur la tombe de M. le professeur Duméril, au nom de la Faculté de Médecine, de l'Académie de Médecine, etc.; br. in-4°. Observations météorologiques faites à Nijné-Taguilsk (monts Ourals, gouver- nement de Perm), année 1857. Paris, 1860; br. in-8°. Nouveau système de clôture modératrice ; par Louis LOMRARnr, de Milan. Milan, 1860; \ f. in-8°. Bulletin de la Société de Chirurgie de Paris pendant l'année 1859; t. X. Paris, 1860; in-8°. ( 645 ) Mémoires de la Société a" Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube; t. XXIV de la collection, ie série, t. XI; in-8°. Trabalhos... Travaux de [Observatoire météorologique de l'infant don Luiz à l'Ecole Polytechnique de Lisbonne (5e année, i85g). Lisbonne, 1860; in-folio. Asiatic choiera... Le choléra asiatique, sa nature et son traitement. Lettre de M. J. Strickland à l'éditeur du Times; f de f. in-8°. Lehrbnch... Manuel de physiologie spéciale de l' homme ; par M. J. Budge, ire livraison. Weimar, 1860; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 OCTOBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE APPLIQUÉE A LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches chimiques sut* le latex et sur le cambiurn ; par M. E. Fremy. « Les botanistes désignent généralement sous le nom de suc propre ou de latex, la sève élaborée et descendante. » Toutes les questions qui se rattachent à la composition chimique et au rôle de ce liquide important sont encore très-obscures. » Les botanistes n'ont pas déterminé d'une manière précise la nature des canaux qui contiennent le latex; les uns pensent que ce liquide n'existe que dans des vaisseaux particuliers qu'ils désignent sous le nom de vaisseaux laticifères; d'autres admettent que les fibres du liber font partie du système des laticifères et contiennent par conséquent du latex; et même dans ces derniers temps, M. Trécul a admis l'existence du latex dans tous les vais- seaux spiraux, réticulés, rayés et ponctués. » Le mode d'extraction du latex laisse les plus grands doutes sur la pureté de ce liquide : en pratiquant en effet sur un tissu organique l'inci- sion qui laisse écouler le latex, il est impossible d'admettre que l'on ne perfore que les laticifères ; la liqueur que l'on obtient est nécessairement un mélange de tous les liquides qui se sont échappés des organes que l'instru- ment a entamés. Du reste, l'analyse chimique du latex venant prouver que ce suc présente dans sa composition des variations qui ne peuvent pas C. R., 1860, 2mt Semestre. (T. LI, N° 18.) 88 ( 648 ) s'accorder avec la constance de constitution que l'on constate dans tous les liquides qui jouent un rôle physiologique important, semble démontrer que l'on désigne ici sons le même nom des liquides qui sont essentiellement . différents. » Lorsqu'on étudie, sous la dénomination de latex, la sève de l'arbre de la vache que notre confrère M. Boussingault a examinée avec tant de soin, le suc vénéneux que fournit l'écorce de l'Euphorbe des Canaries, le liquide visqueux qui produit l'opium, la matière résineuse qui forme la térében- thine, ou la liqueur laiteuse qui tient le caoutchouc en suspension, il me parait évident que l'on confond un liquide organisateur avec de véritables excrétions végétales. » En présence de toutes ces difficultés et de ces incertitudes qui ont fait donner le nom de latex à tout liquide qui n'est pas de la sève, je me suis demandé s'il n'existerait pas dans les parties actives de l'organisation végétale et chez tous les végétaux un liquide réellement organisateur, se rapprochant par sa composition des organes qui sont en voie de formation et présentant jusqu'à un certain point cette constance de composition, cette marque d'origine et de fonctions, que l'on trouve dans l'albumine de l'œuf ou dans le sérum du sang. » C'est ce liquide que je crois avoir trouvé et que je désignerai sous le nom de Latex albumineux. » Je dirai, d'une manière générale, que j'obtiens ce liquide en pratiquant une légère incision dans le tissu qui est placé près de l'épiderme et qui paraît être en voie de formation : le latex albumineux est presque pur lorsqu'on a été assez heureux pour entamer des vaisseaux laticifères gorgés de sucs et que les autres tissus blessés par la même incision sont formés par des cellules étroites retenant leur liquide. Dans tous les cas, il faut s'empresser de met- tre de côté la première goutte qui s'écoule, car la seconde ne présente pas toujours les caractères du latex albumineux. » Des expériences pratiquées sur des plantes diverses et sur différentes parties des végétaux m'ont donné des liquides qui possédaient tous les mêmes caractères chimiques. » Mes essais ont été faits sur les pétioles du Colocasia odora et du Bana- nier, sur les tiges du Stephanotis et du Tanghinia, sur les racines de YJrum, sur le parenchyme du Potiron. Les liquides ainsi obtenus ont présenté les propriétés suivantes : lorsqu'on les chauffe, ils se prennent en masse blanche comme l'albumine de l'œuf ou le sérum du sang; une trace d'acide azotique ou de tannin les coagule également. (649) » Dans ces expériences, on ne constate pas ce trouble albumineux que l'on observe chez tous les sucs des végétaux qui sont soumis à l'ébullition, mais on détermine une véritable solidification de la liqueur. Cette sécrétion albumineuse présente ordinairement l'alcalinité du sérum ou celle de l'albu- mine de l'œuf. Il était intéressant d'apprécier par l'analyse la proportion de substance albumineuse qui pourrait exister dans ce suc végétal : j'ai pu extraire du parenchyme du Potiron une quantité suffisante de latex albu- mineux pour effectuer cette détermination. J'ai reconnu avec étonnement que ce suc laissait par l'évaporation un résidu de i3 pour 100 constitué presque entièrement par de l'albumine : le sérum du sang et le lait ne sont pas plus albumineux que ce suc végétal. Les cendres produites par le latex albumineux sont formées en grande partie de chlorure et de carbonate alcalins. » Notre savant confrère M. Decaisne a constaté la présence des vais- seaux laticifères dans la partie du parenchyme qui a donné le latex dont je viens de parler ; ces canaux déversent un liquide qui semble sortir du tissu utriculaire du parenchyme; il n'en est rien, car ce dernier contient un suc qui ne présente aucun rapport avec le latex et qui se trouble à peine par l'ébullition. » Le latex albumineux possède souvent une propriété fort curieuse qui méritait un examen approfondi. » Quand il est extrait des vaisseaux laticifères et conservé à l'air pendant quelque temps, il peut éprouver une véritable coagulation et former une espèce de membrane. » On pourrait penser d'abord que ce suc contient une substance fibri- neuse qui se solidifierait à la manière de la fibrine du sang; on croirait même assister à un phénomène d'organisation, s'il était possible d'admettre qu'un liquide pût jouir d'une pareille propriété lorsqu'il est une fois retiré des tissus organiques. » Cette coagulation du latex albumineux se forme souvent sur le bord de la plaie que l'on a faite au végétal et produit alors un dépôt gélatineux qui empêche la sortie du liquide. En étudiant cette coagulation avec atten- tion, j'ai reconnu qu'elle n'était due ni à un phénomène d'organisation, ni à la présence d'une matière fibrineuse, mais à une simple réaction chimique. Les tissus qui avoisinent les vaisseaux laticifères contiennent et sécrètent en abondance des principes astringents qui ont la propriété de faire prendre en gelée tous les liquides albumineux. » J'ai constaté ce fait par des expériences directes et variées : ainsi en 88.. ( 65o ) versant une dissolution albumineuse sur un tissu utriculaire qui s'était recouvert de latex gélatineux, j'ai pu reproduire en quelques instants un dépôt membraneux comparable en tous points au latex coagulé; lorsqu'un latex albumineux ne se coagulait pas, je lui donnais cette propriété en le mélangeant à des traces de corps astringents ; et enfin j'ai toujours isolé une matière astringente d'un latex qui se prend en gelée lorsqu'il est sorti des vaisseaux laticifères. » Ainsi, la coagulation du latex provient de la modification qu'éprouve le corps albumineux sous l'influence du tannin qui se trouve dans le tissu organique ou dans le liquide qui remplit les cellules. » Cette production de matière gélatineuse aux dépens du latex me con- duisait naturellement à l'étude de la gelée qui a tant préoccupé les bota- nistes, et que les chimistes connaissent si imparfaitement; je veux parler ici du cambium. » Dans la crainte de mal interpréter les opinions des botanistes sur la nature du cambium, je reproduis textuellement quelques phrases extraites de l'ouvrage de A. de Jussieu : « Suivant M. Schleiden, le premier état du tissu cellulaire est toujours » celui d'une dissolution gommeuse qui, plus tard, s'épaissit en une gelée. » Pour de Mirbel, partout où commence à se former un tissu, se trouve » le cambium ; c'est d'abord un liquide de consistance mucilagineuse qui » s'épaissit graduellement en gelée. » Les ingénieuses expériences de Duhamel sur la formation du bois dans » les arbres dicotylédones font penser que le cambium se forme aux dépens » des sucs les plus élaborés. En recherchant où se dépose le cambium, cet » élément ou cette ébauche de toute organisation végétale, on remarque » que c'est en général sur le trajet des laticifères. » » Il résulte de ces citations que la gelée azotée qui précède la formation des cellules et que de Mirbel appelait le cambium, est toujours en rapport avec les vaisseaux laticifères. Or j'ai démontré que ces vaisseaux charrient presque toujours un suc très-albu milieux qui se prend en gelée par l'action des liquides et des tissus astringents; ces faits me paraissent expliquer d'un manière satisfaisante la production du cambium gélatineux (i). » Je ne sais pas si les botanistes admettent encore aujourd'hui que la membrane végétale passe par un état gélatineux avant d'être définitivement (i) Ces observations se trouvent d'accord avec celles de M. Payen qui prouvent que les premières membranes d'un tissu en voie de formation sont toujours fortement azotées. (65. ) organisée, et s'il est permis à l'observateur de saisir ainsi l'ébauche de l'organisation; dans tous les cas, la chimie doit faire connaître les pro- priétés des principes immédiats qui concourent à ce mystérieux phéno- mène. » Le but principal de cette communication est donc de prouver que la sève élaborée et descendante est probablement un mélange de plusieurs liquides différents; les uns entraînent les excrétions végétales, les autres servent à l'organisation : c'est ainsi qu'on peut surtout expliquer les diffé- rences que l'on constate dans la composition des sucs propres. » Pour déterminer la part que ces sucs peuvent prendre dans l'organisa- tion végétale, il faut donc étudier séparément ces deux espèces de liquides organiques. » Je crois être entré dans cette voie en appelant l'attention des botanistes sur un liquide aussi albumineux que le sérum du sang qui se trouve dans les tissus en voie de formation, et que j'ai pu extraire déjà des parties végé- tales et des plantes les plus diverses. » Il me reste à rechercher si le latex albumineux est un suc végétal qui ne se rencontre que dans des cas exceptionnels, ou s'il concourt réelle- ment, comme je le pense, au développement de tous les tissus. » C'est cette question intéressante que je m'empresserai d'examiner lorsque la végétation me le permettra. » anatomie végétale. — Mémoire sur la structure des Cycadées; par M. Th. Lestiboudois. (Extrait par l'auteur.) « Les caractères des Cycadées sont restés si longtemps obscurs, qu'on a ignoré la place qu'elles devaient occuper dans le règne végétal : Rhéede les range parmi les Palmiers, Rumphius parmi les Fougères; Linné les met tour à tour dans l'un§ ou l'autre famille ; Boerhave et Adanson les comptent au nombre des Palmiers; A.-L. de Jussieu et Desfontaines les remettent dans les Fougères. Du Petit-Thouars découvre que leurembryon est dicotylédoné ; enfin Persoon crée la famille spéciale des Cycadées, et la place entre les Fou- gères et les Palmiers. Gœrtner considère encore leurembryon comme mono- cotyledoné; Cl. Richard et R. Brown démontrent qu'il est pourvu de deux cotylédons : ils diffèrent sur la manière d'envisager les parties florales et les graines, mais ils sont d'accord pour reconnaître les affinités de ces plantes avec les Conifères ; toutefois l'un et l'autre, en raison delà conformation de la tige, considèrent les Cycadées comme devant être rangées parmi les mo- nocotylédonés. Gaudichaud est dumême avis. Enfin M. Brongniart annonce ( 65a ) que leur tige a la structure de celle des dicotylédones. Mais il dit qu'elle n'a pas de liber, ni de couches ligneuses, attributs essentiels des dicotylédones; il ne peut rendre compte des doubles anneaux fibreux qu'on trouve dans leur tige. Enfin M. Hugo Mohl reconnaît qu'elles ont un liber, mais il dit qu'elles ne forment point de couches fibreuses entre le bois et l'écorce, que leurs faisceaux s'accroissent seulement par le sommet, qu'en conséquence leur structure est celle des Fougères arborescentes. Quant aux anneaux fibreux placés à l'extérieur du cylindre ligneux primitif, il les croit formés par des fibres descendantes. » Pour faire cesser tant d'incertitudes, j'ai cru devoir reprendre l'étude des Cycadées, depuis leur premier développement jusqu'à l'âge le plus avancé. A l'origine la tige des Cycadées est tuberculiformej écailleuse, terminée supérieurement par un bourgeon unique, inférieurement par une racine pivotante, souvent contournée. Intérieurement ces tiges présentent une moelle centrale, des faisceaux fibreux, disposés circulairement, en petit nombre, séparés par des rayons médullaires, et divisés en lames minces par des rayons médullaires secondaires. Ces faisceaux sont formés de deux par- ties : l'une, intérieure ou ligneuse, est composée de vaisseaux trachéens de formes diverses; l'autre, extérieure ou libérienne, est composée de tubes étroits, pâles, longs, à parois inégalement épaisses. Le cercle ligneux est sé- paré du cercle libérien par une zone transparente, sans consistance. En dehors du liber est une médulle épaisse, succulente et féculente comme la moelle centrale. » Les faisceaux caulinaires s'accroissent en diamètre par la formation de nouvelles fibres ligneuses et de nouvelles fibres corticales dans la zone transparente qui sépare le bois et l'écorce; ils forment un cercle ligneux et un cercle cortical continu, entre lesquels se trouve encore une zone transparente reconsiituée, de sorte qu'on peut séparer très-facilement l'écorce et le bois comme dans les dicotylédones. Dans cette zone successi- vement développée se créent de nouvelles couches ligneuses et corticales. La tige alors est cylindrique, couverte de la base des anciennes feuilles qui restent souvent vivantes (on voit un indice de cette disposition dans les Conifères). La tige est privée de bourgeons axillaires (comme dans les Conifères à feuilles solitaires) et terminée par une couronne de feuilles persistantes, pennées, circinnales, au centre desquelles est un bourgeon terminal, très-apparent, entouré d'écaillés couvertes de poils jaunâtres ou roussâtres, articulés. » Bien que la tige soit cylindrique, son cercle ligneux et son cercle cor- ( 653 ) tical sont plus épais à la base de la tige, comme dans les dicotyIédonésr parce qu'il y a un plus grand nombre de couches ligneuses et corticales à la base qu'au sommet. La cylindricité de, la tige n'est due qu'à la plus grande ampleur de la moelle. On n'y peut distinguer les unes des autres les couches ligneuses qui se sont formées successivement entre le bois et l'écorce, parce que le bois est exclusivement formé de tubes vasculaires; il n'a pas de tissu fibreux proprement dit; la fin d'une couche est absolument sem- blable au commencement de la suivante; on ne peut donc établir de ligne de séparation. » Les couches ligneuses sont uniformément formées de vaisseaux poreux auréolés, semblables aux tubes courts des Conifères, qu'on a considérés comme des utricules, et qu'on doit conséquemment regarder comme une variété des vaisseaux trachéens. Les faisceaux se prolongent inférieurement pour former la racine pivotante; supérieurement ils forment les feuilles. » Les fibres foliaires des Cycadées présentent une singularité remarqua- ble : au lieu de se rendre directement dans les pétioles, elles se ramifient, lorsqu'elles sont arrivées à la périphérie, s'anastomosent, se courbent, en suivant le contour de la tige, et c'est de ce réseau extérieur que sortent les fibrilles qui par leur réunion constituent les faisceaux pédonculaires. Ceux- ci prennent des arrangements qui rappellent un peu ceux des Fougères arborescentes. . » La moelle centrale et la médulle corticale sont organisées à peu près de la même manière : toutes deux présentent de petites lacunes arrondies, pleines d'un suc gommeux, comme les lacunes des Conifères sont remplies d'un suc résineux. Certains utricules ont cela de remarquable qu'ils con- tiennent des grains très-petits, un peu grisâtres, souvent animés d'un mou- vement de trépidation qui est parfois très-vif. La moelle centrale n'a pas de faisceaux fibreux épars, dans le Cycas) elle en est toute parsemée dans le Zamia; dans un Dioon, dont le cercle fibreux avait été ouvert en un point, par une altération des tissus, on voyait des fibres centrales traverser la moelle, sortir par l'ouverture accidentelle et s'appliquer sur la face exté- rieure du cercle ligneux. » Les très-vieux troncs des Cycadées présentent une anomalie bien plus notable que celle qui vient d'être indiquée : à une époque indéterminée l'accroissement cesse entre le système ligneux et le cortical ; il se forme dans la médulle corticale, au dehors des couches fibreuses de l'écorce, de nouveaux faisceaux qui sont composés des éléments ligneux et libé- riens, et qui s'accroissent par la formation de fibres dans la zone placée (654) entre les deux éléments ; ils se rapprochent ainsi, s'unissent et forment un deuxième cercle ligneux et un deuxième cercle cortical. Les nouveaux systèmes s'accroissent comme les premiers; mais à une époque indéter- minée leur développement s'arrête à son tour; de nouveaux faisceaux se forment en dehors de la deuxième écorce, et constituent un troisième cercle ligneux revêtu de sa zone corticale, et ainsi de suite. C'est ainsi que se forment ces anneaux, dont on n'avait ni connu l'origine ni apprécié la nature. » Des faits qui précèdent il résulte que, si les Cycadées ont quelque ressemblance avec les Fougères en arbre par leur tige cylindrique, privée des bourgeons axillaires, terminée par une couronne de feuilles circinales, dont les faisceaux pétiolaires ont des arrangements spéciaux, si elles res- semblent aux monocotylédonés ligneux par la forme de la tige, les feuilles en couronnes, persistantes, elles n'ont aucunement la structure normale de ces deux ordres de végétaux. Elles ont exactement tous les attributs des dicotylédones : un système ligneux et un système cortical, complètement distincts et séparables, composés d'une moelle centrale et d'une moelle cor- ticale, de faisceaux ligneux et corticaux qui se correspondent exactement, qui s'accroissent dans la zone qui est interposée entre eux, qui sont séparés et divisés par des rayons et des prolongements médullaires, qui se développent, se rapprochent, et s'unissent de manière à former des couches concentriques successives, qui se prolongent inférieurement de manière à former une racine pivotante continue avec la tige. Ainsi elles ont complètement la structure fondamentale des dicotylédones. Les particularités de leur organi- sation les rapprochent des Conifères, mais certaines dispositions singulières leur appartiennent en propre, comme la persistance plus ou moins pro- longée de la vie dans la base des feuilles; l'anastomose en réseau des fibres foliaires à la périphérie de la médulle corticale; la présence d'utricules pleins de grains trépidants ; la formation de faisceaux* dans la moelle centrale et surtout la formation de faisceaux extérieurs aux fibres corticales, comme dans quelques Malpighiacées, Convolvulacées, Sapotées, Légumineuses, mais avec plus de régularité. Cette formation de faisceaux fibro-vasculaires en dehors des éléments corticaux primitifs est la véritable transition des dicotylédones aux monocotylédonés. Mais ces faisceaux conservant l'ac- croissement interstitiel, en vertu duquel se produisent des couches suc- cessives de bois et d'écorce, il faut conserver parmi les dicotylédones les végétaux qui présentent cette disposition; toutefois on peut les désigner par des noms spéciaux. ( 655 ) » On a appelé Acrogènes les végétaux qui s'accroissent seulement par le sommet ; exemple : les Fougères arborescentes. » On peut appeler Diagènes les monocotylédonés qui forment de nou- veaux faisceaux dans toute l'épaisseur de la tige, et Cyclogènes les dicoty- lédones qui forment, des fibres nouvelles dans la ligne circulaire qui sépare les éléments corticaux et ligneux ; parmi ces derniers nous nommerions : » Homogènes, ceux qui ont uniquement l'accroissement normal ; » Entogènes, ceux qui, en outre, créent des faisceaux dans la moelle centrale : Dioon; » Ectogènes, ceux qui créentdes faisceaux dans la médulle corticale : Cycas; » Hétérogènes, ceux qui en créent dans les deux systèmes médullaires : Zam la. » MEMOIRES LUS. ZOOLOGIE appliquée. — Note sur là première éducation en grande culture du ver à soie de l'Ailante ; par M. Gcérijv-Méneviixe. (Extrait.) (Commission des vers à soie. ) « Les essais pratiques d'éducation du ver à soie de l'Ailante augmentent chaque année en nombre et en importance, et ma persévérance encouragée par l'assentiment de tous les amis de notre agriculture et de notre industrie semble devoir être couronnée de succès. En effet, malgré les mauvais temps qui ont régné cette année, mes expériences pratiques d'éducation ont donné les résultats les plus satisfaisants, ce qui a engagé plusieurs propriétaires à faire des plantations d'Ailante. » Je ne reviendrai pas sur l'expérience en plein air que j'ai pu faire au bois de Boulogne ; car des milliers de visiteurs et plusieurs Membres de l'Académie des Sciences en peuvent rendre témoignage. Aujourd'hui je viens mettre sous les yeux de l'Académie un échantillon (3ooo cocons vivants) du produit de la première éducation vraiment agricole faite en France sur des Allantes plantés spécialement en vue de cette récolte par M. le comte de Lamote-Baracé, dans son domaine du Coudray-Montpensier, près Chinon (Indre-et-Loire). » Après avoir placé simplement les jeunes vers à soie sur les haies d' Al- lantes de sa plantation, M. de Lamote, traitant cette éducation comme les cultures de céréales, de vignes, de colza, etc., sans employer aucune main- d'œuvre ni précautions extraordinaires contre les attaques des oiseaux et C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° 18.) 89 ( 656 ) autres ennemis, et malgré un mauvais temps constant, a obtenu encore plus de cent mille beaux cocons que nous destinons à la reproduction pour l'année prochaine, et avec lesquels je pourrai faire assez de graine pour sa- tisfaire largement aux nombreuses demandes que j'inscris tous les jours. En effel, chaque papillon femelle donnant plus de 2r)o œufs, en supposant que, sur mes iooooo cocons, la moitié contienne des femelles, on voit que ces 5qooo papillons me donneront plus de douze millions (ia5ooooo) d'œufs, quantité très-supérieure à celle qui sera nécessaire, car les plantations d'Ai- lantes, faites récemment, ne pourraient nourrir tous ces vers. » On peut dire aujourd'hui, sans exagération, que la seule main-d'œuvre nécessitée par ces éducations en plein air est la confection de la graine, I eclosion des jeunes vers, leur pose sur les arbres et la cueillette des co- cons. Une fois les arbres ensemencés de ces vers à soie, l'agriculteur n'a plus qu'à les laisser brouter pendant un mois environ, et il trouve sa récolte pendue aux feuilles, sur lesquelles il y a souvent plus de vingt cocons, ainsi que l'Académie peut le voir en examinant les feuilles que j'ai déposées sur le bureau. Cette simplicité dans les procédés d'éducation, cette absence presque complète de main-d'œuvre, est ce qui distingue principalement ma nouvelle culture (i) de celle du ver à soie du mûrier, celle-ci nécessi- tant des bâtiments, du chauffage; nécessitant surtout de nombreux ou- vriers pour cueillir la feuille des mûriers, l'apporter à la magnanerie, la servir quatre ou cinq fois par jour, aux vers à soie, enlever souvent les litières et poser les bruyères en rameaux dans lesquels ils font leurs cocons. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques de 1860 (question concernant les surfaces applicables). Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 4- (1) On trouvera de nombreux détails sur cette nouvelle industrie agricole dans mon « Rapport à S. M. l'Empereur sur les travaux entrepris par son ordre pour introduire le ver à soie de l'Ailante en France et en Algérie », et dans un petit traité sur le même sujet, destiné à servir de guide aux personnes qui vont se livrer à la culture de l'Ailante et de son ver à soie. ( 657 ) anatomif. COMPARÉE DES VÉGÉTAUX. — Formation du (jenre DUFRENOYA et rétablissement d'un genre SPHiEROCARY A ; par M. Ad. Chatist. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) ■ « J'ai établi l'existence, dans les Thésiacées, de caractères anatomiques parallèles aux caractères morphologiques, tant pour l'ordre lui-même, que pour les genres et les espèces. Comme preuve spéciale du parallélisme de ces deux sortes de caractères et de l'appui que l'anatomie est appelée à prêter à la morphologie dans les questions que celle-ci peut être impuis- sante à résoudre seule, je viens aujourd'hui constituer, sur des caractères anatomiques d'une valeur non douteuse, deux genres presque admis déjà sur les données morphologiques par M. A. de Candolle. » Genre Dufrénoy a (r). — Il a pour type Y Henslowia heterantha, plante découverte par Wallich dans le Népaul, et signalée par Bentham dans tout, le nord de l'Inde. » Fiscum pour Wallich et acceptée comme telle par P. de Candolle et par Sprengel, cette plante fut rattachée au genre Henslowia par Bentham et par Hooker fils. M. A. de Candolle a proposé [Prodromus Sysi. nat., t. XIV, p. 6^2) pour elle dans ce dernier genre une section particulière qui, dans l'opinion de ce savant botaniste, n'attendait pour être érigée en genre dis- tinct, que des observations plus complètes. Or ce supplément de connais- sances que M. A. de Candolle attendait d'études morphologiques, l'ana- tomie les apporte, assurée que sur ce point encore les observations qui restent à faire montreront l'accord entre les caractères de structure interne et ceux tirés de la fleur. Voici du reste comment M. A. de Candolle carac- térise sa deuxième section, par opposition à la première, qui ne comprend que les vrais Henslowia, tous épiphytes. » §2. Dubia species, terrestris ; floribus masculis apice pedunculi brevis condensalis, 5 lateralibus , uno centrait; florem unicum simulantibus ; ovulis et semine non satis cognitis. — Plus bas, à la suite de caractères d'ordre spéci- fique, M. A. de Candolle ajoute : Stylurn nullum. Fructus... carnostdi, putamine duro 5 lobo, semine uno tobato vel seminibus quincjue placenlœ cenlrali fusiformi (i) Je dédie ce genre, comme expression de ma vive gratitude, à l'un de mes excellents maîtres, Pierre-Armand Dufrénoy, de l'Académie des Sciences. Très-illustre minéralogiste et géologue, Dufrénoy se plaisait à reconnaître les services déjà rendus par les botanistes à la géologie, et ne doutait pas queues services ne devinssent et plus variés et plus importants à mesure que l'anatomie des plantes de l'époque actuelle serait plus complètement connue. 89.. ( 658 ) lateraliter adfixis? intra lobos nidulantibus ; embryone...? — A ces caractères morpholigiques, voici, par opposition, quelques-uns des caractères des vrais Henslowia : c'est toujours M. A. de Candole qui parle. » § i. Parasiticœ,modo Visci; floribus in pedunculis brevibus s]iarsisunicisve. Et plus loin... Ovula... 2-3? Stylus brevis. Fruclus carnosus » Ainsi, non-seulement par l'habitat terrestre, ce qui est grave dans un genre où toutes les autres espèces connues (au nombre de 1 1) sont épiphy tes, mais encore par ce que l'on sait de plusieurs de ses caractères floraux, YHenslowia heteranlha s'écarte des plantes dont il était regardé comme con- génère. Impossible d'ailleurs de le rattacher au Viscum, comme l'avaient proposé Wallich et Sprengel : toute son organisation s'y oppose. Déjà donc le genre était presque tout fait, quand l'anatomie est venue achever de l'éta- blir. Voici les caractères anatomiques du nouveau genre. » Tige : faisceaux corticaux nombreux, disposés sur une ligne circu- laire contiguë à la couche périxyle ; cellules scléreuses existant en grand nombre et situées pour la plupart dans l'intervalle des faisceaux corticaux, avec lesquels elles complètent le cercle ; fibres ligneuses ponctuées ; vais- seaux du bois rayonnants (et assez courts). Feuilles: système fibro-vascu- laire du pétiole disposé en un anneau complet, pourvu de nombreux rayons médullaires à utricules pondues; fibres de l'anneau épaisses, finement ponctuées et ordonnées avec les vaisseaux en lignes rayonnantes; moelle centrale; lame à épidermes semblables et à parenchyme symétrique {Anal. comp. des vég. parasites, PL LXV1I, fig. 9 — 9', 10 — 10""). » C'est dans l'organisation du système fibro-vasculaire de la feuille, plus semblable à l'organisation des axes qu'à celle des appendices, qu'est le ca- ractère essentiel du Dujrenoya. Mais cette organisation ne sépare pas seu- lement le Dufrenqya des Henslowia , elle le distingue très-nettement encore des autres Thésiacées, qui par elle ont un nouveau point de contact avec les Combretacées. La structure de la tige, identique dans les deux genres, re- tient d'ailleurs le Dujrenoya près de l' Henslowia. » Genre Sph^erocarya.— Le genre Pyrularia, créé par Michaux pour le P. pubera, avait disparu dans l' Hamiltonia , mais les espèces de celui-ci ayant été comprises, moins Y H. oleifera Muhl. [Pyrularia pubera), dans le Comandra , le premier a été repris dans le Prodromus, par M. A. de Can- dolle, comme type du genre fondé par Michaux. Dans ce Pyrularia recon- stitué, M. A de Candolle fut conduit à faire rentrer les espèces connues de Scleropyrum et de Sphœrocarya. Toutefois une espèce de Sphœrocarya qui croît dans le nord de l'Inde, le S. leprosa, n'est mise par ce savant botaniste (659) à la suite du Pyrularia que comme species dubia, dont les caractères mor- phologiques, encore incomplètement connus, se réduisent aux indications suivantes : « Fructus axillares vel extra- axillares, singuli vel gemini, im- maluri vcstigiis loborum 5 et stylo gracili terminati. Flores prœterea mecum in /lit. communicavit cl. Hooker f. unde genus mihi dubium videlur. El enim flos (jam provectiis) lineam solum longus , tubo glabro turbinoto, supra basim bracteam prcebet in congeneribus non videndam ; lobi 5 brevissimi; vestigia quœdam pelalorum? aut disci? intra lobos; slylus conicus ; ovula 3-4 ex apice placentœ cenlralis pendentia, sed placenta recta, minus quam in congen. segre- gata. An Olacacea? » [Prodr., t. XIV, p. 629.) •> Ainsi donc, pour M. A. de Candolle : i° il est douteux que notre plante soit une Pyrularia ; i° peut-être est- elle une OlacacéePL'anatomie éclaire ces deux points. » Les caractères suivants distinguent génériquement le Sphœrocarya . Tige : fibres corticales non groupées en faisceaux, mais formant un cercle complet ou à peine interrompu; vaisseaux du bois pour la plupart marqués de larges raies. Feuilles : système fibro-cortical existant et disposé en un cercle brisé. Système fibro-vasculaire composé de deux faisceaux superpo- sés ; vaisseaux formant la presque totalité des faisceaux et disposés en étroites lignes rayonnantes. A ces caractères essentiels il faut ajouter : tige a stomates nuls, à fibres ligneuses et à moelle ponctuées ; feuilles à épidémies dissem- blables (le supérieur sinueux quoique privé de stomates) et à parenchyme non symétrique. Rapprochée des doutes inspirés par la structure de la fleur, l'importante réunion de ces caractères anatomiques ne permet plus d'hésiter sur la distinction générique du Sph. leprosa, et naturellement alors c'est le genre Sphœrocarya, provisoirement réduit au S. leprosa, qui doit être repris. » Le nouveau Sphœrocarya est-il une Olacacée? L'état imparfait des fleurs communiquées à M. de Candolle, le manque de données sur la structure des ovules laissent la question incertaine au point de vue de la morphologie. Quant à l'anatomie, elle éloigne le Sphœrocarya des Olacacées plus encore que des Thésiacées ; elle signale au contraire de sérieuses affinités entre ce genre et les Combretacées. Par les fibres corticales placées sous le faisceau de ses feuilles, le Sphœrocarya a cependant un point de contact avec le Pyrularia pubera. » En somme, des deux genres nouveaux, l'un, le Dufrenoya, reste incon- testablement dans les Thésiacées près des Henslowia, et lie ces plantes aux Combrelacées; l'autre, le Sphœrocarya, paraît devoir former le passage des Combretacées aux Thésiacées. » ( 660 ) GÉOLOGIE. — Recherches géologiques sur les matières, notamment tes pierres, qui ont été travaillées par les premiers habitants des Gaules; par M. E. Robert. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Dumas, de Quatrefages, d'Archiac). « Sans prétendre tirer aucune conséquence des faits que j'ai rassemblés et essayés de rapprocher dans ce Mémoire, faits qui ont principalement pour but de faire voir la liaison intime qui existe entre les objets travaillés par les premiers habitants des Gaules et le sol sur lequel ou clans lequel ils se trouvent, je ne puis m'empêcher de faire remarquer que les pierres taillées, recueillies sur les points les plus élevés du bassin de Paris, ont une telle res- semblance avec celles des sablières d'Ivry et de Grenelle, à Paris, sur le bord de la Seine, en amont et en aval de cette rivière, qu'il est difficile de ne pas admettre une certaine contemporanéité entre tous ces objets. A coup sûr, il ne viendra à l'idée d'aucun géologue de regarder les pierres travaillées qu'on rencontre en si grand nombre à Meudon, à plus de 100 mètres au-dessus du niveau de la Seine, comme des objets antédiluviens. Beaucoup d'entre elles se trouvent d'ailleurs au pied de la colline, dissémi- nées sur le véritable diluvium, caractérisé, dans les environs de Paris, par des cailloux roulés, empâtés dans une terre argilo-ferrugineuse, rougeàtre, qui remplit souvent des puits naturels creusés par des eaux d'une violence extrême jusqu'à la base des premières assises, dans le calcaire marin gros- sier. Le véritable diluvium, en un mot, est un terrain vierge bien antérieur aux grands atterrissements fluviatiles, dans lesquels, pour ma part, je n'ai jamais observé de vestiges humains. >- Loin de moi donc la pensée d'avoir cherché à résoudre la grande ques- tion archéologique soulevée par M. Boucher de Perthes, relativement à l'âge des premières traces de la présence de l'homme dans nos contrées ; j'exprimerai seulement, d'après ce que j'ai vu sous le rapport géologique, l'opinion que les sablières situées le long des rivières, telles que celles de la Seine à Paris, sur tonte la rive gauche ; de la Marne, à Saint-Maur et à Nogent-sur-Marne ; de l'Oise, à Précy-sur-Oise ; de la Somme, à Amiens, dans lesquelles il a été trouvé, dans ces derniers temps, beaucoup de pierres évidemment travaillées ; que ces sablières, dis-je, ne sont ouverte* qu'au milieu d'atterrissements fluviatiles très-anciens. Ces atterrissements, je le répète, n'ont rien de commun avec les dépôts du diluvium qui les (66i ) côtoie de tontes parts, ainsi que le sol du bois de Boulogne en offre un exemple frappant : le centre est l'antique diluvium, et la ceinture est formée par les alluvions modernes ; ces dernières sont composées de pierres rou- lées, de sable et de gravier empruntés : i° à d'anciennes formations en place ; i° au véritable diluvium, qui, après avoir été remanié sur quelques points par les débordements des fleuves, leur aura cédé, avec la masse prin- cipale des cailloux, des ossements de pachydermes; 3° enfin aux premiers habitants de nos contrées, qui ont abandonné sur le sol, dans le voisinage des rivières, une quantité considérable de pierres façonnées. » On n'y a jamais trouvé d'ossements humains roulés; mais quand bien même cela viendrait à se produire, je ne vois pas en quoi une pareille rencontre pourrait infirmer la règle que je présente. Ce n'est pas en vain que les illustres auteurs de la paléontologie de nos terrains (MM. Cuvier et Brongniart) ont parcouru bien avant nous les environs de Paris et assigné les limites où devaient seulement se trouver les différentes races d'animaux qui caractérisent ses couches. Tout ce que nous voyons aujourd'hui ne sert qu'à justifier leur haute prévision. » Tous les faits que j'ai groupés dans ce Mémoire tendent, en dernière analyse, à démontrer que la race d'hommes qui a occupé la première les Gaules, est en effet de la plus haute antiquité, se perd, comme on pourrait dire, dans la nuit des temps, sans qu'il soit nécessaire pour cela, et c'est précisément ce que je voulais établir, de la séparer par un cataclysme de l'époque celtique proprement dite. J'irai même plus loin en émettant l'opinion que les centres de population actuelle, en France du moins, ne sont que la continuation de ces mêmes berceaux humains. D'après l'examen attentif de certaines localités que j'ai prises pour exemples, telles que M eu- don, Brégy, et l'abondance des pierres travaillées qu'on y trouve, dont la na- ture est identique avec celle des roches de ces mêmes localités, il m'est im- possible de ne pas voir dans ce rapprochement un motif qui, tant que l'âge de pierre a duré, a engagé les peuplades à se fixer dans un endroit plutôt que dans un autre : de même que le besoin de pâturages abondants poussait les peuples pasteurs à donner la préférence aux contrées qui offraient pour le moment le plus d'avantage sous ce rapport, celui des instruments en pierre, les seuls qui existassent alors, devait inviter les Celtes à s'établir de préférence dans les localités riches en bonnes pierres propres à l'in- dustrie. » Ces considérations ne nous empêcheront cependant pas de reconnaître, en terminant, que les populations devaient surtout rechercher les bords des ( 66t. ) rivières qui leur offraient naturellement des communications faciles, des chasses et des pèches abondantes. Ne pourrait-on pas enfin expliquer de cette manière la multiplicité des objets travaillés de toutes sortes dans les dépôts fluviatiles et tourbeux, objets identiques avec ceux des plaines éle- vées ou des hauteurs qui n'ont jamais été submergées, telles que Meudon et Brégy, depuis que l'homme y a planté sa tente? » PATHOLOGIE. — Remarques concernant là paraljsie générale, présentées à l'occasion des Notes de MM. Baillarger et Brierre de Boismont; par M. Cas. Pinel. (Extrait.) (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Rayer.) « ... Je connais plusieurs personnes qui sont devenues aliénées, après avoir été atteintes d'hypochondrie; elles ont présenté la plupart des phénomènes notés par M. Baillarger ; je puis affirmer qu'elles n'ont jamais été paraly- tiques, et qu'elles jouissent, depuis longtemps, de la plénitude de leurs facultés intellectuelles. J'ai eu occasion de soigner, depuis trente ans, un très-grand nombre d'hypochondriaques à tous les degrés; beaucoup ont éprouvé les divers phénomènes signalés par M. Baillarger; quelques-uns sont devenus complètement aliénés; d'autres se sont suicidés; peu ont guéri, plusieurs sont encore hypochondriaques ; certains d'entre eux ont succombé à diverses affections organiques; je certifie que les fous paraly- tiques ont été fort rares, de sorte que, d'après ma propre expérience qui est basée sur l'observation d'une assez grande quantité d'hypochondriaques, de mélancoliques et d'aliénés paralytiques, je suis porté à croire que le délire dépressif, qu'on l'observe comme phénomène initial de la folie, ou bien pendant son cours, ne mérite pas réellement une grande attention sous le rapport du diagnostic de la paralysie générale, s'il n'a pas été pré- cédé, ou s'il n'est pas accompagné de symptômes regardés comme patho- gnomoniques par tous les auteurs. Ai-je besoin d'ajouter que ces signes sont essentiellement somatiques, et que, pour les constater, il faut diriger surtout son attention du côté des lèvres, de la langue, de la prononciation, des membres thoraciques et abdominaux, de la démarche, etc. » On a cru, pendant quelque temps qu'il existait constamment dans la paralysie générale un délire expansif à forme ambitieuse ; c'était une erreur qu'une observation plus rigoureuse est venue démontrer. Le délire expansif, qui ne se rencontre guère que dans la moitié des cas de paralysie générale, ( 663 ) est loin d'en être un signe certain ; il se voit aussi chez des aliénés qui n'en sont jamais atteints; il alterne souvent avec le délire oppressif, de sorte que si, à des intervalles plus ou moins éloignés, on examine un paralytique général, on le trouve sous l'influence d'idées tout à fait opposées à celles qu'il" avait manifestées dans d'autres moments. » M. Brierre de Boismont s'est attaché à prouver que les facultés morales et affectives sont plus ou moins perverties longtemps avant le développe- ment de la paralysie générale, et il a dit que cette période prodromique a échappé aux auteurs qui ont écrit sur cette maladie. Cette proposition ne me paraît pas complètement exacte, car les aliénistes les plus recomman- dables, et à leur tête Pinel et Esquirol, ont signalé cette période dans tous les genres d'aliénation mentale qui, on le sait, compliquent ordinairement la paralysie générale. Il est vrai que beaucoup de paralytiques généraux présentent, avant de le devenir, les phénomènes décrits par M. Brierre de Boismont, mais je ne pense pas que ces phénomènes puissent avoir, seuls, d'autre signification que celle de faire craindre la manifestation d'une forme quelconque de folie, et qu'il soit possible d'établir avec certitude le dia- gnostic de la paralysie générale, si l'on ne peut pas constater l'existence de quelques-uns des signes somatiques dont j'ai parlé plus haut. D'ailleurs la paralysie générale peut se montrer quelquefois sans symptômes précur- seurs qui expriment le trouble des facultés morales et affectives » Les habitudes, les goûts, le caractère, les actes, les penchants, les instincts, les sentiments peuvent être modifiés, changés, pervertis, sans qu'il survienne jamais de folie, ou bien s'il se produit une forme quelconque de vésanie, elle peut se montrer sans la moindre trace de paralysie. Mais quoique les considérations de M. Brierre, au point de vue légal, à celui du diagnostic ou du pronostic de la folie paralytique, ne nous semblent pas avoir toute la valeur que leur suppose l'auteur, nous pensons qu'on ne doit pas moins lui savoir gré d'avoir appelé de nouveau l'attention des observateurs sur les désordres moraux qui précèdent ou annoncent la ma- nifestation de la plupart des aliénations mentales. Ces désordres méconnus, la plupart du temps, par les familles et par les personnes qui n'ont pas l'habitude de voir des aliénés, ont surtout de la valeur, quand on trouve une différence complète et un contraste frappant entre l'état actuel et l'étal antérieur des qualités morales et affectives. » En résumé, je dirai : » i°. L'existence du délire spécial hypochondriaque séparé de l'hypo- C. R., 186c, 2me Semestre. (T. LI, N° 18.) 0.0 ( 664 ) chondrie et de la mélancolie ne me paraît pas justifiée par «ne observation rigoureuse. » 2°. Ce délire est d'une nature oppressive, et revêt tantôt la forme mélancolique, tantôt la forme hypochondriaque, et d'autres fois ces deux formes simultanément. » 3°. Il peut précéder, accompagner ou suivre la paralysie générale sans qu'il en établisse le diagnostic d'une manière positive. » 4°- Le délire dépressif, dans le cours de la paralysie générale, alterne assez souvent avec le délire expansif chez les mêmes malades. » M. Brierre de Iïoismom , à l'occasion d'une Note récente de M. Linas sur le détire mélancolique et ses rapports avec la paralysie générale, commu- nique quelques développements à sa précédente Note, et annonce un futur travail concernant la même question. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Flourens, Rayer. ) MM. de Buolz et de Fontenay, à l'occasion d'une communication de M. Caron sur la cémentation du fer (séance du 8 octobre), annoncent que depuis plus de six mois dans les forges de Flize et Boutancourt (Ardennes), on exploite en grand un procédé qu'ils ont cédé et au moyen duquel on produit directement l'acier fondu à l'aide des matières organisées en sup- primant complètement la cémentation préalable. Cette Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Despretz et Fremy. M. Malmené adresse une réponse à la dernière Note' de MM. Persoz et Perrier, et maintient sa réclamation de priorité à l'égard de leur procédé pour l'épuration des jus sucrés. (Renvoi aux Commissaires déjà nommés : MM. Dumas, Pelouze, Payen.) M. E. Glaise adresse la description et le modèle d'un photomètre qu'il a imaginé et qu'il croit appelé, à raison de sa simplicité, a être d'un emploi fréquent. (Renvoi à l'examen de M. Pouillet.) ( 665 ) M. Vinchon Thiesset présente un « Mémoire sur la cause des mouve- ments des astres ». Ce Mémoire, qui est très- volumineux, est renvoyé à M. Faye avec invita- tion de faire savoir à l'Académie si le travail est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. Mme Henry (Maria) adresse une nouvelle Note sur les maladies des vers à soie, sur le rôle qu'y peut jouer l'électricité, et sur les précautions hygiéni- ques à prendre en vue de cette cause pathogénique. (Renvoi à la Commission des vers à soie.) CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie le vœu exprimé par M. le Ministre de l'Algérie et des Colonies, que l'École de Méde- cine et de Pharmacie d'Alger soit comprise dans le nombre des établisse- ments scientifiques qui reçoivent gratuitement les Comptes rendus hebdoma- daires. (Renvoi à la Commission administrative.) PHYSIQUE. — Classification des électro-aimants; par M. J. Nicklès. « Jusqu'en i85o on ne connaissait que deux espèces d'électro-aimants : le rectiligne et le bifurqué ; depuis lors j'ai fait connaître trois espèces nou- velles : le trifurqué, le paracirculaire et le circulaire. L'Académie sait que j'y ai été conduit par mes recherches sur l'adhérence magnétique, recherches qui tendaient, avant tout, à trouver le moyen d'aimanter le fer en mouve- ment. Mes expériences à ce sujet m'ont permis de constater une série de faits nouveaux concernant les lois et les propriétés des électro-aimants, dont une partie a été soumise à l'Académie. Parmi les faits encore inédits figu- rent ceux qui concernent les diverses espèces d'électro-aimants, dont il n'existe pas seulement cinq, mais quelques centaines, ainsi que je le fais voir dans un ouvrage spécial que je viens de publier sous le titre : Les Electro-aimants et l'adhérence magnétique. » La nécessité de me retrouver dans ce dédale m'a suggéré un système de classification basé sur les principes de la méthode naturelle. La famille y est déterminée par le nombre des branches ou des disques de l'éleetro- 90.. ( 666 ) aimant, le genre par le nombre des hélices, l'espèce par la nature des pôles, et la variété par leur puissance relative. » Tous ces électro-aimants sont répartis en deux classes : » i°. Les électro-aimants à branches ; » i°. Les électro -aimants à disques. •> Ces derniers se subdivisent en : » i°. Électro-aimants paracirculaires; » i°- Électro-aimants circulaires ; » D'où résultent trois divisions, chacune composée de quatre familles susceptibles de donner lieu à des genres, des espèces et des variétés. » Ne pouvant donner ici le tableau complet des diverses combinaisons électro-magnétiques qu'on peut réaliser, je me bornerai à celui des familles. » La première classe, dite des électro-aimants à branches, comprend : » i°. Les électro-aimants rectilignes; » a0. Les électro-aimants bifurques; » 3°. Les électro-aimants trifurqués; » 4°- I-*es électro-aimants multifurqués. » La deuxième classe, dite des électro-aimants à disques, se compose : » 5°. Des électro-aimants paracirculaires unidromes (î); » 6°. Des électro-aimants paracirculaires bidromes ; » 70. Des électro-aimants paracirculaires tridromes; » 8°. Des électro-aimants paracirculaires multidromes ; » 90. Des électro-aimants circulaires unidromes; » io°. Des électro-aimants circulaires bidromes ; » 1 1°. Des électro-aimants circulaires tridromes; » 12°. Des électro-aimants circulaires multidromes. » Un ordre analogue est suivi dans le classement des genres, fondés, comme nous l'avons dit, sur le nombre des hélices ; nous dénommons celles-ci d'après le mot x.vnp.iç-iàcç, jambart, chaussure. Cela donne alors des bifurques mono ou dicnèmes, par exemple, des bidromes, mono, di ou pléo- cnèmes, qui peuvent être à pôles isodynamiques ou à pôles hétérodjnami- ques, isonomes ou anlinomes, en sorte qu'il est possible de classer et de nom- mer toutes les combinaisons éleclro-magnétiques, à l'aide de quelques mois nouveaux diversement combinés. » Cette nomenclature est assez rationnelle pour se prêter même à une (i) De dromos, i, course, pour rappeler la destination spéciale de ces aimant». (667) natation symbolique ; on fait voir que les espèces électro-magnétiques peu- vent être désignées par des formules à l'instar des combinaisons chimiques, formules très-simples, compréhensibles, dès qu'on en a la clef, et qui font connaître à l'instant même : » Le nombre des branches ou des disques qui composent un électro-aimant; » Le nombre de ses hélices; » Si les pôles sont de même nom (isonomes) ; » Ou de noms contraires (antinomes); n S'ils possèdent, même intensité (isodynamiques) ; » Ou une intensité différente (hétérodynamiques) ; » S'ils ont des points conséquents; » Si les pôles sont actifs ; » Ou s'ils sont passifs ; » Etc., etc. ■■ Pour seservir de cette notation, on indique, en exposant, le nombre des disques ou des branches de l'électro-aimant, et l'on fait suivre ce nombre par celui qui concerne les hélices; enfin, on ajoute ]es initiales des adjectifs caractéristiques des espèces, des variétés, etc. » Par exemple, B, voulant dire électro-aimants à branches, Ba-2,a,A, se traduira par fcifurqué, à deux hélices, à pôles de noms contraires (antinomes) et d'intensité différente. ( hétérodynamiques). » C désignant les électro -aimants circulaires, celui que nous considé- rons comme le type de la classé, et qui se compose de deux disques et d'une hélice placée symétriquement, se formulera par c'est-à-dire électro-aimant circulaire à deux disques, à une hélice et à pôles de même intensité (dynamiquement égaux). » L'état dynamique des pôles joue un rôle important dans cette classifi- cation ; cela doit être, car, ainsi- que je l'ai fait voir il y a quelques années, à cet état sont subordonnées d'importantes propriétés, et notamment la force portante, qui n'est pas influencée par l'allongement des branches des bifur- ques quand les pôles sont de même intensité. » Deux électro-aimants en apparence identiques peuvent ainsi donner des résultats tout à fait différents, si l'on ne s'est pas, au préalable, attaché à mettre leurs pôles dans le même état dynamique. Cette circonstance, qui avait échappé jusque-là, donne la clef de bien des débats qui ont eu lieu sur l'important chapitre de l'attraction magnétique. ( 668 ) » Notre classification tient grand compte aussi des points conséquents; elle distingue : » i°. Les électro-aimants à points conséquents et à pôles isonomes ; » 2°. Les électro-aimants à points conséquents et à pôles antinomes. » Les premiers sont engendrés par des hélices en nombre pair. » Les seconds portent des hélices en nombre impair. » En général, on obtient autant de points conséquents moins un qu'on a d'hélices, ce qui se traduit par la formule P = n — i , dans laquelle P représente le nombre de points conséquents et n le nombre d'hélices. Leur prise en considération a été rendue nécessaire par le rôle qu'ils jouent dans les électro-aimants trifurqués, ainsi que les électro-aimants circulaires, que nous avons fait précédemment connaître à l'Académie {Comptes rendus, t. XXXVIII, p. 226). » chimie ORGANIQUE. — Saponification des corps gras par les carbonates anhydres; par M. Scheurer-Kestner. (Extrait.) « Les carbonates anhydres des métaux alcalins soumis à l'action de la chaleur (-+- 26o°C), en présence des corps gras, perdent leur acide carbo- nique qui se dégage à l'état de liberté, tandis que les acides gras et l'oxyde se combinent pour former de véritables savons. » On peut obtenir ainsi des savons à base de soude, dé chaux, de baryte, de strontiane et de magnésie, ainsi que celui de plomb. Lorsque l'action de la chaleur est suffisamment ménagée, l'oxyde de glycérile seul subit une décomposition, tandis que les acides gras restent intacts. » Cent parties de suif transformé en savon de soude ont produit de g4,8 à 9,5,6 d'acides gras. » L'oxyde de glycérile éprouve dans cette réaction une modification plus profonde que lorsque la saponification est provoquée par les oxydes anhy- dres des bases. M. Pelouze (1), à qui l'on doit l'étude et la connaissance des premières saponifications opérées sans le concours de l'eau, a constaté la présence de la glycérine dans les produits préparés au moyen des oxydes anhydres. Dans les saponifications par les carbonates anhydres, au con- traire, il ne se forme pas de glycérine, mais il se dégage un peu d'acroléine (1) Annales de Chimie et de Physique, t. XLVII, p. 371. ( 669 ) en même temps qu'une grande quantité de gaz inflammables. Ces gaz sont formés d'acide carbonique, de gaz des marais et d'hydrogène libre. » Une analyse leur a assigné la composition suivante : Acide carbonique ^5 , 3o Gaz des marais 1 1 ,85 Hydrogène libre 1 2 ,85 » La présence de l'hydrogène libre dans les produits de la décomposition des graisses par la chaleur a déjà été signalée par M. Liebig (1). » physique. — De la polarisation de la lumière par diffusion ; NotedeM. Govi, pour faire suite à une précédente communication. « Quelques jours après avoir adressé à l'Académie la Note à laquelle elle a bien voulu donner place dans le Compte rendu de la séance du 3 sep- tembre dernier, j'ai répété mon expérience à l'aide de polariscopes plus sensibles ; je retrouvai exactement: les mêmes faits, et je pus constater en outre que le plan de polarisation de la lumière diffusée tournait tout à coup de 900 lorsqu'on dépassait la direction suivant laquelle j'avais vu dis- paraître toute trace de polarisation dans mes premières expériences. » Ainsi, en recevant dans le polariscope les rayons qui émanent de la traînée lumineuse produite par le passage de la lumière du soleil, ou de la lumière électrique à travers la fumée d'encens, on constate que sous une petite inclinaison (les angles étant comptés à partir de la source lumineuse) la polarisation de la lumière diffusée est déjà très-sensible; qu'elle aug- mente jusqu'à un certain angle où elle atteint son maximum, pour dé- croître ensuite et devenir nulle près de la normale. Jusqu'à ce point, le plan de polarisation est perpendiculaire à celui qui passe par la source de lu- mière, l'endroit observé et l'œil ou le polariscope. Au delà de 900 la pola- risation, quoique très-faible, reparaît, mais son plan est alors perpendicu- laire au premier. Elle diminue d'ailleurs très -rapidement, et bientôt la lumière diffusée n'offre plus de traces sensibles de rayons polarisés. » J'ai soumis au même mode d'expérimentation la fumée de tabac, et les résultats ont été les mêmes, si ce n'est que l'angle sous lequel j'ai rencontré le point neutre et le renversement du plan de polarisation m'a paru être dans ce cas un peu moins grand qu'avec la fumée d'encens. » Il est possible que la nature des particules diffusives ait une influence appréciable dans ces phénomènes, et que les différents gaz (si tant est qiie (1) Traité de Chimie organique, t. II, p. 258. (67o ) les gaz diffusent la lumière), les vapeurs et les poussières puissent être distin- gués de la sorte. Je me propose d'entreprendre, à ce point de vue, une sé- rie d'expériences dont je m'empresserai de communiquer les résultats à l'Académie. » Avec cette Note M. Govi adresse deux opuscules sur l'origine de la lu- mière des comètes, Notes dans lesquelles il décrit et discute les expériences qu'il lui a été possible de faire en i 858 sur la comète de Donati et, cette année, sur la comète du mois de juin. La conséquence qu'il tire de cette seconde série comme de la première, c'est que les comètes brillent, en grande partie au moins, d'un éclat emprunté au soleil. M. Dehaitt, à l'occasion d'une communication récente de M. Demeaux, concernant l'influence fâcheuse de l'état d'ivresse du père sur le produit de la conception, cite à l'appui de cette opinion les deux faits suivants qui lui semblent bien caractéristiques : Le jeune X..., âgé de i5 ans, est épileptique depuis l'âge de 18 mois. Au moment de la conception de cet enfant, le père, grand buveur, finissait, pour faire usage de son expression, une neuvaine bachique. Pour le second fait on a également l'aveu du père : le sujet, âgé aujour- d'hui de 22 ans, est épileptique depuis son jeune âge. La séance est levée à 4 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 29 octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Quelques mots sur les épidémies végétales et en particulier sur les diverses maladies de la pomme de terre; par M. Debouttevilxe. Rouen, 1860; br. in-8°. Mémoire zoologique et anatomique sur diverses espèces d'acariens de la famille des Sarcoptides; par M. le Dr Charles Robin ; br. iu-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Moquin-Tandon.) Lettres de Pinel précédées d'une Notice sur sa vie; par son neveu le Dc Casi- mir Pinel. Paris, 1859; br. in-8°. Considérations sur la paralysie générale; par le même. Paris, 1 858 ; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. II ■ ks< in x remercie l'Académie pour l'envoi qui lui a été fait, en sa qualité d'Associé étranger, de plusieurs volumes des Mémoires de l' Académie, des Mémoires des Savants étrangers et des Comptes rendus hebdomadaires PHYSIQUE végétale. — Observations relatives au développement des mycodermes ; par M.. Boussingailt. « Dans les recherches sur la terre végétale que j'ai eu l'honneur de com- muniquer à l'Académie dans la séance du a5 juin, j'ai dit que l'on pou- vait attribuer la disparition d'une partie de l'acide nitrique et de l'ammo- niaque formés durant la jachère soit à l'union des éléments de l'alcali aux acides bruns du terreau, constituant ainsi des composés azotés stables, soit à une invasion de mycodermes dont j'avais pu suivre le développement, appuyant cette dernière opinion sur les importantes expériences de M. Bineau dans lesquelles il a vu disparaître, sous l'influence d'une végé- tation cryptogamique, les nitrates et les sels ammoniacaux que de l'eau tenait en dissolution (i). C'est ainsi que j'ai cherché à me rendre compte de ce fait constaté par deux années d'observations, à savoir que l'azote (i) Agronomie, Chimie agricole et Physiologie, 2e édit., t. I. C. R., 1860, ame Semestre. (T. LI, N° 19.) . 9' acquis par une terre riche en humus n'est pas représenté par l'azote de l'acide nitrique et de l'ammoniaque produits pendant la jachère. L'Aca- démie comprendra néanmoins que j'aie dû me demander si les mycodermes eux-mêmes n'étaient pas doués de la faculté de fixer directement l'azote qui est à l'état gazeux datis l'atmosphère? et elle verra, par la date des expé- riences dont je vais l'entretenir, qu'à l'époque où je lui communiquai mes observations mon opinion était déjà suffisamment arrêtée sur cette question. » Expérience première. — Le 27 mai 1860, j'ai coagidé du lait à l'aide de l'acide acétique. J'ai laissé déposer le caséum, et quand le sérum fut devenu à peu près limpide, je le filtrai. J'obtins alors un liquide parfaitement homogène, d'un jaune verdàtre, et qui, grâce à l'acidité qu'il possédait, contenait tout ce qui est indispensable à la végétation , c'est-à-dire de l'al- bumine comme engrais azoté, des phosphates, de la potasse, de la soude, de la chaux, de la magnésie, de l'oxyde de fer et de l'eau : en un mot, de l'azote assimilable et les substances minérales sans lesquelles la production végétale est incomplète si elle n'est pas impossible, ainsi qu'on le sait depuis longtemps. Le liquide que j'avais préparé constituait donc réelle- ment un milieu fertile, apte à recevoir et à nourrir les semences mycoder- miques dont l'air est le véhicule, ainsi que l'a démontré M. Pasteur dans cette admirable série de recherches que je range parmi les plus belles observations qu'on ait faites sur la physielogie végétale, depuis le commen- cement du siècle. ■1 J'ai mis dans une capsule de porcelaine 5o centimètres cubes de petit- lait, A, auxquels j'ajoutais pour retenir l'ammoniaque des sels ammonia- caux volatils qui auraient pu s'y trouver, ogr, 1 d'acide oxalique cristallisé contenant 0^,067 d'acide sec. Les 5o centimètres cubes de liquide furent évaporésaubain-marie, et le résidu d'un brun clair, cristallin, ayant l'aspect du sucre de lait brut, fut desséché dans une étuve chauffée à 1000. B, 5o centimètres cubes du même petit-lait furent introduits dans un matras ouvert et placé dans une chambre du laboratoire du Conservatoire impérial des Arts et Métiers. » Quelques jours après, le liquide, abandonné à l'air libre, perdit sa trans- parence, il était ensemencé, et tous les phénomènes si bien décrits par M. Pasteur ne tardèrent pas à se manifester. Il se dégageait très-peu de >*az; on vit apparaître à la surface d'abondantes moisissures; des granules sphériques se déposèrent au font du vase, et le a5 juin, alors qu'il s'était formé des Pénicilliums en abondance d'un vert sale, de 2 centimètres de lon- gueur, et recouverts d'une sorte de poussière d'une odeur de moisi très-ca- (673) ractérisée, on mit fin à l'expérience. Le liquide était devenu visqueux, lactescent, d'une odeur nauséabonde, d'une réaction alcaline; on le versa dans une capsule de porcelaine et, après y avoir dissous, pour retenir l'ammoniaque, ogr,i d'acide oxalique cristallisé contenant 0^,067 d'acide sec, on l'évapora au bain-marie, et le résidu fut desséché dans l'étuve chauffée à iqo°. » J'ai pesé les deux résidus secs A et B, et j'en ai dosé l'azote : A, avant la végétation mycodermique. 3, 046 (r) contenant azote o,o5oo B, après la végétation mycodermique. . 1,074 o,o5oo Différences... 1,972 0,0060 » Ainsi, par l'effet du développement de la végétation mycodermique, près des deux tiers de la matière organique des 5o centimètres cubes de pe- tit-lait avaient disparu, et il y avait eu élimination de ogr,oo6 d'azote. » Cette expérience ne me satisfaisait pas complètement. Vers la fin, le liquide visqueux et moisi avait une réaction ammoniacale, et l'odeur nau- séabonde qui le caractérisait devait faire craindre qu'il n'y ait eu de l'azote dissipé à l'état d'ammoniaque; j'ai cru nécessaire de la recommencer à la campagne, en prenant la précaution de ne pas laisser développer dans les liquides la réaction alcaline. i> Le petit-lait a été préparé en ajoutant de l'acide acétique à du lait immédiatement après sa sortie du pis. » 5o centimètres cubes de ce liquide filtré ont été mis dans une capsule de porcelaine A'; après avoir ajouté ogr,o5 d'acide oxalique cristallisé ren- fermant ogr,o34 d'acide sec, on a évaporé et séché le résidu dans l'étuve chauffée à ioo°. » 5o centimètres cubes du même liquide ont été exposés à l'air libre dans une capsule B'. » 5o centimètres cubes ont été exposés à l'air libre dans une capsule C. » On était alors au 7 août. Dans les liquides exposés à l'air l'apparition des moisissures eut lieu beaucoup plus lentement qu'à Paris. Le 1 5 août, les liqueurs avaient perdu leur limpidité, on y apercevait des granules, mais ce ne fut que le 24 que l'on vit des Pénicilliums. » Le ro, septembre, les liquides étaient encore franchement acides, des moisissures abondantes, d'un vert assez foncé, adhéraient à la porce- (1) Déduction faite des oïr,o67 d'acide oxalique sec que l'on avait ajoutés. 91 (674 ) laine, les granules blanches étaient fort nombreuses dans un sédiment qui s'était déposé, les liqueurs avaient l'odeur de la levure de bière. » On introduisit dans la capsule B' osr, i d'acide oxalique cristallisé con- tenant ogr,o68 d'acide sec, dans la crainte qu'il n'y ait eu de l'acétate d'am- moniaque dans le liquide; on évapora et l'on sécha le résidu dans l'étuve chauffée à ioo°. Ce résidu sec était d'un vert sale; son odeur, en sortant de l'étuve, rappelait celle du pain chaud. » Le i3 octobre, les moisissures couvraient le liquide laissé dans la capsule C, elles étaient d'une couleur verte et avaient i centimètre de lon- gueur. Il s'était déposé un sédiment formé de granules jaunâtres dans une matière très-visqueuse d'une saveur fade, d'une odeur de levure. Cette ma- tière ayant une réaction alcaline extrêmement faible, on jugea prudent de la dessécher à l'étuve après y avoir délayé ogr,i d'acide oxalique cristallisé réduit en poudre, et dans lequel il y avait ogr,o68 d'acide sec. Le résidu desséché et chaud répandait aussi l'odeur du pain à sa sortie du four. » Les trois résidus secs ont été pesés et analysés. Voici les résultats : A', avant la végétation mycodermique. . . . 3,763 contenant azote o ,o533 B', après ^2 jours de végétation 2,3go o,o52i Différences... 1,373 0,0012 C, après 66 jours de végétation 1 , 232 o ,o483 Différences avec le résidu A'.-. . 2,53i o,oo5o » On voit que pendant la végétation des mycodermes au sein d'un liquide fertile, il n'y a pas eu acquisition d'azote, mais plutôt une légère perte de ce principe que l'on ne saurait attribuer à une émanation d'ammo. niaque. » J'ai institué une série d'expériences qui, dans quelques mois, me per- mettra d'étudier, au même point de vue, le développement des myco- dermes dans de la terre végétale. » Communication de M. d'Abbaime en présentant un fascicule de sa Géodésie d'une partie de la haute Ethiopie. « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la première moitié de ma Géodésie dEtliiopie, ouvrage auquel j'ai consacré plus de quinze ans de voyages ou de travaux de cabinet. Des obstacles faciles à concevoir m'ont empêché de le mettre au jour plus tôt; en publiant aujourd'hui un premier fascicule, (675) j'ai voulu répondre aux invitations pressantes que m'ont adressées mes amis. Cet ouvrage sera, je l'espère, de quelque utilité aux astronomes voya- geurs, et aux officiers d'état-major, dans les situations imprévues où les hasards de la guerre s'opposent à l'emploi de la géodésie ordinaire, qui est peu expéditive. En dehors de la plus grande partie de mes. observations originales et des positions qui en ont été déduites, ma Géodésie d'Ethiopie renferme des méthodes nouvelles tant d'observation que de calcul, des tables destinées à en faciliter l'usage, et des moyens peu ou point encore employés pour construire les cartes. Il a été apporté un soin minutieux à la vérification des chiffres; depuis 1857, M. Radau a consacré encore trois ans à revoir ou à refaire tous les calculs et les constructions, et à rédiger nos méthodes. » Dès que l'impression de la seconde moitié de l'ouvrage sera achevée, je demanderai à déposer dans la bibliothèque de l'Institut le manuscrit complet de mes observations originales, ainsi que les trois volumes conte- nant les calculs de réduction. » ASTRONOMIE. — Découverte dune nouvelle comète, par M. Tempel, de l'observatoire de Marseille; extrait d'une Lettre de M. Walz à M. Élie de Beaumont. « Je vous prie de communiquer à l'Académie la découverte d'une nou- velle comète, faite par M. Tempel, élève de l'observatoire, le 23 octobre à i6h3omT. M. en ioh 4m42s &■ et a802y â, et le 24 octobre à i5b6mT. M. en ioh 5m 68 ^ et 290 5a' 5o" ^. » MEMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE. — Suite à une précédente communication relative aux générations dites spontanées; par M. L. Pasteur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Cl. Bernard.) « Dans une communication soumise récemment au jugement de l'Aca- démie, j'ai établi par des expériences nombreuses qu'il n'y a pas dans l'at- mosphère continuité de la cause des générations dites spontanées, c'est-à- dire qu'il est toujours possible de prélever en un lieu déterminé un volume notable, mais limité, d'air ordinaire, n'ayant subi aucune espèce de modifi- (676) talion phjsique ou chimique, et tout à fait impropre néanmoins à provoquer une altération quelconque dans une liqueur éminemment putrescible. De là ce principe, que la condition première de l'apparition des êtres vivants dans les infusions, ou dans les liquides fermentescibles, n'existe pas dans l'air considéré comme fluide, mais qu'elle s'y trouve çà et là, par places, offrant des solutions de continuité nombreuses et variées, comme on doit le prévoir dans l'hypothèse d'une dissémination de germes. » Il m'a paru très-intéressant de suivre les idées que suggèrent les résul- tats qui précèdent, en soumettant l'air, pris à des hauteurs diverses, au mode d'expérimentation que j'ai fait connaître. J'aurais pu m'élever en aérostat ; mais, pour des études d'essai, préliminaires en quelque sorte, j'ai pensé qu'il serait plus commode, et peut-être plus utile, d'opérer comparati- vement dans la plaine et sur les montagnes. » J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie soixante-treize ballons chacun de ^ de litre de capacité, préparés comme je l'ai dit dans ma communication du 3 septembre dernier; c'est-à-dire qu'ils étaient primiti- vement vides d'air, et remplis au tiers d'eau de levure de bière, filtrée lim- pide, liqueur fort altérable, comme on le sait, car il suffit de l'exposer deux ou trois jours au plus à l'air ordinaire, pour la voir donner naissance aux petits Infusoires ou à des Mucédinées diverses. » Vingt de ces ballons ont reçu de l'air dans la campagne, assez loin de toute habitation, au pied des hauteurs qui forment lepremier plateau du Jura. Vingt autres l'ont été sur l'une des montagnes du Jura, à 85o mètres au-dessus du niveau de la mer. Enfin une autre série de vingt de ces mêmes ballons a été transportée au Montanvert, près de la Mer de Glace, à 2000 mètres d'élévation. » Les résultats offerts par ces trois séries de ballons m'ont paru assez remarquables pour être mis sous les yeux de l'Académie. » En effet, des vingt ballons ouverts dans la campagne, huit renferment des productions organisées. Des vingt ballons ouverts sur le Jura, cinq seu- lement en contiennent, et enfin des vingt ballons remplis au Montanvert, par un vent assez fort, soufflant des gorges les plus profondes du glacier des Bois, un seul est altéré. Il faudrait sans doute multiplier beaucoup ces expé- riences. Mais, telles qu'elles sont, elles tendent à prouver déjà qu'à mesure que l'on s'élève, le nombre des germes en suspension dans l'air diminue considérablement. Elles montrent surtout la pureté, au point de vue qui nous occupe, de l'air des hautes cimes couvertes de glace, puisqu'un seul des vases remplis au Montanvert a donné naissance à une Mucédinée. ( 677 ) » La prise d'air exige quelques précautions que j'avais reconnues indis- pensables depuis longtemps pour éloigner autant qu'il est possible l'inter- vention des poussières que l'opérateur porte avec lui, et de celles qui sont répandues à la surface des ballons ou des outils dont il faut se servir. Je chauffe d'abord assez fortement le col du ballon et sa pointe effilée dans la flamme d'une lampe à alcool. Puis je fais un trait sur lé verre à l'aide d'une lame d'acier. Alors, élevant le ballon au-dessus de ma tête, dans une direction opposée au vent, je brise la pointe avec une pince en fer, dont les longues branches viennent de passer dans la flamme, afin de brû- ler les poussières qui pourraient être à leur surface, et qui ne manqueraient pas d'être chassées en partie dans le ballon, par la rentrée brusque de l'air. » J'avais été fort préoccupé, durant mon voyage, de la crainte que 1 agi- tation du liquide dans les vases pendant le transport n'ait quelque influence fâcheuse sur les premiers développements des Infusoires ou des mucors. Les résultats suivants éloignent ces scrupules. Ils vont nous permettre en outre de reconnaître toute la différence qui existe entre l'air de la plaine ou des hauteurs et celui des lieux habités. » Mes premières expériences sur le glacier des Bois furent interrompues par une circonstance que je n'avais nullement prévue. J'avais emporté, pour refermer la pointe des ballons après la prise d'air, une lampe éolipyle alimentée par de l'alcool. Or la blancheur de la glace frappée par le soleil était si grande, qu'il me fut impossible de distinguer le jet de vapeur d'al- cool enflammé, et comme ce jet de flamme était d'ailleurs un peu agité par le vent, il ne restait jamais sur le verre brisé assez de temps pour fondre la pointe et refermer hermétiquement le ballon. Tous les moyens que j'aurais pu avoir alors à ma disposition pour rendre la flamme visible, et par suite dirigeable, auraient inévitablement donné lieu à des causes d'erreur, en répandant dans l'air des poussières étrangères. » Je fus donc obligé de rapporter à la petite auberge du Montanvert, non refermés, les ballons que j'avais ouverts sur le glacier, et d'y passer la nuit, afin d'opérer dans de meilleures conditions, le lendemain matin, avec d'au- tres ballons. Ce sont les résultats de cette deuxième série d'expériences que j'ai indiqués tout à l'heure. » Quant aux treize ballons ouverts la veille sur le glacier, je ne les refer- mai que le lendemain matin, après qu'ils eurent été exposés toute la nuit aux poussières de la chambre dans laquelle j'avais couché. Or, de ces treize ballons, il y en a dix qui renferment des Infusoires ou des moisissures. » Puisque le nombre des ballons altérés dans ces premiers essais est plus ( 678 ) grand que dans ceux qui ont suivi, l'agitation du liquide pendant le voyage n'a pas l'influence que je redoutais sur le développement des germes. En outre, la proportion des ballons qui, dans ces premières expériences, offrent des productions organisées, nous donne la preuve indubitable que les lieux habités renferment un nombre relativement considérable de germes féconds. » En résumé, et si l'on rapproche tous les résultats auxquels je suis arrivé jusqu'à présent, on peut affirmer, ce me semble, que les poussières en sus- pension dans l'air sont l'origine exclusive, la condition première et néces- saire de la vie dans les infusions, dans les corps putrescibles et dans toutes les liqueurs capables de fermenter (i). » D'autre part, j'ai montré qu'il est facile de recueillir et d'observer au microscope ces poussières de l'air, et qu'on y voit toujours, au milieu de débris amorphes très-divers, un grand nombre de corpuscules organisés, que le plus habile naturaliste ne saurait distinguer des germes des orga- nismes inférieurs. » Je n'ai pas fini cependant avec toutes ces études. Ce qu'il y aurait de plus désirable, serait de les conduire assez loin pour préparer la voie à une recherche sérieuse de l'origine de diverses maladies. Aussi j'espère que l'Académie voudra bien me permettre de lui soumettre encore prochaine- ment de nouvelles observations sur les générations dites spontanées. Dans un tel sujet, qui touche à tant de choses, et des plus obscures, il ne saurait y avoir surabondance de preuves expérimentales. » OPTIQUE. — Théorie de l'œil; par M. L.-L. Vallée. Dix-neuvième Mémoire : Observations historiques et critiques relatives aux systèmes de droites qui peuvent exister; lois nouvelles sur la réflexion et la réfraction des surfaces; complément physico-mathématique de la vision. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Faye, de Quatrefages.) « Ijes deux Mémoires d'optique et de catoptrique de Malus, présentés à l'Académie en 1 807, furent accueillis par les savants avec une juste et grande faveur. Lagrange, Laplace, Monge et Lacroix composèrent la Commission (1) Voir mes communications précédentes insérées aux Comptes rendus des séances des 6 février, 7 mai et 3 septembre 1860. Il est entendu qu'il s'agit ici des liqueurs portées à l'ébullition. Je réserve évidemment dans mes conclusions le fait possible et très-fréquent des germes introduits par les matières mêmes qui servent à préparer les liqueurs. (679) chargée de les examiner, et leur Rapport fut complètement approbatil. MM. Cauchy et Ch. Dupin ajoutèrent bientôt après leurs judicieuses ré- flexions au beau travail de Malus qu'ils améliorèrent. M. Hachette l'appli- qua aux constructions géométriques des images usuelles réfléchies et ré- fractées; je l'utilisai pour rectifier une erreur admise relative à la position de ces images que l'on supposait se trouver sur la caustique non linéaire et qui sont sur la caustique linéaire, et je donnai une explication, cherchée depuis Barrow et Newton, des images vues par réflexion ou réfraction. En 1847, Je démontrai synthétiquement la partie principale de la théorie de Malus et je présentai sur la même matière un théorème important relatif à la vision. Cette démonstration et ce théorème sont insérés dans le tome XII du Recueil des Savants étrangers (p. 24 et suivantes). » Dans le travail actuel, admettant les dénominations de droites qui se coupent et de droites qui ne se coupent pas, pour les systèmes de droites engendrés par des surfaces développables et par des surfaces gauches, je crois prouver : » i°. Qu'un corps transparent composé, à l'instar du cristallin de l'œil, de lobes infiniment minces, transforme un faisceau de rayons lumineux divi- sible en lames développables superposées, comme ceux étudiés par Malus, en un autre faisceau, composé de droites formant des surfaces gauches superposées les unes sur les autres : c'est le point fondamental de ce Mé- moire; » i°. Que les rayons soumis à cette nouvelle loi, en se brisant par d'au- tres réflexions ou réfractions, continuent d'être soumis à la loi des droites qui ne se coupent pas, comme ceux étudiés par Malus continuent, dans le même cas, de former des lames développables, c'est-à-dire des systèmes de droites qui se coupent ; » 3°. Que le cristallin de l'œil formé de couches très-minces, comparé au corps transparent dont il vient d'être question, ne peut en conséquence donner à la rencontre de la rétine, ni un rayon central, ni des foyers, ni un intervalle focal, comme M. Sturm l'a admis, ce qui renverse totalement la théorie qu'il a présentée ; » 4°- Qu'il faut admettre comme conséquence de ce qui précède que les images du fond de l'œil sont produites par des foyers confus; » 5°. Enfin, que ces nouvelles idées n'ont rien au fond qui soit contraire à ce que mes écrits antérieurs, rectifiés au besoin dans leur rédaction, ont établi et peuvent établir. C. R., 1860, ame Semestre, (T. U, N° 19.) 92 ( 68o ) » On voit, d'après cela, que les recherches de Malus, de M. Cauchy, de M. Dupin et les miennes, loin detre étrangères à la vision, établissent au contraire les fondements de cette science sur des considérations géométri- ques immuables, ce qui, avec le secours de l'Académie, doit amener de notables perfectionnements en physiologie, en oculisterie, dans l'art de guérir et dans les arts et les sciences qui dépendent de l'optique. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie a reçu depuis sa dernière séance , mais encore en temps utile, un Mémoire destiné au concours pour le Grand prix de Mathémati- ques de 1860 (question concernant les surfaces applicables). Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 5. ASTRONOMIE. — Obsewation à Dongotah [Nubie) de C éclipse du 18 juillet; Lettre de M. JomardÀ M. le Président de l'Académie. « J'ai eu l'honneur d'informer l'Académie, au mois de juin dernier, que S. A. le Vice-Roi d'Egypte avait, à ma prière, ordonné à l'astronome égyp- tien Mahmoud-Bey de se rendre à Dongolah ( Nubie J pour observer l'éclipsé totale du Soleil du 18 juillet. Aujourd'hui je reçois de S. A. le compte rendu des observations qui ont été faites dans cette station par Mahmoud, et je m'empresse de le soumettre à l'Académie, en la priant de vouloir bien, d'après le désir exprimé par S. A. le Vice-Roi, permettre la lecture de ce travail et en faire faire l'examen. Je dois ajouter ici qu'un autre élève astronome de la mission égyptienne en France, Ismaïl-Effendi, a observé le même phénomène en Espagne, sous la direction et sous les yeux de M. Le Verrier, qui a bien voulu le citer dans son Rapport. » Rapport à Son Altesse le vice -roi d'Egypte sur t éclipse totale du 1 8 juillet, observée à Dongolah, par Mahmoud-Bey; extrait par M. Faye. «... J'ai profité de mon voyage pour déterminer dans une quarantaine de villes, sur le cours du Nil, la latitude et la longitude géographiques, ainsi que l'inclinaison de l'aiguille aimantée et l'intensité magnétique terrestre, de sorte que je possède tous les éléments nécessaires à la construction, pour l'Egypte, d'une carte magnétique des lignes isocliniques et isodynamiques ( 68i ) semblable à celle que j'ai dressée pour les Iles Britanniques, la Hollande, la Belgique et une partie de la France, et qui a été publiée en i856 dans les Mémoires de t Académie royale de Belgique. J'aurai , dans quelques jours, l'honneur de présenter à Votre Altesse ladite carte avec un Mémoire détaillé. » Arrivé à Dongolah une quinzaine de jours avant l'éclipsé , j'ai consacré ce temps aux observations préliminaires nécessaires pour le choix de la sta- tion, pour connaître la marche des chronomètres et régler les autres instruments. » La station que j'ai choisie se trouve sur le Nil, dans un endroit nommé Al-Marraghah, et est distante de 365y mètres du minaret de la mosquée de feu Mohammed -Ali, votre auguste père, au Nouveau-Dongolah (Al-Ourdie), sur une ligne qui fait avec le point sud un angle de to° i' , c'est-à-dire que le minaret se trouve au sud-ouest de la station de ce même angle de io° a'. » La latitude de la station déterminée à l'aide du sextant est de 190 ia'4i"- » La longitude a été déterminée chronométriquement. J'ai pris toutes les mesures possibles pour connaître journellement la marche des montres et pour les abriter contre toute cause de dérangement. De Dongolah à Dal, leur transport s'est effectué par bateau. De Dal à Halfa elles furent emboîtées dans une caisse à quatre bras, couverte d'un drap blanc qui la garantissait du soleil, et portée sur l'épaule par quatre hommes. De Halfa au Caire, je n'avais à redouter aucune cause de dérangement, leur transport s'effectuant soit par bateau à voiles, soit par bateau à vapeur. La longitude obtenue à l'aide du n° 329, dont la marche a été assez régulière, est h m $ Par Assouan de 1 .52 . 1 , 1 à l'est de Paris. Par Esné de 1 . 52 . 1 ,9 Par Girgeh de 1 . 52 . 1 , 2 Par Siout de. ...'.. . 1.52.3, 4 Moyenne 1 .52.2 » Le second chronomètre n° ig5o, dont la marche a été moins satisfai- sante, donnerait une longitude plus forte de 8S. » Observations astronomiques. — J^a lunette astronomique dont je me suis servi pour l'observation de l'éclipsé avait 32 lignes d'ouverture. Mes deux aides, Hussein-Effendi-Ibrahim et Ahmed-Effendi-Al-Soubki, étaient chargés de lire les chronomètres et de noter l'heure des divers phénomènes. ( 68a ) » Extrait du tableau des observations : Heure du chronomètre n° 329. h m s Commencement de l'éclipsé 3.23. 16 Commencement de l'éclipsé totale /[. 19. 23 Fin de l'éclipsé totale 4 • 2 ' • ' 3 ( 1 ) Le soleil se couche en partie éclipsé. Disparition des taches (r). Réapparition des taches. h m s h m t N° 1 . 3.34. 3,5 N° 2 . . . .. 4.31.28,5 . 3 34.33.o N° 7 . . . N° 3 3. 34. 4g, 0 N° 8. . . . . 4.58.40,5 N° 4 . 3.43.38,5 N° 5.... 3.44- 2i5 N° 6. .. . 3.44.28,5 N° 7 3.47.21,5 N» 8...- . 4- 8.3o,o N» 9. . . . . 4.10. 8,5 » Le retard du chronomètre n° 3ag sur le temps moyen de la slation était, à midi, de il'34ra43s,3, et son avance diurne de is,o5. Les taches n° 1, n° 2, n° 3, formaient la grande tache qu'on voit figurée dans le dessin ci-joint. Les autres taches sont numérotées d'après leur ordre de dispari- tion (2). ». ... L'éclipsé totale commença, non par la disparition d'un seul et der- nier point lumineux, mais par la disparition à la fois de plusieurs points séparés les uns des autres. Même phénomène à la fin de l'éclipsé totale. » Dès que l'obscurité fut devenue complète, le ciel parut parsemé d'é- toiles de première et de seconde grandeur, et je vis aussitôt apparaître une auréole blanchâtre autour du disque obscur de la lune; elle formait une image semblable à celle de l'ostensoir à rayons d'or que l'on voit dans les églises catholiques. (1) Déduit de la colonne relative au chronomètre n° ig5o. H. F. (2) Il est facile de retrouver ces taches sur les dessins qui ont été déjà publiés en Europe à l'occasion de cette éclipse. La grande tache était située vers la gauche, en haut; les taches 4, 5, 6, 7 forment une espèce de ligne vers le milieu, à droite; 8 et g étaient les deux belles taches situées au bas du disque, la première vers la gauche, la seconde vers la droite. (Note de M. Faye). ( G83 ) » Ces faisceaux de lumière s'éteignaient à une distance égale à la largeur totale du disque. » ... Autour du disque noir, j'ai vu plusieurs protubérances différentes de forme et de couleur. J'en ai compté six dès le commencement de l'é- clipse totale; vers la fin, j'en ai vu paraître une septième, sans qu'aucune des six déjà vues eût disparu. » Le plus haut de ces espèces de monticules s'élevait à 3 ou [\ minutes environ. Il était placé à l'est, un peu vers le sud, se terminait en pointe et prenait racine sur le disque obscur. Il avait tout à fait la forme, la couleur blanchâtre et les nuances diverses que présentent deux ou trois nuages amoncelés l'un sur l'autre. On peut encore comparer son aspect à celui d'un sommet de montagne à pic aperçu au lointain. » A côté et au nord de la protubérance que je viens de décrire, il en pa- raissait une autre qui avait les mêmes formes et couleur de nuage ; seule- ment sa base, qui était également inhérente au disque, était très-large et sa hauteur à peu près la moitié de celle de l'autre. » Après celle-là on voyait à l'est, un peu vers le nord, deux autres pro- tubérances ayant l'aspect de flammes rougeâtres. Elles ne touchaient pas au disque : l'une d'elles se courbait vers le sud. » Les trois autres ressemblaient à des flammes rouges qui auraient jailli d'un foyer situé derrière le disque, et qui en s'élevant n'auraient laissé aper- cevoir que leurs extrémités. » Le dessin joint à ce Rapport pourra mieux faire juger de l'aspect et des positions relatives de ces diverses protubérances (i). » Observations météorologiques. — Le baromètre, les thermomètres placés à diverses hauteurs et l'aiguille aimantée (intensité) n'ont donné aucun signe de variation extraordinaire. Suit le tableau des observations baromé- triques et hygrométriques. » Influence de C éclipse sur les êtres vivants. — Les personnes mêmes qui étaient autour de nous, auprès de qui elles venaient chercher un peu d'as- surance, se laissaient, malgré leur raison, aller au saisissement universel. (i) « On a relevé sur ce dessin, qui a été mis sous les yeux de l'Académie, les situations de ces protubérances vues dans la lunette astronomique, en comptant les angles dans le sens de la numération d'un cadran et à partir du point le plus haut du disque lunaire. » i°. Protubérances rouges adhérentes au bord, 337°, 35i°, 48°- » •>.". Protubérances rouges non adhérentes, 22g", ig5°. » 3°. Protubérances d'un blanc bleuâtre, ii5°, i^"- (Note de M. Faye) 1 G84 ) Tous se pressaient les uns contre les autres; ils se demandaient mutuelle- ment pardon et s'embrassaient comme pour se dire adieu. C'était partout autour de nous, dans l'eau, sur la terre et dans le cœur des hommes une indéfinissable terreur qui se traduisait par une immense et tumultueuse contusion de cris, de voix, de prières, révélant l'angoisse de la nature en- tière. » Mais, à l'instant même de l'obscurité complète, tout devint silencieux et muet. Plus un cri, plus un bruissement, plus même un souffle, mais par- tout l'anxiété et la consternation. Les deux minutes de l'éclipsé furent pour tous deux heures. » Je n'exagère et n'imagine rien dans ces détails. Plusieurs personnes que j'interrogeai après l'éclipsé sur la durée de l'obscurité totale me répon- dirent qu'elle avait duré deux heures. Nous n'avons pu nous-même, tant cet effet est irrésistible, nous défendre d'une profonde émotion. » Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission nommée poul- ies travaux concernant l'observation de la même éclipse faite à Batna (Al- gérie), Commission qui se compose de MM. Babinet, Faye, Delaunay. PHYSIOLOGIE. — De la production du sucre dans ses rapports avec ta résorption de la graisse et la chaleur animale pendant l'abstinence et l'hibernation; par M. Colik. L'auteur résume dans les propositions suivantes les conclusions aux- quelles l'ont conduit les recherches exposées dans son Mémoire. « En résumé, on voit, d'après ce qui a lieu chez les herbivores, les carnassiers, et les oiseaux soumis à l'abstinence, comme chez le hérisson pendant la torpeur hibernale, que : » i°. La résorption on la combustion de la graisse, la production du sucre, l'entretien de la chaleur animale à son degré ordinaire sont des phé- nomènes intimement liés entre eux et dépendants les uns des autres; » 2°. L'abstinence chez ies animaux maigres ne peut être supportée longtemps; elle y détermine très-vite un abaissement de température coïn- cidant avec la disparition presque complète du sucre dans le foie, le sang, la lymphe et les autres liquides normalement sucrés ; » 3°. Chez les individus gras ou d'un embonpoint moyen, la durée de l'abstinence, toutes les autres conditions restant d'ailleurs semblables, ( 685 ) parait exactement proportionnelle à la quantité de matière grasse mise en réserve dans les tissus : tant que l'animal a de la graisse, la vie s'entretient, le sucre se renouvelle dans le foie ainsi que dans les fluides nutritifs, et la température du corps ne baisse pas notablement; » 4°- Pendant l'hibernation la production du sucre conserve une activité qui est parallèle à la résorption de la graissej; » 5°. Enfin, chez tous les animaux privés d'aliments le foie éprouve des changements très-remarquables : il marche vers l'atrophie et ses cellules perdent leur graisse à laquelle se substitue le sucre. » Ce Mémoire est renvoyé, comme l'avait été celui auquel il se rattache, à la Commission du prix de Physiologie expérimentale. HISTOIRE naturelle. — Remarques de M. Chatin sur une réclamation de priorité adressée à l'occasion de ses recherches sur la mesure des degrés divers de perfection organique des espèces végétales, par M. Bronn. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniart, Moquiu- Tandon.) « La réclamation de M. Bronn porte sur les trois points suivants : » A. Ses publications, datant de deux ans, auraient le mérite de l'anté- riorité. B. Sa base de démonstration, appuyée à la fois sur les animaux et sur les végétaux, serait plus large que la mienne, limitée, dit-il, au seul règne végétal. C Nos conclusions seraient semblables. Je prie l'Académie de me permettre une courte réponse à ces allégations. » A. M. Bronn a commencé ses publications il y a deux ans et je m'em- presse d'avouer que deux de mes Mémoires, que ce savant a sans doute en vue, n'ont été présentés que le 26 mars et le 7 mai 1860. Mais ils avaient été précédés d'une autre publication , en date du 16 novembre 1 855 (Comptes rendus, t. XLI, p. 928), dans laquelle je formule les critères gé- néraux propres à diriger dans la recherche de la gradation organique et où je traite avec détail de quelques-uns de ces critères. Je pourrais remonter plus haut, mais il me suffit d'opposer une date de cinq ans à une date de deux ans. » B. Au reproche de n'avoir considéré exclusivement que les végétaux, je répondrai en établissant que j'ai fait au règne animal et au règne humain une place au moins égale à celle accordée par M. Bronn au règne végétal. Je dis en effet dans mon Mémoire de 1 855 : «... Si l'on raisonne ici par ( 686 ) » analogie,, en prenant pour point de départ les séries zoologiques (ce qui » peut être fait avec succès pour presque chaque point de ces études), on » est conduit... » Ailleurs, dans le travail où je prouve que la multiplication des parties homologues est un signe d'abaissement dans le règne végétal, j'écris : «... Je viens de dire dans le règne végétal, mais la proposition se- » rait-elle moins vraie si on l'étendait à tous les règnes organisés? II est per- » mis d'en douter, soit qu'on compare certains animaux à eux-mêmes dans » les diverses phases de leur vie, soit que l'on compare entre elles des » classes dont la hiérarchie est depuis longtemps fixée. » Suivent des détails sur la chenille comparée au papillon, sur les myriapodes et les insectes pro- prement dits, sur les crustacés isopodes et décapodes, sur les oiseaux et les autres vertébrés ovipares, sur l'homme enfin comparé aux quadrupèdes et et aux quadrumanes. Plus anciennement, en i84o, je prenais pour épigraphe d'une thèse sur Y Anatomie comparée des végétaux, inspirée par l'anatomie des animaux , cette pensée : Tous les grands principes sont communs aux sciences de l'organisation; et enfin j'annonçais dès l'année 1 837 « que la loi » de symétrie et la loi du balancement des organes, proclamées en zoologie, » par MM. Serres et Geoffroy-Saint-Hilaire, s'étendent aux végétaux. » » C. Toute question de priorité étant écartée, je ne peux qu'être per- sonnellement très-honoré de l'accord entre les conclusions de M. Bronn et les miennes. La science, d'ailleurs, ne peut que gagner à ce que deux natu- ralistes, partant de bases qui, sans être étrangères l'une à l'autre, ne sont pas identiques, poursuivent, chacun de son côté, des recherches ayant pour objet d'éclairer un sujet à la fois difficile et d'un ordre élevé. » MÉDECINE. — Des délires spéciaux dans la paralysie générale; extrait d'une Note de M. Legrand du Saille. (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Rayer.) Nous nous bornerons à reproduire de ce Mémoire les conclusions, que l'auteur présente dans les termes suivants : « i°. Si le délire des grandeurs a été aussi contesté et a soulevé un aussi grand nombre d'objections, c'est que les auteurs ont confondu des obser- vations de nature différente, ou qu'ils n'ont tenu compte que d'une période de la maladie. » a°. Personne ne prétend que ce délire soit constant et exclusif, mais, (687 ) par son extrême fréquence chez les paralytiques et sa rareté dans les manies simples, il n'en constitue pas moins un symptôme très-important. » 3°. Le délire hypochondriaque est aussi fréquent chez les mélanco- liques paralytiques qu'il est rare chez les malades atteints de mélancolie simple. A ce titre, il est, comme le délire des grandeurs, un signe d'une grande valeur diagnostique et prognostique. » MM. Lemaire et Gery présentent une Note ayant pour titre : « Nouveaux faits qui démontrent que le coaltar saponiné empêche la formation du pus ». (Commissaires, MM. Chevreul, Milne Edwards, Cl. Bernard.) M. Trêves soumet au jugement de l'Académie des « Considérations sur les trombes » . ('Commissaires, MM. Pouillet, Faye.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire de la carte agro- nomique de l'arrondissement de Toul (Meurthe), exécutée par M. Jacquot, ingénieur en chef des Mines. A cette carte est joint un volume de texte. M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un nouveau volume des Comptes rendus et Mémoires de la Société de Biologie (3e série, Ier vol., 1860) et en indique brièvement le contenu. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. le profes- seur Zinno, de Naples, un Mémoire imprimé sur les précautions à prendre pour éviter les accidents qui peuvent suivre l'inhalation de l'éther et du chloroforme, et sur les moyens propres à combattre ces accidents quand ils sont survenus. Dans la Lettre jointe à cet envoi l'auteur demande la permis- sion de faire remarquer que si ses idées se rapprochent beaucoup de celles qu'a émises M. Ozanam dans une Note imprimée aux Comptes rendus, il ne lui a cependant rien emprunté, l'imprimé qu'il adresse aujourd'hui n'étant C. R., 1860, 3m« Semestre. {T. LI, N° i9.) . 9^ ( 688 ) que la reproduction d'une Note manuscrite qu'il avait envoyée à l'Aca- démie en décembre i85g, mais qui, à ce qu'il paraît, se serait égarée. Cette Noie en effet n'est point parvenue au Secrétariat de l'Institut. MÉTÉOROLOGIE. — Trombes multiples près des côtes de Singapore; extrait d'une Lettre de M. de Castelnau à M. le Secrétaire perpétuel. « J'ai l'honneur de vous faire part d'un phénomène que j'ai observé ici le 22 août dernier, à 5h 3ora du soir. Après une forte averse, le temps était très- obscur, quand parut vers l'ouest une trombe qui se dirigeait rapidement vers le sud-est. Peu après, de nombreuses trombes se montrèrent de toutes parts, et au bout d'une demi-heure on en voyait plus de sept cents , dont la plupart se dissolvaient avant d'atteindre la surface de la mer. » Je joins ici deux croquis, l'un de la première trombe et l'autre de l'état du ciel une demi-heure après. » M. Goldschmidt adresse, au nom de M. Luther, les éléments de la nou- velle planète Danaé, calculés par lui , d'après les observations de Bilk du 22 septembre, de Berlin du 6 octobre, et de Bilk du 21 octobre. Danaé. Époque 1860, septembre 29, o heure de Berlin. o ' " L = 345.41 .56,36 M sa 5.33.56,i4 F =34o. 8. 0,22 / Equin. m. 1 860, Janvier, 1. Q = 334..8.28,74 i = 18.17. °>63 (p = 9.23. 9,43 y. 691", 587g4 loga 0,4734395 La Société impériale des Naturalistes de Moscou adresse plusieurs vo- lumes de ses publications. Nouveaux Mémoires, tomes XI, XII, et première partie du tome XIII; Bulletin, 3e et 4e livr. de i85g et iie de 1860. L'Université de Kiel (Holstein) adresse le volume de ses travaux pour Tannée i85g (tome VI). A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. (689) COMITE SECRET. La Section de Minéralogie et de Géologie présente, par l'organe de son doyen, M. Cordier, la liste suivante de candidats, liste sur laquelle elle a cru devoir, cette fois, ne porter que des géologues français. En première ligne M. Daubrée, à Strasbourg. Coquand, à Aix (Bouches-du-Rhône). En seconde ligne (ex aequo l Leymerie, à Toulouse, et par ordre alphabétique). . . MM. J Marcel de Serres, à Montpellier. Pissis, au Chili. Raulin, à Bordeaux. Les titres de ces candidats sont discutés; l'élection aura lieu dans la séance prochaine. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 29 octobre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Notice sur le genre Philadelphus, par le Dr Cb. Koch, prof, à Berlin, traduit de l'allemand par A. de Borre. Gand, 1860; br. in-8°. Mémoire sur l'échange simultané de plusieurs dépêches télégraphiques entre deux stations qui ne communiquent que par un fil de ligne; par M. Élie Wart- mann; br. in-4°. Société a" Encouragement pour l'industrie nationale. Rapport fait au nom du Comité des arts chimiques sur les procédés d'épuration des tourbes de M. Schmitz père; par M. Gaultier de Claurry; br. in-4° autographiée. La vérité sur le choléra-morbus, etc.; par le Dr Fremaux, 2e livr. Paris, 1860; br. in-8°. Mémoires de l Académie de Stanislas, i85g, t. I et IL Nancy, 1860; in-8°. 93. ( 690 ) Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Inscriptions el Belles-Lettres de Toulouse; 5e série, t. IV. Toulouse, 1860; in-8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 108e et 109e livr. in-4°. Flora italiana. .. Flore italienne, ou Description des plantes qui naissent sau- vages ou qui sont cultivées en Italie et les îles adjacentes, distribuées selon ta méthode naturelle; par M. Parlatore. Vol. III, 2e partie. Florence, 1860; in-8°. Verhandlungen... Mémoires de la Société des Naturalistes de Bâle; IIe vol., 4e livr. Bâle, 1860; in-8°. L'Académie a reçu dans la séance du 5 novembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DECAISNE; 4oe liv. ; in-4°. Géodésie d'une partie de la haute Ethiopie; par Antoine d'Abbadie, revue et rédigée par Rodolphe Radau; ier fascicule. Paris, 1860; in-4°. Essai dune statistique agronomique de l'arrondissement de Toul [départe- ment de la Meurthe); par M. E. Jacquot. Paris, 1860; in-8°, accompagné de la carte agronomique de l'arrondissement de Toul. Mémoire sur la densité, la distillation, le point d'ébullition, et la force élastique de la vapeur de l'alcool et des mélanges d'alcool et d'eau; par E.-H. Von Baumhauer. Amsterdam, 1860; in-4°. Becherches cliniques sur le rhumatisme articulaire aigu; par le Dr Ernest AubuRTIN. Paris, i86o;in-8°. (Adressé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Théorie des effets physiologiques produits par l'électricité transmise dans l'oi- ganisme animal à l'état de courant instantané et à l'état de courant continu; par M A. CriAUVEAU; br in-8°. Théorie des effets physiologiques de l'électricité, résumé; par le même. Lyon, 1860; 1 f. in-8°. (Ce résumé est adressé par l'auteur, pour remplir une des conditions du programme imposées aux concurrents pour les prix de la for- mation, le travail auquel il se rapporte ayant été présenté à l'état de ma- nuscrit au concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Physique du globe. Détermination de la loi du mouvement d'un point maté- ( 69> ) riel sur un plan incliné, à une latitude quelconque, en ayant égard à l 'influence exercée par la rotation diurne de la terre; par DE COLNET d'Huart. Luxem- bourg, 1860; br. in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Poncelet. ) Études sur la luxation sciatique du fémur; parle Dr Chapplain. Marseille, 1860; br. in-8°. Sériciculture. Des éducations de 1860 en France, et probabilités de celles qui s'y feront en 1861; par B. NlCOLLET. Privas, 1860; br. in-8°. Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de Biologie; t. Ier de la 3e série, année 1859. Paris, 1860; in-8°. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou; année 1869, n°9 3 et 4; année 1860, n° 1. Moscou, 1859 et 1860; in-8°. Nouveaux Mémoires de la Société impériale des Naturalistes de Moscou; t. XI et XII, formant les tomes XVII et XVIII de la collection, et ire livraison du t. XIII, formant le t. XIX de la même collection. Moscou, 1859 et 1860; in-4°. Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève; t. XV, 2e partie. Genève-Paris, 1860; in-4°. Memorie... Mémoires de l'Observatoire du Collège Bomain , année i85g; nos 9 à 24 ; in-4°. Antidoto... Antidode de l'éther suif urique et du chloroforme ; par le profes- seur S. Zinno; br. in-8°. Schriften . . . Travaux de t Université de Kiel, pour l'année r 85g ; t. VI, in-4°. (69> ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT LE MOIS D'OCTOBRE 1860. Actes de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, Ier et ae trimestre j 860 ; in-8°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault, de Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LVIII, septembre 1 860 ; in-8°. Annales de /' Agriculture française ; t. XVI, nos 6-8; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; septembre 1860; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; août et septembre 1860 in-8°. Boletin... Bulletin de l'Institut médical de Faïence; septembre 1860; in-8° Bulletin de l Académie impériale de Médecine; t. XXVI, n°* 1 et 2 ; in-8° Bulletin de la Société de Géographie ; septembre 1860; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; août 1 860 in-4°. Bulletin delà Société des Sciences naturelles de Neuchatel ; t. V; 2e cahier in-8°. Bulletin de la Société française de Photographie ; octobre 1860; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; septembre 1860; in-8°. Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris ; n° 5 ; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; ie se- mestre 1860; nos 14-17 et table du ier semestre 1860; in-4°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVII, i4e_ 1 7e livraisons; in-8°. Il nuovo Cimento... Nouveau Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; juillet et août 1860; in-8°. Journal d'Agriculture de la Côte-d'Or; septembre 1860; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, nos 19 et 20; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; octobre 1 860; in-8°. Journal de l' âme ; octobre 1860; in-8°. (693 ) Journal de la Société impériale et centrale a" Horticulture; septembre 1860; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; septembre 1860; in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; octobre 1860; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; nos 28-3o; in-8°. Journal des Dentistes, n°s 1 et 2 ; in-8°. La Bourgogne. Revue œnologique et viticole; 22e livraison; in-8°. La Culture; n08 7 et 8 ; in-8°. L'Agriculteur praticien; 3e série, n° ï; in-8°. L'Art dentaire; octobre 1860; in-8°. L'Art médical; octobre 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 91e et 92e livr.; in-4°. Le Technologiste ; octobre 1860 ; in-8°. L'Hydrotérapie; 5e~7e fascicules; in-8°. Magasin pittoresque ; octobre 1860; in-8°. Monatsbericht. . . Comptes rendus des séances de l'Académie royale des Sciences de Berlin ; juillet 1860; in-8°. Monthly... Procès-verbaux de la Société royale astronomique de Londres; vol. XX, n°9;in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine ; octobre 1 860 ; in-8°. Nouvelles Annales de mathématiques, Journal des candidats aux Écoles Polytechnique et Normale ; septembre et octobre 1860; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; t. II, nos 1 et 2 ; in-8°. Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société royale de Londres; vol. X; n° 4o; in-8°. Répertoire de Pharmacie; octobre 1860; in-8°. Revista... Revue des travaux publics; 8e année; n°' 19 et 20; in-40. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; nos 19 et 20; in-8°- Société impériale de médecine de Marseille. Bulletin des travaux, 3e trimestre 1 860 ; in-8°. The Quarterly. . . Journal trimestriel de la Société géologique de Londres; vol. XVI, part. 3, n° 63; in-8". Gazette des Hôpitaux civils et militaires; nos 116-120. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°8 4°_44- Gazette médicale de Paris; nos 4<>43- Gazette médicale d'Orient ; octobre 1860. (694 ) L'Abeille médicale; nos 4o-44- La Coloration industrielle; nos 17 et 1 8. La Lumière. Revue de la Photographie ; nos 4o-43. L'Ami des Sciences; nos 4>~44- La Science pittoresque ; nos 22-26. La Science pour tous; n°* 44~47- Le Gaz, nos I2-i5. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 12 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce que le Le volume des Comptes rendus est en distribution au Secrétariat. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Calcul des deux inégalités lunaires à longues périodes découvertes par M. Hansen , et dues à [action perturbatrice de Vénus; par M. Delaunay. « J'ai l'honneur de faire part à l'Académie des résultats auxquels je suis parvenu en effectuant le calcul des deux inégalités lunaires à longues pé- riodes découvertes par M. Hansen, et dues à l'action perturbatrice de Vénus. On sait que le savant Directeur de l'Observatoire de Gotha avait d'abord trouvé pour ces deux inégalités •+• 27", 4 sin( — l— i6Z'-+- 18/" -4- 35° 20', 2) période de 273 années, 4- 23", a sin {81" — i3Z' + 3l5°20') période de 23g années, /, /', l" étant respectivement les anomalies moyennes de la Lune, de la Terre, et de Vénus (1); et que plus tard il les a introduites dans ses Tables (1) Comptes rendus des séances de l'Académie, séance du 5 mai i847> '• "XXIV, P- 79^- C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. U, N» 20.) 94 (696) de la Lune, en les modifiant de manière à les réduire à . + i5",34 sin(-Z- 16E+ i8V+3o°ia'), + 2i",47 sin(8V- i3E-+- 374° i4'), V désignant la longitude moyenne héliocentrique et sidérale de Vénus, E celle de la Terre, et l l'anomalie moyenne de la Lune. » M. Hansen ayant voulu vérifier les valeurs qu'il avait obtenues toutd'abord pour ces deux inégalités en les calculant de nouveau par une autre méthode, a été conduit à un résultat essentiellement différent du premier. Les valeurs qu'il leur a attribuées dans ses Tables ont été prises de manière à satisfaire convenablement aux observations, et présentent par conséquent un carac- tère purement empirique (1). Il était donc nécessaire d'effectuer de nouveau la détermination théorique de ces inégalités. Je me suis occupé de les cal- culer, en profitant de mes recherches antérieures sur la Théorie de la Lune, et je viens aujourd'hui faire connaître les résultats que j'ai obtenus. » M. Hansen, en annonçant à l'Académie la découverte qu'il venait de faire des deux inégalités dont il s'agit, dit que la première, celle qui dépend de l'argument l 4- 16/' — 18/", est produite par l'attraction directe de Vénus sur la Lune; qu'en ne tenant compte que de la première puissance de cette action perturbatrice, il avait trouvé 16", or pour son coefficient; et que c'est en poussant l'approximation jusqu'aux quantités de l'ordre du pro- duit du cube de la force perturbatrice du Soleil par la masse de Vénus qu'il a dû porter ce coefficient de i6",oi à 27", 4- Les calculs auxquels je me suis livré m'ont conduit à une confirmation partielle de ces résultats. En m'en tenant d'abord à la première puissance de l'action perturbatrice de Vénus sur la Lune, j'ai trouvé pour l'inégalité en question + i6",o24sin(-Z- i6Z'+i8Z"+35°2o',2), valeur identique avec celle que M. Hansen avait obtenue dans le même cas. Mais ensuite, en poussant les approximations plus loin, c'est-à-dire en allant jusqu'aux quantités de l'ordre du produit de la masse de Vénus par le cube de la force perturbatrice du Soleil dans les termes indépendants de l'incli- naison de l'orbite de Vénus sur l'écliptique, et jusqu'aux quantités de l'ordre du produit de la masse de Vénus par la cinquième puissance de la force perturbatrice du Soleil dans les termes qui dépendent de cette incli- (1) Ces détails sont empruntés à une Lettre de M. Hansen, adressée à M. Airy, et insérée dans les Monthly Notices de la Société Astronomique de Londres, vol. XV, p. 8. — Voir les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XLIX, p. 924. (697 ) naison, je n'ai obtenu qu'une très-légère modification à mon premier ré- sultat : j'ai trouvé pour l'inégalité + 16", 336 sin ( - l - tffl + i8Z"+ 35°i6',5). Ainsi les approximations ultérieures n'ont fait qu'augmenter son coef- ficient de o", 3 la. La détermination numérique de cette inégalité a été faite en adoptant, comme M. Hansen, i 4o8.34 pour le rapport de la masse de Vénus à celle du Soleil. Si l'on prenait pour ce rapport la valeur plus grande 400000 qui paraît mieux s'accorder avec les perturbations produites par Vénus, le coefficient de l'inégalité dont nous nous occupons devrait être porté de 16", 336 à 16", 668. Tous les détails des calculs relatifs à cette inégalité sont donnés dans un Mémoire que le Bureau des Longitudes a bien voulu faire imprimer dans la Connaissance des Temps pour tannée 1862. J'ai l'honneur d'en offrir un exemplaire à l'Académie. » Je passe maintenant à la seconde inégalité, celle qui a pour argument i3/'— 8/", et à laquelle M. Hansen a attribué successivement pour coeffi- cient 23", 2, et 21", 47- Suivant lui, cette inégalité dépend en partie de l'attraction directe de Vénus sur la Lune, et en partie de cette attraction ré- fléchie par l'intermédiaire de la Terre. J'en ai effectué la détermination en tenant compte de ce double mode d'action de la planète troublante, et j'ai trouvé que son coefficient, au lieu d'être de plus de 20", se réduit au con- traire à une petite fraction de seconde. La partie de cette inégalité qui pro- vient de l'attraction de Vénus réfléchie par l'intermédiaire de la Terre, résulte de l'existence de l'inégalité de même argument trouvée par M. Airy dans le mouvement de la Terre autour du Soleil ; j'ai pu facilement m'assu- rer qu'elle ne s'élève pas à-^de seconde. Quant à la partie de l'inégalité en question qui est due à l'action directe de Vénus sur la Lune, j'en ai fait le calcul en poussant les approximations assez loin pour ne pas craindre d'ob- tenir un résultat inexact, et j'ai reconnu qu'elle est absolument insensible. Ainsi se trouvent justifiées les prévisions que j'avais indiquées dans ma communication du 1 2 décembre dernier, relativement à la petitesse du coefficient de la seconde des inégalités découverte» par M. Hansen. 9l- (6g8) » D'après ce qui précède, la première des deux inégalités lunaires à longues périodes dues à l'action perturbatrice de Vénus doit seule être prise en considération dans les Tables; et son coefficient, que je trouve égal à i6",668, diffère peu de celui ( 1 5", 34 ) auquel M. Hansen s'est arrêté pour satisfaire convenablement aux observations. » Qu'il me soit permis en outre de reproduire ici la considération par laquelle je terminais ma communication du 12 décembre dernier, et qui acquiert un plus grand poids par suite des calculs dont je viens de faire connaître les résultats. Elle a trait au désaccord qui existe entre la valeur obtenue par M. Hansen pour l'équation séculaire de la Lune, et la valeur plus petite trouvée d'abord par M. Adams, puis par moi, pour cette équa- tion séculaire. Voici ce qu'on lit dans la Note communiquée par M. Hansen à l'Académie, le 5 mai 1847 : " D'ailleurs ce même système d'équations » linéaires (qui lui avait servi à calculer les inégalités lunaires à longues » périodes dues à l'action de Vénus) donne, après un petit changement, les » inégalités séculaires de la longitude moyenne, du périgée et du nœud de >» la Lune. » Quand on voit que ces équations ont fourni les coefficients 27", 4 et 23", a pour les inégalités à longues périodes dues à l'action de Vénus, inégalités pour lesquelles M. Hansen a ensuite obtenu des valeurs essentiellement différentes en suivant une autre méthode, que d'ailleurs je trouve de mon côté que la seconde de ces inégalités est à peu près nulle, et que la première a pour coefficient 16", 668, on se demande naturellement quel est le degré de confiance qu'on peut accorder à la valeur de l'équation séculaire de la Lune tirée par M. Hansen de ces mêmes équations. Il existe, il est vrai, une concordance complète entre les valeurs que M. Hansen et moi avons trouvées, dans une première approximation, pour l'inégalité dé- pendant de l'argument / -4- 16/' — 18/"; mais cet accord a été obtenu en tenant compte seulement de la première puissance de la force perturbatrice, et l'on sait que la divergence entre nos valeurs de l'équation séculaire de la Lune porte sur des quantités qui sont de l'ordre du carré de cette force perturbatrice : on ne peut donc rien en conclure en faveur de la valeur attribuée par M. Hansen à l'équation séculaire de notre satellite. » Il y a longtemps déjà que j'aurais communiqué à l'Académie le résultat définitif de mes rechercbes sur les inégalités lunaires à longues périodes trouvées par M. Hansen, si je n'avais pas été arrêté par une circonstance que je ne puis me dispenser de faire connaître. Les expressions analytiques auxquelles je suis parvenu pour ces deux inégalités contiennent un certain (0 nombre des coefficients bt que Laplace a introduits dans la Mécanique ce- (699) leste pour effectuer le développement de la fonction perturbatrice, ainsi que les dérivées de divers ordres de ces coefficients par i apport à la quantité a dont ils dépendent. Ici a est le rapport des demi grands axes des orbites de Vénus et de la Terre. Les valeurs numériques de ces coefficients bt et de leurs dérivées m'étaient donc nécessaires pour réduire en nombres les for- mules que j'avais obtenues pour les inégalités dont il s'agit. En me repor- (0 tant auxTables des valeurs des quantités £, queM. Le Verrier a publiées dans le tome TI des Annales de l'Observatoire, j'y ai trouvé une partie des nombres dont j'avais besoin ; je les ai adoptés de confiance, et je m'en suis servi pour calculer les autres à l'aide des formules données par Laplace. Mais je n'ai pas tardé à m'apercevoir que ces valeurs publiées par M. Le Verrier pour les coefficients bt et leurs dérivées renferment de nombreuses inexactitudes. d' bf d> b^ Je signalerai notamment sous ce rapport les valeurs de a2 -r-f- et de a3 —j-j-> pour les diverses valeurs de i depuis 6 jusqu'à i3. Pour s'en assurer, il suf- fit de prendre les différences premières, secondes et troisièmes des valeurs successives de chacune de ces deux fonctions; c'est même en opérant ainsi pour vérifier les nombres que j'avais déduits de ceux de M. Le Verrier, que je me suis aperçu de l'inexactitude de ces derniers. Mais cette inexactitude peut être constatée directement au moyen des formules de vérification que fournit la Mécanique céleste. Prenons par exemple la relation ^ = (i + a«)^.-«^;,-«*C^ En différentiant deux fois par rapport à a, puis multipliant tous les termes par a*, nous en déduirons d'bw r db{i-ù db^i da da da m-i 3 Si dans cette formule on fait s = -■> et i = 12, et qu'on cherche dans les Annales de l'Observatoire les valeurs des diverses quantités qui y entrent, ( 7°° on trouve *b™ o?—^-= 128,1094, **<"> ibf = 5171,427, a-^- = 28i,57r, dà b[n) da? da? da? qui ont le plus d'influence sur la formation de ce second membre. N ous trouverons ainsi 129, 5o3; tandis que le premier membre, si l'on s'en tient au même degré d'appro xi- mation, a pour valeur 128,109: la différence est de i3g4 unités du dernier ordre. » D'après cela j'ai dû renoncer à me servir des nombres de M. Le Verrier, et m'occuper de refaire moi-même complètement le calcul de celles des quantités b etdeleurs dérivées dontj'avais besoin (1). Ontrouvera dans mon (1) Des circonstances toutes pareilles s'étaient déjà présentées il y a vingt ans relativement aux mêmes quantités b] . On peut voir à ce sujet une Note de M. Le Verrrier, insérée dans le t. X des Comptes rendus de l'Académie, p. 751. Après avoir dit qu'il avait été conduit à emprunter les nombres dont il avait besoin dans les Tables publiées antérieurement ( par Bouvard), M. Le Verrier ajoute : « Mais toutefois je voulus soumettre les nombres que » j'adoptais à quelques épreuves, et j'eus le regret de me convaincre que dans leur déter- » mination il s'était glissé de graves erreurs qui me mettaient dans l'obligation de la ( 7QI ) Mémoire sur la seconde des inégalités de M. Hansen les résultats auxquels je suis ainsi parvenu. Je me bornerai ici à mettre en parallèle les valeurs que j'ai obtenues pour les deux quantités d'b Cfl ( 1^ ) » On remarquera que les erreurs indiquées dans chacun de ces deux tableaux sont alternativement positives et négatives; et que, abstraction laite des signes, elles vont toujours en croissant. Il s'agit donc ici, non pas d'erreurs purement accidentelles, mais bien d'erreurs systématiques, tenant sans doute à la méthode de calcul qui a été employée. Quant à leur im- portance, pour en donner une idée, il suffit de dire que dans quelques-uns des nombres publiés par M. Le Verrier avec six chiffres, les trois premiers chiffres seuls sont exacts, le quatrième devant déjà subir une forte correc- tion. » « M. Le Verrier annonce à l'Académie que les nouvelles Tables du Soleil et de la planète Mercure, insérées dans les Annales de [Observatoire de Paris (vol. IV et V), ont été adoptées pour la rédaction du Nautical Alma- nac , et qu'elles sont employées dans le volume qui vient de paraître. Le Nautical Àlmanac, publié annuellement par l'Amirauté anglaise, rédigé par M. Hind, et destiné à la marine anglaise, ayant été à partir de i836 élevé et maintenu au niveau de la science, est devenu d'un emploi usuel dans tous les observatoires et dans les travaux astronomiques. » La science est si vaste, dit M. Le Verrier, surtout en astronomie, que, pour la cultiver avec fruit, il faut faire appel aux ressources de toutes les nations. Aussi, voulant donner aux Tables du Soleil, base de toute l'astro- nomie, une précision supérieure, j'ai dû recourir non-seulement aux obser- vations françaises, mais encore aux observations anglaises et prussiennes. Les riches archives de Greenwich m'ont à elles seules fourni 6000 obser- vations du Soleil, à partir de 1750, époque de Bradley. Dans les nouvelles Tables figure l'inégalité à longue période du moyen mouvement de la Terre, découverte par l'astronome royal actuel, M. Airy. » Nos Tables du Soleil appartiennent donc en partie à l'Angleterre, par les importants matériaux que son principal observatoire a recueillis depuis plus d'un siècle. Nous ne lui en témoignerons pas moins ici notre reconnais- sance, pour l'honneur qu'elle nous a fait, en constatant que ces matériaux ont été bien employés, et qu'il en est résulté une théorie et des Tables dignes de prendre place dans les recueils de la marine et de l'astronomie anglaise. » Le décret de 18 54, relatif à l'Observatoire de Paris, nous prescrit de publier annuellement nos observations et de les comparer aux éphémérides. S'il nous était resté quelques scrupules de nationalité relativement à l'em- ploi du Nautical Almanac, ou comprend par ce qui précède que ces scru- pules se soient trouvés complètement levés. Dans les volumes d'observations dont l'impression est achevée, et que j'aurai l'honneur de présenter pro- ( 7°3) chainemenc à l'Académie, les positions observées du Soleil, de la Lune et des planètes sont comparées au Nautical Almanac. Ce mélange de plus en plus intime des travaux de la France et de l'Angleterre, ce libre échange scien- tifique, dirions-nous, sera, nous n'en doutons pas, accueilli avec satisfaction par l'Académie. » Il y a plusieurs mois, j'ai présenté une théorie de Vénus dont, par suite d'une omission, il n'a pas été fait mention dans les Comptes rendus. De- puis lors, j'ai discuté les observations de cette planète et je leur ai comparé la théorie. Je suis arrivé ainsi à d'importants résultats dont j'aurai l'hon- neur d'entretenir l'Académie dans sa prochaine séance, et à des Tables pré- cises qui sont en cours d'impression. » Les nombres qu'un Membre vient de signaler comme étant, à son estime, inexacts à partir du 4e chiffre, appartiendraient à la théorie réciproque de Vénus et de la Terre. Nous montrerons, quand le texte de l'objection sera à notre disposition, combien elle e&t futile ; comment même elle est un hommage inespéré rendu à la parfaite précision des Tables de l'Observa- toire de Paris. » M. Delaunay prend la parole et dit : « Je ne demande qu'une chose, c'est que M. Le Verrier veuille bien insérer au Compte rendu les remarques critiques qu'il croit devoir faire au sujet du Mémoire que j'ai lu. Je verrai ultérieurement ce que j'aurai à lui répondre. » astronomie. — Eclipse totale du 18 juillet 1860; par M. Antoine d'Abbadie. « En me rendant à Briviesca, dans la Vieille-Castille, pour observer la dernière éclipse du Soleil, je voulais me borner à faire pendant l'obscurité totale trois observations d'une seule et même protubérance rouge, tant en position qu'en hauteur. A cette fin j'avais fait construire un appareil où les petits angles de hauteur devaient être mesurés par le micromètre à double image que nous devons à notre illustre Arago. Mais un accident me priva de cet appareil, et je le remplaçai par une plaque de verre portant un réseau de divisions égales qui partageaient tout le champ de ma lunette en carrés de 5i"de côté. L'angle de position était donné par un anneau qui circon- scrivait le champ et qui était muni d'entailles bien visibles espacées de 90. D'une entaille à l'autre l'intervalle devait être divisé au besoin, par estime, en dixièmes dont chacun valait alors 54'- La position de cet anneau était déterminée par un petit niveau adhérent, dont chaque division valait C. R., i86c, 2me Semestre. (T. LI, N° 20.) 9^ ( 7°4 ; o',8, et que je réglai une seule fois immédiatement avant l'obscurité to- tale. Ma lunette avait un objectif de 72mm, 5, une distance focale de 800, et grossissait 47 fois : son champ embrassait 45'. » L'instant de chaque observation étant noté par un aide au moyen d'un chronomètre à marche connue, j'obtins les résultats suivants, que je donne en temps moyen de Briviesca : ANGLE SÉDUIT N° Temps _ — ., , .. 'ic l'observation, moyen. Phénomène noté. en hauteur, en position, h m s * 2 47 7 Obscurité totale 0 2 2 47 28 Protubérance A par 72°,o f i55,q 5 2 47 4^ Hauteurde A, indivision (probablement 2. 3.. 1 ,g) 4 2 48 11 A par 74° >7 i53,2 5 2 48 26 Hauteur de A, i.3"division, dont une en dia- gonale • 1,4 6 2 49 3 A par 74° ,7 1 53 , 2 7 2 49 27 Hauteur de A, 0.7 division 0,6 8 2 4g 5i Protubérance B par 327°,6 260,3 9 2 49 59 Hauteur de B, 0.7 division 0,6 10 2 5o 16 Protubérance C par 324", 9; sahauteur 1.0 di- vision 0,8 263 , o 11 2 5o 3i Fin de l'obscurité totale » J'ai appelé angle déposition réduit celui dont l'origine étant aupointN. du disque solaire serait compté par l'E., le S. etl'O. réels, de o à 36o°. »Le commencement de l'obscurité est noté ici 7 secondes plus tôt que par M. Petit, directeur de l'Observatoire de Toulouse, et qui observait à envi- ron 5o mètres de moi. Quand on aura publié tontes les observations de l'éclipsé, leur discussion montrera de quel côté est l'erreur. » L'observation de l'angle de position, compté d'abord de la partie la plus élevée du Soleil vers la droite apparente dans ma lunette, qui ren- versait les objets, servait à faire identifier la protubérance et à montrer les variations irrégulières qui auraient peut-être lieu si ces phénomènes n'étaient que des illusions optiques. Or j'ai trouvé cet angle aussi inva- riable qu'il me l'était permis par la nature de mon appareil. Il est vrai qu'il fut observé au commencement plus petit de •i°,r;, mais il est expres- sément noté que le Soleil n'était pas alors bien au centre du champ, et que lesens du mouvement que je fis pour l'y mettre vers 2h47m5os devait avoir pour effet d'augmenter l'angle de position. Celui-ci fut noté" afin de bien identifier la protubérance que j'étudiais : il aurait dû diminuer entre les observations 4 et 6 de o°,25, mais la nature de mon appareil ne me permet- (7o5) tait guère de répondre de cette quantité dans la mesure de l'angle de posi- tion. Il y eut une erreur évidente commise en notant à 47™ 45s la hauteur angulaire. Je l'ai corrigée après coup, tout en conservant ici la notation ori- ginale, ainsi qu'on doit toujours le faire. Les angles subséquents, tant en hauteur qu'en position, sont exempts d'erreur. J'oubliai de marquer le moment où l'extrémité de la protubérance A fut éclipsée par le bord de la J.une. Cette méthode, en effet, malheureusement peu employée, donne peut-être la mesure la plus exacte de la hauteur angulaire d'une protubé- rance. » Comme j'avais inséré dans l'intérieur de ma lunette une plaque de quartz perpendiculaire à l'axe, je pus, entre la 5e et la 6e observation, comparer à deux reprises les couleurs des images de la protubérance A après l'avoir doublée au moyen d'un prisme biréfringent. L'angle de ce prisme était tel, que les deux images étaient presque exactement juxtaposées, et je ne pus discerner aucune trace de lumière polarisée dans cette protubérance. J'enregistre ce résultat avec d'autant plus de scrupule, que dans l'observa- tion de l'éclipsé de 1 85 r j'étais arrivé, en Norvège, à une conclusion con- traire. Mais alors j'employais un prisme que j'ai encore et qui écartait beau- coup plus les images; il pouvait donc s'y mêler ainsi de la lumière de l'auréole qui, on le sait, est fortement polarisée. Au reste, la non-polarisa- tion de la lumière des protubérances me fut confirmée plus tard par M. Prazmowski, astronome de Varsovie, qui observait aussi à Briviesca, et qui, bornant pour ainsi dire toute son attention à l'étude de la polarisation, était arrivé à la même conclusion que moi, en usant d'un appareil de son invention, qui m'a paru le plus parfait que j'aie encore vu pour ce genre de recherches. » Un éblouissement me fit renoncer à observer la protubérance C après le retour de la lumière. Il est à regretter que le petit nombre d'astronomes qui ont fait cette curieuse observation n'ait pas mesuré l'angle de hauteur d'une protubérance vue ainsi en dehors du voisinage de la Lune ; on aurait alors une bonne pierre de touche de l'opinion la plus générale qui attribue les protubérances rouges au Soleil tout seul. M. Aguilar, directeur de l'Ob- servatoire de Madrid, et qui croit à la réalité matérielle des protubérances, entre autres motifs plausibles, appuie sa conviction sur le fait qu'elles impri- ment fortement leurs images sur les papiers photographiques. A cet égard, ne serait-il pas intéressant de montrer par expérience que le papier sensibi- lisé reproduit l'image d'un objet caché, mais révélé soit par le mirage, soit parla réflexion d'un grand miroir concave. Je suis sûr qu'un de nos photo- • 95- ( 7°6 ) graphes voudra expérimenter dans cette voie. On a d'ailleurs peine à croire d'avance qu'il sera difficile de photographier une image de ce genre, sur- tout si elle est bien lumineuse et vive. • Quoi qu'il en soit, la réduction de mes observations m'a forcément ra- mené à l'opinion de ceux qui attribuent à des jeux de lumière, encore inex- pliqués d'ailleurs, ces franges roses ou blanches, ou même bleues, qui entou- rent d'une manière si saisissante le Soleil disparu. Deux considérations militent en faveur de cette hypothèse : » i°. En calculant le mouvement relatif des deux astres par les Tables de MM. Hansen et Le Verrier, et en comparant les différences à celles qu'on déduit de mes observations relatées ci-dessus, on obtient les résultats suivants : Diminution observée Mouvement corrcfpondant Mouvement maximum, ralculé Numéros. dans la calculé de dans la direction même liauleurde la prot. A. celte partie du disque. du mouvem. relatif des deux astres. De 5 à S... 3o" i5",o i8", 3 De S à 1 . . . 5?." 22", 4 27", 2 » Ici la décroissance observée est plus de deux fois celle qui serait pro- duite par le simple mouvement relatif des deux astres. En effet, quels que soient les défauts inhérents à mon micromètre ou à ma manière de l'em- ployer, il ne m'est pas possible de m'attribuer des erreurs d'observation égales à deux fois la quantité à mesurer et commises toujours dans le même sens. D'ailleurs les discordances qu'on remarque ici sont confirmées par celles que j'ai obtenues, en 18Ô1, à Frederiksvoern où mes mesures, exécu- tées par un procédé plus imparfait qu'à Briviesca ( voir Comptes rendus du i3 février i854), m'ont donné aussi un mouvement de protubérance supé- rieur à celui qu'on déduit de la marche des deux astres. II est à remarquer d'ailleurs qu'en Norvège j'ai observé une protubérance croissante; cette année-ci, en Espagne, mes mesures successives ont été appliquées, sur le bord opposé de la Lune, à une protubérance décroissante en hauteur. Dans ces deux marches opposées, le résultat a été néanmoins le même, quant au sens des différences dont les quantités seules ne sont pas identiques. » 20. Un fait grave tend encore à montrer que les protubérances ne sont pas des corps réels attachés au Soleil. Parmi les nombreux astronomes qui se sont rendus en Espagne au mois de juillet dernier, M. Warren de la Rue a observé avec d'autant plus de soin, qu'il contrôlait ses résultats, obtenus à la lunette, par des photographies que son collaborateur, M. Downes, re- cueillait simultanément. Or M. de la Rue ayant publié ses observations avec (7o7 ) une figure pourvue d'un cercle orienté, et gradué pour y donner les angles de position, il m'a été facile de voir que si ma protubérance A a été vue par l'astronome anglais, elle avait pour lui une forme non allongée, était double au lieu d'être unique, et présentait, en un mot, un aspect com- plètement différent de ce que j'observais à la même heure. Pour moi la même protubérance était d'ailleurs presque sur le prolongement du rayon de la Lune, et portait une tête recourbée et déchiquetée; enfin sa base beaucoup plus large la rattachait au disque lunaire. Mes observa- tions à cet égard furent confirmées par mon aide, qui contempla la même protubérance au moyen d'une lorgnette d'opéra. On ne saurait donc pren- dre ces franges roses pour des parties inhérentes au Soleil , quand on songe que l'astronome anglais observait à Rivabellosa, village situé à a5' à l'est de Briviesca et par ^1° l\i' de latitude, c'est-à-dire à 5o kilomètres de Bri- viesca, dont la latitude est égale à [\%a 33',3. >< Ce dernier résultat fut obtenu au moyen d'un petit théodolite construit d'après mes indications pour servir en voyage. A. Briviesca, il fut employé tour à tour par six observateurs différents pour vérifier leurs micromètres, déterminer l'heure, etc. Son cercle a un diamètre de 9 centimètres^ et ses verniers donnent la demi-minute. Voici les résultats pour la latitude, les observations des 10 et 12 juillet étant faites par moi : Juillet 10 Polaire 3 observations 42° 33', 2 12 Soleil 16 » 33,3 16 Soleil 8 » 33,4 v 1 7 Soleil 4 * 33,i » Ces résultats sont suffisamment concordants pour les petites dimensions du cercle employé. C'est par mégarde que mon collègue, M. Petit, tout en citant trois de ces latitudes, croit devoir attribuer à une construction vicieuse de mon cercle les discordances remarquables que d'autres observa- tions nous donnèrent pour la marche des chronomètres à Briviesca. Ce zélé astronome suppose, en effet, que trois de ces instruments ne peuvent avoir été simultanément sujets aux mêmes variations insolites. C'est cependant ce qui a eu lieu en 1 837 quand la frégate [Andromède, partie de Lorient , atter- rissait au Brésil avec une fausse longitude donnée simultanément par ses trois chronomètres. Plus tard, au début de mon voyage en Ethiopie, mes trois garde-temps, préalablement réglés, s'accordèrent sur la mer Méditer- ranée pour donner, lors de notre arrivée en Egypte, une longitude nota- blement erronée. ( 708) » Mon aide, qui observait à l'œil nu, trouvait des différences d'intensité et d'éclat dans les anneaux de l'auréole, dont la lumière lui semblait vacil- lante, mais trop faible pour lire le chronomètre sans le secours d'une lan- terne. D'autres personnes ont fait à Briviesca l'observation contraire; mais ces résultats contradictoires, provenant de l'état momentané de la vue hu- maine modifiée peut-être par l'usage qu'on vient d'en faire, ces résultats, dis-je, ne servent qu'à faire désirer un bon photomètre pour mesurer la quantité de lumière que laissent les diverses phases d'une éclipse. » Les observations négatives ont aussi leur importance : je ne vis pas le nuage rose détaché qui, à Briviesca même, a paru si remarquable à d'au- tres observateurs. On en conclura seulement que l'œil qui s'occupe d'un seul genre de recherches peut ignorer parfaitement un objet, même saillant, dans le voisinage de l'objet qu'il étudie. Les protubérances me parurent d'une couleur rose peu foncée, et n'offrirent pas à mon regard ces por- tions incolores que je comparais en Norvège aux bords d'un vase de cristal projeté sur le ciel. Le vent de l'éclipsé fut nul, et pendant le froid piquant qui en accompagna le milieu , nous cherchâmes en vain sur la terre ces plaques colorées qui en de pareils phénomènes ont tant impressionné les..% spectateurs d'une éclipse totale. » ASTRONOMIE. — Remarques sur le Mémoire de M. d'Abbadie, par M. Faye. « Je crois devoir rappeler, à l'occasion de l'importante lecture de M. d'Abbadie, une Lettre de M. de Feilitzsch que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie il y a quelque temps. L'auteur n'avait point alors achevé le calcul rigoureux de ses mesures. Depuis il en a publié les résultats définitifs dans un des derniers numéros des Astronomische Nach- richten. Il est intéressant de les comparer à ceux que M. d'Abbadie vient de nous communiquer. » L'angle de position de la protubérance mesurée par M. de Feilitzsch était de 5o° (compté de l'est vers le sud); sa variation en hauteur, dans l'hypothèse où cette protubérance ne serait autre chose qu'un appendice du soleil, successivement masqué par la lune, devait donc être en iu3s, durée de l'observation, de 29", 08 X cos(5o° — i^°l\l\') ou de a6",o,2. Au lieu de 26", 92, les mesures ont donné 47", 2. » Ainsi les mesures prises à Castellon de la Plana, au sud de l'Espagne, concordent avec celles que M. d'Abbadie a faites au nord, à Briviesca. Cet accord nesemble-t-il pas apporter une nouvelle force à la conclusion que ces ( 7°9 ) deux savants ont eux même tirée, chacun de son côté, de leurs observations personnelles, à savoir que les protubérances roses des éclipses totales ne sauraient être des parties intégrantes du soleil, successivement masquées ou démasques par la lune? Il n'est pas superflu de rappeler que ni M. d'Ab- badie, ni M. de Feilitzsch n'en étaient à leur coup d'essai : l'un et l'autre étaient allés observer en Suède ou en Norvège l'éclipsé totale de i85i. » M. Kiiii.MAw dépose un paquet cacheté. NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Minéralogie et de Géologie, en remplacement de feu M. Hausmann. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49 > M. Daubrée obtient 45 suffrages. M. Marcel de Serres 2 » M. Raulin 2 » M. Daubrée, ayantréuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur le mode de nutrition des Mucédinées; par M. L. Pasteur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Cl. Bernard.) « L'Académie se rappellera peut-être qu'il y a maintenant dix-huit mois j'ai eu l'honneur de lui communiquer une expérience relative à la levure de bière qui fixa d'une manière particulière l'attention des physiologistes. En semant une trace presque impondérable de ce champignon microsco- pique dans l'eau pure tenant en dissolution des principes cristallisables et pour ainsi dire inorganiques, à savoir du sucre candi, un sel d'ammoniaque et des phosphates, j'ai vu les petits globules de levure se multiplier, em- pruntant leur azote au sel d'ammoniaque, leur carbone au sucre, leur ma- tière minérale aux phosphates, et en même temps le sucre fermentait. La ( 7'° ) suppression de l'un quelconque des trois aliments empêchait le développe- ment de la levure. Plus tard j'ai étendu ces mêmes résultats à la levure lactique. » L'expérience précédente mettait un terme aux discussions sur la nature organisée delà levure debière, queBerzelius, jusque dans ses derniers écrits, considéra toujours comme un précipité chimique de forme globuleuse. Elle donnait en outre la preuve manifeste des relations cachées qui existent entre les ferments et les végétaux supérieurs. » L'Académie sait d'ailleurs que toutes les études que j'ai eu l'honneur de lui présenter depuis quelques années concourent à établir ce principe, que ce sont des végétaux mycodermiques, les plus bas placés dans l'échelle des êtres, qui sont l'origine de toutes les fermentations proprement dites. Les résultats que je publie aujourd'hui ajouteront un nouvel appui à cette opinion. En les rapprochant de ceux que j'ai rappelés tout à l'heure, propres à la levure de bière, ils montreront une grande analogie entre les ferments et les espèces végétales les plus inférieures, comme les plus élevées. J'ai aussi l'espérance que les physiologistes y verront une méthode nouvelle propre à l'examen rigoureux et facile de diverses questions se rattachant à la nutrition des végétaux. » Dans de l'eau distillée pure, je dissous un sel acide d'ammoniaque cris- tallisé, du sucre candi et des phosphates provenant de la calcination de la levure de bière. Puis je sème dans le liquide quelques spores de Pénicillium ou d'une Mucédinée quelconque. Ces spores germent facilement, et bientôt, en deux ou trois jours seulement, le liquide est rempli de flocons de mycé- lium, dont un grand nombre ne tardent pas à s'étaler à la surface de la liqueur, où ils fructifient. La végétation n'a rien de languissant. Par la précaution de l'emploi d'un sel acide d'ammoniaque, on empêche le déve- loppement des Infusoires qui par leur présence arrêteraient bientôt les progrès de la petite plante, en absorbant l'oxygène de l'air, dont la Mucé- dinée ne peut se passer. Tout le carbone de la plante est emprunté au sucre, son azote à l'ammoniaque, sa matière minérale aux phosphates. Il y a donc sur ce point de l'assimilation de l'azote et des phosphates une complète analogie entre les ferments, les Mucédinées et les plantes d'un organisme compliqué. C'est ce que les faits suivants achèveront de prouver d'une manière décisive. » Si, dans l'expérience que je viens de rapporter, je supprime l'un quel- conque des principes en dissolution, là végétation est arrêtée. Par exemple, la matière minérale est celle qui paraîtrait la moins indispensable pour des (7" ) êtres de cette nature. Or si la liqueur est privée de phosphates, il n'y a plus de végétation possihle, quelle que soit la proportion du sucre et des sels ammoniacaux. C'est à peine si la germination des spores commence par l'influence des phosphates que les spores elles-mêmes que l'on a semées in- troduisent en quantité infiniment petite. Supprime-t-on de même le sel d'ammoniaque, la plante n'éprouve aucun développement. Il n'y a qu'un commencement de germination très-chétive par l'effet de la présence de la matière albuminoïde des spores semées, bien qu'il y ait surabondance d'azote libre dans l'air ambiant, ou en dissolution dans le liquide. Enfin il en est encore de même si l'on supprime le sucre, l'aliment carboné, alors même qu'il y aurait dans l'air ou dans le liquide des proportions quelcon- ques d'acide carbonique. J'ai reconnu en effet que, sous le rapport de l'origine du carbone, les Mucédinées diffèrent essentiellement des plantes phanérogames. Elles ne décomposent pas Tacide carbonique; elles ne déga- gent pas d'oxygène. L'absorption de l'oxygène et le dégagement de l'acide carbonique sont au contraire des actes nécessaires et permanents de leur vie. » Quelles sont maintenant les conséquences des résultats qui précèdent? En premier lieu ils nous donnent des idées précises sur le mode de nutri- tion des Mucédinées, à l'égard duquel la science ne possédait que l'obser- vation de M. Bineau rappelée par M. Boussingault dans la dernière séance de l'Académie. D'autre part, et c'est là peut-être ce qu'il faut remarquer de préférence, ils nous découvrent une méthode à l'aide de laquelle la physio- logie végétale pourra aborder sans peine les questions les plus délicates de la vie de ces petites plantes, de manière à préparer sûrement la voie pour l'étude des mêmes problèmes chez les végétaux supérieurs. » Lors même que l'on craindrait de ne pouvoir appliquer aux grands végétaux les résultats fournis par ces organismes d'apparence si infime, il n'y aurait pas moins un grand intérêt à résoudre les difficultés que soulève l'étude de la vie des plantes, en commençant par celles où la moindre com- plication d'organisation rend les conclusions plus faciles et plus sûres. La plante est réduite ici en quelque sorte à l'état cellulaire, et les progrès de la science montrent de plus en plus que l'étude des actes accomplis sous l'influence de la vie végétale ou animale, dans leurs manifestations les plus compliquées, se ramène en dernière analyse à la découverte des phéno- mènes propres à la cellule. » « Après cette communication, M. Boussingault dit qu'en effet, comme vient de le rappeler M. Pasteur, il a cité dans son dernier Mémoire les inté- C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N° 20.} 9^ ( 712 ) ressantes expériences de M. Bineau, dans lesquelles l'habile observateur a vu les nitrates et l'ammoniaque disparaître de l'eau de pluie qui les tenait en dissolution, sous l'influence d'une production cryptogamique. On sait qu'il y a dans les eaux météoriques des nitrates et des sels ammoniacaux tenant de l'azote assimilable, des sels dépotasse, de soude, de chaux, devant favoriser la végétation; il manquait toutefois un élément tout aussi indis- pensable, l'acide phosphorique, que, malgré des recherches multipliées, l'on n'avait pas trouvé dans la pluie. M. Boussingault ajoute que cette lacune dans les principes fertilisants des eaux météoriques vient d'être comblée par M. Barrai, qui vient de découvrir des phosphates dans l'eau de pluie. » ANATOMIE COMPARÉE. — Des modifications dans la conformation du cuxtr chez les Oiseaux ; par M. Emile Blanchard. (Benvoi à l'examen de la Section de Zoologie et d'Analomie.) « La grande uniformité qui existe dans l'organisme des noinhr.eux re- présentants de la classe des Oiseaux n'a pas beaucoup engagé les anato- mistes à s'occuper des modifications que peuvent présenter les divers appa- reils dans ce vaste groupe du règne animal. Ces modifications cependant paraissent devoir offrir un véritable intérêt, et je me propose de faire con- naître successivement les résultats obtenus par une étude que je poursuis depuis longtemps sur ces matières. » Les modifications de l'appareil respiratoire sont infiniment plus consi- dérables entre les Oiseaux qu'on ne l'a supposé. S'il est vrai que chez pres- que tous ces animaux il existe des réservoirs aériens extrêmement déve- loppés, il n'est pas moins vrai aussi que l'étendue de ces réservoirs varie dans une très-large mesure. Il v a là des différences nombreuses dont on trouve l'explication dans le genre de vie, dans le degré d'activité, comme dans la rapidité des mouvements et la longueur des courses que peuvent exécuter les Oiseaux. Tous leurs os, par exemple, ne sont pas aussi géné- ralement pourvus de cavités aériennes qu'on l'a dit et répété dans la plu- part des ouvrages d'anatomie comparée. La quantité d'air que ces animaux ont la faculté de tenir en réserve pour les besoins d'une respiration deve- nant fort active dans certaines conditions, étant très-variable suivant les types, il s'ensuit que le vol rapide et prolongé, facile pour les uns, suffo- querait inévitablement les autres. Les Oiseaux les plus favorisés sous le rapport de l'agilité n'ont pas du reste dans toutes les circonstances leurs (7'3) cellules également pleines d'air. Avant d'entreprendre un long voyage, l'animal, par des aspirations graduées, doit remplir ses vésicules aériennes qui restent flasques et en partie vides après un long repos, ainsi qu'on le voit chez des individus tenus en captivité. » Je désire ne présenter les résultats de mes recherches sur l'appareil respiratoire des Oiseaux qu'au moment où je serai en mesure de préciser les moindres détails et d'arriver de la sorte à des généralisations sûres; mais dès à présent je puis faire connaître une série de faits que j'ai constatés relativement à l'appareil circulatoire, dont les modifications coïncident d'une manière complète avec celles de l'appareil respiratoire. » J'ai donné une attention spéciale à la conformation du cœur dans les divers types de la classe des Oiseaux, et je n'ai pas tardé à voir qu'il existait des différences prononcées en rapport avec l'étendue du système respira- toire, ou, ce qui revient au même, avec le degré d'activité possible chez l'animal. Jusqu'ici, il est nécessaire de le noter, on a décrit partout le cœur des Oiseaux comme à peu près identique chez toutes les espèces, et il est facile de s'apercevoir que c'est ordinairement le cœur du coq qui a servi aux descriptions générales. Certains auteurs, à la vérité, ont publié des tableaux indiquant le poids du cœur comparé à celui du corps dans quel- ques espèces choisies comme au hasard et ainsi sans en déduire aucune conclusion. Je n'ai pas, du reste, beaucoup cherché moi-même à tirer parti de données de ce genre, trouvant presque une impossibilité à les obtenir d'une manière suffisamment comparative. » Ne pouvant, dans ce court extrait de mon travail, entrer dans de mi- nutieux détails anatomiques, je me bornerai à mentionner les principaux faits constatés par des comparaisons multipliées sur un très-grand nombre d'espèces. » Chez les Oiseaux dont le vol est lourd et peu soutenu, le cœur a, relati- vement au volume du corps, des proportions médiocres. J^es Gallinacés en offrent des exemples, et déjà ce point est en quelque sorte établi par les tables du poids du cœur qu'ont données MM. Tiedemann et Joseph Jones. Le ventricule droit dans ces Oiseaux est plus court que dans la plupart des autres types; sa capacité se trouve ainsi être assez minime. J^a valvule auriculo-ventriculaire n'est pas extrêmement épaisse et son bord postérieur est presque droit; en même temps, les colonnes musculaires de l'oreillette du même côté sont faibles, et répaisseur des parois du ventricule gauche est notablement moindre que chez les espèces dont le vol est rapide et pro- longé. 96.. , ( 7'4 ) » Dans les Canards et bien plus encore clans les grands Echassiers, comme les Grues, le Flamant, etc., les parois du ventricule gauche ont une épais- seur énorme, et les colonnes charnues qui garnissent leur face interne ont une puissance remarquable. Le ventricule droit se prolonge plus loin vers la pointe du cœur que dans les Gallinacés, ce qui naturellement augmente sa capacité. La valvule auriculo-vcntriculaire est plus solide et plus large, et l'oreillette, dont l'appendice a plus d'ampleur, est aussi pourvue de plus fortes colonnes musculaires. » Cette structure fait tout de suite reconnaître chez le Canard et surtout chez la Grue, que le cœur est susceptible de contractions plus énergiques que chez le Coq ou le Faisan, que la quantité de sang veineux qu'il peut contenir est plus considérable et y arrive avec plus de force, ce qui rend nécessaire une résistance supérieure de la part de la valvule auriculo-ventriculaire. » Examinons-nous le cœtir chez les Fringilles, c'est-à-dire dans le très- grand nombre des Oiseaux connus sous le nom de Passereaux, nous trou- vons là des proportions moyennes dans toutes les parties; tandis que chez quelques autres types classés aussi dans les Passereaux par la plupart des zoologistes, comme la Huppe et surtout les Martinets, oiseaux essentielle- ment voyageurs, ayant leurs cellules aériennes extrêmement développées et presque tous les os pneumatisés, on est frappé, en les comparant à des Fringilles de même taille, du volume considérable de leur cœur. Les colon- nes charnues de leur ventricule gauche sont plus épaisses ; leur ventricule droit est plus étendu, et sa valvule auriculaire s'élargissant vers la paroi interventriculaire décrit une courbe bien prononcée, ce qui qccroît sa puis- sance et lui permet, au moment de la systole, de contribuer à chasser le sang dans l'artère pulmonaire avec d'autant plus de force. » Chez les Perroquets, oiseaux en général sédentaires et incapables de soutenir leur vol pendant bien longtemps, le cœur, dans toutes ses parties, est relativement assez faible. » Au contraire, les Oiseaux de proie qui s'élèvent dans l'air à de grandes hauteurs, comme les Faucons, les Autours, les Aigles, ont le cœur volumi- neux et proportionnellement très-large comparé à celui des autres Oiseaux (il n'est pas question ici des espèces du groupe des Autruches). Le ventri- cule droit, qui se termine très-près de la pointe du cœur, offre une capacité qu'on ne trouve pas ailleurs, et sa valvule auriculaire a une forme très- approchée de celle que j'ai signalée chez les Martinets. » Nous pouvons donc conclure de ces faits, que le cœur, dans les divers types de la classe des Oiseaux, à l'exception des Autruches, est toujours (7'5 ) conformé sur le même pian, ainsi qu'on l'a dit, mais, ce que l'on n'a pas dit, avec des modifications suivant les types : modifications en rapport avec la nature de la locomotion comme avec l'étendue des réservoirs aériens. Nous sommes assurés, par l'examen des parties, que les contractions du ventricule gauche chassant le fluide nourricier dans tout le système artériel, atteignent leur plus grande force chez les Oiseaux d'un vol puissant, que chez ces mêmes Oiseaux la quantité de sang veineux que peut recevoir le cœur est plus considérable que dans les autres types, comme cela est dé- montré par la capacité du ventricule droit, et que c'est encore chez ces Oi- seaux que le sang est poussé avec le plus d'énergie dans l'artère pulmonaire, cela étant rendu évident par la conformation de la valvule auriculo-ventri- culaire. » Je passe ici sous silence les Oiseaux du groupe des Autruches, les re- cherches de plusieurs anatomistes ayant déjà fait connaître les principales particularités du cœur de ces animaux, très-distincts à beaucoup d'égards des autres représentants de la même grande division zoologique. » En citant des exemples pris dans différentes familles de la classe des Oiseaux, j'ai eu en vue d'indiquer les modifications les plus sensibles; mais je dois dire qu'entre certaines espèces d'une même famille il existe souvent des modifications secondaires encore fort appréciables. » L'étendue et l'activité de la respiration étant partout en rapport avec le degré d'activité générale, et l'appareil circulatoire étant toujours modifié suivant le développement des organes de la respiration, la classe des Mam- mifères offrira, de ce côté, plus encore que la classe des Oiseaux, des parti- cularités remarquables de structure créées en vue de conditions biologiques déterminées. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. « M. Mu. m: Edwards présente au nom de M. Hesse deux tubes dans les- quels se trouvent renfermés : » i°. Plusieurs embryons de Caliges, fixés à leur mère, par une expan- sion membraneuse; » i°. Huit ou dix embryons de Trébies, également fixés, par une expan- sion membraneuse, sur les branchies d'un Gade. » Ces faits matériels, dit M. Hesse dans la Lettre d'envoi, confirment la curieuse découverte que j'ai faite et que j'ai consignée dans le Mémoire que j'ai adressé à ce sujet à l'Académie et qui a pour litre : « Des moyens (7i6) singuliers à l'aide desquels certains Crustacés parasites assurent la conser- vation dé leur espèce pendant la phase embryonnaire. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards et de Quatrefages. ) M. Milne Edwards présente une Note de M. le professeur Molescliott, de Zurich, « Sur la structure des follicules pileux du cuir chevelu de l'homme », et des préparations anatomiques qui, examinées au microscope, montrent la plupart des dispositions organiques indiquées par l'auteur. Le travail de M. Moleschott est envoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards, Cl. Bernard et de Quatrefages. MÉDECINE. — Note sur l'emploi du curare dans le traitement des névroses convulsives et en particulier dans celui de Cépilepsie ; par M. le Dr L. Thier- celin. (Extrait.) (Commissaires désignés pour de précédentes communications sur l'emploi thérapeutique du curare : MM. Flourens, Velpeau, Pelouze, Cl. Bernard, J. Cloquet.) « Guidé par les travaux de M. Cl. Bernard, qui déduit de ses belles ex- périences sur le curare que ce poison doit être considéré comme l'antago- niste du phénomène morbide convulsions, encouragé par les tentatives de traitement du tétanos, publiées depuis quelque temps, et en particulier par un fait de ma pratique constaté et contrôlé par le Dr Piedagnel, bien qu'il ne m'ait pas paru assez concluant pour être publié, je fus conduit par analo- gie à essayer cette substance dans plusieurs maladies convulsives telles que la chorée, l'hystérie, etc., et surtout contre l'épilepsie, maladie si rebelle à tous les traitements institués contre elle jusqu'à ce jour. M. Bernard avait bien voulu mettre à ma disposition quelques grammes de curare. J'en em- ployai une partie à faire sur des chiens des expériences qui pussent m'in- diquer approximativement les doses toxiques minima, et par suite les doses thérapeutiques maxima, afin d'agir avec sécurité. Ce qui me restait fut des- tiné à deux épileptiques que j'avais en traitement depuis quelques mois, et chez lesquels les diverses médications employées jusqu'alors avaient été impuissantes. » De ces deux malades, l'un, jeune homme de 23 ans, affecté d'une épi- ( 7'7 ) lepsie congénitale héréditaire, a passé quatre ans à l'hospice de Charenton. Considéré comme incurable, il avait cessé de recevoir des soins médicaux depuis environ deux ans. Ses accès variaient entre i5 et 20 par mois, dont partie n'étaient que des vertiges, et les antres, en plus grand nombre, de haut mal. L'autre, jeune fille de 17 ans, est épileptique depuis huit ans. Les accès, à l'état de vertiges pendant un an, ont ensuite pris le caractère du haut mal, mais seulement nocturnes pendant deux ans. Depuis cinq ans, ces accès venaient le jour et la nuit, et étaient caractérisés par des convulsions violentes, les cris aigus, le râle guttural, l'écume à la bouche, etc., etc. Leur nombre est de 28 à 29 par mois depuis un an. Cette jeune fille a été confiée pendant trois ans à un médecin spécialiste, célèbre à juste titre. » Sous l'influence du curare administré à doses variant entre 3 et 5 cen- tigrammes par jour, au moyen d'un vésicatoire en pleine suppuration, j'ai vu, dans l'espace de deux mois (décembre et janvier derniers) les accès di- minuer, de manière que chez l'un nous n'en avons compté que 5 au lieu de i5 ou 20, et chez l'autre 8 au lieu de 28 ou 29 dans le dernier mois. La gra- vité des convulsions s'est amendée aussi d'une manière très-notable, et l'é- tat général s'est très-sensiblement amélioré. Ainsi, l'appétit a augmenté en ramenant les forces et l'embonpoint. A l'irritabilité nerveuse, si grande habituellement chez ces malades, ont succédé un calme intellectuel et une bonne humeur constante faisant présager un retour prochain à une santé parfaite. Je dois dire que, tout en employant le curare, je n'avais pas cessé pour cela le traitement prescrit précédemment et qui se composait surtout de valériane, d'aliments froids, etc. » Cette amélioration me donnait de grandes espérances, quand malheureu- sement au bout du deuxième mois je me trouvai désarmé. Ma petite provi- sion de curare était épuisée ; j'en recherchai d'autre, mais ne pus m'en pro- curer. La contre-épreuve se produisit alors rapidement chez mes deux ma- lades. Les accès revinrent dans le mois suivant ( février) à leur ancienne fré- quence ou à peu près; à savoir i5 par mois pour l'un, et pour l'autre 24. » Il y a un mois environ, j'obtins de l'obligeance de M. Mialhe, un nouvel échantillon de i gramme 5o centigrammes de curare. J'en recommençai l'administration chez la jeune fille seulement, l'exiguïté de ma provision ne me permettant pas de mener mes deux traitements de front. » Dans l'espace de dix jours, ma jeune malade reçut sur un vésicatoire du bras 5o centigrammes, soit 5 centigrammes par jour en une seule dose. Pendant ces dix jours, trois crises seulement, revenant la nuit, et avec peu de convulsions. Amélioration manifeste. Le onzième jour, le médicament ( 7'8) manque, il survient trois accès dans la nuit suivante. Les convulsions ont repris une certaine intensité. Le douzième jour, je remets aux parents un gramme du médicament divisé en quatorze paquets et devant être admi- nistré en quatorze, jours. Chaque paquet devait suffire à trois pansements. Hier dimanche, le deuxième paquet a été employé, et pendant ces douze derniers jours nous n'avons eu à constater que deux accès nocturnes d'une durée au-dessous de la moyenne et de peu d'intensité. Je touche encore à la fin de ma dernière provision. Demain mon dernier paquet sera admi- nistré; et j'ai tout lieu de craindre que désormais, l'administration du médicament cessant, les accidents vont reparaître et reprendre leur intensité passée. » Il me paraît utile de dire pourquoi j'ai administré le curare aux doses que j'ai indiquées, et pourquoi j'ai donné la préférence à la poudre sur la dissolution aqueuse ou alcoolique. » On sait jusqu'à présent du curare que c'est un extrait sec, cassant, rouge-brun, etc.; mais on se demande quelles plantes le fournissent. Ne contient-il même que des sucs végétaux? Ce qu'on appelle curarine ne cristallisant pas, ne peut jusqu'à présent être considéré comme un produit défini, à composition déterminée et toujours identique. De là l'obligation, chaque fois qu'on a un échantillon nouveau de curare, d'en essayer et d'en mesurer la puissance. Or l'eau et l'alcool peuvent-ils extraire toutes les parties actives? On l'ignore. N'est-il pas alors plus sage, jusqu'à ce que la chimie soit venue éclairer cette question assez complexe, d'employer la substance telle qu'elle nous parvient. Quant à la manière de mesurer sa puissance toxique, elle consiste dans son emploi sur les animaux. Pour mon compte, je me suis toujours servi de chiens dont je déterminais exac- tement le poids et que je faisais jeûner pendant le même nombre d'heures. J'inocule le poison finement pulvérisé et mêlé à un peu de sucre, dans une petite plaie sous-cutanée de la cuisse. Or, d'une série assez nombreuse d'ex- périences, j'ai conclu qu'un chien de 6 kilogrammes était tué dans l'espace de 20 à 25 minutes par 5 centigrammes de curare bien pulvérisé, les premiers accidents de résolution se manifestant de la dixième à la douzième minute. Avec 3 centigrammes, je n'ai remarqué qu'une résolution passagère du train de derrière (20 à z5 minutes); avec 2 centigrammes, démarche chan- celante, chute sur lesiége, mais le tout durant quelques minutes seulement; avec 1 centigramme, rien d'apparent. Divisant 5 centigrammes par 6 kilo- grammes, on a 8 milligrammes de poison par kilogramme de chien tué. Si on admettait que l'action fût en raison de la masse, on tuerait un animal n ( 7'9 ) de 60 kilogrammes avec 5o centigrammes environ. Mais sachant que la relation directe n'existe pas et qu'on doit diminuer la dose relative à mesure que la masse augmente, sans qu'il y ait du reste de règle fixe à suivre, on peut admettre qu'il y aurait danger à donner à un animal de 60 kilogrammes une dose de /jo centigrammes, et qu'on doit se tenir au-dessous de cette li- mite, qu'on peut considérer comme extrême. » ANATOMIE comparée DES végétaux. — Des rapports de /' anatomie des ■ Thé- siacées ou Sanlalacées avec lanalornie générale et avec la physiologie; par M. Ad. Chatijî. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Les recherches d'anatomie comparée que j'ai entreprises il y a déjà longtemps ont pour objet le plus prochain la classification; mais cet ob- jet n'est pas le seul. Ces recherches doivent en outre fournir les éléments de l'histoire anatomique complète des organes composés (rhizomes, tiges, feuilles, etc.) que l'on ne connaît encore que par leurs traits les plus géné- raux et dont plusieurs même, anatomiquement fort distincts, ont été jus- qu'ici confondus. Elles sont aussi destinées à servir de base à l'anatomie générale, en faisant connaître les variétés si nombreuses de chacun des tissus suivi, tant dans sa structure intime et ses formes, que dans les disposi- tions qu'il affecte. Enfin elles donneront entrée dans le domaine de la phy- siologie par la porte qu'ont prise les zoologistes, par la porte de l'anatomie. Après avoir posé les questions, l'anatomie appellera le plus souvent à son aide les sciences physico-chimiques, dont elle restera le guide fidèle. » Ces vues, qui me dirigent et qui ressortent de chacun de mes travaux, n'ont cependant pas été généralement comprises. Je les formule ici d'une façon explicite, afin que chacun voie clairement les objets vers lesquels convergent ces recherches d'anatomie, dont la physiologie elle-même est le but ultime. Voici, comme application de m'a méthode, le tribut apporté par les Thésiacées à l'histoire générale de l'organographie .et de l'anato- mie des tissus proprement dite ainsi qu'à la physiologie. I. Rapports avec l'organographie. » Les faits à grouper ici se rapportent surtout aux organes de nutrition; quelques observations intéressent les axes floraux. » Racines. — Il faut signaler, surtout comme caractère commun aux raci- nes et aux rhizomes d'une même plante, l'existence, dans celles de YOsyris, C. R., 1860, 1"" Semestre. (T. LI, N° 20.) 97 ( 72° ) (Tun tissu subéroïde, puis, comme concernant plus spécialement leur pro- pre histoire : dans toutes les Thésiacées, l'absence de fibres corticales et de trachées vraies; dans la plupart des Thésiacées, des fibres ligneuses non ponctuées; dans le Thesiwn, etc., des cellules scléreuses; dans YOsyris, une segmentation du corps ligneux rappelant celle du Tropœolum, plus une sous-division de chaque segment par des rayons corticaux, comme si, comme le voulait le savant Dutrochet, la médulle externe était identique à la moelle. » Suçoirs.— Toujours (?) pourvus d'un cône utriculaire perforant et d'un cône vasculaire, les suçoirs de quelques Thésiacées ont des replis préhen- seurs doublés d'une lame fibreuse. » Rhizome. — Celui de YOsp'is offre, à l'exclusion de la tige, le tissu tubé- roïde rose des racines. Le rhizome du Comandra manque, comme les racines, de fibres corticales, tissu qui forme des faisceaux dans la tige. Cet organe manque, dans la plupart des Thésiacées, de vraies trachées et de ponctua- tions aux cellules médullaires. Dans le Comandra, comme chez les Epirhizau- thées et beaucoup d'Orobanchées, le corps ligneux se compose de fais- ceaux isolés par le tissu utriculaire. » Tige. — Elle offre quelques exceptions à l'état habituel. Le Comandra et le Quinchamalium manquent de vrais rayons médullaires. UArjona et le Nanodea ont, comme le rhizome du Comandra, le système ligneux formé de faisceaux isolés; il manque en outre de vaisseaux spiraux. » Pédicelles. — Contrairement à l'opinion commune qui les assimile aux tiges ou axes à feuilles, ils en diffèrent généralement par le manque de fibres libériennes, de rayons et de moelle, par leurs faisceaux ligneux fré- quemment isolés, et par le groupement de leurs vaisseaux en un nombre donné de paquets. » Feuilles. — Les Thésiacées justifient ces deux lois que j'ai formulées : « Lorsque les deux épidermes sont identiques, le parenchyme est ou homo- gène ou symétrique; lorsque les épidermes sont dissemblables, le paren- chyme est hétérogène et asymétrique. » Deux exceptions curieuses à d'autres rapports que j'ai signalés aussi sont les suivantes. Le Sphœrocarya leprosa a les épidermes dissemblables, avec ce double caractère que c'est l'épiderme supérieur quia des cellules sinueuses, et qu'il ne porte pas les stomates. Or les règles sont, que quand un seul des épidermes est formé de cellules à bords sinueux, il porte les stomates et occupe la page infé- rieure des feuilles. Seul jusqu'à ce jour, le Sphœrocarya échappe à ces lois qui embrassent toutes les plantes à feuilles végétant au sein de l'atmo- ( 7*» ) sphère. Et telle est cependant la constance du premier rapport, celui qiri lie la présence des stomates aux cellules sinueuses de l'un des épidermes, que quand, comme dans le Nymphœa et V Hydrochnris, les feuilles appliquées sur l'eau par leur page inférieure ne peuvent porter utilement leurs sto- mates qu'à la page supérieure, c'est sur cette dernière que se trouvent re- portées les cellules sinueuses. » Le faisceau des feuilles a présenté : dans le Dufrenoya et le Pyrularia pubera,de vraies fibres corticales comme dans les Nyssacées et les Combre- tacées; dans YArjona, le Uujrenoja, quelques Osyris et Thesium, des fibres ligneuses ponctuées ; dans le Mida, un tissu cambial interne ; dans le Dufre- noya, le faisceau en anneau, avec moelle et rayons; dans Y Arjona, pas de trachées. II. Rapports avec tanatomie générale. » a. Rapports avec la nature des tissus. — La cuticule épidermique doit être mentionnée pour sa grande épaisseur dans les Anthobolus, Choretrum, Exocarpos, dans le Cervantesia surtout. Des cellules épidermiques sinueuses n'ont été vues icique dans le Comandra et le Sphœrocatya. — Contrairement à l'opinion générale, beaucoup trop absolue, de la chlorophylle existe chez les Thésiacées, dans presque toutes les cellules épidermiques. L'état ordi- naire de ces cellules est d'être déprimées; dans le Cervantesia, elles sont fortement comprimées. — La production de cellules prosenchymateuses et scléreuses est commune, dans le parenchyme cortical des Arjona, Cer- vantesia, Dii/renoya, Exocarpos, Hensloivia et Thesium, dans le parenchyme médullaire des Nanodea, Mida et Quinchamalium. — Les fibres libériennes de YArjona sont ponctuées ; celles du Myoschilos contiennent de fins granules offrant les caractères attribués par M. Payen aux granules azotés. — Déve- loppée parallèlement au vrai corps ligneux, la zone cambiale, le plus sou- vent en cercle, quelquefois segmentée [Arjona, Nanodea), peut servir de critère pour reconnaître, comme dans le Quinchamalium, les cas où le sys- tème ligneux, formant en apparence un cercle continu, est en réalité com- posé de segments réunis par du parenchyme devenu prosenchymateux. Ordinairement ponctuées, les fibres du bois sont rayées ou scalariformes dans le Nanodea, et simples dans le Quinchamalium. — Des vaisseaux parti- culiers pour l'ordre:, mais différents dans chacun des deux genres, existent chez le Pjrularia et le Sphœrocarya. » b. Rapports avec la disposition des tissus. — Ici se placent : les ren- trées du parenchyme cortical entre les faisceaux ligneux du Nanodea; les .9.7" ( 722 ) rayons corticaux des racines dans YOsyris, la disposition symétrique des tissus prosenchymateux et scléreux dans Y Arjona, le Dufrenoya, Y Henslowia et le Quinchamalium ; celle des fibres corticales, formant un cercle continu avec renflements fasciculaires dans la tige du Mida, un cercle brisé, sans faisceaux proprement dits, chez le Sphœrocarya, et entourant le système fibro-vascu- laire des feuilles du Sphœrocarya ; enfin, la disposition, ou rayonnante ou que dans la tige vaisseaux dans les feuilles et les pédicelles de l'ordre, ainsi fasciculaire des de quelques Quinchamalium. III. Rapports avec la physiologie. » Les faits généraux à noter comme intéressant la physiologie sont les suivants : » Exclusion habituelle, comme l'a reconnu le premier M. Payen [Mé- moires sur le développement des vég., pi. a à pi. 7) des granules verts par la présence de cristaux dans les cellules; » Exclusion fréquente aussi des granules verts par les liquides colorés; peu d'épaisseur des parois des cellules contenant, soit des cristaux, soit des granules organiques; » Respiration dermique rendue évidente dans beaucoup de plantes non aquatiques par la présence de matière verte à l'intérieur des cellules de l'épiderme; » Production de quatre couches ligneuses dans le cours d'une seule an- née chez le Buckleya. » Enfin, et surtout, coloration fréquente, après la mort de la plante, des tissus dans lesquels se passaient les phénomènes les plus actifs de la végé- tation. Cette dernière observation se lie à l'importante question de physio- logie végétale traitée par M. Fremy dans l'une des dernières séances. Elle m'a porté, il y a déjà longtemps, à entreprendre quelques recherches chi- miques que je demanderai à l'Académie la permission de lui soumettre prochainement. » GÉOMÉTRIE. — Note sur la classification des polyèdres ; par M. Ph. Breton. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) « Si l'on nomme A, S, F les nombres des arêtes, des sommets et des faces d'un polyèdre, on sait, par le théorème d'Euler, qu'on a toujours W S+F = A+a. ( 7*3) » En considérant d'une part qu'un polygone a toujours au moins 3 côtés et que chaque arête d'un polyèdre appartient à deux faces ; et d'autre part que tout sommet de polyèdre a au moins 3 faces et que toute arête joint deux sommets, on trouve les deux conditions-limites ci-dessous ; (aj 3F = 2A, (3) 3S5-2A. » Si la condition (a) devient une égalité, toutes les faces du polyèdre sont des triangles; si c'est la condition (3) qui devient une égalité, tous les sommets sont des angles trièdres. Dans le premier cas les faces sont en nombre pair, dans le second cas ce sont les sommets qui sont en nombre pair, et dans l'un et l'autre cas le nombre des arêtes est un multiple de 3. » Si l'on nomme ordre l'ensemble de tous les polyèdres qui ont le même nombre d'arêtes, et si on divise les ordres en genres suivant le nombre des sommets ou des faces, la série des ordres commence par celui de 6 arêtes, et en faisant croître la valeur de A qui caractérise les ordres, le nombre de genres qu'ils contiennent respectivement varie comme il suit : IN ombres d'arêtes de chaque ordre — G, 7, 8, 9, 10, 11, 12, i3, 14, i5, 16, ij, 18, ig, au Nombre de genres contenus dans chaque ordre i, 0, 1, a, 1, 1, 3, 2, 3, 4, 3, 4, 5, 4, 5 » La série des ordres se partage ainsi en groupes de 3 ordres équigénéri- ques entrelacés. Ainsi les ordres à 6, 8 et io arêtes sont unigénériques, ceux , à 9, 1 1 et 1 3 arêtes sont bigénériques, ceux à 12, 1 4 et 16 arêtes sont trigéné- riques; généralement ceux à 3rc, (3«-f-a), et (3rc -t- 4) arêtes contiennent chacun (n — 1 ) genres, ou sont [n — 1) génériques. » Les ordres à 3n arêtes seuls ont des genres extrêmes, savoir un genre extrême trièdre, où tous les sommets sont trièdres, et un genre extrême trian- gulaire, où toutes les faces sont des triangles. » Dans tout ordre qui a un nombre pair d'arêtes, il existe un genre moyen, c'est-à-dire ayant autant de sommets que de faces. On a, pour les genres moyens J S=F=^A -r-I. 2 » Toutes ces propositions et plusieurs autres se démontrent sans calcul, avec une extrême facilité par la simple inspection d'une figure symbo- lique, que le lecteur peut tracer très-facilement sans instrument sur ( 7*4 ) papier quadrillé, à l'aide des indications suivantes. Il faut simplement concevoir dans l'espace 3 coordonnées rectangulaires représentant les 3 nombres S, F, A; dans cet espace l'équation (i) représente un plan, dont les 3 traces se placent sur une seule et même droite, quand on rabat les plans coordonnés des AS et des AF sur le plan desSF; en pre- nant les conditions-limites (a) et (3) avec le signe = , elles représentent dans le plan (i) deux droites qui se coupent au point ï( A = 6, S = F = 4)» qui correspond au tétraèdre. Au delà, ces deux droites-limites embrassent un angle qui a la même bissectrice que l'angle compris entre les axes des S et des F. Tout point du plan (i) qui se projette dans cet angle ou sur un de ses côtés en un point dont l'S et l'F sont entiers, a aussi une valeur entière pour A, et correspond à un genre de polyèdres possibles. C'est ainsi qu'on voit que la ligne du plan (i) correspondante à A = 7 ne rencontre aucun point entier dans l'angle des limites ou sur ses côtés, d'où il suit qu'aucun polyèdre n'a ses arêtes au nombre de 7. Les horizontales du plan (1) pour lesquelles on aA = 8 et A = io rencontrent chacune un seul point entier dans l'angle des limites, et ces deux points correspondent aux pyramides quadrangulaireet pentagonale, qui ont l'une 8 arêtes, 5 sommets et 5 faces, l'autre 10 arêtes, 6 sommets et 6 faces. » On obtient des exemples des genres extrêmes de l'ordre à 3n arêtes en prenant : i° un prisme dont la base a n côtés, ce qui donne (» + 2 ) faces et in sommets trièdres; -2° une double pyramide, ou un assemblage de deux pyramides ayant une base commune de n côtés, ce qui donne [n -+- a) sommets et arc faces triangulaires. » La possibilité d'un polyèdre ne peut être assujettie à aucune autre con- dition d'égalité que l'équation (1), et à aucune condition-limite autre que les conditions (2) et (3). h MÉCANIQUE. — Mémoire sur la rotation d'un corps solide autour de son centre de gravité; par M. A. Lafon. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Delaunay, Bertrand.) « Je me suis proposé, dans ce travail, d'étudier, dans certains cas parti- culiers, le mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe. » Je considère d'abord un corps de forme quelconque, pouvant tourner autour de son centre de gravité, et je ramène le problème à des quadra- tures, en suivant une méthode que j'ai cru devoir exposer complètement. » Je cherche ensuite ce que deviennent les équations du mouvement ( 7*5) dans le cas où, le solide étant de révolution, on tient compte de la rotation de la terre, et je fais voir que, dans ce cas comme dans le précédent, la même formule donne, au moyen de quadratures, les intégrales qui com- plètent la solution du problème. §1. » Je suppose les équations différentielles du mouvement mises sous la forme dp, dU dq, d\\ dt dq, dt dp, ' c'est-à-dire du premier degré, et au nombre de i n (n étant le nombre des points). » En supposant que l'on connaisse r intégrales, résolues par rapport aux constantes a,,...,ar, je cherche dans quel cas on peut avoir leurs con- juguées. » Après avoir fait voir qu'il doit exister entre deux intégrales conjuguées, a, et b, par exemple, aw relations de la forme dp, db, dq, db, da, dq, da, dp, j'arrive à la formule (db,\_ fdp,\ V" \dp,(db,\ dp,(db,\~~\ db, *pJ,'£(«*i a*) - (•): Î.A=_(*UV" \dIl!db1 A _djH(db_ ,\1_ \dq,J \da,J J^r+iLdpiXdqiJ dq^dp^J dp, D db, 7.Vxiï(ai,af) dpr D » dans laquelle je désigne par (V' b (t"M 'es dérivées de p, et de b,, prises en considérant/?, et, b, comme fonctions dea,,...,ar, pr-n,---, pn,q,,...,q„, et par [ah a?) les fonctions alternées de Poisson. » On trouverait évidemment r équations analogues à l'équation (0, et, par une combinaison facile, dans le cas, assez fréquent, où toutes les fonc- tions («,-, ati) sont nulles, on arrive à la relation v Dans les deux exemples que je vais considérer, le deuxième membre (7*6) de l'équation (a) est une différentielle exacte, et l'on peut trouver les intégrales conjuguées des intégrales données. §11. Mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe, dans le cas où il n'y a aucune force extérieure. » En désignant par <],, q2, q3 les trois angles qui déterminent le mouve- ment du corps, par X et h deux constantes arbitraires, et en faisant usage, pour le reste, des notations ordinaires, on trouve i = PÎ + PÎ + pi = P*i+Pl + p,-\-P3cosqi\2 sin?, Appelons pt, et a les intégrales conjuguées de X et /?, et posons, pour abréger, p =- f f-i r i sinç, nous aurons t — dp, Çdp P: A §111. Mouvement d'un corps solide autour de son centre de gravité, en tenant compte de la rotation de la terre. » Les trois axes auxquels nous rapportions le mouvement dans le pro- blème précédent, pourront encore être considérés comme fixes si nous nous servons du théorème de Coriolis sur les mouvements relatifs. » Or, si l'on désigne par RZ.cos a la projection, sur l'axe instantané, de l'axe du moment résultant, et par w0 l'angle décrit par le corps pendant un temps très-court et arbitraire 0, l'expression Jil.cosa.a9 désignera la somme des travaux virtuels, et nous aurons immédiatement les équations du mouvement. » Admettons que le solide soit de révolution, et choisissons les axes • ( 727 ) fixes qui jusqu'ici sont restés arbitraires, de manière que l'axe des x soit parallèle à l'axe terrestre, les équations du mouvement prendront la forme simple dp, pp' 2 A — C dp, A — C î^ — ïSf", — ar>cosf1-up,sinî), -^= a w— — p.sin^cos?,, 3 tfr A' '" dt A df Asin^, dt A C d'où pa4- w(A — C)cos2^, = const = a, p3 + wCcosç, = const = |3. Désignons par A, , a, , /3, trois constantes arbitraires, les trois dernières intégrales seront Elles peuvent être mises sous la forme générale mécanique céleste. — Mémoire sur le mouvement des nœuds de la Lune ; par M. G. Lespiault. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Faye, Delaunay, Bertrand.) « On sait que les nœuds de l'orbite lunaire rétrogradent sur l'écliptique, de manière à accomplir leur révolution sidérale en 18 ans ^ environ , ou plus exactement en 679^,39. Pendant ce temps l'inclinaison des deux plans conserve une valeur moyenne de 5° 8' 48", assujettie a quelques inégalités semi-mensuelles ou semi-annuelles, qui s'élèvent, dans leur maximum, à 9', en plus ou en moins. A chacune de ces inégalités en correspond une C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI, N° 20. J 9^ ( 7*« ) autre dans le mouvement du nœud, de sorte que l'on peut obtenir une image simple du déplacement de l'orbite, en concevant que son axe éprouve une sorte de nutation autour de la position moyenne qu'il occupait à cha- que instant, s'il ne faisait que décrire un cône circulaire autour de l'axe de l'écliptique. )> En outre de ces inégalités à courte période, il en existe une autre que la théorie a révélée à Laplace, et dont la période est égale à la durée même de la révolution du nœud. On peut représenter cette inégalité, en conce- vant que l'orbe lunaire, au lieu de se mouvoir sur l'écliptique, avec une inclinaison constante, se meuve, avec les mêmes conditions, sur un plan très-peu incliné à l'écliptique, et passant constamment par les équinoxes, entre l'écliptique et l'équateur. Cette inégalité a une importance particu- lière, parce qu'elle provient de l'action du ménisque terrestre sur la Lune, et qu'on en déduit, 'dans la théorie du satellite, une équation en latitude qui donne une valeur très-exacte de l'aplatissement du globe. » Tels sont les faits d'observation dont la théorie des couples peut don- ner une explication simple et géométrique. •> Si l'on considère, à un instant quelconque, le couple qui anime la Terre dans son mouvement de rotation, celui qui anime la Lune, et enfin le couple formé par les deux forces égales, parallèles et contraires qui empor- tent les centres de ces deux corps dans leur révolution mensuelle autour de leur centre commun de gravité, ces trois couples se composent en un seul, dont l'axe serait invariable de grandeur et de position, si la Terre et la Lune n'étaient pas troublées par des forces extérieures. » L'action du Soleil modifie, à chaque instant, la grandeur et la position de -ce couple, et il est permis, dans une première approximation, d'étudier simplement la manière dont le couple perturbateur, qui vient du Soleil, dé- placerait le troisième des couples composants dont nous venons de parler, considéré isolément. Car, si l'on regardait d'abord le couple de rotation de la Terre comme invariable, pendant une période de dix-huit ans, il est fa- cile de voir qu'on pourrait se dispenser d'en tenir compte, et l'on prévoit même dès à présent que, lorsqu'on aura égard au petit mouvement de ce couple qui constitue le phénomène de la nutation, il en résultera dans le déplacement de l'ax£ de l'orbite lunaire une inégalité de même période. Quant à l'axe du couple qui anime la Lune, on peut le négliger, non-seu- lement parce qu'il est très-petit, mais même, en toute rigueur, parce qu'en vertu du théorème de Cassini, son introduction ne change jamais le plan des axes de l'orbite lunaire et de l'écliptique. ( 729 ) » .Cela posé, je décompose le couple perturbateur en trois autres ayant respectivement pour axes l'axe de l'orbite lunaire, la ligne des nœuds, et une perpendiculaire à cette ligne menée dans le plan de l'orbite. » Le premier, produit l'inégalité en longitude appelée variation, la seule de ce genre que puisse faire connaître la considération exclusive des couples. » Le second produit la rétrogradation de la ligne des nœuds ; les for- mules auxquelles on est conduit, donnent très-simplement, comme résultat de la théorie, une valeur moyenne de cette vitesse rétrograde, sensiblement égale à celle qui résulte de l'observation; elles donnent aussi celles des inégalités de ce mouvement qui ont une période semi-mensuelle ou semi- annuelle. » Le troisième couple enfin tend à modifier à chaque instant la grandeur de l'angle de l'orbite et de l'écliptiqne ; mais, comme son expression se compose uniquement de termes périodiques, son effet moyen est nul dans une durée de six mois : chacun de ses termes représente une inégalité qui, combinée avec l'inégalité correspondante du mouvement du nœud, peut être figurée par un mouvement circulaire du pôle vrai de l'orbite autour du pôle moyen. » Cherchons maintenant à tenir compte du mouvement de nutation de l'axe terrestre. A ce mouvement répond évidemment une nutation de l'axe de l'orbite lunaire, puisque nous avons attribué à ce dernier l'invariabilité qui appartient en réalité à l'axe du couple résultant. Si l'on veut avoir la relation très-simple qui lie ces deux nutations, il suffit de remarquer qu'elles proviennent d'actions intérieures au système de la Terre et de la Lune. Ces deux mouvements, s'ils existaient seuls, laisseraient donc invariable l'axe du couple résultant, et par suite sa projection sur l'axe de l'écliptiqne. D'ailleurs cette projection n'est altérée ni par le couple perturbateur qui vient du Soleil, ni par la précession des équinôxes, puisque ces deux causes font simplement décrire aux axes des couples composant des cônes autour de l'axe de l'écliptiqne. De ces considérations résulte immédiatement l'équation T L p. . C . àQ . sip 0 — — ■ C2.m.ây. sin -y, dans laquelle 6 et y représentent respectivement les inclinaisons de l'équa- teur terrestre et de l'orbe lunaire sur l'écliptique, ùB et c?y les nutations de ces plans, L la Lune, T la Terre, C le moment d'inertie de cette planète par rapport à son axe, ju sa vitesse de rotation, m le moyen mouvement de la 98- (73°) Lune dans son orbite, enfin p le demi grand axe de cette orbite. Cette formule est identique à celle que donne Laplace au Ve volume, p. 3a3, de la Méca- nique céleste. » En étudiant les conséquences géométriques de l'équation précédente, il est facile de voir que l'on peut représenter la nutation de l'orbe lunaire en concevant que le pôle de cet orbe décrive un cercle, non pas autour du pôle de l'écliptique, mais autour d'un point situé à 8" de ce dernier, sur l'arc de grand cercle qui le joint au pôle de 1 equateur. Cette image géo- métrique revient à celle que nous avons indiquée plus haut, en donnant la description du phénomène. » Si l'on substitue a la nutation âO son expression analytique, on trouve l'inégalité suivante en latitude : 78 Argile ferrugineuse o ,4o 99'68 Ce qui conduit à la formule Na S •+■ Ca S qui est celle de la glaubérite. » M. Gcillon prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de constater l'état d'un malade sur lequel il se propose de faire une appli- cation de son brise-pierre à levier. Il s'agit, dit. M. Guillon, d'un de ces cas peu fréquents de calculs développés dans une cellule située entre la vessie et le pubis, cas dont le diagnostic a été déclaré par plusieurs auteurs être impossible par les moyens ordinaires. MM. Gloquet et Jobert de Lamballe sont désignés à cet effet. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 12 novembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences publiés, conformément à une décision de l'Académie en date du 1 3 juillet i835, par MM. les Secrétaires perpétuels ; t. L. Paris, 1860; in-4°. Mémoire sur [inégalité lunaire à longue période due à l'action perturbatrice de Vénus, et dépendant de [argument I-+-16I' — 18/"; par M. Delaunay; br. in-8°. (733) Les étettro -aimants et l'adhérence magnétique; par M.]. NiCKLÈS. Paris, 1860; in-8°. Observations météorologiques faites à Chamounix en i855, 1 856 et 1857, et ohseivalions thermométriques au sujet des sources et de divers cours d'eau de la vallée de l'Arve; par M. V. PaïOT; br. in -8°. Catalogue des Fougères, Prèles et Lycopodiacées des environs du Mont- Blanc, etc.,- parle même. Paris-Genève, 1860; br. in-8°. Catalogue phyloslatique de plantes cryptogames cellulaires ou Guide du liche- nologue au Mont-Blanc ; par le même. Lausanne, 1860; br. in-8°. Des effets physiologiques et de l'emploi thérapeutique de [huile essentielle de valériane, par M. A. Barr allier. Paris, 1860; in-8°. (Adressé par .l'auteur pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Quelques mots à propos des paralysies qui peuvent se montrer pendant le cours du choléra ou consécutivement à celte maladie. — Nouvelle constatation de la forme sporeuse du choléra asiatique. — Observations de fièvres typhoïdes compli- quées de symptômes appartenant à une lésion de la moelle épinière; par le Dr Bourgogne père (deCondé, Nord). Bruxelles, 1860; br. in-8°. (Adressé pour le concours du legs Bréant. ) Dérivés du goudron de houille, étude chimique, médicale et industrielle ; par L. Parisel. Paris, 1860; br. in-8°. Considérations pratiques sur les grossesses triples; par le Dr B. Dunal.' Paris- Montpellier, 1860; br. in-8°. Essai sur le lait considéré au point de vue de sa puissance nutritive et de sa valeur réelle; par M. C. Bertrand. Grenoble, 1860; br. in-8°. Catalogue de la bibliothèque d'histoire naturelle, de médecine et ({'autres sciences, de feu M. G. Vrolik. Amsterdam, 1860; in-8°. Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio-de- Janeiro à Lima, et de Lima au Para; exécutée par ordre du gouvernemant français pen- dant les années 1 843 à 1 847 $ous la direction du comte Francis de Castelnau. 6e partie. Botanique, iueet 1 3e livraisons ; in-4°. Smithsonian... Mémoires de la Société Smith sonienne; vol. XI. Wasingbton, 1860; in-4°. Report... Rapport sur les explorations et travaux topographiques exécutés de 1 853 à 1 856, sous la direction du ministre de la guerre, en vue de déterminer le tracé le plus praticable et le plus économique pour un chemin de fer reliant le Mississipi à l'océan Pacifique; vol. XI. Wasinghton, i855;in-4°. Memoirs..H Mémoires de l'Académie américaine des Arts et dts Sciences. Nouvelle série, vol. VII. Cambridge et Boston, i86o;in-4°. . ( 734 ) Proceedings.. . Comptes rendus de l'Association américaine pour l'avancem ent des sciences, i3e réunion. Cambridge, 1860; in-8°. Transactions. . . Transactions de la Société philosophique américaine de Phi- ladelphie pour [avancement des connaissances utiles. Nouvelle série, vol. XI, part. 3. Philadelphie, 1860; in-4°- Proceedings... Comptes rendusde la même Société, janvier-juin 1860; in-8°. Journal... Journal de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie. Nouvelle série, vol. IV, part. 3; in-8°. Proceedings. .. Comptes rendus de la même Académie, septembre-décembre 1859, et janvier-mars 1860; in-8°. Proceedings... Comptes rendus de la Société d'histoire naturelle de Boston, mars i85o,-mars 1860; in-8°. Observations... Observations sur le genre Unio; par Isaac Lea; vol. VII, partie 1 ; in-4°. On the... Sur les alliages de cuivre et zinc; par M. F. -H. Storer. Cam- bridge, 1 860 ; in-4°. The motions... Mouvements des fluides et solides relativement à la surface de la terre, comprenant les applications aux vents et aux courants de f Océan; par M. W. Ferrel. New-York, 1860; in-4° Geological... Levé géologique du Canada : opérations pendant l année 1 858. Montréal, i85g; in-8°. Jahrbuch... Annuaire de l'Institut impérial géologique de Vienne, janvier à mars 1860; in- 8°. ERRATA. (Séance du 5 novembre 1860.) Page 680, lignes 23 et 24, au lieu de sous la direction et sous les yeux de M. Le Verrier qui, lisez sous la direction et sous les yeux de M. Villarceau et avec l'approbation de M. Le Verrier qui COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 19 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Mécanique Céleste. — Note de M. Delaunay sur le degré d'importance des erreurs qu'il a signalées dans le tome II des Annales de l'Observatoire. « Plusieurs de mes honorables confrères m'ont témoigné le désir d'être renseignés sur le degré d'importance que peuvent avoir les erreurs que j'ai signalées lundi dernier dans le tome II des Annales de l'Observatoire. Il m'a semblé que ce que j'avais de mieux à faire pour répondre à leur désir, c'était de venir m'expliquer complètement devant l'Académie sur la véritable por- tée des corrections que j'ai fait connaître. » Les plus fortes erreurs indiquées dans les deux tableaux de la page 701 du Compte rendu s'élèvent d'une part jusqu'à 60g unités, d'une autre part jusqu'à 329 unités; elles portent, la première sur le nombre de sept chiffres 3925886, la seconde sur le nombre de six chiffres 81 9 433. Si l'on divise chacune de ces deux erreurs par le nombre qui en est affecté, on trouve les fractions ^77^' —, — » ou approximativement en décimales 0,0001 5, 0,0004, fractions que l'on désigne sous le nom d'erreurs relatives. Ces erreurs relatives, me dit-on, sont extrêmement petites; donc les erreurs que vous avez trou- vées n'ont pas la moindreimportance! Le raisonnement est spécieux; mais, C. H., 1860, 2"" Semestre. (T. LI, N° SI.) 99 ■x/nri/rr n (736 réduit à ces seuls termes, il manque de toute espèce de fondement. Peut-on dire à priori qu'une erreur commise sur un nombre est négligeable, qu'elle est sans aucune importance, par cela seul qu'elle n'est, par exemple, que la dix-millième partie du nombre sur lequel elle porte? Quel est celui d'entre nous qui, ayant à répondre à cette question, ne dirait pas aussitôt : Cela dépend des cas? Oui, eu effet, cela dépend du degré d'approximation avec lequel le nombre entaché d'erreur doit être obtenu : ce n'est qu'en compa- rant l'erreur relative avec le degré d'approximation dont on a besoin, qu'on peut juger si l'erreur dont il s'agit est on n'est pas négligeable, et, dans ce dernier cas, si elle a plus ou moins d'importance. » Cela est vrai, me dira-t-on ; mais en tenant compte de ce degré d'ap- proximation dont on a besoin, on trouve encore que les erreurs signalées sont trop petites pour qu'on y attache la plus légère importance : car U plupart des nombres que l'on connaît en astronomie sont entachés d'erreurs relatives plus grandes, et il n'y a aucun intérêt à calculer les nombres qui se déduisent de la théorie avec un degré d'approximation que les observa- tions ne peuvent pas atteindre. D'abord je n'admets pas que les calculs théoriques doivent s'arrêter à un degré d'approximation identique avec celui que comportent les observations; mais passons sur ce point. En fai- sant le raisonnement que je viens d'indiquer, on établit une étrange confu- sion entre les résultats numériques que l'on se propose d'obtenir dans les recherches d'astronomie théorique, et les nombres auxiliaires dont on se sert pour effectuer la détermination de ces résultats numériques. Qui ne sait que, pour que le résultat définitif d'un long calcul soit connu par exemple à i centième près de sa valeur, on a besoin de connaître les nombres qui par leurs combinaisons conduisent à ce résultat, avec une ap- proximation de i millième, de i dix-millième de leurs valeurs respec- tives, et souvent plus? Sans sortir de notre sujet, nous pouvons en trouver un exemple frappant. Nous n'avons qu'à nous reporter à la formule de véri- fication que j'ai donnée dans ma Note de lundi dernier (p. 699). En calculant le second membre de cette formule avec les valeurs numériques attribuées par M. Le Verrier aux diverses quantités qui y entrent, j'ai trouvé i2g,5o3; voyons comment ce résultat est altéré par suite des erreurs qui existent dans les trois quantités d'b\u) d?b{r • da? dot.7 da? - , ( 73? ) erreurs qui sont respectivement T^§4' 855;.' S^6' des nombres auxquels elles correspondent. Si, au lieu des valeurs erronées de ces trois quantités, je mets leurs valeurs véritables, je trouve 128,069(1) pour le second membre de notre formule. Ce nouveau résultat diffère du précédent de \f\il\ unités du dernier ordre, c'est-à-dire de ^- de sa valeur; ainsi les trois erreurs relatives 19084' 865^' 6446' commises sur les quantités qui influent le plus sur la valeur du second membre de la formule, produisent sur cette valeur une erreur relative qui s'élève à ô~! Et qu'on ne vienne pas m'objecter que je prends pour exemple une formule qui présente des circonstances tout exceptionnelles, d'où ré- sulte que de faibles erreurs commises sur chacun des termes qui la compo- sent en produisent en définitive une considérable sur sa valeur finale. Ces circonstances se présentent très-souvent dans les calculs du genre de ceux dont nous nous occupons; et je puis même dire qu'elles se présentent exac- tement dans les mêmes conditions, dans les expressions analytiques que j'ai obtenues pour les inégalités lunaires à longues périodes dues à l'action de Vénus. » Il n'en faudrait pas davantage pour établir que les erreurs relative- ment faibles que j'ai signalées dans les nombres de M. Le Verrier pouvaient altérer très-notablement les valeurs numériques des inégalités que je cher- chais, par leur influence directe sur ces valeurs. Mais je puis aller plus loin encore, en montrant qu'elles pouvaient indirectement me conduire à des erreurs bien plus graves. J'ai dit que je n'ai trouvé dans les Annales de [Ob- servatoire qu'une partie des valeurs des quantités/*'0 et de leurs dérivées qui m'étaient nécessaires. L'idée qui s'est présentée naturellement à moi a été (1) La petite différence qui existe encore avec la valeur 128,109 du premier membre tient aux erreurs des autres quantités qui entrent dans ce second membre, erreurs que j'ai laissées subsister ici pour mettre compléfement en évidence l'influence des erreurs commises sur les trois quantités principales. 99- • ( 738) de partir de ces nombres, que je trouvais tout calculés, pour en déduire fous les autres dont j'avais encore besoin. Je suppose que, pour faciliter ce travail et arriver le plus promptement possible à mon résultat, j'aie em- prunté aux annales de /' Observatoire les formules mêmes dont s'est servi M. Le Verrier pour calculer les nombres qu'il a publiés, et que je les aie employées à déduire de ces nombres publiés par lui tous ceux qui me man- quaientencore. Qui ne voit que, en suivant cette voie si naturelle, je n'au- rais fait que continuer les séries d'erreurs systématiques et croissantes indi- quées dans les deux tableaux de la page 701, et que, au lieu de nombres faux à partir du quatrième chiffre, je serais bientôt arrivé à des erreurs por- tant sur le troisième et même sur le second chiffre? Quelles conséquences aurais-je ensuite obtenues, en introduisant ces nouveaux nombres, beau- coup plus inexacts que les précédents, dans des formules présentant des combinaisons analogues à celles de la formule considérée ci-dessus? Tous ces détails montrent bien quelle est l'importance des erreurs que j'ai signa- lées. On voit clairement par là que si, ne m'étant pas aperçu de l'inexacti- tude des nombres de M. Le Verrier, je les avais adoptés comme base de la réduction de mes formules en nombres, il aurait pu en résulter une altéra- tion considérable des valeurs des inégalités que je cherchais. » Mais il y a une autre considération qui domine toutes celles que je viens de développer; c'est par elle que je terminerai cette discussion. Lorsque l'auteur d'un travail mathématique donne successivement les valeurs des divers nombres auxiliaires dont il a eu besoin pour calculer le résultatdéfinitif qu'il cherchait, il lui arrive souvent de donner ces nombres auxiliaires avec plus de chiffres que cela n'est nécessaire en raison du degré d'approxima- tion qu'il se proposait d'obtenir; dans ce cas, on aurait tort d'attacher trop d'importance aux erreurs dont les derniers chiffres de ces nombres pour- raient être affectés, si ces erreurs n'avaient pas d'influence sensible sur le résultat du travail. Mais lorsque les nombres auxiliaires dont l'emploi se rencontre dans diverses recherches de même nature sont l'objet d'une pu- blication spéciale; lorsqu'on imprime des Tables de ces nombres auxiliaires, afin que tout le monde puisse s'en servir au besoin, comme on se sert des logarithmes, il n'en est plus de même. Il faut que l'on puisse compter sur l'exactitude de tous les chiffres, à moins que l'auteur de ces Tables n'ait pré- venu du contraire. Or c'est précisément ce qui est arrivé pour les valeurs numériques des quantités &/ et de leurs dérivées. Lorsque M. Le Verrier en a refait complètement le calcul en i84o, il a publié ses résultats sous le ( 73<) ) titre de Nouvelles Tables des quantités b{'} et de leurs dérivées (i). Plus tard, s'étant occupé de reproduire dans les Annales de l Observatoire tous ses tra- vaux antérieurs sur la Mécanique céleste, il y a reproduit entre autres ces Tables des quantités b,' , en leur donnant plus d'extension. Ainsi c'est bien dans des Tables publiées pour l'usage de tous ceux qui s'occupent du calcul des inégalités des corps célestes que j'ai trouvé des erreurs s'élevant à plu- sieurs centaines d'unités. On peut caractériser ces erreurs d'une manière très-nette en disant qu'elles ont le même degré d'importance, ni plus ni moins, que celles d'une Table de logarithmes à six décimales dans laquelle certains logarithmes n'auraient que leurs trois premières décimales exactes. » Ce n'est pas pour la triste satisfaction de relever des fautes que je reviens pour la seconde fois sur ce sujet. Mais en montrant à l'Académie la gravité des inexactitudes que j'ai signalées, je prouve en même temps qu'il ne m'était pas possible de les passer sous silence. Dans cette circonstance, que je n'ai pas recherchée, je n'ai fait qu'obéir à un devoir auquel M. Le Ver- rier a obéi sans hésiter, lorsque, il y a vingt ans, il signalait à l'Académie, 'à propos des mêmes nombres, les erreurs qui avaient échappé au vénérable astronome que Laplace avait choisi pour collaborateur. Il annonçait alors que la méthode qu'il avait suivie ne laissait aucune prise à terreur (2) ; et comme cette assertion devait augmenter la confiance dans les résultats aux- quels il était parvenu, j'y ai vu un motif de plus pour faire taire mes scru- pules. » L'Académie doit comprendre maintenant avec quelle impatience j'at- tends les explications que nous promet la Note insérée par M. Le Verrier dans le Compte rendu de la dernière séance. Il me tarde de voir de quelle manière il montrera combien mon objection est futile, et surtout comment elle esl un hommage inespéré rendu à la parfaite précision des Tables de l'Observa- toire de Paris! » Après avoir lu cette Note, M. Delaunay ajoute : « Les arguments que je viens de réfuter dans la Note précédente sont ceux dont M. Le Verrier s'est servi et qu'il a longuement développés dans la (1) Ces Tables forment les nos 2 et 3 d'une publication spéciale intitulée : Développements sur plusieurs points de la Théorie des perturbations des planètes, par U.-J. Le Verrier. Paris, 1841. (2) Comptes rendus, t. X, p. ^53. ( ?4o ) dernière séance, pour chercher à faire croire que les erreurs signalées par moi dans les Annales de [Observatoire sont insignifiantes. Lorsqu'il eut ter- miné tout ce qu'il avait a en dire, je lui demandai de vouloir bien insérer ses observations dans le Compte rendu, afin que je pusse y répondre aujour- d'hui. Puis, quelques mots qu'il a prononcés m'ayant fait voir qu'il n'était guère disposé à accéder à ma demande, je déclarai que s'il n'imprimait pas les critiques qu'il venait de développer devant P Académie au sujet de ma communica- tion, je le considérerais comme acceptant pleinement le contenu du Mémoire que j'avais lu. Je constate que, malgré cette déclaration, M. Le Verrier n'a inséré dansje Compte rendu rien de ce qu'il avait dit ici. Et, à la place des consi- dérations qu'il a longuement développées devant l'Académie, qu'a-t-il mis dans le Compte rendu? Une Note dans laquelle il annonce pour la seconde fois à l'Académie, ce qu'il lui avait déjà annoncé à l'occasion de la discussion soulevée par lui au commencement de cette année (i), savoir que ses Tables du Soleil sont adoptées en Angleterre pour les calculs du Nautical Almanac. Chacun de nous sait très-bien que le contenu de cette Note, intéressante du reste, n'a été communiqué à l'Académie que longtemps après la fin de notre discussion, et en comité secret, au moment même où la séance allait être levée. » Réponse de M. Le Verrier aux critiques dirigées à tort contre quelques-uns des derniers chiffres, des derniers coefficients des dernières séries dont dépendent les actions réciproques de Vénus et de la Terre. i°. Les changements qu'on propose dans les derniers chiffres des der- niers coefficients tombent, pour chacun des nombres, au-dessous des millionièmes de seconde!! C'est-à-dire qu'ils sont cent mille fois plus petits que le degré d'exactitude auquel on vise dans les Tables astronomi- ques. 2°. Les changements proposés, déjà si exigus en eux-mêmes, se dé- truiraient les uns les autres par la nature des choses, et leur effet total serait nul. « En prenant la parole, M. Le Verrier exprime avant tout le regret qu'il éprouve d'être contraint de faire perdre à l'Académie un temps précieux, pour entendre la réfutation d'objections sans valeur, et portant toutes sur (i) Voir le Compte rendu de la séance du 1 3 février 1860, p. 35i . ( 74« ) des points qui n'ont aucune influence, soit dans la théorie, soit dans la pratique. » L'auteur de ces objections sait mieux que personne quelle est ta futi- lité des prétendus difficultés qu'il soulève. L'Académie vient d'en avoir la preuve la plus évidente, quand elle l'a vu aujourd'hui avouer que ses en- tiques ne peuvent atteindre l'exactitude de nos Tables des mouvements des planètes. Nous examinerons effectivement dans un instant quelle est la valeur des corrections proposées par l'auteur; nous montrerons com- bien elles sont au-dessous de tout ce qu'on peut se figurer. Pour le mo- ment, nous nous bornons à prendre acte de ce que l'auteur savait très-bien que les corrections qu'il présentait lundi dernier comme très-importantes, seraient en réalité absolument insensibles, et que néanmoins il n'a pas craint d'occifper l'Académie de choses n'offrant aucune espèce d'in- térêt. » On jugera peut-être qu'après la déclaration qu'on vient d'entendre nous pourrions nous arrêter. A quoi bon s'occuper de changements dont l'effet est absolument négligeable? Mais on s'en prend à des travaux que je dois défendre contre toute attaque injuste. Les changements qu'on réclame porteraient sur la théorie du Soleil, s'ils portaient sur quelque chose. Sur cette théorie sont construites les Tables astronomiques de l'Observatoire impérial de Paris; et, dans la dernière séance, j'ai présenté à l'Académie un volume du Naulical Almanac anglais qui est basé sur nos fables du Soleil et de Mercure. Je dois établir nettement que les modifica- tions réclamées par l'auteur des objections seraient sans influence quelcon- que sur la dernière décimale de nos Tables. » Si l'Observatoire impérial de Paris a fait honneur à son pays, en donnant des travaux que des nations étrangères, renommées pour leur science, mais peu habituées à nous flatter, considèrent comme dignes d'être acceptés au nom de la marine et de l'astronomie, nous ne laisse- rons pas amoindrir cette situation par des mains françaises. Personne ne sera surpris que j'aie cru devoir avertir mon collègue de Londres, me bornant du reste à lui demander s'il s'inquiéterait de réclamations por- tant sur des quantités qui ne seraient pas la millionième partit de l'incer- titude des observations! « Mais, m'a répondu le superintendant du Nauti- » cal Almannc, c'est une matière vraiment triviale dont il n'y a pas lieu » de s'occuper. D'ailleurs, ajoute. M. Hindr je suis en mesure de défendre le »■ choix des Tables dont le Naulical Almanac fait emploi , et je n'y manquerai » pas. » ( 74* ) » Deux points sont à examiner dans la question soulevée : » i°. Quelle est la grandeur des changements qu'on réclame? » 2°. Ces changements sont-ils acceptables? » Nous prouverons, sur le premier point, que les changements réclamés par l'auteur sont absolument négligeables. Nous montrerons ensuite qu'ils ne doivent pas être effectués. » La plus forte des corrections réclamée par l'auteur, la seule qu'il ait inscrite lundi dernier sur le tableau comme étant la plus considérable , influerait, au maximum, d'une fraction de seconde : o",ooo 00007!!! C'est unequantité d'une incroyable petitesse! et tellement infime qu'on ne s'en faisait pas une idée avant de l'avoir écrite. » Dans les observations, l'erreur est en moyenne de 1" environ. Jusqu'ici, dans les Tables, on s'était borné aux dixièmes de seconde. Dans les Tables de l'Observatoire nous sommes allés jusqu'aux centièmes. La cor- rection qu'on réclame ne serait donc pas à beaucoup près la millionième partie de l'incertitude de l'observation; elle n'est pas la cent-millième partie du degré de précision auquel nous avons porté les Tables. » (Voulant rendre sensible par un exemple frappant fa petitesse de la correction demandée, M. Le Verrier examine à quelle grandeur elle équi- vaudrait relativement à la circonférence entière de la Terre. Il montre qu'elle serait la millième partie de 1 millimètre sur la distance de Pans à Pékin!) « Pour mettre en lumière ce que nous venons de dire, continue M. Le Verrier, il est nécessaire d'écrire l'expression complète du coefficient dans lequel entre le nombre 81976 que notre collègue a inscrit sur le ta- bleau lundi dernier, en demandant avec instance qu'on en retranche 33 uni- tés. C'est sa plus grosse réclamation. » On trouve dans le Ier volume des Annales de t Observatoire le dévelop- pement complet de la fonction perturbatrice, les termes étant rangés géné- ralement suivant l'ordre de leur importance. L'approximation est poussée jusqu'au 7e ordre. Or c'est dans les termes les plus insensibles du 7e ordre, et au i3e rang de la 4°7e série de coefficients, qu'il faut aller chercher la grosse objection de notre critique. Elle porte sur des termes qui n'entrent pas dans la théorie à cause de leur petitesse, et qui ne sont rapportés qu'afin qu'on puisse juger de leur insensibilité ( 743 ) » Si toutefois nous calculons ces très-petits termes, nous trouvons qu'ils ont pour expression + 0,000.022.299 [e(13j -t- e(11)], -I- o,ooo.oo3.2a4- 1 [e','31 -+- e\l i}], -+- 0,000.000. 150.91 [e(j 3, + e(211)J, -t- 0,000.000.002.287 [e(313) -t- ey l)]- » C'est dans la dernière ligne que se trouve le nombre éj 3) dont il s'agit. Avec la valeur 81976 que nous lui avons attribuée, on obtient o",oooi7, c'est-à-dire, un résultat insensible. Les 80000 unités dont se compose e(313) n'ont aucun effet et'n'ont été données qu'afiu qu'on puisse juger qu'il en est ainsi. A plus forte raison les 33 unités de changement qu'on réclame ne peuvent-elles avoir rien de sensible; la correction qui en résulterait serait o",ooo.ooo.oo2.287 x 33 = o", 000. 000. 07, ce qu'il s'agissait de prouver. » Encore une fois, nous faisons nos excuses à l'Académie de retenir son attention sur de pareilles misères, sur une matière triviale, comme dit M. Hind, et néanmoins il nous faut poursuivre; car cette correction elle- même de o",ooo 000 07, quelque minime qu'elle soit, ne peut pas être acceptée. A l'avenir sans doute nous prendrons la liberté de dédaigner de telles objections. Aujourd'hui il faut montrer que leur auteur n'a pas com- pris que l'ensemble des changements qu'il réclame se détruisent les uns les autres. Les méthodes d'approximation si indispensables à l'astronomie sont mal appliquées par lui. C'est ce dont on va voir un nouvel exemple. » L'auteur demande qu'on ajoute Au coefficient [e^ 3) -+- e(3' i}] de la dernière ligne — 45,4, Au coefficient [e(2' 3> -4- é£ °] de la seconde ligne -1- 0,880, et quant aux autres corrections il les trouve négligeables. « C'est là une erreur de l'auteur. Toutes les corrections seraient générale- ment de même ordre, et quand il déclare que les corrections qui précéde- raient dans l'échelle des nombres, seraient plus petites que celles qu'il accuse, il ne s'aperçoit pas que cela est faux. Les corrections qu'il appelle plus petites C. K., 1860, am« Semestre. (T. Ll, N»2i. J IOO ( 744) sont multipliées en définitive par des nombres plus forts que les corrections qu'il appelle plus grandes et les produits deviennent comparables dans les résultats. » Or ce que l'auteur n'a pas entrevu, c'est que du moment qu'il récla- mait de certaines corrections sur le dernier et l'avant-dernier coefficient de l'expression ci-dessus, il en devait nécessairement réclamer d'autres et qui en seraient la conséquence dans les deux coefficients précédents. » Et ce qu'il n'a pas vu non plus, c'est que lorsque la vérité des approxi- mations est ainsi rétablie, les corrections des quatre lignes ci-dessus dont se compose le terme considéré, se détruisent les unes les autres. » Ainsi, les corrections qu'on voudrait apporter aux 3e et 4e coefficients en entraîneraient nécessairement une dans le 2e, égale à très-peu près à — o,oio (nous laissons à notre critique le soin de le voir). Et lorsqu'on change alors, non pas seulement la dernière ligne de l'expression ci-dessus, mais les trois dernières, on trouve : Changement de la dernière ligne — 0,000.000. io3. 8 Changement de la troisième ligne. ... -+- 0,000.000. i32.8 Changement de la seconde ligne — 0,000. 000. o32. 2 Changement total — 0,000. 000. oo3. 2 Le changement de la première ligne nous amènerait probablement à zéro; mais l'exactitude des Tables de logarithmes n'est pas assez grande pour nous permettre d'en juger. » Voilà donc à quoi se réduisent en définitive les corrections réclamées par notre critique. Chacune d'elles est inférieure à un millionième de se- conde, et de plus leur ensemble se détruit par la nature même des choses. » Nous ne croyons pas devoir insister davantage. » Lorsqu'une fonction a été définie par un certain nombre de coefficients de son développement, et qu'on veut la 'faire entrer dans les calculs, en par- tant de cette base, deux routes sont à suivre. Ou bien on exprime les résul- tats définitifs auxquels on veut arriver en fonctions de la suite des coeffi- cients qu'on a adoptés pour base; ou bien on les représente par des fonctions de nombres secondaires qui sont eux-mêmes composés avec les nombres primitifs. Dans ce second cas, il importe d'exécuter toutes les détermina- tions numériques intermédiaires, comme si les nombres primitifs étaient rigoureusement exacts, encore bien qu'ils soient en erreur chacun d'une ( 745) demi-unité du dernier ordre décimal conservé ; car on arrive par là aux mêmes résultats définitifs que si on les eût formés au moyen des bases pri- mitives elles-mêmes. C'est cette marche dont l'auteur des objections n'a pas compris le sens. ' » Sa critique reviendrait encore à dire que nous aurions dû retran- cher quelques décimales sur la droite des nombres secondaires. Or ceci est encore une erreur de sa part ; car ce retranchement une fois fait, les nombres ne se seraient plus trouvés entre eux dans les rapports qui correspondent à l'exactitude des nombres qui ont servi de base et de point de départ; et l'approximation des résultats obtenus eût été en définitive moins grande. Les changements qu'on eût pu proposer à ces nombres, ainsi mutilés, ne se seraient plus alors détruits les uns les autres dans les résultats, comme on a vu plus haut que cela avait lieu. » Le vide absolu des objections de l'auteur nous désarmerait s'il n'avait imprimé dans les Comptes rendus, qu'il aurait depuis longtemps communi- qué à l'Académie le résultat de ses recherches sur les inégalités lunaires à longue période, trouvées par M. Hansen, s'il n'avait été arrêté par les ob- jections qu'il formule contre nous et auxquelles nous répondons en ce moment. Cela n'est pas sérieux : et apparemment si la théorie de la pre- mière des deux inégalités à longue période était terminée de manière à pouvoir être imprimée dans la Connaissance des Temps qui a paru au mois d'avril dernier, rien n'empêchait l'auteur d'apporter ce résultat à l'Aca- démie : nous dirons même que c'était un devoir pour lui. » En effet, le 12 décembre dernier, M. Delaunay annonçait à l'Acadé- mie que la première inégalité à longue période, découverte par M. Han- sen, était bien loin de s'élever à i5",34 comme l'a trouvé l'illustre astro- nome de Gotha, et qu'elle était tout au plus d'une minime fraction de se- conde : d'où notre collègue ne manquait pas de tirer une foule de déduc- tions en faveur de l'exactitude de ses propres théories. » En présence de l'incrédulité qui accueillit cette communication, l'au- teur voulut bien reconnaître qu'il avait omis quelques termes dont il tien- drait compte ultérieurement. » Or, dans la communication faite lundi dernier à l'Académie par M. Delaunay, il arrive au même résultat que M. Hansen. D'où il suit que dans sa communication du 12 décenibre, en calculant l'inégalité dont 100.. ( 746) il s'agit, M. Delaunay avait tenu compte des termes insensibles et négligé tous les termes importants. " Nous oserions presque affirmer qu'en dirigeant vers nous une attaque {utile, M. Delaunay se proposait de ne pas nous laisser le temps de signaler des erreurs qu'il s'est bien gardé de rappeler. M. Delaunay s'est trompé, et nous n'eussions pas pris la parole s'il ne nous y eût pas obligé. C'est lui qui nous contraint à présenter une dernière remarque. » Deux inégalités lunaires à longue période ont été découvertes par M. Hansen. » Sur la première, fixée à i 5 ",34 par M. Hansen, M. Delaunay avait dé- claré qu'elle était nulle. Aujourd'hui il est forcé de reconnaître que c'est M. Hansen qui a raison. » Sur la seconde inégalité fixée à ai", {7 par M. Hansen, M. Delaunay annonce aujourd'hui qu'elle est nulle. Nous voici à l'égard de cette seconde inégalité dans la même situation où nous étions le 12 décembre à l'égard de la première. Or ne se pourrait-il pas que dans une année M. Delaunay fût obligé de reconnaître que sur ce dernier point encore M. Hansen a raison. » Quant à nous, nous avouons que s'il nous était arrivé de dire à un astro- nome du mérite de M. Hansen qu'une inégalité qu'il a fixée à i5" n'existe pas, et d'être ensuite obligé de reconnaître que notre adversaire avait raison, nous n'aurions jamais osé recommencer et apporter la même objection à l'inégalité de aa" trouvée par le même auteur. Surtout, nous nous serions bien gardé de trop attirer l'attention sur ces contradictions. » A la suite de cette discussion, et à cause de son étendue, M. Le Verrier demande à l'Académie de remettre à la prochaine séance la lecture qu'il comptait faire aujourd'hui relativement à ses recherches sur la planète Vénus. » Après la réponse verbale de M. Le Verrier, M. Delaunay lit la Note sui- vante, puis la dépose sur le Jsureau de l'Académie : « Je déclare que, dans tout ce que vient de dire M. Le Verrier, il n'y a rien, absolument rien, qui ait trait à la question débattue. Je maintiens tout ce que j'ai lu devant l'Académie; et je considérerai M. Le Verrier comme ayant retiré de lui même tous ceux de ses arguments qu'il n'aura pas imprimés dans le Compte rendu de cette séance. » ( -Ai ) PHYSIOLOGIE. — Note sur le diagnostic des apoplexies ; par M. Flolrens. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie la Lettre suivante, qui m'a été adressée par M. Poelman, professeur de physiologie à l'Université de Gand, sur un cervelet presque entièrement pétrifié. « J'ai eu tout récemment une occasion d'observer un fait pathologique » assez curieux, que je prends la liberté de vous communiquer, parce » qu'il me paraît venir à l'appui de l'opinion que vous avez émi-.e sur les » fonctions du cervelet et que j'estime que c'est par les faits surtout que » l'on arrivera à résoudre les questions controversées. » Depuis plusieurs mois, j'avais remarqué dans une maison où je vais » comme médecin, un petit chien chez lequel toutes les fonctions se fai- n saient bien; l'intelligence était intacte; il n'y avait pas de paralysie, » mais l'animal se trouvait dans l'impossibilité de coordonner ses mouve- » ments volontaires. Il ne sortait pas d'un petit panier dans lequel il était » couché, et à plusieurs reprises, dans le courant de la journée, il lui pre- » nait des mouvements gyratoires tout à fait involontaires : il se tournait >• alors continuellement pendant plus d'un quart d'heure et toujours dans » le même sens. » A l'autopsie, je n'ai rien trouvé de particulier dans les viscères thora- » ciques et abdominaux, mais dans le cervelet et surtout dans les pédon- » cules cérébelleux moyens, il y avait un nombre considérable de concré- » tions calcaires qui donnaient à ces parties une grande résistance. Le scal- » pel dont je me suis servi pour y faire quelques coupes était fortement » ébréché. Enfin le cervelet, sauf le vermis , était comme pétrifié. » Quelques granulations calcaires, mais en quantité beaucoup moindre, » se trouvaient aussi dans le pont de Varole. Au delà toutes les parties du » cerveau étaient saines; il en était de même de la moelle allongée. » « Dans cette très-intéressante observation, ce qui me paraît surtout de- voir être remarqué, c'est le rapport exact des phénomènes pathologiques, des symptômes, aux fonctions des parties lésées : » i°. A la lésion du cervelet, presque entièrement pétrifié, répond Vim- possibilité de coordonner les mouvements de locomotion ; » 2°. Aux pédoncules cérébelleux moyens et au pont de Farole répondent les mouvements gjratoires involontaires. ( 748) » Je prie, à cette occasion, l'Académie de me permettre quelques ré- flexions générales sur le diagnostic des apoplexies. » La possibilité de ce diagnostic résulte, tout entière, de mes expériences sur l'encéphale. » J'ai fait voir, par ces expériences, que l'encéphale, pris en totalité, se compose de trois parties essentiellement, c'est-à-dire fonctionnellement, dis- tinctes : » i°. Le cerveau proprement dit (lobes ou hémisphères cérébraux), siège de l'intelligence ; » 20. Le cervelet, siège du principe qui coordonne, qui équilibre les mou- vements de locomotion ; >> 3°. La moelle allongée ou plus exactement le point de cette moelle que je nomme point ou nœud vital, siège du principe même de la vie. » De là trois classes d'apoplexies : les apoplexies cérébrales, les apoplexies cérébelleuses et les apoplexies bulbaires ou de la moelle allongée. » Les symptômes ne sout que les fonctions troublées; les fonctions une fois connues, rien de plus facile que de remonter des symptômes à l'organe lésé. » L'intelligence perdue marque le siège de l'apoplexie dans le cerveau proprement dit (lobes ou hémisphères cérébraux); » L'équilibration des mouvements de locomotion perdue marque le siège de l'apoplexie dans le cervelet ; » La mort soudaine marque le siège de l'apoplexie (apoplexie foudroyante) dans le nœud vital (i). » Je suppose ici des apoplexies simples, parce que je parle au point de vue physiologique. » L'art du physiologiste est d'isoler les organes pour isoler les proprié- tés, pour arriver à des faits simples. » En pathologie, les faits sont presque toujours compliqués : rarement un organe seul est lésé; plusieurs le sont presque toujours à la fois et plus ou moins inégalement. » De là, pour les médecins, des diagnostics plus difficiles que ceux des physiologistes; mais dans lesquels les faits simples, donnés par la physio- (i) Bien que la mort soudaine puisse dépendre, ai-je besoin de le dire? d'un certain degré de lésion de plusieurs autres parties de l'encéphale. ( 749 ) logie, servent de guide, et conduisent, comme par la main, pour le démêle- ment et l'analyse des faits compliqués. » Je ne puis dire, au reste, avec cpiel plaisir je vois des médecins de l'ordre de M. Poelman et de M. Baillarger (auteur de la belle observation d'apoplexie cérébelleuse, publiée dans un des récents numéros de Y Union médicale) tourner enfin une vue sérieuse vers ces grands objets. J'ai remar- qué aussi avec le plus vif intérêt l'excellent écrit de M. Hillairet sur les apo- plexies cérébelleuses, travail que l'Académie a jugé digne d'une récom- pense. » ASTBONOMIE. — Eclipse solaire du 18 juillet 1860 ; Lettre du P. Secchi. « Je prends la liberté d'adresser à l'Académie les deux brochures sur l'éclipsé qui ont été le sujet de la réclamation de M. Plantamour dans le n° i5 des Comptes rendus, p. 608. Je regrette de devoir entretenir l'Aca- démie d'une discussion qui n'a pas été commencée par moi dans ses pu- blications, et qui aurait, du reste, peu d'importance si je n'étais pas dans la nécessité de repousser la grave accusation d'avoir été arbitraire ou inexact dans la production des documents les plus irrréfra gables que possède la science à l'occasion de la dernière éclipse. » M. Plantamour croit voir une critique de ses observations dans mou second Mémoire, et dit que je conteste l'exactitude de l'observation qu'il a faite sur le nuage isolé à /»5°, et que j'attribue à une erreur l'estimation de la distance au bord de la Lune, et à une inadvertance de sa part la dispari- tion qu'il signale. Je demande à mon collègue la permission de lui faire remarquer que ce n'est pas là ce que j'ai dit: je ne conteste pas son observa- tion; je l'admets, au contraire, et, loin d'y voir une inexactitude de sa part, j'y trouve seulement un fait inexplicable pour moi, et c'est pour cela que je le signale aux savants. Le fait est ceci : Un nuage se trouve dans toutes nos épreuves photographiques, de la première jusqu'à la dernière, celle-ci finie seulement quelques secondes avant la fin de la totalité : ce nuage, M. Plantamour dit qu'il l'a vu disparaître près du milieu de l'éclipsé; cela étant évidemment contradictoire à ce que je vois avec mes yeux, j'en cherche l'explication, non dans une inadvertance de l'observa- teur, mais dans un fait physiologique très-connu par lequel il arrive qu'un objet n'est pas vu si on ne porte directement son attention sur lui. Et loin de juger cela un effet d'inadvertauce, j'avais choisi justement l'ob- (75o) servation de M, Plantamour pour le grand poids que j'attribuais a son autorité, et parce que l'objet me paraissait très-bien marqué de forme et de position. Du reste, moi je ri ai pas vu, du tout, ce nuage, quoique j'aie bien examiné le Soleil, et le nuage que j'ai vu était de l'autre côté de l'astre, et son existence, je ne l'ai connue et définie que d'après les pho- tographies. J'aurais donc commis une inadvertance bien plus grande que mon collègue, et les observateurs qui ont vu seulement deux ou trois flammes auraient été encore plus inadvertants. Je persiste donc à dire qu'il faut chercher l'explication de ce fait. Je ne rejette pas les observations optiques, mais je demande leur conciliation avec les épreuves photogra- phiques. M. Plantamour nous dit qu'il n'y a pas eu de sa part faute d'at- tention, et qu'expressément il a porté là son attention. Alors la difficulté croît d'avantage, et il faut recourir à l'explication donnée pour d'autres cas, et qu'admettra ici M. Plantamour, que cela peut être un objet capable défaire impression photographique sans affecter l'œil, ou, encore, que c'est un autre objet. Les savants jugeront. » Pour mieux appuyer sa réponse, M. Plantamour cherche à jeter beau- coup de méfiance sur les dessins publiés, et cherche à mettre en contradic- tion les deux publications. Mais à cela je dirai seulement que les photogra- phies originales sont déposées à l'Observatoire de Madrid, et qu'une épreuve positive est à l'Académie, et tous pourront examiner si dans ces images subsistent ou non les objets dont j'ai surtout relevé les détails dans la der- nière gravure. Et c'est précisément parce que je trouvai les petits fac-similé trop petits et de beaucoup inférieurs aux photographies (comme je le dis page 48, ligne i5) que je me suis résolu à faire cette seconde publica- tion. Aidé des gravures de M. de la Rue, j'ai vu que de très-faibles em- preintes n'étaient pas des défauts de photographie, mais des réalités, et j'en ai reproduit les formes le mieux possible, quoique sans doute elles soient un peu différentes de celles de M. de la Rue, car je cherchais à reproduire mes photographies et non les dessins de l'astronome anglais. L'identité pourra être étudiée en détail après les publications anglaises ; mais pour ce qui regarde l'ensemble suffisant à résoudre la question capitale, ce que nous connaissons des deux photographies me paraît satifaisant. Les prétendues contradictions entre mes dessins ne subsistent donc pas, et dans les quatre petites figures publiées la première fois, le seul but était de faire voir com- ment la marche de la Lune couvrait et découvrait les flammes, et je n'ai pas pu obtenir sur cuivre la précision que possèdent les originaux, et plu- ( 7*» ) sieurs petits points se sont effacés même pendant le tirage. Mais à quoi eût servi de falsifier volontairement ces dessins, puisque les photographies étaient là à la disposition de tout le monde? » Laissant de côté plusieurs détails, je viens aux rayons que M. Plan- tamour a vus partir des protubérances. Après l'explication qu'il donne de ses figures, il ne reste plus lieu à la difficulté. Ces rayons, qui sont dessinés comme tranchés sur le reste, doivent se concevoir fondus graduellement, et alors nous sommes à ce que nous montrent les photographies, c'est-à-dire une lumière plus vive et une couronne un peu plus large dans la région des protubérances. Pour ce que M. Plantamour dit que ces rayons sont iden- tiques avec ceux que j'ai vus à l'œil nu, il me permettra d'être d'un autre avis : les longues aigrettes qui formaient les prolongements de la couronne et vues à l'œil nu paraissent très-différentes, et la grande diversité constatée dans ce phénomène dans les différents lieux paraît prouver que cela tient à quelque phénomène purement d'atmosphère terrestre. » En conclusion, je ne rejette pas les observations optiques; je demande seulement à les concilier avec ce qu'il y a de plus sûr, les impressions pho- tographiques, et on me permettra que dans les cas douteux je me tienne à celles-ci de préférence. Tous ceux qui voudront, comme moi, comparer entre eux les rapports des différents observateurs oculaires, arriveront à la conclusion que chacun croit avoir vu différemment de l'autre, pendant que les deux documents graphiques s'accordent autant qu'on peut l'espérer, attendu les circonstances dans lesquelles ils ont été faits. Enfin, je prie M. Plantamour de se persuader que, loin de vouloir diminuer le mérite de ses observations, je les avais choisies expressément, comme les plus dignes par leur précision et importance de toutes celles qu'on m'avait envoyées jus- qu'à ce jour, pour en faire un objet de comparaison avec les plus irréfraga- bles monuments, et non pas pour en faire une critique ; les idées théori- ques n'ont pour rien influé dans cet examen. » CHIMIE agricole. — Analyse de l'engrais flamand ; par M. J. Gikardik. « Les produits des fosses d'aisances sont d'un usage presque général datis les environs de Lille, où l'on en tire un excellent parti, dans les grandes exploitations, comme auxiliaire du fumier et des tourteaux, et dans la petite culture, comme unique engrais qu'on répand alors avec profusion. En Flandre, on donne à ce mélange les noms de courte-graisse, de vidanges^ de tonneaux, et partout ailleurs celui d'engrais flamand. C. R., 1860, 2™« Semestre. (T..LI, N» 21.) IOI ( ?5* ) » Je n'insisterai pas ici sur l'emploi et les avantages de ces précieux résidus de la digestion; ils ont été parfaitement exposés dans un rapport que M. Corenwinder a présenté tout dernièrement au Comice agricole de l'ar- rondissement de Lille (i). Je veux simplement dans cette Note consigner les résultats des analyses que j'ai faites, et montrer aux cultivateurs qu'il n'est pas indifférent pour eux d'employer toute espèce de vidanges, sans mo- difier les dosages habituels qu'ils suivent, puisque la richesse de l'engrais flamand en principes fertilisants peut varier dans des limites très-éten- dues. » MM. Meurein,4Corenwinder, Florimond Six et d'autres agronomes ont constaté, à maintes reprises, que cet engrais, tel qu'on l'extrait des fosses de la ville de Lille et tel qu'il se trouve dans les citernes construites à proxi- mité des champs, marque de i à 3° à l'aréomètre de Baume. Or il est constant que la matière excrémentitielle des latrines, sans aucune addition, marque en moyenne 5° au même aréomètre. Il en résulte donc que le produit des vidanges des fosses de la ville contient une forte proportion d'eau qui affaiblit singulièrement son pouvoir fertilisant. Cela tient à ce que ce produit étant abandonné par les chefs de maison à leurs domestiques, ceux-ci, qui le vendent aux cultivateurs de la banlieue à raison de 3o à 4o centimes l'hectolitre, en augmentent la quantité disponible le plus qu'ils peuvent en versant dans les latrines les eaux ménagères, et, à leur défaut, l'eau des puits. La fraude est telle, que plusieurs cultivateurs font usage de l'aréomètre avant d'acheter les vidanges d'une maison. Les ana- lyses suivantes auront peut-être pour effet de prouver à tous la nécessité de recourir à l'aréomètre et mieux au densimètre comme moyen de titrage. » J'ai opéré mes analyses sur trois échantillons différents d'origine. » 1. Engrais flamand pur. — Mon ami M. Corenwinder a eu la complai- sance de me procurer les produits d'une fosse particulière du Quesnoy-sur- Deule, dans laquelle on ne jette aucune eau étrangère ; c'est uniquement le mélange des urines et des excréments solides des habitants de la maison, avec des débris organiques végétaux. L'engrais, tel qu'il m'est parvenu, était assez épais, de couleur verdâtre, d'une odeur forte et caractéristique. (i) Rapport sur l'emploi de l'engrais flamand en agriculture dans l'arrondissement de Lille (Archives de l'agriculture du nord de la France; 2e série, t. IV, n° 7, juillet 1860, p. 392}. . ( 753 ) Il bleuissait fortement le papier rouge de tournesol. Par le repos, il s'est séparé en deux couches : la supérieure, liquide, claire, de couleur brune; l'inférieure, formée de flocons verts. Après un parfait mélange de toutes les parties, j'ai trouvé sa densité égale à r,o3i. L'analyse, faite sur i litre, m'a donné les résultats suivants : Eau 980,37 Matières organiques (colorante, visqueuse, grasse, azotée et non azotée) 26,59 Ammoniaque 7 ,63 Potasse ... 2 , 14 Acide phosphorique 3,33 Acide nitrique s traces Chlore . Acide sulfurique Acide sulfhydrique Alumine Chaux I ' Magnésie Soude Silice et oxyde de fer / 5, 07 io3i ,00 » L'azote contenu dans 1 litre de cet engrais est ainsi réparti Azote des sels ammoniacaux 6,2g3 Azote de la matière organique 2,870 Azote des nitrates traces Azote total 9 , i63 » En convertissant l'acide phosphorique en sous-phosphate de chaux des os (8CaO, 3Ph05), 1 litre de cet engrais en contiendrait 7gr,09. » 2. Engrais flamand additionné d'eau. — Je dois cet échantillon à l'obli- geance de mon confrère M. Meurein; il a été pris dans la fosse d'une maison bourgeoise de Lille. M. Meurein admet qu'il a dû être addi- tionné de 12 à i5 pour 100 d'eau. Cet engrais était plus fluide que le précédent, trouble et de couleur brune, sans débris organiques appa- 1 o 1 . . (7^4) rents ; il avait l'odeur caractéristique, était très-alcalin au papier de tour- nesol, et sa densité était de 1,0175. Il m'a offert la composition suivante par litre : Eau 998,63 Matières organiques (colorante, visqueuse, grasse, azotée et non azotée) ' 5 , 31} Ammoniaque $569 Potasse t ,53 Acide phosphoriqtie 1 ,01 Acide nitrique traces Chlore » , Acide sulfurique Acide sulfhydrique Alumine Chaux Magnésie Soude Silice et oxyde de fer / 0,62 1017,50 » L'azote contenu dans 1 litre de cet engrais est ainsi réparti : Azote des sels ammoniacaux 4>6g2 Azote de la matière organique. 1 ,960 Azote des nitrates traces Azote total 6,652 » En convertissant l'acide phosphorique en sous-phosphate de chaux des os, 1 litre de cet engrais en contiendrait 2cr,og. » 5. Engrais flamand additionné d eau. — Cet échantillon provient d'une fosse d'une grande fabrique de Quesnoy-sur-Deule ; il m'a été envoyé par M. Corenwinder, tel qu'on le vend aux cultivateurs. La fosse reçoit de l'eau en assez fortes proportions par voie d'infiltration. Cet engrais était très-fluide, trouble, d'une couleur brune. Il avait l'odeur spéciale, une réaction alcaline au tournesol et sa densité n'était que de 1,007. Voici la composition trouvée par litre : ( 755 ) Eau. . • 996,45o Matières organiques (colorantes, visqueuses, grasses, azotée et non azotée) o,5i4 Ammoniaque 2 ,090 Potasse o , 1 5g Acide phosphorique o , 27 1 Acide nitrique traces Chlore Acide sulfurique Acide sulfhydrique Alumine Chaux Magnésie Soude Silice et oxyde de fer I °»027 1007 ,000 » L'azote contenu dans 1 litre de cet engrais est ainsi réparti : gr Azote des sels ammoniacaux 1 , 725 Azote de la matière organique. . 0,120 Azote des nitrates traces Azote total 1 , 848 » En convertissant l'acide phosphorique en sous-phosphate de chaux des os, 1 litre de cet engrais en contiendrait ogr,55g. » Cet échantillon de la fabrique du Quesnoy-sur-Deule représente l'état de dilution sur lequel se trouve généralement le produit de la vidange des maisons particulières de Lille. Mon analyse s'accorde très-bien avec les résultats obtenus antérieurement par M. Meurein qui, dans ses différents rapports au Comice agricole et au Conseil de Salubrité (r), a avancé que l'engrais flamand enlevé de Lille chaque matin par les cultivateurs contient igr,o,o d'azote par kilogramme et marque entre 1 et 1° à l'aréomètre de Baume, ce qui correspond à 1,007 ou ' >OI4 de densité. (1) Rapport sur un opuscule concernant les urinoirs publics de la ville de Lille [Archives de C agriculture du nord de la France, 2e série, t. I, p. 25, année 1857). Vidange des latrines au moyen de systèmes inodores (travaux du Conseil central de Salu- brité du département du Nord pendant l'année i858, nu 17, p. 189). ( 756 ) « Déductions. — Si nous mettons en regard les quantités relatives des trois principes fertilisants les plus importants contenus dans les échantillons analysés, on saisira mieux les différences essentielles dans leur composi- tion : Engrais pur. Engrais addiiionné d'eau. n° l. de Lille, n° 2. du Quesnoy, n° 5. Azote total 9fi63 6*652 1^848 Sous-phosphate de potasse 7^70 2>°99 0,55g Potasse 2,140 i,53o o,i5g » Si, pour rendre les comparaisons plus sensibles et permettre de rappro- cher le pouvoir fertilisant de l'engrais flamand à celui du fumier de ferme, nous rapportons non plus au litre, mais au kilogramme, les résultats prin- cipaux des analyses précédentes, voici les chiffres que nous obtenons : Engrais pur. Engrais additionné d'eau. n° l. de Lille, n° 2. du Quesnoy, n« 5- 8r S' gr Eau 950,89 981,55 989,52 Matières solides 49»11 18, 45 10,48 Azote total 8,888 6,537 r ,835 Sous-phosphate de chaux 6,857 2 >°^4 o ,555 Potasse 2,075 1 ,5o3 0,157 On voit donc que l'engrais flamand, tel que les cultivateurs l'emploient le plus habituellement, renferme : 5 fois moins de matières solides ; près de 5 fois moins d'azote; 12 fois moins de phosphate , et i3 fois moins de potasse que l'engrais flamand pur; et qu'entre deux sortes de vidanges, achetées le même prix, telles, par exemple, que le n° 2 et le n° 3, décrits ci-dessus, il peut y avoir des différences allant : Pour les matières solides de 1 à 2 Pour l'azote de 1 à 3 ^ Pour le phosphate de 1 à 4 Pour la potasse de 1 à 10 . 0 Si maintenant nous voulons fixer la valeur agricole réelle de ces trois sortes d'engrais flamand, d'après les prix de l'azote et du phosphate de chaux, tels que nous les offre le fumier de ferme, nous arrivons aux chiffres sui- ( 7*7 ) vants pour 1000 kilogrammes d'engrais : Azoti' Phosphate de chaux Valeur à ifr,65 le kilgor. à o^',j5 le kilogr. totale _ " . . '. ' " . T T, . "" des iooo kil. Quantité. Prix. Quantité. Prix. MI. fr. Ml. fr. fr. Engrais flamand pur, n° i 8,888 i4,665 6,857- i>028 i5,6g3 Engrais additionné d'eau, n° 2. . . 6,537 11,186 2,o54 o,3o8 1 1 ,494 Engrais additionné d'eau, n° 5. . . i,835 3,027 o,555 o,o83 3, 110 » A Lille, le tonneau (mesure habituelle pour cet engrais) contenant ia5 kilogrammes de matière, coûte moyennement 3o centimes d'achat ; ce qui met les 1000 kilogrammes à afr,4o. Ce prix est donc au-dessous de la valeur véritable de l'engrais pris sur place. Mais à ces 3o centimes d'achat, il faut ajouter 3o centimes de transport et 60 centimes pour l'emploi, c'est-à-dire pour les frais d'épandage. En réalité, chaque tonneau d'engrais mis sur champ revient au cultivateur à ifr,ao, soit ç/r,6o les 1000 kilogrammes. On voit donc que ce n'est qu'en achetant de l'engrais pur, ou du moins ne marquant pas au-dessous de 3°, que le cultivateur ne perd pas sur sa marchandise, car lorsqu'il achète des vidanges à i°, ce qui est le cas le plus habituel, il paye o/r,6o ce qui ne vaut que 3fr,i 1, c'est-à-dire deux fois plus qu'il ne faut. x Les analyses et les calculs précédents prouvent donc bien que le cultiva- teur éprouve des pertes en argent assez notables en achetant, sans titrage exact, toutes les sortes d'engrais flamand qu'on lui offre,. et, de plus, des pertes en produits végétaux, puisque l'engrais étant toujours répandu, sur les champs en quantités semblables, quelle que soit sa nature, il ne donne pas lieu à la même quantité de produits récoltés. Le cultivateur devrait donc prendre l'habitude d'acheter les vidanges au degré aréo- métrique, de même qu'il est passé depuis longtemps dans les usages commerciaux de vendre et d'acheter les acides, les potasses, les soudes, le chlorure de chaux au degré. De cette manière, il ne risquerait pas d'être trompé et de se tromper lui-même dans les dosages qu'il fait de l'engrais flamand. » M. Daubrée, récemment nommé à une place de Correspondant pour la Section de Minéralogie et Géologie, adresse à l'Académie ses remercîments. ( 758) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'auteur d'un Mémoire adressé au concours pour le Grand prix de Ma- thématiques, question concernant la théorie de l'action capillaire, envoie aujourd'hui un supplément à ce travail, en priant IWcadémie de permettre que, bien qu'arrivé après la clôture du concours, il soit annexé au Mémoire original et soumis à l'examen de la Commission. Le Mémoire en question avait été remis au mois de mars et inscrit sous le n° i ; depuis lors aucun autre travail destiné au même concours n'est parvenu à l'Académie. En conséquence le supplément aujourd'hui présenté sera renvoyé à la Commission, qui jugera si elle en doit tenir compte. hydraulique. — Note sur le mouvement gyratoire d'une masse liquide qui s'é- coule par un orifice circulaire pratiqué en mince paroi au centre de la base circulaire dun vase cylindrique ; parM. F. Lakoque. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Poncelet, Serret.) « M. Magnus de Berlin a constaté le premier, dans un Mémoire remar- quable intitulé : Recherches hydrauliques (i), que pendant l'écoulement d'un liquide par un orifice pratiqué en mince paroi sur le fond horizontal d'un vase cylindrique, il se produit dans ce liquide, peu d'instants après que l'écoulement a commencé, un mouvement gyratoire qui, si l'écoulement a une durée suffisante, se propage d'abord sur une grande partie du fond, et s'étend même jusqu'aux couches supérieures du liquide. M. Magnus pense •que si pendant l'écoulement toutes les molécules liquides n'étaient sollicitées que par la cohésion et la pesanteur, elles convergeraient toutes vers le centre de l'orifice, et qu'il n'y aurait pas de mouvement gyratoire ; mais que ce mouvement doit, au contraire, se produire toutes les fois que la conver- gence des molécules vers un centre commun est troublée par quelques causes perturbatrices, un obstacle se trouvant au fond du vase, un mouvement pro- voqué dans le liquide par une influence extérieure. » M. Perrot, dans une Note récente (a), a prétendu que le mouvement (i) Hydraulische Untersuchungen , von G. Magnus. — Poggendorffs Annalen der Physik und Chcmw, i855. Bd CV. (2) Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie des Sciences, t. XL1X, n° 18, 3i octobre i85g. ( 759 ) .gyratoire qui se manifeste dans une masse liquide pendant qu'elle s'écoule par un orifice circulaire, percé en mince paroi sur le fond horizontal d'un vase cylindrique, est un effet immédiat du mouvement diurne de la terre. Il s'est appuyé, pour cela, sur ce principe qu'un filet liquide en mouve- ment sur un plan horizontal tend toujours à dévier sur la droite dans l'hémisphère horéal sous l'influence seule du mouvement diurne de la terre. ». Cette divergence d'opinion rendait nécessaires de nouvelles recherches pour savoir où est la vérité. Je viens soumettre au jugement de l'Académie le résultat de celles que j'ai entreprises dans ce hut. J'ai employé un vase cylindrique en zinc semhlahle à cehii de M. Magnus. Toutefois il en diffère par les dimensions, qui sont beaucoup plus grandes ; de plus, il est muni de deux fenêtres vitrées, pratiquées sur le pourtour du vase et dans un même plan diamétral. Ces deux fenêtres permettent ainsi d'observer ce qui se passe dans toute la profondeur de la masse liquide. Les expé- riences nombreuses et variées que j'ai réalisées avec cet appareil, et dont les détails sont consignés dans ma Note, m'ont conduit aux conclusions suivantes : » i°. Lorsqu'un liquide s'écoule par un orifice circulaire en mince paroi, pratiqué au centre du fond plan et horizontal d'un vase cylindrique, s'il existe près de l'orifice des obstacles qui modifient la convergence rectiligne des molécules vers l'orifice dans des plans diamétraux, il peut en ré- sulter un mouvement gyratoire qui modifie d'une manière sensible la consti- tution physique de la veine liquide. Mais ce mouvement ne se propage qu'à une très-petite distance de l'orifice, et il ne parvient pas à s'élever de proche en proche jusqu'à la surface du liquide tant que la charge dépasse 1 dé- cimètre environ, ni dans aucun cas à se communiquer à toute la masse liquide. » 2°. Pendant l'écoulement, les molécules liquides ne se déplacent pas de la circonférence vers le centre; elles tombent. » 3°. Dans les expériences de M. Magnus et de M. Perrot, où l'on a ob- servé un mouvement de rotation de la masse liquide d'abord sensible à la surface au-dessus de l'orifice, et peu d'instants après que l'écoulement avait commencé, ce mouvement existait avant l'écoulement. » â°. Le mouvement gyratoire d'une masse liquide pendant l'écoulement, observé par M. Perrot, n'était pas un effet immédiat du mouvement diurne de la terre. L'expérience dite de M. Perrot ne doit donc pas être ajoutée C R., 1860, a™» Semestre. (T. LI, N° 21.) 102 ( 76o) aux brillantes expériences par lesquelles M. Foucault a rendu sensible le mouvement diurne de la terre. » A cette Note est joint un Appendice relatif à l'opinion émise par M. Ba- binet, à l'occasion de l'expérience de M. Perrot, à savoir que toutes les rivières dans l'hémisphère boréal ont une tendance à droite, et que cette tendance est l'effet immédiat du mouvement de rotation de la terre. L'au- teur discute cette opinion, et conclut en terminant que « dans l'état actuel de la science, l'écoulement des liquides ne peut rendre manifeste, dans aucun cas, le mouvement de rotation de la terre. » technologie. — Recherches expérimentales sur les lois des transports ascendants à la brouette et à la voiture; par M. J. Cahvallo. (Extrait par l'auteiir.) (Commissaires, MM. Piobert, Morin.) « La question qui a donné lieu aux expériences que nous soumettons au jugement de l'Académie, a été posée de la manière suivante dans notre Mémoire sur les terrassements de dépôt et d'emprunt : « Lorsque le centre de gravité d'un remblai est placé au-dessus du cen- » tre de gravité du déblai, on admet que l'on a d'abord élevé les terres au » niveau du premier centre avec une rampe d'inclinaison -, que le sur- » plus du transport est horizontal et que la ligne parcourue esl située dans -> Je plan vertical qui renferme les deux centres de gravité. Si la différence » de niveau est telle, que l'on ne puisse arriver directement de rime à l'au- » tre avec l'inclinaison - , on compte toute la distance nécessaire pour » arriver, par un détour, avec cette inclinaison. Enfin, chaque mètre de M » longueur de la rampe équivaut à :r- mètres en plaine, M et M' étant les » longueurs parcourues dans le même temps en plaine et en rampe par le » moteur que l'on considère, de façon que i mètre de hauteur équivaut « a a mètres en rampe et a y mètres en plaine. » » Il résulte des conditions précédentes : » i°. Que lorsque la distance horizontale des centres de gravité des deux masses est plus petite que la longueur nécessaire pour franchir leur diffé- rence de niveau avec l'inclinaison -, la dépense s'évalue en transformant chaque mètre de hauteur en —, mètres en plaine ; ( 761 ) » -2°. Que lorsque la distance horizontale des centres de gravité est plus graille que la longueur nécessaire pour gravir leur différence de niveau avec l'inclinaison -, la dépense s'évalue en transformant chaque mètre de hauteur en — — a mètres en plaine, et ajoutant la distance horizontale qui les sépare. » Dans le premier cas, il faut déterminer par des études expérimentales quelle est la rampe - qui rend —7 minimum; dans le second cas, quelle M' g M' ' M' est la valeur de rampe qui rend — — a un minimum. Les quantités —7» M — — a sont les coefficients de transformation des hauteurs en longueurs horizontales. » L'inclinaison des rampes destinées à opérer les transports ascendants, susceptible de donner le minimum de la dépense, quoique variable avec chaque moteur, et, pour un même moteur, avec quelques circonstances lo- cales, telles que la nature du terrain, la sécheresse ou l'humidité habituelles de la localité, la présence accidentelle ou l'absence de sources, cette incli- naison, disons-nous, est renfermée entre certaines limites. En étudiant avec soin ce qui se passe sur les ateliers de terrassements, l'expérience fait bien- tôt reconnaître que les limites de ces variations sont assez étroites et permet de déterminer, pour chaque espèce de moteur, une inclinaison moyenne la plus favorable et la seule qu'on puisse introduire dans un devis ou une sé- rie de prix. Cette inclinaison moyenne est limitée par la nature même des choses en dessus et en dessous. En effet, si on augmente sa raideur, le mo- teur animé épuise trop rapidement ses forces; si on l'adoucit trop, au con- traire, le chemin parcouru s'allonge outre mesure, la construction de la rampe devient trop coûteuse et son existence jusqu'à la fin des travaux une gêne permanente beaucoup trop grande. C'est donc entre ces limites extrê- mes qu'il y lieu de chercher la valeur de la rampe qui convient le mieux à l'organisation du corps du moteur pour produire la moindre dépense possible. « Le Mémoire renferme le tableau type qui servait à recueillir les nombres fournis par l'expérience, leur résumé en tableaux numériques et en courbes graphiques. Il a été fait en totalité 2082 observations. » Les expériences sur les transports à la brouette sont au nombre de 220, résumées dans deux tableaux numériques et dans quatre courbes dis- tinctes. Ces expériences confirment celles faites avec tant de soin par 102. (762 ) M. Vaillant, alors capitaine du génie. La question des transports ascen- dants à la voiture n'a jamais donné lieu, que nous sachions, à des séries d'expériences coordonnées. Le Mémoire renferme un tableau de deux courbes de ioo3 expériences faites avec divers attelages, sur des déclivités variables de om, 009 à om,o6 par mètre; il résulte de ces expériences que la déclivité minimante est celle de om,o5, et que la mule ou le mulet pré- sente, dans les régions méridionales de la France, une supériorité marquée sur tous les autres moteurs. » Un dernier paragraphe fait connaître les résultats en chiffre et sous forme graphique de i452 expériences faites sur des rampes revêtues de plateaux en bois pour des déclivités variant de om, 06 à om,o8 par mètre. La déclivité minimanie est, dans ce cas, celle de oœ, 08 par mètre; la mule conserve une supériorité encore plus marquée que celle observée sur les rampes non revêtues.. » Il ressort de l'examen des chiffres de ces tableaux un enseignement précieux sur le choix des attelages à adopter, et par suite un moyen de diminuer notablement la dépense de transport. » Il fst bien évident que toutes les valeurs expérimentales et les relations qui s'en déduisent renfermées dans notre travail ne sont rigoureusement applicables que dans la région de la France où ont été faites les observations. Le tout peut être modifié si l'on s'éloigne beaucoup, soit au nord, soit "au midi de cette région ; il faut alors chercher dans les différents moteurs pro- pres à chaque pays celui qui convient le mieux au climat; il faut, en outre, déterminer pour ce moteur de choix quelles sont les déclivités les plus favorables suivant la nature du sol. La méthode que nous avons donnée reste la même, et nous appelons de tous nos vœux son application à diverses contrées. » M. Maille soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée : Moyen d'amplifier les marées à [embouchure des rivières. « Si l'on examine comparativement, dit l'auteur, les rivières qui débou- chent dans une mer où régnent des marées prononcées et celles qui tom- bent dans une mer où elles sont nulles, on reconnaît que, dans les pre- mières, le jeu des deux courants alternatifs du flot et du jusant aide singu- lièrement le fleuve à expulser au large les sables et galets qui tendent à obstruer l'embouchure, en élargissant et en approfondissant celle-ci, et que cette forme évasée réagit à son tour sur les deux courants, en les rendant plus puissants et en augmentant les oscillations du niveau de l'eau, sur- ( m ) tout dans Ja partie maritime du fleuve la plus avancée dans les terres, ce qui est éminemment favorable à la navigation. » Depuis une trentaine d'années, les travaux dirigés avec intelligence dans la plupart des rivières de l'Angleterre ont rendu le jeu des marées plus fort et plus puissant, et les dénivellations plus grandes dans l'intérieur des terres. Le système de barrage que je fais connaître dans cette Note me parait pouvoir produire dans bien des cas, avec peu de frais, l'effet désiré, et je !e crois spécialement applicable aux rivières de l'Algérie. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Morin etBabinet.) chimie AGRICOLE. — Sur l'emploi agricole des nodules de phosphate de chaux; par M. Boblique. (Extrait.) (Commissaires, MM. Dumas, Balard.) « Je pense qu'on peut rapporter à deux causes principales l'inefficacité du phosphate calcaire naturel dans des cas fort nombreux : » i°. A la grande cohésion de cette substance, ce qui en rend l'assimi- lation très-difficile quand elle n'est déterminée que par les seuls agents na- turels : on a cherché à remédier à cet inconvénient en traitant les nodules par des acides minéraux puissants; mais c'est un moyen coûteux et qui peut être nuisible dans des terrains qui ne contiendraient pas assez de bases en état de saturer l'excès d'acide qu'on a dû employer pour amener la dis- solution du phosphate calcaire; 2° à L'absence de la silice soluble. En effet, la silice est aussi indispensable aux céréales que l'acide phosphorique ; elle en forme le squelette, et l'on attribue avec raison à son absence l'accident auquel on a donné le nom de versement. Si le sol ne contient pas une quan- tité suffisante de silice assimilable, la tige ne pourra pas acquérir les qua- lités nécessaires pour que la récolte arrive à bonne fin, et les phosphates qu'on ajouterait à une terre placée dans ces conditions seraient inutiles. Ces données m'ont guidé dans la recherche d'un moyen propre à assurer l'emploi utile des nodules. » Les nodules pulvérisés sont mélangés à 5o pour 100 de leur poids de sel marin; je donne, pour cet emploi, la préférence aux sels de morue ou de cuirs dont, le prix dans nos ports de mer est très-minime. Ce mélange est porté, dans des fours ou des cylindres, à une température un peu inférieure au rouge, en présence d'un courant de vapeur d'eau. » Si, comme cela se présente quelquefois, les nodules ne contiennent ( 764 ) pas une quantité suffisante de silice, il faut en augmenter la proportion par une addition préalable. » La réaction de la silice sur le chlorure de sodium en présence de la vapeur d'eau est connue; il se forme du silicate de soude et de l'acide chlorhydrique. Dans le cas particulier, ce dernier porte son action sur le phosphate de chaux auquel il enlève 2 équivalents de chaux pour don- ner naissance à du chlorure de calcium et à du biphosphate de chaux; cependant tout l'acide phosphorique n'est pas combiné à de la chaux; il se forme quelquefois une assez forte quantité de phosphate de soude. Je pense que ce dernier produit est dû surtout à la décomposition du phosphate de fer ; tout ce métal se retrouve en effet à l'état de sesquioxyde, cristallisé en paillettes, ainsi qu'on l'a constaté depuis longtemps en calcinant du sulfate de fer et du chlorure de sodium. » La même opération fournit donc des silicates et des phosphates qui se retrouvent à l'état sec, sans excès d'acide, et qui peuvent céder aux plantes avec une grande facilité, non-seulement de la silice et de l'acide phospho- rique, mais encore une forte quantité d'alcali. » M. Houzeau adresse une Note intitulée : « De la nitrihcation instantanée de l'ammoniaque à une basse température; remarques à l'occasion du Mé- moire de M. Millon sur la théorie chimique de la nitrihcation ». Dans cette Note, l'auteur rappelle qu'en i855, i856 et i858, il avait obtenu quelques-uns des résultats que M. Millon signale comme nouveaux dans son dernier Mémoire, et qu'il faisait déjà dépendre, à ces époques, la production naturelle des nitrates, d'une combustion de l'ammoniaque par l'ozone ou oxygène naissant. (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Millon : MM. Regnault, de Senarmont, le Maréchal Vaillant.) M. F. Paelet adresse, de Genève, une nouvelle « démonstration du dernier théorème de Fermât » . (Commissaires, MM. Lamé, Bertrand.) M. Pappenheim envoie une Note intitulée : « Rapport de la présence des vers dans les poumons tuberculeux avec l'apparition des Trichosomes dans la vessie urinaire ». (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et Chirurgie.) ( 765) CORRESPONDANCE. Parmi les pièces imprimées de la Correspondance, M. le Secrétaire per- pétuel signale à l'attention de l'Académie l'ouvrage intitulé : Materialen... (Matériaux pour servir à la minéralogie de la Russie), par M. Kokscharow. M. de Senarmont est prié de faire à l'Académie un Rapport verbal sur cet ouvrage publié en allemand. M. Eue de Reaumont, en présentant au nom de M. P. de TchihatcheJJ un opuscule allemand extrait du Journal géographique de M. Petermann et qui a pour objet les recherches géographiques du savant voyageur, lit les passages suivants de la Lettre d'envoi : « Désirant donner un aperçu général des itinéraires que j'ai suivis en Asie Mineure et en Arménie pendant dix années d'exploration, M. Peter- mann s'était adressé à moi, il y a un an, pour me demander la commu- nication déjà partie purement topographique de mes journaux de voyage, afin de tracer sur une carte à échelle très-réduite les lignes que j'avais par- courues. J'ai accueilliavec d'autant plus d'empressement et de gratitude celte offre bienveillante, qu'elle me mettait à même de m'acquitter d'un devoir que m'imposaient mes divers ouvrages relatifs à ces contrées lointaines et peu connues, savoir : celui de faire connaître l'indication topographique des explorations qui ont fourni les matériaux à ces ouvrages. Exclusivement occupé de la publication des résultats scientifiques de mes études, je n'ai pas eu le temps jusqu'à présent de placer sous les yeux des savants les pièces justificatives qui leur permissent de décider, par leur propre con- trôle, jusqu'à quel point mes observations ont pu avoir été recueillies par moi sur les lieux mêmes, et avec quel degré d'autorité il m'était permis de juger de l'ensemble des contrées dont mes ouvrages donnent la description physique. Le travail de M. Petermann répond à toutes ces questions. Il résulte de la carte jointe à ce travail que l'ensemble de mes itinéraires constitue un réseau compacte qui, développé en une ligue droite, n'a pas moins de 44^ milles allemands ( i5 milles par degré), ou en chiffres ronds 3i 10 kilomètres. C'est cette bande qui représente la contrée que pendant dix années je me suis efforcé d'étudier sous le rapport de la topographie, de la méléorologie, de la géologie et de la botanique ; sur cette étendue,. ( 766.) i/j5o kilomètres traversent des régions qui n'avaient jamais été visitées précédemment par un naturaliste quelconque, ainsi que le constatera un second travail de M. Petermann dans lequel il se propose de discuter his- toriquement toutes les expéditions scientifiques effectuées en Asie Mineure et en Arménie depuis Tournefort jusqu'à l'époque actuelle. » ASTRONOMIE. — Sur lu polarisation de la couronne des éclipses. Pointillé du Soleil observé au zénith; par M. Emm. Liais. « Je lis dans la Compte rendu de la séance du 6 août dernier une Note de M. Prazmowski sur la polarisation de la lumière de la couronne et des protubérances solaires pendant l'éclipsé du 18 juillet 1860. » Dans ses observations M. Prazmowski est arrivé à des résultats en tout semblables à ceux que j'avais obtenus le 7 septembre i858 à Paranagua par des observations semblables. Ces conclusions sont : une polarisation sen- sible, nettement accusée de la couronne dans toutes ses parties, y compris les rayon.s de l'auréole; le plan de polarisation partout normal au limbe des deux astres; l'égalité de lumière des deux images des protubérances obtenues par dédoublement à l'aide d'un prisme biréfringent. ' » Au moment où l'attention est de nouveau appelée sur la question de la nature de l'auréole solaire, l'Académie voudra bien me pardonner de rappeler des observations sur un point qu'Arago a considéré comme la pierre de touche de la théorie de la couronne. « Supposons en effet, dit-il » dansl'^ronomi'e populaire, t. III, p. 609, que la lumière blanchâtre de la » couronne bien observée offre des traces sensibles de polarisation. La po- •» larisation ne pouvant procéder de la diffraction, il sera indispensable de » l'attribuer à la lumière provenant, par voie de réflexion, de l'atmosphère » diaphane dont le Soleil serait alors indubitablement entouré. » » Le rappel de mes observations me paraît d'autant plus justifié, que M. Prazmowski paraît les ignorer lorsqu'il dit : a De nombreuses observa- » tions avaient déjà démontré d'une manière à peu près certaine l'existence » de la lumière polarisée dans la partie du ciel environnant le Soleil éclipsé : » il restait cependant à préciser sa nature, à déterminer d"une manière » précise la direction du plan de polarisation, etc. »' » Dès avant 1 858, la polarisation de la lumière de la couronne avait déjà été étudiée, en effet; mais, malgré les instances d'Arago, la direction du plan de polarisation n'avait pas été indiquée et, conformément à une remarque de cet illustre astronome, il en résultait encore quelques doutes (767 ) sur son existence. L'importance des observations de polarisation me déter- mina donc à faire de l'étude de la polarisation de la couronne la partie principale de mon programme particulier dans l'observation de l'éclipsé de 1 858, et j'ai employé dans ce but deux procédés distincts : un polariscope d'intensité consistant en une tourmaline et le polariscope de Savart, qui l'un et l'autre m'ont accusé de la façon la plus nette l'existence de la polarisa- tion, et la direction de son plan qui est normal au limbe. Le prisme biré- fringent à petit angle m'a servi à reconnaître que les protubérances don- naient deux images égales, malgré la polarisation du fond sur lequel elles se projetaient, parce que la petite séparation des deux images faisait que cette polarisation du fond était sensiblement égale pour elles deux. » La polarisation de la couronne et des rayons était d'autant plus évidente à Paranagua, que, comme il est relaté dans le Rapport de la Commission brésilienne dont je faisais partie, la polarisation atmosphérique présente dans l'éclipsé du 7 septembre 1 858 un point neutre dans la région des deux astres. Il n'y avait donc aucune confusion possible, indépendamment d'ailleurs de la rotation du plan de polarisation, qui restait dans tout le pourtour du limbe normal au bord de l'astre. » Les observations du P. Secchi sur la polarisation pendant l'éclipsé de 1 860, comme celles de M. Prazmowski, confirment mes observations de 1 858. D'après les termes de la Note de M. Prazmowski, ce dernier observateur paraît avoir même trouvé la proportion de lumière polarisée plus grande que je ne l'avais remarqué. Peul-être cela vient-il de ce que la région des deux astres ne devint pas, en Espagne, un point neutre de la polarisation atmosphérique, comme à Paranagua. Au reste, si j'ai trouvé la polarisation de la couronne solaire faible par rapport à la polarisation atmosphérique ordinaire, je n'en déclare pas moins que cette polarisation était incontesta- blement beaucoup plus grande que d'autres polarisations bien constatées, telles que celle de la surface de la Lune. Elle fut accusée même par un petit polariscope Savart qui ne laisse pas voir les bandes sur la Lune dans les con- ditions du maximum de polarisation de cet astre. « Si la couronne était due à la lumière réfléchie par les montagnes lu- naires et diffractée par l'effet des échancrures du bord de notre satellite, un rayon devrait pendant la durée d'une éclipse émaner constamment du même point du contour de la Lune. Or ce fait est directement contraire à une de mes observations. Pendant l'éclipsé de i858, j'ai vu delà manière la plus nette, comme le relate le Rapport de la Commission brésilienne, un C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 21.) '°3 ( 768 ) rayon incliné recouvert progressivement à sa base par la Lune et dont le point de départ apparent se déplaçait conséquemment sur le contour lu- naire. Arago et d'autres observateurs en i84^ ont vu, comme la Commis- sion brésilienne dans l'éclipsé de i858, des rayons entremêlés qui, pro- longés, n'auraient même pas coupé le limbe lunaire. Pareille observation paraît avoir été faite dans l'éclipsé de 1860 par M. Lespiault. Dans toutes les éclipses on a aussi noté des rayons courbes. L'impression qui m'a été produite était celle de la projection les uns sur les autres de nombreux arcs et rayons offrant une grande analogie d'aspect avec les arcs et les rayons de l'aurore boréale, et entourant le Soleil. » Sans rien préjuger sur les conclusions que chacun voudra tirer de l'ensemble des observations, il ne me semble pas que la grande variation des rayons d'une station à l'autre puisse être considérée comme un obstacle à la supposition d'une existence réelle, car la surlace du Soleil, comme l'in- dique le pointillé variable à cette surface, est dans un état d'agitation extra- ordinaire. On a quelquefois attribué les variations de ce pointillé à notre atmosphère; mais j'ai fait au Brésil des observations qui ne peuvent guère se concilier avec cette hypothèse. Au commencement de janvier i85g, à San-Domingos, baie de Rio-de-Janeiro, j'ai observé plusieurs fois le poin- tillé avec le Soleil au zénith, et par une atmosphère très-calme où les bords du Soleil étaient d'une grande tranquillité. Or, dans cette condition, j'ai vu le pointillé aussi variable et mieux prononcé qu'avec un Soleil bas, con- trairement à la scintillation des étoiles. » Il faudra, dans les déductions qu'on voudra tirer des observations de l'éclipsé, tenir compte de la multiplicité des apparences et de la courte durée de l'éclipsé, qui ne permet pas à chaque observateur de noter tous les détails. Pour les uns, l'attention se concentre sur certains rayons, pour d'autres sur des rayons différents, et dans ces apparences, dont quelques- unes sont à la limite de visibilité, il faut une concentration de l'attention pour les distinguer. N'a-t-on pas été de longues années avant de recon- naître l'anneau diaphane de Saturne? Depuis qu'il a été signalé, tout le monde le voit. Que l'on compare deux dessins d'une même tache solaire faits au même instant par deux observateurs différents, on trouve dans les détails intérieurs du noyau et de la pénombre, dont le degré de visibilité est moins accentué, d'énormes différences. J'ai été à même de faire cette remarque pour plusieurs taches. Or là il ne s'agit pourtant pas d'un phé- nomène limité à quelques minutes. » Outre les variations dans le Soleil même, outre les différences d'appré- ( 769) ciation résultant de la concentration de l'attention des observateurs sur des points différents, il y a encore les réfractions anormales signalées par M. Faye à l'occasion des éclipses antérieures et dues à ce que l'atmosphère terrestre n'est pas constituée pendant l'éclipsé dans une condition régulière, les couches d'égale densité étant inclinées, ce qui peut donner lieu à de nombreux effets de mirage qui, en des points très-voisins, doivent souvent modifier profondément les apparences réelles. Il peut y avoir aussi la ré- fraction intérieure aux instruments, souvent exposés longtemps aux rayons solaires, réfraction également signalée par M. Faye. Sans ces diverses ré- fractions anormales, il serait difficile de concilier les observations qui don- nent pour le recouvrement et le découvrement des protubérances par la Lune des nombres sensiblement en rapport avec le mouvement de l'astre, il serait, dis-je, difficile de concilier ces observations avec celles qui don- nent, au contraire, des résultats complètement différents, avec celles qui ont même fait voir, en 1842, à M. Paris et à quelques observateurs italiens, les protubérances projetées en dedans de la Lune, etc. » La Commission brésilienne en i858 a fait des observations dans le but d'étudier ces réfractions anormales. Ces observations n'ont pas encore été réduites; en ce moment nous nous occupons de ce sujet et j'aurai prochai- nement l'honneur d'adresser à l'Académie les résultats de ce travail, en même temps que les positions géographiques de toutes les stations où a été observée l'éclipsé du 7 septembre, positions qui seront calculées en tenant compte de la correction des éphémérides de la Lune à l'aide des observa- tions faites à Greenwich vers la même époque et que M. Airy a eu l'obli- geance de me communiquer. Je suis déjà en mesure de dire que plusieurs faits observés dans l'éclipsé du 7 septembre i858 me paraissent mettre com- plètement hors de doute l'existence des réfractions anormales signalées par M. Faye dans l'atmosphère terrestre pendant les éclipses. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur la présence des matières phospliorées dans [atmosphère; par M. J.-A. Barral. « En exécutant les recherches analytiques sur les eaux pluviales que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en 1 85a et en i 853, j'avais eu l'occa- sion de constater, dans les résidus secs provenant de l'évaporationdeceseaux, la présence de quantités parfaitement appréciables de phosphate de chaux; mais je crus devoir garder le silence à ce sujet, parce que j'avais reconnu que de l'eau chimiquement pure ayant séjourné ou ayant bouilli dans des vases io3.. ( 77° ) en verre ou en porcelaine finissait toujours par contenir des traces de phos- phate. Cependant l'existence de matières phosphorées dans l'atmosphère me paraissant très-probahle, et cette existence, si elle était vraie, devant avoir pour conséquence la dissolution de matières phosphorées par les eaux météoriques, je m'attachai à éloigner toutes les causes d'erreur que je pus soupçonner, afin de pouvoir mettre en évidence un fait qui doit jouer un rôle important dans la physique terrestre et dans la statique chimique des êtres organisés répandus à la surface de la terre et au sein des couches aériennes qui l'entourent de toutes parts. Je dus, afin de résoudre le pro- blème que je m'étais proposé, me servir uniquement d'udomètres et de vases en platine pour recueillir les eaux de pluie tombant à Paris ou bien dans la campagne; je m'astreignis à ne prendre pour mes expériences que de l'eau tombée en ma présence sur des surfaces préalablement bien net- toyées; les évaporations, qui devaient se faire sur de grandes masses d'eau, à cause de la petite proportion de phosphore existant dans chaque litre de liquide, et parce que je m'étais prescrit la règle de ne pas m'en rapporter à des réactions , mais d'isoler le phosphore sous une forme qui me permît d'éprouver toutes ses propriétés , eurent exclusivement lieu dans des vases clos et faits en platine. Afin de ne conserver aucun doute et de pouvoir mettre un fait nouveau à l'abri de toute objection, j'eus à évaporer i ag5 litres d'eaux recueillies à Paris, et 3o/> litres d'eaux recueillies à la campagne pendant cinq années successives. Le poids total des résidus secs pour les premières eaux s'est élevé à 2Ç)8r,a84, et pour les dernières à 3gr,o72. Ces deux résultats correspondent à 22tmsr,8 et 7mgr,8 par litre d'eau. Si l'on regarde comme étant des impuretés atmosphériques toutes les ma- tières qui peuvent se retrouver dans les eaux tombées du ciel, les deux nombres précédents pourraient être pris pour des mesures approxima- tives des puretés comparées de l'air d'une campagne telle que Brunoy et de l'air d'une grande cité telle que Paris. Il y a environ trois fois plus de ma- tières diverses, mais imperceptibles et invisibles, en suspension dans l'air de Paris (quartier de l'Observatoire impérial et du Luxembourg) que dans celui des campagnes voisines (parc de Soutins, à Brunoy ). «Après bien des essais, j'ai reconnu que le procédé à la fois le plus certain, le plus rapide et le plus commode pour reconnaître et doser de très-petites proportions d'acide phosphorique dans une matière que l'on ne possède elle-même qu'en très-petite quantité, et qui ne contient pas de fer en quan- tité appréciable, est celui que M. Chancel a présenté au commencement de cette année à l'Académie, et qui consiste à obtenir du phosphate de bismuth ( 77' ) dans des liqueurs rendues convenablement acides par de l'acide nitrique. Mais je ne crois pas qu'il soit prudent, dans des recherches de ce genre, où l'on doit apprécier des fractions de milligramme, de s'en rapportera des apparences même tout à fait caractéristiques pour la substance que l'on veut doser. J'ai donc toujours eu soin de rassembler les divers précipités de phosphate de bismuth que j'avais obtenus dans une même série de re- cherches, de manière à pouvoir en extraire l'acide phosphorique sous la forme de phosphate ammoniaco-magnésien bien cristallisé, et de vérifier si le poids de ce dernier composé correspond à la somme des dosages partiels antérieurs. Une fois que l'on possède le phosphate ammoniaco-magnésien, il est possible de le soumettre à tous les essais de nature à constater que l'on a bien extrait de l'acide phosphorique de la substance analysée. » La proportion d'acide phosphorique dosée dans les divers résidus secs laissés par l'évaporation de l'eau de pluie a varié de 2 à 1 1 pour 1000. Cela ne correspond qu'à une quantité d'acide phosphorique variant de omsr,o5 à omgr,09 par litre d'eau de pluie. La quantité d'acide phosphorique contenue dans les résidus d'évaporation des eaux de la campagne est plus grande, pour un même poids, que dans les résidus laissés par les eaux de pluie tom- bées à Paris. Cela provient de ce que certaines matières salines prédo- minent dans les pluies de cette ville, et de ce que leur présence diminue la proportion relative des matières phosphorées. En somme, il n'y a pas de différence sensible dans la dose moyenne d'acide phosphorique contenue dans l'eau de Paris et celle de la campagne. » D'après les résultats précédents, l'apport annuel en acide phosphorique qui peut être fait au sol arable par les eaux pluviales s'élève à 4oo grammes environ par hectare. Les recherches de M. Boussingault ont appris qu'un hectolitre de blé enlève à la terre 1 kilogramme d'acide phosphorique en- viron. On voit donc que pour obtenir en blé 7 à 8 hectolitres par hectare, c'est-à-dire la récolte ordinaire des terres qui sont cultivées sans engrais, d'après le système seul de la jachère, il faudrait laisser les champs se repo- ser près de vingt ans, si le sol ne renfermait aucune trace de phosphates. Mais il arrive parfois que là où l'analyse chimique est encore impuissante à déceler le phosphore, le blé parvient cependant à se multiplier; c'est que la végétation est souvent le meilleur moyen d'analyser le sol arable, les racines des plantes pouvant aller puiser dans la terre les éléments nécessaires à la constitution du végétal , pour que ces éléments se concentrent dans certains organes, comme, par exemple, le phosphate de chaux dans les graines. Toutefois certaines terres sont peu propres à la culture des céréales, ( Y,* ) et les peuples qui, comme les Arabes, ne savent pas fumer leurs terres, sont obligés, après y avoir pris quelques maigres récoltes, de les abandonner durant plusieurs années, jusqu'à ce que les champs frappés de stérilité aient retrouvé les éléments nécessaires à une nouvelle moisson. Je viens de mon- trer que l'atmosphère peut restituer au sol des phosphates, comme les recherches des chimistes modernes ont prouvé qu'elle peut restituer de l'azote. Mais si l'homme ne parvenait pas, par son génie ou par son travail, à enrichir directement le sol qu'il cultive, ce sol, abandonné aux agents naturels, ne fournirait aux plantes que les éléments strictement nécessaires à une lente multiplication; il y aurait seulement alors, selon une expression remarquable de M. Boussingault , une végétation limite. » J'ai représenté dans mes recherches par de l'acide phosphorique le phos- phore dont j'ai dévoilé l'existence dans les eaux pluviales. Loin de moi la pensée de dire que c'est sous cette forme que le phosphore existe nécessai- rement dans l'atmosphère. Sans doute les phosphates sont répandus, comme l'a montré M. Élie de Beaumont, dans un si grand nombre de roches, qu'il est évident que, parmi les poussières enlevées par les vents à l'écorce solide du globe, doit se retrouver du phosphate de chaux que l'atmosphère agitée dissémine sur toute la surface de la terre. Aussi, en traitant les résidus solides laissés par l'évaporation des eaux pluviales, par des lavages métho- diques, pour en faire l'analyse immédiate, selon les principes posés par M. CheVreul, je suis parvenu à isoler du phosphate de chaux. Mais, en outre, dans les matières organiques des eaux de pluie, matières que Zim- mermann, Brandes, Hermbstadt et Rruger ont signalées à diverses reprises, que M. Boussingault a également reconnues, et sur lesquelles j'ai déjà fait une communication à l'Académie, on parvient à constater la présence du phosphore, lorsqu'on les isole de tous les sels qui les souillaient. » Les vents, dit M. de Humboldt, dans ses Tableaux de ta nature, enlè- » vent à la surface des eaux desséchées des Botifères, des Bracions et une » multitude d'animalcules invisibles. Immobiles et offrant toutes les appa- » rences de la mort, ces êtres flottent suspendus dans les airs jusqu'à ce que » la rosée les ramène à la terre L'atmosphère contient, en outre, des » germes innombrables de vie future, des œufs d'insectes et des œufs de » plantes. » Depuis longtemps les agriculteurs ont attribué à des germes apportés par l'atmosphère les végétations cryptogamiques qui s'emparent trop souvent du blé, des pommes de terre, de la vigne, etc. » M. Pasteur a fait voir dans ces derniers temps que les poussières orga- nisées en suspension dans l'air sont inégalement disséminées, et que d'un ( 773 ) autre côté elles sont la condition première et nécessaire de la vie dans les infusions, dans les corps putrescibles et dans toutes les liqueurs capables de fermenter, lorsque ces liquides et ces matières ne contiennent pas eux- mêmes des germes. Or partout où le physiologiste a vu la vie se transmettre, le chimiste a constaté jusqu'à ce jour des matières azotées et des matières phosphorées. N'était-il pas naturel, dès lors, que les êtres organisés conte- nus dans les poussières de l'air ou, si l'on veut, dans les immondices de l'atmosphère, selon l'expression de- Bergman, continssent les mêmes ma- tières? Déjà j'y avais signalé l'azote; en y montrant aujourd'hui le phos- phore, je ne fais que mettre en évidence la grande généralité des lois qui président à la reproduction des êtres. Qu'on me permette de dire seulement qu'il' est digne d'attention de voir retrouver les mêmes substances dans les germes de tous les êtres, qu'ils nous paraissent infiniment petits ou gigan- tesques. m La présence des matières phosphorées dans l'atmosphère, et par suite dans les eaux pluviales, pourrait être attribuée encore à une autre causé dont je ne dirai que quelques mots. Il n'est pas impossible que la putréfaction des matières animales dans le sein de la terre, et particulièrement dans les ter- rains marécageux, donne naissance à de l'hydrogène phosphore qui se dégagerait en même temps que l'hydrogène carboné déjà constaté dans' l'atmosphère par M. Boussingault. Plusieurs chimistes n'ont même pas hésité à attribuer les feux follets, qui de tout temps ont excité l'attention des hommes, mais sur lesquels il n'a jamais été publié d'étude vraiment scien- tifique, au dégagement d'hydrogène phosphore spontanément inflammable qui sortirait des cimetières et de tous les terrains recouvrant des débris d'ani- maux. Évidemment l'hydrogène phosphore atmosphérique devrait se re- trouver dans les eaux pluviales à l'état de phosphate. » Quoi qu'il en soit de la cause de la présence des matières phosphorées dans l'atmosphère, si l'on considère que, d'après les recherches de MM. Bi- neau et Pasteur, les végétations cryptogamiqu^s consomment de l'ammo- niaque, des nitrates et des phosphates, on trouve très-remarquable que les êtres infiniment petits, mais innombrables, qui existent dans l'air entraînent avec eux, quand ils tombent à terre, tous les éléments nécessaires à leur développement et à leur reproduction. L'esprit est également frappé de voir que l'atmosphère renferme tout ce que la science a reconnu nécessaire pour rendre à la longue fertile le sol le plus stérile. « • (774) zoologie. — Hybride du Bombyx grand Paon et du Bombyx moyen Paon; Lettre de M. Guérin Méxevili.k. « J'ai eu, en i858, l'honneur de présenter à l'Académie une Note sur l'hybridation des vers à soie du Ricin et du Vernis du Japon ( Comptes rendus , t.- XLVIII, p. 540- Aujourd'hui je viens l'entretenir d'un fait analogue, quoique moins complet : je viens lui présenter un métis produit par l'u- nion du Bombyx grand Paon (B. Pavonia major. Lin. — B. Pyri, Borckh., etc.) et du Bombyx moyen Paon (B. Pavonia média. Fabr. — B. Spini, Borckh., etc.). » Ce qui rend ce fait moins complet, c'est que l'observation n'en a pas été suivie de manière à faire savoir si ces métis sont féconds, comme ceux que j'ai obtenus des Bombyx Cjnthia et Arrindia, en sorte que mon obser- vation demeure toujours la seule réellement complète dans son genre, rela- tivement à la grande classe des Insectes que j'étudie depuis trente-sept ans. » Depuis longtemps je m'occupe de la question des hybrides dans les animaux articulés; mais j'attendais toujours de nouveaux faits, mieux obser- vés que ceux que j'ai trouvés mentionnés dans les auteurs, pour réunir mes matériaux et les publier. Les ayant communiqués à M. Is. Geoffroy- Sain t-Hilaire , il m'a fait l'honneur de les citer dans son Histoire natu- relle générale des règnes organiques (t. III, p. 1 85), ce qui me dispense de reproduire ici la trop courte liste de ces faits. » Celui que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie est venu à ma connaissance d'une manière assez vague, et je n'en aurais pas fait l'objet d'une communication , si je n'en avais eu que le simple avis. Mais comme j'ai reçu la preuve matérielle de ce que j'avance, et que l'on peut voir les sujets provenant de cette nouvelle hybridation , j'ai pensé qu'il était utile d'en entretenir un instant l'Académie. » Ces métis ont été obtenus^en Allemagne par une personne qui fait le com- merce des Lépidoptères, mais dont je n'ai pu savoir le nom ni la résidence. Ils proviennent de l'union d'un mâle de Bombyx grand Paon avec une femelle de Bombyx moyen Paon, dont la ponte a été l'objet d'une éducation faite par ce marchand en vue d'obtenir ces métis qu'il vend sur le pied de 4o francs pièce. » Il est fâcheux que ce fait se soit trouvé entre les mains d'une personne qui n'a en vue que le commerce , car il est probable que tous les métis obtenus ont été tués et préparés pour être vendus, et qu'on n'a pas songé (775) à s'assurer si ces métis sont féconds. Tout ce que j'ai pu apprendre de la personne (M. deLorza) qui a bien voulu me confier les sujets que j'ai l'hon- neur de présenter aujourd'hui, c'est que son correspondant a obtenu infi- niment plus de mâles que de femelles, et que les quatre ou cinq individus envoyés à Paris étaient des mâles. » En examinant ce nouveau métis comparativement avec les deux espèces dont il provient (i), on voit qu'il tient plus de la mère que du père par sa co- loration générale, et qu'il tient des deux espèces par sa taille intermédiaire. Il a pris à son père ses antennes, plus blondes et plus effilées que celles du mâle de Bombyx moyen Paon, la coloration plus foncée de la base de ses ailes; mais il tient de sa mère une coloration plus grisâtre, un espace blanc dans lequel est placée la tache ocellée des ailes supérieures, les bandes blanches de son abdomen, et beaucoup d'autres caractères que je m'abstiens de mentionner ici, pour ne pas trop allonger cette Note, mais que l'examen des sujets montre suffisamment. » Déjà j'avais trouvé dans les auteurs une vague mention de l'hybridation des deux Bombyx moyen Paon et petit Paon (B. Spiniet Carpini) ; mais cette observation, faite en Allemagne par Treitshke, est demeurée très-incomplète, puisque son auteur dit n'avoir obtenu que trois chenilles métis, qui ont filé des cocons dont il n'a obtenu aucun résultat. Je vais faire des démar- ches pour essayer d'obtenir quelques détails sur le fait intéressant que je signale aujourd'hui et qui a été aussi l'objet d'une récente communication, faite par M. Bellier de la Chavignefie, à la Société Entomologique de France. » astronomie. — Etoiles filantes de la nuit du 12 au i3 novembre; extrait d'une Note de M. Coulvier -Gravier. « Depuis longtemps je me suis fait un devoir de présenter chaque année à l'Académie les résultats observés dans cette nuit si remarquable ; et pour mieux faire ressortir la marche régulière du phénomène, j'ai eu soin de réunir dans ces communications les nombres horaires moyens ramenés à minuit, par un ciel serein, des jours qui ont précédé cette nuit et des jours qui l'ont suivie. Ce sont ces résultats pour l'année 1860 que j'ai l'honneur (1) Une boîte contenant les individus sur lesquels portent ces comparaisons est mise sous les yeux de l'Académie. C: R., 1860, ime Semestre. (T. Ll, N» 21.) IOZ4 776 ) d'adresser aujourd'hui à l'Académie : Durée Nombre Durée moyenne Nombre Moyenne Ciel de des des horaire de Année Mois. Dates. visible. l'observation. étoiles. observation! à minuit. 3 en 3. 1860 Octobre 16 4,0 b m 1 .5o 6 b m II.45 Étoiles. 5,. ) 7,9 ( 12,7 ) » » '7 10,0 2.00 24 3.i5 8,6 » » 20 8,0 2.00 42 2.45 * « 21 8,0 2.00 5o 2.45 l5,2 J » » 22 4,0 o.5o 8 1.45 14,8 12,7 » .» 23 9»° 2 00 27 2. i5 8,3 ) » » 4 5,o 0.25 5 3.22 .4,5 1 ■ ■ 25 5,o 1 .9.5 7 3.52 4,° [ n,6 » » 26 • 4»° 0.^5 •4 4.3, 16,3 j » Novembre 3 7>° I .^5 1 1 7.22 9»4 ) • a » 4 4,o I .25 1 7. .5 1,8 6>9 » ■ 5 7,° 2.25 i3 8.07 9,4 ) » M 6 8,0 3.2.5 12 8.22 5,6 j 6,0 22,3 ) » J» 7 8,0 2.00 9 9.15 11 ,3 » a 9 8,0 2.00 ' 35 10. 3o » » 10 9>° 2.00 28 12.45 •3,i j » » 1 1 5,6 I .00 i3 2. i5 8,5 10,2 » - » 12 4,8 3.0O 16 7-3o 8,9) » a i3 3,o I .00 8 i.3o 9»1 ) » ■ 4 4,0 2.00 8 12.00 5,. 7>7 B ■ i5 8,0 2.00 • '7 12. i5 9>° ' » Il résulte de ce tableau que, depuis le 16 octobre, la moyenne générale étant prise de trois en trois observations, on a successivement 8,6 étoiles filantes, puis 12,7; 11,6; 6,9; 11, 3; 10,2; 7,7. De l'inspection de ce tableau, on voit tout de suite que le maximum d'octobre est arrivé le 21 de ce mois, et que la nuit du ist au i3 novembre n'a plus pour nombre ho- raire moyen à minuit que 10,2 étoiles filantes. » Maintenant, pour montrer la marche générale du phénomène depuis i833, époque de la dernière apparition si abondante en météores filants, je dirai qu'elle a diminué sensiblement et progressivement jusqu'en i85o. Là elle est restée à peu près stationnaire jusqu'à cette année. En effet, on voit qu'en i833 le nombre horaire moyen à minuit a été de i3o étoiles filantes. En i836, il n'est plus déjà que de 35 étoiles filantes. En suivant les observations plus récentes, on trouve pour la moyenne générale du nombre horaire à minuit des années 1841, 1842 et 1 843, 26 étoiles filantes; pour ( 777 ) i8445 1 845 et 1846, on en a a3. Les années 1847, ' 848 et 1849 nen offrent plus que 18; i85o, i85i et i85a ne donnent plus que 10 étoiles filantes. Les années 1 853, i854 et 1 855 en donnent 11. Puis pour 1 856, 1857 et i858, on a 11,8 étoiles filantes. Enfin, pour i85o, et 1860, la moyenne générale est de 10, 1 étoiles filantes. » De ces faits il résulte que l'apparition des étoiles filantes dans la nuit du î- au i3 novembre est bien loin d'être ce qu'elle était en 1 833; qu'elle a diminué rapidement et progressivement jusqu'en i85o, puisqu'on ne trou- vait plus pour la moyenne générale du nombre horaire, à minuit des an- nées 1847» 1848 et 1849, que 18 étoiles filantes. De i85o à 1860, le nombre est resté stationnaire, à très-peu de chose près, ainsi que je l'ai dit, puisque la différence dans ces onze dernières années n'a pas été de plus de 1 étoiles filantes. » De son maximum, arrivé en 1 833, cette brillante apparition d'étoiles filantes a mis seize années pour atteindre son minimum; et depuis onze années, où elle est stationnaire dans son minimum, l'apparition n'a pas encore repris le mouvement qui doit la ramener à son maximum. » Olbers, comme ou le sait, a annoncé le retour de cette mémorable apparition d'étoiles filantes pour l'année 1867. Nous ne pouvons qu'espérer qu'Olbers ne se sera pas trompé, car, on le voit, cette année même n'a donné aucun indice de nature à faire croire que la marche du phénomène doive bientôt redevenir ascendante, et sept années nous séparent seulement de 1867. Cependant il est bon de remarquer que les années qui ont précédé le maximum de 1 833 annonçaient une marche ascendante dans le nombre horaire depuis quelques années; car on trouve qu'en i83o on avait pour nombre horaire moyen à minuit l\2 étoiles filantes; en i83i, 66, et en i83a, 75. » Ils sont déjà loin ces jours où, comme en i849> on nous affirmait que depuis 1799, et surtout depuis 1 833, l'apparition du phénomène n'avait point varié et qu'elle était restée la même. Malgré ces dénégations, on a fini par reconnaître avec nous qu'effectivement depuis 1 833 cette appari- tion d'étoiles filantes pour la nuit du 12 au 1 3 novembre avait toujours été en diminuant. Il en a été de même lorsque nous avons annoncé que le nombre horaire des 9, 10 et 1 1 août diminuait chaque année depuis 1 848. Il a bien fallu convenir, comme pour la nuit du 11 au i3 novembre, que nous étions dans le vrai. » Ces divergences d'opinion n'auraient pas lieu, si l'on ne se contentait « 104.. ( 778 ) pats trop souvent de se réunir seulement à certains jours de l'année, pour faire des observations, non pour les observations elles-mêmes, mais bien en vue de certaines théories, et si l'on apportait plus de soin et d'exactitude dans les observations, que l'on confie souvent à de simples amateurs. L'expérience m'a appris que pour ce genre de recherches il faut avoir la précaution de ne pas être plus de trois en observation ; le quatrième est déjà de trop; à bien plus forte raison quand il y a six observateurs et même plus. » électrochimie. — Recherches sur les phénomènes consécutifs à l ' amalgamation du zinc, du cadmium et du fer; par M. J. Ili,<.\ vi 1 1«. « Le zinc amalgamé est plus élevé que le zinc normal dans l'échelle des affinités positives. Ce fait, découvert en 1826 par H. Davy, et vérifié depuis par tous les physiciens, ne me paraît pas avoir reçu encore une expli- cation suffisante. » La nouvelle théorie que je propose se résume en ces termes : Les phé- nomènes observés lorsqu on oppose dans un couple voltaïque le zinc amal- gamé au zinc pur, dépendent de la différence entre deux actions de signes contraires accomplies simultanément au moment de l'amalgamation ; d'un gain de chaleur ou d'affinité positive par la liquéfaction du zinc, d'une perte de chaleur ou d'affinité positive par sa combinaison avec le mercure. » Si le zinc amalgamé comparé au zinc pur est électropositif, cela tient à ce que ce métal exige pour se constituer à l'état liquide un nombre de ca- lories plus grand que celui dégagé en vertu de son union chimique avec le mercure. » L'influence exercée sur le cadmium par l'amalgamation diffère de la précédente. Le métal, soit en lames amalgamées superficiellement, soit à l'état d'amalgame pâteux ou liquide, est constamment électronégatif par rap- port au métal libre et solide; ce fait a été annoncé pour la première fois par M. Gaugain (1), j'ai pu en vérifier l'entière exactitude. S'il est d'abord étrange de voir un métal tellement voisin du zinc par ses affinités se comporter d'une façon absolument inverse lorsqu'il est soumis à une action complètement identique, la théorie en rend compte d'une façon très-satisfaisante. En effet, le module thermo-chimique du zinc et du cad- mium relativement au mercure doit être à très-peu près identique, mais entre les chaleurs latentes de fusion de ces métaux la différence est grande; (1) Comptes rendus, t. XLII, p. 43o. — ( 779 ) on a : • • Chai. lat. do fusion. Zinc 28, 1 3 (Person) Cadmium i3,66 » Différence... '4>47 La chaleur latente de fusion du zinc est donc plus de deux fois supé- rieure à celle du cadmium. » De cette comparaison je déduis la cause des résultais opposés pro- duits par l'amalgamation du zinc et du cadmium. Le zinc devient élec- tropositif parce qu'il fixe plus de chaleur en se liquéfiant dans le mercure qu'il n'en perd en se combinant avec lui. Le cadmium devient électroné- gatif parce que, vu sa faible chaleur latente, il dégage plus de chaleur en contractant une combinaison définie avec le mercure qu'il n'en gagne en se liquéfiant par son intermédiaire. » L'interprétation précédemment énoncée m'a conduit à réaliser les expériences suivantes. « Dans un tube de verre fermé à l'une de ses extrémités on introduit 20 grammes de mercure pur et un thermomètre à petit réservoir, permet- tant la lecture directe du cinquième de degré centigrade. D'un aut-e côté, on prépare 2 grammes de limaille fine de zinc que l'on place dans un tube semblable au précédent. On attend que la température des deux métaux se mette en équilibre avec celle de la pièce où se fait l'expérience. » Dans un premier essai la température du zinc et du mercure resta sta- tionnaire à -+- io°. Le mercure fut versé dans le tube contenant la limaille de zinc, et en agitant avec précaution pour déterminer le contact, l'amal- gamation commença à s'opéçer. Aussitôt le thermomètre a baissé et la colonne est descendue à + i7°,5. La température du mélange pendant l'amalgamation du zinc a donc diminué de 2°,5. » La même expérience préparée simultanément pour le cadmium a donné le résultat suivant. Immédiatement après la projection du mercure dans la limaille, la colonne thermométrique s'est élevée progressivement et a atteint -+- i3°. La température du mélange durant l'amalgamation a donc augmenté de 3°. Ces expériences répétées plusieurs fois et dans des condi- tions de températures et de masses respectives différentes du simple au double ont donné, quant au signe, des résultats toujours concordants. Ainsi, suivant mes prévisions, on constate un abaissement notable de la température pendant l'amalgamation du zinc et une élévation pendant ( 7*° ) celle du cadmium. Ces faits me semblent décisifs en faveur de l'hypothèse qui sert de base à la présente théorie. a Passant à un autre ordre de preuves, on a examiné l'influence de l'amalgamation sur le fer, ce métal pouvant être facilement amalgamé, comme l'avait supposé M. A. Cailletet, au moyen du procédé électrolytique qu'il a indiqué pour l'aluminium et le platine. En comparant des lames identiques de fer pur sans carbone, ni silicium, obtenu par la méthode de M. Peligot, on reconnaît que, de même que dans le cas du zinc, la lame amalgamée est électropositive par rapport à celle qui n'a pas subi l'action dissolvante du mercure. Ce résultat est une conséquence de la théorie. Car, si on admet avec M. Person, comme approximation suffisante dans l'espèce, que les chaleurs latentes de fusion des métaux sont proportion- nelles à leurs coefficients d'élasticité, on trouve : Chai. lat. de fusion. Coefficient d'élasticité. Zinc 28, i3 (Person) 9°21 ( Wertheim.) Fer 64>84 (Calculée.) 20794 » » Ainsi le fer qui n'est pas très-distant du zinc par ses affinités, mais dont la chaleur de fusion est beaucoup plus considérable, condense de la chaleur en se liquéfiant dans le mercure et, ainsi que le zinc, il s'élève dans l'ordre des affinités positives. L'amalgamation exerce une influence identique sur les fers doux et même sur les aciers. Comme corollaire des faits précé- dents, je me suis proposé de rechercher si la constitution physique de l'acier avant ou après la trempe ne modifie pas ses affinités chimiques d'une façon permanente. On constate, en expérimentant sur des aciers d'origines très-diverses, que tout acier trempé est électronégatif par rap- port au même acier non trempé. » Appliquant à deux états d'un même corps les idées qui ont servi de guide dans la première partie du travail, et remontant des propriétés chimi- ques aux propriétés thermiques et. mécaniques , n'est-on pas en droit de penser que la chaleur de constitution de l'acier trempé est moindre que celle de l'acier non trempé? Cette conséquence une fois admise, on serait conduit à supposer que cette diminution dans la quantité de chaleur de l'acier soumis à des conditions spéciales de refroidissement, peut bien être la cause, sinon l'explication des remarquables propriétés mécaniques con- sécutives au groupement anormal de ses molécules. » M. A. Gaudry adresse une Lettre relative aux résultats de la mission qui lui avait été confiée par l'Académie pour l'exploitation du gisement fossili- ( 7«i ) fère de Pikermi, près d'Athènes. Les ossements fossiles qu'il a rapportés, et qui n'occupaient pas moins de quarante-trois caisses, sont aujourd'hui exposés dans le laboratoire de paléontologie du Muséum, où MM. les Aca- démiciens pourront dès à présent en prendre connaissance. Cette Lettre est renvoyée à l'examen des deux Sections de Géologie et de Zoologie. M. le docteur G. Meynier et M. Louis d'Eichthal, près de partir pour un voyage dans la Sibérie méridionale, sur les rives du fleuve Amour et dans les provinces du nord de la Chine, demandent à l'Académie des ins- tructions qui puissent les guider dans leurs recherches. Une Commission, composée de MM. Milne Edwards, Rayer, Moquin- Tandon et Ch. Sainte-Claire Deville, est invitée à préparer les instructions sollicitées par les deux voyageurs. M. Thuillier présente une Note concernant l'extraction des racines carrées. (Renvoi à l'examen de M. Serret.) La Société royale de Médecine et Chirurgie de Londres remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXX de ses Mémoires. La séance est levée à 5 heures un quart. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 19 novembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DECAISSE; 41e liv. ; in-4°. L'organisation du règne animal; par Emile Blanchard. Arachnides. — Mol- lusques. — Animaux vertébrés, a vol. in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Milne Edwards.) La pathologie cellulaire basée sur l'étude physiologique et pathologique; par Rudolf VlRCHOW; traduit de [ allemand sur la seconde édition, par Paul Picard. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Adressé au concours pour les prix de la fonda- tion Montyon, Médecine et Chirurgie.) Traité élémentaire de physique expérimentale et appliquée; par C. For- thomme; t. II. Paris, 1861; in-12. (Présenté au nom de l'auteur par M. Despretz.) ( 7*2 ) Rapport à S. M. l'Empereur sur les travaux entrepris par ses ordres pour introduire lever à soie de l'Aylanthe en France et en Algérie; par F.-E. Guérin- Ménevjlle. Paris, 1860; in-8°. De l'ostéomyélite et des amputations secondaires à la suite des coups de feu, d'après des observations recueillies à l'hôpital de la marine de Saint-Mandrier (Toulon, 1 85g) sur les blessés de [armée d'Italie; par le D1 Jules Roux. Paris, 1860; br. in-8°. Note sur les tremblements de terre en 1857 avec suppléments pour les années antérieures; par M. Alexis Perrey; br. in-8°. Mémoire sur (état primitif et sur l'organisation de l'univers; par M. LENGLET; 111-80. Description du barillet producteur du mouvement circulaire direct par la va- peur et restiluleur de calorique ; par L.-A Desnos. Nancy, 1860; br. in-8°. Réforme du service de la poste dans l'intérieur de Paiis et des grandes villes; par Amédée Sébillot. Paris, 1860; br. in-8°. . Etude sur les causes, la pathologie et le traitement du choléra épidémique ; par E.-A. Runkler. De Placerville (Californie), 1860; br. in-8°. (Adressé pour le concours du legs Bréant. ) Relazione. . . Relation des observations faites en Espagne durant l'éclipsé totale du 18 juillet 1860; par le P. A. Secghi. Paris, 1860; br. in-8°. On die. . . Mémoire sur la structure géologique du nord de l'Ecosse (avec des- criptiondes restes fossiles ) ; parsir R.-I. Murchison. Londres 1859; br. in-8°. Notices... Notices sur les travaux des Membres de l'Institution royale de la Grande -Rrelagne, communiqués dans les réunions de cette Institution; part. X, novembre 1859-juillet 1860. Londres, 1860; br. in-8°. Transactions. . . Transactions de l'Institut philosophique de Victoria (Austra- lie), deseplembre à décembre i85o,; vol. IV, part. 2. Melbourne, 1860; in-8°. Materialen... Matériaux pour servir à la minéralogie de la Russie; par M. N.-V. Rokscharow; IIIe vol., livr. 1 à 3o, ; in-8°, avec atlas in-4°. Peter.. . Voyages et explorations de M. P. de Tchichntcheff en Asie Mineure dans tes années 1 848-1 858; par M. Petermann ; br. in -8°, avec cartes. Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des ani- maux ; par M. J. Moleschott ; année 1860 ; .VIIe vol., ae et 3e livr. ; in-8°. Nederlandsch... Archives hollandaises de botanique ; par MM. de Vriese, Suringer et S. Rnuttel; Ve vol., Ier cahier. Amsterdam, 1860; in-8°. , Mittheilungen. . . Communications sur les taches du Soleil; par M. R. Wolf. Zurich, 1 856- 1859, 10e partie; in- 8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 NOVEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Réponse de M. Delaunay à l'article inséré par M. Le Verrier dans le Compte rendu de la dernière séance, p. 74°- « Lundi dernier, j'ai déclaré que, clans tout ce que M. Le Verrier venait de dire, il n'y avait rien, absolument rien, qui eût trait à la question débattue entre lui et moi. Après avoir lu l'article de six pages qu'il a mis au Compte rendu, je persiste dans ma déclaration, à laquelle je n'ai pas la moindre chose à changer. Quelques mots d'explication suffiront pour montrer la parfaite exactitude de ce que j'ai avancé. » Je commencerai par ramener le débat à ses véritables termes, de la manière suivante : » Est-il vrai, oui ou non, que les erreurs que j'ai indiquées dans le tome II des annales de l'Observatoire existent bien réellement? » Est-il vrai, oui ou non, que les nombres qui en sont affectés ont été publiés pour eux-mêmes, à l'usage des astronomes, et que les erreurs signa- lées sont du même ordre que celles d'une table de logarithmes à six déci- males dans laquelle certains logarithmes n'auraient que leurs trois pre- mières décimales exactes? C B., 1860, îm« Semestre. (T. LI, N° 82.) 1 o5 ( 784 )rriQ-i » Telles sont les questions auxquelles il fallait répondre catégoriquement, au lieu de se perdre dans des digressions sans fin qui n'aboutissent à rien. » M. Le Verrier a bien senti qu'une réponse affirmative sur chacun de ces deux points suffirait pour établir que je ne pouvais me dispenser de faire connaître les erreurs que j'avais trouvées ; aussi s'est-il bien gardé d'en dire un seul mot. En l'absence de toute réponse directe de sa part, voyons com- ment nous pouvons y suppléer nous-mème. » En ce qui concerne l'existence réelle des erreurs que j'ai indiquées, M. Le Verrier n'avait qu'une chose à faire. Dans ma Note du 12 de ce mois, j'ai donné deux moyens de constater la vérité de ce que j'avançais. Ces deux moyens sont basés, l'un sur la considération des différences premières, secondes et troisièmes des nombres que je trouve entachés d'erreurs, l'autre sur l'emploi d'une formule de vérification entièrement rigoureuse, tirée d'une des formules de la Mécanique céleste. Il ne fallait certainement pas plus d'un quart d'heure à M. Le Verrier pour effectuer ces deux vérifi- cations que j'indiquais, ou au moins la seconde, qui est la plus décisive. Qui peut douter que M. Le Verrier ait fait ces calculs si simples pour savoir au juste à quoi s'en tenir? C'est certainement la première chose qu'il a dû faire dès que le Compte rendu de la séance du 1 2 de ce mois lui a été remis. Comment se fait-il qu'il ne nous ait pas parlé du résultat de ces vérifica- tions? S'il lui eut été favorable, il n'aurait pas manqué de venir nous le dire. Il n'en a rien fait : je laisse à mes honorables confrères le soin d'en tirer la conséquence. » Relativement à la seconde question, ce que j'en ai dit dans ma Note de lundi dernier ne peut guère laisser de doute : le mode de publication adopté par M. Le Verrier, en 1841, pour les nombres dont il venait de re- faire le calcul complet, le titre même sous lequel il les a publiés, sont assez significatifs. Voulons-nous quelque chose de plus encore : voyons com- ment M. Le Verrier en parle dans sa communication à l'Académie du 1 1 mai 1840. « M'étant trouvé dans la nécessité de déterminer de nouveau une » grande partie des coefficients et de leurs dérivées, pour un travail sur les » inégalités séculaires, je n'ai pas laissé, quoique je n'aie pas en vue en ce » moment les inégalités périodiques, de calculer aussi les coefficients néces- » saires à leur détermination. En cela, je me suis surtout laissé. guider par » le désir d'éviter une grande perte de temps aux astronomes qui pourraient » avoir besoin de ces coefficients. » Peut-on trouver rien de plus explicite que ces paroles? En reproduisant plus tard, avec extension, ses Tables des quantités b{']à et de leurs dérivées dans les Annales de l'Observatoire, M. Le Ver- (785) rier n'en a évidemment pas changé le caractère. Il est donc bien vrai de dire que les nombres qui y sont contenus ont été publiés pour eux-mêmes, indépendamment de toute application particulière que leur auteur a pu en faire; qu'en un mot ces Tables des quantités b('J sont exactement dans les mêmes conditions que les Tables de logarithmes. » Au lieu de répondre directement aux deux questions que j'ai posées ci- dessus, et qui résumaient si naturellement l'objet de notre débat, qu'a fait M. Le Verrier? Comme il voulait à tout prix établir que c'était à tort que j'avais signalé des erreurs dans les Annales de [Observatoire, il a trouvé tout commode de déplacer la question. Il défend à outrance l'exactitude de ses Tables du Soleil dont je n'ai pas dit un seul mot. Il affecte de s'appesantir sur une fraction de seconde d'une excessive petitesse, qu'il donne comme étant la seule influence possible des corrections que j'ai indiquées. Il a même écrit à M. Hind pour lui demander s'il s'inquiéterait de réclamations ■portant sur des quantités qui ne seraient pas la millionième partie de [in- certitude des observations! Comment M. Le Verrier a-t-il osé présenter la question sous ce point de vue à l'honorable astronome anglais? Comment a-t-il osé parler ici de la Lettre qu'il lui a envoyée et de la réponse qu'il en a reçue, quand il savait bien que, dans cette correspondance, il avait complètement dénaturé la question? M. Hind, dès qu'il sera mis au cou- rant de cette affaire, sera certainement très-peu flatté de la manière dont il y a été mêlé par son imprudent correspondant. » Qu'il me soit permis en passant de faire quelques remarques au sujet de la manière assez singulière dont M. Le Verrier caractérise l'adoption de ses Tables en Angleterre. Il est bon d'apprécier à leur juste valeur les heu- reux résultats que l'on obtient ; mais il ne faut pas les exalter outre mesure, au détriment de nos devanciers, qui, eux aussi, ont eu leurs mérites. Ils nous ont ouvert la voie, et sans eux nous ne serions peut-être rien. Il y a longtemps que des Tables astronomiques publiées par notre Bureau des Longitudes ont été adoptées, non-seulement par l'Angleterre, mais par le monde entier. Je puis citer les Tables du Soleil de Delambre, qui ont servi partout au calcul des éphémérides depuis le commencement de leur publi- cation, en 1806, jusqu'en 1829; à cette dernière époque, elles ont reçu quel- ques corrections de Bessel, et ont été employées avec ces corrections jusqu'à ces derniers temps. Je citerai encore les Tables de la Lune de Burckhardt, qui ont été adoptées depuis 1812 jusqu'en i858; les Tables de Jupiter, Saturne et Uranus de Bouvard, qui ont été adoptées en 1821, et servent encore maintenant partout; enfin les Tables des satellites de Jupiter de Delambre, ro5.. ( 736) qui ont servi de 1817 à i83g, et qui ont été remplacées par celles de Da- moiseau, encore employées actuellement. Ce n'est donc pas d'aujourd'hui que ce libre-échange scientifique, comme dit M. Le Verrier, est établi entre la France et les pays voisins. Nous pouvons nous féliciter de ce qu'il est entre- tenu. Mais n'oublions pas que, quoique l'Angleterre soit la terre classique de l'astronomie, quoique le gouvernement anglais fasse de grands et généreux sacrifices pour soutenir, encourager et même provoquer les travaux astro- nomiques dans le monde entier, il n'est pas entré dans les habitudes de nos voisins d'outre-mer de faire eux-mêmes des Tables astronomiques ; en tout temps ils ont adopté des Tables faites, soit en France, soit en Allemagne. » Un mot encore de la rectification que j'ai dû faire devant l'Académie en décembre dernier, au sujet d'une communication précédente. M. Le Verrier a trouvé bon de revenir une troisième fois sur ce fait pour le rappeler à l'Académie. Nous ne pouvons que lui en adresser nos félicitations. Il était à craindre en effet que l'Académie ne l'eût oublié! Mais ce qu'elle n'ou- blie pas, j'en suis certain, c'est que si une pareille circonstance se pré- sentait de nouveau, s'il m'arrivait encore de m'apercevoir que j'ai fait une omission importante dans un de mes travaux précédents, je n'hésiterais pas un seul instant à venir le dire franchement et sans délai à mes confrères, comme je l'ai fait il y a onze mois. » En somme, que nous a appris M. Le Verrier? Que les fautes trouvées par moi dans les Annales de l'Observatoire n'ont pas d'influence sensible sur ses Tables du Soleil : rien déplus. Il a eu raison de chercher à apprécier cette influence; c'était son devoir de le faire. Car dès qu'on s'aperçoit qu'il y a des erreurs dans un travail scientifique, la première chose dont on doive se préoccuper, c'est de rechercher si ces erreurs n'ont pas pu rejaillir sur les conséquences qu'on a déjà tirées de ce travail. M. Le Verrier trouve que ses Tables du Soleil n'ont à subir aucune correction par suite des erreurs que j'ai relevées; tant mieux ! Mais cela n'établit nullement que ces, erreurs ne peuvent pas avoir d'influence dans d'autres circonstances. En ce qui me concerne, voici ce qui m'est arrivé. Dans les premiers jours du mois de mai dernier, au moment où j'ai reconnu l'inexactitude des nombres de M. Le Verrier, j'avais l'espoir de pouvoir présenter incessamment à l'Aca- démie, dans le courant du même mois, le résultat définitif de mes recher- ches sur les deux inégalités lunaires à longues périodes produites par Vénus. Mais les erreurs dont j'ai reconnu l'existence, et dont la gravité m'était déjà démontrée, sans que je pusse encore en préciser la vraie grandeur, m'ont arrêté complètement. Il m'a paru impossible de partir de ces nom- ( 787) bres connus, mais inexacts, pour en déduire ceux qui nie manquaient en- core, et ensuite calculer à l'aide de tous ces nombres faux la valeur numé- rique de la seconde des inégalités que je cherchais. J'ai dû suspendre mon travail et attendre que les loisirs des vacances me permissent de refaire complètement le calcul des nombres que j'avais voulu emprunter aux Annales de C Observatoire. Lorsque je suis arrivé à la connaissance des vraies valeurs de ces nombres, j'ai vu en même temps que les erreurs échappées à M. Le Verrier étaient systématiques, puisqu'elles étaient croissantes et alter- nativement positives et négatives. J'ai reconnu de plus que, en raison de leurs signes, toutes ces erreurs se seraient ajoutées dans les coefficients des diverses parties de l'inégalité qui était l'objet de mes recherches; et qu'en même temps leur influence se serait accrue dans un grand rapport, parce que chacun de ces coefficients était la différence de nombres qui se détruisaient en grande partie, par suite de l'identité de quelques-uns des chiffres cor- respondant aux unités des ordres les plus élevés. En un mot, j'ai acquis la conviction que, comme je l'ai déjà dit, les inexactitudes des nombres de M. Le Verrier auraient pu m'entraîner dans les conséquences les plus fâcheuses sur la valeur de l'inégalité que je cherchais. En présence de tout cela, devais-je me contenter de faire part à l'Académie du résultat de mes recherches sur les inégalités de ;M. Hansen, sans dire un mot des erreurs que j'avais reconnues dans les Annales de l'Observatoire, et cela dans le seul but de ménager l'extrême susceptibilité de M. Le Verrier? Je ne l'ai pas pensé. J'avais failli être conduit à des résultats tout à fait faux par l'emploi des nombres inexacts des Annales. M'en étant aperçu à temps, j'ai dû con- sacrer de longues journées à refaire le calcul de ces nombres erronés. Il m'a semblé que je devais éviter à d'autres le même mécompte, en faisant franchement connaître l'état des choses aux astronomes. En cela je ne me suis laissé guider que par l'intérêt de la vérité, qui doit être le but constant de nos travaux, et dont rien ne doit nous détourner. » Mais M. Le Verrier ne pense pas comme moi. Il eût voulu que je gar- dasse un silence complet au sujet des erreurs que j'ai trouvées dans ses nom- bres. Ce que j'ai dit à l'Académie l'exaspère ; il ne m'épargne pas les plus dures leçons; il va même jusqu'à mettre en avant l'honneur national, qu'il ne veut pas laisser amoindrir par des mains françaises! En vérité, ne sem- blerait-il pas que la gloire de la France est en péril parce que M. Le Verrier a fait quelques fautes de calcul ! Certes, si l'honneur national est intéressé en' quoi que ce soit dans tout ceci, il est beaucoup moins compromis par la révélation des fautes que j'ai trou\ées, que par la manière dont M. le Direc- ( 788 ) leur de l'Observatoire impérial s'y prend pour donner le change à l'opinion publique sur cette question . » Réponse de M. Le Verrier. « M. Le Verrier regrette que le Membre qui a provoqué cette discussion sans objet ne veuille pas comprendre combien elle pèse à l'Académie et qu'il cherche à la prolonger indéfiniment par une tactique peu convenable. Refusant toute explication en séance, ce qui serait cependant le moyen d'en finir, notre Critique emploie toute la semaine à rassembler de nou- velles objections aussi peu fondées que les précédentes et vient les lire à l'Académie le lundi suivant, renouvelant incessamment le débat. Dans une circonstance récente, n'a-t-il pas déclaré qu'il continuerait indéfiniment. Tout cela répugne profondément, d'autant plus que ce n'est, en définitive, qu'une fausse attaque et que la publicité de l'Académie n'est qu'un moyen d'agir ailleurs. o Essayons néanmoins, dit M. Le Verrier, essayons une fois encore d'obtenir de M. Delaunay quelque réponse spontanée et propre à -terminer la discussion. » Cet auteur demande qu'on modifie quelques-uns des derniers nombres des derniers coefficients des dernières séries sur lesquelles s'appuie la Théorie deVénus et de la Terre. Sa plus grosse réclamation porte sur le i3e coeffi- cient de la 407e série, coefficient que nous avons fait égal à 81976 unités. M. Delaunay demande qu'on en retranche 33 unités. » Nous avons prouvé, dans la dernière séance, qu'une telle modifica- tion ne produirait aucun changement dans la théorie. Les 82 mille unités dont se compose le nombre lui-même n'ont point d'influence et ne sont données qu'afin qu'on puisse juger que les limites nécessaires à l'exactitude indispensable ont été atteintes. A plus forte raison les 33 unités qu'on veut retrancher du nombre ne peuvent-elles avoir aucun effet. Les millionièmes de seconde n'en seraient pas altérés! » Eh bien! nous demandons à M. Delaunay de déclarer présentement s'il reconnaît que les modifications qu'il réclame ne peuvent rien changer aux théories de Vénus et de la Terre, les seules où ces nombres figureraient. » « M. Delaunay ne nous répond pas, dit M Le Verrier; nous insistons pour avoir de lui une déclaration nette et précise » . ' . • ( 789 ) « L'Académie vient de l'entendre, reprend M. Le Verrier, M. Delaunay s'est enfin décidé à reconnaître que les changements qu'il réclame ne peu- vent avoir aucune influence dans nos théories des planètes. Voilà donc un point éclairci! » Mais, dit M. Delaunay, dans la nouvelle pièce qu'il a lue aujour- d'hui à l'Académie, M. Le Verrier considère les nombres au point de vue de leur utilité, Moi je les considère pour eux-mêmes! Et prétend-on que j'eusse dû taire les changements que je réclamais à ce point de vue abstrait? » Nullement, répondrons-nous à M. Delaunay : jamais nous ne deman- derons qu'on taise la vérité; mais, en admettant même la nécessité des mo- difications que vous réclamez et que nous contestons, ce que nous vous reprochons, c'est de les avoir présentées à l'Académie comme une impor- tante affaire, retranchant des virgules pour grossir les chiffres et laissant soupçonner autant que vous le pouviez qu'il y avait là matière à de grandes difficultés. Que si, après avoir réclamé les modifications de quelques chiffres, 33 unités au plus sur 81976 et dans des nombres qui ne servent pas, vous eussiez simplement ajouté : « mais ces modifications n'ont aucune influence sur les théories planétaires, » ainsi que vous le reconnaissez tardivement au- jourd'hui, tout ce débat n'aurait pas eu heu. Ntfus ne nous serions pas vu forcé d'attirer l'attention de l'Académie sur ce fait tout nouveau que, dans la séance du 12 novembre, vous avez enfin reconnu que l'une des deux iné- galités à longues périodes découvertes par M. Hansen dans le mouvement de la Lune, et que vous lui contestiez, était parfaitement juste, et qu'il faut s'attendre qu'avec le temps on arrivera au même résultat relative- ment à la seconde inégalité lunaire que vous contestez encore. » Venons, puisqu'il faut tout dire, à un point assez grave. Vous avez assuré à l'Académie que vous avez perdu beaucoup de temps en voulant vous servir des nombres que nous avons donnés, et que sans cela vous lui auriez présenté depuis longtemps vos résultats. » Nous vous avons déjà fait remarquer que tout le travail relatif à l'inéga- lité lunaire à longue période que vous avez contesté à M. Hansen, et que vous avez enfin reconnu être juste, est imprimé dans la Connaissance des Temps; que cet ouvrage a paru en avril 1860, et que rien ne vous empêchait de l'apporter à l'Académie; qu'ainsi le véritable motif de votre retard ne vient pas des Annales de l'Observatoire, mais bien de ce que vous avez différé autant que vous l'avez pu de reconnaître devant l'Académie qu'il fallait enfin donner raison à M. Hansen. Dans votre premier travail, vous n'aviez • i ( 79° ) eu égard qu'aux termes insensibles, comme vous le faites aujourd'hui avec nous, et vous aviez négligé tous les termes importants. » Mais allons plus loin aujourd'hui. Nous ne pouvons comprendre comment vous vous y seriez pris pour déduire des nombres que nous avons donnés ceux dont vous aviez besoin. Nous oserons donc vous prier de vou- loir bien nous faire connaître ici la marche que vous auriez suivie, afin que nous puissions examiner devant l'Académie si votre plainte avait quelque chose de fondé. » « Nous regrettons, reprend M. Le Verrier, que M. Delaunay garde le silence ; certes nous ne lui faisons pas une question à laquelle il lui soit difficile de répondre s'il a fait les calculs qu'il prétend. Il doit savoir et être en mesure de dire quelle formule il a employée, et, s'il ne le fait pas immédiatement, il doit comprendre quelles présomptions il autorisera. » « Ainsi, reprend M. Le Verrier, M. Delaunay se tient obstinément sur la réserve et ne peut dire la route qu'il aurait suivie. Son silence témoigne éloquemment de son embarras. » Du moins, lorsqu'on réclame pour les nombres en eux-mêmes et indépendamment de leur utilité, devrait-on s'astreindre à ne donner que des nombres rigoureusement exacts. Or, ayant fait vérifier et ayant vérifié rious-même, par un calcul direct, l'un des nombres donnés par l'auteur, savoir le coefficient fcV, nous avons, sans en être surpris, reconnu que ce nombre est en erreur d'une quantité de même ordre que celles qu'il nous reproche, mais à tort. » M. Le Verrier explique de nouveau à l'Académie quelle est la marche qu'il a suivie pour déterminer les coefficients qui lui ont servi dans la Théorie de la Terre et de Vénus. » Dans la Mécanique céleste, Laplace a, comme on sait, déduit tous les coefficients de deux d'entre eux. Il n'en résultait pas une exactitude suffi- sante : et les théories qu'on avait en vue se seraient trouvées entachées d'erreurs. » Nous avons donc pensé, dit M. Le Verrier, qu'il était nécessaire de multiplier le nombre des coefficients primitifs, destinés à servir de base à la détermination des autres. Et, en conséquence, nous avons donné, ( 791 ) additions ou IIe volume des annales, pages 5 à 10, les séries nécessaires pour calculer directement et indépendamment les uns des autres, non plus deux, mais bien cinquante-deux coefficients. » Ces cinquante-deux coefficients se trouvant ainsi obtenus avec toute la précision possible, nous avons repris la marche de la Mécanique céleste, bien certain qu'elle nous donnerait alors assez d'exactitude dans les nombres secondaires dont nous avions besoin. Et cette exactitude nous l'avons atteinte et bien au delà. Notre Critique a été réduit à le proclamer aujour- d'hui. » Puisqu'il n'y a point d'erreur dans la marche suivie et que nous l'avons au contraire considérablement perfectionnée, puisque les nombres se- condaires ont été bien déduits de ceux qui leur ont servi de base, que pourrait demander notre Critique? Tout au plus qu'on eût retranché quelques chiffres à la droite des nombres secondaires. Or cela même nous ne pouvons le lui accorder. » L'Académie a été certainement frappée de ce fait que les effets, des changements réclamés par M. Delaunay se détruisent les uns les autres dans le calcul des perturbations, et nous avons exposé, ce que M. Delaunay n'avait pas compris, que cela tenait à ce que les nombres secondaires cor- respondent exactement aux nombres primitifs. » Lorsqu'une fonction, avons-nous dit, a été définie par un certain nom- bre des coefficients de son développement, et qu'on veut la faire entrer dans les calculs, en partant de cette base, deux routes sont à suivre. Ou bien on exprime les résultats définitifs auxquels on veut arriver, en fonctions de la suite des coefficients qu'on a adoptés pour base; ou bien on les représente par des fonctions de nombres secondaires qui sont eux-mêmes composés avec les nombres primitifs. Dans ce second cas, il importe d'exécuter toutes les déterminations numériques intermédiaires, comme si les nombres primitifs étaient rigoureusenent exacts, encore bien qu'ils soient en erreur chacun d'une demi-unité du dernier ordre décimal conservé; car on arrive par là aux mêmes résultats définitifs que si on les eût formés au moyen des bases primitives elles-mêmes. C'est cette marche dont l'auteur des objections n'a pas compris le sens. En retranchant plusieurs décimales sur la droite des nombres secondaires, les nombres ne se seraient plus. trouvés entre eux dans les rapports qui correspondent à l'exactitude des nombres qui ont servi de base et de point de départ; et l'approximation des résultats ob- tenus eût été en définitive moins grande. Les changements qu'on eût pu proposer à ces nombres, ainsi mutilés, ne se seraient plus alors dé- C. B., 1860, 2me Semestre. { T. LI, N° 22.) ' 06 ( 79* ) truits les uns les autres dans les résultats, comme on a vu que cela avait lieu. » Après la réplique de M. Le Verrier, M. Delaunay prend de nouveau la parole et dit : « Je ferai remarquer à l'Académie que M. Le Verrier persiste dans le même système que lundi dernier. Il affecte toujours de ne parler que de ses Tables du Soleil, et continue ainsi à discuter ce qui n'est pas en question. Je répète que, dans mes recherches sur le mouvement de la Lune, j'ai eu à me servir de certains nombres publiés par M. Le Verrier pour [usage des astro- nomes qui pourraient en avoir besoin; que j'ai trouvé ces nombres inexacts, à tel point qu'il m'a paru impossible de m'en servir; que j'ai dû consacrer un temps considérable à les calculer de nouveau; qu'enfin il m'a semblé que je devais faire connaître toutes ces circonstances, afin d'éviter à d'autres les mécomptes qui pourraient résulter pour eux de l'existence de ces fautes dans les nombres de M. Le Verrier. » Entre autres choses, M. Le Verrier a voulu établir que, contrairement à ce que j'ai dit devant l'Académie, il ne m'était pas possible de partir des nombres qu'il a publiés dans ses Annales pour en déduire ceux qu'il n'y a pas donnés et qui m'étaient nécessaires. Il a parlé d'une lacune entre ses nombres et ceux que je voulais en tirer, de l'absence de tout moyen pour passer fies uns aux autres, etc. Je réponds à cela en disant que je maintiens tout ce qui est contenu dans mes Notes, et qu'il n'y a rien qui ne soit l'ex- pression de la plus exacte vérité. » Réplique de M. Le Verrier à M. Delaunay. « M. Delaunay, se décidant enfin à une courte discussion, s'est borné en séance à articuler : » i°. Qu'il avait été de son devoir de faire ce qu'il avait fait; » i°. Que nous ne lui avions pas encore répondu un seul mot sur la question des nombres en litige. » Sur le premier point, dit M. Le Verrier, nous n'admettons pas que M. Delaunay ait accompli un devoir en s'efforçant par toutes sortes d'ar- tifices, tels que la suppression des décimales et autres, de faire croire à l'importance d'une réclamation dont lui-même aujourd'hui a reconnu la futilité. ( 793) » Sur le second point, chacun sera sans "aucun doute stupéfait de voir M. Delaunay oser soutenir devant l'Académie elle-même que nous ne lui avons rien répondu sur la question des nombres, lorsque nous n'avons fait autre chose lundi et dans la séance de ce jour même; lorsque nous lui avons montré que ses réclamations ne portent que sur des quantités insen- sibles et que de plus leurs effets se détruisent les uns des autres par suite du mode de déduction que nous avons suivi, et dont nous avons complè- tement exposé la marche. » Nous n'avons, il est vrai, aucun moyen d'empêcher M. Delaunay de dire que nous ne lui avons pas répondu. L'Académie jugera ce qu'on doit penser de tant de courage. » . asthonomie. — Théorie et Tables du mouvement de Vénus ; par M. Le Verrier. (Extrait.) » » « Mes recherches antérieures ont montré que le mouvement de la Terre est conforme à la théorie, basée sur l'action du Soleil et des planètes connues, tandis qu'il n'en est pas ainsi pour Mercure.' » Il devenait donc important d'étudier la planète intermédiaire, Vénus. D'autant plus que l'auteur des Tables en usage, de Lindenau, avait été con- duit à attribuer aux variations séculaires des éléments de Vénus des valeurs en contradiction avec la théorie; et qu'il avait cru qu'on ne parviendrait pas à éviter cette anomalie. » D'ailleurs, dans les conjonctions inférieures de la planète, les variations de son mouvement se trouven? amplifiées; on peut les mesurer avec plus d'exactitude, et par là remonter avec plus de sécurité aux causes dont elles dépendent. Outre les valeurs des éléments de l'orbite qu'on tirera des observations , on pourra , si elles sont assez nombreuses et assez précises, se proposer d'en déduire plusieurs des données qui entrent dans les réduc- tions, et notamment la masse de Mercure. » L'ouvrage est divisé en cinq sections, que nous allons rapidement passer en revue. Première section. » La première section est consacrée aux perturbations que Vénus éprouve de la part de Mercure, la Terre, Mars, Jupiter, etc.... 106.. ( 794 ) » Tous les termes qui s'élèvent à un demi-centième de seconde sont scrupuleusement déterminés. » L'inégalité à longue période, dépendant de i3 fois le moyen mouvement de la Terre moins 78 fois le moyen mouvement de Vénus et dont la découverte est due à M. Airy, a été déterminée de nouveau, en poussant l'approximation jusqu'aux termes qui sont du septième ordre par rapport aux excentricités et aux inclinaisons. » Parmi les termes dépendant de la seconde puissance de la force pertur- batrice, celui dont l'argument est égal à ^fois le moyen mouvement de Mars, plus3/oî5 le moyen mouvement de Vénus, moins yjois te moyen mouvement de la Terre, est sensible, comme dans la théorie du mouvement de la Terre. Il a été déterminé avec soin. » En consultant les formules des inégalités séculaires de Vénus, on voit que l'action de Mercure, en supposant sa masse égale à 3 U0'0 uou de la masse du Soleil, s'élève aux deux tiers de l'action de la Terre, et est très- notable: d'où il résulte que des observations exactes de Vénus, faites pendant un siècle, doivent conduire à une détermination sérieuse de la masse au- jourd'hui si imparfaitement connue de la planète Mercure. Deuxième section. » Dans cette section sont établies toutes les formules dont on a besoin dans la théorie de Vénus. Troisième section. » Nous avons réuni dans la troisième section toutes les observations de Vénus dont nous aurons à tirer parti. Il #été nécessaire de recourir aux plus anciennes observations exactes qu'on possède, non-seulement en vue de déterminer le moyen mouvement de la planète, mais en outre parce que c'est presque la seule voie pour arriver à la connaissance des valeurs des masses troublantes. L'action périodique de la Terre sur le mouvement de Vénus est sans doute considérable; mais les termes les plus forts de cette action dépendant des différences des longitudes moyennes des deux planètes, ils disparaissent à très-peu près vers les conjonctions inférieures, c'est-à-dire aux époques où les observations deviennent plus précises. De là la nécessité de recourir surtout aux termes séculaires, dont l'effet grandit avec le temps. » Les observations faites dans l'antiquité ne peuvent être d'aucun usage. Mais on dispose i° d'une suite d'observations méridiennes faites depuis Bradley jusqu'à nos jours; 1" des observations du passage de Vénus ( 79* ) sur le Soleil en 1761 et 1769 etjusqu'àun certain point en 163g; 3° enfin d'une très-curieuse observation d'une occultation de Mercure par Vénus, constatée à Greenwich en l'an 1737, observation que quelques circonstances ren- dent très-précieuse. Nous ne connaissons point d'ailleurs d'autre exemple d'une occultation d'une planète par une autre. » Les observations méridiennes faites à Greenwich sous Bradley,Maskeline et Pond, ont été réduites par M. Airy dans son grand ouvragein-folio -.Réduc- tion of thc Greenwich observations ofplanetsfrorn 1700 to i83o. Nous avons largement usé de ce recueil, dans lequel les observations sont comparées aux Tables en usage. » Depuis la publication de l'ouvrage de M. Airy, les positions des étoiles dont cet astronome a fait usage ont reçu quelques modifications. Nous avons repris nous-même le travail que Bessel avait donné sur la Lunette méridienne de Bradley et nous ne sommes pas toujours arrivé au même résultat que lui. Mais peu importe : M. Airy ayant eu le soin de publier les positions des étoiles employées dans la réduction de chacune des obser- vations planétaires, il nous a été facile d'introduire les modifications pro- venant soit du changement du lieu des étoiles, soit de la connaissance de l'état de l'instrument. On comprend également qu'avec un peu plus de tra- vail nous ayons pu passer de la comparaison des lieux observés avec les lieux calculés, telle que la donne M. Airy, à celle dont nous avons besoin et qui devait reposer sur l'usage de nos propres Tables. » Bradley apportait dans les observations astronomiques une précision inconnue jusqu'à lui. On doit vivement regretter que les observations de Vénus soient moins parfaites que les autres. Cela tient à ce que Bradley a toujours cherché à observer directement le passage du centre au méridien, lors même que la planète était aux époques de ses conjonctions inférieures réduite à un faible croissant. On comprend combien l'estime du passage du centre était difficile, combien elle devait prêter à des erreurs systé- matiques. Aussi M. Airy, en c'onsidérant les anomalies qui se présen- taient dans quelques-unes de ces observations, avait-il été conduit à croire que peut-être Bradley avait quelquefois observé le bord au lieu du centre. Ce n'est qu'en procédant à une étude complète et de nature à faire la part des-incertitudes des observations et de la théorie dont on disposait, que la question pouvait être tranchée. Disons dès à présent que nous avons re- connu que les observations de Bradley ont toujours eu le centre de la pla- nète pour objet direct, même vers les conjonctions inférieures. Seulement l'observation se trouvait affectée d'une erreur systématique de &' à 8" : ( 796) l'astronome observait non pas le centre réel, mais un point situé du côté de l'arc lumineux à 6" ou 8" du centre. Cette erreur était de signe diffé- rent avant et après la conjonction. » Cette correction systématique une fois effectuée, toutes les observations marchent convenablement et de manière à pouvoir être employées. » A l'époque actuelle j'ai fait usage des observations faites à Paris et à Greenvvich. » Les observations des passages de Vénus sur le Soleil en 1761 et 1769 ont été discutées par M. Encke; il en est de même de l'observation faite en iG3o, par Horroxius, et dont la relation est rapportée dans les Lettres d'Hevélius. Malheureusement Horroxius a manqué l'instant de l'entrée de la planète sur le Soleil, et l'on n'a de lui que des mesures de la position de l'image de la planète sur la corde qu'elle a parcourue. » L'observation de l'occultation de Mercure par Vénus, le 28 mai l'ji'], est rapportée dans les Transactions philosophiques. Elle a été faite à Green- vvich par Bévis. Les phases principales sont rapportées comme il suit : qh 44m °'- Mercurius non plus distat à Venere quant décima parte diametri Fcneris : 1 deindè inimicœ nubes. gb 52m 6S. Venus nitori proprio restituitur ; Mercurius verô totus sub Venere latet. Nubes deindè Venerem rursùs excipiunt. » Nous n'avons pas employé à la recherche des éléments des Tables cette observation dont le degré de précision nous était d'abord inconnu; mais nos Tables de Vénus étant construites, nous avons examiné si ces Tables, jointes à nos Tables du Soleil et de Mercure, rendraient effectivement compte du phénomène observé par Bévis, il y a ia3 ans. Quatrième section. » Nous discutons ici les résultats de la comparaison de la théorie avec les observations. » Les observations actuelles fournissent les éléments du mouvement de la planète à notre époque, et d'après ce que nous avons dit, les observations anciennes, qui donnent le moyen mouvement, sont égale- ment les seules dont on puisse déduire les valeurs des masses troublantes de Mercure et de la Terre. » Lorsqu'on emprunte le moyen mouvement de la planète aux observa- tions des passages sur le Soleil en 1761 et 1769, la masse de Mercure ne peut être obtenue que par la considération des longitudes tirées des obser- vations méridiennes de Bradley. En groupant les observations faites avant ( 797 ) et après les conjonctions inférieures, on arrive à des résultats assez précis, desquels on conclut que la masse de Mercure devrait être réduite à _ t n 5 ooo ooo environ de la masse du Soleil. Cette conséquence se rapproche de celle que M. Encke a déduite des perturbations de sa comète à courte période. » La masse de la Terre résulte surtout des observations de la latitude de Vénus. On obtient une première condition par l'ensemble des observations du passage sur le Soleil en 1761 et 1769. On en déduit une deuxième de l'ensemble des latitudes tirées des observations méridiennes de Bradley. Chacune de ces conditions est d'une grande exactitude et constitue sans doute la donnée la plus précise qu'on ait sur les masses des planètes infé- rieures. Aussi se trouvent-elles identiques l'une à l'autre, quoiqu'elles soient déduites d'observations tout à fait différentes. » Or on arrive ainsi à ce résultat remarquable que la masse de la Terre devrait être augmentée d'un dixième environ de sa valeur. » Déjà la valeur de l'équation lunaire du mouvement de la Terre (chap. XIV, sect. IV) nous avait conduit à cette conséquence que la masse attribuée à la Terre devrait être notablement augmentée. Il est remarquable que la théorie de Vénus nous amène au même résultat. » Cette conclusion serait d'autant plus importante que la masse de la Terre avait été déduite de la chute des graves en admettant la parallaxe so- laire 8", 57 à la distance moyenne. Or, si cette masse devait être définitive- ment augmentée, il ne serait possible de faire concorder les diverses déter- minations qu'en admettant que la parallaxe solaire devrait être elle-même un peu accrue. » En raison de la gravité et de la délicatesse du sujet, nous nous conten- terons aujourd'hui d'avoir ajouté aux données qu'on possède pour résoudre l'important problème de la détermination des masses planétaires et les ques- tions qui s'y rattachent; et nous attendrons, pour tirer des conclusions défi- nitives, d'avoir déduit de la théorie de Mars une troisième détermination de la valeur de la masse de la Terre. Cinquième section. « La cinquième section comprend toutes les Tables, au nombre de XXXVIII, nécessaires au calcul des lieux de Vénus. » Ces Tables satisfont à toutes les observations connues de la planète. Elles représentent très-bien l'ensemble des observations méridiennes et sa- ( 79») tisfont aux passages de la planète sur le Soleil , y compris l'observation de i63g dans les limites de son exactitude. Il nous reste à examiner si en les' employant concurremment avec les Tables du Soleil et celles de Mer- cure, on retrouvera les deux phases principales de l'occultation de Mer- cure par Vénus en 1737. » La première donnée résultant de cette observation est qu'à gh l\om 3", temps moyen de Greenwich, Mercure n'était éloigné du disque de Vénus que de la 10e partie du diamètre de cette dernière planète. Or on trouve par l'emploi de nos Tables, à l'heure indiquée, que Mercure et "Vénus étaient distants l'un de l'autre de 7", 16, tandis que le dixième du diamètre de Vénus est de 5", i.l\\ la différence 1", 92 est une quantité fort minime et dont l'astronome n'a pas pu répondre par son estime. » La seconde donnée est qu'à gb48mg5, 4 Mercure était entièrement caché par Vénus. En calculant cette phase par les Tables, on reconnaît qu'au moment où Bévis dit qu'il ne voyait pas Mercure, cette dernière planète était près d'émerger et que même elle était déjà sortie de 2", 27. « Mais il faut remarquer que Mercure se trouvant en quadrature, la par- tie de son disque qui était sortie n'était pas éclairée et qu'ainsi Bevis n'a pas pu l'apercevoir. La théorie cadre donc ici encore avec l'observation. » Cette circonstance que Mercure sortait de sous le disque de Vénus, au moment où Bévis affirme qu'on n'apercevait aucune de ses parties, donne à l'observation une valeur qu'on n'eût pu d'abord espérer; d'autant plus que la sortie se faisant par le bord obscur de Vénus, le moindre filet de la lumière de Mercure n'eût pu déborder sans que l'observateur le reconnût. » En diminuant la longitude géocentrique de Vénus à un moment donné, de manière à diminuer de 2" à 3" la distance des disques au mo- ment de l'observation qui a précédé l'entrée, on se rapprocherait encore, il est vrai, de l'estime faite par l'observateur ; mais on avancerait en même temps la sortie.de Mercure, au point qu'une partie de son disque aurait été visible au moment où l'astronome a constaté qu'on n'en apercevait aucune trace. » En augmentant au contraire de. 2" à 3" la longitude géocentrique de Vénus, Mercure ne s'en trouverait que mieux sous le disque de Vénus au moment voulu ; mais la distance des deux disques se trouverait égale au cinquième du diamètre de Vénus au moment où Bévis a constaté qu'elle n'était que la dixième partie de ce diamètre : et il est inadmissible qu'un astronome puisse confondre ces deux fractions. ( 799 ) » Ajoutons qu'un changement dans la longitude géocentrique de Vénus correspond ici à un changement moitié moindre de la longitude héliocen- trique. Et nous pourrons conclure, de la discussion qui précède, que la précision avec laquelle on représente les deux phases principales observées lors de l'occultation de Mercure par Vénus, le a8 mai 1737, est une remar- quable confirmation de l'exactitude de nos Tables du Soleil, de Mercure et deVénus. » Nous avons été très -satisfait de] reconnaître que la Théorie de Vénus, basée sur l'action réciproque du Soleil et des planètes connues, ne présente aucune anomalie. Nous nous félicitons de ce que cette Théorie n'ait point donné lieu à de nouvelles incertitudes, les difficultés que nos devanciers avaient cru y voir ayant au contraire disparu. Si un désordre apparent avait existé dans toutes les Théories, on eût pu être embarrassé pour remonter à des causes qu'on aurait pu croire multiples; mais lorsque nous arrivons à ce résultat satisfaisant, que la Théorie de l'Attraction uni- verselle, appliquée aux causes physiques qui nous sont connues, rend un compte précis des mouvements de la Terre et de Vénus; bien plus, lors- qu'il en est de même à l'égard de Mercure, sauf sur un point, la varia- tion séculaire du périhélie, nous ne pouvons pas douter que l'anneau de petites masses intérieures à l'orbite de Mercure, et dont la considération est indispensable pour rétablir l'ordre dans le système planétaire, n'ait une existence réelle. » M. le Président annonce que le volume X des « Mémoires de l'Académie des Sciences morales et politiques » est en distribution au Secrétariat. M. Mathieu présente, au nom du Bureau des Longitudes, « l'Annuaire pour 1861 ». ». 31. Babixet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du VIe volume de ses « Etudes et Lectures sur les sciences d'observation ». Il indique sommairement les actualités de la science auxquelles se rap- portent |es divers articles que contient ce volume. Le magnétisme terrestre, les marées, les éclipses, les comètes, les progrès de l'astronomie et de la météorologie, enfin l'analyse de plusieurs publications nouvelles, tels sont les principaux sujets traités au milieu de la grande variété des phénomènes physiques que les sciences d'observation offrent aujourd'hui à la curiosité publique. C. R., i8Cc, 2me Semestre. (T. U, N° 22.) I07 ( 800 ) RAPPORTS. OPTIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Leroux, relatif à la réfraction des vapeurs produites à de hautes températures. (Commissaires, MM. Faye, Delaunay, Babinet rapporteur.) « M. Leroux, répétiteur de physique à l'Ecole Polytechnique, s'est pro- posé de mesurer la réfraction des vapeurs des corps qui, comme le mer- cure, le soufre, le phosphore et l'arsenic, ne sont volatils qu'à des tempéra- tures très-élevées. Dulong avait trouvé pour le rapport de réfraction de l'oxygène 1,000272, pour l'hydrogène i,oooi38, pour l'azote i,ooo3oo, et pour le chlore 1,000772. On sait que pour l'air on a 1,000294. M. Le- roux trouve pour les vapeurs à saturation sous la pression atmosphérique ordinaire : Soufre . . 1 ,001629 Phosphore 1 ,ooi364 Arsenic 1 , 00 1 1 1 j Mercure 1 ,ooo556 » Ce sontdimportants résultats auxquels, d'après la nature de ces substan- ces, leur poids atomique et leurs diverses volatilités, on était loin de s'atten- dre, surtout pour le mercure. Nous renvoyons au Mémoire pour les aperçus relatifs au pouvoir réfringent et aux familles chimiques du petit nombre de corps simples dont le pouvoir réfringent est connu. d Nousavons vu avec satisfaction que M. Leroux comprend très-bien que les vapeurs à l'état de saturation ne sont pas complètement assimilables à des gaz, car dans le voisinage du point où un excès dépression ou bien une légère diminution de température produisent la liquéfaction, l'attraction exerce une action puissante, comme Dulong et l'un de nous l'avaient déjà constaté. Il se propose par les moyens précis que son appareil lui fournit d'étudier cette importante partie de la question. Comme il est expérimenta- lement et théoriquement maître de son .sujet, il ne lui manque que du temps et des travaux ultérieurs pour fournir à la science des constantes que son appareil lui donne la certitude de déterminer avec précision. » Avant de parler de cet appareil, qui est pour l'optique une véritable acqui- sition, et qu'aucun autre ne pourrait remplacer, nous dirons que la disper- sion des gaz y est très-sensible et très-mesurable, soit par des achromatisa- ( Soi ) lions comme Arago l'avait faitpour l'air atmosphérique, soit en opérant sur des rayons homogènes comme l'a déjà fait M. Leroux dans plusieurs cas avec son appareil, qui s'y prête admirablement. » Les difficultés que présentaient d'une part la haute température des va- peurs à produire et de l'autre la délicatesse des mesures optiques appliquées à de très-faibles déviations, étaient très-grandes et ont été surmontées à force de persévérance et de dispositions expérimentales des plus ingénieuses. On peut se figurer un fourneau très-grand porté sur un axe muni à sa partie inférieure d'un cercle divisé qui permet des retournements indispensables. Au centre du fourneau est un prisme analogue à celui de Borda employé par Dolong. Ce prisme est en fer massif et les rayons entrent et sortent par des glaces parallèles mastiquées par des procédés propres à M. Leroux. La me- sure exacte de l'angle du prisme offre aussi des pointés très-ingénieux. Ainsi que dans le goniomètre de M. Babinet, c'est un collimateur qui envoie la lumière au prisme que remplit la vapeur, et cette lumière est ensuite reçue par un second télescope ou collimateur muni à son foyer de fils micromé- triques d'une précision plus que suffisante. Avec le premier collimateur, avec la distance de ce collimateur au fourneau, avec la dimension du four- neau, sa distance au second télescope et enfin la distance focale de ce dernier qui est de 2 mètres, l'ensemble de ce goniomètre gigantesque est de 7 mètres et tous les moyens de vérification n'y laissent rien à désirer. » Il faut répéter que, suivant l'intention de l'auteur du Mémoire, l'appareil se prêtera très-commodément à la mesure de la réfraction des vapeurs non saturées dites proprement vapeurs surchauffées et mieux encore vapeurs-gaz, dans lesquelles, suivant Dulong, le pouvoir réfringent (égal au carré du rapport de réfraction diminué de l'unité et divisé par la densité du gaz) est une quantité constante. Malgré le petit nombre des déterminations obtenues par M. Leroux quand on considère le peu d'espoir qu'on avait d'obtenir de semblables mesures optiques, les difficultés sans nombre qu'il a fallu sur- monter, la précision des résultats et la certitude d'en obtenir encore un nombre indéfini pour tous les corps simples et pour tous les composés vola- tilisables, on reconnaîtra que l'appareil soumis à l'Académie peut fournir beaucoup de résultats précieux à l'optique et à ses plus importantes appli- cations. On ne pouvait guère s'attendre à trouver la vapeur de mercure si peu réfringente, de même que l'on fût fort étonné, après les recherches dont M. Dumas prit l'initiative pour la densi'.é des vapeurs, de trouver celle de la vapeur du soufre triple de ce qu'on aurait pu présumer d'après son poids atomique. 107. ( 8oa ) H Votre Commission vous propose donc d'approuver le travail de M. Leroux, de l'engager à poursuivre ses recherches, et d'ordonner l'inser- tion de son Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MEMOIRES LUS. paléontologie. — Résultats des fouilles exécutées en Grèce suus tes auspices de /' Académie ; par M. Albert Gaudry. (Renvoi à l'examen des deux Sections de Géologie et de Zoologie.) « La préparation des pièces que j'ai rapportées exigera un temps assez long, car elles sont environ au nomhre de mille. Parmi celles que j'ai déjà pu dégager de leur gangue, j'ai choisi quelques ossements gigantesques que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie. » Je citerai d'abord un tibia muni de son péroné ; sa taille dépasse de beaucoup celle des divers tibias de Mastodontes et d'Éléphants que possède le Musée de Paris; il est long de om,o,5. Si la proportion qui existe entre cet os, son fémur et la taille totale de l'animal auquel il a appartenu est la même que chez le Mastodonte et l'Éléphant, on peut, d'après la méthode de Cu- vier, supposer que le fémur avait im,56, et que l'animal entier avait environ 4m,5o de hauteur. Le tibia de Pikermi est remarquable, non-seulement par sa taille extraordinaire, mais encore par l'aplatissement de sa face articu- laire inférieure. Le grand diamètre de cette face n'a pas moins de om,34 de longueur, tandis que le petit diamètre n'a que om, 12. Cet allongement trans- versal si considérable porte non-seulement sur la facette astragalienne, mais encore sur la facette péronienne. J'ai trouvé d'autres os qui se rapportent sans doute à la même espèce fossile : une rotule plus allongée que chez le Mastodonte et l'Éléphant; elle a près de a décimètres de longueur; des astragales dans le type du Mastodonte, mais ayant une face tibiale plus oblique et plus allongée; des calcanéums dont la facette péronienne est grande, et la facette cuboïdienne est très-oblique par rapport au talon ; des scaphoïdes chez lesquels la facette correspondant au premier cunéiforme est tellement petite, que, s'il existait un pouce, il devait au moins être très-rudimen taire; enfin des cunéiformes et des troisièmes métatarsiens. » Sur le point même où j'ai recueilli ces os qui appartiennent à des mem- bres postérieurs, j'ai trouvé des pièces qui se rapportent sans don te au membre ( 8o3 ) antérieur de la même espèce, notamment un cubitus droit auquel est joint encore son radius. De même que le tibia, ce cubitus dépasse beaucoup, par ses dimensions, les os homologues des Éléphants et des Mastodontes que possède le Muséum. Il est long de om,86, bien qu'il soit brisé à sa partie inférieure; entier, il pouvait avoir une longueur de i™,!^ La plus grande épaisseur d'avant en arrière est de om,3o,. Cet os est assez semblable à un moule que M. Jourdan, professeur à la Faculté de Lyon, a donné au Muséum sous le nom de Dinotherium . Il rappelle les cubitus des Mastodontes et des Éléphants. On sait que le cubitus de ces animaux a le caractère tout particu- lier d'être creusé à la base de la cavité sigmoïde pour recevoir le radius. Dans le cubitus fossile de Grèce, ce caractère est encore plus marqué : la cavité où s'enfonce le radius est plus creusée et plus centrale. Le radius se distingue aussi par sa forme aplatie et non triangulaire. J'avais trouvé, dans mon voyage de 1 855, une partie inférieure d'humérus qui peut-être appar- tient au même genre fossile que les os précédents; sa face articulaire infé- rieure a om,23. Je présente enfin à l'Académie trois énormes métacarpiens en connexion : ce sont les deuxième, troisième et quatrième de la main gauche. Ces métacarpiens diffèrent de ceux des Éléphants et des Masto- dontes par leur allongement et leur épaisseur ; leur largeur est comparati- vement faible. Us sont surtout remarquables par leur face articulaire infé- rieure creusée d'une longue rainure fortement marquée, tandis que chez les autres Mammifères cette face est, au contraire, plus ou moins convexe. » Je pense que ces divers ossements ont appartenu au Dinotherium, cet animal qui est le plus gigantesque de tous les Mammifères terrestres du monde ancien, dont la tête a été si bien décrite, mais dont les membres sont encore à peu près inconnus. Quelques-uns de mes os s'accordent avec des pièces que M. Lartet possède à Sansan et que ce savant naturaliste attribue au Dinotherium. D'ailleurs des dents de Dinotherium ont été recueil- lies à Pikermi. Les os trouvés en Grèce s'éloignent bien plus du Tapir, de l'Hippopotame et du Morse que du Mastodonte et de l'Éléphant; ils s'éloi- gnent plus encore des Lamantins, car ces animaux n'ont point de membres postérieurs. Si on ne voyait que le tibia de Grèce, frappé de sa forme aplatie, on pourrait croire qu'il a appartenu à un animal essentiellement nageur; mais la forme des métacarpiens et leur mode de connexion ne con- firment pas cette supposition , car ils sont loin d'être aplatis et il ne parait pas qu'ils aient été divergents. » Je demande encore à l'Académie la permission d'appeler son attention sur un autre animal, ruminant gigantesque, dont j'avais déjà, en i 855, ( 8o4 ), recueilli un grand nombre d'os. D'après l'étude des membres, M. Lartet et moi l'avions nommé Girafe de Duvernoy. Je viens d'en trouver une tète presque complète qui me force à le rapporter à un genre nouveau. Je pro- pose de le nommer Helladolherium Duvernoyi (E'AAaç, Joç, Grèce, Qvif'iov, animal). Il paraît tenir à la fois de la Girafe, des Antilopes et des Bœufs. La tète de ce ruminant a om,56 de long, bien qu'un peu brisée; entière, elle pouvait avoir près de om,70. Elle ne porte point de cornes ; elle est bombée à sa partie supérieure, très-fortement évidée dans la région occipitale; les arcades zygomatiques sont écartées; les molaires sont au nombre de f ; elles n'ont point de colonnettes interlobaires; la première est presque ronde. L'ensemble de ces caractères sépare nettement le nouveau fossile de Grèce de tous les genres de Ruminants. Par ses membres, c'est évidemment de la Girafe qu'il se rapproche davantage. Nous nous occupons au Muséum de mettre la tête et les membres de Y Helladolherium en état d'être présentés à l'Académie; je lui demanderai prochainement la permission de les placer sous ses yeux. » CHIRURGIE. — Du porte à jaux à deux leviers, pour résoudre la troisième partie du trinôme lithotriplique : extraction, démolissement, pulvérisation ; par M.. Hecrtëlodp. (Commissaires précédemment nommés : MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie le complément de mes travaux sur la lithotripsie, opération qui, maintenant que je crois l'avoir complétée autant qu'il est en moi, peut être définie ainsi : l'art de réduire les pierres, dans la vessie humaine, en fragments ou en poudre pour en provoquer la sortie, soit naturelle, soit artificielle. » Lorsque les pierres sont d'un petit volume, j'ai déjà donné à l'Académie (avril 1846) les preuves nombreuses qu'au moyen du percuteur à cuiller l'acte de broyer et d'extraire pouvait être confondu dans un seul et même temps, et que la lithotripsie procurait, dans ces cas, la guérison immédiate et complète. Lorsque les pierres sont volumineuses, j'ai démontré par de nombreux exemples (i833) que le premier acte de l'opération pratiquée dans ce cas était la démolition de ces pierres. J'ai démontré également que le moyen le plus prompt, le plus certain et le plus doux d'opérer cette dé- molition était la percussion fixe au moyen du percuteur courbe à mar- teau. ( 8o5 ) » L'acte de la démolition première des pierres volumineuses s'accomplit ordinairement avec la promptitude qui fait naturellement supposer les deux principes invoqués, fixité et percussion; mais l'acte secondaire que nécessite la réduction en pondre des fragments laisse encore beaucoup à désirer, soit que j'emploie mes instruments à pression qui furent mon premier mode d'usage de ma combinaison recto-curviligne et coudé, soit que je continue l'emploi du percuteur courbe et de la percussion fixe, soit, à plus forte raison, que je mette en usage l'instrument du commerce dit bec de canard. » L'acte de démolir une pierre est un acte simple ou à peu près simple ; la pierre prise et convenablement chargée étant soumise à la percussion fixe, tout est dit, la démolition est opérée; mais l'acte de pulvériser les fragments est un acte multiple, aussi multiple qu'il y a de fragments, et surtout aussi composé que ces fragments affectent de formes réfractaires et se nuisent l'un à l'autre. » Il est donc d'une importance secondaire, pour ledémolissement, que du temps soit perdu dans l'exécution des manœuvres, dans l'action illusoire de l'instrument ou dans son impuissance même. Il n'en est pas de même pour les fragments, qui, nécessitant des actes complexes et multiples pour les saisir et les pulvériser, demandent un instrument exempt de lenteur, sous le quadruple point de vue d'ouvrir l'instrument, de le fermer, de pulvériser et de désengouer. Il est évident que si l'on réduit chacune de ces actions a l'instantanéité, on rapprochera de l'instantanéité l'action définitive de pul- vériser. C'est la solution de ce problème que j'ai déjà résolu devant l'Aca- démie par la percussion fixe (février 1848), et dont je pré -ente aujourd'hui! un nouveau mode de solutiion au moyen d'un instrument de main propre à la petite lithotripsie, combinaison à laquelle j'ai donné le nom de porte à faux à deux leviers. Le plus court de ces leviers sert à ouvrir l'instrument, h plus long à le fermer. Cette dernière action de fermer est confondue avec l'action de briser : de là économie de temps et de mouvement. Son méca- nisme n'exige aucun changement de main; la main droite, qui opère et qui toujours suffit, reste toujours en supination. Suivant le programme que je me suis prescrit, l'action d'ouvrir est instantanée, l'action de fermer l'est également, et conséquemment l'action de pulvériser. Or trois instantanéités, qui ne sont séparées par aucune perte de temps, équivalent presque à une': le but est donc atteint sous le rapport des trois actions. «Restent l'action de prendre et le mécanisme pour pulvériser; ici je vais développer deux nouveaux principes. Le premier, attenant au mécanisme pour pulvériser, repose sur le moins de résistance qu'offre nr Fmgiiîeni de ( 806 ) pierre lorsque ce fragment est placé en porte à faux. Si donc l'on suppose la branche immobile de l'instrument recto-curviligne coudé disposée en cuiller, si l'on suppose cette cuiller percée dans son milieu d'une large fente, si d'un autre côté on suppose que la branche mâle ou mobile puisse entrer et sortir de cette fente, on aura l'idée du porte à faux. Le fragment appuyé sur les bords de la cuiller n'est pas soutenu au milieu, il se brise, et sa partie moyenne est forcée de passer par le fond béant de la cuiller : de là pulvérisation d'autant plus effective, que les parois internes de la cuiller étant naturellement inclinées, cette cuiller forme infundibulum et donne à l'instrument toute l'intensité de l'action pulvérisatrice du moulin à café. Le désengouementest tout naturel, puisque l'instrument, ne pouvant rien ren- fermer, ne peut s'engouer : il est donc toujours propre à l'action. » Le principe attenant au mécanisme pour prendre, repose sur cette loi de statique naturelle, à savoir : que si on déprime le milieu d'une mem- brane molle et flexible, tous les corps lourds qui se trouvent sur cette mem- brane tendent à se rendre au point déclive déterminé par la pression opé- rée. Or si la cuiller du porte à faux déprime le bas-fond de la vessie, tous les fragments viennent naturellement se rendre clans son creux. De là fourni- ture incessante de la matière à moudre par une action continue, et consé- quemtuent solution du problème. » Le porte à faux est un instrument fort simple; il est composé de deux appareils, celui qui meut et celui qui brise. Celui qui meut est composé de deux pièces : une pièce qui représente un quart de roue dentée, et une autre pièce qui représente un long et fort tube d'acier. L'appareil qui brise est également composé de deux pièces : ce sont les pièces de mon instrument recto-curviligne coudé qui sont le type général des instruments propres à la lithotripsie, à commencer par le percuteur courbe. J'ai indiqué quelles par- ticularités distinguaient celles du porte à faux. Les deux appareils pour mou- voir et pour briser se marient l'un à l'autre de la manière la plus simple. La masse crénelée qui termine la branche mobile, introduite dans le tube d'acier, présente à travers une ouverture pratiquée sur ce tube d'acier ses crans au quart de roue dentée, qui, solidaire avec les leviers, imprime le mouvement à cette branche mobile. La branche immobile, celle qui porte la cuiller fenètrée, est rendue solidaire avec le tube d'acier au moyen d'une simple goupille conique. Tel est le porte à faux à deux leviers. » Cet instrument, bien que fait dans le but spécial de pulvériser les frag- ments résultant d'une démolition première, par la pression d'un levier dou- ble, peut cependant agir par la pression d'une vis ou par la percussion vo- (8o7) ante. Cette pression et cette percussion sont toutes les deux d'une force mmense, et toutes les deux ont le caractère particulier d'être opérées par des manœuvres qui peuvent être indépendantes d'une force dépensée par l'opé- rateur, dont le rôle dans ce cas est seulement de maintenir l'instrument. La pression s'exécute au moyen d'une clef à vis qui mord dans une contre-vis placée dans le corps de l'instrument. La percussion s'exécute avec une tige d'acier qui frappe sur l'extrémité de la branche mobile de l'instrument et qui est invariablement conduite sur la tige à percutera la manière d'une baguette qui bourre un fusil. Cette percussion, quoique volante, est puissante et enri- chit d'autant la lithotripsie de poche. Elle est bien loin cependant d'égaler la lithotripsie^xe exécutée au marteau et au moyen du point fixe et du lit statique. » J'emploie le porte à faux depuis maintenant douze années, et son usage est consacré par de nombreuses applications. Étant l'expression là plus complète du pouvoir pulvérisateur des instruments à main, propre à guérir les calculeux sans incision, il entre pour une grande part dans la solution du trinôme lithotriptique, à savoir : i° extraction ; a0 démolissement ; 3°pul- vérisation . » pathologie. — Nouveaux faits à [appui d'un précédent travail (i) concernant L'influence du plomb dans la jnoductiou de la colique sèche des pays chauds; par M. Lefèvke. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Andral, Pelouze, Payen, Rayer.) « Dans le Mémoire que jai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca- démie, après avoir fait ressortfr le danger de l'opinion généralement accrédi- tée, il y a peu d'années, au sujet de l'innocuité du plomb et des composés plombiques dans la production de la colique sèche des pays chauds, et avoir indiqué les sources multipliées d'empoisonnement saturnin qui se trouvent , sur les navires de guerre, je me suis appliqué à exposer les précautions qui doivent être prises pour mettre nos marins à l'abri de ces accidents graves qui, chaque année, depuis près de trente ans, ont fait périr ou rendu infirmes un grand nombre d'entre eux. (i) Causes de la colique sèche observée sur navires de guerre français, particulièrement dans les régions équaloriales; i85g. <;. R., 1860, Qm« Semestre. ( T. LI, N» 22.) I08 ( 8o8 ) » C'est sur mes indications que le Ministre de la Marine a prescrit d'ap- porter des modifications importantes dans plusieurs parties dn service, et notamment dans celles concernant les appareils distillatoires, les étamages et le titre de l'alliage des vases en étain en service dans la marine. » La nécessité de ces modifications est démontrée de nouveau par la con- statation de quantités sensibles de plomb dans les étamages des cuisines dis- tillatoires, dans l'eau qu'ils avaient produite, dans diverses matières qui avaient été imprégnées par cette eau, soit dans les ports, soit sur des navires en cours de campagne. » En même temps qu'on démontrait la présence fréquente du plomb dans l'eau d'alimentation des marins, on observait sur eux les signes les plus évidents de la pénétration de cet agent toxique dans leur organisme. Parmi les faits rapportés dans mon Mémoire, un des plus remarquables est celui de l'aviso à vapeur (Achéron, attaché à la station des Antilles. A son arrivée de France à la Martinique, au mois de mai dernier, ce navire est devenu le théâtre d'une épidémie de colique sèche. A l'hôpital de Fort-de-France, où furent reçus les malades provenant de l'Achéron, on constata sur tous la pré- sence du liséré gingival, et l'analyse de l'eau fournie par la cuisine distilla- toire démontra qu'elle contenait une proportion de plomb supérieure à celle que présentent souvent les eaux distillées provenant d'appareils à éta- mage ou à serpentin suspects. Il n'est donc plus possible de nier la nature saturnine de cette espèce de colique. Mais les médecins qui en ont fait une entité morbide spéciale aux pays chauds se retranchent, pour soutenir leur opinion, derrière des cas qui se développent à terre, loin des navires et parmi les personnes étrangères aux habitudes des marins. J'ai provo- qué de nouvelles recherches, et dans la plupart de nos colonies occiden- tales, où les industries qui s'occupent de la préparation et de la conservation des substances alimentaires et des boissons ne sont l'objet d'aucune surveil- lance, j'ai appris que les eaux pluviales servant à l'alimentation contiennent souvent du plomb provenant soit des toitures où on les recueille, soit des rigoles et des tuyaux qui les amènent dans des réservoirs où de nouvelles , causes d'altération saturnine se rencontrent fréquemment. La plupart des poteries communes sont couvertes en vernis plombifères, les eaux gazeuses contiennent presque toujours du plomb, les vinaigres sont presque toujours plombifères, les vins étrangers en contiennent parfois. Pour expliquer l'aug- mentation progressive des cas de colique sèche constatés récemment parmi les transportés de la Guyane, je ferai observer que l'usage d'une vais- selle de fer-blanc à soudure plombifèrc est généralement répandu parmi ("8o9 ) ces malheureux qui se servent des vieilles caisses d'endaubage pour façonner les vases qui leur servent de gobelets, d'assiettes, et où ils conservent leurs réserves d'aliments et de boissons. » Je ferai remarquer encore que l'ignorance où sont de cette maladie les médecins anglais qui ont longtemps habité les contrées équatoriales, est un des plus puissants arguments à opposer aux partisans de son individualité et de son endémicité dans les mêmes contrées. » J'ajouterai que la fréquence et la gravité plus grande de la colique sèche dans les régions équatoriales témoignent en faveur de sa cause satur- nine, puisque l'élévation de la chaleur et l'appauvrissement de la consti- tution qui s'observent dans ces régions sont des conditions favorables à ce mode d'empoisonnement lent ou chronique. Enfin je terminerai en rap- pelant les opinions émises dans le siècle dernier par Backer, John Hunter et B. Francklin au sujet de l'origine saturnine de la colique du Devonshire et du mal de ventre sec des pays chauds. La conviction de Francklin était telle, qu'il l'exprimait dans les termes suivants : « Voilà, mon cher ami, tout ce dont je me souviens sur ce sujet; vous » verrez par là que mon opinion sur l'influence pernicieuse du plomb est » déjà vieille de plus de soixante années. Comme moi vous remarquerez » avec chagrin quelle longueur de temps il faut pour qu'une vérité utile et » bien établie soit généralement reçue et mise à profit. « » Qu'aurait dit Francklin, ajouterai-je en terminant, s'il avait pu pré- voir que cette vérité, qui lui semblait si claire en 1786, ne serait pas encore acceptée en 1 860. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire ayant pour titre : « Essai d'un moyen prophylactique à employer contre le scor- but, proposé par M. Soyer ». (Commissaires, MM. Serres, Velpeau, Bayer.) M. Despretz présente au nom de M. Trippier, docteur en médecine , un appareil électro-médical. Cet appareil, que M. Trippier destine à la comparaison des effets physio- logiques produits par les extra-courants, par les courants d'induction de haute ou de faible tension, a été construit par M. Gaiffe. 108.. (8io j Les trois parties principales de l'appareil sont mobiles et peuvent être soumises ou soustraites à l'action du courant de la pile. (Commissaires, MM. Despretz, Cl. Bernard.) physiologie végétale. — Recherches anatomiques et chimiques sur les sucs nourriciers des végétaux ; de l'existence en proportion notable dans tous les tissus en voie de formation et de végétation active d'un principe immédiat, incolore, neutre, azoté et non coagulable ; par M. A». Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « I. Comment l'anatomie a mis sur les traces du principe immédiat A (i). — J'avais remarqué, dans mes travaux d'anatomie, que certains tissus végé- taux, incolores dans les plantes fraîches, étaient habituellement colorés en hrun sur les vieux échantillons d'herbier. Une fois mon attention éveillée sur ce point, je fus vivement frappé par cette circonstance que ce sont les tissus en voie de formation et ceux qui prennent la part la plus active aux phénomènes de la végétation qui offrent la coloration observée. Tels sont les jeunes tissus de la zone dite cambiale ou génératrice des arbres dicoty- lédones, certaines couches ligneuses de nouvelle formation, la portion fibro- eelluleuse encore délicate du stipe des monocotylédonés et du squelette des feuilles, le parenchyme herbacé des tiges et surtout des feuilles, enfin l'ex- trémité des racines et des suçoirs. Souvent on peut suivre, à la teinte brune qui la signale, la matière A épanchée de la zone génératrice dans les tissus voisins, notamment dans la portion contiguë des rayons médullaires. » II. Premières études, au sein même des tissus, delà matière A. -Rapprochant les faits précédents de ceux de même ordre que j'avais observés, il y a bientôt vingt ans, à l'occasion d'études chimiques qui ont démontré dans les racines l'existence de fonctions excrétoires, je fus naturellement conduit à sup- poser la présence, dans les sucs nourriciers des végétaux, d'une matière qui y existerait à l'état incolore, mais qui subirait, après la mort des organes, soit spontanément, soit par la réaction de principes coexistant avec elle, soit enfin sous l'influence des agents extérieurs, l'altération dont la colora- tion des tissus est le signe. » Je viens de faire trois hypothèses. La dessiccation et la longue exposi- tion comparatives de portions des mêmes plantes dans le vide et à l'air ne (i) Je désigne provisoirement par A le corps qui fait l'objet de ces études. I ( »l. ) faissent subsister que la troisième. La présence de l'air est indispensable pour que la coloration se produise; elle en est la cause. Ce point établi, je rappelle que le phénomène se produit dans les tissus où, suivant l'opinion commune, se forment ou existent les sucs essentiellement nourriciers. » Je savais, par I'anatomie, où trouver la matière A; avant d'aller plus loin, je constatai, par quelques observations de chimie microscopique dont les phénomènes se passent et se voient au sein même des tissus : » i°. Que la matière A existe chez tous les végétaux en dissolution dans un suc nettement acide ; » 20. Qu'elle est préservée de toute altération par la plupart des acides végétaux et par les acides minéraux étendus; » 3°. Qu'elle brunit rapidement sous l'influence des alcalis. » Je poursuivis par les expériences suivantes : » Je plaçai sur le mercure, sous trois cloches pleines d'air (numéro- tées i , 2, 3, d'une capacité de 25o centimètres cubes), une quantité égale pour chacune d'elles (20 grammes) de lames de tissu rapidement taillées dans les jeunes formations de la tige et dans les feuilles du lilas (Syringa vulgaris). Les tissus de la cloche 1 furent laissés à l'état naturel; j'imprégnai ceux de la cloche 1 d'une solution (à — ] d'acide citrique dans laquelle on les faisait tomber à mesure de leur séparation de la plante; enfin le contenu de la cloche 3 fut mouillé d'une solution de potasse caustique (aussi à — ) - J'exposai le tout à la lumière directe pendant vingt heures. Après ce temps il fut constaté que dans la cloche n° 1 un centimètre cube d'oxygène avait été absorbé; que dans la cloche n° 2 (celle à l'acide) le volume du gaz n'avait pas sensiblement changé; mais, résultat remarquable, que sous la cloche 3 22 centimètres cubes d'acide carbonique (représentant plus des f- de l'oxygène existant dans l'air de la cloche) avaient pris naissance au contact de l'alcali qui les avait absorbés. »' Deux autres séries d'expériences, qui portèrent sur les feuilles coupées du lierre (Hedera hélix) et les feuilles entières de l'if (Taxus baccata) don- nèrent des résultats analogues. » L'alcali avait donc, comme l'a dit il y a longtemps, en termes géné- raux, M. Chevreul, « favorisé la coloration (qui avait marché parallèlement à la production de gaz carbonique) par l'oxydation. » » Je crois utile d'insister sur ce fait, établi plus haut par les observations de chimie microscopique, savoir que la matière A est renfermée dans un ( 8ia ) suc acide, car c'est un grand caractère des végétaux d'avoir (à quelques exceptions près) la masse de leurs sucs acide. » Nous savons maintenant où existe A ; déjà nous conn aissons quelques- unes de ses propriétés, véritables caractères qui ont été mes premiers gui- des dans les recherches qui devaient la dégager, par des éliminations suc- cessives, des sucs complexes dont cette matière est l'une des parties essen- tielles. Mais avant d'aller plus loin, j'ai dû toucher à une question, encore obscure, sur laquelle A jette une nouvelle lumière. » III. Rapports de la matière A avec la coloration automnale des feuilles. — L'anatomie m'avait fait reconnaître que les tissus en voie de formation contiennent une matière qui, après leur mort, brunit et se fixe sur eux ; elle m'avait aussi appris que les feuilles vieillies dans les herbiers (comme les parties herbacées des plantes frappées par la gelée) ne montrent le plus souvent, sous le microscope, que des parties colorées en brun. Frappé des rapports de couleur qu'ont entre elles ces feuilles et celles qui, en automne, se détachent de la plupart des arbres, je fus naturellement conduit à poser la question de l'identité d'origine de phénomènes en apparence semblables. » N'était-il pas possible, en effet, que l'altération éprouvée par A après la mort de la plante se manifestât déjà dans des organes que ne protège plus assez, contre les agents du dehors, une vie qui les abandonne et bientôt va s'éteindre. Et ce reste de vitalité que possèdent, pour quelques jours encore, les feuilles d'automne, ne précipite-t-il même pas les effets de l'air, en favorisant son accès et son renouvellement jusqu'au sein même des cavités pneumatophores de la feuille ? Je me hâtai de soumettre cet aperçu au contrôle du microscope et de la chimie. » Le microscope montre bien vite que la seule différence entre les feuilles automnales brunies du marronnier (jEsculus hippocaslanum) , du noyer (Jugions regia), du poirier (Pjrus), du tilleul (Tilia), etc., et les mêmes feuilles brunies dans l'herbier, consiste en ce que celles-ci ont leurs tissus et leur chlorophylle moins complètement brunis que les premières, dont les teintes répondent souvent aux couleurs des cercles chromatiques (de M. Chevreul) ternies ou rabattues par -^ de brun. » La chimie permettait au moins deux hypodièses : ou la matière verte persistait et elle était recouverte, comme les tissus du parenchyme et du pétiole, par un dépôt de A altéré ; ou elle était détruite et remplacée par la nouvelle matière brune. » L'eau et les alcalis, que je savais favoriser la dissolution de A et de ses dérivés bruns, enlevèrent une notable proportion de ces matières, mais les ( 8i3) tissus et les grains de chlorophylle en retinrent opiniâtrement la dernière portion, qui les laissa colorés en brun. » Ne pouvant détacher A de la chlorophylle, je tentai d'enlever celle-ci à A. L'éther et l'alcool, l'éther surtout, ont donné le résultat cherché avec une facilité qui a dépassé toute attente. A peine les feuilles d'automne les plus brunies du noyer, du hêtre, du marronnier, etc., sont-elles mises en contact avec l'éther, que celui-ci frappe la vue par la riche couleur verte dont il se charge , la teinte brune ne subissant aucun changement. » Une expérience très-simple permet d'ailleurs de retirer du même coup des feuilles d'automne la matière verte et A bruni par l'air. Que l'on traite ces feuilles, non par l'éther pur, mais par un mélange d'eau et d'éther, et l'on obtiendra au fond du vase unesolution aqueuse brune, sur laquelle nagera la solution éthérée de la matière verte (je présente en même temps que cette Note quelques échantillons des résultats obtenus). » Ce qui précède suffit pour établir le rôle de A dans la coloration au- tomnale des feuilles. Ailleurs j'y reviendrai avec détail, me réservant de faire alors la part de quelques phénomènes secondaires dus à une modifica- tion de la chlorophylle, et de rappeler les opinions de M. Biot, de Vau- quelin, de Davy, etc. » Je conclus aujourd'hui à l'existence, dans les tissus jeunes et séveux actifs, d'un suc acide tenant en solution une matière qui compte parmi ses propriétés : » D'être incolore dans les tissus vivants; — de brunir sous l'in- fluence de l'air ( oxygène ) chez les tissus morts ou près de mourir ; — de donner de l'acide carbonique en même temps qu'elle se colore; — d'être préservée de l'action de l'air par les acides minéraux et par la plupart des acides végétaux ; — de brunir et de former très- rapidement du gaz carbo- nique en présence de l'air et des alcalis ; — enfin d'être, par son altéra- tion, la cause exclusive de la coloration en brun des feuilles d'automne et des feuilles mortes en général ; — d'être l'un des éléments de la coloration en jaune et en rouge de quelques feuilles d'automne. » pathologie. — De l'emploi du sphygmographe dans le diagnostic des affec- tions valvulaires du cœur et des anéurismes des artères; extrait d'une Note de M. Makey. (Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Rayer, Delaunay.) « En commençant des recherches cliniques au moyen de notre instru- ( m ) ment, nous l'avons appliqué tout d'abord au diagnostic des maladies du cœur et des vaisseaux, pensant que ces affections devaient au premier chef influer sur la forme du pouls. Les résultats que nous avons déjà obtenus nous semblent assez importants pour mériter d'être présentés à l'Académie. i°. De la forme du pouls dans les anévrismes. » Dans un Mémoire présenté en i858 et inséré aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences, nous avons été amené à expliquer par l'élasticité de la poche anévrismale l'affaiblissement du pouls qui s'observe sur le vaisseau. Nous avions reproduit artificiellement le phénomène dont le ré- sultat nous avait fait prédire quelle serait la forme du pouls pris sur une artère au-dessous d'une poche anévrismale. « Le tracé représenté (Jig. i) confirme nos prévisions (i). » Le malade qui l'a fourni avait un anévrisme de l'artère numérale du côté gauche. Deux tracés ont été pris, un sur chacune des artères radiales. Le tracé supérieur a été obtenu du côté sain, l'inférieur a été pris du côté de l'anévrisme. » Cette forme de la pulsation étant pathognomonique, pourra, dans les cas où l'application de l'instrument sera possible, trancher la question par- fois litigieuse-de savoir si une tumeur est anévrismale ou simplement sou- levée par les battements d'une artère. a0. Du pouls dans les affections valvulaires du cœur. » Ces affections sont rarement simples, c'est-à-dire bornées au rétrécis- sement ou à l'inocclusion d'un seul orifice du cœur. Nous choisirons cepen- dant les types qui correspondent à ces états simples et qui, dans le cas de lésion complexe, se combinent entre eux d'une manière assez facile à saisir. (i) Chacune des figures représente la pulsation arlérielle pendant un espace de six second*». (8,5) Affections de l'orifice aortique. » Rétrécissement (fig. a). » Dans cette figure, la durée de l'expansion du vaisseau est considérable, comme l'indique l'obliquité de la ligne d'ascension du levier. Cet effet tient à la difficulté que le sang éprouve à passer dans l'aorte. Le dicrotisme du pouls, dont il existe des vestiges même dans les pulsations normales, manque en général dans cette affection : cela se comprend d'après ce que nous avons dit antérieurement de la nature de ce phénomène. » Insuffisance [fig. 3). Fig. 3. » La sensation de choc violent qu'éprouve le doigt lorsqu'on explore le pouls, et qui a été donnée par Corrigan comme caractéristique de l'insuf- fisance des valvules de l'aorte, se traduit par l'amplitude très-grande et la verticalité presque parfaite de l'ascension du levier. Cette ligne d'ascension se termine en général par un angle ou par une pointe aiguë, dont l'existence permet de diagnostiquer presque à coup sûr l'insuffisance aortique. » S'il existe à la fois rétrécissement et insuffisance aortiques, les deux formes précédentes se combinent et l'on trouve, après le début brusque et le petit crochet de l'insuffisance, la systole longue et l'absence de dicrotisme du rétrécissement [fig. 4,- Fig. 4. Affections de l'orifice mitral. » Tandis que les lésions des valvules aortiques s'accompagnent ordinai- C. .R., i86o, am' Semestre. (T. M. N° 2jJ. ) I»9 ( 8.6 ) rement de régularité du pouls, les affections de la valvule mitrale ont pour caractère dominant l'irrégularité des battements du cœur et leur intensité inégale. » Le pouls est petit, assez dicrote, la pulsation est comme avortée, et cela est facile à comprendre dans toute lésion de l'orifice mitral. En effet, si la valvule est insuffisante, elle laisse refluer dans l'oreillette une grande partie de l'ondée ventriculaire. Il n'eu arrive donc dans l'aorte qu'une fraction plus ou moins faible. Si l'orifice mitral est rétréci, le ven- tricule n'a pas le temps de s'emplir entre deux systoles, il ne peut donc en- voyer dans l'aorte que des ondées très-petites. •> La simplicité étant l'exception dans les affections mitrales, les deux causes ci-dessus indiquées doivent en général se combiner pour altérer la forme de la pulsation. Nous ne saurions encore indiquer les caractères qui correspondent à la prédominance de l'une d'elles. » Nous ne discuterons pas la valeur comparative de la méthode que nous proposons et de l'auscultation dans le diagnostic des maladies du cœur, car nous pensons que toutes deux gagnent à être employées simultanément et contrôlées l'une par l'autre. Cependant, pour n'être pas accusé de com- pliquer inutilement l'examen des malades et employer un instrument quand l'oreille et le doigt suffiraient, nous appellerons, en terminant, l'at- tention sur les considérations suivantes : » i°. Personne n'a le tact assez fin pour sentir avec le doigt les détails minutieux que révèle le sphygmographe dans une seule pulsation , détails dont chacun a certainement sa valeur et pourra servir, un jour, à préciser le diagnostic. » 20. Les indications du sphygmographe semblent avoir plus de con- stance que les signes d'auscultation, et chez les vieillards, par exemple, la forme du pouls est à certains moments le seul indice qui révèle une lésion des orifices du cœur. » 3°. Dans un grand nombre de cas, les bruits pulmonaires, les épanche- ments de la plèvre ou du péricarde rendent l'auscultation du cœur difficile et quelquefois impossible; ils ne changent rien à la forme graphique du pouls. (8i7) » 4°. Toutes les fois que les battements du cœur sont fréquents et tumul- tueux, on a peine à distinguer, à l'auscultation, le premier et le second bruit, on est souvent forcé d'ajourner le diagnostic. Le sphygtnographe saisit pour ainsi dire au passage les pulsations qui ont quelque chose de caractéristique, et l'on peut discuter la signification du tracé. » 5°. Enfin, un tracé du pouls se conserve indéfiniment, et fixe un sou- venir que la mémoire ne saurait garder ; mis sous les yeux d'un élève, il constitue la meilleure définition des caractères du pouls et les fait compren- dre avec une lucidité que le langage ne saurait atteindre. » MÉDECINE. — Traitement de la dipldhérie, angine couenneuse et croup, par le perchlorure de fer, à haute dose et à [intérieur ; par M. Aubrun. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Serres, Velpeau, Rayer.) " Mode d'administration. — Je fais mettre de ao à /jo gouttes de perchlo- rure de fer dans un verre d'eau froide, suivant la gravité de la maladie et l'âge du malade. Ce dernier devra boire une gorgée (environ la valeur de deux cuillerées à café) de cinq en cinq minutes pendant l'état de veille et de quart d'heure en quart d'heure pendant le sommeil. Immédiatement après chaque dose de perchlorure, on administrera une gorgée de lait froid et sans sucre. » Ce traitement devra être continué avec une régularité scrupuleuse pendant plusieurs jours, sans même respecter le sommeil des trois premiers jours. L'expérience m'a appris que ce n'est qu'à la fin du troisième jour que les fausses membranes commencent à se ramollir et à se détacher. » Cette solution perchloroferrique doit toujours être administrée dans un verre ou une tasse de porcelaine, afin d'éviter la décomposition qui ne manquerait pas d'avoir lieu au contact d'un métal. J'éloigne également toutes les boissons et aliments susceptibles de décomposer le perchlorure de fer. En général, pendant les trois ou quatre premiers jours, je ne donne rien autre que ma solution de perchlorure de fer et du lait, froid. Pendant chaque vingt-quatre heures de traitement pour les quatre à cinq premiers jours, un malade, suivant son âge et la gravité de la maladie, peut prendre de sept à dix verres de solution ( i litre et{à î litres) et autant de lait, quelquefois le double : ce qui, suivant la concentration de la solution per- 109.. ( 8i8 ) chloroferrique, donnera de i4o à 35o gouttes par jour, et en poids de 6 à 1 8 grammes de perchlorure de fer. » Je dois à M. Adrian, pharmacien, d'avoir eu toujours un médicament identique dans sa composition. Par un procédé qui lui est propre et qu'il doit faire connaître prochainement, il obtient un produit qui reste toujours neutre et ne se décompose pas, comme le perchlorure du commerce. » 11 est important de commencer la médication interne par le perchlorure de fer le plus près possible du début de l'affection. Cette médication doit être suivie trois jours de suite, si l'on veut parvenir à enrayer la maladie. Le traitement local est secondaire et peut même être négligé complètement. Le traitement interne suffit dans le plus grand nombre de cas. Administré dès le début de l'affection diphthéritique, cette médication guérira le plus souvent sans opération. » Si la marche du croup est très rapide, ou si la médication n'a été em- ployée qu'à une période avancée de la maladie, la trachéotomie peut devenir nécessaire, mais on devra continuer le perchlorure de fer, et c'est lui qui procurera la guérison. Sur trente-neuf cas traités au moins pendant trois jours, trente-cinq ont été guéris; deux cas seulement ont nécessité la tra- chéotomie dès le début de la médication ; elle a été continuée scrupuleuse- ment, et la guérison a été obtenue dans les deux cas, malgré la gravité de la maladie, puisque les enduits diphthéritiques avaient envahi les bronches dans une grande étendue. » CHIRURGIE. — De [application de la cautérisation linéaire et destructive au traitement de l' enchondrome ; par M. Legrand. (Extrait.) (Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « Muller, comme on le sait, donne le nom d' enchondrome à des tumeurs développées le plus souvent au voisinage des articulations (quelquefois ailleurs), affectant une forme arrondie, et offrant, quand elles sont mises à nu, un aspect fibro-cartilagineux. Elles résultent évidemment du dévelop- pement anormal des fibres musculaires et cartilagineuses, et peuvent facilement être confondues avec les tumeurs fibro- plastiques; l'examen microscopique peut seul les différencier... Dans les deux cas auxquels se rapporte la Note que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au juge- ment de l'Académie, ces tumeurs s'étaient développées toutes deux dans le voisinage de l'articulation du genou ; elles ont été traitées par la cau- (8i9) térisation linéaire combinée avec la cautérisation destructive. Si j'ai complè- tement échoué dans le premier cas, par suite un peu de mon inexpérience dans ce genre de tumeurs, beaucoup par le fait du malade qui a man- qué de persévérance et de courage, du moins ai-je obtenu dans le se- cond cas un plein succès que le temps a confirmé, car voici aujourd'hui trois ans que la guérison a été obtenue et rien n'est venu la démentir. La ci- catrice qui a succédé à la plaie produite par les caustiques est presque li- néaire, aussi souple que possible, et l'articulation a conservé toute sa liberté. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur la nitrification, en réponse à des remarques de M. Hervé-Mangon ; par M. E. Millon. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, de Senarmont, le Maréchal Vaillant. ) « Mon départ pour Alger ne m'a permis que bien tardivemeut de con- naître une Note de M. Hervé-Mangon [Comptes rendus du 16 octobre 1860), relative aux dernières communications dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie. L'auteur commence par rappeler qu'il a été conduit à s'occu- per depuis longtemps de la théorie de la nitrification ; je ne connais de lui qu'une courte Note venue, en effet, à la suite des travaux de MM. Kuhl- mann et P. Thenard [Comptes rendus du 29 août 1859).... Passant à la pro- duction de l'acide nitrique par l'ammoniaque, au moment où s'aocomplit l'oxydation du fer, du phosphore et de l'humus, faits que j'ai signalés, M. Hervé-Mangon assure avoir reproduit ces mêmes faits; mais il ajoute qu'ils ont été vus déjà par M. Schœnbein. Si M. Schœnbein a jamais groupé les faits dont il s'agit, pour y chercher, ainsi que je l'ai entrepris, une théorie chimique de la nitrification > et une théorie générale des combustions simul- tanées qui ont lieu à froid, il ne manquera pas de faire valoir ses titres de priorité, et alors ils pourront être discutés. Si, au contraire, ces faits sont disséminés dans les Notes fréquentes queM. Schœnbein publie depuis quinze ans, et qui n'ont jamais paru avec d'autre but que d'introduire et consolider la théorie de l'ozone, j'avoue que je suis du nombre des chimistes qui n'ont été frappés que de l'idée généralisatrice, et qui, n'accordant aux innombra- bles faits de détail, si ingénieux qu'ils soient, aucune autre valeur significa- tive, les ont oubliés pour la plupart.... M. Hervé Mangon lui-même atta- chait-il la même importance à ces expériences de M. Schœnbein, lorsqu'il a publié sa Note? A coup sûr, il n'en a rien témoigné. ( 8ao ) » Enfin M. Hervé-Mangon pense que je n'ai pas tenu compte de la nitri- fication directe de l'azote, et sur cette dernière question il est évidemment disposé à prendre date et à faire acte de possession, toutefois sans pro- duire le moindre titre de propriété. Je lui laisse le champ libre, et même je veux bien croire que cette découverte qu'il prépare aura, suivant ses pro- pres termes, un rôle très-important au point de vue de la végétation et de la physique du globe : cela se dit volontiers des découvertes qui ne sont pas faites, et surtout de celles qu'on a l'espoir de faire. » La marche que j'ai suivie dans mes études sur la nitrification est très- justifiable : je conviens que j'ai circonscrit mon sujet le plus possible, et que je me suis contenté, pour le début, de définir les circonstances dans les- quelles les sols de la composition la plus diverse oxydaient l'ammoniaque à froid et produisaient en peu de temps une quantité de nitre appréciable. Ces faits que je crois avoir communiqués le premier auraient-ils été publiés déjà quelque part? Ne fallait-il pas les établir avant d'en chercher la théo- rie? Et lorsque la théorie de l'ozone atmosphérique, que je n'accepte pas, était le seul moyen de relier ces divers résultats, ne devais-je pas chercher dans les saines doctrines de la chimie un moyen d'expliquer cette oxydation constante de l'ammoniaque en présence d'un agent de réduction ? Là étant Je nœud de la question. Sans doute cette question de la nitrification de l'ammoniaque n'est pas indépendante de plusieurs faits d'un autre ordre : elle se lie à d'autres points de vue et à d'autres sujets Sans sortir des consi- dérations agricoles, l'azote libre se fixe-t-il dans le sol et se brûle-t-il direc- tement? Gomment se forment les humâtes ? Le sulfate de chaux, les com- posés ferriques ne concourent-ils pas surtout à la formation de l'humus ? M. G. Ville et quelques autres chimistes ont travaillé, je pense, avant M. Hervé-Mangon, à résoudre la première de ces questions, et quant aux suivantes, je me réserve de prouver prochainement que je ne les ai pas négligées. » M. Simorre, adresse de Giscaro, département du Gers, une Note sur un procédé pour la destruction de l oïdium. (Commission de la maladie de la vigne.) CORRESPOND ANCE . La Société géologique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. f 82. ) Le British Muséum remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXX de ses Mémoires. La Société Littéraire et Philosophique de Manchester remercie l'Aca- démie pour l'envoi du même volume. M. le Directeur de l'Orservatoire physique central de Saint-Péters- bourg, en remerciant l'Académie pour l'envoi fait à cet établissement, lui adresse un exemplaire de son Compte rendu pour l'année i858, un exem- plaire de ses Recherches sur l'élasticité des métaux, et, au nom de M. le Ministre des finances de Russie, un exemplaire des Annales du même Obser- vatoire, publiées par l'Administration impériale des Mines, pour l'année 1 857. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Longet, une nouvelle livraison de son « Traité de Physiologie ». Cette livraison a pour objet l'in- fluence du système nerveux sur les mouvements du cœur. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Aug. Schilling, un ouvrage sur l'orthopédie. L'ouvrage est écrit en allemand, mais une Note manuscrite, joiute à l'envoi, en donne en français l'analyse. M. J. Cloquet est invité à prendre connaissance de cet ouvrage et à en faire l'objet d'un Rapport verbal. physiologie. — Résultats de la section des canaux semi-circulaires ; extrait d'une Lettre de M. Czermak à M. Flourens. « Aussitôt après mon retour à Pesth, j'ai repris avec succès vos remar- quables expériences sur les canaux semi-circulaires et les ai communiquées dans cette gazette hongroise et plus tard dans un journal allemand. J'ai eu le bonheur de pouvoir observer tous les étonnants phénomènes dont la science vous doit la découverte. Mais quant à l'explication de ces phéno- mènes, je ne puis malheureusement pas dire que j'aie déjà lait un pas en avant. Je suis bien décidé à faire de cette question l'objet de recherches ultérieures ; et en cas que je ne parvienne pas à la solution de la question, au moins je réussirai à fixer l'attention des physiologistes allemands sur cet objet. Je serai très-heureux d'avoir contribué de cette manière à payer une dette que l'Allemagne savante a contractée envers vous, qui vous êtes ho- noré de cette belle découverte, un des faits les plus étonnants de la physio- logie expérimentale ! M ( 822 ) CHIMIE minérale. — Note sur la fabrication de l'oxygène; par MM. H. Sainte-Claire Deville et H. Debray. « Chargés par le gouvernement de la Russie d'étudier le traitement par voie sèche du minerai de platine et la révivification par fusion de ce précieux métal au moyen des procédés métallurgiques nouveaux que nous avons proposés, nous avons dirigé nos dernières études sur la préparation écono- mique de l'oxygène. Persuadés qu'au point où nous avons amené cette question, l'industrie, soit pour l'éclairage, soit même pour le travail des métaux, pourra tirer parti de nos expériences, nous extrayons du Rapport que nous adressons au ministre des finances de la Russie, quelques détails sommaires sur les résultats auxquels nous sommes arrivés à propos de la fabrication en grand de l'oxygène pur. » Nous avons expérimenté sur de grandes masses d'oxygène en l'extrayant successivement des matières suivantes : manganèse, chlorate de potasse, chlorure de chaux, nitrate de soude, nitrate de baryte et bioxyde de ba- ryum, sulfate de zinc et acide sulfurique. Nous ne parlerons ici que des deux dernières matières qu'on applique pour la première fois, à notre con- naissance, à l'extraction de l'oxygène. Nous dirons seulement auparavant que nous avons répété sur d'assez grandes quantités de bioxyde de baryum le procédé de M. Boussingault et que nous sommes arrivés aux mêmes ré- sultats que lui, en rencontrant seulement quelques difficultés pratiques qui seront facilement surmontées dans une usine, le jour où la baryte, par les travaux de M. Kuhlmann, pourra être livrée au commerce en grande quan- tité et à bas prix à l'état anhydre ; alors elle pourra être utilisée facilement et économiquement pour la production de l'oxygène. » Le sulfate de zinc, qu'on obtient en si grande quantité en produisant l'électricité de la pile, est une matière sans emploi en ce moment; on peut utiliser tous ses éléments de la manière suivante. En le calcinant seul dans un vase de terre, on le transforme en un oxyde léger et blanc, quand le sul- fate est pur, qu'on peut utiliser pour la peinture; en acide sulfureux qu'on recueille à l'état de dissolution concentrée ou à l'état de sulfite dont les applications sont aujourd'hui très-nombreuses ; enfin en oxygène pur. » La décomposition complète du sulfate de zinc n'exige pas une tempé- rature beaucoup plus élevée que la décomposition du manganèse; nous l'avons transformée complètement en oxyde de zinc et en un mélange d'eau, d'acide sulfureux et d'oxygène. On les sépare par le procédé qui va être décrit pour la préparation de l'oxygène par l'acide sulfurique. ( 8*3) » Celui-ci, en effet, se décompose au rouge en acide sulfureux, eau et oxygène dans un appareil très-simple : une petite cornue de 5 litres rem- plie de feuilles minces de platine (i), ou mieux encore un serpentin de platine rempli de mousse de ce métal et porté au rouge. On y introduit un petit filet d'acide sulfurique passant par un tube en S et provenant d'un vase à niveau constant; les gaz qui en sortent traversent d'abord un réfrigé- rant qui en sépare l'eau, puis un laveur de forme spéciale dont la descrip- tion ne peut trouver place ici. Il s'en échappe constamment du gaz oxygène sans odeur et pur, et une dissolution saturée d'acide sulfureux. Si l'on rem- place l'eau de lavage par de fa lessive de soude, on recueille du bisulfite de soude sursaturé d'acide sulfureux, qu'on peut neutraliser parle carbonate de soude et transformer en sulfite neutre ou en hyposulfite. » Si on fait rendre l'eau chargée d'acide sulfureux dans le générateur de vapeur qui alimente les chambres de plomb d'une fabrique d'acide sulfu- rique, on transforme cet acide sulfureux en acide sulfurique aux dépens de l'oxygène de l'air. Nous avons calculé qu'il suffirait de brûler dans un four à soufre d'un appareil à acide sulfurique le double du soufre que renferme la dissolution concentrée d'acide sulfureux pour pouvoir utiliser entièrement ce dernier gaz, de sorte qu'une fabrique pourrait, sans augmenter sensible- ment la dépense, consacrer le tiers de l'acide sulfurique qu'elle produit à la préparation de l'oxygène. Quant au prix de revient calculé sur ces bases, il est tellement faible, que nous n'osons en donner le chiffre, même approximatif. En effet, on n'a plus à compter dans ce prix que la valeur des petites quan- tités de charbon nécessaire pour maintenir au rouge un appareil de petites dimensions, et de nitrate de soude servant à fixer sur l'acide sulfureux l'oxy- gène de l'air : car notre procédé consiste au fond à emprunter l'oxygène à l'air atmosphérique. De plus, en supposant perdu l'acide sulfureux pro- venant de la décomposition de l'acide sulfurique, cet acide reste encore l'agent de production le plus économique de l'oxygène, qui ne vaut que 70 centimes le mètre cube dans l'acide des chambres, et qui est bien supé- rieur, sous ce rapport, même au bioxyde de manganèse. » CHIMIE. — action de [hydrogène, de l'oxygène et du chlorate de potasse sur le perchtorure de phosphore ,- par M. E. Baudrimont. « Ijorsqu'on'fait passer de l'hydrogène pur et sec dans un tube de verre (1) On peut dans de plus grands vases remplacer les feuilles de platine par de la brique en morceaux. C. R., 1860, 2ra« Semestre. (T. LI, K° 22.) • IO ( 8a4 ) chauffé au rouge, dans lequel on dirige en même temps des vapeurs de perchlorure de phosphore (PCP), il y a formation, ainsi que je l'ai reconnu, de gaz acide chlorhydrique et de protochlorure de phosphore liquide (PCI3), qui vient se condenser dans un récipient refroidi à cet effet. Mais l'action de l'hydrogène ne s'arrête pas là : une certaine quantité de phos- phore est mise en liberté sous la forme de phosphore ordinaire qui, par la chaleur prolongée du tube, passe peu à peu à l'état de phosphore rouge. De plus, il se dégage un gaz qui possède la propriété de brûler avec une flamme d'un beau vert émeraude, en produisant des vapeurs blanches d'acide phosphorique. Ce gaz m'a paru être un mélange d'hydrogène phos- phore gazeux avec l'excès d'hydrogène libre. Quoique non inflammable spontanément, il fume beaucoup à l'air au moment où il vient d'être pro- duit, puis il dépose bientôt un léger enduit jaunâtre qui paraît n'être que du phosphure d'hydrogène solide. » .Dans ces circonstances, l'hydrogène porte donc son action tout à la fois sur le chlore et sur le phosphore de P Cl5. » A la température rouge sombre, l'oxygène pur et sec agit aussi sur les vapeurs de PCI*. Cette réaction est accompagnée d'une belle lumière phos- phorescente qui illumine le tube dans lequel elle se passe. Il se fait dans ces conditions un dégagement considérable de chlore ; le tube retient des flocons lanugineux d'acide phosphorique anhydre qui attaque peu à peu le verre et le troue dans les parties chauffées au rouge. Enfin, on voit se con- denser, dans le récipient refroidi qui fait suite au tube, un liquide coloré en jaune par le chlore qu'il retient en dissolution. Ce liquide, agité avec du mercure, puis distillé, passe incolore. Il bout vers uo°. Il se décompose au contact de l'eau en donnant de l'acide chlorhydrique et de l'acide phos- phorique sans traces d'acide phosphoreux : c'est donc du chloroxyde de phosphore PCl'O2. J'insiste sur l'ensemble de cette réaction, laquelle, selon moi, est le premier exemple de la substitution directe de l'oxygène libre au chlore combiné. » J'ai aussi étudié de nouveau l'action du perchlorure de phosphore sur le chlorate de potasse, action que j'avais signalée il y a quelques mois. En faisant réagir 3 équivalents de PCI5 sur i équivalent de Cl05,RO tous deux en poudre, il y a immédiatement liquéfaction du mélange: la température s'élève beaucoup ; il se dégage du gaz acide hypochloreux ou hypochlorique qui détone le plus souvent ; mais bientôt il se produit du chlore dont l'odeur, la couleur et la stabilité le distinguent du gaz précédent. Ce qui reste dans le vase est du chlorure de potassium pur, exempt de phosphate, en sus- ( 825 ) pension dans un liquide abondant formé par du chloroxyde de phosphore, retenant du chlore en dissolution. La relation serait donc 3(PCIS)+ C105,KO = 3(PC1"02)+ ClK + 6C1. » On pourrait expliquer, ce me semble, la formation du gaz détonant par l'action que l'humidité exerce sur PCI5, d'où résultent de l'acide chlor- hydrique et de l'acide phosphorique qui attaquent d'abord le chlorate de potasse. La réaction de PCP sur le chlorate de potasse est encore un exemple de la substitution de l'oxygène au chlore. « L'azote n'a pas d'action sur PCI5 à la chaleur rouge. Je m'en suis assuré par expérience. » chimie. — Explication des phénomènes que présente l'iodure bleu d'amidon dissous lorsqu'il est chauffé, puis refroidi; par M. E. Bavdbimokt. (Extrait.) • a Des diverses explications que l'on a données de ces phénomènes, au- cune, de l'aveu des chimistes, n'étant bien, satisfaisante, j'ai pensé qu'on en chercherait inutilement dans les faits déjà connus, et qu'il était nécessaire de faire de nouvelles expériences. Voici quelques-unes de celles qui m'ont paru conduire au but. » A. Lorsqu'on fait chauffer dans un tube à essais une solution assez concentrée d'iodure bleu d'amidon (celui des pharmacies, par exemple), on remarque que le liquide peut atteindre l'ébullition et rester assez longtemps bouillant sans se décolorer. Pendant tout ce temps, il s'élève au-dessus de lui des vapeurs violettes d'iode. Il arrive enfin un moment où la liqueur perd sa teinte bleue. Si alors , tout en la maintenant à l'ébullition , on lui ajoute quelques gouttes de teinture d'iode, elle redevient bleue, puis elle met encore un certain temps à se décolorer, les vapeurs d'iode se produi- sant toujours. On peut répéter cette expérience un grand nombre de fois de suite. Je ferai remarquer que la recoloration de la liqueur bouillante n'est pas due à un refroidissement opéré par l'addition de la solution iodée, puisqu'un nombre égal de gouttes d'eau froide qu'on y ajoutait ne produi- saient pas cet effet. » B. Deux tubes à essais, égaux en capacité et contenant chacun une même quantité de solution d'iodure bleu d'amidon peu concentrée, furent portés ensemble à l'ébullition pendant un même temps, jusqu'à disparition de la teinte bleue; puis, de l'air fut insufflé dans l'un de ces tubes, d'abord no.. ( 826 ) dans sa partie vide, ensuite dans le liquide lui-même. De ces tubes aban- donnés ensuite au refroidissement, l'un reprit toute son intensité de colo- ration, tandis que l'autre, dans lequel on avait pratiqué l'insufflation, resta bien moins coloré. » Cette expérience fut répétée autrement : deux quantités égales d'iodure bleu d'amidon très-étendu furent mises, l'une dans une capsule très-évasée, l'autre dans un matras d'essayeur. Toutes deux furent portées à l'ébullition pendant un même laps de temps. Mais alors on insuffla de l'air à la surface du liquide de la capsule et enfin dans celui-ci pendant quelques moments. Par le refroidissement des liqueurs, le liquide du matras avait repris sa couleur bleue, tandis que celui de la capsule resta incolore. » C. Je fis barboter pendant longtemps de l'air froid provenant du jeu d'un soufflet dans une solution très-étendue d'iodure bleu d'amidon à la température ordinaire : la décoloration, quoique s'étant fait longtemps atten- dre, fut complète. La même expérience, faite avec l'air exhalé des poumons, amena une décoloration plus rapide (bien certainement à cause de la tem- pérature de l'air expiré). Le résultat fut le même lorsqu'on fit passer un courant de gaz carbonique (lavé à l'acétate de plomb) dans l'iodure bleu d'amidon. » D. J'ai enfermé dans un tube scellé aux deux bouts une solution étendue d'iodure bleu. Je l'y ai successivement chauffée et refroidie 3o ou 4o fois de suite. Elle a toujours présenté le double phénomène de décolo- ration et de recoloration sans perdre beaucoup de son iutensité de colo- ration. » E. Dans un tube scellé aux deux bouts, j'ai enfermé une solution d'io- dure bleu assez concentrée pour paraître opaque, de manière à en remplir la presque totalité du tube, et j'ai chauffé ensuite à ioo° pendant plus d'une heure. La décoloration n'a eu lieu en aucune façon. » F. Dans un tube scellé et privé d'air, mais à moitié rempli d'iodure d'amidon étendu, la décoloration n<: peut plus être obtenue même à l'ébul- lition , cette dernière se manifestant alors à une température trop peu élevée. » Il est facile de conclure de tous ces faits : » i°. Qu'une solution d'iodure d'amidon reste bleue, même àl'ébullition, toutes les fois qu'on y maintient un excès d'iode ; » 20. Que la décoloration de ce corps par la chaleur est due à la sépa- ration de l'iode , dont les vapeurs restent en stagnation à la surface du liquide ; ( 8a7 ) « 3°. Que le phénomène de recoloration des liqueurs refroidies n'est dû à rien autre chose qu'à la redissolution de cette vapeur d'iode qui, de la surface du liquide, rentre dans sa masse. » Cela est prouvé par l'expérience de la capsule dont l'étendue ou sur- face permet aux vapeurs d'iode de se dissiper complètement, surtout sous l'influence de l'insufflation On en a encore la preuve par l'insufflation directe et à froid d'un gaz (air ou GO2) qui détermine également la volatilisation de l'iode; ou par la quatrième expérience dans laquelle la vapeur d'iode pou- vant s'échapper du liquide, mais non du tube, rétablit la coloration après chaque refroidissement. La cinquième expérience est la contre-épreuve de celle-ci : l'iode ne pouvant s'édupper, la liqueur reste bleue, même à ioo°. « En résumé : le phénomène de la décoloration de l'iodure bleu d'ami- don est dû à la volatilisation de l'iode par la chaleur. Celui de sa recoloration est produit par la redissolution des vapeurs de ce corps, en stagnation dans les vases, pendant la période de refroidissement. » « Note relative au bi-iodure de potassium. — On admet généralement que l'iodure de potassium auquel on a fait dissoudre un équivalent d'iode constituait alors un bi-iodure. J'ai agité la solution colorée de ce corps avec du sulfure de carbone, et j'ai reconnu tout de suite que celui-ci décolorait complètement la liqueur iodée et n'y laissait que l'iodure de potassium ordinaire IK. Le sulfure de carbone prend alors la belle teinte violette qui le caractérise quand il tient de l'iode en dissolution. Ce fait de la décomposition du bi-iodure de potassium sous l'influence d'un simple dissolvant semble prouver que l'iode n'est pas combiné à IK, mais qu'il est seulement en dissolution dans ce sel. On peut même penser que le sulfure de carbone est pour l'iode un dissolvant plus énergique que IK, puisqu'il l'enlève à ce dernier. » mécanique chimique — Appareil pour l'étude de l'influence de la pression sur quelques phénomènes physiques et chimiques ; par M. P. -A. Favre. « Je me suis proposé d'étudier les phénomènes qui peuvent se produire lorsqu'on soumet les corps à des pressions plus ou moins considérables, sans élever leur température. J'ai voulu savoir si, dans ces conditions, l'électrolyse est ralentie ou même complètement arrêtée, si certaines réac- tions deviennent possibles ou sont seulement facilitées, si le pouvoir dis- ( 828) solvant des liquides est modifié, enfin si les propriétés de l'hydrogène et de l'oxygène sont influencées dans leur action réductrice et oxjdante. » Avant de faire connaître le résultat de mes premières expériences, je crois indispensable de parler de l'appareil que j'ai fait construire pour pré- parer les gaz et les faire réagir sous pression (i). Cet appareil est formé par l'assemblage des diverses pièces qui vont être décrites aussi brièvement que possible. » Un socle en fer ayant 4o centimètres de longueur, 10 de largeur et 3 d'é- paisseur, est supporté à ses extrémités par des patins qui font corps avec lui et qui servent à le fixer solidement sur une table. Ces patins laissent entre le socle et la table qui le porte un intervalle de 8 centimètres environ. » Sur le socle, et fixées solidement par desécrous, reposent six colonnes en fer hautes de 18 centimètres et de 16 millimètres environ de diamètre. Ces colonnes, placées sur deux rangs, quatre aux angles et deux au milieu, supportent deux plans en fer immédiatement superposés, d'égales dimen- sions et serrés l'un contre l'autre à l'aide d'écrous qui les relient fortement aux colonnes. Ces deux plans n'en constituent donc en réalité qu'un seul, le plan supérieur ayant les dimensions du socle et formant avec lui un bâti très-solide. » Au milieu des deux compartiments compris entre les colonnes, le socle est percé d'un trou fileté dans lequel est vissée une forte tige taraudée de 3 centimètres environ de diamètre. La tête de cette vis est placée entre le socle et la table sur laquelle repose l'appareil : elle est percée horizontale- ment de quatre trous dans lesquels s'engage l'extrémité d'un levier en fer d'une grande puissance, puisqu'il n'a pas moins de i mètre de longueur. L'extrémité opposée delà vis, placée au-dessus du socle, porte un disque en fer épais de i centimètre et de 8 centimètres environ de diamètre, dont les deux faces sont planes et parallèles. Ce disque reçoit sur sa face supérieure une rondelle mince en plomb qui sert de coussin à l'objet qui doit être pressé entre le disque mobile dont nous parlons, et un disque fixe placé au- dessus, et que nous décrirons plus tard. Il porte fixés à sa face inférieure deux tiges d'acier placées parallèlement de chaque côté de la vis, et qui, glissant à travers deux ouvertures pratiquées dans l'épaisseur du socle, ser- vent de guide et empêchent que lavis, en montant et en exerçant sa pression, ne donne au disque un mouvement de rotation. » Entre les faces juxtaposées et creusées en conséquence des deux plans (i) Cet appareil a été construit par M. A. Santi, ingénieur constructeur à Marseille. (8*9) superposés qui reposent sur les colonnes et forment ainsi le toit de l'appareil el couché dans le sens de leur longueur, se trouve une tige en cuivre dp 1 1 millimètres de diamètre. Cette tige ainsi noyée dans l'épaisseur du mé- tal et percée à son centre et dans toute sa longueur d'un canal de i milli- mètre de diamètre, est recourbée à ses deux extrémités qui se dirigent en bas, traversent le plan supérieur et font saillie de i centimètre et demi envi- ron au milieu de chacun des compartiments dont nous avons déjà parlé. » Chacune des extrémités sailantes de ce tube est taraudée et traverse une ouverture filetée pratiquée au centre d'un disque en fer de mêmes di- mensions que les disques mobiles que nous avons décrits. Ces disques su- périeurs, vissés comme des écrous, s'appliquent fortement contre la face in- férieure du plan supérieur, recouverte préalablement d'un mastic qui soude parfaitement les pièces en contact. Chaque disque fixe est donc opposé à Un disque mobile; les centres sont placés sur une même ligne droite perpen- diculaire, et les faces qui se regardent sont parfaitement parallèles. » Sur les rondelles en plomb que supportent les disques mobiles, repo- sent deux ampoules en verre bien recuit. Ces ampoules, hautes de 12 centi- mètres, ont une largeur égale et sont terminées à leur base et à leur som- met par des faces planes dressées bien parallèlement. Leur réservoir, de forme ovoïde, s'ouvre à l'extérieur à travers un canal qui débouche à la partie supérieure et dans lequel s'engagent les extrémités du tube de cuivre, lorsqu'on serre les ampoules entre les deux paires de disques de l'appareil. » Les ampoules sont très-résistantes, puisque les parois n'ont pas moins de /j à 5 centimètres et demi d'épaisseur, et il ne faut pas moins de 70 à 80 atmosphères pour déterminer leur rupture. » Pour fermer hermétiquement l'espace compris entre l'ampoule et la face inférieure du disque fixe, on interpose une rondelle en caoutchouc vulcanisé, graissée sur ses deux faces et percée à son centre d'un trou qui laisse passer l'une des extrémités du tube de cuivre. » II est facile de voir que les ampoules mises en place et suffisamment pressées entre les paires de disques constituent avec le tube de cuivre qui les met en communication un système parfaitement clos. » L'une des ampoules fonctionne comme générateur des gaz. L'hydrogène est produit par la réaction de l'acide sulfurique étendu sur le zinc employé seul ou constituant l'élément positif d'un couple voltaïque. Pour dégager de l'oxygène, il suffit de remplacer l'eau acide par une dissolution de sul- fate de cuivre dans laquelle baignent des électrodes de platine. Enfin pour obtenir les deux gaz simultanément, il suffit de décomposer par la pile l'eau aiguisée d'acide sulfurique. ( 83o ) » Pour amener clans le réservoir de l'ampoule à gaz le courant d'une pile composée de 4 éléments de Bunsen à acide sulfurique et bichromate île potasse, on a pratiqué latéralement et sur les parois opposées deux trous que traversent au milieu d'un mastic très-résistant deux fils de platine dont les extrémités sont relevées à l'intérieur. » Ayant reconnu que le forage diminue sensiblement la résistance des ampoules, nous avons dû faire pénétrer les fils à travers un second canal pratiqué dans le verre encore mou et qui, partant de la partie inférieure du réservoir, va s'ouvrir au centre de la base du générateur. Les rhéophores, avant de se relever pour s'engager dans ce canal, sont couchés chacun dans un sillon spécial creusé à la face supérieure d'un disque en bois de gaiac épais de 8 à io millimètres qui remplace la rondelle de plomb, et est inti- mement soudé à la base de l'ampoule à l'aide d'un mastic convenablement préparé. , » L'autre ampoule, placée dans le second compartiment de l'appareil et qui communique avec celle dont nous venons de parler à travers le tube de cuivre, constitue le laboratoire. C'est dans son intérieur que les gaz en s'accumnlant agissent par simple pression, ou réagissent eux-mêmes sous l'influence de la pression qu'ils produisent. » Pour mesurer les pressions, nous avions d'abord adopté les dispositions suivantes : Le tube, noyé entre les deux plans juxtaposés, était ajusté vers le milieu de sa longueur à une pièce cylindrique en bronze qui s'élevait de 2 centimètres environ au-dessus du plan supérieur. Cette pièce portait une soupape conique sur laquelle un levier de 4o centimètres de longueur, divisé en millimètres, pesait plus ou moins selon la position qu'on faisait occuper au poids qui le chargeait. » Il a fallu renoncera l'emploi d'un pareil moyen; et, après bien des essais, on a dû se contenter, pour mesurer la pression avec une approxima- tion suffisante, de jauger exactement l'espace dans lequel les gaz sont confinés. » Pour connaître la quantité de gaz produit pendant une opération, il suffit, selon la nature des expériences, de peser le zinc dissous ou le cuivre déposé, ou bien encore de mesurer le volume de gaz fourni par un volta- mètre placé dans le circuit. » J'ai dû attendre quatre années avant d'avoir pu disposer un local dans lequel les opérations fussent à l'abri de tout accident et où l'on pût, sans être accusé d'imprudence, faire usage de l'appareil qui m'avait été livré en i856 : je ne pouvais pas prévoir que son emploi n'offrirait aucun danger, et que des ampoules renfermant des gaz comprimés à 8o atmosphères envi- . ( 83i ) ron se briseraient avec «ne très-faible détonation et sans jamais projeter un seul fragment. » CHIMIE. — Sur l'oxalate de peroxyde de fer. — Sur ta constitution des oxalates de fer ; par M. T. H. Phipson. « J'ai eu l'honneur de faire connaître dernièrement à l'Académie (Comptes rendus, 22 octobre 1860) l'oxalate de protoxyde de fer, ou le quadroxalate ferreux; aujourd'hui je vais décrire l'oxalate de peroxyde, qui par ses propriétés et sa composition est un sel fort remarquable. On l'obtient en dissolvant de l'hydrate ferrique dans de l'acide oxalique en solution bouillant et évaporant la liqueur pour la faire cristalliser. La solution est d'une belle couleur verte et donne par l'évaporation et le repos dès cristaux verts d'émeraude; ce sont des prismes obliques. Ils sont très-solubles dans l'eau. » Quand on expose ces cristaux à lalumière solaire, ils noircissent comme le chlorure d'argent; et si alors on les traite par l'eau, ils se dissolvent en faisant entendre un pétillement particulier et en laissant un dépôt jaune d'oxalate de protoxyde. L'expérience est très-frappante quand on laisse tomber les rayons directs du soleil sur une large capsule dont le fond est couvert de cristaux. La moitié des cristaux protégés par le rebord de la capsule restent intacts ; l'autre moitié noircit rapidement. » La même décomposition a lieu avec la solution verte : en effet, quand on expose celle-ci à la lumière solaire, elle dépose peu à peu de l'oxalate jaune de protoxyde sous forme de cristaux microscopiques. Par une expo- sition prolongée à la lumière, tout le sel vert de peroxyde se décompose en déposant le sel jaune de protoxyde, et la liqueur surnageante devient par- faitement incolore. » Les cristaux verts d'oxalate de peroxyde de fer perdent 5 équivalents d'eau à ioo°C.,en blanchissant; ils perdent encore 10 équivalents d'eau quand on détruit le sel par la chaleur ; pour 1 équivalent de peroxyde de fer ils contiennent 5 équivalents d'acide oxalique. La meilleure de quel- ques analyses m'a donné pour leur composition centésimale les chiffres suivants : Trouvé. Calculé. Oxyde ferrique 20,00 20,25 Acide oxalique /j5>°° 45>58 Eau de combinaison 24,00 22,76 Eau de cristallisation 1 1 ,00 1 1 ,41 100,00 100,00 C. R., 1860, a« Semestre. (T. LI, N° 28.) t11 ( 83a ) d'où l'on peut tirer la formule Fe'O'.SC'O'-f- ioHO + 5Aq. » Si l'on plonge une barre de fer métallique dans la solution de ce sel, il se réduit en quadroxalate ferreux comme sous l'influence des rayons solaires. » Constitution des oxalates de fer. — Des deux oxalates de fer dont j'ai parlé dans cette Note et dans celle du 11 octobre, savoir un oxalate de protoxyde et un oxalate de peroxyde, le premier se montre sous forme d'une poudre jaune ou de cristaux microscopiques de même couleur; le second sous forme de cristaux verts d'émeraude, sur lesquels la lumière agit vivement. » Le premier de ces sels, je l'ai envisagé comme du quadroxalate ferreux, FeC*. En supposant, selon M. Wurtz, que l'acide oxalique renferme de l'hydrogène, il est certain qu'un tel sel ne peut exister. Cependant, après l'avoir placé pendant deux heures au bain-marie, il n'a pas perdu sensible- ment de poids, et un autre échantillon n'ayant donné que fort peu d'eau dans le tube fermé, j'ai regardé cette eau comme étant simplement hygro- scopique, j'ai considéré le sel comme anhydre, et j'ai dosé l'acide oxalique par différence. Ce sont les recherches de M. Wurtz, d'après lesquelles l'acide oxalique serait C3HO' ou le double de cette formule, qui m'ont déterminé à refaire l'analyse de mon sel de protoxyde. La détermination de l'acide oxalique dans ce sel présente bien des difficultés, et le seul moyen sur lequel j'aie pu compter, c'est la combustion avec l'oxyde cuivrique et la détermination de la quantité d'acide carbonique, comme dans l'analyse organique. Ensuite l'eau a été déterminée sur un autre échantillon, en détruisant le sel par la chaleur et recevant l'eau dans un tube à chlorure cubique. » Deux analyses m'ont donné par ces procédés : I 11 Acide oxalique Acide oxalique par par différence. analyse organique. Calcule. Oxyde ferreux . . ■•• '9)44 >9>4o 20 ,00 . . 59,56 59>75 59>99 difféi ■ence) 20,85 20,00 100,00 100,00 99)99 Ce qui correspond, à peu de chose près, à la formule FeO, 3C'œ + 4HO, ( 833 ) ou, si l'on envisage J'acide oxalique comme contenant de l'hydrogène, comme : FeO(CsHO«)3-i-HO. Quant au sel de peroxyde, il m'a donné à l'analyse des chiffres correspon- dant à la formule Fe'O^C'O5)' -4-5HO+ îoAq. En adoptant la théorie sus-mentionnée, ce sel devra se représenter par Fe503, 5(C2HO<) + loAq, et cela est probablement la manière la plus rationnelle; car les 5 équiva- lents d'eau ne quittent le sel que lorsqu'il se décompose par la chaleur, tandis que les 10 Aq se dégagent de ioo° à i io°, et dans le sel de protoxyde on ne peut non plus en dégager d'eau à cette dernière température. » Mais en faisant dériver l'acide oxalique du glycol, M. Wurtz a été obligé de doubler la formide et indiquer l'acide par C'H208. Or il est évident, d'après la constitution des deux sels de fer, que cette der- nière formule ne peut être admise. » % ; ÉLECTROCHIMIE. — Note sur l'amalgamation de l'aluminium ; pareil, (lu. Tissu: it « Dans une Note adressée l'an passé à l'Académie, j'ai signalé l'influence extraordinaire de l'amalgamation sur l'aluminium, qui fait de ce corps un véritable métal alcalino-terreux, décomposant l'eau instantanément avec dé- gagement de chaleur et production d'alumine. M. Barreswil, qui a répété une partie de mes expériences, en a reconnu l'exactitude {Répertoire 3e Chimie appliquée, 1. 1, p. 343 et 38o). Celte action, que j'ai expliquée en disant que le mercure exalte les propriétés électropositives de l'aluminium (i), semble confirmer la théorie donnée récemment par M. J. Regnauld touchant les phénomènes consécutifs à l'amalgamation du zinc, du cadmium et du fer; la chaleur latente de fusion de l'aluminium devant être considérable. » (i) Le paragraphe de ma Note manuscrite où se trouve donnée cette explication n'a pas été reproduit dans l'extrait imprimé aux Comptes rendus (séance du 4 juillet 1859). ( 83/, ) M. Dujardix, qui a plus d'une fois appelé l'attention sur l'heureux em- ploi qu'on pouvait faire dans bien des cas de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies, envoie un extrait de journal quotidien rendant compte d'un snccès très-marqué obtenu par ce moyen dans un cas d'incendie qui a eu lieu à Paris le 20 de ce mois. M. Jobard rappelle deux communications qu'il a faites précédemment : l'une concernant les pluies de crapauds ; l'autre, plus récente, relative à la paralysie et à la catalepsie. M. Jobard exprime le désir d'obtenir un Rap- port sur ces deux Notes. Pour la dernière Note, MM. Chevreul, Flourens et Velpeau avaient été nommés Commissaires : la demande de l'auteur leur sera transmise; quant à la première, comme elle a rapport à des faits dont on n'a pas les moyens de constater l'exactitude, elle n'a pas été renvoyée à l'examen d'une Commission. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 26 novembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires de [ Académie des Sciences morales et politiques de l'Institut impé- rial de France; t. X. Paris, 1860; in-4°. Etudes et Lectures sur les Sciences d'observation et leurs applications pratiques; par M. J3abinet; VIe vol. Paris, 1860; in-12. Annuaire pour [année 1861, publié par le Bureau des Longitudes; in- 18. Traité de Physiologie; par F.- A. LONGET; t. Pr, 2e part., 3e fasc, Circu- lation. Paris, 1860; in-8°. Du climat d'Alger dans les affections chroniques de la poitrine. Rapport fait à la suite d'une mission médicale en Algérie et présenté à S. E. le Ministre de l'Algérie et des colonies; par le Dr Prosper de Pietra Santa. Paris, 1860; in-4°. (Adressé par l'auteur pour le concours Montyon, Médecine et Chi- rurgie.) Annales de [Observatoire physique central de Russie, publiées par [Admi- nistration impériale des Mines, pour [année 1857, sous la direction de M. Kupffer, nos 1 et 2. Saint-Pétersbourg, 1860; in-4°. Compte rendu annuel adressé à S. E. M. de Knajévitch, Ministre des finances; parle Directeur de [ Observatoire physique central. Année i858. Saint-Péters- bourg, 1860; in-4°. Recherches expérimentales sur [élasticité des métaux faites à [Observatoire physique central; par A.-T. Kupffer; 1. 1. Saint-Pétersbourg, i86o;in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Observations sur te Compte rendu de la dernière séance; par M. Delà un a y. « Je ne puis me dispenser de présenter à l'Académie quelques courtes observations au sujet du dernier Compte rendu, dans lequel M. Le Verrier, d'une part me fait dire tout autre chose que ce que j'ai dit, d'une autre part interprète mon silence par l'embarras que me cause son argumentation. » Depuis longtemps je me suis bien promis de ne jamais avoir de dis- cussion orale avec lui. J'ai pris cette résolution parce que4 comme chacun sait, dans les articles qu'il rédige pour le Compte rendu, il ne se préoccupe pas toujours de reproduire fidèlement ce qu'il a dit à la séance. Il lui arrive de supprimer ceux de ses arguments qui lui ont paru détruits par la dis- cussion, et d'en introduire de nouveaux dont il n'a pas été question devant l'Académie, et qui par conséquent se trouvent sans réponse. C'est pour ce motif seul que j'ai voulu garder le silence lundi dernier lors des diverses interpellations que M. Le Verrier m'a successivement adressées. Je craignais qu'il ne rapportât mes paroles en en modifiant le sens. Le Compte rendu C. R., 186c, 3m« Semestre. (T. LI, N« 25.) ' l2 ( 836 ) mra appris que cette précaution de ma part a été vaine. La seule réponse qu'il m'ait arrachée, M. Le Verrier se garde bien de la reproduire; et il m'en attribue au contraire une autre entièrement favorable à sa thèse. A la suite de la première interpellation dont il parle dans son article, il ajoute ces mots (page 789) : « L'Académie vient de l'entendre. M. Delaunay s'est enfin dé- >> cidé à reconnaître que les changements qu'il réclame ne peuvent avoir » aucune influence dans nos théories des planètes. Voilà donc un point » éclairci ! » Je proteste contre cette partie de la rédaction de M. Le Verrier : elle est absolument contraire à la vérité. » Plus loin (page 791), après avoir dit : « Cette exactitude nous l'avons » atteinte et bien au delà, » M. Le Verrier ajoute : « Notre critique a été ré- » duit à le proclamer aujourd'hui. » » Plus loin encore (page 792), M. Le Verrier dit qu'il n'admet pas que M. Delaunay ait accompli un devoir en s'efforçant de faire croire à l'impor- tance d'une réclamation « dont lui-même aujourd'hui a reconnu la futilité.» » Je proteste également contre toutes ces concessions que M. Le Verrier m'attribue : je n'ai rien articulé de semblable devant l'Académie. Je n'avais à lui faire et je ne lui ai fait en réalité aucune concession. Malgré tout ce qu'il peut en dire, je maintiens que les erreurs trouvées dans ses nombres pouvaient avoir une très-grande influence sur la valeur de l'iné- galité lunaire qui était l'objet de mes recherches (1). » Noie de M. Le Verrier. « M. Le Verrier déplore qu'un Membre de l'Académie vienne nier au- jourd'hui la déclaration très-précise qu'il a faite dans la séance du lundi 26 novembre et que tout le monde a entendue. » Bien qu'il fût certain d'être dans le vrai, M. Le Verrier s'est assuré près de ses Confrères que la déclaration dont il a pris acte au Compte rendu et qu'on nie, a été très-certainement faite par M. Delaunay. » En conséquence, il s'est rangé à l'avis de ses Confrères qu'aucune dis- cussion n'est désormais possible. >> (1 ) Ceci se rapporte à l'inégalité à longue période produite par Vénus et ayant pour argu- ment i3 /' — 8l", et spécialement à la portion de cette inégalité qui est due à l'action directe de Vénus sur la Lune. M. Le Verrier n'est pas en mesure en ce moment de contrôler la vé- rité de ce que j'avance ici, parce que les formules que j'ai obtenues pour cette inégalité ne sont pas encore publiées. Il ne pourait le faire qu'en établissant lui-même ces formules, ce qui lui demanderait certainement un temps beaucoup plus long que celui qui s'est écoulé de- puis le jour (12 novembre) où j'ai parlé pour la première fois de l'inexactitude de ses nombres. (837 ) PHYSIQUE TERRESTRE. — Recherches sur la température de l'air au-dessus des arbres et à une certaine distance; par M. Becquerel. (Extrait. ) « J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie trois Mémoires sur la température des végétaux, de l'air, et sur celle du sol à différentes profon- deurs. Dans le premier, j'ai décrit le thermomètre électrique, en indiquant son 'usage et les avantages qu'il présentait' sur le thermomètre ordinaire, qui ne peut être placé utilement que dans les lieux où la lecture soit pos- sible. Le thermomètre électrique sert, au contraire, aux observations de température au-dessus et au-dessous du sol, à des hauteurs et à des profon- deurs en rapport avec les diamètres des fils de métal composant les circuits métalliques. Ces fds sont tressés et enveloppés de matière isolante, comme les câbles télégraphiques électriques sous-marins. » Ces trois Mémoires contiennent, en outre, les observations faites concur- remment avec un thermomètre pfecé au nord, depuis le mois de juillet i858 jusqu'au 3o juin dernier, à g heures du matin, 3 heures et 9 heures du soir, et fréquemment de trois heures en trois heures, de deux heures en deux heures, et nîême quelquefois d'heure en heure. » Toutes ces observations, au nombre de près de 3ooo, présentent aujour- d'hui un ensemble de faits dont la discussion jette quelque jour sur plusieurs des causes, d'ailleurs très-nombreuses, qui troublent sans cesse la tempéra- ture de l'air et interviennent aussi sur celle des arbres. On peut mettre une grande précision dans les observations faites avec le thermomètre électrique ; il suffit, pour cela, d'attendre que l'aiguille du galvanomètre, revenue à zéro, s'y maintienne pendant une minute au moins, et que la température du mercure où se trouve la soudure intérieure du thermomètre électrique soit stable; avec celte précaution, si l'on répète deux fois chaque observa- tion pour avoir une moyenne, on a des valeurs à un dixième de degré près. » Les observations de température avec le thermomètre électrique ont été reprises le ier juin, précisément à la suite de celles dont j'ai rendu compte à l'Académie; elles ont été continuées jusqu'au 3o novembre dernier, et com- prennent, par conséquent, l'été et l'automne météorologiques de 1860. Leur nombre est d'environ 2000. Ces températures sont celles de l'air au-dessus du-grand amphithéâtre du Jardin des Plantes, à 16 mètres du sol, et celles de l'air à la périphérie d'un gros marronnier, à 21 mètres au-dessus du sol. Elles ont été observées comparativement avec celles d'un thermomètre or- dinaire placé sur la face nord d'un pavillon météorologique abrité du rayon- 3 12 . ( 838 ) nement solaire. Le but que je me suis proposé était de voir comment les branches et les feuilles de l'arbre influent sur la température de l'air am- biant. On a noté à chaque observation l'état du ciel, lequel intervient sur Ja température de l'air dans les conditions où je me suis placé. » En discutant les températures recueillies pendant les six mois sus-men- tionnés, on a été conduit aux conséquences suivantes : Les arbres exposés au rayonnement solaire pendant le jour et au rayonnement céleste pendant la nuit échauffent et refroidissent les couches d'air avec lesquelles ils sont en contact; ils les réchauffent le jour et une partie de la nuit, et les refroi- dissent une fois que les feuilles ont pris la température ambiante et que le soleil n'est pas encore sur l'horizon. Ce refroidissement, sous nos latitudes, pendant les deux saisons où j'ai observé, a compensé exactement les effets de réchauffement pendant le jour. » Voici le résumé des observations faites du ier juin au 3o novembre. • Températures moyennes mensuelles pendant l'été et l'automne météorologiques. MOIS. Juin 1860 Juillet Août Moyennes de l'été Septembre Octobre Novembre Moyennes de l'automne TEMPÉRATURE MOYENNE DE L'Ail au-dessus de l'amphithéâtre. '7>37 18,43 17.74 .7,85 16,26 i3,o5 6,72 12,01 TEMPÉRATURE MOYENNE DE L'âIR au-dessus du marronnier. 17,70 .8,43 17,80 '7. 9e 16,27 1 3, 1 1 6,88 12,09 TEMPERATURE MOYENNE DE L'AIR au nord. 17,60 l8,23 l7,3o 17.7» l5,7l 12,21 6,l6 ;i,36 » Les résultats consignés dans ce tableau montrent que la température moyenne mensuelle de l'air a été sensiblement la même au-dessus de l'amphi- théâtre et du marronnier, à 16 et à 21 mètres au-dessus du sol, dans des lieux exposés à la radiation solaire et dont les soudures extérieures des ther- momètres électriques ne sont garanties qu'imparfaitement, au moyen de (839) réflecteurs en fer-blanc ; la température moyenne au nord n'est inférieure aux deux autres que de o°,2. » Quant à l'automne, les températures de l'air au-dessus de l'amphi- théâtre et du marronnier ont été sensiblement égales, puisqu'elles ne diffè- rent que de o°,o8. » La température au nord est plus basse que la moyenne des deux autres de o°,6g ; cette différence est due à l'influence solaire. ■> Si l'on veut avoir l'effet dû à l'influence de la radiation solaire, il faut chercher les différences entre la température de l'air au-dessus du marron- nier avec celle de l'air au-dessus de l'amphithéâtre, les jours où le soleil n'a pas été caché par des nuages, à 9 heures du matin et à 3 heures du soir. Tableaux des différences de températures à g heures du matin pendant les jours où le soleil a paru. MOIS. DIFFÉRENCE DES TEMPÉRATURES de l'air au-dessus du marronnier et de l'amphi- théâtre, sous l'influence solaire, à g heures du matin. DIFFÉRENCE DES TEMPÉRATURES de l'air au-dessus du marronnier et de l'amphi- théâtre, sous l'influence solaire, à 3 heures du soir. 0 — 0,10 — 0.2": o + 0,29 -+■ 0 3o Juillet — 0,10 ■4- 0,60 — 0, t6 -4- o,3g — 0,08 + 0,12 — I,IO 4- o,3o — 0,08 -+- o,g5 — 0,08 + 0,g5 » Pendant l'été et l'automne météorologiques, le matin à 9 heures, la dif- férence a été en faveur de la température de l'air au-dessus de l'amphithéâtre ; le soir c'a été l'inverse : la température de l'air au-dessus de l'arbre l'a em- porté en été d'environ o°,55; et de i°,o3 en automne. » La différence, le matin à 9 heures, n'est pas du même signe que celle de 3 heures; cela se conçoit : les feuilles s'échauffant clans la journée, ( 84o ) l'air ambiant doit être plus chaud qu'à une certaine distance de l'arbre. La différence moyenne de la journée a été égale sous l'influence de la radiation solaire à + o°,55, c'est-à-dire que, depuis l'instant où l'arbre a été échauffé par le soleil, la différence en faveur de la température de l'air a été jusqu'à 3 heures de o°,55. » Si l'on prend la moyenne des températures pendant les jours clairs de l'été météorologique, à 9 heures du soir, pour savoir de combien la chaleur acquise par l'arbre, dans la journée, a influé sur celle de l'air, pendant l'été, on a : Tableau des moyennes des températures pendant les jours clairs à g heures du soir. MOIS TEMPÉRATURE de l'air au-dessus de l'amphithéâtre pendant les jours TEMPÉRATURE de l'air au-dessus du marronnier pendant les jours TEMPÉRATURE au nord pendant les jours clairs. (H) EXCÈS DES NOMBRES de la 3e colonne sur ceux de la 2e. clairs. (A) clairs. (M) l5°,92 n°. i5 l6°,20 '7V7 i5°,7<> '4°>92 i6°,5o 40>87 + 0°,28 -+- 0°,02 -+-o°,i3 1 5o,57 l6°,2l i6°,35 1 5°,43 -+- o°,i4 r é » La chaleur acquis attire de l'air à g h gale à -+• o°, 14 en fa^ lier ; il en est de mén e par l'arbre dans la journée influe donc sur la tempé- îtires du soir, puisque l'on a encore une différence reur de la température de l'air au-dessus du marron- îe pendant les trois mois d'automne. MOIS TEMPÉRATURE MOYENNE DE L'AIR au-dessus de l'amphithéâtre pendant les jours clairs. (A) TEMPÉRATURE MOYENNE DE L'AIR au-dessus du marronnier pendant les jours clairs. (M) TEMPÉRATURE moyenne AU S 0 R D pendant les jours clairs. (») EXCÈS des nombres de la TROISIÈME COLONNE sur ceux DE LA DEUXIÈME. Septembre. . . . Octobre Novembre i3" 36 1 1 ,63 3,90 0 i3,5i 11,71 4,00 0 1 3,oo 1 1 ,00 3,57 O -+- o,i5 -r-0,08 -r- 0,10 Moyennes. 9,63 9.74 9,20 -+- 0,10 (84i ) » Les résultats consignés dans ce tableau montrent que l'influence solaire de la journée pendant les jours clairs de l'automne s'est fait encore sentir, quoique faiblement, à 9 heures du soir. » On a vu précédemment que pendant l'été, à 9 heures du matin, dans les jours clairs, l'excès de la température de l'air loin de l'arbre était égale à — o°, 16 » A 9 heures du soir, cet excès a été de. -*- o°, 14 0°,02 » Pendant l'automne on a eu pour le premier excès. . . . -f- o°,o8 » Pour le deuxième. . ■ — o°,io — o°,oa » On voit par là que pendant ces deux saisons de 9 heures du soir à 9 heures du matin le lendemain, l'influence exercée sur l'air par la chaleur acquise par les branches de l'arbre, sous la radiation solaire, a été annulée en totalité. Il est tout naturel, d'après cela, que la température moyenne n'en ait pas été affectée. » Il était important de comparer la température au nord, qui est à l'abri de la radiation solaire, à celles accusées par les deux thermomètres élec- triques exposés à cette radiation, et dont elle n'est garantie qu'en partie au moyen de réflecteurs en fer-blanc; voici le résultat de cette compa- raison : Été. Juin, excès de A et M sur N -+- i°, 14 Juillet, id. •+- o°,64 Août id. + o0,^6 Moyenne. ... -+- o°,84 Automne. Septembre, excès de A et M sur N -f- o°,55 Octobre, id. . . . . + o°,87 Novembre, id. .... + o°,64 Moyenne. ... -+- o°,69 » On voit par là que, pendant les six mois d'été et d'automne, la tem- pérature de l'air au nord, à l'abri de la radiation solaire, n'a été inférieure à celles de l'air dans les deux localités sus-indiquées que de o°^6. Telle est la part afférente à la radiation solaire. » Bien que ces différences en moyenne entre les températures de l'air (84a) au-dessus de l'arbre et à une certaine distance soient peu considérables pendant les jours où le soleil brillait, néanmoins il est des jours où ces diffé- rences ont dépassé i° et plus, en faveur de l'air au-dessus de l'arbre. En effet Juin, à 3 heures du soir. Différences, o 8 i ,o 9 • °»7 io i ,6 11 °,7 '7 «>' Juillet, à 3 heures. 0 8 i ,o io i ,6 ii- ',7 •7 i>i Août, à 3 heures. 5 >,°4 9 o,6 i° •••• i,7 Avec un été moins pluvieux que le dernier, les différences auraient été beaucoup plus considérables. . » Il restait à trouver pendant les 1 83 jours d'observations combien il y en avait eu où les températures accusées par les deux thermomètres élec- triques avaient été trouvées égales à o, i ou 0,2 de degré près. » Voici les résultats du relevé : MOIS. OBSERVATIONS DE g HEURES DU MATIN. Nombre de jours. OBSERVATIONS DE 3 HEURES DU SOIR. Nombre de jours. OBSERVATIONS DE g HEURES DU SOIR. Nombre de jours. ' II 12 .6 ai 18 17 12 l5 6 16 24 14 20 20 20 '9 21 i5 Août 95 87 n5 ( 843 ) » Sur les 1 83 jours d'observation, c'est à 9 heures du soir où l'on trouve le plus grand nombre de jours où les deux thermomètres électriques ont marché sensiblement ensembje, en moyenne, ce qui est facile à concevoir, puisque à cette heure l'influence solaire était déjà affaiblie; au contraire le plus petit nombre de jours se trouvent à 3 heures du soir, à l'instant du maximum de la journée. » On savait déjà que la surface du sol agissait sur la température suivaut sa nature et celle des plantes qui le recouvraient : ces dernières, en raison de leurs grands pouvoirs absorbant etémissif, échauffent pendant le jour les couches d'air en contact avec elles et les refroidissent pendant la nuit sous l'influence du rayonnement nocturne à tel point, que par un temps très-clair la température est quelquefois de 70 à 8° au-dessous de celle des couches .d'air supérieures. • » Les arbres, en raison de leurs feuilles et des parties vertes des branches, doivent se comporter comme les bas végétaux, du moins l'analogie per- mettait d'en tirer cette conséquence, qu'on n'avait pu vérifier encore, vu la difficulté d'observer avec les thermomètres ordinaires; avec les thermo- mètres électriques rien n'était plus facile que de se livrer à de semblables observations, comme le prouvent, du reste, les résultats que je viens d'avoir l'honneur d'exposée à l'Académie. » Ces résultats, tout en montrant l'influence que peuvent exercer les arbres sur la température de l'air ambiant, mettent en évidence ce fait remarquable, à savoir que l'excès de température de l'air provenant de réchauffement des arbres par l'effet de la radiation solaire a été de signe contraire à 9 heures du soir et à 9 heures du matin pendaut les deux der- nières séances. » D'après cela, la couche d'air qui entoure l'arbre s'est refroidie pendant la nuit autant qu'elle s'est échauffée pendant le jour, du moins du ier juin au 3o novembre. Aussi voit-on pendant ce laps de temps que la tempéra- ture moyenne de l'air, chaque mois, est sensiblement la même autour des branches qu'à une certaine distance, puisque les différences ne portent la plupart du temps que sur des centièmes de degré. » Il serait bien à désirer que de semblables observations simultanées fussent faites dans des lieux boisés et non boisés pour déterminer exacte- ment l'influence des forêts sur la température moyenne des lieux où elles se trouvent. C'est une question qui intéresse la physique terrestre et l'éco- nomie sociale. » C. R., 1860, im« Semestre. (T. LI, N° 25.) 1 I 3 ( 844) PHYSIQUE du globe. — Fiagment d'un Mémoire sur les gisements du guano dans les ilôts et sur les côtes de V océan Pacifique; par M. Bocssingault. « Les gisements de guano [huano de pajaro) sont répartis sur le littoral du Pérou, entre le 2e et le 21e degré de latitude australe. J'ai vu les premiers dépôts dans la baie de Payta. En avançant vers le sud, on en trouve de distance en distance jusqu'à l'embouchure du Rio-Loa. En dehors de ces limites, le guano se rencontre encore, quelquefois même très-abondam- ment ; mais alors il est à peu près dépourvu des sels ammoniacaux et des principes organiques auxquels il doit une grande partie de ses propriétés. » En allant du sud vers l'équateur, les huaneras principales sont celles de : Chipana. Huanillos) Punla de Lobos, Pabellon de Pica, Puerto ingles, hlas patillos, Punta grande, Isla de Iquique, Pisagua, Ilo, Jésus j Cocotea, les îles de la baie cYIslaj. » Entre hlay et un point situé à quelques lieues de Pisco on ne connaît pas de guano de pajaro [guano d'oiseau), les eaux étant principale- ment fréquentées par des phoques, des marsouins, des loups de mer [lobos); aussi les amas de guano, d'ailleurs forts restreints, que l'on aperçoit dans ces parages, sont-ils presque entièrement formés des excréments et des squelettes de ces animaux. » Le guano est déposé sur de petits promontoires, sur des falaises, il rem- plit des anfructuosités; en général il est là où les oiseaux trouvent un abri contre les fortes brises du sud. » Les roches de cette partie de la côte consistent en granit, en gneiss, en syénite, et syénite porphyrique; le guano qu'elles supportent est le plus souvent en couches horizontales, quelquefois cependant elles sont forte- ment inclinées, comme à Chipana où elles deviennent presque verticales. Dans certaines huaneras on observe un mélange d'excréments d'oiseaux et d'excréments de poissons ou de cétacés [lobos). M. Francisco de Rivero signale particulièrement ce mélange à Punta-Lobos, où, sur des strates d'un guano d'un gris obscur, l'on trouve superposées d'autres strates presque noires, d'une épaisseur de deux pieds, recouvertes à leur tour par de nou- velles couches de couleurs variées. La strate noire est remplie de petites pierres de porphyre, luisantes, elliptiques, que les phoques [lobos) ont l'habitude d'avaler et qui accompagnent toujours leurs déjections. » Les dépôts de guano sont ordinairement recouverts par un agglomérat de sable et de substances salines, le caliche, que les ouvriers enlèvent pour ( 845 ) commencer une exploitation. Sur quelques points, comme à Pabellon de Pica et à Punta grande, le gîte est au-dessous d'un amas de sable descendu des montagnes voisines, et rien n'établit mieux son ancienneté dans cette localité qu'une observation faite par M. F. de Rivero. Sur la roche qui leur sert de base, l'on voit des couches horizontales de guano suppor- tant un dépôt appartenant à l'alluvion ancienne, de 3 mètres de puissance et dans lequel on trouve des empreintes de coquilles marines, et sur cette alluvion, contrairement à ce qui a lieu ordinairement, sont placées plu- sieurs strates de guano recouvertes par le sable de l'alluvion moderne. » Le plus souvent, l'exploitation du guano a lieu à ciel ouvert, après avoir décapé le gîte en enlevant la croûte de caliche. Cependant la huanera' de Chipana est exploitée pan des travaux souterrains poussés au-dessous de l'agglomérat salin et arénacé. » Dans la huanera de Punta de Lobos, le guano de pajaro, en strates horizontales légèrement ondulées, est d'un brun très-foncé et renferme du guano de lobo, comme l'indiquent des ossements de marsouins, de pho- ques (lobos) et les pierres polies elliptiques qui caractérisent les déjections de ces animaux. On attaque la masse au pic et à la poudre. Le guano, mis en sac, est glissé sur des radeaux [balsas), qui le transbordent ensuite sur de petits bâtiments (guaneros). Les ouvriers reçoivent une piastre (5fr, 4°) par jour, la nourriture et de l'eau douce que l'on est obligé d'aller chercher au Rio-Loa quand \e§ navires en chargement n'en appor- tent pas. » La huanera de Pabellon de Pica prend son nom du village de Pica, placé à 3o lieues dans l'intérieur. C'est une montagne conique de 352 Acide phosphorique 3 , 1 2 Sels alcalins, etc 7 ,56 Silice et sable 1 ,46 Eau 15,82 100,00 (1) Annales de Chimie, ire série, t. LVI, p. 258. (2) Ces matières organiques comprennent l'acide urique et l'acide oxalique Je donne dans mon Mémoire les résultats des analyses faites au Conservatoire des Arts et Métiers. ( 847 ) Phosphate de chaux soluble ( neutre) 6,76 Phosphate de chaux insoluble (basique) 19,5?. Phosphate total 26,28 Azote dosé ' 4 > 29 répondant à ammoniaque 17 ,32 » Les caractères des guanos provenant des gisements éloignés des côtes du Pérou, sont une grande richesse en acide phosphorique et l'absence pres- que complète de matières azotées. » Il semble d'ailleurs évident que les guanos terreux et les guanos am- moniacaux ont une même origine : les déjections et les dépouilles des oi- seaux de mer. La disparition de l'ammoniaque, dans les premiers, est due probablement à des circonstances locales, telles que l'abondance et la fréquence des pluies qui favorisent naturellement la décomposition des substances organiques ou la dissolution des sels à base d'ammoniaque. » La partie du littoral de la mer du Sud où gîte le guano ammoniacal, offre en effet cette particularité que, sur une étendue considérable, depuis Tumbes jusqu'au désert d'Jtacama, la pluie est pour ainsi dire inconnue, tandis qu'en dehors de ces limites, au nord de Tumbes, dans les forets im- pénétrables et marécageuses du Choco, il pleut presque sans interruption. A Payta, placé au sud de cette province, lorsque je m'y trouvai, il y avait dix- sept ans qu'il n'avait plu. Plus au sud encore, à Chocope (lat. 70 46' S.), on citait comme un événement mémorable la pluie de 1726; il est vrai qu'elle dura pendant quarante nuits, car elle cessait pendant le jour. » La rareté des pluies dans ces contrées est attribuée à la permanence et à l'intensité des vents S.-S.-E. C'est en mai et juin qu'ils soufflent avec le plus de force. Le ciel est alors d'une admirable pureté; la température baisse par l'effet de ces courants d'air venus des régions polaires australes, qui annoncent la fin de l'été (verano). 11 n'y a pas d'orage sur cette côte péruvienne; un habitant de Lima, de Piura , de Sechura, s'il n'a pas voyagé, n'a aucune idée du tonnerre. Cependant on se tromperait sin- gulièrement si l'on s'imaginait que la sécheresse est permanente sur le lit- toral. Pendant plusieurs mois la terre est abreuvée sans recevoir de pluie ; les vallées, les coteaux se couvrent de verdure. C'est qu'il arrive une époque où le vont des régions australes est remplacé par un vent du nord à peine perceptible, si faible, qu'il a tout juste la force nécessaire pour faire mou- voir une girouette, pour agiter les banderoles des navires; c'est une légère ( 848 ) agitation de l'air, un calme indécis, indiquant que la brise S.-S.-E. a cessé. A partir de ce changement, de juillet à novembre, l'atmosphère prend un aspect tout différent, que le vent, en reprenant peu à peu, avec mollesse, la direction normale S.-S.-E. ne modifie qu'avec lenteur. On est alors en hiver (irwierno). A la vive lumière dontle pays était comme inondé, a succédé un demi-jour qui attriste l'esprit. Le ciel est voilé par un épais brouillard; ce n'est plus que rarement, pendant quelques éclaircies, que l'on aperçoit le soleil; régulièrement entre 10 heures et midi, de la vapeur vésiculaire s'élève et se maintient à une certaine hauteur où elle devient un nuage. Pendant ce mouvement ascensionnel, une partie du brouillard se résout en bruine, en cjnrua qui mouille la terre à la manière de la rosée. Les garuas, c'est l'expression indienne, ne sont jamais assez abondantes pour rendre les chemins impraticables, pour pénétrer les vêtements les plus légers ; mais par leur persistance elles introduisent dans le sol assez d'eau pour le rendre fertile, pour le maintenir dans un état convenable dhumectation quand le vent du sud, reprenant son impétuosité, les chasse et s'oppose à leur ap- parition. D'ailleurs, sur des points heureusement assez nombreux du litto- ral, l'aridité est seulement à la surface; à une certaine profondeur l'on rencontre une nappe aquifère dont l'origine est dans la Cordilière. Les eaux pluviales que reçoivent les montagnes des Andes, à moins d'être extrême- ment abondantes, ne parviennent pas toujours jusqu'à la mer; durant un parcours de 10 à 3o lieues elles sont absorbées par le sable, et, comme cela a lieu à Plura, à Sechura, pour les trouver, il faut creuser le lit des tor- rents desséchés. C'est à la fois à cette imbibition d'un sol arénacé et à la fréquence des bruines ou cjuarauas que le pays compris entre Tumbes et le Chili doit de ne pas être un désert sur toute son étendue. » C'est précisément dans cette zone, où la pluie est assez rare pour être considérée comme un événement, entre Payta et le Rio-Loa, que sont situés les gîtes de guano ammoniacal. Au delà, plus au nord, comme plus au sud de ces points extrêmes, le guano exposé aux pluies tropicales est généralement dépourvu d'ammoniaque et de sels solubles ; un sel insoluble a résisté : c'est le phosphate de chaux, la base et le caractère des guanos terreux. » Pour que le guano ait été accumulé en aussi énormes quantités dans les huaneras, il a fallu le concours de circonstances aussi favorables à sa pro- duction qu'à sa conservation : un climat d'une sécheresse exceptionnelle, sous lequel les oiseaux n'aient pas à se garantir de la pluie, des accidents de terrain offrant des crevasses, des anfractuosités où ils pussent reposer, ( 849 ) pondre et couver à l'abri des fortes brises du sud; enfin une nourriture telle qu'ils la trouvent dans les eaux qui baignent la côte. Nulle part au inonde le poisson n'est plus abondant; il arrive quelquefois, pendant la nuit, comme j'en ai été témoin à Payta, qu'il vient échouer vivant sur la plage en nombre prodigieux, sans que la mer soit agitée, comme s'il voulait échapper à la poursuite d'un ennemi. » Un des navigateurs espagnols qui accompagnèrent les académiciens français à l'équateur, Antonio de Ulloa, rapporte que « les anchois sont » en si grande abondance sur cette côte, qu'il n'y a pas d'expression qui » puisse en représenter la quantité. Il suffit de dire qu'ils servent de nour- » riture à une infinité d'oiseaux qui leur font la guerre. Ces oiseaux sont » communément appelés Gunnaes, parmi lesquels il y a beaucoup A'Jlca- » tras, espèce de Cormoran, mais tous sont compris sous le nom général de » Guanaes. Quelquefois, en s'élevant des îles, ils forment comme un nuage » qui obscurcit le soleil. Ils mettent une heure et demie à deux heures pour » passer d'un endroit à un autre, sans qu'on voie diminuer leur multitude. » Ils s'étendent au-dessus de la mer et occupent un grand espace, après » quoi ils commencent leur pêche, d'une manière fort divertissante; car, » se soutenant dans l'air en tournoyant à une hauteur assez grande, mais » proportionnée à leur vue, aussitôt qu'ils aperçoivent un poisson, ils fon- « dent dessus, la tête basse, serrant les ailes au corps, et frappant avec tant » de force, qu'on aperçoit le bouillonnement de l'eau d'assez loin. Ils » reprennent ensuite leur vol en avalant le poisson. Quelquefois ds » demeurent longtemps sous l'eau, et en sortent loin de l'endroit où ils » s'y sont précipités, sans doute parce que le poisson fait effort pour échap- » per et qu'ils le poursuivent disputant avec lui de légèreté à nager. Ainsi » on les voit sans cesse dans l'endroit qu'ils fréquentent, les uns se laissant » chévir dans l'eau, les autres s'élevant; et comme le nombre en est fort » grand, c'est un plaisir que de voir cette confusion. Quand ils sont rassa- » siés, ils se reposent sur les ondes; au coucher du soleil, ils se réunissent » et toute cette nombreuse bande va chercher son gîte. On a observé, au » CallaOi que les oiseaux qui se gîtent dans les îles et les îlots situés au nord » de ce port, vont dès le matin faire leur pèche du côté du sud, et revien- » nent le soir dans les lieux d'où ils sont partis. Quand ils commencent à » traverser le port, on n'en voit ni le commencement ni la fin (i). » (i) Ulloa, t. I, p. 486. ( 85o ) » La rareté des pluies, comme la prédominance des vents du sud, l'abon- dance extraordinaire du poisson et des oiseaux pêcheurs sur ces côtes, n'a- vaient pas échappé à l'attention des premiers Espagnols qui foulèrent le sol péruvien. Un des historiens, qui fut aussi un des acteurs de la conquête, Augustino Zarate, écrivait au XVIe siècle : « Ceux qui ont soigneusement » examiné la chose prétendent que la cause naturelle de ce phénomène (le » manque de pluie) est le vent du sud qui règne pendant toute l'année sur les i> côtes et dans la plaine, où il souffle avec tant de violence, qu'il emporte » les vapeurs qui s'élèvent de la terre et de la mer sans qu'elles puissent » monter assez haut en l'air pour s'y rassembler et former des gouttes de » pluie. Ce même vent est aussi la cause qui fait que les eaux de la mer du » Sud courent toujours vers le nord, ce qui rend difficile la traversée de » Panama au Pérou •> Dans la vallée où Lima est situé, ajoute Zarate, le séjour y est tort » agréable, parce que l'air est si tempéré, qu'en aucune saison on n'est in- » commode par le froid ou par la chaleur. Pendant les quatre mois durant » lesquels on a l'été en Espagne, l'on sent à Lima un peu plus de fraîcheur » qu'il n'en fait dans le reste de l'année, et il y tombe alors le matin, jus- » qu'à vers midi, une sorte de rosée menue, à peu près comme les brouil- » lards que l'on voit à Valladolid » Tout le long de la côte, on y trouve des poissons de toutes espèces, « surtout des veaux marins, qui sont la pâture des vautours. Il y a aussi » des oiseaux nommés alcatraz, ressemblant à nos poules ; ils sont fort » communs, puisqu'on les observe partout sur un espace déplus de 2000 » lieues; ces oiseaux se nourrissent de poissons de mer (1). » » Sous un climat aussi constant , sur un sol que l'action érosive des météores aqueux ne modifie pas, sur des plages où les marées sont à peine perceptibles, où l'on ne voit nulle part des dunes envahissantes, l'aspect de la nature est immuable. En i83î, sur ces rivages baignés par l'océan Paci- fique, j'assistais à ces mêmes scènes qu'avaient décrites Ulloa, Fraisier, et bien avant eux, Zarate. Des alcatraz, des phenicopterus, des ardéas, se livraient à la pêche comme sous le règne des Incas. A Piura l'on trouvait encore de l'eau en creusant dans le lit du torrent desséché. A Chocopé il n'avait pas plu depuis quatre-vingt-huit ans. Le rio Tumbes entrait dans la mer avec le même calme, et peut-être qu'en cherchant bien (1) Zarate, Histoire de la conquête du Pérou, t. I. ( 85i ) on aurait reconnu sur ses bords les traces laissées par cette poignée de sol- dats intrépides qui le franchirent en i53i, pour exécuter, avec un éclatant succès, l'entreprise la plus audacieuse qu'on ait jamais tentée; les bandes de Pizarre et d'Almagro avaient passé par là pour aller s'emparer du Pérou; et pas un de ces hardis compagnons ne daigna jeter un regard sur ces iné- puisables gisements de salpêtre, sur ces huaneras. dont l'importance dépasse aujourd'hui celle des mines les plus productives du nouveau monde. » Les intéressants travaux géodésiques exécutés par M. Francisco de Rivero donneraient pour le volume du guano, dans les huaneras, en 1 844 : Varas carrées. Varas cubiques. Huaneras du sud 713637 15842814 Guano de Punta Grande et guano déjà extrait. 6 167 186 Iles de Chincha i4 5o 2?4 36 5oo 000 Huaneras de Viejas y Carretas , Ballesta 60 000 58 56o 000 " M. F. de Rivero a trouvé pour le poids de la vara cubique, i4oo livres espagnoles, soit 645 kilogrammes. » On aurait alors pour le poids du guano, ayant existé dans les huane- ras, 378 millions de quintaux métriques. » Dans cette évaluation ne sont pas compris les gisements au sud du Rio-Loa, parce qu'ils appartiennent au Chili, ni ceux que l'on connaît au nord des îles de Chinclia, jusqu'à Payta, où je les ai vus reposer sur des schistes noirs, argileux, dont les cimes, vues d'une certaine distance, parais- saient couvertes de neige. » Les gisements de guano sont tellement considérables, que l'on a douté qu'ils fussent bien réellement formés par des excréments d'oiseaux appar- tenant à l'époque actuelle. Humboldt était très-enclin à les considérer comme antédiluviens, comme des amas de coprolithes ayant conservé leur matière organique originelle. Il reculait devant l'âge qu'il faudrait assigner à ces dépôts dont l'épaisseur atteint quelquefois 3o mètres, parce qu'il sup- putait qu'en trois siècles les déjections des oiseaux qui fréquentent les îles de Chincha ne dépasseraient pas une épaisseur de 1 centimètre. » M. F. de Rivero croit, au contraire, que cette prodigieuse accumula- tion de guano est tout naturellement expliquée par la multitude des guanaes, désignés sur les côtes du Pérou sous les noms de piqueros, sarcillos, gaviotas, C. R., 1860, 2m« Semestre. {T. U, N° 25.) ' *4 ( 85.'/ ) alcatraces, pagaro-ninos, patillos, etc. Si aujourd'hui, dit-il, malgré la persé- cution qu'ont soufferte et que souffrent encore les guanaes, on en voit néan- moins des milliards se poser sur les récifs ou sur les sommets escarpés des îlots, qu'était-ce avant l'occupation du Pérou par les Européens, lors- qu'ils étaient pour ainsi dire les seuls habitants du littoral. Il ajoute que pour concevoir la formation du guano des îles de Chincha, évalué à 5oo millions de quintaux espagnols, il suffit d'admettre, ce qui n'a rien d'exagéré, qu'un guanaes rend chaque nuit une once d'excréments et que toutes les vingt-quatre heures 264000 de ces oiseaux fonctionnent dans les /marieras. En 6000 ans, M. F. de Rivero ne va pas au delà, par égard pour la date du déluge, le guano déposé pèserait 36 1 millions de quintaux, et l'on ne doit pas oublier qu'aux déjections s'ajoutaient nécessairement les dépouilles des oiseaux 264000 guanaes habitant à la fois les îles de Chin- cha est un nombre que l'on ne répugne aucunement à accepter quand on a vu se mouvoir ces nuées de volatiles dont, pour employer l'expression de Ulloa, « on n'aperçoit ni le commencement ni la fin », qui font naître l'ob- scurité et, en rasant !a surface de la mer, empêchent un navire de manœu- vrer. Ce nombre peut d'ailleurs subir une sorte de contrôle. Les guanaes ne pèchent que pendant la journée; la nuit ils se retirent dans les /marieras. Dans l'hypothèse de M. F. de Rivero, les îles de Chincha en recevraient a64ooo; la question est donc de savoir si la place ne leur manquerait pas. Or la surface de ces îles est de i45o2a4 varas carrées; un guanaes y pour- rait donc disposer de 5 ^ varas, soit à peu près 4 mètres carrés sur les- quels il se trouverait parfaitement à l'aise. » Que le guano appartienne à l'époque actuelle ou qu'il ait été déposé à une époque antérieure, toujours est-il qu'il représente une masse énorme de substances organiques ayant appartenu aux habitants de l'Océan, et comme les déjections dérivent des aliments, les poissons détruits par les oiseaux pêcheurs en ont été la matière première; tous les éléments enfouis dans les huaneras ont incontestablement fait partie de leur organisation et il n'est pas impossible d'estimer la quantité de poisson qui a été consommée. » En négligeant ce qu'un oiseau de mer dissipe pendant la combustion respiratoire, l'on est autorisé à croire que la presque totalité de l'azote delà nourriture se retrouve dans les déjections, et par conséquent dans le guano ammoniacal, qui n'est autre chose que la déjection conservée par l'effet de circonstances particulières sur lesquelles j'ai insisté précédemment. L'albu- mine, l'acide urique ont donné lieu sans doute à une production d'ammo- niaque, ou ont éprouvé d'autres modifications dans lesquelles se trouve ( 853 ) l'azote qui entrait dans les fèces des guanaes, et, par conséquent, dans le poisson digéré par ces oiseaux. Un poids donné de guano ammoniacal aura donc pour équivalent un certain poids de poisson dans lequel il entrera la même quantité d'azote. » Le guano du Pérou quand il vient d'être extrait, lorsqu'il n'est pas ava- rié, renferme, comme nous l'avons vu, en moyenne, environ i4 pour 100 d'azote. » Des recherches que j'ai faites il y a quelque temps m'autorisent à admettre que le poisson à sa sortie de la mer contient a, 3 d'azote pour ioo. » Ainsi 100 kilogrammes de guano contiendraient l'azote de 600 kilogram- mes de poisson de mer, et comme dans les huaneras, avant qu'on eût poussé aussi activement leur exploitation, il y avait 3^8 millions de quintaux mé- triques de guano, on aurait 2268 millions de quintaux de poisson de mer. » Telle a dû être, en effet, l'énorme quantité de poissons dévorés dans le cours des siècles par une suite de générations non interrompues de gua- naes, et les 53 millions de quintaux d'azote qui s'y trouvaient, avaient réel- lement appartenu à l'atmosphère ; car l'azote, comme je l'ai énoncé depuis longtemps, n'a pas d'autre gisement primitif (1). • » Les êtres organisés ont dans leur constitution, indépendamment des sels minéraux, du carbone, les éléments de l'eau et de l'azote. Le carbone, dans les carbonates, dans le graphite, appartient aux plus anciennes forma- tions; le carbone pur, le diamant, accompagne l'or et le platine dans les détritus du granit, du gneiss, des syénites. L'eau, d'après les belles expé- riences de MM. de Senarmont et Daubrée, a joué un rôle important dans le métamorphisme des terrains cristallins. Des éléments de l'organisme, l'azote est donc le seul qu'on ne trouve pas fixé dans les roches d'origine ignée ; nous ne le voyons apparaître que dans les dépôts sédimentaires, là où il y a des vestiges d'êtres ayant végété ou respiré sur la terre, et tout nous porte à croire qu'il'n'a pénétré dans les tissus des plantes et par suite dans les tissus des animaux qu'après avoir été transformé en acide nitrique ou en ammoniaque, états sous lesquels on le rencontre habituellement dans l'atmosphère. » Comme les houillères, comme les dépôts tourbeux, comme les dilu- viums à ossements et à coprolithes, les huaneras recèlent, en les tenant en quelque sorte sous le séquestre, des matériaux des anciens mondes que l'homme dans son incessante activité fait entrer dans le monde moderne. (i) Annales de Chimie et de Physique, 2e série, t. LXXI, p. 116; 1839. Il4-. ( 854 ) » En fertilisant un champ avec leurs produits, on métamorphose en ali- ments les excréments des oiseaux de mer; de même que, en brûlant des combustibles minéraux, on restitue à l'atmosphère du carbone, de la va- peur aqueuse, de l'azote, qu'en avait soustrait la végétation propre à l'épo- que houillère. C'est ce qu'exprimait avec autant d'esprit que de vérité un illustre ingénieur anglais, G. Stephenson,en voyant avancer à toute vitesse un convoi sur un des nombreux chemins de fer qu'il avait créés : ce ne sont pas, disait-il, ces puissantes locomotives dirigées par nos habiles mécani- ciens qui font marcher ce train, c'est la lumière du soleil. La lumière qui, il y a des myriades d'années, a dégagé le carbone de l'acide carbonique, pour le fixer dans des plantes qu'une révolution du globe a modifiées en houille. » Les restitutions des anciens mondes n'ont pas lieu seulement envers l'océan aérien, mais aussi envers le sol. Les huaneras renferment des sub- stances minérales parmi lesquelles figure le phosphate calcaire; dans le guano le plus ammoniacal d' Angamos eu des iles de Chinclia il n'y en a pas moins de i5 pour ioo ; les guanos terreux en sont presque entièrement for- més, et l'on peut, sans aucune exagération, estimer le phosphate de chaux de ces gisements à o,5 millions de quintaux métriques, de quoi former le système osseux de quatre billions d'hommes (i), et cependant ce n'est réel- lement là qu'une parcelle des phosphates répartis dans les divers étages de la série géologique. Dans le guano, tout le phosphate a nécessairement pour origine le poisson consommé par les guanaes, ou, en prenant les cho ses de plus loin, la terre; ce qui a fait dire à M. Elie de Beaumont, avec une grande justesse de vue, que, dans les êtres organisés, « l'azote vient d'en haut et le phosphore d'en bas ». » Les matériaux accumulés dans ces ossuaires des temps primitifs que l'on rencontre dans le calcaire jurassique, dans le calcaire néocomien, dans les grès verts, dans les cavernes anciennement habitées par des générations de carnassiers, les coprolithes n'ont offert, jusqu'en 1847, qu'un intérêt purement scientifique ; mais aussitôt que la chimie eut signalé leur richesse en acide phosphorique, l'on comprit que, dans certaines limites, ils de- vaient agir comme le guano ; dès lors on les rechercha avec ardeur. Aujour- d'hui l'agriculture européenne reçoit ces phosphates des extrémités du monde : des îles de l'océan Pacifique, de la mer Caribe, du golfe du Mexi- que, des côtes de l'Afrique et de l'Australie ; pour s'en procurer, les navi- (1) D'après une donnée de notre savant confrère M. Jobert de Lamballe. ( 855 ) gateurs abordent des bancs de coraux, des récifs qu'ils évitaient autrefois comme de dangereux écueils. » Qu'il me soit permis, en terminant, de constater devant l'Académie des Sciences que ce grand mouvement commercial qui a pour résultat la diffusion des matières fertilisantes, a eu pour unique impulsion une observa', tion faite par un géologue éminent, le docteur Buckland, et les analyses si remarquables de l'un de ses Membres les plus distingués, M. Berthier. » GÉOMÉTRIE. — Propriétés relatives au déplacement fini quelconque, dans l'espace, dune figure déforme invariable; par M. Chasles. INTRODUCTION. « J'ai fait connaître, il y a fort longtemps, dans le Bulletin des Sciences mathématiques du baron de Férussac (i), plusieurs propriétés relatives au * système de deux figures semblables, placées d'une manière quelconque dans l'espace : ce qui comprend le cas de deux figures égales. Mais ce cas par- ticulier a une telle importance, qu'il demande à être traité directement, abstraction faite des généralités auxquelles il se rattache ; car il se présente de lui-même et sous un point de vue différent qui a son caractère et ses applications propres. » En effet, deux figures égales peuvent être regardées comme deux posi- tions différentes d'une même figure qui a éprouvé un déplacement. Leurs propriétés générales, déjà si intéressantes au seul point de vue géométrique, touchent donc de très-près au domaine de la Mécanique, et prennent dès lors un nouvel intérêt. La question elle-même demande plus de développe- ment et se subdivise ; car il devient nécessaire de distinguer essentielle- ment le cas où le déplacement est infiniment petit, et le cas d'un déplace- ment fini quelconque. » Le déplacement infiniment petit, qui est le cas naturellement le plus simple et le plus facile à traiter, m'a conduit néanmoins à de très-nom- breuses propriétés, que j'ai réunies dans une communication à l'Acadé- mie (2). Aujourd'hui c'est le cas général du déplacement fini d'une figure (1) Tome XIV, cahier de novembre i83o. Note sur les propriétés générales du système de deux corps semblables entre eux, placés d'une manière quelconque dan.> l'espace; et sur le déplacement fini, ou infiniment petit d'un corps solide libre (p. 321-336). Cette Note a été reproduite dans le tome VII (année i832) de la Correspondance mathé- matique et physique de l'observatoire de Bruxelles, publiée par M. Quetelet. (Foirp. 352-357.) (2) Propriétés géométriques relatives au mouvement infiniment petit d'un corps solide libre dans l'espace. (Voir Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, t. XVI, p. 1420- i442 > séance du 26 juin 1843.) ( «56 ) quelconque, plane ou à trois dimensions, qui fait le sujet du Mémoire dont j'ai l'honneur d'entretenir l'Académie. » Ce n'est pas précisément à la Dynamique, comme semblerait l'indiquer au premier abord l'idée de mouvement, que se rapportent ces questions du déplacement d'un corps et les propriétés auxquelles elles donnent lieu; mais bien à celte partie de la Mécanique, où l'on n'a point à considérer les forces qui produisent le mouvement, et que Carnot a distinguée, le pre- mier, sous le nom de mouvements géométriques, en annonçant que l'étude de ces questions, qui ne demande que des considérations de Géométrie, serait d'un grand secours dans la Mécanique proprement dite. » Celte idée, d'étudier les mouvements indépendamment des forces, qui au- rait pu être suscitée par l'objet même de la Statique, où l'on traite des forces * indépendamment des mouvements, fut émise, il y a trois quarts de siècle, par le jeune capitaine du génie, dans son Essaipour les Machines en général (i), et reproduite depuis dans la Géométrie de position (2), et dans un Rapport à l'Institut (3). Néanmoins elle semblait rester inféconde, ou du moins négligée, quand Ampère enfin, qui en comprit le caractère, fit de l'étude des mouve- ments considérés en eux-mêmes le sujet d'une division distincte de la Méca- nique générale, sous le nom de Cinématique, dans son Essai sur la philoso- phie des sciences (année i834). » L'illustre auteur associa cette nouvelle branche de la science à la Sta- tique, comme formant ensemble les connaissances fondamentales qui doi- vent précéder l'étude de la Dynamique, où l'on traite à la fois des mouve- ments et des forces qui les produisent. » Mais il est essentiel de remarquer que ces deux parties ont chacune, au point de vue de la Dynamique rationnelle, un caractère et une importance très-différents. La Cinématique a pour objet principal, dans ses développe- ments, l'étude des communications et transformations de mouvement dans les machines, et se rapporte plus particulièrement à la Mécanique pratique, tellement que des auteurs la regardent comme la théorie des Mécanismes (4); tandis que la Statique appartient essentiellement à la Mécanique rationnelle. La première n'a pas de principes qui lui soient propres et qui la caractéri- sent ; elle ne forme pas une science, quoique Ampère, dirigé par sa classifi- cation systématique, l'ait présentée comme telle ; elle réunit seulement un ensemble de questions de même espèce, qui ne demandent que de simples (i) Nouvelle édition ; Dijon, l'jSô; in-8°. (2) Pages 336-338. (3) Séance du 4 mars 181 1. (Voir le Traité élémentaire des Machines, par M. Hachette , 2e édition, p. xxiv. ) (4) Principles of Mecanism, by Robert Willis. London 184» - (857 ) considérations de Géométrie. La seconde, an contraire, renferme les principes et les lois d'équilibre des forces; et elle a d'autant pins d'importance, que ces lois trouvent une application nécessaire, non-seulement dans les ques- tions d'équilibre ou de stabilité des corps, mais aussi dans toutes les parties de la Dynamique. » Quoi qu'il en soit, le voeu de Carnot et d'Ampère s'est réalisé dans ces dernières années. Déjà quelques ouvrages traitent spécialement de la Ciné- matique ou de questions qui s'y rapportent; et même des Trajlés de Méca- nique rationnelle contiennent, dans un chapitre spécial, certaines notions sur cette partie distincte, soit sous le nom de Cinématique, soit sous le titre : Du mouvement considéré indépendamment de ses causes : titre peut- être suffisant et plus précis pour un chapitre de Mécanique rationnelle, tandis que celui de Cinématique pourrait convenir plus spécialement à la Mécanique pratique ou science des machines (i). » Non-seulement les questions du déplacement d'une figure, sur le plan ou dans l'espace, se rattachent à la Cinématique, comme nous l'avons dit, mais elles forment même les éléments naturels de cette partie de la Méca- nique. Pour s'en convaincre, il suffit de considérer que les premières pro- positions placées par les auteurs dans leurs Traités de Cinématique sont précisément les théorèmes les plus simples auxquels nous a conduit l'étude du déplacement géométrique d'un corps; par exemple, l'existence d'un point central commun à deux figures planes situées d'une manière quelconque dans le même plan, ou d'un axe commun à deux figures à trois dimen- sions placées d'une manière quelconque dans l'espace (a). » Un tel usage de ces théorèmes était facile à prévoir. Aussi, après avoir fait connaître dans Y Aperçu historique quelques propriétés du mouvement ( i ) Comme si l'introduction de la Cinématique avait demandé un sacrifice, cette autre partie, la Statique, a perdu son titre et son caractère de science faite et indépendante, dans plusieurs des nouveaux Traités de Mécanique. Elle s'y trouve mêlée à la Dynamique, et parfois même subordonnée à celle-ci. Cette confusion semble contraire à l'esprit général des Mathémati- ques, et ne peut que nuire à l'intelligence tout à la fois des principes de la Statique et de ceux de la Dynamique. Nous n'avons point sans doute à traiter dans ce moment cette grave ques- tion ; aussi voulons-nous seulement prémunir le lecteur contre la pensée, qu'en parlant ici de l'introduction de l'étude spéciale des mouvements géométriques dans la Mécanique, nous approuverions la suppression de la Statique qui s'est faite dans le même temps. Quant à la question elle-même, qui touche essentiellement aux conditions d'un enseignement rationnel, nous renvoyons aux excellentes réflexions développées par notre confrère M. Duhamel dans la Préface de son Cours de Mécanique, première partie, seconde édition ; : 853. (2) Bulletin des Sciences mathématiques du baron de Férussac, t. XIV, p. 321-324. ( 858 ) infiniment petit d'un corps dans l'espace, j'ai cru pouvoir ajouter : « Cette théorie des mouvements de rotation fera partie nécessairement de » la nouvelle branche de la Mécanique que M. Ampère vient de comprendre » dans sa classification des connaissances humaines, sous le nom de Ciné- » viatique, et qui doit précéder la Statique et faire avec elle l'objet complet » delà Mécanique élémentaire. » (Aperçu historique, p. 4'5.) » Bientôt après j'ai saisi l'occasion d'introduire dans le Cours de Ma- chines de l'É«ole Polytechnique les théorèmes dont il s'agit, qui y trouvaient des applications. De là ces théorèmes ont passé dans les programmes offi- ciels des cours de l'Ecole Polytechnique, et ensuite tout naturellement dans les ouvrages rédigés conformément à ces programmes. •> Mais on s'est borné jusqu'ici à quelques propositions seulement de cette théorie naissante. La présente communication montrera que la matière est susceptible d'une grande extension. I. Propriétés relatives au déplacement d'une figure plane dans son plan. » \. Ces propriétés se rapportent essentiellement au système de deux figures égales, placées d'une manière quelconque dans leur plan. » On suppose que les deux figures sont superposables par voie de glisse- ment de l'une sur leur plan commun; et conséquemment qu'elles ne peu- vent pas être placées symétriquement. » Cela étant convenu : Quelle que soit la position respective des deux figures, il existe toujours un point qui, étant considéré comme appartenant à la pre- mière figure, est lui-même son homologue dans la seconde; de sorte qu'il suffit de faire tourner la seconde figure autour de ce point pour la faire coïncider dans toutes ses parties avec la première (i). » Nous appellerons indifféremment point central, ou centre de rotation, ce point dans lequel coïncident deux points homologues des deux figures, (i) Quand le déplacement de la figure est infiniment petit, on en conclut que les normales aux trajectoires des différents points d'une figure en mouvement passent toutes, à un instant du mouvement, par un même point. Et de là résulte une méthode fort simple de déterminer les normales ou les tangentes des courbes décrites dans le mouvement d'une figure de forme invariable. Cette méthode, que j'ai indiquée en premier lieu pour la courbe à longue inflexion décrite par un point du pai-allélogramme articulé de Watt ( V. Histoire des machines à vapeur, par M. Hachette, p. 85 ), diffère de celle de Roberval, qui repose aussi sur des considérations de mouvement : elle est en outre susceptible d'un bien plus grand nombre d'applications. Elle se prête même à la détermination des rayons de courbure des courbes. (V. Aperçu histori- que, p. 548. — Journal ac Mathématiques de M. Liouvillc, t. X, p. 148 et 2&4- ) ( 859) et autour duquel on peut faire tourner une des figures pour la faire coïn- cider avec l'autre. »2. Que l'on considère dans les deux figures deux droites homologues L,ï/ et les droites AA',BB',..., qui joignent deux à deux leurs points homologues, droites que nous appellerons des cordes: Les milieux de ces cordes sont sur une droite A qui fait des angles égaux avec tes deux droites L, L'. » Nous nommerons cette droite A la droite-milieu relative aux deux droites L, L'. » 3. La droite-milieu relative à deux droites homologues passe par les pieds des perpendiculaires abaissées du point central sur ces droites. » 4. La perpendiculaire menée du point central sur la droite-milieu de deux droites homologues L, L' passe par le point de concours de ces deux droites. » 5. Les cordes AA', BB', . . . , qui joignent deux à deux les points correspondants des deux droites L , L', étant projetées orthogonalement sur la droite-milieu A, ont leurs projections égales entre elles. » 6. Ces cordes enveloppent une parabole tangente aux deux droites L, L' ; le foyer de celte courbe est le point central des deux figures, et sa directrice est la droite-milieu A des deux droites L, L'. » 7. Deux droites homologues quelconques L, 1/ font entre elles un angle de grandeur constante et toujours dans le même sens. » Cet angle est égal à la rotation qu'il faut faire éprouver à l'une des figures autour du point central pour l'amener sur l'autre figure. » 8. Si autour de deux points homologues O, O' des deux figures on fait tourner deux droites homologues^ leur point d'intersection décrit un cercle qui passe par les deux points O, O'. » 9. Par un point quelconque on peut toujours mener un système de deux droites homologues, et un seul. » 10. Sur une droite quelconque il existe toujours un système de deux droites homologues, et un seul. » 11. Les points de la première figure, tels, que les cordes qui les joignent à leurs homologues dans la deuxième figure concourent en un même point donné O, sont situés sur une circonférence de cercle. » Cette circonférence passe par le point central des deux figures, par le point donné O et par le point qui, dans la première figure, correspond à ce point O considéré comme appartenant à la seconde figure. » Réciproquement : Quand un cercle appartenant à la première figure passe par le point central des deux fgures, les droites qui joignent ses points à leurs C. R. , i86o, 2m* Semestre. (T. LI, N° 23.) I ' 5 ( 86o ) homologues dans la seconde figure, passent toutes par un même point du cercle. » 12. Si par chaque point d'une droite donnéeh on mène deux droites homo- logues dans les deux figures (9), ces droites enveloppent deux paraboles tangentes à la droite L et ayant pour foyer commun le point central des deux figures. » Réciproquement : Quand une parabole a son foyer au point central commun aux deux figures, ses tangentes, considérées comme appartenant à l'une des deux figures, rencontrent leurs homologues en des points situés sur une m'ême droite tangente à la parabole. » 13. Sur deux droites non homologues menées arbitrairement dans les deux figures, il existe toujours un système de deux points homologues. !> 14. Par deux points non homologues, pris arbitrairement dans les deux figures, on peut toujours mener deux droites homologues. » 15. Si l'on divise dans un rapport donné toutes les cordes qui joignent deux à deux les points homologues des deux figures, les points de division forment une troisième figure semblable aux proposées et dans laquelle te point homologue au point central commun à celles-ci est ce point lui-même. » 16. Si l'on fait tourner d'un même angle, et dans le même sens, toutes les droites d'une figure autour des points oit ces droites rencontrent leurs homologues dans [autre figure, ces droites," dans leurs nouvelles positions, formeront une troisième figure, semblable aux proposées et dans laquelle le point homologue au point central commun à celles-ci coïncidera avec ce point. » 17. Un point fixe P étant donné, les couples de points homologues des deux figures, tels, que les cordes qui les joignent deux à deux soient vues de ce point sous un angle de grandeur donnée, sont sur deux coniques qui passent par le point P ; » Et ces cordes enveloppent une courbe de la quatrième classe et du sixième ordre qui a trois tangentes doubles dont une, réelle, est située à [infini, et les deux autres, imaginaires, son} les asymptotes d'un cercle décrit autour du point central commun aux deux figures. » 18. Une droite D étant donnée, les couples de droites homologues des deux figures, qui interceptent sur cette droite des segments de longueur donnée, enve- loppent deux paraboles tangentes à la droite D ; » El les points de concours de ces couples de droites homologues sont sur une courbe du troisième ordre qui a un point double situé au point central commun aux deux figures. Propriétés relatives à deux courbes géométriques égales. » 19. Quand deux courbes égales d'ordre m sont placées d'une manière quelconque dans un même plan : ■ ( 86i ) » Les droites qui joignent deux à deux les points homologues de ces courbes enveloppent une courbe de la classe 2 m, et de l'ordre m (m + 1); » Cette courbe a trois tangentes multiples de l'ordre 1 m, dont une, réelle, est à finfini, et les deux autres, imaginaires, sont les asymptotes d'un cercle qui aurait son centre au point central commun aux deux figures égales auxquelles appartiennent les deux courbes d'ordre m. » 20. Quand deux courbes égales, de la classe n, sont placées d'une manière quelconque dans leur plan : » Les points d'intersection des tangentes homologues des deux courbes sont sur une courbe d'ordre 2 n et de la classe n ( n -4- 1 ) ; » Cette courbe a trois points multiples d'ordre n, dont un, réel, est au point central des deux figures, et les deux autres, imaginaires, sont à l'infini sur un oercle. » 21. Etant donnée dans le plan de deux figures égales une courbe d'ordre m, si par chaque point de celte courbe on mène les deux droites homo- logues des deux figures qui se coupent en ce point (9), ces deux droites envelop- pent deux courbes de la classe 2 m et de l'ordre m (m + 1 j; » Chacune de ces courbes a trois tangentes multiples d'ordre m, dont une, réelle, est à l'infini, et les deux autres, imaginaires, sont les asymptotes d'un cercle ajant son centre au point central des deux figures. » 22. Etant données dans le plan de deux figures égales une courbe de la classe n, sur chaque tangente à celte courbe se trouvent deux points homologues des deux figures (10) : >• Ces deux points ont pour lieu géométrique deux courbes égales d'ordre 2 n et de ta classe n ( n + 1 ) ; » Chacune de ces courbes a trois points multiples d'ordre n dont un, réel, est le point central commun aux deux figures, et les deux autres, imaginaires, sont à l'infini sur un cercle. » 23. Si dans les deux théorèmes 19 et 20 on suppose que les deux courbes données soient infiniment voisines, comme il arrive quand une courbe éprouve un déplacement infiniment petit (lequel est toujours une rotation autour d'un point fixe), les deux théorèmes prennent les énoncés suivants : » Quand le sommet d'un angle droit, dont un côté tourne autour d'un point fixe, glisse sur une courbe d'ordre m, l'autre côté enveloppe une courbe de la classe 2m et de l ordre m ( m + 1 ) ; » Cette courbe a trois points multiples d'ordre m, dont un, réel, est le point fixe autour duquel tourne le premier côté de l'angle, et les deux autres, imagi- naires, sont à l'infini sur un cercle. 11 5.. ( 86a ) » 24. Le lieu des pieds des perpendiculaires abaissées d'un point fixe sur les tangentes d'une courbe de la classe n est une courbe d'ordre i n et de la classe n(n+i); » Cette courbe a trois tangentes multiples d'ordre n, dont une, réelle, est à l'in- fini, et les deux autres, imaginaires, sont les asymptotes dun cercle qui aurait son centre au point fixe. » 25. Etant données deux courbes égales de la classe n, si par chaque couple de points homologues de ces deux courbes on mène un cercle passant par le point central O commun aux deux figures que ces courbes représentent : tous les cercles ainsi déterminés auront pour enveloppe une courbe d'ordre 2 n et de la classe n (n -+- 1); cette courbe a trois points multiples d'ordre n, dont un réel, situé au point O, et les deux autres imaginaires, situés à (infini sur un cercle. » 26. Si l'on suppose que les deux courbes soient infiniment voisines, le théorème prend cet énoncé : •• Si les rayons vecteurs menés d'un point fixe O à tous les points d'une courbe de la classe n, sont pris pour diamètres d'autant de cercles : la courbe enveloppe de ces cercles est une courbe d'ordre in et de la classe n (n -f- 1) qui a trois points multiples d'ordre n, dont un, réel, est te point O, et les deux autres, imaginaires, sont à l'infini sur un cercle. » 27. Etant données deux courbes égales d'ordre m, si [on conçoit chaque couple de tangentes homologues des deux courbes, et la parabole tangente à ces deux droites et ayant son foyer au point central O commune aux deux figures : » Toutes les paraboles ainsi déterminées auront pour enveloppe une courbe de la classe 2m et de l'ordre m (m -+- 1); cette courbe a trois tangentes multiples d'ordre m, dont une, réelle, est située à l'infini, et les deux autres, imaginaires , sont les asymptotes d'un cercle ayant son centre en O. » 28. Qu'on suppose les deux courbes infiniment voisines, on en conclura ce théorème : - » Si d'un point fixe O on abaisse une perpendiculaire sur chaque tangente d'une courbe d'ordre m, et que par le pied de la perpendiculaire on mène une parabole qui touche celte tangente en ce point et ait pour foyer le point O : » Toutes les paraboles ainsi menées auront pour enveloppe une courbe de la classe 1 m et de [ordre m (m-f- 1), qui aura trois tangentes multiples d ordre m, dont une, réelle, est à [infini, et les deux autres, imaginaires, sont les asymptotes d'un cercle ayant son centre en O. Composition des rotations et des translations finies, dans un plan. » 29. Une rotation finie autour d'un point A peut être remplacée par unt (' 863 ) mitre rotation égale et de même sens, autour d'un autre point quelconque B, et par une translation ; » Cette translation est égale à deux fois la distance des deux centres de rotation multipliée par le sinus de la demi-rotation. » Réciproquement : Une rotation autour d'un point et une translation peuvent ■ être remplacées par une rotation unique égale à la rotation proposée et de même sens. » 30. Quand une figure plane éprouve deux rotations successives autour de deux points A, B, nous entendons que la première rotation a lieu autour du point A, qui reste fixe pendant cette rotation, et que la seconde a lieu ensuite autour d'un point B', qui est la position qu'a prise le point B en vertu de la première rotation. » Cela convenu : Deux rotations successives d'une figure autour de deux points A, B, produisent une rotation unique autour d'un point O. n Cette rotation est égale à la somme ou à la différence des deux rotations proposées, selon qu'elles ont lieu dans le même sens ou en sens contraires; et le centre O de cette rotation se détermine par cette considération, que les trois points A, B et O sont les sommets d'un triangle ABO dont les angles en A et en B sont égaux aux demi-rotations proposées ; le premier de ces angles étant formé dans le sens de la première rotation, et le second en sens contraire à celui de la seconde rotation. Le troisième angle O est égal au supplément de la rotation résultante. Il suit de là que les trois côtés du triangle sont proportionnels aux sinus des demi-rotations qui ont lieu autour de ses sommets. » Il ne faut pas perdre de vue que la première rotation et la rotation résultante ont bien lieu effectivement autour des deux points A et O du triangle, mais que la seconde rotation n'a pas lieu réellement autour du sommet B, mais bien autour du point B' où ce point B vient se placer par l'effet delà première rotation. » 31. Réciproquement : Une rotation unique peut se remplacer d'une infi- nité de manières par deux rotations autour de deux points. « L'un de ces points étant donné, l'autre sera pris arbitrairement sur un droite déterminée de position. » 32. Deux rotations égales et de sens contraires produisent une translation. » Ces deux rotations forment ce qu'on appelle un couple de rotations. » « M. Milxe Edwards présente la première partie du VIe volume de son ouvrage intitulé : Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée de l'homme ( 864 ) e.l des animaux, et il rend brièvement compte des matières contenues dans ce livre. » MÉTÉOROLOGIE. — Coordination des Observations faites sur le Rhône au pont Morand à Lyon, pendant la période de 1826 à t855;/?arM. F. Fournet. « Ayant soumis à la Commission hydrométrique mes idées au sujet des avantages que la météorologie et l'hydrographie devaient retirer de cer- tainsarrangements des observations faites par MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées au sujet des hauteurs quotidiennes du Rhône au pont Morand, je fus chargé d'effectuer ce travail, et je m'empresse de faire connaître à l'Institut l'extrait sommaire de mes laborieuses opérations. » Mes premiers soins ont dû naturellement porter sur le calcul des moyennes mensuelles, trimestrielles disposées conformément aux saisons, semestrielles et annuelles, dont j'ai reçu les éléments pour les années com- prises entre 1826 et i855. J'ai résumé, en outre, mes résultats par séries décennales afin de faciliter par la suite l'extension des combinaisons à de plus longues périodes ; car pour le moment il a fallu m'arrêter à la récapi- tulation générale des trente années susdites, embrassant io838 obser- vations. » Les séries décennales donnent entre autres pour les diverses saisons, les moyennes suivantes au-dessus du zéro de l'échelle. période de i836 à 1845. PÉRIODE DE i 845 à 1 855 [ Décembre . Hiver ; Janvier I Février i Mars Printemps...» Avril ( Mai I Juin Été | Juillet ( Août S Septembre. Octobre Novembre Moyenne annuelle des séries. Moyennes mensuelles. i,o3 o,8o o»99 0,91 i,48 i,39 i,64 i,58 1,70 1 ,40 1,52 ',"9 Moyennes des saisons. i,'9 Moyenne de l'ensemble des années. i,34 ,28 0,9'i 1 ,26 1,64 .,34 i,3o ( 865 ) » Indépendamment de cette première opération, j'en effectuai une autre beaucoup plus pénible, en ce sens que les observations journalières devaient être rapprochées les unes des autres de manière à permettre de tracer, à l'aide des moyennes, les courbes indiquant, jour par jour, les hauteurs du fleuve, soit pour chaque intervalle de 10 ans, soit pour l'ensemble des 3o années. Ces dernières moyennes sont résumées dans le tableau suivant : DATES. I'l 1 l.M JANV. FÉVR. MARS. AVRIL. MAI. JUIN. JUILL. AOUT. SEPT. 0CT0B . i,36i i,3i 1 1,401 ',495 I ,321 ',568 .,548 1,522 1,619 i,488 i,589 1,62g i,635 ',48g . ,433 K0VRM. 3 4 5 6 7 8 9 i3 ■4 ' .487 i,55o ",496 i,393 1,329 1 ,220 ','97 1 ,206 1 ,210 1 ,282 1,212 1,171 1,098 1 ,oo3 0,980 0,842 0,802 o,779 0,732 0,750 0,734 0,713 0,753 0,752 0,787 0,820 i,ooj 1 ,062 0,928 1,046 1 ,o34 o,973 1,029 1, 101 1,087 0,977 o,99' o,9o3 0,964 0,968 o,943 o,885 0,870 0,818 0,810 1,13g i,i63 1,089 ',°97 1 ,o63 1,009 o,973 1 ,026 0,984 0,967 o,933 0,895 0.972 1 ,002 1,007 I ,265 I ,266 1 ,3o5 1,259 I,23l ',27g 1,259 1 ,3oo i,44o 1 ,420 I,4l2 1,383 ■ ,444 .,434 .,348 I ,23l 1 ,226 1,272 1 , 269 1 ,3i297 1 ,241 ',294 1,244 1 ,252 1,266 1,242 1,242 I ,25l ', '/3 1,188 ','46 1,154 ','9' 1,282 1,378 1,426 I,5l2 ',492 1,376 ',446 i,367 ',349 i,33i 1,356 i,3i3 1,28? i,363 .,37, 1,424 ',43g ',46g i,473 1,517 ',496 .,485 1,428 ■>4'9 •,439 1,428 1,374 1,429 .,428 i,483 i,473 tt i,534 . i,5i3 i,5i5 i,488 i,456 1,524 ',484 i,433 1,404 ',445 ',4" i,436 ' ,407 i,473 1,/|I2 1,428 1,542 1 ,55o ',49i ',439 ',47' ',547 i,574 1 ,622 i,56i ',5,7 i,537 i,5o8 . ,465 ',429 i,465 i,453 i,583 i,543 i,533 ',577 1,567 .,453 .,45, ',496 1,420 1,357 ',4'5 1,4.8 1,437 1 ,3io 1,292 // i,5i8 .,543 1,546 i,478 1,48' i,487 i,376 ',294 1,292 i,354 ',3g4 i,3i5 i,238 1 ,23g i,3o8 i,4o3 1.27g .,337 1,280 1,24g 1,243 1,267 1 ,263 1,224 1,338 i,386 i,5i« i,445 i,4o8 1 ,3i 1 .,418 II i,i45 0,872 0,95.'| 1,283 i,338 ',43' ',473 1,5*6 . , 465 ■ ,448 I,32Ô » Poussant plus loin les recherches, j'ai eu soin de mettre en ordre le nombre des journées pendant lesquelles les eaux du fleuve ont été à divers niveaux — 0,0 à 0,0, et de plus en plus hautes, de 5 en 5 décimètres, jus- qu'à la limite extrême connue de 5 à 6 mètres. Cette nouvelle combinaison ( 866 ) devait compléter les précédentes. Elle faisait ressortir différemment les por- tées des étiages, des hautes eaux, des débordements et de l'état moyen du fleuve, selon les saisons et ïes mois. Les résultats sont indiqués sur le tableau que voici, et sur lequel les nombres sont rapportés à 365 jours, re- présentant une année ordinaire. JANV. AVRIL. MAI. JUIS. JUILL. AOUT. SEPT. OCTOB. NOVEM. HAUTEURS. dêcem. FÉVR. MARS. — 0,0 à 0,0 o,8i >8,»7 Il Il „ Il H Il Il Il il Il -t-o,o à 0,5 62,11 104,23 79,33 64,89 53,48 6,33 » II ti n 6,68 3i,63 0,5 à i,o i34,39 i3o,8o ■49,74 i3i ,37 61,24 86,60 56,56 29,83 36,75 55, 1 5 107,26 120,05 i,o à i,5 77, 54 54,81 84,68 93,61 132,28 ■55,02 179,86 2o3,6g 200, 19 182,50 ii5,5i 103,82 i ,5 à 2,0 45,88 3i,i4 3i,64 44,o5 77,i6 88,58 93,99 104,01 1 0 1 , 09 82,33 70,72 53, i3 2,0 à 2,5 23,14 12,46 9,36 20,45 23,27 20,17 ■9,94 ig,23 20,45 25, 14 33,oo 25,96 2,5 à 3,o 10,95 5,39 6,24 5,5i 8,57 5,g3 10,17 5.49 7,86 n,36 16,11- 15,82 3,o à 3,5 5,68 5,39 1,78 ■,96 6,12 i,58 2,44 1,57 3,93 3,65 7,85 0,27 3,5 à 4,0 2,84 1,25 2,23 2,36 2,04 o,79 2,04 1,18 2,36 2,/,3 3,93 3,65 4,o à 4,5 0,81 0,42 II o,3g 0,41 a n n n 2,03 ,,57 2,84 4,5 à 5,o 0,41 0,83 ft o,3g o,4' a a it 1,57 0,41 1,57 2,03 5,o à 5,5 0,41 h 11 n H a n a a II 0,40 0,81 5,5 à 6,0 Totaux. 11 11 il " II n a n o,79 " °,4° II 365 365 365 365 365 365 365 365 365 365 365 365 » Ces quantités s'expliquent suffisamment par elles-mêmes pour me dis- penser en ce moment d'une discussion qui d'ailleurs trouvera sa place un peu plus loin. Toutefois j'ai encore jugé à propos de rapprocher, dates par dates, les maxima et minima de chaque mois, espérant ainsi laisser le moins possible à désirer, et surtout d'arriver à trouver quelque nouvelle expres- sion du régime de notre fleuve. Le tableau suivant se compose donc des nombres des journées à maxima mensuels à côté desquels sont placés ceux des jours à maxima pour les 3o années, et j'explique que le même mois ayant quelquefois présenté plusieurs maxima ou minima d'égale valeur, on ne devra pas être surpris des discordances que présentent les totaux mensuels. ( 867 ) DATES. IM.i BMBR1 - JANVIER. FÉVRIER. MARS. AVR IL. MA pp i m 2 0 JUIN. JUILLET. AOUT . SEPTEMBRE. as -• * 5. 3 3 OCTOBRE. NOVEMBRE. 3 2 S* ET 1 * — _ 3* 3 ■ M » ■ a' f CS g a X 3 5' i' m fi» 3* ■ 6 1 a» i' ■ ■ 3 S fis i* 2 3 2 &» i' 3 a' i' m S ■ î i S H 3 3 5" c» 3 S M fi» 3 i' 1 8 i 4 „ 1 7 5 2 4 1 5 3 1 2 G 4 3 5 1 2 2 4 1 2 3 4 3 n 1 3 2 a g 2 4 j 2 M » 1 1 2 I 2 2 5 4 M 3 2 4 4 4 3 1 3 2 3 3 1 1 u 2 1 1 I 1 ! » 2 2 4 2 » » » 5 2 1 1 9 2 » 2 1 2 I 1 2 2 1 1 » 1 I I 5 » » » 1 M 2 1 1 2 2 1 2 1 3 2 2 2 2 4 1 I » I » 6 » » 2 » I 2 I 3 2 4 2 » 1 3 I 2 3 4 » 1 2 1 2 » 7 » » » ■ I ■ 1 1 » 3 » 2 1 5 1 1 1 2 » 1 » 1 I » 8 1 1 a 3 » 1 i jj 1 1 a 3 1 4 H 1 2 2 I 1 ■ » I 3 !) » » )) 3 I >i 2 « 1 » 1 2 2 2 I 3 2 1 1 1 I 2 I » 10 1 1 a 1 ! 1 1 3 3 » 1 1 2 5 1 ■ 1 2 » » » I » n » 1 » I » 1 2 3 2 I 2 3 I » I u 1 ■ a » » 2 1 » 1 » 2 1 » 3 1 n 1 3 » 2 2 1 2 3 » » 3 i3 » » I 3 » » I 1 2 2 ■ » » 1 » 2 » 1 » 1 4 » 3 1 ■4 » 1 » 1 » » 2 ■ 1 1 1 I » 2 1 I » 1 » 1 » » » )) i5 A 2 ' 1 1 » 2 2 3 1 1 » I » 2 2 » )) 1 4 » „ 2 1 n 16 2 1 1 a * 3 I 3 2 2 1 3 I a 2 » 1 1 2 1 1 1 1 I >7 » 1 » 2 1 2 a 1 1 » 2 1 l 2 « 1 3 1 I » » 1 2 2 18 3 » 1 1 I 1 1 1 » 2 1 » I 4 1 » 2 1 I 1 2 4 » 3 '!) I I » 1 I 2 » > 1 1 3 1 I 1 1 1 1 I 4 1 2 » I 20 » I 1 1 » 2 1 1 n » 2 2 0 2 1 I » 1 1 » 1 1 » I 21 » 2 I » 1 2 1 a » r n 1 3 1 2 2 1 1 » „ 2 » 1 I 22 2 » 1 » I 3 1 1 » » 3 1 n 1 » 2 1 M „ 1 3 « » 4 23 » I I 2 » 1 » » I 2 » 2 » 1 1 2 2 1 2 3 » » » 2 »4 I ■ » 3 9 4 2 1 » 1 » » 2 2 » I » » 2 2 » 1 2 » 25 1 1 » 3 9 3 » 2 2 2 » 1 4 1 » I 2 1 1 2 2 2 1 2 26 » 1 '» 1 » 3 \ » 1 » 1 4 1 » 1 » 1 ■ 3 B » 1 1 2 3 37 » 2 » 1 » 2 » » I » n n » 1 n I 1 1 I 3 )i 2 1 2 28 I 3 2. 1 2 4 » 1 I 1 » I I 2 2 I 1 2 2 2 » 1 2 » 29 » J i 2 I j » 2 1 3 1 « 1 2 2 2 I 1 2 » 5 n 6 1 1 3o I 5 3 2 ■ » 3 2 3 2 1 2 • 2 1 » 8 2 4 I 1 1 » 4 1 4 3i Totanx des jour- nées à mail nia et minima. .. A ■4 2 .) n » 1 2 » » a 1 n » I 8 1 9 » » 3 5 B n M 43 3. «8 33 55 33 47 33 4? 3i 47 3o 57 35 5/1 45 60 3G 54 33 42 3i 38 » Pour mettre en évidence les faits qui peuvent résulter des nombres ci- dessus, il suffit d'établir un partage de l'ensemble de chaque mois en diverses fractions. Elles seront arbitraires si l'on veut. Cependant je fais observer que l'inspection des chiffres me porte à effectuer mes subdivisions en prenant les totaux des cinq premiers jours, tant pour les quantités des maxima que des minima. Ces totaux, placés successivement les uns au- C. R., 1860, ame Semestre. (T. LI, N° «3.) * l& ( 868 ; dessus des autres, donneront les différences caractéristiques pour la période : Totaux des 5 premiers jours. Miniina. Maxima. DEC. JANV. FÉV. HAKS AVRIL. MAI. JUIN. JUILL. AOUT. SEPT. OCT. NOV. '7 2 8 5 ■7 8 9 9 10 II 4 18 8 12 l3 i3 i3 i3 l3 6 5 5 8 3 -+-■5 -t-3 -t-9 — I —4 -4 = + 7 = -t-5 » De ces différences il faut conclure que depuis septembre jusqu'au mois de février suivant, la somme des journées à hautes eaux l'emporte consi- dérablement sur celle des miniina. En d'autres termes, on est exposé à des crues au début de ces mois, la chance étant d'ailleurs faible en janvier, où des froids soutenus tendent à établir une certaine égalité, et l'équilibre étant complet en octobre, à cause des pluies abondantes de la période. De pa- reilles égalités se manifestent en mars et avril, tout comme en juillet et août. En cela ces quatre mois s'accordent numériquement, deux à deux, à peu près comme janvier avec octobre, et je dis numériquement, car les effets proviennent, de causes météorologiques fort différentes. Enfin, une prédo- minance décidée des maxima sur les miniina existe en mai et en juin pour ce même laps des cinq premières journées de chaque mois. » J'ai séparé à dessein ces cinq premiers jours pour donner un exemple des calculs de ce genre, et aussi parce que, en vertu de causes météoro- logiques à découvrir, les discordances sont plus marquées pendant leur durée que pour les autres subdivisions égales du reste du mois, à l'excep- tion de la dernière série, pour laquelle les tendances à la baisse étant plus prononcées que chez les autres, .constituent une sorte de prélude à l'égard des crues des débuts subséquents. La preuve en est fournie par les résumés ci-dessous : DIFFÉRENCES. DÉCEMB. Janvier. FÉVRIER. MARS. JUIN. JUILLET. AOUT OCTOP. 1 NCVEMR. AVRIL. HAI. 9EPTEMB. Du i*au 5. ■+• 15 -t- 3 ■+■ 9 = — 1 - '4 4 — SM ■+■ 7 = -t- 5 Du 5 au io. -t- I - 4 — 2 — 3 - 6 - 4 — H) - 4 - 3 — 3 -t- I — a Du 10 au i5. — a - 4 — 3 - 3 -i- a = — 7 — 3 — 3 - 3 -+- 5 — i Du i5 au 2o -h 1 — 5 -f- 7 1 — i -+- a — 7 -1- a H- ' = - 4 - 5 Du 20 au 25. -1- 1 - 5 — 8 — X - 3 — a ■+- 3 - 6 4- 4 -t- 3 + 4 - 5 Du 25 au3i. — 25 — 3 — 1 1 - 4 = -+- 2 a — i5 — |5 — '7 — i5 - 3 ( 86g ) » Il me reste à ajouter que la courbe fournie par ces nombres s'accorde d'une manière satisfaisante avec celles que donnent les moyennes quoti- diennes. » Dans le but de compléter ces résumés, il fallait faire le triage des grandes crues du Rhône, ou autrement dit de ses débordements. En voici rénumération avec leurs dates, en me bornant ici aux seules hauteurs au- dessus de 4m,5o, afin de ne pas trop allonger cette Notice. On trouvera les autres données relatives à des crues moindres dans le volume de la Com- mission hydraulique. i8/,5 1827 '849 .8/J9 i83i .8/J7 i85i i85a i852 i85a 1 852 i852 mois. DATES. HAUTEURS. Décembre. . . 18 5,28 Décembre. . . 2/, . 4.7» i5 4,75 Janvier 16 4,85 , » i 4,70 9 4,55 Mai » » » » Août i 5,8i 10 4,80 ii 4.7° 21 5,00 22 5,6o 23 4,65 1840 1 S/, 1 •83g i85a i855 1841 1840 1840 i836 1840 1840 i85î i852 i849 1849 Septembre Octobre. . Octobre . . Octobre . . Octobre. . Octobre . . Octobre . . Novembre Novembre Novembre Novembre Novembre Novembre Novembre Novembre '9 5 6 12 21 26 3i 6 ■7 ■ 8 25 26 26 27 4>95 4,75 4>6o 4,7° 4,9° 5,io 5,6i 4,98 4,7° 4,5° 4.69 4,55 4)9° 5,io 5,io » La simple inspection de ce tableau suffit pour établir que le danger des débordements est à peu près nul à Lyon en février, mai, juin et juillet. Il est plus menaçant à l'époque des grands orages d'août et des fortes pluies d'octobre, de novembre et de décembre. « Les étiages, à partir du zéro de l'échelle du pont Morand, constituent un phénomène à peu près nul pour la majeure partie de l'année. Je n'ai pu les découvrir qu'à la fin de décembre et en janvier. 116. ( 870 ) i834 i834 i835 i835 i835 i836 i83G i836 i836 i836 i835 i836 1848 i835 i836 1848 i835 i836 1848 i835 i836 ■ 848 i835 ■ 836 1848 Décembre . Décembre . Décembre . Janvier . . . Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id Id.... Id Id 3o 3i 3i 'I 5 6 7 7 7 8 8 8 9 9 9 10 1 1 1 1 — 0,01 — 0,01 0,00 — 0,01 0,00 — °!°4 — 0,09 — o,o5 — 0,03 — 0,06 — 0,01 — 0,01 — 0,01 — 0,04 — 0,04 — 0,02 — 0,04 — 0,07 — o,o3 — 0.07 — 0,09 — o,o5 — 0,07 — 0,07 — 0,06 i835 1848 1848 1848 1848 1848 1848 1848 1848 1848 1854 1848 i854 1848 1848 1848 1848 1848 1848 i848 Janvier Id.. . Id... Id... Id . Id... Id... Id... Id.. Id.. Id.. Id. , Id. Id.. Id Id.. Id.. Id.. Id.. Id . Id.. Id.. Id.. i3 >4 i5 16 '7 18 '9 20 21 22 23 23 24 24 25 26 V 28 29 3o Si IIAGTEl'nS. — 0,01 — 0,07 — °,°7 0,08 — 0,09 — 0, 10 — 0,11 — o,i3 — 0j'4 — o, i5 — 0,16 — 0,17 — 0,18 0,00 — °i'9 0,00 — °,'9 — 0,20 — 0,21 — 0,21 — 0,21 — 0,21 — 0,20 » En résumé, sur trente années, il n'y eut des baisses extraordinaires que durant celles de i834, i835, i836, 1848 et i854. En 1 834, elles fu- rent de courte durée, deux jours seulement. En 1 835, elles persistèrent pendant neuf jours. En 1 836, l'état se soutint dix jours. En 1848, vingt- cinq journées d'un étiage insolite occasionnèrent la diminution non moins extraordinaire de — 0,21. Enfin, en 1 854, tout l'effet se concentra de nou- veau sur deux journées. Abstraction faite de l'année vraiment exception- nelle de 1848, on remarquera surtout la répétition de certaines dates pour des années différentes. Elles indiquent évidemment des époques critiques qui, du reste, comme celles des grandes crues, ressortent plus nettement de la coordination des moyennes quotidiennes. En effet, ces écarts, en appa- rence si excessifs, sont le simple résultat de quelques millimètres d'eau plu- viale tombée en plus, pendant une période déjà très-pluvieuse en temps ordinaire, ou bien encore celui de quelques degrés thermométriques dis- pensés en moins durant des phases normalement très-froides. Depuis phi- ( 87i ) sieurs années, je cherche, dans mes résumes, à mettre en évidence ces véri- tés fondamentales, parce que, à l'instar de tant d'autres, elles détruiront des préjugés nuisibles à la science. » MÉMOIRES LUS. ANATOMIE VÉGÉTALE.— Rapport des laticij ères avec le système fibro-vasculairt ; par M. A. Tréccl. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) , « Il existe chez certaines plantes des points de contact assez fréquent entre les laticifères et les vaisseaux proprement dits. Dans la tige aérienne des Chelidonium, par exemple, dans le pétiole et dans le limbe des feuilles du Sanguinaria canadensis, etc., on découvre des laticifères appliqués à la surface des vaisseaux sur d'assez grandes étendues. Je possède des prépara- tions de la souche du Chelidonium majus, qui montrent, dans le voisinage des racines adventives principalement, des laticifères nombreux mêlés aux vaisseaux rayés. Dans le Carica Papa/a non-seulement des laticifères sont mêlés aux vaisseaux, mais encore des laticifères de la région corticale dans le pétiole viennent aboutir aux plus externes de ces vaisseaux, qui sont réticulés. Une autre plante voisine du Carica, le Vasconcella quercifolia, est non moins intéressante. Ses jeunes rameaux (je n'ai eu à ma disposition que des branches de deux à trois ans) n'ont pas de fibres ligneuses vraies. Le tissu cellulaire qui environne les vaisseaux est resté à l'état de paren- chyme. Au contraire, les vaisseaux ponctués ou rayés sont très-développés et possèdent de très-grandes dimensions. C'est parmi ces vaisseaux que courent de nombreux laticifères ayant entre eux de fréquentes anastomoses. Ils suivent les vaisseaux ponctués et rayés, s'entrelacent avec eux, et sem- blent souvent, venus de distances éloignées dans la moelle, se terminer à leur contact, ou bien, les côtoyant sur une certaine longueur, ils vont plus loin s'unir à d'autres laticifères. Dans les régions profondes de la moelle, et parfois dans la couche génératrice, ces laticifères sont encore composés des cellules originelles. » Chez les Ficus repens et Carica le point de départ des vaisseaux du latex dans l'écorce offre des dispositions diverses, dignes d'être notées. Tantôt c'est un de ces vaisseaux qui, suivant la direction verticale, se recourbe plus ou moins brusquement pour se diriger vers le bois; tantôt c'est un autre ( 872 ) laticifere qui, étendu verticalement aussi dans l'écorce., émet à angle droit une ramification horizontale , laquelle s'avance ainsi à travers le corps ligneux. D'autres fois un vaisseau du latex, venu de l'écorce extérieure au liber, se recourbe et va s'anastomoser rectangulairement avec un autre lati- cifere plus interne, tandis que du côté opposé de ce dernier part un rameau qui se prolonge dans l'intérieur du bois. Dans quelques circonstances, les plus gros laticifères se divisent en deux branches à leur entrée dans l'au- bier : l'une monte dans le corps ligneux, l'autre descend. Chez ces Figuiers, c'est ordinairement par les rayons médullaires que les vaisseaux du latex pénètrent dans le système fibro-vasculaire, où ds passent entre les fibres ligneuses et les vaisseaux ponctués. Quelquefois, en suivant les rayons mé- dullaires, ils vont directement de l'écorce dans la moelle. » Les Mûriers paraissent posséder une structure semblable, car, dans le Morus constantinopolitana , j'ai trouvé des laticifères dont les ramifications horizontales se dirigeaient vers le corps ligneux; et dans une de mes prépa- rations, une telle branche horizontale, unie du côté de l'écorce à un gros vaisseau du latex, aboutit par l'autre extrémité à un vaisseau ponctué de la surface du bois. » Une autre famille de plantes éminemment lactescentes m'a donné de beaux exemples des relations des laticifères avec le système fibro-vascu- laire. C'est la famille des Euphorbiacées. Les Euphorbes sont sans contredit les végétaux chez lesquels les laticifères atteignent le plus haut degré de perfection. Ils sont aussi les plus remarquables par la marche que suivent ces singuliers vaisseaux. Tous les anatomistes y ont étudié les sinuosités de ceux-ci dans l'écorce , leurs ramifications, leurs belles anastomoses, mais aucun n'a reconnu leur existence dans le corps ligneux. Jusqu'à ce jour je n'ai eu le loisir d'en étudier que six espèces, parce que ces recherches exi- gent un temps fort considérable. Ce sont les Euphorbia splendens, orientalis, pilosa, palustris, Esula, sylvatica. Chez ces plantes plus souvent qu'ailleurs j'ai vu les laticifères entourés seulement de fibres ligneuses et de vaisseaux. Cependant ils suivent aussi les rayons médullaires, et atteignent la moelle après les avoir parcourus. Mais ces laticifères ne vont pas toujours jusqu'à l'étui médullaire; ils s'arrêtent fréquemment avant d'y arriver, se courbent, s'avancent alors verticalement, se courbent de nouveau, mais cette fois pour rentrer dans l'écorce. D'autres laticifères, partis de l'écorce égale- • ment, s'enfoncent à une petite distance dans le système fibro-vasculaire, puis changeant tout à coup de direction, ils reviennent à l'écorce, leur point de départ. Les laticifères des Euphorbes peuvent aussi se ramifier dans le (873) corps ligneux : une branche passe assez souvent dans la moelle, tandis que l'autre, parfois la principale, suit des vaisseaux ponctués ou spiraux. L'Eu- phorbia oiïentalis m'a même fait voir un laticifère qui formait au milieu du bois une partie très-renflée, de laquelle émanaient cinq branches : deux se prolongeaient dans le corps ligneux, une par en haut, l'autre par en bas; deux autres branches se rendaient à la moelle; enfin la cinquième s'avançait horizontalement vers l'écorce, se recourbait après l'avoir atteinte, et suivait alors une direction verticale. » Le vaisseau du latex 1e plus surprenant par sa marche m'a été fourni par YEupiiorbia sylvatica. Ce vaisseau décrit quelques tours d'une hélice comprimée dans le bois sur une partie de sa longueur, et prend ensuite une direction verticale en faisant quelques légères sinuosités. » A leur arrivée au milieu des fibres ligneuses, les laticifères des Eu- phorbes y donnent souvent lieu à un phénomène qui mérite de fixer l'at- tention des anatomistes. Fréquemment, en effet, ces fibres ligneuses, ou les cellules des rayons médullaires, contiguës au vaisseau du latex, s'inclinent vers l'intérieur de la plante, comme s'ils obéissaient à une force existant dans ce vaisseau, à celle d'un courant par exemple. Je ne m'arrêterai pas davantage à ce fait, qui me paraît théoriquement intéressant ; je me borne à le signaler. Je mentionnerai encore un autre fait, assez rare, il est vrai, et qui est probablement accidentel. Il consiste en ce que certains laticifères, en traversant le corps ligneux, sont plus ou moins comprimés ou, peut-être mieux, contractés, attendu que l'on n'observe pas toujours qu'ils soient en contact immédiat, par toute leur surface, avec les parties environnantes. Dans quelques cas, cette compression ou contraction est assez forte pour obstruer le vaisseau, qui alors ne contient plus de suc dans une portion de son étendue. » Je terminerai cette communication par la description d'un vaisseau d'un genre tout nouveau. Je le joins à ce travail parce que, se trouvant dans une plante à suc laiteux, Y Euphorbia sylvatica, il pourrait être confondu avec les laticifères dont je viens de parler, s'il était incomplètement observe, et donnerait lieu à des discussions qu'il convient de prévenir. » Ce vaisseau, par sa disposition, semble annoncer un organe excréteur. Il va de la moelle, en traversant le bois et l'écorce, jusqu'à l'extérieur de celle-ci, jusqu'à l'épidémie. Il parait avoir des ramifications dans la moelle; mais son canal n'est pas continu : j'ai aperçu \\\w cloison d'épaisseur no- table à sa sortie de la moelle, et sous I'épiderme, de telles interruptions produisent une ou deux cellules allongées transversalement, de même lar- (874 ) geur que le reste du tube. Sa cavité est d'un diamètre régulier depuis la moelle jusqu'à 1'épiderme. Arrivé là, ce conduit se rétrécit subitement en un court tube extrêmement étroit, dont je n'ai pu voir nettement l'orifice au dehors. Cependant cet orifice me semble être au fond d'une petite exca- vation creusée entre les cellules épidermiques, comme celle qui précède certains stomates. La paroi de ce vaisseau est aussi fort remarquable. Elle est constituée par une membrane interne assez mince, enveloppée, sur une partie de son étendue, d'une couche très-épaisse de substance d'apparence intercellulaire. Cet épaississement existe au passage du tube de la moelle dans le bois sur une certaine longueur; il manque à travers la plus grande partie du corps ligneux, recommence à l'entrée du vaisseau dans l'écorce, et persiste à travers celle-ci. La surface de cet épaississement est très- irrégulière, très-ondulée, ce qui communique à ce vaisseau un aspect tout particulier. » » physiologie végétale. — De l'importance comparée des agents de la pro- duction végétale. — Action comparée des nitrates et des sels ammoniacaux ; par M: G. Ville. (Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniart, Payen, Peligot.) « Lorsque j'annonçais pour la première fois en 1 855 que le nitre est un auxiliaire de la végétation plus efficace que les sels ammoniacaux, ce résultat fut accueilli avec doute et presqueavec défiance(i). A l'époque où ces recher- ches furent publiées, on attribuait unanimement aux sels ammoniacaux une action fertilisante de premier ordre. Les belles recherches de M. Kuhlmann sur la formation spontanée du nitre ayant appris que l'acide nitrique se change avec une facilité merveilleuse en ammoniaque, en présence de l'hy- drogène à l'état naissant, on inclinait généralement à croire que l'action fertilisante de ce sel était due à l'ammoniaque, qui provenait de sa décom- position. Celle-ci était attribuée aux matières organiques du sol, et on l'assimilait à la réduction qui fait passer sous les mêmes influences le sul- fate de chaux à l'état de sulfure de calcium. Aujourd'hui la prééminence du nitre sur les sels ammoniacaux n'est plus contestée. On admet égale- ment que le nitre est absorbé par les végétaux sans changer d'état. Les (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences; i855, 26 novembre, t. XLT, p. g38; i856, t XLIII, p. 85 et 612. ( 875) conséquences de ces deux faits ont plus de portée qu'on ne serait tenté de le croire au premier abord. Car s'il est vrai que les composés azotés, orga- niques ou minéraux assimilables par les végétaux ont un degré d'efficacité différent suivant leur nature chimique, la doctrine qui prend comme base prédominante de l'effet utile des engrais la proportion d'azote assimilable qu'ils contiennent, doit en éprouver, dans son expression , une grave at- teinte. Justement préoccupé de cette conséquence, je me suis demandé si l'efficacité plus grande du nitre n'était pas due à la présence de la potasse dans la composition de ce sel. Il va sans dire que l'on avait introduit de la potasse dans le sol affecté à l'expérimentation des sels ammoniacaux. Mais il m'est arrivé si souvent d'obtenir des rendements inégaux avec le secours d'agents minéraux dont la nature essentielle était la même, mais dont les constituants étaient autrement groupés, qu'avant de rien conclure défini- tivement à l'égard du nitre, j'ai cru devoir me livrer à de nouvelles inves- tigations. » Pour cette série d'études, j'ai choisi comme sol d'expérimentation la terre des Landes naturellement dépourvue de potasse. J'ai institué deux séries parallèles de cultures, le sol recevant toujours 10 grammes de phos- phate de chaux et ogr,no d'azote. Dans la première série l'azote était em- ployé à l'état de nitrate de soude et de nitrate de chaux ; dans la seconde il l'était à l'état de sel ammoniac et d'urée. Il n'y avait donc de différence que dans la nature du composé azoté qui servait d'engrais. Sous tous les autres rapports, les conditions étaient exactement les mêmes. Dans les deux cas, la potasse faisait absolument défaut aux cultures. La végétation était donc appelée à se manifester en dehors de l'intervention de cet alcali. » Si l'on a présente à l'esprit ma communication du 1 3 août dernier sur la fonction de la potasse dans l'économie végétale, il est aisé de prévoir le résultat des expériences dont je viens d'exposer le plan. •> Le phosphate de chaux associé aux composés azotés d'ailleurs assimi- lables ne produisant qu'un effet presque inappréciable sur les végétaux en l'absence de la potasse, le rendement de cultures n'a pu être que très-faible : c'est ce qui est arrivé en effet. Une végétation chétive et languissante a at- testé l'insuffisance des agents employés. Dans tous les cas la récolte s'est bornée à quelques grammes, mais si faible fût-elle de part et d'autre, les (l) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LI, p. 246. •.. R., 1860, 2"" Semestre. {T. LI, IV0 25.) I I7 ( 876 ) nitrates l'emportaient encore pour le rendement sur le sel ammoniac et sur l'urée. Dans ces conditions défavorables, les nitrates, agissant à titre de pro- duits azotés, l'ont donc emporté sur le sel ammoniac et sur l'un des congé- nères les plus intimes de celte base. J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie les photographies de ces quatre cultures, prises au milieu et à la fin de l'expérience. Voici enfin le poids des récoltes, à l'appui et comme vérification de leur témoignage. • Culture dans la terre des Landes. Semence, 20 grains de blé. En l'absence de la potasse. — Résultats moyens (1). Nitrate de soude et de chaux. Sel ammoniac et urée. Paille et racines 6gr,g5 I - Paille et racines 3gr, 16 J 18 grains ogr,3o j ' ' 11 grains o«r,i7 ) ' » Il m'a paru intéressant de vérifier ces résultats, en opérant cette fois dans des conditions propres à assurer un rendement supérieur. Je me suis donc demandé ce qui adviendrait si l'on ajoutait [\ grammes de silicate de potasse au phosphate de chaux et aux composés azotés, rien n'étant changé d'ailleurs au plan de l'expérience. Dès que le sol a été pourvu de potasse, la végétation, tout à l'heure languissante et rabougrie, a pris un essor immé- diat; l'avantage qui s'était manifesté en faveur des nitrates s'est maintenu, leur effet utile a continué d'être supérieur à celui du sel ammoniac ; ce der- nier, à son tour, l'a emporté sur l'urée, quoique dans de moindres propor- tions. » Je préciserai par quelques chiffres les effets obtenus dans ces nouvelles conditions. (1) Je crois devoir rapporter le produit des récoltes obtenues à l'aide de chaque nitrate isolément. Nitrate de soude. Nitrate de chaux. I. I. Paille et racines 7gr,8o j _ „ Paille et racines '78r»57 / ,. 0 29 grains o*r,45 ) '*"" 20 grains oer,4I I II. II. Paille et racines 6gr,37 )'U ■ ■'•„ Paille et racines 5Br,8q ) ,, . 29 grains o,r,20 | 20 grains o^jio ) ( «77) Culture dans la terre des Landes. Semence, 20 grains de blé. Avec le concours de la potasse. — Résultats moyens (1). Nitrate de soude, nitrate de chaux. Paille et racines i7gr,o3 247 grains 5Br,43 Sel amoniac. Paille et racines 1 j gr , 56 178 grains 46rj°8 Ï28r,46 i5«r,64 Sel ammoniac, urée. Paille et racines n«r,i3 ) i58 grains 379 i3«r,g6 » La concordance de ces résultats avec les précédents me semble démon- trer sans réplique que l'efficacité plus grande du nitre, constatée déjà pal- mes expériences de 1 855, est indépendante de la potasse contenue dans ce sel, et qu'elle tient uniquement à la nature particulière de composé azoté. » Lorsque je m'efforçais, il y a quatre ans, de définir les fonctions des constituants delà terre végétale, éclairé par mes expériences sur les sels arti- ficiels, j'avais distingué l'azote des nitrates et des composés ammoniacaux, de l'azote de la matière organique et de l'humus, donnant au premier la qualification d'azote assimilable actif, et au second celle d'azote assimilable en réserue(2). Mes recherches d'aujourd'hui montrent que cette distinction (1) Je reproduis comme précédemment les résultats de chaque expérience en particulier : Nitrate de soude. I. Paille et racines i6gr, 14 201 grains 48ri9° II. Paille et racines i58r,25 20i grains 4sri45 i9er,7o Nitrate de chaux. I. Paille et racines i88r,8o ) 3oi grains 6^,65 ) 25"»45 Sel ammoniac. I. , Paille et racines 1 isr,6q ) _„ „ 2i«r,o4 . ,„' y i5*r,8r 1 7 1 grains 4 » • 2 ' i5«',49 il. Paille et racines n!r,44 } 171 grains 4er>°5 i Urée. I. Paille et racines iigr,oq / . . ^ ' i4g ,24 1 4o grains 3gr,i5 ) II. Paille et racines . ... i7«r,o,4 , ,6r fi8 Paillent racines iogr,34 ) ,3e 3oi grams . 5gr,74 | 23gr,68 1 4o grains 3sr , 35 »% (2) Leçon d'ouverture du Cours de Physique végétale au Muséum; — Comptes rendus de l'Académie des Sciences; 1857, t. XLV, p. 996; 1859, t. XLVIII, p. 58g. ( 878 ) doit être encore poussée plus loin, qu'il est absolument nécessaire de définir la nature chimique des composés assimilables dont l'azote fait partie, puisque à proportion d'azote égale, ces composés sont susceptibles, à leur tour, des effets les plus inégaux. » Il y a longtemps déjà que l'honorable M. Chevreul s'est élevé contre les abus que l'on fait de l'analyse élémentaire appliquée aux engrais (i). Les faits contenus dans ce Mémoire me semblent fournir des preuves nouvelles à l'appui de cette opinion, et démontrer la nécessité de faire désormais la part plus large à l'analyse immédiate. Définir la nature chimique des composés sous lesquels se présentent chacun des éléments constitutifs du sol et des engrais est en effet le seul moyen d'obtenir, par la science, des notions exactes sur les conditions régulatrices de la production végétale. » MEMOIRES PRÉSENTES. I zoologie. — Reptiles et Poissons de l'Afrique occidentale. Etude précédée de considérations générales sur leur distribution géographique ; par M. Auc Di HKiiii,. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie.) « Dans la première partie du travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, j'ai exposé les résultats les plus importants des explorations récentes du continent africain. Je me suis efforcé, par ce rapide résumé, de montrer quelles en seront les heureuses conséquences pour la zoologie, lorsque plus tard, au milieu de circonstances moins difficiles , on cher- chera à suivre dans l'Afrique, si courageusement ouverte à l'ouest, à l'est et au centre, les traces que viennent d'y laisser de hardis et habiles voya- geurs. » Jusqu'ici, en effet, on ne connaît encore que les animaux des régions les moins inaccessibles, et, à cette occasion, j'ai rappelé tout ce que l'on doit aux naturalistes qui ont étudié, d'une manière spéciale, les faunes de l'Afrique septentrionale, de l'Egypte, de l'Abyssinie, du Mozambique, des contrées du sud et de certains points de la côte occidentale. « M'arrètantia ce qui concerne les populations animales de cette côte, je me suis donné pour but de mettre à profit les collections de Reptiles et de Poissons réunies au Musée de Paris, ainsi que les indications fournies dans (i) Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture; i854~i855, p. 129; — Journal des Savants, 1847. [ 879) les ouvrages sur celles des principaux musées étrangers. J'ai cherché ainsi à ajouter de nouveaux matériaux à ceux que l'étude des Mammifères, des Oiseaux et des Insectes de l'ouest a déjà fournis. Ne voulant y négliger au- cun point de quelque importance, j'ai pris pour limite supérieure le 17e de- gré de latitude nord un peu au-dessus de Saint-Louis du Sénégal. L'équa- teur, ou plutôt le Gabon qui s'étend à peine au delà, établit la limite inférieure de cette région occidentale dont la côte et plusieurs îles voisines sont jusqu'à présent les parties les mieux explorées. Aussi est-il à peine nécessaire d'ajouter que cette zone, qui comprend ainsi la Sénégambie et la Guinée, est presque exclusivement celle du littoral. » J'ai dressé un catalogue des espèces de Reptiles et de Poissons qui y ont été recueillies, ainsi que sur les îles peu éloignées de la côte. En même temps, outre les espèces peu ou mal connues, dont il m'a semblé nécessaire de donner des descriptions, j'en ai trouvé à signaler huit parmi les Reptiles et vingt-cinq parmi les Poissons que notre Musée seul possède sans doute, car elles n'avaient pas encore été décrites. » Des recherches auxquelles je me suis livré dans cette Etude, il résulte d'abord la preuve que les Poissons et les Reptiles sont nombreux dans ces localités. On y compte déjà 106 genres des uns comprenant 1 85 espèces, et des autres, iç/3 espèces appartenant à 97 genres. » Les Tortues offrent de l'intérêt en ce qu'il y en a qui représentent des genres remarquables par certaines particularités de leur structure (Cinixys, Pentonyx, Cycloderme, sorte de Trionyx cryptopode). Au nombre des Sau- riens, il convient de citer un singulier Crocodile à museau allongé (Cr. lep- torhynque) et quatre espèces serpentiformes (deux Scincoidiens et deux Amphisbéniens). Dans l'ordre des Ophidiens, on trouve cinq espèces de Typblops du genre exceptionnel dit Onychocéphale, et il y a, dans la divi- sion des Aglyphodontes à dents irrégulières, vingt Couleuvres de la famille des Lycodoutiens. Les autres faits les plus dignes d'être signalés à l'occa- sion de cet ordre de Reptiles, sont : i° la présence, dans cette portion de l'Afrique, de deux Vipères à protubérances nasales et à robe richement parée (Échidnées rhinocéros et nasicorne), a° la multiplicité des Serpents arboricoles, laquelle est une particularité distinctive de la faune occi- dentale. » Quant aux Poissons, il faut spécialement indiquer parmi les Scombéroïdes à corps haut et court, trois espèces nouvelles du genre Vomer, plusieurs Gobioïdes non décrits jusqu'alors, et surtout neuf espèces de Chromides rapportées au genre Tilapia, A. Smith, puis dans la famille des Cyprinoïdes, trois Pcecilies. ( 880 ) » Ces renseignements, tout abrégés qu'ils sont, montrent l'accroissement de nos connaissances sur la zoologie de cette partie du continent africain, quand on les compare à celles que nous possédions il y a quelques années. Elles devront, au reste, plus tard, s'étendre beaucoup. Il importe donc de s'abstenir, quant à présent, de généralisations qui seraient évidemment pré- maturées, puisqu'il s'agit de pays encore si peu visités par les naturalistes. Il est possible néanmoins de tirer quelques conclusions des notions ac- quises jusqu'à ce jour. ■> Ainsi, les régions de l'ouest de l'Afrique n'ont pas de faune spéciale, car, malgré le nombre assez considérable d'espèces nouvelles, on ne rencontre guère que des représentants nouveaux de genres répandus, soit au sud, soit à l'est, en Egypte, en Abyssinie ou sur la côte de Mozambique. » Les nouveaux genres ne sont que les analogues de types génériques connus. » En raison de cette extension remarquable des limites d'habitation des Reptiles africains, il n'est donc pas possible de diviser ces animaux, si ce n'est ceux qui, vivant an nord de l'Atlas, appartiennent au bassin de la Méditerranée, en un certain nombre de groupes, suivant les régions ou chacun de ces groupes se rencontrerait plus spécialement » Si l'on cherche la cause de cette dispersion, on est porté a l'attribuer à la constitution géologique de ce continent sur laquelle les explorations récen- tes ont jeté la plus vive lumière. Ainsi, la presque totalité du sol, sans parler ici des montagnes de l'Atlas, n'est depuis le 5e parallèle boréal envi- ron, jusque vers le i5e au-dessous de l'équatenr, qu'une succession de hautes et immenses terrasses étagées les unes au-dessus des autres. Or il semble permis de supposer, relativement aux Reptiles, comme on l'a déjà fait, au reste, à l'occasion des Mammifères, que des espèces ont pu, de ces différents plateaux, se répandre dans toutes les directions, et se trouver, par cela même, disséminées dans les diverses contrées de cette vaste partie du monde. » ZOOLOGIE. — Mémoire sur un point de l'organisation des Vermels (Vermetus triqueter, ; par M. Lacaze Duthiers. (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie. « Les Vermets présentent entre leur tète et leur pied une dépression d'où s'échappent deux longs filaments tentaculiformes, qu'ils agitent, écartent et meuvent comme deux organes du toucher. La position insolite de ces deux ( 88i ) appendices m'avait vivement intrigué, car sur la tète on trouve, quoique très- petits, les tentacules ordinaires que présentent les Gastéropodes et qui sont bien certainement des organes des sens. Voici les résultats des observations que j'ai faites sur le Vermetus triqueter et V. semisurt ectus (Bivona et Phi- lippi) vivants, qui abondent à Mahon (Minorquel et à Bonifacio (Corse). » Des dissections minutieuses m'ont conduit à voir que ces appendices correspondent à un organe de nature particulière ayant des rapports im- portants avec le pied et qu'ils sont les lèvres prolongées de la fente ou orifice d'une poche de nature glandulaire placée dans la cavité du corps. » On sait que le centre nerveux, qui chez les Mollusques donne des nerfs aux muscles du pied, n'en donne à aucun autre organe, à l'exception toute- fois des otolithes. On peut donc à bon droit considérer comme dépendance du pied toutes les parties qui tirent leurs nerfs du centre pédieux. C'est une excellente méthode que celle qui consiste à déterminer la nature dune par- tie profondément modifiée par l'étude de ses connexions avec les autres parties, surtout par ses rapports avec le système nerveux. » Il était nécessaire d'abord de reconnaître si le système nerveux du Ver- met était complètement semblable à celui des autres Gastéropodes pectini- branches, car, chez ces derniers, les connexions, les rapports sont connus. Or les quatre groupes deganglions parfaitement développés m'ont paru dans la position qu'ils occupent habituellement : l'analogie et la similitude sont complètes. Les connexions doivent donc être les mêmes. Or jamais les ten- tacules ou appendices céphaliques ne reçoivent leurs nerfs du centre pé- dieux; c'est du centre sus-œsophagien qu'ils les tirent, et l'on peut même remarquer que ce dernier groupe ganglionnaire est plus particulièrement lié à la sensibilité, tandis que le centre pédieux, à part son rapport avec les otolithes, est absolument lié au mouvement. Il fallait donc ici, pour pou- voir rapporter les filaments tentaculaires au pied ou à la tête, connaître l'origine de leurs nerfs. » Par des dissections minutieuses, difficiles, il est vrai, mais qui ne laissent aucun doute, j'ai pu reconnaître que ces nerfs naissent des gan- glions pédieux et je me trouve conduit à cette conclusion : que les appen- dices qui nous occupent ne sont pas des tentacules proprement dits, c'est- à-dire,qu'ils ne doivent pas être considérés comme représentant quelques-uns de ces longs filaments ou voiles céphaliques si variés de forme, qui, pour tous aujourd'hui, sont en rapport avec la sensibilité spéciale. » D'ailleurs, quand on observe leur forme et leur disposition, on voit qu'ils n'offrent pas les dispositions ordinaires d'un tentacule : ils sont formés de ( 88a ) deux lamelles réunies par le bord extrême et laissant entre elles, en dedans, un petit canal qui conduit à l'orifice de la poche glanduleuse dont il a été question. Aussi l'on peut dire certainement que leur rôle est en rapport avec les fonctions de ce* organe, dont l'importance est très-grande, comme on en jugera par les faits qui seront plus tard indiqués. » Ainsi donc, en recherchant les rapports des parties extérieures avec les parties profondes, et plus spécialement avec le système nerveux, le doute n'est plus possible. Et l'on trouve ici un exemple de l'utilité de la recherche des rapports des différentes parties de l'organisme, en vue de la détermi- nation de leur valeur ou signification morphologique; et ou peut le remar- quer : les connexions seules nous ont conduit à ces résultats. •> « Ce travail, a dit M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire en le pré- sentant, fait partie d'un ensemble de recherches que M. Lacaze Du- thiers poursuit depuis plusieurs années sur la morphologie des Mollusques, et en vue de montrer, dit l'auteur, « comment dans le groupe des Mollusques » la nature a varié de toutes les façons les formes extérieures, sans changer » au fond le plan général d'organisation. » » M. Geoffroy -Saint- Hilaire fait remarquer l'intérêt qui s'attache à cette série de recherches sur les Mollusques. Presque tout est encore à faire, dans cet embranchement zoologique, pour la démonstration vraiment scienti- fique de l'unité de composition organique, si avancée au contraire à l'égard des deux embranchements supérieurs du règne animal, les Vertébrés et les Articulés. » CHIMIE analytique. — Sur la détermination de [acide phosphorique dans les substances naturelles complexes, et particulièrement dans celles qui con- tiennent du fer; par M. G. Chancel. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Balard, Peligot.) « Lorsque j'ai fait connaître le procédé de séparation et de dosage de l'acide phosphorique sous forme de phosphate de bismuth (i), j'ai eu soin d'insister sur la nécessité qu'il y avait d'éliminer préalablement le chlore et l'acide sulfurique. Il me reste encore à prémunir les chimistes qui voudraient faire usage de ce procédé, contre une cause d'erreur à laquelle donnerait (i) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. L, p. 4'6. ( 883 ) lieu le fer, si ce métal était à l'état de sesquioxyde. Dans ce cas, en effet, le phosphate de bismuth se précipite difficilement et entraîne toujours du fer qui le colore en rouge après la calcination. Mais il suffit de réduire le fer au minimum d'oxydation pour rendre au procédé toute sa généralité, et pour permettre de l'appliquer avec un succès complet à l'analyse des cendres, des terres arables, des coprolithes, des eaux minérales, des mine- rais de fer, etc. Un moyen fort simple, qui m'a toujours réussi, consiste à effectuer cette réduction par l'hydrogène sulfuré. » Afin de mieux répondre aux divers renseignements qui m'ont été de- mandés, je crois devoir donner ici l'indication sommaire de la marche ana- lytique qu'il convient de suivre pour déterminer l'acide phosphorique dans les cas les plus compliqués; voici la suite des opérations dont elle se compose : / » i°. Traiter à chaud la substance pesée par un excès d'acide nitrique concentré, pour transformer, s'il y a lieu, les acides métaphosphorique ou pyrophosphorique en acide phosphorique tribasique; reprendre par une quantité convenable d'acide nitrique, ajouter de l'eau, et filtrer s'il est nécessaire. » 2°. Éliminer de la solution étendue, d'abord l'acide sulfurique par le nitrate de baryte, puis le chlore par le nitrate d'argent; isoler chacun de ces précipités par le filtre. » 3°. Cela fait, pour réduire le fer au minimum d'oxydation, faire pas- ser jusqu'à refus un courant d'hydrogène sulfuré dans le liquide filtré. Par là on précipite en même temps l'argent ajouté en excès, ainsi que les autres métaux dont les sulfures sont insolubles dans les acides étendus. De nombreuses expériences m'ont démontré que la réduction du fer est toujours complète dans ces circonstances, même quand la liqueur contient une assez grande quantité d'acide nitrique libre; elle est achevée, lorsque le précipité s'est aggloméré et que la liqueur est tout à fait limpide. Avant de filtrer le liquide, il est nécessaire d'en expulser tout l'hydrogène sulfuré ; on parvient rapidement à ce résultat en y faisant passer un coûtant d'acide carbonique, jusqu'à ce que le gaz qui se dégage ne brunisse plus un papier imprégné d'acétate de plomb. * » 4°- Dans ces conditions le dosage de l'acide phosphorique est rigou- reux et ne présente aucune difficulté; pour l'effectuer, il faut ajouter au liquide filtré un excès de nitrate acide de bismuth, laisser bien déposer le précipité, puis le recueillir sur un filtre et, aprèsl'avoir épuisé par l'eau bouil- lante, le dessécher, le calciner et le peser. Le nitrate de protoxyde de fer C. R., 1860, Jm' Semestre. (T. LI, N° 25. ) I l8 ( 884 ) étant d'une stabilité remarquable, on n'a pas à craindre la peroxydation du fer avant l'addition du nitrate acide de bismuth, pourvu que l'on opère à la température ordinaire. Je me suis d'ailleurs assuré qu'on peut sans inconvénient porter le liquide à l'ébullition après que le phosphate de bismuth s'est rassemblé, le sesquioxyde de fer qui se forme alors n'entrave plus la détermination de l'acide phosphorique. « 5°. Le liquide filtré doit de nouveau être traité par l'hydrogène sulfuré qui en éliminera l'excédant de bismuth; on déterminera ensuite les bases par les procédés ordinaires. » Il est à remarquer que les diverses opérations indiquées ci-dessus sont toutes fort simples et peuvent s'exécuter rapidement; aussi ce procédé con- vient-il, non-seulement pour déterminer quantitativement l'acide phospho- rique, mais aussi pour en rechercher la présence dans les substances qui n'en contiennent que des traces, telles que les eaux minérales, certains mi- nerais de fer, etc. Lorsque, dans les essais qualitatifs, le nitrate acide de bismuth fournira un précipité, il sera d'ailleurs facile de constater l'identité de l'acide phosphorique; il suffira pour cela de traiter par l'hydrogène sul- furé le précipité maintenu en suspension dans un peu d'eau, d'ajouter en- suite un excès de nitrate d'argent, et d'agiter. Le liquide, débarrassé par le filtre des sulfures de bismuth et d'argent, est alors exempt d'hydrogène sulfuré; s'il contient de l'acide phosphorique, il donnera le précipité jaune si caractéristique de phosphate d'argent quand on le neutralisera exacte- ment avec de l'ammoniaque très-diluée. » J'indiquerai, en terminant, un moyen avantageux de préparer le nitrate acide de bismuth; il consiste à substituer, au sous-nitrate, le nitrate neutre cristallisé, BiO3, 3NOs 4- ioAq, qu'il est facile d'avoir parfaitement pur. On obtiendra un réactif convenable en dissolvant 68gr,45 de nitrate neutre cris- tallisé dans une quantité d'acide nitrique représentant 68B',5 d'acide nitri- que anhydre, et en ajoutant ensuite assez d'eau pour que la solution occupe exactement le volume d'un litre. Chaque centimètre cube du réactif ainsi préparé précipitera i centigramme d'acide phosphorique. « géographie. — Mémoire géographique sur la Grèce, par M. Peytier. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM Ch. Dupin, Elie de Beanmont, Duperrey.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur dp soumettre au jugement de l' Aca- ( 885 ) demie, je commence par signaler les erreurs considérables des cartes de ce pays au moment de l'expédition française en 1828. Formées par la réunion des itinéraires des voyageurs, notamment de ceux de Gell, Dodwel et Poucqueville, ces cartes n'étaient appuyées sur aucune opération géodé- sique ; aussi toutes les parties en étaient-elles notablement défigurées ou déplacées, grandes formes du terrain, des cours d'eau, position des villes et villages ; les meilleures cartes mettaient 4o villages dans l'île d'Eubée, tan- dis qu'il y en avait plus de 200; elles faisaient remonter le Céphise de Béotie à plus de 10 lieues au delà de la position de ses sources. La nomenclature des anciennes cartes était aussi fort inexacte. » Ces défectuosités faisaient sentir la nécessité d'une nouvelle carte basée sur des opérations géodésiques régulières; aussi le gouvernement français résolut-il de l'entreprendre aussitôt que l'occupation de la Morée par une brigade française fut décidée. On trouvera dans mon Mémoire un résumé des opérations qui ont été effectuées dans ce but et auxquelles j'ai eu la plus grande part : mesure d'une base dans la plaine entre Argos et Nauplie; observations astronomiques à son extrémité O. sur un massif hellénique des ruines de Tirgathe ; observations géodésiques; travaux topographiques ; établissement et gravure de la carte en 30 feuilles, publiée par le Dépôt de la guerre à l'échelle de ; révision générale de la carte pour la mettre 0 200000 D r en harmonie avec la nouvelle division de la Grèce en Nomes, Éparchies et Dèmes, et la nouvelle nomenclature adoptée par le gouvernement grec. Le nivellement qui résulte de la triangulation de la Grèce présente de grandes garanties d'exactitude : parti du bord de la mer, près du marais de Lerne, et traversant la Morée en passant par des montagnes de i5ooà 1800 mè- tres, je suis arrivé au cap R.alakolo dans la mer Ionienne, à Marathonisi dans le golfe de Laconie et au golfe de Corinthe, à moins d'un mètre. Pour la Grèce continentale et l'Eubée, je suis parti d'un massif hellénique situé dans le port du Pirée, et ce nivellement relié à celui de la Morée a donné des résultats concordants; ce qui prouve que le niveau de la mer est le même dans les golfes d'Athènes et de Corinthe. On croit généralement dans le pays que la mer est plus élevée dans ce dernier golfe; cela vient sans doute de ce qu'en partant de ce golfe pour traverser l'isthme, qui a 6 kilomè- tres, on monte d'une manière insensible dans le parcours des 5 premiers, et que l'on a alors devant soi un petit coteau escarpé à descendre qui peut avoir environ 60 mètres de hauteur. •> Je présente ensuite un exposé des faits qui m'ont paru les plus intéres- 118.. ( 886 ) sants sur la géographie physique de la Grèce. A l'article Orographie je signale quatre directions principales que paraissent affecter les chaînes de montagnes de la Grèce : » i°. La direction N. N. O-S.S. E. que l'on observe dans les deux grandes chaînes dont les extrémités méridionales forment les caps Malée et Matapan. » a0. La direction E.O. quelques degrés N. qu'affecte une large chaîne qu'on pourrait appeler Achaïque et qui réunit trois hautes montagnes : leZiria, le Rhelmos et l'Olonas. » 3°. On voit aussi quelques chaînes ayant la direction N.E.-S.O., notamment en Morée, celle qui part du mont Olonas et se dirige au S. O. » 4°- Enfin on voit encore des montagnes ayant la direction N. S., entre autres la petite chaîne de Santaméria en Morée. » A l'article Hydrographie, je fais remarquer que les rivières de la Grèce continentale affectent deux directions principales perpendiculaires entre elles; l'une N. S. quelques degrés O. perpendiculaire à la direction moyenne du golfe de Lépante, et la majeure partie des rivières sont dans ce cas ainsi que celles du versant N. de la Morée; l'autre direction paral- lèle au même golfe est celle de la rivière Hellada (Sperchius), du Céphise de Béotie et de la rivière d'Oropo ( Asopus). En parlant du Céphise de Béotie et du lac Copaïs , je démontre que le déluge d'Ogygès, dont la tra- dition parle comme ayant inondé toute l'Attique et la Béotie, n'a pu être qu'une petite inondation couvrant seulement la partie inférieure de la vallée du Céphise, parce que si les eaux du lac s'élevaient de 5o mètres et même moins, elles trouveraient un débouché vers la mer par un col situé au-dessus des gouffres par lesquels s'écoule une partie des eaux; la super- ficie du lac, qui est de ai 6 kilomètres, serait seulement doublée, et ao ou 25 villages seraient sous les eaux; une partie de la plaine au N. de Thèbes pourrait être aussi inondée; quant à l'Attique, d'après sa configu- ration, il ne pourrait y avoir aucune inondation. » Je présente encore un résumé des observations météorologiques que j'ai faites en Morée pendant les années 1828, 1829, i83oet 1 83i ; à Athènes pendant les années i833, 1 834 et 1 835. D'après ces dernières, la iempéra- ture moyenne d'Athènes serait de i5°,4> résultat sans doute un peu faible, les trois années d'observations ayant été extraordinaires pour le froid des hivers. La moyenne des nombres de jours de pluie s'est trouvée de 87 , 3 (g5 en Morée), celle du nombre des jours d'orage 11, 3 (17 en Morée). « Passant ensuite à la géographie politique de la Grèce, je présente un ( 887 ) tableau de la division actuelle du pays en 10 Nomes, 49 Éparchies et 275 Dèmes, établie par une loi du 6 décembre 1 845, avec le chiffre des populations. Je compare ensuite à la superficie le chiffrejotal de la popu- lation qui était de 990373 habitants, en 1 85 1 , dont 523668 pour la Morée, et que je suppose être maintenant d'environ un million, et trouve 20, 5o ha- bitants par kilomètre carré, ou moins du tiers de ce qu'elle est en France (67,963), et moins que le département des Basses-Alpes (21,52), le moins peuplé de la France. Si l'pn ne considère que la Morée, la population est de 2^,48 par kilomètre carré, la Grèce continentale 1 3,32, l'Eubée i3,82 et les îles de l'Archipel réunies 42>79- H résulte aussi d'un catalogue de 1 83 1 qu'en Morée le. nombre des individus par famille variait de 4i'8 à 5,36, soit en moyenne 4i75, le plus fort dans les montagnes, le plus faible dans les plaines; ce nombre augmentera sans doute, la guerre avait détruit un grand nombre d'adultes. » En parlant des nombreux monastères de la Grèce, dont le gouverne- ment a supprimé les petits, je fais connaître l'origine que les moines du couvent de Mégaspiléon (de la grande grotte), le plus considérable de tous et qui a eu jusqu'à 3oo moines, attribuent à leur monastère dont ils font re- monter la fondation au ve ou vie siècle. Ils disent que saint Lucas ayant fait trois images en relief de la Sainte Vierge (en cire et mastic?), les laissa tomber dans l'espace en montant au ciel ; que l'une tomba dans le golfe de Lépante, la seconde à la place où est le monastère de Saint-Lucas, à l'ouest de l'Hélicon, et la troisième à l'emplacement où est celui de Mégas- piléon; ils ajoutent que cette dernière fut gardée par un dragon (dont ils montrent deux dents grosses comme des dents de cheval) jusqu'à la con- struction du couvent; il montrent aussi le trou où se tenait ce dragon, et disent encore qu'une dame vénitienne, qui était venue dans le but de s'em- parer de cette image, objet de leur profonde vénération, tomba morte en approchant de la niche à double porte où elle est enfermée. » Je présente encore quelques documents sur l'instruction publique qui est gratuite en Grèce à tous les degrés (les écoles sont très-suivies et le peu- ple, surtout celui des montagnes, montre un grand désir de s'instruire), sur la religion et le clergé, sur la justice, l'armée, la marine, les finances, l'in- dustrie, le commerce, et je termine par un article sur le mauvais état des communications, qui ne sont en général que des sentiers pour les bêtes de somme : dans les localités marécageuses, qui sont assez nombreuses, les chemins sont impraticables; lorsqu'on traverse des bois ou broussailles, on risque d'être déchiré ou renversé de cheval ; les rivières n'ayant ordinaire- ( 888 ) ment pas de pont, on est fort embarrassé pour les traverser; je me suis vu obligé, vers la fin de décembre 1829, de faire mettre à l'eau un de mes mu- letiers pour chercher un gué. Le gouvernement a bien décrété que des routes carrossables seraient exécutées dans toute la Grèce ; mais depuis près de trente ans que ce décret a paru, il n'y a encore que quelques petits tron- çons de routes carrossables formant ensemble un développement d'environ trente lieues. » chimie. — Mémoire sur In notation chimique; par M. F. de Lastelle. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « Je me suis proposé, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, de réduire toutes les formules à ne plus représenter qu'un volume de vapeur. Les formules que je propose ont l'avantage de présenter, outre la composition atomique des corps, leur composition centésimale et en volume; de plus elles satis- font à la loi de l'isomorphisme et, je crois, à celle des capacités caloriques; enfin la densité des corps gazeux et leur équivalent chimique peuvent être représentés par le même nombre. » M. Corlieu soumet au jugement de l'Académie un travail intitulé : « Études sur les causes de la Ivpomanie ou folie mélancolique ». (Commissaires, MM. Serres, And rai, Rayer.) M. Pappenheim adresse un complément à ses recherches sur les lympha tiques du cœur. Il annonce que les résultats exposés dans l'ensemble de sou travail reposent sur des observations multipliées, recueillies dans 108 au- topsies. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. M. Hollard prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des Candidats pour la place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie. M, Pccheban adresse une semblable demande. ( 88$) M. Geoffroy-Saint-Hilaire présente, à cette occasion, un travail im- primé de M. Puclieran, ayant pour titre : « Des caractères zoologiques des Mammifères dans leurs rapports avec les fonctions de la locomotion ». Les deux demandes sont renvoyées à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie. « M. Mu m. Edwards présente un ouvrage de madame Power sur les habitudes de divers animaux de la Sicile, et rend plus particulièrement compte des observations de l'auteur sur l'instinct des Martes et sur la pro- duction de la coquille des Argonautes. » « M. Bienaymé présente, au nom de l'auteur, M. Ramon Picarte des labiés contenant les quotients des neuf premiers nombres par tous les nombres compris entre i ooo et 10000. A » L'Académie se rappellera, dit M. Bienaymé, qu'elle a bien voulu, sur le Rapport d'une Commission composée de MM. Mathieu, Hermite et moi(i), encourager M. Picarte à publier les Tables de division qu'il lui avait sou- mises : parce qu'elles offraient les quotients par les 10000 premiers nom- bres poussés jusqu'au dixième chiffre significatif, et non pas seulement jusqu'à la dixième décimale. U se rencontre bien des c; s dans lesquels ce grand nombre de chiffres peut avoir son utilité. Le Rapport faisait remar- quer que ces quotients tout préparés réduiraient la division à une ad- dition. L'auteur a profité de cette observation pour donner au volume dont il fait hommage à l'Académie, ce titre : La Division réduite à une Addition. » * M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de M. Jguilar, directeur de l'Observatoire de Madrid, les épreuves positives de quatre photographies prises au Desierto de las Palmas, durant l'éclipsé solaire du 1 8 juillet dernier. « Ces épreuves, remarquables par leur netteté, dit M. Aguilar, sembleront peut-être à l'Académie dignes de son attention à un moment où l'opinion des astronomes est partagée sur la cause de la production de ces phéno- mènes. Les communications que l'Académie a reçues du P. Secchi me dispensent d'entrer dans de plus longs détails; je dirai seulement que le (i) Comptes rendus Séance du 1 4 février 1 85g, volume XLVIII, p. 328. (89o) trait noir qu'on remarque, sur ces images, dans la direction horizontale, a été produit par le fil équatorial tendu au foyer de la lunette. » A la suite de cette communication, M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie une épreuve d'une gravure faite et envoyée par les soins du P. Secchi, d'après les photographies prises également au Desierto de las Palmas, et représentant l'une la couronne et les protubérances so- laires durant l'éclipsé du 18 juillet, l'autre les taches solaires telles qu'elles se présentaient à l'époque de l'éclipsé. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Lartigue, un exemplaire de la deuxième édition de ses « Instructions nautiques sur les côtes de la Guyane française, accompagnées d'observations sur la route à suiv« par les bâtiments partant d'Europe pour aller franchir l'équateur ». GÉOMÉTRIE. — Sur quelques relations géométriques entre [hélice et la cycloïde; communiqué au nom de M. Dunesme par M. Faye. « Il y a quelques années, M. Dunesme avait présenté à l'Académie une méthode projective pour construire la développée d'une courbe plane, mé- thode qui fut l'objet d'un Rapport favorable de notre regretté confrère M. Binet. Je la rappellerai brièvement. On peut considérer une courbe quel- conque comme l'ombre portée par une surface de révolution dont l'axe serait perpendiculaire au plan de la courbe. Cela posé, si de tous les points de la ligne de séparation d'ombre et de lumière on mène des normales à l'axe de la surface de révolution, on formera un conoïde gauche dont l'om- bre portée sur le plan primitif sera précisément la développée de la pre- mière courbe. » Appliquant cette méthode générale à la cycloïde, M. Dunesme trouve que la surface de révolution dont elle est l'ombre a pour génératrice méri- dienne une sinusoïde, et pour l'équateur un rayon double du rayon du cercle générateur de la cycloïde; que la séparatrice est une hélice tracée sur cette surface et sur un cylindre ayant pour base le cercle générateur de la cycloïde ; que le conoïde est une sorte d'héliçoïde gauche; et comme la séparatrice d'ombre et de lumière sur cette nouvelle surface est encore une hélice égale à la première, mais en avance d'un demi-pas, et située sur un se- cond cylindre égal et tangent au premier, on voit clairement que l'ombre du ( 89i ) conoïde, ou de la seconde hélice, c'est-à-dire la développée de la cycloïde, doit être une seconde cycloïde en avance d'un demi-pas sur la première (i). » MÉTÉOROLOGIE. — Note sur les courbes, par lesquelles M. Park Harrison a représenté l'influence de la Lune sur la température ; par M. Faye. « M. Harrison m'a chargé de mettre sous les yeux de l'Académie le ré- sultat graphique de ses recherches sur le rôle météorologique de la Lune, ou, selon les termes de l'auteur, sur les saisons lunaires. » Il existe à ce sujet une grande divergence entre l'opinion populaire et celle de la plupart des savants. On croit généralement que les change- ments de Lune amènent des changements de temps, et la règle du maréchal Bugeaud, dont les journaux ont fait si souvent mention, n'est autre chose qu'une forme précise et pour ainsi dire arithmétique de cette ancienne opinion. Les astronomes, au contraire, ont presque toujours nié cette in- fluence, en se fondant principalement sur les résultats négatifs que M. Bou- vard avait tirés de la discussion des observations météorologiques de l'Ob- servatoire de Paris. » Toutefois M. Arago avait reconnu que la quantité de pluie était un peu plus forte vers la nouvelle que vers la pleine Lune, et sir J. Herschel avait remarqué que la pleine Lune semblait avoir la singulière propriété de dissiper les nuages, opinion confirmée pan une curieuse Note de M. de Humboldt, qui l'avait trouvée fermement ancrée dans l'esprit des popula- tions du Pérou. » M. Park Harrison a entrepris d'examiner à ce point de vue les obser- vations thermométriques de Greenwich; quarante-trois années d'observa- tions, comprenant 520 lunaisons consécutives, lui ont permis de repré- senter par une courbe la marche d'une saison lunaire moyenne. Cette courbe est assez compliquée, mais ses inflexions les plus caractéristiques (o°,6 cent, d'amplitude totale) se retrouvent avec tant de persistance dans les diverses combinaisons qu'il a faites, soit avec les observations de Green- wich, soit avec celles de Dublin, elles se reproduisent si nettement dans les (i) On remarquera à ce sujet ce théorème peu connu : L'ombre d'une hélice sur un plan perpendiculaire à l'axe est une cycloïde quand la direction du rayon de lumière est celle d'une tangente à l'hélice. Si l'inclinaison du rayon sur l'axe est plus grande ou plus petite que celle de la tangente, on obtient une cycloïde allongée ou raccourcie. M. Catalan nous fait savoir que ce théorème a été trouvé par M. Guillery, de Bruxelles, et communique en 1847, Par M- Olivier, à la Société Philomatliique. C. R., 1SC0, a"1" Semestre. (T. LI, N° 23.) 1]9 ( 89* ) moyennes relatives à un seul mois, pendant quarante-trois ans, ou à celles de dix années successives, qu'il est difficile de ne pas admettre la réalité de l'influence si souvent controversée de la Lune. » De quelle nature peut être cette influence? La Lune nous envoie deux sortes de rayons calorifiques : i° les rayons réfléchis irrégulièrement avec la lumière solaire; a° les radiations du sol lunaire fortement échauffé par le Soleil, surtout vers l'époque de la pleine Lune. On sait que leur action réunie est à peu près insensible sur nos instruments les plus délicats ; M. Melloni a vu marcher à peine l'index d'un thermomètre très-sensible exposé à l'ac- tion lunaire au foyer d'une puissante lentille qui eût réduit le platine en vapeur si elle eût été tournée vers le Soleil (r). L'action de la Lune ne sau- rait donc être directe comme celle du Soleil. Il est bien remarquable que les courbes de M. Harrison nous conduisent précisément à la même conclu- sion. Elles présentent en effet, comme caractère principal, une surélévation à peu près constante de température depuis la nouvelle Lune jusqu'à la pleine Lune, et un abaissement de température à partir de cette dernière phase. Or, si la Lune agissait directement sur nous par sa chaleur, l'effet serait précisément inverse; le maximum aurait heu après la pleine Lune. Ainsi, et c'est là un point capital, faction de la Lune sur l'atmosphère n'est pas une action directe. » M. Harrison tient plutôt à signaler les faits ou les résultats de ses re- cherches numériques qu'à en donner la théorie. Toutefois, en marquant sur ses courbes de température d'autres circonstances atmosphériques telles que l'état moyen du ciel, couvert ou serein, aux diverses époques de la lu- naison, il arrive à chercher dans la remarque précédente de sir J. Herschel une explication très-plausible du phénomène. En effet il trouve que le maxi- mum des jours pluvieux ou couverts répond au maximum de température, c'est-à-dire à la première moitié de la lunaison, tandis que le maximum des jours sereins coïncide avec l'abaissement de la courbe thermométriquè.Dès lors si la pleine Lune a réellement la propriété de dissiper les nuages, il s'en- suit qu'elle occasionne indirectement l'abaissement observé de la tempéra- ture, par suite du rayonnement si actif des nuits sereines, et du refroidis- sement nocturne qui en résulte pour le sol ou pour les couches inférieures de l'atmosphère. La question se trouve donc ramenée par là à l'action di- recte de la Lune sur les nuages. Que l'on me permette de développer quelque (1) M. Babinet fait remarquer que ces résultats ont été confirmés parles expériences récentes de M. Piazzi Sinyth au Pic de Ténériffe. Ce savant astronome trouve qu'à cette altitude l'effet thermique de la Lune équivaut à celui d'une bougie placée à une distance de 35 pieds anglais. ( 893 ) peu l'explication si ingénieuse de notre illustre Associé sir John Herschel. » Il n'y a pas lieu de s'étonner que la chaleur des radiations lunaires soit insensihle pour nous, car les terrains lunaires, même après une longue insolation, même quand ils sont ainsi portés à une température qui dépasse peut-être notablement la chaleur de l'eau bouillante, ne nous envoient que delà chaleur obscure. Or cette chaleur obscure ne saurait parvenir jusqu'à nous; par sa nature même, elle est beaucoup plus absorbée et interceptée par les milieux diaphanes de notre atmosphère que la chaleur lumineuse. Puisqu'elle se concentre ainsi dans les couches supérieures de l'atmos- phère, la chaleur de la Lune doit aussi en élever un peu la température, et s'opposer jusqu'à un certain point à la naissance des brumes ou des nuages qui, à peine formés, tendent aussitôt, par un effet de leur rayonnement propre vers l'espace, à s'épaissir, à se propager et bientôt à couvrir le ciel tout en- tier. En s'opposant ainsi, dès le début, à la formation des nuages les plus élevés, la pleine Lune contribuerait donc, dans une certaine mesure, à maintenir la sérénité des nuits et, par suite, à abaisser la température que nous observons, tandis que la Lune nouvelle, privée pendant un laps de temps considérable de réchauffement solaire, ne saurait intervenir en au- cune façon dans les phénomènes atmosphériques d'une partiede la lunaison. Quoi qu'il en soit de cette théorie, les courbes de M. Harrison me semblent mériter l'attention des physiciens; il serait à désirer que ce travail fût con- tinué sous les climats les plus variés, et avec deS observations thermomé- triques aussi exemptes que possible d'influences étrangères à l'essence même de la question météorologique. » « Le Maréchal Vaillant dit qu'il ne saurait partager l'opinion de ses savants confrères MM. Faye et Le Verrier. Il n'admet pas que la Lune mange les nuages ni qu'elle exerce aucune influence sensible sur les amas de gaz ou de vapeur auxquels ils servent d'enveloppe ; il ne l'admet pas plus qu'il ne regarde comme fondée la croyance, encore bien répandue, que la Lune ronge les pierres, croyance qui repose sur la rapide destruction de certains édifices. Le Maréchal rappelle, à cette, occasion, la consolante ré - flexion de Bélidor : le célèbre auteur de l'Architecture hydraulique fait re- marquer que notre Terre, qui doit apparaître pour les habitants de la Lune comme un énorme satellite, étant cinquante fois plus grosse et ayant pro- bablement un appétit en rapport avec sa grosseur, doit produire de terribles effets de destruction sur les édifices lunaires. Revenant à la question qui s'agite, le Maréchal dit que, chaque soir, aussitôt que la température s'a- ng.. ( «94 ) baisse à la surface de la Terre, l'air qui la touche se refroidit d'abord; puis, de proche en proche, toute la colonne atmosphérique participe à ce refroi- dissement. L'air qui, pendant le jour, s'élevait de terre, retombe au con- traire vers le sol ; les fumeurs voient la fumée de leurs cigares s'étaler ho- rizontalement, au lieu de tourbillonner en montant; les fleurs ont plus d'odeur, parce que leur parfum, au lieu de s'échapper au loin, reste et se condense dans le voisinage des corolles qui l'exhalent. Un effet analogue, auquel il convient d'ajouter celui d'une diminution dans le rayonnement de la Terre aux dernières heures du jour, se produit sur les nuages. Par un beau coucher de Soleil, lorsque le temps est calme et qu'on n'aperçoit au ciel que de minces bandes de nuages aux vives couleurs et très-élevés, on les voit qui descendent et qui, fort souvent, s'évanouissent tout à fait avant même d'avoir fait beaucoup de chemin dans le sens vertical. Un abaisse- ment de 200 mètres seulement les ramène, en effet, dans des couches où la température est déjà plus élevée de 2 à 3 degrés. Parfois aussi ces nuages arrivent jusqu'à terre et s'amassent dans les vallées où, continuant à se ré- chauffer, ils finissent par se dissiper entièrement. Si la Lune se lève brillante, on peut suivre des yeux le phénomène et voir les nuages diminuer succes- sivement; si la Lune n'éclaire pas, on ne voit rien, mais l'effet ne se pro- duit pas moins et sans la participation de la Lune. Au reste, dit encore le Maréchal, cette oscillation de l'air qui s'élève le jour et se précipite dès avant le coucher du Soleil et même encore après son lever, joue un très- grand rôle dans beaucoup des phénomènes météorologiques; c'est elle, par exemple, qui fait qu'il tombe plus d'eau pendant le jour que pendant la nuit; c'est elle qui fournit une explication complète de la variation diurne du baromètre, comme aussi de l'existence des vents alizés et de toutes les circonstances qui accompagnent la production de ces grands courants d'air réguliers. Une autre fois, ajoute le Maréchal en terminant, nous pourrons entrer dans plus de détails. » chimie appliquée. — Recherches sur la matière sucrée contenue dans lesjruits acides; son origine, sa nature et ses transformations; par M. H. Buigxet. « I. Le sucre qui se forme originairement dans les fruits acides est le sucre de canne, C,2H"On, identique par ses propriétés et son pouvoir rotatoire avec celui qu'on extrait de la canne ou de la betterave. » IL Pendant la maturation des fruits, ce sucre subit une influence par- ticulière et se change peu à peu en sucre interverti C,aH,20,a, identique par ses propriétés et son pouvoir rotatoire avec. celui qu'on obtient par l'action des acides ou du ferment glucosique sur le sucre de car.ne. (8g5) » III. Lorsqu'on examine la matière sucrée à («époque de la maturité complète, on la trouve différemment constituée suivant les fruits où on l'observe. Tantôt elle se compose de sucre interverti pur et simple, comme dans le raisin, la groseille, la figue; tantôt elle renferme un mélange en pro- portions variables de sucre de canne et de sucre interverti, comme dans l'ananas, l'abricot, la pèche, les diverses espèces de prunes, de pommes, de poires, etc. » IV. La cause qui préside à ces différences n'est pas, comme on pour- rait le croire, l'acidité des fruits. L'expérience montre que les acides orga- niques, en raison de leur proportion relative, de leur état de dilution, de la faible température à laquelle ils agissent, n'ont qu'une légère action pour intervertir le sucre de canne en présence duquel ils se trouvent. Aussi n'existe-t-il aucun rapport entre l'acidité des fruits et l'altération que pré- sente leur matière sucrée. Le citron, dont l'acidité est excessive, offre pins du quart de sa matière sucrée à l'état desucre de canne, tandis que la figue, qui est à peine acide, présente la totalité de la sienne à l'état de sucre interverti. De même on trouve jusqu'à 70 pour 100 de sucre de canne dans la matière sucrée de l'abricot, de la pèche, de la prune de mirabelle, tandis qu'on n'en trouve pas trace dans le raisin et la cerise, où l'analyse constate une acidité beaucoup moindre. » V. Les différences que présente la proportion relative des deux sucres paraissent tenir à l'influence d'une matière azotée jouant le rôle d'un fer- ment glucosique analogue à celui que M. JBerthelot a extrait récemment de la levure de bière. En écrasant la graine de groseilles, et la traitant par l'eau froide, on obtient un liquide qui intervertit à froid le sucre de canne contenu dans le jus de fruit. » VI. L'influence comparée de l'acide et du ferment se trouve rendue manifeste par deux expériences parallèles faites sur un même jus de fruit : l'une, dans laquelle on précipite le ferment par l'alcool; l'autre, dans laquelle on neutralise l'acide libre par le carbonate de chaux. Dans la pre- mière, la matière sucrée subsiste pendant un temps très-long sans modifica- tion sensible. Dans la seconde, au contraire, elle est totalement transformée, même au bout de vingt-quatre heures. » La même conséquence résulte encore des expériences faites sur le fruit du bananier. A. quelque période de la végétation qu'on examine son suc, on n'y trouve aucune trace d'acide libre. Et cependant, dans les bananes mûries artificiellement, près des deux tiers de la matière sucrée sont à l'état de sucre interverti. » VII. 11 existe entre le sucre de canne et le sucre interverti une affinité (896) tellement étroite, que«e n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvient à les séparer l'un de l'autre. C'est ainsi que le sucre de canne perd sa faculté de cristalliser, quand il se trouve en présence d'une proportion même très- petite de sucre interverti. C'est ainsi encore que le protoxyde de plomb, qui agit très-différemment sur les deux sucres à l'état isolé, exerce la même action sur eux quand ils se trouvent à l'état de mélange. » VIII. Le procédé qui réussit le mieux pour isoler le sucre de canne des fruits qui le contiennent, est celui que M. Peligot a indiqué pour l'ana- lyse des mélasses, et qui consiste à former un saccharate de chaux que l'on sépare par l'ébullition et qu'on décompose ensuite par un courant d'acide carbonique. Toutefois on n'arrive à obtenir ce sucre à l'état cristallisé et en quantité sensible qu'autant qu'on a soin de répéter les traitements à la chaux, et de rendre alcoolique la solution sirupeuse d'où il doit se séparer. A cette double condition, j'ai pu obtenir le sucre cristallisable de la pêche, de l'abricot, de la prune de mirabelle, de Ja pomme, etc. » IX. L'abondance avec laquelle l'amidon se trouve répandu dans le règne végétal, fait supposer qu'il est la véritable source de la matière sucrée dans les fruits. Cependant on ne peut déceler sa présence dans les fruits verts, ni par le microscope, ni par l'eau iodée. D'un autre côté, le sucre auquel donne lieu l'amidon, dans les transformations artificielles que nous pou- vons lui faire subir, est un glucose dextrogyre à pouvoir rotatoire -+- 53°, tandis qu'il résulte de mes expériences que celui que l'on trouve dans les fruits acides est du sucre de canne totalement ou partiellement interverti. » X. Il existe dans les fruits verts un principe particulier doué de la faculté d'absorber l'iode avec plus d'énergie encore que l'amidon, et de former avec ce métalloïde un composé parfaitement incolore. Ce principe est de nature astringente et paraît se rapprocher des tannins par la plupart de ses propriétés. Son dosage peut être établi avec tout autant de facilite que celui de la matière sucrée elle-même. On reconnaît, en le pratiquant aux diverses époques de la maturité, que sa proportion diminue progressi- vement, à mesure qu'augmente la proportion de la matière sucrée. » XI. En ajoutant à un suc de fruit vert autant d'iode qu'il en peut ab- sorber, on voit bientôt se former un précipité par la combinaison de l'iode avec la matière astringente. Si on recueille ce précipité, et si on le lave avec le plus grand soin pour le débarrasser de tout ce qu'il peut retenir de so- luble, on constate qu'il produit du sucre sous l'influence des acides étendus et d'une température convenable. » XII. Le sucre que fournit le tannin de la noix de galle par l'action de (897 ) l'acide sulfurique moyennement concentré est un glucose dextrogyre, ayant exactement le même pouvoir rotatoire que le glucose d'amidon. Le sucre que fournit le tannin des fruits verts dans les mêmes conditions est égale- ment du glucose dextrogyre, identique au sucre d'amidon. » Sous ce rapport, le tannin ne se prête donc pas mieux que l'amidon à à une théorie satisfaisante sur l'origine du sucre dans les fruits. » XIII. Dans les bananes vertes, on trouve tout à la fois beaucoup d'amidon et beaucoup de tannin, et les deux principes diminuent progressi- vement et simultanément, de manière qu'on ne trouve plus trace ni de l'un ni de l'autre dans les bananes mûres. Le sucre qu'on trouve à leur place est du sucre de canne. » XIV. Il existe donc une différence essentielle entre les procédés de l'art et ceux de la nature au point de vue de la transformation en sucre, soit du tannin, soit de l'amidon. » Il existe également une différence très-grande entre la matière sucrée des fruits, suivant qu'elle se produit sous l'action des forces végétatives ou en dehors de leur influence. L'expérience montre que le sucre qui continue à se former dans les bananes, après qu'elles ont été détachées de l'arbre, n'est plus du sucre de canne, mais de sucre interverti. » M. Boudas adresse des Notes : i° sur les sons rendus par le silex et sur un instrument de son invention qu'il nomme lithophone; i° sur des dents appartenant, suivant lui, à l'espèce humaine et qui ont été trouvées parmi des fragments de silex ; 3° sur une collection de fossiles très-variés, parmi lesquels l'auteur croit reconnaître des fruits et même des légumes qui, suivant lui, n'auraient pu être pétrifiés qu'en automne ; 4° sur des cristaux très-volumineux de quartz hyalirt prisme ; 5° sur l'application de la chaux en poudre contre la maladie de la pomme de terre et l'oïdium de la vigne. (Renvoi à l'examen de MM. Payen et Ch. Sainte-Claire Deville.) M. Guigardet, inventeur d'un lampe destinée aux travaux sous-marins et déjà honorée d'un encouragement par la Commission du concours Montyon de 1 85g (Prix dit des Arts insalubres), présente de nouveau au concours son appareil auquel il a fait subir, d'après les observations consignées dans le Rapport, diverses modifications qu'il considère comme impor- tantes. (Commission du prix des Arts insalubres.) ( 898 ) M. Deneffe adresse de Gand une Note sur les résultats de deux expé- riences qu'il a faites dans le dessein de contrôler les anciennes observations concernant la durée de la vie chez des Batraciens renfermés dans des ca- virés plus ou moins exactement closes. (Renvoi à l'examen de M. Milne Edwards.) La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 26 novembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Traité pratique des maladies de [enfance fondé sur de nombreuses obser- vations cliniques; par F. Barri er. Paris, 1861; 2 vol. in-8°. Télégraphie électrique ; par J . Gavarret. Paris, 1861; 1 vol. in- 12. Le non-restraint ou fie l'abolition des moyens coercitifs dans le traitement de la folie, suivi de considérations sur les causes de la progression dans le nombre des aliénés admis dans tes asiles; par M. le DrMoREL. Paris, 1860; in-8°. Observations de tumeurs hydatiques renfermant des échinocoques heureuse- ment enlevées à l'aide de la cautérisation linéaire; par M. A. Legrand. Paris, 1860; br. iti-8°. Flore complète de l'arrondissement d' Hazebrouck ; par Henri Vakdamme. Paris-Hazebrouck, 1860; in-8°. Turgan. Les grandes usines de France. Etablissement Derosne et Cail, ae série, ire livraison; in-8°. Travaux de l' Académie impériale de Reimi; XXIXe vol., année i858-i85g, n°* 1 et 2. Reims, 1860; in-8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 110e et melivr. in-4°. Informe... Rapport sur les observations faites par l'expédition envoyée à Moncayo pour observer f éclipse du 1 8 juillet, présenté à S. E. le Commissaire royal de l'Observatoire de Madrid; par D. E. Novella; br. in-12. Ephemerides. . . Ephémérides des petites planètes pour Cannée 1 86 1 , supplé- ment auNautical Almanac de 1864; br. in-8°. Die orthopàdie... L'orthopédie du temps présent; la gymnastique comme moyen de santé, les opérations chimrgicales et la mécanique comme moyen de guérhon orthopédique; par J.-A. SCHILLING. Erlangen, 1860; 1 vol. in-8°. (899) L'Académie a reçu dans la séance du 3 décembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires présentéspar divers savants à l'académie des Inscriptions et Belles- Lettres de l'Institut impérial de France. Deuxième série. Antiquités de la France; t. IV, ire partie. Paris, 1860; in-4°. Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme et des animaux faites à la Faculté des Sciences de Paris; par H. MlLNE EDWARDS; t. VI, impart., Appareil digestif . Paris, 1861 ; in-8°. Observations et expériences physiques sur plusieurs animaux marins et terres- tres; par Mme Power, née de Villepreux. Paris, 1860; in-8°. Des caractères zoologiques des Mammifères dans leurs rapports avec les jonc- tions de locomotion; par M. PuCHERAN. Paris, 1860; in-4°. La division réduite à une addition, etc.; par R. Picarte. Paris, in-4°. Instructions nautiques sur les côtes de la Guyane française, accompagnées d'observations sur les routes à suivre par les bâtiments parlant de l'Europe pour aller franchir [ équateur ; par M. Lartigue; ae édition. Paris, 1860; br. in-4°. Mémoires sur le squelette des Poissons plectognathes étudié au point de vue des caractères qu'il peut fournir pour la classification; par M. H. Hollard; br. in-8°. Catalogue des végétaux et graines disponibles et mis en vente par la pépinière centrale du gouvernement au Hamma (près Alger) pendant l'automne 1860 et le printemps 1 86 1 . Alger-Paris, 1860; br. in-8°. Mémoires de la Société impériale d'Agriculture, Sciences et Arts (Ancienne Académie d'Angers). Nouvelle période; t. III, 3e cahier. Angers, 1860; in-8°. Memorie... Mémoires de t Institut I. R vénitien des Sciences, Lettres et Arts; vol. VIII, partie 2, 1860; in-4°. = Atti... Actes de l' Institut vénitien de novembre 1809 à octobre 1860; t. V, 3e série, 9e livraison; in-8°. Sulla... Sur la formation par métamorphoses régressives du sucre et de [ami- don, ou sur les dégénérations saccharine et amylacée dans le corps humain; par M. Benvenisti; br. in-8°. Ulteriori... Etudes ultérieures sur les procédés d assimilation; par le même. Padoue, i858; br. in-8°. On the... Sur les variations séculaires et les relations mutuelles des orbites des astéroïdes; par S. Newcomr. Cambridge, 1860; br. in-4°. (Extrait des Mémoires de l'Académie américaine ; nouvelle série, vol. V.) Studien... Etudes sur l'intégration des équations linéaires différentielles ; par M. S. Spitzer. Vienne, 1861 ; br. in-8°. C. R., 1860, 2» Semestre. (T. LI, N° 23. ) I 2° ( 9°° ) PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 18C0. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Boussingault, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; pr MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LVIII, octobre et novembre 1860; in-8°. Annales de V Agriculture française ; t. XVI, n°9; in-8°. Annales de la propagation de la foi; novembre 1860; n° 192; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; octobre t86o; in-8°. Annales télégraphiques; septembre et octobre 1860; in-8°. Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris; Comptes rendus des séances t. VI; 1 Ie livraison, et t. VII, ire livraison ; in-8° Annuaire de la Société météorologique de France; septembre 1860; in-8°. Bibliothèque universelle. Revue suisse et étrangère, nouvelle période ; n° 35 , 20 novembre i86o;in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux- Arts de Belgique; ae série, t. X, n° 9 et 10; in -8°. Bulletin de £ Académie impériale de Médecine; t. XXVI, n°3 ; in-8°. Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. III, n° 7 ; in-8°. Bulletin de la Société d' Anthropologie de Paris; t. Ier, 2e fascicule; in-8°. Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; t. V, 4e livraison; in-8° avec atlas in-folio. Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; septembre 1860; in-4°. Bulletin de la Société française de Photographie; novembre 1860; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; octobre 1860; in-8°. Bulletin de la Société médicale des Hôpitaux de Paris; septembre 1 860; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 2e se- mestre 1860; nos 19-22; in-4°- Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVII, i8e-2ie livraisons; in-8°. Journal d'Agriculture de la Côte-d'Or; octobre 1860; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, nos 21 et 22; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; novembre 1860; in-8°. ( 9ot ) Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; octobre 1860; in -8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; octobre i86o;'in-4°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; nos 3 1 -33 ; in-8°. La Bourgogne. Revue œnologique et viticole ; 23e livraison; in-8°. La Culture; n°9; in-8°. L'Agriculteur praticien; 3e série, nos 2 et 3; in-8°. L'Art dentaire; novembre 1860; in-8°. L'Art médical; novembre 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique, du chimiste et du manufacturier; g3e et 94e livr. ; m-4°. Le Technologiste ; novembre 1860 ; in- 8°. Magasin pittoresque; novembre 1860; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine , novembre 1 860 ; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. II, nGS 4 et 5; 111-80. Presse scientifique des deux mondes; t. H, nos 3 et 4 ; in -8°. Répertoire de Pharmacie; novembre 1860; in-8°. Revista... Revue des travaux publics; 8e année; n° 22; in-40. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale; n09 21 et 22; in-8°. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; nos 45-48. Gazette médicale de Paris; n°* 44_47- Gazette médicale d'Orient; novembre 1860. L'Abeille médicale; nos 45-48. La Coloration industrielle; nos 19 et 20. La Lumière. Revue de la Photographie ; nos 44-47- L'Ami des Sciences; nos 45-48. La Science pittoresque ; nos 27-30. La Science pour tous ; nos 48-52 . ERRATA. (Séance du 19 novembre 1860.) Inscrire « acide carbonique, après acide sulfurique, dans l'énoncé des trois analyses, p. "j53, 754, 755. » COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »»»»-• SÉANCE DU LUNDI 10 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président de l'Institut rappelle que la première séance trimes- trielle de 1861 doit avoir lien le g janvier et invite l'Académie des Sciences à lui faire connaître en temps opportun le nom de celui de ses Membres qui se proposerait de faire une lecture dans cette séance. M. Ëliede Beaumont annonce à l'Académie, d'après une Lettre de M.. Ma- laguti, la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses Corres- pondants pour la Section de Minéralogie et de Géologie, M. Durocher, décédé à Rennes le 3 de ce mois. « M. Durocher a publié d'importants travaux qui lui ont mérité les suf- frages de l'Académie; il en avait commencé plusieurs autres qui restent malheureusement inachevés; il n'était âgé que de quarante-trois ans. « Note lue par M. Delaunay, au commencement de la séance. « A la suite des observations que j'ai insérées dans le Compte rendu de la dernière séance, on lit cette Note de M. Le Verrier : « M. Le Verrier déplore qu'un Membre de l'Académie vienne nier au- » jourd'hui la déclaration très-précise qu'il a faite dans la séance du » lundi 26 novembre et que tout le monde a entendue. » Bien qu'il fût certain d'être dans le vrai, M. Le Verrier s'est assuré, n près de ses confrères, que la déclaration dont il a pris acte au Compte » rendu et qu'on nie, a été très-certainement faite par M. Delaunay. C. R., 1860, *« Semestre. (T. LI, N° 24.) l '■* l (9°4) » En conséquence, il s'est rangé à l'avis de ses confrères qu'aucune » discussion n'est désormais possible. » » L'Académie comprend qu'en présence de la grave allégation contenue dans la Note que je viens de rapporter, il m'est impossible de garder le si- lence. Ce n'est pas que je pense qu'il me soit nécessaire d'y répondre pour convaincre l'Académie; les marques nombreuses de sympathie et d'adhé- sion que je reçois de toutes parts témoignent assez de l'opinion qui s'est formée dans cette enceinte. Mon but est d'éclairer tons ceux qui auront l'occasion de lire les Comptes rendus de nos séances. Je rappellerai d'abord sommairement les faits. » Dans la séance du 26 novembre, M. Le Verrier a répondu verbalement à une Note écrite que je venais de lire. C'est alors que, contrairement aux usages de notre Académie {ainsi que l'un de nos Secrétaires perpétuels le lui a fait remarquer), il a cru devoir m'interpeller à diverses reprises, en insistant pour obtenir immédiatement de moi des réponses aux questions qu'il me posait. Il voulait par là m'entraîuer dans une discussion orale que j'ai toujours cherché à éviter, pour les motifs que j'ai expliqués lundi dernier. J'ai résisté d'abord autant que possible; mais enfin, poussé à bout par l'insistance que M. Le Verrier mettait à m'arracher une réponse au sujet d'une lacune qu'il prétendait exister entre ses nombres et ceux que j'avais voulu en déduire, je me suis levé, et je lui ai adressé vivement les paroles suivantes : Eh bien! puisque vous mjr obligez, je vous dirai que celte lacune dont vous parlez n'existe pas, et que vous ne cherchez quà induire [Académie en erreur! Après cette courte réponse, que je n'ai pas insérée au Compte rendu par un sentiment de convenance et de modération, j'ai continué à garder le silence le plus complet, jusqu'à ce que M. Le Verrier eût cessé de parler. Tous ceux de nos confrères qui ont assisté à la séance du 26 novembre savent très-bien que c'est ainsi que les choses se sont passées, et que, en dehors des paroles que je viens de rappeler, je nai pas répondu un seul mot aux interpellations directes qui m'étaient adressées. Comment M. Le Verrier a-t-il pu substituer à mon silence une réponse qu'il présente aujourd'hui comme étant une déclaration très-précise que tout le monde a entendue? C'est ce qu'il m'est impossible de comprendre. Si le système qu'il soutient était conforme à la vérité, ma protestation de lundi dernier serait un acte inoui dans les annales de l'Académie. Pour rien au monde je ne voudrais avoir à me reprocher un pareil acte et à en affronter les conséquences! Mais, Dieu merci, il n'en est rien. En vain M. Le Verrier prétend-il s'appuyer du témoi- gnage de, : Membres de l'Académie; personne n'a entendu, personne n'a pu ( 9°^ ) entendre des paroles que je n'ai pas prononcées! Je ne saurais protester avec trop d'énergie. Pour moi ce n'est plus une question de nombres, mais bien une question de moralité! J'affirme donc sur [honneur que tout ce que j'ai dit dans ces déplorables débats est de la plus scrupuleuse exactitude. » Note remise avant la fin de la séance à M. le Président par M. Le Verrier. a Monsieur le Président, » J'apprends qu'en mon absence M. Delaunay aurait formulé une nou- velle réclamation que je ne connais pas. » Je m'en réfère à la déclaration que j'ai insérée au Compte rendu de la dernière séance. J'ai exposé les motifs qui ne permettent pas de continuer cette discussion. » Veuillez, etc. » U.-J. Le Verrier. » géométrie. — Suite du Mémoire sur le déplacement d'une figure de forme invariable, sur le plan ou dans l'espace; par M. Ciiasles. II. Propriétés relatives a deux figures symétriques placées d'one manière quelconque DANS LE MÊME PLAN. « 53. Le système de deux figures égales, mais construites symétrique- ment et placées d'une manière quelconque dans le même plan, donne lieu à des propriétés très-différentes de toutes celles qui précèdent; ces pro- priétés méritent d'être connues, quoiqu'on ne les ait point encore étu- diées, que nous sachions du moins. D'ailleurs cette question spéciale rentre directement dans la théorie générale du déplacement d'une figure dans l'espace, et ne doit point y être omise. Car deux figures planes symé- triques, situées dans le même plan, deviennent superposables au moyen de deux rotations. Qu'on fasse tourner, en effet, une des deux figures autour d'une droite quelconque du plan commun, pour la rabattre, par une rota- tion de 1800, sur le même plan; alors elle est superposable à l'autre figure au moyen d'une seconde rotation autour de leur point central commun (i), (i) Nous ne citons dans ce moment que ce moyen de superposer les deux figures l'une à l'autre, qui est évident : mais nous verrons, en parlant du déplacement d'une figure à trois dimensions, que la superposition peut se faire d'une manière plus générale par deux rota- tions autour de deux droites, dont l'une est prise arbitrairement dans l'espace. 121.. ( 9°6 ) » 54. Quand deux figures qui ont été construites symétriquement sont placées d'une manière quelconque dans le même plan, elles n'ont pas, en général, de point commun. » C'est-à-dire qu'il n'existe pas, comme dans deux figures égales et su- perposantes par voie de glissement de l'une sur le plan commun, un point qui, considéré comme appartenant à la première figure, soit lui-même son homologue dans la seconde figure. » 55. Si deux figures égales sy métrique ment ont un point commun, elles sont . nécessairement symétriques par rapport à une droite qui passe par ce point. » 56. Etant données deux figures égales par symétrie, placées d'une ma- nière quelconque dans le même plan : » i°. Les bissectrices des angles de deux droites homologues quelconques sont parallèles à deux droites fixes; » a°. Par chaque point d'une figure on peut mener deux droites parallèles à leurs homologues dans l'autre figure; >> Ces deux droites sont rectangulaires ; >• 3°. Les deux figures ont toujours une droite commune , dans le sens de laquelle il suffit défaire glisser une des figures, pour la placer symétriquement à l'autre; l'axe de symétrie étant cette dioite commune; » 4°- Les cordes qui joignent deux à deux les points homologues des deux figures ont leurs milieux sur la droite commune; » 5°. Les projections orthogonales de ces cordes sur cette droite sont égales entre elles. » 57. Une droite L étant prise arbitrairement dans la première figure, il existe toujours un point O autour duquel il suffit de faire tourner la seconde fi- gure pour [amener dans une position symétrique à la première, l'axe de symé- trie étant la droite L, sur laquelle est venue se placer son homologue V de la seconde figure. » Réciproquement : Un point O étant pris arbitrairement, il existe deux droites homologues L, L' dans les deux figures, telles, que, par une rotation de la seconde autour du point O, la droite L' vient se placer sur la droite L, et les deux figures se trouvent dans une position de symétrie par rapport à cette droite. » 58. Il existe entre la droite L, le point O, et la rotation à effectuer autour de ce point, la relation suivante : » La distance du point O à la droite L, multipliée par le sinus de la demi- rotation, donne un produit constant qui est égal à la demi-translation dans le ( 9°7 ) sens de ta droite commune aux deux figures, qui suffit pour placer l'une des figu- res symétriquement à l'autre (56, 3°). » 39. Le point O et la rotation à effectuer autour de ce point donnent encore lieu à cette autre relation : » La distance du point O à la droite commune aux deux figures, multipliée par la tangente de la demi-rotation, fait un produit égal à la demi-translation dans te sens de la droite commune. » On peut dire encore que ce produit est égal à la moitié de la projec- tion orthogonale, sur la droite commune, de la corde qui joint deux points homologues quelconques des deux figures (36, 4°). » 40. A chaque droite L correspond un point O, et à chaque point O correspond une droite L (57): » Quand des droites L passent par un même point, tes points O sont sur une même droite; et réciproquement, quand des points O sont en ligne droite, les droites L passent par un même point. » En outre, le rapport anharmonique de quatre points est égal à celui des quatre droites. » 41. 11 s'ensuit que : Des droites L quelconques, d'une paît, et les points O qui leur correspondent , d'autre part, forment deux figures corréla- tives (i). » Par conséquent, si les droites L enveloppent une conique, les points O sont sur une autre conique; etc., etc. » 42. Quand deux figures égales symétriquement sont placées d'une manière quelconque dans le même plan; » i°. Si autour de deux points homologues on fait tourner deux droites ho- mologues, leur point d'intersection décrit une hyperbole équilatère, qui a pour l'une de ses asymptotes la droite commune aux deux figures; » i°. Les cordes qui joignent deux à deux les points homologues de deux droites homologues, enveloppent une parabole tangente à ces deux droites, et tan- gente en son sommet à la droite commune aux deux figures. » 43. Les points d'une figure , qui sont tels, que les droites qui les joignent à leurs homologues passent toutes par un même point pris arbitrairement, sont situés sur une hyperbole équilatère qui passe par ce point, et dont une des asymp- totes est la droite commune aux deux figures. » Et réciproquement, toute hyperbole équilatère dont une des asymptotes (i) Voir Traité de Géométrie supérieure, p. 4>3. ( 9°8 ) psi la droite commune aux deux figures, jouit de la propriété, que les droites t/ui joignent ses points, considérés comme appartenant à une des deux figures, à leurs homologues dans [autre figure, passent toutes par un même point de l'hyperbole. •> 44. Quand des droites dune figure rencontrent leurs homologues en des points situés sur une droite fixe , prise arbitrairement, ces droites enveloppent une para- bole tangente à celle droite, et qui touche en son sommet la droite commune aux deux figures. » Et réciproquement, toute parabole tangente en son sommet à la droite com- mune aux deux figures jouit de la propriété, que toutes ses tangentes, considé- rées comme appartenant à une des deux figures , rencontrent leurs homologues en des points situés sur une même droite qui est une tangente à la parabole. » 45. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les propriétés auxquelles donne lieu le système de deux figures égales symétriquement. On voit qu'elles sont très-différentes, comme nous l'avons annoncé, de celles qui appartiennent à deux figures superposables. Une différence principale pro- vient de ce que les figures symétriques ont toujours, quelle que soit leur position, une droite commune, qui n'existe pas dans les figures superpo- sables; tandis que celles-ci ont \\\\ point commun qui n'existe pas dans les autres. » Mais les propriétés géométriques, dans ces deux systèmes, ont une analogie constante. C'est qu'en effet les deux systèmes ne sont que dps cas particuliers de deux figures homographiques quelconques. Et. même on n'appréciera bien le caractère distinctif des unes et des autres, qu'en les comparant au cas général de deux figures bomographiques. . » Nous dirons donc : » Premièrement, deux figures égales superposables sont deux figures homographiques dont un des trois points communs est réel, et les deux autres sont imaginaires à l'infini, et dont une des trois droites communes est réelle et située à l'infini, et les deux autres sont imaginaires. » Secondement, deux figures égales symétriques sont deux figures ho- mographiques qui n'ont que deux points communs et deux droites com- munes : un des deux points est à l'infini, et une des deux droites est aussi à l'infini. » Pour concevoir deux figures homographiques n'ayant que deux points communs et deux droites communes, il suffit de supposer que des trois points A, B, C, communs à deux figures homographiques, en général, le troisième C par exemple, s'approche indéfiniment du point A, en conser- ( 9°9 ) vant la direction donnée AC. Quand le point C sera infiniment voisin du point A, on dira que les deux figures n'ont plus cpie deux points communs A et B, et deux droites communes AB et AC. » Il suffit d'exprimer dans la construction géométrique des deux figures, que les deux divisions homographiques formées par les points homologues situés sur la droite commune AC ont leurs deux points doubles coïnci- dents en A ; ou bien que les deux faisceaux homographiques formés par les droites homologues des deux figures autour du point commun B ont leurs deux rayons doubles coïncidents suivant BA. III. Déplacement d'une ligne droite dans l'espace. » 4(J. Quand une droite L, sur laquelle sont marqués des points A, B, C,..., est transportée en L' dans un autre lieu de l'espace, où ces points ont les positions A', B', C',.-- : » i°. Les cordes AA', BB',..., sont toutes parallèles à un même plan sur lequel les deux droites L, L' sont également inclinées; » 20. Ces cordes ont leurs milieux a, b,..., sur une même droite A; celte droite, que nous appellerons droite-milieu des deux L, M, fait desangles égaux avec celles-ci, et est située dans un plan qui leur est parallèle ; » 3°. Les projections orthogonales de ces cordes A A', BB',.., sur la droite A sont toutes égales entre elles; » â°. Lesplans menés par les milieux des cordes A A', BB', . . . , perpendiculaire- ment à ces droites passent tous par une même droite X; » 5°. Les trois droites que mesurent les plus courtes dislances de X à L, à L' cl à A sont situées dans un même plan perpendiculaire à la droite X; et les deux premières rencontrent les deux droites L, L', respectivement, en deux points ho- mologues; » 6°. Il suffit de faire tourner la droite h autour de X, pour I amener sur M et faire coïncider les points A, B, C,... avec leurs homologues A', B', C, » 47. Par conséquent : » Tout déplacement fini rpielconque d'une droite dans l'espace peut s effectuer par une simple rolalion de la droite autour d'un axe fixe. » 48. Nous appellerons la droiteA,lieu des milieux descordesAA', BB',..., droite-milieu des deux L, L'. » Il résulte du théorème 3°, que : Quand une corde AA', qui joint deux points homologues des deux droites L, L', est perpendiculaire à la droite-milieu A, toutes les autres cordes BB',..., sont aussi perpendiculaires à cette droite. ( 9IG ) IV. Déplacement d'une figure plane dans l'espace. » 49. Quand deux figures planes égales, dont les points À, B, C,.. . de l'une correspondant aux points A', B', C',... de l'autre, sont placées d'une manière quelconque dans l'espace : » i°. Les milieux a, b, c, . . . , des cordes AA', BB', . . . , sont situés sur un même plan IT, lequel fait des angles égaux avec les plans P, P' des deux figures; » o.°. Les plans perpendiculaires à ces cordes, menés par leurs milieux, passent tous par un même point du plan IT; ■ 3°. Ce point se distingue de tous autres, en ce que la corde dont il est le milieu, est perpendiculaire au plan IL » Nous appellerons ce plan II plan-milieu des deux plans P, P' ; et le point unique en question, foyer de ce plan-milieu. >> 50. Le plan II rencontre les deux plans P, P' suivant deux droites L, V : » i°. Ces droites sont homologues dans les deux figures que l'on considère dans ces plans; » 2°. La droite-milieu A de ces deux droites est située dans te plan II ; » 3°. Les plans menés par les milieux des cordes qui joignent les points ho- mologues des deux droites, perpendiculairement à ces cordes, passent par une même droite X; » 4°- Cette droite est la corde qui joint deux points homologues des deux fi- gures et dont le milieu se trouve au foyer du plan II (49, 3°); » 5°. On amènera la droite L sur la droite \J par une rotation autour de cette droite X : puis, en faisant tourner le plan P autour de la droite L, on fera coïncider les deux figures tune sur [autre. » 51 . Par conséquent : » Tout déplacement d'une figure plane dans [espace peut s'effectuer au moyen de deux rotations successives autour de deux droites rectangulaires, dont [une est inclinée sur le plan de la figure, et l'autre est située dans ce plan; la première de ces droites, perpendiculaire au plan-milieu relatif aux deux positions du plan de la figure, est menée par le foyer de ce plan, et la deuxième est la trace, sur ce plan-milieu, du plan de la figure dans sa première position. » Il est clair que les deux rotations peuvent être simultanées, c'est-à-dire que, pendant que la trace L du plan dé la figure sur le plan-milieu tourne autour de la première droite fixe, ou simplement autour du foyer de ce plan-milieu, le plan de la figure peut tourner autour de cette droite mo- bile L. ( 911 ) » 52. Le déplacement d'une figure plane, dans l'espace, se peu! faire d'une autre manière par deux rotations autour de deux droites rectangu- laires, ainsi qu'il suit. » Appelons D' la droite d'intersection des deux plans P, P'; et considé- rons cette droite comme appartenant à la seconde figure ; soit D son homo- logue dans la première figure : cette droite D est située dans le premier plan; de sorte que ce plan contient deux droites homologues D, D', relatives aux deux figures, respectivement. On fera coïncider ces deux droites au moyen d'une rotation autour d'une droite fixe perpendiculaire au plan. Puis par une rotation autour de la droite D, on fera coïncider les deux plans eux- mêmes, c'est-à-dire les deux figures. Par conséquent : » Tout déplacement d'une figure plane dans l'espace peut s'effectuer au moyen de deux rotations successives, la première autour d'une certaine droite perpendiculaire au plan de la figure, et la seconde autour d'une seconde droite située dans ce plan lui-même. » Les deux rotations peuvent être simultanées, comme ci-dessus : on concevra que le plan de la figure tourne sur lui-même autour de la droite fixe qui lui est perpendiculaire, et que la figure, se détachant de son plan, tourne autour de la seconde droite, pendant que cette droite tourne elle- même autour de la première. » Nous verrons, en parlant du déplacement d'un corps quelconque, qu'il y a heaucoup d'autres systèmes de deux rotations autour de deux droites, dont l'une peut être prise arbitrairement, par lesquels se peut effectuer le déplacement d'une figure plane dans l'espace. » 53. La droite d'intersection des plans P, P' de deux figures égales est une corde; c'est-à-dire que sur cette droite se trouvent deux points homologues des deux figures. » 54. La droite D' intersection des deux plans P, P' étant considérée comme appartenant à la première figure, il lui correspond dans le plan P' une droite D", qui est son homologue dans la deuxième figure. » Un point a' de la droite D' étant considéré comme appartenant à la deuxième figure, il lui correspond dans la première un point a situé sur la droite D ; et au même point a' considéré comme appartenant à la première figure, correspond, dans la deuxième, un point a" situé sur Ta droite D". » Si l'on considère la droite aa' comme appartenant à la première figure, la droite qui lui correspond dans la deuxième figure est la droite a' a". » Ainsi, par chaque point a de la droite d'intersection D' des deux plans P, P' C. K., 1860, ïme Semestre. (T. LI , N° Ï4.) I 22 ( 9«* ) * on peut mener dans ces plans respectivement deux droites homologues a' a et a' a". » 55. Ces deux droites enveloppent deux paraboles qui font partie respecti- vement des deux figures égales contenues dans les plans P, P' ; et les points de con- tact des deux droites sur ces courbes sont deux points homologues. » Les deux paraboles sont tangentes à la droite D' en deux points diffé- rents qui limitent la curde située sur cette droite (55). » 56. Le plan des deux droites a' a, a' a", tangentes à ces deux paraboles, enveloppe une surface développable du quatrième ordre dont la génératrice est la droite qui joint les points de contact des droites a'a , a' a" avec les deux para- boles, respectivement. » 57. Cette développable jouit des propriétés suivantes : - i°. Par un point quelconque de [espace on ne peut lui mener que trois plans tangents ; » i°. Son arête de rebroussement est une courbe à double courbure du troisième ordre ; » 3°. Chacune des cordes qui joignent les points du plan P à leurs homologues du plan P' est la droite d intersection des deux plans tangents à la développable ; » Et réciproquement, la droite d'intersection de deux plans tangents quel- conques à la développable, est une corde qui joint deux points homologues des deux plans; » 4°- Par un point de l'espace il ne passe que trois de ces cordes. — Deux peu- vent être imaginaires; la troisième est toujours réelle. » 58. Quand les deux figures situées d'une manière quelconque dans [espace sont deux courbes égales d'ordre va, les droites qui joignent deux à deux leurs j>oints homologues forment une surface réglée de l'ordre i m. » Si les deux courbes ont un point commun, c'est-à-dire un point qui considéré comme appartenant à la première soit lui-même son homologue dans la seconde, la surface réglée est de l'ordre (2 m — 1). » Et si les deux courbes ont deux points communs, la surface réglée n'est plus que de l'ordre (1 m — a). » Ainsi par exemple : Deux coniques égales étant placées dune manière ipielconque dans l'espace, les droites qui joignent deux à deux leurs points homo- logues forment une surface réglée du quatrième ordre. » Si les deux'coniques ont un point commun, la surface est du troisième ordre. m Et si les deux coniques ont deux points communs, la surface est du second ordre, cest-à-dire un hyperboloïde. (9'3 ) V. DÉPLACEMENT d'uNE FIGURE SPHERIQUE SDR LA SPHÈRE. — DÉPLACEMENT d'un CORPS SOLIDE RETENU PAR UN POINT FIXE. » 59. Quand une figure sphérique éprouve un déplaccmenl fini quelconque sur la sphère, il existe toujours deux points delà figure, diamétralement opposés, qui se retrouvent, après le déplacement, dans leur position primitive, comme si la figure eût simplement tourné autour du diamètre qui joint ces points. » 60. Eu d'autres termes : » Quand un corps retenu par un point fixe éprouve un déplacement fini quel- conque, il existe toujours une certaine droite passant par le point fixe, qui après le déplacement se retrouve dans sa position primitive, comme si le corps avait éprouvé une simple rotation autour de cette droite restée fixe. » On peut encore dire que : » Quand deux corps égaux placés d'une manière quelconque dans l'espace ont un point commun (c'est-à-dire un point qui, considéré comme appartenant à l'un des deux corps, soit lui-même son homologue dans l'autre), ils ont une infinité d'autres points communs, situés tous sur une même droite (i). Composition de deux rotations d'un corps autour de deux axes qui se rencontrent. » 61. Quand un corps retenu par un point fixe O éprouve deux rotations successives autour de deux axes OA, OB, dont le second est dé- placé par la première rotation, l'axe OX de la rotation résultante (autour duquel il eût suffi de faire tourner le corps pour l'amener dans sa nou- velle position), fait avec OA et OB un angle trièdre tel, que des deux angles dièdres qui ont ces droites pour arêtes, le premier est égal à la demi-rotation autour de OA, et le second à la demi-rotation autour de OB. prise en sens contraire. » Par conséquent, pour déterminer l'axe OX on mène par les axes OA et OB deux plans faisant avec le plan de ces axes, deux angles dont le pre- mier est égal à la demi-rotation autour de OA, et le second à la demi-rota- tion autour de OB, prise en sens contraire. » Quant à la rotation résultante (autour de OX), elle est égale au double du supplément de l'angle dièdre qui a OX pour arête dans l'angle trièdre. » 62. Appelons A, B, X les trois angles dièdres; on a entre ces angles et (i) Eulcr a démontré ce théorème dans les Mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg de i^75, comme nous le dirons plus loin au sujet du déplacement d'un corps solide libre. I 12 . . (9'4 ) l'angle plan des deux axes OA, OB, cosX = — cosA.cosB-t- sin A.sinB.cos (OA, OB)- Par conséquent , en appelant il et m les rotations autour de OA et OB , et (û, m) l'angle de ces deux axes, cos X = — cos - £2 cos- w + sin - 12. sin - m. cos (£2 , w). 2 2 2 2 v ; » Soit U la rotation résultante (autour de l'axe X); on a, comme il vient d'être dit, U=2(i8o° — X), ou X=i8o°— -U, cosX = — cos-U. Par suite, cos - U = cos - £2 cos - M — sin - £2. sin - w cos (£2 , w). 2 2 2 2 2 . . i ' » Telle est l'expression de la rotation résultante de deux rotations succes- sives £2 , ta. » Si dans le triangle sphérique AXB on abaisse du sommet X sur le côté opposé AB, un arc perpendiculaire p, on a, comme on sait, sin X.sin p = sin A. sin B.sin AB, ou sin - U.sin p = sin - D.sin - w . sin (£2, w). » PHYSIQUE. — Sur l'endosmose électrique ; Noie de M. C. Matteucci. « Ayant dû dernièrement m'occuper de la construction et de la marche des piles de nos bureaux télégraphiques, j'ai été amené à faire quelques nouvelles expériences sur l'endosmose électrique : comme il me semble que ces expériences mettent assez en évidence la vraie nature de ce phéno- mène, je demande la permission à l'Académie de lui en donner la descrip- tion aussi brièvement que possible. C'est Porret et M. Becquerel qui ont fait voir d'abord qu'une masse liquide séparée en deux compartiments par un diaphragme poreux et. parcourue par un courant électrique paraît transportée dans le sens du courant, c'est-à-dire que le liquide s'abaisse dans le compartiment du pôle positif et s'élève dans l'autre. C'est M. Wied- mann qui nous a donné la loi de ce phénomène et qui a prouvé que la ( 9i5 ) quantité d'eau ainsi transportée est directement proportionnelle à l'intensité du courant et à la résistance électrique du liquide. M. Wiedmann parait croire que cet effet mécanique du courant est un phénomène distinct et indépendant de l'action électroly tique, tandis que d'autres physiciens ont pensé que ce transport n'était qu'un effet secondaire de cette action. Je rappellerai ici encore que MM. Van Breda et Lagemann ont cherché en vain s'il y avait sans la présence du diaphragme un déplacement dans la masse liquide éleclrolysée, et si le diaphragme rendu très-mobile était dé- placé dans le sens du courant. tf Des considérations théoriques qui se présentent facilement à l'esprit et que je supprimerai ici, fondées sur l'égalité des effets électroly tiques, sans et en présence de l'endosmose électrique, rendaient probable l'idée que ces phénomènes étaient produits par une action secondaire de l'électro- lysie. Voici des expériences qui me semblent de nature à démontrer que cette dernière supposition est la vraie. » J'ai partagé en six compartiments, avec des diaphragmes de la porcelaine qu'on emploie dans les piles, une boîte rectangulaire en bois verni : tous ces compartiments ont été remplis du même liquide, qui était de l'eau de puits, à la même hauteur, qui était mesurée par un trait de vernis blanc. Une lame de platine ayant la largeur des diaphragmes était placée dans chacune des cavités extrêmes. Je fais passer un courant qui a été tantôt de 10, tantôt de i5, tantôt de 20 éléments de Grove. L'endosmose se mani- feste après quelques heures du passage du courant, et dans tous les cas les changements qui se montrent d'abord sont les suivants : le liquide monte dans !a cavité de l'électrode négative et il s'abaisse dans la cavité qui est im- médiatement en contact de celle-ci ; dans l'autre cavité extrême ou celle de l'électrode positive le liquide s'abaisse, mais moins qu'il ne s'élève dans l'autre cavité extrême, et il s'élève dans la cavité immédiatement après celle de l'électrode positive. Ces changements ne manquent jamais de se mani- fester, et je les ai constamment vérifiés en changeant le diaphragme ou eu renversant la position de la boîte relativement aux électrodes. On peut mettre des flotteurs dans toutes les cavités, excepté dans celles où plon- gent les électrodes et dans lesquelles le liquide est agité par les bulles gazeuses dues à l'électrolysalion. En regardant avec une lunette les flot- teurs placés dans les autres cavités, les déplacements que j'ai décrits de- viennent sensibles et se manifestent beaucoup plus tôt. Dans les cavités intermédiaires le liquide reste généralement stationnaire pendant plusieurs heures; mais après un certain temps le liquide s'élève dans ces cavités vers (9*6) l'électrode positive et s'abaisse dans celles tournées vers l'électrode négative. Je ne signalerai qu'une seule précaution à suivre dans ces expériences, qui est celle d'avoir des diaphragmes autant que possible bien égaux. » Dans une seconde série d'expériences, j'ai fermé deux tubes de verre à une extrémité avec un diaphragme de porcelaine fixé avec du mastic : chacun de ces tubes plongeait dans un verre et on remplissait d'eau de puits à la même hauteur le verre et l'intérieur du tube. Le même courant traversait les deux verres en allant du liquide du verre à celui du tube : la seule différence était dans la position des électrodes de platine, puisque dans un cas les deux électrodes étaient très-près du diaphragme, tandis'que dans l'autre les deux électrodes semblables étaient aussi éloignées que possible du diaphragme. J'ai constamment vérifié que l'endosmose élec- trique se produisait beaucoup plus tôt et toujours avec plus d'intensité dans le premier cas que dans le second. » Je ne m'arrêterai pas à discuter les conséquences de ces expériences, car elles me paraissent évidentes et prouver que le phénomène en question est bien ce qu'il a été nommé d'abord, c'est-à-dire un cas d'endosmose déterminé par les changements de composition des liquides en contact des électrodes. Il faut ici rappeler que le liquide autour de l'électrode positive acquiert toujours une réaction acide, que le liquide autour de l'électrode négative présente une réaction alcaline et que ces effets se manifestent même en opérant sur l'eau distillée. Je ne me suis pas contenté des anciennes ex- périences du Dutrochet, qui prouvaient qu'il y a un courant d'endosmose d'un liquide acide à l'eau, de l'eau à un liquide alcalin et d'un liquide acide à un liquide alcalin. J'ai fait directement l'expérience avec les deux liquides pris en contact des deux électrodes dans les expériences précédemment décrites, et j'ai opéré, soit avec ces deux liquides, soit avec chacun d'eux séparément et de l'eau pure. J'ai trouvé sans aucune incertitude qu'il y a endosmose avec ces liquides dirigée de l'eau qui a été en contact avec l'électrode positive à l'eau pure, et de l'eau pure à l'eau qui a été en contact avec l'électrode négative. Ainsi donc l'existence des conditions de l'endosmose dans le phénomène appelé endosmose électrique est mise hors de doute. Je dois remarquer que le transport du liquide est bien moins marqué sans la présence du courant électrique, c'est-à-dire en opérant sur les deux liquides qui ont été en contact des électrodes, et que l'endosmose ordinaire est à peine sensible en opérant sur l'eau distillée qui a été électro- lysée; sans faire d'autres hypothèses pour expliquer toutes les particularités de l'endosmose électrique, il parait plus naturel d'imaginer que la présence ( 9'7 ) de l'électricité et l'état dans lequel se produisent les éléments de l'électro- lysation, donnent à ces produits des propriétés qui influent sur leurs effets d'endosmose et qui ne persistent qu'en présence du courant électrique. » NOMINATIONS. / L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux Membres qui composeront avec M. Duperrey, seul Membre présent de la Section de Géographie et Navigation, la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place vacante dans cette Section par suite du décès de M. Daussy. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48, et chaque bulletin portant deux noms, M. Élie de Beaumont réunit 25 suffrages. M. Liouville 24 » M. Dupin. . 23 M. Boussingault . ... 14 M. Delaunay . 4 M. Gay. 2 Quatre autres Membres obtiennent chacun une voix. M. Élie de Beaumont ayant seul réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. Le nombre des votants étant, cette fois, 47, M. Dupin obtient 24 suffrages. M. Liouville 22 » M. de Senarmont . 1 » En conséquence, MM. Élie de Beaumont et Ch. Dupin feront partie de la Commission de présentation pour la place vacante. MÉMOIRES LUS. physiologie. — Sur les mouvements de rotation sur l'axe que déterminent les lésions du cervelet; par MM. Pierre Gratiolet et Manuel Leven. (Extrait par les auteurs.) (Renvoi à l'examen de la Section d'Anatomie et de Zoologie.) « Nous avons eu pour but, dans le travail que nous avons l'honneur de ( 9i8 ) soumettre au jugement de l'Académie, de rechercher les causes prochaines des mouvements de rotation sur l'axe du corps que déterminent les lésions des pédoncules cérébelleux moyens, et des lobes latéraux du cervelet, et d'expliquer la déviation singulière des yeux qui accompagne cette rotation. Pourfonr du Petit avait autrefois signalé ces phénomènes singuliers; Ma- gendie, en cherchai)' à discuter expérimentalement une observation curieuse de M. Serres, les découvrit de nouveau. Ils ont été depuis examinés par un grand nombre d'observateurs et entre autres par MM. Lafargue, Longet, Schiff et Claude Bernard. Magendie avait admis que le mouvement de rota- tion se fait sur le côté de la lésion, mais Lafargue et M. Longet acceptent le parti opposé. M \1. Schiff et Claude Bernard ont concilié ces opinions contradictoires, en démontrant que la rotation sur le côté lésé résulte d'une blessure faite aux parties postérieures du pédoncule cérébelleux moyen, tandis qu'une blessure qui porte sur ses fibres antérieures détermine une rotation en sens contraire. M. Flourens avait déjà démontré que l'animal tourne du côté lésé, quand on agit sur les lobes latéraux du cervelet, mais que la lésion des parties supérieures de cet organe détermine la rotation dans le sens opposé. « Nous avons spécialement examiné les phénomènes qui résultent de la lésion des lobes latéraux ; on peut en effet agir sur eux avec certitude par une très-petite ouverture faite à l'occipital; une pareille blessure aux tégu- ments de l'encéphale est sans importance; et en l'absence de toute lésion grave des muscles et du crâne les animaux reviennent plus aisément à la .santé. Or nous espérions résoudre plus aisément le problème que nous nous proposions, en examinant attentivement sur des animaux en voie de gué- rison la marche décroissante des symptômes. Nous pratiquions en consé- quence par cette petite ouverture, à l'aide d'une aiguille tranchante, une section verticale dans le centre des lobes latéraux. L'animal tournait à l'in- stant même sur le côté lésé; l'œil du côté sain se portait en avant et en haut; celui du côté lésé en bas et en arrière : il n'y avait d'ailleurs aucun signe d'hémiplégie faciale, le tronc était pour ainsi dire tordu et courbé sur le côté lésé, et les membres antérieurs se portaient avec force du côté opposé ; quant aux membres postérieurs, ils étaient légèrement fléchis, et incessamment préparés à fournir une impulsion énergique. Ces attitudes, quand on arrê- tait l'animal en le saisissant avec les mains , indiquaient clairement de quelle façon s'exécutaient les mouvements de rotation. Nous n'avons pu d'ailleurs, en examinant attentivement le tronc et les membres, découvrir aucun signe d'hémiplégie. La sensibilité générale était intacte; les motive- ( 9*9 ) ments de déglutition s'exécutaient à merveille , l'ouïe et la vision étaient également conservés,Jet si les mouvements de rotation s'arrêtaient un instant, les moindres bruits, les moindres gestes en déterminaient aussitôt la repro- duction, lisse manifestaient surtout quand, sous l'influence d'une angoisse vertigineuse et d?un insurmontable effroi, l'animal cherchait à fuir. Ces mouvements étaient donc à certains égards volontaires; mais ils se substi- tuaient à toute locomotion régulière. » Dès le lendemain de l'expérience, l'animal était nourri avec du lait qu'on introduisait dans le pharynx au moyen d'une pipette; cette boisson nourrissante calmait par degrés les ardeurs d'une fièvre intense; dès le deuxième jour il ne tournait plus et demeurait couché sur le côté lésé; au bout de trois ou quatre jours en moyenne, il essayait déjà de se redresser; bientôt après il y parvenait, avec peine il est vrai, et se dirigeait vers les aliments qui lui étaient présentés : rien n'était à ce moment plus remar- quable que l'attitude de la tête et des yeux. » Quand l'animal marchait vers un but quelconque, on le voyait porter avec effort et avec une expression singulière de malaise sa tète en avant et la maintenir dans l'axe du corps. Dans cette position de la tète, les yeux étaient fortement déviés : l'œil du côté sain se portait en haut et en avant, l'œil du côté lésé en bas et en arrière; mais l'animal oubliait-il un instant son but, s'abandonnait-il aux attitudes instinctives du repos, la tête se penchait doucement du côté delà lésion en tournant un peu sur son axe, et ce mouvement ne s'arrêtait qu'à un point déterminé; à ce moment la déviation des yeux cessait, ils retrouvaient leur équilibre clans les orbites; mais la tête de nouveau se portait-elle en avant, ils se déviaient de nouveau; or, la déviation cessant dans une certaine attitude de la tête, il était impos- sible de l'attribuer à une paralysie quelconque des muscles oculaires. » Il était curieux de comparer ce singulier état de choses à ce qui se passe dans l'état normal; or voici comment les choses se passent dans un animal sain : Quand la tête est dirigée dans le prolongement de l'axe du corps et dans la situation de l'équilibre normal, les yeux sont pour ainsi dire d'aplomb dans les orbites; mais force-t-on la tête à s'incliner d'un côté en lui impri- mant en même temps un léger mouvement de rotation sur son axe, on voit aussitôt l'œil de ce côté se porter en avant et en haut, et l'œil du côté op- posé se diriger en bas et en arrière. Mais il ne s'agit point ici d'un stra- bisme véritable : cette déviation tient à ce que les yeux, ayant conservé simul- tanément leur direction première, l'attitude de la tète et par conséquent des orbites a changé. C. R., 1860, 2me Semestre. (T.LI,N°24.) ' 23 ( 92° ) n Comparons cet état de choses à celui qu'amène l'expérience. Dans cet élat, l'axe d'équilibre réciproque de la tète et des yeux ne coïncide plus avec l'axe d'équilibre du tronc ; en effet, dans le repos la tête est inclinée du côté de la lésion, et alors l'attitude des yeux est symétrique. Supposons que la lésion ayant été pratiquée à droite, l'inclinaison de la tète ait lieu de ce côté; en la ramenant dans l'axe du corps, c'est-à-dire à gauche, nous déterminerons une déviation des yeux, et cette déviation sera précisément semblable à celle qu'on produit à volonté chez un animal sain en déran- geant sa tète de sa situation d'équilibre pour l'incliner fortement à gauche. L'analogie de ces faits est frappante, et nous donne immédiatement la défi- nition du désordre physiologique créé par l'expérience. » Il est certain qu'après la lésion du cervelet, la tète et le tronc étant l'un et l'autre capables d'un certain équilibre, l'animal en a conservé pour l'une et pour l'autre le sentiment distinct. Mais cbez l'animal .sain tous les équilibres concordent, l'harmonie créant l'unité, tandis qu'après la lésion du cervelet il y a une dissociation manifeste de ces équilibres, ce que l'on peut exprimer en disant que l'axe d'équilibre de la tête s'est incliné sur [axe d 'équilibre du tronc. Cet effet est le résultat constant et simple de toute lésion pratiquée aux parties latérales de l'organe où réside le sentiment de la coor- dination automatique des mouvements du corps. » Ce résultat fournit une explication très-naturelle des mouvements de rotation qui se produisent pendant les premières heures de l'expérience : les yeux se dirigeant automatiquement vers le côté lésé, la tète suit les yeux et le corps suit à son tour la tête, en raison de cette influence générale que les veux exercent sur les mouvements du corps et que les expériences de M. Chevreul sur le pendule oscillateur ont si bien mise en lumière; dès lors l'animal, dupe d'un instinct nouveau auquel dans son trouble il ne peut résister, tombe fatalement sur le côté, il se relève, retombe et se relève en- core pour retomber toujours, et il tourne ainsi sur son axe aussi longtemps qu'une volonté aveugle le pousse à fuir; mais enfin l'animal, épuisé de fatigue, s'arrête, et il demeure alors couché sur le côté lésé, ne rencontrant un peu de repos qu'au moment où il a pu mettre la tête en équilibre avec ses yeux. •> Ce grand trouble, cette angoisse, disparaissent peu à peu, et l'animal reconnaît en quelque sorte l'erreur de son instinct; il le combat, et par- vient enfin à le vaincre; la déviation des yeux diminue, au bout de quel- ques jours elle a complètement cessé, et l'animal retrouve dès lors l'usage normal de son corps. On pourrait supposer qu'à ce moment les lésions ( 92T ) cérébelleuses sont entièrement cicatrisées et guéries. Cette conclusion, au premier abord si bien fondée, ne serait point exacte ; dans ces animaux, sains en apparence, la plaie cérébelleuse n'est point encore cicatrisée, son fond est béant et dilaté par un caillot apoplectique; comment donc ses effets physiologiques ont-ils cessé? Cette question n'est pas absolument insoluble; M. Flourens, en effet, a depuis longtemps démontré qu'un ani- mal presque entièrement privé de ses lobes cérébelleux peut, à la longue, recouvrer dans le plus grand détail la faculté de coordonner ses mouve- ments : c'est qu'en réalité les lésions de son cervelet ne troublent en lui que le principe automatique de la coordination ; mais ses hémisphères cérébraux lui restent, et il y a nécessairement dans ces organes par lesquels l'animal sent, juge et veut, un principe de coordination intelligente. Il est donc per- mis de supposer que le sentiment de l'équilibre automatique ayant été trou- blé par une lésion du cervelet, une application constante de la volonté peut modifier ces tendances automatiques anormales, et par la puissance de la répétition des actes et de l'habitude, créer dans le corps une harmonie nouvelle. » • PHYSIQUE. — Recherches sur divers effets lumineux qui résultent de fac- tion de la lumière sur les corps. Quatrième Mémoire : Intensité de la lumière émise; par M. Edm. Becquerel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Despretz. ) « Quand un faisceau de rayons lumineux vient frapper un corps, les molécules de ce corps entrent en vibration et, indépendamment des rayons réfléchis et transmis, il se produit de la chaleur, de la lumière, quelquefois des actions chimiques, et peut-être encore d'autres effets moléculaires que ceux dont je m'occupe et qui ne sont pas immédiatement appréciables. Mais, en raison de leur diversité, ce n'est que partiellement que l'on peut étudier ces effets, et si les actions calorifiques ont été le sujet de travaux importants, il n'a pas été fait de recherches relatives à la phosphorescence et dirigées dans la même voie. » J'ai eu pour but de m'occuper de cette partie de la physique molécu- laire dans le travail que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Acadé- mie et dont je me borne à donner un extrait; ayant étudié dans les Mé- moires précédents la composition de la lumière émise par les corps en vertu de leur action propre et après l'influence préalable du rayonnement lumi- ia3„ ( sèdent une seule tuberculeuse, en ce que leur branche dentaire est. plus courte et leur branche montante au contraire plus longue. » En résumé, les mâchoires que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ont une canine de Chat, une dernière molaire et une carnassière de Chien; par leurs antres caractères, elles se rattachent à la famille des Ursidées. En imitant Cuvier, qui faisait passer en première ligne, dans la classification des Carnivores, la disposition des dents carnassières et tuberculeuses, il est permis de supposer que le fossile de Pikermi est intermédiaire entre les Chiens et les Ours. On pourrait le nommer Métarctos (juezz, après; aefîsTCç, ours), pour indiquer que sans doute, dans la série zoologique, il devra se placer entre les Ours et les Carnivores digitigrades. » Un fragment de mâchoire du même animal a déjà été trouvé à Pikerini. MM. Roth et Wagner, qui ne possédaient ni sa tuberculeuse, ni sa branche montante, ont cru pouvoir le rapporter au genre Gulo, et l'ont nommé Gulo primigenius. Dès i83u, M. Kaup avait décrit, sous le nom de Gulo dia- phorus, un fragment de mâchoire venant d'Eppelsheim, qui a beaucoup de ressemblance avec les mâchoires de Pikermi. Le fossile d'Eppelsheim ne doit pas être rapproché du Glouton, car il se distingue de cet animal par la forme toute spéciale de sa tuberculeuse ; il ne peut davantage être confondu avec l'Amphicyon, ainsi que l'avait pensé M. de Blainville, car l'Amphi- cyon a plusieurs tuberculeuses. Je crois devoir le réunir avec le fossile de Pikermi, sous le nom générique de Métarctos; mais je n'ose affirmer que l'un et l'autre appartiennent à la même espèce, car la mâchoire d'Eppels- heim paraît un peu moins haute ; sa carnassière a un tubercule interne un peu plus saillant; les premières fausses molaires ont laissé des traces bien distinctes. En attendant que de nouveaux matériaux aient permis déjuger si ces différences sont individuelles ou spécifiques, j'inscris l'espèce de Grèce et celle d'Eppelsheim sous le même nom de Métarctos diapliorus. » Le second genre que j'ai l'honneur de proposer à l'Académie appartient aux Pachydermes; il est voisin des Pakeotherium et des Paloplotherium ; on pourrait le désigner sous le nom de Leptodon grœcus (/\t7rroç, mince; odW, dent) pour indiquer que, proportionuément à leur longueur, les dents étaient extrêmement étroites. Le Leptodon avait à chaque branche C. R., i8Gc, 2",c Semestre. (T. LI, N° 2 En résumé, toutes les expériences de vérification que j'ai exécutées ont donné des résultats conformes aux indications de la théorie. » MÉCANIQUE appliquée. — Deuxième Mémoire sur la coulisse de détente de la vapeur; par M. Phillips. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Combes, Morin.) « Ce Mémoire se divise en deux parties, traitées dans deux chapitres différents. » Dans le premier, j'ai déduit, des principes et des méthodes développés dans mon précédent travail sur ce sujet, des formules exprimant les mar- ches relatives du tiroir et du piston et dans lesquelles l'approximation est poussée encore plus loin que dans le Mémoire que je viens de rappeler. Ceci était nécessaire dans certains cas, notamment dans ceux où la coulisse est soumise à de notables perturbations résultant de la disposition de la bielle de suspension. J'ai montré, par des exemples comparés à l'expérience, l'exactitude minutieuse des nouvelles formules. » Le second chapitre comprend les mêmes calculs pour la coulisse ren- versée, tandis que le premier se rapporte exclusivement à la coulisse ordi- naire de Stephenson. » Dans l'un et 1 autre chapitre, j'ai exposé une méthode graphique nou- velle, fort simple, facile à appliquer et qui se déduit très-aisément de mes formules. Elle fait connaître immédiatement les propriétés essentielles de ces appareils et, quoique approchée seulement, elle l'est à un degré très- généralement suffisant pour la pratique. Elle a été l'objet, il y a plus de deux ans, de nombreuses vérifications dans les ateliers de M. Cail. Mais je me hâte d'ajouter que, depuis quelques jours seulement, j'ai appris que M. le docteur Zeuner, professeur de mécanique à l'Institut Polytechnique de Zurich, avait, de son côté, dès l'année i856, trouvé cette même méthode graphique, qu'il annonce être maintenant suivie partout en Allemagne. La priorité à cet égard lui appartient donc incontestablement, et, si j'ai cité de- vant l'Académie ces procédés graphiques comme faisant partie de mon tra- vail, achevé du reste depuis deux ans, c'est que, d'une part, je les avais <:. R., 1860, 2m« Semestt*(T. LI, N° 24.) F25 (936) bien trouvés de mon côté sans connaître ce qu'avait tait M. Zeuner, et en- suite que celui-ci a la bonté de déclarer lui-même que mon premier Mémoire sur la coulisse de Stephenson a été le point de départ de ses pro- pres recherches. » météoçologie. — Note sur un nouveau pluvioscope ; par M. Hervé-Mangox. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, de Senarmont.) « Les pluviomètres ordinairement employés font connaître le volume d'eau tombé dans un temps donné sur une surface déterminée. En général, on observe le pluviomètre une fois par jour, sans se préoccuper si le volume d'eau recueilli est tombé en une ou plusieurs fois, en quelques minutes ou en plusieurs heures. Ces instruments ne fournissent donc aucune indication sur la nature des gouttes de pluie, sur leur nombre, sur leur volume, sur les variations qu'elles éprouvent en traversant une couche d'air d'une cer- taine épaisseur, sur la direction de leur trajectoire, sur la marche d'une ondée dans une contrée un peu étendue, etc. » Ces divers.renseignements auraient cependant de l'intérêt pour l'étude du phénomène de la pluie et de ses effets sur les végétaux et sur le régime des cours d'eau et des ouvrages hydrauliques. Ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, un certain volume d'eau tombant en quelques minutes peut perdre les récoltes, faire déborder les torrents, et rendre insuffisants les débouchés des ponts et deségouts; le même volume d'eau distribué en plusieurs on- dées suscessives ne produirait qu'une pluie bienfaisante. » Pour étudier le phénomène de la pluie avec un peu plus de détails qu'on ne le fait avec les pluviomètres ordinaires, je me suis proposé d'enre- gistrer l'heure et la durée de chaque pluie, de compter les gouttes d'eau tombées pendant une ondée, de les peser et de déterminer la direction de leur chute. La solution de ces divers problèmes devient facile si l'on dispose d'une surface pouvant conserver indéfiniment la trace des gouttes d'eau qu'elle reçoit quand on l'expose à la pluie. Après un assez grand nombre d'essais, je suis arrivé à préparer très-simplement du papier jouissant de cette propriété, en le trempant dans une dissolution de sulfate de fer, le lais- sant sécher, puis le frottant avec de la noix de galle en poudre très-fine, mélangée de sandaraque qui la fait adhérer à la surface du papier. Chaque goutte d'eau tombant sur un papier ainsi préparé y laisse une tache circu laire parfaitement nette et d'un beau noir. (93? ) » Cela posé, on conçoit facilement qu'un cadran de ce papier sensible, entraîné par le barillet d'une horloge faisant un tour en vingt-quatre heures et placé horizontalement dans une caisse portant une ouverture dirigée sui- vant un rayon du cadran, indiquera par des traces noires parfaitement dis- tinctesl'heure et la durée de chaque ondée, comme on le voit sur les feuilles que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » Quand la pluie est un peu forte, les gouttes se confondent et ne laissent sur le cadran qu'une tache noire. Pour les conserver séparées, j'emploie un large ruban de fil préparé comme le papier et entraîné par une horloge avec une vitesse convenable, sous une ouverture rectangulaire et horizontale exposée à la pluie. » Enfin, pour les observations rapides, faciles à faire même en voyage, j'emploie de simples morceaux de papier préparés de i décimètre carré; je les expose à la pluie pendant un certain nombre de secondes, et je les mets à l'abri aussitôt après dans une petite^boîte de fer-blanc destinée à cet usage. On obtient ainsi des renseignements très-curieux sur la distribution et le volume des gouttes de pluie. Les quelques feuilles jointes à ma Note pour- ront en donner une idée. » Le pluvioscope à cadran dont on vient de parler permet, comme je l'in- diquerai plus tard, de corriger les indications du pluviomètre ordinaire. Il dénote d'ailleurs des pluies très-faibles qui ne sont pas sensibles à ce der- nier instrument. La comparaison des feuilles journalières d'un certain nombre de pluvioscopes à cadran placés dans des stations plus ou moins éloignées indiquerait le temps qu'une même ondée met à se propager d'un point à un autre, et par suite la vitesse de transport du phénomène. . » Je n'ai point encore pu multiplier autant que je l'aurais désiré ce genre d'observations. Je me bornerai à citer seulement quelques faits comme exemple. Dans la cour où se trouve mon pluvioscope, il a plu pendant 174 heures en 284 ondées différentes, du 21 août au 3o novembre dernier. Du 1 er septembre au 3i octobre, période remarquablement pluvieuse pour la saison, il est tombé 192 ondées qui ont duré en tout i3'2u5m. Le nombre des jours pluvieux a été de 36 dans cette période. » Le 28 mai, à 1 ib55m du matin, par une assez forte pluie, le poids moyen des gouttes d'eau était de \ milligramme. Ce poids varie beaucoup d'une pluie à l'autre et même d'un instant à l'autre d'une même ondée : le 1 5 juillet, à 2h3om, les gouttes' d'une pluie orageuse pesaient 12 à i5 milligrammes; à la fin de cette ondée elles ne pesaient plus qu'une petite fraction de milli- gramme. 125.. (9^) » Le nombre de gouttes qui tombent par hectare et par ondée varie beau- coup pour une même épaisseur de pluie versée sur Je sol. Ainsi par une très-petite pluie, le 26 juin, à 1 ih 3om il tombait par hectare et par minute r 826 000000 de gouttes de pluie; le 28 juin, à 1 ih45m, par une assez forte pluie, il ne tombait que 94000000 de gouttes par minute et par hectare. Les observations de cette nature présentent d'autant plus d'intérêt, qu'elles sont plus multipliées; la simplicité des appareils précédents me fait espérer que leur usage se répandra parmi les personnes qui s'occupent de météoro- logie. » chimie MÉTALLURGIQUE. — Sur l'analyse et la constitution chimique des joutes et des aciers; par M. H. Caron. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Despretz, Fremy.) « La détermination du charbon et du silicium dans les fontes et aciers n'est pas une opération facile et les procédés d'analyse immédiate de ces matières complexes sont encore inconnus; il est cependant probable qu'on ne pourra expliquer leur véritable nature que par la comparaison des ré- sultats d'un grand nombre d'analyses Je demanderai à l'Académie la per- mission d'exposer quelques-unes des méthodes dont je me sers actuellement et d'essayer ensuite d'éclairer quelques points restés encore obscurs. » Le charbon se sépare facilement de la fonte au moyen d'un procédé usité depuis bien longtemps au laboratoire de l'Ecole Normale et que M. H. Sainte-Claire Deville, son auteur, n'a pas, je crois, autrement publié. En faisant passer de l'acide chlorhydrique gazeux convenablement purifié sur de la fonte cont» nue dans une nacelle de platine et dans un tube de porcelaine rougi, on isole le charbon de toutes les matières qui l'accom- pagnent et qui s'en séparent à l'état de chlorures volatils; seulement, l'acide chlorhydrique doit passer lui-même, avant d'être employé, au travers d'un tube de porcelaine rougi et contenant de la braise ou du charbon léger. Lorsque l'on néglige cette dernière précaution, on obtient toujours, quoi qu'on fasse, un mélange de charbon et de silice ; c'est ce qui m'a conduit au procédé suivant pour le dosage du silicium par la voie sèche. » Le silicium s'obtient à l'état de silice et reste dans la nacelle, lorsque dans le procédé précédent on remplace l'acide chlorhydrique par un mé- lange d'acide chlorhydrique et d'air atmosphérique. Ce dernier, sortant d'un petit gazomètre, traverse, en même temps que l'acide chlorhydrique gazeux, (939) un petit flacon laveur contenant une dissolution saturée de cet acide, et arrive directement dans le tube de porcelaine où s'effectuent mes analyses. Il se dégage du perchlorure de 1er, de l'acide carbonique, et il reste de la silice. Si la fonte contient du titane, de l'aluminium ou du calcium, les oxydes ou les chlorures de ces métaux restent avec la silice dont il est facile de les séparer. La théorie de cette opération est tellement simple, qu'il est inutile d'en donner l'explication. Je suis parvenu au moyen de cette mé- thode à doser d'une manière certaine le silicium contenu dans les fontes, les aciers et le fer; j'en ai trouvé bien plus qu'on ne le croit généralement: les nombres que je pourrais citer actuellement seront mieux placés dans un travail que j'aurai l'honneur de présenter très-prochainement à l'Aca- démie. » Quant à l'azote, il doit être recherché dans la fonte et dans l'acier sous deux états distincts qui me semblent avoir passé inaperçus, puisque M. Fremy, dans sa Note du 8 octobre 1860 (voyez Comptes rendus, t. Ll, p. 567), ne les a pas mentionnés. Je demanderai la permission à l'Académie >de discuter à ce propos quelques-uns des résultats que M. Fremv a an- noncés. » Tout le monde sait, depuis les expériences de MM. Wôhler et H. Sainte- Claire Deville, que l'azote a pour le silicium et pour le titane une affinité toute spéciale. Un grand nombre de fontes contiennent l'azotocarbure de titane ou titane des hauts fourneaux; je suis persuadé que le silicium doit s'y trouver aussi, en très-petites proportions, il est vrai, à l'état d'azoture de silicium. C'est ce que l'analyse immédiate devrait démontrer; c'est là aussi qu'elle rencontre le plus de difficultés : l'azoture de titane et l'azoture de silicium sont des matières qui opposent aux agents chimiques une résistance énergique , mais lorsqu'ils se séparent à cet état de ténuité auquel les amènent les réactifs puissants par lesquels on est obligé d'attaquer la fonte, ils se laissent malheureusement attaquer aussi avec un peu plus de facilité. Je suis donc obligé d'avoir recours à un procédé indirect, quand ils ne sont pas visibles à l'œil nu ou au microscope, comme l'est quelquefois l'azoture de titane. Les difficultés sont encore augmentées par ce fait, que les fontes laissent aussi après leur dissolution un peu de protoxyde de silicium dé- couvert récemment par M. Wôhler. (Il ne faut pas oublier non plus que l'odeur de l'hydrogène que l'on en dégage tient presque exclusivement à la présence de' l'hydrogène silicié, d'après l'observation de cet illustre cor- respondant de l'Académie.) » Au surplus l'existence de l'azote n'est pas aussi constante dans les fontes ' ( 94o ) que semble l'admettre M. Fremy, d'après les travaux de M. R.-F. Marchand, qu'il cite dans sa Note; car d'après les conclusions du chimiste allemand, on ne doit pas « se prononcer avec assurance sur l'existence de l'azote dans les fontes et l'acier » (i). Et, en effet, M. Marchand montre lui-même combien il est facile de se tromper dans de pareilles expériences, il justifie les précau- tions multipliées par lesquelles M. Boussingault, dans ses recherches sur les corps azotés, se mot à l'abri des causes d'erreurs. M. Marchand n'a pas davantage reconnu l'exactitude des observations de Schaeffhautl qui avait admis que l'azote existant dans le fer et dans la fonte se concentre dans les résidus charbonneux obtenus en dissolvant ces métaux dans l'acide chlorhv- drique. » Quant à la matière charbonneuse brune et soluble dans la potasse, dont parle M. Fremy, Berzelius la connaissait parfaitement (2) : il la com- pare à l'acide ulmique dont il lui attribue toutes les propriétés avec quelque raison; il n'y avait donc pas trouvé d'azote, pas plus que dans l'huile de l'hydrogène infect. qu'il considère comme un hydrogène carboné paraissant avoir la même composition que le pétrole. Si cette matière brune dégage de l'ammoniaque avec la soude, ce qui n'arrive pas toujours, il faudra savoir si cet azote ne provient pas du titane et surtout du silicium qu'on y rencontre d'une manière constante. » Je ne pense pas non plus qu'on puisse rapprocher l'action du soufre, du phosphore et de l'arsenic, qui communiquent à tous les métaux avec lesquels ils se combinent la propriété de devenir cassants, de l'action du charbon sur le groupe spécial des métaux analogues au fer. On doit ad- mettre, il me semble, que les fontes métalliques durcies par le charbon diffèrent essentiellement des métaux aigris par les métalloïdes qui les altèrent tous indistinctement. » En résumé, quand les fontes et les aciers contiennent de l'azote, quel est celui des corps nombreux qui entrent dans la composition qui le fixe (1) « Je crois évident, d'après ces expériences, qu'on ne doit pas admettre avec une en- » tière certitude l'existence de l'azote dans les fontes ou dans l'acier; en tous cas la teneur » en azote ne serait jamais supérieure à 0,02 pour 100, et dans la plupart des cas elle serait » notablement inférieure à ce chiffre. S'il y a de l'azote dans le fer, cet azote appartient né- » cessairement à des matières mélangées au fer, matières qui ne font pas plus partie inté- » grante du fer que les scories qu'on y trouve mêlées. • [Journal fur prartische Chemie, v. Erdmann und Marchand, i85o, t. XLIX, p. 362.) (2) Berzelius, Traité de Chimie, 1' édition, t. II, p. £97 61698. ( #« ) particulièrement? Voilà la question que je me suis posée. Pour y répondre, je me suis laissé guider par les réflexions suivantes : Le fer et le charbon purs ne se combinent directement avec l'azote à aucune température, le si- licium et le titane (celui-ci brûle dans l'azote) se combinent directement et très-facilement avec l'azote; les petites quantités d'azote (M. Marchand n'en a jamais trouvé plus de i dix-millièmes, et la plupart du temps une quantité notablement moindre) ne sont-elles donc pas combinées au silicium ou au titane? Je crois donc provisoirement que c'est à l'azoture de silicium ou à l'azotocarbure de titane [qui existe en grande quantité dans certaines fon- tes (i)] qu'il faut attribuer laprésence de l'azote dans les résidus charbonneux des fontes lorsque ces matières en contiennnent. » En parlant dans ce qui précède des fontes et des aciers, je n'ai pas compris dans ce groupe le fer simplement cémenté. Cette espèce particulière d'acier pourrait bien, en effet, comme l'a prévu Berzelius, contenir du pa- racyanogène (a). Après avoir été fondu, il rentre dans la catégorie des aciers dont j'ai parlé. » PHYSIOLOGIE ET MÉDECINE. — Sur t établissement de t Abendberg et la néces- sité dune statistique européenne sur le crétinisme et [idiotie; par M. le Dr Gitggenbuehl. (Extrait.) (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Andral, Rayer.) « Les observations relevées depuis vingt ans dans l'établissement de l'Abendberg (3) ont prouvé que le crétinisme est une affection grave du sys- tème cérébro-spinal_, consistant en plusieurs altérations pathologiques qui produisent le développement irrégulier et tardif du corps et l'obtusion des sens et des facultés intellectuelles. » i°. L'observation nous a montré le plus souvent un œdème cérébral, avec des anomalies dans les ventricules latéraux qui sont dilatés et remplis ou non de sérum. Dans une période plus avancée, le ramollissement des circonvolutions contigucs.se fait voir. L'inspection microscopique de plu- (i) Il y a dans la collection de l'École des J.'ines de Paris des échantillons de fonte assez fortement imprégnés d'azotocarbure de titane pour que ce dernier soit facilement recon- naissante h. l'œil. (2) Berzelius, t. I, p. 323. (3) Cet établissement est situé dans l'Oberland Bernois, près d'Interlaken. (94^ ) sieurs cas n'a découvert aucune trace visible pathologique ni dans la masse corticale ni dans le corps nerveux, ou de fibres élémentaires. » 2°. Après cela vient le développement imparfait ou retardé des parties cérébrales, surtout des lobes antérieurs et postérieurs; quelquefois l'atro- phie générale du cerveau; plus rarement l'hypertrophie de cet organe est la cause de la stupeur cérébrale. » 3°. L'endurcissement du cerveau ou de quelques parties, dans quelques cas exceptionnels. » f\°. L'hypertrophie des os du crâne, qui comprime la substance céré- brale, caractérise là forme rachitiquedu crétinisme dans une période plus avancée. » 5°. La fermeture prématurée de la suture par l'inflammation produit une déformation du crâne très-fréquente chez les crétins et les idiots; mais ayant souvent trouvé la même chose chez des personnes parfaitement intel- ligentes, je crois qu'elle ne peut être rangée parmi les causes pathologiques du crétinisme. Ce mot n'est ainsi qu'un nom collectif exprimant différents états pathologiques, avec une tendance de dégénération progressive, et l'af- faiblissement ou l'anéantissement des facultés intellectuelles. » L'observation, dans nos vallées alpestres, montre qu'il faut distinguer un groupe de symptômes précurseurs, qui affligent une grande partie des habitants sans nuire aux facultés intellectuelles; ce sont : le goitre, le dé- faut de taille, la disproportion entre le corps et les membres, l'affaiblisse- ment des sens, surtout l'ouïe dure et le strabisme. » Le symptôme pathognomonique du crétinisme est la stupeur cérébrale; mais cela n'empêche pas que quelques facultés isolées soient bien dévelop- pées, comme une mémoire extraordinaire pour apprendre les langues, la musique, le dessin, ce que nous avons eu assez souvent l'occasion d'obser- ver à l'Abendberg. « Fodéré a soutenu l'hérédité du crétinisme, et il paraît, en effet, qu'il v a, dans la vallée d'Aoste, où il pratiquait la médecine, quelques villages où le crétinisme se propage de génération en génération. Mais une obser- vation plus' étendue démontre que c'est plutôt un phénomène local, et que d'ailleurs l'hérédité joue ordinairement un rôle très-secondaire (à l'Abend- berg, c'est seulement dans le trentième des cas où les parents ont montré des symptômes crétineux) ; mais il faut admettre que le germe ou la prédis- position se développe dans le sein de la mère, parce qu'on rencontre par- tout des familles où une partie des enfants deviennent crétins, tandis que d'autres conservent leur santé et leur intelligence, quoiqu'ils soient en- (943) tourés des mêmes influences extérieures. Du reste, il est certain que l'ob- servation la plus attentive, après la naissance, ne laisse pas toujours aper- cevoir ces germes avec certitude, parce que ces enfants ne diffèrent en rien des autres qui sont bien organisés, mais faibles C'est donc, dans la plupart des cas, sous l'action de causes pernicieuses locales que se développe le cré- tinisme pendant les trois premières années de la vie, le plus souvent vers l'époque de la première dentition avec les symptômes du ramollissement des os (forme rachitique), d'hydrocéphalie (forme hydrocéphalique), de scrofu- losité (forme scrofuleuse), ou d'atrophie générale (forme atrophique). » Les auteurs ont généralement admis trois degrés de crétinisme, selon la prononciation plus ou moins incomplète, et cette division a une valeur pratique. Plusieurs aussi, surtout M. Ferrus, ont établi avec raison, entre le crétinisme et l'idiotisme, une distinction qui concorde avec l'expérience faite à l'Abendberg : l'idiotisme est beaucoup moins curable, quoique les enfants idiots soient ordinairement bien formés, forts et robustes; ils se dis- tinguent parla des crétins, qui souffrent de la faiblesse musculaire et d'au- tres symptômes maladifs. C'est dans le bas âge, et surtout dans les six premiè- res années, qu'il faut combattre ce grand fléau et empêcher les progrès de la torpeur intellectuelle, physique et morale. Les documents que j'ai l'hon- neur de transmettre à l'Académie prouvent que nos efforts sont souvent couronnés d'un succès assez complet, pour reconstituer le type humain et rendre à la société des membres utiles, ou au moins pour obtenir une amé- lioration notable. » Le principe fondamental dans le traitement du crétinisme est de forti- fier le développement physique avant le développement des facultés des sens, parce que l'expérience a prouvé que toute tentative est dangereuse tant que les forces physiques ne sont pas relevées, la nutrition et les fonc- tions du système nerveux régularisées. On emploie dans ce but les bains tièdes aromatiques, les frictions, les remèdes tels que l'huile de foie de morue, le sirop d'iodure de fer, l'électricité, etc., une diète fortifiante et beaucoup d'exercice et des courses à travers l'air vif des montagnes, qui est par lui-même un des plus puissants agents fortifiants, parce qu'il régula-, rise la nutrition et l'hématose. » Tout asile destiné aux jeunes crétins doit être régi par une méthode médico-pédagogique; il doit donc être à la fois un hôpitalet une école, et pos- séder des ateliers où les malades puissent apprendre différents métiers; des crétins avancés en âge et incapables de recevoir l'instruction élémentaire ont i:. K. r86o, 2""= Semestre. (T. LI, N°24.j 1 26 ( 944 ) montré une aptitude particulière pour les travaux mécaniques ou agricoles. Jusqu'à présent nous avons obtenu une guérison plus ou moins complète chez tous les crétins en bas âge (c'est-à-dire dans les six premières années de la vie), qui étaient capables de prononcer quelques mots, et qui étaient exempts de convulsions, ce qui est une complication toujours grave. Une seule classe nous a donné des résultats satisfaisants dans un âge avancé : c'est celle que la Commission sarde a nommée les crétineux. Les nombreux individus de cette classe savent exprimer en petites phrases les choses les plus usuelles de la vie; mais, chez eux, les penchants bas et vicieux se sont développés et sont arrivés jusqu'à une sorte de folie; car ils se sont adon- nés, au sein de leur famille, à la débauche et aux excès sexuels; c'est, parmi eux, que notre méthode a produit d'excellents résultats, même à l'âge de 20 à 3o ans, comme plusieurs exemples le prouvent actuellement à l'Abendberg, où ils sont employés dans les différents services de l'inté- rieur. Une foule de médecins, envoyés par plusieurs gouvernements euro- péens, ont été à même, de temps à autre, d'apprécier la méthode et ses résultats; entre autres, pour la France, M. le Dr Niepce qui a fait un Rapport officiel. Ils ont bien voulu reconnaître que les établissements de ce genre sont un grand bienfait à notre époque. L'œuvre de l'Abendberg est déjà imitée en Autriche, en Bavière, en Saxe, etc., et c'est avec un vif plaisir que je viens d'apprendre que S. M. l'Empereur Napoléon a ordonné la création d'un établissement semblable pour la Savoie, la Maurienne et la Tarantaise, si cruellement affligées par cette maladie. « physiologie. — Mémoire sur les modifications imprimées à la température ani- male par la ligature d'une anse intestinale; par M. Deharqcay. (Extrait.) (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Cl. Bernard.) « Il n'est point de chirurgien qui n'ait été frappé des changements que subit la température animale sous l'influence de certaines lésions des voies digestives, comme les étranglements internes et les hernies étranglées. Le trouble apporté aux fonctions vitales est tel, que dans certains cas on a pu considérer comme atteints de choléra des malades affectés de hernie étran- glée. En i854, on apporta dans le service dont, j'étais chargé un homme cyanose, froid et vomissant sans cesse; il était envoyé comme cholérique : un examen attentif me fit découvrir que tous ces accidents étaient liés à une hernie étranglée ; je fis disparaître l'étranglement, et tous les accidents (945 j cholériformes cessèrent. Depuis j'ai eu l'occasion de voir plusieurs malades atteints de hernie étranglée et chez lesquels la température avait subi une profonde modification sans avoir pu la constater au thermomètre. » Pour élucider cette question, j'ai entrepris une série d'expériences sur des chiens. J'ai pratiqué sur ces animaux une ligature d'une anse intesti- nale, de manière à simuler une hernie ou un étranglement interne, et pen- dant a4 heures j'ai pris la température de ces animaux. Les conclusions aux- quelles conduisent ces expériences, et qu'on trouvera exposées dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, peu- vent être résumées dans les termes suivants : » Les phénomènes de refroidissement que l'on observe souvent chez l'homme sous l'influence de la hernie ou de l'étranglement interne sont dus à une constriction plus ou moins forte d'une anse intestinale. En effet, sur onze chiens mis en expérience et dont la température a été prise avec soin, nous avons constaté dans les quatre premières heures un abaissement no- table sur sept de ces animaux, tandis que sur les quatre autres il y a eu une élévation légère (i). » L'abaissement a été d'autant plus marqué, que la ligature a été plus haut placée sur le tube digestif. - » La réplétion des voies digestives a eu une action notable sur la rapi- dité des phénomènes. » chimie appliquée. — Note sur l'emploi du caméléon minéral ou permanganate de potasse pour reconnaître et doser la matière organique dans les eaux miné- rales; par M. Hervier. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Balard.) « Ce procédé, dit l'auteur en terminant sa Note, n'est pas seulement ap- plicable aux eaux minérales, il s'adresse également aux eaux potables et à tous les cas où il est utile de chercher la présence des matières végétales. J'ai pu à son aide dresser un tableau comparatif des quantités de sub- (i) Les phénomènes réactionnels qui ont amené chez tous les animaux une élévation de température au bout d'un certain temps sont dus à l'influence de la péritonite qui survient toujours si les animaux survivent quelque temps à l'opération. 126.. ( 946) stances organiques contenues dans les décombres employés quelquefois pour garnir les planches ou pour remplacer le sable dans le mortier. On sait que les conseils d'hygiène, en Angleterre surtout, ont démontré l'insa- lubrité des bâtiments dans la construction desquels on utilisait les dé- combres. Avec notre procédé on précisera toujours rapidement si ces ma- tériaux sont exempts ou non de matières putrescibles. » M. Lamarre-Picquot soumet au jugement de l'Académie la première par- tie d'un travail intitulé : « Physiologie comparée de quelques animaux voyageurs » . Dans cette première partie l'auteur, après quelques considérations sur la diète alimentaire à laquelle sont condamnées les populations situées près du cercle polaire, s'occupe presque exclusivement de deux Mammifères de ces régions, l'ours blanc et le renard blanc du pôle arctique. (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Milne Edwards, Cl. Bernard.) M. A. Chevallier adresse un Mémoire sur les allumettes chimiques. L'auteur s'y occupe principalement des dangers que présentent les allu- mettes chimiques préparées avec le phosphore ordinaire, tant sous le rapport de la santé des ouvriers employés à leur préparation que du danger d'em- poisonnement et du danger d'incendie. (Renvoi à l'examen de la Commission des Allumettes chimiques, Commission qui se compose de MM. Chevreul, Pelouze, Payen, J. Cloquet.) M. P. Schutzenberger adresse, pour prendre date, une Note sur un ensemble de réactions dont il se propose de faire prochainement une plus complète communication à l'Académie, dans une suite de Mémoires spé- ciaux et détaillés. La présente Note a pour titre : « De l'action de l'ammo- niaque caustique sur les matières organiques » . (Commissaires, MM. Pelouze, Payen.) M. Prou, qui avait précédemment présenté au concours pour le prix de Mécanique un Mémoire sur un appareil destiné à substituer aux aiguil- leurs des chemins de fer l'action directe des mécaniciens, présente aujour- d'hui des « Recherches analytiques sur les propriétés dynamiques du ( 947 ) verrou-bascule et sur les conditions pratiques de son application à la ma- nœuvre des aiguilles à contre-poids » . (Commission du prix de Mécanique.) M. J.-ll. Landois soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un appareil hydraulique de son invention, destiné à élever, au moyen du vide, et à l'aide de réservoirs échelonnés, l'eau à toute hauteur voulue. (Commissaires, MM. Morin, Piohert.) MM. de Ruolz et de Fontenay adressent une Note et des pièces justi- ficatives à l'appui d'une réclamation de priorité soumise par eux au juge- ment de l'Académie, dans la séance du ig octobre dernier. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés: MM. Chevreul , Despretz, Fremy.) M. Cantagrel prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nom- bre des inventions admises au concours pour le prix dit des Arts insalu- bres, un instrument qu'il désigne sous le nom d1 indique- fuite , et qu'il désigne comme un « organe de sûreté et de surveillance pour les appareils à gaz. » La demande de M. Cantagrel et les documents imprimés qui y sont joints comme pièces justificatives seront transmis à la Commission chargée de dé- cerner ce prix. CORRESPONDANCE. M. le contre-amiral Paris prie l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats pour la place vacante, par suite du décès de M. Daussy, dans la Section de Géographie et de Navigation. M. Paris indique brièvement les travaux et les publications qu'il croit pouvoir considérer comme des titres aux suffrages de l'Académie. (Renvoi à la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place vacante.) M. Martin Saint-Ange prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Ana- (948) tomie et de Zoologie par suite du décès de M. C. Duméril. Il rappelle les divers prix dont l'Académie a honoré plusieurs de ses travaux. MM. Ch. Robin, P. Gratiolet et Longet adressent, chacun en particu- lier, une semblable demande et rappellent leurs principaux travaux. Ces Lettres sont renvoyées à la Section d'Anatomie et de Zoologie. M. Chevreul présente au nom de M. Aug. Cahours la ie édition de son Traité de Chimie générale élémentaire, Leçons professées à l'École centrale des Arts et Manufactures. La Société impériale et centrale d'Agriculture de France annonce que sa séance publique de rentrée aura lieu le 12 décembre et envoie des billets d'admission pour MM. les Membres de l'Académie qui désireraient assister à cette solennité. M. Druhen aîné, en adressant son ouvrage intitulé : Indigence et bien- faisance dam la ville de Besançon, prie l'Académie de vouloir bien com- prendre cette publication dans le nombre des pièces de concours pour le prix de Statistique. (Renvoi à la Commission du prix de Statistique. ) PHYSIOLOGIE. — Vitesse de la circulation artérielle, d'après les indications d'un nouvel hémodromomètre ; par M. Chauveau. « J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie les conclusions qui résultent des expériences nombreuses que j'ai faites avec la collaboration de MM. les docteurs Bertolus et Laroyenne, pour étudier le cours du sang dans les artères. Elles ont eu pour but de déterminer : i° les caractères de la circula- tion artérielle dans ses rapports avec les mouvements du cœur ; a° la vitesse réelle de cette circulation ; 3° les différences de vitesse que le sang peut présenter dans les troncs artériels et leurs rameaux ; 4° l'influence qu'exerce sur la circulation d'une artère l'activité des organes où cette artère porte le sang; 5° l'influence des hémorragies; 6° l'influence de la section des pneumogastriques; 70 l'influence de la section du grand sympathique; (949) 8° l'influence delà section de la moelle épinière; 90 les rapports qui exis- tent entre la tension et la vitesse du sang dans les artères. » Ces expériences, faites sur le cheval, ont été exécutées avec un hémo- dromomètre de mon invention, dont l'application n'apporte aucun trouble dans la circulation artérielle, et qui indique la vitesse de cette circulation par les oscillations d'une aiguille extrêmement sensible, obéissant aux moindres influences qui accélèrent ou ralentissent le mouvement du sang. » Voici le résumé des faits que cet instrument nous a permis d'observer : » A. Dans les grosses artères voisines du cœur, au moment de la pul- sation ventriculaire, le sang est mis en mouvement avec une vitesse relati- vement très-grande, qui peut être évaluée en moyenne à 5î centimètres par seconde. » A la fin de la systole du cœur, dans l'instant qui précède immédiate- ment la fermeture des valvules sigmoïdes, le mouvement du sang décroît avec une grande rapidité et devient même nul. » Au moment où les valvules sigmoïdes sont fermées, la circulation éprouve une nouvelle impulsion, qui pousse le sang dans le vaisseau avec une vitesse moyenne de 12 centimètres par seconde. » Après la fermeture des valvules sigmoïdes, l'accélération communi- quée au mouvement du sang par la pulsation dicrote, qui est due à l'oc- clusion de l'orifice aortique, décroît en général avec une certaine lenteur. » A la fin de la période de repos du cœur, dans le mouvement qui pré- cède immédiatement une nouvelle systole ventriculaire, la vitesse moyenne du sang n'est que de i5 centimètres par seconde, et il arrive même souvent que la circulation paraît alors complètement arrêtée. » B. Dans les rameaux artériels éloignés du cœur, la circulation est tou- jours comparativement plus active que dans les troncs pendant la période diastolique des ventricules, et l'accélération communiquée au cours du sang par la pulsation du cœur se montre relativement beaucoup plus faible. L'impulsion isochrone à la pulsation secondaire ou sigmoïde est elle-même moins perceptible et peut même manquer tout à fait. » C. L'état d'activité d'un organe augmente considérablement la vitesse du cours du sang dans les artères qui se rendent à cet organe. C'est ainsi que la carotide, pendant que les animaux mangent, alors que les muscles masticateurs et les glandes salivaires sont en activité, charrie cinq à six fois plus de sang que si ces organes sont au repos. » D. La circulation artérielle est très-sensiblement modifiée pendant les hémorragies, et les caractères qu'elle présente alors ne peuvent jeter au- ( 9*o ) cun jour sur l'état de la circulation dans les artères fermées. En effet, le sang dans une artère ouverte coule continuellement avec une très-grande vitesse, qui n'augmente presque pas à chaque pulsation du cœur, et qui ne présente jamais l'accélération due à la pulsation dicrote ou sigmoïde. » E. La section des pneumogastriques n'apporte pas dans la circulation artérielle d'autres modifications que celles qui résultent de la succession plus rapide des mouvements du cœur. » F. La section du grand sympathique, en paralysant les tuniques des vaisseaux et en dilatant les capillaires, paraît activer légèrement la circula- tion dans les troncs artériels. Mais cette accélération, si elle est bien réelle, n'est, en tous cas, nullement comparable à celle qui se manifeste lorsque la dilatation des capillaires est provoquée par le fonctionnement physiolo- gique des organes. <■ G. La circulation artérielle s'accélère toujours beaucoup quand la moelle a été séparée de l'encéphale par une section transverse atloïdo- occipitale. » H. Lorsque la vitesse de la circulation artérielle s'accroît par suite de la dilatation des capillaires, qui rend plus facile l'écoulement du sang refoulé dans le système aortique par les contractions du cœur, la tension artérielle baisse toujours proportionnellement. » ASTRONOMIE. — Sur les Tables lunaires et les inégalités à longue période dues à faction de Vénus; Lettre de M. de Pontécoixant. « Dans le numéro des Comptes rendus des travaux de l'Académie du i 3 no- vembre dernier, M. Delaunay a fait insérer un Mémoire où il rend compte des recherches auxquelles il s'est livré relativement à deux inégalités à lon- gues périodes, dépendantes de l'action de Vénus, que M. le professeur Hansen a proposé d'introduire dans les expressions du mouvement de la Lune. D'après les calculs effectués par M. Delaunay, dont je n'ai nullement, pour le moment, l'intention de contester l'exactitude, la valeur du coeffi- cient de la première de ces inégalités, celle dont la période est de 37^ ans environ, est, à tres-peu près, celle que lui a attribuée l'astronome de Gotha, mais le coefficient de la seconde, dont la période est de a/Jo ans environ, et qui est la plus importante des deux, puisque son coefficient, évalué d'abord par M. Hansen à u3",2, serait au moins, selon lui, de 21 ",47, devrait être considéré, d'après les recherches de M. Delaunay, comme une quantité tout à fait insensible, si ce n'est absolument nulle. ( çp> ) » Celte conclusion, qui est d'ailleurs parfaitement conforme à ce qu'avait annoncé l'illustre géomètre Poisson, il y a plus de vingt-sept ans, dans son Mémoire de 1 833, soidève plusieurs questions d'une extrême gravité. Il s'agit, selon moi, non-seulement d'un important perfectionnement des Tables lunaires, mais encore d'une question de priorité scientifique, et j'o- serai même dire d'honneur national. Il suffira, pour que l'Académie en puisse juger de même, de lui rappeler que les principales corrections que MM. les astronomes de l'Observatoire de Greenwich ont cru devoir faire subir aux Tables précieuses de notre compatriote Damoiseau, Tables si re- marquables en ce qu'elles sont les premières qui aient été construites par la seule théorie, sans aucun secours dé l'observation, ^t la préférence qu'ils ont accordée aux nouvelles Tables lunaires du professeur Hansen, sont principalement fondées sur l'existence, reconnue par eux comme irréfutable, des deux inégalités, provenant de l'action de Vénus, que vient de calculer M. Delaunay ; il suffira d'ajouter, enfin, que c'est sur le même motif qu'a été appuyée l'obtention du prix extraordinaire de 1000 livres sterling que les lords de l'Amirauté, sur la proposition du savant directeur de l'Observatoire de Greenwich, ont accordé tout récem- ment au même professeur, pour le pas vraiment merveilleux, a dit M. Airy, qu'il a fait faire à la théorie de la Lune, assertion qui, si elle n'était réfutée, mettrait en oubli tous les travaux des astronomes français et étrangers, qui ont fait faire à cette difficile théorie, depuis le commencement de ce siècle, de si rapides progrès, et qui l'ont amenée enfin à l'état de perfectionnement qu'elle a atteint aujourd'hui. » Je ne viens point , en ce moment, développer devant l'Académie ces observations qui, par leur étendue, dépasseraient les limites qu'elle prescrit à ses propres Membres et à plus forte raison aux étrangers dont elle veut bien admettre les réclamations à l'honneur d'une insertion dans ses Comptes rendus hebdomadaires; mais j'ai cru devoir prendre date pour annoncer que je m'occupe avec activité de la rédaction d'un Mémoire où toutes les observations que soidève une question si sérieuse, que l'on peut dire que rarement l'histoire des sciences en a fourni une semblable, seront présen- tées avec étendue, et pour qu'on ne pût pas supposer, ni en France, ni à l'étranger, qu'un Mémoire aussi important que celui de M. Delaunay avait pu passer inaperçu ou demeurer sans réponse. » C. R., 1860, 2me Semeur*. (T. LI, N° 24.) ' 2' (9^) CHIRURGIE. — Réclamation de priorité à l'occasion d'une communica- tion récente sur un instrument de lithotripsie ; extrait d'une Lettre de M. GuiLLON. « L'instrument de lithotripsie que M. Heurteloup a présenté à l'Acadé- mie des Sciences dans l'avant-dernière séance, est une copie de mon brise- pierre pour cheval, que M. Boulay, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, a présenté le 4 de ce mois à l'Académie de Médecine, et que j'ai employé, assisté de M. Boulay, avec plein succès, il y a deux ans, chez un cheval calculeux, dont la pierre avait le volume d'un très-gros œuf de dinde. Les cuillers de l'instrument de M. Heurteloup ont la forme de celles du brise- pierre pour homme que je joins à cette Lettre, lequel avait servi de modèle au litbotripteur pour cheval ; et le levier pour opérer l'écrasement, fixé dans son armature, est semblable à celui qui se trouvait dans l'armature du brise-pierre que j'avais adressé à l'Académie des Sciences, en i8/j5, pour le concours Montyon. » La manière de placer les malades, pour pulvériser promptement et faci- lement la pierre, est aussi l'objet d'une réclamation de priorité envers M. Heurteloup, de la part de M. Guillon qui cite à l'appui un Mémoire de M. Arrastia inséré, en mai 1 856, dans le Moniteur des hôpitaux, et dont un exemplaire est joint à sa Lettre. La Note de M. Guillon, l'instrument et la pièce imprimée sont renvoyés à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de M. Heurteloup, Commission qui se compose de MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe. M. Caiixetet réclame la priorité pour une part des observations consi- gnées dans une Note récente de M. Ch. Tissier, concernant l'amalgamation de l'aluminium, et appuie cette réclamation sur un Mémoire présenté à l'Aca- démie en janvier 1857, sous le titre de «Influence de l'hydrogène naissant sur l'amalgamation ». M. Vousgiek, de Strasbourg, à l'occasion d'une communication récente concernant l'influence fâcheuse de l'état d'ivresse sur le produit de la con- ception, annonce que deux faits parvenus à sa connaissance confirment les idées émises à ce sujet par M. Demeaux. (953) HI. Bronn adresse une Remarque à l'occasion des extraits qui ont été donnés dans les Comptes rendus de sa réclamation à l'égard de M. Chatin. On pourrait supposer d'après la rédaction d'une des phrases de cet extrait que les études morphologiques dans lesquelles M. Bronn expose les idées pour lesquelles il réclame la priorité, font partie du travail couronné par l'Académie, ce qui ne serait pas exact; mais il a pu dire et il a dit que ces études contiennent « une exposition détaillée de certains principes déjà indiqués , quoique très-succinctement, dans l'ouvrage auquel l'Aca- démie a décerné le prix. » M. Solowine adresse un Mémoire sur la lumière, fragment extrait d'un grand ouvrage sur la philosophie naturelle. On doit supposer, d'après la Lettre qui accompagne cet envoi, que le point de vue auquel s'est placé l'auteur fait sortir son travail du cercle des questions dans lesquelles se renferme l'Académie des Sciences. On n'a pu du reste s'en assurer positive- ment, le Mémoire étant écrit en langue et en caractères russes. A 4 quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du io décembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Notice analytique sur les travaux zoologiques, anatomiques et physiologiques éM. Auguste DlJMÉRlL; br. in-4°. Notice sur les travaux d'anatomie et de zoologie de Charles ROBIN. Paris, i86o;br. in-V- Notice analytique sur les travaux scientifiques de M. Martin Saint-Ange. Décembre 1860; in-4°. Liste des travaux géographiques , nautiques et mécaniques du contre-amiral Paris; br. in-4°. Dictionnaire de marine à voiles et à vapeur; par M. le baron DE Bonnefoux, capitaine de vaisseau, et M. Paris, contre-amiral; seconde édition. Pans, grand in-8°. ( 954 ) Catéchisme du marin el du mécanicien à vapeur, ou Traité des machines à vapeur, de leur montage, de leur conduite, de la réparation de leurs avaries; par E. Paris; 2e édition. Paris, r vol. in-8°, accompagné d'un appendice. Utilisation économique des navires à vapeur. Moyens d'apprécier les services rendus par le combustible suivant la marche et la grandeur du bâtiment; par le même. Paris^ grand in-8°. Nos souvenirs de Kil-Bouroun pendant l hiver passé dans le Liman du Dnieper ( r 855-1 856 ). Les officiers, officiers mariniers et marins de la division navale de Kil-Bouroun. Album grand in-folio. Traité de Chimie générale élémentaire. Leçons professées à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures; par M. Auguste Cahoijrs; 2e édition. Paris, 1861 ; 3 vol. in-i8. De l'indigence el de la bienfaisance dans la ville de Besançon ; par le Dr J. DnuHEN aîné. Besançon, 1860; in-8°. (Adressé pour le concours de Sta- tistique.) Théorie de la coulisse servant à produire la détente variable dans les machines à. vapeur et particulièrement dans les machines locomotives ; par M. Phillips. Paris, i853; br. in-8°. De ta reviviscence et des animaux dits ressuscitants ( état de la question en 1 86o. —Nouvelles expériences) ; par Georges Pennetier. Rouen, 1860; br. in-8°. Eloge historique de Matthieu Bona fous ; par Jules Forest. Lyon, 1860; in-8°. m Problème de géométrie; par P. -M. Morateur. Le Puy, i858; br. in-8°. Die. . . Le choléra épidémique ou èldysie du nerf vague exposé exégétiquement, d'après sa nature et son principe ; par le Dr W. Ficrel. Dresde, 1 86o ; br. in-8°. System... Système et histoire du naturalismus , d'après les résultats des plus récentes recherches ; par M. LÔWENTHAL, professeur de philosophie; i re livraison. Leipsig, 1860; br. in-8°. EBRATA. (Séance du 3 décembre 1860.) Page 85g, art. io, au lieu de deux droites, lisez deux points. Page 86i. La seconde partie du théorème 23 doit changer de place avec la seconde du théorème i^, conformément aux théorèmes ig et 20. Page 885, ligne 18, au lieu de ruines de Tirgathe, lisez ïirynthe. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. La Commission centrale administrative transmet une Lettre de M. le Ministre d'Etat qui, ayant aujourd'hui dans ses attributions, en vertu du décret du 5 courant, le service de l'Institut, fait savoir que c'est à lui que devront être dorénavant adressées, par la Commission centrale, les pièces relatives à l'administration, et par MM. les Secrétaires perpétuels les com- munications officielles concernant chaque Académie. MÉTÉOROLOGIE. — Suite de la coordination des observations faites sur le Rhône au pont Morand, à Lyon, pendant la période de 1826 à 1 855 ; pat M. J. FoURNET. « Après avoir fait connaître, d'une façon brute, divers résultats déduits des observations fluviométriques du Rhône, et les oscdlations qu'elles indi- quent, je devais aussi donner, au sujet de celles-ci, quelques explications basées sur la partie positive de la météorologie actuelle. J'aborde ce nou- veau sujet, en observant que le fleuve jouit de propriétés qui n'appartien- nent pas indifféremment à tous les autres. Il les doit, en grande partie, à la structure de son bassin, dans lequel sont rassemblées d'abord des plaines ou des régions suffisamment basses pour devoir être considérées comme C. R., 1860, 1m° Semestre. (T. U, N° 1$) i a^ (956 ) telles, puis une quantité de montagnes dont l'altitude atteint iooo mètres environ. Le Jura méridional, le chaînon dix Mont-du-Cliat et de la Grande- Chartreuse, une partie du Chablais, du Faucigny, des Bauges, et, en un mot, la plupart des contre-forts alpins rentrent dans cette catégorie. Vien- nent ensuite les Alpes, avec leurs neiges dites éternelles, bien qu'elles soient dans un état de fusion permanente, très-faible en hiver, intense en été. » Ceci posé, on imaginera sans peine que le régime du Rhône doit être passablement complexe, car dans la saison chaude il sera alimenté d'une façon à peu près constante par le dégel des neiges emmagasinées dans le vaste réservoir alpin. De là découlent les eaux qui lui donneront, durant l'été, un régime analogue à celui d'un fleuve boréal. Les rigueurs de l'hi- ver le feront participer également à l'étiage général de ceux de la zone froide; mais les grandes pluies automnales, les fontes des neiges au prin- temps, lui transmettront, avec l'exubérance de leurs produits, les pro- priétés d'un cours d'eau des régions tempérées. Cependant la persistance des gelées sur les hauts plateaux introduira entre ses allures sensiblement normales de l'été et de l'hiver certaines inégalités transitoires et notable- ment différentes de celles des rivières dont les bassins sont dépourvus de ces grandes saillies montagneuses. En cela, par exemple, l'accord du Rhône et de la Seine ne sera point aussi parfait que l'est celui qui existe entre le fleuve et la Saône. En effet, la vallée de celle-ci est dominée non-seulement par une partie des chaînons jurassiques, mais encore par d'autres protu- bérances également imposantes de nos sommités occidentales et vosgiennes. Les neiges semées en hiver sur ces culminances, résistant jusqu'en mars et avril, ainsi que l'a observé M. Lortet, dans son Rapport fait à la Commission hydrométrique en i844> il est naturel que les débits de notre rivière sur- passent de beaucoup la quantité d'eau tombée durant ces mois dans le péri- mètre de son domaine. Or, le Rhône étant garni de massifs d'un ordre égal, doit par cela même être assujetti à des oscillations correspondant à celles du plus beau de ses affluents. » Telles sont les idées que l'on peut se faire tout d'abord d'après la con- naissance de la structure de l'espace rhodanien placé en tête de Lyon. Mais la météorologie est aussi en droit de revendiquer une part plus intime dans les phénomènes. Elle fait ressortir certaines vicissitudes thermiques qui, sans avoir un caractère de généralité comparable à celles dont se compo- sent l'hiver et l'été, n'en sont pas moins très-réelles, très-régulières. J'ai ( 957 ) déjà insisté sur ces dernières, en 1 856 [Annales de la Société Météorologique de France). Partant des moyennes diurnes déduites de dix années d'obser- vations thermométriques faites à l'Observatoire de Paris, j'établissais dès lors l'existence d'un assez grand nombre de périodes chaudes ou froides qui subdivisent les diverses saisons. Leur existence se trouvant confirmée par une série d'observations fluviométriques ou autres dont j'ai rendu compte dans plusieurs occasions, je pris le parti de donner à mes calculs une plus grande authenticité en les portant sur vingt années, et les nou- velles moyennes n'introduisant aucune modification grave dans mes déduc- tions antérieures , je me crois parfaitement autorisé à ne pas faire abnéga- tion de mes idées. Cependant il me faut ajouter que si j'ai accordé à Paris la préférence sur Lyon, c'est que je suis depuis longtemps imbu du principe de la grande extension qu'acquièrent la plupart des effets météorologiques. Il fait, en particulier, plus chaud et plus froid dans cette ville, à peu près en même temps que sur la majeure partie de la France, et à mon point de vue, quelques degrés de plus ou de moins ne sont pas des valeurs suffi- santes pour motiver le choix d'une autre station. J'avais, en outre, l'avan- tage de trouver, dans les tableaux de Paris, des moyennes plus précises que partout ailleurs, à cause de la quantité des observations thermométriques qui y sont effectuées chaque jour. Au surplus, dans le moment actuel, nous n'avons pas encore à Lyon les vingt années qui me paraissent nécessaires pour atteindre le degré d'exactitude convenable. Et si, malgré mes pré- cautions, les météorologistes me reprochaient de m'être appuyé sur les don- nées du thermomètre, et non sur les résumés pluviométriques, il me serait facile d'expliquer que la pluie est un effet plus local qu'une modification de la température. Elle n'en est même que la conséquence, en ce sens que pendant les saisons tièdes ou chaudes les refroidissements sont générale- ment des causes de pluie, en supposant qu'ils ne soient pas provoqués par les pluies. J'ajouterais en sus que, durant l'été, plus le thermomètre appro- che du maximum, plus aussi la liquéfaction des glaciers s'accélère; que s'il tombe alors sur les Alpes quelques neiges, leur durée est tellement éphé- mère, que l'accord n'est nullement troublé. D'un autre côté, on compren- dra sans peine que dans les saisons froides une recrudescence frigorifique modère ou suspend complètement le cours d'une foule de petits affluents ; et qu'enfin, à ces époques, un adoucissement de la température peut se trouver d'ordinaire accompagné de la résolution en eau des neiges entas- sées sur les régions basses. Ce n'est donc pas sans avoir mûrement pesé la 128.. (958) portée de cette hiérarchie et de ces concordances, si multipliées, que je me suis attaché à perfectionner mes anciennes Tables. « Les nombres qu'elles fournissent, étant traduits en forme de courbe, donnent une sinusoïde, sorte de moyenne générale autour de laquelle on voit osciller de grandes inégalités indiquant les périodes thermiques qui subdivisent les mois et les saisons. Au milieu de ces fluctuations, se distri- buent encore de petites saccades par lesquelles se décèlent des variations quotidiennes. Elles sont moins importantes que les précédentes dans l'état actuel de la science ; mais le temps viendra où il s'agira d'apprécier égale- ment la raison, aujourd'hui mystérieuse, de leur existence. » Cette courbe, rapprochée de celle qui est fournie par les moyennes fluviométriques, met aussitôt en évidence un synchronisme vraiment frap- pant. Il suffit de faire la part de quelques retards qui doivent se manifester chez le Rhône, et dont on concevra sans peine la raison, attendu que les surcharges fournies par les affluents d'un cours d'eau si étendu ne peuvent pas toujours arriver à Lyon avec la même instantanéité qu'un abaissement de la température. Outre cela, il convient de tenir compte de l'action régu- latrice exercée sur le fleuve par le lac de Genève; mais laissant de côté ces insignifiantes différences, je passe à la discussion de détails plus essentiels. » D'abord, durant les plus grands froids de la fin de décembre et de la première décade de janvier, le Rhône, n'obéissant que très-faiblement à l'action de la chaleur, se maintient fort bas, quand même la colonne ther- mométrique s'allonge sensiblement. Le motif de cette anomalie se déduit de l'intensité des froids de la région alpine et subalpine. Elle est telle, que les élévations de la température n'y arrivent point au degré convenable pour provoquer la fonte des neiges, et pourtant l'examen attentif des plis de la courbe fluvioinétrique fait découvrir de petits ressauts qui, correspon- dant à des augmentations du débit, indiquent sans doute l'apport des plaines durant les vissicitudes de cette phase. Ainsi donc l'anomalie est pu- rement apparente. » En second lieu, depuis la fin de mai jusqu'à l'approche de celle de septembre, les allures du Rhône sont beaucoup moins saccadées que celles du thermomètre, les oscillations étant d'ailleurs toujours concordantes. Alors l'épuisement successif de la masse glaciaire s'harmoniant avec le progrès de la chaleur, tout se pondère de façon que le fleuve, uniformé- ment alimenté, roule habituellement ses ondes avec la majestueuse placi- dité qui est le plus bel attribut de la puissance. ( y$9 ) » Viennent ensuite les réfrigérations accélérées d'octobre et de novembre. Elles peuvent affecter les glaciers; mais le sol encore chaud met en fusion une partie des neiges nouvelles; mais les vents tièdes activent cette fonte ; mais les averses compensent largement le déficit occasionné par les gelées, et le Rhône conserve l'importance de son débit estival au milieu des exas- pérations occasionnées par les fantaisies désordonnées de cette arrière- saison. » Enfin, à partir du 20 décembre, le rude hiver met fin à ces crises, en arrêtant l'arrivée des tributs. Alors survient cet étiage prolongé jusqu'en avril, ce régime appauvri, si différent de celui de l'été, et dont j'ai fait res- sortir tout à l'heure le principal accident. » J'ai parlé de coordinations par périodes décennales. Elles aboutissent à m' pas faire admettre pour le Rhôna la décroissance admise à l'égard des fleuves de l'Allemagne, résultat à la fois important et tranquillisant pour nous. » En outre, chacune de ces périodes a montré des caractères spéciaux. Les différences sont surtout palpables à l'égard de la phase si agitée de 1846 à i855. Cependant ses principales crises coïncidant encore avec les moyennes des trente années, on serait presque en droit de conclure que dix années suffisent pour donner très-approximativement une idée du régime d'un fleuve. Au surplus, leurs amplitudes étant variables d'une année à l'autre, on conçoit que les indications du fluviomètre peuvent les carac- tériser aussi bien que les résultats du thermomètre, du baromètre, du pluviomètre, ou de tout autre instrument employé dans les observatoires. C'est en cela surtout qu'avec mes tendances spéciales, je vois un grand intérêt dans les observations faites sur les grands cours d'eau. Résumant en eux, et chacun à sa façon, les divers phénomènes météorologiques qui se développent sur la surface plus ou moins accidentée qu'ils occupent, ils constituent un trait d'union entre la météorologie et l'orographie. Dans une précédente occasion [Comptes rendus, 1 855), j'ai déjà fait ressortir cette vé- rité à l'égard des extravagants débordements de la Saône, et j'aurai encore de prochaines occasions de revenir sur ce sujet. En ce moment il suffit de faire remarquer que, en vertu de la forme des récipients, les pluies les plus soutenues peuvent ne produire que d'exigus effets, tout comme, avec une organisation différente, une simple averse d'orage amène quelque chose d'analogue aux atroces gardonnad.es de la Lozère. » Cherchant d'ailleurs à faire excuser la témérité dont je puis sembler (.90*) avoir donné la preuve par ma tentative de raccordement des températures d'une station quelconque, telle que Paris, avec les allures du Rhône, j'ad- mets que l'entreprise doit sembler hardie. Cependant on voudra bien obser- ver aussi que les sujets de coordination non moins grandioses qui me sont à chaque instant offerts par la géologie, m'ont familiarisé avec de prétendues excentricités, au point de me porter à ne pas abandonner mes recherches dès qu'une idée me paraît susceptible d'être admise. » Je termine enfin en repoussant loin de moi tout soupçon de tendance à l'organisation d'un système de prédiction. J'ai simplement pensé qu'une partie assez nombreuse du public est intéressée à savoir qu'il faut s'attendre à un grand étiage à certaines dates, que l'on a de fortes chances en faveur d'un régime moyen à d'autres époques, tout comme enfin des crues intenses peuvent survenir durant une semaine donnée. Et n'ayant pas de plus amples prétentions que celle d'avoir mis en évidence ces probabilités, je me regarde comme parfaitement en dehors de la catégorie de ceux qui s'adonnent aux prophéties, sans avoir égard à l'exiguïté des bases actuelles de la météo- rologie. » ASTRONOMIE. — Etoiles doubles; Lettre du P. Secchi accompagnant l'envoi d'an Catalogue, extrait des Mémoires de l'Observatoire du Collège Romain. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le Catalogue des étoiles dou- bles que je viens de publier. ;Ce travail, fruit de cinq années d'observations, contient les mesures de i32i étoiles doubles et multiples faites avec la grande lunette de Merz , et comparées avec les mesures antérieures de Struve, de Maedler, et des autres astronomes pour en découvrir les mouve- ments. L'ouvrage fait partie des Mémoires de l'Observatoire du Collège Ro- main (i); mais pour la commodité des astronomes, j'en ai fait tirer des exemplaires à part, et c'est un de ceux-ci que je présente aujourd'hui à l'Académie. Comme autrefois je l'ai entretenue sur ce sujet, je ne dirai rien (i) Le volume des Mémoires de i85g étant sur le point d'être complété ou environ 28 feuilles d'impression, je prie Messieurs les Académiciens qui en auraient des copies incom- plètes de me faire parvenir la liste des numéros qu'ils possèdent pour leur compléter le volume. (96i ) davantage cette fois et me contenterai de rappeler quelques conclusions in- téressantes qui résultent de cette grande révision formée d'environ 7600 ob- servations complètes des systèmes stellaires. » Il en résulte : i°. Que le nombre des étoiles dans lesquelles on a constaté un mouvement sûr dans les premiers quatre ordres de Struve, est au nombre total des étoiles observées dans le rapport suivant : Ordre i"r, étoiles en mouvement, à toutes lesétoiles observées lli; 2 » 2e » » : ; 1 ■ 3 » 3e » » :: 1 :^ 6 » 4° * * ;: 1 : 12 » Notre revue dans ces quatre ordres embrasse toutes les Lucidœ, et une très-grande partie des Reliquœ des Mensurœ de Struve. Elle embrasse encore un grand nombre d'étoiles des catalogues de Pulkowa, et de Herschel au cap de Bonne-Espérance, de Smith, etc. a 2°. Comme il est très-intéressant de fixer l'attention des astronomes sur les étoiles dans lesquelles le mouvement est constaté, pour en perfection- ner les observations, et de ne pas les laisser perdre leur temps à mesurer des objets fixes, j'ai fait, à la fin du Catalogue, un résumé des étoiles mesu- rées, en les qualifiant selon les classes de mouvement certain, douteux ou nul. Je ne donnerai ici que la statistique des étoiles de mouvement certain, selon les numéros de Struve : Ordre premier. L. nM 2 i3 73 2o5 216 257 333 412 46° 5n i356 1457 1670 1728 1819 1937 ig38 1967 2o55 2084 2215 i3i5 2438 2509 2574 2729 3062. R. 234 236 278 840 1426 1457 i663 2402. Ordre second. L. n°» n3 i38 186 228 262 3o5 3i4 400 408 535 566 577 945 948 1037 1126 1157 1187 1196 i338 i348 1476 i5i7 i523 i555 1647 '6^7 1768 1781 i865 i883 1932 1944 1998 2032 2107 2114 2171 2281 2289 236g 2437 25î5 2579 2744 2799 288i. R. i83 208 498 >o8i 1757 1837 1876 2106 2356 2434 2491 2544 2662 2856 2934 3o47- (96- ) Ordre troisième. L. n" 91 202 38g 572 742 997 1 273 1424 i536 1777 1785 1788 1909 1954 1988 2021 2o52 2i3o 2382 a383 2576 2603 2624 2644 2804 2909 3ooi 3o5o. R, i58 ig5 249 355 4°3 932 i43g i{5o i658 1722 1842 2026 2097 2120 22o5 23o3 2309 2484 2541 2828 2900 2942 3o46. Ordre quatrième. L. n°» 422 58g 982 1066 ino 1263 i3o6 i543 1888 2272 2725 2822 2928 2944 3oo8. jfj. 44 '22 295 r3oo i83o 1925 21 65 2455 2538 2877 2976. Ordre cinquième. 60 55o 668 i5i6 2737 2708. — 2220 2262 i42- » Ces chiffres renferment encore celles dont on connaît le mouvement orbital. Maispour décider d'un grand nombre d'autres, surtout des douteuses, on devra attendre à peu près un autre quart de siècle, qui est le temps qui sépare nos observations de celles de W. Slruve. Je me propose de conti- nuer encore les observations sur la classe des douteuses et pour les ordres les plus distants qui n'ont été qu'imparfaitement revus. » Je viens d'achever la réduction des observations magnétiques faites ici pendant les deux années passées, et les résultats sont sous presse. La con- clusion principale qui découle des observations des variations diurnes pour les trois instruments différentiels de déclinaison, force verticale et force ho- rizontale, est qu'on doit classifier la station de Rome comme une station éuualo- riale. Jja plus grande analogie existe entre ses courbes et celles des forces qu'on a tracées pour Bombay et le cap de Bonne-Espérance. Pour les varia- tions extraordinaires, surtout de l'intensité horizontale, j'ai été longtemps très-incertain à quoi attribuer des déplacements pendant plusieurs jours consécutifs. A la fin, j'ai pris la résolution de construire graphiquement toutes les observations du bifilaire et du vertical dans les feuilles mêmes du météorographequi, représentant toutes les variations atmosphériques sous un même coup d'œil, pouvaient faire voir s'il y avait relation entre les chan- gements de force magnétique et les variations atmosphériques. Le résultat (963 ) de ce grand travail a été « qu'il existe réellement une connexion entre les va- riations d'intensité de la force verticale et horizontale du magnétisme terrestre et les grands changements atmosphériques. » Il est encore difficile de bien préci- ser lequel des éléments météorologiques a plus d'influence sur les barreaux magnétiques; la température et les vents paraissent les plus influents, mais cela ne peut pas jeter de doute sur une connexion qui résulte de deux an- nées d'observations comparées avec le plus grand soin, avec coïncidence constante. Dans une autre occasion j'entrerai dans des plus grands détails sur ce sujet. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. Mme veuve Farnaklt adresse une série de travaux mathématiques aux- quels feu M. Farnault s'était consacré pendant plusieurs années et qu'il avait l'intention de soumettre au jugement de l'Académie. On y remarque notamment un « Mémoire sur la construction des Tables mathématiques et sur deux systèmes de Tables graphiques appropriés l'un aux équations à deux variables, l'autre aux équations à plus de deux variables, » et la pre- mière feuille d'un Atlas mathématique, recueil de Tables graphiques des principaux éléments de calculs. Cette première feuille s'applique aux Ta- bles logarithmiques à cinq décimales, et elle comprend, sous la forme gra- phique imaginée par l'auteur, les logarithmes et cologarithmes des nombres jusqu'à 10000, et par interpolation jusqu'à iooooo. Ces travaux sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Mathieu, Delaunay et Bienaymé. analyse mathématique. — Mémoire sur la résolution de deux équation* quelconques à deux inconnues sans le secours de l'élimination ; pai M. TCRQCAN. (Commissaires, MM. Hermite, Serret.) « Ce Mémoire, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, traite de la résolution de deux équations à deux inconnues, algébriques ou transcendantes, sans le secours de l'élimination, et se compose de deux parties. » Dans la première partie, je tâche de perfectionner la méthode de Fourier pour la séparation des racines d'une équation à une seule inconnue, C. R., 1860, ime Semestre. (T. LI, N« 28.) I 29 ( 9^4 ) algébrique ou transcendante, et pour cela je propose, à la place du procédé exposé par cet illustre géomètre dans son Analyse des équations algébriques et qui a été jugé insuffisant, un autre procédé qui me paraît ne devoir jamais être en défaut, et qui donne un caractère pratique et sûr pour reconnaître si une équation algébrique ou transcendante a entre deux limites a et b non- seulement deux racines égales, mais n racines égales. » Dans la seconde partie, j'applique les théorèmes de la première à la résolution du problème suivant : x et y désignant un couple de valeurs qui satisfont aux deux équations quelconques à deux inconnues f[x,r)=o, F/(;rj-) = o, trouver deux nombres x, et x2 entre lesquels la valeur de x soit seule comprise, et deux autres nombres j\ et^2 entre lesquels la valeur de y soit seule comprise ; ce problème, je crois 1 avoir complètement résolu. » Je termine ce Mémoire par une remarque sur le contact des courbes, les théorèmes exposés dans ces deux parties me permettant de donner de nouveaux caractères pour reconnaître si deux courbes en un point {x,jrt) ont un contact d'un ordre donné. Ces caractères que je propose me parais- sent plus pratiques et plus sûrs que ceux donnés jusqu'à présent, car ceux-ci sont plutôt une définition analytique des contacts des ordres supérieurs que des caractères qui puissent servir à les faire reconnaître, a GÉODÉSIE. — Sur les cartes géographiques ; par M. A. Ïissot. (Renvoi à l'examen de la Commission précédemment nommée.) « Dans la première partie de ce Mémoire, j'ai donné la loi suivant laquelle la déformation se produit autour de chaque point, quel que soit le système de représentation (*);dansla seconde, j'ai comparé entre eux les systèmes qui ont élé employés ou seulement proposés pour la construction des mappe- mondes (**); dans celle-ci, je résous cette question : Trouver le meilleur mode de projection pour chaque contrée particulière. » Lorsqu'il s'agit d'une carte destinée aux services publics, comme celle qui a été dressée en France par le Dépôt de la Guerre, la première condition que l'on doit s'astreindre à remplir en faisant choix d'un système de projec- tion, est relative à la reproduction des angles; il n'est pas nécessaire d'an- (*) Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, t. XLIX, p. 6^3. (**) Comptes rendus des séances de ['Académie des Sciences, t. L, p. 4/4- (9^5) imler complètement leurs altérations, mais il faut les rendre plus faibles que les erreurs admissibles en topographie dans la mesure des angles eux- mêmes; alors chaque feuille de la carte constituera un véritable levé topo- gràphique: seulement, les distances ne pouvant être conservées, l'échelle du dessin variera d'une feuille à l'autre. Une seconde condition se rapporte à cette variation de l'échelle; on doit, en la rendant aussi faible que possible, amener à son maximum l'étendue de chacune des régions à laquelle il est permis d'attribuer une échelle unique. Enfin, avant de tracer le canevas, on 'a à calculer les coordonnées d'un grand nombre de points rapportés à deux axes rectangulaires; une troisième condition réside dans la simplicité des formules employées à cet usage. » Il existe une infinité de systèmes de représentation qui ne modifient pas les angles ; mais s'il s'agit d'une contrée ayant, comme la Russie, des dimen- sions exceptionnelles dans tous les sens, quand même on prendrait celui de ces systèmes qui réduit à son minimum la plus grande altération de longueur, l'échelle subirait de fortes variations d'une extrémité du pays à l'autre, à moins qu'on ne le divisât en plusieurs régions ayant chacune leur carte par- ticulière ; c'est pourquoi, tout en évitant les difficultés d'analyse, on aura résolu la question dans les cas qu'il est utile de considérer, si l'on se borne aux trois suivants: celui d'une portion du globe peu étendue dans le sens des parallèles, et autant que l'on voudra dans le sens des méridiens; celui d'une portion du globe peu étendue dans le sens des méridiens, et autant que l'on voudra dans le sens des parallèles; celui d'une contrée peu étendue dans les deux sens, comme la France, l'Espagne, etc. » Appelons JL la latitude d'un point quelconque, L0 celle d'un point central, m la longitude du premier point comptée à partir du méridien du second, rie rayon du parallèle dont la latitude est L, r0 celui du parallèle dont la latitude est L0, * l'arc de méridien compris entre ces deux paral- lèles, x et y les coordonnées rectangulaires du point de la carte qui cor- respond à la latitude L et à la longitude m. » Dans le premier cas, le meilleur système de projection est donné par les formules (i) x = s -+- -rm'sinL, y = rm ( i -h g/?i2cos2Lj- » Dans le second cas, en posant R0 = r0cosécL0, R = R0 — s — ^s3, f = msinL0, 1*9 .. (966) on aura, pour les formules analogues, (2) x = R0 — Rcosç, ^=Rsinip; ici les méridiens de la carte sont des droites partant toutes d'un même point, et les parallèles des circonférences dont ce point occupe le centre. » Dans le troisième cas, si l'on appelle N0 la grande normale du méri- dien à la latitude L0, et si l'on représente par ju. la variable /ncosL0, on devra employer les formules (3) I x = s -t- -N0tangL0/A2 -+- 4Ai'— B$*/x-+- Csjx2 + ^Bp.3 dans lesquelles on peut mettre L — L0 à la place de s, excepté dans le premier terme de la valeur de x ; A, B, C sont des coefficients constants, dont le troisième est lié au premier par la relation 1 ( A -+- C) cos2 L0 = cos 2 L0 ; quant à A et à B, ils dépendent de la forme du contour qui limite le pay.«, et voici comment ils s'obtiennent : on trace d'abord ce contour en rappor- tant chacun de ses points à deux axes rectangulaires sur lesquels on porte les coordonnées L — L0 et fi; à l'aide de quelques tâtonnements gra- phiques, on détermine ensuite de grandeur et de position l'ellipse en- veloppante pour laquelle le diamètre qui est incliné à 45° sur ses deux axes est Je plus petit possible. Soient id la longueur de ce diamètre mi- nimum, art celle du grand axe correspondant, a l'angle que fait cette der- nière ligne avec l'axe des coordonnées sur lequel est comptée la variable p. ; on aura (4) ^^'(oi'i-.jpMtii)! B = ^(I-^)sin2a: le centre de l'ellipse donnera le point central de la carte, et par conséquent fera connaître la latitude moyenne L0, dont une valeur approchée aura suffi dans cette recherche préliminaire. » Pour certains contours exceptionnels, le mode de projection le plus (9^7) avantageux sera fourni par des essais analogues au précédent, mais ou les ellipses seront remplacées par des hyperboles ou même par des paraboles, et, dans le cas des paraboles, les formules (3) devront être un peu modi- fiées; la plupart du temps, on reconnaîtra d'avance l'inutilité de ces deux derniers esais » Enfin, on peut introduire dans les seconds membres des équations (i), ( i ) et (3 ) un facteur constant qu'il est facile de déterminer pour chaque pays en particulier, et dont l'effet est de réduire de moitié la plus grande alté- ration de longueur, en la rendant positive dans certaines régions et néga- tive dans d'autres. » Appliquées à la France, les recherches qui précèdent donnent (5) A = o,3o6, B = o, C=-o,368, L0 = 4i°4o', et le méridien moyen est celui de Paris. » Pour la carte d'Espagne, dont les opérations géodésiques sont en voie d'exécution, on est conduit à prendre comme méridien central celui de Madrid, et comme parallèle central celui de 4o°; les formules sont . 1 x = s -+- o,4aoi 3fx2-f- o,i 1 1 ss — o,i85j2ju., \ jr— rm -h o,333*2|x — 0,062 jul3 . » Voici maintenant un tableau contenant, pour six contrées diffé- rentes, la plus grande altération d'angle et la plus grande altération de distance produites par le mode de projection adopté lors de la construc- tion de la carte de France, et par l'un de ceux qui sont proposés dans ce Mémoire. (968) VALEURS CONTRÉES. DE L* PLIS GRANDE ALTÉRATION MODE DE PROJECTION. d'angle. de distance. 7»3o' I 75 Celui du Dépôt de la Guerre. i'ao" I 23o Celui des formules (1). 25" 1 25o Dépôt de la Guerre. 5" I 2000 Formules ^2). i4° 4°' I 7 Dépôt de la Guerre. l'20" 11' 1 2,'io I Formules (2). Dépôt de la Guerre. Formules (2). 3" 600 I 2000 28' I 38^ Dépôt de la Guerre (parallèle moyen de 45°). 10' 3o" 1 65Ô 1 Dépôt de la Guerre ( parallèle moyen de 46° 3o'). 25" 1 1 100 Formules (3) et (5). 11' 600 Dépôt de la Guerre (parallèle moyen de 4'0)- 20" 1000 Formules (6). » Le premier et le troisième exemple ne se rapportent à aucune division territoriale ; je les ai choisis afin de montrer qu'avec un petit nombre de cartes on pourrait représenter toute la surface du globe, en ne donnant lieu qu'à de faibles déformations ; en effet, si de part et d'autre d'un méridien quelconque on porte sur tous les parallèles des longueurs égales à la moitié de l'arc de i5° à l'équateur, on détachera de la surface de la terre une ( 9^9 ) portion qui en sera environ la huitième partie, et c'est de cette portion qu'il s'agit dans les deux premières lignes du tableau. Dans la cinquième et la sixième, on a considéré toute la zone comprise entre les parallèles de 37°3o' et 52° 3o de latitude, zone dont fait partie l'Europe centrale, si on la prend dans l'hémisphère nord. » Pour la seconde application, j'ai choisi la carte d'Egypte, parce que les travaux nécessaires à sa construction doivent être commencés prochai- nement. Le territoire de l'Egypte se compose, comme on sait, d'une longue vallée encaissée depuis Assouan jusqu'au Caire par de«x chaînes de mon- tagnes dont les versants extérieurs s'étendent dans de vastes déserts; il est à présumer que l'on n'effectuera dans ces déserts aucune triangulation, mais que par la suite on continuera au sud d'Assouan et en remontant le Nil des opérations géodésiques dont les résultats offriront beaucoup d'in- térêt, tant pour l'étude de la forme de la terre qu'au point de vue géogra- phique. J'ai donc supposé que la carte qu'il s'agissait d'établir était celle d'une contrée située entre le 9* et le 3ae degré de latitude avec une étendue de 5° en longitude. » Le quatrième exemple est relatif à toute l'Algérie, c'est-à-dire au Tell et au Sahara algériens ; en adoptant les formules proposées, on pourrait placer sur la même carte la régence de Tunis et la plus grande partie de l'empire du Maroc sans augmenter les altérations. » Le parallèle moyen de 45° dont il est question pour la France est celui qui a été adopté par les Commissions de i8o3etde 1818. « Enfin, avec les formules (6), les îles Baléares, le territoire de Ceuta et le Portugal se trouvent compris dans la région à laquelle se rapportent les altérations indiquées par le tableau; mais celles que produit le système de Flamsteed modifié augmenteraient, si on voulait compléter la carte de la Péninsule par l'addition du Portugal. » physique. — Mémoire sur la compressibilité cubique de quelques corps solides et homogènes ; par M. G. Wertheim. (Commissaires, MM. Lamé, deSenarmont, Clapeyron.) « En 18.48 j'ai publié un Mémoire sur le rapport de l'allongement à la con- traction transversale qu'éprouve une barre élastique homogène et isotrope lorsqu'elle est soumise à une traction longitudinale ; après avoir fait remar- quer que la valeur^ que l'analyse de Poisson avait fait assigner à ce rap- ( 97° ) port, n'avait été vérifiée jusqu'alors par aucune expérience concluante, j'ai démontré que ce nombre doit être remplacé par -x pour les substances que j'ai pu soumettre à des expériences directes au moyen d'une méthode sus- ceptible d'une précision pour ainsi dire illimitée; toutes les vérifications que j'ai pu effectuer depuis cette époque par des expériences, moins directes il est vrai, mais portant sur un nombre plus gqand de corps, sont venues confirmer ce résultat. «Ces recherches ont donné lieu à de nombreuses discussions; plusieurs géomètres distingués, sans répéter mes expériences et sans en contester les résultats, ont cherché à les mettre d'accord avec l'ancienne théorie à l'aide d'hypothèses très-diverses, mais malheureusement aussi très-arbitraires; je vais rappeler brièvement et discuter ces hypothèses, avant d'entrer dans l'exposition de mes nouvelles expériences sur ce sujet. «Dans un Mémoire publié peu de temps après le mien, M. Clausius recon- naît expressément que les corps dont je me suis servi pour mes expériences peuvent être considérés comme très-sensiblement homogènes et isotropes; mais il pense que l'action élastique secondaire, découverte par M. Weber dans les fils de soie et que j'ai observée dans plusieurs substances d'origine organique, pourrait servir à expliquer le désaccord entre l'expérience et l'ancienne théorie. Cette action venant s'ajouter à l'allongement propre- ment dit ou primaire, il en résulterait que l'on mesure un allongement total trop grand; le numérateur de la fraction cherchée serait donc augmenté dans un rapport tel, que cette fraction, réellement égale à j si l'on avait pu mesurer la seule action primaire, devient égale à j- » A cette explication on peut reprocher avant tout d'être fondée sur un fait absolument hypothétique, personne n'ayant encore observé cette action secondaire, soit dans les métaux, soit dans le verre, qui sont les seuls corps que j'aie employés; on invoque, il est vrai, d'autres expériences de M. Weber, suivant lesquelles le son transversal d'un fil métallique brus- quement tendu baisse pendant l'intervalle de quelques secondes. Seebeck a cherché en effet à expliquer ce fait par l'action secondaire, contrairement à l'opinion très-plausible pourtant de M. Weber lui-même, qui y voit seule- ment l'effet de l'abaissement de température du fil produite par son allon- gement et de son retour graduel à la température de l'air ambiant. Mais en admettant même l'hypothèse de Seebeck, cet abaissement du son est beau- coup trop petit dans tous les cas pour que l'allongement secondaire qui lui ( 971 ) correspondrait, puisse servir à expliquer le résultat numérique de nos expériences. Aussi M. Clausius est-il obligé de supposer que ce genre d'al- longement s'opère dans les métaux presque entièrement pendant le premier quart de seconde et par conséquent avant qu'on ait eu le temps d'obser- ver le son transversal. Mais l'action primaire n'étant pas instantanée elle- même, comment fixera-t-on la limite de temps, passée laquelle l'effet devra être considéré comme secondaire? C'est ainsi que les hypothèses s'accu- mulent. » Une autre objection plus grave encore que les précédentes est celle-ci : on serait forcé de supposer, contrairement à toutes les notions théoriques et à tous les résultats de l'expérience, que cet allongement secondaire se produit sans donner lieu à une contraction transversale correspondante, sans quoi le rapport entre les deux quantités observées, qui sont l'allonge- ment total et la contraction totale, resterait toujours celui qu'indique l'an- cienne théorie. » J'ai été obligé d'entrer dans ces détails à cause de l'insistance qu'ont mise quelques physiciens depuis douze ans à m'opposer cette théorie et à repré- senter comme un fait démontré et acquis à la science ce qui n'était pour M. Clausius qu'une hypothèse à laquelle il n'attache certainement pas une grande importance. » MM. Lamé et Maxwell admettent que le rapport ci-dessus défini, ou, ce qui revient au même, le rapport entre les compressibilités cubique et linéaire peut varier d'une substance à l'autre. L'expérience seule pourra prononcer à cet égard, ainsi que je n'ai pas manqué de le faire remarquer dans mon premier Mémoire sur ce sujet et dans plusieurs de ceux que j'ai publiés de- puis. C'est donc à tort que M. Verdet, dans un extrait d'un Mémoire que nous allons analyser plus bas et dont l'auteur estM. Kirchhoff, prétend que je me suis « efforcé d'établir par de nombreuses expériences que ce rap- » port avait dans tous les corps une valeur constante et égale à ^; » au con- traire j'ai fait expressément mes réserves à l'égard des corps non encore soumis à l'expérience, tout en affirmant et maintenant l'exactitude de ce nombre pour ceux qui ont été l'objet de mes recherches. » D'après une expérience intéressante que M. Clapeyron a faite sur le caoutchouc vulcanisé, la fraction-» au lieu d'être égale à i suivant l'ancienne théorie, ou égale à 2 comme l'exigent mes expériences, s'élèverait pour C. R., 1860, am« Semestre. (T. LI, N° 2S.) ' 3o ( 972 ) ce corps à la valeur énorme de 2201; ce fait, sur lequel nous revien- drons, me semble trouver son explication dans les résultats du présent travail. » Contrairement à l'opinion de M. Clausius, M. de Saint- Venant rejette le désaccord constaté sur une prétendue non-isotropie des corps dont je me suis servi ; l'auteur pense « qu'il y a autant de genres d'homogénéité méca- » nique qu'il y a de systèmes possibles de coordonnées curvilignes ou de sys- » tèmes de surfaces orthogonales conjuguées; »en effet, on pourra imaginer autant que l'on voudra de genres d'homogénéité non isotrope, mais ce qu'il faudrait démontrer, c'est qu'une quelconque de ces hétérotropies existe réellement dans les corps que j'ai soumis à l'expérience, et, chose tout à fait inadmissible, qu'elle existe au même degré dans tous. » Mais sans aller aussi loin et sans comparer entre eux des corps chimi- quement différents, si nous attribuons à un certain corps l'une des homo- généités imaginées par M. de Saint-Venant, à savoir l'homogénéité cylin- drique ou sphérique, ou toute autre, au moins faudra-t-il que nous expli- quions ainsi les résultats des expériences diverses auxquelles ce corps peut être soumis. » Par exemple, il est facile d'inventer un arrangement moléculaire tel, qu'un piézomètre cylindrique présente une compressibilité cubique con- forme à celle donnée par l'ancienne théorie; mais il faudrait prouver en outre que ce même cylindre, tiré dans le sens de sa longueur, éprouvera l'allongement et en même temps la contraction transversale constatés par l'expérience, que sa résistance à la torsion pourra être déterminée d'a- vance, etc. » Tant que cette démonstration n'aura même pas été tentée, toute dis- cussion sur ces hypothèses serait nécessairement stérile. » Enfin M. Kirchhoff vient de publier sur ce sujet un Mémoire impor- tant, et que je crois devoir analyser avec la sérieuse attention que le nom de l'auteur commande et que l'importance du sujet exige. Loin de se livrer à de simples conjectures, M. Kirchhoff a fait l'expérience suivante : Un poids appliqué au bout d'un bras de levier produit à la fois la flexion et la torsion d'un cylindre homogène; ces deux déplacements sont très-exactement mesurés à l'aide d'une ingénieuse application de la méthode de Gauss, et leur rapport, qui ne contient plus ni le coefficient d'élasticité ni le rayon du cylindre, donne par des formules connues la relation cherchée entre l'allongement et la contraction transversale. (97^) » Cette méthode prête à de nombreuses objections : il serait difficile d'en imaginer une plus indirecte, et par conséquent plus sujette aux erreurs; le coefficient du changement de volume s'y détermine à l'aide de deux défor- mations qui ne sont ni l'une ni l'autre accompagnées d'un changement de volume quelconque : c'est du moins ce que l'on suppose pour établir les formules, quoique cela ne soit pas rigoureusement vrai; l'expérience peut être considérée comme la flexion d'un cylindre devenu non homogène par suite de la torsion qu'il subit, ou bien comme la torsion d'une pièce de- venue hétérogène par la flexion, et les formules habituelles pour la torsion et la flexion, déjà inexactes en elles-mêmes (je crois l'avoir démontré pour la première, et je le ferai voir prochainement pour la seconde), le de- viennent à plus forte raison dans le présent cas. » L'appareil de M, Rirchhoff est d'une grande délicatesse, et ne paraît pas devoir présenter les conditions de stabilité nécessaires pour ce genre de recherches; les faibles dimensions des cylindres soumis à l'expérience (moins de 3 millimètres de diamètre sur i45 millimètres de longueur seule- ment), les flexions initiales assez notables produites par les miroirs et par les leviers que ces cylindres supportent, la nécessité de souder ceux-ci par le milieu, et enfin la complication des calculs nécessaires à la réduction des observations, sont autant de circonstances fâcheuses. » Voici maintenant les résultats : M. Rirchhoff trouve pour le cuivre jaune la valeur 0,387, et pour l'acier trempé 0,294; ces nombres, on le voit, sont notablement supérieurs à y, tandis que la fraction ^ est sensi- blement égale à leur moyenne. M. Rirchhoff passe' un peu légèrement sur le premier de ces résultats, tandis qu'il attache une grande importance au second, l'acier trempé lui paraissant être un corps éminemment isotrope, tandis que le cuivre jaune ne serait ni suffisamment homogène, ni dépourvu de l'effet secondaire. » Nous avons déjà fait justice de ce dernier argument, qui s'appliquerait dans tous les cas -à l'acier aussi bien qu'au cuivre, puisque l'effet secon- daire n'a été observé ni sur l'une ni sur l'autre substance. En ce qui con- cerne l'isotropie, c'est bien gratuitement qu'on en doterait un corps trempé : l'action que le verre trempé exerce sur la lumière polarisée le prouve sur- abondamment, et si l'on avait à rechercher le moins homogène parmi les corps non cristallisés, c'est certainement sur une substance trempée que devrait tomber le choix. i3o.. ( 974 ) » Je suis loin d'affirmer, je le répète, que ce rapport ne puisse pas être Un peu plus petit que ^ pour l'acier homogène; mais la présente expé- rience ne me semble pas assez concluante pour le démontrer. » Au contraire l'expérience faite sur le cuivre jaune est la première où l'on ait bien voulu vérifier mes résultats sur l'une des substances que j'avais employées; il est vrai que le nombre 0,387 est Pms grand que ^> mais je ferai voir dans un prochain Mémoire sur la flexion que le dénominateur de la fraction qui représente dans les résultats de M. Kirchhoff le rapport de la torsion à la flexion est trop petit, et que cette fraction, convenable- ment corrigée, se, rapproche beaucoup plus de la valeur ^- « En résumé et en mettant de côté, pour un instant, l'expérience de M. Clapeyron, aucun fait n'est venu prouver jusqu'ici que le rapport cher- ché varie d'une substance à l'autre; mais aussi les expériences n'ont porté que sur un petit nombre de corps, elles ont été faites à l'aide de méthodes toujours plus ou moins indirectes, et la compressibilité cubique elle-même n'a été absolument le sujet d'aucune expérience, de telle sorte que nous ignorons si la proportionnalité, que l'on suppose exister entre les pressions et les diminutions de volume, a réellement lieu pour des changements de pression quelque peu considérables. Cette recherche sera le sujet de la se- conde partie de ce Mémoire, que j'aurai l'honneur de présenter prochaine- ment à l'Académie. » mécanique expérimentale. — Nouvelles recherches sur le frottement, dam le glissement de ivagons-traineaux sur rails de chemins de fer; sa variation avec la vitesse, avec l'étendue de la surjace de contact, avec la nature matérielle et l'état de cette surface ; formule représentative; frottement au départ; par M. H. Bochet. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaire», MM. Morin, Combes, Clapeyron.) « Dans un précédent Mémoire, présenté à l'Académie le 26 avril i858, j'ai déjà abordé la question, que j'ai reprise depuis pour l'étudier d'une manière plus étendue : ce sont les résultats de cette nouvelle étude, tout expérimentale d'ailleurs, que je fais connaître aujourd'hui. Sans doute je n'ai pu encore cette fois embrasser le problème du frottement dans toutes ( 97$ ) ses circonstances possibles ; néanmoins j'ai pn l'attaquer dans un assez grand nombre de cas variés, à savoir : dans les cas de glissement, à toutes les vites- ses comprises entre o et 25 mètres par seconde, du fer, à divers degrés de poli, et de différents bois, secs ou verts, ordinaires ou résineux, voire même du cuir et de la gutta-percha, frottant par surfaces de diverses grandeurs, toujours, il est vrai, par wagons-traîneaux glissant sur des rails de chemins de fer, mais sur rails tantôt secs, tantôt mouillés, tantôt simplement humi- des, plus ou moins, quelquefois même huilés, enfin sur voie ordinaire et sur voie éclissée. J'ai pu aussi étudier, dans les diverses circonstances indi- quées ci-dessus, la question du frottement au départ. » Dans une première partie de mon Mémoire, je décris avec détail le procédé d'investigation expérimentale que j'ai suivi, les appareils frottants que j'ai employés, ledynanomètre dont j'ai fait usage pour mesurer leur ré- sistance au glissement, la manière dont j'ai pu apprécier la vitesse à chaque instant, enfin les précautions que j'ai prises pour éviter les causes d'erreur sur les véritables valeurs du frottement ; je fais connaître le mode, par moi adopté, de représentation grapbique de mes résultats expérimentaux, la marche suivie dans chaque expérience, les divers cas de frottement exami- nés, enfin les conditions spéciales de mes expériences sur le frottement au départ. » Dans une seconde partie, j'expose les résultats constatés de mes expé- riences. Ces résultats sont, en résumé et dans ce qu'ils ont de plus saillant : » i°. Défaut de constance du frottement dans les mêmes circonstances pratiquement appréciables etdéfinissables, de sorte que le frottement, même dans des circonstances appréciables identiques, ne peut être représenté par une courbe unique, mais seulement par une zone comprise entre deux courbes, avec courbe du frottement moyen ou le plus habituel, dans un ensemble de circonstances déterminé. » i°. Diminution du frottement à mesure que la vitesse augmente, toutes choses égales d'ailleurs, dans tous les cas, nombreux et variés, qui ont été examinés. » 3°. Variation du frottement avec l'étendue de la surface frottante, toutes choses égales d'ailleurs, ou, autrement dit, avec la pression spécifique; va- riation insensible tant que cette pression spécifique reste dans les petites valeurs, surtout si en même temps la vitesse reste très-petite; mais sensible quand la vitesse de glissement est grande, et surtout quand la pression spé- cifique passe des petites aux grandes valeurs. Il en résulte que la loi, accré- (976) ditée, de la proportionnalité du frottement à la pression, sensiblement vraie clans les circonstances les plus ordinaires de la pratique, ne doit ce- pendant pas être considérée comme absolument et tout à fait généralement exacte. Du reste les expériences relatées dans mon Mémoire, bien que suffi- santes pour établir ce fait, ne le sont pas encore pour permettre d'en dé- duire avec précision la véritable loi de variation du frottement avec la pression. » 4°. Variation considérable du frottement du bois suivant que les rails étaient secs, mouillés, ou gras; au contraire, insignifiance complète de l'état de sécheresse ou d'humidité des rails sur le frottement au fer; insignifiance même de leur état gras, au début du glissement (avant la production du poli spécial ), à moins que la surface frottante ne fût relativement très-petite (comme celle des roues calées) et par conséquent la pression spécifique très-grande, auquel cas le frottement du fer avec enduit gras était très- diminué, même au début du glissement. » 5° Influence considérable de l'état de poli sur le frottement, surtout sur celui du fer; beaucoup moindre sur le frottement du bois. » 6°. Frottement beaucoup plus énergique du bois, à sec, que du fer. » 7°. Faible influence de l'essence du bois sur son frottement : insensible quand le glissement s'opère avec enduit (sauf pourtant quand le bois est résineux et que l'enduit n'est que de l'eau ; dans ce cas, le frottement est plus énergique que dans les autres); l'influence de l'essence du bois ne de- vient sensible, quoique faible, que dans le glissement à sec; alors les bois tendres produisent un frottement un peu plus énergique que les bois durs. » 8°. Il n'y a eu de frottement spécial au départ que pour les bois (et le cuir) sur rails mouillés ou gras; dans tous les autres cas (bois et cuir sur rails secs, gntta-percha sur rails secs et mouillés, fer sur rails secs, mouillés ou gras), le frottement au départ a été exactement le même qu'à vitesse extrêmement petite (mais plus grand, par conséquent, qu'à vitesse notable); au contraire, pour le bois (et le cuir) sur rails mouillés ou gras, le frotte- ment au départ a été, en général et en moyenne, double de celui corres- pondant à une vitesse extrêmement petite. » Dans une troisième partie de mon Mémoire, j'ai cherché à donner l'explication des phénomènes et lois de frottement que l'expérience m'a révélés. Je montre qu'on doit admettre trois causes générales et essentielles du frottement, à savoir : l'attraction moléculaire, les aspérités des surfaces, ( 977 ) et l'arrachement particulaire qui s'y produit en conséquence pendant le glissement; que le jeu de ces trois causes semblé pouvoir rendre compte des phénomènes que présente le frottement, non que j'aie pu ainsi les expliquer tous, surtout dans leurs détails; mais je pense avoir donné raison satisfai- sante et admissible, d'ailleurs d'une manière générale, des principaux et des plus saillants, à savoir : i° de la diminution du frottement à mesure que la vitesse augmente; 2° des zones de frottement; 3° de l'influence de la ma- tière frottante; f\° de l'influence du poli des surfaces; 5° de la non-existence, en général, d'un frottement spécial au départ. Les quelques particularités que je n'ai pas expliquées n'infirment d'ailleurs nullement les considérations générales que j'ai présentées et qui donnent raison des autres faits. » Dans une quatrième et dernière partie, je montre qu'on peut re- présenter, avec une approximation suffisante, toutes les valeurs, d'ailleurs très-nombreuses, que j'ai obtenues pour le frottement, dans les diverses circonstances de mes expériences, par la formule suivante, qui se présente d'ailleurs comme la plus simple à adopter, en satisfaisant convenablement à la condition d'exactitude : dans laquelle,/Vtant la valeur du frottement , p représente la pression totale sous laquelle s'accomplit le glissement; K et -y sont deux coefficients varia- bles séparément avec les circonstances, la valeur de R étant toujours plus ou moins supérieure à celle de y; a est un troisième coefficient, peut-être un. peu variable, mais alors suivant une loi encore complètement inconnue et même pas du tout entrevue, mais peut-être aussi constant, et, en tout cas, pouvant être pris constant avec une approximation suffisante pour la pratique, et alors égal à o,3 quand la vitesse, v, est exprimée en mètres par seconde. » QuantauxcoefficientsRety,ilsvarientséparémentavec les matières qui glissent l'une sur l'autre, le degré de polide leurs surfaces frottantes, la non- existence ou la présence d'un enduit entre ces surfaces, et la nature de cet enduit, en même temps qu'avec la pression spécifique sous laquelle s'ac- complit le glissement. On ne peut d'ailleurs donner que des séries de valeurs numériques de R et de 7, se rapportant à des circonstances, conditions et états déterminés et connus. J'en ai donné un assez grand nombre, ressortant d'observations expérimentales positives. « Pour donner un aperçu des principales, on peut dire que, les frotte- (978) ments les plus énergiques ayant été ceux des bois et surtout des bois ten- dres, du cuir, et de la gutta-percha , sur rails secs, sans enduit, R s'y est quelquefois élevé jusqu'à o, 70, sans y avoir jamais été au-dessous de o, 4o; le plus souvent il a été de 0,60 pour les bois tendres et de o,55 pour les bois durs. Le frottement du fer a toujours été moindre; il est vrai qu'excep- tionnellement, quand le fer était à surface très-grossière et rugueuse, K s'est élevé jusqu'à 0,60; mais il n'a pas été habituellement, dans les mêmes circonstances, de plus de o,4o, et est quelquefois descendu jusqu'à o,25. Quand le fer était à surface polie, même imparfaitement, R ne s'est jamais élevé au-dessus de o, 4o, il n'a pas été habituellement de plus de o, ao à o, 3o, et il est quelquefois descendu jusqu'à o, 17 et même o, ia (indifféremment d'ailleurs, que les rails fussent secs ou mouillés, voire même gras, sauf, dans ce dernier cas, quand la superficie frottante était relativement petite,, autre- ment dit quand la pression spécifique était grande; alors le coefficient de frottement du fer avec enduit gras était très-diminué). Dans le frottement des bois et du cuir avec enduit gras, R est tombé habituellement à 0,16, quelquefois seulement à 0,20, mais quelquefois aussi jusqu'à o,o5. L'en- duit gras a d'ailleurs toujours, dans les deux cas, de fer et de bois, favorisé beaucoup la prompte et rapide production du poli des surfaces et en consé- quence la diminution du frottement par ce fait. C'est principalement ainsi, et par conséquent indirectement, que les enduits gras paraissent surtout agir pour adoucir les frottements. » C'est surtout au départ et à toute petite vitesse que les frottements diffèrent beaucoup les uns des autres suivant les circonstances. A mesure que la vitesse devient plus grande, les différents frottements, en diminuant tous, ordinairement d'autant plus qu'ils sont plus grands, vont, en général, se rapprochant les uns des autres. Ce rapprochement dans la diminution commune a lieu aussi d'autant plus que les surfaces frottantes sont plus polies, ce qui se produit d'ailleurs et se maintient d'autant mieux, que ces surfaces sont mieux lubréfiées par un enduit gras. Aussi peut-on dire que toutes les matières bien polies, convenablement lubréfiées, glissant vite l'une sur l'autre, d'ailleurs sous une pression spécifique modérée, ont à peu près le même coefficient de frottement, très-petit. Mais, en dehors de cet ensem- ble de conditions, tout spécial, rien n'est plus variable que le frottement avec les circonstances. » ( 979 ) CHIMIE MÉDICALE. — Emulsion de coaltar, pour l'application à la médecine ou à l'hygiène ; extrait d'une Note de M. Demeaux. (Commissaires, MM. Chevreul , Dumas, Pelouze.) « Ce produit, qui, par la facilité de sa préparation, par la modicité de son prix, par la quantité de coaltar qu'il contient et par sa grande solubi- lité dans l'eau, me paraît destiné à rendre de grands services, se prépare de la manière suivante : Coaltar 1000 grammes. Savon 1000 » Alcool iooo » » Chauffez au bain-marie jusqu'à parfaite solution. » On obtient, par le refroidissement, un véritable savon, Irèssoluble dans l'eau, et formant, en se dissolvant dans ce liquide, une emulsion stable. Le prix de ce produit est très-modique, 3 kilogrammes coûteraient environ 3 francs, et avec cette quantité on peut faire environ ioo litres d'é- mulsion. Chaque litre contiendrait io grammes de coaltar. » On comprend combien cette préparation peut trouver d'applications utiles, soit dans les hôpitaux, soit dans les amphithéâtres d'anatomie, soit dans des manufactures ou usines, soit dans certains établissements de l'État, dans le but de prévenir des dangers réels pour la santé publique, ou d'éviter certaines émanations, qui sont à la fois désagréables et insalubres. » Le coaltar, mêlé avec le savon et l'alcool dans des proportions conve- nables, devient une des substances les plus maniables de la matière médi- cale. Ce mélange peut être concentré ou étendu à volonté, on peut lui don- ner la forme solide ou le dissoudre. Sa grande solubilité dans l'eau chaude ou froide l'empêche de salir le corps, le linge, les vêtements. » L' emulsion de coaltar pourra être employée en bains, et produire de bons résultats dans certaines maladies de la peau; en lotions et en fomen- tations sur le corps comme topique modificateur ou désinfectant. On pourra en imprégner des linges de corps, de literie, de pansements pour ceux des malades dont les excrétions ou les déjections produisent des émanations fétides. » C. R., i8fic, 2™e Semestre. (T. U, N° 2o.) J5t (98° ) CHIRURGIE. — Sur la pulvérisation des pierres dans la vessie; par M. Mercier. L'auteur, s'attachant principalement dans cette communication à dis- cuter la validité des assertions mises en avant par M. Heurteloup dans un Mémoire lu à la séance du 26 novembre dernier, la Note est renvoyée à l'examen des Commissaires nommés pour l'examen de ce Mémoire. (Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) chimie. — Mémoire sur les silicates; par M. J. Lefort. (Commissaires, MM. Balard, Fremy. ) M. Pàppesjheim adresse une Note ayant pour objet d'établir qu'il a le premier, dans son travail imprimé sur la digestion, exposé la manière de séparer la pepsine de la salivine. Quand, à une époque postérieure, d'autres personnes ont donné cette découverte comme nouvelle et ont prétendu se l'attribuer, M. Pappenheim n'avait pas à sa disposition les pièces né- cessaires pour appuyer une réclamation de priorité; aujourd'hui il envoie copie de deux pièces qu'il considère comme probantes et dont il prie l'Aca- démie de vouloir bien prendre connaissance. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Billiard, de Corbigny, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie un travail ayant pour titre : « Établissement du phénomène de l'hématose », adresse aujourd'hui un supplément à ce travail. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés: MM. Pelouse, Cl. Bernard.) M. Delfrayssé envoie une addition à ses précédentes Notes sur certains dispositifs destinés à rendre possible l'usage de la plume ou du pinceau à des personnes privées de plusieurs doigts ou même de toute la main. (Renvoi, comme les Notes précédentes, à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) (9«» ) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. N. Basset, un a Précis de chimie pratique » . M. le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance un ouvrage écrit en allemand « sur les propriétés des bois considérés au point de vue de la technologie et de la silviculture », par M. H. Nordlinger, professeur à l'Institution royale de Hohenheim (Wurtemberg). M. Jaubert est invité à prendre connaissance de cet ouvrage et à en faire l'objet d'un Rapport verbal. La Société de Géographie adresse des billets d'admission pour sa séance publique du ai décembre. M. Poiseuille prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante, dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. C. Duméril. (Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie.) M. Peytier adresse une semblable demande pour la place vacante, dans la Section de Géographie et de Navigation, par suite du décès de M. Daussy. M. Peytier envoie en même temps une Note imprimée sur les travaux géographiques exécutés par lui. (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) ASTRONOMIE. —Eléments elliptiques de la planète découverte par M. Chacornac le 12 septembre 1860; Note de M. Dubois. « Ces éléments sont basés sur les positions des 12, 19 et a5 septembre : on a tenu compte de la parallaxe et de l'aberration. i3i.. ( 9** } Époque 1860, septembre 25, o, temps moyen de Paris. Anomalie moyenne. . ...... . 21° 35' 3",33 Longitude du périhélie 33o° il' 42" I ■* ■ j oc ■. ■ j , 1 j crn r , r » Equinoxe moyen de i8bo,o. Longitude du nœud ascendant . ioo° 47 47 1 Inclinaison 6° 24' 4°" Excentricité 0,225288 (angle = 1 3e 1' i*,37). Demi grand axe 2,63553g Moyen mouvement diurne • 829" ,284. M. Lapierre, commandant la frégate llsis, navire de l'Etat, qui revient de Taïti, annonce qu'il a apporté, d'après la demande de M. Maury, direc- teur de l'Observatoire de Washington, une série d'échantillons d'eau de mer prise à tous les degrés de longitude. Toutes les bouteilles, chacune de la contenance d'un litre, portent l'indication du lieu où l'eau a été puisée. M. Lapierre prie l'Académie de lui faire savoir si elle juge qu'une semblable collection puisse servir aux progrès de la science. Il sera répondu à l'auteur que l'Académie recevrait ses échantillons d'eau de mer avec intérêt, et chargerait une Commission de les exa- miner. M. Potel, adresse, des Andelys, la Note qu'il avait précédemment an- noncée concernant le problème de la trisection de l'angle. (Renvoi à l'examen de M. Serret. ) M. Preclaike, auteur d'un Mémoire de géométrie descriptive présenté le 4 mai 1847» demande l'autorisation de reprendre ce travail qui n'a pas été l'objet d'un Rapport. L'autorisation est accordée, et le Mémoire, conformément à la demande de l'auteur, sera remis à la personne qu'il désigne, quand elle se présentera au Secrétariat. A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret. ( 983) COMITÉ SECRET. La Section de Zoologie el d'Anatomie comparée présente, par l'organe de son doyen M. Isid. Geojfroy-Saint-Hilaire, la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duméril. En première ligne M. Blanchard. En deuxième M. Gervais. En troisième M. Martin Saint-Ange, En quatrième. . ' . . M. Robin. En cinquième M. Hollard. En sixième, ex œquo et par ordre MM. Gratiolet et I'iuikrax alpitabetique. Par deux votes successifs, au scrutin, sont adjoints à la liste : M. Long et. M. Poiseuille Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la pro- chaine séance. La séance est levée à 7 heures. É. D. B. (9«4) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 17 décembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Institut impérial de France. Séance publique annuelle de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres du vendredi 7 décembre 1860, présidée par M. Berger de Xivrey; président; in-4°- Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 42e li v. ; in-4°. Précis de Chimie pratique, ou Eléments de chimie vulgarisée ; par M. Basset. Paris, 1860; 1 vol. in- 12. Serres et orangeries en plein air, aperçu de la culture géothermique; par M. Ch. Naudin. Paris, 1860; br. in-8°. Note sur deux nouvelles grottes ossifères découvertes en Sicile en 1 85g ; par M. Anca; br. in-8°. Recherches chimiques et cristallographiques sur les fluozirconates. Formule de la zircone ; par M. C. MarignaC; br. in-8°. Sur l'influence de la distance et la correction horaire des différences de niveau obtenues à l'aide de deux baromètres correspondants. Lettre de M. Charles Martins à M. E. Plantamour; 1 feuille in-8°. Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat [Allier). Compte rendu des travaux de l'année 1 859-1 860, présenté dans la séance du 6 juin 1860; par le Dr Ch. Laronde, secrétaire de la Société. i4e année. Gannat, 1860; in-8°. • Statuts de la Société d Horticulture et de Bota?iique du département de l'Hé- rault. Montpellier, 1860; | de feuille in-8°. Catalogo... Catalogue de i32i étoiles doubles mesurées avec le grand équa- torial de Merz, observées à C Observatoire du Collège Romain et comparées avec les mesures antérieures ; par P. -A. Secchi. Borne, 1860; in-4°. Medico-chirurgical... Transactions médico-chirurgicales de la Société royale médico-chirurgicale de Londres; vol. XLIII. Londres, 1860; in-8°. ( 985 ) Astronomische... Nouvelles astronomiques de Schumacher; publiées par M. Peters ; LIIC et LIIP volumes in-4°. Die teohnischen... Sur les propriétés des bois considérés au point de vue de la technologie et de la silviculture ; par M. H. NÔRDLINGER. Stuttgart, 1860; 1 vol. in-8°. Lehrbuch... Manuel de i ingénieur et du constructeur mécanicien; par M. J. Weisrach ; IIIe vol. 1 Ie à i5e livraison ; in-8°. Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de t académie royale des Sciences de Munich, 1860, 3e cahier; in-8°. Untersuchungen... Recherches sur l histoire naturelle de l'homme et des ani- maux; parM. J. Moleschott ; VIIe vol., ier cahier. Vienne, 1860; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Mécanique Céleste. — Théorie du Mouvement de la Lune; par M. Delaunay (premier volume). « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le tome XXVIII de ses Mémoires, formant le premier volume de ma Théorie du Mouvement de la Lune. » J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer l'objet du grand travail que j'ai entre- pris il y a quatorze ans sur la Théorie de- la Lune. On sait que mon but était d'effectuer une nouvelle détermination analytique des inégalités lu- naires, en poussant les approximations notablement plus loin qu'on ne l'avait fait avant moi. Concentrant d'abord tous mes efforts sur les seules inégalités dues à l'action perturbatrice du Soleil, et admettant pour les cal- culer que le mouvement du Soleil s'effectue suivant les lois du mouvement elliptique, je me suis proposé de rechercher toutes les parties de ces iné- galités qui ne sont pas d'un ordre supérieur au septième. M. Plana, dans son grand ouvrage sur le Mouvement de la Lune, s'était arrêté aux inéga- lités du cinquième ordre. La méthode que j'ai employée pour cela, consiste en une suite d'opérations toutes pareilles entre elles, dont chacune a pour C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 26.) l^ ( 9»8 • objet de faire disparaître un des termes périodiques de la fonction pertur- batrice à l'aide d'un simple changement de variables. Lorsque, par l'appli- cation de cette méthode, on a enlevé à la fonction perturbatrice les termes les plus importants par la grandeur des inégalités qu'ils fournissent, la question se trouve simplifiée, et peut dès lors être traitée aussi facilement que s'il s'agissait des inégalités d'une Planète ou du Soleil. » Le volume dont l'impression vient d'être achevée , et que je présente aujourd'hui à l'Académie, contient une partie des formules que j'ai obte- nues en opérant conformément à la méthode dont je viens de rappeler les principaux traits. Il se compose de cinq Chapitres. Le premier est consacré à l'établissement des équations différentielles dont l'intégration doit fournir les inégalités du mouvement de la Lune; le second au développement de la fonction perturbatrice et des valeurs elliptiques des trois coordonnées de la Lune; et le troisième à l'exposition de la méthode analytique que j'ai imaginée pour intégrer les équations différentielles en fractionnant le tra- vail, de manière à permettre de pousser plus loin les approximations dans chaque partie. Ces trois premiers Chapitres, beaucoup moins étendus que les autres, constituent comme une sorte d'introduction au travail propre- ment dit qui est développé dans les Chapitres suivants. Le quatrième Cha- pitre contient le développement complet de la fonction perturbatrice, avec les diverses modifications qu'elle a subies successivement par suite des 57 opérations effectuées pour la débarrasser de ses termes les plus impor- tants;.ce développement renferme 460 termes périodiques. Enfin, dans le cinquième Chapitre 00 trouve tous les détails de l'établissement des for- mules relatives aux 57 opérations dont il vient d'être question. I^e second volume, dont j'espère pouvoir commencer l'impression incessamment, com- prendra : i°les diverses formules destinées à tenir compte des termes qui restent dans la fonction perturbatrice, après que les 57 opérations précé- dentes ont été effectuées; 20 les expressions des trois coordonnées de la Lune avec toutes leurs inégalités jusqu'au septième ordre inclusivement pour la longitude et la latitude, et jusqu'au cinquième ordre pour la valeur in- verse du rayon recteur; 3° enfin divers Chapitres destinés à compléter ces expressions des coordonnées de la Lune, en tenant compte de tout ce qui avait été mis provisoirement de côté, pour n'avoir à considérer que la partie capitale de la question. » Désirant que mon travail inspirât aux Astronomes la plus grande con- fiance possible, je n'ai négligé aucun des moyens qui m'ont paru de nature 19%) à faciliter les vérifications auxquelles chacun d'eux pourrait vouloir se livrer. On remarquera notamment, sous ce rapport, les indications dont sont accompagnées les diverses parties de la fonction perturbatrice (ChapitrelV), indications qui sont destinées à faire connaître immédiatement l'origine de chacune de ces parties. » La simplicité et la régularité de la marche que j'ai suivie pour détermi- ner les inégalités du Mouvement de la Lune, m'ont permis d'exposer la série des opérations avec toute la clarté désirable sans avoir besoin de donner de longues explications. Aussi les deux derniers Chapitres de mon premier volume, qui occupent à eux deux les sept huitièmes du volume tout entier, se composent-ils presque uniquement de formules, avec très-peu de texte intercalé. Beaucoup de ces formules sont très-longues ; il y en a une no- tamment qui occupe à elle seule tout le ChapitrelV, et qui a une étendue de cent trente-huit pages. Si l'on observe en outre que presque tous les termes de cette longue formule sont accompagnés d'indications en très-petits carac- tères placées au-dessous de chacun d'eux, on verra que l'impression de ce volume présentait les plus grandes difficultés. Je ne crois pas qu'on ait jamais imprimé rien d'aussi difficile. Il a fallu toute l'habileté et tout le zèle de M. Bailleul, directeur de l'imprimerie mathématique de M. Mallet- Bachelier, pour mener ce travail à bonne fin, et pour rendre toutes les parties de ce volume tres-agréables à l'œil, sans nuire pour cela en quoique ce soit a la parfaite clarté des formules. » « M. d'Abbadie fait hommage d'un exemplaire de son Hermœ Pastor, ouvrage d'un auteur antérieur aux Pères de l'Église, et qu'on croit avoir fleuri dans le premier siècle de notre ère. Il n'existe en Europe que deux manuscrits peu concordants de cet auteur. M. d'Abbadie en a découvert en Ethiopie une troisième dont il a fait une traduction latine qu'il a publiée en même temps que le texte. Cet ouvrage a été édité par la Société Orientale d'Allemagne. » M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur un exemplaire : « Notice sur les travaux scientifiques de M. de Tessan. » (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) l32.. ( 99° ) - NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem- bre qui remplira dans la Section d'Anatomie et de Zoologie la place devenue vacante par suite du décès de M. C. Duméril. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 58, M. Longet obtient 28 suffrages. M. Blanchard a5 M. Robin 5. Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un deuxième tour de scrutin. Le nombre des votants étant encore 58, M. Longet obtient 3i suffrages. M. Blanchard 27 M. Longet, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. RAPPORTS. ASTRONOMIE. — Rapport sur l'observation de l 'éclipse du 1 8 juillet 1860, faite en Algérie par MM. Laussedat, de Salicis, Mannheim, Bour et Girard. (Commissaires, MM. Babinet, Delaunay, Faye rapporteur.) « Une communication de M. Laussedat, et l'extrait de son Mémoirequi a été inséré dans le Compte rendu de la séance du 17 septembre, ont déjà fait connaître à l'Académie l'organisation de cette expédition, dont les membres appartiennent tous, à divers titres, à l'École Polytechnique. Bornons-nous donc à dire que la Commission algérienne arriva le 6 juillet à Batna, et qu'elle procéda immédiatement à l'installation de ses instruments en dehors de la ville, près de la porte de Lambèse. » Mais cette installation mérite que l'on s'y arrête un instant. La Commis- sion ne s'était pas proposé d'étudier telle ou telle partie du phénomène ; elle ( 99' ) désirait en embrasser toutes les parties. Pour atteindre ce but, il fallait arrêter tout d'abord une division bien précise du travail, le répartir entre les divers membres suivant leurs goûts et leurs aptitudes, fournir à chaque observateur les appareils nécessaires, et donner surtout à chaque appareil spécial l'in- stallation la plus commode et la plus indépendante. C'est à ces con- ditions que répond le campement scientifique de Batna. Sur le plan qui nous a été présenté, on voit un édifice en planches, à toits mobiles, pour l'instrument des passages et pour les observations méridiennes que M. Laus- sedat s'était réservées; une baraque pour les observations photographiques confiées à M. Girard; un abri convenable pour les instruments météorolo- giques dont M. Mannheim s'était chargé ; des piliers pour les instruments magnétiques; une vaste toiture destinée à protéger l'observation astronomi- que et physique de l'éclipsé contre les rayons du soleil algérien (MM. Laus- sedat, de Salicis et Bour), puis deux tentes pour abriter le matériel et le personnel de l'expédition. Telle est l'organisation adoptée par M. Lausse- dat; elle pourra servir de modèle dans d'autres occasions semblables. » Tout fut prêt en trois jours; les observations commencèrent le >o juil- let, et l'on s'occupa d'orienter les instruments, de régler les chronomètres, de déterminer les coordonnées géographiques de la station. » L'heure locale a été déterminée, à l'aide d'un cercle méridien de Brun- ner et de plusieurs chronomètres de Bréguet, de Winnerl et de Mottel, avec- une précision^ rarement atteinte dans les expéditions lointaines. » La latitude a été obtenue à l'aide d'étoiles situées au nord et au sud (on sait que cette méthode a pour but d'éliminer la majeure partie des er- reurs instrumentales) ; en voici les résultats : Par les étoiles australes 35 . 3? . 47 , o Par les étoiles boréales » » 56,6 Moyenne... 35.32.5i,8 Par le» étoiles zénithales » » 5i , i On voit que l'accord est satisfaisant. » La longitude a été provisoirement déduite de la carte de la province de Constantine publiée à l'échelle de 7 parle Dépôt de la Guerre, et de 1 4°° 00° l'observation de quelques culminations lunaires combinées avec les obser- vations correspondantes de Greénwich, dont M.Laussedat doit la communi- ( 992 ) cation à l'obligeance de M. Airy : o / ri Par la carte du Dépôt de la Guerre 3.5o.2o à t'est de Paris. Par deux culminations lunaires 3-5o 16 Cet accord pourrait être fortuit ; aussi M. Laussedat eût-il voulu déterminer télégraphiquement la longitude de la station de Batna en se rattachant à l'observatoire d'Alger. Nous nous associons volontiers au vœu qu'il ex- prime; nous croyons même qu'il ne serait pas impossible de relier dès aujourd'hui Alger à la méridienne de Paris, en se servant du câble électri- que qui fonctionne entre cette ville et les Baléares, et en établissant une jonction de télégraphie lumineuse entre Port-Mahon et les dernières stations espagnoles de MM. Biot et Arago. » Quant à la troisième coordonnée géographique, l'altitude, dont l'in- fluence sur les observations d'éclipsé n'est nullement négligeable, elle ré- sulte de la comparaison de dix séries d'observations barométriques faites simultanément à Batna et au bord de la mer, à Philippeville : on a trouvé ainsi 1 1 1 8 mètres. » Passons maintenant au point capital, à l'observation de l'éclipsé. Les contacts ont été observés par MM. Laussedat, de Salicis et Bour avec des grossissements variant de 3o à 5o fois. Nous ne saurions assez louer les pré- cautions particulières qui ont été prises pour éviter les erreurs de seconde (i), si faciles à commettre en pareille occasion. Voici les résultats moyens : Temps moyen de Batna. h m s Ier contact extérieur à.. . 2. 37. 28, S Ier contact intérieur à. . . 3.46.10,2 2e contact intérieur à. .. . 3.49- 8,8 2e contact extérieur à. .. . /\..5i. 9,8 « La durée de l'obscurité totale a donc été de am588,6. Les Tables de M. Hansen, qui s'accordent d'ailleurs très-bien avec l'observation précé- dente, donnaient 3m 1 is, c'est-à-dire i2s de trop. Des différences analogues s'étant manifestées partout dans le même sens, M. Laussedat en conclut que le diamètre de la Lune doit être diminué. Si le calcul définitif de cette éclipse, la seule qui ait jamais été observée sur toute l'étendue de son par- cours, confirmait cette opinion déjà si plausible, nous exprimerions le vœu (1) Grâce à un chronomètre à pointage de Perrelet, prêté par M. Laugier. (99^) que le diamètre réel de la Lune, celui qui répond aux éclipses de Soleil, fut désormais substitué, dans les prédictions relatives à ces phénomènes, au diamètre factice qui résulte des observations méridiennes. Il importe en effet à l'observateur d'être bien prévenu de la durée réelle sur laquelle il doit compter pour l'obscurité totale. » Toujours est-il que l'examen détaillé de cette partie essentielle du Mémoire nous a inspiré une entière confiance; nous tenons l'observa- tion si complète et si sûre de Batna pour une des meilleures observations d'éclipsé qui aient été faites en dehors des grands observatoires. Le calcul basé sur l'ensemble des observations du «8 juillet, depuis l'océan Paci- fique jusqu'à la mer Rouge, confirmera pleinement, nous l'espérons, le jugement qui nous est dicté par l'étude des documents placés sous nos yeux . » Faute d'avoir pu se procurer à temps un instrument parallactique mù par un bon mouvement d'horlogerie, l'expédition a dû organiser l'observa- tion photographique d'après un système fort ingénieux sans doute, mais exé- cuté sur une échelle insuffisante. Un héliostat de Silbermann, muni d'un ex- cellent miroir argenté, soigneusement vérifié par M. Foucault, renvoyait dans une lunette fixe et horizontale les rayons du Soleil dont l'image, amplifiée par un oculaire, venait se peindre sur des plaques préparées au cpllodion sec. Ces empreintes ont bien réussi; elles vont être soumises à des mesures micrométrique's dont il nous serait difficile d'apprécier maintenant la portée au point de vue de la détermination des erreurs des Tables lunaires; ce que nous pouvons dire ici, c'est qu'elles ont un intérêt réel au point de vue physique, car elles confirment certaines particularités très-curieuses que le croissant solaire a présentées aux observateurs. Il n'a pas été pos- sible, il est vrai, d'obtenir sur collodion humide l'empreinte de l'éclipsé totale ; la petitesse de l'objectif, l'amplification des images, la perte de lumière due à une première réflexion, et surtout la haute température qui régnait dans la chambre close du photographe, ont fait échouer des tenta- tives d'ailleurs fort bien conduites par M. Girard, aidé du Dr Dauvais. Nous ne saurions chercher ailleurs les causes de cet échec partiel, car les belles épreuves qui ont été adressées à l'Académie par don Aguilar et par le P. Secchi ne laissent aucun doute sur l'action photogénique des protubérances et de l'auréole elle-même. » Avant d'aborder les observations physiques, il convient de bien spécifier les circonstances météorologiques de cette journée. Une assez forte brise a soufflé continuellement du S.-O. avec quelque tendance à l'O.-S.-O. par mo- ■ 994 ) ments. Le ciel, d'abord très-nuageux jusqu'à raidi, comme en Espagne, s'est découvert ensuite et ne présentait plus que de légers nuages dont le passage sur le Soleil s'est fait sentir par instants, soit sur la marche des thermo- mètres, soit sur les épreuves photographiques. Le baromètre n'a offert que des variations insignifiantes. Même nullité d'effets sur les instruments magné- tiques. Mais il n'en a pas été ainsi du thermomètre. Afin de mieux faire juger de l'influence de l'éclipsé sur la température, M le capitaine Mann- heim a retracé, au moyen de courbes, la marche du thermomètre pendant les journées des i6, 17, i8et 19 juillet. Celle du 18 présente, à l'heure de l'obscurité totale, une chute rapide bien différente de l'ondulation déter- minée par l'ombre d'un nuage. Il résulte de ces courbes que le refroidisse- ment de l'éclipsé a été de io°; pour donner une idée de la rapidité de cette variation, il nous suffira d'ajouter qu'en huit minutes, de 3h 4om à 3h48m, le thermomètre n'a pas baissé de moins de 5°, 3. » On comprendra l'importance de ce résultat si l'on veut bien songer qu'un refroidissement si rapide ne saurait se produire, dans l'épaisseur de notre atmosphère, sans réagir sur la marche des rayons lumineux, et sans modi- fier plus ou moins l'aspect de l'éclipsé au moment le plus intéressant. A la vérité on n'a pas toujours noté en pareille occasion des effets aussi marqués, mais cela tient certainement à des causes toutes locales. Ici nous avons pour garant l'habileté d'un observateur qui s'est consacré spécialement à ces observations, et l'excellence des thermomètres que M. Walferdin avait bien voulu préparer pour l'expédition d'Algérie avec un soin particulier. D'ail- leurs ce refroidissement rapide a été vivement senti par tous les assistants ; M. Girard, qui stationnait dans la baraque photographique, où la tempé- rature n'avait pas suivi ces brusques variations, éprouva des frissons lors- qu'il passa à l'air libre, pendant l'obscurité totale, t » Il nous a paru d'abord singulier que. ce refroidissement rapide n'ait pro- voqué aucun dépôt de rosée; mais le registre météorologique île l'Expé- dition nous explique cette anomalie : l'air était très-sec ; le sol sablonneux était fortement échauffé et lèvent soufflait avec force, presque sans inter- ruption. A Alger, au contraire, dans le voisinage de la mer, il se forma près du sol une sorte de brouillard au moment de la- rotalilé. » Disons enfin, pour compléter ce tableau, que l'obscurité totale a été mar- quée par une chute subite du vent. Bien que le registre météorologique n'en fasse pas mention, M. Laussedat affirme qu'à ce moment la brise du S -O. qui a soufflé avec assez de force toute la journée, a fait place pen- dant quelques instants à un calme complet. Cet effet n'est pas ordinaire: (995 ) habituellement, dans les temps calmes, le passage du cône d'ombre de la Lune provoque, au contraire, un courant atmosphérique bien connu sons le nom de vent de l'éclipsé. » Passons maintenant en revue les circonstances physiques de l'éclipsé elle-même. Les astronomes ne manquent pas, en pareille occasion, de sur- veiller attentivement, les extrémités des cornes du croissant solaire. Presque toujours ces cornes restent nettes et effilées, même lorsque le croissant est d'une grande minceur, à moins qu'une montagne de la Lune ne vienne en tronquer passagèrement l'extrémité. Ce phénomène s'est produit à Batna, mais avec une particularité toute nouvelle : la troncature était considérable et de plus arrondie (aucune épreuve antérieure ne laisse soupçonner, en cet endroit, l'existence d'une saillie considérable sur le bord de la Lune); en même temps le croissant se dilata dans le sens de l'épaisseur, sa convexité parut plus marquée, sa concavité parut s'aplatir, et, ce qu'il y a de plus re- marquable, c'est que ce phénomène, noté par les observateurs qui avaient l'œil à la lunette à cet instant, se reproduisit exactement sur l'empreinte photographique correspondante. On ne saurait donc en douter. Attribue- rons-nous ces singuliers effets au passage de quelque nuage? Cela n'est pas possible, car, d'après les épreuves photographiques, l'action d'un nuage se réduit à affaiblir la lumière sans déformer l'image ; on sait d'ailleurs que les nuages ne réfractent nullement les rayons lumineux. Il ne reste donc qu'à invoquer l'action d'une enveloppe gazeuse autour de la Lune, idée qui se présenta spontanément à l'esprit des observateurs, ou plutôt l'action de notre propre atmosphère sur laquelle le phénomène suivant va nous forcer à re- venir. » Lorsque le croissant fut réduit à une minceur extrême dont les pho- tographies ci- jointes donnent l'idée, apparurent sur le sol ces franges éton- nantes, après lesquelles les enfants couraient en 1842, et dont Arago avait recommandé l'observation avec tant d'insistance en 1846. Sur ce point, comme sur tous les autres, la Commission algérienne était prête ; une grande feuille de papier blanc avait été d'avance fixée à une des parois de la baraque photographique, et le capitaine Mannheim guettait l'apparition (1). Une mi- nute environ avant l'obscurité totale, ces franges se montrèrent en effet; elles étaient incolores, rectilignes, parallèles entre elles et se mouvaient dans le sens perpendiculaire à leur longueur. Espacées d'abord de 1 décimètre, elles se (1) M. Mannheim, distrait parles observations météréologiques, n'a pu observer la re- production des franges au retour du Soleil, mais les deux phases du phénomène ont été observées ailleurs. C. R., 1860, îm« Semestre. (T. M, N<> 26.) J33 (996) resserrèrent ensuite, en augmentant de vitesse. M. Mannheim eut l'heureuse idée de mesurer leur inclinaison; elle était de 49° 46'. ^'us tard, dit M. Laus- sedat, on a reconnu, d'après les épreuves photographiques, que cette direc- tion était sensiblement celle de la tangente an disque lunaire, au point du premier contact intérieur. Ce beau phénomène, dont les observateurs n'ont pas été frappés en Espagne, a été général, au contraire, en Algérie, où, pour toute différence, on peut dire que l'angle du cône d'ombre avec l'horizon était plus faible de io à i3°. On l'a vu à Constantine, à Djigelli, à Biskra, même à Berne où l'éclipsé n'a pas été totale. Les rassemblements d'Arabes en rendaient l'apparition plus saisissante à cause de leurs burnous blancs sur lesquels couraient ces lignes obscures. Voilà certainement l'observation la mieux faite, la plus complète que nous possédions sur ces apparitions singulières qu'il est impossible de ne pas considérer comme un vaste système d'interférences. N'oublions pas que les franges se sont montrées, non-seu- lement en 1860, mais aussi en i85i, en 1842 et même avant 1842, en sorte qu'elles constituent, par leur constance, un des traits les plus caractéristi- ques de toutes les éclipses où le croissant solaire est réduit à une extrême minceur. » Nous n'insisterons pas sur l'auréole striée ou rayonnée qui apparut à l'instant de l'obscurité totale, car l'Académie se rappelle encore le curieux dessin de M. Laussedat, et l'aigrette en forme de panache recourbé qui frappa alors tous les yeux. L'obscurité ne fut pas bien profonde, el pourtant on reconnut à l'œil nu les quatre planètes Mercure, Vénus, Jupiter et Saturne, et cinq ou six étoiles brillantes. Ces mentions sont loin d'être superflues; une des choses qui ont le plus frappé M. Airy en Espagne, c'est d'avoir vu briller avec tant d'éclat Jupiter et Procyon auprès du Soleil. » -La polarisation de l'auréole, ce caractère optique auquel Arago attachait tant d'importance, a été constatée à Batna. M. Bour avait eu soin de rechercher dans l'atmosphère, peu de temps avant la totalité, quelques traces de lumière polarisée : il n'en trouva pas; mais, à l'ap- parition de l'auréole, tous les polariscopes en donnèrent des indices irré- cusables. On s'efforça de déterminer la direction moyenne du plan de po- larisation : elle était inclinée à l'horizon de 1 5 à ao°. En Espagne, au con- traire, où l'auréole paraît avoir été plus régulière, le plan de polarisation était, d'après M. Prazmowski, partout normal au disque de la Lune. « Quant aux protubérances, l'observateur habile qui s'était chargé d'en déterminer la situation s'est tellement laissé absorber par ses mesures qu'il n'a pu donner de détails précis sur leur hauteur et leur configuration. Il paraît qu'elles formaient sur l'auréole des teintes plaies faiblement rosées ; ( 997 ) leurs bords étaient des lignes perpendiculaires au disque de la Lune comme les rayons de l'auréole elle-même. Cette description nous ayant inspiré des doutes, nous avons prié l'auteur de soumettre à quelques épreuves la lunette dont il s'était servi. D'après ces vérifications, sa lunette est sensiblement achromatique dans toute l'étendue du champ; elle ne déforme pas les images vers les bords; d'ailleurs elle était bien au point pendant toute la durée du phénomène, et la manœuvre des verres colorés, qu'il a fallu écar- ter pendant l'obscurité, ne pouvait altérer cette mise au point. Reste la possibilité d'un éblouissement, d'une fatigue de l'œil de l'observateur pour expliquer les différences que l'on ne manquera pas de remarquer entre la description de M. de Salicis et celles de tous les observateurs du même phé- nomène, soit en Amérique, soit en Espagne, soit en Ethiopie. Il est bon d'ajouter ici que M. de Salicis était parfaitement préparé, puisqu'il avait déjà observé à Toulon, avec le commandant. Bérard, les protubérances et l'au- réole de 1 84*2, et à cette occasion nous rappellerons une autre différence non moins frappante : l'auréole vue à Toulon, en 1842, semblait tourner comme un feu d'artifice, tandis qu'elle était parfaitement immobile à Batna, en 1860. » Le dernier fait que nous ayons à signaler est bien remarquable, mais aussi bien embarrassant pour certaines théories et certaines hypothèses. MM. Bour et Mannheim ont vu, l'un à l'œil nu, l'autre avec une lunette, un point lumineux sur le disque même de la Lune. C'est une reproduction du phénomène qui avait si vivement frappé l'amiral Ulloa et ses compagnons en 1778, et M. Valz en 1842. Chose remarquable, les relations des deux observateurs algériens, lorsqu'elles furent mises en regard l'une de l'autre, présentaient un désaccord complet : l'une plaçait à droite ce que l'autre mettait à gauche. Mais on ne tarda pas à reconnaître que le désaccord tenait à la présence d'un prisme placé dans la lunette dont se servait M. Bour. En tenant compte du jeu de ce prisme, les deux relations devinrent identiques. On verra sans doute dans cette discussion, et dans la solution qui la termina, un motif de confiance d'autant plus précieux que le phénomène en ques- tion a été plusieurs fois traité de pure illusion. Citons encore à ce sujet la déclaration formelle de M. Mannheim : il a vu ce point brillant s'allonger pour sortir du disque et aller se confondre avec les rayons de l'auréole. Avant de porter un jugement sur de pareils faits, il conviendra de les rap- procher de l'observation du savant directeur de l'observatoire de Mar- seille. » Notre Rapport serait incomplet si nous y omettions l'influence que l'éclipsé a exercée sur les êtres animés en Algérie. M. Laussedat avait in- ï33.. (99») téressé à ce sujet plusieurs officiers et sous-officiers de la garnison ; aussi est-il parvenu à obtenir des renseignements curieux qui s'étendent aux végétaux, aux insectes, aux reptiles, aux oiseaux et aux quadrupèdes. « Les animaux inférieurs, tortues, grenouilles, etc., ont paru complète- ment insensibles. Parmi les animaux supérieurs, les singes y compris, ceux qui ont pour ainsi dire remis leur sort entre les mains de l'homme n'ont rien éprouvé. Les oiseaux apprivoisés se sont préparés pour le sommeil de la nuit. Seuls les animaux sauvages ont manifesté du trouble ou de l'effroi. L'instinct, non oblitéré chez eux, les avertissait qu'il se passait quelque chose d'insolite et que la nuit ne venait pas à son heure ordinaire. Les plantes montrèrent combien est rapide l'action de la lumière qu'elles re- çoivent comme par une sorte de sens diffusé dans leurs corolles, car, malgré la courte durée de l'obscurité, on vit les daturas, les volubilis, les pavots, les bel!es-de-nuit, qui s'étaient tenus fermés au Soleil, se rouvrir à demi pendant l'éclipsé totale. » Mais c'est surtout à l'impression produite sur les hommes que l'on aime à s'arrêter, à cause de l'élément moral qui y prédomine. En Algérie surtout, on ne pouvait négliger l'effet produit sur des races si différentes de la nôtre. Les Arabes accueillirent d'abord la nouvelle de l'éclipsé avec incrédulité; quand ils virent que la prédiction se réalisait, ils se retranchè- rent dans une indifférence affectée. Évidemment il s'agissait pour eux de ne pas se montrer inférieurs. Mais il ne faudrait pas s'en trop rapporter à cette attitude, commandée, en quelque sorte,' par la présence des Euro- péens. L'impression n'en a pas moins été réelle et profonde; on en jugera par ce qui s'est passé près de Constantine. Un marabout en grand renom, hostile à la France, avait déclaré que la prédiction des chrétiens ne se réaliserait pas, qu'il n'y aurait pas d'éclipsé. L'éclipsé arriva pourtant, et à l'heure dite. Les regards se tournent vers le marabout; mais le charlatan paye d'audace: Mon triomphe n'en sera que plus éclatant, dit-il; vous verrez que le Soleil ne sera pas entièrement couvert; il ne cessera pas de bnlier. L'éclipsé totale arrive, et alors les Arabes détrompés, furieux, de chasser leur marabout à coups de pierres. Voilà une impression ineffa- çable désormais; elle est due à la science; elle est tout à l'avantage de la civilisation. » Les femmes, qui n'avaient pas leur dignité à sauvegarder et qui d'ail- leurs conservent les vieilles traditions bien mieux que les hommes, montrè- rent la plus vive émotion. Elles sortirent de leurs demeures en poussant de grands cris; elles organisèrent avec des chaudrons un véritable charivari, «fin d'effrayer le mauvais génie qui menaçait d'engloutir le Soleil, ce dragon ( 999 ) noir qu'on retrouve si souvent dans l'histoire des éclipses antiques, et dont l'astronomie moderne n'a pas complètement répudié le souvenir, car il sub- siste encore dans certaines expressions techniques, dans certains symboles journellement usités (i). Ainsi nous retrouvons dans un village nègre cette antique tradition du dragon des éclipses; pour eux les astres sont encore à portée de la voix. » Ce qui nous a particulièrement touché, c'est de voir les femmes arabes saluer la réapparition du Soleil par ce même cri de joie si bizarre- ment modulé (you-jou) et ce même geste de la main frappant la bouche, avec lesquels les femmes maronites saluent les soldats français, à chaque étape de notre glorieux drapeau. » En résumé, Messieurs, votre Commission se plaît à constater devant vous le succès de l'expédition algérienne. Cette expédition a exercé une influence salutaire sur l'esprit des Arabes; elle fait honneur au Ministre qui l'a or- donnée (2), au général commandant l'École qui l'a patronée, à l'École elle- même qui en a fourni le personnel et les instruments, et aux officiers supé- rieurs qui lui ont prêté en Algérie un si puissant appui. Les registres et les calculs de l'auteur du Mémoire donnent tous les renseignements que nous pouvions désirer; les observations astronomiques nous paraissent parfaite- ment conduites ; elles joueront certainement un rôle important dans le calcul général de cette mémorable éclipse, et les faits si curieux, si bien observés, dont nous avons voulu donner une idée nette dans ce Rapport, n'auront pas moins d'importance, malgré quelques lacunes, pour les théo- ries physiques qui s'y rattachent. Aussi proposerions-nous, sans hésiter, l'insertion du Mémoire de JVÏ . Laussedat dans le Recueil destiné aux savants étrangers, si nous n'avions appris que ce Mémoire doit être l'objet d'une publication spéciale. Nous prierons du inoins l'Académie d'adresser des remercîments à l'auteur du Mémoire et à ses collaborateurs pour leur im- portante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées. ASTRONOMIE. — Sur les franges a" interférence qui se sont montrées en Algérie pendant l'éclipsé du 18 juillet; par M. Faye. « Une des observations les plus curieuses et les plus complètes de la Commission algérienne, celle des franges si bien décrites par M. le capitaine (1) Par exemple le terme de révolution draconitique, et les signes, ici un peu altérés, du nœud ascendant et du nœud descendant Q,,%$. (2) M. le Maréchal Randon, Ministre de la Guerre. ( IOOO ) Mannheim, jette, à mon avis, un grand jour sur la constitution du cône d'ombre des éclipses totales, en montrant que ce cône d'ombre se revêt extérieurement, dans son trajet à travers Vatmosphère, d'une vaste enve- loppe continue de franges d'interférences entièrement dues an phénomène de mirage oblique que j'ai signalé en x85o dans les éclipses. Comme il s'agit ici d'une opinion particulière, il ne pouvait en être fait mention dans le Rapport précédent. » Voici les faits relatifs à l'observation de Batna : » Le cône d'ombre se trouvait à peu près dans le premier vertical et était incliné de 4»° sur l'horizon ; sa trace sur le sol marchait dans l'azimut de 46° compté du sud vers l'est, avec une vitesse de iooo mètres par seconde. » La direction des franges était, d'après la remarque de la Commission algérienne, sensiblement parallèle à la tangente au disque lunaire au point du premier contact intérieur. Comme Batna se trouvait très-près de la ligne centrale de l'éclipsé, j'en conclus que les franges devaient être parallèles au mince croissant solaire à l'instant où elles apparurent (i), c'est-à-dire une minute environ avant le premier contact intérieur, et pendant toute l'apparition. » Et comme l'inclinaison de ces franges formées sur le plan du méridien avait |f pour tangente, l'azimut des franges horizontales devait être de 54°, en comptant du nord vers l'est. » Au contraire, la direction du vent était de 4^° du sud vers l'ouest, et sa vitesse était d'environ io mètres par seconde, car les registres météo- rologiques le qualifient de jolie brise. » i°. Il résulte de là que le phénomène des franges n'a aucun rapport avec le vent. Le vent, en effet, par une circonstance fort heureuse ici, soufflait dans une direction presque parallèle aux franges, et ne pouvait, par consé- quent, les déplacer perpendiculairement à leur direction. Il les eût plutôt fait, marcher en sens inverse du sens réellement observé. D'ailleurs le vent s'est calmé aux approches de la totalité, tandis que le mouvement des franges allait en s'accélérant. » 2°. Quand bien même la diffraction que la lumière du Soleil subit néces- sairement en rasant les bords de la Lune pourrait projeter des franges sur le sol, ces franges suivraient l'ombre géométrique de la Lune avec une vi- tesse de iooo mètres à la seconde, et ne pourraient être aperçues. (i) Il esta remarquer toutefois que le croissant solaire avait alors près d'une demi-minuie d'épaisseur. Les franges se resserraient à mesure que le croissant devenait plus mince. ( IOOI ) » 3°. Ce ne peut être, comme Arago inclinait à le croire, un phéno- mène de scintillation ordinaire (i); car les astres scintillent peu à [\o° au- dessus de l'horizon, et d'ailleurs cela n'expliquerait ni la régularité des franges, ni la régularité de leur mouvement de translation. » 11 ne reste, je crois, qu'un seul moyen de rendre compte de ce phé- nomène si remarquable par sa généralité et par son effet pittoresque : c'est de revenir à la constitution du cône d'ombre dans l'atmosphère ter- restre que j'ai décrite en i85o, et que les observations de la Commission brésilienne pour l'éclipsé du 7 septembre i858 paraissent avoir pleine- ment confirmée (séance du 29 novembre dernier, p. 769). » Cette fois l'abaissement thermométrique a été de io° en Algérie; quelque temps avant la totalité, la température de la couche inférieure de l'atmosphère, à im,5o au-dessus du sol, baissait de o°,7 par minute, malgré le vent qui soufflait encore. Il est bien vrai qu'en Espagne le refroidissement a paru moindre en plusieurs stations; mais je ne sache pas qu'on y ait ob- servé les franges. » D'après la discussion des observations méridiennes du Soleil (2), j'avais pensé, en i85o, qu'en pénétrant dans l'atmosphère le cône d'ombre devait refroidir les couches d'air jusqu'à une grande distance. A on instant donné, la température de chaque couche devait aller en décroissant horizontale- ment vers le centre du cône. Si nous négligeons la variation verticale des densités qui ne produit que la réfraction ordinaire, pour nous attacher exclusivement à cette variation horizontale, on pourra, disais-je, considérer l'action du cône d'ombre comme ayant pour résultat de former dans l'at- mosphère de vastes couches coniques de densités croissantes vers l'intérieur, c'est-à-dire de donner à l'atmosphère une constitution éminemment propre à produire le mirage, non plus le mirage ordinaire dans le sens horizontal, mais un mirage oblique, parallèlement aux parois du cône d'ombre. » Cela posé, un plan quelconque, le sol par exemple, recevra en chacun de ses points les rayons émanés directement du Soleil, et d'autres rayons, (1) M. Arago disait, en t845 (annuaire du Bureau des Longitudes pour 1846, p. 40OJ '■ « Quoi qu'il en soit, on ne pourrait aujourd'hui entreprendre l'explication minutieuse de ces phénomènes que d'une manière conjecturale. » S'il est permis aujourd'hui d'aller plus loin, nous le devons aux recherches de M. Arago lui-même et surtout aux observations si précises et si décisives de l'expédition algérienne. (2) mémoire sur les déclinaisons des étoiles fondamentales et sur les mesures du diamètre du Soleil, Ie partie [Comptes rendus, i85o, t. XXXI, p. 6 {3). ( 1002 ) d'intensité précisément égale, qui auront traversé des couches plus éloi- gnées de l'axe du cône d'ombre, mais qui auront été ramenés vers les pre- miers par une sorte de réflexion totale, en vertu du mirage ci-dessus indi- qué. Lorsque le croissant solaire sera devenu suffisamment mince, la diffé- rence des chemins parcourus par ces deux sortes de rayons pourra donc donner lieu à la production de franges d'interférence alternativement som- bres et brillantes, dont l'écartement proviendra sans doute de l'échelle con- sidérable sur laquelle s'accomplit le phénomène. Et comme il faut un temps appréciable pour que les couches d'air, privées de soleil en tout ou en partie, perdent leur chaleur par rayonnement, on comprend que le refroidisse- ment de l'air ne marchera pas aussi vite que le cône d'ombre lui-même, et que les franges, tout en se mouvant dans le sens de l'ombre, n'avanceront pas avec la même vitesse. » Bien que ce phénomène doive se produire dans tous les cas de mirage terrestre, pourvu qu'il s'y présente une ligne lumineuse d'un éclat suffi- sant (i), on peut dire que l'enveloppe de franges qui accompagne le cône d'ombre des éclipses solaires est le spécimen d'interférences le plus grandiose que la nature puisse nous offrir. J'ajouterai que ce beau phénomène dé- montre en même temps la réalité de la constitution propre au mirage que j'ai assignée, en i85o, au cône d'ombre dans l'atmosphère, d'après des ana- logies très-réelles, mais qui auront pu paraître autrefois peu saisissables. » physique. —Rapport verbal de M. Pouiixet sur un ouvrage de M. Baumhauer, intitulé: Mémoire sur la densité, la dilatation, le point d'ébullition et la force élastique de la vapeur de l'alcool et des mélanges d'alcool et d'eau; communiqué dans la séance de l'Académie royale des Sciences d'Amsterdam, Section des Sciences exactes, du 27 mai 1860, et publié pat- cette Académie. « L'ouvrage de M. Baumhauer se recommande par un grand nombre d'expériences très-bien faites sur tous les sujets indiqués dans le titre, et il (1) M. Ch. Dufbnr a cité, en i852, un mouvement ondulatoire qu'il a vu se produire, sur le plancher de sa chambre, au moment du lever du Soleil derrière une des cimes des Alpes. Il serait facile, d'ailleurs, de procéder expérimentalement en recevant sur un écran les rayons d'une fente lumineuse placée à l'extrémité d'un tube plein d'air dont les parois planes et opposées seraient maintenues à des températures différentes. ( ioo3 ) a de plus un véritable intérêt de circonstance, puisqu'il se rapporte à une question importante dont s'occupe l'une des Commissions de l'Académie. » Dans une communication antérieure, M. Baumhauer nous avait déjà annoncé les résultats auxquels il était parvenu sur la densité de l'alcool anhydre et sur les densités des mélanges alcooliques: par une comparaison, un peu trop précipitée, qu'il avait faite de ses nombres avec ceux qui se trouvent dans mon Mémoire sur cette matière, publié en juillet i85o,, il avait cru voir des dissidences considérables qu'il s'était empressé de signaler à l'Académie d'Amsterdam le 7.5 février 1860, et à notre Académie le 19 mars suivant [voyez les Comptes rendus de nos séances, t. L, p. 5g 1). » Mais un «examen plus attentif n'a pas tardé à lui faire reconnaître en quoi sa comparaison était défectueuse, et son Mémoire nous apprend enfin que sur tous les points ses nombres coïncident avec ceux de Lowitz, de Gilpin et de Gay-Lussac, dont j'avais démontré l'admirable concordance dans le Mémoire qui vient d'être rappelé. » Pour rendre hommage au mérite et à la loyauté de M. Baumhauer, je ne saurais mieux faire que de rapporter ici le texte même de sa Préface, qui contient de plus quelques détails historiques intéressants. « Le Ministre des Finances ayant consulté, en date du 10 juin 1857, » l'Académie (d'Amsterdam) sur les plaintes de quelques distillateurs par » rapport a" la manière de taxer et de réduire la liqueur fermentée en » alcool de io° du pèse-liqueur Néerlandais à 55° Fahrenheit, elle nomma * à ce sujet une Commission composée de MM. R. Van Rees, G. J. » Mulder et A. H. Van der Boon Mesch, qui soumit à sa délibération, » dans sa séance du 18 novembre j 867, une réponse au Ministre, ayant » principalement rapport au pèse-liqueur et aux Tables de réduction qu'on » doit consulter en employant ce pèse-liqueiir. M. Mulder y ajouta une « Note pour appeler l'attention de l'Académie sur ces Tables Néerlandaises, » qui sont basées sur les expériences de Gilpin, faites entre 1790-1794, » et calculées par Tralles, et exprima un doute sur l'exactitude des cal- » culs de Tralles, parce que Gilpin avait expérimenté avec un alcool non » absolu, de la densité de o,8a5, et que Tralles, sans faire de nouvelles » déterminations, avait seulement calculé la quantité d'alcool absolu con- » tenu dans l'alcool de Gilpin ; cette méthode de calcul ne parut pas mé- » riter une confiance absolue à M. Mulder. Pour donner une base fixe à » la loi sur les liqueurs distillées, M. Mulder engagea l'Académie à pro- » poser au Gouvernement la nomination de trois experts, qui, sous la di- C R., 1860, 2e Semestre. (T. Ll, N° 2G.) I 34 ( ioo4 ) » rection de Commissaires'nommés par elle, seraient chargés de faire tontes » les expériences, non-seulement avec des mélanges alcooliques très-dilués, » les seuls dont parlait la lettre du Ministre, mais avec toutes sortes de » mélanges d'alcool et d'eau. Cette proposition importante de M. Mulder » resta sans effet, et comme le Gouvernement vient de proposer aux Cham- » bres une nouvelle loi sur les liqueurs alcooliques, j'ai cru de mon de- » voir, avec le concours de mon ami et ancien préparateur M. Van « MOORSEL, chargé maintenant des analyses chimiques pour l'Administra- » tion de l'Octroi à Amsterdam, une série d'expériences, dans le but de » faire disparaître l'incertitude sur la densité de l'alcool absolu et sur la » quantité d'alcool contenue dans les mélanges d'alcool et. d'eau d'une » densité définie. On trouvera le résultat de ces expériences dans ce » Mémoire ; j'y ai ajouté un résumé historique de celles de nos devanciers, « afin de pouvoir comparer leurs résultats avec les nôtres. » Dans la séance du 25 février 1860, j'ai communiqué une partie de nos » expériences, et j'y ai comparé la densité des mélanges en volume de » 5 en 5 pour 100, avec celles que M. Pouili.et avait calculées sur les » expériences de Gilpin et de Gay-Lcssac, et communiquées dans son » Mémoire : Sur la densité de t alcool el des mélanges atcooliques, lu dans la » séance du 16 mai i85g de l'Académie des Sciences de Paris. Cette cora- il paraison, qui indiquait des différences considérables, n'était pas juste. » Les chiffres de M. Pouillet marquaient la quantité de volumes d'alcool » absolu contenus dans 100 volumes d'un mélange d'une densité définie ; » mes chiffres, au contraire, indiquaient que x volumes d'alcool et 100 — x. » volumes d'eau donnent un mélange de la densité indiquée. Il est clair » que, par la contraction bien connue entre l'alcool et l'eau, cette compa- » raison ne pouvait être juste; au reste, en calculant nos résultats de la » même manière que M. Pouillet l'a fait pour ceux de Gilpin, nous » obtenons une concordance presque absolue; l'Académie voudra bien » me pardonner l'erreur que j'ai commise. » • « Le Mémoire de M. Baumhauer contient cinq chapitres : » Chap. Ier. Densité de l'alcool absolu. » Chap. IL Sur la densité des mélanges d'alcool et d'eau. » Chap. III. De la dilatation par la chaleur de l'alcool absolu et des mélanges d'alcool et d'eau. » Chap. IV. Point debullition de l'alcool absolu et des mélanges d'al- cool et d'eau. ( joo5 ) » Chap. V. Détermination de la quantité d'alcool dans les mélanges par la force élastique de la vapeur. » Dans le premier chapitre, M. Baumhauer, après avoir rassemblé et discuté toutes les recherches antérieures qui sont venues à sa connais- sance sur la densité de l'alcool absolu ou supposé tel, après avoir expliqué en détail les méthodes dont il a fait usage, et donné les nombres définitifs auxquels il est parvenu après toute correction, savoir : 0,70406 ire série ),.,.„ , „ ; - , . f densités a io°, rapportées a 1 eau au maximum, 0,79415 2e série ) r conclut ainsi : o Tl ne peut exister de doute sur la densité de l'alcool ab- » solu, elle ne peut différer notablement de 0,79,40 a i5°, comparée à l'eau » au maximum. » » Cette conclusion de M. Baumhauer et ses résultats donnent donc une nouvelle force à celle que j'avais exprimée en ces termes, dans le Mémoire de 1 85g : a Après cette longue discussion et les expériences qui la termi- » nent, je conclus, avec la plus entière conviction, que les expérimenta- » teurs qui ne retombent pas sur les nombres de Lovvitz et de Gay-Lussac » pour la densité de l'alcool, doivent supposer hardiment qu'ils se trom- » pent, qu'il y a quelque méprise sur la nature du liquide, ou quelque » cause d'erreur dans la méthode d'observation. » [Mémoires de l'Académie des Sciences't. XXX, p. 4^5.) » Dans le deuxième chapitre, M. Baumhauer a pareillement rassemblé et discuté toutes les recherches antérieures sur les mélanges alcooliques, il a exposé minutieusement toutes les précautions qu'il a prises, tant pour la composition de ses mélanges que pour la détermination de leurs densités à la température de i5°, et il a fait surtout avec beaucoup de soin la com- paraison de ses nombres avec ceux de Gilpin et de Gay-Lussac. On com- prend combien il est indispensable de reproduire ici cette comparaison, puisqu'elle doit être substituée à celle du ro, mars 1860 (Comptes rendus, t. L, p. 5gi), qui pourrait induire gravement en erreur si elle n'était pas rectifiée. » Dans le tableau ci-dessous, pour plus de simplicité, je conserve les densités de Gay-Lussac et de Gilpin rapportées à l'eau à i5°, mais en in- scrivant dans la première colonne les observations originales de M. Baum- hauer qui sont rapportées à l'eau au maximum (p. ai de son Mémoire), je les transforme dans la deuxième colonne pour les rapporter à l'eau à 1 5°, afin de les rendre immédiatement comparables à celles de Gay-Lussac et de Gilpin. Les cinquième, sixième et septième colonnes présentent les i34.. ( 1006 ) différences entre Gay-Lussac et Gilpin, Gay-Lussac et Baumhauer, et Gil- pin et Baumhauer. o ° o « y o s? a "2 S ■"! - s s •W 0 g •= DENSITÉS A i5° rapportées à l'eau à i5°. DIFFÉRENCES Q o g Q "O 5 <£ a -« S Q " Baumhauer. Gilpin. Gilpin et Baumhauer. Baumhauer. Gay-Lussac. Gay-Lussac et Gilpin. Gay-Lussac et Baumhauer. 100 o,794l o,7948 o,7947 » » O,000I » 95 0,8089 0,8096 o,8og3 » » 0 , ooo3 » 90 o,8225 o,8232 0,8232 0,8232 0 , 0000 0 , 0000 0 , 0000 85 o,8357 o,8364 0,8363 0,8362 0,0001 0,0001 0 , 0002 80 0,8484 0,8491 0,8488 0,8487 0,0001 o,ooo3 0,0004 75 0,8602 0,8610 0,8610 0,8608 0,0002 0 , 0000 O , 0002 70 0,8720 0,8728 0,8729 0,8727 0,0002 0,0001 0,0001 65 o,8838 0,8846 0,8847 o,8845 O,O002 0,0001 0,0001 60 0,8954 0,8962 0,8963 0,8962 0,0001 0,0001 0,0000 55 0,9068 0,9076 0,9077 0,9075 0,0002 0,0001 0,0001 5o o,9i79 0,9187 0,9188 0,9187 0,0001 0,0001 0 , 0000 45 0,9288 0,9296 0,9296 0,9295 0,0001 0 , 0000 0,0001 40 0,9387 o,9395 0,9398 o,9397 • 0 , 000 I 0 , ooo3 0,0002 35 0,9482 o,9490 o,9493 o,9492 0,0001 o,ooo3 0,0002 3o 0,956g o,9577 0,9578 0,9578 0 , 0000 0,0001 0 , 000 I 25 0,9642 0,9650 0,9652 0,9653 f 0,0001 0,0002 o,ooo3 20 0,9706 0,9715 » 0,9721 » » 0 , 0006 i5 0,9766 0,9775 » 0,9776 » g 0,0001 10 o,g83o 0,9839 » 0,9840 » » 0,0001 5 0,9903 0,9912 » 0,9913 » » 0,0001 » On voit que l'accord est complet, car les différences sont en général comprises entre 2 et 3 dix-millièmes. » Sur ce point, mon Mémoire de 1859 se termine par cette conclusion [Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXX, p. 458) : « Les densités des mélanges alcooliques qui servent de base au tarif des » droits établis sur les liqueurs spiritueuses, sont déterminées avec assez n de précision pour qu'il n'y ait aucun motif de procéder à de nouvelles » recherches sur ce sujet. » » Je dois le dire, je regretterais infiniment que ces paroles eussent arrêté le zèle de M. Baumhauer, j'applaudis autant que personne à l'habileté dont il a fait preuve: ce n'est pas que son remarquable travail ajoute quelque chose à mes propres convictions ; mais des recherches moins heureusement ( !«'>7 ) conduites auraient pu soulever de nouveaux doutes, tandis que celles-ci, il faut l'espérer, parviendront à vaincre jusqu'aux derniers scrupules que l'on pourrait conserver encore, sur ce point délicat et tant controversé de- puis plus d'un demi-siècle. » Il n'importe pas seulement que les véritables bases de l'alcoométrie soient solidement établies, il importe aussi que tout le monde en reconnaisse la parfaite solidité. » Ici se termine la question qui intéresse à la fois la science et les admi- nistrations financières; sur les autres chapitres du Mémoire de M. Baum- hauer, je me bornerai à dire qu'ils renferment des expériences faites avec le même soin que les précédentes et des appréciations judicieuses sur les travaux antérieurs qui s'y rapportent. » MÉMOIRES LUS ANTHROPOLOGIE. — Sur les races de t'Océanie française, et sur celtes delà Nouvelle- Calédonie en particulier ; par M. A. Bourgarel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire, J. Cloquet.) « Les Néo-Calédoniens ont une taille de im,67o environ et un système musculaire peu développé ; la couleur de leur peau varie du chocolat au jaune olivâtfe foncé; ils ont les cheveux noirs, floconneux et crépus, la barbe noire, le crâne aplati en travers, le front étroit, bombé et fuyant, les yeux ovales enfoncés sous des arcades orbitaires proéminentes et dirigés horizontalement, le nez large, épaté, les pommettes saillantes, les lèvres épaisses bordant une bouche large de 6 centimètres, les dents blanches et fortes, mais proclives, le menton arrondi, l'oreille longue et écartée du crâne; la poitrine est longue et étroite, il en est de même du bassin; le ventre est un peu gros, les reins sont très-cambrés. » Telle est la description la plus générale que l'on puisse donner des naturels de la Nouvelle-Calédonie; mais il suffit de passer quelques jours dans cette île pour reconnaître qu'elle n'est pas habitée par une race uni- que, mais bien par deux variétés distinctes, dont l'une a la peau presque noire, les cheveux courts et très-crépus, le crâne allongé et aplati en tra- vers, la face très-développée, surtout en largeur, les membres grêles et dis- proportionnés, le pied long et plat, et me paraît représenter le véritable type nègre océanien : je la désignerai sous le nom de variété noire ; l'autre a la peau jaune-olivâtre, les cheveux plus longs et moins crépus, une sta- ( ioo8 ) ture plus élevée, le crâne moins allongé et plus large en arrière, la face moins développée, les membres mieux proportionnés au reste du corps, se rapproche des Polynésiens et n'est peut-être que le produit d'un croise- ment entre le type nègre océanien et le type polynésien ou le type malais : je lui donnerai le nom de variété jaune. » La forme du crâne du Néo-Calédonien est plus allongée que dans la race caucasique, et ne présente plus l'aspect d'un ovoïde à grosse extrémité postérieure; le frontal est bombé et souvent très-fuyant, il est fort étroit et séparé de la fosse temporale par une crête très-saillante; les apophyses or- bitaires externes présentent un grand développement en rapport avec celui des arcades orbitaires, qui sont beaucoup plus épaisses que dans notre race. La suture sagittale est élevée, et on voit de chaque côté, entre elle et la ligne courbe temporale, un enfoncement assez profond quelquefois et qui semble résulter du soulèvement exagéré de la partie moyenne de la voûte ; les deux lignes courbes temporales sont très-rapprochées et très- apparentes. » La circonférence du crâne a environ 2 centimètres de moins que chez l'Européen, le frontal est très-étroit en haut et acquiert relativement plus de largeur au niveau des apophyses orbitaires externes, qui cependant pren- nent moins de part que chez l'Européen à la formation de la paroi externe de l'orbite; le diamètre temporal et le diamètre pariétal ont peu de largeur, le diamètre zygomatique est très-large, l'arcade du même nom est très-épaisse et forme une fosse temporale très-profonde; le diamètre vertical du crâne a un peu plus de hauteur que chez l'Européen, et le diamètre occipito-frontal est à peu près le même dans les deux races. Les Néo-Calédonienssont donc doli- chocéphales à cause de l'étroitesse des diamètres transverses; mais la me- sure la plus importante, c'est assurément celle de la capacité intérieure du crâne, car elle résume pour ainsi dire toutes les précédentes; elle n'est que de 1407 centimètres cubes, c'est-à-dire inférieure de 100 centimètres cubes environ à celle de l'Européen. » L'extrémité postérieure du crâne a peu de largeur. La tête placée sur un plan horizontal prend quelquefois son équilibre en arrière, et souvent l'équilibre est indifférent. Les parties qui environnent le trou occipital sont plus bombées que chez l'Européen, et le trou lui-même est situé plus en arrière; le conduit auditif a suivi le mouvement rétrograde du trou occi- pital et l'a même exagéré, car une ligne droite menée de la partie posté- rieure d'un conduit auditif à l'autre passe en moyenne à 5 millimètres en arrière du bord antérieur du trou occipital, et quelquefois dans la va- ( !°09 ) riété noire à i et même i centimètres en arrière de ce bord, au lieu de passer sur ce bord lui-même, comme dans les autres races : je ne crois pas que ce caractère ait été déjà constaté sur aucune race humaine. » L'angle facial, mesuré au-dessous de l'épine iliaque antérieure, est de 74°, et diffère à peine dans les deux variétés; il en est de même de l'angle mesuré au niveau de l'angle antérieur et postérieur du maxillaire, et qui est seulement de 65° : j'ajouterai seulement que ces deux angles ne sont pas sen- siblement plus ouverts chez le Polynésien. Ce qui frappe au premier abord dans la face du Néo-Calédonien, c'est la saillie et le développement trans- versal des pommettes, en rapport avec l'étendue du diamètre zygomatique et la largeur des cavités naturelles ; les os du nez sont comme rentrés au- dessous du frontal, aplatis, et forment souvent une courbe à concavité di- rigée en haut et en avant. Le prognathisme du maxillaire supérieur est très- prononcé, moins cependant que chez l'Éthiopien, et les dents sont peu proclives; la voûte palatine a plus de longueur et de profondeur que chez l'Européen, et l'orifice postérieur des fosses nasales est plus oblique en bas et en avant. Le corps du maxillaire est un peu plus long que chez ce der- nier, mais la conformation générale du maxillaire est à peu près la même que chez l'Européen, et ne présente jamais cette sorte de courbure avec ab- sence de l'angle formé par le corps et la branche montante, et que l'on ren- contre quelquefois chez le Polynésien; les condyles sont très-larges, et l'apophyse coronoïde offre un développement en rapport avec la profondeur de la fosse temporale, la courbure et l'épaisseur de l'arcade zygomatique. » Le rapport de la longueur de l'humérus à celle du cubitus est à peu près le même que chez l'Européen, le tibia présente une courbure à con- vexité dirigée en avant comme chez le nègre, et le calcanéum fait une saillie très-marquée, enfin le bassin est moins large que chez l'Européen. » La tête osseuse du Polynésien diffère sous beaucoup de rapports de celle du Néo-Calédonien, et quoiqu'il ait le crâne aussi étroit en avant que ce dernier, le Polynésien présente en arrière des diamètres transverses beau- coup plus étendus, celui des bosses pariétales surtout : aussi le crâne a-t-il la forme d'un ovoïde à grosse extrémité postérieure, et si on le place de ma- nière à pouvoir prendre la norma verticalis de Blumenbach, on voit que le maxillaire supérieur seul fait une saillie très-notable; la voûte est plutôt en toit de cabane qu'en dos d'âne, et on remarque presque toujours une dé- pression vers la partie moyenne de la suture sagittale; les parties qui envi- ronnent le trou occipital sont moins bombées, et ce trou lui-même est situé un peu plus en avant que chez le Néo-Calédonien ; enfin la capacité inté- ( IOIO ) rieure du crâne est de i448 centimètres cubes au lieu de 1^07 centimètres cubes. Les arcades zygomatiques ont moins d'épaisseur et sont moins éloi- gnées du crâne, aussi les pommettes ont moins de largeur; le nez est sim- plement aplati, et les arcades orbitaires ne sont pas très-épaisses ; les cavités orbitaires ont leurs deux diamètres à peu près égaux comme chez l'Euro- péen, le prognathisme du maxillaire supérieur est assez prononcé. » Les Néo-Calédoniens delà variété jaune se rapprochent beaucoup des Polynésiens, surtout par les caractères du crâne; mais les Néo-Calédoniens de la variété noire au contraire présentent des caractères tout opposés : leur crâneapresque la forme d'un rectangle, sa voûte est en dos d'âne, et sa capa- cité intérieure de i38o centimètres cubes seulement; ils se font remarquer par l'allongement des diamètres antéro-postérieursetl'étroitesse exagéréedesdia- mètres transverses, excepté du diamètre zygomatique qui est chez eux de i/jo millimètres : aussi la face est-elle très-large et les pommettes sont-elles très-saillantes. Les cavités nasales et orbitaires sont fort larges, mais le pro- gnathisme du maxillaire supérieur est à peine plus marqué que dans les autres races ou variétés. » Après cette étude anatomique, je passe dans mon travail à la descrip- tion des caractères extérieurs des Néo-Calédoniens : j'en ai déjà cité un aperçu en commençant, et je n'y reviendrai pas. La taille, la couleur de la peau, la chevelure, ont particulièrement fixé mon attention. Je donne aussi quelques renseignements sur diverses coutumes du pays , sur les rapports de l'homme avec la femme, du chef avec le peuple, sur le costume et les habitations de ces sauvages; enfin je termine par quelques détails sur les maladies que j'ai été à même d'observer pendant mon séjour dans l'île, et sur le mode de sépulture en usage dans les diverses tribus. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Elude du 'phénomène connu sous le npm de mer de lait. M. le Ministre de la Marine transmet l'extrait suivant d'un Rapport de M. le capitaine de frégate Trébuclwt, commandant la corvette la Capri- cieuse, daté delà rade d'Amboine, le 28 août 1860 : « ... Dans la nuit du 20 au 1 1 août, louvoyant pour gagner Amboine, qui nous restait à l'E.-N.-E. à*ao milles environ, nous avons eu, depuis 7 heures du soir jusqu'au jour suivant, le magnifique spectacle d'une ( ion ) mer de lait, que les Hollandais nomment mer d'hiver, probablement à cause de l'aspect du ciel et de la mer rappelant tout à fait celui de nos campagnes couvertes de neige. » Nous avons cherché l'explication de ce phénomène, d'abord dans la réflexion de la lumière de la lune âgée alors de trois jours; mais son éclat ayant persisté après le coucher de cet astre et augmenté encore d'intensité lumineuse, nous avons dû abandonner cette explication. » Nous avons fait puiser de l'eau dans un vase de 4 à 5 litres à peu près; cette eau avait la couleur de mer ordinaire, mais comprenait en suspension environ deux cents animalcules de même grosseur, et de longueur bien dif- férente, jetant une lumière fixe dont l'intensité et la couleur me rappelaient les lucioles si nombreuses dans nos colonies des Antilles; vus à la loupe, ces animaux formaient un chapelet capilhforme d'individus distincts réunis par leurs extrémités et en nombres différents suivant les groupes; vingt en moyenne. Chacun des individus, ainsi séparé par la pensée, m'a paru avoir de i à 2 dixièmes de millimètre et la grosseur du cheveu d'un enfant blond. » Après cet examen, nons avons tous admis que le phénomène désigné sous le nom de mer de lait devait être attribué seulement à la présence de ces animalcules si petits, mais si nombreux, que l'œil ne pouvant pas séparer leur clarté individuelle, subit une impression analogue à celle de la lumière stellaire de la voie lactée. » Cette Noté est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards et de Quatrefages. physique DU GLOBE. — Etudes expérimentales sur tes inondations; par MM. F. Jeandel, J.-B. Cantégrii. et L. Bellaud. (Extrait par les auteurs. i (Commissaires, MM. Faye, de Verneuil, Maréchal Vaillant.) « La cause des inondations réside tout entière dans le volume des eaux qui s'écoulent immédiatement à la surface du sol; celles qui s'infiltrent préalablement dans la terre et qui subissent par suite de cette circonstance un long retard dans leur écoulement, répandent au loin une action bienfai- sante dont nous n'avons pas actuellement à nous occuper. » Diminuer et retarder l'écoulement à la surface avant l'arrivée des eaux dans les ruisseaux et rivières, retarder et maîtriser ensuite l'écoulement des ruisseaux et rivières, tel est le problème à résoudre. C. R., 1860, ame Semestre. (T. LI, N° Î6.) '35 ( IOIU ) » Parmi les circonstances qui influent sur le volume et la vitesse; des eaux qui prennent leur mouvement immédiat à la surface du sol, l'une des plus importantes est soumise directement à l'action humaine considérée dans ses limites rationnellement abordables. ISous voulons parler de l'état superficiel du terrain ou plutôt du genre de végétation qui le recouvre. Il s'agit d'ap- précier d'une manière certaine la nature de cette influence, tel est l'objet unique du présent Mémoire. Le danger créé par une masse d'eau considé- rable qui vient à tomber sur le sol varie : i° avec la quantité d'eau absorbée par le sol et en outre par l'évaporation qui se manifeste toujours à la fin de la pluie; a° avec le temps pendant lequel se prolonge l'écoulement de la partie non absorbée. » On comprend facilement qu'un terrain couvert d'une certaine végéta- tion produit une absorption plus ou moins considérable et arrête plus ou moins longtemps le volume d'eau qu'il laisse écouler à la surface. L'influence de ce sol a donc pour effet de diminuer le danger, mais elle en laisse subsis- ter une partie dont l'importance varie et que nous désignerons par action inondante du sol considéré. « Établissons les rapports qui relient l'action inondante avec l'absorption du liquide et la durée de l'écoulement superficiel. » i°. absorption de l'eau par l'évaporation et par le sol. — Pour une pluie quelconque le danger que laisse subsister un terrain couvert d'une certaine végétation (c'est-à-dire l'action inondante de ce terrain), est évidemment proportionnel au rapport du volume de l'eau écoulée superficiellement à celui de l'eau tombée. Ce rapport s'appelle ordinairement coefficient d'écou- lement superficiel. » a°. Durée de /' écoulement superficiel. — En prolongeant la durée de l'écoulement superficiel, l'influence du sol diminue le danger. Cette consé- quence est certaine, mais elle est très-vague. Pour arriver à l'étudier avec une précision suffisante, examinons ce qui se passe dans l'écoulement super- ficiel qui accompagne une pluie d'importance notable. L'élévation sensible du niveau de la voie d'écoulement met toujours un certain temps à se pro- duire, l'étiage augmente ensuite d'une manière relativement rapide et par- vient à un maximum où il reste quelque temps stationnaire ; il décroît en- suite plus ou moins vite et s'arrête à peu près complètement à une hauteur généralement supérieure à celle qu'il présentait avant la pluie. Ce mouve- ment de retour relativement rapide est suivi d'un abaissement de niveau progressivement ralenti; si le beau temps continue, cet abaissement finit pat- devenir presque insensible. ( ioi3 ) » Il est clair que la période qui se développe entre le moment de l'aug- mentation de l'étiage et celui du terme de l'abaissement rapide, constitue exclusivement la période intéressante au point de vue des inondations. » Si l'on ne considère l'écoulement superficiel que durant cette période et que l'on suppose (ce qui n'est admissible qu'en appliquant à ladite période la restriction précitée) que cet écoulement conserve son intensité moyenne, on reconnaît que le danger diminue, pour une même masse d'eau à écouler, en raison inverse de la durée de la période. Convenons de désigner cette durée par temps de l'écoulement. Si l'on prend pour terme de comparai- son le temps fixe de la pluie considérée, on peut dire que le danger varie en raison directe du rapport du temps do la pluie au temps de l'écoulement. » Ainsi le danger qui représente l'action inondante d'un terrain donné varie proportionnellement au rapport du volume de l'écoulement superfi- ciel à celui de la pluie, et proportionnellement au rapport du temps de la pluie au temps de l'écoulement superficiel. » En désignant par K. un coefficient numérique et fixe, la valeur de l'ac- tion inondante C prend la forme V Y C-KXyXf,, V étant le volume de l'écoulement, V celui de la pluie, T le temps de l'écoulement, T celui de la pluie. » On peuf concevoir un terrain qui laisse écouler à la surface tout le volume liquide provenant de la pluie, dans un temps égal à celui de la pluie elle-même (c'est à peu près ce qui se passe sur les surfaces imperméa- bles et suffisamment inclinées, telles que les toits, les trottoirs, etc.); pour une telle surface on a V' = V, T = T, et la relation ci-dessus devient C = K. » Convenons de prendre cette valeur de C pour unité, la même relation devient V T c=vxr- » On reconnaît ainsi qu'en adoptant cette unité, pour une pluie déter- minée, l'action inondante d'un sol quelconque a pour mesure le coefficient d'écoulement superficiel multiplié par le rapport du temps de la pluie au i35.. ( ioi4 ) femps de l'écoulement. Pour des pluies différentes, un même terrain, tout en conservant la même végétation, peut fournir une série de valeurs pour le coefficient d'action inondante. Dans le but d'obtenir une moyenne générale qui représente la valeur moyenne de cette action, nous comparerons la quantité totale de l'eau immédiatement écoulée à celle de l'eau tombée, et nous multiplierons ce rapport par le rapport de la durée totale des pluies et la durée totale des écoulements. Comme les inondations ne se produisent qu'au moment des grandes pluies, il y aura lieu d'éliminer les expériences qui se rapportent à des pluies peu importantes. La méthode nous conduit donc à mesurer le volume et la durée des pluies et des écoulements pour différents états de végétation, les autres circonstances restant les mêmes. La mesure de l'eau tombée s'effectuera à l'aide d'observations pluviométri- ques suffisamment nombreuses et convenablement réparties. La mesure de la quantité d'eau écoulée immédiatement à la surface du sol sera observée a l'aide de déversoirs, et sera représentée par l'augmentation du volume passé durant la période que nous avons appelée temps de l'écoulement. On notera avec sein l'heure du commencement et celle de la fin de la pluie, de même que l'heure des observations effectuées aux déversoirs. » La recherche des terrains de comparaison n'est point facile dans la pratique. Il est rare en effet de trouver deux bassins qui présentent l'homo- généité dans toutes les circonstances qui sont capables d'influer sur l'ab- sorption et sur l'écoulement des eaux, la seule variable étant le genre de végétation. Mais rappelons-nous qu'il s'agit avant tout d'étudier le régime des eaux dans les sols boisés et dans les sols déboisés, et que nous ne cher- chons point la mesure de différences insignifiantes. En concentrant ainsi le problème, on aperçoit la possibilité de trouver des termes de compa- raison. On pourra se contenter d'une homogénéité relative lorsque les cir- constances permettront, par exemple, de raisonner à fortiori. Supposons que l'on choisisse comme champ d'expériences un bassin couvert de forêts et présentant un système de déclivités rapides; supposons que dans le pays voisin il existe un autre bassin formé par le même terrain, présentant des pentes sensiblement moins fortes, et dont une grande partie se trouve déboisée, on peut établir entre ces deux bassins une comparaison suffisante. En effet, si le coefficient général d'action inondante du second bassin est reconnu supérieur à celui du premier, il le serait à fortiori si la totalité de la surface du second bassin était déboisée. Si la majeure partie du second bassin était déboisée et que, malgré cette circonstance, le coefficient général d'action inondante trouvé pour l'ensemble de ce bassin fût inférieur à f roi5 ) celui du premier, ce résultat tendrait au moins à prouver que le boisement ne présente contre les inondations qu'une ressource inférieure, ce serait encore une solution. » (Suit la description des expériences effectuées : la bassin boisé com- prend 4222 hectares; il est formé par tout le bassin supérieur de la Zorn jusqu'au moulin de Dabo (chaîne des Vosges). Les expériences ont été poursuivies sans interruption depuis le i er juillet 1 858 jusqu'au 3i juillet i85g. La base minéralogique est le grès vosgien. Comme terrain de com- paraison, nous avons choisi le bassin supérieur de la Bièvre (affluent de la Sarre). Ce bassin, qui est contigu au premier, et qui présente dans l'en- semble des déclivités une moyenne moins forte, contient 455 hectares de sol déboisés et 522 hectares de foret. Par suite d'obstacles indiqués dans le Mémoire, les observations faites aux déversoirs n'ont pu marcher sans interruption et d'une manière exacte qu'à partir du l3 janvier 1 85g jusqu'au lermarsde la même année. Même base minéralogique que dans le bassin boisé.) » Conclusions. — Le rapprochement des résultats obtenus à l'aide des expériences effectuées dans le bassin boisé et dans le bassin (en grande partie) déboisé donne les indications suivantes : i". Coefficient s généraux d'écoule- ment superficiel. Bassin de la Zorn (bassin boisé), 0,0529. Bassh] delà Bièvre (bassin en grande partie déboisé), 0,1270. 20 Coefficients généraux d'action inondante. Bassin de la Zorn, 0,01743. Bassin de la Bièvre, o,o3o,i.— Remarque. Dans ce rapprochement nous faisons entrer en ligne de compa- raison les coelficients généraux qui se rapportent à la totalité des observa- tions effectuées dans chacun des bassins respectifs. Or le temps des expé- riences dans le bassin de la Zorn est beaucoup plus considérable que dans le second bassin : cette circonstance pouvant donner lieu à un doute que nous voulons écarter, nous calculons ci-dessous les coefficients généraux d'écoulement superficiel et d'action inondante qui se rapportent aux expé- riences effectuées dans le bassin boisé à l'époque même où l'on opérait dans le second bassin : i° Coefficient général d'écoulement superficiel pour le bassin boisé, durant la période du 19 décembre j858 au 8 mars 1859: — -? 7 5 = 0,070. Coefficient .général d' Seulement superficiel pour le 11672924,713 '«, ° bassin (en grande partie) déboisé, durant la période correspondante : b, 1 270. 20 Coefficient général d'action inondante du bassin boisé, durant la période (du 19 décembre i858 au 8 mars 1859) : °i°79 x jl — = °>02'3. Coeffi- cient général {faction inondante du bassin (en grande partie) déboisé, du- rant la période correspondante : 0,0391. » ( ioi6 ) ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Observations sur la germination du Miltonia spectabilis et de quelques autres Orchidées; par M. E». Prillieux. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Bronguiart, Moquin-Tandon.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, je présente d'abord le résultat de mes recherches sur la struc- ture de la graine des Orchidées. Bien que les Orchidées soient mises sans contestation au nombre des végétaux monocotyledonés, cependant l'exis- tence d'un cotylédon dans l'embryon de ces plantes a été jusqu'ici l'objet de bien des doutes. C'est avec raison qu'elle a été niée par beaucoup d'ob- servateurs. Dansles graines mûres d'Orchidées que j'ai observées, l'embryon ne présente en effet ni cotylédon, ni gemmule, ni radicule; c'est un petit globule celluleux plus ou moins allongé qui porte seulement à une de ses extrémités un prolongement celluleux que l'on peut voir souvent très- nette- ment. Cette organisation extrêmement simple est tout à fait comparable à celle qu'offrent les embryons monocotylés à une certaine période de leur développement où, eux aussi, sont uniquement formés par un prolonge- ment celluleux (suspenseur) qui porte à son extrémité un petit corps cellu- leux sphérique (globule embryonnaire); l'embryon que contient une graine mûre d'Orchidée peut donc être considéré comme un embryon monocotylé dont le développement s'arrête avant qu'il soit entièrement formé, et qui naît pour ainsi dire normalement avant terme. » Je décris ensuite avec détail les premiers développements du Miltonia spectabilis. L'embryon qui n'est encore, au moment où commence la germi- nation, qu'un petit corps celluleux dépourvu d'organisation, se renfle d'abord sans changer notablement de forme et se couvre de papilles. Ces papilles, produites chacune par une cellule épidermique qui s'allonge en une sorte de poil, sont destinées à puiser dans le sol les aliments nécessaires au développement de la plante naissante. Le corps embryonnaire continue de croître, il grossit surtout par sa partie supérieure, et prend par suite à peu près l'apparence d'une toupie. Quand il est parvenu à peu près à la grosseur d'une graine de pavot, on voit naître à son sommet, qui est un peu déprimé, un petit mamelon qui se façonne en feuille verte ; puis appa- raissent de même successivement une deuxième et une troisième feuille, et le petit corps provenu de l'embryon renflé commence à prendre à son • ( lo,7 ) extrémité l'aspect d'une tige. Jusqu'à ce moment, la petite plante est dé- pourvue de racine, elle n'a pour se fixer au sol et en tirer sa nourriture que les bouquets de papilles qui couvrent le tubercule embryonnaire et vit à peu près à la façon des végétaux inférieurs. Ce n'est que plus tard, quand la plante est parvenue à un plus haut degré d'organisation, que de vérita- bles racines naissent de la tige, et que la plante commence à vivre à la ma- nière ordinaire. » Rapprochant ces faits de ceux que l'on connaît déjà touchant le déve- loppement d'autres Orchidées et en particulier des observations que j'ai pu- bliées dans un précédent Mémoire sur la germination del' Angrœcum macula- tum, j'ai été amené à penser que dans toutes les Orchidées la première pé- riode du développement est à peu près identique; que dans toutes un mode spécial de végétation précède la vie normale; mais que la durée de cette phase rudimentaire antérieure à l'apparition de la première racine varie beaucoup. Dans un certain nombre d'Orchidées, l'apparition des racines et le commencement de la végétation normale ont lieu d'assez bonne heure, la végétation transitoire dure peu. Dans d'autres espèces ( Angrœcum macu- lalum), la plante ne parvient que tard à sa forme définitive; la vie normale est précédée d'une longue phase transitoire; le tubercule embryonnaire prend un développement excessif, se ramifie et végète longtemps en puisant sa nourriture dans le sol au moyen de papilles, avant de produire une tige dressée munie de feuilles vertes et de racines. Enfin quelques autres Orchidées (Corallorhiza, Epipogum) présentent, quand elles sont parvenues à l'état adulte, une si grande analogie avec la forme primitive que d'autres {An- grœcum) offrent durant la germination, qu'il semble naturel d'admettre qu'elles demeurent toujours pour ainsi dire en enfance, et que l'organisa- tion rudimentaire qui est transitoire chez les autres Orchidées, est perma- nente chez elles et dure autant que la vie elle-même. » MM. Meschelynck et Lionnkt, auteurs d'un Mémoire présenté à la séance du 3o juillet dernier sous le titre de : « Extraction du sucre de betterave au moyen de l'acide carbonique pur obtenu par un nouveau mode de pro- duction industrielle », adressent comme supplément à cette communica- tion une Note dans laquelle, reconnaissant que ce procédé n'est pas aussi nouveau de tous points qu'ils l'avaient d'abord supposé, ils n'admettent point une réclamation de priorité, soulevée à cette occasion devant l'Aca- démieet appuyée sur une publication faite en février 1 855. « Déjà, en effet, disent les auteurs, dans deux Mémoires publiés en i85o et i85i ( ioi8 ) ' M. Jacyuelain, en traitant de la décomposition des carbonates alcalins et terreux au moyen de la vapeur d'eau et sous l'influence de la chaleur, taisait pressentir les services que ce gaz ainsi obtenu était appelé à rendre à l'industrie sucrière indigène. » (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Payen.) CHIRURGIE. — Addition au Mémoire sur te porte-à-faux ; extrait dune Note de M. Hecrteloup. Commissaires précédemment nommés: MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « Ma communication du 26 novembre dernier a été pour M. Guillon l'occasion d'une réclamation insérée par extrait dans le Compte rendu du 10 de mois; j'y répondrai brièvement en faisant remarquer : » Ie. Que si M. Guillon eût fait un instrument nouveau, et n'eût pas imité mou instrument courbe, il ne trouverait pas d'analogie entre sa con- ception et les dérivés de cet instrument qui font l'objet de mes nouveaux travaux ; » 20. Que le nom assigné à mon porle-à-Jaux à deux leviers lui donne un caractère trop tranché pour qu'il soit nécessaire de défendre et son origi- nalité et son but logique; » 3°. Que la loi fondamentale de la dépression du bas-fond de la vessie, pour appeler les fragments de pierre, loi qui est l'âme de la lithotripsie, a été formulée par moi en 1 846, il y a quatorze années, dans mon livre sur la litho- tripsie sans fragments, où on lit, p. 1 58. « Ce moyen ( la dépression par la cuil- » 1er) assure plus que tout autre la guérison radicale par le seul fait qu'il » appelle entre les branches de l'instrument les derniers fragments de » pierre, qui tombent par leur propre poids dans l'une des cuillers. » » Je prends la liberté de mettre ce livre sous les yeux de l'Académie, et j'y mets également une brochure intitulée : De (art de broyer les pierres dans la vessie humaine, dans laquelle cette position de l'instrument qui déprime le bas-fond est dessinée à la page i3. » M. C. Girard adresse comme pièces de concours pour le prix Cuvier de 1 860, trois volumes concernant les poissons et reptiles qui ont été observés dans diverses explorations scientifiques faites par ordre du gouvernement ( ioig ) des États-Unis [voir au Bulletin bibliographique). Dans la Lettre d'envoi lau- tenr, après avoir indiqué brièvement les sujets traités dans ces trois livres, exprime le regret de n'y pouvoir joindre un autre travail (Contribution à la Faune du Chili) déjà publié en Amérique, mais dont l'exemplaire demandé pour l'Académie ne lui est pas encore parvenu. M. Contejeaïï présente pour le même concours un ouvrage intitulé : « Étude de l'étage kimméridien dans les environs de Montbelliard et dans le Jura, la France et l'Angleterre. » Ces ouvrages sont renvoyés à la Commission du prix Cuvier, qui se com- pose de MM. Milne Edwards, Flourens, Geoffroy-Saint-Hilaire, Serres et Élie de Beaumont. M. Martin fils, en adressant au concours pour le prix de Statistique sa Topographie physique et médicale de la ville de Narbonne, signale dans la Lettre d'envoi les parties de cet ouvrage qui lui paraissent rentrer plus par- ticulièrement dans les conditions du programme. (Commission du prix de Statistique.) CORRESPONDANCE. M. Poiseuille, dans une Lettre dont il a été donné lecture au commence- ment de la séance, en remerciant l'Académie de l'honneur qu'elle lui a fait de l'adjoindre à la liste des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. C. Duméril, annonce qu'il croit néanmoins devoir retirer sa candidature. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de M. de Pontécoulant un exemplaire d'un Opuscule dont l'objet avait été annoncé par l'auteur dans sa Lettre du 10 décembre dernier. Ce Mémoire a pour titre : « Observations sur le perfectionnement des Tables de la Lune et sur les deux inégalités à longue période que M. Hansen a proposé d'introduire dans le mouvement de cet astre » . M. le Secrétaire perpétuel présente encore, au nom de l'auteur, M. Martin deMoussy,\e second volume de la « Description géographique et statistique de la Confédération Argentine ». Ce volume contient un aperçu de la zoologie du pays, l'histoire physio- logique de la population, son industrie, son commerce, son organisation. C. R., 186c, 2nie Semestre. (T. LI, N° 26.) ' 36 1020 L'auteur de plus y traite d'une manière spéciale des rapports de l'Europe avec les régions de la Plata au point de vue de l'organisation. M le Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la correspondance plusieurs publications récentes de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. CHIMIE ORGANIQUE. — Décomposition des élhers par les alcalis anhydres; par MM. Berthelot el A. de Fleurieu. « C'est pour ainsi dire un axiome en chimie organique que la décompo- sition des éthers par les alcalis exige le concours des éléments de l'eau. Une telle affirmation semble d'autant plus légitime, que la résolution des éthers en acide et alcool s'effectue précisément avec fixation de ces mêmes éléments de l'eau. C'est pourquoi nous avons pensé qu'il n'était point sans intérêt d'étudier d'une manière approfondie la réaction des alcalis an- hydres sur les éthers composés, en nous plaçant dans ces conditions ména- gées de temps et de température que l'on peut réaliser au moyen des tubes scellés à la lampe. « Quatre cas principaux étaient possibles à priori : » i°. Les éthers composés n'éprouvent aucune transformation, jusqu'au moment où l'influence d'une température suffisamment élevée, attaquant à la fois les éléments de l'acide et ceux de l'alcool, détermine leur destruc- tion totale. » 20. Les éthers composés se dédoublent avec formation d'un sel cor- respondant à l'acide générateur, d'eau et d'hydrogène bicarboné : C,8H,00* + BaO= CMHsBaO* -f- C* H' + HO. Étherbenzoïque. lîenzoate. Hydrogène bicarboné. » 3°. Les éthers composés se dédoublent avec formation, d'une part, d'un sel correspondant à l'acide générateur, et, d'autre part, d'éther simple : c.8H,oG4 + BaO = C'*H5Ba04-r-C*H50. Etherbenzoïque. Bcnzoale. Ethersimple. » Ce dédoublement serait particulièrement favorable à la théorie qui regarde les éthers comme formés par l'union des acides anhydres avec l'oxyde d'élhyle. » 4°. Les éthers composés se dédoublent, avec formation d'un sel de ( 1021 ) l'acide générateur et d'un composé correspondant à l'alcool dans lequel i équivalent d'eau serait remplacé par i équivalent d'alcali : C,8H10O* -f-2BaO = CMH5BaO* +C'H5BaOî. Elher benzoïque. Benzoate. Alcoolate. » Un tel dédoublement rentrerait au fond dans le mode de décomposition des éthers, tel qu'il s'opère en présence des éléments de l'eau. Car, dans les deux cas, on obtiendrait toujours, soit l'alcool lui-même, soit un alcoolate correspondant. » Nous avons expérimenté sur les éthers benzoïque, stéarique, acé- tique, formique et oxalique. » Elher benzoïque. — [\ grammes d elher benzoïque pur et 6 grammes de baryteanhydre ontété introduits dans un tube parfaitement sec et étranglé d'avance. On a fermé le tube à la lampe et on l'a maintenu entre i5o et 1800 pendant cinq heures. Au bout de ce temps la baryte était complètement délitée. L'éther benzoïque avait entièrement disparu; aucun gaz n'avait pris naissance. » Le contenu du tube chauffé au bain-marie ne donne point lieu à un dégagement d'éther ordinaire, ni d'aucune matière volatile; il ne cède rien à l'éther anhydre. Après avoir soumis la masse à ces diverses épreuves, on l'a privée des vapeurs d'éther ordinaire qu'y avait introduit l'un des essais précédents, en la maintenant à ioo° pendant une heure dans un courant d'air sec et privé d'acide carbonique. Cela fait, l'on y a ajouté de l'eau et l'on a distillé rapidement : on a obtenu tout de suite de l'alcool : le poids de cette substance s'élevait à environ igr,i, c'est-à-dire à peu près à la quantité théorique. » Le liquide resté dans le ballon a été traité par l'acide carbonique, pour séparer l'excès de baryte, puis évaporé : il a fourni du benzoate de baryte parfaitement pur. » Pour réussir dans l'expérience qui vient d'être décrite, il est nécessaire de ménager avec beaucoup de soin la température. Pour peu qu'elle s'élève au-dessus de 2000 et surtout si elle atteint ou dépasse 25o°, les élémenis de l'éther benzoïque sont détruits, et il se forme un carbonate, de la benzine, de l'hydrogène et divers autres produits qui viennent compliquer les résultats. » Ether stéarique. — La réaction de la baryte anhydre sur l'éther stéa- rique s'opère de la même manière que sur l'éther benzoïque : seulement elle exige une température un peu plus haute et plus longtemps prolongée. En maintenant les produits pendant trente heures vers aoo°, on réussit à dé- i36.. ( 1022 ) composer nettement l'éther stéarique, sans formation de produits secon- daires. Le dédoublement est aussi régulier que celui de l'éther benzoïque. » Etker acétique. — On a opéré i° avec l'éther acétique et la chaux; 20 avec l'éther acétique, la chaux et l'alcool rigoureusement anhydre ; 3° avec l'éther acétique, la baryte et l'alcool anhydre. » Avec la chaux seule, la décomposition a exigé une température de a5o° longtemps prolongée pour devenir complète. Elle n'a donné lieu ni à un dégagement gazeux, ni à la formation de produits secondaires. La masse ne renfermait ni éther ordinaire ni alcool libre; mais, sous la seule influence de l'eau, elle s'est résolue tout de suite en alcool et acétate de chaux. » Dans les deux autres séries d'expériences dans lesquelles on a opéré en présence de l'alcool anhydre, les résultats ont été tout à fait semblables : il ne s'est point formé d'éther ordinaire et l'alcool employé n'est point inter- venu, si ce n'est pour dissoudre l'acétate de chaux, qui s'est séparé ensuite, pendant le refroidissement, sous forme de cristaux le long des parois du tube. C'est là un résultat très-digne de remarque, car il établit la préexistence, parmi les produits de la réaction, du sel correspondant à l'acide générateur de l'éther. » Ethers formique, oxalique. — La décomposition de ces éthers par la baryte a donné lieu à des résultats semblables aux précédents, mais un peu moins nets, parce qu'il s'est formé en même temps quelques traces de gaz et de produits secondaires. » D'après divers essais que nous continuons , nous pensons que les corps gras neutres peuvent se dédoubler avec la même netteté que les éthers et sans produits accessoires sous l'influence des alcalis anhydres. » En résumé, l'action des alcalis anhydres sur les éthers est comparable à celle des alcalis hydratés. Sous cette influence, les éthers se dédoublent également d'une manière simple, avec formation d'un sel correspondant à l'acide générateur. » Quant à l'alcool, on ne l'obtient point à l'état libre, parce que les ma- tières employées renferment seulement une partie de ses éléments; mais cette partie demeure engagée en combinaison avec la baryte, en formant un composé fixe, solide, insoluble dans l'éther, dans des proportions telles, que la simple addition de l'eau donne lieu à l'apparition immédiate de l'al- cool. Dans aucune des expériences citées plus haut l'éther ordinaire n'appa- raît. Dès lors, parmi les quatre hypothèses signalées au début de ce Mémoire, une seule subsiste : c'est la dernière, celle qui assimile la réaction des alcalis anhydres sur les éthers à celle des alcalis hydratés, les éléments de l'alcali ( ioa3 ) anhydre remplaçant les éléments de l'eau dans l'alcool régénéré. Cette in- terprétation, fondée sur les expériences que nous venons d'exposer, con- serve ainsi le caractère le plus direct et le pins prochain aux relations qui existent entre les éthers composés et l'alcool générateur. » PHYSIQUE. — Note sur un appareil propre à produire du froid; par M. Cakré. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie une méthode de production du froid au moyen de l'absorption, par l'eau ou par d'antres corps, dé gaz liquéfiés ou de vapeurs condensées, absorption suivie de leur retour à l'état liquide primitif par la chaleur appliquée au corps absorbant, ces opérations étant exécutées en vases clos, et pouvant dès lors se répéter indéfiniment. » Étant donnée la propriété inhérente à certains corps d'absorber à froid des quantités considérables de gaz ou vapeurs, et de les émettre lors- qu'on les chauffe, j'ai pensé qu'en se servant de gaz facilement liquéfiables et pouvant être absorbés en grande quantité par l'eau, on trouverai» une source économique de froid, pouvant être mise en œuvre au moyen d'ap- pareils simples, peu coûteux, et d'une manœuvre élémentaire. Parmi les divers gaz qui peuvent concourir à ce résultat, le gaz ammoniac, dont M. Regnault nous a appris qu'il se servait depuis longtemps dans ses expé- riences, m'avait paru le plus convenable. Sa stabilité, son calorique latent très-élevé, la propriété qu'il a de se dissoudre sans dégager presque de calo- rique de combinaison, paraissaient lui valoir toute préférence, justifiée du reste par les résultats qu'il m'a fournis. » Les appareils que j'emploie sont de deux genres; ils sont intermittents ou continus. » L'appareil intermittent est d'une simplicité tout à fait rudimentaire. Que l'on se figure deux cornues suffisamment résistantes, d'ufte capacité respective de i à 4 volumes, et dont les deux cols un peu élevés et allongés seraient soudés par leurs extrémités; la plus grande, remplie aux trois quarts d'une solution ammoniacale concentrée, est placée sur le feu, tandis que la plus petite plonge dans l'eau froide. On chauffe la solution jusque vers i3o ou i4c°, point où presque tout le gaz s'est séparé de l'eau pour venir se liquéfier dans la seconde cornue; on constate facilement la température sur un thermomètre placé dans un tube fermé qui pénètre dans la solution. La séparation terminée, on met au contact de l'eau froîde le récipient conte- nant l'eau épuisée; la réabsorption du gaz liquéfié commence immédiate- ment, et sa volatilisation détermine dans la petite cornue un froid qui peut ( ioa4 ) facilement congeler l'eau dont on l'entoure. Ce froid est intense et peut descendre au-dessous de — 4o°. M. Balard, en faisantfonctionner l'appareil au Collège de France, a pu solidifier le mercure. » Au lieu de cornues, j'emploie dans la pratique de simples récipients cylindriques reliés par un tube. Il est nécessaire que ces vases soient exac- tement clos et purgés d'air pour faciliter la liquéfaction et l'absorption; celle-ci se trouve en outre favorisée par la disposition en couches super- posées du liquide dans le récipient où elle se produit. Cette même disposi- tion intervient encore pour épurer le gaz de vapeur d'eau pendant son dégagement qui a lieu progressivement de bas en haut, à travers des li- quides de plus en plus riches qui retiennent la pins forte partie de l'eau entraînée. » Malgré le lavage du gaz pendant son dégagement, il entraîne toujours un peu de vapeur d'eau qui reste liquide dans le réfrigérant après chaque opération, et l'appareil se trouverait bientôt hors de service s'il n'était dis- posé pour restituer l'eau de l'un à lHutre récipient après une série d'opé- rations. Cette restitution s'opère d'elle-même en maintenant pendant quel- ques secondes le réfrigérant au-dessus de la chaudière. Cet instrument intermittent, spécialement destiné aux usages domestiques, produit un mi- nimum de 5 kilogrammes de glace par kilogramme de charbon brûlé dans un fourneau de cuisine. » L'appareil continu est susceptible de développements presque illi- mités. Il se compose principalement d'une chaudière chauffée à feu nu ou au moyen de la vapeur, d'un barboteur superposé à la chaudière pour l'épuration du gaz, d'un liquéfacteur tubulaire où le gaz se liquéfie sous l'influence d'un courant d'eau froide, d'un réfrigérant dont la forme est appropriée à la destination et dans lequel le gaz liquéfié s'écoule à mesure, d'un vase à absorption dans lequel le gaz s'élance du réfrigérant pour se dissoudre d^ans l'eau comme la vapeur d'eau se résout dans un condenseur ordinaire, avec cette différence qu'ici l'eau d'absorption doit être constam- ment refroidie par un courant d'eau passant dans un serpentin et qui em- porte le calorique latent dégagé par l'absorption, d'une pompe qui refoule à la chaudière l'eau saturée dans le vase à absorption, et enfin d'un régéné- rateur dans lequel l'eau qui doit servir à l'absorption, prise épuisée ou à peu près au bas de la chaudière, échange sa température avec celle de l'eau saturée qui s'y rend en sens inverse. » La fonction de la chaudière est assimilable à celle d'un appareil dis- tillatoire, la séparation du gaz ammoniac de l'eau s'y produit facilement, et comme l'eau n'a pas besoin d'être complètement épuisée, puisqu'elle n'est ( )oa5 ) pas écoulée au dehors, il est inutile de multiplier les engins séparateurs. Le barhotage du gaz dans le récipient où arrive la solution au maximum de concentration l'épure suffisamment pour donner de bons résultats; la liquéfaction du gaz toujours un peu aqueux se produit sous une tension de 6 à 7 atmosphères à la température de 25°. » L'absorption du gaz par l'eau est accompagnée d'un dégagement con- sidérable de calorique qui est l'équivalent du froid produit par le calorique absorbé dans le réfrigérant. Étant donnés, la quantité du gaz ammoniac à absorber, égale à 3o pour îoo en poids de la quantité d'eau, le calo- rique de dissolution de [ kilogramme d'ammoniaque égal à 5 1 4 calories, on trouve que i kilogramme d'eau pour se saturer au point voulu sans changer de température nécessiterait la soustraction de i54,ao calories; l'absorption serait impossible dans la mesure nécessitée par le travail si la solution n'était constamment refroidie par le passage de l'eau froide dans un serpentin placé à l'intérieur du vase où elle se produit. » La solution ammoniacale de la chaudière s'est d'abord dépouillée de la plus forte partie de son gaz, et lorsque l'appareil est prêt à entrer en tra- vail de réfrigération, elle se trouve très-appauvrie surtout dans les couches inférieures; mais comme elle contient encore une quantité notable d'am- moniaque, et qu'il y aurait en outre perte majeure à l'écouler chaude, il devient important de la rendre propre à l'absorption en échangeant sa température avec celle de l'eau saturée qui retourne à la chaudière; il ré- sulte de cet échange que la chaudière n'a à fournir que l'équivalent en ca- lorie à haute température, de la somme des calories à basse température qui seront absorbées dans le réfrigérant, et sauf des pertes qui ne peuvent être majeures, par rayonnement et imperfection d'échange on peut déter- miner à priori par le pouvoir calorifique d'un combustible, la quantité de calories qu'il pourra soustraire à un corps donné. » L'intensité au froid que l'on peut produire avec cet appareil peut varier dans des limites très-étendues, et se déterminer par la quantité de gaz dont on chargera l'eau dans le vase à absorption; plus elle y passera abondamment, plus l'absorption sera énergique et conséquemment le froid intense; en ne faisant absorber que i5 à 20 pour 100, le froid descendra facilement à — 5o ou — Go°. » L'eau entraînée en vapeur avec le gaz ammoniac finirait, en s'accumu- lant dans le réfrigérant, par paralyser son action; une extraction intermit- tente ou continue avec échange de la température du liquide sortant avec celle du liquide entrant obvie à cet inconvénient. L'échange de tempéra- ture est encore pratiqué entre le gaz qui sort très-froid du réfrigérant et le ( I02t> ) liquide qui y arrive du liquéfacteur à ao ou a5°; ces échanges s'obtiennent facilement en faisant serpenter l'un des deux tubes abducteurs autour de l'autre. » Outre la fabrication de la glace, la production facile et économique du froid peut donner lieu à d'importantes applications hygiéniques et in- dustrielles ; ainsi la réfrigération de l'air peut s'obtenir à prix double seu- lement de son chauffage par un calorifère pour un même équivalent de calories. L'industrie des produits chimiques y trouvera un puissant auxiliaire. Cette production du froid peut notamment faciliter la cristallisation de di- vers sels et produits. Je citerai comme exemple la précipitation du sidfate de soude des eaux mères du sel marin, de la paraffine des huiles, la cristal- lisation delà benzine, de l'acide acétique. L'une des plus importantes salines du Midi, celle de MM. Henry Merle et Cie, va appliquer ce procédé sur une très-grande échelle au traitement des eaux salées d'après les méthodes de M. Balard. On pourra l'appliquer à la séparation de l'eau d'avec les corps qu'elle tient en dissolution et qu'elle rejette en cristallisant, comme fabri- cation de glace douce et de sels avec l'eau de mer et les eaux minérales; à condenserdirectement des produits très-volatils; à favoriser des réactions qui ne peuvent s'obtenir qu'à une température très-basse, l'hydratation de divers sels, la dissolution de certains gaz; à la concentration par congélation de l'eau de diverses solutions diluées, par exemple des vins, alcools, acides; à modérer réchauffement produit par la fermentation, notamment des vins, bières, vinaigres; à raffermir, pour faciliter diverses opérations, certains corps que la chaleur rend pâteux, tels que les stéarines, paraffines, suifs, avant la compression qui doit en exprimer les huiles. » Les réfrigérants employés à fabriquer la glace consistent principale- ment en un ou plusieurs alvéoles rentrant dans un récipient clos et entourés du gaz liquéfié. Les réfrigérations d'air, de liquides, les cristallisations se font mieux autour de réfrigérants tubulaires disposés en faisceaux dans des cuves, avec agitation pour renouveler les points de contact ou empêcher l'adhérence des cristaux sur les tubes. L'extraction des produits, l'arrivée des liquides à dépouiller, l'écoulement des liquides épuisés sont continus, les liquides épuisés échangent préalablement leur température avec celle des liquides qui arrivent en circulant en sens inverse dans des appareils tu- bulaires, de sorte que toute la puissance réfrigérante est utilisée au profit du travail effectif. i> L'obtention d'eau douce avec l'eau de mer par voie de congélation n'exige qu'une dépense de calories beaucoup moindre que celle qu'exigerait sa vaporisation. ( I027 ) Étant donnés d'une part : Nous avons d'autre part : Calorique latent de vaporisation Calorique latent de congélation d'un kilogramme d'eau 537,00 d'un kilogramme d'ean 79>25 Calorique spécifique de i5 à ioo°. • 85, 00 Caloriquespécifiquede-I- i5à — 5 20,00 Calorique spécifique sur ~ de ré- Calorique spécifique sur ~ de ré- sidu 2i,25 sidu 3,75 Total... 643,25 Total... io3,oo » En faisant geler lentement l'eau de mer, la glace formée est pure. Si elle gèle rapidement, de l'eau salée s'interpose entre les cristaux , mais on peut expulser celle-ci en concassant la glace et la soumettant à l'action d'une turbine centrifuge. » Des précautions particulières doivent être observées dans la construc- tion de ces appareils ; le cuivre allié de la plus petite quantité de zinc doit en être proscrit, parce que sa constitution moléculaire est rapidement altérée et sa ténacité détruite. Le cuivre jaune immergé quelques heures dans une solution ammoniacale faible et à froid devient aussi friable que l'argile. Parmi les métaux usuels, le fer, la fonte, l'acier, l'étain, le plomb résistent sans altération; les rivures soudées à l'étain ou au plomb ne lais- sent d'ailleurs possibilité à aucune fuite, condition essentielle pour éviter l'appauvrissement de la solution et permettre un fonctionnement indé- finiment prolongé. » physique. — Influence de la pression sur quelques phénomènes physiques el chimiques; par M. P. -A. Favre. (Suite.) « Dans une récente communication, j'ai décrit un appareil dans lequel l'électrolyse est appelée à produire des pressions plus ou moins considéra- bles; il importait donc avant tout d'étudier l'influence que la pression peut exercer sur ce phénomène. » Si l'on envisage la pression en ejle-mème et dans l'action directe qu'elle peut exercer sur l'électrolyse, on pourrait à priori nier son influence ; car la pression n'est pas un travail de sens contraire au travail électrolyti- que. Mais si son action ne peut pas modifier directement l'électrolyse, on conçoit qu'elle puisse s'exercer indirectement en modifiant les propriétés du milieu où se passe ce phénomène. Ainsi le sulfate de zinc formé pen- daut l'électrolyse en présence de ce métal et de l'acide sulfurique pour- C. R., 1860, »■»« Semestre. (T. LI, N° 2G. ) i 3^ ( 1028 ) rait devenir moins soluble dans l'eau comprimée, cristalliser à la surface du zinc et empêcher son attaque. » J'ai pensé qu'il était d'autant plus nécessaire de faire des expériences spéciales, que M. Babinet et M. Békétoff ont. avancé que l'électrolyse de l'acide sulfurique par le zinc, dans un espace hermétiquement clos, est arrêtée par la pression qu'exerce l'hydrogène mis en liberté. Ce sont ces expériences que je vais faire connaître. » Après avoir introduit des cylindres en zinc, pesés préalablement, dans l'ampoule générateur des gaz qui contenait déjà 27 centimètres cubes d'a- cide sulfurique étendu de neuf fois son volume d'eau, on notait le volume d'hydrogène recueilli sur l'eau à la pression atmosphérique, ainsi que la durée de chaque opération. Le gaz dégagé occupait 720 centimètres cubes après 17 minutes, 908 après 46 minutes et enfin g35 après ih45,n: à ce moment le dégagement avait presque cessé et le zinc avait perdu 2gr,634 de son poids. » Dans une seconde série d'expériences, on plaçait la même ampoule, préparée dans les mêmes conditions, entre les deux disques de l'appareil, afin que l'hydrogène dégagé restât confiné dans un espace hermétiquement clos. Dans ce cas, le volume de gaz qui correspondait au poids du zinc dé- pensé aurait occupé, à la pression atmosphérique (I), 608 centimèlres cubes après 17 minutes (,11), 789 après 46 minutes, et (III) 901 après ih45m. Il n'est donc pas permis de méconnaître l'influence de la pression sur le ralentissement de l'éleclrolyse. » L'espace occupé par l'hydrogène ainsi confiné était mesuré avec soin dans chaque opération, et il était ainsi facile de connaître la pression que le gaz exerçait sur le liquide soumis à l'électrolyse. Cet espace était de 7 centimètres cubes dans l'opération (I), et de 18 pour les deux autres; d'où il suit que la pression a été de 86 atmosphères dans la première expé- rience, de 43 dans la seconde, et enfin de 5o dans la dernière. » Il importait beaucoup de limiter de plus en plus l'espace dans lequel s'accumule l'hydrogène : c'était le. seul moyen d'obtenir, avec la même quantité de matière électrolysable, des pressions de plus en plus élevées et d'atteindre enfin celle qui peut faire cesser tout travail électrolytique. En effet, puisque l'ampoule ne peut contenir qu'une certaine quantité de li- queur acide, on tend constamment, en prolongeant l'opération, à se rap- procher de la limite à laquelle tout travail doit cesser, faute d'acide sulfu- rique libre; il arrive donc un moment où il n'est plus possible d'augmen- ter sensiblement une pression encore insuffisante pour arrêter complètement ( '°29 ) l'électrolyse, et où les quelques bulles de gaz qui se dégagent encore et qui s'apercevraient à peine à la pression de l'air, cessent d'être visibles. C'est pour ces raisons que l'on a mis fin à l'expérience (111) qu'il était inutile de prolonger, puisque tout phénomène apparent avait cessé et qu'il n'était plus possible d'accroître sensiblement la pression. Pour les mêmes raisons, on ne pouvait obtenir une pression supérieure à 5o atmosphères qu'en limitant davantage l'espace dans lequel l'hydrogène reste confiné; c'est ce qui a été fait dans l'expérience (I) qui a permis de constater que l'électrolyse se produisait encore sous une pression de 86 atmosphères. » J'ai dû renoncer à pousser plus loin ces opérations, faute d'ampoules suffisamment résistantes; mais la question qui restait encore indécise me paraît nettement tranchée par les expériences suivantes. » Lorsque le zinc attaqué dans l'ampoule est amalgamé et forme avec le platine un couple voltaïque mis en communication avec quatre éléments fie Bunsen, ou bien encore lorsque ce couple est remplacé par un voltamètre à électrodes en platine, on ne remarque aucune différence dans l'intensité du courant et la quantité de gaz fourni dans des temps égaux par un vol- tamètre placé dans le circuit et fonctionnant sous la pression de l'air ; elle reste la même pendant toute la durée de l'opération, soit que les gaz s'échap- pent librement de l'ampoule, soit qu'ils y restent confinés et accroissent sans cesse la pression qui peut finir par briser l'ampoule sous un effort de 70 à 80 atmosphères, » De pareils résultats démontrent suffisamment l'absence de toute in- fluence directe de la pression sur l'électrolysation du liquide dont la con- ductibilité reste là même. » Quelle est donc la cause qui, dans les premières expériences, ralentit l'action de l'acide sulfurique sur le zinc à mesure que la pression augmente? Il ne faut pas la chercher dans la formation du sulfate de zinc, puisque la présence de ce sel n'affaiblit pas sensiblement l'électrolyse lorsque le métal attaqué forme avec le platine un couple voltaïque et que sa solubilité n'est pas diminuée comme il sera prouvé tout à l'heure; il semble plutôt que le ralentissement d'action provient de l'adhérence de l'hydrogène à la surface du zinc, adhérence d'autant plus forte que la pression est plus considé- rable, et qui diminue de plus en plus la surface d'attaque. Je parle d'une simple adhérence, car il ne m'a pas été possible de constater la formation d'un alliage. » Je ne crois pas que M. Békétoff, dans ses expériences qu'il prolongeait durant plusieurs jours, ait employé des vases plus résistants que les miens; i37.. ( io3o ) aussi suis-je disposé à penser qu'il faisait réagir sur le zinc des quantités d'acide insuffisantes pour produire une pression capable de briser les tubes dont il faisait usage. J'ai répété les expériences de ce chimiste sous la pres- sion de 60 atmosphères environ, et j'ai pu, dans un temps comparativement très-court, réduire par l'hydrogène une quantité notable de sulfate d'argent cristallisé en suspension dans une très-faible proportion d'eau. Je me pro- pose de continuer l'étude de l'action réductrice de ce corps; car l'appareil dont je fais usage me paraît réaliser toutes les conditions que nécessitent des expériences de ce genre. » La solubilité du sulfate de soude, du sulfate de potasse, du sulfate de zinc et du chlorure de sodium n'est pas diminuée par la pression, puisque leurs dissolutions saturées ne cristallisent pas lorsqu'elles sont soumises à cette action. » Le sulfate de soude, le seul sel encore examiné à ce point de vue, est notablement plus soluble dans l'eau comprimée. En effet, ogr,338 de ce sel pesés dans un petit panier de platine à mailles très-étroites sont entrés en dissolution dans 1 1 centimètres cubes d'eau complètement saturée à i6°,5 de sulfate de soude et soumise à une pression de 3o atmosphères. Cette expé- rience fait comprendre tout l'intérêt que peut offrir l'étude des dissolu- tions sous pression; car, pour ne parler que de l'eau, n'est-il pas évident que des recherches dirigées dans cette voie feront mieux apprécier son rôle dans certains phénomènes géologiques? » Les gaz hydrogène et oxygène qui proviennent de la décomposition de l'acide sulfurique par la pile et qui sont confinés dans l'espace étroit et hermétiquement clos des deux ampoules, sont sans action l'un sur l'autre sous une pression qui atteint 70 à 80 atmosphères; car on ne peut pas al- léguer que leur combinaison a lieu au moment de la rupture : en effet, s'il en était ainsi, elle se produirait simultanément dans les deux ampoules qui seraient brisées l'une et l'autre; ce qui n'arrive jamais. Aucune odeur n'ac- cuse la présence de l'ozone. » Je termine par une dernière remarque. Le liquide au sein duquel se dégagent les gaz n'en retient qu'une quantité minime qui, lorsqu'on fait cesser la pression, se dégage lentement à l'air par petites bulles qui se for- ment à la surface des électrodes ; le dégagement est activé par l'agitation et faiblement aussi par le noir de platine. Le gaz bleuit le papier ozonomé- trique et blanchit le sulfure de plomb. » ( io3t ) chimie. — Sur un iodure neutre et incolore d'amidon ; extrait d'une Note de M. Duroy. a L'iodure bleu soluble des pharmacies, comme l'iode lui-même, em- pêche la décomposition des matières organiques. En réagissant sur ces matières, il se décolore; cette décoloration ne répond pas, ainsi qu'on l'a supposé, à une soustraction intégrale de l'iode : dans cette circonstance l'iodure d'amidon ne cède que la partie d'iode en excès, qui le rend bleu. Celle-ci est attachée aux molécules de l'iodure vrai par une sorte d'affinité capillaire ou de solution. Chimiquement parlant, l'iodure bleu n'est pas une combinaison proprement dite. . . . Mais le but principal de cette Note étant de faire connaître le nouvel iodure neutre d'amidon, j'ai l'honneur d'en soumettre un échantillon à l'Académie, avec l'indication sommaire du procédé à l'aide duquel je l'ai obtenu. « J'ai obtenu cet iodure neutre : i° en faisant bouillir jusqu'à décolora- tion permanente une solution très-étendue d'iodure bleu ordinaire, mais dans ce cas il se transforme partiellement en glycose ; a° en mettant en contact avec la levure de bière, préalablement levée, de l'iodure bleu so- luble; le mélange ayant réagi (il y a décoloration), je l'ai additionné d'eau et filtré : l'évaporation ménagée du liquide donne l'iodure blanc, que l'alcool purifie de la glycose qui l'accompagne toujours. L'iodure d'amidon incolore est incristallisable, gommeux, sucré, frès-soluble dans l'eau, inso- luble dans l'alcool. Il reprend une couleur bleue par l'addition de l'eau chlorée ou de l'acide azotique, etc. » histoire DES SCIENCES. — Nouvelles remarques sur l' interprétation d'un passage de Descaries ; par M. Valat. « On trouve dans le Compte rendu de la séance du a3 avril dernier un commentaire du passage suivant, extrait des œuvres inédites de Descartes : » Sicut in figura plana omnes anguli externi simuljuncti aquales siinl quatuor rectis, ita, incorpore solido, omnes anguli solidi externi simul juncti œquales sunl octo solidis rectis. Per angulum exlernum intelligo cwvaturam-, seu inclinationem planorum ad invicem quam metiri oportet ex angulis planis angulum solidum comprehendentibus. Nam illa pars, quâ aggregatum ex omnibus angulis planis unum angulum solidum facientibus mihus est quam quetuor anguli recti (i), de- siqnat anqulum solidum. (i) M. Prouhet ajoute que le texte porte planumque, et s'il ne doit pas supprimer le mot, ( io3a ) » M. Prouhet, auteur de la Note, croit devoir remplacer l'angle solide externe par l'angle solide supplémentaire, puis il donne du beau théorème de Descartes l'énoncé qui suit : « De même que dans un angle plan (convexe) la somme des suppléments des angles plans est égale à huit angles solides droits, de même dans un polyèdre (convexe) la somme des suppléments des angles solides est égale à huit angles solides droits. » » Il en fournit une démonstration très-simple. Nous tenons l'énoncé pour exact et la démonstration pour bonne ; mais nous croyons pouvoir affirmer : i° que l'angle solide externe de Descartes n'est point l'angle supplémentaire de M. Prouhet; a° que la démonstration du théorème est implicitement contenue dans le texte même. » En outre, nous nous permettons d'en offrir à notre tour une démons- tration tout à fait indépendante de la considération, soit de l'angle solide externe de Descartes, soit de l'angle supplémentaire de M. Prouhet. » i°. Descartes définit son angle solide externe, dans la seconde phrase, par ces expressions curvaturam seu inclinationem planorum ad invicem, où il n'est point question d'angle supplémentaire. La courbure ou l'inclinai- son des plans, les uns à l'égard des autres, par exemple des faces A et B, réunies par l'arête commune C, n'est autre chose que l'inflexion donnée à l'une des faces A, supposée d'abord le prolongement de B, pour la placer dans l'angle solide donné : c'est par analogie et lorsque le nombre des sommets ou côtés est infini dans le polygone plan , cet angle de contingence, célèbre dans les travaux des géomètres modernes, et aussi la courbure totale, citée par M. Bertrand, de l'Institut, dans la séance du 23 avril (voilà pourquoi dans le polygone inscrit au cercle, la cour- bure totale ou la somme des angles de contingence = 4 droits, et dans le polyèdre inscrit dans la sphère la même courbure devient 8 angles solides droits). » a°. La démonstration de Descartes est comprise dans la troisième phrase, commençant par le mot nam...; quoique fort concise, elle me paraît satisfaisante. » Les angles extérieurs ou externes d'un polygone plan'( convexe), qu'ils soient des suppléments ou non, c'est-à-dire formés en général entre les deux comme il penche à le croire, il le remplace du moins par celui-ci : plani. Pourquoi ne serait-ce pas \Aw\àl planiquc ? ( io33 ) côtés de l'angie et une droite extérieure menée par le sommet commun a ces côtés, ces angles, disons-nous, font une somme constante qui a pour valeur quatre angles droits, comme inscrits et embrassant deux fois la circonférence. » De même les angles externes d'un polyèdre convexe : Ma pars, quà aggregatum. . . minus est quam quatuor anguli recti planique. . . , embrassant deux fois l'étendue superficielle de la sphère, exprimée par 8, et assimilés à des angles plans également inscrits, auront une somme constante égale à 8. » De là on déduit immédiatement la formule 4S — A = 8 donnée par Descartes, et de laquelle M. Prouhet déduit le théorème d'Euler : ce qui donne une juste idée des progrès de l'illustre géomètre dans la théorie des polyèdres. » Voici maintenant notre démonstration, que nous rendrons plus sensible en commençant par la géométrie plane. » Décomposons le polygone en triangles par des diagonales menées d'un même sommet; il est évident que si on les ôte successivement en commençant par un bout, on supprime à la fois i sommet et on enlevé 2 droits; donc arrivé au dernier côté qui renferme i sommets; on aura enlevé 2 (S — 2) angles droits, et comme il ne reste plus de triangles, on a la somme des angles a = a (S — 2). » Opérons une décomposition analogue dans un polyèdre à l'aide de pyramides triangulaires ou non, et ôtons successivement une à une ces pyramides; on aura d'un côté chaque fois 1 sommet de moins et de l'autre 4 angles droits de moins ; car dans une pyramide à n faces triangulaires les n triangles ont 2 n droits, et la base qui les remplace, et a n côtés, n'offre que in — 4 droits. Cela posé, arrivant à la dernière de p faces triangulaires, on aura perdu S — p — 1 sommets et 4 (S — p — 1 ) droits = 4$ — (\p — 1 . Mais cette dernière pyramide présente ip-Y- ip — 4 droits (2 p pour les triangles groupés au sommet et 2/J — 4 pour la base); on a donc A = 4S — kp — 4 -+• %p-+- ip — 4 = 4S — 8. » Ainsi le nombre des angles droits que renferme la sommé des angles d'un polyèdre convexe est exactement le double de celui qui se trouve dans un polygone plan convexe d'un même nombre de sommets que le polyèdre, ce qu'il n'est pas difficile de concevoir à priori. » { io34 ) HISTOIRE DES SCIENCES. — Question des Porismes; lettre de M. Breton (de Champ). « J'ai présenté à l'Académie, le 21 mai dernier (1), une réclamation de priorité au sujet de l'interprétation des 29 énoncés par lesquels Pappus fait connaître le contenu des trois livres d'Euclide sur les Porismes. Cette réclamation m'avait semblé nécessaire en présence de certains passages de V Introduction de l'ouvrage de M. Chasles sur les Porismes, qui avait été pu- bliée dans le Compte rendu de la séance du 6 juin i85g. Ce livre a enfin paru, et les géomètres peuvent maintenant constater que M. Chasles a évidem- ment emprunté (2) à mes recherches la traduction qu'il donue ( p. 18-21) delà portion du texte de Pappus contenant la description des trois livres d'Euclide, ainsi que les notions sur l'état de ce texte par lesquelles mon tra- vail se distingue essentiellement des travaux antérieurs; que M. Chasles a emprunté aussi à ce même travail l'idée d'associer à chacun des 29 énoncés un nombre illimité d'hypothèses différentes pour constituer autant de pro- positions complètes qui puissent être présentées (dans l'ordre d'idées qui lui est particulier) comme ayant pu appartenir à l'ouvrage d'Euclide. M. Chasles n'a donc été fixé sur la signification de cette .partie du texte de Pappus, et sur le caractère tout spécial, et unique dans la géométrie an- cienne, des énoncés qui s'y trouvent exprimés, que par le secours de mes recherches, ainsi qu'on peut le voir en comparant ce qu'il dit aujourd'hui avec ce qu'il a dit dans Y Aperçu historique. Je ne puis donc admettre qu'il ait été fixé, comme il le dit dans une note au bas de la page 9, dès l'année r835 sur cette question des Porismes. La première condition pour être fixé sur une question de cette nature, c'est de comprendre les textes sur lesquels elle repose. Or en i835 M. Chasles était fort loin de connaître les secrets que devait livrer plus tard la partie du texte de Pappus dont j'ai le premier donné l'interprétation. C'est en vain qu'il prétend ne faire aucune allusion aux écrits publiés depuis l'année 1 835 ; il les a, au contraire, mis large- ment à contribution. Il leur a manifestement emprunté des notions sans lesquelles son travail de restitution aurait été impossible. » Peut-être M. Chasles entend-il, dans cette question de priorité, s'auto- riser d'une note qu'on lit au bas de la page 18, et qui est elle même un com- (1) Comptes rendus, t. L, p. g38~94o; Ibid., p. 995-997 ; lbid., p. 1007-1008. (2) Je puis du moins me servir de ce terme jusqu'à preuve contraire. ( io35 ) mentaire qu'il fait d'une note de Simson. Mais cette note n'a pas la signifi- cation que lui donne l'éminent professeur. Elle se rapporte, non point aux propositions que renfermaient les trois livres d'Euclide, ce qui est le système du commentaire de M. Chasles, mais aux nombreuses et grandes foules de propositions que l'on pouvait rattacher à ces trois livres, et qui cependant n'y existaient pas de fait. V alinéa à la Suite duquel M. Chasles présente ce commentaire ne forme pas un alinéa distinct, ni même une phrase entière dans le texte grec; ce n'est que la dernière partie d'une phrase coupée en deux. La première partie est dans Yalinéa précédent, et le sens ne se con- tinue pas dans la seconde. Chacun peut s'assurer, en se reportant au texte grec, que la coupure correspond aune virgule (i). » Au surplus, s'il pouvait rester quelque doute sur ce que Simson voyait dans chacun des 29 énoncés, voici quelques citations propres à dissiper tous les nuages. » Simson dit du 27e énoncé : Quod quidem Porisma videtur antepenultimum esse Lib. 3. Euclidis ; puis du 28e : Porisma penultimum Lib. 3. Euclidis ; puis du 29e : Porisma ultimum Lib. 3. Porismatum Euclidis (1). Voici donc trois de ces énoncés auxquels il applique le nom de Porisme, et cela avant de les avoir rétablis ; qui sont pour lui, par conséquent, trois de ces propositions dans lesquelles il fait consister les Porismes. Simson voit dans chacun de ces énoncés non pas un genre de Porisme, mais une proposition unique, contrairement à ce que paraît vouloir dire le commentaire de M. Chasles. » Simson dit encore du 6e énoncé, mais cette fois en faisant allusion à cette circonstance que, dans sa pensée, les 29 énoncés ne peuvent être que pareil nombre de propositions de l'ouvrage d'Euclide, et qu'il y en avait d'autres qu'on ne trouve pas dans Pappus : Porisma, unum scilicet ex iis inler Porismata Lib . 1. Euclidis quœ Pappus Lradit; et du i5e, en faisant allusion à la même circonstance : Porisma, unum scilicet ex iis quœ Pappus tradit inter Porismata Lib. 1. Euclidis (3). Il appelle aussi Porisma le Ier énoncé. (1) Voyez ce texte dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées de M. Liouville, t. XX, i855, p. 2i2. Voyez aussi la traduction rectifiée du passage dont il s'agit, t. III de la 2e série, i858, p. 94. (2) Opéra quœdatn reliqua. In-4°; Glasgow, 1776, p. 455, 463 et 47 1. (3) Voyez ces citations plus complètes dans l'ouvrage de M. Chasles, p. 1 4 1 et 175. La ponctuation de la première est défectueuse dans Simson. On a imprimé : quœ Pappus tradit hisce verbis « quod hœc ad datum punctum vergit, » avec une virgule sous le premier guillemet Cette virgule, que M. Chasles n'a pas cru devoir reproduire, est évidemment mal C. R., 1860, i™ Semestre. (T. LI, N« 26.) l38 ( io36 ) » La seule lecture de la version que donne Simson des 29 énoncés suffirait d'ailleurs pour décider la question. Il est à remarquer qu'en traduisant la phrase dans laquelle Pappus annonce qu'il va faire connaître les genres des choses cherchées, Simson a évité précisément de rendre le mot genres (vévïj dans le texte grec). Il a traduit : Talin itaque offeruntur inquirenda in primi libri propositionibus . S'il avait considéré les 29 énoncés comme des genres de Porismes, il n'aurait pas manqué d'écrire gênera quœsilorum au lieu de inquirenda. » Ces citations établissent péremptoirement que Simson n'a pas compris que chacun de ces 29 énoncés devait correspondre, dans l'ouvrage même d'Euclide, à plusieurs propositions. Il lui manquait, pour parvenir à cette notion, d'avoir reconnu que nous avons ces énoncés tels ou à peu près tels que Pappus a voulu les donner. Or il croyait, au contraire, que le texte ne nous était parvenu que très-incomplet et corrompu. » J'ai été assez heureux pour reconnaître que Simson était en cela dans l'erreur, et pour faire avancer par suite la question des Porismes jusqu'au point que David Gregori avait en vue lorsqu'il disait qu'il ne doutait point qu'on ne parvînt à restituer les Porismes de quelque manière, dès que le texte grec de Pappus aurait vu le jour. Ce texte avait été publié ensuite par Halley ; mais on ne croyait pas l'avoir complet. Aujourd'hui cet obstacle n'existe plus, et les restitutions ont en effet commencé à se produire. Celle de M. Chasles est la première; mais ce n'est pas lui qui a reconnu que le texte des 29 énoncés est complet, ce n'est pas lui qui en a déterminé la si- gnification et le caractère. Là est l'objet de ma réclamation, qui se réduit maintenant à une question de faits matériels à vérifier. » Cette réclamation, que je maintiens expressément, ne porte en aucune façon sur les hypothèses dans lesquelles M. Chasles s'est lancé. Il n'a pas pu s'accommoder de la définition du Porisme telle que Pappus nous l'a trans- mise. Il la change une première fois dans sa traduction, et il est obligé de la changer ensuite une seconde fois. Ces deux changements successifs me dis- pensent d'entrer ici dans plus de détails » «M. Chasles, à qui cette nouvelle réclamation de M. Breton est communi- quée pendantla séance, dit que ses fonctions dans ce momentne lui permettent placée par suite d'une faute d'impression; sa place est à la suite du mot tradit, ainsi qu'on le reconnaît par la première citation. M. Chasles n'a pas cru devoir citer ce que Pappus dit au sujet des 27e, 28e et 29e énoncés. ( *& ) pas d'en prendre connaissance, et que, puisqu'elle est dirigée contre lui, il ne peut qu'inviter M. le Secrétaire perpétuel à vouloir bien l'insérer in extenso dans le Compte rendu. » Il ajoute qu'il répondra dans la prochaine séance, et qu'il montrera que toutes les assertions et les prétendues découvertes de M. Breton sont absolument sans fondement, ainsi qu'il l'a déjà déclaré très-formellement à l'Académie dans les séances des 21 et 28 mai et 4 juin de cette année. » M. Wodzicki annonce que la Pologne méridionale, qui paraissait avoir été jusqu'à ce jour exempt du fléau des sauterelles, n'en a pas été préservée cette année. La Gallicie (Pologne autrichienne) a été envahie par des troupes innombrables d'une espèce regardée comme nouvelle par l'auteur de la Lettre, qui en transmet un spécimen bien conservé. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures un quart. F. i38. ( io^8 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du il\ décembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut impérial de France; t. XXVIII. Paris, 1860; in-4°. Description géographique et statistique de la Confédération Argentine; par V. Martin DE MOUSSY; t. II. Paris, 1861 ; in-8°. Traité de Balistique; par le général Djdion, ■>' édition. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Morin qui indique, d'après une Lettre de l'au- teur, les principaux points par lesquels cette édition se distingue de la pre- mière.) Essai sur la topographie physique et médicale de la ville de Narbonne; par Joseph de Martin. Montpellier, i85g; 1 vol. in-8°. (Adressé au concours pour le prixde Statistique.) Etude de l'étage kimméridien dans les environs de Montbelliard et dans le Jura, la France et l'Angleterre; par Charles Contejean. Paris, 1859; 1 vol. in-8°. (Adressé au concours pour le prix Cuvier. ) Topographie médico-hygiénique du déparlement du Finistère, ou Guide sani- taire de l habitant ; par le Dr Louis Caradec. Brest, 1861; 1 vol. in-8°. (Pré- senté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) La Chimie usuelle appliquée à l'agriculture et aux arts; par le Dr Stock - hardt; traduit de l'allemand sur la 11e édition, par F. Brustlein. Paris, 1861; 1 vol. in-12. (Présenté, au nom du traducteur, par M. Boussingault.) Histoire médicale ilu choléra-morbus épidémique qui a régné en i854 dans la ville de Gj (Haute-Saône) ; parP.-Al. Njobey. Paris, i858; in-8°. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirugie. ) Chutes du rectum: traitement curalif par la méthode diortltosténosique du Dr H. Frémineau. 1860; br. in-8°. Déplacements de l'utérus: traitement par la méthode diorthosténosique ; par le même. 1860; br. in-8°. ( i°39 ) Electricité médicale : Notice sur quelques appareils nouveaux destinés à loca- liser l'électricité; par le même. 1860; br. in-8°. (Ces trois opuscules sont adressés pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Etudes chimiques sur l'étamage des vases destinés aux usages alimentaires; par Adolphe Bobierre. Nantes, 1861; br. in-8°. Etudes sur l'appareil de la génération chez les sélaciens. Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Strasbourg; par Edmond BRUCH. Strasbourg, 1860; in-40. Type de chaque famille et des principaux genres de plantes croissant sponta- nément en France; exposition détaillée et complète de leurs caractères et de [em- bryogénie; par F. PlÉE. 129e et i3oe livraisons; in-4°- De la lithotripsie sans fragments au moyen des deux procédés de l'extraction immédiate ou de la pulvérisation immédiate des pierres vésicales par les voies natu- relles; par le baron Heurteloup. Paris, 1846; in-8°. L'art de broyer les pierres dans la vessie humaine démontré par de nombreuses figures; parle même. Paris, 1 858 ; br. in-8°. Rapport sur les travaux de la Faculté des Sciences de Montpellier pendant l'année scolaire 1860-1861; par M. Paul Gervais, doyen delà Faculté. Montpellier, 1860; br. in-8°. Ouvrages offerts par l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. ■ Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg . 6e série. Sciences mathématiques, physiques et naturelles. Tome IX. Première partie. Sciences mathématiques et physiques, tome VII et dernier. Saint-Pétersbourg, 1859; in-4°. = Tome X et dernier. Seconde partie. Sciences naturelles, tome VIII et dernier. Saint-Pétersbourg, 185g.; in-4° = Sciences politiques, histoire et philologie, tome IX et dernier. Saint-Pétersbourg, 1859; in-4°. Mémoires présentés à l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ( io4o ) par divers savants et lus dans ses assemblées; tomes VIII et IX. Saint-Péters- bourg, 1809; in-4°. Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; t. II, feuilles 1 à 17; in -4°. Beitrag. . . Mémoire pour déterminer les rapports de Keppler avec Wallenstein; par Otto Struve. Saint-Pétersbourg, 1860; br. in-4°. Anhang... Appendice au Mémoire sur tes topazes de Russie; par M. DE Kokscharow. Saint-Pétersbourg, 1860; br. in-4°. Die Makrokephalen . . . Les Macrocéphales des sépultures de Crimée et d'Au- triche: comparaison avec le genre de déformation que Blumenbach a désignée sous le nom de Macrocephalus; par M. Baer. Saint-Pétersbourg, 1860; br. in-4°- Beitràge... Matériaux pour la connaissance des terrains séâbnentaires, prin- cipalement de ceux des pays de montagnes Jekatherinburg, Slatoust et Kuschwa, ainsi que des contrées voisines de l'Oural; par M. GrÙnewaldt. Saint-Péters- bourg, 1860; br. in-4°. Die... Les Calligonées aralo-caspiennes; par A. BORSZCVOW. Saint-Péters- bourg, 1 860 ; br. in-4°. Scienza... Traité général, théorique et pratique de pathologie chirurgicale; par Tito Livio de Sanctis. Naples, i85a et 1857; a vol. in-8°. (Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. ) United... Foyage d'exploration des Etats-Unis pendant les années 1838- 1842, sous le commandement de Charles Wilkes. — Erpétologie ; par Charles Girard. Philadelphie, i858; in-4° avec atlas in-folio. Exploration... Levées et explorations pour le tracé d'un chemin de fer du Mississipi à l'océan Pacifique [département de la guerre). — Poissons; par le même. Washington, 1 858 ; 1 vol. et atlas in-4°. United. . . Commission du relevé des limites entre les Etats-Unis et le Mexique, sous les ordres du lieutenant-colonel Emory. — Ichthyologie de la frontière ; par le même ; in-4°. ( io4' ERRATA. (Séance du 17 décembre 1860.) Page 968, ligne [\, au lieu de 25", lisez 25'. Même page, ligne 5, au lieu de formules (2), lisez formules (1). Page 983, ligne 2, au lieu de la Section de Zoologie et d'Anatomie comparée, lisez la Section d'Anatomie et de Zoologie. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 31 DÉCEMBRE 1860. PRÉSIDENCE DE M. CflASLES. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président, à l'ouverture de la séance, s'enquiert, au nom de l'Aca- démie, près de MM. les Membres qui font en même temps partie du Muséum d'Histoire naturelle, de l'état où se trouve aujourd'hui M. Becquerel, qui, mardi dernier, a éprouvé un accident grave, une chute suivie d'une fracture du col du fémur. M. Geoffroy-Saint-Hilaire annonce que M. Becquerel se trouve aujour- d'hui dans un état aussi satisfaisant qu'on peut l'attendre après cet acci- dent. M. GeofrVoy-Saint-Hilaire est invité à transmettre au blessé les témoignages de l'intérêt que lui portent tous ses confrères. géométrie. — Sur tes Porismes. Béponse de M. Chasles aux Béclamalions adressées par M. Breton (de Champ), dans les séances des 21 et 28 mai , et 26 décembre. Je n'avais pas l'intention de donner suite aux Réclamations de M. Breton. J'avais pensé que la courte réponse que j'y ai faite itérative- ment et qui rend hommage à la sagacité et aux découvertes de Simson C. R., 1860, ame Semestre. (T. U, N» 27.) I 3o, ( M. Breton entend ici par propositions des propositions complètes telles que les théorèmes. Il veut donc dire : « Les énoncés de Pappus ne consti- tuent pas des propositions complètes, comme on lavait imaginé. » Or Simson n'a point imaginé que les énoncés de Pappus représentaient des propositions complètes. Loin de là, il a exprimé très-nettement le con- traire, premièrement en disant, ainsi que nous venons de le voir, que Pappus n'a transmis que le premier de ses énoncés, à l'état de proposition complète; et secondement en regardant les autres énoncés comme renfer- mant simplement des conclusions dépourvues d'hypothèses (des faits géo- métriques, selon l'expression de M. Breton); car dans les six Porismes qu'il a rétablis, ce sont précisément des hypothèses, et rien autre chose, qu'il a cherché à adapter aux conclusions renfermées dans les énoncés de Pappus. Faut-il d'autres preuves? Simson dit, en traduisant le paragraphe de Pappus relatif au deuxième livre d'Euclide : « Dans le deuxième livre les » hypothèses sont autres que dans le premier, mais la plupart des choses » cherchées sont les mêmes. Il y a en outre celles-ci : Que tel rectangle.... — In secundo libro hypothèses quidem divcrsœ sunt. Inquirenda vero ut plu- rimum eadem ac in primo : prœtereaque hœc « Quod rectangulum illud.... » Ainsi il est manifeste que Simson regarde ici les énoncés de Pappus relatifs au second livre, non pas comme des propositions complètes, mais comme exprimant des choses cherchées, ou des conclusions susceptibles d'hypothèses diverses. Il dit la même chose des énoncés relatifs au troisième livre. L'assertion de M. Breton est donc erronée ; et ce qu'il croit avoir découvert, est ce que Simson a non-seulement dit formellement dans plu- sieurs passages, mais ce qu'il a mis en pratique. « 3°. Chaque énoncé se trouvait associé dans l'ouvrage d'Euclide à plu- » sieurs hypothèses différentes, omises par Pappus. » C'est précisément ainsi que l'a entendu Simson, comme on vient de le voir. Mais M. Breton veut-il d'autres preuves? elles abondent. Au moment d'énoncer la proposition XXXIV, Simson dit qu'elle est un des Porismes que Pappus exprime en ces termes : Que telle droite passe ( io48 ) par un point donné. — « Prop. XXXIV. Quœ est Porisma, unum scilicet ex o Us inter Porismata Lib. I. Euclidis, quœ Pappus tradit hisce verbis, « Quod » hœc ad datum punctttm vergit ( i). >> Il dit de même pour sa Proposition XLI « un des Porismes. » — « Quœ est Porisma, unum scilicet ex Us quœ Pappus tradit inter Porismata » Lib. I. Euclidis, hisce verbis « Quod recta... auferta posilione datis segmenta » datum reclangulum comprehendentia (2). » Ainsi il est parfaitement évident que Simson a regardé chacun de ces énoncés comme s'appliquant à plusieurs Porismes d'Euclide, c'est-à-dire comme exprimant des conclusions communes à plusieurs Porismes ayant des hypothèses différentes. Nous verrons plus loin que cette pensée de Simson, exprimée ici inci- demment, mais de la manière la plus formelle, à l'égard de deux énoncés de Pappus, l'est, non moins explicitement, dans un autre passage, à l'égard de tous les énoncés en général. Il n'y a donc, sur ce point capital qui tient une grande place dans les prétentions de M. Breton, et qui va se trouver reproduit dans sa deuxième et sa troisième Réclamation, aucune découverte de sa part. Comment a-t-il pu fermer les yeux à des choses si claires? « 4°- Les énoncés de Pappus sont les Porismes eux-mêmes; et résument con- » séquemment la substance de nombreuses propositions d'Euclide, au lieu » de n'être que les énoncés d'une trentaine de ces propositions. » La première partie de cette phrase constitue enfin une vraie décou- verte, et cette découverte est bien due à M. Breton. Car Simson et tous les géomètres avec lui ont pensé jusqu'ici que les Porismes étaient les 171 propositions de l'ouvrage d'Euclide, et que le Porisme complet rap- porté par Pappus, pouvait être considéré comme représentant la forme ou le type de ces propositions. Personne n'avait encore imaginé, avant M. Breton, que les Porismes ne fussent pas des propositions (intermédiaires entre le théorème et le pro- blème, comme le dit Pappus), et qu'ils fussent simplement des affirmations ou des réponses à des questions. Mais nous respectons les découvertes et les idées de M. Breton, et nous n'en parlerons point ici, pas plus que nous ne l'avons voulu faire depuis (1) V. Opéra quœdam..., p. 4i8. — Les trois Livres de Porismes d'Euclide, etc., p. i/fi. (2) Opéra quœdam..., p. 43 1 . — Les trois Livres de Porismes d'Euclide, etc., p. 1^5. ( i°49 ) douze ans, quelques raisons très-fondées que nous aurions pu avoir de nous plaindre de ses écrits. Toutefois il est permis de penser que si la conception dont il s'agitétait tant soit peu plausible, l'auteur n'aurait pas manqué, depuis si longtemps, de l'appliquer, c'est-à-dire de restituer les Porismes d'Euclide, ou du moins d'en donner un spécimen dans lequel trouveraient place les XXIX énoncés, ou, comme il les appelle, les XXIX Porismes de Pappus. M. Breton juge-t-il ce travail trop facile et moins propre que ses assertions, ses critiques et ses dissertations sans fin, comme sans résultat, sur des mots et des virgules, à fixer l'attention des géomètres, et à lui assurer l'honneur qu'il revendi- que (i) ? Nous croyons au contraire que ce travail ne serait pas facile. Et si cet aveu donne lieu, par esprit de critique ou de contradiction, à un bon travail de Géométrie de la part de M. Breton, nous nous en applaudirons. Je passe à ces mots qui terminent la phrase de M. Breton : Ait lieu de n'être que les énoncés dune trentaine de propositions. Ici l'auteur veut dire que Simson a regardé les énoncés de Pappus comme des propositions individuelles extraites de l'ouvrage d'Euclide; en d'autres ternies, que Simson a entendu que Pappus avait voulu transmettre, sous chacun de ces énoncés, un théorème unique et complet, pris (au hasard apparemment) parmi les 171 propositions d'Euclide. Sur ce point encore, M. Breton est complètement dans l'erreur. Car Simson dit absolument le contraire, puisqu'il regarde chaque énoncé, d'une part, comme une proposition non complète, ainsi que nous l'avons vu ci- dessus (i°), et, d'autre part, comme exprimant une conclusion commune à plusieuis Porismes d'Euclide (3°). Mais indépendamment de ces raisons péremptoires, qui pourra croire, comme semble le faire M. Breton, qu'un géomètre tel que Simson a pu penser qu'il y avait dans l'ouvrage d'Euclide 171 propositions différentes et originales par elles-mêmes, et dont les XXIX énoncés de Pappus auraient été de simples individualités prises au hasard ? Laissant de côté tout ce qui blesserait dans cette idée le sentiment des choses géométriques et tout ce que Pappus dit de contraire dans sa Notice sur les Porismes, il suffirait de rap- peler que dans un autre endroit il donne un démenti formel à une telle hy- pothèse. Car, à la fin de sa Préface du VIP Livre, il avertit qu'en faisant connaître lés divers Traités d'Euclide, d'Apollonius, etc., sur les Données, (1) Comptes rendus, p. 996. ( io5o ) les Porismes, les Contacts, etc., il espère n'avoir rien omis, dans la descrip- tion de ces livres, qui mérité d'être connu (i). Comment ces considérations ne se sont-elles pas présentées à l'esprit de M. Breton ! « 5°. Pour obtenir sinon les propositions mêmes d'Euclide, du moins » des propositions qui puissent en tenir lieu, il suffit d'associer aux divers » énoncés que nous avons, et dont nous connaissons maintenant la signification, » des hypothèses. » C'est encore ainsi qu'a pensé Simson, c'est-à-dire qu'il a parfaitement su que pour rétablir l'ouvrage d'Euclide, il fallait associer des hypothèses aux énoncés de Pappus. Eeffectivement, c'est là ce qu'il a fait, et pas autre chose, pour les énoncés qu'il a rétablis, et dont il a parfaitement connu la signification, comme nous l'avons prouvé ci-dessus (3°). S'il n'a pas réussi à rétablir les autres énoncés, ce n'est pas qu'il leur ait attribué une signification différente. Mais c'est qu'il n'a pas trouvé d'hypo- thèses qui donnassent lieu aux relations de segments que la plupart de ces énoncés expriment. Nous en avons dit la cause (2) : c'est que ces relations de segments sont celles qui conviennent aux divisions homographiques, ma- tière qui n'était pas encore cultivée chez les Modernes, et qui chez les Grecs ne l'a peut-être été que par Euclide. Réflexion sur la question des Porismes. Ce que nous venons de dire en dernier lieu nous conduit naturellement à une réflexion qui montrera que M. Breton a été loin de comprendre la question des Porismes. C'est que la difficulté ne consistait pas, comme il le croit, dans une traduction de Pappus, après celles de Commandin, de Hal- ley et de Simson, qui étaient bien suffisantes et qui ne le cèdent en rien à celle de M. Breton, même à sa seconde édition rectifiée. La meilleure des traductions ne pouvait pas faire que la question des Porismes ne restât pas une énigme. En effet, la difficulté était de découvrir ce qu'étaient les théories ou les familles de propositions que renfermait l'ouvrage d'Euclide, et auxquelles se rapportaient les énoncés de Pappus. C'était un long travail de Géométrie qu'il fallait, et non un travail de traducteur. (1) Cette observation nous a été communiquée lors des premières réclamations de M. Breton, par notre confrère et excellent ami M. Bienaymé. • (2) Voir Les trois Livres de Porismes d'Euclide . . . , p. 1 3. ( ïoÔi ) Où pouvait-on espérer de découvrir les éléments de ce travail ? Dans les XXXVIII Lemmes de Pappus. C'est, en effet, là que nous les avons trouvés, après une analyse approfondie de ces Lemines dans l'Aperçu histo- rique (p. 33-37'), comme nous l'avons dit alors (Ibid, p. 279), et comme le prouve (nous espérons, du moins, que, sur ce point, le témoignage d'au- cun géomètre ne nous sera contraire) le rétablissement de l'ouvrage d'Eu- clide, auquel nous sommes parvenu. Ehbien! précisément M. Breton dit dans son Mémoire de 1 855, « qu'il » est peu à espérer qu'on puisse remonter des Lemmes de Pappus aux pro- » positions mêmes du Traité des Porismes (1). » Voilà l'idée qu'il s'est faite de la question des Porismes. S'étonnera-t-on, après cela, qu'il n'ait pas même abordé dans ses nombreux écrits la véri- table question? Résumé de nos conclusions relatives aux cinq parties de la Réclamation de M. Breton. « i°. Simson a considéré les énoncés de Pappus comme étant l'œuvre même de ce géomètre, et non comme des propositions mutilées dans les manuscrits. » 20. Simson a parfaitement vu que ces énoncés représentaient de sim^ pies affirmations dépourvues d'hypothèses. » 3°. jCe géomètre a vu en outre que chaque énoncé répondait à plu- sieurs Porismes d'Euclide ayant des hypothèses différentes. » 4°- Couséquemment il a vu que ces énoncés n'avaient pas pour objet d'exprimer une trentaine seulement des propositions du livre d'Euclide. » 5°. Enfin il a vu que pour obtenir, conjecturalement, les Porismes d'Eu- clide, il fallait associer des hypothèses aux énoncés de Pappus : et consé- quemment il a connu parfaitement le caractère de ces énoncés. » Ces conclusions partielles ont été justifiées l'une après l'autre, dans l'or- dre même des assertions contraires dont elles sont la réfutation. Que reste-t-il après cela des découvertes de M. Breton ? Une seule, nous l'avons dit, mais qui est vraiment de lui, savoir que les Porismes d'Euclide sont les énoncés mêmes de Pappus, et non des propositions avec hypothèse et affirmation, comme tous les géomètres l'ont cru. Mais je doute que M. Breton ait plus réussi dans l'interprétation des textes de Pappus et de Proclus, sur lesquels il fonde son système, que dans (1) V. Journal de Mathématiques, t. XX, p. 296, année i855. C. R., 1860, arae Semestre. (T.LI, N° 27.) 1*4° ( io52 ) celle des textes de Halley et dg Simson, sur lesquels il fondait ses critiques et ses rélamations. Un autre ordre de preuves, auquel donne lieu la seconde Réclamation de M. Breton, va confirmer pleinement, dans leur ensemble, et toutes à la fois, nos conclusions individuelles. C'est un passage fort explicite de Simson, qui jette une vive lumière sur la doctrine des Porismes, et prouve que l'au- teur a bien compris la pensée île Pappus. Addition à la Réclamation de M. Breton (séance du 28 mai; p. 995). « Ce que je revendique, dit M. Breton, c'est précisément l'honneur d'a- » voir, le premier, fait paraître suffisamment explicite le texte de Pappus, » en découvrant : » i°. Que la partie de ce texte qui renferme les énoncés de Porismes n'est » pas incomplète, comme on l'avait supposé; » 20. Que ces énoncés ne sont pas des propositions, et qu'ils résument la » substance des trois livres de Porismes [Comptes rendus, p. 996). » Ces deux assertions ne sont que la reproduction des deux premières parties de la première Réclamation, auxquelles nous avons répondu com- plètement. Il serait superflu de rien dire de plus. Je continue donc de citer le texte de M. Breton : « A peine est-il besoin d'ajouter que la priorité que j'ose réclamer (vis-à- » vis de M. Chasles), n'appartient point à Sinison, comme on pourrait le » croire d'après les derniers mots de sa Note. » Ici se trouve un renvoi au bas de la page (996), ainsi conçu : « Simson, après avoir donné une version latine de la Notice sur les » Porismes, ajoute, en parlant des énoncés de Porismes : Perspicuum est » propositiones lias omnes, prima excepta, omnino mancas et imperfeclas esse » (Opéra quœdam reliqua, p. 35a). On voit par là qu'il donne aux énoncés » de Porismes le nom de propositions. » Cette Note de M. Breton est très-précieuse. Car jusqu'ici les Réclamations auxquelles nous répondons ont reposé sur des assertions dépourvues de toutes preuves, et paraissaient dériver d'une idée préconçue, qui n'avait pas d'autre autorité que la parole de l'auteur. Mais l'assertion actuelle est mo- tivée ; et, en montrant comment M. Breton a entendu le texte de Simson, elle, nous fait connaître l'une des causes principales de ses erreurs. Je reprends le texte cité de Simson. Il dit : « Toutes ces propositions, excepté la première, sont incomplètes et imparfaites. » Or cela est parfaitement vrai; les énoncés de Pappus sont des propo- ( io53 ) sitions incomplètes et imparfaites, puisqu'ils n'expriment que des affirma- tions, et qu'il faut y ajouter des hypothèses pour avoir des propositions complètes, ou des théorèmes proprement dits. Mais est-ce ainsi que Sirnson l'a entendu ? Ou bien, Simson a-t-il voulu dire, comme le prétend M. Breton, que Pappus avait donné des propositions complètes, et non de simples affirma- tions, et que c'est par suite de la mutilation des manuscrits que ses énoncés nous sont parvenus dans l'état où ils se trouvent? Telle est la question. Quelques mots de Simson vont nous en donner la solution, d'une manière incontestable. C'est une simple explication incidente, qui se rap- porte à un passage de Pappus. Il s'agit de la dernière phrase qui précède la description que fait Pappus des genres compris dans ses vingt-neuf énoncés. Simson traduit ainsi : « Hœc autem [Porismala) juxta hypothesium minime differentias distin- »' guenda sunt ; sed secundum differentias accidentium et quœsitorum. Hypo- » thèses quidem omnes inter se di/ferunt, cum specialissimœ sint : accidentium » vero et quœsitorum unumquodque, cum sit union idemque, multis diversisque » hypothesibus contingil (1). » • « Ce o/est pas par les différences des hypothèses qu'il faut distinguer les » Porismes, mais par les différences des résultats ou des choses cherchées. » Les hypothèses, en effet, sont toutes différentes, et constituent des spé- » cialités; mais, des résultats ou des choses cherchées, chacun se trouve « être identique ou unique dans beaucoup d'hypothèses. » Or, après le mot contingil, Simson ajoute, en note, une explication qui montre qu'il a parfaitement compris que les propositions de Pappus ne renferment que l'énoncé de résultats ou conclusions auxquels s'ap- pliquent des hypothèses diverses. Il dit, en effet, dans cette note qui part du mot contingit : « Par exemple, beaucoup de Porismes qui ont des hypo- » thèses différentes, ont cependant une même conclusion, savoir, que tel » point est sur une droite donnée de position; ou que telle droite passe » par un point donné, etc. » — « Ex. gr. Multa sunt Porismata quœ di- » versas hypothèses habent, sed quœ omnia concludunt punctum aliquod tan- » gère rectam positione datam; vel rectam aliquam v erg ère ad punctum da- » tum; etc. (2). » (1 ) Opéra qucedam . . . , p. 349- (2) lbid., p. 349. — Les trois Livres de Porismes, etc., p. 18. 140.. ( io54 ) Simson entend donc que les énoncés : Quod punclum illud tangit rectum positione datant; Quod hœc ad dalum punctum vergit ; etc., c'est-à-dire, tons les énoncés de Pappus, conviennent chacun à plusieurs Porismes d'Euclide différents par les hypothèses, et conséquemment que ce ne sont point des propositions primitivement complètes, et devenues défectueuses par la mutilation des manuscrits ; car des propositions complètes ne satisferaient point à plusieurs hypothèses différentes. D'autres passages de Simson confirmeraient cette explication, s'il en était besoin; tels sont ceux que nous avons déjà cités plus haut en répondant auxjpremières réclamations de M. Breton. On conclura de là sans aucun doute : •> i°. Que Simson a entendu que les énoncés de la Notice de Pappus consti- tuent des propositions incomplètes et imparfaites, dans ce sens, qu elles ne renfer- ment que des affirmations, sans hypothèses; » 20. Qu'iïrt regardé ces propositions comme l'œuvre de Pappus lui-même, et non comme des propositions primitivement complètes et devenues défectueuses dans les manuscrits par [injure du temps ou par une mutilation systématique ; » 3°. Enfin, que Simson a parfaitement vu la signification de ces énoncés, en les considérant comme représentant chacun, dans les intentions de Pappus, un type ou genre commun à plusieurs Porismes tous différents par les hypothèses, mais ayant tous la même affirmation. Ces conclusions s'accordent, quoique dans un ordre différent, avec celles auxquelles nous ont conduit ci-dessus d'autres passages de l'ouvrage de Simson. Nous ne pouvons donc que répéter que toutes les assertions de M. Breton sont absolument sans fondement, c'est-à-dire que ses prétendues découvertes ne sont point autre chose que les idées exprimées et mises en pratique par Simson. En définitive donc, M. Breton n'a absolument rien trouvé; sauf, comme nous l'avons dit, cette idée vraiment originale et qui reste à sa charge, savoir : que les Porismes n étaient pas des propositions, comme tout le monde l'a pensé jusqu'ici (î). (i) Si les Porismes sont les XXIX énoncés de Pappus, et non les propositions que renfer- mait l'ouvrage d'Euclide, comment M. Breton expliquera~t-il que le premier Lemme s'applique au premier Porisme, le second Lemme au second Porisme, comme le dit Pappus? Jusqu'ici on a pensé que ces Lemmes pour les Porismes s'appliquaient à des propositions ainsi que les Lemmes des lieux plans, etc. M. Breton ne partage donc pas ces idées vulgaires; il veut que les Lemmes des Porismes s'appliquent à des genres ou familles de propositions. L'idée peut être ingénieuse, et le fait serait assez nouveau et assez furieux aux yeux des géomètre: pour que l'auteur daignât la développer. ( io55 ) » On s'étonnera certainement que les idées de Simson, que nous avons résumées, soit dans les conclusions ci-dessus, soit dans les précédentes, , comme ressortant des différents passages et de l'ensemble de son livre des Porismes, aient échappé à l'esprit de critique de M. Breton, quelle qu'ait été sa confiance dans ses propres idées conçues à priori. » Si à une première lecture, M. Breton a pu être impressionné par ces expressions propositiones omnino mancas et imperfectas, et n'a pas cherché a en apprécier le sens, il semble qu'il aurait dû le faire plus tard, quand il a commencé à diriger des critiques, aussi peu mesurées que peu réfléchies, contre l'ouvrage du célèbre géomètre anglais, et plus tard encore quand, nonobstant mes réponses qui semblaient suffisamment significatives quoique très-modérées, il a insisté sur ses Réclamations et sur la priorité et l'honneur dus à ses découvertes (Comptes rendus, p. 996). Troisième Réclamation de M. Breton (séance du ï^ décembre, Compte rendu, p. io34). Cette troisième Réclamation est, comme tout ce que l'auteur a écrit sur les Porismes, une accumulation d'assertions sans aucune preuve. Néan- moins elle n'est pas sans utilité, parce qu'on y trouve, par exception comme dans la seconde, un raisonnement sur un passage de l'ouvrage de Simson, qui offre une nouvelle preuve que M. Breton n'a rien compris à cet ouvfage. Nous serions fondé à dire, et ce serait peut-être une excuse qui ne lui déplairait pas, qu'il l'a à peine lu : ce dont nous donnerions des preuves s'il était nécessaire. Il s'agit du passage : Hœc autem (Porismata) juxta hypothesium . . . contingit, déjà transcrit, page io53, au sujet de la deuxième Réclamation. Nous y avons introduit le terme Porismata, parce qu'il faut entendre que hœc se rapporte aux Porismes, dont l'auteur parle dans sa phrase précédente ainsi conçue : Euclidem autem hoc nescivisse haud verisimile est, sed principia soin respexisse : nam per omnia Porismata non nisi prima prin- cipia, et semina tantum multarum et rnagnarum rerum sparsisse videtur. Et nous avons ajouté que la note de Simson qui part du mot contingit: « Ex. gr. Multa sunt Porismata. . . » se rapportait à ces mêmes Porismes qu'il désigne par le pronom hœc, et qu'il dit être différents par les hypo- thèses. La pensée de Simson, telle que nous l'entendons, ne peut être dou- teuse. Cependant M. Breton prétend que la note de Simson : « Ex. gr. Multa ( io56 ) » sunt Porismata... » ne se rapporte pas aux Porismes comme je l'ai supposé. Mais il faut reproduire les termes mêmes de M. Breton, car on ne pourrait y croire : « Cette note n'a pas la signification que lui donne l'émi- » nent professeur. Elle se rapporte non point aux propositions que renfermaient » les trois livres d'Euclide, cequi est le système du commentaire de M. Chasles, » mais aux nombreuses et grandes foules de propositions que l'on pouvait rat- » tacher à ces trois livres, et qui cependant n'y existaient pas de fait. » [Compte rendu de la dernière séance, p. io35). C'est-à-dire que M. Breton, avec cette confiance aveugle qui fait le caractère de tout ce qu'il a écrit sur les Porismes, entendrait que Siinson a fait correspondre le pronom hœc, non pas à Porismata, mais à multarum rerum. . . ! Ce nouvel exemple va de pair avec celui des propositions omnino mancas et imperfectas cité au sujet de la deuxième Béclamation : l'un et l'autre montrent comment M. Breton a compris le texte de Simson. Je passe à un autre point. Simson appelle les trois derniers énoncés de Pappus, Porisma ante- penultimum lit». 3. Euclidis, Porisma penultimum..., Porisma ultimum M. Breton conclut de là que « Simson voit dans chacun de ces » énoncés non pas un genre de Porismes, mais une proposition unique. » Nous nous bornerons à dire que cette interprétation de la pensée de Simson est formellement contredite par les passages variés et toujours con- cordants (cités ci-dessus dans notre réponse aux deux premières Réclama- tions), qui ont prouvé péremptoirement que Simson a entendu que chaque énoncé de Pappus exprimait des conclusions convenant à plusieurs Porismes différents par les hypothèses, et en outre, que ces conclusions, c'est-à-dire ces genres de Porismes, se trouvaient aussi dans le Ie et le 3e livre. • On peut penser que le fait du mot Porisma appliqué aux trois derniers énoncés provient d'une de ces inadvertances auxquelles tous les auteurs sont exposés, surtout quand ils ne sont pas en garde contre lés interprétations forcées qu'un critique pourra toujours hasarder sur des mots, s'il ne veut tenir compte ni des explications les plus claires, ni du sens général d'un ouvrage. Sur ce qui se rapporte à la question des Porismes dans l'Aperçu historique. J'hésite à pousser plus loin l'examen des allégations de M. Breton, et à répondre à ce qui m'est particulièrement personnel. Car, puisque j'ai adopté, dès le principe, dans l'aperçu historique, le système de Simson, et ( «o57 ) que je l'ai développé dans mon ouvrage actuel; puisque M. Breton, en dirigeant ses critiques et ses réclamations contre Simson, a soin de dire que je n'ai fait que suivre les idées de ce géomètre ( Comptes rendus, p. 939); que j'ai adopté sa manière de voir (ibid., p. 997); je 'ne dois sans doute pas craindre que maintenant il veuille me faire une position différente. Aussi, je n'ajouterais pas un mot pour ce qui me concerne, si je n'avais pas à faire mention d'une inadvertance qui a été signalée et reproduite par M. Breton, et dont il croirait que je veux éviter de parler ici. Je dirai tout d'abord que cette inadvertance, purement historique et sans conséquences, aurait dû être considérée comme non avenue, par la raison toute simple qu'elle est contredite et réparée dans l'ouvrage même où elle se trouve ; et qu'en outre elle a été rectifiée formellement dans un autre écrit connu de M. Breton et antérieur à toutes ses publications sur les Porismes. Il s'agit d'un passage de X Aperçu historique. Cet ouvrage, publié en 1837, est formé de deux parties différentes. La première est la partie histo- rique proprement dite, dans laquelle j'ai présenté un exposé succinct des travaux des géomètres à toutes les époques jusqu'à nos jours. La seconde, beaucoup plus étendue, contient, sous le titre de Notes (il y en a 34), des résultats mathématiques extraits de mes propres travaux alors inédits. On y trouve aussi le développement, oserai-je dire la solution? de quelques ques- tions historiques célèbres, souvent agitées et restées toujours couvertes d'obscurité. Ces questions, d'un puissant intérêt, étaient devenues, par occa- sion, l'objet de mes préoccupations et de mes efforts persévérants, continues pendant l'impression même de l'ouvrage, qui s'en est trouvée retardée de plusieurs années. Telles sont la question des Porismes; celle de l'origine de notre système de numération, à l'occasion du célèbre passage de la Géomé- trie de Boèce; des recherches sur la Géométrie des Indiens, d'après les ou- vrages de Brahmegupta et de Bhascara Acharva, etc. C'est dans la Note III (p. 274-284), que j'ai exposé mes vues sur les Po- rismes, où Simson n'avait fait que les premiers pas, mais de la manière la plus heureuse et avec une sûreté de jugement à laquelle les assertions de M. Breton n'ont porté aucune atteinte. Ce travail est tout à fait distinct de la très-courte mention historique qui se trouvait déjà dans la première partie de l'ouvrage. Dans cette première partie, soit que j'aie lu (rop superficiellement la Note de Halley qui termine sa traduction du texte de Pappus, soit que j'aie ( io58 ) eu souvenir de ce qui avait déjà été dit ailleurs à ce sujet, j'ai inséré cette phrase : « Pappus nous a transmis les énoncés de 3o propositions appartenant à » ces Porismes; mais ces énoncés sont si succincts, et sont devenus si défec- » tueux par des lacunes et l'absence des figures qui s'y rapportaient, que le » célèbre Halley, si profondément versé dans la géométrie ancienne , a » confessé n'y rien comprendre. » (Aperçu, p. ia.) Cette phrase est citée par M. Breton (Comptes rendus, t. L, p. 938). Cependant la rectification dont elle est susceptible ne lui donnera nulle- ment satisfaction , et les mots sur lesquels il appuie ses réclamations y resteront. J'aurais dû dire de la figure, et non des figures; car Hallej- parle d'une seule figure (i); et au lieu de si défectueux, il eût été mieux de dire simple- ment défectueux. Voilà la seule inexactitude que j'ai eu à regretter : inexac- titude qui aurait pu, sans que la vérité historique en souffrît, rester ina- perçue; car il n'en est nullement question et elle n'a aucune conséquence dans le travail sur les Porismes, et de plus elle y est contredite et rectifiée de la manière la plus formelle, comme on va le voir. Disons d'abord que M. Breton, en citant la phrase précédente, y a joint celle-ci : « L'on devait se demander quelles étaient les propositions qui » entraient dans l'ouvrage d'Euclide ; notamment celles dont l'indication, » très-imparfaite, nous est laissée par Pappus. » Quant à cette phrase, je la maintiens. Je reviens à la première, et je dis que l'inadvertance qui s'y trouve a été contredite et réparée complètement dans un autre endroit de l'ouvrage, dans la Note III sur les Porismes (Aperçu; p. 274-284). En effet, non-seulement je ne parle nullement, dans ce travail, fruit d'une étude approfondie et non simplement historique, de défectuosités des énoncés de Pappus ; mais, loin de là, après avoir dit que Simson n'a rétabli que 6 de ces propositions, j'annonce que j'ai rétabli les 24 autres (2). Or, que faut-il entendre par ce mot rétablir? Evidemment, ce que Simson a entendu lui-même, savoir, trouver des hypothèses applicables aux énoncés de Pappus, en considérant ces énoncés non comme des propositions indivi- ( 1) Voy . Les trois Livres de Porismes d'Euclide, etc., page 5, et la note au bas de la page 6. (2) Aperçu historique, p. 281. ( io59 ) duelles, défectueuses et mutilées dans les manuscrits, mais comme exprimant seulement des affirmations émanées de Pappus lui-même. J'ai ajouté plus haut que l'inadvertance purement historique dont il s'agit a été rectifiée une seconde fois, d'une manière explicite, dans un autre écrit : c'est dans le Discours d'inauguration du Cours de Géométrie supé- rieure de (a Faculté des Sciences, prononcé en 1846, trois ans avant que M. Breton commençât à écrire sur les Porismes. Ce discours contient une mention succincte de la question des Porismes, et j'y parle des énoncés de Pappus en des termes conformes à ceux que j'attribuais à ces énoncés dans la Note III de V Aperçu. En effet, je dis : « Simsou a donné l'explication de » six ou sept, sur une trentaine, des énoncés de Porismes que Pappus nous » a transmis en termes laconiques et OBSCURS » (1). Ainsi, je ne dis point que c'est sur des énoncés défectueux par des la- cunes ou des défauts de figures queSimson a travaillé, je dis que c'est sut des énoncés LACONIQUES et OBSCURS, transmis dans cet état par Pappus lui-même. Cette opinion sur les énoncés de Pappus, formulée en 1846, est parfai- tement conforme à celle de Simson développée ci-dessus, et que j'avais prise pour base et point de départ dans la Note III de Y Aperçu historique. 11 est fort singulier assurément que M. Breton n'ait pas remarqué, ce passage du discours d'inauguration, qu'il a connu, et qu'il cite même dans ses Réclamations (2). Qu'on me permette d'ajouter quelques mots sur le travail des Porismes contenu dans la Note III de V Aperçu historique. Je ne me suis pas borné à annoncer la restitution des 24 énoncés de Pappus, restés jusqu'alors lettre close. J'ai donné sur-le-champ dans la forme des porismes deux propositions générales dont les conséquences devaient embrasser les i5 énoncés du Ier livre. J'ai dit que pour cela il fallait transformer le* équations que ces propositions impliquent, en d'au- tres, à 2, à 3 et à 4 termes, dont chacune serait l'expression d'un énoncé de Pappus. Et pour compléter ce travail, qui constitue la divination de l'énigme des Porismes, et dont l'ouvrage actuel n'est que le développement, j'ai ajouté que chacune de ces équations (conséquemment chacun des énoncés de Pappus) donnerait lieu à plusieurs Porismes. Ainsi, l'on voit que j'ai traité les énoncés de Pappus comme des pro- ; 1 Traité de Géométrie supérieure, p. xliv. 2) Comptes rendus, t. L, p. g4o. C. K., 1860, a"™ Senlestre. (T. LI, N°27.) «41 ( jo6o ) positions ne renfermant que des conclusions, sans défectuosités ; que j'ai fait connaître deux sortes différentes de conditions géométriques propres à former des hypothèses applicables à ces conclusions; et que j'ai dit que chaque énoncé renfermait plusieurs Porismes différents, ce qui s'entend dans l'une comme dans l'autre des deux sortes d'hypothèses, d'où résulte que le nombre des Porismes afférents à chaque énoncé se trouve doublé. Aussi j'ai pu annoncer qu'il s'ensuivrait une multitude de Porismes dont le nombre pouvait être porté sans exagération à deux ou trois cents (i). Voilà les bases de ma restitution des 171 propositions d'Euclide. Et quant à la doctrine même des Porismes, à son origine, à son analogie avec les Données, et à ses usages pour la résolution des problèmes, j'ai aussi émis dans cette même Note III de Y Aperçu historique toutes les idées que je n'ai fait que développer dans l'ouvrage actuel. Et c'est en présence de ces faits, que M. Breton écrit que « je lui ai » emprunté des notions sans lesquelles mon travail de restitution aurait été » impossible! » [Comptes rendus, p. io34) Je me suis renfermé strictement dans le texte des Réclamations de M. Breton, sans jeter un regard sur ses autres écrits, notamment sur le Mé- moire de 1 855 (2). Ce n'est pas que ce long Mémoire ne pût me donner lieu à beaucoup de remarques, même en me bornant à ce qui me serait simple- ment personnel; car j'y trouverais les mêmes illusions que dans les Récla- mations, la même faculté de ne rien voir de ce qui est contraire à ses idées du moment, et des erreurs peut-être d'une nature plus grave que celles que j'ai eu à relever dans ce qui précède. Mai je n'ai pas plus le désir aujour- d'hui que je ne lai eu depuis douze ans, comme le témoigne le silence que j'ai gardé, de critiquer M. Breton, ni de me préoccuper de ce qui pourrait me toucher dans ses écrits sur les Porismes. Post-scriptum. J'ai dit ci-dessus (4° de la première Réclamation, p. 1049) que les disserta- tions sans fin comme sans résultat de M. Breton roulaient sur des mots et des virgules. Eh bien, je m'aperçois qu'on en trouve un exemple même dans les Comptes rendus. Cet exemple assez curieux est bon à citer, parce qu'il montrera aussi que je n'ai point eu tort de supposer, page io55, que M. Breton avait à peine lu l'ouvrage de Simson Il s'agit d'une virgule, que M. Breton dit être mal placée par suite d'une faute d'impres- sion, tout à la fois au-dessous d'une ligne et au-dessous d'un guillemet, dans le texte de Simson); il reproduit cette virgule comme il l'imagine, dans le Compte rendu (p. io35, note 3); et il dit à quelle place elle devrait se trouver. Il ajoute que je n'ai pas cru devoir la repro- duire dans mon ouvrage en citant le passage de Simson. L'intention de M. Breton est bien (1) Aperçu historique, p. 281. (2) Journal de Mathématiques, t. L, p. 2og-3o4. ( io6i ) claire : il veut faire entendre que j'ai supprimé la virgule parce que je ne savais pas où la placer. Eh bien, tous les faits matériels sur lesquels M. Breton étaye son insinuation son1 faux; il y a de sa part autant- d'erreurs que de mots. En effet : i° je n'ai point supprimé la virgule, je l'ai remplacée par deux points, ce qui est bien différent, et ce que ne dit pas M. Breton : je le regrette parce qu'il n'y aurait plus eu lieu à insinuation; 2° la virgule n'est point au-dessous de la ligne, elle est à sa véritable place typographique, dans la ligne même ; 3° le guillemet n'est point au-dessus de la virgule, comme le figure M. Breton dans le Compte rendu (p. io35); il est à droite, et môme à une grande distance estimée dans le sens de la ligne ; mais il est élevé un Jieu au-dessus de la ligne, parce qu'il en est ainsi dans tout l'ouvrage de Simson, où se trouvent des guillemets à toutes les pages; ils y sont toujours un peu plus élevés que les mots qu'ils encadrent, soit qu'ils suivent un point, ou un point et virgule, ou une virgule seule: cette manière est celle de tous les ouvrages anglais, encore aujourd'hui.; 4° M. Breton dit (apparemment pour l'instruction de l'Académie et des lecteurs du Compte rendu ), que la place de la virgule est après le mot tradit dans la phrase quœ Pappus tradit liisce verbis, « ainsi qu'on le reconnaît, ajoute-t-il, par la première citation. » Ici encore un manque d'exactitude, car il n'y a point identité entre les deux citations dont il s'agit. Celle à laquelle renvoie M. Breton est ainsi conçue : quœ Pappus tradit inter Porismata lib. I. Éuclidis, hisce verbis. On conçoit que les cinq mots interposés entre tradit et hisce verbis aient motivé ici la virgule. M. Breton dit première cita- tion, au lieu de deuxième. C'est une simple inadvertance à laquelle il n'y a pas lieu de s'arrêter. Mais ce qu'il m'est permis de faire remarquer, c'est que M. Breton ne s'est pas aperçu que dans l'ouvrage de Simson (magnifiquement imprimé du reste et sans errata), les guille- mets sont toujours placés au-dessus des lignes, et que le fait qui l'a frappé (et qu'il a dé- naturé dans sa description de fantaisie, suivie d'une insinuation malveillante), n'avait rien de particulier. Il faut en conclure que M. Breton a peu lu Simson, et que c'est donc bien lé- gèrement que, d'un ton de confiance et d'autorité incroyables, il a attribué à ce géomètre, qui nonobstant restera célèbre dans l'histoire des sciences mathématiques, des opinions que réprouverait le géomètre le plus novice. Ces opinions, M. Breton les a attribuées aussi, en partie du moins, à Halley, dans son Mémoire de i855. Le nom de Halley suffit. à le défendre contre de pareilles attaques, dont nous n'avons pas eu à parler ici parce que nous nous sommes renfermé dans le cercle des Réclamations de M. Breton. physiologie. — Nouvelles expériences sur la coloration des os du fœtus par le régime de la mère; par M. Flouhens. «. J'ai présenté à l'Académie, dans la séance du l\ juin dernier, le sque- lette d'un fœtus de porc, dont tous les os étaient devenus rouges par l'ac- tion delà garance, mêlée au régime de la mère durant un certain temps de la gestation. » J'ai voulu répéter cette expérience. » La coche, qui m'avait donné les premiers fœtus à squelette rougi, n'avait été soumise au régime de la garance que pendant quarante-cinq jours. Celle qui vient de me donner les nouveaux fœtus, à squelette également i/4i.. ( 1061 ) rougi, y a été soumise pendant quatre-vingts jours, c'est-à-dire pendant, ou à fort peu près, toute la durée de la gestation. » Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit à propos des premiers fœtus. Tous les os des nouveaux fœtus sont rouges, comme ceux des premiers; et les os seuls le sont. Les dents sont rouges comme les os, parce que, au fond, les dents sont des os. » Quant à l'expérience, considérée en elle-même, je n'ai rien de nouveau à dire; je fais seulement remarquer qu'il s'agit ici d'une seconde expé- rience, laquelle confirme la première, et j'ajoute que les expériences de cet ordre ne sauraient trop être répétées. » Les deux grandes questions physiologiques de la vie fœtale, dans les animaux vivipares (c'est-à-dire l'homme et les mammifères), sont celles de la respiration et de la nutrition du fœtus. » Dans les ovipares, rien de plus clair que la manière dont se font la respiration et la nutrition du fœtus. Le fœtus respire par l'air qui pénètre dans l'œuf à travers les pores de la coquille. Il se nourrit des matériaux contenus dans l'œuf, et qui constituent ce qu'on nomme le jaune ou le vite /lus. » Mais \ejœtus humain, mais le fœtus du mammifère, comment respire-t-il? comment se nourrit-il? » Et, d'abord, comment respire-t-il? •> Vésale est le premier qui ait tenté, sur cette difficile et importante question, quelques expériences. Ayant ouvert le ventre d'une chienne, pleine et à terme, il retira un des petits de la matrice et le posa sur une table, sans déchirer les enveloppes : il vit bientôt, à travers les enveloppes, le petit faire de vains efforts pour respirer et enfin mourir comme suffoqué. Et ueluti suffocatus moritur, dit Vésale. Un autre petit, dont il déchira les enveloppes à temps, respira efficacement, des qu'il eut la tète dégagée. » Le fœtus vivipare respire donc, conclut Vésale, dans la matrice, par l'intermédiaire de sa mère, et non par ses enveloppes, puisque, au milieu même de l'air, ces enveloppes ne permettent pas à l'air de passer et d'arri- ver ?u fœtus. » Les expériences de Legallois sont plus précises. H les fit sur des lapins. » Il constata, d'abord, que le fœtus de lapin a la faculté de résister pen- dant vingt minutes à l'asphyxie, tandis que le lapin adulte ne peut y résis- ter plus de deux minutes. » Ce point acquis, il soumit à ses expériences des lapines pleines, parve- nues au trentième jour, c'est-à-dire au terme de leur gestation. Il les asphyxiait en les plongeant dans l'eau. Or, le petit qui, tiré de la mère vi- ( io63 ) vante, survivait vingt minutes à l'asphyxie, ne survivait plus que dix-huit mi- nutes à l'asphyxie, quand on le tirait de la mère asphyxiée. Donc, l'asphvxie du fœtus avait commencé avec celle de la mère. Les deux minutes d'asphvxie de la mère et les dix-huit minutes de survie du fœtus donnent vingt mi- nutes, somme du pouvoir total qu'a le fœtus de résister à l'asphyxie. » J'ai répété les expériences de Legallois, et je les ai trouvées exactes. » La respiration du fœtus se fait donc par la mère. » Mais (question plus difficile encore) comment se fait sa nutrition:' » Il y a quelques années encore les opinions étaient si peu fixées sur ce sujet, qu'on poussait l'ignorance ou plutôt l'absurdité jusqu'à supposer que le fœtus se nourrissait des eaux de l'amnios, c'est-à-dire jusqu'à supposer que le fœtus se nourrissait d'une sécrétion du fœtus. » Aujourd'hui, et par la fondamentale expérience, dont je mets, pour la seconde fois, le résultat sous les yeux de l'Académie, tous les doutes sont dissipés, toutes les obscurités éclaircies. » Le fœtus se nourrit et respire par la mère, car le sang de la mère ( ce sang oxygéné et revivifié) communique avec celui du fœtus, et à ce point que le principe colorant dont est chargé le sang de la mère pénètre jusqu'au fœtus et en rougit les os. » physiquejviathématiQue. — M. Lamé, en présentant à l'Académie une nou- velle publication, intitulée : Leçons sur la théorie analytique delà chaleur, en définit le but ainsi qu'il suit : <. Dans ce quatrième cours, concernant la physique mathématique, j'éta- blis les équations qui régissent l'équilibre et le mouvement de la chaleur, dans les corps solides homogènes, sans faire aucune restriction 'relative au rayonnement particulaire, ni à l'homogénéité. De là résultent les lois les plus générales de la conductibilité, lesquelles s'énoncent à l'aide de deux ellipsoïdes, aussi simplement que celles des moments d'inertie, et celles des forces élastiques autour d'un point. » Imaginée par notre confrère Duhamel, et complétée en écartant une dernière hypothèse restrictive, cette extension de la théorie inaugurée par Founer, m'a permis d'aborder tous les polyèdres cristallins, sans excep- tion. A l'aide des coordonnées obliques, sinon orthogonales, toutes les facettes, toutes les troncatures, observées sur les cristaux naturels, s'asso- cient de manière à former : des parallélipipèdes, des rhomboèdres, des prismes triangulaires et hexagonaux, des tétraèdres, des octaèdres, des dodécaèdres rhomboïdaux, dont le refroidissement s'exprime par des séries trigonométriques et périodiques. ( io64 ) » La même généralisation s'étend immédiatement à la théorie mathéma- tique de l'élasticité, puisque les seuls polyèdres, capables de former des concamérations vibrant à l'unissou dans un milieu solide homogène, sont précisément ceux que la théorie analytique de la chaleur peut aborder à l'aide des séries périodiques. De là résulte une explication toute naturelle, et très-lucide, du phénomène de la cristallisation. Toutefois, je ne présente accessoirement cette théorie physique, que comme un système de coordi- nation de plus en cristallographie : car une vérification expérimentale est indispensable, pour établir que la forme polyédrique des cristaux signale l'existence des vibrations, lors de leur formation, aussi clairement que la ligne nodale dessinée par du sable sur une plaque vibrante. » anatomie végétale. — Mémoire sur l'écorce des Dicotylédones, et spécialement sur le Suber; par M. Thé.m. Lestiboudois. « L'auteur rappelle qu'il y a longtemps il a nettement formulé le carac- tère essentiel dès tiges des Dicotylédones; il a établi qu'elles sont formées de deux systèmes séparables, l'écorce et le système ligneux : tandis que dans les Monocotylédonés (Mémoire sur la structure des Monocotylédonés, i8s3) il y a unité de système : les éléments corticaux et les éléments ligneux y restent unis dans chaque fibre, et les fibres sont disséminées dans toute l'épaisseur de la tige. Ce caractère dépend de ce fait fondamental que dans les Monocotylédonés et les Acotylédonés les faisceaux fibro-vasculaires ont un accroissement intérieur étroitement limité, tandis que ceux des Di- cotylédones s'accroissent au moins pendant une période annuelle, en pro- duisant de nouveaux tissus sur la face interne de l'élément cortical et sur la face externe de l'élément ligneux. Ce mode d'accroissement fait que le bois et l'écorce sont formés de parties contemporaines analogues entre elles, mais disposées en sens inverse : l'écorce est formée d'une partie médullaire extérieure qu'on a appelée parenchyme ou enveloppe herbacée, parce qu'elle se distingue par sa couleur verte, et d'une partie fibreuse in'érieure com- posée des couches corticales. Le système central est formé d'une partie mé- dullaire intérieure qu'on nomme la moelle, et d'une partie fibro-vasculaire extérieure constituée par les couches ligneuses. Malpighi, Grew, Duha- mel, Hill, Sennebier, Treviranus ne reconnaissent pas d'autres parties dans l'écorce. » A une certaine époque, les couches intérieures du bois prennent une couleur plus intense et constituent le bois parfait ou le duramen, tandis que les couches extérieures, plus pâles, forment ce qu'on nomme l'aubier. Dans ( io65 ) l'écorce on a distingué les couches intérieures par le nom de liber, mais on n'a pas assigné de limites précises à cette dernière partie : aussi nombre d'auteurs donnent le nom de liber à l'ensemble des couches fibreuses de l'écorce. Selon l'auteur du Mémoire, il faut nommer liber la partie vivante de l'écorce, et suber ou liège la partie extérieure qui prend une couleur plus intense, comme le duramen, qui cesse de participer à l'activité vitale, et qui souvent est complètement desséchée. » Cette opinion est contraire à celle qui a été jusqu'à présent admise : on a pensé que le liège était un produit ajouté aux organes constitutifs de l'écorce, et engendré à la surface de l'un d'eux. Cette opinion a été précisée dans ces derniers temps. . » En i836, M. Hussenschmidt, dans une Thèse soutenue sous la prési- dence de M. Hugo Mohl, admit que dans presque tous les végétaux il existe, en dehors de l'enveloppe herbacée, une zone spéciale, qu'il nomme couche subéreuse, 'parce qu'il lui donne pour attribut de former le liège ou suber. Celte zone, selon lui, est formée de deux parties, l'une, composée d'utricules dilatés, à laquelle il conserve le nom de couche subéreuse, l'autre, composée d'utricules tabulaires, qu'il nomme périderme : il croit la pre- mière chargée de former les couches de liège, la deuxième de former les lames d'utricules aplatis qui séparent ces couches, ou qui quelquefois sont répandues au milieu des couches corticales. » Les opinions de M. Hussenschmidt ont été adoptées par les profes- seurs A. de Jussieu et A. Richard. Le premier nomme la couche subé- reuse epiphlœum, la couche verte mesophlœum, les couchés corticales cndophlœum. A. Richard modifie aussi la nomenclature et ajoute aux zones de M. Hussenschmidt : il admet dans l'écorce l' épiderme , la couche subéreuse, le périderme externe, le mésoderme, zone spéciale, placée entre le périderme et la zone verte, Y enveloppe herbacée, les couches corticales ou liber, le périderme interne, formé par les iames qu'on trouve dans les cou- ches corticales, l'endoderme ou la couche la plus interne de l'écorce. » M. Lestiboudois pense que, si l'on voulait élever au rang des organes spéciaux toute partie présentant quelque signe distinctif, il faudrait aller plus loin que ne l'ont fait les auteurs. Mais on ne peut considérer les zones qui composent le parenchyme comme des appareils organiques qui se dis- tinguent par des attributs déterminés. Toutefois si l'on veut, pour abréger les descriptions, désigner par des noms particuliers les zones qui se ren- contrent le plus fréquemment dans le parenchyme de l'écorce, on peut appeler : ( 1066 ) » Épidémie, la membrane extérieure, formée d'titricules souvent tabu- laires, à parois épaisses, etc. » Epidermide , la zone qui quelquefois double l'épiderme, se détacbe avec lui, et est formée d'utricules assez semblables à ceux de cette mem- brane, c'est-à-dire qu'ils sont plus ou moins aplatis, épaissis, colorés. Ces utricules se nuancent avec ceux qui sont sous-jacents. » Herbeum, la zone herbacée, ou verte, qui forme la partie la plus con- stante du parenchyme. Ses utricules sont grands, minces, dilatés, pleins de grains colorés en vert par la chlorophylle. Quelquefois il compose la tota- lité du parenchyme; mais le plus souvent on trouve une zone de tissu utri- culaire blanc en dehors et en dedans de l'herbeum. On peut nommer : « Médulle externe, la zone blanche extérieure, formée d'utricules minces. m Méduile interne, la zone blanche intérieure, etc. » Enfin on peut nommer Protoderme, certaines parties qu'on trouve par- fois dans le parenchyme, et dont la structure a quelque analogie avec celle des parties fibreuses de l'écorce : leurs utricules sont souvent assez allongés, à parois épaisses, transparentes; elles constituent des faisceaux correspon- dant aux faisceaux corticaux, ou des zones souvent divisées en segments qui correspondent à ces mêmes faisceaux. » Le protoderme peut être placé dans l'herbeum même, ou en dedans ou en dehors de cette zone. ■ Il est formé de faisceaux extraherbéens dans le Clemalis Vitalba, les faisceaux commencent à s'enfoncer dans l'herbeum dans le Vitii; ils sont au milieu de l'herbeum dans le Cissus hederaceus ; ils partagent l'herbeum en parties distinctes dans le Clematu Flammula; dans le Quercus Suber ils ne forment que des points transparents disséminés dans la zone verte. » Dans Ailanthus le protoderme est tout à fait en dedans de l'herbeum; il forme une couche extraherbéenne dans Y Acer carnpestre ; i\ constitue une couche continue intraherbéenne, qui forme la partie la plus épaisse et la pins solide de la tige dans le Chelidonium majus ; enfin dans les Cucurbita- cées il forme une couche extraherbéenne et une autre intraherbéenne, toutes deux transparentes et divisées, par des prolongements de l'herbeum, en parties assez régulièrement placées vis-à-vis les faisceaux caulinaires. » De toutes ces zones qui composent le parenchyme de l'écorce, il n'en est aucune qui soit constante, dont l'organisation et la position soient fixes, dont la présence soit en corrélation avec l'existence du liège. On ne peut donc considérer aucune d'elles comme exclusivement chargée de former ( Io67 ) une substance suigenerls qu'on appelle liège. On ne peut admettre d'ailleurs que les zones dilatées ou tabulaires du liège soient formées par des organes distincts, la couche subéreuse et le périderme, car ces zones alternent; si elles étaient créées par des organes séparés, elles formeraient des couches continues, respectivement en contact avec les organes qui les auraient produites. » On peut encore moins admettre qu'un organe, entrant dans la compo- sition du parenchyme de l'écorce, puisse aller former des lames au milieu des couches corticales. » L'observation directe, et des expériences décisives montrent que la formation du liège ne s'arrête pas à la région des zones du parenchyme; qu'elle n'a pas même lieu à la surface extérieure des couches fibreuses de 1 écorce. Le liège est formé aux dépens de tous les tissus, même des couches fibreuses;. il n'est pas un organe ajouté aux autres, mais il les remplace; il n'est pas un de leurs produits, il est les tissus mêmes transformés. » Pour arriver à la démonstration de ces vérités importantes, M. Lesti- boudois se propose d'étudier successivement les écorces d'organisation di- verse. Il les range en plusieurs catégories. » i°. Les écorces dans lesquelles les couches extérieures, ou le suber, n'ont éprouvé aucune modification dans leur organisation, aucun dérange- ment dans la disposition de leurs parties constitutives; elles ont seulement éprouvé une dessiccation plus ou moins complète, et une coloration plus intense que le liber, comme le duramen a pris une teinte plus foncée que l'aubier. » 2°. Les écorces dont la structure n'est pas altérée, mais dont les par- ties ont subi une modification dans leur arrangement. • » 3°. Les écorces qui ont éprouvé des altérations dans les zones du pa- renchyme. » 4°- Les écorces qui présentent au milieu des couches fibreuses des lames distinctes, dont la conformation paraît nouvelle, mais qui sont sépa- rées par des tissus qui gardent leurs caractères primitifs. » 5°. Les écorces qui présentent, comme les précédentes, des lames épar- ses, d'une structure plus ou moins distincte, séparées par des tissus qui ont éprouvé une modification notable, mais non assez profonde pour les rendre méconnaissables. Ces tissus forment lejaux liège des auteurs. » 6°. Enfin les écorces dans lesquelles on trouve des couches d'une con- formation nouvelle, remplaçant les tissus anciens et formant un ensemble continu, auquel a été réservé spécialement le nom de liège. » C. R., 1860, 2« Semestre. (T. LI, N° 27.) l42 ( io68 ) M. Chevreul demande si M. Lestiboudois prétend que les anciens tissus ont été réellement transformés, s'il n'admet pas que le liège soit un corps tout à fait nouveau. « M. Lestiboudois, pour répondre à M. Chevreul, se voit forcé d'énoncer, par anticipation, des faits qu'il n'avait pas voulu exposer dans cette séance, afin de ménager le temps de l'Académie. Quand il a dit que le liège était formé par les tissus corticaux transformés, il n'a pas voulu juger la question de savoir si le liège n'était pas un corps nouveau, composé de principes propres, ayant des propriétés spéciales. Cette question est du domaine des sciences chimiques : il n'est pas compétent pour la décider. Il ne s'est oc- cupé de la question qu'au point de vue organologique, et, à ce point de vue, il a dit que le liège n'était pas un tissu produit à la surface d'un organe par- ticulier, comme les nouvelles couches corticales et ligneuses sont produites à la face intérieure de l'écorceet à la face extérieure du bois; il a dit qu'il n'y avait pas un organe spécial pour produire cette substance, mais qu'elle prenait la place des organes préexistants, qu'elle était formée à leurs dépens, soit que ceux-ci se fussent transformés, en ce sens que, leur trame persistant, leurs parties constitutives changeassent seulement de forme et de disposi- tion, soit que leurs éléments servissent à la création de nouveaux tissus et que, même absorbés, ils fussent remplacés par d'autres. Voici, du reste, ce qui se passe dans le chène-liége, étudié dans les grandes forêts de l'Algérie. » A l'origine, sur les jeunes tiges, sur les rameaux, des points isolés de la médulle externe prennent la consistance du liège; ils forment des tuber- cules, autour desquels le tissu devient gorgé de sucs et si transparent, qu'on distingue à peine les parois des utricules qui le constituent ; puis ces utricules se dessinent et prennent à leur tour la consistance du liège. Les tu hercules se joignent et forment une couche continue. Ensuite la zone verte devient liège elle-même, c'est-à-dire qu'elle perd sa couleur, qu'elle devient transparente, et que ses utricules, d'abord peu visibles, deviennent successivement des utri- cules subéreux. Des tissus de plus en plus profonds éprouvent successive- ment ce qu'on peut appeler une transformation, puisqu'il n'y a pas d'autre mot pour exprimer le changement qu'ils éprouvent, et ils forment les couches successives du suber. Celui-ci est toujours séparé du tissu sous- jacent par une zone transparente, qui est du liège en état de formation, et qui est sans consistance; de sorte que pendant la période de végétation on peut séparer le liège de l'écorce avec autant de facilité qu'on sépare l'écorce du bois. » Il est facile de constater que les premières couches de liège n'ont pas ( io69 ) été formées à la surface des zones parenchymateuses, mais qu'elles ont pris leur place. On peut prouver que les couches profondes ont été formées non à la surface des couches fibreuses de l'écorce, mais dans ces couches fibreuses elles-mêmes, car on voit passer dans le liège des parties non alté- rées des tissus corticaux. Tous les accidents du liège» toutes les parties qui rendent son tissu non homogène, ne sont que des tissus corticaux non mé- tamorphosés. Du reste, une expérience décisive peut démontrer que le liège est formé aux dépens des couches corticales : Si on enlève tout le liège d'un arbre par l'opération qu'on nomme démasclage; si par cette opération on met à nu l'écorce vivante, si bien à nu que l'arbre démasclé meurt quand il est exposé à une vive chaleur et qu'il ne fait pas partie d'un grand massif; si, sur cet arbre ainsi préparé, on enfonce une longue épingle à travers les cou- ches du liber, l'épingle, après un certain nombre d'années, selon la pro- fondeur à laquelle on l'a enfoncée, se trouve placée, non dans les couches fibreuses, mais dans le liège lui-même : or, si le suber avait été formé à la surface du liber, il n'aurait jamais contenu l'épingle, celle-ci serait restée renfermée dans les couches corticales. On est donc en droit de dire que le suber est formé par ces dernières. Ces faits deviendront évidents quand la structure générale de l'écorce sera exposée, mais dès à présent on peut dire : les zones diverses de l'écorce deviennent liège. C'est aux sciences chi- miques qu'il appartient de dire si les tissus nouveaux contiennent des prin- cipes spéciaux. Il n'était question ici que du point de vue organolo- gique. » MÉMOIRES LUS navigation. — Utilisation économique des navires à vapeur, ou moyens employés par M. le Contre-Amiral Paris pour apprécier les services rendus sur mer par le combustible. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Géographie et de Navigation.) « On n'avait pas encore cherché à se rendre compte du travail produit par les machines marines relativement au combustible brûlé. Cependant l'économie est plus importante sur mer que sur terre, en ce que, à bord d'un navire, chaque tonneau de charbon épargné est remplacé par le même poids en marchandises, ou sert à parcourir une route plus longue. Cette négligence a sans doute eu pour cause la difficulté de connaître la résistance des carènes lorsqu'elles traversent l'eau avec des vitesses différentes et quand leurs dimensions sont plus ou moins grandes. La marche des na- ily2.. ( 1070 ) vires à voiles ou à vapeur présente même souvent des bizarreries inexplica- bles. Cependant, pour se rendre compte des dépenses en combustible, il a fallu admettre quelques anciens principes généraux, tels que la résistance en raison du carré de la vitesse et de l'aire de la maîtresse-section immergée, c'est-à-dire de la plus grande quantité d'eau que le vaisseau a à séparer en s'avançant. Le premier de ces principes est prouvé par des expériences; mais il n'est pas très-régulier, et le petit aviso le Pélican éprouvait une résistance dans le rapport de la puissance 2 . 28 lorsqu'il filait 9 nœuds. Ce fait, ajouté à beaucoup d'autres, prouve que chaque forme et chaque di- mension a un sillage maximum, et qu'il y a perte dès qu'on force sa nature. » 11 a cependant fallu tenir compte de l'accroissement de résistance, et par suite le travail mécanique s'est trouvé en raison du cube de la vitesse relativement à l'eau ; car si la carène résiste 4 fois autant et que la vitesse soit double, la dépense de force est 8 fois plus grande. Si 1 cheval fait filer 1 nœud, il en faut 8 pour 2 nœuds, 27 pour 3 nœuds, plus de 1700 pour 12 nœuds, et 8000 pour 20 nœuds. Comme le combustible brûlé est en général en raison de la puissance, on voit à quelles énormes consom- mations entraîne la rapidité. On en déduit qu'il y a sur mer des limites établies par le poids de la machine elle-même et de son combustible. » Il résulte aussi de ce qui précède, que la dépense de force pour se rendre d'un port à un autre est en raison inverse du carré du temps em- ployé à faire le trajet : ainsi un paquebot allant à Alger en 33 heures aura une machine 8 fois plus forte et brûlera 4 fois de plus en route que celui qui emploierait 66 heures à parcourir le même espace. » Il semblerait que la meilleure méthode d'apprécier les services d'un navire à vapeur serait de connaître le charbon dépensé pour transporter un tonneau à un mille marin ou minute du méridien; mais nous venons de voir l'influence de la vitesse, et pour arriver à une comparaison, il faut ra- mener les consommations aune vitesse de 10 nœuds, par exemple. Les résultats de tous les navires de la marine militaire et de ceux des Message- ries impériales pendant plusieurs années ont été calculés de la sorte, groupés en tableau et en6n traduits sur des figures ayant pour abscisses le nombre de grammes brûlés et pour ordonnées les déplacements. L'aspect des positions de chaque point montre combien les grands navires transpor- tent économiquement, puisque le tonneau de l'Algésiras coûte 45 grammes, tandis que celui du petit aviso ï Ariel s'élève à 227 grammes. Cette mé- thode ne peut donc servir à comparer des navires que de même dimension, et elle montre qu'il y a des bâtiments égaux qui brûlent plus du double de ( 1071 ) charbon que d'autres dont les machines sont mieux dirigées. Les formes ont aussi de grandes influences; car les batteries flottantes brûlent o,5 grammes pour 2 nœuds et s'élèveraient à ak,6oo si elles pouvaient marcher aussi vite. » L'influence des dimensions rendant ce genre de comparaison impossi- ble, j'ai cherché à découvrir une méthode d'appréciation générale. Pour cela j'ai adopté les observations faites au moyen de l'indicateur de Watt, et j'ai eu recours aux procédés employés par MM. Bourgois et Moll, dans leurs études sur l'hélice. Ces messieurs ont admis les principes précités et ont établi l'utilisation par la formule KB'V puissance par l'indicateur dans laquelle B2 est la maîtresse-section, V la vitesse, et K un coefficient servant à l'appréciation des navires ou des propulseurs. » Mais cette méthode, très-utile aux observations, ne convient ni à l'ar- mateur ni au marin ; car le premier veut connaître ce qu'il dépense en de- niers, et le second apprécier les ressources contenues dans les soutes. C'est donc au combustible qu'il faut se rapporter, et mes longues traversées dans les mers lointaines m'ont amené à substituer la cause à l'effet, c'est-à-dire le charbon brûlé à la force mesurée par l'indicateur de Watt. J'ai donc établi la formule B'XV charbon d'après laquelle les utilisations économiques de tous les navires de l'État et des Messageries ont été calculées et portées sur des tables et sur des figures. Ces nouveaux résultats m'ont démontré qu'il était nécessaire de modifier encore la méthode adoptée; car le but d'un navire n'est pas de traverser l'eau comme le soc d'une charrue dans le sol. Il est construit pour trans- porter, et sa force motrice sert à entraîner le poids total; c'est-à-dire la car- gaison, la machine et la coque qui la contient. C'est donc à ce poids total, c'est-à-dire au déplacement, et cette méthode est d'autant plus nécessaire, que les navires qui avaient tous de 3 } à 4 fois ^eur largeur ont main- tenant de 6 à 8 fois cette proportion. Or si on prend le plan d'un vaisseau et qu'on en construise un d'une longueur double en espaçant ses sections, ils auront tous deux la même utilisation , relativement au maître-couple ( I°72 ) immergé, tandis que le second portera le double du premier. C'est donc pour conserver l'influence du déplacement, que j'ai adopté la méthode de l'Amirauté anglaise, qui emploie le déplacement à la puissance -§, pour avoir une sorte de maître-couple factice assorti au déplacement. » En calculant ainsi, les dimensions exercent encore une trop grande influence, comme l'ont prouvé les résultats des trois manières d'opérer représentées sur des tableaux et des figures. L'utilité d'une mesure générale m'a fait rechercher une autre méthode, et pour dégager les résultats de toutes les influences de la combustion j'ai pris les utilisations d'après Tin dicateur groupées par M. Le Bouleur et j'ai remarqué que la courbe passant par les positions moyennes montrait que l'utilisation de nos grands navires s'élevait au double de celle des petits calculées de la même manière. L'aspect de cette courbe m'a fait penser qu'il devait exister un correctif dans les dimensions du navire lui-même. J'ai donc tracé tous les baux qui ont aug- menté presque dans le même rapport que les utilisations. Il en résulte qu'en divisant celles-ci par le bau, je suis arrivé à un nombre presque constant, exprimé par une ligne droite parallèle aux ordonnées. J'ai donc trouvé de B! X V-1 la sorte une mesure générale en adoptant — — 7- (dans laquelle b est le bau ou largeur maximum du bâtiment). » Ce résultat, déduit d'un grand nombre d'observations dans tous les ports, présente un fait très-remarquable et qui n'avait pas été signalé : c'est que la résistance des navires, au lieu d'être en raison de leur maîtresse-sec- tion, c'est-à-dire d'une surface, se trouve dans le rapport de cette surface divisée par une ligne, c'est-à-dire d'une ligne, et qu'entre navires semblables, mais de dimensions différentes, les résistances seraient en raison des baux. Cette propriété des grands navires explique les marches inespérées de plu- sieurs de nos constructions modernes. Elle prouve en outre les avantages économiques des grandes constructions lorsqu'elles sont assorties toutefois aux conditions commerciales, puisqu'un navire double en longueur, lar- geur et creux, portera 8 fois plus et ne dépensera que le double, au lieu du quadruple comme on l'a calculé jusqu'à présent; ou bien pour la même puissance par unité de surface de sa maîtresse-section il emploiera moins de force. Ainsi le petit Ariel exige 37,7 chevaux de 75 kilogrammes; le Phlé- géton 3i, l'Impératrice 28, l'Algésiras 26, et la Bretagne, qui a une longueur double de l' Ariel, seulement 21 . » En continuant ces observations, on trouverait que le Great-Eastem, qui a 220 mètres de long, n'exigerait que i5 chevaux, et que, s'il employait . ( «o73 ) toute sa force, en admettant toutefois que sa machine à hélice fonctionne bien, il filerait 18 à 19 nœuds. De plus, lorsqu'il ne brûlerait que 1 gramme pour transporter un poids à 1 mille, un bâtiment ayant le dixième de sa longueur, c'est-à-dire 11 mètres, brûlerait 1 kilogr. ou mille fois plus pour opérer le même transport. » Mais si la mesure générale dont je viens de parler convient lorsqu'on apprécie directement la force par l'indicateur, il est évident qu'elle est aussi assortie à la méthode qui rapporte tout au combustible. J'ai donc établi la formule D'xV' U = charbon X bau dont les résultats m'ont donné ce que j'ai nommé utilisation économique re- lative, et ont été obtenus pour tous les navires de la marine de l'Etat et des Messageries, en distinguant ceux des expériences exécutées toujours de beau temps de ceux en navigation courante. Les premiers sont favorables aux petits navires, la plupart proportionnellement plus longs; mais les seconds sont en moyenne identiques et représentés par une ligne parallèle aux or- données. On peut donc dire que sur cette figure cette ligne sépare les bons des mauvais ; et comme la moyenne générale en navigation donne, en cal- culant de la sorte, le nombre 6, a, tout navire qui a moins est médiocre, et en observant ces chiffres ou la position des points, on voit qu'il y a des navires qui utilisent leur charbon sept fois mieux que d'autres. On remar- que aussi que les expériences donnent 7,9., ce qui prouve que, malgré les voiles, on éprouve à la mer plus d'obstacles que de chances favorables, et surtout que les carènes ainsi que les machines ne restent pas longtemps en bon état, ce qui s'accorde avec la pratique du commerce, qui cherche à obtenir 14 nœuds dans les premiers essais pour en garantir i3 en service courant. Cela montre aussi combien l'exactitude des arrivées et la célérité de la marche coûtent cher aux compagnies. » Il était curieux de vérifier de nouveau si la dépense de force était bien proportionnelle au cube de la vitesse; c'est ce que j'ai fait pour des navires de toutes dimensions entre 7 et 11 nœuds. De plus, j'ai calculé combien de grammes de charbon avaient été brûlés pour chaque vitesse, et en portant les résultats sur une figure dont les ordonnées étaient les vitesses et les gram- mes les abscisses, j'ai fait passer dans les groupes des courbes, en raison du carré des vitesses, qui ont de nouveau montré cette vérité par de nombreu- ses pesées de charbon. Enfin, différentes combinaisons ont prouvé la vérité ( io74 ) des faits énoncés, et des calculs du même genre accompagnés de tracés ont fait voir que les navires à voiles suivaient les mêmes lois, et que leur utili- sation relative rapportée à la surface de voile était aussi un nombre à peu près constant, représenté par une ligne droite. » La plupart des idées émises ci-dessus avaient été publiées en 1 854 dans mon Traité de [Hélice propulsive. Elles ont servi de base au système de rémunération adopté par les Messageries impériales pour les capitaines et les mécaniciens de leurs paquebots. Pour la première fois, en 1857, on fut surpris des économies opérées; elles s'élevaient à 400000 francs, rela- tivement aux années piises pour type, tout en conservant la vitesse moyenne de 9,2 nœuds pour tout le service. L'année suivante, cetteécono- niie s'est élevée à 600000, et enfin en i85g je crois pouvoir assurer que c'est plus de 700000 francs, toujours en filant 9, 25 nœuds. Ces résultats peuvent paraître considérables, mais il faut observer que la compagnie a en action 11 120 chevaux nominaux, que ses paquebots parcourent tous les ans 91 7580 milles marins, c'est-à-dire l\i fois et demie le tour de la terre. Autrement dit, chaque navire développe dans son année presque le tour du monde. Enfin qu'ils brûlent 108784 tonneaux de charbon, qui à 5o francs, magasinage et embarquement compris, font une somme de 5439200 francs. L'économie opérée est donc 12.^ pour 100. Ces résultats remarquables sont dus à la direction éclairée de ce vaste service, destiné à s'étendre bientôt aux contrées les plus éloignées. » Quelques mois après la publication des calculs et des résultats pré- cédents, je fus adjoint à un comité de l'Association britannique, qui n'a publié jusqu'à présent que peu de faits intéressants. » Tels sont les résultats obtenus en appliquant les méthodes que je viens d'avoir l'honneur d'exposer et qui, je l'espère, rendraient de grands services, si elles étaient généralement adoptées. Elles établiraient, à bien dire, la statistique de la navigation à vapeur, dont l'ouvrage que j'ai publié est un premier essai. » ORGANOGRAPHIE végétale. — Etudes comparées des feuilles dans les trois grands embranchements végétaux ; par M. Ch. Fekmond. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « En considérant la prodigieuse quantité de formes ordinaires et anor- males qu'affectent les feuilles, on doit se demander si la nature, qui ne fait rien sans procéder d'après des principes ou des lois, n'aurait pas aussi assu- ( io75 ) jetti les diverses feuilles à des lois simples, desquelles on pourrait faire dé- river toutes les feuilles connues, de manière, en même temps, à pouvoir les classer méthodiquement. Persuadé que ce genre de recherches ne serait pas sans intérêt, nous nous sommes constamment livré, depuis plusieurs années, à l'étude comparée des feuilles, et nous croyons avoir été assez heureux pour découvrir les lois de leur formation, le principe unique, général, en vertu duquel, sauf exceptions explicables, les limbes se divise- raient pour former les feuilles plus ou moins composées ou découpées. Ces recherches ayant demandé beaucoup de temps, les résultats ob- tenus étant de nature fort diverse , et leur exposition exigeant une certaine étendue, nous avons dû diviser ce travail en plusieurs parties que, succes- sivement, nous aurons l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. Première partie. — Principe de la trisection ou tripartition, et lois qui président aux découpures ou à la composition des feuilles. » Nous donnons le nom de principe de la trisection à cette cause occulte qui fait que la composition se produit d'après les règles énoncées dans les deux propositions suivantes : » i°. Les feuilles, folioles, lobes ou autres parties simples des feuilles ont une tendance marquée à se triséquer, c'est-à-dire à se diviser par 3. » 20. Quand un limbe se divise, c'est toujours suivant un multiple de 3, sauf les cas où la trisection est dissimulée, ou limitée à une seule des di- mensions de la feuille: longueur ou largeur. » Lorsque l'on observe un grand nombre de feuilles simples et entières comme celles de pommier, pêcher, poirier, prunier, cerisier, tabac, topi- nambour, etc., on en trouve qui ont véritablement 3 lobes. Les cotylédons de la carotte, du persil, du cerfeuil, des épinards, du souci, de la to- mate, etc., nous ont aussi offert des cas de trifidation assez fréquents pour nous avoir fait supposer qu'il y avait dans ce phénomène mieux qu'un simple accident de végétation. » Les plantes spécifiées par le mot hétérophylle (Bidens, Cissus, Rhus, etc.) présentent des feuilles où l'état précédent se rencontre beaucoup plus fré- quemment. Il en est de même de certaines plantes non moins hétérophylles spécifiées différemment, et chez lesquelles la trifidation est aussi très-fré- quente (Syringa persicaet laciniala; Abelmoschus palustris et roseus ; Morus albn, italica, intermedia, etc.', Broussonetia paprrifern, etc. Enfin, d'autres où l'état de trifidation étant plus général, les feuilles sont alors plutôt con- C. R., i86c, 2me Semestre. (T. fcl, N» 27.} ' 4* ( !076 ) sidérées comme trilobées et même quintilobées (ffedera . Ribes, Vitis, Jcer, etc.), quoiqu'il ne faille pas chercher longtemps pour y rencontrer des feuilles simples et entières. » En choisissant une série de feuilles de Morus cdba, de Broussonetia papyrijcra, de figuier, etc., on voit que les unes sont entières; que les autres portent un lobe soit à gauche, soit à droite (trisection dissimulée); que d'autres sont véritablement trilobées. En poursuivant ce genre de re- cherches, on trouve des feuilles plus lobées encore, et dans ce cas on recon- naît que c'est chacun des lobes de la feuille trilobée qui tend à se triséquer de nouveau : d'où résulte un lobe supérieur portant un lobe à droite ou à gauche ou même des deux côtés, ce qui en fait un lobe trilobé lui-même; tandis que les lobes inférieurs ou latéraux portent un lobe surnuméraire extérieur parce que chez eux le principe de la trisection est dissimulé. Ce- pendant il est des cas où les lobes latéraux se trisèquent complètement, comme nous allons le voir. » Dans notre Mémoire, nous donnons une plus grande extension au mot feuilles composées qu'on ne le fait d'ordinaire, et nous regardons comme feuilles composées certaines feuilles d'Ombellifères, de Crucifères, deRenon- culacées, etc., bien qu'elles ne soient nullement articulées sur le rachis. Nous allons voir même que les feuilles d'Ombellifères sont plus composées que beaucoup d'autres qui portent ce nom. » L'étude de la feuille de la clématite (Clemalis vitalba) démontre qu'à la base des rameaux la feuille est simple; un peu plus haut, elle se trilobé; plus haut encore elle se trisèque, et l'on a une feuille composée à trois fo- lioles. En observant une série de ces feuilles, on voit que chacune de ces folioles tend à se triséquer à son tour pour former une feuille plus composée que la feuille trifoliolée. Pour rendre les divers degrés de composition fa- ciles à exprimer, nous faisons précéder les mots composé ou composition des mots bi, tri, quadri, quinti, etc., le mot composé ou composition voulant toujours exprimer le premier degré de composition. Donc la feuille com- posée par trisection du Clemalis tend à la bicomposition, c'est-à-dire à une nouvelle trisection de chacune de ses folioles, accusée par une foliole ter- minale trifoliolulée et par trois lobes plus ou moins prononcés sur chaque foliole latérale, lobes arrivant quelquefois jusqu'à laform;ttion de foliolules. » Enfin chaque foliolule subit souvent l'influence du principe de la tri- section en se trilobant de nouveau. Les planches qui accompagnent le Mé- moire font bien mieux comprendre que nous ne le pouvons faire ici, ce système de composition par trisection successive se répétant trois fois. ( io77 ) » Dans un examen minutieux du développement des familles de YHe- racleum sphondilium, de l'angélique et du persil, on reconnaît que cette succession de division est poussée jusqu'à la quatrième et la cinquième puissance, si bien que l'on arrive à reconnaître que la composition de la feuille des Ombellifères donne lieu à trois lois d'une exactitude trés-ri- goureuse, dans la démonstration desquelles nous ne pouvons entrer ici, savoir : m Première loi. — Dans les feuilles lobées ou composées dont le sym- bole de formation est L = /, la profondeur des sinus; les distances qui sé- parent les folioles; la longueur des pétioles et des pétiolules sont en raison directe de la plus ancienne formation des lobes ou des éléments foliaires. » Les feuilles chez lesquelles la génération longitudinale est égale à la gé- nération latérale, ce que nous exprimons par le symbole L = /, sont les seules chez lesquelles le principe de la trisection se laisse le mieux apercevoir et chez lesquelles on arrive à un degré de composition très-élevé. Ainsi on peut avoir la série suivante, à partir de la feuille simple exprimée par i : i X 3 = 3 feuille composée ( Trifolium, Fragaria, etc.), 3X3= 9 bicom posée [lmperatoria , Mgopodium podagraria), g X 3 = 27 tricomposée [Actea spicata, Jquilegia vulgaris), 27X3 = 81 quadricomposée (Laserpitium siler, Peucedanum invoïucratum , Silaus pratensis, etc.), 81 X 3 = 243 quinticomposée (Ligusticum pyrenœum , Ferula tingitana), d'où vient cette deuxième loi : » Deuxième loi. — La division des feuilles multiséquées de la forme L = / se fait par trisections multipliées par 3. » De ce que la feuille composée 1 x 3 en se composant de plus en plus ne peut le faire que de façon que chaque foliole se compose toujours de la même manière, on déduit cette autre loi : » Troisième loi. — Dans la division des feuilles multiséquées de la forme L = /, chaque système composé, pris sur le rachis ou sur l'une de ses divisions, est représenté par l'ensemble de tous les systèmes pris plus haut sur le rachis ou sur l'une de ses divisions. » Faisons observer toutefois qu'à mesure que la composition des feuilles s'élève, on doit s'attendre à trouver des perturbations dans l'ordre d'après lequel doivent se former les diverses parties de la feuille composée, et par- tant le principe de la trisection doit être dissimulé ; mais dans les trois pre- mières compositions il se montre de la manière la plus rigoureuse. i43.. ( io78 ) » Quelquefois aussi la trisection ne se fait sentir que longitudinalement, c'est-à-dire que la foliole terminale seule subit successivement l'influence du principe; c'est là une cause d'exception à notre deuxième proposition de l'énoncé du principe de la trisection, et c'est de cette façon que se forment les feuilles composées des Légumineuses rosacées, etc. C'est en suivantle dé- veloppement de certaines feuilles [Rubus idœus) ou organogéniquement celui des feuilles du jasmin ou du Cobea scandens que l'on arrive à trouver la preuve du fait que nous avançons. Quant aux preuves du principe de la trisection que nous ne pouvons exposer ici, elles se tirent de cinq ordres d'obsnrvations, savoir : » i°. Prendre sur un même individu une série de feuilles déjà développées, mais offrant toutes les formes possibles, comme pour les Morus, Rubus, Cle- matis, etc.; » 2°. Suivre le développement organique des feuilles; » 3°. Suivre les progrès delà composition croissante des feuilles, à partir de la germination; » 4°. Suivre la marche croissante de la composition des feuilles, à partir du bourgeon; , » 5°. Suivre la décroissance de la composition des feuilles, à partir de la plus composée jusqu'au fruit. » En procédant ainsi, l'existence du principe de la trisection ne laisse plus de doutes, et l'on est conduit à trois nouvelles lois générales d'organogénie foliaire. » i°. Les feuilles les plus composées représentent dans leurs divers états d'évolution organogénique toutes les feuilles qui dérivent du système où l'on observe cette évolution. » i°. Dans la même espèce à feuilles composées et souvent sur le même individu, à partir du moment de la germination jusqu'au moment où la feuille est le plus composée, on peut trouver des feuilles représentant tous les états d'évolution organogénique. » 3°. Dans la même espèce à feuilles composées, à partir des feuilles les plus composées jusqu'au fruit, les feuilles présentent en sens inverse de la loi précédente tous les états d'évolution organogénique. » Un corollaire des deux dernières lois peut être exprimé ainsi : Dans la même espèce à feuilles composées, à partir de la racine jusqu'au fruit les di- vers degrés de composition des feuilles peuvent être comme les ordonnées d'une courbe qui aurait pour limites les deux extrémités de la tige, pour points principaux l'extrémité des feuilles et pour abscisses la tige ou Taxe ( »°79 ) principal . Car non-seulement la feuille va se composant de plus en plus à par- tir du cotylédon jusqu'à la feuille la plus composée au delà de laquelle elle se simplifie de plus en plus jusqu'au moment où dans la bractée, le sépale, le pétale, etc., elle redevient à l'état de simplicité qu'elle a dans son premier état organogénique. C'est dire que l'on peut trouver, dans une série d'individus de même espèce, toutes les compositions intermédiaires entre la feuille la plus simple et la feuille la plus composée. « Nous avons dû nous borner à reproduire ici seulement les faits les plus généraux de notre Mémoire , les faits de détails exigeant l'emploi d'un grand nombre de figures que nous avons fait graver et qui accompagnent le Mé- moire. Nous dirons seulement, pour terminer, que le principe de la trisec- tion offre des traces non équivoques de son influence dansles Monocotylédo- nes; que cette influence est très-sensible dans la composition des frondes des Acotylédones, et qu'elle est surtout remarquable dans les Dicotylédones. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉTÉOROLOGIE. — Sur un coup de foudre qui a frappé le i o décembre courant le vaisseau de l'Etat le Saint-Louis. Lettre de M. le Ministre de la Marine accompagnant l'envoi d'un Mémoire de M. Laporterie, commandant en second du Saint-Louis. « M. le Vice-Amiral commandant en chef l'escadre d'évolutions m'a adressé un Mémoire, qui renferme des observations sur les circonstances qui ont accompagné la chute de la foudre sur le paratonnerre du vaisseau le Saint-Louis, dans la journée du 10 de ce mois. Ce Mémoire, qui est dû à M. le capitaine de frégate Laporterie, second du Saint-Louis, a a été rédigé par cet officier supérieur en vue de répondre à l'appel que M. Pouillet, de l'Institut, a fait aux officiers de marine à ce sujet. Je m'em- presse, en conséquence, de vous le communiquer, en vous priant de vou- loir bien le soumettre à l'Académie des Sciences. Ce Mémoire est accompa- gné de la pointe en platine qui formait l'extrémité du paratonnerre du Saint-Louis et d'un petit morceau de cuivre fondu provenant du paraton- nerre lui-même. » II résulte des renseignements que M. le vice-amiral de Tinan m'a transmis en m'envoyant le travail de M. Laporterie, que la décharge électri- que qui a eu lieu à bord du Suint-Louis, aperçue très-distinctement du vais- seau amiral la Bretagne, a été assez forte pour produire une violente secousse à bord de ce dernier vaisseau mouillé à 4oo mètres du premier. En outre, ( io8o ) un timonier placé sur la dunette, tenant à la 'main une longue-vue, a éprouvé une commotion électrique dans les poignets, pendant qu'un autre marin sur le gaillard d'avant en ressentait une semblable dans les jambes. La force de cette explosion, ajoute M. de Tinan, constate le bon fonction- nement du paratonnerre du système Harris adopté depuis peu dans la ma- rine française. » Extrait du Rapport de M, Laporterie. « Le 10 décembre, la foudre est tombée à bord du vaisseau le Saint-Louis, en rade de Gaëte, à ih 25mdusoir. Cet événement s'est produit à la suite d'un coup de vent qui durait depuis le 7 au 8, et pendant lequel la brise avait varié du S.-E. au N.-O., en passant par le S. Le io, à midi, le vent varia de l'E. au S.-E., en passant par le N. ; le ciel se couvrit de nuages épais, d'une teinte jaunâtre, et l'on aperçut des éclairs dans presque toutes les parties de l'horizon. A midi et demi, l'orage s'est concentré pins particu- lièrement dans le N.-O.; de violents coups de tonnerre se sont fait entendre, accompagnés de grains de pluie et de grêle, et c'est dans des circonstances semblables qu'a eu lieu la décharge du fluide électrique, qui a été suivie d'une forte ondée de grêle, après quoi le temps s'est éclairci et le vent a cessé. Le baromètre était alors à 748 millimètres. La détonation a eu de l'analogie avec celle que produirait une forte décharge d'artillerie, faite avec plusieurs pièces de gros calibre. Aucun des compas du bord n'a subi d'altérations. » L'extrémité de la pointe en platine du paratonnerre du grand mât a seule été fondue, sur une longueur que nous ne pouvons préciser, parce que ses dimensions primitives nous sont restées inconnues. Tout ce que nous savons à ce sujet, c'est que la portion de la pointe en platine retrouvée après l'accident est encore d'une longueur de 2amm,5, qu'elle a 7'nm,5 de diamètre à la base, et 4 millimètres au sommet. Cette pointe était vissée par sa base sur la tige en cuivre rouge du paratonnerre, à laquelle on l'avait ensuite soudée. Sa partie restée intacte a été projetée sur le taud, où on l'a retrouvée un quart d'heure après l'événement. Son grand diamètre n'est point déformé, bien qu'on distingue, sur la moitié de la surface de la base environ, des traces de l'action comburante du fluide, ressemblant assez à la désagrégation des molécules métalliques qu'on remarque au sommet dé- voré par le feu du ciel. Ce qui reste de la pointe en platine est une sorte de tronc de cône, à laquelle on reconnaît très-bien le point de rupture de la ( 1081 ) vis qui servait à l'assujettir à la tige du paratonnerre. Les surfaces extérieures sont marbrées comme si elles avaient été exposées longtemps à l'action de flammes sulfureuses, et l'on y voit des parties violacées, ainsi que des dépôts de matières noires, évidemment produits par la combustion. » La manière dont s'est conservée la base du cône nous paraît d'autant plus remarquable, que l'extrémité de la tige du paratonnerre à laquelle cette base adhérait a été fondue par le fluide électrique, ce que révélait non-seulement la vue de cette tige, après l'accident, mais encore une goutte de métal fondu, retrouvée incrustée dans la garniture en cuivre du chou- quet, qu'elle a perforée, en y restant adhérente. » Cette garniture était en cuivre rouge à doublage, de 2 millimètres d'épaisseur, et l'on a constaté qu'elle avait été déclouée sur sa face la plus voisine de la tige de paratonnerre. L'ayant fait enlever pour l'examiner, nous avons reconnu qu'à l'entour du trou causé par la goutte de métal en fusion, et sur la partie de la plaque en contact avec la tête du mât de hune, il existait de la fumée condensée suffisamment pour laisser son empreinte sur le bout du doigt, en la touchant. » Il existait une maculation de ce genre sur une surface courbe d'en- viron 70 millimètres de rayon ; elle nous a paru provenir en partie de la combustion d'une couche de peinture à l'huile, dont cette feuille de cuivre avait été enduite. Sur cette même face de la feuille, on distinguait encore une empreinte noire, d'ailleurs moins épaisse que la précédente, et déposée sur la ligne de contact du métal avec le concfticteur qui entoure la tête du mât de hune, dont le bois a été aussi légèrement noirci, à l'endroit où la goutte de métal a traversé la feuille de cuivre, mais sans qu'il en ait d'ail- leurs éprouvé aucune altération sensible. » L'une des branches en laiton de la girouette était brisée; ce qui nous a semblé être le résultat d'un choc violent ou d'une forte vibration, car il est certain que les sections de la cassure ne révélaient aucune trace de fusion. Pour empêcher cette girouette de remonter sur la tige du paraton- nerre, on s'était servi de deux rondelles en cuir, qui n'ont subi aucune altération. Elles devaient être fortement imbibées d'eau, au moment de l'ex- plosion. » Les paratonnerres des mâts de misaine et d'artimon n'ont subi aucune altération. » La foudre ne paraît avoir produit d'autres dégâts à l'intérieur du vaisseau que de faire sauter une petite pprtion du soufflage en bois qui entoure l'étambraie du grand mât, dans le faux-pont, à l'endroit où son conducteur électrique se bifurque pour se rendre'sur les ailes du navire. ( io8?. ) » Au moment où la foudre éclata, plusieurs hommes se trouvaient réunis dans le voisinage du grand panneau sur le pont. L'un d'eux, un sergent d'armes, était assis près de la cheminée en fer de la machine et du tuyau du four, qui est en cuivre rouge. Une distance de 6m,uo le séparait du conducteur électrique du grand mât, lorsqu'il ressentit une violente commotion, qui lui causa une sensation telle, qu'il se crut atteint par un éclat d'obus. Sa pensée fut qu'un projectile sarde venait de faire explosion au pied du grand mât, ce qui s'explique d'ailleurs par ce seul fait que nous assistions au siège de Gaëte. Ce sous-officier essaya tout d'a- bord de se lever, mais force lui fut de se rasseoir immédiatement, sous l'impression d'une commotion douloureuse ressentie dans tous ses mem- bres, qui tremblèrent convulsivement avec violence. Le haut de son corps se porta eu arrière, et il lui sembla qu'il perdait beaucoup de sang par les organes qui avoisinent le bassin; ce ne fut qu'après avoir défait ses vête- ments pour s'examiner, qu'il cessa de se croire blessé grièvement. » Les hommes qui se trouvaient près de lui ont également comparé à l'explosion d'un obus ce qu'ils ont vu au pied du grand mât, au moment de la décharge électrique. » Dajis la batterie haute, IVT. l'officier d'administration nous a dit avoir aperçu, au moment de la détonation, une flamme à reflet bleuâtre, d'envi- ron 75 centimètres, au pied du grand mât, et qui a disparu presque instan- tanément. Dans la batterie basse, il s'est produit un phénomène d'aspect différent. Nombres d'hommes travaillaient aux câbles-chaînes ; on venait de décapeler le tour de bitte de l'ancre de bossoir de tribord, mouillée en veille pendant la nuit précédente. Lorsque la foudre éclata, ces hommes étaient rangés sur la verrine pour porter en arrière le mou de la chaîne, afin de la garnir au cabestan. Au bruit de la décharge électrique, tous ces- sèrent d'instinct d'agir sur la verrine ; le second maître qui les dirigeait se jeta vivement de côté en voyant une traînée de' flamme suivre les chaînes et disparaître presque aussitôt. Au même moment, le maître canonnier, qui se trouvait près des bittes, a vu se jouer sur la tête de celle de l'ancre de bossoir de tribord, qui est cylindrique et recouverte d'un chapeau arrondi en fer très-bien fourbi, des flammes bleuâtres, vivement agitées, parfaite- ment perceptibles à l'œil, pendant une seconde ou deux. » Lorsque l'événement a eu lieu, cinq hommes travaillaient dans la ma- chine : trois d'entre eux, au nombre desquels un second maître et un contre-maître mécaniciens, ont déclaré avoir entendu une forte détonation, à la suite immédiate d'un grand éclair, et avoir vu une boule de feu jaune- ( io83 ) clair arriver à tribord, au pied du grand mât, dont l'emplanlure, comme on lésait, repose sur une épontille en fer forgé, qui elle-même traverse le par- quet métallique de la machine et porte sur la carlingue du vaisseau. Lesdeux autres ont entendu le bruit prolongé de l'explosion et distingué la lumière qu'elle a causée. Tous ont cru qu'un obus avait éclaté dans la machine. » Un matelot voilier se trouvait alors près du panneau de la machine, dans le faux-pont. Il assure avoir aperçu très-distinctement sortir du pan- neau une gerbe de feu à l'instant de l'explosion. Le couteau de cet homme s'est trouvé fortement aimanté, ainsi que des plumes métalliques renfer- mées dans des chambres d'officiers situées dans le faux-pont. Quatre ou cinq jours après l'événement, les mousses et d'autres personnes de l'équi- page s'amusaient encore avec des aiguilles à coudre et des lames de cou- teaux aimantées. » Le Saint-Louis est muni d'un paratonnerre à chacun de ses mâts. » Le Mémoire contient ensuite une Description des appareils électriques du vaisseau le Saint-Louis, puis des Considérations générales présentées par l'auteur. Nous devons nous borner à indiquer ces deux parties du travail de M. Laporterie, leur étendue ne nous permettant pas de les reproduire inté- gralement, et leur nature les rendant peu susceptibles d'analyse. Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission des paratonnerres, Cominisston qui se compose de MM. Becquerel, Pouillet, Babinet, Duhamel, Despretz, Regnaultet de Senarmont. MÉTÉOROLOGIE. — De l'accroissement nocturne de la température avec la hauteur dans la couche inférieure de l'atmosphère ; par M. Ch. Martixs. (Commissaires, MM. Pouillet, Boussingault, Decaisne.) « Les agriculteurs savent depuis longtemps que les végétaux délicats, la vigne, l'olivier, les arbres fruitiers et même les céréales souffrent beaucoup plus du froid dans les vallées ou dans les dépressions du sol que sur des éminences ou des collines peu élevées. D'un autre côtéSix ( i ) à Cantorbéry, Pictet (a) et Marcet (3) à Genève, Bravais et Lottin (4) à Bossekop en La- ( i ) Philosophical Transactions, t. LXXVIII. (2) Essai sur le feu, p. 171; 1790. (3) Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, t. VIII, deuxième partie; i838. (4) Voyages en Scandinavie et en Laponie de la corvette la Recherche. Météorologie, t. m, p. 94. C. R., 1860, 3me Semestre. (T. LI, N° 27.) 1 44 ( jo84 ) ponie s'étaient assurés expérimentalement que pendant la nuit et une heure environ après le lever ou avant le coucher du soleil, la température croit avec la hauteur dans la couche inférieure de l'atmosphère : ils ont trouvé que cet accroissement était d'autant plus marqué que le ciel était plus serein et l'air moins agité. Ainsi donc quand le soleil s'approche de l'horizon, il y a presque toujours interversion dans la distribution des températures de la couche inférieure de l'atmosphère; le décaissement normal de la journée se transforme en un accroissement qui persiste pendant toute la nuit jusqu'a- près l'aurore. » J'ai repris ces recherches à Montpellier sous une latitude plus méri- dionale et dans un climat soustrait à l'influence du gulfslream, ce grand ré- gulateur de la constitution atmosphérique de l'Europe occidentale. Au lieu d'étudier, comme mes prédécesseurs, l'accroissement nocturne de la tempé- rature à un moment donné, j'ai cherché quelle était la distribution du plus grand froid de la nuit, c'est-à-dire des minima. En quinze mois j'ai pu expé- rimenter pendant quatre-vingt-dix-sept nuits sereines ou couvertes sans pluie et sans vent violent. Six thermomètres à alcool et à index, disposés de façon que leur boule fût entièrement nue et. rayonnât librement dans tous les sens, étaient échelonnés depuis om,o5 du sol jusqu'à /i9m,4 au-dessus. Quatre de ces thermomètres avaient été fixés à un mât peint en noir de om,o5 à 6 mètres. Un quatrième était placé sur la plate-forme d'une tour à •i6m,3 ; le dernier enfin dominait la plate-forme du clocher de la cathédrale à 49"\4 au-dessus du premier : c'est le point le plus élevé des environs du Jardin des Plantes où je pouvais placer un thermomètre. » Sur mes quatre-vingt-dix-sept nuits je n'en trouve que neuf pendant lesquelles la température fut décroissante avec la hauteur. L'accroissement nocturne de la température avec la hauteur est donc la règle, le décroisse- ment l'exception. Dans les quatre-vingt-huit nuits pendant lesquelles on a constaté 1 accroissement, l'excès thermique moyen du thermomètre à 49ra>4 sur celui à oœ,o5 a été de 4°?36. Dans les nuits avec décaissement le ther- momètre supérieur ne s'est tenu en moyenne qu'à o°,62 au-dessous de l'au- tre. Indépendamment de la portion de l'échelle dans laquelle se meut la colonne thermométrique et par conséquent des saisons, cet accroissement n'est pas uniforme; très-rapide dans le voisinage du sol, il se ralentit beau- coup avec la hauteur. Entre om,o5 et i mètres cet accroissement est en moyenne de o°,39 par mètre; mais entre 6 et ati mètres il descend à o°,07 et entre 26 et 49 mètres à o°,02. » Un ciel serein ou nuageux, un air calme ou agité, telles sont les circon- ( io85 ) stances qui exercent la plus grande influence sur le phénomène. Le décrois- sement diurne ne persiste que pendant les nuits entièrement couvertes avec les vents chauds du sud-est, du sud, et plus rarement de l'ouest. Pendant les nuits sereines, c'est-à-dire avec le régime des vents de nord et de nord- ouest, l'accroissement moyen a été de 5°,a6 pour 49m>4> soit o°, i i par mètre. Dans les nuits nuageuses (en tenant compte decelles où i I y a eu tlécroissement) l'accroissement n'a été que de i°,07 pour la même différence de niveau, soit o°,02a par mètre. L'excès thermique le plus fort que j'aie observé a été de 8°,g dans la nuit très-sereine du 7 novembre i85g; il a du reste souvent dépassé 70, tandis que la valeur du décroissement n'a atteint qu'une seule fois — i°,4î en général elle n'est pas de i°.Un air calme favorise l'accroisse- ment ; toutefois il est souvent très-rapide avec une brise légère, surtout si elle souffle du nord-ouest (mistral). » Mes deux thermomètres à minima les plus élevés, celui à 26™, 3 et celui à 49"\ 4, étaient fixés à im,5o au-dessous de la plate-forme découverte de deux tours. Je pouvais craindre néanmoins que l'accroissement de la tem- pérature avec la hauteur ne fût pas le même, si l'instrument eût été placé sur un relief naturel du sol, tel qu'une colline. Pour m'en assurer, je fixai un thermomètre à un arbre de la promenade du Peyrou qui occupe l'ex- trémité occidentale de la colline de Montpellier et dont la surface n'a pas moins de-a5o,oo mètres carrés. Par une heureuse coïncidence, l'altitude de deux de mes instruments placés l'un sur la Tour des Pins, l'autre sur la promenade, était la même à om,5o près, et leur distance horizontale ne dé- passait pas 335 mètres. Vingt-sept nuits d'observations comparatives ont donné deux minima moyens qui ne diffèrent entre eux que de o°, 1 1 . Les lois de l'accroissement sont donc sensiblement les mêmes le long d'une tour ou sur les flancs d'une colline, et les chiffres que nous avons indiqués s'appliquent légitimement à la météorologie agricole : ils concordent du reste avec ceux que Pictet et MM. Marcet et Bravais ont déduits de leurs expériences. Le phénomène paraît être général, puisqu'il a été constaté à la fois sous le 43e, sous le 47e et enfin sous le 70e degré de latitude septen- trionale. » Les conséquences agricoles de l'accroissement nocturne de la tempéra- ture avec la hauteur sont évidentes ; mais il en est d'autres qui ne frappent pas au premier abord. En voici quelques-unes. Pour être comparables, les séries des stations météorologiques exigent une foule de conditions bien connues des observateurs. L'interversion de la distribution de la tempéra- ture qui a lieu presque toujours deux fois dans la journée, le soir et le ma- ■44-. ( io86 ) tin, en exige une nouvelle : c'est que les observatoires ne soient pas placés l'un sur une colline, l'autre dans une plaine ou dans une vallée, et que les thermomètres soient à la même hauteur au-dessus du sol, puisque 6 mètres seulement de différence de niveau produisent en moyenne un écart de i°,49 pour les maxima de la nuit. Un exemple sera plus probant que les plus longs raisonnements. L'observatoire météorologique de la Faculté des Sciences de Montpellier est élevé de 3o mètres au-dessus du point où l'on fait les observations thermométriqiles du Jardin des Plantes; la distance horizontale des deux stations, placées toutes deux au nord delà colline qui porte la ville de Montpellier, ne dépasse pas 460 mètres. Les instruments sont placés dans des conditions suffisamment comparables; cependant le minimum moyen de l'année 1 85o, est plus bas de a°,gi au Jardin des Plantes qu'à la Faculté des Sciences. Le maximum moyen du Jardin est, à la vérité, plus haut de o°,85. Le climat de cette dernière localité est donc plus ex- trême que celui de l'autre. La température moyenne de l'année pour les deux stations déduite des maxima diffère de i°,o3, ce qui revient à dire que 3o mètres en hauteur équivalent dans le midi de la France à un écart en latitude de a°,4o environ au bénéfice de la station ta plus élevée. Quelles ne doivent pas être les causes d'erreur quand on compare les séries de sta- tions situées les unes dans les villes, les autres à la campagne : les unes exposées à tel vent, les autres au vent contraire; les unes sur le haut d'un édifice élevé, les autres à un rez-de-chaussée! Les heures de 7 heures du matin en été et de 8 heures en hiver adoptées par le Moniteur me semblent aussi malheureusement choisies. A 8 heures en hiver, par exemple, le soleil est levé depuis longtemps pour l'observateur du midi de l'Europe, tandis qu'il ne l'est pas encore pour celui du Nord. Le premier observe pendant la période du décroissement de la température avec la hauteur; le second, pendant que l'accroissement nocturne persiste encore. Souvent ces heures coïncident avec le moment de l'interversion. Il n'y a donc rien de sem- blable, rien de comparable dans les conditions physiques de la température de ces heures à différents degrés de latitude. Quand on y réfléchit, on re- connaît que midi et minuit sont les seuls instants de la journée qui pré- sentent partout quelque similitude sous ce rapport. » ( «o87 ) CHIMIE. — Analyse du rouge d'aniline appelé azaléine ; par M . Th. Schneider ( Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Fremy. ) « L'azaléine préparée par son inventeur, M. Gerber- Relier, deMulhouseT par l'action du nitrate mercurique sur l'aniline, à la température de ioo°, est un mélange, en proportions variables, de deux matières colorantes, l'une rouge, l'autre violette, d'une matière goudronneuse noire, de nitrate d'aniline et de traces de nitrate mercurique. Le produit brut du commerce a été soumis à un lavage répété (huit ou dix fois) à l'eau distillée froide, dans le but de le débarrasser des sels d'aniline et de mercure qui l'accom- pagnent. Les eaux de lavage se chargent d'un peu de matière colorante, qui est perdue. L'azaléine ainsi lavée est desséchée avec soin, puis traitée par du sulfure de carbone pur, avec lequel on la broie pendant plusieurs mi- nutes. On décante le sulfure chargé de matière goudronneuse et, après l'avoir remplacé par du sulfure frais, on continue le broyage tant que ce véhicule se colore. Après douze ou quinze triturations semblables, la ma- tière colorante, primitivement pâteuse, est devenue parfaitement sèche et pulvérulente, et ne cède plus rien au sulfure de carbone. On la réduit en poudre impalpable et on la traite par dix fois son poids d'alcool trois-six pur, et quand toute la matière colorante s'est dissoute, on ajoute un volume d'eau distillée froide égal à celui de la dissolution. L'addition d'eau produit un précipité abondant d'une matière colorante violette (qui n'est pas l'indisine) souillée par une certaine quantité de matière colorante rouge. La liqueur filtrée ne contient que le rouge d'aniline pur et ne dépose plus rien, quel que soit le temps pendant lequel on la conserve dans un flacon bouché. On évapore la liqueur au bain- marie, aux g environ, et on laisse refroidir. » En décantant les eaux mères on trouve au fond de la capsule une pellicule cristalline verte qui constitue l'azaléine pure. Cette matière se dissout complètement dans l'eau et dans l'alcool en colorant ces véhicules en rouge cramoisi. Desséchée à io5° et soumise à l'analyse, elle a fourni les résultats suivants : IV. v. VI. 1 1. 11. m. Carbone .... 67, 56 67,75 67,73 Hydrogène. . 6; ,16 6,20 6,25 Azote , . . » 1 . ... 16,82 17,37 17,01 (■ io88 ) » La formule C38H20Az*O* s'accorde parfaitement avec le résultat de ces analyses. En effet : Calcul. Moyenne des analyses.. Différences. Carbone... 67,86 67,68 0,18 Hydrogène. . 5,g5 6,20 o,25 Azote 16,67 '7>°7 °)4° Oxygène... 9,52 p,o5 (par diff.) 0,47 » Les analyses de la matière violette qui accompagne l'azaléine et du rouge d'aniline découvert par M. Hofmann, formeront l'objet de commu- nications ultérieures. » M. Moura-Bourocillox soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : « Des trois modes d'éclairage du larynx ». (Commissaires, MM. Velpeau, I. Cloquet.) M. Tigri adresse de Sienne une Note, écriteen italien, sur la maladie des vers à soie connue sous le nom d'atropine. (Renvoi à l'examen de la Commission des vers à soie. ) M. le Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie un travail destiné au concours pour le prix Bordin. Ce travail, qui a pour titre : « Des vaisseaux laticiferes et. de leurs rapports avec les organes semblables de l'écorce », est accompagné d'un atlas com- prenant de nombreuses figures : il a été inscrit sous le n° 1 . (Renvoi à l'examen de la Commission du prix Bordin.) M. Jaubert présente au nom de l'auteur M. De la Tramblais un Mémoire intitulé : « De la mortalité et de sa répartition suivant les lieux dans les départements de l'Indre et du Cher ». Cet ouvrage, conformément au désir exprimé par l'auteur, sera compris dans le nombre des pièces de con- cours pour le prix de Statistique. M. A. Fremont annonce avoir adressé par la poste pour le même con- cours un Mémoire manuscrit portant pour titre : « Département du Cher », ouvrage qui doit arriver en temps utile pour être admis à concourir. ( '°89 ) M. H. Roger, en présentant an concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Recherches cliniques sur l'auscultation de la tête », y joint, pour se con- former à une des conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. M Benard envoie, d'Amiens, au concours pour le prix dit desArtsinsa- lubres, un Mémoire sur un épilatoire destiné à être substitué aux épilatoires communément employés, tels que le sulfure d'arsenic, et n'exposant pas aux mêmes dangers. (Commission des Arts insalubres.) M. Cantagrel, qui a déjà présenté au même concours un appareil qu il désigne sous le nom d 'indique-fuites, annonce l'envoi, comme pièce à l'appui, d'un Mémoire « siir les moyens de découvrir les fuites dans les appareils à gaz ». (Renvoi à la même Commission.) CORRESPONDANCE . L'Académie royale des Sciences de Berlin adresse le volume de ses Mé- moires pour l'année i85o, et remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs de ses publications. M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Poey, plu- sieurs opuscules relatifs à la météorologie, à la géographie, etc*, de l'île de Cuba. Avec ces Mémoires M. Poey adresse quelques publications relatives à la même île et dues aux travaux de divers savants {voir au Bulletin biblio- graphique^. météorologie. — Couleurs des globes filants observés à Paris de 1 853 à i85g, avec leurs traînées et leurs fragments colorés; par M. Amusés Poey. « Dans les séances du i5 et 26 décembre 1 856 et du 12 janvier 1867, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie trois Notes sur les couleurs des étoiles et des globes filants observés en Chine pendant vingt-quatre siècles, en Angleterre de 184 • à 1 855, et a Paris de 1 84 1 à 1 853. Ces recherches ( io9° ) ont donné lieu à de nouvelles considérations de la part du savant physicien anglais M. J.-B. Gladstone, de la Société royale de Londres (i). Elles ont été en outre analysées dans les catalogues annuels du Rév. Baden-Fowell (2). M. Coulvier-Gravier ayant récemment publié un nouveau catalogue des globes filants par lui observés à Paris de i853 à i85g (3), j'ai dû compléter mon travail en dressant le tableau suivant des globes colorés correspondant à cette deuxième période. Ce tableau avec le premier, qui s'étend de 1841 à » 853, forme déjà une période de dix-huit années. » i°. Coloration des globes filants. — Avril, très-blanc. — Mars, blanc, puis bleu. — Juin, très-blanc. — Juillet, blanc; blanc, puis bleu à l'hori- zon (deux cas.) — Août, blanchâtre; très-blanc et brillant, puis bleu; ron- geâtre. —Septembre, très-blanc ; blanc, puis bleu; blanc, puis bleu en ap- prochant de l'horizon. — Octobre, très-blanc (deux cas); blanc, puis bleu (deux cas); rouge-sang; bleuâtre dans une étendue de io°, vert d'eau pen- dant i5°. (M. Coulvier-Gravier qualifie ce météore d'extraordinaire par sa couleur.) — Novembre, blanc ; blanc, puis bleu à l'horizon. — Décembre, blanchâtre ; rougeâlre. — Total : vingt-deux cas. » a°. Globes et traînées colorées. — Avril, le globe a passé du blanc au bleu en finissant, traînée rougeâtre. — Juin, globe entraînée très-bleus, puis rouge- blanc. — Août, du blanc au bleu en approchant de l'horizon, traînée rouge; blanc, puis vert en approchant de l'horizon, traînée rouge; blanc, puis bleu, traînée rouge; blanc, puis bleu, traînée rouge-feu. — Octobre, bleuâtre à l'horizon, traînée rouge. — Novembre, blanc, puis rouge-blanc, traînée rouge. — Total : huit cas. » 3°. Globes et traînées blanches. — Juillet, deux cas; août, octobre, novembre et décembre, un cas dans chaque mois. — Total : six cas. » 4°- Globes colorés avec traînées incolores. — Avril, blanc, puis cuivre- jaune. — Mai, très-blanc. — Juin, blanc, puis bleu vers l'horizon. — Juillet, blanc, puis vert à l'horizon ; bleuâtre à l'horizon. — Août, blanc, puis bleus à la fin de sa course, deux cas. — Septembre, blanc, puis bleu en appro- chant de l'horizon. — Octobre, bleuâtre vers l'horizon, deux cas. — Novem- bre, blanc, puis cuivre-jaune, un peu bleuâtre. — Décembre, très-blanc et verdâtre en finissant. — Total : treize cas. » 5°. Globes incolores avec traînées colorées. — Mai, traînée rouge, très- (1) Philosophical Magazine, i85g, t. XVII, p. 385. (2) Report of the British Association, l858. (3) Annales de Cliimie et de Physique, 3e série; 1860. ( '°9i ) belle et bien divisée, qui resta visible cinquante secondes après la dispari- tion du globe blanc. — Juin, traînée rouge. — Juillet, globe très-blanc, traînée cuivre-jaune. — Août, traînée rouge. — Novembre, globe d'une lumière éclatante, traînée rougeâtre. Traînée rouge foncée, puis rouge- verdâtre, persistant deux minutes après la disparition du globe blanc. — Total : six cas. » 6°. Globes incolores se brisant en fragments colorés. — Juin, globe très- blanc, après 3° de course se brisa en plusieurs fragments qui parcoururent trois autres degrés, et passèrent ensuite du ronge au vert, puis au bleu. » 70. Globe et traînée colorés se brisant en fragments incolores. — No- vembre, globe bleu, traînée rouge-feu et deux fragments blancs. » 8°. Globe et traînée incolores se brisant en fragments colorés. — Février, magnifique globe, se brisa à moitié de sa course et les derniers fragments devinrent bleus en approchant de l'horizon. » 90. Globe coloré avec tramée incolore se brisant en fragments colorés. — Août, globe blanc, rouge-feu, puis bleu, avec quatre fragments rouges. » io°. Globe coloré avec traînée incolore se brisant en fragments incolores aussi. — Novembre, globule jaune tirant sur le vert, traînée blanche et bien divisée, se brisa en plusieurs fragments incolores. «Cette liste comprend soixante cas de globes filants, dont seize sont indi- qués blancs et six furent accompagnés de traînées également blanches. Parmi les quarante-quatre autres cas de globes colorés, les uns ont été ac- compagnés de traînées colorées ou incolores, d'autres n'en ont pas eu, trois fois le globe se brisa en fragments colorés et deux fois en fragments in- colores. » On remarque ici, comme dans les précédents tableaux de la Chine, de l'Angleterre et de Paris, un très-petit nombre de colorations vertes. Dans celui-ci il n'y a que six cas de cette teinte. J'avais déjà fait observer que sur ioo4 météores en Chine pendant vingt-quatre siècles, je n'avais pu trouver une seule indication d'étoile ou de globe filant vert. Cependant le Dr Buist a énoncé en 1 849 que les plus beaux météores semblables à une étoile de première grandeur qu'il observe dans l'Inde, sont généralement d'une couleur orangée, bleuâtre ou verdâlre. » Je ferai encore remarquer que lorsque les globes colorés sont accom- pagnés de traînées également colorées, ou lorsqu'ils se brisent en fragments aussi colorés, les teintes sont complémentaires entre elles ou appartiennent les unes à la partie supérieure et les autres à la partie inférieure du spectre. Les huit cas de globes blancs, signalés plus haut, qui sont devenus bleus en C. R., 1860, 1m° Semestre. (T. Ll, N° 27.) J 4* ( 1092) approchant de l'horizon, avec des traînées rouges, sont dignes de remarque. La loi que j'ai découverte, et qui se rapporte à celle de Doppler sur la colo- ration des étoiles doubles, me semble encore remarquable. C'est ainsi que les étoiles ou globes filants s'éteignent en bleu en approchant de l'horizon ou de l'observateur, après avoir passé par toutes les teintes correspondant à la partie supérieure du spectre. D'autres, au contraire, s'éteignent en rouge probablement en s'éloignantdel'observateur. Suivant M. Coulvier-Gravier, les étoiles globuleuses rouges de première grandeur, qui semblent rouler ou courir plutôt que filer, sont des indices certains de l'approche d'une tem- pête. J'incline à croire qu'outre la loi de Doppler on devrait encore tenu- compte, dans la coloration des étoiles et des globes filants, de l'état particu- lier de l'atmosphère au triple point de vue de l'électrochimie, des agents météorologiques modificateurs et des propriétés optiques de la vapeur d'eau répandue dans l'atmosphère, propriétés qui donnent lieu à des phénomènes de colorations dues à des réflexions, des réfractions et des dispersions par- tielles ou totales rendues sensibles par le passage d'ondes aériennes. C'est sur ces derniers phénomènes que M. Ch. Montigny a basé sa théorie de la scintillation et de la coloration des étoiles fixes, théorie dont j'ai eu l'occa- sion de vérifier l'exactitude dans mes propres expériences effectuées à la Havane et à l'égard de la découverte de ma loi de la coloration des étoiles et des arcs colorés des planètes, recherches que j'ai eu l'honneur de com- muniquer à l'Académie en i85ç). » PHYSIQUE. — Sur la température de l'eau à l'état sphéroïdal , par M. J. Sudre. « Dans une Note insérée aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences, à la date du aâ juillet t86o, M. de Luca cite des expériences qui le condui- sent à admettre que « la température de l'eau à l'état sphéroïdal n'atteint pas 8o° et même qu'elle doit être au-dessous de 5o° ». Cette température est la moitié de celle qui avait été admise par M. Boutigny, à la suite d'expé- riences que je n'ai pas à rappeler ici. » Dans le moufle d'un thermomètre à calories que M. Favre a mis à ma disposition pour étudier cette question, j'ai versé l'eau à l'état sphéroïdal, et j'ai noté la chaleur qu'elle abandonnait pour arriver à la température de o°. Un gramme d'eau a toujours abandonné au calorimètre 97,4 unités de chaleur. » Lorsqu'on précipitait l'opération en versant immédiatement dans le ( i°93 ) moufle du calorimètre l'eau qu'on venait d'introduire rapidement dans une capsule chauffée au rouge, on a pu atteindre un chiffre minimum qui n'a pas été inférieur à 97. » Je crois donc que si les reproches que M. de Lnca fait à la méthode employée par M. Boutigny sont fondés, il faut, sans accepter ses conclu- sions, admettre que l'eau à l'état sphéroïdal « possède une chaleur spéci- fique deux fois plus élevée que celle qu'on lui connaît dans le< conditions ordinaires. » M. Babinet, à l'occasion de cette présentation, fait remarquer que M. Boutigny était inscrit pour lire dans cette séance, où la parole n'a pu lui être accordée, un Mémoire concernant des expériences sur la même question. Ce Mémoire, présenté par M. Babinet, est paraphé par M. le Président de manière à sauvegarder les droits de l'auteur. NAVIGATION. — Emploi de la glycérine dans les boussoles marines, par M. A. Santi. ! « Depuis la construction des navires à hélice, la bousso.le qui sert à don- ner la route^au timonier éprouve de grandes déviations à cause des trépi- dations continues que l'hélice fait éprouver au navire ; il en résulte des embardées continuelles, au point que le timonier gouverne difficilement sa route; il en résulte des pertes de temps, du retard dans les arrivages et une dépense considérable de charbon. » Bien des moyens ont été employés pour obvier à ces graves inconvé- nients; un seul a eu quelque succès : c'est celui qui est employé dans la boussole dite en terme de marine compas liquide. Cet instrument se compose de deux cuvettes en cuivre dont l'une entre librement dans l'autre. La cu- vette extérieure a 25 centimètres de diamètre intérieur et 25 centimètres de profondeur : elle est cylindrique dans sa moitié supérieure; l'autre moitié, qui constitue son fond, a la forme d'une calotte sphérique. » L'autre cuvette, semblable à la première, est de moindre dimension dans tous les sens : en effet, elle a a3 centimètres de diamètre sur s3 centi- mètres de profondeur. Cette deuxième cuvette se trouve placée dans la pre- mière, avec laquelle elle est maintenue concentrique à l'aide de bandelettes de caoutchouc qui les relient l'une à l'autre; un diaphragme disposé en con- i45.. ( io94 ) séquence ferme l'espace qui reste entre les deux cuvettes en laissant à la cuvette intérieure la facilité de descendre et de monter librement. Ce dia- phragme est percé d'un trou qui permet d'introduire le liquide entre les deux cuvettes; la première reçoit le liquide intérieurement, et la deuxième extérieurement; cette dernière est donc flottante. » Ce compas, ainsi disposé à bord des navires à hélice, a rendu et rend encore de grands services. » Les liquides employés jusqu'à ce jour sont l'eau de mer, l'eau alcooli- sée, le goudron liquide. Tous ces liquides présentent de graves inconvé- nients : ils peuvent se congeler dans les climats froids et se volatiliser prompte- meritdanslesclimatschauds. Ainsi l'eau alcoolisée se volatilise promptement et sa densité n'est pas suffisante pour que la cuvette flottante soit suffisam- ment stable et sa vibration absorbée : l'eau de mer, de son côté, attaque le cuivre; enfin le goudron liquide, par sa densité et son peu de mobilité, rem- plirait le but demandé,' mais il a l'inconvénient d'être malpropre et de manquer de transparence. » Je viens d'employer avec succès, comme liquide, la glycérine, qui ne se congèle qu'à 35° au-dessous de zéro; elle a le double avantage de ne pas se volatiliser, et par sa densité et son peu de mobilité de rendre les effets de la trépidation insensibles au compris. » Les compas liquides, employés jusqu'à ce jour, n'étaient pas transpa- rents; il en résultait donc que les observations de nuit ne pouvaient être faites, puisque la rose des vents était forcément éclairée par la partie supé- rieure; à l'aide de la glycérine, je fais depuis longtemps des compas trans- parents et inaltérables. Pour cela, au lieu d'employer des cuvettes en cuivre dont j'ai déjà parlé, je les remplace par des cuvettes en cristal : je remplace les bandes en caoutchouc par des spirales très-légères en cuivre. >> En résumé, mon nouveau compas liquide transparent remplace depuis un an, à Marseille, les anciens compas, et satisfait à toutes les conditions de stabilité que l'on pouvait désirer, puisque le plus fort coup de tangage que puisse recevoir un navire en marche reste sans effet appréciable sur lui. « physiologie végétale. — Recherches sur la maturation des fruits; par MM. Behtiiklot et Buignkt. (Premier Mémoire.) «Les transformations que les fruits éprouvent pendant la période de leur maturité sont l'un des phénomènes les plus remarquables de la physiologie ( '°95 ) végétale. Rien de plus frappant que de voir un fruit perdre peu à peu sa saveur acide et astringente pour acquérir ce goût sucré et agréable qui le rend propre à l'alimentation. Le phénomène est particulièrement digne d'attention quand il s'opère sur un fruit détaché de sa tige et isolé du vé- gétal sur lequel il s'est développé. Dans cette circonstance, en effet, le fruit constitue un milieu complet qui n'emprunte plus rien à la plante qui l'a formé : tous les changements ultérieurs qu'il éprouve résultent des méta- morphoses réciproques de ses propres matériaux C'est dans de telles condi- tions que l'on peut espérer saisir avec plus de simplicité le jeu de ces méta- morphoses, reconnaître, par exemple, les lois qui président à la formation des acides végétaux et à celle des principes sucrés. » Nous avons entrepris dans cette direction une série de recherches, dont nous venons soumettre aujourd'hui les premiers résultats à l'Académie. Ces résultats ont été obtenus il y a deux ans, durant l'hiver 1 858-1 85o,. Si nous indiquons icices dates, c'est pour rappeler combien ces recherches sont lentes et pénibles. Elles exigent des analyses et des expériences multipliées, et qui ne peuvent être contrôlées que d'année en année, parce que certaines conditions de ces expériences sont offertes par la nature et ne sauraient être reproduites à volonté. Aussi dans cette première communication nous nous proposons surtout de caractériser sur un exemple particulier les méthodes que nous_employons et le but que nous cherchons à atteindre, sans préten- dre donner encore des résultats définitifs. » Nous avons expérimenté sur l'orange commune, l'un des fruits dans lesquels la période de la maturation est le plus nettement accusée. La struc- ture de l'orange, la distinction si nette des diverses parties qui la constituent, l'épaisseur de son enveloppe, qui isole presque entièrement les liquides du milieu ambiant, enfin la période relativement rapide de sa maturation arti- ficielle offrent des facilités tout à fait spéciales. » La composition chimique du jus de l'orange accroît encore ces facilités. En effet, ce jus est constitué principalement par de l'acide citrique, des sucres fermentescibles, et des principes azotés : les matières gélatineuses analogues à la pectine, dont le rôle est si grand dans la maturation de cer- tains autres fruits, comme l'ont montré les recherches de M. Fremy, jouent au contraire dans l'orange un rôle assez insignifiant et ne s'y rencontrent qu'en proportion à peu près négligeable. » Voici comment nous avons opéré. Nous avons pris un certain nombre d'oranges vertes, susceptibles de mûrir spontanément, et nous les avons distribuées en deux séries, l'une comprenant les oranges les plus mûres, ( 1096 ) l'autre les oranges les moins mûres. On a prélevé quelques oranges des deux séries, pour l'analyse. Puis on a abandonné les oranges à elles-mêmes dans un lieu sec et maintenu à une douce température, pendant quelques semaines. Au bout de ce temps, la maturation paraissant effectuée, on a répété les analyses. » Dans chacune de ces analyses, nous avons effectué les déterminations suivantes : t° On pèse chaque orange. — i° On la sépare en quatre parties, savoir: l'enveloppe, les semences, le jus et la pulpe. On pèse ces quatre ma- tières et on y détermine l'eau et le résidu fixe à 1000. — 3° On détermine combien l'enveloppe séchée renferme de matière soluble dans l'éther, de de matière azotée, et de matière minérale. — 4° On détermine combien la pulpe renferme de matière azotée et de matière minérale. — 5° On fait les mêmes déterminations sur les semences, après en avoir précisé le nombre et le poids moyen. — 6° On détermine dans le jus l'eau, l'acide citrique, le sucre interverti, le sucre de canne, la matière azotée et la matière mi- nérale. » En s'appuyant sur ces diverses déterminations on peut fixer la com- position totale de l'orange avec assez d'exactitude et comparer les variations subies par les principes qu'elle renferme. Cette comparaison conduit à di- vers résultats dignes d'intérêt et sur lesquels nous reviendrons prochaine- ment avec plus de détails. Les seuls faits que nous désirons signaler dès à présent, sont relatifs aux principes sucrés. Nous les donnons d'ailleurs comme résultant des deux séries d'analyses comparées que nous avons indiquées tout à l'heure, sans prétendre encore les généraliser. Ces questions sont trop délicates pour qu'il soit permis de procéder sans de telles réserves. » i°. L'orange, soit avant sa maturité, soit au moment de sa maturité, renferme à la fois du sucre de canne et du sucre interverti. » 20. La proportion relative de ces deux sucres change pendant la matu- ration : le poids du sucre interverti qui l'emportait d'abord sur celui du sucre de canne, cesse d'être prépondérant. Le rapport se renverse et le sucre de canne se trouve devenir le plus abondant des deux sucres. » 3°. Le poids du sucre interverti change peu. > 4°- Le poids du sucre de canne augmente relativement au poids total de l'orange. » 5°. Il augmente également si ou le compare soit au poids total du jus, soit au poids des matériaux fixes contenus dans le jus. » Il est facile de comprendre d'après ces faits, pourquoi l'orange devient plus sucrée durant la maturation. ( io97 ) » La formation du sucre de canne dans le fruit qui mûrit est ici le phé- iiomène le plus saillant. Elle est d'autant plus intéressante qu'elle s'effectue dans un milieu acide; non-seulement l'acide citrique ne semble point agir pour intervertir le sucre de canne déjà formé (on pouvait prévoir cette inactivité d'après les expériences de l'un de nous), mais il ne s'oppose point à l'accroissement en quantité de ce même sucre de canne. » Nous poursuivons maintenant nos expériences afin de contrôler ces premiers résultats par de nouvelles études, et de rechercher aux dépens de quels principes le sucre de canne prend naissance. » chimie. — Note sur le bichlorure d'élain considéré comme un dissolvant; par M. Gekarim.y. « Les propriétés dissolvantes du bichlorure d'étain présentent de grandes analogies avec celles du sulfure de carbone. » Il dissout à peu près les mêmes corps, mais dans de plus faibles pro- portions. » A la température de son ébullition, il dissout des quantités considé- rables de soufre oclaédrique, d'iode, de phosphore ordinaire. Par le refroi- dissement, le soufre et l'iode déposent de beaux cristaux. Le phosphore se sépare à l'état liquide et se prend en masse solide sans cristalliser. » Il dissout le soufre amorphe après une ébullition prolongée; les cris- laux qui se forment par refroidissement sont octaédriques. » Le phosphore rouge y est complètement insoluble. >■> Il dissont le brome et le sulfure de carbone en toutes proportions. » Il ne dissout pas le silicium, le tellure, l'arsenic, l'antimoine, le bis- muth, l'étain, ni les oxydes ou chlorures métalliques. » chimie. — Sur tes relations d'isomorphisme qui existent entre le bismuth et l'antimoine; par M. J. Nickles. « Aux faits que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie il y a quelque temps [Comptes rendus, t. L, p. 87a), au sujet de l'isomorphisme du bis- muth avec l'antimoine et l'arsenic, et qui ont été depuis vérifiés par d'au- tres chimistes [Journal de Pharmacie, t. XXXVIII, p. 1 54), j'ai a ajouter les résultats suivants qui les complètent. Mes motifs, ainsi que je l'ai dit, repo- sent non-seulement sur la forme cristalline des iodures de ces métaux et leur composition, mais encore sur leurs propriétés et leurs fonctions, les ( -o98 ) combinaisons qu'ils sont aptes à produire et les propriétés physiques ou chimiques qui les caractérisent. » J'ai fait voir précédemment que l'iodure de bismuth, comme celui d'antimoine, peut, avec les iodures alcalins, produire des iodures doubles de même forme et de même composition, et de leur. côté MM. Schœfer et Linail ont reconnu (Jnnales de Poggendorff, t. CIX, p. 611, et t. CXI, p. 240) que cette propriété s'étend à l'iodure de baryum. Il me reste à montrer que ces iodures sont susceptibles de cristalliser, en maintenant la forme cristalline et l'état d'hydratation particuliers aux iodures com- posants. » Des combinaisons assez nombreuses, soit de bromures, soit d'iodures doubles, que j'ai obtenues, je détacherai les deux groupes suivants : » Le premier, de la forme générale PM + Im + 4HO; le deuxième groupe de la forme générale PM -+- lin -4- 2HO ou Br3M-+-Brm + aHO, où M = Sb ou Bi , m = K, Na ou AzH4. » Voici des détails sur ces intéressantes combinaisons, que j'obtiens presque toutes par un procédé nouveau qui sera applicable dans d'autres circonstances ; il consiste à traiter le métal par l'iode ou le brome en pré- sence d'une dissolution saturée d'un chlorure alcalin, dont il est même bon d'ajouter un excès; la liqueur se décolore promptement par l'agitation ou, tout au moins, la couleur s'affaiblit. C'est ainsi qu'avec de l'antimoine, du •sel ammoniac, de l'iode et de l'eau, on obtient au bout de peu de jours des cristaux rouges, de forme en apparence cubique, mais qui se dérivent d'un prisme droit de 970 et dont la composition s'accorde avec la formule (1) FSb-4-IAzH4 + 4HO(*). (*) Elle s'accorde aussi avec PSb + IAm -h 3 HO; c'est même sous cette formule que j'ai mentionné son existence au Journal de Pharmacie du mois d'août, p. 1 55. ( 1099 ) » Ces cristaux sont exempts de chlore; ce métalloïde reste dans les eaux mères, d'où il se déposera plus tard sous la forme de l'un ou de l'autre des chlorures doubles qui ont été décrits par M. Jacquelain et M. Ram- melsberg. J'aurai à revenir sur cet iodure double qui me paraît susceptible d'être appliqué à la thérapeutique, car il contient 92 pour 100 d'iodure d'antimoine, et on l'obtient facilement sous forme définie. » J'ai longtemps cherché un iodure isomorphe de celui-ci et contenant à la fois du bismuth et de l'antimoine ; j'ai réussi au moyen d'une dissolu- tion alcoolique d'iodure double d'ammonium et de potassium d'une part, de bromure de bismuth et d'ammonium de l'autre. Au bout de quelque temps, il s'est déposé des prismes noirs, isomorphes avec les précédents. Ces prismes donnent une poudre rouge et prennent aussi cette couleur, quand on les regarde à la lumière violette du spectre solaire; ils renferment de l'antimoine et du bismuth se remplaçant isomorphiquement et s'arrangeant de façon à ne former que 1 équivalent de métal pour 3 équivalents d'iode conformément à la formule (2) I3(BiSby -+- IAzH4 + 4HO. » I^ groupe à 2 équivalents d'eau comprend un grand nombre de com- binaisons doubles que je n'ai pas analysées toutes, mais qui possèdent la même forme cristalline; ce sont des prismes droits de 44° 2^' et i35° 35' doués d'un grand nombre de facettes et modifiés, en leur sommet, par un prisme horizontal qui est surtout bien développé chez (4) obtenu en volu- mineux prismes, à la suite d'une cristallisation qui n'a pas duré moins de cinq mois. Voici les composés qui appartiennent à ce groupe : (3) PBi-MAzH4 + 2HO; (4) PBi + INa-t-aHO; (5) I'Bi + IK + aHO; (6) BrsBi + BrAzH4 + 2HO; (7) (Brlj'Bi + BrAzH' + aHO, (8) I3Sb + IK+2HO; (9) I3(Bi,Sb), + lNa-t-2HO. « Les n°5 (3), (4), (5) et (9) ont été obtenus par le procédé employé pour la préparation du n° (1); (8) se prépare en faisant dissoudre de l'anti- moine dans de l'alcool contenant de l'iode et de l'iodure de potassium; il C. R., i86q, imt Semestre. (T. II, N° 517.) 1 4@ ( i ioo ) se forme alors plusieurs combinaisons; je n'ai examiné que celles qui rentrent dans mon sujet. Quant au chlore, on le retrouve à l'état de chlo- rure double tapissant les parois de la capsule; de même que pour (i), c'est un déplacement du chlore par l'iode, une sorte de réaction inverse réali- sée à la faveur d'un concours d'affinités qui s'ajoutent. » Pour obtenir (6), il faut traiter le bismuth par l'alcool ou l'éther addi- tionné de brome et d'une certaine quantité de bromure d'ammonium. Aban- donné à lui-même, le liquide se garnit de belles aiguilles jaunes qui ont donné, par miroitement, les angles du prisme caractéristique. » Propriétés générales. — Ces combinaisons doubles se décomposent en présence de l'eau et même en contact de dissolutions de chlorures, de bro- mures ou d'ioduresqui ne sont pas parfaitement saturées; presque toutes sont troublées par l'alcool; quelques-unes, (6) par exemple, s'y dissolvent cependant. Elles perdent toute leur eau sur l'acide sulfurique aussi bien qu'au bain-marie à ioo° centigrades; quelques-unes cependant paraissent être altérées à cette température : de ce nombre est (i) qui émet une matière, tapissant sous forme d'enduit rouge les parois de la capsule en porcelaine, et (6) qui verdit au bain-marie et y éprouve presque indéfiniment des pertes. Chauffées en vase ouvert, elles abandonnent de l'iodure d'ammo- nium et donnent lieu à un oxy-iodure; en vase clos, le sel se dédouble en ses deux composants. » Dans les rayons violets du spectre solaire, ils changent de couleur : tel est surtout le cas de la part des bromures et des iodures à base de bis- muth; ils paraissent alors avec des nuances plus ou moins rouges, bien que leur couleur habituelle soit jaune, brune ou noire. I3 Bi, qui est d'un noir de graphite, s'y recouvre des belles nuances propres à la fuchsine. Il est à remarquer que dans les mêmes conditions, l'iode conserve sa couleur particulière. » L'analyse de ces composés a été faite en faisant bouillir avec du bicarbo- nate de soude pur qui décompose le sel avec effervescence et précipite de l'oxyde en fixant le chlore, le brome ou l'iode; l'excès de carbonate de soude est ensuite anéanti par de l'azotate de chaux pur, et la liqueur sur- nageante est enfin précipitée par l'azotate d'argent. » Dans une seconde Note, M. Nicklès, à l'occasion d'un Mémoire récemment présenté à l'Académie, rappelle ses précédentes expériences sur le frotte- ment, expériences d'où il résulterait que, pour de petites vitesses, l'état de ( iioi ) sécheresse ou d'humidité des rails n'est pas, comme dans les cas des gran- des vitesses, une circonstance indifférente. (Renvoi à l'examen de la Commission désignée dans la séance du 17 décembre pour le Mémoire de M. Bochet.) matière MÉDICALE. — Note sur le gin-sen des Chinois ; par M. le Dr Armand. « En visitant les palais impériaux nous avons eu occasion de recueillir quelques échantillons de la fameuse racine de gin-sen ou nin-sen (gin ou nin pomme, sen santé, force, vigueur), substance médico-hygiénique par excel- lence en Chine et qui se vend au poids de l'or. C'est la racine bifide d'une petite plante qu'on trouve dans la terre des herbes en Tartarie. Les feuilles, qui manquent, doivent être petites et basses à en juger par l'étroitesse du collet où on les coupe ras au moment de la récolte. Ce collet réunit adossées deux racines divergentes de la grosseur de deux petits radix longs. Desséchées, elles sont légèrement froncées, de couleur blanchâtre ou jaunâtre, semi-transparente surtout aux extrémités qui se bifurquent souvent en quelques radicelles. » La saveur est d'abord douceâtre, comme celle de la réglisse et faible- ment amère ensuite par la mastication. On peut affirmer avant toute ana- lyse de ceite substance, dont la cassure est d'aspect vitro-résineux et jaunâtre comme cellenhi sucre d'orge un peu trop cuit, qu'elle contient une notable proportion de matière sucrée. Elle n'a pas d'odeur, à l'état sec du moins, et a la légèreté de la racine d'iris. » On l'emploie en décoction , coupée en très-menus morceaux et dans la proportion, pour une tasse, de quelques grammes à une demi-once au plus, dose à laquelle on arrive progressivement. Il est bien recommandé de faire bouillir à vase clos, à l'étuvée et au bain -marie. Ces deux conditions sont indispensables pour conserver tout à la fois et les vertus et l'arôme de la potion. On doit la prendre à jeun, trois ou quatre matins de suite, rare- ment au delà de huit jours. Dans certains cas on la prend aussi le soir en se couchant. Le marc, comme celui du café ou du thé, peut servir une se- conde fois. » On suit son régime habituel, mais on doit absolument s'abstenir de thé durant un mois au moins, à peine de perdre tout le bénéfice de l'emploi du gin-sen dont l'action serait annihilée. Cette particularité porterait à croire que le gin-sen répare les estomacs fatigués par l'abus du thé dont on fait en Chine un usage immodéré. Notons bien qu'on ne prescrit le gin- 146.. ( 1 10a ) sen ni aux enfants ni aux vieillards. Ce n'est pourtant pas un agent trop actif, puisqu'une décoction concentrée à forte dose n'a d'autre inconvé- nient que d'être désagréable au goût comme du thé qui serait trop fort. Ce n'est pas non plus un élixir de longue vie, puisqu'on ne le donne pas aux personnes âgées. » On le prescrit spécialement aux jeunes gens et aux adultes épuisés. Tout porte donc à admettre que c'est un analeptique, un puissant récon- fortant et surtout un aphrodisiaque. » On peut en faire des tablettes avec de la pulpe de letchi ou autre sub- stance sucrée. » Il y a une autre espèce de gin-sen provenant de la Corée et appelé pour son origine cori-sen. Elle est plus commune, moins chère, mais néan- moins très-estimée. » M. Ixjia.v (Thomas) annonce l'envoi d'un Mémoire qu'il a fait paraître sous le titre de Myahjia et sur lequel il désirerait obtenir le jugement de l'Académie. M. J. Cloquet sera invité à prendre connaissance de ce Mémoire qui est' écrit en anglais et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. M. Delcambre adresse divers dessins concernant la machine qu'il a in- ventée pour composer et distribuer les caractères d'imprimerie. » Depuis vingt ans, dit M. Delcambre, je n'ai cessé d'apporter à cet ap- pareil les modifications qui étaient jugées nécessaires pour le rendre d'une utilité pratique. J'y ai consacré beaucoup de temps et d'argent, et maintenant que je conçois encore de nouveaux perfectionnements, je manque des res- sources nécessaires pour les mettre à exécution. Je crois donc être dans le cas des inventeurs dont feu M. le baron de Trémont a voulu aider les efforts, et je prie l'Académie de vouloir bien me comprendre parmi les concurrents pour le prix qu'elle aura prochainement à décerner. » Le prix Trémont ne sera pas décerné dans la prochaine séance publique, mais dans celle de l'année 1861. La demande de M. Delcambre sera sou- mise en temps opportun à la Commission. MM. Silliman et Dana annoncent l'envoi de trois numéros (88-90) de leur journal et annoncent que les numéros suivants seront successivement envoyés : ils prient en même temps l'Académie de vouloir bien comprendre ( no3 ) ij la bibliothèque du jourual clans le nombre des établissements auxquels elle fait don des Comptes rendus de ses séances. (Renvoi à la Commission administrative.) La Société académique de Maine-et-Loire envoie la collection de ses Mémoires et annonce qu'elle adressera dorénavant à l'Académie toutes ses publications au fur et à mesure de leur apparition. Elle prie de même l'Aca- démie de vouloir bien lui accorder ses Comptes rendus. (Renvoi à la Commission administrative.) M. de Pakavey adresse une Lettre concernant les brebis mérinos et l'o- rigine du nom par lequel on les désigne. M. de Paravey adresse en même temps une Note imprimée sur laquelle il désirerait que l'Académie se fit faire un Rapport verbal. Une décision déjà ancienne concernant les ouvrages écrits en français et publiés en France ne permet pas d'accéder à cette demande. La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3i décembre 1860 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres de l'Institut impérial de France. Ire série, sujets divers d'érudition ; t. VI, ire partie. Paris, 1860; br. in-4°. Leçons sur la théorie analytique de la chaleur; par G. Lamé. Paris, 1861 ; 1 vol. in-8°. / Recherches chimiques sur l'auscultation de la tête; par M. le Dr Henri Roger. Paris, 1860; br. in-4°- (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.) Etudes complémentaires relatives aux intérêts moraux et matériels de la pro- fession médicale; par J.-B.-P. Brun-SÉCHAUD. Limoges, 1860; br. in-8°. (Adressé au même concours.) ( no4 ) Histoire du développement de [œil humain; par le Dr F. -A. D'Ammon. Bruxelles, 1860; in-8°. (Adressé au concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Manuel des pères de famille et des maîtres de pension; par le Dr Léopolcl Durant ; in-ia. (Adressé au concours pour le prix du legs Bréant.) De la profession mélicale et de la charité publique ; par le même. Anvers, 1860; br. in-8°. Du choléra épidémiq ue, par le même. Bruxelles, 1 854 ; br. in-8°. Un mot rétrospectif sur [hydropisie enkystée de [ovaire et sur son traitement médical et chirurgical; par M. le D'A. Legrand; br. in-8°. Résidas, déchets industriels et autres produits sans valeur actuelle, transformés en engrais d'excellente qualité. Amiens, 1860; \ feuille in-8°. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire ; t. I à VIII. Angers, i857-i86o; in-8°. Memorie... Mémoires de l'Institut I. R. vénitien des Sciences, Lettres et Arts; vol. IX. Venise, 1860; in-4°. Atti... Actes de l'Institut I. R. vénitien dus Sciences, Lettres et Arts, de no- vembre 1859 à octobre 1860; t. V, 3e série, 10e livr. ; in-4°. Geografia... Géographie de l'île de Cuba; par M. E. Pighardo. Partie 1 à 4- La Havane, i854-i855 ; in-8°. Memoria... Mémoire sur le projet de conduire à la Havane les eaux des sources de Vento; par F. DE Alvar yLaba. La Havane, i856; in-4°- Geografia... Géographie de l'île de Cuba; par F. Poey. Havane, i856; br. in-8°. Brève... Exposition des principes qui doivent servir de base aux travaux de [ observatoire physico -météorologique de la Havane; par le directeur de l'ob- servatoire, D. Andres Poey; br. in-8° (avec quelques autres Notices du même auteur). On myalgia... Sur la mj algie, sa nature, ses causes et son traitement; par M. Th. Inman. Londres, 1860; in-8°. Abhandlungen. . . Mémoires de [Académie royale des Sciences de Rerlin pour l'année i85g. Berlin, 1860; in-4°. ( .io5 ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 18G0. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, ItoyssiNGAULT, Regnault, de Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et Verdet ; 3e série, t. LVUI, décembre 1860; in-8°. Annales de /' Agriculture française ; t. XVI, nos 10 et 11 ; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; novembre 1860; in-8°. Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris; Comptes rendus des séances; t. VII, 2e et 3e livraisons; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; 2e partie, novembre 1860; in-8°. Atti... Actes de [Académie pontificale des Nuovi Lincei; i3e année, ses- sion 5, ier avril 1860; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux- Arts de Belgique; 2e série, t. X, n° 1 1 ; in -8°. Bulletin de [Académie impériale de Médecine ; t. XXVI, nos 4 et 5 ; in-8°. Bulletin de [Académie royale de Médecine de Belgique; 2e série, t. III, n° 8 ; in-8°. ■ Bulletin, de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de laSarthe; 2e et 3e trimestre 1860; in-8°. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. Ier, 3e fascicule; in-8°. Bulletin de la Société de Géographie ; octobre 1860; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour [industrie nationale; octobre i86o;in-4°. Bulletin de la Société française de Photographie ; décembre 1860; in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; novembre 1860; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture de France; ie série, t. XV, n05 5 et 6; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; 2 e se- mestre 1860; nos 23-26; in-4°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVII, 2 2e -26e livraisons; in-8°. Il nuovo Cimento. . . Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; septembre et octobre 1860; in-8°. • Journal a" Agriculture pratique ; nouvelle période; t. I, n05 23 et 24; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; décembre 1 860; in-8°. ( noG ) Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; novembre 1860; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; novembre 1860; in-4°- Journal de Pharmacie et de Chimie; décembre 1860; in -8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n°* 34-36; in-8°. La Bourgogne; 24e livraison ; in-8°. La Culture; n°* 1 1 et 12 ; in-8°. L'Agriculteur praticien; 3e série, nos 4-6; in-8°. L'Art médical; décembre 1860; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 96e livr.; in-4". Le Technologiste ; décembre 1860 ; in-8°. L ' Hydrotérapie ; 10e fascicule; in-8°. Magasin pittoresque ; décembre 1860; in-8°. Monthly... Notices de la Société royale astronomique de Londres; vol. XXI, n° 1 ; in-8°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; décembre 1860; iu-8°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université et de i Académie royale des Sciences de Gottingue; n° 26-28; in-8°. Nouvelles Annales de mathématiques, novembre et décembre 1860; in-8°. Pharmaceutical... Journal pharmaceutique de Londres; vol. II, n° 6; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; nos 10 et 11; in- 8°. Répertoire de Pharmacie; décembre 1860; in-8°. Revista... Revue des travaux publics; 8e année; n° 24; in-40. Revue de Thérapeutique médico- chirurgicale ; n° 24; in-8°- The american... Journal américain des sciences et d'art; publié par MM. Silliman et Dana, n°' 88-90; in-8°. Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n°* 49*52. Gazette médicale de Paris; n°' 48-52. Gazette médicale d'Orient; décembre 1860. L'Abeille médicale; n°* 49-53. La Coloration industrielle; n°*2i et 22. La Lumière. Revue de la Photographie ; nos 48-5a. L'Ami des Sciences; nos 49"53. La Science pittoresque ; n°* 3i-34- La Science pour tous; n05 1-4. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET — DÉCEMBRE l86o. TABLE DES MATIÈRES DU TOME LI. P.gcs. Abeilles. — Sur la forme de la cellule des abeilles; Extrait d'une Note de M. Wil- lich, présenté par M. Babinet , 633 Acclimatation, — Sur les diverses tentatives d'introduction et d'acclimatation du lama et de l'alpaca en dehors de l'Amérique, et particulièrement sur le troupeau qui vient d'arriver à Paris; Note de M. Isid. Geqffioy-Saint-Hilaire 429 Accouchements. — Sur l'emploi vulgarisé du chloroforme dans les accouchements; Mémoire de M . Jeaucourt 620 Acide anisique Production d'un nouvel acide homologue de l'acide anisique; Note de M. Cannizzaro 606 Acide azotique Sur l'électrolyse d'un mé- lange d'alcool et d'acide azotique; Note de MM. SAlmeida et Dehèrain 2J.4 Acide fuchsique. — Sur la génération de cet acide au moyen de l'aniline; Note de MM. Persoz, De Luynes et Salvélat 538 Acide fulminique. — Sur la formule ration- nelle de cet acide; Note de M. Chichkoff. gg Acide malique obtenu par la désoxydation de l'acide tartrique ; Note de M. Dessaignes. 37a Acide piiosphoriqce. — Sur la détermination de cet acide dans les substances naturelles complexes et particulièrement dans celles qui contiennent du fer; Mémoire de M. Chancel 88a Acide iucémique. — Production de l'acide ra- cémique artificiel ; Note de M. Carlet ... i3j 0. R., 1860, ame Semestre. (T. LI.) Pages. — Note de M. Mot, conlirmati ve des résultats annoncés dans la précédente communica- tion 1 53 — M. A. Bechamp rappelle, à l'occasion du fait découvert par M. Carlet, que dès l'an- née i856, dans un Mémoire sur la fécule et le ligneux, il avait annoncé la possibi- lité de former des substances optiquement actives avec une substance inactive'. .... a55 Voir aussi l'article suivant. Acide tartrique. — Les spores de Pénicillium glaucum se développent dans une solution de paratartrate d'ammoniaque décompo- sant l'acide tartrique droit et laissant l'a- cide tartrique gauche à nu; Communi- cation de M. Pasteur 298 — Acide malique obtenu par la désoxydation de l'acide tartrique; Note de M. Dessaignes . 3ja Acoustique. — Sur une ancienne détermina- tion du nombre absolu des vibrations du diapason; Note de M. Govi 45° Aéronautique. — Des causes de l'infériorité de l'homme comparé aux oiseaux, sous le rapport de la locomotion aérienne, et des moyens de remédier à cette infériorité; Mémoire de M. /. Desbois ai — Note de M. Guilbault sur la direction des aérostats _., ■• i3a — Traité de la locomotion aérienne; par M. Villaine 3a6 Affinité chimique. — Recherches sur l'affinité chimique; par M. Favre..,. 3i(i l47 ( 1 l'âge-. Air atmosphérique. — Analyse mécanique de l'air faileen différents temps, pourservira éclaircir la question des générations Bpon- tanées; Extrait d'une Lettre de M. Pouchet. 5a4 — Sur la présence de matières phosphorées clans l'atmosphèrejMémoiredeM. Barrai 76g — Températures de l'air. Voir l'article Tempé- ratures terrestres Alcool. — Rapport verbal sur un ouvrage de M. Baumhauer concernant la densité, la dilatation, le point d'ébullition et la force élastique de la vapeur d'alcool et des mé- langes d'alcool et d'eau ; Rapporteur M. Pouillet , .' i oou — Sur l'électrolyse d'un mélange d'alcol et d'acide azotique; Note de MM. d'AZ- meida et Dehérain 21 4 — Sur le rôle de l'alcool et des anesthésiques dans l'organisme; Note de MM. Lalle- mand, Perrin et Duroy 63o Alcools. — Sur les alcools polyéthyléniques; Note de M. Lourenço 365 — Sur l'alcool cuminique et sur trois alca- loïdes qui en dérivent ; Note de M. Rossi. 570 — Sur l'alcool anisique et sur un nouvel acide homologue de l'acide anisique; Note de M. ('annizzaro .... , 606 Alcoométrie. — M. le Ministre de V Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, en transmettant une Lettre de M. Baudin concernant un instrument d'alcoométrie, invite l'Académie à hâter le travail de la Commission qu'elle a chargée de faire un Rapport sur cette question 929 Aldéhyde. — Surun nouveau corps isomérique de l'aldéhyde; Note de M. Bauer 55 Aliénation mentale. — Des conditions physio- logiques auxquelles il faut avoir égard quand il s'agit de prononcer l'interdiction d'un aliéné; Lettre de M. de Castelnau.. 643 Allumettes chimiques. — Mémoire de M. Che- vallier sur les dangers divers des allu- mettes chimiques préparées avec le phos- phore ordinaire. 946 Aluminium. — Sur l'amalgamation de ce métal. Voir ci-dessous l'article Amalgamation. Amalgamation. — Recherches sur les phéno- mènes consécutifs de l'amalgamation du zinc, du cadmium et du fer; Note de M. /. Regnauld 778 — Sur l'amalgamation de l'aluminium; Note de M. Ch. Tissier 833 — Réclamation de priorité adressée a l'occa- sion de cette Note; par M- Cailletet g5a Ammoniacaux (Sels). — Sur la solubilité des carbonate, sulfate et phosphate calcaires dans les sels ammoniacaux ; Note de to.Ch.Mène 180 108) Ammoniaque caustique. — De son action sur lesmatioresorganiques;Note de M. Schut- zenberger 946 Ammoniaques. — Faits pour servira l'histoire des ammoniaques composées; Note de M. Hofmann 234 Analyse mathématique. — Note sur les con- gruences; par M. Lebesgue 9 — Sur l'intégration des équations irration- nelles; Note de M. Tchebichef. 46 — Sur le calcul inverse des intégrales défi- nies ; Note de M. E. Rouché 126 — Sur la résolution de deux équations quel- conques à deux inconnues, sans le secours de l'élimination; Mémoire de M. Turauan. 963 Anatomie. — Sur les ganglions périphériques des nerfs ; Note de M . Remah 28 — - Sur la structure intime de la vésicule ombilicale chez les màVimifères; Note de M. Ch. Robin 624 — Sur la structure des follicules pileux du cuir chevelu de l'homme; Note de M. Afo- leschott, accompagnée de préparations anatomiques 716 — Vaisseaux lymphatiques dans les oreil- lettes du cœur. — Lymphatiques de la dure-mère du cerveau ; Notes de M. Pap- penheim a8, 324, 4 '2, 600 et 8S8 Voir aussi les articles Anthropologie, Embryogénie , Tératologie Anatomie comparée. — Recherches sur le système vascnlaire sanguin de l'hippo- potame; Mémoire de M. Graliolet.,.. 524 — Recherches sur l'encéphale de l'hippopo- tame ; par le même • 595 — Des modifications dans la conformation du cœur chez les oiseaux; Note de M. Blan- chard.. ., 71a — Recherches anatomiques et physiologiques sur le système tégumentaire des Reptiles Sauriens et Ophidiens; par le même.... 242 — Sur un point de l'organisation des Ver- mets; Note do M. Lacaze-Duthiers 880 — Remarques de M. Geoffroy-Saint-Uilaire à l'occasion de cette Note 882 — Sur la constitution anatomique des nerfs dans le genre Aplysie ; Note de M . de Mar- tini 635 Anesthésie. — De l'action comparée de l'al- cool, des anesthésiques et des gaz car- bonés sur le système nerveux cérébro- spinal ; Mémoire de MM. Perrin, Lalle- mand et Duroy 400 e' G3o — Sur l'emploi du chloroforme dans les ac- couchements; Mémoire de M. Jeaucourt. 620 — Lettre de M. Zinno, accompagnant l'envoi de son opuscule intitulé : « Antidote de l'éther sulfiiriquc et du chloroforme »... 687 ( "°9 ) Ptgcs. Aniline et ses dérivés. — Sur la présence do l'anilinedans certains champignons; Note de M. Phipson 107 — Nouvelles recherches concernant la géné- ration de la fuchsine et généralement des matières colorantes dérivées de l'aniline el de ses homologues ; Mémoire de M. Déchamp 35g — Sur la génération de l'acide fuchsique au moyen de l'aniline; Note do MM. Persor, De Luynes et Salvétat 538 — M. Kachlin rappelle que la découverte du rouge d'aniline est due à M. Hqf- rnann 599 — Analyse du rouge d'aniline (azaléine); Note de M. Schneider 1087 Anonymes ( Mémoires) adressés pour des con- cours dont une des conditions est que les auteurs ne Tassent pas connaître leur nom avant le jugement porté par la Commis- sion. — Mémoire destiné au concours pour le grand prix de Mathématiques (question concernant le nombre des va- leurs bien définies qui contiennent un nombre donné de lettres ) ai — Mémoires destinés au concours pour le grand prix de Mathématiques (question concernant les surfaces applicables).... 3i5, 627, 656 et 680 — Supplément à un Mémoire adressé au con- cours pour le grand prix de Mathéma- tiques (question concernant la théorie do l'action capillaire ) 758 Antbropologie. — Classification anthropolo- gique et zoologique; Note de M. Geoffroy- Saint Hilaire accompagnant la présen- tation de trois tableaux synoptiques... /|3a — Sur les races de l'Océanie française et spé- cialement sur celles de la Nouvelle-Calé- donie; Mémoire de M. Bourgarel 1007 — Sur la conformation de la dernière vertè- bre lombaire chez une femme de race hottentote; Note de M. Lambl il2 — Sur les rapports du goitre et du créti- nisme; Lettre de M. Faire 34 — Lettre de M. Savoyen concernant un ou- vrage récemment adressé par lui sous ie titre de : « Dégénéralion physique et mo- rale de l'homme » 27a Antimoine. — Sur les relations d'isomor- phisme qui existent entre le bismuth et l'antimoine; Note de M. Nicklès 1097 Appareils divers. — Description de l'arith- mographa polychrome, appareil à calculer de l'invention de M. Dubois 29Î — Perfectionnements apportés par M. Gui- gardet à sa lampe destinée aux travaux sous-marins , 807 Pages. — Appareil désigné par l'inventeur M. Can- tagrel sous le nom d'Indique-fuite, or- gane de surveillance des appareils h g»z 947 — Appareil destiné à rendre aux personnes privées d'un ou de plusieurs doigts l'usage delà plume ou du pinceau; Note de M . Delfrayssé 980 — Appareil pour la production du froid, au moyen de la dissolution du gaz ammo- niac dans l'eau; Mémoire de M. Carré. ioa3 — Lettre de M. Delcamhre, concernant sa machine pour composer et distribuer les caractères d'imprimerie noa Arithmétique. — Usage de l'abacus ou souwan- pan chez les Chinois; Lettre de M. d'Es- cayrac de Lauture à M. Chasles 88 — M. florin fait remarquer à cette occasion l'intérêt qu'il y aurait à obtenir aussi des renseignements sur les connaissances des Chinois en géométrie ga — Remarques de M. Poncelet sur un passage qui le concerne dans la communication de M. Morin 109 — Appareil à calculer imaginé par M. Dubois et désigné sous le nom d'Arithmographe polychrome 393 — Théorie générale des signes do la divisi- bilité des nombres; Mémoire de M. Bro- ihier ' 297 — Nouvelle Table à calculer; par M. Leroy. 536 — Sur la construction des Tables mathéma- tiques : Tables logarithmiques à cinq dé- cimales et autres travaux de feu M. Far- nault , adressés par sa veuve g63 — Note de M. Thuillier concernant l'extrac- tion de la racine carrée 781 Arsenic — Sur l'emploi du sesquioxyde de fer dans l'empoisonnement par l'acide arsé- nieux ; Note de M. Fasoli 17a Astronomie. — Note de M. Le Verrier sur les résultats obtenus relativement à la planète Vénus 793 — Sur la détermination du coefficient de l'é- quation séculaire de la Lune; Lettre de M. de Pontccoulant i34 — Note de M. Delaunay en réponse à cette Lettre 1 54 — Calcul des deux inégalités lunaires à lon- gue période découvertes par M. Hansen et dues à l'action perturbatrice de Vénus ; Mémoire de M. Delaunay 6g5 — Remarques de M. Le Verrier sur ce qui le concerne dans cette communication 703 — Réponse de M. Delaunay à ces remar- ques llid. — M. Le Verrier annonce que les nouvelles Tables du Soleil et de Mercure, insérées -47- ( IIÏO ) dans les Annales de l'Observatoire de Pa- ris (tomes IV et V), ont été adoptées dans la rédaction du Nautical almanac. . . 702 Note de M. Delaunay concernant les er- reurs signalées par lui dans le tome II des Annales de l'Observatoire , 735 Réponse de M. te Verrier aux critiques de M. Delaunay 74° Remarques de M. Delaunay à la suite de la réponse faite de vive voix par M. Le Verrier . . - j( > Réponse de M. Delaunay à l'article im- primé par M. Le Verrier dans le Compte rendu de la séance du 19 novembre. . . . , 783 • Réponse de M. Le Verrier 788 Réplique de M. Delaunay 79a Nouvelle réplique de M. Le Verrier Ibid. Observation de M. Delaunay concernant les réponses imprimées de M. Le Verrier 835 ■ Remarque de M. Le Verrier après la lec- ture de la Note précédente 836 Note lue par M. Delaunay à l'occasion des remarques de M. Le Verrier telles qu'elles sont imprimées dans le Compte rendu de la séance du 3 décembre 90 3 Note de M. Le Verrier, à l'occasion de P«gra- celle de M. Delaunay, adressée séance tenante à M. le Président , go5 — Note de M. Delaunay, accompagnant la présentation du premier volume de la a Théorie du mouvement de la Lune. ». . 987 — Mémoire sur le mouvement des nœuds de . la lune; par M. Lespiault 727 — Sur les Tables lunaires et les inégalités à longue période, dues à l'action de Venus; Lettre de M. de Pontécoulant 958 Aurores boréales. — Observations des au- rores boréales de» 9, 10 et 12 août; par M. Coulvier-Gravier a(J3 Auscultation. — Analyse donnée par M. H. Roger, de ses recherches cliniques sur l'auscultation de la lête 1089 Azàleine. Voir l'article Aniline. Azote. — Recherche de l'azote et des matiè- res organiques dans les substances mi- nérales : Note de M. Delesse . ■ . . 286 et 4°5 — De l'assimilation de l'azote par les fer- ments en décomposant l'air et l'eau; Note de M. S. Couturier l3a — Production d'azoïe par une substance vé- gétale non azotée; Mémoire de M. Coutu- rier sur les transformations de la fermen- tation alcoolique 5g8 B Balistique. — « Solution du problème newto- nien des surfaces de moindre résistance avec application aux constructions na- vales et aux projectiles coniques » ; Mé- moire de M. de Lametan 364 Bases polvatomiques. — Note de M. Ho/mann sur les bases diatomiques à phosphore et arsenic 3i3 — Remarques sur les bases polyatomiques des séries d'azote, de phosphore et d'ar- senic; par le même 3o5 Batraciens.— Expériences concernant ladurée de la vie chez les Batraciens renfermés dans des cavités plus OU moins rigoureu- sement closes ; Note de M. Denefje 898 Betteraves. — Etudes chimiques sur la bette- rave à sucre dite betterave blanche de Silésie; par M. Leplay 166 et 201 — Nouveau procédé d'extraction du sucre de betterave au moyen de l'acide carbonique pur obtenu par un nouveau mode do pro- duction industriel; Note de MM. Mesche- lynck et Lionnet 170 et 600 — Réclamation de priorité adressée à l'occa- sion de cette communication, par M. Mau- mené 2.'>o — Lettres de M. Lionnet à l'occasion do cette réclamation 36a et 1017 — Epuration des jus sucrés de la canne et de la betterave ; Note deMM . Possoz et Pêrier. 204 — Remarques de M. Maumené k l'occasion de cette dernière communication 296 — Réponse aux remarques de M. Maumené; par MM. Possoz et Perrier 410 — Nouvelle Lettre de M. Maumené concernant la même discussion - 664 — Mémoire sur un nouveau procédé pour la fabrication du sucre de betteraves; par M. Châtelain 289 Bismuth. — Sur les relations d'isomorphisme qui existent entre le bismuth et l'anti- moine ; Note de M. Nicklès 1097 Botanique, — Rapport sur un Mémoire de M. Weddell, relatif au cynomorium cocci- neum; Rapporteur M. Decaisne 282 — Lettre de M. P. de Tchihalchef accompa- gnant un exemplaire de sa « Flore de l'Asie Mineure et de l'Archipel grec ». . 4S3 — Formation du genre Dufrenoya et rétablis- sement d'un genre Sphœrocarya; Mémoire de M. Chatin 657 — Rapports de l'anatomie des Thesiacées ou ( M» ) Page». Santalacées avec leur classification, avec l'anatomie générale et la physiologie; Mémoire de M. Chatin 5gi et 719 Boussoles. — Emploi de la glycérine dans les boussoles marines; Note de M. Santi. . . . iop,3 Bras artificiels.— Lettre de M. Mathieu con- P«ge». cernant ses recherches sur la construc- tion des membres artificiels 182 Bulletin bibliographique. — 35,6g, 108, i5i, i83, 225, 3o4, 335, 374, 420> 465, 5og, 543, 577, 616, 644, 670, 689, 73a, 781, 8.34,898,953,984, io38 etuo3 Cadmium. — Recherches sur les phénomènes con- sécutifs à l'amalgamation du zinc, du cad- mium et du fer; Note de M. i.Regnauld. 778 Calcaires (Composés). —Sur la solubilité d.ij carbonate, sulfate et phosphate deob.n X dans les sels ammoniacaux; Note de M. Ch. Mène 180 Camriuh. — Recherches chimiques sur le latex et sur le cambium ; par M. Fremy 647 Caméléon orgamco-minéral. Voir Colorantes ( Matières ) Candidatures. — M. Hollard prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place va- cante par suite du décès de M. Duméril. 888 — MM. Pucheran, Martin Saint-Ange, Robin, Gratiolet, Longet et Poiseuille adressent, chacun en particulier, une semblable de- mande 888, 947 et 981 — M. Poiseuille annonce qu'il retire sa can- didature". 1019 — M. le contre-amiral Parisprie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats pour la place vacante dans la Section de Géographie et de Navigation par suite du décès de M. Daussy 947 — M. Peytier adresse une semblable demande. 981 Carbonates. — Sur la saponification des corps gras parles carbonates anhydres; Note de M. Scheurer Kestner , 668 Carbures. — Transformation du gaz défiant en arides organiques complexes; Note de M. Wurtz 162 Cathétérisme. — Sur un nouveau procédé de cathétérisme dans lequel la sonde pénèlre par son propre poids ; Mémoire de M. Tedeschi 557 Cémentation. Voir l'article Fer. Chaleur. — Application à la ventilation de la chaleur développée par les appareils d'é- clairage; Note de M. Morin 109 — Essais de ce mode de ventilation faits sans succès en Angleterre et en Ecosse ; Note de M. Walters 302 — Sur l'équivalent mécanique de la chaleur; Note et Mémoire de M. Desprels. 364 et 495 — Recherches sur les effets mécaniques pro- duits dans les corps par la chaleur ; Mé- moire de M. Resal 449 — Absorption de la chaleur rayonnante obs- cure dans les milieux de l'œil; Note de M. Janssen 128 — M. Gima rappelle à cette occasion les re- cherches qu'il a faites sur le même sujet. 3o3 — Lettres de M. Janssen à l'occasion de la précédente Note 374 et 5o8 Charbon de bois. — Sur de nouvelles proprié- tés du charbon de bois; Note de M. Millon 249 Chemins de fer. — Lettre de M. Pascal con- cernant sa Note sur une modification à apporter aux locomotives pour prévenir les incendies qui menacent les forêts de pins traversées par des chemins de fer. . . 34 — Recherches dynamiques sur le verrou-bas- cule et sur les conditions pratiques de son application à la manœuvre des ai- guilles à contrepoids; Mémoire deM.i'rou. 946 Chimique (Affinité). — Recherches de M. Favre sur cette question 3 16 Chimique ( Notation ). — Note de M. de Lastelle sur un nouveau système de notation chi- mique , 88S Chimiques (Équivalents). Voir l'article Equi- valents Chirurgie. — Cancer récidivé de la face: ablation, autoplastie double avec le même lambeau ; Note de M. Jobert de Lamballe 27Î — Sur une opération pratiquée dans les cas de croup où l'on a coutume de re- courir à la trachéotomie, et sur quelques autres procédés chirurgicaux propres à l'auteur, M... Gouyon • 126 — Des trois modes d'éclairage du larynx; Note de M. Moura-Bourouillon 1088 — Sur un nouveau perfectionnement apporté à l'opération des polypes nasophary ngiens; Note de M . MaisOnneuve a52 — De la méthode galvanocaustique appliquée au traitement de la cataracte ; Lettre de M. Tavignot 541 — Traitement de l'enchondrome par la cauté- risation linéaire et destructive; Note de M. Legrand... -, 818 ( ««« ) — Sur quelques variétés d'hypospadias et sur le traitement chirurgical qui leur con- vient; Mémoire de M. Bouisson — Lettre de M. Guillon concernant un cas de calcul enkysté qu'il se propose de détruire au moyen de son brise-pierre à levier. . . — Du porte-à-faux à deux leviers pour résou- dre la troisième panie du trinôme litho- triptique ; Mémoire de M. Heurteloup. . . . — Réclamation de priorité adressée, à l'occa- sion de cette communication, par M. Guil- lon — Addition au Mémoire sur le porte-à-faux à deux leviers, par M. Heurteloup Chloroforme. — Sur l'emploi de l'oxygène comme antidote de l'éther et du chloro- forme; Note de M. Ozanam Chlorures. — Sur le chlorure d'amyle tri - chloré ; Note do M . Bauer — Action de l'hydrogène, de l'oxygène et du chlorate de potasse sur le perchlorure de phosphore; Note de M. E. Baudrimont.. . — Sur le bichlorure il'étain considéré comme dissolvant; Noie de M. Gérai din Choléra-moriiiis. — Lettre de M . Querner con- cernant sa méthode de traitemont — Mémoire de M. Soyer sur la nature et le traitement du choléra-morbus (transmis par M. le Ministre de l'Instruction pu- blique) Chronolocie. — Lettre de M. Martin concer- nant sa Note sur la démonstration de la formule de Gauss pour la détermination de La Pàque Citernes. — Note sur les citernes de Venise; par M. Grimaud, de Caux — Sur la conservation de l'eau de pluie dans les habitations rurales et les communes dé- pourvues d'eaux courantes; par le même. Voir aussi l'article Eaux publiques. Climatologie médicale. — Influence du climat d'Alger sur les affections chroniques de la poitrine; Mémoire de M. dePietra-Santa. Coal-tar.— Emploi du coal-tar saponifié pour la destruction des insectes; Note de M. Lemaire 26 et — Remarques de M. Bobœuf, à l'occasion de celte communication. — Action du coal-lar saponiné pour empê- cher la formation du pus; Mémoire de MM. Lemaire et GerJ — Sur une nouvelle émulsion de coal-tar et sur ses applications à la médecine et à l'hygiène ; Noie de M. Demeaux Cohésion. — Sur la cohésion de quelques li- quides et sur le rôle de la cohésion mo- léculaire dans les réactions chimiques des corps ; Mémoire de M. Mendéléejf. Pages. 55a 73a 804 g5a 1018 5? 2 823 1097 224 598 5o8 123 490 4o3 373 61 687 979 97 Pu je«. Colorantes (Matières). — Sur la diffusion d'une matière organico-minérale et sur son rôle de principe colorant dans les minéraux et les roches; 2e et 3° Notes de M . Fournet 3g et 112 — Note sur le caméléon organico- minéral des argiles tcrtiairesjdela montagne d'Oum- Theboul ; par le même 70, — Sur les étoffes de soie teintes avec la fuch- sine et réflexions sur le commerce des étoffes de couleur; Note de M. Chevreul. 73 — M. Chevreul dépose sur le bureau un Mé- moire concernant la nature immédiate de l'amerdeWelter etde l'amer au minimum ' (acide indigotique) ; 79 Comètes. — Observation de la 3e comète de 1860 faite le 23 juin à Agen par M. Se; bat. 34 — Observations de la même comète faites, à partir du 26 février, à Olinda ( Brésil ), par M. Liais 65 et 5o3 — Observation d'une comète faite du 5 au 9 juillet au Brésil ; par le même 3oi — Sur la constitution physique des comètes; NotedeM.PeiVce I74et aa8 — Analyse par M. Babinet d'un ouvrage de M. Boche : a Réflexions sur la théorie des phénomènes comélaircs 11 4'7 — Lettre de M. Valz concernant la découverte d'une nouvelle comète faite le 23 octobre 1860 par M. Tempel, de l'Observatoire de Marseille . . 675 Commission centrale administrative (La) trans- met une Lettre de M. le Ministre d'État, qui depuis le décret du 5 décembre 1860 a dans ses attributions le service de l'Ins- titut g55 Commission des comptes — Commissaires : MM. Mathieu, Isidore Geoffroy -Saint- Hilaire 16a Commissions des prix. — Prix de Physiologie expérimentale ; Commissaires, MM. Ber- nard, Flourens, Milne Edwards, Coste, Rayer , 17 — Grand prix de Mathématiques : Question des surfaces applicables. Commissaires, MM. Bertrand, Liouville, Chasles, Her- mite, Serret 5a — Prix Bordin, question concernant la direc- tion et les intensités comparatives des courants produits parles différentes sub- stances thermo-électriques. Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Desprelz, Bec- querel, de Senarmont 84 — Priai Bordin, question concernant l'in- fluence des insectes sur la production des maladies des plantes. Commissaires , MM. Milne Edwards, Brongniart, De- caisne, Moquin Tandon, de Quatrefages.. 123 ( in3) PagM. Commissions spéciales. — MM. Élie de Beau- mont et C. Dupin composeront avec M. Duperrey, seul membre présent à Pa- ris de la Section de Géographie et de Na- vigation, la Commission chargée do pré- parer une liste de candidats pour la place vacante dans cette Section par suito du décès de M. Daussr • 9<7 Compressibilité. — Mémoire de M. Wertheim sur la compressibilité cubique de quel- ques corps solides et homogènes 969 Couleurs (Contraste simultané des). — Com- munication relative à cette question, faite par Mi Chevreul à l'occasion d'un Mé- moire de M. Laussedat sur l'éclipsé de Soleil du 18 juillet 1S60 448 Crépuscules. — Tables des durées des crépus- cules pour les déclinaisons du Soleil com- prises entre — 24° e* ■+" a4°> e' pour les latitudes variant de o° à 700; par M. Pe- tit 485 Cretinisme. — Sur les rapports du goitre et du crétinisroe; Lettre de M. faire 34 Pagei. — Sur l'établissement de l'Abendberg et la nécessité d'une statistique européenne pour le cretinisme et l'idiotie; Mémoire de M. Guggenbuehl Q\o Cuirs. — Observations sur les préparations auxquelles on soumet les peaux de divers animaux dans les arts industriels; Note de M. /. Cloquet accompagnant la présen- tation d'une botte faite de peau tannée de serpent Boa ■, 547 Curare. — Expériences relatives à l'antago- nisme de la strychnine et du curare; Note de M. Yella 353 — Emploi du curare dans le traitement de l'épîlspaie; Note de M. Thiercelin 71G — Action du curare sur la torpille électrique; Note de M. il. Moreau 5j3 Cyanogène (Composés du). — Action de l'iode sur une solution concentrée de cyanure de potassium ; Note de M. Langlois 39 CyanOptine. — Nom donné par M. Delore à la matière colorante des suppurations bleuet. 396 Décès de Membres et de Correspondants de l'A- cadémie. — Obsèques de M. Damer il dé- cédé le 14 août 1860. — Discours pronon- cés aux funérailles du vénérable Acadé- micien, parMM.MilneEd wards.GeolIroy- Saint-Hilaire et Valenciennes. . . a^3 et 309 — M. le Président rappelle à l'Académie, dans la séance du 10 septembre, la double perte qu'elle a faite dans la semaine précédente, de deux de ses Membres, MM. Daussy et Payer, décédés l'un et l'autre le 5 septembre 377 — M. Elie de Beaumont annonce le décès sur- venu le 3 décembre, de M. Durocher, cor- respondant de l'Académie pour la Section de Minéralogie et de Géologie 903 Densités. — Remarques sur les densités deva- peur dites anormales; Note de M. Hof- mann ... 236 — Recherches sur les changements de volume et de densité résultant de la fixation ou de l'élimination de l'eau de cristallisa- tion; Note de M. CZ>. Tissier 335 Drainage. — Influence de la pression atmo- sphérique dans le drainage ; Note de M. Risler 629 Delcine. — Recherches sur les produits d'oxy- dation de la dnlcine par l'acide azotique: production de l'acide racémique artifi- ciel ; Note de M. Carlet i37 — Note de M. Biot conflrmative des résul- tats annoncés dans la communication de M. Carlet 'i53 — Note adressée à l'occasion des communi- cations précédentes par M. Déchamp, sous le titre de: Faits pour servir à l'histoire de la fécule, du ligneux, de la gomme, de la dulcine et de la mannite 355 Eau de cristallisation. — Sur les change- ments de volume et de densité qui résul- tent de la fixation ou de l'élimination de l'eau de cristallisation; Note de M. Ch. Tissier i 3a5 Eau di BER. — Echantillons d'eau pris à tous les degrés de latitude et de longitude pendant la traversée de la frégate l'Isis, de Taïti en France ; Lettre de M . Lapierre. 98a Eaux minérales. — Présence du cuivre dans ïes eaux de Bataruc ; Note de M. Déchamy. 2i3 — Observations faites à la Guadeloupe sur les ( »i4) Pages. sources delà montagne de la Soufrière; Note de M. Damour 56i — Remarques de M. Ch. Sainte Claire Deville concernant les changements survenus, quant à la température et à la nature des gaz dégagés, dans quelques-unes de ces sources depuis l'époque où il les obser- vait lui-même 562 — M. Chevreul rappelle à cette occasion les observations qu'il a faites sur les sources de Spa et de Baden-Baden 563 — Analyse des eaux d'une source thermale découverte aux environs de Montpellier; Note de M. Moilessier 636 — - Sur l'emploi du permanganate de potasse pour reconnaître et doser la matière or- ganique dans les eaux minérales; Mé- moire de M. Hervier Ç) j5 Eaux publiques. — Note sur les citernes de "Venise; par M. Grimaud, de Caux 123 — Des moyens propres à donner à ces eaux la limpidité et la température exigées; par le même, *..*• 346 — De l'aménagement et de la conservation de l'eau de pluie dans les habitations ru- rales et les communes dépourvues d'eaux courantes; par le même 49° Éclairace au gaz. — Lettre de M. Cantagrel, annonçant l'envoi d'un Mémoire sur les moyens de découvrir les fuites dans les appareils à gaz 1089 Éclipses. — M. Le Verrier fait, dans la séance du i3 août, une communication de vive voix sur les points qui, par le témoignage concordant des observateurs, lui sem- blent établis relativement à l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860 23a — Eclipse solaire du 18 juillet 1860: Ob- servations de physique et de météorolo- gie faites à Bordeaux, par MM. Baudri- mont, Baulin, lioucl, Royer et Micé 1 45 — Note de M. Goulier, accompagnant l'envoi d'images photographiques de l'éclipso faites à Metz, par M. Lamey 148 — Observations de températures faites à Bel- ford, pendant l'éclipsé, par M. Vernier.. Ibid. — Observationsde la même éclipse faites sur le mont Saint-Michel, au Desierto de las Palmas; Lettres du P. Secchi, i56, 276 et 386 — Observations faites dans les Pyrénées , par MM. Famham-Haxwell-Lyte et Miche- lier 181 — Observation faite à Briviesca (Espagne) , par M. PrazmowsH 195 — Observation faite, également à Briviesca, par M. Lcspiault 220 — Note sur une observation faite à Vittoria (Espagne), par M. Blanchi. .. . 2a3 et 3o3 P.gM. — Note de M. Fayesur les observations faites & Castellon de la Plana (Espagne), par M. von Feililzsch 229 — Observations faites dans le même lien , par M. Legrand 268 — Note de M. Goldschmidt sur ses obser- vations faites à Vittoria (Espagne) 265 — Note de M. Laussedat sur les observations faites à Batna (Algérie ) 270 — 1 Rapport sur l'observation de Batna; Rap- porteur M. Faye 990 — Communication de M. Faye sur la même éclipse et. sur les observations de M.Plan- tamour -'7 '' — Observations de la même éclipse faites a Briviesca, de concert avec M. d'Abbadie, par M. Petit 38;) «— Observations faites à Batna par M. Laus- sedat, de concert avec MM. Salicis, Mann- heim, Bout et Girard. . . 44' — Remarques faites par M. Faye, à l'occasion de cette communication, sur l'hypothèse de l'atmosphère de la lune î'i"> — Remarques concernant la question du con- traste simultané des couleurs faites par M. Chevreul à l'occasion de la même communication \fô — Remarques de M. Planlamour sur une Note du P. Secchi concernant l'éclipsé solaire du 18 juillet 608 — Lettre du P. Secchi, en réponse aux re- marques de M. Planlamour 749 — Observation de l'éclipsé à Dongolah (Nu- bie); Rapporteur cette observation fait au vice-roi d'Egypte, par Mahmoud Bey (Extrait par M. Faye) 680 et 734 — Observation à Briviesca de la même éclipse, par M . A. d'Abbadie 7 o3 — Remarques de M. Faye a l'occasion de cette communication 708 — Lettro de M. Aguilar accompagnant l'en- voi d'images photographiques de l'éclipsé faites au Desierto do las Palmas. — Gra- vures faites par les soins du P. Secchi, d'après les images photographiques prises dans le même lieu 889 — Sur les franges d'interférence observées à Batna; Note de M. Faye 999 — Sur la polarisation de la couronne des éclipses ; Note de M. Liais 766 — Lettres de M. Zantedeschi accompagnant l'envoi d'un opuscule intitulé: « Phéno- mènes physiques observés dans l'éclipsé lunaire du 7 février 1860. » 224 Economie rurale. — Etudes physiologiques et économiques sur la toison du mouton ; Mémoire de M. Beaudouin 56 — Analyse des marnes et des phosphates par ( i»5 ) un procédé modifié de celui de M. de Gasparin; Mémoire de M. Masure j3o — Analyse do l'engrais flamand; par M. /. Girardin 7-> ' — Sur l'emploi agricole des nodules de phos- phate de chaux; Note de M. Boblioue.. 763 — Résultats des analyses de 268 échantillons de marne; Note de M. Chazereau 60 — Sur les sels ammoniacaux à tort délaissés comme engrais par l'agriculture fran- çaise; Note de M. A. ilallet.., 102 — Résultats avantageux obtenus, dans la cul- ture d» la vigne, de la méthode Trouil- let ; Noto de M. Wavie 62 — Sur l'emploi du soufre pour combattre les maladies de la vigne; Lettre de M. Alciati 173 — Nouveau mode d'emploi du soufre contre la maladie (In la vigne; Notede M. Mercieul. 4°8 — Sur un procédé pour la destruction de l'oïdium ; Note de M. Simorre 820 — Note sur la maladie des pommes de terre et leur régénération; par M. Beboutteville. . 642 — Sur les moyens de combattre la maladie de la vigne et de la pomme de terre; Note de M. Bordas 897 — Sur une invasion insolite de Sauterelles dans la Pologne méridionale; Lettre de M. Wodzicki 1037 — Emploi du coal-tar saponiné pour la des- truction des insectes; Notes do M. Le- maire. ..m 26 et 373 — « Principes tirés des lois de la nature ap- pliqués à la culture spéciale du tabac »; Mémoire de M. Coince 62 Electricité. — Théorie de l'induction en par- tant de l'hypothèse d'un seul fluide; Note de M. Renard 27 — Recherches sur l'électricité atmosphéri- que ; par M. Volpicelli 94 — Lettre de M. Callaud, concernant son Mé- moire sur un système de piles sans vases poreux 271 — Sur l'accouplement des piles hétérogènes ; Note de M. Du Moncel 291 — Sur l'électrolyse d'un mélange d'alcool et d'acide azotique; notede MM. OPAlmeida et Dehérain 21.4 — Sur les forces éleclromotrices développées au contact dos liquides; Note de M. Raoult. 499 — Sur la théorie de l'étincelle d'induction; Mémoire de M. Ryke 73o — Note sur l'endosmose électrique; par M. Malteucci 914 — Note sur les coefficients de charge des fils télégraphiques; par le même 638 — Propagation de l'électricité : perturbations résultant de l'action de l'air ou de l'isole- C. R., 1860, 2m« Semestre. (T. LI.) P«ge». ment imparfait des conducteurs ; par le mime 932 — Expériences qui confirment dans une cer- taine mesure la théorie de la force élec- tromotricede Volta ; Notede M. Gaugain. tfi\ — Direction des courants induits lorsque le fil inducteur fait partie d'un fil télégra- phique; Note de M. Guillemin 142 — Mémoire sur les câbles électriques; par le même 552 — Expériences concernant l'action centripète du courant galvanique constant sur les nerfs de l'homme ; Note de M. Remak. . . 327 — Lettre de M. Namias accompagnant l'en- voi d'un opuscule intitulé : Nouvelles études électro-physiologiques avec leurs applications à la médecine 576 — M. Despretz présente, au nom de M. Trip- pier, un appareil électro-médical 809 Electricité animale. — Surlepouvoirélectro- moteurde la torpille; Notede M. Malteucci 193 — Action du curare sur la torpille électri- que ; Note de M. A. Moreau 573 Électro-aimants. — Sur la classification des électro-aimants; Notede M. Nicklès... 665 Embryogénie. — Recherches sur le développe- ment des premiers rudiments de l'em- bryon, par M. Serres; premier Me'moire: plis primitifs , ligne secondaire ; — deuxième Mémoire : absence des rudi- men ts de la corde dorsale dans le premier jour de la formation ; viduité primitive de la ligne secondaire; — troisième Mé- moire : formation primitive de l'axe céré- bro-spinal du système nerveux. Dévelop- pement de la corde dorsale et du canal vertébral 337, 47^ et 58i — Sur la structure intime de la vésicule om- bicale chez les Mammifères; Note de M.Cft. Robin...- 624 Voir aussi l'article Génération. Endosmose. — Note de M. Mattcucci sur l'en- dosmose électrique 914 Épilatoires. — Surun nouvel épilatoire exempt des défauts que présentent ceux qu'on em- ploie le plus communément et en particu- lier le sulfured'arsenic; Note de M. Renard. 1089 Equivalents chimiques. — Lettre de M. Bizio en réponse à une réclamation de priorité élevée en faveur de feu M. Fusinieri pour des recherches sur la corrélation entre le poids des équivalents des corps et leurs propriétés physiques et chimiques 273 — Nouvelle Lettre de M" Ve Fusinieri à l'appui de cette réclamation 607 Errata. — Page 363, ligne i3, au lieu de géné- ration , lise» régénération. — l'âge 598, li- gne 20, au lieu de Soyez, lisez] Soyer. — 148 ( I Page». Page 6oô; ligne a3, ou tf*u de Lafosse, li- sez Lafone. — Page iioi, ligne 8, au lieu ({«pomme, lisez : homme. — Voir en outre aux pages 228, 307,547,617,734,901,95$, 1041. EiSENCts. Voir l'article Huiles essentielles. Étain. — Du dosage Je ce métal dans ses mi- nerais; Note de M. Moissenet , 205 — Bichlorure d'étain ; considéré comme dis- solvant; Note de M. Gerardin « 1097 Éthers. — Notes sur l'élher œnanthique ; par M. Fischer 104 Il6 ) H"B«. — Décomposition des éthors par les alcalis anhydres; Note de M\l. Berthelot et de Fleurieu • . . . 1020 Étoiles doubles. — Lettres du P. Secehi ac- compagnant Tenvoi d'un caialogued'étoi- les doubles extrait des Mémoires de l'Observatoire du Collège Komain 960 Étoiles filantes. — Observations d'étoile» filantes du i3 juillet au 12 août; Note do M. Coulvier-Gravier «62 — Etoiles filantes de la nuit du 12 au i3avril; Note du mime. 7?5 Fir. — Sur la cémentation du fer; Mémoire de M. H. Caron 56 — Sur la constitution chimique des fontes et des aciers ; remarques présentées à l'oc- casion de la précédente communication; par M. Fremy 567 — M. Desprelz rappelle a cette occasion les expériences qu'il a faites précédemment concernant la combinaison de l'azote avec quelques métaux et particulièrement avec le fer 56g — Remarques de MM. de Ruotz et de Fontenay, à l'occasion de la communication de M. Caron 664 et 947 — Sur l'analyse et la constitution chimique des fontes et des fers; Note de M. Caron. g38 — Sut la préparation du fer réduit par l'hydrogène et sur la manière de le préser- ver de l'oxydation; Note de M. De Luea. 333 •— Nofede M. Saint-Edme ayant pour titre : « Sur la passivité du fer » 507 — Récherches sur les phénomènes consécutifs a l'amalgamation du zinc, du cadmium et du fer ; Note de M. J.Begnauld 778 — Sur le quadroxalate de fer; Note de M. Phipson. ....... 1 637 — Surl'emploi du sesquioxyde de fer dans l'empoisonnement par l'acide arsénieux; Note de M. Fasoli 172 Fermentation et Ferments. — Sur le rôle des infusoircs et des matières albuminoïdes dans la fermentation, la germination, la fécondation j Notes do M. ternaire. 536 et 627 — Des transformations de la fermentation alcoolique; Mémoire de M. Couturier.. . 598 — Del'assimilalionde l'azolepar lesferments en décomposa ni l'air et l'eau ; par/e me"me. j3a Fluor. — Recherches sur le fluorure de cal- cium de la Toscane et sur l'équivalent du fluor ; Note de M. De Luea 299 Fluorescence. — Sur une solution fluorescente tirée du Fraxinus Omus; N ote de M . Vu four. 3 1 Froid {Production du), au moyen de la disso- lution du gaz ammoniac dans l'eau ; Note de M. Carré '023 Frottement. — Recherches expérimentales sur le frottement dans le glissement des wagons-traîneaux sur rails de chemins de fer ; Mémoire de M. H. Bochet 974 — M. NicAlès rappelle à cette occasion ses ex- périences sur le frottement. 1 100 Fruits. — Recherches sur la matière Sucrée contenue dans les fruits acides , son ori- gine, sa nature et sa transformation; Note de M. Buignet. 8g4 — Recherches sur la maturation des fruits; par MM. Berthelot et Buignet logf Fuchsine. — Nouvelles rccheiches concernant la génération de la fuchsine et générale- ment des matières colorantes dérivées de l'aniline et de ses homologues; Mémoire de M. Béchamp 356 — Sur la génération de l'acide fuchsique au moyen de l'aniline ; Note de MM. Perso*, De Lurnes et Salvétat 538 Voir aussi l'article Aniline. Ù Galvahocaostique (Action), — Do la méthode gai va nocaustique appliquée au traitement de la cataracte ; Lettre de M. Tavignot. . . 54l Garance. — Lettre de M. Faire concernant son Mémoire sur les altérations fraudu- leuses de la garance et do ses dérivés i5o ( » Pages. Gaz. — Sur la condensation des gaz par les corps poreux et sur leur absorption par les liquides; Note de MM. Terreil et Sainl-Edme 3j i — Études sur la densité des gaz et des va- peurs ; par M . Papillon. ., ^(i5 Gaz ammoniac — Froid produit par la dissolu- tion de ce gaz dans l'eau; Note de M. Carré. 1023 Gaz oléfiAnt. — Transformation du gaz olo- fiant en acides organiques complexes; Note de M. Wurts ... 16a Génération. — De l'influence fâcheuse sur la santé des enfants exercée par l'état d'ivrosse >lu père au moment de la con- ception ; Note do M. Demeaux 5j6 — Nouveaux exemples de cette fâcheuse in- fluence constates par M. Dehaut 669 — Lettre do M. Vousgier concernant des faits semblables. ........ i g52 Voir aussi l'article Embryogénie. Générations spontanées. — Nouvelles expé- riences relatives aux générations dites spontanées; Mémoire daM. Pasteur. 3(8 et 675 — Analyses mécaniques de l'air faites en diffé- rents lieux, en vue de la même question , par M. Pnuchet , 5^4 — Nouvelles expériences surrhétérogénie, au moyen de l'air contenu dans les cavités closes des végétaux; Mémoire de MM. loly et Musset df] — Observations relatives au développement des myciuJormes; Mémoire de M. Bous- singault 671 Géodésie. — Note do M. d'Abhadie, accompa- gnant la présentation du premier fascicule de sa « Géodésie de la haute Éliophie. » 674 Géographie. — Mémoire sur la construction des caries géographiques; par M. Tissot. 964 — Études hydrographiques et géologiques sur |e lac Nicaragua (Amérique centrale) ; par M. Burocher ,.,. 118 — Sur Je delta du Mississipi; Lettre de M, Thomassy accompagnant l'envoi de son ouvrage intitulé : « Géologie pratique de la Louisiane » • 1 33 — Itinéraires de M. P. de Tchihatcheff dans l'Asie Mineure et l'Arménie, résumés et figurés par M. Felermann ; Lettrede M. P. de Tchihatcheff. 765 — Mémoire géographique sur la Grèce; par M. Peytier 884 Géologie. — Sur le groupe de la Montagne Noire ( Aude) ; Note de M. G. tlène. .... Si — Recherches sur les systèmes de montagnes de l'Amérique centrale; par M. Durocher. 1\S — Etudes hydrographiques et géologiques sur le lac de Nicaragua ; par le me'me 118 — Lettre de M. Scipion Gras, concernant son 17) P«5«i. Mémoire sur des cas d'opposition entre l'ordre straligraphique des couches et leurs caractères paléontologiques, . . , . . 108 — r Communication de t/i. Elie de Beaumont h l'occasion de la présentation d'une carte géologique du département de la Haute- Marne, par feu M. Duhamel , . , . , 4'^ — Sur la distribution des minerais de fer manifestée par la carte de M.Duhamel; Lettre de M. de Chancourlois à M. Élie de Beaumont 4'4 — Composition d'une roche récemment for- mée sur le littoral de la Flandre ; Note de M. Phipson 4'9 — Note de M. d'Archiac accompagnant la présentation du VIII" volumedo son His- toire des progrès de la géologie (forma- tion triasique) 4'4 — Détermination géologique de la couche fossilifèredePikermi;Note deM.Ooudrr. 5oo — Travaux géologiques et géodésiques exé- cutés au Chili; Lettre de M. Pissis a M. Élie de Beaumont 6o3 — Sur la découverte d'un Important gisement de minerai d'argent dansl'Ambato (Con- fédération Argentine); Lettrede M. Poucet. 604 — Recherches sur les matières, notamment les pierres, qui ont été travaillées par les premiers habitants des Gaules; Mémoire de M. Eug. Robert. 660 Géométrie. — Propriétés relatives au déplace- ment fini quelconque dans l'espace, d'une figure de forme invariable; Mémoire de M. Chastes 855 et go5 — Sur une relation géométrique entre l'hé- lice et la cycloïde; analyse donnée par M. Faye d'un travail de M. Dunesme.... 890 Sur les lignes de courbure des surfaces de second ordre; Note de M. l'abbé Aoust... 640 — Note sur la classification des polyèdres; par M. Ph. Breton 732 — Mémoire sur la duplication du cube; par M. Ludw. iiey 397 Gin Sen. — Note sur ce médicament si célèbre chez les Chinois; Lettre de M. Armand. . 1010 Glace. — Sur la formation de la glace au fond de l'eau; Mémoire de M. Engelhardt... ■ a3 Glycogknir. — Recherches sur le foie et sur les matières grasses provenant des vais- seaux sanguins d'un individu atteint d'unu atrophie du pancréas; Note de M. Detuca. sij — De la production du sucre dans ses rap- ports avec la résorption de la graisse el la chaleur animale pendant l'abstinence et l'hibernation; Mémoire do M. Colin. . , 684 Gomme. — Sur la maladie de la gomme chez les cerisiers, pruniers, abricotiers, aman- diers; Note de M. Trécul 621 148.. Gras (Corps). — Do l'indigestion des graisses considérée spécialement au point de vue des affections du pancréas ; Mémoire de M . Ancelet 87 — Recherches chimiques sur les matières grasses provenant du contenu de l'appa- reil circulatoire d'un individu atteint d'a- trophie du pancréas ; Note de M. De Luca, 217 ( I»8) Pag«3i — Sur la saponification des corps gras par les carbonates anhydre»; Note de M. Scheu- rer-Keslner Guano. — Fragment d'un Mémoire sur les gisements du guano dans les îlots et sur les côtes de l'océan Pacifique; communi- cation de M. Boussingault Hémodromométre.— Appareil pour mesurer la vitesse de la circulation artérielle : ré- sultats obtenus à l'aidede cet instrument; Noie de M. Chauveau cj-jS Histoire des sciences. — M. Chastes fait hom- mage à l'Académie de son ouvrage in- titulé : « Les trois livres de Porismes d'Euclide, rétablis pour la première fois d'après la Notice et les Lemmcs de Pappus » 377 — Lettre sur la question des Porismes ; récla- mation de priorité de M. Breton, de Champ, à l'égard de M. Chastes io3} — M. Chastes, qui, à raison de ses fonctions do Président, n'a pu pendant la séance prendre connaissance de la Note de M. Breton, de Champ, annonce qu'il y ré- pondra dans la prochaine séance to36 — M. Chastes donne, dans la séance du 3i dé- cembre, la réponse annoncée ci-dessus.. io/J3 — Observation sur un point de l'hisloirede l'op- tique ; Note de Sir David Brewster. 273 et 4^5 — Remarques de M. Biot à l'occasion de cette communication 467 — Lettre de M. Cantor à M. Chasles concer- nant un point de l'histoire de la géomé- trie chez les Grecs 63o — Nouvelles remarques sur l'interprétation d'un passagedeDescartes;Notede M. Valat. io3l — Lettre de M. de Paravey sur les brebis mé- rinos et l'origine du nom par lequel on les désigne 1 io3 Huiles essentielles. — Recherches chimiques sur l'essence de Citrus lumia ; par M. De Luca a58 — Sur l'action rubéfiante des bainsaniméspar une petite quantité d'huile essentielle de térébenthine; Note de M. Hoffmann 3a6 Hydraulique. — Sur le mouvement gyratoire d'une masse liquide qui s'écoule par un orifice circulaire pratiqué en mince paroi au centre de la base circulaire d'un vase cylindrique; Mémoire de M. Laroi/ue.. . . 758 Hydrauliques (Appareils). — Mémoire de M. Landois sur un appareil agissant au moyen du vide et portant, à l'aide de ré- servoirs échelonnés, l'eau à toute hauteM|> voulue g47 Hydrologie. — Observations du Rhône au pont Morand, à Lyon, de 1826 a i855; Mémoire de M. Fournet 864 Hygiène publique. —Sur l'application à la ven- tilation de la chaleur développée par les appareils d'éclairage; Note de M. Morin. 109 — Essais de ce mode de ventilation faits sans succèsen Angleterre et en Ecosse; Note de M. Walters 3o3 — Analyse d'un traité de M. R. Torrei Munoz deLuna intitulé: Éludes chimiques el phy- siques surPairatmosphériquedeMadrid. 327 — Des moyens propres à donner aux eaux pu- bliques la limpidité et la température exigées; Note de M. Grimaud, de ('aux.. 346 Incendies. — Lettre de M. Dujardin concernant un nouveau cas d'heureux emploi de la vapeur d'eau contre l'incendie. 834 Infusoires. — Sur un cas de parasitisme pris à tort pour un mode de reproduction des infusoires ciliés; Note de M. Baltiani.. 3ig Inondations. — Lettre de M. Froisse concer- nant son Mémoire sur les moyens de pré- venir les inondations. ... 6i5 — Études expérimentales sur les inondations ; par MM. Jeandel, Cantegril et Bellaud. . . Institut. — Lettres de M. le Président de l'In- stitut concernant la séance publique an- nuelle fixée au i5 août; la quatrième séance trimestrielle de 1860 fixée au 3 oc- tobre, et la première de 1861 fixée au g janvier ';3, !fi5 et Instruments de chirurgie. — Adaptation à la go3 ( w P.gel. canule du trois-quarts d'une sonde spé~ ciale pour l'opération de l'empyème ; Note de M. Emm. Rousseau 106 Instruments de physique. — Note sur un nou- veau pyroscope ; par M. lourdes 68 — Modèle et description d'un nouveau photo- mètre, présenté par M. E. Glaise 664 — Description d'un appareil pour l'étude de l'influence qu'exerce la pression sur cer- tains phénomènes physiques et chimi- ques ; N ote de M. Favre 827 Iode. — Action de l'iode sur une solution con- centrée de cyanure de potassium ; Note do M . Langlois 29 — Recherches sur l'iode atmosphérique ; par M. De Luca 177 — Note sur la présence de l'iode dans les eaux pluviales de la Toscane; par M. Chatin. . i4 — Des vaisseaux laticifères et de leurs rap- ports avec les organes semblables de l'écorce; Mémoire adressé au Concours pour le prix Bordin 1088 Oxalates. — Note sur le quadroxalate de fer; par M . Phipson 637 — Sur l'oxalate de peroxyde de fer : sur la constitution des oxalates de fer; par le même 83i Oxygène. — Son emploi comme antidote de l'étheretdu chloroforme ;Note de M. Osa- nam 5g — Sur la fabrication industrielle de l'oxy- gène; Note de MM. H. Sainte-Claire De- ville et H. Debray 8aa Ozone.— Observations ozonométriques faites en 1859 au phare de Calais et à l'extré- mité ouest de la jetée; Note de M. Beri- gnr 643 Paléontologie. — Résultats des nouvelles fouilles faites à Pikermi (Attique); Let- tres de M. Gaudry 457 — Lettre annonçant l'envoi de ces fossiles. — Détermination géologique de la cou- che qui les recelait ; par le même. 5oo et 5oa — Lettres annonçant l'arrivée et l'exposi- tion, dans le laboratoire de minéralogie du Muséum, des pièces apportées de Grèce par M. Gaudry 634 et 7^o — Fémur, humérus et autres os des membres d'un grand mammifère supposé être un Dinotherium; nouvelle Note de M. Gau- dry sur les résultats de ces fouilles 80a — Note sur une mâchoire de Métarctos et de Leptodon provenant du gisement fossili- fère de l'ikcr mi ; par leme'me ga6 — Sur la présence du grand daim et du renne parmi les fossiles des environs de Mont- pellier ; Note de M. Gervais 634 — Note sur les Crustacés fossiles dessables de Beauchamp ; par M. Alph. Edwards. gj — Recherches géologiques sur les matières qui ont été travaillées par les premiers habitants desGaulcs; Mémoire de M. Eiig. Robert 660 — Note de M. Bordas concernant certains faits de paléontologie , 897 Pancréas. — De l'indigestion des graisses considérées spécialement au point de vue des affections du pancréas ; Mémoire de M. Ancelet 87 — Lettre de M. Corvisart concernant son tra- vail sur une fonction du pancréas i5o — Recherches chimiques sur le foie et sur des matières grasses provenant du con- tenu de l'appareil circulatoire d'un indi- vidu atteint d'une atrophie du pancrcas ; Note de M. De Luca 917 Papier. — Sur l'emploi du Fragon ( Ruscus ( 1123 ) Pages. aculeatus) pour la fabrication du papier; Note de M . de Paravey a^i Papiers be sûreté. — Lettre de M. Coitant concernant des pièces précédemment dé- posées relatives à son procédé pour la con- fection de papiers de sûreté 182 Paquets cachetés. — M. Babinct dépose, séance du 1er octobre, un paquet cacheté 5li — M. Kuhlmann dépose, séance du ia no- vembre, un paquet cacheté 70g Parasitisme. — Sur un cas de parasitisme pris à tort pour un mode de reproduction des' infusoires ciliés; [Vite de M. Balbiani.,.. 3ig — Sur deux espèces d'épizoïques qui vivent parasites du (laminant; Note de M. Co/n — Sur la mélancolie avec stupeur considérée comme signe précurseur de la paralysie générale; Mémoire de M. Billod. 533 — Sur le délire mélancolique considéré comme précurseur de la paralysie géné- rale ; Note de M. Linas à l'occasion des trois précédentes communications 629 — Remarques concernant la paralysie géné- rale et ses symptômes précurseurs; par M. Cas. Pinel 66a — Sur les délires spéciaux dans la paralysie générale ; Note de M . Legrand du Saulle . 686 — Etudes sur les causes de la lypéman ie ou fol ie mélancolique; Mémoire de M. Corlieu . . 888 — Affections épileptiques traitées par le cu- rare; Note de M. Thiercelin 716 — Affections épileptiques chez des sujetsdont le père au moment do la conception était en élat d'ivresse ; Note de M. Demeaux.. 576 — Nouveaux exemples de cette fâcheuse in- fluence de l'ivresse au moment de la con- ception ; Lettre do M. Dchaut 670 — Lettre de M. Vousgier concernant des faits semblables q5â 0. R., 1860, 2me Semestre. (T. Ll.) — Sur le diagnostic des apoplexies ; Note do M. Flourem à l'ooeasion d'une Lettre de M. Poelman sur un cervelet pétrifié 747 — Recherches sur les néomembranes et les kystes de l'arachnoïde; par M. Brunet... 576 — Influence du plomb dans la production de la colique sèche des pays chauds ; Mé- moire de M. Le/ivre 807 — M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire de M. Sojer sur un moyen prophylactique à employer contre le scorbut 80g — Aphonie complète avec productions pa- thologiques dans le larynx, constatées par l'examen laryngoscopique; Note de M. Moura-Bourouillon 528 — Diphthérie, angine couenneuse et croup : leur traitement par le chlorure do fer à haute dose, à l'intérieur; Mémoire de M. Aubrun 817 — Remarques sur quelques variétés d'hypo- spadias et sur le traitement chirurgical qui leur convient; Mémoire de M. Bouisson. 55a — Sur les rétrécissements urétraux et sur un nouveaji procédé de cathétérisme dans lequel la sonde n'agit que par sa seule pesanteur j Mémoire de M . A. Tedeschi. . 557 — Lettre de M. Inman, annonçant l'envoi d'un travail sur la myalgie 110a Pendules. — Nouvel examen de la question relative aux oscillations tournantes du pendule à libre suspension, en ayant égard à l'influence de la rotation de la terre; Mémoire de M. Poncelet. 407 et 5li — Note de M.'Poinsinet de Sivry concernant le pendule libre à plan d'oscillation inva- riable, rappelée à l'occasion de la com- munication précédente par M. Dehaut.. 575 — De l'influence de la suspension à lames sur les oscillations du pendule conique; Note de M. Resal 4°9 Pénicillium glaucum. — Développement de cette mucédinée dans une solution de para- tartrate d'ammoniaque : décomposition de l'acide paratartrique droit, mise à nu de l'acide paratartrique gauche; Note de M. Pasteur 298 Pepsine. — Pièces adressées par M. Pappen- heim, concernant l'invention d'un procédé pour6éparer la pepsine de la salivine.... 980 Pbtllyrine, principe cristallisable obtenu du Phillyrea latifolia. — Recherches sur la constitution chimique de ce principe; par MM. Bertagnini et De Luca 368 Phosphorées (Matières). — Constatation de l'existence, dans l'air atmosphérique, de matières phosphorées ; Mémoire de M. Barrai 769 »49 ( » Pages. Perchlorure de phosphore. Voir à l'article CA/u;ur«. Phosphorescence. — Sur la matière phospho- rescente des raies; Note de M. Phipson.. 54» Photographie. — Procédé pour l'agrandisse- ment des photographies sur collodion; Note de M. Wolhljr et spécimens obtenus par ce procédé 558 Pbotométrie. — Modèle et description d'un nouveau photomètre, présentés par M. E. Glaise 664 Pbysiolocie. — Nouvelles expériences sur la coloration des os du fœtus par le régime de la mère; Note de M. Ftourens 1061 — Nouvelles expériences concernantraction de la garance sur les œufs de poule et sur les dents des mammifères ; Note de M. Joly xo5 — Mémoire sur les régénérations osseuses ; frM. Bourguet 208 — Snr l'assimilation du phosphate de chaux et sur la nécrose phosphorée ; Mémoire de M. Gouriet a53 — Observation d'un cas de régénération complète des os; Lettre de M. Hnitet à M. Flourens 6oi — Expériences concernant l'action centripète du courant galvanique constant sur les nerfs de l'homme ; Note de M . Bemak ... 327 — Recherches expérimentales sur la régénéra- tion des nerfs séparés des centres ner- veux ; Note de MM. Philipeaax et Vulpian. 363 — De l'action comparée de l'alcool, des ancs- thésiques et des gaz carbonés Btir le sys- tème nerveux cérébro-spinal ; Mémoire de MM. Lallemand, Perrin et Duroy . . . . 400 — Lettre de M. Czermak à M. Flourens con- cernant les effets de la section des ca- naux semi-circulaires de l'oreille 8a 1 — Des. mouvements de rotation sur l'axe que déterminent les lésions du cervelet ; Mé- moire de MM. P. Gratiolet et M. Leven.. 917 — Absorption de la chaleur rayonnante obs- cure dans les milieux de l'œil ; Note de M. Janssen 138 — M. Cima, & l'occasion de cette com- munication, rappelle ses propres re- cherches concernant l'absorption de la chaleur rayonnante obscure dans les mi- lieux de l'œil 3o3 — Lettres de M. Janssen à l'occasion de celle de KT. Cima 373 et 5o8 — Sur la mesure de la capacité des poumons; Note de M. Gréhant ai — De la production du sucre dans ses rap- ports avec l'absorption de la graisse et la chaleur animale, pendant l'abstinence et l'hibernation ; Mémoire de M.Co/m 684 M) P.jet. — Sur la pression du sang dans le système artériel ; Note de M. Poiseuille a38 — Expériences concernant l'influence de la température sur la coagulation plus ou moins rapidedu sang; — Expériences con- cernant la quantité de sang que reçoit le ventricule à chaque diastole, et la mar- che des globules sanguins dans les capil- laires ; Notes de M. IVanner 576 et 5gg — Emploi du sphygmographe pour le dia- gnostic des affections valvulaires du cœur; Note de M. îlarey 8l3 — Vitesse de la circulation artérielle me- surée au moyen d'un nouvel hémodro- momètre; Note de M. Chauveau 948 — « Mémoire sur la physiologie de l'homme en particulier et sur la physiologie uni- verselle » ; par M. Tardy 88 PhysiOlogir comparée. — De l'influence do système nerveux sur les mouvements res- piratoires chez les Dylisques ; Note de M. Faivrc 53o — Lettre de M. Faivre concernant son travail sur les modifications qu'éprouvent après la mort les propriétés des muscles et des nerfs chez les grenouilles 634 — Modifications Imprimées a la température animale par la ligature d'une anse intes- tinale; Note de M. Demarquay.... . ... g44 Physiologie végétale. — De l'importance com- parée des agents qui concourent à la pro- duction végétale; Notes de M. Ville. 346, 437. M — Nouvelles recherches sur la sève des végé- taux et sur le rôle des trachées; par M. Leclerc a53 — Recherches sur la maladie de la gomme chez les cerisiers, pruniers, abricotiers, amandiers j par M. Trécul 6ai — Recherches sur la matière sucrée contenue dans les fruits, son origine, sa nature et ses transformations; par M. Buignet.. . . 894 — Recherches sur la maturation des fruits; par MM. Berlhelot et Buignet iog4 — Observations relatives au développement des mycodermes; Mémoire de M. Bous- singault 671 — Recherches sur le mode de nutrition des Mucédinées ; par M. Pasteur 709 — Remarques de M. Boussingaulth l'occasion de cette communication 7" Physique. — Nouvelles expériences faites avec la machine de Ruhmkorff pour mettro en évidence la force répulsive des surfaces incandescenies; Note de M. Faye 37 — Note de M. Lamé, accompagnant la pré- sentation de ses « Leçons sur la théorie analytique de la chaleur» o63 ( II Pâgw. — Sur l'équivalent mécanique de la chaleur ; Note et Mémoire de M. Desprels. . 364 et 49^ — De l'influence qu'exerce la pression sur certains phénomènes physiques et chimi- ques : Appareil pour l'élude de cette question; Notes de M. Favre.. . 827 et 1027 — Sur la compressibilité cubique de quel- ques corps solides et homogènes; Mé- moire de M. Wertheim 96g — Recherches expérimentales sur le glisse- ment des wagons-traîneaux sur les rails dechemins de fer; Mémoire de M. fl. Ho- chet 974 — M. Nicklès rappelle, à l'occasion de cette communication, quelques résultats aux- quels il est parvenu dans des expériences sur le frottement ■ . 1100 Physique du globe. — Communication de M. Becquerel en présentant un exemplaire de ses « Recherches sur la température de l'air, des végétaux et du sol à diverses profondeurs » 5 — Recherches sur la température de l'air au- dessus des arbres et à une certaine dis- tance ; par le même 837 — Sur la formation de la glace au fond de l'eau ; Mémoire de M. Engelhard a3 — Observations sur les sources thermales et les fumeroles du cône de la Soufrière (Guadeloupe); Note de M. Damour 56i — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire Deville concernant les changements survenus dans la temperaturedeces sources et la nature des gaz dégages depuis les années 1 841 -43, époque où il y faisait des observations analogues 563 — M. Chevreul rappelle à cette occasion les observations qu'il a faites en l83o aux eaux de Spa et de Baden-Baden 563 — Coordination des observations faites sur le Rhône au pont Morand à Lyon pendant la période de i826àib55; Mémoire de M. Fournet 864 et g55 — Echantillons d'eau de mer prisa tous les degrés delongilude et de latitude dans la traversée de la frégate Vlsis de Taïtl en France ; Lettre de M. Lapierre 98a — Observation, près des côtes d'Amboine, du phénomène connu sous le nom de mer de lait; extrait d'un Rapport de M. le capi- taine Trébuchet à M. le Ministre de la Marine 10 10 — Considérations sur les trombes ; Note de M. Trêves 687 a5 ) P«8«. — Trombes multiples observées de la côte de Singapore; Lettre de M. de Castelnau. . . 688 — Mouvement gyratoire de l'eau dans une expérience hydraulique supposé dépen- dant du mouvement de rotation de la terre ; Mémoire de M. Laroque j5& Planètes. — Découverte d'une nouvel le petite planète, par M. Goldschmidt; nom de Danaé donné par M. Luther à cette pla- nète; Lettres de M. Goldschmidt. 5o4 et 538 — M. Goldschmidt adresse au nom de M. Lu- ther les cléments de celte planète 688 — M. Le Verrier annonce la découverte faite, à Washington ( Amérique du Nord), le i5 septembre 1860, par M. Ferguson, d'une nouvelle petite planète différente de celles de M.Chacornac et do M. Gold- schmidt 547 — Sur la découverte de la petite planète (60) à Washington, et de la petite planète (62) à Berlin ; Note de M. Le Verrier 589 — Eléments de la planète (59); Note de M. Dubois 6i3 — Eléments elliptiques de la planète décou- verte le 12 décembre 1860 par M. Cha- cornac; Note de M. Dubois 981 Voiraussi les articles Astronomie etLune. Polarisation circulaire.— Note de M. Biot accompagnant la présentation d'un opus- cule intitulé : « Introduction aux recher- ches de mécanique chimique dans les- quelles la lumière polarisée est employée auxiliairement comme réactif » l85 Note relative au Pénicillium glaucum et à la dissymétrie moléculaire des produits organiques naturels; par M. Pasteur.... 298 Potasse (Permanganate de). — Analyse de ce sel ; par M. Machuca i4" Poumons. — Sur la mesure de la capacité des poumons; Note de M. Gréhant ai Pression. — De son influence sur quelques phénomènes physiques et chimique»; Notes de M. Favre 827 et 1057 Pus bleu. — Recherches sur la matière colo- rante des suppurations bleues, la pyocya- nine; Note de M. Fordos.. ai5 M. Delore rappelle il cette occasion ses recherches sur la matière colorante des suppurations bleues, désignée par lui sous le nom de cyanopyine 296 — Réponse do M. Fordos à cette réclama- tion 36» Pyocyanine. Voir ci-dessus l'article Pus bleu. ï49- ( na6 ) R Page». Rampes. Voir au mol Terrassements. Réfraction. — Recherches sur les indices de réfraction de quelques métalloïdes et métaux à l'état de vapeur j Note de M. Leroux |»| — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Babinet 800 Rivières. — De la vitesse et du débit des ri- vières pendant le flux et le reflux; Note de M. Olivier (3t — Sur le delta du Mississipi ; Lettre de Pages. M. Thomassy accompagnant l'envoi d'un ouvrage sur la Louisiane i33 Moyen d'améliorer le régime de certaines rivières en amplifiant les marées à l'aide d'un barrage établi à leur embouchure; Note de M. Maille 762 Coordination des observations faites sur le Rhône, au pont Morand, à Lyon, pen- dant la période de 1826 à i855; Mémoire de M. Founnet 864 et . 34l Systèmes du monde — Mémoire sur la cause du mouvement des astres; par M. Vin- chon-Thiesset P«Bei. 665 Teintures. — Note sur les étoffes de soie teintes avec la fuchsine et réflexion sur le commerce des étoffes de couleur ; par M. Chevreul 73 Télégraphie électrique. — Mémoire sur les câbles télégraphiques; par M. Guillemin. 554 — Note sur les coefficients de charge des fils électriques; pîr M. Gauguin 638 Températures terrestres et températures atmosphériques. — Communication de M. Becquerel en présentant un exem- plaire de ses « Recherches sur la tempé- rature de l'air, des végétaux et du sol à diverses profondeurs » 5 — Recherches sur la température de l'air au- dessus des arbres et à une certaine «lis- tance ; par le même 837 — Accroissement nocturne de la température avec la hauteur dans la couche inférieure de l'atmosphère ; Note de M. Martins. . . . io83 Température des corps vivants. — Modifica- tions imprimées à la température ani- male par la ligature d'une anse intesti- nale; MSmoire de M. Bemarquay 944 Terrassements. — Recherches expérimentales sur les lois des transports ascendants à la brouette et à la voiture; Mémoire de M. Carvallo 760 Tératologie. — Sur un poulet hyperencé- phale ; Note de M. Dareste 219 — Description et figure d'un fœtus humain monstrueux du genre Phocomèle, suivies de considérations sur le mode de dévelop- pement de l'organisme humain; Mémoire de M. Martin Saint-Ange q3o — Remarques sur quelques variétés de l'hy- pospadias et sur le traitement chirurgical qui leur convient; Mémoire de il. Bouis- son 55a Thérapeutique. — Sur l'emploi de l'oxygène comme antidote du chloroforme et de l'éther; Note de M. Ozanam 5g — Action rubéfiante des bains animés par une petite quantité d'essence de térében- thine; Note de M. Boffmann 3a6 — Lettre de M. Lukomski concernant sa mé- thode de traitement de la syphilis par l'inoculation du virus-vaccin 3a6 — Sur la rubéfaction produite par les nids du Bombyx processionnaire; Note de M. Champouillon » . 354 Toupille. — Action du curare sur la torpille électrique; NotedeM. Moreau 5;3 Toxicologie. — Sur l'emploi des contrepoi- sons en général et en particulier du ses- quioxyde de fer dans l'empoisonnement par l'acide arsénieux ; Note de M. Fasoli. 17a Transports. Voir au mot Terrassements. Tremblements de terre. — Secousses ressen- ties à Nice du 3 au ia juin 1860; Lettre de M. Prost à M. Élie de Beaumont. ... 67 Trombes, —Considérations sur les trombes; par M. Trêves 687 — Trombes multiples observées des côtes de Singapore ; Lettre de M. F. de Cas- telnau 688 Vanadium. — Sur la présence de ce métal dans les argiles de Forges-lcs-Eaux et de • Dreux; NotedeM. Terreil 94 Vapeur d'eau. — Lettre de M. Dujardin con- cernant un nouveau cas d'emploi heureux de la vapeur contre l'incendie 834 Vapeur (État de). — Sur les indices de ré- fraction de quelques métaux et métal- loïdes à l'état de vapeur ; Mémoire de M. F.-P. Le Roux 171 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Bahinet... , 800 — Remarques sur les densités de vapeurs dites anormales ; Note de M. Hofmann. . a36 Végétaux [Composition des). — Recherches chimiques sur les éléments minéraux contenus dans le Tillandsia dianthoïdea ; Note de M. De Luca 176 — De l'importance comparée des agents qui concourent à la production végétale; Notes de M. Ville 246 et 437 — Recherches sur la maladie de la gomme chez les cerisiers, les pruniers, les abri- cotiers, les amandiers; par M. Trécul... 6ai ( 1128 ) Pages. — Recherches chimique» sur le latex et sur le cambium j par M. Fremy (ij7 Voir aussi l'article Organisés (Corps). Ventilation. — Applicatioa de la chaleur dé- veloppée par les appareils d'éclairage à la ventilation; N ote de M . florin 109 — Essais de ce mode de ventilation faits sans succès en Angleterre et en Ecosse; Note de M. R. Walters 3oa Vos A soie. — Éducation en plein air du ver a soie de l'atlante; Note de M. Guérin- tlcneville 125 — Note sur la première éducation en grande culture de ce ver à soie ; par le même.. . 655 — Maladie des vers à soie; Note de M. de Quatrefages sur une éducation faite à Milan en 1860 par M. le maréchal Vail- lant 186 — Moyen de reconnaître la graine de vers à soie provenant de papillons atteints de la pébrine; Lettre de M. Cornalia 310 — Recherches sur la nature des globules ovoïdes dans les vers à soie; par M. Cic- cone 360 — Sur la maladie des vers à soie; Note de Mme Henry 6G5 — Sur la maladie des vers à soie connue sous le nom d'atrophie; Note de M. Tigri. 1088 Vibrations.— Notes de M. l'abbé Labordeeon- cernautdes vibrations tracées sur un verre enfumé et reproduites par la photogra- phie Oi et 181 — Sur les vibrations des membranes élasti- ques; Mémoire de MM. F. Bernard et Boarget 323 — Sur une ancienne détermination du nombre Pag». absolu des vibrations du diapason ; Note de M. Govi 4^° Visio». — De l'unité de jugement ou de sensa- tion de l'acte de la vision binoculaire; Mémoire de M. Giraud- Teuton 17 — Absorption de la chaleur rayonnante ob- scure dans les milieux de l'œil ; Note de 'M. Janssen 128 — M. Cima rappelle à l'occasion de cette communication ses propres recherches sur le même sujet 3o3 — Lettres de M. Janssen concernant la Note de M. Cima 3^3 et 5o8 — Théorie de l'œil ; 19e Mémoire de M. L.-L. Vallée 678 Vol. — Des causes de l'infériorité de l'homme comparé aux oiseaux pour la locomotion aérienne, et des moyens de remédier à celte infériorité; Note de M. /. Desbois. . 21 Volcans. — Sur une nouvelle éruption d'un volcan islandais; rappel des éruptions antérieures; Lettre de M. Pjetursson.... 67 Voyages scientifiques. — Résultats relatifs & l'histoire naturelle obtenus dans le cours d'une exploration de la mer Rouge et de l'Abyssinie; Mémoire de M. Courbon... 85 — Expédition dans l'Inde et la haute Asie de MM. Schlaginlweit 198 — M. Pierron, près de partir pour la Nou- velle-Calédonie, se met à la disposition de l'Académie pour les observations scienti- fiques qu'elle jugerait utile de faire faire dans ce pays 1 07 — MM. Meynier et tTEichthal, près de partir pour la Sibérie méridionale, de- mandent des instructions à l'Académie.. 781 Zinc. — Recherches sur les phénomènes con- sécutifs à l'amalgamation du zinc, du cadmium et du fer; Note de M. /. Re- gnauld 778 Zoologie. — Sur un troupeau de lamas et d'alpacas récemment arrivé à Paris ; Note de M . Is. Geoffroy-Saint-Hilaire 429 — Physiologie comparée de quelques animaux voyageurs, ours blanc, renard arctique; Mémoire de M. Lamarre-Piequot gj6 — Sur un second exemple de reproduction de • l'autruche eu Europe ; Lettre de M. De- midoff à M. Geoffroy-Saint-Hilaire 3io — Observations présentées à l'occasion de celte Lettre ; par M . L Geoffroy - Saint- Hilaire 3 1 3 •m Liste d'oiseaux obtenus à Pile Saint-Paul, mer du Kam tschalka, et de coléoptères des Iles Aleutiennes ; par M. Coinde 309 — Note sur les poissons fluviatilcs de France; par M. Coinde 325 et 63o — Sur quelques poissons du sud qui se ren- contrent parfois dans la mer du Nord; Note de M. Nilsson 31 — Reptiles et poissons de l'Afrique occiden- tale ; considérations sur leur distribu- lion géographique; Mémoire de M. A. Duméril 878 — Expériences sur la vitalité des Batraciens enfermés dans des cavités plus ou moins closes; Note de M. Deneffe 898 — Peau de boa tannée : M. /. Cloauet présente une botte faite de ce cuir 547 — Note accompagnant une collection de co- quilles recueillies dans la Nouvelle-Calé- donie; par M. Coffyn 5a • Rapport sur cette collection ; Rapporteur M. \ aîcnciennes 279 • Embryons de Caligcs et do Trébios adres- sés par M. Hesse.... 71 5 ■ Hybrides du Bombyx grand Paon et du Bombyx moyen Paon , présentés par M. Guérin ■ Méneville 774 ■ Lettre de M. XVodticM concernant une in- vasion insolite de sauterelles 1037 Recherches anatomiques sur VÂscalaphus meridionalis ; Note de M. Léon Dujour. . . a3a Sur deux espèces d'épizoïques qui vivent parasitesduFlammantjNotedeM.Coinde. 3a6 ( i'*9 ) Page». Page». - Sur le Triehina spiralis ; Note de M. Vir- ehow l3 - Note de M. Valenciennes sur des spon- giaires recueillies sur les côtes de I'Atti- que par M . Gauâry 4^0 et 579 - Sur un prétendu modo de reproduction des infusoires ciliés qui n'est qu'un cas de parasitisme; Note de M. Balbiani 3ig • Observations sur le degré d'animalité et sur les espèces de Spongilles et particulière- ment sur la grande espèce du lacPavin; par M. H, Lecoo 5 • Recherches sur les phénomènes chromati- ques dans toute l'échelle zoologique; Note de M. J.-P. Coinde 1 71 ( n3o ) TABLE DES AUTEURS. ■If. Pag». ABBAD1E (Ant. d'). —Eclipse solaire totale du 18 juillet 1860 ?o3 — Note accompagnant la présentation du premier fascicule de sa Géodésie d'une partie de la haute Ethiopie (>;4 — M. D'Abbadie présente un exemplaire de sa traduction lalinedu « Pasteur d'Her- mas », accompagnée de l'antique version éthiopienne découverte par le traducteur et publiée pour la première fois 989 ACADÉMIE DES SCIENCES NATUREL. LES DE PHILADELPHIE (l') envoie la 3e partie du volume IV de son Tournai et plusieurs livraisons des Comptes ren- dus de ses séances j3i ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE BERLIN (L1) adresse le volume de ses Mémoires pour l'année 1859, et remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs de ses publications 1089 ACADÉMIE DE LYON adresse de nouveaux volumes de ses Mémoires 4*0 ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE TURIN (l') remercie l'Académie pour l'envoi du XXXe volume de ses Mémoi- res aïo ■M. l'»S" ADAMS adresse un exemplaire de sa réponse à diverses objections qui ont été faites contre sa théorie de l'accélération sécu- laire du moyen mouvement de la Lune AGUILAR.— Surl'éclipscde soleil du 18 juil- let 1860; Principaux résultats de l'obser- vation faite au desierto de las Primas. — Épreuves photographiques de l'éclipsé. ... ALCIATI. —Sur l'emploi du soufro pour combattre les maladiesde la vigne ACBRUN. — Traitement de la diphthérie, angine couenneuse et croup, par le per- chlorure de fer, à haute dose et à l'inté- rieur ANCELET. — De l'indigestion des graisses considérée spécialement au point de vue des affections du pancréas AOUST (l'Abbé). —Sur les lignes de cour- bure des surfaces du second ordre ARMAND — Note sur le gin-sen des Chi- nois "0I ASSOCIATION AMÉRICAINE POUR L'A- VANCEMENT DES SCIENCES (l') adresse le XIII" volume de ses Comptes rendus ?3i 65 412 889 ,73 817 640 B BABINET. — Rapport sur un Mémoire do M. Leroux relatif à la réfraction des va- peurs produites à de hautes températures. 800 — Dépôt d'un paquet cacheté 5u — M. Baii'nedàithommageàl'Académied'un exemplaire de sa Notice sur l'éclipsé du soleil du 18 juillet 18G0 complétée par la Notice sur l'éclipsé du i5 mars 1 858 . . 37 • Et du sixième volume de ses « Etudes et Lectures sur les sciences d'observation ». ' 799 ■ M. Babinet, en présentant an nom de M. Boche un ouvrage intitulé: «Réflexions sur la théorie des phénomènes cométal- res », donne une idée des résultats aux- quels est arrivé l'auteur 4'7 ■ M. Babinet présente, au nom de M. Willich, une Note sur la forme de la cellule des abeilles ' 633 ( 1 MU. Pages.' — A l'occasion d'une Note de M. Sudre sur la température de l'eau & l'état sphéroï- dal , M. Babinet fait remarquer que M. Boutigny était inscrit pour lire dans cette séance un Mémoire sur la même question , iop,3 BAlLLARGER. — Note sur le délire hypo- chondriaque considéré comme symptôme et comme signe précurseur de la paraly- sie générale t 434 BAILLON. — Recherches organogéniques sur la fleur des Conifères. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Payer.) 49 BALB1ANI. — Note sur un cas de parasitisme improprement pris pour un mode de re- production des Infusoires ciliés 3ig BARRAL. — Mémoire sur la présence de3 "» matières phosphorées dans l'atmosphère. "769 BAUDELOCQUE — Guérison d'un cas de mutisme consécutif à la fièvre typhoïde. . 619 BADD1N. — Lettre concernant la question des alcoomètres 929 BAUDRIMONT. — Eclipse solaire du 18 juil- let 18G0 : observations de physique et de météorologie faites à Bordeaux pendant l'éclipsé. (En commun avec MM. Raulin, Houel, Royer et Micé.) i45 BADDRIMONT (E.). — Action de l'by- drogène, de l'oxygène et du chlorate de po- tasse sur le perchlorure de phosphore.. 8a3 — Explication des phénomènes que présente l'iodure bleu d'amidon dissous lorsqu'il est chauffé, puis refroidi. — Note relative au biiodure de potassium 825 BAXTER — Sur un nouveau corps isomérique de l'aldéhyde 55 — Sur le chlorure d'amyle trichloré 57a BAUMHAUER. — Densité, dilatation, point d'ébullilion et force élastique de la Ta- peur d'alcool et des mélanges d'alcool et d'eau. (Rapport sur ce Mémoire; Rappor- teur U.Pouillet.) , 1002 BEAUDOIN. — Etudes physiologiques et économiques sur la toison du mouton ... 56 BÉCHAMP. — Présence du cuivre dans l'eau minérale de Balaruc ai3 — Faits pour servir à l'histoire de la fécule, du ligneux, delà gomme, de la dulcine et de la mannite a55 — Nouvelles recherches concernant la géné- ration de la fuchsine et généralement des matières colorantes dérivées de l'aniline et de ses homologues 356 BECQUEREL.— Recherches sur la tempéra- ture de l'air au-dessus des arbres et à uns certaine distance 837 — M. Becquerel fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ses « Recherches sur C. R., 1860, ime Semestre. (T. Ll.) i3i ) MU. Pagef. la température de l'air, des végétaux et du sol à diverses profondeurs» 5 — M. Becquerel présente, au nom de M. Stroumbo, une Note intitulée : « Ex- plication du phénomène de la grêle ». . . . 28 — M. Becquerelpal nommé Membre de la Com- mission du prix Bordin (question concer- nant lest courants thermo-électriques). .. 84 BECQUEREL ( Edm.).— Recherches sur divers effets lumineux qui résultent de l'action de la lumière. Intensité de la lumière émise, çflt BELLAUD, Jeandel et Camtegb.il. — Études expérimentales sur les inondations ion BÉNARD. — Mémoire sur un épilatoire des- tiné à être substitué auxépilatoires com- munément employés, et n'exposant pas aux mêmes dangers '089 BER1GNY. — Observations ozonomélriques faites en 1809 ai| phare de Calais et à l'extrémité ouest de la jetée 643 BERNARD ( Claude) est nommé Membre de la Commission du prix de Physiologie expérimentale '7 BERNARD (F.) et Bocrget. — Mémoire sur les vibrations des membranes élastiques. 3aa BERNE. — Analyse de sou opuscule « Sur le redressement immédiat dans les maladies dé la hanche » V>2 BERTAGNINI. — Recherches sur la consti- tution chimique de la phillyrine. (En commun avec M. De Luca.) 368 BERTHELOT. — Décomposition des éthers par les alcalis anhydres. (En commun avec M. de Fleurieu.) toao — Recherches sur la maturation des fruits. (En commun avec M. Buignet.) 1094 BERTRAND est nommé Membre de la Com- mission du grand prix de Mathémati- ques ( question concernant les surfaces applicables) 5a BLANCHI — Note sur l'éclipsé totale de soleil observée àVittoria (Espagne) le 18 juillet 1860 223 et 3o3 BIBLIOTHÉCAIRE PRINCIPAL DU BRI- TISH MUSEUM (M. le) annonce l'en- voi d'une série de publications faites par cet établissement 298 B1ENAYMÉ présente un livre de M. Pi- carte, intitulé : « La division réduite à une addition» 889 BILLIARD. — Addition à un précédent Mé- moire intitulé : Établissement du phéno- mène de l'hématose 980 BILLOD. — Note sur la mélancolie avec stu- peur, considérée comme signe précurseur de la paralysie générale 533 B10T. — Note confirmative des résultats an- noncés par M. Ci: rie t dans la séance du i5o ( 1 (fc Page». â3 juillet 1860, relativement il» prodttc- tion de l'acide racémtque artificiel i53 — M. Biot fait hommage à l'Académie d'un opuscule intitulé : « Introduction aux recherches de mécanique chimique dans lesquelles la lumière polarisée est em- ployée auxiliairement comme réactif »... i85 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. BreWster sur un point de l'histoire de l'optique 467 BIZIO. — Réponse à une réclamation de prio- rité élevée en faveur de feu M. Fasinieri. 37a BLANCHARD. — Recherches anatomiques et physiologiques sur le système tégumen- taire des Reptiles aia — Des modifications dans la conformation du cœur chez les oiseaux. . . , 713 — M. Blanchard est présenté par la Section d'Anatomie et do Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . Duméril 983 BOBLIQDE. — Sur l'emploi agricole des no- dules de phosphate de chaux. .......... ;63 BOBOEUF. — Solutions aqueuses des huiles essentielles du goudron de houille: supé- riorité de ces composés sur ceux qu'on prépare avec le coaltar 61 BOCHET — Nouvelles recherches sur le frot- tement dans le glissement de lagons- traîneaux sur rails de chemins dé fer. .. . 974 BONN AFONT. —Traité théorique et prati- que des maladies de l'oreille 5a BORDAS. — Notes sut diverses questions con- cernant la minéralogie et iapaléôntologie. 897 BOU1SSON. — Remarques sur quelques va- riétés de l'hypospadias et sur le traitement chirurgical qui leur convient 552 BOURGAREL. — Sur les races de l'O- céanie française et en particulier sur celles de la Nouvelle-Calédonie 1007 BOORGET et F. Bkrnaud. — Mémoire sur les vibrations des membranes élastiques .... 3aa BOURGOGNE. — Lettre accompagnant l'en- voi de son Mémoire sur les paralysies qui peuvent se montrer pendant le cours du choléra , j3o i3* ) BM. Vages BOURGUET. — Mémoire sur les régénéra- tions osseuses 208 BOUSSINGAULT. — Observations relatives au développement des m^codermes 671 — Fragment d'un Mémoire sur les gisements du guano dans les îlots ut sur les côtes de l'océan Pacifique 844 — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. L. Pasteur sur lé mole de nutrition desMucédinées 711 BOUVIER. — Note sur l'origine des divers types des mesures itinéraires des Anciens. 577 BRENNA. — Lettre concernant une JNote adressée au concours pour le prix du legs Ëréan t 543 BRETON , de Champ. — Note sur la question u des Porismes io34 BRETON ( Ph.) — Note sur la classification des polyèdres 72a BREWSTER (sirDavid). — Observations sur un point de l'histoire de l'optique. 273 et 4^5 BR1ERRE DE BOISMONT — De la perver- sion des facultés morales et affectives dans la période prodrômique de la para- lysie générale des aliénés, au point de vue delà médecine légale foi et 664 BRITISH MUSEUM (le) remercie l'Aca- démie pour l'envoi du tome XXX de ses Mémoires « 821 BRONGNIART est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (question concernant l'influence des Insectes sur la production des maladies des plantes). . . 123 BRONN. — Remarques à l'occasion d'un tra- vail de M. Chatin sur la mesure des di- vers degrés de perfection organique des espèces végétales 53^ et y53 BROTHIER.— Théorie générale des signes de la divisibilité des nombres 297 BRUNET. — Recherches sur les néomembra- nes et les kystes de l'arachnoïde 576 BUIGNET.— Recherches sur la matière sucrée contenue dans les fruits acides; son ori- gine, sa nature et ses transformations. . 894 — Recherches sur la maturation des fruits (En commun avec M. Berthelot.) 1094 CAILLETET réclame la priorité "pour une part des faits signalés par M. Ch. Tissier dans sa Note sur l'amalgamation de l'alu- minium ....'.'. IV".*. V g5l CALLAUD.— Lettre concernant son Mémoire sur un système de ptfes sans vases poreux. a;a CANNIZZARO. — Sur l'alcool anisique et sur un nouvel acide homologue à l'acide anisique , 606 CANTAGREL présente un instrument qu'il désigne sous le nom d'indique-fuite des ap- pareils â gaz, et une Note sur le moyens de ( M MM. Pagei. découvrir le» Cuites dans les appareils à gaz. 947 et 1089 CANTEGRIL, Jeandel et IJellaud. — Études expérimentales sur les inondations 1011 CANTOR. — Sur l'époque à laquelle a vécu le géomètre Zénodore; Lettre à M. Chastes. 63o CAHON. — Figure et description d'un in- jecteur automoteur pour les locomo- tives 1 3a CARLET.— Recherches sur les produits d'oxy- dation de la dulcine par l'acide aiotique : production de l'acide racétnique arti- ficiel. . . i3? CARON. — Sur la cémentation du fer '. . 564 — Sur l'analyse et la constitution chimique des fontes et des aciers g38 CARRE. — Note sur un appareil propre à produire du froid ioa3 CARVALLO. — Recherches expérimentales sur les lois des transports ascendants à la brouette et à la voiture 760 CASTELN AU ( H. de ). - Note, sur l'interdic- tion des aliénés 643 CASTELNAU (F. de). — Note sur des trom- bes multiples observées près des cotes de Singapore 688 CHAMPOU1LLON.— Note sur la rubéfaction produite par le contact des nids du Bom- byx processionnaire 364 CHANCEL. — Sur la détermination de l'acide phosphorû)ue dans les substances natu- relles complexes , et particulièrement dans celles qui contiennent du fer 882 CRANCOURTOIS (DE).-Sur la distribution des minerais de fer. (Lettre à M. Éliedc Beaumont.) 4'4 CHASLES. — Propriétés relatives au dépla- cement fini quelconque, dans l'espace, d'une figure déforme invariable. 855 et go5 — M. Chastes fait hommage à l'Académie du volume intitulé : « Les trois livres de Porismesd'Euclide, rétablis pour In pre- mière fois d'après la Notice et les Le m nies de Pappus » 377 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Breton, intitulée : «Ques- tion des Forismes » io36 — Sur les Porismes. Réponse aux réclama- tions adressées par M. Breton, de Champ, dans, les séances des 21 et 28 mai, et du 26 décembre - 1 0 yi — M. Chastes communique l'extrait d'une Lettre de M. Cantor, professeur à l'Uni- versité d'Heidelberg, relative à l'époque a laquelle a vécu le géomètre grec Zéno- dore G3o — M. Chastes, en qualité de président, dépose sur le bureau un exemplaire des discours 33 ) MM. Pagw. prononcés sur la tombe de M. DumérJl, au nom de la Faculté de Médecine, de, l'Académie impériale de Médecine, de la Société En tomologique de France, et une Notice nécrologique par M. Ch, Du- noyer, Membre de l'Institut ... 619 — M. le Président invite M. Geqffroy-Saint- Hilaire à être l'interprète de» sentiment» de ses confrères près de M. Becquerel, qu'un accident grave retient éloigné de l'Académie. . i<>43 — M. le Président annonce que le volume L des Comptes rendus et le volume X des Mémoires de V Académie des Sciences mo- ral» et politiques sont en distribution au Secrétariat 6g5 et 799 — M. le Président communique une Lettre de M. Poucet sur la découverte récente d'un important gisement d'argent dans la province de Catamarca (Confédération Argentine) Gf>4 — Une Note de M. Dubois: Eléments appro- chés de la planète (59) 6(3 — Et une Lettre de M. Jomard, accompa- gnant l'envoi d'un Mémoire de Mahmoud- Ber, sur l'observation faite à Dongolah (Nubie) de l'éclipsé du 18 juillet 1860. . . 680 M. Chastes est nommé Membre delà Com- mission du grand prix de Mathématiques, question concernant les surfaces applica- bles 5a CHATELAIN. — Mémoire sur un nouveau procédé pour la fabrication du sucre de betterave.. 289 ÇHATIN. — Note sur la présence de l'iode dans les eaux pluviales de la Tos- cane 496 -- Ordre des Thésiacées ou Bantalacées ; rap- ports de leur structure anatomique avec leur classification 5<}i 7- Formation du genre Dufrenoya et rétablis- sement d'un genre Sphœrocarya 67 5 — Des rapports de l'anatomie des Thésiacées ou Bantalacées avec l'anatomie générale. et avec la physiologie 719 7— Remarques concernant la question de prio- rité soulevée par M. Bronn pour des ro cherches sur la mesure des degrés divers de perfection organique des espèces vé- gétales — Sucs nourriciers des végétaux; existence dans tous les tissus en voie déformation et de végétation active d'un principe im médiat, incolore, neutre, azoté et non coagulable 8.0 ÇHAUYEAU. — Résultats concernant la vi- tesse de la circulation artérielle, d'après i5o.. ( » «M. Pages. les indications d'un nouvel hémodro- momètre 9J8 CHAZEREATJ. — Résultats des analyses de 268 échantillons de marne 60 CHEVALLIER (A.) — Mémoires sur les allu- mettes chimiques 946 CHEVREUL. — Note sur les étoffes de soie teintes avec la fuchsine, et réflexions sur le commerce des étoffes de couleurs .... j3 — Sur une question relative à la loi du con- traste simultané des couleurs; remarques faites à l'occasion de certaines circon- stances notées par M. Laussedat, dans une observation d'éclipsé solaire 4 '|8 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. A. Damour : changements con- statés dans les produits gazeux de cer- taines sources minérales observées en différents temps 563 — Du rôle de la synthèse dans la chimie; remarques accompagnant la présentation d'un ouvrage deM. Berthelot 342 — M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un Mémoire Intitulé : « Notes histori- ques sur la nature immédiate de l'amer de Welter et de l'amer au minimum (acide indigotique) n 79 — M. Chevreul présente, en son nom et celui de M. Payen, le compte rendu de la séance annuelle de la Société d'Agricul- ture de France 377 — M. Chevreul présente, au nom de M. Âug. Cahours, la 2e édition de son « Traité de Chimie générale élémentaire...... 948 CHICHKOFF — Sur la formule rationnelle de l'acide fulminique 99 CICCONE. — Recherches sur la nature des globules ovoïdes dans les vers à soie. . . . 260 CIMA . — Remarques à l'occasion d'une com- munication do M. lanssen sur l'absorption de la chaleur rayonnante obscure dans les milieux de l'œil 3o3 CLOQUET (Jm.es). — Observations sur les préparations auxquelles on soumet les peaux des divers animaux dans les arts industriels 547 COFF\N. — Note accompagnant une collec- tion de coquilles recueillies par lui dans la Nouvelle-Calédonie 52 — Rapport sur cette collection; Rapporteur M. Valenciennes 27g COINDE. — Recherches sur les phéno- mènes chromatiques dans toute l'échelle zooiogique 172 — Liste a ciseaux obtenus à l'île Saint-Paul dans la mer du Kamtschatka, et de Co- léoptères des îles Aleutiennes 209 34 ) ««• P.g«. — Note sur une espèce de Gremille (Ace- rina) provenant de la Saône 325 — Note sur les poissons fluviatiles de France. 63o — Note sur deux espèces d'Epizoïques qui vivent sur le Flammant 3a(J COINZE. — Mémoire ayant pour titre : « Principes tirés des loisde la nature,ap- pliqués à la culture spéciale du tabac ». 62 COITANT. — Lettre concernant des pièces précédemment déposées relatives à son procédé pour la confection des papiers de sûreté j8j COLIN. — De la production du sucre dans ses rapports avec la résorption delà graisse et la chaleuranimale pendant l'abstinence et l'hibernation ., 68 COMITÉ DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE STÏR1E (le), adresse la neuvième livraison de ses publications 63 COMMISSION CENTRALE ADMINISTRA- TIVE (la), transmet une Lettre de M. le Ministre d'État, qui a dans ses attribu- tions, depuis le décret du 5 décembre 1860, le service de l'Institut 055 CONTEJEAN. — Étude de l'étage Kimméri- dien dans les environs de Montbelliard, le Jura, etc.: Présentation de cet ouvrage par M. Êlie de Beaumont, et Lettre de l'auteur , accompagnant l'envoi d'un second exemplaire 63 et 1019 COQDAND est présenté par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant ggq CORLIEU. — Études sur les causes de la ly- pomanie ou folie mélancolique 888 CORNAL1A. — Maladie des vers à soie; moyen de reconnaître la graine provenant de papillons atteints par la pébrine 210 CORVISART. — Lettre concernant son tra- vail sur une fonction du pancréas |50 COSTE est nommé Membre de la Com- mission du prix de Physiologie expéri- mentale ._ COULVIER-GRAVIER. - Observations d'X toiles filantes du i3 juillet au 12 août. Aurores boréales des 9, 10 et 12 août... 262 — Étoiles filantes de la nuit du 12 au l3 no- vembre _-5 COURBON. — Résultats relatifs à l'histoire naturelle obtenus dans le cours d'une exploration de la mer Rouge et de l'Abys- sin ie exécutée en i85g-i86o 85 COUTURIER. - De l'assimilation de l'a- zote par les ferments ,a- — Des transformations de la fermentation alcoolique : production d'azote par une substance végétale privée d'azote 598 ( n35 ) MM. CURATEURS DE L'UNIVERSITE DE LEYDE (MM. les), an nom des Uni- versités Néerlandaises et des Athénées d'Amsterdam et de Deventer, adressent Pages. UU. P.g». un exemplaire de leurs Annales pour l'année 1856-1857 6» CZERMAK.-LettreàM. Flourens, surlesrc'sul- tatsdelasection descanauxsemicirculaires. 831 D'ABBADIE, voir Abhadie (Ant. d\) D'ALMEIDA et Dehérain. — Surl'électrolyse d'un mélanged'alcool et d'acide azotique. ai4 DAMBRE. — Lettre accompagnant l'envoi d'un Traité de Médecine légale et de Ju- risprudence de la Médecine 577 DAMOUR (A. ). Observations recueillies dans une traversée d'Europe aux Antilles. Observations faites à la montagne de la Soufrière (île de la Guadeloupe) 55g DANAetSiLLiMAN adressent trois numéros de leur journal et annoncent que cet envoi sera continué n 02 D'ARCHIAC. — Note accompagnant la pré- sentation du VIIIe volume de ses « Pro- grès de la Géologie » 4^4 — M. d'Archiac fait hommage à l'Académie de sa Notice biographique sur M. Dufrénoy. 162 DARESTE. — Note sur un poulet hypéren- céphale 219 DAUBRÉE est présenté par la Section de Minéralogie et do Géologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 689 — M. Daubrée est élu Correspondant de l'A- cadémie pour la Section de Minéralogie et de Géologie 709 — M. Daubrée adresse ses remercîments à l'Académie 757 DAUSSY. — Sa mort arrivée le 5 septembre est annoncée à l'Académie dans la séance du 10... 377 DEBRAY. — Note sur la fabrication de l'oxy- gène. (En commun avec M. H. Sainte- Claire Deville. ). • 822 DEBOUTEVILLE. — Maladies et régénéra- tion de la pomme de terre 642 DECA1SNE. — Rapport sur un Mémoire de M. Weddell, relatif au Cynomorium coc- cineum 282 — M. Decaisne est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (question concernant l'influence des Insectes sur la production des maladies des plantes).. .. 123 DEHAUT. — Sur d'anciennes observations de la constance du plan d'oscillation du pen- dule libre 575 — Influence fâcheuse de l'état d'ivresse du père sur le produit de la conception. ... 670 DEHÉUAIN et D'Almeida.— Sur l'électrolyse d'un mélanged'alcool et d'acide azotique. 214 D'EICHTHAL etMEYNiEit, près de partir pour un voyage dans la Sibérie méridionale, de- mandent des instructions à l'Académie. 781 DE LASTELLE. — Nouveau système de no- tation chimique , 888 DELAUNAY. — Réponse à une Lettre de M. de Pontécoulant concernant la détermina- tion du coefficient de l'équation séculaire de la Lune t^i — Calcul des deux inégalités lunaires à lon- gues périodes découvertes par M. Hansen, et dues à l'action perturbatrice de Vénus. 6q5 — Réponse aux remarques faites par M. Le Verrier à l'occasion de la Note précé- dente 703 — Note sur le degré d'importance des erreurs signalées par lui dans le tome II des Annales de l'Observatoire 735 — Remarques à la suite d'une réponse faite de vive vpix par M. Le Verrier 746 — Réponse à l'article imprimé de M. Le Ver- rier (suite delà même discussion) 783 — Réplique à M. Le Verrier (même discussion). 79a — Observations sur le Compte rendu de la précédente séance (suite de la même discussion ) 835 — Note concernant un article fourni par M- Le Verrier au Compte rendu de la séance du 3 décembre go3 — Note de M. Delaunay accompagnant la présentation de sa « Théorie du mouve- ment delà Lune» 987 — M. Delaunay transmet une Lettre de M. l'abbé Bamel demandant pour l'Uni- versité de Québec les publications faites par l'Académie 559 DELCAMBRE. — Lettre concernant sa ma- chine pour composer et distribuer les caractères d'imprimerie 1102 DELESSE. — Recherche de l'azote et des matières organiques dans les substances minérales. 286 et 4o5 DELFRAYSSÉ. — Notes sur certains dispo- sitifs à l'usage des personnes privées d'un ou de plusieurs doigts 980 DELORE. — Sur la matière colorante des suppurations bleues ; Remarques à l'oc- casion d'une Note de M. Fordos 96 DE LUCA (S.) — Sur la température de l'eau à l'état sphéroïdal . 141 — Recherches chimiques sur les éléments mi- ( I MM. Page», néraux contenus dans la Tillandsia dian- ihoïdta 176 — Recherches sur l'iode atmosphérique 177 — Recherches sur le foie et sur les matières grasses provenant du contenu de l'appa- reil circulatoire d'un individu atteint d'atrophie du pancréas 217 — Recherches chimiques sur l'essence de Ci- trus-lumia. 258 — Recherches sur le fluorure de calcium de la Toscane et sur l'équivalent du fluor. . 29g — Note sur la préparation du fer réduit par l'hydrogène et sur la manière de le pré- server de l'oxydation 333 — Recherches sur la constitution chimique de la phillyrine. ( En commun avec M. Bcrtagnini. ) 368 DELUYNES. —Sur la génération de l'acide fuchsique au moyen de l'aniline. (En commun avec MM. Persoz et Salvétat.). . 538 DEMARQUA Y — Mémoire sur les modifica- tions imprimées à la température animale par la ligature d'une anse intestinale... pjj4 DEMEATJX. — Fâcheuse influence exercée sur les enfants par l'état d'ivresse du père au moment da la conception 576 — Note surune nouvelle émulsion decoal-tar et sur ses applications h la médecine et à l'hygiène 9-9 DEMIDOFF. — Sur un second exemple de re- production de l'autruche en Europe. (Let- tre à M. Geqffroy-Saint-Hilaire.) . 3iO DENEFFE. — Expériences concernant la durée de la vie chez des Batraciens ren- fermés dans des cavités plus ou moins exactement closes 898 DESBOIS. — Causes de l'infériorité de l'hom- me comparé aux oiseaux, relativement à la locomotion aérienne : moyens de re- médier à celte infériorité. ai D'ESCAYRAC DE LAUTURE. — Usage de l'abacus ou Souwan-pan chinois. ( Lettre à M. Chastes.) 88 DESPRELS. — Note sur l'équivalent mécani- que de la chaleur. 364 — Note relative à une expression analytique de l'équivalent mécanique de la chaleur. 496 DESPRETZ. — Remarques a l'occasion d'une Note de M. Caron sur la cémentation du fer. 56g —M.Desprelz présente, au nom de M. 1, Tyn- dall, un ouvrage sur les glaciers des Alpes. 210 — Et, au nom de M. Trippier, un appareil électro-médical 809 — M. Desprett est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (question con- cernant les courants thermo-électriques). 84 DESSAIGNES. — Acide malique obtenu par la désoxydation de l'acide tartrique... 3ja i36 ) Pag». DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE PHY- SIQUE CENTRAL DE SAINT-PÉ- TERSBOURG (M. lr). — Lettre ac- compagnant l'envoi d'un exemplaire de son Rapport pour l'année i858. 821 DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES (M. le) adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du Tableau gé- néral du commerce de la France avec ses colonies et avec les puissances étrangères pendant l'année i85g 600 DRUHEN. — Lettre accompagnant l'envoi d'un ouvrage intitulé: 3 • M. Élie de Beaumont signale un Rapport de M. dguilar, sur les principaux résul- tats obtenus dans l'observation faite ai Desierto de las Palmas, de l'éclipsé de soleil du 18 juillet 1860, et présente, au nom du même savant, les épreuves posi- tives de quatre photographies prises durant l'éclipsé 4iact 889 ( ix38 ) MM. Pages. — « M. Élie de Beaumont présente une épreuve de deux gravures faites sous la direction du P. Secchi d'après des photographies prises dans le même lieu (le Desierto de las Palmas) durant la même éclipse. 890 — Un Mémoire de M. Daubrée, intitulé : . Ibid. — M. Haton de la Goupillière. — Éléments du calcul infinitésimal i33 — M. B. Thomassy. — Géologie pratique de la Louisiane Ibid. — M. Savoyen. — Nouvelles études philoso- phiques sur la dégénération physique et morale de l'homme Ibid. — MM. Henneberg et Stohmann. — Essais pour établir les bases d'une alimentation ra- tionnelle des Ruminants 134 MM. P.gea. — M. Beech. — Théorie de l'injecteur auto- moteur des chaudières à vapeur de M. Giffard aïo — M. E. de la Barre Duparc. — Histoire de l'art de la guerre avant l'usage de la poudre Ibid. — M. Brevard. — Les sinistres de mer rendus dix fois moins fréquents 298 — M. /. de la Gournerie. — Traité de Géo- métrie descriplive (première partie).. . . 412 — M. Kokscharow. — Matériaux pour servir à la minéralogie de In Russie 765 — M. Pelermann. — Notice sur les itinéraires de M. P. de Tchihatcheff dans l'Asie Mi- neure et l'Arménie Ibid. — M. Larligue. — Instructions nautiques sur les côtes de la Guyane française 890 — M. N. Basset. — Précis de Chimie pratique. 981 — M. H. Nordlinger — Prppriélés des bois considérés au point de vue de la tech- nologie et de la silviculture Ibid. — M. Poey. — Divers opuscules relatifs à la météorologie, à la géographie, etc., de l'île de Cuba 1089 — M. Élie de Beaumont est nommé Membre de la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place vacante dans la Section de Géographie et de Na- vigation 917 ENGELHARDT. — Sur la formation de la glace au fond de l'eau a3 — Lettre concernant son Opuscule sur les altérations frauduleuses de la garance et de ses dérivés , 5o FABRE. — Sur les rapports du goitre et du crétinisme 34 FAIVRE (E.). — De l'influence du système nerveux sur les mouvements respiratoires chez les Dytisques 53o — Lettre concernant son travail sur les modi- fications qu'éprouvent après la mort les propriétés des muscles et des nerfs chez les grenouilles 634 FARNAM-MAXWELL-LYTE. — Observa- tion de l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860, faite dans les Pyrénées , en commun avec M. Michelier 181 FARNACLT (Mm8 veuve) adresse une série de travaux mathématiques de feu M. Far- nault 963 FASOLI. — Sur l'emploi des contre-poisons en général et en particulier du sesqui- oxyde de fer dans l'empoisonnement par l'acide arsénieux 173 FAVRE. — Recherches sur l'affinité chimi- que 3i6 — Appareil pour l'étude de l'influence de la pression sur quelques phénomènes phy- siques et chimiques 827 et .1027 FAYE. — Nouvelles expériences faites avec la machine de RuhmkorfF, pour mettre en évidence la force répulsive des surfaces incandescentes 37 — Sur l'éclipe solaire du 18 juillet : indica- tion des faits observés à Castellon de la Plana (Espagne), par M. von Feilitzsch,4 319 — Sur l'éclipsé totale du 18 juillet dernier et sur les observations de M. Plantamour. . . 378 (1 HU. Pa8cl. — Remarques sur l'hypothèse de l'atmosphère de la Lune, à l'occasion d'une communi- cation faite par M. Laussedat 445 — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. D'Abbadie sur l'éclipsé totaledui8juil- let 1860 .-.. 708 — Rapport sur les observations de l'éclipsé solaire en Algérie 990 — Sur les franges d'interférences qui se sont montrées en Algérie durant l'éclipsé solaire; Note lue à la suite du précédent Rapport 999 — Sur une relation géométrique entre l'hélice et la cycloïde : analyse d'un travail de M. Dunesme 890 — Note sur les courbes par lesquelles M. Park Harrison a représenté l'influence de la Lune sur la température 8gi FAYET. — Appendice à des recherches sur la population de la France précédemment présentées 253 FERGUSON a découvert à Washington, le i5septembre 1860, une nouvellepetite pla- nète (Communication de M. Le Verrier). 547 FERMOND. — Études comparées des feuilles dans les trois grands embranchements végétaux 1070 FICKEL. — Lettre accompagnant l'envoi d'un ouvrage destiné au concours pour le prix du legs Bréant ' 939 FIEVET. — Mémoire sur le choléra-morbus. 939 FISCHER (At).— Note surl'étherœnanthique. 104 FLEURIEU (de)- — Décomposition des éthers par les alcalis anhydres. (En commun avec M. Berthelot.) 1020 FLOURENS. — Note sur le diagnostic des apoplexies ; Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Poelmans sur un cervelet pétrifié 747 — Nouvelles expériences sur la coloration des os du fœtus par le régime de la mère. . . 1061 — - M. le Secrétaire perpétuel dépose sur le bu- reau un exemplaire des discours qui ont été prononcés aux funérailles de M. Du- méril, par MM. Milne Edwards, Geoffroy- Saint-Bilaire et Valenciennes 3og — M. le Secrétaire perpétuel communique une Lettre de M. Fare, sur les faits con- statés par M. von Feilitzsch dans l'obser- vation faite à CastelJon de la Plana (Espagne), de l'éclipsé solaire du 18 juillet 229 — M. le Secrétaire perpétuel communique une Lettre de M. Ehrenberg qui , nommé à une place d'Associé étranger, adresse ses remercîments à l'Académie. . 3og •» M. le Secrétaire perpétuel présente une Notice des travaux scientifiques de M. de Tessan g8g C. R., 1860, a»* Semestre. (T. LI.) *39) Mil. Pige». -• M. le Secrétaire perpétuel donne connais- sance à l'Académie d'une Lettre d'in* vitation pour l'inauguration du Jardin Zoologique d'acclimatation du" Bois de Boulogne 558 — M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance, plusieurs publications récentes de l'Académie impériale des Sciences de Sainl-Pétersbourg loao — M. Flourens présenle, au nom de l'auteur, M. Sédillot, un Mémoire sur l'évidement des os a53 — M. Flourens fait, d'après sa correspondance privée, les communications suivantes: — Lettre de M. Joly, concernant l'action de la garance sur les œufs de poule et les dents des mammifères >o5 — Lettre de M. Motet, concernant un cas de reproduction complète des os 60 1 — Lettre de M. de Castelnau, sur des trombes multiples observées près des côtés de Sin- gapore 688 — Lettre de M. Czermak, concernant les résultats qu'il a obtenus en répétant les expériences sur la section des canaux semi-circulaires • • • 821 — M. Flourens met sous les yeux de l'Aca- démie un nouveau volume des Comptes rendus et Mémoires de la Société de Biolo- gie et en indique brièvement le contenu. 687 — M. Flourens présente un Mémoire de M. de Mardigny sur les inondations des rivières de l'Ardèche 326 — Un Mémoire de M. Alph. Milne Edwards intitulé : h Etudes physiques et physiolo- giques sur les os. » Ibid. — Une Note de M. Wothly concernant un procédé pour l'agrandissement des photo- graphies sur collodion, accompagnée de plusieurs images grandies par ce procédé. 558 — Un ouvrage posthume de feu M. G. Venerio, contenant les résultats d'observations météorologiques faites à Udfne dans le Frioul , a53 — M. Flourens présente les ouvrages ci-des- sous désignés au nom des auteurs dont les noms suivent : — M. Gallo, de Turin. — Introduction à la mécanique et à la physique générale 28 — M. Mantegazia. — Mémoire sur la vita- lité des zoospermes de la Grenouille. . . . a54 — M. Slilling. — Sur la structure de la moelle épinière • 601 — M. Zinno. — Mémoire sur les accidents qui peuvent suivre l'inhalation de l'éther et du chloroforme, et sur ks moyens de combattre ces accidents. , 687 i5i ( t*4o ) **; r p«s*». — Mi Isaac Lea. — Études du genre Unio. . 731 — M; Longet. — Nouvelle livraison de son Traité de Physiologie il t . . ■ t U.H4 1 1 < 1 821 — M. Schilling. — L'Orthopédie du temps présent ti ■ 821 — M. de Pontécoulant. — Observations sur !• perfectionnement des Tables de là Lune. ... i ....,., , ..*».*.. 1 . « 1 » . 1019 — M. Martin de Moussy, le premier et le se- cond volume de sa a Description géogra- phique et statistique de la Confédération Argentine » ;, i.... a8 et 1019 ■ M. Flourens est nommé Membre de la Commission du prix de Physiologie expé- rimentale 1 . . , . 1 j FONTENAY (de) et Ruolï. — Remarques a l'occasion d'une communication de M. Ca- ron sur la cémentation du fer 664 — Noté et pièces justificatives à l'appui de cette réclamation 0/7 FORDOS. — Recherche» sur la matière colo- rante des suppurations bleues : pyocya- "ine ,... 21 5 et 36a — Réponse a une réclamation de priorité adres- sée a ce sujet par M. Delore 362 FOURNET. — Coordination des observations faites sur le Rhône au pont Morand, à «m. p,g«. Lyon, pendant la période de 1826 a 1855 864 et 955 "■ Note sur la diffusion d'une matière orga- nlco-minérale et sur son tôle de principe colorant dans les minéraux et dans les roches , 3g — Sur le caméléon organico-minéral des ar- giles tertiaires de la montagne d'Oum- Théboul 79 — Note sur la matière colorante organico- minérale de certains jaspes de la province de Constantine 113 FRAISSE. — Lettre concernant son Mémoire sur les moyens de prévenir les inonda- tions 6i5 FREMONT. — Annonce d'un Mémoire sur la statistique du départementduCher'. 1088 FREMY. — Sur la constitution chimique des fontes et des aciers; remarques à l'occa- sion d'une Note de M. Caron sur la cé- mentation du fer. • ^67 — Recherches chimiques sur le latex et sur le ca m li i uni 647 FUSINIERI (Mm*). —Suite à la réclama- tion de priorité soulevée en faveur de feu M. Fusinieri contre M. Bizio. 5°7 GABÉ. — Noté concernant un remède contre le choléra-morbus 730 GAUDRY. — Résultats des nouvelles fouilles exécutées sous les auspices de l'Acadé- mie 3 Pikermi (Grèce); Lettre à M. le Secrétaire perpétuel et Lettre à M. d'Ar- chiac , 45; et 45g — Détermination géologique de la couche fossilifère de Pikermi 5oo — Lettre concernant l'envoi des fossiles de Pikermi annoncés dans une .précédente communication.. 5oa — Lettre annonçant l'arrivée au Muséum d'histoire naturelle de ces fossiles 634 — Résultats de l'exploitation du gisement fossilifère de Pikermi 780, 802 et 936 GAUGAIN. — Expériences confirmant, dans une certaine mesure, la théorie de la force électromotrice de Volta 461 — Note sur les coefficients de charge des fils télégraphiques 638 — Propagation de l'électricité : perturbation résultant de l'action de l'air ou de l'isole- ment imparfait des conducteurs g32 GAULTIER DE CLAUBRY. — Lettre sur deux halos lunaires récemment observés. 614 GÉLIS. — Recherches sur les sucres 33 k GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. — Remar- ques à l'occasion d'une communication de M. le prince A. de Demidoff sur un se- cond exemple de reproduction de l'Au- truche en Europe 3i2 ~i Sur les diverses tentatives d'introduction et d'acclimatation du lama et de Palpaca en dehors de l'Amérique, cl particulière- ment sur le troupeau qui vient d'arriver à Paris 429 — Classifications zoologique et anthropologi- que; communication accompagnant- la présentation de trois tableaux synopti- ques 432 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation deM. Lacaze-Duthiers sur un point de l'organisation 'des Vermets 882 ki M. Geqffroy-Saini-Hilaire présente le pre- mier fascicule des « Mémoires de la So- ciété d'Anthropologie » 182 — Et un travail de M. Pucheran sur les ca- ractères zoologiques des Mammifères dans leurs rapports avec les fonctions de la lo- comotion 889 >— M. Geoffroy -Saint-Eilaire est nommé Mem- ( 1 MM. Pages. bre de la Commission pour la révision des comptes 161 GERARDIN. — Note sur le bichlorure d'é- tain considéré comme un dissolvant.. . . 1097 GERVAIS. — Note sur la présence du grand daim et du renne parmi les fossiles du m idi de la France 634 — M. Gervais est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duméril g83 GÉRY. — Action du coal-tar saponiné pour empêcher la formation du pus. (En cum- in un avec M. Lemaire.) 68 j GIRARD adresse au concours pour le prix Cuvierde 1860, trois volumes concernant les Poissons et Reptiles des Etats-Unis. . . 1018 GIRARD1N. — Analyse de l'engrais flamand. 751 GIRAUD-TEULON. - De l'unité de juge- ment ou de sensation dans l'acte de la vi- sion binoculaire 17 GLAISE. — Études sur la lumière, applica- bles à la démonstration de l'atmosphère de la lune et au phénomène de la dif- fraction ■.!'!; — Description et modèle d'un photomètre de son invention 664 GOLDSCHMIDT. — Observations faites à . Vittoria (Espagne) de l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860 a65 — Découverte d'une nouvelle petite planète. 5o4 — Observation de la nouvelle planète faite à Bilk, par M. Luther, qui lui a donné le nom de Danaé.... 538 — M. Goldschmidt adresse, au nom de M. Luther, les éléments de la planète Danaé 688 GODLIER. — Note accompagnant l'envoi d'images photographiques de l'éclipsé faites à Metz par M. Lamey 148 GODRIET. — Surl'assimilation du phosphate de chaux et la nécrose pbosphorée 253 GOUYON. — Sur une opération pratiquée dans les cas de croup où l'on a coutume de recourir à la trachéotomie, et sur quel- quesautres procédés médico-chirurgicaux propres à l'auteur ia6 GOVI. — Sur la polarisation de la lumière par diffusion 36o et 66g — Sur une ancienne détermination du nom- bre absolu des vibrations du diapa- son 45o GRAS ( Scipiok ). — Lettre concernant son Mémoire sur un cas d'opposition entre 141 ) MM. Pije». l'ordre stratigraphique des couches et leurs caractères paléontologiques 108 GRATIOLET. — Recherches sur le système vasculaire sanguin de l'hippopotame. . 5a4 — Recherches sur l'encéphale de l'hippopo- tame , 5g5 — Des mouvements de rotation sur l'axe que déterminent les lésions du cervelet. (En commun avec M. il. Leven.)..,, gij — M. Gratiolet prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre de» candidats pour une place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie..... 9(8 — M. Gratiolet est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Dumêril , . , . g83 GREHANT. — Mesure du volume des pou- mons de l'homme ai GRIMAUD, de Caux. — Note sur les citernes de Venise... za3 — Des moyens propres à donner aux eaux pu- bliques la température et la limpidité exigées , 346 ■m De l'aménagement etdela conservation de l'eau delà pluie, pour les besoins de l'éco- nomie domestique, dans les habitations rurales et les communes dépourvues d'eau courante 49° GCÉRIN-MÉNEVILLE. — Éducation en plein air du ver à soie de l'Allante ia5 — Note sur la première éducation en grande culture du ver à soie de l'Ailante 655 — Hybride du Bombyx grand Paon et du Bombyx moyen Paon 774 GTJGGENBUEHL. — Sur l'établissement de l'Abendberg et la nécessité d'une statisti- que européenne du crétinisme et de l'idiotie , . , Q^f GUIGARDET. — Modifications apportées à sa lampe pour les travaux sous-marins. . 897 GU1LBAULT. y Addition à son Mémoire sur la direction des aérostats., , i33 GDILLEMIN. — Surladirectiondes courants induits lorsque le fil inducteur fait partie d'un fil télégraphique 1^2 — Sur les câbles télégraphiques 554 GUILLON prie l'Académie de vouloir bien constater l'état d'un malade qu'il se pro- pose d'opérer au moyen de son brise- pierre a levier 7.I'.' — Réclamation de priorité à l'occasion d'une communication de M. fleurleloup sur un instrument de litbotripsie g5î i5i.. ( "4a) H ■m. P-ges. HATON DE LA. GOUPILLI :HE. - Théorie du régulateur Duvoir.. ...... , 53 HENRY (Mme). — Note sur les maladies des vers à soie 665 HERMITEest nommé Membre de la Commis- sion du grand prix de Mathématiques (question concernant les surfaces appli- cables.) 5a HERSCHEL remercie l'Académie pour l'en- voi qui lui a été fait de plusieurs volumes des Mémoires de V Académie et des Camp tes rendus 67 1 HERVÉ MANGON. — Sur la théorie de la nitrification; remarquesà l'occasion d'une communication récente de M. Millon... 5g8 — Note sur un nouveau pluvioscope g36 HESSE — Lettre accompagnant l'envoi d'em- bryons de Caliges fixés à leurs mères, et d'embryons de Trébies fixés aux bran- chies d'un Gade , 71 HERVIER. — Emploi du permanganate do potasse pour reconnaître et doser la matière organique dans les eaux miné- rales g^5 HEURTELOUP. — Notes sur le porte-à-faux à deux leviers 804 et 1018 HOFFMANN. — Note concernant l'action rubéfiante des bains animés par une UU. P»|M. petite quantité d'essence de térében- thine. . ; 3?.G HOFMANN. — Faits pour servir à l'histoire des ammoniaques composées a34 — Remarques sur les densités de vapeur dites anomales , a3G — Note concernant les bases diatomiques à phosphore et arsenic 3l3 — Remarques sur les bases polyatomiques des séries d'azote, de phosphore et d'ar- senic 3g5 HOLLARD prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour une place vacante dans la Sec- tion d'Anatomie et de Zoologie 888 — M. Hollard est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duméril gS3 HOTJEL.'— Eclipse solaire du 18 juillet 1860,- observations de physique et de météoro- logie faites à Bordeaux pendant l'éclipsé. (En commun avec MM. Baudrimonl, Paulin, Royer et Micê . ) 1^5 HOUZEAU. — De la nitrification instantanée de l'ammoniaque à une basse tempéra- ture; remarques à l'occasion d'un Mé- moire récent de M. Hilton 764 INMAN (Thomas) annonce l'envoi d'un Mé- moire sur la myalgie. 1 103 INSTITUT ROYAL LOMBARD DES SCIENCES, LETTRES ET ARTS (l') adresse plusieurs parties nouvellement parues de ses publications, et remercie l'Académie pour l'envoi du XXVIIe vo- lume des Mémoires, deuxième partie... 62 INSTITUT ROYAL MÉTÉOROLOGIQUE " DES PAYS-BAS (l') adresse le volume de ses Annales pour l'année i85g Coi JANSSEN (J.). — Absorption de la chaleur rayonnante obscure dans les milieux de l'œil — Lettres à l'occasion d'une communication de M. Cima sur la chalour rayonnante obscure dans les milieux de l'œil. 373 et JAUBERT présente, au nom de M. de la Tramblais, un Mémoire intitulé : « De la mortalité et de sa répartition suivant les 128 S08 lieux dans les départements de l'Indre et du Cher » 1088 JEANDEL , Cantecril et Bellacd. — Études expérimentales sur les inonda- tions 1011 JEAUCOURT. — Sur l'emploi vulgarisé du chloroforme dans les accouchements. ... 620 JOBARD. — Lettre concernant deux précé- dentes communications, l'uno sur les pluies de crapauds, l'autre sur la cata- lepsie JOBERT DE LAMBALLE. — Cancer réci- divé occupant le sourcil, le dos du nez, le grand angle do l'œil droit. Ablation. Autoplastie double avec le même lam- beau '. JOLY (N.). — Nouvelles expériences concer- nant l'action de la garance 6ur les œufs de poule etsurjles dents des Mammifères. ( n43 ) Page». 834 a73 io5 MM. Pag« — Nouvelles expériences sur l'hétérogénie au moyen de l'air contenu dans les cavités closes des végétaux. (En commun avec M. Ch. Musset.) JOMARD transmet un Bapport de Mahmoud- Bey au vice-roi d'Egypte sur l'observation faite à Dongolah (Nubie) de l'éclipsé so- laire du 18 juillet 1860 JOURDES. — Sur un nouveau pyroscope... &»7 680 68 KOECHL1N. — Lettre ayant pour objet de rappeler que la découverte du rouge d'ani- line est due à M. Hofmann 5go, KUHLMANN. — Dépôt d'un paquet ca- cheté 709 LABOBDE (l'Abbé). — Vibrations tracées sur un verre recouvert de noir de fumée et reproduites par la photographie : appli- cations à diverses branches de la phy- sique 61 et 181 LACAZE-DUTHIERS. — Note sur un point de l'organisation dos Vermets 880 LAFON. — Sur-la rotation d'un corps solide au lour dé* son centre de gravité 534 LALLEMAND, Perrin et Duroy. — De l'ac- tion comparée de l'alcool, des aneslhé- siques et des gaz carbonés sur le sys- tème nerveux cérébro-spinal... 400 e' 63o LAMARRE-PICQUOT. — Physiologie com- parée de quelques animaux voyageurs : ours blanc, renard blanc, ele 946 LAMBL. — Conformation de la dernière ver- tèbre lombaire chez une femme hottentote dont le squelette est conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris 4 13 LAME. — Note accompagnant la présenta- tion de ses « Leçons sur la théorie ana- lytique de la chaleur ».. 106Î LAMEZAN (De). — Sur le problème newto- nien des surfaces de moindre résistance; application à la construction navale et aux projectiles coniques 364 LANDOIS. — Appareil hydraulique destiné à élever l'eau à toute hauteur voulue, au moyen du vide, et à l'aide de réservoirs échelonnés g4"f LANGLOIS. — Action de l'iode sur une solu- tion concentrée de cyanure de potas- sium 39 LAP1ERRE. — Échantillons d'eau de mer prise • à tous les degrés de longitude et de lati- tudedans une traversée de Taïti enFrance. 98a LAPORTERIE. — Rapport adressé à M. le Ministre do la Marine, sur un coup de foudre qui a frappé, le 10 décembre 1860, le vaisseau de l'Etat le Saint-Louis, en rade de Gaëte 1080 LAROQUE. — Note sur le mouvement gyra- toire d'une masse liquide qui s'écoule par un orifice circulaire pratiqué en mince paroi au centre de la base circulaire d'un vase cylindrique y58 LAUSSEDAT. — Observation faite à Balna (Algérie) de l'éclipsé solaire du 18 juil- let 1860 270 et 441 LE BESGUE. — Note 6ur les congruences. 9 LECLERC. — Nouvelles recherches sur la sève des végétaux et sur le rôle des tra- chées aS3 LECOQ. — Observations sur le degré d'ani- maliié et sur les espèces du genre Spon- gille, et particulièrement sur la grande espèce du lac Pavin 5 LEFÈVRE. — Influence du plomb dans la pro- duction de la colique sèche des pays chauds 807 LEFORT. — Note sur les silicates 980 LEGRAND — Traitement de l'enchondrome par la cautérisation linéaire et destructive. 818 LEGRAND (J.-N.). — Observation faite à Castellon de la Plana, de l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860 a68 LEGRAND DU SAULLE. — Note sur les dé- lires spéciaux dans la paralysie gé- nérale 1 686 ( "44 ) Pages. 373 LEMAIRE. — Emploi du coal-tar saponiné pour la destruction des insectes.. 36 et — Rôle des fnfusoires et des matières albu- minoïdes dans la fermentation, la ger- mination et la fécondation 536 et 627 — Action du coal-tar saponiné pour empê- cher la formation du pus. (En commun avecM. Géry.) 687 LENGLET. — Sur les taches et autres ap- parences observées à la surface du so- leil 3i5 LEPLAY. — Études chimiques sur la bette- rave à sucre, dite betterave blanche de Si- lésie 166 et 201 LE ROUX. — Recherches sur les indices de réfraction de quelques métalloïdes et mé- taux à l'état de vapeur 171 — Rapport sur ce Mémoire. (Rapporteur M. Babinet.) 800 LEROY. — Nouvelle table à calculer 536 LESPIAULT. — Observations faites à Bri- viesca ( Vieille -Castille) sur l'éclipsé Atalc de soleil du 18 juillet 1860 220 — Mémoire sur le mouvement des nœuds de la lune 727 LESTIBOUDOIS. — Mémoire sur la struc- ture des Cycadées 65l — Mémoire sur l'ccorce des Dicotylédones, et spécialement sur le suber 1064 LEVEN. — Noie concernant les mouvements de rotation 6ur l'axe que déterminent les lésions du cervelet. (Eu commun avec M. Gratiolet.).. gjn LE VERRIER fait de vive voix une com- munication sur les points qui, dans l'ob- servation de l'éclipsé du 18 juillet, lui semblent établis par le témoignage con- cordant de tous les observateurs a3a — M. Le Verrier annonce qu'en Amérique M.. Ferguson a trouvé, le i5 septembre, une petite planète nouvelle qui différa de celles de MM. Chacornac et Gold- schmidt , 547 — Note concernant la découverte de la petite planète n° 60, à "Washington, et de la pe- tite planète n° 62, à Berlin , 58g — M. Le Verrier annonce que les nouvelles Tables du Soleil et de Mercure, insérées dans les Annales de l'Observatoire de Paris (IV et V), ont été adoptées dans la rédaction du Nautical Almanac. — Remarques à l'occasion de ce qui le concerne dans une communication de M. Delaunay 702 — Réponse aux remarques critiques de M . De- «"• P.je., launay (suite de la précédente discus- sion) 740 — Réponse à M. Delaunay (suite de la discus- sion) 878 — Réplique a M. Delaunay (mèmediscussion). 792 — Résullatsobtenusrelativementàla planète Vénus '. 7g3 — Remarque concernant la Note lue par M. Delaunay au commencement de la séance du 3 décembre 836 — Note relative à sa discussion avec M. De- launay, remise séance tenante à M. le Président go5 LEYMERIE est présenté par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 689 LIAIS — Sur la 3* comète de 1860, observée à Olinda à dater du a6 février 65 — Observation d'une comète faite sur la côte du Brésil. (Lettre à M. Élie de Beau- mont.) 3oi — Nouvelles observations faites au Brésil de 13 3" comète do 1 860 5o3 — Sur la polarisation de la couronne des éclipses. Pointillé du soleil observé au zénith 766 L1NAS. — Note sur le délire mélancolique considéré comme précurseur de la para- lysie générale 629 LIONNET et Mïschelyhck. — Nouveau pro- cédé d'extraction du sucre de betterave au moyen de l'acide carbonique pur, ob- tenu par un nouveau mode de production industrielle 170 — Sur ce qu'il y a de neuf au point de vue industriel dans leur procédé. 362, 600 et 1017 LIOUVILLE est nommé Membre de la Com- mission du grand prix de Mathématiques (question concernant les surfaces appli- cables) 5a LONGET prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candi*- dats pour la pi ace vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie yj8 — M. Longet est adjoint a la liste de candi- dats pour la place vacante par suite du • décès de M. Duméril q33 — M. Longet est élu Membre de l'Académie, Section d'Anatomie et de Zoologie 990 LOURENÇO. — Sur les alcools polyélhyléni- ques 365 LUKOMSK.1.— Lettre concernant sa méthode de traitement do la syphilis au moyen de l'inoculation du virus vaccin 326 ( ii45 ) M HM. . Pages. MACHTJCA. — Composition du permanga- nate de potasse , ... . . 140 MAHMOOD-BEY.— Observation de l'écllpse de Soleil du 18 juillet 1860, faite à Don» golah ( Nubie ) 680 MAILLE. — Moyen d'amplifier les marées à l'embouchure des rivières 78a MAIRE DE LA VILLE DE SENS (M. le). — Lettre concernant uue statue de The- nard qui doit être élevée dans cette ville, au moyen d'une souscription aïo MAISONNECVE. — Note sur un nouveau perfectionnement apporté à l'opération des polypes nasopharyngiens 25a MALLET. — Sur les sels ammoniacaux , à tort délaissés comme engrais par l'agri* culture française 102 MANDET.— Sur la scillitine, ses caractères, sa préparation et son emploi thérapeutique. 87 MANIFICAT. — Sur un dispositif de son in- vention, dit « Système cylindrique pour carguer et larguer les voiles » &20 MARCEL DE SERRES est présenté par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des eandidats pour une place vacante de Correspondant 68g MARCHAL, de Calvi.— Sur une affection très-commune et non décrite des gencives qui occasionne la perte des dents 411 MAREY. — De l'emploi du sphygmographe dans le diagnostic des affection! val vulai- rea du coeur et des anévrismes des artères. 8i3 MARTIN DE MOOSSY. — Climatologie de Montevideo; observations météorologi- ques dans les parties de l'Amérique du Sud comprises entre le 32e et le 35e de- gré de latitude 86 MARTIN fils. — Lettre accompagnant l'en- voi de sa Topographie physique et médi- cale de la ville de Narbonne 101g MARTIN (KEaÉ). — Lettre concernant sa Note sur la formule donnée par Causs pour la détermination de la Pâque 5o8 MARTIN SAINT-ANGE Description d'un phocomèle (fœtus humain monstrueux); suivie de considérations sur le mode de développement de l'organisme humain. . g3o — M. Martin Saint-Ange prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nom- bre des candidats pour la place vacante dans la-Section d'Anatomie et de Zoologie. g47 — M. Martin Saint-Ange est présenté par la Section d'Anatomie et de Zoologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Duméril. gS3 MM. pa MARTINI (De). - Note sur la constitution *"' anatomique des nerfs des sens dans le genre Aplysia |t 535 MARTINS. — De l'accroissement nocturne do la température avec la hauteur de la couche inférieure de l'atmosphère Jo83 MASURE. — Analyse des marnes et des phos- phates par une méthode modifiée de celle de M. de Gasparin y. ai "î3o MATHIEU présente au nom du Bureau des Longitudes Y Annuaire pour 1861 , nnn — M. Mathieu est nommé Membre de la Commission pour la révision des comptes. 162 MATHIEU. — Lettre concernant ses recher- ches sur la construction des membres ar- tificiels g2 MATTEUCCI. — Sur le pouvoir électromo- teur de l'organe de la torpille..,,,... ,, lcn — Note sur l'endosmose électrique. .,,.»,., njA MAUMENÉ. — Sur la fabrication du sucre da betterave : remarques à l'occasion d'une Note de MM. Meschelj-nck et Lionnet., n5o — Réclamation à l'égard de MM. Parier et Possoz pour un procédé d'extraction da sucredebetleraveannoncé pareux comme nouveau 296 „t 664 MENE. — Sur le groupe de la montagne Noire (Aude) 3f — Note sur la solubilité des carbonate, sul- fate et phosphate de chaux dans les sels ammoniacaux ,g0 — Note sur une nouvelle espèce de cuivre gris, la Fournétite , igj MENNDÉLÉEPF. — Sur la cohésion de quelques liquides et sur le râle de la co- hésion moléculaire dans les réactions chi- miques des corps.. ..<;.....,..,.,..,, n« MERCIER. — Sur la pulvérisation des pierres dans la vessie. , g8o MERCIECL. — Nouveau mode d'emploi du soufre contre la maladie de la vigne, . , . 408 MESCHELYNCK et Liohnet. — Nouveau procédé d'extraction du sucre de bette- rave au moyen de l'acide carbonique pur, obtenu par un nouveau mode de produc- tion industrielle ijo — Lettres sur ce qu'il y a de neuf au point de • vue industriel dans ce procédé. 36a, 600 et ioJÇ ME Y. — Mémoire sur la duplication du cube. 307 MEYNIER et d'Eichtal, près de partir pour un voyage dans la Sibérie méridionale, demandent des instructions à l'Académie. 781 MICÉ. —Éclipse solaire du 18 juillet 1860: observations de physique et de météoro- logie faites à Bordeaux pendant l'éclipsé. VU. ( "46 ) Pagei. (En commun avec MM. Baudrimont, Raulin, Houel et Boyer. ) i^5 MICHELIER. — Observations de l'éclipsé so- laire du iS.juillet 18G0 faites dans les Py- rénées. (En commun avec M. Farnam- Maxwell-Lyte.) loi MILLON. — « Propriétés nouvelles du char- bon de bois ». — « Combustion du sul- fure de carbone par l'air froid. » 249 — Mémoire sur la nitrification en Algérie...- 289 — Théorie chimique de la nitrification. 548 et 819 MINISTRE DE L'AGRICULTURE, ETC. (M. le) transmet un opuscule de M. N. Bonafous sur le Vacus olcœ ( mouche de l'olivier) et sur les moyens de détruire cet insecte malfaisant 83 — Lettre annonçant l'envoi : i° de 60 exem- plaires de la 3e partie du tome Ier des « Rapports de la Commission fran- çaise sur l'exposition universelle de Lon- dres » ; 2° d'un exemplaire des n0> 2 et 3 du Catalogue des Brevets d'invention pris pendant l'année 1860 ; 3° d'un exemplaire du XCIe volume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1791 — M. le Ministre adresse pour la Bibliothèque do l'Institut un exemplaire du LVe vo- lume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1844 et deux nou- veaux numéros (4 et 6) du Cataloguo des Brevets d'invention del'année 1860 — TJn exemplaire de la carte géologique du département du Puy-de-Dôme 210 — Et un exemplaire de la carte agronomique de l'arrondissement de Toul ( Meurthe) exécutée par M. Jacquot 687 — M. le Ministre transmet une Lettre de M. Baudin, pour être jointe aux pièces déjà adressées à l'Académie, concernant la question des alcoomètres 929 — Et un Mémoire de M. Fievet sur le cho- léra-morbus Ibid. MINISTRE DE L'ALGÉRIE ET DES CO- LONIES (M. le) adresse, au nom de M. /, de Boboredo, un numéro des a An- naes do Conselho ultramarino. » 536 MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) adresse pour la Bibliothèque de l'Insti- tut les tomes I, II et III de la 3e série du recueil des Mémoires de Médecine, de . Chirurgie et do Pharmacie militaires. .. . 298 MINISTRE DE LA MARINE (M. le) trans- met une observation faite près des côtes d'Amboine par M. Trèbuchct, comman- dant la frégate la Capricieuse, sur le phéno- mène connu sous le nom den merde lait». 1010 — Lettre accompagnant l'envoi d'un Mémoire de M. Laporterie, sur un coup de foudre i?3 558 mu. P»s". qui, le 10 décembre 1860, a frappé la vaisseau le Saint - Louis, en rade de Gaëte «079 MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI- QUE (M. le). — Lettre concernant une communication de M. Passot 600 — M. le Ministre de l'Instruction publique trans- met un Mémoire de M. Soyer sur la cause du choléra-morbus et son traitement.... 5g8 — Et un second Mémoire de M. Sojrer in- titulé : « Essai d'un moyen prophylac- tique à employer contre le scorbut »... 809 M. le Ministre denjar.de pour l'école de Médecine et de Pharmacie d'Alger les Comptes rendus hebdomadaires 665 MINISTRE D'ÉTAT (M. le) qui, en vertu du décret du 5 décembre 1860, a dans ses at- tributions le service de l'Institut, fait sa- voir que c'est à lui dorénavant que de- vront être adressées, par MM. les Secré- taires perpétuels, les communications officielles concernant l'Académie 955 MOISSENET. — Du dosage de l'étain dans les minerais de ce métal 2<>5 MOITESSIER. — Notesurune source thermale découverte aux environs de Montpellier. 636 MOLESCHOTT. — Note sur la structure des follicules pileux du cuir chevelu chez l'homme, accompagnée de préparations anatomiques 7 ' " MOQUIN-TANDON est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (question concernant l'influence des Insectes sur la production des maladies des plantes).. I2Î MOREAU. — Action du curare sur la tor- pille électrique 573 MOREL demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. 374 MORIN, à l'occasion d'une Lettre de M. D'Es- cayrac de Lauture sur l'usage de l'Abacus en Chine, remarque l'intérêt qu'il y au- rait à obtenir des renseignements sur les connaissances des Chinois en géométrie. 9a — Note sur l'application à la ventilation de la chaleur développée parles appareils d'éclairage '09 MOTTET. — Observation concernant la re- production complète des os. (Lettre à M. Flourens.) 601 MOURA-BODROUILLON. — Aphonie avec productions pathologiques dans le larynx, constatées au moyen du laryngoscope. . . . 5a8 -l Des trois modes d'éclairage du larynx..... 1088 MUSSET. — Nouvelles expériences sur l'hété- rogénie au moyen de l'air contenu dans les cavités closes des végétaux. (En com- mun avec M.iV. Joly.) 637 ( "47 ) ««• pagei. NAMIAS. — Lettre accompagnant l'envoi de ses nouvelles études électro- physiolo- giques 5j6 NICKLÉS. — Classification des électro-ai- mants . 665 — Sur les relations d'isomorphisme qui exis- ■M. i'agti. tent entre le bismuth et l'antimoine. Rap- pel d'expériences sur le frottement 1097 NILSSON. — Notice sur quelques poissons du Sud qui se rencontrent parfois dans la mer du Nord..... , aia OBSERVATOIRE ROYAL DE GREEN- WICH (l') adresse une liste des volumes de ses publications dont il lui reste des exemplaires disponibles 731 OLIVIER. — De la vitesse et du débit des rivières pendant le flux et le reflux i3l OZANAM. — Note sur l'oxygène employé com- me antidote de l'éther et du chloroforme. . 5g PAGET. — Lettre accompagnant l'envoi de cartes et instructions nautiques publiées par le Bureau hydrographique de Londres. 3^3 PAPILLON. — Etude sur la densité des gaz et des vapeurs. 4^5 PAPPENHEIM. — Découverte des vaisseaux lymphatiques dans I es oreillettes du cœur : lymphatiques de la dure-mère 28 — Sur les rapports des taches endocardiennes avec les lymphatiques du cœur et avec les maladies 600 — Sur les lymphatiques du cœur 888 — Note sur la tuberculose aiguë vermineuse et sur d'autres questions d'anatomie pa- thologique 325, 4 '2 et 453 — Note concernant le rapport de la présence des vers dans les poumons tuberculeux avec l'apparition des trichosomes dans la vessie urinaire 764 — Lettre concernant la découverte du procédé pour séparer la pepsine de la salivine. . . . g8o — M. Pappcnheim prie l'Académie de vou- loir bien lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur diverses communi- cations qu'il lui a adressées concernant l'anatomie et la pathologie 224 PARAVEY (de).— Emploi du fragon dans la fabrication du papier 271 — Lettre sur les brebis mérinos et sur l'ori- gine du nom par lequel on les désigne.. . 1 io3 PARIS (Le contre-amiral) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place va- C. R., 1860, 2« Semestre. (T. LI.) ■ cante dans la Section de Géographie et de Navigation .-. . 947 — Utilisation économique des navires à va- peur ou moyens employés pour apprécier les services rendus sur mer par le com- bustible. 1069 PASCAL. — Lettre concernant sa Note sur une modification à apporter aux locomo- tives pour prévenir les incendies des forêts traversées pur les chemins de fer. 34 PASTEOR. — Note relative au Pénicillium glaucum et à la dissymétrie moléculaire des produits organiques naturels 308 — Nouvelles expériences relatives aux géné- rations dites spontanées 348 et 69 5 — Recherches sur le mode de nutrition des Mucédinées. 709 PAULET. — Démonstration du dernier théo- rème de Fermât 764 PAYER. — Rapport sur un Mémoire de M. Bâillon intitulé : « Recherches orga- nogéniques sur la fleur des Conifères ». . 49 — La mort de M. Payer, arrivée le 5 sep- tembre, est annoncée à l'Académie dans la séance du 10 de ce mois 3j; PEIRCE (écrit par erreur Pierce). — Sur la constitution physique des comètes. 174 et 228 PELOUZE, à l'occasion d'un Mémoire de M. Millau sur la théorie chimique de la nitrification, rappelle un fait observé par M. Peligot concernant la production de l'acide nitreux 55a PÉR1ER et Possoz. — Épuration des jus 1 5a ( ii48) «TH. P«ge». sucrés de la canne et de la betterave. ac-4 et 410 PERRIN, Lallemand et Dcroy. — De l'action comparée de l'alcool, des anesthésiques et des gai carbonés sur le système ner- veux cérébro-spinal 4°° et 63o PERSONNE. — Note sur la composition des acides du manganèso » 3i4 PERSOZ. — Sur la génération de l'acide fuchsiqueau moyen de l'aniline. (En com- mun avec MM. V. De Luynei et Sahétat.). 538 PETIT, — Observations sur l'éclipsé du 18 juillet faites, de concert avec M. d'Ab- badie, à Briviesca 38g — Table des durées des crépuscules pour les déclinaisons du Soleil entre — 2.g«. ET-LOIRE (la) envoie In collection do ses Mémoires, et annonce l'envoi de ses publications futures iio3 SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE BOSTON (la) envoie la première partiedu volume VII de ses Comptes rendus j3l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'AGRICULTURE DE FRANCE (ia) envoie des billets pour sa séance pu- blique du 12 décembre o/)S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'AGRICUL- TURE DE LYON (ia) annonce l'en- voi d'un nouveau volume de ses Annales. 4->3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES NATURA- LISTES DE MOSCOU (la) adresse plusieurs volumes de ses publications.. . 688 SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE ET PHILOSOPHI- QUE DE MANCHESTER (la) remercie pour l'envoi de divers volumes des Mé- moires et des Comptes rendus de l'Acadé- mie, et envoie plusieurs de ses publi- cations i;3et 821 MM. Ptgrt SOCIÉTÉ NATIONALE DE SILÉSIE (la) adresse le tome XXXVII de ses Annales. 4'3 SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES (la) remercie l'Académie pour l'envoi de trois volumes des Mémoires, du volume XV des Savants étrangers et d'une série de» Comptes rendus 600 SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE DE LONDRES (la) remer- cie l'Académie pour l'envoi du tome XXX de ses Mémoires 781 SOLOWINE. — Mémoire sur la lumière, 1 fragment d'un ouvrage sur la philosophie naturelle g53 SOYER. — Mémoire sur la cause du choléra - morbus et sur son traitement.... 598 — Sur un moyen prophylactique à employer contre le scorbut 809 STROUMBO. — Explication du phénomène de la grêle 28 SUDRE.— Sur la température de l'eau à l'état sphéroïdal ioga TARDY. — Mémoire sur la physiologie de l'homme en particulier et sur la physio- logie en général 88 TAVIGNOT. — De la méthode galvano-caus- tique appliquée au traitement de la ca- taracte 54l TCHEBICHEF. — Sur l'intégration des dif- férentielles irrationnelles tjfii TEDESCHI. — Sur un nouveau procédé de cathétérisme 55j TERRE1L. — De la présence du vanadium dans les argiles de Forges-les-Eaux et de Dreux 94 — Observations sur les liqueurs salines sur- saturées 5o4 — Sur la condensation des gaz par les corps poreux et sur leur absorption par les li- quides. (En commun avec M. Saint- Edme.) 3^1 THIERCELIN. — Note sur l'emploi du cu- rare dans le traitement de l'épilepsie... . 716 THOMASSY. — Lettre accompagnant l'envoi de son « Essai sur la géologie pratique de la Louisiane l33 THU1LLIER. — Note concernant l'extraction des racines carrées ?8t TIGRI. — Sur la maladie des vers à soie connue sous le nom d'atrophie 1088 TISSIER (Cb. ). — Recherches sur les chan- gements de volume et de densité résultant de la fixation ou de l'élimination de l'eau de cristallisation.. • 325 — Note sur l'amalgamation de l'aluminium. 833 TISSOT. — Mémoire sur la construction des cartes géographiques 964 TREBUCHET. — Observation faite en rade d'Amboinc, le 28 août 1860, du phéno- mène connu sous le nom de mer de lait. 1010 TRÉCUL. — Recherches sur la maladie de la gomme chez les cerisiers, les pruniers, les abricotiers, les amandiers 621 — Rapport des laticifères avec le système fibro-vasculaire 871 TRÊVES. — Considérations sur les trombes. 687 TRIPPIER. — Son appareil électro-médical est présenté par M. Desprett 809 TURCK.— Lettre concernant la question de priorité débattue entre lui et M. Cter- mack pour le laryngoscope 577 — Méthode pratique de laryngoscopie 6a6 TURQUAN. — Mémoire sur la résolution de deux équations quelconques à deux inconnues sans le secours de l'élimina- tion S)63 ( n5a ) UNIVERSITÉ DEKJEL (l') adresse lu volume de ses travaux pour l'année i85g 688 «M. P.gei, VAILLANT (le Maréchal). — Remarques & l'occasion d'une communication de M. Faye sur les courbes par lesquelles M. ParkHarrison a représenté l'influence de la Lune sur la température Sgl — M. le maréchal Vaillant présente, au nom do M. Bonna/ont, un Traité théorique et pra- tique des maladies de l'oreille 53 — Au nom de M. le colonel Coffyn une Note ac- compagnant une collection de coquilles recueillies par lui dans la Nouvelle-Ca- lédonie Ibid. — Au nom de M. Lenglet, une Note sur les taches et autres apparences observées à la surface du Soleil 3 1 5 — Au nom de M. ilillon, deux Notes ayant pour titre, l'une, « Propriétés nouvelles du charbon de bois », l'autre, « Combus- tion du sulfure de carbonepar l'air froid ». 349 — En présentant, au nom du même M. ilil- lon, un Mémoire sur la nitrification en Algérie, M. le Maréchal Vaillant donne un extrait de ce travail., 281; VALAT. — Nouvelles remarques sur 1 inter* prétation d'un passage de Descartes. .. . io3i VALENCIENNES. — Rapport sur des co- quilles rapportées de la Nouvelle-Calé- donie par M. le colonel Coffyn, etdonnées par M. le maréchal Vaillant 359 — Annonce de l'envoi fait au Muséum, par M*. PaS«. M. Gaudry, d'épongés des côtes de l'Atti- que conservées dans l'alcool 460 — Note sur les Spongiaires envoyés des côtes de l'Attique par M. Albert Gaudry 5-j VELLA. — Expériences relatives à l'antago- nisme de la strychnine et du curare 353 VALLEE. — Théorie de l'œil, dix-neuvième Mémoire 678 VALZ. — Découverte d'une nouvelle comète par M, L. Tempel, de l'observatoire de Marseille ,,, 675 VANNER. Voir à fFanner. VERNIER. — Observations de température faites à Belfort durant l'éclipsé 148 VILLA1NE. — Traité de la locomotion aé- rie n ne 3a6 VILLE. — De l'importance comparée des agents qui concourent à la production végétale..... 346, 437 et 874 VINCHON-THIESSET. — « Mémoire sur la cause des mouvements désastres» 665 VIRCHOW.— Note sur le Trichina spiralis... l3 VOLPICELLI. — Recherches sur l'électricité atmosphérique 94 VOOSG1ER. — Exemples de l'influence fâ- cheuse de l'état d'ivresse sur le produit de la conception g5a VULP1AN et Pbilipeaux. — Recherches expé- rimentales sur la régénération des nerfs séparés des centres nerveux 363 W WALTERS. — Essais faits en Angleterre pour opérer la ventilation des salles de réunion au moyen de la chaleur des appa- reils d'éclairage. 3oj WANNER. — Expériences concernant l'in- fluence delà température sur la coagula- tion du sang humain 576 — Expériences concernant la quantité de sang que reçoit le ventricule à chaque diastole, et la lenteur de la marche des globules sanguins dans les capillaires. • . 699 WAVIE communique les résultats qu'il a obtenus en suivant les indications de M. Trouillet pour la culture de la vigne. 6a WEDDEL. — Mémoire relatif au Cynomorium eoccineum. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Decaisne) 38a WERTHEIM. — Mémoire sur la compressi- bililé cubique de quelques corps solides et homogènes 969 WILLICH. —Sur la forme de la cellule des abeil les 633 WODZICKI annonce que la Gallicie (Po- logne autrichienne) a été envahie par des ( u53 ) MM. P>g«. troupes innombrables d'une nouvelle es- pèce de sauterelles I o'i^ WOTHLY. — Epreuves photographiques de portraits en pied, aux deux tiers de la MM. P«BM> grandeur naturelle, obtenues au moyen d'un nouveau procédé d'agrandissement . 558 WURTZ. — Transformation du gaz oléfiant en acides organiques complexes 103 ZANTEDESCHI. — Lettre accompagnant la présentation de son opuscule sur la dis- tribution de la pluie en Italie, dans les différentes saisons de l'année 63 — M. Zantedeschi fait hommage a l'Acadé- mie d'un opuscule intitulé: « Phénomènes physiques observés dans l'éclipsé lunaire du 7 février 1860» aa4 MAtLET-BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. PARIS. — RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, 10, PRÈS i/lNSTITUT. ' 10^