^nii WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIVER8ITY 1- : ;^,'?^^^ THE GIFT OF J. 1). WHITNEY, Stuvi/is Hoopev Proffssor w^m. MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY ^\ vUïmxML"^^V^fc\ ftÇ^ëSfe^A? ''pMfm h Vf^lr' nêm\. -V ^"k -^.m. m- ' m^ m^/^rfik'f^^^^' :f^A.^ m^iM iJ^ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PAIIIS. — IMPRIMEBIE DE MALLET-BACHELIER, RUE DE SKINE-SAINT-GERMAIN, 10. PRES L INSTITUT. COMPTES REIVDUS HEBDOMADAIRES 7"^^ 3 J - <^ 3 é oL^ DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CINQUANTE-DEUXIÈME. JANVIER -JUIN 1861. •-e««^ PARIS, MALLET- BACHELIER, IMPRIMEUR -LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE l'acADÉMIE DES SCIENCES, Quai des Augustins, N° 55. -V 1861 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES AU 1" JANVIER 1861. SCIENCES MATHEMATIQUES. Section 1"=. — Géométrie. Messieurs : BiOT (c. ^) (Jean-Baptiste). Lamé ^ (Gabriel). Chasles (o. ®) (Michel). Bertrand ^ (Joseph-Louis-François). Hermite ^ (Charles). Serret ^ (Joseph- Alfred). Section H. — Mécanique. Le Baron DupiN (G. o.^) (Charles). PONCELET ( G. o.^) (Jean-Victor). PlORERT (g. o.®) (Guillaume). MORIN (C.^) (Arthur- Jules). COMRES {c.^) (Charles-Pierre-Matthieu). Clapeyron (o. ^) (Benoît- Paul -Emile). Section III. — Astronomie. Mathieu (o. ^) (Claude-Louis). LiOUViLLE ^ (Joseph). Laugier ^ (Paul-Auguste-Ernest). Le Verrier (c. ^) (Urbain-Jean-Joseph). Faye (o. ^) ( Hervé- Auguste-Élienne-Albaiis). Delaunay ^ (Charles-Eugène). Section IV. — Géographie et Navigation. Duperrey (o.^) (Louis-Isidore). Bravais (o.^) (Auguste). N VI ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section V. — Phjsique générale. Messieurs : Becquerel (o.^) (Antoine-César). PouiLLET (o.^) (Clande-Servais-Mathias). Babinet ^ (Jacques). Duhamel # (Jean-Marie-Constanf ). Despretz (o. ^) ( César-Mansuete). FizEAU ^ (Armand-Hippolyte-Louis ). SCIENCES PHYSIQUES . " Section VI. — Chimie. Chevreul (c.^) (Michel-Eugène). Dumas (g.o.^) (Jean-Baptiste). Pelouze (c.@) (Théophile-Jules). Regnault (o.^) (Henri-Victor). Balard (o. ^) (Antoine-Jérôme). Fremy ^ (Edmond). Section VII. — Minéralogie. CoRDiER (g. O. ^-j (Pierre-Louis- Antoine). Berthier (c.^) (Pierre). Senarmont (o. C^) (Henri Hureau de). Delafosse ® (Gabriel). Le Vicomte d'Archiac ^ (Étienne-Jules-Adolphe Desmier de Saint- Simon). Sainte-Claire Deville ^ (Charles-Joseph). Section VIII. — Botanique. Brongniart (o.^i.) (Adolphe-Théodore). Montagne (o. ^) (Jean-Francois-Camille). TuLASNE ^ (Louis-René). Moquin-Tandon ^ (Horace-Bénédict-Alfred). Gay ^ (Claude). N ÉTAT DE L ACADKMIE DES SCIENCES. Vil Section IX. — Economie rurale. Messieurs : BoussiNGAUl.T (c.^) ( Jeaii-Baptiste-Joseph-Dieiidoniié;. Le Comte de Gasparin (g. O. #) (Adrien-Étienne-Pierre). Payen (o.^) (Anselme). Rayer (c. ^) (Pierre-François-Olive). Decaisne ^ (Joseph). Peligot (o. ^) (Eugène-Melchior). Section X. — Analoinie et Zoolocjie. Geoffroy-Saint-Hilaire (o.^) (Isidore). Edwards (o.®) (Henri-Milne). Valenciennes ^ (Achille). Coste ^ (Jean-Jacques-Marie-Cyprieii-Vicloi). QuatrefaGES de Bréau ® (Jean-Louis-Armand de) LoNGET (o. ^) (François-Achille). Section XI. — Médecine et Çliirunjie. Serres (c. ^) (Étienne-Renaud-Augustin). Andral (c. ^) (Gabriel). Velpeau (c. ^) ( Alfred-Annand-Louis-Marie). Bernard ^ (Claude). Cloquet (o.^) (Jules-Germain). JOBERT DE Lamballe (c. ^) (Antoiiie-Joseph). SECRETAIRES PERPETUELS. Élie de Beaumont ( G. o. ^) (Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce); pour les Sciences Mathématiques. Flourens (g.O. ®) (Marie-Jean-Pierre), pour les Sciences Physiques. vni ÉTAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. ACADÉMICIEIVS LIBRES Messieurs : Le Baron SÉGUIEU (o.^) (Armand-Pierre). QviALE (O.^) (Jean). BUSSY (o. ^) ( Antoine-Alexandre-Brutus). Delessert (o.^) (François-Marie). BiENAYMÉ (o. ©) (Irénée-Jules). Le Maréchal Vaillant (g.c.^) (Jean-Bapliste-Philiberl). Verneuil ^ (Philippe-Edouard Poulletier de). Le Vice-Amiral Du Petit-Thouars (g.o. ^) (Abel Aubert). Passy (c.^) (Antoine-François). Le Comte Jaubert ^ (Hippolyte-Francois). ASSOCIES ÉTRANGERS Faraday (c.^) (Michel), à Londres. Brewster (o. ^) (David), à Saint-Andrews, en Ecosse. TiEDEMANN ^ (Frédéric), à Francfort-sur-le-Mein. Mitscherlich, à Berlin. Hersciiel (Sir John William), à Londres. OWEN (O.^), (Richard), à Londres. Le Baron Plana (o. ^) (Jean), à Turin. Ehrenberg , à Berlin. CORRESPOIVDA^TS. Nota. I,e règlement du G juin 1808 tloiiiio a chaque Section le nonibn* de Correspoiicîantt suivnnt. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Section I'^. — Géométrie (6). Hamilton (Sir William-Rowan), à Dublin. Le Besgl'E ^, à Bordeaux, Gironde, et à Paris, rue des Fossés-Saint- Jacques, n° G. SiEiNEit, à Berlin. Ostrogradski, à Saiut-Péter.sbourg. TcilÉRYCiiEi', à Saint-Pétersbourg. Kum.MER, à Berlin. ETAT DES L ACADEMIE DES SCIENCES IX Section II. — Mécanique (6). Messieurs : ViCAT (c.®), à Grenoble, Isère. BuRDiN ^, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. Seguin aîné ^ (Marc), à Montbard, Côle-dOr. MOSELEY, à Londres. Fairbairn^ (William), à Manchester. N Section lU. — astronomie [i&). Le Général Sir T. -M. Brisbane, en Ecosse. Encke, à Berlin. Valz ^, à Marseille, Bouches-du-Rliône. Struve (c.^), à Pulkowa, près Saint-Pétersbourg. AiRY^ (G. Biddell), à Greenwich. Carlini^, à Milan. L'Amiral Smyth, à Londres. Petit ^, à Toulouse, Haute-Garonne. Hansen, à Gotha. Santini, à Padoue. Argelander, à Bonn, Prusse Rhénane. HiND, à Londres. Peters, à Altona. Adams (J.-C.), à Cambridge, Angleterre. Le Père Secchi, à Rome. N Section IV. — Géographie et Navigation y^), Le Prince Anatole deDÉMIDOff, à Saint-Pétersbourg. Sir James Clarr-Ross (c.^), à Londres. d'Abbadie^ (Antoine-Thomson), àUrrugne, près Saint-Jean-de-Luz, Basses-Pyrénées ; et à Paris, rue du Bac, n° io4. L'Amiral deWrangell, à Saint-Pétersbourg. Tessan (o. ^^) (Louis-Urbain DorteTde), au Vigan, Gard; et à Paris, rue du Luxembourg, n° 3. N N N C. R., ia6i, 1" Semestre. (T. LU, N" I . ; 3 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section V. — P/tysirine générale [g). Messieurs : BaRlow, à Woolwicb. De La Rive ^ (Auguste), à Genève. Hansteen, à Christiania. Marianini, à Modène. FOHBES (James-David), à Édimiiourg. Wheatstone ^, à Londres. Pl.ateau, à Gand. Delezenne d§, rue des Rrigiftines, n" i2, à Lille, Nonl. Matteecci, à Pise. SCIENCES PHYSIQUES. Section W. — Clihnie (f)). Desormes, à Verberie, Oise. BÉRARD #, à Montpellier, Héraiill. LiEBlG (o.©), à Giessen. Rose (Henri), à Berlin. WÔHLER (o.^), à Gôttingue. Graham, à Londres. Bunsen, à Heidelberg. Malaguti(o. <§), à Rennes, Ille-el-Filaine. Hoffmann, à Londres. Section Vn. — Minéralogie (8). Rose (Gustave), à Berlin. d'Omalius dIIalloy, prés de Ciney, Bch/iguc'; et a Pans, rue Saint-Lazare, n° io4. MURCHISON (Sir Roderick Impey), à Londres. Fournet^, à Lyon, Rhône. Haidinger, à Vienne. Sedgwick, à Cambridge, Angleteirc. Daebrée(o. ®) à Strasbourg, Bas-Hliin. N ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. XI Section YUI. — Bolnnkjue (lo). Messieurs : De Martius, à Munich. TiiÉviRANUS, à Bonn, P mac Rhénane. MOHL (H.), à Tûbingue. Lestiboudois ^ (Gaspar-Thémistocle), à Lille, Nord; et à Paris, rue de la Victoire, n" 92. Rlume, àLeyde, Pajs-Bas. Candolle ® (Alphonse de), à Genève. Schimper CS à Strasbourg, Bas-Rhin. HoOKER (Sir William), à Kew, Angleterre. Thuret, à Antibes, Far. Lecoq, à Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme. Section IX. — Économie rurale [10). Bracy-Clark, à Londres. Girardin (o.^), à Lille, Nord. Vilmorin Cs aux Barres, près Nogent-sur-Vernisson, Loiret. KUHLMANN (o,@), à Lille, Nord. J. LiNDLEY, à Londres. Pierre ® (Isidore), à Caen, Calvados. Chevandier ®, à Cirey, Meurlhe. Reiset ^ (Jules), à Écorchebœuf, Seine-Inférieure. Le Marquis CosiMO Ridolfi, à Florence. Renault (o. i^), à Maisons- Alfort, Seine. Section X. — Anatomie et Zoologie (10). DuFOURC^ (Léon), à Saint-Sever, Landes. QuOY (c.®), à Brest, Finistère. Agassiz, à Boston, États-Unis. Eudes-Deslongchamps CS à Caen, Calvados. Pouchet C-, à Rouen, Seine- Inférieure. Von Baër, à Saint-Pétersbourg. Carus, à Dresde. Ratke, à Koenigsberg. NOiiDMANN à Helsingsfors, Russie. N XII ETAT DK L ACADEMIE DES SCIENCES. Sfxtion XI. — Médecine et Chirurgie (8). Messieurs : Maunoik aillé, à Genève. Pamzza, à Pavip. Bretonneau (o. ^), à Tours, Indre-et-Loire. Brodie (Sir Benj.), à Londres. SÉDiLLOT (o.®), à Strasbourg, Bas-Rhin. GuYON (c.^), à Alger. De Virghow (Rodolphe), à Berlin. Denis (de Commercy), à Toul, Meurlhe. Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers de f Académie. Cuevreul. poncelet. Et les Membres composant le Bureau. Conservateur des Collections de [Académie des Sciences. Becquerel. Changements survenus dans le cours de l'année 1867. (Voir à la page 1 4 de ce volume.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉIIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 JANVIER 18(>1 PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. REIVOUVFXLEMEIVT AIVÎVUEL DL BLREAL ET DE LA COMMISSION ADMEVISTRATIVE. I/Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d'un Vice- Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres de Sections de Sciences mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53, M. DcHAMEt, obtient 3^ suffrages. M. MORIN 9 » M , DUPERREY 2 » MM. Co.MBES, DcpiN, LiouviLi.E, ciiacun. . i » Il y a un billet nul comme portant le nom d'un Membre de la Section des Sciences naturelles. M. Di'HAMEL, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé Vice-Président pour l'année i86i. Conformément au Règlement , le Président sortant de fonctions doit, avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'état ou se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de l'Académie, dans le cours de l'année. M. Chasles, Président pendant l'année i86o, donne à cet égard les ren- seignements suivants : f i4 ^ Publications de f Académie. Volumes publiés. .. I.es tomes XX\', XXVII, a* partie, XXX et XXXI des Mémoires de l' .Jccidéinie on\ \yàru clans le contant de l'année 1860. Le tome XXVI II des mêmes Mémoires, présenté à l'Académie dans sa séance du 24 \. \}vskVi\iiy. » Commission administrative . L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de deux Membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative. Sur 5o votants, M. Poxcelet 49 sid'f'rages. .^I. Chevreul 45 » 31.^1. Poxcelet et Chevreul, ayant réuni la majorité absolue des suf- frages, sont déclarés élus. MEMOIRES ET COMMLIMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Geoffroy-S.*ixt-Hilaire, qui avait été chargépar l'Académie de témoi- gner a M. Becijuerel la part que prennent tous ses confrères à l'accident qui lui est arrivé, donne des nouvelles satisfaisantes de l'état du malade. M. Vei.pkai-, qui a vu le blessé le matin même, annonce qu'il est aussi bien qu'on peut l'espérer, d'après le nombre de jours écoulés depuis la fracture; tout annonce, pour le temps voulu, une heureuse terminaison. M. Flourexs fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du livre qu'd vient de publier sous ce titre : De la Raison, du Génie et de la Folie. n IXins la première partie de ce livre, dit M. Flourens, je donne une ana- lyse tnule nouvelle de la raison. La raison se compose de trois ordres de facultés : les facultés instinctives , les facultés intellectuelles et les facultés rntionnetle:i. » Dans la seconde partie, j'étudie le génie et je le ramène à sa vraie na- ture, qui est d'appartenir à la raison, dont il marque le degré suprême, et non à la folie, comme quelques-uns le prétendent en ce moment. » Dans la troisième partie, j'éclaire et j'explique la folie par la raison, et non la raison par la folie, comme le fait la nouvelle école psychologique, ce qui est l'ordre renversé du bon sens et de la logique. » MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De t'influence de la température sur la fécondité des spores de Mucédinées ; par M. L. Pasteur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Miloe Edwards, Decaisne, Regnault, Cl. Bernard.) « Duhamel rapporte dans un de ses ouvrages qu'il a pu faire germer du froment qui avait supporté une température de i lo" centigrades. Cette ob- servation du savant agronome devint l'origine de quelques recherches de Spallanzani sur le degré de chalevu* auquel on peut soumettre les graines sans leur faire perdre la faculté de germer. Parmi les plantes supérieures, ( •:) cinq espèces de graines furent étudiées par lui : ce sont le pois chiche, la lentille, l'épeaiitre, la graine de lin et celle du trèfle. Spallanzani s'occupa ei) outre de l'influence de la température siu- les spores des Mucédinées. Pour ce qui est des graines des plantes supérieures, les résultats de Spallan- zani, encore bien que très-curieux, n'ont rien qui doivent nous surprendre dans l'état présent de nos connaissances. I^a graine de trèfle, moins impres- sionnable que toutes les autres, a pu supporter une température voisine de 100° centigrades. Mais pour les graines des moisissures, Spallanzani fut con- duit à des conséquences singulières. Il admet, en effet, que non-seulement les spores des Mucédinées peuvent supporter la température de 100° centi- grades quand elles sont plongées dans l'eau, mais qu'elles peuvent même résister à la chaleur d'un brasier ardent lorsqu'elles sont sèches. D'ailleurs dans ce dernier cas il n'assigne pas la limite de température d'une manière précise. » On aurait peine à comprendre que ces résultats de Spallanzani sur les graines des Mucédinées n'aient pas été soumis à de nouvelles épreuves, si les expériences n'offraient ici des difficultés particulières. Celles que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie établissent bien que les spores des Mucédinées peuvent rester fécondes après avoir été portées à de hautes températures, mais les limites supérieures ne sont pas, à beaucoup près, aussi élevées que lavait indiqué Spallanzani. » Toute la difficulté du sujet consiste à trouver une méthode d'expéri- mentation rigoureuse. Rien de plus simple pour les plantes supérieures que d'essayer si leurs graines sont encore capables de germer lorsqu'elles ont été chauffées à une température déterminée : il ne pousse du blé que là où l'on en a semé; mais pour les Mucédinées, elles se développent partout où elles rencontrent des conditions favorables. Il est donc indispensable de recoiwir à une disposition qui permette d'affirmer sûrement que la petite ])lante a été reproduite par les spores que l'on a semées, et non additionnellement par les spores cjui sont en suspension dans l'air, ou déposées à la surface des objets mis en expérience. » Il ne me paraît pas douteux que les inexactitudes de Spallanzani dans la question qui nous occupe n'aient eu pour cause les difficultés qu'il a éprouvées à réaliser les conditions que j'indique, malgré son habileté bien reconnue. » Voici la méthode que j'ai suivie et qui me semble irréprochable. Je passe un peu d'amiante dans les petites têtes de la moisissure que je veux étudier ; puis je place cette amiante couverte de spores dans un très-petit C. R., 1861, 1" Semeslie. (T. LU, N» 1.) 3 ( «8 ) tube de verre que j'introduis dniis un tube en U de plus gros dian)étre, où le petit tube [)eut se mouvoir librement. L'une des extrémités du tube en U se relie par un caoutcliouc à un tube de métal à robinets, en forme de T. Un des robinets communicpie à la machine pneumatique, mi autre a un tube de platine chauffé au rouge, li'autre extrémité porte un caoutchouc (jui reçoit également le ballon où l'on doit semer les spores, ballon feiiné à la lampe, rempli d'aii calciné et du liquide préalablement porté a l'ébulli- tion, devant servir d aliment à la jeune plante. Enfin le tube en U plonge dans un bain d'huile, d'eau ordinaire ou d'eau saturée de divers sels, selon que l'on veut porter les spores à telle ou telle température. Entre le tube en U et le tube de platine il y a un tube desséchant à ponce sidfurique. Lorsque tout l'appareil qui précède le tube de platine a été rempli d'au- calciné et que les spores ont été maintenues à la température voulue un temps suffisant que l'on peut faire varier, on brise la pointe du ballon par un coup de marteau, sans dénouer les cordonnets du caoutchouc qui réunit le ballon au tube en U; puis, inclinant convenablement ce dernier tube éloi- gné de son bain, on fait glisser tlans le ballon l'amiante et ses spores. Enfin l'on referme le ballon à la lampe par un trait de flamme sur l'un des étran- glements ménagés sur son col. On le porte alors à l'étuve à une tempéra- ture de 20 à 3o", qui est la plus ftivorable au développement des Mucédi- nées. » C'est en appliquant la méthode que je viens de décrire, et qui m'a paru répondre à toutes les difficultés de l'étude que j'avais en vue, que je suis arrivé aux conséquences suivantes. » T^es spores desMucédinées, chauffées dans le vide ou dans l'air sec, res- tent fécondes après avoir été portées à une température de 120 à i25°. La durée de l'exposition à cette température a été, dans mes expériences, d'un quart d'heure, puis d'une demi-heure, trois quarts d'heure et une heure. Je n'ai pas été au delà , mais tout annonce que la durée de l'exposition a 120° peut être dépassée. Une exposition de vingt minutes ou d'une demi- heure de 127 à i3o" suffit au contraire pour enlever complètement leur fécondité aux spores les moins impressionnables (i). » Des conditions nouvelles de milieu, de chaleur, d'électricité, ..., pour- ront-elles la leur rendre? C'est ce que je rechercherai, et ce que mes |)re- (1) M. Paycn a reconnu «lojà depuis longtemps que ies sponilos lU'ÏDidiiitii niiriitituicuin conservaient leur lacullé de di'veloppcuient après avoir été portées à rao". [Comptes rcnt'.iis de l' Académie des Sciences, t. XLVIII. ) ( -9 ) miers essais dans cette direction me permettent déjà d'espérer. Certains faits, STir lesqnels je reviendrai avec tonte l'attention qn'ils méritent, m'au- torisent à penser que des spores, et en général des germes, morts apparem- ment pour certaines conditions déterminées, ne le sont pins pour d'autres conditions nouvelles. Mais ce sujet est trop délicat pour que je l'aborde ici par des expériences encore incomplètes. Je rappellerai seulement que j'ai déjà eu l'occasion de montrer qu'en changeant la nature des li(|uides on peut faire varier les limites de température au delà desquelles la fécondité des germes disparaît. » Lorsque les spores sont chauffées dans l'eau, j'ai reconnu qu'il n'y en avait d'aucune sorte qui put supporter, même pendant quelques mi- nutes seulement, la température de loo". » J'arrive maintenant à des résultats qui se lient étroitement à ceux qui précèdent : je veux parler de l'action de la température sur les pc^ussières qui existent disséminées dans l'air libre. Mes recherches antérieures ont prouvé que ces poussières contiennent beaucoup de spores de Mucédinées, Le microscope les fait voir, et elles germent quand on sème les poussières dans des liqueurs appropriées. Or il arrive précisément, comme on devait s'y attendre, que si l'on sème ces poussières après les avoir portées de i 20 à 120°, elles donnent des Mucédinées, mais qu'elles cessent d'en produire si elles ont atteint la température de laS à i3o". J'ai reconnu également que les poussières qui existent dans l'air sont incapables de donner nais- sance à des Mucédinées quelconques après avoir été portées dans l'eau à la température de 100". On remarquera la correspondance parfaite de ces résultats avec ceux qui se rapportent aux spores des Mucédinées prises sur les plantes dans leur étut naturel. ■ » En résumé, les expériences que j ai l'honneur de présenter à l'Académie précisent nos connaissances sur l'origine des Mucédinées, et rectifient diverses erreurs de .Spallanzani, que l'état de la science à l'époque où il vivait ne lui avait pas permis d'éviter. » PHYSIOLOGIE vÉGI=:tale. — Recherches sur te développeinenl du Jruil des Morëes (Morus, Broussonelia, Dorstenia); par M. H. Bâillon. (Extrait par l'auteur. (Renvoi à la Section de Botanicjue.) « Parmi toutes les définitions proposées dn fruit et de l'inflorescence de la mûre, on remarque surtout les suivantes, empruntées aux ouvrages clas- 3.. ( ao ) siqiies.Mirbelct Richard avaient dit que la inùreeslunesorose, comme l'ana- nas. A. Richard dit simplement que les fleurs sont en chatons. A. de Jussieu définit la mûre « la réimion des pistils de tout un petit épi de fleurs » et « un épi de fleurs pressées dont les pistils se sont sondés entre eux. » Pour M. Lindley, les fruits des Morées sont « de petites noix en utricnles » et la portion charnue en est formée par le calice. Ailleurs il nomme le fruit pro- prement ilit « un akène. " Endiicher dit de même : ■> Âcltenin perigonio bacciinte.... » Je ne vois guère que A. deSaint-Hilaire qui affirme que le fruit même du Morns est charnn. » Pour l'inflorescence, il y a unanimité de tous les botanistes. A. de Jus- sieu classe celle des Alorées parmi ses indéfinies. Pour tout le monde une nujre est un épi ou chaton, un groupe à deux degrés de végétation. » Les résultats de l'observation organogéniqne sont contraires à cette der- nière opinion adoptée par tous, et, parmi tant de manières de voir relatives au premier foit, montrent qu'une seule est vraie, celle que presque tous les savants ont rejetée. » Ce qui précède s'applique principalement aux genres Morus, Broussu- iietia et Dorslenia. Quant à la figne, sa structuie est beaucoup mieux connue, parce qu'on l'a étudiée organogéniqueinent. On sait bien que son inflores- cence est cenirifiige ( Brongniart, Payer, Trécul ). Mais M. Payer est le seul qui ait dit en i 85 i : « Il ne faudrait pas croire que toutes les fleurs du fond » de la coupe sont plus âgées que celles du bord. C'est dans le fond de la )) coupe que sont les plus âgées, mais à côté de ces fleurs plus âgées il en ). naît d';uitres plus jeunes qui sont contemporaines de celles qui naissent )< snr le bord de la coupe. « » Quand on examine une mûre naissante, on la trouve représentée, non |)ar un axe conique, comme un épi ordinaire, mais par une [ialelte a[)latic cpii a deux faces et deux bords. Sur l'un des bords, vers le milieu de sa hau- teur, se développe un mamelon hémisphérique ; c'est unr première fleur. Sur l'aiilre bord apparaissent ordinairement deux autres fleurs situées à des hauteurs inégales. Toutes sont le centre d'une cyme, car elles s'entourent bientôt d'autres fleurs plus jeunes. Mais il n'y en a pas sur les faces de la palette réce|itaculaire. Il ne s'y pi'oduit que des faisceaux de poils et si, pai- suite d'accroissements consécutifs, l'en.semble de la mûre prend une forme cylindroïde, c'est parce que les deux rangées de cyines marginales se com- posent de fleurs (|ui grossissent et arrivent à se toucher latéralement. Mais elles enclosent toujours deux rigoles profondes qui répondciit aux iaces et dont on ne soupronnei'ait pas l'existence a l'âge adulte. Donc uiu? mûre, ( ?.r ) an lieu d'être une simple épi ou chaton, représente un groupe de cyiiies disposées sur un réceptacle commun d'une configuration toute par- ticidière. » Il n'y a, dans la mûre, contrairement à ce qu'on pense, aucune soudure ni des sépales entre eux, ni de l'ovaire avec le périanthe, ni de deux fleurs voisines entre elles. Toutes ces parties se gonflent beaucoup et se rappro- chent insensiblement les unes des autres, sans jamais s'unir. Le fruit n'est point un akène enveloppé d'un calice charnu. Le péricarpe devient succu- lent lui-même dans une grande partie de son épaisseur. " Le mùrier-à-papier présente un péricarpe dont la portion charnue est extrêmement épaisse, principalement à sa base et sur les côtes qui s'élèvent latéralement jusqu'au style. Mais le centre, bien moins épais, de cette enve- loppe succulente cède et se déchire, lors de la maturité, pour laisser échapper le noyau. De sorte que ce qu'on appelle akène n'est ici aulre chose qu'un noyau intérieur qui sort de la portion charnue spontanément déchi- rée, de la même façon que, par une pression artificielle, le noyau d'une cerise peut être expulsé de son euveiojjpe succulente. » L'inflorescence présente une organisation tout aussi inattendue que celle du mûrier. Ce globe chargé de fleurs qu'on compare à un épi rac- courci, n'est en effet qu'un réceptacle sphérique. Près de son pôle supé- rieur se produit une première fleur. Quelques autres se montrent autour de celle-ci, mais à une certaine distance. Puis chaciuie de ces fleurs de pre- mière génération s'entoure d'une petite couronne de fleurs secondaires qui, en général, demeurent stériles. L'éruption florale g;igne ainsi peu à peu vers le pôle inférieur et s'arrête définitivement à quelque distance du pédicule. » Rien n'est plus analogue à ce qui précède que l'évolution florale des Dorstenia. D'une manière générale, on sait qu'elle est centrifuge. Mais datis le D. cémlosanlhes, par exemple, les fleurs de première génération, dissémi- nées çà et là, s'entourent ultérieurement de fleurs plus jeunes. Les premières sont destinées à devenir pistillées; les secondes sont ordinairement mâles. Alors le réceptacle se déforme tellement suivant son épaisseur, qu'il ne prend aucun accroissement dans les points où sont insérées les fleurs fe- melles. Il s'élève au contraire autour de celles-ci avec les fleurs oiàles, dont la base se trouve exhaussée, de la même manière qu'une fleur avait d'abord ses étamines hyj>ogynes, qui deviennent phis tard périgvnes, et c'est pour cela que les mâles sont à la surface, tandis que les femelles se trouvent, ( 22 ) comme disent les descriptions, logées dans des alvéoles creusés dans la substance de l'axe. » Il en faut conclure que le fruit des Brotissoiietiti et des Dotstenia ne re- présente in;e inflorescence simple, ni centrifuge, ni centripète, mais une réunion de plusieurs cymes sur un axe singulièrement déformé. » OPTIQUE. — De l'appropriation des instruments d'optique [lunettes, télescopes, inirroscopes) à la )>isi()i) hinondaire ; ])arM^. GiRArD-TcrLOX. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Cl. Bern.ird, de Qualrefages.) « La plupart des instruments d'optique propres à procmer la vision nette des objets distants n'ont jamais été appliqués qu'à la vision avec un seid œil. Serait-ce donc un avantage pour la fonction, tant sous le rapport de son mécanisme que sous celui des effets obtenus, que de n'y voir que d'un œil? — ou bien n'y aurait-il pas plutôt dans l'accouplement des télescopes par réfraction ou par réflexion certaines difficultés mal surmontées jusqu'ici, et qui s'opposent à leur usage binocidaire? » Comme il n'est pas douteux pour nous qne l'application constante d'iui seul œil ne soit fatale à Tinlégrité de la fonction en troublant promptement l'accord fonctionnel des deux organes, nous nous sommes proposé de pré- ciser les conditions d'iui usage rationnel et physiologique binoculaire de tous ces instruments. » Nous jjrendrons pour point de départ de cette analyse le mécanisme du plus commun de tous ces instruments : la iiuiette-jumelle d'opéra ou de Galilée. Dans cet instrument, une image réelle et renversée d'un objet [)lus ou moins éloigné est théoriquement formée presque exactement au foyer prin- cipal d'un objectif convexe. Un oculaire concave, placé entre l'objectif et cette image, renverse le sens et le point de concours des rayons convergents qui viennent le rencontrer avant la formation de l'image théorique. Chaque œil se trouve alors en présence d'une image virtuelle redressée, plus ou moins agrandie et placée dans le champ de la vision distincte de lobservateur, c'est- à-dire, plus expressément, à une distance qui, hors les cas de parallélisme des rayons, est parfaitement déterminée par la formule des foyers conjugués des lentilles. » Que devient, dans ce cas, l'exercice de la vision binoculaire.'' « Ou rajjpellera, à cet égard, un premier principe : c est qu'il existe une ( ^3 ) harmonie parfaite et constante entre l'accommodation de distance et la con- vergence des axes optiques; qu'à une accommodation donnée correspond une convergence déterminée, et réciproquement, ou du moins que ces deux éléments fonctionnels ^'enchaînent l'un l'autre dans de très-étroites limites. » Dès lors, dès que l'objet est rapproché ou le sujet myope, il survient entre ces deux éléments dissociation d'harmonie : les images sont offertes aux yeux ou dans le parallélisme ou sous un angle très-peu ouvert, et la vision binoculaire ou la fusion des deux images composantes doit se faire sur un point de concours plus ou moins voisin. On se trouve alors exacte- ment, et sans le savoir,, dans le cas des images stéréoscopiques. Il faut que les cristallins se décenirent par im effort spontané, ou bien que l'instrumen- tation, par quelque effet déviateur des rayons, procure léquivalent de cette décentra tion et présente aux deux yeux les rayons effectifs sous une conver- gence déterminée. » Nous démontrons dans cette Note qu'on produit aisément cet effet par la décentration des oculaires, c'est-à-dire, dans le cas d'oculaires con- caves, en rapprochant l'un de l'autre les centres de ces oculaires sur la ligne qui les luiit, et en dedans des axes des objectifs supposés à l'écartement même des pupilles, et dans le cas d'oculaires convexes, comme dans tous les téles- copes par réflexion, la lunette astronomique, la lunette terrestre, par leur décentration ou l'écartement relatif de leurs centres en dehors des axes pa- rallèles des objectifs. » La chose est donc des pUis simples dans tous les cas où l'écartement des objectifs, ou la largeur d'un objectif, ne devra pas dépasser l'écartement naturel des yeux. La mobilité transversale des oculaires dans une coulisse horizontale résout à l'instant le problème. » Il y a un peu plus de difficulté dans le cas, au contraire, où les objec- tifs doivent, comme dans les télescopes, être beaucoup plus grands que la distance des yeux. Maison le surmonte par un procédé très-simple et qui consiste à présenter les images virtuelles devant chaque axe optique par une double réflexion totale rectangidaire, procurée par une double paire de prismes disposés comme les miroirs du télestéréoscope d'Helmolh ou les prismes du stéréoscope que nous avons décrit dans le dernier Mémoire (2 juillet 1860) que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie. La décentration des oculaires appliquée à ces nouveaux axes fait rentrer l'instrumentation dans le cas général décrit plus haut. » Le télescope de Newton est déjà, par la disposition latérale de l'image oculaire, à moitié préparé ponr cet accouplement. ( ^4 ) M Enfin, par ce procédé, et en ajoutant un tuyau de tirage de quelques centimètres à la juuielle d'opéra, on la transforme en un stéréoscope par- fait et qui instantanément s'applique à toutes les vues et à toutes les dis- tances. , » l.a microscopie peut également bénéficier de ces remarques; en utili- sant le procédé imaginé par M. Nachet, notre habile constructeur, pour mul- tiplier l'image réelle à la sortie de l'objectif (à savoir une couple de prismes à réflexion totale inclinés l'un et l'autre d'un petit nombre de degrés), on peut reporter chacune des deux images composantes sur l'axe optique cor- respondant dans l'inclinaison de convergence mutuelle qui répond à la distance de l'image virtuelle. L'application à ces images et à ces axes de vision des oculaires à écartement variable, en dedans ou en dehors sui- vant les cas, permet de résoudre immédiatement le problème. » Les grands avantages reconnus déjà au microscope binoculaire à axes parallèles de M. Nachet, instrument qui rappelle les conditions mêmes de la stéréoscopie, seront plus simplement encore réalisés pour cette modifi- cation. » Ces avantages sont, dans tous ces cas, et un champ plus vaste pour la vision et tous ceux qui s'attachr^nt à la parfaite harmonie de la fonction binoculaire. » AIATIIÉMATIQUES — Sur les (juantilés gconiélriques et iitlni-i/éoinélii(jues; Noie de M. de Poligx.\c:. • (Commissaires, MM. Chasies, Bertrand, Serret. ) " A mesure que les diverses branches des mathématiques s'élèvent, elles tendent à se rapprocher : souvent deux théories qui semblaient profon- d(hnpnt distinctes l'une de l'autre finissent par se rencontrer en quelque point commiMi. » Il est rare que ces rapprochements ne fassent pas naître quelques con- séquences nouvelles, ou du moins ne jettent une clarté inattendue sur des résultats identiques trouvés ainsi par des voies différentes. 11 Sans parler ici des beaux résultats obtenus par la géométrie supérieure, dont les méthodes nouvelles prêtent déjà un puissant secours à l'analyse, nous remarquerons que souvent l'interprétation des conceptions géomé- triques les plus simples peut aussi servir à élucider ou faire progresser l'algèbre. ( 20 ) » On sait le grand parti qu'a tiré Cauchy des variables imaginaires, qu'il a appelées (juaniités fjéométriqiies , et dont la nature a été parfai- tement définie du jour où l'on a pu les représenter par des lignes dans le plan. » La considération des quantités géométriques peut simplifier aussi les démonstrations de tous les théorèmes sur les nombres, lorsqu'on introduit, comme le fait Dirichlet, les diverses racines de l'unité. En cherchant à apphquer cette théorie aux belles recherches de M. Rummersurles nom- bres complexes, nous avons été amené à penser que les nombres idéaux pourraient bien n'être que des polygones dans l'espace, de même que les nombres complexes peuvent être considérés comme des polygones dans un |)lan. » Nous avons alors été conduit à introduire dans 1 analyse de nou- velles quantités, qui peuvent être représentées par des lignes tracées dans l'espace. » De même que nous avons appelé cjuanlite géométfique une ligne quel- conque tracée dans un plan, de même nous appellerons (luantité iiltra- géoinélrique une ligne tracée d'une manière quelconque dans l'espace. » Hamilton s'est déjà occupé de quantités de ce genre; mais ses nota- tions nowdjreuses et confuses ont rendu jusqu'à présent l'emploi des qua- ternions très-difficile, sinon impossible. Dans la théorie que nous allons développer, nous n'avons besoin d'aucun signe nouveau, et les nouvelles quantités que nous introduisons ne sont qu'une généralisation tiaturelle des quantités imaginaires dans un plan. )) Traçons trois axes orthogonaux OX, OY et OZ, et appelons UZ axe ultra-géométrique, OY axe géométrique, et OX axe réel ; désignons encore par plan géométrique le plan des XY. >; Si à partir de l'origine O nous traçons une ligne OA quelconque dans lespace, nous pourrons la définir complètement en nous donnant sa lon- gueur, l'angle w de sa projection sur le plan des XY avec l'axe réel, et 5 l'angle qu'elle fait elle-même avec sa projection. Nous appellerons la lon- gueur OA, le module; l'angle (», Vangle géométrique ou la longitude; l'angle Q, l'angle ullra-géomélrique ou la latitude. » Si le module deOA — «, on désignera la quantité ullra-géometnque OA para,^g,: pour faire la somme de deux quantités ultra-géouié!ri(|ues a et Z», „ , on les portera l'une au bout de l'autre. La ligne OB repré- sentera la somme a, ^,+ b. ., en grandeur et en direction : il est évident C R., i86i, 1" Semestre. (T. LII, N° 1.) 4 ( 26 ) d'ailleurs, par cette définition de la somme, que «(«,»)+ ''V^„0,)= V„0,)+ V,6)- Donc on peut intervertir l'ordre des parties de la somme. » Quant au produit des deux quantités ultra-géométriques, on aura par définition : » Il suffira donc de multiplier ensemble les deux modules et d'attecter le résultat d'un angle géométrique égal à la somme des angles géométriques des facteurs et d'un angle ultra-géométrique égal à la somme des angles ultra-géométriques des facteurs; d'ailleurs il est évident que ^{■^, e) X *(a,„ e.) = V>, «,) ^ %. «)• Par suite de cette définition, un nombre quelconque a, ^, pourra ètic considéré comme composé de trois facteurs : «(0,0) ou rt, 1(0,9) O" '«' '(.,,0) OU '«• Un de ces facteurs représente le module, l'autre le facteur ultra-géomé- trique, le dernier le facteur géométrique. Mais il est facile de voir qu'on peut écrire i^= cosw + isin w et ig= cosô -f-ysinô, / désignant une longueur égale à l'unité portée perpendiculairement au plan des xj. » En conformité avec les notations admises, nous aurons Donc une ligne quelconque dans l'espace se représentera par ralgorithmc- » On vérifie de suite que pour multiplier deux quantités de cette forme ( '-7 ) il suffit de iimltiplier les modules entre eux et d'ajouter respectivement les latitudes et les longitudes I) Ainsi la règle que nous avons donnée pour multiplier ensemble des quantités dans l'espace conduit à des multiplications algébriques ordinaires lorsque chacune des lignes est écrite sous la forme monôme; mais il n'en est plus de même lorsque l'on considère chaque ligne dans l'espace comme composée d'une somme de lignes obtenue d après la règle que nous avons donnée ci-dessus : en effet, dans ce cas le produit ne peut pas être obtenu directement, parce que pour les multiplications dans l'espace le produit des sommes n'est pas égal à la somme des produits partiels. Cependant cette difficulté n'est pas insurmontable, nous allons le faire voir. >i Supposons qu'on désigne une quantité ultra-géométrique par l'ex- pression suivante, .r -+- ri -(- zj. D'après la définition de la somme, cette expression représentera une ligne dans l'espace ayant, comme projections sur les axes, x, j, z. Mais si nous multiplions jc -hj'i-i- z/ par x' + J''i + ''/' lorsque nous considérerons les produits partiels où entrera zj, rien n'indi- quera le plan dans lequel doit se trouver z, tandis que ce plan était parfai- tement déterminé dans l'expression complexe jc +yi + zj ; par conséquent, la représentation x -h yi -\- zj n'est pas suffisante lorsqu'on considère iso- lément les lignes x, ji et zj ; il faudra donc exprimer cpie la ligne z reste dans le plan déterminé par x -h j'i- On pourra le faire sans changer m la valeur absolue de z, ni sa direction, en multipliant zj pare'" , e'^' étantégal au facteur géométrique de la ligne x+yi+zj, et alors, pourvu qu'on ordonne par rapport à y", puis par rapport à /, le produit des deux quantités X + yi -+■ zj par x' -\- j' i -h z'j sera donné par le produit algébrique des quantités {x -\-ji + ze"7) X {x' + j'/ -4- z' e'''j) . Si on cherche le module de ce produit, on trouvera qu'il est égal au \tvo- duit des modules des facteurs. 4- ( ^8 ) » Au lieu de considérer une ligne dans l'espace comme la somme de trois lignes perpendiculaires entre elles, on peut considérer cette ligne comme mt polygone dont chaque côté a pour module un nombre réel, et dont les facteurs géométriques et ultra-géométriques sont les racnies de l'unité satisfaisant à une même équation, a — I = o. Si m est un nombre premier, a, a^,a^,..., a'""' désigneront toutes les racines, quel que soit a, dans le plan xoj^ée même |3, ]3^, ^% . . . , j3"'~' , dé- signeront, quel que soit j3, les m — i racines de l'équation (5'" — I = o dans le plan zox. Alors le polygone dans l'espace pourra s'écrire En donnant à A: et à « toutes les valeurs dont ces lettres sont susceptibles, nous aurons [m — i)^ lignes dans l'espace, et leur produit, qui, d'après notre définition du produit, se trouvera être un nombre réel, sera dit la norme de lex pression a -h a, a^ -h a.,a.(i + . . . -h o,„_^ ap, que nous écrirons simplement F(«, /5). » M. DuvAL lit quelques portions d'un travail ayant pour titre : « Considé- rations sur les amputations : de la conservation des membres et spéciale- ment des membres mferieurs à la suite des fractures comminutives déter- minées par des coups de feu. Ce travail, dont le titre indique suffisamment l'objet, a pour base les observati:»us reciiediies par l'auteur à l'hôpital principal de la Marine de Toulon ei à l'hôpital S.iint-Mandrier, sur des militaires dé l'armée (l'Italie blessés à Magenta cl à Sollerino. (Commissaires, MM. Velpeaii, .1. Clocjuet, .lobcrt.) 20 ) MEMOIRES PUESEiXTES. L'Académie a reçu depuis sa dernière séance un travail niauuscnt adressé par M. Aiuj. Frémont au concours pour le prix de Statistique, et annoncé par ime Lettre de l'auteur mentionnée au Compte rendu de la séance du 3i décembre. Ce travail, qui est frès-étendu, a pour titre : « Le Département du Cher. » (Réservé pour la future Commission du prix de Statistique. ) ORGANnGR.VPHlE VÉGÉTALE. — Eludes comjxtrées des feuilles dans les trots grands embranchements végétaux ; par M. Ch. Fer.mond. (Deuxième partie.) (Renvoi à l'examen de la Section de Rotanique.) Reche/chc du principe de la trisection dans les feuilles où il est le mieux dissimulé. « Dans notre précédent Mémoire, nous nous sommes particulièrement étendu sur le praicipe de la trisection, en le démontrant dans les feuilles où il est le plus apparent. Dans celui-ci, notis nous proposons de chercher à le faire reconnaître dans les feuilles où on ra|)erçoit le moms ou plutôt de faire comprendre lés raisons pour lesquelles il ne saurait se montrer. C'est ce que nous désignons par celte expression : principe ilissimulé. Mais auparavant nous devons bien poser les bases de notre classification mé- thodique en établissant nettement l'existence des deux générations types : \'A génération longitudinale eX Va génération /o/e'rrt/e, lesquelles, en se combi- nant de diverses façons, permettent de distinguer plusieurs systeiin's dans la formation des feuilles. » Nous avons dit et démontré de plusieurs façons que la génération lon- gitudinale se faisait par une suite de trisections toujours exercées sur la foliole terminale, dans le jasmin et le Cobea scandens. On peut aisément, sans avoir recours aux recherches minutieuses de l'organogénie, arriver à se convaincre-que la composition longitudinale se fait bien ainsi. Si, en elfet, nous examinons nue série de feuilles du yii(6(/5 ;V/œi(>, nous voyons qu'il existe des feuilles à peu près simples ou offrant un lobe soit à droite, soit à gauche. Ici le principe de la trisection est dissimulé sans doute ; mais il est si facile de deviner sa présence, qu'il nous suffira de signaler cet état particulier de son existence. D'autres feuilles sont trilobées et conduisent ( 3o) ainsi aux feuilles trifoliolées qui sont en assez grand nombre. Une plus grande proportion de ces feuilles se montrent avec deux folioles un peu dé- currentes et une foliole terminale trilobée, laquelle, dans d'autres feuilles, se trouve réellement trifoliolée, de sorte que la feuille est longitudinalement quintifoliolée. Enfin, il est d'autres feuilles [Rubiis biflonis) chez lesquelles on trouve cinq folioles, mais la terminale présentant un commencement de trisection que nous n'avons pu voir se compléter. Il est impossible que dans une série de feuilles bien choisies on ne devine pas le mode de géné- ration qui lésa produites. C'est exactement ce mode de formation qui fait les feuilles longicomposées des Rosacées, Légumineuses, etc. » Au contraire, il y a des feuilles chez lesquelles la génération longitu- dinale se borne a la production d'une foliole continuant le pétiole, tandis que les folioles qui viennent composer la feuille se forment de plus eu plus sur le côté. En d'autres termes, la foliole primaire, qui est centrale, subit une seule fois l'influence du principe de la trisection, et c'est aux folioles secondaires qu'est départi le soin de produire des folioles tertiaires, qui devront à leur tour produire des folioles quaternaires, etc. Il ne faudrait donc pas s'imaginer qu'il suffit à la foliole latérale de se composer longitu- dinalement, comme cela arrive à certaines feuilles bicomposées de Légumi- neuses (^Acacia loplinnta), pour prendre une idée de ce que nous entendons par génération latérale, car celle-ci est rigoureusement la succession de folioles (ou éléments foliaires), toujours plus latérales, d'un ordre de plus en plus élevé et dans la formation desquelles le principe de la trisection est complètement dissimulé. I) L'organogénie des feuilles des lupins, de quintefeiiilles, de la capu- cine et des ricins prouve que les éléments foliaires se produisent exacte- ment comme nous venons de l'indiquer, et les feuilles latéricomposées des Pnvia, Catvwhis, elc, n'ont pas d'autre mode de formation qui peut se lire sur la feuille des Hellebonis niger et fœtidits et celle de VAruni draciuuiiltis, absolument comme nous avons pu déchiffrer la génération longitudinale sur les feuilles des Rubus. » Si l'on suppose une ligne courbe partant du sommet du pétiole et passant par toutes les extrémités des folioles de ces feuilles latéricompo- sées, ou arrive à concevoir la figure d'inie feuille plus ou moins arrondie, réniforme ou cordiforme, dans liupielle on reconnaîtra plus de largeur que de longueur. Ia'S feuilles du Cerris siliiiuastnnn et celles du PcUisiles hybruid peuvent donner une idée de ces formes. >: Les feuilles longicomposées sont donc très-faciles à distinguer des ( 3. ) feuilles latéricomposées, mais il faut pour cela qu'elles aient a» moins cinq folioles ; car si elles n'en ont que trois, il est assez difficile de reconnailre le système de formation auquel elles appartiennent. Ce n'est que par des considérations d'ailleurs souvent incertaines que l'on peut arriver à se prononcer sur le système duquel dérive la feuille trifoliolée que l'on a en vue. C'est ainsi que l'on peut presque assurer que les feuilles des Frr/(yfl/i« et des Trifolium sont latéricomposées, pendant que les feuilles trifoliolées du Jasminiiin azoricum , mauritianum, fnilicans, etc., sont longicomposées; mais il nous serait tout à fait impossible de dire le système auquel il faut rapporter les feuilles trifoliolées des Rubus occidenlalis, hispidus, etc. Heu- reu.>-ement que ces distinctions ne sont utiles qu'au point de vue philosophi- que de la science. » Mais si la génération est essentiellement latérale, nous n'avons plus une composition analogue à celle des feuilles des Ombelliferesdont la notation est L = /, et dans ce cas, comment découvrir l'influence du principe de la trisection? On arrive de deux façons à le retrouver dans les feuilles ou il est dissimulé. » 1° Nous avons dit (premier Mémoire, feuilles de VHeracleum) qu'il y avait des systèmes ou ensembles de parties qui pouvaient être regardés comme liés entre eux beaucoup plus que certains autres, et qu'en établis- sant des comparaisons entre les divers ensembles ou systèmes de plus en plus ou de moins en moins composés, ou arrivait à concevoir une suite de trisections qui confirmait de plus en plus le principe. » Nous venons de voir que dans la génération longitudinale le principe de la trisection ne portant son influence que sur la foliole terminale, l'ordre de la formation des éléments foliaires s'élevait de plus en plus, si bien que les nouvelles formations se trouvaient au-dessus des plus anciennes. Or, en admettant que ces deuxordresde phénomènes soient applicables à la géné- ration latérale, on arrive, sans trop forcer la logique, à concevoir que le principe de la trisection peut suivre une marche inverse dans la composi- tion en génération latérale. :< On peut, en effet, concevoir qu'un mamelon organogénique simple == fl se trisèque pour former trois mamelons =a-hb-i- b; que ce ma- melon triséqué, constituant un système entier, se trisèque à son tour au-des- sous des formations b -\- h pour donner lieu à deux autres mamelons c -^ c-, ce qui fait cinq mamelons = « + è^ + c" ; que ce nouveau système regarde comme entier se trisèque toujours inférieuremeut de façon à fournir encore deux nouveaux mamelons d + d ., ce qui en fait un système, encore plus ( 32) composé ^= a -h b^ + c^ -\- d-, lequel à son tour, regardé de nouveau comme entier, se triséquera par sa base pour former de nouveaux éléments foliaires. Quoique l'ordre de formation des parties soit plutôt latéral que descen- dant, on n'en conçoit pas moins une marche pour ainsi dire contrairt? (centriftige) à celle que nous a donnée la génération longitudinale fcentri- pète), et comme le principe de la trisection n'est pas aussi apparent que dans les feuilles L=:;/, c'est pour cela que nous disons qu'il est dis- sin)ulé. .. 2" Pour bien comprendre la deuxième manière de découvrir la dissi- inidation du principe de la trisection, il faut raisonner sur les nervures des feuilles considérées comme centre des éléments foliaires. Si nous examinons la nervation d'une feuille de platane, nous voyons inie nervure primaire continuant le pétiole; puis deux nervures latérales ou secondaires, oppo- sées, partant du sommet du pétiole; par conséquent, émanant de la nervure primaire; ces nervures secondaires émettent extérieurement chacune une nervure tertiaire, laquelle à son tour donne plus extérieurement une ner- vure quaternaire. Ici les nerviu'es émergent évidemment les unes des autres, mais il est un grand nombre de feuilles chez lesquelles l'éniersion de toutes ces nervures coïncide tellement, qu'elles sendîlent toutes partir du sommet du pétiole. » Or la nervure |)rimaire qui donne naissance à une secondaire, droite par exemple, doit, en vertu de notre loi de symétrie par rapport à une ligne (1), fournir une secondaire gauche, et dans ce cas le principe de la trùsection doit avoir toute son influence, car les conditions sont exactement les mêmes à gauche comme à droite : donc rien ne doit s'opposer à la for- mation d'une nervure (lobe ou foliole) d'un côté quand elle se forme de l'autre. Si nous appliquons ce raisonnement à une nervure secondaire, les conditions sont changées, car l'un des côtés est parfaitement libre, tandis que l'autre trouve la nervure primaire plus ou moins entourée de tissu cel- lulaire; et s'il arrivait que la symétrie produisît de chaque côté de cette se- condaire une tertiaire (nervure ou foliole), on voit que celle-ci serait appa- rente du côté libre ou extérieur, et que son opposée serait comprise dans la nervure ou foliole primaire: par conséquent le principe de la trisection pourrait encore exister sans qu'il nous fût donné de l'apercevoir. >. Maintenant supposons une feuille chez laquelle le principe de la trisec- tion, après l'avoir trilobée, vient à agir sur le lobe laléral ; il se formera un (i) Etudes sur la symétrie considérée dans les trois règnes de la nature. ( "^3 ) lobe surnuméraire extérieur visible, tandis que son opposé ne pourra l'être puisque, s'il s'est formé, il se trouvera compris dans le limbe ou absorbé au profit du parenchyme général de la feuille. Donc le principe de la trisection doit être dissimulé. » Toutefois, si le principe de la trisection peut être reconnu malgré sa dissimulation, il faut convenir que, comme dans la génération latérale, il y a une exception évidente à la deuxième proposition de l'énoncé du principe, car il est clair que les nombres 5,1711, etc., qui peuvent résulter de la tri- section descendante, nesauraientêtre un multiple de 3. Donc les générations longitudinales et latérales font exception à cette proposition. « Dans une Lettre qui accompagne son Mémoire, M. Fermond prie l'Aca- démie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique. (Renvoi à la Section de Botanique.) HYGIÈNE APPLIQUÉE. — Du meilleur mode de dislrihulion des eaux publiques aux habitations des grandes villes; par M. G. Grimaud, de Caux. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Rayer, Combes.) « Le but final de toute distribution d'eaux publiques consiste à mettre cette eau à la disposition des consommateurs. Au premier abord la chose paraît facile; les difficultés se montrent à l'exécution. )) Supposez chaque maison munie d'un robinet de puisage branché sur la conduite qui passe dans la rue. La distribution sera parfaite si ce ro- binet donne de l'eau à volonté. Or que faut-il pour cela? Il suffit que la conduite soit toujours en charge, c'est-à-dire que la source qui l'alimente ne cesse jamais de fournir. La provision nécessaire à chacun durant une journée constitue la base de toute distribution. A Paris, avec une population de iSooooo habitants, à 5o litres par tête, la soiu'ce sera suffisante, si elle fournit pendant 24 heures 870 litres par seconde, et si l'on veut la provision en 12 heures, 1740 litres, moins de 2 mètres cubes par seconde. » On évalue laprovision parhabitant; maislesrobinetsde puisage doivent se compter par maison. On aurait donc, pour 40000 maisons, 40000 robi- nets de puisage. (Avant l'adjonction de la banlieue on comjjtait 3j>ooo mai- sons seulement.) Le débit de ces robinets, s'il devait être permanent, ne C. R., 1S61, I" Senwilie. (T. LU, N» 1.) 5 ( M ) serait que de 2'",6i par seconde; 1875 litres, moins de 1 mètres cubes en xn heures. C'est à peu près la provision demandée jusqu'à ce jour parles maisons de Paris qui ont des concessions. Tel est le jjoint de vue tlîéorique. » Dans l'application les choses se passent différemment. On n'a pas besoin que le robinet de puisage coule sans interruption; maison a besoin qu'à un iiioment donné il fournisse une portion plus ou moins considérable de ce ({u'il doit pour la journée. Or il y a pour cela deux moyens. » Le premier consiste dans un nombre suffisant de réservoirs généraux ayant pour fonction de tenir tout le système des conduites constamment en charge, ces réservoirs n'étant jamais vides; ce qui, pour Paris, équivaut à j)uiserà la source les [740 litres par seconde ci-dessus mentionnés. •> Le second moyen consiste à construire dans chaque maison un réser- voir auquel vient aboutir la prise d'eau branchée sur la conduite de la rue. Si ce réservoir est situé au-dessus du sol, il suffit d'un tuyau de trop-plein ^ ])our se débarrasser de l'excédant. S'il est sous le sol, il faut un flotteur poiu' éviter le débordement et l'inondation des caves. » Ce second moyen remphrait suffisamment le but que l'on se propose; il alimenterait convenableinent la maison, si des besoins égaux se manifes- taient d'une façon constante, avec régularité et à heure fixe. Mais il n'en est pas ainsi. L'emploi de l'eau, quant à sa quantité, est chose très-variable : aujoiu'd'hui il en faut moins, demain il en faudra plus; variable en été, à ce point que le réservoir pourrait être plusieurs fois vidé et la provision d'une journée plusieurs fois consommée, sans que les besoins réels fussent entièrement satisfaits. Pour ces cas particuliers, assez fréquents pour ne pas être considères comme exceptions, il ne faut pas songer à recueillir l'eau au fur et à mesure qu'elle coide du robinet de concession; car pour les con- cessions ordinaires mentionnées ci-dessus, il faudrait près de dix minutes pour remplir un seau d'eau. Mais ces réservoirs particuliers avec quelle ma- tière les fabriquera-t-on? Avec du plomb? Assurément on peut, salis danger, boire de l'eau qui n'a fait que passer dans un tuyau de plomb; mais il faut s'abstenir de celle qui aurait séjouriié, même peu de lemps, d;;iis un réser- voir en plomb. C'est à un empoisonnement par de l'eau qui avait séjourné dans un réservoir en plomb que la famille de Louis-Philippe a failli suc- comber en Angleterre. Avec du zinci' Ce métal aussi est attaquable par les acides les |)lus faibles, et tous ses oxvdes sont vénéneux. Il n'y a que le fer dont ou puisse se servir sans danger pour construire, à l'usage des habita- tions, des bassins destinés à contenir l'eau nécessaire aux besoins domes- tiques. ( 35 ) " Le lieu d'élection pour l'emplacement du réservoir n'est |)as non plus une chose indifférente. A vrai dire, on ne peut guère l'établir, en toute sûreté, qu'au rez de-chaussée, avec son fond au niveau du sol. Dans les caves, malgré l'adjonction d'un robinet flotteur, on ne serait pas à l'abri des inondations, à moins de précautions minutieuses, le jeu du flotteur à soupape ou à robinet pouvant être interrompu par le moindre obstacle apporté par l'eau elle-méiue. Dans les parties supérieures des habitations, il fiiut prendre garde aux fuites, aux moindres infiltrations. L'exemple de Londres serait mal choisi : un bon mortier de chaux et sable sert de lien aux briques et aux pierres dont on construit les maisons; à Paris, au con- traire, au lieu de mortier, c'est du plâtre, et les murs construits en plâtre se détruisent par l'humidité. Telle est la raison pour laquelle les proprié- taires résisteront toujours à une distribution par étages et par apparte- ments. » Avec les réservoirs généraux on satisfait à toutes les conditions; et ce moyen est économique pour l'administration, aussi bien que pour les par- ticuliers. 11 suffit de tenir compte des quantités. En effet, les conduites étant toujours en charge, chacun peut puiser l'eau selon ses besoins du moment; aujourd'hui moins, demain plus. Voilà pour les particuliers. Pour l'Admi- nistration, il n'y a point d'eau perdue; car après avoir déterminé, par l'ex- périence et une fois pour toutes, le coefficient de débit du robinet de pui- sage, il ne reste plus qu'à noter chaque fois la durée de l'écoulement. Il est inutile de faire observer combien sont aisées à établir les compensations dues aux différences de pression provenant des différences de niveau que l'écoulement amène dans les réservoirs généraux. On comprend qu'avec un pareil système l'Admiui^ration reçoit un juste prix de ce qu'elle donne, et le particulier ne paye que ce qu'il a réellement consommé. D'où l'on voit que tout se réduit à avoir, dans chaque maison, un compteur pour l'eau, comme on a un compteur pour le gaz. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur quelques modifications à introduire dans les salles de spectacle au point de vue de l'hjgiène des artistes et île l'éclairage de la scène; par M. Box.vafont. (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Despretz.) « Le concours ouvert pour la construction d'une nouvelle salle d'opéra me paraît, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, donner un intérêt spécial 5.. (36) au travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie et qui peut se résumer dans les propositions suivantes : » i" J.a rampe actuelle des salles de spectacle est très-nuisible à la voix et à la vue des acteurs et des chanteurs surtout. » 1° Les communications qui existent entre la scène et les étages inté- rieurs, soit par la rampe, soit par les caussetières, donnent lieu à des cou- rants d'air très-insalubres pour les artistes. )> 3" L'éclairage actuel de la scène et des personnages, qui se fait de bas en haut, est très-vicieux et très-anormal. Il y aurait certainement avantage pour les artistes, pour les spectateurs, et surtout au point de vue de l'art, de changer cette forme de rampe et de la remplacer par luie rampe suspen- due garnie de réflecteurs convenablement disposés, qui lanceraient la lu- mière sur la scène et l'éclaireraient dune manière plus normale et plus favorable aux acteurs. » CHIRURGIE. — Sur la dépression du bas-fond de la vessie par le porle-à-faux à deux leviers; par M. Heuiiteloup. « Dans le désir de rendre plus courte ma communication sur mon porte- à-faux,'] ai omis quelques détails, omission qui peut donner lieu aune fausse interprétation. Ces détails sont relatifs à la dépression du bas-fond de la vessie quej'indique dans mon Mémoire comme étant nue des conditions de l'usage du porte-à-faux. Or, comme l'on pourrait supposer que l'action de l'instrument se passe dans un contact immédiat avec la membrane qui revêt ce bas-fond, je dois donner quelques explications à ce sujet. D'abord le porte-à-faux ne fait passer à travers sa cuiller que de la poudre de pierre et pas de fraguients, de manière que, même lorsqu'il agita nu sur la mem- brane, son action ne se fait pas sentir. La quantité de poudre qui est pro- duite alors fait à peine saillie sous la cuiller. C'est ce que j'observe lorsque j'attaque de prime abord des petites pierres ou les derniers fragments d'une grosse qui se trouvent ainsi réduits eu poudre avec la promptitude d'ac- tion de l'instrument, sans que le malade éprouve plus de sensations que si le broiement avait lieu au milieu de l'eau que contient l'organe. Mais comme je procède toujours par l'extraction immédiate au moyeu de mon percuteur à cuillers dans le cas de petites pierres, je n'emploie jamais le porte-à-faux. » Comme je l'ai dit dans mon court Mémoire, le porte-à-faux est destiné à répondre avec plus d'avantage que je ne puis le faire avec mes autres (37) instruments, à la troisième partie du trinôme lithotriptique qui est la pulvé- risation des fragments. Or les pierres brisées ne donnent des fragments dont on doive tenir un compte sérieux que lorsqu'elles sont d'un cer- tain volume, car alors ces fragments sont en très-grande quantité. C'est dans ce cas spécialement que le porte-à-faux me rend et rend aux ma- lades de grands services, et par la promptitude de son action, et par la douceur de ses manœuvres , et par pulvérisation desfragments qui sont une si grande cause d'accidents dans la litliotripsie. Dans ces C3S donc de pierres d'un certain volume qui viennent d'être démolies et pulvérisées en partie par mon percuteur à dents, voilà ce qui arrive lorsque je fais usage du porte-à-faux. Bien que déprimant légèrement le bas-fond de la vessie, cet instrument ne se trouve jamais en contact avec la membrane muqueuse. Cette membrane est séparée de la cuiller par un lit de poudre fine formant coussin moelleux, produite par le démo- lissement qui précède l'usage du porte-à-faux. Lorsque même on veut atteindre la membrane du bas-fond à travers cette poudre, on ne le peut pas; la large surface plate du dos de la cuiller s'y oppose. Il ne faut pas perdre de vue que par suite des lois de la statique, la poudre très-fine des- cend au point tout à fait déclive, la poudre grossière se place au-dessus, les petits fragments, les moyens et les gros se placent ainsi superposés sui- vant leur rang de taille. Si l'on met une pierre ainsi démolie et pilée en partie dans une bouteille, on est témoin de ce petit phénomène qui d'ail- leurs est vulgaire. C'est cependant sur lui qu'est basé l'usage utile du porte-à-faux qui naturellement est grandement assisté par les différents changements de déclivité que j'imprime au bas-fond par l'oscillation de mon lit statique. i> Tout cela dit, il est bien facile de concevoir que si l'instrument est placé, par des manœuvres étudiées, desquelles j'aurai à entretenir l'Acadé- mie, dans la zone des fragments agressifs, c'est-à-dire ceux d'un volume qui leur permette de s'introduire dans le col ou dans l'urètre, on arrivera, en faisant instantanément et itérativement ouvrir et fermer l'instrument par le jeu alternatif des leviers, on arrivera, dis-je, à réduire en poudre ces fragments agressifs qui viendront nécessairement se placer et se faire pul- vériser dans la cuiller. De là solution du problème, qui se trouve d'autant moins accompagné de dangers et de difficultés que l'instrument repose sur un lit de poudre, et joue au milieu du détritus qui le sépare complètement des parois de l'organe. » (38) CHihURGiE. — Nouvelles remnnjiœs à l'appui de la réclamation de priorité precédeinmenl élevée à l'égard de M. Heurteloiip, à l'occasion de sa précé- dente communication sur le porte-à-faux ; par M. Guillox. Ces deux Notes sont renvoyées à l'examen des Commissaires précédem- ment nommés : MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe. ZOOTECHNIE. — Le pied du cheval et la mécanique animale considérée particulièrement dans les membres des Solipèdes ; par M. V. Laisné. (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Bernard.) M. HtET présente au concours pour les prix de Médecine et de Chirur- gie de la fondation Montyon un Mémoire intitulé : « Nouveau procédé opératoire pour la cure radicale de l'ongle incarné ». (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. AuLAGNiER, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un opuscule imprimé ayant pour titre : « Des remèdes réputés spécifiques contre la goutte. . . », y joint, pour se conformer a une des conditions imposées aux concurrents, l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travaU. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Chevallier présente un supplément à sa précédente communication sur la fabrication des allumettes chimiques. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Cl. Bernard.) M. W. SiioRTER adresse de Bloxham, prés Banbury (Angleterre), une Note sur l'épilepsie, et prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur son travail. Cette Note, qui est écrite en anglais, est renvoyée à l'examen dune Commission composée de MM. Andral et J. Cloquet. ( 39) M. Veroiden envoie de Ferborgh, province de Gueldre (Pays-Bas), une Nore concernant le traitement qu'il a fait suivre à un homme qu'on pou- vait croire atteint d'iiydrophobie, quoique le chien par qui il avait été mordu ne fût pas enragé. Il signale à cette occasion les inconvénients des cautérisations employées sans ménagements, dans les cas de morsures sus- pectes, cautérisations qui déterminent parfois certains accidents qu'on pour- rait confondre avec ceux qu'on avait intention de prévenir. (Renvoi à l'examen de M. Rayer.) CORRESPOND AIVCE . M. LE Secrétaire PEKPÉTCEL présente, au nom de M. le Maréchal Vail- lant, un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Nouvelles études sur les » inondations, au point de vue de l'insalubrité des réservoirs ; de l'influence » des forêts, du reboisement envisagé comme agissant contre les inonda- » tions et les ravinements ; » par M. F. Vallès. M. LE Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées de la correspondance, divers opuscules relatifs à des questions de médecine, adressés par M. Licjej-., médecin à Rambervillers, et rappelle le désir ex- primé par l'auteur, à l'occasion de précédents envois, que ces pubhcations puissent être mises sous les yeux de la Section de Médecine et Chirurgie, quand elle aura à présenter des candidats pour une place de Corres- pondant. M. LE Directeur gé.^éral de la navigation et des ports adresse le Tableau des hauteurs d'eau de la Seine observées chaque jour au pont de la Tour- nelle pendant l'année 1860. CHIKURGIE. — Sur les résections sous-périostées ; fxir M. Demarquay. (Extrait.) « Lorsque M. Flourens publia son travail sur le développement des os et les fonctions du périoste, M. Blandin en saisit parfaitement toute la por- tée, et, le premier en France, il chercha à en faire profiter la chirurgie. En effet, tandis qu'au lit des malades il appliquait son esprit à saisir les indi- cations des résections soiis-péi'iostées, il m'invitait à lecueillir dans les am- ( 4o ) |)hithéâtres tous les faits d'anatomie pathologique qui viendraient à l'appui de la théorie de Duhamel et de M. Floureus. Après avoir fait, avec succès, la résection de la partie moyenne et externe de la clavicule, affectée de carie et d'une destruction partielle du périoste, et la résection de la partie inférieure du péroné, il fut moins heureux dans les opérations du même genre qu'il fit sur la partie inférieure du cubitus et la partie moyenne du tibia. En 1849, il s'occupait de rédiger un Mémoire sur les résections sous- périostées. » Les essais de M. Blandin eurent des imitateurs à l'étranger. M. Ollier, en répétant et en suivant les expériences de M. Flourens, ramena de nou- veau l'attention sur ce sujet. Tout récemment , plusieurs chirurgiens distingués ont pratiqué un grand nombre d'opérations sur les os, en con- servant le périoste. Mais les résultats de cette chirurgie nouvelle n'ayant point porté la conviction dans tous les esprits, j'ai l'honneur de communi- quer deux faits à l'Académie des Sciences, qui ne laisseront, je l'espère, aucun doute dans les intelligences non prévenues. Je comprends fort bien les doutes émis par M. le professeur Sédillot en ce qui concerne la repro- duction des os, lorsque la résection a été faite dans une articulation malade. Je me suis en effet convaincu, l'année dernière, qu'au milieu de ce désordre articulaire, qui force le chirurgien à intervenir, il est bien difficile de découvrir le périoste, de l'isoler, quand il n'a point été détruit par le travail inflammatoire; et, en supposant qu'on y parvînt, ces débris de périoste malade finissent par tomber en gangrène. Toutefois quand un os seul est malade, comme l'extrémité inférieure du cubitus ou du péroné, ainsi que cela avait lieu dans les faits de M. Blandin, on comprend très- bien que le radius et le tibia servant d'attelle, et le périoste étant conservé, un os nouveau puisse renaître à la place d'une extrémité articulaire d'uji os réséqué. Toutefois, pour prévenir tout mécompte, il est une chose qu'il importe de savoir : c'est que sur l'adulte il est très-difficile, pom- ne pas dire impossible, de décoller le périoste, si l'os sous-jacent n'est pas malade; c'est ce dont je me suis encore convaincu il y a peu de jours, ce que savent d'ailleurs tous les anatomistes. Il y a deux circonstances graves qui chez l'adulte se prêtent merveilleusement à l'aiiplication de cette chirurgie nouvelle, c'est la carie et la nécrose; dans ces deux circonstances, le pé- rioste qui recouvre ou avoisine la |)ortion d'os malade, est plus ou moins enflammé, épaissi et par conséquent plus facile à isoler. Cela explicpie les deux succès que j'ai obtenus l'année dernière dans mon service chirurgical de la maison de santé. ( 4i ) .) M, Flourens, pour démontrer, d'une manière non douteuse, la régéné- ration de l'os par le périoste, a réséqué la partie moyenne d'une vraie côte avec conservation intégrale du périoste. Si, en effet, cette membrane est la matrice de l'os, elle réunira par une matière osseuse nouvelle les deux ex- trémités de la côte que rien ne peut rapprocher, puisque les parties voi- sines s'y opposent. Les deux observations rapportées dans ma Note sont une preuve certaine que la nature travaille chez l'homme, comme chez les ani- maux, à régénérer l'os enlevé, à l'aide du périoste, quand celui-ci est bien conservé. Ma première observation est relative à la résection médiane du maxillaire inférieur avec conservation de l'enveloppe fibreuse. Dans la se- conde observation, j'ai réséqué les deux bouts d'une fracture non consoli- dée du péroné et j'ai conservé le périoste. Ces deux faits reproduisent sur l'homme le même phénpmèneque M. Flourens a observé sur les animaux, ])uisque les deux extrémités osseuses réséquées ne peuvent pas se mouvoir et venir au contact, et que fatalement la matière osseuse formée l'a été aux dépens du périoste et des parties voisines; d'ailleurs, dans la résection de la portion médiane du maxillaire inférieur, nous avons vu le phénomène s'accomplir sous nos yeux. Il en est de même de notre observation de la ré- section du péroné dans sa continuité, dont le résidtat a été montré par M. Flourens. » Il y a donc une série de faits dans lesquels la chirurgie devra recourir à la résection sous-périostée. Sans doute, des esprits enthousiastes ont peut- être un peu compromis le succès de ces opérations, en publiant des faits mal observés, et M. Sédillot a eu raison de démontrer, dans son ouvrage sur l'évidement des os, le peu de foi qu'il fallait ajouter à quelques-iuis de ces faits; mais le savant professeur de Strasbourg n'est-il point allé trop loin lui-même en refusant tout avenir aux résections sous-périostées? L'évidement et les résections sous-périostées sont filles de la même idée; elles émanent des mêmes travaux. Certes, en présence des faits consignés dans le Mémoire de M. Sédillot sur l'évidement, il n'est aucun chirurgien qui ne préfère recourir à cette opération plutôt que de pratiquer une am- putation dont les suites doivent être infiniment plus graves. Conclitsions. » Le premier chirurgien qui, à Paris, a le mieux cherché à appliquer à la chirurgie humaine les idées de M. Flourens sur les propriétés du périoste, c'est M. Blandin. Si les résultats qu'il a obtenus n'ont pas été tous satisfai- C. R., 18G1, \" Sfinestie. (T. LU, N" 1.) V (4^ ) sants, cela tient à ce qu'une grande partie du périoste enveloppant les os qu'il a réséqués était détruite par l'inflainniation ulcérative. " Conformémout à l'opinion de M. Sédiliot, les résections faites dans les arficiilatioDs malailes ne peuvent donner, au point de vue qui nous occupe, que des résultats peu satisfaisants, attendu que ion agit siu- des parties très-malades, les os sont profondément altérés, le périoste qui les recouvre est détruit , et les lambeaux du |)érioste que l'on conserve dans ces cas ne peuvent pas produire une régénération osseuse; c'est ce dont je me suis convaincu en laisant plusieurs résections articulaires. .' Toutefois, il n'est pas douteux que, dans des conditions toutes particulières, on ne puisse obtenir une reproduction osseuse parfaite, si on a le soin de conserver intégralement le périoste; cela résulte des faits con- tenus dans ce travail, et que M. Flourens a bien voulu vérifier. Dans le premier de ces faits, on voit un maxillaire inférieur, moins fort, il est vrai, et rappelant un peu celui des vieillards, se former en onze mois, à la place de celui que j'ai enlevé. Dans le second fait, les deux bouts réséqués du péroné sont réunis par un arc osseux, formé manifestement par le périoste conservé. » Pour obtenir ce résultat, i\ ne suffit point de conserver le périoste, il faut encore avoir soin d'immobiliser la partie sur laquelle a porté la résection. Aussi toutes les fois qu'un tuteur naturel, comme le tibia ou le cubitus, viendront assurer cette immobilité, on sera plus sur du succès. Cela résulte de mes propres observations et de celles que j'ai pu faire sur les opérés de M. Blandin. ■■ Dans toutes les opéia fions sous-périostées, le chirurgien doit plutôt se préoccnpf'r de la conservation de la fonction que de la forme même de l'os qu'il cherche à obtenir, ce dernier en effet ayant rarement les mêmes qualités que le premier, quoique au point de vue fonctionnel il le remplace parfaitement. C'est ce qui est aiiivé au malade de M. lîlandin, auquel il avait réséqué la clavicule. Cette différence s'explique d'ailleurs par l'étal maladif du périoste ou par sa destruction partielle. » PATHOLOGIE. — Note sur itn (as d'apoplexie de l un des pédoncules du cervelet^ diagnostiquée peiuhnit ta nie; par M. Nonat. « Dans la séance du ^6 novembre dernier, M. Flourens a cominuni(pié une observation de M. le professeur Poelman (de Gand), relative à une lé- sion caractérisée par le dépôt d'un grand nombre de concrétions calcaires l 43 ) dans la substance du cervelet, des pédoncules cérébelleux moyens el du pont de Varole. Suivant l'auteur, le chien atteint de cette lésion se trouvait dans l'impossibilité de coordonner ses mouvements volontaires et exécu- tait, à plusieurs reprises dans la journée, des mouvements gyratoire-. tout à fait indépendants de la volonté. » A l'occasion de ce fait, M. leSecrétaire perpétuel a appelé l'attention des physiologistes et des médecins sur « le rapport exact des phénomènes patho- logiques avec les fonctions des parties lésées », et il a cherché à «établir qu'il est possible pendant la vie de diagnostiquer le siège des apoplexies en remontant des symptômes à l'organe lésé. >■ » Le cas rapi)orté par M. Poelman m'a reaiis en mémoire un iait ana- logue, mais d'une importance plus grande encore au point de vue de la physiologie et de la pathologie humaines, eu ce qu'il a été observé chez l'honmie lui-même. i> En 1845, pendant que j'étais médecin à la Salpétriére, on amena dans ma division une femme d'une soixantaine d'années, qui venait d'être frap- pée d'une attaque d'apoplexie. L'intelligence était abolie, la sensibilité gé- nérale anéantie; les mouvements volontaires étaient paralysés. La malade se tenait couchée sur le côté droit, et sa tête était fortement inclinée du même côté par la contraction spasmodiquedes muscles de la région latérale droite du cou. Mais le phénomène suivant fixa surtout notre attention : Les yeux étaient immobiles et dirigés obliquement, l'œil droit en bas et en dehors, l'œil gauche en haut et en dedans. Invoquant alors les données de la phy- siologie expérimentale, je n'hésitai pas à diagnostiquer une hémorrhagie dans le pédoncule cérébelleux droit. >' La malade succomba le lendemain ; et à l'autopsie, nous trouvâmes, comme je l'avais prévu, un épanchement sanguin récent, du volume d'une petite châtaigne, occupant le pédoncule cérébelleux du côté droit et péné- trant même un peu dans l'épaisseur de l'hémisphère correspondant. Le reste de l'encéphale était sain; les méninges nous parurent intactes. >' Peu de faits nous semblent aussi propres à faire ressortir l'utilité de l'induction physiologique apphquée à la détermination du siège des lésions cérébrales. Etant prosecteur de Magendie en 1 83 1, j'avais souvent, à l'exem- ple de ce célèbre physiologiste, pratiqué sur des animaux vivants la section des pédoncules du cervelet, et bien étudié les effets de cette expérience. Per- sonne n'ignore aujourd'hui qu'après la section des pédoncules cérébelleux l'animal tombe du côté lésé et qu'il tourne involontairement autour de son 6.. ( 44 ) axe longitudinal et toujours dans le même sens. On sait aussi que les yeux changent de direction, et qu'ils sont entraînés par tni mouvement spasmo- dique, l'un (celui du côté lésé) eu bas et en dehors, l'autre en haut et en dedans. Entre ces phénomènes et ceux que nous avons observés chez notre malade, l'analogie est facile à saisir. Dans les deux cas, même direction anormale des yeux; même inclinaison de la tète et du tronc, du côté lésé. La seule différence (et encore est-elle plus apparente que réelle), c'est que chez la malade soumise à notre observation il y avait une simple tendance au mouvement de rotation, tandis que ce mouvement s'exécute chez les animaux. Sans une notion très-exacte de cet ordre défaits physiologiques, nous eût-il été possible de porter un diagnostic aussi précis? » Nous sommes heureux de pouvoir fournir une observation de plus à l'appui des idées soutenues par M. Flourens touchant la possibilité de dé- terminer, pendant la vie, le siège de certaines apoplexies, en remontant des symptômes à l'organe lésé. Malheureusement le cercle de ces détermi- nations est encore assez restreint, en raison de la difficulté qu'on éprouve à localiser les fonctions des centres nerveux à mesure qu'on se rapproche du cerveau. » CHIMIE MINÉHALE. — Mémoire sur la produclion des phosphates et des arséiiiates cristallises; par M. H Debray. « Les dissolutions d'acide phosphorique et d'acide arsénique, mises en présence des carbonates métalliques, les transforment en phosphates et arséniates cristallisés insolubles, dont la composition varie avec la tempé- rature de rex|)érience. A la température ordinaire, on obtient en général des produits dont la composition peut se représenter par la formule géné- rale Ph0^aRO,HO -f- Aq. C'est ainsi que l'on peut obtenir le phos- phate de chaux PhO'uCaO, HO + 4H0 qui est un produit de sécrétion végétale, et l'arséniale de chaux AsO'aCaOHO -f- 3HO ou haidingérite. A loo" on obtiendrait le phosphate de chaux PhO^aCaO, HO, l'arséniatc de chaux correspondant AsO'^CaO, HO, le phosphate de manganèse PhO'3MnO, 3 HO, etc. » L'eau exerce sur les phosphates une action décomposante qui tend à transformer ces corps en phosphates plus basiques ; ainsi le |)hosphate de manganèse PhO'aMnO, 7HO, obtenu à 70", se dédouble, quand on le chauffe dans l'eau à 100", en phosphate à 3 équivalents de manganèse ( 45 ) et en phosphate soluble PhO'MnOaHO — L'équation suivante rend compte de cette réaction 2(PhO=-2MnOHO + 6HO) = PhO'3MnO + 3HO+PhO=Mn0.2lIO-t-A(i. » Quelquefois l'eau enlève seulement de l'acide phosphorique au sel : c'est ce qui arrive avec le phosphate de cuivre PhO'^SCu O, 3H0 et l'arsé- niate de cuivre AsO' 3CuO,4HO, qui donnent à une température suffisam- ment élevée la libilhénite PhO'4CuOHO et l'olivénite AsO'SCuOIIO, cristallisés dans le liquide devenu acide. Ces réactions s'expriment par les formules /i(PhO'3CuO, 3H0)= PhO'3HO-t-3(PhO=4CuO, HO) + Aq, 4(AsO=3CuO,4HO) =AsO^'3HO + 3(As0^4CuO,HO) + Aq. » Les dissolutions des sels de cuivre facilitent singulièrement ces trans- formations. » Le phosphate de chaux PhO' 2CaO,HO, l'arséniate de chaux corres- pondant et le phosphate de plomb PhO^aPbOjHO ne sont altérés par l'eau seule à aucune température ; mais en présence des chlorures de même base ils se changent , à la température de aSo" environ, en chlorophos- phates. On obtient ainsi l'apatite, un composé arsénié correspondant et le plomb phosphaté. On peut représenter la production de ces corps dans ces circonstances par les formules : 3(PhO= 2CaO,HO) + 4CaCl = 3(PhO=3CaO) -f- CaCl + 3HCI, 3(AsO'2CaO,HO) +4CaCl = 3(PhO=3CaO) + CaCl + 3HCI, 3(PhO' 2PbO,HO) -+- 4PbCl = 3(PhO= 3PbO) + PbCl -H 3HCI. » Il est au contraire impossible d'obtenir des chlorophosphates avec les phosphates de magnésie, de manganèse, etc., qui se transforment facilement en phosphates à 3 équivalents de magnésie ou de manganèse lorsqu'on les chauffe dans l'eau. » On peut obtenir la chalcolite en mélangeant des dissolutions de phos- phate de cuivre et d'azotate d'urane. Ce corps peut être considéré comme un phosphate tribasique dont la formule serait PhO'2(U=0^)OCuO + 8H0. » Je joins à cet extrait le tableau des phosphates et arséniales décrits ( 46 ) dans ce Mémoire : Coinposé.i de tu forme 2R0.H0 + Aq. Composes de la forme 3 RO -f- Aq. AsO' AsU Ph O' 2 Mg O, HO -f- 9 HO PhO^ ?, ( U'O-; 0 ,Cu 0 + 8 HO ( chalcolito ' j PhO 2 MgO,HO -t- 6H0 PhO'3 MgO -4- 5 HO ;Ph0'2Mn0,HO + 6H0 AsO*3CuO 4- 4H0 (ph0'2Fe0,H0-i-6H0 i Ph0'3Mn0 +- 3H0 , ^\ iproduitde 'PhO^SCaO + 3110 Ph0^2CaO,HO-h4HO . '\ . . ,,\„^^,^^ ^ ^ „^ \ ^1 secreuon végétale) (PhO*3CuO-l-3HO iPIiO=2(U'0')0,HO-h4HO /PhO'3MnO-H HO 'phO ;U=0-)0,(:aO%HO H- 3 HO |PhO'3ZnO+HO I AsO* aCaO.HO -H 3 HO (haidingtrile ( Ph C 3FeO + HO )phO'2CaO H0 + 3H0 (phO^(U O'jOCaO.HO + 3 HO / As0'2Ca0,H0 + 2 HO )ph0MU'0=)0Ca0.H0 + 2H0 ( AsO 2CuO,H0 4-2HO 1 AsO^ 2Ca0,H0 *PhO^?CaO,HO 'ph0^2Pb0,H0 Composés de la forme 3 | 3 RO j + R Cl . 3(PhO'3CaO) -+- CaCI apatite. 3(AsO'3CaO) 4- Cad 3(AsO'3PbO) -(- PbCl plomb phosphaiù. Composés de la forme 3 RO H- RO HO. AsO' PhO'3CuO-)-CuOHO libithénite. AsO'SCuO^CuOHO olivenite. y\. Bernard adresse une Note sur un appareil de son invention dont nu modèle réduit est exposé dans le vestibule qui précède la salle des séances. « Cet appared, dit l'auteur, est appelé, ce me semble, a rendre de ijrands services et a Tagricnlture en lui fournissant l'eau nécessaire aux irrij^ations, et à 1 industrie en lui apportant un moteur- constant, régulier et gratuit. Utilisant d'une manière permanente les forces de leau et du vent, d crée des chutes d'eau artificielles à l'aule du travail moteur i variable, ( 47 ) mais presque tonjoiirs disponible) qui résulte des courants de l'atmo- sphère. J'ai dit à l'aide d'un travail presque toujours disponible; en effet, mon appareil peut fonctionner quelle que soit la faiblesse du vent : au lieu de présenter une résistance constante à des puissances aussi variables que celles des courants atmosphériques, ce qui est le cas des moulins a vent ordinaire, le mien permet de faire varier la résistance avec la puis- sance disponible, l'action du vent étant transmise au piston de la pompe destinée à élever l'eau dans un réservoir, par un mécanisme qui diminue ou augmente de lui-même la course de ce piston. De la sorte, il est vrai, la quantité d'eau élevée diminue quand le vent mollit; mais l'appareil ne cesse pas de fonctionner, et quelque faible que soit la force en action, il y a toujours un travail utile produit. » A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. COMITE SECRET. La Section de Botanique propose, par l'organe de son doyen M. Brongmart, de déclarer qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Payer. L'Académie est consultée par la voie du scrutin sur cette question. Le nombre des votants étant 3o, il a 29 oui et i non. En conséquence, la Section de Botanique est invitée à présenter dans la prochaine séance une liste de candidats. La séance est levée à 5 heures un quart. F. BULLETIN BIBLIOGKAPHIQLË. L'Académie a reçu dans la séance du 7 janvier 1860 les ouvrages dont voici les titres : De la raison, du génie et de la folie; par M. P. Flouhkns. Paris, 1861 ; I vol. in- 12. Recherches chimiques et anatontiques sur les affections pseudu-nienibraneuses ; par k. LaboulbÈNE. Paris, 1860; 1 vol. in-8°. De la petlac/re sporadique; parH. Landouzy. Paris, 1860 ; br. in-8°. Mémoire sur les fossiles de Monireuil-Bellaj [Maine-et-Loire); pm MM HÉBERT et Eugène Eudes-Deslonchamp?. Paris-Caen, 1860; br. in-8". ( 48 ) Nouvelles élurles sur les inondations au point de vue de l' insalubrité des réser- voirs; de l'influence des forêts; du reboisement envisagé comme agissant contre les inondations et les ravinements; jinr M. F. Yalles. Paris, 1860; br. in-8". Annsarque aicjuë se développant sous l'influence d'accès névralgiques fébriles périodiques, dans lesquels le stade de sueur Jait défaut, etc.; par i\I. le D''LlÉGEY; br. in-8°. Cas curieux d'cdhification; par le même; \ i'euille iii-8". Note SI n- la (onstiintion médicale du mois de juillet i85'] [tendance des mala- dies à revêlii- la forme cholérique) dans une contrée des Vosges. Similitude de la constitution médicale chez les animaux ; par le même; br. in-8". Note sur l'influence des pjrexies sur ta marche des organopatliies ; par le même; \ feuille in-8°. Note sur l'otorrhée catairliale, considérée comme crise et comme affection sujette à la métastase; par le même; f de feuille in-S". Nouvelle Note relative aux accidents cholérif ormes, qui, joints à une adénite, simulent les accidents produits par l'étranglement herniaire; par le même; i feuille in-8°. Nouvelle Note sur la fièvre intermittente éclamptique et épileptiquc ; par le même ; f de feuille in-8". Observations de névralgies fébriles intermittentes des organes génitaux-uri- naires; par le même; br. in-8°. Des remèdes réputés spécifiques contre la goutte. Des moyens à mettre en usage pour prévenir le retour des accès et coup d' œil sur le colchique et ses préparations comme auxiliaire du traitement; parle D^ AjjLAGT^lEK; 2^ édition. Pans, 1860; iu-i2. (Adressé par Tauteur pour le coucours Montyon : prix de Médecine et de Chirurgie.) Memorie... Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, t. Vm et IX. Bologne, 1867 et i858; in-4". Kendiconto. . . Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences de Bologne, années i858, 1869 et 1860; in-12. ERRATA. (Séance du 3i décembre 1860) Page 1086, ligne 5, au lieu de pour les niaxima, lisez pour les iiiinima. Même page, ligue 16, après déduite des raaxima, ajoutez et des niinima. Mcmc page, ligne 18, a« lieu de 3.",4o, Usez 1° 4o'. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIEPJCES SÉANCE DU LUNDI 14 JANVIER 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS. DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre d'État transmet ampliation d'un décret impérial, en date du 3 courant, qui confirme la nomination de M. Longet à la place vacante dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, par suite du décès de M. Duméril. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Longet prend place parmi ses confrères. ItfÉMOIRES PRÉSENTES. MÉTÉOROLOGIE. — Périodicité des grands hivers; par M. E. Renou. (Deuxième Mémoire.) (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) « J'ai tâché de faire voir dans un Mémoire précédent (séance du 9 jan- vier 1860) que les grands hivers reviennent par groupes de cinq ou six tous les 4' ans environ ; qu'ils sont distribués sur un espace de 20 ou 21 ans, de manière à occuper la moitié du temps dans la série des siècles; qu'ils ne sont que le résultat d'oscillations profondes, car on rencontre, mêles avec eux, des hivers extraordinairement doux, comme ceux de 1796, 1822, i83/j, C. R., 1861, i" Semestre (T LU, N» 2.) 7 ( 5o ) de manière que la inovenne de la saison froide, dans la période à liiveis rigoureux ou dans la période sans hivers, reste à peu près la niènie. " Il est naturel de se demander si les grands étés ne suivent pas une loi analogue. Mais si nous sommes souvent embarrassés pour reconnaître sûrement un grand hiver dans les documents historiques, nous le serons encore davantage quand il s'agira de reconnaître un été très-chaud ; la dif- ficulté subsiste même encore depuis qu'on observe régulièrement avec des thermomètres a échelles connues. Comparons, par exemple, les observa- tions faites à Denaiuvilliers, près Pithiviers, par Duhamel, de i 748 à 1780, avec celles faites en même temps à l'Observatoire de Paris, et comptons pour chaque lieu d'observation le nombre de jours où ce thermomètre a dépassé aS" centigrades, nous trouverons une telle discordance, qu'il est impossible d'accorder la moindre confiance à ces observations. Nous sa- vons en effet maintenant que Paris, Pithiviers, Vendôme même bien plus éloigné, subissent toujours à très-peu près les mêmes vicissitudes atmo- sphériques. « Les erreurs de graduation des thermomètres et leur mauvaise position empêchent de comparer les observations anciennes, et beaucoup de celles qui se font aujourd'hui, avec les résultats actuels de l'Observatoire de Paris. Ainsi nous trouvons dans le siècle dernier un grand nombre d'années offrant plus de jours où le thermomètre a dépassé a5° qu en 1869, ce qui est très-peu probable; ce nombre pour i85c) est Sa jours à Paris. Pour Denaiuvilliers, que je citais tout à l'heure, l'erreur est manifeste, car la moyenne annuelle fournie par les observations est trop élevée de plus de 1°, et la plus grande partie de cette erreur porte sur la saison chaude. » Les étés sont plus mal caractérisés que les hivers par leurs tempéra- tures extrêmes; ils le sont, au contraire, bien mieux par leurs températures movennes. En les classant par séries, et de degré en degré, j'ai trouvé que ce mode de distribution s'accordait très-bien avec leur caractère général. Voici le petit tableau des étés distribués suivant leur température moyenne : o 20,3 très-chaud. 19,3 bon. 18,3 moyen. 17,3 mauvais. 16,3 très-froid. i5,3 exceptionnel. » L'été de 1816, le seul qui présente cette dernière moyenne, ne se re- ( 5i ^ produit certainement 4 I^es températures — 1 2°, 5 et — 3°, 4 sont les minima des années civiles (commençant à janvier) i8o5 et 1806. — i4'',7 et — 7°,4 sont dans le même cas, sauf le 1" janvier 1847, qu'il a gelé à — 7°5 9- » Le mois de mars i845, exceptionnellement froid, trouve son analogue dans une série de mois de mars très-froids de 1799 à 1808, si j'en juge d'après les observations de Berlin. Le mois d'avril 1807, remarquablement froid, correspond au même mois de 1756, qui a offert à Denainvilliers un minimum de —7", 5 et plus probablement de —10°, les minima de cette station paraissant trop hauts de 2° à 3". » Le mois de mai glacial de i845 occupe à peu près une position sem- blable, dans la période de 4i ans, à ceux de 975, ii35, 1802 pendant lesquels il est tombé de la neige ou il a gelé de manière à détruire les neiges et presque tous les produits de la terre : c'est an commencement de la période des hivers doux que se rencontrent ces mois de mai désas- treux. Le mois de mai présente, du reste, une marche bien remarquable dans la période de 4' a'is. Je place ci-dessous, dans un tableau, les moyennes de mai prises de 7 en 7 ans, à partir de i8i4 : je ne commence qu'à cette année, parce qu'on n'a jamais publié les températures moyennes de mai avant cette époque : 8i4 1821 .828 i835 1S42 .849 i856 3°, 5 i4,o i5, 1 i3,6 i3,5 .2,9 .3,4 La période de 7 années est arbitraire; mais elle m'a paru la plus propre à mettre en évidence la variation régulière des températures de mai; elles paraissent suivre la période de l\i ans, offrir un minimum en i8i3 et i854 et uu maximum vers i833. Le dernier cliiflre est moins élevé que l'anté- pénultième, parce que la dernière période ne comprend que les 5 années de i856 à 1860. D'après cela, si la périodicité est réelle et assez régnlièic, la moyenne dos deux mois de mai 1861 et 1862 devra être de 13", 8 à i3°,9. » Dans lui travail communiqué il \ a quelques armées à la Société ( 53 ) Météorologique, M. Ch. Sainte-Claire Deville a fait voir que le refroidisse- ment qui a été signalé comme se présentant vers le i a mai n'était qu'une oscillation qui était compensée par des retours de chaleur; que le maximum de cette oscillation tombait vers i834, précisément la même année où se rencontre le maximum des étoiles filantes de novembre, à une époque de l'année signalée par une petite période de chaleur exactement opposée à la période du refroidissement de mai. » On ne peut manquer de se demander quelle cause peut amener le retour si singulier des grands hivers, et, jusqu'à un certain point, des autres phénomènes météorologiques les plus saillants. Or cette période de4i ans est précisément celle qui ramène les taches solaires à la même saison de l'année. Les observations faites à Dessau par M. Schvvabe montrent que les taches du soled se montrent alternativement rares ou nombreuses tous les lo ans environ; malheureusement ces observations, qui commencent avec l'année 1826, sont les seules régulières qu'on ait faites jusqu'ici : mais plus anciennement on trouve des indications qui vont nous donner une valeiu' assez approchée de cette période. Arago a résumé dans le tome II de V Astronomie populaire ce que l'on sait de plus important sur ce sujet. Il y a évidemment beaucoup plus de confiance à accorder aux observations qui signalent des taches nombreuses qu'à des assertions qui tendraient à faire croire qu'on n'en a pas vu de telle à telle année. » Derham, par exemple, dit qu'il n'y a pas eu de taches de 1660 à 167 i et de 1676 à 1684 •' or, de quelque manière qu'on place la période des taches, il est impossible qu'il se passe douze ans sans qu'on rencontre un maximum; ce renseignement est donc de nulle valeur. Passant au siècle suivant, nous trouvons une période bien déterminée : c'est celle de 17 16 à 1720, série d'années pendant lesquelles le soleil a offert une immense quan- tité de taches. Nous ne trouvons, plus antérieurement, que des observations isolées des principales taches du soleil ; seulement les taches les plus grosses, celles surtout qui vont jusqu'à être visibles sans lunettes, ne peuvent guère se présenter que près de l'époque du maximum. Or nous trouvons en 161-2 l'observation d'une telle tache par Galilée et en i643 celle d'une autre par Hévélius. Il ne peut y avoir de doute qu'il se soit écoulé ai période> des taches solaires de 1G12 à 1848, ce qui porte la période à 10 ans et 26 centièmes, ou à peu près 10 ans et 3 mois. » Depuis quelques années ou avait entrevu cette longueur de la période des taches solaires, mais plus récemment encore un fait des plus curieux a été révélé par l'observation assidue des mouvements de l'aiguille aimantée; ( 54) H en est résulté que l'aiguille aimantée éprouve une oscillation diurne moyenne qui augmente ou diminue suivant le nombre des tacbes du soleil. M. Hansteen a cm y reconnaître une période d'un peu plus de i i ans, mais il y a tiop peu de temps qu'on observe les mouvements de l'aiguille aiman- tée pour pouvoir déterminer la période par les observations elles-mêmes avec exactitude; il me semble d'ailleurs impossible de douter que la période des taches solaires est identique à celle des maxima d'oscillation diurne de l'aiguille magnétique. D'un autre côte, il me semble bien difficile de con- tester la théorie des aurores solaires de M. de la Une qui les rattache si simplement au courant d'air chaud se précipitant par les régions supé- rieures de l'atmosphère aux pôles du froid ou pôles magnétiques. Ces deux espèces de ])ôles sont ou iilentiques ou du moins voisins ; le pôle magnéti- que est le point où convergent les courants chauds partis de l'équateur et ce point peut n'être pas le point le plus froid, lair étant dévié du lieu ou il a tendance à se porter, à cause de la rotation de la Terre. » Puisque la direction de laiguille aimantée n'est que le résultat de l'échange d'air des pôles à l'équateur, le peu de variation de l'aiguille nous montre que cet échange se fait d'une manière constante ; le grand chan- gement apporté par l'alternance des vents de S.-O. et de N.-O. n'est relatif qu'au point nù l'on se trouve, mais le phénomène général n'est pas sensi- blement modifié parce que les limites des deux vents à la surface de la terre se déplace constamment. Une oscillation diurne plus grande de rai- quille aimantée indiquera une époque de plus grande perturbation atmo- sphérique. Or nous avons vu que la période des grands hivers n est j)as autre chose qu'une époque de grandes oscillations de l'atmosphère et que l'état moyen des saisons n'en est que peu modifié ; il n'est donc pas éton- nant que ces phénomènes s'accompagnent. La période qui ramèneles taches solaireset les oscillations plus grandes de l'aiguille aimantée étant de lo ans et 3 mois environ, les mêmes phénomènes ne concorderont avec la même saison que tous les 4' ans. 1. La marche des nombres de taches visibles chaque aimée depuis 1826 montre que le maximum de taches de 1828 a dû tomber vers la fin de juillet; il parait donc que l'hiver central arrive 18 mois après qu'un maxi- mum de taches solaires a coïncidé avec la saison la plus chaude. >i La période de 10 ans et /} mois est loin tl'élre invariable, car le maxi- mum de taches qui devait tomber en i838 arrive nettement en 1837. D'ailleurs la période est nu peu pins longue que ro ans et 3 mois, et par conséquent la période des grands hivers plus longue que 4' ans. Il ( 55 ) . est donc impossible que les grands hivers suivent cette période sans des perturbations fréquentes ; en effet après deux ou trois périodes on eu trouve une qui dissémine les hivers sur un espace plus long et d'une manière plus irrégulière. » Je ne crois point que les taches du soleil agissent directement pour en amoindrir l'action calorificpie, ni que l'irrégularité de sa surface soit la cause des grandes oscillations qui accompagnent les grands hivers, car on ne saurait concevoir alors comment des hivers Irès-chauds sont voisins d'iiivers très-rudes comme 179561 1796, comment des années entièi'es très-froides succèdent à des années très-chaudes ou réciproquement; exemples : i845, 1846, — 1859, 1860. Ou ne peut dire qu'une chose, c'est que les taches du soleil, les oscillations de l'aiguille aimantée et les grands hivers sont des phénomènes dépendant d'une même cause. 1) Comme je l'ai dit dans mon premier Mémoire, nous voici dans la pé- riode des grands hivers ; celui de 1861 parait devoir être assez rude; après un hiver rude l'été n'est jamais beau ; d'ailleurs après les étés chauds qui ont précédé, nous devons avoir encore un mauvais été en 1861, moins mauvais sans doute que le dernier, mais offrant une moyenne de 1° au moins inférieure à la moyenne ordinaire des étés à l'Observatoire de Paris. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Mémoire sur un moj'en de purificnlion des sucs végétaux appliqué à la fabrication du sucre ; par M. Emile Roi'Sseau. (Extrait. ) (Commissaires, MM. Dumas, Peligot, Fremy, Maréchal Vaillant.) « Eu i849> i^' P'il^'i*^ <^'^j^ "" nouveau mode d'extraction du sucre. Ce procédé est uniquement basé sur l'emploi d'une défécation méthodique opé- rée par une quantité de chaux proportionnelle à celle des matières étrangères au sucre, contenues dans les jus sucrés, faite à basse température; et comme conséquence, sur la neutralisation de la chaux à l'aide d'un réactif propre à cette action, soit par l'acide carbonique, comme le plus inoffensif sur le sucre, comme le plus économique, et le plus facile à manier en fabrique. Non-seulement ce procédé a triomphé de tous les obstacles qui entourent presque toujours une chose nouvelle, mais encore il a été assez apprécié par l'industrie pourque deux cents usines l'emploient aujourd'hui tant en France qu'en pays étrangers. Malgré ses avantages, ce procédé porte encore avec lui plusieurs inconvénients. Toutefois le succès qu'il a obtenu a été pour moi ( 5G) dès l'origine rengagement moral de continuer l'étude de cette belle fabri- cation, et de chercher non-seulement à parer aux défauts actuels, mais encore à la rendre plus simple. » Dans le suc de la betterave on trouve toujours deux espèces de sub- stances organiques, qui s'opposent le plus à l'extraction du sucre. » La première espèce appartient au groupe des matières albuminoïdes et casceuses, elle subit toutes les modifications que les réactifs exercent sur les dissolutions d'albumine et de caséine. Les sels de chaux et la chaux la coa- gulent, mais, avec cette dernière, soit que, par son action alcaline propre, elle dissolve une partie de la substance végétale, et la retienne en combi- naison, ainsi que l'a démontré dernièrement M. Fremy, soit qu'elle mette en liberté de la potasse ou de la soude, les jus sucrés ainsi traités restent toujours alcalins après l'action de l'acide carbonique. Ces deux effets se trouvent même rétinis, et il en résulte une altération idtérieure des sirops qui se fait surtout sentir dans les bas produits de la fabrication du sucre. » La seconde matière est une substance non colorée, le plus ordinaire- ment, tant qu'elle est renfermée dans les cellules du végétal ; mais très-avide d'oxygène, se colorant rapidement sous l'influence de l'air, se modifiant très-vite par l'action des agents d'oxydation, à ce point, ou d'être en tota- lité transformée en cette substance brune bien connue qui prend naissance lorsqu'on évapore les sucs végétaux. M. Chatin, dans un travail tout récent, constate à un autre point de vue l'existence de cette substance. Mon assertion se trouve donc encore contrôlée et en tout point confirmée. Cette substance, en effet, lorsqu'elle est dépouillée de toute la matière albuminoïde, réduit par la chaleur les sels d'argent, le bioxyde de mer- cure, etc Par l'action de ce dernier corps, la dissolution prend même la teinte naturelle que possède le sucre exposé pendant longtemps à l'air. » Ces faits établis, les données du problème de la simplification de la fa- brication du sucre peuvent être ainsi posées, il follait trouver : » 1° Une substance peu solubleen général, pouvant coaguler toutes les matières albuminoïdes, sans aucune action fâcheuse ni sur le sucre, ni sur la santé, pouvant être retirée facilement du suc dans le cas où il en resterait tuie certaine quantité en solution, et enfin d'un prix peu élevé ; )i 2" Une autre substance d'un pouvoir oxydant pour ainsi dire limité, qui put par son action, soit détruire la matière colorable, soit la trans- former en matière brune et l'absorber ensuite, réunir aux qualités d'inno- cuité l'action absorbante du corps précédent, le bas prix et enfin le pouvoir d'être régénérée indéfiniment. ( ^7 ) >• Le sulfate de chaux dans quelque état qu'il soit, naturel ou artificiel (le plâtre crii ou cuit), est celui de tous les corps que j'ai étudiés qui m'a paru remplir le mieux toutes les indications. Il est neutre, condition que je regarde comme essentielle; sans action sur le sucre, tres-peu soluble; unit aux conditions d'innocuité et de bon marché un pouvoir coagulant des plus remarquables sur les matières albuminoïdes des sucs végétaux, de celui de la betterave en particulier. Cette propriété est telle, que sa dissolution suffit même en quantité relativement fort petite pour produire cet effet. Lopération de la défécation peut donc être exécutée dans d'excellentes conditions et avec fort peu de matières; les écumes sont très-consistan- tes, se rassemblent bien, et le jus peut être très-facilement soutiré, dans un état de limpidité convenable. » Le sulfate de chaux qui enlève parfaitement toutes les substances coagulables, ne touche pas à la matière colorable; aussi le jus ne tarde- t-il pas, a|)res sa séparation des écumes, à se colorer profondément. Le noir anunal est presque sans effet immédiatement après la défécation; il nenleve que la matière qui s'est oxydée, car, après son action, le jus dont la coloration a beaucoup diminué ne tarde pas à se colorer de nouveau. Il fallait donc un corps oxydant qui pût faire en un temps très-court ce que lair produit à la longue, ou bien modifier cette substance, de manière à la détruire ou à l'absorber. » Parmi les nombreux corps que j'ai examinés à ce point de vue, et dont je m'abstiendrai de faire aujourd'hui l'énumération, le peroxyde de fer hydraté offre toutes les conditions les plus avantageuses. Ainsi, lorsque, après avoir enlevé par le sulfate de chaux toutes les matières coagula- bles d'un suc sucré, si on l'agite, soit à froid, soit à une température qui, dans aucun cas, ne doit atteindre l'ébuUition, avec du peroxyde de fer hydraté, la liqueur, filtrée, passe entièrement décolorée et purifiée de la presque totalité des matières étrangères de toutes sortes qu'elle contenait. En outre, le peroxyde de fer, par sa propriété bien connue d'ab- sorber les sels alcalins et terreux, enlève la petite quantité de sulfate de chaux qui était restée en dissolution. Aussi le jus, qui, après la défécation au sulfate de chaux, réduisait le nitrate d'argent, le bioxyde de mercure, etc., ne leur fait-il subir aucune altération après son contact avec l'oxyde de fer. » Ce jus, lorsqu'il provient d'un végétal pris dans des conditions nor- males, après cette purification, est parfaitement neutre aux papiers réactifs, C. R , 1861, i«'' Semestre (T. LU, N» 2.) ■ 8 ' (58) ft l'on peut le conserver au contact de l'air pendant plusieurs jours sans qu'il subisse la moindre altération ni coloration, ce qui prouve que toutes les maliéres pouvant jouer le rôle de ferment en ont élé enlevées. Il bout très-bien, ne se colore pas non plus par l'action de la chaleur. Le sirop. amené au point de cuite, ne possède que cette légère teinte jaune propre à fous les sirops les plus purs. Il a fort bon goût, est dépouillé de cette saveiu- salée et désagréable que l'on trouve dan. tous les suops de bette- rave, conserve luie fluidité et une limpidité remarquables; la cristallisation s'y fait avec facilité, et les cristaux sont blancs. Enfin, comme dernière preuve de la bonne purification du jus sucré par cette méthode, si l'on ajoute à du sirop cuit une quantité d'eau convenable pour le ramener à 25 ou 3o° de l'aréomètre, et si on le mêle en cet état avec un grand excès d'al- cool à 90'', il ne se fait aucun trouble ni dépôt, même après plusieurs jours; il ne retient non plus aucune trace de fer. » Dès lors la fabrication du sucre est donc réduite à ces seules mani- |)ulations : chauffer le jus sucré dans une chaudière avec quelques mil- lièmes de sulfate de chaux (le plâtre naturel est le meilleur), toutes les matières coagulées se réunissent en écume compacte. Le jus clair, ainsi dépouillé, est ensuite agité avec le peroxyde de fer. Après la séparation de l'oxyde, il ne reste plus qu'à évaporer l'eau, c'est-à-dire à cuire. » Le peroxyde de fer hydraté, qui jusqu'ici m'a paru le plus conve- nable, doit être à l'état de pâte consistante. 1 litre pèse 1,1/1') environ; il contient 70 à 80 pour 100 d'eau. La quantité qui doit être employée varie en raison de la nature du végétal, de son espèce et de son état de conser- vation. Elle ne dépasse pas, comme limite extrême, 8 à 10 pour 100 du jus, ce qui revient à 2 pour 100 environ de matière solide, le reste étant de l'eau. Des à présent son prix est de beaucoup inférieur à celui du noir animal, car il peut être livré à 5 on 6 francs les 100 kilogrammes, et sans doute ce prix s'abaissera beaucoup encore par la suite. » En résumé, le procédé que je propose aujourd'hui n'est j)Ius basé sui' des moyens plus ou moins empiriques, ni sur l'action de machines plus ou moins ingénieuses, mais dont les effets soûl subordonnés à des conditions variables ou à des tours de main ; il repose sur des relations chimiques déterminées, précises, qui en sont la justification en même temps qu'elles PU font la certitude. Le sulfate de chaux et le jjcroxyde de fer enlèvent les substances étrangères au sucre et ne lui cèdent rien. » Pour compléter cet ensemble, concurremment avec mon ami M. Ma- riotte, ingénieur, nous approprions en ce moment un matériel aussi simple (59) que peu coûteux a cette fabrication, afin de la rendre pratique partout, et particulièrement aux colonies,- et pour l'agriculture, à qui la pulpe de betteraves est devenue aujourd'hui presque une nécessité pour l'alimen- tation du bétail. » ORGANOGIUPHIE VÉGÉTALE. — Recherches sur le iionibte-lype des diverses parties constituant les divers cjcles hélicoïdaux et rapport qui existe entre ce nombre et le nombre-type des diverses parties florales des Dicotylédones; par M. Ch. Fermond. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.} « Dans deux précédentes communications, nous avons cherché à éta- blir qui! était possible de saisir la relation qui existe entre les nombres constituant les diverses parties florales et ceux qui composent les verticilles foliaux considérés les uns et les autres dans leur composition-type et quoi- que se trouvant masqués fort souvent par des avortements, des soudures ou des dédoublements. Si les diverses parties de la fleur, avons-nous dit autre part, ne sont que des transformations ou métamorphoses des feuilles, il tant qu'il y ait une relation simple entre le nombre des parties de la fleur et le nombre des feuilles constituant un verticille, une rosette ou un cvcle hélicoïdal. " Après avoir cherché à démontrer comment il fallait considérer les feuilles opposées pour arriver au but général que nous nous proposons, il convient d'examiner eu détail les faits relatifs aux cycles hélicoïdaux et aux rosettes pour voir s'il n'existerait pas un moyen à l'aide duquel on pût interpréter leur composition de façon à trouver une relation numérique entre cette composition et celle des verticilles floraux. » Ainsi que le fait fort judicieusement observer Auguste Saint-Hilaire (i), il ne faut pas croire que le nombre 5 qui forme la disposition quinconciale soit l'équivalent fidèle du nombre 5 des parties de la fleur chez les Dicoty- lédones, comme l'ont pensé quelques botanistes très-distingués, par la raison que dans la disposition quinconciale, la 6" feuflle vient se placer au-dessus de la i'''', tandis que dans la fleur c'est la i i'^ qui vient se poser sur la i". Ainsi, cette disposition même qui semblait la plus favorable à (i) leçons de Botanique, p. 6o6 et 6o'j. ( 6o) I appui de la théorie des métamorphoses ne peut raisonnablemeut pas être invoquée comme preuve de la vérité de cette théorie. » Cependant à l'aide de certains moyens d'investigations et de quelcpies considérations, on peut arriver, nous le croyons du moins, à démêler le rapport en vue duquel nous avons entrepris nos recherches. » Notre Mémoire est divisé en six sections : » 1° Dans la première, nous faisons voir que les feuilles alternes quin- conciales en revenant à l'opposition, comme nous l'avons indiqué pour les Ficus et Cotutea, revêtaient complètement les caractères de la véritable op- position : c'est ainsi que les paires opposées qui se suivent sont toujours en croix les unes par rapport aux autres; que même les feuilles qui ne sont plus opposées et qui sont comprises entre deux paires de feuilles, conser- vent une position, relativement à ces feuilles opposées, qui fait nettement reconnaître qu'elles devaient être opposées; de sorte que la disposition quinconciale disparaît complètement pour faire place à une disposition doublement hélicoïdale dont la forme devient -7» comme c'est le cas de 4 toutes les plantes à feuilles opposées décussées. » 2° Dans la seconde section, nous cherchons à démontrer que si l'on fait la même opération, mais en sens inverse, sur les plantes à feuilles op- posées telles que le Sytingn vutgaris, les Pldox, les Ligustruni, les Vero- nica, etc., on trouve que l'opposition passe à la disposition quinconciale et qu'alors l'opposition, bien souvent, ne laisse plus de trace de son exis- tence. Pour faire bien comprendre comment l'opposition peut passer à l'al- ternance quinconciale, nous avons donné la description d'une tige de Li- (justrum viilgare qui montre ce passage. » Cette observation nous conduit à l'idée que chaque cycle quinconcial pouvait avec raison être regardé comme formé de 2 verticilles déplacés : l'un de deux feuilles, l'autre de trois, et cette idée a été en quelque sorte confirmée par ce fait que bien souvent les tiges d' Heliantlnis tuheiusin, qui sont à feuilles opposées et qui passent à l'alternance, donnent la disposition quinconciale; tandis que les tiges de la même plante qui sont à feuilles ver- 3 ticillèes par 3 donnent plutôt la disposition représentée par la forme 0 ^^ 3 même quelquefois la forme insolite— C'est connue si nous avions dans le 9 premier cas un verticille de 2 feuilles et un de 3, et ilans le second un 3 verticille de 2 feuilles et deux de 3 ou, d'après la forme -) 3 verticilles de ' 9 3 feuilles. ( 6i ) » D'après cette manière d'envisager les cycles hélicoïdaux, ou peut admettre la méthode suivante pour les représenter : - := 2 + 3 ; c'est-à-dire i verticille de 2 feuilles et i verticille de 3; 5 3 5=::2 + 3x2;ou I verticille de a feuilles el 2 de 3; o 5 -- = 2X2 + 3x3; ou 2 verticilles de i feuilles et 3 de 3 ; 21 = 2X34-3x5; ou 3 verticilles de a feuilles et 5 de 3 ; et ainsi de suite pour les tonnes les plus élevées dans lesquelles il est facile de reconnaître que le nombre des verticilles de 3 feuilles est à celui des 3 verticilles de i feuilles dans un rapport plus grand que les -= et un peu plus petit que les :r' Doit il résulte qu'en soiume, dans cet ordre d'idées, le verticillisine par 3, qui deviendrait le nombre-type, serait bien plus fréquent que le nombre i. » 3" Dans la troisième section, nous cherchons à confirmer, par plusieurs exemples, cette idée que chaque hélicule des cycles hélicoïdaux doit être regardé comme un verticille déplacé. Nous signalons spécialement, entre autres, une variété du Cucurbila pepo chez laquelle les feuilles alternes arri- vent très-souvent au verticillisme par 3 et V Hieracium virosum où les feiulles forment des groupes disposés autour de la tige, en laissant entre chaque groupe des mérithalles assez longs; taudis qu'au contraire ils sont très- courts entre les feuilles de chaque groupe qui ne naissent pas toutes siu' le même plan. Il est, malgré cela, bien dilBcile de n y pas reconnaître un ver- ticille de 3 feuilles avec un léger déplacement. Une liste des principaux exemples de tiges à feuilles alternes où nous avons constaté la formation de verticilles par 3 vient appuyer l'idée que nous avançons. Enfîu nous citons un certain nombre de plantes à feuilles alternes présentant trois cotylédons. » 4"^ Dans la quatrième section nous donnons la description détaillée de quatre échantillons d'une variété du Cucurbita pepo et de trois échan- tillons de Colutea arborescens, pour démontrer comment l'alternance re- tourne à l'opposition ou au vt-rticillisiiie. Nous faisons voir que le nombre 2 se retrouve dans deux échantillons du Colulea et que le nombre 3 apparaît ( 62 ) dans le troisième échantillon de cette même plante, ainsi que dans les exem- ples que nous donnons de Ciiciirbita pepo. M 5" Dans la cinquième section, nous faisons remarquer que les nom- bres 3, 6, 9 et 12 sont ceux qui représentent le plus souvent les parties constituantes des rosettes examinées dans les plantes à feuilles alternes, particulièrement les Cerisiers, Pommiers, Poiriers, Coignassiers, Groseilliers, Sorbiers, Kerria japonica, Berberis ^ Cjùsus, Laburnum, etc. A la vérité on trouve quelquefois les nombres 2, l\ et 5, mais ils nous ont paru moins fréquents; et d'ailleurs, à nombre égal, nous choisirions de préférence 3. 6, 9 et 12, puisqu'ils ont, dans notre manière de considérer l'ensemble delà végétation, l'avantage de fortifier une idée d'unité qui n'est pas sans quelque intérêt pour la science, et qui nous semble la justification la plus précise de toute la théorie des métamorphoses. » 6° Enfin, dans la sixième section, nous faisons observer que, de même que l'on trouve des tiges à feuilles op|)osées présentant une suite successive de verticilles par 3, de même aussi sur bien des plantes à feuilles alternes on trouve que la disposition quinconcialo est remplacée par la forme inso- lite ^ qui pourtant serait celle de toutes les feuilles verticillées par 3, en admettant que chacune des parties d'un verticille apparthit à trois hélices dif- férentes, marchant toutes trois parallèlement dans un même sens. C'est ce que nous avons souvent vérifié dans les Rosiers, les Campanules, les Fram- boisiers, les Bouleaux, les Topinambours, les Ilieracium, V Heliotropium peruvianum, etc. Or l'esprit , sans effort peut regarder cette disposition comme le résultat du déplacement de 2 verticilles par 3, absolument comme nous avons vu les feuilles opposées des Veronica, Phtox, Syringa , etc., passer à la disposition quinconciale. w En résumé, nous croyons avoir démontré que, conformément au prnicipe qui nous a servi de point de départ, il y a rapport simple entre les diverses parties florales des Dicotylédones et les cycles, quand on les examine les uns et les autres dans leur composition-type. Le nombre 6 se- rait le type des parties florales des Dicotylédones et 3 le nombre type du verticillisme des feuilles, lequel verticillisme se retrouverait assez souvent dans les feuilles dites alternes pour laisser découvrir ou supposer que l'alternance n'est qu'une déviation de l'opposition ou du verticillisme, et que conséquemment les feuilles alternes peuvent être considérées comme formées de verticilles par 2 ou par 3 avec déplacement, mais chez lesquelles le nombre 3 domine le nombre 2. Il y a donc rapport simple entre les (63 ) nombres 3 et 6, et lespril n'a plus qu'à admettre un simpie dédouble- ment des parties foliaires pour constituer les 6 parties florales, ou une simple métamorphose pour former les verticilles floraux de quelques Dico- tylédones qui n'ont, comme les Monocotylédones, que 3 parties à chaque verticille floi'al. ■• GÉOLOGIE. — Siippléineiil aux recherches i/éalogiqiies sur les matières, no- tamment les pierres, travaillées par les habitants primitifs des Gaules ; par M. E. Robert. (Commissaires précédemment nommés: MM. Serres, Dumas, de Quatrefages, d'Archiac.) « Dans mon précédent Mémoire, j'avais avancé que les énormes blocs de pierre qui se trouvent comme suspendus au milieu des atterrissements fluviatiles, n'avaient pu être transportés que par des glaces flottantes, lors de la débâcle des grands cours d'eau qui arrosaient les Gaules. A l'appui de cette opinion, je ferai remarquer que les auteurs latins s'accordent à dire que le climat des Gaules était très-froid à l'époque de la conquête; que les rivières souvent prises permettaient aux Gaulois de se transporter faci- lement d'un endroit à un autre, d'où l'on peut inférer qu'avi moment du dégel il y avait pour les glaces flottantes maintes occasions de transporter des pierres. » Ainsi que je l'ai déjà dit dans le même Mémoire, les terrains d'atter- nssement dans lesquels se trouvent, le long des rivières, des objets celtiques, n'ont pu être déposés que par les eaux qui coulaient autrefois en très-grande abondance et librement dans les vallées. Si aujourd'hui pareil transport de sable, de cailloux, n'a plus lieu, si ce n'est dans des limites très-restreintes. c'est que ces vallées sont comblées et ne peuvent plus admettre, dans les grands débordements des fleuves, autre chose que du limon. Ce temps d'arrêt, qui paraît devoir être définitif, doit remonter à une époque bien reculée, à en juger par l'épaisseur de la couche de terre meuble qui repose, en certains endroits, sur les cailloux et les objets celtiques qu'on rencontre dans sa partie inférieure. Le transport des grands blocs erratiques a dû cesser aussi à la même époque, pour la même raison et sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir un adoucissement des hivers par suite de la culture et du déboisement du pays. » Loin d'admettre une certaine contemporanéité entre les objets celli- ( 64 ) qiics trouvés clans les sablières et les ossements de Pachydermes qui les accompagnent, en d'autres termes, entre la présence des premiers hommes en Europe et celle des grands Pachydermes, je suis au contraire porté à croire qu il y a entre ces deux ordres de choses une distance énorme, des milliers d'années par exemple. Il y a sans cloute aussi, comme pour les pierres celtiques, deux épocpies dans les ossements cjue receleni les sa- blières : les uns, et les plus anciens, incontestablement fossiles, apparte- nant a l'éléphant, au mastodonte, au rhinocéros, etc., enfin à des espèces perdues, sont fortement roulés et usés, tandis que les autres, appartenant à l'aurochs, au cheval, etc., le sont à peine, et souvent difficiles à distin- guer des ossements actuels. » Il est vraisemblable cpie lorsque les peuplades de l'Asie ont émigré vers l'occident à la recherche de contrées fertiles, en conservant le souve- nir de tout ce qui était relatif aux pierres, soit comme usage, soit comme culte, soit comme signes, ces peuplades sont venues naturellement s'éta- bhr dans des vallées plus profondes quelles ne le sont aujourd'hui et sil- lonnées par des rivières qui leur offraient, avec des ressources de tout genre, une température plus douce que celle des plaines élevées ; il est donc vraisemblable qu'à plusieurs reprises les habitants ont été forcés de les évacuer, lorsque des* crues considérables venaient à en exhausser le fond et à détruire leurs habitations légères faites en chaume ou en roseau. De là la confusion des pierres celtiques abandonnées précipitamment, avec des pierres roulées de toute sorte; et les dépouilles des animaux anciens, iTelle- ment fossiles, arrachées au véritable diluvium avec celles des animaux do- mestiques ou à 1 état sauvage noyés dans ces inondations. » Dans les sablières de Saint-Acheul, près d'Amiens, on rencontre des haches qui, bien que grossièrement travaillées, semblent appartenir à deux époques: les unes, en silex brun-marron, presque jaunâtre, bombéesen forme de coins, paraissent avoir été longtemps roulées ou venir de loin, car elles .sont usées sur tous les angles, ce qui empêche de les distinguer facilement des cailloux roulés de même couleur; les autres en silex brun-noiràtre, ma- culées de blanc, plus ou moins effilées, fortement aplaties, ne paraissent nullement avoir été roulées; leurs arêtes sont aussi vives que si elles sor- taient de la main de l'ouvrier: on dirait qu'elles ont été façonnées sur place. En effet, il est facile de trouver dans ces mêmes sablières des silex roulés avec lesquels on pourrait faire des haches semblables. Je me suis procuré dans cette localité une des plus grandes haches qui y aient été trouvées, puisqu'elle ne mesure pas moins de 3o centimètres de longueur, et pesé ( 65) i8oo grammes. Cet énorme instrument permet de voir qu'il a été évidem- ment extrait d'un silex cylindrique, comme il en existe tant dans la sa- blière où il a été recueilli. » Bien que le gisement de ces haches se trouve à 4o mètres environ au- dessus du cours de la Somme, la plus grantle ressemblance n'en existe pas moins entre les sablières de Saint-Acheul et celles de Précy-sur-Oise etdf la Seine à Paris : comme ces dernières, elles sont composées inférieurement de cailloux roulés dans lesqiif'ls pénètrent des veines ou des nids de sable blanc renfermant des coquilles d'eau douce, notamment des Lymnées, d'une délicatesse extrême, des coquilles qui eussent été inévitablement brisées si elles avaient été charriées violemment; et supérieurement, d'un puissant dépôt de limon jaunâtre. •> On rencontre aussi à Saint-Acheu! des blocs erratiques de grès, mais moins gros cependant que ceux des sablières de Précy sur le bord de l'Oise; ces derniers étant à leur tonrbeaucoup moins forts que les pierres de même nature du bassin de Paris. Le volume des blocs erratiques est, en mi mot, proportionné à l'agent, quel qu'il f'it, glace on courant, qui les a charriés. » Il existe entre les sablières de Saint-Acheul et celles de Précy-sur-Oise une autre ressemblance, qui mérite d'être signalée sous le rapport archéo- logique. Ces deux localités ont servi de cimetières dans les premiers temps mérovingiens; au-dessus du dépôt de cailloux roulés et même jusque dans sa masse, on a creusé à travers le dépôt limoneux des fosses profondes, au fond desquelles ont été ensevelis un grand nombre d'individus, tantôt à nu, sans aucun entourage, a moins qu'ils n'aient été mis dans des cercueils en bois donîon ne retrouverait plus que les ferrures; tantôt, et le plus souvent, dans des cercueils en pierre e! toujours couchés de l'ouest à 1 est, la tète regardant l'orient, comme dans des sépulcres celtiques dont ce n'était sans doute qu'une tradition. » La nature des pierres travaillées comparée à celle du sol sm- lequel ou dans lequel elles se trouvent, peut aussi servir à jeter quelque jour sur ce qui s'est passé dans une localité où elles gisent en abondance et à l'exclu- sion de tout autre objet archéologique. C'est ainsi que dans la commune de Gouvieux (Oise), il existe une éminence très-prononcée en forme de promontoire, appelée Toutvoyes, située au confluent de la Nonette et de l'Oise, et sur le sommet de laquelle on se plait à voir l'emplacement d'iuï camp romain et que j'attribuerais plutôt aux Gaulois, les premiers occu- C. R., 1861, !«■• Semestre. (T. LU, N" 2.) 9 (66) pants. En examinant avec soin cette localité, en effet, admirablement choisie comme position stratégique, ou plutôt en consultant les pierres éparses sur le sol entièrement calcaire (pierre de Saint-Lcn), je n'ai pas tardé à recueillir un nombre considérable de haches, de dards de flèche, de pierres de fronde, etc., en silex provenant des affleurements voi- sins de ia craie ou des atterrissements fluviatiles qui enveloppent le pied de la colline et en tout semblables aux objets celtiques de Meudon. La seule hache eu pierre ({ui n'appartint pas au pavs, était une hache polie en silex blanc-laiteux, exactement semblable pour la nature de la roche et la forme à celles de Brégy. » A l'appui de mon opinion, que les grands atterrissements qui obstruent les vallées traversées par des cours d'eau et dans lesquels se trouvent des objets celtiques, ont été formés par ces mêmes cours d'eau, et par consé- quent n'ont rien de commun avec le diluvium, c'est que les blocs erra- tiques, les cailloux roulés, le sable, et même le limon, ont été empruntés aux terrains qui avoisinent ces vallées ou qui ont pu être baignés par les fleuves et leurs affluents. » Je me suis appliqué, il y a longtemps, bien avant que je m'occupasse des antiquités celtiques sous le rapport géologique, à recueillir les roches et les fossiles qui caractérisent les atterrissements fluviatiles du bassin de Paris. Sans vouloir énumérer ici tout ce que je suis parvenu à réunir (i), je dé- clarerai cependant avoir recueilli : i" des représentants de presque toutes les roches qui entrent dans la comj)osition géologique du bassin parisien ; 0° des roches de la haute Bourgogne, notamment un porphyre rougeàtre quartzeux (assez commun], et des roches granitiques; 3" des Nérinées, des Térébratules, des Madrépores, etc., appartenant aux terrains secondaires. Il est bon de faire remarquer que tous ces objets ont toujours été ramassés le long des rivières et en remontant leurs cours, ou plus exactement, jamais au-dessus du point présumé de leur véritable gisement avant d'être entraî- nés par les eaux ; de sorte qu'il y a de fortes présomptions pour attribuer à ces mêmes cours d'eau le transport de tous les matériaux qui entrent dans la com|)osilion des terrains d'atterrisscment dans lesquels se sont glissés des objet.»» celtiques. » .l'ai déposé, depuis longtemps, tons ces objets dans la galerie de Géologie au Muséum (67 ) HISTOIRE DES SCIENCES. GÉOMÉTRIE ANCIENNE. — Réclamation de priorité au sujet des Pommes; par M. Breton (de Champ). (Renvoi à une Commission composée de MM. Lamé, Chasies, Bertrand, Serret.) M. Levol, à l'occasion d'une communication de M. Moissenel sur le dosage de l'étain dans les minerais de ce métal, rappelle un Mémoire qu'il a publié en 1857 dans les Annales de Physique et de Chimie, Mémoire où il fait connaître un procédé, suivant lui peu différent, également.pratique et également applicable même aux minerais pauvres. (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour la Note de M. Moissenet : MM. Chevreul, Pelouze, Fremy.) M. Nélaton (Eugène), en présentan!: au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie de la fondation Montyon, un travail imprimé sur une nouvelle espèce de tumeurs bénignes des os, les tumeurs à mjélo- plaxes, y joint, pour se conformer à ime des conditions imposées aux con- currents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son tJ'avail. M. L. Caradec adresse, dans le même but, une analyse de sa « Topo- graphie médico-hygiénique du département du Finistère » . Ces deux communications sont réservées pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. LicHTENSTEDJ, cu adressant au concours pour le prix du legs Bréant un ouvrage qu'il a publié en allemand sur le choléra-morbus , fait remar- quer que dans cette publication, où il parle du décroissement des propor- tions d'acide carbonique dans l'air expiré par les cholériques, il ne fait que mentionner de nouveau un phénomène sur lequel il avait appelé l'attention à la réunion des médecins et naturalistes allemands tenue à Vienne en i856. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie, constituée en Commission spéciale.) M. Legrand du Saille soumet au jugement de l'Académie une Note 9-' ( 68 ) intitulée : « De l'influence de l'atmosphère des cafés sur le développement des maladies cérébrales ». (Commissaires, MM. Andral, Rayer.) M. Pappeixheim adresse une Note sur l'origine des maladies du cœur. ( Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) .M. Castelin Ci.ichet présente une Note ayant pour litre : " Force mo- trice ()e la vapeur par son écoulement ». (Conuiiissaires, MM. Poncelel, Morin, Delaunay.) M. PoTEL envoie un complément à sa Note sur la trisection de l'angle. (Renvoyé, comme la première communication, à l'examen de M. Serret.) CORRESPOND ANCE . M. LE Ml.VISTRE DE l' AGRICULTURE, DU Co.MMERCE ET DES TrAVAUX PUBLICS adresse pour la bibliothèque de l'Institut le volume XXXVI des Brevets d'invention pris sous l'empire de la. loi de i 844 et les n"^ 6-9 du Catalogue des Brevets d'invention pris en 1860. L'Académie royale des Sciences de Turin remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIII de ses Mémoires. M. AxT. d'Abbadie prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats |)our la place vacante dans la Section de Géogra- phie et de Navigation par suite du décès de M. Daussy. M. DE Keriiallet adresse une semblable demande. Ces deux demandes sont renvoyées, avec l'exposé des titres joints à cha- cune d'elles, a la .Section de Géographie. (^9) GÉOLOGIE. — Sur un giseinenl de combustible fossile découveii a Chiriaui [Nouvelle- Grenade, province de Feragua), par M. le D"^ John Evans; extrait d'une Lettre de M. le D'' Charles T. Jackson à M. Elie de Beau mon t. Il lioston, I i docembre 1860. » Dans le cours de l'été dernier, le gouvernement des États-Unis a en- voyé à Chiriqni, dans le but de découvrir une ligne favorable pour un chemin Un fait géologique curieux et intéressant à signaler, c'est que le terraui houiller proprement dit n'existe pas ou du moins n'a pas encore été découvert dans le continent de l'Amérique méridionale. Tous les dépôts charbonneux qu'on y a observés, à ma connaissance, sont de l'époqne tertiaire. -> GÉOLOGIE. — Sur un mojen de reconnaître les anciens rivages des mers des époques géologiques; Lettre de M. Marcel de Serres. (( Je m'occupe depuis longtemps de l'action exercée par les mollusques perforants sur les rochers qu'ils percent dans tous les sens et qu'ils finissent par désagréger entièrement. J'avais bien prévu que cette étude m'amènerait à reconnaître les matériaux qui avaient été entraînés dans le bassin de l'an- cienne mer après leur formation et me ferait remonter jusqu'aux causes qui ont modifié de diverses manières la surface des roches ; mais je ne me doutais pas que, lorsque cette action se serait exercée sur une certaine étendue, elle me donnerait le moyen de reconnaître les anciens rivages des mers des temps géologiques. » Voici comment je suis arrivé à déterminer ce point de fait. Les terrains néocomiens ont pris un certain développe/iient auprès du hameau de Saint- Apolis dans les environs de Pézenas. La partie sud de la montagne qu'ils composent est à peu près parallèle à la Méditerranée ; dans cette même di- rection les roches crétacées sont percées d'une infinité de petites cavités analogues à des dés à coudre, cavités qui sont l'œuvre des mollusques per- forants. On n'en voit pas la moindre trace sur le revers nord de la même montagne, taudis qu'elles sont très-nombreuses sur le revers opposé. Com- ment ne pas supposer en présence de ces faits, surtout lorsqu'on se rappelle que la plupart des mollusques perforants vivent au bord des cotes, qu'il a dû en être de même de ceux qui ont creusé ces cavités? Cette supposition acquiert ici une très-grande probabdité, puisque les roches trouées ne s'élè- vent pas au-dessus du sol au delà du point où elles ont été attaquées par les animaux perforants, et que les terrains tertiaires marins de l'étage mio- cène leur sont adossés. » Je cherche maintenant d'autres faits du même genre, afin de m'assurer si je ne pourrais pas déterminer partout à l'aide des matériaux attaqués par les mollusques perforants, les points où s'arrêtaient les mers des divei'ses ( 72 ) époques géologiques on tout au moins ceux ou se froiivaieul les traces des animaux de cette classe qui avaient de pareilles habitudes. )) Je crois y être déjà parvenu pour luie localité qui a acquis récemment un certain renom en géologie : je veux parler du bassin de Neffier i^ Hérault'. Les terrains paléozoïques y sont bornés au sud-est par les formations ter- tiaires marines; celles-ci sont composées sur certains points par des masses de polypiers du genre des Astrées, percées par un grand nombre de Mo- dioles, de Pétricoles et probablement par d'autres mollusques perforants. Comme ces différentes espèces s'éloignent peu des côtes et que les polypiers sont encore dans la même place qu'ils occupaient dans le bassin de la même mer, ils paraissent en représenter les anciens rivages, ce que confirme du reste leur position relativement à la Méditerranée, dont ils sont fort rappiochés. » CHIMIE. — Note SU7' le dosage de l urane et de l'acide pliosphorique; par M. F. PisANi. se rencontrent en un point ; par lequel passera le plan normal à la corde cherchée mené par son milieu m (49). On détermine de même sur le plan mac un point (' par lequel passera le même plan normal. Ce plan est donc déterminé, et par suite la corde cherchée MM' l'est aussi, du moins en direction. » Pour déterminer les deux points homologues M, M' sur cette droite, on la considère comme appartenant au premier corps, et on cherche sou ho- mologue dans le second corps; celle-ci rencontrera la corde en son point M' qui appartient au second corps. Et prenant sur la corde mM := m M', ou a le point M du premier corps. « 79. Deux droites liomoloijnes sont également éloignées de l'axe ' Cas particulier. Si la droite L est l'intersection de deux plans homologues, les deux droites homologues qu'on peut mener par chaque point de celte droite sont situées dans les deux plans, respectivement; et tes deux parabo- (oïdes deviennent des paraboles situées dans ces deux plans. » 82. Si par chac|ue point d'ime droite quelconque L on mené les deux droites homologues cpii passent par ce point, lesquelles déterminenr lUi plan : » i" Tous les plans ainsi déterminés enveloppent une développable du qaii- Irième ordre; . » a" Par un point quelconque on peut mener trois plans tamjents à celte surjace ; » 3° Chacun de ces plans coupe la surface suivant une parabole. » 85. Cas particulier. Si la droite L est l'intersection de deux plans ho- mologues, le théorème prend cet énoncé : B Si par chaque point de la droite d'intersection I^ de deux plans homoUxpiei on mène deux dioiles homologues, lesquelles sont situées dans ces plans, respec- tivement (81), et enveloppent deux paraboles tangentes à la droite L : le plan des deux droites enveloppe une développable du quatrième ordre. )) 81'. Par chacune des cordes qui joignent les points homologues de {leiix droites homologues L, L' passent deux plans homologues : » i" Ces plans enveloppent deux développcddes du quatrième ordre ; ') 2° La droite d intersection de deux de ces plans, appartenant à un uiéme corps, est une corde. » 8Î>. Si autour de deux droites homologues L, L' on fait tourner deux plans homologues, leur droite d'intersection engendre un hyperboloïde. •> Cas particulier. Si les deux droites homologues L, L' se rencon- trent, la droite il' intersection des deux plans homologues décrit un cône du second ordre. » 86. Quand deux plans homologues doivent avoir leur droite d'iiiterse'tion iur un plan fixe : » 1° Cette droite enveloppe une parabole ; » 2" Les deux plans enveloppent deux développables du quatrième ordre. ( 8a ) » 87. // existe toujours dans un plan quelconque Q deux droites Itomo- hgues D, D'. Cliacune de ces droites est une corde. » La droite D aijpartenanl à la première figure est l'intersection du plan Q, considéré comme appartenant à la seconde figure, par son homo- logue dans la première figure; et la droite D' de la seconde figure est l'in- tersection du même plan Q, considéré comme appartenant à la première figure, par son homologue dans la seconde figure. » 88. Quand plusieurs plans passent par une même droite L, il existe dans chacun d'eux un sj'sièmede deux droites liomologues D, D' apparte- nant respectivement aux deux corps : » 1 " Les droites D du premier corps forment un lijperbotuïde ; et les droites D' du second corps wi second liyperboloide ; » 2° Les deux droites homologues D, D' contenues dans chaque plan se rencontrent en un point; et le lieu de tous ces points est une courbe à double cour- bure du troisième ardre; » 3° Par une droite quelconque on peut mener quatre plans tangents à cette {■ourbe; de sorte que la développable dont cette courbe est l'arête de rebroussement est du quatrième ordre. » Observation. Si la droite L est une corde, les deux hjperholoïdes de- viennent des cônes du second ordre. » 89. Si autour de deux points homologues on fait tourner deux droites homologues D, D', qui se reconlrent : « i" Chacune des deux droites décrit un cane du second ordre ; » 1° Leur point de rencontre décrit une courbe à double courbure du troisième ordre ; » 3" Toute droite "qui s'appuie en deux points sur cette courbe est une corde. » 90. Si autour de deux points homologues on J ait tourner deux pLms homologues, leur dioilc d'intersection s'appuie, dans toutes ses positions, en deux points [réels ou imaginaires), sur la courbe à double courbure du troisième ordre, lieu des points d'intersection des droites homologues tournant autour des deux ])oints Jixes. » Réciproquement : Toute droite qui s appuie en deux points sur celte courbe est P intersection de deux plans homologues, qui passent, respectivement, par les deux points fixes. » 91. Quand deux plans homologues tournent autour de deux droites homo- loi^ues, leur droite d'intersection est une corde, et les deux points homologues situes sur cette droite sont sur deux courbes à double courbure du troisième ordre. (83) » 92. Angle de deux droites homologués D, D' : sin ^ (D, D') = sin ^ U .sin (D, X)- » 95. Anrjle qu'un plan parallèle à deux droites homologues D, D' fait avec taxe central : rang(DF, X) = cos^U.tang(D, X). « 94. Direction dans l'espace d'un plan parallèle à deux droites homologues. » La trace d'un tel plan sur un plan H perpendiculaire à l'axe central, est perpendiculaire à la bissectrice de l'angle que font les projections sur le plan H des droites qui mesurent les plus courtes distances de l'axe central aux deux droites homologues. » Cette trace et l'angle que le plan demandé fait avec l'axe central (95) déterminent la direction de ce plan. » 95. Plus courte distance de deux droites homologues D, D'. » La droite D est déterminée de position par sa plus courte distance r à l'axe central, et par l'angle (D, X) qu'elle fait avec cet axe. Soit y sa plus courte distance à la droite homologue D', on a 2 r sin - U + E cos - U . tanc { D, X ) 2 2 V I -f-lang=(D, X)cos-U. » Le numérateur du second membre exprime la distance de deux droites parallèles, lesquelles sont les traces sur un plan perpendiculaire à l'axe cen- tral, des deux plans menés par les deux droites D, D' parallèlement à ces droites; et le dénominateur est le sinus de l'inclinaison de ces plans sur le plan perpendiculaire à l'axe central. » 90. Projection orthogonale d'une corde AA', (jui joint les points hninu- logues des deux droites D, D' sur la droite-milieu A : p [tang^U.sin (A,X) + iEcos(A,X)], p étant la distance de la droite-milieu A à l'axe ceniral. ( 84 ) propriétés relatives à deux plans homologues. » 97. Deux plans lioinotogues font des anc/les égaux avec taxe ccnlnil., et le seijment ijii'ils inlerceplenl sur cet axe est de grandeur constante et éqal an glissement de cet axe sur lui-même. » 98. On a vu que la droite d'intersection de deux plans homologues est une corde; et réciproquement, que par une corde AA' on peut tou- joiu's mener un système de deux plans homologues, et un seul (70 . I. Il existe entre la corde et les deux plans cette relation : » Le produit d une corde par la tangente du demi-cmcjle des deux plans homo- logues dont celte corde est l'intersection., est constant. » De sorte qu'on a AA'.taiig^(P, P') = E.tangiU. » Corollaire. On conclut de là que : Le plus grand angle que puissent Jaire entre eux deux plans correspondants a lieu qucmd ces plans passent par l'axe central. u 99. Angle de deux plans homologues, en fonction de la distance de leur droite d'intersection à l'axe central. » .Soit r cette distance; il suffit de remplacer AA', dans l'expression pré' cédente, par son expression en fonction de r (77); il vient tang-(P, F) 2 Etang - U ^^tang'^U+^E' 1 „ 1 4 » 1(X). Angle de deux plans homologues en fonction de leur inclinaison sur l'axe central : sin ^ ( P, P' ) = sin ^ U . sin ( P, X). M loi. Relation entre [inclinaison de deux plans homologues sur l'axe central et la distance de h'ur droite d'intersection à cet axe : r.tang(P,X) sin^U = -■ (85) » 102. Si (luloitr de deux droites homologues T., L' on fait tourner deux plans homologues P, P' : » 1° La droite d'intersection de ces deux plans est une corde (70) et en- gendre im hyperholoide ( 8o ) ; » 1° Les deux points homologues A, A' des deux corps, situés sur cette corde, décrivent deux courbes à double courbure du troisième ordre (91); » 3° Le point-milieu a de In corde A A' décrit (Uissi une courbe à double courbure du troisième ordre ; » 4" Le plan normal à cette corde, mené par son milieu a, enveloppe une dé- veloppable du quatrième ordre. » 105. Quand des plans du premier corps rencontrent leurs liomoloques du second corps, suivant des droites situées dans un même plan cpietconque : )) 1° Ces plans enveloppent une développahle du quatrième ordre (86); » a° Leurs fojers sont sur une courbe à double courbure du troisième ordre; » 3'^ Les normales à ces plans, menées par leurs foyers, forment un cône du second ordre. » ASTRONOMIE. — L'irradiation peut -elle réconcilier l'iiypothèse des images solaires avec les faits observés pendant les éclipses totales? par M. Faye. « La grande question des protubérances lumineuses des éclipses parait être entrée récemment dans une nouvelle phase; je m'empresse de la signalera l'Académie. » Voici ce que dit le P. Secchi dans le dernier numéro des Astronomisclie Nachrichten (1289) : « On continue à parler encore de l'éclipsé, et les mesures de MM. de Fei- » litzsch, d'Abbadie et Plantamour sont très-importantes. Cependant je suis » loin de croire que l'on puisse en conclure que les protubérances sont de » simples jeux de lumière. La diffraction et surtout l'irradiation peuvent » produire de grandes illusions sans dispenser d'admettre la réalité des )> objets qui en sont la cause primitive. Pour en citer un exemple, je dir.ii » que lorsqu'on misait des expériences de lumière électrique sur la tour du » Capitole, je regardais les charbons avec le grand équatorial : je jugeais w leur diamètre de plus d'une minute, tandis qu'il ne pouvait être que de » quelques secondes. Un fil de platine rougi au blanc, et vu de loin, était » jugé très-gros lorsqu'il était blanc, et paraissait diminuer immensément » lorsque la lumière diminuait (la distance était cette fois de quelques » mètres seulement dans la salle d'observation). Les protubérances ne C. R., 1861, !« Semeslie. (T. LU, N» 3.) 12 ( 86) » pourraient-elles pas paraître plus grandes par irradiation ou par diffrac- » tion pendant qu'on voit leur base qui est assez plus brillante et plus » large que leur sommet? La question se réduit donc plutôt à une expli- » cation de la diminution rapidequel'ona observée, qu'à une démonstration » positive de l'opinion qui admet que les protubérances ne sont pas dues à » des protubérances réelles dans le corps solaire. » « Ainsi, comme je le disais en commençant, la question est entrée dans une phase nouvelle. Autrefois on niait ou on négligeait les faits embar- rassants; maintenant on en reconnaît loyalement l'importance, et on s'ef- force de les concilier avec l'hypothèse qu'ils contredisent. » Je me propose d'étudier la question ainsi posée par le célèbre directeur de l'observatoire du Collège Romain. L'irradiation (je m'en tiens à l'irradia- tion, puisque c'est à elle que se rapportent les exemples cités) joue-t-elle dans ces phénomènes le rôle que lui suppose notre savant Correspondant? La réponse est facile, ce me semble, car il suffit de se reporter aux lois bien connues de l'irradiation oculaire et à l'expériencejournalière des astronomes. » Voyons d'abord de quel ordre de grandeur devrait être l'irradiation des protubérances. D'après l'estime de feu notre confrère M. Mauvais en 1842, il faudrait que l'irradiation eût varié de 4^" ^n 1 minutes envi- ron ; d'après les mesures de M. Petit, directeur de l'observatoire de Tou- louse, à la même date, cette variation serait de 28" en 1 minutes de temps. En 1860, M. de Feilitzsch a trouvé une variation de 20" pour i minute, et M. d'Abbadie une variation de 45" en moins de 1 minutes. On voit par là qu'on serait obligé d'attribuer, non pas à l'irradiation totale, mais à sa seule variation, vine valeur de plus d'une demi-minute. Par conséquent, l'irradiation elle-même devrait dépasser notablement cette limite-là. » Or jamais l'irradiation du Soleil, vu dans les lunettes astronomiques, n'a dépassé un très-petit nombre de secondes, ainsi qu'on peut s'en assurer en contrôlant les diamètres de cet astre me.surés par un grand nombre d'observateurs. On voit donc déjà qu'il faudrait imputer à la lumière des protubérances des effets hors de toute proportion avec ceux de la lumière du Soleil lui-même. -I Mais passons sur cette objection préalable. Je dis que l'irradiation propre des protubérances, même en lui attribuant cette énorme extension, ne saurait rendre compte des effets observés et mesurés. Voici, en effet, ime des lois les mieux établif^s de l'irradiation (i). (i) yoir le beau Mémoire de M. Plateau sur riirailiadon, t. XI des Mémoires de l'Aca- ilémir Rnyalc de Bruxelles. ( 87 ) » L'irradiation d'un objet brillant varie en sens inverse de l'illumination du champ qui l'entoure; elle atteint son maximum quand cette illumination est nulle; elle disparaît quand l'intensité du champ est égale à celle de l'objet. » De là on conclut, et il est facile de vérifier par l'expérience, que si le champ est inégalement éclairé, c'est du côté le plus obscur que l'irradiation se manifestera avec le plus d'étendue. » Or les protubérances sont entourées d'un champ en partie éclairé (l'au- réole), en partie obscur (le disque noir de la Lune). Donc l'irradiation des protubérances devrait s'étendre sur le disque noir de la Lune beaucoup plus que sur le fond brillant de l'auréole. Ainsi les observateurs auxquels on doit les mesures citées plus haut auraient dû voir, à la base de chaque protubérance, une profonde indentation lumineuse sur le disque lunaire, ce qui n'a pas eu lieu. )) Considérons en second lieu l'irradiation intérieure produite par l'auréole elle-même, en y comprenant les protubérances. Bien que cette seconde ma- nière d'envisager la question ne paraisse pas avoir été celle du P. Secchi, je me crois obligé de l'examiner aussi, afin de ne laisser aucun doute sur nos conclusions. S'il était permis d'attribuer à cette irradiation commune à l'auréole et aux protubérances la grandeur nécessaire, on rendrait compte assez bien des mesures citées ci-dessus , car l'éclat de l'auréole allant en diminuant à partir du Soleil, l'irradiation qui s'étendrait sur le disque lunaire irait en grandissant à l'ouest et en décroissant à l'est. On satisferait ainsi à une remarque fort curieuse de M. de Feilitzsch, remar- que que l'on peut formuler ainsi (i): Les variations de hauteurs des protubérances sont toujours plus grandes que le mouvement correspon- dant de la Lune, soit que ces protubérances aillent en croissant (à l'ouest du Soleil), soit qu'elles aillent en décroissant (à l'est). Par malheur il est absolument impossible d'admettre que l'auréole, vue dans une lunette grossissant deaS à Sofois, empiète d'une demi-minute et plus sur le contour du disque lunaire, de manière à en réduire le diamètre d'une inimité ou deux. Une telle irradiation, dont jamais les astres les plus brillants n'ont offert d'exemple, déformerait l'image de la Lune, ferait disparaître la netteté des contours, masquerait les petites aspérités qui révèlent alors l'existence 11) Peut-èlre s'est-on trop tiâté de généi aliser, car si la formule est parfaitement con- forme aux mesures européennes de 1842, de i85i et de i8()n, elle est contredite par les mesures brésiliennes de i858. Rapport sur l'expédition brésilienne, Comptes rcrulns, t. XLVIII.p. ifi8. la.. ( 88 ) des montagnes lunaires, et remplacerait par une lumière confuse [les détails dcMicals que l'on peut poursuivre dans certaines protubérances jusqu'au bord même de la Lune, sur lequel elles paraissent implantées, tan- tôt d'aplomb, tantôt avec une obliquité considérable. » A ce compte l'irradiation de la couronne dépasserait énormément celle du Soleil lui-même, dont le croissant s'amincit progressivement jusqu'à devenir d'une ténuité excessive, tandis qu'avec uiie irradiation égale à celle dont il faudrait doter l'auréole, ce croissant n'aurait jamais moins d'une ou deux minutes d'épaisseur, même vers l'instant de sa disparition. 1) On a mesuré d'ailleurs le diamètre de la Lune projetée sur l'auréole pen- dant l'éclipsé totale de 1 85 1, et on l'a comparé avec le diamètre tabulaire, c'est-à-dire avec celui de la Lune illuminée par le Soleil Or qu'a-t-on trouvé? une différence de quelques secondes ( i", 9 à Kœnigsberg, 5", 2 à Gœlha- borg), dont une partie serait même imputable, à la rigueur, à l'irradiation extérieure de cet astre lorsqu'il est vu positivement, c'est-à-dire au diamètre tabulaire (i). » Enfin j'aurai recours a un argument qui, à lui seul, fera encore plus d'impression que les précédents sur les partisans des nuages solaires. Ima- ginez une protubérance isolée, à une demi-minute du bord de la Lune : si l'irradiation entamait le disque lunaire de cette quantité et au delà, on ne serait plus en droit de conclure, comme on l'a fait sans hésiter, qu'on a vu un nuage flottant dans l'espace ou dans l'atmosphère solaire, car le nuage ne paraîtrait détaché que par l'effet de l'irradiation. Passe-t-on condamna- tion sur ce point eu acceptant, coûte que coûte, la conséquence, je deman- derai comment il se fait que l'espace compris entre la lueur rouge détachée et le bord paraisse blanc, comme si l'irradiation d'une lumière colorée pouvait n'être pas elle-même colorée. M Ainsi il est iaipossible de faire un pas dans cette voie sans s'aheurter à une foule de contradictions et d'impossibilités. On voit donc que l'irradia- tion, même en réunissant tous les effets d'origines diverses qui sont compris (i) Il convient de diit' ici que ces mesures ayant ete laites, l'une avec nn hélionieU-e, l'autre avec un sextant, l'irradiation de l'auréole se trouvait sensiblement éliminée; car, pour deux images de même éclat, quand elles sont amenées an contact, les irradiations voisines se contrarient et s'annulent. Mais si l'inadiation propre de l'objet était aussi considérable que nous sommes ici obligés de le supposer ( plus d'une demi-minute), les images en contact .Tur.iicni présenté des particularités de distorsion bien connuej qui n'auraient pas manque d'i'veiller l'altonlion des observateurs ( 89) sous ce nom, ne sauvera pas la théorie des nuages solaires déjà condamnée par tant d'autres faits (i). » Il y aurait pourtant en dehors de l'irradiation une dernière ressource que M. Arago a indiquée lui-même en i846, en discutant les mesures de MM. Mauvais et Petit (2) : ce serait d'admettre, par analogie avec les nuages terrestres, que les nuages solaires ne sont pas de forme permanente, et même qu'ils peuvent s'allonger verticalement de quelques milliers de lieues en une minute de temps. Il n'y aurait alors plus rien d'étonnant à ce que les me- sures de leur hauteur ne concordassent pas avec le mouvement relatif de la Lune. Soit, dirai-je ; mais ce qui serait bien étonnant aussi, ce serait que ces nuages solaires se missent à s'allonger précisément au moment où la Lune passe entre eux et nous. Ce qui aurait encore plus le droit de nous surprendre, ce serait l'accord régulier qui devrait exister entre ceux de l'ouest et ceux de l'est, de telle sorte qu'àl'ouest les nuages s'accorderaient générale- mentà s'allonger, tandisqu'àl'est ilss'accorderaientà se rétrécir, pourchaque observateur, au moment précis où la Lune les masque ou les démasque. » L'Académie excusera, j'en suis sûr, mon insistance à ce sujet; il va onze ans, seul de tous les astronomes contemporains, j'ai osé soutenir que les phénomènes des éclipses totales n'étaient pas des réalités objectives, mais bien des phénomènes d'optique du plus grand intérêt pour la science; que l'atmosphère du Soleil et les nuages blancs, gris ou noirs, rouges, orangés, bleus ou violets, ou même ultra-violets, qu'on faisait flotter dans cette pré- tendue atmosphère, étaient des hypothèses inadmissibles. N'aurai-je donc point acquis ainsi quelque droit de revenir sur mes idées, alors que de nouveaux faits et de nouvelles mesures, dont on reconnaît l'importance, viennent achever de me donner raison? » Les savants qui ne s'occupent pas habituellement d'astronomie s'éton- neront peut-être de la lenteur avec laquelle se prépare la solution d'un pa- reil problème. Mais il faut considérer que les astronomes sont assujettis (1) Je les ai discutés plusieurs fois dans mes anciens écrits et plus récemment dans les Comptes rendus de la séance du lo septembre i86o, dans le Rapport sur l'Expédition Brési- lienne de i858, Comptes tendus, t. XLVIII, p. i66 et suivantes, dans un Mémoire sur l'atmosphère du Soleil, t. XLIX, séance du i4 nov. i85g, et dans d'autres Mémoires bien plus anciens. '7.) Il vaudrait encore mieux recourir à l'hypothèse de JI. Babinet, mais alors le;- protu- bérances se trouveraient transformées en amas cosmi(]ues circulant autour du Soleil suiv.int les lois de Ivepler, et alors aussi les nuages solaires avec l'atmosphère solaire disparaîtraient du même coup. Cette hypothèse, que j'ai toujours regardée comme étant bien plus scienti- rii|ue que l'autre, laisse d'ailleurs de coté les protubérances vues sur In Lune. (9o) dans leurs éludes à des conditions toutes spéciales et d'une étroitesse extrême. Le physicien, tenant sous la main l'objet qu'il étudie^ ne court pas gi'and risque de s'abandonner à son imagination et de s'aider largement de la ressource commode des hypothèses, car l'expérience, toujours à sa portée, est là pour rectifier à l'instant des aperçus vicieux, ou pour donner du corps à des intuitions heureuses. L'astronome, au contraire, réduit à spéculer sur des phénomènes fugitifs, complètement inaccessibles sauf pour un seul de ses sens, abordables à l'observation seule et nullement à l'expérience, doit s'estimer heureux d'avoir reconnu la direction où il faut marcher pour ar- river à la découverte de la vérité. Il lui faut se défier de ses sens et surtout de la propension qui nous pousse si naturellement, en d'autres genres d'études, à traduire tout d'abord nos impressions en hypothèses. Ce qui distingue l'astronomie, à ce point de vue, jusque dans sa partie physique, c'est la netteté avec laquelle d'ordinaire elle reconnaît les limites posées à ses recherches par la nature des choses, la sobriété dans l'emploi des ana- logies, et la rigueur des conditions qu'elle impose aux très-rares hypothèses dont elle consent à se servir. C'est qu'en effet les sciences ne se distinguent pas moins par leurs méthodes que par leur objet, et il n'est pas toujours bon, cela soit dit sans vouloir diminuer en rien l'importance des services que les sciences voisines sont appelées à se rendre mutuellement, de trans- porter de l'une à l'autre les procédés d'investigation et les habitudes intel- lectuelles nées de l'emploi continu de tel ou tel genre de recherche. » En ce qui touche la question actuelle, il semble, oserai-je le dire, que l'on ait obéi jusqu'à présent à une pente d'esprit peu habituelle aux astro- nomes (i). Du moins on commence à voir clairement que la voie où l'on s'est engagé avec tant d'ardeur, au lieu de conduire à la découverte de la consti- tution intime du Soleil, n'aboutit qu'à des contradictions : les solutions sont au bout d'une voie diamétralement opposée. Espérons que l'éclipsé totale du 3i décembre prochain, qui sera visible comme celle du i8 juillet der- nier en Amérique, en Europe et dans l'Afrique septentrionale, achèvera de leverlesderniersdoutes pour ceux qui en conserveraient encore. Déjà l'Astro- nome du Vice-Roi d'Egypte, Mahmoud-Bey, à qui l'on doit l'iniportanle ob- (i) Par exemple l'hypothèse des nuages flottant dans une vaste atmosphère autour du Soleil a été évidemment conçue par voie d'analogie avec les nuages flottant dans l'atmosphère ter- restre ; or f|U(lle peut être la valeur d'une pareille assimilation physique entre deux astres places dans des conditions si radicalement différentes? On a cru, un moment, donner plus de poids à cette singulière analogie, en disant que des éruptions parties du noyau obscur du Soleil expliqueraient du même coup les taches et les protubérances; mais on sait aujourd'hui qu'il n'existe aucun rapport entre ces deux derniers phénomènes. ( 91 ) servation de l'éclipsé de 18G0 en Ethiopie, m'écrit qti'il est tout prêt, sauf l'apurement de son souverain, à aller reprendre dans le nord de l'Afrique les travaux qu'il vient d'exécuter cette année avec tant de courage et de succès à Dongolah » >< M. JclesCloquet fait hommage à l'Académie de la gravure du tableau de Charles Lebrun représentant ï /académie des Sciences et des Beaux- Arts. » Cette gravure, exécutée par Le Clerc, professeur aux Gobelins, est dé- diée au protecteur de l'Académie, Louis XIV. •> NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre qui remplira dans la Section de Botanique la place devenue vacnnte par le décès de M. Payer. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 58, M. Duchartre, obtient.. . Sa suffrages. M. Pasteur 2/} M. Lestiboudois i Il y a un billet blanc. M. DccuARTRE, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. MÉMOmES LUS. « M. BocTiGNY lit une Note siu- la lempéralure de l'eau à l'étal spltë- rotdai., en réponse à une communication de M. de Lucn sur le même sujet. M. de Luca , en faisant passer de l'iodure d'amidon a l'état sphéroidal, avait remarqué que cet iodure ne se décolorait pas, et il en avait conclu que la température ne dépassait pas 80" et qu'elle pouvait même n'être pas au-dessus de 5o°. M. Bouligny, qui avait, lui aussi, et depuis longtemps, soumis l'iodure d'amidon à l'action des hautes tempéra- tures, avait vu cet iodure se décolorer complètement. M. Boutigny a du chercher quelle était la cause d'une si grande divergence, et il l'a trouvée dans la quantité d'iode et dans la durée de l'expérience. Lorsque l'io- dure d'amidon contient 2-5-0 d'iode, il peut être porté jusqu'à l'ébullition sans se décolorer. M. Boutigny pense qu'on n'en saurait rien concliu-e ( ^)^ ) quant à la température, et il persiste dans le chiffre 96°, 5 confirmé p;ir M. Sudre. » Le Mémoire de M. Boutigny est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Regnault, Balard. MÉMOIRES PRÉSEÎVTÉS M. CuASLES prie M. le Président de vouloir bien permettre qu il ne lasse point partie de la Commission désignée dans la précédente séance pour prendre connaissance de la nouvelle réclamation adressée par M. Breton (de Champ), au sujet de la question des porismes. CHIMIE. — Mémoire sur la matière colorajite de la garnie; par MM. P. ScHUTZENBEKGER et A. Paraf. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Chevreul, Payen.) « La lutéoline, extraite pour la première fois par M. Chevreul, n'a en- core été soumise à aucune analyse : cela tient probablement à la difficidié qu'on éprouve à se procurer des quantités suffisantes de matière puie par le procédé indiqué par M. Chevreul. » Notre méthode de préparation est fondée sur l'observation que nous avons faite, de la solubilité relativement très-grande delà lutéoline dans l'eau chauffée à iSo", et nous avons suivi une marche tout à fait semblable à celle indiquée par MM. Mathieu Plessy et Paul Schiitzenberger pour la préparation de l'alizarine. La gaude est épuisée par l'alcool, la solution al- coolique précipitée par l'eau et le précipité chauffé avec de l'eau à a5o° dans un cylindre en acier fondu fermé par une vis en acier. Après le refroi- dissement, on trouve les parois tapissées de cristaux jaunes en aiguilles et au fond de l'éprouvette un culot de résine. Ces cristaux, purifiés par deux dissolutions dans l'eau surchauffée, ont été soumis aux analyses dont voici les résultats : Lutéoline séehée à i5o°; dosage du carbone et de l'hydrogène. I. II. * 111. Carbone pour 100 62,5/(3 61,670 62,028 J Hydrogène pour 100 3,767 3,6o3 3,48r) | C'H'O'". Oxygène pour 100 33,700 34,727 34,4*^3 ) 100,000 100,000 100,000 (• 93 ) Calcul. Carbone pour too 62,068 Hydrogène pour 100 3,448 Oxygène pour 100 34,484 100,000 Ces résultats conduisent h la formule C^H'O'». » Les cristaux séchés à l'air perdent à i5o° io,23l pour 100 d'eau, ce qui donne la formule de la lutéoline cristallisée Calcul 10, 384 d'eau. » Séchés sur SO',HO, ils perdent à i5o° 7, 01 5 ; ce qui conduit à la for- mule Calcul.... 0,142 d'eau. ') Ces formules sont contrôlées par l'analyse du sel de plomb obtenu en précipitaut une solution alcoolique de lutéoline pure par une solution alcoolique d'acétate de plomb. Ce précipité, lavé et séché, a fourni Carbone pour 100 30,969 Hydrogène pour 100 i ,9^5 Oxygène pour 1 00 i^,^23 Oxyde de plomb pour 100. . 49)333 100.000 Le calcul pour la formule C='H«0'°,2PbO, donne Carbone pour 100 3i ,44' Hydrogène pour 100 i ,']^& Oxygène pour 100 17,905 Oxyde de plomb pour 100. . 48»9o8 C. R., i8(«i, \" Seim-slre. (T. LU, >" 3.) l3 ( 94 ) » En résumé, on aura les formules suivantes : Lutéoliue crisrallisée <:"H'°0'»,HO, LutéolineséchéesurSOSHO. . C^'H"'0'-, Lutéoliue sécbée à i 5o° C'*HH)'", Lutéolate de plomb C'MI'O'", 2 PbO. » En traitant la lutéoliue par l'acide pbospliorique anbydre à 200°, on obtient une matière rouge qui se dissout en violet dans l'ammoniaque. » Quand on chauffe dans des tubes scellés à la lampe à 100" de la lu- téoline avec de l'ammoniaque caustique pendant trois ou quatre jours, elle se dissout complètement avec une coloration jaune foncée; cette liqueur, évaporée à sec, laisse un résidu foncé qui ne dégage pas d'ammoniaque avec la chaux, et qui en dégage avec la potasse caustique (Intéolamide). « CHIMIE APPLIQUÉE. — Action de la lumière sur un mélange de percldurure de fer et d acide tartrique : applications à l impression photographique ; Note de M. Poitevin. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault.) « Depuis longtemps on a observé que les sels de sesquioxyde de fer sont ramenés à 1 état de sels de protoxyde par la lumière et en présence de cer- tains composés organiques, l:els que l'alcool, l'éther, etc. Ayant eu pour but d'appliqu'er cette propriété à l'impression photographique, j'ai recher- ché des substances réductrices non volatiles. Les sels de sesquioxyde d'urane, réduits eux-mêmes par la huTiiére en présence des corps organiques (le papier par exemple), réagissent sur les sels de fer au maximum, par le sel de protoxyde d'urane qui se forme d'abord; l'acétate d'ammoniaque, lal- loxanthine, la glycérine, et surtout l'acide tartrique, m'ont également fourni des réactions tres-nettes et utilisables en photographie. Rien que cette ré- duction soit commune 'i tous les sels de fer au maximiun, et même au peroxyde de fer, que j'ai également expérimenté, je me suis arrêté à l'em- ploi d'un mélange de perchlorure de fer et d'acide tartrique. Je ne parlerai donc ici que de ces deux corps. » La formation partielle du gallate de sesquioxyde de fer sur le papier ou sur d'autres surfaces, pour y produne des images photographiques, est basée sur la réduction du perchlorure de fer en protochlorme, qui se forme seulement aux endroits soumis à l'action de la lumière. (95) » L'application des poudres de charbon ou d'autres couleurs et corps vitrifiables repose sur inie autre propriété, que je crois avoir observée le premier : c'est que le perchlorure de fer et l'acide tartrique, dissous dans de certaines proportions et appliqués sur une surface quelconque, desséchés, soit artificiellement, soit spontanément dans l'obscurité, donnent une couche unie d'un composé non cristallin et non hygroscopique, et qui reste tel tant qu'il est conservé à l'abri de la lumière, mais qui devient déliquescent au soleil ou à la lumière diffuse. J'ai constaté dans les parties influencées par la lumière la présence du protocblorure de fer, qui est déliquescent, et celle d'un corps à réaction acide et très-avide d'eau, qui a dû se former par la réaction du chlore sur l'acide tartrique; c'est surtout ce dernier pro- duit qui joue le plus grand rôle dans l'application des poudres sèches sur 'les surfaces photogéniques que j'emploie, car il ne s'en forme pas assez pour happer les poudres, lorsque je diminue la dose d'acide tartrique. Voici mes moyens d'opérer : » 1° Pour l'impression au qallale de fer (encre onlinaire), je fais une dissolution contenant lo grammes de perchlorure de fer pour loo grammes d'eau; j'y ajoute 3 grammes d'acide tartrique, je la filtre et la conserve à l'abri de la lumière. Pour préparer le papier, je verse ce mélange dans une cuvette, et j'applique successivement à sa surface chaque feuille, en observant qu'il ne reste pas de bulles d'air interposées; je la retire aussitôt et la suspends pour la laisser sécher dans l'obscurité, ou bien, après égouttage, je la sèche au feii. Le papier ainsi préparé peut se conser- ver longtemps; il est d'une couleur jaune foncé. Pour l'impressionner, on le met dans la presse sous un cliché photographique direct ou sous le dessin à reproduire, on le laisse exposé à la lumière traversant les blancs de l'écran, jusqu'à ce que la couleur jaune ait disparu, et qu'une image en jaune foncé se détache sur le fond blanc du papier. Pour transformer ce dessin en noir d'encre, je plonge rapidement la feuille impressionnée dans de l'eau distillée, puis dans une dissolution saturée d'acide gallique, ou dans une infusion tie noix de galle, ou bien d'un mélange d'acides gallique et pyro- gallique, selon le ton noir que je désire obtenir. Dans l'un ou l'autre cas, l'acide organique forme de l'encre, seulement sur les parties où le per- chlorure de fer n'a pas été décomposé, et il est sans action sur le proto- chlorure qui recouvre les autres où la lumière a agi. On a donc ainsi une impression directe. Pour fixer cette image, il suffit de la laver à l'eau dis- tillée ou à l'eau de pluie. i3.. (96) » 2" Impression ;m charbon et aux couleurs en poudre, vitraux photo- graphiques, peinture sur ijorcelaine et sur émail, etc. » Eu pratiquiuit le mode {l'impression précédent, j'ai remarqué que le papier impressioiuié était devenu très-perméable à l'eau dans les parties insolées. J'ai utilisé cette propriété pour y former des images avec des pou- dres quelconques; il m'a suffi pour cela de mouiller avec de l'eau gommée le revei's de la feuille: cette eau traverse le papier et retient les couleiu-s en poudre que l'on applique avec un pinceau. Plus tard, en remplaçant le papier par des surfaces de verre dépoli, en les recouvrant du mélange précité et les séchant, je remarquai qu'après leur exposition à la lumière à travers un négatif, les parties influencées se recouvraient spontanément d'humidité, et que la préparation, de sèche était devenue déliquescente clans ces parties seulement; ce fait m'a conduit au nouveau mode d'impression que je vais décrire. » Je fais deux dissolutions, l'une contenant i6 grammes de perchlorure de fer pour loo grammes d'eau, l'autre 8 grammes d'acide tartrique pour loo grammes d'eau ; des volumes égaux de ces deux liquides sont mélangés au fur et à mesure de l'emploi. Sur des surfaces de verre dépoh et douci, et parfaitement nettoyées, ou bien sur des surfaces de glace polie, mais préa- lablement recouvertes de collodion ou autre subjectile, je verse le mélange précité, je l'étends et fais égoutter l'excès : je laisse ensuite sécher sponta- nément dans l'obscurité ces plaques de verre posées, soit sur champ, soit horizontalement, ou les fais sécher au feu, selon l'épaisseur de la couche de préparation que je désire obtenir. La plaque, séchée, peut être conservée très-longtemps avant de l'employer. J^'impression se fait à travers un né- gatif du dessin; elle peut être de cinq à dix minutes au soleil: ce temps varie d'ailleurs selon la saison et l'intensité du négatif. Au sortir de la presse, le dessin est peu visible sur la plaque, mais il le devient bientôt par la buée d'humidité qui se forme seidement sur les parties impressionnées. Cette couche humide me permet de faire adhérer des poudres quelconques partout où elle existe, et le dessin apparaît graduellement sous un pinceau chargé des couleurs sèches. L'épreuve peut être conservée ainsi: elle est inaltérable, mais il vaut mieux enlever à l'alcool acidulé, puis à l'eau, les parties de la préparation non modifiées par la lumière (elles sont peu solu- blcs dans l'eau pure); sécher ensuite la plaque et vernir le dessin. Un obtient ainsi un transparent. Si l'on veut obtenir une peinture sm- verre, on emploie pour le j)oudrage des oxydes minéraux ou des émaux en poudre, et 1 on soumet Içs plaques de verre dans un moufle à une température suffi (97 ) santé pour liquéfier le fondant ou l'émail ; on opère de même sur des sur- faces de porcelaine ou émaillées. » Lorsqu'il ne s'agit que d'obtenir une épreuve sur papier, j'emploie des poudres de charbon ou autres couleurs insolubles dans l'eau, je verse sur la surface portant le dessin une couche de collodion normal, je lave à l'eau acidulée pour enlever l'excès de préparation et détruire l'adhérence du col- lodion à la plaque, el j'enlève cette couche au moyen de papier gélatine; il ne reste aucune trace du dessin sur la surface du verre. Je gomme ou vernis l'image pour la solidifier, et je colle l'épreuve sur carton. » Vai également observé que cette préparation au perchlorure de fer et à l'acide tartrique avait la propriété de retenir les corps gras seulement sur les parties qui ne reçoivent pas l'action de la lumière, et j'en ai fait un nou- veau moyen d'impression photographique à l'encre grasse et de gravure chimique. » HYGIÈNE. — De la nécessité d'inlrodiiirc les eaux ijubliques dans les iiKitsons d'Iiabilation comme condition de salubrité générale; par M. Gbimaitd, de Caux. (Commissaires précédemment nommés : MM. Moriu, Rayer, Combes, j « Dans mon Mémoire sur les Eaux de Paris, j'ai établi par des chiffres et par l'expérience les conditions économiques avantageuses d'une distribu- tion d'eau, aux bienfaits de laquelle |)ourrait prendre part, avec un droit égal, comme pour l'air, la classe la plus nombreuse aussi bien que la plus riche. La présente Note a pour objet de démontrer que cette distribution d'eau est une condition essentielle de la salubrité des grandes villes. o J'ai habité pendant sept ans la ville de Venise. Cette ville est située au milieu de l'eau, à 35oo mètres de la terre ferme, dans sa plus courte dis- tance ; el la terre ferme elle-même est, dans sa portion inclinée vers l'Adriatique, pleine de marécages. Dans de pareilles conditions, l'humidité est partout : elle est dans la ville et elle est dans la campagne. Mais, tandis qu'à la ville nul ne sent de maligne influence, à la campagne, au contraire, il faut des précautions particulières pour s'en garantir. Ainsi la fièvre inter- mittente n'est pas plus fréquente à Venise que dans les pays les plus sains, tandis que sur la terre ferme voisine elle est presque endémique dans lès localités marécageuses. Pour le poste de Fusine, par exemple, au temps dont je parle, les douaniers avaient droit a une ration de quinine. ( 9^ • n On se rend compte aisément d'un pared contraste. La lagune de Venise ne reçoit point d'eaux douces. J'en ai fait connaître la constitution (voyez Comptes rendus, t. I., p. i47)- O'" c'est à l'humidité provenant des marais d'eau douce qu'il faut rapporter tous les reproches : les émanations de l'eau de mer n'ont pas le moindre danger; l'air est chargé de vapeurs, mais ces vapeurs sont salines. Il résulte de là que si, d'un côté, par ses conditions physiques, c'est-à-dire par la vapeur qu'il contient, l'air de Venise amollit la fibre et tend à la relâcher, d'un autre côté, par ses propriétés chimiques, par le sel dont il est imprégné, il la relève en lui communiquant un léger et bienfaisant stimulus, et l'action vitale se trouve ainsi maintenue dans la mesure la plus convenable. Nulle part ce contraste de l'influence des eaux, selon qu'elles sont douces ou salées, ne se fait sentir mieux qu'à Venise. Il V a en France quelques localités qui pourraient donner lieu à des obser- vations analogues, la ville de Cette, par exemple. •' Ceci étant bien entendu et accepté comme principe, j'arrive à l'appli- cation. Je prends pour base les maisons de Paris habitées par le plus grand nombre, celles dont les propriétaires, à cause de la concurrence, ne croient pas avoir besoin, pour obtenir un prix de location rémunérateur, d'y réunir des conditions de tenue recherchée. » Sauf de bien rares exceptions, voici la condition de ces maisons. Il y a dans la cour un pavé quelconque et une pompe alimentée par l'eau d'un puits creusé dans le travertin inférieur. On ne peut pas prendre de l'eau à la pompe sans qu'il s'en répande sur le sol. Cette eau s'écoule dans le ruisseau de la cour en s'infiltranl dans les interstices du pavé, et à la longue il arrive pour le sol île cette cour ce qui a lieu pour le pavé des rues. Quand on relève ce pavé, on voit la couche de terre sur laquelle il repose imprégnée, et cinq faces du pavé sur six revêtues d'une substance noire dont l'odeur infecte indique la nature. Or, dans la rue, à l'exception des pavés des ruis- seaux, les interstices des pavés ne reçoivent que les eaux pluvi;îîes. Le pavé de la cour, au contraire, reçoit tout ce qui se rejette dans une maison divisée en petits appartements et par conséquent peuplée. Ainsi chaque cour est un étang et un étang d'eau douce; et l'eau de cet étang y est précisément dans cette condition moléculaire que les chimistes recherchent pour leurs combinaisons : c'est-à-dire que les miasmes qui s'en échappent, sans inter- ruption aucune, quoique insensibles, y sont toujours à l'état naissant et dans la disposition la plus favorable pour produire leurs effets délétères. » A cela quel remède, et quel remède radical? car il ne faut point de palliatif. Il faut ici deux choses : ( m ) » I" Supprimer les puits. L'eau en est mauvaise pour l'économie domes- tique, à cause de son origine ; et son emploi, restreint même au lavage de la cour, contribue à l'accroissement du mal: car les puits sont partout le réceptacle obligé des infiltrations locales, dans un rayon plus ou moins étendu. Ensuite, au lieu de paver la cour, faites-la recouvrir d'une couclie d'asphalte ou de béton Cogniet, que l'on voit appliqué dans l'enceinte de l'École des Ponts et Chaussées. Faites-la niveler en conservant les pentes; elle sera ainsi toujours propre et nette inévitablement, et les habitants de la maison se trouveront parfaitement à l'abri de l'humidité infecte qui, dans le régime actuel, s'infillre entre les pavés et vient imbiber les premières couches du sol. 1) 2° Le second point consiste dans l'introduction obligée des eaux pu- bliques dans toutes les maisons, pour être mises à la discrétion de tous les locataires, sans exception. J'entends les eaux publiques, dans les meil- leures conditions, telles que la ville pourra les concéder et les livrer sans prétendre de bénéfice. J'ai exposé ces conditions, les principes qui les ré- gissent d'après l'expérience et d'après la science (voyez Comptes rendus, t. LI, p. 346I. » Vient enfin la question économique; l'Académie des Sciences n a pas à s'en occuper. Mais il n'est pas inutile de dire ici que, pour les propriétaires, ce serait? l'objet d'une dépense relativement fort peu considérable, qui tour- nerait au profit de leurs propriétés, ne serait-ce qu'en mettant les fondations à l'abri d'une humidité constante et insensiblement destructive. Quant aux locataires, outre le bénéfice de la salubrité, ils trouveraient, dans un régime ainsi entendu, une diminution considérable dans les dépenses qu'en l'état actuel des choses ils sont obligés de s'imposer pour se procurer de l'eau. Au point de vue de l'exécution, l'intérêt général est là pour justifier les avis, les prescriptions et même les injonctions de l'autorité on pareille matière, sans que personne eût le droit de s'en prétendre lésé. » PHYSlOLOGik;. — Nouvelles expériences sur l'Iiëtéroçjénie; par MM. 3i. Joi.y et Ch. MrssF.T. (Extrait par les auteiu's.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards. lUgnault. Decaisne, Cl. Bernard.) '( Dans notre communication relative aux générations spontanées (1), (i) Voir les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 22 octobre 1860. ( loo ) nous nous sommes attachés à établir que la vie apparaît dans les décoctions de substances organiques, mises en contact direct avec l'air emprisonné dans les cavités naturelles des végétaux (courge, potiron, piment annuel) et, par conséquent, aussi dépouillé que possible des germes nombreux que l'on dit flotter sans cesse au sein de l'atmosphère. Dans le présent Mémoire nous exposons les résultats que nous avons obtenus en répétant, avec des soins minutieux, les expériences de MM. Schultze, Schwann, Hoff- mann et Pasteur; nous donnons ensuite les détails d'une expérience nou- velle qui nous appartient et qui, jointe à toutes les observations que nous avons faites depuis bientôt un an, nous dispose singulièrement à croire a la réalité des générations spontanées, du moins en ce qui concerne les êtres les plus inférieurs des deux règnes organiques. « Qu'il nous suffise de dire que, malgré notre vif désir de ne pas pro- longer inutilement le débat engagé entre les liélérogénistes et les adversaires de V hétérogénie, nous sommes forcés de déclarer que nos propres obser- vations nous ont conduits à des résultats entièrement opposés à ceux qu'avaient annoncés les auteurs des expériences que nous avons répétées. Ainsi, vainement nous avons soumis à une ébullition prolongée les substances organiques dont nous nous sommes servis; en vain nous avons fait subir luie température très-élevée à l'air destiné à être introduit dans nos appareils; en vain nous lui avons fait traverser des tubes chauffés au rouge blanc ou remplis d'acide sulfurique concentré : nous avons constam- ment vu naître dans nos matras des productions organisées, très-simples, il est vrai, mais dont l'origine ne saurait, selon nous, être expliquée par les germes atmosphériques. » Du reste, M. Hoffmann lui-même déclare que si " en réalité, on ne peut faire des expériences sans que la poussière qui flotte dans l'air apporte dans le liquide quelques spores de champignons, l'ébullition suffit pour les faire périr (i). " » D'après l'un de nos plus habiles antagonistes, lébullition prolongée dans l'eau tuerait même tous les germes atmosphériques, y compris les spores des Mucédinées (2). Il est vrai que, trois mois plus tard, il annonce que des Vibrions peuvent naître dans un liquide de la nature du lait (c'est-à-dire légèrement alcalin) qui a subi une ébullition de plusieurs mi- (1) Études mycnlogiques sur In fermentation [Annales des Sciences naturelles, t. III, p. 3;j, 4° série). (2) Voir les Comptes rendus, séances du 7 février 1860 et du 1 janvier 1861 . ( «o. ) mîtes à la température de loo", bien que cela n'arrive pas pour l'urine ni pour l'eau sucrée albumineuse (t). Nous ne nous chargeons pas de con- cilier ces assertions contradictoires : aussi nous bornons-nous, en termi- nant cet extrait, à faire connaître l'expérience qui suit. Elle est basée sur la loi du mélange des' gaz à travers les membranes humides. Or ces mem- branes sont considérées par tous les savants comme les filtres les plus fins dont on puisse se servir, et, en effet, leurs pores intermoléculaires sont d'une telle petitesse, qu'ils échappent à l'œil armé du meilleur microscope. » Nous faisons bouillir dans de l'eau ordinaire deux cœcumsde mouton et de petits morceaux de viande. Après luie heure d'ébidlition, nous rem- plissons les cœcums de notre décoction encore très-chaude, et nous y in- troduisons im des morceaux de viande. Alors, nous en servant comme d'éprouvette, nous y faisons arriver un courant d'hydrogène bien lavé, et nous lions fortement quand le gaz remplit environ les trois quarts de la ca- pacité des cœcums. Cela fait, nous les plaçons dans un vase plein d'eau, en ayant soin de constater l'intégrité des membranes. Que se passe-t-il alors? Ij'hydrogene, après quelques heures, se dégage, et l'air atmosphérique fil- tré le remplace. Lescœcimis ont, pour auisi dire, respiré. •I Connue la tem|jéiature était froide, nous avons pris le soin de tenir le vase à expérience dans un coin de notre cheminée. Pendant douze jours la température du bain a varié de 3° à a5°. Cet intervalle de temps écoulé, nous avons ouvert les cœcums. Alors nous avons constaté la présence d'une assez grande quantité de Bactéries tres-agiles. Quant au critérium, il nous a donné les mêmes microzoaires, mais en nombre beaucoup plus grand. Ajoutons que le critérium n'avait pas été chauffé et que sa tempéiature ne s'est pas élevée an-dessus de 8° pendant toute la durée de l'expérience. Toutefois cette différence dans les résultats, très-facile d'ailleurs à conce- voir, n'en infirme en rien la valeur probative. » M. C. Heiser adresse, de Strasbourg, au concours potu' les prix de la fondation Montyon un travail, en partie manuscrit, en partie imprimé, ayant pour titre : " Manuel de Gymnastique hygiénique et médicale raisonnée ». " Ce travail, dit l'auteur, a pour objet de montrer l'application de la g\ m- nastique, non-seulement à l'hygiène du corps hiuuain, mais encore à la (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du ■j mai 1860. C. R., 1861, i"- Semestre. (T. LU, N" 3.) ' 4 ( '02 ) guérison ou à rainélioration de certaines maladies, et de poser les principes qui doiveut guider le médecin dans l'emploi de ce puissant moyen théra- peutique. » (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Frédéric Fieber, de Vienne, soumet au jugement de l'Académie un Mémoire écrit on français et avant pour titre : « L'électropuncture comme essai thérapeutique en cas d'amaurosc, résultant d'une maladie de la partie orbitale du nerf optique. » (Renvoi à l'examen de M. J. Cloquet.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre d'Etat autorise l'emploi proposé par l'Académie pour luie somme à prélever sur les fonds restés disponibles. M. MiLNE Edwards présente la première livraison de « l'Iconographie gé- nérale des Ophidiens », par M. Jan, directeur du musée de Milan, et il appelle l'attention de l'Académie sur le mérite de ce travail rcmarcpiable par l'exactitude des détails. « M. TuLAsxE présente à l'Académie, au nom de M. Diiby, de Genève, le Mémoire que ce savant vient de pul)lier sur luie tribu intéressante des Pyrénomycètes, famille de Clunnpignons à l'élude de laquelle M. Didjy .s'est voué depuis plusieurs années. Ce Mémoire est consacré à la descrip- tion et au classement méthodique des Lophiuin, des Ilyslerium et autres genres analogues. Il est précédé et suivi d'observations générales qui inté- ressent le groupe entier des Hypoxylées. » M. Flourexs fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Jalut Simon, d'un Traité sur l'Inflammation, travail destiné à faire |)artie de l'Encyclopédie chirurgicale (5/s/em ofSurgery) de M. Holine. M. Fi.ourevs présente également, au nom de l'auteur M. Mnjcr, profes- seur à Ronu, divers opuscules relatifs, pour la plupart, à la physiologie. L'auteur, après avoir rappelé dans la Lettre d'envoi les expériences récemment ( >o3 ) communiquées à l'Académie sur la coloration en rouge des os du fœtus par la garance entrée dans la diète alimentaire de la mère, ajoute ce qui suit : « J'ai moi-même, dans des expériences faites sur des la|)ines pleines, dé- montré le trniisitus fluidorum de la mère au foetus. J'introduisais par une petite ouverture pratiquée à la trachée-artère, du prussiate de potasse li- quide, en petites quantités et à plusieurs reprises durant u\\ ou deux jours, ce qui ne gênait pas sensiblement la respiration de l'animal. Je suis parvenu ainsi à colorer en bleu verdâtre l'eau de l'amnios, le fœtus lui-même, son estomac, ses reins, sa vessie lU'inaire. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Deuxième Noie sur tes réactions chimiques des Jausses membranes, communiquée par M.. Ozaxam. 0 Chlorure de potassium. Dissolution complète en vingt-quatre heures. — Chlorure de sodium, solution saturée. Solution complète au bout de trente- .six heures. — Bromure de potassmm au j~. Dissolution presque complète au bout de douze heures. A la fin du deuxième jour, il ne reste plus aucun vestige. — Brome et bromure de potassium réunis. Effets de désagrégation du brome, mais plus nets et plus martjués encore. — Chlore et chloruie de potassium réunis, solution concentrée. Effets de désagrégation du chlore, mais plus marqués. — Bibromure de mercure, solution concentrée. Aucun effet produit. — lodure de potassium au jjyjj. Au bout de vingt-quatre heures, très-léger ramollissement; pas d'autre effet produit. — Fluorure de potassium. Ramollissement pâteux peu prononcé au bout de deux jours. — Chromale de potasse au j^. Léger durcissement au bout de deux jours ; couleur jaunâtre de la fausse membrane. — Chromate de potasse au jj^. Léger durcissement au bout de vingt-quatre heures. — Sous-carbonate de potasse, solution concentrée. Au bout de douze heures, transparence et ramollissement. — Bicarbonate de soude, solution concentrée. Dissolution complète en douze heures; la liqueur a une teinte opaline. — Borate de soude au -j^. Pas d'effet piocluit en douze heures. — Phosphate de soude, solution concentrée. Ramollissement considérable en douze heures; après trois jours, dissolution complète. — Cjcmure de potassium, solution concen- trée. Au bout de quinze heures la fausse membrane est entièrement dil- fluente. — Huile de foie de morue. A,ucun effet produit en huit jours. — Eau mère des soudes de varech. Solution complète au bout de quatre à cinq heures. — Glycénie pure. Après vingt-quatre heures ramollissement allant presque jusqu'à la diffluence. — Glycérine bromée au j^nn?. Durcissement i4.. 1 io4 ) pâteux ef friabilité, en deux heures. — Glycérine chlorubromée. Même effet, mais moins marqué. — Chloroforme pur. Aucun effet sensible en quinze jours; la fausse membrane est encore d'un blanc mat, souple et bien con- servée.— Urée, solution concentrée. Solution complète en quinze heurts; il ne reste plus trace de la fausse membrane. » En consultant les données précédentes, nous en déduirons que si l'on vent attaquer l'élément couenneux par les dissolvants, les alcalins doivent être préférés aux acides, et l'on devra consulter par ordre d'importance les eaux mères, l'anuiioniaque, la soude, le bicarbonate de soude, l'urée, le cyanure de potassium, le chlorure de potassium, la glycérine, l'eau de chaux, la potasse, le chlorure de sodium, le bromure de potassium, et en dernier lieu seulement, le sous-carbonate de potasse, le phosphate de soude, et le chlorate de potasse, si longtemps préconisé. » Si, au contraire, on préfère les désagrégeants, on devra trouver d'effi- caces ressources dans le chlorure de brome, le brome et le chlore; puis à un moindre degré dans l'iode, le perchlorure de fer, le bichlorure de mer- cure et le chrome qui durcissent la fausse membrane et la détachent en masse, sans néanmoins f n désagréger les éléments. » Depuis l'époque où j'ai commencé ces expériences, qin ilatent de 1849, phisieurs exemples sont venus m'en démontrer l'nnportance. Ainsi, M. Barthez a préconisé les instillations de chlorate de soude dans la trachée après l'opération de la trachéotomie, l'n médecin de province, dont le nom m'échappe, a guéri, en 1860, un croup presque sans le savoir, en doiHiaiit du sel marin à dose nauséeuse et antidotique à wn enfant (pi'il avait voulu cautériser avec un crayon de nitrate d'argent qui fut avalé tout entier. En Amérique, le D"' Mayer, de Wikesbare (Pensylvanie), a signalé des succès obtenus avec la fjlycérine dans le cas de croup ( i858). Enfin, j'ai pu vérifier l'efficacité du brome, du bromure de potossiutn et celle des eaux mères de soude de varech, celles-ci à la dose de i 5 à 60 grammes par jour contre l'angine couenneuse. Enfin l'eau de mer, qui lient en dissolution la plupart des éléments dont nous avons étudié dans ce tra\ail les actions séparées, semble devoir être un excellent remède contre le croup et toutes les affections du même genre. » CHIMIE ol'.GANiQUii. — Nouvel acide obtenu par l' oxydation de tu niirobenzine j par MM. Cloëz et Gtignet. « La nitrobcnzinc est oxydée à l'ébullition [)ar une dissolution de per- ( io5 manganate de potasse, comme nous l'avons annoncé dans une précédente communication. Il se forme du carbonate, de l'oxalate e( du nitrate de po- tasse, plus im sel de potasse contenant un acide particulier très-peu solubie dans l'eau. Cet acide se précipite quand on ajoute de l'acide chlorhydtique à ladissolution séparée par fdtration de l'oxyde de manganèse provenant de la réduction du permanganate. " Quand on fait bouillir de la nitrobenzine avec inie dissolution de per- manganate de potasse, il se protluit des soubresauts assez violents, qui ren- dent l'opération difficile à conduire. Aussi avons-nous cherché à remplacer ce permanganate par un autre agent d'oxydation d'un emploi plus cominorie et d'un prix moins élevé. » Un mélange d'acide nitrique et de bichromate de potasse attaque faci- lement la nitrobenzine à la température de l'ébullition, qui cette fois a lieu sans le moindre soubresaut. Il faut avoir soin de mettre la nitrobenzine en grand excès. L'opération est terminée quand la couleur orangée du bichro- mate a complètement disparu pour faire place à la couleur verte du nitrate de chrome. C'est sans doute à cause de la solubilité de la nitrobenzine dans l'acide nitrique que l'oxydation par l'acide chromique du bichromate peut s'opé- rer plus facilement que par le permanganate. En effet, si l'on remplace l'acide nitrique par l'acide sulfurique étendu d'eau, qui ne dissout presque pas de nitrobenzine, la réduction du bichromate n'est complète qu'après plusieurs jours d'èbullition. Le produit de la réaction est d'ailleiu's le même qu'avec l'acide nitrique. » Le nouvel acide étant solubie dans la nitrobenzine, à l'aide de la cha- leur, se dépose par le refroidissement en petits cristaux blancs qui restent en suspension dans l'excès de nitrobenzine emiilovée dans la réaction. On sé- pare cette nitrobenzine par décantation et on l'agite vivement avec un excès d'ammoniaque qui dissout le nouvel acide, plus un acide formant un sel jaune foncé, qui ressemble beaucoup à l'acide picrique. )) La dissolution ammoniacale est précipitée parl'acide chlorhydrique. Le nouvel acide se dépose, ou le lave à l'eau distillée afin d'enlever le sel am- moniac et en même temps l'acide jaune qui l'accompagne. » La dissolution de nitrate de chrome est traitée de la même manière, elle donne aussi une certaine quantité du même acide. 1) Voici quelles sont les principales propriétés de ce nouveau produit • » Il est incolore, d'une saveur piquante et un peu amère; il se présente en fines aiguilles groupées irrégulièrement. Il est fusible à une température peu élevée et volatil sans résidu; il cristallise très-nettement, par sublima- ( io6 ) tioii, en aiguilles brillantes et flexibles. Très-|>eu soluble dans l'eau froide, |)lus soluble dans l'eau jjouillante, il se dissout aisément dans l'alcool, l'étlier et même dans la nitrobenzine. Il est soluble à chaud dans l'acide acétique et cristallise par le refroidissement. )i Plusieurs analyses exécutées sur divers échantillons du nouvel acide provenant soit de l'action du permanganate, soit de celle du bichromate dépotasse sur la nitrobenzine, nous ont conduit a la formule suivante : C"'H'(AzO*)0». » Les analyses ne s'accordent pas avec la formule de l'acide nitrophéni- (|ue ni avec celle de l'acide nitrobenzoïque, dont les propriétés présentent une certaine analogie avec celles de notre nouvel acide. Pour établir la for- mule avec certitude, nous nous occupons d'analyser le sel d'argent et d'étu- dier les transformations que les agents d'oxydation ou de réduction pourront faire subir à ce nouveau produit. Si nos expériences ultérieures confirment la formvde précédente, le nouvel acide devrait être regardé comme un pro- duit d'oxydation de l'acide nitrocinnamique : C'ni'(AzO^)0*, dont il ne différerait que par i équivalents d'oxygène en plus. ') Nous avons d'ailleurs opéré sur la nitrobenzine du commerce, et l'acide que nous avons étudié peut provenir de l'oxydation d'un corps étranger contenu dans ce produit commercial. » CHIMIE. — Noie sur quelques réactions des sels de fer, d'urane et d (tluinine. Séparation de i'urane et du fer ; par M. F. Pisam. « Jusqu'à présent on attribuait presque exclusivement aux acides orga- iii(|ues non volatils, tels que l'acide tartrique, le privilège d'empêcher par !eur présence certaines réactions; mais on a remarqué depuis peu que l'acide oxalique pouvait, dans certains cas, agir de la même façon : ainsi ion sait, d'après une expérience récente, que sa présence empêche la pré- cipitation en bleu des sels de fer par le cyanoferrure de potassium. Voici quelques faits analogues que j'ai observés. ji Sels de fer. — Si l'on ajoute à un sel de fer au maximiun qui soit neutre, ]nd)liée par les ordres de M. le Ministre de l' A jriculturc , du Convnerce et des Travaux publics; t. XXX VL Paris, 1860; iu-4". Catalogue des brevets d'invention ; année 1860, n°' G-g; in 8". Mémoire sur la distribution priniilme des végétaux et des ani)naiix; pnr M. Marcel de Serhe.S; br. in-4''. Dune nouvelle espèce d^ tumeurs bénupies des os, on tuntcurs à mréloplaxcs ; par le D' Eugène NliLATON. Paris, 1860; . Topographie médico-hygiénique du département du Finistère, ou Guide s mi- r 1 M ) taire de iliabiianl; par le D' Louis CaRADEC. Brest, 1860; i vol. in-8". Ces doux ouvrages sont destinés au concours pour le prix Montyon, Mé- decine et Chirurgie. Recherches sur la faune Ultorale de Belgique; par P.-J. Van Beineden. Turbellariés. Bruxelles, 1860; br. in-4". Eléments de Géométrie; par Eugène Caille, i"" partie. Lille, 1861 ; br. in-8°. Des rapports des médecins et des pharmaciens avec les Sociétés de secoun mutuels; parle D' Fournie (de l'Aude). Paris, 1861 ; br. in-8°. Essai sur les institutions scientifiques de la Grande-Bretagne et de l'Irlande,- par Eâ. Mailly. Bruxelles, 1861; br. in-12. Mémoires de l'Académie impériale de Médecine; tome XXIV; i"' et 2* par- ties. Paris, 1860; 2 vol. in-4°- Mémoires de f Académie impériale de Metz, XLP année, i BSg- < 860, 2'= série, 8^ année. Melz, 1860; in-S". Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 1 i 2^ et ii3^1ivr. in-4". Neue Turbellarien. . . Nouvelles espèces de Turbellariées, Rotatoires et Anne- liiles, recueillies et observées dans un voyage autour du monte ( 1 853- 1857 ); pnrM. L.-K. Schmauda, a" et dernière partie. Leipzig, 18G1 -, in-4°. Abliandlungen... Mémoires de la Société des naturalistes de Gorlitz, X^ vol. Gôrlitz, 1860; in-8°. Neucr beitrag... Nouvel essai sur le choléra; par le D''Ed. Lichtenstein. Berlin, 1861; br. in-8°. (Concours pour le prix du legs Bréant.) Instruccion... Instruction sur la slabiliié des constructions, traduite du fran- çais de M. MiCHON, et enrichie de notes par M. E. Saaveora, Madrid, 1860 ; I vol. in-S" avec atlas in-8°. L'Académie a reçu dans la séance du 21 janvier 1 8G i les ouvrages dont voici les titres : Traité pratique sur la filature de laine peignée, cardée peignée et cardée; par M. Charles Leroux. Abbeville, 18G0; in-8° avec atlas oblong. L'année scientifique et industrielle; par Louis FiGUlER, 5" année. Paris, 1 861 : in-i 2. Traité sur les maladies des plantes alimentaires, leurs causes^ leurs remèdes; parH.-C.-F. Hamel; t. P^ Paris, 1857; in-12. (Commission du prix des Arts insalubres. ) ( "^ ) Notice (les Iravaux de IjoUiuiijue île j\î. P. DuCH.AltTlii; ; br. iii-'i"- Nouvelles Lettres inédiles de Maikan à Bouillet; br. iii-8°. Notes stir lei canons rajés en hélice et les progrès récents en artillerie; par Lkrov (d'Étiolles). Paris, 1860; br. in-8". De la syphilisation. Etat actuel et statistiipie; par W. BOECK. Christiania, 18G0; br. iii-8", accompagnée de l'édition allemande. (Transmis par M. Auzias-Tnrenne.) Mémoire sur la tribu des Hystérinées de lajamille des Hypoxylées [Pyréno- mycètes);parM. le pasteur DuBY. Genève, 18G1; br. in-4''. (Présenté par M. Tiilasne.) Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris pour te doctorat es sciences physiques; par M. C.-M. GuiLLEMlN. Paris, 1860; br. in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Despretsr.) Iconographie générale des Ophidiens; par M. le professeur Jan, directeur du musée de Milan; r"' livraison ; grand iu-4<'. (Pré.senté par M. Milne Edwards.) ^ctes de la Société médicale des hôpitaux de Paris, 5"" fascicule. Paris, 1 861 ; 1 vol. in-8°. Intorno. . Note sur une courbe du quatrième ordre; par M. SlACCi. Rome, 1861 ; br. in-8. (Présenté au nom de l'auteur par M. Cliasles.) Sul terreno... Sur le terrain étatique de la Lombardie, fragments d'un Mé- moire deM. G. Omboni ; br. in-S". Sopra... Lettre de M. G. Campani 5»/- une pluie rouge observée à Sienne; I de feuille in-8". An essdy... Essai suri' inflammation; pai M. J. Simon. Londres, 1860; in-8". Anatomische... Recherches analomiques sur l'œil des Cétacés; par le D' Mayer. Bonn, isSa; br. in-S". Zur auatomie... Sur fanatomie de l'Orang-Outang et du Chimpanzé ; par e même. Bonn, i856; br. in-8°. Der phosi)lior... Le phosphore et ses effets comme médicament et comme poison; parle même; br. in-8°. Natur... Nature et esprit, poème en F chants; par le même. Bonn, i855; in- 12. Berriclit... Conqjte rendu sur l'institut anatomique de Bonn; par le même; br. in-4°. Biograpbiscti-literarisches... Dictionnaire biographique et littéraire pour l'histoire des sciences; par M. J.-C. PoGGEiNDORFt"; /|' livraison, 2' partie. Leipsig, i8()o; in-S". (Présenté jiar M. Despretz. ) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 28 JANVIER 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. WE^ÏOIRES ET COMi>lUI\ICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Flocrens annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'nn de ses Associés étrangers M. F. Tiedemann, décédé à Munich, le 2-2 janvier, dans sa quatre-vingtième année. La mort de l'illustre anatomiste est annoncée par son gendre M. Bischoff, professeur d'anatomie et de physiologie. HlSTOlRK DES SCIENCES. — Note de M. BioT accompagnanl la présentation d'une nouvelle suite de ses Études sur l'Astronomie indienne. . Dans les derniers mois de l'année iSSg (24 octobre), j'eus l'honneur d'offrir à l'Académie une série d'études sur l'astronomie indienne, dont l'occasion m'avait été fournie par la publication d'un traité usuel de cette astronomie, récemment composé et imprimé à Ceylan, par un missionnaire américain, M. Hôisington, pour l'instruction des jeunes Hindous. Autour de ce cadre, j'avais groupé les documents originaux recueillis par les orien- talistes de la Société de Calcutta , surtout les extraits qu'ils ont donnés du Sûrya-Siddhùnta, ce livre sacré, que les Hindous considèrent comme le code immuable des doctrines astronomiques qu'ils prétendent avoir été établies chez eux, par leurs anciens sages, depuis un temps immémorial. De cet ensemble était résulté un tableau, qui, dans sa fidélité, offrait le plus coin- C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" 4.} 1 (^ ( '«4) plel contraste avec le caractère d'originalité, et d'antiquité séculaire, que Baiily, et la plupart des écrivains du wu]*" siècle, avaient attribué à la science indienne. J'ai pu depuis confirmer ces premiers résidtats et les étendre, en les appuyant, non plus sur des extraits, mais sur le texte même du Siiiya-Siddluinta, dont la Société Orientale d'Amérique vient de publier une traduction anglaise. C'est ce nouveau travail que j'ai aujourd'hui l'honneur de présenter à l'Académie. Je n'aurais jamais osé l'entreprendre si l'assistance bienveillante, infatigable, de M. Ad. Régnier, mon confrère a l'Académie des Inscriptions, ne m'avait fourni le moyen de remonter im- médiatement de la traduction au texte sanscrit, toutes les fois que j'en sen- tais le besoin. Mais de même qu'aujourd'hui, parmi nous, les sciences d'observation et d'expérience se pénètrent intimement les unes les autres, en devenant fécondes par leur mutuel concours, de même les diverses Aca- démies dont l'Institut se compose, se prêtant mutuellement leurs lumières, donnent naissance à des travaux mixtes qui seraient inaccessibles à des efforts isolés. » CHIMIE APPMQUliE A LA VÉGÉTATION. — Recherches chimiques sur les combustibles minéraux; par M. E. Fuemy. « Les études que je poursuis depuis longtemps sur les tissus des végétaux et dont l'Académie connaît déjà les principaux résultats, devaient naturelle- ment me conduire à déterminer les caractères chimiques des combustibles minéraux, et à rechercher si les substances qui les constituent présentent quelque analogie avec celles qui forment les tissus non altérés des végétaux. » En admettant, avec tous les géologues, que la tourbe, le lignite, la houille et l'anthracite se sont formés dans des circonstances différentes et qu'ils appartiennent à des terrains d'âges variables, j'ai voulu suivre dans ces variétés de combustibles le degré d'altération du tissu organique. » L'étude de la tourbe ne m'a présenté aucun fait réellement nouveau : à côté des organes élémentaires non altérés que l'on rencontre en si grande quantité dans la tourbe fibreuse, j'ai trouvé, suivant l'état d'altération de ce couibustible, des proportions variables de ces composés bruns, neutres ou acides, azotés ou non azotés, que nous désignons dans notre ignorance sous le nom général de cnm))oscs ulniiqucs : la présence de ces corps qui ont été étudiés déjà par notre confrère M. Payen, vient du reste étabhr une dis- tinction très-nette entre les tourbes et les tissus organiques non altérés. ). L'examen chimique des lignites devait m'offrir plus d'intérêt. (.i5) >' J ai en le soin de distinguer dans mes recherches sur lesligniles les échan- tillons présentant encore l'organisation ligneuse d'avec ceux qui offrent souvent l'aspect et la compacité de la houille. » Les premiers constituent le lignite xjloide ou bois fossile ; les seconds forment le lignite conijxtcte et parfait. » Au point de vue des caractères chimiques, toutes les variétés de lignite que j'ai examinées rentrent dans les deux espèces précédentes. » Quoique le lignite xvloïde ait souvent la ténacité et l'apparence du hois ordinaire, j'ai reconnu que, dans ce combustible, le tissu ligneux a éprouvé une profonde modification : il se réduit en poudre fine par la trituration; soumis à l'action d'une dissolution étendue de potasse, il cède à l'alcali une quantité considérable d'acide ulniique. » Les deux réactions suivantes viennent établir une différence bien tran- chée entre le bois ordinaire et le lignite xyloïde. » Lorsque l'acide azotique réagit à chaud sur le bois, il dissout une partie seulement des fibres et des rayons médullaires, et laisse la matière cellulo- sique très-pure qui se dissout sans coloration dans l'acide sulfurique con- centré et qui jouit de toutes les propriétés que notre confrère ^L Payen a étudiées avec tant de précision. )> Dans les mêmes circonstances, le lignite xyloïde est attaqué avec une grande énergie et transformé complètement en une résine jaune, soluble dans les alcalis et dans un excès d'acide azotique. » Lorsqu'on soumet comparativement le bois et le lignite xyloïde à l'ac- tion des hypochlorites, on constate également entre ces deux substances des différences très-nettes. 1) Les hypochlorites exercent sur le bois une réaction qui peut être com- parée à celle de l'acide azotique; ils dissolvent rapidement une partie des fibres et des rayons médullaires et laissent la matière cellulosique à l'état de pureté. >' Le hgnite xyloïde est attaqué par les hypochlorites alcalins, se dissout presque entièrement dans ce réactif et ne laisse que des traces impondérables de fibres et de rayons médullaires incolores. » Il résulte donc des faits qui précèdent que lorsque les tissus ligneux sont arrivés à cet état de modification qui constitue le lignite xyloïde, tout en conservant l'apparence du bois, ils ont éprouvé dans leur substance une modification profonde et contiennent alors des principes immédiats nou- veaux, caractérisés par leur solubilité complète dans l'acide azotique et dans les hypochlorites. i6.. ( "G ) » Après avoir cléferminé les caractères chimiques du lignite xyloide, il était intéressant de rechercher si le lignite compacte qui ne présente plus la texture des tissus hgneux, qui est noir et brillant comme la houille, et qui offre souvent avec cette dernière substance des analogies qui mettent en défaut les ingénieurs les plus exercés, conserverait les caractères chiinicpies du lignite xyloide ou s'il se rapprocherait des houilles. » Au point de vue géologique, cette étude comparée du lignite xyloide du lignite compacte et de la houille me paraissait aussi d'une grande im- pf)rtauce : si en effet il existait un rapport certain entre l'état d'altération des combustibles minéraux et râ£;e des terrains qui les contiennent, on com- prend quel serait l'intérêt, pour la géologie, de posséder un caractère chi- mique qui permît d'apprécier nettement le degré de modification du corps organique et de déterminer l'âge (l'un lerrain d'après l'état d'altéî'atiou du combustible minéral qui s'y trouve. Je me suis donc appliqué à trouver une série de réactifs chimiques agissant différemment sur les combustibles mi- néraux, et me permettant d'ordonner la série de leurs variétés suivant leur degré d'altération et les caractères chimiques qu'ils pourraient ainsi pré- senter. Les réactifs quej'eiiiploie sont la potasse, les hypochlorites, l'acide sulfurique et l'acide azotique : je tiens compte également des caractères excellents qui ont été donnés par M. Cordier. » J'ai démontré précédemment qu'il n'était pas possible de confondre le tissu ligneux avec le lignite xyloide, ce dernier corps étant soluble dans les hvpochlorites et dans l'acide azotique. Le lignite compacte, ne présentant plus d'apparence d'organisation, ne peut être confondu qu'avec certaines variétés de houille. Le mode de combustion, la réaction sur le tournesol des produits volatils, et la couleur de la poussière forment déjà, comme on le sait, descaractères distinctifstrès-im|)ortants : les réactifs chimiques viennent donner à cet égard un dernier degré de certitude. Lorsqu'on soumet en effet un lignite compacte; à l'action de la potasse concentrée, on voit quelquefois la liqueur se colorer en brun et dissoudre une petite quantité d'acide ulmi- que; mais ordinairement la liqueur alcaline ne réagit pas sur le combus- tible: ce qui étal)Iit immédiatement une distinction entre le lignite xyloide et le lignite compacte. » J'ai toujours reconnu que les lignites qui résistent à l'action de la potasse sont ceux qui par leur gisement se rapprochent le plus des terrains houillers. » I^es lignites compactes, noirs et brillants comme la houille, se dissol- vent entièrement dans les hypochlorites alcalins, sont attaqués avec la plus grande rapidité par l'acide azotique, et protluisent la résine jaune dont j'ai déjà parlé en traitant du lignite xyloïde. ( "7 ) » Les deux caractères que je viens d'indiquer ne permettent donc pas de confondre les ligniteset les houilles. Ces derniers combustibles, en effet, ne se dissolvent pas dans les bypocblorites et ne sont attaqurs que lente- ment par l'acide azotique. J'ai soumis à l'épreuve des hypncblorites presque toutes les houdles importantes appartenant à des étages différents, et j'ai vu constamment ces combustibles résister à l'aclion du réactif chimique : ce c;iractère me parait avoir une telle valeur, que lorsqu'on rencontre par exception une houille que les hypochlorites attaquent légèrement, il y a lieu d'examiner si le combustible qui offre cette propriété exceptionnelle est réellement de la houille; car on conçoit que dans le terrain houiller il puisse exister des matières végétales inégalement décomposées. » La houille et l'anthracite qui résistent à l'action des dissolutions alca- lines et à celle des hypochlorites se dissolvent d'une manière complète dans un mélange d'acide sulfuricpie monohydraté et d'acide azotique ; la liqueur jirend une coloration brune très-foncée et tient en tlissolution un composé ulmique que l'eau peut précipiter complètement. » Je ne me suis p;is proposé dans ce travad d'apprécier les uifluences qui ont pu transformer les tissus organiques eu combustibles minéraux : je dois cependant signaler ici ime observation qui me parait intéressante. » J'ai reconnu que le tissu ligneux exposé pendant plusieurs jours à une température de 200° éprouve des modifications successives et donne nais- sance à des corps entièrement comparables à ceux c[ue l'on trouve dans les lignites : les premiers sont solubles dans les alcalis et correspondent au lignite xyloide; les seconds sont insolubles dans les alcalis, mais se dissol- vent entièrement dans les hypochlorites comme le lignite compacte. " Tels sont les faits nouveaux que je votdais soumettre à l'Acadé- mie : ils ont pour but, comme on le voit, de faire intervenir les caractères chimiques dans l'étude des combustibles minéraux et me paraissent con- duire aux conséquences suivantes : » i" En traitant les combustibles minéraux par les réactifs que jai indiqués, on reconnaît qu'avec l'âge, les caractères chimiques des tissus s'effacent peu à peu et la matière organique se rapproche d'autant plus du graphite qu'elle est prise dans des terraiiis plus anciens : j'établis cepen- dant ici une exception poin- les terrains qui ont été modifiés sous l'in- fluence du métamorphisme. Mes recherches s'accordent donc complète- ment avec les travaux de notre confrère M. Regnault, qui était déjà arrivé à la conséquence que je viens d'énoncer dans ses importantes recherches analytiques sur les combustibles minéraux. » 1° Le premier degré d'altération du tissu ligneux, qui est représenté (ii8) par la tourbe, est caractérisé par la présence de l'acide iilniiqiio, et aussi par los fibres ligneuses ou les cellules des rayons médullaires cpie ion peut ])urifier et extraire en quantité très notable au moyen de l'acide azotique ou des liypochlorifes. » 3" Le second degré de modification correspond au bois fossile, au lignite xyloide : il est en partie soluble dans les alcalis comme le corps pré- cédent; mais son altération est plus profonde, car il se dissout presque en- tièrement dans l'acide azotique et dans les hypochlorites. » 4° Le troisième état d'altération est représenté par le lignite compacte ou parfait : les réactifs manifestent déjà dans cette substance un passage de la matière organique à la houille : ainsi les dissolutions alcalines n'agis- sent pas en général sur le lignite parfait; ce combustible est caractérisé par sa solubilité complète dans les hypochlorites et dans l'acide azotique. » 5° Le quatrième degré de modification corresponde la houille, qui est insoluble dans les dissolutions alcalines et dans les hypochlorites. » G" Le cinquième état d'altération est l'anthracite, qui se rapproche évidemment du graphite, qui résiste aux réactifs pouvant modifier les com- bustibles précédents et que l'acide azotique n'attaque qu'avec une extrême lenteur. 11 On voit donc que les réactions chimiques viennent confirmer ici la classification des combustibles minéraux qui est admise par les géologues. » Je suis loin de penser cependant que le lignite, la houille et l'anthra- cite, qui sont caractérisés aujourd'hui par leur composition élémentaire et par leurs réactions chimiques, constituent les seules modifications que les matières organiques ont éprouvées en se changeant en combustibles miné- raux. Il doit exister des transformations intermédiaires des tissus organi- ques qui correspondent aux différences que l'industrie a signalées depuis longtemps dans les diverses espèces de îignites et de houilles. » Mais les réactifs sont-ils assez sensibles pour caractériser ces différentes variétés dans un même combustible minéral, dans les houilles sèches ou grasses, ou bien dans les différents étages d'une même couche de houille? C'est cette question que j'examinerai dans une prochaine communi- cation. » HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE. — Note sur le repeitplcinent du lilloiril par la création dhtittrières artificielles; par M. Coste. " J'ai l'honneur de communiquera l'Académie le résultat des opérations de repeuplement que, par ordre de l'Empereur, l'Administration de la ( "9 ) maiino exéculc ou dirige sur le litloral de la France. Celte comuuniicalioM sera accueillie, j'espère, avec faveur, car le succès est le résultat de l'appli- cation d'une donnée abstraite de la science. « Je n'insisterai pas sur les produits de la baie de Saint-Brieuc. Parla vue des branchages chargés d'huîtres déjà marchandes que je mets sous ses yeux, l'Académie pourra juger comment l'industrie a pu à i5 ou 20 mètres de profondeur accumuler la récolte là où auparavant il n'y avait pas trace de coquillage. » Je veux surtout montrer aujourd'hui comment cette idée abstraite de la science, en pénétrant dans l'esprit de nos populations maritimes, les a conduites à fixer la moisson sur les terrains émergents où, à mer basse, on peut donner des soins au coquillage comme dans nos jardins aux fruits des espaliers. Les appareils collecteurs de toute sorte, fascines, plancliers, tuiles, fragments de roche, tout s'y couvre d'huîtres avec une telle profu- sion, que l'Océan se transforme en une véritable fabrique de substance ali- mentaire. » Dans l'ile de Ré, de la pointe de Ilivedoux à la pointe de Loix, sur une longueur de 3 à 4 lieues, une immense et stérile vasiere a été convertie en un champ de production d'une richesse inouïe. Là où auparavant l'huître ne pouvait se développer, les agents de l'Administration en comptent a l'heure qu'il est, en moyenne, 600 par mètre carré ; ce qui donne pour une superficie de G3oooo mètres en exploitation, un total de 37S000000 de sujets, la plupart ayant déjà une taille marchande, et représentant une valeur de 6000000 à 8000000 de francs. » Ce travail, commencé seulement depuis deux ans, se poursuit avec une infatigable énergie dans tout le reste du pourtour de l'île. Il est l'œuvre des efforts combinés de plusieurs milliers d'hommes venus de l'intérieur des terres pour prendre possession de ce nouveau domaine. Quinze cents parcs y sont dès à présçnt en pleine activité et deux milic antres sont en voie de construction. Les détenteurs de ces établissements, constitués en association, ont nommé des délégués pour les représenter auprès de l'Administration, et des gardes-jurés pour surveiller la récolle commune. Us se réunissent en assemblée générale pour délibérer sur les moyens de perfectionner leur industrie. En sorte cjue, dans cette associa- tion, à côté de l'intérêt individuel se trouve représenté l'intérêt de la com- munauté. )> Dans la baie d'Arcachon, l'industrie huîtrière se développe dans les mêmes proportions qu'à l'île de Ré. Le bassin tout entier se transforme en un champ de production. Ici, cent douze capitalistes, associés à cent rlouzc f I20 ) marins, exploitent /Joo hectares de terrains émergents; et l'État, pour donnei l'exemple, a organisé deux sortes de fernies-modeies destinées à l'expéri- mentation de toutes les méthodes propres à fixer la semence et à rendre la récolte facile. L'application de ces méthodes a déjà amené une telle repro- duction, que ce bassin est sur le point de devenir lui des centres les pluM actifs des approvisionnements de nos marchés. Les qualités de forme et de goût que le coquillage y acquiert, permettent de le livrer directement à la consommation, sans lui faire subir préalablement les traitements auxquels on le soumet dans les parcs de perfectionnement. Les dépenses que ces ma- nipulations exigent partout ailleurs étant su[)|)rimées ici, il en résultera une économie qui tournera à la fois au bénéfice du producteur et du consom- mateur. ^ )i L'Administration de la marine ne s'est pas bornée à créer des centres de production dans l'Océan; elle a voulu en former aussi sur nos côtes de la Méditerranée. Les premiers essais faits dans la rade de Toulon ont donné les résultats les plus satisfaisants : l'Académie peut en juger par le fragment de clavonnage que je mets sous ses yeux; la quantité d'huîtres n'y est pas moins grande que sur les fragments de roche, sur les fliscines, les planchers et les tuiles pris à Saint-Brieuc, à l'île de Ré, au bassin d'Arcachon. C est un fait qui ressort des divers échantillons déposés sur le bureau. » CHIBURGIE. — Noie sur tes résultats cliniques obtenus par la lithotritie pendant l'année 1860; par M. Civiale « L intérêt que l'Académie a toujours porté à mes travaux sur l'art de brover la pierre vésicale, me fait espérer qu'elle accueillera avec bienveil- lance l'exposé des résultats que je continue d'obtenir par cette méthode. A fin de ne pas abuser de ses moments, je me bornerai à lui faire connaître aujourd'hui les cas qui se sont présentés à moi dans le cours de l'année 1860; ces faits ont un intérêt d'actualité qui me détermine à ne pas diffé- rer la publication. )i J'ai traité en 1860 cinquante-quatre malades affectés de la pierre: trente-six dans ma pratique particulière et dix-huit à l'hôpital. » A. Malades de la pratique particulière. — Vingt-six de ces malades avaient la pierre pour la première fois; dix avaient déjà été opérés par d autres chirurgiens ou par moi : la pierre s'étant reproduite, de nouvelles opérations sont devenues nécessaires. » J'ai opéré vingt-six de ces malades pai- la lithotritie; vingt-quatre sont ( '21 ) guéris; chez les deux autres, j'ai dû renoncer à l'opération qui paraissait aggraver l'état morbide de la vessie ; l'un de ces malades a succombé, et l'autre continue de vivre avec la pierre. » Lescalculeiix les plus favorablement disposés, dont les organes étaient encore sains et la santé générale bonne, qui n'avaient d'aulre maladie qu'une petite pierre, ont tous obtenu une guérison prompte et facile. Pour cette classe de calculeux, l'application de la lithotritie me paraît avoir atteint la perfection désirable. En effet, la pierre est détruite en quelques minutes; les débris en sont expulsés avec l'urine, toute souffrance cesse, la santé renaît et se soutient. C'est là assurément tout ce qu'on peut de- mander au traitement de l'affection calculeuse. » Mais la lithotritie ne donne ces heureux résultats qu'à la condition d'en restreindre l'emploi aux cas favorables dans lesquels la pierre n'a pas eu le temps de grossir et de produire dans la vessie des lésions propres à chan- ger la forme et les dispositions naturelles de ce viscère. Je m'empresse d'ajouter que la proportion de ces cas favorables augmente chaque jour, et ils deviendront de plus en plus nombreux, à mesure que les calculeux, éclairés sur leur position par les médecins, se feront opérer au début de la maladie. » Dix de ceux que j'ai traités n'ont pas eu cette prudence; il n'ont réclamé les secours de l'art que lorsque l'existence leur était devenue in- supportable par des douleurs incessantes. )) Chez deux d'entre eux, le mauvais état des organes uriuaires a mis obstacle à l'application de la lithotritie, et comme la cystotomie était égale- ment contre-indiquée, la mort est survenue par le progrès des désordres. » Quatre calculeux ayant de grosses pierres ont été opérés par la taille : un adulte a obtenu une guérison prompte et complète; le dixième jour la plaie était cicatrisée; chez im autre, également adulte, la convalescence s'est prolongée et la guérison est restée incomplète. Deux vieillards ont succombé à la deuxième semaine de l'opération. » Deux malades sont encore en traitement : l'un sera opéré par la taille et l'autre par la lithotritie. n Le traitement a été ajourné au printemps prochain chez deux autres calculeux qui, se trouvant mal à Paris à l'entrée de l'hiver, sont retournés chez eux. » B. Malades de l'hàpilal. — Parmi les dix-huit calculeux admis dans mou service, se trouvaient trois femmes et quinze hommes adultes ou vieillards. C. R., i86i, i" Semejlre. (T. Ul, H" 4.) I7 ( I^'. ) » La première de ces femmes, souffrant depuis longtemps, était telle- ment épuisée, que toute opération était contre-indiquée; la malade est rentrée dans sa famdlc. » La deuxième était dans des conditions favorables sous le rapport de la santé générale; mais le calcul était engagé dans l'urètre oi!i il était maintenu par les contractions énergiques de la vessie. Un débridement du canal a suffi pour en opérer l'extraction. Ce procédé m'a paru préférable à celui de l'écrasement, qui eût été plus long et plus douloureux; la malade a été promptement guérie. » La troisième femme, dont j'ai publié l'observation, présentait un de ces cas extraordinaires qu'on observe de loin en loin. » La pierre, de nature phospliatiqne, s'était formée sur un amas de dents, d'osselets et de cheveux provenant d'un kyste pileux qui s'était ouvert dans la vessie. Tous ces corps et la pieire elle-même ont été extraits avec succès par les procédés de la litholritie. » Quatre calculeux hommes n'étaient plus dans les conditions qu exige l'application de la lithotritie; deux ont été taillés : l'un est guéri et l'autre conserve une fistule. Le troisième a refusé de se soumettre à la taille, qui offrait d'ailleurs peu de chances de succès : il a succombé à mie affection rénale ; le quatrième est en traitement. » Un autre malade avait en même temps une pierre moyenne et une hernie étranglée qu'il fallut opérer immédiatement. Cette opération causa la mort. » Les dix autres malades opérés |)ar la lithotritie ont été délivrés de la pierre, sans cependant que la guérison soit complète dans tous les cas; deux de ces opérés conservent des douleurs et du trouble dans les fonc- tions de la vessie, provenant des lésions organiques de ce viscère, et contre lesquelles la lithotritie n'a pas plus d'action que la taille. » Les faits nouveaux observés à l'hôpital offrent une particidarité remar- quable. » Les calculeux forment deux grandes classes. Dans l'une, qui embrasse les deux tiers des cas, les organes conservent leurs dispositions naturelles. Ce n'est même que de loin en loin, et surtout à la suite des exercices du corps, que la pierre provoque quelques troubles fonctionnels qui cessent par le repos. Ici la pierre formant elle seule toute la maladie, il suffit de la détruire ou de l'extraire par les procédés de la chirurgie pour que le malade obtienne une guérison prompte et complète. )) Dans l'autre classe, les pierres de phosphate calcaire ou auunoniaco- ( 123 ) magnésien se forment et se développent sous l'influence d'un état morbide de l'appareil urinaire. Il n'est pas rare que cet état persiste même après l'opération, qu'il prive le malade du bienfait complet du traitement, et même qu'il favorise le développement d'une nouvelle pierre. Ces cas sont en majorité dans le relevé qui précède. )) En résumé, des cinquante-quatre calculeux dont je viens de présenter le tableau, trente-sept ont été traités par la lithotritie. Dans deux cas, j'ai dû renoncer au traitement : l'un de ces malades a succombé, l'autre garde la pierre. » Deux des opérés n'ont pas obtenu une guérison complète, parce que la pierre ne formait pas, à elle seule, toute la maladie ; mais ils ont été très- soulagés; les autres sont guéris. » Sept ont été soumis à la taille, qui en a sauvé quatre; mais dans deux cas la guérison est incomplète. » Dix n'ont pas été opérés : trois sont morts par les progrès de la maladie, et un à la suite de l'opération hernie. » Trois, sont en traitement et seront opérés, l'un par la lithotritie, et les deux autres par la taille. Dans deux cas, l'opération a été ajournée. <> Ces faits prouvent de nouveau le danger de conserver longtemps la pierre, et l'utilité de la lithotritie, lorsqu'on l'applique au début de la maladie. » GÉOLOGIE. — Expériences sur la possibilité d'une infiltration capillaire au tra- vers des matières poreuses, malgré une forte contre-pression de vapeur, ^applications possibles aux phénomènes géologiques; par M. Dai'brée. (Extrait par l'auteur.) « Chaque jour, dans de grands phénomènes qui sont pour nous la prin- cipale manifestation de l'activité de l'intérieur du globe, on voit se dégager des profondeurs des quantités énormes d'eau à l'état de vapeur. » On peut se demander si ces pertes incessantes ne sont pas réparées, au moins partiellement, par une alimentation de la surface, et, s'il en est ainsi, par quel procédé s'opéreraient les infiltrations. » 11 serait difficile de comprendre que cette alimentation se produisît par une circulation libre; car la voie ouverte à la descente constituerait en même temps une cheminée tout naturellement offerte aux émissions de va- peur, pour le retour. Cette objection s'applique tout particulièrement aux régions volcaniques où la vapeur interne possède une tension assez considérable pour pousser des colonnes de lave, environ trois fois plus 17.. ( 124 ) dense que i'eau, jusqu'à de grandes hauteurs au-dessus du niveau des mers. » En cherchant à conciher ces contradictions apparentes, j'ai été con- duit à rechercher si l'eau ne pourrait pas s'introduire dans les réservoirs profonds et chauds, qui la débitent de diverses manières, en se servant non de fissm-es étendues, comme on l'a supposé jusqu'à présent, mais aussi de la porosité et de la rnpillarité des roches. » Les ingénieuses expériences de M. Jamin ont montré l'influence con- sidérable de la capillarité pour changer les conditions de l'équilibre qui s'établit, par l'intermédiaire d'une colonne liquide, entre deux pressions opposées. » Mais dans les expériences que l'on a faites, la température restait la même dans toute l'étendue des canaux capillaires. Il m'a paru important, surtout au point de vue du problème géologique que je viens de signaler, et pour soumettre mon hypothèse au contrôle de l'expérience, de recher- cher ce qui arrive, si la température est Irès-élevée dans une partie du par- cours capillaire, de manière à réduire le liquide en vapeur, et à le faire ainsi passer à un état où il devait probablement se soustraire aux lois qui l'avaient d'abord forcé à s'infiltrer. » J'ai donc construit un appareil qui avait pour résultat pnucipal de met- tre en présence, au travers d'une plaque poreuse de grès bigarré, à grain fin et serré, d'une part une chambre close, où la pression de vapeur mesurée par un manomètre a atteint r atmosphère et l; d'autre part, un espace en communication directe avec l'air libre, à demi rempli d'eau, qui prenait bientôt la température de son ébullitiou, mais où la pression ne pouvait dépasser celle de l'atmosphère. » Quoique l'épaisseur de la plaque de grès interposée fût seulement de ■j. centimètres, cet apjiareil permit de constater que l'eau n'est pas re- foulée par la coutie-pression de la vapeur : la différence de pression sur les deux parois de la plaque nempéche pas le liquide de marcher avec rapidité de la région relativement froide à la région relativement chaude, par une sorte d'appel capillaire, favorisé d'ailleurs par l'évaporation rapide et le dessèchement de cette dernière. » Les effets de cet appareil, dont je ne puis exposer ici avec détails la disposition et la manière de fonctionner, seront évidemment considérable- ment augmentés, dès qu'on auguientera l'épaisseur de la plaque poreuse interposée et qu'on potu'ra ainsi faire acquérir à la vapeur une température plus élevée; c'est ce qui sera l'objet d'expériences ultérieures. ( 125 ) » Mais les résultats déjà constatés prouvent que la capillarité, agissant concurremment avec la pesanteur, peut, malgré des contre-pressions inté- rieures très-fortes, forcer l'eau à pénétrer des régions superficielles et froides du globe jusqu'aux régions profondes et chaudes, où, à raison de la température et de la pression qu'elle acquiert, la vapeur deviendrait sus- ceptible de produire de grands effets mécaniques et chimiques (i). Les expé- riences qui précèdent ne touchent-elles pas ainsi aux points fondamentaux du mécanisme des volcans et des autres phénomènes qu'on, attribue généra- lement au développement de vapeurs dans l'intérieur du globe, notamment les tremblements de terre, la formation de certaines sources thermales, le remplissage des filons métallifères, ainsi qu'à divers cas du métamorphisme des roches? Sans exclure l'eau originaire, et en quelque sorte de constitu- tion initiale, qu'on suppose généralement incorporée dans les masses inté- rieures et fondues, les mêmes expériences ne montrent-elles pas enfin que des infiltrations descendant de la surface peuvent aussi intervenir, de telle sorte que bien des parties profondes du globe seraient dans un état journa- lier de recette et de dépense, et cela, par nn procédé des plus simples, mais bien différent du mécanisme du siphon et des sources ordinaires? Un phénomène lent, continu et régulier deviendrait ainsi la cause de manifes- tations brusques et violentes, comparables à des explosions et à des rup- tures d'équilibre, u NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de proposer la question pour le grand prix de Mathé- matiques de 18G1 . MM. Liouville, Chasles, Lamé, Bertrand, Hermite, réunissent la majorité absolue des suffrages. (i) On sait que l'eau pénètre dans les pores de la plupart des roches, surtout de celles nui appartiennent aux terrains stratifiés, ainsi que le témoi^neVeau dite decarrière qu'elles renfer- ment généralement dans la nature. M. le professeur Bischof a depuis longtemps attire l'atten- tion sur ce fait. Lchrbuch dcr chemischen und phjsisclien Géologie, t. 1, p. 233 et suivantes. Si le granité sur lequel reposent les terrains sédimentaires, est ordinairement très-peu per- méable, il a été traversé, en beaucoup de lieux, par des injections de roches éruptives. Parmi ces dernières ii en est, comme les tiachytes, de si poreuses, qu'elles pourraient être particulièrement soupçonnées d'établir une communication capillaire permanente entre l'eau de la surface et les niasses chaudes qui servent de base à ces sortes de colonnes souterraines. ( I2G) MÉMOIRES PllÉSEXTÉS. MliCAMQUE APPLIQUÉE. — Rcsiimr d'une théorie de l'eiujrenage Ii/ijci boloïde ; par M. J. B. Belaxger. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Poncelet, Lamé, Chasles, Bertrand.) « On emploie depuis assez longtemps, dans les machines de filature, un genre d'engrenage que, par un trop rapide aperçu, on confond aisément avec un engrenage conique, mais qui en diffère essentiellement parce que les axes de rotation des deux roues dentées ne sont pas dans un même plan. - » Ordinairement ces axes sont rectangulaires et la liaison des deux rota- tions pourrait à la rigueur être réalisée au moyen de la vis sans fin ; mais ce ne serait qu'au prix d'une grande perte de travail due au frottement, perte qu'on atténue considérablement au moyen de l'engrenage pseudo- conique dont je viens de parler, surtout quand les axes des deux roues passent à une distance l'un de l'autre assez petite comparativement à leurs rayons. X Ici, comme dans beaucoup d'autres exemples, la pratique a précédé la science; car non-seulement la théorie de cette sorte d'engrenage n'était pas connue, mais si l'on recherche ce qui a pu être écrit sur cette matière, on ne trouve que des indications inexactes, notamment celles que contient un ouvrage anglais intitulé : P?7;iC!yj/es of Mecltanism {hondon, i84i). Rectifier ces erreurs est l'objet du Mémoire succinct que je joins à la présente Note, et dont je vais résumer la marche et les résultats. )) On sait que le premier pas fait dans l'étude des engrenages cylindri- ques ou coniques, consiste à remarquer que la liaison entre les mouvements de deux corps tournants dont les vitesses angulaires restent dans un rapport constant, autour d'axes différents situés dans un même plan, s'obtient par l'emploi de deux cylindres de friction (si les axes sont parallèles) ou de deux cônes de friction (si les axes se rencontrent), cylindres ou cônes qui .se touchent le long d'une génératrice rectiiigne commune, et roulent sans glisser l'un sur l'autre. Ces deux sinfaccs, dites surfaces primitives^ une fois déterminées d'après la distance ou l'angle de leurs axes et le rapport connu des vitesses angulaires des corps qu'elles entraînent , on les arme le plus .souvent de dents, ou plutôt on les remplace par des dents dont les formes doivent être telles que, lorsqu'elles se pressent mutuellement, rien ne soit changé à la loi de liaison des mouvements de rotation. ( 1*7 ) » Un a ilù être ainsi conduit à demander quelles seraient les surtaces de révolution qui, remplissant une fonction analogue à celle des cylindres et des cônes primitifs dont les axes sont parallèles ou se rencontrent, roule- raient l'une sur l'autre en se touchant suivant inie ligne droite, dans le cas le plus général où les axes de rotation ne seraient pas dans un inéine plan. » Poser ainsi la question, c'est dire que les surfaces cherchées doivent être des hyperboloïdes de révolution, et c'est en effet ce qu'a exprimé le savant auteur du Traité anglais mentionné tout à l'heure. Mais, faute d'une étude suffisamment réfléchie de la matière, il lui est échappé deux graves erreurs : l'une d'admettre que deux hyperboloïdes de révolution ayant une génératrice commune sont, par cela seul, tangents suivant cette ligne; l'autre de supposer que la génératrice de contact doit partager la plus courte distance des deux axes en deux parties réciproques aux vitesses angu- laires, tandis que, lorsque les axes sont à angle droit, ces deux parties qui sont les rayons des cercles de gorge des deux hyperboloïdes, doivent être réciproques aux carrés des vitesses angulaires. C'est ce qui résulte du Mé- moire ci-annexé, dans lequel d'ailleurs la question est traitée d'une manière générale, quel que soit l'angle des deux axes de rotation. » Un modèle en relief très-bien exécuté par M. Clair, habile mécanicien constructeur, d'après les instructions et figures cotées que je lui ai remises en février 1860, modèle dont im exemplaire est destiné aux galeries du Conservatoire des Arts et Métiers, confirme au besoin l'exactitude de la théorie exposée dans le Mémoire. Il est bien entendu qu'en pratique un engrenage de ce genre se compose de deux tronçons sensiblement coniques, et que les surfaces étendues du modèle n'y sont que pour faire voir et com- prendre quelles sont sur ces surfaces primitives les directions des généra- trices qui doivent être les lignes de naissance des surfaces courbes des dents. » Les considérations qui m ont amené à la détermination des deux hyperboloïdes primitifs ne sont que des déductions faciles de la théorie géométrique de la composition des mouvements d'un corps solide. » Grâce à M. Chasles, nous savons que si l'on veut se figurer la relation qui existe entre les vitesses, à un même instant, des différents points d'un corps solide animé du mouvement le plus général, il suffit d'imaginer ce corps lié à une certaine vis qui tourne actuellement dans son écrou supposé sans vitesse. L'axe de la vis ou axe central du mouvement actuel s'appelle axe insUintnnéde rolation cl de (/lissemenl, instantané parce que dans le mou- vement le plus général du soliile il change continuellement. Il a évidem- ( >28 ) ment la propriété, importante dans la question qui nous occupe, de con- tenir tous les points du système en mouvement qui ont actuellement la moindre vitesse. » Cette notion si simple conduit aisément à une image très-claire du mouvement continu d'un solide dans le cas le |ilus général : les positions successives, dans l'espace, de l'axe central instantané formant une surface réglée immobile, et ses positions successives dans le système invariable, dont l'ait partie le corps en mouvement, en formant une autre, ces deux sur- faces sont à cliaque instant tangentes tout le long de leur génératrice com- mune; et la seconde, celle qui entraîne avec elle le solide, roule sur la pre- mière en glissant suivant cette génératrice qui est Taxe central du mouve- ment à ce même instant. » Cette seconde proposition n'a pas été énoncée par M. Poinsot dans sa Théorie nouvelle de la rotation des corps, où l'on s'est borné à signaler le mou- vement continu d'un corps assujetti à pirouetter autour d'un point fixe, comme se ramenant au roulement d'un cône mobile sur un cône immobile ayant comme le premier ce point fixe pour sommet. Mais de cette ingé- nieuse conception à sa généralisation pour le cas d'un mouvement quel- conque, l'extension est si naturelle que je ne crois pas devoir rechercher quel est le savant qui l'a remarquée le premier. Tout ce que je sais, c'est que cet élégant théorème a été indiqué comme évident dans la deuxième partie publiée en i852 (p. 187) des Eléments de Mécanique écrits par M. Resal, alors élève- ingénieur des mines, d'après les notes de M. le général Poncelet ; et qu'il a été démontré dans la première partie du Cours de Mécanique (■i' édition, i853, p. l'ig) de M. Duhamel qui déclare que <■ M. Poinsot )> n'a pas cru devoir parler de ce cas, » du mouvement continu le plus gé- néral, « parce que la marche à suivre est la même que dans les précédents, » et que cela l'aurait écarté, sans aucun intérêt, de son objet. » » L'application de ces généralités à la question des hyperboloides tan- gents est, pour ainsi dire, inunédiate. Deux corps étant supposés tourner autour de deux axes fixes, chacun d'eux se meut relativement à l'autre sui- vant une loi qu'on obtient en combinant la rotation du premier avec une rotation égale et contraire à celle dii second. Ce mouvement relat;f auquel s'appliquent les règles connues de la composition des rotations est définiti- vement représentée par celui d'une surface réglée adhérente au premier corps, qui roule en glissant sur une autre liée au second. Dans le cas que nous admettons on les vitesses angulaires absolues sont dans un rajiporl constant, les deux surfaces sont des hyperboloides de révolution; ce sont ( '^9 ) les siufaces primitives cherchées, celles qu'on voit exécutées en relief" dans le modèle dont j'ai parlé. » La déterminai ion et les propriétés de ces deux surfaces peuvent se ré- sumer comme il suit : Connaissant » « l'angle des deux axes AB, A'B', » p leur plus courte distance AA', » iv et w' les vitesses des deux hyperboloïdes qui doivent rouler l'un siu' l'autre en glissant suivant leur génératrice comnuuie, » 1° Construisez le parallélogramme bK'Wh" dont les côtés k' b et A'B' sont parallèles aux axes et proportionnels aux vitesses angulaires iv etn'' : la diagonale A' h" partant de l'origme commune A' des deux côtés sera pa- rallèle à la génératrice de contact des deux hyperboloïdes. » 2° Menez perpendiculairement à la diagonale, la droite coupant k' b (prolongé au besoin) en a, et A'B' en «', et tellement placée que la partie interceptée an' dans l'angle a. du parallélogramme soit égale à la plus courte distance p : elle sera divisée, à sa rencontre i avec la diagonale, en deux parties at eln't respectivement égales aux rayons des cercles dégorge des deux hyperboloïdes, ce qui détermine le point où la génératrice de contact coupe la perpendiculaire commune aux deux axes. )) 3" Prenez de A' en a, sur la diagonale une longueur égale à la plus courte dislance/; : si vous imaginez que le point a, ainsi obtenu tourne autour de l'un ou de l'autre des deux côtés du parallélogramme, avec la vitesse an- gulaire que ce côté représente, la vitesse linéaire de ce point rt, est alors égale à la vitesse de glissement. ') 4" Cette vitesse de glissement, qui disparaîtrait si la distance p des deux axes était nulle, est la moindre qui puisse exister entre deux points pris au contact de deux surfaces adhérentes aux deux corps tournants. » 5° Supposé qu'on trace sur les deux hyperboloïdes exécutés en relief des stries rectilignes fuies et très-rapprochées entre elles, suivant les géné- ratrices de ces deux surfaces, et que ces stries également espacées sur cha- que hyperboloïde soient en nombres inversement proportionnelsaux vitesses angulaires; elles rempliront le mieux possible une fonction analogue à celle des dents très-auiltipliées d'un engrenage conique, mais avec deux diffé- rences essentielles : la première, que ces stries, pendant le mouvement, glis- sent longitudinalement avec une vitesse qui croît proportionnellement à la distance p des deux axes, toutes autres choses égales; la seconde, que les stries ou génératrices devant être, comme nous venons de le dire, en nombres C. R., i«6,, ler Semestre. (T. LU, ^'o4.) '8 ( f'^o ) réciproques aux vitesses angulaires, ne sont pas espacées de quantités égales sur deux circonférences ayant un point commun sur la génératrice de con- tact. La différence diminue à mesure que les rayons des circonférences aug- mentent. En d'autres termes, le rapport des pas sur deux circonférences qui roulent et glissent l'une sur l'autre, approche de l'unité à mesure que ces cir- conférences grandissent, mais n'a nulle part rigoureusement cette valeur. » PHYSIOLOGIE. — De l'accroissement en longueur des os des membres et de la part proportionnelle qu'y prennent leurs deux extrémités ; par M. Ollier. (Commissaires, MM. Velpeau, Milne Edwards, Cl. Bernard.) « La question de l'accroissement des os après les résections articulaires et les amputations pratiquées chez les jeunes sujets, est une de celles que l'observation clinique n'a pas encore pu résoudre d'une manière précise; c'est une de celles cependant dont la solution est la plus importante pour fixer les limites en deçà desquelles certaines de ces opérations ne doivent plus être acceptées. » Pour concourir à l'éclaircissement de cette question, nous avons entre- pris une série d'expériences dans le but de rechercher si les deux extré- mités de l'os prenaient une égale part à son accroissement, si la perte de l'une ne serait pas plus préjudiciable que la perte de l'autre, si enfin les diverses résections exposaient également à l'arrêt de développement du membre. « Pour résoudre le premier point du problème (les autres points n'étant qu'une conséquence de celui-ci), nous avons implanté des clous de plomb au milieu du diamètre longitudinal des os des jeunes animaux : lapin, poulet, agneau, etc., et quelques semaines ou quelques mois après nous observions que l'accroissement avait été plus considérable dans un sens que dans l'autre. " Duhamel et M. Flourens avaient déjà remarqué que le tibia croissait un peu plus par en haut que par en bas. « En général, » dit M. Flourens, dans le chapitre où il expose ses belles recherches siu- l'accroissement des os en longueur et le rôle des épiphyses (i), « l'os croît un peu plus par en » haut que par en bas, comme je le vois par les pièces mêmes dont je parle » ici et surtout par les pièces très-nombreuses de ma collection. » (i ) Théorie expérimentale de la formation des os^ p. xo. ( ï3' ) » Nous avons expérimenté sur tous les grands os des membres, et voici les résultats généraux auxquels nous sommes arrivé. » Au membre supérieur l'humérus s'accroît plus par son extrémité supé- rieure que par son extrémité inférieure. » Le radius et le cubitus, au contraire, s'accroissent plus par leur extré- mité inférieure que par leur extrémité supérieure. » Au membre inférieur les rapports sont inverses. Pour le fémur (i), qui est l'analogue de l'humérus, l'accroissement par l'extrémité inférieure l'em- porte sur l'accroissement par l'extrémité supérieure. » Pour le tibia, qui, joint au péroné (le plus souvent rudimentaire), est l'analogue du radius et du cubitus, l'accroissement par l'extrémité supé- rieure l'emporte sur l'accroissement par l'extrémité inférieure. » Pour exprimer brièvement ces résultats, nous dirons qu'au membre supérieur pour les os du bras et de l'avant-bras, c'est l'extrémité opposée à l'articulation du coude qui s'accroît le plus. Au membre inférieur au contraire pour les os de la cuisse et de la jambe, c'est l'extrémité opposée a l'articulation du genou qui s'accroît le moins. » L'accroissement se trouve ainsi plus actif vers l'extrémité de l'os dont répiphyse se soude le plus tardivement : mais cette activité plus grande dans un sens ne tient pas à la précocité de la soudure de l'épiphyse opposée; en d'autres termes, ce n'est pas parce qu'une des deux épiphyses terminales s'est soudée plus tôt que l'os prend un développement plus considérable du côté opposé. Ce qui prouve qu'il n'en est pas ainsi, c'est que cet accroissement se prononce dans tel ou tel sens dès les premiers jours de la naissance, et par conséquent bien avant que le soudure d'une des deux épiphyses terminales se soit effectuée. » Cet accroissement n'est pas non plus influencé par la direction du trou nourricier de l'os, comme pourrait le faire croire la similitude du rapport que nous avons signalé avec celui qu'Auguste Bérard avait indiqué entre la direction du trou nourricier (chez l'homme) et l'ordre de soudure des épi- physes. La direction du trou nourricier des divers os varie d'ime espèce à une autre chez les Mammifères. Chez le lapin, par exemple (c'est à cet animal qu'appartiennent les pièces que nous avons l'honneur de présenter à l'Aca- démie), les trous nourriciers se dirigent au membre supérieur du côté où ( I ) Pour le fémur il faut avoir soin de prendre comme limiie supérieure non l'extrémite dii trochanter, mais le point le plus élevé de la télé. r8.. ( i3a ) J'accroissement est lo plus faibie, et au membre inférieur du côté où l'ac- croissement est le plus actif. » Des résultats que nous venons de signaler ressortent quelques consé- quences importantes pour les résections. L'ablation des diverses extrémités articulaires n'expose pas également à l'arrêt de développement du membre. » Au coude l'ablation des extrémités articulaires n'exposera pas à un arrêt de développement très-considérable, puisque c'est par leur extrémitéopposée que s'accroissent principalement les os qui constituent l'articulation. Pour le genou, au contraire, l'arrêt de développement sera beaucoup plus à craindre, puisque le fémur et le tibia s'accroissent plus vers cette articulation que vers l'extrémité opposée. Pour la même raison, et toute proportion gardée, la résection de l'épaule exposera plus au raccourcissement que celle de la banche, celle du poignet plus que celle du cou-de-pied. » BOTANIQUE.— Eludes sur In famille des Guttifères; par MM. J.-E. Pi.axcho.v el J. TriaiVa. (Premier extrait.) (Commissaires, MM. Brougniart, Moquiu-Tandon. ) « Les Guttifères constituent une famille de plantes éminemment tropicale, dont les types les plus remaïquables, au point de vue des usages, sont : les Hebradendron, qui fournissent la gomme-gutte ; le Garciniii mangostana, dont le fruit, appelé mangostan, passe pour un des plus délicieux de l'Asie; le Mammea ou abricotier d'Amérique, un des fruits les plus estimés du nouveau monde; enfin le Ptntadesma butyracea ou arbre à beurre de l'Afrique occidentale. » An point de vue botanique, ce groupe est aussi curieux que mal connu. Organisation, symétrie florale, délimitation des genres, division de la famille en tribus, tous ces points appelaient une révision complète, et devaient fournir, grâce aux abondantes ressources dont nous avons pu dis- poser, une ample moisson fie faits nouveaux et de vues inattendues. » Réservant pour une commiuiication ultérieure la partie de nos recher- ches qui concerne l'organisation el la symétrie florale, nous extrairons cette fois de la partie plus spécialement systématique le résumé du groupement des genres, en constatant tout d'abord des caractères de la structure des graines qui deviennent en grande partie la base de notre classification. n L.-C. Richard avait signalé chez un Clusia de la Guyane un embryon à ligelle (radicule) énorme, avec des cotylédons très-petits. Ce fait, que ( i33 ) l'auteur généralisait dans sa pensée en l'étendant aux Clusiées, passa presque ina[)erçu, et fut considéré comme exceplionnel. Nous le regardons comme lui trait essentiel du groupe des Clusiées^ c'est-à-dire des Guttifères à fruit déhiscent, ;ivec une placentation axile. » Où l'erreur est complète sur la structure des graines, c'est à l'égard des Guttifères-Moronobéées et Garciniées. Ici la tigelle (vulgairement radi- cule) est également énorme, les cotylédons niicroscopic[ues ou nuls; or on a décrit en général comme cotylédons soudés la masse même de cette tigelle. D'autres fois on a pris poiu' embryon la moelle de ce corps tigel- laire, et conséquemment on en a donné l'écorce pour un albumen. )i A côté de ces trois tribus (Clusiées, Moronobéées, Garciniées), dont l'em- bryon est macropode (pour employer la terminologie de Richard), il en est deux autres (Calophyllées, Quiinées) dont les cotylédons sont énormes et la tigelle très-petite. » Ceci dit, abstraction faite de tous détails, nous terminons par le tableau sommaire des caractères de nos cinq tribus, en y joignant la simple énu- mération des genres. » Tribu I. Clusiées. — Fruits déhiscents, à valves naviculaires, laissant au centre une columelle ailée. Graines presque toujours munies d'un aril- lode(expansion de l'exostome), quelquefois d'un arille (expansion du cordon ombilical), rarement de ces deux appendices à la fois, plus rarement nues. Embryon à tigelle relativement énorme, à cotvlédons petits, mais bien distincts. 1) Section exclusivement américaine, se laissant subdiviser en deux tribus, savoir : " A. Euclusiées. Loges de l'ovaire renfermant plus d'un ovule. » Genres : Cliisio , L. — Rengifa , Pœpp. [Qiuipoyœ, sp., Aubl. ). — Airu- dea, ASH. et Camb. — Ambostjlium, Miq. — Oxystemon, Nob. — Cochlan- thera, Chois. — Havetia, HBR. — Pilosperma, Nob. — Havetiopsis, Nob. — Octostemon, Nob. [Havetia octandra, Pœpp. et affines), — Cordylandra , Polylhecandra, Nob. — Quapoya, Aubl., pro parte [Qunpoya Pana-Panari et affines). — Renygeria, Meisn. — Triplandron, Benth. — Balboœa, Nob. — Clusielln, Nob. " B. Touomitées. Loges de l'ovaire uniovulées. » Genres : TouoHu'to, Aubl. — Clnysochlamjs, Pœpp. » Tribu IL Moronobéées. — Fruit indéhiscent. Loges de l'ovaire plu- riovulées. Placentation axile. Embryon à tigelle (radicule) énorme. Coty- i i34 j 'lédons non visibles, probablement nuis. Estivation de la corolle contour- née. Pas de stipules. » Groupe très-singulier et très-distinct, coiuiu jusqu'ici seulement en Amérique et à Madagascar, et auquel nous joignons un type de la nou- velle-Calédonie et un autre de l'Afrique occidentale. » Genres : Moronohea, Aubl. — Chrysopia, Pet. ïli. — Moiilrouziero , Pancher mss. — Platonia, Mart. — Penladesma, Don. » Le Platonia a été mis à tort parmi les Canollacées. I^e Pentadesma a été confondusans motifs valables avec \e Slalngmilis, qui est de la section suivante. » Tribu 111. Garciniées. —Fruit indébiscent, charnu. Loges de l'ovaire iniiovulées. Pas d'arille ni d'arillode. Tigelle de l'embryon énorme. Cotylédons extrêmement petits ou nuls. » Tribu principalement asiatique, représentée en Amérique par le seul genre Rheedia, auquel il faut rapporter tous les prétendus Gaicinia du nou- veau monde. » Genres : Rheedia, L. — Garcinia, L. — Hebradendron, Grah. — Disco- .s7j(/mo, Hassk . — Terpnop/i/llum, Thw. — Oclirocarpus, Thouars. — Slalaq- niitis, Murr. » Tribu IV. Calophyllées. — Style simple. Fruit indébiscent ou impar- faitement déhiscent, à une ou plusieurs loges. Ovules insérés au fond de la loge. Radicule très-petite. Cotylédons très-gros, libres ou soudés. » Groupe à la fois de l'ancien et du nouveau monde. » Genres : Calophyllum, L. — Kajea, Wall. — Mammea, L. — Calysat- cion, Wight. — Mesun, L. )) Tribu V. Quiinées, Tulasne. — Styles 2-3. Ovaires à deux ou trois loges, à ovules dressés, anatropes. Radicule petite. Cotylédons gros, dis- tincts. Des stipules interposées aux feuilles. » Groupe américain, anomal par la présence de stipules. » Genre unique : Qtiiina., Aubl. » Aucun des noms des tribus énumérées n'est absolument nouveau, mais la délimitation des groupes eux-mêmes (sauf du dernier) est pour la pre- mière fois précisée. Avec l'ancienne manière vague de considérer ces mêmes groupes, il est arrivé que des genres appartenant à des tribus différentes ont été considérés comme identiques (exemple : Mammea et RJieedia, Tovomita et Ochrocarpus, Stalagmitis et Pentadtsma) , ou que le même genre a été admis sous deux noms dans des tribus différentes (exemple : Vcrlicillaria et Rheedia, ainsi dissociés par Clioisy), ou que des genres même ont été exclus de la famille (exemple : Platonia, mis à côté des Canellacées). ( i35 ) » En un mot, cet aperçu de la classification naturelle des Gutliféres con- firme de la manière la plus évidente une loi reconnue en principe, mais souvent négligée dans l'application, à savoir l'importance capitale des caractères de la graine et du fruit pour déterminer les affinités et le grou- pement des végétaux. » CHIMIE. — Substitution des corps électro-nécjatij S [chlore, brome, iode, cyano- gène^ soufre, etc.) aux métaux dans les sels oxygénés : production d'une nou~ velle classe de sels dans lesquels les corps électro-négatifs remplacent l' hydrogènt basique; par^l. P. Schutzenberger. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Balard, Fremy.) « J'ai pensé qu'en faisant réagir des composés, tels que le protoclilorure d'iode, de brome, de soufre, l'iodure de cyanogène, etc., sur des sels oxy- génés, on parviendrait à substituer le radical brome, iode, soufre, cyano- gène, qui dans ces composés est électro-positif, au métal du sel par une simple double décomposition, qui peirt se représenter par les équations particulières faciles à généraliser. C* H' NaO^ -t- Cl I = Cl Na + C^ H' lO', Acétate de soude. Acetale d'iode. C* H' AgO^ + I Cy = I Ag -h C* H' Cy O*. Acétate d'argent. Acétate de cyanogène. p Dans de semblables produits , dont le premier est isomère de l'acide iodacétique, l'iode, au lieu d'être substitué à i équivalent d'hydrogène du radical acétyle, le serait à l'hydrogène basique. » 11 est facile de prévoir que de semblables corps, s'ils peuvent exister, doivent jouir de propriétés toutes spéciales et siutouf d'une grande insta- bilité. » L'expérience n'a pas tardé à vérifier mes prévisions, et, si je n'ai pas encore eu le temps de donner à mes réactions tout le degré de généralité désirable, je les ai étudiées avec soin sur un nombre de composés suffisant pour pouvoir dès à présent prédire avec certitude qu'il est possible de préparer des sels oxygénés de chlore, de brome, d'iode, de cyano- gène, etc., comme on peut obtenir des sels de potassium, de plomb, de mercure, etc. ( '36) » Voici, en résumé, les faits sur lesquels j'appuie ces coiiclusions géné- rales, faits décrits en détail dans le Mémoire envoyé à l'Académie. » 1. Les acides acétique et hypocliloreux anhydres réunis à une très- basse température dans les proportions de C* H-* O' à CIO se mélangent avec une couleur rouge; au boiit d'un quart d'heure le mélange se déco- lore spontanément sans antre réaction apparente et sans changer de poids. Un excès d'acide hypochloreux lui communique une teinte rouge persistante, qui disparaît lorsqu'on vient à chasser cet excès par une douce chaleur (3o°). » L'analyse de ce liquide a donné des nombres qui conduisent à la formule C* H' Cl O* ou C* H' O' Cl O, qui est celle de l'acide monocliloracétique; mais les caractères du produit ne permettent pas de le confondre avec ce dernier. Son mode de formation et ses propriétés doivent le faire considérer comme de l'acétate de chlore. » L'acétate de chlore est liquide, incolore ou légèrement jaune pâle; il se dissout en toutes pioportions et immédiatement dans l'eau, en se transfor- mant en un mélange d'acides acétique et hypochloreux hydratés : C* H' Cl O* 4- 2 HO = Cl O, HO + C^ H^ 0% HO. Vers loo", il détone avec violence et fournit du chlore, de l'oxygène et de l'acide acétique anhydre : C^ H" Cl O' = O -^ Cl + C^ H' O^ On peut le conserver dans la glace et dans l'obscurité sans qu'il s'altère; mais à la température ordinaire et à la lumière, il se décompose peu à peu et les bouchons des flacons sont projetés avec violence. On peut le distiller dans le vide à une douce température. » Le mercure l'attaque à froid avec bruissement. Il se dégage beaucoup de chlore, l't il se forme de l'acétate de mercure et un peu de calomel : C* H' Cl O* -4- Hg = Cl -1- C* H' Hg 0\ » On assiste donc ici au phénomène singulier du déplacement du chlore par un métal. » Le zinc l'attaque très-lentement avec production d'un mélange d'acé- tate de zinc et de chlorure de zinc : C* W Cl O* -^ 2 Zn = C* H' Zn O* + Cl Zn. ( i37 ) » L'iode s'y dissout instantanément en se décolorant et en dégageant du chlore sans production de chlorure d'iode : il se forme de l'acétate d'iode solide, blanc, cristallin, isomère de l'acide iodacétique, mais dont les ca- ractères sont tout à fait différents de ceux de ce dernier acide : C* H' Cl O' + 1 = C^ H' 10^ + Cl. » L'acétate d'iode se décompose par la chaleur au-dessus de ioo° presque avec explosion, d'après l'équation 1 (C* H' lO*) = 1= + C^ O* + C* H' (C= H') 0\ Acétate de mélliyle. » L'eau le détruit immédiatement d'après l'équation io(C*H»IO')-+- ioHO = P + 2lO»+ ioC*H*0*. » L'alcool absolu le décompose aussi à froid d'après l'équation io(C*H'IO') + 5J j^ j=P + 2lO' + 5C*H*0* + 5[C*PF(C^H=)0*J, Acétate d'cthyle. qui est parallèle à la précédente. » En mélangeant équivalents égaux de protochlorure d'iode et d'acétate de soude sec, la masse s'échauffe un peu, l'odeur forte du chlorure d'iode disparaît à peu près, et l'on obtient un mélange de sel marin et d'acétate d'iode. Ce mélange, dont il est impossible de séparer l'acétate d'iode, pré- sente en effet, sous l'influence de la chaleur, de l'eau, de l'alcool absolu, toutes les réactions formulées plus haut. Si le chlorure d'iode est en excès, on observe une réaction secondaire représentée par C*H'NaO* + 2ClI = P-h ClNa + C^0* + C^l'Cl. Chlorure do mélliyle. » L'action du chlorure d'iode sur le butyrate de soude est tout à fait pa- rallèle, et peut s'exprimer par des égalités semblables : C'H'NaO* + eu = C*H'IO* -f- ClNa, C*H'NaO* + 2C1I = P+C'0* + ClNa + C°HXl, Chlorure de Irytile. C. R., i86i, 1" Scmettre. (T. LU, N" 4.) ÏQ ( '38) 2 (CMIMO^j chauffé = C=0' + P + C'H' (C«H')0% Buljrato de Irylile. io(C*H'10V -f- ioHO = l»+ 2lO'+ loCHI'O*, /C*H'^0\ io(C'*H'IO*)+5f j=:P+2l05+ 5C'H«0* + 5[C''H^(C*H*;)0*]. Bulyrale d'elhjlc. » Le brome se dissout à froid dans l'acétate de chlore, en dégage peu à peu le chlore ; le mélange, d'abord rouge, finit par se décolorer complè- tement : C^H^CIO* + Br = Cl + OPBrO*. » Le produit auisi obtenu est litjuide et se décompose spontanément avec explosion au bout de quelque temps (une heure ou deux). L'iode s'y dis- sout en mettant du brome en liberté et en formant de l'acétate d'iode solide. 1) Le soufre se dissout avec bruissement dans l'acétate de chlore, et dé- gage du chlore; mais il se sépare de l'acide sulfureux, et il reste de l'acide acétique anhydre el du soufre : 2 C* H' Cl O* + S^ = 2 CM{3 O' + SO^ + S + CP. » D'après cela, l'acétate de soufre paraît moins stable que les autres acé- tates négatifs; en effet, par l'action du chlorure du soufre (CiS) sur l'acé- tate de soude sec, on obtient immédiatement même, en refroidissant, la réaction suivante ; 2(C*H'NaO') + 2CIS= 2C*H3 0' + SO=' + S+ 2ClNa, qui pourrait être utilisée avec avantage pour la préparation de l'acide acé- tique anhydre, tant elle est nette. » Le ben/.oate de soude et le chlorure d'iode s'échauffent légèrement par leur mélange; l'odeur du chlorure d'iode disparaît. En chauffant davantage, il se dégage beaucoup d'acide carbonique ; il distille de Tiode et un liquide insoluble dans l'eau et la potasse, qui se laisse séparer par distillation fractionnée : » 1° En un liquide incolore ioduré bouillant à 200°, et don! la composi- tion, d'après des analyses déjà faites, semble être celle de l'iodure de phé- nyle{C'^H»I); » 2° En un corps solide trés-semblable à l.t naphtaline. D'après cela, la ( '39 ) production première du benzoate d'iode est très-probable d'après l'équation . C'*H=NaO* + ClI = ClNa + C'*H5IO% et il me resterait à mieux étudier ses produits de décomposition. Je cher- cherai également à produire le benzoate de chloïc, et avec ce dernier le benzoate d'iode pur. « En chauffant légèrement un mélange d'équivalents égaux d'acétate d'argent et d'iodure de cyanogène, la masse fond avec production d'iodiu-e d'argent, et il ne se dégage rien ; mais en élevant la température, le produit se décompose souvent avec explosion. Ces faits, qui seront mieux étudiés dans un prochain Mémoire, s'expliquent très-bien en admettant la produc- tion de l'acétate de cyanogène : C*H'AgO' + ICy = lAg + C'H'CyO% qui se décomposerait à une température plus élevée. » L'acide sulfiuique anhydre absorbe l'acide hypochloreux anhydre en donnant un liquide ronge foncé assez stable, puisqu'on peut en séparer par distillation l'excès d'acide anhydre, sans qu'il se dégage la moindre trace de chlore; mais à une température plus élevée le sulfate de chlore se décom- pose brusquement. » Je crois ces faits suffisants pour appuyer les idées émises en tète de cet extrait; mais je ne me dissimule pas que ma tâche est loin d'être achevée. » Le Mémoire complet contient en outre de nouvelles recherches sur le protochlorure d'iode, que je me dispense de reprodune ici, faute de place. » MÉTÉOROLOGIE. — Directions du vent le plus Jroid et du vent le plus chaud en chaque point de la terre ; par M. E. Ren'Ou. (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) « Plusieurs météorologistes ont recherché pour un certain nombre de stations les directions du vent le plus froid et du vent le plus chaud, soit pour les différentes saisons, soit pour l'année entière. Ils ont trouvé pour la plus grande partie de l'Europe des résultats concordants : le vent le plus froid y est généralement le N.-E., les plus chaud le S.-S.-O ou le S.-O.; néanmoins pour un certain nombre de points on troine des l'ésullats nota- blement différents, et poiu' Rossekop en Laponie, par exemple, M. Bravais a trouvé que le vent le plus froid est celui de E.-S.-E. 19.. ( '^o ) » Les directions des vents à températures extrêmes sont liées par une loi très-simple à celle des isothermes; elles leur sont normales en chaque point du globe, car c'est évidemment dans cette direction que le vent parcourra le moindre chemin poiu* arriver des contrées également froides ou également chaudes. X Si les isothermes étaient des courbes parallèles la question se réduirait à peu près à ce simple énoncé, mais il n'en est généralement pas ainsi; les normales abaissées d'un point sur les isothermes en nombre infini que l'on rencontre en allant vers le N., par exemple, ne se confondent généralement pas avec une même ligne droite, et c'est la résultante de ces différentes nor- males qu'il s'agit de trouver. Les isothermes les plus rapprochées ayant la plus grande influence, on peut assimiler l'influence réfrigérante de chacune à une force agissant suivant la normale et dont la valeur est inversement proportionnelle à la longueur de celte normale. La direction du vent le plus froid sera donnée par la résultante de toutes ces forces. Les isothermes étant des courbes fort difficiles à représenter analytiquement, on ne peut qu'indi- quer théoriquement la solution du problème. » Si les isothermes voisines sont très-éloignées du parallélisme, comme celles de lo et 12° en France, très-distantes près de l'Océan, très-rappro- chées autour des Alpes, les résultantes déterminées d'après les principes cpie je viens d'exposer ne seront point sur le prolongement l'une de l'autre au N. et au S. pour le veut le plus froid et le vent le plus chaud; ces deux lignes formeront à Paris un angle dont le sommet regardera la mer. » Citons quelques exemples : I- A Alger le vent le plus froid est le N.-N.-O. parce que l'isotherme de I 8" suit à peu près le rivage de la mer. Sur la côte française de la Méditer- ranée la direction est à peu près la même. Sur la côte N. d'Espagne le vent (lu N. est le plus fi-oid. En Irlande le vent le plus froid est le N.-E., mais en mer, un peu plus à l'ouest, c'est le vent de N.-O. qui jouit de cette propriété; cela tient à la courbure considérable et subite qu'éprouvent dans cette ré- gion les isothermes qui y ont leur point le plus élevé en latitude. Dans la partie orientale de l'Amérique du 'Sovd et de l'Asie, là où les isothermes ont leur point le plus bas et où elles suivent les parallèles, les vents à tempéra- tures extrêmes sont dans le méridien ; mais à peu de distance de là, sur la côte, le vent froid est le N.-O, parce que les isothermes se relèvent rapide- ment en quittant les continents. » Au delà du cercle polaire, au nord de Toi'iiéo et llaparanda, les iso- thermes, déterminées presque uniquement parla situation relative de la terre ( >4i ) et de la mer, présentent une inflexion considérable; l'isotherme de o", après s'être élevée depuis le 5o^ degré de latitude N. en Amérique jusqu'au cap Nord d'Europe, redescend brusquement à l'est des montagnes, à l'abri du vent de la mer et vient passer à Tornéo; aussi le vent le plus froid, normal à cette portion de l'isotherme, y a-t-il la direction E.-S.-E., coniuic cela résulte directement des recherches de la Commission scientifique du Nord, ainsi que je l'ai dit en commençant. » Les mêmes considérations s'appliquent a>ix isothermes de saison un aux isothermes mensuelles. » Ainsi à Paris l'isothère de 18°, se dirigeant vers l'embouchure de la Loire, le vent le plus froid en été sera celui du N.-N.-O et du N.-O. L'iso- chimène de 6° descendant de Brest à Bayonne, le vent le plus froid en hiver sur les côtes de France soufflera E.-N.-E. et ainsi de suite. » Cette loi s'applique sans difficultés à tous les ])oints du globe; néan- moins on doit trouver, dans le détail, quelques irrégularités résultant des accidents du sol : ainsi près des montagnes les vents ont des intensités fort diverses suivant les directions et ils y sont presque toujours déviés. Aux pôles de froid, toutes les autres contrées étant plus chaudes, il y fera le plus froid possible par un ciel serein et calme. Près de l'équnteur thermique, le vent le plus froid y sera normal à cette ligne, mais nord ou sud selon que les isothermes seront plus rapprochées dans l'une ou l'autre de ces direc- tions. Le vent le plus chaud ne pouvant venir d'aucun pays à température plus élevée, sera celui qui soufflera accidentellement suivant la tangente à cetéquateur; mais dans cette région les isothermes étant fort espacées, ou aulrement dit les températures variant fort peu dans un grand espace, les circonstances accidentelles auront presque toute l'influence, et le vent le plus faible accompagnant un ciel clair donnera la plus haute tempéra- ture. » On doit s'attendre aussi à trouver des irrégularités, ou au moins des complications, près des lieux où les isothermes présentent de grandes in- flexions et surtout des courbes fermées. w Je ferai remarquer enfin que ces directions des vents à températures extrêmes se règlent sur les isothermes réduites au niveau de la mer et non sur les isothermes réelles, car il s'agit de températures au même niveau. Ce seraune cause qui pourra modifier encore un peu les directions de ces vents; les isothermes infléchies par les montagnes tendent à reprendre leur coins normal à une certaine hauteur, et si on traçait par exemple les isothermes à /|0oo mètres de hauteur au-dessus de l'Europe, elles conserveraient peu de ( >42 ) traces, au-dessus des Alpes, de l'inflexion considérable éprouvée parles iso- tliermes de lo et r^". >> MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Appareil pour produire de la glace par la liqué- faction de l'ammoniaque ; réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une communi( ation récente de M. Carré; par MM. Ch. Tellier , Bidix et IIaissmaxn père. i^Exlrait.) «... Nous aurions pu, dés le mois de juillet dernier, présenter à l'Aca- démie ui) appareil semblable à celui dont elle a été entretenue dans la siMUce du 24 décembre dernier, si nous n'avions pas cru devoir attendre, pour l'occuper de nos faibles travaux, que nous puissions produire un appareil d'exploitation pratique établi sur des bases sérieuses. Titulaires d'un brevet d'invention du a5 juillet 1860, nous avions, au commencement du mois d'août dernier, commandé à la maison Cail et C"" un appareil exactement semblable à la description que M. Carré a donnée du sien. Il y a là une question de priorité sur laquelle les tribunaux prononceront; mais nous pouvons dire dès aujourd'hui à l'Académie cjue l'appareil d'exploita- tion pratique dont nous venons de parler était prêt à marcher dès la fin du mois de novembre; qu'il est de dimensions suffisantes pour congeler 100 kilogrammes d'eau à chaque opération, et que nous l'avons fait travailler presque constamment pendant tout le mois de décembre pour en mieux régler la marche. Il est en ce moment prêt à fonctionner sous les yeux des Commissaires que l'Académie voudra bien déléguer à cet effet; il produit 100 kilogrammes de glace par chaque opération. » Nous profitons de cette occasion pour présenter les remarques sui- vantes que nous suggèrent quelques-uns des laits énoncés par M. Carré : » 1° La liquéfaction de l'ammoniaque correspondant à la température du liquide réfrigérant, qui en France varie depuis o jusqu'à 20", la pres- sion de liquéfaction varie donc de 4"""» 4 à S""", 5. La résistance de l'am- moniaque à la liquéfaction, à moins d'employer de très-grandes surfaces, fait toujours dépasser cette pression d'au moins 1'"°, et si le feu était mal conduit ou les surfaces mal calculées, cet excès de pression serait encore |)lus important. L'appareil doit donc être calculé pour une pression inté- rieure d'au moins 10"". Cette question de résistance nous a déterminés, |>()ur les petits appareils, a employer l'acide sulfureux ; ce gaz n'a pas, il est vrai, la faculté de se dissoudre dans l'eau en aussi grande proportion cjue l'ammoniaque; mais il se licpiéfie sous une pression de moitié moindre, et { '43 ) cette circoiislaiice en rend l'usage plus approprié aux appareils domes- tiques. » 2° IjH pression de la chaudière varie nécessairement avec celle du condenseur; quant à la température de la distillation, elle commence vers ii5 à 120" pour s'élever jusqu'au degré d'ébullition de l'eau, si l'on veut extraire toute l'ammoniaque de la solution. Ce point atteint, une diffé- rence de 2 et même 3^"" s'établit immédiatement entre la cliaudière et le récipient, différence accusée par les deux manomètres de l'appareil. Elle est amenée par la vnpeur d'eau, qui, se produisant alors presque unique- ment, se condense dans les serpentins. » 3° Une opération bien conduite donne du gaz ammoniac sec; nous avons rempli notre récipient de gaz liquéfié, et, après la vaporisation de ce gaz, le récipient a été ouvert; il ne contenait p:is d'eau. » f\° Nous contestons l'exactitude du prix de revient du refroidissement de l'air, que M. Carré estime au double du coût de son chauffage par un calorifère. Dans un appareil bien établi, le froid se produit au même prix que la chaleur. » 5° Enfin nous ajouterons que l'ammoniaque, s'échappant gazeuse sous une pression de i""" et au delà, prend une teinte bleuâtre prononcée, com- parable à la fumée de certains bois. » Cette Note est renvoyée, ainsi que celle de M. Carré, à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet, Regnault, Balard. ASTRONOMIE. — Nouvelles éludes sur les lâches solaires; par M. R. W^olf. (Commissaires, MM. Babinet, Faye.) « Une série assez étendue d'observations de taches solaires par feu M. Haugergues, à Viviers, que M. .Séguin aîné a bien voulu me communi- quer par l'entremise de M. Laugier, m'a très-bien servi pour joindre les observations de Staudacher et celles des astronomes du xix*^ siècle. J'ai réussi à fixer dès lors non-seulement toutes les époques de maximum et de minimum depuis la découverte des taches solaires jusqu'à l'année passée, mais pour déterminer mes nombres relatifs pour les 1 10 années dernières, en tenant compte delà diversité des observateurs et des instruments, et pour établir la formule Ej. = 173, 1823 + .r. I I ,T 19 + 1 ,6ai .sin ( 146° 4- .r . — ^ ) i,/io5.sin ( 23o^-f- .r .— 3- 1, ( i44 ) qui donne toutes les époques de maximum d'une manière assez satisfai- sante. En négligeant les deux derniers termes de cette formuk?, qui repré- sente l'inégalité de la période moyenne de i i ^ ans, on trouve les époques moyennes, et en comparant d'une part ces dernières avec les époques vraies, et d'autre part les nombres relatifs des années de maxiuumi, on trouve une loi très-remarquable, que la table suivante représente assez clairement : IlIFl'ÉRENCES entre NOMBRES » ,_ ÉPOQUES les époques vraies relatifs pour les EPOQUES vraies et DIFFERENCES. années DIFFERENCES. vraies de minimum. les époques moyennes. de maximum. Je maximum. ,744,5 4- o,558 -H 68,2 I '•5o,o ■755,7 -H o,63g 75,0 -1- 1761,5 .770,0 «779,5 .788,5 1766,5 .775,8 1784,8 ■+- 0,820 - 1,499 - 3,618 + 79,4 99,2 90,6 .798,5 1810,5 — 1,037 — o,i56 + -t- 70,0 45,5 — .804,0 .816,8 1823,2 + 1,425 53,5 4- 1829,5 .837,2 .848,6 i833,8 ■+- 0,906 111,0 -4- .844,0 — o,oi3 -f~ 100,4 — i856,2 + 1 ,068 98,6 .860,5 » Les signes de la seconde colonne de différences sont inverses sans ex- ception de ceux de la première colonne, et je dois en conclure la loi sui- vante: La fréquence de taclies augmente en même temps que la période se raccour- cit, et vice-versd. Je crois que cette loi est un des plus importants résultats que l'on ait trouvés jusqu'à présent dans cette partie de l'astronomie, et qu'elle éclaircira peut-être même la théorie des étoiles variables. » MÉCANIQUE. — Observations critiques sur l'installation au Monl-Cenis dune de ses machines hydrauliques couronnée par l'Institut de France, le 3o décembre iSSg, et honorée d' une grande médaille d'or par le gouvernement sarde, le "il juillet i844; pur M. A. de Calignt. (Commissaires, MM. Poncelet, Morin, Combes. ) a Du côté de Bardonèche, sur le versant italien, on a une chute d'eau ( '45 ) assez grande pour que l'air puisse être comprimé à une lension de six atmosphères, par une colonne liquide partant du repos au moment où la compression de l'air commence, et développ;uit sa force vive pendant cette compression dans une branche de siphon renversé. On peut en faire le calcul au moyen des logarithmes hyperboliques, d'après les formules sur la détente et la compression des gaz exj)osées dans Vlnlroduction à In mécniiique indus- trielle de M. le général Poncelet, 2'= édition, n°' 181, 188 et 198. Pour cette chute de 26 mètres du versant italien, il suffit de tenir compte du chemin parcouru, parce qu'une oscillation de vidange rend la hauteur moyenne de la colonne liquide comprimante égale à la hauteur de chute, sauf les résistances passives. » Les ingénieurs sardes ont fait un choix judicieux parmi les principes dont je suis auteur, en adoptant pour les dix compresseurs hydropneuma- tiques de Bardonèche, celui des oscillations de l'eau dans un siphon ren- versé à trois branches, qui a été spécialement remarqué par l'Académie des •Sciences, quand elle ma fait l'honneiw de me décerner le prix de Mécani- que, il y a plus de vingt et un ans, pour mon Mémoire sur les oscillations de Teau dans les tuyaux de conduite, présenté en 1837. La colonne liquide monte d'abord dans la seconde branche, et se vide par la troisième, plon- gée dans le bief d'aval, au-dessous du niveau duquel descend l'oscillation de vidange. On se montre satisfait de ce système appliqué à Bardonèche. 1) Mais les circonstances n'étaient pas les mêmes du côté de Modane, sur le versant français. Il n'y avait pas assez d'eau motrice à la hauteur de 26 mètres. Il y en avait beaucoup à une chute de fi™, 5o. Les ingénieurs sardes établissent sur cette dernière chute des pompes mues par des roues hydrauliques, afin d'augmenter la quantité d'eau disponible à la hauteur de 16 mètres, et d'y établir dix compresseurs hydropneumatiques comme sur le versant italien. Cela est une faute , selon moi , puisqu'un autre de mes principes, celui qui a été remarqué par le jury international de l'exposi- tion universelle de i855, quand j'ai été honoré de la médaille de première classe, permet d'appliquer des compresseurs hydropneuniatiques à une chute de 6™,5o, sans roues ni pompes. » Dans l'état avancé des travaux, il est probablement trop tard pour faire cette observation. Mais si, d'après ce que dit M. Eugène Flachat dans son ouvrage sur la traversée des Alpes par un chemin de fer, le travail disponible des chutes d'eau, en le supposant le mieux employé qu'il serait possible, doit finir par être à peine suffisant pour la quantité d'air comprimé dont on C. R., 1860, 1" Semes(re. (T. LU. >° 4.] 20 ( i46) aura besoin, il est essentiel de faire cette remarque, en rappelant d'ailleurs Mue idée simple. » Il suffit de laisser la force vive se développer dans ini tuyau de con- duite pour comprimer l'air à la tension dont il s'agit, sans choc brusque et même à la rigueur au moyen d'une seule pièce mobile, sauf les soupapes a air. (Voir à ce sitjet un extrait du procès-verbal des séances de la Société Philomathique de Paris des i5 et 21 juin i844? publié dans le journal l'hulititt, du 3 juillet i844> 'i" 549, P- 228.) 0 Ce fut précisément peu de temps après la publication de cette Note que je reçus la médaille de Sardaigne, quand j'étais déjà membre corres- pondant de l'Académie des Sciences de Turin. Sans rappeler ici les autres textes publiés avant \85-?., qui déclarent plus spécialement la possibilité de la transformation de mes divers appareils élévatoires à colonnes liquides oscillantes en machines à comprimer de l'air, ces appareils ne pouvant même marcher sans souffler de l'air, je me bornerai en ce moment à remarquer que l'extrait précité explique clairement et d'une manière assez générale cette transformation du tuyau ascensionnel en chambre de compression. » PHYSIQUE DV GLOBE. — Sur la fréquence des tremblements de terre relativement à l'âge de la lune pendant la seconde moitié du dix -huitième siècle^ et sur la fréquence du phénomène relativement au passage de la lune au méridien; par M. A. Perrev. (Commissaires déjà nommés : MM. Elie de Beaumont, Liouville, Lamé.) « Il y a deux moyens de calculer la fréquence des tremblements de terre, relativement à l'âge de la lune. Le premier consiste à dresser un tableau des jours lunaires dans lesquels la terre a tremblé, sans s'occuper des heures ni des régions où le phénomène s'est manifesté. C'est la marche que j'ai suivie dans mon premier travail, qui comptait ainsi aySS jours de trem- blements de terre. Ce moyen me paraît insuffisant. Si la terre a tremblé, le même jour, dans deux, trois ou quatre régions éloignées, à des heures diffé- rentes ou même à peu près aux mêmes heures, mais sans que les pays intermédiaires aient éléébraulés, ce jour doit évidemment entrer deux, trois ou quatre fois dans les tableaux de fréquence; ce qui constitue un deuxième mode desupputation. Ces deux modes ont été employés dans mon Mémoire de i853 et m'ont fourni respectivement les nombres 5388 et G596 jours ( '47 ) de tremblements, de 1801 à i85o. Je fais seulement usage du deiiuer mode dans mon nouveau travail, qui présente 3655 jours. L'inspection seule des tableaux ainsi formés montre déjà une prépondérance marquée aux syzygies. w Si nous divisons la lunaison moyenne de 2gJ,53 eu huit parties égales; chaque huitième contiendra 3J,G9 à peu près et devj'a renfermer, sauf quelques légères différences fortuites, le huitième à peu près des faits enre- gistrés. T.e premier groupe comprendra les f;\its des trois premiers jours, plus les 69 centièmes de ceux du quatrième. Le second huitième s'étendant de i',6g à 7J,38, comprendra ce qui reste du quatrième, plus les faits du cinquième au septième et les 38 centièmes de ceux du huitième; et ainsi de suite pour chaque huitième. L'inspection seule des tableaux ainsi formés montre une prépondérance au commencement, au milieu et à la fin de la lunaison. Les courbes qui les représentent graphiquement prennent alors une forme ondulée, tout à fait caractéristique, avec deux maxima et deux minima bien marqués. » Mais à la manière dont nous comptons les jours lunaires, on conçoit facilement que des tremblements rapportés à tel jour lunaire puissent être de la veille ou du lendemain, puisque nous faisons abstraction des heures. Au lieu de huit groupes n'en formons plus que quatre. Réunissons les nom- bres du premier et du dernier huitième, la somme exprimera la fréquence séismique à la nouvelle hnie : ceux du deuxième et du troisième groupe donneront la fréquence au premier quartier; ceux du quatrième et du cinquième à la pleine lune, et enfin ceux du sixième et du septième montre- ront la fréquence au dernier quartier. C'est de cette manière que nous avons toujours opéré et mis en évidence la fréquence des tremblements de terre à chacune des quatre périodes principales de la lunaison. )) Enfin, condensant encore les résultats obtenus ainsi par de nouvelles additions pour les deux syzygies et les deux quadratures réunies, nous trou- vons dans le Mémoire actuel, de 175 1 à 1800 : Jours de tremblements. Aux syzygies 190' > 18 Aux quadratures 1753,82 Différence. . . 1 47 , 36 dont le rapport avec le dernier de ces deux nombres est compris entre —; et -jY. Ce résultat est donc parfaitement conforme à ceux que nous avions 20.. ( '48 ) trouvés dans nos précédents Mémoires. Nous trouvions en eifet en )8/c^, Jours de tremblements. Aux syzygies 1420, g4 Aux quadratures i3i4,o6 Différence. . . 1 06 , 88 » Nous avons trouvé en 1 853 que le nombre de 5388 jours de treml)le- ments, calculé d'après le premier mode rappelé an commencement du Mémoire, se partageait de la manière suivante : Jours de Irerableinenls. Au.\ syzygies 2^61 , 48 Aux quadratures 2626,52 Différence en faveur des syzygies. ... 184,96 et par le second mode de supputation, qui a donné le nombre 6396, nous avions eu Jours de tremblements. Aux syzygies 3434,64 Aux quadratures 3t6i ,36 Différence en faveur des syzygies 278 , 28 » On est donc fondé à admettre que les tremblements de terre sont plus fréquents aux syzygies qu'aux quadratures. La conclusion que nous avions déduite de nos recherches en i853, et que nous avions formulée pour un demi-siècle, s'applique maintenant à un siècle entier. Mais cette loi, vraie pour un siècle et pour un demi-siècle, l'est-elle encore pour un quart, poin- un tlixieme de siècle? J'ai partagé la seconde moitié du xviii* siècle en deux périodes de vingt-cinq ans chacune, et des calcids semblables à ceux que je viens de rapporter m'ont conduit aux mêmes conséquences; je l'ai par- tagée en cinq périodes égales de dix ans, et dans chacune d'elles encore les tremblements de terre se sont montrés plus fréquents aux syzygies quaux quadratures. Je l'ai partagée enfin en dix périodes de cinq ans ; les nombres, on le conçoit, étant peu considérables, les causes irrégulières ou perturba- trices doivent reprendre ici leur empire, et peuvent, dans ce cas, masquer l'action différentielle d'une influence continue. Cependant dans huit encore de ces dix périodes partielles, la prépondérance est restée aux syzygies. i> Toutefois, ces résultats, dont la concordance est frappante et qui déce- ( '49 ) lent une influence liée au mouvement de la lune dans son orbite, ne sont pas les seuls que nous puissions invoquer. . » J'ai compté combien de fois l'avant-veille, la veille, le jour, le len- demain et le surlendemain du périgée et de l'apogée de la huie avaient été sisnalés par des secousses, de 1761 à 1800, et j'en ai formé deux groupes. Je trouve ainsi : Joirrs fJe iremblt'ments. Au périgée Sab A l'apogéf 4^5 i Différence. . . 60 -j nombre qui, divisé par la somme des deux premiers, doiuie le rapport -fg'73-. » En ne comptant pas lavant-veille et le surlendemain, on trouve : Jours de tremblements. Au périgée 3 1 3 | A l'apogée 278 ^ Différence. . . 35 nombre qui, comparé a la somme des deux premiers, donne le rap- port -j^Tg-. C'est le même que j'avais déjà trouvé en 18/17; '' ^^^ ^"' P^*^' P'"*" fort que celui fourni par la première moitié de ce siècle qui a doiuié .-, ,' ., en comptant l'avant-veille et le surlendemain, et 7^'— en ne comptant pas ces deux jours. " Dans mon Mémoire du 2 janvier i854) j'ai discuté sous ce nf)uveau point de vue Sif\ secousses ressenties à Aréquipa de 1810 a i845. » Dans cette discussion, je n'ai considéré que le jour moyen lunaire dont la durée est de 24'' 5o'" So^à peu prés, je l'ai divisé en huit parties égales de 3'' 6" chacune et j'ai compté le nombre des secousses signalées aux heures comprises dans chacune de ces huit divisions. Les huit sommes partielles ainsi obtenues ont mis en évidence l'existence, dans la durée du jour lu- naire, de deux époques de maximum pour la fréquence des secousses, et de deux époques de minimum. Les deux époques de maximum se rappro- chent des passages de la lune aux méridiens supérieur et inférieur. Les époc[ues du minimum tombent vers le milieu des intervalles. » Pour le demi-siècle dont je m'occupe aujourd'hui, je n ai pas rencon- tré de longues listes de secousses ressenties dans une même localité et signa- lées avec indications d'heures et de minutes. Cependant je suis parvenu à ( I30 ) me procurer, à grande peine et à grands frais, les journaux séismiques te- nus : i°par Pignataro, àMonteleone, du i "janvier 1783 aui" octobre 1786; 2° par Andréa Gallo et Torreani, à Messine, du 5 février 1783 au 2 jan- vier 1784; 3° par Andréa da Leone, à Calanzaro, du 5 février au 12 juillet 1783; et 4° pa'' Minasi, à Scilla, du i" octobre 1783 au 25 novemljre 1785. (]e dernier a compté 771 secousses du 5 février au 3o septembre. Après d'épouvantables commotions telles que celles qui venaient de boulever- ser ces malheureux pays, il était à craindre que la régularité, que je pou- vais espérer dans la manifestation du phénomène, se trouvât fortement trou- blée; ce n'est donc pas sans une grande satisfaction que j'ai trouvé encore ici un plus grand nombre de secousses quand la lune était près du méri- dien que quand elle en était éloignée de 90°. Ainsi, en ne faisant encore ici que deux groupes, je trouve : A Monteleone. . 47^ secousses, quanti la lune était près du méridien (à moins de 45"). El 453 seulement, quand elle était à plus de 45°. Différence. . . 22 secousses en plus pour les passages de la lune au méridien. . A Messine 84 secousses, quand la lune était à moins de 45° du méridien. Et 60 seulement, quand elle était éloignée de plus de 45°. Différence. . . 24 secousses en plus pour les passages de la lune au méridien. A Calanzaro. . . 102 secousses, quand la lune était à moins de 45° du méridien. Et 8i seulement quand elle en était à plus de 45°. Différence ... 21 secousses en faveur des passages de la lune au méridien. A Scilla enfin.. . i4o secousses, quand la lune était à moins de 45° du méridien. Et 120 seulement quand elle en était éloignée de plus de 45°. Différence. . . 20 secousses, toujours en faveur des passages de la lune au méridien. » Ainsi, malgré les perturbations que ce paroxysme du phénomène a dîi apporter dans son allure générale, nous trouvons encore dans ces quatre localités que, pendant les 3'' 6™ qui précèdent les passages de la lune aux méridiens supérieur et inférieur, et pendant les 3'' 6™ qui suivent ces pas- sages, les secousses sont plus fréquentes que dans les deux autres quarts iulcniiédiaires du jour hniaire. » Je dois enfin à M. V. Flauti une copie du journal séismique tenu à Reggio (Calabre) par M. S. Areovito. Dans ce journal, que je n'avais pas encore quand j'ai rédigé mon dernier Mémoire, le nombre des secousses étant généralement spécifié, j'ai regardé chacune d'elles comme un trem- ( i5r ) blement de terre distinct, et j'ai formé ainsi des tableaux relatifs à l'âge de la lune et à ses passages aux méridiens, et voici ce qu'ils m'ont donné : , , , i Aux syzycies. . . . 43'7 secousses. Helativement à 1 âge de la lune , ., o/ ° ( Aux quadratures. . 349 — Différence. . . 88 secousses en faveur des syzygies. Relativement aux passages de la lune aux méridiens supérieur et inférieur : 41 3 secousses quand la lune était à moins de ^5° du méridien, et 347 seulement quand elle en était à une distance angulaire plus grande. Différence 66 secousses, encore en faveur des passages de la lune au méridien. » PHYSIQUE DU GLOFE. — Cause assignée aux tremblements de terre, d'après des observations faites à différentes époques sur ta hauteur de la Soufrière, mon- tagne volcanique de la Guadeloupe; par M. Gentili. (Commissaires, MM. Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville. ) M. Christian soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : <• Projet d'une boussole indépendante des variations magnétiques ». (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Duperrey.) M. CosTELLo, à l'occasion de quelques communications récentes sur la lithotritie,^ rappelle que dès l'année iSSa il a soumis au jugement de l'Aca- démie un instrument lithotriteur, l'instrument à coulisse, mécanisme qui, dit l'auteur, unissant la solidité à une grande simplicité, a été, depuis, l'objet d'imitations nombreuses et rarement avouées. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) M. Pappenheim adresse de Berlin trois Notes : l'iuie sui' les lymphatiques du cœur chez les individus de sexe différent; la seconde sur une vessie uri- naire bicorne ; la dernière, sur un moyen auxiliaire pour l'exploration du larynx et des cavités nasales. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine.) ( i52 ) COKRESPO\l)AI\CE. M. LE Ministre de l'Aghiciltuke , or Commerce et des Travaix pdblics adresse pour la bibliothèque de l'Institut le lo' numéro des Brevets dliwen- ttnu pour 1 année r86o. M. LE Ministre transmet aussi une pièce qui lui a été adressée par MM. Riiolz et Fontenny, une réclamation de priorité à l'égard de M. Caroii, pour un procédé de cémentation du fer dont il a fait l'objet d'une com- munication à l'Académie. (Renvoi à la Commission nommée pour le Mémoire de M. Caron.) M. le Ministre de la Marine envoie quatre exemplaires d'un ouvrage apporté de Yalparaiso parla corvette de l'Etat la Constanline : « Obserualions asironomiqiies de l'observatoire de Santiago du Chili pendant les années i853, i854 '. Un de ces exemplaires est destiné à la bibliothèque de l'Institut. La Société Agronomique dv royaume de Pologne adresse la série des volumes qu'elle a publiés depuis sa fondation, et où se trouvent, avec les statuts de la Société, les Comptes rendus de ses Assemblées générales et de ses séances publiques pendant les années i858, 1869 et 1860. (Voir 3ni Bul- letin bibliographique. ) (Renvoi à la Commission Administrative, qui examinera si l'Académie peut disposer en faveur de la Société Agronomique de quelques-unes de ses publications.) Parmi les pièces imprimées de la Correspondance, M. le Secrétaire perpétuel signale à l'attention de l'Académie lui opuscule imprimé en anglais et adressé par M. Jules Marcou, intitulé : On the primordial Fauna..., sur la Faune primordiale, et le Taconic sfstem, par M. ,1. Rarrande, avec des notes additionnelles par M. Jules Marcou. M. DE Pakavey adresse des remarques concernant une Note de M. Ar- mand sur te (jin sen des Chinois, insérée dans le Compte rendu de la séance du 3i décembre dernier, Note dans laquelle il signale inie faute d'impression, le mot pomme ayant par erreur été écrit au lieu du mot /(o;//;/«e qui corres- pond au chinois gin. ( -53 ) GÉOLOGIE. — Note sur la carte géologique de [Yonne; par M. A. Leymerie. » La carte dont j'ai l'honneur d'offrir aujourd'hui un exemplaire à l'A- cadémie de la part du Conseil général de lYonne, n'est autre chose qu'une autographie de la grande carte de France publiée parle Dépôt de la Guerre, exécutée spécialement pour le département de l'Yonne en 1846 par M. Rœppeliu et sur laquelle nous avons fait ajouter, M. Raulin et moi, les limites, les signes géologiques et les teintes de nos minutes, i'our utiliser quelques places vides, nous y avons introduit une grande coupe coloriée du département prise dans le sens de sa plus grande longueur et une légende explicative des terrains. » Le département de l'Yonne appartient à la partie S.-E. de la ceinture secondaire qui entoure le bassin de Paris depuis Mézières jusqu'à Château- roux, et il est remarquable par la variété et le développement des étages secondaires qui le constituent presque en entier, et par cette circonstance particulière que le Morvan y pousse une pointe avancée à son extrémité méridionale. Les groupes jurassique et crétacé y sont complètement et lar- gement représentés, et il n'est peut-être pas en France une autre région qui puisse être considérée comme étant plus classique à l'égard du terrain jurassique. Le trias y manque ainsi que le terrain permien et le terrain de transition. » La pointe primordiale du Morvan formait un cap daiis l'ancienne mer où les couches secondaires ont été déposées. Aussi voit-on, dans la partie méridionale du département, les strates presque horizontaux de lias avec les arkoses et les lumachelles qui en forment la partie inférieure, venir butter contre les flancs de cette pi otubérance et en suivre les contours. )i Les étages oolitiques et ceux du terrain crétacé inférieiu' et moyen reposent sur ce premier dépôt du système jurassique et leurs affleurements disposés du S.-E. au N.-O. à niveaux décroissants, se manifestent sur la carte par des bandes irrégulières grossièrement parallèles à la direction N.-E. Ces bandes, jointes aux affleurements du lias, sont au nombre de quinze et forment dans leur ensemble un carré dont une diagonale serait dirigée à l'E. un peu N. » A ce système rubanné succède un plateau qui occupe plus du tiers du département et qui peut être considéré comme une nouvelle zone annexée aux précédentes et qui se prolongerait au N. jusqu'aux limites du départe- C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N» 4.) 2 I ( i54 ) ment, piir un appendice très-développé, comprenant leSénonais et le Gâti- nais. C'est la région -Je la craie, à la naissance de laquelle, an contact des sables verts et ferrugineux du greensand, il est bon de remarquer inie îtssise inférienre représentée par la craie marneuse à Ammonites, Tiirri- lites, etc. » Nous avons distingué dans le système secondaire de l'Yonne, qui est réellement la partie essentielle de ce département, quinze assises dont cha- cune forme sur noire carte une bande indiquée par une couleur particu- lière et par un des numéros d'inie série qui commençant par 5 se termi- nerait par 20, les n°* 1 , 2 et Ji ayant été employés ponr les terrains du Morvan et le n" 4 pour quelques lambeaux houillers qui s'y trouvent comme pinces dans la direction de l'O. à l'E. » Nous croyons devoir donner ici les désignations de ces assises secon- daires dans l'ordre de leurs numéros, qui est celui de la superposition et qui indique en même temps la position de plus en plus septentrionale de leurs affleurements. Néocoiiiien . I 20 Craie supérieure et moyenne. / 19 Craie marneuse à Ammonites. „( Sables verts et grès ferrugineux. ' ( Argiles aptiennes à grandes lîxogyres. .! 17 Sables et argiles bigarrés. 16 ( Argiles ostrcennes. Calcaire à Spatangues. Étage supérieui Etage moyen. . Étage inférieur. \ i5 Calcaire portlandien. Lias, . >3 [4 Calcaire et marnes kimnicriilgi<'ns. Calcaire a Astarte. Calcaire corallien. 12 Calcaire oxfordicn supérieur. ( Marnes et calcaires oxfordiens niovcns. II'. . . ' ( Argiles oxfordiennes et minerais de ter. 10 Grande oolite. 9 INIarnes et calcaires à l^holadoniyes. 8 Calcaires àTîntroques. !' Marnes supérieures à Bélemnites. Calcaires à Gryphœa cymbium. Marnes inférieures à Bélemnitcs. ^ j Calcaires à Gryphées arquées. i Liimachelle à Cardinics. 5 Arkoses. ( >55 ) » La nappe tertiaire qui s'étend sur le plateau crayeux qui forme toute la partie septentrionale du département, appartient en partie à l'étage infé- rieur et en partie à l'étage moyen du bassin de Paris. La dilficulté de sé- parer ces deux éléments et le peu d'importance de ce dépôt superficiel nous ont déterminé à ne le désigner que par une seule teinte et par un seule numéro (ai). Enfin le n° 11 et la couleur même de la carte servent à re- présenter les alluvions anciennes et modernes qui constituent le sol des vallées. ■■ ZOOLOGIE. — Du mode de fixalion des œufs aux fausses pattes abdominales dans les Ecrevisses; par M. Lerebocllet. « Les naturalistes n'ont pas encore ex|)liqué, du moins à ma connais- sance, le uiécanisme suivant lequel les œufs des Ecrevisses, et probable- ment aussi les œufs des aiUres Décapodes, se fixent aux appendice.^ abdo- minaux. I^a description de ce mécanisme fait le sujet du Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » Quelques semaines avant la ponte, il se forme sous l'abdomen, en dedans de l'arceau inférieur de chaque anneau, un dépôt particulier de couleur blanche, composé de granules microscopiques, de noyaux et de globules graisseux. Ce dépôt se voit à travers la meudirane cornée qui unit les anneaux les uns aux autres, sous la forme d'un liséré blanc qui borde, en avant et en arriére, l'arceau inférieur. Il devient de plus en plus consi- dérable jusqu'au moment de la ponte et remplit en outre les cavités épi- mériennes, l'intérieur des fausses pattes abdominales et les James natatoires de la queue. La matière blanche qui constitue ce dépôt a une consistance crémeuse; mais quand on la délaye dans l'eau, elle devient filante et gru- meleuse. » Au moment de la ponte, l'abdomen se replie sur lui-même de manière à former un sac dont les bords sont collés les uns aux autres par une ma- tière visqueuse. L'intérieur de ce sac est rempli d'un liquide glaireux, au milieu duquel sont plongés les œufs encore mous et libres de toute adhé- rence aux parties voisines. » A cette époque déjà le dépôt blanc a disparu. » L'examen microscopique de ce dépôt, fait un peu avant sa disparition, le montre composé, presque en totalité, de vésicules microscopiques d'un aspect uniforme. Ces vésicules se dissolvent et produisent un liquide qui 2 r .. (■56) suinte à travers la inemljrane cornée des segments et remplit très-prompte- ment la poche abdominale. Le liquide ainsi produit a la propriété de se coaguler dans l'eau et de se transformer en une membrane amorphe. L'Écre- visse, par les mouvements qu'elle imprime à l'abdomen, fait entrer une certaine quantité d'eau dans l'intérieur de la poche qui recèle les œufs. Le liquide visqueux se coagule autour de ces derniers et les fixe aux fausses pattes à l'aide d'un pédicule qui se solidifie et s'allonge peu à peu. n Quand tous les œufs sont suspendus, l'abdomen se déroule et l'on ne trouve plus aucune trace du dépôt blanc qui avait précédé leur apparition. » Le mécanisme de la fixation des œufs aux fausses pattes de l'abdomen se compose donc de plusieurs actes : » 1° La formation d'un dépôt celluleux et granuleux sous l'abdomen, en dedans des segments; » 2" La dissolution de ce dépôt et sa transformation en un liquide vis- queux qui suinte à travers les segments abdominaux; » '6" Le reploiement de l'abdomen en forme de sac dont les bords corres- pondanls se collent les uns aux autres, par l'effet du liquide visqueux, à l'aide des soies qui les garnissent; » 4° La ponte des œufs qui arrivent dans ce sac et plongent au milieu du liquide dont il est rempli; » 5° La .solidification lente et progressive de ce liquide et, par suite, la formation de l'enveloppe extérieure des œufs et des pédicules qui servent à les suspendre. w Ce travail de sécrétion temporaire, dont le résultat est lu formation d'une matière granuleuse qui se résout elle-même en un liquide, se fait sans la présence d'aucune glande. Il est possible que les cellules de la membrane dermoïde du test tiennent ici lieu de la tunique épithéliale des glandes sé- crétoires et en remplissent les fonctions. » Je fais remarquer que la formation du liquide sécrété est précédée de la résolution de la matière blanche déposée sous l'abdomen en une quan- tité innombrable de granules vésiculeux homogènes. Il est évident que c'est à la fonte de ces granules que le liquide doit son origine. » D'après cela, on est en droit de se demander si, dans les sécrétions ordinaires, le licpiide sécrété, au lieu de provenir directement du sang, ne résulterait pas de la dissolution de granules élémentaires qu'auraient pro- duits et élaborés les cellules épiihéliales? En d'autres termes ces dernières cellules, au lieu de se borner à extraire du sang, sous forme liquide, le pro- duit de la sécrétion, n'auraienl-elles pas pour mission de former des gra- ( i57 ) nules et ne serait-ce pas dans cette formation granuleuse que consisterait le travail d'élaboration qui constitue la sécrétion?» CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation d'élhylène monobromé en acétylène; jiar M. V. Sawitsch. « En décomposant par une dissolution alcoolique de potasse le bro- mure C^ H' Br,Br' (i), préparé en recueillant directement dans le brome le produit de l'action de la potasse sur le bromure d'étbylène, on obtient Yélhylène bibromé (2) toujours accompagné d'une petite quantité d'autres substances; ainsi, en dirigeant les vapeurs qui se dégagent pendant la réac- tion dans une dissolution ammoniacale d'oxydule de cuivre, on constate chaque fois la formation d'un précipité rouge foncé, floconneux, qui a les propriétés suivantes : à l'état sec, il détone violemment par un léger choc aussi bien que par la chaleur; introduit dans la vapeur de brome, il se décompose également avec explosion et production de lumière ; au contact des acides chlorhydrique et sulfurique concentrés, il laisse immédiatement s'échapper un gaz; ce dernier ne se dégage qu'à chaud par les acides dilués (3). » Les propriétés de ce corps explosif se trouvant parfaitement identiques avec celles que possède la combinaison rouge que donne l'acétylène avec les solutions ammoniacales de cuivre, on était conduit à supposer la présence d'un dérivé de ce gaz dans le bromure C^ H' Br, Br* et, partant, à rechercher l'acétylène lui-même dans le produit de décomposition du bromure d'élhylène par la potasse alcoolique; en effet, une partie d'éthy- lène monobromé, qui prend naissance dans cette réaction, pourrait perdre par un excès de potasse i équivalent d'acide bromhydrique et se trans- former en acétylène : C^H' Br - HBr = C^H^ » Un essai tenté dans ces conditions avec une dissolution ammoniacale d'oxydule de cuivre m'ayant fourni une certaine quantité du corps explo- (i) C = i2, H = i. (2) Zeitschriftfur Chemie und Pharmacie, par MM. Erlenmeyer et Lewinstein, 4* année, page I. (3) Loco citato, p. 4- ( i58 ) sif, j'ai soumis à l'étude l'action des aicoolates sur l'éthjiène moiiobronié. L'expérience a été entreprise avec /\5 grammes environ de ce corps; on l'a traité par 1 amylate de sodinm dans un grand matras de verre vert clos et chauffé au baiu-marie. Au bout d'une heure, il s'est formé un précipité abondant du bromure de sodiiuu, et le contenu du matras est devenu par- faitement liquide par suite de la régénération de l'alcool amyhque. En ouvrant avec précaution le vase clos, préalablement refroidi au moyen de glace et de sel marin, on a recueilli sur l'eau plus de 4 litres d'un mélange gazeux qui a été traité par une solution ammoniacale de chlorure de cuivre ; le précipité rouge, très-abondant, obtenu de cette manière, a été lavé, puis décomposé à chaud par l'acide chlorhydrique faible : il s'est dégagé un peu moins de i litre d'un gaz incolore, possédant une odeur particulière et brûlant avec une flamme très-éclairante. ■• -2,9 centimètres cubes de gaz briilés avec un grand excès d'oxvgène dans MU tube eudiométrique ont absorbé 7*'^4 d'oxygène et ont fourni ^'"',ç) d'acide carbonique, ce qui correspond à •^'''',55 d'oxvgène et a^d'acide carbonique pour i" de gaz analysé, i volimie d'acétylène absorbe précisé- ment 2 -^ volumes d'oxygène et donne 2 volumes d'acide carbonique. » Le résultat de cette analyse, joint aux propriétés du gaz et de sa com- binaison avec le cuivre, ne laisse aucun doute sur sa nature : il est iden- tique cà l'acétylène, obtenu pour la première fois par Edin. Davy (i) et étudié surtout par M. Berlheiotfa) dans ces derniers temps. Il prend nais- sance en vertu de i'équation suivante : ( rs Tin i /r^ H" I C^ II' Br + ' , O = „ O ^ Na Br -f- C= H^ ' Na j ( H j M J'insiste sur ce mode nouveau de préparation d'acétylène qui permettra probablement de transformer les autres hydrocarbures de la formule géné- rale C"W' en hydrocarbures de la série C" H^"-% dont l'acétylène C' H* est le premu'r terme connu. C'est ce que je me propose de vérifier par l'expé- rience. » Je m'occupe en ce moment à essayer l'action des aicoolates et de la potasse en dissolution alcoolique sur le propylène monobromé, dans l'espoir d'obtenir un corps de la composition C II'- « Tontes ces recherches ont été faites au laboratoire de M.Wurtz. » (i) Handbuch der org. Chemie, von Léopold Gmelin, 4' édition, t IV, p. Sop. (a) Comptes rendus, t. L, p. 8o5. ( '59 ) PHYSIQUE. — Noie sur la condensation d électruilé qui se jiroduit dans les < cil îles télégraphiques immergés; par M. J. M. Gatgain. " J'ai fait connaître dans une précédente Note les coefficients de charge des fils de petit diamètre qui sont employés pour les communications télégra- phiques aériennes; j'ai essayé de déterminer également les coefficients de c/iar^e des câbles dont on se sei'l pour les communications sous-marines ; mais je me suis trouvé arrêté par une difficulté impré\ ne. J'ai reconnu cpie la giitta-percha, qui dans les câbles foi-me l'enveloppe du fil conducteur, possède une conductibilité fort appréciable. L'existence de cette conducti- bilité rend impossible d'iuie part la détermination précise du coefficient de charge, et d'autre part ôle tout intérêt à cette détermination. " Si l;i substance qui entoure le fil condncteurétait parfaitement isolante, le câble une fois plongé dans l'eau formerait une véritable bouteille de Ijcyde dont les armures seraient d'un côté le fil conducteur et de l'antre l'eau enveloppant le câble; la condensation opérée par l'influence de l'eau sur le fil modifierait son coefficient de charge, mais la loi de la trans- mission serait toujours exprimée par la formule très-simple que j'ai précé- demment indiquée, et j)ar conséquent la durée de la propagation resterait proportiornielle au carré de la longuein- du condnctem'. Mais quand il arrive que l'enveloppe du fil possède une conductibilité appréciable, la for- mule que je viens de rappeler ne peut plus être appliquée, et il devient né- cessaire de tenir compte des flux de dérivation qui s'établissent dans tonte la longueur du fil. Je vais citer quelc[ues expériences cpn mettent en évi- dence l'espèce d'absorption qu'exerce la gutta-percha dans les circonstances dont je viens de parler. )> Ces expériences ont été exécutées sur deux condensateurs cylindi'iques qui ne diffèrent l'ini de l'aulre que par la nature de la substance interposée entre les armures. L'un des deux n'est autre chose qu'un bout de câble télégraphique formé d'un fil de cuivre et d'une enveloppe de gulta-perçha ; dans l'autre la gutta-percha a été remplacée par de la gomme laque. Pour tous les deux, l'armure extérieure est formée d'une feuille mince d'étain ap- pliquée sm- la surface de l'enveloppe isolante. Ij'épaisseur de cette enveloppe est de 5 millimètres; le fil intérieur est de i millimètre. La longueur com- mune des condensateurs est environ de 5o centimètres. Voici maintenant les résultats que j'ai obtenus en comparant ces deux appareils : » i" Quand on charge le condensateur à gomme laque, en mettant le i ifJo ) fil intérieur en coniiniuiication avec la source et l'armure extérieure en CDiiimuiiicatioii avec le sol, la charge que |)reni.l l'iine ou l'autre des armures est à peu prés uidepeudaiile du temps pendant lequel le condensaleiu' reste en rapport avec la source électrique. Il en est tout autrement pour le con- densateur à gutta-percha : la charge que reçoit cet appareil varie, et très-no- tablement, suivant qu'on le laisse plus ou moins longtemps en communica- tion avec la source. Il faut plus d'un quart d'heure; pour saturer l'appareil, et la charge maxima peut être double ou triple de celle que l'on obtient quand le condetisateur ne reste en communication avec la source que pen- dant quelques secondes seidement. La cha ge maxima du condensateur à gutta-percha est supérieure d'ailleurs à la charge que prend dans les mêmes conditions le condensateur à gomme laque. » 2° Lorsque le coudeiisateiu- à gomme laque a été chargé et que l'on établit une communication métallique entre les armures, il suffit de main- tenir cette communication pendant quelques instants pour décharger com- plètement l'appareil. Quand au contraire on veut décharger le condensateur à gutta-percha chargé à saturation, l'on trouve que, pour faire disparaître toute trace d'électricité, il faut maintenir pendant un temps très-notable (plus d'un quart d'heure) la communication métallique établie entre les armures. » 11 résulte évidemment de ces observations que la gutta-percha |iossède une conductibilité assez grande qui lui permet d'absorber et de restituer lentement l'électricité. J'ai fait remarquer précédemment que cette conduc- tibilité varie d'un échantillon à lautre, j'ajouterai ici que pour le même échantillon elle varie encore, et très-notablement, avec la température. .) Il me paraît certain que l'espèce d'absorption dont je viens de parler se produit dans les câbles télégraphiques immergés aussi bien que dans le condensateur cylindrique sur lequel j'ai opéré, et l'on comprend aisément qu'elle doit être |)rèjudiciable. En effet, quand le circuit est fermé à la station de départ, il faut d'abord que le fil conducteur se chaige plus ou moins complètement avant que le courant puisse agir sur l'appareil récep- teur, et par conséquent l'ab-sorption, qui a pour effet d'augmenter la valeur de la charge, doit nécessairement ralentir la transmission des signaux. En outre quand le circuit, après avoir été fermé, vient à être ouvert, le gutta- percha, qui s'est pour ainsi dire imbibée d'électricité, doit la restituer et le récepteur doit continuer à recevoir un courant après que la station de départ a cessé d'en envoyer. Ces inconvénients se feront sentir d'autant plus vivement que l'on opérera sur des lignes plus longues, et je crois que l'on . ( i6. ) devrait chercher à la faire disparaître. On y parviendrait en appUqn.inl sur le fil métallique une couche de vernis bien isolant qui le séparerait de la gutta-percha. Toute la difficulté serait de trouver un vernis qui isole convenablement; l'efficacité des vernis essayés pourrait être constatée d'une manière très-simple par le procédé d'expérimentation dont j'ai fait THÉORIE DES NOMBRES. — Sur une propriété des norubres premiers qui se rattache au théorème de Fermât ; par M. Sylvester, de Woolwich. « En étudiant les propriétés arithmétiques des nombres de Bernoulli et des autres nombres qui leur sont analogues, je suis tombé tout récemment sur une représentation du résidu par rapport au module p- de la même fonction exponentielle /''"' dont le théorème de Fermât enseigne que le ff—' I résidu-par rapport à p est l'unité. Nommons le nombre entier le quotient de Fermât, dont p sera dit le module et r la base. En supposant que la base est un nombre premier, je trouve qu'on peut exprimer son résidu par rapport au module au moyen d'une série de fractions dont les dénomuiateurs seront tous les nombres inférieurs au module p, *t les numérateurs des nombres périodiques qui ne dépendent que de la base /. » En effet, si le module est un nombre premier impair, les fractions qui expriment ce résidu auront pour dénominateurs successifs p — i,p — 2, p — 3,..., "2, 1, et pour numérateurs le cycle toujours répété i, 2, 3,..., / — i , r, sauf à entendre que le cycle des numérateurs commence avec le terme qui est congru à - par rapport à r. Par exemple, soit r= 5, nous aurons d après cette règle S^"' — i I 2 3 4 5 I 2 P p—t p—2'p — i /J— 4 P — ^ p—6 /> — 7 quand p est de la forme i oA + i , mais [à cause de 2 x 3 ^ i ( mod 5;] 34512 p — i /'— 2 P — ^ p—'\ P — ^ quand p est de la forme io/> -h 2. Il est bon de remarquer que la somme des réciproques des dénominateurs étant congrue à zéro pour le module p, on sent augmenter ou diminuer simultanément (à volonté) tous les termes du cycle d'un même nombre quelconque, et conséquemment pour le C. R., 1861, i" Semestre. (T. LU, N» 4., 22 ( '6a ) cycle I, 2, 3,. ., r, on peut substituer un cvcle plus symétrique thuis lequel le ferme au milieu sera zéro. Ainsi on trouve en prenant r =; 3 ( suivant le module p) 3P-' — 1 P />— ' p — "^ /^ — 4 p — ^ p — i ou I p — 2 p — 3 p — 5 p — T) selon que/> est de la forme 6« -I- i ou 6« — i respectivement. » Par exemple, faisons /j = 7, alors -T-4-7 — -5 + -^— 6+2 — 5+ 1^6= c'est-à-dire ^ \ol\ (mod 7). Prenons encore p = i i , alors I I I I I 1 f. , n 3'" — ^--=5-7 + 2-94-/1-6;=/^=—— 9 8 6 5 3 c'est-à-dire ^ 22 X ( 3° -f- i) (mod 1 1). )) Reste à donner la série pour le cas où la base du quotient de Fermât est le nombre 2. Par ce cas on trouve •}ï~' — I 2 2 2 2 2 p /' — 3 p — k 7^ — 7 p — ?> p — \\ ou y-i — 2 /5 — 3 ya — 6 p — 7 p — 10 + . selon que ;? est de la forme 4^+ " ou 4^^ — ' respectivement. Ou peut énoncer des théorèmes plus généraux en substituant pour pet p — i un nombre quelconque et un indicateur maximum respectivement. Pour le moment je me borne à faire une remarque sur la constitution arithmétique des nombres de Bernoulli et des nombres analogues qui entrent dans le dé- veloppement des -sécantes, dont l'étude m'a conduit à la loi donnée plus haut. Quant aux nombres de Bernoulli, on sait déjà par le théorème publié presque simultanément par MM. Clausen et Staudi, que le dénominateur de R„ est un produit de puissances, simples de nombres premiers, étant com- posé du ])i'odnit de tous les nombres premiers qui, diminués par l'unité, sont diviseurs de 2/?. Mais on paraît ne pas avoii- fait la remarque im|)or- tante que le numérateur de \\„ contiendra tous les facteurs de n qui ne ( >63 ) sont pas puissances des fadeurs du dénominateur, de telle sorte que, si h contient p\ mais ne contient pas /; — i, le numérateur de B„ contien- dra p''; comme corollaire, on peut remarquer que, p étant un nombre pre- mier quelconque, le numérateur de B^ contiendra toujours/:». Quant aux nombres de la série pour la sécante qu'on peut nommer les nond^res d'Euler qui le premier en a fait le calcul, et qui sont tous, comme on sait, des nom- bres entiers et positifs, et que je propose de dénoter par le symbole E, voici une propriété dont ils jouissent. » Désignons par /j un nombre premier tel, que p — i ou plus générale- ment {p—i)p' soit un facteur de su; alors, dans le cas où pest de la forme 4« + I, p''^' sera un facteur de E„, mais dans le cas où p est de la forme 4n — i,/?'"^' sera un facteur de (— 1)"~' .2 -t- E„. On comprend que E„ exprime le coefficient de — '■ dans le développement de sécante de x. Par parenibèse il sera bon de remarquer qu'en combinant les deux règles pour B;, et E„ on voit que le dénouùnateur de leur produit ne peut les contenir comme facteurs, aucuns nombres premiers de la forme l\/i ■+ 1 . Euler a fait le calcul desE jusqu'à E^, mais a donné une valeur erronée de cette dernière qui a été corrigée par M. Rotbo, dans le Journal de Crelle, dans nu Mémoire communiqué par M. Ohm. Selon ma règle Eg + a doit contenir les trois facteurs 3, 7, 19, ce qui s'accorde avec la valeur donnée par Rollîo, mais non pas avec celle d'Euler. C'est à propos de ma nou- velle théorie des partitions des nombres que je me suis intéressé spécialement aux nombres de Bernoulli et d'Euler, qui tous les deux font une partie des développements qu'elle exige; en effet, on a besoin dans cette théorie de toutes les espèces de nombres dont la fonction génératrice est '^ ,' {g étant mi entier quelconque donné, et p une racine de l'unité d'un degré quelconque). Selon le degré de l'équation dont p est une racine primitive, on peut les nommer des nombres bernoulliens l'on si l'on veut sous-bernoulliens) d'un tel ou tel ordre. Jusqu'à présent on paraît n'avoir tenu compte que des nombres bernonlliensdu premier et du second ordre (qui sont liés entre eux par le facteur exponentiel si bien connu) et de ceux du quatrième ordre auquel appartiennent en effet les nombres dits d'Euler. Mais ces nombres pour tous les ordres possèdent des proprié- tés arithmétiques très-dignes d'être étudiées; j'espère pouvoir y revenir et avoir l'honneur d'en faire le sujet d'une nouvelle communication à l'Académie. » ( .64 1 M. CoxwoRTHV, qui avait précédemment adressé deux Notes sur notre système planétaire. Notes renvoyées ;i l'examen de M. Faye, prie l'Académie de lui faire conu.dtre le jugement qui aura été porté sur cette double com- nnniication. (Renvoi à M. Faye.) A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGKAPHIQl'E L'Académie a reçu dans la séance du 28 janvier 1861 les ouvrages dont voici les titres : 'Supplément aux Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences publiés conformément à une décision de l'Académie des Sciences. 1861; t. II, in-4". Traduction du Sûrja-Sidditànta, traité classique de l'astronomie indienne., avec des notes et un appendice par le li. E.-P. Purcjess, ancien missionnaire baptiste dans l'Inde, avec l'assistance du comité de publication de la Société orientale d'Amérique; i vol. iu-8", avec figures explicatives; par M. BiOT. Paris, 1861; in-4«. Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Dec^iSNE; 43^ liv. ; in-4°. Catalogue des brevets d'invention (lYJinistère de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics); n" 10, 1860; in-8°. Annules du Conservatoire impéiial des Arts et Métiers, publiées par MM. les Professeurs ; par M. Ch. Laboulaye, n"* i, 2, 3; in-8°. (Présenté par M. le Directeur du Conservatoire, M. le général Morin.) Carte géoloqique du département de i Yonne, exécutée et publiée sous les aus- pices du Conseil général; par M. Al. Leymerie et M. V'"' Raltlin; i855; six feuilles grand-aigle, coloriées. Notice sur un aérolitlie tombé près Montrejeau [Haute-Gai onne), le 9 décembre î859;pr(r M. A. Leymerie; 1860. Ou the. . . Sur la faune primordiale et sur le système Taronique ; pur .Toacliiiii BahhaNUE, avec des notes additioiuielles par M. .Iules Maiicou. Boston, iSf'.o; in-8". Roczniki... Annales de ^agriculture du pays publiées par la Société agrono- mique du rojaume de Pologne pour les années i858, 1869 et 1860, Jo livrai- sons in-8'' formant les tomes XXXII à XLI du Recueil, armées i-3 f> ) dei rajues onjiinifjui'fi, j'ai cru devoir exposeï' les motifs qui m'ont conduit à diriger surtout mes eifcrts vers la coordination et la généralisation des iiniombrables faits particuliers recueillis depuis trois siècles. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais méconnu des préceptes et des exemples auxquels j'avais plus que tout autre le devoir de me conformer. Mais, en même temps, il m'a semblé que je méconnaîtrais le caractère de l'époque où nous vivons, si je ne tendais aussi vers un autre but, vers les applications utiles. Si notre science, après s'être constituée et s'être enrichie par l'observation et l'expé- rience, doit s'efforcer de devenir générale et philosophique, elle doit aussi aspirer à se faire jiratique et utile, et à créer à son tour, pour la société, des ressources, des richesses, des forces nouvelles. Ainsi ont fait toutes les branches de nos connaissances qui, dans l'ordre logique de leur évo- lution, si bien indiqué dès lôS^ par Descartes (i), devaient revêtir les pre- mières un caractère véritablement scientifique : ainsi doit faire à son tour l'histoire naturelle. » Cette vérité ne pouvait manquer d'être comprise dans cette époque qui est par excellence celle des applications utiles des sciences, et je ne m'arrêterai pas à l'établir ici. Mais peut-être me sera-t-il permis et ne sera- t-il pas hors de projjos, au moment où je viens d'avoir l'honneur d'offrir à l'Acadénùe un livre sur une des branches principales des applications de la zoologie, de présenter quelques remarques, non sur cette branche en particulier, mais sur l'ensemble des applications de notre science. >' On a longtemps paru voir la zootechnie tout entière dans l'art d'élever le bétail, d'en nudtiplier les individus, d'en améliorer les races. A côté de cet art, heureusement si avancé, doivent se placer, dans un rang inférieur sans doute, mais très-important encore, trois autres ordres d'études et de travaux ayant pour but : » Premièrement, la conservation des animaux sauvages utiles; biens que nous tenons en pur don de la nature, et que laissent trop souvent perdre notre ignorance et surtout notre incurie. « Secondement, l'emploi, selon leur plus grande utilité, de nos animaux domestiques, afin qu'eux-mémes/et les produits qu'ils nous donnent, ne (i) Comme je l'ai fait voir dans les Prolégomùnesde mon ff/.t' naturelle générale, exwAi- lacliani aux vues de Descaries celles ([ui ont été émises de nos jours, sur les rapports tt sur. la classifualion des diverses hianchcs des connaissances humaines, par A. Comte, par Am- père, el par MM. liahinct, J. Reynaud, LitUc et Cournol. ( 107 ) soient jamais, non-seulement perdus, mais mal employés; ce qui constitue- lait encore une perte relative. » Troisièmement, l'adjonction à nos espèces utiles, soit sauvages, soit domestiques, soit données par la nature, soit déjà conquises sur elle, d'autres animaux sauvages et surtout domestiques, propres à de semblables usages, ou encore mieux, à des usages nouveaux. » Ce qui peut se ramènera ces trois termes, qui se complètent récipro- quement ; » Conserver ce que nous possédons; » L'utiliser selon le mode le plus profitable ; )) Et y ajouter, s'il est possible. « Il paraîtra un jour singulier qu'il y ait eu lieu d'insister, dans notre époque, à tant d'égards si avancée, sur le premier de ces trois termes. Conserver ce qu'on possède est d'une sagesse si vulgaire, cju'aucun vœu ne semble ici pouvoir être émis, aucun progrès indiqué, qui ne se trouve déjà et depuis longtemps réalisé par le bon sens public. Mais ce qui devrait être est malheureusement ce qui n'est pas; et il est vrai de dire que, sur ce point, la barbarie des temps passés est encore debout au milieu de la civi- lisation du XIX" siècle. L'homme se fait plus que jamais un jeu de détruire, autour de lui, des biens que lui offrait libéralement la nature, et en présence desquels il lui suffirait de s'abstenir pour les conserver. La guerre que fait l'homme, sous les noms de chasse et de pêche, à tous les ani- maux qu'il peut atteindre, est aussi acharnée de nos jours qu'au moyen âge, et la seule différence étant qu'il la fait aujourd'hui avec des engins plus per- fectionnés et des armes plus redoutables, la civilisation elle-même est ve- nue la rendre plus meurtrière et par conséquent plus pernicieuse que jamais. » Au nombre des espèces qui sont ainsi assidûment détruites, sont préci- sément celles qui devraient être, entre toutes, assidûment protégées : celles qui, recherchant pour leur alimentation les animaux nuisibles à l'agriculture, sont, par cela même, nos alliées, nos auxiliaires pour la conservation des plus précieux biens de la terre. >> Au premier rang de ces espèces ennemies de nos ennemies sont les Oiseaux insectivores. Rares en hiver, car peu d'entre eux vivent sédentaires dans notre pays, la nature nous les envoie en abondance au retour delà belle saison. Au moment même ou les Insectes pullulent de toute part autour de nous, ils arrivent pour en réprimer les dommages; et sans eux, comment y parvenir? Leur arrivée est donc, chaque année, un bienfait pour l'agricul- 23.. ( '68) ture; on les traite comme s'ils en étaient le fléau. Les uns sont détruits par préjugé : qu'un Engoulevent, qu'un Scops soit aperru : chacun, dans nos campagnes, s'empressera de le poursuivre comme un animal malfaisant; et l'agriculteur dont le fusil l'a atteint, est fier de placer sur sa porte les tro- phées d'une victoire dont ses moissons payeront bientôt le prix(iV D'autres que le préjugé laisserait vivre, les Traquets, le Rouge-Gorge, la Bergeron- nette, et jusqu'aux chantres de nos bosquets, les Fauvettes, le Rossignol lui-même, tombent en foule comme de menus gibiers pour la table où ils figurent plutôt qu'ils ne sont utiles. D'autres enfin, comme les Hirondelles, sont abattus sans même que leur mort offre cette minime utilité : l'oiseau atteint, on ne daigne pas même en emporter le corps, ou si on le prend, c'est pour le jeter presque aussitôt. On l'a tué pour le stupide plaisir de le tuer : rien de plus (2). » La science a manifestement ici un grand devoir à remplir, celui de démontrer l'utilité de ces Oiseaux et de tant d'autres espèces qu'on massacre tout aussi aveuglément. C'est une voie dans laquelle je n'ai pu faire encore pour ma part que quelques pas, mais où commencent à s'avancer très- heu- reusement plusieurs naturalistes, entre autres, en Allemagne, M. Gloger, et en France, mon savant aide au Muséum, iVL Florent Prévost, dont l'Acadé- mie a accueilli très-favorablement en i858 un premier travail, et auquel elle a bien voulu donner les moyens de poursuivre et d'étendre ses recherches, montrant ainsi tout l'intérêt qu'elle attache à leur succès. » On aurait aussi plus d'un progrès à faire au point de vue de l'emploi utile des animaux et de leurs produits. L'agriculteur ne parvient à élever qu'au prix de beaucoup de soins et souvent de sacrifices d'argent les jeunes individus qui naissent dans ses écuries et ses élables II faudrait, du moins, quand il a réussi, et quand le moment est venu de recueillir les fruits de son travail, qu'il les mît compléleinent à profit, et fît de chaque animal lui-même et de ses produits l'usage le plus conforme à ses intérêts propres, et par conséquent à ceux de la société; car que sont les intérêts sociaux, sinon la soiiniicou la résultante de tous les intérêts individuels? Or ici encore que de biens ou mal employés ou même perdus! Sans parler de l'Ane qui (i) l'artni nos espèces sédentaires, les Chouettes et surtout l'Effraie, regaidces comme des oiseaux de mauvais augure, ne sont pas moins ardemment poursuivies et détruites. (2) Ajoutez à toutes ces causes de dévastation, la destruction des nids ou l'enlèvement des œufs et des jeunes, plaisirs habituels des enfants des campagnes. Ce qui se perd ainsi, dépasse tout ce (ju'on peut imaginer. ( '69 ) est encore, presque par toute la France, comme le disait Buffon (i), dc'plora- blement « abandonné à la grossièreté » des hommes et « à la malice des en- tants », les animaux de trait sonttrop souvent mal soignés, mal attelés,et, par suite, fatigués par une somme de travail qu'en d'autres conditions ils eussent facilement supportée. Quant avix engrais qui sont un de leurs produits les plus précieux, on sait ce qu'ils deviennent trop souvent. L'agriculteur qui fait venir à grands frais, et de très-loin, des engrais parfois falsifiés, devrait avant tout économiser ceux que lui donnent ses animaux. Est-ce ce qu'il fait? Voyez les cours de ferme, et dans plusieurs de nos départements les rues des villages, et même de plus d'une ville, occupées en grande partie par des lits de fumiers, lavés à grande eau chaque fois qu'il pleut. En sorte que de précieuses substances qui devaient fertiliser notre sol et préparer h l'année suivante de riches moissons, sont entraînées en grande partie, et vont, après avoir souillé nos ruisseaux, se perdre dans les fleuves et dans la mer ! » 11 est d'autres produits encore plus utiles, des produits immédia- tement applicables à l'alimentation de l'homme, et dont nous le voyons aussi peu économe. Avec des céréales, on faisait il y a peu d'années de l'alcool; avec de la viande, avec une très-grande quantité de viande comestible, on fait encore aujourd'hui de l'engrais et du noir animal. Singulière anomalie sociale, disais-jè il y a quelques années, et qu'on s'étonnera un jour d'avoir subie si longtemps! Des millions de Francai.s sont privés de viande : comme l'a encore récemment démontré M. Le Pla\ (dans son grand ouvrage statistique, couronné par l'Académie), ils eu man- gent six fois, deux fois, une fois par an! Et en présence de cette misère, des millions de kilogrammes de viande de cheval, bonne pour la consommation, et notamment propre à faire le meilleur bouillon qui soit connu, sont. chaque mois, abandonnés à l'industrie pour des usages secondaires, livrés aux cochons, aux poules qu'ils nourrissent mal, et aux chiens, ou même jetés à la voirie. Voilà ce qui subsiste encore dans un temps où l'amélioration du sort des classes laborieuses est devenu pour ainsi dire le mot d'ordre universel ! Et voilà ce que la science elle-même a longtemps autorisé, du moins par son silence, comme si elle avait craint, elle aussi, de se heurter contre un préjugé populaire, et quand elle avait dans la main des vérilés uldes, de l'ouvrir et de les répandre! (!) ï. IV, ,.. 39t. ( '7" ) » En attaquant, il y a quelques années, devant l'Acatléaiie et devant le public scientifique, un préjugé vaincu de l'autre côté du Rhin, mais encore dans toute sa force en France, je n'ignorais pas combien il serait difficile (1 en triompher. Chaque peuple trouve absurdes les préjugés des autres, et il s'obstine dans les siens qu'il croit fondés par cela seul qu'ils sont vieux. Par une « singulière contradiction », comme le disaient dès iB'io deux agriculteurs distingués, MM. Villeroy, « le catholique voit en pitié le juif » qui a horreur de la chair de porc, et il repousse l'idée de faire usage de » la viande de cheval. » Que d'autres exemples de ces contradictions, plus déplorables encore que singulières! car elles privent l'homme, presque dans tous les pays, d'une partie de la nourriture qu'il a toute préparée sous la main. Ce ne sont pas seulement les juifs, mais, comme chacun le sait, tous les musulmans cjui ont horreur de la chair du porc. Les Indous n'ont pas moins horreur de la chair du boeuf. La chair de mouton n'est pas non plus d'un usage général ; et il n'y a pas longtemps qu'en France même on en rejetait une grande partie: « j'ai veu de mon temps, » dit Bernard de Palissv dans son Traité des pierres, « qu'on n'eust voulu manger les pieds, )) la teste ny le venti'e d'un mouton, et à présent c'est ce qu'ils estiment le )i meilleur. » On jetait aussi autrefois, comme impropres à la nourriture de l'homme, les pieds de veau, les foies de chapon et les àbntis d'oie. Le pigeon, encore aujourd'hui, n'est pas mangé en Russie, par préjugé religieux (i), et le lapin ne l'est pas enltalie. Espérons que tous ces préjugés disparaî- tront enfin devant le progrès des lumières, comme a disparu le préjugé contre la pomme de terre, si longtemps dédaignée comme fade, de saveur désagréable, « bonne tout au plus pour les porcs », et dont « l'usage peut donner la lèpre », est-il dit dans les considérants d'un arrêt du Parlement de Franche-Comté qui défendait (comme on l'a fait aussi en Bourgogne) la culture de cette « substance pernicieuse » ! > Combien faudra-t-il de temps pour que la viande de cheval prenne à son tour place dans l'alimentation publique, et que s'accomplisse enfin un progrès, utile, non comme tel autre, à des milliers d'hommes dans dix ans, dans vingt ans, mais à des millions, et immédiatement? Je l'ignore: oùsontles données de la science, des prévisions sont possibles; mais que dire de la durée d'un préjugé, même ébranlé, comme l'est celui-ci, par tous les ftiits recueillis (i) A cause de la forme sous laquelle on représente le Saint-Esprit, f^oyez Bouchée de Perthes, Voyage en Russie. Paris, in-12, 1869, p. 182. ( >;' ) dcpiiiscHx ans? L'Acadrmie me permeltra peiit-èired'eii rappeler im, auquel se rattache honorablement le nom de feu M. Baudens, qui l'a consigné dans im lapport sur le service médical de l'armée d'Orient, adressé en i856a M. le maréchal Vaillant, ministre de la guerre(i). « A l'exemple d'un uatu- » raliste », dit M. Baudens, et il eût pu ajouter, selon celui bien plus ancien de notre illustre confrère Larrey, « je prêchais pour qu'on mangeât du » cheval. ... En Allemagne, le cheval dépecé est vendu publiquement à létal V du boucher. Les deux batteries d'artillerie delà division d'Autemarre, u campée à Baïdar, se nourrirent de chevaux réformés et n'eurent pas à le » regretter ; elles furent épnir/nées par In morlnlité et (es maladies qui séiiissaienl » si cntellemeni dans le reste de l'armée. » Quand ma lutte contre ini vieux préjugé n'aurait jamais produit et ne devrait jamais |)roduire que ce seid résultat, je devrais encore m'estimer heureux de l'avoir entreprise. » A côté des deux ordres d'applications dont je viens de donner quelques exemples, se placent celles qui ont pour but d'enrichir notre sol de nou- velles espèces utiles, soit sauvages, soit surtout domestiques. En soumettant à l'Académie les résultats que m'avait donnés une première série d'expé- riences et d'essais faits à la ménagerie du Muséum, je résumais ainsi, il y a quatorze ans, l'histoire des travaux faits, depuis le moyen âge, dans ceîlt- direction (2) : « Au XVI* siècle, importation d'espèces utiles (au nombre de quatre); au » XYili", imporlation d'espèces d'ornement (au nombre de quatre aussi): )> l'une, œuvre des Espagnols; celle-ci, due surtout aux Anglais; puis cessa- » tion presque complète au moment même où, par le perfectionnement de » la navigation, la multiplicité des communications internationales et » l'établissement de colonies européennes dans toutes les parties du globe, » les richesses naturelles du monde entier se trouvaient mises à notre liiire » disposition. » » D'où l'on avait cru pouvoir dire : On ne fait plus rien, donc il n y a plus rien à faire. » Et d'où je croyais devoir conclure au contraire : Moins on a fait (i) Ce rapport a été publié, avec quelques développements, dans la Reimc des Dtit.r- Moncles, février, avril et juin 1857. (2) Sur quelriues essais d'aictimatatian et de dumcsticité faits a la nii'nai^erie du Muséum d'histoire nnturelte, dans les Comptes rendus de V Académie des Sciences, t. XXV, p. 5?,5. ( '7^ ) depuis trois siècles, et plus nous avons encore à faire : un hémisphère entier reste inexploité, et rancicMi continent lui-même est loin d'avoir donné tout ce quil peut donner. » La reprise de ce mouvement, depuis si longtemps ralenti, et qui s'était tout à fait arrêté vers le milieu du xviii'' siècle, est si récente encore, qu'on ne saurait prévoir où elle nous conduira. Mais les résultats déjà ohtenus sont tels, qu'on peut les dire, sans témérité, destinés à devenir utiles dans un très-prochain avenir. Non-seulement nous avons ce qu'on peut déjà appe- ler de nouveaux animaux domestiques, mais leur nombre dépasse déjà, après quelques années, celui de toutes les espèces dont notre Europe s'était enri- chie en plusieurs siècles. C'est ce que je vais montrer en dressant en quelque sorte l'inventaire de ces nouvelles richesses, créées par les efforts d'un grand nombre de naturalistes et d'éleveurs en France et en Algérie, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Italie et en Espagne, c'est-à- dire par toute l'Europe; et même aussi en Australie et dans les deux Amé- riques; tant s'est étendu et généralisé, surtout depuis la création de la So- ciété d'Acclimatation, ce mouvement d'une origine encore si récente. » Les espèces à l'égard desquelles on a obtenu des résidtats, dès à pré- sent dignes de l'attention de l'Académie, appartiennent à trois classes du règne animal, celles des Insectes, des Oiseaux et des Mammifères. » On s'étonnera un jour que, tandis qu'on cultive depuis longtemps trois espèces de vers à soie en Chine et dans l'Indoustan, les peuples les plus civi- lisés, ceux par conséquent dans l'industrie desquels il y a place utile pour les produits les plus variés, n'aient pas été, jusqu'à nos jours, au delà de la culture d'iuie seule espèce, qui surpasse, il est vrai, ])resque toutes les autres par la beauté de sa soie, mais qui peut trouver parmi celles-ci d'utiles succé- danés. Il y a lieu d'espérer que ce long retard va être enfin réparé. Six nou- veaux vers à soie sont aujourd'hui en Europe à côté du Bombyce du mûrier. Toutefois la culture de quatre d'entre eux n'est encore qu'à l'état d'essai, et iiarmi ceux-ci il faut malheureusement compter celui dont la possession est peut-être le plus à désirer : le ver à soie des chênes du nord de la Chine et de la Mantchourie ; espèce qui semble destinée à faire un jour de la production de la soie une des industries du Nord aussi bien que du Midi. Au contraire, deux autres vers à soie nous sont dès à présent acquis : pour qu'on cessât de . les posséder en Europe, il faudrait qu'on renonçât à leur culture; encore, dans ce cas même, l'un d'eux pourrait-il bien nous rester à l'état sauvage. Ces deux espèces sont, l'une, le ver à soie de l'ailante ou faux vernis du ( ^73) Japon, dont M. Guérin-Méneville a souvent entretenu l'Académie, et qu'on commence, grâce à lui, à cultiver en grand, soit chez divers particuliers, soit dans les propriétés de l'Empereur, qui a fait faire à cet effet de nom- breuses plantations d'ailante; l'autre, le ver à soie du ricin, non moins connu de l'Académie par les communications du savant séricicnUeur déjà cité, de notre président qui a ie premier cultivé cette espèce, de M. le ma- réchal Vaillant, de M. Montagne, de M. Hardy et de plusieurs autres. Ce dernier ver à soie a été introduit successivement et comme par étapes, de l'intérieur de l'Inde à Calcutta, de Calcutta en Egypte, de l'Egypte à Malte, de Malte à Turin, et de Turin, d'une part à Alger, de l'autre à Paris, d'où la Société d'Acclimatation l'a répandu jjartout, et jusqu'en Amérique. Voilà donc une espèce qui, sortie de l'intérieur de l'Inde il y a quelques années, est devenue presque aussitôt européenne et africaine, et un peu plus tard cosmopolite. 1) Ce sont, comme on le voit, des animaux industriels que nous a donnés la classe des Insectes; à celle des Oiseaux, nous devons surtout des espèces d'ornement, du moins pour le présent : nul doute que plusieurs ne s'élèvent, quand elles seront pi us répandues, au rangd'auimaux véritablement utiles. Ces nouvelles espècessont: laPerruche ondulée, aussi intéressante |)arses mœurs qu'élégante; quelques Colombes; deux Colins qu on essaye déjà de multi- plier à l'état de sauvage comme nouveaux gibiers; le Faisan de l'Himalaya; et cinq belles espèces d'Oiseaux d'eau, les Oies d'Egypte et des Sandwich; les Canards de la Chine et de la Caroline, qui forment dès à présent l'orne- ment de tous les bassins de luxe; et le Cygne noir, de l'Australie, qui devient de plus en plus celui des lacs et des rivières des parcs : la reproduction de cette belleespèce est régulièrement obtenue depuis plusieurs aimées en France, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique et en Hollande. » Et après ces conquêtes qu'on peut dire accom[)lies, il en est d'autres très-avancées. La Perruche Edwards et la Callopsitte ou INymphique sem- blent appelées à devenir bientôt les rivales de la Perruche ondulée ; le Cygne blanc à col noir du Brésil a conuuencé à prendre place, d'abord en Angle- terre, puis chez nous, entre le Cygne blanc d'Europe et le Cygne noir d'Aus- tralie; et l'ordre des Gallinacés, celui de tous qui nous avait déjà le plus enrichis, va presque doubler le nombre de ses espèces: car déjà se repro- duisent facilement dans les volières, en attendant que quelques-uns d'entre eux passent dans les basses-cours, le Faisan versicolore du Japon, plu- sieurs Euplocoraes ou Houppifères, et leLophophore resplendissant. Quand C. R., 1861, 1" Semestre . T. Lll, îi° 3) ^4 ( '74 ) cette dernière espèce , V Oiseau û?'or des Indiens, nous sera définitivement acquise, on pourra se demander si le Faisan dore et le Paon sont encore les plus beaux de nos Oiseaux domestiques. >■ Voilà donc, parmi les Oiseaux, plus de dix nouvelles espèces domes- tiques, et déjà presque autant d'autres à demi domestiquées. Nous n'avions tout récemment encore, comme en 1760, que dix-sept Oiseaux domes- tiques : je ne crains pas d'affirmer que nous en aurons dans peu d'années prés de quarante. » Les nouveaux Mammiières domestiques sont nécessairement en bien plus petit nombre; ici la fécondité est bien moindre, la gestation très-longue, le développement bien plus lent; et à ces difficultés, il faut ajouter encore celles qu'on éprouve à se procurer au loin de grands animaux, et à les faire transporter en Europe. C'est avec un seul couple de Lamas, et avec trois Hémiones, qu'il nous a fallu essayer l'acclimatation de ces espèces; et pour que des Ruminants, tels que le Canna, le Nilgau et l'Yak aient pu être ame- nés en Europe par petits troupeaux, il a fallu la situation si privilégiée de lord Derby, et, ce qui est plus rare encore qu'une telle situation, le dé- vouement de notre éminent consul général en Chine, M. de Montigny, qui, pour accomplir une œuvre utile, n'a reculé, ni devant aucun obstacle, ni devai\t aucun sacrifice. » Des cinq grands Mammifères que je viens de nommer, deux sont do- mestiquesde temps unmémorial dans leurs montagnes natales; les difficultés, trés-grandesencore, étaient donc toutes ici dans l'acclimatation. Elle est faite aujourd'hui, et non-seulement dans les montagnes de l'Europe, mais dans les régions basses. Nous avons aujourd'hui à la ménagerie du Muséum trois générations de Lamas nées dans l'établissement, où les pertes ont été et sont toujours extrêmement rares; on a eu aussi de nombreuses reproductions sur d au très points de la France et hors de France, notamment en Angleterre. Plus nouvellement venu, car c'est seulement en i854 que M. de Montigny nous l'a ramené, l'Yak n'est encore à la ménagerie du Muséum qu'à la seconde génération; mais les résultats obtenus ne sont pas moinsdécisifs : de trois in- dividus, il nous en est né jusqu'à dix-sept, qui presque tous ont été élevés. D'autres sont nés dans les Alpes, dans le Jura et dans le Cantal. » Pour l'Hémione, le Canna, leNilgau, les difficultés étaient doubles : il fal- lait faire passer ces animaux, non-seulement d'une région à une autre très-dif- férente, mais aussi de l'état sauvage à l'état privé, puis à la véritable domes- ticité (jui suppose la reproduction régulière : sans celle-ci, l'homme ne posséderait que des individus, et la domestication est essentiellement la ( «75) conquête de l'espèce. Aujourd'hui, l'Héniione, le Canna, le Nilgau, non-seu- lement se montrent très-aptes à supporter les intempéries de notre climat; mais, de plus, on obtient la reproduction très-régulière du premier à la ménagerie du Muséum, du second en Angleterre et en Belgique, et du troi- sième par toute l'Europe. » Nous commençons ainsi à posséder, d'une part, deux Ruminants ali- mentaires de plus, (le l'autre, un troisième Solipede auxiliaire; et ce n'est pas seulement par conjecture que nous indiquons ici les services que nous sommes en droit d'attendre de ces nouveaux animaux domestiques. En France et à l'étranger, la viande du Nilgau a déjà été servie sur plusieurs tables, et l'on peut assurer que ce beau Ruminant serait par excellence un animal de boucherie fine. En Angleterre, lord Hill s'est trouvé, dès i858, assez riche en Cannas pour pouvoir faire abattre un de ces ani- maux : la viande a été partagée entre la Reine d'Angleterre, l'Empereur des Français, et un grand nombre d'expérimentateurs réunis dans un ban- quet présidé par notre illustre confrère M. Richard Owen: la conclusion de ces expérimentateurs a été, que le Canna ou ÏElan du Cap, comme l'a fait nommer sa taille gigantesque, donne « une viande extraorduiairement » succulente, d'un tissu fin, d'une saveur très-délicate et vraiment de qualité » supérieure. » Ces deux Antilopes, l'iuie indienne, l'autre africaine, ne seront donc pas seulement de belles espèces d'ornement, elles seront utiles. Non sans doute que leur culture soil appelée à résoudre la question capi- tale, celle de l'augmentation de la production animale, si déplorablement inférieure à nos besoins; mais elle amènerait une amélioration qui, pour être d'un ordre très-secondaire, n'est nullement à dédaigner. IN 'est-il &■ pas singulier qu'au milieu des progrès qui ont, sur tant d'autres points, trans- formé la société, nous en soyons encore, pour le nombre de nos animaux de boucherie, où en était le moyen âge, où en était l'antiquité? Le Rœuf, le Mouton, le Porc, trois espèces eu tout! tel est le cercle dans lequel nous restons encore enfermés pour ce qu'on peut appeler le fond de notre ali- mentation animale; et c'est seulement par la variété des préparations, que nous obtenons cette variété de mets qui n'est pas moins voulue par l'hygiène que par le goût. » L'excellence de la chair de l'Héniione est aussi attestée par les voya- geurs, mais on ne l'a point encore constatée en Europe, et c'est à un autre point de vue que nous intéresse ce congénère du Cheval et de l'Ane, très- voisin du premier par sa vélocité et sa vigueur natives, et du second par sa sobriété. Déjà l'Hémione (comme le Dauw, qui serait au moins aussi |)ré- 2/,.. ( '76 ) cieux que lui) a pu être dressé, monté et attelé : un pelït haras d'acclimata- tion ayant été, à ma demande, momentanément établi à Versailles, et deux des Hémiones du Miiséiun y ayant été transportés, une série d'essais a eu lieu, il y a quelques années, sous la direction de M. Monny de Mornay et la mienne, et par les soins de M. Desmeure, aujourd'hui directeur du beau jardin zoologique de notre confrère le prince Demidoff : ces essais ont réussi : on a pu, après quelques semaines, utiliser l'ïlémione, l'atteler à une calèche, l'employer pour des courses trèsrrapidoment faites, et même pour le voyage de Versailles aux portes de Paris : le trajet a eu lieu en une heure vingt minutes; aussi rapidement, comme on le voit, et aussi facilement qu'avec un Cheval de race bien dressé. En ce moment, et en attendant que les Hémiones pur sang soient en assez grand nombre pour devenir utiles, on commence à se servir avec avantage des rapides et élégants Mulets que donne le croise- ment de l'Hémione avec l'Anesse : plusieurs de ces beaux hybrides parcou- rent depuis quelques mois les rues de nos trois grandes cités, Paris, Lyon et Marseille : à Lyon, quatre sont parfois attelés ensemble. Puissent ces premiers résultats faire comprendre l'intérêt qui s'attacherait a luie nou- velle importation d'Hémiones! La gestation de l'Hémione, comme celle des autres Solipèdes, est longue; sa fécondité est tardive: le troupeau du Muséum ne saurait donc de longtemps fournir, à lui seul, assez d'individus pour faire de l'Hémione une espèce véritablement utile. L'introduction d'un sang nouveau améliorerait d'ailleurs notre troupeau, issu tout entier du même étalon et de deux femelles seulement. » En résumé, voici presque doublé, en vingt ans, le nombre des animaux domestiques. Et l'on peut voir combien Buffon était fondé à diie, dans un passage malheureusement oublié ou incompris durant près d'un siècle : « L'homme ne sait pas assez ce que peut la nature ni ce qu'il peut sur » elle.... Nous n'usons pas, à beaucoup près, de toutes les richesses qu'elle » nous offre ; le fond en est bien plus immense que nous ne l'imaginons ; . . . « et elle a encore des espèces de réserve... pour nous servir, nous nourrir, » nous vêtir. » » Dressons donc la liste de ces < espèces de réserve; » choisissons parnu elles, pour nous en rendre maîtres, celles qui peuvent nous être dès à présent utiles, et, pour nous éclairer sur elles par rex[)érience, celles dont l'utilité est présumable; et faisons enfin dans la seconde moitié du Xix" siècle ce que Buffon eût voulu qu'on fit dès le xvni*. » ( 177 ) GÉOGRAPHIE. — Iiislruments nouveaux proposés pour /« Géodésie expéditive de M. d'Abbadie; par M. Faye. « A aucune époque la haute Géographie n'a eu de rôle phis imporlanl et d'appHcation phis immédiate que de nos jours. C'est à cette science, en effet, qu'il appartient de préparer les voies à ce mouvement généreux d'ex- pansion civiUsatrice en tête duquel la France s'est placée par les expéditions d'Egypte, d'Alger, de Crimée, de Chine, de Cochinchine, do Syrie, et par les tentatives faites, sous la protection du gouvernement, pour pénétrer vers les centres populeux de l'Afrique intérieure en partant soit de l'Algérie, soit du Sénégal. N'est-il pas providentiel, par exemple, de voir, juste au moment où l'ouverture de l'isthme de Suez va rappeler à la vie de vastes pays ou- bliés ou déchus, apparaître le grand ouvrage qu'un de nos compatriotes vient de publier sur la Géodésie de la haute Ethiopie? L'Académie, qui a toujours attaché tant de prix aux progrès de la Géographie, avait apprécié depuis longtemps l'importance de ces travaux, sans attendre leur publica- tion complète, retardée par l'étendue des calculs et le poids de la dépense; de son côté le Bureau des Longitudes leur avait donné une consécration pra- tique en inscrivant les principaux résultats dans son précieux tableau des positions géographiques les plus importantes et les mieux déterminées. » Aujourd'hui que nous pouvons en appréciera la fois l'ensemble et les dé- tails, c'est avec une admiration profonde que j'ai vu se dérouler, dans les premiers fascicules de ce grand ouvrage, les longues séries d'angles horaires, de hauteurs d'étoiles, de Soleil ou de Lune, d'occultations, qui, combinées avec les azimuts et les angles de hauteur de cinq mille signaux terrestres, avec les observations accessoires de température et de pression atmosphé- rique el les mesures de l'hypsomètre, ont fourni les matériaux de la carte d'un grand empire, tout entière due aux travaux d'un seid homme. 11 est inouï qu'on ait jamais entrepris paredie tâche. Où est donc le secret de ce succès que le dévouement le plus énergique pouvait seul entreprendre mais n'eût pu seul assurer? Il est dans la science elle-même, dans l'emploi hardi et intelligent des ressources dont elle dispose aujourd'hui. )' De cette conviction est résulté pour moi le vd' désir de contribuer, pour si peu que ce fût, à alléger le poids de ces travaux herculéens dont l'ère est loin d'être fermée pour la France, non pas en touchant aux méthodes de M. d'Abbadie, maisen donnant aux instruments de voyage des dispositions plus conunodes, 'en simplifiant quelques obi^ervations, en rendant certains cal- ( 17» ) culs plus faciles. Je crois y être parvenu à l'aide d'idées que j'avais émises autrefois (i), mais sans avoir pu leur assigner alors d'application aussi utile. » Tâchons d'abord de caractériser les méthodes de la géodésie expéditive, ainsi que la nomme M. d'Abbadie. » La géodésie ordinaire se propose un double but : obtenir des éléments d'une haute précision pour la connaissance de la figure mathématique de notre globe, et fournir le canevas rigoureusement exact de la carte civile et militaire d'un grand pays civilisé. La géodésie expéditive de M. d'Abbadie part des résultats acquis par la première science sur la forme et les dimen- sions de la Terre; elle y puise les données nécessaires pour transformer en une grande opéiation d'astronomie, la description mathématique d'un liays inconnu. On conçoit dès lors que les méthodes doivent être diffé- rentes. Les stations successives ne seront plus liées, en général, par des ré- seaux continus de triangles; des signaux naturels devront remplacer les si- gnauxgéodésiquesen charpente érigés à grands frais. On emploiera encore des bases, mais, au heu de les mesurer pied à pied sur le sol, on les mesurera sur le ciel. Imaginez que d'une station quelconque dont la latitude soit bien connue, le voyageur mesure les azimuts de tous les points saillants et bien définis de l'horizon, points qui vont lui servir de signaux naturels. .Suppo- sez ensuite qu'il se transporte en l'un de ces points pris pour seconde station, et que là il opère comme à la première, c'est-à-dire qu'il y observe, et la la- titude du lieu, et les azimuts des objets visibles sur ce nouvel horizon. Evi- demment la seconde station se trouvera déterminée par la première à l'aide de ces mesures essentiellement astronomiques; pour cela il suffira de les combiner avec les éléments connus du sphéroïde terrestre, et alorsl'azimut et les différences de latitude feront connaître la distance. Quant aux signaux naturels observés des deux stations à la fois, leurs positions se déduiront des triangles ainsi formés sur une base commune par le recoupement des rayons visuels. Si l'on continue à descendre ainsi, de proche en proche, du nord vers le sud, il est clair qu'une zone entière de plusieurs lieues de lar- geur et de plusieurs degrés de longueur aura été relevée, et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que la précision de cette zone sera tout à fait indé- pendante de sa longueur. Si les latitudes étaient déterminées à i" ou 2" près, par exemple, l'erreur à craindre sur la longueur totale mesurée dans le ciel n'atteindrait pas une cei'itaine de mètres, que cette longueur fût d'un millier ou d'un million de mètres. En recommençant, au besoin, le même travail (i) Comptes rendu/:, 1846, t. XXIII, p. 872. ( 179 ) sur des zones voisines,convenablement rattachées à la première, on aura cou- vert le pays d'une série continue de lignes brisées dont chaque tronçon aura servi de base à une triangulation secondaire pour les détails. Connaît- • on l'altitude absolue du point de départ, a-t-on relevé en chaque station, outre les azimuts, les angles de hauteur de tous les signaux naturels, on obtiendra, d'une part, le contrôle indispensable pour l'identification de ces divers signaux, et d'autre part, le nivellement continu du pays entier. Enfin, la détermination précise de la longitude d'une de ces stations complète l'œuvre et achevé de fixer la situation du pays sur le globe terrestre. » A peine est-il nécessaire de dire que ces méthodes géodésiques de M. d'Abbadie, les seules qui soient praticables dans les pays non civilisés, ne sauraient être strictement suivies d'un bout à l'autre, et de station en sta- tion. Ici la latitude n'aura pas été déterminée ; ailleurs, et plus fréquemment encore, les stations successives n'auront pu être jointes par l'observation de leurs azimuts réciproques; on verra dans l'ouvrage de M. d'Abbadie com- ment on comble les lacunes (i). Ce qui vient d'élre dit suffit à l'objet que j'ai en vue. Il en résulte que l'ensendjle des opérations comprend une partie astronomique et une paitie terrestre : la première se réduisant essentielle- ment à la détermination de la latitude et de l'heure; la seconde à la mesure des azimuts et des angles de hauteur des signaux naturels. » Vouloir exécuter ces deux parties avec le même instrument, comme en géodésie avec le cercle répétiteur ou le théodolite, c'est simplifier la question en apparence, c'est la compliquer en réalité. M. d'Abbadie et le savant collaborateur, M. R. Radau, qui a revu et rédigé les calculs, ont bien fait voir que le théodolite suffirait à tout par la méthode des azimuts correspondants, puisque théoriquement le théodolile donnerait ainsi à la fois l'heure, la latitude, la direction du méridien et les erreurs de l'instrument; mais, en fait, M. d'Abbadie a dû employer des instruments (i) La méthode des signaux naturels permet de combler les lacunes et de relier géodési- quement les stations successives. On dirait au premier coup d'oeil que des bâtiments, des arbres et des cimes de montagnes dont l'aspect change quand on en fait le tour ne sauraient remplacer des signaux ordinaires en charpente ; mais les résultats mêmes du grand travail que nous avons sous les yeux prouvent que si les objets sont bien choisis et suffisamment éloignés, leur emploi comme signaux n'introduit pas en moyenne une erreur de plus de o' , i ou de 6" dans la longitude conclue. On s'expliquera cet important résultat par le fait que, dans la détermination d'une station à l'aide de la précédente, on peut employer plusieurs signaux à la fois, à droite et à gauche, de telle sorte que les différences d'aspects propres à chacun d'eux jouent le rôle de causes d'erreurs accidentelles et sont dès lors susceptibles de se compenser dans la moyenne. { «80 ) de toute sorte; il n'a exclu que ceux dont le volume et surtout le poids s'opposent à toute tentative de transport. Quant à moi, je ne connais rien déplus difficile et de plus pénible que l'observation astronomique, fonde- ment du travail entier, quand elle est confiée à de tels instruments. « Qu'on se représente eu effet le voyageur muni d'un théodolite quelcon- que ou d un de ces instruuieiits luiiversels que les artistes allemands con- struisent avec tant de supériorité. Il faut le voir installer à grand'peine, sur le terrain choisi, non-seulement le théodolite et son pied, mais encore le ther- momètre et le baromètre; régler les axes de l'instrument, parfois au prix de longues heures de travail; puis, péniblement courbé vers sa lunette, suivre de l'œil l'astre qu'il doit observer et de l'oreille les battements précipités de sou clir.)nomètre. Par un effort épuisant de volonté, il devra tenir ainsi son attention divisée entre les deux sens de l'ouïe et de la vue, toute erreur de l'un étant aussi fatale que l'erreur de l'autre. Supposons l'observation faite, il reste à consulter les niveaux, à tourner autour de l'instrument pour lire avec non moins d'attention et d'elforts les indications des verniers ou des microscopes. Ce n'est pas tout : il faut que l'observateur aille au ihermomè- treet au baromètre avec l'appréhension continuelle de commettre quelque erreur, soit dans l'estime, soit dans l'inscription de tant de cpiantités diverses. Heureux encore si les mille accidents du voyage n'ont pas faussé impercep- tiblement les axes, les vis de rappel, les cercles divisés ou les verniers, brisé les fils du réticule, rempli d'air le baromètre ou vidé les niveaux; si lui- même, en tournant autour de l'instrument, n'en a pas choqué quelque partie, ou si l'action des rayons solaires n'a pas introduit, à son insu, dans ses mesures quelque erreur dont l'esprit de dénigrement ou de rivalité natio- nale ne manquera pas de s'emparer au retour! Je n'ai dépeint jusqu'ici qu'une phase de ces opérations astronomiques; elle doit se répéter deux fois le matin, deux fois le soir, si le ciel le permet, pour obtenir la correspon- dance des azimuts et des hauteurs, et, le soir venu, rien que pour avoir l'heure locale, il faut encore des calculs Irigonométriques, laciles sans doute dans le cabinet, mais insupportables sur le terrain. n C'est à cela que j'ai tenté de parer. » Remarquons d'aljord que si l'heure et la latitude sont exactement con- nues, et fréquemment déterminées, tout devient relativement facile; les azi- muts s'orientent, pour ainsi dire, d'eux-mêmes; la marche des chronomè- tres, dès lors susceptible d'un contrôle rigoureux, peut concourir, dans certains cas, à la détermination des longitudes. A son tour, ce dernier élé- ment, quand il est obtenu astronomi<|uement, est délivré d'une de ses causes d'erreur. Les bases de la caile gagnent donc en précision et en sùrelé, puis- ( '8. ) qu'on évite alors dans tous les sens l'accumnlation possiMe des erreurs : en un mot, une partie fondamentale de la besogne est faite et bien faite. » Est-il possible de déterminer, en quelques minutes, l'heure et la latitude d'une station quelconque à l'aide d'un instrument facile à transporter, sans cercles divisés, sans niveaux délicats et fragiles, sans baromètre, sans ther- momètre, sans calculs toujours si pénibles en voyage, sans avoir à se préoccuper de l'orientation, et cela sans rien sacrifier de la précision, en l'augmentant même jusqu'à atteindre, si l'on veut, celle qu'on exige de la haute géodésie ou des observatoires fixes ? » L'appareil qui résout ce problème est une simple transformation de ma lunette zénithale. Ainsi cpie je le faisais remarquer il y a quinze ans, en n'observant qu'au zénith, la réfraction est mise hors de cause, et avec la réfraction le thermomètre et le baromètre se trouvent éliminés. En se ser- vant d'un bain de mercure bien protégé contre les agitations de l'air et les vibrations du sol, on supprime les niveaux. En employant le micromètre circulaire, inventé, je crois, par La Caille, et dont les astronomes allemands ont tiré un si grand parti, on ramène tout à l'observation du temps, et l'on met de côté les cercles, les verniers, les microscopes et les réticules filaires. Enfin, en adoptant un enregistreur, on supprime jusqu'à l'épuisante conten- tion d'esprit nécessaire pour compter la seconde et en évaluer les subdivi- sions. Ij'instriuiient se compose de deux lunettes horizontalement superpo- sées et fixées sur un support, qu'on l'ègle à l'aide de trois vis à caler et d'un simple niveaii de maçon. Ce sont, en définitive, les deux lunettes d'un théodolite, moins l'appareil com|)liqué des axes, des cercles et des verniers. Chaque objectif est armé d'un prisme réflecteur, de t^lle sorte que les axes optiques des deux lunettes sont redressés verticalement, l'un pointant vers le zénith, tandis que l'autre pointe vers le nadir; mais au moment d'observer le ciel avec la lunette inférieure, on fait pivoter l'objectif libre de la .seconde lunette autour d'un axe vertical, et l'on démasque ainsi le prisme inférieur sans déranger récpiilibre de l'appareil. Les deux limettes sont armées de micromètres circulaires gravés sur des plaques de cristal. )) Pour obtenir la parfaite verticalité de l'axe optique à la sortie au prisme inférieur, on intercale entre les deux prismes séparés par un petit intervalle un bain de mercure monté sur pivot, puis, en se servant de la lunette supérieure à fort grossissement comme d'un collimateur nadiral, on amène l'image réfléchie de son micromètre annulaire à coïncider avec l'image directe, et pour cela on se sert de deux vis de rappel fixées au tube. On fait ensuite pivoter le bain de mercure pour diriger les âeux lunettes C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" S.) ^5 ( '82 ) Pline sur l'autre et l'on fiiit coïncider l'image du micromètre inférieur avec celle du micromètre inférieur. " A ce moment, on note sur l'enregistreur la seconde du chronomètre, et tout est prè|)aré pour l'observation astronomic[ue des petites étoiles qui passeront dans le champ en traversant successivement les circonférences concentriques du micromètre. L'observation terminée, on vérifiera de nouveau la direction de l'axe optique en répétant en sens inverse les (;péra- tioiis précédentes. » Les calculs de l'heure et de la latitude sont d'ime telle simplicité qu'il est impossible d'aller au delà. Ainsi, en désignant par rie rayon d'un des cercles rlu micromètre exprimé en secondes d'arc, par t et t' les instants où l'étoile en a coupé la circonférence par l'effet du mouvement diurne, l'heure du passage de l'étoile au méridien est tlonnée par la demi-somme de ces instants et la distance zénithale z de l'étoile, d'où l'on conclut immé- diatement la latitude du lieu pai- la demi-différence de ces instants, à laide de la formule 4 ' ■> Ainsi toute l'observation se ramène à celle dij temps des passages d'une étoile par les circonférences concentriques du micromètre; mais il reste une difficulté grave qu'il importe de faire disparaître. S'il faut à l'astronome six mois ou un an d'exercice pour appremlre à subdiviser avec sûreté l'intervalle des battements d'une horloge, alors que toutes les commodités imaginables ont été de longue main réunies autour de lui dans les observatoires fixes, comment le voyageur en viendra t-il à bout sur le terrain avec son chrono- mètre qui ne bat que des fractions de seconde, et lorsqu'il ne pourra même pas compter sur le calme parfait d'esprit et de corps sans lequel cette opération mentale, basée sur la coordination délicate de deux sens, ne sau- rait s effectuer? Heureusement il est facile d'y remédier : pour cela il suffit d'abandoiuier l'ancien système de l'observation par l'ouïe et l'oreille, et d'adopter l'enregistrement mécanique du temps à l'aide d'un appareil fort simple que j'avais également indiqué pour un autre objet il y a quatorze ans. L'enregistreur, ayant à peu près les dimensions d'une montre marine, se compose d'un tand)Oiu' à ressort réglé par un régidateur à ailettes et chargé de faire marcher à raison d un tour par inimité un simple disque en cuivre de quelque épaisseur (i). Un pointeur à délente semblable à celui des chronomètres à pointage, mais sans encrier, marquerait d'une trace, (i) On règle la marche de rinslrument en iiclmcttaiit pins ou moins d'air dans la boîte du régulateur. { i83 ) à la moindre pression du doigt, une feuille de carton mince fixée sur le disque. Enfin un engrenage particulier donnerait à ce pointeur un faible mouvement de translation vers le centre du disque d'environ un tiers de mil- limètre par minute. » Maintenant que le système d'enregistrementélectro-niagiiétique a pré- valu dans plusieurs grands observatoires, les astronomes se sont familiarisés avec ses avantages. Je ne crois pas exagérer en disant, d'après l'expérience que j'en ai faite moi même à Greenwich, qu'an bout d'une journée d'exer- cice, le premier venu observera aussi bien avec cet appareil qu'il le ferait aubout d'uneannée entière par l'ancienne méthode. On sait en outre, depuis le travail excellent publié a ce sujet par M. Pape, combien ce nouveau genre d'observation l'emporte en précision sur l'ancien, puisqu'un passage enre- gislré vaut à lui seul de six à flouze passages estimés. A la vérité ce!te supériorité des procédés nouveaux s'applique à l'enregistrement électro- magnétique, mais elle se retrouvera évidemment, toutes proportions gardées, dans le mode d'enregistrement mécanique dont je viens de parler, pour peu que l'appareil soit bien exécuté. » J'ai tâché plus haut de dépeindre les peines et les angoisses de l'obser- vateiu" obligé de se servir en voyage d'un théodolite pour les détermina- tions astronomiques. Voyons donc comment les choses se pa.sseraient avec le nouvel instrument. Le pied de l'instrument serait une simple table ou boîte rectangulaire à hauteur d'appui, à laquelle on donnerait de la stabi- lité en la remplissant de sable ou de jjierres et qu'on placerait au hasard, sur le sol, sans se soucier de lorientation. L observateur serait commodé- ment assis sur une autre boîte ; il n'aurait pas besoin de se lever ni même de se déplacer. Une fois la lunette zénithale réglée, opération qui peut se faire sous un abri en carton qui envelopperait l'instrument entier sauf les deux oculaires, il commencera par noter sur l'ein-egislreur placé sous la main une seconde quelconque du chronomètre, puis il observera les passages successifs de quelques petites étoiles, sans autre souci que celui de presser du doigt un bouton de détente à chaque passage de l'astre par les cercles du micromètre. 11 termine en notant de nouveau une seconde quelconque de son chronomètre, puis, avant de se lever, il vérifie la verticalité de l'axe optique de la lunette inférieure. L'opération est terminée; il enlèvera de l'en- registreur le disque en carton qui porte les empreintes, et il |ionrra l'expé- dier en Europe après y avoir inscrit les deux heures notées de son chrono- mètre au commencement et à la fin, ainsi que la position de l'étoile, ai: nord ou au sud du zénith, car c'est là tout ce dont on a besoin pour cal- aS., ( '84) ciller l'observation, retrouver dans les catalogues ou dans le ciel les étoiles observées et déterminer l'heure et la latitude de la station. » Le voyageur veut-il connaître lui-même ces éléments d'une manière très-approchée, ce qui est le cas habituel? il n'aura qu'à appliquer sur le carton pointé un transparent en corne ou en verre, divisé en 60 parties égales, pour lire les heures des passages des étoiles par le micromètre circu- laire, lien déduira aussitôt, par les simples calculs que nous indiquions tout à l'heure, leurs différences d'ascension droite et de déclinaison, et à l'aide de ces différences il trouvera aisément les positions moyennes des astres observés dans un catalogue de petites étoiles, qu'il aura eu soin de former à l'avance pour la contrée, et qu'il aura placé dans ses bagages. Puis les éphémérides lui donneront, par l'étoile fondamentale la plus voisine, l'effet des petites corrections d'aberration, de précession et de nutation qu'il faut appliquer à cette position moyenne. Il arrivera donc au but par les plus simples opérations de l'arithmétique, sans avoir à faire des cal- culs fastidieux au milieu desdifficultés et des périls d'un voyage lointain. » Je ne connais qu'une seule objection contre ce système: on admet en principe, dans les arts de précision, que pour donner à une ligne droite une direction invariable, il faut en mettre les appuis à la plus grande dis- tance possible. Ainsi un prisme aurait des dimensions trop exiguës pour assurer l'invariabilité désirée. L'argument est en soi incontestable, mais il faut distinguer. » S'agit-il d'une invariabilité de longue durée, telle qu'on la réclame dans les observatoires permanents où l'on ne détermine les erreurs instru- mentales qu'à de longs intervalles (autrefois on restait des semaines en- tières sans les vérifier), alors il ne faudrait pas s'écarter de cette règle; les prismes ne vaudraient rien. S'agit-il au contraire d'un système d'observa- tions où tout s'achève en quelques minutes, alors l'objection tombe d'elle- même, car on ne voit aucune raison pour qu'un prisme reposant par sa base sur un appui solide, à l'abri de tout choc, de tout déplacement, de toute variation rapide de température, change brusquement de position. Nous tiendrons donc compte de tous les scrupules en posant comme règle que la direction de la lunette devra être vérifiée avant et après chaque série d'ob- servations, ou même, selon les cas, avant et après chaque observation indi- viduelle. » Mentionnons encore quelques-uns des avantages propres au nouveau système. On sait combien la moindre erreur démise au point est nuisible dans les mesures opérées à l'aide des lunettes. Dans notre appareil, ces er- reurs sont iinjxjssibles, car elles seraient doublées par la réflexion sur un bain ( >85 ) de mercure. L'action trop peu appréciée des rayons solaires joue uu rôle redoutable dans les observations à l'air libre : à l'époque où je m'occupais de grands nivellements dans les landes de Bordeaux, j'avais été forcé, pour obtenir la précision nécessaire à mes travaux, d'abriter constamni«Mit mon niveau-cercle des rayons du soleil. Toute mesure effectuée sous les rayons du soleil était affectée plus ou moins par la dilatation irrégulière de l'instru- ment, fait que j'ai eu occasion de vérifier de la manière la plus frappante à l'Observatoire de Paris etqueBessel avait d'ailleurs nus en pleine évidence. Cette cause d'erreur n'existe point dans le nouvel instrument. On peut même l'abriter contre les effets beaucoup moins sensibles et moins prompts du rayonnement nocturne. Il en est de même des erreurs dues à la disposi- tion particulière que l'air prend souvent dans les tuyaux des lunettes. Enfin l'enregistreur ne servira pas seulement pour l'heure et la latitude; il rendra encore les services les plus appréciables jjour la comparaison des chronomètres, la mesure des bases par la vitesse du son, la détermi- nation de l'origine des azimuts, et celle des longitudes par l'occultation des très-petites étoiles, méthode proposée, je crois, par le P. Inghnauu et appliquée pour la première fois par M. d'Abbadie, en Afrique, avec lui succès auquel j'ai déjà eu occasion de rendre hommage, il y a quelques an- nées, dans un Rapport académique (i). » Quand un principe est bon, il est ordinairement susceptible de plus d'une application. En augmentant les dimensions de cet appareil de voyage, on en ferait un excellent instrument de géodésie avec lequel on pourrait entreprendre, comme je l'avais demandé autrefois, la vérification de toutes les latitudes et même de toutes les longitudes du réseau de notre pays (2); on déterminerait l'attraction d'une montagne aussi bien de Testa l'ouest que du sud au nord; enfin on poursuivrait pied à pied pour ainsi dire les ano- îualies de la verticale partout où elles auront été constatées (3 . » Pour les grands observatoires fixes, rien n'empêcherait de donner à cet instrument des dimensions colossales de 10, 20, 3o mètres et au delà, car le tuyau ne compte ici pour rien, non plus que la difficulté mécanique de mettre en mouvement une très-longue lunette. T^es objectifs et le bain de mercure seraient placés sur un pilier, les réticules et les oculaires sur un autre pilier; entre ces deux piliers un simple tube de toile noirci à l'inté- rieur et convenablement abrité ferait fonction de tuyau commun aux deux (i) Comptes rendus, i854, t. XXXVIII, p. 857. (2) Comptes rendus, i852, t. XXXV, p. 820, et t. XXXVI, p laS, 269, 3og, SSp. (3) 11 convient de rappeler ici l'ingénieuse modification que M. Porto a apportée dans ce but à ma lunette zénithale, ainsi que le Rrflex-zenith-tube de M. Airy. ( '86) lunettes. Si l'on employait de grands objectifs, on en serait quitte pour remplacer les prismes par des miroirs. » Mais revenons à la géodésie expéditive. Je n'ai voulu m'occuper, comme on le voit, que de la partie purement astronomique; quant aux opérations terrestres, je n'ai pas la prétention de rien ajouter au système d'instruments que notre savant Correspondant, M. d'Abbadie, a combiné depuis long- temps dans sa pensée afin de satisfaire aux conditions dont sa longue et dure expérience lui a révélé la nécessité. C'est à lui de faire connaître ses vues a ce sujet. Qu'il me soit permis de m'applaudir, en terminant, d'avoir trouvé dans des idées déjà anciennes l'occasion de rendre un faible bom- mage à ces immenses travaux. « Des œuvres de cette taille », disait naguère lui savant critique, en appréciant la Géodésie de In liaute Etlnopie dans les Nouvelles Annales des Voyages, sont des monuments gigantesques et impé- rissables que s'érigent leurs auteurs: cela est parfaitement vrai, et l'on peut ajouter que de tels monuments sont également érigés à Ibonneur de la science et à la gloire de notre pays. » PHYSIOLOGIE. — iSole sur le développement des os en lomjueur ; par 31. Flourens. « Dans un Mémoire sur le développement des os en longueur, lu a l'Aca- démie, séance du 7 novembre 1842, je m'exprimais ainsi (1) : « J'ai pratiqué sur le tibia de plusieurs lapins deux trous. )i L'intervalle entre ces deux trous a été mesuré très-exactement. " Et, en même temps que je perçais ainsi le tibia d'un côté de deux trous. » j'amputais le tibia du côté opposé, et je le conservais pour que, lorsqîie » le moment en serait venu, il put me servir de terme de comparaison. » La pièce n" a de !a '^'^ série des pièces que je présente, est le tibia » gauche d'un lapin. » Ce tibia a été détaché du cor])S par amputation le jour même où l'on » pratiquait deux trous, à intervalle exactement mesuré, sur le tibia droit. « I^a pièce n" 1 est le tibia droit. Vers le milieu de l'os se voient les deux » trous dont je parle et les petits clous d'argent que j'y avais enfoncés. » 1.,'animal a survécu vingt-huit jours à l'expérience. 1) Or, quand l'exjjérience a été faite, il y avait entre les deux trous )• 22 millimètres de distance; et, au moment où l'animal a été tué, il » n'y avait entre les deux trous que au millimètres de distance. (1) Comptes rendus, t. XV, p. 88). ( i87 ) » L'intervalle entre ies deux trous était donc resté le même. >' Et cependant l'animal s'était sensiblement accru; le tibia, en particu- » lier, s'était allongé de 12 millimètres. » Le tibia n" 2 offre la longueur an moment de l'expérience; cette lon- >. guenr est de 68 millimètres. » Le tibia n" i offre la longueur a la fin de rexpénence. Cette lon- » guenr est de 80 millimètres. » La pièce n° 4 est le tibia gauche d'un lapin. Ce tibia a été amputé le » jour même où l'on a pratiqué deux trous sur le tibia droit. » La pièce n° 3 est le tibia droit. Vers le milieu de l'os sont les deux n trous et les clous d'argent enfoncés dans ces trous. " L'animal a survécu cinquante-trois jours à l'expérience. Au bout de ce M temps, le tibia soumis à l'expérience, comparé an tibia amputé, se trouve )' à peu près d'un tiers plus long. » Le tibia amputé au moment de l'expérience a 6,3 millimètres de lon- » gueur. » Le tibia conservé a, à la fin de l'expérience, 94 millimètres. » L'intervalle entre les deux trous était de 20 millimètres, au commence- n ment de l'expérience; il est, à la fin de l'expéntuce, de 20 millimètres. » La pièce n" 6 est le tibia gauche d'un lapin , le tibia amputé au mo- » ment de l'expérience. » La pièce n° 5 est le tibia droit du même lapin, le tibia soiunis à l'ex- » périence. » L'animal a survécu quatre-vingt-sept jouis à lexpépience. 11 Le tibia amputé au moment de l'expérience a 66 millimètres de lon- >> gneur. » Le tibia conservé a, à la fin de l'expérience, io4 millimètres de lou- " gueur. » La différence de longueur entre les deux tibias est donc de 38 milli- » mètres, c'est-à-dire de plus d'un tiers. » Et cependant l'intervalle entre les deux trous qui, au connneiicemeni » de rexpérience, était de 20 millimètres, est de 20 millimètres a la fin de » l'expérience. » Les expériences mécaniques parlent donc encore ici comme les expé- » riences par la garance. Quand on pratique deux trons sur un os, et ') qu'on laisse l'animal survivre pendant un certain temps à l'expérience, » l'intervalle entre ces deux Irons reste le même et cependant l'os s'allonge. » L'os ne s'allonge donc que par ses extrémités; il ne croit en longneiir " que pai- couches terminales et juxtaposées. » ( i88 ) » Je remets aujourd'hui quelques-unes de ces pièces (qui datent de bientôt vingt ans) sous les yeux de l'Académie. >> On remarquera que toutes ces expériences avaient été faites sur des tibias. Aussi en concluais-je que, dans toutes, « l'os s'était un peu plus » accru par en haut que par en bas (i). » » Un expérimentateur très-habile, M. Ollier, vient de répéter mes expé- riences et les a trouvées de tout point exactes. >• Il en a, de plus, ajouté une. Il a fait, sur chacun des os des deux membres, ce que je n'avais fait que sur l'un d'eux, et il a trouvé que cha- cun de ces os avait son sur/jlus d accroissement distinct, les uns s'accroissant phis par en haut et les autres plus par en bas. » Cette différence de crue, soit dans l'une, soit dans l'autre des deux extrémités, marque, dans chaque os, celle des deux qui sera la plus prompte ou la plus lente à terminer son accroissement, et se lie ainsi à ime cause très-générale, très-élevée, et dont j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'entretenir l'Académie : je veux parler du rôle que jouent les épiphyses dans l'accroissement des os en longueur. Tant que l'os n'est point soudé avec ses épiphyses, il croit; une fois la soudure faite, il ne croît plus. » Or cette soudure a son époque marquée, non-seulement pour chaque os, mais pour chaque bout, pour chaque extrémité de chaque os. » Tous ceux qui se sont occupés d'auatomie humaine savent, et savent depuis longtemps, que sur le fémur c'est la soudure supérieure qui se fait la première, que sur l'humérus c'est au contraire l'inférieure; que sur le i-adius et le cubitus c'est la supérieure, et que sur le tibia el le péroné c'est au contraire l'inférieure. » Je renvoie sur tous ces points à l'ouvrage de M. Cruveilhier, ouvrage fondamental en auatomie humaine. » Or le fait observé sur l'homme n'est pas un fait particulier, c'est un fait général. Je l'ai vérifié sur les singes, sur le lapin, sur le porc, sur le chien, sur le chacal, sur le cochon d'Inde, sur le cheval, sur l'âne, sur le bœuf, sin- l'éléphant, sur le buffle, sur la girafe, sur l'élan, sur l'ours, la loutre, le chat, le chati, le tigre, la genette, lagouti, le phoque, le phasco- lome, etc. » Chaque os, chaque extrémité d'os a donc son époque marquée de sou- dure et de fin de crue. On conçoit dès lors très-facilement les faits, d'ail- leurs si bien observés par M. Ollier. Le tibia a dû croître plus par en haut que par en bas, puisque son extrémité inférieure est la première qui se (i) Voyez mon livre intitulé : T/icoric expérimentait' de la formation des os, p. 20. ( <89) soucie, c'est-à-dire qui cesse de croître. Le fémur a dû croître au contraire plus par en bas que par en haut, puisque c'est son extrémité supérieure qui se soude la première, et ainsi de tous les autres os : chacun a moins crû par celle de ses extrémités qui se soude la première el plus par celle qui se soude la dernière. » Mais je ne me suis pas arrêté là. J'ai voulu suivre, par des expériences directes, les rapports des os avec leurs épiphyses. » Pour cela, j'ai mis deux clous, l'un sur le corps de l'os, sur la dia- physe, et l'autre sur répi|)hyse. Les clous, que tout à l'heure je mettais sur le corps de l'os, ne bougeaient pas, ne s'écartaient pas. Ceux-ci, au con- traire, s'écartaient et s'éloignaient sans cesse l'un de l'autre, tant que la soudure de l'os avec l'épiphyse n'était pas faite, et, la soudure faite, ils ne s'écartaient plus. » Je présente de nouveau à l'Académie quelques-unes des pièces relatives à ce second point de vue. « Sur l'os n" a, on amis ou voulu mettre un clou dans chaque épiphjse. » Par erreur le clou i a été mis non dans l'épiphyse, mais dans le fîbro- » cartilage qui sépare Vépiphyse de la diaphjse; il était là à 4 millimètres M du clou a, et il est resté à 4 millimètres du clou 2. » Au contraire le clou 8 avait été bien mis dans Vépiphyse; et ce clou, » qui n'était d'abord qu'à 4 millimètres du clou 7, en est maintenant à » 17 millimètres. » Sur l'os n° 3 , les deux clous 1 et 8 ont été bien mis dans les épiphyses : » aussi le clou i, qui d'abord n'était qu'à 4 millimètre, du clou 2, en est « maintenant à aS millimètres; et le clou 8, qui n'était qu'à 4 millimètres )> du clou 7, en est à 14. » L'os ne s'étend pas, et voilà pourquoi les clous mis dans l'os ne s'éloi- » gnent pas l'un de l'autre; mais entre l'os et Vépiphyse, il s'interpose sans » cesse de nouvelles couches (tant que l'os croît), et voilà pourquoi l'épi- » physe s'éloigne sans cesse de la partie moyenne de l'os (tant que l'os » croît (i). » GÉOMÉTRll!;. — Sur le déplacement d'une figure de forme invariable dans l'espace; par M. Çiiasles. (Suite.) Corps-milieu relatif à cleujc corps égaux. « 104. Les milieux des cordes AA', BB',... qui joignent les points homo- (l) Théorie expérimentale de la formation des os, \t. 2g, C. R., 1860, \"Semeilre. (T. LU. N» S. ) 2^ ( '9f> ) loguKS lies deux corps V, V forment un troisième corps que nous appelle- rons cor/is-z/NV/e/i relatilaux deux corps égaux V, V. » Ce coips-imlitii (Sl hoinogrnpliiqtie à chacun des dcuA (orjji, V, \ '. » lO.'i. On /jeul (tonner nu corps-milieu relatif à deux (orps é(/fiux Y, Y', (/// uunwenicnl iiifiniincnl petit lc(ptel ses points a, 1),... duioiit leurs tniiertoires diriijées suivuul les cordes AA', HB',.- dont ces points sont les uiilieux ; " Vdxe de rolation (pu (/lisse sur lui-uième, dans ce mouvement infiuiuienl petit, est l'axe central connitun aux deux corps V, V ; » Et le rapport entre ta rotation 'jo autour de (et axe et su Iraiislution h est w tang-U h ~ Ie 2 = £.tang-î-U et De sorte qu'on a £ itanl luie constante infiniment petite prise arbitrairement. • ÎOG. L'élément aa' (pie décrit, dans le mouvement inpniment petit, cliaqiu point a du (orps-inilieu, est à la deini-(y)rde aA ( = '■ — | dans te rapport constant £. » Ainsi an' ou Il résulte de là, d'après l'expression de AA' (77), que AA' £. <7A = £. 2 oa' It AA' ~ E an' = -^i//-^.tane'- U -(- -^ ; If» 2 4 E 2 r étant la distance de la corde A A' à l'axe central. » 107. l,a notion de cv ( orps-milieù qui peut, prendre un mouvement ui- finiuient pclit dans leq;u'l ses trajectoires sont diriijées suivant les cordes dont l<'s points de (c i orjis sont les milieux, conduit à de nombreuses ( 191 ) propriétés refatives au déplacement hni d'un corps dans l'espace; ces propriétés se concluent de celles du «léplacement infiniment petit, question plus facile à traiter. •> 108. Soient deux droites homologues L, L' et leur (hoite-milleu A ; les plans menés par les différents points de cette droite A normalement aux cordes qui ont leurs milieux en ces points, passent fous par une même droite X(i6j. » Celle droite 1 et la droile-inilieu A sont deux axes conjugués de rotation dans le mouvement infinimenl du corps-milieu. » 109. Il résidte de là que : » Si la droite X est regardée comme droite-milieu de deux droites homolo- gues \, \'j les plans menés par ses différents points normalement aux cordes gui ont leurs milieux en ces points, passeront tous par In droite A- » 110. Jinsi les deux droites A et )., que l'on a à considérer dans le dépla- cement fini d'un corps, jouissent de propriétés réciproques. » Nous reviendrons plus loin (122 et suiv.) sur les propriétés auxquelles ces deux droites donnent lieu. » 111. Dans un plan donné II se trouvent deux droites homologues L, L' et un point F autour duquel on peut faire tourner une des droites pour l'amener sur l'autre. Ce point F est le foyer du plan ( i9). 1) Si l'on considère le plan II comme yg/an-mi/iew relatif à deux plans ho- mologues P, P', le point F ser'a le foyer de ce plan dans le mouvement infmi- ment petit que peut prendre le corps-milieu (i). » 112. Les droites homologues L, L' situées dans le plan II sont les intersections de ce plan par les deux plans homologues P, P' (50). » La caractéristique (/u p/an îl dans le mouvement infiniment petit [-2. , est la droite-milieu A des deux droites L, L'. » 115. La perpendiculaire abaissée du foyer du plan II sur cette droite- milieu passe par le point de concours des deux droites L, L'. Or si l'on considère le mouvement infiniment petit, cette perpendiculaire passe par l'axe central de rotation. Donc, en général, » La droite qui joint le foyer d'un plan au point de concours des deux droites homologues situées dans ce plan, rencontre l'axe central et lui est perpendiculaire. (1) Propriétés géométriques rehaives au mouvement infiniment petit d'un corps solide libre dansVespncc. (Voir Comptes rendus, t. XVI, p. 1420, année i843.) (2) Ibid. 26.. ( 192 ) » 114. Tons les plans II menés par une droite donnée D ont leurs fojers siii une tnénie droite. » 115. Les droites homologues situées dans chacun de ces plans forment deux hyperboloïdes; et leur point dintci section décrit imc courbe à double cour- bure du troisième ordre. » 116. Les points ou ces droites sont rencontrées par leur droite-niilieu dé- crivent aussi deux courbes à double courbure du troisième onlre. 1) 117. Tous les plans menés par un même point O ont leurs fir^ers sur un même plan; ce plan passe par ce point O et est perpendiculaire à la corde dont ce point est le milieu. » 118. Quand la corde qui a son milieu en un point d'une droite donnée D est perpendiculaire à cette droite, toutes les autres cordes qui ont leurs milieux en d'autres points de la droite sont aussi perpendiculaires à celte droite. Propriétés relatives au système de deux rotations conjuguées. » 119. Le déplacement cl'iin corps V que Ton veut transportor en V. peut se faire, comme nous l'avons vu (68), par deux rotations successives au- tour de deux droites différentes X et L, dont une est prise arbitrairement. La première rotation (autour de X) amène la droite L du corps sur son ho- mologue L', c'est-à-dire dans sa position définitive; et la seconde rota- tion qui se fait autour de cette droite L ainsi placée en L', fait coïncider les deux corps. » Ce sont les rotations autour de ces deux droites X et L, que nous appe- lons rotations conjuguées., et ces deux droites seront dites axes conjugués de rotation. » 120. Voici comment on détermine une de ces droites quand l'autre est donnée : » i" Si la droite L est donnée , ainsi que son homologue L' sur laquelle on doit l'amener, soit A leur droite-milieu : les plans menés par les points de cette droite normalement aux cordes A A', BB', qui ont leurs milieux en ces points, passent tous par une même droite X qui est la droite cherchée. i) 2" Si c'est la droite X qui est donnée, on mène par deux de ses points les plans normaux aux cordes qui ont leurs milieux en ces points; la droite d'inter-section de ces plans est la droite-milieu A des deux droites \j, L'. Celles-ci seront donc déterminées. « Cela résulte de la considération du corps-milieu relatif aux deux corps V, V cl du mouvement infiniment petit cpie l'on peut donner à ce corps. ( 193 ) comme il a été dit (105). Dans ce mouvement infiniment petit les deux droi- tes X et A sont deux axes conjugués de rotation (120). » 121. La projection orthogonale de la droite qui mesure In plus courte distance des deux axes conjugués L et X sur l'axe central, est de grandeur constante et égale ci la demi-translation de cet axe sur lui-même. » 122. Si l'une des deux droites conjuguées A, X tourne autour d'uir point fixe, l'autre se meut dans le plan normal à la trajectoire de ce plan. [Comptes rendus, t. XVI, p. i^i'i.) » On en conclut que: » Si l'un des axes conjugués L e( X tourne autour d'un point fixe, l'autre reste dans un même pUm. .) 123. La droite qui mesure la plus courte distance entre la droite X et la droite-milieu A relative aux deux L et L', rencontre [axe. central X et lui est perpendiculaire. » 124. L'une des deux droites X et A étant prise arbitrairement, l'autre est déterminée déposition au moyen des deux relations 1e Ie I , tang(A,X) I , tan2(>, X) dans lesquelles R et r sont les distances des deux droites A et X à l'axe central. » 123. Expression des projections orthogonales des cordes AA', BB', . . . qui joignent les points homologues de deux droites L, L' sur la droite-milieu A : AA'.cos(AA',A) = 2rRtang^U.sin(A,X)+^Ecos(A,X)l. » I2G. Expjvssion de la rotation O autour de la droite X, nécessaire pour placer la droite L sur son homologue L', tang-O ^E.tangiu r.lang-U.sin (i, X) + -E cos (>, X) r est la plus courte distance de la droite X à l'axe central X. » i27. Le dénominateur du second membre exprime !.i projection or- thogonale sur la droite X, des cordes qui ont leurs milieux sur cette • h'oife (123). Par conséquent, on peut diic que : ( 194 ) » La tangente de la demi-rotation autour d'une droite, midtipliée par la pro- jection ortlior/onale sur cette droite, d'une corde ayant son milieu en un point de In droite, donne un produit constant, égal à E . tang - U. B 128. Relations entre les deux rotations O elQ. autour de deux droites X et L par lesquelles on effectue le déplacement d'un corps : cos- U = cosO cosfi — sin O sin fl sin (ï., L), 2 et sin -U.sin (X, XA) = sin -Osin - û sin (X, L). (X, XA) désigne l'angle qu'un plan parallèle aux deux axes de rotation fait avec l'axe central X. » 120. Le sinus de cet angle est égal au cosinus de l'angle que la droite qui mesure la plus courte distance des deux axes de rotation fait avec l'axe central. Soit n cette droite. Sa projection par l'axe X est égale à - E (121.) On a donc n.sin(X,XA) = -E, et l'équation précédente devient - E.sin-U = 71. sin (X, Ll.sin - O sin -ii. 2 2 ^ ' ' 2 2 Elle exprime que : M Le jnoduit des sinus des demi- rotations autour de deux axes conjugués multiplié par le sinus de l'angle de ces deux axes et par leur plus courte distance, forme un produit constant (i). )) 130. Par conséquent : » Si l'on porte sur deux axes de rotation conjugués, tels (pie L et X, des lignes proportionnelles aux sinus des demi-rotations autour de ces axes, le tétraèdre construit sur (es lignes aura son volume conslcml. (i) M. Rodiigues a démontre ce thcorùine, ainsi que la composition de deux rotations finies autour de deux axes concourants (G!), dans son Mémoire intitulé ; Des lois géomé- triques qui régissent les déplacements d'un système solide dans l'espiiee, et de la variation des coordonnées provenant de ees déplacements. (Voir Journal de Mathématiques, t. V, année i84o, p. Sgo.) ( '9^ ) Piiiptictès diverses, relatives aux cordes qui joignent les points lininologaes, et aux droites d'intersection des plans liomologucs. » 131. Il résulte de la seconde |>;u'tie du théorème (67) que : M Si par un poinlfixe O on mène des droites Oa, Oh, . . . éi/ates el parciUèles à toutes les cordes AA', BB'. . . qui joicjnenl deux à deux les points lioinoloijues des deux corps, les extrémités de cei cordes sont sur un même plan perpendicu- laire à l'axe central commun aux deux corps. » Et si l'on ne considère que les cordes qui joignent les points homo- logues de deux droites homologues, les extrémités des droites O.i, Oh,. . . sont sur une même droite. » 152. Quand deux plans tiomoloc/ues lournenl autour de deux points fixes, leur droite d' intersection, qui csl toujours une corde (70), a ses extrémités sui deux SUI faces du troisième ordre. » 555. Par chacune des droites qui joignent les points homologues de deux plans homologues, passent deux plans homologues (7/)); » Ces pians sont l'ingents à deux surfaces de la troisième dusse, c'est— à-dire à deux siu'faces à chacune desc[uellos on peut mener trois plans tangents par une même droite. « 134. Quand des cordes AA', BB', . . . s'appuient su>- une dioite donnée D, les points A, B . . . ef A', B', . . . qu elles joignent deux à deux, sont situés sur deux ttyperholoïdes à une nappe, qui ont un point commun situé a l infini stir Idxe central. » l3o. Cas particulier. La droite D est à l'infini : « Quand des cordes sont parallèles à un même plan, leurs extrémités sont les points de deux plans homologues parallèles à iaxe central. » 136. Les points dun plan du premier corps tels, que les cordes qui les unissent à leurs homologues dans le deuxième corps s appuient sur une même dioite doimée, sont situés sur une conique ; » Et ces cordes forment une surface réglée du quatrième ordre ( 58 ). » 137. Le lieu des points du premier corps tels, que les droites qui les unis- sent à leurs homologues s'appuient sur deux droites données dans l'espace, sont surune courbe à double courbure du quatrième ofdie, à laquelle on peut mener huit plans tangents par une même droite ; » Celte courbe a une as/mptote parallèle à taxe central; » Et les droites qui joicjnent les points de cette courbe a leurs homobKiues dans le seoiid corps forment une surface réi/lée du septième ordre. » 158. Les plans du premier corps qui rencontrent leurs liomolo(/ucs suivimi ( 'qG) des dtoiles qui s'nppiiienlsur une droite donnéeU , sont tons tangents à un para- holonlc li^'perbolitpie. a Ce paraboloide passe pur lu droite L' et par la droite J^ qui est, dans le pre- luier (orj)s, l'Iioinoloijue de L' eonsidérée comme appartenant au second corps. » 159. Si autour de deux points homologues on fait tourner deux plans ho- mologues de manière que leur droite d'intersection s'appuie sur une droite I/, ces pl/ins enveloppent deux cônes du second ordre. Il 140. Quand des plans du premier corps rencontrent leurs homologues suiv:int des droites qui s'appuient sur deux droites fixes données' ces plans enve- loppent une développable du huitième ordre et de la quatrième classe (c'est-à- dire à laquelle on peut mener quatre plans tangents par un même point). » Cette développable a tin plan tangent « l'infini; » Et les droites suivant lesquelles les plans du premier corps rencontrent leurs homologues forment une surface réglée du septième ordre. » 14-1 . Les cordes qui joignent les points homologues de deux courbes égales, d'ordre m, à double courbure, placées d'une manié) e quelconque dans f espace, forment une surface réglée de l'ordre -im qui a m génératrices (réelles ou ima- ginaires) situées à iinfmi. » Les parallèles aux génératrices de cette surface, menées par un même point, forment un cône d'ordre m. » Si les deux courbes d'ordre m ont un point commun, c'est-à-dire un point qui, considéré comme appartenant à la première, est Ini-méme son homologue dans la seconde, la surface réglée est de tordre 2 m — i . » ii*2. On conclut de là que : 1) Quand une courbe à double courbure d'ordre m éprouve un mouvement infiniment petit dans l'espace, Ls trajectoires de ses points sont dirigées suivant les génératrices d'une surface réglée de l'ordre 2 m, et sont parallèles aux arêtes d un cône d'ordre m. » Et si le mouvement de la courbe est une simple rotation autour d'im de ses]>oints, la surface réglée est de l'ordre 2m — i. » 145. Quand deux surfaces dévcloppables de la classe m [c est-à-dire, (jui admettent m plans tangents passant par un même point) sont placées d'une ma- nière quelconque dans l'espace, les droites d intersection de leurs plans tangents homologues forment une surface réglée d'ordre 2 m; 1) Et ces droites sont parallèles aux arêtes d'un cône qui est aussi d'oi'dre 2 m. » Si les deux développables ont un plan commun, c'est-à-dire un plan qui, considéré comme appartenant à la première, est lui-même son homo- logue dans la seconde, la surface réglée est de l'ordre 2 m — J . '. 197 ) » t ii. On conclut de là que : » Quand une développable de la classe m éprouve un mouvement infiniment petit, les caractéristiques de tous ces plans tangents (i) forment une surface ré- glée d'ordre 2 m ; " Et ces droites sont parallèles aux aréles dun cône (jui est aussi d ordre 2 m. » 1 io. Des cordes qui joignent les points homologues de deux plans homo- logues, il rij en a qu'une qui se trouve située dans un plan donné. » 146. Des droites d'intersection de deux plans homologues tournant autour de deux pointS'homologues, il n'y en a qu'une qui passe par un point donné. « BOTANIQUE. — Huitième Centurie déplantes cellulaires nouvelles^ tant indigènes qu'exotiques ; par M . C. Moxtagxe. En présentant ce travail, l'auteur s'exprime en ces termes : " J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie de ma huitième cen- turie de plantes cellulaires, dont les différentes décades ont été insérées en lein- temps dans les Annales des Sciences naturelles. » Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, je n'en dirni que peu de mots, et seulement pour fixer l'attention des cryptogamistes sur certains points qui peuvent les intéresser plus spécialement. » De même que dans ma septième centurie, j'avais fait connaître par une diagnose assez étendue les Hépatiques et les Champignons nouveaux, au nombre de plus de soixante, i-ecueillis par M. Weddell dans sa course à ti-avers l'empire brésilien ; de même dans cette huitième centurie, j'ai pris à tâche de signaler une douzaine d'Algues trouvées par le même botaniste dans les lacs et les ruisseaux de la chaîne des Andes péruviennes à une alti- tude remarquable de près de 5, 000 mètres, c'est-à-dire à une hauteur à peu près égale à celle du mont Blanc. La description de toutes ces plantes est réservée soit pour la Cldoris andina, en cours de publication, soit pour le Sertum Brasiliense. , >' Après une autre série d'Algues et d'Hépatiques d'origine fort diverse, j'ai eu à soumettre à l'analyse microscopique une centaine d'Hypoxylées ou Pyrénomycètes que j'avais reçues de feu mon confrère le docteur Wallroth, deNordhausen. Ces champignons signalés, en )83i-i833, dans le Compe/i- dium Florœ cijptogamicœ Germaniœ parleurs seuls caractères de végétation, exigeaient encore, pour être parfaitement connus, qu'on les scrutât intus et in cute, afin d'exposer au grand jour la structure de leur nucléus, ou les (i) Voir Comptes rendus, t. XVI, p. 1420. C. R., 1861, i<:r Semestre. (T. LU, N" o.) ( '98 ) organes de la frtictificafioii dont on ne tenait nul compte, il y a une tren- taine d'années. C'est ce que j'ai fait dans les sixième et septième décades. » Enfin j'ai passé en revue plusieurs eaux thermales de la France et de l'étranger, pour y rechercher et y constater la présence des Algues infé- rieures qui les habitent et quelquefois les caractérisent par leur seule pré- sence. C'est ainsi qne celles de Vichy le sont par les Ulolhrix et Naviculct inchiensis[i), et celles de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme), quoique analogues aux précédentes par la couqiosilion chimique et les vertus médicales, le sont par deux espèces différentes : V Àmpliora vitrea et VOscillaria nccla- riensis Montg. » J'ai donc eu à examiner successivement les eaux et les boues d.e Saint- \mand, communiquées par M. Davaine; celles de Vittel, par M. Boulou- mié; celles de Bagnères de Luchon, par iM. Cazin; celles de Luxeuil, par M. Chapelain; celles d'Ems,j)ar M. le docteur Becquerel ; celles de Valdien (Vaudier, en Piéiriont), par M. Garelli, et celles de Saint-Nectaire, par M. Basset. )) Les Algues ou les Mycophycées qui habitent ces différentes eaux, ont été décrites dans les décades huit et neuf de cette centurie, et celles trouvées dans la dernière localité, et qui sont propres à l'établissement, l'ont été dans une brochure de M. le docteur Basset, dont j'ai également l'honneur d'of- frir un exemplaire à l'Académie. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. KCONOMIF. RURALti. — Noie sur l' observation microscopùiue des (jaunes de vers à soie avant el pemldiil l'incubation; par MM.. Lallemaxd f^ Sikodot. (Commissaires, MM. Quatrefages, Peligot, Decaisue.) (c Le- professeur Cornalia de Milan a publié tout récemment un aperçu sui In maladie des vers à soie, dans lequel il indique un moyen pratique de décider à l'avance si les graines doivent donner naissance à des vers sains ou malades. Ce jirocédé consiste essentiellement dans l'observation mi- croscopi{[ue des graines après une incidjalion plus ou moins prolongée, ou même des jeunes vers après l'éclosion. Cette méthode préventive a vivement excité l'intérêt des éducateurs du Midi, qui, forcés de s'approvisionner de graines provenant des pays non infectés par l'épidémie, n ont aucun moyen de contrôler leur origine, et sont souvent victimes de fraudes commerciales. Ce procédé d'investigation exigeant un fort grossissement et par suite une (i) Foir leur description dans mon Svttogr, p. 46i et 4^ ■ • ( '99 ) certaine habitude du microscope, quelques éducateurs du Midi nous ont envoyé des échantillons de graines de diverses provenances, avec prière de vérifier les assertions de M. Cornalia. » Cette étude nous a conduits à des résultats assez nets pour qu'il nous ait paru utile de les publier, et nous demandons à l'Académie la permission de les lui exposer. » D'après lesindications du micrographe italien, il suffit d'écraser quelques graines incubées entre deux lames de verre et.au sein d'une goutte d'eau ; d'observer ensuite à un grossissement de 5oo à 600 diamètres la pulpe gri- sâtre qui s'en échappe : au milieu de gouttelettes ou globules arrondis qui couvrent le champ du microscope, on constate la présence ou l'absence de corpuscules elliptiques d'apparence celluleuse, que M. Cornalia appelle corpuscules oscillants, probablement parce qu'ils sont doués du mouvement Brownien, commun du reste à toutes les particules très-ténues en suspen- sion dans un liquide. La présence de ces particules ovoïdes serait l'indice de graines déjà infectées et devant donner naissance à des vers malades. Dans le cas contraire, les graines produiraient des vers sains. » Les expériences nombreuses que nous avons faites pendant le mois de janvier nous ont montré que ces corpuscules allongés ont une densité su- périeure à celle de toutes les autres matières en suspension dans l'eau, et résident toujours dans la couche inférieure : c'est là seulement qu'on les observe. On les rechercherait vainement dans les couches moyenne et su- périeuro. Il arrive souvent que les granulations arrondies échappées des cellules organiques sont tellement abondantes, cju'elles masquent la pré- sence des corpuscules ovales. Il est alors avantageux d'introduire entre les deux lames de verre une goutte d'acide acétique concentré qui dissout la plus grande partie des matières en suspension, sans altérer d'une manière appréciable ces particules ovalaires qui apparaissent alors avec une grande netteté. » Dans une première série d'expériences, nous avons opéré sur des graines provenant de Bonnieux (département de Vaucluse), d'Odmich (Ana- tolie), d'Argalas et de Bodémio (Turquie d'Europe), après une incubation de douze jours à la température du corps humain. Nous avons reconnu que la graine de Bonnieux, où l'épidémie sévit depuis longtemps avec intensité, renfermait nu nombre considérable de ces corpuscides elliptiques qui nous ont d'autant plus frappés, que l'un de nous avait décrit et figuré (i) des cor- (i) Reclierclies sur les sécrétions chez les Insectes (J/ina les des Sciences naturelles, /^' série, t. X, pi. 20). 27.. ( 200 ) puscules tout à fait identiques dans les cellules des taches de la peau des vers à soie malades. Cette circonstance tendrait à prouver que la maladie, indéptMKlamment des influencés locales , se transmettrait aussi par les ii; Les graines d'Argalas et d'Odmich nous ont quelquefois offert des cor- puscules analogues, mais ils étaient toujours très-rares. Les graines de Bo- démio en ont toujoius été complètement exemptes. " Ces observations ont été répétées tous les jours jusqu'à l'éclosion des œufs, et ont confirmé les premiers résultats. » Dans une seconde série d'expériences, nous avons étudié les mêmes graines avant l'incubation. L'intervention de l'acide acétique devient ici nécessaire pour isoler et reconnaître ensuite les corpuscules toujours abon- dants dans les graines indigènes, moins nombreux toutefois qu'après l'in- cubation. Il nous a été impossible d'en voir dans les graines d'Argalas, Odmich et Bodémio. M Une troisième série d'observations microscopiques a porté sur de nom- breux échantillons de graines incubées pendant vingt-cinq jours à une température de 25" centigrades par les soins de quelques éducateurs du Midi. Quelques vers étaient déjà sortis de la coque. Les divers échantillons provenant du département de Vaucluse ont tous présenté un nombre con- sidérable de corpuscules ovoïdes; le chamj) du microscope en était couvert, l^arini les échantillons de la Turquie d'Europe ou d'Asie, quelques-uns nous en ont offert, et notamment ceux d'idia et du mont Taurus. » Mais ici l'inégalité des résultats obtenus dans les diverses épreuves auxquelles lui même échantillon a été soumis, nous a conduits à opérer sur un petit nombre de graines choisies. Nous avons alors reconnu que les graines d'iui aspect gris-bleuâtre étaient en général exemptes de corpus- cules, tandis qu'ils étaient plus nombreux dans les graines d'une teinte verdâtre et d'apparence huileuse. " Sans rien préjuger sur la nature de la maladie et celle de ces corpus- cules, nous avons cherché à nous rendre compte de leur distribution dans lœui. Nous sommes parvenus à les disluiguer paruii les graindations que ( 20I ) renferment les cellules des graines près d'éclore. Ils se distinguent du noyau des cellules par leur forme et leurs dimensions. » En opérant, comme nous l'avons fait, avec un excellent instrument d'Oberhaiiser, il est impossible de ne pas être frappé des différences bien tranchées que présentent les graines d'origines diverses. Tandis que les graines originaires des pays ravagés par la maladie renferment les corpus- cules décrits en nombre surprenant, ils sont très-rares ou font complète- ment défaut dans les graines exotiqnes provenant de contrées que le fléau a jusqu'ici respecté. Les résultats obtenus par quelques éducateurs du dé- partement de Vaucluse, dans la campagne prochaine nous permettront d'apprécier la portée de ces indications micrographiques, et l'intérêt qu il convient d'y attacher. Il serait à désirer que les éducateurs des départe- ments séricicoles de la France eussent recoins an microsco[)e pour con- stater l'état de leur graine. Les résultats obtenus dans leurs éducations partielles permettraient de contrôler sur une plus grande échelle la valeur de ce procédé préventif. » PHYSIOLOGIE. — De Cinfluence de la sensibilité sur la circalalioii pendant t'anesthésie chiturgicale ; par M. Vigouroux. (Extrait.) .4 (Commissaires, MM. Flourens, Cl. Bernard.) « Lorsqu'on parcourt les recueils périodiques publiés depuis douze ans, on est étonné de la place énorme qu'y tient la question des anesthésiques. En effet, cette question, envisagée surtout au pouit de vue des accidents qui coïncident avec leur emploi, a provoqué des discussions restées célèbres à l'Académie de Médecine, à la Société de Chirurgie. Elle a été traitée dans des ouvrages ex professa, dans de nombreux Mémoires et articles de jour- naux. Enfin l'an dernier elle figiu'ait dans le programme des prix de l'Aca- démie de Médecine. » Cependant les faits malheureux, cause de tant de travaux, ne se pro- duisaient pas moins presque périodiquement et entre les mains les plus expérimentées. A ce point qu'en i85g M. Hervet de Chégoin posa à la So- ciété de Chirurgie la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux renoncer au chloroforme que rester sous la menace d'un danger jusqu'à présent au- dessus de toute prévision. Depuis cette époque de nouveaux cas de mort se sont produits, et l'on peut dire encore que la science n'est pas faite sur ce point. Noire intention n'est pas de traiter sous toutes ses faces la question des anesthésiques, mais bien de remettre eu saillie une considération négli- ( 202 ) gée. Quelque lumière nous a semblé pouvoir résulter de l'examen des faits publiés jusqu'à ce jour. Nous donnons le tableau des cas suffisamment dé- taillés que nous avons trouvés dans la presse française, lis sont au nombre de trente et un (i). En jetant les yeux sur ce tableau, on ne peut man(]uer d'être frappé de plusieurs circonstances : » j" Dans plusieurs cas la mort a surpris l'opéré dans une attitude émi- nertuuent favorable à la syncope, c'est-à-dire assis. » 7° Le pouls a disparu au moment de l'opération qui eût été le plus dou- loureux si la conscience n eût pas été abolie. - « 3" Une circonstance qui donne à ces faits un caractère particulière- ment désastreux, c'est que les malades étaient atteints d'affections peu graves par elles-mêmes. Mais les opérations cju'elles nécessitaient sont de nature à produire une doideur intense et soudaine. Ainsi nous voyons trois cas d'ongle incarné, quatre extractions de dents, trois incisions superficielles, deux réductions de luxation de l'épaule : n'est-il pas probable que dans ce dernier cas il y aura eu un tiraillement du plexus brachial. Quoi qu'il en soit, les affections que nous venons de citer occupent dans les listes de morts une place qui n'est pas en rapport avec leur fréquence. On comprend au contraire que les opérations qu'elles motivent puissent être placées au premièV- rang parmi les plus douloureuses.... » On sait quel lien étroit unit la sensibilité et la circulation. La douleur a été de tout temps notée parmi les causes de la syncope. Bichat recom- mande d'explorer le pouls pour reconnaître si une douleur est simulée. Parmi les effets réflexes de la douleur, celui qui agit sur le pneumogas- trique peut être comparé à un courant galvanique qui, comme on le sait, arrête ou ralentit dans certains cas les battements du cœur. M. Claude Ber- nard a montré la relation qui existe entre les manifestations de la sensibi- lité directe ou récurrente d'une part, et la pression artérielle et les pulsa- tions du cœur d'autre part. » Fie rapprochement des faits cliniques et de ces notions physiologiques nous traçait la route à suivre pour apprécier le rôle de la douleur comme cause delà syncope pendant l'éthérisation ; il fallait déterminer si la douleur conservait son influence sur la circulation pendant l'abolition des facultés cérébrales. Nous avons fait dans cette vue quelques expériences dont on (i) M. Uarisson donne dans son excellent ouvrage le tableau de quinze cas de mort tattri- bués au chloroforme. Sur ces quinze cas, quatre sont déjà cités dans le lableau de I à XX. Nous avons mis les onze autres de XX à XXXI. ( 2o3 ) Irouvera le détail dans notre Mémoire — Dans ces expériences, notre but n'était pas d'analyser l'influence de la sensibilité sur le cœur, question qui a été traitée et éclairée par M. Claude Bernard, mais bien desavoir si cette influence, quelle qu'elle soit, se fait sentir aussi pendant le sommeil anes- thésique. Or l'expérience est affirmative sur ce point, et même cette in- fluence paraîtrait être plus marquée dans le cas de l'aneslhésie — » Quelques auteurs ont pensé que dans l'éthérismc la syncope recevait une gravité spéciale de l'impossibilité où l'on se trouvait d'employer la douleur pour réveiller le cœur. Cett(.' supposition n'est pas vérifiée, puisque, nous le répétons, l'action de la sensibilité sur le cœur est augmentée dans ce cas. Les moyens de prévenir cet accident pour le cas qui nous occupe résultent de son mécanisme et peuvent se résumer en deux indications : « 1° Atténuer l'impression douloureuse ; » 1° En intercepter la transmission. Pour obéir à ces deux indications, on opérera autant que possible sans attendre la résolution complète. Celle-ci n'est pas nécessaire pour que le malade n'ait pas conscience de la souffrance qu'il témoigne, et d'un autre côté les mouvements réflexes des membres sont une dérivation à la douleur, be cliirurgien devra donc compter avec la douleur, et éviter les manœuvres qui peuvent la déterminer soudaine et intense. » L'anesthésie locale nous offre des moyens variés de remplir la première indication : froid, électricité, application d'étheret cliloroforme ou de leurs vapeurs, compression des nerfs peut-être négligée à tort et aussi leurnarco- tisationau moyen desinjections hypodermiques. Pourquoi ne pas associer les deux méthode d'anesthésie locale et générale. Leurs effets se surajouteraient ainsi et elles n'auraient pas besoin d'être portées chacune à un point extrême. » îl est à peine nécessaire de dire que les précautions d'usage contre la syncope ne seront pas négligées pour cela — » Nous croyons pouvoir résumer ainsi notre travail : » 1° L'influence des nerfs de sensibilité sur le cœiu- existe pendant le sommeil anesthésique. » i" Cette influence paraît même augmentée dans l'anesthésie. 1) 3" Elle peut être portée au point d'arrêter les mouvements du cœur. » 4" Cet arrêt du cœur doit être considéré comme la cause de la plupart des cas de mort observés pendant l'anesthésie chirurgicale (ij. (i) On a jusqu'ici coulondu dans l't'tude de cette question le mécanisme de la mort chez ( 204 ) » 5° L'anesthésie locale doit être employée en même temps que l'autre. » 6° On doit opérer autant que possible avant la résolution complète. « CHIRURGIE. — Du champ d'action des instruments litlwtriptiques et de ses variations; par M. Heurtelol'p. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « J'appelle champ d'action des instruments lithotriptiques la portion inférieure de la partie interne de l'organe vésical sur laquelle les corps étrangers qui se trouvent dans cet organe reposent lorsque la personne opé- rée est placée dans la position horizontale. Considéré en dehors des temps de contraction qui donnent des formes relatives à cette contraction, cet espace varie d'étendue et de formes absolues sous les deux principales in- fluences de l'élévation plus grande du bassin et des degrés de distension de l'organe par un liquide injecté. Ces différences sont donc importantes a signaler pour concourir à la perfection de la lithotripsie; car les corps à détruire ayant eux-mêmes des formes et des volumes différents, l'art con- siste à marier ensemble ces propriétés physiques pour les faire concorder avec les formes et l'action des instruments qui servent à exécuter la litho- tripsie. On trouvera, dans la Note que j'ai l'honneur de soumettre au juge- ment de l'Académie, des détails très-précis sur les différentes formes et capacités que donnent à l'urètre et à la vessie les quantités différentes d'eau introduite. Partant de l'état de vacuité absolue de la vessie, qui ressemble alors à un disque rond de 7 à 8 centimètres de diamètre placé derrière le jnibis, disque formé des parois accolées à la manière d'un porte-monnaie rond, je montre quelles formes prend la vessie après des injections de i5o, de 3oo et de 400 grammes, quantités d'eau qui, réunies en sphère, donnent des globes de 65, 85 et 100 millimètres de diamètre. J'estime ainsi la mesure absolue des champs d'action. >' Après avoir examiné l'effet des injections pour modifier les champs d'action, je passe à l'effet des instruments pour obtenir le même résul- tat. Je m occupe ensuite des différents degrés d'inclinaison du bassin depuis l'horizontale jusfpi'à son élévation à 45° : à l'horizontale, le point déclive correspond au coccyx; à 45°, il correspond au milieu de la les animaux qu'on éthérise à outrance et celui de la mort chez l'iiomme pendant une opéra- tion. Il n'y a de commun que l'anesthésie. ( 2o5 ) cavité du sacrum. Je démontre que dans les degrés intermédiaires de ces inclinaisons le point déclive change, et que conséquemment le champ d'ac- tion s'agrandit, et que le chirurgien peut ainsi, avec légèreté, étudier, remuer, poser, disposer et faire basculer les pierres pour les charger le plus favorablement possible. Quand il s'agit des fragments, ces positions dé- clives différentes permettent au chirurgien de vider une place pour venir ensuite verser ces fragments, ou sur V inst7ume7it à cuiller, ou sur le porte-à- faiix, suivant qu'il veut extraire ou pulvériser ces fragments. I) En résumé, les considérations présentées dans cette nouvelle Note permettent d'étabUr les propositions suivantes : » i" L'instrument ?v?ffo-ci(/i'(7<5ine fO((f/e' (le percuteur ) ne peut, en raison de sa forme, avoir d'autre champ d'action que la partie inférieure et posté- rieure de la vessie, en la déprimant. )i 2° Il vaut mieux, poiu- bien exécuter la lithotripsie, et surtout pour soulager le malade, que les pierres viennent trouver l'instrument, que l'in- strument n'aille chercher les pierres. » 3° 11 vaut mieux que le bassin puisse s'élever ou s'abaisser à volonté, ce qui s'obtient facilement avec le lit statique, que de laisser toujours le bassin dans la même position. )) 4*^ La quantité d'eau à injecter est, pour obtenir les meilleurs résvd- tats lithotriptiques, de i5o à aSo grammes. » 5° Le champ d'action pour prendre les pierres n'est pas le même que le champ d'action pour les briser. Le premier acte se passe sur la membrane, et le second se passe près de la membrane, ou au milieu de l'eau dont la vessie est emplie. On obtient invariablement cet important résultat au moyen du point fixe. » CHIMIE ORGANIQUE. — Composition chimique de la knvnhine ; par M. Ci'ZENT. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Peligot, Moquin-Tandon.) « Dans la séance du 27 février 1860, j'ai eu l'honneur de faire hommage à l'Académie des Sciences de deux échantillons de kavahine, principe cris- tallin que j'ai isolé du kava, Piper metlij'stictim, en i854. Aujourd'hui je viens taire connaître la composition chimique de cette nouvelle substance. Des analyses multipliées, faites dans les laboratoires de l'école de méde- cine navale de Rochefort, me permettent d'affirmer que la kavahine ne C. R , 1861, I" SemesCre. (T. LU, N» S.) 28 ( 2o6 ) renferme aucune trace d'azote. Sa composition est la suivante : Carbone 65,847 Hydrogène 5,643 Oxygène 28,5io 100,000 " On le voit, ce principe cristallin n'est pas un alcali et je ne lui jamais considéré comme tel, quoique par inadvertance il ait été désigné sous ce nom dans l'article des Comptes tendus qui fait mention de ma présentation. Si j'ai tardé jusqu'à ce jour à soumettre à l'Académie la véritable compo- sition chimique de la kavahine, c'est que, M. Gobley ayant signalé la |)ré- sence île l'azote dans cette substance, j'ai été conduit à revoir et a multiplier mes analyses. Il sera aisé, en soumettant à l'analyse l'écliantillon de kava- hine que j'ai préparé et que l'Académie possède, de se convaincre que ce principe cristallin est neutre, et qu'il ne renferme pas d'azote. » Quant à la réclamation de priorité adressée par M. O'Rorke dans la séance du 19 mars 1860, au sujet de la découverte de la kavahine, M. Jou- vin y a complètement répondu depuis longtemps, et a démontré le peu de fondement de cette réclamation (i). M. O'Rorke dit avoir trouvé le mé- thysticin en août 1856; mais dès i854 j'aurais pu lui montrer un échantil- lon de kavahine. M. O'Rorke ignore sans doute que c'est moi qui lui ai fait récolter et parvenir de Taïti les deux caisses de racines de kava qu'il a reçues du Ministère de la Marine et des Colonies au commencement de 1 856. L'Académie trouvera, dans un livre intitulé O'Taïli, dont je lui adresse au- jourd'hui deux exemplaires, une monographie du kava [Piper meUiyslicum], avec des détails chimiques sur la kavahine (p. 85) et (p. 238) une note où sont rappelés quelques-uns de mes droits à la découverte du prin- cipe cristallin neutre qui nous occupe. -■ M. JoBAKD adresse une Note sur un nouveau cas d'explosion de rlian- dières a vapeur qui vient d'avoir lieu à Maestricht. (( Cette explosion, dit l'auteur de la Noie, a tué le propriétaire et l'in- génieur au moment où ils profitaient de l'arrêt des travaux pour aller pren- dre dans le foyer des mesiu'es pour une nouvelle grille : voici l'explication probable de cet accident. » Au moment où les ouvriers vont dîner, le chauffeur couvre la grille de menu de charbon, ferme le registre de la cheminée, la porte du foyer, (1) Voir le Cosmos, n° ilii i'^'' juin 1860, p. 526. ( 207 ) et souvent pose une plaque de tôle devant l'ouverture du cendrier, pour conserver son feu en arrêtant le tirage. Au premier coup de la cloche de rappel, le chauffeur doit soulever d'abord le registre de la cheminée pour faire évacuer les gaz qui se sont produits dans cette espèce de cornue; l'air du cendrier ne tarde pas à s'endosmoser au gaz hydrogène qui rem[)lit le foyer, les carneaux et tous les espaces parcourus par la flamme. C'est ce mélange d'air et de gaz hydrogène qui constitue un grisou peut-être plus dangereux que celui des mines, puisqu'd est échauffé. L'ingénieur aura négligé de le faire évacuer avant d'ouvrir la porte du foyer, une lampe à la main; de là l'explosion qui a soulevé la chaudière et fait éclater un bouilleur à l'endroit le plus faible. » J'ai tout lieu de croire que la majeure partie des explosions n'a pas d'autres causes que celle que je viens d'expliquer; car presque toutes les narrations faites par les journaux commencent par ces mots caractéris- tiques : « Au moment où l'on allait reprendre les travaux dans la fabrique » deX..., une terrible explosion s'est fait entendre; heureusement que )) les ouvriers n'étaient pas encore rentrés » » Qui ne voit qu'au premier coup de cloche le chauffeur s'en va rin- garder son foyer, pour mettre sa machine en train, en oubliant d'ouvrir au préalable le registre de la cheminée, précaution qu'il croit indifférente, parce qu'il l'a souvent négligée sans en être la victime; car le mélange n'est pas toujours dans les proportions explosives. La relation ne manque pas d'ajouter que la chaudière a été soulevée de son siège, chose qui ne saurait arriver si la première explosion ne se fût pas faite dans le foyer; la seconde, qui se confond avec la première, est celle de la chaudière elle-même, déter- minée par le choc de la première. » Quand le travail cesse le soir, les chauffeurs, pour n'avoir pas à rallu- mer leur feu le matin, couvrent d'ordinaire le charbon restantd'une épaisse couche de menu et ferment le mieux possible toutes les issues extérieures ; de sorte qu'ils n'ont plus qu'à soulever le matin, avec un ringard, la croûte épaisse de charbon formée sur la grille, pour mettre leur machine en train. Ils ne se doutent pas qu'ils produisent de la sorte une grande quantité de gaz qui a tout le temps de s'endosmoser à l'air, pour produire un mélange explosif. Il faudrait donc que la porte du foyer fût reliée au registre de la cheminée, de manière à ne pouvoir s'ouvrir l'un sans l'autre, ou plutôt que l'une après l'antre. » La Note de M. Jobard, reproduite ici par extrait, est renvoyée à I exa- men d'une Commission composée de MM. Clapeyron et Seguier. 28.. ( 208 ] M. Carré adresse une réponse à une réclamation de priorité récemment produite devant l'Académie relativement à sa méthode de prodiulion du froid par l'absorption et la liquéfaction alternatives de ijaz ou vapeurs et particu- lièrement du (jaz ammoniac. le Je crois, dit M. Carré, devoir protester contre cette réclamation, dont j'ai d'autant plus lien de m'étonner, qu'elle argue d'tnie priorité résultant d'un brevet en date du a5 juillet 1860, tandis que mon brevet sur cette matière date du 24 août iSSg. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés à l'occasion de cette récla- mation : MM. Pouillet, Regnault, Balard.) M. GuiLLo.v adresse un supplément à sa réclamation de priorité à l'égard de M. Heurteloup. (Commissaires précédemment nommés ; MM. Velpeau, J. Clocpiet. Jobert de Lamballe.) M. Di'Bois adresse de Brest un Mémoire ayant pour titre : " Mémoire sur la détermination des états magnétiques des aiguilles aimantées ». (Commissaires, MM. Pouillet, Duperrey, Laugier.) M. Pas*h'et soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'un appareil aéionautique dirigeable à volonté par le jeu combiné d'une hélice et d'un gouvernail. (Ren\oi à l'examen delà Commission des Aérostats. CORRESPONDANCE. Le Collège ROYAL des Chirurgiens d'Angleterre remercie 1 \cadémie pour l'envoi du t. \A des Comptes rendus. L'Université royale de Christiania adresse pour la bibliothèque de l^'Institut plusieurs nouveaux volumes publiés par elle ou sous ses auspices, La Société impériale d'' Agriculture de Moscou tait hommage à 1 Académie d'un exemplaire du Rapport sur ses travaux pendant l'année 1859. ( ^o9 ) M. LE Secrétaike perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la cor- respondance, un exemplaire du discours prononcé par M. FanBenedenk la séance publique de l'Académie royale de Belgique le i6 décembre 1860. Dans cette dissertation intitulée : « Les grands et les petits dans le temps et dans l'espace », le savant naturaliste considérant le rôle des plus grandes et des plus petites espèces du règne animal à l'époque actuelle et aux époques géologiques, y a trouvé matière à d'intéressants et importants rap- prochements. <> M. CnASLES fait hommage à T Académie, de la part de M. le duc D. Mario Mcissimo, président de l'Académie pontificale des Nnovi Lincei, d'un écrit sur l'éclipsé de soleil du 18 juillet 1860, observée à Rome et calculée par l'auteur. De la comparaison des résultats du calcul avec les obser- vations faites tant à Rome qu'à Greenwich (celles-ci ayant été commu- niquées par M. Airy ), M. le duc Massimo conclut que les petites différences qu'il trouve ne doivent être attribuées qu'en minime partie aux erreurs des Tables dont il s'est servi , et qu'elles proviennent principalement de l'erreur personnelle de l'observateur, et de l'aplatissement de la terre, qui altère sensiblement (et peut-être inégalement, selon le méridien sur lequel on se trouve) la parallaxe et la latitude géocentrique. « PHYSIOLOGIE. — Sur les cuHvulsions des iiniscles de la vie animale et $ui les signes de sensibilité produits chez le cheval par l' excitation mécanique localisée de la surface de la moelle épinière ; par 31. A. Chal've.4u. « Les expériences dont j'ai l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie ont été faites sur des chevaux, à cause du volume considérable que présente la moelle épinière chez ces animaux, et de la facilité qu'on a. grâce à cette disposition, de pouvoir localiser très-précisément l'action excitatrice que l'on veut exercer sur les diverses parties constituantes de l'organe. Pour être absolument sûr de cette localisation, j'ai excité la moelle en la piquant superficiellement ou en la grattant avec la pointe d'une fine aiguille promenée délicatement à la surface de l'organe, de manière à rendre l'excitation aussi physiologique que possible, et à écarter tous les troubles qui auraient pu résulter du traumatisme de la moelle elle-même. « Ces excitations superficielles ont été pratiquées sur deux séries d'ani- maux. Ceux de la première série avaient la moelle séparée de l'encéphale, soit par une section dans la région du dos, soit par une section occipito-atloi- ( 210 ) dienne, qui nécessitait, bien entendu, l'insufflation pulmonaire pour l'en- tretien artificiel de la respiration ; dans les deux cas, la moelle était décou- verte et excitée vers l'origine de la région lombaire. Chez les animaux de la seconde catégorie, la moelle avait conservé ses connexions avec l'encéphale, et elle était découverte et excitée tantôt dans la région dorso-lombaire, tantôt à l'origine de la région cervicale, au niveau de l'espace occipito- atioïdien. » Voici les résultats des expériences de la première catégorie : » i*^ Si on gratte la face antérieure du cordon médullaire, soulevé et un peu renversé au moyen de pinces qui saisissent l'insertion du ligament dentelé préalablement détachée de la dure-mère, on ne provoque jamais le moindre effet, ni contractions, ni signes de douleur. Cependant, pour peu qu on touche les racines antérieures, on détermine de belles contractions locales dans les muscles animés par les racines excitées. )) 2° Quand l'aiguille est promenée sur les j aces latérales de l'organe, les résultats de l'excitation sont encore absolument négatifs. » 3° Lorsque l'instrument touche là face postérieure de la moelle, même avec la plus grande légèreté, il survient aussitôt dans les muscles de l'ani- mal des contractions involontaires tout à fait semblables à celles qui se manifestent quand on excite les racines postérieures, c'est-à-dire des con- tractions réflexes. Ces contractions peuvent, suivant l'intensité de l'ex- citation, se montrer seulement en regard du point excité, ou bien encore au-dessus et au-dessous dans toute la longueur de l'animal, surtout dans le peaucier, le diaphragme et les muscles de la région génito-anale, dont les nerfs paraissent particulièrement propres à recevoir l'excitation propagée et réfléchie par la moelle. L'excitation sur un des côtés de la ligne médiane dé- termine le plus souvent des mouvements exclusivement de ce côté ; les mouvements peuvent se montrer cependant des deux côtés du corps, tout en restant plus énergiques du côté excité. )■ 4" E'i excitant la face postérieure de la moelle par une série de piqûres superficielles pratiquées de dedans en dehors à partir du sillon médian, on voit généralement les convulsions devenir d'autant plus vives qu'on s'éloigne davantage de ce sillon. Mais quand Taiguille arrive en dehors de la ligne d'émergence des racines sensitives, sur le cordon latéral, ces signes d'excita- bililé cessent tout à coup de se muntrer : il ne faut qu'un déplacement im- |)erceplible de l'instrument pour qu'ils passent de leur maximum à une disparition complète. 4) 5*^ L'excitabitité de la face postérieure de la moelle est toujours exquise, ( 211 ) même aux environs du sillon médian, au moment où l'organe vient d'être découvert. Le plus souvent cette grande excitabilité diminue beaucoup quand la moelle reste longtemps exposée à l'air ; et le bord interne des cordons postérieurs peut devenir alors complètement inexcitable. » Quant aux expériences de la seconde catégorie, celles qui ont eu pour but d'observer les effets de l'excitation de la moelle l'organe étant en com- munication avec l'encéphale, elles ont permis de constater : 1) 1° La même impossibilité absolue de provoquer la moindre contraction des muscles volontaires en excitant les colonnes antéro- latérales de la moelle; n 2° La même excitabilité exquise des colonnes postérieures; seulement la mise en jeu de cette excitabilité provoquait à la fois des convulsions réflexes involontaires et des signes de douleur violente : celles-là faciles à démêler parmi ceux-ci, surtout lorsqu'on excitait près de la ligne médiane, et qu'on agissait dans la région occipito-atloïdienne ; elles apparaissent dans ce dernier cas avec une extrême vivacité dans les muscles animés par le facial et le spinal. » Sur plus de quatre-vingts animaux solipèdes consacrés spécialement à ces expériences, les faits que je viens de signaler ont été constatés avec la plus remarquable unanimité. Selon toutes probabilités, ces faits doivent se reproduire sur tous les Mammifères et peut-être aussi sur les Oiseaux. Mais quoique je sois déjà autorisé à le penser par mes expériences personnelles en ce qui regarde le mouton, la chèvre, le lapin, je ne veux pas poser à ce sujet de conclusions générales. ') J'ajouterai que les faits observés avant moi par les physiologistes qui ont expérimenté sur les animaux à sang chaud sont, plus qu'on ne serait tenté de le croire au premier abord, en accord avec les miens propres. » M. Flourens, qui a fait ses expériences sur la moelle épinière avant Ch. Bell, c'est-à-dire à une époque où la moelle était regardée comme un organe simple, a cependant signalé des faits qui ont une grande valeur au point de vue de la distinction physiologique à établir entre les diverses par- ties constituantes de l'organe; il découvrait et excitait la moelle en arrière, c'est-à-dire que les effets qu'il obtenait étaient ceux de l'excitation des cor- dons postérieurs seulement : or ces effets sont, en principe, ceux que j'ai obtenus moi-même. » M. Longet, dans ses expériences qui ont eu un si long et si juste reten- tissement, a vu l'excitation de l'extrémité du tronçon céphalique d'une moelle coupée agir sur les cordons postérieurs et ne rien produire du tout ( 212 ) sur les cordons antéro-latéraux. Il est vrai que les résultats des excitations qu'il a pratiquées sur le tronçon caudal ne sont plus en accord parfait avec les miens. Mais ces résultats , très-exactement observés du reste par M. T.onget, ne s'obtiennent (M. Longet a soin de le dire lui-même) qu'à un moment où les propriétés de la moelle ne sont plus tout à fait à l'état plivsiologique >■ Magendie a signalé les convulsions réflexes et les signes de douleur pro- duits par l'excitation des cordons postérieurs, et l'inexcitabilité absolue des colonnes latérales. Il parle, il est vrai, des contractions localisées et de la douleur provoquées par l'excitation des cordons antérieurs; mais il n est pas prouvé que Magendie n'ait pas obtenu ces effets en piquant l'origine des racines motrices plutôt que les cordons antérieurs eux-mêmes. )) M. Bernard et M. Brown-Sequard ont décrit des effets analogues à ceux de Magendie. Ce dernier signale même des différences d'excitabilité dans les divers points des cordons postérieurs. » THÉORIE DES NOMBRES. — Addition à la Noie insérée dans le précédent Compte rendu (*); par M. Sylvester. « Dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter lundi dernier à l'Aca- démie et qui a été insérée au Compte rendu, j'ai fait connaître le résidu du nombre E„ par rapport au module /j'"*^', pour le cas où n contient le fac- teur [p — i)p', p étant un nombre premier impair. Il restait à exprimer ce même résidu dans le cas de y? = 2, c'est-à-dire dans le cas où n contient le facteur s>.'. Je trouve alors que E„ est congru à i suivant le module 2'^'. >) Mais j'ai obtenu en même temps un autre théorème très-général et très-utile pour ce genre de calculs; voici en quoi il consiste. Si n et n' sont des nombres entiers différents de zéro, et que in et 2n' soient congrus sui- (*) Il me paraît essentiel d'indiquer ici quelques fautes qui se sont glissées dans cette ?Iote : Page 161, avant-dernière ligne, nu lieu de sent, lisez peut. Page 162, ligne 9, au lieu de ^ H- . . . , lisez — ■=-{-.... Page 162, ligne 12, au lieu de ^ p^, lisez ^o^; Page i63, ligne 3, au lieu de p', lisez p'. Pîige i63, ligne 16, supprimez le mot /es qui commence la ligne. (ai3) v;int le module (/; — i)//, on aura i^^ (-VTi„ = (-)"'E,/ (rnotl //+'), lorsque /? sera un nombre premier impair, 2° E„ ^E„' (morl. 2'), lorsque l'on aura p = 2 , c'est-à-dire lorsque n et n' seront congrus par rapporta 2'""' (*). » Si l'on se rappelle que E, = i et que l'on combine la dernière partie de ce théorème avec celui qui se trouve énoncé plus haut, on arrive immé- diatement à cette conséquence remarquable, que : Tout nombre d'Euler est de la forme l\k-\- i. Cette loi si simple paraît avoir échappé à l'illustre in- venteur de ces nombres puisque la valeur qu'd a donnée pour E, est de la forme 4 A — I. En se reportant aux théorèmes que j'ai obtenus, on ne peut guère commettre d'erreurs, sans les reconnaître, dans le calcul des nom- bres E. Par exemple, en partant des quatre valeurs E, =: I, E2 = 5, E3 = Gi, Ej = i385, on peut affirmer à priori que Eg appartient à toutes les formes linéaires 5 A- + I , \ik -h \, 1 3 /i- + 9, I G X: + I , i -^ A- -t- 1 ; en outre, à cause de la forme du double 18 de l'indice g, lequel contient les facteurs 6, 2 X 3, 18, on sait que Eo appartient encore aux formes linéaires '] k — 2, 9 A— 2, 19 A' — 2. » La valeur 24048 79661 671 obtenue par Euler ne satisfait à aucune de ces huit conditions; celles-ci, au contraire, sont toutes vérifiées par la va- leur 24048 79675 44 1 donnée par M. Rothe. Ainsi on peut non-seulement affirmer que la première valeur est erronée, mais encore on a tout lieu de ! * ) Un théorème tout à fait analogue doit avoir lieu pour les nombres de lieinoiilli du 2'"= ordre, c'est-à-dire pour les nombres qui multiplient dans le développement I . 2 ... 2 « 1 ' . • s pionnucf- par M. Van Beneden. Bruxelles, 1860; br. in-8". Mémoire pour servir de correction et de supplément à la théorie mathéma- ti(jue du mouvement des fluides; par M. Ramsing. Copenhague, iSÔ! ; bi-. in-S". De novis mjcrophyceis comitissiv Elis;ibethae|^FiORRiNl-MAZZANTi : Extrait des j/cles des Nuovi Lincei. ^ feuille in-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Montagne. ) Description... Description de lécliappement isodynamicjue de Bond pour les horlocjers astronomiques. \ feuille d'impression avec figures. Boston, 1860. Teorica... Théorie de la compensation des pendules; par M. VOLPiCELLi : Extrait àe^ Jctcs de l'Académie des Nuovi Lincei; T. XllI. Rome, 1860: in-4''. Eclisse... Eclipse solaire du 18 juillet 1S60, observée à Rome et calculée par M. Massimo : Extrait des Actes de l'Académie des Nuovi Lincei. Rome, t856: br. in-40. Kaspische. . . Etude sur la Caspienne n" 8 : de la loi générale qui préside à la formation du Ut des fleuves; par M. R. DE Baer. 1860; 1 vol. in-8°. Beretning. . . Rapport dun vojacje zoologique exécuté dans fêté de 1 85^ ; pai M. D.-C. Danielsen. Christiania, 1869; in-8''. Beretning... Rapport d'un voyage zoologique exécuté dans l'été de i858; par le même; avec planches. Trondheim; in-4°. Forhandlinger... Mémoires de [Académie des Sciences de Christicmia pour 1 858. Christiania, i859;in-8°. Fortegnelse... Catalogue de modèles des instruments agricoles de la ferme- modèle de Ladegaardsoen, près Christiania. Christiania, iSSg; br. in-8°. PUBLICATIONS PÉKIODIQDES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1861. Annales fie Chimie et de Ph/sique; par MM. Chevreul, Uumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. WuRTZ et Verdet: 3" série, t. LXI, janvier 1861. Annales de V Agriculture française ; t. XVI, n°' 10 à 12, et t. XVII, n° i. ( 2l8 ) Annales de [Agriculture des colonies [Algérie et Colonies) et des régions inter- tropic'des, a* année, n'^' i; in-8°. Annales forestières et métnllun/ujuesi décembre 1860; in-M*^'. Annales médico-psychologiques, par MM. Baillarger, CkkiSE et MOREAU: t. VIT, janvier 1861: in-S". . Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; Comptes rendus des séances; t. VII, 4* f^t 5^ livraisons; in-8°. Atti... Actes de l' Amdémie pontificale des Nuovi Lincei; i3* année, ses- sion 6 et 7, 6 mai et 10 janvier; in-4°. Bulletin de la Société Géologique de France ; décembre 1860. Bibliothèque universelle. Bévue suisse et étrangère; 66' année. — Nou- velle période, t. X,n°3r); 20 janvier 1861; in-8''. Bulletin de l Académie impériale de Médecine ; t. XXVI, n"* 6 et 7 ; ui-8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; décembre; in-S". Bulletin de la Société de Médecine de Poitiers; 4* série, n" a8. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'agriculture de France; •2' série, t. XV, n" 7; m-S". Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; i" se- mestre 1861, n"'' I, 2, 3, 4; 111-4"- Cosmos. Bévue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie, t. XVIII de i86i; i'^'', 2', 3' et 4' livraisons. Edinburgh. . . Nouveau journal physiologique d'Edimbourg; nouveile série, n'^ 25; vol. XIII, n" 1; janvier 1861. .Journal d' Agriculture pratique ; nouvelle période; t. II, n°* 1,2. de 1861; in-8r Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; yAnvieA' 1861; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture; décembre 1860; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; janvier 1 86 1 ; in-8''. Journal des Vétérinaires du Midi; novembre et décembre 1860, et jan- vier 1861; in-8". Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques ; n"* 1 , a et 3 de 1861, La Boimjorpie; ib" livraison ; in-8°. La Culture; n°' i3et 14. L Agriculteur praticien ; 3* série, n"' 7, 8; in-S", ( »'9 ) La Médecine conlempormnc ; y année, n" 4; in-S". L'Art médical; janvier i86r; in-8°. L'Art dentaire; décembre 1860 et janvier 1861. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 9^*, 98*, 99" livr.; in-4". Le Teclmoloc/iste ; jAn\ier 1861; 111-8". Magasin i)ittoresque ; janvier 1861 ; in-8''. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; janvier 1861; ui-8'. Nouvelles Annales de Mathématiques ; janvier 1861; in-8*'. The proceedings... Journal de lu Société Zooloyique de Londres; partie i, janvier. Presse scientifique des deux mondes; n"^ i et 2 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; janvier 1861 ; in-8". Revue de Thérapeutiijue inédico- chirurgicale ; n"' 1,2; in-5°. Gazelle hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie; n" i de i86i. Gazette médicale de Paris; n"' i, 1, 3, 4 et 5. Gazette médicale d'Orient ; janvier 1861. L'Abeille médicale; n"* i, 2, 3 et 4- La Coloration industrielle; n"* 23 et 24 de 1860, et n" i de 1861. La Lumière. Revue de la Photographie; n"* i et 2 de 1861. L Ami des Sciences; n"^ i à 4 de 1861. La Science pittoresque ; n°* 36, 37, 38, 39. La Science pour tous; n"* 6, 7, 8, 9. La Médecine contemporaine., n" i . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI II FÉVRIER 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. 1>IEM0IRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉTÉOROLOGIE. — Sur la formule barométrique pour les petites hauteurs; par M. Babinet. « La formule barométrique de Laplace est h = iSSgS-^log y I -I- 2 ^/.^ T_if\ 1000 r h étant la hauteur de la station supérieure au-dessus de la station inférieure, B la hauteur du baromètre réduite à zéro à cette dernière station, et T la température de l'air, tandis que h et t sont la hauteur du baromètre et la température de l'air à la station supérieure. Pour des hauteurs qui ne dé- passent pas looo mètres ou laoo mètres, j'ai transformé cette formule dans la suivante, qui est d'une remarquable simplicité et qui n'exige pas l'emploi des logarithmes, h = ,6ooo- ^? ( I + 2 '^^] r). looo/ ■ ' (*) Plusieurs personnes m'ont écrit pour savoir comment on passe de la formule de La- place à la mienne ; le voici : Si l'on fait S = B+6 et D = B — b, C. R., iSGi, i" Semestre. [T. LU, îi° Q.) 3o ( 222 ) On sait qu'une différence de niveau égale à un mètre est une quantité qui surpasse de beaucoup la précision que l'on peut atteindre par des mesures donc Mais on a B=-S + -D et è=-S— -D; a 2 2 2 — S D I „ 2 2 S '-(-s-)-[t-j|'- •]■ et en négligeant le carré de - ? de même donc , B ,D B-i loe — = 2 A- - = 2 / 6 S B-t-^ Or ces logariilimes sont ceux de tables ordinaires pour lesquels on a / := 0,4342(^)448) alors 2 /• X 1 8393 = 1 5976 ; 01; 1 peut donc remplacer 1839310g? par 15976 .B-b ' B-i-b et plus siui iplenient par fi B — /. ibooo- 7- Re ■stituani le coefficient de température, il vient A = 16000 — B ^( 1 + 2 T + A 1000 / ( 223 ) de ce genre et, pour la météorologie surtout, la formule de Laplace, dont le coefficient a été déterminé par Ramond et vérifié de mille manières, doit faire autorité définitive ainsi que la formule algébrique que j'y ai sub- stituée. V Un des grands avantages de la formule algébrique B — b/ T-l-A I oooo r 1 + 2 î c'est de pouvoir s'intervertir et de donner h en fonction de h; ainsi, en négligeant le coefficient de température, on a h = 16000 B + b d'où (pour des hauteurs peu considérables) /( , 16000 — /i _ 16000 TJ / ''' \ R 16000 -h h k \ 8000/ 16000 Cette valeur me servira plus tard dans la théorie physique des réfractions terrestres, qui jettent tant d'incertitude sur les nivellements géodésiques. » Le coefficient 16000 de ma formule est un peu trop fort, car la théorie donne 15976, comme on le voit dans la note; mais dans les petites hau- teurs ladifférence entre ce coefficient et 16000 est toutà fait insignifiante, et comme la fonction log y croît un peu plus rapidement que la fonction - — 7 ? il y a de l'avantage à forcer un peu la valeur du coefficient 15976 en le portant à iGooo. Pour b = 665 millimètres quand B ^ 760 millimètres, la hauteur donnée par ma formule s'accorde avec la hauteur donnée par la formule fondamentale de Laplace : l'une et l'autre donnent h — 1066'", 7. Pour des hauteurs plus grandes la différence est encore fort petite (*). (*j Avec B = 760 millimètres, si B — b est au plus égal à 100 millimètres, ladifférence des deux formules est négligeable. Pour des différences plus grandes, par exemple de 200 milli- 3o.. { 224 ) TRÉPANATION CRANIENNE. — Extraction d'un projectile et oblitération en cjrimde partie de l'ouverture osseuse par la peau renversée; par M. Jobert DE LaMBALLE. a J'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie sur une observation intéressante de plaie par arme à feu, à laquelle je n'ai pas voulu faire voir le jour avant de mètre rendu un compte exact des phénomènes remar- quables qui ont eu lieu dans cette circonstance, et des phases diverses qu'a présentées le fait dont il va être question. « Les particularités que j'ai à exposer à ce sujet me paraissent dignes de l'intérêt des physiologistes et des pathologistes. Les plaies d'armes a feu offrent tant de variétés dans leurs effets, dans leurs manières d'agir sur nos tissus, soit que les projectiles les traversent, soit qu'ils subissent une ré- flexion à leur surface, que je crois ne pas devoir négliger une occasion de signaler quelques données scientifiques sous le rapport de la thérapeutique et des changements qu'amène leur présence au sein des tissus. Plaie d'arme à feu. — Balle au milieu du front un peu à droite de la ligne médiane. — Séjour de vingt-deux mois du projectile. — Extraction. — Trépan. » Le nommé Gustin (Jules), âgé de 21 ans, est entré à l'Hôtel-Dieu le 19 février 1857. C'est un homme de moyenne taille et de bonne consti- tution. w II faisait partie d'un poste français devant la tour Malakoff, lorsqu'il fut atteint d'une balle. Avant de frapper le front, elle avait rencontré la face externe de la visière et contourné le bord antérieur, en y faisant une dépres- sion semi-lunaire ou en forme de croissant. Elle venait des avant-postes russes (8 avril i855). Il ne fut pas plutôt frappé, qu'il tomba à sept pieds de profondeur, du haut du parapet dans la tranchée à troisième parallèle. mètres, on déduira une première hauteur et une seconde h = I bOOO —r. Trrr- ^= I I 20'" , 8 700 ■+■ fabo h' = 16000 -T-: =7;- = l3l I"" ,5. bbo -H 56o La somme h ■+- h' est 2438™, 3, tandis que la formule de Laplace donne 2439,3. ( 225 ) On le porta dans une ambulance voisine, où il resta sans connaissance pen- dant vingt-quatre heures ; huit jours après on le dirigeait sur Constantinople. Il y séjourna dans un hôpital militaire pendant quatre mois. » Après ce séjour, il demande et obtient de repartir pour la Crimée, mal- gré la persistance de la suppuration qui n'a jamais cessé. Il se bat à Traktir le i6 août i855, et repart pour la France le ii novembre de la même année. Arrivé à Paris au mois de décembre suivant, il reste encore pendant six mois sous les drapeaux; mais il ne fait pas de service actif, attendu que des crises l'obligent de gagner l'hôpital à trois reprises; chaque fois il y est demeuré une moyenne de quarante-cinq jours. » La suppuration n'a jamais cessé; l'abondance n'en a pas toujours été la même. » Les phénomènes étaient à peu près les mêmes depuis les premiers mo- ments de l'accident; c'étaient des lourdeurs de tète, quelque chose de va- gue et d'incertain dans les attitudes ordinaires : lorsqu'il se baissait, il lui semblait que le front se détachait de la tète. » Quant au traitement, sauf la diète obligée de trois jours après la bles- sure, il s'est borné à l'application, chaque jour, d'une plaque de diachylon sur la jilaie. )) Voici l'état du malade à son entrée à l'Hôtel-Dieu le 19 février 1857 : I' Au front, on voit un trou net et circulaire avec des dimensions pro- portionnelles au calibre de la balle; il peut avoir la largeur d'une pièce de I franc. » L'introduction d'une sonde cannelée fait connaître l'étendue du trajet et l'existence d'un corps étranger qui en occupe le fond. » En promenant le doigt sur la circonférence de l'ouverture, on sent des granulations osseuses, des ossifications partielles formées par le périoste, et on reconnaît à l'aide de la sonde luie surface résistante, dure, métal- lique. » A l'extérieur, la peau est amincie et laisse des traces inodulaires. » Considérant que les accidents éprouvés par le malade et que la suppu- ration abondante qui existe dépendent du séjour du projectile, je propose au jeune blessé d'en faire l'extraction. Il y souscrit volontiers, et le 2'5 fé- vrier 1857 l'opération est pratiquée de la manière suivante : » i" Une incision cruciale est pratiquée et disposée de telle sorte qu'elle dépasse l'ouverture accidentelle dans tous les sens. » 2° Les quatre lambeaux qui résultent de cette double incision sont ( 226 ) dissoqiiés et renverses de manière à mettre à nu les surfaces et à pouvoir terminer l'opération sans rencontrer d'obstacle. » 3° L'ouverture est ruginéeetles productions osseuses sont enlevées avec inie espèce de couteau boutonné; mais comme le corps étranger ne pouvait être saisi, la perte de substance n'étant pas assez considérable pour pouvoir l'extraire, j'appliquai une couronne de trépan qui produisit une perte de substance suffisante, et c'est alors que je m'occupai de retirer la balle. C'est certainement un des temps les plus délicats de l'opération. Voici comment je m'y pris : » J'explorai le corps étranger, je découvris la balle et bientôt je saisis le projectile dans deux points opposés avec une sorte de davier à l'aide duquel je l'enlevai en le tournant sur lui-même, afin d'éviter de le presser sur le cerveau. >' Après son extraction, on voyait au fond de la plaie une substance noi- râtre qui a été éliminée progressivement. C'était du sang durci qui n'avait pas subi le contact de l'air, pareil à celui qu'on a quelquefois rencontré dans la cavité abdominale longtemps après un accident. » Un phénomène remarquable se présenta aussi à notre observation : il s'agit de mouvements de soulèvement et d'affaissement, isochrones aux bat- tements du pouls. » Je terminai l'opération en renversant les lambeaux dans la |daie. » Un linge fin, troué et une mince compresse trempée dans l'eau froide ont complété le pansement à plat. A l'aide d'une compression régulière et douce, les surfaces saignantes des os et des parties molles furent maintenues exactement en contact et leur agglutination se fit d'une manière parfaite, de telle sorte que cette large ouverture du crâne fut en partie comblée par ces quatre lambeaux, et le fond seul, représenté par la dure-mère, se trouvait en contact avec l'air. )) Le projectile examiné a fourni les particularités suivantes : X La balle est en plomb, pèse i5 grammes et a 5 centimètres 5 milli- mètres de circonférence. Sa couleur est noire, excepté sur les points où l'instrument l'a saisie. Là, en effet, la coloration bleuâtre est brillante. » Ija surface n'est lisse, arrondie et régulièrement sphériquo que sur une faible étendue. Elle présente partout ailleurs de nombreuses aspérités et est comme écrasée sur ces différents points. ' I^e jour de l'opération, il n'y eut pas de travail indanun.iloire local sérieux ni de trouble nerveux grave. >) Diète. — Repos. ( 227 ) » 24 février. Pas de traumatisme. État général bon. (On panse à plat.) » 27 février. Grand mal de tête à la suite des visites du j.eudi. Fièvre. ( Si- napismes. Diète. ) » 28 février. Constipation et mal de tète. (Un verre d'eau de Sedlitz par demi-heure et un lavement de lin. I^e soir un bain de pieds au savon noir.) » 1" mars. État local bon. Mal de tète. (Deux, bains de pieds au savon noir. Bouillon de poulet. Gomme coupée avec du lait,) » Le mieux va tous les jours croissant, lorsque le i5 mars il survient un érysipèle qui commence par la paupière supérieure de l'œil droit, gagne le nez et toute la joue gauche. Pas de prodromes, pas de trouble fonctionnel, ni avant ni pendant l'érysipèle; car le malade n'a rien ressenti et il a con- tinué son régime. Une seule application de pommade au nitrate d'argent a suffi pour combattre l'érysipèle; deux jours après, il n'y en avait plus de trace. » Jusqu'au 3o mars, on n'a eu qu'à constater une amélioration croissante. » Le 16 avril, voici quel est l'état de la blessure : )) 1° Il existe un suintement purulent. » 1° Une cavité, sorte d'infuudibulum, au fond duquel on observe des mouvements alternatifs d'affaissement et de soulèvement. M 3" On ne retrouve plus de trace de l'ouverture osseuse qui est comblée en grande partie par les lambeaux des parties molles renversés et dont les téguments se trouvent adossés. » 4° Le blessé a recouvré entièrement ses facultés iiitelltctuelles et il n'éprouve plus aucune des douleurs dont il se plaignait. » Ce fait se recommande à l'attention par la durée du séjour du projec- tile et par le mode de guérison qui a suivi son extraction. N'est-il pas re- marquable de voir la balle séjourner pendant vingt-deux mois à la place qu'elle occupait et reposer sur la dure-mère sans déterminer d'inflammation du cerveau et de ses membranes ? » Cela ne veut pas dire que le corps étranger ait été innocent par sa pré- sence, puisque le malade éprouvait la sensation d'un corps lourd, qu il ressentait habituellement des douleurs très-fortes qui s'u-radiaient dans le crâne, et que, par moments, il semblait, suivant sa comparaison, qu'on lui arrachait la tète » Ce qui démontre que le corps étranger n'a, par sa présence sur la dure- mère, déterminé aucune inflammation, c'est que le sang qui se trouvait répandu à la surface était noir, comme charbonné, sans offrir de trace de ramollissement ni de suppuration. ( 228 ) )i En de semblables circonstances, il me parait que l'on peut établii' en prmcipe qu'il est convenable d'agrandir toujours l'ouverture faite au crâne par l'application du trépan, afin de manœuvrer sans difficulté et d'éviter d'enfoncer le corps étranger dans le cerveau, pendant les efforts d'extrac- tion. D'ailleurs il ne suffit pas de faire une perte de substance plus grande, mais il faut encore saisir le projectile avec de fortes pinces, afin de le retirer sûrement en le tournant dans sa cavité et en l'attirant à l'extérieur en même temps. » Ordinairement après la trépanation il y a exfoliation superficielle et même nécrose plus ou moins profonde. » C'est ainsi que les choses se passent lorsque le trépan a été appliqué et que la plaie est demeurée au contact de l'air; mais ici l'expérience nous a appris qu'il en est autrement, lorsque les lambeaux sont introduits dans l'ouverture accidentelle. En effet, chez ce blessé, il n'y a eu aucun point de l'os nécrosé; il n'y a point eu d'exfoliation, et la suppuration s'est établie seulement au fond de la plaie et sur la dure-mère, qui a bourgeonné. » C'est donc à l'adhérence immédiate des lambeaux à la surface par- courue par le trépan qu'il faut attribuer l'absence de nécrose et d'exfolia- tion osseuse. La surface saignante des lambeaux s'est évidemment réunie immédiatement à la surface osseuse également saignante, et rien ne prouve mieux que la section des os n'est en aucune manière un obstacle à la réunion par première intention. » Depuis la sortie de ce malade de l'hôpital, je l'ai revu plusieurs fois et je me suis assuré qvi'il n'avait éprouvé aucun trouble local et fonctionnel, que l'espèce d'infundibulum s'était affaissé à l'extérieur. Les battements iso- chrones à ceux du pouls, si visibles lors de sa sortie, étaient devenus obscurs, et je crois en trouver la raison dans l'augmentation d'épaisseur des tissus et probablement dans le développement d'une lame fibro-cartilagineuse formée par la dure-mère, sorte de périoste interne des os du crâne, comme le dit M. Flourens. » Le 1 4 octobre 1 86o, j'ai revu notre intéressant malade dont la blessure, parfaitement guérie, n'offrait plus de trace de battements. » Remarques de M. Jules Cloqiet à l'occasion de cette communication. « En observant avec attention la balle extraite par M. Jobert, et qu'il présente à l'appui de son intéressante communication, je pense, d'après les déformations qu'a subies le projectile sur plusieurs points de sa sur- ( »29 ) face, qu'il n'a f'rapjîé le crâne qu'après avoir ricoché contre quelque corps résistant et perdu une partie de sa force d'impulsion. A l'occa- sion de l'observation de M. Jobert, M. J. Cloquet rapporte l'observation d'un député tué en duel et chez lequel une balle de pistolet se coupa en deux après avoir brisé l'os frontal au niveau de l'arcade sourcilière du côté gauche : la portion la plus volumineuse du projectile traversa le cer- veau pour s'arrêter au niveau de la protubérance occipitale interne, tandis que la plus petite portion glissa en dehors, entre le crâne et les tégu- ments sous lesquels elle resta cachée. » M. Ch. Sainte-Claire Deville, en présentant le premier volume d'un ouvrage intitulé : Recherches sur les principaux j)héiiotnèites de méléorohqie et de physique terrestre aux Antilles, ajoute : u La matière des deux volumes dont se compose l'ouvrage est presque en totalité extraite du Voyage cjéologkjue aux Antilles et aux îles de Ténérifje et de Fogo. » La partie météorologique ayant pris, dans cette dernière publication, un développement considérable, il m'a paru qu'il y aui'ait quelque intérêt à la réunir en lui corps douvrage a part, qui pût être consulté en deliors du Voyage lui-même. » Le premier volume, que j'offre aujourd'hui à l'Académie, réunit tons les Tableaux d'observations, dont la discussion occupe le second volume, con- sacré aux recherches sur la météorologie des j^ntilles et des contrées voisines. 1) A ce premier volume sont annexées mes Observations sur le tremblement de terre éprouvé à la Guadeloupe le % février 1 843 . » Ce travail, quoique déjà ancien, n'avait eu en France qu'une publicité imparfaite. On trouvera ici le Mémoire, tel absolument qu'il a été imprimé à la Basse-Terre, en juillet i843, non sans doute qu'd n'eîit pu gagner beau- coup à une révision faite, après plusieurs années d'étude, avec luie plus grande maturité d'esprit et des ressources bibliographiques qui me man- quaient entièrement sur les lieux ; mais j'ai pensé que ce résultat de mes impressions, écrit presque immédiatement après la secousse et quand le sol tremblait encore, littéralement, sous nos pieds, publié sur les lieux mêmes, et sous les yeux des témoins de la catastrophe, s'il pouvait avoir quelque intérêt pour la science, le devait sans doute à ces circonstances particulières. Je n'ai donc voulu altérer en rien mon texte primitif; j'ai C R., iSCi, ]<■■■ Semestre. (T. Ml, N» G.) 3l ( a3o ) seulement réuni, à la suite de ce texte et dans les Noies et Pièces justifica- tives, tous les documents qui m'ont paru de nature à éclairer, soit sur ce tremblement de terre en particulier, soit sur d'autres événements du même genre qui se sont succédé aux Antilles. » Parmi les pièces qui sont publiées ici pour la première fois, je citerai plus spécialement deux Notes relatives, l'une à f instant précis de la secousse, l'autre aux rapports qui existent entre la direction des oscillations et les reliefs généraux du sol : dans cette dernière, je fais ressortir les concordances les plus frappantes entre les éléments fondamentaux de la symétrie pentagonale et la répartition des lignes volcaniques et des tremblements de terre sur la surface du globe. » Enfin, en reproduisant la dédicace de mon premier Mémoire, mon principal but a été de conserver cet bommage à la mémoire du digne amiral Gourbeyre : cœur noble et généreux, qui sut intéresser le monde entier à la détresse de notre colonie, et dont le nom sera, pour les habitants delà Guadeloupe, l'objet d'une éternelle vénération. En imprimant à la suite de ma Lettre la réponse si flatteuse qui me fut faite, j'ai cédé au désir de consacrer, par un témoignage précieux pour moi, la véracité et l'exactitude de mon récit , seuls mérites auxquels je pusse aspirer en l'écrivant. » Lettre de M. le Maréchal Vaillant à M. le Président de l'Académie. » Si j'ai commis une indiscrétion, votre bienveillance obtiendra mon pardon de l'Académie. » J'ai parlé à l'Empereui- de la proposition faite par notre honorable et savant Secrétaire perpétuel, M. Flourens, de mettre au concours la grande et belle question de la régénération des os brisés par accidents, coups de feu, etc. L'Empereur ne pouvait être indifférent à ce remarquable progrès de la science chirurgicale, intéressant à un si haut degré l'humanité tout entière, et dont nos soldats blessés ont déjà commencé à recueillir de si précieux avantages. Sa Majesté, s'associant aux intentions philanthropiques de l'Académie des Sciences, m'autorise à vous dire qu'Elle ajoutera dix mille francs au prix qui sera fixé par nos confrères. » (a3i ) PHYSIQUE. — Sur le pouvoir électromoteur secondaire des nerfs, et son application à l'électrophysiolocjie; par M. Ch. Matteucci. « Cet extrait est destiné à faire connailre à l'Académie les résultats d'une longue série d'expériences que je viens d'achever et qui m'a conduit heu- reusement, et pour la première fois, à expliquer des phénomènes d'électro- physiologie à l'aide d'un principe d'électricité bien connu. » Dans une de mes dernières communications, j'ai montré qu'un nerf, après avoir été traversé par un courant électrique, acquiert dans tous ses points un pouvoir électromoteur secondaire par lequel, en touchant deux quelconques de ces points par un arc conducteur homogène, on trouve que la portion intermédiaire du nerf est parcourue par un courant électrique dirigé en sens contraire du coiuant voltaïque qui l'a excité. Cette propriété, qui est indépendante de l'état de vie du nerf, est commune à tous les corps poreux imbibés d'un liquide conducteur. On conçoit que suivant la struc- ture et la composition chimique de ces corps et des liquides dont ils sont imbibés, il y ait des différences d'intensité dans ces courants secondaires. Me proposant uniquement dans mes dernières recherches d'appliquer ces phénomènes à l'électrophysiologie, je me suis borné à étudier le pouvoir électromoteur secondaire des nerfs. » Je n'ai pas beaucoup à ajouter de nouveau à la description des mé- thodes que j'ai suivies dans ces expériences; l'usage de lames de zinc amal- gamé, plongées dans une solution saturée et neutre de sulfate de zinc comme extrémités de galvanomètre, est aujourd'hui adopté partons les expérimen- tateurs. J'ai eu souvent occasion dans ce travail de comparer le pouvoir électromoteur secondaire acquis par des nerfs placés dans des conditions différentes : pour cela, il y a une manière simple et sûre que j'ai constam- ment employée dans mes expériences sur l'électricité musculaire. Il s'agit d'opposer les deux morceaux de nerf dont on veut comparer le pouvoir électromoteur; ce qu'on fait en mettant en contact bout à bout, sur une lame de gutta-percha, les extrémités qui ont la même électricité et en fai- sant toucher les extrémités de la double chaîne avec les coussinets du gal- vanomètre. On est ainsi indépendant de la différence de résistance des deux morceaux de nerf qu'on compare, et on peut reconnaître sûrement les plus petites différences de pouvoir électromoteur. Ainsi donc ces expériences con- 3r.. ( 232 ) sistent à poser le nerf sur les électrodes qui seront, ou des fils de platine, ou, dans le plus grand nombre de cas, des bandes de laine imbibées d'eau de source en communication avec les extrémités d'une pile de 8 à lo élé- ments de Grove; il y a dans le circuit un galvanomètre pour s'assurer de la force du courant. Lorsque le passage du courant par le nerf a duré ini certain temps, depuis quelques secondes jusqu'à aS à 3o minutes, on enlève le nerf avec un support formé d'une lame de gutta-percha, et on le |)orte en contact des coussinets du galvanomètre, dont l'homogénéité a été recon- nue d'avance. Il n'y a aucune incertitude ni anomalie dans les résultats qu'on obtient en opérant de cette manière. Les nerfs que j'ai employés dans ces expériences étaient dans le plus grand nombre de cas pris sur des poulets et sur des brebis : les nerfs de grenouille sont très-mauvais conducteurs, étant très-minces et se desséchant à l'air très-facilement. » Je ne m'étendrai pas ici à décrire les expériences que j'ai faites pour dé- couvrir les lois générales de ces phénomènes, et je me bornerai à exposer les résultats obtenus en étudiant le pouvoir électromoteur secondaire du nerf, à l'aide desquels je suis parvenu à expliquer facilement les phéno- mènes électrophysiologiques qui ont lieu à l'ouverture du circuit, sur un anmial vivant ou récemment tué. Voici la proposition que j'ai établie sur un grand nombre d'expériences et qui résume ces résultats : » Le pouvoir électromoteur secondaire (Cun nerf n'est pas égal dans tous les points, et il est beaucoup plus Jorl dans la portion rapprochée de l'électrode po- sitive que dans In portion (pii est le plus rapprorliéc de l'électrode négative : cette différence est plus grande dans un nerf qui est parcouru par le courant en sens contraire à sa ramification, (jue dans le nerf parcouru clans le sens de cette rami- fication. » Celle proposition a été vérifiée sur le nerf sciatique do différents ani- maux, poulet, lapin, brebis, grenouille, etc. On commence par s'assurer qu'il n'y a pas de courant au galvanomètre de a/jooo tours, en mettant en contact de ses coussinets des nerfs pris sur ces animaux vivants et disposés comme dans les expériences tentées pour démontrer cette proposition. On place ensuite deux de ces nerfs tout à fait égaux sur les deux coussinets imbibés d'eau de source, et qui communiquent avec les pôles de la pile. Le courant qui se partage également dans les deux nerfs, et qui les parcourt dans la même direction, leur communique le même pouvoir électromoteur. En effet, les deux nerfs, après lui passage plus ou moins long, sont étendus sur une lame de gutta-percha, opposés l'iui à l'autre : les extrémités de cette ( 233 •) double chaîne étant portées en contact des coussinets du galvanomètre, ou n'a jamais aucune trace de courants différentiels, tandis que chacun de ces nerfs pris sé|jarément donne un courant de 5o à 60", et davantage. Qu'on répète l'expérience sur d'autres nerfs semblables, et puis qu'on coupe cha- cun de ces nerfs à moitié : en opposant chacune de ces moitiés à l'autre, on aura constamment un courant différentiel de 2 5 ou 3o°, déterminé par la portion rapprochée de l'électrode positive. Ou peut faire cette expérience sur un long nerf sciatique de brebis et employer des portions égales prises à des distances différentes desextlémités, et on verra, toujours avec la même mé- thode de deux éléments opposés et en évitant de toucher les sections trans- versales du nerf, un courant différentiel déterminé par la portion rapprochée de l'électrode positive. Pour démontrer l'influence du sens du courant rela- tivement à la ramification du nerf, il n'\ a plus qu'à essayer les mêmes expé- riences précédemment décrites sur deux nerfs semblables, traversés par le même courant, l'un contre la ramification et l'autre dans le sens de la rami- fication. Le courant différentiel obtenu en opposant les deux moitiés du nerf qui a été parcouru en sens contraire à la ramification, est toujours beaucoup plus fort que le courant différentiel obtenu sur les deux portions semblables du nerf parcouru dans le sens de la ramification. Je suis obligé de supprimer dans cet extrait des expériences semblables faites sur des nerfs entiers et sur des animaux vivants, et qui ont donné les mêmes résultats. Je rappellerai seulement l'expérience qui nous conduit immédiatement a l'explication des phénomènes éleclrophysiologiques de l'ouverture du circuit. » La préparation animale est faite de manière à laisser les deux jambes en communication avec le bassin par les deux uerfs sciatiques complètement mis à nu. On fait passer le courant d'une patte à l'autre, ce qui fait qu un des nerfs est parcouru en sens contraire à la ramification ; ce nerf est celui qui est en contact avec l'électrode positive, et l'autre nerf est parcouru dans le sens de la ramification. Après le passage du courant (ao à 2.5'), les deux nerfs touchés par les extrémités du galvanomètre montrent des courants secon- daires très-forts en sens contraire du courant de la pile; le courant du nerf qui a été parcouru dans le sens de la ramification est toujours plus fort que le courant secondaire du nerf parcouru dans le même sens de la ramification, et toujours ces courants sont beaucoup plus forts dans la portion ra|)pro- chée du pôle positif, que dans celle qui est tournée vers l'électrode né- gative. » Je ne me suis pas occupé ici à recherclier la cause de ces différences ( 234 ) qui ne se montrent pas seulement dans les nerfs, et qui dépendent proba- blement de causes complexes et difficiles à analyser, telles que la structure poreuse du corps traversé par le courant, sa nature, et celle des liquides dont il est imbibé. Je remarquerai seulement que l'apparition du pouvoir électromoteur secondaire dans tous les points d'un nerf long de 200 milli- mètres et après un passage presque instantané du courant,, pourrait être prise comme la seule preuve expérimentale que nous possédions de l'état de pola- risation qu'on admet généralement dans l'électrolyse : les pouvoirs électro- moteurs plus forts auprès de pôles et qui varient suivant qu'on est ou entre les points touchés par les électrodes ou en dehors de ces points, exigent une action plus prolongée du courant et dépendent probablement de la diffusion inégale des produits d'électrolysation sur le nerf. » En abandoimant pour le moment ce sujet, nous n'insisterons ici que sur l'application à l'électrophysiologie des résultats obtenus sur la portion du nerf comprise entre les électrodes. On sait qu'une des expériences fon- damentales de l'électrophysiologie consiste à préparer une grenouille, comme nous l'avons dit tout à l'heure, c'est-à-dire à avoir les deux jambes réunies par les nerfs lombaires et par un morceau d'épine et à faire passer le courant d'une patte à l'autre : après i5 ou 20 minutes en ouvrant le cir- cuit, la patte qui est du côté du pôle positif et dont le nerf est parcouru par le courant qu'on appelle inverse, est prise par des contractions très-fortes et souvent tétaniques. Nous venons de prouver dans ce Mémoire que ce nerf est bien le siège d'un pouvoir électromoteur secondaire plus fort et que cela se vérifie principalement dans la partie la plus rapprochée des muscles. En faisant l'expérience sur des lapins ou sur des poulets préparés comme la grenouille, nous avons réussi à mettre en évidence l'existence de ce cou- rant secondaire qui est direct dans le membre qui a été parcouru par un courant centripète, et qui circule immédiatement après l'ouverture du cir- cuit : il faut, pour cela, poser le nerf de la grenouille galvanoscopique sur le nerf du poulet ou du lajjin immédiatement après l'ouverture du circuit, et on voit alors cette grenouille entrer en contraction. » Au moment où le courant voltaïque cesse, les états électriques secon- daires développés dans le nerf et dont l'intensité n'est pas la même dans tous les points se neutralisent, et donnent lieu à un courant qui est direct dans le nerf. Nous savons aussi qu'un nerf privé de sa moelle ou substance blanche a perdu la propriété d'exciter les contractions et n'acquiert plus le pouvoir électromoteur secondaire : il est donc possible que les états élec- ( 235 ) triques secondaires développés dans la moelle se neutralisent par l'enve- loppe ou la gaîne des tubes nerveux. » En conclusion, il est naturel d'attribuer les contractions qui se mani- festent dans les muscles dont le nerf est parcouru par le courant inverse au moment de l'ouverture du circuit, au passage du courant secondaire qui est direct dans ce nerf. » MÉMOIRES LtS. ÉCONOMIE iiURAl.E. ZOOTECHNIE. — Observations sur les rapports qui existent entre le développement de la poitrine, la conformation et les aptitudes des races bovines (première partie); par M. É. Baudement. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Boussingault, Rayer, Cl. Bernard.) « De tous les caractères qui révèlent, chez les animaux, l'aptitude à s'engraisser, à prendre un développement hàtif, à gagner en poids, l'am- pleur de la poitrine est celui qui est regardé comme ayant la signification la plus certaine. Sur ce point, les praticiens, les observateurs, les écrivains de tous les pays sont unanimes, à quelque titre qu'ils se soient occupés du bétail. M Les auteurs qui ont proposé une explication de ce caractère sont aussi généralement d'accord pour considérer le développement de la poitrine comme l'indice du volume et de l'activité des poumons; ils rattachent ainsi la puissance d'assimilation, chez les animaux les plus remarquables comme utilisateurs de leur ration, à une énergie plus grande des fonctions respira- toires. » S'il est impossible de ne pas être disposé à admettre comme fondamen- talement exacte une opinion ancienne et générale, que les faits de pratique quotidienne viennent d'ailleurs confirmer et enraciner, il est utile cepen- dant de soumettre au contrôle d'expériences propres à en préciser le sens et à en mesurer la portée. » Quant à l'interprétation qu'on a adoptée, il importe de voir sur quelles données elle repose, et jusqu'à quel point elle soutient l'épreuve de l'obser- vation rigoureuse. » C'est cette double vérification du fait et de son explication scientifique r 236 ^ que j'ai entreprise, en choisissant pour objet d'étude l'espèce bovine repré- sentée par nos principales races agricoles. J'ai cherché d'abord si les grandes dimensions de la région thoracique coïncident réellement avec une assimilation plus grande, un poids acquis plus élevé, un rendement supé- rieur à la boucherie. J'ai cherché ensuite si le volume des |)oumons et la puissance respiratoire sont en rapport avec l'ampleur de la poitrine. » Les résultats fournis par l'examen de ces deux questions me conduisent à une explication qui me paraît rendre raison des différences de conforma- tion et d'aptitudes chez les animaux des races bovines, en reliant entre eux les phénomènes physiologiques et anatomiques d'où les aptitudes et la con- tormation peuvent dépendre. « Mes observations ont porté sur 102 bœuts: Sa appartenaient à nos races fi'ançâises, 19 aux races britanniques, quelques-uns venus d'Angle- terre même et d'Ecosse ; 3i a des croisements divers. Ils se trouvaient tous dans des conditions comparables. '• Pour chacun de ces 102 bœufs j'ai constaté le poids vivant au mo- ment de l'abattage, le rendement en parties débitables par le boucher, ce qu'on appelle le poids net ou poids des quatre quartiers, et le poids du suif, c'est-à-dire de la graisse qu'on détache des viscères abdominaux. » Le poids vif permet de juger de la puissance générale d assimilation d'un animal, dans des conditions d'âge et de race déterminées, puisqu'il résulte de la somme des principes nutritifs que cet animal s'est appropriés. Le poids net et le poids du suif indiquent sous quelle forme ces principes nutritifs ont été plus particulièrement utilisés. Plus s'élève le poids net pro- portionnellement au pouls vif, plus augmente aussi le rendement en parties alimentaires, et plus s'abaisse la quantité des parties qui constituent les issues ou qui fournissent des matières premières à l'industrie. L'élévation du poids net a, par cela même, une signification physiologique fort impor- tante: elle montre que le travail d'assimilation s est établi dans une direc- tion particulière, qu'il a porté sur l'appareil musculaire et ses dépendances plutôt que sur les viscères, sur le système osseux, sur la peau et ses appen- dices. Au point de vue du consommateur comme à celui du producteur, la valeur d'un animal de boucherie a donc pour expression le rapport de son poids net à son poids vif. » J'ai mesuré pour chaque bœuf la circonférence thoracique, la hauteur au garrot, et la longueur du corps, de l'occiput à laplomb des vertèbres caudales. Les rapports qu'on peut , d'après ces mesures, établir entre les (.37 ) dimensions du corps, fournissent une idée exacte de la conformation des animaux, suffisante au moins pour déterminer l'importance relative du dé- veloppement thoracique. » J'ai pesé les lobes pulmonaires et la masse du cœur de chaque animal, la section des broncties et des troncs vasculaires à leur entrée dans ces viscères. » Toutes ces données sont consignées dans des tableaux où les bœufs sont classés par catégories et par races, et où j'indique aussi pour chacun d'eux l'âge, le rapport du poids net et celui du poids des poumons au poids vivant. » La discussion de tous ces éléments ainsi recueillis , leur groupement et leur comparaison sous des formes variées, montrent dans quel sens les faits d'observation répondent aux questions que j'ai tenté de résoudre. n La première partie de mes recherches ayant pour but de déterminer les relations qui existent entre la circonférence thoracique, le poids vivant et le rendement au poids net, me conduit aux conclusions suivantes : » 1° En général, on peut admettre comme fondée l'opinion qui prend le développement de la région thoracique pour signe du poids acquis par les animaux et qui apprécie, par l'ampleur de la poitrine, le degré de supé- riorité des animaux comme utilisateurs de leur ration. » Mais l'observation, en confirmant cette opinion, en précise le sens rela- tivement à la forme, au poids vif et au poids net des animaux. )> 1° A mesure qu'il gagne en poids, par suite des progrès de l'âge ou en raison d'aptitudes individuelles, l'animal prend plus d'ampleur thoracique et une surface totale plus grande; ces trois quantités se correspondent d'une manière constante à toutes les périodes du développement, et indé- pendamment des autres dimensions, longueur et hauteur du tronc, qui ne croissent pas proportionnellement à la circonférence thoracique. » 3° C'est dans le sens de cette circonférence que l'accroissement a sur- tout tendance à se produire; c'est le développement de la région pectorale qui détermine celui du tronc. » 4° Aussi, à condition égale, les bœufs donnent-ils généralement un poids i'//' d'autant plus grand que la poitrine est plus ample. » 5° Quant au poids net, ce sont les animaux dont la taille est moins haute, dont les membres sont plus courts dans lem-s rayons inférieurs, dont le sternum se trouve ainsi plus rapproché de terre, qui donnent le rendement le plus élevé, si en même temps la poitrine est vaste, la forme de la région C. R,, iSGo, !"■ Semestre. (T. Lit. NoC.) 3^ ( 238 ) tlioracique régulièrement cylindrique, sans dépression, sans étranglement, notamment derrière les épaules. 1) Ce sont donc ces animaux qui doivent être considérés comme meil- leurs utilisateurs de leur ration, comme bêtes de boucherie supérieures. » 6° Les conditions de conformation favorables au rendement en poids net sont ordinairement accompagnées d'un développement plus considé- rable du tronc en longueur. » 7° Le poids vit' et le poids net sont donc ensemble plus élevés, et l'ani- mal possède ime valeur répondant à la fois aux intérêts du producteur et du consommateur, quand, à une ampleur tlioracique considérable, s'ajoutent le développement complémentaire du tronc en longueur, la régularité et le suivi de la forme cylindrique, la réduction de la hauteur au garrot, l'abais- sement du sternum, la brièveté des membres. » PALÉONTOLOGIE. — Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous tes auspices de C Académie; par M. Albert Gacdrt. (Suite.) (Note renvoyée, comme les précédentes, à l'examen des Sections d'Anatomie et de Géologie.) H En exécutant les fouilles dont l'Académie a bien voulu me charger, j'ai été frappé, non-seulement de la grandeur de plusieurs des quadrupèdes enfouis à Pikermi, mais encore de la multitude des divers animaux qui s'y trouvent rassemblés. Les Antilopes^ particulièrement ont laissé de très-nom- breux débris; les seules pièces que j'ai recueillies en i855 et en i86o, attestent la présence de plus de cent cinquante de ces Ruminants. Il est probable qu'autrefois quelques-unes de leurs espèces vivaient en grandes troupes ainsi que de nos jours. » Tous les zoologistes qui se sont dans ces derniers temps livrés à l'é- tude des Antilopes, ont été d'accord pour les partager en plusieurs genres. M. Gray, dans son Catalogue des Mammifères du Dritish Muséum, admet jus- (pi'à trente-sept genres, démembrés du vieux genre Antilope. La plupart des espèces fossiles de Grèce ne peuvent rentrer dans aucune de ces divisions, et, pour me conformer à la nomenclature moderne, je dois instituer jiour elles de nouveaux groupes. Toutefois je ne donnerai à ces groupes que le titre de sous- genres, car les Antilopes forment une tribu dans laquelle, à peu d'exceptions près, il est difficile d'établir de véritables genres, c'est-à- ( 239 ) dire des groupes qui se séparent les uns des autres par un ensemble de ca- ractères spéciaux. » J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie la série des crânes d'Antilopes que j'ai trouvés à Pikermi. Un d'eux présente un aspect étrange par ses cornes élevées sur la partie frontale qui forme le toit des orbites, par la longueur et le rétrécissement de la région située en arrière des cornes et par sa crête occipitale très-étroite. L'animal auquel ini tel crâne appartient ne peut rentrer dans aucun des sous-genres d'Antilopes signalés jusqu'à présent. Je propose de le nommer Palœotrngus (TraAa/oç ancien, T:pctyoç bouc) et delà dédier au baron Forth-Rouen, qui, étant ministre de France à Athènes en i853, a le premier envoyé à Paris des fossiles de Grèce et a bien voulu me donner un puissant patronage. » De la première molaire à la crête occipitale le crâne du Palœotrngus Roiienii est long de o'",32; cette mesure indique im animal un peu plus grand que le cerf de France. La partie comprise entre l'angle postérieur des orbites et la crête occipitale est aussi longue que la région située entre ce même point et la première molaire. Les axes osseux des cornes sont grêles comparativement à la grandeur du crâne, faiblement courbés en arrière, plats, longs de o^jao; à leur base, leur grand diamètre est de o'"jo8 et leur jjetit diamètre de o™,o4 ; à moitié de leur hauteur, leur diamètre le plus grand n'a plus que o™,o3 et leur plus petit que o'",o2 ; l'intervalle qui les sépare à leur naissance n'a pas moins de o'°,o8, tandis que dans les grandes Antilopes vivantes, telles que les Alcelaplnis, les Oreas, les Or/x, les cornes sont trés-rapprochées l'une de l'autre à leur base. On ne voit pas de fosse pour un larmier. Les nasaux sont dans le même plan que les pariétaux, ce qui est bien rare dans les tètes de Ruminants pourvues de cornes. Les mo- laires sont au nombre de |- ; l'espace occupé par les six molaires supérieures est de o™,i2, celui des trois prémolaires étant de o™,o5. Les dents ont des plis sinueux et trçs-marqnés qui ne s'étendent pas jusqu'au collet; les arrière-molaires n'ont point de tubercules interlobaires, mais on voit une colonnette sur la face interne des troisièmes prémolaires : cette colonnette peut être accidentelle, j'en ai observé une semblable sur les troisièmes pré- molaires d'un Orjx (eiicopheits. » Vu en arrière, notre crâne fossile rappelle celui du cheval par son occipital extrêmement étroit, renflé en son milieu; mais par tous les autres caractères, il s'en éloigne ; il appartient à un véritable Ruminant. Par l'allon. genient et la forme rectangulaire de la partie du crâne qui s'étend derrière les orbites, le Palœolrcujus se rapproche de VHelladotheriam, ce Ruminant 32.. ( 24o ) gigantesque dont j'ai déjà annoncé la découverte à l'Académie; mais il en dilTére par son occipital non évidé, par la présence des cornes et par ses molaires dont les plis sont plus saillants. L'allongement de la partie posté- rieure du crâne, les molaires marquées de profonds sillons et le manque de fosse lacrymale feraient admettre quelques rapports entre le fossile grec et la girafe, si la position et la forme des cornes n'établissaient entre eux une séparation. Par sa face un peu busquée et dépourvue de fosse lacrymale, le Palœotragus se rapproche des chèvres; mais par la forme des dents et de la partie postérieure du crime, il s'en éloigne. L'écartement de ses cornes et leur implantation sur les orbites rappellent l'aspect de quelques cerfs, no- tamment du Jiiuntjac; mais par ses cornes persistantes il en diffère com- plètement. D'après la disposition des dents et des cornes, c'est évidemment dans le genre des Antilopes qu'il est le plus naturel de le classer; il formera un nouveau sous-genre ayant des caractères plus tranchés que la plupart de ceux qui ont été admis jusqu'à présent. » Bien que le Palœotrcu/us soit une Antilope de grande taille, on trouve à Pikermi une autre espèce beaucoup plus grande encore. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie deux crânes qui en proviennent; il sont uunus de leurs dents et des axes osseux de leurs cornes. Les dents sont parfaitement semblables à celles de mâchoires isolées qui ont été envoyées de Gi'èce à M. Wagner, et que cet habile naturaliste a décrites sous le nom d Antilope specinsa; les cornes ont également une exacte ressemblance avec des cornes que le même savant a fait connaître plus récemment sous le nom à' Antilope Pallasii; ceci prouve que ï Antilope Pallnsii et V Antilope i^peciosa doivent être réunies en une seule espèce. .Sur un des crânes, les arrière-molaires portent des tubercules interlobaires; sur un autre crâne, elles en sont dépourvues; d'ailleurs les dents et les autres parties de la tête sont identiques : plusieurs exemplaires du Muséum de Paris m'ont prouvé que chez les Antilopes vivantes le développement des tubercules interlobaires est soumis dans une même espèce a de pareilles variations. » I^e fossile de Grèce rappelle par la forme, les proportions et la position des axes osseux des cornes, le sous-genre Danialis d'Hamilton Smith et sur- tout le sous-genre Oryx de de Blainville, dans lequel, à l'exemple (rOgill>y, je comprends le sous-genre Aigoccrus de Demarest, aujourd'hui nonnné Hippoliacjus. Mais il diffère de l'un et de l'autre par sa dentition disposée suivant le type ordinaire des Antilopes, tandis que les molaires supérieures de y Oryx (O. leucoplteus) se rapprochent de celles des boeufs, et que celles du Danuilis (D. 5e»ie(^a/e?js/s) rappellent un peu celles des chevaux. En outre ( 24i ) j'ai recueilli un grand nombre d'os qui d'après leur taille semblent se rap- porter aux têtes que je viens de signaler. Ces os indiquent une Antilope plus haute de taille que les plus grandes Antilopes dont le Musée de Paris possède des squelettes, y compris même YOreas canna. Le membre de devant devait (sans l'omoplate ni les phalanges) avoir i'",32 de long et celui de derrière i"',34 (en omettant les pièces du bassin et les phalanges). Ces mesures n'indiquent pas seulement une hauteur extraordinaire, elles apprennent aussi que le membre de devant avait presque la même longueui' que celui de derrière, tandis que dans la plupart des Antilopes et des cerfs il est nota- blement plus court. I.e cubitus était comme dans les girafes soudé au radius; la grande tubérosité de l'humérus était extrêmement saillante et étroite; le fémur était plus allongé proportionnément que dans les Orjx. Je propose d'instituer pour cette Antilope le sous-genre Palœoryx ['^■aXaioq, ancien, ôpu^, oryx); je base principalement sur les caractères de la denti- tion sa distinction d'avec les oryx vivants. » J'ai trouvé un crâne muni de ses cornes et de ses dents, cpn a des rap- ports frappants avec la grande espèce àe.Palœorjx que je viens de signa- ler; mais il indique un animal beaucoup moindre, quoiqu'il appartienne à un individu adulte. La série des 6 molaires est longue de o",o7; dans un des crânes de l'espèce précédente, la série des 6 molaires est longue de o™,ii5, et dans une mâchoire que j'ai tout lieu de rapporter à la même espèce, cette série a o'°, i4, ainsi elle est moitié plus grande; la différence de taille la plus considérable qui ait été signalée entre le mâle et la femelle chez les Antilopes vivantes est d'un tiers. Outre la différence de dimen- sion, ce Pnlœoryx a des cornes plus massives proportionnément à la gran- deur de la tète et plus aplaties. Je propose de désigner cette espèce sous le nom de Palœorjx parvidens (Pala»oryx à petites dents). « aiÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Ministre d'État transmet deux Mémoires, qui lui ont été adressés de Tournon (Ardèche), par M. Ch. Fiévet : l'un concernant le cholëra-mor- biis, est destiné, comme une précédente communication dont il forme le supplément, au concours pour le prix du legs Bréant : l'autre est relatif à une des causes de dégénérescence dt tespèce humaine, celle qui dépend de mariages que la prudence devrait interdire, les uns en raison de la consan- guinité des époux, les autres parce que l'un ou l'autre des conjoints est ( 2/,2 ) entaché d'affections héréditaires, on, à phis forte raison, parce que tons les deux le sont. Ce dernier Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Andral, Rayer, de Quatrefages; le premier à la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale pour le concoius du legs Bréant. M. A. Perrey, qui avait précédemment envoyé un résumé de ses recher- ches (t sur la fréquence des ti-emhlements de terre relativement à l'âge de la lune pendant la seconde moitié du xviu* siècle et sur la fréquence du phé- nomène relativement au passage de la lune au méridien {voir le Compte rendu de la séance du 28 janvier 1861), adresse aujourd'hui son travail complet. Ce travail est renvoyé à l'examen de la Commission déjà nommée, Com- mission qui se compose de MM. Elie de Beaumont, Liouville, Lamé. PHYSIQUE. — A^ote sur la délerminatioii des constautes voltàiques par la mélhode d Ohm avec des boussoles à nniltiplicateuis; par M. Th. du Mojvcel. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Despretz.) « Pour obtenir par la méthode d'Ohm la valeur numérique des con- stantes des piles voltaïques, on détermine le plus ordinairement deux inten- sités I, r du coin-aiit de la pile que l'on veut étudier en introduisant suc- cessivement dans le circuit deux résistances différentes r, /•'; les valeurs de E et de R sont ensuite données par les formules IV— Ia „ _ ir(r' — r) R = -.; 77- et E ;= I — r » Pour apprécier les valeurs de I, on se sert le plus souvent de la bous- sole des sinus ou de la boussole des tangentes; mais pour que la détermi- nation en question soit bien en rapport avec les formules précédentes, il faudrait que le courant ne fit que passer une fois seulement autour de la boussole, et c'est du reste ce qu'a cherché à obtenir la majeure partie des physiciens dans les expériences qu'ils ont entreprises pour les détermina- tions des constantes voltaïques. Seulement, avec ce système, il est facile de ( 243 ) comprendre que l'on ne peut introduire dans un circuit que des résis- tances très-faibles. Or, comme il résulte des expériences de MM. Jacobi, Desnrefz, de la Rive, Poggendortf, que les valeurs des constantes varient suivant les résistances du circuit extérieur, il arrive que les déterminations faites par les physiciens ne peuvent être d'un grand secours pour les éip- plications électriques, et en particulier pour la télégraphie, où les circuits sont toujours très-résistants. Pour obtenir la détermination des constantes dans ces conditions, M. Bréguet a eu l'idée de faire une boussole des sinus galvanométrique dans laquelle le circuit se replie assez de fois sur lui- même autour de la boussole pour être susceptible de fournir de bonnes indications avec des valeiu-s de r et r' égales à 7 et à i/j kilomètres de fil télégraphique. Mais, dans ce cas, les déductions qu'il a obtenues sont-elles bien rigoureuses au point de vue des formules d'Ohm? C'est ce que nous allons examiner. » Ayant fait construire par M. Bréguet une boussole munie de quatre hélices, deux faisant 24 tours autour de la boussole, et les deux autres 5o et 100 tours, j'ai cherché à déterminer la valeur des constantes d'un élé- ment Daniell en prenant alternativement l'hélice de 24 tours et l'hélice de DO tours, et en prenant pour valeurs de r et ;', dans les deux cas, des ré- sistances de 10 et de 20 kilomètres de fil télégraphique de 4 millimètres de diamètre, j'ai obtenu pour valeurs moyennes de I et de I', 35° 38' et 18° 21' avec l'hélice de 24 tours, 63° 23' et 28° 33' avec l'hélice de 5o tours. Ces valeurs, appliquées aux formules, donnent, i°pour l'hélice de 24 tours, R := 1601 mètres, E := 6849; 2° pour l'hélice de 5o tours, R = i2i2 mè- tres, E ^ r 1 270. On voit donc que les constantes, ainsi déterminées, varient suivant le multiplicafein employé, et que pour qu'elles soient comparables, il faut introduire dans les formules un coefficient i dépendant du nombre de tours de l'hélice du multiplicateur de la boussole. On comprend en effet que si l'on ne tient pas compte de ce nombre de tours, l'augmentation d'intensité du courant due à la multiplication des spires se trouve attribuée dans la formule à la force électromotrice de la pile, et dès lors les résultats numériques sont complètement changés. » Pour déterminer le coefficient en question, il suffit de considérer que si l'intensité du courant pour une seule révolution de l'hélice est repré- seiitée par —^ — , pour un nombre t de révolutions, elle sera par rappoit aux écarts de l'aiguille de la boussole - — - — ■, et si pour plus de simplicité ( 2/,4 ) on désigne tp par o, on aura, avec un circuit extérieur r. 1 = .:-^ Eu faisant varier r, on aura deux équations qui donneront poiu' valeurs de E et de R, » Or, si nous comparons les valeurs de E et de R ainsi déterminées, en faisant varier le multiplicateur rhéométrique, on pourra poser l'équation E t'n'{i"—i"') E' ~ tl"l"'{l — l') et pour que E = E', il faudra que (3} ~ T'T('T"_T"Mi t.' étant ainsi déterminé, on lui substituera sa valeur dans l'équation (i), et l'on aura alors pour E im chiffre qui devra être à peu près le même pour les deux déterminations, quoique faites avec des multiplicateurs différents. » En effet, en corrigeant les formules d'Ohm ainsi que nous venons de le dire, et appliquant à ces formules les chiffres que nous avons donnés, on trouve pour valeur de E les nombres 6874 et 6849, *^l"^'' ^°"' h\en voisins l'un de l'autre. » La valeur de /' étant ainsi déterminée, il suffit de l'introduire dans la formule (2) pour obtenir la valeur de R, qui devient alors i484 mètres, quantité peu éloignée de 1601, si l'on considère que les irrégularités de la pile et les erreurs d'observation frappent particulièrement la résistance R. » Il résulte de là que, quand on estime les valeurs des constantes vol- taiques à l'aide de boussoles à multiplicateurs différents, il faut toujours déterminer les valeurs du coefficient de relation t entre ces multiplicateurs, ce qui est facile en déterminant les constantes d'une même pile avec ces différents multiplicateurs, et en employant pour valeurs de r et de ;■' les mêmes résistances. Une fois les valeurs de / déterminées, les expériences que l'on peut faire avec des résistances r", /■'", différentes de r et de r', peuvent fournir des résultats comparables. En effet, la formule (i), appliquée à dif- ( 245 ) férentes valeurs de r et /', donne la relation E ' tU'{l" — l"'){r'—r) E' fl"l"'(l_ !')(/''_/') ni'niiilp R — - I -I' daus laquelle le facteur l disparaît. De même la formule R = ? qui devient, dans le cas où l'on fait I R + p-t- r ^^^ ^- FT^TF ' • pei-met également à la quantité t de disparaître. » Si l'on considère que la cjnantilé E dans les formules que nous venons de donner peut varier suivant l'instrument rhéométrique que l'on emploie, alors que la quantité R ne varie, que très-peu, puisque la formule (/j) n'est en définitive que la formule ordinaire, sauf la présence du facteur p, qui disparaît devant r, on arrive à conclure que le rapport - peut être exprimé par ime fraction ou un nombre fractionnaii-e très-élevé_, sans pour cela qu'il y ait une erreur dans les déterminations des constantes; seulement, il est essentiel, pour la comparaison de ces valeurs, que l'on fasse connaître la valeur du facteur t ou de la constante de l'instrument qui a été employé. » GÉOMÉTRIE. — Propriétés d'an système de droites menées par tous les points de l'espace suivant une loi quelconque ; par 31. Abel Tkanson. (Extrait par Fauteur.) (Commissaires, MM. Eamé; Chasles.) « Les propriétés d'un système de droites répandues dans l'espace peu- vent être étudiées à un double point de vue. Si on les considère dans leur ensemble, on peut chercher à les répartir en groupes caractérisés par quel- que circonstance géométrique, comme d'être normaux à une série de sur- faces; et si on considère seulement celles qui se rapportent à des points infiniment voisins, on peut souhaiter de connaître leur situation relative. Dahs l'un et l'autre cas on est conduit à des lois qui appartiennent à la géo- métrie générale, car elles sont indépendantes de la forme particulière des fonctions qui déterminent en chaque point de l'espace la direction de la droite correspondante. C. R., i86i, !«■■ Semestre. (T. LU, N» 6.1 33 ( 246 ) » 1° Soient X, Y, Z, trois fonctions représentant les cosinus des angles que fait avec trois axes rectangulaires la droite menée par le point .r,^, z. Si l'équation différentielle totale Xdr + \dy -+- Zdz — o est iiilégrable, on sait que la totalité des droites données se répartit en groupes respectivement normaux aux différentes surfaces particulières que renferme son intégrale générale. Mais on aurait tort de croire que récipro- quement la répartition des droites en de tels groupes fût subordonnée à l'intégration de cette même équation. Loin de là, quelles. que soient les fonctions X, Y, Z, il y a toujours une infinité de manières de résoudre l'ensemble donné en groupes normaux à des surfiices distinctes, et dans le cas même où l'équation ci-dessus est intégrable, la répartition qu'elle pro- cure n'est qu'un mode particulier entre une infinité d'autres qui sont égale- ment jjossibles. En effet, toute surface comprise dans l'équation aux diffé- rentielles partielles jouit de la propriété que, si par chacun de ses points on mène la droite du système, les droites ainsi construites seront normales à une autre surface ayant avec la première une relation déterminée. D'où il résulte que chaque forme particulière attribuée à la fonction arbitraire que renferme l'inté- grale de cette équation aux différences partielles donne lieu à un mode de répartition comprenant toutes les droites données. » 2" Pour caractériser la coordination des droites qui se rapportent à des points infiniment voisins, il faut préalablement connaître celle des droites infiniment voisines qui sont normales à une même surface, l'armi les diverses manières d'exprimer cette coordination d'un groupe de normales voisines, la suivante est la plus propre à l'objet que j'ai en vue. » Soit AN la normale d'une surface au point A; toutes les nornuiles relatives aux points voisins de A rencontrent deux droites élevées perpoidirulairement à AN et situées dans deux plans qui sont eux-mêmes perpendiculaires entre eux. » J'appellerai ces deux droites les directrices des normales infiniment voisines; cela posé, soit 00' la droite menée par le point O d'après la loi des trois fonctions X, Y, Z : toutes les droites relatives aux points infiniment voisins de () se répartiront de telle .sorte, que celles d'un même groupe au- ront ensemble et avec OO' la même relation que les normales infiniment (^47) voisines d'une même surfaco. De plus, les droites d'un groupe auront leurs points de dépari sur un même plan passant par le point O, et qu'à cause de cela j'appellerai plan résolvant. )) La coordination des droites infiniment voisines dépend donc à la fois de la loi de situation des plans résoh ants, et de la loi de situation des duec- trices de chaque groupe. Voici ce qu'il en est : » Le point O est le sommet d'un cùne du second degré dont OO' est une arête et dont la forme spéciale dépend des fonctions X, Y, Z. OO' est aussi sur un paraboloïde hyperbolique qui a l'un de ses plans directeurs perpen- diculaire à cette même ligne 00' et qui à cela près est également spécialisé par les mêmes fonctions. Maintenant si on imagine un angle dièdre droit dont OO' est l'arête et qui pivote sur cette ligne, ses deux faces rencontre- ront à la fois le cône et le paraboloïde : le cône suivant deux autres arêtes dont le plan P passera par le point O ; le paraboloïde suivant deux droites D,, Do perpendiculaires à 00'. Le plan P est un des plans résolvants; D, et Da sont les deux directrices du groupe correspondant. Il est manifeste qu'aucune des droites voisines de OO' n'échappe à cette coordination, n CHIMIE. — Sur la théorie des types chimiques; par M. T. Sterry-Huxt. (Commissaires, MM. Dumas, Fremy.) « Dans un Mémoire sur les acides anhydres, présenté à l'Académie des Sciences les 17 mai et i4 juin i852, et publié dans les Annales de Chimie et de Physique, t. XXXVII, p. a85, M. Gerhardt proposa de rapporter tous les composés organiques à quatre types, servir l'hydro- gène(HH), l'acide chlorhydrique (HCl), leau (H'O^) et l'ammoniaque (NH^). Il serait superflu de rappeler ici les détails de cette manière de voir qui est maintenant passée dans la science. Déjà en i85( M. Williamson, de Londres, avait proposé de regarder les alcools et les éthers comme déri- vant de l'eau H^O'^, et il étendait cette idée aux acides monobasiques tels que l'acide acétique. En i855 M. Wurtz, rejetant le type HCl comme étant un dérivé très-simple de l'hydrogène, donnait une extension à cette manière de voir. En proposant des types multiples composés de a et 3 mo- lécules d'hydrogène, d'eau ou d'ammoniaque, il montrait de plus que l'eau et l'ammoniaque pouvaient être regardées comme dérivées de l'hydrogène, renfermant l'hydrogène deux et trois fois condensé, de sorte qu'en défi- nitive tout était ramené à l'hydrogène comme type fondamental. Il imagi- nait pour les acides, polvbasiques des radicaux polvatomiques ; ainsi 33.. { 248 ) l'acide phosphorique tribasique dérivait de 3 molécules d'eau (H*0°), dans lesquelles le radical Iriatoniique PO" remplaçait H'. L'acide pyrophos- pliorique correspondait à 2 molécules (H*0^) dans lesquelles le diato- miquePO* remplaçait H*. Et de la même manière l'acide métaphosphorique correspondait à H^O* dans lequel PO' se substituait à H; il appliquait des idées semblables aux acides organiques [Annales de Chimie et de Physique, t. XLIV, p. 3o2). Tout récenunent, en 18G0, M. Kolbe a proposé do modi- fier la théorie des types eu dérivant un grand nombre de composés orga- niques des oxydes de carbone, soit C^O", C^O, ou l'anhydride carbonique C*0*. Il admet aussi plusieurs autres types minéraux, et annonce la propo- sition suivante : « Les corps organiques sont tous des dérivés de composés minéraux dont ils tirent leur origine, en partie directement par des procédés de substitution d'une merveilleuse simplicité. » [Annnlen der Cliemie itnd Pharmacie, t. CXIII, p. 293.) M. Ad. Wurtz, dans le Répertoire de Chimie jiiire pour octobre 1860, a donné une analyse du Mémoire de M. Rolbe suivi d'une critique judicieuse dans laquelle il lait voir que, quoiqu'on puisse adopter soit l'eau, soit l'acide carbonique comme type des composés organiques, on peut dire que l'eau joue un rôle non moins important que l'acide carbonique dans leur origine, et mérite la préférence comme type à cause de la plus grande simplicité qu'elle donne aux formules. En der- nière analyse on peut même regarder l'acide carbonique, ainsi que tous les autres acides anhydres, comme n'étant qu'un dérivé du typeH^O^. Mais, poursuit M. Wurtz, M. Rolbe « annonce une proposition très-importante, seulement cette proposition ne lui appartient pas, elle a cours dans la science depuis dix ans environ. M. Willi;imson a dit le premier : « L'alcool, l'éther, » l'acide acétique sont des composés comparables à l'eau, des eaux orga- » niques. » M. Ilofmann et moi nous avons déjà comparé les ammoniaques composées à l'ammoniaque elle-même, etc. Gerhardt a eu le mérite de généraliser ces idées, de les développer et de les fortifier par sa belle dé- couverte des acides monobasiquos anhydres d'origine organique. Il n'a point introduit dans la science l'idée des types, qui appartient à M. Dumas, mais il lui a donné luie forme nouvelle, et cette forme est exprimée à peu de chose près par la proposition de M. Kolbe. « » Au mois de mars i854, j ai publié une Note [Amer. Jour. Science, t. XVII, p. 19/1, ci Chemical Gazelle, i854, p. 181) que plus tard en i855 j'ai mise entre les mains des principaux chimistes de France, d'Allemagne et d'Angleterre. Dans celle Note, j'ai fait voir que j'étais le premier à ensei- gner les idées sur la théoiie des types que M. ^^ urtz attribue à ^IM. Wil- ( 2/,9 ) liamson et Gerhardt. La première idée de rapporter des composés orga- niques à des types minéraux est due, je crois, à M. Auguste Laurent qui, dans un Mémoire Sur les combinaisons azotées [Annales de Chimie et de Ph/siijue, novembre 1844) a montré qu'on pouvait envisager l'alcool et l'élher comme de l'eau dans laquelle le groupe C^H'' remplaçait i ou 2 atomes d'hydro- oène. En 1848 et i85o, j'insistai sur cette manière de voir, et dis que l'eau (H^O^) était le premier terme de la série homologue des alcools (C^H'')",HH^^, de même que l'hydrogène H^ était l'homologue de formène C-H% d'acétène C H% etc. [Amer. Jotirn. Science, t. V, p. 265; t. IX, p. 65.) » Dans une Note publiée en septembre 1848, j'ai fait voir qu'on pouvait ramener autypeH^O" « tous les composés salins (acides) qui renferment de l'oxygène. )> Et dans un Mémoire lu devant V American Association à Philadelphie, aussi en septembrei848, j'ai dit qu'on pouvait regarder « tous les composés oxygénés comme appartenant au type H^O^, « lequel devait être regardé comme dérivé du type fondamental H^, dans lequel le résidu HO' remplaçait H. {llnd., t. VI, p. 173; t. VIII, p. 82.) » Dans ce dernier Mémoire, j'ai aussi rapporté au type H^ tous les hy- drocarbures et leurs dérivés chlorés, ainsi que les alcoloïdes volatils que j'ai envisagés comme « des espèces amidées » des hydrocarbures, dans les- quels l'amide NH' remplaçait H ou Cl, ou bien le résidu NH se substituait à O" dans les alcools correspondants, l'amuiouiaque représentant l'eau dans laquelle a eu lieu la même substitution. Je proposais en même temps deux types multiples d'hydrogène, savoir (H- H') et (H^H') correspondant aux chlorures MCi, MCl^ et MC1\ )) En 1848 [Amer. Jour. Science, t. VI, p. 173), j'ai fait voir que l'eau, (H'O'), quoique bibasique, donne lieu, par une simple substitution, à des acides qui sont nécessairement monobasiques, tels que (Cl H) O" et [NO'' H) O', et j'indiquai alors l'existence d un acide azotique anhydre (N*0 )'0', qui fut isolé peu de temps après par M. Deville, découverte suivie bientôt par les belles recherches de M. Gerhardt sur les acides anhydres monobasiques. Il est à remarquer que ce chimiste avait jusqu'alors rejeté l'idée des anhy-. drides des acides monobasiques doiit je soutenais l'existence. » Ayant déduit les acides monobasiques d'une molécule d'eau (^H^O^), je représentai les acides bibasiques comme dérivés d'une seconde molécule, dans laquelle un résidu mouobasique remplaçait H, et les acides tribasiques, de la même manière, dérivaient d'une troisième molécule d'eau, dans la- quelle le résidu qui remplaçait i atome d'hydrogène était bibasique, les ( 25o ) trois acides phosphoriqiies étant (PO'H)0% ( 1>H0^H)0= et (PH^OMl)O^ Ces acides se forment dans 1 ordre indiqué jjar des réactions successives entre l'anhydride phosphorique (PO*)*0'' et i , 2 et 3 molécules d'eau. » J'objecte aux radicaux tels que PO*, PO' et P0% qu'ils sont purement imaginaires et tendent à embarrasser la science; comme je l'ai dit ailleurs, .' les diverses hypothèses de radicaux se basent sur l'idée de dualisme, qui » n'a pas d'autre fondement que l'ordre observé dans la génération des » espèces, et par conséquent ne doit pas trouver de place dans une théorie » de la science. » Tous les changements chimiaues se réduisent à l'union (identification) et la division (différentialion), donnant des espèces nou- velles, et c'est en cherchant à expliquer les rapports entre ces espèces et leurs progéniteurs, qu'ont pris naissance les hypothèses de radicaux et de résidus, qu'on ne doit regarder que comme des conventions pour faciliter la notation chimique. (Voyez On (lie Thtory oj chemical Changes; Amer. Jour. Science, t. XV, p. 226; Philos. Marj.., (4), t. V, p. 526, et Chemisches Centralblnll, i853, p. 8/19; ainsi que Thomjlets on solution, etc. ; Amer. Jour . Science, t. XIX, p. 100; Cliem. Gazette, i855, p, 92.) » En 1848-49 donc, j'ai publié mes idées sur la théorie des types comme offrant « la base d'un vrai système naturel de chimie, » et ce n'était qu'a- près les avoir soutenues seul pendant près de quatre ans, que M. Gerhardt les adopta en i852, sans pourtant faire la moindre allusion à mes écrits. Il ne reconnaissait pas cependant l'idée des types condensés et celle de l'hydrogène regardé comme type fondamental, lesquelles étaient, je crois, pour la première fois ressuscitées par M. Wurtz en i855. Sept ans après la première publication de ces idées et un an après ma réclamation, M. Wurtz me fait l'honneur de me dire que cette idée, de rapporter un grand nombre de substances à l'eau cojisidérée comme type .i est une des plus belles » conceptions de la chimie moderne, » et il désigne celle de ramener tout au type de l'hydrogène plus ou moins condensé comme un principe « net, » simple, général, et digne, à ce titre, d'être mise à la base d'un système de » chimie » (Répertoire de Chimie pure, octobre 1860). Je suis heureux de voir ces idées acquises à la science, et je désire seulement réclamer ce qui de droit revient à l'illustre Laurent, et de rappeler que mes Mémoires déjà cités, qui me semblent embrasser le sujet des types dans tout son dévelop- pement actuel, ont précédé de quelques années les pidjlicatious de MM. Wil- liamson, Gerhardt, Wurtz et Kolbe. » 231 M. Chcard adresse au concours pour le prix dit des Ails insalubres un Mémoire concernant deux appareils de son uiventiou. Le premier, qu'il désigne sous le nom de qazoscope, est destiné a avertir delà présence de gaz explosiljles dans un apparteir.ent ou une galerie de mine, avant le moment où le mélange est devenu détonant. Déjà présenté au concours pour le prix de l'année i843, l'appareil avait été jugé par la Commission digne de fixer l'attention, et une somme de 2000 fr. (voir le Compte rendu de la séance publique du 26 février 1844) fut accordée à titre d'encouragement à l'inventeiu- qui, s'occupant à le perfectionner d'après les remarques faites parla Commission, y apporta-différentes modifications consignées dans une Note présentée à la séance du 18 janvier 1848. La pré- sente conimunicalion contient des documents tendant à prouver que l'ap- pareil fonctionne d'une manière tout à fait satisfaisante. Un paquet cacheté, déposé par l'auteur en juin i85i et ouvert sur sa demande dans la séance du 21 janvier deinier, contenait une pièce relative à des expériences déjà instituées dans ce but. Le second appareil inventé par M. Chuard est une lampe de sûreté à l'usage des filatures de coton, et destinée à faire disparaître la cause princi- pale des incendies qui sont si communs dans cette classe d'usines. (Renvoi à la Commission des prix des Arts insalubres.) M. Payerne soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Pyrbydrostats ou hydrostals pyrotechniques, c'est-à-dire Pyroscaphes sous-marins, réalisables à l'aide de la pyrotechnie appliquée à la production de la vapeur comme puissance motrice ». (Commissaires, MM. Morin, Duperrey.) M. Fremont, auteur d une Statistique du département du Cher, envoyée en temps utile au concours pour les prix de i86r, adresse aujourd'hui une table analytique de son ouvrage. (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.^ M. A. Griveau présente une nouvelle disposition de la Table de Pytha- gore, disposition dont il annonce avoir constaté par une longue expérience ( 252 ) 1 Utilité, comme simplifiant notablement les opérations les plus usuelles de l'arithmétique. (Commissaires, MM. Mathieu, Delaunay, Bienavmé.) CORllESPOi\DAACE. M. i.E Secrét.4ire perpétuel présente, au nom de l'auteiu-, M. Gaultier de Clnubiy, un éloge de feu M. Robiqiiet, Membre de l'Académie des Sciences. Cet éloge a été prononcé à la séance de rentrée de l'École supé- rieure de Pharmacie. M. LE Secrétaire PERPÉTUEL appelle également l'attention sur plusieurs ouvrages adressés par M. le capitaine de vaisseau de Kerlialkt. [Voir au Bulletin hibliugrapliique.) PHYSIQUE DU GLOBE. — Trépidations du sol observées à Nice dans le deuxième semestre de 1860; extrait d'une Lettre de M. Prost à M. Élie de Beàumont. a Je vous envoie le relevé de mon registre, assez fidèlement tenu, des trépidations du sol dans mon coin de la ville de Nice... Vous remarquerez qu'elles ont été peut-être moins fréquentes et moins prolongées cette année-ci que dans les précédentes, mais encore souvent en relation avec des tremblements de terre plus ou moins éloignés, dont les journaux m'ap- portaient longtemps après la connaissance. Je pense vous avoir donné pré- cédemment le commencement de l'année (i). » Juillet : 18. » Août: 12, i3, i4, i5, 18 (très-intense), 21, 22, 23, 24, 25 (tremble- ment de terre en Saxe), 3o (intense). » Septembre: i/j, i5, 16, 19, 20, 21, 22 (intense: tremblement de terre à Brousse). » Octobre: i, 2, 3, i4, i5, r6, 19, 20, 21, 22 (intense; tremblement de terre à Alger), 24, 27 (intense). » Novembre : j 6, 17, 18, 24, aS (intense; cristanx). )) Décembre : 8, 9, 10, 17, r8. (1) Pour les oscillations correspondant au premier semestre de 1860, f'oir les Comptes rendus, t. I., p. SgG et 901, et t. LI, p. 67. ( 253 ) » Ainsi que je l'ai déjà expliqué autrefois, la mention des crislaux indique que ce jour-là la trépidation a pris assez d'intensité pour s'étendre aux cris- taux des lustres et appliques de mon salon. Pendant l'été, ces lustres et cristaux se trouvent recouverts, en sorte que ce moyen d'appréciation me manque. » A ce sujet, je renouvellerai les voeux que je forme pour que ces phéno- mènes puissent être étudiés avec des instruments plus délicats et plus précis, qui permettent déjuger des directions, qui sont évidemment variables; que l'on puisse reconnaître dans quelle étendue de terrain ils se manifes- tent, etc. M ASTRONOMIE. — Observations de la lumière zodiacale, faites à Chalillon-sous- Bacjneux ; porM. H. Goldschmidt. a Mon séjour à la campagne m'a permis de continuer les observations de la lumière zodiacale sur lesquelles j'ai déjà eu l'honneur d'adresser une com- munication à l'Académie. En se reportant au Compte rendu de la séance du 3 octobre iSSg, on verra que je signalais un filet de lumière observé le 2.5 septembre 1859, extérieur au cône, qui s'étendait jusque vers la constel- lation des Gémeaux, i5*' plus loin que le sommet de la lumière zodia- cale, et formant pour ainsi dire la portion d'un second anneau nébuleux extérieur. Cette observation se trouve pleinement confirmée par celle dé M. Neumeyer, faite à Melbourne, en Australie, dans la soirée du a/j sep- tembre 1859 lavoir Journal d' Astronomie et de Météorologie, rédigé pai' M. Heiss, du 2 mai 1860, sur la lumière zodiacale à Munster, Paris et Melbourne). En rapportant ses observations, M. Neumeyer ajoute : « Mes M positions représentent ce que je dois nommer le phénomène intérieur, » puisqu'il existe une seconde lueur extérieure à la lumière zodiacale, et » dont les limites s'étendent au delà de cette lumière. « Cette coïncidence d'observations simultanées du même phénomène, mais aux deux extrémités opposées du cône, me paraît devoir être signalée à l'Académie, et je profi- terai de cette occasion pour lui communiquer les suivantes, qui ont été éga- lement confirmées par celles de M. Heiss. (Pour les observations du 2 5 sep- tembre et 3 octobre 1859, voir les Comptes rendus, octobre 1859.) » 8 octobre iSSg, le matin. La lumière zodiacale se voit, mais les contours en sont très-diffus. Le sommet atteignait p du Lion. » 22 novembre, 4'" 3o™ à 5 heures du matin. La lumière zodiacale remplit C. H., 1861, i^r Semestre . (T. LU, N" 6.) 34 ( 254 ) exactement le quadrilatère formé par les étoiles 7, c?, i|i et Ç de la Vierge, dans la direction de Spica. Le sommet éloigné de 52" du Soleil est circon- scrit entre y et ô* de celte constellation, avec une latitude apparente nord de 6°. » 3o novembre, S*" 1 5" du matin. Les limites du sommet sont près de 9 et § de la Vierge, passant par un point situé en JR. 14'' 40" et en déclinaison H- a" 3o'. Le sommet me paraissait plus large que le 22 novembre, et à peu près d'égale distance du Soleil, 5o°. I-e côté inférieur du cône ou la limite australe n'était pas très-visible à cause des nuages. » I 2 janvier 1 860, G*" So™ du soir. Le phénomène est très-visible et beau ce soir. L'éclat ressemble à la voie lactée, mais la couleur me paraissait jaunâtre. La lumière s'étend jusqu'aux étoiles e et ê des Poissons. Une faible clarté va plus loin encore, sans que je puisse en saisir la limite. Ce filet de lumière paraissait arqué, infléchi et non dans l'axe prolongé du cône principal, dont la limite supérieure passait distinctement par a et jS des Poissons, et par le groupe d étoiles rj y du Verseau. La limite inférieure atteignait les trois étoiles tii de la même constellation, situées à 6" de latitude australe. Le sommet se perdait à 20" de longitude. Coordonnées équato- riales de la limite supérieure : 358°, -h 6°; 35o°, -h 5°; 344°, + 3°; 335°, + 1°; 33o°, minus 1°; limite inférieure : 348°, — io°; distance ap- parente : du sommet au Soleil, 77". » i3 janvier, 8 heures du soir. La lumière zodiacale se voit très-bien ; la base me paraît plus large qu'hier. » 17 janvier, ô^'So"" du soir. I^a limite supérieure du sommet est au- dessous des étoiles «, y des Poissons. La partie visible allait jusqu'à 5° du point équinoxial. La latitude boréale du sommet est de 3° à l'endroit y^ 340°, déclinaison — 5° Distance apparente au Soleil, 7X1°. » 18 janvier. La clarté se voit a travers leséclaircies. » ig janvier, i2''3o™ delà nuit. lia lumière se voit entre le Lion et la Vierge, son axe passant par ç, y, r,, fi de cette conslellalion; l'extrémité se trouve à une distance de j 3o" du Soleil. » ai janvier, 5 heures du n)atin. La lumière zodiacale ne se voit pas aussi étendue qu'hier à minuit. f 22 janvier. La liuniere se voit ; atmosphère défavorable. » 24 janvier. Limites méconnaissables. J^e sommet paraissait plus large que le 17 janvier. La partie latérale supérieure pas.sait au-dessus des étoiles «, y des Poissons. » 9 février, au soir. Le sommet mal défini paraissait atteindre l'étoile vj ( 255 ) des Poissons, qui est à 65" du Soleil. Une branche mince s'étendait jusque vers les Pléiades, ou vers c? du Bélier. » lo février, S*" 3o" du soir. La lumière zodiacale s'étend jusqu'au des- sous des étoiles a, [i du Bélier ; la clarté est visible jusque vers â de cette constellation, à 78° du Soleil. I.e sommet est largo et paraissait toujours situé au nord de l'écliptique. » II février, 6 heures du soir. Le cône est très-large; le sommet passe parles étoiles vj et [j. des Poissons, et atteignait la limite d'hier. 1) i4 février. La lumière zodiacale est très-étendue ce soir; la largeur du cône est plus considérable que les jours précédents. La limite boréale passe par yj des Poissons, 7 de Pégase, et à 3" sud de a de la même constella- tion. Vénus, dont la position est en M a^"" 56" et en déclinaison — i°3o', se voit intérieurement à plusieurs degrés de la limite australe. La largeur apparente du cône près de 7 de Pégase est de 1 2", perpendiculairement à l'écliptique; elle est de 16° près de a. de cette constellation. Ainsi la partie supérieure était plus large, ce que j'avais déjà en occasion de noter anté- rieurement. Je ne puis voir jusqu'à l'horizon, mais la base du cône prés de la terre tend à diminuer de largeur, de manière à donner une forme ovale à l'apparition, très-remarquable par son intensité lumineuse. )> 17 février, 7'' 1 5™ du soir. La lumière paraissait avoir envahi les trois étoiles a, ]3, 7 du Bélier, comme aussi la moitié du quadrilatère de Pégase entre les étoiles a et 7. » 23 février au soir. Le cône passe entre 7 du Bélier et Ç, /ji de la Ba- leine dans la direction de l'écHptique. Le carré de Pégase près de a, 7 pa- raît envahi par la lumière. il 34 février, à 8 heures du soir. La limite inférieure passe par a des Poissons et Ç, p. de la Baleine. La limite supérieure par 7, et le sommet se trouve près de â du Bélier. )' -25 février. La Lune empêche les observations. )) 20 mars, 8 heures du soir. Le sommet mal défini atteint les Pléiades. La limite supérieure passe par c de la Mouche, à 1° au-dessus de À du Bé- lier. La limite inférieure passe par S et 0 du Taureau, et par a et 7 de la Baleine; distance apparente au Soleil, 60°. .) 22 mars, 8^3o'" du soir. La lumière zodiacale se voit, mais les limites sont méconnaissables. >• 34. ( 256 ) PHOTOGRAPHIE. — Conservation parfaite pendant dix >nois de cjlaces sensibilisées et prêtes à servir ; extrait d'une Lettre de M. Maktexs à M. Seguier. « ... J'avais gardé des glaces sensibilisées trois semaines et pins, et je me trouvais fort content de leurs résultais; mais l'année iSSg, ayant à Lauzanne préparé des glaces au mois d'octobre pour une excursion, et le temps étant devenu fort mauvais, je me suis décidé à y renoncer. J'ai enfermé toutefois ces glaces sensibilisées, ainsi prêtes à servir, dans une boîte, en plaçant entre cliacpie glace une feuille de papier buvard, puis j'ai enveloppé le tout avec une toile cirée, et l'ai placé dans un endroit sec. » Étant retourné à Lausanne, l'été dernier, j'ai pris une vue avec une de ces glaces, et quoiqu'il y eîit dix mois qu'elle avait été sensibilisée, l'image est sortie sans avoir eu besoin de forcer avec l'agent révélateur. C'est un résultat digne de remarque, car par tout autre procédé l'on ne peut retar- der l'exposition que de quelques jours seulement. i> Je dois dire cependant que ce cliché, qui m'a donné de bons positifs, est devenu en se formant d'une couleur rouge, et qui n'a pas même cédé au fixage d'un bain neuf et fort d'hyposulfite de soude; mais je crois devoir attribuer cela à la présence de la chaux dans l'eau ordinaire du lavage que j'ai employée. Dans tous les cas, cette expérience prouve que la formation de l'iodure d'argent dans l'albumine peut se conserver sensible dix mois et au delà. Je me propose de préparer d'autres glaces avec plus de soins, et je vous ferai part de mes résultats ultérieurs, qui seront, j'en ai l'espoir, tout à fait concluants. >' M. M.4RTENS adresse aussi une Note ayant pour titre : Remarques enta- mologiques durant une excursion dans les Alpes. Dans une ascension sm- le Monte-Moro, l'habile photographe se trouvant empêché par l'état du ciel de faire les opérations qui l'amenaient sur ce sommet, a profité de ses loisirs forcés pour observer les alhn-esde certains Lépidoptères, et il a noté spécialement une émigration de papillons d'une même espèce [Vanessa cardui) qui semblait à l'approche de la froide saison traverser les Alpes pour gagner l'Italie. (Celte Note est renvoyée à l'examen de MM. Milne Edwards et Valenciennes.) ( 257) GÉOLOGIE — Noie sur le terrain tertiaire posl-pyrénéen du Bujorre, couaidéré principalement dans la vallée de l'/4dow ; par M. Leymerie. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Ehe de Beaumont, de Senarmont, Valenciennes.) M. Miller prie l'Académie de vouloir bien faire examiner un nouveau bec à gaz qu'il désigne sous le nom de bec régulateur, et dont l'emploi pro- duirait, suivant lui, une économie de moitié dans l'éclairage. Quand M. Miller aura fait connaître par une description suffisante l'ap- pareil qu'il désire soumettre au jugement de l'Académie, cette description sera renvoyée, s'il y a lieu, à l'examen d'une Commission. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ii février i86i les ouvrages dont voici les titres : Recherches sur les principaux phénomènes de météoroloqie et de physicpie terrestre aux Antilles ; par M. Ch. Sainte-Claire Deville, Membre de l'Ins- titut; t. Y\ Paris, i8Go; in-4''. Description nautique de la côte occidentale dAfriipie depuis le cap Bosco jusqu'aux iles de Lor ; par M. PhiUppe UE Kerhallet. [Dépôt qénéral de In marine.) Paris, 1849; br. in-8°. Considérations générales sur l'océan Pacifique; par le même. [Dépôt des cartes et plans de la marine.) Pans, i856; in-8°. C. r.., 1S61, i" Semestre. ( ï. LU, N» 6.) 35 ( 262 ) Manuel de la navigation de la côte occidentale d'Afrique; jjar M. DE K.ER- HALLET; t. I, II et III. { Dépôt des cartes et plans de la marine.) In-Zj". Description nauticpie de la côte nord du Maroc; par MM. VlINCENDON Dumoulin et de Kerhallet. Paris, 1857; in-8°. Manuel de la navigation dans le détroit de Gibraltar; par M. DE KeiihalleT; i857;in-8''. Manuel de la navigation dans la mer des Antilles et dans le golfe du Mexi- gue; par le même; t. I et II. {Dépôt des caries et plans de la marine.) i853; in-S". Description nautique de Madère et des Canaries, des Açores, des lies du cap Fert ; n"^ 267, 268 et 269. (^Dépôt des cartes et plans de la marine.) Paris, i858; 3br. in-8°. Considérations générales sur l'océan Indien; par le même; n° 191. {Dépol des caries et plans de la marine.) Paris, i85g; in-8". Considérations générales sur l'océan Atlantique; par le même; n" igS. [Dé- pôt des cartes et plans de la marine.) Paris, 1860 ; in-8". Ces ouvrages, ainsi que 34 cartes marines levées par M. de Kerhallet ou avec sa collaboration et faisant partie du même envoi, seront soumis a l'examen de la Section de Géographie et de Navigation. De l'influence exercée par l'atmosphère sur la végétation; par M. Barual; br. in-8°. Note sur le terrain lioiiiller et sur le terrain nummuli tique de la Maurienne; par M. A. Favre; br. in-S". Eludes pratiques sur l'angine coucnneuse à propos dune épidémie qui a régné dans l'arrondissement dlssnudun, pendant les années 1 856- 1859, par M. M. Jugand; br. in-B". Société impériale des Sciences de l Agriculture et des Arts de Lille., programme lies prix proposés; in-8". Eloge de M. Jiohiipiet, prononcé à la séance de rentrée de l'Ecole de Pharmacie lia i4 novembre 1860; par M. GAULTIER DE Claubry ; 1861; i feuille in-S". De faction thérapeutique des Eaux-Bonnes dans la phthisie pulmonaire ; par M. E. Cazenave; 1G80; in-8°. (Adressé pour le concours de Médecine et de Chirurgie.) Des maladies chroniques; pratique d'un médecin de province; par M. Neu- COURT. Paris, 1861; in-8". Annuaire du Cosmos, 3^ année, 1861 ; i vol. in-12. (Présenté par M. Fave.) Catalogue des poissons recueillis ou observés à Cette] par M. UOUMET ; iSCo ; br. in-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Coste.) ( 263 ) List of .. Liste des membres de la Société Géologique de Londres; septembre 1859; in-8°. Memone... Mémoires du royal InstHut Lombard des Sciences, des Lettres et des Arts. No\. VIII, série, 2, 2* livr.; !ii-4^. Dell' origine... De ioricjine et des fjroyrès de la science hjrdumlicjue dans le Milanais et autres parties de l'Italie. Observations hislorico-critujues sur les principaux travaux de Léonard de Finci, B. Castelli et J.-D. Gmjlielmini; par M. E. LOMBAKDliNi. Milan, 1860; in-4''- Reiseum... Voyage autour du monde dans les années i853 à 1857; par M. Ludwig K. SCHMAliDA; t. II. Brunswick, 1861 ; in-8°. ERRJTÀ. (Séance du 4 février 1861.) Page l65, ligne 21 , et ( Bulletin bibliographique) page 216, liijue 12, au lieu de Acclimatalion et domestication des animaux domestiques , lisez Acclimatation et domesti- cation des animaux utiles. JDDITIONS. (Même séance.) Page l'j'j, ligne 2g, après entreprendre, ajoutez d'obtenir. Page 182, ligne 17, après la Jormule, ajoutez en note : Près de l'équateur; plus loin i\ faudrait introduire dans le dernier terme le facteur cos'o, et, pour les hautes labtudes, le facteur cos^5 zsin 1" sin 2 lî, 8 étant la déclinaison de l'étoile observée. 2 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 18 FÉVRIER 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMSlOflCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les variations séculaires dans le degré de salure des mers et sur les acclimatations de la nature; par M. Babinet. 0 Au moment où s'est établi par une brusque catastrophe le système actuel des eaux à la surface du globe, il est probable que tous les lacs et mers intérieures étant des portions isolées de l'Océan avaient le mètne degré de salure que l'Océan en général, dont je représenterai le degré par le nombre 28 pour mille. » La mer Noire et toutes les nappes d'eau ayant un émissaire reçoivent de l'eau douce par les pluies et les rivières, perdent par cet émissaire de l'eau plus ou moins salée et doivent diminuer progressivement de salure. La mer Noire n'est plus salée qu'au numéro i/j, c'est-à-dire moitié de l'Océan. De même la Baltique, qui communique avec le grand système océanique de manière à y verser un excédant d'eau, doit être à un moindre degré de salure que les océans : ce qui s'observe en effet. Comme la mer Caspienne et le lac Aral sont aussi à un degré de salure inférieur, c'est une preuve, avec les autres indices géologiques, que leurs bassins ont communiqué autrefois avec celui de la mer Noire. K Par contre la Méditerranée, qui reçoit par le détroit de Gibraltar et par le C. R., 1861, I" Semestre. (T. LU, N» 7.) 36 266 ) Bosphore des eaux salées, dont le sel n'en sort pas par l'évaporatioii, est plus salée que l'Océan et doit voir de siècle en siècle augmenter son degré de concentration. Aujourd'hui elle est salée au n° 3o, l'Océan l'étant au n" 28. La mer Morte, le lac d'Ourmiah en Perse, ne communiquent pas avec l'Océan, et en les considérant comme le résidu des eaux d'un bassin primitivement plus étendu, on se rend compte facilement de leur excessive salure. Le lac Elton dans le voisinage du Volga inférieur est la plus salée de toutes les nappes d'eau intérieures et il fournit du sel excellent formant les deux tiers de la consommation de la Russie d'Europe. La quantité de matière saline qu'il contient est à celle de la mer Morte dans le rapport de 29 à 26. Je ne connais pas le degré de salure du lac de Van, voisin du lac d'Our- miah, mais ses eaux sont dites amères et salées. » Les grands lacs d'eau douce de l'Amérique septentrionale sont proba- blement des portions de l'Océan primitif qui se sont complètement dessalées. On peut en dire autant des lacs de Suisse et d'Italie et notamment des lacs de Genève et de Constance et du lac de Garde. L'objet de la présente com- munication est principalement le lac ou mer de Baïkal, au sud de la Sibérie, par les latitudes de J' Angleterre. Il a 600 ou 700 kilomètres de long sur une largeur de 5o à 100 kilomètres. Ses eaux, qui ont pour émissaire la puissante rivière de l'Angaia, sont maintenant aussi pures que l'eau distillée. » La nature, dans cette vaste et profonde misse d'eau douce, a opéré des acclimatations que j'ai signalées à plusieurs reprises et que je mets aujour- d'hui sous les yeux de l'Académie pour leur donner un degré de notoriété qui puisse engager à profiter de l'œuvre de siècles. » Entre autres |)roductions marines, devenues productions d'eau douce, je me contenterai d'en mentionner quatre : 1° des peuplades de harengs dits omouls, que l'on dessèche et que l'on sale comme ceux des mers européennes de l'océan Atlantique et qui sont l'objet d'un commerce important; 2° des phoques d'eau douce tout à fait de la même espèce que ceux des mers Scan- dinaves et des parages du Groenland et de la mer Glaciale; 3° des éponges qui sont ordinairement le produit des eaux chaudes et salées de la Médi- terranée; 4" enfin du corail de bonne qualité qu'on ne s'attendrait guère à trouve!- dans des e.uix froides et complètement exemptes de sel. » L'introduction des harengs dans les lacs d'eau douce de l'Europe et de l'Amériijue ne serait-elle pas une chose utile et qui ne |)résenterait aucune chance de non-réussite? » Mais c'est surtout le phoque, animal haut placé dans l'échelle organique et très-intelligent, que je voudrais voir amener dans les lacs artificiels du ( 267 ) bois de Boulogne et de Vincennes, aussi bien que dans les lacs de Suisse et d'Italie. » Les frais de transport de cet amphibie d'eau douce, qui ne craint ni le froid ni la fatigue du voyage, ne seraient pas très-considérables par la voie des traîneaux qui apportent de la Chine, par Irkoutsk, le thé, le sucre de mauvaise qualité, le tabac et la soie à la foire de Nijuei-Novogorod. De là à Saint-Pétersbourg et en France le trajet est facile. » Le but de cette Note est donc de mettre notre importante Société im- périale d'Acclimatation en demeure de se procurer ces curieux et éducables amphibies que de temps en temps on montre par curiosité à Paris. Il en est fort question dans Homère et dans Virgile, ainsi que de leur fameux berger mythologique, le vieux Protée. Leur instinct est très-développé et rivalise avec celui du chien. Leur chair est la nourriture exclusive des pauvres peu- plades des Esquimaux et des Samoiédes, si bien étudiées par le prince Napo- léon dans son mémorable voyage aux mers du Groenland. L'étude des mœurs des phoques et de leur organisation serait fort intéressante à faire à Paris et dans le voisinage. Enfin leur vie et leur reproduction est complète- ment assurée. » Conclusion. — Il nous faut en France, et le plus tôt possible, DES PHOQUES d'eau douce. » PHYSIQUE. — Recherches sui plusieurs phénomènes relatifs à la polarisation de la lumière ; par M. H. Fizeau. « On a remarqué depuis longtemps que lorsqu on reçoit un rayon de lumière sur un miroir dont la surface, au lieu d'être parfaitement unie, porte des sillons tracés par une pointe fine, la réflexion de la lumière ne se lait pas avec la même simplicité sur la surface rayée que sur la surface unie. On observe bien toujours un rayon réfléchi régulièrement suivant les lois connues, mais on remarque en outre qu'une portion considérable de lumière est renvoyée dans des directions différentes, qui peuvent même s'éloigner beaucoup de celle du rayon réfléchi régulièrement. On peut citer comme exemple de ce genre d'effets, les reflets remarquables que l'on donne souvent dans les arts aux surfaces de divers métaux, comme le laiton, l'acier, etc., et l'on sait que ces jeux de lumière s'obtiennent simplement en pressant sur la surface métallique et faisant mouvoir suivant une direc- tion toujours la mémo, un corps recouvert d'émeri, dont les particules an- 36.. ( 268 ) giileiises et fort dures tracent dans leur mouvement sur le métal de petits sillons ou tailles parallèles. On a lieu d'être surpris lorsqu'on fait atten- tion à l'intensité des rayons lumineux que les surfaces polies de cette ma- nière reflètent dans des directions autres que celle de la réflexion régulière, et l'on s'accorde généralement à rapporter cet effet, à la fois à des réflexions sur les bords diversement inclinés des sillons, et aussi à la diffraction pro- duite par leur ensemble, qui peut être considéré comme un réseau irrégu- lier, donnant à la fois et superposés les phénomènes observés par Frann- hofer avec des réseaux simples de structures variées. )) Or en étudiant, sous le rapport de la polarisation, la lumière émise dans ces circonstances, j'ai observé plusieurs phénomènes imprévus qui ont paru dignes d'attention à quelques-uns de nos savants confrères aux- quels je me suis empressé de les communiquer, et qui, je crois, n'ont pas encore été signalés. » Plusieurs observateurs, parmi lesquels je citerai Fraunhofer, sir D. Brewster, Associé étranger de l'Académie, et plus récemment MM. Stokes, Holtzmann et Lorenz, ont déjà remarqué dans la lumière émise par les réseaux réguliers certains phénomènes de polarisation, mais ces phénomè- nes paraissent bien distincts de ceux que je vais rapporter. » Je suppose que sur une plaque métallique plane et parfaitement polie , d'argent par exemple, on ait tracé au moyen d'une pointe d'acier très-fine ou d'une pointe de diamant, un trait rectiligne, en prenant la précaution d'effleurer à peine la surface et de graduer la pression de sorte que la ligne tracée devienne de plus en plus ténue, et finisse par être imperceptible. Si l'on éclaire la plaque portant ce trait délié, dans une direction très-oblique, rasant la surface, et perpendiculaire à la direction du trait, celui-ci paraîtra lumineux dans toutes les directions, pourvu qu'elles soient comprises dans le plan commun de l'incidenc'e et de la réflexion ; mais il échappe à la vue dans ses parties les plus déliées, à cause de son extrême finesse. En plaçant alors la plaque toujours éclairée de la même manière sur le porte-objet d'un microscope, on peut apercevoir le trait beaucoup plus prolongé dans son extrémité la plus fine, et à mesure que l'on emploie des lentilles plus fortes, on distingue des parties du trait plus déliées encore. » Dans ces conditions, l'observation ayant lieu normalement à la plaque, si l'on place entre l'œil et l'oculaire du microscope un prisme analyseur biréfringent, on reconnaît par les intensités différentes des deux images, ordinaire et extraordinaire, formées par le prisme, que la lumière émanée du Irait brillant est manifestement polarisée, l'effet est surtout très-marqué ( 269) dans la partie la plus déliée qui termine la ligne lumineuse, et le plan de la polarisation est parallèle à la direction de la ligne. » On a observé des traits différents tracés par des méthodes variées, et le résultat a toujours été le même, lorsque le trait était suffisamment délié. )) On a remarqué de plus que le sens de la polarisation, toujours paral- lèle au traita son extrémité la plus fine, est généralement opposé, c'est-k- dire, perpendiculaire au trait dans certaines parties où celui-ci est plus large; enfin dans les parties d'une largeur plus grande encore, la lumière n'est plus polarisée d'une manière sensible. » Si l'on vient à faire varier l'angle sous lequel la lumière arrive sur la plaque, ain?i que la direction suivant laquelle on observe le trait lumineux, ce que l'on peut faire entre certaines limites déterminées par la forme du microscope, en inclinant diversement la plaque et déplaçant la source de lumière, on observe dans les phénomènes certaines particularités dont voici les principales : » La plaque étant observée normalement, comme dans le cas précédent, si on l'éclairé dans une direction moins oblique en rapprochant graduelle- ment la source de lumière de l'oculaire, l'intensité de la polarisation s'af- faiblit rapidement et devient bientôt insensible. » La plaque étant éclairée normalement et observée suivant une direc- tion très-oblique, mais toujours normale à la direction du trait brillant, ce qui est l'opposé de la première disposition, les phénomènes restent sensible- ment les mêmes, et l'extrémité la plus fine possède encore une polarisation parallèle à la direction du trait. » La plaque restant dans la même situation, si l'on relève la source de lumière en la rapprochant le plus possible de l'oculaire, la plaque est alors éclairée obliquement, et observée obliquement aussi, dans une direction très-voisine de celle sous laquelle elle est éclairée. Dans ce cas, la polarisa- tion du trait lumineux est beaucoup plus intense, et non-seulement l'extré- mité la plus fine est polarisée parallèlement à sa direction, mais de plus la polarisation parallèle a gagné les parties plus larges où s'observait précé- demment la polarisation opposée, et même une partie de la région plus large encore où la lumière n'était pas précédemment modifiée. » Après avoir constaté l'existence d'un pouvoir polarisant aussi prononcé dans les traits isolés tracés sur l'argent, on pouvait prévoir que cette pro- priété se manifesterait également eu observant les stries innombrables qui se produisent sur les métaux lorsqu'on promène à leur surface un corps chargé d'une substance dure réduite en poudre très-fine, et dans ce cas le ( 270 ) grand nombre des lignes brillanle» devant compenser le faible éclat de cha- cune d'elles, on pouvait espérer que les phénomènes deviendraient visibles directement sans nécessiter l'emploi du microscope. » On a donc tracé sur une surface d'argent une bande striée de a centi- mètres de largeur, au moyen d'un morceau de liège chargé d'émeri très- fin (i) et guidé dans son mouvement rectiligne par une règle. La bande striée ainsi obtenue présente des reflets éclatants qui reproduisent d'une ma- nière plus frappante, à cause de l'intensité de lalumière, les phénomènes de polarisation précédemment observés dans les traits isolés. » Si l'on place la bande striée sous le microscope et qu'on l'éclairé obli- quement, on observe des lignes brillantes innombrables d'éclats très-divers et de couleurs variées dues sans doute à des phénomènes accidentels d'in- terférence et de diffraction ; presque toutes ces lignes sont polarisées à des degrés divers dans le sens de leur longueur, et quelques-unes généralement plus fortes présentent la polarisation opposée. M Au lieu de donner à la bande striée une forme rectiligne, on peut la tracer suivant un arc de cercle de 5o centimètres par exemple; dans ce cas il suffit de placer la plaque horizontalement et de l'éclairer par une bougie située à peu près au-dessus du centre du cercle et à une distance de la bande peu différente du rayon ; il convient que la flamme soit à une hau- teur telle, que la liunière tombe sur la plaque sous un angle de 60 à 80" à compter de la normale. Alors, en plaçant l'œil derrière la bougie et un peu à côté, et l'abritant par im petit écran de la lumière directe de la flamme voisine, on aperçoit la bande striée illuminée suivant l'arc entier qu'elle décrit, et la lumière qu'elle reflète peut être observée directement avec un analyseur qui l'éteint ou la fait briller tour à tour. » Au reste ces effets de polarisation ne paraissent pas subordonnés à la nature du métal dont la plaque est formée; à l'argent on a substitué l'or, le platine, le cuivre, l'acier, le laiton, le métal des miroirs, l'aluminium, l'étain, etc., et tous ces métaux, convenablement rayés, ont présenté les mêmes phénomènes, sans différences bien sensibles, si ce n'est sous le rap- port de la coloration de la lumière polarisée par reflet. » Les métaux les moins colorés par eux-mêmes donnent des reflets teintés (1) LVnieri n" 4° des opticiens est très-convenable pour ces expériences; je me suis assuré I mm que le diamètre movcn des airains est environ L'émeri n° 20, le tripoli ordinaire et ^ J ^ 200 le rouge d'Angleterre, peuvent également être employés avec succès. ( 27' de iaïuie qui tlaiis la direction rasante deviennent bronzés, tandis qu'avec les métaux qui ont une couleur propre très-marquée, les reflets possèdent des teintes où la couleur propre domine en général et quelquefois même est singulièrement exaltée , comme on peut l'observer avec l'or et le cuivre. » Je dois avertir ici que les bandes striées sur l'argent, le cuivre et quel- ques autres métaux sont surtout fort brillantes lorsqu'on vient de les pré- parer; au bout de quelques jours elles s'altèrent spontanément par l'effet des vapeurs accidentelles de l'air qui s'unissent au métal. L'or et le platine sont naturellement exempts de cet inconvénient. i> Des substances autres que les métaux ont également présenté des plié- nomenes du même genre; mais alors les reflets sont si peu kunuieux, cpie l'observation en est souvent incertaine ; cependant la polarisation parallèle aux stries a pu être observée nettement sur une lame de fer spéculaire et sur une plaque d'obsidienne, que je devais l'ime et l'autre à l'obligeance de notre confrère IVI. de Senarmont. Avec quelques précautions le même phé- nomène a pu être aperçu sur le verre commun. » Enfin des groupes de raies tracées sur des surfaces d'argent et de cuivre ont été moulées avec de la cire noire, de la gotnme laque et même avec le cuivre galvanoplaslique; dans tous ces cas les empreintes ont présenté sen- siblement les mêmes phénomènes que si leur surface avait été rayée directe- ment. » Parmi les épreuves variées auxquelles on a soumis ce genre de phéno- mènes, je citerai encore le cas où un métal rayé, donnant nettement par reflet la polarisation parallèle aux raies, vient à être recouvert d'un vernis; dans ce cas la polarisation devient k peine sensible; résultat qui semble s'expliquer le plus naturellement par le changement de direction des rayons dû à la réfraction produite par le vernis, laquelle s'oppose à ce que le rayon incident et le rayon reflété fasseiit avec la surface du métal les angles con- venables à la polarisation dont il s'agit. Et en effet en collant, avec du vernis, de la térébenthine, ou du baume du Canada, des verres diversement taillés, sur une plaque rayée, on voit la polarisation reparaître au sein de ces substances plus réfringentes, toutes les fois que les directions des rayons sont bien celles où le phénomène se produit dans l'air. Or on sait que la plupart des instruments construits en laiton, en cuivre ou en bronze, aux- quels on est dans l'usage de donner des reflets brillants par le polissage, sont ordinairement recouverts d'un vernis destiné à conserver l'éclat du métal; il ne faut donc pas s'étonner si ces reflets souvent si éclatants ne présentent pas de polarisation bien sensible. I.orsque ces surfaces n'ont pas été vernies ( 272 ) et de plus lorsqu'elles n'ont pas été obtenues par l'emploi de substances trop grossières, les phénomènes indiqués s'observent constamment. » Il n'a pas été question jusqu'ici de ce qui se passe dans la direction de la réflexion régulière sur un miroir rayé; dans cette direction l'observation n'est pas aussi facile, parce que les rayons qui rencontrent les sillons, se trouvent mêlés à ceux qui sont réfléchis par les parties unies du miroir. Ce- pendant en regardant au microscope des lignes isolées et convenablement éclairées, on peut constater avec certitude une polarisation sensible, qui ne varie pas beaucoup en intensité avec l'angle de réflexion ; mais ce qui est remarquable, c'est que le sens de la polarisation est opposé à celui qui do- muie dans les reflets; en effet, le plan de polarisation est alors perpendicu- laire à la direction des lignes tracées sur le miroir. Le même fait peut éga- lement être constaté en regardant directement avec un analyseur une sur- face rayée. Dans ce cas, pour rendre le phénomène bien sensible, il convient de tracer sur une plaque d'argent deux bandes rayées se croisant à angles droits et d'observer à peu près normalement les rayons réfléchis, en prenant pour source de lumière une surface blanche uniformément éclairée. La di- rection des raies étant rectangulaire dans les deux bandes et chaque bande donnant de la polarisation perpendiculaire à sa direction, il en résulte que les deux bandes donneront des polarisations en sens contraires et que le phénomène deviendra plus sensible par le contraste. » Le même effet s'observe sans de grandes différences depuis les inci- dences obliques jusqu'à l'incidence normale, quel que soit l'azimut delà direction des raies, et toujoius le rayon réfléchi régulièrement possède une polarisation partielle, sensiblement perpendiculaire à la direction des raies. » Le phénomène est encore rendu très-évident en rayant, au moyen d'un tour, un espace de quelques centimètres sur une plaque polie : la par- tie couverte de raies concentriques, étant regardée avec un analyseur, pré- sente deux houppes sombres qui ont quelque ressemblance avec les houppes découvertes par M. Haidinger. 1) On peut rendre plus sensible encore ce phénomène en rayant unifor- mément sur toute leur surface deux miroirs, les plaçant parallèlement vis- à-vis l'un de l'autre et faisant subir entre eux à la lumière des réflexions multiples; à chacime d'elles une nouvelle quantité de lumière est polarisée, de sorte qu'après plusieurs réflexions sous un angle qui peut être aussi près que possible de la normale, la quantité de lumière polarisée devient tout à lait dominante. ( -73) » Cette polarisation du rayon réfléchi régulièrement s'observe au reste avec des métaux différents sans modifications bien sensibles : les métaux qui pour la polarisation ordinaire sont les moins actifs, comme l'or et l'argent, don- nent sensiblement les mêmes effets que ceux qui polarisent le plus, comme le platme et le zinc. Ce résultat semble éloigner l'idée d'expliquer ces effets par une polarisation partielle due à des réflexions sur les parois des sillons, comme on serait naturellement conduit à le supposer tout d'abord; l'effet de ces réflexions ne paraît pas en tous cas être l'effet dominant. » Pour faire un pas de plus dans l'étude de ces phénomènes, il fallait chercher à se rendre compte des dimensions des petits sillons qui possèdent des propriétés aussi singulières. Dans ce but, on a eu recours à ces couches d'argent très-mince, qui se déposent de certaines solutions chimiques sur le verre, et qui non-seulement peuvent remplacer l'amalgame d'étain dans rétamage des glaces, mais de plus ont été employées avec succès par M. Foucault à la construction de nouveaux télescopes. « Une première glace (A) portant une couche d'argent très-mince, et cependant d'une opacité parfaite, a été rayée suivant une bande étroite, avec du liège chargé d'émeri très-fin. Cette bande présentait, comme à l'ordi- naire, la polarisation parallèle à sa direction, par reflet, et la polarisation perpendiculaire par réflexion régulière. Or en examinant au microscope l'état de la couche rayée, éclairée par transmission, on pouvait reconnaître que les raies n'avaient pas atteint en général toute l'épaisseur de la couche d'argent : quelques-unes seulement, plus fortes que les autres, étaient dans ce cas et paraissaient accidentelles. » Pour évaluer l'épaisseur de la couche d'argent, on a placé un morceau d'iode en un point de la surface, et l'on a laissé se développer tout autour de lui, sous l'influence de ses émanations, des anneaux colorés formés d'io- dure d'argent, jusqu'à ce que le point occupé par l'iode soit devenu tout à fait transparent, la couche d'argent étant alors en ce point transformée en iodure jaune dans toute son épaisseur. Depuis le point où les vapeurs d'iode n'avaient pas atteint l'argent, jusqu'à celui où le métal était totalement transformé en iodure, il y avait une série d'anneaux colorés commençant parle blanc et qui, comptés en les regardant avec un verre rouge, ont été trouvés au nombre de neuf. La série s'arrêtait.vers le milieu du neuvième anneau brillant. L'indice de réfraction de l'iodure d'argent étant 2,246 (dé- duit de l'angle de polarisation trouvé égal à 66"), le neuvième anneau brillant .mm donne pour l'épaisseur de l'iodure d'argent ôôy— L'épaisseur, la composi- C. r.., iSGr, 1" Scmesor. (T. LU, N» 7.; ^7 { 274 ) lion et la densité connues de l'iodure permettent de déduire l'épaisseur . m tu correspondante de l'argent. On trouve ainsi -^. pour l'épaisseur de la couche d'argent delà lame (A). u Une seconde glace (B) a été recouverte d'une feuille d'argent battu, opaque comme la précédente, mais seulement pour les rayons d'une inten- sité médiocre, car en regardant directement le soleil au travers de cette couche, on distingue le globe de l'astre dépouillé de ses rayons et coloré * d'une teinte bleue très-riche. Je me suis assuré que cette feuille d'argent ren- ferme un peu d'or. » On a essayé de rayer cette surface avec de l'éméri comme la précé- dente, mais elle était trop ihégale et trop peu adhérente au verre; on n'a pu obtenir quelque résultat qu'en la frottant avec du coton pur, et alors la sur- face a donné des reflets polarisés bien marqués. Observée au microscope, elle a paru lacérée en tous sens, en sorte qu'on n'a pu rien conclure de cette épreuve. Cependant, pour contrôler les autres résultats, on a évalué l'épais- seur en formant des anneaux avec l'iode; ceux-ci s'arrêtaient au milieu du quatrième anneau brillant; au delà, la couche était parfaitement transpa- rente et jaune. De là on conclut, conime précédemment, que la couche I min d'argent ne dépassait pas l'épaisseur de — ^^j— Cette extrême ténuité des feuilles d'argent battu concorde assez bien avec celle des feuilles d'or em- ployées pour la dorure; ces feuilles, qui, comme on le sait, sont transpa- |Uim rentes et d'une teinte verte, ont une épaisseur moyenne d'environ , ' •' 10000 comme je m'en suis assuré en pesant des surfaces connues (trois échantil- lons différents ont donné les valeurs : o'°"',oooioS; o""",oooo95 et o'""',oooo9i). » Revenant alors à l'emploi des glaces revêtues d'une couche d'argent déposée chimiquement, on en a obtenu une(C) plus mince que les précé- dentes, comme le prouve une transparence bien plus grande ; la lumière transmise est d'un bleu gris, la lumière réfléchie est d'un bleu jaunâtre, avec celte particularité que vers l'angle de polarisation maximum elle de- vient tout à coup d'un beau bleu pour la lumière polarisée normalement au plan de réflexion. Les anneaux d'iodure formés sur cette surface s'arrê- tent vers le milieu du deuxième anneau brillant, au delà la transparence est complète; on conclut de là pour l'épaisseur de la couche d'argent I min Cette couche, rayée avec le même émeri que précédemment, a pré- ( ^75) sente des reflets polarisés très-prononcés. Au microscope, on a pu s'assurer qu'un très-grand nombre de lignes élaient percées à jour, mais qu'un plus grand nombre encore ne l'étaient pas, et par conséquent avaient au-dessous j in m de la surface une profondeur moindre que -;; De plus, on a pu constater que toutes les lignes, qui éclairées obliquement présentaient nettement la polarisation parallèle, étaient de celte seconde catégorie. » Enfin, une dernière couche d'argent (D) a paru plus mince que toutes les autres; elle était d'une transparence plus grande encore que la précédente pour la lumière transmise, et la lumière réfléchie présentait les mêmes par- ticularités à un degré plus prononcé. Rayée comme les précédentes, elle a présenté des reflets plus faibles, mais bien sensibles et toujours polarisés de la même manière. Au microscope, on a pu constater que le nombre des traits percés àjour étaitde beaucoup leplus grand, et, commeavec la couche précé- dente, on a reconnu que toutes les lignes qui donnaient les reflets polarisés ne traversaient pas la couche d'argent, et par conséquent n'avaient, à partir j mm de la surface, qu'une profondeur inférieure à -^r-, — Telle est, en effet, * ' 544 10 l'épaisseur de l'argent qui résulte des anneaux d'iodure formés sur cette couche, lesquels ne dépassaient pas le milieu du premier anneau obscur. » L'ensemble des résultats que je viens d'exposer conduit naturellement à soupçonner que la lumière pourrait éprouver des effets du même ordre en traversant des fentes extrêmement fines. Les expériences que je vais rapporter en terminant ce Mémoire montrent, en effet, qu'il en est ainsi, et qu'il se produit alors des phénomènes ayant avec les précédents une affi- nité bien sensible. « On sait que, pour reproduire les expériences d'interférence et de dif- fraction, on construit de petits appareils qui se trouvent dans tous les ca- binets de physique : ce sont des fentes en minces parois à bords rectilignes et parallèles, pouvant être rapprochés l'un de l'autre depuis une distance de quelques millimètres jusqu'au contact. Or si l'on fait passer un faisceau de lumière à travers une fente semblable, après en avoir réduit l'ouverture de manière à ne donner passage qu'à une trace de lumière, on observe constamment que les rayons émergents possèdent une polarisation sensible dans un plan perpendiculaire à la direction de la fente, polarisation qui est d'autant plus forte que les bords de la fente sont plus rapprochés. » Si l'on a recours à une lumière très-intense, et si l'on emploie le mi- croscope, on peut observer avec des ouvertures beaucoup plus fines encore et en inclinant un peu l'un des bords par rapport à l'autre, on peut avoir 37.. ( 276) dans le champ du microscope une ouverture qui décroit par degrés insen- sibles jusqu'au contact des deux bords. Or, dans ce cas, les dernières por- tions de lumière qui passent encore près du point de contact, sont presque totalement polarisées dans le plan perpendiculaire à la direction de la fente. » On a d'abord attribué ce phénomène à des réflexions multiples des rayons entre les deux bords voisins, réflexions qui doivent nécessairement donner lieu à quelques effets de polarisation ; mais on va voir qu'il y a des faits qui s'accordent peu avec cette explication. » Les premières épreuves ont été faites avec une fente dont les bords étaient en laiton; à ce métal, on a substitué l'acier, le enivre, et enfin l'ar- gent; le phénomène a été peu modifié, et d'une manière qui ne concorde pas avec la propriété polarisante propre de chaque métal. Ainsi l'argent, qui polarise si peu par lui-même, polarise presque totalement lorsqu'il forme les bords d'une fente très-fine. » De plus, en réduisant l'épaisseur des bords jusqu'à les rendre tran- chants, le phénomène persiste encore, et il devient alors difficile de conce- voir l'existence de réflexions assez multipliées pour produire la polarisation observée. » Les corps les plus variés disposés de manière à donner lieu à une fente étroite présentent le même phénomène, pourvu que les bords en soient bien polis. Le flint, le verre, l'obsidienne, l'ivoire, le spath fluor, n'ont pas présenté, sous ce rapport, de différences bien caractéristiques. » Ayant remarqué que les bords de la fente devaient être bien polis et réfléchissants, ce qui s'accordait avec l'idée d'une polarisation par des réflexions multiples, on a supprimé, aussi complètement que possible, cette cause de polarisation en couvrant de noir de fumée les deux bords de la fente; dans ce cas, en effet, tout phénomène de polarisation a disparu, et l'on a été ramené à l'idée des réflexions multiples comme cause de ces phénomènes; mais ce qui en a éloigné aussitôt, c'est qu'en restituant le poli à l'un des bords seulement, l'autre restant couvert de noir de fumée, la polarisation s'est produite de nouveau d'une manière très-nette; et dans ce cas, comment concevoir qu'il puisse se développer des réflexions mul- tiples? Cette épreuve, jointe à ])lusieurs des précédentes, semble bien indi- quer qu'il y a là un mode particulier de polarisation. » On a pensé que l'on jetterait quelque jour sin- ce sujet en observant dans des conditions telles, que la lumière ne subisse que des réflexions totales sur les bords de la fiente, ces réflexions, même les plus multipliées, ( 277 ) n'ayant, comme on le sait, aucune action polarisante sur la lumière na- turelle. » Après quelques essais infructueux tentés de diverses manières, ou n'a trouvé rien de mieux que de chercher à observer par sa tranche une bulle d'eau de savon formée dans un tube étroit; dans ce cas, en effet, la bulle prend la forme d'une nappe liquide très-mince au centre, terminée par deux ménisques concaves opposés, elle forme naturellement une cloison perpen- diculaire à Taxe du tube ; et celui-ci étant placé sous le microscope et éclairé convenablement par transmission, on distingue facilement, à travers les parois du tube, une ligne brillante formée par la lumière qui a traversé la nappe liquide de la bulle, directement ou en subissant des réflexions qui ne peuvent être que totales sur ses parois. » Or on a trouvé que lorsque la bulle est un peu épaisse, la lumière de la ligne brillante ne possède aucune polarisation sensible; dans le cas, au contraire, où la bulle est assez mince pour donner par réflexion les cou- leurs des premiers anneaux, on reconnaît constamment dans la ligne bril- lante une polarisation partielle, dont le plan est encore perpendiculaire aux deux bords liquides qui limitent la ligne lumineuse. Cette observation a été répétée et variée de manière à ne pas laisser de doute sur son exactitude. » Enfin on a étudié sous le même rapport des fentes très-fines percées dans les couches extrêmement minces d'or et d'argent, telles que celles qui ont été mentionnées plus haut. » Les feuilles d'or battu ont d'abord été examinées au microscope ; éclai- rées par transmission, elles présentent toujours des déchirures et de nom- breuses fentes qui n'offrent le plus souvent rien de particulier; mais dans certaines feuilles, surtout dans leurs parties les plus épaisses, on a trouvé quelques fissures naturelles d'une ténuité extrême et certainement au-des- j mm sous de de diamètre, lesquelles sont nettement polarisées, surtout dans leurs parties terminales plus fines encore; le sens de la polarisation est encore perpendiculaire à leur longueur. Ces fentes polarisées sont assez rares dans les feuilles d'or, et je ne les ai jamais rencontrées dans les par- ties les plus minces qui sont très- tran.sparen tes, mais seulement dans les parties plus épaisses qui sont presque opaques et dont l'épaisseur ne doit I mm pas être très-éloignée de ■= Cette particidarité semble indiquer que le phénomène ne se manifesterait que dans des couches d'une certaine épais- seur, au-dessous de laquelle il deviendrait insensible. ( 278) » On a été conduit à la même conséquence en observant les couches minces d'argent déjà considérées. En effet les couches (C) et (D), excessive- ment minces et transparentes, n'ont montré aucune polarisation sensible même dans les lignes les plus fines, tandis que la couche un peu plus épaisse et opaque (A), dont l'épaisseur a été trouvée de -^^ — , a montré le phénomène développé d'une manière remarquable et avec quelques parti- cularités curieuses. Des centaines de lignes parmi les plus fines de celles qui traversent toute l'épaisseur de l'argent, sont polarisées les unes par- tiellement, les autres presque totalement, le plan de polarisation étant tou- jours perpendiculaire à leur direction; en employant la lumière solaire, on observe de plus des phénomènes de coloration très-variés qui parais- sent en rapport avec la polarisation, car en regardant les lignes polarisées avec un prisme biréfringent, les deux images présentent dans certains cas des couleurs complémentaires. » Je crois avoir rapporté maintenant les faits principaux, parmi ceux que j'ai constatés relativement aux phénomènes de polarisation qui se manifestent : » 1° Dans les reflets lumineux produits par les surfaces des métaux rayés. « a° Dans les rayons réfléchis régulièrement par les mêmes surfaces. » 3° Dans la lumière qui émane des fentes très-étroites. )i Je demande la permission à l'Académie de me borner maintenant à l'exposé qui précède, sans chercher encore à lier ces phénomènes par une explication qui serait certainement trop contestable pour ne pas paraître prématurée, » « M. Pavex présente à l'Académie un Rapport sur les blés d'Egvpte exa- minés par une Commission spéciale près du Ministèi'e de l'Agriculture, tki Commerce et des Travaux publics (i), Rapport qui vient d'être inséré dans les Annales du Conservatoire impérial des Arts et Métiers. » Il s'agissait de constater la réalité et les causes de l'infériorité des qua- lités alimentaires des blés do cette contrée, et de rechercher les moyens d'améliorer les produits des cultures égyptiennes. ( 1 ) Composée de MM. le colonel Favé, Foubert, Salone, Moisez, Poggiale, Laperlier, Ro- bert de Massy secrétaire, et Payen président-rapporteur. (MM. les sous-intendants Pages, ■\Volf et Viguier successivement ont remplacé M. Moisez, nonimé intendant.! ( ^19 ) « Les nombreuses expériences de la Commission sur ces blés, leur com- position, les résultats de leur mouture et de leur panification, ont démontré que leurs qualités défavorables sont bien réelles, qu'elles se manifestent surtout par les proportions généralement plus faibles et le peu de ductilité du fijluten, une odeur aromatique et parfois putride des blés et des farines, odeur qui se retrouve dans la terre végétale où ces froments se sont dévelop- pés; » Que le renouvellement des semences paraîtrait devoir occuper le premier rang parmi les mesures à prendre en vue d'améliorer la qualité défectueuse des blés d'Egypte. » 31. Flourens appelle l'attention de l'Académie sur une publication ré- cente d'un de ses Associés étrangers, M. Ricli. Owen, un JMémoire sur le Mégatbériura {voir au Bulletin bibliographique). PATHOLOGIE CHIRURGICALE. — Luxations traumaliques sous-pub ieu nés ou ovattiires du Jémur, avec conservation inimtdiate des usages du membre; par M. C. Sédillot. « La gène et l'impossibilité des mouvements ont toujours été comptés parmi. les caractères les plus constants des luxations récentes et particu- lièrement de celles qui ont pour siège les articulations diarthrodiales. Il semble, en effet, difficile qu'un os, sorti de sa cavité articulaire, et porté, par suite d'un violent effort, dans une situation anormale, avec déchirure des ligaments, tension des muscles et changement de position et de duec- tion, puisse encore exécuter des mouvements assez étendus et assez exempts de douleur pour permettre la continuation des usages du membre. Aussi les hommes de l'art n'ont-ils admis ni supposé qu'un malade put se servir assez librement d'un membre luxé pour continuer sans interruption ses occupations habituelles, comme s'il avait seulement subi une simple et légère contusion. Des faits de ce genre existent cependant, et comme ils sont de nature à inspirer une sécurité dangereuse et à causer des erreurs de diagnostic d'une grande gravité, il est bon de les signaler. Je peux citer plusieurs observations de luxations du fémur en bas et en dedans {sous-pubiennes, ischio-pubiennes ou ovalaires) qui n'ont pas empêché ceux qui en étaient atteints de marcher immédiatement et de se livrer à leurs exercices ordinaires, sans douleur très-marquée et sans beaucoup de clau- dication. ( iHo ) M Depuis que je pratique la chirurgie, j'ai eu l'occasion de réduire cinq luxations de ce genre. Une première fois à Paris (voj'r les Annales de la Chi- rurgie Jrnnçaise et étrangère^ Mémoire de M. le professeur Marchai de Calvi sur la réduction des luxations au moyen des moufles, p. i63, t. II; Paris, i84')' ^' quatre fois aux cliniques civiles et militaires de Strasbourg. Aucune des luxations iliaques, sous-pubiennes et sacro-sciatiques, dont j'ai été témoin, n'atteignait ce nombre, et je serais ainsi personnelle- ment autorisé à me ranger de l'avis de Boyer, pour lequel les luxations sous-pubiennes étaient les plus fréquentes; opinion déjà professée parle père delà médecine. (Hippocrate, traduction de M. Littré, t. IV, p. 225.) » Je n'ai gardé aucun souvenir des conditions de mobilité dans les- quelles s'était trouvé mon premier malade, à la suite de sa luxation trau- matique. Plusieurs tentatives de réduction avaient été faites inutilement avant moi, et l'application des moufles régularisées par le dynamomètre donna, entre nos mains, les résultats les plus heureux. )) Notre second malade était un étudiant en médecine. La réduction fut obtenue assez facilement. Même absence de renseignements sur la liberté des mouvements. » Mon troisième malade, charretier de profession, étant tombé de dessus les brancards de sa voiture, s'était luxé la cuisse sur le trou ovalaire. Cette lésion ne l'avait pas cependant empêché de se relever et de continuer à con- duire ses chevaux au prochain relai. Plus tard, il se rendit à l'hospice pour y être traité de la gêne des mouvements dont il se plaignait, et nous y con- statâmes l'existence de la luxation dont la réduction fut opérée. J'avais à cette occasion signalé aux élèves de la clinique la persistance des mouve- ments et la possibilité de la marche, comme des faits nouveaux et extraor- dinaires, et j'en avais été vivement frappé. » L'année dernière, M. le docteur Ruhlmann, l'un de mes anciens in- ternes les plus distingués, m'adressa une jeune fille qui avait été pré- cipitée à terre de la sellette d'une balançoire et avait toujours boilé un peu depuis ce moment, sans avoir un seul instant cessé de marcher avec une assez grande facilité. Nous constatâmes l'existence d'une luxation ovalaire et la réduction n'en fut obtenue qu'après plusieurs essais infructueux. M. le docteur Buez, alors interne de mon service, a publié celle cu- rieuse observation avec les plus grands détails (Ga:e< 8° Ces luxations sont plus communes dans la jeunesse et chez les per- sonnes dont les jointures offrent naturellement une grande laxité. 38.. ( 284 ) » 9° I-"^ réduction s'en obtient assez aisément, inénie après plusieurs se- maines, par la traction de dedans en dehors de la partie supérieure de la cuisse pendant que le genou est dirigé en dedans et en avant et tourné dans l'adduction dès qu'on suppose la tète fémorale parvenue au niveau de la cavité cotyloïdienne. » io° La seule précaution nécessaire pour éviter la récidive de la luxa- tion est de maintenir le membre inférieur allongé et tourné dans une légère adduction. » II" La guérison s'opère rapidement et d'une manière complète. » 12" En cas de non-réduction, les os se moulent et s'appliquent l'un sur l'autre, et les malades parviennent fréquemment à se servir de leur membre, tout en restant affectés de claudication. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — De la nature cl de la genèse de la tevihedans la fermentation akoolique; par M. F. Pouchet. « Depuis les travaux de MM. Cagniard de Latour, Schwann, Mitsclierlich et Pasteur, on professe généralement que chaque grain de levure représente un végétal complet, une espèce d'algue, \e Cryptococcus rerevisiœ, Kutz., qui se reproduit par gemmation-, chaque individu n'étant qu'une sorte de vési- cule mère, de la surface de laquelle naissent des bourgeons, qui s'en sépa- rent après avoir acquis un certain développement. Ces diverses assertions constituent autant d'erreurs, et voici'ce que l'on doit admedre. » Les corps organisés diversiformes, qui apparaissent dans les liqueurs eu fermentation, telles que la bière et le cidre, et auxquels on donne le nom de levure, ne représentent nullement une plante complète, et ne sont en réalité que des semences on spores spontanés de divers végétaux inférieurs. On met ce fait hors de doute par la plus simple et la plus irrécusable obser- vation. Lorsqu'ils se trouvent dans les circonstances convenables, on voit, en effet, les grains de levure germer à l'instar des spores des cryptogames. A l'une de leurs extrémités apparaît une petite tige qui s'allonge peu à peu, se cloisonne, se ramifie et se couvre de fructification. Dans la fermentation du cidre, le champignon microscopique qui se produit ainsi est une espèce d'/hpenjillus dont les ramifications forment parfois ini immense réseau arachnoïde qui envahit momentanément tout le liquide. C'est ce réseau qui souvent contribue à le troubler, et c'est quand il se détruit que celui-ci reprend enfin sa transparence. A l'aide d'une observation attentive, ou ( -^85 ) peut suivre toutes les phases de la genèse de ces spores de la levure : on les voit naître et se développer graduellement. » Les auteurs qui ont prétendu que tous les grains de levure libres, dis- séminés dans un liquide en fermentation, étaient d'égale grosseur, ont commis une erreur. Pendant toute la durée de ce phénomène, il y en existe tou- jours de toutes les dimensions, depuis les diamètres à peine distincts jusqu'à celui des grains normaux. Us naissent dans toutes les parties du liquide, et c'est l'apparition de ces spores qui d'abord altère sa transparence et le trouble; plus tard, à cette cause, comme nous venons de le dire, se joint le développement de la végétation cryptogamique. >- Les spores de la leviire ne se reproduisent nullement par gemmation; et pour le prouver, il suffit de dire qu'ils apparaissent normalement dans certains liquides fermentescibles, dans lesquels on n'en a mis aucun, ce qui a lieu en particulier dans la fermentation du cidre et de la bière ( i ). w J'ai constaté aussi que des portions de cerveau d'homme et de divers mammifères, délayées dans de l'eau sucrée, y produisaient des phénomènes de fermentation non équivoque; cette observation vient évidemment prouver que le phénomène ne peut être une gemmation (2). » Enfin, une expérience aussi facile que décisive, et que j'ai plusieurs fois répétée, démontre incontestablement que la genèse de la levure n'est nullement le résultat d'une gemmation. Je prends i litre de décoction d'orge germé et j'y ajoute de la levure de bière; j'agite le mélange pendant quelques minutes, puis ensuite je passe la liqueur à travers quatre filtres- Elle sort parfaitement limpide et ne contient pas un seul grain de levure. Au bout d'un temps qui varie selon la température, une fermentation éner- gique se manifeste, et il se dépose dans le vase une abondance de levure. Celle-ci, conséquemment, n'a pas pu provenir de la gemmation d'êtres ( i) L'idée de la gemmation des grains de levure est essentielleiiunt née de la pratique de la fabrication de la bière. En voyant ) Mais toutes ces considérations sont même absolument superflues en présence du fait culminant de la gernnnation des spores de levure, et de leur transformation en végétaux parfaits et définis : une graine ne pou- vant, par gemmation, produire une autre graine. ( I ) Ceci se reconnaît facilement quand les grains accolés sont exactement sur le même plan. On voit alors qu'ils sont distants dp toute l'épaisseur delà touche glutineuse. ( ^87 ) » Comme on voit ies spores de levure se former successivement dans les liqueurs en fermentation; comme à l'état sec on les recueillerait facile- ment dans l'atmosphère s'ils s'y trouvaient; comme lorsque, après les avoir fait sécher, s'ils sont mis en contact avec un liquide aqueux, ils se renflent immédiatement; comme on ne les découvre nullement d'abord dans les liqueurs fermentescibles qui ont été soigneusement filtrées; comme les li- queurs fermentescibles produisent énormément de levî^ire dans un volume d'air fort restreint, et où il est possible de constater qu'il n'existe aucun spore; enfin, comme on ne connaît dans la nature aucune plante qui puisse engendrer ces abondants spores, il en résulte donc que les corps auxquels on donne le nom de levure, dans le cidre, ne sont, en dernière analyse, que les semences d'un végétal élémentaire. Et il est évident que ces spores se forment spontanément dans les liqueurs en fermentation. )) Un fait qui seul suffirait pour établir la genèse spontanée de la levure, c'est l'hybridité que l'on observe sur celle que l'on produit en mêlant en- semble certaines liqueurs en fermentation. On ne peut pas sans doute pré- tendre que les levures hybrides avaient leurs spores en suspension dans l'atmosphère, attendant le moment où l'expérience devait se produire. w Ainsi, en mêlant à parties égales de la bière sans levure à du cidre, j'ai obtenu une levure absolument hybride, n'étant nullement celle de l'un ou l'autre de ces deux liquides. » J'ai aussi observé une levure d'une hybridité non douteuse et une fer- mentation énergique, en mêlant des spores de Polypodhim vuUjare à de la bière sans levure. Cette levure hybride était déforme subnaviculaire, et se trouvait mêlée à de la levure de bière normale, bien caractérisée. » A l'aide d'expériences qui me sont particulières, et qu'on n'a point encore réfutées, j'avais déjà démontré que la levure s'engendre spontané- ment; aujourd'hui je viens compléter l'histoire de ce grand fait en décri- vant le végétal que cette levùi'c produit, sans que dans l'état actuel de la science aucun savant, je pense, puisse indiquer de quelle source provien- nent les spores dont il sort, ou, en d'autres termes, quel végétal produit la levure. » Comme la levure est chimiquement analogue aux matières animales, j'avais d'abord été tenté de la considérer comme formée d'animalcules mi- croscopiques (i). Mais en suivant pas à pas l'évolution de la levure du (i) MM. Rohartet Desmazières avaient déjà émis cette opinion. ; 288 ) cidie, depuis le moment ou elle commence a pouulre jusqu'à celui ou elle termine son existence, je me suis convaincu qu'elle ne représentait ni une plante, ni un animal, mais que c'était simplement une semence de Muco- rinée, dont la vie se manifeste et s'achève dans les liqueurs fermenlescibles. Enfin j'ai acquis la certitude que cette levure n'est que de la graine d'une espèce d'/fspergillus, car j'ai pu suivre toutes les phases de son développe- ment depuis son apparition jusqu'à sa parfaite fructification. » Les phénomènes de germination des spores qui constituent la levure du cidre, sont faciles à observer. L'embryon forme d'abord une petite éminenceou mamelon, à l'une de ses extrémités; peu de temps après, la jeune tige fait saillie; elle est d'abord simple, tubuleuse, granuleuse a l'in- térieur et dépourvue de cloisons. Lorsque avant l'évolution de la jeune plante, ce qui arrive fort souvent, un petit spore rudimentaire s'est accolé vers l'endroit par où elle sort, celui-ci est rejeté en dehors. " La tige en s'allongeant se cloisonne et se ramifie. Quand elle a acquis environ o°"",5ooo, le spore, épuisé par la germination, se fane et tombe. Plus tard enfin cet Jspenjillus, en se multipliant dans la liqueur, y forme une sorte de réseau sur lequel, de place en place, on rencontre une fructifi- cation de forme extrêmement variée, ce qui nous a fait donner à cette Mii- corinée le nom de X AsperqiUus polymorplms. » Un fait extrêmement remarquable dans la vie de ÏAspergillus du cidre, c'est que les spores spontanés d'où sort la plante ne ressemblent nullement à ceux qui naissent sur les conceptacles. Les spores spontanés sont beau- coup plus volumineux et tombent au fond de la liqueur, tandis que les spores des conceptacles, considérablement plus petits, plus légers, viennent flotter à sa surface. Enfin, on surprend en germination autant de spores spontanés qu'on le veut, tandis que jamais je n'ai vu germer un spore pro- venant de la plante (il. » Ainsi donc ici c'est le spore spontané qui produit le végétal, tandis que les spores engendrés par les conceptacles de celui-ci ne produisent rien. » ^1, A lu-gard de la biérc, ce sont les spores de levure qui germent à s'a surface qui for- ment la moisissure décrite sous le nom de Mycoderina cerevisice par Desmazières. ( -^89 ) MEMOIRES LLS. ANATOMIE COMPARÉE DES VÉGÉTAUX. — Faits généraux de l'analomie des Lornntliacées et aperçus de pli^sioloc/ie; par M. Ad. Chatin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Brongniart, Moquiu-Tandon, Duchartre.) « L'anatomie des Loranthacées, déjà connue en deux de ses principaux types, le Viscum album et le Misodendron, par les importantes recherches de M. Decaisne et de M. J. Dalton-Hooker, éclaire à la fois la classification, la morphologie, l'anatomie générale et la physiologie. » I. Des caractères empruntés aux suçoirs, à la tige et aux feuilles, dis- tinguent très-bien les Loranthacées des parasites voisines (Santalacées), ainsi que des plantes commîmes avec lesquelles elles ont les rapports morpholo- giques les plus nombreux (Olacinées, Cornées, etc.). Par la structure ano- male de la tige, les Misodendron seml>lent se rapprocher des Piper; mais, en anatomie comme en morphologie, les analogies entre ces plantes sont plus apparentes que réelles. » L'anatomie justifie la séparation des Loranthacées en deux tribus, les Misodeiidrécs et lesLoranthées. Elle indique de plus la subdivision de celles- ci en Viscoïdées ou Euloranthées, enTupéiées et en Lépidocérées. Le Nuytsia doit être tout à fait séparé des Loranthacées (dont il ne partage pas d'ail- leurs le parasitisme), en raison delà structure très-particulière de sa tige et de ses feuilles. » Les genres de Loranthacées pourraient être caractérisés par la seule or- ganisation de leur tige et de leurs feuilles. Comme caractères essentiels on peut citer : dans le Misodendron, les couches alternatives de vaisseaux et de tubes scalariformes, plus, en quelques espèces, deux séries concentriques de faisceaux rappelant la structure du Piper nigrum;dAr\s le Fiscum, la double série des faisceaux libériens de la tige et des feuilles; dans Y Antidaphne, des faisceaux caulinaires nombreux et peu vasculaires, un seul faisceau à la feuille; dans r^rceui Si, dans les actions locales ou générales de la respiration, les éléments phosphores ne sont pas suffisamment saturés par des bases qui en règlent le degré de combustibilité, il en résulte une augmentation de la tempéra- ture propre, une excitation du système nerveux activant les battements du cœur, ce qui caractérise l'état fiévreux. C'est ainsi que les éléments phos- phores fiévreux alternant avec des éléments phosphores nerveux normaux, détermineront des fièvres dont l'intermittence sera réglée par des circon- stances de même ordre que celles qui règlent la périodicité de la veille et du sonuneil. « Si des principes phosphores gazeux s'introduisent par les voies respira- toires, ils se combinent avec les éléments histologiques, comme les divers ])rincipes alimentaires se combinent pour former ces éléments. Si les prin- cipes basiques prédominent dans les éléments histologiques, les émanations seront saturées et ne produiront que des effets favorables à la vie, ainsi que cela se présente pour certains animaux. Si les principes basiques ten- ( 293 ) dent à faire défaut, les émanations phosphorées déterminent la formation d'éléments fiévreux d'autant plus actifs, qu'elles pénètrent par les poumons. » Pour une alimentation où dominent de plus en plus les principes phos- phores, dans les constitutions qui élaborent de moins en moins les principes basiques, non-seulement les émanations détermineront les phénomènes fié- vreux, mais les tissus organiques , partici|)ant à la nature phosphorée des éléments histologiques, concourront à la production delà fièvre et produi- ront d'abondantes sécrétions muqueuses capables d'enflammer les surfaces épiihéliales. Et sous l'action d'émanations contraires, il se produira luie vé- ritable combustion du sang, qui pénétrera les tissus organiques, les décom- posera. C'est le cas du choléra foudroyant. » Ces considérations sont confirmées par les moyens employés pour combattre la fièvre. On n'emploie pas les bases énergiques des narcotiques. On a employé avec succès la potasse pour saturer les principes fiévreux. Le fébrifuge le plus en usage est la quinine : on atténue l'énergie de cette base en la saturant par un acide. Le sulfate de quinine se décompose, l'acide sulfurique se porte sur les bases fixes de l'économie. » Inversement, j'ai produit des émanations phosphorées du genre de celles qui se dégagent des argiles, je me suis soumis à leur action et j'ai produit sur moi tous les premiers symptômes des fièvres d'Afrique dont j'avais gardé le souvenir. En introduisant par la voie alimentaire des prin- cipeà phosphores imparfaitement saturés, on produit une mort rapide sur des animaux, lorsqu'on dépasse la puissance de saturation de leurs éléments histologiques. » MEMOIRES PRESE.^TÉS. M. LE MixisTRE d'Etat transmet un deuxième Mémoire de M. Ftével sur le mariage considéré chez les individus entachés de maladies héréditaues. (Renvoi aux Commissaires désignés pour le précédent Mémoire de l'auteur sur le même sujet : MM. Andral, Rayer, de Quatrefages.) ANALYSK M.\THÉM.VTIQUE. — Mémoire sur la série de Lagranqe ; par M. E. Rotché. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) <( Lagrangea doinié^ en 1768, dans les Mémoires de l'Acadéinic de Btrlin, ( 296 ) une formule, très-répandue de nos jours, par laquelle on développe en série une racine ou une fonction continue d'une racine d'une équation de la forme H = .r 4- aç {il). » La démonstration complète de cette formule, qui a fixé successivement l'attention des Laplace, Jacobi, Cauchy, Tcliébichef, etc., est un problème assez complexe. Il faut distinguer la racine que l'on développe, indiquer les conditions sous lesquelles elle est développable en série convergente, trouver la forme du développement ainsi qu'une limite supérieure de l'erreur com- mise lorsqu'on prend un nombre limité de termes dans la série. Il convient en outre que tous ces résultats soient déduits d'un principe unique par un procédé à la fois simple et rigoureux. » Telles sont les conditions que j'ai chercbé à remplir dans la démonstra- tion qui fait l'objet principal de ce Mémoire. La métliode que j'ai suivie présente quelque analogie avec celle que Lagrange a employée dans le Traité de la résolution des équations numériques et que Murphy a reproduite, en d'autres termes, mais sans plus de rigueur, dans les Transactions philoso- phiques de Cambridge. Les résultats sont d'ailleurs, avec plus de précision, ceux que l'on trouve dans les travaux de Cauchy, énoncés d'une manière plus ou moins explicite, au milieu d'un grand appareil de formules et de notations compliquées. » Après avoir exposé quelques principes, dus pour la plupart à Cauchy, sur les fonctions imaginaires, je démontre dans deux théorèmes simples la formule de Lagrange, que j'applique ensuite à la résolution des équations trinômes et au développement de l'anomalie excentrique et du rayon vecteur des planètes suivant les puissances de l'excentricité. L'application aux équa- tions trinômes donne lieu à des vérifications importantes , et elle permet de constater par un calcul direct que notre limite supérieure du reste est très- resserrée. L'expression générale de cette limite nous conduit d'ailleurs, dans les deux applications suivantes, à cette conclusion remarquable : Si l'excen- tricité de l'orbite elliptique ne dépasse pas o,a5, il suffit, pour avoir l'ano- malie excentrique et le rayon vecteur à moins d'un demi-millième, de prendre sept termes dans les séries correspondantes. » Je termine enfin par quelques théorèmes plus généraux, susceptibles d'applications nombreuses, parmi lesquelles je signale une démonstration très-courte d'une formule célèbre de Wariug relative à la somme des puis- sances semblables des racines d'une équation .algébrique. » ( 297 ) PALÉOJNTOLOGIE. — Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous tes auspices de l'Académie ; par M. Albert Gaudry. (Suite.) (Renvoi, comme pour le* précédentes communications, à l'examen des deux Sections de Zoologie et de Géologie.) « Déjà mes fouilles de i85:>, en fournissant im nombre très-grand de pièces de Ruminants, n'avaient amené au jour aucune dent, aucun crâne qui rappelassent la forme des Chèvres. Aussi, dans une Note (]ue M. I.artet et moi avions, en i856, adressée à l'Académie, nous avions émis l'opinion que l'Amalthée pourrait être luie Antilope. Actuellement je possède dix- huit crânes dont la plupart ont leur partie postérieure parf\utement intacte, et, en outre, deux tètes munies à la fois de leurs dents et des axes osseux de leurs cornes. Ces pièces confirment la supposition que l'Amalthée n'est pas une Chèvre, mais une Antilope. M. Owen a dit que les molai- res des Antilopes se distinguent de celles des Chèvres, parce qu'elles ne portent point de colonnettes interlobaires, parce que leur croissant d'é- mail est plus long, parce que stu- la face externe des molaires supérieures les plis sont plus marqués et les dépressions ne sont pas si nettement limi- tées par d'étroites bordures longitudinales. J'ai remarqué en outre que chez les Chèvres les prémolaires supérieures sont coupées à angle droit, au lieu d'être arrondies et sinueuses comme chez les Antilopes; il semble que ce soient des moitiés isolées des arrière-molaires. Elles n'ont point de collet distinct comme celles des Antilopes, de sorte que l'on ne peut marquer le point où l'émail commence sur le fût : ces caractères donnent aux prémo- laires des Chèvres, vues sur la face externe, un aspect qui rappelle un peu celui des dents de (Chevaux. Enfin dans les Chèvres les trois prémolaires sont très-étroites; l'espace qu'elles occupent est loin d'être le tiers de la longueur totale de la série des molaires, au lieu que chez les Antilopes il atteint et quelquefois dépasse le tiers de cette longueur. 11 est vrai que ces divers caractères subissent quelques exceptions, mais du moins il sont plus constants que ceux fournis par les cornes, et certainement ils ont une plus grande valeur générique. Or l'Amalthée n'a aucun des caractères que je viens d'énumérer comme particuliers aux Chèvres; elle a, au contraire, tous ceux des Antilopes. Ainsi les dents de la mâchoire supérieure, et surtout celles de la mâchoire inférieure, portent des tubercules interlobaires saillants, qui souvent deviennent de véritables colonnettes; leur collet est très-dis- C. K., j86i, i" Semestre. (T. 111, ^° 7) 4^ ( 298 ) tinct; elles ne sont p;is anguleuses, leurs contours sont sini'.enx.'Lcs trois prémolaires sont très-élargies, car elles ont o*,o46, la longueur totale de la série des six molaires n'étant que de o'",io5. En outre, la partie supérieure du crâne ne fuit pas derrière les cornes comme chez les Chèvres ; elle est droite, massive, et forme avec la face postérieure (région occipitale nu angle droit; enfin le basilaire est convexe au lieu d'être aplati. En présence de tous ces caractères, les zoologistes jugeront sans doute qu'il convient .le classer l'Amalthée parmi les Antilopes. Comme on n'a établi aucun sous- genre d'Antilope auquel je puisse rapporter cette espèce, je propose un nouveau nom de sons-genre, celui de Tvagocenis [rpciyoç bouc, ytipaç corne). M. Wagner avait attribué à des Chèvres les cornes isolées qu'il avait reçues, et il a décrit le Mammifère fossile qui les portait sous le nom de chèvre Amallltce. Il est pour moi aujourd'hui mon ÏR.VGOCEIIUS AmaltH.EUS. » J'ai recueilli un petit crâne d'Antilope encore muni de ses dents et des axes osseux de ses cornes; l'extrémité des os nasaux et intermaxillaires est même conservée. Cette découverte me permet de déterminer un grand nom- bre d'axes de cornes qui jusqu'à présent s'étaient trouvés isolés, et que M. Wagner avait inscrits sous le nom à" Anlilope brcvicornis. Le crâne que j'ai découvert peut être classé dans le sous-genre Gazelle. Il ressemble en effet à la tète des Gazelles ordinaires par la forme générale, la direction des cornes, leur point d'insertion, leur écartement, les sinus sus-orbitaires placés à leur base. La Gazella brevicornis devait avoir la même dimension que les Gazelles ordinaires. Les différences que j'ai observées sont que les axes des cornes sont proportionnément plus massifs, plus arrondis, et surtout que l'ouverture nasale est moins grande, les os nasaux étant plus prolongés ; ils s'avancent de o™,oa au delà de la première molaire. Par ce dernier ca- ractère, la Gazella brevicornis diffère encore bien plus du Saïga (Antilope Saïga Pallas) que les Gazelles proprement dites. » J'ai trouvé plusieurs crânes entiers d'une espèce d'Antilope que M. Wagner a nommée Antilope Lindermayeri ; mes pièces sont assez com- plètes pour me permettre de déterminer le sous-genre auquel on peut les rapporter. Les cornes sont très-semblables à celles de VOreas canna, et sont implantées sur la même partie du crâne, de telle sorte que, si l'on voyait une paire de cornes isolée, on pourrait croire que l'on possède im Oreas moitié plus petit que VOreas canna, mais parfaitement semblable à lui. Cependant, si l'on considère une tète entière, on voit que l'espèce de PikcMini s'éloigne de l'espèce vivante par des caractères importants. Ainsi les crânes fossiles sont beaucoup plus fuyants en arrière des cornes, et leur face supérieure ( 299 ) tonne avec la face [jostérieure (région occipitale) un angle tiès-obtus, tandis que chez les Oreas vivants la face supérieure du crâne fait avec la face pos- térieure un angle presque droit. I^es deux trous sus-orbitaires sont situés, chez l'espèce fossile, dans des fosses profondes qui manquent chez l'Oreas. On observe également une grande fosse qui était placée de chaque côté en avant des yeux, et devait correspondre à vm larmier; l'absence de cette fosse est un des caractères des Oreas. La (ente qui se trouve entre le lacrymal et le frontal est plus grande dans notre fossile. Le front n'est pas déprimé comme chez les Oreas. Tandis que dans les espèces vivantes les arrière-mo- laires sont en général dépourvues de colonnettcs intralobaires, dans l'espèce de Pikermi les c.olonnettes sont bien développées. Quelques-uns de ces ca- ractères, notamment celui de la fosse lacrymale, ont servi de base aux distinctions génériques des Antilopes. Si on n'en tient pas compte, il faut alors supprimer un grand nombre de genres admis par les auteurs modernes. Je crois donc devoir provisoirement faire du fossile de Grèce un nou- veau sous-genre; on pourrait l'appeler Palœoreas (ancien Oreas) Linder- mayeri. n Je possède des crânes entiers de toutes les espèces d'Antilopes que j'ai signalées jusqu'à présent à Pikermi. Il me reste à indiquer des pièces moins complètes. Je citerai d'abord des portions de crânes auxquelles adhèrent des cornes en forme de lyre. M. Wagner a reçu de Grèce un fragment sem- blable à ceux que j'ai recueillis, et l'a décrit sous le nom à^ Antilope Rolliii. C'est dans le sous-genre Antidorcas, dont Y Antilope euchore est le type, que cette espèce rentrerait le mieux; cependant elle se distingue de l'Euchore par ses cornes plus courbées et munies de carènes très-saillantes. » J'avais en i855 trouvé deux crânes mutilés auxquels adhèrent des axes osseux de cornes qui sont légèrement aplatis, longs de o"',i2, séparés l'un de l'autre à leur base par im intervalle de o™,o4. Ces échantillons sont voi- sins d'une pièce déjeune Tiagocents Amaltliœus que j'ai rapporté de Grèce, ils lui ressemblent par la position des cornes près des orbites, parla forme de la portion conservée du crâne, par la place du trou sus-orbitaire, mais les cornes sont plus écartées à leur base, et ne sont pas tranchantes en avant. Ces caractères me paraissent suffisants pour distinguer cet animal du précédent. Je le présente sous le nom de Trogocerus Valencienkesi, vou- lant ainsi témoigner à ce savant professeur ma reconnaissance pour les con- seils qu'il veut bien me donner poin* la détermination des ossements fos- siles de Grèce. » • . 4o.. ( 3oo ) PALÉONTOLOGIE. — Sur les silex Initiés trouvés dans le diluvium du département de la Somme; remarques de M. Boucher de Perthes à [occasion dune communication récente sur les pierres travaillées par les habitants primitifs des Gaules. (Commissaires, MM. Serres, Dumas, de Qilatrefages, d'Archiac.) « L'auteur d'une communication faite à l'Académie dans la séance du i4 janvier dernier pense que la contemporanéité de l'homme avec les grands Pachydermes fossiles ou d'espèces aujourd'hui détruites n'est pas prouvée, parce que les bancs dits diluviens qui contiennent les silex taillés et les os sont une formation complexe ou de deux époques. Pour faire voir le peu de fondement de cette opinion, je discuterai successivement les con- sidérations sur lesquelles il l'appuie. [Voir le Compte rendu de la séance du i4 janvier 1861.) » I. On n'a jamais trouvé, ni à Saint-Acheul ni à Abbeville, d'ossements mêlés à des ossements non fossiles, ni des os du diluvium avec des os des tourbières. C'est ce que tous les terrassiers d'Abbeville et d'Amiens diront, si on les consulte, parce que la différence est si bien tranchée entre les deux espèces d'os, qu'on ne peut pas les confondre. J'ajoute qu'à ma connaissance jamais ossements des tourbières ou tout autre non fossile n'a été trouvé ni à Saint-Acheul, ni à Menchecourt, ni dans aucun banc de diluvium. » II. M. Robert se trompe également en disant que les ossements des espèces perdues d'Éléphant, Rhinocéros, etc., de Saint-Acheul et de Men- checourt sont fortement usés et roulés, et que ceux de Cheval, d'Au- rochs, etc., ne le sont pas; ils ne le sont ordinairement ni les uns ni les autres; les os roulés y sont rares, et ceux qu'on y rencontre dans cet état appartiennent aux espèces éteintes comme à celles qui ne le sont pas. Cuvier, qui a décrit et mentionné un certain nombre d'ossements d'Élé- phants, de Rhinocéros, de Cerfs, d'Aurochs, etc., provenant c'e Menche- court, (lit expressément en parlant de ces derniers (ceux d'Aurochs) : « Ils » sont blancs et presque friables, et ressemblent à cet égard aux os des » Rhinocéros des mêmes lieux (i). » Il ajoute, même page : « Ils. ne me » paraissent pas venir des endroits où se trouvent ces têtes de Bœuf (celles » des tourbières) que nous avons décrites dans notre second article, car (i) Cuvier, Oss./oss., in-4", iSiS; Bœu/s fossiles, t. IV, p. 162. ( 3o. ) » ces tèles ne sont jamais décomposées an même degré. •> On pent encore voir dans les galeries dn Mnsénm d'Histoire natnrelle les os de diverses espèces trouvés à Menchecourt et s'assurer que leur degré d'altération est le même. Du reste, aucun paléontologiste, depuis Cuvier, n'a cherché à distinguer chronologiquement les os d'Éléphant et de Rhinocéros d'avec ceux de Cheval, de Cerf, d'Aurochs, etc, enfouis pêle-mêle dans ces mêmes bnncs diluviens où j'ai découvert les haches et autres silex taillés de main d'homme. » Les os deSaint-Acheul et ceux de Menchecoiu't n'ont aucun rapport ni de couleur ni de poids avec les os des tourbières et moins encore avec ceux des animaux actuels ou domestiques. On distingue de dix pas ces trois espèces d'os; les marchands qui achètent des os pour la confection du noir animal ne s'y trompent pas plus que les terrassiers ; ils ne veulent à aucun prix de ceux du diluvium, comme impropres à cette fabrication. » III. Si l'inondation a entraîné les habitations et avec elles les haches et les silex couvrant le sol, ainsi que les anitnaux domestiques ou sauvages qui s'y trouvaient, puis les ossements fossiles arrachés au diluvium, pour- quoi n'a-t-elle pas entraîné aussi les os humains arrachés à leurs sépul- tures? ou si alors on brûlait les morts, pourquoi n'a-t-elle pas entraîné les vases qui contenaient leurs cendres, vases si communs dans les tourbières? Pourquoi, dans ces bancs de deux époques, ces bancs si peu anciens selon M. Robert, n'a-t-on jamais rencontré, ni débris d'habitations, ni briques, ni verreries, ni métaux d'aucune sorte, ni enfin de ces indices d'une civi- lisation commencée que présentent les dépôts lacustres de Suisse. » IV. Les haches roulées, beaucoup plus rares que celles qui ne le sont pas, prouvent seulement qu'elles ont été amenées de plus loin par le tor- rent, ou qu'elles ont été traînées sur un fond plus dur ou plus caillouteux et par une eau plus rapide. Mais elles annoncent aussi une population bien plus ancienne : pour faire un caillou roulé d'un caillou anguleux, il faut, dans un cours d'eau ordinaire, un temps très-considérable, la preuve en est facile à acquérir; et si les os fossiles ont été arrachés au diluvium par le torrent, on ne voit pas pourquoi ces haches qui se trouvent toujours avec ces os fossiles ne l'auraient pas été avec eux. Lorsqu'on les voit si constam- ment réunis dans les mêmes sables, ayant, haches et os, la couleur de ces sables, se trouvant toujours aussi dans la couche la plus profonde ou la plus rapprochée de la craie^ on sent qu'il est impossible que les choses ne se soient pas passées simultanément, et l'évidence est telle, que si M. Robert visitait Menchecourt, il en conviendrait lui-même. Haches et os fossiles ( 3o2 ) a\ant la même provenance sont donc arrivés ensemble là où on les trouve aujourd'hui : c'est chose hiduhilabie. » Ce qui ne 1 est pas moins, c'est qu'on ne trouve avec ces os et ces haches rien qui annonce deux époques, des coquilles marines et fluviatiles, des silex peu ou point roulés, un sable gris blanc, ou gris jaune, sable pur et vierge reposant sur la craie; voilà leur accompagnement constant, et per- sonne encore jusqu'à ce jour n'y a aperçu autre chose. C'est encore ce que tous les terrassiers d'Abbeville et d'Amiens diront à M. Robert. » V. Les silex roulés ne se trouvent abondamment à Abbeville que dans la couche des alluvions récentes immédiatement au-dessus de l'humus, couche où l'on n'a jamais trouvé ni haches ni os. On ne rencontre à Mencheco.urt ces haches et ces os que 5 ou 6 mètres plus bas, et dans cette couche dite de sable akjre, les silex roulés sont fort rares, et je n'en ai jamais vu d assez gros pour faire des haches. Les haches du diluvium sont faites avec des silex encore revêtus de leur écorce, et non avec des silex roulés. Les haches celtiques seules, notamment celles destinées au polissage, sont assez souvent faites avec des silex roulés i il suffit d'un peu d'habitude pour saisir ces différences. » Ce qui a pu faire croire à M. Robert que les haches du diluvium étaient faites avec des silex roulés, c'est que les ouvriers d'alors, comme le feraient probablement ceux d'aujourd'hui, prenaient des silex qui se rapprochaient le plus de la forme et de la mesure des haches qu'ils voulaient faire. )) yi. Si les hommes d'alors habitaient les vallées profondes, et si c'est là que les inondations les ont surpris et ont entraîné avec les habitations les haches et tout ce que ces habitations contenaient, comment ces haches se trouvent-elles à 3o mètres et plus au-dessus du niveau de ces vallées? com- ment y ont-elles été portées par les eaux avec les ossements d'Éléphant, et surtout comment ces eaux n'y ont-elles porté que ces os et ces haches, et pas la moindre trace de ces habitations ou de ce qu'elles devaient contenir? car il est impossible de croire que ces habitants, venus d'Asie et contempo- rains des Gaulois, n'aient eu pour meubles que des haches et des couteaux de pierre. .. VIL Si le diluvium où l'on trouve les haches et les os n'est pas le diluvium véritable, où donc est-il? Cuvier, Rrongniart, M. Élie de Beaumont hù-méme, et tout dernièrement MM. de Verneuil, Lartet, Collomb, Prest- wich, Charles Lyell, Murchison, etc., etc., se sont donc étrangement Irompés lorsqu'ils l'ont pris pour tel, et, ce qui est |)lus fort encore, ont reconnu pour terrain vierge ce qui n'était, d'après M. Robert, qu'une allu- vion moderne et remaniée. » ( 3o3 HISTOIRE DES SCIENCES. — Sw les idées auxquelles se latlache téloigneintnil que manifeslent certains peuples pour lacltair de divers animaux d'ailleurs sus- ceptibles de fujurer dans la diète alimentaire; extrait d'une Note de M. de Paravey. (Commissaires, M. Geoffroy-Saint-Hilaire, de Quatrefages. ) « Dans un récent article sur l'acclimatation et l'usage des animaux déjà acclimatés, M. Geoffroy-Sain t-IIilaire signale comme regrettable l'absten- tion, en France, de la chair du cheval ; chez les Juifs et les Musulmans, et, en Orient, de la chair du porc; chez les Italiens, la répulsion de la chair du lapin; en Russie, enfin, l'abstention de la chair du pigeon, et dans l'Inde celle du bœuf. Mais dans cet article l'auteur ne s'élève pas aux causes anti- ques et générales qui ont pu motiver, chez des peuples plus ou moins superstitieux, la répulsion déplorable qui a eu lieu de la chair de ces ani- maux utiles et depuis si longtemps acclimatés. En rappelant des travaux qui datent de 1820, et qu'ont approuvés MM. Cuvier, Delambre et Am- père, je puis montrer à l'Académie ce qui a motivé ces exclusions. » La journée primitive a été, de minuit à minuit, divisée en 12 heures doubles des nôtres. Et le cycle de 60 ans, encore usité dans l'Inde et l.i Tartarie, comme en Chine, où il a été importé de Babylone, y a été divisé de tout temps en cinq périodes de 1 1 ans, auxquelles on a appliqué, comme aux 12 heures, un cycle fictif de 12 animaux, qui bientôt ont été plus ou moins divinisés. » Le San-tsay-tou chinois ou VEncyclopédie qu'on possède à Paris, doiuie à ces I 2 animaux des corps d'hommes, des armes et des costumes asiatiques ; mais il applique à ces dieux prétendus les têtes des 12 animaux du cycle encore usité en Asie comme il l'avait été en Egypte en premier lieu. » Le premier de ces dieux a une tête de Rat, et cet animal répond de 1 1 heures du soir à i heure du matin, et au Verseau des zodiaques d'Esné, et le Rat, en effet, agit la nuit. » Le deuxième a une tête de Bœuf et répond au Capricorne dans le zodiaque de Dendera, où ce Bœuf est immolé. M Le troisième a une tête de Tigre, et le Sagittaire des zodiaques égyp- tiens offre un cavalier à double tète de Tigre et d'Homme. 1) L'animal de la quatrième heure, celle dont le milieu répond à notre sixième heure, est le Lapin : et les étendards impériaux conquis à Pékin ( 3o4) montreront birntôt qnc cet animal est supposé dans la Pleine Lune, où il est tiguré sous un arbre et pilant du riz dans un mortier. » Le culte de la Lune a existé en Italie comme en Arabie, et ce culte suffit pour expliquer comment, en Italie, la chair de cet animal domestique est encore repoussée. » Le cinquième animal du cycle est le Crocodile, qui est devenu le Dragon imaginaire des Asiatiques. .) Le sixième' est la Couleuvre des zodiaques égyptiens. » Le septième est le Cheval, qui répond à notre heme de midi, et au Soleil vénéré surtout en Perse et en Ariane ; or la langue même que nous parlons vient de ces contrées, et cette assimilation du Cheval au Soleil dans tout son éclat explique pourquoi sa chair est encore repoussée chez nous, même en ce jour. » Le huitième animal est la Brebis. >i Le neuvième, le Singe, qui n'a jamais existé dans la Chine du Nord, mais qui se voit dans les Gémeaux, antique Egypte. » Le dixième est la Poule ou aussi le Pigeon, et l'oiseau à trois pieds, espèce d'Aigle noir. Corbeau d'Apollon, est figuré au milieu du Soleil, dans les étendards du Céleste-Empire. » Le Chien de garde, heure de 7 à 9, répond au XP animal du cycle de XII, tandis que le Sanglier, le Porc ferme le cycle des 12 heures. Il se voit, en effet, dans le zodiaque du portique de Dendera et y répond au signe vulgaire des Poissons. Il fermait le cycle des 12 heures de la journée, et l'on sait qu'il avait tué le bel Adonis. Dès les temps les plus anciens, ce Sanglier, qui ailleurs fut remplacé par le Lion destructeur, devint donc un animal odieux, et sa chair fut proscrite en Egypte même avant que Moïse, par un principe d'hygiène, l'eût défendue à son peuple. » MM. de Humboldt et Abel Remusat avaient déjà signalé, en Egypte, ce cycle cru'ieux des 12 animaux des 12 heures du jour, et du cycle de 12 ans, révolution approchée de la planète Jupiter; mais ni l'un ni l'autre de ces académiciens n'avaient montré, comme je l'ai fait dès 1820, dans des Mémoires encore manuscrits, ce rapport positif de ces 12 animaux aux 12 signes de notre zodiaque actuel. >> M. Baumhauer adresse la traduction d'un Mémoire sur les (dcvoinctj'es qu'il a récemment commimiqué à l'Académie d'Amsterdam. (Renvoi à la Commission des Alcoomètres.) ( 3o5 ) CORRESPONDANCE. M LE MiNisTKE DE LA GuERRE annoiice qu'en exécution de laiticle 38 du décret du i" novembre iSSa et du décret du 26 décembre suivant MM. Poncelet et Le Verrier sont maintenus Membres du Conseil de Perfec- tionnement de l'École Polytechnique au titre de l'Académie des Sciences. ASTaONOMiE. — Découverte d'une nouvelle planète; Lettre de M. A. deGasparis à M. Élie de Beaumont. '( ÎVaples, 11 février iSHi. « Je me fais un devoir de vous annoncer la découverte que je viens de faire d'une nouvelle planète. Son éclat est celui d'une étoile de 10"= gran- deur, et il n'est pas à douter qu'il deviendra plus remarquable, attendu que la planète s'approche de la Terre. En voici la position : 1861 T. M. Naples. a apparente. 5 apparente. Février 10 ^'-SS^iS^ ii''ii"'42%5 -i-5''i8'59" » Le mouvement en déclinaison doit être très-faible; celui en -îl est, je crois, — 42^ environ en un jour. » M. Bertrand présente, au nom de M. de Rossi, ingénieur à Rome, la description d'un instrument destiné à lever le plan des lieux souterrains sans le secours d'aucun aide. L'application de cet appareil a été iaite avec succès au lever des catacombes de Rome. TÉRATOLOGIE. — Anomalie des membres pelviens; par M. H. Larret. « M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire présente, de la part de M. le baron Lar- rev, un dessin figurant, de grandeur naturelle, une anomalie fort rare des membres pelviens chez l'homme. » Il s'agit d'un jeune garçon de quatorze ans, d'origine belge, l'aîné de sept enfants, tous bien conformés, offrant lui-même, dans les autres parties de son individu, toutes les apparences d'une bonne constitution. «■ Le membre pelvien droit est double. Il se compose de deux cuisses, de deux jambes et de deux pieds, sans être également complet dans toutes C. R , 1861, if^r Semestre. T. LU, N° 70 . 4' ( 3o6 ) ses parties similaires. Le» deux cuisses, distinctes liuie de l'autre, par deux fémurs que séparent des tissus fibreux et musculaires, sont recouvertes d'un tégument commun jusque vers leur tiers inférieur. » L'un de ces deux membres, supportant le poids du corps, est situé en dedans et bien étendu; son genou, d'ailleurs normal, est flexible, mais la jambe n'est composée que d'un seul os, le tibia, et de muscles atrophiés, tres-peu contractiles, en même temps que le pied, tout à tait uiforme et re- dressé en avant avec ankylose, est pourvu seulement de trois orteils, dont l'un même reste à l'état rudimentaire. Le point d'appui du membre se prend ainsi sur le talon, qui suffit à la marclie, sans nécessiter l'emploi d aucun support. » L'autre membre, qui paraît être le membre parasite, inactif et atro- jjliié, mais non privé de sensibilité, se trouve placé en dehors, dans la flexion à l'angle aigu de la jambe sur la cuisse, avec ankylose complète du genou, déviation en arrière et déformation totale du pied, offrant sept or- teils très-mobiles, dont deux gros et un rudimentaire. » Quant au membre pelvien gauche, ou naturel, il n a rien d'anormal et est fortement musclé. » Nulle autre anomalie extérieure n'est appréciable chez cet individu. » '■ M. GEorFRov-SAiNT-HiLAïKE, après avoir présenté le dessin de M. Lar- rey, fait remarquer que les faits de cet ordre sont fort rares dans la science, et pour la plupart très-mal connus. » A l'aide du dessin très-exact qui vient d'être présenté, à l'aide aussi d'un moule et dune photographie, qui ont été faits aussi par les soins de M. Larrey, on pourra suivre les changements qui se produiront dans l'état (lu membre surnuméraire; et cette observation, déjà très-intéressante, acquerra dans l'avenir un intérêt beaucoup plus grîind encore. » M. Geoffroy -Saint-Hilaire pense que le membre surniunéraire doit être considéré comme résultant lui-même de la fusion de deux membres qui de- viennent distincts à l'extrémité du pied. L'anomalie paraît une de ces mons- truosités parasitiques dans lesquelles le parasitaire est réduit à deux mem- bres imparfaitement développés et plus ou moins confondus, soit entre eux, soit avec le membre de l'autosite, ainsi qu'on l'observe souvent dans la pygomélie. » M. Floiîrens signale |)armi les pièces imprimées de la Correspondance la première partie d'un travail de M. Rodolphe fV(i(juer intitulé : « Prolégo- ( 3o7 ) mènes d'une morpliologie et d'une physiologie del'encépliale humain consi- déré comme organe de l'ànie ». Cette première Uvraison est accompagnée d'un atlas de six planches gravées sur cuivre. THÉORIE DES NOMBRES. — Extrait d'une Lettre adressée à M. Serret f)ar M. Sylvester. (Note relative aux communications faites dans les séances des 28 janvier et 4 février 1 86 1 . ) t< Dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter récemment à l'Acadé- mie et qui a été insérée au Compte rendu de la séance du 4 février dernier, j'ai fait connaître un théorème qui lie entre elles deux congrnences, dont l'une se rapporte aux indices des nombres d'Euler et l'autre à ces nombres eux-mêmes; et, en même temps, j'ai avancé f*) qu'un théorème analogue doit avoir lieu pour les nombres de Bernoulli. Voici en quoi consiste ce théorème : » Soient p un nombre premier, n et n' deux nombres entiers dont les doubles an, in' ne contiennent aucun des facteurs p, p — i, et soient congrus suivant le module [p — i)p' [i étant un entier quelconque positif ou nul); les nombres de Bernoulli B„ et R„' seront liés entre eux par la congruence (-r^ = (-r^ (modp-<). On doit remarquer que, d'après les conditions de l'énoncé, p ne peut être égal ni à 2, ni à 3. » Pour donner un exemple de ce théorème, prenons /i =: 7, «'^ly; .les nombres 2n et in' seront congrus par rapport à 1 1 — i et aussi par rap- port à (5 — 1)5; d'ailleurs ^_l B„ _ 2 577 687 858 367 7~6' i7~ 17X6 par conséquent, on aura B, B,, 2 577 687 858 35o , , -, — = — = — — ^ o (mod 11X25), 7 17 102 '• '" ce que l'on peut vérifier immédiatement. » Je profite de cette occasion pour présenter une remarque importante ( *) Voir à la page 21 3 de ce volume. 41.. ( 3o8 ) au sujet de la formule par laquelle j'ai exprimé le résidu de suivant le module /;, dans le cas où l'on a ; = 2. Cette formule peut être remplacée avec avantage par la suivante : I I ip-' — 1 1 2 p—i p—1 (mod/y), qui est tout à t'ait semblable aux formules relatives au cas ou r est nu nombre premier impair, et qui n'exige pas, comme celle que j'avais trouvée d'abord, que I on distingue les formes [\k -\- \ et 4^' — i du module premier p. >' Pour ce qui concerne le cas où la base rdu quotient de Fermât est un nombre composé, il n'y a aucune difficulté à exprimer le résidu de ce quotient suivant le module /j, par des suites de fractions dont les dé- nominateiu-s sont les nombres inférieurs à p, et dont les numérateurs con- stituent des cycles exactement comme dans le cas où / est lui nombre premier. Pour obtenir, en effet, les suites dont je viens de parler, il suffit de faire usage de la congruence évidente [r.bc...k)i-^-i _(„f-— ,) + (&f-'—, ) H- (c^-'- 1)4-... + (/{■/-'-■) ^„,o(l^)^ dans laquelle a, b, c, . . . , k, désignent des entiers quelconques égaux ou inégaux. Au moyen de cette congruence, on ramène immédiatement, par de simples additions, le cas où r est un nombre composé au cas ou cette_ base est un nombre premier. PHYSIQUE. — Note sur la ihéorie des condensateurs cyl'uulviijues ; par M. J.-M. Gaitgaix. « J'ai fait remarquer dans une précédente Note [Comptes rendus, 28 oc- tobre 1860) qu'il est fort difficile d'analyser les phénomènes de condensa- tion qui se produisent dans les câbles télégraphiques sous-marins; la gutta- percha qui forme l'enveloppe de ces câbles n'étant quimparfailemeni isolante, l'électricité la pénètre lentement, de telle sorte qu'il y a tout a la fois propagation par voie de conductibilité et condensation. Pour étudier ( 3o9 ) isoiément ce dernier phénomène, j'ai remplacé la gutta-perclia par des diélectriques qui isolent beaucoup mieux que cette substance; j'ai employé la gomme laque et l'air : avec la gomme Isque l'absorption est trés-petite, avec l'air elle est nulle ou tout à fait inappréciable. » Les lois que je suis parvenu à établir sont extrêmement simples et peuvent être d'une certaine utilité pratique, puisqu'elles, permettent de résoudre les diverses questions qui se rattachent à la condensation de l'élec- tricité dans les câbles télégraphiques immergés; mais c'est surtout au point de vue philosophique qu'elles me paraissent offrir de l'intérêt, parce qu'elles justifient d'une manière remarquable les vues de Faraday. Cet illustre phy- sicien s'est exprimé à peu près de la manière suivante, dans un de ses Mé- moires publiés en iSiy [Expérimental Researches, séries XI, n" l'iio): « La faculté d'isoler et la faculté de conduire ne sont que deux degrés » extrêmes d'une même propriété et devront être considérées comme étant » de même nature dans toute tiiéorie mathématique suffisante. » Or on va voir que, dans le cas au moins des condensateurs cylindriques, les lois qui régissent la propagation par voie d'influence ne diffèrent pas de celles que Ohm a établies pour la propagation par voie de conductibilité. Les résultats généraux de mes recherches peuvent être résumés de la manière suivante : •' 1° Lorsque le cylindre intérieur est coUecteiu', c'est-à-dire lorsque ce cylindre communique avec la source et que le cylindre extérieur comiiiu- nique avec le sol, la charge influencée du cylindre extérieur est égale à la charge influençante du cylindre intérieur. » 2° Quand le cylindre extérieur est collecteur, la charge influencée du cylindre intérieur est précisément égale à celle que prendrait ce dernier cylindre s'il devenait influençant, la source restant la même dans les deux cas. » 3** Quand le cylindre extérieur est collecteur, sa charge peut être con- sidérée comme une somme formée de deux parties, l'une qui est égale a la charge influencée du cylindre intérieur, l'autre qui représente la quantité d'électricité que prend le cylindre extérieur lorsqu'il n'est soumis à aucune influence, ou, plus exactement, lorsqu'il est soumis à la seule influence dt l'enceinte au milieu de laquelle on opère. » Cette dernière loi permet de prévoir ce qui doit arriver dans Ir- cas d'un condensateur formé de trois cylindres concentriques. La charge que prend le cylmdre moyen, lorsqu'il est mis en rapport avec la source et que les deux autres cylindres sont eu communication avec le sol, doit ètie égale à la somme des charges que reçoivent par influence les cylindres intérieur et extérieur. J'ai constaté par expérience qu'il en est effectivement ainsi. (3.0) • " Il résulte de là que des condensateurs disposés en spirale pourraient servir à accumuler sous un petit volume de grandes quantités d'électricité. » 4° Si nous convenons d'appeler résistance à l'influencf. une quantité inversement proportionnelle à la charge que reçoit l'une ou l'autre des armures, lorsqu'on maintient le cylindre intérieur à la tension i et le cylindre extérieur à la tension zéro, cette résistance, que je désignerai par p, est ex|)ruuée par la formule p =^ A- log - : R et r représentent les rayons respectifs des cylindres extérieur et intérieur: k est une constante qui dépend de la capacité inductive du diélectrique et de la longueur du cylindre employés. » Cette formule est remarquable, parce qu'elle peut être déduite à priori de la théorie ordinaire de la propagation par voie de conductibilité. Suppo- sons, en effet, que la substance qui sépare les deux armures cylindriques des condensateurs possède une certaine conductibilité, et appelons résis- tance à la conductibilité une quantité inversement proportionnelle au flux qui traverse dans l'unité de temps l'intervalle annulaire des deux cylindres quand on maintient le cylindre intérieur a la tension i et le cylindre exté- rieur à la tension zéro. Cette résistance à la conductibilité pourra être calculée d'après les principes établis par Ohm, et l'on trouvera qu'elle est exprimée par la même formule que la résistance à l'influence. Pour passer de l'une à lautre de ces résistances, il suffit de changer la signification de la con- stante k. On peut donc dire que la même théorie, la théorie d Ohm, régit la propagation par voie d'influence et la propagation par voie de conducti- bilité, du moins quand on se borne à considérer des espaces limités par des cylindres concentriques. Je me propose de vérifier ultérieurement l'exacti- tude de ce principe dans des conditions différentes, et notamment dans le cas des condensateurs sphériques. » MINÉRALOGIE. — Analyse de la glossecolite Shepard, par M. F. Pisam, « Cette substance, qui se rapproche de l'halloysite par sa conformation et ses propriétés, a été trouvée à Dade, Georgia (États-Unis. M. DesCloiseaux, à qui je dois l'échantillon que j'ai soumis à l'analyse, en a donné la descrip- tion suivante : » La glossecolite Shepard est compacte, a cassure conchoidale. Elle est mate et prend de l'éclat par le frottement. Blanche, happant fortement à la ( 3m ) langue. Dans l'eau elle ne se ramollit pas, mais devient translucide sur les bords et opaline en dégageant quelques bulles d'air et une odeur argileuse prononcée. Tendre, très-fragile. Dégage de l'eau dans le raatras et devient gris-bleuâtre. Elle est infusible au chalumeau et donne un beau bleu avec le nitrate de cobalt. L'acide sulfurique l'attaque à chaud. » La giossecolile Shepard a donné a l'analyse : Silice io,^ Alumine S^ ,8 Magnésie . o,5 Eau 21 ,8 ioo,5 CHIMIE OBGAMQUE. — Note sur un nouveau réactif de l'aniline; par M. Ch. .^Ièiïe. « Jusqu'à présent le seul réactit employé pour reconnaître ï aniline a été ïhjjjoclilorite de chaux, qui y détermme instantanément une couleur vio- lette très-intense. A cause des produits tinctoriaux qui se produisent par l'aniline, je crois qu'on utilisera l'action suivante qui caractérise très-nette- ment ce corps. Quand on fait passer du gaz nitreux dans de l'aniline anhy- dre, ou dissoute dans l'alcool, a froid, l'aniline se colore en jaune-brun. .Si alors on y ajoute de l'acide nitrique, ou sulfurique, ou chlorhydrique, oxalique, etc., il se développe une magnifique couleiu rouge très-soluble. Une grande quantité d'eau la fait virer au jaune : une goutte d'acide lui fait reparaître sa couleur. La soie, le coton, etc., s'y teignent parfaitement. En employant la méthode de M. Hoffmann pour reconnaître la benzine par l'aniline et le chlorure de chaux, le gaz nitreux et un acide serviront de même à trouver ce corps. )' Comme ce corps rouge cristallise très-nettement, il va devenir l'objet d'une étude très-approfondie dans mon laboratoire. » CHIMIE. — Note sur l'espèce minérale la Fournetite; par M. Ch. Mè.\e. " Dans le but d'établir rigoureusement la formule du minéral que j'ai désigné sous le nom de Fournetite, et que j'ai trouvé dans les environs de Beaujeu (^ Rhône), j'ai fait répéter dans mon laboratoire divers.^s analyses de cette matière, sur plusieurs échantillons qu'a bien voulu me faire remet- tre le propriétaire de ces mines. Je mets sous les yeux de l'Académie les ré- (3.a) siiltats obtenus par divers de mes élèves, et qui viennenr confirmer pleine- ment les cliiffres de mes premières analyses données au mois do sep- tembre 1860: Oensitc 4.3ob. -j.îiS. '),43o .'(,3io. Sans la gant;"^ pour 100. Cuivre 0,268 0,275 o,258 0,280 32, o Plomb 0,1 10 0,095 0,093 0,100 12,0 Soufre 0,195 0,195 0,180 0.200 23,0 Quartz... . . o,i5o 0,180 o,2i5 o.i25 » Fer 0,022 0,028 0,020 0,025 3,o Arsenic o,o65 0,066 0,060 0,070 8,0 Antimoine. .. 0,180 o,i58 0,180 0,190 22,0 Perte 0,010 0,008 0,000 0,010 » 1,000 I ,000 1,006 1,000 100,0 . 3 Cu= S Ce qui donne une formule brute \ 3 Sb^ S' à classer i Pb S ' Fe Ar. BOTANIQUE. — Note mil' la composition du cône des Conifères; ptif M. Ph. Parlatork. « Les écailles du cône des Conifères ont été l'objet de recherches très-sui- vies de la part des botanistes, et des théories plus ou moins ingénieuses ont été émises pour en expliquer la nature Je n'ai pas a rappeler ici ces théories; je me bornerai pour le moment a présenter le résultat de mes observations qui , je crois, jetteront un jour nouveau sur cette question controversée. Je rappellerai seulement que les botanistes ont considéré les écailles de ces cônes comme étant un seul organe qui se modifie dans les différentes espèces; les uns, avec I>.-C. Richard, y voyant des bradées; les autres, avec R. Brown, des feuilles carpellaires, c'est-à-dire des pistils ou- verts ou étalés, etc. Il n'y a que MM. Mirbel et Bâillon, dont les recherches organogéniques sur la fleur femelle des Conifères ont été l'objet d'un Rap- port récent de l'Académie (i) , qui ont cru voir dans ces écailles des oijganes différents, en les considérant comme des bractées dans les Cyiires et des pédoncules aplatis dans les Pins. (i) Voyez les Comptes rendus de V Académie des Sciences, 9 juillet 1860, et Bâillon, Recueil d'observations botaniques, t. I'"'. ( 3.3 ) » Mes observations sur les différents genres des Abiétinées et des Cupres- sinées m'ont fait reconnaître que les écailles de ces plantes sont le plus souvent le résultat de la soudure de deux organes différents, c'est à-dire de la bractée et de l'organe écailleux (dont je ne veux pas pour le moment examiner la nature pistillaire ou pédunculaire) qui ne sont distinctes que dans les cônes d'un petit nombre de genres. Cette distinction ne se montre en effet que dans les Mélèzes [Lnrix], les Sapins (y^i/es), les Cèdres (Cedrus), et les Pins [Pimis), pour les Abiétinées, et dans V Aclinostrobus pour les Ct/pressinées. Les Mélèzes et les Sapins ont les bractées bien séparées de 1 or- gane écailleux, même à un âge très-avancé; elles sont tantôt plus longues que celui-ci, tantôt plus courtes. Dans les jeunes cônes des Cèdres, les brac- tées sont d'abord très-distinctes de l'organe écailleux qui est à leur aisselle, mais elles disparaissent plus tard, à mesure que celui-ci s'accroît. Dans tous ces cas, l'organe écailleux est élargi en une lame, dans la formation de laquelle la bractée n'entre pour rien. Dans les Pins les choses se passent à peu près de la même manière. Dans toutes les espèces que j'ai pu étudier, les jeunes cônes présentent une bractée très-petite au-dessous de chaque écaille, et cette bractée, au lieu de s'élargir en une lame plate, comme chez les Sapins, les Mélèzes et les Cèdres, ne s'élargit le plus souvent qu'au som- met, en une surface à peu près rliomboidale, quelquefois avec une pointe au milieu. L'écaillé est toujours formée par le seul organe écailleux, car la bractée semble s'effacer à mesure que le cône vieillit. Il y a aussi des Pins chez lesquels l'écaillé est presque plate comme dans les genres ci-dessus mentionnés, par exemple le Pimis slrobus et ceux de la section des Cembra. Dans V Aclinoslrobus pyramidalis, le cône est formé de six écailles verticillées et soudées entre elles à la base, allongées, sans aucune pointe sur le dos ou près du sommet, et il estinvolucré à la base par plusieurs bractées dont les supérieures, plus grandes que les autres, sont opposées et adossées aux écailles. Dans cette espèce l'organe écailleux ne pouvant pas s'élargir laté- ralement comme dans les Sapins ou les Cèdres, à cause de la position verti- cillée des écailles, il s'aplatit en s'allongeant. » Dans le reste des Cupressinées et des Abiétinées, c'est-à-dire dans le plus grand nombre des Conifères de ces deux tribus, l'écaillé des cônes est le résultat de la soudure de la bractée et de l'organe écailleux propre- ment dit. Du degré différent de leur soudure ainsi que de la dégénérescence écailleuse delà bractée résultent toutes les formes des écailles, qui sont plus ou moins épaisses et chez lesquelles il reste toujours quelque chose qui G. R., 18G1, 1" Semestre. (T. LU, N» 7.) 4^ ( 3i4 ) dévoile cette soudure. Les traces de celle-ci se manifestent quelquefois par le peu d'adhérence des deux organes, ainsi qu'on le voit dans le Crjptomeria japonica, où les bractées conservent à peu près leur forme élémentaire à la partie inférieure du cône, puisqu'elles y sont stériles, et ne se soudent que peu à peu, en montant vers la partie supérieure du cône, avec l'organe écailleux, de sorte qu'on voit le sommet et les bords de la bractée, d'abord tout à fait libres, se souder graduellement avec l'organe écailleux, et qu'en- fin, dans les écailles supérieures il ne reste de libre qu'une petite pointe recourbée, dernier vestige du sommet de la bractée. Il existe même au Jardin botanique de Florence un individu de Cryptomeria japonica dans tous les cônes duquel le sommet de la bractée se prolonge en un appendice foliacé. Dans le Gljploslrobus helerophjUus on voit à peu près la même disposition des bractées que dans le Cryptomeria ^ mais il s'y trouve encore une autre particularité qui démontre bien la soudure des deux organes. C'est une ligne presque semicirculaire qui délimite nettement le point où finit la bractée et où commence l'organe écailleux dont le sommet prend ici la forme d'une couronne semicirculaire [torus d'Enliclier). Les bractées du Libocedfus Doniana Endl., se conservent dans leur état primitif au bas des cônes et y sont stériles; les suivantes se soudent, mais seulement dans leur partie inférieure, avec les organes écailleux, au nombre de quatre dans cette espèce, de sorte qu'on voit se détacher du milieu des écailles une longue pointe subniée qui est tout à fait semblable à la partie correspon- dante des bractées inférieures. Cette pointe, quoique moins prononcée, se voit aussi sur le milieu du dos des écailles du Libocedrus cldlensis et du Clut- mœcyparis sphœroidea . » La bractée est moins manifeste, mais toujours assez visible dans les Frenela, le Callitiis, les TViddringlonia et dans les écailles inférieures des cônes des Cyprès. Dans toutes les espèces de ces quatre genres on peut toujours distinguer les contours de la bractée adossée à l'organe écailleux et son sommet prolongé en une pointe recourbée, généralement verte dans les jeunes fruits, et dont la présence rend les écailles mucronées, soit un peu au-dessous de leur sommet, soit vers leur milieu, ou vers leur base; ces bractées rendent même les écailles inférieures des cônes des Cyprès et des If'iddrinfjlonid, comme canaliculées près de leur base. Dans les Cyprès les écailles sont rarement toutes canaliculées sur le point auquel correspond la bractée, car la soudure de ces organes est ordinairement plus intime dans les écailles supérieures, surtout lorsque les cônes sont âgés, et on ne voit alors que rarement le mucron terminal placé presque au milieu de la partie élar- { 3.5 ) gie de récaille. Celte poinle, ou mucron, se rencontre presque seule clans les Biola où elle prend quelquefois un grand développement [Biota ]>jvii- midalis). Il en est à peu près de même dans le Séquoia semjiervirens et le Jaxodium dislichum, où l'on voit au milieu de l'écaillé un petit mucron d'où partent deux lignes relevées dirigées vers la base de cette dernière et qui indiquent le contour de la bractée soudée avec elle. Dans le Tliuia occiden- lalis, l'écaillé, qui est à peu près de même longueur que la bractée, se soude presque entièrement avec elle, de sorte que l'organe qui en résulte est presque plat, peu épais; néanmoins le sommet de la bractée se manifeste par une petite pointe au sommet de l'écaillé. Les deux organes sont peu adhérents entre eux dans les jeunes cônes, ils ont même alors une couleur différente et la bractée est un peu plus longue et plus large que l'organe écailleux. >) T.,a bractée a beaucoup de part aussi à la formation de l'écaillé des Araucaria; elle la forme presque entièrement dans les cônes extrêmement jeunes; plus tard l'organe écailleux se développe pour se souder presque aussitôt avec la bractée, mais celle-ci prédomine toujoins, de sorte qu'on voit sa pointe se prolonger en un appendice large, d'abord vert, plus ou moins recourbé et mucroné. Il est bon de remarquer ici que l'appendice des écailles inférieures des cônes des araucaria s'allonge davantage pour prendre peu à peu la forme des feuilles qui sont immédiatement au-dessous des cônes. C'est même pour avoir vu ce passage graduel des appendices des cônes des Araucaria aux feuilles supérieures de leurs branches, que j'ai eu la première idée que l'écaillé des Conifères pouvait être le résultat de la soudure de deux organes différents, ce qui a été confirmé plus tard par mes observations sur les autres genres de cette famille. » La bractée se développe encore davantage dans le Cunninghamia si- nensis, de sorte que les écailles des cônes sont ici en grande partie formées par elle. Ces écailles, en effet, sont larges, peu épaisses dans leur partie su- périeure et soudées dans leur tiers inférieur avec l'organe écailleux, ce qui leur donne sur ce point une épaisseur et une consistance beaucoup plus grande que dans tout le reste de l'écaillé. Le mucron se trouve au sommet et non au-dessous ou au milieu du dos de l'écaillé, ce qui prouve bien que c'est la bractée qui se prolonge pour former la partie supérieure de l'écaillé elle-même. Du reste, il y a des cas dans lesquels la part que la bractée prend à la formation de l'écaillé du Cunningiiamia se montre encore plus clairement. Par exemple, lorsque la bractée se prolonge au-dessus du cône, ce qui est assez fréquent, on voit les feuilles situées au-dessous du cône 42.. ( 3.6) pieodrp peu à peu la forme élargie des écailles, et celles-ci présenter même les deux bandes glauques qui se trouvent à la face inférieure des fouilles de cette espèce. Dans les Genévriers, malgré la consistance charnue de leurs fruits, on peut encore reconnaître la bractée dans chaque écaille à la pointe foliacée qu'elles portent sur leur dos dans la jeunesse; cette pointe s'efface ordinairement avec le progrès de I âge, mais quelquefois elle se distingue encore dans les cônes âgés, surtout dans ceux du Junii)erus dnii)acea où elle est extrêmement visible. » De tout ce que je viens dédire, je crois pouvoir conclure d'une ma- nière certaine que, dans les cônes des Abiétinées et des Cupressinées, il y a toujours des bractées libres ou soudées avec l'organe écailleux qui est à leur aisselle, et l'écaillé est le plus souvent formée de la bractée et de l'organe écailleux soudés ensemble, mais à différents degrés suivant les genres, et que de là. résultent les diverses formes des cônes que nous offre cette fa- mille. Il est probable que les écailles des cônes des Cycadées résultent aussi, au moins dans quelques genres, de la soudure de la bractée et de l'organe écailleux, et ce qui tend surtout à me le faire penser, ce sont les deux pointes en forme de cornes qui terminent les écailles dans le genre Cercdozamui. » Je traiterai dans une seconde Note de la nature de l'organe écailleux, en parlant des Tnxinées et Gnétacées, ainsi que des chatons mâles de toutes les Conifères. » ANATOMIE. — Note sur un nouvel organe du système nerveux; par M. W. KuHNE. « Ija distribution des nerfs moteurs dans les muscles a été jusqu'ici le sujet de beaucoup de recherches, mais on ne sail rien encore sur leur der- nière terminaison et leur connexion avec la substance contractile. Le seul fait bien connu est la division des fibres primitives, que l'on trouve facile- ment en regardant un muscle mince et transparent au microscope. Au delà de ces ramifications on a vu les nerfs se cacher entre les fibres musculaires, sans qu'on ait pu les suivre jusqu'à un bout terminal bien déterminé. » Après avoir fait des recherches sur la distribution des nerfs dans le muscle couturier de la grenouille par une tnéthode expérimentale, dont on trouve les résultats dans mon Mémoire : « Myologische Untersuchungen », j'ai continué ce sujet en examinant au microscope les muscles de différentes espèces d'animaux, des Batraciens, des Poissons, des Oiseaux, des Mammi- (3.7 ) teres et de l'homme. Voici les résultats nouveaux que j'ai obtenus de ces dernières recherches : « 1° Chaque fibre nerveuse primitive qui entre dans un muscle se divise bientôt en deux. Ce sont des divisions de premier ordre qui se trouvent déjà dans les petits filets nerveux que l'on voit à l'œil nu. » 1° Toutes les fibies nerveuses sorties de cette première division se divisent de nouveau après s'être séparées des petits filets intermusculaires. » 3° Les fibres nerveuses qui prennent origine de cette subdivision arri- vent à une fibre musculaire où elles vont se diviser pour la troisième fois. » 4° Cette division est généralement très-multiple, de sorte qu'il en sort jusqu'à dix à vingt branches tres-coui'tes. » Quand on a luie de ces divisions sur une fibre nuisculaire isolée, on est sûr d'y trouver le dernier bout périphérique d'un nerf moteur. Voici ce qu'on voit en suivant les branches nerveuses, qui se trouvent réunies en grand nombre sur une très-petite partie de la fibre musculaire. » i"^ L'enveloppe du nerf se réunit constamment au sarcolème de la fibre musculaire, et c'est jusqu'ici que l'on observe les noyaux de l'enveloppe. )) 2° Le double contour du nerf produit par son enveloppe médullaire cesse subitement. » 3° Le cylindre d'axe passe ici au-dessous du surcolème et se trouve dès lors en contact avec la substance contractile striée. » 4° Le cylindre d'axe devient alors plus large en quelques parties où il est garni de petits corps très- granuleux, que j'appelle les bourgeons nerveux périphériques. » 5" Quand le cylindre d'axe intramusculaire est court, il se termine par un de ces bourgeons. A côté de ces cylindres d'axe courts on en trouve aussi qui sont longs jusqu'à o™'", i et 0™"*,$, et ceux-là sont pourvus de plu- sieurs bourgeons, et se terminent généralement par une pointe bien claire et nette qui se trouve entre les stries de la substance contractile. » Les bourgeons nerveux périphériques sont fixés sur le cylindre d'axe. Ils en font partie. Ils sont grands de o™'",oo5 à o™"',oi, très-granuleux et généralement pointus à un bout. Jamais on n'y voit de nucléole, et c'est par ces appareils que le cylindre d'axe du nerf moteur se trouve en contact le plus intime avec la substance contractile du nuiscle dans laquelle s'en- foncent les granulations du nerf. « (3.8) M. Maggioraxi, professeur de médecine à l'Université de Rome, fait hommage à l'Académie d'un Mémoire sur les fondions de la raie qu'il a ré- cemment cnnniuHjiqiié à l'Académie des Nuovi Lincei. {Voir au Bulletin hibliocjnijjhique. ) " Mon Mémoire, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, renferme deux observations qui me paraissent dignes d'être étudiées, et sur lesquelles je prends la liberté d'appeler l'attention de l'Académie, savoir : i° la forma- tion de graisse pendant la fermentation du sucre, déterminée par la pulpe splénique et son dédoublement en glycérine et acides gras ; 2° la modifi- cation du sang chez des lapins privés depuis six mois de la rate, et com- parés à d'autres individus placés dans les mêmes circonstances à qui on ne l'avait pas ôtée : la différence principale consiste dans la moindre in- tensité de la couleur et sa pauvreté relative en fer chez les sujets mutilés; d'où semble résidter pour la rate la double fonction de présider à une métamorphose de la matière organique et d'accumuler le fer pour la con- fection de l'hématosine. » M. Sé.véchal adresse une Note sur la composition de la symphyse men- tonnière et la position des fanons des Baleines. Un jeune Rorqual, récemment apporté au Muséum, a fourni l'occasion (le dissiper les doutes qui pouvaient rester à cet égard, en montrant, d'une part qu'il n'existe pas d'écartement antérieur entre les mâchoires inférieu- res des Baleines, et de l'autre que les fanons se placent réellement à l'in- térieur de la mâchoire inférieure. 31. DiiviviER adresse de Chartres une Note concernant une eau de citerne sur laquelle le fait suivant avait appelé son attention. Une pièce de viande de bœuf qui avait bouilli dans celte eau avait pris à sa surface une couleur rouge-vermillon. La citerne était nouvellement construite et en- duite de ciment romain; l'eau qu'elle contenait provenait de la fonte des neiges dont les toits de la maison avaient été peu de tenjps auparavant cou- verts. Cette eau était d'ailleurs parfaitement limpide et sans saveur. Les essais auxquels l'a soumise M. Duvivier, le portent à supposer que la neige, en traversant une atmosphère Irès-chargée d'ozone, aurait acquis des pro- priétés nouvelles auxquelles serait due la coloration ci-dessus signalée. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( 3r9) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i8 février 1861 les ouvrages dont voici les titres : O'Taïti [Tahiti), possessions françaises de l'Océanie; par M. G. CuzENT. Paris, 1860; in-S''. Mémoire sur l'emploi de la main-d'œuvre dans t industrie, traitant spécialement des moyens d'accélérer le travail des ateliers sans augmenter le capital à y em- ployer; par M. H. Hamers. Paris, i85i ; in-8°. Bésumé des recherches sur l'électricité; par M. Marié Davy. Paris, 1861; br. in-S". Anomalie des membres pelviens, présentée à l' Académie impériale de Méde- cine le i S janvier i86r; par M. le baron Larrey; ^ feuille in-S"^. Zoologie vétérinaire. Expériences sur le Cysticercus tenuicollis et sur le Tœnia qui résulte de la transformation dans l'intestin du chien ; par M. Baillet. Toulouse, 1861; br. in-S"^. Recherches sur les poisons de l'Amérique méridionale. Curare des tribus indiennes du Brésil (province du Para); par M. A. VINCENT. Brest, 1861; br. in-S". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Boussingault. ) Memoir... Mémoire sur le Mégalhérium ou grand Paresseux terrestre d'Amérique; par M. OWEN. Londres, 1860; iu-/j°. Vorstudien... Prolégomènes d'une morphologie et physiologie scientifujuts de l'encéphale humain considéré comme organe de l'âme; par M. Rodolphe Wagner; l'^^livr. avec atlas de 6 planch. gravées en taille-douce. Gottin- gue, 1860; in-/i°. Klinik... Clinique du rhumatisme articulaire aigu; par M. H. Lebert, pro- fesseur de médecine à Breslau. Erlangen, 1860; in-4°. (Adressé par M. Gôppert au nom de la Société Silésienne.) Esperimenli... Expériences et éludes sur les fonctions de la rate ; par M. le professeur G. Maggiorani. Rome, 1860; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2o FÉVRIER 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMiMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE MINÉRALE. — Recherches Sur ta composition de la fonte et de l'acier; par M. E. Fremy. (Deuxième communication.) « Dans une première communication, j'ai eu l'honneur d'annoncer ;i l'Académie que le fer, l'acier et la foute ne me paraissent pas liés entre eux par les rapports de composition que l'on admet généralement, et qu'il n'est pas exact de dire que l'acier est simplement une combinaison de fer et de carbone moins carburée que celle qui constitue la fonte. » Sans vouloir nier d'une manière absolue l'influence que la quantité de carbone exerce sur les propriétés de l'acier et sur celles de la fonte, je me propose de démontrer cependant que plusieurs autres métalloïdes peuvent modifier aussi d'une manière profonde les caractères de l'acier et de la fonte, que ces corps ne se trouvent pas d'une manière accidentelle dans ces com- posés, et que toutes les incertitudes que présente particulièrement la fabri- cation de l'acier tiennent peut-être à cette action des corps étrangers qui jusqu'à présent a été peu étudiée. « Les expériences que je vais faire connaître aujourd'hui à l'Académie ont eu pour but de déterminer les conditions dans lesquelles l'azote peut se combiner avec le fer. C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" 8.) 4^ ( 322 ) » Tous les chimistes savent que la découverte importante de l'azoture de fer est due à notre savant confrère M. Despretz ; c'est lui qui a démontré que, sous l'influence d'tuie température rouge, le fer décompose le gaz am- moniac, fixe lazote, devient blanc et cassant, et éprouve une augmentation de poids qui peut aller jusqu'à 1 1,5 pour loo du poids du métal. » Ce corps, soumis à l'action des acides, produit un sel de fer et un com- posé ammoniacal. » Ces résultats si nets ont cependant été mis en doute par quelques chi- mistes : les uns ont pensé que l'auginentation de poids du métal était due à une oxydation produite par l'eau ou par l'air que le gaz ammoniac pouvait retenir; les autres ont admis que les modifications dans les propriétés phy- siques du fer étaient dues à un phénomène alternatif d'oxydation du métal et de réduction de l'oxyde par l'hydrogène de l'ammoniaque. » Tout en ayant la persuasion que les expériences de notre savant con- frère n'avaient pas besoin de confirmation, j'ai cru devoir cependant repro- duire les expériences contestées, en éliminant toutes les causes d'erreur qui pouvaient provenir de l'impureté de l'ammoniaque et de la présence de l'hu- midité dans le gaz. » Je m'empresse de dire que tous mes essais sont venus confirmer de la manière la plus complète le travail de iM. Despretz : dans des expériences nombreuses j'ai toujours vu le fer décomposer au rouge le gaz ammoniac et produire le corps blanc et brillant que notre confrère a décrit sous le nom d'azoture de fer. » On avait avancé que le produit de la décomposition de 1 ammoniaque par le fer pouvait être une combinaison du métal avec un hydrure d'azote moins hydrogéné que l'ammoniaque. M J'ai pensé que cette question pouvait être décidée par l'expérience : en effet, sous l'influence de l'oxygène, le composé étudié par M. Despretz pro- duit du peroxyde de fer. En opérant donc cette décomposition dans lui tube de porcelaine communiquant avec des tubes destinés à fixer l'eau que la réaction pouvait produire, il était facile de reconnaitre si le composé était un azoture ou un amiduie de fer. » Cette expérience a été faite avec le plus grand soin : un poids coiniu de composé azoté a été chauffé au rouge dans lui courant d'oxygène; le métal s'est transformé en peroxyde de fer pur, il s'est dégagé de l'azote et les tubes destinés à absorber l'eau n'ont pas éprouvé de variation dans leur poids. » Celte expérience me paraît donc concluante, et démontre que le corps ( 3a3 ) qui se produit dans l'action du gaz ammoniac sur le fer est réellement de l'azoture de fer et qu'il ne contient pas d'hydrogène. » Ce point essentiel étant une fois constaté, il s'agissait de déterminer les autres circonstances dans lesquelles le fer pouvait se combiner à l'azote. » J'ai examiné d'abord l'action de l'azote pur sur le fer métallique. » L'azote a été produit soit par la décomposition de l'azotite d'ammo- niaque, soit par l'action du cuivre sur l'air atmosphérique ; le gaz était purifié et desséché par les moyens les plus efficaces. Il est résulté de ces essais que l'azote ne se combine que très-difficilement avec le fer préparé par les procédés ordinaires de l'industrie, mais qu'il peut s'iuiir avec le métal lorsque ce dernier se trouve à l'état naissant. Ainsi j'ai obtenu du fer azoté en faisant arriver l'azote sur de l'oxyde de fer au moment de sa réduction soit par l'hydrogène, soit par le charbon. » Le cyanogène modifie également les propriétés du fer; mais je me ré- serve d'étudier cette réaction dans un travail prochain, qui sera consacré à l'étude des phénomènes résultant de l'action combinée de l'azote et du car- bone sur le fer. » Les procédés dont je viens de parler donnent sans doute de l'azoture de fer, mais les réactions sont lentes et incomplètes. » Ainsi, pour azoter presque complètement de petits fragments de fil de fer par l'ammoniaque, j'ai été obligé de faire passer le courant de gaz sur le métal chauffé au rouge pendant trois journées entières. )) Afin de soumettre l'azoture de fer à un examen chimique approfondi et d'étudier surtout l'influence que ce corps peut exercer sur la constitution et les propriétés de l'acier, j'ai dû chercher une méthode nouvelle qui me permît de préparer avec facilité cet azoture métallique. » C'est ce résultat que j'ai été assez heureux pour atteindre complètement en décomposant au rouge le protochlorure de fer par le gaz ammoniac sec. » J'introduis dans un tube de porcelaine 200 grammes environ de proto- chlorure de fer anhydre : je porte le tube au rouge vif et je fais passer sur ce sel un courant de gaz ammoniac qui est fourni par l'ammoniaque liquide du commerce que je chauffe légèrement. Le gaz est desséché par de longs tubes remplis dépotasse caustique. » Sous l'influence du gaz ammoniac, le chlorure métallique est dècon)- posé rapidement: il se dégage du chlorhydrate d'ammoniaque et un sel amidé fort curieux que l'eau décompose immédiatement en produisant de l'ammoniaque et de l'oxyde de fer. » Après l'opération, on trouve dans le tube une masse boursouflée et /,3.. ( 324 ) fondue en partie; elle est quelquefois grise et souvent aussi métallique, blanclic et biillai)te : ce corps est lazoture de fer. » .l'ai l'bonneur de mettre sous les yeux de l'Académie 200 grammes en- viron d'azoture de fer obtenu dans les conditions que je viens de faire con- naître. Ce cor[)s, qui jusqu'à présent était à peine connu des chimistes, pourra donc être préparé dorénavant avec la plus gande facilité; il devien- dra, je n'en doute pas, un agent nouveau et précieux que nous pourrons employer dans nos recherches pour fournir de l'azote aux substances miné- rales ou aux corps organiques. » Le procédé que j'ai employé pour produire l'azoture de fer s'applique à la préparation d'autres azotures métalliques; j'ai obtenu parla même mé- thode des combinaisons d'azote avec les métaux de la famille du fer : ces composés seront décrits dans un Mémoire spécial. » J'ai constaté que l'azoture de fer, provenant de la décomposition du pro- tochlorure de fer par le gaz ammoniac, jouissait de toutes les propriétés de l'azoture de fer obtenu en faisant arriver le gaz ammoniac sur le fer chauffé au rouge. » Cet azoture est facile à réduire en poudre; il est moins oxydable que le fer pur; il est attaqué très-lentement par l'acide azotique, et, au con- traire, avec rapidité par les acides sulfurique et chlorhydrique. » l/azoture de fer, en se dissolvant dans les acides, produit des sels de fer et des sels ammoniacaux. » D'après les essais que M. E. Becquerel a bien voulu faire à ma de- mande, l'azoture de fer s'aimante facilement et d'une manière permanente à la manière de l'acier; seulement cette propriété paraît moins développée que dans l'acier ordinaire. » L'azoture de fer est remarquable par sa fixité et se rapproche, sous ce rapport, de l'azoture de titane, étudié avec tant de soin par MM. Wôhler et H Deville; il supporte, en effet, inie chaleur rouge sans se décomposer. L'oxygène ne l'attaque qu'à une température élevée et le transforme en peroxyde de fer. » L'azoture de fer chauffé dans une brasque de charbon éprouve inie modification importante, sur laquelle j'aurai à revenir lorsque je traiterai de la constitution chimique de l'acier; il se transforme, dans ce cas, en une masse métallique présentant de l'analogie avec l'acier et acquérant connue lui une grande dureté par l'action de la trempe : si l'azote est resté dans ce nouveau composé, il ne s'y trouve plus au même état que dans l'azoture de fer, car lorsqu'on chauffe dans un coui'ant d'hydrogène le produit cémenté il ne se dégage pas de traces d'ammoniaque. ( 325 ) » La réaction la plus remarquable de l'azoture de fer est celle que ce composé exerce sur l'hydrogène. Lorsqu'on le chauffe légèrement dans ce gaz, il se décompose immédiatement en donnant de l'ammoniaque et en laissant un résidu de fer pur. » Cette combinaison directe de l'hvdrogène avec l'azote contenu dans un azoture métallique me parait un fait bien curieux; il démontre, du reste, que l'azoture de fer ne pourra manquer d'être employé pour donner de l'azote à d'autres composés. C'est la décomposition si facile de l'azoture de fer par l'hydrogène sec qui m'a permis d'apprécier les différentes cir- constances dans lesquelles le fer peut s'unir à l'azote; cette expérience ne laisse en effet aucune incertitude. » Il n'en serait pas de même d'un essai dans lequel l'azoture serait atta- qué par un acide et la liqueur décomposée ensuite par la potasse : les réac- tifs et principalement la potasse contiennent souvent des azotates qui, sous l'influence du protoxydede fer, donnent naissance à de l'ammoniaque. » C'est aussi l'action de l'hydrogène sur l'azoture de fer qui m'a permis d'analyser bien facilement ce composé. Pour déterminer la composition de l'azoture de fer, il suffit, en effet, d'apprécier la perte que ce corps éprouve quand on le chauffe dans l'hydrogène sec. )) Il est résulté de mes essais analytiques que l'azoture de fer obteiiu au moyen du proîochlorure de fer contient 9,3 pour loo d'azote, cette com- position correspondant à un azoture représenté par la formule Fe' Az. En faisant réagir le gaz ammoniac sur le fer, M. Desprefz a constaté une aug- mentation de poids du métal qui pouvait aller jusqu'à 1 1 ,5 pour loo ; l'azo- ture formé dans ce cas serait représenté par Fe' Az. » Je n'insisterai pas ici sur la formule de l'azoture de fer, car rien ne prouve encore que ce composé ait été produit dans un état de pureté abso- lue; la température à laquelle il se forme et l'atmosphère d'hydrogène qui l'environne à ce moment peuvent faire varier sa composition. » Il est du reste à présumer que le fer peut s'unir à l'azote en plusieurs proportions, comme le démontre l'expérience suivante : J'ai soumis pendant vingt heures à l'action du gaz ammoniac et à une température rouge de petits cylindres de fer très-pur qui étaient assez gros pour que l'action chi- mique ne fût pas complète; aussi l'augmentation de poids du métal ne dé- passa pas 6 pour loo. » En examinant les cylindres métalliques après l'expérience, il était facile de reconnaître qu'ils étaient formés de deux parties bien différentes : lune externe, presque fondue, très-friable, se détachant par le plus léger choc, et l'autre interne, d'une certaine dureté et encore métallique. ( 326 ) » En soumettant à 1 analyse la partie externe, j'ai recoiimi qu'elle était formée de 9,8 pour 100 d'azote et de 90,2 pour roo de 1er; elle correspon- dait donc à la formule Fe'Az. Ainsi l'azoture produit par l'action du gaz ammoniac en excès sur le fer avait ici la même composition que celui qui résulte de la décomposition du protochlorure de fer par l'ammoniaque. La partie interne encore métallique se laissait entamer à la lime; elle était ce- pendant très-cassante, contenait de l'azote, mais en proportion beaucoup plus faible que la précédente ; elle offrait, quant à l'ensemble de ses pro- priétés, une certaine analogie avec le métal auquel on donne dans les forges le nom de fer brûlé. » 11 serait bien curieux de rechercher si cet accident de fabrication qui enlève au fer toutes ses propriétés utiles ne serait pas dû à luie combinaison du fer avec l'azote ; c'est un point que je ne négligerai pas dans mes re- cherches ultérieures. M Tels sont les faits nouveaux, relatifs à l'histoire de l'azoture de fer, que je voulais faire connaître à l'Académie. Je les résumerai en quelques mots : » i" Mes premiers essais ont eu pour but de reproduire toutes les expé- riences que M. Despretz a décrites dans son travail sur l'azoture de fer et de constater leur parfaite exactitude. )) 2° J'ai reconnu ensuite que le corps qui se produit dans la réaction du gaz ammoniac sur le fer chauffé au rouge est réellement de l'azoture de fer et non de l'amidure : il ne contient pas d'hydrogène. » 3° Il est résulté de mes essais que la combinaison directe de l'azote avec le fer se fait principalement lorsque le métal se trouve à l'état naissant. » 4° J^i trouvé que l'azoture de fer se prépare avec la plus grande faci- hté en décomposant le protochlorure de fer anhydre par le gaz ammoniac. Cette méthode peut être appliquée à la préparation d'autres azotures mé- talliques. » 5° L'azoture de fer préparé par l'action du gaz ammoniac, soit sur le fer, soit sur le protocldorure de fer, présente dans les deux cas la même composition; il contient environ 9,5 pour 100 d'azote et peut être repré- senté par la formule Fe* Az. » 6° L'azoture de fer, chauffé dans une brasque de charbon, se modifie com|ilétement, n'est plus décomposé par l'hydrogène et paraît se lappro- cher de l'acier. M Dans un prochain Mémoire, je rechercherai si l'azoture de fer peut jouei' un rôle dans la préparation de l'acier. » . ( 3^7 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches expérimentales propres à élablir In théorie de la teinture; par M. Chevreul. (XI* Mémoire; première partie.) » Le Mémoire que j'ai rhonneur tle présenter à l'Académie est le XP de mes recherches chimiques; il ne pouvait être publié qu'après l'ou- vrage actuellement à l'impression , concernant le moyen de définir et de nommer les couleurs d'api es une méthode précise et expérimentale ; aussi vien- dra-t-il immédiatement à la suite de cet ouvrage, et tous les deux compo- seront le XXXIIP volume des Mémoires de [Académie des Sciences. Les planches coloriées de Digeon dont l'Académie a bien voulu faire les frais, et le texte qui les explique, démontreront la possibilité de définir les couleurs à tous ceux qui prendront connaissance de mon travail avec la volonté de l'étudier avant de le juger. Loin de moi la prétention que ma publication est l'expression du mieux possible : je suis le premier a en signaler le défaut principal; -mais dans la position subordonnée où je me suis trouvé, le reproche de ne m'étre pas approché du but plus que je ne l'ai fait ne peut m'atteindre, parce que ma conscience me dit qu'aucun effort ne m'a coûté pour rendre mon travail moins imparfait. On saura plus tard l'origine des obstacles que j'ai eu à surmonter dans les années qui viennent de s'écouler. 1) Quelle que soit au reste la valeur de ce travail, l'exécution n'en a été possible qu'à la condition du cumul ; une chaire au Muséum d'Histoire natu- relle avec la direction des teintures des Gobelins. Hors du Muséum, j'aurais manqué des secours précieux que j'ai trouvés dans ceux de mes confrères chargés de la conservation des collections de ce grand établissement, et je n'au- rais point rencontré une personnequi,commele jardinier en chef, M. Pépin, m'aurait remis des échantillons de fleurs et de feuilles soigneusement étiquetés qui, au nombre de plus de quinze mille, ontservià mes déterminations. Hors des Gobelins, je n'aurais pu me procurer les échantillons qui ont été teints avec tant d'habileté et de zèle par feu Lebois, chef de l'atelier de tein- ture; sans le concours des chefs des ateliers de tapisseries et de tapis, MM. Laforest, Lebeau, François et Legrand, il m'eût été impossible de réaliser en dix cercles chromatiques et dans les dégradations des 7a gammes franches du 1" cercle la conception de la construction chromatique- hémi- sphérique. En outre, dans la détermination des couleurs, sous lesquelles la matière colorée nous apparaît en général et en particulier les étoffes teintes, les matières employées par les peintres, les espèces chimiques qui ( 3^8 ) ne soiil pas blanches, les minéraux, les plantes et les animaux, j'au- rais toujours conservé des doutes et craint la fatigue de mes veux, si seul je m'étais livré à ce travail; mais avec le concours de M. Peyret, chef actuel de l'atelier de teinture, j'ai pu arriver à mon but, et présenter au public le résultat de mes observations avec quelque assurance. » Les psychologistes et les physiologistes, en suivant eux-mêmes mes publications sur la vision des couleurs et sur la perspective proprement dite, verront que dans la science proprement dite plus d'iui point que l'on croyait connu, ne l'était pas cependant; ils verront dans le travail qui est à l'impression, que les rayons lumineux colorés ne nous affectent de la cou- leur spéciale par laquelle nous les désignons, qu'après avoir été raréfiés à un certain degré; car concentrés, autant que possible, par une lentille, leur couleur spécifique cesse />0!/r ainsi dire d'être sensible, et ils nous affectent alors à l'instar de la lumière blanche pour ainsi dire. Ils verront dans le même travail, quelque imparfait qu'il soit, la possibilité de définir la couleur dans des limites convenables, et comment on passe de Vindéfini entre deux li- mites, à savoir d'une couleur quelconque indéfinie entre le blanc et le noir, AU fini de cette couleur en la distinguant en vingt tonshomogènes et finis en allant du blanc au noir. Après avoir donné un exemple de la manière dont on peut introduire dans les sciences descriptives des ex|)ressions précises pour j)arler d'attributs qui avaient été considérés comme variables, je mon- trerai, dans un écrit spécial, en quoi consiste la méthode naturelle relative- ment à la connaissance et à la description des individus d'une espèce ii La première partie renferme les preuves nouvelles que je donne à l'ap- pui de mon opinion sur la part qui revient à Yn/finilé chimique dans l'art de la teinture. » La deuxième partie concerne l'influence de la température, l'influence du passage à In vapeur des étoffes teintes et l'influence de différents corps appelés vulgairement mordants, sur la stabilité des matières colorées appli- quées par le teinturier sur les étoffes de laine, de soie et de coton. )) J'avais pensé pouvoir exposer aujourd'hui un aperçu de chacune de ces deux parties à l'A^cadémie; mais on m'a fait observer qu'il serait plus convenable de me borner dans cette séance à la première partie; dans la séance prochaine j'entretiendrai l'Académie de la seconde partie. PREMIÈRE PARTIE nU ONZIÈME MÉMOIRE UE MES RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA TEINTURE. De Vintenientiori de Viiffinité dans les opérations de teinture, » Dans mon huitième Mémoire (i), j'ai démontré que les étoffes co- loi'ées par des procédés du ressort de la teinture peuvent devoir leur cou- lein- : 1) i"  l'affinité rliimujiie : » 2° .:/ une simple adhésion à la surface de l'étoffe ou à l' inlerjjosition enlie ses filaments d'une matière colorée; " 3°  la fois à ces deux causes » J'admets en principe qu'inie étoffe plongée dans un bain dont la ma- tière colorante est en solution chimique, ne peut s'y teindre qu en vertu de (l) Recueil de Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXIV. C. H., i86i, I" Semestre. fT. UI, ><> Z > 44 ( 33o ) raftinitf iimliielle (!<' l'étoffe et de la maticir colorée qui s'y fixe; car. à mon sens, pour la réalisation de cet effet, il n'y a que l'aftinité capable de surmonter celle du dissolvant pour la matière qu'il tient en solution. » J'ai hésité d'autant moins à revenir sur cette influence de l'affinité dans la teinture, qu'elle a été méconnue depuis quelque temps, quand elle a été l'objet de raisonnements plus ou moins développés pour combattre, comme une erreur, l'opinion de ceux qui la reconnaissent en i^rincipe comme réelle. » S'il existe une preuve de l'intervention de l'affinité dans la fixation des matières colorantes sur les étoffes, c'est assurément la diversité de coloia- tion qu'on observe en plongeant simultanément dans un même bain colo- rant des poids égaux de laine, de soie et de coton, et la définition que l'on fait ensuite de la couleur fixée sur chaque étoffe, relativement à la gamme et à la hauteur du ton auxquelles la couleur des étoffes se rapporte respec- tiveinent. Il est entendu qu'en faisant varier le bain de matière colorante, les trois étoffes des différents lots sont identiques. Sans cette condition, les ré- .sultats pourraient différer de ceux que je vais exposer. I. AcUlc jjicrifjitr. La laine a pris à froid dans un bain aqueux d'acide ])icri(]ue. . . jaune S Ion. La soie 2 jaune 5 ton. Le coton zéro couleur. » La conséquence est donc : » 1" Que le coton n'a aucune affinité pour l'acide picrique, ou plutôt qu'il n'en a pas une suffisante pour l'enlevei' à l'eau ; » 1° Que la soie en a une sensiblement moindre que la laine. » A chaud les résultats sont semblables; mais lorsque la soie a pris 1 jainie 6 ton, la laine a pris f) orangé-jaune 9 ton. II. Caithaininc. » Dans un bain dont la composition était définie; 5o" de carthaniate de soude. iSo*'"" d'eau et d'aride arélif|ui-. ( 33i ) » Durée de l'immersion, 3 heures. La laine a pris \e. 5 rouge -~ i ,75 ton. La soie le 4 violet-rouge 6 ton. Le coton le 3 violet- rouge 6 ton. CONCLUSION. » La soie et le coton ont pris un ton égal. » La laine en a pris un bien moins élevé. D Dans un bain composé de 400"^'^ de carthamate de soude identique au précédent. 1200"^ d'eau et d'acide acétique. » La durée du bain a été de 1 2 jours. La laine a pris i orangé -^j~- 3 ton. La soie 4 rouge 10 ton. Le colon 4 violet-rouge 9 ton. « Les résultats sont donc correspondants aux précédents, saut que la soie a pris un ton de plus que le coton. in. Acide sulfindigotiqnc. La laine a pris i bleu 1 1 ton. La soie . i bleu 1 1 ,33 ton. Le coton i bleu 5 ton. » La durée de J'immersion avait été de 20 heures. )) A l'égard de l'acide sulfindigotique, la laine et la soie ont à peu près la même aptitude à se teindre; le coton en a beaucoup moins. » C'est donc un résultat inverse de celui que présente le carlhame, puisque la soie et le coton ont à peu près la même aptitude à prendre la carthamine, tandis que la laine en a très-peu. IV. Rocou. Laine 5 orangé 10 ton. Soie ... 3 orangé 1 1 ton. Coton. . . . , . I orangé 1 1 ton. 44.. ( 332 ) » L'immersion a été de 4^^ heures. » Le rocon diffère donc des trois matières colorantes précédentes, en ce que les trois étoffes ont à peu près la même aptitude à prendre la matière colorante du rocou. INFLUENCE DU TEMPS. Acide sulfindi gotique. Immersion do 3 heures. De :'|8 hciuos. Laine 10,75 ton. ... i i ton. Soie 12 ton.... 11, 33 ton. Coton 5,5 ton . . . . 5 ton. » Ainsi la soie et le coton ont pris des tons plus élevés après 3 heures qu'après 48 heures, et la laine a pris plus de ton après 48 heures qu'après 3 heures; et il semble même que la laine serait susceptible d'enlever de la couleur à la soie et au coton. Roi ou. Immersion de i heures. De \?> heures. Laine 7,5 ton. ... lo ton. Soie lo ton.... ii ton. Coton i.o ton ... 1 1 ton. » Résultat im peu différent i\\\ précédent, mais prouvant loujotirs l'in- fluence du temps. CONCLUSIONS. » En définitive, loules ces expériences démontrent une affinité élective entre les différents principes colorants et les différentes étoffes, laine, soie et coton. » (' M. Daitkuée fait hommage à l'Académie de la photographie d'un por- trait de Kcppler qui existe à Strasbourg. » Le tableau original, peint à l'huile, de grandeur naturelle, a appar- tenu à Mathias Bernegger, ami intime de Keppler (i), et professeur à l'Lni- (i) Keppler témoigne l'affection la plus vive à Bernegger dans une série de Lettres qu'il lui a écrites depuis i6i3 jusqu'au t2 octobre i63o, c'est-à-dire jusqu'au moment de sa ( 333 ) versité de Strasbourg, qui l'a donné à la Bibliothèque de cette \i\\e, ilu vivant même de lillustre astronome, en 1627, ainsi que l'atteste une inscrip- tion peinte à cette époque sur la toile même. Ce portrait est d'ailleurs signalé comme le meilleur dans une ancienne biographie de Keppler (\\ Comme les copies gravées qui en ont été faites en 1620 2) et plus tard ne sont pas satisfaisantes, on ne verra pas sans intérêt la représentation exacte du portrait original de cet honnne prodigieux, qui, par un génie des plus pénétrants et par une persévérance à toute épreuve, est parvenu à décou- vrir, au milieu des ténèbres et des préjugés, les lois fondamentales de l'as- tronomie. » M. LE Secrétaire PEKPÉTiîEL présente au nom du P. Secchi les Mémoires de l'Observatoire du Collège Romain. Nouvelle série; années 1857 à 1859, publiées par le P. Angelo Secchi, directeur du même Observatoire. Ce volume contient, à la suite d'une introduction, la description du ba- rométrographe, des observations de la grande comète de i858, accompa- gnées de figures de cet astre; des observations de Mars accompagnées de vingt figures de la planète; des observations des taches solaires; un cata- logue d'étoiles doubles, distribuées en cinq ordres et distinguées en liicidœ eX minori; des recherches physiques sur les corps célestes ; des observations météorologiques et magnétiques, etc. M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de M. d'Abbadie, qui na pu assister à la séance, le deuxième fascicule de sa « Géodésie de la haute Ethiopie >-. (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) mort. Il lui prodigue les noms de aniicorum conphœe, amicorum mcoruvi apex, anncoium ocelle, et l'initie à des détails de sa vie intime. Lorsque Keppler maria sa fille à Strasbourg, en 1629, c'est Bernegger qu'il pria de lui tenir lieu de père. La correspondance de ces deux amis a été imprimée à Strasbourg en 1672. ( Epistolœ J. Kepplcri et M. Bcnieggeri mutuœ.) (i) Johannis Keppleri aliorumque l'pistolœ mutuœ. In-folio, Leipsig, 1718; publié sous les auspices de l'empereur Charles VI ; p xxiii et xxxv. (2) Même ouvrage, p. xxvm. ( 334 ) RAPPORTS. PHYSIQUE DU GF.OBE. — Rapport sur tm Mémoire de MM. F. Jea.vdel, J. B. C.4XTÉGR1L et L. Bellaud, inlilulé : Étiidts expériaientales sur les moiidations. (Commissaires, MM. Faye, de V'erneuil, Maréchal Vaillant rapporteur.) « Ou est bien loin d'être d'accord sur la nature de l'influence que les divers genres de culture exercent sur l'écoulement superficiel des eaux de pluie. Les terrains boisés diminuent-ils ou augmentent-ils le volume de cet écoulement? En retardent-ils ou en accélèrent-ils la vitesse? Ces questions, maintes fois débattues, ont été maintes fois résolues en sens contraires. MM. Joandel, Canlégril et Bellaud, sous-inspecteurs des forêts de l'État, ont cherché à les résoudre par l'expérience, et ils ont soumis à l'ex-imen de l'Académie le résultat de leurs études. Un extrait de leur travail, inséré dans le Compte rendu de la séance du 24 décembre 1860, a exposé nette- ment les principes théoriques qui leur ont servi de base et les procédés d'expérimentation qu'ils ont employés; nous pouvons donc nous borner à les rappeler sommairement ici. » Lorsqu'une masse d'eau considérable, dit le Mémoire, vient à tomber sur le sol, cette masse liquide produit inévitablement un danger d'inonda- tion qui varie : » i" Avec la quantité d'eau que le sol absorbe ou qui s'évapore après la pluie ; » 2" Avec le temps pendant lequel se prolonge l'écoulement de la quan- tité d'eau non absorbée. » La nature des terrains fait varier les rapports du volume et de la durée de la pluie tombée, au volume et à la durée de l'écoulement superficiel; et puisque c'est en raison même de ces rapports que varie le danger des inondations, l'influence ou, comme le disent les auteurs du Mémoire, V T ï action inondante des terrains peut être représentée parla formide — X =7, formule dans laquelle V et V, ï et T' représentent les volumes et les durées de la pluie et de l'écoulement consécutif. Le Mémoire donne le nom de V coefficient d écoulement superfciel au rapport —5 qui représente la valeur de la faculté absorbante du sol. ( 335 ) » Les auteurs du iMémoire s'étaient proposé de mesurer expérimentale- ment le double rapport de leur formule pour deux terrains, l'un boisé, l'autre déboisé, mais jnésentant d'ailleurs les mêmes circonstances de con- stitution géologique, de déclivité générale, d'exposition, en un mot, |)our deux terrains n'offrant d'autre différence que le mode de culture, et soumis d'une manière complètement identique à toutes les autres influences qui peuvent réagir sur les inondations. » Ces conditions, qu'il est très-difficile de rencontrer à la fois, les autems du Mémoire ont cru les trouver réunies à un degré suffisant dans deux bassins contigus : le bassin supérieur de la Zorn, affluent de la Moder, et le bassin supérieur de la Bievre, affluent de la Sarre; le premier boisé, comme nous avons dit, le second déboisé en grande partie. » La quantité d'eau tombée a été mesurée à l'aide de pluviomètres; la quantité d'eauécouléeà lasurfacedu solaété mesurée à l'aidede déversoirs. L'heure du commencement et l'heure de la fin de la pluie ont été consi- gnées sur le registre d'observations, ainsi que l'heure des mesurages effec- tués aux déversoirs. » Le calcul des observations ainsi faites simultanément dans les deux bassins, a amené les auteurs du Mémoire aux résultats suivants : „„ . , , , , ^ • , ( Bassin boisé.. 0,07g Coefficients généraux dVcoulement siipernciel . , { ^ .,,,.. ° ( Bassinaeboi.se. 0,127 ... , , ,, . . , i Bassin boisé. . . 0,021 3 Coefficients généraux d action inondante { .^ • 1, • ■ -, ° f Bassin déboise. 0,0391 » La méthode suivie dans les expériences que nous venons de rapjjeler brièvement, s'appuie sur des principes que nous devons d'abord examiner. » Il est incontestable, comme le disent les auteurs, que l'action mon- dante d'un terrain est d'autant moins dangereuse que sa faculté absorbante est plus considérable, ou, suivant leurs expressions, que son coefficient d'écoulement superficiel est moindre. Mais il faut remarquer que la faculté absorbante d'un même sol varie d'une pluie à une autre pluie, suivant son état d'humectation préalable; elle aura toute son énergie après une longue sécheresse, tandis qu'elle sera nulle après une longue suite de pluies abon- dantes qui auront saturé le terrain ; de sorte que, pour des pluies de même durée et de métiie intensité, mais succédant à des phénomènes météoroio- giques différents, le coefficient d'écoulement superficiel variera beaucoup pour le même bassin. Il est donc indispensable, pour faire utilement des expériences qui soient vraiment comparatives sur l'écoulement des eaux de ( 336 ) deux bassins, de teiiii' compte, non pas seuleinenl des circonstances qui accompai;nei)l cet écoulement, mais encore de celles qui l'ont précédé. Cet élément de discussion est sans doute difficile à apprécier, mais il est inipor- tanl, et il ne saurait être négligé, si ce n'est peut-être dans l'interprétation d'une série continue d'expériences comparatives prolongées pendant un temps considérable. Or les auteurs du Mémoire, qui ont lait 3i expériences successives sur l'un des deux bassins qu'ils comparent, treii ont t'ait que 3 sur l'autre bassin; et il est a craindre que ces 3 expériences, qui n'embrassent qu'une durée de vingt-sept jours seulement, tandis que les 3i autres comprennent un intervalle de plus d'une année, ne soient insuffi- sanles pour mettre à l'abri de loute critique à cet égard les conclusions du Mémoue. " En ce qui touche à l'influence du volume et de la durée de l'écoule- ment, le théorème posé par les auteurs est vrai sans doute, mais nous pen- sons qu'il n'a pas, dans la formule générale qu'ils lui donnent, le caractère de vérité absolue que le Mémoire lui attribue. En effet, le danger des crues est avant tout dans leur hauteur; et leur hauteur n'est pas nécessairement proportionnelle à leur volume; elle dépend principalement de la vitesse originelle du premier afflux de l'écoulement, et non de sa durée totale. Si l'on compare deux crues dont l'écoulement total, depuis le premier e;onfle- nient des eaux, soit de la même durée, il pourra se faire que la crue qui correspond au moindre volume d'eau atteigne la plus grande hauteur, parce que sa marche ascensionnelle aura été plus rapide. Il faut donc tenir compte du volume et de la durée de l'écoulement, non-seulement dans leur ensem- ble, mais aussi dans leurs détails; et ce n'est pas sans raison que les par- tisans du système opposé aux conclusions du Mémoire pourront reprocher à MM. Jeandel, Cantégril et Bellaud, d'avoir imparfaitement mesuré les ac- tions inondantes des deux bassins, en les comparant d'après les seuls indices ff)urnis par le volume total des crues et |)ar la durée totale de leur écoule- ment. » Ces réserves faites sur ia iheorie fondamentale des expériences mention- nées au Mémoire, passons à l'examen comparatif des deux bassins choisis pour ces expériences. • Le bassin de la Zoni a une superficie de li29.9. hectares ; celui de la Biévre n'en contient que 97H, c esl-à-dire f|u'il n'a pas tout à fait le quart de la surface du |>remier. » Cette disproportion cutre l'étendue des deux bassuis est une cu'coii- stance qui nous parait défavorable pour la comparaison de leur action mon- ( 337 ) dante. Étant donnée la formule du Mémoire, il est aisé d'en déduire que, pour deux bassins d'inégale étendue, mais constitués à tous antres égards V T d'une manière identique, les coefficients d'action inondante — x— ,■■ et V" T — X ;p} doivent varier pour des pluies de même durée et de même inten- V V" site. La raison en est que les coefficients décoidement -ït et — - resteront les mêmes, tandis que les durées d'écoulement T et T" seront proportionnelles a la longueur des bassins. En sorte que, toutes autres choses étant égales d'ailleurs, l'expression de l'action inondante sera plus faible pour le grand bassin que pour le petit. " Le grand bassin des expériences du Mémoire est le bassin boisé; l'autre est déboisé, mais en partie seulement: plus de la moitié de la surface est encore couverte de bois; le reste se compose de friches, de pâturages, de prés et de terres arables. Le Mémoire ne dit pas dans quelles proportions; mais il est présumable que les terres arables n'occupent qu'une minime partie du bassin. » Or il eiit été désirable, suivant nous, d'opposer un bassin arable à un bassin boisé, car l'intérêt était surtout de faire ressortir l'influence produite sur les inondations par le labourage du sol. Les friches, les pâturages, les prés ne paraissent pas devoir offrir à l'écoulement superficiel des eaux de pluie, des conditions fort dissemblables de celles qui se rencontrent dans les forêts; et nous regrettons que les deux bassins choisis pour les expériences n'aient pas présenté des différences de culture plus nettement tranchées. » Si maintenant nous exammons les procédés d'expérimentation em- ployés par les auteurs du Mémoire, et la marche suivie par eux pour inter- préter les expériences et en évaluer les résultats, nous croyons qu'ils n'ont pas toujours opéré avec le degré d'exactitude nécessaire pour relever et apprécier des données aussi délicates » C'est ainsi que les discordances que présentent, sous le rapport des temps et des volumes, les observations |jluviométriques faites dans le grand bassin, semblent prouver que les trois seuls pluviomètres employés à ces observations étaient insuffisants pour permettre une évaluation exacte de la quantité et de la durée des pluies. Il nous a paru que souvent les auteurs du Mémoire avaient été arrêtés par cette incertitude de leurs observations, et qu'ils avaient dû y suppléer d'une manière quelque peu arbitraire. Re- marquons d'ailleurs que les altitudes des trois stations pluviométriques C. P,., 1861, 1" Si-m.-slre. [T. Lll, N" 8.; 45 ( 338 ) élaient tros-ciiffôrenles, 4oo, ooo et 889 nièlres, et que, par conséquent, les auteurs du Mémoire, eu prenant la moyenne des observations faites à ces trois stations et en l'appliquant à l'ensemble du bassin, ont commis très- probablement des erreurs considérables dans le compte rendu des faits relatifs à chaque expérience. La moyenne ue sain-ait être, en pareilles cir- constances, luie représentation fidèle des faits, et nous doutons qu'ici la ré- pétition des expériences la rectifie en compensant les erreurs les luies par les autres. » Nous n'avons pas pu, à défaut de plan coté, nous rendre un compte exact de la position des déversoirs, ni par conséquent nous faire une opi- nion sur la valeur des différents jaugeages des débits d'écoulement. Cette opération, pour être précise et donner des indications utiles, demande à être faite au pied même des versants soumis à l'expérience et dans leur émis- saire immédiat. Plus loin, cette détermination des volumes et des hauteurs se compliquerait des effets de l'écoulement ultérieur dans la partie du cours d'eau comprise entre le pied des versants et la station d'observation. » D'autre part, ou doit avoir égard, dans celte détermination, à la con- sidération suivante : D'ordinaire, en l'absence des pluies, la hauteur des eaux d'une rivière s'abaisse dune manière à peu près continue. Si une pluie sur- vient après cette période de sécheresse, la hauteur de la rivière s'élèvera, et il arrivera souvent, quand le niveau sera devenu stationnaire, après le pas- .sage des eaux torrentielles, qu'il se trouvera supérieur à sa cote primitive. Celte mobilité du niveau, dit permanent, rend fort délicate l'opération du jaugeage de l'écoulement des eaux par les déversoirs. )) Quoiqu'il en soit, nous aurions désiré, comme nous l'avons dit plus haut, que les observations des hauteurs d'eau sur les déversoirs, observa- tions cjui n'ont pas en général dépassé le nombre de deux par jour, faites à des heures à peu près fixes, eussent été effectuées à des intervalles plus rap- prochés, et qu'elles eussent donné avec certitude la constatation du moqient précis des hauteurs maxima. Les relevés, à notre avis, ont été trop rares pour permettre d'étudier, dans leur détail, comme il eût été nécessaire, les faits successifs d'écoulement. )) En résumé, les conclusions du Mémoire de MM. Jeandel, Cantégril et Bellaud ne nous paraissent pas suffisamment justifiées, parce que leur théorie n'est pas d'une vérité absolue, parce que leur champ d'expérience était peu favorable, que leurs procédés d'observation n'ont pas eu toute la précision nécessaire, et que leurs expériences n'ont été ni assez nombreuses, ni assez suivies. Mais, après avoir signalé les imperfections de leurs éludes e.vpi'riiucn- (339) taies, nous nous plaisons à reconnaître que ce travail mérite, non-seiilenient des encouragements, mais des éloges. Les auteurs sont entrés dans une bonne voie; ils ne l'ont pas, sans doute, complètement frayée et ne l'ont pas tracée jusqu'au bout; mais d'autres explorateurs viendront, qui y suivront leurs pas, et s'y engageront plus avant. C'est ainsi, c'est par des expériences ana- logues à celles que nous venons de discuter brièvement, qu'on parviendra à recueillir les renseignements indispensables pour connaître la marche des écoulements, et pour résoudre, en la réglant, le grand problème de l'amé- nagement des eaux. MM. Jeandel, Cantégril et Bellaud ont donné un utile exemple: nous proposons à l'Académie de leur adresser des remercîments pour leur intéressante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LLS. NAVIGâ.T10N. — Sur la manœuvre des navires à hélice; par M. le Contre-Amiral Pakis. (Renvoi à la Section de Géographie et de Navigation.) a L'application des machines à vapeur à la navigation a modifié radi- calement la construction des navires, le langage marin et les manœuvres à la mer. Aux expressions spéciales nécessitées par l'usage des voiles, elle a substitué beaucoup de termes des ateliers industriels. Elle a même initié à une partie importante des questions maritimes des personnes jusque-là en- tièrement étrangères à la marine, et de la sorte elle a rapproché des pro- fessions qui ne se connaissaient pour ainsi dire pas. En modifiant l'art naval, elle a produit sur mer une nouvelle génération. » La machine à vapeur n'a présenté d'abord ciu'une sorte de bâtiment mécanique, très-différent de celui entraîné par les voiles seules. Mais en- suite, appliquée à l'hélice, elle a modifié les constructions les plus remar- quables de l'époque, et elle "a réuni dans le même navire les avantages des deux genres de navigation. « On est donc parvenu à donner à la fois aux navires de guerre une force militaire imposante, une machine dont la puissance s'est élevé«> à aSoo chevaux sur les pistons et une voilure aussi étendue que l'ancienne, c'est-à-dire déployant plus de 3ooo mètres carrés de surface. » Mais, après avoir obtenu ce beau résultat, il a été bientôt reconnu que 45.. ( 34o ) ce Vaste appareil aérien serait trop dangereux d;ins un combat, et que ces vergues ou ces nombreux cordages coupés par des boulets seraient enroulés en un instant d'une manière inextricable autour des ailes. Car celles-ci ne tournent pas dans un écrou solide, mais repoussent vers l'arrière une énorme masse d'eau, et par conséquent elles l'aspirent de l'avant, attirant ainsi tout ce qui tombe à portée de leur vaste tourbillon et exposant le propulseur à une rupture ou aune inaction certaine. C'est ce qui a engagé avec raison à réduire à de très-petites proportions les mâts et les voiles des navires cuirassés, et c'est ce qui amènera à inventer des moyens de les faire disparaître au moment du combat. .' Nous verrons donc bientôt s'en aller cette voilure élégante qui a si long- temps suffi pour nous mener dans toutes les parties du globe. Le sort du navire ser.i entièrement confié à l'appareil mécanique; et à quelle perfection de travail et de conduite faudra-t-il parvenir pour trouver en lui la même sécurité que dans ces mâts et ces voiles sanctionnés par luie longue expé- rience ? » Mais rien ne résiste à l'impulsion de l'industrie moderne, dont les inventions progressives présentent des avantages tels, qu'il est impossible de les dédaigner, et quoique éprouvant de profonds regrets, le marin de notre époque est poussé vers les machines, et son premier devoir est de les connaître pour savoir les diriger. » Préoccupé depuis longtemps de l'influence de tant d'innovations, j'ai comparé ce qui était à ce qui existe maintenant pour en déduire des métho- des assorties aux nouvelles conditions de la navigation; car les voiles et les |)ropulseurs ajoutés au navire ont chacun leur nature et lem- mode d'ac- tion, et c'est en les étudiant que j'ai trouvé à en tirer un grand parti pour la manœuvre de nos plus gros vaisseaux. » Pour se rendre compte des trois modes de propulsion usités, il faut rappeler que les surfaces mobiles des voiles exposées à toutes les variations du vent et modifiées pour suivre ses caprices, agissent aussi à volonté sur les extrémités du navire, aident le gouvernail et Suppléent même à son action lorsque le manque de vitesse le rend impuissant à faire tourner le navire. » Au contraire, si le moteur mécanique conduit où l'on veut et fait sur- monter les obstacles du vent, ce n'est qu'en poussant dans le sens de la quille, et le courant que la vitesse produit sur les faces i)lanes du gouver- nail est la seule cause qui fait tourner le navire tant qu'aucune voile n'ajoute pas à son influence. l 341 I .. El) effet, la force n'est utilisée qu'au moyen d'un organe inteiuiédiaire nommé propulseur, dont le rôle se borne à peu près à pousser vers l'avant ou vers l'arrière, suivant le sens dans lequel on le fait tourner. Cependant sa forme et sa position exercent une grande influence sur la manière de manoeuvrer, selon que ses surfaces agissent directement ou obliquement contre l'eau. » Dans le principe, la roue à aubes fut seule employée, et ses palettes poussèrent l'eau rlii'ectement et dans une direction parallèle à la quille. L'hélice au contraire est toujoui-s composée d'ailes obliques et en métal dont la surface est gauche comme celle des moulins à vent. Elles sont en- traînées par la force de la macliine et s'avancent à travers l'eau en la de- coupant en spirale. Si la première est une rame rotative, la seconde est une godille continue. » Dans les deux cas, le manque de résistance du liquide force à em- ployer des surfaces assez étendues, pour repousser une grande quantité d'eau à la fois, et comme la masse anisi destinée a servir d'appui cède cependant, le propulseur développe toujours une longueur plus grande que celle parcourue en réalité par le navire. C'est ce qui constitue le recul, qui est inévitable, intis qui doit être aussi réduit que possible, parce qu'il occasionne une perte de force d'autant plus grande qu'il y a plus d'eau inutilement remuée. » Aux différences de forme des deux propulseurs il faut ajouter celle, aussi importante, de leur position. Les roues à aubes sont situées vers le milieu et sur les flancs du navire ; leurs palettes viennent successivement frapper l'eau seulement à sa surface et en la repoussant vers l'arriére : aussi leurs courants latéraux ne rencontrent le gouvernail qu'à la partie où il n'a pas de largeur; ils n'influent donc pas sur la manière de gouverner et l'ac- tion du propulseur se borne à pousser le navire. » Il en résulte ce fait important, c'est que le navire à roues ne peut chan- ger de direction que lorsqu'il avance à travers l'eau et que sa longueur lui fait décriie de grands espaces. » L'hélice, au contraire, est placée sous l'eau et en avant du gouvernail; ses ailes projettent vers l'arrière un cône tournoyant, qui rencontre directe- ment la surface plane et agissante du gouvernail; plus le navire éprouve de résistance, plus la masse d'eau repoussée est considérable : à tel point que si un vaisseau est complètement arrêté, les 2000 chevaux sont employés à produire un courant violent à l'origine duquel se trouve le gouvernail. ( 3/,a ) » On a élé longtemps sans remarquer cette singularité de l'hélice à laquelle le navire doit la propriété de gouverner sans changer de place. » Les deux propulseurs présentent encore une dissemblance : les roues à aubes agissent également lorsque leur immersion est la même, et si l'une d'elles est |)liis plongée, son surcroît d'efforts dévie très-peu les navires à cause de la petite longueur de son levier d'actioii. Quant à l'hélice, elle agi- rait suivant son axe de rotation, si les ailes éprouvaient autant de résistance près de la surface qu'au fond de l'eau. Mais on sait qu'un liquide se déplace d'autant moins facilement qu'on agit sur lui à de |)lus grandes profondeurs. Les deux impulsions des ailes opposées ne sont donc pas égales et leur diffé- rence pousse l'arriére du navire par côté. Avec leur pas à droite, nos hélices dévient nos vaisseaux sur la gauche quand elles poussent de l'avant et sur la droite lorsqu'on marche en arriére. Cette déviation est d'autant plus éner- gique que le propulseur sous-marin agit sur l'extrémité du navire, et elle augmente lorsque le pas est très-long ou l'hélice peu immergée. Lorsqu'on marche eu avant, un petit angle de la barre du gouvernail compense cet effet; mais quand ou marche en arrière, l'avant du navire est toujours en- traîné vers la droite. » Quelques-unes de ces propriétés avaient été remarquées; mais personne n'avait songé à en tirer parti pour la manœuvre des nouveaux navires, et ce n'est qu'après avoir commis des erreurs en me servant de l'hélice comme on le faisait des roues, que je suis arrivé à exécuter des manœuvres anté- rieurement impraticables et pourtant aussi utiles aux navires du commerce qu'aux vaisseaux de guerre. » L'objet de cette Note est d'en exposer quelques-unes. » Ainsi lorsque le navire était à l'ancre et qu'il faisait calme, sa direction ne pouvait être changée pour partir qu'avec des cordes le tirant par côté; ce qui était souvent très-long à exécuter. Au moyen de l'hélice, je fais au contraire pivoter le vaisseau sur lui-même : pour cela je conserve l'ancre au fond avec assez de longueur de chaîne pour qu'elle morde encore, et je mets la machine en avant à petite vitesse pour produire un courant factice sur le gouvernail, qu'il suffit d'obliquer pour que le navire tourne dans le sens voulu. Dès qu'il est en direction, son ancre est arrachée et il fait route. » Lorsque le vaisseau ne tient plus au fond et que l'absence de tout mou- vement dans l'air le laisse à l'action seule de son propulseur, les deux pro- priétés déjà citées me servent à tourner sur place, ce qui était antérieurement impossible. Poiu- cela je fais marcher en arrière; la masse du navire résiste ( 343 ) f.Vaborcl à la translation, mais il tourne sur tribord, et quand il a parcouru le quart de sa longueur, je fais marcher en avant et mettre la barre à bâbord : aussitôt le courant factice donne de l'action au gouvernail et le navire con- tinue à tourner sur tribord. Après avoir avancé d'un quart de longiteur, je recule de nouveau, et par ces alternatives il m'est arrivé de tourner dans un espace d'une fois et demie la longueur du vaisseau et de me tirer d'une position embarrassante sans causer d'avaries. Les voiles seules ou combi- nées avec les roues ne permettent pas d'effectuer de pareils mouvements. » Il est souvent nécessaire de s'arrêter en mer, surtout lorsqu'il s'agit de donner les remorques à un navire immobile. Avec les voiles on y parvenait à peu près en disposant les unes pour faire avancer, les autres pour reculer. De la sorte on était en panne; mais comme le vent était nécessairement du travers, il poussait le navire par côté, et ce mouvement était lent, mais iné- vitable. » L'hélice combinée avec les voiles m'a présenté au contraire le moyen d'être complètement immobile avec le vent soufflynt de l'avant ou de l'ar- rière. » Dans le premier cas les voiles du mât d'artimon, c'est-à-dire le plus en arrière, sont établies, le navire est placé debout au vent et l'hélice mise en marche de manière à résister seulement à l'impulsion rétrograde de la voile. En agissant ainsi, elle remplit non-seulement ce premier but, mais en jetant de l'eau sur le gouvernail elle lui donne de l'action et permet de maintenir ou de varier la direction sans changer de place. B Si au contraire on veut rester immobile avec le vent soufflant de l'ar- rière, on établit la voile carrée de l'avant nommée le petit hunier, et on fait marcher l'hélice en arrière de manière à compenser les efforts. Mais nous avons vu que l'hélice tend à dévier le navire, à cause du surcroît de résistance des ailes lorsqu'elles sont au fond de l'eau, et pour s'opposer à cette action latérale, il suffit d'obliquer la voile de manière à équilibrer les deux effets de l'hélice. » Enfin, s'il faut reculer contre le vent, il suffit d'accélérer le mouvement de riiélice et de résister au surcroît d'action latérale par une plus grande obliquité de la voile. Il m'est arrivé de reculer de la sorte avec une vitesse de trois nœuds et de gouverner avec autant de facilité avec la voile de l'avant qu'avec le gouvernail et la marche ordinaire. » Ce qui procède fait concevoir quelles facilités de manœuvre présente le Great Eastern de M. Brunel au moyen de ses deux propulseurs. En effet, ( 344 ) l'obstacle à la translation, au lieu d'être produit par une voile suivant hi direction du vent, est occasionné à volonté 'par les roues à aubes, car le grand navire possède les deux propulseurs. Ainsi, en faisant marcher celles-ci en arrière et l'hélice en avant, on équilibrera facilement leurs forces; mais le courant produit par l'hélice donnera de l'action au gouvernail, et le na- vire, de aSo mètres de long, pivotera sur lui-même. L'action combinée de ses deux propulseurs rendra donc sa manœuvre plus facile que celle de na- vires beaucoup moins longs. » Mes études et surtout une longue pratique des navires à vapeur m'ont amené à des méthodes d'exécuter beaucoup d'autres manœuvres utiles, de naviguer économiquement, suivant les circonstances, et enfin d'apprécier les avantages de chacun des propulseurs, suivant la nature de la navigation piojetée. » Mais ce serait abuser de votre attention que de vous exposer ces ques- tions toutes techniques, et ce que je viens d'avoir l'honneur d'expliquer en donne, j'espère, une idée suffisante. «> MEMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Animnlcules infttsoires vivant sans yaz oxygène libre et déterminant fies fermentations ; p r M. L. Pasteur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Claude Bernard.) « On sait combien sont variés les prodinfs qui se forment dans la fermen- tation appelée lactique. L'acide lactique, une gomme, la mannite, l'acide butviique, l'alcool, l'acide carbonique et l'hydrogène, apparaissent simul- tanément ou successivement en proportions extrêmement variables et tout à fait capricieuses. J'ai été conduit peu à peu à reconnaître que le végétal- ferment qui transforme le sucre en acide lactique est différent de celui ou de ceux (,car il en existe deux; qui dêtermineul la production de la matière gommeuse, et que ces derniers à leur tour n'engendrent pas d'acide lac- tique. D'autre part j'ai également reconnu que ces divers végétaux-ferments ne pouvaient dans aucune circonstance, s'ils étaient bien jmrs, donner iiais- .sance a l'acide butyrique. » Il devait donc v avoir un ferment bulvnque propre, (^est sur ce point ( 3.',5 ) que j'ai arrêté depuis longtemps toute mon attention. La communica- tion que j'ai l'honneur d'adresser aujourd'hui à l'Académie se rapporte précisément à l'origine de l'acide butyrique dans la fermentation appelée lactique. » Je n'entrerai pas ici dans tous les détails de cette recherche. Je me bornerai d'abord à énoncer l'une des conclusions de mon travail : c'est que le ferment bidyriqite est un infnsoire. » J'étais bien éloigné de m'attendre à ce résultat, à tel point que pendant longtemps j'ai cru devoir appliquer mes efforts à écarter l'apparition de ces petits animaux, par la crainte où j'étais qu'ils ne se nourrissent du ferment végétal que je supposais être le ferment butyrique, et que je cherchais à découvrir dans les milieux liquides que j'employais. Mais n'arrivant pas à saisir la cause de l'origine de l'acide butyrique, je finis par être frappé de la coïncidence que mes analyses me montraient inévitable, entre cet acide et les infusoires, et inversement entre les infusoires et la production de cet acide, circonstance que j'avais attribuée jusque-là à l'utilité ou à la con- venance que l'acide butyrique offrait à la vie de ces animalcules. » Depuis lors, les essais les plus multipliés m'ont convaincu que la trans- formation du sucre, de la mannite et de l'acide lactique en acide butyrique, est due exclusivement à ces infusoires, et qu'il faut les considérer comme le véritable ferment butyrique. » Voici leur description : Ce sont de petites baguettes cylindriques, arrondies à leurs extrémités, ordinairement droites, isolées ou réunies par chaînes de deux, de trois, de quatre itrticles et quelquefois même davan- tage. Leur largeur est de o""",oo2 en moyenne. La longueur des arti- cles isolés varie de o™'",oo2 jusqu'à o""°,oi5 ou o™",02. Ces infusoires s'avancent en glissant. Pendant ce mouvement, leur corps reste rigide ou éprouve de légères ondulations. Ils pirouettent , se balancent ou font trem- bler vivement la partie antérieure et postérieure de leur corps. Les ondu- lations de leurs mouvements deviennent très-évideîites dès que leur lon- gueur atteint o'""',oi."i. Souvent ils sont recourbés à une de leurs extrémités, quelquefois à toutes deux. Cette particularité est rare au com- mencement de leur vie. » Ils se reproduisent par fissiparité. C'est évidemment à ce mode de génération qu'est due la disposition en chaînes d'articles qu'affecte le corps de quelques-uns. L'article qui en traîne d'autres après lui s'agite quel- quefois vivement comme pour s en détacher. G. R., i86t, 1" Senieslre. (T. Ul, N" 8. 46 ( 346 ) » Bien que les corps de ces Vibrions aient une apparence cylindrique, on les dirait souvent formés d'une suite de grains ou d'articles très-courts à peine ébauchés. Ce sont sans nui doute les premiers rudiments de ces petits animaux. M On peut semer ces infusoires comme on sèmerait de la levure de bière. Ils se multiplient si le milieu est approprié à leur nourriture Mais ce qui est bien essentiel à remarquer, on peut les semer dans un liquide ne renfermant que du sucre, de l'ammoniaque et des phospliates, c'est-à-due des substances cristallisables et pour ainsi dire toutes minérales, et ils se reproduisent cor- rélativement à la fermentation butyrique qui apparaît très-manifeste. Le poids qui s'en forme est notable, bien que toujours minime, comparé à la quantité totale d'acide butyrique produit, comme cela se passe pour tous les ferments. " L'existence d'infusoires possédant le caractère des ferments est déjà un fait qui semble bien digne d'attention ; mais une particularité singulière qui l'accompagne, c'est que ces animalcules infusoires vivent et se multiplient à l'uifini sans qu'il soit nécessaire de leur fournir la plus petite quantité d'air ou d'oxygène libre. » Il serait trop long de dire ici comment je me suis arrangé pour que les milieux liquides où ces infusoires vivent et pullulent par myriades ne renferment absolument pas d'oxvgene libre dans leur intérieur ou à leur surface, ce que j'ai d'ailleurs soigneusement constaté. J'ajouterai seulement que je n'ai pas voulu présenter mes résultats à l'Académie sans en avoir rendu témoins plusieurs de ses Membres, qui m ont paru reconnaître la rigueur des preuves expérimentales que j'ai mises sous leurs yeux. » Non-seulement ces infusoires vivent sans air, mais l'air les tue. Que l'on fasse passer dans la liqueur où ils se multiplient un courant d'acide carbonique pur pendant un temps quelconque, leur vie et leur reproduc- tion n'en sont aucunement affectées. Si, au contraire, dans des conditions exactement pareilles, on substitue au courant d'acide carbonique un courant d'air atmosphérique, pendant une ou deux heures seulement, tous périssent, et la fermentation butyrique liée à leur existence est aussitôt arrêtée. » Nous arrivons donc à cette double proposition : » 1° Le ferment butyrique esl un iiif moire. » 2° Cet infusoire vit sans c/az oxj'gènc libre. » C'est, je crois, le |jrciiner exemple connu de ferments animaux, et aussi d'animaux vivant sans gaz oxygène libre. ( 347 ) « Le rapprochement du mode de vie et des propriétés de ces animal- cules avec le mode de vie et les propriétés des ferments végétaux qui vivent également sans le concours du gaz oxygène libre, se présente de lui-même, aussi bien que les conséquences qu'il est permis d'en déduire, relativement à la cause des fermentations. Cependant je veux réserver les idées que ces faits nouveaux suggèrent jusqu'à ce que j'aie pu les soumettre à la Inmière de l'expérience. « PALÉONTOLOGIE. — Présence du genre éteint des Thécodontosaures en France^ Note de M. P. Gervais. (Commissaires, MM. Valenciennes, d'Arcliiac.) " On ne connaît encore que d'une manière assez incomplète les Verté- brés aériens qui ont peuplé le globe antérieurement à la période jurassi- que, et jusque dans ces derniers temps ceux qui sont enfouis dans le sol de la France n'avaient donné lieu qu'à quelques observations isolées. J'ai es- sayé de réunir ces observations dans la seconde édition de mon ouvrage sur la paléontologie (i ), et j'y ai ajouté quelques faits nouveaux ayant trait, comme ceux qu'on avait publiés antérieurement, à des espèces propres aux terrains de la période friasiqne. ' Cps espèces appartiennent uniquement à la classe des Reptiles et à celle des Batraciens. » Les Reptiles triasiques dont la présence a été signalée en France sont: un Crocodilien, encore incomplètement connu, dont j'ai parlé d'après une pièce recueillie aux environs de Lodève (Hérault) ; V Aphelosnuriis lulevensis, espèce de Saurien véritable que j'ai décrite sur l'examen d'une empreinte trouvée dans les ardoisières permiennes de la même ville, et différents Simosauriens des départements de l'Hérault, de la Moselle, de la Meuse et du Bas-Rhin. Les ossements de ces derniers animaux abondent dans le muschelkalk de Lunéville, où G. Cuvier les a le premier indiqués, mais en en donnant des déterminations que les recherches de M. Hermann, de Meyer et les miennes ont du faire modifier. » Les Batraciens enfouis avec ces Reptiles sont du groupe de ceux que fi) Zoologie et Paléontologie françaises, 111-4°, avec atlas in-f"; i85g. 46- ( 348 ) j'ai appelés Dinobatraciens, et ils appartiennent principalement au genre des Lnhyrinlhodonles on Maslodonsaurcs. Leurs restes osseux ou les empreintes laissées par leurs pas ont été constatés dans les départements de l'Aveyron, de l'Hérault, de la Haute-Saône, de la Moselle et du Bas-Rhin. » C'est également à la série des formations triasiques que remonte l'ani- mal auquel ont appartenu quelques dents et un petit nombre de fragments osseux indiquant aussi un animal vertébré à respiration aérienne, sur lequel je désire appeler l'attention de l'Académie. Ces débris ont été soumis à mon examen par M. Dumortier, de Lyon, qui les a découverts au Chappon, près Saint-Rambert (Ain). Leur forme, et en particulier celle des dents, indi- quent un animal bien certainement différent de ceux dont je viens de rap- peler les noms, mais qui rentre probablement avec les premiers dans la classe des Reptiles proprement dits. Hs ont été retirés des marnes blanchâ- tres affleurant au milieu des déimdations des couches inférieures de l'infra- lias, dans la localité qui vient d'être citée. M. Dumortier en attribue le gise- ment à l'étage des maiiics irisées. » Les ossements recueillis au Chappon sont réduits en petits fragments qu'il m'a été impossible de réunir les uns aux autres de manière à me faire une idée exacte de la partie du squelette dont ils proviennent, et je ne puis rien dire à leur égard. On distingue cependant parmi eux une pièce à peu près discoïde, ayant 7 millimètres de large sur 3 d'épaisseur, qui rappelle assez bien, au premier abord, le corps d'une vertèbre à surfaces articulaires biplanes, à la manière de celles de beaucoup de Sauriens des terrains secon- daires; mais elle est plutôt un os carpien, tels que sont ceux des Reptiles les plus aquatiques, et principalement des Chélonées, des Neustosaures, des Plésiosaures ou des Ichthyosaures. Cet os, s'il appartient réellement à l'ani- mal qiu nous occupe, et si la détermination que j'en donne est exacte, met- trait hors de doute le genre de vie essentiellement aquatique du Reptile trouvé au Chappon. » Quant aux dents, il y en a une dizaine, isolées les unes des autres, mais dont quelques-unes sont à peu près entières, du moins pour la cou- ronne. Elles sont comprimées, à sommet acuminé, à bords antérieur et pos- térieur denticulés en scie sur luie grande partie de leur étendue. La partie la plus rapprochée du collet manque seule de dentelures, et la disposition de la dent elle-même montre bien que la couronne, telle qu'elle vient d'être décrite, surmontait une racine distincte et implantée dans une alvéole propre. La longueur, c'est-à-dire le diamètre antéro-postérieur de ces dents. ( 349 ) varie entre 6 et 9 millimètres, et leur hauteur, pour la couronne seulement, entre 9 et 1 4 ou i5 millimètres. La plus forte n'a que 4 millimètres d'é- paisseur entre ses deux faces. La ("ourLure des bords antérieur et posté- rieur n'est pas absolument la même pour les différentes dents. » Les caractères que je viens de décrire et toutes les particularités dis- finctives des dents trouvées fossiles au Chappon sont la reproduction presque exacte des détails signalés par iMM. Riley et Stutschbury(i) dans leur Mémoire sur l'animal fossile dans le conglomérat dolomitique des environs de Bristol (étage inférieur du terrain pénéen), qu'ils ont nommé Thecodontosaiirus anticjinis, et auquel ils attribuent aussi des vertèbres biconcaves, très-déve- loppées dans leur partie neurapophysaire, ainsi que des fragments de côtes provenant du même dépôt. Il me parait hors de doute que les fossiles du Chappon ont appartenu à un animal de la même espèce ou du moins à un animal du même genre. » On n'avait point encore observé en France de débris susceptibles d'être rapportés au genre Tliecodonlosaurus. » MINÉRALOGIE, — Note sur la densité et la dureté considérées comme caractères des corps simples métalloïdes et métalliques ; par M. Marcel de Serkes. (Renvoi à l'examen de la Section de Minéralogie et de Géologie.) H Les classes, les ordres et les familles que nous avons établis dans la classification des corps simples examinés sous le rap^^ort de leur densité et de leur dureté, nous ont paru fondés sur diverses règles que nous a fournies la comparaison de ces propriétés. Ces règles nous paraissent justifier la mé- thode de Haûy et celle que nous avons adoptée à son exemple. C'est aussi sur ce sujet que nous appelons l'attention de l'Académie. Les métalloïdes admis par les minéralogistes se divisent naturellement en gazeux, liquides et solides, et ces derniers en mous, apalides, et en durs, sclérides. T^es premiers ont une densité plus grande que celle des seconds, à l'exception du phos- phore. En effet, celle des uns est de 4i95) 5,76 et 6, 1 15, telle est la pesan- teur de l'iode, de l'arsenic et du tellure, tandis que celle des autres métal- loïdes ne dépasse pas 3,5. C'est surtout par la dureté que les deux ordres (i) Tians. geol. Soc. London, 2 séries, t. V, p. 35g, pi. .-«g. ( 35o ) de métalloïdes différent. Elle s'exprime, dans l'échelle de Mohs, par le nombre lo |)oiir le carbone, le bore et le silicium cristallisés, et de 2,3oà 2,76 pour les corps mous du même ordre. Voyons si la différence entre la densité et la dureté des deux ordres de métalloïdes est aussi manifeste poiu- les divers ordres de métaux. M Premier ordre : Métaux hétéropsides . — Ces métaux, ainsi que les com- posés qui en dérivent, présentent les corps les plus légers parmi les sub- stances métalliques. Il en est en effet de moins denses que l'eau et d'autres qui, à l'état de combinai.son, sont près de quatre fois plus denses que ce liquide; tels sont, d'une part, le ])otassium et le sodium, et de l'autre le sid- tate de baryte. Aussi ces métaux sont ceux où la différence entre la pesan- teur spécifique et la dureté est la moins considérable. Cette différence est pourtant assez grande dans les familles des amphiboles, des pvroxènes, ainsi que dans le phosphate de chaux. A part ces espèces, il existe parfois quel- ques rapports entre les deux propriétés ; on les supposerait toutefois marcher plus d'accord dans la natin-e puisqu'elles dépendent l'une et l'autre de la constitution moléculaire. Il n'en est pas cependant toujours ainsi, car dans un certain nombre de minéraux appartenant aux métaux hétéropsides la densité est souvent plus du double de la dureté. Comme ce caractère n'est nullement accidentel, ainsi qu'on jtourrait le penser, on doit le considérer- comme tout à fait naturel » Second ordre : Métttnx tdlopsides. — Les métaux allopsides comprennent les corps les plus durs de la nature après les métalloïdes sclérides dont la dureté est indiquée par le nombre 10 dans l'échelle de Mohs, tandis que le corindon, qui appartient aux allopsides, l'est par 9, le spinelle, l'émerande et la topaze par 8 ; le feldspath, le quartz, le grenat et plusieurs autres espèces minérales par 7. Ces chiffres suffisent pour donner une idée de la grande dureté des substances métalliques de cet ordre. Elles ne sont pas cependant sans quelques exceptions qui ne descendent pas au-dessous du mica. Le corindon raye donc tous les corps de la nature, et ne peut élre rayé par aucun, si ce n'est le carbone, le bore et le silicium cristallisés c|ui ont aussi leurs diamants comme le carbone (i). La dureté du silicium ])arail tellement inhérente à sa nature que, lorsqu'il est à l'état de silicate, il entraîne (1) Le silioiutn fondu présente moins de dureté que le bore tondu, mais il raye foileiiunl le verre. ( ^5. ) datis les combinaisons qu'il forme avec divers corps un durcissement con- sidérable et tout particulier. Il paraît même que l'on obtient un effet sem- blable au moyen du silicate de potasse mis en contact avec les acides azo- tique et chlorhydrique concentrés. On produit ainsi des couches siliceuses d'une certaine é[)aisseur et d'une assez grande dureté. Le siliciiun, en se combinant avec les substances métalliques par les procédés chimiques, ce qui a lieu particulièrement avec le cuivre, donne aux combinaisons dans lesquelles il entre une si grande dureté, qu'ils résistent à la lime. Cette ré- sistance a valu à celte combinaison le nom d'acier de cuivre. " Troisième ordre : Métaux autopsides. — Les métaux autopsiiles se di- visent, comme on lésait, 1° en métaux ordinaires ou communs; 2" en métaux nobles ou parfaits. Nous rangerons parmi ces derniers tous ceux dont la densité est au maximum de a'i et au minimum de 10,47. "-"^ premier exem- ple est fourni par l'iridium et le second par l'argent. Les premiers, les plus nombreux, ont aussi une |îesanteur spécifique assez faible, à l'exception du bismuth qui se rapproche beaucoup, sous ce rapport, de l'argent. La densité du premier de ces métaux est en effet de 9,9. La dureté des deux familles des métaux autopsides est généralement peu considérable, surtout chez quel- ques métaux nobles. Ainsi l'or dont la densité est do 19, 18, et le rhodium dont le poids spécifique est le même, n'ont cependant qu'une dureté de a, 5 égale à celle du plomb, du bisnuitli et de l'antimoine, dont la densité n'est que de 6,64- Cette dernière est près de trois fois moindre que celle de l'or. C'est là une des exceptions les plus remarquables que présente la comparaison de la densité et de la dureté chez les deux familles des métaux autopsides, dont la règle la plus générale est que ces deux propriétés marchent le plus sou- vent en sens contraire, c'est-à-dire que plus les corps sont denses, moins ils sont durs. Cette règle est surtout confirmée par les métaux nobles et parti- culièrement par l'or, le rhodium, l'iridium et le platine, les corps les plus denses de la nature et dont certains d'entre eux sont cependant les moins durs. C'est donc avec raison qu'a l'exemple des minéralogistes nous avons divisé les corps simples en métalloïdes et en métaux. D'après la comparai- ,son que nous venons de faire entre la dureté et la densité, on peut juger que ce n'est pas non plus sans fondement que nous avons établi l'ordre desal- lopsides, dont la grande dureté est un des principaux caractères et où la densité est par suite assez faible. [Foir le tableau, p. 35'i et 353.) ( 35a ) TABLEAU des corps simples , métalloïdes et métaux , coi I. METALLOÏDES. ORDRE PREMIER. Métalloïdes tendres ou APAI.IDES. Corps simples, d'une donsiti plus {jrande que les corps mé- talloïdes scleridfs, de 4,80 h G, 11. Corps simples d'une faible dureté, de 2,1 à 3,5. Phosphore Soufre. . . . Sélénium . Iode Arsenic. . . Tellure. . . ORDRE SECOND. raétallo'ides durs SCLERIDES. Opale (rayant le verre) Silicium Cristal de roche (raye (ortemcnt le verre) Bore Carbone pur ou natif (diamant) DENSITE. DURETE II. MÉT\l\ IIÉTÉROPSIDES. 1 ,8> à ,84 2 , I 4, 2 ou 1. S 4,95 5,7f> G,.i.', ( Rayé par l'oncle {comme de la c'ua. 1,0 a 2 , n 2,10 à 2 , 3o ■^.49 2,65 U 2,70 2,68 3,5o à 3,5^. 3,5 2,5 Chlorure de sodium Sulfate de chaux hydraté. .. Carbonate de chaux tendre. Talc Stéatitc .Vmiante ou asbeste Phyllite Carbonate de magnésie (rayé par le fluorure de calcium) Dûloraie Sulfate de chaux anhydre. . . Dolomie Amphibole tréraolite Diallace Fluorure de calcium Pyroxène hedenbergite Phosphate de chaux .... Amphibole hornblende Pyroxène diopside Dreelite (sulfate de baryte et sulfate de chaux ) Péridol ... Hypersthène Sulfate de stronliane Periclase ou magnésie ferrugi- neuse Carbonate de baryte . . . . . Sulfate de baryte . 7 10 DENSITÉ. 2 ,2J 2,26 il 2,35 2,55 h 2,7 2,5C 2,56 2,7" 2,88 2,8 a 2,9 2,89 2,8 il 2.9 3.93 3,1 U 3,2 ^ 3,1 à 3,2 3, 1 1 3.1 il 3,28 3,iG 3,25 3.2 à 3,4 3,3o à 3,3i 3,38 3,8 il 3,9 3,60 .'1 ,36 ( * ) Le phosphate de chaux est le plus dur des sels calcaires. Il raye tiès-légèrcraent le verre et est rayé par le feldsp f-a dureté du verre est donc entre celb' de l'apatitc et celle du feldspath , c'est-à-dire entre 5 et 6. 353 rapport de leur densité et de leur dureté. III. MÉTAIX ALLOPSIDES. le agdite :ll;ini' lie . palh orlhobc erite ne (laye le quartz) palh albite. palli oligoclase aude ■ palh labradorite indile -lazuU maline se.. •• ]Uite lousite ne ( raye le quartz ) )le olide inium it grossulaire laste ène le. . it mélanite Il spessartine Il almandtn idon (alumine pure) .. . . . > splnelle n ou silicate de zircone. . . ;nite ou tilaniale de titane DENSITÉ. DUKETÉ 2,l6 J,5 2,20 3, 8 2,28 3,7 2,3 à 3 6 2,53 6 2,56 7 2,6 à 3,3 6,3 2, 6 6 2,64 à 2,66 6 2,65 à 2,94 1,5 2,67 7 k 8 2> 7 6 2.79 3,6 2, 9 5,5 3,06 à 3,07 8 3,09 5 à 7 3,1 6 3,1 à 3,2 7.5 3,16 6,5 3,26 à 3,45 5 3, 3 6,75 3, 3 9 3,5 à 3,7 6 3,52 S 3,5 à 3,6 6 3,56 à 4,01 8 3,6 à 4 6,85 3,7 à 4,1 7,5o 3,9 à 4,2 6,75 3,9 à 4 9 3,9 à 4, 28 8 4,80 6,5 4,80 7.5 IV. MÉTAUX AllTOPSIDES. DENSITÉ Métaux autopsides nobles. Argent Cj. Plomb (Irès-mou se coupant facilement au couteau) Palladium Tungstène Rhodium, Osmium Or (dureté moindre que celle du fer, du cuivre et de l'argent) Platine (durelé à peu'près égale à celle du fer) Iridium', ( le plus dense des mé- taux d'après Breithaupt|) Métaux autopsides communs. Étain Calamine (raye le fluorure de calcium). Urane o-Kydulé .... Antimoine Acier artiliciel ( plus dur après la trempe que le fer) Nickel.. Fer (le plus tenace des métaux) (Densité par le martelage) Cuivre liisniuth ro , ^7 11,35 Il ,8 17,5 19,37 '9,-' 19.37 19,2 a -1 23,5 i ) -^ ^ 4,45 6.3 à 6,S 6,64 7.04 et 7, 3 7,21 à S 7.7 e'7.9 8.8 à 8,96 9,73 à 9,89 UUREIÉ ',95 o,6y 5,5 4 h 5 6 il 7 5,5 5,5 2,5 à 3 6,5 4,5 3 2,5o ) Quoique l'or ait une faible dureté qui, d après le système de Mohs , n'est comme celle de rhodium que de 2,5, celle 'argent est encore plus faible. En effet, le dernier de ces métaux est rayé fortement par le verre, l'or et même par le car- ite de chaux; aussi emploie-t-on le blanc d'Espagne pour lui donner le poli et le brillant qui le caractérise d'une ma- e si éminente. Comme il raye le sulfate de chaux , sa dureté peut être exprimée par i, 80. C. R., 1861, i-^f Semestre. (T. LU, N" 8.) 47 ( 354 ) (( 31. Peytieb adresse à l'Académie un iMémoire sur les duiws de la Gironde el des Landes, dans lequel il présente xni résumé des obser- vations qu'il a été dans le cas de faire sur cette contrée si curieuse, pendant les années i8'|3 et iS.'i/j, lorsqu'il s'occupait de la géodésie primordiale du sud-ouest de la France. » La chaîne des dunes saisit d'étonnement lorsqu'on la voit pour la pre- mière fois. On se demande comment les grains d'un sable aussi fin que celui que l'on jette siu- l'écriture, peuvent adhérer entre eux de manière à former des collines qui atteignent jusqu'à 89 mètres de hauteur; comment cette chaîne n'est pas entièrement détruite et emportée en peu de temps par les forts vents de la région de l'ouest, qui régnent si fréquemment dans ces contrées. » Cette chaîne, qui a une longueur totale de aSi kilomètres, de la pointe de Grave à l'embouchure de l'Adour, est coupée en deux par le bassin d'Arcachon ; la partie nord a 107 kilomètres, la partie sud 12^; la largeur moyenne est de à kilomètres. La partie nord atteint son maximum de hau- teur (^5 mètres) vers le sud de l'étang de Carcans; la partie sud s'élève brusquement à partir du bassin d'Arcachon pour atteindre son maximum (89 mètres) vis-à-vis de Sanguinet. » La chaîne des dunes ressemble à une chaîne de montagnes dont la for- mation serait toute récente; elle est composée de petites chaînes parallèles à la direction générale, laissant entre elles de petites vallées, on bassins fermés, parallèles à la même direction. » C'est riiumidilé qui donne au sable des dunes une telle adhérence, que des charrettes peuvent quelquefois traverser la chaîne; mais, après (juelques jours sans pluie, la couche supérieure devient tellement sèche et mobile, qu'on y enfonce profondément et que le sable peut alors être facilement emporté parle vent; aussi est-ce pendant l'été, après une série de beaux jours, que l'on voit les plus grands changements s'opérer dans les dunes, et non pendant les mauvais temps de l'hiver. Un vieillard du vil- lage de Riscarosse dit avoir reconnu qu'en cinquante ans les dunes avaient avancé de i5oo mètres vers ce village. » Le Mémoire de jVL Peytier est renvoyé à l'examen de la Section de Géographie et de Navigation. M. II. Lkviiet soumet au jugement de l'Académie un travail tres-éteiulu ( 355 ) ayant pour titre : « Positions géographiques; nouvelles formules pour cal- culer les latitudes, les longitudes et les azimuts » . (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Liouville, Bienaymé.) M. Deschasips fait connaître les résultats des recherches qu'il a entre- prises dans le but de se rendre compte d'iui fait signalé par le D' Salles- Girons, l'incombustibilité du phosphore dans l'air atmosphérique imprégné des effluves du goudron. L'auteur fait connaître les conditions dans les- quelles il est nécessaire de se placer pour reproduire le fait dans toute sa netteté. Il remarque d'ailleurs que le goudron n'est pas le seul corps qui ait la propriété de retarder beaucoup la combinaison du phosphore avec l'oxygène de l'air atmosphérique, et que les huiles volatiles de menthe, de citron, de térébenthine, la benzine, l'éther, etc., agissent de la même ma- nière. La Note de M. Deschamps est renvoyée à Texanien d'une Commission , composée de MM. Balard et Fremy. M. Pappenheim, qui dans de précédentes communications avait appelé l'attention sur une modification du système lymphatique dans laquelle il voit un résultat éloigné de la castration, signale aujourd'hui un cas de déformation du testicule, déterminée par l'application trop longtemps pro- longée des bandelettes de Fricke, déformation qui aurait aboli chez l'in- dividu qui la présente le pouvoir de reproduction. (Benvoi, comme les précédentes communications, à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. CoiNDE adresse une deuxième Note sur les poissons fluviatiles de la France. (Benvoyée comme la première à l'examen de M. Valenciennes.) M. Fraxcojj envoie au concours pour le prix du legs Bréant un Mémoire sur le choléra-morbus. (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie constituée en Commission spéciale.) 47.. (356) M. DiRA.NT, qui avail présenté au même concours un ouvrage intitulé Hygiène sociale et privée, annonce l'envoi de six nouveaux exemplaires des- tinés à chacun des membres de la Commission. COKUESPOADAiNCE. La Société Géoi.ogiqi'e be Londres remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIII de ses Mémoires. PHYSIQUt;. — Note sur la vérification expérimentale des lois de la double réfraction; par M. PicHOT. (( La translation que produit sur un rayon lummeux un milieu à faces parallèles a été appliquée par M. Billet à la vérification des lois de la double réfraction. On trouve dans le Traité d'Optique de ce physicien une formule qui permet de calculer la distance des deux plans parallèles que forment, à la sortie d'un cristal biréfringent, les rayons ordinaires et extraordinaires fournis par une ligne lumineuse. M. F. Bernard, à qui 1 on doit le premier réfractomètre fondé sur la méthode du transport, a effectué plusieurs me- sures dans le but de vérifier la formule de M. Billet, et leur concordance avec la théorie a été des plus remarquables. » J'ai essayé dernièrement de donner une forme simple aux expériences fondamentales de double réfraction et j'ai cherché, comme M. Billet, à éta- blir une relation enfi-e les résultats de mes expériences et les résultats théo- riques que le calcul permet de déduire directement de la construction d'Huyghens. Je me suis servi, dans ces recherches, de l'appareil que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences (séance du lo janvier iSSg), appareil fondé, comme celui de M. Bernard, sur la méthode du transport, et dont la description a été publiée dans les Comptes rcnlus (t. XLVlil, n°2). Je n'ai pas la prétention d'avoir inventé une méthode; mais je crois que les expériences qui font l'objet de cette Note sont nou- velles : elles oui l'avantage incontestable de pouvoir être transformées en expériences de projection et de pouvoir être exécutées rapidement dans les cours publics; (^nfiii le maniement de l'appareil est tellement facile et telle- ment sur, qu'on pourrait, à la rigueur, se contenter d'une expérience de projection pour calculer les indices ordinaire et extraordinaire d'un uniaxe. » Voici la description sommaire de la disposition que j'ai adoptée : 1 357 ) » D'abord une ligne lumineuse verlicale qu'on peut faire mouvoir trans- versalement ;i l'aide d'une vis à tète graduée donnant des millièmes de milli- mètre; plus loin, une lunette; entre la mire et la lunette, une plate-forme horizontale servant de support au cristal et tournant autour d'un axe ver- tical passant par son centre : cette plate-forme est portée par l'alidade mo- bile du réfractomètre, à l'aide de laquelle on peut, à volonté, faire varier et mesurer les incidences. Lorsqu'on veut projeter les images sur un écran, on enlève la lunette et on la remplace par une lentille. » Un seul cristal peut suffire à toutes les expériences. J'ai employé lui spath auquel j'avais fait donner la forme d'un parallélipipède rectangle taillé de manière que deux faces opposées, que j'appellerai les hases, fussent perpendiculaires à l'axe. » Première expérience. — La mire étant éclairée par une lampe mono- chromatique et l'alidade aux zéros, le spath repose par sa hase sur la plate- forme. Je fais tourner celle-ci jusqu'à ce que les deux images se confondent et je la fixe invariablement. Je déplace ensuite l'alidade d'un certaui angle. Laxe de réfraction étant vertical et parallèle à la face d'entrée, les deux rayons obéissent à la loi du sinus. Je fais alors tomber successivement les deux images sous le fil de la lunette et je mesure les transports respectifs. Je recommence l'expérience en déplaçant l'alidade, en sens inverse, d'un angle égal; je retourne enfin la lame bout pour bout sur elle-même et j'opère comme pour la première position. Je prends la moyenne de ces quatre expériences, ordinairement concordantes, et je calcule les deux indices par la méthode que j'ai indiquée {Comptes rendus, t. XLVIII). L'appareil étant ensuite ramené aux zéros, je fais faire un quart de révolu- tion au spath et je recommence les mêmes expériences sous une nouvelle épaisseur. J'ai été ainsi conduit aux valeurs suivantes des deux indices, dans le cas de la lumière jaune : Indice ordinaire «<,= '5654, Indice extraordinaire ... «e= i,/i83. » En même temps que je prends le transport des deux images, je mesure leur écart. Or ou déduit de la construction d'Huyghens que la distance D des deux images, à la sortie du cristal, est donnée par la formule D = e . sin / . cos i sjnl — sin' ( sjnl — sin- / € désigne la distance des faces parallèles d entrée et de sorlie et / liiici ( 358 ) dence. Entre autres valeurs, ou trouve D = exo, 01214 pour /=io°. Ou peui aussi calculer facilement l'écart maximum ; il est évidemment indépendant de l'épaisseur et correspond à l'incidence de 55° 5i'. Tous ces résultats sont confirmés par les mesures directes. Pour la distance des deux images, par exemple, la différence entre le résultat théoricpie et le résultat expérimental ne dépasse pas un millième de millimètre; cette distance est de o"™", 206 pour un spath de 17""", loi d'épaisseur. » Deuxième expérience. — Je dispose le spatli sur la plate-forme de ma- nière que l'axe soit horizontal et parallèle à la face d'entrée. La construction d'Huyghens me conduit, dans ce cas, à la formule suivante : „ e. sin / . cos ( //i„ — iiA v'/?2 — sin=/ \ "0 / ' qui donne 0 = 6X0,01074 pour / = 10". J'ai effectué plusieurs mesures, pour un grand nombre de valeurs de i, en prenant les précautions précédemment indiquées; il y a toujours eu un accord parfait entre mes mesures et les résultats fournis par la formule. L'écart maximum des deux images s'obtient ici pour / = l^8° 35'. 1) Troisième expérience. — Je place enfin le spath de manière que l'axe soit horizontal et perpendiculaire à la face d'entrée. La distance des deux images se calcule alors par la formule D = e.sin/ .cos/ ( — ^ "e y///; — sin'/ ^nl — sin qui donne D=:(?X 0,0255 pour 7 = 10°. Les mesures directes ont vérifié cette formule comme les précédentes. M Je ne saurais terminer cette Note sans remercier M. Lechat, professeur au lycée Louis-le-Grand, de son excellent concours. J'ai eu à effectuer de nombreux et longs calculs dans lesquels une erreur aurait pu facilement se glisser. Non content de in'avoir donné de très-bons conseils pour la direc- tion de mes expériences, mon collègue a bien voulu se charger de revoir tous mes calculs. L'identité de nos résultats démontre suffisamment leur exactitude. On peut doue accepter avec confiance les quelques nombre.s qui se trouvent consignés dans cette rédaction sommaire. » ( 359 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Alcools et anhydrides pofycjljcériques; par M. LouuENço. u On sait que l'action du glycol bromhydrique sur le glycol en excès donne naissance aux alcools polyéthyléniques; l'analogie m'a fait supposer que les glycérines chlorhydriques, agissant sur la glycérine en excès, for- meraient, par une réaction analogue, les alcools polyglycériques ; l'expé- rience a justifié ma prévision. Voici quelques détails des opéralions entre- prises dans ce but. « On sature d'acide chlorhydrique gazeux une portion de glycérine étendue d'un tiers de son poids d'eau et chauffée à ioo°; on y ajoute une autre portion égale de glycérine, et on chauffe le tout dans un bain d'huile à i3o° pendant douze à quinze heures, dans un ballon muni d'un réfrigé- rant de Liebig, disposé de manière que les produits distillés y retombent. Au bout de ce temps on soumet à la distillation le produit de l'opération. La portion du liquide passant jusqu'à i So" est formée d'eau, tenant en dissolution l'acide chlorhydrique, et entraînant quelques chlorures inso- lubles; la portion passant entre i5o° et 2^5° sous la pression ordinaire est formée de glycérine dichlorhydrique, et de glycérines chlorhydriques con- densées : j'y reviendrai plus loin. » On soumet le restant du liquide, qui est biun, très-épais, coulant à peine à froid, et très-fluide à chaud, à la distillation fractionnée, dans le vide, en maintenant la pression à lo millimètres; on arrive ainsi à séparer un liquide bouillant entre 220° et 2^0°, et un autre liquide bouillant entre 275° à 285° sous cette pression. « Le liquide bouillant entre 220° et 23o" est très-épais, coulant à peine, insoluble dans l'éther, peu soluble dans l'eau à froid, soluble dans l'eau chaude; l'alcool le dissout en toute proportion. Les analyses de ce liquide conduisent à la formule suivante : » La réaction qui lui donne naissance peut être représentée par l'équa- tion suivante : Cl ( 36o ) » Celle combinaison, formée par la condensation de deux molécules de glycérine, avec élimination d'un équivalent d'eau, est analoejue, quant à sa constitution clumiquc, à l'acide pyrophosphorique de ."M. Graliam, à l'acide phosphoglycérique de M. Pelouze, et à l'acide citroglycérique (i), comme l'indiquent les formules €'HS PhÔi PhÔ 1 G'H' 1 G'H» ô», Pha ô% G»H» 0% HM €«H'Ô* O* H'^ HM H') , ^ ■ ■i. Il Acide pyrophos- Acide phospho- Acide citro- phorique glycérique. glycérique » J'appellerai cette combinaison : alcool diglycérique ou pyrogljcérine. M Le liquide bouillant entre 270° et 285° sous la pression de 10 milli- mètres est analogue au précédent quant à ses propriétés, hormis sa consis- tance ou sa viscosité, qui est plus grande. Son analyse conduit à la formule G»H"Ô^= ^3^5 /<^' 'H' H' » C'est un produit de condensation de 3 molécules de glycérine avec élimination de 2 molécules d'eau; ce produit est analogue à l'alcool trié- thylénique, dans la série des alcools condensés. 11' paraît perdre t équiva- lent d'eau par des distillations répétées, et se transformer en son premier anhydride : W ] ' » Lorsque ces composés ont passé, le thermomètre monte toujours, en donnant des produits de plus en plus condensés, comme dans les alcools polyéthyléniques, et en distillant jusqu'à 320° dans le vide sans décomposi- tion appréciable. » Le liquide bouillant entre 170" et 270" sous la pression ordinaire est un mélange de pyroglycérine monochlorhydrique bouillant vers 270", de l>vroglycériiie dichlorhydnque bouillant vers 23o" et 233°, et de glycérine dichlorhydrique. On sépare de ce mélange la portion passant entre 23o" et 270", et on la traite par de la potasse récemment calcinée par petites por- (i) Lourenço (inédit). ( 36, ) tions, en ayant soin de chauffer le ballon au commencement de l'opération vers ioo° au bain-marie; une vive réaction a lieu alors, avec formation de chlorure de potassium; on décante le liquide surnageant pendant qu'il est encore chaud, avant que la masse du sel formé soit trop grande ; on y ajoute de nouveau des morceaux de potasse, on décante le liquide, et on le sou- met à la distillation. » I.e produit passant entre 245'' et 255° est un liquide incolore, limpide, huileux, mais moins visqueux que la glycérine; il est soluble dans l'alcool et dans l'eau, en toute proportion, et insoluble dans l'éther. Ses analyses conduisent à la formule I H.) » Ce composé métamère avec la glycide, combinaison encore non isolée, mais dont l'existence est mise hors de doute par les belles recherches de M. ileboul sur les fonctions chimiques de l'épichlorhydrine (glycide chlor- hydriquel, présente les mêmes rapports avec la pyroglycérine que ceux qui lient la glycide à la glycérine. H') " ^~\ H ^^' Glycide. PjTOglycide. » J'appellerai ce composé pjrocjljcide ou mélaglfcérine. Deux modi- fications d'acide métaphosphorique, celle M. Graham, et celle de M. Mad- (Irell (i), paraissent correspondre à ces deux composés métamères. Il est du reste incontestable que quelques autres modifications, décrites par MM. Fleitmann et Hennenberg (2), sont des produits condensés, analo- gues aux composés polyglycériques, ou à leurs anhydrides. L'appréciation logique de leur composition me permettra, je l'espère^ de préparer d'au- (i) Maddrell, Annalen der Chemie und der Pharmacie, Bd. LXI, S. 53. {1) Fleitmann und Hennenberg ( même journal), Bd. LXV, S. 3o4. C. R , 1861, 1" Semestre. (T. LU, N» 8.) k^ ( 3Û2 ) très condensations d'acitle phosphorique, et m'aidera à trouver la loi géné- rale de leur formation, qui puisse contribuer à la préparation artificielle des minéraux à radicaux triatomiques. » Une autre manière d'obtenir les composés polyglycériques mérite d'être signalée, à cause de son intérêt théorique. Lorsqu'on distille lente- ment la glycérine, elle perd l'eau, se décompose, se noircit et se bour- soufle vers 290°; si l'on reprend par l'éther la portion qui a passé entre i3o° et 260°, sous la pression ordinaire, celte portion est dissoute en par- tie; l'autre portion insoluble, soumise à la distillation, donne des composés polyglycériques, bouillant jusqu'au-dessus de Soo", sous la pression de 10 millimètres. » L'explication la plus naturelle de ce fait remarquable est que la gly- cérine, en perdant i équivalent d'eau, donne probablement naissance au glycide, lequel, en se combinant avec i, 2, ou 3 molécules de glycérine, forme des composés polyglycériques, ainsi que l'oxyde d'éthy- lène donne naissance aux alcools polyéthyléniques, en agissant sur i, 2 ou 3 molécules de glycol. Le fait important que M. Reboul a dé- couvert, que l'épichlorhydrine (glycide chlorhydrique) régénère les éthers de glycérine, de la même manière que l'oxyde d'éthylène forme les éthers de glycol par addition directe, appuie de tout sou poids celte manière de voir. M Ce fait donne aussi une application plausible de la formation de trois modifications d'acide métaphosphorique, qu'on obtient en chautfant jus- qu'à 3i6° le sel de phosphore (Ph 0% Na O, Am O, HO), ou le phosphate acide de soude (PhO^ NaO, 2HO), comme l'indiquent les équations sui- vantes : Na O' — H-0= |Q correspond à h K^ ' PhO N H' ^ • — .— — ,^ — — ■ Métapliosphale l'bosphate de soude acide du soude. du M. Gruham. Ph(^ Mé(iiplio.sphaio Pvioglycide. insoUible do M. Maddrell. ( 363 ) PliÔ \ H^ ) . ^ Mélapliosplulc Anhycliido ■ Pour empêcher que la chaleur ne soit transmise, par le métal conduc- teur, du cube C au tube a. la chambre |3 est en partie entoiuée d'un espace annulaire, dans lequel circule constamment de l'eau froide. » 3" Une pile thermo-électrique, munie de deux réflecteurs coniques, est mise en connexion avec un excellent galvanomètre; une face de la pile reçoit les rayons qui ont traversé le lube a. . » 4" Un second cube en cuivre C, rempli aussi d'eau bouillante, et dont les rayons tombent sur la seconde face de la pile thermo-électriqne. Les deux cubes, C et C, rayonnant ainsi sur les deux faces opposées de la pile, tendent naturellement à se neutraliser l'un l'autre. » Entre le cube C et la surlace contiguè tic la pile, on place un écran S, ( 365 ) attaché à un appareil de Riihmkorff, capable des plus petits moiiveinenls Après une première approxinnition par la main, on peut imprimer à l'écran S un léger mouvement d'avance ou de recul, et amener ainsi les deux sources de la chaleur à se neutraliser complètement. » On fait le vide dans le tube a et la chambre ]3, et on amène l'aigudle du galvanomètre exactement à zéro, au moyen de l'écran S. On introduit alors dans le tube a le gaz (ou la vapeur) sur lecfuel on veut expérunenter; s'il, possède un pouvoir d'absorption sensible, il détruira l'équilibre qui exis- tait auparavant. L'écart du galvanomètre , proprement réduit, donne la mesure de l'absorption. » J'ai expérimenté de cette façon avec huit gaz et treize vapeurs, et aussi avec de l'air atmosphérique. » L'oxygène, l'hydrogène, l'azote et l'air atmosphérique absorbent res- pectivement environ o,3 pour loo des rayons de chaleur; c'est la j)lus faible action que j'aie observée. )) L'action la plus forte est celle du gaz oléfiant, qui à une tension dune atmosphère absorbe 8i pour loo des rayons calorifiques. Entre ces deux extrêmes il faut placer l'oxyde de carbone, l'acide carbonique, le protoxyde d'azote et l'acide sulfhydrique. .. Au-dessous d'une certaine tension, qui varie avec les différents gaz, la quantité de chaleur absorbée est en exacte proportion avec la densité du gaz. 1) Au-dessus de cette tension, les rayons sur lesquels est exercée la prin- cipale force d'absorption s'épuisent graduellement, de sorte que chaque augmentation de densité prodnit un résultat moindre. B Dans le cas du gaz oléfiant, par exemple, en prenant pour unité une mesure de 5V de pouce cubique de capacité, pour une série de quinze de ces mesures , on obtenait une absorption exactement proportionnée à la quantité de gaz; puis les relations des absorptions successives se rappro- chent graduellement de l'égalité. L'absorption produite par une seule mesure du gaz oléfiant faisait décrire à l'indicateur du galvanomètre un angle de 2", 2, la tension du gaz n'étant que de rYTju-G d'atmosphère. » Pour les vapeurs, l'action la plus énergique est celle de l'éther sulfn- rique-, la moins énergique est celle du bisulfide du carbone. En compa- rant des petits volumes et des tensions égales, l'absorption de la vapeur de l'éther sulfurique est lofois phisforte que celle du gaz oléfiant, et loooo fois plus forte que celle de l'oxygène, de l'hydrogène, de l'azote et de l'air atmosphérique. ( 366 ) M Dans un beau jour de novembre, la vapeur aqueuse de rataiospbèrc produisit i j fois l'absorption de l'air même. C'est sur des rayons d'une source d'une température comparativement peu élevée que cette grande force d'ab- sorption est exercée ; d'où il faut conclure que la vapeur aqueuse de l'atmo- sphère doit intercepter avec une grande puissance les rayons qui veulent passer de la terre dans les espaces célestes. Des variations dans la quantité de cette vapeur suspendue dans l'atmosphère amèneraient nécessairement des variations correspondantes dans le climat; un examen postérieur doit décider si de telles variations sont suffisantes pour rendre compte des chan- gements dans les climats que révèlent les recherches géologiques. » L'oxygène obtenu par l'électrolyse de l'eau a une force d'absorp- tion 4 fois plus grande que la même substance quand on l'a fait passer par l'iodure de potassium. Cette augmentation est due à la présence de l'ozone. » J'ai étudié le rayonnement des gaz en les faisant passer sur une sphère de métal chauffée, d'où ils montaient dans une colonne devant la pile thermo-électrique. J'ai trouvé que l'ordre du rayonnement est exactement le même que celui d'absorption; que tout atome ou molécule capable de recevoir des mouvements de l'éther agité est aussi capable, précisément dans le même degré, d'imprimer des mouvements à l'éther tranquille. Pour augmenter le rayonnement et l'absorption des surfaces métalliques polies, on peut employer des pellicules du gaz oléfiaut au lieu des couches de vernis. » Dans les expériences précédentes nous nous sommes occupés des atomes etdes molécules libres, et avons ainsi fixé sur chacun d'eux la res- ponsabilité des effets que nous observions. Ces effets sont détachés des considérations de cohésion et d'agrégation qui surgissent dans le cas des liquides et des solides. »Ija réciprocité deral)sor[)tion et du rayonnement est, il me semble, une simple conséquence mécanique de la théorie d'iui étiier; mais pourquoi une molécule a-t-elle une puissance si grande, et une autre luie puissance si faible, en produisant ou en arrêtant des rayons calorifiques? Voici, il me semble, comment les expériences répondent à cette question. Les gaz été- iiientitires que j'ai examinés ont tous accusé des absorptions et des rayonne- ments excessivement faibles^ en comparaison des gaz composés. Dans le premier cas l'action est produite par des atomes simples oscillants, dans le second cas par des sptèmes oscillants des atomes. En unissant la théorie atomique de Dalton à la conception d'un éther, il résulte que les molécules (367) composées, qui fournissent des points d'appui à l'éther, doivent élre capables de recevoir et de produire des mouvements à un degré beaucoup phis élevé qu'un atome simple. Ainsi l'oxygène et l'hydrogène qui, pris séparément, ou unis mécaniquement., produisent un effet à peine sensible, arrivent, quand ils sont unis chimiquement pour formerdes systèmes oscillants dans la vapeur aqueuse, à avoir une grande action. De même aussi, l'azote et 1 hy- drogène, qui produisent peu d'effet quand ils sont séparés, exercent une action énorme quand ils sont combinés pour former Tammoniaque. De même encore, l'azote et l'oxygène mélangés, comme dans l'air, ont un faible pouvoir d'absorption et de rayonnement; les mêmes substances unies comme dans leprotoxyde d'azote acquièrent une grande puissance. Compa- rant des petits vohunes et des tensions égales, l'action du protoxyde d'azote est aSo fois celle de l'air. Ce fait prouve peut-être mieux qu'aucun autre fait connu que l'air est \\n mélange et non une combinaison. L'oxyde de carbone est environ loo fois plus puissant, l'acide carbonique i 5o fois plus puissant que l'élément oxygène. Le gaz oléfiant, comme je l'ai déjà remarqué, est looo fois aussi puissant que son élément l'hydrogène. Dans les vapeurs des hydrocarbures où les groupes atteignent de plus hauts degrés de complexité, l'action est encore plus puissante que celle du gaz oléfiant. » M. Tyndall cite dans son Mémoire plusieurs savants et particulière- ment MM. Kirchhof et Bunsen. Le physicien examine ensuite comparative- ment la conductibilité du sel gemme et de l'alun transparent. » M. TiGRi, dans une Lettre adressée à M. Élie de Beaumont, reproduit une communication qu'il avait déjà ïaxW et qu'il suppose à tort n'être pas parvenue à l'Académie. Cette première Lettre, dans laquelle l'auteur trai- tait des voies que peuvent suivre certaines matières colorantes pour passer de la mère au fœtus, a été présentée dans la séance du 4 février courant et se trouve analysée dans le Compte rendu de cette séance. M. Tigri repro- duit aujourd'hui l'opinion qu'il avait émise relativement à la déglutition des eaux de l'amnios par le fœtus; il persiste à croire que cette déglutition qui pour le fœtus humain commence, dit-il, régulièrement entre le 7'' et le 8" mois, concourt à sa nutrition, et que le méconium qu'on trouve dans le tube intestinal au moment de la naissance est le résidu de la digestion du liquide qui a été ainsi avalé. M. Zaliwski présente des remarques sur la définition donnée par le Die- ( 368 ) tionnaire de l'Acadéniie du mot <• Attraction » et sur le sens que l'on doit, suivant lui, attacher à cette expression. (Renvoi à l'examen de M. Babinet.) A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. I.a séance est levée à 6 heures un quart. É. D. B. BITLLETIM BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 25 février i86i les ouvrages dont voici les titres : Géodésie dune partie de la haute Ethiopie; par M. Antoine d'Abbadie, (Correspondant de l'Institut 'Académie des Sciences), vérifiée et rédigée par Rodolphe Rade;iu. Deuxième fascicule. Paris, i86i; in-4°. Société impériale des Sciences, de t Agriculture et des Arts de Lille. Mémoire sur le travail absorbé par les frottements, dans les crapaudines et dans les guides; par M. Mahistre; br. in-8". Traité des maladies des Européen^ dans les pays chauds (régions tropicales). Climatologie, tmdadies endémiques ; par le D'' A. -F. DuTROULAU. Paris, i86i ; i vol. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Jules Cloquet , pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie.) Mémoires de In Société d Aqriculture, Sciences et Arts du département de la Marne. Année i86o; in-8". Société impériale et centrale d Horticulture. Liste générale des membres arrêtée au i" février i86i. Paris, i86i; in-S". De la profession médicale et de la charité publique; par M. le D"^ L. Durant. Anvers, i86i ; br. in-8°. Hygiène sociale et privée. Manuel des pères de famille et des maîtres de pen- sion; par le même; in-i2. (Commission du legsBréant.) ERRATA. (Séance du i8 février i86i.) Page 293, ligne i6, nu lieu de phosphores, lisez phosphures. Page 295, ligne 3, nu tiru de pour, lisez par. Page 295, ligne 9, au lieu de contraires, lisez concentrées. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 4 MARS 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. OwEN remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIII de ses Mémoires. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le désastre de Lisbonne de 1 53 1 ; par M. Babinet. « Le célèbre tremblement de terre de Lisbonne en itSS n'est point un fait isolé. Voici ce que je trouve dans la Chronique de Laurent Surius, allant de i5oo à i556, et imprimée pour la première fois à Louvain en 1567. ( Voir les Dictionnaires biographiques et notamment le Dictionnaire universel d'histoire et de géocjraplde de Bouillet, relativement à l'auteur, qui était char- treux.) On sait qu'en i855 les habitants de Lisbonne craignaient une nou- velle catastrophe, craintes dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Institut en séance publique. Surius écrit ce qui suit : « Année j53i, janvier. — Tremblement de terre en Portugal. » Pendant ce mois de janvier, un tremblement de terre d'une force extra- » ordinaire ébranla le Portugal, tellement qu'un grand nombre de gens » furent écrasés sous les ruines des édifices et par les mouvements du » terrain, et principalement à Lisbonne, ville qui en éprouva un désastre » sans pareil; quelques navires même furent engloutis dans les gouffres C. R., 1861, I" Semestre. (T. Hr, K" 9.) /|9 ( 370) » d'une mer soulevée et turbulente, et personne dans presque tout le Por- » tugal n'osait se fier à la stabilité des maisons, car le sol éprouvait de con- >) tinuels soubresauts. Le roi et la reine firent dresser une tente dans une » plaine découverte et, à leur exemple, presque tous les habitants se réso- » lurent à demeurer en plein air comme dans un camp, quoiqu'ds n'y » fussent pas encore sans crainte, redoutant d'être engloutis par quelque » crevasse subite qui se formerait dans le sol. Ce tremblement de terre dura » huit jourSj mais cependant avec des alternatives de crise et de calme. On » rapporte qu'à Lisbonne i5oo maisons de haut étage et toutes les églises » sans exception furent renversées jusque dans leurs fondements. Il s'en- » suivit une grande épidémie. » » Voici le texte : « Terrae motus in Lusitaniâ. — Hoc mensejanuario Lusilaniam inusitatus » concussit terrae motus, ita ut multi mortales terrae quassatione et ruinis » oppressi sint, prœserfim Ulyssibon.ie (m), qua; urbs damnum sensit in- » comparabile. Qu;edam etiam navigia turbulentoinflati mari liiatuabsorpla B sunt, nec quisquam fere totâ Lusitaniâ suis jam aedibus couimittere se » audebat, subsultante scilicet solo. Rex et regina extra urbem aperto in >) loco tabernaculum erexerunl : quorum exemplum secuti universi fere » incolae, castrensi more etiam ipsi in tabernaculis sibi degendum statue- » runt : quauquam nec ibi sine metu essent, veriti ne repentino aliquo » terrae hiatu absorberentur. Duravit is terrae motus dies octo, sed tamen » interpolatim. Fama sparsit Ulyssibonœ i5oo magnas aedes et templa » omnia funditùs corruisse. Secuta est pestis ingens. » » Je renvoie pour le désastre de lySS à l'excellent ouvrage de liertrand sur les révolutions du globe. Il n'est pas une des circonstances mentionnées par Surius en i53i qui ne se retrouve dans l'histoire de la catastrophe de 1755. » ASTRONOMIE. — Sur C accétéralio7i de la quatrième comète périodique et sur ta force répulsive ; par M. Faye. « Je m'empresse de signaler à l'Académie un événement astronomique du plus haut intérêt. Jusqu'ici la comète d'Encke était le seul astre dont les mouvements bien connus décelassent dans le ciel une influence autre que celle de l'attraction newtonienne. Aux yeux de quelques per- sonnes, cette exception perdait de sa portée, précisément parce qu'elle était unique. Mais voici qu'un astronome suédois vient de reconnaître, en (37. ) étudiant avec soin les trois apparitions successives de la quatrième comète périodique découverte, il y a dix-huit ans, à l'Observatoire de Paris, qu'il est impossible de représenter par la seule attraction les mouvements de cette comète. » Voici en quelques mots la marche des calculs et les résultats de M. Axel Mœlier [Jstronomische Naclirichten, n°' laSg et I2g5). » Les deux premières apparitions (1843 et i85i) ont servi à détermi- ner, avec une grande précision, les éléments de l'ellipse parcourue en i85i à une certaine date par cette comète. En calculant, pour la période suivante, l'effet des perturbations de toutes les planètes capables d'exercer une action sensible, c'est-à-dire d'Uranus, de Saturne, de Jupiter, de Mars, de la Terre et de Vénus, on a déterminé les changements que ces éléments doivent subir pour s'appliquer à l'apparition de i858. Or voici comment l'ellipse théorique ainsi calculée pour i858 représente les observations : 858 Sept. 8 . . . d- 20 4534 6 44 Berlin. oct. 4 46 II 7 28 Berlin. » Il 47 0 7 3. Carabrige. » 16 47 II 7 4» Berlin. Ces erreurs étant trop considérables pour être attribuées uniquement à l'inexactitude des éléments employés, l'auteur a dû recourir à une hypo- thèse. Il a essayé celle qui consiste à faire varier avec le temps l'excentricité et le moyen mouvement, hypothèse qui implique l'existence, soit d'un mi- lieu résistant, soit d'une force répulsive exercée par la surface incandescente du Soleil, et il est arrivé à l'accord le plus frappant avec les observations de ces. seize années. » Il est curieux de voir avec quelle netteté l'ensemble des observations de i8/i3 et 1844, de i85i et de i858 se prononce en faveur de l'hypothèse. Quand on se borne à la seule attraction, la somme des carrés des erreuis s'élève à 1737323". Introduit-on dans le calcul l'hypothèse déjà si brillam- ment justifiée par les fréquents retours de la comète d'Encke, la somme des carrés des erreurs se réduit à 869". Voici d'ailleurs une autre manière non moins saisissante de présenter les résultats. » On sait à quel degré de précision l'observation des comètes a été por- tée depuis quelque temps, grâce à l'emploi des instruments colossaux que l'on a installés dans les observatoires. C'est ainsi que la comète dont nous %■■ ( 372) parlons a ét« suivie eu i843et i844» ''^ Poulkowa, par M. Olto de Struve, avec le grand équalorial de cet observatoire, Lieu longtemps ai>rès que les astronomes du reste de l'Europe avaient cessé de l'observer et même de la voir. Grâce à ces moyens puissants, l'erreiu- moyenne des positions de cet .tstre, même aux époques les moins favorables, ne saurait dépasser un petit nombre de secondes. Or, si l'on rejette toute cause étrangère à l'attraction, il faudrait que l'erreur moyenne d'une de ces positions s'élevât à 269", ce qui nous ramènerait à la grossièreté des observations faites à l'œil nu, avant l'invention des lunettes. L'emploi de l'bypothèse précédente réduit au contraire cette erreur à 6", c'est-à-dire à peu près au degré de précision ([non eût assigné à priori d'après rexnmeu des moyens employés et des circonstances de l'observation. » Si les mouvements de la comète d'Encke mettent également en pleine évidence une accélération sensible et permanente, ils ne nous disent rien sur la variation de l'cKcentricité. Celle que M. Encke admet dans ses calculs est purement théorique. En est-il de même pour la comète de i843? » Voici ce que donne le calcul : quand ou supprime cette variation, également indiquée par la théorie du milieu résistant et par celle de la force répulsive, les observations cessent d'être représentées; l'erreur moyenne s'élève de 6" à 20", ce qui est inadmissible. Ainsi ce complément de démonstration que la comète d'Encke n'avait pu offrir nous est acquis au contraire par la comète périodique de i843, et il importe de le remar- quer ici, tandis que l'orbite de la comète d'Encke est très-allongée, celle de la seconde est presque circulaire, puisque son aplatissement, ou la diffé- 1 j 1 • .11 rence entre le grand axe et le petit axe, est compris entre -, et — )> Je ne reviendrai pas ici sur la discussion à laquelle je me suis livré depuis plus de deux ans pour reconnaître la véritable cause de ce double effet, à savoir l'accélération du moyen mouvement et la diminution de l'excentricité. On sait qu'à l'interprétation généralement admise et purement hypothétique d'un milieu résistant, j'ai substitué celle d'une cause dont les faits les plus frappants nous démontrent l'existence, savoir la force solaire répulsive qui m'a permis de rattacher les phénomènes de la figure éminemment variable des comètes à l'accéléiation de leurs mouvements. Je considère la découverte de M. Mœller comme luic nouvelle preuve à l'ajipui de cette théorie. Bien que l'orbite de cet astre remarquable soit située tout entière au delà de l'orbite de Mars et dépasse très-peu celle de Jupiter, l'apparition de i843 nous avait déjà montré que la force répulsive du ( 373 ) Soleil s'exerce à ces grandes distances, car à son ijérihélie la comète présen- tait une queue fort brillante, étalée en éventail dont les rayons extrêmes formaient lui angle considérable, et cette figure, dont j'ai gardé un fidèle souvenir, se rapportait parfaitement, sauf les détails invisibles à cette énorme distance, à la théorie des atmosplièrcs cométaires à laquelle M. Roche est parvenu en introduisant dans ses anciens travaux la force solaiie répulsive. Voici que des considérations d'un tout autre ordre nous révèlent l'action de la même force en montrant que son action s'exerce par delà l'orbite de Mars, non plus seulement pour modifier la figure de la comète, mais pour accélérer sa vitesse et arrondir son orbite. » Ce serait ici l'occasion d'exposer la suite de mes recherches physiques sur cette force répulsive des surfaces incandescentes. Malheureusement les moyens dont je dispose ne m'ont pas permis dans ces derniers temps de pousser activement mes expériences. Si je parle aujourd'hui du peu cpie j'ai tenté, c'est par un motif qui sera indiqué plus loin. Après avoir constaté l'an passé, par des expériences très-nettes, que la matière lumineuse de l'étincelle d'induction subit dans le vide imparfait une répulsion sensible, jusqu'à des distances très-notables, quand on porte une plaque voisine à l'incandescence, après avoir reproduit ces effets répulsifs non-seulement sur la matière rose, mais encore sur la partie bleue du fuseau lumineux, j'ai voulu examiner si cette force n'aurait pas quelque influence dans les phé- nomènes chimiques. Le fer, par exemple, ne se soude cpi'à une tempéra- tui'e très-élevée : ne parviendrait-on pas à le souder avec une chaleur moindre si on opérait dans le vide, alors que la force répulsive suffit pour éloigner les dernières traces de gaz et empêcher ainsi l'altération des sur- faces destinées à se réunir? » Les expériences suivantes furent faites en octobre dernier avec notre éminent ingénieur M. Ruhmkorff. Un fil de fer coupé en deux parties réunies bout à bout, par simple contact, fut porté au rouge cerise dans le vide, à l'aide d'un courantélectrique (i). La soudure eut lieu instantanément. Bien que la dilatation eût gauchi le fil et réduit beaucoup l'étendue du con- tact, le fil ainsi coudé sous un angle de i5o° supporta plus de 3 kilo- grammes avant de se rompre. La même expérience, faite à l'air libre afin de servir de contre-épreuve, ne donna aucun résultat; la soudure n'eut pas lieu. (i) Nous avions même fait le vide sur le gaz d'éclairage. ( 374 ) » Encouragé par ce premier résultat, je voulus opérer plus en grand. Je fis cliauffer dans le vide un cylindre épais de fer coupé en deux parties, les- quelles étaient maintenues en contact avec une certaine force, à l'aide d'une tige iutérieiue et par deux écrous. Par mégarde, ces écrous avaient été faits en cuivre jaune. Au contact du canon de fusil dont je me servais, ces écrous éprouvèrent au feu un faible commencement de fusion, et un peu de cuivre à l'état fluide ou demi-fhiide s'introduisit, par voie de capillarité (favorisée par le vide) jusque dans les moindres fissures de mon appareil, de manière à en braser toutes les parties avec une délicatesse et une perfection éton- nantes. Je dus m'avouer qu'il me manquait beaucoup de choses pour m'en- gager dans ces voies, et je n'aurais point parlé de ces essais à l'Académie si je n'avais été encouragé, par les beaux travaux dont M. Fremy vient de nous entretenir, à émettre la réflexion suivante. Il me semble qu'on ob- tiendrait des effets intéressants, soit en chimie, soit en métallurgie, si l'on exécutait certaines opérations dans le vide approché, vide qui serait rendu plus parfait, à petite distance du moins, par le jeu de la force répulsive des surfaces incatidescentes. Quand il s'agit du fer ou de la fonte, par exem- ple, à quelque degré de ténuité qu'il soit réduit, on éviterait l'oxydation des surfaces et on supprimerait absolument l'absorption de 1 azote si nuisible quand le fer change incessamment d'état. Mais je dois m'arréter ici et épar- gner à l'Académie le récit des tentatives que j'ai faites moi-même l'an passé dans une voie peu abordable pour moi. » Revenons à la question d'astronomie. J'ai dit en commençant que l'on n'avait jusqu'ici constaté l'insuffisance de l'attraction newtonienne que dans l'étude des mouvements de la comète d'Encke. Mais la Ltme elle- même peut être rangée désormais dans cette catégorie d'astres donc les mouvements décèlent une influence différente de l'attraction. D'une part, en effet, les plus anciennes éclipses, comparées aux observations modernes, ont toujours donné de 12 à i3" d'accélération séculaire; d'autre part, on sait, par les travaux de MM. Adams et Delaunay, contredits d'abord, mais pleinement confirmés ensuite, après un examen approfondi, par un des hommes les plus compétents en cette matière, notre illustre Associé M. Plana, que la théorie actuelle de l'attraction ne rend compte que de la moitié de cette accélération. Tout porte donc à attribuer l'autre moitié à une cause physique différente de l'attraction newtonienne. Or l'accéléra- tion séculaire de la comète d'Encke est de 5435o". Si Ion transportait cette comète dans l'orbite de la Lune, cette accélération s'élèverait à ^80000", et j'ai fait voir [Comptes rendus, t. L, p. 710...) que pour la ré- (375) duire à quelques secondes, c'est-à-dire à celle de la Lune elle-même, il suffirait d'augmenter la densité du noyau cométnire dans le rapport que toutes les évaluations permettent d'établir entre la densité coniélaire et la densité bien connue de la Lune. Ainsi la force répulsive paraît bien être le lien commun qui rattache aux faits les plus connus de la répulsion physique les phénomènes célestes si grandioses de la figure des comètes, de l'accélération de leurs mouvements et de celle des satellites de notre système solaire. » Quelle que soit l'opinion que l'on se forme de la cause qui altère dans le ciel les effets de l'attraction newtonienne, on ne saurait contester la haute importance de la découverte de M. Mœller Cette découverte, dont la pos- sibilité avait déjà été signalée par M. Encke, sera confirmée, j'en suis bien convaincu, par l'apparition prochaine de i865. Le nom de ce savant étant lié désormais à la théorie de cette belle comète , ne serait-il pas juste de s'en servir désormais pour la désigner, et puisqu'on dit la comète d'Encke au lieu de la comète de Pons, de dire aussi la comète de Mœller et non la comète de Faye? » PHYSIQUE. — De C application des feux électriques aux phares et à l'illumination à longue portée ; par M. Faye. « Les belles expériences d'éclairage électrique que tout Paris admirait ces jours-ci près du palais des Tuileries m'engagent à soumettre à l'Aca- démie quelques idées sur l'emploi de cette lumière pour l'illumination a longue portée. Je ne sais si le système récemment expérimenté satisfera complètement à toutes les conditions de l'éclairage de nos places et de nos rues; mais ce dont on ne saurait douter désormais, c'est qu'il résout com- plètement la question des phares, où l'on doit avant tout rechercher la lumière la plus vive, concentrée en un point presque mathématique, et non pas étalée comme la flamme de nos lampes. u Reste le problème de renvoyer dans une seule et même direction tous les rayons émanés d'un tel point. Théoriquement il est résolu par l'emploi d'un miroir ayant la forme d'un paraboloïde de révolution dont le point lumineux occuperait le foyer (i) ; mais dans la pratique, on a dû se restrein- (i) Peut-être la galvanoplastie parviendrait- elle à multiplier un type de paraboloïde construit une fois pour toutes avec une grande étendue et une précision extrême. 11 faudrait encore éviter le dépôt de matières charbonneuses sur la surface réfléchissante. ( 376 ) (li-e aux miroirs sj)héri(|iies ou aux lentilles à éclieloiis de Fresnel ; et alors on n'utilise, clans les deux cas, qu'une laible fraction de la lumière totale, à savoir les rayons compris dans l'intérieur d'un cône ayant |)our base le contour extérieiu- de la lentille ou du miroir (l'i. « Pour combiner les deux appareils, et doubler ainsi l'intensité du fais- ceau émis dans une direction donnée, il suffirait de reculer le miroir jus- (ju'à coque le point lumineux en occupât le centre et non le fover prin- cipal. Alors il se formerait par réflexion sur le miroir un second point lumineux qui se confondrait presque avec le premier et dont les rayons, compris dans une amplitude limitée, donneraient, après avoir traversé la lentille, un second faisceau de limiière presque égal au premier. )) Veut -ou faire diverger légèrement les faisceaux, on n'aura qu'à agir sur les charbons à l'aide d'une vis de rappel et à écarter un peu, d'une quantité connue, le foyer électrique de l'axe de l'appareil. Alors, un vais- seau pourrait déterminer approximativement sa distance actuelle au phare d'après le temps qu'il mettrait à passer dun faisceau à l'autre. On jetterait le loch et on relèverait l'angle de la route avec la direction du phare. Enfin pour caractériser les feux fixes ou tournants, il suffirait d'interrompre le courant à des intervalles convenus et déterminés par une horloge régula- trice. » Sans doute il y aurait encore beaucoup de lumière perdue, même avec ce perfectionnement. Ce serait celle qui répond à la zone sphérique com- prise entre le miroir et la lentille. On en utiliserait près de la moitié si l'on accolait au miroir sphérique un second miroir inférieur, en forme de demi-tronc de cône ayant pour axe l'axe même de l'appareil. Il est facile de voir qu'alors la source de lumière efficace se composera : i" du point lumineux lui-même; 2" de son image réfléchie par le miroir sphérique; 3° d'un petit arc lumineux produit après deux réflexions sur le miroir co- nique combiné avec le précédent. Tous ces points étant très-voisins, par hypothèse^, du foyer principal de la lentille, ils formeront, à l'émersion, un faisceau de rayons fort peu divergents dont l'intensité dépassera de beau- coup celle d'un phare ordinaire. » On remarquera en outre les services que ce mode d'illumination à longue portée pourrait rendre comme télégraphie optique, puisqu'il suffit d'interrompre le courant pour supprimer instantanéiuent la lumière. Il (1) Je n'entends parler ici que du système à simple lentille ou a miroir unique. (377 ] offre, par exemple, un moyen précieux de déterminer les différences de longitude par la méthode si précise des coïncidences, rien n'étant plus facile que de faire régler les interruptions de seconde en seconde par lui mouvement d'horlogerie, )i Peut-être ces idées seront-elles susceptibles d'applications utiles entre les mains de la savante administration à q.ii notre système de phares doit déjà tant de perfectioimements et de progrès : c'est là ce qui m'a décidé à les soumettre à l'Académie. » M. Flourexs communique l'extrait suivant d'une Lettre qui lui a été adressée par M. Démidoff a.\ec un exemplaire d'une publication récente de M. Jacobi [noir au Bulletin Inhlioi/rapliiqiie). >• L'attention des savants s'étant reportée de nouveau sur le platine et ses diverses élaboralions, depuis les intéressantes découvertes de MM. De- ville et Debray sur la manière de fondre ce métal, ainsi que les essais faits par M. Jacobi à la Monnaie impériale de Paris, et dont notre honorable conlrere M. Pelouze a présenté les résultats à l'Académie des Sciences dans sa séance du 5 décembre iSSg, je crois être agréable à ce corps savant en mettant sous ses yeux un Mémoire qui vient d'être publié à Saint-Pé- tersbourg par mon illustre compatriote M. Jacobi sur le platine et son emploi connne monnaie » M. NoRUMANN adresse de Sympheropol (Crimée) une Lettre de remercî- raents à l'Académie qui, dans sa séance du 1 8 juin dernier, l'avait nommé Correspondant pour la Section d'Anatomie et de Zoologie, en remplacement de M. Ehrenberg nommé Associé étranger. A l'époque où l'annonce de cette nomination auiait dû lui parvenir en Finlande, M. Nordmann, chargé d'une mission scientifique en Crimée, était déjà parti pour sa destination, ce qui explique le retard qu'il a mis à témoigner à l'Académie sa recon- naissance. • M. Nordmann envoie, avec cette Lettre, un Mémoire de M. le D"^ Jiendl, inspecteur du tribunal de médecine de la Tauride, sur V hjdrophohie et sur les heureux résultats obtenus dans le traitement de cette terrible maladie par l'emploi interne et externe des préparations arsenicales. Le Mémoire de M. Arendt, qui est écrit en français, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Rayer, Cl. Bernard et J. Cloquet. C R , i86i, I" Semestre. (T. LU, N" 9.) 5o (378 j MEMOIRES LIS. ANATOMIE coMPAUKi:. — Siii 1(1 itiiK iiiic iiitiiiie (lit sjslème nerveux (lu Ilumnrd; fxii M. Ows.iaxxikow. (Commissaires, MM. de Quatrefages, CI. Heriiard, Longet.) « Dans les reclierches histologiques sur le système nerveux central de tous les animaa.\, certains points doivent appehu- l'attention tout d'abord; la manière dont s'effectue l'union des fibres nerveuses périphériques avec les cellules nerveuses et le rapport de ces dernières entre elles. » Nous possédons déjà sur ce sujet une anatoniie microscopique presque complète. Cependant il reste encore des questions obscures, ce qui m'a dé- terminé à entreprendre une série de recherches sur le système nerveux des animaux articulés, espérant que cette auatomie comparée de structure nous conduirait à quelques nouveaux résultats. » Nous avons souvent eu l'occasion de voir que les éléments histolo- giques des, organes principaux des animaux supérieurs sont construits d'après le même plan que ceux des animaux inférieurs, mais il n'en est pas moins intéressant d'établir une comparaison entre eux. Les belles re- cherches histologiques sur le système nerveux de l'Ecrevisse et du Homard que nous devons à Hannover, Haeckel, Helmholtz et Remack sont encore insuffisantes. « Mes recherches actuelles portent sur la structure de la chaîne ganglion- naire du Homard. Dans ces recherches, j'ai combiné plusieurs méthodes. Pour se former une idée exacte de la structure du système nerveux, il est nécessaire d'en faire des coupes longitudinales et transversales. .Mais par suite de la faible dimension de la chaîne abdominale ces coupes offrent beaucoup plus de difficulté que chez li«> animaux vertébrés. Les coupes obliques, celles qui alors vont des racines nerveuses aux cellules sont préfé- rables aux autres. » L'aspect des coupes est différent suivant la partie de la chaîne où elles ont été faites. » Dans la chaîne ganglionnaire du Homard nous distinguons les éléments histologiques suivants : » 1° Le tissu cellulaire qui contient les éléments nerveux; » i" Les vaisseaux sanguins qui nourrissent ces parties; ( 379) » 3° Les éléments nerveux composés de fibres et de cellules nerveuses. » La chaîne ganglionnaire possède deux enveloppes : l'une extérieure, épaisse, dure el brillante, analogue a la dure-mère des animaux supérieurs; l'antre, interne et mince, est traversée par un grand nombre de vaisseaux et envoie ses prolongements entre les éléments nerveux. Elle répond à la pie- mère. » La chaîne abdominale du Homard esttrès-semblableàla moelle épiniero des animaux supérieurs. » Les coupes transversales des connectifs montrent qu'il n'existe là que des fibres. Ces fibres, par leur dimension comme par leur aspect, ressemblent extrêmement à celles de la Lamproie que j'ai désignées sous le nom de fibres de Mûiler. Leur diamètre varie de o'""',5 à o""", lo. Elles sont pourvues d'une enveloppe particulière et ont peu d'adhérence dans le tissu cellulaire. » Toutes ces fibres peuvent être regardées comme l'analogue de la sub- stance blanche de la moelle. » Une coupe transversale du ganglion nous montre au contraire les sub- stances blanche et grise. Tandis que chez les animaux vertébrés la substance blanche est extérieure el la substance grise intérieure, c'est presque le con- traire chez les animaux articulés. )) La substance grise dans le ganglion est composée de tissu cellulaire, de vaisseaux sanguins, de cellules et fibres nerveuses. Le tissu cellulaire avec ses fibres et ses corpuscules constitue le soutien des éléments nerveux. Les cellules nerveuses occupent ordinairement la partie inférieure et laté- rale du ganglion. Dans quelques cas, du reste fort rares, on trouve égale- ment des cellules à la partie supérieure des ganglions. » Eeur nombre varie selon la quantité des nerfs qui pénètrent dans la moelle. On peut distinguer deux sortes de cellules nerveuses, d'après l'aspect, la dimension et la place qu'elles occupent. I>es plus grandes sont extérieures. Elles paraissent ordinairement de forme arrondie et envoient un prolonge- ment vers la face supérieure. En les examinant plus attentivement et sur différentes coupes, on aperçoit encore des prolongements qui pénètrent dans les racines. Le diamètre des grandes cellules varie de o""°,2o à o""^,o']. « Dans les coupes minces, les cellules ont une forme arrondie; dans les moyennes, on voit ordinairement un prolongement, et dans une coupe plus épaisse rendue transparente la cellule a l'aspect d'une cellule multipolaire. » Outre les fibres dont nous avons parlé, il en existe encore d'une troi- sième sorte qui vont dans l'autre moitié de la chaîne ganglionnaire et con- stituent la commissure entre les deux moitiés. 5o.. [ 38o ) » En nous rapprochant plus du milieu de la coupe, nous voyons des cellules plus petites. Leur position est différente. Elles paraissent fusifonnes, triangulaires, mais dans les coupes épaisses on voit qu'elles sont multipo- laires. Leur diaii'.étre varie de o°"",02 à o'"°',o5. » Leur nombre est toujoius plus considérable que celui des premières. » Je crois qu'en cherchant l'analogie nous pouvons comparer les grandes cellules à celles du mouvement dans la moelle épinière des animaux verté- brés et les petites à celles de la sensibilité. » J'ai pu constater que chaque petite cellule n'a pas moins de quatre prolongements. Le premier monte au cerveau , le second se dirige vers le côté opposé pour s'y réunir à une cellule de la même espèce et les autres se rendent aux racines pour former les nerfs périphériques. » Au milieu de la coupe on distingue deux espaces arrondis, limités, qui, vus à l'aide d'un grossissement moyen, ressemblent à une masse finement granuleuse. En examinant cette portion avec un grossissement plus fort, on trouve qu'elle est composée de fibres minces, transversalement coupées. Ce ^ont des nerfs qui appartiennent aux petites cellules. » Outre les cellules nerveuses de la moelle épinière du Homard, nous trouvons encore des fibres d'une extrême largeur qui méritent une attention spéciale; elles composent toute la substance blanche. Ce sont les mêmes fibres, comme je l'ai déjà dit, que nous trouvons dans la moelle épinière de la Lamproie et des autres Cyclostomes. Chez la Lamproie, je les ai décrites exactement et j'ai cru alors pouvoir dire déjà qu'elles ont leur origine dans la moelle épinière. Cette opinion a été cependant rejetée et déclarée fausse par plusieuis microgra[)hes, qui s'en étaient tenus à des recherches trop superficielles. I) En buiv.iut les fibres nerveuses qui viennent des grandes cellules, on les voit se réunir. Si d'abord on en compte 20 ou 3o, ce nombre est bientôt réduit à 5, à 4» à 3, et même à 2. Dans les coupes transversales ces fibres réunies passant autour des espaces arrondis et formant les larges fibres longitudinales sont très-apparentes. Au premier abord elles semblent com- posées d'une masse homogène que plusieurs auteurs ont considérée comme un axe cylindrique nu. Remack,cet habile observateur, a déjà vu des 1 843 que chez l'Ecrevisse ces fibres longitudinales sont formées d'un assem- blage de fibres extrêmement grêles. Mais avec la méthode employée alors pour de telles recherches, il était impossible de voir leur union avec les cellules. » Il est intéressant d'examiner ces fibres dans des conditions différentes ( 38i ) à l'aide de forts grossissements, par exemple : si la chaîne ganglionnaire est durcie par l'action do l'acide chromique on de l'alcool, on n'y aperçoit aucune organisation , même lorsque les préparations ont été colorées avec du carmin. )) Ces fibres, au contraire, prises sur l'animal vivant et humectées ensuite avec de l'eau, montrent dans leur milieu une substance grise granulée qui rappelle la structure de la moelle des nerfs des animaux ver- tébrés ; ce qui a conduit Ehrenberg et Hannover à déclarer que ces fibres ont une moelle. » Si ces mêmes fibres sont imbibées avec un peu de sérum du sang, on voit alors très-distinctement qu'elles sont composées de fibres minces, dont le nombre varie, et qu'elles sont revêtues d'une enveloppe parti- culière. » La moelle possède donc ses fibres propres qui établissent la relation entre les cellules des noyaux de la chaîne ganglionnaire et les cellules du cerveau. Les cellules apolaires qu'on admettait jusqu'à présent chez les animaux invertébrés, tels que les Homards, ainsi que les cellules uni- polaires, ne sont que des produits de préparations défectueuses et n'existent pas dans la réalité. » Je poursuis actuellement mes recherches sur la structure du cerveau; je pense avoir prochainement l'honneur de les présenter à l'Académie. « BOTANIQUE. — Mémoire sur la symétrie et l'orcjanogénie florale îles Maranltes; par M. H. Bâillon. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Brongniart, Duchartre ) « La fleur irrégulière des Marantées a été avec raison comparée à un type floral régulier. Mais ce type a été choisi arbitrairement et d'après les .seules apparences extérieures. Aussi la symétrie attribuée aux fleurs des Marantées ne reposant que sur des considérations théoriques a beaucoup varié suivant les auteurs. » Les botanistes français sendjleut s accorder à admettre que ces fleurs représentent un type diplostémone irrégidarisé, tel que celui des Amarylli- dées, avec trois étamines superposées aux sépales et trois autres formant un verticille plus intérieur et superposées aux pétales. Or cette théorie est* quelque peu en désaccord avec l'observation directe des fleurs adultes, et jiour n'eu citer qu'une preuve, M. Lestiboudois a parfaitement établi, à ( 382 ) propos d'un ciessIaminodesdesMaraiitées, qu'il n'était ni exactement opposé ni exactement alterne au sépale en face duquel on le suppose placé. " L'étude du développement de la fleur est le seul moyen d'en constater la symétrie réelle avant que celle-ci soit masquée par îles métamorphoses et des déviations consécutives. Or voici ce que nous apprend l'organogénie de l'espèce de Marantée la plus répandue dans nos cultures. .1 Les épillcts du Tluilin denllxitri portent des bractées alternes à l'aisselle desquelles se montre un petit axe très-court. Celui-ci produit d'abord ime bi-actéole postérieure, puis il se dédouble en deux axes latéraux é^juix. Chacun de ces derniers est un réceptacle floral sur lequel se montrent suc- cessivement les trois sépales extérieurs. Alors le réceptacle s'élève poiu- former une coupe circulaire qui sera le tube de la fleur. C'est sur les bords de cette coupe que st* montrent successivement les sépales extérieurs. Une première étamine apparaît ensuite en dedans d'un des pétales, puis une seconde et enfin une troisième, en dedans des deux autres pétales. Ces étamines for- ment un .seul et unique verticille. L'anthère de la plus grande commence alors à se dédoubler eu deux loges dont une seide devient fertile, tandis que l'autre devient membraneuse et pétaloïde. Dans l'anthère qui a paru en second lieu, les deux loges deviennent également memfjraneuses, tandis que pour la troisième la transformation en lame pétaloïde a ordinairement lieu avant qu'elle ait pu se dédoubler en deux loges. " Le pistil est représenté d'abord par trois feuilles carpellaires superpo- sées aux sépales extérieurs Le réceptacle se creuse dune fossette au pied de chacune de ces feuilles, et plus ces fosses deviennent profondes, plus l'ov^iire tend k devenir infère. Deux des loges cessent bientôt de s'accroître; la Iroi- sième, placée })rès de l'étamine fertile, avec laquelle elle alterne cependant, devient seule féconde. Elle renferme un ovule dressé, inséré près de la base, lequel, dans ses mouvements anatropiques, dirige sonmicropyle en dehors et en bas. .> Le tégument extérieur de l'ovule commence à former avant l'anthèse l'arille qui apparaît entre le micropyle et la base du raphé, un peu au- dessus du bile. Cet organe n'est représenté à son premier âge que par deux bosses latérales distinctes, séparées l'une de l'autre par le raphé et le micropyle. .. Le développement de la fleur est exactement le même dans les autres genres de celle famille, tels que les Stiomnnthe, les Cnlatlica, les MarniUn. \\ n'y a que les dif(î;renccs secondaires, dans le mode d'inflorescence, le nombre et la situation des bractées qui accompagnent les fleurs, le nombre ( 383 , des loges ovariennes fertiles, et celui des staminodes qui varie nécessaire- ment suivant qu'une seule ou deux anthères se partagent en leurs deux lobes avant de se transformt'r en lames pélaloîdes. » Les conclusions de ce travail sont donc les suivantes : » i" Les Marantées n'ont comme les Iridées qu'un verticille de trois éta- mines; mais ces étamines sont superposées aux sépales intéiieurs. )) 'i.° La moitié seulement d'uiîe de ces trois étamines produit ime demi- anthère fertile. M 3" Le type floral régulier auquel répondent les Marantées se rencon- tre par conséquent dans les vrais Hœmodorwn, les Lachnanlhes , etc., qui n'ont que trois étamines superposées aux pétales. » PHYSIOLOGIE. — Des mouvements de décentiation latérale de l'appareil cristallinien ; par M. Giraud-Teulon. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, de Quatrefages, Cl. Bernard.) « Nous avons démontré dans une précédente communication (i) sur l'usage binoculaire des lunettes de presbyte ou de myope, que le passage de la vision monoculaire armée à la vision binoculaire était accompagné d'un mouvement angulaire, de convergence, dans le premier cas, de diver- gence, dans le second, exécuté par les axes oculaires, et mesurant la diffé- rence angulaire qui sépare, dans chacune de ces circonstances, la distance réelle de l'objet de la distance virtuelle de l'accommodation nouvelle. » Pour l'analyse inductrice de toutes les conditions de cet acte de phy- siologie plus ou moins troublée, nous avons fait voir que dans ces circon- stances la loi d'harmonie physiologique qiù rattache et relie entre elles les actions musculaires présidant à la convergence des axes oculaires et à l'accommodation de distance, était instantanément brisée, déchirée. Cette dissociation des axes de mouvement des globes oculaires et des axes diop- triques, démontrée à l'esprit par l'analyse de la fonction, il nous a été permis d'en obtenir la démonstration objective par la méthode expérimentale ; nous avons pu surprendre, par la vue, le mécanisme même de la décentra- tion réelle, effective du cristallin, de sa déformation ou du transport de son (i) Comptes rcricliis, fovrier 1860. ( 38/, ) centre, en dedans on en dehors, suivant les cas, du centre des mouvements du globe, pour procurer la coalesc(Mice des images doubles, de la sépara- tion, en un mot, de son mouvement de la latéralité de celui du globe. i> Nous avons a|)pliqué à l'étude de ces déformations, premièrement livpolliétiques, du cristallin, la méthode employée par Crammer pour déterminer le lieu et l'organe de l'accommodation aux distances. Nous avons, comme lui, demandé aux changements éprouvés par les images réfléchies, par les cristalloïdes ( images de Purkinje ou de Sanson), la clef des change- ments de forme ou de situation que devait subir la lentille cristalline; à la catoptrique, ce qui se passait dans l'acte dioptrique. .' Au moyen de ces expériences, il nous a été facile de constater irréfraga- blement par les phénomènes objectifs de l'observation directe la dissocia- tion de l'harmonie préétablie entre la convergence et l'accommodation, lors- que la viu^ binoculaire vient à s'exercer à travers des prismes ou des lunettes convexes ou concaves. u On V voit manifestement qu'indépendannnent de la synergie qui existe enire les mouvements des deux globes oculaires ou les systèmes des mus- cles extérieurs, il existe une seconde synergie entre les appareils ciliaires; et que ces deux synergies, ordinairement correspondantes, peuvent cepen- dant être séparées, s'exercer indépendamment l'une de l'autre. « L'analyse indiquait nettement qu'il devait en éti'e ainsi ; les expériences qui précèdent démontrent qu'il en est, en effet, comme la théorie le faisait supposer; que le cristallin, soumis physiologiquement à des lois de locomo- tion réglées par les mouvements de convergence ou de divergence du globe, peut cependant rompre avec cette domination du système musculaire extérieur, et exécuter des mouvements propres et indépendants de conver- gence et de divergence relativement à l'axe des mouvements de totalité du globe, des mouvements spontanés de latéralité interne ou externe dans son plan équatorial. » Ce fait (nous avons le droit de ne plus dire cette hypothèse) perd le caractère de singularité qu'il présente au premier abord, quand ou remarque que c'était, au contraire, une pure supposition (et que l'on faisait sans s'en .ipeicevoir), quand on considérait le cristallin comme une lentille enchâssée dans inie position invariable Le cristallin n'est rien moins que soudé, que fixé. Il est suspendu dans un aiuieau que l'on sait aujourd'hui être de natine musculaue. Phénales. — L'acide phénique combiné avec les alcalis perd une grande partie de son pouvoir désinfectant. La dissolution aqueuse de ces sels est très-irritante, cette propriété ne permet pas de l'employer dans le pansement des plaies » Acide phénique dissous ou émulsionné dans l'eau. — ... Les cadavres d'ani- maux qui ont été injectés avec ce liquide se conservent sans altération au contact de l'air. Le cadavre d'un homme pourra être conservé pour moins de 5o centimes » L'année dernière j'ai fait connaître à l'Académie d'heureux résultats que j'avais obtenus contre les parasites et contre la gale par l'emploi du coal-tar saponiné. J'ai continué ces recherches avec l'acide phénique. Une solution aqueuse conlt'uant i pour loo de cet acide et 4° pour loo d'acide acétique à 8° guérit la teigne en 3o ou 4o jours et la gale instantanément. Pour la teigne on applique une compresse imbibée de cette préparation une fois par jour. Pour la gale, une seule lotion suffit pour tuer les acarus. I/acide acétique est ajouté à la préparation pour faire pénétrer les médica- ments sous l'épidermc ot jusqu'au fond des bulbes pileux. Ces recherches ont été dirigées par l'habile médecin de l'hôpital Saint-Louis, M. Bazin, dont je ne saurais assez reconnaître la bienveillance. » ( 39» ) M. Jobard soumet au jugement de l'Académie un « Mémoire sur les pertes de la combustion ». (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.) M. Thiollier-Magnard adresse, de Saint-Etienne, un Mémoire sur la nature du brome, du chlore et de l'iode. (Commissaires, MM. Boussingault, Balard, Fremy.) M. Couturier demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui le i5 octobre 1860. Le paquet est ouvert en séance ; la Note qui y est contenue et qui a pour titre : « Coloration des pâtes céramiques et des silicates par les selssolnbles des oxydes métalliques », est renvoyée à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Regnault et Payen. M. Landoczy, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un ouvrage qu'il vient de publier sur la pellagre sporadiqiie, y joint, conformément à une des conditions imposées aux concurrents, l'in- dication des parties qu'il considère comme neuves dans son travail. (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Skipton envoie d'Edimbourg une Note écrite en anglais sur un appa- reil d'extension destiné aux fractures de la jambe, et principalement aux fractures comminutives qui compliquent des plaies d'armes à feu. L'auteur ayant cru, d'après des renseignements inexacts, que l'Académie avait proposé tin prix pour le perfectionnement des moyens de traitement des fractures, envoyait ce travail comme pièce de concours. (Renvoi à l'examen de MM. J. Cloquet et Jobert de Lamballe.) M. Shorter adresse une Note écrite en anglais sur l'épilepsie, supposant aussi, sur de faux renseignements, qu'un prix sur ce sujet a été proposé par l'Académie. M. J. Cloquet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. ( 392 ) M. Mille, qui avait précédemment annoncé l'intention de soumettre au jugement de l'Académie un appareil de son invention concernant l'éclai- rage, un réguliileur de la dépense du (jaz , présente aujourd'hui la descrip- tion et la figure de cet appareil. (Commissaires, MM. Dumas, Regnault.) M. ZiMMERMAx adresse un supplément à une précédente communication ayant pour titre : « L'orgue et le pianos enrichis ». (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Duhamel, Despretz.) CORRESPOND ANGE. M. LE Secrétaire perpétcel met sous les yeux de l'Académie l'épreuve photographique d'un portrait de Geonjes Cuvier, fait à l'époque où l'illustre naturaliste était professeur à l'École centrale du Panthéon. Cette épreuve est offerte par M. Duclienne, de Boulogne. La Société royale d'Edimbourg remercie l'Académie pour l'envoi de trois volumes de ses Mémoires et d'une nouvelle série de ses Comptes rendus. La Société Géologique de Londres remercie l'Académie pour un sem- blable envoi. La Société royale de Géographie de Londres adresse le XXX" volume de son journal, et remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs volumes des Comptes rendus. M. Lapierre, commandant de la frégate Hlsis, annonce que dans un voyage qu'il vient de faire aux Antilles, il a, comme dans une précédente traversée de Taïti en France, recueilli journellement, et surtout tant qu'il était dans le Gulf-Slream, des échantillons d'eau de mer [voir le Compte rendu de la séance du 17 décembre 1860), et que de plus il a chaque matin fait jeter à la mer une bouteille contenant, avec la date, l'indi- cation do la latitude et de la longitude du lieu. Près d'entreprendre une nouvelle campagne aux Antilles, M. Lapierre se met à la dispo- ( 393) sition de l'AcaiJémie pour les observations scientifiques qu'elle jugerait convenable de lui recommander. MM. Balard et Ch. Sainte-Claire Devillc examineront s'il y a, pour le cas présent, quelque chose à ajouter ou à modifier aux instructions rédigées pour les navigateurs par de précédentes Commissions et en feront, s'il y a lieu, l'objet d'une proposition à l'Académie. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Note sur la théorie de la lumière; par M. Ch. Briot. « Il est un point très-important de la théorie des ondulations qui est resté indécis jusqu'à présent: c'est de savoir si, dans un rayon polarisé en ligne droite, la vibration est perpendiculaire au plan de polarisation ou conte- nue dans ce plan. » Fresnel, guidé par des raisons de convenance générale, supposait que la vibration de la lumière polarisée est perpendiculaire au plan de polarisation. Dans leurs savants calculs sur la réflexion et la réfraction de la lumière, MM. Mac Cullagh et Neumann ont adopté l'hypothèse contraire et supposé la vibration contenue dans le plan de polarisation. Les résultats auxquels je suis arrivé dans un Mémoire sur la propagation de la lumière dans les milieux cristalhsés {Compte rendu du 5 décembre iSSg) me semblent per- mettre de résoudre cette importante question. » Je commence par une remarque sur la propagation de la lumière dans l'éther libre. L'éther libre est un milieu isotrope, c'est-à-dire que la distance moyenne des molécules d'éther est la même dans toutes les directions. On démontre aisément que, dans un pareil milieu, il peut se propager deux sortes de vibrations, des vibrations transversales indéterminées et des vibra- tions longitudinales; les premières constituent la lumière naturelle ou non polarisée. Les molécules d'éther agissent l'une sur l'autre suivant la droite qui les joint. Si l'on désigne par F(/) cette force moléculaire, qui est une fonction de leur distance r, et si l'on pose /(O = ^' ë = ^^>nr^f(n, h = ^ Imr^f'ir), le signe 1 indiquant la somme des actions de toutes les molécules environ- nantes sur la molécule^ d'éther dont on considère le mouvement, et la force étant regardée comme positive ou négative, suivant qu'elle est attractive ou G. R., i86i, 1" Semestre. (T. LU, N" 9.,i ^2 ( 394 ) répulsive, on trouve que les vitesses de propagation des vibrations trans- versales cl des vibrations longitudinales sont données par les formules 0) = v/g + ^, o)'=vg+3/;. Nous supposerons que la force moléculaire varie en raison inverse de la n''"" puissance de la distance et nous représenterons celte force par ^, /xétant luie constante. Les formules précédentes deviennent /i = - -VV 2 ç '"V- 5.6 r"-' 5 »' = \/^'s. "■=\/^-. On voit par là que, pour queles vibrations transversales puissentsepropager, il faut que l'exposant n soit plus petit que 4 si la force est attractive, mais plus grand que 4 si la force est répulsive. .. L'éther pénètre les pores ou cellules formés par les molécules des corps. Caucliy considérait l'éther engagé dans un cristal comme cristallisé lui-même, c'est-à-dire qu'il supposait les molécules d'éther rangées par files rectilignes, comme les molécules pondérables qui forment le cristal. II me semble peu probable que l'éther affecte une disposition aussi régulière; car, s'il en était ainsi, l'éther qui pénètre un cristal cubique ne serait pas un nùlieu isotrope et jouirait de la propriété de polariser la lumière; mais l'expérience démontre d'une manière nette et précise qu'un cristal cubiqui- se comporte comme un morceau de verre ordinaire. J'ai été amené ainsi a regarder l'éther qui pénètre un cristal comme un milieu analogue à un mi- lieu isotrope, mais modifié par l'action des molécules pondérables, de telle sorte que la distance moyenne des molécules d'éther ne soit plus la même dans toutes les directions. » En cherchant les équations du mouvement vibratoire dans un milieu ainsi modifié, et les appliquant au cristal à un axe dont le type le plus sim- ple est le prisme droit à base carrée, on trouve que dans un ])arcil cristal peuvent se propager, dans chaque direction, trois vibrations: l'une rigou- reusement transversale et perpendiculaire à l'axe du prisme, une seconde à peu près transversale et située dans le plan mené par l'axe du |)risme et la normale au plan de l'onde, une troisième à peu près longitudinale. Les vitesses de propagation des deux premières vibrations sont données par ( 395 ) les formules oj* = &)J + 2 (g + 2 A + /) ) A chaud, cet éther désorganise le papier, surtout lorsqu'il contient de l'acide bromhydrique, ce qui n'est pas rare. » Le chlorure de bismuth se combine également avec l'éther; l'iodure est sans action. I) L'éther broino-anlhnonujue ne se décompose que partiellement par la chaleur, sans doute, puisque Br'Sb est plus volatil que Br'Bi; une portion passe toujours à la distillation, en société d'éther libre, d'acide et d'éther bromhydrique. Le résidu est du Br'H coloré par du charbon, » Préparé par le brome et l'antimoine en poudre, cet éiher possède une couleur brune due à mi peu d'hydrocarbure de brome qui s'est formé aux dépens du brome et des éléments de l'oxyde éthylique. i) J'ai observé deux combinaisons de bromure et d'éther, l'une à 1 équi- valents de ce dernier et l'autre à 4- Celles que j'ai analysées n'ont pas été distillées; après avoir traité de Péther par du brome et de l'antunoine à satu- ration, on filtra le liquide sous une cloche non asséchée; une combustion faite avec les premières portions a donné lieu à des nombres paraissant s'ac- corder avec la formule Br'Sb -h 4C*H^O, malgré l'excès de carbone dû à l'hydrocarbure de brome. (398) Théorie. Bipcrieiicc. 19,58 3,89 » Le composé à 2 équivalents d'éther a été trouvé à l'état de liquide blanc, ti'ès-visqueux, sur le filtre. Théorie. Expérience. Br'Sb 36p. C 48 1 1 ,00 10,37 H'° 10 2,29 2,47 0' 16 Éq.... 436 » I>e premier de ces deux composés s'enflamme, brûle avec une flamme blanche et laisse un résidu huileux qui cristallise par reh'oidissement; celui à 2 équivalents d'éther ne brûle que quand on chauffe. » Les propriétés de l'éther bromo-arséniquc se calquent sur celles de l'éther bromo-antimonique et se déduisent d'ailleurs de ce qui a été dit plus haut. Plus volatil que ses deux congénères, il n'est pas plus stable pour cela, car, sous ut;e cloche et sur l'acide sulfurique, il perd, en peu de temps, les éléments de l'oxyde éthylique et se réduit à de longs prismes brillants, formés d'aiguilles accolées, de bromure d'arsenic. Le zinc est sans action. Il se volatilise eu partie sous l'influence de la chaleur. » De pareilles combinaisons peuvent être produites avec d'autres alcools et d'autres éthers. » Le bromure d'antimoine se comporte sous ce rapport comme le bro- mure, et on sait qu'il en est de même du chlorure d'arsenic. Au contraire, les iodures d'antimoine et d'arsenic restent à l'état de poudre inerte au fond du tube. » D'autres bromures métalliques se comportent comme les précédents; tels sont ceux d'aluminium, de zinc, d'étain, de mercure; nous y revien- drons. » ( 399) CHIMIE ORGANIQUE. — Tirinsfoiinalion du propylènc monohromé en un nouvel hydrocarbure de la coinposilion C'H* (i); par M. V. Sawitsch. « Dans mon Mémoire sur la préparation de l'acétjlène au moyen de l'é- thvlène brome (2), j'ai émis l'opinion qu'en appliquant la même méthode aux homologues supérieurs de celui-ci, on parviendrait à obtenir la série des hydrocarbures C"H""~- ; l'expérience est venue confirmer pleinement mes prévisions, du moins en ce qui concerne le second terme de la série. En soumettant en effet le propylène monobromé à l'action des alcools sodés, on peut lui enlever i équivalent d'acide bromhydrique et le trans- former en lui carbure C'II% auquel je donne le nom d'allj-lène (3). » Les détails de l'opération sont identiques à ceux que j'ai déjà indi- qués à propos de l'acétylène, à cette différence près qu'à l'acétylate de soude on a substitué l'éthylate. Lorsqu'on ouvre le ballon, préalablement refroidi, dans lequel la réaction s'est effectuée, il se dégage une quantité considé- rable d'un mélange gazeux (4) qu'on fait passer à plusieurs reprises dans une solution ammoniacale d'oxydule de cuivre. Il se dépose alors dans celle-ci un volumineux précipité floconneux jaune-serin, qui possède les propriétés suivantes. Chauffé, il se décompose avec déflagration et production d'une flamme rougeàtre ; projeté dans le brome, il est détruit en doiniant lieu à un bruissement accompagné d'une flamme rouge; enfin les acides concen- trés en dégagent immédiatement à froid un gaz qui est mis aussi en liberté, mais seulement à chaud, sous l'influence des acides dilués, et particulière- ment de l'acide clilorhydrique. » C'est cette dernière réaction qu'on met à profit pour préparer l'allylene à l'état de pureté. Ce gaz est incolore, d'une odeur forte et désagréable, quoique à un moindre degré que celle de l'acétylène. Il brûle avec luie flamme éclairante et très-fuligineuse. Il précipite les solutions des nitrates (i) C = i2, H = i. (2) Comptes rendus, t. LTI, p. iSy; Bulletin de la Société Chimique de Paris, séance du 25 janvier. (3) Ce nom a été propose il'avance par M. Berlhelot Jans son ouvrage de Chimie orya- nique, t. II, p. 161 . l 4) 25 grammes de propylène nionoljromé ont donné environ 3 litres de yaz. Pour extraire celui-ci en totalité, il est nécessaire de chauffer graduellement le ballon jusqu'au point d'cbnllilion de l'alcool, dans lequel l'aHylène est sohible. ( 4oo ) mercuieiix et argen tique, la première en gris foncé, la seconde en blanc ; ces deux combinaisons, d'une conslitution probablement analogue à celle du composé cuivreux, sont instables comme lui ; elles se décomposent lors- qu'on les chauffe, la première sans détonation, la seconde avec explosion el production d'une flamme rougeâtre. » L'analyse eudiométrique du gaz a fourni les résultats suivants : Expérience. Théorie ce Température 1 3° Baromètre o"", 763 \olume du jjaz 2'''^, 69 Ont disparu 5,5t 5,38 Volume de l'oxygène ajouté. .. . 21", 92 Acide earbonicjue formé. 8,08 8,07 Volume total 24'^'',6i Oxygène consommé .. . 10,90 10,76 Après étincelle 19", 10 Après potasse 1 1", 02 OU. en rapportant les résultats de l'expérience à i volume de gaz : Expérience. Théorie. Contraction 2,o4 2,00 Acide carbonique 3, 00 3, 00 Oxygène consommé 4>o5 4; 00 » J'ai eu trop peu de gaz à ma disposition pour pouvoir en déterinincr la densité et contrôler ainsi la fommle C^H^= 2 vol., qui pourtant me paraît incontestable, vu le mode de formation de ce corps, sa composition et le parallélisme de propriétés qu'il présente avec l'acétylène, sur la formule duquel aucun doute ne peut s'élever. La propriété si curieuse de précipiter les solutions ammoniacales de cuivre, qui m'a permis d'isoler laUylène, paraît être caractéristique pour les hydrocarbures de cette série, à en juger du moins par les deux preiîiiers termes ; il y a tout lieu de croire qu'elle sera féconde et amènera la découverte de termes plus élevés. » Je me propose de revenir prochainement sur l'étude des propriétés physiques et chimiques de l'allylène et de ses dérivés; je me borne pour le moment à signaler l'existence du bromure d'allylène, liquide limpide, inco- lore, d'une odetn- qui rappelle celle du tribromure d'allyle, et que j'ai ob- tenu en faisant barboter l'allylène dans le brome. » 11 n'est peut-être pas inutile de faire remarquer qu'afiu d'avoir toutes les garanties désirables pour obtenir im gaz pur, j'ai employé du propylène monobromé préparé au moyen du gaz propylène provenant de la réduction de l'iodure d'allyle par le mercure et l'acide chlorhydrique. C'est, sui- ( 4"< ) vaut moi, la seule méthode qui permette d'avoir le propylène brome à l'état de pureté. » Ces recherches ont été faites au laboratoire de M. Wurtz. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques éthers éthjtiques des alcools poly-glycériques ; par MM. Reboul el Lourenço. « Ou*sait que les anhydrides des éthers glycériques sont susceptibles de se combiner avec les acides, l'eau, les alcools (i), et que le résultat de cette union directe est un éther de la glycérine. Il devenait dès lors probable qu'en faisant réagir ces anhydrides sur les composés glycériques eux-mêmes, il devait se former de nouveaux corps appartenant au type d'une glycérine condensée, la pyroglycérine (a), qui offre vis-à-vis de la glycérine ordinaire la même relation que l'alcool diéthylénique vis-à-vis du glycol. Alcool diglycérique Glycérine. Alcool Giycol. ou pyroglycérine. diéthylcérique. » L'expérience est venue confirmer ces prévisions ; si l'on chauffe en effet à 200° delà diéthylglycérine avec de l'épichlorhydrine (glycide chlorhy- drique), une certaine portion de ces deux corps s'unit par addition directe et forme un composé qui, soumis à l'analyse, donne des résultats qui con- duisent à la formule (C^H=)* ' 0»=C'^H'C10^-+-C«HVC*H5)2 0% ^ ; Glyride Dîélhyl{jlycérine. Qj chlorliyiirique. » On voit que c'est l'éther chlorhydrodiéthylique de l'alcool diglycé- rique. Il est liquide, oléagineux, légèrement coloré en jaune, insoluble ou peu soluble dans l'eau, soluble en toutes proportions dans l'alcool et dans l'éther. Sa densité est 1,1 1 à la température 17". Il bout vers 285° sans se (i) Rebodl, Annales de Chimie et de Physique, septembre 1860. (2) LonRENço, Comptes rendus de l'Académie des Sciences, février 1860. C. K., 1861, 1" Semestre. (T. LII, N» 9.) 53 ( koi ) tlécomposer notablomeiit. Il brûle avec flamme colorée en vert sur les bords. » Ce compost' se protluil aussi, et c'est même de celte manière qu'il a été obtenu pour la première fois, lorsqu'on chauffe à 200° en vases clos un mé- lange de glycide cldorhydrique et d'alcool, f-a réaction qui se passe est fort complexe: outre la glycérine chlorhydro-étiiylique, et les glycérines dichlor- li\drique et diélbylique qui résiiltent d'une réaction secondaire déjà étudiée (1), on constate la formation d'une petite quantité de l'éther (C'H^)" ' O* qui provient de l'union directe du glycide cldorhydrique avec H \ Cl une portion de la diéthvlglycérine qu'il rencontre à l'état naissant. » Cette interprétation, confirmée par la synthèse directe citée plus haut , s'applique également à la formation d'un second éther de l'alcool diglycé- rique, éther dont on observe la production lorsqu'on fait réagir le glycide chlorhydrique sur l'étliylate de soude. Quand toute la diélhyline, qui est le produit principal de la réaction, a passé, on voit le thermomètre s'élever rapidement jusque vers 280**. On recueille à part ce qui passe de 280" à Soo'*. Une seule rectification suffit pour en retirer un liquide bouillant vers 290" et dont la composition, vérifiée |)ar l'analyse, se représente par la formule (/3) (C^H=)MO"'. H ) » Cet éther, que nous désignons sous le nom de pyroglycérine triéthylique, est incolore, oléagineux, inflammable, soluble en toutes proportions dans l'eau, l'alcool et l'éther. Sa densité est i ,00 à la température 14"- Le car- bonate de potasse le sépare de sa solution aqueuse. Il bout vers a88 à 290". Traité par 1 équivalent de perchloriue de phosphore, il nous adonné une petite quantité d'un liquide chloré bouillant vers 278 à 285° et qui |)araît être l'éther chlorhydrotriéthylique de l'alcool diglycérique, ou si l'on veut. l'éther clilorhvdrique du conqjosé (j3). » f.a formation de celui-ci s'explique en remarquant qu'avec l'étliy- late de soude le glycide chlorhydrique donne d'abord de l'éthylglycide ( I ) Rp-BOUi., Inc. citato. ( /4o3 ) C°H*(C''H'jO% leqiu I, en s'unissant à l'alcool libre de 1 cthylate, se trans- forme en "Ivcérine diéthyliqiie. C'est en se combinant ensuite avec cette glycérine diéthyliqiie que l'éthylglycide produit l'étlier triéthylique digly- cérique, lequel est susceptible à son loin- de s'unir avec celui-ci et de for- mer un produit d'un degré de condensation plus élevé. .. En effet, lorsque dans la préparation précédente le therinoniètre s'est élevé jusqu'à 3oo°, il reste encore dans la cornue un liquide oléagineux très-coloré qu'il est impossible de distiller à feu nu sans décomposition. Mais si on effectue la distillation dans le vide, il est facile de constater l'exis- tence d'un point fixe dans les environs de aSo à 9.00" sous la pression de 10 ....Ilimètres. Le liquide recueilli entre ces limites est légèrement jaunâtre, limpide, soluble dans l'eau, soluble en toutes proportions dans l'alcool et l'éther, d'une densité de 1,022 à la température 14°. Soumis à l'analyse, d a donné ('es résultats conduisant à la formule H ) qui fait de ce corps l'éther tétréthylique de l'alcool triglycérique W ] >• Les faits qui précèdent nous semblent suffisants par caractériser la formation synthétique des éthers polyglycériques ; ils montrent jusqu'à quel point les réactions qui semblent devoir être les plus simples en apparence se compliquent lorsqu'il s'agit de composés polyatomiques, |)ar suite des condensations successives qui s'opèrent; enfin l'indivisibilité des formules des corps nouveaux que nous signalons, surtout celle de la première, nous parait un contrôle des formules de leurs types, les alcools polyglycériques, et remplacer jusqu'à un certain point celui qui serait formé par leurs densités de vapeur. » CHIMIE ORGANIQUE — Sur un nouuel acide homologue mpériew à tacidc cuminique ; par .^I. A. Rossi. « ^L Cannizzaro a appliqué à l'alcool benzoïque et a l'alcool auisique la méthode par laquelle, en partant d'un alcool monatomique quelconque, on obtient l'acide correspondant à l'alcool homologue supérieur. 53.. C 4o4 ) » Je viens de soumettre l'alcool cuminique à la même série de transfor- mations et j'ai ainsi obtenu un nouvel acide qui a la formule de l'homologue supérieur de l'acide cuminique. » Les formules suivantes expriment les transformations successives que j'ai fait subir à l'alcool cuminique. Alcool cuminique €'°H*\Ha = €'°H'*0, Élher cuminochlorhydiique G^H'SCl = G'°H"C1, Éther cuminocyaiihydrique G'^H'', C Az = €" H" Az, Acide homocuminique G"'H",GÔHO = G"H'*Ô'. M J'ai préparé l'éther cuminoclilorhydrique, comme j'ai indiqué dans mon Mémoire précédent. J'ai chauffé à 100° cet éther avec un excès de cyanure de potassium et avec de l'alcool dans des tubes fermés pendant vingt-quatre heures. J'ai filtré la solution alcoolique, et je me suis assuré qu'en continuant à la chauffer il ne se formait plus de chlorure de potas- sium. J'ai chassé alors la plus grande partie de l'alcool par la distillation, j'ai ajouté de l'eau et j'ai agité la liqueur avec de l'éther qui dissout l'éthe»- cuminocyanhydrique ; ce produit reste à l'état d'une huile brune, en éva- porant la solution éthérée décantée. » Je ne me suis pas arrêté à purifier l'éther cuminocyanhydrique. Tel que je l'ai obtenu, je l'ai soumis à une ébulliliou prolongée en contact d'une solution concentrée de potasse caustique; l'éther cuminocyanhydrique qui surnage se décompose peu à peu en dégageant de l'ammoniaque et il finit par disparaître. » Au moyen de l'acide chlorhydrique, j'ai précipité l'acide homocumi- nique formé de la solution alcaline et je l'ai purifié en le faisant cristal- liser plusieurs fois dans l'eau. L'acide homocuminique cristallise en petites aiguilles. Il fond à 5^° en une huile incolore qui, par le refroidissement, se prend en masse cristalline. Il distille sans décomposition. Il est Irès-soluble dans l'alcool et dans l'éther, assez soluble dans l'eau bouillante, très-peu dans l'eau froide. De sa solution aqueuse chaude, ou refroidissant, il se sépare à l'état dégouttes huileuses qui après quelque temps se transforment en cris- taux. Cet acide rougit le tournesol et il décompose les carbonates. L'homo- cuminate potassique est déliquescent et soluble dans l'alcool ; je n'ai pas pu l'obtenir eu cristaux. » Au moyeu du sel potassique on obtient facilement les autres sels, par double décomposition. i 4o5 ) » Le sel de baryte, assez soluble dans l'eau, cristallise en aiguilles; le sel de chaux est soluble et il cristallise en groupes d'aiguilles ; le sel de ma- gnésie cristallise en écailles nacrées. » Le sel de plomb se dépose, de sa solution aqueuse bouillante, en petits flocons cristallins; le sel mercurique en aiguilles très-fines. » Le sel de cuivre est tout à fait insoluble dans l'eau; il se dissmu comme les autres sels de cuivre dans l'ammoniaque. Le sel d'argent est très-peu soluble dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau bouillante; il cristallise de sa solution aqueuse bouillante en aiguilles blanches très-fines. J'ai analysé l'acide libre et son sel d'argent, et j'ai obtenu les résultats sui- vantsqui sont tout à fait d'accord avec la formule G"H'^HÔ\ Acide libre. Expérience. Calcul. Carbone 74» '6 €".... 74» '4 Hydrogène 7,86 H'*.... 7,94 Oxygène '7)98 O'. . . . •7>92 100,00 100,00 Sel d'argent. Expérience. Calcul. Carbone 46," €".-.. 46,32 Hydrogène 4>^7 H'^ . . . . 4)^6 Argent 87,87 Ag 37,89 Oxygène ' i ,4^ ô\ . . . 11, 23 100,00 100,00 » Je me suis demandé si l'acide précédemment décrit est le véritable ho- mologue de l'acide cuminique. J'ai quelques doutes à cet égard et \\ se pourrait que le nouvel acide fût un isomère de cet homologue. Son point de fusion peu élevé et l'analogie qui existe toujours entre les dérivés de l'alcool benzoïque et les dérivés de l'alcool cuminique, telles sont les consi- dérations qui m'inspirentcesdoutes. En effet, M. Cannizzaro n'apas obtenu, à l'aide de l'éther benzocyanhydrique, le véritable acide toluique, mais un acide isomère plusfusible, qui probablement est identique à l'acide alpha- toluique obtenu par M. Strecker par le développement de l'acide vulpique. » Je ne vois pas d'autre moyen de résoudre mon doute que de préparer toute la série de l'alcool inférieur à l'alcool cuminique : ce que j'essayerai de faire. » 4o6 CHIRURGIE. — Guerison confirmée 45 i4î02 Acide borique 24,71 36,91 Chlore 1,34 1,33 Acide sulfurique. . 1,10 o,5o Silice 0,60 ■. Sable. 2,00 » Acide phosphorique traces' » Alumine >• » Magnésie » » 100,1 5 100.00 » En négligeant les éléments étrangers a la constitution chimique du mi- néral et en faisant le rapport atomique pour le reste feau, soude, chaux et acide borique), on trouve que le tinkalzite a pour formule (NaBo=+ loH -f-2(CaBo-4-2H)-^ 2H. » La présence des autres matières fait penser que ce minéral a été déposé par des sources minérales; et le fait que le biborate sodique contient ses 10 équivalents d'eau, joint à celui de !a présence d'animalcules et de diato- ( 4o8 ) mes, etc., dans le résidu laissé par les acides qui dissolvent le minéral, montre que la température de ces eaux thermales fut au-dessous de -+- 55" centigrades. u Telqu'il nous arrive d'Amériquepour lesbesoinsdelindustrie, le tinkal- zite contient environ 60 pour 100 de borax, aS de borate calcique, a '^ de sel marin et 35 d'eau. C'est un excellent fondant qui remplace très-bien le borax dans les travaux de métallurgie. Pour en extraire l'acide borique on en sa- ture de l'acide chlorhydrique un peu étendu et bouillant; on filtre à chaud, et par le refroidissement l'acide borique se précipite abondamment. » ÉLECTRO-CHIMIE. — Sur la faculté qu'a le platine rendu incandescent pai un courant électrique de produire des combinaisons gazeuses; Note de M. E. Saixt-Edme. « J'appellerai d'abord l'attention sur la sensibilité du papier ioduré amidonné comme réactif des composés oxygénés de l'azote, acide hypo- azotique, acide azotique, des traces infiniment petites existant dans un milieu suffisant pour bleuir très-sensiblement le papier ioduré amidonné. » L'expérience de M. Leroux, qui consiste à obtenir de l'ozone en fai- sant passer un courant d'air sur un fil de platine porté au rouge par l'élec- tricité, m'a conduit à examiner si l'oxygène seul se modifierait dans les mêmes conditions : j'ai reconnu que de l'oxygène pur passant au contact d'une spirale rendue incandescente par un courant électrique n'agissait au- cunement sur le papier ioduré amidonné et par conséquent ne paraissait pas modifié. Si au contrau-e on faisait arriver en même temps au contact de la spirale rouge de l'oxygène et de l'azote, le gaz sortant bleuissait forte- ment le papier ioduré amidonné et rougissait le papier de tournesol; j'en conclus que dans ces conditions il se forme de l'acide azotique. Je continue, au reste, ces recherches en opérant sur différents gaz. » M. Z.4LnvsKi adresse une nouvelle Note ayant pour titre : « La gravita- tion est due à l'électricité ». M. Babinet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire sa- voir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( 4o9 ) Bt'LLETIN RIBLIOGRAPHIQIE. L'Académie a reçu dans la séance du 2$ février 1861 les ouvrages dont voici les titres : Annuario... annuaire de l'Observatoire de Madrid. Madrid, 1861 ; in- 12. Observaciones... Observations et réflexions sur tes mouvements des feuilles et fleurs de quelques plantes, pendant l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860; par M. COLMEiRO ; I feuille in-4°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 1 14^ et 1 i5*livr. 10-4". Notice sur la vie et les travaux de M. Pierre Daussy; par M. DE LA RoQUETTE; br. in-8°. De l'anatoniie descriptive et chirurgicale des aponévroses et des membranes synoviales de la main; par M. G.-E. MASLlEunAT-LAGÉMARD; br. in-8". De l'anatomie descriptive et chirurgicale des aponévroses et des membranes synoviales du pied; par le même; br. in-8°. Opéialion de trachéotomie par un procédé particulier; par le même; br. in 8". (Ces trois opuscules sont présentés, au nom de l'auteur, par M. Velpeau. ) Sitzungsberichte der Kaiserlichen... Comptes rendus des séances de l'Aca- démie des Sciences de Vienne {Classe des Sciences mathématiques et naturelles), n°6 et n"' i3-2i; in-8°. Mittheilungen... Communications sur les taches du soleil; parM. R. Wolff; nouveau fascicule in-8°. Abhandlungen... Mémoires de l'Académie de Munich [Classe des Sciences mathématiques et physiques)', vol. VIII, 3^ partie. Munich, i86o;in-4°. Denkrede... Eloge d'Alexandre de Humboldt, prononcé dans la séance publique du aS mars 1860; par M. Martins. Munich, 1860; in-4°. Annalen der Roniglichen... Annales de [observatoire royal près Munich; par M. Lamont; vol. XII. Munich, 1860; in-8°. Die végétations- verhaltnisse... Végétation de la forêt Bavaroise; par M. Otto Sendtner. Munich, 1860; in-8°. Gelehrte anzeigen... Notices scientifiques publiées par l'Académie des Sciences de Munich; vol. XLIX et L. Munich, iSSg et 1860; in-4°. C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N» 9.) 54 (4'o) L'Académie a reçu dans la séance du 4 mars 1861 les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus des séances de t Académie des Sciences, i\° 8. Annales de Chimie et de Physique; par MM. CuEVRliUL, Dumas, Plil.OUZt;, BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec luie revue des Travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. Wurtz et Verdet. 2* série, mars 1861 ; t. LXI. Paris, 1861; iu-8°. La Bourgogne, Revue œnologique et vilicole; par M. C Ladrey ; 26'' livr., 1 5 février 1861 ; in-8". Annuaire de [Institut des Provinces, des Sociétés savantes et des Congrès scientifiques; 2* série, vol. III; XIIP delà collection. 18G1 ; in-8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Btlgique, année 1 860 ; 2" série, t. III; n"* loet II ;br. in-8". Régénération des races des vers à soie par les éducations automnales à la leni- péralure naturelle, etc.; par M. Emile Nourrigat. Rlontpellier, 1860; in-4''. Bulletin de la Société de Géographie, rédigé sous la direction de la Section de publication; par MM. V.-A. Malte-Brun et V.-A. Barbie du Bocage; 5* série, I. I, n" I. Paris, 1861; br. in-8°. Annales de l'Agriculture française, ou Recueil encjclopé lique d dgiicullure, publié sous la direction de MM. LoNDET et L. Bouchard; 5* série, t. XVII, n°3, 1 5 février 1861 ; br. in-8". Guide du sondeur, ou Traité théorique et pratique des sondages; par MM. De- GOUSÉE etc. Laurent; 2° édition. Paris, 1 vol. ui-8" et atlas iii-8". (Présenté au nom des auteurs par M. Ch. Sainte-Claire Deville.) Archéologie. Hachettes diluviennes du bassin de la Somme. Rapport à M. le préfet de la Seine- Inférieure; par M. l'abbé COCHET. Paris, 1860; br. in 8". Atlas du Cosmos, contenant les caries aslrononiiqucs, physiques, etc., relatives aux OEuvres de A. de HumboldletF. Arago,sous la direction de M. J.-A. BaRRAL; livraison 1", gr. in-folio. De la pellagre sporadique ; par M. le D"^ Landouzy. Paris, 1861, in-8". (Adressé au cor cours pour les prix de Médecine et de Chiringie. ; Sur le platine el son emploi comme monnaie, par M. II. JacoBI. Saint- Pétersbourg, 1 860 ; in-8°. Recherchei sur la Jaune littorale de Belgique ; par M. P.-J. Van BEiNEDEN. Cétacés; in-4". ( 4'i ) Journal of... Journal de ta Société royale Géographique de Londres; vol. XXX. Londres, 1860; in-8°. : The quarterly... Journal trimestriel de la Société Géoloyique; vol. X^ TI, part. 1; février 1861. Londres; in-S". Pharmaceutical. . . Journal de Pharmacie et Transactions de la Société Phar- maceutique;^^ série; vol. 11, n° 8. Londres; in-S". Transactions... Transactions de la Société royale d'Edimbourg ; vol. XXII, partie 2 (année iSSg-iSôo); in-4°. Appendix... Appendice aux observations magnétiques et météorologiques de Makerstoun [Supplément au vol. XXII des Transactions de la Société royale d'Edimbourg); publiées par Balfovk Stkward. Edimbourg, 1860; in-zj". Proceedings. . . Comptes rendus des travaux de la Société royale d'Edimbourg du 5 décembre i85c) au 5 mars 1860; br. in-8°. On the climate of Edinburgh... Sur le climat d'Edimbourg durant 66 am ( i'j95-i86o), principalement d'après les observations de l\J. Adie ; par J.-D. FoRBES. Edimbourg, 1860; in-4''. Repiy to professer... Réplique aux remarques du professeur Tjndall dans son ouvrage sur les glaciers des Alpes relativement à la c Théorie des glaciers de Re/idu » ; par le même. Edimbourg, 18G0; in-b". Description ofasa fœdida... Description des plantes d' assa J'œlida (Narthex asa fœtida) qui ont récemment fleuri et fructifié dans le jardin hulanique d Edim- bourg ; par S. Hiitton Balfour. Edimbourg, 1860; in-4°. Description of the plant... Description de la plante qui donne la fève em- ployée pour les épreuves juridiques dans le Calibar ; par le même. Edimbourg, 1860; in -4°. Journal of the... Journal de la Société géologique de Dublin; vol. VIII, partie 3. Dublin, 18G0; in-8°. On the fossils... Sur les fossiles rapportés en iSSg par le capitaine F.-L. Macclinlock des régions arctiques; Mémoire lu en juillet 1860 à la Société loyale de Dublin; jiar\e R. Sam. Haugthon; br. in-8*'. On C}clostign)a... Sur le Cyclosligma, nouveau genre de plantes fossiles du vieux grès rouge de Killorcnn; par le même; br. in-8°. Oversigt over... Tableau des communications et des travaux des Membres de l'Académie royale des Sciences de Danemark pendant tannée 1859; pai M. FORGHAMMER; in-S". Om sovaudets... Des éléments con^litulifs de l eau de mer et de leur répartition dans l'Océan; par M. FORCHAMMER. Copenhague, 1 HGo; m-]". (4l2) Quœstiones quœ in A. 1 860, proponunlur n Societate Regia Danica Scienlia- lum cuin prœmii fnoniissu. ^ de feuille. Copenhague, 1860; in-8". Mémoire pour servir de correction et de supplément à ta théorie malltémalique lin mouvement des Jluides ; par M. Bamsing. Copenhague, 1861 ; in-8". Atti del reale Istituto... Actes de t Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Beaux-Arts ; \o\. II, fascic. 7, 8. Academia pontificia dei Nuovi Lincei... Communication de M. Folpicelli en présentant à l'Académie, daiïs sa séance du -i décembre 1860, C ouvrage de M. Chasles sur les Porismes dEuclide; i feuille in-/i°- Monografia... Monographie des névralgies brachiales; parle D' Ph. LUSSANA. Milan, 1869; in- 12. Sui caratteri... Sur les caractères que présente la graine saine de vers à soie, et sur les mojens de la distinguer de la graine malade; par le prof. Em. CORNALIA. Milan, 1860 ; br. in-8°. Resultato délie... Résultats des observations microscopiques faites sur les œufs déversa soie, deseptembre 1860 à janvier 1861; parM. Belloti. Milan, fol. j feuille. Osservatorio... Observatoire de [École pul/technique de Lisbonne ; année 1861, n°^ i^ 2, 3; 3 feuilles in-folio. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉIIË DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 11 MARS 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MÉ.^lOmES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORR ES PONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Président de l'Institct rappelle que la prochaine séance trimes- trielle aura lieu le 3 avril, et invite l'Académie des Sciences à procéder au choix du lecteur qui devra la représenter dans les communications faites à cette séance. PHYSIQUE. — Sur les phares et sur l'éclairage éleclricjue des places publiques; par M. Faye. " Quelques remarques qui m'ont été adressées à l'occasion de ma Note sur l'illumination à longue portée, m'ont donné lieu de craindre que cer- tauis passages ne fussent mal interprétés. En disant que dans l'emploi d'une lentille à échelons beaucoup de lumière serait perdue, je n'ai pas voulu faire une critique indirecte des phares actuels. En effet, le problème dont je m'occupais principalement diffère de la question des phares. Dans ceux-ci on se propose surtout de rabattre à l'horizon, dans toutes les duec- tions, les rayons qui divergent d'une source de lumière ; tandis qu'en exami- nant les conditions pratiques tie l'illumination à longue portée, je cherchais à ramener ces mêmes rayons dans une direction unique. Or si les phares ac- tuels, avec leur double couronne de tores prismatiques, et même avec les C. p.., i86i, i" Semestre. (T. Lll, N» 10.) ^'^ (4i4) petits miroib sphériques qu'on y a joints depuis longtemps, en les opposant aux lentilles principales, satisfont complètement à la condition qui leur est pro- pre, tout en ne perdant qu'une faible proportion de lumière, ils ne répon- dent nullement à mon problème particulier. Celui-ci exige un faisceau d'une amplitude restreinte, dont on puisse faire varier au besoin la faible diver- gence par une manœuvre simple, de manière à couvrir de lumière non pas des millions ou des milliers, mais des dizaines de mètres carrés. L'illumi- nation à longue portée ne saurait donc réussir avec les phares ou les len- tilles actuels; il lui faut des appareils semblables à ceux dont j'ai parlé avec des distances focales suffisantes; il lui faut encore la lumière électrique, dont la superficie est plusieurs centaines de fois moins large que celle des lampes de phares, et alors seulement le succès sera certain. » Quant au feu électrique lui-même, l'administration des phares s'est préoccupée depuis longtemps de son emploi à la mer. Les belles expé- riences dont j'ai été témoin ces jours-ci à son établissement du quai de Billy m'auraient convaincu, si j'avais pu eu douter, de l'immense supériorité de cette lumière et des progrès qui seront dus à son emploi. Il reste peut- être à vaincre des difficultés de pratique, de routine ou de finances dont une administration doit se préoccuper; mais on le conçoit, le public qui a pu récemment contempler comme moi les effets splendides de l'électricité, ne s'arrêtera pas un seul instant à ces difficultés. Quand on voit un de ces feux, placés au foyer d'une grande lentille, projeter un faisceau de lumière illuminant les moindres corpuscules de l'air, frappant l'œil, à toute dis- tance, d'un éblouissement subit, et rendant pour ainsi dire translucides les doigts de la main interposée, comme si le constructeur avait dérobé au soleil un fragment de sa photosphère, on se dit que ce qui est grand, beau et réalisable doit être réalisé avec toutes ses conséquences, et le sera tôt ou tard. » Le but de celte Note n'est pas de rendre un hommage bien superflu à une administration qui accueille tous les progrés et dont les services sont si hautement reconnus par le pays, mais d'éviter foute méprise sur la ques- tion dont j'ai cru devoir entretenir quelques instants l'Académie. » .J'ajouterai encore quelques mots sur les belles expériences des Tuile- ries, où l'on voit des aimants engendrer, à l'aide d'une machine à vapeur, une si splendide lumière électrique. Cette lumière avait un grave défaut : elle éblouissait les passants. Pour y remédier, les auteurs l'ont hissée à une assez grauile élévation, d'où ses rayons tombent sur le sol comme ceux du soleil. Mais l'inconvénient s'est reporté sur le premier étage du palais vol- (4.5 ) sin. Impossible de se tourner vers les fenêtres donnant sur la place sans recevoir dans les yeux ces éblouissantes clartés. Alors on s'est résigné à en- tourer le feu électrique d'une coupe de verre dépoli, en sacrifiant les cinq sixièmes de la lumière produite (un feu ayant la puissance de i8o becs de carcel se trouve ainsi réduit à 3o). A mon avis, on lèverait la difficulté par un artifice fort simple, basé encore sin- l'emploi des miroirs sphériques. Il suffirait de couvrir le foyer lumineux d'un large hémisphère de verre poli en dedans, légèrement dépoli en dehors, dont la calotte supérieure serait argentée intérieurement (i). Par cette zone supérieure, l'hémisphère bien centré sur le foyer électrique ferait fonction de miroir et renverrait au sol la lumière qui est actuellement rayonnes en pure perte vers le ciel. La zone inférieure, où cesserait l'argenture, correspondrait angulairement aux bâti- ments voisins et leur tamiserait une lumière adoucie. Aucun rayon direct n'offenserait la vue, et pourtant l'éclairage de la place doublerait d'intensité au lieu de perdre les cinq sixièmes de sa puissance. Les nuages ne rece- vraient plus de lumière perdue; les fenêtres voisines seraient éclairées par une longue zone lumineuse d'un doux éclat, et pour que les passants fus- sent éblouis, il faudrait qu'ils levassent les yeux vers le phare électrique, in- convénient dont le soleil lui-même n'est pas exempt. ». CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier; par M. E. Fremv. (Troisième communication.) « Les phénomènes qui déterminent l'aciération ont de tout temps préoc- cupé les chimistes et les industriels, mais aujourd'hui cette étude a une importance exceptionnelle. » En effet la construction des machines et la confection des armes à feu viennent étendre les applications de l'acier et exigent que ce produit, tout en conservant ses propriétés précieuses, soit obtenu dans des conditions économiques. » Pour résoudre ce problème qui intéresse à un si haut degré l'industrie métallurgique , et })our faire sortir la fabrication de l'acier de la routine et des incertitudes qui l'arrêtent encore, j'ai pensé que la chimie avait en ce (i) Un trou pratiqué au sommet de riicmisphère laisserait passer l'air chaud. Si l'argen- ture intérieure ne résistait pas à la chaleur, on argenterait extérieurement, ou même on em- ploierait un hémisphère mi-parti en métal et en verre; enfin on pourrait placer les charbons horizontalement. 55.. (4'6) inoment un devoir à remplir, et qu'elle devait soumettre à de nouvelles études toutes les questions théoriques qui se rapj)ortent à l'aciération. » Les théories proposées jusqu'à présent pour expliquer le phénomène de l'aciération sont évidemment insuffisantes pour guider lo métallurgiste qui veut produire de l'acier soit en cémentant le fer par lo charbon, soit en décarburant la fonte par un puddlage spécial, » Ainsi l'influence du manganèse et celle du tinigsténe dans l'aciération ne sont pas facilement expliquées; l'utilité, dans la cémentation , des sub- stances organiques azotées et de certaines matières salines est niée par des métallurgistes expérimentés : les uns pensent que l'acier cémenté de pre- mière qualité résulte de l'action du carbone sur le fer pur; d'autres admettent que la cémentation ne peut se former que sous l'influence de l'azote de l'air. Dans tous les cas, la théorie ne nous dit pas pourquoi cer- tains fers donneront toujours des aciers de première marque, tandis que d'autres, qui paraissent aussi pins que les précédents , ne produiront jamais que des aciers peu estimés. Tout le monde sait que l'acier obtenu par le iniddlage présente aussi dans sa fabrication des difficultés qui souvent ont découragé les industriels les plus habiles. » Cette incertitude dans les méthodes d'aciération se retrouve dans les théories qui ont été proposées pour expliquer la production de l'acier. » Quelques chimistes admettent que le cai'bone solide peut agir direc- tement sur le fer, pénétrer le métal, circuler dans sa masse et le changer en acier. » D'autres , parmi lesquels je citerai particulièrement M. Leplay et Laurent, pensent que la cémentation est toujours due à l'action d'un com- posé carburé gazeux sur le fer : Laurent va même jusqu'à dire que', dans les caisses de cémentation, le carbone se volatilise et que c'est cette vapeur qui produit l'aciération. » L'action que les cyanures exercent sur l<' fer est venue donner une ex- tension nouvelle à la théorie de la cémentation : la pratique a utilisé une expérience qui se faisait depuis longtemps dans les cours de chimie, et qui consistait à aciérer le fer en le chauffant avec un cyanure ou un ferrocyamue alcalin ; récemment encore M. Caron,dans une intéressante connnunicalion, annonçait à l'Académie que le cyanhydrate d'ammoniaque, qui peut se former dans les caisses à cémentation , agit sur le fer comme les cyanures alcalins et l'acière rapidement. » Tous les Mémoires publiés siu- l'aciération ont sans aucun doute enrichi la science défaits nouveaux et inq)orlanls pour l'industrie; ils ont précisé ( 4.7 ) surtout les circonstances qui paraissent déterminer l'aciération avec le plus de facilité, mais ils n'ont pas jeté de nouvelles lumières sur les questions théoriques qui se rapportent à la constitution chimique de l'acier ; on admet encore que l'acier est un carbure de fer qui , par sa composition , vient se placer entre le fer du commerce et la fonte. » Les idées que j'apporte sur la composition de l'acier sont entièrement différentes de celles qui ont été professées jusqu'à présent: je crois pouvoir démontrer que l'acier n'est pas un carbure de fer, et qu'il existe une série d'aciers résultant delà combinaison du feV avec des métalloïdes, des métaux et même des corps cyanures. » Je ne connais pas une seule expérience rigoureuse démontrant que l'acier est une combinaison de carbone pur et de fer : de faibles proportions de corps étrangers, que l'analyse ne constate pas toujours, peuvent modifier les propriétés du fer. Lorsqu'on s'est proposé d'étudier l'action du carbone pur sur le fer, on a mis nécessairement en présence d'autres corps que ceux dont on voulait déterminer l'aclion nuiluelle : sans parler des impu- retés que le creuset devait donner, on a méconnu soit l'influence des gaz du foyer qui pénètrent dans les appareils, soit l'action des éléments de l'air que le charbon n'absorbe pas, ou bien la présence des substances diverses contenues dans le charbon même. M Dans une expérience faite avec la poussière de diamant, et que je répé- terai prochainement, ces influences de corps étrangers ont été également méconnues. » Je rappellerai à celte occasion le fait que j'ai déjà soumis à l'Académie, c'est que l'acier, en se dissolvant dans les acides, laisse un résidu qui ne ressemble en rien à du carbone pur et qui, par ses propriétés et sa compo- sition, se rapproche beaucoup de certains produits cyanures: ainsi les expé- riences synthétiques et analytiques sont loin de prouver que l'acier ne contient que du carbone et du fer. » Four déterminer la constitution véritable de l'acier et rechercher s'il n existe pas une série de corps pouvant différer entre eux par leur compo- sition, comme l'acier au tungstène diffère de l'acier au charbon, mais se rapprochant les uns des autres par certaines propriétés communes, je me suis proposé de soumettre le fer à l'action de tous les corps pouvant inter- venir dans le phénomène de l'aciération. » J'ai pensé que l'azote devait être examiné sous ce rapport en pre- mier lieu : tel était le but de la dernière communication que j'ai faite à l'Académie. I) On sait que dans ce travail je me suis appliqué à dégager l'azoture de ( 4i8 ) fer de l'excès de métal qu'il pouvait retenir et à produire autant que possible un composé défini. » Mais l'azotation du fer présente, comme sa carburation, des degrés différents : avant de former, sous l'influence de l'azote, des écailles qui se soulèvent et qui, d'nprès mes analyses, contiennent 9,5 pour 100 d'azote, le métal éprouve d'abord dans ses propriétés générales des modifications profondes; tout en conservant ime certaine malléabilité, il prend du grain et devient blanc : dans cet état le fer est encore métallique et se trouve cependant profondément azoté. C'est ce fer ozoté que je mets sous les yeux rie l'Académie, et qui a été soumis k des influences d'aciération que je Aais décrire. 1) Voulant étudier l'action successive ou simultanée de l'azote et du car- bone sur le fer, j'ai dû chercher d'abord une méthode de carburation simple, facile à graduer, qui présentât toutes les certitudes qu'offrait le procédé d'azotation du fer par l'ammoniaque. » L'action du gaz d'éclairage sur le fer a réalisé tous ces avantages. )> En effet, j'ai reconnu que lorsqu'on fait passer, pendant deux heures, à une température rouge, du gaz d'éclairage desséché sur du fer, on obtient une carburation très-régulière et on convertit le métal en luie fonte grise, graphiteuse, très-malléable et comparable en tous points aux plus belles fontes produites par le charbon de bois : je présente à l'Académie la fonte qui se forme dans cette circonstance. j> J'avais donc dans l'emploi de l'ammoniaque et du gaz d'éclairage deux procédés d'une régularisation facile, et qui me permettraient d'étu- dier, isolément ou d'une manière simultanée, l'action de l'azote et du carbone sur le fer. » Il est résidté de mes essais que lorsqu'on soinnet le fer à l'action du gaz de l'éclairage, on n'obtient que delà fonte; mais lorsqu'on faitréagir le corps carburant sur un fer qui a été j)réalablement azoté, on voit alors apparaître dans le composé métallique les caractères de l'acier. Il se pré- sente ici un fait bien remarquable, c'est que les propriétés de l'acier dépen- dent en quelque sorte de la quantité d'azote qui a été donnée primitive- ment au fer. Si l'azotation n'a pas été poussée pendant un temps suffisant, le gaz de l'éclairage, en agissant sur le fer, produit un corps qui est inter- médiaire en quelque sorte entre la fonte et l'acier; si, au contraire, le métal a éprouvé une azotation suffisante, le gaz de l'éclairage donne nais- sance à un acier d'un grain magnifique : les aciers que je présente à l'Aca- démie ont été produits dans ces conditions. B C'est ainsi qu'il m'a été possible de réaliser les prévisions de notre (4i9) confrère M. Despretz et de démontrer toute l'influence que l'azolure de fer peut exercer sur le phénomène de l'acicration. « Lorsqu'au lieu de faire réagir successivement sur le métal l'azote et le carbone, je fais arriver sur le fer, chauffé au rouge, un mélange d'ammo- niaque et de gaz d'éclairage, j'opère alors immédiatement une nciération qui varie avec les proportions relatives des deux gaz. » Dans les expériences que je viens de décrire, je crois donc être arrivé, pour la première fois, à produire de l'acier au moyen de l'action successive de deux gaz sur le fer; l'un le gaz ammoniac qui fournit l'azote, l'autre le gaz d'éclairage qui apporte du carbone : ce qui me paraît donner encore plus d'intérêt à l'acier obtenu dans les conditions que je viens de faire con- naître, c'est qu'ici la cémentation n'est plus opérée avec du charbon de bois mais avec un gaz qui dérive de la houille. Je demanderai aux métallur- gistes si ces essais qui, au point de vue théorique, me paraissent éclairer le phénomène de la cémentation ne sont pas destinés aussi à être utilisés dans la pratique. Ne serait-il pas curieux devoir un jour, dans la cémentation du fer, le charbon de bois être remplacé par les produits de la distillation delà houille? » Tous ces faits établissent déjà d'une manière positive le rôle important que jouel'azotedansle phénomène de l'aciération; il merestaitàrecherchersi l'azote, qui est lui agentévident de cémentation, reste dans le composé mé- tallique ou s'il n'est destiné, comme on l'a dit, qu'à présenter au fer le car- bone dans un état favorable à la combinaison chimique. w Pour résoudre cette question intéressante, j'ai soumis l'acier, obtenu au moyen de l'ammoniaque et du gaz d'éclairage, à l'influence de l'agent qui peut dénoter la présence de l'azote dans l'aciei' avec le plus de certi- tude : j'ai eu recours à l'hydrogène pur et sec. « Kn chauffant dans l'hydrogène l'acier que j'avais préparé dans mou laboratoire, j'ai reconnu immédiatement la présence de l'azote dans ce composé métallique, car, pendant toute la durée de l'expérience, il a dé- gagé des quantités considérables d'ammoniaque. » Après avoir ainsi retrouvé l'azote dans l'acier que j'avais obtenu par l'action de l'ammoniaque et du gaz d'éclairage sur le fer, il était intéressant de soumettre aux mêmes épreuves les aciers du commerce et de rechercher si ces composés métalliques sont également azotés. » Dans ce but j'ai opéré sur des aciers de provenances très-différentes et fort estimées dans le commerce; mes expériences ont été faites successive- ment sur l'acier français de Jackson, sur l'acier anglais deHiinlsmann et sur l'acier allerrand de Krupp. ( 420 ) » Ces corps on! été réduits en limaille trés-fino; la poudre métallique débarrassée do toute matière étrangère a été soumise au rouge à l'action de l'hydrogène sec. » Dans ces trois essais, la limaille a dégagé aussi pendant toute la durée de lexpérience des quantités très-notables d'ammoniaque. » Cette expérience ne peut laisser aucun doute dans l'esprit et démontre que l'azote, contrairement aux idées admises jusqu'à présent, fait partie constituante de 1 acier. » L'acier n'est donc pas un carbure simple, mais un fer azolo-carburé . » Si je ne me fais pas d'illusion sur la portée de mes recherches, il me semble quelles doivent exercer une certaine influence sur les opérations métallurgiques qui se rapportent à l'aciération. Ainsi, dans la cémentation du fer, on devra désormais réaliser toutes les conditions qui peuvent donner au métal non-seulement le carbone, mais encore l'azote : il est probable que les différentes marques de l'acier dépendent de la durée de la cémentation, et aussi des proportions relatives des deux élétnents qui peuvent se com- biner au fer. » Dans la préparation de l'acier par le puddlage, il sera également im- portant de déterminer quelles sont les variétés de fonte qui peuvent ap- porter la proportion d'azote utile à la constitution de l'acier, ou celles qui, étant azotées d'une manière insuffisante, doivent recevoir de l'azote au mo- ment de l'aciération. » Je viens de parler d'im acier qui est à base de carbone et d'azote; mais ce composé n'est pas le seul alliage de fer dont l'industrie ait intérêt à connaîlre la composition et les propriétés : il est probable que les corps qui ont quelque analogie soit avec le carbone, soit avec l'azote, peuvent aussi produire des aciers; ne sait-on pas déjà que le fer à grains qui est plus dur que le fer ordinaire et qui se rapproche en quelque sorte de l'acier, s'obtient principalement dans la réduction des minerais phosphoreux^ » Si la combniaison du fer avec le carbone et l'azote doit être consi- dérée comme le type de l'acier, il sera bien curieux de déterminer les modi- fications que ce corps éprouve lorsqu'on remplace le carbone ou l'azote par d'autres corps simples : c'est ce point intéressant que je traiterai dans une prochaine communication, en démontrant que les aciers sont nombreux et qu'ils forment toute une famille de composés qui doivent être examinés successivement. M Les faits nouveaux que je viens de faire connaître a l'Académie me paraissent donc conrluire aux conséquences suivantes : » 1° Pour étudier l'action successive ou simultanée de l'azote et du car- {^1^ ) bonesurlefer, on peut employer avec avantage l'ammoniaque qui fourni l'azote, et le gaz de l'éclairage qui donne le carbone : les réactions chi- miques produites ainsi par des gaz donnent des composés purs; elles peu- vent être facilement suivies et régularisées. » 2° Lorsque le fer n'a pas été soumis pendant un temps trop long à l'action du gaz ammoniaque, il ne produit pas d'écaillés d'azoture de fer. il est simplement azoté, devient alors d'un blanc de zinc, conserve en partie sa malléabilité et ressemble à un véritable alliage. » 3° Le fer chauffé dans un courant de gaz d'éclairage se carbure immé- diatement et se transforme en fonte grise, graphiteuse, très-douce, qui m'a paru d'une grande fusibilité et qui doit se prêter parfaitement aux opéra- tions les plus 6nes du moulage : dans cette réaction du gaz de l'éclairage sur le fer, l'acier ne prend jamais naissance. » 4° Le phénomène de l'aciération se manisfeste lorsqu'on fait réagir sur le fer le carbone et l'azote. » 5° Le fer pur qui, sous l'influence du gaz de l'éclairage, se transforme en fonte très-fusible, perd sa fusibilité et se change en acier par l'action du gaz de l'éclairage, s'il a été préalablement azoté. Des fragments du même métal ont été azotés pendant des temps très-différents et soumis ensuite à 1 action du gaz de l'éclairage : ceux qui retenaient une faible proportion d'azote ne s'aciéraient que très-incomplétement; ceux, au contraire, qui ont été forte- ment azotés ont produit un acier magnifique : c'est donc eu quelque sorte la proportion d'azote qu'un fer contient qui, au moment de la carburation, déterminera le degré de l'aciération. » 6° Il ne me paraît plus possible d'admettre que la cémentation soit pro- duiteexclusivementparun corps carburé volatil, puisque le gaz de l'éclairage, agissant au rouge sur le fer, ne forme que de la fonte, tandis que la présence préalable de l'azote dans le métal donne immédiatement naissance à l'acier. » 7° Lorsque le fer se transforme en acier, le carbone n'élimine pas l'azote, car j'ai reconnu que tous les aciers du commerce sont azotés et dé- gagent en abondance de l'ammoniaque lorsqu'on les soumet à l'action de l'hydrogène sec. » 8" Tous ces faits conduisent donc à la conséquence suivante qui ré- sume mon travail : c'est que l'acier n'est pas, comme on l'a cru jusqu'à pré- sent, un carbure de fer, mais bien un fer azoto-carburé. » Pour exprimer la composition de l'acier j'ai adopté la dénomination àe fer azoto-carburé, parce qu'elle exprime bien mon opinion sur la constitu- tion de ce corps dans lequel des proportions très-faibles de métalloïde modifient d'une manière si profonde les propriétés du fer. » C. R., iSCi, i" Semeitvc. (T. LU, >'» 10.) 56 ( 4^2 ) « M. Di-.MAS félicite son savant confrère M. Freiny, el l'Académie elle- uième, du résultat lionrcux et considérable auquel conduit le travail dont elle vient d'entendre la lecture. La théorie de la production de l'acier pro- prement dit paraît désormais fixée et l'on peut espérer qu'elle produira de grandes conséquences pratiques. » Qui ne prévoit, par exemple, et il appartient à M. Fremy d'en pour- suivre la démonstration, tout le parti qu'on peut tirer de ces nouveaux procédés d'aciération méthodiques, réguliers et constants, lorsqu'on a besoin de tlurcir seulement la surface ouïe tranchant de certains instru- ments ou outils en for? Après les avoir forgés, limés et façonnés à l'état de 1er, on les aciérera plus ou moins profondément dans un courant de gaz ammoniac et de gaz carbures. On pourra régler la profondeur de la couche d'acier par la durée de cette céfmen mars à i4''[i'" son^ =^W— i'»4»= l2''3"II^SaDA = DW + G'= a^'i'ao". Il m'a autorisé à lui donner le nom (Y Âncjélina en mémoire de la station astronomique du baron de Zach à Notre-Dame des Anges, ermitage et cou- vent des Pères de l'Oratoire auprès de Marseille. » Les mauvais temps continuels de la fin d'octobre, et les clairs de lune ne permirent plus de faire d'antres observations de la dernière comète, que les deux premières des 23 et 24 octobre; en y joignant celle de Paris du aS courant, je pus en calculer l'orbite, mais le faible intervalle de deux jours, et le peu de rigueur des observations extrêmes, ne pouvaient per- mettre une exactitude suffisante. Aussi M. Tuttle de Cambridge aux États- Unis, m'ayant écrit qu'il avait aperçu le i4 novembre une très-petite comète près de la Polaire, où d'après mes éléments la comète devait aussi passer, mais quelques jours plus tard, je ne doutai pas cependant que ce ne fût la même, et d'après cette circonstance je calculai les nouveaux éléments suivants, différant assez des premiers, mais devant leur être préférés. » Pass. au périh. 28, 299 septembre 1860 T. M. de Marseille. Long. pér. I I i^Sg'. Q io4''i4'I»d. 28" i4'Dist.périh. 0,9537. Mouvement rétrograde. « ^ 426 ) 0 Marseille, 10 mars iSGi. m Je m'empresse d'annoncer à TAcadémie par voire jorgane que M. Tein- fjel, élevé de l'Observatoire, vient de découvrir la nuit dernière encore une nouvelle planète, le 9 marbà i i''24'"/R = i2''6™ 19', 5; o*B 1° l'ZjS"- <> RAPPORTS. VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Rapport sur un Mémoire de M. Coi'rp.on, chirui- "ien de la marine de première classe, inlilulé : Eésultats relatifs à l'histoire naturelle, obtenus pendant le cours d'une exploration de la nier Rouge, exécutée en iSSg-iSôo, par ordre de l'Empereur, par M. le capitaine de frégate de Fussel. (Commissaires, MM. Brongniart, Milne Edwards, Valenciennes, Decaisne, Cb. Sainte-Claire Deville.) GliOLOGiE. (Rapporteur M. Ch. Sainte Claire Deville.) « Les matériaux recueillis par M. Courbon se rapportent à la géologie, à la botanique et à la zoologie. » Dans le cours de son voyage, M. Courbon a eu l'occasion d'étudier au ])oint de vue géologique un assez grand noinbre de localités situées sur les deux rives de la mer Rouge. Il a, en outre, traversé le désert égyptien, entre Cosseir et les ruines de Thèbes, et a poussé une excursion jusqu'aux envi- rons de la ville d'Halay, en Abyssinie. » Sans insister sur cette dernière expédition, dans laquelle M. Courbon a signalé un terrain ancien, composé de granités, de syénile et de lepty- iiite, de schistes micacés, chloritiques, talqiieux et amphiboliques, traversés par de noinbreux filons de quartz et recouverts par les couches horizontales il'iiu grés dépourvu de restes fossiles, terrain dont il a donné pltisieurs coupes et une carte géologique fort intéressante, nous nous bornerons a mentionner les principaux résult;its de ses recherches sur le littoral de la mer Rouge et du golfe d'Aden. » Ces points sont Djeddah, sur le versant oriental; l'Ile de Dissée et la bau" d'Adulis, Edd et Haycok, l'île de Doomairah, sur le littoral occidental ou abyssin; l'île de Périm, placée diius le détroit de Bab-el-Mandeb, et, en dehors du détroit, Aden, située sur la côte arabe du golfe qui porte son nom, enfin, sur la côte africaine, Tatjoura, Ghersalo, Goubbat-el-Rharab, les îles Meleuli, Saiel et Berbera. » [..es Notes rédigées par M. Courbon sont éclaircies par un grand nombre de toui)es et accompagnées de cinq cartes géologiques, faites d'après des plans levés à vue, soit par M. de Russel, commandant de l'expédition, soit par l'auteur lui-même. y Baie d'Adulis et île de Dissée. — L'île de Dissée, qui s'étend à peu près ( 427 ) (lu nord au sud, à l'entrée de la baie d'Adulis, est formée par un grand nombre de monticules ou mamelons coniques, figurant par leur ensemble des circonvolutions sinueuses et compliquées dont la carte géologique, dressée par M. Courbon, donne une idée assez exacte. Ces monticules se composent de couches presque verticales et dirigées N. 7° E., de gneiss, de micaschistes, de leptynites et d'amphibolites qui alternent ensemble. Ces dernières roches sont quelquefois im|Hégnées de grenats, qui tantôt s'y in- filtrent et se fondent avec la masse, tantôt y forment de petits amas cristal- lins jaunâtres ou s'y disséminent en cristaux isolés de la grosseur d'un pois. » Tout cet ensemble de couches sédimentaires, évidemment modifiées par des actions métamorphiques, est traversé par des filons de quartz blanc et quelquefois de granité à grandes parties. » Le point culminant de l'île, le pic de Dissée, mesuré par M. Courbon, au moyen d'observations correspondantes faites avec deux bons baromètres à niveau constant, a présenté une altitude de i 16 à 117 mètres. » Entre ces divers mamelons isolés circulent de petites plaines, composées d'un sol argilo-sableux salifère; enfin, les côtes de l'île offrent sur un point des bancs de madrépores, d'espèces semblables à celles qui vivent dans les mers voisines. » Cette composition rattache, comme on voit, l'île de Dissée aux forma- tions anciennes du continent voisin de l'Abyssinie. On en peut dire autant de la gorge sauvage de Gorgoro, où se trouvent des micaschistes, des quart- zites et des roches amphiboliques, traversées par des filons de trapp. 1) Il en est tout autrement du fond occidental de la baie où est situé le village de Zuln, bâti près des ruines de l'ancienne ville romaine d'Adulis. En 1857, M. Heuglin a donné de cette baie un plan détaillé qui accompa- gne les belles cartes de la mer Rouge et du golfe d'Aden publiées avec la relation de son voyage [Petermanns Geogr. Mitlheiluncjen, 1860, 9^ et 10® cahiers). » A I kilomètre environ de la côte, formée ici d'alluvions argilo-sablon- neuses, apparaissent les premières élévations qui consistent en une série de monticules irréguliers, coniques ou mamelonnés, et formés d'un trachyte celluleux ou compacte et de couleur noire ou roug^âtre. Ces monticules isolés s'élèvent, parallèlement à la côte, du milieu de la plaine, qui se pro- longe bien au delà dans l'intérieur et qui est sillonnée par plusieurs lits de torrents desséchés. » A quelque distance au sud du torrent d'Adulis, la côte offre un enfon- cement assez prononcé : c'est le Goubbat-Aslfé ou golfe d'Astfé. Là, à 5oo mètres environ du rivage, et des fissures d'une roche trachyfique, sort en bouillonnant une source thermale, présentant une température de 44°> ( 4^H ) une forte salure et qui, d'après la nature des sels cristallisés recueillis par M. Courbon à 3 ou 4 mètres seulement de son orifice, doit contenir presque exclusivement du chlorure de sodium (i). Cette source, qui est utilisée en bains et jouit dans le pays d'une grande réputation, forme, dès son origine, une sorte de bassin ou de piscine naturelle de la à )5 mètres de longtieur siu' une largeur de 6 à '^ mètres et une profondeur de 5o centimètres. Elle s'écoule jusqu'à la mer par un petit cours d'eau très-sinueux. » La roche de Zula mérite, à la rigueur, le nom de trachyte que lui donnent M. Courbon et aussi M. Heuglin, en ce que sa pâte possède, impar- faitement à la vérité, les caractères d'une roche trachytique, mais, en réa- lité, la roche rentre dans le type de la dolérite : car ses feldspaths présen- tent nettement le double miroitement du labrador et sa pâte est évidemment chargée de pyroxène. Un échantillon examiné de la dolérite trachytique celluleusedeZula agissait à peine sur l'aiguille aimantée; elle donne à l'acide, par places, une légère effervescence, mais les très-petits cristaux qui tapis- sent en partie ses cavités, sont sans doute de nature zéolitique. Un autre échantillon de Zula, d'apparence phonolitique, agit notablement sur l'ai- guille aimantée : cette roche est comme feuilletée, et, dans ses interstices, se trouvent de petits dépôts de carbonate de chaux. » La roche d'Astfé est évidemment une roche très-analogue à celle de Zula : seulement ses feldspaths, très-petits, sont légèrement altérés, et ses cavités sont, en partie, remplies de concrétions calcaires. » Sur la côte opposée de cette curieuse baie d'Adulis, on retrouve, comme à Massawa, des bancs de madrépores : mais ici, ils sont taillés à pic et forment une véritable muraille de 20 à 4o mètres de hauteur. Ils reposent sur une amygdaloide, avec fer oxydulé, présentant des cavités, tapissées de cristaux de quartz hyalin. Cette dernière roche, qui s'élève ( I ) L'analyse de ces sels, qui constituent une accumulation de cubes nettement cristal- lisés et évidés en trémies, a donné : Carbonate de fer traces Sulfate de chaux o,i5 Chlorure de calcium o , 22 Chlorure de magnésium 0,02 Chlorure de sodium 99 1^' 100,00 Il n'y a pas sensiblement de potasse. Le sel est un peu déliquescent. Un peu au N.-O. de Massavra et d'Astfé et plus dans l'intérieur, Ruppel a signalé, dans la vallée d'Ailet, des sources thermales sulfurées, qui sortent en abondance de roches feldspa- thiques et de schistes micacés, dégagent une grande quantité de gaz et possèdent une temjir- rature de 54° R = 67°,5 C. (429) qiieiquefois jusqu'à 12 mètres au-dessus du niveau de la mer, paraît con- stituer la base de toute la portion orientale de la cote qui nous occupe. Là où elle n'est pas à découvert, il suffit, pour la retrouver, d'enlever une couche sablonneuse d'épaisseur variable (i). » Quant à la roche madréporique, les zoophytes et les coquilles, dont elle est construite, appartiennent, en général, à des espèces actuellement vivantes dans la mer Rouge. Ces différents débris d'animaux, mêlés par places à des caillons roulés, sont solidement agglutinés entre eux par un ciment de calcaire argilo-ferrugineux, de sorte que la roche forme comme une sorte de brèche grossière. » M. Courbon considère cette formation madréporique comme anté- rieure à l'apparition des roches volcaniques, qui l'auraient soulevée. Ce qu'on peut affirmer, c'est que la brèche calcaire que nous venons de dé- crire, et qui contient de nombreux fragments anguleux des roches schis- teuses anciennes, ne nous a pas présenté un seul galet que nous ayons pu rapporter à ces roches éruptives récentes. >' Quoi qu'il en soit, tous ces faits sont bien exposés dans le Mémoire de M. Courbon : les détails en sont heureusement représentés dans de nom- breuses coupes, et cette description de la remarquable baie d'Adulis fait honneur à la perspicacité et à l'esprit d'observation de l'auteiu'. » Edd et HcDcok. — Les formations volcaniques de la baie d'Adulis se retrouvent, plus au sud; à Edd, une immense nappe basaltique, d'une ré- gularité parfaite, taillée à pic sur une hauteur de 3 mètres, ressemble à une longue muraille élevée par la main de l'homme. 'I Cette muraille cesse brusquement à Haycok et est remplacée par une assise de scories, au milieu de laquelle se présentent, de distance en dis- tance, de petits strates calcaires de 3 ou 4 centimètres de puissance. » Plus au sud, un monticule allongé de Irachvte de 60 à 100 mètres de hauteur, mais surfout trois éminences coniques, de formes très-régulières, donnaient à M. Courbon l'espoir d'v découvrir la bouche d'un volcan éteint, en rapport avec les formations dunt nous venons de parler; mais (1} Kous avons conservé la descriplion de la roclie du cap Quoin, donnée, dans son IMc- moire, par M. Courbon; mais il est clair qu'il doit y avoir au moins deux variétés dans cette localité : car celle qui figure sous ce litre, dans la collection intéressante iap])ortée par ce voyageur, et qui présente, dans une pâte d'un brun violacé, de petits feldspaths indéter- minables, est tellement imprégnée de parties calcaires, d'un blanc légèrement jaunâtre, qu'un fragment jeté dans l'eau acidifiée produit une effervescence presque comparable à celle que donnerait un fragment de carbonate de chaux. C. R., 1861, i'" Semcslie. (T. LU, N» IQ.) ^'J ( 43o ) leur exploration n'a pas justifié cette pensée, et leurs flancs n'ont offert que (le faibles déinuLitions ducs à l'action des pluies, assez rares d'ailleurs dans ces contrées (i). » L'auteur du Mémoire a distingué avec raison les roches qui constituent la muraille escarpée entre Edd et Haycok de celles des monticules d'Hay- cok. Les premières ont une pâte plus compacte, moins cristalline et moins àpre'au touclier que les dernières, auxquelles on peut, à la rigueur, appli- quer, connue lefaitM. Courbon, le nom de trachytes. Les unes sontcellu- leuses, n'agissent point sur l'aiguille aimantée et ne donnent à l'acide aucune trace d'effervescence; les autres, dénuées de vacuoles, sont forte- ment magnétiques et légèrement effervescentes. » Néanmoins, ces roches appartiennent toutes deux au type doléritique, bien qu'il soit impossible de déterminer leur feldspath. Mais les proportions de silice et de chaux fournies par l'essai chimique ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. » Péiim. — La description donnée par M. Courbon de l'île de Périm diffère notablement de l'idée qu'on pouvait s'en faire d'après les Notes re- cueillies par M. Rochet d'Héricourt. Notre voyageur n'a vu nulle part, en effet, de colonnades basaltiques verticales, comparables à celles du Puy-en- Vélay (2). Ce sont plutôt des amas de blocs, dont quelques-uns rappellent par leur nature lesdolériles de Zula , dont d'autres ont un faciès plus franche- ment trachylique. Ces blocs, dont les dimensions atteignent parfois 1 mètre cube, sont confusément entassés au-dessus d'une assise de gravier volca- nique et de pouzzolane, de i mètre d'épaisseur, qui repose elle-même sur une argile, empâtant des fragments, de grosseur très-diverse, de trachyte et de basalte. Cette couverture de blocs tracliytiques s'étend même sur les points culminants de l'île, qui atteignent une élévation de 76 mètres. A leur pied s'étend une plaine, composée d'une argile coquillière, de grès calcaire ou de bancs madréporiques, fissurés et traversés dans tous les sens par des fragments de trachytes ou de laves, de manière à constituer une véritable brèche. a En résumé, dit l'auteur, Périm est le résultai d'un phénomène volca- (1) La carte de M. Heuglin porte, en ce lieu, «es mots : Vulcan Hakak ou Haikiik. Il en est aussi question dans le te.xte (j). 354), comme aussi d'un cône d'érnpiion qui existerait dans l'île voisine de Kut-Aleh. Mais l'auteur semble n'avoir fait que passer à la voile le long de ces cotes et n'avoir pas parcouru la contrée. M. Heuglin considère la masse basaltique de Kdd comme un puissant courant de lave qui serait venu s'épancher dans la mer. (2) Nous devons ajouter, néanmoins, que d'autres descriptions de l'île de Périm indiquent, en un point, des falaises plongeant verticalement dans la mer. ( 43r ) > nique qui s'est passé au fond des eaux. Les laves et autres matières em- » brasées ont d'abord soulevé le banc madréporique qui formait le fond de Il la mer, eii laissant dans son épaisseur quelques-uns de leurs débris, et se " sont ensuite frayé passage pour apparaître au-dessus des flots. Ce vol- " can, dont le vaste cratère correspondait à la grande baie de Périm, a été » quelque temps en activité et a couvert l'île tie boues, de cendres embra- X sées, de scories, de pouzzolanes, et en dernier lieu de ces blocs trachy- " tiques qui recouvrent sa surface, puis il s'est éteint. C'est alors que se sont » formés les grès calcaires. Enfin, un soulèvement lent les a fait sortir à ■• leur tour du sein des eaux, et l'île a présenté dés lors l'aspect qu'elle M offre aujourd'hui. Tous ces détails et les conséquences que nous en » avons déduites se comprennent facilement, ajoute l'auteur, lorsqu'on n jette un coup d'oeil sur la carte géologique que nous avons dressée de » l'île de Périm. » » Doomairah. — L'une des localités les plus intéressantes au point de vue géologique qu'ait étudiées M. Courbon, est certainement l'île de Doomai- rah, placée à l'opposite de Périm, dans le détroit de Bab-el-Mandeb. » On y observe une série de montagnes irrégulières, les unes coniques ou hémisphériques, les autres couronnées par de petits plateaux : elles sont toutes constituées par une roche feuilletée, rougeâtre, grisâtre ou brunâtre, qui n'est autre chose, dit M. Courbon, » que du quartz pur ou " infiltré de calcédoine, ou bien encore un pétrosilex d'un rouge foncé, » mêlé à d'autres substances et disposé en couches horizontales ou ui- » clinées. » » L'embarras qu'a éprouvé l'auteur pour caractériser ces roches singu- lièresseconçoittrès-bien à leur aspect. Néanmoins, un de vos Commissaires a été tout de suite frappé des ressemblances qu'elles présentent, sinon dans leur faciès général, du moins dans les détails de leur structure intérieure, avec certaines obsidiennes qu'il avait eu lui-même l'occasion d'observer à Lipari, et, lorsque M. Courbon a pu examiner comparativement ces obsi- diennes et les roches de Doomairah, il n'a point hésité à reconnaître dans ces dernières de véritables obsidiennes, mais fortement altérées, ayant par suite entièrement perdu leur texture vitreuse et infiltrées de parties calcé- donieuses, provenant de cette altération. » Cette explication pouvait s'appuyer, d'ailleurs, sur une autre obser- vation due à M. Courbon lui-même. En effet, en parlant de cette locaHté de Doomairah, notre jeune et savant voyageur ajoute : « Mais la roche qui « mérite le plus notre attention, parce qu'elle abonde dans ces parages sur » le continent et parce qu'elle a été prise souvent pour de l'anthracite, dont 57.. » ( 432 ) » plusieurs voyageurs ont signalé l'existence à l'enlréc de l;i mer Rouge, » est Vohsidienne. Cette roche est tantôt en amas de volume variable, tantôt » en couches, alternant avec d'autres roches et présentant de i'",5o à 3 » et 4 mètres de puissance. » » Ces dernières lignes et l'examen des obsidiennes feuilletées, rapportées par M. Courbon, détruisent tous les doutes qui pourraient rester sur la nature primitive des roches siliceuses de Doomairah. " Si l'on doit éprouver quelque hésitation à rapporter aux vrais Ira- chvtps les roches de Périm et surtout celles de Zula, l'existence des obsi- diennes à Doomairah tranche ici la question : néanmoins, nous n'avons point trouvé dans la collection de M. Courbon d'échantillon de cette dernière localité qui présentât franchement les caractères du trachytc. A Aden, au contraire, on voit, en même temps que des dolérites compactes, un trachyte rosé, à grain très-fin, plein de petits feldspaths, très-réfléchis- sants, et offrant nettement le double miroitement du sixième type cristallin. Il serait intéressant de rechercher s'ils appartiennent au labrador ou à l'oli- goclase. Enfin, ce qui complète le faciès tiachytique de ce gisement, c'est la ponce qui, à la vérité, n'y est pas commune, mais dont M. Courbon a re- cueilli des échantillons nettement caractérisés. » Nous ne ferons que mentionner les localités de Gliersalo et de Melculi, où le trachyte semble reparaître; de Tadjonra, visitée comme Aden et Périm, par Rochet d'Héricourt (i) et où M. Ilcuglin signale des laves frachvtiques poreuses rouges et noires, et, en quelques endroits, des ba- saltes selevant en belles colonnades (a); enfin ^ierl)era, la meilleure rade peut-être de toute la côte orientale d'Afrique, formée de roches madrépo- riqucs dont les éléments (astrées, porites, méaudrines, mêlées à de nom- breuses coquilles appartenant presque toutes à des espèces encore vivantes) sont ici, comme sur le littoral de la mer Rouge, réunis par un ciment ar- gilo-calcaire. » Les données recueillies par M. Courbon viennent donc s'ajouter à celles qu'on devait à ses prédécesseurs pour montrer comment la mer Rouge, qui forme l'un des traits les plus nettement accusés de la surface du globe, et dont la côte orientale, en particulier, s'aligne avec une précision singulière sur le cjrand cercle primitif du Thuringerwald, lequel vient même passer à (i) Voyez deux reniarqiiabtrs Rapports de 1\1. Diifit-noy, l'un au ridiii crune Commission dont (aisairnt p.rrtio MM. Al. Bronyniart et Éiie de Beaiimont, sur le.-, résultats du premier vovagc de M. Roclict d'Héricourt, l'autre sur la partie gcoloyicjue du second voyage entre- pris par le même auteur. Cominc^ rendus, t. XII, p. 9?3, et t. XXII, p. 8o6. (2) Petermann's Gcngr. Mittheiliingcn, lo^caliier. ( 433 ) Acien, est jalonnée, sur toute sa longueur, par des traces de phénomènes éruptifs d'iHie immense étendue et d'un âge certainement très-voisin de 1 époque actuelle. » ZOOLOGIE. (Rapporteur M. Valenciennes.) Noie sur les (iiiimaitx d Abyssinie rapportés par M. Courbon. « M. Courbon n'a pas pu rapporter un grand nombre d'animaux, mais il n'a pas cependant négligé de prendre ceux qu'il a pu se procurer avec des moyens très-restreints. Le résultat que nous faisons connaître aujour- d hui à l'Académie prouve qu'il a été bien inspiré, et le succès a couronné son activité. » Il nous a montré deux espèces de Sauriens dans la classe des Reptiles. » L'un deux est I'Agama colonorum, bien connu des zoologistes, mais l'autre est une espèce nouvelle du genre Gymnodactylus, établi par notre célèbre confrère Duméiil. On peut donner à cette espèce des sables de l'A- byssinie le nom de Gymnocephalus crucifer, Val. Il est gris-verdâtre , avec une ligne blanchâtre médiane, croisée par de petits traits transversaux blan- châtres; une suite de gouttelettes blanches de chaque côté des flancs, et au- dessous des points noirs on voit des traits noirâtres sur les branches de la mâchoire inférieure. ■■ Parmi les animaux de la classe des Poissons, nous avons trouvé : i" une espèce rare déjà signalée par Ruppell, le Cantharus filamentosus (i) ; i> 'j° Le TIteiapon servus (2) déjà entrevue par Forskal ; » 3" LeCHORiNEMUSmofl<:/e<eu- leinent, peut recevoir le nom de Balitora pmilla, Val. )■ Notre voyageur n'a pas été moins heureux pour les Articulés qu'il nous a montrés : " i" Unegrande espèce (le Juins qui manquait aux collections du Muséum; )) 1° Un petit Scorj)iouide du geiu'e Buthus, remarquable par la blan- cheur de son dernier article. Il sera notre BuTHUS leucodacljlus, Val. ; » 3° Enfin nous aurons à signaler parmi les Insectes une jolie Cicindèlk, voisine de la C. sfpherina, un Graphiptèi^e voisin du G. Senegalensis et du G. lineatus, un Cleonus, voisin du C. reltmts. » M. Courbon a rencontré sur les contrées qu'il a parcourues des faits analogues à ceux dont M. Lefévre, ingénieur civil français, attaché au ser- vice du pacha d'Egypte, a enrichi le Muséum en 1837. Sin- tous les bords de la mer Rouge, et principalement à Gebel-Genieff et à Tatjoura, on trouve des fossiles récents d'espèces tout à fait semblables à celles qui vivent dans la mer Rouge. M. Courbon n'a pu rapporter avec lui que de petits frag- ments du Galaxea fascicularis, Milne Edwards etJ. Haime, 5///ep/iorrt jiislil- lata, Prionastrea cjibbosissiina, Turbinaria mesenterina , mêmes savants, et quelques autres échantillons. 11 ne faut pas négliger de remarquer qu'au milieu de ces Polypiers récents on trouve à Tatjoura deux Echinodermes, le Clypeaster ntlits et le Conocljpus d'Agassiz qui n'ont pas été encore re- cueillis dans la mer Rouge. Nous ne citons ces espèces que pour prouver à l'Académie le zèle que M. Courbon a mis dans ses observations, malgré le manque de moyens pour faire des plus grandes collections. « BOTANIQUE. (Rapporteur M. Broguiart.) " M. Courbon s'est appliqué avec autant de soin et de persévérance aux recherches botaniques qu'aux études géologiques. Sur tous les points qu'il a parcourus, il a recueilli avec beaucoup d'attention tous les végétaux qu'il rencontrait en fleur ou en fruit, en notant les localités et les faits qui pou- vaient offrir de l'intérêt. Ces échantillons, bien recueillis et bien conservés, peuvent être étudiés avec succès et fournir des résultats précieux pour la connaissance de la végétation des lieux que ce zélé voyageur a visités. » Pour quelques points se rattachant à des flores bien connues, ses her- biers n'auront qu'un intérêt de localités; telles sont les parties parcouiues par lui de la basse Egypte et de l'isthme de Suez, dont la végétation locale peut être curieu.se à bien déterminer, mais ces herbiers n'ajouteront pro. ( 435 ) bablement rien à l'ensemble de cette flore, généralement bien étudiée, des régions qui bordent la Méditerranée. » Il n'en est pas de même de l'exploration botanique des parties plus méridionales des bords de la mfr Rouge; l'Abyssinie, soit en dedans, soit en dehors du détroit de Bab-el-Mandeb, les îles qui l'avoisinent dans cette région, l'île d'Aden sur la côte d'Arabie, nous présentent une flore beau- coup plus remarquable et d'autant plus intéressante, que M. Courbon a fait luie excursion assez étendue dans l'intérieur de l'Abyssinie et dans des régions où des plateaux élevés modifient notablement la végétation. » Sans doute la flore d'Abyssinie ne nous est pas actuellement inconnue comme à l'époque où Bruce signalait dans son voyage quelques-unes des plantes les plus remarquables de ce pays : les voyages de nos malheureux compatriotes, Petit et Quartin-Dillon, qui ont succombé au milieu de leurs explorations, les recherches de M. W. Schimper, qui, depuis bien des an- nées, recueille les productions naturelles de plusieurs des provinces les plus intéressantes de cette région, ont surtout ajouté à nos connaissances sur la végétation de cette contrée, et fourni les principaux matériaux de la flore d'Abyssinie publiée il y a dix ans par notre confrère Achille Richard. » On pouvait donc craindre que l'exploration rapide de M. Courbon n'ajoutât que quelques localités nouvelles aux plantes déjà connues de la flore d'Abyssiiùe et d'Arabie. » C'eût été déjà un résultat utile, car on ne saurait croire combien pour la distinction précise des espèces, seule base .solide de toutes les considéra- tions de géographie botanique, il est nécessaire d'avoir dans les collections des échantillons nombreux, recueillis dans tous leurs états de développe ment et dans les stations les plus variées. M L'herbier formé par M. Courbon et offert par lui au Muséum d'histoire naturelle sera à ce point de vue utile dans toutes ses parties; mais l'explo- ration de plusieurs localités qui n'avaient pas été visitées par les voyageurs botanistes précédents, celle des îles de la mer Rouge qui paraissent avoir été négligées assez généralement, lui ont en outre fourni plusieurs espèces nouvelles, dont une étude complète de ses herbiers, qui exigerait trop de temps pour être terminée en ce moment, pourra seule signaler l'ensemble. » Nous nous bornerons à citer à cet égard quelques faits seulement qui ont pu être constatés immédiatement et qui suffiront pour montrer l'intérêt des collections formées par ce voyageur. » Le premier se rapporte à la flore de l'île d'Aden, si voisine de la côte méridionale de l'Arabie, et dont la flore doit différer bien peu de celle de l'Yémen. M. Courbon y a recueilli 35 espèces de plantes, dont une fut rap- ( 436 ) portée par lui à la famille des Loasées, détermination qui pouvait d'abord paraître hasardée, puisque toutes les autres plantes de cette famille crois- sent en Amérique, mais qui s'est trouvée parfaitement justifiée par sa déter- mination exacte. Cette plante appartient en effet à un genre indiqué par R. Brown sous le nom de Kissenia, et par E. Meyer sous celui de Cnidome, mais pnr lous deux dans des notes manuscrites; Endlicher seul a décrit le genre sous le nom de Fissenin, par suite d'une erreur d'écriture, d'après des échantillons de l'Afrique australe, et signale son existence dans celte région et en Arabie. Les plantes de ces deux localités, qui manquent dans la plu- part des collections, étaient-elles identiques, ou ce genre, déjà si remar- quable par son habitat dans l'ancien continent, avait-il deux représentants, un en Arabie et un au cap de Bonne-Espérance ? » Les échantillons de Kissenia rapportés d'Adeu par M. Courbon permet- tront de résoudre cette question et de mieux étudier cette plante intéressante. Déjà M. Joseph Hooker, qui l'a comparée, sur noire demande, avec un échan- tillon de l'Afrique australe, nous annonce qu'il ne voit aucune différence entre les deux |)lantes(i). Si ce fliit se confirme, ce sera un exemple des plus remar- quables, non-seulement de l'extension d'une même espèce à de grandes distances, ce dont on a de fréf|uents exemples dans des contrées situées sous une même latitude, ou plutôt dans des conditions climatériques sem- blables, mais de la diversité d'habitation d'une même plante sous des cli- mats qui doivent être très-dilférenls. En effet, la plante de l'Afrique australe examinée par M. J. Hooker provient du pays des Namaquas, entre le 28" et le 3o° de latitude australe, par conséquent au delà du tropique et dans une région assez tempérée; l'ile d'Aden, située sur la cùte sud d'Arabie, vers le 12° de latitude boréale, correspond, au contraire, à la zone la plus chaude de l'ancien continent. » L'identité des espèces est bien plus fréquente dans des régions situées sous la même lalilude; plusieurs des plantes recueillies par M. Courbon (i) M. Anderson, dans une Florula tidencnsis qu'il vient de ))ublier dans le Journal de ta Société Linrwcnne de Londres, a inscié dans un Supplénient le Kissenia, d'après les éclian- tillons oudie hlanchàtre, amorphe, et se comhinant avec la plujjartdes acides. » J'ai trouvé cet arbre à Mahivo, dans le Tarenta, sur la route de Halay à Massavpa. Il est trés-commum autour de Dixali et d'Hébo. On le rencontre surtout dans le Sanien et en gé- néral dans tons les points de l'Abyssinie d'une movenne élévation. » Les Abyssiniens prennent le Mesenna de plusieurs manières; mais c'est toujours l'écorce en poudre qu'ils emploient à la dose de deux poignées, environ 60 grammes. Ils la délayent dans un liquide quelconque, taidje (liqueur fermentée faite avec du miel, de l'eau et la racine du Rliamntis taddo, Ach. Richard), tliatla (sorte de bière faite avec les grains de diverses cé- réales et le taddo) ou eau; ils la mélangent aussi avec de la farine et en font du pain; ils l'incorporent au beurre, au miel et surtout au chcaro (purée faite avec divers légumes et force épices), de manière à former des espèces de boulettes qu'ils avalent. » Le Mesenna est entièrement insipide; il ne détermine aucun dégoût, ne produit aucune douleur et n'amène aucun trouble dans les diverses fonctions. Ce n'est ordinairement que le lendemain de l'ingestion du remède, soit le matin, soit le soir, que le ténia est expulsé et comme broyé, tandis que lorsqu'on emploie le Cousso il est rendu sous la forme d'un peloton hlanchàtre et sans avoir subi d'altération. , » Le Mesenna est peut-être le meilleur tenifuge ; il débarrasserait complètement du ver solitaire. On peut le considérer comme un véritable spécifique, sans aucune action sur les organes de l'homme, agissant seulement sur le ténia et d'une manière particulière, puis(|ne celui-ci sous l'influence du Mesenna est toujours rendu comme broyé. » Ce tenifuge a été emplove plusieurs fois en dehors de l'Abyssinie et toujours avec suc- cès lorsque la dose a été suffisamment élevée de 3o grammes au moins à 60 grauimes. Il n'a échoué que lorsque les doses ont éle insuffisantes, de i5 à 20 grammes. u La dose considérable à la(|uelle on est obligé d'avoir recours |)our que le médicament réussisse |)ourra être regardée connue un obstacle à sa vulgarisation en Europe. Mais il est probable que le principe actif dli remède réside dans l'alcaloïde que M. Gastinel a decoinert dans l'écorce d'Abyssinie, et si l'on trouve le moyen d'extraire facilement ce piincipe, l'inconvénient précite aura disparu. > 58.. ( 44o ) seau de Riissel, qui a donné au jeune naturaliste toutes les facilités qu'il pouvait désirer, pour rendre utile aux sciences cette rapide exploration. » En résumé, les documents que M. Courbon a trouvé le moyen, dans une expédition qui n'avait point un caractère spécialement scientifique, de recueillir sur la géologie, la botanique, la zoologie et la topographie médi- cale des lieux qu'il a parcourus, offrent un intérêt sérieux et réel : ils té- moignent (lu zèle et des connaissances générales de ce jeune chirurgien de la marine et montrent surtout ce qu'on pourrait attendre de lui dans un voyage plus spécialement consacré à des explorations scientifiques et entrepris dans des régions moins connues que celles qu'il vient de parcourir. » La Commission serait heureuse qu'une telle occasion se présentât un jour à l'activité et au dévouement tout scientifique de M. Courbon, et pro- pose à l'Académie, tout en s' associant à ce vœu de ses Commissaires : i" de remercier l'auteur de son intéressante communication; 2° de décider qu une copie de ce Rapport sera adressée à S. E. le Ministre dà la Marine et des Colonies. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Lagout soumet au jugement de l'Académie un travail ayant pour titre : La Science indiislrielle: Inondations, dessèchements, irrigations. Sur les inondations. (Extrait par l'auteur.) (Commis.saires, MM. Rabinet, Lamé, Faye, Clapeyron, Maréchal VaillaEit.) « Cause des inondations. — Les derniers débordements de 1846, 1 85G ont été occasionnés par des pluies d'une intensité moyenne de o", i o en 24 heures; mais cette quantité d'eau pluviale, qui est le point de départ des travaux préservatifs étudiés par les ingénieurs, est loin d'être la limite du possible en volume et en rapidité. Ces lo centimètres d'eau pluviale sont tombés à Arles, le 8 octobre 1806 en G heures, Bologne, 7 septembre 1819 en 5 » Marseille, iG septembre >'}']'>. en 4 » Joyeuse, 8 et ;) octobre 1827 en 3 • Genève, " Million de faits >< en ■?. » Vcrton, 23 mai i834 en 1 » Nantes, 23 mai i834 en 1 ( 4'.- ) Volume total de la pluie. Marseille, en i4 heures, Sa centimètres, Nantes, en 3 heures, 3o » Joyeuse, en ^4 heures, 79 » » Ces chiffres sont significarifs, ils ne représentent pas des trombes d'eau fondant sur une ville ou sur un champ, mais des niasses considérables affectant de grandes superficies, et produisant des centaines de millions de mètres cubes. En effet, c'est dans le même orage que les communes voisi- nes de Nantes et de Verton ont reçu en trois heures la tranche d'eau plu- viale de 3o centimètres, qui a dû être suivie d'un vrai déluge dans ces localités. « L'unité de vue des Mémoires soumis au jugement de l'Acadénue est caractérisée par la question ci après, que les auteurs ont formulée en expri- mant le regret de ne l'avoir jamais vue étudiée par les ingénieurs: » Est-il une limite assignable aux crues possibles? Réponse : aux crues possibles pendant les siècles à venir, non; aux crues pro6n6/es annuelles, dé- cennales, séculaires, oui. » Effet (tes inondations. — Les dernières inondations décennales de 1846, i856, ne sont que de simples malheurs à côté des désastres émou- vants des inondations séculaires que riiistoire a enregistrés. » 18 novembre i^if. — Les débordements du Waal et de la Meuse engloutirent 72 villages, novèrent 100 000 victimes et détruisirent de fond en comble la plus grande partie du Zuid-HoUandschewaard. » Saint-Pétersbourg. — En iS^i, les eaux de la Néwa envahirent les rues et les luaisons de la capitale et occasionnèrent de grands désastres. En 1777 les débordements du fleuve fiuent autrement terribles, ils menacèrent pen- dant plusieurs heures l'existence de la ville entière. » Rome. — Les invasions du Tibre ne font pas moins que les invasions des Barbares. Depuis la fondation de Rome jusqu'au xvi^ siècle, les rues adjacentes au fleuve s'élèvent successivement après chaque débordement, et la ville moderne semble avoir trouvé son niveau de séctirité à 6 mètres au moins au-dessus du niveau de la ville antique, et à 18 mètres, le croirait- on, au-dessus des basses eaux du Tibre. » Parjs. — Le hassin de la Seine est privilégié par la nature en^re tous les autres. Les ponts de Paris n'écoulent annuellement que la valeur d'une tranche d'eau pluviale deo'°,i7; la moitié seulement de l'eau peut tomber dans un orage de quelques heures. Pendant les plus fortes crues de la ( 44u ) Seine, elle ne debiie pai- seconde que le qiiail de l.< Loire el le sixième de la Garonne, à égale superficie dn l)assin d'alimentalion. Malgré la modéra- tion des volumes écoulés due à la grande perméabilité du sol , l'histoire des dévastations de la Seine resseml>le à celle des autres fleuves. On compte dix grandes crues par siècle, qui ont produit la même consterna- tion, occasionné des ravages analogues, jusqu'à ce que le fleuve ait été endigué à la hauteur des quais actuels. — Les ponts sont emportés, les édi- fices ruinés; on f.iit des processions les pieds nus. — En 119^ le roi Phi- lippe est obligé d'abaudoiuier son palais. — En i Soj un arrêt du Parlement ordonne d'élever de huit pieds les rues qui menaieni du pont Notre-Dame au Petit-Pont. Le sol de la Cité, à partir de ce moment, s'éleva de huit pieds, et c'est alors que disparurent les treize marches qui donnaient accès au niveau actuel de la cathédrale. [Histoire des inondations de Paris de M Mancion.) » Jicinèdes aux uinndaiions. — Si les quais de Pai'is n'existaient pas, il faudrait immédiatement les créer, tant les avantages sont supérieurs à la dépense, car sans eux on irait encore en bateau dans certains quartiers de Paris et notamment à la place Vendôme et aux Champs-Elysées avec 2 mètres de hauteur d'eau, quand reparaîtraient des crues aussi intenses que celles de 1616 et de i658. Mais le vaste réservoir du lac de Genève, qui peut retenir près de deux milliards de mètres cubes d'eau et régulariser les crues du Rhône, faudrait-il l'inventer s'il n'existait pas? Il recouvre une superficie de 60000 hectares d'un sol cultivable et même des plus précieux, grâce aux couches limoneuses acciuiiulées par les siècles. C'est une richesse inutilisée de prés de 5oo millions de francs, à raison de 8000 francs l'hec- tare, que l'on ne songerait évidemment pas à anéantir. — On doit même se préoccuper du moment plus ou moins rapproché où les besoins de l'ali- mentalioii publique combinés avec l'intérêt des Suisses remetiront à l'agri- culture le lac de Genève desséché. » Ainsi les remèdes aux inondations consistent à appliquer judicieuse- ment les moyens déjà connus, avec une sage pondération entre les avan- tages et la dépense. Mais tous les systèmes reposent, connue nous l'avons dit, sur la connaissance de la plus grande quantité d'eau (]ui pourra s'e- couler par seconde dans le lit des fleuves et lori'ents. » Météorologie af/pliquée. — Les répertoires d'observations hxdometn- ques fournissent 1" I;i iiioyeniic annuelle; 1° la moyenne entre les maxima annuels par séi'i(> de dix années; 3" un maximum anmiel extraordinaire. I>es rap|)orls entre ces trois chiffres se reproduisent à peu près les mêmes ( 443 ) clans chaque localité. On en déduit une loi permettant de remonter du connu à l'inconnu, des phénomènes annuels aux phénomènes diurnes, de la moyenne entre les maxima au phénomène extraordinaire dont on vou(h'a se préserver. Or on connaît aisément le niveau des plus fortes crues décen- nales comme celles do 1846, i856, mais elles ne sont pas la limite du pro- bable dans le cours d'un siècle, elles pourront être dépassées, elles le seront très-probablement, et la météorologie appliquée enseigne que ce niveau pourra être dépassé d'un cinquième, ou le débit par seconde d'un tiers. Il en ressort un coefficient de phénomène extraordmaire = i,33. » Paris. — On trouve qu'à Paris depuis deux siècles et demi les crues maxima ont varié entre 7™, 00 et 8'°, 00 de hauteur, soit en moyenne 7™, 5o ; mais qu'en 161 6 et en i6,')8, elles se sont élevées à 9"", 00. Or 7,5o : c) : ; 1 ,00 '. i , 20 Tous les autres bassins fournissent les mêmes rapports avec une appro.xi- matioii suffisante pour en déduire une loi très-utile dans la praticjue : crue séculaire extraorilinaire I ,20 pour les naiiteiirs = i , o3 pour les débits. moyenne des crues décennales maxima Ce coefficient deprévoyance i , 33 [loiir les débits maxima par seconde con- firme celui delà météorologie appliquée. » Hjdraulique aiipliquée. — Après avoir recherché la valeur des coeffi- cients qui rendent la formule de Prony applicable aux torrents, on a cal- culé les débits maxima par seconde des torrents des Apennins au moyen de la pente et de la plus grande section d'inondation. Ces débits ont dû être multipliés par un coefficient i,33 pour concorder avec ceux annoncés par la météorologie applicpiée. C'est une troisième confirmation du coefficient de prévoyance qui répond à la question posée : Quelle est la limite des crues séculaires probables? » Incertituile des données. — Les digues rouii)ues et les désastres des der- nières inondations ne sont pas tant la conséquence des pluies excessives cpie de l'imprévoyance et du défaut d'ensemble qui a présidé à l'établissement des travaux. Ainsi les digues de la Loire ne peuvent contenir en certains points que les deux tiers des crues constatées et que In moitié des crues à prévoir. 11 existedes levées de chemin de fer qui empiètent sur le lit d'inon- dation, de telle sorte que les grandes eaux pourront s'élever au double du niveau qui était primitivement considéré comme limite infranchissable. ( 444 ^^ » Conclusion. — i" Calculer soigneusenieiif les débits maxiiiia par seconde des crues connues; 2" prévoir ([u'ils pourront être dépassés d'un tiers dans le cours d'un siècle; 3° établir avec ensemble les travaux préservatifs pour protéger les villes et sauver le plus de récoltes que l'on pourra. » CHIMIE AGniCOLE. — Considérations sur la formation de certaines matières azotées et particulièrement sur Cacide fumique ; par M . P. Thenard. (Commissaires, MM. Dumas, Boussingault, Payen.) « l.or.squ en 1 867 et i858 je publiai mes recherches sur l'acide fumique, je voulais plutôt attirer l'attention sur le rôle en quelque sorte physiolo- gique qu'il joue dans la végétation, que sur sa composition chimique et l'arrangeuienl atomique de ses éléments. Pour moi, l'acide fumique était un magasin d'azotates dispensant avec ménagement aux plantes, et sous des in- fluences que j'ai indiquées, un des principaux éléments de leur être, qu'il mettait d'ailleurs à l'abri de toute grande déperdition. » Cependant tous les chimistes n'acceptèrent pas mes conclusions, et plusieurs témoignèrent la crainte que je n'eusse pris pour un corps nouveau ce qui n'était qu'un sel ammoniacal des acides du genre humique : ils auraient voulu des corps cristallisés et des analyses exactes. » Ces analyses, malgré la répugnance qu'inspirent des substances gélati- neuses, incristallisables et singulièrement altérables, je lésai tentées; mais, comme je m'y attendais, elles n'ont avancé en rien la question : cependant elles m'ont fait penser que si je parvenais à démontrer le genre de formation de lacide fumique, elle serait singulièrement élucidée. Mais pour atteindre ce but il fallait des synthèses, opérations toujours très-chanceuses, même après les magnifiques travaux en ce genre de M. Berthelot. « Engagé dans cette voie, je devais d'abord étudier les phénomènes qui dans la pratique accompagnent la formation de l'acide fumique : bientôt je vis que pour le produire quatre éléments sont essentiels; on doit tout à la fois mettre en présence : du ligneux, de l'huiniciité, une quantité d'air me- surée et une matière animale azotée en décom|iosilion. » Ainsi, pendant que l'urine seule ne donne pas d'acide fumique, un tas de paille arrosé d'urine en fournit beaucoup, mais cette même paille plongée dans une fosse à fumier toujours pleine de liquide n'en produit presque plus : le fumier sec et tiop aéré que les malheureux accumtdent petit à petit en ramassant sur les roules les déjections îles animaux, malgré l'abondance ( 445 ) des matières animales, ne dose pas plus d'azote et moins d'acide fumique que le fumier des fermes, qui cependant a reçu moins de matières animales. Les terres des cimetières ne contiennent guère plus d'acide tumique que celles des champs voisins. ■> En comparant et cherchant à expliquer tous ces faits, je fus amené à penser que l'ammoniaque, qui est le principal produit azoté des matières animales en décomposition, pourrait bien se combiner directement avec cer- taines parties des éléments du ligneux pendant que les autres éléments com- plémentaires de ce même ligneux disparaîtraient par voie de fermentation et d'oxydation. Dès lors, en arrosant d'ammoniaque étendue des tas de paille, de feuilles, de sciure de bois, toutes matières fermentescibles, on devait pro- duire de l'acide fumique, tandis que du ligneux pur, tel que le coton, qui ne contient pas de ferment, ne devait pas en donner. Les résidtats de l'expé- rience furent parfaitement conformes à ces vues, mais, de plus, je remar- quai que le carbonate et le sulfate d'ammoniaque, sauf la réduction de l'acide de ce dernier, agissaient comme l'ammoniaque elle-même. Ce qui explique bien la supériorité du sulfate d'ammoniaque sur les autres sels ammoniacaux, tels que les chlorhydrates, les phosphates et même les ni- trates, comme je le démontrerai plus tard. » Ces premières données avançaient certainement la question : cepen- dant l'état de l'azote restait encore tout entier indéterminé ; mais la facilité avec laquelle s'accomplissent les dernières réactions dont je viens de parier, me fit soupçonner que les substances neutres placées dans un état voisin de leur décomposition pourraient bien au simple contact de l'ammoniaque s'en approprier l'azote. » Dès l'an dernier, je tentai des expériences dans ce sens, elles furent couronnées de succès; mais je les passe, elles ont été publiées, pour arriver à quelques-unes de celles que je fis depuis et qui me paraissent décisives. » Quand dans du glucose fondu dans son eau de cristallisation et porté à une température qui peut être de moins de ioo°, on fait passer un courant d'ammoniaque, le gaz s'absorbe avec la plus grande rapidité, et il distille non-seulement de l'eau de fusion, mais encore plus d'eau de composition, pendant qu'en même temps il se forme des substances multiples et brunes, qui dosent pour le moins lo pour loo d'azote. » Quand dans des tubes fermés on traite à des températures diverses, par l'ammoniaque liquide, du glucose, du sucre, de la mannite, du ligneux, de l'amidon, du tartrate d'ammoniaque, on obtient des produits qui, sans C. R., 1861, 1" Semeslie. (T. LII, N» 10.) ^9 ( 446 ) être identiques dans leur composition, sont de la famille fumique : déplus, dans toutes ces réactions il y a production de carbonate d'ammoniaque, par conséquent décomposition et oxydation de la matière organique. M Tfois de ces substances ont été étudiées avec un certain soin. La pre- mière, dérivée du glucose, est d'un brun clair, soluble dans l'eau, les acides et les dissolutions alcalines, mais insoluble dans l'alcool. » La deuxième, dérivée du sucre de canne, a des tendances très-marquées à l'alcalinité, car tous les acides, même l'acide carbonique, la dissolvent avec facilité, et tous les alcalis la précipitent : elle est brune, incrislallisable, soluble dans l'alcool et insoluble dans l'eau. u Lu troisième, qui vient également du sucre, se produit en même temps que la précédente, et en partage les propriétés principales, sauf qu'elle est moins azotée et insoluble dans l'alcool. » Sous l'influence des sels de cuivre ammoniacaux et particulièrement du nitrate et du nitrite, ces substances et celles dont nous ne parlons pas ici, mais qui les accompagnent, se brûlent en partie et donnent des corps qui méritent d'être étudiés ; nous y reviendrons. » Les sels de platine et de mercure donnent des précipités qui se modi- fient au contact des bases platine et mercure. » Voici du reste l'analyse de ces trois substances : N"! NOS NO 5 r,aiI)oiie 52,28 65,66 54,26 Hydrogène 6,38 6,o5 5,34 Azote 9,94 19)36 "8,78 Oxygène 3i ,4o 8,i)3 21,61 » Quant aux formules que l'on pourrait appliquer a ces données, elles sont intéressantes; mais nous aurions peur aujourd'hui que l'Académie ne les trouvât aventurées, et nous attendrons que nous ayons encore étudié quelques corps nouveaux, du même genre : le nombre en est considérable et l'on en peut pour ainsi dire indéfiniment créer. » Dans tous les cas, l'azote qui abonde dans ces matières y est fixé avec une énergie qui brave longtemps les alcalis les plus puissants. » Mais à quel genre de réaction rapporter ces phénomènes? Aussitôt que j'eus l'iionneur de lui en faire part, notre illustre maître M. Dumas répondit à l'instant : » C'est la transformation des matières neutres non » azotées et incolores en matières neutres azotées et colorantes; et de » même que l'orcine se transforme sous l'influence de l'ammoniaque et ( 447 ) » de l'air en orcéine, la phloridrine en phloridréine, en fixant de l'azote et » perdant du carbone ou de l'hydrogène, donnant naissance à des matières » colorantes puissantes, violettes ou bleues, les matières neutres, telles que » le ligneux, le sucre, l'amidon, etc., subissent, à n'en pas douter, la » même loi et donnent naissance à des matières colorantes puissantes aussi, » mais brunes, également azotées. Ces phénomènes m'expliquent mainte- » nant pourquoi, dans la fabrication de certaines matières colorantes, on » n'obtient ces dernières qu'avec les teintes fauves et sales qui gênent tous » les fabricants; les matières premières employées ne sont exemptes ni de » ligneux, ni d'amidon, ni de sucre, et sous l'influence de l'ammoniaque » et de l'air, des corps bruns venant à se produire, la couleur principale » en est altérée. » » Ces interprétations sont trop claires et trop conformes aux faits et aux analogies pour que nous essayions d'y ajouter un mot : voilà pour le côté chimique; quant au point de vue agricole, nous ferons observer que les nouveaux corps sont d'autant moins alcalins, qu'ils sont moins azotés, que même le premier est tout à fait neutre; en sorte qu'il y a lieu d'espérer qu'en baissant encore de moitié l'atome azote, on retombera sur un corps acide, qui sera peut-être l'acide fumique même. » Mais si aux synthèses que nous présentons on joint les observations dont nous les avons fait précéder, et qui portent sur les phénomènes qui accom- pagnent la formation du fumier, il nous paraîtra permis de conclure, dès aujourd'hui, que l'acide fumique est une combinaison d'ammoniaque avec une partie des éléments du ligneux de la paille, combinaison se produisant sous l'influence d'une fermentation, d'une oxydation, et s'activant sous celle d'une élévation de chaleur spontanée et modérée; que c'est pour cela qu'il y a si grand avantage à remuer et arroser les fumiers, c'est-à-dire à les exposer à l'air et à l'humidité et à prévenir une trop grande élévation de température. )) Que tous les corps neutres, sous les influences plus haut énoncées, don- nent des matières colorantes capables de produire des laques avec la chaux, l'alumine, la magnésie et le fer, ce qui rentre complètement dans la con- clusion capitale de notre travail de i85". » Dans un prochain travail, en nous appuyant sur les prin<;ipes de nitrifi- cation de MM. Schoeinbein d'une part et Cloëz de l'autre, et l'action ulté- rieure des hgneux sur les nitrates, nous espérons arriver à démontrer com- ment se forment spontanément les immenses masses de fumâtes que nous avons rencontrées dans certaines terres. Il y a entre ces réactions chimi- 59.. ( 448 ) ques qui s'entre-croisent au point de paraître contradictoires, et les pratiques agricoles qui les précipitent et parfois les déterminent, des relations du plus haut intérêt. » CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour servir à l'Iiistoire de l'aniline; production d'une nouvelle matière tinctoriale bleue, le bleu de Paris (i); /)nr MM. Pf.rsoz, V. DeLcy.n'es et Salvétat. (Commissaires, MM. Dumas, Balard.) « M. Hofmann (i), en étudiant l'action du bichlorure de carbone sur l'aniline, fut conduit à la découverte d'une nouvelle base à laquelle il assigne la formule C^'H" Az'. Pour la purifier et la séparer des matières avec lesquelles elle se trouve mélangée, il suffit de la laver à l'alcool froid et de la faire cristalliser une ou deux fois dans l'alcool bouillant. Dans ce cas, la base cristallise, l'alcool retenant en dissolution une substance d'un cramoisi magnifique. » Les recherches que nous poursuivons depuis longtemps sur les dérivés colorés de l'aniline nous ont conduits à étudier quelle relation pouvait exister entre la matière cramoisie signalée par M. Hofmann et la matière tinc- toriale rouge découverte par MM. Renard et Franc de Lyon, et à laquelle nous avons donné le nom à^ acide fuchsique. » Nous avons trouvé qu'il n'y avait aucune analogie entre ces deux substances. » En effet, la matière rouge de Lyon est complètement soluble dans les alcalis, vis-à-vis desquels elle se comporte comme un véritable acide; elle se combine avec l'ammoniaque, la potasse, la baryte, etc., pour former avec ces bases des combinaisons solubles ; ces solutions, traitées par l'acide acé- tique, peuvent servir à teindre dans les nuances les plus pures. C'est en nous fondant sur la solubilité de la matière rouge de Lyon dans les alcalis, que nous avons pu extraire une même substance colorante de tous les produits livrés au commerce sous des noms si divers. » En nous plaçant rigoureusement dans les conditions d'expérience indi- quées |)ar M. Hofmann, nous avons obtenu, comme ce savant chimiste, une huile visqueuse, se solidifiant peu à peu avec une structure cristalline, et nous avons constaté que l'alcool qui avait servi à purifier la base cpi'il (i) Comptes rendus, 20 septembre i858, t. XLVII, \>. 492- ( 449 ) recheicliait restait coloré en cramoisi, la teinte cramoisie étant plus ou moins pure suivant les circonstances de l'opération. •> Nous avons reconnu également que le produit insoluble dans l'eau, formé pendant la réaction, se dissout dans l'acide chlorhvdrique, et que la solution chlorhydrique donne avec la potasse un précipité d'un rouge sale, qui se dissout dans l'alcool, en le colorant en riche cramoisi. M. Hofmann pense que cette matière colorante est de même nature que celle dont nous venons de parler; mais nous sommes portés à croire qu'il n'en est pas ainsi, et qu'elle est formée par le mélange de deux principes, l'un bleu et l'autre rouge. » Cette matière cramoisie, résistant à l'action des alcalis bouillants, ne peut pas être rapprochée de l'acide fuchsique, et si, dans l'expérience de M. Hofmann, cet acide pouvait prendre naissance, on ne le retrouverait que dans les eaux alcalines, dans lesquelles il n'existe qu'en quantités infi- niment petites; encore faut-il que certaines circonstances de masse, de tem- pérature ou de temps permettent à cette matière tinctoriale de se dévelop- per ou de se conserver. » En effet, en chauffant pendant trente heures le même mélange qui nous avait donné des colorations très-sensibles de cramoisi, soit dans la partie soluble, soit dans le résidu, nous avons vu que cette coloration n'existait plus dans les produits obtenus à la température de i8o°. » Ce résultat n'a rien d'étonnant, puisque, comme nous nous en sommes assurés, un mélange de 3 parties de fuchsine solide et de lo parties de bi- chlorure de carbone, chauffé dans les conditions indiquées ci-dessus, ne fournit plus que des liquides colorés en jaune clair. Toute matière rouge a disparu. » Il y a plus : en modérant la température, la durée de l'expérience et les proportions respectives de l'aniline et du bichlorure de carbone, nous avons produit des matières certainement plus riches en principes colorants que celles obtenues par M. Hofmann. La fuchsine existe bien alors, mais à la condition qu'on ait su saisir le moment auquel elle prend naissance. Elle est accompagnée d'ailleurs de la matière rouge signalée par M. Hofmann, qui est dominante et qui s'en distingue par son insolubilité dans la potasse. » Ces observations nous ont naturellement conduits à savoir ce que de- viendrait, dans les conditions de l'expérience d'Hofmann, le mélange de bichlorure d'étain anhydre et d'aniline qui fournit le rouge de Lyon. » 9 grammes de bichlorure d'étain et 1 6 grammes d'aniline, chauffés pen- dant trente heures, dans un tube scellé, à la température d'environ 180", ( 45o ) n'ont plus fourni m du rouge, ni du violet, mais un bleu très-vif et tres- pur, qui n'exige qu'uu traitement par l'eau pour teindre les fibres animales en nuances dont l'éclat ne laisse rien à désirer. » Ce bleu, qui résiste aux acides, fonce par les alcalis faibles, et passe au groseille violacé par les alcalis concentrés. Comme il conserve sa nuance et sa pureté à la lumière artificielle, l'industrie ne peut manquer d'en tirer parti; nous le désignerons sous le nom de 6/6» de Paris. Il vient s'ajouter à la série très-remarquable des riches couleurs dérivées de l'aniline. » PHYSIQUE. — Mémoire sur tes variations des constaiites des piles voUàiques; par M. Th. du Moxcel. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.) « Dans le Mémoire dont j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui un ex- trait, je démontre que, conformément à ce qu'avaient observé MM. Jacobi, Despretz, de la Rive, Poggendorff, les constantes des piles voltaïques, savoir leur force électromotrice E et leur résistance R, augmentent avec la résistance du circuit extérieur r; seulement, comme les savants dont je viens de parler n'avaient fait usage que de faibles résistances, les chiffres qu'ils ont déduits n'accusaient que des variations assez faibles pour être négligeables dans la pratique, tandis que moi, en employant des circuits de io,de2o, de 3o, de 4o,de loo et 200 kilomètres, j'ai reconnu que loin d'être négligeables, ces variations pouvaient être très-considérables, et fournir quelquefois pour la valeur de la résistance R un nombre plusieurs fois plus grand que celui obtenu avec de faibles résistances. )) Comme avec des résistances aussi considérables que celles que j'avais employées, la résistance R pouvait être effacée ou du moins altérée considé- rablement par les erreurs d'observation et les irrégularités de la pile, j'ai employé la méthode de mesure directe par le galvanomètre différentiel et le rhéostaten me servant, pour remédier à l'inconvénient de l'inégalité de force des couples, du système de la double pesée, qui donne pour valeur de R dans le cas qui nous occupe, _(T + T-)/-2/- ^- 4 ' T et T' indiquant le nombre de tours du rhéostat, f représentant en imités de fil télégraphique la valeur d'un tour du rhéostat. ( 45i ) M J'ai obtenu pour valeur de R, dans une pile de Daniell de petit modèle ayant servi pendant quelque temps, 584 mètres, le circuit extérieur étant de •20 kUoraètres; 54i mètres avec un circuit extérieur de 10 kilomètres; enfin 4o6 mètres avec un circuit de 200 mètres. Dans une autre série d'expé- riences faites avec un élément Bunsen de mêmes dimensions que l'élément précédent, j'ai trouvé R= 127 mètres avec un circuit de 10 kilomètres, et R=: 3^ mètres avec un circuit de 200 mètres. » Je démontre que ces variations des constantes voltaïques ne sont pas les seules, et que celles-ci peuvent être considérablement différentes, sui- vant lu longueur de la fermeture du courant, suivant le temps de service de la pile, suivant qu'on l'agite ou qu'on la laisse en repos. Dnns le premier cas, quand la pile est fraîchement chargée, la diminution de 1 intensité du courant que l'on observe vient surtout de l'augmentation de la résistance R; qqand l'élément est épuisé, elle vient à la fois de la diminution de la force électromotrice et de l'augmentation de cette résistance. Dans le se- cond cas, c'est-à-dire quand l'élément est vieux, la force électromotrice est moindre et la résistance plus grande. Enfin dans le troisième cas, l'agita- tion donne lieu à des effets qui varient suivant la nature des piles et leur état. Avec des éléments de Bunsen il y a augmentation de l'intensité du courant et aii£;mentation de la force électromotrice; avec des éléments de Daniell dont le zinc est neuf ou amalgamé, on ne remarque aucun chan- gement appréciable; enfin avec des éléments Daniell qui ont servi pendant quelque temps, il y a diminution notable de l'intensité du courant, laquelle provient de l'augmentation de la résistance R. » Après avoir ainsi constaté ces variations par différentes méthodes d ob- servation, je démontre qu'elles doivent toutes être attribuées à la polarisa- tion des éléments métalliques des piles dontOhmn'a pastenu compte et qui réagissent pourtant si puissamment dans les actions électriques. Pour l'aug- mentation de la résistance R avec la prolongation de la fermeture du cou- rant, cet effet saute aux yeux, puisque, après avoir mesuré directement cette résistance par la méthode du galvanomètre différentiel et du rhéos- tat, on reconnaît que cette résistance peut être portée de 8 tours du rhéos- tat à i3 tours pendant une fermeture de circuit de 10 à i5 minutes, et re- venir à 8 tours par un renversement de sens du courant pour retourner ensuite à r3 tours quelque temps après. Mais la démonstration de ces effets est encore plus saisissante quand on étudie la polarité du dépôt rugueux et brunâtre qui recouvre le zinc d'une pile de Daniell qui a longtemps servi. On reconnaît que la partie de ce dépôt qui est opposée à la solution de sul- (452 ) fate de cuivre est tellement polarisée en sens inverse chi métal, qu'en reti- rant le zinc de la pile et en établissant par l'intermédiaire d'un galvanomètre peu sensible une conniiunication entre ime partie quelconque de ce zinc et le liépôt qui le recouvre à l'intérieur, ou obtient une déviation de 60 à 80°. Or cette circonstance ne peut être attribuée à l'action seule du liquide mouillant le zinc, puisque en établissant la communication dont nous venons de parler entre le dépôt fait à l'e.xlérieur du zinc et ce métal, on n'obtient qu'un courant à peine appréciable. D'ailleurs le courant énergique dont nous venons de parler diminue d'intensité avec le temps, quand bien même on maintiendrait le cylindre dans sa solution de sulfate de zinc. Ce phénomène démontre donc que, sous l'influence de la circulation du cou- rant de la pile, les parties du dépôt qui se sont trouvées le plus près des points où s'est développée le plus énergiquement la force électromotrice (i), ont pris la polarité positive du liquide ; et comme la liaison de ce dépôt ainsi polarisé avec le zinc est opérée par l'intermédiaire d'un corps solide qui est une fois et demie meilleur conducteur que la solution de sulfate de zinc, et qui ne peut réagir comme cette dernière en constituant le zinc dans un état électrique différent du sien, il devra forcément arriver que cette polarisation du dépôt se transmetra au zinc en tendant à créer dans le circuit de la pile un courant de polarisation dont l'intensité pourrait être représentée par ^ ) e représentant la force électromotrice de ce courant de pola- risation qui est d'autant plus grande, que le courant de la pile est plus éner- gique, et p représentant la résistance du dépôt en question, quantité qui peut être négligée devant R + /'. Avec les piles de Bunsen le même effet se produit, mais ce sont les bulles d'hydrogène déposées sur le zinc qui, étant polarisées positivement, représentent le dépôt dont nous venons de parler; cette fois la quantité p n'est plus négligeable. » Après avoir ainsi étudié les différentes circonstances du phénomène de la polarisation dans les éléments de la pile, je montre comment, en inter- venant dans la réaction électrique, ils peuvent rendre conqjte des effets que j'ai rapportés. J'établis d'abord que l'intensité du courant delà pile, au £ . E e lieu d'être représentée par^ )doit être fournie par l'expression — — — — - ( I ) Le liiiuidc de ce côté est plus acide que du côté opposé, parce que l'acide sulfurique du sulfate est absorbé alors par le zioc avant d'être mélangé. (453) qui donne pour valeur de la résistance (R + p) de la pile, t'ormule qui ne diffère de la formule ordinaire que par la quantité e qui y entre négativement et qui montre que R + p doit augmenter avec la valeur de r, puisque la quantité e est d'autant plus petite, que r est plus grand, et que la valeur de I dépend essentiellement dans ce cas de la valeur de r. D'un autre côté la formule E-e=I(R + p+ r), qui dérive de la précédente, montre que la force électromotrice mesurée de la pile (E — e) augmente également avec la valeur de r, puisque la quantité R -f- p augmente avec r et que e diminue avec cette même valeur. » J'ai cherché à m'assurer si cette augmentation de la force electromo- trice avec l'accroissement de la résistance R était un fait réel ou une con- séquence de l'application des formules d'Ohm. J'ai pour cela opposé l'un à l'autre deux couples de Daniell rendus à peu près égaux, et j'ai interposé dans le circuit un galvanomètre. Ces couples avaient des vases poreux in- crustés de cuivre. Leur force étant égale, l'aiguille du galvanomètre est restée à zéro; mais ayant substitué à l'un des vases poreux incrustés un vase poreux neuf et ayant par co fait augmenté la résistance du couple auquel il appar- tenait, ainsi que je l'ai démontré dans un Mémoire présenté à l'Institut l'année dernière, l'aiguille du galvanomètre s'est trouvée déviée sous l'action du courant provenant de l'élément le plus résistant. » Les formules précédentes expliquent encore les autres effets que j'ai signalés; ainsi elles montrent que pour certains éléments susceptibles d'être dépolarisés par le mouvement du zinc, la force électromotrice augmente et la résistance diminue, quand on agite le zinc; car dans un cas (R -f p) devient R et par suite sa valeur devient - — r, quantité plus petite que — ri /', puisque le facteur I augmentant à mesure que e décioît, la frac- tion diminue plus par l'augmentation de son dénominateur qu'elle ne s'ac- croît par la plus grande valeur de son numérateur. D'un autre côté la force électromotrice E — e devenant E, sa valeur devient I (R -f- /), quantité plus grande à cause de l'augmentation de I que I (R -h p + r). Les mêmes for- mules montrent aussi que la valeur de R doit augmenter avec le temps de C. K., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N» 10.) 6° ( 454 ) {'ermetiiri' du circuit, car il faut un certain temps pour ([ue la ijolarisation atteigne toute son intensité; et comme pendant ce temps la quantité I décroît à mesure que e augmente, la fraction "~ augmente plus par la diminution de son dénominateur qu'elle ne diminue par le décroissement de son numé- rateur. » Quant au phénomène exceptionnel que présente la pile de Daniell lorsqu'on agite sou zinc, il vient de ce qu'à l'état de repos les bulles de gaz provenant de la décomposition de l'eau et qui ne sont pas absorbées par la réduction du sulfate de cuivre, se nichent dans les interstices du dépôt qui recouvre le zinc et constituent une résistance considérable qui empêche le courant, allant du zinc au cuivre à travers la pile, de se dériver par les par- lies conductrices du dépôt et de former des courants locaux nécessairement nuisibles En agitant le zinc, ces bulles de gaz disparaissent, et ces courants locaux, diminuant l'intensité du courant dans le circuit extérieur, attribuent à la quantité R, la seule variable dans cette circonstance, une valeur plus grande que celle qu'elle avait primitivement. » Les formules que nous avons posées précédemment et l'hypothèse que la valeur de e. est proportionnelle à l'intensité I du courant, permettent de déduire, à l'aide de deux déterminations de R faites avec deux résistances différentes de circuits, la valeur numérique de la quantité e qui est donnée par la formule II'(R'-t-r'J— P{Rh-/-) » C =: I — r Par suite la valeur de E est coiuiue et la valeur de e' est donnée par l'équa- tion e'=t^_lr(R' + /-'j-I(R + /•)] ». CHIMIE INDUSTIUELLE. — Réclamation de priorité adressée par M. Maoiené, à l'occasion d'tnie communication récente de M. E. Rousseau sur un procédé dcjabriculion du sucre présenté comme nouveau. (Renvoi à l'examen des Commissaires chargés de prendre connaissance de la Note de M. Rousseau : MM. Dumas, Peligot, Fremy, Maréchal Vaillant.) « Pour éviter à l'Acadéiuic toute discussion non scientifique, j'ai essayé dans im journal s|)écial d'amener M. Rousseau à s'occuper de mon brevet l'clalif a la luéme labi'iciilion, ce qu'il ne pouvait faire sans reconnaître que ( 455 ) j'ai proposé l'oxyde de fer cinq ans avant lui. M. Rousseau s'est renfermé dans un silence prudent et il me force ainsi de venir, même devant l'Aca- démie, rétablir mes droits. Il me suffira pour cela de vous citer les quelques lignes suivantes du certificat d'addition que j'ai demandé le aS février i85G: « Je dois ajouter encore luie modification dont l'emploi des alcalis est » susceptible. Au lieu de mêler aux jus les 2, 3,..., 5 pour loo de cliaux seule » et pure, on peut remplacer en partie l'alcali par beaucoup d'oxydes mé- » talliques, entre autres ceux d'aluminiinii (alumine), de fer (sesquioxyde), » de zinc, et ces oxydes, soit pendant la conservation, soit au moment de » la défécation, pourront produire facilement la séparation des dernières » traces de matière albuminoïde écumeuse, etc. Je me réserve donc cet » emploi dans toute sa généralité. » PALÉONTOLOGIE. — Réponse de M. E. Robhrt aux remarques de M. Boucher de Perthes. (Commissaires précédemment nommés : MM. Serrf's, Dumas, de Quairefages, d'Archiac.) « J'ai lu avec beaucoup d'attention la réfutation que M. Boucher de Perthes a faite récemment de ma dernière communication sur les pierres tra- vaillées par les habitants primitifs des Gaules, et je n'y ai trouvé que cette objection un peu sérieuse : « Si les hommes d'alors habitaient les vallées " profondes, et si c'est là que les niondations les ont surpris et ont enirainé » avec les habitations les haches et tout ce que ces habitations contenaient, » comment ces haches se trouvent-elles à 3o mètres et plus au-dessus du » niveau de ces vallées? Comment y ont-elles été portées |5ar les eaux avec M les ossements d'éléphant, etc. » Voici, je crois, l'explication qu'on peut essayer d'en donner. )i Dans les premiers temps de l'apparition de l'homme en Europe, et bien des siècles après le grand cataclysme qui a détruit tout ce qui respirait alors sur la terre, du moins dans notre hémisphère; après cette suprême révolution du globe qui, entre autres exemples d'un transport violent, a été assez puissante pour arracher au sein de l'Océan le gigantesque corps d'une baleine cpi'elle aurait rejeté dans le bassin de Paris, là où s'é- lève aujourd'hui le faubourg Saint-Germain, les vallées, dis-je, se sont remplies facilement de matériaux préparés par l'action violente de cegiand bouleversement delà nature et répandus confusément sur toute la surface 6o.. ( 456 ) des continents. Pendant longtemps elles ont dû être occupées plutôt par des lacs échelonnés, par des marais, que par des rivières. Des barrages ac- cidentels, comme on en voit aujourd'hui se former dans les grands cours d'eau de l'Amérique septentrionale par la réunion d'arbres flottants, ont donc pu parfois élever leurs eaux à une très-grande hauteur au-dessus du niveau ordinaire. Sur ces entrefaites, les premiers habitants de nos con- trées, sortis de l'Asie, sont venus s'établir dans ces mêmes vallées qui leur offraient à la fois une température plus douce et des moyens d'existence plus faciles. Survenait une inondation, c'est-à-dire une crue considérable, que devaient-ils abandonner en s'éloignant? Des instruments en pierre qui avaient peu de valeur à leurs yeux : des haches, des lames, des dards en silex grossièrement travaillés. Leurs habitations légères eu chaume ou en roseau étaient emportées et dispersées par les eaux, tandis qu'ils avaient toujours le temps de leur échapper en se réfugiant sur les hauteurs avoisi- uantes jusqu'à ce qu'ils pussent revenir habiter ces plaines marécageuses, qui sont submersibles encore de nos jours. Leurs sépultures ayant toujours été mises à l'abri de ces inondations prévues, on ne trouve jamais d'osse- ments humains mélangés avec des ossements d'animaux. Quant aux vases qui, suivant M. Boucher de Perthes, auraient renfermé des cendres hu- maines et que les eaux auraient pu entraîner, on conçoit très-bien qu'on n'en trouve pas de vestiges, car ces vases, seulement sécbés au soleil ou à peine cuits, ne pouvaient résister au moindre choc des cailloux, et par conséquent devaient être facilement réduits en poussière. » C'est donc ainsi, comme j'ai déjà cherché à l'expliquer, que se trou- vent confondus dans les alluvions des objets de l'industrie humaine avec (les débris d'animaux d'espèces éteintes et même nouvelles, les uns plus ou moins roulés, les autres à peine ; et si des dépôts en renferment à une grande hauteur au-dessus du niveau actuel des fleuves, c'est que ces fleuves se sont canalisés au fond des vallées en se creusant un lit de plus en plus profond, au milieu des atterrissements qui les comblaient autrefois. J'ajou- terai que le remplissage des vallées n'a pas dû se faire violemment, car la plupart des silex taillés qu'on trouve dans les dépôts arénacés de la Somme sont d'une fraîcheur extrême qui ne laisse pas admettre un frottement pro- longé; et c'est ce qui m'avait fait dire qu'ils ont dû être façonnés sur i)lace avec des pierres roulées, comme il y en existe encore. Malgré les immenses recherches, je dirai même les grandes découvertes du respectable auteur des y4nti(iiiilés celtiques et antédiluviennes, qui nous a si bien initié aux secrets de nos premiers âges, je ne puis porter un autre jugement sur ceux d'Amiens et d'Abbeville que j'ai sous les yeux au moment où j'écris ces lignes. ( 457 ) » En faveur de l'homme antédiluvien, M. Boucher de Perthes aurait pu m'opposer les cavernes ossifères dans lesquelles ont été trouvés des ossements humains, des poteries anciennes, etc., avec des ossements d'espèces per- dues; mais d'après la savante dissertation à laquelle s'est livré M. J. Des- noyers sur ce sujet, il est à peu près reconnu aujourd'hui que les cavernes qui offrent cette singulière association d'os ont été habitées par des Celtes ou bien ont abrité leurs sépultures, longtemps après (des siècles encore) qu'elles avaient servi de retraite à des bêtes féroces, notamment à VUrsus spelœus dont les ossements se trouvent toujours au-dessous de la couche la plus superficielle qui renferme des traces d'homme. César, au dire de Flo- rus, n'ordonna-t-il pas à son lieutenant Crassus « d'enfermer les rusés habi- » tants de l'Aquitaine dans les cavernes où ils se retiraient. » Us y périrent en grande partie. Quant aux prétendus crânes de Caraïbes ou de race afri- caine trouvés dans quelques cavernes, notamment dans les grottes de Mialet etd'Engisen Belgique, ils gisaient avec d'autres crânes qui, par leur confi- guration, ne s'éloignent pas de la race caucasique; ce qui a fait dire judi- cieusement à M. Desnoyers « que cette analogie indiquée parla forme basse » et comprimée des crânes (l'observation ne portait que sur des fragments » de crânes petits et comprimés) n'est peut-être due qu'à une dépression » artificielle ou à une constitution tout à fait individuelle. » » A propos des cavernes à ossements, je demanderai à mon tour à M. Boucher de Perthes : Comment se fait-il que les habitants primitifs des Gaules n'aient pas fait d'ornements, d'amulettes, avec les ossements d'élé- phant, de rhinocéros, etc., ou n'aient pas cherché à tirer parti de leurs dépouilles, surtout des défenses en ivoire ? S'ils ne l'ont pas fait, comme les Celles en ont fourni de nombreux exemples avec les espèces animales qui vivent encore aujourd'hui, telles que le bœuf, le cheval, le cerf, le sanglier, le renard, le blaireau, etc., c'est que les ossements des grandes espèces per- dues dont ils ne devaient pas ignorer l'existence, qu'ils pouvaient ramasser, étaient déjà fossiles dans toute l'acception du mot, c'est-à-dire entièrement privés de matière animale ou réduits la plupart à l'état de pierres, et par conséquent impropres (il faut cependant en excepter le Mammouth de la Sibérie conservé depuis sa disparition du globe dans la glace) à l'usage qu'ils auraient pu en faire. Dieu sait quel temps il a fallu poiu' qu'ils per- dissent entièrement cette matière organique qui constitue la solidité, la ténacité des os, puisque les ossements de Celtes bien avérés, auxquels nous pouvons accorder cinq à six mille ans d'enfouissement dans la terre, en renferment encore! Dans le prétendu diluvium des bords de la Somme, (458) on conçoit bien que des objets de ce genre ne s'y rencontrent pas, puisque les ossements d'hoauiie y font défaut ; mais dans les cavernes de l'Aquitaine ou l'on a découvert tant d'ossements de Celtes et d'espèces d'animaux qui vivaient alors dans les Gaules : « Les Gaulois, dit encore M. Desnoyers, » n'auraient cependant pas manqué de faire des trophées avec des débris )) d'élép[iants,d'hyeiics et des autres grands mammifères des cavernes, s'ils .» avaient été leurs contemporains. » GÉOLOGIE. — Sur (les faits géologiques et minéralogiques nouveaux, décou- verts dans les cinq grands départements volcaniques de lu France; par M. Bertrand deLom. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, M.M. de Senarmont, Delalosse, Ch. Sainte-Claire Deville.) « La quantité considérable de corindons de toutes les couleurs, dont environ douze mille pièces de choix, riches en couleur d'un beau bleu bar- beau, et riches surtout en phénomènes inconnus, ainsi qu'on peut en juger par les figures ici annexées, la quantité considérable de ces produits, dis-je, et autres gemmes que m'a fournies le gisement volcanique connu sous le nom de Coupet, près Lan geac (Haute-Loire), et dont j'ai déjà entretenu l'Acadé- mie des Sciences, m'ayant suggéré la pensée de continuer mes explorations dans nos cinq grands départements volcaniques, je viens aujourd'hui pré- senter le résultat de ces recherches, auxquelles j'ai consacré plus de six an- nées. Et d'abord, j'offre à l'examen de l'Académie: » 1° En péridots, une collection de i aô échantillons, du poids de 4o gram- mes chaque, et qui à partir du vert d'eau, qui est la couleur normale, passent, par effets de suroxydation, par tous les degrés d'irisation et de couleur jusqu'à parfaite décomposition et peut-être de recomposition, cette dernière considération pouvant s'appliquer aux variétés argileuses telles que les couleurs rouge foncé, rouge brique et jaune enfin ; collection présentant ainsi dans son ensemble une véritable gannne prismatique, ce que l'Aca- démie [)ourra déjà vérifier elle-même par la simple inspection des échan- tillons annexés à la présente communication; 1) 2° Une collection de 5o échantillons de pe>7V/o Or natif dans le lapis-lazuli, or natif eu petites pépites provenant d une roche granitique; corindons subordonnés à différents systèmes de roche de ( 46o ) cristallisation •, zircons, spinels noirs, sphènes, rhiitils, corcliérite, plomb métallique, etc., dans des circonstances géologiques analogues aux précé- dentes; enfin le phosphate de chaux se rencontrant parfois en quantité si considérable, qu'il semble former la base de cinq à six éléments géolo- giques cristallins dans lesquels il a été trouvé. « MINÉRALOGIE. — De l'emploi de l'isoitiorpltinne en minérulocjie ; par M. DlT.SCIIEIN'EIl. (Commissaires, MM. de Senarmont, Delafosse.) .■\K1THMETIQUE. — Sur les fractions décimales périodiques ; par M . Faraguet. (Commissaires, MM. Mathieu, Delaunay, Bieuaymé.) M. i\Ioci{A-BouROL'iLLo.\ soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur les phénomènes de la déglutition révélés par l'observation laryngosco- pique. (Commissaires, MM. Rayer, Cl. Bernard.) M. CoiNDE présente un Note intitulée : « Physiologie entomologique » . (Renvoi à l'examen de M. Valenciennes, déjà désigné pour de précédentes communications du même auteur.) M. FiEVET adresse de Tournon (Ardèche) une Note ayant pour litre : '< Propriétés de l'hydrogène |)ur comme agent désinfectant et moyen de sauvetage ». (Renvoi à l'examen de MM. Payen, Rayer.) CORRESPOrVDAIVCE M. LE Secrétaire perpétuel présente un ouvrage intitulé : « Eclipse so- laire du 18 juillet 1860. Rapport de la Commission envoyée pour cette observation en Espagne (cap d Oropesa) par le gouvernement portugais : l'observation a été faite avec le concours de M. le Directeur de l'observa- toire de Saint-Fernando ». L ouvrage, qui est écrit en portugais, est renvoyé à l'examen de M. Faye. ( 46.1 ) M. LE SiXKÉTAïKii PEKPÉïLEL présente encore, an nom de MM. Bisson et Gcillard, médecins priiicipanx au chemin de (er d'Orléans, un compte rendu du service médical de cette administration pendant l'exercice 1860. Parmi les questions abordées dans ce compte rendu, on peut remarquer des considérations sur le chauffage des voitures de voyageurs, ciiauffage pour lequel les auteurs repoussent l'emploi de l'air chaud ou de la vapeur surchauffée provenant de la machine, comme étant contraire à la santé des voyage urs; suivant eux, il est à désirer que le chauffage au moyen des cylin- dres remplis d'eau bouillante, déjà usité aujourd'hui pour les voitures des premières classes, mais pour celles-ci seulement, puisse être étendu aux deux autres classes. M. LE Secrétaire perpétuel |)iésenie entin au nom de M. Pomel un opuscide intitidé : « Matériaux pour la Flore atlantique >>. « Les études botaniques auxquelles je me livre, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, ont pour but la recherche des lois de distribution des es- pèces sur les différentes natures de sol et dans les différentes régions natu- relles que comporte l'Algérie. J en récolte les matériaux depuis longtemps, mais c'est une œuvre longue et difficile. Dans l'opuscule dont j'ai l'hon- neur d'adresser aujourd'hui un exemplaire à l'Académie je me suis attaché à quelques plantes qui paraissent devoir constituer des genres nouveaux. » L'Institution royale de la Grande-Bretagne remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIII de ses Mémoires. M. LE Secrétaire perpétuel donne lecture de la Lettre suivante , adressée par M. Wattemare à M. le Mnrérlinl Vaillant. « Profitant de la permission qu'a bien voulu me donner Votre Excellence, j'ai l'honneur de lui adresser, ci-joint, la liste (i) des ouvrages que je suis chargé d'offrir à l'Académie des Sciences au nom de : » I" Les Régents de l'Université de l'État de New- York; » 2" La Société centrale d'Agriculture du même Etat; 1) 3" L'Institut américain de la ville de New-York (Société d'Eucoiua- gement); (i) Voir au Bulletin bibliographique. C. R., 1861, i"- Semestre. (T. LU, N" 10.} ( 46:^ ) » 4° Les Sociétés centrales d'Agriculture des États d'Ohio et de Ten- nessee ; » 5" Les Étals du Connecticut, de la Caroline du Nord, de la Caroline tlu Sud ; " 6" La Société royale Néerlandaise des échanges internationaux. » n PHYSIQUE. — Observatiom sur les effets de la chaleur dans les siphotis renversés à trois branches qui fonctionnent au mont Cenis; Lettre de M. de Caligxy. « M. le général Poncelet a remarqué, dans la séance de l'Académie des Sciences du 19 janvier iSS^, que divers phénomènes, la chaleur, l'électricité même, jouent dans les effets de la percussion un rôle nécessaire, jusqu'ici encore fort mal apprécié et défini. [Voir les Comjiles rendus, t. XLIV, p. 86.) » Les occasions d'étudier ces effets étant extrêmement rares, lorsqu'il s'agit du moins de le faire sur une très-grande échelle, je crois devoir signaler celle qui se présente au mont Cenis quant à l'action des colonnes liquides en mouvement sur l'air qu'elles compriment, dans les siphons renversés à trois branches, de mon invention, qui ne paraissent pas avoir cessé de fonc- tionner depuis le i5 janvier à Bardonèche. M II est trè.s-facile de mesurer la température de l'air comprimé dans les tuyaux qui font communiquer les machines comprimantes avec le récipient, sans que l'on soit absolument obligé de savoir ce qu'elle devient ensuite dans ce récipient pour en tirer des conséquences utiles; ainsi l'étude que je propose peut se faire sans gêner en rien les travaux de percement du mont Cenis. » Si l'on connaissait le degré d'échauffement de l'air comprimé au dessus de la température de l'air extérieur, et l'effet utile des machines en air com- ])rimé, refroidi ensuite jusqu'à cette dernière température, il suffirait de connaître la somme des autres causes de déchet pour parvenir, au moyen d'une soustraction, au déchet résultant de cet échauffement mesuré dans les tuyaux de communication. I' Les expériences que j'ai faites sur les résistances passives des grandes colonnes liquides oscillantes dans les tuyaux de conduite peuvent donc ser- vir à jeter quelque jour sur la théorie de la chaleur. Il sera d'ailleurs facile de faire à ce sujet des observations nouvelles sur de beaucoup plus gtandes vitesses au mont Cenis, où quelques autres causes de déchet pourront être mesurées ducctement. Il sera même probablement assez facile d'avoir une idée assez précise de la somme des résistances passives résultant d'efiets nié- ( 463 ) caniquesbien définis, poirr resserrer entre certaines limites le déchet qu'il s'agit d'étudier, comme provenant de phénomènes dont les effets sur le tra- vail sont moins connus. » Mais je crois devoir signaler un moyen de vérification offrant l'avan- tage de contrôler les unes par les auti-es les expériences qui ont été ou seront faites sur mes siphons renversés à trois branches et les expériences faites dans les cabinets de physique par divers auteurs sur ia chaleur déve- loppée par le travail perdu, d'autant plus qu'une partie de celles-ci ont été faites aussi au moyen de l'eau et de l'air comprimé, sans que d'ailleurs la com- pression fût opérée, comme dans mes appareils, en vertu de la vitesse ac- quise du liquide. » Il n'y a encore d'officiel sur les expériences faites par le gouvernement sarde, au moyen d'un de mes systèmes, pour lesquels il m'a honoré d'une grande médaille d'or, il y a plus de seize ans, que le Rapport intitulé : Rela- zioni techniche intomo al perforamento délie Alpi, dont M. de Rrignole Sale, ancien ministre de Sardaigne, qui m'avait remis cette médaille, m'a envoyé un exemplaire. » On peut déjà, au moyen de ce Rapport, faire une première étude sur le moyen de contrôle dont je viens de parler, quoique en faisant ces expé- riences on n'en e\it aucune idée. Il y a précisément des observations sur la température de l'air dans le tuyau de communication, où je propose d'en faire de plus complètes. » J'ai comparé, autant que possible, les diverses observations sur la cha- leur consignées dans ce Rapport, avec des expériences citées dans le Traité de Physique de l'École Polytechnique, de M. Jamin, professeur à cette école, t. II, p. 4^2 à 44o j 1859. Ces observations et ces expériences de physique ne me paraissent pas en desaccord sur l'appréciation du travail perdu par la production de la chaleur. » Mais, d'après ce que dit un journal allemand du 21 février, l'effet utile obtenu au mont Cenis en air comprimé disponible serait beaucoup plus 2;rand que celui qui avait été annoncé d'après ce Rapport. Il paraît donc que les expériences de physique auxquelles je compare ces effets pour les étudier, donneraient un chiffre trop fort pour le travail perdu par la pro- duction de la chaleur dans l'air comprimé, d'autant plus que ce n'est pas seulement dans l'air comprimé que la chaleur se produit, et que dans l'effet total se mêlent les effets d'autres phénomènes peu connus. Si l'on était assez sûr du résultat de ces expériences de physique, ce serait une raison pour re- commencer la mesure de l'effet utile annoncé par le journal allemand, qui 61.. ( 464 ) n'a donné d'ailleurs aucune observation sur la température de l'air com- primé. Aussi mon seul but, en le citant, est de m'en servir pour bien pré- ciser ma pensée quant à la manière de contrôler les unes par les autres des expériences aussi diverses sur l'air comprimé, d'autant plus que dans l'action des colonnes liquides en mouvement sur cet air on semble porté à croire que, toutes cboses égales d'ailleurs, la perte de travail doit se dissimuler encore moins qu'avec les anciens moyens de compression employés par M. Joule. >> Eu réflécliissaut à ce nouvel ordre d'idées, il m'a send)lé qu'une partie notable du déchet du bélier hydraulique, pour les grandes élévations du moins, c'est-à-dire jiour les compressions du réservoir d'air à des tensions très-élevées, pouvait provenir des phénomènes de la chaleur dont il s'agit. Le a octobre dernier, j'ai soumis cette idée à M. Seguin, neveu de Mont- golfier, Correspondant de l'Académie, et il l'a trouvée judicieuse. On sait que le déchet du bélier hydraulique pour ces hautes tensions n'a jamais été complètement expliqué. On peut voir, dans le Compte tendu de la séance de l'Académie du 20 septembre 1847, ce que M. Seguin a dit lui-même à l'occasion d'un Mémoire de M. Joule, dont les expériences confirment les siennes. » Mais, sans attacher encore beaucoup d'importance aux chiffres connus jusqu'à ce jour, et que j'ai discutés en attendant des communications plus complètes, il résulte de cet ordre d'idées une question sur les proportions de celle des branches du siphon renversé où l'air se comprime. J'ai pres- crit de donner autant que possible une section constante aux tuyaux de mes colonnes liquides oscillantes, sauf les exceptions signalées dans mes Mé- moires relativement aux embouchures, etc. Cependant j'ai montré par l'expérience et le calcul dans quelles limites on pouvait, sans dépasser une perte donnée de force vive, élargir tout le tuyau vertical dans lequel l'eau doit monter alternativement. Les ingénieurs sardes ont suivi mes prescrip- tions quant à l'égalité des sections, c'est-à-dire sans élargir ce tuyau. Or, comme ou aurait pu l'élargir dans certaines limites, de manière à diminuer les vitesses ascensionnelles de la colonne compiimante, sans trop diminuer la force vive disponible de cette colonne, on peut demander si, dans lavenir, il ne pourrait pas être utile de profiter de cette propriété de l'appareil pour diminuer réchauffement de l'air résultant en partie de ces vitesses, selon luie loi qui n'est pas connue. )' ToiU en signalant ce sujet de recherches ultérieures, comme on ne savait rien d'assez positif sur ces effets, je crois qu'on a judicieusement agi, ( 465 ) quand ce ne serait que pour la simplicité de la construction, en adoptant l'égalité des sections, au moins d'une manière provisoire, jusqu'à ce qu'on sache si les avantages qui pourraient résulter d'un élargissement dans cer- taines limites ne seraient pas plus que compensés par des inconvénients. Or, plus on trouverait, par la méthode ci-dessus, que le travail perdu en production de chaleur serait faible, plus cela justifierait le choix de l'égalité des sections dans les tuyaux du siphon renversé à trois branches. J'ai cru cependant pouvoir rappeler à celte occasion les expériences sur les élargissements dé- crites dans le Mémoire sur les oscillations de l'eau dans les tuyaux de con- duite, pour lequel l'Académie des Sciences m'a fait l'honneur de tne dé- cerner le prix de Mécanique, afin de montrer une fois de plus les consé- quences de ce Mémoire, même relati%ement à la théorie de la chaleur. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Auroie boréale de la nmt du g an lo tiuin 1861 ; Noie de M. Coulvier-Gravier. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie les observations de l'aurore boi'éale de la nuit du 9 au 10 de ce mois. A 8*" 3o'" on commence à voir du N.-N.-O. au N.-N.-E. par la teinte du ciel à quelques degrés au- dessus de l'horizon qu'une aurore boréale existe déjà au loin. En effet, à 8''45'" parurent trois rayons bien déterminés couleur d'un beau rouge sang. I^e premier s'élève jusqu'à a Cassiopée, le deuxième jusqu'à la Polaire et le troisième jusqu'à /; Grande Ourse. A ce moment on distinguait assez nettement le sommet du petit arc, la matière couleur verdâtre tirant sur le gris, parfaitement diaphane. Son élévation au-dessus de l'horizon environ 6" et son étendue à peu près 20°. Le grand arc avait alors une amplitude de 90° depuis 0* Bouviei' jusqu'à |B Classiopée et en altitude 40°. » De 8''45'" à 8*" 5o™, la marche de l'aurore boréale oscillante poussait de l'E. à 10. A 8''5o™ la matière qui avait donné naissance aux rayons s'élend et donne alors naissance à des nébulosités assez persistantes. De 8'' 5o'" à 10 heures du soir, de nouveaux rayons, tantôt roses, rouges ou plus ou moins blancs, apparaissent à divers intervalles el donnent naissance, en se dissolvant, à de nouveaux amas qui, après quelque persistance, dispa- raissent à leur tour. » A \ô heures du soir, elle est dans sa phase la plus brillante; on voit paraître un assez grand nondjre tie rayons, les uns sont d'un rouge pourpre, d'autres couleur du fer chauffé au ronge, quelques-uns d'une couleur verte et un autre, plus effilé, très-blanc. Le sommet des rayons s'élevait jusqu'à la ( 466 ) hauteur de la tête de la Grande Ourse, ce qui donnait au grand arc une étendue de près de ioo° de la Mouche à la Lyre et une altitude de 75". Tous ces rayons s'évanouissent, et il ne reste plus de cette belle apparition qu'un amas de matière couleur rouge très-vive et très-brillante au-dessous de Cépliée. Nous avons bien regretté qu'en ce moment cette partie du ciel fût voilée par une couche de nuages assez épaisse pour nous dérober les particularités les plus intéressantes du phénomène. 0 De 10 heures à i i''3o'" jusque vers 1 1''45'", où le ciel fut entièrement L'ouvert, il y eut à divers intervalles de nouvelles apparitions de rayons qui n'ont rien offert d intéressant. « De 1 2 heures à i a*"! 5"", quoique le phénomène fût peu brillant, cepen- dant il y eut une recrudescence qui nous fit voir qu'en ce moment l'ampli- tude du grand arc du Taureau à la Lyre était de plus de 100°, et que son altitude jusque passé /3 de la Petite Ourse était de 55". Puis jusqu'à i''i5'" parurent quelques lueurs assez brillantes sous Cassiopée qui disparurent jjresque aussitôt. « A i''i5" un rayon d'une couleur blanchâtre s'éleva jusqu'à 7 Cas- siopée; son mouvement de translation prononcé est de l'O. à l'E. Ce ravon resta parfaitement rectiligne dans sa partie inférieine pendant la durée de SOI) apparition, tandis que pour sa partie supérieure on le vit quelques instants après s'infléchir vers le N.-E. Enfin, jusqu'à près de 2 heures du matin, on vit apparaître quelques lueurs plus ou moins brillantes du N. au N.-O. » CHIMIE OUGANIQUF,. — Sur quelques élliers de glycérine ; par MM. Rebocl et LOUREXÇO. « Lorsqu'on ajoute par petites portions un équivalent de perchlorure de phosphore à un équivalent de glycérine diéthylique, il se manifeste une vive réaction accompagnée d'un dégagement d'acide chlorhydrique : si l'on verse peu à peu le produit qui en résulte, dans une dissolution de carbo- nate de potasse, afin de détruire l'oxychlorure de phosphore et de saturer des acides phosphoriques et chlorhydriques libres, on voit se séparer une huile d'une odeur extrêmement irritante, qu'il suffit de soumettre à une ou deux rectifications pour obtenir un liquide bouillant à la température de 184°. L'analyse de ce liquide conduit à la formule : Cl ( 467 ) C'est donc l'étherchlorhydrodiéthylique de la glycérine, formé en vertu -d'une réaction parfaitement semblable à celle qui se passe dans l'action du pei'chlorure de phosphore sin* l'alcool ordinaire 2(€^H«) Ô' + PhCl^= ,^ ".Jo^ + PhOCP + HCl. ^ ! CI Ce liquide est insoluble dans l'eau, soluble en toute proportion dans l'alcool et dans l'éthei-, d'une densité de i,oo5 à la température de 17". Sa vapeur irrite vivement l'organe de l'odorat et provoque le larmoiement. Il brûle avec une flamme bordée de vert. » Une solution concentrée d'éthylate de soude l'attaque à chaud; mais, pour que la transformation soit complète, il faut chauffer le mélange jjen- dant quelques heures, dans un tube scellé à la lampe, à la température de iao°. Après avoir retiré l'excès d'alcool par la distillation au bain-marie, on ajoute de l'eau pour dissoudre le chlorure de sodium, et on rectifie le liquide qui surnage en ne recueillant que ce qui passe entre 180" et 190*^; on obtient ainsi un liquide incolore, limpide, insoluble dans l'eau, solu- ble dans l'alcool et dans l'éther, et d'une consistance huileuse. Les anaU- ses de ce produit conduisent à la formule £13 H20 CX^ ! ^ ^^ I r~v3 ^ ^ ^ -i3(GMi»)r • c'est la glycérine triéthylique, que l'on obtient aussi en faisant réagir l'iodure d'éthy'e sur la glycérine diéthylique sodée, mais il est impossible de l'obtenir de cette manière exempte de glycérine diéthylique, parce qu'on ne peut transformer complètement celle-ci en son dérivé sodé, en la trai- tant par le sodium. Il a été également impossible d'enlever la glycérine diéthylique par des lavages à l'eau, dans laquelle elle est soluble, tandis que la glycérine triéthylique ne lest pas. Cette dernière dissout dans ce cas la glycérine diéthylique de préférence à l'eau. » Une seconde méthode générale qui permet d'obtenir les éthers glycé- riques de la troisième série, consiste à unir directement les anhydrides de ces éthers, ou éthers de glycide, avec les éthers ordinaires. Ainsi, par exem- ple, chauffe- t-on en vase clos, et à 900", de l'épichlorhydrine avec du bro- mure d'éthyle, une certaine quantité de ces deux corps s'unit directement et donne naissance à un liquide lourd, insoluble dans leau, soluble dans ( 468 ) Talcool el diiis I éther en toule proportion, boiullant vers t86 a 188'', et il'iine odoiir qui rappelle celle de la glycérine chlorhydrodiéthjlique, mais beaucoup moins irritante Ses analyses conduisent à la formule : Cl Hi > La réaction a lieu suivant l'équation : €' H^' O Cl + €^ H' Rr = I J' [J' lo. Epichlorliydrine. pi p _ Glycérine (.'Ihyl-clilorhydro-broniliydrique Ces exemples suffisent pour caractériser les conditions dans lesquelles se forment les éthers glycériques de la troisième série, dont les corps décrits plus haut peuvent servir de types, et dont ou pourra obtenir les homolo- gues dès qu'on le voudra. Nous ferons remarquer en même temps que, si on compare entre eux les points d'ébullition des trois éthers éthvliqucs de la glycérine, Différence. Glycérine éthylique aSo" 37" Glycérine diéthyliqiie ipS" j GlvcHrine triéthvlique i85" ( » On voit que la substitution d'éthyle au dernier équivalent d'hydrogène typique de la glycérine abaisse de fort [leu le point d'ébullition, puisqu'il ne descend que de 8", tandis que la seconde substitution le fait descendre de 37°, et la première de 5o°. » CHIMIE — PréjxDdlion tics élliers iodliydrujiie et bromliydrique par lu substilu- tioii (In f>li<^9,f)liore (tmorphe an phosphore normal; par M. J. Personxk. « Dans une Note publiée en iSSy (i), j'ai fait voir que le phosphore rouge ou amorphe se comporte avec les divers agents chimiques de la même (i) G = 12, O = 16, (i) Comptes rendus di: P Académie des AV/e/rcM, juillet 185^. ( 469 ) manière que le phosphore normal, mais que ses réactions se produisent avec inoins d'intensité. » Ces faits m'ont conduit a substituer le phosphore amorphe au phosphore normal dans la pré|)aration de quelques composés chimiques qui ne s'ob- tiennent jusqu'à présent qu'avec nue certaine difficulté, en raison de la grande énergie de la réaction entre le phosphore normal et les corps agis- sants siu- lui. Je veux parler des éthers iodhydrique et bromhydrique et même de l'acide iodhydrique. Les résultats que j'ai obtenus sont tellement nets et si facdes à réaliser, qu'en les publiant je crois rendre un véritable service aux chimistes qui ont si souvent l'occasion d'employer ces com- posés, surtout dans la préparation des ammoniaques composées et des radi- caux organi-métalliques. » Ether iodliydriqne. — Si la préparation de l'éther iodhydrique a été rendue plus facile par les perfectionnements apportés dans ces derniers temps par MM. E. Kopp, F. Marchand, Soubeiran, et en dernier lieu par M. Hofmann, elle n'en est pas moins encore assez longue, puisqu'il est toujours nécessaire de n'ajouter le phosphore que peu à peu à la dissolution alcoolique d'iode. C'est ainsi que, selon M. Marchand, il faut trois jours pour préparer la quantité d'éther iodhydrique fournie par 680 grammes d'iode et 200 grammes de phosphore, c'est-à-dire 800 grammes environ. En employant, au contraire, le phosphore amorphe, l'opération devient des plus faciles et d'une promptitude surprenante. Voici le mode opératoire : » Dans une cornue tubulée, munie deson récipient, on place 3o grammes de phosj)bore amorphe en poudre et 120 grammes d'alcool absolu, puis on y ajoute, en deux fois et à quelques minutes d'intervalle, 100 grammes d'iode. La cornue est alors placée sur un fourneau et la distillation con- duite tout aussitôt et poussée jusqu'à ce que le liquide distillé ne précipite plus par l'eau. Le produit distillé est à peine coloré par l'iode; il suffit de le laver avec de l'eau contenant quelques gouttes de dissolution de potasse pour l'avoir parfaitement incolore. I^e poids du produit obtenu et lavé de manière à le priver d'alcool, représente exactement la quantité théorique. Ainsi, 100 grammes d'iode m'ont fourni : 1" laS grammes, 2" 120 grammes, 3" 1 18 grammes; la quantité théorique est de I23 grammes. » En opérant ainsi, il faut moins d'un quart d'heure pour préparer plus de i5o grammes d'éther iodhydrique, et je puis assurer qu'on pourra en obtenir i kilogramme en une heure. La quantité de phosphore amorphe employée est plus forte que celle réellement nécessaire, mais cela n'a aucun C. R., 1S61, I" Semestre. (T. LU, N" 10.) 62 ( 47° ) inconvéïiieiit, puisqu'il reste dans la cornue, souillée, il est vrai, par les acides |)liosplinrique et phosphoreux, et qu'il suffit d'un simple lavage à l'eau chaude pour le rendre parfaitement propre à inie autre opération. » Etiier bromhydrique. — La préparation de l'éther broinhydrique avec le phos])hore normal et le brome présentait encore plus de danger que celle de I acide iodhydrique, au point qu'on avait presque renoncé à le préparer ainsi, et qu'on l'obtenait surtout en traitant l'alcool par le brome en excès et séparant ensuite par la distillation l'éther bromhydrique du bromal et de l'éthylène perbromé prothiits. Si ce moyen ne présente pas de danger, il a au moins l'inconvénient de faire perdre une grande quantité de brome. Voici le mode opératoire avec le phosphore amorphe : » A 4o grammes de phosphore amorphe et i 5o à 160 grammes d'alcool absolu placés dans une cornue tubulée, munie de son récipient, on ajoute peu à peu 100 grammes de brome à l'aide d'un tube à entonnoir dont l'ex- tréinilé plongeant dans l'alcool est effilée et légèrement recourbée; l'addi- tion du brome ne doit être faite que peu à peu, à cause de l'énergie île la réactinu qui ferait distiller une grande partie du produit avant l'addition complète du brome. Il est bon de placer la cornue dans un bain d'eau froide et de refroidir en même temps le récipient par un courant d'eau. Quand tout le brome est ajouté au liquide, on enlève le tube à entonnoir, on verse dans la cornue la petite quantité de liquide qui a pu passer dans le récipient à l'aide de la température de la réaction, puis on procède immédiat! ment à la distillation, en opérant comme il a été dit pour l'éther iodhydrique. » Cette opération .se fliit tout aussi facilement et avec aussi peu de danger que la première, il faut seulement le double de temps. On obtient aussi près que possible la quantité théorique : ainsi, avec 100 grammesde brome, j'ai obtenu : 1° 122 grammes, 2° 11. 5 grammes, 3° lao graonnes du pro- duit. La quantité théorique est de i36 grammes. Cette légère différence tient aux pertes inévitables de brome que l'on fait en l'ajoutant par fractions au liquide alcoolique. » Acide iodhydrique. — Malgré l'heureux perfectionnement ajiporté par M. Deville à la |)réparation de l'aeide iodhydrique gazeux, je crois qu'on trouvera plus commode et plus expéditif de le préparer avec le phosphore amorphe. Il suffit, en effet, de j)lacer dans une cornue tubulée munie d'un bouchon en verre une assez grande quantité de phosphore amorphe, de le recouvrir d'une légère couche d'eau et d'y ajouter de l'iode en sutfisante ( 47' ) quantité, pour qu'à l'aide d'une légère ehaleiir on obtienne un courant ré- gulier de gaz, parfaitement exempt de vapeur d'iode. » Maintenant que la préparation du phosphore amorphe est devenue industrielle et qu'on peut se le procurer facilement, je suis persuadé qu'on obtiendra les plus heureux résultats en le substituant au phosphore normal dans la plupart des réactions où ce corps intervient. » MÉTÉOROLOGIE AGRICOLE. — Injlucnce du refioidissenieiit de l'abnosplière aur In température du iol en février 1860 et janvier 1861; par M. A. Pouriai:. « En janvier 1860, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie une Note indiquant l'influence que la période de refroidissement de décembre iSSq avait exercée sur la température d'une terre faisant partie du domaine de l'École impériale d'Agriculture de la Saulsaie. J'avais constaté que pendant cette période de dix jours exceptionnellement froids (puisque le thermo mètre avait indiqué des minima de — 1 8 et — 20°) la température du sol a aS centimètres de profondeur s'était abaissée de -4- 2", 4 à — o",à. tandis que le thermomètre situé à [\o centimètres n'était pas descendu au-dessous de + o^jB. De ces premières observations j'avais conclu que s'il n'avait pas gelé plus profondément dans le sol, malgré les minima excessifs signalés plus haut, on devait l'attribuer à l'action préservatrice de la neige qui recou- vrait la terre à cette époque. » Depuis cette communication, nous avons eu à traverser deux nouvelles périodes de refroidissement, sinon aussi intenses, du moins plus longues : l'une en février 1860 et la seconde en janvier 1861; l'étude comparative de la marche de la température dans l'air et dans le sol m'a fourni les résultais suivants. )) Période de refroidissement en février 1860. Température à lair. — Du 2 au a6, la température minima s'est maintenue constamment au-dessous de zéro, le minimum extrême a été de — 9", 4 le 18; la moyenne des minima pour tout le mois de — 4°, 28. I) Temj'érature du sol à 25 centimètres de profondeur. — I.es observations souterraines ont été faites tous les jours à 9 heures du matin. Le 2 févriei', le thermomètre marquait ■+- 2°,3; le 14, il était descendu à — o", 2; mais à partir de ce jour, au lieu de continuer à s'abaisser sous l'influence du froid qui persistait, il est resté à peu près immobile, oscillant entre o et — o", 1 . Le 27, le thermomètre souterrain remontait à -t-o",!, le dégel ayant commencé la veille. 62., ( 472 ) » Tempëralure du sol à 4o centimètres. — Malgré celle période de aS jours de gelées consécutives, le thermomètre situé à 4° centimètres dans le sol n'est point descendu jusqu'à o". Le a février, il indiquait + 3°, 4; le 17, sa température n'était plus que de + o",4 : '"aïs à partir de ce jour jusqu'au 29 l'inslruinent n'a plus varié sensiblement, puisqu'il a constamment iniliqné + o",3 ou + o°,4. » Conséquences. — I.e fait capital résultant des observations précédentes, c'est la constance de la température que, pendant treize jours, les deux cou- ches souterraines nous ont offerte; mais pour s'en rendre compte, il suffît de savoir que durant cette période une couche de neige de plus de i déci- mètre d'épaisseur recouvrait la terre. » Ce fait me semble démontrer : i" que si, dès le début d'une période de refroidissement plus ou moins longue, le sol est recouvert d'une neige assez épaisse, les couches superficielles du sol commencent par se refroi- dir en cédant à cette couverture une partie de celle chaleur propre, ce qui détermine naturellement un refroidissement correspondant dans les couches plus profondes ; 2" qu'il arrive ensuite un moment où ces couches superfi- cielles mises en équihbre de température avec la couche inférieure de la neige elle-même, la tenqiérature du sol ne varie plus sensiblement, et alors le thermomètre placé dans les couches les plus profondes ilevient à son tour à peu près stationnaire; 3° que si la neige est un corps essentiellement propre à préserver les plantes contre le froid, les racines de végétaux qui passent l'hiver en pleine terre doivent pouvoir suppoiter néanmoins une température d'au moins o". " Période de re/roidisseinenl en janvier 1861. — Teinpéralure dans iaii . — Du 3 au 3i janvier, nous avons eu vingt-six jours de gelée interrompus seulement par deux jours pendant lesquels le thermomètre à minima a indicpié + 2", g et -+- 2", 7 les 30 et 26. l.a température minima extrême a été de — io",8le 17, la moyenne des minima pour tout le mois de — 3^,7. » Température souterraine à zS centimètres. — Le 3 janvier, la tempéra- ture du sol était de + 3", 5, le 9 elle s'était déjà abaissée jusqu'à o", et à partir de cette époque le thermomètre n'a pas cessé de descendre pour atteindre la température de — 1" le 20. A partir du 20, le thermomètre a commencé à remonter, mais ce n'est que le 1" février qu'il est revenu à -4- o", I . » Température souterraine à 4o centimètres. — Le 3 janvier, le thermo- mèlrc marquait 4", 5 ; le 9, 1", i ; le 20 il était descendu à 0°; mais à partir du uo il remontait au-dessus de o" pour marquer + o", 5 le 3i. (473 ) » Conséquences. — C'est pendant la période de refroidissement de janvier 1861 que la température du sol s'est le plus abaissée, puisque le ihermometre a accusé — 1° à la profondeur de aS centimètres, et que pour la première fois il a gelé à 4o centimètres de profondeur. Si l'on compare les deux pé- riodes de refroidissement de février 1860 et de janvier 1861, sous le rapport de l'intensité et de la durée, on acquiert bientôt la certitude que la véri- table cause des différences constatées dans les phénomènes souterrains pendant ces deux périodes réside dans l'absence de neige à la surface du sol en janvier dernier. Cette lois point de couverture naturelle, et comme conséquence refroidissement plus intense et plus profond dans la terre. » Les observations relatives à cette dernière période démontrent que les racines de nos blés d'hiver, de nos jeunes trèfles, etc., ont eu à supporter en janvier dernier une température comprise entre o" et ~ 1"; et comme ils n'ont point souffert, on doit en conclure que ces végétaux sont assez rusti- ques pour résister à ces froids. Ce sont donc les alternatives de gel et de dégel qui exercent une action vraiment pernicieuse sur les plantes hiber- nales, en arrachant leurs racines quand la terre se soulève ou bien encore en laissant une partie de ces mêmes racines exposée dans l'air à une tempé- rature bien inférieure à celle qu'elles peuvent supporter dans le sol. En février 1860, la neige a protégé les plantes ; en janvier 1861, la persistance du froid sans alternatives de gel et de dégel a produit le même effet. » J'ajouterai, pour terminer cette Note, qu'en janvier 1861 la terre qui recouvre nos racines dans les silos a gelé sur une épaisseur de 35 à 5o cen- timètres, et que pour !a première fois le jardinier en chef de notre école a vu tous ses plants de choux périr sous l'influence de la gelée. » M. LeGraxd, qui dans la séance du 3i janvier 1869 avait soumis au juge- ment de l'Académie un Mémoire sur l'application de la cautérisation linéaire à l'ablation des lipomes, annonce qu'il vient de pratiquer une opération de ce genre et qu'il a mis sous les yeux de la Commission nommée pour l'exa- men de ce Mémoire la tumeur enlevée par le procédé décrit. M. DE Paravey annonce que la Commission chargée d'examiner sa Note sur les motifs superstitieux qui font repousser comme aliment la chair de certains animaux, trouvera dans Court de Gébelin, Histoire du Calendrier, p. 69, l'indication des douze espèces de vertébrés dont il avait fait mention à cette occasion. ( \l(\ ) A 4 heures trois quails, l'Académie se forme en comité secift. La séance est lovée à 5 heures nn quart. E. D. B, Bl'LLETIX RIBLIOGKAPIlIQt'K. L'Académie a reçu dans la séance du ii mars 1861 les ouvrages dont voici les titres : De l'abus des amputations et de f utilité de la chirurgie conservatrire: ixn le \y Seutin. Bruxelles, 1860; br. in-8". Communiration sur loncjle incarné faite à l' Académie royale de métier ine de Hel(/i(iue da)is la séance du 29 décembre 1860; par le même. Bruxelles, 18G0; hr. in-8". (Ces doux ouvrages sont présentés au nom do l'auteur pai- M. Rayer.) Leçons de Chimie élémentaire apjiliquée aux Arts industriels; par M. Glii.'iU- niN; 4' édit.; II, i*"" fascic. — Chimie organique. Paris; 1861 ; in-8". Richesses ornithologiques du muli de la France, ou Description mélhodupie de tous les Oiseaux observés en Provence et dans les déparlements circonvoisins; par MM. J.-B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye ; 1 vol. gr. tu•l^", avec planches coloriées Etudes théoriques et expérimentales sur l'action de la vaccine chez l homme; jjar \e D' Lalagade. Paris, br. in-8". (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie,) Matériaux pour la flore atlantique; par M. A. POMEL; br. in-8°. Chemin de fer d'Orléans; compte rendu du service médical pendant Idiiiiét 1860, par les D" BlSSON et Gallard. Paris, 1861 ; iii-4°. Eclipse solar. . . Eclipse solaire du 1 8 juillet 1 860. Mémoire présenté à S. E. le Ministre du royaume, parla Commission portugaise, (^oïmbre, 1860; hr. in-8". l/<[)racolo... L'Oracle d'Epidaure sur hi lèpre d'Italie; p(ir\e commandeur l'ENlGIA. Naples, 1861; hr. in-8". ( 475 ) Ouvrages adressés par M. Vattemare. Etat de New-YopiK. Report. . . Rapporl sur la bibliothèque publique [Slnte Library) ; 1 858-59-6o; :', vol. in-8°. Report... Rapporl des Régents de [Université; i858-59-fio; 3 vol. in-S". Report... Rapport sur In condition du Cabinet d'histoire naturelle; i858-5t); ■2 vol. in-S". Maps. . . Cartes, plans se rattachant au Rapport de 1 856 sur les chemins de fer; I vol. 111-8". Report... Rapport sur les chemins de fer de l'Etat pour i858 ; i vol. in-8". Report... Rapport de l ingénieur de l'Etat sur le service des chemins de fer: heures (le dépari, stations, etc., pendant [ année finissant au 3o septembre, i858; I vol. in-8°. Transactions. . . Transactions de la Société médicale ; années 1 857-58-59-6o; 4 vol. in-8°. Third National... Compte rendu des séances et débats du Comité de Salubrité et des Quarantaines ; i^ Session tenue à New-York en avril iSSg. New-York, 1859; in-8'\ On tlie... Sur l'importance des mesures sanitaires et des moyens de les réaliser dans les villes ; par M. Betx. New-York, 1860; i vol. in-8". Report... Rapport sur le choléra à New-York en 1849; 1 vol. in-8''. Report... Rapport sur l'hospice des aliénés; i856; br. in-8°. Transactions . . Transactions de l'Institut américain [de l Etat de New- York) 1854-57; avec nn grand nombre de planches; 4 vol. in-8". New-York... Ferme modèle de l'Etat de New- York : ses traits caractéris- tiques; par BREWEn; i br. in-8°. Agriculture... Agriculture en Europe et écoles agricoles; par le même; I vol. in-8". An essai... 'Essai sur les maladies du raisin et de la canne à sucre; par GOODHICIl. Insects of Alger... Insectes d'Jlger ; par ASA FlTCH; r854; i vol. in-8". Treatise... L'Art de faire des clôtures et palissades; par TODD; 1859; I vol. in-8°. Transactions... Transactions de la Société d'Agriculture de [Etat de New- York, i858; I vol. in-8'', planches. 476 ) Etat du Conjnecticut. ïransHCtions. .. Trnnsnrtions de lu Société d Agricidlure de t Etat du Cnn- mctUuti 1857-58 -, 2 vol. iij-H". Proceeiliiigs... Comptes rendus de la Société médicale; 1857-59; 3 vol. iii-8". Report.. Rapport sw une retraite pour les aliénés; i856; i br. in-8°. Etat de l'Oiiio. Report... Rapport du Comité d Agriculture de lEtal de l'Ohio; 1847-57; 10 vol. iii-8". Report... Rapport du congrès poniologique américain. Cincinnati, i85o; i)r. 111-8°. Traité sur la propagation artificielle de certaines espèces de poissons; par GaRF^ICK; Cleveland, 1857; 1 vol. Etat de Tennessee. Report. . Rrtppurt du Bureau d'Agriculture de l'Etal de Tennessee. Trans- actions pour tes années i856 et 1857 ; 1 ^ol. iii-8°. Etat de la Caroline du Nord. Geologicai.. . Rapport géologique concernant la Caroline du Nord; par Emmons, I 856, cartes et planches; 1 vol. iii-8°. État de la Caroline du Sud. Eléments... Eléments de Médecine; conipendium de pathologie et de lltéra- peutlrpie ;pnr Dickson. Philadelphie; 1 vol. in-8". État de Californie. Report... Rapport de la Société d' Agriculture , 1857; 1 vol. in-8°. Pays-B.\s. Commission royale des échanges internationaux. Jnalecta botanica Indica. Commenlaliones de l'ariis stirpibus Asiœ Austra- lions; aucl. MlQUEL. Amsterdam, i85o- 1852; planches; 3 br. in-4" ( 477 ) Cycadeœ quœdam Americanœ partiin novœ ; nucl. MlQUEL. Amsterdam, i85i (4 planches coloriées) ; br. 111-4°. Vei'hancleling... Disserlalion sur le Polycephalus cerebralis; pm le D' NUMAN. Amsterdam, i85o (9 planches); i vol. in-/j°. Waarneming... Observations sur une alrophie du cerveau ; par SCHROEDER Van DEL ROLK. Amsterdam, i852 (planches); br. in-4°. Ontleedkiindige... Recherches analomiques sur le cerveau du Chimpanzé ; par le même. Amsterdam, 1849 (planches); br. in-4". Bijdrage... Etudes sur le potto de Bosnian; par Van DER Hoeven. Amster- dam, i85i (planches); br. in-4°. Vergelijkend... Recherches tnicroscopkptes sur l'ossification et le ramollisse- ment des parties osseuses; par DVSSEXUX. Amsterdam, i85o(pl.); br. in-4°. De cerebri et medullr spinatis systemate vasorum capillari in statu sano el morboso; auct. EK.KER. Utrecht, i853 ( la planches); i vol. in-S". De Epulide osleosarcomalodei aiict. S\SSE. Amsterdam, i855; br. in-8''. De Enchondrnmale; auct. Janssen. Utrecht, i85o; br. in-8°. Rapport fait à HJcadémie néerlandaise par M. RiTCHIE, le \" mars 1849, ^"' le procédé du D'^ Scoffern pour la raffinerie du sucre par le sucre de jdomb. Amsterdam, iSSa; br. in-8°. Tijdschrift... Revue périodique ((entomologie; livr. i à 6. La Haye, 1867- 1 858 ( planches coloriées) ; in-8''. Bryolocjia Javanica, seu Descriptio Muscorwn frondosorum archipelagi Indici, iconibus illustratn ; auct. DOZY et MOLKENBOEK. Lngd.-Rat., i855-58 ; livrai- sons I à 9 el II (planches); \n-l\'^. C. R., 1S61, \" Semestre. (T. LU, N" 10.) 63 ( 478) LE MOIS DE FÉVRIER 1861. Annales rie Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, DumaS, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique publiés à l'étranger; par MM. WuRTZ et VerDET : 3" série, t. LXI, février i86r. Ànmles de l' Agriculture française ; 11°' i, a et 3. Annales de l' Agriculture des colonies ( Algérie et Colonies) et des régions iider- tropicales, 2* année; in-8°. Annales forestières et métallurgiques; janvier 1861 ; in-8°. Atti... Actes de [Académie pontificale des Nuovi Lincei; i3^ année, ses- sion 6 et '7, 6 mai et 10 janvier; in-4°. Bulletin de la Société Géologique de France; janvier 1861. Bulletin de [Académie impériale de Médecine ; t. XXVI, n°* 8, 9, 10, 1 1 cl 12; ii)-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d^ agriculture de Fraïue; 2^ série, t. XVI, n" 1 ; in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; i" se- mestre 1861, n"' 5, 6, 7 et 8; in-4''- Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVIII de 1861 ; 5"^, ô*" et 7^ livrai- sons, in-4". Journal d'Agriculture pratique; nouvelle période; t. II, n"* 3 et 4» de 1861; iii-8". Journal cie Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; février 1861; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; janvier 1861; in-8". Journal de Phitr.narie et de Chimie; février 1861 ; in-S". Journal des Vétérinaires du Midi; février 1861; in-8''. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n° 5 de i86i. La Culture; n"' 1 5 et i6. L'Agriculteur praticien; 3* série, n" 9; in-8°. L'Art médical; (é\r\er i8Gi;in-8°. L'Art dentaire; février 1861. ( 479 ) Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufiK luiiet ; loo' livr.; ii)-4' Le Technologiste ; {éw'ier 1861; in-8". Montpellier médical : Joui nal mensuel de Médecine ; février 1861; iii-H". Nouvelles Annales de 'VJatltéinatiffues ; février 1861; in-S". Presse scientifique des deux mondes; n"' 3 et 4 ; 111-8°. Répertoire de Pharmacie; février 1861 ; in-8". Gazelle médicale de Paris; n°' 6, '7 et 8. Gazette médicale d'Orienl; février 1861 . V Abeille médicale ; 11°' .') à 8. La Lumière. Revue de la PltoUx/iapliic ; n" 3 de 1861. La Science pittoresque ; n°' /jo à 42. La Science pour tous; n"^ 10, 1 1 et 12. Archives générales de Médecine, mars 1861 ; in -S". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 18 MARS 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Note sur un point de la Cosmogonie de Laplace ; par M. Babinet. « Dans le système de Laplace sur la formation des planètes, ce grand géomètre admet que l'atmosphère du Soleil s'est étendue primitivement jusqu'aux dernières limites du monde planétaire et que cette atmosphère, d'après la loi de conservation des aires, a tourné d'autant plus vite qu'elle se rapprochait davantage du corps central. A chaque position où la force centrifoge devenait égale à la pesanteur, lui anneau de matière cessait, dans le plan de l'équateur solaire, de suivre le mouvement de retraite de cette atmosphère. Cet anneau se conglomérait ensuite eu planète isolée, suscep- tible par le même mécanisme de donner naissance aux planètes secondaires ou satellites. Suivant une remarque très-juste de M. Le Verrier, la formation de petites planètes et de petites masses isolées circulant autour du Soleil est bien plus facile à concevoir que la production de planètes d'une masse considérable. Mais je me réserve de revenir prochainement sur ce point important de la physique céleste. » Plusieurs personnes ont pensé que le Soleil lui-même avait été primiti- vement dilaté de manière à remplir l'espace entier qu'occupent maintenant G. R., 1861, 1" Semeslre. (T. LU, N" H. J 64 ( 482 ) les pLmètes, quoique Laplace mentionne expressément qu'au moment de la tormation de ces corps, c'est l'atmosphère seule du Soleil qui a eu cette vaste étendue. Nous avons un moyen mathématique de trancher la question, c'est de calculer d'après le mouvement actuel de rotation du Soleil, qui est 3 de aS jours — 5 quelle serait sa vitesse de rotation si, conservant la somme des aires que décrivent tous ses points matériels, il était dilaté de manière que son rayon, qui est aujourd'hui égal à 112 fois le rayon équatorial de la Terre, devînt égal à la distance de la Terre au Soleil ou à celle de Neptune au Soleil. » En appelant r le rayon du Soleil, u l'angle décrit par chacun de ses points dans l'imité de temps autour de son axe et d sa densité, la somme des aires décrites sera donnée par l'intégrale, prise de zéro à r, de l'ex- pression 2 TTM d. x^ dx \jr'^ — x". Cette intégrale pour 2x^dx \jf^ — x^ est 3 ^ 5 -lx\r-> - x^Y - ^^{r--x'Y + C. Entre les limites ci-dessus cette intégrale se réduit à -^ r' et la sonune des ° i5 aires à \n(,)dr^. 10 Si pour un autre état du Soleil le rayon est r', l'angle de rotation &j' et la densité d\ on aura pour la somme des aires dans ce second cas ^n^'d'i'% 10 ' la constance des aires donnera \n(,i'd'r"^ = \n(ùdr^, i5 i5 ' ou bien » Or la masse du Soleil étant dilatée en passant d'un rayon /• à un rayon ( 483 ) r\ ia densité d' sera moindre que d dans le rapport des volumes, c'est-à-dire dans le rapport de /' à r'% en sorte que d' = d^,; la relation deviendra donc ou enfin ,'^'/''= wc/f" w (ù'd-r,r''^= wdr^, u'r'* = Ga/^ Faisant, pour le cas où le Soleil serait dilaté jusqu'à l'orbe de la Terre, r=ii2 et r'= 24000, il vient «'.24000^^ = u.i 12^, et pour une planète trente fois plus éloignée du Soleil, comme Neptune, on aurait u"(3o X 24000)* = w.i 12^. v Le temps d'une rotation du Soleil serait alors en jours pour le premier cas, et pour le second .. Le premier calcul donne une rotation de 1 162000 jours, faisant plus de 3ooo années (3 181 ans). » Le second temps de révolution serait évidemment 900 fois plus grand, savoir plus de 27 mille siècles. » Ces nombres étant infiniment supérieurs à ceux qui marquent le temps de révolution de la Terre et de Neptune, on voit qu'il est impossible d'ad- 64.. ( 484 ) mettre que ces planètes ont été formées de la masse même du Soleil dilatée jusqu'aux orbes planétaires, ce qui n'empêche pas d'admetlreque les étoiles elles-mêmes ont été formées aux dépens d'une matière cosmique universelle, mais qui n'aurait eu que des mouvements de rotation extrêmement faibles autour du centre de gravité do chaque masse qui devait s'isoler en Soleil individuel. i) On doit conclure de ce qui précède que si le Soleil entier eût été dilaté jusqu'aux orbes des planètes, il eût eu un mouvement de rotation beaucoup trop faible pour que la force centrifuge balançât la pesanteur et par siiile pour l'abandon d'un anneau équatorial isolé de la masse totale. » TECHNOLOGIE. — Note siir [éclairage de ta rampe dans les théâtres; par 31. MoRiN. « L'on a fait, il y a peu de jours, à l'Opéra, l'essai d'un nouveau dispo- sitif (le la rampe, destiné à éclairer les acteurs pendant les représentations, et par l'emploi duquel on s'est proposé d'éviter à la fois les inconvénients que présente le dispositif actuel sous le rapport de la sécurité et de la con- servation de la vue des artistes. » Cette partie importante de l'améUoratiou du système d'éclairage, de chauffage et de ventilation des théâtres n'avait pas échappé à l'attention de la Commission constituée par M. le Préfet de la Seine, sous la présidence de M. Dumas, Commission qui compte dans son sein plusieurs Membres de l'Institut, et qui a pour mission d'examiner les projets présentés pour le chauffage et la ventilation des nouveaux théâtres de la place du Châtelet. » Comme il importe que de semblables améliorations, utiles au public, restent dans son domaine, nous avons cru convenable de donner une date certaine aux idées adniises par la Commission et aux essais qui ont été faits en sa présence au Conservatoire des Arts et Métiers, avec un appareil qui depuis la fin de décembre dernier est installé dans la galerie publique d'expérimentation de l'établissement. » Il avait été exprimé dans le sein de la Commission, dès ses premières séances, par son président M. Dumas (novembre 1860), le vœu que l'on recherchât un moyen d'alfténuer les fâcheux effets que l'intensité de la lumière de la rampe produit sur la vue des acteurs., eft d'éviter les dangers que la flamme de ces lumières leur fait courir. A cette occasion, le rappor- teur a proposé un disposilif (pii, tout en satisfaisant à ces deux points de ( 485 ) vue, peimettrait en outre d'utiliser aussi pour la ventilation la chaleur de ces becs de gaz. » Des essais ont été faits et répétés au Conservatoire des Arts et Métiers, en présence de la Commission, et ils ont montré, dès l'abord, qu'il était facile d'envelopper les becs, de manière à éviter les chances de feu et d'ap- peler à l'extérieur les gaz produits par la combustion. » Le dispositif proposé consiste à entourer les becs d'une enveloppe cylindrique, dont la partie postérieure, tournée du côté de la salle, est en métal poli et réfléchit la lumière vers la scène, tandis que la partie anté- rieure serait en verre poli ou dépoli. » En arrière des becs, entre eux et l'enveloppe postérieure, est une seconde enveloppe métallique à peu près concentrique à la première, et qui forme avec elle un conduit courbe, qui se termine à un tuyau hori- zontal parallèle et inférieur à la rampe, lequel communique à chacune de ses extrémités avec des tuyaux verticaux d'évacuation des gaz de la com- bustion. L'air nouveau est introduit par des ouvertures ménagées en avant des becs. » L'enveloppe extérieure en verre doit être placée à une distance conve- nable, pour que l'action de la chaleur ne la fasse pas rompre; dans le ser- vice courant, il conviendrait d'ailleurs de l'échauffer graduellement. Outre cette première enveloppe faite en verre poli ou dépoli, selon ce que l'obser- vation l'indiquera, il serait possible de disposer en avant d'autres envelop- pes mobiles en verres de couleur, selon les effets lumineux que l'on vou- drait produire sur la scène. » Les premiers essais exécutés en décembre 1860, avec un appareil dont la construction a été confiée à MM. Chabrié père et fils, ont montré que ce dispositif fonctionnait fort bien, et que l'appel des gaz de la combustion se produisait sans occasionner dans la flamme des becs des vacillations dés- agréables. » Mais il était nécessaire en outre de faire des expériences photométri- ques pour constater les différences d'intensité que pouvait occasionner l'emploi des enveloppes en verre poli ou en verre dépoli, afin de régler en conséquence le nombre des becs de gaz à employer. C'est ce qui a été fait au Conservatoire des Arts et Métiers, le 3 et le 25 janvier 1861 . La première expérience a été exécutée en présence de la Commission, et la seconde a eu pour objet de donner plus de précision aux résultats numériques. » Expériences pliotométriqiies faites le aS janvier 1861, au Conservatoire des /4rts et Métiers. — Dans ces expériences on s'est proposé de con)parer lin- ( 486 ) teiisilé do la lainière fournie par un bec de gaz contenu dans une enveloppe analogue à celle que l'on a décrite plus haut, selon que cette enveloppe en verre poli est recouverte ou non d'un verre dépoli. » L'on a de plus comparé l'intensité de la lumière de ces becs, selon qu'ils étaient alimentés avec du gaz carburé et recouverts de verre poli ou dépoli, afin de s'assurer si l'accroissement d'intensité lumineuse obtenu avec le gaz carburé compenserait la diminution occasionnée par le verre dépoli. Résultats des expériences photométriques. DISTANCES CADP.Ê nAPPORTS DÉSIGNATION DES BECS. des becs des des photomèlre. dislances. intensités. 1° Bec A, de droite, recouvert de verre dépoli • . I ,26 1,5876 2,i3i6 Intensité de A Bec B, de gauche, sans verre dépoli. . . . 1,46 Intensité de B ,76. 2° Bec A, de droite, recouvert de verre 1,66 1,27 2,7556 I ,5129 Intensité de A Intensité de B ~~ ' 82. Bec B, de gauche, sans verre dépoli avec gaz non carburé 3° Même comparaison que ci-dessus en retirant les réflecteurs et le verre dé- Bec A, de droite, recouvert du verre dé- 0,95 0,53 0,9025 0,2809 ■ Intensité de A ^ Intensité de B ' 21. Bec B, de gauche, sans verre dépoli et avec KoTA. — Avant l'exécution do ces expériences , l'on avait e u le soin de régler les becs A et B de ma- | nièrc que, dans des conditions identiques, leurs 1 umières eus ent la même intensité. » Conséquences des expériences précédentes. — Il résulte donc de ces expé- riences : i" que l'emploi de l'enveloppe de verre dépoli diminuerait l'inten- sité de la lumière dans le rapport de 0,75 à 1,00, et que par conséquent, pour obtenir avec cette enveloppe un éclairage équivalent à celui que l'on obtient sans enveloppe, il faudrait augmenter le nombre des becs dans le rapport de loo à i33; ( 487 ) » 2° Que par une carburation énergique du gaz, telle que celle qui a été obtenue dans l'expérience, on peut augmenter l'intensité de la luiuière dans le rapport de 3 à i au moins ; » 3° Que par une combinaison convenable de la carburation et de l'em- ploi d'une enveloppe en verre dépoli, l'on peut augmenter l'intensité de la lumière que fournirait un bec ordinaire avec enveloppe de verre dans un rapport voisin de celui de ci à i. » Mais en ce qui concerne l'emploi des gaz carbures dans l'éclairage in- térieur des lieux publics, la question industrielle de la production des ma- tières propres k opérer cette carbination a paru encore trop incertaine et trop complexe pour que la Commission ait cru devoir, dès à présent, en admettre l'emploi, qui d'ailleurs ne paraît pas exempt de dangers. » GÉOMÉTRIE. — Sur le déplacement d'une figure de forme invariable daîis l'espace; par M. Chasles. (Suite.) Construction de Paxe central commun à deux corps égaux. a 147. Pour déterminer l'axe ceniral, il suffit de connaître trois cou- ples de points homologues des deux corps. Soient donc A, B, C trois points du premier corps, et A', B', G' les trois points homologues du deuxième corps. Soient rt, b, c les milieux des trois cordes AA', BB', CC. La droite ab, que nous appellerons A, est la droite-milieu des deux droites homolo- gues AB, A'B'. Les plans menés par les points a, h normalement aux deux cordes AA', BB', respectivement, se coupent suivant une droite ï. (16, 4°)- La droite sur laquelle se mesure la plus courte distance des deux droites >. et A rencontre l'axe ceniral cherché et lui est perpendiculaire ( 125). » Les deux cordes AA' et CC donnent lieu de même à une autre droite qui rencontre l'axe central et lui est perpendiculaire. Ces deux droites dé- terminent l'axe central, qui n'est autre que la droite sur laquelle se mesure leur plus courte distance. » Ainsi le problème est résolu. » 148. Autrement. Que par un point O de l'espace on mène des droites Oa, Oê, Oy égales et parallèles aux trois cordes AA', BB', CC; le plan des trois points a, ê, y sera perpendiculaire à l'axe central, parce que les pro- jections orthogonales des trois cordes sur cet axe sont égales (B7). Ainsi la direction de l'axe central est déterminée. » La recherche de la position de cet axe se réduit à celle de deux points ( 488 ) homologues qui soient situés sur une perpendiculaire au plan aêy; car cette perpendiculaire sera évidemment l'axe central. » On cherchera les deux points satisfaisant à cette condition, situés dans les plans des deux triangles ABC, A'B'C. A cet effet, il suffit de projeter orthogonalemeut les deux triangles sur le plan aSy : leurs projections sont deux triangles égaux ; et le point central de ces triangles est la projec- tion des deux points demandés; conséquemment, c'est par ce point que passe l'axe central des deux corps. » Cette construction dérive immédiatement de la démonstration même de l'existence de l'axe central. » 149. Elle donne lieu, dans ses applications, à deux remarques. » Premièrement, il peut arriver que les trois cordes AA', BB', CC soient parallèles à un même plan, auquel cas les trois points a, ê, y se trouvent sur une même droite, et ne déterminent plus le plan perpendiculaire à l'axe central. Il semblerait donc que la construction est en défaut. » Mais il suffit d'observer que dans ce cas elle n'est pas nécessaire, parce que la direction de l'axe central se trouve déterminée immédiatement par les données mêmes de la question; car les trois cordes AA', BB', CC étant parallèles à un même plan, il en résulte que les deux plans homologues ABC, A'B'C sont parallèles à l'axe central (155); c'est-à-dire que leur droite d'intersection détermine la direction de cet axe. >i La seconde remarque se rapporte au cas du mouvement infiniment petit. La construction, tant de la direction que de la position absolue de l'axe central, qui devient l'axe instantané de rotation, subsiste théorique- ment; mais elle n'est pas, en général, d'une application pratique, parla raison que, dans la plupart des questions de la théorie des Machines, on pourra bien ne pas connaître les vitesses mêmes des trois points donnés A, B^ C, représentées ici par les trajectoires infiniment petites de ces points, mais seulement les directions de ces vitesses, qui, en effet, suffisent pour déterminer le mouvement infiniment petit du corps. Il faut donc savoir déterminer la position de l'axe central au moyen de ces directions seules, de même que sur le plan, les directions des trajectoires de deux points de lafigur e en mouvement suffisent pour déterminer le centre inslanlané de rotation. " A cet égard, notre première construction satisfait pleinement à la question, théoriquement et pratiquement, car on n'y fait usage que des direc- tions des trajectoires de trois points du corps en mouvement (i). (i) Le point de vue, ou mode de procéder indiqué par M. le général Poncelet, dans les ( 489 J Construction de la vis avec laquelle on peut transporter un corps d'une position donnée dans une autre position déterminée par trois points. :< iSO. Soient A, B, C trois points du corps, et A', B', C les positions que doivent prendre ces points dans la nouvelle position du corps. » On détermine l'axe central comme il vient d'être dit; ce sera l'axe de la vis. » Qu'on prenne sur cet axe deux points homologues quelconques, leur distance E sera la quantité de glissement de l'axe sur lui-même; et enfin qu'on prenne deux plans homologues quelconques passant par l'axe cen- tral, leur angle U sera l'angle de rotation correspondant au glissement E. » Par conséquent, si l'on appelle H le pas de la vis^ on aura H 36o° E.SGo" Ê-~ïr' "-— U-- » Si l'on veut diminuer le pas de la vis pour diminuer la force qui la mettra en mouvement, on fera faire à la vis plusieurs révolutions, en nom- bre «, plus une rotation U ; et alors le pas de la vis sera „ E.36û il :^ n . 36o -t- U VII. Notice historique sur la question du uéplaceme.nt d'une figure DE FORME INVARIABLE. » On ne trouve peut-être dans la Géométrie des Anciens qu'ime seule question où l'on ait à considérer le mouvement d'une figure de forme inva- riable : c'est dans la description de la conclioïde de Nicomède. La figure en mouvement est la plus simple qu'on puisse imaginer, une seule ligne droite; et le mouvement est déterminé par des conditions également très-simples. Cette droite glisse sur un pôle, ou point unmobile, pendant qu'un de ses points parcourt un axe fixe : tout autre point de la droite décrit une cou- choïde. Programmes de l'itcole Polytechnique, comme le plus élémentaire, pour cette question de Vaxe instantané de rotation, dans le mouvement infiniment petit, coïncide, du moins en ce qui concerne la détermination du plan perpendiculaire à l'axe instantané, avec les considéra- tions sur lesquelles repose notre seconde construction. ( Voir Programmes pour l'admission et pour l'enseignement à l'École Polytechnique ; in-4°j i85o, p. 72.) C. P.., iSGi, I" Semestre. (T. LU, N» H.) 65 ( 490 ) » Cette courbe, imaginée par Niconiéde (vers i 5o ans avant notre ère), lui servait pour résoudre, d'une manière fort ingénieuse et qui atteste des connaissances géométriques déjà profondes, les trois célèbres problèmes de l'antiquité : la trisection de l'angle, les deux moyennes proportionnelles et la duplication du cube. Celui-ci se ramène, comme on sait, aux deux moyennes proportionnelles (i). » Chez les Modernes, Viète et Newton ont étendu cet usage de la con- choïde : le premier, en montrant que toutes les équations du troisième de- gré se ramènent aux deux auxquelles conduisent les problèmes résolus par Nicomède, et par conséquent se peuvent résoudre par la même courbe; et Newton en réalisant ce mode de solution, c'est-à-dire en construisant toutes les équations du troisième degré par la conchoïde (2). « Mais quelle que soit l'importance qu'on a donnée à la conchoïde, cette circonstance, qu'elle est décrite dans le mouvement d'une figure, n'a mis sur la voie d'aucune propriété qui touche à la question du déplacement d'iuie figure de forme invariable. (i) Cette connexion intime entre les deux problèmes a été découverte, au rapport de Proclus (Livre 3; proposition i''^), par Hippocrate de Chio. Elle est fondée sur ce que l'équation x^= 2a' est une conséquence des deux x''=iay, y''=z7.ax, qui expriment le problème des deux moyennes proportionnelles entre les lignes a et 2a. (2) Newton, en cherchant à consacrer cet usage de la conchoïde de préférence aux sec- lions coniques, à raison de sa plus facile description mécanique, posait en principe qu'on doit admettre les courbes, en Géométrie, selon le rang de simplicité de leur description, plutôt que selon le degré de leur équation. On peut croire qu'ici l'illustre auteur s'est laissé guider, comme dans le titre même de son livre. Arithmétique universelle, par une vue systématique en opposition à la Géométrie de Descartes, qui veut qu'en se servant des courbes pour la résolution des équations et des problèmes, en général, on emploie toujours celles du moindre degré possible. Il est bien clair que Descartes en posant ce principe, et ses contemporains en y adhérant, distinguaient le point de vue théorique, de la question de pratique effective, chose si diffé- rente. Nevfton le comprenait bien au fond; car il therche à prévenir le jugement que les géomètres pourront porter sur les considérations contraires qu'il vient d'émettre. Il ajoute, en effet, ces paroles : « S'il se trouvait quelqu'un qui ne partageât pas mes sentiments, qu'il a se persuade bien qu'il s'agit ici, moins de constructions géométriques, que de constructions » (juciconques, par lesquelles je cherche à approcher le plus près possible de la valeur des » racines d'une équation. « (Arithmétique universelle; Construction linéaire des équations.) Qu'on nous permette de le dire. Newton, en combattant le sentiment de Descartes, a mé- connu le caractère essentiel et la destination des sections coniques en Géométrie, savoir, de servir à résoudre les questions ii trois ou à quatre solutions, ;\ l'instar du cercle qui a pour objet (le l'ésoudre les ipiestious à diux solutions. { 49' ) ') C'est, je crois, dans la solution du problème de la tangente à la cy- cloïde, donnée par Descartes, quand cette courbe faisait le sujet des re- cherches passionnées des Pascal et des Roberval, que se trouve la première trace des propriétés relatives à une figure en mouvement. Mais il ne s'agit dans cette question que d'un mouvement particulier, celui d'une courbe qui roule sur une courbe fixe. Descartes remarqua que ce mouvement est à chaque instant une simple rotation autour du point de contact actuel des deux courbes. Il s'ensuit que la normale à la trajectoire d'un autre point de la courbe roulante passe par ce point de contact, et que par suite la tangente est déterminée (i). Solution merveilleuse de simplicité, dans une question qui alors offrait à l'analyse des difficultés (2 ). » A partir de cette époque, on trouverait sans doute, sans parler des épicycloïdes, quelques exemples de courbes décrites par des points d'une figure en mouvement. Ainsi, on sait que Newton a décrit la cissoïde, a la manière de la conchoïde, par le mouvement d'un angle droit dont l'ex- trémité d'un côté glisse sur une droite fixe, pendant que l'autre côté, indéfini, tourne sur un pôle fixe. Il suffit que la dislance de ce pôle à l'axe fixe soit égale au premier côté de l'angle droit; et c'est le milieu de ce côté qui décrit la cissoïde (3). Il Mais ces questions n'impliquent point, comme celle de Descartes, la connaissance d'une propriété du mouvement d'une figure considéré en lui-même, et notamment cette propriété fondamentale, que tout mouvement est toujours, à chaque instant, une simple rotation autour d'un point fixe, que l'on appelle centre instantané' de rotation. » Après Descartes, c'est Jean BernouUi qui paraît avoir touché de plus près à la découverte de ce centre instantané de rotation, dans le déplace- ment quelconque d'une figure plane. » En effet, il a démontré que quand tous les points de la figure sont (i) Lettres de Descartes, t. II de l'édition de 1724, p. Sg. (2) J'ai reconnu qu'une autre courbe plus anciennement célèbre, la spirale d'Archimède, est susceptible d'une description du même genre, mais qui est en quelque sorte l'inverse de celle delacycloïde; car c'est une droite qu'on fait tourner sur un cercle. Concevons un angle droit dont un côté indéfini roule librement sur un cercle, si l'autre coté est égal au rayon et dirigé vers le cercle, son extrémité décrit la spirale; ce que l'on voit sans difficulté et d'où résulte immédiatement que la sous-normale est constante et égale au rayon du cercle. Il existe d'autres rapprochements entre la description de la spirale et celle de la cycloïde. (Voir Correspondance mathématique de M. Quételet, t. VII, p. 4'! année i832.) (3) Arithmétique universelle. Construction linéaire des équations. 6j.. (492 ) animés d'une nu-nie translation dans une direction commune, accompa- gnée d'une rotation autour du centre de gravité, il existe un point de la figure qui reste fixe; et il appelle ce point centre spontané de rotation. (Voii- Décentra spontaneo rotalionis. Opéra, t. IV, p. 265, année 1742) » Ainsi v(jilà l'existence du centre instantané de rotation révélée dans un niouvcmeiit déterminé par des conditions particulières, mais qui semblent plus générales que dans l'exemple de Descartes; quoiqu'elles ne le soient pas au fond, car tout mouvement continu d'une figure plane peut être pro- duit par le roulement d'une certaine courbe sur une autre courbe fixe, comme dans la question des roulettes considérée par Descartes. » Il eiit été facile à Jean Bernoulli de reconnaître que les conditions de la question qu'il traite se présentent naturellement dans tout mouvement quelconque d'une figure de forme invariable; c'est-à-dire que l'on peut toujours concevoir le mouvement comme produit par inie translation com- mune à tous les points de la figure et égale au mouvement effectif d'un de cespoinls, et par une rotation simultanée autour de ce même point. Mais la considération du centre de gravité, introduite par Bernoulli, parce qu'il trai- tait une question de forces, et non une simple question de déplacement géométrique d'une figure, peut avoir contribué à écarter de son esprit l'idée de la généralisation dont était susceptible le résultat important auquel il parvenait. » Bernoulli n'a point cherché non plus à étendre ce résultat au delà du cas d'une figure plane. » C'est d'Alembert et Euler qui les premiers ont considéré le mouve- ment d'un corps dans l'espace. Ils se sont occupés, chacun à deux reprises séparées par plus de vingt-cinq ans, de cette question, qui donnait lieu, comme le dit Euler, à deux ordres de recherches distincts, les unes géométriques, les autres mécaniques. » Les premiers pas dans cette voie sont dus à d'Alembert et se trou- vent dans son Tr.iité de la précession des équinoxes (mis au jour en 1749)- » Ayant à considérer, par la nature même du sujet, le mouvement infiniment petit d'un corps retenu par un point fixe, d'Alembert a dé- montré que ce mouvement est toujours une rotation autour d'une droite qui reste fixe, droite qu'il a appelée axe instantané de rotation (p. 83 dudit Traité). De celte propriété importante se conclut immédiatement celle-ci , que : Tout déplacement infiniment petit d'un corps parfaitement libre se peut effectuer par une translation comminie à tous les points du corps, égale et parallèle au mouvement effectif de l'un de ces points. ( 493 ) suivie d'une rotation autour d'une droite fixe passant par ce point. » Peu de temps après le célèbre ouvrage de d'Alenibert, Euler démon- tra ces mêmes théorèmes dans un Mémoire intitulé : Découverte d'un nouveau ptincipe de Mécanique ( ;V. Mémoires de i Académie de Berlin pour 1760; imprimés en io52) , et il en fit usage ensuite dans le problème : Du mouvement de rotation des corps solides autour d'un axe variable [Mé- moires de l'Académie de Berlin pour l'année 1758; imprimés en 1765), puis dans son Theorin motus corporum solidorum seu rirjidorum (année 1760 , qu'on peut regarder comme le troisième volinne de son Traité de Méca- nique, dont les premiers avaient paru en 1736. » Depuis lors, cette manière de concevoir tout mouvement infinuntnt petit d'un corps, comme composé d'une translation et d'une rotation autour d'une droite fixe, a été adoptée dans tous les Traités de Mécanique; et l'on donne, avec d'Alembert, à cette droite, le nom cVaxe instantané de rotation. On a quelquefois attribué cette expression instantané à Euler; mais c'est une erreur : il y a même lieu de remarquer qu'Euler a évité de s'en servir après d'Alembert, et qu'il a toujours dit simplement axe de rotation [Mémoires de l'Académie de Berlin pour 1750) ou axis cjyrationis [Theona motus corporum solidorum) . On ne peut douter qu'il ne connût aussi l'ex- pression de centre spontané de Bernotdli , à laquelle on voudra peut-être rattacher non pas, bien entendu, la connaissance de \'axe instantané, pro- priété générale du mouvement d'un corps due à d'Alembert, mais le terme instantané qui convient si bien à cette belle propriété. » Il n'est question jusqu'ici que du mouvement infiniment petit d'un corps, soit retenu par un point fixe, soit parfaitement libre; et ce n'est que vingt- cinq ans plus tard que les deux mêmes géomètres ont considéré le déplace- ment fan quelconque. » La priorité de cette généralisation appartient à Euler. Son travail est intitulé : Formulas générales pro translalione quacunque corporum ri(ji- dor,um, et se trouve dans les Novi Commentarii de l'Académie de Saint- Pétersbourg, pour 1775 (t. XX, 1776). Il se distingue par une particula- rité qui n'est pas absolument sans intérêt et qui doit être rapportée, parce qu'il faut citer Lexell, qui a pris part à la solution de la question. » Euler, en traitant le cas d'un corps retenu par un point fixe, et appli- quant d'abord l'analyse à cette question simple, s'est trouvé arrêté par une équation dont tous les termes devaient se détruire d'eux-mêmes, pour qu'on en conclût l'existence d une droite autour de laquelle il suffirait de faire (494 ) tourner le corps. La difficulté fut inextricable, et le gnuid analyste dutn'- courir, comme il l'a f;ut dans beaucoup d'autres circonstances, à une dé- monstration géométrique qui réussit. Passant au cas d'un corps parfaitement libre, il en conclut sans difficulté, comme dans le cas du mouvement infi- niment petit, que tout déplacement fini peut s'effectuer d'une infinité de manières par une translation commune à tous les points du corps, suivie d'une rotation autour d'iui axe fixe. Puis, dans un Addilnmcnlum, il re- nouvela ses efforts, mais encore infructueusement, pour démontrer l'iden- tité de l'équation rebelle. » Ce fut Lexell qui, dans le même volume de l'Académie de Saint- Pétersbourg, leva la difficulté, et donna satisfaction à l'analyse en prouvant l'identitî de l'équation. (Voir Theorematn nonmdla generalia de Iranslaliont corporum rigidorum ; p. 239-270.) » D'Alembert ne tarda pas de démontrer par des voies différentes et fort simples les deux théorèmes d'Euler sur le déplacement fini. ( Voir t. Vil des Opuscules mathématiques^ année 1780, p, 872 : Sur la rotation d'un corps de figure quelconque. ) » C'est à ces deux théorèmes, qui au fond se réduisent à un seul, tant le second est une conséquence naturelle du premier, que les deux grands géomètres se sont arrêtés dans le cas du mouvement infiniment petit, comme dans celui du mouvement fini; et ils n'ont aperçu aucune des propriétés auxquelles donne lieu cette question : ils n'ont donc point connu l'existence de l'axe central commun aux deux positions du corps (65 \ qui semble le complément nécessaire des deux théorèmes, et constitue une des plus belles propositions de cette théorie. » On n'a rien ajouté à ces premiers résultats, en ce qui concerne le déplacement fini. On pourrait croire qu'il en est de même pour le cas du déplacement infiniment petit, puisque dans tous les Traités de Dyna- mique on s'est borné jusqu'ici à reproduire les seuls théorèmes de d'Alem- bert (i). (i) Quant aux théorèmes relatifs au mouvement fini, les auteurs n'en font aucune men- tion, et on n'en retrouve peut-être quelque trace que tians le Traité de Mécani(iue de M. de Prony. Ce géomètre s'exprime ainsi : « Dans le mouvement général d'un corps, quel que » soit l'intervalle de temps qui sépare deux époques du mouvement, il y a toujours un axe » dans le corps, qui, à l'une et à l'autre époque, se trouve dans des positions parallèles. » [Journal de l'École Polytechnique ; \' cahier, an vi ; p. 208.) ( 495 ) » Cependant on voit dans un Mémoire du savant géomètre G. Giorgini, de Florence, sur cette même question du déplacement infiniment petit d'un corps (inséré dans le t. XXI des Meinorie di matematica e difisica délia Società italiana; Modena, i836), qu'un géomètre florentin, Giulio Mozzi, a publié à Naples en 1 763, un ouvrage intitulé : Discorso matematico sopra il rotamenlo momentaneo dei corpi, dans lequel se trouve le théorème de l'axe instantané glissant sur lui-même. 1) Nous n'avons eu connaissance que dans ces derniers temps de cet ouvrage que les historiens des Mathématiques et les bibliographes ont négligé. » L'auteur, après avoir démontré que tout corps en mouvement possède, à chaque instant, un mouvement de rotation autour d'un axe qui passe par le centre de gravité, et un mouvement rectiligne commun à toutes ses parties, ce qui était connu de d'Alembert et d'Euler, ajoute que ces deux mou- vements se réduisent à deux autres, dont l'un, rectiligne, est commun à toutes les parties du corps et parallèle à l'axe de rotation qui passe par le centre de gravité, et l'autre est une rotation autour d'un axe parallèle à celui-là( i) : axe dont il détermine la position, et qu'il appelle axe spontané de rotation (2). L'auteur passe ensuite à diverses questions de mécanique pro- prement dite, c'est-à-dire concernant des systèmes de forces; et il ne s'oc- cupe plus du mouvement d'un corps au point de vue géométrique. » M. Cauchy a aussi considéré le mouvement infiniment petit d'une figure de forme invariable sur le plan et dans l'espace, dans un Mémoire intitulé : Sur les mouvements que peut prendre un système invariable, libre, ou assujetti à certaines conditions [Exercices de Mathématiques, t. H, année 1827, p. 70 et 90). Dans ce Mémoire, dû en quelque sorte à un caprice de l'imagination féconde de l'illustre géomètre, c'est du principe des vitesses virtuelles qu'il conclut le centre instantané de rotation d'une figure plane qui glisse sur son plan, puis, après d'assez longs calculs, le théorème sur l'axe (i) « Quindi ancora si potrà tledurre, che i suddetti due movimenti si riducono a due •> altri, uno de'quali sarà rettilineoe comune a tutte le parti del corpo, e parallelo ail' asse di » rotazione, che passa péril centre di gravita, e l'altro pure di rotamento, che avrà un asse di » rotazione parallelo ail' asse mentovato. > (2) a Chiameremo lasse HE a«e ,ï/)o«/fl«eo di rotazione. » ( 496 ) instantané de rotation d'un corps qui éprouve un déplacement infiniment petit dans l'espace; théorème qu'il énonce en ces termes : » Quelle que soit In nature du mouvement d'un corps solide, les relations exis- tiinlt'S entre les différents points seront toujours celles qui auraient lieu, si lecorps était retenu de manière à pouvoir seulement tourner autour d'un axe fixe, et glisser le long de cet axe. n M. Cauchy s'arrête à ce résultat final, sans chercher aucune des pro- priétés qui peuvent se rapporter à cette belle question, et sans songer, rntutne Euler et dAlembert, au cas d'un déplacement fini. » L'existence de l'axe instantané qui glisse sin- lui-même se présente na- turellement, à l'instar de l'axe central des moments ou des couples de forces, découvert par M. Poinsot dans un système de forces sollicitant un corps libre. Il suffit de considérer, au lieu des forces, un système de rota- tions simultanées autour d'autant de droites fixes situées d'une manière quelconque dans l'espace. Car la composition de ces rotations, représen- tées par des lignes proportionnelles et dirigées suivant ces droites, se fait comme si ces lignes représentaient des forces (i). )' On démontre de la sorte qu'un système quelconque de rotations est tou- jours réductible à une seule rotation autour dun certain axe déterminé, et à un couple de rotations situé dans un plan perpendiculaire à cet axe. Et comme le couple de rotations produit une translation du corps suivant la perpendicu- laire au plan du couple, il s'ensuit que : le mouvement du corps se réduit à une rotation autour de taxe déterminé, et à une translation simultanée dans le sens de cet axe : ce qui est le théorème en question. » C'est ainsi que M. Poinsot présente dans sa Théorie nouvelle de la rota- tion des eoi'ps (2) ce beau théorème qui donne l'idée la plus simple et la plus complète du mouvement infiniment petit d'un corps parfaitement libre. il) Voir .Jptrçu /liitorù/uc, p. 4' 3. — Analogie entre les rotations d'ti/i corps dittour de divers axes et les systèmes de forces, t. XVI des Comptes rendus, p. i4-9> anncc l843. (.'ingénient anteur dn Calcul harycentrique, M. Mobiiis, avait déjà traité dans un Mémoire étendn différentes questions sur la Composition des Rotatio/ts inf niaient petites ; Ueber die Zusammensctzung nnendiich Kleiner Drehungcn [Journal de Matliéninli'/i/es de Crelle, t. XVIII, p. 189-21?.; année i836). (2) Journal de Mathcmatifjues de M. Lion ville, t. XVI; année i85i. (497 ) Aussi ce géomètre, véritablement inventeur, faisait-il remonter assez loin, dans l'ordre chronologique de ses travaux, la conception de cet axe instan- tané de rotation glissant sur lui-même. Il la rattachait à celle de son axe central des moments, qui résume d'une manière si nette la composition d un système de forces_, de même que l'axe instantané résume la composition d'un système de rotations autour d'axes quelconques. » La Théorie nouvelle de la rotation des corps constitue les véritables bases delà Dynamique des corps solides, dont l'illustre géomètre a fait lui-même avec une élégance et une clarté admirable les applications les plus heu- reuses à la question de la Précession des équinoxes et de la Nidation de [axe de la terre ; question traitée depuis un siècle et demi par les plus grands géo- mètres, mais toujours d'une manière incomplète et obscure, et qui forme désormais un monument impérissable du génie de M. Poinsot. » Je reviens à la question du déplacement d'une figure, considérée au point de vue géométrique. » Le cas le plus simple, celui d'une figure plane, suffit pour donner lieu à d'assez nombreuses propriétés, comme on l'a vu (1-52) et qui sont loin d'être épuisées. Mais c'est surtout comme offrant une méthode pour mener les tangentes aux courbes, que cette théorie a fixé l'attention des géomètres depuis quelques années. Cette méthode, en effet, très-différente de celle de Roberval, qui repose aussi sur l'idée de mouvement, est d'un usage beaucoup plus étendu; non-seulement parce qu'elle est applicable à un grand nombre de courbes, mais aussi parce qu'elle se prête à d'autres questions, telles que la construction des enveloppes des courbes mobiles, et ila détermination des centres de courbure, soit de ces courbes enveloppes, soit de celles que décrivent de simples points de la figure en mouvement. » C'est en 1829 que j'ai eu occasion de faire connaître cette méthode, au sujet de la tangente à la ligne à longue inflexion décrite dans le parallé- logramme de Watt, dont M. Hachette avait à parler dans son Histoire des Machines à vapeur [ï). Elle se trouve ensuite avec quelques développements (i) Le Mémoire dans lequel je traitais des applications de cette théorie a été communiqué à M. Hachette en août 182g, et piésenté par lui à la Société Philomathique dans sa séance du 2'j mars i83o: il devait paraître dans la Correspondance mathématique de M. Quetelet. (Voir Bulletin des sciences mathématiques de M. de Férussac, t. XTV, p. 322, année i83o, et Correspondance mathématique, etc., t. VII, p. 353.) C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LIl, H" H.) && ( 498 ) dans Y Aperçu historique (p. 548), où elle se présentait naturellement comme une généralisalion de l'exemple particulier donné par Descartes, dans la tan- gente à la cycloïde. J'ai aussi montré alors [ibid., p. /[og] les usages de cette théorie, dans la description des courbes par un stylet fixe qui imprime sa trace sur un plan mobile, comme dans le tour a tourner; cette question n'avait été abordée, je crois, que par Clairaut (i); et les difficultés d'ana- lyse qu'il y a rencontrées, ont été peu propres à inspirer à d'autres géo- n)étres le goùl de ce genre de recherches. Mais ces difficultés qui prove- naient de ce que la courbe que l'on décrit est continûment en mouve- ment, et conséquemment qu'on ne peut pas rapporter la position de ses points à des axes fixes, ont complètement disparu; il nous a suffi de remarquer que ce mode de description des courbes se ramène à la des- cription ordinaire sur un plan fixe, d'après ce principe très-simple : » Quand une figure est en mouvement et qu'un stylet fixe imprime sa trace sin- son plan et décrit une courbe, il y a lieu de considérer une autre figure qui reste fixe, et sertà régler le mouvement de la figure mobile; par exemple, ce seront des |)oints ou des lignes sur lesquels glisseront des lignes ou des points de la figine mobile. » Cela posé, Si l'on conçoitque la figure mobile reste Jixe, mais que la deuxième devienne mobile, et que son mouvement soil réglé par In première, de manière ijue les deux figures nient toujours entre elles les mêmes conditions de position relative : » Un point mobile avec cette figure, primitivement placé au lieu occupé pur le sljlet fixe, décrira la même courbe que le stjlet fixe avait tracée sur le plan mobile. » Une considération fort simple rend raison de ce principe. Car si l'on conçoit qu'on imprime au système formé de la figure mobile et de la figuie fixe, un mouvement quelconque, il ne changera rien aux relations de posi- tion des deux figures; et si ce mouvement est précisément égal et contraire à celui de la figine mobile, celle-ci se trouvera en repos et l'autre en mouve- ment, et les conditions de position prescrites entre les deux figures subsis- teront. Donc, etc. M Plusieurs géomètres, dans ces dernières années, se sont occupés des questions qui se rattachent à notre méthode des tangentes, et en général à ( i) Mémoires de l'Académie des Sciences |)oiir l'année 1740. ( 499 ) la théorie îles figures en mouvement. Ils ont pris pour point de départ les notions indicpiées d;ins V Aperçu historique {i) . » Quant à la question du déplacement Hiii ou infiniment petit d'un corps dans l'espace, c'est dans le Bulletin des sciences matltëniaticjues, somme je l'ai dit au commencement de cette communication, cjue j'ai traité eu premier lieu cette question, envisagée alors sous un point de vue plus général, savoir fi) Lefebure de Foiircy, Traité de Géoméiric analytique, i" édit., i83i, p. S^^. — P. Breton, Application d'un principe de Mécanique rationnelle d la solution de quelques pro- blèmes de géométrie i Journal de Mathématiques, t. III, année i838, p. 488). — A . Transon, Méthode géométrique pour les rayons de courbure d'une certaine classe de courbes [Journal de Mathématiques, t. X, année i845, p. i 18). — G. Salmon, J Treatise on tl.c higher jjlane rurPfs; Dublin, i852, p. 244- — Bresse, Mémoire sur un théorème nouveau concernant les moui'ements plans, et sur l'application de la Cinématique à la détermination des rayons de courbure (3']" cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique, année i853). — P. Gilbert, Recher- ches sur les propriétés géométriques des mouvements plans [Mémoires couronnés par l'Aca- démie royale de Belgique , t. XXX, année iBSy). — A. Mannheiiii , Construction des centres de courbure des lignes décrites dans le mouvement d'une figure plane qui glisse sur son plan [Journal de l'Ecole Polytechnique, 3']" cahier). .VI. Bresse, dans le Mémoire que nous venons de citer, attribue à Euler notre méthode des tangentes : « Roberval , dit-il, s'est servi de la composition des mouvements pour mener des • tangentes au.\ courbes, et Euler a démontré que le même problème peut, dans divers cas, » se traiter fort élégamment au moyen des centres instantanés de rotation. ■■ Or non-seulement ce n'est point Eulei- qui a fait connaître cette méthode des tangentes, mais il n'a pas même connu le centre instantané dans le mouvement d'une figure plane ; c'est-;i-dire qu'il n'a pas pensé à appliquer aux figures planes son théorème sur les figures sphériques, qui ne lui a servi que pour passer au déplacement d'un corps solide libre dans l'espace Cette erreur au sujet d'Euler a pu être causée par un passage d'un autre ouvrage, où elle se trouvait déjà, d'une manière moins formelle, il est vrai, mais en termes ambigus qui indui- sent à la même conclusion [Éléments de Mécanique, par M. Resal, i852;. Après avoir dé- montré le centre instantané de rotation dans le mouvement d'une figure plane, et le moyen très-simple qui en résulte pour mener les tangentes aux courbes, l'auteur ajoute : ■■ Ces con- • siderations sont également applicables aux figures invariables mobiles sur la SLirface de la » sphère, et elles ont conduit Euler, par des raisonnements géométriques également simples, » à la découverte du centre instantané de telles figures, etc. « Non, ce n'est pas la considéra- tion du centre instantané dans les figures planes, ni le moyen très-simple qui en résulte pour mener les tangentes, qui ont conduit Euler, comme ce passage le ferait croire, au cas des figures sphériques. C'est ce cas seul qu'Euler a traité, et il l'a considéré directement et à priori, sans s'être occupé des figures planes. 6(3.. ( 5oo ) l'étude des propriétés relatives à deux corps semblables, placés d'une manière quelconque l'un par rapport à l'autre (i). " Ou trouve ensuite dans V Ajierçu historique plusieurs autres proposi- tions relatives, soit au déplacement infiniment petit (2), soil au déplacement fini (3) d'un corps dans l'espace. » Puis, dans le t. XVI des Comptes remtus de l'Académie (p. i420-i432, année i843 j, le résumé de nombreuses propriétés relatives au déplacement Mifiniment petit (4). » C'est à ce résumé que fait suite celui des propriétés analogues, mais ])lus nombreuses encore, relatives au déplacement fini quelconque, sujet du présent Mémoire. >) Ces recherches se rapportent au système de deux figures seulement. Mais elles conduisent naturellement à la considération du système de trois, de quatre ou de plusieurs figures égales placées d'une manière quelconque les unes par rapport aux autres; et même, de certains systèmes de figures (1) L'existence de l'axe central commun à deux corps égaux fait partie de ces propriétés, et a été démontrée depuis par MM. Giorgini et Rodrigues, dans leurs Mémoires cités ci-dessus , et plus récemment par M. Stegmann dans un écrit intitulé Recherches géométriques surin rota- tion [Geometrisch unteisuchnugen iiber Drehung. Marburg, i853). (2) P. 227, 413,674. (3) P. 677. (4) Tous ces théorèmes ont été démontrés avec une facilité et une élégance de méthode géométrique rare, par M. de Jonquières, dans ses Mélanges de géométrie pure ... comprenant une traduction du Traité de Maclaurin sur les courbes du troisième ordre. Paris, i856, in-8". Plusieurs l'ont été aussi, d'une manière fort simple, par M. l'abbé Jullien dans son ouvrage intitulé : Problèmes de Mécanique rationnelle (2 vol. in-8°, i855); par M. Steichen dans son ouvrage intitulé : Un supplément h la Géométrie, destiné à servir d'introduction à l'étude de la Mécanique (Bruxelles, i855, in-8°); par M. Lamarle, dans un Mémoire sur la Théorie géométrique des centres et axes instantanés de rotation ( voir Bulletins des séances de t Aca- démie des Sciences de Bruxelles, Année iSSg, p. 2o4-3i5); et par M. Bellavitis dans son savant ouvrage: Sposizione dei nuovi metodi di geometria analitica (voir t. VIII des Me- morie dcir Islituto vencto diScienze, Lcttere ed Arti; Venezia, 1860). Le XXXVIIl" cahier du Journal de l'École Polytechnique contient un Mémoire d'un jeune ingénieur des ponts et chaussées, M. F. Lucas, sur les propriétés géométriques de l'arche biaise (appareil hélicoïdal à joints normaux ;\ l'intrados), dans lequel se trouve la première appli- cation sans doute de celte propriété relative au déplacement infiniment petit d'un corps, savoir, que les plans nnrmaii.r aux trajectoires des points d'un plan passent tous par un même jioint du pliiii, lc(iitrl point a su trajectoire perpendiculaire au plan. ( Soi ) en nombre infini, toujours égales, mais assujetties à certaines conditions de position. » On conçoit que ces questions ont leurs analogues, sous un point de vue plus élevé, dans des systèmes de figures, non plus égales, mais semblables entre elles; et plus généralement encore dans les fyures homographiques de la construction la plus générale (i). » Je reviendrai dans d'autres communications sur ces matières suscep- tibles d'applications nombreuses, même dans la théorie des courbes et des surfaces, et qui me paraissent devoir prendre un jour de l'importance dans la Géométrie générale. » (Voir les rectifications indiquées p. 55i.) CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les bases arséniées; par M. A. W. H0FM.4NN. « J'ai signalé dans une Note précédente l'existence d'un groupe de bases diatomiques, contenant du phosphore et de l'arsenic, et produites par l'ac- tion des monarsines sur le bromtu'e brométhylique, si souvent mentionné dans mes recherches sur les bases phosphorées. J'étais naturellement porté à examiner la manière dont se comporterait ce sel sous l'influence des mo- nostibines, afin d'arriver à produire les composés de phosphostibonium. Les deux corps réagissent l'un sur l'autre, mais seulement après une longue di- gestion ou une exposition prolongée à des températures assez élevées. Le produit de la réaction est complexe et ne fournit qu'une petite quantité de sel de platine difficilement soluble, d'apparence diatomique. » Quelques expériences sur la conduite du dibromure d'éthylène avec la triéthylarsine ont été plus heureuses. ACTION DU DIBROMURE d'ÉTHYLÈNE SUR LA TRIÉTHYLARSINE. Série de monarsonium. » L'expérience qne m'a fournie l'examen des corps phosphores m'a mis à même d'établir la nature de cette réaction par un nombre comparati- vement petit de déterminations de platine. )) Bromure de brométhyl-triélhylarsonium. — Pour éviter, autant que pos- sible, la formation du second produit, j'ai fait digérer dans des tubes scellés à la lampe un mélange de triéthylarsine et d'un excès de dibromure à une température qui ne dépassait pas 5o° centigrades. Malgré cette basse tem- (i) Aperçu historique, p. 695-848; — Traité de Géométrie supérieure, p. 302-4 12. ( Soî ; pérature, les tubes continrent invariablement des gaz comprimés ; le produit de la réaction était tntité par l'eau, qui déterminait la séparation d'un bromure soliiblo du composé éthyiénique non attaqué. A l'évaporalion il restait un magnifique bromure, qui, étant abondanunent soluble dans l'al- cool bouillant et difficilement soluble dans l'alcool Iroid, se purifiait facile- ment par la cristallisation dans l'alcool absolu et même dans l'alcool ordi- naire. Cette substance est extréniemeiil soluble dans l'eau, et par conséquent ne s'obtient que difficilement par l'évaporation d'une solution aqueuse. » L'analyse a démontré, comme on devait s y attendre, que ce corps est analogue au sel de triéthyl-phosphonium brométliylique. Il contient C»H''AsBr== [(C=H^Br)(C^H')'As]Br (*). M Le bromure de triéthylarsonium brométhylique, dont la composition est suffisamment établie par l'analyse du sel de platine correspondant, peut s'obtenir en beaux cristaux. La forme de ces cristaux a été déterminée par M. Quintino Sella; elle est identique à celle du composé phosphore ana- logue. » Sel de platine. — La solution du bromure, transformé au moyen du chlortu-e d'argent en chlorure correspondant, produit avec le bichlorure de platine de belles aiguilles d'un sel double, difficilement soluble dans l'eau froide ou même bouillante, et contenant C''H«'BrAsPt(;P = [(C^H*Br)(C^H^)'AsjCI,PtCl*. » Composés de vinyl-triéttiylarsonium . — Comme le composé phosphore correspondant, le bromure de brométhyl-triéthylarsonium perd son brome latent sous I influence de l'oxyde d'argent. Si la solution du bromure est précipitée par le nitrate d'argent en excès, la moitié du brome se sépare eu bromure d'argent, l'autre s'obtient en traitant le liquide filtré par l'am- moniaque. Néanmoins la réaction diffère de celle qui a été observée dans la série du phosphore. l>ebromuredu phosphoiiium brométhylique se change presque invariablement en corps oxéthylique, sa transformation en com- posé viuyliquc étant exceptionnelle. D'autre [lart, le bromure d'arsoinum brométhylique produit presque toujours le corps vinylique, la formation y La comparaison des races françaises avec les races britanniques les plus perfectionnées au point de vue de la boucherie, met ce fait important en évidence. En prenant, dans la catégorie des bœufs français, dix-neuf animaux d'un poids individuel correspondant, autant que possible, au poids de chacun des dix-neuf bœufs qui composaient la catégorie des races britanniques, on trouve que tous les faits relatifs à ces deux groupes d'un poids total semblable pour un même nombre de tètes peuvent se résumer sous la forme suivante : POIDS VIF POIDS DES POUMONS par tête. RENDEMENT POUn 100 du poids vif. moyen par tête. Absolu. Pour 100 du poidsvif. En poids net. En suif. ACE MOYEN PAK TÊTE. Les 19 bœufs français. k 947 ,895 k 4,671 0,493 65, 008 10, 119 59 mois et 2i jours. Les ig bœufs britanni- oues 947,684 4,o38 0,426 68,025 9>747 47 mois et 1 2 jours. » Ainsi, bien que plus jeunes d'un an, les bœufs des races britanniques sont arrivés au même poids vif que les bœufs français; leur rendement, très-peu inférieur en suif, est notablement plus fort aux quatre-quartiers, et leurs poumons sont de 633 grammes moins pesants. ( 5. a ) » Outre leur signification clans la question spéciale qui fait l'objet de ce Mémoire, ces faits permettent d'ajouter un trait de plus à la définition physiologique de la précocité. » 8" De ces propositions il résulte que les animaux les plus remarquâ- mes par leur poids acquis, leur rendement, leur précocité, le développe- ment de leur région thoracique, ont les poumons les moins volumineux. « 9° En mesurant le travail fonctionnel par le développement des or- ganes qui l'accomplissent, on est donc conduit à estimer que l'activité res- piratoire est moindre chez les animaux que signalent spécialement leur gain vif élevé, et leur engraissement plus facile, plus prompt, plus com- plet, plus profitable. « io° Tous ces résultats d'observation concordent avec les résultats des expériences physiologiques sur la respiration. ■> En rapprochant les mis et les autres on voit que, dans tous les cas où la physiologie a constaté un accroissement d'activité respiratoire, liée à une plus grande puissance vitale de l'organisme, ou à des influences qui se rattachent à la taille, à l'âge, au poids des animaux, on trouve les pou- mons plus développés par rapport au poids vif; et que, dans tous les cas contraires, on trouve aussi les poumons moins développés. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Valexciexnes, qui avait été chargé de prendre connaissance d'une deuxième Note de M. Coiiule sur les poissons fluviatiles de la France, déclare que cette Note, de même que la précédente qui avait été également ren- voyée à son examen, ne parait pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. J. Thoue adresse à l'Académie une Note relative à des plantes fos- siles trouvées avec d'autres débris organiques aux environs de Dax. (Commissaires, MM. Brongniart , Valenciennes.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur le développement des fonctions en séries périodiques; jiar M. J. Houel. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Biot, Bertrand, Serret.) « On sait que le calcul des perturbations des comètes périodiques et de plusieurs planètes du groupe des astéroïdes ne peut s'effectuera l'aide des ( 5i3 ) propriétés qui ont pour base le développement analytique de la fonction perturbatrice. » La plupart des méthodes qui ont été proposées pour traiter ces cas spé- ciaux, reposent plus ou moins sur l'emploi de l'interpolation, et dépendent par conséquent de la solution du problème suivant : » R étant une fonction qu'il s'agit de développer sous forme d'une série de sinus et de cosinus des multiples d'un certain angle T, ou, ce qui est la même chose, sous forme d'une série ordonnée suivant les puissances ascen- dantes et descendantes d'une exponentielle imaginaire e^v — ' ; calculer les coefficients du développement au moyen des valeurs particulières que prend R pour une suite de valeurs particulières de T, convenablement choisies. » lia méthode dite des qundrntures fondée sur la division du cercle en parties égales résout ce problème de la manière théoriquement la plus simple. Mais elle présente l'inconvénient d'enchaîner les opérations à un certain mode de division du cercle, et de ne pas permettre d'augmenter ou de diminuer graduellement le nombre des valeurs particulières employées, suivant que l'on a besoin de plus ou moins d'approximation. Elle n'offre d'ailleurs aucun moyen pratique pour contrôler l'exactitude des calculs. » Pour remédier à ces inconvénients, M. Le Verrier a proposé, en 1841 (1)1 ""6 méthode d'interpolation qui satisfait aux conditions sui- vantes : « Ayant déjà exécuté les calculs nécessaires pour la détermination de n » des coefficients, si l'on vient à reconnaître qu'on eu doit conserver p :> autres, on peut le faire sans avoir en somme exécuté plus de calculs que » si l'on avait eu égard, des l'origine du travail, aux n -f- p coefficients. » » Cette méthode, fondée sur un algorithme analogue a celui des diffé- rences, a, de plus, l'avantage d'indiquer, par la convergence même des nombres obtenus, si les valeurs particulières de la fonction sont exacte- ment calculées, ou en nombre suffisant ; et elle offre, dans le cours des opé- rations, de fréquents moyens de vérification. En même temps, elle permet d'atteindre avec sûreté le degré voulu d'approximation, sans effectuer plus de calculs qu'il n'est rigoureusement nécessaire. » Pour ces diverses raisons, cette méthode offre de grands avantages dans (1) Développements sur plusieurs points de la théorie des perturbations des planètes. C. R , 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" îi.j "8 ( 5.4 ) le calcul des perturbations spéciales. Cependant, comme l'emploi en est assez laborieux, j'ai cherché à le rendre plus simple par des modifications de détail, que l'on trouvera exposées dans mon Mémoire. » Par des transformations successives appliquées aux formules de M. I.e Verrier, je suis parvenu, sans sacrifier les avantages de la méthode, à ramener le calcul des coefficients à la même forme que dans la mélliode des quadratures. J'ai ensuite démontré directement les nouvelles formules à l'aide des propriétés des déterminants. » Si l'on désigne par R/, la valeur que prend la fonction R, lorsqu'on y remplace T par ha, a étant un certain angle constant, incommensurable avec la circonférence; si l'on désigne ensuite par A';,, A' les quantités ( R/, — R-A+i ) ± (R_/, — R/,_, ) ; le coefficient A±y de e~' , dans le dévelop. pement de R, sera donné approximativen>ent par la formule A^j=co,'^^ij,h\^, ± sl~sin'^J^{j,h), a;, les coefficients {j,h)k étant des fonctions de l'angle a, "que l'on calcule une fois pour toutes. M Ces coefficients varient avec le nombre 2 A -|- i des valeurs particulières employées. De là résulteun moyen utile pour vérifier si les calculs sont justes et l'approximation suffisante. Au lieu de faire deux fois le même calcul, pour le soumettre à une vérification indispensable, il est aussi coiut de le recommencer en employant deux valeurs de moins, c'est-à-dire en rempla- çant k par A — I . .Si les deux résultats s'accordent sensiblement, il y a lieu de croire qu'ils sont exacts tous les deux. Sinon, on devra rechercher s'il ne s'est point glissé d'erreurs dans le calcid des valeurs particulières ou dans les calculs subséquents; ou bien l'on en conclura qu'il faut introduire dans les formules un plus grand nombre de valeurs particulières de la fonction. Celte vérification, qui porte précisément sur le résultat final, me semble constituer un des principaux avantages de la méthode. » La démonstration du-ecte de ces formules dépend de la résolution d'un système d'équations linéaires de la forme 2 /5(s/,-i)/Z/= A/i, (5i5 ) pour ..,A, S„ désigtiaiit, en général, la fonction 2 y — i sin — 2 . » Le déterminant total de ce système se réduit à un seul produit de fac- teurs trigonométriques. La même réduction s'applique à quelques-uns seu- lement des déterminants partiels. Quant aux autres, on peut les décomposer en un petit nombre de parties, dont chacune se ramène à un seul produit, exprimable au moyen des déterminants réductibles. » J'ai rencontré, dans le cours de cette étude, plusieurs transformations analytiques d'où l'on pourrait peut-être déduire des formules remarquables. Mais je n'ai pas cherché à en poursuivre les conséquences au delà du but tout pratique que je m'étais proposé. >i Pour donner un exemple de l'application des formules auxquelles je suis parvenu, j'ai extrait d'un travail que je prépare en ce moment sur les perturbations de Pallas, le calcul relatif à la grande inégalité du moyen mouvement de cette; planète, signalée pour la première fois par M. Le Ver- rier. J'ai employé, pour le calcul des valeurs particulières de la fonction à développer, la méthode abrégée due à Cauchy (Comptes rendus, t. XX, séance du 24 mars, § VI). Je suis parvenu au résultat, sans employer plus de calculs que ne l'a fait Cauchy en se servant de la méthode des quadra- tures, bien que le cas que j'ai traité soit le plus défavorable. Pour les autres inégalités de la planète, qui exigent une bien moindre approximation, la faculté de restreindre à volonté le nombre des valeurs particulières em- ployées ferait reprendre à la méthode actuelle un avantage marqué sur la méthode des quadratures. » De plus, suivant la remarque que j'ai déjà faite, en effectuant le calcul pour deux nombres différents de valeurs particulières, j'ai obtenu des résul- tats dont l'accord ne laisse aucun doute sur l'exactitude des opérations et sur le degré suffisant de l'approximation. « CHIiVUE MINÉRALE. — Recherches sur la composilion de la fonte et de l'acier; par M. H. Caron. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Despretz, Fremy.) « M. Fremy m'ayanl lait l'honneur de me citer dans un Mémoire qu'il a lu à la dernière séance, je demande à l'Académie la permission de lui 68.. { 5.6) adresser quelques observations sur les interprétations qui peuvent être données à l'expérience à laquelle M. Freniy fait allusion avec une obli- geance dont je ne saurais trop le remercier. » La communication de M. Fremy est la suite d'un premier Mémoire, auquel je prierai qu'on veuille bien se rapporter (séance du ^3 février der- nier V Obligé par mes fonctions d'être au courant de tous les détails biblio- graphiques et techniques que je peux recueillir sur l'acier, je dois dire que les faits décrits par M. Fremy comme nouveaux m'étaient tous connus et que j'en ai tenu compte dans les travaux journaliers dont je suis chargé et qui m'occupent d'une manière spéciale. Mais comme mon assertion ne suffirait pas en pareille occasion, qu'il me soit permis de citer un résumé de la question, exposé dans un livre élémentaire qui fait autorité dans la science par sa haute valeur et le nom de ses auteurs (i). « Azoturedefer. — Quand on fait passer pendant un certain temps du » gaz ammoniac sur du fil de fer chauffé au rouge, le fer absorbe de w l'azote. Le fer azoté qui en résulte est blanc, cristallin, cassant, peut être » réduit en poudre, est attirable à l'aimant et se cornporle généralement » vis-à-vis (les réactifs comme le fer ordinaire. L'hydrogène, eu passant » sur cette matière portée au rouge, lui enlève de l'azote, et il se produit V de l'ammoniaque (2). Dissous dans l'acide sulfurique étendu, le fer donne )) lieu à un dégagement d'iiydrogèno et d'azote, en même temps qu'il y a )/ production d'un sel ammoniacal. » La quantité d'azote fixée par le fer dans cette expérience est trésvaria- « ble. M. Despretz a trouvé une augmentation de poids qui varie de 7 à » 11,5 pour 100 {Poçnj. Ann., t. XVII, p.^gG). M. lîiiff a observé une aug- 1) mentation de 6 pour 100 [Ann. der Clteni. und Pluirm., t. LXXXIII, » p. 375). M. Regnault indique une augmentation de poids de 12 a i3 » pour 100, et fait remarquer que le fer azoté s'obtient plus rapidement » encore lorsqu'on fait passer du gaz ammoniac sur du protochlorure de » fer porté au rouge et que le produit de cette réaction est une masse spon- » gieuse blanc d'argent [Cours de Chimie, t. III, p. 46, 2* édition). Dans » certaines circonstances, la fixation de l'azote par le fer, quand on fait pas- » ser de l'ammoniaque sur du fil de fer, semble n'être que passagère, le fer » n'augmente pas de poids et n'est modifié que dans ses propriétés pby- » siques. (1) Otto-Graham, Traité de Cliimic , 3° édition, l855, t. H, p. 743- (a) M. Ficmv admet que l'ammoniaque es* le seul ]>roduit de cette réaclion. ( 5i7 ) » On a récemment avancé à plusieurs reprises que la fonte de fer et » l'acier renferment toujours à côté du carbone une petite quantité d'azote , » qu'ils contiennent vraisemblablement à l'état de paracyanogène ; mais » Marchand a obtenu des résultats négatifs à ce sujet (.Schafhaûtl. Pret- .. chtl's, Encjclopedie, t. XV, p. 364; Buff, Jim. Cli. uud Ph.,X. LXXXIII, » p. 375; Marchand, Journ. fur pract. Cli., t. XLIX, p. 35i). Qu'il existe » une combinaison du fer avec l'azote et le churbon, vraisemblablement à » à l'état de paracyanogène, cela ne semble pas douteux, puisque Ram- » melsberg a trouvé dans le résidu de la calcinalion du bleu de Prusse I' i4 pour too de carbone et presque autant d'azote. •> » Cependant on trouve dans les publications de M. Fremy un fait capital qui pourrait, en effet, être utilisé de la manière la plus heureuse dans les analyses. En faisant passer de l'hydrogène sur l'azoture de fer, le savant chimiste transforme intégralement l'azote en ammoniaque, si bien que la perte du poids subie dans de pareilles conditions par le fer azoté siifht pour l'analyse de cette curieuse matière. » Mais je ne crois pas que l'expérience de M. Fremy, qui fait passer du gaz de l'éclairage sur du fer azoté, soit en rien différente de la niieinie, qu'il veut bien citer. Car le gaz de l'éclairage contient de l'hydrogène et du charbon libre à cette température; or, d'après ses propres expériences, l'hy- drogène en contact avec le fer azoté se transforme eu ammoniaque, et, d'a- près M. Langlois, l'ammoniaque et le charbc.i se transforment au contact en cyanhydrate d'ammoniaque; donc c'est en réalité du cvanhydrate d'am- moniaque que M. Fremy a développé au contact du fer en deux opérations que j'avais réunies en une seule (i). » Enfin M. Fremy a obtenu de l'ammoniaque par la réaction de l'hydro- gène sur de l'acier fondu de diverses origines. Je me permettrai de faire observer que ce sont surtout les quantités qu'il importe de fixer dans des recherches de ce genre. La question de la présence de l'azote dans les aciers, (i) Je ferai remarquer en outre que le gaz de Téclairage contient beaucoup d'azote et de l'ammoniaque que la calcination des houilles y développe, et dont on ne le dépouille que par des moyens très-grossiers relativement à la précision des opérations analytiques de cette espèce. Le gaz défiant aurait été préférable, et il a été en effet employé à la cémentation, con- curremment avec l'ammoniaque, par M. Saunderson, qui admet que l'azote est indispensable pour la cémentation, sans oser se prononcer sur la présence ni l'absence de l'azote dans l'acier lui-même. [Polytechnisclics Journal, 1860, p. i56.) ( 5.8 ) si souvent admise et si souvent contestée, ne peut plus être qu'une ques- tion de quantité. On le comprendra en réfléchissant que les aciers de la meilleure qualité renferment seulement quelques millièmes de charbon, qui en est l'élément dominant ; que ceux qui ont trouvé le plus d'azote dans ces aciers, n'en ont jamais accusé que des cenlièmes du poids de charbon, de sorte que c'est sans doute le chiffre des cent-millièmes, peut-être des dix- millièmes, qu'il faudra fixer pour connaître la proportion de l'azote dans les aciers, si l'on parvient à l'y démontrer d'une manière incontestable. Des lors la limaille d'acier fondu faite dans l'air humide avec des limes cémen- tées (qui peuvent être oxydées, et l'oxyde de fer est ammoniacal) ne peut servir à de pareilles analyses, surtout quand on se rappelle l'expérience de M. Becquerel, qui rend l'eau alcaline et anunoniacale en y trempant sim- plement un clou de fer. >i Je conclus en exprimant l'opinion que cette question si controversée de la composition des aciers ne pourra être résolue que par des analyses quantitatives donnant des résultais positifs avec la matière essayée, et des résultats négatifs quand on opère à blanc. D'un autre côté, on ne sera assuré d'avoir obtenu de l'acier par vme méthode quelconque, que lors- qu'on aura trempé un barreau malléable d'abord, qui sera devenu cas- sant, dur, élastique et tenace. C'est la trempe qui est le seul caractère spé- cifique de 1 acier; la dureté, la force coercitive par rapport à l'aimanta- tion, les aspects extérieurs les plus divers peuvent appartenir également au fer impur et à la fonte. » Je n'ai adressé ces observations à l'Académie que pour me réserver le droit de poursuivre mes recherches sur la cémentation, qui ont été com- mencées par moi avec la connaissance pleine et entière des faits qu'a signalés M. Fremy. » Remarques de M. Fremy, à l'occasion de la Note de M. Caron. « Il me serait bien facile de réfuter les assertions de M. Caron et de dé- montrer que mes travaux sur l'azoture de fer, la recherche de l'azote dans l'acier de cémentation ou dans le composé brun produit par l'action des acides sur les aciers fondus, la formation de l'acier ])ar l'action successive tie l'azote et du carbone, constituent un enscuible de démonstration fondé sur l'analyse et sur la synthèse qui m'appartient entièrement. » On pourra défendre l'ancienne théorie que jai attaquée, mais lorsqu'on ( 5i9) viendra dire que l'azote est indispensable à la production de l'acier, on devra reconnaître que ce fait important, qui doit guider la pratique, n'avait jamais été établi avant moi. » J'ai encore à communiquer à l'Académie des faits trop nombreux sur l'acier et sur la fonte pour me laisser distraire de mes expériences par une discussion prématurée. u Les Membres les plus compétents de l'Académie ont bien voulu dé- clarer que mes résultats sur l'aciération étaient nouveaux et importants. Des fabricants d'acier m'écrivent que mon travail leur ouvre les yeux et que le rôle que j'attribue à l'azote dans l'aciération lève toutes les incertitudes que présentait leur industrie. » Ces déclarations spontanées, si précieuses pour moi, ont répondu d'avance aux critiques qui peuvent m'ètre adressées. u Je n'ai, du reste, aucune raison pour entrer en discussion avec M. Ca- ron, qui s'occupe avec tant de succès de l'aciération par les cyanures : je souhaite vivement que la méthode employée par M. Caron donne un acier présentant toutes les qualités désirables; car alors les cyanures viendront se placer en tête des substances azotées qui peuvent, comme la suie, la corne, les os, les déjections animales, les sels ammoniacaux, etc., déterminer une aciération rapide. L'action de toutes ces substances azotées sur le fer vient confirmer les idées que j'ai émises sur la composition de l'acier et démon- tre que ce corps n'est pas simplesncnt un carbure de fer. » Lorsque, dans une séance prochaine, je donnerai la théorie de la cémentation, j'insisterai sur le double rôle que joue l'azoture de 1er ; ce corps cède non-seulement au métal l'azote utile pour l'aciération, mais, se trou- vant réduit par les composés hydrogénés, vend le fer poreux et permet alors au carbone fourni par les gaz carbures de s'introduire dans la masse mé- tallique. » Dans la cémentation, l'azoture de fer exerce donc une influence qui est à la fois chimique et mécanique. » ÉCONOMIE RURALE. — Note sur l'élève du ver à soie en Brelaqnc ; Lettre adtessee à M. Coste par M. H.4.mo\, vétérinaire à Saint-Brieuc. (Commission des vers à soie.) « Par la moyenne de sa température, la Bretagne |3eut se prêter à des cultures que des pays, paraissant tout d'abord plus favorisés qu'elle, ne verraient réussir qu'avec assez de difficultés. Plus de froid fait moins de ( 520 ) mal quand it succède a une température moins élevée; les grandes transi- tions sont les causes de maladie et de mort : or celles-là sont à peu près inconnues chez nous, et d'ailleurs le mûrier peut-il geler en Bretagne, quand il supporte en Prusse 28" au-dessous de zéro, sans éprouver d'alté- ration ? .• Avant mon expérimentation, quelques faits épars prouvaient la réussite possible et avantageuse du mûrier; depuis lors, les essais variés que j'ai faits, sur des espèces généralement nouvelles et encore peu acclimatées, ont démontré suffisamment que notre pays pouvait se prêter parfaitement à cette nouvelle culture. » L élève du ver à soie fait la seconde partie de l'industrie sérigène, qui peut, sous des conditions moyennes, non-seulement réussir, mais encore se régénérer. On connaît l'influence des grandes chaleurs sur le ver à soie, influence qui a conduit, dans ces derniers temps, les auteurs les plus distin- gués dans la question, a recommander l'abaissement de température dans les chambrées; il est plus facile de chauffer que de refroidir, et les touffes du Midi ne viendront jamais exercer leur fâcheuse influence dans nos dé- partements -de l'Ouest. » C'est dans ces idées que je commençai en i85iî à planter des mûriers. Placés dans un sol de médiocre qualité, ils n'en ont pas moins vigoureuse- ment végété. Ils n'auraient laissé rien à désirer si la variété plantée avait été bien choisie. Cédant aux conseils qui m'étaient donnés alors, je plantai des moretty, espèce de semis, se subdivisant à l'infini et brindillant à l'excès. De nouvelles espèces ont été plantées depuis, et toutes, sans exception, ^retfées ou non, poussent franchement, vigoureusement, en produisant des feuilles d'un développement magnifique. L'espèce nouvelle, appelée l'hou, me paraît particulièrement recommandable ; elle réunit les conditions de rusticité à la vigueur et à la beauté du feuillage. » Le multicaulc, qui gèle dans le Midi et qui ne réussit en Chine qu'en le recépant avant l'hiver pour le butter ensuite, vient ici sans aucune de ces précautions et avec une vigueur qui surprend véritablement. >i En rapport avec le développement de mes arbres, j'ai successivement fait de petites éducations de vers à soie. » Elles commencèrent eu i858 à prendre un caracîère industriel. Eclos du 5 au H juin, les vers ont mis trente-trois à trente-cinq jours à accomplir les diverses phases de leur existence, qui s'est passée, comme les suivantes, avec beaucoup de régularité. » L'état sanitaire des vers a été tres-bon; je ne connais que de nom la ( 521 ) muscardine et la gattine ; quelques vers gras seulemeni constituent la seule mortalité appréciable. » La beauté des cocons s'est toujours maintenue; la moyenne en |)oids a été depuis le commencement de 622 au kilogramme. Quant à la qualité de la soie, voici l'extrait d'une Lettre écrite par un filateur de Saint -Vallier (Drôme) qui m'avait acheté ma récolte de i858 : « J'ai examiné et essayé avec attention les cocons jaunes et blancs que » vous m'avez vendus, provenant de votre récolte de i858. » Le résultat a parfaitement répondu à mon attente et à la bonne opinion » que j'avais eue de ces cocons à première vue. L'échantillon de leur pro- » duit, que je vous ai adressé, réunit les qualités désirables : belle couleur, » élasticité et netteté. » Pour ma fabrication, je n'en ferais pas de différence avec les bons co- » cons ordinaires que produisent nos départements du Midi, et je les consi- )i dère comme étant bien supérieurs aux cocons du Levant et de Chine. » » En 1859, une personne qui parcourait la Touraine pour y faire des achats de graine de vers à soie, m'écrivit pour m'en demander, en même temps que de Lyon on m'otfrait le même écoulement de produits. » J'en fabriquai à titre d'essai 1 8 onces que j'expédiai au prix de 1 2 francs l'once. » Enfin, en 1860, ma graine ayant réussi, on m'en a redemandé tout ce qu'il me serait possible de produire. « Malheureusement, ne m'ayant pas informé dès l'éducation dernière de ne fabriquer que de la graine jaune, alors que mon éducation était presque toute en sinos, je n'ai pu que produire une partie de ce qui m'était réclamé. .) Lorsqu'un peu plus tard, ayant déclaré cette circonstance, on a bien voulu accepter de la graine blanche, je venais d'étouffer mes siiios repro- ducteurs. » Jusqu'à ce jour, les résultats ont donc été favorables à l'industrie qui m'occupe. Les efforts que j'ai tentés ne sont pas restés sans écho, car d'au- tres plantations se sont produites et de nouvelles vont encore être effectuées cet hiver. » J'ai donc espoir que dans l'avenir notre département comptera parnn ceux qui produisent la soie; les difficultés ne m'arrêteront pas pour rap- procher ce terme; heureux (s'il m'est donné d'y arriver) d'avoir apporté mon concours à la création d'une industrie dans un pays qui n'en a pas, et par la fournir du travail à une population intéressante, capable de s'y livrer avan- tageusement. C. a., (Sfil, l" SemesUe. i T. LU, ^'' U.) 69 ( 522 ) 31. l'abbé Lecot adresse de Novon une Noie sur la tainière zodiacale. Cette Note, dans laquelle l'auteur résume les principaux résultais des obser- vations qu'il poursuit depuis dix années sans interruption, est renvovée à l'examen d'une Commission composée de MM. Babinet et Faye. 31. De 3Iat soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur les inon- datio7ïs. L'auteur a été amené à penser que, des diverses dispositions par lesquelles on peut prétendre à empêcher les inondations, on n'en trouvera pas de plus efficaces que celles qui auront pour résultat d'arrêter l'cxhnussement pro- gressif du lit des fleuves ou plutôt de rendre à ce lit sou ancienne profon- deur. Il s'est appliqué, en conséquence, à trouver et il expose dans sou Mé- moire les moyens par lesquels on obtiendra, suivant lui, sans trop de frais, le résultat cherché. (Renvoi à l'examen de la Commission récemment nommée pour un Mé- moire sur la question des inondations, Connnission qui se compose de MM. Faye, de Verneuil et de M. le Maréchal Vaillant.) 31. 3Iag.\e présente au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un « Mémoire sur la cure radicale de la tumeur et de la fistule du sac lacry- mal par la méthode de l'oblitération du sac lacrymal ». (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) .^131. LiALLE.MAXD, Perri.v ct Duuov, qui ont précédemment présenté au même concours leur ouvrage « sur le rôle de l'alcool et des anesthésiques dans l'organisme », adressent aujourd'hui, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, une indication de ce qu'ils considè- rent comme neuf dans leur travail. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) 31. Gallaru adresse dans le même but une analyse de son Mémoire sur les hématocèles j)éri-utérincs spontanées. (Renvoi à la même Commission.) ( 523 ) M. G. DE BiALOPioTROWicz piéscnte un Mémoire ayant pour titre : « Cure de la rage d'après la méthode de M. C. Truskowski )>. L'auteur, dans un récent voyage en Pologne, a appris que cette méthode de traitement était depuis vingt-sept ans appliquée avec un grand succès en Lilhuanie. Le remède est fourni par deux plantes bien connues : le Hieracium pilosella et le Litliriim salicaria. L'auteur indique la manière de l'administrer suivant les cas, à l'homme, aux ruminants, aux co- chons , aux chiens. (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Cloquet.) M. FiÉvET adresse de Tournon-sur-Rhône deux nouvelles Notes, l'une intitulée : « Supplément au Mémoire sur les causes générales de la dégéné- rescence de l'espèce humaine » , l'autre : « De l'influence pernicieuse de certaines professions sur la santé, etc. » (i). M. ZiMMERMANN cnvole quatre nouvelles Notes, l'une faisant suite à ses précédentes communications sur le perfectionnement de l'orgue, et les trois autres sin- des questions d'arithmétique. La première est renvoyée à l'exa- men des Commissaires précédemment désignés, MM. Pouillet, Duhamel, Despretz; les autres à M. Laugier, avec invitation défaire savoir à l'Acadé- mie si elles sont de nature à devenir l'objet d'un Rapport. CORRESPOXDAJVCE . M. LE MixisTRE d''Etat, par une Lettre en date du 12 de ce mois, approuve la proposition faite par l'Académie de fixer au lundi 2.5 courant le jour de sa séance publique annuelle. Par deux autres Lettres en date du 16, M. le Ministre autorise l'Académie, 1° à prélever sur les fonds disponibles une somme de 1000 francs à ajouter au prix d'astronomie; a° à attribuer par portions égales à deux mentions honorables décernées au concours pour le grand prix de Mathématiques, la somme de 3ooo francs destinée originairement à un autre prix dont la question a été retirée. (1) Dans rindication donnée au Compte rendu de la séance précédente d'un iMenjoire de M. Fiévet, ■> ^To\)né\.é%25 45, 5o 35,00 Acide borique 12,11 3o,i8 ^4,74 Chaux 16,32 11,00 15,78 Soude 8,95 7,24 8,33 Acide sulfurique io,66 ',72 o,34 Chlore 2,71 i ,73 o,49 Sodium correspondant i ,5o i,i3 o,32 Matières terreuses 8,00 2,5o 2,90 lodures et bromures, » Depuis cette époque j'ai constaté dans les nodules de borate double de chaux et de soude des quantités très-appréciables de nitrate de soude, irré- gulièrement réparties. « Ces analyses ainsi que celles de M. Lecanu publiées dans les Comptes )enclas de l' Académie des Sciences, t. XXXVI, p. 58o, démontrent que le bo- rate de chaux pur et cristallisé se trouve souvent associé dans le même gisement avec du borate double de soude et de chaux, du quartz concre- tionné, de la glaubérite, des sulfates, des chlorures et des nitrates. L'ana- lyse III représente le borate double à peu près à l'état de pureté. Elle s'ac- corde avec celles de M. Phipson et Rletzinski. >) Il s'est établi vers i856 à Bordeaux une usine pour le traitement de ces matières; elle a livré du borax et de l'acide borique de bonne qualité jusqu'au moment oi'i le propriétaire s'est mis d'accord, pour ne plus fabri- quer, avec M. Wood qui tient à Liverpool le monopole de l'acide borique et du borax. ( i) Leçons de Céramique, t. I, p. 228. C. R., i86i, 1" Semestre. (T. LU, N» li.) 7* ( 538 ) » Je fais usage depuis plusieurs années du borate naturel de soude et de chaux, dans mon service de la manufacture de Sèvres. Je ne le soumets à d'autre traitement que celui qui résulte d'un simple épluchage. Encore pour obtenir les émaux colorés en brun les épluchures peuvent-elles servir. » I^es émaux pour terre cuite contiennent : Pegmatite de Saint-Yrieix looo Minium . i5oo Borate double de soude et de chaux 5oo » On ajoute les oxydes colorants dont on doit faire usage ; on fond, on coule à l'eau, puis on lave à l'eau chaude ; les sels qui n'ont pu se combiner à la silice restent comme fiel de verre et sont éliminés par les lavages. » J'ai pensé qu'il pouvait être utile de faire connaître ces vernis qui sont d'une belle limpidité, alors que le goût des objets d'art et de curiosités donne à la reproduction des terres dites de Bernard Palissy un certain in- térêt. Les vernis dont la composition précède peuvent être fixés sur des po- teries suffisamment cuites avec des colorations qui n'offrent aucune tressail- lure. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Cohralion des pâtes céramiques par les sels dissous; par M. Salvétat. (Extrait.) « Le paquet cacheté déposé par M. Couturier dans la séance du i5 oc- tobre 1860, et ouvert dans celle du 4 mars 1861, me met dans l'obligation de rappeler que le i4 décembre 1867, je présentais à l'Académie un ou- vrage [Leçons de Cérainicpte professées à l'Ecole centrale des Arts et Manu- factures), dans lequel on trouve, t. II, p. 45o, un passage où se trouve exposé Irès-netlement le principe de décoration céramique que M. Coutu- rier regarde comme nouveau. Je profiterai de l'occasion pour faire remar- quer que ce principe est appliqué, depuis i852 surtout, à la Manufacture impériale de Sèvres : les pâtes colorées qu'on y façonne maintenant, et qui marqueront certainement le passage de M. Regnault comme directeur de c<;tte grande École, sont en grande partie obtenues par des procédés basés Sur ce principe de l'emploi des sels solubles. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Noie sur les matières colorantes engendrées pur l'aniline ou ses homologues; par M. A. Béchasip. « Uaus deux iMémoires que j'ai cti l'honneur de présenter à l'Académie ( 539 ) sur la formation et l'extraction de la fuchsine, j'ai foit voir que la matière colorante rouge dérivée de l'aniline possède les mêmes propriétés chimi- ques et la même composition, quel que soit l'agent employé pour en dé- terminer la génération ; dés ma première publication j'ai annoncé que la substance rouge pouvait être accompagnée d'une base jaune et d'une com- binaison violette à laquelle je n'ai pas donné le nom d'indisine, comme un jeune chimiste semble me le faire dire, ayant dès cette époque noté des différences dans les propriétés de ces deux corps. )> Lorsqu'on ouvre, à l'article Aniline, le Manuel de Chimie de Gmelin (dernière édition), on est h-appé à chaque ligne de la facilité avec la- quelle l'aniline produit les colorations les plus variées. On y voit le vio- let, le bleu, le brun, le ronge, le jaune et même le vert se développer par l'influence des réactifs les plus divers. Dans cette histoire reviennent fré- quemment les noms d'Unverdorben, de Fritzsche, de Runge, d'Hoffmann, de Zitiin : aujourd'hui on ajouterait encore d'autres noms, celui de Beinen- hirtz par exemple. Mais ces violets, ces bleus, ces rouges, etc., sont-ils dus à des réalités objectives, à des composés isolables? ou ne sont-ils que des accidents? Le fait est que toutes ces colorations ont été notées comme tran- sitoires, ou seulement comme pouvant servir à caractériser l'aniline, ou enfin comme l'effet fortuit d'une réaction non prévue et dont on n'a pas cherché à se rendre compte, ainsi que cela ressort d'un important travail de M. Hoffmann, dans l'étude de l'action du bichlorure de carbone sur l'ani- line Et cela n'a rien de surprenant, car à l'époque oit éciivait Gmelin, l'aniline était encore un produit trop rare pour que l'on cherchât à isoler et surtout à appliquer les composés auxquels sont dues ces colorations, ou qui en sont la cause indirecte. Mais lorsqu'un procédé de préparation de l'aniline, qui est devenu industriel, eut été publié {Comptes rendus de l'aca- démie des Sciences, jinllet i85^), certains composés colorants passèrent du laboratoire des chimistes dans les usines de l'industrie. » M. Perkin isola le violet formé dans la réaction de Fritzsche et de Beinenhirtz (influence de l'acide chromique sur les sels d'aniline en pré- sence de l'eau). Ce violet, qui a été appelé indisine, a élé analysé par M. Wilhm et par M. Sclieurer-Kestner. C'est la première couleur dérivée de l'aniline qui a été isolée. » La seconde matière colorante qui a été appliquée est le rouge d'ani- line, la fuchsine. Il y a déjcà un an qu'elle a été isolée et analysée par l'au- teur de cette Note. Le procédé d'extraction qu'il a décrit dans le Mémoire qu'il a eu Ihouneur d'adresser à l'Académie sur ce sujet, au mois de mai 7'- ( 54o) (lernior, a été appliqué, sauf une légère modificalion (emploi de la benzine et (lu sulfure de carbone au lieu d" benzine et d'éllier), par M. Schneider, dans la préparation de la fuchsine par le nitrate de mercure. » Mais n'v a-t-il qu'un rouge, qu'iui violet, qu'un bleu, etc., d'aniline? » D'abord on ne connaît jusqu'ici avec certitude qu'un seul rouge d'aniline, c'est In fuchsine. Mais il existe plusieurs violets dérivés de la phénylamine. 1) i" Le violet de M. Perkin, appelé indisine. Il se produit par voie hvimide. La substance est soluble avec coulem- verte ou bleu-verdâtre dans l'acide sulfurique ordinaire. Par l'addition de l'eau, cette dissolution })asse au rouge-violacé et celle-ci n'est décolorée ni par un grand excès d'ammo- uiacjue, ni par un excès de bisulfite de potasse. Si dans la dissolution sul- furique étendue d'eau ou dans celle qui a été traitée par le bisulfite, on ajoute un excès d'acide chlorTiydrique fumant, la liqueur passe au bleu indigo pour revenir au rouge-violacé lorsqu'on l'étend d'eau. » 1° Le violet, dont j'ai précisé la formation. Il se produit à tempéra- ture élevée, en quelque sorte par voie sèche (à 200°), par l'action des agents oxydants sur l'aniline ou par celle des agents chlorurants, etc., sur l'ani- line convenablement hydratée, ou enfin par celle de la même aniline, a la même température sur la fuchsine. Ce violet est moins soluble dans les acides et dans l'eau que la fuchsine. Il se dissout avec couleur rouge-brun dans l'acide sulfurique concentré ; par l'affusion de l'eau nnc partie du com- posé se sépare inaltérée et la liquein- se colore en violet. La dissolution aqueuse ou sulfurique de ce composé se décolore par l'ammoniaque comme la fuchsine; un acide qui sature l'animouiaque fait reparaître la couleur. L'addition du bisulfite de potasse dans la dissolution acide la décolore peu à peu ; l'acide chlorhydrique ne fait pas reparaître la couleur et ne dévelop|)e pas de coloration bleue. L'acide chlorhydrique fumant fournit avec la dis- solution de ce violet une liqueur jaune-rouge sale, qui devient incolore lorsqu'on l'étend d'eau. I) Ces deux composés sont, comme on le voit, fort différents de pro- priétés. A l'état sec et cristallisés, ils se ressemblent beaucoup, tous deux sont à reflets cuivrés et verts très-beaux. " Plusieurs Notes insérées aux Cnmplcs rendus tic LA endémie me forcent d'ajouter à ces indications incomplètes les faits suivants, destinés à garantir devant l'Académie mes recherches ultérieures. B D'autres composés violets paraissent se produire en même temps que la fuchsine lorsquon fait varier la nature des réactifs : c'est ainsi que le ( 54i ) violet qui dérive du nitrate d'aniline ne m'a pas paru posséder m les pro- priétés de l'indisine, ni celles du violet dont il a été question plus haut. D'autres enfin peuvent être pi'oduits en même temps que des composés de substitution par la fuchsine elle-même : par exemple, cette base donne une couleur violette lorsqu'on l'attaque par l'acide chlorhydrique et le chlo- i-ate de potasse (i). Mais dans tous les cas la séparation de ces corps est fort difficile, et si l'on se hâte trop, on risque d'analyser des mélanges. En effet, la substance qui se sépare la première peut être teinte par une autre, celle-là étant objet à teindre pour la seconde qui sert de teinture; c'est ainsi qu'il est presque impossible d'isoler du violet non teint par la fuchsuie. Toutefois par l'action alternative de l'eau, de l'alcool, de l'éther, de la ben- zine, comme dissolvants ou précipitants, je suis parvenu à obtenir des com- binaisons isolées dont l'analyse sera prochainement terminée. » En même temps que les violets qui se forment sous l'influence du chlore, du brome, de l'iode, il se produit une substance bleue et une base nouvelle fort intéressante en ce qu'elle est violette à l'état isolé, presque ui- soluble dans l'eau et donnant des sels dont les dissoliUions sont d'un bleu d'une pureté admirable. Ces dissolutions bleues passent au rouge par les alcalis, et si les liqueius ne sont pas excessivement étendues, la base se précipite de nouveau. Les sels bleus de cette base sont susceptibles d< teindre en bleu. Cette combinaison est donc l'opposé du tournesol: elle bleuit par les acides, et les alcalis ramènent la couleur au rouge. On conçoit les applications chimiques dont un pareil composé peut devenir l'objet. » Pour montrer combien on pourrait se tromper si l'on partait des co- lorations obtenues parles auteurs pour conclure à l'identité de nature des êtres qui sont la cause de ces colorations, je vais citer quelques exemples. » M. Berthelot a montré que si, après avoir ajouté de l'ammoniaque à de l'acide pliénique en présence de l'eau, on y verse de l'hypocblonte de chaux, il se développe une belle couleur bleue, et il en conclut avec raison que l'on doit se tenir en garde quand on emploie l'hypochlorite pour carac- tériser l'aniline. C'est juste. Mais il s'agit là d'aniline impure. L'aniline pure ne se colore jamais qu'en violet, jamais en bleu par l'hypochlorite de chaux. La coloration bleue ne s'aperçoit c|ue quand l'aniline provient du goudron de houille, qu'elle contient de l'acide phénique. (i) Lorjiiiron achève 1 attaque par ces ileiix ayeiits, il se produit une suljslincp crist.itlHi»' (jue j'ai d'abord prise pour du cliloranile, mais (jui est en réalité différente. ( 542 ) " F.ii effet, que l'on verse i équivalent d'acide phéniqiie et i équivalent d'aniline dans de l'eau (par exemple deux gouttes de chacun dans 60 grammes d'eau), que l'on y ajoute avec soin de l'hypocldorite de chaux liquide, et bientôt on verra se produire une superbe couleur bleu-indigo pur. Si en- suite on V verse du carbonate d'ammoniaque, la chaux se précipite, et il reste en dissolution un sel ammoniacal également bleu. Toutefois l'acide de ce sel est rouge, car si l'on ajoute de l'acide chlorhydrique, la liqueur passe au rouge et redevient bleue par les alcalis, absolument comme le tournesol. L'acide rouge de ces sels peut servir à teindre. » T./'acide phénique, ni l'aniline, ne se comportent de cette façon. » I/on sait que la toluidine diffère de l'aniline par l'action de Thypochlo- rite de chaux, qui ne la colore qu'en rouge sale. Eh bien, si l'on traite I équivalent d'acide phénique et i équivalent de toluidine, comme nous venons de le dire, il se produira pareillement un sel d'ammoniaque bleu à acide rouge. » Dans la réaction de M. Berthelot, il arrive aussi quelquefois que I ad- dition d'un acide fait virer la couleur au rouge. » CHIMIE. — Formules générales des composés orqnniiiues ; par M. Colunet. « M. Dumas a introduit depuis longtemps dans la langue écrite de la chimie organique l'expression générale C"H", dont il se servait dans ses cours publics pour désigner les carbures d'hydrogène homologues du mé- thylène et du gaz oléfiant, d'où dérive l'autre expression t'-"H"~"' pour dé- signer leurs carbures dérivés où le carbone demeure constant. » Ces expressions ou leurs analogues sont généralement employées au- jourd'hui et je me suis assuré qu'elles embrassent plus de la moitié des ma- tières organiques dont la formulé est connue. Le reste ou à peu près rentre d.ins une seconde formule qui n'est qu'une modification de la précédente. » Tous les corps organiques connus, en y coinj^renant les élhers com- posés à acides organiques, les sels (à base et acide organique seulement), les corps dérivés par substitution du cyanogène et du groupe AzO*, ensemble 1700 corps environ, rentrent en effet dans l'une des deux formules : 1 C"H"=^'", ( 543 ) » Ce qui n'avait pas été reconnu, c'est que ces deux formules ne sont pas quelconques. En effet m varie de o à 6, et n suit la série naturelle des nombres pairs dans la première formule. » Dans la seconde fornnile l'on a toujours a plus grand que /3 et a varie lui-même de I à 6; « suit la série naturelle des nombres pairs ou impairs, et m varie encore de o à 6. » La première formule ne peut rentrer dans la seconde ; en effet, la con- dition a > /3 montre que si a = i , jS = o, ce qui annulerait H''". De plus, dans la première formule n suit la série des nombres pairs, condition qui n'est pas remplie dans la seconde formule, où n suit ia série naturelle des nombres, pairs ou impairs. » A mesure que les nombres qui régissent ces formules s'éloignent de l'unité, le nombre des composés qu'elles comprennent diminue de plus en plus. Ainsi la formule renferme g38 corps. » Quand dans la seconde formule l'on a a — /3 = i , on peut l'écrire sous la forme plus simple ft-jin tt( « — 1 )n±m et celle-ci renferme presque ce qui reste de composés organiques, soit 77$ corps. » Lorsque la différence (a — jS) s'éloigne de l'unité, on ne compte plus que i5 corps dont la formule est même douteuse, du moins quant à leur équivalent. » En s'appuyant sur les trois formules suivantes : I.... C"H"-"', II... C^"H"*"'— («=2)(p=t), III... c^«H,3"±™, on connaît, par rapport au carbone, les limites minimum ou maximum de l'hydrogène. ') Pour la première formule (I), la limite maximum de l'hydrogène est égale à l'équivalent du carbone +6. Sa limite minimum est égale à l'équi- valent du carbone — 6. » Pour la deuxième formule (II), que nous avons séparée à dessein de ( 54/, ) sa formule foiidameiitale (IIIj, l'hydrogène a pour limile maximum la moitié de l'équivalent du carbone ■+- 6, vl pour limite minimum la moitié de cet équivalent — 6. » Enfin, la troisième formule nous donne pour limite minimum de lliy- dro£;ène le sixième de 1 équivalent du carbone — 6. La limite maximum est égale à n -h-6. ■> Bref, pour tous les composés organiques, l'hydrogène possède deux limites par rapport au carbone, l'une maximum, égale à l'équivalent de ce dernier + 6, l'autre minimum, égale au sixième de l'équivalent du car- bone — 6. » Parmi l'yoocorijs, nous aiuons deux ou trois exceptions à peine, et qui oserait en garantir les formules? Ce sont l'acide rhodéorétique, l'acide convolvulique, l'acide xanthoproléique. X Avant de terminer, il est bon de faire remarquer que, à l'exception de u, nombre nécessairement illimité, toutes les variables sont comprises entre o et 6, que les limites de l'hydrogène ont des variables qui sont encore placées entre o et 6. Si l'on considère de plus le corps le plus complexe qui existe aujourd'hui en chimie organique, l'albumine, C'*' H"^ Az" S" O**, on voit que le (Carbone a pour équivalent un multiple de 6. Est-ce là un fait pmement accidentel? Il est permis d'en douter, quand on voit ce nombre 6 régir d'une façon si simple les formules que nous avons données, et qu'on se souvient qu'il représente l'équivalent du carbone, c'est-à-dire du corps qui est comme le pivot de tout composé organique. » Ces formules peuvent d'ailleurs rendre aux analystes quelques petits services. En effet, si l'analyse d'une substance amène à lui donner une com- position telle, qu'elle ne puisse rentrerdans l'une de nos deuxformulesfonda- mentales, il y aura 1700 contre i à parier que la matière examinée est im- pure ou complexe, et dès lors le chimiste pourra peut-être trouver dans ces formules quelques garanties contre l'erreur. » CHIRURGIE. — J/iplication de l'osléolomie à l'orthopédie ; par M. H. W. Berend, de Berlin. '< L'observation d'un pied équin au plus haut degré, provenant d'tme ankylose vraie de l'articulation tibio-tarsienne, et pour lequel j'ai pratiqué l'ostéolomic du tibia et du péroné^ me semble, si je suis bien au courant de notre littérature médicale, ])résenter le seul cas de ce genre, sans en excepter ceux mentionnés récemment par Heyfelder dans son ouvrage, le plus non- ( 545 ) veau de ce genre (Vienne 1861) sur la résection, où l'ostéotomie ait été cou- ronnée de succès. Mayer seulement {Gazette médicale illustrée, première année, vol. II, cal. 7 et 8) dit, sans citer l'endroit, que M. Velpeau a pro- posé pour l'ankylose du pied équin l'ostéotomie cunéiforme du tibia et du péroné, et celle du radius et du cubitus pour l'aidivlose de la main-bot. » Je dois, pour obvier à toute méprise, faire observer que l'application de l'ostéotomie au traitement du pied équin suppose nécessairement, non- seulement la rétraction des gastrocnémiens (du bifémoro-calcanien), mais encore l'existence d'une ankylose complète ; car il est inutile cie dire que dans tous les autres cas, même dans ceux où elle est le plus avancée, la ténotomie, aidée de l'ortbopédie, est un remède souverain. » Je n'ai d'ailleurs rencontré que deux fois l'ankylose complète de l'arti- culation tibio-tarsale dans le pied équin : la première fois, quand je la soup- çonnais le moins, cliez un sujet de vingt-quatre ans affecté d'hémiplexie, et la seconde dans le cas qui fait le sujet de l'observation suivante. » Chose aussi singulière qu'instructive pour moi, je ne fus pas peu sur- pris de voir au musée Dupuytren, pendant mon dernier séjour à Paris, au mois de septembre 1860, le squelette de la partie inférieure d'une jambe (n" 707) avec cette étiquette : « Observation faite par l'auteur. — Ankylose de l'articulation tibio-tar- » sienne, à la suite d'une subluxation du pied en dehors avec fracture. Pied » équin accidentel, par suite d'une fracture compliquée du tiers inférieur » du fémur, avec luxation du pied en dehors; ostéotomie du tibia et du » péroné; guérison avec rétablissement de la forme normale et de la pro- )) gression normale sur la plante naturelle du pied. » « Frédéric Peterson, âgé de seize ans, fils d'un propriétaire de Fornau, près de Wissenberg, faisait remonter l'origine de ses souffrances à une chute qu'il avait faite deux ans auparavant d'un arbre sur lequel il avait grimpé. La fracture compliquée qui en était résultée n'ayant été soumise à aucun traitement méthodique, il survint une violente inflammation, laquelle dé- termina une suppuration abondante et expulsion d'un séquestre considé- rable, qui n'eut lieu qu'au bout de plusieurs mois. » Lorsque le malade fut amené à mon établissement, le 7 mai de l'année dernière, il se trouvait dans l'état suivant : » Debout, le malade ne s'appuie que sur l'extrémité des orteils. Le talon est à 4 lignes du sol. La malléole externe présente une cicatrice étoilée et fait une saillie considérable en dehors. La jambe forme jusqu'au genou C. R., 1861, I" Semestre. (T. LU, K" 11.) 7* ( 546 ) une ligne presque tout à fait droite, pendant que le pied offre une position oblique en dedans. Quand le malade est assis, la difformité que nous venons de décrire persiste; la malléole externe fait une forte saillie; le tendon d'AcLille est extrêmement tendu. Les efforts de réduction ne font point disparaître la difformité. Le pied conserve la température et la cou- leur normales. Le mollet, mesuré dans sa plus grande circonférence, diffère d'un pouce environ de celui du côté sain. L'atrophie s'étend à la cuisse, de sorte que le contour de cette dernière diffère aussi d'un pouce de celui de l'extrémité saine. » En marchant, le malade ne s'appuie que sur les extrémités des orteils, et le pied fléchit un peu en dehors. Tous les mouvements du pied, flexion, extension, adduction et abduction, sont entièrement supprimés; ceux des orteils seulement, à un faible degré, subsistent encore. » Plus de trace de mouvement dans l'articulation tibio-tarsale. .le crus néanmoins que je me trompais peut-être, mais la section du tendon d'Achille restée sans résultat, et les tentatives tout à fait infructueuses de l'orthopédie pendant deux mois, malgré l'emploi d'un appareil pour le pied-bot de construction nouvelle et d'une grande force, m'apprirent, à n'en plus douter, que nous avions affaire ici a un pied équin et en même temps à ime ankylose osseuse de l'articulation tibio-tarsale. Il ne restait donc plus d'autre ressource que l'ostéotomie du tibia et du péroné. Je pratiquai cette opération le ii août 1860, en présence de MM. les D" Schwarz, Wolfert, Gœbel, Rosenkranz, etc., de la manière suivante : » L Ostéotomie du tibia. — Incision de la peau de 2 pouces d'étendue, à partir du tiers inférieur de cet os, et le long de la crête; décollement du périoste; section d'une portion cunéiforme du tibia et large de i pouce environ à sa base ou face antérieure, au moyen de la scie de Jeffray, puis de la scie à couteau; enfin soulèvement et extraction de cette même por- tion du tibia à l'aide de la double tenaille à résection. » IL Ostéotomie d'une portion du péroné, longue de 2 pouces, après incision préalable de ta peau. — Il ne fallut lier aucun vaisseau. Adaptation des sur- faces osseuses résultant de l'ostéotomie. Application de l'appareil de plâtre, de manière que la plante du pied forme un angle droit avec la jambe. Les orteils, après l'opération, exécutent tous leurs mouvements. Vessie de glace. La nuit, une dose de morphine; du reste, traitement antiphlogistique. » L'appareil dut être levé au cinquième jour, et remplacé par un appa- red éclissé, plus simple. Le pied, à partir de ce temps-là, resta plusieurs mois couché dans une caisse garnie de coussins, de sorte qu'il était facile de re- ( 547 ^ nouveler l'appareil et de s'assurer de l'état des plaies. La fièvre de réaction, bien qu'elle fût en elle-même assez violente, ne sortit point, dans les pre- mières semaines, de certaines limites. Excepté dans les premiers jours qui suivirent l'opération, il ne fut plus nécessaire d'administrer la morphine. Le malade dormit régulièrement toutes les nuits, et l'appétit resta satisfaisant. Les deux plaies résultant de l'opération montrèrent dès l'abord des bour- geons charnus magnifiques, si flasques, il est vrai, durant les six premières semaines, qu'elles offraient presque l'aspect de fongosités, et qu'elles néces- sitèrent un pansement plus astringent avecla teinture de myrrhe et la quina. Ce n'étaient toutefois que les salutaires efforts des forces médicatrices et reproductives. Il survint plusieurs hémorrhagies; la plus forte, en septem- bre, à la plaie du péroné; elle fut arrêtée au moyen de la compression. » Au commencement du cinquième mois, les os réséqués étaient conso- lidés, et la plante du pied rendue à sa position normale. Depuis trois semaines, le malade court et s'appuie sur toute la plante du pied avec un .soulier exhaussé d'un pouce et demi. Des esquilles nécrosées, en petit nombre et d'un volume peu considérable, ont été éliminées et se sont fait jour à tra- vers les plaies. Dans le courant de la dernière quinzaine, quelques-unes de ces esquilles sont sorties d'elles-mêmes d'une fistule qui s'était formée au mollet. La peau de la surface antérieure de la jambe est encore amincie et disposée aux érosions. Au reste, tout est à souhait dans l'état général du ma- lade, qui a été présenté guéri à la Société médicale le 27 février 1861, et dans une autre Société médicale de Berlin, présidée par moi-même, le 23 février 1 86 1 . » PHYSIOLOGIE. — Note de M. Philipeaux, accompagnant la présentation de plusieurs pièces relatives à ta régénération de la rate. « Mayer, de Bonn, il y a plus de vingt ans, avait déjà affirmé qu'après l'extirpation de la rate il peut y avoir reproduction de cet organe : mais les physiologistes avaient mis ce fait en doute ou même l'avaient nié. Ainsi M. Bérard, dans son Cours de Physiologie, t. II, p. 555, s'exprime ainsi : « C'est à tort que Mayer a parlé de la reproduction de la rate. » » Le 24 octobre iSSq, j'ai extirpé la rate sur trois rats albinos âgés de deux mois. Le 8 mars 1861, j'ai trouvé chez ces trois animaux la rate re- produite, avec quelques différences de forme et de dimensions, mais avec toute sa structure normale. 72.. ( 548 ) » Le bocal n" i contient deux rates : l'une (la plus grande) est une rate normal'' extraite d'un rat albuios adulte ; elle a 4o millimètres de long, 6 de large, 4 d'épaisseur et pèse 65 ceutigrammes ; l'autre est une rate repro- duite provenant d'un des rats opérés il y a seize mois; elle a i5 millimètres <1p long, 8 de large, 5 d'épaisseur et pèse l\i centigrammes. » Les bocaux n°' a et 3 contiennent chacun un rat albinos auxquels j'ai enlevé, il y a seize mois, la rate. Les viscères abdominaux sont mis à nu et écartés pour montrer la nouvelle rate en place. » On peut donc voir d'après ces pièces que Mayer a eu raison lorsqu'U a dit que la rate extirpée pouvait se reproduire. » CHiiiURGlE. — Noie sur le traitement comparé des tumeurs lactymales par la destruction complète du sac et par l'occlusion isolée des conduits lacrymaux ; par M. Tavignot. v La destruction du sac lacrymal selon la méthode de Nannoniplus ou moins modifiée, et l'occlusion isolée des conduits lacrymaux, réalisée soit par l'excision palpébrale, soit par la cautérisation galvanique, constituent en réalité les deux méthodes thérapeutiques les plus radicales qu'il soit possible d'imaginer. Leur raison d'être, j'allais presque dire leur excuse, est tout eutièie dans l'iusuffisauce curative des diverses opérations préconisées et mises en pratique jusque dans ces derniers temps. Il s'agit donc, en der- nier ressort, poiu- guérir la maladie d'une manière absolue et définitive, de rompre tout contact entre les larmes et le sac lacrymal, puisque ce dernier, dans l'affection (jui nous occuj)e, est devenu physiologiqucment impropre à tolérer leur contact. On peut évidemment obtenir ce même résultat en sui- vant deux voies différentes : » En détruisant le réservoir des larmes; » En oblitérant les canaux qui alimentent ce même réservoir resté intact. » i" La destruction du sac lacrymal exécutée parle fier rouge ou par les caustiques est, relativement, une opération d'une certaine gravité et sus- ceptible de donner naissance à des accidents sérieux. Elle est, de plus, in- fidèle dans ses résultats, soit par insuffisance de l'effet produit, soit par la création ultérieure d'un sac rudinienlaire au sein du tissu cicatriciel : une seconde opération, à supposer que le malade y consente, est d'une exécu- tion ditlicdc, en ce sens qu'elle ne saurait être limitée au point exact où la récidive se manifeste. L'occlusion des conduits reste alors seido indiquée, ( 549 ) et c'est a elle que nous avons eu recours plusieurs lois, avec succès, pour remédier aux insuccès de la métfiode de Nannoni. M 2° L'occlusion de la partie antérieure des coiiduits lacrymaux est une opération beaucoup plus simple que la précédente, et d'une efficacité bien moins contestable. L'excision palpébrale et la cautérisation galvanique constituent les deux procédés de cette méthode ; or j'ai pratiqué, depuis six ans, un assez grand nombre de lois l'une et l'autre de ces opérations poin- juger leur valeur relative, qui peut se résumer ainsi : l'excision ne guérit pas toujours d'emblée ; il faut la répéter souvent deux ou trois fois sur la même paupière avant d'obtenir l'oblitération du conduit ; la cautérisa- tion galvanique, au contraire, m'a toujours réussi immédiatement. J'ajoute qu'elle est encore plus simple dans son exécution et moins douloureiise que l'excision, qui d'ailleurs l'est fort peu. » M. HuETTE adresse de Nantes des tableaux résumés du 2" semestre des observations météorologiques qu'il poursuit sans interruption depuis trente-sept ans. M. Pkiecr prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des conctirrents pour le prix Tremonf, et dbtlne une indication sommaire des inventions qu'il croit pouvoir présenter à l'appui de cette demande. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. ( 55o ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i8 mars 1861 les ouvrages dont voici les titres : Mémoire sur de nombreux ossements de Mammifères fossiles de la période géologique dite anti-diluvienne, trouvés dans les environs de Caen ; par M. EuDES- Deslonchamps. Caen, 1861 ; gr. in-4°. Exposition des causes de la dégénération de l'homme civilisé; par M. Ant. Fra-NCON ; i"'' opuscule. Riom, br. in-S*'. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Tableau des observations météorologiques faites à Nantes; par M. Antoine Huette; 2* semestre 1860. Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous ta surveillance du Conseil de Santé par ordre du Ministre de ta Guerre; 3' série, t. IV. Paris, 1861; in-8°. Annuaire de la Société météorologique de France; t. VI, i" partie. Tableaux météorologiques; feuilles 5-io. Paris, i858; br. in-8°. Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 27* année. Bruxelles, i86f ; in-12. Nouveau Dictionnaire universel de la langue française ; par M. P. Poitevin ; in -4". Des hémalocèles péri-utérines spontanées; par le D' T. Gallard. Paris , 1 860; br. in-8°. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. ) De la cure radicale de la tumeur et de la fistule du sac lacrymal; par le D' Magne. Paris, i85o; br. in-8°. ( Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Mémoire sur les allongements hjpertropidques du col de l'utérus, etc.; par le D"" P.-C. HuGUlER. Paris, 1860; gr. in-4", avec i3 planches lithogra- phiées. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Ueber die... Sur la perversion permanente de la vision relativement aux couleurs; par "M. Edm. Rose. Berlin, 1860; br. in-S". ( 55i ) Ueber die... Sur l'insensibilité de l'œil à certaines couleurs due à l'injluence de la sanlonine; par le même. Berlin, 1860. Ueber die... Sur [insensibilité de l'œil à certaines couleurs due à l'influence de la santonine [article extrait desÀrcliives d'anatomie et de physiologie patho- logiques de Virchow) ; parle même. Une feuille in-8°. Monthly . . . Notices mensuelles de la Société royale /astronomique de Londres; vol. XXI, n°4; in -8°. A lunar.,. Démonstration d'un flot de marée lunaire dans le lac Michigan; par le lieutenant-colonel J.-D. Graham. Chicago (Illinois), 1860; in-8°. Almanaque... Almanach nautique pour 18Ô2, calculé par ordre de S. M. à [observatoire de la marine de San Fernando, Cadix, 1860; in-8°. ERRATA. Tome LI, p. 861, lig. 3, 2 m lisez in. Pages 861 et 862. Le dernier alinéa de 861 doit être le deuxième de la page 862, et réci- proquement. Et par suite de cette correction, les lettres m et n qui se trouvent dans ces deux passages doivent aussi être changées l'une dans l'autre. Page gi2, lig. 8, en remontant, « n'est plus que de l'ordre 2 m — 2 ; » lisez : est simple- ment un cylindre de l'ordre m. Ibid., dernière ligne, « est du second ordre, c'est-à-dire un hyperboloïde ; " lisez : est un cylindre du second ordre. Tome LII, p. 80, à la suite de l'article 78, ajoutez ce qui suit : Autrement. Les projections orthogonales de la demi-corde mM. sur les droites ma et mb sont égales aux projections des demi-cordes a A, 6 B sur ces mêmes droites, respectivement (46, 3°). D'où s'ensuit la détermination du point M. Ibid. Le titre Propriétés relatives à deux droites homologues doit se trouver avant l'ar- ticle 79. (Séance du 11 mars 1861.) Page 421, ligne 6, au lieu de gaz ammoniaque, lisez gaz ammoniac. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 25 MARS 1861. PRÉSIDENCE DE M. CHASLES. La séance s'ouvre par la proclamation des Prix décernés et des sujets de Prix proposés. PRIX DÉCERNÉS POUR l'année 1860. SCIEISGES MATHÉMATIQUES. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. PRIX PROPOSÉ EN 1838 POUR 18C0 : question relative a la théorie des surfaces APPLICABLES l'uNE SUR l'aUTRE. (Commissaires, MM. Liouville, Chasles, Serret, Hermite, Bertrand rapporteur.) Cinq Mémoires ont été envoyés au Concours; deux d'entre eux, inscrits sous les n°^ 3 et 4? ont été écartés par la Commission après un premier examen. La question n'y est pas, en effet, complètement résolue, et les auteurs ne font aucune application des méthodes qu'ils proposent. Leur travail est cependant digne d'intérêt sous plus d'un rapport. La Commission a particulièrement remarqué le Mémoire inscrit sous le n° Zj ; ^''^ regrette C. R., i86i, i" Semestre. (T. LU, N» 12.) 7^ ( 554 ) que le délai fixé pour le Concours ait forcé l'auteur à lui présenter un travail qui ne semble pas entièrement terminé. Les trois autres Mémoires, inscrits sous les n°' i, 2 et 5, remplissent complètement le programme tracé par l'Académie. Si l'un quelconque des trois avait été présenté seul à notre examen, nous lui aurions sans hésiter accordé le prix. Forcés de choisir, nous avons dû examiner de plus près les trois méthodes proposées et les applications qui en ont été faites. Les trois auteurs ont résolu complètement la question principale, qui consistait à former les équations différentielles de toutes les surfaces appli- cables sur une surface donnée. Tous trois ont appliqué leurs formides aux cas qui se présentent le plus naturellement et dont l'étude les a conduits à d'élégants théorèmes dont les plus remarquables, qui sont aussi les plus simples, se trouvent obtenus dans les trois Mémoires. Aucun des concurrents ne semble donc avoir, pour cette partie du travail, une supériorité décidée sur les deux autres; tous trois ont fait preuve d'une grande habileté analytique et de connaissances très-profondes en géométrie. Mais le Mémoire n° 1 contient en outre un chapitre très-remarquable, dont l'analogue ne se trouve pas dans les deux autres et qui a déterminé en sa faveur le choix unanime de la Commission. L'auteur ne s'est, en effet, proposé rien moins que l'intégration com- plète des équations du problème dans le cas où la surface donnée est de révolution. Les méthodes ordinaires du calcul intégral ne semblant pas ici applicables, il a mis à profit une indication rapide jetée comme en passant par Lagrange dans l'un de ses Mémoires, et à l'application de laquelle l'illustre géomètre signalait lui-même de graves difficultés. Cette méthode consiste à former d'abord une solution complète de l'équation différen- tielle du second ordre dans laquelle figurent cinq constantes arbitraires et à en déduire la solution générale par la variation de ces constantes. I>es difficultés que Lagrange avait aperçues et signalées ont été très- habilement et très-heureusement surmontées dans le Mémoire n" 1 . La Commission espère que le savant auteur généralisera sa belle analyse et que le calcul intégral recevra par là un perfectionnement notable. 11 sera juste de rapporter à Lagrange la gloire d'avoir ouvert cette voie nouvelle, mais le Concours actuel occupera néanmoins une place importante dans l'histoire de son développement. En résumé, la Commission accorde à l'unanimité le grand prix de Ma- ( 555 ) thématiques au Mémoire inscrit sous le n° i, ayant pour devise : Je plie et ne romps pas, dont l'auteur est M. Edmond Bour, professeur à l'École Polytechnique. Deux mentions honorables ont été accordées aux Mémoires inscrits sous les ii°* 2 et 5; le premier ayant pour épigraphe : La découverte tf une vérité appartient à celui qui le premier ta démontrée, et dont l'auteur ne s'est pas encore fait connaître, et le second , ayant pour épigraphe : Les surfaces d'étendue mininnim, déjà si remarcpiab les, jouent un rôle tout particulier dans la théorie des surfaces applicables l'une sur l'autre, dont l'auteur est M. Ossia.v Bonnet, répétiteur à l'Ecole Polytechnique. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE POUR 1847, REMISE A 1834, POIS A 18o7. — NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1860. (Commissaires, MM, Liouville, Hermite, Bertrand, Lamé, Serret rapporteur.) L'Académie avait proposé en i845 pour sujet du prix de Mathématiques de 1847 ""® question qui a été remise au Concours pour i854, puis pour 1857. Le prix n'ayant pas été décerné, l'Académie n'a pas cru devoir main- tenir la question, et en i858 elle y a substitué la suivante : « Quels peuvent être les nombres de valeurs desjonctions bien définies qui cun- » tiennent un nombre donné de lettres, et comment peut-on former les fonctions •' pour lesquelles il existe un nombre donné de valeurs?» En même temps l'Académie prévenait les concurrents que, sans exiger d'eux une solution complète qui serait sans doute fort difficile, elle pour- rait accorder le prix à l'auteur d'un Mémoire qui ferait faire lui progrés notable à cette théorie. Trois Mémoires ont été envoyés au Concours, mais aucun d'eux ne répond d'une manière suffisante aux intentions de l'Académie; toutefois la Com- mission ne peut se dispenser de signaler les louables efforts des concurrents, de ceux surtout dont les Mémoires sont inscrits sous les n"* i et 2. Le Mémoire n° i renferme entre autres résultats la découverte d'une classe de fonctions trois fois transitives, dont le nombre des variables est un nombre premier quelconque augmenté de l'unité; cette classe comprend 73.. ( 556 ) en particulier les fonctions transitives de six variables qui offrent six va- leurs distinctes et qui ont été remarquées depuis longtemps. L'anteur dé- montre en outre l'existence de fonctions analogues à celles dont il vient d'être question, pour tous les cas où le nombre des variables est une puissance d'un nombre premier augmentée de l'unité. J.e Mémoire inscrit sous le n° i renferme quelques propriétés nouvelles des groupes de substitutions, c'est-à-dire des systèmes de substitutions con- juguées; l'auteur a fait l'application de ces propriétés à la démonstration d'un théorème important de la théorie des équations. Enfin le Mémoire n" 3 se fait remarquer dès le début par une notation ingénieuse qui est certainement susceptible d'apporter des simphfications dans l'étude des groupes de substitutions; mais ce travail n'est qu'une ébauche, et malgré son étendue il renferme peu de faits nouveaux ou réel- lement importants. En résumé, la Commission décide à l'unanimité qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix ; elle propose de retirer la question du Concours. Cette proposition est adoptée. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX D'ASTRONOMIE. FONDATION LALANDE. (Commissaires, MM. LHUgier, Liouville, Delaunay, Faye, Mathieu rapporteur. ) Les découvertes donl l'astronomie s'est enrichie pendant l'année 1860, portent à 62 le nombre des planètes cpie l'on compte aujourd'hui entre Mars et Jupiter. M. Luther, à qui 1 on doit la seule planète nouvelle aperçue dans le cours de l'année iSSg, a découvert Concordia, le il\ mars 1860, à l'ob- servatoire de Bilk : c'est la première des cinq planètes télescopiques trou- vées en 1860. Les quatre autres, circonstance très-extraordinaire, ont été trouvées au mois de septembre, dans le court intervalle de cinq jours. M. Hermauu Goldscliinidt découvre Ainae, à Clialillon, près de Pans, le 9 septembre, dans la constellation du Verseau; trois jours après, M. Cha- cornac découvre à l'Observatoire de Paris une planète qui n'a pas encore reçu de nom; M. Ferguson découvre Tilan'ui, dans la nuit du i4 hu i5 .sep- tembre, en Amérique, k l'observatoire de Washington, et c'est dans la ( 557 ) même nuit que MM. Forster et Lesser trouvent à l'observatoire de Berlin la planète Eralo, en cherchant dans le ciel la planète que M. Chacornac avait trouvée le 12 septembre. Gonforiuément aux usages de l'Académie, la Commission n'a aucune proposition à faire à l'égard de M. Lescarbaiilt, dont l'observation du « jiassaqe d'une planète sur le disque du Soleil » (i) le 26 mars 1859 n'a pas encore été confirmée par des observations ultérieures. Conclii.iions. Nous proposons à l'Académie d'accorder cinq médailles de la fonda- tion Lalande à MM. Robert Luther, Hermann Goloschmiwt, Chacor.nac, Ferguson, enfin à MM. Forsteu et Lesser. L'Académie adopte les conclusions de la Commission. PRIX DE MÉCANIQUE. FONDATION MONTYON. (Commissaires, MM. Clapeyron, Poncelet, Piobert, Morin, Combes rapporteur.) La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. FONDATION MONTYON. (Commisssaires, MM. Dupin, Mathieu, Boussingault, Passy, Bienayuié rapporteur.) Les Commissions que l'Académie charge successivement de prononcer sur le Concours de Statistique ouvert par M. de Montyon ont toujours mis en première ligne les collections de faits originaux. Elles ont couronné des ouvrages en apparence moins étendus et moins considérables, mais dont l'originalité était complète, de préférence à d'autres qui offraient aussi un grand intérêt, mais qui n'étaient que la mise en œuvre de faits recueillis (i) Voyez les Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. L, p. ^o : Passage d'une planète sur le disque du Soleil, observé à Orgèrcs f^ Eure-et-Loir), par M. Lescarbault. Lettre du 22 décembre iSSg à M. Le Verrier. ( 558 ) pniuifiveinent par des mains différentes. Les motifs de ce choix sont faciles à saisir. D'une part, le prix de M. de Montyon est le seul encouragement donné aux laborieuses recherches que toute statistique exige; d'autre part, les conséquences qui se déduisent des données ainsi réunies s'écartent souvent à divers degrés dos sciences que cette Académie cultive : tandis que l'observation et le rassemblement des faits, les procédés qu'il faut y appli- quer, les méthodes mathématiques d'une nécessité absolue pour juger de la valeur des résultais, rentrent dans son domaine naturel. Votre Commission de 1860 partage cette opinion qu'elle a jugé à propos de rappeler, en décidant que le prix de cette année serait accordé à M. Gi'ERRY, pour l'Atlas de dix-sept cartes qu'il a présenté à l'Académie sous le titre de : Statistique morale de la France etde l' Angleterre. La part des éléments recueillis par l'auteur des calculs immenses qui se résument dans ces cartes, ne pouvait être que secondaire dans l'ensemble où viennent se classer les faits extrêmement nombreux qu'il a puisés aux sources officielles. Mais cette part, si l'on pouvait la distraire des résultats variés auxquels elle vient concourir, serait encore assez grande pour dispu- ter le prix, même présentée seule. Dans l'état actuel de la publication de M. Guerry, ce sont surtout les calculs infiniment répétés dont chaque carte concentre le résumé, qui devaient attirer l'attention de votre Commission. Une patience, une persévérance prolongée a seule pu les achever. Sans nul doute, en examinant les comptes de la justice et les comptes du recru- tement de l'armée, on se serait facilement décidé à exécuter le calcul né- cessaire pour mettre en évidence à un seul point de vue, la masse de ren- seignements qui s'accumulent depuis plus de trente années dans ces comp- tes ; mais on se serait effrayé de la longueur du temps exigé pour les calculer sous plusieurs aspects. Or ce qui caractérise l'Atlas de M. Guerry, c'est la midtiplicité des points de vue auxquels il s'est placé : et l'on conçoit tout de suite comment cette midtiplicité de rapports entre les choses a multiplié sans bornes les calculs indispensables. De la foule d'opérations arithmétiques auxquelles s'est soumis l'auteur, il est ressorti un réstdtat très-utile pour tous ceux qui ont à considter les do- cuments originaux, devenus si volumineux : c'est que le plus souvent ils trouveront tout exécutés les recherches et les calcids pénibles qu'ils au- raient dîi entreprendre pour tirer parti de ces documents. Rien n'arrêtera donc la marche de leurs réflexions. Bien que les cartes de M. Guerry aient été placées sous les yeux de l'A- cadémie, il ne sera pas superflu de montrer ici par un exemple quel esprit a ( 559) dirigé l'auteur dans la disposition méthodique des produits de ses recher- ches. Les cartes ont pour premier but de faire ressortir par des teintes plus ou moins sombres dans les diverses parties de la France, la fréquence des crimes, des délits, des suicides, de l'ignorance relative, etc. Mais c'est dans les nombres qui les accompagnent qu'il faut chercher les conséquences exactes, dont les teintes et les courbes ne peuvent que donner une idée vague. Il convenait donc de prendre pour l'exemple à citer le Tableau des tnotifs fies attentais à la vie {assassinats, empoisonnements, etc.), placé à la fin de l'Introduction, seul texte qui précède les dix-sept cartes. Dans ce tableau, plus de aïooo crimes, extraits des 32 ans de comptes de 1826 à 1807, où figurent environ /[Soo groupes, sont réduits à i6/j classes, de sorte qu'on peut y lire immédiatement l'influence des causes de ces crimes, dans l'état actuel de la société, des lois qui la régissent et des moyens de ré- pression. En voici une réduction plus abrégée encore, et qui parait propre à faire comprendre tout l'intérêt qui s'attache aux travaux de M. Gnerry : Sur 1000 aUentats à la vie, 21 4 ont eu lieu par Cupidité et Intérêt; ■ 47 dépendent des Rapports de Sexes : 2 1 seulement dans des Unions légitimes, 1 26 suites de Commerces illicites ; 124 des Rapports de Famille ; 6 des Rapports entre Maîtres et Domestiques ou Apprentis : meurtre du Maître 5 ; de l'Inférieur, moins de i ; g8 sont la suite d' Opposition à l'exécution des toit ,• 1 2 de Main-forte prêtée à F exécution des lois ; 1 3 ont pris leur origine dans la Politique, les Émeutes ; 5i la Défense personnelle, les Duels; 287 sont à remarquer comme résultant de Querelles et Rixes dans les cabarets, etc. ; 3o sont dus à des Rivalités de Communes, Métiers, etc. ; 26 à la Haine entre Familles { Corse, en grande partie ) ; \o à Y Avarice, la Cruauté, la Brutalité (envers des Enfants et des Vieillards à charge); 10 Ignorance et Perte de la Raison; 2 Vengeance et Malice ; 10 Erreurs, Imprudence, Désespoir et Désir de la mort, etc., etc. ; 10 motifs inconnus. Ce tableau, qui peut provoquer bien des méditations, n est qu'une faible ( 56o ) partie des résultats nombreux renfermés dans l'Atlas. Il était possible de le rapporter ici, parce qu'il ne donne prise à aucune controverse, à aucune contestation. Mais il eût été difficile de choisir d'autres citations. Votre Commission ne pouvait paraître sanctionner, en quelque sorte, par une men- tion spéciale, la plupart des conséquences que suggère la simple inspection des caries. Toutes soulèveront des questions sérieuses et parfois tres-déli- cates. Il y a partout un classement des départements qui sera sans doute vé- rifié scrupuleusement par les intéressés, et dont les causes semblent devoir être discutées avec quelque vivacité. Au surplus, l'auteur n'a point encore publié le texte de son ouvrage, et c'est seulement des calculs et de l'exacti- tude des faits que votre Commission avait à s'occuper. Chacun des rap- prochements que fait l'œil involontairement entre les teintes plus ou moins noires de chacune des parties de la France, suivant le nombre des accusés qu'elle a fournis, appelle im volume d'éclaircissements. Il est à souhaiter que l'auteur ne retarde pas la publication d'im livre dont on sentira d'autant plus l'absence, qu'on examinera avec plus de soin les teintes, les courbes et les nombres par lesquels il a représenté les relations morales des diverses régions du pays. L'Introduction qui accompagne l'Atlas est loin de satisfaire à ce besoin d'explications. Elle a plutôt un caractère historique: et il n'y aurait pas à en parler, s'il ne s'y rencontrait quelques passages faits pour surprendre de la part d un statisticien sérieux, tel que ce vaste Atlas de calculs montre l'auteur. Il propose (p. vil) de remplacer le nom de statistique morale par celui d' analytique morale. Il est difficile d'apercevoir ce que pourraient cacher d'analvse les nombreuses opérations arithmétiques que cette collection de chiffres a rendues nécessaires. Jadis on avait appliquée des sujets analo- gues le titre û'Arilhmêtique politique ou sociale, ou même à' Arithmétique morale. Mais on s'était gardé de déguiser la statistique sous une qualifica- tion pins ambitieuse. Ce serait comme si l'on décorait du nom tVamiljiique commerciale une application quelconque de l'arithmétique, ou même de l'analvse, aux affaires de commerce, de banque ou d'assurances. Depuis bien des siècles on n'a que trop usé et abusé des mots iVannlj-sc et d\mnl/- tique, dont la signification était d'abord si simple. Il serait à regretter qu'une confusion de plus résultât d'un nouvel emploi de ces mots, lorsque rien ne l'exige. La statistique n'a pas besoin de changer de nom. Chaque fois qu'une de ses branches actuelles, assez indistinctes encore, pren- dra par des recherches précises la solidité nécessaire pour arriver à l'état ( 56i ) vraiment scientifique, il n'est pas douteux que quelqu'une des sciences dé- finies dès à présent ne s'en empare; ou bien il s'en détachera une science nouvelle, et il sera temps de lui imposer un nt)m. C'est toujours une chose grave que de forger des noms ou des mots. Ordinairement les tentatives de cette espèce ont pour but de faire passer quelque point pour lequel on a craint une opposition. Il semble ici que le motif de M. Guerry se trouve dans la séparation qu'il veut tracer (p. xx et xxiT^ entre la statistique et la théorie des probabilités. Il a eu peur d'être accusé de faire des calculs de probabilités. Il s'en défend de toutes ses forces; et même, comme il a entendu dire que les essais tentés par des auteurs célèbres sur la théorie des témoignages et des jugements n'ont pas eu tout le succès désirable, il en profite pour mettre en doute la théorie des probabilités. Comment n'a-t-il pas réfléchi qu'en s'aventurant sur im pareil terrain, il pouvait se faire appliquer le mot de Pascal à Fermât sur le cbevalier de Méré : » Il a tres-bon esprit : mais il n'est pas géomètre, » c'est, comme vous savez, un grand défaut Je n'ai jamais pu l'en )) tirer; si vous pouviez le faire, ou le rendrait parfait. » Mais quel a pu être le motif de cette terreur que uianifeste M. Giierrv? Il convient de le dire ici nettement. Appliquer le calcul des probabilités aux choses morales, aux actions déterminées par la volonté, ou faire sur ces actions des recherches statistiques, l'un comme l'autre procédé a paru à quelques auteurs entraîner nécessairement une croyance à la fatalité et sup- primer le libre arbitre. Aussi condamnent-Us ces sciences modernes. Mais c'est de letn- part une grande erreur. Ils donnent eux-mêmes par là une preuve de leur incompétence en pareille matière. Us sont plongés dans ce que les platoniciens appelaient la double ignorance : ils ne savent pas, et ils croient savoir. Les premiers géomètres qui se sont illustrés en créant la théorie des pro- babilités, étaient bien loin d'imaginer l'accusation de fatalisme. Jacques Bernoulli, dans son Ars conjectandi (p. an , fait connaître celle qu'ils re- doutaient. C'était l'accusation contraire. Si tout n'est point réglé, si les choses peuvent arriver de plusieurs façons différentes, s'il y a contingence en un mot, comment pourra s'exercer la prescience divine? Voilà son in- quiétude. Mais il passe oiUre, et ne se promet pas moins de traiter de^r cho- ses qui dépendent de la volonté humaine. Car, dit-il (p. 21 3), « conjec- » tnrer.... et choisir ce qui a été reconnu pour le meilleur et le plus sur, » c'est en cela seul que consiste toute la sagesse du philosophe, toute la » jirudence du politique. » C. R., 1S61, 1" Semijsire. (T. LU, N» 12.; 7^ ( 562 ) Aujoiird'luii, on ;i mieux approfondi la nature de la théorie des proba- bilités, et l'on sait qu'elle est absolument la même et pour les choses qui semblent réglées par des lois immuables, et pour celles qui dépendent des caprices de la volonté la plus libre. Elle s'adapterait au pélagianisme le plus outré, tout aussi bien qu'à l'islamisme le plus résigné. Elle ne favorise ni l'un ni l'autre. Comme toutes les théories mathématiques, elle révèle -par- fois certaines impossibilités dont on se douterait difficilement sans les ap- plications : mais précisément parce que jamais l'événement probable n'ex- clut absolument l'événement différent, la théorie des probabilités impose bien plus rarement que ne le font les antres théories mathématiques, de ces règles infranchissables auxquelles Descartes n'osait donner un assenti- ment complet. .Séparer la statistique de la probabilité, c'est chose absolument im|jrati- cable. Qu'on sache ou qu'on ignore les calculs supérieurs que demandent les premières questions de statistique, on ne se pose pas moins ces ques- tions, et on en donne une solution quelconque. Car que chercherait-on dans les travaux si longs et si pénibles de la statistique? Certes on n'y va pas recueillir une image imitile du passé. Mais, connue dans toutes les sciences expérimentales, on espère en faire sortir quelquefois une certitude, le plus souvent des connaissances pratiques et des conjectures motivées. De sorte que la statistique même n'est pas autre chose qu'un calcul de probabilité. Et le beau théorème de Jacques Bernoulli n'est qu'une expression mathé- matique de cette question qu'adressent bien souvent les statisticiens aux géomètres : Combien faut-il recueillir de faits, d'observations, pour pouvou- compter sur l'exactitude des résultats? Quant aux faits de l'ordre moral, on reconnaît bien vite qu'ils sont assu- jettis à ce théorème plus rigoureusement, s'il est permis de s'exprimer ainsi, que ne le sont les faits naturels qu'on regarde comme régis par la nécessité. Et, en effet, le plus simple bon sens met cette vérité hors de doute. Com- ment les hommes se conduiraient-ils dans leurs rapports journaliers, s'ils ne pouvaient compter que, sauf quelques écarts, ils trouveront les actions de leurs semblables conformes à l'observation qu'ils en font depuis leur enfance? Il y a longtemps que Platon a fait dire parTimée : « Il n'est pas » possible à celui qui est le meilleur de rien faire qui ne soit bien. » La vo- lonté, la liberté ne sont point par là compromises aux yeux de Platon. Car si le libre arbitre consistait en une décision sans motifs, il serait tout aussi simple d'admettre sur-le-champ les atomes d'Epicure (]ui déclinaient tout à coup sans raison du courant où les aurait emportés fatalement la force im- pulsive naturelle. ( 563 ) Chaque fois que des recherches statistiques ont pu fournir des faits de l'ordre mdral, elles ont confirmé ces remarques. Sous un même état de choses, les conséquences se présentent en général d'une manière constante, et les écarts ne dépassent point les valeurs assignées par le calcul. Mais c'est précisément de ces données qu'il faut conclure à l'amélioration dont l'espèce humaine est susceptible. Et quand la statistique a fait connaître un résultat nuisible à la société, c'est à l'éducation, c'est à la législation, aux mœurs publiques qu'il faut s'adresser pour le corriger. Nous savons par expérience que cela est possible, quoique long et difficile le plus souvent. Alors, avec les causes, les probabilités du mal changeront, et de nouvelles recherches, de nouveaux calculs montreront, les uns après les autres, les degrés du perfectionnement. Il faut faire encore une dernière observation relative au titre de l'ou- vrage de M. Guerry. Toute la statistique morale d'un pays n'est point, ce semble, renfermée dans les renseignements, quelque précieux qu'ils soient, que peut donner l'action de la justice criminelle, ou le recensement du nombre des hommes sachant lire et écrire dans chaque classe annuelle du recrutement. N'y aurait-il pas bien d'autres recherches à faire avant d'adopter sans restriction le nom de Statistique morale de In France''' El malgré les développements qu'atteignent les calcids, l'Atlas n'est-il pas plutôt un essai de statistique morale? Quoi qu'il en puisse être, l'auteur a rendu un service réel en faisant toucher au doigt, pour ainsi dire, à force de calculs, un grand nombre de vérités dont il serait difficile de s'apercevoir à moins d'étudier, comme il l'a fait, toutes les parties des documents officiels. Il n'aura pas peu contribué aux modifications heureuses que pourront subir les faits dont il a établi avec tant de zèle la situation numérique. Tout ce qui se rapporte à l'Angleterre dans l'Atlas de M. Guerry, a dû être ici passé sous silence. Le fondateur du prix l'a restreint à la statistique de la France. Mais il est juste de dire que cette partie du travail ne le cède pas à l'autre et qu'elle paraît avoir été accueillie avec approbation de l'autre côté de la Manche, où seuletuent elle peut trouver un jugement définitif. Auprès du grand ouvrage dont il vient d'être question, ceux que votre Commission doit encore vous signaler ne pouvaient que paraître bien inférieurs à plusieurs égards. Au fond cependant ils ont aussi une valeur réelle à des titres différents. Mais comme ils se rapportent aux mouvements de la population, ils n'offrent plus cette garantie d'exactitude rigoureuse 74.. ( 564 ) (les nombres que les adiiiiiables comptes de la justice criminelle ont assurée aux comparaisons exécutées avec tant de soin et de précision par M. Guerry. Ce sont deux Mémoires manuscrits très-intéressants auxquels votre Com- mission a accordé des mentions honorables. Le premier, envoyé par M. Hussoii, pharmacien à Tonl , est intitulé : Lois principales ilit inouvemenl de la population dans la ville el dans ianondis- seinent de Joui. C'est un travail consciencieux, dans lecjuel l'auteur, qui se propose de publier un ouvrage sur l'hygiène du pays qu'il habite, a envisagé sous presque tous les points de vue possibles la distribution des naissances, des décès et des mariages dans le cours de seize années. En étudiant son Mé- moire, il est facile de reconnaître cjue seize années ne suffisent pas pour établir les lois de la po|.ulation quand il ne s'agit que d'une population d'environ 65 ooo âmes, et d'une ville qui n'en renferme que 8 ooo. La dé- nomination de lois semblerait donc devoir disparaître du tilre. Mais si l'auteur n'a pu assigner les lois véritables, il ne fïiit pas moins connaître une longue série de faits : et s'il en avait constaté toutes les parties par lui-même, ce recueil offrirait une base certaine à la statistique future de l'arrondissement deToul. Malheureusement il paraît avoir été obligé de s'en rapporter trop souvent aux pièces officielles : et l'on sait trop quelles dé- fectuosités se rencontrent dans les documents de ce genre pour qu'il soit possible d'ajouter une entière confiance à tous les détails. Tous les efforts des hommes habiles à cpii la concentration des pièces statistiques de la France a été confiée successivement, n'ont pu parvenir même aujourd'hui à un ensemble de renseignements exacts. Il n'y a eu ni défaut de volonté, ni manque de persévérance de la part de l'Administration centrale. Récemment encore, le Ministère du Commerce a eu l'heureuse pensée de distribuer des récompenses aux membres des Commissions de Statistique des ilépartements. Mais ce n'est point assez pour surmonter les obstacles. Il ne faut pas perdre de vue la vraie nature des dépouillements statistiques : ils sont de toute né- cessité très-longs, très-minutieux, très-pénibles. Le plus souvent les inté- rêts des localités viennent les entraver. De sorte qu'ils exigeraient un temps si considérable, que les employés des préfectin-es, des sous-préfeclures, des connnunes, non plus que les membres des Connuissions volonlaues, ne peuvent le donner. Il n'existera de bonne statistique soit en France, soit ailleurs, que quand l'Klat pourra y consacrer les sonnnes absolument indis- pensables. Et quand il s'agit de plus de 35 ooo connnunes, on voit tout ( 565 ) de suite que le strict nécessaire se calculerait à plusieurs millions de francs. En attendant que ces travaux sérieux puissent être entrepris, ce sont des statistiques locales, telles que l'est celle de M. Tliisson, qui méritent toute l'attention des savants. Elles servent de vérification aux documents officiels. Si même elles étaient arrangées de manière à pouvoir s'additionner les unes avec les autres, elles remplaceraient ces documents à certains égards. Par exemple, il serait facile, à l'aide des recensements parages que rap- porte M Husson, et des décès par âges des mêmes années, de construire une table de mortalité. L'auteur ne l'a point fait. Il s'est borné à rappro- cher les nombres moyens des décès, et la population moyenne aux diffé- rents âges; il n'a pas poussé plus loin les calculs qui auraient achevé la table de mortalité. S'il avait eu ce soin, il aurait sans doute trouvé la vie movenne différente de celle de 89 ans 4 mois qu'il indique pour l'arrondissement. Pour déterminer celle-ci, il n'a fait usage que du relevé des décès par âges. 11 n'obtient ainsi que ce qu'on peut appeler l'âge moyen des morts. Rare- ment cet âge moyen coïncide avec la durée de la vie moyenne. Dans le petit nombre de circonstances qui ont permis à quelques savants de comparer l'un de ces résultats et l'autre, ils ont reconnu que l'âge moyen des décès est bien inférieur à la vie moyenne. Ainsi la durée moyenne de la vie dans l'arrondissement doit surpasser 4o ^ms. C'est ce que font présumer les rap- ports de la mortalité à chaque âge, calculés par M. Husson, si toutefois il est permis d'avoir confiance dans les recensements officiels qu'il a em- ployés. Semblablement, en rapprochant le total des naissances du nombre des décès au-dessous d'un an, il aurait vu que ces décès n'atteignent pas 18 sur 100 (même en y comprenant les décès du choléra de i854), au lieu de près de 24 : rapport qui résulte tlii nombre des enfants dans les recense- ments, et qui doit toujours exprimer une mortalité moyenne trop forte en apparence. L'auteur sans doute, préoccupé de son travail d'ensemble sur l'hygiène locale, dont la statistique ne doit occuper que quelques chapitres, ne s'est l)as assez prémuni au point de vue mathématique de toute statistique. C'est malheureusement une négligence très-commune parmi les statisticiens les plus zélés, et elle a une influence préjudiciable sur les résultats des peines très-grandes qu'ils se sont données. M. Husson a très bien expliqué la diminution que les recensements de ( 566 ) î85i et i856 font apparaître dans la population de Toul et de son arron- dissement. Le recensement de iS5i portait la population de l'arrondissement à. . . 67 2o5 Le recensement de i856 n'indique plus que 60 781 Diminution... 6424 L'auteur montre que la mortalité dneau choléra de 1 854 ^ été de igSo per- sonnes que rien n'a remplacées; que, d'im autre côté, rachèvement des tra- vaux de chemins de fer, etc., a éloigné pins de aSoo ouvriers venus d'autres localités, et qui avaient momentanément accru la population; et que le reste s'explique par la diiuinution des naissances qui s'en est suivi, comme par les absences momentanées d'un certain nombre d'habitants dues, soit à la guerre, soit aux récoltes moindres dont certaines parties de la France ont eu tant à souffrir vers cette époque. Cette explication fait voir qu'il n'y avait pas lieu d'attacher une impor- tance aussi grande rpie l'ont pensé plusieurs personnes, au ralentissement apparent de l'augmentation de la population de la Fiance indiqué par les recensements officiels de i85i et i856. La discussion de ce ralentissement occupe une grande place dans le second des Mémoires qui ont été distingués par votre Commission. Ce second Mémoire, quoique manuscrit, n'est que la reproduction des Recherches sur la population de la France, qui ont été publiées à différentes reprises par M. Fayet. Le but de ces publications est bien connu. Il s'agit de détruire des idées reçues assez généralement dans le monde, mais qui depuis longtemps n'ont aucune valeur aux yeux de ceux qui s'occupent sérieusement de statistique. La question dont s'occupe d'abord M. Fayet se réduit à démontrer qu'on ne connaît pas la population de la France avant 1789, ni même vers 1801 ; que les aSmillionsd'habitantsdonnésparNeckern'étaient qu'une évaluation grossière, etc. Assurément il n'y a pas un lecteur du livre de Necker sur 1 Ad- ministration qui imaginât de contester ces points; et Necker lui-même ex- ])lique très-clairement quelle voie imparfaite il a prise pour faire celte évalua- lion. Personne ne pouvait y être trompé. Quelques années plus tard, Price, qui s'était occupé de population avec beaucoup plus de suite que Necker ne l'avait pu faire, Price portait la population de la France à 3.^ millions. Si l'un de ces calculs était trop faible, l'autre paraît exagéré. Mais il suffit à faire ( 567 ) voir que jamais le nombre de Necker n'a été pris poin- un recensement, et que, s'il se trouve à ce sujet quelque part clos expressions qui semblent am- biguës aujourd'hui, elles ne l'étaient pas dans l'esprit de ceux qui les ont employées autrelois. Néanmoins M. Fayet a toute raison de combattre une opinion à laquelle il croit des partisans, et il a bien fait de répéter sous plusieurs formes qu'il ne faut pas avoir confiance dans les recensements. Mais il aurait pu étendre son assertion aux recensements les plus récents, et dès lors de si ioiiijues discussions devenaient superflues. Les documents officiels, ainsi que cela a été dit tout à l'heure, ne méritent qu'une confiance très-limitée ; ils suffisent parfois aux besoins administratifs, mais les différences qu'ils offrent ne sauraient être le sujet de débats scientifiques. Il faut en prendre les données comme tres-élastiques et ne jamais en faire la base de conséquences par trop précises. Ne sait-on pas depuis longtemps que bien des villes cachent une partie de leur j)opulalion \ que d'autres l'augmentent au contraire siii le papier; que bien des préfectures se sont laissé entraîner à do sembi.i- bles augmentations, par pure négligence, en adaptant les résultats des années précédentes à l'année courante, pour s'épargner le long travail des dépouillements statistiques; et souvent par des molifs bien moins innocents: N'a-t-on pas vu des feuilles de statistique renvoyées dans les départements par les soins du Bureau central de Statistique, pour que le travail fût re- commencé, revenir chargées d'un travail imaginaire, dont on avait seulement fait disparaître les discordances par trop saillantes, afin d'éviter un nouveau renvoi? Dans le recueil précieux des Recherches slalisliques sur Paris , les em- ployés ont glissé deux fois les mêmes tableaux pour deux années différeiites. Et cependant il y avait alors un chef de bureau plein de zèle chargé de la statistique, et le préfet de la Seine était un des magistrats les plus capables de sentir le besoin de l'exactitude, puisqu'il faisait imprimer ces recher- ches, dont la publication a été abandonnée bientôt après lui. D'autres er- reurs ont été reconnues dans la Stotisliqve de la France ; et sans en poursuivre davantage l'énumération, il est permis de dire qu'on ignore aujoiud'hui même le nombre réel des millions d habitants de la France. Mais ce que per- sonne n'ignore, c'est que cette population, quelle qu'elle ait pu être avant 1789, n'a pas cessé de s'accroître depuis plus de quarante années. Il suffit, pour le reconnaître, d'atteindre un certain âge et d'avoir parcouru le pays a différentes époques. Partout on constate l'agrandissement dos villes et des villages, les progrès de la culture dans les campagnes, d'où les grandes haies et les broussailles ont disparu il n'y a pas encore longtemps ; partout on peu t ( 568 ) s assurer que là où le elief d'une fauiille entreteuait avec peine ses enfants par une culture mal enleudue, il a été remplacé fréquemment par deux, irois et même quelquefois par quatre ménages, qui vivent à l'aise, chacun sur une partie seulement des terres insuffisantes autrefois pour un seul. Il n'est besoin d'aucun recensement pour constater à la fois la meilleure existence et le nombre beaucoup plus grand des habitants. D'où provient ini accroissement aussi manifeste? Sans nul doute une foule d'étrangers sont venus s'établir en France, peut-être avec trop de facilité. Mais la por- tion la plus forte de l'accroissement ne saurait provenir que d'un excédant des naissances sur les décès. Si donc les feuilles départementales du mou- vement de la population sont loin de l'exactitude, l'addition qui s'en fait avec soin à Paris n'est pas trompeuse lorsqu'elle fait ressortir en définitive un excédant considérable. Votre Commission ne pouvait suivre l'auteur du Mémoire dans les con- jectures auxquelles il se livre pour rétablir les chiffres des recensements passés. Connue l'a dit une de vos Commissions précédentes, on ne peut fane la statistique au passé. Voilà pourquoi les observateurs dévoués qui se consacrent à la statistique du présent, méritent toute la sympathie des savants. Ils défrichent, par lui travail ingrat, lui sol qui ne récompen- sera que la postérité. Quelquefois un mot conservé par liasard révèle ce labeur des temps reculés. Tel est le passage où Hérodote raconte que les prêtres égyptiens faisaient remonter un certain roi à loooo ans, repré- sentant, ajoutaient ds, 3oo générations. Hérodote apprend par là que la durée d'une génération était alors d'environ 33 ans; que les loooo ans soient ou non une fiction des prêtres. Ainsi, dès lors, il y avait eu en Égvpte une statistique assez minutieuse pour constater cette durée, et l'on en conclut qu'elle n'a pas sensiblement varié depuis plus de deux mille ans. Il y a donc à |)résumer que la durée de la vie humaine n'a pas changé non plus. M. Fayet aurait pu se prévaloir de cette tradition pour appuyer la seconde des propositions négatives de son Mémoire : la durée moyenne de la vie ne s'est pas accrue de 8 aimées depuis i 789. A ce sujet encore, il est bien aisé d'admettre, avec l'auteur, qu'il n'est pas possible de rien savoii- de positif; car il a été devancé dej)uis longtemps sur ce point. La Table de mortalité de Duvillard, qui donnaitlieu de supposer un grand accroissement de la vie moyenne, une grande diminution de la mortalité de l'enfance, a disparu de V Annuaire du Bureau des Longitudes. l\ y a plus de vingt-cinq ans qu'un Mémoire présenté à cette Académie, et |)u- ( 569) blié dans les Annales ci Hygiène, fit voir avec évidence par le rapprochement deslistes diirecrutementannuel, et des naissances correspondantes, que le nombre des survivants à l'âge de ao ans est fort voisin des deux tiers des naissances de garçons (60 sur 100). Malgré l'exactitude très-probable des listes du recrutement, ce Mémoire ne concluait qu'avec de grandes précau- tions. Il y avait en effet d'une part peu à compter sur la perfection des listes de naissances. De l'autre, les listes du recrutement peuvent être fort exactes, et cependant ne pas contenir tous les survivants des naissances antérieures de 20 ans. Les registres de l'état civil sont ouverts à la naissance aux enfants d'étrangers; et plus encore, ils renferment nécessairement tous les jeunes gens qui émigrent avant leur vingtième année. Croit-on que cette colonie française de la Plata, qui était assez nombreuse pour fournir seule une petite armée à Montevideo, ait été composée d'hommes qui eussent pris le soin de se faire inscrire de si loin dans la classe à laquelle ils apparte- naient. On méconnaît le nombre des Français qui passent à l'étranger dès leur jeunesse : et il a faUu la guerre de Montevideo pour révéler cette nom- breuse population française établie si loin de son pays. Un préfet des Basses- Pyrénées s'en était aperçu longtemps auparavant, car c'était surtout de ce département que partait et que part encore peut-être l'émigration vers la Plata. On voit par ces faits quelle réserve il convient de mettre dans l'emploi des listes du recrutement. Lorsqu'on applique à la statistique des documents qui n'ont pas été dressés à l'intention de la science, il est bon d'en bien exa- miner les conditions. Tout ce qu'on peut conclure de la liste plus étendue que donne M. Fayet des classes du recrutement et des naissances correspondantes, c'est que le rapport des nombres a peu varié. Mais la permanence de ce rapport n'autorise pas encore à prononcer sur la durée actuelle de la vie et sur l'amélioration que plusieurs personnes qui croyaient à l'exactitude scientifique de Duvillard. avaient admise sur la foi de ses ouvrages. Seulement on connaît depuis longtemps et la défectuosité des éléments de la table, et l'imperfection des idées statistiques de cet au- teur. On peut même voir dans les anciens Annuaires des notes qui prouvent combien il avait hésité sur la valeur qu'il finit par donner arbitrairement à la mortalité des premiers âges. De sorte qu'on savait très-bien qu'il ne fal- lait en tirer aucune notion sur la durée de la vie à l'époque pour laquelle Duvillard avait fabriqué cette table. C. K., 1861, \"Semesltc. (T. LU, N° 12) 75 (570) Les peines que M. Fayet s'est données pour étayer ce qu'on avait ainsi reconnu avant lui, n'ont pas cependant été inutiles. Il a fait dresser par les instituteurs primaires de la Haute-Marne un relevé très-curieux des regis- tres de naissances, mariages et décès de 4^7 communes de ce département, depuis 1701 jusqu'en i85o. Ce relevé d'un siècle et demi montre une dimi- nution constante dans les naissances, de 5o en 5o années, et un accroisse- ment continuel dans le nombre des mariages. Si les instituteurs de la Haute- Marne sont plus habiles et plus consciencieux que ne l'ont été les employés chargés du mouvement de la population dans un certain nombre de dépar- tements, voici le résultat qui ressortirait de liur travail : Nombre (Vcnfanls Naissances. Mariages. par mariage. De 1701 à 1750. . . 277 480 6o3o5 4,60 De 1760 à 1800. . . . 284 8G5 (5487. 4,3q De 1801 .'i i85o... . 255 839 73899 3,46 Ainsi le nombre des enfants de chaque mariage aurait diminué sans cesse depuis 1701 . On savait déjà que ce nombre semble diuùnuer encore d'après les relevés officiels de la population : et l'on rattachait ce fait apparent au l>ien-étre général qui, permettant deconserver mieuxles enfants, accroîtles chargesdu ménage, conduit les jeunes gens à se marier plus tard et diminue par là le nombre des enfants de chaque union. M. Fayet apporte à l'appui du fait moderne le témoignage de lifi'] anciens registres qu'il doit croire dé- pouillés avec soin par les instituteurs. Mais ce n'est point là une preuve dé- cisive de la réalité de la diminution. Car il paraît bien peu douteux qu'a- vant le régime moderne de l'état civil les registres de mariage ne fussent très- incomplets. Au lieu de se livrer à des conjectures nouvelles sur un point si intéressant, l'auteur aiu-ait pu faire des recherches plus directes, mais bien plus pénibles, sur le nombre des enfants de quelques milliers de mariages à différentes époques, ou bien encore sur l'âge des mariés des dilférents siècles, ce qui serait plus facile. En attendant de nouveaux renseignements plus précis, on reste en pré- sence des doutes que font concevoir tous les relevés de l'état civil ; les an- ciens, à cause de l'inexactitude des registres mèaies, visible pour tous ceux qui en ont fait le déj)ouillemcnt ; les modernes, à cause de l'incapacité ou des négligences des employés à qui on est obligé de s'en rapporter pour ce dépouillement. Les mêmes doutes cnlnurenl plusieins autres assertions de l'aiiteui' : (571 ) telle que celle de la diiuiiuilioii de la taille des conscrits qui se serait abais- sée de 2 centimètres de l'an viil à i85o dans le Pas-de-Calais; celle qui ferait de la diffusion de l'instruction primaire une cause de dépopulation des campagnes au profit des villes, etc. Des assertions si graves auraient dû être soigneusement vérifiées à plus d'une reprise, avant d'être énoncées. Chacune fait naître des questions dont la solution exacte demanderait de grands travaux. La solution complète d'une seule suffirait à occuper long- temps celui qui voudrait s'y consacrer. Votre Commission, en jugeant digne d'ime mention honorable les parties vraiment statistiques du Mémoire de l'auteur, est donc obligée de faire des réserves plus précises encore que d'ordinaire à l'égard des développements qui remplissent presque tout ce Mémoire, et des opinions ou des conjectures qu'il a trouvé bon d'y annexer. Votre Commission décerne le prix du Concours de 1860 à M. Gterry, pour ses belles cartes relatives à In stathtiqae morale de la France et de iJn- gleterre. Elle accorde une mention honorable à M. Husson, pour son Mémoire intitulé : Lois de la population dans la ville et l'arrondissement de Toul. Elle accorde aussi luie mention honorable à M. Favet, pour la partie ])urement statistique de ses Recherches sur la population de la France. Enfin elle vous propose de remettre encore au Concours de i86r le prix non décerné en 1857. L'Académie adopte cette proposition; en conséquence, deux prix de .Statistique pourront être décernés au Concours pour l'année 1861 . PRIX FONDÉ PAR MADAME LA MARQUISE DE LAPLACE. Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique, Le Président remettra les cinq volumes de la Mécanique céleste, V Exposi- tion du Système du monde, et le Traité des probabilités^ à M. de Lappareat (Albert-Auguste), né le 3o décembre i8'39, à Bourges (Cher), sorti le premier de l'École Polytechnique, le 22 août 1860, et entré le premier à l'École des Mines. (572) SCIENCES PHYSIQUES. RAPPORT SUR LE CONCOURS POU K LE PRIX DE PHYSIOf.OGIE EXPÉRIMENTALE. FONDATION MONTYON. (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Mil ne Edwards, Coste, Claude Bernard rapporteur.) La Commission du prix de Physiologie expérimentale a reçu cette année un grand nombre de Mémoires sur des sujets divers. Mais son attention s'est fixée sur trois travaux qu'elle a jugés dignes de récompense et qui tout trois sont relatifs à des études anatomiques et physiologicjues sur le système nerveux. La Commission à décerné le prix de Physiologie expérimentale pour l'année r86o à M. B. Stilling (de Cassel) pour son grand ouvrage sur la Structure de la moelle épinière. Elle a en outre accordé une première mention à MM. Philipeaux et VcLPiAN pour leurs Recherches exj)éiimenlales sur la régénération des nerfs séparés des centres nerveux. Une deuxième mention à M. E. Faivre pour son travail sur la Modifica- tion qu éprouvent après la mort les propriétés des nerfs et des muscles chez les grenouilles. M. Stillixg. — Pour se rendre compte des phénomènes de la vie, il ne faut pas seulement étudier les propriétés spéciales des parties organisées, mais il faut encore connaître leur arrangement réciproque, c'est à-dire leur dispo- sition anatomique exacte. Dans certains appareils, ce rapport nécessaire entre la structure anatomique et le mode d'activité physiologique, qui doit relier l'organe à sa fonction, comme la cause à son elfet, a été plus iacile à saisir anatomiquement et plus simple à démontrer expérimentaloiiient. Dans d'autres appareils, au contraire, les difficidtés anatomiques qui se sont pré- sentées ont retardé les explications physiologiques qui leur étaient naturel- lement subordonnées. Ce dernier cas est arrivé particulièrement pour le système nerveux, et c'est seulement à l'aide des travaux de fine anatomie exécutés dans ces derniers temps qu'on est parvenu à comprendre les con- nexions des différents éléments qui entrent dans la texture des organes ner- (573) veux et à donner des interprétations plausibles sur leur rôle physiologitjue. Les anciens ont su sans doute que les phénomènes de sensibilité et de motricité avaient leur siège dans le cerveau et dans la moelle épiniére. Mais cette localisation était fort obscure, car ils admettaient comme douées d'une très-vive sensibilité des parties du corps qui depuis ont été reconiuies pour en être totalement dépourvues. C'est Haller, à la fin du siècle der- nier, qui par ses recherches expérimentales fixa nettement le rôle du système nerveux en prouvant qu'aucune partie du corps ne peut être sen- sible par elle-même, et qu'elle doit toujours cette propriété aux nerfs qui s'y distribuent. Enfin dans ce siècle, les travaux de Ch. Bell et Magendie ont réalisé un nouveau progrès considérable en démontrant la distinction et l'indépendance des nerfs moteurs et sensitifs. Dès qu'il fut prouvé que les phénomènes de sensibiHté et de motricité ont des conducteurs distincts et indépendants, en ce sens qu'ils ne peuvent pas se suppléer l'un l'autre, il fallut bien, pour expliquer la propagation des influences nerveuses, admettre l'existence défibres nerveuses qui devaient marcher sans discontinuité et sans confusion, soit du centre à la périphérie, soit de la périphérie au centre cérébro-spinal. J. Mùller, dans son Traité de Plijrsiologie, Aàmii cette opinion en disant que la propagation des impressions sensitives d'un point quelconque de la périphérie au centre nerveux a lieu par le moyen de fibres primitives qui restent isolées dans tout leur trajet, c'est-à-dire dans les nerfs et dans les faisceaux de la moelle où elles che- minent côte à côte sans jamais ni se confondre, ni s'interrompre, ni s'anas- tomoser jusqu'au centre de perception où elles se terminent. Ij'influence du nerf moteur qui se transmet en sens inverse de l'impression sensitive avait également pour moyen de propagation, suivant Millier, une fibre nerveuse isolée, non interrompue et identique depuis son point de départ dans l'or- gane encéphalique jusqu'à sa terminaison dans un nuiscle quelconque de la périphérie. C'était là ce qu'on appelait la thé,orie de la fibre nerveuse con- tinue. Cependant ou ne pouvait pas comprendre, d'après cette manière de voir, la formation des renflements brachial et lombaire de la moelle épiniére, et d'un autre côté, il existe dans le centre de la moelle la substance grise dans laquelle on avait constaté la présence de corpuscules nerveux dont il était également impossible, daos l'hypothèse de la fibre nerveuse continue, de déterminer la signification anatomique et le rôle physiologique. Telles étaient les difficultés que présentait l'étude anatomo-physiologique de la moelle épiniére quand il apparut sur l'anatomie fine de cette partie ( 574 ) du système nerveux une série de recherches nouvelles, parmi lesquelles il faut placer au premier rang les travaux de M. Stilling. Cet auteur reconnut d'abord que chaque nerf, au lieu de se continuer exclusivement avec les faisceaux blancs de la substance médullaire, se lient en connexion au con- traire avec la substance grise centrale, soit pour y aboutir, soit pour y prendre naissance. M. Stilling fut également un des premiers à reconnaître que les corpuscules nerveux de la substance grise étaient des cellules ner- veuses auxquelles il fallait attacher une grande importance. En effet, il est aujourd'hui prouvé, par des recherches très-variées et vérifiées par des ob- servateurs nombreux, que chaque racine nerveuse rachidienne ne naît point de la substance blanche médullaire externe, mais bien des celhdes nerveuses qui constituent la substance grise médullaire centrale. On a vu en outre que chaque fibre est en rapport avec la cellule nerveuse par sa partie essen- tielle, c'est-à-dire par son cylindre d'axe. Les cellules communiquent en- suite les unes avec les autres soit du même côté, soit d'un côté à l'autre, a l'aide de commissures qui sont constituées par des fibres nerveuses réduites à leur cylindre d'axe, etc. Les recherches d'anatomie microscopique n'ont donc pas confirmé l'hy- pothèse de la fibre nerveuse continue. Elles ont appris au contraire que chaque nerf finit en quelque sorte en entrant dans la moelle épinière, en ce sensqu'étant lormé lui-même de substance blanche périphérique, il vient se .souder avec la substance grise centrale de la moelle. Et il n'y a pas là seu- lement une interruption anatomique, mais c'est aussi la limite de propriétés physiologiques distinctes. L'expérimentaliou a montré, en effet, que la pro- pagation de la sensibilité qui a lieu dans le nerf périphérique par des fibres blanches douées d'une très- vive sensibilité, se fait dans la moelle au moyen de la substance grise qui est insensible. De même, la substance qui dans la moelle propage la motricité, réagit sous l'influence des excitations galvani- ques ou mécaniques tout autrement que le nerf moteur lui-même. En résumé, les découvertes anatomiques sur la structine intime de la moelle épinière ont donné une base solide pour des explications physiolo- giques toutes nouvelles : elles ont apprisque la propagation des phénomènes de sensibilité et de motricité s'accomplit en réalité par une succession d'or- ganes nerveux élémentaires distincts, qui sans doute sont en contiiuiité par leur matière, mais qui différent par des caractère* anatomiques spéciaux et par des propriétés physiologiques particulières. Les résultats que nous venons de citer et auxquels viennent se joindre chaque jour des faits nouveaux et importants recueillis dans la même ( 5:5 ) voie, n'ont sans doute pas tous été le fruit exclusif des travaux île M. Stilling. Plusieurs observateurs y ont concouru. Cependant la Com- mission, à l'unanimité, a couronné les recherches de M. Stilling, parce que, outre ses travaux particuliers très-considérables, cet auteur a encore été un des principaux promoteurs de ces recherches récentes de fine ana- tomie des centres nerveux, au moyen de coupes minces qu'on soumet en- suite à l'examen microscopique. L'ouvrage de M. Stilling sur la structure de la moelle épinière est sans contredit le plus considérable et le plus important qui ait paru sur ce sujet jusqu'à ce jour. Il a coûté à son auteur treize ans de travail assidu et il est accompagné d'un magnifique atlas dans lequel toutes les coupes qui dé- montrent la structure de la moelle épinière sont figurées avec une rare exactitude. En effet, ce qui dislingue particulièrement les recherches de M. Stilling, c'est qu'il a voulu nous montrer l'anatomie de la moelle aussi vraie que possible, en dehors de toute interprétation. C'est là lui grand mérite pour un ouvrage de ce genre, car si l'on n'y met une grande rigueu; , la microscopie peut laisser parfois un vaste champ à l'imagination. La Commission a donc décerné le prix de Physiologie expérimental^ pour 1860 à M. Stilling, pour son grand ouvrage sur la structure de la moelle épinière (i). MM. Philipeaux et Vitlpian. — Une des vérités physiologiques les mieux établies, c'est que les nerfs n'exercent leurs fonctions qu'autant qu'ils sont en continuité avec les centres nerveux. En effet, dès qu'on interrompt cette continuité, il y a ce qu'on appelle paralysie, c'est-à-dire cessation des fonctions nerveuses. Or on avait observé que cette paralysie, qui dans tout cas est un phénomène durable, n'était cependant pas toujours absolument persistante. Dans certaines circonstances, au bout d'un temps variable, la paralysie avait pu cesser et les fonctions nerveuses se rétablir. Comme explication, il n'y avait que deux suppositions possibles : ou bien la fonc- tion conductrice des nerfs s'était rétablie au moyen d'un tissu étranger, ou bien la continuité du nerf coupé s'était reproduite. C'est dans celte dernière opinion que se trouvait la vérité, car l'expérience prouva que dans le cas de retour des fonctions nerveuses il y avait eu restauration du tissu ner- veux entre les bouts du nerf divisé. Des observations plus récentes sur ces régénérations nerveuses avalent en outre montré qu'avant de se ressouder (i) Neiie Untcrsuchinigfn iihrrclon lîaii des Riickpnin.irks. ( 576 1) le bout (Je nerf séparé du centre nerveux commence toujours par se détruire. On a pu suivre avec soin les diverses phases de cette dégénérescence, qui débute peu de temps après la section du nerf et qui se traduit par une altération granuleuse spéciale de la substance qui compose la moelle ner- veuse. La régénérescence s'opère ensuite dans un temps variable, selon diverses circonstances, mais, chose singulière, en suivant une marche très-analogue à ce qui se passe dans l'évolution embryonnaire primitive du nerf. Mais dans cette régénération d'un bout de nerf séparé du centre nerveux, quel rôle joue le bout central qui, lui, ne s'altère pas? son influence est-elle nécessaire ou non pour que le bout périphérique s'organise.? On pouvait peut-être bien croire que le bout de nerf non altéré sollicitait ou favorisait d'une manière quelconque la réorganisation du bout désorganisé ; mais la question n'avait pas été résolue; elle n'avait pas même été posée nette- ment. C'est à MM. Philipeaux et Vulpian que revient le mérite d'avoir posé cette question et de l'avoir résolue très-complètement et d'une manière qui intéresse à lui haut degré la physiologie générale du système ner- veux. Après avoir constaté, ce qu'on savait déjà, que la régénération d'un neri coupé a lieu lorsqu'on le réunit soit à son propre bout central, soit au bout central d'un nerf d'une autre nature, MM. Philipeaux et Vulpian ont insti- tué des expériences dans lesquelles ils ont excisé une très-longue portion de ce bout central ou même l'ont complètement extirpé, afui que le bout périphérique restât bien isolé et en dehors de toute influence du centre nerveux. Or dans ces cas ils ont constaté que les choses ne sont pas nota- blement modifiées. En effet, le bout périphérique du nerf séparé du centre nerveux commence bientôt à s'altérer; la moelle des tubes nerveux devient granuleuse, et le nerf perd peu à peu ses propriétés physiologiques, c'est-à- dire que l'excitation électrique, qui déterminait d'abord des contractions très-fortes dans les muscles, n'en produit que de faibles et bientôt plus du tout lorsque le nerf est complètement dégénéré. Il y a donc alors disparition à la fois de la structure du nerf et de ses propriétés. Mais cette disparition n'est pas permanente. Après un certain temps on voit, au même lieu de l'ancien, un nouveau nerf se réorganiser. A mesure que l'organisation réapparaît, on voit simultanément les pro- priétés physiologiques renaître, et le jeune nerl bientôt peut déterminer des convulsions dans les muscles quand on fait agir sur lui des excitations gal- vaniques ou autres. ( 577 ) Ces expériences répétées avec les mêmes résultats un grand nombre de fois sur des animaux variés (chiens, chats, lapins, cochons d'Inde, gre- nouilles, etc.,) etsur des nerfs différents (hypoglosse, sciatique, médian, spinal, etc.,) prouvent de la manière la plus décisive que la régénération nerveuse est ini phénomène vital qui s'opère sur place et ne procède pas nécessairement du centre nerveux : d'où il faut tirer cette conclusion im- portante, que les nerfs ont lUie indépendance et une sorte d'autonomie anatomique et physiologique réelle. Sans l'intervention du centre nerveux et sans sa soudure avec le bout central, le bout périphérique peut donc, comme on le voit, récupérer la structure et les propriétés qu'il avait perdues, mais il ne pourra jamais reprendre ses fonctions. En effet, la fonction nerveuse n'étant que l'influence réciproque des parties centrales et périphériques les unes sur les autres, elle exige nécessairement leur union pour pouvoir s'ac- complir. Les expériences de MM. Phihpeaux et Vulpian établissent encore cette proposition remarquable, que la propriété physiologique des nerfs n'est pas une force d'emprunt, puisée dans les centres nerveux et accumulée en quelque sorte dans les nerfs périphériques, mais qu'elle est au contraire une propriété de tissu ou même d'élément anatomique, qu'elle est liée à l'intégrité du tube nerveux, disparaissant lorsque celui-ci s'altère et repa- raissant lorsqu'il se régénère. Toutefois les conclusions précédentes ne peuvent être rigoureuses que pour les nerfs moteurs, parce que l'action de ces nerfs sur les muscles fournit un caractère précieux pour constater la liaison intime qui existe entre la structure et la propriété physiologique du nerf. Pour les nerfs sensitifs, cette démonstration fonctionnelle ne peut pas être donnée, parce qu'il faudrait pour cela que le nerf régénéré communi- quât avec le centre, et c'est précisément ce qu'on s'est appliqué à empêcher. Néanmoins l'analogie permettrait de penser que, puisque le nerf de senti- ment se régénère anatomiquement, ses propriétés physiologiques se mani- festeraient aussi si elles se trouvaient dans des conditions convenables pour cela. Enfin MM. Philipeaux et Vulpian ont étudié les diverses circonstances qui favorisent la régénération anatomique et physiologique des nerfs sépa- rés des centres nerveux ; ils ont constaté que cette régénération est beaucoup plus sûre et plus prompte chez les jeunes animaux que chez les adultes, qu'elle est plus rapide chez les Oiseaux que chez les Mammifères et chez ceux-ci que chez les Reptiles. Eu un mot, que l'intensité du phénomène de C. R , 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" 12.) 7^ ( 578 ) régénération est en rapport avec l'activité des phénomènes vitaux cluv. l'animal qui est le sujet de l'expérience. En résumé, les expériences de MM. Philipcaux et Vulpian ont appris que si les nerfs doivent être unis à leurs centres pour accomplir leurs fonctions nerveuses, il n'eu est pas de même pour ce qui regarde leur nutrition et leurs propriétés. Ces nerfs peuvent se nourrir et se détruire, perdre leurs propriétés et les leprendre, dégénérer et se régénérer sur place et tout à fait indépendamment d'une action quelconque des centres nerveux. Ce fait, qui est bien nettement établi par les expériences décisives, a paru à la Com- mission d'une grande importance pour la piivsiologie générale du svstème nerveux, et elle accorde eu conséquence à MM. Philipeaux et Vulpian une ))remière mention pour leurs Recherches sur la réqénérahon des nerfs séparés des centres nerveux. M. E. F.\ivRE. — Tout le monde sait que lorsque les fonctions vitales viennent à cesser, surtout d'une manière brusque dans le cas de mort vio- lente, les tissus conservent encore leurs propriétés physiologiques ]>endant un certain temps après la mort. Cela s'observe particulièrement chez les animaux à sang froid, et c'est grâce à celte circonstance qu'on les choisit de préférence pour étudier les propriétés physiologiques des muscles et des nerfs. Les recherches de M. Faivre ont eu pour objet de déterminer quelles sont les modifications que présentent, avant de s'éteindre, les propriétés physiologiques musculaires et nerveuses chez les grenouilles. Le résultat le plus frappant de cette étude, c est que les modifications que subissent les muscles et les nerfs après la mort sont précisément en sens inverse. Ainsi M. Faivre a constaté qu'après la mort de la grenouille l'irritabililé muscu- laire .s'accroît pendant un certain nombre d'heures, tandis qu'en même temps l'excitabilité nerveuse va en diminuant dételle sorte qu au moment où l'excitabilité nerveuse est éteinte, l'irritabilité musculaire est précisé- ment arrivée à son maximum d'intensité ; et c'est alors seulement que celte irritabilité musculaire exagérée commence a décroître pour s'éteindre gra- duellement. On ne pourrait pas supposer que c'est la propriété nerveuse qui en disparaissant du nerf passe en quelque sorte dans le muscle pour aug- menter sou excitabilité ; car si ])réalablement on détruit la propriété ner- veuse par le curare, pai- exem|)le, on n'en voit pas moins l'irritabilité aug- menter après la mort, comme si le nerf était resté intact. M. Faivre a ■ mesuré les degrés d'excitabilité nerveuse et d'excitabilité musculaire à l'aide d'un ajîp.u-oil élociririue gi-adué, et il a considéré que ces propriétés phy- ( 579) siologiqiies étaient {l'ime intensité d'autant plus grande, qu'il fallait une excitation électrique plus faible pour les mettre en jeu. L'expérience de M. Faivre est intéressante par elle-même, mais elle acquiert un nouveau degré d'importance par la conclusion qu'on peut en tirer. En effet, bien que les nerfs moteurs et les muscles soient destinés k agir de concert, on sait cependant cjue leurs propriétés physiologiques sont distinctes et indépendantes. Cette séparation des propriétés nerveuses et musculaires est déjà démontrée en physiologie par des preuves nombreuses et variées. Mais nous acquérons encore ici un fait expérimental de plus pour la solution de cette question fondamentale, puisque nous voyons qu'après la mort chacun de ces tissus perd ses propriétés d'une manière différente et en quelque sorte opposée. En' conséquence, la Commission accorde à M. Faivre une deuxième mention pour ses expériences sur ta modification qu éprouvent après la mort les propriétés des nerfs et des muscles chez les grenouilles. Enfin, la Commission a examiné aussi avec intérêt deux Mémoires soumis à son jugement par MM. Gris et Gerbe. Le premier de ces naturalistes a étudié avec beaucoup de soin le développement de la chlorophylle et le mode de résorption de la fécule dans le tissu des plantes vivantes; le se- cond s'est occupé du développement des Crustacés macrures connus sous le nom de Phyllosoines, et il a constaté des faits très-intéressants, mais ses recherches ne sont pas encore terminées. RAPI^ORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX RELATIFS AUX ARTS INSALUBRES. FONDATION MONTYON. (Commissaires, MM. Dumas, Payen, Rayer, Combes, Chevreul rapporteur.) La Commission des Arts insalubres, après avoir pris connaissance de sept pièces adressées à l'Académie pour concourir au prix de celte fondation Montyon, a trouvé deux pièces dignes d'un prix; en conséquence elle a l'honneur de proposer à l'Académie de décerner : 1° Un prix de deux mille cinq cents francs à 31. Mandet, pharmacien à Tarare, pour avoir composé un encollage à base de glycérine propre au tissage des étoffes, et des étoffes fines de Tarare en particulier. 2" Un prix de deux mille cinq cents francs à M. Cii. Fournie», pour un procédé 'nouveau de révéler les fuites de gaz dans les appareils d'éclairage et de chauffage. 76.. ( 58o) Voici les motifs de son jugement. i" jM. Mandet, dès i844) «lU la pensée d'employer la glycérine dans le lissage des étoffes de coton, et il la consigna dans une lettre adressée à M. le Ministre de l'Agricultiire, du Commerce et des Travaux publics; mais à cette époque le prix élevé de la glycérine n'en permit pas l'emploi on grand; mais des essais en petit en montrèrent le bon usage. Ce ne fut qu'en 1 856 que M. Mandet prépara en grand l'encollage qu'il appelle fjly- (érocolle, composé de Dextrine o'',5oo \ Le tisserand ajoute i5o grammes de ce Glycérine à 28° i'',3oo ( mélangea son parement ordinaire formé de Sulfate d'alumine o'',ioo ( aSo grammes de gélatine dissous dans Eau de rivière 3'', 000 ] 3 litres d'eau bouillante. Des certificats authentiques sont la preuve de l'emploi et du bon usage du cjlycérocolle. Ces certificats consistent : 1° En une attestation de la Chambre consultative des arts et manufac- tures de Tarare, du service rendu par M. Mandet à la classe ouvrière; 2° D'un certificat portant la signature de cent cinquante ouvriers tisseurs de Tarare reconnaissant le service que M. Mandet a rendu en leur per- mettant de monter leurs métiers dans les étages les plus élevés des maisons qu'ils habitent, et dès lors en les affranchissant de la nécessité de faire leur tissage dans des lieux humides comme le sont les cavts. La Commission ne fait sa proposition à l'Académie qu'après avoir acquis la certitude de la priorité de M. Mandet au bon emploi de la glycérine. ■^° M. Charles Fournier, agent comptable, trésorier du Ministère de la Guerre, frappé, comme le public, des accidents occasionnés par les fuites de gaz dans les conduites si nombreuses qui se distribuent pour l'éclairage et le chauffage^ a cherché un moyen simple et pratique de reconnaître ces fuites sans s'exposer à des détonations. 11 y est parvenu au moyen d'un appareil appelé révélateur, qu'il adapte près du compteur. Ce manomètre, partie du révélateur, indiquant une fuite, on enlève une plaque qui fait partie comme paroi de la conduite de gaz; on la remplace par une paroi munie d'un vase de verre contenant de l'ammoniaque liquide et disposé de manière à donner passage au gaz in- flammable. Celui-ci, prenant de l'ammoniaque, acquiert la propriété de donner une fumée blanche, lorsqu'on approche une baguette imprégnée d'acide clilorhydrique de la fissure de la conduite par laquelle le gaz ( 58. ) s'échappe. Au lieu d'acide chlorhydriquc, on peut faire usage d'un papier de tournesol que l'acide acétique a préalablement rougi. Des expériences faites au Conservatoire devant un des Membres de la Commission, M. Bous- singault, attestent à la fois l'efficacité et la simplicité du moyen. La Commission propose en outre de donner à RI. (jiigardet mille francs, et à M. BoBEUF mille francs, d'après les considérations suivantes, M. Guigardet, simple ouvrier, a imaginé une lampe propre à éclairer les ouvriers qui travaillent dans l'eau : cette lampe a été employée. L'année dernière, l'Académie, d'après le Rapport de la Commission des Arts insa- lubres, donna une somme de mille francs à l'inventeur de cette lampe. L'auteur l'ayant perfectionnée encore, la Commission n'hésite pas à lui proposer d'accorder une seconde somme de mille francs à M. Guigardet. M. Bobeuf s'est livré pendant plusieurs années avec persévérance à l'em- ploi des produits de la distillation de la houille; il a contribué par ses tra- vaux à diminuer le prix de l'acide picrique, fort employé aujourd'hui; eu outre il est un des premiers qui ait constaté l'efficacité du phénol, un des produits de cette distillation, pour désinfecter des matières fétides, préve- nir l'infection des matières susceptibles de se corrompre, et dès lors pour conserver les matières animales. Il y a plusieurs années déjà qu'un des Membres de la Commission, M. Dumas, présenta à l'Académie différentes matières organiques préparées par M. Bobeuf. D'après ces considérations, la Commission propose à l'Académie de lui donner une somme de mille francs. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. FONDATION MONTYON. (Commissaires, MM. Velpeau, Claude Bernard, Andral, Serres, Jobert de Lamballe, Jules Cloquet, Milne Edwards, Flourens, Rayer rapporteur.) La Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, au nom de laquelle je viens présenter ce Rapport à l'Académie, a eu à examiner cinquante- quatre ouvrages relatifs aux différentes branches des sciences médicales. Elle a l'honneur de vous proposer de décerner, cette année, trois Prix et deux Mentions honorables. PRIX. 1° A M. Davaine, un prix de deux mille cinq cents francs pour son Traite ( 582 ) des Enlvzoaircs et des maladies vermineuses de l'Iiomme et des animniix domes' lifjiies; 1° A M. J. Bergerox, un prix de deux mille francs pour son ouvrage intitulé : De In stomatite ulcéreuse des soldats et de son identité avec la stomatite des enfants, dite couenneuse. diplithérique, ulcéro-membraneuse; 3° A M. Maingault, un prix de deux mille francs pour son ouvrage inti- tulé : De la paralysie diplithéritique. MENTIONS HONORABLES. 1° A M. TiRCK et à M. Czermack, une mention honorable pour leurs ti;i\;iux sur la larjncjoscopie ; 2° A 31. Marey, une mention honorable, pour son travail intitulé : Eludes sur la circulation sanguine, d'après les difjérentes Jormes du pouls j, recueillies au moyen du spltj^gmograjitte. PRIX. M. Davaixe.— La partie de la pathologie qui embrasse l'étude des affec- tions causées par les Vers n'était pas, dans son avancement, en rapport avec les autres branches de la médecine. Les ouvrages si importants de Rudol- |)hi, de Dnjardin, de Diesing, sont exclusivement consacrés à l'histoire na- turelle des Entozoaires. Dans celui de Bremser, que consultent ordinaire- ment les médecins, la pathologie n'est traitée que d'une manière insuffisante et très-incomplète. Le Traité des Entozoaires et des maladies l'erniineuses de l homme et des animaux domestiques , publié par M. Davaine, comble ces lacunes. L'auteur n'a jamais perdu de vue les deux buts de son oeuvre, la zoologie et la pathologie. La découverte de faits importants en zoologie l'a conduit souvent à des déductions utiles à la pathologie. Ainsi, des recherches neuves sur les développement et la migration des oeufs du Trichocéphale dispar et de l'Ascaride lombricoïde lui ont montré que ces œufs, pondus en nombre considérable dans l'intestin de l'homme, ne s'y développent pas ; qu'ils sont expulsés au dehors, et que l'embryon ne se forme que phisienrs mois après. L'existence de ces œufs en nombre immense permet d'en constater la présence dans la plus petite parcelle des matières fécales, et devient un moyen tout à fait nouveau de diagnostic, et qui peut être étendu à la ré- el lerchc d'autres Vers, les œufs des différentes espèces ayant des carac- ( f)83 ) lères distinclifs, indiqués par M. Davaine. On reconnaît par le même ])ro- cédé l'existence de plusieurs Entozoaires qui habitent dans les voies biliaires et nrinaires. Les Entozoaires de l'homme et des animaux sont décrits avec le plu?. grand soin. Des faits nouveaux et bien étudiés sont venus augmenter l'intérêt de cette partie du travail de M. Davaine. La description d'un Protozoaire qu'on trouve dans les déjections des cholériques; la détermination des rap- ports des Vers vésiculaires, et particulièrement de ceux de l'Hydatide avec l'Echinocoque; des recherches sur l'altération des Cysticerques de l'homme et sur le Cysticerque ladrique auquel on peut rapporter diverses espèces admises par Laènnec; enfin des études nouvelles sur le développement de quelques Entozoaires de l'homme et sur la constitution anatomique de [)hi- sieurs Vers, donnent à cette première partie un caractère remarquable de nouveauté et d'originalité. La seconde partie, entièrement consacrée à la pathologie, est de beaucoup plus intéressante pour les médecins. C'est surtout à ce point de vue que se montrent le mérite et l'importance dutravad de M. Davaine. Les affections vermineuses, décrites d'après l'ordre des systèmes organi- ques ou des appareils, se prêtent à des considérations générales d'une grande utilité, en raison surtout des symptômes communs et des indications thérapeutiques qu'elles présentent. Une innovation heureuse et très-favo- rable à la connaissance des maladies vermineuses consiste à étudier d a- bord chacune de ces affections chez l'animal qui en est atteint le plus fré- quemment ou qui en présente au plus haut degré les symptômes caractéris- tiques. L'histoire de chaque Ver est une sorte de monographie. L'étude de l'Ascaride lombrico'ule, la répartition de ce Ver dans tous les climats, et surtout dans les climats chauds, son apparition sous foi'me d'épidémies, la recherche des circonstances qui favorisent sa transmission, la description des accidents qu'il détermine lorsqu'il se porte dans des organes qu'il n'habite pas naturellement , forment un ensemble plein d'intérêt. L'histoire du plus volumineux et du plus dangereux des Entozoaires de l'homme, du Strongie géant, a été faite d'après le relevé et la critique de tous les cas connus, comparés avec presque tous ceux cpii ont été observés chez les animaux : travail long et difficile, qui a jeté de nouvelles lumières sur un sujet qui présentait encore une assez grande obscurité. ( 584 ) Pour donner une idée de l'étendue du travail accompli par M. Davaine sur les Vers véaiculaires, et des difficultés qu'il a dû rencontrer dans le classement et l'analyse des faits, il nous suffira de ra|ipeler qu'il a ras- semblé plus de trois cents cas d'Hydatides, rapportés textuellement ou ana- lysés dans son ou%'rago. La constitution histologique des Hydatides, si utile à connaître pour le diagnostic, la transformation athéromateuse des tumeins qu'elles forment, sont exposées d'après les recherches personnelles de l'auteur. Les Hydatides sont étudiées avec le plus grand soin dans tous les organes, et jusque dans les systèmes osseux, vasculaire et nerveux. L'histoire des Hydatides hépatiques est une monographie achevée. Le rapprochement de tant de faits a donné des résultats très-importants pour le traitement des diverses affections hydatiques. Dans un résumé substantiel , l'auteur a exposé toutes les méthodes, tons les procédés de traitement qui ont été mis en usage, en en faisant connaître les avantages, les dangers ou les inconvénients. On peut affirmer que, sur ce sujet, il n'existe, dans la science, aucun travail aussi complet ni aussi fécond en utiles enseignements. Nous crovons superflu de poursuivre cette analyse de l'ouvrage de M. Davaine. Il n'est pas un seul des Vers de l'homme et des animaux domestiques dont il n'ait étudié avec soin l'action nuisible sur les organes et les fonctions. Enfin l'auteur a complété son travail par une revue histo- rique des méthodes de traitement employées à diverses époques et dans différents pays contre les maladies vermineuses, et l'a enrichi des résultats de son expérience personnelle. En résumé, l'ouvrage de M. Davaine, dont les limites de ce Rapport ne permettent de donner qu'une idée fort incomplète, n'est pas moins remar- quable par son mérite scientifique que par son utilité pratique. La Commission propose à l'Académie de décerner à M. Davaine un prix de fleux mille cinq cents francs. M. Bergerox. — Les ouvrages consacrés à l'étude d'une maladie ou d'une méthode thérapeutique sont du nombre de ceux qui ont le plus contribué, depuis le commencement de ce siècle, au développement de la science et au jjerfcctionnement de l'art. A ce point de vue, l'ouvrage de M. Bergeron intitulé : De la slomalile ulcéreuse des soldats, a dû fixer l'attention de la Commission. Ce travail, qui n'est pas seulement un résumé des rares documents pu- bliés antérieurement sur le même sujet, repose sur un grand nombre d'ob- ( 585 ) servations recueillies par rauteur à l'hôpital militaire du Roule, et renferme des vues et des faits nouveaux. M. Bergeron s'est livré à de longues et laborieuses recherches sur l'ori- gine de la stomatite des soldais, en France, et sur les causes qui en favo- risent le développement. Il paraît démontré, par ces recherches, que l'apparition de la stomatite ulcéreuse épidémique dans l'armée française ne remonte pas au delà des dernières années du XYiii"^ siècle. Un autre fait bien digne de l'attention et delà sollicitude de 4'administratron de la guerre, s'il n'est pas contredit par de nouveaux documents, c'est que de toutes les grandes armées de l'Europe., celles du Portugal et de la Belgique sont, avec la nôtre,, les seules dans lesquelles on ait observé la stomatite ulcéreuse sous forme épidémique. L'auteur cite un assez grand nombre de faits qui démontrent que cette maladie est contagieuse, et que l'encombrement dans les casernes, dans les baraques et dans les corps de garde est la cause principale du dé- veloppement et de la propagation de cette affection. Le premier, il a cherché à reconnaître, par voie d'expérimentation directe, si la stomatite ulcéreuse était transmissible par inoculation. Il a pratiqué cette inoculation sur lui-même, et elle a donné lieu à une succession de phénomènes qui tendent à prouver que la stomatite ulcéreuse est inoculable, mais qu'elle est modifiée dans son expression symptomatique par le fait de l'inocu- lation. M. Bergeron a tracé le tableau de la stomatite ulcéreuse, et indiqué le mode de succession des symptômes d'une manière plus complète que ne l'avaient fait les premiers observateurs. Il a exposé, avec le plus grand soin et avec tous les détails désirables, les différents troubles fonctionnels que présente la stomatite ulcéreuse, dans sa marche, aiguë ou chronique, et suivant qu'elle occupe tel ou tel point de la membrane muqueuse de la bouche ou du pharynx. Ajoutons que M. Bergeron a établi, le premier, que la stomatite ulcéreuse épidémique de l'armée et la stomatite des enfants recueillis dans nos hôpitaux et nos salles d'asile étaient une seule et même maladie, qui ne devait plus désormais être confondue avec la stomatite diphthéritique. Cette distinc- tion très-importante repose sur des considérations puisées à la fois dans l'étude comparative des symptômes et dans la connaissance complète des altérations pathologiques, aux diverses périodes de ces maladies. Enfin M. Bergeron a introduit le chlorate de potasse dans le traitement C. R., 1861, 1" Semesiie. (T. UI, N" 12.) 77 ( 586 ) de la stomatite ulcéreuse des soldats. Cette méthode, dont lefficacité avait été constatée dans la stomatite des enfants, abrège la durée du traitement; et, employée dès le début de la maladie, elle pourrait souvent permettre de ne point Faire entrer le soldat à l'hôpital, ce qui serait à la fois avan- tageux pour lui et pour lÉtat. En résumé, !a Commission, prenant en considération l'importance des recherches de M. Bergeron et les progrès qu'il a fait faire à la connaissance générale et surtout au diagnostic et au traitement d'une maladie cpii sévit assez tréquemmcnt dans l'armée, propose de lui décerner un prix de deux mille francs. M. Maingault. — Il est arrivé, pour un certain nombre de maladies, que les symptômes ou les accidents, s'en manifestant, soit à des intervalles de temps plus ou moins éloignés, soit dans des organes ou des appareils diffé- rents, ont été considérés comme des affections distinctes et sans liaison entre elles, jusqu'à ce que des observateurs, plus attentifs ou plus sagaces, aient reconnu que ces affections avaient une même origine ou une source com- mune. On a cité longtemps, comme exemple, plusieurs formes de la syphi- lis, et les alfections si variées dans leurs apparences que déterminent les empoisonnements occasionnés par les préparations saturnines; on peut citer, maintenant aussi, les paralysies observées à la suite d'une maladie (|tii a fait de très-grands ravages en France, dans ces dernières années, la (liphthérie. Plusieurs observateiu's avaient noté qu'après certains maux de gorge graves, qu'après des angines couenneuï^es ou des angines dites malignes, il survenait quelquefois des paralysies du voile du palais. D'autres observa- teurs, parmi lesquels il faut citer particulièrement M. le D' Orillard, pro- fesseur à l'Ecole secondaire de Médecine de Poitiers, allant plus loin, avaient aj)pelé l'attention des médecins, non-seulement sur des paraivsies du voile du palais, mais encore sur des paralysies des membres qui siu'viennent a la suite de l'angine couenneuse. Mais pour le plus grand nombre des méilecins les rapports réels qui existent entre certaines paralysies des mem- bres et l'angine couenneuse étaient restés inconnus, lorsque M. Maingaull publia son Mémoire sur la paralysie diplilliniliqne. f^es premières observations de M. Maingault remontent à l'année i85i. Depuis cette épotpie il a recueilli de nouveaux faits, rassemblé et discuté tontes les observations publiées en France ou à l'étranger, et c'est l'ensem- ble de ces observations qui a servi de base à son tra\ail, qui est une mono- graphie des plus remarquables. ( 587 ) Dans les angines diphlliéritiqnes, c'est presque tonjoursaprès la cessation de tout symptôme du côté de la gorge qu'on voit survenir les premiers indices de la paralysie. Lorsque les malades semblent en pleine convales- cence, apparaissent de nouveaux accidents. I>e nasonnement, piesque tou- jours le premier symptôme de la paralysie du voile du palais, d'abord à peine sensible, n'attire l'attention des malades que lorsqu'il a acquis une certaine intensité : en même temps on remarque de la difficulté dans la parole, la voix devient de plus en |)lus faible, et bientôt survient la gène de la déglutition. Souvent ces derniers accidents ont déjà cessé, lorsque se dé- clarent des troubles de la sensibilité; chez certains malades, la vue s'affai- blit; la cécité peut même devenu- complète : M Mauigault signale l'amau- rose dans trente-neuf observations. Cette altération de la vision survient le plus souvent dès le début des troubles paralytiques, et marque la transi- tion entre la paralysie du voile du palais et la paralysie des mendjres. Dans certains cas, la paralysie est limitée aux membres inférieurs. Peu à peu des fourmillements très-pénibles se font sentir dans les jambes, qui deviennent de plus en [)ius faibles, jusqu'au moment où la station debout est impossible. Les troubles de la motilité et dé la sensibilité peuvent s'étendre aux membres supérieurs : les mouvements des bras et des doigts manquent de force et de précision ; les muscles du tronc ne peuvent supporter le poids du corps; la tète trop lourde s'infléchit sur la poitrine, ou se renverse eu arrière. Au milieu de ces désordres, l'intelligence devient parfois lente et paresseuse; si la paralysie fait des progrès, la mort, quoique très-rarement, peut en être la conséquence. On comprend qu'à la vue d'accidents si nombreux et si variés, survenant dans le système nerveux, à la suite d un mal de gorge, même des plus graves, les médecins n'aient pas saisi, tout d'abord, le lien qui unissait inie double série de phénomènes si différents par leur siège et, en appa- rence, par leur nature. Cette liaison devient évidente, lorsqu'on lit attenti- vement les observations nombreuses consignées dans le travail de M. Main- gault; on leconnaît alors qiie ces paralysies ne sont plus des maladies accidentelles ou des complications survenant dans la convalescence de la diphthérie, mais bien des affections secondaires développées sous son influence et par la cause spécifique qui a donné lieu aux premiers symp- tômes. L'auteur termine son tiavail, dont nous n'avons pu donner qu'une idée 77-- ( 588 ) générale et très-sommaire, par une appréciation très-nette des diverses méthodes de traitement des paralysies diphthéritiqnes. En résumé, M. Maingault a le mérite d'avoir donné le premier une description complète et très-exacte dune maladie dont les caractères et l'existence même avaient été longtemps méconnus. D'après ces considérations, la Commission propose à l'Académie d'ac- corder à M. Maingault un prix de deux mille francs. ME^TIONS HONORABLES. MM. Tt'KCK et CzERMACK. — Dcpuis le commencement de ce siècle, les t'fforts des médecins se sont spécialement dirigés vers le perfectionnement du diagnostic des maladies. Pour reconnaître les altérations du pharynx , du larynx et de la partie postérieure des fosses nasales, le procédé le plus ordinaire était de faire ouvrir la bouche au malade et d'abaisser, en même temps, la base de la langue avec une sorte de spatule appelée abaisseur de la langue. De cette manière, on peut examiner le voile du palais et ses piliers, apercevoir le fond du pharynx et parfois même l'épiglotte ; mais ce mode d'exploration est insuffisant pour le larynx. Dans ces dernières années on a cherché à imaginer des instruments qui permissent à l'œil du médecin de voir plus profondément. A l'aide d'un spéculum laryngien inventé par Selligue, Bennati annonça qu'il avait ex- ploré la glotte. Cet instrument trop imparfait fut bientôt abandonné et ne se répandit pas dans la pratique. En i84o, Liston indiqua, dans sa chirurgie, qu'il avait pu examiner la base du larynx, à l'aide d'vm petit miroir analogue à celui dont se servent les dentistes et qu'il introduisait profondément dans la gorge, après l'avoir fait chauffer. En i8,'ï5, publiant des observations très-intéressantes qu'il avait faites sur lui-même, dans le but d'étudier le mécanisme de la voix, M. Garcia s'exprime ainsi : « Ma méthode consiste à placer un petit miroir fixé à » un long manche convenablement recourbé, au sommet du pharynx. On » doit se tourner vers le soleil, de façon à ce que les rayons lumineux tom- » bani sur le petit miroir puissent être reflétés sur le larynx. Si l'observa- » teur expérimente sur lui-même, il doit au moyen d'un second miroir qu'il |> tient à sa main, recevoir les rayons du soleil et les diriger sur le miroir » qui est placé contre la luette. » ( 589 ) Les choses en étaient là, loisque dans l'été de 1867 M. le D-^Turck, mé- decin en chef de l'hôpital général de Vienne, se livra à des recherches de laryngoscopie, dans le but de trouver une nouvelle méthode de diagnostic pour les maladies du larynx. La méthode de M. Tnrck, comme celle de M. Garcia, est fondée sur l'emploi d'un miroir laryngien. M. Turck apporta à ce miroir des modifications et lui fit subir des changements de forme, ilans le but de rendre l'instrument plus facile à supporter par les malades, sur lesquels ce mode d'exploration produit souvent des efforts de vomisse- ment ou des sensations désagréables qui peuvent rendre très-difficile son usage. Comme M. Garcia, M. Turck se servait, dans ses premières recher- ches, de la lumière du soleil pour éclairer le miroir. Très-peu de temps après, dans l'hiver 1857-1 858, M. Czermack se servit des miroirs laryngiens que lui avait prêtés M. Turck pour compléter les études physiologiques de M. Garcia, et pour observer le larynx dans la for- mation de certains sons, ceux des voyelles dites gutturales. Dans ses expé- riences, M. Czermack trouva le moyen de beaucoup perfectionner le laryn- goscope, en apportant des modifications très-importantes dans la forme des miroirs, dans la manipulation, et surtout en se servant de l'éclairage arti- ficiel, comme on le fait pour l'ophthalmoscope, ce qui rend l'emploi de sa méthode beaucoup plus usuel. Au mois de mars i858, M. Czermack fît con- naître de nouvelles recherches, en insistant sur l'avantage que la médecine pratique pourrait tirer de la laryngoscopie. M. Czermack a remis à l'Académie son Mémoire sur le laryngoscope en mars i86o, et il a démontré ses expériences devant la Commission. M. Turck a envoyé comme réclamation de priorité plusieurs publications, et plus tard un dernier Mémoire sur l'emploi du laryngoscope dans les maladies du larynx et du pharynx. La Commission n"a pas voulu entrer dans les discussions de priorité soulevées par MM. Turck et Czermack. L'esquisse historique que nous venons de tracer de la laryngoscopie montre que cette méthode a subi des perfectionnements successifs. La méthode de M. Czermack est certai- nement de beaucoup préférable à celle de ses prédécesseurs, mais il serait injuste de ne pas tenir compte de leurs tentatives et des résultats qu'ils avaient obtenus. La Commission a pensé que les recherches de M. Turck et celles de y]. Czermak étaient celles qui avaient le plus contribué à faire de la laryn- goscopie une méthode usuelle et susceptible de rendre des services dans le ( Sgo) diagnostic des maladies du pharynx et du larynx; elle propose d'accorder à chacun de ces ingénieux observateurs une inenlion honorable. M. Marey. — Les médecins s'accordantsur limportance des données four- nies par le pouls dans le diagnostic des maladies, ne peuvent accepter qu'avec intérêt ce qui peut favoriser ou compléter cette étude. Depuis longteuîps les physiologistes ont cherché à introduire l'usage d'instruments capables de fournir des indications exactes ou des mesures comparables de la force et des autres qualités du pouls. On sait que Haies imagina, le premier, d'évaluer directement, par des instruments, la pression du sang dans les artères, et les changements rhythmés qu'elle éprouve, à chaque pulsation du cœur. Un long tube dans lequel le sang lui-même s'élevait en raison de la pression, servait à constater l'intensité de la ten- sion sanguine et les changements qu'elle éprouve. M. Poiseuille, appliquant aux artères le manomètre à mercure, perfec- tionna l'expérimentation ; mais la densité énorme du liquide à mouvoir altérait, par l'effet de l'inertie, la forme des mouvements fl'ascension et de descente de la colonne manométrique. Magendie modifia le manomètre à mercure et en fit l'instrument très- utile aujourd'hui en physiologie expérimentale, connu sous le nom d'hé- momètre ou cardiomètre. M. Ludwig imagina d'enregistrer les oscillations du manomèlre à mercure, dont il fallait saisir les maxiina et les ininima, et les noter en même temps, ce qui était une difficulté réelle. Il plaça au-dessus du mercure du mano- mètre de M. Poiseuille im flotteur muni d'un pinceau; celui-ci traçait sur un cvlindre tournant les oscillations du mercure, sous forme de courbes alter- nativement ascendantes et descendantes. L'instrument de Ludwig, nommé kymocjrapltion, fut le premier des appareils enregistreurs appliqué à la phy- siologie de la circulation. Tous ces instruments ne pouvaient s'employer qu'en physiologie, car il fallait ouvrir mie artère pour les adapter à ce vaisseau. M. Hérisson réalisa l'application du manomètre dans l'observation clinique et construisit, à cet effet, l'instrument qu'il appela sphycpnomè.lre. Un petit entonnoir rempli de mercure et fermé par une membrane se coutume par son extrémité effilée avec un tube de verre. Toute pression exercée sur la membrane se traduit par une ascension du mercure dans le tube. Aussi, lorsqu'on applique sur une artère la membrane qui ferme l'enloinioir, on voit le mercure osciller dans le tube, à chaque pulsation. ( 59- ) Kiug trouva un autre moyen de rendre perceptibles à l'œil dt-s pulsations trop faibles pour être aperçues : il les amplifia au moyen d'un levier. Ses recherches avaient pour but de démontrer l'existence du pouls veineux des extrémités. King étirait à la flamme d'une bougie un fi\ de cire à cacheter assez gros pour former lui levier rigide: il le collait par une de ses extré- mités dans le voisinage de la veine, et les expansions et les resserrements alternatifs du vaisseau se traduisaient a la longue branche du levier par des mouvements amplifiés tres-appréciables. En i855, M. Vierordt, combinant les idées de liing et de Ludwig, con- struisit un appareil, le sphygmographe, dans lequel un levier mis en mou- vement par les battements d'une artère inscrit les oscillations sur le cyhndre du kymographion. Malheureusement l'appareil de Vierordt offrait encore l'inconvénient que l'inertie produit dans les instruments à mercure; c'est- à-dire que l'excès de la masse à mouvoir déformait les pulsations et les transformait en oscillations isochrones. Cet inconvénient réduisait poiu- ainsi dire le sphygmographe au rôle de compteur (\u pouls, puisqu'U en détruisait la forme. Tel était l'état delà question, lorsque M. Marey entreprit de construire un instrument enregistreur qui fixât les observations du pouls, en conser- vant aux pulsations leur forme réelle. Après avoir signalé la cause d'erreur que présentait le sphygmographe de M. Vierordt, il fallait l'éviter. On sait que pour obtenir la pulsation d'une artère, il faut presser sur le vaisseau avec assez de force. Ce résultat, M. Vierordt l'obtenait avec un poids adapté au levier, et c'est précisément la lourdeur du levier qui produisait l'erreur. M. Marey se servit, pour comprimer l'artère, d'un ressort à pression élas- tique qu'on peut graduer à volonté suivant que le pouls est plus ou moins dépressible, c'est-à-dire suivant que la tension du sang dans l'artère est plus ou moins forte. Ce ressort reçoit du vaisseau des mouvements alterna- tifs de soidèvement et d'abaissement, et ceux-ci se transmettent à un levier qu'on peut faire aussi léger que possible et qui, par conséquent, exprime fidèlement le mouvement c[u'il reçoit tout en l'amplifiant. M. Marey a non-seulement le mérite d'avoir inventé un instrument très- ingénieux et le plus parfait que l'on connaisse jusqu'à présent, mais il s'en est servi tres-habilement pour étudier les formes physiologiques et patho- logiques du pouls. Cette éliule lui a déjà fourni des résultats très-intéres- sants. Toutefois, comme ses recherches ne sont encore qu'a leur début, il serait prématuré de juger, des à présent, le degré d'utilité qu'aura cet in- strument pour le diagnostic et le pronostic des maladies. ( 59^ ) La Commission propose d'accorder à M. Marey une mention honorable pour ses études sur la circulation sanguine, d'après les différentes formes du pouls, recueillies au moyen du sphvgmographe. Sur la proposition de la Commission, l'Académie décide : 1° Qu'une somme de douze cents francs sera jointe A chacune des deux Mentions accordées à I\IM. Turck et Czermack ; Et 2° une somme pareille à la Mention accordée à M. Marey. La Commission n'a pas cru devoir terminer son Rapport, sans citer quel- ques autres travaux qui lui ont paru dignes d'intérêt. Elle rappellera d'abord un travail de M. Demarquay sur la glycérine. Cette substance est depuis quelques années d'im usage fréquent en médecine et en chirurgie. Les premières applications de la glycérine au traitement des maladies pa- raissent avoir été faites en Angleterre, vers les années i845-i846. Employée d'abord dans le traitement de quelques maladies du conduit auditif extertie et dans plusieurs maladies de la peau, on l'essaya avec plus ou moins de succès dans d'autres affections. Bientôt après, plusieurs médecins, en France, signalèrent l'utilité de ce médicament dans le traitement externe des maladies de la peau, notamment dans les affections prinigineuses; et M. Demarquay annonça qu'il en avait fait d'heureuses applications dans le traitement des plaies, des ulcères et de certaines affections des organes géni- taux. Depuis iSSj, l'auteur a midtiplié les expériences, les observations sur cet agent thérapeutique. Il a appliqué la glycérine, avec succès, au pansement des plaies et même à celles dont la surface était devenue douloureuse et s'était recouverte d'une matière pultacée, grisâtre, s'étendant en largeur et en profondeur. Dans une épidémie de pourriture d'hôpital survenue à l'hôpital Saint-Louis, dans les mois de septembre et d'octobre i855, après avoir employé, sans succès, le suc de citron, l'acide azotique et le fer rouge, M. Demarquay fit usage de la glycérine, et le résultat dépassa ses espérances. Le travail de M. Demarquay résutne la plupart des observations qui ont été faites stu- l'emploi de la glycérine depuis que ce médicament a été intro- duit tlansla pratique. L'auteur indique les conditions de pureté et décon- centration que doit posséder la glycérine pour que son application dans le pansement des plaies ou des ulcères soit suivie de succès. Plusietn-s médecins et cliirurgiens de nos hôpitaux ont adopté la mé- thode proposée par M. Demarquay, d'autres en contestent les avantages. ( 593 ) ou en restreignent l'application à des cas particuliers. Cependant ce travail offre un véritable intérêt thérapeutique, et la Commission a cru devoir le citer dans son Rapport. On sait que les maladies charbonneuses sont très-communes dans cer- taines contrées de la France et que trop souvent elles se propagent à l'homme par contagion. Une Association des médecins du département d'Eure-et- J.oir a consacré près de deux années à des expériences sur ces maladies. M. Raimbert, membre de cette association, s' éclairant des travaux pu- bliés antérieurement sur les caractères et sur le traitement de la pustule maligne, saisissant les occasions fréquentes qu'il avait d'observer les mala- dies charbonneuses chez l'homme et les animaux domestiques, sous toutes leurs formes, dans une contrée qu'il habile et où elles sont, pour ainsi dire, endémiques, M. Raimbert a publié sur ce sujet une monographie très- intéressante que la Commission a cru devoir également citer dans ce Rap- port, et dans laquelle il a décrit, avec plus de soin qu'on ne l'avait fait avant lui, une forme des affections charbonneuses, l'œdème charbonneux ou charbon blanc des animaux. Enfin, la Commission a distingué un travail dans lequel M. le D' Vella (de Turin) a démontré expérimentalement l'antagonisme qui existe entre les effets toxiques de la strychnine et ceux du curare. L'auteur a fait voir que le curare peut détruire les effets d'une dose de strychnine qui est mortelle lorsqu'on l'injecte seule, soit dans les veines, soit dans l'estomac; ce qui revient à dire qu'en donnant ensemble, soit séparé- ment, soit préalablement mélangés, le curare et la strychnine, loin d'aug- menter l'action toxique de ces substances, on peut, au contraire, les neu- traliser et en faire disparaître les effets. Or, comme le curare et la strychnine n'exercent pas l'un sur l'autre d'action chimique connue, il s'ensuit qu'on devrait admettre que l'antagonisme de leurs effets toxiques a lieu par une neutralisation toute physiologique. Si ce dernier point était bien prouvé et étendu à d'autres substances toxiques ou médicamenteuses, il en résulterait <\es conséquences très-importantes pour la thérapeutique. Les expériences de M. Vella ont fixé l'attention de la Commission, et elle engage fortement l'auteur à les poursuivre. La Commission a réservé plusieurs autres ouvrages pour lUi jugement ultérieur. Parmi ces travaux, se trouvent comprises des recherches et de nouvelles études sur la Pellagre. La divergence des opinions émises par les uteurs de ces travaux, tous recommandables par leur esprit scientifique; C. p. , 1861, i" Semestre. (T. LU, N<= 12.) 7^ a ( %4 J l'incertittule qui rcgiie encore sur les circonstances qui favorisent ou qui déterminent le développement de cette maladie, en Italie, en France et dans d'autres pays, sont les considérations qui ont fait ajourner le jugement de la Commission. Elle a pensé, en outre, que l'éveil donné par plusieurs de ces travaux qui ont appelé l'attention sur un fait il y a peu de temps ignoré, à savoir que la Pellagre a été reconnue en France, dans plusieurs départe- ments, et dans quelques établissements d'aliénés où son existence n'était pas même soupçonnée, pourrait appeler de nouvelles recherches. L'importance du sujet a paru telle à la Commission, qu'elle a décidé de soumettre à l'Aca- démie la proposition d'un prix sur Vltisloire de la Pellagre (i). Une autre série de travaux relatifs à l'application de l'électricité au trai- tement des maladies a fixé également l'attention de la Commission. Mais elle a reconnu que plusieurs résultats de l'électro-thérapie, annoncés comme très-avantageux, avaient besoin d'être confirmés par de nouvelles recherches suivies plus longtemps et sur une plus grande échelle. La Commission pense que cette étude, des plus importantes, pourrait également devenir le sujet d'un prix. PRIX CUVIER. (Commissaires, MM. Flourens, Élie de Reaumont, Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire, Serres, Milne Edwards rapporteur.) Le prix triennal, fondé en l'honneur de Cuvier, et destiné à récompenser les travaux relatifs aux diverses branches des sciences naturelles dont ce zoologiste illustre s'était le plus occupé, a été décerné trois fois. En i85i l'Académie le donna à un des savants les plus éminents de l'Amérique, M. Agassiz, pour son ouvrage sur les Poissons fossiles, livre qui est un digne complément des célèbres recherches de Cuvier sur les ossements fos- siles du bassin parisien. En i854 cette récompense fut accordée à un na- turaliste de Berlin, J. Millier, dont les travaux avaient exercé une influence heureuse sur la direction des études zoologiques en Allemagne, et dont les découvertes relatives aux métamorphoses des Échinodermes avaient puis- samment contribué aux progrès d'une partie de l'histoire des animaux inférieurs que Cuvier n'avait pu qu'esquisser. Enfin, en i857 ce prix fut remporté par M. Owen, qui, à raison de ses nombreuses et importantes recherches sur les ossements fossiles, doit être compté au nombre des suc- cesseurs scientifiques de Cuvier. (i) f'nir page (iio. ( 595 ) Aujourd'hui la Commission dont j'ai l'honneur d'être l'interprète croit devoir décerner ce prix au doyen des zoologistes français, M. Léon Dufour, dont les patientes recherches, poursuivies sans relâche pendant plus d'un demi-siècle, se rattachent aussi aux premiers travaux de Cuvier. Marchant sur les traces de Swanimerdam et de Réaumur, M. Léon Dufour s'est oc- cupé principalement de l'étude de l'organisation et des moeurs des Insectes. Dansunelonguesérie de monographies anatomiques,soumises successivement à l'appréciation de l'Académie, il a fait connaître les caractères généraux delà structure intérieiu'e de tous les principaux représentants de la grande division des animaux articulés, et il a fourni ainsi aux zoologistes des don- nées premières pour la classification naturelle de ces êtres, dont le nombre est immense. Les observations de M. Léon Dufour sur l'instinct de certaines espèces offrent aussi beaucoup d'intérêt, et parmi ses Mémoires sur les métamorphoses des Insectes il en est plusieurs qui ont une valeur considé- rable. Nous ajouterons que le zèle ardent dont M. Dufour était animé au début de sa carrière, ne s'est jamais refroidi. En 1808, appelé à suivre en Espagne nos armées où il exerçait les fonctions de chirurgien, il fit sur la Faune entomologique de ce pays des études importantes. Résidant depuis 18 14 dans une petite ville au pied des Pyrénées, il a consacré à des travaux d'investigation anatomique tous les instants dont les devoirs de sa profes- sion lui permettaient de disposer, et aujourd'hui encore, à l'âge de plus de quatre-vingts ans, c'est par des recherches du même ordre qu'il remplit les loisirsde sa verte vieillesse. L'amour de la scienceatoujours été son unique mobile, et les nombreux services qu'il a rendus à la zoologie ne l'ont conduit ni aux richesses ni aux dignités. Il nous a donc semblé qu'il était du devoir de l'Académie de récompenser d'une manière éclatante la longue série de travaux de ce savant modeste, dont la vie a été si bien remplie et dont l'exemple est bon à montrer à beaucoup déjeunes savants qui se croient condamnés à l'inactivité parce que leurs fonctions les tiennent éloignés des grands centres du mouvement scientifique, mais qui trouveraient partout de riches moissons à cueillir s'ils cultivaient avec persévérance le champ que la nature leur présente. Parmi les ouvrages adressés au Concours pour le prix Cuvier, la Connnis- sion a remarqué ceux d'un zoologiste américain, M. Girard, sur la Faune ichtkyologique des régions occidentales du nouveau monde et sur les Reptiles re- cueillis pendant le voyage d'exploration du capitaine fVilkes dans les mers antarc-^ tiques. Ce dernier travail, publié aux frais du Gouvernement des États-Unis, n'est pas indigne de prendre place à côté des beaux et importants ouvrages 78.. ( 596 ) rloiit le principal naturaliste de cette expédition, M. Dana, avait précé- demment enrichi la science, et la Commission saisit avec empressement cette occasion pour manifester publiquement toute la satisfaction qu'elle éprouve en voyant les études zoologiques prendre en Amérique un si grand essor et y trouver des encouragements si |)uissants. Enfin la Commission croit devoir ne pas passer sous silence un autre livre, qui a été soumis à son jugement par un des jeunes docteurs de la Faculté des Sciences de Paris. Dans ce travail, M. Contejean rend compte de ses recherches sur la Faune paléontologique des environs de Montbel- tiard, la ville natale de Cuvier, et nous engagerons l'auteur à poursuivre ses recherches, qui ne manqueront pas d'être profitables à la science. En résumé, la Commission, agissant en vertu des pouvoirs que lui avait délégués l'Académie, décerne le prix Cuvier, pour 1 860, à i\I. Léon Dufour, Correspondant de la Section d'Anatomie et de Zoologie, à Saint-Sever, dépar- tement des Landes, pour l'ensemble de ses travaux sur l'anatomie compa- rée des animaux articulés. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX BRÉANT. (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Claude Bernard, Jobert de Lamballe, Jules Cloquet, Serres rapporteur.) L'Académie a reçu cette année dix-sept pièces pour le prix Bréant. Parmi ces pièces, quatorze sont relatives au choléra. La plupart d'entre elles con- sistent en de simples Notes, des Lettres ou même des remèdes, sans autre indication pour ces derniers que leur efficacité prétendue contre cette maladie si grave. Aucune d'elles n'a paru à la Commission digne de fixer l'attention de l'Académie. Elle a reçu en outre deux ouvrages sur les affections dartreuses que la Commission a réservés pour le Concours prochain. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX JECKER. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault, Balard, Fremy, Chevreul rapporteur.) La Section de Chimie décerne : i" Un prix de trois mille cinq cents francs a M. Marcellin Bektiielot, pour ( 597 ) ses recherches de chimie relatives à la reproduction par la voie synthétique d'un certain noinhre d'espèces chiuiiques existantes dans les corps vivants. Ces recherclies sont trop connues de l'Académie pour les énoncer avec détail. ■i" Un prix de dtux mille panes à M. Dessai«ni£S, poin- la reproduction, par voie de transformation, du sucre de gélatine, des acides succinique^ aspartique, hippurique, aconilique, fumarique et racémique. La Section de Chinne, en décernant ce prix à M. Dessaigties, donne un témoignage public de l'importance qu'elle attache à des travaux exécutes hors de Paris, avec une grande persévérance, un talent des plus distingués 3t le pur amour de la science abstraite. En ne faisant pas entrer les travaux si remarquables de M. Pasteur dans le Concours actuel, la Section de Chimie a voulu se réserver la liberté de les apprécier ultérieurement dans leur ensemble, tant pour le passé qu( pour l'avenir. ( 599 ) PRIX PROPOSÉS POUR LES ANNÉES 1861, 18C2, 1865, 1864 et 1866. SCIEÎSCES MATHEMATIQUES. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE I-OUR 18S6 , REMISE A 1839, ET PROPOSÉE DE NOUVEAU, APRÈS MODIFICATION, POUR 1862. (Commissaires, MM. Liouville, Mathieu, Daussy, Laugier, Delaunay rapporteur.) L'Académie avait proposé comme sujet de prix pour i85G, puis remis au Concours pour iSSg, le perfectionnement de la théorie matliématique des marées. Deux pièces ont été reçues au Secrétariat, mais aucune d'elles n'a paru mériter le prix. lia Commission propose à l'Académie de remettre encore au Concours, pour 1862, la question des marées, mais en en modifiant profondément l'énoncé ainsi qu'il suit : « Discuter avec soin et comparer à la théorie les observations des marées faites dans les principaux ports de France. L'Académie adopte la proposition de la Commission. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'In- stitut, avant le i^'' juin 1862 : ce terme est de riqueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, que l'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE POUR 18S4, REMISE A 1836, PUIS A 18G0, MAINTENANT PROROGÉE A 1865. (Commissaires, MM. Regnault, Duhamel, Liouville, Desprelz, Pouillet rapporteur. ) « Reprendre l'examen comparatif des théories relatives aux phénomènes ca- ( 6oo ) >' jjillaires, discuter les principes mnlltéinalKjues et pli/sirjues sur lescjueh on tes " a fondées; sujnaler les modifications qu ils peuvent exiger pour s'adapter aux n circonstances réelles dans lesquelles ces phénomènes s'accomplissent, et com- n parer les résultats du calcul à des expériences précises faites entre toutes les X limites d'espace mesurables, dans des conditions telles, que les effets obtenus )) par chacune d'elles soient constants. » T/avis imaniiiK! de hi Coiiiinissioii est do proroger le Concours jusqu'à raniiéo i863. Un seul Mémoire a été présenté depuis la dernière proroga- tion, niais ce travail est inachevé. GRAIVD PRIX DE MATHÉMATIQUES. nUJ.STION MISE AU CONCOURS POUR I8i}5, PUIS POUR 1837. — NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1861. (Rappel du Rapport sur le Concours de 1837.) (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Duhamel, Bertrand rapporteur.) L'Académie avait proposé pour sujet du prix de Mathématiques à décei - ner en 1857, la question suivante : w Trouver les intégrales des équations de [équilibre intérieur d'un corps solide » élastique et homogène dont toutes les dimensions sont finies, par exemple d'un >< jjiirallélipipède ou d'un cylindre droit, en supposant connues les pressions ou » tractions inégales exercées aux différents points de sa surface. » Ce problème avait déjà été proposé deux fois, sans que le prix pût être accordé. Deux Mémoires ont été envoyés au Concours actuel, mais aucun d'eux ne contient la solution de la question proposée, et la Commission a décidé, à lunaiiimité, cpi'il n'y a pas lieu à décerner le prix. La Commission propose en outre à l'Académie de retirer la question du Concours, et de la remplacer par la suivante, qui serait le sujet d'un prix à décerner en 1861 : n Perfectionner en quelque point important la théorie géométrique des polyèdres. » L'Académie adopte la projiosition de la Commission. Le prix consistera en luie médaille d'or de la valeur de trois mille francs. I-es Mémoires destinés au Concours devront être remis , francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1" juillet 1861 -.ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs devront être contenus dans des billets cache'és, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. ( 6or ) GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. Ql'f STION PROPOSEE POUR 1833, REMISE AU CONCOURS POUR 1837. NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1861. (Rappel du Rapport sur le Concours de 18S7.) (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles, Poinsot, Bertrand rapporteur.) LA(;adémie avait proposé pour sujet du grand prix de Mathématiques de 1857 la question suivante, qui déjà avait été proposée deux fois sans que le prix ail été décerné : » Trouver l'intégrale de l'équalion connue du mouvement de la chaleur pour « le ras d'un ellipsoïde homogène dont la surface a un pouvoir rayonnant con- » stant, et qui, après avoir été primitivement échauffé d'une manière quelconque, » se refroidit dans un milieu d'une température donnée. Aucun Mémoire n'ayant été présenté au Concours, il n"y a pas, cette fois non plus, de prix à décerner. La Commission pense même que la question doit être retirée du Concours et remplacée par la question suivante : » Trouver quel doit étie l'état calorique d'un corps solide homogène indéfini, » pour qu'un système de courbes isothermes, à un instant donné, lestent iso- » thermes après un temps quelconque, de telle sorte que la température d'un » point puisse s'exprimer en/onction du temps et de deux autres variables indé- » pendantes. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille Jrancs. Les Mémoires devront être remis, francs de port, au Secrétariat de l'In- stitut, avant le i" juillet i86i : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES QOESTION PROPOSÉE POUR 18C8. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Bertrand, Hermite, Chasles rapporteur.) a Résumer, discuter et perfectionner en quelque point important les résultats » obtenus Jusqu'ici sur la théorie des courbes planes du quatrième ordre. » Les Mémoires devront être rtmis, francs déport, au Secrétariat de l'In- C. Pv., iSCi, 1" Semeitie. (T. LU, N» 12.) 79 ( 602 ) stitut, avant le i" octobre 1862 : ce terme est de ritjueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. I^ prix consistera en luie médaille d'or de la valour de trois mille francs. PWX EXTRAORDKVAIRE DE SIX j»IILLE FRANCS Sl'R I.\4PPLICATION DE LA VAPEITR A LA MARI.XE MILITAIRE. QUESTION PROPOSKF. POUR 18S7, REMISE A 1839 ET PROROGÉE A I8G2. (Rappel du Rapport sur le Concours de I8S9.) (Commissaires, MM. Combes, Dnperrcy, Poncelet, Clapeyron, Charles Dupin rapporteur.) La Commission chargée d'examiner les Mémoires relatifs au prix du pev- fectionnement de la vapeur appliquée à la marine militaire n'a trouvé au- cun travail qui rentrât dans le programme de ce prix. Elle propose que le même sujet soit de nouveau mis au concours, et que les pièces destinées à concourir soient adressées au Secrétariat de l'Institut, avant le i^"^ no- vembre I 862. On prie les concurrents de remarquer qu'il ne s'agit pas vaguement d'applications de la vapeur à la navigation et surtout étrangères à la na- vigation; mais de l'emploi spécial à la marine militaire, en combinant tous les progrès de la nouvelle architecture navale avec le service à la mer. Cet avertissement évitera l'envoi de pièces qui ne sauraient prendre part au Concours. PRIX D'ASTRONOMIE. FONDATION LALANDE. . La médaille fondée par M. de Lilande, pour être accordée annuellement a la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'inslitul excep- tés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique de 1861. ( 6o3 ) PRIX DE MÉCANIQUE. FONDATION MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles au progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de qualrc cent rin- qunnte francs. I,e terme de ce Concours est fixé au i*' avril de chaque année. PRIX DE STATISTIQUE. FONDATION MONTYON. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions re- latives à la StatislUiue de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine séance publique de !86i. Ou considère comme admis à ce Concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages des Membres résidants. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de qualrc cent soixante- dix-sept francs . Le terme du Concours est fixé au i''"^ janvier de chaque année. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE PODR 1862. (Rappel du Rapport sur le Concours de 18S8.) (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Pouillet, Chasles, Bertrand rapporteur.) L'Académie propose pour sujet du prix Bordin à décerner en i86a « l'étude d'une question laissée au choix des concurrents, et relative à la (héorie » des phénomènes optiques. » Les Mémoires présentés au Concours devront contenir, soit des dévelop- 79- (6o4 ) pements théoriques nouveaux accompagm's de vérifications expériiiienlales, soit des expériences précises pro|)res à jeter lui nouveau jour sur quehpie point de la théorie. I>e prix consistera en luie médaille d'or de la valeur de trois mille fiam s. Les Mémoires devront être remis,, francs de port,'au Secrétariat de l'în- stitiit, avant le i" janvier 1862, terme de lir/iieur. Les noms des auteurs se- ront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN. QCESTION PBOPOStK POUR 1838, REMISE A 1860, MAINTENANT PROROGÉE A 18Cô. (Commissaires, MM. Regnaalt, Despretz, Becquerel, de Senarmont. Pouillet rapporteur.) La question proposée était : « ./ divers jjoints de [échelle thermomêtriqiie et pour des différences de leni- » péralure ramenées à i degré, détermina' la direction et comparer les intensités » relative^ des courants électriques produits par les différentes substances llier- » mo -électriques. » L'avis luianime de la Commission est de proroger le Concours juscpi'à l'année i863; aucun nouveau travail n'ayant été présenté depuis la der- nière prorogation. L'Académie adopte cette proposition. PRIX BORUIN. QOESTIOS PROPOSÉE POUR 1 8oG , REMISE A I8S7 ET 18S9, ET PHOROGÉK A i86I. (Rappel du Rapport siir le Concours de 18S9. ) (Commissaires, MM. do Senarmont, Regnault, Despretz, Babinet, Pouillet rapporteur.) « Déterminer par l'expérience les causes capahles d'influer siu les différente » de position du foyer optique et du fo/er pliotogénique. » Dans l'unique Mémoire qui a été présenté, la question n'a pas été suffi- samment étudiée ; la Commission propose de la proroger jusqu'à 1861. L'Académie adopte relie pi-oposilion. ( 6o5 ) Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de bois mille fraiH s. Les jVIémoires devront être déposés, francs de porl, au Secrélariat de l'Institut, le i"' mai 1861, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront renfermés dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira cpic si la pièce est couronnée. PRIX TRÉMONT. Feu M. le baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France. » Un décret en date du 8 septembre i856 a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de 1861, elle accordera la somme provenant du legs Trémont à titre d'encou- ragement à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » qui, se trou- vant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de I an- née, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. PRIX FONDÉ PAR M™« LA MARQUISE DE LAPLACE. Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite, par Madame la marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace. Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents pour tous les prix sont prévenus que l'Académie ne ren- dra aucun des ouvrages envoyés aux Concours ; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. { 6o6 ) SCIENCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQLES QUESTION PBOPOSÉE EN I8S9 POOR 18CI. iTlouiiiiissaires, MM. Broiigniart, Isidore Geoffroy-Saiiit-Hilaire, Flourpiis, Diiniéril, Milne Edwards rapporteur.) 0 Analomie comprirée ilu système nenx'itx des jx^issoits. » Des travaux nombreux et importants ont été faits sur le système nerveux dans les différentes classes d'animaux vertébrés, mais il existe encore beau- coup d'incertitude au sujet de la détermination de plusieurs parties de l'en- céphale des poissons, et jusqu'ici on ne connaît que d'une manière très- imparfaite les modifications que cet appareil peut offrir dans les diverses familles iclitbyologiques. L'Académie appelle particulièrement l'altentioii des concurrents sur ces deux points. Elle voudrait que par luie étude com- parative des centres nerveux, dont la réunion constitue l'encéphale, on ptjt démontrer rigoureusement les analogies et les différences qui existent entre ces parties chez les poissons et chez les vertébrés supérieurs ; enfin elle désire que cette étude soit conduite de manière à jeter d'utiles lumières sur les rapports zoologiques que les divers poissons ont entre eux et à fournir ainsi de nouvelles données pour la classification naturelle de ces animaux. I.,e prix consistera eu une médaille d'oi- de la valeiu' de trois mille firmes. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés, /ra/us de porl, au Secrétariat de l'Tnstitut, avant le 3i décembre 1861, terme de rigueur. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN' IRSl POUR 1839. — NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1862. (Rappel du Rapport sur le Concours de 18S9. ) (Commissaires, MM. Flourens, Duméril, Milne Edwards, Isidore Geoffroy- Saiiit-Hilaire, Claude Bernard, Brongniart rapporteur.) L'Académie avait proposé pour sujet de prix : « la détermination des riip- » ports qui s' établissent entre les spermatozoïdes et (œuf dans lacté de la )i fécondation. » Aucune pièce n'étant parveiuie, l'Académie retire cette question et y substitue la suivante : ( 6o7 ) n Etudier les hybrides végélmtx (lu point de vue de leur fécondité et de la n perpétuité ou non-perpétuité de leurs caractères. » La production des hybrides entre des végétaux de diverses espèces d'un même genre est un fait constaté depuis longtemps, mais il reste encore beaucoup de recherches précises à faire pour résoudre les questions sui- vantes, qui ont un égal intérêt au point de vue de la physiologie générale et de la détermination des limites des espèces, de l'étendue de leurs variations ou de la permanence de leurs caractères : 1° Dans quels cas ces hybrides sont-ils féconds par eux-mêmes? Cette fécondité des hybrides est-elle en rapport avec les ressemblances extérieures des espèces dont ils proviennent, ou signale-t-elie une affinité spéciale au point de vue de la génération, comme on l'a remarqué pour la facilité de la production des hybrides eux-mêmes ? 2° Les hybrides stériles par eux-mêmes doivent-ils toujours leur stérilité à l'imperfection du pollen? Le pistil et les ovules sont-ils toujours sus- ceptibles d'être fécondés par un pollen étranger convenablement choisi? Observe-t-on quelquefois un état d'imperfection appréciable dans le pistil et les ovules ? 3" Les hybrides se reproduisant par leur propre fécondation conservent- ils quelquefois des caractères invariables pendant plusieurs générations et peuvent-ils devenir le type de races constantes, ou revieiuient-ils toujours, au contraire, aux formes d'un de leurs ascendants au bout de quelques générations, comme semblent l'indiquer des observations récentes ? Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille J'rams . Les Mémoires, iniprinirs ou manuscrits , devront être question des générations dites spontanées. » La Commission demande des expériences précises, rigoureuses, égale- ment étudiées dans toutes leurs circonstances, et telles, en un mot, qu'il puisse en être déduit quelque résultat dégagé de toute confusion, née des expériences mêmes. La Commission désire que les concurrents étudient spécialement l'action de la température et des autres agents physiques sur la vitalité et le déve- loppement des germes des animaux et des végétaux inférieurs. Le prix pourra être décerné à tout travail, manuscrit ou imprimé, qui aura paru avant le i" octobre 1862, terme de rigueur, et qui aura reu)pli les conditions requises. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de deux mille cinij cents francs. Les travaux devront être déposés , yrancs c/e port, au Secrétariat de l'Institut. (6i3) PRIX ALHUMBERT. QUESTION PROPOSÉE EN 18S4 POUR 1866, BEMISE A 18S9. — NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1862. (Rappel du Rapport sur le Concours de I8ii9.) (Commissaires, MM. Coste, de Quatrefages, Serres, Isidore Geoffroy-.Saint- Hilaire, Milne Edwards rapporteur.) L'Académie avait proposé pour sujet de prix : « la détermination dts jjhé- » nomènes relatifs à la reproduction des Polypes et des Acalèphes. » Aucune pièce n'étant parvenue, l'Académie retire cette question et la remplace par le sujet suivant : '< Etude expérimentale des modifications qui peuvent être déterminées dons » le développement de [embrjon d'un animal vertébré par l'action des agents » extérieurs. » Des expériences faites il y a un quart de siècle par GeofFroy-Saint-Hilaire tendent à établir qu'en modifiant les conditions dans lesquelles l'incubation de l'œuf des Oiseaux s'effectue, on peut déterminer des anomalies dans l'or- ganisation de l'embryon en voie de développement. L'Académie désire que ce sujet soit étudié de nouveau et d'une manière plus complète soit chez les Oiseaux, soit chez les Batraciens ou les Poissons. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de deux mille cinq cents francs. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" avril 1862, terme de rkjueur. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1859 POUR 1861. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Isidore Geoffroy-Saint-Hilane, Flourens,Duméril, Ad. Brongniart rapporteur.) « Etudier la distribution des vaisseaux du latex dans les divers onjanes des » plantes et particulièrement leurs rapports ou leurs connexions avec les vaisseaii.x » lymphatiques ou spiraux ainsi quavec les fibres du liber. » L'étude des vaisseaux laticifères a déjà été proposée il y a près de trente ans par l'Académie comme sujet de son grand prix des Sciences physiques f 6.4 ) |)oiir i833, ol le prix lut alors décerné à un ouvrage important du D"^ C. H. Schultz, qui a servi de base et de point de départ aux autres travaux qui ont été faits sur ce sujet ; mais il existe cependant encore beaucoup d'incer- titude sur les fonctions réelles de ces vaisseaux dans la vie des plantes et sur le rôle qu'ils jouent dans la circulation de leurs fluides. Dans ces derniers temps, des observations d'un grand intérêt poin- celte question ont signalé des rapports intimes et même des connexions entre ces vaisseaux et ceux destinés à l'ascension de la sève, observations qui, si elles étaient généralisées, pourraient jeter beaucoup de jour stir la circulation des sucs des végétaux. L'Académie désirerait que ce sujet fîit étudié d'une manière plus étendue et qu'on put constater : 1° Si ces communications entre deux ordres de vaisseaux considérés jusqu'à ce jour comme complètement indépendants peuvent être mises hors de doute; 2° Si les rapports entre ces deux ordres de vaisseaux sont un fait excej)- tionnei, propre seulement à certaines plantes, ou s'ils existent dans toutes les plantes pourvues de ces deux sortes de vaisseaux ; 3° Si CCS connexions des vaisseaux du latex et des vaisseaux lympha- tiques existent dans tous les organes de la plante ou seulement dans quel- ques parties du végétal ; 4° S'il existe des connexions du même genre entre les vaisseaux du latex et d'autres tissus de la plante, tels que les fibres du liber par exemple. Les recherches auatomiques pourraient être complétées par quelques expériences physiologiques propres à démontrer le rôle de ces vaisseaux et du suc qu'ils renferment dans la vie de la plante. Il serait à désirer que les concurrents pussent joindre au texte de leurs Mémoires non-seulement des dessins, mais quelques préparations micro- scopiques qui permissent de constater l'exactitude de leurs observations. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, le 3i décembre 1860, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. ( 6i5 ) RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX BORDIN. PROPOSÉ EN 1837 POUR 1860 ( INFLUENCE QUE LES INSECTES PEUVENT EXERCER SUR LES MALADIES DES PLANTEs). NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1862. (Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne, Moqiiin-Tandon, de Qiuitre- fages, Milne Edwards rapporteur.) Parmi les richesses naturelles de l'Algérie, il en est une qui intéresse à la fois la zoologie par les particularités de son histoire physiologique et l'industrie par son importance commerciale. C'est le corail, dont la pèche ne se fait activement que dans la partie française de la Méditerranée et dont la production est limitée à cette mer intérieure. En 1725, l'Académie des Sciences chargea Peyssonnel d'étudier sur les côtes de la Barbarie ce corps marin que l'on croyait être une plante, et, comme on le sait, les découvertes de ce naturaliste ouvrirent un nouveau champ à la zoologie ( i ). Vers la fin du siècle dernier, un savant napolitain, Cavolini, fit aussi des recherches importantes sur la structure et le mode de reproduction du corail. Enfin quelques nouvelles observations sur le même sujet furent recueillies en Al- gérie, il y a vingt-cinq ans, par un des Membres de l'Académie. Mais, malgré les travaux de Peyssonnel et de ses successeurs, l'histoire physiologique du corail est restée très-imparfaite, et celle des autres animaux qui par leur mode d'organisation se rapprochent de ce zoophyte n'est guère plus avancée. En effet, ou manque de renseignements précis sur les organes mâles de tous ces Polypes, sur la fécondation de leurs œufs, sur le dévelop- pement de leurs larves, sur la production des bourgeons multiplicateurs au moyen desquels chaque individu provenant d'un œuf peut donner nais- sance à toute une colonie d'animaux agrégés, sur les mouvements du li- quide nourricier dans les canaux gastro-vasculaires, sur la production et l'accroissement de la tige solide qui occupe l'axe des agrégats dendroïdes dont il vient d'être question, et sur beaucoup d'autres points importants de l'histoire anatomique et physiologique du corail. L'Académie appelle l'attention des naturalistes sur ce sujet, qui pourra être élucidé par des recherches sur les Gorgoniens et quelques autres zoophytes plus ou moins communs dans presque toutes les mers, mais ne pourra être ( i) Voyez à ce sujet l'analyse d'un ouvrage manuscrit de Peyssonnel, intitulé Traité du Corail, par M. Flourens, publiée dans le Journal des Savants, en février i838. ( 6i6 ) tiaitc d'une manière complète qu'à l'aide d'une étude approfondie du corail faite sur les lieux habités par ce zoophyte. Or les localités les plus favorables pour des travaux de ce génie sont les côtes de l'Algérie ou de la Corse, et, par conséquent, il appartient à la France de provoquer l'accomplissement de ces recherches. Dans cette vue, l'Académie propose pour sujet du prix l'.ordin, a décerner en 1862, « r histoire anatomique et physiologique du corail et lies autres zoophjtes de la même famille. » Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits et écrits en français, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Académie, avant le 3i dé- cembre 1862, terme de rigueur. L'Académie retire du Concours pour le prix Bordin la question relative à tinjlueme que les Insectes peuvent exercer sur les maladies des plantes, pro- posée en 1857, et elle la remplace par le sujet indiqué ci-dessus. PRIX QUINQUENNAL, FONDATION MOROGUES, A DÉCERNER EN 1865. Feu M. deMoroguesa légué, par son testament en date du aS octobre 1 834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'État, pour faire l'objet d'un prix à décerner, tous les cinq ans, alternativement : par l'Académie des Sciences physiques et mathématiques, à Vom'rage qui aura fait faire le plus gntnd progrès à l'agriculture en France, et par l'Académie des Sciences mo- rales et politiques, au meilleur ouvrage sur l'état du paupérisme en France et le moyen d'j remédier. Une ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en i863, à l'ouvrage rem- plissant les conditions prescrites par le donateur. Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" avril i863, terme de rigueur. PRIX DU LEGS BRÉANT. Par son testament en date du 28 août 1849, ^'^" ^' Gréant a légué a l'Académie des Sciences une somme de cent mille jrancs pour la fondation d'un prix a décerner « à celui qui aiua trouvé le moyen de guérir du (6i7) choléra asiatique ou qui aura découvert les causes (i) de ce terrible fléau. » Prévoyaut que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à que ce prix soit gagné, que l'intérêt du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la ques- tion du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui uidiquera le moyen de guérir radicalement les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de cenl mille francs, il faudra : « Trouver une médication qui guérisse le choléra asiniujue dans l'immeme >• majorité des cas ; » Ou « Indiquer dune manière incontestable les causes du choléra asiatique, de )) façon quen amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- y> demie; » Ou enfin (t Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que [est, par exemple, » celle de la vaccine pour la variole. » 2° Pour obtenir le prix annuel de quatre mille francs, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de ma- (i) Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes de fondateur : « Dans l'état « actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com- » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet , rien n'a encore été découvert » au sujet de l'action qu'e.\ercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques u ou autres: rien n'a été découvert également sur les animacules (jui sont répandus en " nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cctle » cruelle maladie. u Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à re- » connaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans » l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition emes caves supérieure et inférieure; par MM. Serres el Gkatioi.et. « Nous avons reçu au Muséum un Rorqual échoué sur les côtes de Bre- tagne, et nous l'avons reçu dans un état de conservation qui nous permet d'en faire l'anatomie avec détail, tout en exposant 1 ensemble des systèmes organiques sur lesquels notre attention se portera plus particulièrement. » lie système veineux est celui qui d'abord a été 1 objet de notre exa- men, à cause de l'influence physiologique qui lui est attribuée chez les Mammifères plongeurs, parmi lesquels les Cétacés occupent un des premiers rangs. Si le système veineux du Marsouin a été l'objet de travaux très- importants, et si ces travaux en ont donné une connaissance suffisante, il n'en est pas de même des Cétacés à fanons qui, arrivés à l'âge adulte, échappent par leur grande masse à toute recherche anatomique nu peu délicate. » Le Rorqual, que le Muséum a nouvellement reçu, était trés-jeiuie en- core el de taille médiocre; sa longueur totale ne dépasse pas 3 mètres, et, bien que l'on n'ait pu avoir naturellement aucune donnée sur son âge, néanmoins, l'état des poumons et du cœur indique clairement que cet ani- mal a dépassé depuis un certain temps l'âge fœtal : cette remarque est Né- cessaire, car, au premier abord, la perméabilité persistante de la veine ombi- licale semblerait être l'indice d'une naissance toute récente. » La disposition générale du système veineux ne s'éloigne pas de celle que l'on observe dans les Mammifères ordinaires; sauf un point sur lequel nous insisterons plus bas d'une manière y)articulière, toutes les différences portent sur des modifications dans le volume et la division des principaux troncs. » Nous allons examiner successivement le .système de la veine cave supé- rieure et celui de la veine cave inférieure. ( G23 ) M Feine cave uipérieuic — Le tronc de celle veine est très-court ; sa lon- gueur égale tout au plus 85 millimètres; son diamètre est considérable : il est de 45 millimètres environ. Elle est située fort à droite du cœur, et se trouve tout à fait placée dans l'axe du tronc brachio-céphalique droit. Les branches qui s'y rattachent immédiatement, à la hauteur du bord supé- rieur du sternum, sont : 1° à droite, une veine médiocre qui reçoit le sang de la paroi antérieure du thorax ; ce tronc est celui de la veine mammaire interne du côté droit; 2" à gauche, un tronc énorme qui reçoit le sang des veines mammaires et céphalique de ce côté, et vient s'unir à la veine cave supérieure, en passant transversalement au-devant de la trachée, à I centimètre environ au-dessous de l'anneau cricoidien du larynx; ce tronc est le tronc brachio-céphalique gauche. n Le tronc brachio-céphalique droit situé, comme nous l'avons déjà dit, dans l'axe de la veine cave supérieure, a 4 centimètres environ de largeur; son diamètre est de 1 centimètres et demi. Il reçoit à son sommet trois systèmes veineux principaux, savoir : i" deux veines collatérales de l'artère carotide qui paraissent correspondre à la veine jugulaire interne des autres Mammifères; l'une de ces veines satellites est située au côté externe de la carotide, l'autre, à son côté interne; 1^ un tronc veineux très-considérable qui nous paraît représenter la veine vertébrale de ce côté, mais dont les besoins d'une recherche très-complexe et nécessairement successive nous ont empêchés jusqu'à présent de suivre en détail le trajet; 3" la veine mammaire externe qui vient s'ouvrir dans la base de la veine jugulaire interne. Cette veine n'est satellite d'aucime artère; elle présente des particularités qui méritent d'être signalées en détail. Son tronc est étendu sur les côtés du thorax, au-dessous des muscles pectoraux; il se prolonge dans toute la lon- gueur de la paroi abdominale, et tire son origine la plus éloignée de petites veines qui rampent sous la peau, vers la base de la région caudale. Ce tronc ne reçoit pas une seule branche à son côté antérieur et interne; mais son côté externe reçoit, d'espace en espace, et d'une manière assez régulière, des branches qui ramènent le sang des muscles dentelés et pectoraux , c'est-à- dire des grands muscles antérieurs de la nageoire : les veines de la nageoire elle-même, au nombre de cinq ou six, appartiennent à cette série de veines latérales, et sont par conséquent une dépendance de la mammaire externe. A partir de l'articulation huméro-scapulaire, elles s'éloignent beaucoup du tronc de l'artère axillaire qui, au premier abord, semble manquer de veine collatérale. Un point très-remarquable de l'histoire de la mammaire externe est la disposition des nombreuses valvules que l'on y remarque; 82.. (624) dans le tronc lui-même de la veine, ces valvules sont iucomplèles et laissent passer l'injection dans tous les sens; mais »ine valvule complète existe à l'eml.^ouchure de toutes les veines qui se rendent à son côté externe. Ces veines d'ailleurs n'ont en quelque sorte que cette valvule qui soit active, si bien que, lorsqu'on l'a franchie, on peut les injecter comme les artères, du tronc vers les branches. Cette disposition est intéressante en ce qu'elle rappelle assez bien ce qui a lieu à la base des membres, dans les veines des Batraciens. » Veine cave inférieure. — Le système de la veine cave inférieure est doublement intéressant, par ses rapports d'une part avec les plexus intra- rachidiens, et d'autre part avec le système de la veine porte hépatique. « La partie axile du système de la veine cave inférieure offre trois régions successives bien distinctes : la première est comprise entre l'oreil- lette droite du cœur et le point qui correspond au sommet du rein. La partie supérieure comprise entre le diaphragme et le cœur est sensiblement atténuée; la partie inférieure, placée au-dessous du diaphragme, est, au contraire, énormément renflée derrière le foie et forme un vaste sinus. La seconde région est comprise entre le point d'origine des veines én)ulgentes, et le point où semble naître l'artère épigastrique, à l'extrémité postérieure de l'abdomen; elle est représentée par deux troncs parallèles, satellites d'une aorte abdominale unique. » Dans le Marsouin, suivant les belles observations de M. de Baer, ces deux troncs, auxquels il donne hypothétiquement le nom de veines iliaques, sont égaux chacun en volume au tronc unique de la région post- Iiépatique. Selon le même observateur, ces grosses veines communiquent avec deux plexus immenses, l'un situé au-devant du psoas et l'autre dans le péritoine. L'absence complète de ces plexus veineux dans le Rorqual ex- plique sans doute pourquoi, chez cet animal, ces veines, si grandes dans le Marsouin, ont, au contraire, un diamètre fort réduit, surtout dans leur partie postérieure qui est relativement très-grèle. " La troisième région est comprise, avec le plexus de l'artère caudale, dans le canal formé par les os en V de la queue, dont elle occupe presque toute la longueur; cette région est constituée par un chevelu de ramuscules formant un réseau admirable, extrêmement riche. » Examinons maintenant les veines afférentes qui se rattachent aux diverses régions de la partie axile de la veine cave inférieure. » Entre le diaphragme et le cœur, aucune veine n'aboutit à la veine cave. Au-dessous du diaphragme, la partie renflée ne reçoit latéralement ( 625 ) que les veines hépatiques; mais, au point où elle se termine inférieure- ment, elle reçoit les veines émulgeutes et celles du psoas. » La région abdominale reçoit surtout en avant, dans sa partie renflée, des veines assez considérables qui viennent des régions intcrtransversaires; des branches analogues se rattachent à la j)artie atténuée des troncs; elles sont trés-gréles, sauf la postérieure, qui a un volume considérable et pro- vient de la base de la queue : au point même où elle s'abouche avec le tronc se rattache une veine à laquelle ses relations singulières et tout à fait inat- tendues donnent une grande importance physiologique : cette veine est l'épigastrique. » Dans les Mammifères ordinaires, cette veine est atténuée à sa partie supérieure où ses radicules s'anastomosent avec celles de la mammaire in- terne, de manière à constituer avec elle une sorte d'azygos antérieure. La même chose se remarque dans le Rorqual , mais, en outre, le tronc de chaque veine épigastrique a une large relation avec le sinus persistant de la veine ombilicale. Ainsi, ce tronc communique directement, d'une part avec le système de la veine cave inférieure, de l'autre avec celui de la veine porte hépatique. » Ici se présente une question intéressante. Le sang se meut-il dans le tronc de la veine épigastrique, du foie vers la veine cave, ou de la veine cave vers le foie? Un fait sensible oblige de préférer cette dernière hypothèse; en effet, le tronc de l'épigastrique est grêle à celle de ses extrémités qui touche à la veine cave; il se renfle, au contraire, d'une manière très-sensible, au fur et à mesure qu'il se rapproche de la veine ombilicale. » Cette disposition est un exemple unique, dans un animal de la Classe des Mammifères, de la persistance de cette forme fœtale à laquelle s'arrêtent, pendant toute la vie, les Reptiles et les Batraciens. Or, les relations de la veine épigastrique sont telles que, si les veines iliaques se ramifiaient dans le rein, à l'instar d'une veine porte rénale, on aurait, dans le Cétacé que nous étu- dions, la représentation complète d'un système veineux abdominal de Rep- tile. » Nous discuterons, dans une prochaine communication, les consé- quences physiologiques qui résultent de cette disposition. Mais il nous reste à étudier encore les réseaux admirables que forment certaines veines des na- geoires et de la tête, les relations des principaux troncs veineux avec le cœur, et surtout les plexus intra-rachidiens dont l'étendue semble énorme. Nous attendrons jusque-là avant de conclure. Car, une théorie certaine sur les fonctions d'un système d'organes, a pour base nécessaire la connaissance pré- cise de toutes les parties qui le composent. » ( G26 ) CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur Ici composition chiini(iiie de lu foule et de l'acier; par M. Fremy. (Quatrième communication. ) <( Les publications que j'ai faites précédemmenl sur l'acier, ont eu pour but d'établir que le rôle de l'azote dans l'aciération avait été jusqu'à pré- sent méconnu, et que l'azote est non-seulement un agent très-actif de cémentation, mais qu'il reste dans le com[)osé métallique. » Jusqu'à présent mes démonstrations avaient pour base presque exclu- sive des opérations synthétiques et des expériences de laboratoire. Je me propose dans cette nouvelle communication de prouver au moyen de l'ana- lyse chimique que l'acier cesse d'exister quand on lui enlève son azote, et que toutes les opérations tirées de la pratique viennent confirmer les idées que j'ai émises précédemment sur la constitution de l'acier. » Je décrirai d'abord l'expérience analytique qui me paraît de nature à satisfaire les esprits les plus sévères. » Mes études précédentes sur les azotures m'avaient appris que l'hydro- gène pouvait enlever à l'état d'ammoniaque l'azote contenu dans l'azolure de fer; après avoir reconnu que les aciers sont azotés, j'ai pensé que l'hy- drogène pourrait aussi décomposer l'acier et le ramener à l'état de fer. L'expérience est venue confirmer cette prévision. J'ai l'honneur de pré- senter à l'Académie une lame d'acier fondu de première qualité dont une partie seulement a été soumise, au rouge, à l'action de l'iiydrogène. L'opé- ration a duré trois heures, et pendant tout ce temps l'acier a dégagé con- stamment des vapeurs ammoniacales et probablement d'autres alcalis azotés dont la vapeur possède une odeur de corne brûlée. La partie de la lame qui a subi l'influence de l'hydrogène, et qui a perdu son azote, est entiè- rement désaciérée; elle s'est transformée en fer doué d'une malléabilité merveilleuse, très-doux et qui n'est plus modifié par la trempe. Tandis que la partie de la lame qui n'a pas été désazotée, a conservé tous les ca- ractères de l'acier. » Dans cette transformation l'acier éprouve une perte de poids qui est environ de i pour loo; cette diniiiuition de poids représente j)robable- ment toutes les substances qui se trouvent dans l'acier en dehors du fer, car l'ammoniaque enli'aîne les composés carbures à l'état de cyanhydrate d'ammoniafjue. » La constitution de l'acier est donc établie aujourd'liui par la synthèse et par l'analyse; on peut dire qu'on acière du fer en Vazotant en présence du carbone, et qu'on le désacière en le désazolanl par l'hydrogène. (627) » Tout le monde peut prévoir les conséquences qui résultent de l'expé- rience que je viens de décrire. L'acier, pour conserver ses propriétés pré- cieuses, devra donc être préservé du contact des corps qui peuvent le dés- azoter. » Dans la confection des armes de guerre au moyen de l'acier fondu, on devra tenir un grand compte de l'action que les gaz, provenant de la déto- nation de la poudre, peuvent exercer sur l'acier. » Il est probable que la résistance à la désazotation varie avec les dil- férenles qualités d'acier; elle est plus grande dans l'acier de cémentation que dans l'acier puddlé. L'action de l'hydrogène sur l'acier donnera un Jer doux entièrement privé de force coercitivo et qui pourra peut-être rece- voir des applicalions utiles dans la construction de certains appareils ma- gnétiques. 1) Plusieurs de mes confrères de l'Académie m'avaient engagé à examiner un fer très-malléable qui dérivait d'une modification de l'acier; il est pro- bable que ce métal est précisément celui qui provient de la désazotation de l'acier, et que j'ai produit dans l'expérience précédente. » Après avoir décomposé l'acier en le désazotant au moyen de l'hydro- gène, il m'a paru intéressant d'examiner la modification qu'il pourrait éprouver pour l'action des gaz de la combustion. )) L'influence de l'acide carbonique devait sous ce rapport être étudiée avec soin. J'ai reconnu que l'acier perd rapidement son carbone par l'ac- tion de l'acide carbonique, et qu'd est ramené à l'état de fer azoté ; un excès d'acide carbonique brûlerait entièrementle métal. Tous les ouvriers qui tra- vaillent l'acier savent que ce corps se détruit, se brûle comme on le dit, quand on l'expose à l'action des gaz de la combustion pendant un temps trop long : il est évident que celte modification est due, dans ce cas, à l'in- fluence des composés oxydants qui enlèvent le carbone. Toutes les recettes employées dans les ateliers pour régénérer l'acier brûlé ont probablement pour bnt de rendre à l'acier le carbone que les gaz lui ont fait perdre. Je crois cependant que cette restitution est toujours bien incomplète, et qu un acier entièrement brûlé ne peut plus être régénéré ; je pense même que dans certaines conditions, la chaleur seule suffit pour faire éprouver a l'acier une modification physique qu'une trempe dans un corps gras peut jusqu'à un certain point détruire. Les altérations que l'acier éprouve lors- qu'on le brûle, c'est-à-dire lorsqu'on le chauffe sans précaution, peuvent donc être dues à une décomposition chimique ou à une simple modifica- tion phvsique. ( 628 ) » J'arrive maintenant à l'examen des faits constatés par la pratique et qui confirment mes idées sur la constitution de l'acier. » Les partisans de l'ancienne théorie de l'aciération , qui considèrent encore l'acier comme un carbure de fer, ne manqueront pas de dire qu'il est impossible d'admettre la formation d'un azoture dans un milieu qui ne contient que du fer et du charbon. » Je vais démontrer que, dans les caisses de cémentation, le fer est loin d'être soumis à des influences exclusivement carburantes, et que le métal peut emprunter l'azote, non-seulement aux gaz qui circulent dans les caisses, mais encore au charbon qui s'y trouve. » Dans une de nos dernières séances, notre savant confrère M. Bous- singault nous disait, avec l'autorité que lui donne un séjour de plusieurs années dans les aciéries, que l'azote pénètre et circule toujours dans les caisses de cémentation et qu'il peut par conséquent azoter le fer. » Le travail si important de M. Saunderson, que j'ai déjà eu l'occasion de citer plusieurs fois devant l'Académie, démontre aussi que la cémentation ne se produit facilement qu'en présence de l'azote. Les observations de M. Caron sur l'aciération rapide au moyen du cyanhydrate d'ammoniaque et la formation de ce corps dans les caisses de cémentation prouvent éga- lement que l'acier, au moment de sa production, se trouve dans une atmosphère ammoniacale et par conséquent azotante. )) Ainsi, les gaz et les vapeurs qui circulent dans les caisses peuvent azoter le fer. » Je devais rechercher si, en dehors de l'azote fourni par l'air, le fer pouvait emprunter encore cet élément aux composés solides qui se trouvent dans les caisses de cémentation. » J'ai reconnu que le charbon lui-même pouvait devenir un agent très- actif d'azotation. )i En effet, il résulte de mes expériences qu'une matière organique azotée soumise à la calcination laisse un résidu charbonneux qui contient presque toujours de l'azote : lorsqu'on l'expose à l'action de l'hydrogène, on constate un dégagement tres-abondant d'ammoniaque. Cette production d'ammo- niaque ne doit pas être attribuée à la présence des cyanures dans le résidu, car elle se manifeste sur un charbon qui a été soumis à des lavages acides. J'ai reconnu par la même méthode que le charbon de bois lui-même, après une longue calcination au rouge et des lavages qui lui enlevaient les alcalis et les cyanures, dégageait encore de l'ammoniaque par l'action de l'hy- drogène. ( 629 ) » Pour établir nettement l'existence d'un charbon azoté, j'ai eu recours à une expérience synthétique qui ne pouvait laisser aucun doute dauî- l'es- prit. J'ai choisi une uiatière organique très-pure, comme le sucre de pre- mière qualité; je l'ai azoté en suivant les précieuses indications données par M. Paul Thenard dans une communication récente, et j'ai soumis ensuite le composé à uue calcination longtemps prolongée : le charbon ainsi ob- tenu s'est trouvé très-azoté et a dégagé pendant longtemps de l'ammo- niaque par l'action de l'hydrogène. » Ces expériences démontrent donc que les substances organiques azo- tées, comme celles qui constituent les tissus des animaux et même ceux des végétaux, laissent par la calcination un charbon azoté qui peut ensuite par une combustion lente, comme celle qui se fait dans les caisses de cémenta- tion, dégager cet azote à l'état d'ammoniaque sdus l'influence du gaz hy- drogène ou de la vapeur d'eau. » Le charbon azoté est donc une sorte d'emmagasinement de l'azote utile à la cémentation; sa décomposition se fait avec une lenteur qui convient à l'opération même, et qui est peut-être une des conditions de la quahfé du produit. » Les faits que je viens de faire connaître à l'Académie seront probable- ment utilisés dans l'industrie et rendent compte de certaines pratiques bien connues de tous les fabricants d'acier. )- Ainsi tous les corps organiques qui peuvent produire une aciération rapide, tels que la corne, la suie, le cuir, les déjections animales, sont pré- cisément ceux qui donnent des charbons très-azotés. Les composés ammo- niacaux peuvent même azoter les substances organiques ternaires. » L'utilité de l'azote dans un charbon explique un fait de pratique fort curieux : c'est que le charbon des caisses de cémentation qui a été chauffé pendant un certain temps s'épuise et doit être remplacé par un charbon neuf. » L'ancienne théorie, qui faisait jouer au carbone un rôle exclusif dans la cémentation, ne pouvait pas rendre compte de cette pratique qui s'ex- plique parfaitement dans les idées nouvelles que je propose, en admettant que l'azote est enlevé à la longue par l'action des corps hydrogénés. » L'azote utile à l'aciération est donc donné par l'air et par le charbon de bois lui-même qui est toujours azoté. » L'azote peut même souvent préexister dans le fer en quantité trés-no- table; les fers les mieux épurés et qui s'acièrent avec facilité sont précisé- ment ceux qui contiennent de l'azote. C. R., 1861, I" Semestre. (T. LU, N» 13.) 83 { 63o ) a Eu soumettant certains fers à l'action des vapeurs d'essence de téré- i)enthine, j'ai obtenu quelquefois des aciérations sensibles; examinant ensuite le métal, j'ai toujours reconnu qu'il contenait assez d'azote pour expliquer le phénomène. « Ainsi les chimistes qui voudraient nier l'influence de l'azote en pro- duisant de l'acier avec des carbures d'hydrogène ou du diamant, commet- traient une grave erreur, car le fer du commerce retient souvent assez d'azote pour former l'acier par l'action d'iui corps simplement carburant : je prou- verai en outre plus tardjque l'azote pourrait, dans l'aciération, être rem- placé par un autre métalloïde présentant avec lui quelque analogie chi- mique, comme le phosphore, et donner des composés que l'on peut confondre facilement avec l'acier normal. » Après avoir démontré que l'aciération se produit toujours en présence de l'azote et que l'influence de ce corps est constatée par les expériences de laboratoire et les observations de la pratique, j'ai actuellement à rechercher comment l'azote peut agir dans l'aciération. » Comme je l'ai dit dans une communication précédente, l'azote exerce dans l'aciération une double action : non-seulement il se combine au fer, mais encore il rend le métal poreux et permet de comprendre le phénomène encore si obscur de la cémentation, c'est-à-dire la pénétration d'une masse métallique par un corps solide. » Les savants les plus distingués qui se sont occupés de la formation de l'acier, reconnaissent que la cémentation est encore aujourd'hui un fait dif- ficile à comprendre; je vais prouver que les propriétés de l'azofure de ter permettent d'expliquer cette pénétration du métal, de la manière la plus simple. » En effet, on a vu que l'azote fourni par l'ammoniaque peut s'introduire dans une masse de fer et produire le composé que j'ai étudié sous le nom de fer azoté ; ce corps, soumis à l'action de l'hydrogène, est réduit et laisse le métal dans un état de porosité remarquable. Si le fer azoté est chauffé dans un courant de gaz hydrocarboué, c'est de l'acier qui se pro- duit : dans ce cas, une partie de l'azote reste combinée au métal ; le carbone peut alors pénétrer dans les pores qui ont été produits par le départ de l'azote et par le dégagement de l'hydrogène ou de l'ammoniaque. » Tous les mystères de la cémentation s'expliquent ainsi avec facilité : ces ampoules nombreuses qui caractérisent l'acier de cémentation, Vacier poule coiimie on le dit, et dont il était impossible d'expliquer la forma- tion dans l'ancienne théorie, se comprennent aisément; elles sont produites ( 63i ) par les gaz qui résultent de l'action des composés hydrocarbures sur l'azo- ture de fer. )) Ainsi les phénomènes chimiques de la cémentation peuvent être résumés de la manière suivante : L'ammoniaque produit du fer azoté en dégageant de l'hydrogène qui rend le fer poreux; les gaz hydrocarbures décomposent ensuite le frr azoté en agissant par leur hydrogène et leur car- bone; l'excès d'azote se dégage à l'état d'ammoniaque ou de cyanhydrate d'ammoniaque, ce qui augmente encore la porosité du métal ; tandis que le carbone vient s'unir à un reste d'azote et constituer le composé azoto-car- buré qui paraît être l'élément essentiel de l'acier. » Ce double rôle de l'azote, que les expériences de M. Despretz permet- taient de prévoir, est un fait bien intéressant au point de vue théorique. » N'est-il pas curieux, en effet, de voir l'azote, dont l'activité chimique est en général si peu développée, se combiner aux deux corps qui existent dans la caisse de cémentation, yô/re la navette, et devenir un agent puissant de cémentation ? )) Le rôle important que je fais jouer dans la cémentation au fer azoté ne peut pas être envisagé comme une de ces conceptions théoriques que l'expé- rience ne confirme pas. L'Académie n'a pas oublié que le fer azoté se pro- duit au rouge, que je l'ai maintenu à cette température pendant dix heures sans le décomposer, et que soumis ensuite à une influence carburante, il a formé de l'acier; ces conditions sont précisément celles qui doivent se réaliser dans les caisses de cémentation. » J'ai maintenant à examiner si, dans la fabrication de l'acier par l'affi- nage de la fonte, l'azote exerce ime influence aussi importante que dans la cémentation. Je constate d'abord que dans l'acier produit par le puddlage ou par le travail au petit foyer, il est facile de démontrer la présence de l'a- zote soit en faisant agir sur la limaille un courant d'hydrogène qui dégage de l'ammoniaque, soit en examinant le résidu azoté provenant de l'action des acides sur cette espèce d'acier (i). Lorsque l'acier a été produit dans un (i) Les chimistes qui voudront constater dans l'acier la présence de l'azote au moyen de l'hydrogène, devront éviter les influences nombreuses qui décomposent l'ammoniaque : ils devront en outre rechercher l'azote que l'hydrogène n'accuseiait pas, soit dans les liqueurs provenant de l'action des acides sur l'acier, soit dans la substance brune insoluble résultant de cette action. L'hydrate de potasse très-piir pourrait également dégager à chaud l'azote contenu dans un acier. «3.. f 632 ) petit foyer au contact du charbon de bois et par conséquent dans les cir- constances où les cyanures se forment en quantité si considérable, l'azota- tioM du fer et sa transformation en acier se comprennent facilement. B Dans le four à puddler l'aciération est due quelquefois à l'azote con- tenu dans les fontes, mais surtout à l'action des composés azotés fournis par le combustible et l'air qui agissent rapidement sur le fer au moment où il commence à prendre nature, c'est-à-dire lorsqu'il est rouge, poreux et à l'état naissant. » J'arrive ici à \\n des points les plus importants de la fabrication de l'acier. Existe-t-il, comme un grand nombre de niétallurgistesl'admettent aujourd'hiù, des mmerrti's à acier contenant un corps inconnu des chimistes qui donnerait à certains aciers leurs qualités précieuses? Serions-nous fata- lement condamnés en France à demander à l'étranger les aciers cémentés et fondus de première qualité? Pourrons-nous produire des fontes don- nant par le puddlage des aciers comparables à ceux de l'Allemagne.^ Des analyses nombreuses et des opérations synthétiques poursuivies dans mon laboratoire depuis plusieurs années me permettent de répondre immédiate- ment à ces différentes questions. » J'ai reconnu que le fera pour certains métalloïdes des préférences qui excluent les autres combinaisons. Des expériences synthétiques m'ont ap- pris que l'on essayera en vain de donner au fer du carbone en excès et de le changer en fonte grise, lorsque le |)hosphore ou le soufre resteront en combinaison avec le métal. Le graphite, qui par sa présence caractérise les fontes douces, n'apparaîtra que lorsqu'on aura enlevé de la fonte, au moyen de laitiers épurateurs et basiques, le phosphore et le soufre qui s'y trouvaient. Et réciproquement, lorsqu'on chauffe une foute grise dans une brasque qui donne du soufre ou du phosphore, on voit la fonte devenir blauche et perdre alors son excès de carbone (jui vient cristalliser en larges écailles à la surlace du bain métallique. » Le silicium seul, qui se rapproche, comme ou le sait, par ses proj)rié- tés chimiques, du carbone, peut exister simultanément avec hn dans les fontes grises. Ce que je viens de dire de l'exclusion du carbone par le phos- ])hore et le soufre s'applique à l'azote; il m'a été impossible de faire agir l'azote sur des fers préalablement sulfureux ou phosphoreux : ces corps ne pouvaient donc pas se prêter à raciération ; on comprend ainsi que l'acier ne puisse pas se former dans le haut fourneau. •■ Les expériences qiu^je viens d'analyser nie paraissent donc poser net- tement les conditions de l'aciération. L'acier de cémentation de première ( 633 ) qualité et le bon acier de piiddlage ne peuvent être obtenus qu avec des produits d'une pureté presque absolue ; l'azote ne pourra exercer son action aciérantequesin- un métal entièrement débarrassé de silicium et surtout de |)hosphore et de soufre. » Plusieurs de nos fabricants français sont arrivés déjà à produire des aciers excellents, mais je dirai à ceux qui ont encore quelques progrés a réaliser : Ne croyez pas que certains pays possèdent exclusivement le privi- lège d'une fabrication d'acier de qualité exceptionnelle; cette perfection est dueà l'emploi de matières premières très-pures ; nous avons en France des mi- nerais qui conviennent parfaitement à la fabrication de l'acier ; épurez donc vos fers; donnez à votre fabrication de fonte une régularité qu'elle ne pré- sente pas toujours; ne considérez pas comme acier un mélange de fer et de fonte. N'essayez pas d'aciérer des fers impurs ou d'affiner des fontes char- gées de corps étrangers, car alors l'aciération ne présentera pas de fixité; sous l'influence des gaz de la combustion, ces aciers se décomposeront facilement, perdront leur^zote et leur carbone, et retourneront à l'état de fer. » Après avoir démontré que la pureté du métal est la condition essentielle de la formation et de la fixité de l'acier, je m'empresse d'ajouter que cer- tains métaux peuvent, comme la pratique l'a démontré depuis longtemps, améliorer la qualité de certains aciers. » On emploie souvent avec avantage le manganèse, le nickel, le titane, le tiuigstène, etc. Ces métaux, en se combinant au fer, peuvent d'abord modifier d'iuie manière utile les propriétés de l'acier, et donner de véritables alliages. Mais je démontrerai bientôt que les métaux qui paraissent princi- palement faciliter l'aciération sont ceux qui, comme le titane et le tungstène, forment avec l'azote des composés fixes. » Ces productions spéciales d'acier sont donc parfaitement expliquées parles idées que j'ai émises précédemment ; elles rentrent dans les principes généraux que j'ai posés en coiiaiiençaut mes publications siu' l'acier : j'ai dit en effet que les aciers formaient ime véritable famille de corps dans les- quels le fer se trouvait combiné à des composés azotés pouvant contenir du carbone ou d'autres corps simples. » Il résulte de ces combinaisons une classe nombreuse d'aciers dont la théorie peut expliquer aujourd'hui la constitution, mais dont la pratique seule pourra apprécier l'importance. » Le manganèse, dont l'influence sur l'aciération est connue de tous les fabricants, a peut-être pour effet de s'oxyder rapidement et de produire ( 634 ) ainsi, sur place, un oxyde métallique pouvant compléter l'affinage du fer et faciliter alors l'aciération en éliminant les corps étrangers. » En résumé, les faits consignés dans ce travail conduisent aux conclu- sions suivantes : » 1° J'avais établi jusqu'à présent la constitution de l'acier, en démontrant que ce corps contient toujours de l'azote que l'on retrouve dans la matière insoluble dans les acides, ou que l'on dégage par l'hydrogène; j'avais éta- bli que l'acier se forme facilement sous des influences azotantes, et que l'aciération dépend de la proportion d'azote que l'on donne au métal, mais je n'avais pas encore démontré qu'on désacière l'acier et qu'on le fait retour- ner à l'état de fer en le désazotant par l'hydrogène : c'est cette démonstra- tion analytique quej'ai placée en tète de ce Mémoire. » 2° Pour répondre aux partisans de l'ancienne théorie de l'aciération qui ne comprennent pas que le fer puisse s'azoter dans des caisses qui ne conliennent en apparence que du carbone, j'ai prouvé que, dans les caisses de cémentation, le fer pouvait emprunter l'azolp non-seulement aux pro- duits gazeux qui circulent dans les appareils, mais aussi au charbon qui est toujours azoté. >i 3° L'influence incontestable de tous les composés organiques azotés dans l'aciération vient confirmer ma théorie : j'ai obtenu des charbons azotes très-actifs en azotant préalablement des corps organiques ternaires comme le sucre. ). 4° Dans la cémentation, l'azote n'agit pas seulement chimiquement en se combinant au carbone et en formant une sorte de composé cyanure qui parait être l'élément essentiel de l'acier: il exerce encore une action méca- nique, il devient un agent de carburation; l'azoture de fer en excès est ré- duit par le gaz carburé; il se produit là un véritable phénomène desubstitution; l'azote fait donc la navette, il s'est d'abord combiné au fer pour céder en- suite sa place au carbone en rendant le métal poreux : c'est ainsi que l'on peut expliquer la pénétration du fer par le carbone et la formation des ampoules qui caractérisent l'acier de cémentation. » 5^ Dans la formation de l'acier par l'affinage de la fonte, l'azotation se produit au moment où le fer prend nature ; l'azote peut être fourni par la fonte, par les gaz de la combustion et même par l'air atmosphérique. » 6° J'ai démontré que la qualité de l'acier ne dépend pas de la nature chimique de tel minerai appartenant à quelques localités privilégiées; elle repose uniquement sur la pureté du fer et des fontes que l'on emploie : les fabricants français pourront donc, en épurant leurs produits, obtenir des ( 635 ) aciers de premières marques. Mes expériences établissent que certains mé- talloïdes ont, par rapport à leur combinaison avec le fer, en quelque sorte des droits de préséance. Je me suis assuré que l'azotation du fer devient impossible lorsque le métal est siliceux, phosphoreux ou sulfureux. » Les fabricants d'acier s'épuiseront donc en vains efforts lorsqu'ils vou- dront produire de l'acier avec des fers impurs ou des fontes blanches sul- fureuses. » 7° Les métaux qui paraissent exercer une influence utile dans l'acié- ration, comme le tungstène, sont précisément ceux qui forment des compo- sés métalliques azotés. Les différents corps qui composent la famille des aciers ont donc pour base un azoture de carbone ou des azotures métal- liques. » Ainsi les recherches du laboratoire et les observations de la pratique viennent conBrmer l'utilité de l'azote dans l'aciération et démontrent que l'acier n'est pas simplement un carbure de fer. » L'Académie ne se méprendra pas sur la direction que je donne à mes recherches; elles sont, comme on le voit, exclusivement scientifiques. Que les industriels qui fabriquent de l'acier par les cyanures, par le gaz de l'éclairage, par lesdéjectionsanimales, etc., ne pensentpas que mes publica- tions sur l'acier peuvent leur enlever le mérite de leurs découvertes. Pour confirmer mes idées, je serai au contraire toujours heureux de signaler des aciérations produites avant moi par l'action des corps azotés. Je connais trop l'habileté de nos fabricants pour ne pas être persuadé qu'ils feront des aciers excellents lorsque la science leur aura donné la véritable constitution du corps qu'ils veulent produire. C'est vers ce but important que tendent tous mes efforts. « MÉMOIRES LUS. MÉTALLURGIE. — Théorie nouvelle de la cémentation ; par M. H, Caron. (Renvoi à l'examen de la Section de Chimie à laquelle sont adjoints MM. Biot et de Senarmont.) « La question que je vais traiter est assez complexe pour que je demande à l'Académie d'établir nettement les faits sur lesquels je veux m'appuyer, afin de la développer librement. » M. Saunderson, habile fabricant anglais, dans un Mémoire qui a fait; ( 636 ) sensation (i;, conclut de ses expériences que le charbon, l'oxyde de car- bone, l'ammoniaque et l'hydrogène bicarbone, purs et isolés, sont impropres à la fabrication de l'acier, mais il fait voir qui^ le fer est aciéré lorsqu'on fait intervenir à la fois l'ammoniaque et le gaz oléfiant. Après avoir montré que les cyanures et les cyanoferrures, agents de cémentation bien connus, n'agissaient que par leur principe métalloïdique, il dit : » Que la trans- » formation du fer en acier n'a lieu qu'à la condition d'un concours simul- . tané du carbone et de l'azote; i" que si les analyses d'acier faites jusqu'à )) ce jour ne mentionnent pas la présence de l'azote, c'est parce que ces I- analyses ont été mal faites ou exécutées sous l'influence d'une idée pré- » conçue. » » Qu'il mesoitpermis derectifier toutdesuitece que l'assertion de M. Saun- derson a d'injuste pour ses prédécesseurs, Berzelius, Schaffhaûtl, Mar- chand, etc. Il me suffira pour cela de transcrire une Note très-judicieuse de M. Nicklès, traducteur de M. Saunderson. <■ Cette assertion, dit M. Nickies, n'est pas exacte; il existe une série » d'analyses de fer de forge, de fonte et d'acier qui attestent la présence de » l'azote dans ces métaux. Seulement tous n'en renferment pas et le maxi- )' muni qu'on ait pu y trouver se monte à 0,0002 [Annuaire de Chimie, )) i85i, p. lo-yj. Ces analyses sont d'autant moins suspectes, que leur 11 auteur, feu M. Marchand de Halle, est parti d un point de vue tout a fait » étranger à la théorie de l'acier. Après qu'il eut été constaté que le titane M des hauts fourneaux n'est pas un corps simple, mais bien un mélange de » cvanure et d'azoture de titane, M. Marchand pensa qu'il pourrait en être )i de même de la fonte et de l'acier. Il ne demandait donc pas mieux que » de trouver de l'azote dans ces carbures, et on ne dira pas que les lésul- » tats négatifs ont été obtenus sous l'influence d'une idée préconçue. -Si » donc l'acier peut être considéré comme exempt d'azote, cela ne veut pas » dire que ce métalloïde gazeux ne joue pas un rôle dans le phénomène » de la transformation. » » Au mois d'octobre 1860 (2), guidé par ces essais qui m'avaient révélé le vrai rôle de l'azote dans la cémentation, je fis voir qu'un des agents les plus puissants et les plus prompts pour aciérer le fer était le cyanliydrale d'ammoniaque, matière gazeuse, qui pouvait, en pénétrant jusqu'au ceutie des barreaux de fer, les transformer en acier avec une grande rapidité cl (1) Journal de Pharmacir et dr Chimie, t. XXXVI, p. 3o i ; i85(). (2) Comptes rendus de l'Académie, t. LI, p. 564: 1860. ( C>37 ) une extrême perfection. Et, en réalité, flans tous les cas où M. Saiindcrsoii cémente avec les gaz hydrocarbures et l'ammoniaque, il est remarquable que, sans s'en apercevoir, il produit du cyanhydrate d'ammoniaque; la même observation s'applique à l'expérience de M. Fremy qui, lui aussi, met en contact de l'ammoniaque et de l'hydrogène carboné, successivement, il est vrai, mais dans des circonstances telles, qu'au moment de la réaction les éléments se retrouvent en présence pour former encore du cyanhydrate d'ammoniaque. » Il me reste aujourd'hui à démontrer qu'en définitive toutes les fois qu'on cémente le fer industriellement, on le met constamment en contact avec du cyanhydrate d'ammoniaque gazeux ou des cyanures volatils. Cette tâche n'est pas bien difficile, puisque M. Saunderson a fait voir que le char- bon pur ne cémente pas et que, d'après mes propres expériences, c'est à la présence de l'azote concurremment avec l'alcali des cendres, et par suite à la formation du cyanure de potassium qu'est due l'aciération dans les caisses de cémentation. » Quel est donc le rôle de ces cyanures? Si on donne au fer du charbon libre ou presque libre, par exemple celui des hydrogènes carbonés comme M. Saunderson, M. Fremy et moi-même nous l'avons fait, et si on opère à la température élevée que l'on emploie ordinairement dans ces sortes d'opé- rations, on obtient trop facilement la saturation du fer par le carbone, on n'a que de la fonte. Mais si l'on présente au métal une matière carburée dont les éléments soient unis entre eux par une énergique affinité que le fer ne puisse vaincre que par un contact prolongé, l'aciération produite à la surface des barreaux n'aura pas dépassé la limite désirable avant que le fer soit cémenté jusqu'au centre. )) On verra en y rélléchissant que les seules combinaisons du carbone qui soient indécomposables et volatiles sont les cyanures alcalins; donc les cyanures seids cémentent, du moins aux températures employées dans l'in- dustrie, et cette restriction a de l'importance, comme on s'en convaincra tout à l'heure. » Mais, il ne faut pas s'y tromper, un contact trop prolongé, une tempé- rature trop élevée auraient bientôt changé les effets produits. Ainsi le cyan- hydrate d'ammoniaque, au lieu de cémenter^ peut transformer le fer en fonte, comme je l'ai vérifié plusieurs fois; ce résultat est moins facile à produire avec le cyanure de potassium, parce qu'il est moins volatil et moins décom- posable, d'où l'on pourrait conclure dès à présent que la matière aciérante la G. R., iSfil, i"^"- Semesire. (T. LU, N» 13.) 84 ( 638 ) plus industrielle doit être le cyanure le moins volatil, c'est-à-dire le cyanure de baryum (i), comme je l'ai déjà fait pressentir dans une autre Note. Mais je le démontrerai plus nettement encore dans une prochaine communication à pro|)os d'un procédé nouveau de cémentation mis en expérience depuis plusieurs mois dans une grande usine des environs de Paris par l'ordre et aux frais de Sa Majesté l'Empereur. » Tout cela deviendra plus clair encore, si je fais voir que des substances autres que les cyanures et contenant du charbon sans azote peuvent con- vertir le fer en acier, pourvu que la température ne soit pas assez élevée pour les décomposer et qu'on ne prolonge pas trop leur action. Le gaz des marais très-pur, que l'on fait passer à la températiue du rouge franc sur du fer, produit une cémentation qui n'est pas aussi rapide, mais qui est aussi belle que celle des cyanures. Il en est de même du gaz de l'éclairage (a) qui contient du gaz des marais en proportion considérable, et si M. Fremy n'a pu au moyen de cet agent aciérer le fer, c'est qu'il a opéré à luie tempéra- ture trop élevée et qu'il a trop prolongé le contact des matières réagissantes; d'ailleurs on trouvera dans la première édition de Berzelius (t. III, p. 279; i83i) des détails sur la fabrication de l'acier par le gaz de l'éclai- rage établie en Angleterre par Mac-Intosh. Je suis néanmoins parfaite- ment d'accord avec M. Saunderson en ce qui concerne le gaz oléfiant. Je n'ai pu cémenter en employant ce gaz, bien que j'aie opéré à luie tempéra- ture aussi basse que possible, il est trop facilement décomposable par la chaleur. Le tube dans lequel se faisait l'opération a été trouvé rempli de charbon, et le fer, malgré la trempe, est resté tendre et malléable. A la rigueur, le cyanogène peut aussi cémenter, mais moins bien que le gaz des marais. Ces expériences font voir que pour obtenir la transformation du fer en acier, il faut que l'agent de cémentation puisse apporter le charbon à l'état de combinaison jusque dans les pores du fer où ce métal se l'approprie à l'état naissant. Toutes les fois que l'on met le fer et la matière aciérante dans d'autres conditions, il n'y a plus cémentation (3). (1) Le cyanure de baiyuni est produit facilenienl par un simple mélange de poussier de charbon et de carbonate de l.>aryte naturel. L'azote est fourni soit par le charbon lui-même, soit par l'air qui pénètre à travers les parois des caisses de cémentation. (2) Purifié par l'acide phosphorique dissous et la potasse solide. (3) A ce propos, je ferai remarquer qu'il n'est pas possible de supposer qu'il puisse se former de l'azoture de fer à un moment quelconque de la cémenlatiou dans les opérations industrielles. L'azoture de fer de M. Despretz n'a jamais pu être produit qu'au moyen de ( 639 ) » D'après ce qui précède, il est inutile que je me préoccupe de l'existence de l'azote dans les aciers. Ma théorie en est tout à fait indépendante. D'ail- leurs la citation empruntée à la traduction de M. Nicklès, et les cémenta- tions que bien des personnes et moi-même avons effectuées en dehors de la présence de l'azote, doivent, je crois, fixer l'opinion sur ce point. Si l'on veut bien se rappeler aussi que Marchand, dans ses analyses si scrupuleuses et si délicates, n'a jamais pu trouver que des quantités d'azote ou nulles ou réellement négligeables, que M. Shaffhaùtl, le grand partisan de la présence de l'azote dans les aciers, a été obligé de reconnaître l'exactitude des obser- vations de Marchand, on arrivera naturellement à la même conclusion que le célèbre chimiste allemand : « S'il y a de l'azote, il appartient nécessaire- » ment à des matières mélangées au fer, matières qui ne font pas plus partie » intégrante du métal que les scories qu'on y trouve mêlées (t). » MÉMOIRES PRÉSEÎVTÉS. A la suite de la lectine de M. Caron M. le Président dépose sur le bureau une Note que le même auteur, afin de prendre date, et en prévision de la séance publique qui devait avoir lieu le aS mars, lui avait fait parvenu- dès le 21 . A cette occasion un Membre de l'Académie fait remarquer qu'à la suite de la première conununication de M. Caron sur la cémentation du fer et l'emploi des cyanures dans cette opération (séance du 8 octobre i86o), MM. de Ruolz et de Fontenay adressèrent une réclamation de priorité qui fut insérée par extrait dans le Compte rendu de la séance du 29 du même mois. Dans cet extrait une faute d'impression, portant sur im mot caracté- ristique,ne permit peut-être pas de bien apprécier la portée de la réclama- tion : il serait donc désirable que cette inexactitude fût réparée, et elle ne pourrait l'être mieux que par la reproduction textuelle et complète de la Lettre. l'ammoniaque, et celle-ci n'existe pas dans les caisses de cémentation, elle y serait même décomposée h la température à laquelle on opère. Quant à l'azote, on sait qu'il ne se com- bine pas directement au fer. L'existence d'un azoturedefer précédant la formation de l'acier est donc inadmisxible ; mais l'azote de l'air, en contact avec le charbon et la potasse des cendres, donne du cyanure de potassium, c'est pourquoi la présence de cet agent dans l'at- mosphère des caisses est absolument nécessaire. (i) Journal fur practischc Chemie. V. Erdmann und Marchand, i85o; t. XLIX, p. 302. 8/i.. (64o ) L'Académie ayant approuvé cette proposition et la pièce originale ayant été déposée sur le bureau par un des Membres de la Commission, nous la reproduisons ici dans son intégrité. Lettre adressée à l'Académie par HIM. de Uitoi.z et de Fo.\te\av à la séance dit 29 octobre 1860. « Nous venons seulement d'avoir connaissance d'une Note adressée à l'Académie par M. le capitaine Caron et publiée dans le Moniteur du 16 cou- rant. Après avoir exposé des théories dont nous n'avons pas à discuter le mérite, M. Caron propose à l'industrie l'emploi des matières cyanurées pour la cémentation du fer. Les intérêts qu'il est de notre devoir de sauvegarder nous forcent à vous prier de vouloir bien faire connaître à l'Académie que depuis plus de six mois les forges de Flize et Boutancourt (Ardennes) ex- ploitent en grand un procédé que nous leur avons cédé et qui consiste à produne directement l'acier fondu à l'aide des matières cyanurées en suppri- mant complètement la cémentation préalable. La qualité des aciers ainsi ob- tenus a été jugée assez belle pour mériter à cette industrie naissante une récompense de premier ordre à l'exposition métallurgique qui vient d'avoir lieu à Saint-Dizier. » Indépendamment de cette exploitation industrielle, nous avons décrit nos procédés dans une série de documents authentiques remontant à 1857, et que nous mettrons, si on le juge convenable, à la disposition de l'Aca- démie. » (Cette Lettre est renvoyée, ainsi que les pièces justificatives fournies, séance du 10 décembre 1860, par MM. de Ruolz et de Fontenay, à la Commis- sion ci-dessus désignée pour le Mémoire de M. Caron. ) M. JuLLiEN, à l'occasion des diverses communications récentes sur le fer, la fonte et l'acier, rappelle qu'il a lui-même depuis longtemps soumis au jugement de l'Académie les résultats de ses propres travaux sur le fer, des recherches qu'il poursuivait à l'usine de Montataire. Un premier Mémoire sur la théorie de la trempe et sur diverses questions qui se rattachent à celle-ci fut mis sous les yeux de l'Académie dans la séance du 5 avril iSSa et renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Poncelet, Combes et Seguiei'. Une addition à ce premier travail adressée à M. Dumas tut annoncée dans la séance du 16 du même mois. Lv ( 64i ) 7 juin une nouvelle rédaction de l'ensemble de ces recherches fut présentée au nom de l'auteur par M. Combes, et sur la demande de la Commission deux Membres, MM. Berthier et Dumas, furent adjoints aux trois Membres déjà nommés. Un deuxième et un troisième Mémoire contenant la suite de ces re- cherches furent présentés peu de temps après et se trouvent mentionnés dans les Comptes rendus des séances du i4 jui'i et du 5 juillet de la même année. La nouvelle Note de M. Jullien est renvoyée à la Commission chargée de l'examen des travaux de M. Caron. CHIMIE 0I\GANIQUE. — Action de tamnioniaque caustique sur les substdnces organiques; réclamation de priorité adressée^ à l'occasion dune communication récente, par M. Schutzenberger. (Extrait.) « Dans une Note que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie des Sciences le lo décembre 1860, j'ai démontré que beaucoup de sub- stances organiques, notamment les matières sucrées et amylacées et les principes colorants, étaient susceptibles de fixer de l'azote quand on les chauffe avec de l'ammoniaque caustique à l'abri de l'oxygène.... Dans un travail présenté à l'Académie le 1 i mars 1861 et imprimé dans les Comptes rendus, M. P. Thenard a publié des faits tout à fait semblables en ce qui concerne les substances hydrocarbonées.... Sans vouloir enlever à M. The- nard le fruit de ses travaux et le droit de les étendre, je désire seulement par la présente me réserver également la liberté de poursuivre mes re- cherches dans la limite du programme que je m'étais tracé. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour le Mémoire de M. P. Thenard : MM. Dumas, Boussingault, Payen.) MÉTÉOROLOGIE. — Observations recueillies à Alexandrie d'Egypte, du i"" oc- tobre i858 au 3o septembre 1860, parM. B. Schnepp, médecin sanitaire de France. (Commissaires, MM. Pouillet, Babinet.) « Les observations que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie des Sciences sont les seules qui aient été poursuivies dans le Delta pendant des années entières et d'une manière aussi complète. Elles se rapportent à (642 ) la pression atmosphérique, à la température de l'air, à la direction des vents, à l'état du ciel, à la quantité d'eau tombée et au degré d'humidité de l'atmosphère. Celles de la première année ont été faites dans un jardin, à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer; celles de la seconde sur la ter- rasse d'une maison, à 22 mètres au-dessus du niveau de la mer. » Ptessioii atmosphérique. — Le baromètre de Fortin, à niveau constant, qui ne nécessite que les corrections relatives à la dilatation, a toujours été ramené à o pour chaque lecture. » La pression moyenne de l'année iSSg a été plus forte que celle de l'année 1860; aussi la température moyenne de celle-ci a été supérieure à celle de l'année iSSg. » D'après les moyennes mensuelles, la pression atmosphérique varie sen- siblement d'un mois à l'autre; elle est plus forte pendant les mois les plus froids. Ainsi son maximum, dans ces deux années, correspond aux mois de décembre et de janvier; son minimum coïncide avec les chaleurs du mois d'août, pour l'une et l'autre année. La colonne barométrique la plus basse que j'aie observée pendant ces deux années correspond au mois de mai; elle coïncide toujours avec le violent vent de sud appelé khamsin. A l'ap- proche de ce vent on voit toujours le baromètre baisser subitement, pour remonter de même dès que le khamsin cesse. C'est ce qui ressort des ta- bleaux joints à cette Note, tableaux qui ne sont que le résumé de mon journal ; mais il en découle également que les plus grandes variations, la différence la plus forte entre les pressions extrêmes, coïncident avec les mois de l'hiver, décembre, janvier et février. Donc, sous le rapport de la pression atmosphérique, le delta du Nil, l'Egypte est loin d'offrir pendant l'hiver cette condition d'uniformité climatérique tant vantée par quelques voyageurs, et depuis lors recherchée par les médecins dans l'intérêt d'une certaine classe de malades. » Tempérnlure Hc l'air. — Le tableau qui résunie les oscillations du ther- momètre centigrade à mercure pendant ces deux années constate une moyenne de 21", 4 1 pour l'une, et de 22°, 09 pour l'autre année; il en dé- coule également que, pendant les mois de décembre, janvier, février, mars et avril, la température est inférieure à la moyenne annuelle; que le mois le plus froid est janvier, et le [)his chaud août ; que cependant la plus basse température a été de 7", 7 le 9 décembre en 1 858 et de 8", 5 le 1 7 décembre également en iSSg; que les inaxima de température, qui se sont élevés à 38°, ont correspondu, dans les deux années, au mois de mai et aux jours où régnait le khamsin. ( 643 ) >■ Ce vent de sud produit une véritable perturbation dans l'atmosphère pendant les deux, trois ou quatre jours qu'il dure chaque fois qu'il souffle. Non-seulement il élève considérablement la température de l'air et baisse subitement la colonne barométrique, mais encore il dessèche l'air et trou- ble l'équilibre électrique; il flétrit de son souffle brûlant la végétation, et surtout il arrête le blé dans son développement, quand il règne avec une forte intensité au moment où le grain n'est encore qu'à l'état pulpeux; il produit également des désordres chez les êtres animés; les malades surtout en souffrent ; la fièvre redouble chez les phthisiques, et c'est alors surtout que surviennent les hémoptysies graves; et comme ce vent se montre par- fois dès le mois de février, ainsi que cela est arrivé en 1860, il faudrait donc renvoyer les poitrinaires de la haute Egypte et du Caire, où le khamsin se fait surtout sentir, pour ainsi dire, en plein hiver. » La dilférence des températures extrêmes, comme il ressort des tableaux ci-annexés, ne s'élève en été, le plus souvent, qu'à 7 et même qu'à 5°, tandis que pendant les mois de décembre, janvier et février, elle atteint i5, 16 et même xo" par décade. Ces variations sont le plus contraires à cer- taines maladies, dont je traiterai ailleurs. » Direction du vent. — L'influence des vents, au milieu de tous les phé- nomènes météorologiques, n'est pas bien facile à préciser quand on voit, à l'aide des tableaux ci-joints, que ceux du nord soufflent presque exclusive- ment de mai en novembre (et non pas pendant dix mois de l'annote, comme disent en général les auteurs), ceux du sud plus particulièrement en hiver; toutefois ce sont les vents d'ouest qui prédominent dans le Delta. Ainsi ces vents régnent 4,66 fois plus souvent que ceux d'est, 2,94 fois plus souvent que ceux de sud, et i ,09 fois plus souvent que ceux de nord. » Pour chercher à déterminer le degré d'influence des vents sur la tem- pérature de l'air, j'ai cru devoir choisir les mois pendant lesquels les vents viennent, le plus souvent, dans toutes les directions. Ainsi, en février, les vents de sud ont prédominé avec une température moyenne de i5°,86, tandis que ceux de nord ont régné avec une température moyenne de 1 5°, 68 seulement, mais ceux d'ouest avec 16°, o3; il n'y a pas eu de vent d'est pendant ce mois. En mars, ce sont encore les vents de nord qui sont accom- pagnés de la température moyenne la plus basse, 16° 36; ceux de sud ame- nant 16°, 80, ceux d'ouest 16", 82, et ceux d'est 17°, 69. Il est également digne de remarque qu'en hiver les vents de nord seuls soufflent avec une température moyenne inférieure à la moyenne du mois correspondant. » Etat du ciel. — Les tableaux qui résument les observations d'hydromé- ( 644 ) téores exigent peu de commentaires ; je ne crois devoir insister que sur la saison des pluies, qui ne dure que deux ou trois mois, de décembre à fin février. II y a parfois des orages en décembre et en janvier. Les nuits étant plus longues que les jours, il n'est pas étonnant de trouver qu'il pleut plus pendant la nuit que pendant le jour. M Humidilé de l'air. — J'emploie à la détermination du degré de tension de la vapeur d'eau contenue dans l'air le psychromètre de M. Regnanlt, qui est sans contredit le plus précis des hygromètres. L'éther seul me sert comme réfrigérant, même sous le tropique, au niveau de la première cata- racte. » Il découle de mes observations, consignées dans les tableaux ci-joints, que l'air est plus chargé d'humidité le matin que le soir; que les mois d'avril, de mai et de juin sont les mois les plus secs; que la plus grande sécheresse existe pendant la durée du khamsin. C est sous l'influence de ce vent que j'ai toujours obtenu le minimum d'humidité, lequel, en 1860, ne s'est élevé qu'à Yuô, tandis que le maximum a atteint -j-^j. Ainsi j'ai constaté en Egypte ce degré extrême de la sécheresse, -^^ que Rose, Ehrenberg et de Humboldt ont trouvé, avec le vent de sud également, dans les vallées de l'Irtisch et de l'Obi, et qu'ils ont déclaré la plus grande sécheresse qu'on ait jamais observée [Cosmos, t. I, p. 3Go). Mais est-ce là la sécheresse ex- trême que l'air puisse présenter? Je ne le pense pas, puisque je l'ai trouvée telle un jour de khamsin, qu'il m'a été impossible d'obtenir le point de rosée avec l'éther. » Enfin j'ai cherché le rapport entre la direction des vents et l'état hygro- métrique de l'air; j'ai trouvé que l'humidité moyenne des vents de nord, en 1860, a été 58, r, celle des vents d'ouest 62, 4, celle des vents d'est 61,7, et celle des vents de sud 36, 66 seulement. » Telles sont les observations qui devront me servir de base pour un travail de climatologie sur l'Egypte. » ANATOMIE. — Note accompncjnant l'envoi fait de Vienne par M. ^■. ... de diverses publications sur des questions d'anatomie comparée et de zoologie i>i A tint» çt^rifi nt> urt^nnmtmnc nnnînlrtninn/ic M. S. HVRTI „^ ^.^^.^^^ , . v,..„ „,., ..^„ .^„^o. ...,.„ .^jnntnmif rnmnnréi et d'une série de préparations angiologiqiies. (Commissaires, MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Cl. Bernard.) " Le caractère éminemment histologique de l'anatomie moderne, et 1 importance accordée aux recherches microscopiques, me serviront d'ex- ( 645 ) cusc auprès de l'Académie, si j'ose lui offrir une collection de préparations injectées, propres à éclairer quelques parties moins connues de l'angiologie microscopique. » Le succès des injections anatomiques est entouré de tant de difficultés techniques, que peu d'anatomistes se sont voués à ce genre de travail. En conséquence l'étude du système capillaire a fait moins de progrès, et a fourni moins de résultats, que l'examen des autres tissus, composant les différents organes du corps humain. Depuis nombre d'années j'ai cultivé méthodiquement, et avec une prédilection presque exclusive , l'art des in- jections anatomiques, et les résultats obtenus m'inspirent la confiance que les douze séries d'injections, soumises à la critique de mes savants confrères de France, ne seront pas dépourvues de tout intérêt scientifique. » J'ai choisi et disposé les objets de telle sorte que les réseaux capillaires des organes les plus importants se montrent à l'état de leur développement successif dans les quatre classes d'animaux vertébrés, et que le passage des plus simples aux plus compliqués peut s'observer de la manière la plus évidente. Je me permets surtout de fixer l'attention de l'Académie sur l'in- jection simultanée des artères, des veines et des conduits excréteurs de plu- sieurs glandes; sur celle des vaisseaux du cristallin, du corps glanduleux de Wolff; sur l'origine des vaisseaux chylifères dans les villosités de l'intestin grêle, sur les réseaux lymphatiques du cerveau et des poumons, enfin sur plusieurs autres objets., dont la bizarre beauté, autant que l'importance physiologique, doivent frapper l'œil de tout connaisseur en cette matière. » Quoique peu nombreux, les résultats négatifs des injections ne sont pourtant pas d'une moindre conséquence que les positifs. J'ai en vue ici , d'un côté, les cœurs dépourvus de vaisseaux, découverte que j'ai publiée il y a deux ans (voir le volume in-S" ci-inclus), et de l'autre le fait nou- veau constaté de l'existence des rétines anangiques (sans vaisseaux) dans tous les ordres des Poissons, des Reptiles et des Oiseaux, dont la notification à l'Académie des sciences de Vienne vient d'être lue dans la séance du 21 février. » Je ne fais pas mystère de mes procédés. J'en ai donné une relation dé- tadlée dans l'ouvrage ci-joint, dont le sixième chapitre contient les rensei- gnements nécessaires, pour rendre visibles par l'injection les dernières ramifications des vaisseaux, et pour donner aux préparations injectées un tel degré de solidité, que les influences extérieures sont incapables de les altérer. C. R., 1861, 1" Semeuie. (T LU. N" 13.) 85 ( 646) i) Avec peu tle modifications mon procédé se prête aussi à l'injechon du système artériel et veineux d'animaux entiers, dussent-ils même avoir été longtemps dans l'alcool. De cette manière j'ai pu me procurer les matériaux pour les Mémoires variés d'angiologie comparée, que j'ai publiés dans les Recueils de notre Académie, et dont je mets un recueil sous les yeux de messieurs les anatomistes de l'Académie des Sciences de Paris. » PHYSIOLOGIE. — Note sur la construction et les propriétés d un nouvel ophllial- moscope permettant de voir, par le concours harmonique des deux yeux, les images du fond de l'œil; par M. Girald-Teulox. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, de Quatrefages, Cl. Bernard.) « Dans une précédente communication (r), nous avons exposé les condi- tions et formulé les règles qui doivent présider à la construction de tous les instruments d'optique, si l'on veut les faire rentrer dans la loi naturelle de la vision physiologique binoculaire. Ces règles cependant laissaient en dehors d'elles un instrument bien précieux, mais qui, par sa nature, sem- blait devoir se dérober à leur application ; nous voulons parler de l'ophthal- moscope. » Si l'on se reporte aux éléments physico-physiologiques sur lesquels repose cet instrument, considérant l'étroitesse du pinceau knnineux utile qui émerge d'un œil en observation, et la marche précise qu'il suit à l'émer- gence, on comprendra qu'il était difficile d'espérer le faire arriver en même temps aux deux yeux à la fois. M L'application d'un très-ingénieux procédé de multiplication des images, sur lequel M. Nachet fils a fondé son beau microscope binoculaire, nous a permis de rendre la solution de ce problème aussi complète qu'elle semblait premièrement difficile à procurer. » Le petit trou central de l'ophthalmoscope étant remplacé par une fente horizontale de quelques centimètres de longueur et de 8 à lo mil- limètres de hauteur, on place derrière cette fente, dans une petite boite de cuivre ayant la forme d'un carré long, une paire de rhomboèdres en crown. dont le petit angle est de 45°. Ces parallélipipèdes sont mis en contact pai (i) 7 février i86i. ( 647) le sommet de ce petit angle, les faces disposées sur le plan tangent au mi- roir concave. » L'image aérienne du fond de l'œil observé, située, comme on sait, à quelques centimètres en avant de la lentille objective , envoie alors ses rayons vers le système prismatique placé en regard d'elle, comme le ferait un objet réel, si ce n'est que les pinceaux utiles sont renfermés dans une surface conique de très- faible section. » Cette section, trop faible pour embrasser les deux cornées dans l'état naturel, ne l'est plus quand le cône vient à tomber, axe pour axe, siu' le système des rhomboèdres. Le cône est alors divisé en deux, et chacune de ses moitiés, après avoir subi la double réflexion totale à 45°, vient s'offrir à chaque œil de l'observateur, la dimension horizontale de chaque prisme étant quelque peu supérieure à la demi-distance des yeux. » On transforme ainsi l'image aérienne luiique de l'ophthalmoscopie en deux images virtuelles symétriques et identiques qui vont produire tous les effets des images stéréoscopiques. Les yeux de l'observateur, eu égard aux conditions catoptriques de l'instrument, sont, en effet, un peu plus écartés que ces images. Chaque œil voit alors celle située devant lui comme il rece- vrait l'image réelle si les faisceaux de prolongation avaient une largeur suf- fisante pour atteindre les deux yeux à la fois. » Des lentilles biconvexes appropriées à la vue de l'observateur et mo- biles sur une coulisse horizontale qui permet leur décentration en dehors, donnent le moyen d'amplifier ad libilum les images et de les fusionner à la distance qu'on voudra. » Indépendamment de tous les avantages reconnus déjà à la vision bino- culaire, cette instrumentation procure les résultats suivants : )) 1° L'image résultante de la vision binoculaire présente une superficie notablement supérieure à celle fournie par un seul œil; cette étendue est directement accrue par l'adjonction de chaque côté de la partie indépen- dante, et propre à chaque œil du champ visuel. )) Elle l'est encore par cette considération qu'étant vue dans l'espace en son lieu réel (abstraction étant faite des grossissements, si on en fait usage), elle n'a point pour limites obligées la circonférence foncée des bords de l'iris qui , dans l'ophthalmoscopie monoculaire , borde le champ visuel éclairé. * » 2° Cette image est stéréoscopique , c'est-à-dire à trois dimensions, comme l'objet lui-même; on le voit donc avec ses reliefs et ses différents plans. 85.. ( 648 ) » L'atrophie de la rétine*, l'excavation He la piipillo du nerf optique et bien d'aiities modifications pathologiques dans les dimensions des mem- branes profondes, ne courront plus ainsi le risque d'être méconnues. » CHIRURGIE. — Note sur un cas de reproduction totale de tos maxillaire inférieur droit; par M. le D'' Maiso.wecve. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Velpeau, Cloquet, Jobert, Bernard, Longet.) " Dans la récente communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur la régénération des os après les opérations sous-périostiques, j'annonçais que les faits de cet ordre qui se sont produits dans ma pratique constituaient quatre groupes principaux, distingués suivant que les os régé- nérés étaient : i° des os nécrosés avec ou sans leurs surfaces articulaires; 2° des os simplement affectés d'ostéite ; Z" des os atteints de dégénérescences diverses; 4° enfin des os sains. » Parmi les faits de la première catégorie, j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie celui du jeinie Paul V..., actuellement élève ingénieur, auquel j'avais extirpé le corps entier du tibia, moins les extrémités articulaires, et chez lequel cette longue portion osseuse s'était entièrement régénérée. A Poiu- compléter la démonstration de cette première catégorie, je viens aujourd'hui soumettre à l'Académie un second fait non moins intéressant qui démontre que les surfaces articulaires elles-mêmes peuvent se repro- duire. Il s'agit d'un os maxillaire inférieur droit enlevé en totalité, y com- pris son condyle articulaire, et qui s'est reproduit d'une manière si parfaite, qu'il est presque impossible de dire actuellement si c'est l'os du côté droit ou celui du côté gauche qui a été extirpé. » Voici la relation succincte de ce fait, que j'avais déjà soumis à l'exameM de l'Académie de Médecine , peu de temps après la guérison du malade : » Esminger, Philippe, âgé de 35 ans, scieur de long, vint à l'hôpital de la Pitié le 8 novembre i854, pour y être traité d'une affection grave de la mâ- choire inférieure Cet homme me raconta que depuis six mois environ H avait, sans cause à lui connue, commencé à ressentir dans la mâchoire des douleurs sourdes et que le mal avait fait des progrès jusqu'au moment de son entrée à l'hôpital. I.a joue du côté droit présentait une tuméfaction énorme ; à la surface s'ouvraient quatre trajets fistuleux par lesquels le stylet (649) pénétrait facilement : deux de ces trajets existaient près de la symphyse du menton, un troisième à l'angle de l'os, le quatrième au niveau de l'articula- tion temporo-maxillaire; le pus qui s'écoulait de ces fistules était d'une fétidité extrême. Quant à la santé générale, elle était profondément altérée ; il était évident pour moi que l'os maxillaire inférieur du côté droit était mort dans toute sou étendue. Je proposai au malade de l'en débarrasser, lui faisant espérer, d'après les beaux travaux de M. Flourens, qu'iui nouvel os pourrait se reproduire. L'opération ayant été acceptée, j'y procédai le i8 novembre i85/j- » Le malade étant soumis au chloroforme, je fis sur la ligne médiane de la lèvre inférieure et du menton une incision verticale; de l'extrémité infé- rieure de cette première incision-, j'en fis partir une seconde, que je pro- longeai parallèlement au bord inférieur de la mâchoire jusqu'au-dessous du muscle masseter. Le lambeau circonscrit par ces deux incisions comprenait non-seulement les parties molles, mais encore le périoste doublé déjà d'une nouvelle couche osseuse en voie de formation et qui recouvrait la face ex- terne du séquestre. Ce lambeau, disséqué rapidement, fut relevé de manière à mettre à découvert toute la branche horizontale de l'os nécrosé. Je pro- cédai ensuite à l'isolement du séquestre, en ayant soin de conserver intactes les gencives et les dents qui s'y trouvaient implantées. Ce temps de l'opéra- tion fut exécuté avec un bonheur tel, que je pus extraire la totalité de l'os, y compris sa branche verticale avec son apophyse coronoïde et son condyle, en laissant les dents suspendues à leurs gencives. C'était une chose curieuse à voir que cette rangée d'ostéides, attachées seulement à la membrane gen- givale, et flottant comme les grains d'un chapelet. Après cette extirpation, le lambeau fut réappliqué avec soin au moyen de nombreux points de Su- ture et d'un bandage approprié. » La réunion de cette vaste plaie se fit avec une promptitude extrême : les dents restées appendues aux gencives se consolidèrent par le rapproche- ment des deux lames ossifiées du périoste. La réunion de la lèvre sur la ligne médiane se fit si parfaitement, qu'il restait à peine trace de l'opé- ration. •> La pièce, après avou' été mise sous les yeux de l'Académie de Méde- cine, a été déposée au musée Dupuytren et reproduite par M. Léveillé en un dessin d'une exactitude parfaite. » Plusieurs années se sont écoulées depuis lors : la nouvelle mâchoire s'est reconstituée si complète et si exacte, qu'on a peine à reconnaître de ( 65o ) quel coté l'opération a eu lieu, ainsi qu'on peut s'en convaincre en exami- nant le malade qui est actuellement un homme vigoureux et bien man- geant, et qui remplit les fonctions d'infirmier dans mon service : j'ajouterai seulement que les dents, après deux ou trois ans, ont fini par tomber l'une après l'autre. » PHYSIOLOGIE. — Régénération des os par le périoste; extrait ri une Lettre adressée de Rive-de-Gier à M. Flonrens par M. Richarme. (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Velpeau, Cloquet, Jobert, Bernard, Longet.j « J'ai lu dans les journaux que vous vous occupiez de la régénération des os. J'ai observé cette régénération dans une multitude de cas de fractures et je ne parlerai ici que du plus extraordinaire : c'est la régénération osseuse qui a remplacé le tibia et le péroné, y compris les deux malléoles jusque près de l'articulation du genou, c'est-à-dire plus des trois quarts de ces deux os; c'était une roue de wagon de chemin de fer qui avait passé sur la jambe du blessé. Six mois après l'accident, la jambe était devenue énorme, avec de nombreuses fistules, qui avaient la profondeur de 6 à 7 centimètres jus- qu'à toucher l'os nécrosé. Il a fallu élargir les fistules, du genou aux mal- léoles, les unes après les autres, briser les os nécrosés avec une percerette ordinaire et retirer les morceaux avec de forts crochets. Il fallait ensuite laisser repo.ser le blessé, et j'y ai employé environ quinze séances de demi- heure à une heure, pendant six mois, avant d'en venir à bout; après une séance, je m'assurais de ce que j'aurais à faire à la séance suivante; le der- nier morceau du tibia ôté avait 6 centimètres de longueui' au moins. Peu à peu la jambe a diminué de volume et était presque revenue au volume de l'autre : elle était devenue carrée et avait perdu sa forme arrondie. » L'os de nouvelle formation enveloppait, comme un étui, l'os primitif nécrosé. Je l'ai enlevé successivement, des malléoles au genou. Sa densité tenait le milieu entre le compacte et le spongieux. Son épaisseur était de plus de 1 centimètre, sa forme stalactiforme. Au bout de quelques mois, le blessé a pu reprendre un service de wagonnier au chemin de fer où il était aupa- ravant postillon (les chevaux dans ce temps-là trauiaient les wagons); il ne boitait nullement, et les articulations du pied et du genou jouaient •parfaitement sans être nullement ankylosées. Il sautait sur les wagons comme ( 65i ) auparavant. Si dans ce temps j'avais connu le chloroforme, l'opération n'aurait pas été si longue. » A ce blessé, j'avais proposé l'amputation de la jambe; il préféra souf- frir davantage et conserver son membre. M Depuis les barricades latérales aux chemins de fer, il y a trente ou qua- rante fois moins d'accidents. Dans ma station de 12 kilomètres, j'avais auparavant presque constamment huit blessés et un mort ou tué tous les quinze jours. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Rechercha sur les propriétés et tes fonctions dts nerfs et des muscles de la vie organique chez un insecte, le Dytiscus margi- nalis; par M. E. Faivre. (Extrait par l'auteur.) (Commission du prix de Physiologie expérimentale.) « Le nerf grand sympathique des insectes est bien connu depuis les tra- vaux de Brandt, MuUer, Newport, M. Blanchard. Aucun auteur à notre connaissancen'en a décrit la portion abdominale, nous l'avons étudiée chez lesDytisques aux points de vue del'anatomie et de la physiologie. Le der- nier ganglion abdominal donne naissance chez ces insectes à un nerf dont les rameaux se distribuent à la fois aux muscles des téguments extérieurs de l'abdomen, aux estomacs, aux intestins, aux glandes, à l'appareil repro- ducteur. Du même tronc génito-splanchnique naissent donc également sans différences essentielles ni d'origine, ni de structure, et les filets qui se ren- dent aux muscles de la vie animale, et les filets qui se terminent aux viscères. » L'anatomie indique nettement par cette disposition l'unité des systèmes nerveux de la vie animale et de la vie organique; l'expérience confirme ce résultat. » Si on irrite faiblement le tronc génito-splanchnique près de son ori- gine, les mouvements ne se produisent que dans les muscles des téguments extérieurs; si l'irritation est plus vive, les organes reproducteurs d'abord, puis le pylore et le cardia entrent en convulsion; les autres parties de l'in- testin demeurent immobiles, quelle que soit l'intensité de l'excitation. » Mêmes résultats si' on agit directement soit sur le stomato-gastrique au voisinage de la région cardiaque, soit sur les nerfs splanchniques dont les filets se terminent à l'intestin grêle et surtout à l'origine du duodénum ; autant on détermine aisément des contractions dans les muscles des an- ( 652 ) neaijx de l'abdomen et de l'armure génitale, autant on en produit difficile- ment dans l'intestin et les glandes, même à la suite d'une vive excitation. >> Si on pince les derniers anneaux de l'abdomen, l'insecte agitera ses pattes et donnera des signes d'une vive douleur; si on pince, si on brûle l'intestin dans les régions où les nerts sont le plus abondants, l'insecte de- meurera immobile. Les caractères d'une faible excitabilité, d'une sensibilité très-limitée, appartiennent donc chez les Dytisques aux nerfs viscéraux, et l'expérience apprend que ces propriétés se présentent à des degrés divers dans des branches dont l'origine est la même, et cpii ne diffèrent que par leur distribution. » En agissant sur les nerfs stomato-gastriques et splanchniques, on pro- duit deux effets sur les muscles du canal intestinal ; on accélère notable- ment les mouvements spasmodiques du cardia et du pylore, et si l'excita- tion est extrême, on arrête ces mouvements en déterminant une rigidité permanente du tissu musculaire. i> Le dernier ganglion de l'abdomen joue par rapport aux organes de la génération chez le mâle comme chez la femelle le rôle d'un centre spé- cial ; en effet, si on l'irrite, on obtient des convulsions dans les organes tant intérieurs qu'extérieurs de la reproduction; on provoque les mouvements complets des pièces de l'armure génitale, et la sortie de la verge ou de l'oviducte: on détermine même l'éjaculation : ces effets ne se produisent pas par l'excitation des autres centres nerveux, et ils continuent à se manifester alors même que le dernier ganglion a été isolé du reste de la chaîne ner- veuse. Il existe donc chez les Dytisques un ganglion génital comme il existe des centres spéciaux concourant à la direction ou à l'excitation des mouve- ments, à la déglutation et à la respiration. Les muscles essentiels de la vie organique offrent chez les Dytisques un caractère particulier. Ils se contrac- tent spasmodiquement et exécutent comme le cœur une série de mouve- ments rhythmiques. i> Les pulsations sont surtout manifestes aux régions cardiaques et pylo- riques, à l'origine du cœcum, aux orifices de communication des canaux déférents et éjaculateurs chez le mâle, des trompes et de l'oviducte chez la femelle; il suffit, pour constater ces mouvements, d'enlever sur l'insecte vivant soitle plastron dorsal, soit le plastron ventral de l'abdomen. Toutes les parties de l'appareil reproducteur et du tube digestif n'offrent pas le même mode de contractilité; les vésicules séminales, la poche copulatrice n'exécutent pas de mouvements spasmodiques comme le cardia ou le pylore, ( 653 ) mais sont douées d'une vive contractilité; l'intestin grêle, le cœcum, le rec- tum exécutent des mouvements péristaltiques; leur contractilité est lente et difficile ; la contractilité des glandes odorantes annexées à l'appareil gé- nital est beaucoup plus lente et plus difficile encore à déterminer. » En définitive, la contractilité des muscles de même que l'excitabilité des nerfs de la vie végétative offrent des modes divers, des degrés divers. 0 La comparaison des muscles delà vie organique avec les muscles de la vie animale nous a conduit aux résultats suivants : les muscles de la vie animale n'offrent pas de contractions spasmodiques analogues à celles du coeur, du cardia, du pylore. Les muscles de la vie animale sont peu sen- sibles à de faibles excitations; sous la même influence les muscles de la vie organique réagissent énergiquement. Les muscles de la vie animale conser- vent leurs propriétés une heure au moins après la mort; les muscles de la vie organique perdent rapidement leurs propriétés et entrent en rigidité. (;ette différence dans les propriétés est rendue évidente par l'expérience sui- vante : les Dytisques soumis pendant plusieurs jours à l'action d'un froid intense continuent à marcher, à nager, à sentir; en les ouvrant, nous avons reconnu l'abolition totale de tous les mouvements des muscles intérieurs et même du vaisseau dorsal. >' Les muscles de la vie organique sont plus sensibles aux excitations directes que les muscles de la vie animale; ils obéissent plus difficilement à l'action nerveuse; l'irritation d'un nerf ne provoque de contraction que si elle est intense, la contraction ne suit pas immédiatement l'effet delà cause excitante, elle persiste alors même que cette cause a cessé d'agir. » Si l'on examine au microscope, soit un fragment du vaisseau dorsal, soit un fragment du cardia ou du pylore, on constate, en l'absence de tout filet nerveux, la permanence des contractions rhythmiques; elles durent pendant plus d'une demi- heure dans les fibres du vaisseau dorsal qui sont dépourvues de nerfs, comme nous en a convaincu un examen attentif. Il n'est pas possible, en présence de pareils résultats, de nier que la propriété de produire des mouvements rhythmiques ne soit inhérente à la fibre mus- culaire. » Les nerfs agissent et comme excitants directs et comme agents de coordination entre les organes de la vie végétative; en voici des preuves . on accélère les mouvements du cardia et du pylore par la piqûre du der- nier ganglion de l'abdomen ; on produit les mêmes effets par suite de la lésion des ganglions sus et sous-œsophagiens; on augmente les mouvements C. R,, i8t5i, ," Scmesire. (T. LM, N° lô "^ ( 654 ) de déglutition en coiipiuil le nerf stomatogastriqiie; on fait contracter le cardia en irritant le pylore, et les organes génitaux en irritant les antennes. Les muscles de la vie organique réagissent vivement sous l'influence Jes agents chimiques, physiques ou mécaniques. » Pour analyser le mécanisme de la sécrétion dans un organisme simple, nous avons lait de minutieuses recherches sur les fonctions des glandes anales annexées à l'appareil génital chez les Dytisques; nous avons été con- duit aux résultats suivants : La glande est formée de deux parties; un long tube flexueux rempli de cellules est destiné à la formation d'une matière grasse, jaunâtre, odorante; un réservoir et un canal ouvert sur les côtés du dernier anneau servent à l'accumulation et à l'expulsion du produit. » Dans cette glande, l'acte chimique et l'acte mécanique sont distincts. L'acte chimique consiste dans la production au moyen de l'air et du sang, de la matière grasse odorante, constituée, comme nous l'a appris une ana- lyse de M. Berthelot, par le mélange d'un acide et d'une substance neutre saponifiables. Le fait essentiel est que la sécrétion s'accomplit dans les cellules sans le concours de l'action nerveuse; le tube sécréteur est en effet complètement dépourvu de nerf. » L'acte mécanique s'accomplit au moyeu du réservoir du conduit ex- créteur et des muscles des parois abdominales. Nous avons réussi à provo- quer à volonté l'expulsion de la matière grasse : il suffit de léser profondé- ment le dernier ganglion de l'abdomen. L'expulsion est aidée par les mus- cles des derniers segments de l'abomen; elle est impossible en effet si ces muscles ont été coupés. » Tels sont les résultats de nos études; en indiquant en quoi consistent chez un insecte les propriétés et les fonctions essentielles des nerfs et des muscles de la vie organique, nos recherches donneront peut-être une idée des services que peuvent rendre à la physiologie générale les expériences exécutées sur les organismes inférieurs. » PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la voix humaine; extrait d'une Note de M. Garcia. (Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie des Sciences, pour le prix de Physiologie, quelques découvertes que j'ai faites sur la voix humaine à l'aide d'un procédé de mon invention qui depuis a reçu ( 655 ) le nom de Laryngoscope. L'accueil fait par l'Acarlémie aux travaux de MM. Tiirk et Czermak pour l'application qu'ils ont si heureusement faite à la pathologie de l'instrumenf; que j'avais imaginé pour mes recherches de pure physiologie, me fait espérer que ma demande sera reçue avec une bienveillante indulgence. Qu'il me soit permis d'indiquer en peu de mots sur quoi je base ma demande et de signaler les résultats que je crois avoir obtenus le premier. » Et d'abord, invention et application d'un instrument destiné à l'obser- vation directe de l'appareil vocal. Cet instrument se compose de deux mi- roirs: l'un, petit, que l'on introduit dans le pharynx; l'autre, plus grand, qui sert à la fois à éclairer le premier et à recevoir l'image réfléchie. A l'aide de ce nouvel appareil j'ai constaté : » 1° Que les cordes vocales supérieures ne sauraient produire des sons : la position qu'occupent les muscles qui correspondent à ces ligaments vient confirmer cette observation ; » 2° Que la voix humaine est produite exclusivement par la glotte infé- rieure; » 3'^ Que les cordes vocales tiennent de leur élasticité, uniquement, la faculté de faire naître des sons; » 4° Que les explosions de lair sont la cause primordiale du son, tout aussi bien dans les instruments que dans la voix ; » 5° Que dans le mécanisme qui réunit en gamme les sons de la voix, on distingue un mouvement extérieur, visible avec le secours des miroirs, er une cause interne que l'anatomie seule fait comprendre; » 6° Que le mouvement visible consiste en un raccourcissement pro- gressif d'arrière en avant et en un rétrécissement correspondant de la partie vibrante de la glotte, de sorte qu'il se (orme pour ainsi dire une nouvelle glotte plus petite pour chaque nouveau son ; » 7° Que la cause interne se révèle par la disposition des fibres du fais- ceau musculaire qui prend naissance dans la cavité antérieure de l'aryté- noïde : un examen attentif m'a conduit'à reconnaître cette disposition re- marquable, dont je n'ai pas trouvé la description dans les traités d'ana- tomie ; » 8" Que les caractères différents de la voix humaine que l'on nonmie registres, tiennent à la profondeur des surfaces mises en contact pour for- mer des vibrations : ainsi, dans le registre de poitrine les ligaments vocaux sont tendus et entrent en contact dans toute la profondeur de l'apophyse 86.. ( G56 ) ai>lérieiire do l'an U'iioïde ; dans le registre de fausscl-léle, ce sont les bords seids des ligaments qui se tendent et se louchent; « 9° Que chaque registre se trouve formé de deux parties assez distinctes : Tune, la plus basse, résulte des vibrations de la glotte bi-coiuposée; l'autre,, la plus haute, de celle du ligament tout seul ; » lo" Enfin, que l'éclat ou le voile des sons dépend de ce que les bonis do la glotte s'api^liquent plus ou moins exactement l'un contre l'autre après chaque explosion. » Ces diverses observations ont été publiées pour la première fois et avec plus de développement dans les Proceedings de la Société Royale de Londres, vol. VII, i855, n° i3, puis dans une traduction française, imprimée à Pans en i855, dont je joins un exemplaire à ma demande; enfin dans une seconde édition précédée d'une Note sur le Laiyngoscope. Des exemplaires de cet opuscule ont été adressés soit à la bibliothèque de l'Institut, soit à plusieurs Membres de ce corps savant et notamment aux Membres composant les sections d Auatomie et Zoologie, et de Médecine et Chirurgie. » Les pièces destinées à concourir pour plusieurs des prix que décerne l'Académie devant être remises avant le i" avril, beaucoup de travaux, les uns manuscrits, les autres imprimés, ont été envoyés depuis la dernière séance, connue pièces de concours: ces derniers se trouveront mentionnés au Bulletin biblioijraphiqite; quant aux manuscrits, ceux qui ont été déposés sur le bureau étaient envoyés par les auteurs dont les noms suivent. CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉbECINE ET DE CHIRURGIE. M. LiYS.— « Mémoire sur la structure du système nerveux cérébro- spinal : Étude du cerveau, auatomie, physiologie, pathologie « (avec atlas- et indication des parties que l'auteur considère comme neuves dans son travail). M. MiCHE.i. — « Action physiologique de l'atropine; inductions en fn- veurd'uu trailomont rationnel de l'épilepsie ». M. PizE (Louis). — « Emploi du perchlorure de fer dans le traitement du Purpura hœniorriiaijù a et du scorbut ». y\. Ch.vssagne. — « Forceps à traction soutenue et à pression progres- sive : précédé d'un examen critique des forceps employés jusqu'à ce jour ». ( 657 ) ■ m. TiLLAtx. — « Développement du sinus frontal et rôle physiologique des sinus de la -face ». M. TiîiPiEu. — « Traité d'électrothérapie ». chapitres III, IV et V (par- tie médicale); avec l'analyse exigée par le programme du concours. PRIX CONCERNANT LES ARTS INSALUBRES. M. Graf (Franc. Jos.j. — « Fabrication des aiguilles par un procédé qui écartepour les ouvriers le double danger résultant de l'explosion des meules et de l'inspiration des poussières siliceuses et ferrugineuses ». Ce procédé de fabrication est annoncé comme notablement économique et comme donnant d'excellents produits. Outre la figure et la description de la machine que l'inventeur a montée à Haaren près d'Aix-la-Chapelle et de spécimens des produits, l'envoi contient de nombreuses pièces justificatives. CONCOURS POUR LE GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES , QUESTION CONCERNANT LA THÉORIE GÉOMÉTRIQUE DES POLYÈDRES. Un Mémoire qui a été inscrit sous le n° 2 a été reçu pour ce concours, qui reste ouvert jusqu'au 3ojuin 1861. CONCOURS POUR LE PRIX ALHUMBERT. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA QUESTION DES GÉNÉRATIONS DITES SPONTANÉES. Un Mémoire, écrit en italien, a été adressé de Gallipoli (terre d'Otrante), par M. C. Baldari, pour ce concours, qui n'exige pas que les auteurs tien- nent leur nom caché, et qui restera ouvert jusqu'au 3o septembre. M. Carbonnel, à l'occasion d'une conuiiunication faite à l'Académie, le 25 février dernier, concernant les bancs d'huîtres artificiels, ra[)pelle les efforts qu'il a faits depuis nombre d'années pour doter d'établissements semblables les parties convenables de notre littoral. Il s'attache à prouver que la priorité sur ce point lui appartient : d'une part, en fai.>;ant voir que, pour les temps antérieurs à ses essais, les prétendus bancs artificiels étaient crées par le hasard et seulement exploités avec plus ou mouis d intelligt'Mct' par l'industrie; d'autre part, en soutenant que les procédés qui réussisserjt aujourd'hui (dans certains lieux et non dans tous) sont ceux qu'il recom- mandait et dont la généralisation n'a pu être obtenue, parce que l'adminis- ( 658 ) tration de la marine lui interdisait en 1847 l'emploi de moyens contre les- quels l'administration actuelle ne trouve pas d'objections à faire. (Commissaires précédemment nonnnés : MM. Milne Edwards, Cosle, Valenciennes. ) M. Berignv, présente en son nom et celui de M.\I. Le Dec et Dauvé, im Mémoire sur un monstre double, né à Versailles le 21 mars 1861 . (Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire. ) M. Skipton, qui, dans une Lettre écrite d'Edimbourg et mentionnée à la séance du 4 mars dernier, avait annoncé l'intention de soumettre au juge- ment de l'Académie un appareil de son invention pour le traitement des fractures comminutives des membres inférieurs, envoie des spécimens des éclisses dont il se sert dans ces sortes de cas. ( Commissaires précédemment nommés : MM. J. Cloquet, Jobert.) M. DE BiALOPioTRowicz envoic une addition à sa Note sur la cure de la rage par la méthode Truskowski. (Commissaires précédemment nommés : MM. Rayer, Bernard, Cloquet.) M. SiMONNAR soumet au jugement de l'Académie la description et la figure , d'une nouvelle sonde exploratrice destinée à faire connaître le sol sous- marin tant pour les besoins delà géographie et de la géologie sous-marine que pour le choix des lieux où doivent être immergés les câbles télégra- phiques, (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Duperrey.) M. DE Laronce, qui avait précédemment présenté ( 7 décembre 1 867 ) un Mémoire sur un appareil de son invention, un indicateur des courants ma- rins, annonce aujourd'hui que, dans une dernière campagne abord de la frégate tisis, il a pu, comme officier chargé de la route, constater de nou- veau la rigoureuse exactitude des indications fournies par cet instrument. (Commissaires, MM. Dupin, en remplacement de feu M. Daussy, Babinet, Duperrey.) (659) M. Christian, auteur d'dne Note présentée à la séance du 28 janvier der- nier « sur un projet de boussole indépendante des variations magnétiques », adresse un supplément à ce travail. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillel, Regnault, Duperrey.) M. ZiMMEKMANN présente de nouvelles additions à ses précédentes com- munications sur l'orgue. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Duhamel.) CORRESPONDANCE. M. RocLANo, Ministre de l'Instruction publique, Président annuel de la Société de Géographie, demande pour la bibliothèque de cette Société les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie. (Renvoi à la Commission administrative.) M. LE Préfet de Pouce adresse un exemplaire du Rapport général sur les travaux du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité du département de la Seine depuis 1849 jusqu'à '858 inclusivement. M. Trébuchet, rédacteur de ce Rapport, en adresse un autre exemplaire et prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des pièces admises à concourir pour le prix dit des Arts insalubres, « ce travail renfer- mant, dit-il, les renseignements les plus étendus et les plus pratiques sur les professions insalubres et sur l'hygiène professionnelle ». M. PiMONT prie l'Académie de vouloir bien comprendre parmi les uiven- tions admises à concourir pour le prix dit des Arts insalubres son invention du calorifuge plasticjue, enduit dont l'application a pour résultat d'empêcher le rayonnement de la chaleur sur toutes les surfaces métalliques chauffées par le feu direct ou par la vapeur, permettant d'éviter cette chaleur suffocante dont avaient tant à souffrir les mécaniciens et chauffeurs. ( 66o ) M. BocRDON' (Isidore) prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'exa- inen de la Commission du prix Bréant un travail manuscrit accompagné de dix-neuf tableaux sur l'épidémie de i854, travail qu'il a déposé en i855 et 1 8 56 et auquel il a joint récemment quelques additions et corrections. (Renvoi à l'examen dt; la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale.) f/Académie reçoit diverses I.,ettres de remercîments adressées par les institutions scientifiques ou par les savants dont les noms suivent : L'Académie des Sciences de Lisbonne : pour l'envoi récent de phisieiu's des publications de l'Institut. La Société Médicale et Chircrgicale de Londres : pour l'envoi du tome XXVIII des Mémoires. Le British Muséum : pour l'envoi du même volume. M. Herschel également. ^I. Bergeron : pour le prix accordé à son ouvrage sur la stomatite des solduts. (Séance publique du aS mars 1861.) M. Dessaigne : pour un des prix de la fondation Jecker qui lui a été décerné même séance. CHIMIE ORGANIQUE.— De l'action de la chaleur sitr le TiUtd le d'aniline; ê jiar M. Béchamp. " Le nitrate d'aniline cristallise en gros cristaux transparents, durs et inaltérables à l'air. Il ne perd pas d'eau lorscpi'on le maintient pendant plusieurs heures a la température de 100 à 120". Chauffé à 1 So" dans une cornue, il ne dégage pas d'eau non plus. Ce sel peut donc être regardé comme anhydre et représenté par la formule NO%C''II'N,HO. Son iiialté rabihté et sa stabilité, comme je l'ai dit ailleurs, sont très-grandes. On peut remarquer qu'il représente la nitraniline plus 2 équivalents d eau ; NO%C'^H'N, HO = C'='H«,NO',N + 2nO. ( 66i ) C'est ce point de vue qui m'a fait entreprendre cette expérience et tenter de produire ainsi la nitraniline. » Lorsqu'on chauffe (au bain d'huile) le nitrate d'aniline dans une cor- nue munie d'un récipient, il résiste d'abord, sans décomposition, jus- qu'à 210°. Mais si l'on maintient la température pendant plusieurs heures à i5o-i8o°, on le voit se sublimer, sans fondre et sans dégager d'eau. Les parties de la cornue qui émergent du bain se recouvrent d'un enduit cris- tallin, et il s'y dépose des cristaux en barbe de plume d'une blancheur écla- tante. Ces cristaux présentent les caractères du nitrate d'aniline : ils .sont solubles dans l'eau, et la solution se colore en violet par l'hypochiorate de chaux; jetés dans un mélange de sulfate ferreux cristallisé et d'acide sulfu- rique ordinaire, ils le colorent eu rouge fleur de pêcher. Mais comme cette dernière réaction appartient aussi aux nitrites, la question ne pourra être tranchée qu'après l'analyse du sel sublimé. » La température étant alors poussée au delà de 190°, il arrive un mo- ment où l'on voit les cristaux du fond de la cornue devenir comme hu- mides, puis tout à coup une réaction vive s'établit, des vapeurs abondantes se dégagent : pour les condenser, il faut que le récipient soit suivi de plu- sieurs flacons entourés d'eau froide. Le liquide condensé est un produit goudronneux mêlé d'un peu d'eau. Cette matière est ensuite reprise à chaud par l'acide chlorhydrique concentré étendu de son volume d'eau; il se fait ainsi une dissolution jaune, et il reste une matière noire, semi-liquide. La liqueur acide sursaturée par du carbonate de soude fournit un léger précipité et une dissolution jaune qui, introduite dans une cornue et distillée à siccilé, donne dans le récipient un liquide de mèriie couleur, qui rappelle de loin l'odeur de l'aniline et teint la soie et la peau en jaune. Ce produit sursaturé d'acide chlorhydrique reste jaune; mais suffisamment concentré au bain- niarie, il finit par donner des cristaux incolores de chlorhydrate. La disso- lution, concentrée au point de cristalliser, étant traitée par l'ammoniaque, laisse déposer un précipité jaune floconneux, cristallin. C'est-à-dire que le chlorhydrate et la base présentent tous les caractères qui ont été assignés à la nitraniline dérivée de la dinitrobenzine (i). •' Ainsi le nitrate d'andine soumis à faction de la chaleur se décompose (1) On a eu le soin de s'assurer que cette base jaune est différente de l'acide picriqne et de la base jaune dont il a été question dans un autre Mémoire. ce., 18G1, i"Semcs(,e. 'T. LU, ^'' l," 87 { 66i ) d'après l'équation suivante : NO% C'^H'N, HO = 2HOh-C'*H"N, NO', Niliatiilide. comparable à la décomposition de l'oxalate d'ammoniaque dans la célèbre expérience de M. Dumas : C*0% NU', H0 = 2HO + NH^C^O% Oïamide. OU à celle de l'oxalate d'aniline dans l'expérience deGerhanlt calquée sur celle là : (;^0%C'='H'N,HO = 2HO-+- C'^H^N,C=0^ Osanilidc. >i D'après ce mode de génération la nitraniline serait la 7iitranilide , c'est- à-dire un composé qui est au nitrate d'aniline ce que la nitramide serait au nitrate d'ammoniaque. Quoi qu'il en soit, le rendement est peu abondant; mais je ferai de nouvelles tentatives pour régulariser cette réaction qui est la première en son genre et que je me propose d'étudier sur d'autres nitrates organiques. » Lorsque, au lieu de chauffer le nitrate d'aniline seul, on y ajoute de l'aniline, les produits et les pliénomènes sont d'un autre ordre: mais la nitraniline est un terme constant de la réaction. Voici le résumé d'une expérience. Dans une cornue chauffée au bain d'huile, j'ai introduit 100 grammes de nitrate d'aniline en volumineux cristaux et 5o grammes d'aniline. Cette quantité d'andine est suffisante pour dissoudre, à 160", tout le nitrate, et celui-ci recristallise ensuite inaltéré parlerefroidisseiiienl. Mais si l'on maintient la température du bain entre 180 et igS", le mélange se fonce en couleur, d^^venant déplus en plus violet; il reste constamment liquide, sa surface subit un frémissement comme un dégagement gazeux, mais il ne se dégage pas de gaz. Au bout de huit heures on a mis fin à la réaction. Il avait distillé environ 3o grammes d'aniline et d'eau. Le résidu dans la cornue se solidifia en se refroidissant, il a été repris par l'eau bouil- lante. Il se fitune dissolution rouge et un résidu visqueux. Après le refroi- dissement on a décanté la liqueur surnageante et on la concentrée : il s'y est déposé du nitrate d'aniline cristallisé, rougi par une base rouge. ( 663 ) » [.a masse visqueuse a été lavée à l'eau et mise à bouillir, plusieurs fois, avec une dissolution étendue de carbonate de potasse. Après ces traite- ments elle est devenue plus dure et pulvérisable. La solution potassique est colorée en jaime; distillée presque jusqu'à siccité, elle a fourni dans le l'é- cipienl une liqueur jaune qui, acidifiée par l'acide clilorhydrique et con- centrée, produisit des Cl istaux incolores de chlorhydrate de nitraniline d'où Ion put séparer la base jaune par les procédés connus. •' La masse visqueuse qui reste après ce traitement est un mélange qui contient de la fuchsine, une substance donnant une solulion bleue avec l'a- cide clilorhydrique et le violet dont j'ai déjà parlé; mais ceci fera l'objet d'une Note spéciale. Je prie seulement l'Académie de me permettre de rap- peler que, dans l'action des nitrates sur l'aniline, l'acide nitrique se retrouve combiné avec cette aniline, et que ce n'e.-.t que par une action secondaire que le nitrate d'aniline |)eut être attaqué, ainsi que cela vient d'être dit. Dans une opératioii régulière, je le répète, on retrouve tout l'acide nitrique des nitrates; il n'y a donc pas lien, vu la grande stabilité du nitrate d'ani- line, de supposer que la fuchsine est un produit uitré. LVquation de la gé- nération de la fuchsine par le nitrate mercureux est la suivante, abstraction faite des produits accessoires : 2C'^H'N= 2NO'Hg^02HO=2lSO% C^'^H'N, HO + CH^ON -i- 3HO. » Qu'il me soit permis, à ce propos, de rappeler que l'équation que j'ai donnée delà génération de la fuchsine n'est pas, comme M. E. Kopp me le fait dire [Répertoire de Chimie pure et appliquée, janvier 1861), celle-ci : 3(C'^H'N) + aCFSn + HO=:2ClSn-l-C'-irN, ClH + C'MPNO, ClH, mais bien la suivante, en mettant des accolades : 3(C'='H'N) + 2Cl''Su + HO = 2{ClSn, ClH, C/^H'N; + C'-H-'ON, le composé ClSn, ClH, C'^H'N (chlorostannite de chlorhydrate d'a- niline) étant une combinaison isolée qui possède des caractères tres-lran- chés (soluble, fusible et volatile), qui ne se forme pas avec l'aniline anhydre et qui fait rejeter toute hypothèse qui admet du chlore dans la fuchsine. L'aniline anhydre n'étant pas encore connue, j'aurai l'honneur d'en préciser les caractères dans une prochaine Note. » 87.. ( 664 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur tes urées des ammoniaques dialomiques; par M. VOLHARD. " L'action de l'acide et des éthers cyaniqiies sur les monamines donne naissance à des corps qu'on a désignés sous le nom d'i/rees composées. » En adaptant cette réaction aux diamiues, j'ai obtenu un groupe d'urées composées d'un ordre supérieur, remarquables et par leurs caractères bien définis et par les transformations qu'elles subissent. » Le dichlorure d'éthylène-diammonium, traité par le cyanate argen- tique, produit l'urée éthylénique, qu'on obtient sous forme de beaux prismes en évaporant la solution séparée du chlorure d'argent. Ce corps est soluble dans l'eau et dans l'alcool; il renferme et se forme donc par l'union d'une molécide d'étliylène-diamine avec deux molécules d'acide cyanique C-H«N=' + 2(CHN0) = C"H'*'N'0^ ') L'urée éthylénique fond à 192°; elle se dissout facilement et sans dé- composition dans les acides chlorhydrique et nitrique, mais elle ne se com- bine jjasavec ces acides. Les solutions évaporées au bainmarie abandonnent l'urée éthylénique à l'état de pureté. Sous l'influence de la potasse, ce corps fixe les éléments de l'eau et se transforme en acide carbonique, en ammo- niaque et en éthylène diamine C'est donc une véritable urée. » L'urée éthylénique se combine avec le bichlorure de platine et le tri- chlorure d'or. i) Le sel platinique s'obtient en prismes d'une couleur rouge-orangé ren- fermant G4n.ojj4oa, HCI, PtCl^ » Le sel d'or cristallise en écailles jaunes d'or; il contient C^H'-'N^OSHCl, AuCl'. {*)H = i, 0=16, C = i2, etc. ( 665 ) " L'analyse de ces combinaisons fixe la valeur nioléciilairo de l;i nouvelle urée. On remarque que ce corps, quoique dérivant de quatre molécules d'ammoniaque, retient les caractères d'une molécule simple d'ammoniaque; cest un tétramine monacide. » Urées étit/tène-étii/liques. — En soumettant le cyauate argeutique à l'action du dibromure d'étbyléne-diammonium-diéthylique, on observe luie réaction analogue à celle qu'on produit par l'élhylène-diamine. La solution séparée du bromure d'argent se prend en masse par le refroidissement. La nouvelle substance se purifie facilement par la cristallisation dans l'alcool absolu, qui dépose l'urée éthylène-diétylique sous forme d'aiguilles inco- lores extrêmement solubles dans l'eau et dans l'alcool, et conteuant » L'urée diéthylène-diétliylique fond à i 24° en se décomposant en partie. Combinée avec le bichlorure de platine, elle donne naissance au sel C8H'SJ^4Q2 YiQ p(CP. » Le trichlorure d'or forme un sel analogue, qui est extrêmement instable et ne se prête pas à l'analyse. » Quand on verse goutte à goutte de l'éther cyanique dans l'othylene- diamine anhydre, on obtient une réaction des plus vives. Chaque goutte tombe avec le bruit du fer rouge plongé dans l'eau. Par le refroidissement, le mélange se solidifie en une masse cristalline qu'on purifie sans difficulté en la dissolvant dans l'eau ou dans l'alcool faible. Ou obtient de cette ma- nière des aiguilles fines dont voici la composition : C*H'»N*0^ C'est la formule du corps obtenu par l'action du cyanate d'argent sur le dibromure d'éthylene-diammonium-diéthylique Mais ces deux substances sont loin d'être identiques. » L'urée qu'on obtient au moyen de l'éthylene-diamine et de l'éther cyanique se dissout facilement dans l'eau bouillante; elle est difficilement soluble dans l'eau froide, moins soluble dans l'alcool ordinaire, presque insoluble dans l'alcool absolu ; elle fond à 201" et se solidifie de nouveau a 1 85°. Cette matière est très-stable, mais parfjîitement indifférente. J'ai vaine- ment essayé d'obtenir les combinaisons de bichlorure de platine et de trichlorure d'or qu'où produit si facilement avec le corps engendré par l'action réciproque entre l'éthylèncdiamine-diéthylique et l'acide cyanique. ( 666 ) » Une comparaison superficielle des propriétés physiques des deux sub- stances suffit pour établir la différence absolue entre les deux isomères; mais cette différence se manifeste d'une manière encore plus saillante par l'étude des changements que les deux corps subissent sous l'influeuco des réactifs. . Traitée par la potasse, l'urée, engendrée par l'union de l'éthylène- diamine-diéthylique avec l'acide cyaniqne, fournit, d'un côté de l'éthylène- diamine-diéthylique, et de l'autre de l'acide carbonique et de l'anuno- uiaque, soit les produits de décomposition de l'acide cyanique (;'h'*n*o=' + 4kho = (c=h*)"(c='h')»H2N^+2H^n + 2K.h:o». Au contraire, l'urée qui floit sa naissance à l'action de l'éthylène-diaminesur l'éther cyanique se scinde sous i'uifluence des alcalis en éthyléne-diamine d'une part, en acide carbonique et en éthyiamine d'autre part, c'est à-due en dérivés de l'éther cyanique CMi"N*0=' + 4KHO = (eH*)"H*N* = liC^^R' H='N-)- 2K^C0^ I) Les faits que je viens de signaler démontri-nt d'une manière incon- îestable que les deux groupes moléculaires respectifs qui ont engendre les différentes urées éthylène-éthyliques se conservent intacts dans les combi- naisons auxquelles ils donnent naissance. L'une de ces deux urées peut être considérée comme un dicyanate d'éthylène-diammonium-diéthylique ; l'autre est un diéthylcyanate d'éthylène-diamnionuim, ce qui explique' d'une manière satisfaisante les différents produits de destruction des deux corps. » Les observations précédentes font voir l'isomérie d'un très-grand nombre de substances supposées identiques jusqu'à présent. Les urées des ammoniaques monatomiques présentent des cas d'isomérie parfaiteiiieiit semblables à ceux que nous venons d'énoncer pour les urées des anuno- niaques diatomiques. » L'urée diéthylique, engendrée par l'éther cyanique et par l'éthylamine, se distingue par des propriétés saillantes de l'urée qu'on forme en soumet- tant la diéthylaniine à l'action de l'acide cyanique. Sous l'influence de la potasse, ces deux corps se scindent, le premier en acide carbonique et en éthyiamine, le second en acide carbonique, en ammoniaque et en diétli\ - lannne. Même l'inéc éthyliqiie, préparée à l'aide de lacide cyanique et de l'éthylamine, diffère par quekpies propriétés physiques do l'urée éth^ilq!le qu'on obtient par l'éther cyaiuque, quoique sous i infhionce de la pt)ta se ( 667 ) les deux urées donnent exactement les mêmes produits de décomposition, c'est-à-dire de Tncide carbonique, l'éthylaiiiine et l'ammoniaque. » Le travail dont les résultats viennent d'être exposés a été fait au laboratoire de M. Hotmann, à Londres. » PHYSIQUE. — Clironographe à pendule conique, par M. Martin de Brettes, construit par M. Hardy ; Note de M. Despketz. (' Ce chronographe se compose d'un cylindre métallique couvert d'une bande de papier. » Une pointe de platine tourne autour de ce cylindre par l'action d'un inouveiiieiit d'horlogerie; le mouvement de celte pointe est réglé par un pendule conique; elle fait un tour complet en une seconde; les espaces par- courus par la pointe sont proportionnels au temps. » Dans le chronographe de Martin de Brettes que nous avons présenté il V a quelques mois, on ne pouvait guère mesurer qu'un tiers de seconde; dans celui que nous présentons aujourd'hui, on estime des fractions très-petites de temps, ce qu'on conçoit facilement, l'espace parcouru par la pointe de platine en une seconde étant de 76 centimètres. » La pointe est près du papier, mais ne le touche pas; les étincelles d'ui- (luction jaillissent sur le cylindre métallique, en perçant le papier, à chaque rupture du circuit inducteur. )) Dans les expériences de balistique, on dispose des cadres-cibles, en rapport avec le circuit inducteur; a différentes distances du point de départ flu mobile dont on cherche à mesurer la vitesse, en sorte que l'instant du passage du mobile à travers le premier cadre-cible se tiouve marqué sur la bande de papier par un trou noir. Il en est de même du passage à travers les seconds cadres-cibles. On peut d'ailleurs opérer avec plus de deux cadres, si l'on se propose d'étudier la loi du mouvement. « Nous croyons pouvoir rappeler que plusieurs savants ont proposé des chronographes ou chronoscopes. Nous citerons MM. Wheatstone, Pouillet, Constantinolf et Breguet, le capitauie Navez, Glossener. » M. Grimadd, de Caux, à l'occasion d'une communication récente con- cernant certaines espèces animales qui, vivant habituellement dans l'eau salée, se seraient habituées à vivre dans l'eau douce, cite un fait qui lui semble analogue, l'existence de sardines dans le lac de Garde. M. Valenciennes fait remarquer que les prétendues sardines du lac de ( 668 ) Garde n ont avec les sardines vraies de commun que le nom et appartien- nent réellement à un genre différent. M. U.tROEL, instituteur à Sainte-Radegonde (Gers), adresse la démonstra- tion d'un théorème de géométrie propre à éviter dans l'exposé de la théorie des parallèles l'emploi d'un postulatum. M. Delaunay est invité a prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Géographie et de Navigation complétée par l'adjonction de MM. Ditpm et Elie de Beaumonl présente, par l'organe de son doyen, M. Diifjerrey\, la liste suivante de c.tndidats pour la place devenue vacante par suite du décès de M. Daussj. En première ligne M. DeTessan, ingénieur-hydrographe. En deuxième ligne M. Paris, contre-amiral. En troisième ligne M. Peytier, ingénieur-géographe. M. Chazai.lox. M. D''Abbadie. M. Da RONDEAU. M. De Kerhai.i.et. M. Rexoi. En qiinlrième ligne ex œgiio et par ordre alplmbétigue. L'Académie a entendu les Rapports sur les travaux de quatre des can- didats; les autres Rapports, vu l'heure avancée, ont été remis à la prochaine séance. La séance est levée à G heures. F. ( GGy ) BUM.ETIN BlBLIOUItAP'lilQlE. ].' Académie a reçu clans la séance du i""^ avril 1861 les ouvrages dont voici les litres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DecaiSNE; 44* 'i^.; in-4°. Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de la France, contituiée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un cotnité spécial. Terrain crétacé. Tome VII, i'" livr. Ecliinides irréguliers; par M; G. COïTEAU. Paris, 1861 ; in-8°. (Présenté, à la séance du 18 mars, par M. de Verneuil.) OUVRAGES DESTINÉS AU CONCOURS POUR LE PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. Hygiène des ouvriers mineurs dans les exploitations houillères; par le D*^ A. RiEMBAULT. Paris, 1861 ; in-8". Etudes pratiques su)' les murmures vasculaires ou bruits de souffle et sur leur valeur sémiologique; par le D'' Chauveau ; br. in-S". Mémoire sur C excitabilité de la moelle épinière ; par le même; br. in-8°. Observations physiologiques sur la voix humaine; traduction d'un Mémoire publié dans Its Proceedings of the royal Society; par M. Manuel Garcia. Paris, i855; br. in-8". Notice sur iinvention du birjngoscope ou miroirs du larynx; par Paulin Richard, servant d' introduction à la 2" édition des Observations physiologiques sur la voix humaine; par Man. Garcia. Paris, 1861 ; br. in-8''. Rapport général sur les travaux du Conseil d' Hygiène publique et de Salubrité du dépaitement de la Seine, depuis i8l\C)jusciuà i858 inclusivement, rédigé par M. Ad. TrébuCHET, publié par ordre de M. le Préfet de Police. Paris, 1861 ; 2 exemplaires in-4°. OUVRAGES DESTINÉS AU CONCOURS POUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. De l'accouchement naturel lent et du moyen non dangereux de l'abréger; pat le D"^ P.-L. BouRROUSSE DE Laforre. Paris, 1860; br. in-8°. Nouveau Traité des maladies vénériennes d'après tes documents puisés dans la clinique de M. Ricord, etc.; par le D' Melchior Robert. Paris, 1861 ; in-8". C. R., 1861, I" Scmeurc. (T. LU, N" 15 ) 88 ( 67" ) Précis d histologie hninaiite ; par \e D' C. jMorei, ; dessins d'après nalme, par le D' A. Villemin. Paris, nSGo; br. iii-8°. Mémoire sur nue maladie particulière des genoux; par le D"' ReGNAUKT. Paris, 1861 ; br. iii-8". Principes de lu do( Irinc et de la nié/hode en médecine. Introduction à l'étude de la palholofjie et de In ihérapeulicpie ; par le D' Delioux de SavignaC (a\ec l'indication en double exemplaire des parties que l'auteur considère comme neuves dans son travail). Paris, 1861 -, in-8°. Recueil de Mémoires sur la pharmacologie, la pathologie et la thérapeutique médicales; fiat le même; in-8". Traité des tumeurs de l'orbite ; par M. le U' Demahquav. Paris, 1860; iii-8". Monographie chiuvque de l'affection catarrhale ; par le D'' FuSTEli. ^Mont- pellier, i86i; in-B". Diclio)inaire général des eaux minérales et d'hydrologie médicale; par MM. Duuand-Fardel, Eugène T.E Hret, J. Lefort, et Jules Françoi.s; Paris, 1860; 2 vol. in -8°. De l'interdiction des aliénés; par M. H. DE Castelnau. Paris, 1860; in-8''. Traité pratique de la pustule maligne et de l'œdème malin ou des deux formes de charbon externe chez l'homme; par le D"" BOURGEOIS. Paris, i85i ; in-8°. Hygiène de In vue, etc. ; par krXhwCwvyxUKW. Paris, 1861 ;br. in-12. Becherches sur l'azote et les matières organiques dans l'écorce terrestre; pai M. Delesse; br. in-8". Etude historique sur les mar(pds de Ragny et de Mont-Réal, etc. ; par M. le marquis DE RaGNY. Lyon, 1860; br. in-4''. Notices sur un étnléride et sur un ixode; par le D'' Th. BelvaL; br. in-4". Mémoire sur la floraison des vitres par la gelée ; par Spiridion PaSCAEIS de Corfou. Montpellioi', 18G1 ; in-8". Brevets d'invention. Projet de M. Boutai 'M. le chanoine Giac. Di Negro. Spe/ca, 1861 ; in-8°. Elementi... Eléments fondamentaux d'un nouveau système endermùjue, vu la M édeeine réduite à un seul principe jj/iysiolocjicjue et palholoqique ; jiar Wvw. Mole. Palerme, iSSg; br. in-8". Revista... Revue d' œuvres pid) liques; IX.'^ arwiée, n''6; Madrid, i teiiille d'impression in-zj". Naclirichten . . . A^ouuelles de l'Université et de. la Société royale de Gœttim/ue; n"' /|, 5 et 6; ui-12. Monatsbericht... Comptes rendus des séances de t .Jcadémie our la siience de la nature; par Ch.-Gust. Carus. Vienne, 1861 ; in-S". The Journal... Journal de matière médicale; vol. 111, n° 1. New-Lebaiinn (comté de Columbia, Etat de New-York), 1861; in-8". Natural history... Revue d'histoire tiaturelle, journal trimestriel des sciences liiolocjiques ; \"' numéro. Londres, 1861; in-8°. The quarterly journal... Journal trimestriel de la Société chimi- PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur tes lois mathématiques de r écoulement et de la détente de la vapeur; par M. J. Carvallo. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Combes, Morin.) <» Les recherches que nous avons faites à l'occasion de l'injecteur Giffard 90.. ( 684 ) nous ont permis de déterminer les lois de l'écoulement de la vapeur, qui s'effectue, non comme un fluide de densité et de température constantes, mais bien avec détente, abaissement de pression et de température. » Nous donnons la formule de la vitesse de l'écoulement en tenant compte des variations de pression et de température et de la loi tabulaire ou physique qui lie ces deux quantités variables. « L'injecteur étant placé sur un générateur, on fait l'expérience que voici : » On puise l'eau d'alimentation dans un réservoir placé sur une bascule sensible. » L'injection est opérée dans un autre réservoir placé également sur une bascule très-sensible. » Le phénomène de l'injection est prolongé de manière à opérer sur des quantités de liquide aussi considérables qu'on le désire. » Le poids de l'eau injectée, diminué du poids de l'eau aspirée, donne précisément le poids du fluide puisé dans le générateur. » Il est facile de reconnaître par la valeur même de ce poids que la vapeur ne s'est pas écoulée comme un liquide de densité constante. » L'expérience, renouvelée aussi souvent qu'on le voudra, démontre au contraire que le poids du fluide émis est inférieur à celui que fournirait de la vapeur sortant sous la pression de la chaudière, avec la densité corres- pondant à celte pression. '• Il y a donc détente de la vapeur. « Deux questions théoriques sont à résoudre ; ces deux questions sont les suivantes : » 1° Déterminer la vitesse d'écoulement ou d'émission à l'extrémité de l'ajutage conique, ainsi que le débit de la vapeur sortant sous une pression ([uelconque inférieure à celle du générateur, en tenant compte des varia- lions de la pression et de la température; i° déterminer la valeur exacte de la détente, c'est-à-dire le rapport de la pression dans la section de sortie à la pression dans le générateur. » Nous donnons dans ce Mémoire la solution de la première question. » Notations. S, Sq, S,, section variable, section d'entrée et section de sortie du tuyau d'émission; g, intensité de la pesanteur; n, 7:0,71,, poids du mètre cube de vapeur dans les sections S, Sq , S, ; V, Vo , V, , vitesses dans les mêmes sections; p, p^, p, , pressions élastiques correspondantes; X> Xo 1 X' » périmètres mouillés dans les sections S, Su , S, ; t, t^, t, , tempé- ratures dans les mêmes sections; X, longueur du tube; |3, coefficient de ( 685 ) frottement; o\ densité tubnlaire de la vapeur; a, coefficient de dilatation, A = ' " " ; pa, pression atmosphérique. » On trouve sans difficulté, pour l'équation différentielle du mouvement de la vapeur dans le tuyau d'émission, placé horizontalement, g ^ p s' » En intégrant depuis Vq, So, /Jq, /q à V, , S, , y», , t\ , nous obtiendrons -S ^A, p Js„ s^^ ^^• » L'égalité du poids de Huide passant dans l'unité de temps par chaque section lorsque le mouvement permanent est établi donne la relation Vo,So,7To = V,,S,,7:,, d'où V„ = V,|^'- » L'intégrale du dernier terme n'est pas connue, mais si l'on y substitue à g la plus grande valeur de ce rapport pour toute la conduite, a V sa plus grande valeur V, , on aura bien évidemment £ '|/3WX Le rapport — est la différentielle exacte du logarithme népérien ou hyperbolique de p. Il en résulte que toute fonction algébrique de logp mise à la place de i -^ at rend exactement intégrable l'expression sous le signe 1 • 0 II s'agit de déterminer l'une de ces fonctions algébriques qui satisfasse aussi exactement que possible aux conditions suivantes : n i" D'être simple; » a" D'être commode pour les applications numériques ; )> 3° De représenter avec beaucoup d'exactitude les lois tabulaires ou les courbes d'interpolation des expériences faites parles physiciens, qui repré- sentent les diverses valeurs de la pression pour des valeurs successives de la température. » Dans les machines à vapeur les pressions les plus usuelles varient entre i et 8 atmosphères. « On peut se proposer de déterminer une expression binôme algébrique, qui fasse passer la nouvelle courbe d'interpolation par trois points de la courbe expérimentale, par exemple par les trois points correspondant à I, 4i 8 atmosphères. » Pour la commodité des calculs, il convient d'exprimer p en centimè- ties de mercTU'c et en nombre variable d'atmosphères, et d'écrire /j = 0,76 ;'. » La fonction cherchée est déterminée en écrivant i -i- ff.t = a -h b {\oo if ; ( 687 ) les constantes ont pour valeur a = i/jo, i = 0,11994, c = 1,17385. Il est facile de s'assurer qu'entre les limites indiquées les valeurs de la pression de la vapeur pour chaque température concordent très-exactement avec celles fournies par l'expérience. » Nous donnons aussi les valeurs des constantes qu'il convient d'adopter au-dessous de 100° et au-dessus de 171°. Le Mémoire renferme une Table comparative faisant connaître : » 1" Les températures; 2° les valeurs de i + af; 3" les logarithmes des pressions en nombre d'atmosphères; l\° les pressions en atmosphères dé- duites de notre formule ; 5° les pressions en atmosphères de la Table de M. Regnault; 6° les pressions en colonne de mercure et en centimètres déduites de notre formule; 7° celles déduites de la Table de M. Regnault. » La Table calculée vérifiant d'une manière aussi exacte que possible l'application de la formule nouvelle, surtout si l'on tient compte des dif- férences résultant des expériences comparées de MM. Dulong et Arago et de M. Regnault, il est actuellement permis de procéder à l'intégration indiquée, et de déterminer la quantité que nous avons désignée par I, et que l'on trouve «(log/„-log/,) + -^[(log'.)'+'-(log/,)'^'] 1 = ±L » La formule qui fait connaître le carré de la vitesse de sortie est, par suite. V * = — . 1 A b a [ log <„ - log /, ) + — - [ ( log /„ )-^' - ( log I, r' ] )• Cette formule est la plus exacte de toutes celles qui ont été données; mais, comme toutes les autres, elle ne peut faire connaître un résultat pra- tique et le débit qu'autant que l'on connaît la température, la pression et le poids de la vapeur à la sortie de la tuyère. » Or c'est là un problème qui n'a pas même été encore posé. w Nous essayerons de l'aborder dans une prochaine communication par des considérations qui touchent aux lois les plus générales et les plus intimes du monde physique, et il sera essentiel de vérifier pratiquement si ( 688 ) ces considérations ne nous ont pis éloigné de la réalité des phénomènes, et nous ont au contraire fait pénétrer plus avant dans la connaissance des vérités de la mécanique moléculaire. » MINÉRALOGIE. — Note suv la présence du platine et de l'étnin métalliciite dans les terrains aurifères de la Guyane; par M. A. Damour. (Commissaires, MM. de Senarment, Delafosse. ) « On a recueilli nouvellement, sur les terrains aurifères de la Guyane française qui bordent les rives de l'Approuaguc, des pépites de diverses grosseurs, et dont les plus volumineuses atteignent un poids de loo à I20 grammes. Elles contiennent, pour la plupart, 94 à 96 pour 100 d'or pur; quelques-unes, plus rares, et qui se font remarquer par leur couleur jaune pâle, ne renferment que 88 à 90 pour 100 de ce métal, qui se trouve allié à 10 à 12 pour 100 d'argent avec quelques millièmes de cuivre. » Plusieurs de ces pépites présentent certaines particularités qui m'ont paru avoir de l'intérêt. Provenant de terrains d'alluvion et ayant subi l'ac- tion mécanique des eaux et des matières arénacées, elles sont, pour la plu- part, émoussées et arrondies sur leurs contours : cependant on remarque sur un assez grand nombre d'entre elles des empreintes très-nettes de petits cristaux qui, ayant disparu, laissent voir des cavités polyédriques éparses sur divers points de la surface métallique. Les facettes qui ont ainsi laissé leur empreinte sont, les unes triangulaires, d'autres pentagonales. Elles sont dues probablement à des pyrites de fer qui, ayant imprimé leui forme sur ieniétal, auront ensuite disparu sous l'influence de quelque dissolvant ou même par suite de leur décomposition spontanée au contact de l'air et de l'humidité. » Une pépite du poids de 85 centigrammes provenant du gite d'Aïcou- paï (crique Hameliu) présente une composition remarquable. Elle est for- mée d'or, de platine, d'argent et de cuivre. Sa couleur est le blanc d'argent ; sa densité est de i3,65. Elle se laisse aisément aplatir sous le marteau. Elle fond à la flamme du chalumeau, mais moins aisément que l'or. L'acide nitrique l'attaque sans difficulté, surtout à l'aide de la chaleur, en dissol- vant la presque totalité de l'argent et du cuivre. La partie inattaqnée con- siste en or métallique, à l'état de masse spongieuse, de couleur brune, et en paillettes ou grains métalliques blancs, formés de platine pur. ( 689 ) )' Une analyse faite sur o*^'', i43o de cette matière a donné les résultats suivants : gr En loooo'^. Platine 0,0600 = 0,4196 Or G, 0260 = 0,1818 Argent 0,0268 =^ 0,1 83g Cuivre 0,1 294 = o > 2o56 0,1417 o>9909 » L association de ces quatre métaux n'avait pas encore été signalée dans le règne minéral ; la facilité aveclaquelle l'acide nitrique dégage le platine, à l'état de grains et de paillettes brillantes, des trois autres métaux qui l'ac- compagnent, semble indiquer que la petite masse métallique, lorsqu'elle s'est formée, n'a pas subi l'action d'une température capable de la fondre et de déterminer ainsi un alliage intime entre ces métaux. Il parait plus probable que la pépite s'est formée par voie de réduction galvanique et dans des circonstances analogues à celles que M, Rivot a observées sur les gîtes du lac Supérieur, dans lesÉtals-Unis, où le cuivre natif se trouve asso- cié et juxtaposé à l'argent, sans qu'il y ait pénétration intime ou alliage entre ces métaux. » Une autre pépite d'or, du poids de 2 grammes, contenant quelques grains de quartz engagés, montre une intéressante association : à sa sur- face, et dans quelques-unes de ses cavités, on voit adhérent un métal blanc-grisâtre, très-malléable, brillant dans la coupure fraîche, et que divers essais chimiques m'autorisent à rapporter à l'étain. M. le colonel Charrière, directeur des exploitations aurifères de la Guyane, à l'obligeance duquel je dois les échantillons qui font l'objet de"cet examen, m'a assuré avoir recueilli, à diverses reprises, plusieurs pépites d or pareillement asso- ciées à un métal blanc, semblable de tous points à celui que je viens d'in- diquer. » L'existence de l'étain métallique parmi les produits du règne minéral a été longtemps mise en doute par les minéralogistes : cependant M. Her- mann a annoncé, il y a quelques années [Journal fur praklisclie Chemie, t. XXXITI, p. 3oo), que ce métal se trouvait associé à l'or de la Sibérie. On connaissait déjà l'association de l'or avec l'oxyde d'étain dans quelques localités, notamment dans certaines mines de la Virginie et dans les sables stannifères de l'Etang de Cieux (département de la Haute- Vienne). ') Il est à espérer qu'un examen attentif des produits que l'on recueille journellement dans les exploitations d'or de la Guyane, sous l'habile direc- (.. R., 1861, I" Scmeitre. (T. LU, N» 14 ) QI (690) tion de M. le colonel Charrière, fera retrouver de nouveaux échantillons montrant ainsi l'or associé à l'étain métallique, » L'or que l'on retire du gîte d'Aïcoupaï, sur les rives de l'Approuague, est engagé à l'état de paillettes, de grains et de pépites de diverses gros- seurs, dans une terre argileuse et sableuse habituellement gris-bleuàtre, quelquefois de couleur jaune d'ocre. Cette terre étant lavée à grande eau et débarrassée de l'argile laisse un dépôt de quartz en fragments anguleux de diverses grosseurs, renfermant des paillettes de mica; elle laisse aussi un sable noir très-fin, dans lequel on distingue et l'on sépare sans difficulté les espèces suivantes : Fer titane. Fer hydraté. Staurofide. Fer oxydiilé. Grenat. Rutile. Fer chromé. Tourmaline. Zircon. » Le zircon s'y montre en prismes terminés à lems extrémités par des pyramides très-aiguës, tout à fait semblables aux cristaux de cette même espèce qui se trouvent dans les sables de la Californie et dans ceux que M. Boussingault a rapportés du Rio-San-Juan, province d'Antioquia ( Nouvelle-Grenade ) . )) Les mêmes espèces minérales que je viens d'indiquer comme faisant partie des sables aurifères de la Guyane avaient été déjà reconnues et signa • lées, il y a plusieurs années, par MM. Dufrénoy et Rivot, sur un autre échantillon de la même localité. » GtOLOGlK. — Sur les différentes réuolulions de la surface du globe qui oui façonné le relief de l'île de Crète; par M. \. Raiîi.in. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Ch. Sainte-Claire Deville.) « Avant mon exploration do la Crète, en i845, les géologues avaient été frappés de sa direction E.-O., si différente de celles N.-O.-S.-E. des prin- cipaux chaînons de l'Attique et du Péloponèse, prolongés jusque non loin de cette île par les Cyclades et Cerigo. » M. L. Élie de Beaumont, en 1829, dans ses Reclierclies sur quelques- uncs des révolutions de la surface du globe, tenta un premier essai en rappro- chant les chaînons figurés dans l'île, de trois des principaux axes de dislo- ctttions de l'Europe méridionale. « Les chaînons de montagnes parallèles » entre eux, dit-il, dont les observations et les cartes les plus récentes in- » diquent que le sol de la Livadie, de la Morée, et de la partie occidentale (691 ) » de l'ile de Candie, est formé, sont à très-peu près parallèles de la direc- » tion du système pyrénéo-apennin. Une chaîne dirigée dans le même sens » (N.-S., du groupe des îles de Corse et de Sardaigiie) paraît former la » côte de Morée, près de Napoli de Malvoisie, et l'île de Candie paraît ter- » minée à l'ouest par des accidents de la même classe. Une direction 11 (E. \ N.-E. des Alpes principales) qui tranche si nettement avec celle » des chaînons de la Grèce, qui forment le rivage opposé à la mer de l'Ar- » chipel, se retrouve dans la partie orientale de l'île de Candie. » » Lorsqu'on confronte les lignes qui précèdent avec ma carte géologique, rectifiée pour le contour des côtes d'après ma triangulation intérieure, et sur laquelle je me suis efforcé de donner à l'orographie son véritable ca- ractère, on voit que les prévisions de M. Élie de Beaumont y trouvent une confirmation presque complète. Il a su démêler en effet presque tout ce qu'il y avait de caractéristique dans le- relief si imparfait de la carte de Lapie, et l'on ne saurait méconnaître la sagacité avec laquelle, guidé par de hautes considérations théoriques, il a su ne pas se laisser fasciner par la grande direction rectiligne, O. t5° N. à E. iS" S., si accusée sur cette carte, du cap Saint-Nicolas au cap Yala. )) M. Virlet, en 1 834, a été moins heureux dans son résumé de la constitu- tion géologique de l'île, en dirigeant surtout son attention sur le tracé de la carte, et en accordant la prééminence à la grande ligne que je viens de signaler. Pour les directions secondaires, il a cru même une fois voir un alignement parallèle, qu'on chercherait vainement sur la carte, celui du cap Rrio à la pointe de Ivryphto du cap Meleka. » C'est la carte des Directions des syslèmes de montagnes transportées à Co- rinthe sous les yeux, et en tenant compte de la constitution géologique des chaînons montagneux et des plateaux et plaines qui les entourent, que l'on peut fructueusement rechercher à quels systèmes reconnus déjà en Europe on doit essayer de les rapporter. » L'éparkhie de Selino, la seule où les talschistes occupent une surface un peu étendue, est, à l'exception de l'arête, en partie calcaire, passant par l'Haghios-Elias et l'Apopighari, un plateau dont la surface paraît acciden- tée surtout par des érosions, et dans lequel les crêtes qui séparent les grands vallons ont des directions en divers sens qui ne doivent rien offrir de caractéristique, relativement au relief du sol avant le dépôt du terrain crétacé. » Quant au reste de l'île, plus ou moins fortement accidenté, tous les chaînons sont formés par les calcaires gris à rudistes et à nummulites très- 91.. (69^ ) bouleversés, tandis que les plateaux et les plaines le sont par les terrains récemment appelés néoqènes par les Allemands, dont les faibles inclinaisons paraissent, soit contemporaines de leur dépôt, soit le résultat d'un tassement occasionné par le dessèchement qui a suivi l'élévation au-dessus de la mer. C'est donc entre l'existence des nummulites et le dépôt de couches qu'il serait difficile de considérer comme plus anciennes que les faluns de la Tonraine et les couches de la Superga et du bassin de Vienne, que se sont produites les dislocations accompagnées d'élévations considérables de cer- taines parties du sol et d'abaissements d'autres parties qui sont encore aujourd'hui plongées dans le sein de la Méditerranée. Les rapprochements ne peuvent évidemment être tentés qu'avec les systèmes de montagnes compris entre le i3* du Monl-riso et du Pinde et le i8* des ^tpes occiden- tales, c'est-à-dire après ceux qui se sont produits après le dépôt des roches nummulitiques et avant celui du terrain subapennin. » La direction du i4* système des Pyrénées, E. Sa" a' S., se retrouve exactement dans les petits chaînons du cap Meleka, de Dhia et de Gaudhos, et nul doute que ceux-ci ne datent de cette époque. 11 en est fort pro- bablement de même pour la grande ligne des Aspro-Vonna et celle paral- lèle du Kedros et du Psiloriti, quoique la direction diffère de 12", et sans doute aussi pour la grande ligne du Kouloukouna et de Lassiti septentrio- nal malgré l'écartement de 16°, car chacune d'elles peut se décomposer en tronçons dont plusieurs ont des directions beaucoup moins différentes. » La direction du i5^ système de la Corse, N. 8° iZ' E., se retrouve avec une déviation de i3° à l'extrémité occidentale, dans les Akroteri des caps Grabousa et Spadha, et presque exactement dans la partie centrale, au Karadagh qui devrait plutôt, en raison de son voisinage, être rapporté au système du Vercors. )> La direction du i'^* système du Sancerrois et de YErjnumthe, E. io°59'N., existe exactement dans celle du grand chaînon du Kophinos et de Lassiti méridional, et à peu près aussi dans celles du petit chaînon au N. de Roukaka, de l'îlot Dhionysiadhès méridional et des crêtes du cap Sidbero, et des alentours de Dharaania, au S. de Megalo-Rastron; enfin dans la grande falaise de Malaxa, au S. de Khania. » T^a direction du système 17* du Vercors, N. 19° 9' E., se retrouve enfin avec des différences de 6 à i 1" dans l'axe de l'Akroteri du cap Sidhero el dans les grandes murailles, occidentale de l'Aphendi-Kavousi et orientale du Psiloriti. » Postérieurement; au dépôt du terrain subapennin, la Crète ne paraît (693; avoir éprouvé qu'une élévation générale en dos d'âne dans le sei;s de sa longueur, t|ui d'un bout à l'autre a porté la ligne médiane à plus de 600 mètres au-dessus du niveau où les dernières couches s'étaient déposées, tandis que les deux bords septentrional et méridional étaient élevés à peine de moitié. L'empâtement néogène qui reliait sous les eaux de la mer les trois principales îles et un grand nombre d'îlots, fut alors élevé en masse. C'est probalaiement au 19* système des Jlpes principales, O. 5^29' S., que cette élévation doit être attribuée, malgré la différence de près de iS" qu'il pré- sente avec la direction générale de l'île ce Crète qui estO. 7°2o' N., de pré- férence au 16^ système du Rilo-Dacjh et de VHœmus exactement parallèle, mais antérieur au dépôt des faliins. C'est cette variante du système des Alpes principales que MM. Boblaye et Virlet ont désignée sous le nom de Sys- tème anjoUqiie. » Enfin, c'est peut-être du 20" système du Ténare, N. 5°43' O., que date l'ouverture de ces protondes gorges ou P/irtr(»i(//(ad'Haghia-Irini, d'Haghia- Roumeli, de Romitadhès et plusieurs autres qui entament si profondément les Aspro-Vonna du N. au S., notamment la première, qui sépare dans toute sa longueur l'extrémité occidentale des montagnes, de la masse du Volakia. » En résumé, il semble bien probable que c'est aux systèmes des Pjré- nées ou Achaïque, et du Sancerrois ou de l'Érymanthe, que la Crète doit les traits principaux de son relief, les extrémités surtout ayant été façonnées par d'autres systèmes, peut-être ceux de là Corse et du Fercors; aucune observation toutefois ne m'a fourni les éléments nécessaires pour vérifier leurs âges respectifs. Le système des ////jex /;n/!c/prt/e5 ou Argolique, enfin, aurait occasionné une dernière élévation en masse, qui a donné à l'île son unité. M PHYSIQUE. — Recherches expérimenlales sur les centres d'action ou fojers des surfaces isolantes électrisées ; par M. M. Lio\. (Commissaires, MM. Regnault, Despretz, de Senarmont.) « L'intensité de l'action attractive ou répulsive varie-t-elle aux diffé- rents points d'une surface isolante électrisée? » Pour résoudre cette question, j'ai suspendu, par sa base et horizonta- lement, à un fil de soie sans torsion, un triangle isocèle de feuille de cuivre ayant i ou 2 millimètres de base sur i3 à i5 de hauteur. » Promenant sous ce triangle, parallèlement à son plan, divers polygones (694 ) ou polyèdres isolants électrisés, je l'ai vu diriger constamment son axe et darder sa pointe libre vers un point déterminé de la figure. J'appelle ce point foyer éleclr'njue. Pour certaines formes géométriques, les fovers sont inultij)lfs ; il y a alors un foyer principal et des fojers secondaires. o J'ai déterminé ces foyers pour un grand nombre de formes régulières et irrégulières de surfaces et de solides, et j'ai constaté (|u'il y a un principal foyer électrique au centre de figure pour les surfaces régulières, au centre de symétrie pour les surfaces symétriques par rapport à un point, et des foyers secondaires à chaque intersection de deux bissectrices d'angles ou à chaque foyer géométrique, s'il y en a. » Pour les polyèdres , je me bornerai à citer le prisme et le cylindre à l)ases parallèles, sur lesquels les foyers constituent une ligne d'attraction maxima, formée parle milieu des génératrices; les pyramides et les cônes, qui ont une ligne d'attraction maxima , située entre le sommet et le milieu de la génératrice et variant de position avec les dimensions de la base et de la hauteur; et le sphéroïde aplati, dont les foyers d'attraction sont les extrémités du petit axe, les pôles. « Ajoutons que pour une lame mince les foyers d'attraction se reprodui- sent sur la face opposée à la face frottée ; que les foyers d'attraction peuvent devenir des foyers de répulsion ; qu'enfin leur action est en raison directe de la surface, et en raison inverse du carré de la distance. » Inférant de là que le champ des égales actions électriques devait con- stituer dans l'espace un polyèdre en rapport de forme et de grandeur avec la surface électrisée, et que tous les effets de l'électricité devaient être à leur maximum d'intensité aux foyers d'attraction mêmes, j'ai institué des expé- riences qui ont pleinement confirmé ces prévisions. M Ainsi, approchant horizontalement du plateau d'une machine électri- que en activité, à hauteur de son axe, un long rectangle isolant recouvert d'une légère couche de limaille de fer, j'ai vu la limaille quitter graduelle- ment la surface de verre, de façon à dessiner une courbe concave vers le plateau, courbe dont l'ordonnée maxima correspondait au milieu de la zone frottée et dont les extrémités finissaient par dépasser cette zone. Elle se creusait beaucoup plus qu'elle ne s'élargissait, à mesure que l'on prolon- geait l'expérience. En appliquant lui papier humide sur le rectangle, j'ai relevé la courbe fixée par la rouille et je la joins à ce Mémoire. Ici la force électrique trace elle-même, à chaque instant, les coordonnées de son inten- sité aux divers points de la surface frottée. » Remplaçant la limaille par un cylindre métallique d'abord très-voisin ( 695 ) du plateau et que j'éloignais graduellement, dans une chambre obscure, j'obtins les coordonnées lumineuses de la courbe déjà dessinée par l'at- traction. » Les effets physiologiques, bruits et commotions, autant qu'il est pos- sible de les apprécier, varient encore dans le même sens. M Les phénomènes précédents m'ont naturellement conduit à l'étude des effets mécaniques produits parles centres ou foyers d'attraction. » En présentant normalement et en dessous à la surface de diverses figures électrisées, de légers polygones de papier, de feuille métallique, etc. , j'ai vu que l'action du corps électrisé ne se bornait pas à une simple attrac- tion vers le point le plus voisin; mais que le corps influencé, orienté et attiré par le foyer électrique, s'y transpçrtait , par glissement ou par rota- tion, selon sa forme, et qu'il finissait par s'y fixer, après un certain nombre d'oscillations, à moins que la vitesse acquise ne le projetât au delà de la sur- face électrisée. » Ces expériences deviennent faciles à l'aide de deux petites roues jointes par un essieu soHdaire et placées sur la surface électrisée. Le petit char par- court cette surface dans diverses directions, quelle qu'en soit l'inclinaison ; et, tout en obéissant aux lois du levier et des résistances passives, désigne, en s'arrétant, les foyers électriques, ou le point de sa voie qui en est le plus rapproché. » On confirme ainsi, d'une façon plus frappante, les résultats obtenus par l'électroscope explorateur : dans un angle dièdre, par exemple, à l'inté- rieur ou à l'extérieur d'une pyramide, le petit char s'arrête entre le som- met et le milieu de la hauteur, à des distances calculables d'après les dimensions et la forme du solide. » Dans le cas d'une surface isolante électrisée par l'influence d'une autre surface isolante aussi, l'action ne se manifeste point, si les sur- faces sont superposées; mais elle a lieu sur chacune d'elles, dès qu on les. a séparées. » Les corps conducteurs n'ont point de foyers électriques analogues aux précédents. » L'ensemble de ces phénomènes se rattache à la propriété physique de l'isolation et à la propriété géométrique suivante : » Etant données une droite finie et une droite indéfinie parallèles, la somme des distances d'un point de celle-ci aux différents points de celle-là est un minimum, quand le point considéré est le pied de la perpendiculaire abaissée du milieu de la droite finie sur la droite indéfinie. (696) M Supposons, en effet, que l'action de forces égales et parallèles émane de tous les points d'une droite et que ces forces agissent simultanément, sans se déplacer, sur une parallèle à celle droite. Un point de cette seconde ligne sera d'autant plus influencé qu'il sera plus voisin du lieu des distances nunima, c'est-à-dire du milieu de la première. Or ce qui a lieu pour une droite, se reproduit pour l'ensemble des lignes qui constituent luie surface, et cela dans toutes les directions; ce qui explique et confirme tous les ré- sultats donnés par l'expérience. » JIÉOAINIQUE APPLIQUÉE. — Sw le vol des oiseaux, sur lu (juantilé de travail qu ih ont à produire dans l'opération du vol et sur un appareil pour vérifier les dé- ductions de la théorie relativement à la résistance de l'air; par M. Liais. (Extrait.) (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Delaunay.) « Le mécanisme du vol des oiseaux avec mouvement des ailes est géné- ralement expliqué avec raison par la disposition même de ces dernières. Les pennes qui glissent les unes sur les autres permettent à l'oiseau de di- miiuier la surface de l'aile lorsqu'il la relève. D'iui autre côté, les grandes pennes ont les barbes intérieures plus grandes que les extérieures, et lors- que l'aile est ouverte, ces barbes intérieures s'appliquent exactement sur la penne précédente dans le mouvement de l'aile descendante par l'effet de la pression de l'air sur la surface inférieure, tandis que dans le mouvement de l'aile ascendante, elles s'écartent sous l'influence de la pression sur la surface supérieure. Enfin l'oiseau présente l'aile plus obliquement dans le mouvement ascendant que dans le mouvement descendant, en même temps que la forme, convexe en dessus, concave en dessous, de l'aile elle-même établit une différence très-grande dans la résistance de la colonne inférieure et de la colonne supérieure de l'air. » Mais outre ces dispositions de l'aile par lesquelles la résistance qu'elle éprouve en montant est beaucouj) moindre qu'en descendant, l'oiseau par la manière dont il opère ses mouvements contribue beaucoup à accroître encore cette différence. Si on regarde, en effet, le vol d un oiseau à grandes ailes, tel que la Frégate, dont les mouvements de l'aile sont assez lents pour que l'œil puisse les suivre, on reconnaît immédiatement que, sauf le cas ou il fait de grands efforts, l'oiseau abaisse l'aile beaucoup plus rapidement qu'il ne l'élève. Or la mécanique fait voir qiu' celte circonstance établit une grande différence entre la vitesse ascendante et la vitesse d(;scendanle pro- (697 ) duites, quand même l'aile ofirirait la même surface, en faveur de la première. En effet, la résistance de l'air est proportionnelle au carré de la vitesse de l'aile, et la vitesse ascendante ou descendante de l'oiseau déterminée par un mouvement de cette dernière est proportionnelle à cette résistance multi- pliée par le temps de l'action, lequel est en raison inverse de la vitesse de l'aile. I^es vitesses ascendantes ou descendantes de l'oiseau dt'iermiuées par les mouvements de l'aile sont donc entre elles comme les vitesses de l'aile dans le mouvement descendant et le mouvement ascendant. Dans le vol des Frégates, que j'ai particulièrement étudié, ce rapport est au moins celai de 5 à I, dans le cas où on considérerait l'aile comme plane et de même surface en montant et descendant; mais nous avons rappelé qu'il y a déjà une grande différence sous ce rapport en faveur du mouvement ascendant de l'oiseau. » Quoique l'effet du mouvement ascendant des ailes soit très-petit par rapport à l'effet de leur mouvement descendant, la nature n'a pns voulu qu'il fut employé à détruire une partie de l'effet de ce dernier. En effet, à part l'oiseau-mouclie quand il s'arrête devant une fleur, aucuns oiseaux ne se tiennent rigoureusement immobiles au même point eti volant. En géné- ral, ils avancent. Or, en élevant l'aile, ils s'inclinent d'avant en arrière de manière à obtenir par ce mouvement de l'aile une composante qui aug- mente leur vitesse de progression en avant. Mais dans leur marche leur cou est tendu en avant de manière à former depuis le bec jusqu'au ventre une surface inclinée d'avant en arrière, en même temps leur queue est étalée et abaissée. La résistance de l'air à leur mouvement de progression agissant sur ces surfaces donne, comme pour le cerf-volant, luie composante ascen- dante; et cette dernière composante, que maintient la composante en avant de la résistance due au mouvement ascendant de l'aile, annule la compo- sante descendante de ce même mouvement. « Nous venons de parler du vol avec mouvement des ailes, mais il y a aussi le vol sans mouvement des ailes. Quand un oiseau pratique ce genre de locomotion, on dit qu'il plane, et le plus communément on se repré- sente ses ailes étendues comme agissant à la façon d'un parachute, lequel ralentit teilenient le mouvement descendant, que l'oiseau semble rester à peu près à la même hauteur pendant un temps assez long. Mais cette vue n'est pas exacte, car j'ai vu souvent des oiseaux monter en planant, ce qui serait impossible si les ailes n'agissaient que comme surfaces horizontales faisant parachute. Si on étudie les mouvements de l'oiseau qui plane, on verra qu'il commence par quelques coups d'aile à acquérir une grande vitesse C. K , 1861, l'^Semcslre. (T. LU, N" 14) 92 (698 ) lioiizontnle, après quoi il étend les aiies immobiles, mais un peu inclinées en arrière de niaiiicM'c cpie la résistai)ce de 'air à son mouvement horizontal donne sur ses ailes comme sur sa gorge et sn queue une composante ascen- dante qui, suivant l'inclinaison des ailes, peut équilibrer son poids ou le surpasser, et dans ce dernier cas l'oiseau monte. Quand l'oiseau reste à la même hauteur, sa vitesse ne diminue que très-lentement, mais on la voit di- minuer assez vite quand il s'élève. Souvent après avoir atteint une élévation a.ssez notable par lui mouvement ascendant, on voit encore l'oiseau conti- nuer de planer, mais il est bientôt obligé de remuer les ailes, à moins qu'il ne descende. Quand il descend, on voit sa vitesse horizontale augmenter ra- pidement, et cela vient de ce cju'il change le sens d'inclinaison de ses ailes, qui alors penchent un peu d'arrière en avant. La résistance de l'air à sa chute par l'action de la pesanteur donne alors une composante en avant qui augmente la vitesse de l'oiseau, et j'ai vu souvent des frégates planer pendant quatre à cinq minutes soit horizontalement, soit alternativement en montant et descendant sans aucun mouvement apparent des ailes et par le jeu imper- ceptible de leur inclinaison, après quoi par cinq ou six grands mouvements de l'aile, elles augmentent leur vitesse et commencent de nouveau à pla- ner. » I/auteur s'attache ensuite à faire voir qu'on peut, par la mécanique, se rendre facilement compte de la longue durée pendant laquelle ini oiseau peut planer, à peu près horizontalement. Nous ne le suivrons pas dans ses calculs, dont le développement dépasse les limites qui en permettraient la reproduction intégrale dans le Compte rendu. PALÉONTOLOGIE. — Monographie des Porluniens fossiles ; jxir M. Ai.ph. MiLNE Edwards. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, d'Archiac.) « Jusqu'ici la famille des Portuniens ne comptait que peu de représen- tants fossiles. En 1824, Desmarest en fit connaître trois espèces. P2n 18^2, Alcide d'Orbigiiy, dans la Paléontologie de son voyage en Amérique, signala, sans le décrire, un autre Portunien. Enfin, en iSSg, M. Th. Rell publia la description d'im nouveau Crustacé de ce groupe. >' A ces cinq espèces connues j'ai pu en ajouter dix nouvelles, et en outre j'ai dii reprendre complètement l'étude de celles que l'on avait dé- crites, car le genre Portuntts, tel qn'il avait été délimité par Fabricius et ( 699 ) adopté par Desmarest, est maintenant devenu une famille subdivisée en dix-huit genres. » Ainsi l'espèce que Desmarest a fait connaître sous le nom de Porht- nus Leiicodon doit rentrer dans le genre Scylla de de Haan, et de plus, par une étude rigoureuse de ce fossile comparé aux (arabes vivants, j'ai pu nie convaincie qu'il ne devait pas, comme l'avait cru d'abord Des- marest et plus tard M. Reuss, former une division spécifique particulière, mais qu'il présentait une identité parfaite avec la Scylla serratn (Forskal) qui aujourd'hui habite les mers de l'Inde et d'Asie, sur les rivages desquelles se •trouvent les individus fossilisés, dans un dépôt qui doit probablement s'être formé à l'époque quaternaire. » Une autre espèce du même genre se rencontre dans les faluns mio- cènes de l'Anjou ; je l'ai désignée sous le nom de Scylln Micheltni. » Le genre Nepliniits, très-abondant dans les mers aciuelles et que l'on u avait pas encore signalé à l'état fossile, m'a fourni six espèces : quatre sont propres au terrain uummulitique , ce sont les Neptunus arnialm et incertus trouvés à Salcedo et au Monte-Bolca dans le Vicentin, et les Neptunus Larteti et Vicenlinus^ également originaires du Véronais et du Vicentin. »■ Une autre espèce du même genre se rencontre dans les argiles bleues miocènes des environs de Montpellier; je lui ai donné le nom de Neptunus Monspelliensis. » Enfin la sixième est propre aux terrains tertiaires supérieurs ou pliocènes; elle a été trouvée en Sardaigne dans les marnes subapeiuiines ou elle est assez abondante. C'est le Neptunus granulatus. » Les couches nummulitiques de Salcedo dans le Vicentin m'ont fourrn une espèce du genre Achelous , VA. obtusus. » Dans le même terrain, au Monte-Bolca, se rencontre une autre espèce ties- remarquable et n'ayant pas d'analogue parmi les Portuiiiens de notre faune actuelle. J'ai cru devoir en former un genre nouveau, caractérisé par le dé- veloppement énorme des cornes latérales de la carapace et le nombre des dents qui garnissent les bords laléro-autérieurs de ce bouclier céphalo-tlio- racique. Je l'ai désigné sous le nom d'Enoplonotus armatus. » Le groupe des Thalamitiens se trouve aussi représenté dans le terrain uummulitique de Salcedo par le Goniosoma antiqua. • » Enfin ne pouvant faire rentrer dans aucun des genres actuellement connus le petit Portunien des sables tertiaires supérieurs au calcaire grossier et décrit par Desmarest sous le nom de Porlunus Hcriearti, j'ai dû 92.. ( 700) le prendre pour type d'une nouvelle division générique voisine des Pla- fvonvrpirs, mais s'en distinguant par l'existence des cornes épibraiicliiales qui arment latéralement la carapace et par d autres caractères importants. J'ai donné à ce genre le nom de Psammocorcinus qui rappelle à la fois et ses affinités zoologiques et la nature de la couche dans laquelle il se trouve. » Le Povlumis Pentviainis d'Alcide d'Orbiguy, que M. MacCoy avait rangé dans son genre Podopilinnnus, doit se placer au contraire dans le genre Carcinus à côté du C. Mœnas, actuellement vivant sur nos côtes, et qui jusqu'ici était le seul représentant île ce petit groupe. » Enfin la Reiissia Biichii du terrain crétacé de Bohême, que M. Reuss regardait comme faisant partie de la fannlle des Portuniens, me semble s'en éloigner par un grand nombre de caractères importants et doit être consi- dérée comme un Cancérien. » On voit donc que tous les Portuniens fossiles aujoin-d'hui connus sont propres, soit au terrain quaternaire, soit aux terrains tertiaires. On n'en a pas encore signalé dans des assises plus anciennes. De plus les genres de cette famille, qui étaient assez abondants dans les mers tertiaires qui cou- vraient l'emplacement actuel de la France et des pays voisins, sont mainte- nant très-rares sur nos côtes et abondent au contraire dans la zonetorride. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles obseivntions .siir le bleu de Paris; par MM. Persoz, \. de Luynes et Salvétat. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Balard.) « Nous avons annoncé à l'Académie qu'eu faisant réagir le bichlorure d'étain anhydre sur l'aniline dans nu tube scellé à la température de 170 à 180°, on obtenait au bout de trente heures luie substance bleue que nous avons désignée sous le nom de bleu de Paris. Nous avons l'honnein- de lui soumettre de nouveaux détails sur cette curieuse matière. » Lorsqu'on brise les tubes dans lesquels la réaction s'est effectuée, on en retire une masse noirâtre et vi.squeuse qui, éptiisée par l'eau bouillante, la colore en bleu foncé. La solution filtrée, additionnée de sel marin, laisse précipiter l.i matière bleue qu'on reçoit sur un filtre, tandis que la liqueur qui passe possède une teinte verte plus ou moins prononcée. On reprend le précipité bleu qu'on dissout dans l'eau, et on précipite de nouveau par le chlorure de sodium. On recommence plusieurs fois cette opération pour ( 7°! ) séparer complètement la matière verte; enfin on précipite une dernière fois par quelques gouttes d'acide chlorhydrique; la matière bleue se sépare en flocons qui sont recueillis sur un filtre et lavés d'abord avec de l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique, ensuite avec de l'eau pure. Le lavage est terminé lorsque l'eau qui passe commence à se colorer en bleu. » Pour obtenir la substance cristallisée, on la dissout à chaud dans l'al- cool qui, par le refroidissement, la laisse déposer sous forme d'aiguilles de la plus grande netteté. » Ainsi préparée, la matière se présente sous la forme d'aiguilles bleues brillantes, rappelant par leur aspect le sulfate de cuivre ammoniacal. » Soumise à l'action de la chaleiu-, elle fond et se décompose en donnant des vapeurs violettes qui paraissent dues à un commencement de subli- mation. Elle est soluble dans l'eau, l'alcool, ''esprit-de-bois et l'acide acé- tique; insoluble dans l'éther et le sulfure de carbone. » L'acide sulfurique la dissout en prenant une teinte ambrée; l'eau pro- duit dans la liqueur une coloration d'un bleu magnifique. » L'acide sulfurique mélangé avec l'alcool la dissout en la colorant en bleu; la couleur persiste même à l'ébullition. » L'acide nitrique l'altère en la faisant passer au brun grenat par toutes les nuances intermédiaires. » L'acide chromique la précipite de sa dissolution aqueuse sans l'altérer. 1) L'acide sulfureux est sans action sur celle-ci à chaud ni à froid. » Le chlore la détruit. » Elle est précipitée de sa dissolution aqueuse par les acides, les alcalis et les sels, qui paraissent agir à la manière des dissolutions salines sur les matières colorantes et les savons. C'est ainsi qu'agissent l'ammoniaque, la soude, le bichromate de potasse, le chlorure de chaux, le phosphate de soude, etc. » Il était intéressant de voir s'il existait quelque analogie entre cette matière et l'indigo bleu; jusqu'à présent nous n'avons pu réaliser sur elle les phénomènes de réduction que présente l'indigo bleu en présence des agents réducteurs et d'une base alcaline. u Depuis notre dernière communication, nous avons appris que M. de Laire avait préparé le bleu d'aniline en faisant réagir la fuchsine sur un excès d'aniline. Le mode de préparation que nous avons indiqué rentre dans la méthode générale qu'il a donnée, puisqu'au lieu d'employer la fuchsine toute faite, nous y substituons les agents qui lui donnent naissance. ( 702 ) >' L'analyse coinparalive de ces |)ro(liiits qui nous occupe en ce moment nous apprendra si ces matières sont identiques. » Ciil.MlK ORGANIQUE. — Sur la question relative au uiodc de formation de certaines matières azotées. Réponse de M. Thenard à une réclamation de fuiorité. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Boussingault, Payen.) " L Académie me permettra de répondre en peu de mots à ia Note pré- sentée par M. Schutzenberger et publiée au dernier numéro des Comptes leiidusiu" i3, i^"^ avril 1861). >' Dès le i5 avril 1860, j'ai annoncé à la Société Chimique de Paris que le sucre, et probablement toutes les matières neutres, chauffés dans une atmosphère de gaz ammoniac, fixent de grandes quantités d'azote, et j'ai ajouté que j'allais continuer mes recherches. » Les procès-verbaux de cette Société font la mention la plus exacte de ma commiuiication. >) Par conséquent, tout en reconnaissant que M. Schutzenberger est arrivé à des résultats analogues par des voies tout a fait différentes que celles qui m'ont conduit, je me crois autorisé à réclamer la priorité dune des idées que j'ai développées dans mon travail du i i mars dernier, pui.sque je l'ai émise et démontrée près de huit mois avant M. Schutzenberger. » OPTIQUE. — Théorie de l'œil; par M. L.-L. "Vallée. (Vingtième Mémoire.) Développements relatifs aux idées exposées dans les précédents Mémoires. Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Fave, de Quatrefages.) " Je continue dans ce Mémoire le travail commencé dans le précèdent pour démontrer, rectifier et rendre plus plausibles les principes et les faits sur lesquels se fonde, si je ne me trompe, lu théorie complète et définitive que M. Paye, dans son Rapport du 7 juin i852, annonçait comme devant résulter de mes efforts. w Le point le plus saillant de ce travail est relatif a l'expérience lie M. Magendie, citée dans sa Physiologie, et qui consiste en ce qu'une bougie ( 7o'^ ) que l'on éloigne de l'œil extrait d'un lapin albinos, donne une image dont l'intensité se maintient la même, bien que cette intensité, d'après les lois de l'optique, doive varier en raison inverse du carré des distances. C'est un fait, dit M. Magendie, qui renverse toutes les théories de la vision. Effec- tivement, aucune de ces théories n'admettant l'étroitesse des pinceaux effi- caces, étroitesse dont nous avons reconnu l'existence, le phénomène con- staté montrait leur insuffisance. Mais cette étroitesse augmentant dans une proportion convenable et tout à fait admissible, le fait observé se conçoit parfaitement. C'est un point important pour la science, et il en entraîne un autre qui pourra paraître fort singulier, et qui toutefois est aussi ti'es-bien établi dans ce vingtième Mémoire; c'est que le champ de la vision ne s'étendrait pas, pour l'homme, à plus de 2 ou 3oo mètres, si les pinceaux efficaces occupaient tous la pupille entière. » Ainsi, les Kepler, les Newton, les Descartes, et même les géomètres plus modernes, Yoiuig, Malus, M. Sturm, pouvaient comprendre parfai- tement que l'œil était un uierveilleux organe, mais ils ne pouvaient pas de leur point de vue s'expliquer son mécanisme. » Au moyen des foyers confus, comme je le fais voir, l'œil est plus admirable encore qu'on ne pouvait le supposer; car ces foyers, pour la nature grossière des milieux du globe oculaire et de tous les milieux que l'homme travaille, sont les uioins imparfaits que l'on puisse obtenir. En vain les opticiens essayeraient-ils de les imiter. Pour réussir il ne suffirait |)as que les matières fussent à leur disposition, il faudrait encore qu'ils pussent en faire une distribution qui les associât convenablement entre elles; or l'art de l'opticien et la science mathématique ne s'élèvent pas, et ne s'élè- veront sans doute jamais à la hauteiu" nécessaire pour cela. » Cependant il faut avancer lœuvre autant que possible. Dans ce but, j'expose sur l'ensemble des axes des pinceaux efficaces, ou sur ce que j'appelle la gerhe des axes, les notions qui me semblent propres à en donner une juste idée, et je propose ensuite des expériences qui conduiraient pro- bablement à perfectionner ce que je dis sur celte question. Enfin, je reviens sur l'adaptation, phénomène dont l'étude approfondie im|)orte si fort au progrès bien désirable de I oculisterie. » l'HYSIOLOGlE VÉGÉTALE. — Beclieiclics suf l influence du manqanèse dans la végétation ; par 'M.. Lambotte. (Commissaires, MM. Decaisne, Peligot, Duchartre.) ( 7o4 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Propositions sur tes trcmblemenls de terre; par M. Perrey. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Liouville, Lamé, Ch. Sainte-Claire Deville.) M. Fpmet présente des Remarques sur diverses comiminications faites à l'Académie concernant des appareils frigorifiques et appelle l'attention sur les qualités propres d'un appareil de son invention désigné sous le nom de glacière artificielle portative. (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault, Balard.) M. DE LiGNEROLLES soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Oblitération du canal de l'urètre par cause traumatique; réta- blissement de sa cavité par un nouveau procédé; opération pouvant être substituée à la lithotomie et à la lithotritie. (Commissaires, 1\1M. Cloquet, Joberl.) M. Armand, médecin-major à l'ambulance de Cochinchine, adresse de Saigon une « Note sur la médecine et les médecins des Chinois ». (Commissaires, MM. Andral, Bernard.) MM. Lefort, Dcraxd-Fardel et Lehret, qui ont récemment adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montvon leur « Dictionnaire général des eaux minérales, « envoient au- jourd'hui , pour se conformer à une des conditions imposées aux concur- rents, une indication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans leur travail. (Réservé pour la future Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Pappexheim envoie de Berlin une Note intitulée : « Apparence des vaisseaux lymphatiques du cœur après l'usage de l'aconit ». (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) CORRESPOAT)AlVCE . M. LE Ministre de la Marine remercie l'Académie pour l'envoi d'un exemplaire du Rapport sur les résultats relatifs à l'histoire naturelle obtenus par M. Courboii, pondant le cours d'une exploration de la mer Rouge en ( 7o5 ) iSSg et 1860. '< Cet intéressant document, dit M. le Minisire, sera repro- duit dans la Revue maritime et coloniale. » M. LE Secrétaire perpétuel met sous les yeux de l'Académie les osse- ments fossiles envoyés du Chili par M, Domeyko, et annoncés dans la Lettre de ce géologue communiquée le 11 février dernier [Compte rendu, n° 6, p. 460). Ces ossements, provenant, ainsi qu'il a été dit, du bassin de l'ancien lac de Taguatagua, appartiennent à un pachyderme; et, à la manièredont ils étaient rapprochés, il y a quelque raison de penser qu'ils pourraient avoir fait partie d'un seul squelette. M. LE Secrétaire perpétuel communique l'extrait d'une Lettre de M. Jackson concernant une enquête sur la question des anesthésiques insti- tuée par la Société médicale de perfectionnement de Boston [Boston Society for médical improvement). La Société a chargé une Commission de cinq mem- bres de l'examen des cas de mort attribués à l'inhalation de l'éther sulfu- rique. Cette Commission fait appel aux médecins des différents pays pour lui fournir les éléments d'une discussion approfondie de la question; elle demande que dans les communications qui lui seront faites, l'observateur veuille bien indiquer précisément : 1° Quelle sorte d'éther a été employé; si c'est de l'éther sulfurique pur, de l'éther chlorique ou de l'éther combiné avec du chloroforme ; 2** Le temps qui s'est écoulé entre l'inhalation et la mort. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un opuscule de M. G. DewaJqiie, de l'Académie royale de Belgique, sur la constitution du système eifelien dans le bassin anthraxi- fère du Condros. M. D. C0DAZZ1, dans une I>ettre datée de Pavie 8 avril 1861, s'annonce comme l'auteur du Mémoire présenté au concours pour le grand prix de Mathématiques (théorie des surfaces applicables), Mémoire inscrit sous le n° 2 et qui a été, de même que le Mémoire inscrit sous le n" 5, jugé digne d'une mention honorable. En conséquence de cette annonce, le billet cacheté annexé au Mémoire n" a est ouvert en séance et renferme en effet le nom de M. Codazzi (Delfino), professeur de mathématiques élémentaires au lycée royal de Pavie (Piémont). C. R., 1861, \"Semeitie. (T LU. N" 14.) 9^ ( 7o6 ) M. Berthelot remercie l'Académie qui, dans la séance |)ublique du 25 mars dernier, lui a décerné un des prix Jecker pour ses recherches re- latives à la reproduction par la voie synthétique d'un certain nombre d'espèces chimiques existant dans les corps vivants. RI. GoLDscHMiDT rcmercic également l'Académie qui, dans la même séance, lui a décerné une des médailles de la fondation Lalande, pour la découverte de la planète Danaé. M. TuRCK adresse de Vienne des remercîments à l'Académie, qui a accordé une mention honorable à ses recherches de laryngoscopie. M. Turck, qui vient de faire paraître une édition française de sa Méthode pralùjue de Laryngoscopie, prie l'Académie d'en agréer l'hommage. {Voir au Bulletin bihiiociraphixfue.) M. Hussox, qui a obtenu, dans celte même séance, une mention hono- rable pour ses » Recherches statistiques sur l'arrondissement et la ville de Toul, adresse également ses remercîments. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la densité de la vapeur saturée; parM. R. Ci-Ausius. « A l'occasion des ingénieuses expériences de MM. Fairbairn et Fate sur la densité de la vapeur d'eau saturée, dont les résultats se trouvent dans plusieurs journaux, entre autres dans le dernier cahier du Philosophical Magazine, ie prends la liberté d'appeler l'attention del'Académie sur une for- mule que j'ai donnée dans mon premier Mémoire sur la théorie mécanique de la chaleur, qui fut présenté à l'Académie de Berlin au mois de févriei i85o, et publié alors dans les jénnales de Poggendorff. » Dans ce Mémoire, j'ai fait voir que l'on peut calculer d'une manière rigoureuse le volume de la vapeur saturée d'un liquide, lorsque la pression de la vapeur en fonction de la température, la chaleur latente et l'équivalent mécanique de la chaleur sont connus. Pour la vapeur d'eau j'ai calculé, en employant les résultats des recherches excellentes de M. Regnault, l'équa- tion suivante (*) : (i) \p{s-<7)-^^ = m-ne'", (*) Annales de Poggendorff, t. LXXIX, p. 5i4. ( 707 ) dans laquelle l signifie la température ; pld pression sur l'unité de surface; s le volume d'une unité de poids de la vapeur au maximum de densité; 0- le volume d'une unité de poids de l'eau; a le nombre l'j'ô qui est égal à i^77-r=-, A l'équivalent de chaleur pour l'unité de travail, ^aleu^ inverse o,oo3bb5 T ' de ce qu'on nomme l'équivalent mécanique de la chaleur; e la base des logarithmes naturels; enfin m, n et k trois constantes dont les valeurs sont m 31,549; /J =1,0486; A =; 0,007138. » Soient maintenant ^ et i^ la pression et le volume d'une unité de poids de l'air atmosphérique à la température /, et po et i^o les mêmes quantités à la température de zéro, alors on a, selon les lois de Mariotte et de Gay- Lussac, l'équation a + t a En divisant par cette équation l'équation (r), on trouve (2) fJZl = _L_(,„_. „gAf> » Pour a|)pliquer cette équation, il faut connaître l'équivalent mécanique delà chaleur. Comme en 1849 M. Joule, dont les recherches sur ce sujet jouissent avec raison d'une si grande réputation, n'avait pas encore signifié la valeur qu'il croyait la plus exacte entre celles qu'il avait déterminées par diverses expériences , j'ai fait, pour déterminer moi-même cette valeur, une supposition. La vapeur saturée s'éloigne d'autant moins des gaz permanents que sa température est plus basse et par conséquent son volume plus grand, de telle manière que j'ai cru qu'à la température de zéro on peut, sans erreur sensible, négliger les déviations et admettre cette densité qui cor- respond à l'état parfaitement aériforme, et que l'on, avait admise jusque-là pour toutes les températures, savoir 0,622. En substituant ce nombre pour -dans l'équation précédente et mettant en même temps t = o, on trouve ^ = 4^1, valeur qui est très-bien d'accord avec les plus vraisemblables entre celles qui sont déterminées d'autres manières. » En appliquant cette valeur à l'équation (2) et donnant à celle-ci la 93.. forme (3) ( 708 ) M - Na', on trouve pour les constantes les nombres M=i,663o; N= 0,05527; «=1,007164. » Dans le tableau suivant, les valeurs de j qui résultent de cette équation, sont comparées aux valeurs expérimentales de MM. Fairbairn et Fate et aux valeurs anciennes qui correspondent à la supposition que, pour toutes les températures, la densité de la vapeur soit 0,622. Températures. 1 Volume d'un kilog^ramme de vapeur saturée en nïètres cubes. VALEURS ANCIENNES. D'APRÈS l'équation (3). D'APRÈS LES EXPÉRIENCES. 58°, 21 68,52 70,76 77, .8 77.49 79.40 83, 5o 86,83 92,66 .17, .7 118,23 .18,46 .24,17 .28,4. .30,67 .3. ,78 .34,87 ■37,46 I 39,21 .4'., 8. .42,36 '44,74 8,38 5,4. 4,94 3,84 3,79 3,52 3,02 2,68 2,18 0.99' 0,961 0,954 0,809 0,7.8 0,674 0,654 0,602 0,562 0,537 0,502 0,495 0,466 8,23 5,29 4,83 3,74 3,69 3,43 3.94 2,60 2,11 0,947 o.9'7 0,9.1 0,769 0,681 0,639 0,619 0,569 0 ,53o o,5o5 0,472 o,465 0,437 8,27 5,33 4,9' 3,72 3,7. 3,43 3,o5 2,62 2, i5 0,94. 0,906 0,891 0,758 0,648 0,634 0,604 0,583 0,5.4 0,496 0,457 0,448 0,432 » On voit que les valeurs expérimentales sont beaucoup mieux daccord ( 7^9 ) avec les valeurs de mon équation qu'avec les valeurs anciennes, et ou re- marquera même que la plupart des différences ont lieu dans ce sens, que les valeurs expérimentales s'éloignent encore plus des valerns anciennes que les valeurs de mon équation ne s'en éloignent. « MINÉRALOGIE. — Remarques sur la densité el In dureté considérées conmte caractères des corps simples métalloïdes et métalliques; par M. Marcel DE SeRUES. « Dans la Note que l'Académie des Sciences vient de publier tout récem- ment à ce sujet, j'ai omis d'indiquer les divisions que j'ai établies chez les métaux hétéropsides et allopsides; mais comme ces divisions sont utiles et même nécessaires pour classer les différentes espèces minérales qui font partie de ces deux ordres, je prie l'Académie de me permettre de réparer cette omission. » L'ordre des métaux héléropsides réunit des composés de propriétés très -différentes; aussi comprend -il deux sections aussi naturelles que diverses. » La première se compose de substances métalliques qui par leurs com- binaisons avec les métalloïdes forment de véritables sels, dont le cbiorure de sodium est un des principaux. Cette circonstance nous a porté à donner à cette section le nom iVlialéides, dérivé du nom grec du sel. » Elle comprend : i" le cbiorure de sodium; i° le sulfate de cbaux hydraté; 3° le carbonate de chaux; 4" 'a dolomie; 5" le carbonate de magnésie; 6° le sulfate de cliaux anhydre; 7"^ l'arragonite; 8° le fluorure de calcium; 9° le phosphate de chaux (1); 10° le dreelite on sulfite de baryte et sulfate de chaux; 1 i'' le carbonale de baryte; 12° le sulfate de strontiane ; i3° le sulfate de baryte. » Nous avons désigné la seconde section des métaux hétéropsides ou de leurs composés sous le nom de chlorizoides, expression dérivée du verbe grec x.ÀGjp'iÇa qui s'applique aux corps dont les nuances tirent un peu sur le vert. Telles sont celles qui caractérisent plusieurs variétés d'auipliiboie, de pyroxénc, de péridot, de serpentine, de talc, de stéatite et de dial- lage, etc., etc. ( I ) Le phosphate de chaux, le plus ilur des sels calcaires, raye légèrement le verre; mais il est rayé par le feldspath. La dureté du verre est entre celle du phosphate de chaux et ix suivants : » 1° La tourmaline; u" l'euclase; 3° la bucholzite; /\° l'andalousite; 5^ Ihelvine; 6° l'épidote; 7" la staurotide; 8° l'alumine; 9'' le disthène; 10" le pléonaste; i 1° la topaze; 12° les différentes sous-espèces des grenats ; i3° le corindon; 1/1° le spinelle rubis; 1 5" le zircon ou hyacinthe; 17° le polygmite ou titanate de titane. » LjCS espèces comprises dans cette section offrent une densité généra- lement rapprochée de la moyenne, lorsqu'on compare leur j)esanteur avec colle delà plupart des composés naturels. On leur reconnaît en même temps une grande dureté. Cette propriété n'est même surpassée que par quelques métalloïdes silérides, les corps les plus durs de la nature. » Lorsqu'on étudie les corps inorganiques dans leur ensemble, et qu'on les envisage ensuite dans leurs détails, on est d'abord surpris que l'on ait choisi le verre pour terme de comparaison de leur dureté, d'autant que rien n'est plus variable que sa composition, et que l'on est porté à supposer qu'il doit en être de même d'une propriété qui tient essentiellement à la consti- tution moléculaire. » Toutefois, quoique la dureté du verre éprouve quelques variations et augmente sensiblement par l'action seule de la chaleur, cette propriété varie entre des limites si étroites, que la plupart de ces silicates se rayent mutuel- lement les uns les autres, par les épreuves ordinaires. Nous avons déjà fait observer que la dureté réelle de cette substance était entre celles du phos- phate de chaux et du feldspath qui la raye facilement, c'est-à-dire entre ( 7" ) 5 et 6. Or, nous ajouterons que l'urane oxydulé est encore aussi dur, puis- qu'il raye le verre, à la vérité non à la manière des deux espèces minérales que nous venons de citer, mais d'une façon toute particulière et à lui propre. On peut donc, d'après ce dernier fait, admettre que la dureté du silicate ;irtificiel doit peu différer de celle de l'oxyde d'urane, dont la valeur est 5,5, chiffre auquel nous sommes arrivé par une autre voie, et qui par cela même est probablement très-rapproché de la vérité. » M. Daguillox, chirurgien de la marine, près de pai'tir poiu- un voyage de circumnavigation, dont il indique les principales relâches, se met à la disposition de l'Académie poiu" les observations relatives à la météorologie et à l'histoire naturelle qu'elle croirait devoir lui indiquer. Renvoi à MM. Valenciennes et Ch. Sainte-Claire Deville qui jugeront b'iï y a lieu d'ajouter aux instructions proposées par l'Académie pour de sem- blables voyages l'indication particulière de quelques desiderata. M. GiAcoMODi Negro, qui avait précédemment fait honnnage à l'Académie d'(me brochure écrite en italien et ayant pour titre « Les deux grands agents physiques de la création " [voir au Bulletin bibliographique de la séance du i'"' avril), demande aujourd'hui par une Lettre écrite de la Spezia, en date du i*"'' avril, à connaître le jugement qui aura été porté siu- cet opuscule. M. Despretz est invité à prendre connaissance de l'ouvrage et de la Lettre qui contient quelques développements ultérieurs de la pensée de l'auteur, et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal. COMITÉ SECRET. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret pour conti- nuer la discussion des titres des candidats présentés dans la séance précé- dente pour la place vacante dans la Section de Géographie et de Navigation. La clôture de la discussion est prononcée : l'élection aura lieu dans la séance prochaine. La séance est levée à 6 heures un quart. É. D B. ( 712 ) BULLETIN BIBLIOGRAPUIQI'E. L'Académie a reçu dans la séance du 8 avril 1861 les ouvrages dont voici les titres : Ontologie naturelle, ou Etude philosophique des êtres; par M. P. Flourens. Paris, 1861; in-18. Le Jardin fruitier du Muséum, ou Iconographie de toutes les espèces et variétés d arbres Jruitiers cultivés dans cet établissement, etc.; par M. J. DecaISNE, Membre de l'Institut; 45" livr. Paris, 1H61; in-4''. Méthode pratique de laryngoscopie; par le D' L. TURK, médecin eu chef ]. et R. de l'hôpital général de Vienne (Autriche). Paris, 1861 ; br. in-8°. Mémoire sur une maladie particulière des genoux; par le D' Regnault. Paris, 1861 ; br. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur par M. J. Cloquet pour le concours Moiilyon, Médecine et Chirurgie.) Bibliothèque universelle, revue suisse et étrangère. 66" année. Nouvelle période; t. X, n^^g, qo mars 1861. Genève, i86r;in-8''. Bulletins de laSociété d' anthropologie de Paris; t. P', 4" fascicule; juillet à décembre 18Ô0. Pnris, 1860; br. in-8*'. Bulletins de l'Acadétnic royale de Médecine de Belgique; année 1 860; 2" série, 1. III, n" (j; et année i8(h, 3" série, t. IV, n° i. Bruxelles, 1860 et 1861 ; br. in-8°. Sur la constitution du sjslème eifélien dans le bassin anthrnxifère dtt Condros; par M. M. -G. Dewalque, membre de l'Académie royale de Belgique, br. in-8°. Note sur la constitution géologique de l'île de Crète; par M. Victor Raulin ; br. in-8". ERRJTJ. (Séance du 1" avril 1861.) Page 648, ligne 6 (Commission chargée de l'examen des travaux de M. Maisonneuve, sur la régénération des os par le périoste). Rétablir le nom de M. Flourens qui a été omis par erreur et qui figure en tète des Commissaires designés pour ces travaux dans le Compte rendu delà séance du 18 mars 1861. Page 667, ligne 6, Chronographe à pendule conique, par M. Martin de Brettes, ajoutez 'Renvoi à l'ancienne Commission). COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 13 AVRIL 1861, PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIRURGIE. — Nécrose : extraction du séquestre; par M. JoBERT DE Lamballe. n Dans une des dernières séances de l'Académie, M. Maisonneuve a lu une intéressante observation de nécrose invaginée du tibia. Deux ans avant l'opération, le malade avait fait une chute violente, qui fut suivie de douleur, de tuméfaction, d'abcès, etc. » Pour extraire le séquestre, M. Maisonneuve fit une incision dans toute la longueur du tibia; elle fut terminée par une incision transversale à chaque extrémité, et il isola l'os mortifié de l'os nouveau. » Le malade put marcher le quarantième jour avec des béquilles sans claudication, et M. Maisonneuve fut surpris de voir avec quelle rapidité la reproduction de l'os avait eu lieu. » Ce faU confirme les résultats que j'ai obtenus et que j'ai publiés en i836 dans le Journal hebdomadaire du Progrès des Sciences médicales. Dans plu- sieurs articles successivement publiés, j'ai noté le rôle important que joue le périoste dans la reproduction du nouvel os, et les métamorphoses que celui-ci subit jusqu'à son complet développement. Dans ce travail, je rap- porte quatre observations qui fortifient les belles et importantes expériences de M. Flourens sur les animaux. C. R., iSCi, i" Semeslre. (T. LU, N» IS.J 94 ( 7>4) » J'ai pu noter jour par jour le mode de régénération de l'os; mais ce n'est pas ici le moment d'en exposer les détails. » Le procédé que j'ai employé dans les cas de nécrose invaginée consiste dans une incision qui comprend tous les trajets fistuleux et qui se termine par deux incisions secondaires laites à ses deux extrémités. Il est possible alors de disséquer deux larges lambeaux, d agir sur le périoste, de trépaner l'os nouveau, et d'extraire l'os primitif auquel le premier forme constam- ment un étui. » Je n'ai jamais vu d'accident à la suite de cette opération, que j'ai fré- quemment pratiquée depuis i836, ni de raccourcissement du membre, ni de difformité sérieuse. » I^es malades ont pu marcher sans claudication après la guérison comme s'ds n'avaient pas subi d'opération. » J'ai pu faire quelques remarques pendant l'opération relativement à l'os nouveau; les voici : i° l'os nouveau offrait plus d'épaisseur que l'os an- cien; 1° il était plus dur, moins régulier, et les parties constituantes étaient plus rapprochées et plus serrées. La tige osseuse nouvelle était donc plus forte que la tige primitive. » Comme je viens de le dire, depuis i836 j'ai eu fréquemment l'occasion de pratiquer des opérations pareilles, et je me suis assuré qu'on pouvait par elles éviter l'amputation. » C'est là, suivant moi, la véritable chirurgie conservatrice, et il faut espérer que cette opération, assise désormais sur des principes, prendra rang dans la science comme un procédé régulier, » Noie de M. Guvon accompagnant la présentation de sa Notice sur le Itascliis. a J'ai l'honneur de déposer sur le bureau une Notice sur le hasrhis. pré- paration en usage dans tous les pays musulmans. » Le liascliis, comme on le sait ilepuis longtemps déjà, se retire d'un Cannabis; seulement on pensait que ce Cannabis différait du nôtre, le Canna- bis saliva : il n'en est rien, et c'est ce que je rappelle au commencement de ma Notice. » Cette Notice a surtout poiu- but d'établir que le Cannabis saliva est le Népenthès d'Homère. De plus, que c'est de la même plante que les femmes de Thèbes, en Egypte, retiraient la liqueur dont j);ule Diodorc, et qui jouissait des mêmes propriétés que le népenthès du poète grec. ( 7'5 ) » J'établis encore, dans ma Notice, que les propriétés de la plante n'existent pas seulement dans les feuilles, qu'elles se retrouvent et dans ses fleurs et dans ses semences. » Je signale les effets fâcheux attachés à l'usage continu des feuilles dont se compose le haschis, et je termine ma Notice en rappelant des accidents d'empoisonnement produits par les semences. » M. GuYox, avant de faire cette présentation, a lu une Note sur un calcul biliaire qui s'est fait jour à travers les parois abdominales. N031INATI0IVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre qui remplira dans la Section de Géographie et de Navigation la place devenue vacante par le décès de M. Daussy. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Sg, M. deTessan obtient aS suffrages. M. Foucault i6 M. Paris 9 M. d'Abbadie 7 M. Peytier 2 Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. J.e nombre des votants restant 69, M. de Tessan obtient 38 suffrages. M. Foucault i3 M. Paris 7 M. d'Abbadie i M. DE Tessan, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. 94. (7.6) MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur la phonation; par M. Cii. Battailie. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Flourens, Milne Edwards, Bernard, Longet.) Je sais et j'ai dit que l'on peut obtenir des sons à l'aide de la tension et du courant d'air seulement, la glotte étant légèrement ouverte dans toute sa longueur. Mais je rappellerai que le résultat ainsi obtenu est presque de l'aphonie, et se borne à une série très-limitée de sons tellement pénibles, qu'on les doit considérer comme en dehors de la phonation. Je diviserai donc mes conclusions générales en trois paragraphes, affectés successi- vement à la tension des ligaments vocaux, à l'occlusion de ta glotte en arrière, au courant d'air phonateur, et je résumerai chacun de ces trois phéno- mènes au double point de vue du mécanisme qui les engendre et des ré- sultats issus de ce mécanisme. § A. — Tension des ligaments vocaux. » a Mécanisme générateur. — La tension des ligaments vocaux est à la fois antéro-postérieure et latérale. » Les causes de la tension antéro-postérieure résident dans les cartilages cricoïde, thyroïde, aryténoïdes, dans les articulations de ces cartilages entre eux et dans les muscles crico-thyroïdiens et aryténoïdiens postérieurs. En effet, les ligaments vocaux sont étendus entre le thyroïde et les ary- ténoïdes; mais comme les aryténoïdes sont fixés ati cricoïde, qui les entraîne dans ses mouvements, c'est en réalité à l'aide du thyroïde et du cricoïde que s'opèrent les neuf dixièmes de la tension longitudinale. L'articulation crico-tliyroïdiennc permet un mouvement de bascule par lequel le cri- coïde se meut antérieurement, de bas en haut, vers le thyroïde, tandis qu'il ( 717 ) entraîne en arrière, par sa partie postérieure, les aryténoïdes et les liga- ments vocaux qui s'y attachent. De son côté, l'articulation crico-aryténoi- dienne permet au^ aryténoïdes des mouvements obliques d'avant en arrière et de dehors en dedans qui déterminent également une fraction antéro- postérieure. Le nuiscle crico-ihyroïdien, agissant de bas en haut, disposé en faiceaux d'inégale longueur, détermine, soit d'un seul coup, soit graduelle- ment, le mouvement de bascule ducricoïde. De leur côté, les muscles at-yténoïdiens postérieurs attirent légèrement en arrière les aryténoïdes et l'attache postérieure des ligaments vocaux. Néanmoins il faut dire que dans cette circonstance ces muscles ont pour but principal de maintenir les aryténoïdes. B Les causes de la tension latérale diffèrent dans la région sous-glottiqtie et dans la région ventriculaire des ligaments vocaux. I) Relativement à la région sous-glottique, si l'on se rappelle que la mem- brane vocale est très-solidement fixée au bord supérieur du cricoïde, que la traction longitudinale donne au bord libre des ligaments une certaine fixité, on comprendra comment la région intermédiaire à ces deux points» devenant convexe par la rigidité du /«îscefl» plan on portion horizontale du muscle thyro-aryténoïdien, subit une tension démontrée du reste par l'ob- servation laryngoscopique. » La région ventriculaire est tendue de la manière suivante. Les fibres arciformes ou obliques internes du thyro-aryténoïdien deviennent recti- lignes de courbes qu'elles étaient, développent à la manière d'un éventail et entraînent en dehors la membrane fixée, en dedans, au bord libre des ligaments par le bord supérieur du faisceau plan qui est tendu en longueur. » b. Résultais. — i" Les ligaments vocaux sont tendus en longueur et en largeur. » 1° La tension en longueur et la tension latérale externe ou ventricu- laire ont toujours lieu ; la tension latérale ou sous-glottique peut disparaître et disparaît en effet dans le registre de fausset. » 3° La tension totale ou partielle met les ligaments en état de vibrer. » 4° Comme elle peut être augmentée ou diminuée par gradations insensibles, elle permet aux ligaments d'engendrer tous les sons de la voix humaine du grave à l'aigu, et réciproquement. » 5° Elle peut, en augmentant et en diminuant, compenser, pour sa part, les effets de l'intensité ou de la faiblesse du courant d'air, et permettre l'ac- croissement ou la diminution de la force du son sur chaque degré de l'échelle vocale. ( 7'8 ) § B. — Occlusion de i.a glottb en arriére. » a. Mécanisme générateur. — La glotte se ferme en arrière dans sa por- tion intercartilagineuse et dans une certaine étendue de sa portion inter- ligamenteuse. » L'occlusion de la glotte intercartilagineuse résulte à la fois de l'ar- ticulation des aryténoïdes avec le cricoïde, de la conformation des faces internes des aryténoïdes et de l'action des muscles thyro-aryténoïdien, crico- aryténoïdien latéral, et aryténoïdiens postérieurs. » L'articulation crico-aryténoïdienne permet aux aryténoïdes un mou- vement oblique de dehors en dedans et d'avant en arrière, qui rapproche leurs bases, et un mouvement de rotation sur eux-mêmes, qui affronte gra- duellement leurs apophyses d'arrière en avant. Les faces internes des aryténoïdes, légèrement convexes de haut en bas, permettent à ces carti- lages de s'affronter très-intimement et graduellement, soit par le tiers in- férieur, soit par les deux tiers supérieurs de ces mêmes faces internes. Les muscles aryténoïdiens transverse et oblique déterminent l'affron- tement tout à fait postérieur des aryténoïdes. Les muscles thyro- aryténoïdiens et crico-aryténoïdiens latéraux produisent l'affrontement progressif. Si cet affrontement a lieu par le tiers inférieur des faces aryté- noïdiennes internes, il est dû aux fibres horizontales inférieures du thyro- aryténoïdien, aux fibres internes et moyennes du crico-aryténoïdien latéral et aux fibres inférieures de l'aryténoïdien transverse. S'il a lieu par les deux tiers supérieurs des faces sus-nommées, il est produit par les fibres obliques internes et externes du thyro-aryténoïdien, par les fibres moyen- nes et externes du crico-aryténoïdien latéral, par les fibres moyennes et supérieures de l'aryténoïdien transverse, par les aryténoïdiens obliques et par le thyro-aryténoïdien grêle. L'occlusion partielle de la glotte interliga- menteuse est due aux fibres supérieures horizontales du muscle thyro- arvténoïdien insérées sur le bord libre des ligaments vocaux. 1) b. Résultais. — i° La glotte peut se fermer en arrière dans toute sa portion inlercartilagineuse et dans une certaine étendue de sa portion inter- ligamenteuse. » 2° Cette occlusion peut augmenter ou diminuer graduellement. » 3° Elle augmente ou diminue en arrière l'étendue de la surface vibrante, et concourt ainsi à la production des sons graves ou aigus. n 4" Elle peut, en augmentant ou en diminuant, compenser pour sa part les effets de l'intensité ou de la faiblesse du courant d'air, et permettre ( 719 ) l'accroissement ou la diminution de la force du son sur chaque degré de l'échelle vocale. » 5° L'affrontement progressif des aryténoïdes peut s'opérer tantôl par le tiers inférieur des faces aryténoïdiennes internes, ce qui a lieu dans le registre de poitrine, tantôt par les deux tiers supérieurs de ces faces, ce qui a lieu dans le registre de fausset. § C. — CODRANT d'air PHONATEUR. » L'air attiré par l'inspiration dans la poitrine, et poussé avec une cer- taine force, par l'expiration, contre les ligaments vocaux préalablement tendus, détermine le son vocal. Je ne décrirai point ici le mécanisme respi- ratoire destiné à la phonation, attendu qu'il demande une étude détaillée et spéciale qui se trouve un peu en dehors du but de ce Mémoire. Je me contenterai d'en exposer les résultais. » 1° Le passage d'un courant d'air, ayant une énergie voulue, à travers les ligaments vocaux affrontés et tendus, les détermine à entrer en vibration. » 1^ L'accroissement d'intensité du courant d'air peut concourir à l'élévation du son en augmentant la tension des ligaments. » 3° Pour un même son, l'accroissement d'intensité du courant d'air détermine une tension moins forte des ligaments et une plus grande ouver- ture de la glotte en arrière. M 4° Tendus en tous sens, les ligaments vocaux vibrent à la manière des membranes fendues en tous sens. » 5° L'intensité du son et l'amplitude des vibrations sont en raison directe de l'intensité du courant d'air. * CONSIDÉRATIONS DIVERSES. » Fasciculation des muscles. — Je ne saurais trop insister sur la disposition en faisceaux commune à tous les muscles intrinsèques du larynx. Je crois qu'on n'en a jamais assez tenu compte. Elle est la source certaine de cette faculté merveilleuse que possède la voix humaine de parcourir en un instant les degrés les plus minimes de l'échelle vocale, et de charmer l'oreille par l'assemblage rapide des sons les plus divers. Elle joue en outre un rôle considérable dans la production des registres de poitrine et de fausset. 1 » Double emploi des muscles. — Les muscles intrinsèques ont tous pour commune mission de mouvoir les cartilages du larynx; ainsi, d'une part, le crico-aryténoïdien postérieur écarte les aryténoïdes que rapprochent les aryténoidiens postérieurs, le crico-aryténoïdien latéral et le thyio-aryténoï- ( 720 ) dien ; de plus ces trois muscles font pivoter les arvténoïdes sur eux-mêmes. Le crico-lhvi'oïdien fait basculer le cricoide. D'autre part le thyro-ary- ténoïdien est destiné à tendre en largeur les ligaments vocaux à l'aide de ses fibres sous-glottiques et ventriculaires, et le crico-thyroïdien se joint aux aryténoïdiens postérieurs pour déterminer la traction antéro-postérieure des ligaments. » application des J ails observés aux principaux phénomènes du chant. — Rappelons d'abord les caractères distinctifs de chacim des registres. » Dans le registre de poitrine, la glotte est linéaire, l'accolement gradué des aryténoides a lieu par le tiers inférieur de leurs faces internes, les liga- ments vibrent dans leurs trois régions, et la tension est plus forte que dans le registre de fausset pour un même son. » Dans le registre de fausset, la glotte est plus ou moins de forme ellip- soïde, plus ouverte en arrière que dans le registre de poitrine, pour un même son, la tension sous-glottique n'existe pas, les tensions antéro-postérieure et ventriculaire sont plus faibles, pour un même son, que dans le registre de poitrine, entîn l'accolement progressif des aryténoides a lieu par les deux tiers supérieurs de leurs faces internes. » Maintenant examinons quelques-uns des phénomènes principaux du chant, l'étendue de la voix de poitrine par exemple. Cette étendue est très- variable et je vais expliquer pourquoi. » L'occlusion progressive de la glotte en arrière concourt avec la tension longitudinale à l'élévation du son. Or cette occlusion est due d'abord à l'affrontement des aryténoides, ensuite aux fibres supérieines horizontales du tliyro-aryténoïdien insérées siu- les ligaments vocaux. Il s'ensuit que, pendant toutes les phases progressives de l'affrontement aryténoïdien, l'élé- vation du son sera facile; mais il s'ensuit aussi qu'au delà, surtout si les fibres insérées aux ligaments sont faibles ou absentes, l'élévation du son ne sera plus effectuée que par la tension longitudinale. Or tous les chan- tevus dont la voix de poitrine est étendue, possèdent des apopliyses déve- loppées, surtout en longueur, des larynx très-volumineux, ce qui annonce un grand développement des ligaments vocaux, et ont besoin d'une ten- sion longitudinale moins forte pour élever les sons. Au contraire chez les femmes et les enfants, dont les apophyses sont courtes et les larynx peu volumineux, la voix de poitrine est peu étendue et nécessite une tension longitudinale très-énergique. Cela revient à dire que l'étendue de la voix de poitrine doit dépendre de la longueur des apophyses aryténoides, de la présence ou de l'absence des fibres liorizontales insérées aux ligaments (7^0 vocaux, du nombre ot de la force de ces fibres, de l'étendue de contraction permise aux muscles crico-fhyroïdiens, enfin du degré de résistance des lit^aments vocaux. On sait que les voix d'homme et de femme affectent des types de sonorité différents qui les ont fait désigner sous les noms de voix de basse-taille^ de baryton, de ténor, de soprano et de contralto. Pour une oreille exercée il n'y a pas de confusion possible entre ces types divers. Autant vaudrait confondre le son d'une contre-basse avec celui d'un violon- celle, et le son d'une clarinette avec celui d'un hautbois. Ces différentes sonorités résultent des variétés de grosseur, de densité, de structure intime qu'affectent les ligaments vocaux chez les différents sujets. C'est pour cette raison qu'il faut classer les voix, non d'après leur étendue, mais d'après le caractère de sonorité qui leur est propre. » L'un des phénomènes les plus curieux de la voix humaine est sans contredit la coexistence de deux registres distincts, à la fois superposés et enchevêtrés de telle sorte, que l'un dépassant l'autre vers l'aigu, en est dé- passé vers le grave. Or les lois physiologiques que j'ai essayé d'établir sont en harmonie complète avec le phénomène ci-dessus. D'abord j'ai dit que locclusion de la glotte en arrière élevait le son de poitrine concurremment avec la tension ligamenteuse. Supposons que j'émette le son de poitrine fn^. La glotte intercartilagineuse est fermée dans toute sa longueur, et les liga- ments vocaux sont tendus dans leurs trois régions. Je passe subitement au yà' de fausset. La région sousglottique se relâche, c'est-à-dire que l'éten- due de la surface vibrante diminue d'un bon tiers dans sa région la plus épaisse. Je n'aurai donc plus besoin pour produire le son^a' d'une tension aussi grande, puisque j'ai désormais affaire à une membrane plus étroite et plus mince. Aussi avons-nous vu que la tension longitudinale diminuait en cette circonstance. Simultanément l'ouverture de la glotte s'est accrue en arrière. Or si le champ de la tension longitudinale a augmenté, si d'autre part, grâce à l'accroissement postérieur de l'ouverture glottique, je puis encore affronter les aryténoïdes, il me sera permis de dépasser en voix de fausset le son /a' de tout ce qui me reste de tension et d'occlusion à em- ployer, et si le son Ja^ est la limite de ma voix de poitrine, je pourrai avec le registre de fausset franchir cette limite. » Maintenant comment le registre de fausset disparaît-il en bas avant la fin du registre de poitrine? Je vais l'expliquer. » A mesure que l'on arrive aux sous les plus graves du fausset, la ten- sion ligamenteuse s'affaiblit et la glotte s'ouvre en arrière de plus en plus. C. R., 1861, 1" Semestre. (T. Ul, K» 13.) -2 ) Le son cesse au moment où l'écarlement des ligaments est trop considérable et la tension troj) faible pour qu'il y ait vibration. Or le son de poitrine cor- respondant à ce point du registre de fausset, rétablit une tension et un af- frontement suffisanls pour engendrer de nouveau les vibrations. » Maintenant, en expliquant comment le registre de poitrine est dépassé en haut par le registre de fausset et le dépasse en bas, j'ai suffisammerit éclairci le phénomène de coexistence des deux registres sur la partie moyenne de l'échelle vocale. » PALÉONTOLOGIE. — Résultat des fouilles exécutées en Grèce, soùs les auspices de i Académie ; par M. A. Gacdrt. (Suite.) (Renvoi, comme les précédentes communications, à l'examen des Sections de Zoologie et de Géologie.) « L'examen des carnassiers de Pikermi m'a conduit aux conclusions sui- vantes : 1° tous ces animaux diffèrent des espèces aujourd'hui vivantes; 2° quelques-uns d'entre eux comblent des lacunes zoologiques en établis- sant des liens entre des genres qui sont bien distincts dans la nature actuelle; ?>° ils étaient moins puissants que de nos jours comparativement aux grands herbivores. » J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une tête entière d'un Car- nivore de la taille du Putois. Cet animal est le plus petit des Mammifères jusqu'à présent trouvés en Grèce. Voici la formule de ses dents : Incisives -r- J canines - ; fausses molaires -; carnassières - ; tuberculeuses-- 3 I 2 I I A la mâchoire inférieure la carnassière a un petit talon interne, la tuber- culeuse est très-grande, oblongue, marquée de trois collines Iransverses; a la mâchoire inférieure la carnassière a trois pointes en avant et un assez grand talon en arrière, la tuberculeuse inférieure est ronde et de moyenne gran- deur. C'est auprès des Moufettes que ce Carnivore se place le plus naturel- lement ; mais il s'en distingue par sa carnassière supérieure à plus petit talon interne et par sa tuberculeuse supérieure, oblongue au lieu d'être carrée. Je proj)Ose de le nommer Promephitis Larletii {TrfDO devant, /ui(p'iTiç mou- fette). » J'ai recuedli plusieurs crânes entiers et des membres d'un Carnivore dont M. Nordmann a découvert quelques pièces en Bessarabie, et qu'd a ( 7^3 ) nommé Thalassictis robustn. Bien que les pièces provenant de Bessarabie fussent incomplètes, M. Gervais avait pu reconnaître que le Thalassictis robiista était intermédiaire entre les Hyènes et les Civettes. La justesse des aperçus de M. Gervais est démontrée par les échantillons trouvés à Pikermi. Le Thalassictis est un animal de ia tribu des Civettes chez lequel, non-seule- ment les dents, mais aussi les différents os du squelette présentent des par- ticjiiarités propres aux Hyènes : ainsi l'humérus a le trou sus-trochléen des Hyènes, bien qu'il ait l'arcade épitrochléenne des Civettes; le radius et le calcaneum sont dans le plan des Hyènes ; les pieds de derrière n'ont que 4 doigts comme chez les Hyènes, au lieu de 5 comme chez les vraies Civettes. » En i856, M. Lartet et moi avons signalé à l'Académie, sous le nom spécifique d' Orbignji , un autre animal de la tribu des Civettes. Les nom- breuses pièces que je viens de retrouver m'engagent à placer ce Carnivore dans le genre Thalassictis, car les dents et les os des membres sont disposés suivant le même type que dans le Thalassictis robusta. Au point de vue spécifique, on remarque entre le Thalassictis Orbicjnyi et le Thalassictis robusta des différences notables ; le premier est un tiers plus petit; sa pre- mière tuberculeuse supérieure est moins allongée dans le sens transversal ; la carnassière de la mâchoire inférieure a ses trois pointes antérieures au même niveau, tandis que dans le robusta la pointe interne est moins élevée ; les dents sont plus étroites et leurs pointes sont plus aiguës; le crâne est plus grêle; les arcades zygomatiques sont moins écartées; la protubérance post- orbitaire du frontal rejoint presque entièrement le jugal comme dans les Mangoustes, au lieu que dans le robusta il s'en faut de beaucoup que l'ar- cade post-orbitaire soit complète. » Après avoir signalé à l'Académie des animaux de la tribu des Civettes qui se rapprochent des Hyènes, j'ai l'honneur de lui présenter une Hyène qui rappelle un peu les Civettes. M. Lartet et moi avons donné à cette espèce le nom de Hyœna Chœretis dans un Mémoire inédit que nous avons adressé à l'Académie en i856. La carnassière supérieure est disposée comme chez les Hyènes; les fausses molaires inférieures sont au nombre de 4; la première est rudimentaire ; les 3 autres ont leur pointe principale plus haute que dans les diverses Hyènes connues, elles sont plus étroites, moins renflées à leur base : elles se rapprochent un peu de celles des Civettes. La carnassière inférieure porte un denticule interne rudimentaire ; son talon est assez réduit. 95.. ( 7^4 ) » Je mets sons les yeux de l'Acaclémie une tète entière d'une seconde espèce qui nnitre parfaitement dans le type du genre Hyène. « J'ai trouvé une mâchoire inférieure d'un troisième animal do la tribu des Hyènes qui offre le caractère singulier d'avoir une petite tuberculeuse comme lesC.ivettes. La carnassière a un talon court, élargi, muni de trois tu- bercules; elle n'a pasdedenlicule interne. Les fausses molaires sont au nom- bre de 4- La branche dentaire est plus allongée que dans les Hyènes. J'ai nommé ce fossile Hyœnictis cjrœca (vanct Hyène, J^tr/ç fouine) pour rap- peler que, tout en se rapprochant extrêmement des Hyènes, il a une tuber- culeuse à la mâchoire inférieure comme les Mustéliens et les Civettes. » J'ai inscrit sous le nom de Mmtela l'entclici inie mâchoire inférieure de Martre, qui ressemble extrêmement aux Martres vivantes, notamment à la Martre du Canada; elle en diffère par sa taille plus grande, ses dénis plus écartées les unes des autres et plus allongées. « Enfin j ai trouvé des pièces de trois espèces de Felis : l'une grande comme le Chat serval, l'autre comme le Lynx d'Asie, la troisième comme une Panthère, et des os nombreux d'un Macliairodus un peu plus puissant que le Lion d'Afrique. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Des puits forés à Venise. Résultats définili/s de l'expérience, concernant l'application des eaitx artésiennes à i alimentation de celte vitlcy par M. G. Grimaid de Caux. (Commissaires précédemment nommés: MM. Rayer, Bernard, Cloquet.) « L'Académie a été entretenue plusieurs fois des essais faits à Venise pour alimenter la population avec des eaux artésiennes. Je trouve dans le tome XXV, page ai/j. des Comptes rendus (séance du 2 août 1847) ^^ men- tion d'une Note sur ce sujet, envoyée par M. de Challaye, consul de France. Le tome XXVI, page 5o (séance du 10 janvier 1848) contient une seconde Note sur le même sujet, par 1 habile sondeur M. Degousée, qui avait entre- pris le sondage à ses risques et périls. Depuis lors trois lustres se sont écoulés. Il m'a paru intéressant, après ce long espace, de connaître les résul- tats d'une exi)érience qui, si elle eût été complète, devait avoir pour effet inévitable de modifier profondément le régime alimentaire d'une population de 120,000 âmes. Je dis : si elle eût été complète; mais elle ne l'a pas été, car les citernes particulières n'ont point été négligées. Ce qui reste de celte expérience, c'est : ( 7^5 ) » 1° La connaissance du terrain sur lequel la ville de Venise est assise; » 2° Celle des qualités réelles et de l'origine probable des eaux douces (|ue la sonde a amenées d'une profondeur de 6o mètres. !) Poiu' avoir des données certaines et parfaitement authentiques, les seules dignes de la science, j'ai eu recours à la voie officielle. A ma sollicita- tion , M. le Ministre des Affaires Étrangères a invité M. le baron de Théis, consul général de France à Venise, à recueillir, auprès des autorités véni- tiennes, les renseignements qui m'étaient nécessaires. S. E. M, Tliouvenel a bien voulu me les transmettre immédiatement. Ces documents sont : )i 1° Cinq analyses comparatives comprenant l'eau de trois puits arté- siens, l'eau de la Brenta et l'eau des citernes du palais Ducal ; » 2° Un plan de situation des puits dans la ville; H 3° Le jaugeage des eaux artésiennes fait à diverses époques, de 18/47 à i856; » 4" Un dessin représentant les coupes géologiques des sept sondages qui ont donné de l'eau. » Tels sont les éléments qui servent de base aux considérations sui- vantes : » Terrain de Venise. — C'est une alluvion. La sonde y a pénétré jusqu'à i37'°,5o. Les sables Huides et remontants rencontrés à cette profondeur ont empêché M. Degousée d'aller plus avant. » L'alluvion de Venise se compose de trois éléments seulement : de sable, d'argile et de tourbe. L'argile se superpose à la tourbe et le sable à l'argile. La tourbe ne se forme pas au sein des eaux profondes. Si on la rencontre à i3o mètres sous le sol actuel de Venise, c'est donc que les eaux de l'Adria- tique se sont élevées ou que le rivage de la lagune s'est abaissé de i3o mè- tres. Ces couches de tourbe, d'argile et de sable reparaissent toujours dans le même ordre de superposition. On les a rencontrées d'abord à 29 mètres, puis à 48, puis à 85 et enfin à i3o mètres. La végétation a donc paru quatre fois sur les bords de la lagune, avant de s'y établir définitivement; et chaque fois elle a été interrompue par des inondations suivies, de dépôts d'argile recouverts de sable : si bien que les arbres qui maintenant déploient leurs rameaus luxuriants au Lido et sur la Brenta ne sont, pour ainsi dire, que la cinquième génération de ceux qui ont fleuri jadis à \io mètres de pro- fondeur. )) Qualités de l'eau artésienne. Son origine probable. — Les analyses en- voyées sont au nombre de cinq. Elles comprennent l'eau de trois puits, ( 7^6) l'eau de Seriola qui n'est qu'une dérivation de la Brenta, et l'eau des ci- ternes du palais Ducal. » Ces analyses confirment les principes : L'eau la plus pure est celle de la citerne (eau de pluie); elle donne en matières fixes ^go Vient ensuite l'eau de la Seriola (eau de rivière), qui en contient un peu plus 870 Quant à l'eau des puits artésiens, les chiffres sont : Pour celui de San Polo. . . 2 . 160 — San Leonardo 2 . i65 — Santa Margarita a . 180 » C'est ici le cas de rappeler l'axiome de Pline : Taies siint aqiiœ, quales sunt terrœ per quas fluunl. L'eau artésienne traverse une alluvion dont elle rapporte tous les vices : de la matière organique azotée, de l'acide carbo- nique, de l'hydrogène carboné, de l'azote. La matière organique qui dans l'eau de citerne est seulement dans la pro- portion de • 3 Et dans l'eau de la Seriola Sg Est dans l'eau de Santa Margarita 1 2g — San Polo 345 — San Leonardo 252 » Quant aux gaz, on a recueilli pour 5 kilogrammes d'eau : jicide carbonique : Eau de San Polo 65o centimètres cubes. de Santa Margarita. . . . 680 de San Leonardo 700 Hydrogène carboné : Chaque source 525 Azote : id. 1^5 » Les eaux de la Seriola et de la citerne ducale n'ont fourni à l'analyse aucun gaz de cette nature. » Telles sont les qualités de l'eau artésienne. Quant à son origine, voici ce qu'on en peut dire : )i Lalluvion de Venise recouverte par l'eau de mer est imbibée par les infiltrations des eaux pluviales qui, dans la campagne vénitieinio, forment des marais de toutes parts et assez loin, même en terre ferme, forcent les cultivateurs qui veulent assécher leurs champs à les entourer d'iui fossé ( 727 ) assez profond, lequel a toujours de l'eau, même dans les clialeurs. Ces ma- rais et ces fossés, supérieurs au niveau des eaux jaillissantes, constituent en quelque sorte le commencement de la branche descendante du siplioii renversé, dont la branche ascendante est formée par les sondages. En tout cas, cette circonstance locale contribue à expliquer l'excès de matière or- ganique et des gaz signalé par les analyses. » État actuel des ^uits artésiens de Venise. — Dix-sept puits ont été creusés: neuf ont cessé de jaillir dés le mois d'octobre i852. >) Les huit autres ont été l'objet de cinq sondages exécutés à de longs ui- tervalles; ces sondages ont montré dans le rendement une diminution pro- gressive. » Aujourd'hui les neuf puits artésiens de Venise ne donnent plus que 448 litres par minute, ce qui fait 700 mètres cubes en vingt-quatre et non i656, comme on l'a imprimé, par erreur sans doute, dans des livres pu- bliés récemment. » Voici en effet, d'après le tableau officiel, ce qu'a donné le jaugeage de septembi'e i856, qui a été le dernier : Litres par minute. San Polo 76 San Leonardo 67 San Geremia 67 San Francesco délia Vigna. .... 4? Ghetto nuovo 68 San Giacomo dell'Orio 82 San Maria Formosa 23 San Giacomo in Giudecca 58 Total 488 » En 1847 quand l'eau fut atteinte, San Polo donnait a47 litres et San Leonardo ^.ao. « MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. LE Président annonce que M. Turck, à qui l'Académie a récemment décerné un des prix de la fondation Montyon pour ses travaux concernant la laryngoscopie, est présent à la séance et a déposé sur le bureau une série de dessins représentant des états morbides du larvnx et des parties envi- ( 7^i^ ) roiinaiitcs, étals constatés par le moyen du laryngoscope et figurés fidè- lement, grâce aux facilités fouinics par l'instrument, par le D'' Eifinger. Ces images avec les explications correspondantes sont renvoyées à l'exa- men d'une Commission composée de MM. Flourens, Rayer, Bernard, Cloquet, Jobert. I M. Geoffrov-Saixt-Hilaire présente, de la part de MM. le D' G. Mej- nieret Louis d' Eichlhal, une série de photographies faites à Pétersbourg, et représentant plusieurs Samoïédes. Des hommes et des femmes de cette race viennent chaque hiver à Pétersbourg avec leurs traîneaux et leurs rennes; MM. Meynier et d'Eichthal ont mis à profit cette circonstance pour faire connaître un type anthropologique encore peu étudié, et'remplir ainsi luie des lacunes signalées dans les instructions remises à ces voyageurs par plu- sieurs Membres de la Commission nommée à cet effet par l'Académie. II M. Geoffroy-Saint-IIilaire fait remarquer qu'il existe quelques analo- gies et en même temps de très-grandes différences entre les Samoïédes figurés par MM. Meynier et d'Eichthal, et divers peuples du Nord qu'on a aussi récemment photographiés ou moulés, particulièrement les Groënlan- dais, bien connus depuis le voyage de S. A. I. le prince Napoléon dans les régions arctiques. » (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, de Quatrefages.) GÉOLOGIE. — Recherches sur les fossile). ; par ^1. Delesse. (Renvoi à l'examen de la Section de Minéralogie, de Géologie.) n Lorsque des animaux sont enfouis dans le sein de la terre, leurs par- ties molles se détruisent rapidement, tandis que les parties dures qui forment leur squelette sont douées d'une grande résistance à la décomposition. Ce- pendant ces dernières éprouvent des altérations qu'il est facile d'apprécier eu comparant les mêmes parties du squelette dans les animaux vivants et fossiles. )) Si l'on considère spécialement les os, leurs altérations sont accusées par des changements dans leur densité et dans leur composition chimique. » D'abord, il est très-facile de constater que dans les os fossiles la den- sité éprouve toujours une augmentation qui croît successivement avec l'âge. Cette augmentation est très-sensible, non-seulement pour les os des ( 7^9 ) différentes époques géologiques, mais encore pour ceux de l'époque actuelle. Dans les os de l'homme notamment, elle peut s'élever jusqu'à 34 pour loo. Elle est généralement plus grande pour les défenses d'éléphants et de mas- todontes que pour les os. Elle tient à la destruction de la matière organique ou de l'osséine et aussi à l'introduction de substances minérales nouvelles. Lorsque les os fossiles sont imprégnés d'oxyde ou de pyrite de fer, leur den- sité s'élève du reste beaucoup et elle n'a pas d'autres limites que celle de ces minéraux. » Il est assez difficile de comparer le carbonate de chaux dans un os normal et fossile ; car il varie, non-seulement avec chaque os, mais même avec chaque individu (i). Par suite delà destruction de l'osséine, le carbo- nate de chaux devrait augmenter dans un os fossile, et cependant cela n'a pas toujours lieu. Dans certains crânes humains fossiles, il s'abaisse même au-dessous de 3 pour loo, bien qu'il soit au moins le double dans un crâne normal. Le carbonate de chaux peut donc diminuer dans les os fossiles ; c'est en particulier ce qui s'observe quelquefois pendant la première pé- riode de leur décomposition, celle pendant laquelle l'osséine est détruite. » Mais le plus souvent le carbonate de chaux augmente dans les os fos- .siles qui sont antérieurs à l'époque actuelle. On peut surtout le constater aisément pour ceux qui sont celluleux, parce que leurs cavités sont fréquem- ment remplies par de la chaux carbonatée spathique. Le carbonate de chaux augmente aussi dans ceux qui sont les plus compactes, comme les côtes de lamantin. Il augmente même dans les dents et les défenses, bien que leur tissu soit extrêmement serré. Comme le carbonate de chaux se rencontre dans la plupart des roches, ainsi que dans les eaux d'infiltration, il est fa- cile de comprendre poin-quoi il augmente généralement dans les os fossiles. Le phosphate de chaux peut diminuer considérablement et même tomber à 25 pour loo, comme l'a constaté M. Fremy ; dans certains gisements au contraire il s'élève jusqu'à 8o, bien qu'en moyenne il ne soit guère que de 6o pour loo dans les os à l'état normal. » L'osséine se retrouve dans les os fossiles, et l'azote qu'ils renferment permet d'en apprécier la proportion. Cependant il n'y en a presque plus dans les os qui datent du terrain tertiaire ou de terrains plus anciens (a). (i) Fremy et Pelouse, Traité de Chimie, t. VI, p. 2,69. — Alph. Milne Edwards, Études chimiques et pkysinlogiques sur les os, 1860. (2) Comptes rendus, 1860, t. LI, p. 288. C. R., 18G1, I" Semestre. (T. LU, K" 13.) 96 ( 73o) Les os qui appartiennent à l'époque actuelle ou même au terrain diluvien en renferment au contraire une quantité notable. B L'azote d'un os fossile dépend de causes très-complexes. D'abord il varie avec l'os et avec l'animal considéré ; cependant quand on compare des os de mammifères, d'oiseaux ou de reptiles, la différence dans leur proportion d'osséine ne dépasse généralement pas quelques centièmes; par suite la différence dans la proportion d'azote se réduit à des millièmes. I) Lorsque les os sont fossiles, leur azote dépend de la durée pendant laquelle ils sont restés exposés à l'action de l'atmosphère avant d'être enfouis; car l'atmosphère détruit assez rapidement les matières organiques. Il dépend encore du gisement. Tl ne sera pas le même dans un terrain sec ou humide, ni dans un terrain imbibé par de l'eau douce ou par de l'eau salée. La composition minéralogiqne de la roche dans laquelle les os sont enfouis est encore importante à considérer, parce qu'elle contribue à faire Varier les substances contenues dans l'eau d'infdtration. » Enfin l'azote d'un os fossile dépend aussi de l'âge. Pour s'en con- vaincre, il suffit de doser l'azote dans des os remontant à différentes époques, particulièrement dans des os humains. Tandis qu'un os normal contient environ 54 millièmes d'azote, il y en a seulement 32,3 dans un os humain ayant plus d'un siècle; 22,9 dans un os du temps de Jules César; 18, 5 dans un crâne humain trouvé par sir Charles Lyell dans le. gisement de Denise ; 16, 5 dans une mâchoire humaine qui m'a été remise par M. de Vi- braye comme provenant de la grotte d'Arcy; i3,6 dans un cubitus hu- main découvert par M. Lartet à Aurignac. Les os humains des trois der- niers gisements jouissent d'une assez grande notoriété en géologie; ils sont regardés comme très-anciens et on voit qu'ils contiennent peu d'azote. Ce- pendant dans d'autres os humains qui avaient été altérés, soit par l'expo- sition à l'air, soit par la fossilisation, la proportion d'azote était encore moin- dre. Un crâne humain dont l'âge m'est inconnu et qui avait été enveloppé dans un conglomérat marin du Brésil, n'en avait même plus que 1,6. » Lorsque les os sont enfouis dans les mêmes conditions, leur teneur en azote devient bien comparable, et alors elle est surtout en relation avec leur âge. » D'après les observations de M. Lartet, l'os humain d'Aurignac était .issocié à des espèces éteintes, notamment au renne et au rhinocéros; il était donc intéressant de rechercher l'azote dans les os de ces derniers animaux. Or j'ai obtenu i4,8 pour le renne et 14, 5 pour le rhinocéros d'Aurignac, c'est-à-dire à peu près la même proportion que pour le cubitus humain ( 73i ) du même gisement; par suite l'analyse paraît indiquer que ces animaux sont contemporains de l'homme. » Dans la grotte d'Arcy, il existe d'après M. de Vibraye trois dépôts d'ossements qui sont bien distincts. Le dépôt supérieur, ou en tout cas le plus récent, porte des traces non équivoques de l'habitation de l'homme et d'animaux qui vivent actuellement dans le pays; j'ai trouvé qu'il y avait encore 24 d'azote dans un os humain qui en provenait. Le dépôt moyen renferme des os d'espèces disparues et particulièrement de renne dans lesquels il y a i4,3 d'azote; ces derniers sont d'ailleurs enveloppés dans une argile rouge avec un grand nombre de couteaux ou d'instruments en silex. Enfin le dépôt inférieur contient des os d'Ursus spelœus, qui n'ont plus que 10,4 d'azote. Il est donc bien visible que l'azote varie dans les os de ces trois dépôts et qu'il diminue successivement à mesure que leur âge augmente. « Les cavernes et les brèches osseuses renfermentdes os d'hyène, de renne, de bœuf, de cheval, de rhinocéros, qui ont une proportion d'azote égale ou presque égale à celle de certains os humains remontant à une haute anti- quité. L'analyse indique par conséquent que ces animaux, appartenant à des espèces disparues, ont vécu sur notre sol jusqu'à une époque qui n'est pas extrêmement éloignée de nous. » En résumé, un os fossile subit des altérations très-complexes. Sa porosité et sa densité augmentent. Son osséine se détruit et le rapport des sels cal- caires est plus ou moins modifié ou bien même complètement inversé. Dans la première phase de sa décomposition, l'os conserve une grande partie de son osséine , fait une effervescence lente dans l'acide et peut perdre un peu de carbonate de chaux. Dans la deuxième phase , son osséine a disparu presque entièrement; il happe à la langue, et il fait une effervescence vive dans l'acide; alors son carbonate de chaux tend généralement à augmenter plus rapidement que le phosphate. Quelquefois encore il subit des méta- morphoses qui altèrent complètement sa composition chimique, bien que sa forme soit conservée. « Le dosage de l'azote dans un os fossile permet d'ailleurs de contrôler les données de l'archéologie et de la géologie; il peut même fournir, dans certaines limites, des indications sur son âge : c'est donc pour notre globe une sorte de chronomètre. » • 96. • ( 73a ) PHYSIQUE. — Recherches théoriques et expérimentales sur [ électricité considérée comme puissance mécanique ; par M. Marié Davt. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pouillet, Regnault.) « De [unité de courant. — Lorsque je reçus de l'Académie l'encourage- ment qu'elle daigna m'accorder, je pris l'engagement de consacrer tous mes efforts à la solution du grand problème de l'emploi de l'électricité comme moteur. Cette solution ne pouvait être fournie que par la produc- tion d'un moteur fonctionnant industriellement dans des conditions rai- sonnables d'économie, car les moteurs marchant par l'électricité coûte que coûte étaient déjà nombreux. Pour le cas où, contrairement à mes induc- tions premières, cette solution ne serait pas possible dans l'état actuel de la science, il me fallait compléter la théorie des moteurs électriques ébau- chée par M. Jacobi au point de vue de l'équivalent mécanique de l'électri- cité et du rendement théorique et pratique de l'électricité; faire dans la li- mite de mes forces pour l'électricité ce qui a été fait pour la machine à vapeur. Depuis six ans je n'ai pas cessé d'étudier cette question, et c'est la série des résultats obtenus que je me propose de soumettre au jugement de l'Académie dans une série de Mémoires qui ne seront séparés les uns des autres que par le temps nécessaire pour faire une dernière vérification de ces résultats et des calculs dont ils ont été l'objet, les évaluations numé- riques formant la base d'un travail de ce genre, qui tire sa principale va- leur de leur degré d'exactitude. Dans le Mémoire que je présente aujour- d'hui et qui n'est qu'une espèce d'introduction à ceux qui le suivront et dans lequel je ne m'occupe que de la fixation de mon unité de courant, les conclusions ne sont pas neuves; mais j'ai cru devoir fournir aux hommes (le science tout moyen de contrôler mes recherches et indiquer en même temps les limites de précision auxquelles j'ai pu atteindre. Voici ces con- clusions : » \° Un courant d'une origine constante, mais dont on fait varier l'in- tensité en le divisant entre quatre voltamètres parallèles, produit des dépôts d'argent métallique dont les poids sont à 2 dix-millièmes près i)ropor- tionnels à cette intensité, dans les limites de 10 à aooo entre lesquelles j'ai opéré. » a" Le dépôt d'argent effectué par'divers courants continus qui se su- perposent (le même sens ou i\v. sens contraires dans un même voltamètre est égal à la somme algébri(|ue des dépôts effectués individuellement par ces (733) courants dans des voltamètres distincts pour chacun d'eux; que ces cou- rants soient fournis par la même pile ou par des piles distinctes, le résultat est le même. Exemple. — Expérience XIV. Pile au bichromate de potasse dépôt d'argent + o , 3267 Pile au sel de plomb + o,oo52 Pile au sel de cuivre ' + o ,oo65 Pile au sel de mercure — 0,1678 Total algébrique 4- o , i 'J06 Les quatre courants réunis dans un même voltamètre, les trois premiers de même sens, le quatrième de sens con- traire dépôt d'argent o , 1 708 Différence 0,0002 » 3° La diversité d'origine n'entraîne donc aucune spécificité d'action du courant dans le voltamètre, au moins pour les diverses piles que j'ai sou- mises à l'expérience et qui sont au nombre de six, choisies parmi les plus usuelles. Il en est des piles comme des divers combustibles. » 4" La nature, la forme et les dimensions des électrodes, le volume et le degré de concentration de la liqueur qui garnissent le voltamètre, ainsi que la température de ceux-ci n'exercent aucune influence sur la quantité d'argent réduit quand la liqueur est neutre. Exemple. — Poids de l'argent réduit par un même courant. Expérience XVI. Volt. A à 0° o^'',2573 durée de l'expérience : 6 heures. Volt. B à 40" o^%i5']o » Différence. p^^cooS à répartir sur quatre pesées faites avec une balance qui donne avec peine le dixième de milligramme. » Je restreins ces propositions à l'emploi du nitrate d'argent neutre sur lequel j'ai presque exclusivement opéré, parce que de tous les sels c'est celui qui donne les résultats les plus nets et que, ne m'occupant ici que de la fixa- tion de mon unité de courant, je crois qu'on ne doit avoir affaire qu'à un seul équivalent. « 5° Le nitrate d'argent neutre fournit donc un moyen pratique et précis de retrouver partout et en tous lieux l'unité conventionnelle adoptée et de graduer tous les galvanomètres en fonction de cette unité. ( 734 ) » 6° Je prends pour unité de courant la millième partie de celui qui en une heure réduit 180 milligrammes d'argent. » CHIMIE. — De raction île l'ammoniaque sur les chlorures; par M. P. -P. Deherain. (Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Balard.) « Les recherches que je poursuis sur les chlorures (*) m'ont conduit à reprendre l'étude des réactions qui se produisent quand on fait agir l'am- moniaque sur ces composés. Ces réactions ont déjà été étudiées par plu- sieurs chimistes éminents, notamment par MM. Persoz, Henri Rose, Grou- ville, B. Rane, Millon, etc. : aussi je n'ai eu souvent qu'à confirmer leurs résultats; dans d'autres cas, au contraire, j'ai pu les compléter, 0 1 . Chlontre de zinc. — Quand, en suivant les indications de MM. Persoz et B. Kane, on met en contact du chlorure de zinc et de l'ammoniaque, on obtient deux composés qui, desséchés, présentent les formules Zn Cl, 1 AzH', ZnCl, AzH'; ce dernier, calciné, perd la moitié de son ammoniaque, et devient 2ClZn,AzH^. A chacun de ces composés correspond un chlorose! qu'on peut préparer en dissolvant les chlorures ammoniacaux dans l'acide chlorhydrique, qui se fixe alors sur eux, d'après les équations suivantes ; (i) ZnCl,2AzH'-h 2HC1= ZnCl, ïAzH'Cl, (2) ZnCl, AzH«+ HCl — ZnCl, AzH'CI, (3) 'aZnCl, AzH' + HCI = 2ZnCl, AzH^Cl. » Le chlorosel n° 2 a déjà été préparé par M. L Pierre ; les deux autres n'étaient pas encore connus. Le sel n*' i cristallise en aiguilles dentelées; le sel n" 3, tantôt en paillettes nacrées, tantôt en belles aiguilles surmontées d'un pointement. On s'est assuré par l'analyse de l'exactitude des formules précédentes. » 2. Biclilorure d'élaiti. — . Si l'on fait passer de l'ammoniaque sèche sur du bichlorure d'étain anhydre, on peut, d'après M. H. Rose, obtenir une combinaison blanche, volatile sans décomposition, faiblement cristal- line, qui correspond à la formule SnCl%AzH'', qu'ont aussi confirmée mes (*) Thèse pour le doctorat. — Bulletin cU- la Société Chimique, p. 87. — Répertoire de Chimie pure, t. II, i853. ( 735 ) analyses. Traitée par l'acide chlorhydrique, celle matière se dissout par l'évaporation; on obtient bientôt les beaux cristaux, en octaèdres modifiés par les faces du cube, du chloroslannate d'ammonium de M. Lewy. On a donc la réaction SnCl%AzH'+ H Cl = SnCl%AzH'Cl. » 3. Le proloctilorure d'antimoine anhydre, fondu dans une cornue, donne sous l'influence d'un courant d'ammoniaque deux combinaisons. L'une, décrite par M. H. Rose, est noire, agrégée sous forme d'une masse très-dure, peu volatile, assez stable; elle résiste à une température élevée sans perdre son ammoniaque. On l'obtient quand le tube qui amène l'am- moniaque arrive jusqu'à la surface du chlorure fondu sans pénétrer dans la masse. D'après M. H. Rose, cette combinaison présente la formule SbCl% AzH', que mes analyses ont confirmée. » Traité par l'acide chlorhydrique, le protochlorure d'antimoine ammo- niacal donne un chlorantimonite d'ammonium en longues aiguilles blan- ches, divergeant d'un centre commun, très-déliquescentes et très-instables. Ce sel, non encore décrit jusqu'à présent, a pour formule SbCP,AzH*Cl; il se produit donc par la réaction SbCl%AzH'+ HCl = SbCl%AzH'Cl. » On n'avait pas encore obtenu jusqu'à présent la seconde combinaison que donnent l'ammoniaque et le protochlorure d'antimoine. Celte combi- naison prend naissance quand le gaz ammoniac est amené par un tube jusque dans le protochlorure d'antimoine fondu. Elle se fait encore quand on fait passer l'ammoniaque dans du perchlorure d'antimoine chauffé. Le perchlorure d'anlimoine biammoniacal est blanc-jaunâtre, faiblement cris- tallin, volatil, très-stable. Mes analyses lui assignent la formule SbCP, 2 Az H' . « Traité par l'acide chlorhydrique, ce corps en fixe 1 équivalents, et se transforme en un beau chlorosel jaune en lames hexagonales, qui présente la formule SbCl', 2.AzH*Cl ; on a donc la réaction Sb Cl', 2 Az H' + 2 H Cl = Sb Cl' , 2 AzH* Cl. » Ce dernier chlorosel a été obtenu par M. Jacquelain en unissant direc- tement le chlorure d'antimoine et le chlorhydrate d'ammoniaque. I) 4. Le perchlorure d'antimoine donne aussi avec l'ammoniaque deux combinaisons, l'une rouge, assez fixe, instable, difficile à préparer à l'état de pureté. M. H. Rose lui a assigné la formule SbCP,2AzH'. Je crois que ( 736) celle formule doit élre SbCP,3Azn'; quelques analyses m'autorisent à faire cette modification, nettement indiquée au reste par la réaction que donne l'acide chlorhydrique ; en effet, on a, en dissolvant cette matière dans l'acide chlorhydrique, la réaction HCl%3AzH' -t- 3nCl = SbCP,3AzH*CI, sel rouge en lames hexagonales, que j'ai analysé plusieurs fois. On le pro- duit au reste par plusieurs autres méthodes. En calcinant le composé SbCP,3AzII', il laisse distiller un liquide qui se fige en aiguilles qui m'ont paru être SbCP, AzH''Cl; en même temps on voit se sublimer dans la cornue les lames rouges de SbCI^, 3AzH^Cl. En faisant évaporer les résidus de la préparation de l'hydrogène sulfuré par l'acide chlorhydrique et le sulfure d'antimoine avec du chlorhydrate d'ammoniaque, on obtient encore le sel en lames hexagonales rouges. » Le prolochloriire d'antimoine obtenu dans la préparation de l'hydro- gène sulfuré change de teinte en effet quand il reste exposé à l'air en disso- lution dans l'acide chlorhydrique ; de jaune il devient rouge en passant au maximum de chloruration, probablement par suite de la réaction suivante : SbCP+ 2HCI + 20 = HCl» + 2lI0. n Quand on fait passer l'ammoniaque dans le perchlorurc d'antimoine, il faut avoir soin de refroidir la cornue ; si elle s'échauffe, la combinaison SbCP, 3AzH' se détruit, et l'on obtient seulement SbCl% 2AzH\ I) En même temps que le perchlorure Iriammoniacal rouge, il se forme, sous l'influence de l'ammoniaque, ime matière blanche, volatile, qui est entraînée dans les récipients. Cette matière, non encore décrite, m'a pré- senté à l'analyse des nombres qui concordent avec la formule SbCl%4 AzH'. )) Traitée par l'acide chlorhydrique, cette substance se dissout, et donne un beau chlorosel jaune rougeâtre, en cubes et en octaèdres réguliers. n 11 présente la formule SbCP, 4 AzlI^Cl. On a en effet SbCP,4AzH=' + 4nCl = SbCI',/|AzII'CI. •) Ce sel s'obtient encore en traitant par le chlorhydrate d'an)moniaquc le perchlorure d'antimoine, ou bien en dissolvant dans l'oau SbCP, AzIP; il se fait un précipité blanc, et la liqueur filtrée, évaporée, donne le sel précédent. » Malgré mes recherches, je n'ai pu encore découvrir dans aucun ouvrage la description de ces deux derniers chlorantimoniates. { 73? ) » Tels sont les faits que présentent à une première étude les réactions de l'ammoniaque et des chlorures de zinc, d'étain et d'antimoine. Il me reste à discuter l'interprétation qu'il faut en donner. Doit-on considérer ces com- binaisons des chlorures et d'ammoniaque comme analogues à celles que don- nent certains sels oxygénés, notamment les sulfates de zinc et de cuivre? ou bien faut-il au contraire faire de ces combinaisons une classe d'amides, les chloramides analogues aux amides oxygénées? Dans la première hypo- thèse on a de la peine à compiendre la persistance avec laquelle toutes ces substances conservent lammoniaque. Les sulfates ammoniés laissent en effet dégager très-facilement ce gaz sous l'influence d'une température peu élevée, et régénèrent le sel primitif; il n'en est pas de même des compo- sés de chlorures et d'ammoniaque : une température élevée ne les dé- pouille jamais complètement de l'ammoniaque avec laquelle ils sont com- binés. Si les composés que j'ai étudiés sont des chlorures ammoniacaux, il paraîtra sans doute singulier que l'acide chlorhydrique se fixe toujours sur ces composés, s'ajoute constamment à leur molécule sans jamais en distraire d'ammoniaque pour former séparément du chlorhydrate d'am- moniaque. » Si, au lieu déconsidérer les chlorures métalliques sur lesquels j'ai fait agir l'ammoniaque comme des sels, on veut bien leur reconnaître le carac- tère de chloracides, les combinaisons qu'ils donnent avec l'ammoniaque seront des chloramides; et cette fixation si remarquable d'acide chlorhy- drique qui les transforme en chlorosels ammoniacaux deviendra la copie exacte de ce qui se passe quand l'eau s'ajoute à une amide oxygénée pour donner un sel ammoniacal. I) Si donc on se contentait de définir une amide, une combinaison qui dérive d'un sel ammoniacal, et qui est susceptible de le régénérer en fixant de l'eaUj à coup sûr les combinaisons précédentes seraient des chloramides. » A celte interprétation séduisante on peut faire cependant une objec- tion grave : une amide ne présente jamais intégralement l'ammoniaque; une partie de son hydrogène a disparu et a été remplacée par un radical ; elle dérive du type Az H , dans lequel i équivalent d hydrogène est rem- IH placé par un corps complexe. Or toutes les combinaisons des chlorures et d'ammoniaque renferment ce dernier corps complet, et l'on ne peut le faire rentrer dans le type précédent. C. R., iStîi, I" Semescre. (T. LU, N» iS.) 97 (738) » Avant donc do classer définitivement les combinaisons des chlorures avec l'ammoniaque, j'attendrai que les études que je poursuis sur ce sujet soient plus avancées. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Noie sur la présence du pliospltatc de chaux dans les calcaires qu'emploie l'agriculture; par M. Deberain. Commissaires, MM. Boussingault, Payeu, Balard.) « Il est si bien démontré aujourd'hui que les phosphates sont indispen- sables à une végétation régulière, qu'il est intéressant de les rechercher clans toutes les matières que les agriculteurs déposent sur le sol pour aug- menter sa fertilité. Ayant eu à ma disposition un certain nombre d'échan- tillons de calcaires exploités déjà pour fabriquer des chaux agricoles, ou facilement exploitables, j'y ai cherché l'acide phosphorique qui a été dosé à l'état de phosphate ammoniaco-maguésien. Voici les nombres auxquels on est arrivé : Désignation Acide Phosphate rie chaux (les phosphorique PC, 3 Ca O échantillons. dans loo parties, dans loo parties Tuf calcaire d'Ouillic, environs de Lisieux (Calv.nlos) i ,200 2,600 Marne de Beaufour, aiTondissementdePont-rÉvcque (Calvados), i ,45o 3, i3i Calcaire exploité par M. RIosselmann (Manche) i ,2r8 2,714 Tangue n" i (Manche) i ,65o 2,677 Tangue n" 2 ( Manche ) 1 .639 3 ,653 » Ces quantités sont loin d'être négligeables et la présence de l'acide phosphorique peut augmenter sensibleiient la valeur des calcaires employés en agriculture. » On peut estimer actuellement à o'%i2 le prix d'un kilogranune de phosphate de chaux pure; on voit par conséquent que la valeur d'une tonne des calcaires précédents se trouve augmentée de 3 à 4 fr par la pré- sence de l'acide phosphorique. Il sera donc très-utile aux industriels qin voudront installer des fours destinés a préparer la chaux pour l'agrictdture, de choisir parmi les gisements de calcaires qu'ils devront exploiter, ceux qui renferment les plus fortes proportions d'acide phosphorique. » Les analyses précédentes ont été exécutées sous ma direction, au labo- ratoire de M. Baudement, par tm jctme ingénieur de l'Ecole centrale, M. Leroy Desclosages, employé actuellement à la grande exploitation des ( 7^9 ) chaux pour l'agriculliirc qu'a installée M. Mosselmann dans le département de la Manche. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Emploi de i nl(jue marine en couches appliquées contre les minces parois des locjements pour les préserver des excès et des variations brusques de ternpéinture; par M. Lagout. (Commission des Arts insalubres.) TECHNOLOGIE. — Des bétons agglomérés appliqués à l'art de construire; par M. F. Coigjîet. (Présenté par l'auteur au concours pour le prix des Arts insalubres.) PHYSIOLOGIE. — Sui la production du sucre chez les animaux à foie gras; par M. CoLix. (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Bernard, Fremy.) MM. BérignYj Leduc, Dauve, Maurice et Liebaut, qui avaient présenté, dans la précédente séance, un Mémoire sur un monstre double autositaire, né à Versailles le 21 mars dernier, adressent aujourd'hui comme complé- ment à ce travail l'autopsie du double sujet, un moulage en ])làtre du corps entier et de quelques-unes de ses parties. Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Geoffroy-Sain t-Hilaire.) M. MoREL, en adressant un opuscule sur l'épilepsie larvée, y joint une Note destinée à montrer le rapport existant entre ce travail et ceux qu'il a précédemment présentés et qui ont été réservés pour le concours Montyon de 1861. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Plagniol soumet au jugement de l'Académie une Note sur quelques expériences relatives à l'asphyxie des chrysalides des vers à soie, et leur application à l'étoutfage des cocons. ( Renvoi à la Commission des vers à soie.) 97-- ( 74o) CORRESPOXDAXCE . 'l'illiitAPEUTlQUE. — Heureux effets de l'action des alcooliques parlée jusqu'à l'ivresse dans le cas de morsure par certains serpents; observation de M. (le la Gironnière, communiquée par M. Jules Cloq>.iet. " J'ai pensé que l'Académie entendrait a%'ec intérêt le |)assage suivant, extrait d'une Lettre que j'ai reçue d'un médecin de Manille, M. de la Gi- ronnière, qui s'occupe actuellement d'exploitations agricoles aux îles Phi- lippines. >) On trouve dans nos forêts vierges de Calanang, dit M. de la Giron- nière, une grande variété de serpents, parmi lesquels il y en a de très-veni- meux. Il y a peu de temps que l'un de mes ouvriers fut mordu au doigt par un de l'espèce que les Indiens considèrent comme la plus dangereuse. C'est un petit serpent long de 25 à 3o centimètres. Il est jaune, à tète plate trian- gulaire. Ses crochets ont jusqu'à i centimètre et demi de longueur. » On m'amena le malade quelques minutes après l'accident. Je n'avais pas d'alcali volatil, et je cautérisai la blessure avec des charbons ardents : mais cela n'arrêta pas les symptômes alarmants qui se déclarèrent avec une rapidité effrayante. La tumélaction do la main s'étendait déjà au-dessus du coude. Le malade jetait des cris des douleurs qu'il ressentait sous les muscles pectoraux : je ne savais que faire. Enfin l'idée me vint de lui faire avaler inie bouteille de vin de coco (alcool de i4 à 1 6°). L'ivresse fut instanta- née : le malade commença à déraisonner, mais sans jjaraître ressentir au- cune douleur, et la tuméfaction du bras s'arrêta : une demi-heure après avoir recouvré la raison, les douleurs de poitrine recommencèrent : je lui fis prendre une autre bouteille du même vin et enfin une troisième qui déter- mina complètement la guérison : le bras désenfla, et à la main il ne resta |)lus trace du mal, que les résultats de la cautérisation. >> J'avais entendu dire que l'alcool, pris jusqu'à produire une ivresse profonde, était un spécifique contre la morsure des serpents : maintenant j'en ai une preuve convaincante; cependant j'ignore si ses effets seraient les mêmes dans des cas comme celui qui vient d'avoir lieu tout récemment à Calanang. M Un Indien fut mordu par un serpent considéré dans le pays connue très-venimeux (ce serpent, d'une couleur grise, à tête un peu arrondie, est quelquefois d'une longuein de 2 mètres. C'est l'ennemi de tous les autres serpents, il fait la chasse à toutes les espèces venimeuses ou non : j'ai eu ( 74i ) l'occasion d'en détruire quatre pendant qu'ils avalaient un autre serpent). >' Cet Indien rentra chez lui, se cautérisa la blessure : quelques muiutes après, sans se plaindre et sans paraître souffrir, il tomba mort. )' Ses parents, ne pouvant pas croire à une mort si subite, m apportèrent son corps : les membres étaient encore souples, mais glacés : la blesSure présentait les traces de la cautérisation, mais sans aucun indice de tumé- faction. » MATHÉMATIQUES. — Sur Cinvolulion des lignes droites dans l'espace considérées comme des axes de rotation ; par M. J.-J. Sylvester, de Woolwich. (Note présentée par M. Chasles.) « On sait qu'on peut représenter un déplacement infiniment petit quel- conque d'un corps rigide au moyen des rotations du corps autour de six axes. En effet, la méthode usuelle de représenter ce déplacement au moyen de trois mouvements de rotation et de trois de translation rentré, comme im cas particulier, dans la méthode dont je parle, en prenant trois axes sur les six à une distance infiniment éloignée du corps. Cependant il n'est pas vrai que la disposition des six axes soit arbitraire dans un sens absohi. Car si les six axes sont choisis de telle façon qu'on peut trouver des forces qui, agissant dans leurs directions sur un corps rigide, feront équilibre entre elles, les rotations autour de ces axes ne restent plus indépendantes, c'est-à- dire une rotation autour d'un de ces axes peut être décomposée dans ses ro- tations autour des autres, et conséquemment les six axes n'équivaudront en réalité qu'à cinq tout au plus. Dans ce cas, on peut dire que les six axes for- ment un système en inuolulion ; et l'objet de cette Note est de pi'éciser les caractères géométriques par lesquels on peut reconnaître inie pareille invo- hition et, de plus, de fournir les moyens de construire un tel système, et, en supposant cinq des axes ilonnés, de trouver le lieu le plus général du sixième. » L'auteur traite d'abord les cas où les droites données sont en uoudire inférieur à cinq, et où il s'agit d'en déterminer une de plus qui fasse avec les droites données un système de droites pouvant représenter les directions d'un système de forces (ou de rotations, ce qui revient au même) se faisant équilibre. Il a occasion de citer la Statique de M. Mœbius {Lelirbuch der Sla- tik; Lepzig, iSSy), et surtout un Mémoire dans lequel ce savant géomètre a traité ces mêmes questions {Ueber die Zitsammensetzung unendlicli kleinev Drehungen; voir Joiinud de Crelle, t. XVIII, p. 189-212). ( 740 Il continue ainsi : « Je passe à la question (objet principal de cette Note) de l'involution du nombre niaximuni de six lignes. Je suppose que ces lignes soient données, à l'exception d'une scide dont il s'agit de déterminer le lieu géométrique. Je combine les cinq lignes données quatre à quatre; et, quand cela peut se faire, je mène deux transversales rencontrant les quatre droites de cbaque combi- naison. L on aura ainsi, en général, cinq paires de transversales. » Dans ces circonstances, je suis à même d'énoncer la proposition géométrique remarquable qui suit : En cboisissant arbitrairement un point dans l'espace, et en menant par ce point luie transversale à chacune des paires de transversales nommées plus haut, toutes ces transversales ainsi menées (en général au nombre de cinq) se trouveront dans le même plan; et corrélativement, en coupant les paires de transversales par un plan quel- conque, les droites (généralement cinq en nombre) qui joignent les deux points d'intersection de la même paire, se croiseront toutes dans le même point. Je nonnue un plan et un point ainsi déterminés réciproquement, pôle et ]>lan polaire. » Je prends arbitrairement une droite qui coupe une paire quelconque de transversales, et je choisis à volonté deux points O et O'sur cette ligne; je trouve les plans polaires respectifs de O et O' (ce qu'il est toujours possible de faire parce qu'il y a deux paires de transversales au moins, outre la paire coupée par la ligne 00'), disons P et P'. Dans le plan P, je prends à vo- lonté deux points E et F, et par E et F je mène deux ligues qui coupent res- pectivement les deux lignes d'une quelconque des paires de transversales dont j'ai parlé et qui rencontrent le plan P' en E'et F' ; je construis àeuxfaisceattx homoqvapliiques situés dans P et P', pour lesquels les rayons OO', OE', OF' correspondent respectivement à O'O, O'E, O'F, et je dis que toute droite qui coupe deux rayons correspondants quelconques de ces deux faisceaux sera en involution avec les cinq lignes données, et vice versa, chaque ligne en involution avec les cinq ligues données coupera deux rayons correspon- dants de ces deux faisceaux. » Jusqu'ici j'ai supposé que la ligne commune aux deux faisceaux a été choisie dans une direction qui traverse les deux droites d'ime des paires de transversales connues. Cette restriction peut maintenant être abandonnée, car on pourra choisir pour la ligne des centres des faisceaux une droite quelconque qui coupe deux rayons corresjjondants, c'est-à-dire une sixième ligne quelconque qui se trouve en involution avec cinq lignes données, pourra servir de rayon commun à deux faisceaux plans homographiques ( 743 ) ainsi disposés que chaque ligne coupant dt^ux rayons correspondants diins deux faisceaux sera elle-méiiie en invohition avec les cinq lignes don- nées. « J'.ijoule, comme étant compris virtuellement dans ce qui précède, que le lieu de toutes les lignes qui sont en invohition avec les lignes données et passent par un point donné, est le plan polaire de ce plan (selon la définition expliquée ci-dessus du pôle et du plan polaire). M. Mœbius avait déjà dé- montré que ce lieu doit être un plan ; mais il avait omis de donner le moyen de le construire. » On peut aussi remarquer que chacune des cinq lignes données passe par deux rayons correspondants dans chaque couple de faisceaux construit selon la méthode fournie plus haut; !a même chose aura lieu pour chaque ligne droite qui se trouve dans l'hyperboloide dont trois quelconques des lignes données sont des génératrices; et j'ajoute que six ligues quelconques, chacune desquelles passe par deux rayons correspondants dans un couple de faisceaux, serotit en involution entre elles. >' On peut donner le nom d'axes conjucjués à chaque paire de lignes dont toutes les transversales sont en involution avec un système donné de cinq droites. Ces systèmes d'axes possèdent entre eux des propriétés remarqua- bles dont, pour le moment, je veux seulement indiquer la suivante : On peul toujours mener un liy/jerbotoule par deux paires quelconques d'axes con- jugués. » Voici les propriétés métriques les plus frappantes des couples de faisceaux hoinographiques dont il est question. Les deux droites perpendiculaires a la ligne des centres dans les deux plans de l'homographie seront des rayons correspondants; en conséquence, si l'on fait tourner l'un des faisceaux au- tour de la ligne des centres jusqu'à ce qu'il se trouve dans le même plan avec l'autre faisceau, les rayons correspondants s'entrecouperont dans une ligne droite perpendiculaire à la ligne des centres, et je trouve que le point où cette perpendiculaire coupe la ligne des centres sera le pôle du plan qui, passant par cette ligne, divise en deux parties égales l'angle dièdre formé par les deux plans homographiques. Nommons ce point le pivot de la ligne des centres : j'aurai tout à l'heure l'occasion d'y revenir. >■ Considérons l'ensemble de tous les axes conjugués, c'est-à-dire de toutes les paires de rayons correspondants de tous les couples de faisceaux appartenant à un système donné de cinq lignes, je dis qu'on peut appliquer dans les directions de ces deux axes deux forces dont le rapport de gran- deur sera absolument constant pour le système donné, de façon quelles ( 744 ) seront statiqueraent équivalentes à deux forces de grandeurs convenable- ment choisies dans les directions de deux autres axes conjugués quelcon- ques. En considérant une ligne quelconque coupant ces deux axes comme la ligne des centres d'un coujdIb homographique contenant ces deux axes pour rayons correspondants, les deux forces qui doivent agir dans leur di- rection pour balancer les deux forces fixes auront des moments égaux par rapport au pivot de cette ligne. Par conséquent, si l'on connaît le pivot d'une seule ligne de centres qui rencontre deux axes conjugués fixes por- teurs des lignes en involution avec un système de cinq lignes données, on peut construire tous les couples de faisceaux homographiques dont les lignes et centres rencontrent ces mêmes axes. Car non-seulement les plans d'ho- mographie de chaque couple seront connus, mais le rapport anharmonique de ses deux faisceaux le sera de même, et cela parce que la position des pi- vots devient déterminée. On peut ajouter que, puisque tous les pivots ap- partenant aux mêmes axes conjugués doivent être trés-éloignés de ces deux axes par des distances perpendiculaires qui sont dans un rapport constant entre elles, le lieu géométrique qui les contient tous sera une surface du se- cond degré et évidemment un hyperboloide. » Puisque tous les axes conjugués appartenant à un système de cinq droites données peuvent être considérés comme les directions de deux forces qui équivalent statiquement à deux forces données en grandeur et en posi- tion , on voit par ce qui a été dit plus haut que l'ensemble infini de toutes les paires de forces équivalentes entre elles possède cette propriété remar- quable, déjà donnée par M. Mœbius [Journal de Crelle, t. X, p. 3 17), que les transversales tirées du même point quelconque dans 1 espace de manière à rencontrer les directions des forces dans chaque paire, serontsituées dans le même plan, qu'on peut nommer le plan polaire au point donné. C'est une polarité réciproque tout aussi nettement définie que la polarité plus ordinaire qui se rattache à luie surface donnée du second degré. On voit que la jiola- rité dont il est ici question peut être considérée comme se rattachant à deux paires de lignes droites qui sont les génératrices du même hyperboloide. » Dans une communication subséquente, j'ajouterai brièvement les ca- ractères algébriques de tous les cas d'involution, et je ferai connaître un dé- terminant (composé de déterminants obtenus par la combinaison des coeffi- cients des équations de six ou d'un moindre nombre de lignes droites, mises sous leurs formes les plus générales) au moyen duquel on peut s'as- surer si ces droites sont en involution ou non, et, de plus, distinguer entre les diverses espèces d'involution, et même reconnaître d'autres dispositions ( 745) singulières de ces lignes qui constituent une espèce d'involution imparfaite. Toute celte théorie découle, selon ma méthode de la tiaiter, des notions les plus élémentaires de la statique des corps rigides. » Observations de M. Ciiasles. « Les beaux résultats contenus dans la communication de M. Sylvester conduisent naturellement à une autre expression, également simple, des systèmes de six droites représentant les directions de six forces qui se font équilibre : » Que l'on conçoive qu'un corps solide éprouve un déplacement infiniment petit, et que prenant arbitrairement six points de ce corps, on mène par chacun de ces points une droite perpendiculaire à la trajectoire de ce point : les six droites ainsi menées, satisferont à la question; c'est-à-dire que : ces six droites seront les directions de six forces se faisant équilibre ; ou bien encore, que : ion pourra imprimer au corps, autour de cinq de ces droites, cinq rotations suc- cessives, infiniment petites, qui produiront une rotation finale autour de la sixième droite. » Si l'on considère quatre quelconques des six droites, et qu'on mène les deux transversales qui s'appuient, l'une et l'autre, sin* ces quatre droites à la ibis : ces transversales seront les axes de deux rotations qu'on pourra imprimer au corps pour effectuer le déplacenient que nous lui avons supposé d'abord, » Ce sont ces couples d'axes que j'ai appelés droites conjuguées D, A, dans le Mémoire sur les propriétés géométriques relatives au mouvement infitii- menl petit d'un corps solide libre dans l'espace. (Voir Comptes rendus de l'aca- démie des Sciences, t. XVI; année i843.) » Ces systèmes de droites conjuguées iouissent de très-nond)reuses pro- priétés : je me bornerai à rappeler celles-ci : » La droite sur laquelle se mesure la plus courte distance de deux droites con- juguées rencontre, à angle droit, l'axe instantané de rotation X qui glisse sur lui- même pendant le déplacement infiniment petit du corps. » Le produit des plus courtes distances des deux droites conjuguées à cet axe, est constant, quel que soit le système de ces deux droites. >' Et ces distances sont proportionnelles aux tangentes des angles que ca droites font avec taxe X. » Le déplacement fini quelconque d'un corps dans l'espace donne lieu aussi aune construction très simple, et plus exclusivement géométrique que la précédente, du système des six droites en question. C. R., 1861, 1" Scmcstrt. (T. LU, K» 15 ) qS ( 746 ) r> Soient A, B, . . . six points d ini corps , et A', B',. . . les positions que prennent ces points après nn déplacement quelconque du corps; que par les milieux des cordes A A', BB',. . . on mène des droites normales à ces cordes respectivement : les six droites ainsi menées seront les directions de six forces se faisant équilihre. » Cela résulte de ce que les milieux n, b, . . des cordes AA', BB', . . . appartiennent à un corps qui peut prendre un mouvement infiniment petit dans lequel les trajectoires de ces points seront dirigées tangentiel- lement aux cordes AA', BB', . . . dont ces points sont les milieux, (^oir Comptes rendus, i. IJI, p 190, art. ÎOo.) » iiyniîAULlQUL;. — Dcsci iplion d'une cxpcricncc en ijrand sur la manœuvre d une écluse de naviijalion à colonne liquide oscillante ; par M. A. de C.ilig.xy. » On savait depuis longtemps, par l'exemple du canal de Briare, qu'on pouvait faire entrer l'eau dans un sas ou l'en taire sortir par des tuyaux d'une petite longueur appelés larrons. Mais, malgré les études faites à l'occa- sion du bélier hydraulique, jiersonne ne s'était aperçu qu'en donnant plus de longueur à ces tuyaux on profiterait delà vitesse acquise de l'eau, si complè- tement perdue dansles anciennes raanœuvre.s, qu'on n'avaitjamais remarqué <\y\\\ en résultât wne dénivellation dans le sas à la fui de chaque opération de remplissage ou de vidange. w Je crois être le premier qui ait annoncé ci i)roiivé par l'expérience et le calcul l'avantage de donner une assez grande longueur aux tuyaux des colonnes liquides oscillantes de vitesses et de diamètres convenables. J'ai même eu quelque peine à le taire admeltre dans les premiers temps de mon arrivée à Paris, jusqu'à l'époque où M. Coriolis me tit l'honneur de vérifier par l'analvse les résultats que j'avais d'abord obteiuis par l'expérience et la géométrie dans mie province reculée où j'avais fait moi-même ma première éducation scientifique. )' Personne ne me conteste les expériences dont il s'agit. Mais comme le nouveau ré.'^ultat qui vient d'être obtenu en Belgique va rappeler sur ce sujet l'attention des savants et des ingénieurs^ je crois intéressant de déclarer au besoin que, même sans avoir recours au témoignage des ingénieurs qui ont assisté à mes piemières expériences, je pourrais prouver légalement une date d'environ a8 ans par une T.ettre d'un Membre de l'Académie des Sciences, pliée de manière à conserver le timbre de la poste du 21 mai i833. » Sans ia]»peler ce que j'ai dit dans divers recueils sur la manière il'ui- ( 7^17 ) trodiiire l'eau dans les écluses de navigation, il suffit de mentionner rela- tivement à ce qui suit un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- déuiie et même l'extrait qui est inséré dans les Comptes rcndm, X. XXVI, p. /i09. Il Un des savants les plus distingués de la Belgique, M. Maus, ingénieur en chef des ponts et chaussées, membre de l'Académie des Sciences de Bruxelles, auquel j'avais expliqué depuis longtemps mes idées à ce sujet, m'a fait l'honneur de venir me communiquer à Versailles un premier résultat obtenu sur une des écluses c[u'il fait construire. L'eau entre dans l'écluse par un long tuyau en maçonnerie tie 4 mètres de section, débouchant par une extrémité dans le bief d'amont et par l'autre dans le sas le plus près possible des portes d'aval. M. Maus n'a pas osé faire déboucher ce tuyau dans l'en- clave même des portes d'aval, selon mes prescriptions, par des raisons rela- tives à la solidité des constructions dans lui mauvais terrain. Il en est résulté que cette extrémité est plus gênée par la présence des bateaux dans l'écluse qu'elle ne devrait l'être dans d'autres localités. » Malgré cette circonstance défavorable, la vitesse acquise dans ce grand tuyau a fait monter l'eau dans l'écluse au-dessus du niveau du bief d'amont. Il en est résulté que les portes d'amont se sont ouvertes d'elles-mêmes et que le bateau est entré de lui-même dans le bief d'amont. » Je me borne aujourd'hui à signaler ce résultat pratique et simple, sans entrer dans les détails du j^hénomène, ces détails étant d'ailleurs décrits en partie dans mes Mémoires. M. Maus a bien voulu me promettre de faire très-prochainement des observations nouvelles sur ces phénomènes, qui vont pouvoir être étudiés très en grand. Mais en attendant ses comnuinications ultérieures, j'ai regardé connue un devoir de présenter ce premier résultat, qui permet déjà de simplifier la manœuvre des écluses de navigation, de diminuer le travail de l'éclusier et surtout de diminuer la durée de cette manœuvre. On sait comment le passage du bateau de l'écluse dans le bief d'amont était une cause de perte de temps. Lorsque d'ailleurs un bateau descendant entrera ensuite dans l'écluse, il faudra mouis de travail et de temps pour l'y laire entrer qu'avant l'existence du grand tuyau dont il s'agit, et dans lequel sera en partie refoulée l'eau qui autrefois était obligée de passer sous le bateau et le long de ses flancs. Les portes d'amont seront dé- sormais plus solides et moins coûteuses. On pourra supprimer leurs ventilles, et les pressions qui les ouvriront, s'exercant plus régulièrement, ne tendront plus à les gauchir, etc. » Cette Note n'a pour objet que de bien faire comprendre la nouvelle ma- 98.. ( 748 ) nœuvre des portes tl'amont et du bateau. J'altciuls pour donner plus de détails les coiimiunicatious ultérieures du savant ingénieur qui veut bien signaler l'utilité de mes recherches au gouvernement belge. » PHYSIQUE. — Noie sur In solidification de l'acide carbonique; jmr MM. A. Loir et Ch. Drio\. « Dans une Note présentée à l'Académie le i juin 1860, nous avons annoncé que l'acide carbonique est susceptible de se liquéfier sous la pres- sion de l'atmosphère, lorsqu'on le refroidit jusqu'à la température que produit dans le vide l'évaporation de l'ammoniaque liquide. En modifiant \in peu les conditions de l'expérience, nous sommes arrivés à obtenir la solidification de l'acide carbonique, à l'aide d'un appareil aussi simple que ceux qu'on emploie journellement dans les laboratoires de chimie; cette opération, qui s'exécutait jusqu'ici par des procédés toujours très-coûteux et présentant des dangers réels, pourra donc à l'avenir être facilement ré- l)étée dans les cours. » Si l'on introduit de l'ammoniaque liquide dans un ballon de verre, et qu'on mette l'intérieur de ce ballon en communication avec une bonne machine pneumatique, par l'intermédiaire d'un vase contenant du coke imprégné d'acide sulfurique, la température du liquide s'abaisse rapide- ment dès les premiers coups de piston. Ce liquide commence à se solidifier vers — 81"; bientôt il se prend eu masse, et, si la machine pneumatique permet de réduire la pression jusqu'à i millimètre de mercure environ, la température de l'ammoniaque solide s'abaisse de quelques degrés encore, et atteint — 89°, 5. Cette limite est suffisante pour déterminer la liquéfaction de l'acide carbonique sous la pression de l'atmosphère; en faisant passer un courant de gaz carbonique sec dans un petit tube en U plongeant dans l'ammoniaque, nous avons constaté en effet que le gaz se liquéfiait; mais, comme la température obtenue est inférieure d'un petit nombre de degrés seulement à celle qui correspond à la saturation, on n'obtient jamais qu'une liquéfaction tres-peu abondante. » Au contraire, si l'on fait intervenir une légère élévation de pression, l'expérience devient très-facile et donne, en très-peu de temps, de notables quantités d'acide carbonique solide. Voici comment on peut la disposer. On introduit environ i5o centimètres cubes d'ammoniaque liquide dans une cloche de verre renversée; les bords de cette cloche sont mastiques dans une virole métallique sur laquelle s'applique exactement un plateau ( 749 ) percé de deux ouvertures. Dans l'ouverture centrale est fixé un tube de verre, fermé intérieurement et descendant jusqu'au fond de la cloche ; l'autre ouverture sert à mettre l'intérieur de la cloche en comnuniication avec la machine pneumatique. L'acide carbonique est produit en chauffant, dans un matras de cuivre rouge, du bicarbonate de soude préalablement desséché : le col contient des fragments de chlorure de calcium; ce matras commtuiique, par im tube de plomb, d'une part avec le tube qui plonge dans l'ammoniaque liquide, d'autre part avec un petit manomètre à air comprimé. L'air étant préalablement chassé de l'appareil, et la température de l'ammoniaque ayant été abaissée au voisinage du point de solidification, on chauffe le matras en observant constamment le manomètre. On main- tient ainsi la pression entre 3 et 4 atmosphères. Bientôt on voit apparaître, sur les parois du tube intérieur, des cristaux transparents dont la masse an'^mente assez rapidement; au bout d'une demi-heure environ, toute la portion du tube qui plonge dans l'ammoniaque est recouverte d'une épaisse couche de cristaux (aS grammes environ). On peut alors mettre fin à l'ex- périence et démonter l'appareil. » L'acide carbonique solide, obtenu dans les conditions que nous venons de faire connaître, se présente sous la forme d'une masse incolore, ayant hi transparence de la glace. On la détache aisément des parois du tube con- denseur, au moyeu d'une baguette de verre : elle se divise alors en gros cristaux d'apparence cubique, ayant de 3 à 4 millimètres de côté. » Ces cristaux, exposés à l'air, reprennent lentement l'état gazeux; ils s'évaporent sans laisser de résidu. Déposés sur la main, ils ne font éprouver aucune sensation immédiate de chaleur ou de froid; ils se laissent difficile- ment saisir entre les doigts, et s'échappent, sous une faible pression, comme s'ils étaient enveloppés d'une matière éminemment onctueuse. Lorsqu'on réussit à maintenir un de ces cristaux entre le pouce et l'index, il ne tarde- pas à produire une brûlure insupportable. » Une certaine quantité d'acide carbonique solide fut placée au fond d'im petit tube de verre commtuiiquant avec une cloche pleine de mercure: les cristaux ont disparu, au bout de quelque temps, sans laisser de résidu, tandis que la cloche s'était remplie de gaz carbonique parfaitement pur et intégralement absorbable par la potasse. » Mélangés avec l'éther, dans un petit creuset de porcelaine, les cristaux d'acide carbonique ont donné un mélange réfrigérant dans lequel le ther- momètre marquait — 8i°. » Pour compléter ces indications sommaires, nous ajouterons que l'am- ( 7^o ) luoiiiaqiie liquide dont nous avons fait usage était pri'parée par le procédé de M. Bussv, c'est-à dire en faisant rendre le gaz ammoniac dans un ballon environné d'acide sulfureux liquide, dont on activait l'évaporation par la machine pueuinaliquc. On arrive sans peine à obtenir, par ce procédé, près de 1 décilitres d'ammoniaque liquide en moins de deux heures. » Les températures que nous indiquons ici ont été déterminées au moyen d lui thermomètre à alcool sur lequel ou avait marqué deux points fixes, savoir o° à la glace fondante, et — 4o° h la température du mercure fondant. » l'HVSIQUF. el MÉTÉOROLOGIE. — Sur In con(jélalion de l'eau et sur lu formalion de ta grêle; par M. L. DuForit (de Lausanne). (( I. Ou sait que la congélation de l'eau se produit parfois dans des con- ditions exceptionnellement basses de température. En maintenant ce liquide dans un repos parfait, en le plaçant sous la pompe pneumatique, en l'en- fermant dans des vases en verre de petite dimension, etc., on obtient plus ou moins facilement ce résultat. La plupart des méthodes employées sont cependant incertaines, et le retard de la congélation peut être encore con- sidéré comme une rare exception. I) En isolant l'eau de tout contact solide, en plaçant ce fluide dans un milieu qui ait la même densité et qui ne forme pas de mélanges aqueux, j'ai pu obtenir beaucoup plus sûrement le retard de la congélation. L'eau, dans un mélange en proportions convenables de chloroforme et d'huile, prend la forme de sphères parfaites et se maintient en équilibre dans l'inté- rieur du mélange. Si l'on refroidit ce mélange, on remarque que l'eau, dans cetétat globulaire et dans cet isolement de tout solide, ne gèle presque jamais à o° ; sa température s'abaisse à — G°, — io°, etc., avant que le changement d'état ait lieu. Des globules ont même été amenés ainsi, encore liquides, à 20" au-dessous de zéro. » Il s'agit ici d'eau ordinaire, ni distillée ! i même bouillie. L'huile qui, après divers essais, a paru le mieux convenir pour ces refroidissements assez considérables, est l'hude d'amandes douces. » La solidification des globules aqueux, refroidis au-dessous de o", pré- sente des circonstances intéressantes que je ne puis pas toutes développer ici. (Je publierai le détail de ces expériences dans un prochain numéro de la Bihliolhàjue universelle.) Les globules se transl'oi'iuent subitement en une sphère de glace dure ou gèlent seulement à leur siuface, suivant leur di- ( 75' ) mension et suivant l'abaissement de la température au-dessous de o". La congélation est spontanée ou bien le résultat d'influences extérieures; mais, dans les conditions particulières de ces expériences, l'état liquide présente une remarquable stabilité. On sait combien sont minimes les causes qui font geler l'eau accidentellement refroidie sous la pompe pneumatique. Les globules (de 5 à 6 millimètres de diamètre), maintenus dans le mélange chloroforme et huile, peuvent être souvent agités, déformés avant que la solidification intervienne; ou peut amener dans leur intérieur et par des températures de — io°, des corps étrangers, des cristaux salins, etc., sans produire le changement d'état. Un fragment de glace provoque, au con- traire, toujours et immédiatement la solidification. Une étincelle de bou- teille de liCyde, un courant galvanique à travers les globules ne les ont point fait geler; mais la décharge plus puissante d'une machine de Ruhmlvorff a toujours provoqué le changement d'état. » Il est naturel de penser que la méthode qui permet de retarder auisi la congélation de l'eau donnera lieu à un fait semblable pour d'autres corps. Cette méthode est, en effet, d'une portée plus générale; je ferai voir, dans une prochaine publication, comment on peut conserver tre.s- facilement quelques corps à l'état liquide jusqu'à des températures fort inférieures à celles de leur solidification ordinaire. n IL Lorsqu'une sphère de glace, formée dans le mélange chloroforme et huile, est entourée d'auties sphères encore liquides, on peut provoquer la congélation de celles-ci en les amenant en contact avec la première. On obtient alors des effets divers suivant la température et suivant les dimen- sions des globules. Tantôt (pour des globules plus petits ou pour des tem- pératures plus basses) les sphères touchées gèlent tout à coup et dem<'i!rent isolées les unes des autres; tantôt (pour des globules |j1us volumineux ou des températures moins basses) elles se recouvrent plus ou moins complè- tement, elles se soudent, elles s'étalent les unes sur les autres au moment de la solidification. On peut obtenir, dans ce dernier cas, des morceaux de glaces aux formes les plus diverses : des sphères irrégulières formées pai- des couches concentriques (chaque couche provenant d'un globule qui a enveloppé le noyau au moment de sa formation), des sphères avec des proéminences, des bosselures, etc., etc. Ces formes variées n'aui-aKMit qu'un médiocre intérêt en elles-mêmes si elles ne rappelaient pas inévita- blement la conslitution par zones concentriques et les formes souvent bizarres et incompréhensibles des grains de grêle. On est frappé de cette ressemblance lorsqu'on exécute les expériences dont il est ici question, et ( 75^ ) l'on'se demaiitle nalurellemciit si les grêlons no se forment pas dans des conililions analogues. » Dans le Mémoire que j'annonce ci-dessus, j'examine de plus près cette analogie, et je tâche de montrer qu'elle n'est pas simplement superficielle, mais qu'elle se ronserve jusque dans des détails nombreux. Je cherche à montrer que ce cas particulier de la congélation de l'eau rend convenable- ment compte des caractères généraux ainsi que de la plupart des parlicula- rités accidentelles des grêlons. Je cherche à montrer que des globules aqueux peuvent aussi être refroidis au-dessous de o° dans l'atmosphère, que ces globules peuvent geler et se léunir comme dans le mélange chlo- roforme et huile, et que les grains de glace ainsi formés, accrus de la con- densation de la vapeur atmosphérique à leur surface, peuvent fort bien être les grêlons. » Quoi qu'il en soit, d'ailleurs, de ces vues théoriques relatives à la formation de la grêle, le phénomène fondamental qui me les a suggérées n'en mérite pas moins d'être signalé. Au point de vue purement physique, il constitue, ce me semble, un cas particulier vraiment remarquable de la congélation de l'eau. » ■&' CHIMIE MINÉRALE. — Examen d'un oxrs prismes droits rhomboïdaux terminés par deux facettes (biseau) et modifiés sur deux des arêtes perpendiculaires. » Il n'est pas volatil dans le tube fermé (ce qui le distingue de l'oxyde antimonique SbO'); les échantillons purs sont entièrement volatils au feu de réduction, non volatils au feu d'owdalion. Il est iniusible au chalu- ( 7-^3 ■ inean (ce qui le distingue de l'exittle, SbO', qui est fusible), mais donne un globule d'antimoine métallique avec le carbonate de soude sur le charbon. » Ces caractères suffisent pour démontrer que l'oxyde en question est SbO* (stilniunise des mméralogistes, anlirnonate antimonique de quelques chimistes). Les échantillons que j'ai examinés contiennent comme impuretés du soufre, de la stibine, de l'oxyde ferrique, etc. ; mais ils sont générale- ment assez purs, et l'un d'eux m'a donné 65 pour loo d'antimoine métal- lique par voie sèche, tandis que la stibine ne rend ordinairement que 45 pour 100 d'antimoine dans les opérations en grand. « On n'est pas d'accord sur la quantité d'eau que contient la stibiconise; l'analyse d'un des échantillons de Bornéo qui m'a donné les chiffres sui- v;tnfs, ne laisse plus de doute sur cette question : Oxygène. Rapport. Eau 3,'j5 3,33 1 Acide antimonieux SbO'. .. . 65, 00 i2,3o 4 Oxyde ferrique 1 , . } io,oo Alumine ) Silice, soufre, etc 21 ,25 100,00 d'où on peut déduire la formule SbO%HO. » La densité de la stibiconise d'après quelques auteurs est 3, 80. Tous les échantillons de Bornéo que j'ai examinés sous ce rapport m'ont donné des densités de 4»64 à 4)68, d'où j'avais conclu que ces échantillons se- raient "argentifères. Cependant je n'y ai pas trouvé d'argent eu quantité notable. La stibiconise ne contient non plus que des traces d'arsenic. » Comme ce minéral accompagne la stibine dont il affecte la même forme cristalline, il est probable qu'il a été formé, dans la nature, aux dépens du sulfure d'antimoine avec le concours de l'eau ou delà vapeur surchauffée, comme nous la voyous agir dans les belles expériences de M. Daubrée. Le soufre a disparu en grande partie, cependant il se trouve çà et la sur les chantillous d'oxyde. La réaction chimique que la nature semble avoir mise en jeu est SbS' + 3HO = SbO=4- 3SH; SbO' produit se serait oxydé davantage par l'oxygène de 1 air pour devenir C. R., 1861, I" Semesire. (T. LU, iN" 16.) 99 { 754 ) SbO* plus stable. En effet dans le laboratoire SbO' brûle comme l'oxytle staniieux et passe à l'état de SbO*. Si nous supposons un instant que l'oxygène de Tair ait agi seul sur la stibine, nous trouvons qu'il eût fallu 9 équivalents d'oxygène pour produire le même effet que 3 équivalents d'eau : SbS' + 9O =SbO^ + 3S0" \3 <> En admettant que la stibiconise se soit formée aux dépens delà stibine, nous expliquons la rareté comparative du premier minéral, et pourquoi il accompagne toujours le sulfure. » La stibiconise de Bornéo se dissout assez bien à chaud dans un mé- lange d'acide hydrochlorique et d'acide tartrique. Pour le réduire en anti- moine métallique, j'ai réussi le mieux avec un mélange de charbon, de bitarlrate potassique et de carbonate sodique. J'ai pensé qu'en mêlant en- semble des proportions convenables de SbO* et de stibine, on pourrait obtenir le métal d'après l'équation 2SbS'+ •3SbO*== 5Sb-H6SO^ » Cependant cela n'a pas lieu : si l'air a libre accès, le sulfure se con- vertit en SbO' qui se volatilise, et si le creuset est presque fermé, le tout fond en un liquide mobile qui se prend par le refroidissement en une masse cristalline bleuâtre à aspect métallique, qui donne une poudre brune et qui est tni oxysulfure d'antimoine analogue au kermès minéral. « PHYSIOLOGIE. — De l' iiifliience du nerf pneiimogaslriqiie et du nerj Uiijnqé supérieur sur les mouvements du diaplirmjme ; par HI. J. Rosenthal. « L'excitation du bout central du nerf pneumogastrique, coupé au cou, produit un arrêt du diaphragme. Ce fait a été découvert par M. Traube, il y a quatorze ans; mais ce qu'on ignorait jusqu'à présent, c'est que le nerf laryngé supérieur exerce une influence analogue. L'effet de l'exci- tation de ces deux nerfs est, d'ailleurs, Irès-diftérent. En effet, si l'on irrite (chez des lapins, des chais ou des chiens) le neif pneumo(j'istrique i\u-(\es- sous du départ du nerf laryngé supérieur, avec des courants induits moyens, le diaphragme se contracte très-fortement, et sa courbure s'aplatit presque tout à fait. D'autre part, si l'on irrite le nerf larjmjé supérieur, après l'avoir détaché du larynx et l'avoir isolé juscpi'à son origine du nerf pneumogastrique, on voit le diaplu'agme se relâcher et se courber au- ( 755 ) tant que possible. En appliquant des courants très-faibles, on voit, en irritant le nerf pneumogastrique, une accélération remarquable des mou- vements respiratoires; mais, en irritant le nerf laryngé supérieur, on trouve constamment un ralentissement. Enfin, en excitant le nerf pneumogas- trique ou le nerf laryngé supérieur avec des courants très-énergiques, on observe aussi un arrêt du diaphragme; mais dans ce cas ce nuiscle est tantôt contracté, tantôt relâché, sans aucune différence dans l'irritation des deux nerfs. M De ces faits je tire les conclusions suivantes : » 1° Il y a dans le nerf pneumogastrique, au-dessous du départ du nerf laryngé supérieur, des fibres nerveuses, dont l'excitation, réfléchie par la moelle allongée, produit un arrêt du diaphragme correspondant à la con- traction de ce muscle ou à l'inspiration. » 2° Il existe, dans le nerf laryngé siqjérieur, des fibres nerveuses dont l'excitation suspend l'action du centre nerveux découvert par M. Flourens et présidant aux mouvements rhythmiques du diaphragme, et c'est ainsi que l'excitation de ces fibres produit un arrêt du diaphragme correspon- dant au relâchement. Il me paraît bien probable que ce sont les mêmes fibres qui maintiennent la sensibilité de la muqueuse laryngienne et par lesquelles la toux est causée; car, pendant la loux, le diaphragme est tou- jours relâché. » 3° Si l'on observe un relâchement du diaphragme par l'irritation du nerf pneumogastrique, appliquée au-dessous de l'origine du nerf laryngé supérieur, on peut en conclure, avec certitude complète, que ce n'est que l'effet des courants dérivés, parcourant les fibres du nerf laryngé supérieur. » Les faits que je viens de communiquer peuvent servir à éclaircir la belle découverte de M. Ed. Weber sur les nerfs dits suspensifs [ Hem- mungsnerven). Le célèbre physiologiste de Leipzig a trouvé, comme on sait, que les mouvements du cœur sont suspendus par l'excitation du nerf pneumogastrisque et que cet organe reste en diastole pendant toute l'irri- tation. Depuis, M. Pflueger a trouvé que l'irritation du nerf splanchnique fait cesser les mouvements péristaltiques de l'intestin grêle. De même ma- nière l'excitation du nerf laryngé supérieur suspend les mouvements du diaphragme. Dans cette manière de voir, le nerf laryngé supérieur serait aussi un véritable nerf suspensif, et nous voyons ainsi que tous les cen- tres nerveux, présidant aux mouvements dits automatiques, possèdent de 99- (75(i ) inèint' des nerfs suspensifs. Mais il existe une grande différence entre les deux nerfs suspensifs sus-nommés et entre le nerf laryngé sujiérieur; car l'influence suspensive de ceux-là marche des centres nerveux vers leurs organes ou en direction centrifuge: l'influence suspensive de celui-ci, au contraire, est propagée en direction centripète. Or, tandis cpi'il faut cher- cher les centres nerveux des mouvements du cœur et des intestins dans les cellules nerveuses, situées dans ces organes mêmes, le centre nerveux du diapliragme est localisé dans la moelle allongée, selon les recherches de MM. Legallois et Flourens. Encore, si le nerf laryngé supérieur exerce son influence en direction centripète sin- la moelle allongée et sus|)end les mouvements du diaphragme, nous ne i)ouvons que conclure que les hbres nerveuses suspensives du nerf pneumogastrique et du nerf splanchnique exercent aussi leur influence sur les cellules nerveuses situées dans leurs organes. Cette opinion ayant été supposée par MM. Ed. Weber et Ludwig, le fait que je viens de découvrir est donc une nouvelle preuve confirma- trice de la supposition de ces physiologistes. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sui les matières colorantes engendrées par Idniline,- Re- marques de M. Schneider à l'occasion d'une Note rérente de M. Béchamp. ■' I^a comiiuniication de M. Béchamp mois de mars dernier ) sur les ma- tières colorantes engendrées par 1 aniline ou ses homologues m'oblige à faire remarquer que c'est à tort que ce chimiste m'accuse d'avoir copié, sauf luie h'-gère modification, sou jjrocédé de purification des rouges d'ani- line. Il est vrai que M. Béchamp est seul apte à juger s'il existe quelque analogie entre son procédé de purification, qui n'a été publié nulle part, et le mien qiu se trouve suffisamment décrit dans les Comptes rendus de l'Aca- démie du mois de décembre dernier et dans d'autres joiunaux scienti- fiques; mais ce qui me porte à croire qu'il existe quelque différence essen- tielle entre les deux procédés, c'est que, par des déterminations exactes, M. Béchamp est arrivé à assigner à la fuchsine ainsi qu'à l'azaléine la for- mule C*° H'" N*0*, tandis que mes analyses m'ont conduit, pour l'azaléine. à la fornnile C'"T1^"N*0* qui est celle de la nitro-triphényl-lriamine. Les résultats (pie j'ai obtenus ont d ailleurs été confirmés par les analyses ré- centes que MM. E. Kopp, Sclu'urer-Restner et E. Jacquennn ontfait'^sdu rouge d'aniline obtenu par l'acide nitrique. » ( 757 ) CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherches sur la séparation (par voie liumide) de for et du platine, d'avec l'étain et l'antimoine. Réduction du perchlorure de fer par le platine ; par MM. A. Béchamp et C. Saixtpierre. « Il n'est pas indifférent de se servir de tel ou tel composé ferreux comme agent réducteur: le sulfate et le chlorure réduisent l'acide nitrique des nitrates métalliques ou organiques et l'or du chlorure d'or, ils ne ré- duisent point la nitrobenzine et les composés iiitrés analogues, ni le bichlo- rure de platine. Si l'on substitue l'acétate ferreux au sulfate et au chlonu-e, tous les composés dont nous venons de parler sont réduits, et nous disons spécialement que le plaline est réduit à l'état métallique. » Nous nous sommes proposé de profiter des indications qui précèdent pour séparer, par voie humide, l'or et le plaline d'avec l'étain et l'antimoine. Nous avons constaté d'abord que ni le chlorure, ni l'acétate ferreux ne ré- duisent, ni le chlorure d'antimoine, ni le bichiornre d'étain, méuje à l'ébul- lition, et que l'on peut très-bien, qualitativement, précipiter l'or et le platine par l'acétate femnix en présence de ces chlorures. On peut même d'abord précipiter l'or, dans une dissolution qui contient l'étain, l'anti- moine et le platine, par le protochlorure de fer, et arriver ainsi au dosage rigoureux de ce métal, auisi que le montre le tableau suivant : Mcinnfîes. Or cherché, I,i8 pour loo. Or et étain. Or trouvé ' > ' 7 Or et étain. Or trouve i,ii Or, antimoine, étain. Or trouvé i ,20 Or, platine, antimoine, etain. Or trouvé 'j^g Or, platine, antimoine, étain. Or trouvé. ... 1,18 » Mais lorsque nous avons essayé de doser le platine qui avait été ensuite précipité par l'acétate de protoxyde de fer, nous avons trouvé le problème compliqué de plusieurs difficultés que nous avons cherché à vaincre avant tout. I/une de ces diffictdtés nous a le plus frappés, c'est que, bien que tout le platine fût précipité par 1 acétate de fer, son poids était ordinairement beaucoup trop faible. Nous avons alors réfléchi sur la nature si par- ticulière du platine et notamment au fait qu'un corps, si difficilement atta- quable, fournisse un chlorure non réductible par le protochlorure de fer. De cette remarque à la supposition que le platine peut être un agent réduc- teur, il n'y avait qu'un pas. Effectivement, le platine réduit le perchlorure de fer en protochlorure et se dissout lui-même dans la liqueur à l'état de ( 758 ) bichlorure, d'après l'équation Pt + 2Fe»CP = Pi Cl* + 4FeCl. Les pesées du platine réduit étaient trop faibles, parce qu'en le débarras- sant par l'acide cblorbydrique du peroxyde de fer précipité avec lui, une partie se redissolvait en vertu d'une réaction inverse. Nous avons mis en évidence cette propriété nouvelle et inattendue du platine, par les expé- riences suivantes : » I. lo centimètres cubes de bichlorure de platine contenant oS% i ij de métal sont réduits par l'acétate ferreux. Le lendemain on ajoute du perchlo- rure de fer et un peu d'acide chlorhjdrique, et après deux à trois heures d'ébullition tout le platine est redissous. » IL 5 centimètres cubes du même bichlorure contenant oS%o585 de platine sont réduits de même et le métal précipité est traité aussitôt par le perchlorure de fer; après dix minutes d'ébullition tout est rédissous. » IIL oS',291 d'épongé de platine, préparée par la calcination du chloro- platinate d'ammoniaque, sont chauffés au bain de sable avec une dissolu- lion de perchlorure de fer acidulé d'acide chlorhydrique : on a soin d'ajou- ter de temps en temps de l'acide chlorhydrique étendu pour maintenir le volume constant. Après dix-huit à vingt heures d'action entre 80° et la tem- pérature d'ébullition du mélange, tout le platine était dissous. » IV. o^',o5 de noir de platine, préparé par le procédé de M. Liebig, fut bouilli longtemps avec l'acide chlorhydrique qui nous servait et ne fut pas attaqué. La dissolution dans le perchlorure de ter fut complète après douze heines d'ébullition. » V. Une lame de platine, décapée à l'acide chlorhydrique, à l'acide sulfurique bouillants et portée ensuite au rouge, pesait S^'', 294. Elle a été chauffée daus les mêmes conditions que précédemment avec le perchlorure de fer. Après vingt et une heures, elle a été lavée, chauffée et pesée : son poids n'était plus que de 3^'', 243; elle avait perdu o^"^, o5i. « Le platine est donc dissous, toutes choses égales d'ailleurs, d'autant plus difficilement qu'il est moins divisé, plus dense. » L'acide chlorhydrique dont nous avons fait usage et le perchlorure étaient exempts de chlore libre. Toutefois, pour que l'on n'attribue pas cette dissolution du platine à du chlore accidentel, nous avons eu le soin de nous assurer dans chaque expérience, par le cyanure rouge, que le perchlorure de fer était parliellemont réduit en protochlorure : il se forme du bleu de Turnbull. Le perchlorure était préparé par le procédé que l'un de nous a ( 759 ) publié (i SSg), la cbloruration d'une dissolution de protoclilorure de 1er par le chlore Ce composé ne donnait ni précipité, ni coloration bleue par le cyanure rouge On ne peut donc pas invoquer, vu la réduction, l'in- fluence du chlore accidentellement libre. Par conséquent, si le protochlo- rure de fer ne réduit pas le bichlorure de platine, c'est parce que le platine est, dans ce cas, un agent plus réducteur que lui. w II y aurait de l'intérêt à étudier sous le même point de vue les métaux voisins du platine, le palladium, l'iridium, etc. C'est ce que nous nous proposons de faire en poursuivant le travail qui a été l'occasion de cette Note. .' M. LE Maire de Nîmes demande pour la bibliothèque de cette ville, qui possède déjà les vingt-deux premiers volumes des Mémoires de l' Académie, les autres volumes parus jusqu'à ce jour. La bibliothèque de la ville de Nîmes est dans le nombre des établisse- ments auxquels l'Académie des Sciences fait don de ses publications. Les vingt-deux premiers volumes des Mémoires et les douze premiers des Savants étrangers qu elle possède ont été retirés du Secrétariat par un libraire muni de son autorisation. Depuis la mort de ce libraire (M. Meilhac), elle n'a pas fait choix d'une autre personne qui retirât pour elle les volumes au fur et à mesure de leur apparition et signât au registre, sur lequel le nom de l'éta- blissement figure cependant toujours comme par le passé. Les Rédacteurs dc journal des Ingénieurs allemands prient l'Académie de vouloir bien leur accorder en échange de ce journal les Comptes rendus liehdomadaires. (Renvoi à la Commission administrative.) A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. * La séance est levée à 6 heures. F. RULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 8 avril i86i les ouvrages dont voici les titres : Bulletin de la Société Géologique de France; 2* série, t. XVIII, feuilles 7- \ 1 ( 17 décembre 1860-4 février 1861). Paris, 1860 à 1861 ; br. in-S*^. '. 76o ) L AgricuUtw praticien, revue d'Agriculture et dEconoiine rurale ; 2* série, t. 11, n° T2, 25 mars 18H1. Paris, 1861 ; br. iii-S". Journal d'agriculture jiratique. Moniteur des comices, etc.; n° 7. Nouvelle pf-riode, aS* année 1861 ; t. I, 5 nvril. Paris, 1861; br. in-8". J.e Moniteur scientifique, journal des Sciences pures et ajipliquées ; par le D' QiJESNKViLLE. T. 111, année i86t, table. Paris, 1861 ; br. in-Ji". Note sur le développement homalographique des surfaces de révolution avec extension générale à toutes les surfaces; par Ernest Lamarle ; br. iii-8". Elude sur une nouvelle série de la Jormalion des queues cométaires ; jjar .M. l'abbé A. Lecomte. docteur es sciences, professeur au séminaire de Bonne-Espérance. Bruxelles, 1860; br. in-8°. De (état nerveux aigu et dironique; par le VY BOUCHUT. Paris, 1860; I vol. in-8°. (Adressé pour le concours de Médecine et de Chirurgie.) The niathemalical. .. OEuvies mathématiques d'isaac Barraw éditées pour le collège de la Trinité; par W. WiiEWEEL. Cambridge, 1860; in-8". Hvdraidic... H/draulique : tables, coefficients et formules pour calculer l'écoulement de l'eau par des orifices, des entailles, des tujaux, des rivières, etc.; /w»r John NevilLE; seconde édition. Londres, 1860-61; i vol. in-8°. Cenni... Note sur la carte géoloffiquc de la Lomhardic ; par M. Omboni ; br. m -8°. L'Académie a reçu dans la séance du i5 avril 1861 les ouvrages dont voici les titres : Note sur le développement Itomolographique des sut faces de révolution; par M. Lamarle; br. in-8". Du hasclas, préparation en usage chez les Arabes de l'Algérie et du Levant ; par le \y Guyon; br. in-S". Philibert Commerson, naturaliste voyageur. Etude biographique suivie d'un appenilice ,■ par P. -A. Cap. Paris, i86i-, br. in-8". Ri Je me réserve de tirer plus tard les conséquences qui résultent de ces faits intéressants. » SÉRICICULTURE. — Educations précoces des œufs de vers à soie. u M. DE QuATREFAGES uict SOUS Ics ycux dc l'Académic deux bruyères chargées de très-beaux cocons obtenus par M. de Montval dans l'établisse- ment à éducations précoces d'Avignon : il fait ressortir les avantages que pré- sentent les établissements de cette nature. « C. R., i8Gi, i" Semesirr. (T. LU, N» IG.) J OO ( 76-^ ) CHIMIE APPLIQUÉE, — fiet/ie/f/iei chimiques sur la teinture ;parM.J^. Chevreii.. (Deuxième partie 'Jii onzième Mcmoir-e. Extrait.) « La deuxième partie du onzième Mémoire comprend deux séries do re- clierches appliquées à peu près aux mêmes matières colorantes dans l'in- tention de fonder une théorie de la teinture. » La preiiuère série est de 1 854- » La deuxième série est de 1 809 et j 860. » Première série. — Elle fui entreprise avec l'opinion, qui me semblait alors Ires-probable, que l'exposition à la vapeur des étoffes teintes h froid on à //éf/e devait assurer la stabilité de la matière colorée : opinion déduite du fait très-exact que j'avais communiqué à l'Académie en 1846 (i), à savoir que les étoffes teintes avec l'indigotine de cuve reçoivent de leur passage à la vapeur une stabilité dans leur couleur qu'elles n'auraient pas sans cela, stabilité augmentée encore par l'alunage préalable des étoffes. Ce résultat m'avait d'autant plus frappé, que l'indigotine des cuves ne se donne aux étoffes qu'à tiède ou a froid, et toujours sans l'intermédiaire d'un mor- dant. » Eu i854 j'entrepris une première série de recherches dont le but était le contrôle de cette opinion jiar l'expérience sur seize matières colorantes diverses que j appliquais à froid dans le même bain sur la laine, la soie et le coton. I..a moitié de ces étoffes était sans mordant, l'autre moitié avait été niordancée; la laine avec l'alun et le tartre ou une composition d'étain et de tartre, la soie et le coton avec l'alun sans tartre ou une composition d'étain. » Dans cette preauère série on teignit les mêmes étoffes avec les mêmes mordants au bouillon. » Des échantillons de toutes les étoffes teintes furent passées à la va- peur. » Les étoffes teintes a froid sans mordant et avec mordant furent expo- sées comparativement durant cent cinq jours à l'air lumineux. » Les étoffes mordancées teintes au bouillon ne le furent que (jiiatre- viiigts joiu's. M Les conséquences de ces recherches sont : (1) Huitième Mémoire de mes rcclicrches chimiques sur la teinture. XXIV*' volume des Mémoires de l'Àradéniicdcs Sciences. ( 763 ) » 1° De montrer rinfluence du mordant par la comparaison de l'étoffe qui l'a reçu avec l'étoffe qui y a été soustraite. "2° De montrer l'influence de la température par la comparaison de l'étoffe teinte à froid avec l'étoffe teinte au bouillon. » 3° De montrer l'influence de la vapeur sur une même matière colo- rante fixée sur les trois étoffes relativement à la modification qu'elle peut leur faire éprouver dans la hauteur du Ion et dans la spécialité même de leurs couleurs respectives. » /(" De montrer l'influence sur la stabilité de la couleur de l'étoffe teinte, des circonstances diverses dans lesquelles les seize matières colo- rantes oiU été appliquées, eu égard à la température, à la nature des étoffes (le Ifiine, soie et coton, à la nature de la matière colorante, à la nature du u)ordant, au passage de l'étoffe à la vapeur. >> L'ensemble de ces recherches était indispensable pour formuler des propositions générales relatives aux conditions les plus convenables à rem- plir lorsqu'il s'agit de la fixation des matières colorées sur les étoffes en gé- néral et de la fixation d'une matière colorée en particulier sur une étoffe donnée. Or, les procédés qui jemplissent ces conditions ne pouvaient être indiqués avec certitude qu'après avoir observé la stabilité, quant à la du- rée, des matières colorées fixées respectivement sur des étoffes déterminées exposées à l'air lumineux et étudiées ensuite comparativement; mais cette appréciation n'était possible qu'à la condition d'avoir dos normes fixes com- parables entre eux, tels que ceux qui composent les gammes de mes cercles chromatiques. Celte condition explique pourquoi je n'ai publié le travail que je présente aujourd'hui à l'Académie et ceux qui le suivront, qu'après avoir eu les cercles dont je parle, et pourquoi ce onzième Mémoire suivra immédiatement l'ouvrage intitulé : Mojen de définir et de nommer les cou- leurs d après une méthode prêt ise et expérimentale, en cours d'impression dans le XXXIIP volume des Mémoires de t Académie ; là on verra le moyen d'éva- luation avec les choses évaluées. « Le résultat définitif de mes recherches de la première série, exécutées en i854, fut que je m'étais fait luie opinion exagérée de l'influence favo- rable de la vapeur pour assurer les couleurs fixées par le teinturier sur les étoffes et en particulier sur cellfs qui sont teintes à froid ou a tiède. La vé- rité est que le passage à la vapeur n'est décidément favorable qu'à un petit nombre de principes colorants : et l'indigotine avec quelques autres encore exceptées, l'influence du passage est limitée, quant au nombre des principes, et faible, quant à l'intensité de l'influence. f oo.. ( 764 ) » Sachant combien il importe à la vérité de ne publier des expériences qu'après en avoir confirmé les résultats, par de nouvelles, j'ajournai la pu- blication de mes recherches de la première série à l'époque où je les anVais soumises à un contrôle expérimental. De là donc l'origine de la deuxième série d'expériences exécutées en iSSg et 18G0. En les entreprenant plus tôt, j'aurais craint de subir encore l'opinion trop favorable que j'avais conçue de l'influence de la vapeur. » Je résumerai maintenant les généralités auxquelles conduisent les faits composant la première et la deuxième série de mes recherches en les clas- sant dans trois divisions générales : u Ija première comprenant les généralités concernant les mordants, la deuxième les généralités concernant la température, et la troisième les géné- ralités concernant les résultats de l'emploi de la vapeur sur les étoffes teintes. I" DIVISION. GÉNÉRALITÉS CONCERNANT LES MORDANTS. « J'emploie le mot mordant avec l'acception empirique qu'il a dans les ateliers; il s'applique à une matière servant d'intermédiaire, dit-on, entre l'étoffe et le principe colorant qu'on veut y appliquer. Généralement un mordant est salin et incolore comme l'alun, le bitartrate de potasse, les seis d'étain » On recourt généralement à un mordant avec l'intention d'augmenter l'aptitude des étoffes à prendre une matière colorante, à produire une cou- leur déterminée avec cette matière et d'en assurer la stabilité en consé- quence. « J'examine l'influence du mordant sous trois rapports : » 1° Celle qu'il exerce sur la hauteiu' du ton de la couleur de l'étoffe; » 1° Celle qu'il exerce sur la spécialité optique de cette couleur; » 3° Celle qu'il exerce sur la stabilité de la couleur exposée au solpil. § I. — Injlaencc du murdaut sur lu liaalcur du ton de la couleur fixée a l'étoO'e. M Si, comme on le croit assez généralement, le mordant ajoute à l'aptitude qu'ont les étoffes à se teindre, des étoffes mordancées passées en même temps que des étoffes non mordancées dans un bain colorant prendraient vui ton de couleur plus élevé que le ton des secondes. Cette opinion n'est point exacte; mes expériences la démentent. B En effet, des étoffes de laine mordancées avec alun et tartre, des étoffes ( 765 ) de soie et de coton simplement alnnées ayant été teintes à froid comparati- vement avec les mêmes étoffes non mordancées dans des bains colorants, ont présenté les trois résultats suivants avec seize matières colorantes diverses, appliquées chacune en même temps sur la laine, la soie et le coton. » Premier résultat. — Le mordant n'a pas eu d'influence pour changer le ton de la couleur fixée : I Laine 6 I Soie I ( Coton 5 12 » Deuxième résultat. — Le mordant a élevé le ton de la couleur fixée : I Laine a l Soie 'j ( Coton 12 21 )) Troisième résultat. — Le mordant a abaissé le ton de la couleur fixée : [ Laine 9 l Soie g l Coton o i"8 » Certes ces résultats sont fort différents de ceux qu'on aurait pu prévoir. H a fallu des expériences comparatives pour savoir que sin- 5i cas il y en aurait ii d'élévation de ton et i8 d'abaissement. § n. — Influence du mordant relativement h la spécialité optique de In couleur qiiil détermine. » La comparaison des étoffes teintes sans mordant et des étoffes teintes avec mordant est fort instructive relativement à la modification portant non plus sur le ton, mais sur la couleur même, c'est-à-dire sur ce que j'appelle la spécialité optique donnée par une des gammes des cercles chromatiques. Certes je ne prétends pas que toutes mes observations sont nouvelles ; car on sait depuis longtemps, par exemple, qu'avec le tartre, la composition d'étain et la cochenille on fait l'écarlate ( 3 rouge lo et i r ton du i'^'' cercle chroma- tique), et qu'avec l'ajun et le tartre on fait les cramoisis qui se classent dans ( 7C6) le 3'=, 2"^ et i" violel-roiigo 12 îoii du mèiîic cerclo. Mais mes expériences vont beaucoup plus loin, et je du-ai que les chaiigeinents de couleur produits dans une même matière colorante par différents acides et différentes bases salifiables, dont j'ai cité de nombreux exemples dans des Mémoires sur les bois de brésil et de campèche, publiés de 1808 à 181 1, n'ont pas cessé de m'occuper depuis cette époque au point de vue des changements de couleur dépendant de l'acidité et de I alcalinité des corps. Mais ce n'est que depuis le travail que je présente aujourd'hui à l'Académie que mes idées ont acquis plus de précision et de généralité; aussi prochainement reviendrai-je sur ce sujet, et exposerai-je des faits qui ajoutent sans doute beaucoup à l'impor- tance des précédents. Je me borne en ce moment aux remarques suivantes : » i** Le brésil produit sur les étoffes non mordancées appliqué à froid les gammes de l'orangé, tandis que les étoffes alunées prennent le 4 *'* 5 violet-rouge, et la laine alunée et tartrëe, le 3 rouge-orangé. » 2° Le campèche produit sur les étoffes non mordancées appliqué à froid les gammes de l'orangé ou de l'orangé-jaune, tandis que les étoffes alunées prennent le 5 bleu-violet et laine alunée et tartrée le 2 rouge — ' ° 10 >) Ces résultats, obtenus d'expériences comparatives exécutées en i854, viennent d'être contrôlés avec des circonstances nouvelles propres à expli- quer des faits de pratique qu'on n'explique pas toujours, lorsqu'ils se pré- sentent inopinément dans les ateliers. » J'ai pris deux lots de laine, de soie et de coton; l'un d'eux est resté dans l'état où généralement on considère ces étoffes comme propres h la teinture; l'autre lot a été traité de /|5 à 55 degrés par l'eau aiguisée d'acide chlorhydrique, puis il a été lavé jusqu'à ce que l'eau de lavage ne troublât |)lus l'azotate d'argent. » Un écheveau de chacune des étoffes de chaque lot a été teint comj)ara- tivement dans une infusion de bois de brésil et une infusion de bois de campèche, les résultats ont été les suivants : Etoffes lion lavées à l'aiiile clilorhydrique. Étoffes lavées à l'acide chlorhydriquv . Infusion de brésil en excès, 24 heures d'immersion à froid. 2 l.aine 3 orangé — 6 ton. Laine 2 orani;é g, 5 ton. Soie 4 orangé — 9,5 ton. Soie 5 orange — 9,5 ton. Coton ?. rouge orangé — 3 ton. Coton i orangé — 3,o ton. ( 7^1 ) Étoffes non passées a l'aride chlorhydrique. Étoffes passées à l'acide rhlorliydrique. Infusion de campckhe en excès, o.[\ heures d'immersion à froid. Laine 4 oran"é i^ qton. Laine 5 rouge i3,5 ion. ^ ° lo ■' I 5 . 1 • Soie 5 orangé— ^ lo ton. Soie 3 orangé — io,33lun. ° 10 'O 5 .3 Coton I orangé — q,5 ton. Coton 2 orange — 9 ton. 2 heures d'immersion dans eau saturée d'alun. Infusion de brésil en excès et même proportion que ci-dessus rehitivement aux étoffes, 4o heures d'immersion. Laine alunée rouge 11, 5 ton. Laine alunée 1 rouge i3ton. Soie alunée i rouge i3ton. Soie aUinée 1 rouge 12, 5 ton. 1 2 Coton ahiné rouge — 4 'on- Coton aliine rouge-orange — 3 ton. Infusion de campèche en excès et même proportion que ci-dessus relativement aux étoffes, [\o heines d'immersion. Laine alunée 2 violet-rouge 20 ton. Laine alunée 3 violet-rouge 20 ton. Soie' alunée 4 rouge-orangé 20 ton. Soie alunée 2 rouge-orangé 20 ton. 5,5 , . 5,25 Coton aluné 3 rouee-orancé io,5 ton. Coton alune 4 rouce-oranee 10, o ton. » Ces expériences montrent l'action (Je corps étrangers qui peuvent .se trouver dans les étoffes et dont on ne cherche point à combattre l'influence quoiqu'elle puisse être fâcheuse; or elle l'était certainement relativement à la laine et au coton, car lorsque la laine n'a pris que les tons 6 et 9 des 3 or — gammes < . ; la laine passée à l'acide a pris les tons 9,5 et i3,5 des A or - — 10 1 orangé, gammes \ ^ ° f 5 rouge. ( 768 ) » L influence d'un même mordant relativement à la spécialité optique qu'il donne aux étoffes peut être fort différente pour chacune d'elles. Un grand nombre de mes expériences le démontrent, mais il en est peu de plus frap- pantes que les couleurs que prennent la laine, la soie et le coton passés dans le bain de physique ajouté à l'infusion de brésil : les deux premières se teignent en orangé et le colon se teint en 3 violet-rouge. § III. — Influence du mordant ndalU'ement h la stabilité de la couleur exposée au soleil. » Ou croit généralement, comme je l'ai dit, que le mordant est favorable à la stabilité de la matière colorante fixée à une étoffe; cela est vrai dans beaucoup de cas, mais il y a des exceptions. • » Parexemple, la cochenille appliquée à froid sur la laine non alunée et sur la laine alunée, est plus solide sur la première que sur la seconde; une exposition de io5 jours avait abaissé la couleur de la première de a tons lorsqu'elle avait abaissé celle de la seconde de 3,5 tons, les deux étoffes étaient pour ainsi dire au même ton avant l'exposition. ., Il n'est point étonnant, d'après cela, que la même couleur fixée par des mordants différents sur une même étoffe, par exemple la cochenille fixée à la laine par l'intermédiaire i° de l'alun, i" de l'alun et du tartre, 3" du tartre et de la composition d'étain, soit inégalement stable dans les trois cas. Elle a le maximum de stabilité avec le tartre et la composition, et le minimum avec l'alun seul. » Je nonmie la laine, parce qu'en effet la stabilité d'une même matière colorée peut varier avec la natme de l'étoffe. Mais avant mes expériences l'influence de celle-ci n'était point appréciée d'une manière précise : on avait conclu de la simple apparence que les couleurs semblaient passer plus vite sur le coton que sur la soie et la laine surtout. Si cette opinion est souvent vraie, des exceptions ne permettent pas de la généraliser, et j'ajoute que ce qui a contribué à exagérer l'opinion, est que souvent on com- parait au coton des couleurs beaucoup plus élevées en ton sur la soie et sur la laine; or, plus la même couleur est élevée en ton sur une même étoffe; plus évidenuneut il faut de temps pour que se manifeste l'affaiblissement qu'elle peut éprouver de la part des agents atmosphériques. ■' La carthamine et le rocou sont plus stables sur la soie que sur la laine, et peut-être le sont-ils plus sur le coton que sur la soie. ( 7% ) IP DIVISION. — Influence de la température sur l'aptitude a se teindre qu'ont les ÉTOFFES MORDANCÉES. u Les étoffes mordancées n'ont point une même aptitude à se teindre :i froid et à chaud. » L'inégalité des trois étoffes est plus prononcée à froid qu'au bouillon, et dans ce cas les différences entre la laine et la soie, relativement au co- ton, sont bien plus faibles qu'à froid. Je répète doue qu'il semble, dans le plus grand uombre de cas du moins, que la composition élémentaire ait plus d'influence à chaud qu'à froid. En voici la preuve : A FROID. Siir 17 cas. • 2 cas d'égalité d'aptitude, bois jaune et noix de galle. 3 cas d'égalité d'aptitude entre laine et soie. Cochenille -f- composition d'etain -(- tartre. Brésil -+■ bain de physique. Gaude -H alun. I cas d'égalité d'aptitude entre soie et coton, carthame. 8 cas de supériorité d'aptitude de la laine sur la soie. 1 4 cas sur le coton . 4 cas la soie sur la laine. i4 cas sur le coton. I cas du coton sur la laine. A CHADD. Sur I 7 cas. 3 cas d'égalité d'aptitude entre laine et soie. Carthame, gaude, bois jaune. i3 cas de supériorité d'aptitude de la laine sur la soie. 1 7 cas sur le coton. I cas la soie sur la laine. Cochenille + alun . 1 7 cas sur le coton. IIP Division. — Influence de la vapeur sur les étoffes teintes. § I. — Influence de la vapeur sur le ton de la couleur. Sur 5o étoffes mordancées teintes à froid. Sur 49 teintes au bouillon. à) Elle n'a pas changé le ton de . . . 24 b) Elle a élevé le ton de 20 c) Elle a abaissé le ton de 6 '- . K . 1861, \" Semestre. fT. LU, >'<> 16.) de... • 27 = 5i de.. . . i3 = 33 de. . 9 = i5 99 lOI ( 77" ) § II- — Injlmncc de la vapeur .sur la spécialité optique de la couleur. Sur loo étoffes la vapeur n'a pas changé la spécialité optique de la rouleurde 60. Elle a donné du bleu à 16 étoffes. Elle a donné du rouge à 1 ■>. étoffes. Elle a donné du jaune à ijt étoffes. § III. — Influence de la vapeur sur le rabat nu la bruniture de la couleur. Étoffes qui n'ont pas changé de ton. La vapeur en a bruni ... 17 Débruni ... 3 Étoffes qui ont haussé de ton, La vapeur en a bruni ... g Débruni ... i Etoffes qui ont baissé de ton. La vapeur en a bruni. . . i 3i § IV. — Influence de la vapeur sur la stabilité de la couleur exposée au soleil. Étoffes Etoffes teintes à froid. teintes à chaud. La vapeur n'a point eu d'influence sur la stabilité de aS de 22 =^4? Elle a augmenté la stabilité de g de 7 =16 Elle a abaissé la stabilité de 6 de i4 =20 40 43 83 Dernières conclusions de l'ensemble de toutes mes expériences concernant l'influence (pie la vapeur exerce sur la stabilité de la couleur des étoffes teintes. » En définitive, je crois le passage à la vajiein- favorable : » 1" A l'indigotine de cnve, surtout quand l'étoffe a été mordancée; » 2" A la cochenille fixée par l'alun, par l'alun et le tartre, par le tartre et la composition d'étain sur la laine; particulièrement sur les laines passées à l'alun, et à l'alun et au tartre; M 3" A la garance fixée par l'alun et le tartre, par le tartre et la com- |)Osition ; » 4" Jtî n'oserais affirmer qu'elle le tut à la laine alunée et tartrée teinte au campéche, à la gaude et au bois jaune » Je crois le passage à la vapeur sans influence : 1) 1" Sur les étoffes teintes avec le brésil; » 2" Sur les étoffes de soie et de coton alunés, sin- les trois étoffes passées au bain de physique et teintes avec le campéche ; ( 771 ) » 3° Sur les étoffes teintes an fustet; » 4" Sur la soie et le coton teints avec la gaiicle ; " 5° Sur la soie et le coton teints avec le bois jaune ; » 6" Sur les trois étoffes teintes avec le quercitron ; >' 'j° Sur les trois étoffes teintes avec le curcuma ; » 8° Sur la laine et la soie teintes avec l'acide picrique; » 9" Sur les trois étoffes teintes au sumac ; » io° Sur les trois étoffes teintes avec la noix de galle; » 1 1" Sur les trois étoffes teintes avec l'orseille. » Je crois le passage à la vapeur nuisible ou défavorable plus ou m oui s : >' r" Aux étoffes teintes avec lecarthame; « 2° Aux étoffes teintes avec l'acide sulfindigotique ; » 3" Aux étoffes teintes avec le rocou; » /i° Aux étoffes teintes avec la graine d'Avignon. » MÉCANIQUE CÉLESTE. —Noie au sujet dune Lettre de M. Hansen, insérée dans te dernier cahier des Monthly Notices; par M. Delai;nay. « Le derniei' cahier des Montlilj Notices de la Société Astronomique de Londres contient un extrait d'une Lettre de M. Hansen à M. Airy, dans lequel il est question de la théorie de la Lune. Entre antres choses, M. Han- sen y indique une objection qu'il croit devoir faire à la manière dont j'ai calculé l'accélération séculaire du moyen mouvement de la I^me. Je de- mande à l'Académie la permission de lui présenter quelques lemarques au sujet de cette objection. » Je commence par reproduire en entier le passage de la Lettre de M. Hansen dont je veux parler (i). « J'ai déjà montré que les anciennes éclipses ne peuvent être satisfaites » par la variation séculaire de Adams et Delaunay {Comptes rendus, t. L, » n° lo). Depuis j'ai essayé de ne pas tenir compte de l'inégalité dépen- » dant de 8V — i3E, mais j'ai trouvé que l'effet en est insignifiant, et que » les différences énormes qui existaient restent à peu prés les mêmes. J'aurais » bien voulu ne rien dire à ce sujet jusqu'à ce que mon nouveau calcul de 1) la variation séculaire fût terminé ; mais en présence des raisons que vous me » donnez, je ne puis me retenir de faire connaître ce que j'ai trouvé il y a (1) Monthly Notices, vol. XXI, n° 5, p. i53^ lOI .. ( 772 ) " environ un an sur cette question. La méthode que MM. Adams et Delau- '> nay ont employée dans le calcul de la variation séculaire de la longitude >> moyenne de la Lune, demande qu'on introduise dans les coordonnées " ou dans les éléments elliptiques de la Lune des termes de la forme sui- » vante ^ I sin ) , . ., , ,, . /' ( cos ) , . ., , ,^ , ... ""'] cos \<'8 + ''ë-^i-) + -\ ,i„ i ('^ + i'g +K)... (A) » où a et h sont des coefficients numériques, i et /' des nombres entiers, » g' et g-' les anomalies moyennes de la Lune et du Soleil, K une fonction du '• périhélie et des nœuds, et « le moyen mouvement sécidaire de la f^une. » Il n'y a rien à dire contre cela ; Plana et Pontécoulant, qui ont attaqué » ce principe, sont en erreur sur ce point. On peut certes donner des mé- » thodes dans lesquelles la seconde espèce des termes mentionnés ci-dessus » ne doit pas entrer en considération ; mais si la question est traitée comme » Adams et Delaunay l'ont fait, ces termes doivent être introduits. Mais » il'où ces termes proviennent-ils? Ils viennent des termes suivants des » coordonnées du Soleil ,^ \ sin I ., , b' \ cos ) ., , /^.n ( cos ) ° « ( sin ( ° ' ^ )' et la méthode qui demande qu'on tienne compte complètement des » termes (A) demande naturellement aussi que l'on tienne compte des » termes (B', et ils ne sont pas petits. Le plus grand des coefficients dési- >■ gnés par b' surpasse 90". En outre la partie de la fonction perturbatrice » de la Lune qui dépend des planètes contient des termes qui peuvent aussi » contribuer à la variation séculaire de la longitude moyenne de la Lune; » ils sont toutefois plus petits que ceux ci-dessus. " J'ai parcouru avec soin tous les Mémoires de MM. Adams et Delaunay » sur cette matière qui sont venus dans mes mains, et je n'ai pas pu y " voir qu'on ait eu égard aux coefficients ci-dessus désignés par h\ ni à » ceux qui dépendent des planètes. Jusqu'à ce que je sois convaincu du » contraire, je devrai donc admettre que ces termes n'ont pas été pris en » considération ; et j'y trouve de plus une raison de soupçonner que De- ■1 launay peut avoir aussi négligé des termes dans le dernier calcul du » coefficient de 8V — i3E. » » L'objection formulée par M. Hansen dans ce passage de sa Lettre se réduit eu définitive à ceci : M.M. Adams et Delaunay devaient tenir compte ( 773 ) dans leurs calculs, non-seiilenieiit des termes ( A j, mais encore des termes (Bj; ils n'ont tenu compte que des termes (A) : donc leur détermination de la variation séculaire de la Lune est incomplète et par suite inexacte. Après avoir bien réfléchi à cette objection, je me vois dans la nécessité d'avoiiei' qu'il m'est impossible de comprendre au juste ce que M. Hansen a voulu dire. Je regrette qu'il ne soit pas entré dans quelques développements a ce sujet; et puisqu'il a examiné à ce point de vue les Mémoires de M. Adams et les miens, j'aurais voulu qu'il indiquât en cjuel point nous n'avons pas tenu compte des termes (B) quand nous aurions dû le faire. Je me ha- sarderai cependant à entrer dans quelques explications sur le seul point de la théorie auquel les paroles de M. Hansen me paraissent pouvoir se rapporter. » La marche que l'on suit pour déterminer les inégalités du mouvement de la Lune, comme de tout autre corps de notre système [)lanétaire, est tellement nette, qu'il ne peut y avoir aucune ambiguïté pour personne. On part du mouvement elliptique que l'on considère comme une première approximation du mouvement de la J^une autour de la Terre. Dans ( ette première approximation, les trois coordonnées de la l^une (longitude, lati- tude et rayon vecteur) s'expriment en fonction du temps et de six constantes qui sont les éléments du mouvement elliptique; les formules qui en donnent les valeurs ne contiennent rien autre chose que ces sept quantités. Lors- que ensuite on veut aller plus loin, et tenir compte de l'action perturbatrice du Soleil, on cherche les inégalités que cette action introduit dans les six éléments dont il vient d'être question ; et pour cela on se sert de \a fonction perturbatfice dans laquelle entrent les coordonnées du Soleil avec toutes les inégalités dont ces coordonnées sont affectées. Si l'on prend en particulier dans ces inégalités du Soleil celles que M. Hansen désigne par (Bj, on en déduit pour les éléments de la Lune des termes qu'il désigne par (A). Qui ne voit que dès lors on n'a plus à se préoccuper des termes (B)? Les termes (A) qu'on en a déduits doivent seuls être introduits dans les ex- pressions elliptiques des coordonnées de la Lune; comment en effet y intro- duirait-on en même temps les inégalités (B) des coordonnées du Soleil, puisque ces coordonnées n'entrent pas dans les expressions elliptiques des coordonnées de la Lune? Ce rappel succinct des principes les plus élémen- taires de la détermination des inégalités suffira, je l'espère, pour montrer que l'objection de M Hansen manque de toute espèce de fondement, en supposant toutefois que son objection porte sur ce point, et je ne vois pas qu'il puisse en être autrement. « ( 774) M. LE Secrétaire perpétlel annonce à l'Académie la perte quelle vient de faire d'un de ses Correspondants pour la Section de Mécanique, M. L. Fi- cat. Le savant ingénieur est décédé à Grenoble le lo de ce mois à l'âge de ^5 ans. ainsi c(n on l'apprend par une Lettre de son fils, M. J. Virât, adres- sée a M. le Président. RAPPORTS AiNTHROPOLOGlE. — Rapport sur un Mémoire de IW. Bourgarel, intitulé : Des races de l'Océaiiie française et de celles de la Nouvelle-Calédonie en par- ticnlier. (Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire, J. (.loquet rapporteur.; « M. Bourgarel, chirurgien de la marine impériale, a misa profit 1 oc- casion qui lui était offerte pendant une campagne de trois ans dans l'Océa- nie, et une expédition à travers la Nouvelle-Calédonie à laquelle il avait été attaché comme chirnrgien-major, pour recueillir des renseignements im- portants snr les caractères distinctifs, les mœnrs et les coutumes des Néo- Calédoniens. » Il a résumé ses recherches dans un I^Iémoire manuscrit, dont je vais avoir l'honneur de rendre compte à l'Académie, et qui ne comprend pas moins de loo pages in-folio. « Les Néo-Calédoniens, dit l'auteur, apijartieiuient au type mélanésien « ou nègre océanien ; ils ont une taille un peu supérieure à celle des Fran- » çais et un .système musculaire peu développé; la couleur de leur peau » varie du chocolat an jaune olivâtre foncé; ils ont les cheveux noirs, flo- » conneux et crépus, la barbe noire; le crâne aplati en travers; le Iront .. étroit, bombé et fuyant; les yeux ovales, enfoncés sous des arcades orbi- » tanvs proémuienles et dirigés horizontalement; le nez large, épaté; les i> pommettes saillantes ; des lèvres épaisses bordant une bouche large de .. 6 centimètres; les dents blanches, mais proclives; le menton arrondi, » un peu proéminent » » L'Ile est peuplée, selon lin, par deux races distinctes : lune apparte- nant au type mélanésien, qui paraît être la race primitive, et l'autre an type polynésien, et qui, d'après les renseignements |)ris par l'auteur, a envahi (liff/M-cnls points de l'île dans le courant du siècle dernier, en a sid)jiigué ( 775 ) les habitants et plus tard s'est mélangée avec eux, de manière à produire des métis nombreux qui retiennent des caractères des deux races. >> L'immigration d'ailleurs continue encore sur toute la côle Est de la Nouvelle-Calédonie. » L'auteur appuie ces assertions siu' des mesures très-nombreuses prises sur cinquante-sept têtes de Néo-Calédoniens, dont la plupart ont été recueil- lies par lui, et dont les autres ont été trouvées par des chirurgiens de l'expé- dition. » De ces mesures il résulte : » 1° Que la coupe horizontale du crâne se rapproche du rectangle pour la variété noire, tandis qu'elle est ovoïde dans la variété jaune ; » 2" Que tous les diamètres du crâne sont plus courts dans les deux races que chez les Européens, mais plus courts pour la race noire que pour la race jaune; » 3° Que les os de la face sont, au contraire, beaucoup plus développés que dans la race caucasique; que l'angle facial est beaucoup plus aigu; » 4° Qu'enfin , tandis que le frontal est à peine élevé, que la voûte du crâne est peu développée et fuyante en arrière, l'occipital présente, au con- traire, un développement considérable et forme une cavité située au-des- sous du niveau des apophyses mastoïdes : caractères qui rapprochent les Néo-Calédoniens de la race nègre, et sont plus marqués sur les individus de la variété noire que sur ceux de la variété jaune. » En examinant le reste du squelette, M. Bourgarel a reconnu des carac- tères qui appartiennent à la race nègre, et d'autres qui se retrouvent chez les Polynésiens, ce qui vient confirmer cette opinion que la population actuelle de l'ile résulte du mélange d'une race primitive nègre et d'émi- grants de la Polynésie. « Enfin pour compléter la démonstration de ce fait remarquable, l'au- teur, après avoir rappelé les caractères dislinctifs de la race polynésienne, et les avoir déduits de vingt-cinq tètes, établit un parallèle entre cette race et les habitants de la Nouvelle-Calédonie, et prouve que, si les Polynésiens se rapprochent de la race caucasique beaucoup plus que les Néo-Calé- doniens, il est pourtant facile de leur trouver un grand nombre de carac- tères communs avec les individus jaunes-olivâtres de la Nouvelle-Calédonie, tandis qu'ils n'en ont aucun avec la variété noire qui, elle, participe, au contraire, des signes dislinctifs de la race nègre. » M. Bourgarel donne ensuite les caractères extérieurs des Néo-Calédo- ( 776) iiiens, et de sa description il résulte encore que cette race est intermédiaire entre la race nègre et la race polynésienne. » Voici l'analyse de cette longue description faite, comme tout le Mémoire d'ailleurs, avec le soin le plus minutieux. » La peau de ce peuple est douce et fraîche, même par les plus grandes chaleurs, mais elle exhale une odeur des plus fortes et des plus désagréables ; le système pileux est en général très-développé ; les cheveux sont crépus ou plutôt floconneux, ordinairement d'une couleur très-foncée, mais cepen- dant roux chez certains sujets qui présentent alors sur différents points de la peau des taches de rousseur : circonstance assez curieuse sur des individus si ra|)|)rochés des nègres, et qui, suivant la remarque de M. Bourgarel, rap- pelle Vhumine roux que M. Eusèbe Desalle regarde comme le type dont dé- rivent+toutes les races humaines. » La barbe est assez fournie, mais les moustaches manquent sou\ent; les yeux sont grands, droits, ovalaires; l'iris de couleur marron ou brun orangé; les sclérotiques jaunâtres; l'œil vif et très-mobile; les lèvres pro- clives, brunes, plus épaisses que chez l'Européen, mais beaucoup moins que chez le nègre, et circonscrivant une bouche largement fendue et munie de dents fortes, bien rangées et ayant la blancheur de l'ivoire. " Aussi, dit l'auteur, quand ils veulent manifester leur joie et qu'ils ouvrent leur énorme bouche, « à la vue du formidable râtelier dont elle est » armée, on songe malgré soi au goût si prononcé qu'ils ont pour la chair >> humaine. » » Leur taille est assez élevée, car, d'après M. Bourgarel, la moyenne est pour eux de i™,67o, tandis que pour les Français elle n'est que de (,657. » Mais leur système musculaire est très-médiocrement développé et leurs membres grêles, surtout les inférieurs. » Les femmes présentent les mêmes caractères extérieurs, si ce n'est que leur taille est très-peu élevée. » Les habitants de la Nouvelle-Calédonie sont intelligents, mais cupides, fourbes et ingrats; ils ne paraissent susceptibles d'aucun sentiment affec- tueux ; ils poussent la paresse au point que, tout en reconnaissant la supé- riorité des Européens, et les avantages matériels qu'ils pourraient se pro- curer en les imitant, ils aiment mieux ne rien faire et supporter les incon- vénients de l'oisiveté. Soufjriv pour souffrir, disent-ils, mieux viiul avoir faim que travailler. Aussi, chez eux, les femmes sont-elles esclaves: ce sont elles qui doivent non-seulement s'occuper des travaux domestiques, mais encore { 777 ) se procurer les provisions nécessaires et se livrer même preque seules à la culture; aussi la multiplicité des femmes est-elle pour les Néo-Calédoniens une source de bien-être , et l'existence de la polygamie l'obstacle le plus sérieux que rencontre la propagation de la foi chrétienne. Une seule Jemme! Vous voulez donc me ruiner! ^disent les habitants du pays à nos mission- naires. » Leurs mœurs sont arrivées au dernier point de dissolution, ha mari ne parle guère à sa femme, u'habite pas avec elle; les hommes se réunissent ensemble, se livrent au plus odieux libertinage, afin de n'avoir pas à nourrir des enfants, dont ils ne s'occupent pourtant pas; d'où résulte une dépopulation rapide du pays. » Le vêtement est réduit chez eux à sa partie indispensable; il consiste pour les femmes en une ceinture à laquelle pend une frange épaisse de lo à i5 centimètres; il est encore plus simple pour les hommes. Par les temps froids et pluvieux les deux sexes portent un manteau en paille tressée. » La coiffure varie suivant la position sociale de l'individu : ceux de la classe inférieure portent leurs cheveux ras; les chel's relèvent leurs che- veux, auxquels ils laissent une longueur de 2 ou 3 décimètres et les main- tiennent par une pièce d'étoffe blanche, ou les réunissent en nattes nom- breuses, selon qu'ils appartiennent au nord ou au sud de l'île. Cette cheve- lure, très-mal soignée d'ailleurs, est toujours habitée par un grand nombre de parasites que leurs nourriciers mangent avec volupté. » Leur nourriture se compose essentiellement de végétaux , de coquillages et de poissons. L'usage des boissons fermentées leur est heureusement inconnu. Le bétel n'est point cultivé dans l'île, mais ils ont un goût très- prononcé pour le tabac, qui sert actuellement de monnaie pour les tran- sactions. » Le tatouage en relief est généralement pratiqué par eux de la manière la plus cruelle. «Ils prennent, dit M. Bourgarel, une des plus petites ner- » vures des feuilles du cocotier, y mettent le feu et appliquent sur la peau » ce charbon incandescent en soufflant dessus avec force pour activer la » combustion. Une cautérisation profonde est le résultat de l'application de » cette espèce de moxa ; la croûte qui se forme est arrachée tous les jours, » et la plaie, ainsi avivée constamment, s'élargit, suppure et bourgeonne » de manièreàformer un véritable champignon. Lorsque le Ranac(i) trouve (1) Nom des habitants de la partie septentrionale de l'île. C. R., 1861, i" Semestre. (T. LU, N» IG.) lO'i ( 7:8 ) » la tumeur assez voluiniueuse, il cesse de I irriter, la lotioniie avec de l'eau » fraîche, et une cicatrice solide ne tarde pas à se former ; il reste alors un » tissu cicatriciel brillant, d'une couleur un peu plus claire que la peau » environnante et qui ressemble à un gros bouton de i5 à 20 millimètres » de diamètre. » Si encore de semblables mutilations n'étaient subies que librement et pour satisfaire à la mode! mais il parait qu'un usage barbare les inflige aux femmes à la mort d'iui grand chef. » Les habitations des Néo-Calédoniens sont des plus simples et se ressen- tent de cette paresse qui leur est si chère; ce sont des huttes de six à dix pieds de hauteur, formées par une charpente de bois recouverte de paille ou d'écorces et n'ayant d'autre ouverture qu'une porte d'un mètre de haut; comme ils y allument du feu pendant l'hiver, ils s'y trouvent incessamment plongés dans une atmosphère épaisse de fumée qui entretient chez eux des blépharites chroniques, d'où M. Bourgarel croit leur venir l'habitude d'avoir continuellement les yeux à moitié fermés. » Les cases des chefs ont plus d'apparence au dehors, mais elles ne diffè- rent de celles du peuple que par la grandeur. Ces habitations sont d'ailleurs disposées d'une manière assez régulière. » A l'extrémité d'une grande allée de cocotiers s'élève la case du chef, et souvent à l'autre extrémité celle du grand chef, qui a ainsi une maison dans chaque village; des deux côtés de l'allée sont symétriquement placées les huttes du peuple, et derrière sont d'autres cases à peu près semblables, mais sans porte, qui servent de magasins. » Je viens de parler du chef et du grand chef; c'est qu'en effet il paraît (}UP le gouvernement néo-calédonien est une véritable féodalité, dans la- quelle se trouve un seigneur suzerain, maître absolu en principe de tout ce qui est dans ses États, hommes, femmes, enfants, armes, etc., et des sei- gneurs obligés d'obéir à ses ordres et de le suivre à la guerre, mais d'ailleru-s maîtres, absolus aussi, dans leur district, des nobles et des serfs. n Le plus précieux apanage du pouvoir souverain était, à ce qu'il parait, naguère encore, le droit de faire égorger chaque jour un homme pour sa table; mais cet abus a disparu, et on se contente maintenant de manger les malfaiteurs et les prisonniers de guerre; c'est d'ailleurs un mets ré.servé pour la table des puissants et auquel le pauvre peuple ne peut aspirer. ») Le climat de la Nouvelle-Calédonie est chaud et humide; la tempéra- ture, tres-variable, peut monter dans une journée de 10 à i5°. » La scrofule et la phthisie pulmonaire y sont fréquentes, ainsi que les bronchites et les diarrhées, mais la dyssenterie y est rare et sans gravité. ( 779 ) » En outre, aj)paraissent souvent des épidémies terribles qui font de grands ravages, mais dont l'auteur ne peut spécifier la nature. » Chose étrange! sur ce sol couvert de marais, par cette température molle et énervante, les fièvres intermittentes sont inconnues. Il est presque inutile dédire que les affections cutanées, surtout de la forme pustuleuse, y sont endémiques, de même que les maladies chroniques des yeux et des paupières. » Les circonstances hygiéniques dans lesquelles vivent ces peuples suffi- sent amplement pour l'expliquer; et comme si ce n'était pas assez de toutes ces influences nuisibles pour décimer la population, les Néo-Calédoniens ont adopté un genre de sépulture qui devient une nouvelle cause d'in- fection. n Au lieu d'enterrer les morts, ils les exposent dans des bois sacrés, soit à la surface du sol, soit au milieu des branches d'un arbre, après avoir, quand c'est le cadavre d'un chef, détaché la tète, qui est cachée loin de là, dans quelque anfractuosité de rocher, afin qu'un ennemi ne vienne pas la ravir pour s'en faire un trophée. » Tels sont, Messieurs, les faits les plus remarquables contenus dans l'intéressant Mémoire dont vous nous avez chargés de vous rendre compte. » L'auteur a eu le grand mérite d'utiliser les rares loisirs que lui laissait un service pénible pour rassembler des documents importants sur un pays encore très-peu connu, mais que nous avons un grand intérêt à connaître depuis qu'une colonie y est fondée. » 11 a accompli ce travail avec talent, a discuté avec sagacité les maté- riaux qu'il avait amassés, et indiqué avec la plus grande bonne foi ce que l'on devait regarder comme certain, ce qui était douteux, ce qui lui était inconnu, qualité trop rare, et d'un très-bon exemple. » Il est arrivé à mettre hors de doute ce fait nouveau et d'une grande importance, l'immigration incessante des îles diverses de la Polynésie dans la Nouvelle-Calédonie, immigration qui a pour effet de remplacer graduel- lement la race indigène par une race supérieure. » Nous pensons donc que l'auteur mérite d'être encouragé, et nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de remercier M. Adolphe Bourgarel de son intéressante communication, de l'engager à persévérer dans la voie où il est entré, de déposer honorablement son Mémoire dans vos archives, et d'adresser une copie du présent Rapport à Son Excellence M. le Ministre de la Marine. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. I02.. ( 7So ) XOMINAÏIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemann. Aux termes du Règlement, cette Commission doit être composée du Pré- sident de l'Académie et de six Membres pris par moitié dans les Sections des Sciences mathématiques et dans les Sections des Sciences naturelles. D'après les résultats du scrutin, cette Commission sera composée ainsi qu'il suit : M. Milne Edwards, Président en exercice; MM. Liouville, Élie de Beaumont, Chasles (Sciences mathématiques); MM. Dumas, Flourens, Boussingault (Sciences naturelles). MÉMOIRES LUS. MINÉRALOGIE. — Du mode de formation de ta topaze et du zircou; par M. H. Saixte-Ci.aire Deville. (Commissaires, MM. de Senarmont, Delafosse, Balard.) « On a pu quelquefois, à ht suite d'expériences tentées dans nos labora- toires, préjuger le mode de formation de certaines espèces minérales que l'on rencontre dans la nature; mais nos conclusions ne deviennent vraiment rigoureuses qu'à la condition de montrer les circonstances physiques et chimiques au milieu desquelles on s'est placé, non-seulement comme suf- fisantes pour expliquer la formation des minéraux, mais encore comme nécessaires à leur production. On n'est pas toujoiu's assez heureux pour oljtenir ce degré de certitude, mais il existe des cas oii l'on approche tel- lement de la rigueur, qu'on peut avoir tout espoir d'être arrivé à la vé- rité. C'est ce qui arrive, par exemple, pour la topaze et le zircon. » Quand on fait passer du fluorure de silicium sur de l'alumine calci- née, placée dans un tube de porcelaine (i) et chauffée au rouge blanc, on la convertit entièrement en staurolide (2); il se dégage du fluorure (i) Il est bon d'introduire dans co tube du porcelaine un aulie tube en eharbon de cornues, et de mettre l'alumine dans des nacelles également en charbon, {f'oir la dcsciiption de ces appareils dans les Jnnalfs 2 aAl'O^ 69,8 100,0 99>7 100,0 et doit être représentée par la formule minéralogique SiAP. Elle ne con- tient pas trace de fluor. n Cette circonstance m'a conduit à faire l'expérience suivante. J'ai mis dans un tube de porcelaine placé verticalement des couches alternatives et cylindriques d'alumine et de quartz, commençant par l'alumine et finissant par le quartz, et j'ai fait passer sur ce système de corps ainsi disposés et chauffés au rouge blanc un courant de fluorure de silicium. La couche d'alumine s'est transformée en staurotide (Si AF), avec production de fluo- rure d'aluminium, qui, rencontrant du quartz ou de la silice, a été entière- ment absorbé; par suite, on obtient encore la même staurotide (SiAl-), et l'on régénère le fluorure de silicium, et ainsi de suite, de manièie que l'alu- mine et le quartz se trouvent changés tous les deux en la même matière cristallisée, la staurotide dont je viens de donner l'analyse. Comme la der- nière couche est formée avec du quartz, et comme il n'est resté aucune trace de fluor dans les matières enfermées dans le tube de porcelaine, il s'ensuit qu'après toutes ces transformations il est sorti de mon appareil autant de fluorure de silicium qu'il en était entré, ce qui est d'ailleurs facile à constater par expérience. Ainsi le fluor, ne se fixant nulle part, a servi à transporter l'une sur l'autre les deux substances les plus fixes et les plus difficiles à combiner que nous connaissions : la silice et l'alumine. peut être confondue avec la staurotide naturelle, (jui contient toujours beaucoup de fer, et celle-là, je n'ai jamais pu la reproduire par ce procédé. Quelques doutes me restent même sur l'identité de leurs formes cristallines. Je reviendrai plus tard sur celte question intéressante .tm point de vue de la philosophie naturelle. (i) \oir Annales de Chimie et de Physique, t. XLIX, mes Mémoires sur le silicium et les sesquifluorures métalliques. ( 78^ ) Une quantité très petite de fluor suffit donc pour transformer en staurotide on minéraliser des quantités indéfinies de silice et d'alumine. » Mes analyses, qui confirment à trés-peu près celles de MM. Forch- hammer, me donnent pour la composition de la topaze les nombres sui- vants, qui se rapportent aux éléments les moins volatils de ce minéral : Topaze de Saie. i'opaze du Brésil. Silice 22,3 25 , i Alumine 54,3 53,8 Silicium 6,5 5,8 Fluor i7»3 i5,7 100,4 100,4 » Il semble tout d'abord que cette singulière substance aurait pu se former par l'action du fluorure de silicium sur l'alumine dans les cir- constances que je viens de détailler : il n'en est rien, et jamais je n'ai obtenu dans mes expériences rien qui ressemblât à la topaze. Bien mieux, en mettant de la topaze du Brésil dans le courant de fluorure de silicium à côté de l'alumine, qui se transforme en staurotide, cette topaze a été entièrement décomposée en perdant 2a pour loo de son poids. Cette ' expérience démontre de la manière la plus nette que la topaze ne peut être reproduite dans nos laboratoires, et n'a pu être formée dans la nature par le contact de l'alumine et du fluorure de silicium à haute température. » La topaze a dû être formée par voie humide ; ce qui le prouve, ce sont les observations du D' Brewster sur les liquides qu'elle renferme, ce sont les résultats de mes propres analyses (i) où j'ai dosé une matière volatile que j'ai considérée comme pouvant être de l'eau, qui serait, d'après M. Lewy, une matière organique, et d'après M. Delesse, une matière organique azotée. Mais à ces arguments péremptoires vient se joindre une observation à laquelle j'attache quelque importance. J'ai trouvé du vanadium dans un grand nombre de matières alumineuses hydratées, la gibbsite des Baux en particulier; j'en trouve également dans des topazes qui, je crois, viennent du Brésil; et ce caractère commun à un assez grand nombre de substances (jui se décomposent ou se transforment par l'action du feu me paraît être lui uidice de l'inlervention de l'eau dans la formation des muiéraux qui ont conservé du vanadium. Si je pouvais ici hasarder une hypothèse, je dirais {i) Sur /a cfim/jositin/i ili's subilanccs volatiUs Un silicates naturels (Leçons lilhogiaphiées d'analyse mineraloyique professées ù l'Kcole Normale}. que c'est sans doute de ces acides hydro-fluo-aluminiques que j'ai décrite' dans un récent Mémoire, qu'on fera dériver le plus facilement la topaze. » La chondrodite ou la humite, et même les silicates de chaux et de magnésie ne peuvent non plus se former sous l'influence du fluorure de silicium ; car la magnésie ou la chaux, quand on les chauffe dans ce gaz, se transforment en matières vitreuses ou cristallines dont la composition n a aucun rapport avec les minéraux des filons et des terrains métamorphiques. Voici la composition de ces substances, qui sont constituées atomiquement delà manière la plus simple; leur formule, donnée dans l'hypothèse sui- vante, rend très-bien compte de leur formation : Silice.;... 25,3 SiO^ 25,3 Silice 24,3 SiO- 23,8 Magnésie.. 22,8 2MgO.... 22,8 Chaux... 14,7 Ca 0 i4,6 Magnésium. 20,9 3Mg 20,4 Calcium... 3i,o 3Ca 3i,6 Fluor p. d.. 3i,o 3 FI 82,0 Fluor p. d.. 3o,o 3 FI 3o,o !oo,o 100,0 100,0 100,0 u Avec la glucyne, qui donne, comme l'alumine, un fluorure volatil, j'ai espéré obtenir la phénakite. En faisant passer au rouge blanc du fluorure de silicium sur la glucyne, on obtient, en outre du fluorure de glucyum, des cristaux très-beaux, que je n'ai pas encore mesurés, mais que je ne peux identifier avec aucune espèce minérale connue jusqu'ici, car elle m'a donné les résultats suivants : Silice 65,8 2? Glucyne 33,31 Oxyde de fer 0,6 j 99.7 » Ainsi le fluorure de silicium, par voie sèche, ne donne aucun minéral de filon connu, du moins jusqu'ici; mais il n'en est pas de même d'une matière qu'on rencontre dans les terrains volcaniques, le zircon, et qui se produit avec les formes les plus belles lorsqu'on fait passer du fluorure de silicium sur la zircoue. Les cristaux octaédriques qu'on obtient ainsi, et que j'ai mesurés, présentent l'analogie la plus complète avec les zircons de la Somma (Vésuve). Les mêmes facettes, les mêmes angles (l'octaèdre carré seu- lement avec des incidences de laS^ao'), les mêmes apparences extérieures les confondent, et aussi la certitude presque entière que leur formation a eu lieu sous l'influence du feu. Et ici encore je peux démontrer avec la plus com- plète rigueur que de petites quantités de fluor, dont la présence existe dans ( 784 ) les terrains métamorphiques de cette espèce, ont suffi |)oiu' produire des quantités indéfinies de zircon. .1 Si, en effet, on place dans un tube de porcelaine des couches alterna- tives de zircone et de quartz, en commençant [)ar la zircone et finissant par le quartz, la zircone se transforme, au contact du fluorure de silicium, en zircon et fluorure de zircouium volatil : celui-ci, rencontrant le quartz, en fait du zircon et du fluorure de silicium, etc. Finalement, la minéralisation s'est faite dans tout le tube de porcelaine, et il en est sorti précisément autant de fluorure de silicium qu'il en est entré. Le fluor en effet ne s'est fixé nulle part. » Que l'Académie me permette, à la fin de ce travail, de la remercier des secours qu'elle a bien voulu m'accorder pour l'amener à bonne tin. C'est grâce à ses allocations que j'ai pu, dans le laboratoire de l'École Normale, où je manquais de ressources jusqu'à ces derniers temps (i),- entreprendre mes travaux sur les corps simples, le carbone, le bore, le silicium, l'alumi- nium, travaux que je poursuis aujourd'hui sur les corps rares, le vanadium, le titane, le zirconium et le niobium; que j'ai pu, soit seul, soit avec la collaboration de mes élèves, reproduire un grand nombre des oxydes, bro- mure et iodure métalliques, des phosphates et des silicates naturels (2). Il ne me restait plus, pour payer ma dette à l'Académie, en lui montrant les principaux types des espèces minérales reproduits dans mon laboratoire, que d'exposer une méthode pour obtenir par voie sèche les sulfures métal- liques. Ce sera le sujet d'une prochaine communication. » OPTIQUE MIINÉRALOGIQIJE. — Mémoire sur un nouveau procédé propre à inesurer l'indice moyen et iécartement des axes optiques daiis certaines substances où cet écartement est très-grand , et sur la séparation de plusieurs espèces minérales regardées jusqu'ici comme isomorphes; par M. Des Cloizeaux. (Renvoi à la Section de Minéralogie et de Géologie.) « Dans deux communications précédentes que j'ai eu l'honneur de pré- (i) M. le Ministre (le l'Instruction publique, désireux de protéger efficacement les sciences, vient de placer l'École Normale au rang des établissements les plus favorisés en ce qui con- cerne les fonds alloués aux laboratoires. (?. ) Tous ces échantillons sont exposés dans la belle collection de l'École des Mines, grâce à la bienveillance de M. de Senarmont. ( 785 ) senter à l'Académie en 1857 et iSSg, j'ai fait voir de quelle utilité pouvait être l'emploi des propriétés optiques biréfringentes pour la connaissance exacte des substances cristallisées. Depuis cette époque, j'ai poursuivi mes observations sur ce sujet, en m'attachant surtout à l'étude des questions que la chimie ou là cristallographie n'avaient encore pu résoudre; je suis ar- rivé ainsi à des résultats pour la plupart inattendus, et qui me paraissent de nature à montrer clairement le rôle que l'optique est appelée à jouer doré- navant dans l'examen des cristaux naturels ou artificiels, surtout lorsque ces cristaux ont une forme imparfaite dont on ne peut constater qu'une seule zone, ou que l'apparente symétrie de leurs modifications jette de l'in- certitude sur le type cristallin auquel on doit les lapporter. » La détermination des propriétés optiques d'un cristal biréfringent à deux axes, pour être complète, doit comprendre l'orientation du plan de ces axes et de leurs bissectrices, la mesure de leur écartement, le genre de dispersion qu'ils manifestent et la valeur des trois indices principaux ou au moins celle de l'indice moyen du cristal. Les difficultés que l'on rencontre pour obtenir ces divers éléments sont de plusieurs espèces, mais la princi- pale avait été jusqu'ici l'absence d'un procédé d'observation applicable à des substances susceptibles de fournir seulement des lames très- petites, d'une foible biréfringence, ou d'une fragilité telle, que leur travail est im- possible dans certaines directions. En combinant diverses parties emprun- tées aux microscopes polarisants imaginés par MM. Amici et Norremberg, j'ai obtenu un instrument qui possède à la fois un champ très-étendu em- brassant le premier anneau de chaque système dans une topaze où l'écar- tement des axes est de iai° et un foyer très-long permettant de voir très-nettement les phénomènes produits par le passage d'un faisceau de rayons convergents à travers des plaques isolées ou montées entre deux prismes d'une épaisseur totale de près de 2 centimètres. J'ai donc pu dispo- ser entre l'éclaireur et l'objectif de cet instrument un petit goniomètre d'une forme particulière, que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca- démie (1), et à l'aide duquel l'écartement apparent des axes se mesure très- exactement sur une lame de moins de 1 millimètre de côté^, pourvu que cet écartement ne dépasse pas i35°. Si l'écartement est supérieur à i35°, les rayons lumineux, à leur sortie du cristal, arrivent dans l'air presque à la réflexion totale, et on est alors obligé d'opérer dans l'huile. L'observation se fait avec facilité, en disposant le microscope horizontalement au-devant (i) L'appai-eil a été disposé et construit par M. H. Soleil. C. R , i8Gt, 1" Semestre. (T. Ml, N» 16 ) Io3 ( 786 ) (Tun prisme de Nicol chargo do fournir de la lumière polarisée et en pla- çant, entre réclaireiu'cl l'ohjectif, luie cuve à faces parallèles pleine d'huile, dans laquelle plonge le cristal. Une tige verticale, terminée par une pince destinée à soutenir le cristal, est fixée à frottement doux au centre d'une alidade qui se meut sin- un cercle horizontal gradué. Pariiii les nombreuses substances poiu- lesquelles on est obligé d'avoir recours à ce second pro- cédé, les unes sont susceptibles de fournir le prisme destiné à la mesure de leur indice moyen, les autres ne se prêtent pas au travail nécessaire pour se prociuer ce prisme. Dans le premier cas, une seule plaque, normale à l'une des bissectrices, suffit pour constater la nature de la dispersion des axes autour de cette bissectrice et pour calculer leur écartement réel, car si l'on désigne par V le demi-angle réel des axes, par ?i l'indice de l'huile, par |3 l'indice moyen de la substance et par H le demi-angle apparent dans l'huile, on a la relation bien connue sin V = - sin H. » Dans le second cas, qui se rencontre surtout parmi les sels artificiels et les minéraux doués d'une double réfraction énergique, très-tendres ou très- fendillés, tels que le soufre, la Tliéiiardite, Venstadle, la Pf^olitérite^ etc., si l'on peut extraire d'un même échantillon deux plaques normales, l'une à la bis- sectrice (ligue, l'autre à la bissectrice obtuse, la \aieur de V s'obtiendra in- dépendamment de |5 et de n. En effet, si nous appelons Y^ et ¥„ le demi- angle aigu et le demi-angle obtus réel des axes, II^ et Ho le demi-angle aigu et le demi-angle obtus apparent dans l'huile, nous poserons sinVa = îsinH„, sin V,, = ^ sin H^; mais sinVo = cosVfl, donc ,. sin H„ L'angle V^ une fois connu, /3 se calculera au moyen de l'équation a sin Ha Cette manière de déterminer |3 ne peut, du reste, être considérée que comme ( 787 ) approximative, puisque la mesure de l'écartement dans chaque plaque n'est pas toujours susceptible d'une très-grande précision, et il ne faut y avoir recours qu'à défaut du procédé direct. Il est clair également que les deux lames doivent être prises sur le même échantillon et aussi près que possible l'une de l'autre, pour éviter les variations si fréquentes dans l'ho- mogénéité des cristaux. En observant ces précautions, j'ai trouvé que les différences entre les valeurs de l'indice moyen calculées par la méthode directe du prisme réfringent et par la méthode indirecte des deux plaques perpendiculaires l'une à l'autre étaient généralement faillies et ne portaient que sur la seconde décimale. Les faits les plus saillants qui résultent de uies observations sont les suivants : 1° « La Gac/o///». ( 79' ) M. Rivière adresse en même temps une Notice imprimée sur ses travaux, et prie 1'A.cadémie de vouloir bien le comprendre dans le nombre de candi- dats pour la place devenue vacante par le décès de M. Cordier. Le Mémoire el la Notice sont renvoyés à l'examen de la Section de Mi- néralos;ie et Géologie. ^»' PALÉONTOLOGIE. — liësultal des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de l'Académie; par M. A. Gaudry. (Suite.) (Renvoi à l'examen des Sections de Zoologie et de Géologie.) ■< Dans les premières fouilles dont l'Académie a bien voulu me charger, j'ai recueilli quelques pièces d'une espèce de girafe à laquelle M. I^artet et moi avons donné le nom de Cnihelopardalis attica. Je viens de retrouver dans un même bloc deux membres presque entiers de cette girafe dont les divers os sont en connexion : l'un est un membre antérieur, l'autre un membre postérieur; ils appartiennent certainement au même individu. » La Cnmelopardalis atlica a presque la même taille que la girafe du Gap dont le squelette est au Muséum de Paris ; elle est plus grande que la gi- rafe du Sénégal dont le Muséum possède également le squelette; elle est beaucoup plus grande que la girafe de Nubie décrite par MM. Joly et La- vocat ; mais cette dernière n'était pas encore adulte. » La girafe de Grèce était plus grêle que la girafe actuellement vivante; elle devait avoir plus de légèreté et moins de force. Les extrémités articu- laires des os sont particulièrement faibles et étroites comparativement à celles des os des girafes vivantes adultes et à plus forte raison des jeimes girafes. » On sait qu'un des caractères de la girafe vivante est d'avoir les membres de devant plus longs que ceux de derrière ; j'ai calculé que dans l'espèce de Pikermi la disproportion était encore plus sensible. La différence entre les deux membres est un peu plus grande que dans Ja girafe du Cap et beau- coup plus considérable que dans les girafes du Sénégal et de Nubie. » Les trois humérus que je possède sont brisés à leur extrémité supé- rieure ; pourtant on peut juger qu'ils étaient proportionnément plus longs que dans les girafes vivantes. Le cubitus a son olécrane un peu moins épais. Le radius est plus grêle; sa face articulaire inférieure est notablement plus étroite. La même remarque s'ajiplique au métacarpien : sa face articulaire très-rétrécie est en rapport avec la dimension des premières phalanges qui ( 792 ) sont proportionnément beaucoup plus petites que dans la girafe d'Afrique. Le bassin, bien qui; mutilé, parait assez semblable au bassin de l'espèce vivante. Le fémur est un peu plus grêle; bien que le condyle interne soit endommagé, on peut constater qu'il n'avait pas l'énorme développement si caractéristique dans la girafe d'Afrique. Le tibia n'offre pas de différences saillantes. Le métatarsien est plus grêle que dans l'espèce vivante et, de même que le métacarpien, il supporte des premières phalanges beaucoup plus petites. Sauf la grandeur, les diverses pièces du carpe et du tarse sont très-semblables à celles de la girafe de l'époque actuelle : la ressemblance se retrouve jusque dans la soudure des deux cunéiformes du tarse. Le cal- canéum est notablement plus grêle que dans l'espèce vivante. u 11 est à regretter que je n'aie pu découvrir une têle ; je iie possède qu'une deuxième fausse molaire de la mâchoire supérieure; elle rappelle celle de la girafe vivante, tuais elle est un peu plus petite. La ressemblance des membres avec ceux de la girafe est assez grande pour permettre de pen- ser que la tête et le cou se rapprochaient également de la tête et du cou de la girafe vivante; d'après la loi des analogies on peut supposer qu'ils étaient plus grêles. » Les seules espèces de girafes fossiles qui aient été mentionnées sont la Camebpardalis bituriguni, dont on a découvert une mâchoire dans un puits delà ville d'Issoudun en Berry, les Camelopmdalis affinisel sivalensh trouvées dans l'Inde par MM. Cautley et Falconer; les débris de ces trois espèces sont trop incomplets pour que je puisse les comparer avec la Camelopar- dalis allica. » CHIMIE AGRICOLE. — Mémoire sur la transformation spontanée des niliates en acide fumiquc dans les sols arables; par M. P. Thexaud. (Commissaires, MM. Dtuiias, Bossingault, Payen.) (c Lorsqu'en 1857 nous appelions l'attention des savants sur lacide fu- mique et le rôle important qu'il joue dans les végétaux , nous disions en même temps que, bien que l'ayant extrait des fumiers, nous l'avions retrouvé en abondance dans certaines terres qui n'ont jamais été fumées. Plus tard nous annoncions que les roches qui engendrent ces terres contiennent bien de l'acide fumique, mais en quantité si faible par rapport à ce que l'analyse nous avait révélé dans les premiers terrains que nous avions examinés, qu'il était évident pour nous que l'acide fumique se recréait spontanément dans le sol. ( 793 ) ') Cependant, avant et depuis celte époque, les remarquables travaux de M. Boussingault sur l'action importante des nitrates, leur présence dans la rosée naturelle, lein- reproduction par des rosées artificielles, leur formation abondante dans certains terrains, et même dans des terres natu- relles placées dans des ballons, semblaient nous donner tort. Déplus, si on ré- fléchit que nous avions toutes les apparences de marcher d'une part contre les phénomènes mis en lumière par MM. Boussingault et Dimiassur la nutri- tion des plantes, d'autre part contre les observations de M. Cloèz, qui vien- nent de fixer si bien l'opinion sur la haute valeur des théories de Vauque- lin, Séguin, Bence Jones, Barrai et autres sur la nitrification, on compren- dra que nous ayons dû tâcher de nous mettre d'accord avec de si émi- nents et si bienveillants adversaires. Nous essayâmes donc de démontrer d abord que l'acide fumique, sous l'influence de l'oxygène ozone ou du peroxyde de fer, même de l'air ordinaire, et dans des circonstances toutes spéciales et conformes d'ailleurs à celles que l'on observe dans la nitrifi- cation, se transformait en acide azotique. Cependant notre première ten- tative, bien que révélant dans l'acide fumique des modifications pro- fondes, n'aboutit pas; nous obtînmes bien lui corps trè.s-important et dont la formation démontrait que, dans l'acide fumique, l'azote était l'atome résistant, mais ce n'était pas assez. Les expériences furent alors reprises avec des moyens plus puissants et variés; et cette fois nous arrivâmes alors à trans- former tout l'acide fumique en acide nitrique ; les résultats de ces recherches sont consignés dans deux Notes qui ont paru aux Comptes leiulus de l'année 1 SSg, t. XLVIII et XLIX. C'était évidemment un pas de fait, mais ce n'était pas assez, car, en admettant l'acide fumique dans les fumiers et sa transforma- tion dans les terres en nitrates, cette transformation même semblait démon- trer une incompatibilité entre la reproduction spontanée dans le même mi- lieu de l'acide fumique et des nitrates. Aujourd'hui nous croyons être arrivé à donner une solution qui mettra tout le monde d'accord. » Dans certains terrains dérivant de calcaires jurassiques, et tels que ceux des alluvions de la petite rivière de Vingeanne àTalmay,dans la Côte-d'Or, on remarque, sur une épaisseur de i5 centimètres, trois couches parfaite- ment distinctes, non pas à l'œil, mais au creuset. » La première, vers le mois de juillet à la moisson, contient peu de pro- toxyde de fer, mais du peroxyde en quantité. » La seconde est un mélange indéterminé de l'un et de l'autre. )) La troisième contient toujours une proportion de protoxyde de fer bien C. R., i86i, 1" Senieslie. (T. LU, N» 16.) lo4 ( 794 ) plus considérable que la première, quoique nous ne voulions pas dire pour cela qu'elle contienne plus de protoxyde que de peroxyde. Non, il faut aller à 35 ou 4o centimètres plus bas pour qu'il en soit ainsi. » Or ce que nous avons remarqué sur ce terrain spécial se reproduit sur une échelle plus ou moins grande sur tous les autres terrains. » Que peut-on conclure de là? C'est que dans un sol arable on doit dis- tinguer deux couches : l'une oxydante et oxydée ; l'autre désoxydanteet dés- oxydée : la surface et le sous-sol arable. » Maintenant que deviennent les nitrates quand on les place dans cer- tains milieux désoxydants? Ils se réduisent et donnent des produits ammonia- caux ; mais nous avons démontré que l'ammoniaque ou certains de ses sels en contact avec certaines matières neutres donnent des produits de la série fumique; or, c'est exactement ce qui semble se passer dans le sol. » En effet, où se dépose, où se forme l'acide nitrique? C'est évidemment à la surface; et, si on en pouvait douter, nous invoquerions l'analyse de l'air contenu dans les sols par MM. Boussingault et Levy, et nous dirions que l'air du sous-soi étant bien moins oxygéné que celui de la surface, c'est à la surface qu'a lieu la grande action comburante. » Mais, pour que les nitrates agissent, il faut qu'ils soient maintenus dans la couche active; or peu de sels sont moins condensables.par les éléments poreux de la terre que les nitrates : la pluie doit donc les entraîner; si on en veut encore la preuve, nous indiquerons les analyses des eaux de drainage, qui ont conduit M. Barrai à son interprétation de ce grand phénomène. Dès lors, d'après cela, les nitrates, si précieux, seraient donc à peu près per- dus pourla végétation; ceci n'est paspossible, la nature sait mieux se préserver, et c'est en effet la couche inférieure et désoxydante qui semble jouer le rôle d'agent préservateur. Là, en effet, les nitrates se désoxyderaient et donne- raient de l'ammoniaque qui, en présence des liqueurs, se fixerait à l'état fu- nuque, et mettrait encore l'azote à l'abri de tout entraînement ultérieur et fatal. » Ainsi formation ou condensation de l'acide nitrique à la couche supé- rieure, dissolution des nitrates par les pluies et entraînement à la couche inféneiu-e, désoxydation de ces mêmes nitrates au sein de cette couche et formation de sels ammoniacaux, fixation de l'ammoniaque par les liqueurs qui préexistent et transformation en fumâtes insolubles : tel serait l'ordre des phénomènes. » Mais il faut prouver qu'il en est ainsi. La couche arable que nous con- sidérons est trop mince povn- que l'analyse puisse donner ex abrupto des ( 795 ) phénomènes très-traiichés et capables de convaincre l'Académie : il nous a donc fallu rechercher des actions plus complètes et plus absolues, qui prédisposassent à adopter nos conclusions; pour cela nous avons encore consulté la synthèse. M Dans des tubes scellés, nous avons chauffé à 1 80" et pendant quarante- huit heures une dissolution de glucose et de nitrate de baryte; au bout de ce temps, nous avons trouvé que les tubes contenaient deux matières : l'une solide, brune, insoluble dans l'eau et contenant à peine 2 millièmes de son poids d'azote; l'autre liquide, acide et incolore, ne contenant m acide nitrique ni ammoniaque, mais bien des quantités très-considérables d'une substance azotée, résistant à l'action des alcalis hydratés les plus énergiques, tels que la baryte, et donnant de grandes quantités d'ammo- niaque quand on la portait au rouge avec ces mêmes alcalis. » C'est là pour aujourd'hui l'expérience principale : sa netteté ne peut laisser aucun doute sur la fixation de l'azote provenant des nitrates. » D'autre part, nous avons traité du glucose seul dans les mêmes condi- tions, et entre autres produits il nous a donné un corps liquide et non azoté ayant la plus grande avidité pour l'oxygène et fixant également l'azote avec la plus grande facilité; en l'étudiant rapidement comme nous l'avons fait, nous n'avons pu nous empêcher de penser aux travaux de M. Rosine sur l'acide pyrogallique, dont il présente plusieurs propriétés. » D'un autre côté encore, nous avons trouvé que le sous-sol relativement au sol contenait une bien plus grande quantité d'une substance partageant ces mêmes propriétés. C'est sans doute un acide du genre crénique, si ce n'est pas l'acide crénique lui-même. Dans lous les cas, tous ces corps don- nent au contact de l'air et avec la plus grande facilité des produits colorés de la série fumique quand on les traite par l'ammoniaque. » Tout marche donc jusqu'ici vers le but et dans le sens que nous avons indiqués en commençant. » Ce but est-il atteint? Ce serait aller trop vite de l'affirmer. Cependant les affinités des corps que nous avons observés sont d'une telle énergie, que tout nous fait espérer que nous arriverions rapidement si leur préparation n'était longue et difficile. » Cependant, si l'avenir confirmait nos prévisions, on comprendrait alors avec la plus grande facilité la théorie des labours et les motifs qui font atta- cher aux agriculteurs tant d'importance à tel ou tel modèle de charrue, dont les effets mécaniques sont cependant si différents. C'est qu'en effet, suivant les cas : les cultures, les natures de terrain, il faut précipiter, retenir, équi- 104.. ( 796 ) librer clans de justes mr-siires, raniplitude et la rapidité des phénomènes d'oxydation et de désoxydation dont nous venons de parler, phénomènes qui ont évidemment la plus grande influence en agriculture. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nitronnphtnline. Naphlylaminc et ses dérivés colorés; par M. Z. Roussis. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) « La INote que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie a pour but de signaler deux nouvelles matières colorantes dérivées de la naphtaline, et de décrire un procédé nouveau pour préparer industrielle- ment la naphtylamine. » On sait que l'hydrogène carboné, appelé benzine, fixe les éléments de l'acide hypoazotique pour former la nitrobenzine. Entré ainsi sous la forme d'une molécule acide, l'azote, par une réduction intelligente, peut revêtir un caractère alcalin et persister dans le composé. On obtient alors l'anihne, base nouvelle, dont les éléments mobiles s'ouvrent avec tant de facilité aux phénomènes d'oxydation ou de substitution. » La naphtaline fournit deux dérivés parallèles, la nitronaphtaline et la naphtylamine. Il était intéressant de rechercher si cette dernière substance produiiait également des dérivés colorés analogues à ceux de l'aniline. Cette recherche avait une importance d'autant plus grande, que, vu l'état de condensation assez élevé de ces substances, il ne semblait pas téméraire de prévoir une plus grande stabilité dans les composés, )) J'ai dij m'occuper d'abord de produire facilement et à bon marché les deux matières premières : i° la nitronaphtaline, 2° la naphtylamine. » Préparation de la nitronaphtaline. — On introduit dans un ballon de 8 litres i kilogramme de naphtaline ordinaire avec 6 kilogrammes dacide nitrique du commerce, et l'on dispose l'appareil au-dessus d'un bain-marie d'eau bouillante. La naphtaline fond d'abord et reste surnageante à la partie supérieure. On agite vivement le ballon de temps en temps .quelques vapeurs rutilantes se dégagent, et peu à peu la couche huileuse gagne le fond. L'opération est alors terminée. On s'empresse, de décanter l'acide surnageant et on verse la matière huileuse dans une terrine où elle se fige rapidement. On la divise au moment de sa solidification en l'agitant sans cesse et on la lave à plusieurs reprises pour lui enlever l'excès d'acide. Pour purifier la nitronaphtaline, il suffit de la faire fondre et de la comprimer ( 797 ) fortement après refroidissement. La nitronaphtaline fondue filtre au [ntpier et passe aussi rapidement que l'eau. Les pains de nitronaphtaline solide sont d'une couleur rougeâtre, vus en masse ; mais la poudre est d'une belle couleur jaune. Si la compression a été suffisamment énergique pour chasser une huile rouge qui imprègne la masse, la nitronaphtaline, préparée ainsi, est très-pure; On obtient à peu piés la quantité théorique, » Les eaux mères acides de cette préparation renferment divers produits, et notamment de la binifronaphtaline blanche qui cristallise souvent par le refroidissement. Les eaux, mères contiennent encore une grande quantité d'acide azotique coloré en jaune et pourront être utilisées. » Préparation de la naplily lamine. — On introduit dans un ballon G par- ties d'acide chlorhydrique du commerce, i partie de nitronaphtaline pré- parée par le procédé indiqué ci-dessus, et l'on ajoute à ce mélange une quantité de grenaille d'étain telle, qu'elle atteigne la surface du mélange. Le liquide ne doit occuper que la moitié de la capacité du ballon. On porte l'appareil au bain-marie et l'on agite de temps en temps. Au bout de quel- ques instants une réaction énergique se déclare ; la nitronaphtaline disparait et la liqueur devient limpide, quoique colorée en brun. On décante le liquide dans une terrine en grès contenant un mélange de 2 litres d'acide chlorhydrique du commerce et de i litre d'eau, où bientôt il se solidifie presque complètement par la cristallisation du chlorhydrate de naphlyla- mine. Lorsque cette bouillie est complètement froide, on la met à égoulter sur une toile forte et on la soumet à une compression énergique. Pour pu- rifier ce sel, il suffit de le dessécher complètement, de le faire dissoudre dans l'eau bouillante, d'y ajouter du sulfure de sodium pour précipiter l'étain et de filtrer la liqueur sur du papier mouillé qui letient une matière goudronneuse. Par le refroidissement, le chlorhydrate de naphtaline cristal- lise. On l'égoutte, on le comprime et on le sèche dans uud étuve ch-riuffée à -t- 100°. » Le chlorhydrate de naphtylamine se sublime facilement à la façon de l'acide benzoïque ou du sel ammoniac. Il est alors très-léger, en flocons d'une blancheur éclatante et d'une grande pureté. » Les eaux mères de la dernière cristallisation du chlorhydrate de naph- tylamine peuvent servir à la préparation de la naphtylamine elle-même ou bien être utilisées dans cet état. » La préparation de ces divers produits est tellement simple par ces pro- cédés, qu'il suffit d'une journée pour obtenir plusieurs kilogrammes de chlorhydrate de naphtylamine en partant de la naplitaline elle-même. (798 ) )> Parmi les divers essais auxquels je me suis livré pour appliquer la napblylamine à la teinture, les deux suivants sont surtout propres à donner une idée du parti important qu'il est possible de tirer de ces produits. )) Si l'on mélange deux solutions limpides et incolores, l'une de chlor- hvdrate de naplitylamine, l'autre d'azotite de potasse, il se produit un pré- cipité d'une belle couleur rouge, complètement insoluble dans l'eau. Lap- plication de cette réaction à la teinture est extrêmement simple. Il suffit de plonger dans une solution de chlorhydrate de napblylamine chauffée à -f- 5o° des écheveaux de soie ou de laine, de les tordre pour exprimer l'excé- dant du liquide, puis de les plonger dans une solution étendue et froide d'azotite de potasse. On lave ensuite à grande eau et l'on passe dans une eau alcaline. Les nuances que l'on peut obtenir varient, suivant la concen- tration des liqueurs et leur degré d'acidité, depuis la couleur aurore jus- qu'au rouge marron très-foncé. Ce qui caractérise surtout celte matière colorante, c'est sa fixité. Elle est inaltérable à la lumière, inattaquable par les chlorures décolorants, l'acide sulfureux, les solutions alcalines et les liqueurs acides. Les acides énergiques, lorsqu'ils sont concentrés, font virer cette couleur au violet tant que l'étoffe reste imprégnée d'acide. Un simple lavage à l'eau suffit pour rétablir la nuance dans toute son intégrité. Par sa stabilité exceptionnelle, cette couleur rappelle l'alizarine elle-même. Elle ne peut manquer d'entrer facilement dans la teinture industrielle. » Lorsque l'on chauffe le chlorhydrate de napblylamine brut, c'est-à-dire renfermant du perchlorure d'étain, à une température de -l- aSo" à -+- 25o" environ au bain d'huile, en outre de la grande proportion de sel organique qui se sublime, il reste dans la cornue une masse noirâtre, brillante, comme frittée. Cette matière est réduite en poudre fine et traitée à plusieurs reprises par l'eau bouillante pour lui enlever tout ce qu'elle renferme de soluble. Après la dessiccation, on la traite par l'alcool bouillant, qui la dissout presque complètement en prenant une coloration rouge - violette très- intense. Appliquée sur des étoffes, cette couleur est inaltérable à la lumière, aux acides et aux alcalis. " Je m'empresse de livrer ces premiers résultats à la publicité et me réserve de continuer mes recherches. » ( 799 ) TECHNOLOGIE. — Noie sur un Dioyen de remédier à la crislnllhrUion data, ta cémentation partielle du fer; par M. Carré. (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour diverses communica- (ioiis récentes concernant la cémentation du fer, Commission qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « On regarde depuis longtemps l'aciération partielle du fer comme pouvant rendre de grands services à l'industrie; convertir à peu de frais la surface d'un métal tenace, mais mou et s'usant rapidement par le frotte- ment, en un corps dur et relativement inusable, tout en conservant à la masse son nerf primitif, est un problème trop intéressant pour que de nombreuses tentatives n'aient pas été faites vers sa solution. Malheureuse- ment les résultats obtenus ont peu justifié les espérances ; s'ils n'étaient pas toujours mauvais, ils l'étaient trop souvent pour pouvoir être employés avec confiance: à côté d'une pièce donnant un service parfait, une pièce pareille, souvent cémentée dans la même opération, se brisait comme du verre; le défaut absolu de sécurité a donc complètement fait abandonner leur emploi pour les organes mécaniques qui doivent allier la ténacité à la dureté, et aujourd'hui ces objets sont presque exclusivement fabriqués en acier. » Ces pièces ainsi rompues sous des efforts qu'elles devaient normale- ment supporter, présentent toujours une cassure presque cristalline, dont l'aspect n'a rien de commun ni avec le fer primitif, ni avec l'acier ordinaire. " Au premier degré d'altération, la cassure présente une cristallisation lamelleuse à larges paillettes d'un éclat assez vif, se rapprochant des vieux fers qui ont été soumis pendant longtemps à des vibrations fréquentes. » Au deuxième degré, la cassure s'assimile assez bien pour l'éclat et la texture à celle de la fonte blanche. » Au troisième degré, l'aspect est presque terne, la structure affecte les formes du calcaire oolitique; on arrive facilement à l'aide d'un burin, ou même seulement en frappant les angles du métal, à en détacher entiers de petits rognons de 2 à 3 millimètres de diamètre. » La partie convertie en acier et le fer sous-jacent participent également a cette transformation qui se produit dans la plupart des cas: la trempe ne fait que la confirmer; une seconde, une troisième trempe ne la modifient pas ( 8oo ) sciisiblemenf : avant comme après la trempe les pièces ainsi altérées ont jjresque perdu toute malléabilité et sont devenues fragiles sous lui faible clioc. » 1. intensité de la température et la durée de l'opération me paraissent en règle générale les éléments dont cet état est la résultante; l'épaisseur et la consistance de l'aciération en donnent à peu près invariablement la me- sure pour des céments de même activité. » Ainsi, j'ai obtenu en quatre ou cinq beures et avec une température élevée des cémentations din-es et profondes, accompagnées de l'altération au deuxième degré, et des opérations prolongées de vingt à trente heures sous une température plus faible m'ont donné exactement les mêmes résul- tats; la composition chimique des céments n'influe sur la production du phénomène qu'autant qu'elle permet d'abréger le temps de l'opération ou rétluire sa température. » On est à peu près unanimement d'accord pour admettre que l'action pro- longée d'une haute température intervient principalement, sinon exclusive- ment, pour produire l'état cristallin du fer. Gay-Lussac a constaté dans des expériences bien connues que s'il est maintenu quelque temps à la tempé- rature ronge, la conversion de l'état fibreux à l'état cristallin se produit spontanément; la science offre du reste de nombreux exemples de transfor- mations moléculaires analogues sous l'empire d'une chaleur prolongée. J'ai observé que, quelle que soit la cause de cette altération, dans les cas divers où elle est légère ou plus ou moins profonde, elle disparaît radicalement des pièces cémentées par un simple recuit avant leur trempe. » Les pièces, après leur refroidissement et leur extraction du four, doivent être chauffées aussi rapidement que possible à une température égale ou du moins très-approximative de la température niaxima sous laquelle elles ont été cémentées et abandonnées ensuite au refroidissement spontané dans l'air. » Lorsque j'eus constaté ce résultat pour la première fois, j'ai dû le faire suivre d'un grand nombre d'expériences, pour me bien convaincre, préci- sément à cause de la simplicité du moyen, qu'il n'avait rien de hasardé : sur environ soixante barres ainsi traitées que j'ai fait rompre en petits frag- ments, je n'ai pu y constater une seule exception. i> Je vais avoir l'honneur d'exposer à l'Académie la méthode d'expéri- mentation que j'ai suivie, parce qu'elle me paraît rigoureuse et qu'il est facile à chacun de la répéter. » Au sortir des caisses à cémentation, chaque barre était d'abord rom- " pue (Il trois tronçons; au moins 90 sur 100 des cassures étaient métamor- ( 8or ) phisées et présentaient l'état cristallin particulier que j'ai décrit, état plus ou moins prononcé, mais constant. Toutes les barres s'étaient rompues sans présenter trace de flexion préalable; les cassures étaient nettes, sèches, sensiblement perpendiculaires à l'axe des barres. n Le tiers des tronçons était trempé sans autre préparation et conservait ia même cassure tant pour l'acier que pour le fer. » Le deuxième tiers recuit, puis soumis à la rupture sans être trempé, présentait alors tous les caractères d'un corps intermédiaire entre le fer et l'acier ordinaire, une flexion prononcée précédait cette rupture, et la cassure offrait sous la couche d'acier le même aspect que le fer primitif. » Enfin, le troisième tiers trempé avant le recuit a donné invariable- ment un fer malléable et tenace sous la couche d'acier dont le grain est celui de l'acier corroyé ordinaire. « Les échantillons que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Aca- démie, quoique préparés depuis iSSy, permettent encore de constater suf- fisamment leur état. » Quelques fabricants de produits cémentés ont imaginé de remédier à la cristallisation en faisant de nouveau passer les pièces sous le marteau ou le laminoir; ils pourront se convaincre que ce tiioyen n'est nullement nécessaire, que les effets attribués à l'action mécanique ne sont dus qu'au recuit nécessité par celle-ci, que leur moyen est souvent inefficace, parce que, ne se doutant pas de l'intervention du recuit, ils n'observent pas de chauffer assez les pièces. Il est du reste impossible de forger à nouveau les pièces ajustées, pour lesquelles surtout la cémentation est d'une utile application. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Deuxième Mémoire sur les lois mathématiques de L écoulement et de la détente de la vapeur, par M. J. Carvallo. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Combes, Morin.) « La vitesse V de sortie de la vapeur et le poids du fluide émis sont des fonctions de la pression réelle, de la densité et de la température dans la section de sortie. Il est donc indispensable de déterminer la valeur de la détente, ou le rapport entre la pression p^ dans le générateur, et la pression p, à la sortie de la tuyère. a Nous avons démontré {Comptes rendus, 26 décembre iSSg) une nou- C, R., 18G1, 1" Semeure. (T. LU, N»- 16.; 'oS ( 8o2 ) velle propriété des surfaces du second degré, celle de correspondre au nnuimum de la dépense dans les constructions d'utilité publique, toutes les fois qu on n'a pas à tenir compte de la valeur artistique. )) Les géomètres qui ont étudié séparément les différentes manifestations (le la force, soit qu'on la considère connue inertie, comme chaleur, comme attraction des sphéroïdes, comme élasticité, comtne cause de la courbure des surfaces, sont tous arrivés à énoncer les lois les plus générales de ces divers phénomènes à l'aide des surfaces du second degié se réduisant, dans des cas particuliers, à des courbes placées dans un plan. Nous nous sommes demandé si la propriété remarquable de correspondre au minimum de la dépense ou de travail n'expliquerait pas ce rôle important des surfaces du second degré. » On sait, en effet, par la théorie de l'élasticité, que le travail molécu- laire autour d'un |)ouit est le produit de l'élément de volume par une fonction svmétrique du second degré des forces normales et tangentielles agissant suivant trois axes rectangulaires quelconques. » Or on peut philosophiquement admettre, sauf vérification idtérieure, que le souverain artiste à dû employer le minimum de travail pour produire un effet déterminé dan^ nu ordre quelconque de phénomènes physiques, phénomènes que nous divisons pour les besoins de notre vue limitée, mais qui tous ezi réalité ne sont que des manifestations diverses de la force con- sidérée dans son sens le plus élevé et le plus abstrait. » Si donc le travail élémentaire est un iiiinimiuu, il faut que la différen- tielle de son expression soit nulle ou que la fonction symétrique des forces normales et tangentielles soit constante, quelle que soit la direction des axes de coordonnées. » Cette constance de la fonction symétrique détermine trois forces élé- mentaires principales rectangulaires, qui sont précisément les trois axes de figure de la surface du second degré formant l'enveloppe de toutes les forces rayonnant autour d'un même point. » Ce nouveau mode d'arriver à établir l'existence des surfaces du second degré enveloppes des forces élémentaires peut être étendu à toutes les théories isolées où ce genre de surface intervient connue simple résultat du calcul. » Dans toutes, en effet, ou peut considérer toutes les quantités qui rayonnent autoin- d'un point, centre d'iui volume ou d'inie surface élémen- ' taire, comme des forces, et par une extension et une analogie parfaite i)rendre pour expression du travail élémentaire le produit du volume élémentaire ( 8o3 ) par la fonction symétrique du second degré de toutes les quantités qui agissent suivant trois axes rectangulaires quelconques. B La condition du mininiium de ce travail élémentaire sera précisément la constante de la fonction symétrique dans toutes les directions, la détermi- nation des axes principaux et l'existence des surfaces du second degré. » Telle serait donc la loi générale commune à tous les ordres de phéno- mènes dépendant de la force considérée dans son expression la plus géné- rale et la plus élevée : le travail élémentaire est un minimum; les surfaces limites des quantités rayonnant autour d'un point dans toutes les directions et dans tous les azimuts sont des surfaces du second degré. » Dans beaucoup de phénomènes, il ne nous est pas encore possible de mesurer le travail élémentaire mécanique des forces considérées sous leurs différents aspects; outre que nous ne connaissons pas d'une manière cer- taine l'équivalent dynamique de chaque espèce de force, il ne nous est pas souvent possible de nous rendre compte de leur mode d'action. » Mais, dans bien des cas, nous pouvons mesurer l'effet utile mis en évidence, l'effet ulile disponible résultant du travail moléculaire. » Or il nous paraît évident que si, pour produire un effet utile déterminé, le travail élémentaire est un minimum, l'effet utile d'un travail élémentaire déterminé doit être le plus grand possdile. « En d'autres fermes, on peut philosophicpiement admettre que le sou- verain artiste qui emploie le minimum de travail pour produire un effet déterminé, doit produire le maximum d'effet utile à laide d'un travail dé- terminé. » L'une des lois est la conséquence de l'anitre ou, si l'on veut, c'est la même loi exprimée en d'autres termes. » Ces énoncés, vrais au point de vue métaphysique, sont, dans tous les cas, des instriunents de recherche, qui mettent sur la voie de vérités nou- velles, qu'il s'agit plus tard de vérifier dans l'ordre physique pour s'assiuer de l'exactitude des déductions logiques ou mathématiques par lesquelles l'esprit a dû passer pour les déterminer. « Lorsque la vapeur sort avec une vitesse considérable de l'extrémité de la tuvère, quitte le générateur où elle est à la température correspondant à sa pression, et pénètre dans un liquide à une température de beaucoup in- férieure, il y a un changement brusque d'état du corps; une transforma- tion instantanée de chaleur en travail, et il est impossible, dans l'état actuel des connaissances analytiques, de déterminer la valeur algébrique du tra- vail élémentaire autour de chaque molécule fluide. io5.. ( 8o4 ) » Mais en laissant de côté cette recherche, il est tacile d'exprimer algé- briquement l'effet utile disponible résuitanl du travail intime des forces molé- culaires; cet effet utile n'est autre chose que la puissance vive ^ dont est animée la masse fluide qui s'écoule dans chaque unité de temps. C'est, eu réalité, la quantité dynamique utilisable et qui sera transformée en un tra- vail, élévation d'eau ^ injection dans un réservoir, pression sur une surface. » Cette puissance vive a pour expression le produit de la niasse par le demi-carré de la vitesse ou -^— ^ — -■■, parmi l'infinité de valeurs que peut prendre cette expression, il n'y en a qu'une, suivant notre principe, qui doive et qui puisse être réalisée : c'est celle qui correspond au maximum algébrique. » En égalant à o la différentielle totale, on a l'équation qui fait con- naître le rapport cherché. » Cette équation est la suivante : '•*g 7 = ZT- + + y.t, * V ^=(:-t)'-'J[ '-^'-"^^ '"""^J* On en déduit pour /q = 8,o36 7, 6, 5, 4» 3,8o - = 0,287 o»2866 0,284 o,27() 0,272 0,27057 pour /(, = 3,75 3,71 r = 0,27018 0,26987. » La méthode nouvelle permet de déterminer la vitesse de la vapeur se précipitant dans le vide; le Mémoire indique les précautions à prendre pour faire l'expérience de vérification. » La pression de sortie et la vitesse étant connues, les formules trouvées permettent de calculer le débit des appareils, et le calcul donne des résultats concordant avec les expériences faites sur les injecteurs. » ( 8o5 ) MÉTÉOROLOGIE — 5«r/r/ grande inondation qui a eu lieu dans ta vallée de C Hérault, la nuit du 28 au 29 octobre 1860; par M. Marcel de Serres. (Extrait.) (Commission des Inondations.) « Une crue subite de quelques petites rivières des environs de Clermont- l'Hérault, occasionnée par une trombe, dans la nuit du 28 au 29 octobre 1 8G0. a été une véritable catastropbe pour les populations établies sur les 4ooo hectares entièrement ravagés par les eaux. Aussi, l'une de ces rivières, la Boyne, presque à sec pendant l'été, alimentée par un bassin de 2000 hec- tares, avait alors un débit de 700 à 800 mètres cubes par seconde. » En présence d'un phénomène qui dans l'espace de trois à quatre heures a produit des effets aussi désaslieux, on se demande ce qui serait arrive si tout le bassin de l'Hérault, évalué par M. l'ingénieur Duponchel à 260000 hectares, avait reçu la même quantité d'eau (i). En effet, le débit du fleuve, au lieu d'être seulement de 4ooo à 5ooo mètres cubes à la seconde, aurait été de 24000 mètres, c'est-à-dire six fois plus considérable. » En examinant l'étendue de la surface de terrain qui a fourni au ruis- seau du Rhônel la masse d'eau qu'il entraînait au moment de sa crue, on s'est assuré qu'elle n'était pas moindre de 120 mètres cubes par seconde; dès lors, la tranche d'eau tombée avant et pendant la trombe devait être de 4o à 5o centimètres de hauteur, ou de 4oo ou 5oo litres par mètre carré de surface. » D'après les observations faites sur l'eau qui a passé au-dessous du pont de Rhônel, à l'entrée de Clermont-l'Hérault, on peut évaluer à 1 12 mètres cubes par seconde cette quantité, et attribuer au courant ime vitesse de 4 mètres dans le même espace de temps. Ce chiffre diffère peu de celui que le Rhône présente dans les grandes inondations. Sa vitesse a été reconnue de 4",5o par seconde, nombre qui doit être à peu près exact; car la Dourbie, dont la rapidité est généralement moindre, avait, le jour même de la catas- trophe, une vitesse de 3 mètres à la seconde à Villeneuvetle, localité en amont de Clermont et qui en est très-rapprochée. » D'un autre côté, M. l'agent voyer Vinac a observé que la Boyne avait au même moment un débit non moins considérable; il l'a apprécié auprès du village de Cabrières de 700 à 800 mètres cubes par seconde, ou de 35o à (i) Ce phénomène ou ceUe catastrophe, qui a commencé vers les 10 ou 11 heures du soir, le 28, a duré jusqu'à 2 ou 3 heures du matin du 2g. ( 8o6 ; 4oo litres pour le iiièiiu- espace de temps e( par lieciarc. Comme le bassin qui alimente la |)etite rivière de la Boyne a 2000 hectares, la tranche d'eau qui est tombée dans l'espace d'une heure, au moment de la grande pluie, lie devait pas être moindre de o™, 16 par mètre carré de surface. » Si la même quantité d'eau s'était précipitée sur le bassin en amont de (llerniont, qui est près de quatre fois moins grand, on aurait eu : 1° Une masse d'eau de 800000 mètres cubes par heure; 2° " de i3ooo mètres cubes par minute; 3° " de 222 mètres cubes par seconde. » En réunissant la quantité d'eau fournie pendant la durée de la trombe à celle tombée pendant la journée du 28 octobre, on peut, sans avoir a craindre de conuiiettre une erreur, en apprécier la totalité ào'",45 ouo^.So centimètres do iiauteur. 11 y a si peu d'exagération à cet égard que, d'après M. Fenouil, l'agent voyer en chef du dé|)artemeiit, la pluie du 29 octobre a été quatre fois plus considérable que celle qui a été recueillie à Paris dans les orages les plus violents et les plus désastreux. » Les registres de l'Observatoire de Paris portent que l'orage le plus for- midable qui y a été observé, a fourni par mètre carré o^jOiSgS en 3o mi- nutes. Cette quantité correspond à o™,o38 par heure, au lieu de o"", 162, ré- sultat de l'orage qui a éclaté auprès de Clermont-l'Hératdt. Il est donc tombé 4,42 fois plus d'eau dans cette dernière localité qu'il n'a jamais été recueilli à l'Observatoire de Paris. H Cette énorme quantité nous fait compi'endre couniient les ruisseaux du Salagou, du Rhônel, de la Dourbie, de la Boyne et de la Peyne, dont le cours supérieur seulement s'est trouvé dans la région de la trombe, ont pu donner la crue de l'Hérault la plus grande qu'on ait jamais vue. Cet accroissement a dépassé à Florensac de 60 centimètres l'inondation de i85o. Deux cents kilomètres carrés de terrain ont suffi pour alimenter cette crue, dont le débit était partout de 3ooo à 4ooo mètres cubes d'eau par seconde. Les ravages oc- casionnés par cette inondation ont aussi été plus grands que ceux qui avaient eu lieu en 1867. La raison en est bien simple. Les derniers avaient été le résul- tat d'un débit de r4oo mètres, tandis que ceux de 1860 avaient été opérés par un débit de 2980 mètres cubes. En ajoutant à ce chillie la quantité d'eau fournie par la Reyne et la Boyne, on trouve que la totalité n'a pas dû être moindre de 45oo ou 5ooo mètres cubes. Ce nombre suffit pour nous don- ner une idée assez exacte de l'importance des alluvions qu'un pareil volume d'eau a dû entrauier dans sa course rapide. ( 8o7 ) » De C intensité des crues. — L'averse torrentielle, et l'on peut dii'e excep- tionnelle, tombée sur la ville de Clerinont et ses environs, dans la nuit du 2q octobre 1860, paraît avoir duré, du moins pendant sa plus grande inten- sité, plus d'une heure et avoir produit une couche d'eau superficielle de o'",jo. » Quelque considérable que soit ce résidtat, il n'a rieii de très-anormal dans le midi de la France, où peu d'années se passent sans que des trombes donnent lieu à des pluies encore plus violentes, quant à la quantité d'eau qu'elles déversent dans un court espace de temps et sur une surface encore plus restreinte. Ce phénomène, et l'on en comprend facilement la raison, est essentiellement local et n'a jamais une bien grande durée. I.e champ de l'a- verse du 29 octobre, qui a eiidjrassé environ 3oooo hectares, est un maxi- mum rarement atteint dans le département de l'Hérault; il est seulement par- fois dépassé dans le département de l'Ardèche, particulièrement exposé à des crues subites. « Ou ne saurait, dans aucun cas, conclure de ce qui se passe dans ces cir- constances exceptionnelles sur une surface toujours peu étendue, à ce qui pourrait se produire dans un bassin d'une certaine grandeur, tel que celui de l'Hérault et à plus forte raison du Rhône. Le débit maximiun des plus grandes crues des rivières, toutes choses égales d'ailleurs, est loin d'être proportionnel à leur bassin. Plus les bassins sont considérables, plus les crues se régularisent et se prolongent dans leur durée; moins leur débit relatif est élevé. Au contraire, les petits affluents torrentiels assez peu étendus pour que l'eau tombée à l'extrémité supérieure du bassin puisse être rendue à leur extrémité inférieure en moins d'inie heure, ayant par suite inie surface de 4000 à 5ooo hectares au plus, tels que la Boyne, la Dourbie, la Peyne, peuvent être considérés comme devant leurs 2;randes crues à des averses extraordinaires et toutes locales. En comparant ces averses à celle du 29 octobre dernier,- on suppose en mé?ne temps qu'elles peuvent, à un moment donné, fournir un débit correspondant à une couche .superficielle de o™,io en une heure ou même de o'",o5 à o™,o6 et quelque- fois davantage. Ces débits exceptionnels ne se maintiennent, du reste, à une pareille hauteur que pendant un laps de temps très-court, au plus d'une heure ou deux. >> Quant aux rivières torrentielles ou ayant un cours constant et des bassins de 3ooooo hectares, les crues les plus considérables à leur embou- chure .peuvent parfois être occasionnées par des averses excessivement violentes, tombées sur une partie des affluents inférieurs. En général, ce- ( 8o8 ) pendant, ces grandes crues sont dues à des pluies régulières et continues (lui se font sentir sur presque toute la surface du bassin pendant un ou deux jours. Pour l'Hérault en particulier, dont le bassin est de 25oooo hec- tares, les grandes crues se reproduisent à des époques indéterminées et dans presque toutes l<.'s saisons de l'année. Elles ne durent jamais plus de deux ou trois jours et peuvent parfois donner jusqu'à 4ooo mètres d'eau par seconde. Ce débit maximum, qui ne se maintient guère au delà d'une heure ou deux, représente par rapport à toute l'étendue du bassin une hauteur totale de o™,oo57 en une heure ou de o™, i 4 en vingt-quatre heures. » Les fleuves les plus considérables, dont les vallées sont assez étendues pour que l'on ne puisse pas admettre la possibilité d'ime pluie générale léguant à la fois sur toute la surface du bassin et d'une durée assez longue pour que les premières eaux tombées aux sources extérieures se confondent avec les dernières à l'embouchure, leurs crues les plus fortes sont dues à la fonte des neiges dans les parties supérieures des vallées. Elles dépendent aussi parfois de périodes de pluies régulières et continues se faisant sentir sur une plus ou moins grande partie du bassin à la fois. » Les grandes crues du Rhône en particulier, qui se reproduisent à diffé- rentes époques de l'année, et ont une durée de plus d'un mois, atteignent parfois lui maximum exceptionnel de 12000 mètres par seconde. Il repré- sente pour un bassin de i4 millions d'hectares une couche superficielle de o'°,oo7a en vingt-quatre heures, inférieure dans la proportion de i à 20 au produit de l'Hérault dans les mêmes circonstances. Cette quantité est éga- lement dans la proportion de 1 à 35o au débit exceptionnel que peuvent avoir les petits affluents de cette rivière à la suite d'averses analogues à celles du 29 octobre 1860. » Nous avons cherclié à savoir quels phénomènes météorologiques s'étaient passés pendant la nuit du 28 au 29 octobre 1860, au moment ou la trombe a éclaté sur le pic de Cabrières et la ville de Clermont-l'Hérault (i). Tout ce que nous en avons pu apprendre, faute d'observations précises, c'est qu'à cette époque des vents d'est et du sud-ouest ayant soufflé depuis deux ou trois jours, avaient déterminé des pluies violentes dans la partie montueuse de l'arrondissement de Béziers et avaient considérablement enflé tous les cours d'eau du même arrondissement. Nous avons également su (i) Le roc de Cabrières, connu dans le pays sous le nom de Pic de Bysson, est un signal dont l'élévation est de 482 mètres. Cette montagne, presque à pic du rotr de la face sep- tentrionale, doinine en quclc[Uf sorte toute la contrée. ( 8o9 ) que des pluies considérables avaient eu lieu à Mèze, dans la soirée du 28, localité située sur les bords de la Méditerranée, et qui n'est qu'à quelques lieues de Clermont. » Faute d'autres renseignements, nous avons consulté les observations qui se font régulièrement à la Faculté des Sciences de Montpellier. Nous y avons vu que lèvent d'est, mais faible, avait régné les 28 et 29 octobre et que le premier seul avait été pluvieux, le 29 ayant été seulement couvert. Quant au thermomètre, il n'avait varié le 28 que de -f-i5° à +18", et le second jour de + 16'' à 4- 18°, 9. Le baromètre avait suivi une marche tout aussi régulière, c;n- le matin 28 il marquait 762, 8, et le 2g, vers midi, 763, le vent ayant pour lors tourné au sud-est. On n'aurait donc pas pu suppo- ser, d'après la régularité de cet instrument, qu'un orage aussi violent que ceux des 28 et 29 eût éclaté à la faible distance d'à peine quelques kilo- mètres. » Avant de terminer ces observations, qu'il nous soit permis de remercier Messieurs les Ingénieurs des Ponts et Chaussées et les agents voyers du département de l'Hérault pour tous les renseignements que nous avons dus à leur complaisance. Nous ne pouvons oublier non plus M. Jules Maistre, de Villeneuvette, pour l'intérêt qu'il a porté à nos observations, lui témoin oculaire des désastres du 29 octobre, désastres qui ont grandement endom- magé ses vastes et magnifiques propriétés. » MÉTÉOROLOGIE. — Variabilité nonnale des propriétés de tair atmosphérique ; par M. YlovzEAV. (Extrait.) (Commissaires, MM. Boussingault, Balard, Decaisne.) « Les ravages occasionnés par certaines épidémies et les affections qui semblent être le privilège de quelques localités ont depuis longtemps fait supposer que l'air pouvait dans certains cas servir de véhicule à des prin- cipes insalubres et acquérir ainsi momentanément, et à des époques éloi- gnées, des propriétés malfaisantes qu'on ne lui reconnaît pas à l'état ordi- naire. Les faits que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Académie, montrent que cette mobilité dans les propriétés de l'air que les hommes respirent est bien plus fréquente qu'on ne se l'imagine, et qu'au lieu d'être une exception, elle représente pour ainsi dire le caractère normal de l'at- mosphère. » Ainsi, quand on expose, le même jour et à la même heure, au contact C. R., 1S61, 1" Semrsire. (T. LU, Vi" 10.) I o6 ( 8io ) "e I air, mais à l'abri du soleil et de la pluie, des papiers de tournesol bleu sensible de même dimension, on observe en général que ces papiers se sont complètement décolorés après trois ou quatre jours d'exposition dans l'air de la campagne, tandis qu'ils n'ont subi, pendant le même temps, aucune décoloration ou qu'une décoloration très-imparfaite par l'air de la ville (observations faites comparativement le 8 août i856 à Paris et à Montmo- rency, et le 3 septembre 18.57 ^ P^i'is et à Nanteau, près Nemours). IjCs mêmes effets se reproduisent quand on opère dans deux stations situées sensiblement sur la même ligne horizontale et distantes l'une de l'autre d'un ou de deux kilomètres seulement. » Celte curieuse réaction chimique se remarque pour ainsi dire à tous les instants de l'année, aussi bien en été qu'en hiver, mais elle acquiert surtout son intensité quand l'amosphère est violemment agitée, comme à l'époque des tempêtes, à l'approche d'un orage, dans la saison des giboulées. Elle est de nature, je crois, à fixer l'attention des agronomes et des physiologistes, puisqu'elle montre que les plantes et les animaux doivent se trouver diffé- remment impressionnés par l'air selon leur situation. ') Cette variabilité dans les propriétés chimiques de l'atmosphère se trouve encore confirmée singidièrement par d'autres caractères. Si l'action décolo- rante de l'air est principalement moins intense dans les villes qu'en rase canqîagne, sa faculté de rougir d'une manière stable le tournesol bleu sem- ble suivre une marche inverse. Les papiers bleus exposés à l'air libre et de manière à ne recevoir ni la pluie, ni la lumière solaire, prennent en effet bien plus promptement une teinte rouge persistante à la ville qu'à la campagne. En i856, à Paris, comme d'Arcet l'avait remarqué à Londres il y a longtemps, ce phénomène était pour ainsi dire normal 'lans certaines rues qui avoi- sinent le Conservatoire des Arts et Métiers, et à Rouen ou l'observe encore dans les c|uartiers les plus éloignés des usines, ceux qui sont le plus prés des coteaux couverts de verdure en été. Il est vrai que les vents dominants viennent de la ville et qu'ils peuvent ainsi se charger des produits de la coad:)uslion des foyers. Les papiers ainsi rougis conservent leurs teintes quand on les soumet au vide de la machine pneumatique ou quand on les chauffe à 100 degrés dans un tube. Ordinairement l'action de l'acule aérien se manifeste sur le réactif coloré quarante-huit heures après l'exposition à l'air libre. Ce sont les bords ilu papier qui conunencent à rougu-, et au bout du troisième, du quatrième ou du cinquième jour, la substitution du rouge au bleu est complète. Le plus souvent, lorsque le phénomène de dé- coloration signalé plus haut s'observe sur les papiers exposés dans la ville, ( ^I« ) il est précédé par la coloration rouge du réactif, ce qui m'a paru être rare- ment le cas pour les expériences faites à la campagne. Il Ces différences dans les propriétés de l'air amosphérique étudié au même moment et danS un rayon assez restreint sont encore prouvées et même rendues plus sensibles par un autre réactif, le papier de tournesol rouge-vineux stable et mi-ioduré. C'est le cas le plus général de voir un sem- blable papier bleuir fortement en douze ou vingt-quatre heures, cpielquefois même eu six heuresj dans sa partie imprégnée d'iodure de potassium neutre, lorsc[u'il est exposé à la campagne, et ne pas éprouver d'altération ou ne pas bleuir dans le même temps, souvent même pendant un temps beaucoup plus long, par l'air tel qu'il circule librement dans la ville à une distance d'environ un kilomètre de la station champêtre (i i juillet i858, 6 juin 1860, Rouen et ses environs). A plus forte raison le phénomène est-il moins sur- prenant quand il apparaît dans des localités beaucoup plus éloignées et si- tuées à des hauteurs différentes, connue Paris et les villages de Laqueue en Brie, et de Nanteau près de Nemours (3 septembre 1857); et comme Rouen et Florence en Italie, d'après les observations que MM. Carina et Silvestri ont eu l'extrême obligeance de faire avec mes papiers (20, 21, 29 décem- bre 1860). Bien plus, on constate fréquemment que cette différence d'action de l'air sur les mêmes réactifs est perceptible loreque les papiers se trouvent distants l'un de l'autre seulement de 6 mètres sur la même ligne horizontale, mais séparés entre eux par inie maison construite au milieu dune prairie sans arbres. Ainsi, il n'est pas rare de constater sur le tournesol mi-ioduré placé au nord, une coloration bleue beaucoup plus intense que celle qu'a prise pendant le même temps le réactif disposé au midi du même bâtiment et a la même hauteur. Le contraire n'a lieu qu'exceptionnellement, du moins dans ce lieu d'observation. Les mêmes effets se reproduisent encore quand on expérimente aux extrémités d'une même verticale. A Rouen, le tour- nesol bleu se décolore d'une manière plus complète et le tournesol mi-ioduré bleuit bien plus fortement en douze heures, au sommet de la cathédrale qu'à 6 mètres de sa base, etc. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Eaux des pitils artésiens de Venise. (Extrait d'une Lettre de SIM. Degousée et Ch. Laurent.) « M. Grimaud de Caux a communiqué. à l'Académie dans sa dernière séance une Note sur les puits artésiens de Venise contre laquelle je dois protester Je ne réfuterai pas ce qui est dit dans cette Note relativement à la 106.. (8.. ) nature des eaux obtenues à Venise et des terrains tourbeux dans lesquels ou les rencontrerait. Le compte rendu que M. Arago a fait de ces travaux à l'A- cadémie dans la séance du lo février 1848 a répondu complètement à des attaques que nous avions dû repousser dès le principe. La Note que j'avais présentée renfermait les conclusions du Rapport de la Faculté des Sciences de Padoue, chargée de l'analyse des eaux, les rangeant au nombre des meil- leures eaux potables connues, ce qu'a confirmé M. Balard qui a pu les exa- miner sur les lieux. » Il a été en effet foré dix-sept puits à Venise pour la ville, mais M. Gri- maud de Caux doit savoir que neuf d'entre eux n'ont donné aucun résultat et par conséquent n'ont pas eu à cesser de jaillir. Quant aux huit autres, leur produit est toujours le même et serait suffisant, et au delà, pour compléter l'alimentation des citernes publiques et privées; seulement, par suite de contestations entre elle et la municipalité, la Société dont ils sont la pro- priété fait depuis plusieurs années écouler dans la lagune tout ce qui ne sert pas aux abonnements particuliers. » Peut-être la ville songe-t-elle à augmenter le volume de ses eaux par d'autres moyens; mais elle n'a cependant pas renoncé à tirer parti des puits artésiens, puisqu'elle a traité de leur cession avec notre Société, et a stipulé en même temps la remise de deux équipages de sonde complets pour l'exé- cution de nouveaux puits. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour les diverses communi- cations de M. Grimaud de Caux relatives aux eaux potables dans la ville de Venise.) M. Liais adresse comme supplément à sa précédente communication sur le vol des oiseaux une .< Note sur la théorie de la résistance de l'air » . (Commissaires précédemment nommés : MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Delaunay.) M. Eugène Rodert présente une nouvelle addition à ses précédentes communications sur les pierres travaillées par les habitants primitifs des Gaules. (Renvoi aux Commissaires déjà nommés: MM. Serres, Dumas, de Quatrefages, d'Archiac.) MM. Janssen et Follin soumettent au jugement de l'Académie une Note ( 8i3) sur l'ophthalmoscopie et spécialement sur une modification cpi'ils propo- sent d'introduire dans le mode d'éclairage employé pour l'examen ophthal- nioscopique. (Commissaires, MM. Floiirens, Rayer, Bernard, Cloquet, Jobert.) M. Christian présente un supplément à sa Note sur une boussole indé- pendante des variations magnétiques, et y joint un « projet de construc- tion d'une pendule astronomique indépendante des variations de la tem- pérature. ') (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Regnanlt, Duperrey. ) M. Mackintosh adresse de New-Brisach (Haut-Rhin) une Note « sur un nouveau propulseur pour les machines marines ». (Commissaires, MM. Dupin, Duperrey, Clapeyron.) M. Desmarets présente au concours pour le prix des Arts insalubres un Mémoire intitulé : « Du rôle de l'air dans la décomposition des matières organiques; application au procédé d'Appert ». (Réservé pour la future Commission.) M. BoERscH adresse de Strasbourg un Mémoire concernant la peinture sur verre, ainsi que le transport et la fixation sur la même substance de dessins ou d'empreintes diverses. Ce Mémoire, auquel sont joints divers échantillons des produits' obtenus, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Dumas, Re- gnault, Balard. M. ZiMMERMANN présente une nouvelle pièce relative à ses précédentes communications sur la construction des orgues. (Commissaires déjà nommés : MM. Pouillet, Duhamel.) (8.4) CORRESPOND ANGE 31. LE DlRECTEl'R GÉXÉRAL DES DoUAXES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du Tableau général des mouvements du cabotage en i SSp. M., LE Secrétaire perpétuel fait liommage à l'Académie, au nom de M. Lnuyel, d'une Note sur le Blatlerstein, publiée par lui d'après les obser- vations faites dans son dernier voyage au Hartz. L'auteur a fait des observa- tions très-précises sur la schistosité de cette roche, observations qui se rat- tachent aux vues exposées dans son Mémoire sur le clivage des roches présenté à l'Académie dans sa séance du 22 janvier i855. Le clivage du blafterstein et celui du diabase auquel il est associé, se lient à celui des schistes et des grauwackes entre lesquels ces roches ont été intercalées avant le soulèvement qui a relevé l'ensemble de ces couches, et a contribué à y développer la structure quelles offrent aujourd'hui. M. LE Secrétaire perpétuel présente, également au nom de l'auteur, un nouveau travail de M. Plateau^ sur les « figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur » {voir au Bulletin bibliographique). Dans la Lettre q'ni accompagne cet envoi, M. Plateau émet le vœu que M. Despretz, qui a vu pendant son séjour à Gand répéter une partie des expériences qui font 1 objet de ce cinquième Mémoire, veuille bien en f;iire de vive voix lexpo- sition devant l'Académie. M. Despretz exprime le regret de ne pouvoir accéder au désir de M. Pla- teau, dont le Mémoire en tant qu'imprimé et écrit en français, ne peut, d'après une décision déjà ancienne de l'Académie, devenir l'objet d'un Rapport verbal. 31. Luther adresse ses remercîments à l'Académie, qui, dans sa séance publique du -i^ avril dernier, lui a décerné une des médailles de la fondation Lalande pour la découverte de la planète Concordiu (2/I mars 1860). Nous extrayons de cette J^ettre le passage suivant, relatif a une autre des petites planètes depuis peu découvertes. ( «'5 ) « A. cette occasion, je prends la liberté de faire remarquer qu'il sera pos- » sible de retrouver, pendant les mois de juin, juillet, août et septembre » de cette année, la planète Pseudo-Daphné ( 56), découverte par M. Gold- ). schmidtle 9 septembre 1857, et observée seulement dix -sept t'ois jusqu'au » 3o septembre iSSy. Il faudra la chercher entre les limites de so"" 33™ ). jusqu'à ai*" 56"" d'ascension droite et de — 11" jusqu'à + 1" de dé- » clinaison. » MATHÉMATIQUES. — Note 5!/r l'involution de six lignes dans [espoce; par M. Sylvester. « Désignons six droites par les chiffres i , 2, 3, 4, 5, 6. Prenons les équa- tions de chacune de ces lignes sous la forme la plus générale ( en nous ser- vant de coordonnées tétraédrales). Ainsi, soit la ligne i définie par les équations a, X -+- biX + CiZ + di u = o, a,-.r + |3,jr + 7, z + ^i « = o ; et de même la ligne / par les équations ajX -t- hjj + CjZ + djU = o, v-jx + ^jj + yjZ + âju = o, et sous-enlendons par /, / le déterminant a, bt Cl di =t, P, 7' ^' "j *y 9 dj «y P; 7/ ^y Cela étant l'ait, formons le déterminant i^que je nommerai Ao) : 3, 4, 5, 6, 1,-2 1,3 1,4 1,5 1,6 2,3 2,4 2)5 2,6 3,2 3,4 3,5 3,6 4,2 4,3 4i5 4)6 5,2 5,3 5,4 5,6 6,2 6,3 &,\ 6,5 (8.6) Si les six droites i, 2, 3, 4) 5, 6 sont en involntion, on aura Ae = o; . et réciproquement si A, = o, les six lignes seront en involution. » En nous bornant aux cinq chiffres i, 2, 3, 4» 5, on peut former un dé- terminant analogue à A^ (disons A5) qui ne contiendra que cinq lignes et cinq colonnes, et qui sera un déterminant mineur du premier ordre du grand déterminant Ag. De même pour A^ etc. » Si Ag = oetAj ^ o (sans que tous les déterminants mineurs du premier ordre de A^ soient zéro), les cinq lignes i, 2, 3, [\, 5 formeront un système en involution entre elles. Si tous les déterminants mineurs du premier ordre sont zéro (ce qui ne suppose qu'une seule condition de plus, c'est-à- dire trois conditions en tout), les six lignes de i à 6 seront toutes rencontrées par la même droite. » Si Ag = o, A5 = 0, A^ = o, alors en général les quatre lignes de i à 4 seront en involution entre elles; je n'insisterai pas ici sur les cas possibles d'exception; j'ajouterai seulement que si A5 = o sans autre condition, les cinq lignes de 1 à 5 seront toittes rencontrées par la même droite. Si A, = o, sans autre condition, les quatre lignes de i à 4 n'admettront qu'u/ie seule transversale qui les rencontre toutes quatre, au lieu des deux qui existent ordinairement pour quatre droites dans l'espace. C'est M. Cayley qui le pre- mier a fait cette dernière remarque. De plus il a trouvé indépendamment un déterminant qui est égal à la racine carrée de Ag et qui conséquemment .sert tout aussi bien que A» pour définir linvolution. .1 L'espace me manque pour produire ici cet autre déterminant, mais J£ dois ajouter que c'est d'une grande utilité dans l'étude analytique de la théorie d'involution. » Je prie qu'il me soit permis de profiter de cette occasion pour rectifier une erreur qui s'est glissée dans l'énoncé d'un théorème donné dans les Comptes rendus (a6 janvier 1861). Dans le second i)aragraphe de la Note, p. 161, au lieu de « pour numérateurs le cycle toujours répété... par rap- » port à r, >. lisez « pour numérateurs lecycle toujours répété des nombres » entiers congrus à -, -, -,•••,- et compris parmi les nombres i, 2, ° r P P P M 3,..., /'. » Et plus bas au lieu de « mais à cause... loA-t- 2 » lisez : « mais » à cause de 7X3=1 (mod5) = -^ + -^-+- ^ + —^ + -^ + ( 8-7 ) » quand p est de la forme lo/l + 7. » Encore, les signes de toutes les fractions qui suivent le mot « ou » ligne 5, p. 162, doivent être changés de + en — et vice versa. » MINÉRALOGIE. — analyse de l'uranile d Aulun et de la clirdl,olite de Cornouailles ; par M. F. Pisani. (' Jusqu'à présent les minéralogistes ont admis pour l'uranite et la chalkolite la même formule : s'appuyant, d'une part sin- les analyses don- nées, et de l'autre sur la forme cristalline que l'on regardait comme étant la même pour ces deux substances. Cependant, l'ancienne analyse de l'uranite d'Autun, par Laugier, conduisait à une formule toute différente par suite de la quantité d'eau qu'il a trouvée et qui s'élève à 21 poin^ 100 au lieu de i5 que donnent les autres analyses. J'ai donc repris l'étude de cette substance, et des analyses faites à des intervalles assez longs m'ont conduit toujours aux nombres trouvés par Laugier. Quant à la chalkolite, je lui ai trouvé la formule qui est généralement adoptée. Cette différence dans les résultats obteiuis devait jjrovenir évidemment de la manière dont l'eau a été dosée. En effet, dans mes analyses, j'ai opéré sur la matière ré- cemment pulvérisée et sans dessiccation préalable. De cette manière on obtient pour l'uranite 12 équivalents, et pour la chalkolite 8. Ce n'est qu'en desséchant l'uranite à une température de 70° qu'on obtient alors à l'ana- lyse 8 équivalents d'eau. Or en opérant de cette manière il est très-pro- bable que l'on enlève de l'eau de combinaison, et non simplement de l'eaiî hygroscopique. Ce qui tend à le démontrer davantage, c'est qu'à des inter- valles de plusieurs mois j'ai retrouvé dans la même substance la même quantité d'eau. Voici maintenant un fait qui confirme ces résultats : » Jusqu'à présent on croyait ces deux substances isomorphes; mais ré- cemment les recherches de M. Des Cloizeaux ont prouvé que l'uranite ne cristallise pas dans le système du prisme à base carrée comme la chalkolite, mais que sa forme est celle d'un prisme rhomboïdal droit très-voisin de 91°. Le peu de netteté des faces sur les échantill jus provenant d'Autun s'opposait à des mesures exactes et avait ainsi accrédité cette erreur. C'est en examinant de l'uranite en petits cristaux assez nets d'une autre localité, que M. Des Cloizeaux a parfaitement établi que ce prisme n'était pas carré, mais bien rhomboïdal. » Voici maintenant quels sont les résultats de mes analyses. C. R., 1861, i" Scmesir,. (T. l.ll, N^ 16.) ' O7 Kn centinmes et dcJ uctioii faite du sablo. Os. Rapp. .3,4 •4.0 7,8 5 56,47 59,0 3,2 2 5,60 5.8 .,6 I 20,00 21 ,2 >8,9 12 3,20 100,0 ( 8.8 ) Vranite d' .4 ut un. Acide phosphorique. . Oxyde d'iirane 56,47 Chaux Eau Sable 98,67 Ce ((iii (loi)iie pour f'onmile [Ca (Ur^)"]Ph + 12 Aq. Calcul pour cette formule . Acide phosphorique '4 )4 Oxyde d'urane 58,3 Chaux 5,6 Eau 21 ,7 Chalholite de Cornoiiiiillcs. Eti centièmes et déduction faite dn sable. 0.\. Rapp, Acidf phospliorique. . . . 14.0 '4j4 8,1 5 Oxyde d'urane ^9,67 61 ,5 3,4 2 Oxyde de cuivre 8,5o 8,6 1,7 i Eau.. i5.oo i5,5 i3,8 8 Sable 0)4° 100,0 97-57 Ce (|ui conduit à la formule [Cu (iJr^)^]Ph + 8Aq. Calcul pour cette formule. Acide [ihosphoriipie i5, i Oxyde d'urane 61,2 Oxyde de cuivre 8,4 Eau i5,3 100,0 ( 8.9) » Ainsi en résumant on a L'irmite [Ca (Ûr^)"], Pli+ i 2 Aq — prisme rliomboïdal droit. Clwlkotite [Cu(Ûr^)^], Pli-f- 8 Aq — prisme à base carrée. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Noie sur l'application de la pholocjraphie à la géologie et à la géographie j)hysi(fue. Orographie : Le mont Blanc et la vallée rie Chamounix ; par M. A. Civiale. « J'ai entrepris en iSSg la reproduction photographique de la chaîne des Alpes; ce travail exigera plusieurs années, car il doit comprendre l'Ober- land bernois, le mont Blanc et les Alpes de Savoie, le grand massif du mont Rose, les chaînes secondaires du Valais, des Grisons et du Tvrol, ainsi que les montagnes volcaniques des environs de Schaffouse. J'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie les vues photographiques des versants occidentaux du mont Blanc, des vallées de Chamounix, de Valorsine, de la Tète-Noire et de Trient. » Ce travail comprend trois panoramas et un album de vues de détails. M Le premier panorama, composé de dix épreuves, est pris du Brévent, au-dessus des chalets de Plampra (2i3o"); il est compris dans un angle de 200° i5', et représente l'ensemble de la chaîne du mont Blanc, depuis le col de Vora jusqu'au col de Balme du sud-ouest au nord-est. Les masses gra- nitiques de la chaîne forment deux groupes principaux séparés par la mer de glace, les Aiguilles de Chamounix au nord-est et l'Aiguille Verte, les Aiguilles d'Argentiéres et du Tour au sud-ouest. » Le deuxième panorama, composé de huit épreuves, est pris de la cabane de la Flégère (1908'°), est compris dans un angle de 160° 35', et sa direction générale va également du sud-ouest au nord-est. C'est une vue du mont Blanc plus oblique par rapport aux Aiguilles de Chamounix ; le sommet de l'Aiguille Verte, trop rapproché du point de station n'a pu être reproduit ; mais l'ensemble de la mer de glace et des montagnes qui forment ses rives, est plus facile à saisir que dans le panorama précédent. » I^e troisième panorama, composé de six épreuves, est pris du Mon- tanvers (igSo"); l'angle dans lequel il est compris est de 1 18" ii', sa direc- tion générale va du nord au sud. Ce panorama donne la vue détaillée d'une grande partie de la mer de glace et de la base des Aiguilles faisant face aux Aiguilles de Chamounix, ainsi que du massif des Aiguilles de Léchaud 107.. ( 820 ) ou Jorasses, an pieti desquelles viennent se réunir les glaciers de Léchaud et du Géant poin- former l'immense glacier des Bois ou mer de glace pro- prement dite. » La série des vues de détail commence à Servoz au pied des rochers des Fiz, reproduit la vallée de Chamounix du col de Voza au col de Balme, la vallée de Valorsine, la route de la Tète-Noire et se termine dans la vallée (lu Trient. » Les pentes générales des glaciers et celles des gradins qui les forment sont données rigoureusement par les épreuves prises sur le flanc des mon- tagnes qui encaissent ces glaciers. Je n'ai pas remarqué de différence sensible entre les pentes mesurées sur l'épreuve et celles prises directement sui' le glacier. J'ai employé le procédé photographique sur papier ciré sec indiqué l'année dernière ; l'orientation de l'axe optique de l'instrument est déter- minée pour chaque épreuve ; quant à la prise des vues, je me suis attaché, ainsi que je l'ai dit, à fixer l'appareil optique de manière à ne pas laisser d'incertitude sur les éléments géodésiques des divers points. Ainsi l'axe optique est toujours horizontal, et comme la station reste la même pour les vues qui composent un même panorama, il est facile, avec l'épreuve pho- tographique et une carte topographique détaillée, de connaître les coor- données de chaque sommet, ou d'un point quelconque intéressant, par rapport au plan horizontal qui passe par la station. » Une légende explicative et les réductions des panoramas complètent lalbum.' » Je prie l'Académie de vouloir bien accepter l'hommage de cette seconde partie de la reproduction photographique des Alpes. » M. Abria, doyen de la Faculté des Sciences de Bordeaux, demande pour la bibliothèque de la Faculté les cinq derniers volumes publiés des Mémoires de l'Académie et le supplément aux Comptes rendus. (Renvoi à la Commission administrative.) M. DE Paravev signale, comme confirmant une assertion d'Hérodote re- lative à l'emploi alimentaire des racines de Papyrus chez les itgyptiens des ' temps les plus reculés, l'observation faite tout récemment par ini voyageur qui a vu, dans certaines parties du Sahara, les Touaregs manger les racines d'un Souchet désigné par le nom le plus communément employé en Egypte et en Syr^e pour le papyrus. m. Lelandais adresse de Nantes une Lettre relative à un précédent envoi ( 82 1 ; qu'il aurait tait à rAcadémie de diverses pièces relatives à renn)lui de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies. On fera savoir à l'auteur que ces pièces ne sont point parvenues a l'Aca- démie. Un nouvel envoi serait sans objet, puisque, d'après sa Lettre, sou procédé est déjà soumis à l'examen d'une Commission instituée par M. le Ministre de l'Intérieur. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BITLLETI\ BIBLIOGRAPHIQUE. L Académie a reçu dans la séance du i5 avril i86r les ouvrages dont voici les titres : Rapport sur les récompenses proposées^ par le jury de l'Exposition des Sciences' naturelles [zoologie et minéralogie) tenue à Montpellier en i 860; par M. Paul Gervais; br. in-8". Essais d'acclimatation du Saumon dans l Hérault et ensemencement des huîtres dans f étang de Tliau; br. in-S". Nouvelles expériences sur les effets de la garance mêlée aux aliments des Mammifères et des Oiseaux granivores; par le D'' JOLY; br. in-8°. Sériciculture. Nouveau mojen proposé par le professeur Emilio Cornalia pour distinguer à coup sûr la bonne graine de vers à soie de la mauvaise; br. in-8°. Considérations historiques sur la pathologie cutanée dans le but spécial d'éclat' rer Cétiologie et la thérapeutique des dartres; par le D'' F. ROCHARD. 2 exem- plaires Paris, 1861; br. in-S". (Adressé pour le concours au prix Bréant.) Des ejfets produits sur l'encéphale par l'oblitération des vaisseaux artériels qui s'j distribuent ; jiar le D"^ Ehrmann. Paris, 1860; br. in-8". (Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Notes sur quelques observations de magnétisme terrestre et de météorologie faites à Nîmes; par M. H"= Plagniol. Nîmes, i855 ; br. in-8". (Présenté par M. Dumas.) D'une forme de délire, suite dune excitation nerveuse se rattachant à une variété non encore décrite, épilepsie lai-vée; parle D''MOREL. Paris, i86o', br. in-8°. De l'origine du peuple polonais et d'un usage ancien de ce peuple; par le chevalier de Paravey. ( 822 ) John Biown moi l fjouv l'affranchissement dei noirs. Paris, 18G1 ; l)r. iu-12. Recherches analomiq lies sur le corps innominé; pai- 5.-.\.. GlUALDÈS. Paris, 1861; br. in-8". On ripples... Sur tes rides de la surface de l'eau et leurs rapports avec les vilessesdes courants; parM. Archer HmsT. Londres, 1861; br. in-8°. Ascronoinical... Xutices astronomicpies, 11"' i\ et 22. Octobre iBôo janvier 1861 ; 2 feuilles in -8". Radicale lieilimg... Cure radicale de la syphilis par la vaccination; par M. W. Jeltschinsky. (Adressé par M. Lukoinski au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie avec deux numéros (4 février et 20 juin 1860) de \ Allqenieine Medicinisc.he Central-Zeitunij, contenant chacun vm article sur la même question.) Untersuchungen... Recherches sur t origine des monstruosités^ principale- ment dans les œufs des Oiseaux; par M. Panum. Berlin, 1860; in-S". (Présenté au concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Revista... Revue des travaux publics. IX^ année, n" 7, i" avril 1861. Madrid, in-fol. Noticia dos... Exposé des travaux magnétiques exécutés à l'observatoire météorologùpie de l'infant D. Louis [Ecole Polytechnique de Lisbonne); par M. J.A. daSilva. Lisbonne, 1860; br. in^"- Memorie... Mémoires de l'Institut I. R. Vénitien; t. IX, partie 2. Vienne, 1861; in-4°. Atti... j4ctes de l'Institut L R. Vénitien des Sciences Lettres et Beaux- Arts; I. VI, H^livr. novembre 1860 à octobre 1861 ; in-8". Statistica... Statistique de t instruction publique à Païenne en l' camée iSSg; par M. F. Lancia di Brolo. Palerme, 1860; in-8°. Del coloraniento... De la coloration de l'albumine dans les œufs de poule et des crjptoganies des acides carbonique ou suljhydrique libres ou combinés aux bases; par V. H. Gaultier de Claubry; br. in-8°. Etude chimique de l'air atmosphérique de Madrid; par M. Kaiuoii Torrez Munos DE LuNA, traduit de ^espagnol avec des notes; par M. Gaultier de Claubry. Paris, 1861; br. in-8". Monthlv notices... Notices mensuelles de la Société royale (lilnuioniupie de Londres; y o\. XXI, n" 5 (mars 1861), in-8". Tbe quarterly journal... Journal trimestriel de la Société de Chiimt: vol. XIV (avril 1861). Londres, in-8°. Flint implenients... Présence d'outils en silex dans des couches non bauh- versées de gravier, de sable et d'argile. Benseignements relatifs à la découverte de ces instruments tant sur le continent qu'en Angleterre^ communiqués à la Société des Antiquaires; par John Ev\:^s. Londres, 18(30; iii-'j". ( «24 ) On tbe occurrence of flinl imploments... Sur l'exislencG.d'inslrume>Us en silex, associés à des restes d'animaux d espèces éteintes, dans des couches dune pé- riode géologique peu reculée (a late geological période), en France à Amiens et Ahbeville, en Angleterre à //o.rne (extrait des Transactions phitosoplnqucs pour Tannée 1860, 2^ partie). Londres, 1861; in-4°. Die théorie der... Théorie des fonctions circulaires; par G. SlDI.KR. Berne, ,i86r; in-4''. COMPTE RENDU DES SÉANCES m L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 29 AVRIL 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMiMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre d'Etat transmet une ampliation du décret impérial qui confirme la nomination de M. Dorlet de Tessan à la place devenue vacante, dans la Section de Géographie et Navigation, par suite du décès de M. Dciussj. Il est donné lecture de ce décret. Sur 1 invitation de M. le Président, M. de Tessan prend place parmi ses confrères. CHIMIE APPLIQUÉE. — Quelques remarques concernant la théorie de la teinture, ta pratique de ses procédés et le commerce des étoffes teintes relativement au consommateur; par M. E. Chevreul. « Le résumé que je viens de faire de la deuxième partie du onzième Mé- moire de mes recherches chimiques sur la teinture en montre clairement la connexion avec la première partie, dans laquelle j'ai défini des phénomènes de coloration qu'on ne peut attribuer à des actions purement mécaniques, mais à des actions moléculaires résultantes de la force chimique daifinité et de forces physiques. » De nouveaux exemples de l'inégalité d'aptitude des étoffes à s unir à C. R , i86i, I" Sfmesire. (T. Ml, N» 17.) '^^ ( 82(5 ) tine même matière colorante ont été exposés dans cette deuxième partie ; et résultat curieux, conforme d'ailleurs à des faits que j'avais signalés dans mes jirécédents Mémoires, une même matière colorée fixée au même ton sur différentes étoffes, peut présenter des degrés différents de stabilité relative- ment à l'air lumineux! Mais après avoir parlé en détail de la stabilité des couleurs des étoffes teintes par voie d'affinité, après avoir suivi pendant des années les progrès des altérations de la matière de ces couleurs, je com- pléterai par quelques considérations relatives à la distinction des couleui\< solides et des couleuis ijiii ne le sont pas le sujet que je traite, en montrant comment on doit aujourd'hui envisager l'ancienne distinction, si absolue dans l'origine, des leinttires rie grand teint et des teintures de petit teint, et com- bien il importe à présent de montrer ce que le moyen de définir les cou- leurs dans leurs spécialités optiques respectives et dans leur ton, répand de lumière sur tout ce qui se rattache à l'appréciation de la couleiu- dans la science et dans l'application. Je m'estime heureux, comme Membre de l'Académie des Sciences, après avoir travaillé à [application à la suite des Dufay, des Hellot, des Macquer et des Berthollet, Membres de cette Aca- démie, d'avoir prouvé par le fait qu'aucune application nouvelle et ayant quelque peu le caractère de la généralité, loin d'être indépendante de la science abstraite, s'y rattache toujours de la manière la plus intime. Car à la science abstraite l'application est redevable de pouvoir passer dans l'en- seignement; et à la science abstraite seule appartient la (/e//;ii7/on (/csc/ioses; or où cette définition manque, l'administrateur et le législateur ne peuvent par des règlements ou des dispositions législatives en matière d'industrie, et de commerce même, dissiper l'incertitude, prévenir les contradictions et assurer le droit à qui il appartient. » Je n'ai point à justifier, au point de vue économique, les règlements qui régissaient autrefois la profession des teintiuiers ; mais en suivant les modifications apportées parle temps à ces règlements, en voyant, à des épo- quesdiverses, l'autorité supérieure recourir àdeshommesdesplus distingués dans la science avec l'intention bien arrêtée de parer à des inconvénients que le progrès de l'art et la diversité des procédés ré%'élaient de jour en jour, comme conséquences nécessaires d'une distinction dont le maintien devenait de plus en plus difficile, on a, là encore, un exemple du résultat fâcheux d'une distinction (pii ne comporte pas l'o^so/u. » Vouloir faire deux classes parfaitement différentes d'étoffes, comme l'exigeait autrefois la distinction des couleurs de qrand teint et des couleurs de petit teint, est donc tomber dans rinconvénient de Vabsolu : mais, si cet ( 8u7 ) inconvénient est réel, on tomberait dans un autre en se refusant a distin- guer des étoffes diverses sous le rajjport de leurs stabilités respectives. » Cette double considération me conduit, conformément à mes expé- riences, à traiter les deux points suivants : » i" Démontrer l'impossibilité de maintenir cette distinction. » 2° Établir des distinctions propres à donner toutes les garanties dési- rables au commerce des étoffes teintes, en respectant d'une manière abso- lue la liberté de l'industrie (i). P"^ Point — Impossibilité de maintenir la distinction de deux classes d'étoffes , étoffes de grand teint et étoffes de petit teint. » L'expression vulgaire, une couleur prisse, appliquée à la disparition de la couleur d'une matière que le peintre ou le teinturier aemployée pour don- ner à une surface matérielle quelconque la propriété de réfléchir une cer- taine couleur, a été heureusement appliquée à des cas qui frappent tous les yeux, et particulièrement à celui où la couleur disparaît graduellement d'un tissu, ainsi qu'on le remarque pour un grand nombre de matières colo- rantes appliquées sur le coton, telles que lecarthame, le curcuma, etc. Mais aujourd'hui, en tenant compte de l'ensemble des observations consignées dans ce Mémoire, l'expression qu'une couleur passe, usitée avec raison pour le cas que je rappelle, ne se prête plus à tous les cas indistinctement ou une surface colorée par le peintre ou le teinturier, perd la spécialilé de la couleur propre à la matière de la peuiture ou de la teinture. Il est donc né- cessaire de récapituler les divers cas de changement qui peuvent se mani- fester alors dans la couleur de la surface peinte ou teinte exposée à l'air lumineux. » Premier cas. La surface colorée devient blanche ou tend au blanc, parce que la couleur s'affaiblit de plus en plus de ton, sans passer par une autre couleur. » Exemple.— Le coton teint avec lecarthame, le curcuma, lagaude. » Deuxième cas. La surface colorée ne devient pas blanche, mais la spécialité de la couleur disparaît peu à peu et du brun se prodiut. » Exemple. — Le fustet. » L'expression de couleur passée s'applique parfaitement aux deux cas précédents. » Troisième cas. Une couleur, en perdant sa spécialité, passe dans une (i) Je renverrai le développement du IP Point à la séance suivante. 108.. ( 828 > couleur différoiile, et alors la surface, au lieu de présenter un affaiblisse- ment de ton , peut présenter une augmentation de ton de la nouvelle couleur. >) Exemple. — Acide picrique appliqué sur la laine. » La couleur primitive était le jaune 8 ton; après douze mois elle était le 3 orangé 12 ton; elle avait donc franchi huit gammes en s'approchant du rouge. » Quatrième cas. Des couleurs rabattues de la catégorie des fautes s'élèvent en ton. B Exemple. — Le sumac et surtout la noix de galle. » Cinquième cas. — Des couleurs plus ou moins franches peuvent ga- gner du ton. » Exemple. — Cochenille, garance, gaude, bleu de Prusse fixé sur la soie par le procédé que j'ai décrit dans le 10™^ Mémoire de mes Recherches chimiques sur la teinture. » .Sixième cas. Une couleiu- sous l'influence de l'insolation s'affaiblit, et, soustraite ensuite à la lumière, reprend sa couleur première ou à peu près. » Exemple. — Bleu de Prusse, fixé sur la soie surtout. » Rien ne montre mieux l'impossibilité de maintenir la distinction d'étoffes de grand teint, et d'étoffes de petit teint que les tableaux suivants, où je résume les changements que les étoffes teintes dont j'ai parlé dans ce Mé- moire ont éprouvés par une exposition de i, 6 et 12 mois à l'air lumineux. » Le premier concerne l'applicatioti des matières que les anciens règle- ments réputaient de grand teint, l'indigo, la cochenille, la garance et la gaude pour les couleurs bleue, rouge ou jaune. » Le deuxième concerne celui des matières de petit teint, le carihame, le curcuma, le rocou et le fustet. » Enfin le troisième concerne l'emploi des matières généralement répu- tées de petit teint, mais d'une stabilité supérieure à celle du carthame et du curcuma. )i Pour faciliter les comparaisons, j'exprime l'altération par deux chiffres correspondant au nom de la matière colorante employée, mordant com- pris, et à la durée de l'exposition. Par exemple, dans le I" tableau, on lit indicfo de cuve, à la ligne de i ««, on lit 100 I9; cela signifie que 100 de- grés de couleur ont perdu après i an g degrés. Si le ton de la couleur s'est élevé, le second chiffre est précédé du signe -f- . Je n'affirmerais pas que la même matière colorante appliquée à des tons très-clairs ou même très-fon- cés donnerait la même relation ; mais en prenant les tons moyens de mes gammes, je crois les rapports numériques que je donne suffisamment exacts. ' 829 ) 1"^ Tableau. Lnini . t 1 mois Indigo de cUve | 6 mois ' I an il mois 6 mois I an i I mois Cochenille -)- tariro -t- composition. . . . < 6 mois ( I an / I mois -4- tartre -4- alun | 6 mois ( I an [ I mois -f- alun < 6 mois ' I an il mois 6 mois I an !i mois 6 mois I an II mois 6 mois I an lOO 3,f. lOO 7'2 100 9,0 100 :-+- 5 100 ; zéro lOO : zéro lOO .-h 5 lOO . zéro lOO 22, 5 roo :-t-i I 100 : 25 1 0 100 : 35 & lOO : zéro TT lOO : 4' Tô lOO : 58 6_ 1 t' lOO :+ 7 lOO : 28 lOO : 38 lOO : ti, / lOO : 40 lOO : 60 lOO :4- 6 6 lOO : 46 0 ,f. 1 ù lOO : 60 1 .5 ir Tableau. Laine. il mois 1 00 : 86 2 mois 100 : q3 I an _, 1 I mois 100 : tS Curcuma \ ^ \ 0 mois 1 00 : 93 , il mois 100 : 44 6 mois 100 : 88 1 an 100 : 96 !i mois 100 : 22 6 mois 100 : 64 I mois 100 : 72 { 83o IIP Tableau. Laine. Brésil !i mois 6 mois I an alun. I mois 6 mois I an I mois l Campèche -f- bain de physique < 6 mois ' ( I an ak T mois 6 mois I an I I mois Acide sulfindigotique | 6 mois ( I an lOO ICO lOO 100 lOO 100 lOCl lOO lOO ICO ICO lOO 100 100 lOO zéro 44 iV 5r -h 691% 25 55 ■jo 2,8 46 ^ 68,9 -h 9 59 69 » Je tire les conséquences suivantes de ces tableaux : » Le r* tableau montre que la couleur la plus stable est l'indigo de cuve, fixé par mon procédé, à savoir par l'alun et la vapeur; car après i an la laine teinte en bleu 12 ton n'avait pas sensiblement baissé. » La couleur la plus stable ensuite est le bleu de cuve appliqué par le procédé ordinaire sur la laine plongée à tiède dans la cuve. Apres i an, 100 degrés de couleur avaient perdu 9 degrés. Ce résultat montre ce qu'était le maximum de bon teint sous Louis XIV. » La cochenille, suivant l'emploi des trois mordants, le tartre et la com- position d'étain, le tartre et l'alun, enfin l'alun seul, offre un exemple bien frappant de l'influence du mordant sur la stabilité de la matière colorée. w Avec le 1^' mordant la couleur est évidemment de grand temt, elle n'a pas baissé après 6 mois d'exposition, et après i an 1 00 degrés se sont abaissés de 22, 5. » Avec le 2* mordant, après 6 mois d'exposition la couleiu- avait déjà perdu a5, puis 35 après i an. " Enfin avec le 3* mordant 100 degrés de couleur étaient réduits après 6 mois de 4< t>t après 1 an de 58. » La garance a présenté des résultats analogues avec le tartre et la com- position, et le tartre et l'alun; mais elle est moins solide que la cochenille avec le '.*'et le 2* mordant. ( 83. ) >> Enfin la gaude, répntée de bon teint par l'ordonnance de 167;, s est abaissée pour 100 de 46 après 6 mois et de 60 après i an. n On voit par ces nombres, dus à ma méthode de notation de la couleur, la grande variation que présentaient les étoffes réputées de grand feint, et cependant je ne parle que des étoffes de laine, et je dois rappeler l'influence spéciale que peut avoir l'étoffe sur une même matière colorante fixée par un même mordant. Mais dans la pratique la considération de l'influence de l'étoffe n'aurait pas donné lieu aux difficultés que je viens de signaler en me bornant aux résultats du I" tableau concernant seulement la laine. » Le II* tableau montre deux couleurs qu'on peut citer comme des ex- trêmes du petit teint, le carthame et le curcuma. d r ,, ... j ( 86 après 1 mois, Le cartliame avait perdu pour 100*, I ' ( g3 après 2 mois,, !t5 âorps I mois g3,8 après 6 mois, i44 après I mois, 88 après 6 mois, 96 après I an, mois avait perdu 23 degrés, a gagné — de brun, et le fustet, qui après ( 6 mois avait perdu 64 degrés, a gagné — de brun, I anavait perdu 'j2 degrésj en perdant — de brun. » Le IIP tableau montre cinq couleurs moins instables, qui vont se re- lier avec les couleurs les moins stables du I" tableau. •> D'abord l'acide sulfo-indigotique; et le campêche fixé |)arle bain de physique. » Puis le campêche fixé par l'alun; et le brésil fixé par le même sel. » Enfin le brésil fixé par le bain de physique. Sa stabilité le rapproche beaucoup de la cochenille fixée par l'alun seul et même rie la garance fixée par le tartre et l'alun. On voit donc combien il était difficile autrefois d'ex- clure le bois de brésil du grand teint, du moins si l'on en eût fixé la cou- leur avec la dissolution d'étain. » Les changements du fustet sont trop intéressants, relativement au sujet que je traite, poiu- que je ne fasse pas remarquer combien il diffère de la gaude par les effets complexes de son altération. ( 832) » Il donne a la laine lo i orangé, couleur brillante et supérieure, sous ce rapport, à celle de la gaude; mais quand celle-ci a été exposée i mois à l'air, elle a gagné G degrés pour joo degrés, tandis que le fustet, dans le même temps, en a perdu 22 et en prenant encore — de brun. Après 6 mois o 5 la gaude avait perdu /|6 degrés et n'avait pris qu'un — ^ de brun ou de rabat, tandis que le fustet avait perdu 64 degrés et pris — de brun. Enfin il avait perdu tout l'orangé, cause de son premier éclat, tandis que la gaude s'était dorée sans, pour ainsi dire, se rabattre. » Afin d'achever la démonstration complète de l'impossibilité de clas- ser les étoffes teintes en deux catégories distinctes, je résumerai dans un IV^ tableau les effets que certaines étoffes éprouvent, quand lo ton de leur couleur s'élève d'une manière notable par leur exposition à l'air lumi- neux, et que souvent il se manifeste un changement dans la spécialité opti- que de leur couleur. Je ne prétends pas dire que parmi les étoffes précé- demment examinées il n'en est pas dont le ton se réhausse, car je n'ai point négligé d'indiquer ce phénomène pour l'indigo, la cochenille fixée par la composition d'étain, et par le tartre et l'alun, etc., etc. TV' Tableau. Matière/: colorantes fixées sur la laine, qui éprouvent une modification remarquable de la part de l'air lumineux dans la hauteur de leur ton et dans leur couleur. Bois jaune fixé par l'alun et le tartre. 2 1 mois 100 degrés avaient augmenté de 28'' en prenant — de brun, après ( 6 mois roc degrés avaient augmenté de 25 en prenant — de brun, 5 I an 100 degrés avaient perdu 3 en prenant — de brun. Sumac fixé par l'alun et le tartre. I mois 100 deyres avaient aucmentc de 33'' en prenant — de brun, p D '10 après î 6 mois 100 degrés avaient perdu 11 en prenant — de brun, I an 100 degrés avaient perdu 16 en prenant — de brun. ( 833 ) Noix de galle. à. 3 1 mois loo degrés avaient augmenté de i25 en prenant — de brun, lO 2 mois ICO degrés avaient augmenté de 1^5 en prenant — de brun, 4 5 6 mois loo degrés avaient augmenté de 87 en prenant ^^— de brun, 4 5 I an 100 degrés avaient augmenté de 87 en prenant ^-^ de brun. 10 Acide picrique sur laine non mordancée. ( I mois 100 degrés avaient augmenté 21,0 , \ 6 mois 100 decrés avaient augmenté 3i après ■ • ■ ■ , r- 1 I an 100 degrés avaient augmente ^o,b, en passant du jaune au 3 orangé. )> Ces résultats viennent compliquer encore la distinction du grand et du petit teint des étoffes; je reviendrai sur leur importance lorsque je traiterai des procédés au moyen desquels on teint les étoffes en couleur binaire, au moyen de deux matières colorantes qu'on applique successivement ou si- nudtanément poiu' faire du vert, du violet, ou de l'orangé. » On voit donc : 1° qu'on admettait autrefois comme étoffes de grand teint des étoffes qui, après un an d'exposition à l'air lumineux, ne perdaient que 9 degrés, tandis que d'autres en perdaient 60 degrés; exemple : indigo de cuve et gaude ; » 2° Qu'on admettait implicitement, en ne considérant la matière colo- rante que pour une seule qualilé du teint, qu'une matière colorante comme la cochenille donnait des étoffes dont les unes perdaient après un an 22"*, 5, et les autres 58, d'après la nature du mordant employé; » 3° Qu'en mettant le bois de Brésil au nombre des matières du petit teint, on admettait implicitement qu'il ne pouvait produire une teinture aussi solide que celle qu'on préparait avec un ingrédient de bon teint. Ce- pendant avec le bois de Brésil on peut obtenir une couleur qui ne perd que 5o, lorsque la gaude réputée de grand teint en perd 60. » L'impossibilité de faire deux groupes distincts, les étoffes de çjrand teint et les étoffes de petit teint, une fois démontrée, je vais exposer comment on doit procéder, conséquemmenl aux résultats de la méthode de V évahialion de la couleur pour distinguer les étoffes entre elles, relativement à leur stabilité, distinction envisagée à la fois dans l'intérêt du producteur et dans celui du consommateur, et conformément au principe de la liberté de l'industrie. u Ce point sera traité dans le prochain Compte rendu. » C. p.., i8(H, i" Semestre. (T. LU, N» 17.) lOQ ( 834 ) CHIMIE INDUSTRIELLE. — Conservation des bois; pnr M. Payex. " J'ai l'homieiir d'offrir à l'Académie un Mémoire sur la conservation des bois, résumant quelques-unes des Leçons de mon Cours au Conser- vatoire impérial des Arts et Métiers. » Rappelant les circonstances variables qui à plusieurs époques jusqu'à nos jours ont troublé les relations entre la production et la consommation des bois, les causes de leurs altérations spontanées dans leurs applications diverses, j'indique les phases successives des principales inventions ayant pour but de prolonger, même dans des conditions très défavorables, la durée des bois de construction. » Il m'a semblé que peut-être l'Académie accueillerait avec intérêt les résultats de quelques expériences récentes à cet égard et d'observations pratiques sur une question qui plusieurs fois a fixé déjà son attention. » Trois procédés sont employés aujourd'hui avec succès en France et en Angleterre : tous trois ont pour pouit de départ les travaux remarquables de Bréant et de M. Boucherie. » L'application, dans ce but, des produits de la distillation des goudrons de houille, qui a longtemps prévalu en Angleterre, devait être limitée pres- que exclusivement à la conservation des liaverses, chcuxjeinents de voie, etc., et pour l'établissement des chemins de fer. L'agent préservateur, moins abondant chez nous, devient plus dispendieux chaque jour en raison des utiles et nouvelles applications des hydrocarbures légers extraits des pre- miers produits de la distillation. Peut-être parviendra-t-on, à l'aide des moyens énergiques d'injection dont on dispose maintenant, à faire péné- trer dans les tissus ligneux les carbures d'hydrogène moins fluides désignés vulgairement sous la dénomination d'huiles lourdes, en doses suffisantes pour assurer leur conservation. » Quoi qu'il en soit, dans l'état actuel des choses, l'agent dont l'usage tend de plus en plus à se généraliser, pour prolonger la durée des bois, est le sulfate de cuivre, aussi piu' et aussi neutre que possible; les procédés économiques d'injection qui offrent les plus sûres garanties, à la condition de i^rendre dans leui' emploi toutes les précautions dont des observations attentives ont démontré l'importance. M Ces procédés sont dus : l'un à M. Boucherie, perfectionné encore par son auteur depuis qu'il a obtenu la haute approbation de l'Académie; l'autre, fondé sur le principe mis en évidence par Bréant, appliqué en Angleterre par Béthel, Payn et Burnet, et institué avec d'importantes dis- positions nouvelles eu France par MM. Légé et Fleury-Pironnet. { 835 ) » Le premier permet d'utiliser directement les bois de nos forêts plus ou moins récemment abattus ; le second sert à préparer les pièces spontané- ment desséchées, provenant soit de nos exploitations forestières, soit des importations de l'étranger. » Tous deux accroissent la durée ainsi que la valeui- des essences légères tendres ou résineuses, à croissance rapide, dont ils rendent les applications plus utiles et plus nombreuses. » « M. le général Morin présente à l'Académie le quatrième numéro des Annales du Conservatoire^ dans lequel se trouvent, entre autres articles, des Etudes sur la ventilation^ qui étaient déjà exécutées et sous presse, lorsqu'une Commission présidée par M. Dumas, et qui compte dans son sein MM. Pie- gnault, Combes, Boussingault et Morin, a été formée par M. le Préfet de la Senie, pour examiner les questions qui se rattachent à la ventilation des hôpitaux. M. Morin croit devoir faire connaître cette circonstance, qui explique comment cette partie des études qu'il a entreprises sur la ventila- tion a paru en dehors du concours de cette Commission. » Le même numéro contient aussi les proces-verbaux de deux séries d'expériences exécutées au Conservatoire, sur une machine à air chaud d'Ericcson, et sur une machine à gaz de M. Lenoir. » Il est terminé par une Notice de MM. Persoz, de Lujnes et Salvélat sur les matières colorantes dérivées de l'aniline. « CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les bases phosphorées ; par M. A. W. HOFMANN. Dérivés sulfurés dp la triéthylphosphine. « Dans mes recherches précédentes j'ai signalé l'existence d'un corps magnifique, C'H'^PS' = (C'H = )='P, CSM*), formé par l'action du disulfure de carbone sur la triéthylphosphine et obtenu en beaux cristaux d'une couleur rouge-violacée, appartenant, selon l'examen de M. Quintiuo Sella, au système monoclinique. Cette matière se produit si facilement et si rapidement, que le disulfure de carbone est de- venu un réactif précieux pour les bases phosphorées, la triméthylphos- phine donnant naissance à un corps analogue, tandis que les monarsines et les monostibines ne sont pas altérées par le disulfure. (*) U=i; 0=i6; S=32; C = i2,elc. 109.. [ 836 ) » D'un autre côté, la tiiéthvlphospliine peut être employée très-avaiUa- geusemeiit dans la recherche du disuifure de carbone. En effet, il n'y a pas pour celle substance de réactif plus sensible. On peut démontrer par ce moyen la présence des plus faibles traces de disuifure dans la benzine retirée du goudron de houille. La plus faible proportion de disuifure de carbone répandu dans le gaz déclairage le plus soigneusement purifié peut être ainsi reconnue sans difficulté, comme je l'ai déjà démontré ail- leurs (*). Quand on fait passer du gaz à travers un appareil à boules contenant de l'élher auquel on a ajouté quelques gouttes de triéthylphos- phine, le liquide prend bientôt une teinte rougeàtre dont l'intensité aug- mente à mesure que l'éther s'évapore, et il finit par déposer sur les parois du vase. une délicate efflorescence des cristaux rouges. Un demi-pied cube du gaz actuellement en usage à Londres est suffisant pour cette expé- rience. » I^a combinaison de la triéthylphosphine avec le disuifure de carbone éprouve sous l'influence des réactifs des altérations profondes. Exposé avec de l'eau dans des tubes scellés, pendant quelques jours, à une température de loo", les cristaux rouges se transforment peu à peu en aiguilles blanches dans lesquelles on reconnaît facilement le sulfure de triéthylphospliine. La transformation a lieu indépendamment de l'air atmosphérique; elle s'opère avec la même facilité dans des vases remplis d'air ou d'acide carbonique, ou dans le vide. » Les produits qui accompagnent le sulfure formé dans cette réaction varient suivant le temps pendant lequel les cristaux sont en digestion avec l'eau. Si on laisse refroidir les tubes après un ou deux jours de digestion, le liquide se remplit généralement d'aiguilles blanches qui sont pourtant mêlées à des prismes rouges, ce qui montre que la transformation n'est pas encore complète. C'est à peine s'il s'échappe du gaz quand on ouvre les tubes; mais si on chauffe doucement, le liquide dégage du disuifure de carbone en abondance. D'un autre côté, quand les tubes sont chauffés jus- qu'à ce que la transformation du corps rouge soit accomplie, ce qui a lieu généralement au bout de trois ou quatre jours de digestion, il se dégage un grand volume de gaz à l'ouverture des tubes, et quelquefois ceux-ci éclatent. Le gaz qui se dégage consiste en acides sulfhydrique et carbonique, qui sont évidemment des produits secondaires provenant de l'action prolongée de l'eau sur le disuifure de carbone séparé dans la pre- (*) Quartcrly Journrd nf tlie Chemical Society , t. XIII, p. 87. ( 837 ) mière phase de l'expérience. Le liquide dont se séparent les cristaux de sul- fure a une réaction franchement alcaline qui n'appartient ni au sulfure, ni aux cristaux rouges d'où provient ce sulfure, ces deux composés étant sans Les produits de l'action de l'eau sur les cristaux rouges sont donc du sulfure de triéthylphosphine, produit principal, de l'oxyde de triéthyl- phosphine, de l'hydrate de méthyltriéthylphosphonium et du disulfure de carbone, lequel peut être transformé en tout ou en partie en hydrogène sulfuré et en acide carbonique. Quatre molécules du composé de disulfure de carbone et deux molécules d'eau contiennent les éléments de deux mo- lécules de sulfure, d'une molécule de l'oxyde, d'une molécule de l'hydrate de méthyltriéthylphosphonium, et de trois molécules de disulfure de carbone : 4.[(C^H')'P,CS^]+[s.j"jo] (FlTH'! ( C^ H'V Pi) = 2[(C*H')'PS] + (C=H')»P0 + p '^ ' jj 0+3CS^ . n Pendant que j'étais occupé des expériences relatives à l'éclaircissement de ce sujet, j'eus l'occasion d'observer de petits cristaux jaunes bien définis disséminés dans le mélange d'aiguUles blanches et rouges, qui se dé- posaient quand on laissait les tubes où s'opère la digestion se refroidir avant que la transformation soit achevée. Les cristaux jaunes apparaissaient en plus grande quantité vers la fin de l'opération, mais même dans les con- ditions les plus favorables on n'en obtenait que de très-petites quan- tités. » Ces cristaux sont presque insolubles dans l'éther, et peuvent par suite être facilement séparés du sulfure de triéthylphosphine avec lequel ils sont mélangés. Cristallisés dans l'alcool absolu bouillant, ils s'obtiennent à l'état de pureté parfaite. Cependant cette opération occasionne une certaine perte qui peut devenir très-considérable si l'ébullition est continuée pendant quelque temps. La nouvelle substance se décompose à loo", et par consé- quent doit, pour l'analyse, être desséchée dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique. ( 838 ) » Les cristaux jaunes renfei'nient C»H"PS'. » La formation d'ui) composé de cette formule p.ir I influence de 1 eau sur les cristaux rouges se comprend facilement, si Ion se rappelle la sépara- tion, dans la phase principale de la réaction, dudisulfure de carbone, et, par conséquent, à cause d'une réaction secondaire, de l'hydrogène sulfuré qui, plus particulièrement vers la fin de l'opération, peut s'accumuler en très- grande quantité dans le liquide. Deux molécules du composé rouge de di- sulfure de carbone et une molécule d'hydrogène sulfuré contiennent les élé- ments d'une molécule de sulfure de triéthylphosphine et d'une molécule des cristaux jaunes ; 2C'H' = PS= -4- H=S=; C^H'^'PS + C«H"PS^ Cristaux rouges. Sulfure. Cristous jaunes. » L'expérience synthétique prouve que la formation des cristaux jaunes est actuellement due à l'action de l'hydrogène sulfuré. Le composé rouge de disulfure de carbone, étant digéré à loo" dans des tubes scellés, avec une solution saturée d'hydrogène sulfuré, est rapidement transformé en cristaux jaunes. J'ai ainsi réussi à préparer des quantités considérables de cette sub- îitance qui, tant qu'elle s'étaitformée seulement comme produit secondaire, je pourrais dire accidentel, de la réaction, s'obtenait à peine en quantité suffisante pour en effectuer l'analyse. » La constitution des cristaux jaunes, comme celle du composé rouge qui leur donne naissance, est assez obscure. J'ai déjà fait remarquer, dans uncoccasion précédente, que le composé rouge peut être considéré comme le sel primaire à triéthylphosphonium de l'acide sulfocarbonique moins une molécule d'hydrogène s'iilfuré : [(C^H^)3HPj 1 ^^3 (H H ) ( H ( >i Si nous imaginons un acide sulfocarbonique dans lequel un équivalent d'hvdrogene est remplacé par ie radical monatomique CH'S ( mélhylene- mercaptane moins une molécule d'hydrogène sulfuré), . Acide sulfocarbonique uK"^'' ( H \ \ (CH^S) 1 Acide sulfométhyl-sulfocarbonique. .' }CS% ( 839 ) ies cristaux jaunes peuvent être considérés comme le sel à triéthylphospho- nium de l'acide sulfométhyl-sulfocarbonique moins une molécule d'hydro- gène sulfuré : )i Le point de vue sous lequel j'envisage la constitution des cristaux jaunes est justifié par une transformation remarquable que cette substance subit sous l'influence de l'eau bouillante. » J'ai déjà dit qu'on perd une certaine quantité du composé jaune en le faisant cristalliser dans l'alcool bouillant. Cette substance est de même aisé- ment soluble dans l'eau bouillante, mais la solution ne contient plus le com- posé primitif, car il ne se dépose des cristaux ni par le refroidissement, ni par l'évaporation. Pendant l'ébullition, le composé jaune est entièrement dé- truit, avec dégagement abondant de disulfure de carbone. Le liquide restant possède une réaction fail>Ioment alcaline et donne avec des acides des com- posés salins bien cristallisés. Le plus beau de ces sels est l'iodure, qui, trés- soluble dans l'eau bouillante et peu soluble dans l'eau froide, s'obtient facilement en longues aiguilles bien formées d'une pureté parfaite. » L'analyse de cette substance a conduit à l'expression suivante : c'ir^psi = [(CH^s)(C2H^)'p]I. » Cette formule représente l'iodure d'un triéthylphosphonium sulfomé- thylique dont la dérivation du composé jaune se comprend sans difficulté. Une molécule de ce dernier corps et une molécule d'eau renlerment les élé- ments d'une molécule de disulfure de carbone, et d'une molécule d'hy- drate de triéthylphosphonium sulfométhylique : (CH=ShC=H.).p,CS' + j;;}o = CS--HJl(^""«»'="»">;Pljo, qui, traitée par les acides, donne les sels correspondants. » Je n'ai pas été à même d'éliminer de nouveau l'hydrate de l'iodure. Traité par l'oxyde d'argent, ce composé perd son iode, mais non sans que son soufre soit attaqué en même temps, cpioique les dernières traces de ce corps ne soient séparées qu'aprèsuue ébullition prolongée. Il se dégage delà triéthylphosphine en abondance pendant l'ébullition, et le liquide séparé du précipité noir renfermant le sulfure et l'iodure argentiques mêlés à de l'argent métallique, contient les hydrates des triéthylphosphoniums argen- tiques et méthyliques conjointement avec les sulfates de ces bases. » ( 84o ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de l'examen des pièces admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. D'après les résultats du scrutin, cette Commission, qui est de neuf Mem- bres, est composée ainsi qu'il suit : MM. Velpeau, Bernard, Cloquet, Andral, Jobert, Serres, Rayer, Flourens et Longet. MÉMOIRES LUS. GÉOMÉTIUE ANALYTIQUE. — Sur la marclie du cavalier au jeu des échecs; Note de M. C. de Polignac junior. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Liouville, Hermite.) « Le problème relatif à l'échiquier, tel qu'il est énoncé dans la théorie des nombres de Legendre, d'après Euler, consiste à faire parcourir tout l'échiquier au cavalier partant d'une case quelconque. Euler a le premier indiqué le moyen d'obtenir un grand nombre de solutions par un tâtonne- ment méthodique. Plus tard Vandermonde a imaginé une notation particu- lière par laquelle chaque case, rapportée à deux côtés du carré pris comme axes de coordonnées, est affectée d'un double numéro, en sorte que les coins, par exemple, seront représentés par jr:= I, JC = I, r=^ jr = 8, etc., et ainsi de suite. >i En adoptant la notation de Vandermonde, on voit que la somme des coordonnées de deux cases adjacentes ne sera jamais de même parité, et si l'on considère un circuit complet formant une solution du problème dans l'échiquier ordinaire de 64 cases, la succession des abscisses formera une suite composée des nombres i, 2, 3, 4j 5, 6, 7, 8 se succédant par diffé- rences de I ou de a, chacun de ces nombres étant répété huit fois et occupant quatre places paires et quatre places impaires. Il en sera de même de la succession des ordonnées, et la somme des termes correspondants dans les deux suites sera alternativement paire et impaire. [Ui ) » Si l'écliiqiuer considéré a un nombre impaii' de cases, la somme des deux derniers termes correspondants sera de même parité que celle des deux premiers, le circuit ne pourra donc pas être rentrant. » On pourrait se proposer de former séparément ces deux suites. L'une d'elles est en effet fycile à obtenir par le procédé suivant : » Soit m un nombre pair quelconque, racine du carré ;«*, qui forme l'écliiquier considéré; écrivons la suite i, 3, 5,..., m + i,..., 6, 4, a, telle que deux nombres consécutifs y sont toujours à égale distance des extrêmes. En recommençant cette suite au second terme 3, ou en obtient une nou- velle 3, 5,..., 6, 4) 2, I dans laquelle les nombres delà première suite ont changé de leurs places pnî'res en des places impaires et inversement. " En écrivant ces deux suites à côté l'une de l'autre et les répétant - fois, on aura formé une suite satisfaisant aux conditions nécessaires pour qu'elle représente la succession des abscisses par exemple. )) Quant à la succession des ordonnées, si l'on choisit arbitrairement la parité du premier terme, la parité de tous les autres est déterminée par cette condition qu'ajuutésaux termes corres|)ondants de la suite des abscisses, ils doivent donner des nombres alternativement pairs et impaiis; mais cela ne suffît pas pour la déterminer entièrement, et on n'obtient par cette marche qu'un tâtonnement analogue à ceux d'Euler et de Vandermonde, bien que l'étude de ces suites soit intéressante à plus d'iui point de vue : cependant il est un moyen d'obtenir par une décomposition effectuée sur l'échiquier une méthode de solution qui peut s'étendre à un échiquier quelconque. » Ce moyen consiste à séparer la solution chercfiée en deux parties sy- métriques par rapport au centre de l'échiquier. En tirant des lignes par les milieux des côtés opposés, on décompose l'échiquier de 64 cases en 4 car- rés de i6 cases. Chacun de ces carrés se décompose à son tour en quatre circuits partiels ou marches de quatre cases, de sorte que l'échiquier est dé- composé d'une part en huit groupes de quatre cases et d'autre part en huit groupes de quatre cases symétriques des premières par rapport au centre. » L'avantage de cette méthode consiste premièrement à ne se préoccuper que de remplir la moitié de l'échiquier (puisque la deuxième moitié de la solution doit se composer de cases symétriques de celles de la première moitié par rapport au centre); puis, comme l'échiquier est pai tagé en groupes de quatre cases donnant chacun quatre pas du cavalier, les essais ',. R., i86i, ><:' Semestre. {T , LU, ^° 17.; HO ( S42 ) en définitive ne portent plus que sur luiit coups qui sont les passages d'un groupe à l'autre. » Or l'extrême symétrie de la décomposition permet de formuler une règle simple qui conduit, sans tâtonnement, à la solution cherchée et qui consiste, en partant d'une case déterminée, à tourner toujours dans le même sens, tant dans les différents groupes de quatre cases que dans les carrés qui ont servi à la décomposition de l'échiquier. » Le circuit rentrant qu'on obtient ainsi transformé par divers procé- dés connus peut s'étendre à tous les échiquiers de la forme (8 + l^nf pour lesquels on obtient par ce moyen des solutions con)menrant à un coin et finissant à un autre. La forme générale de ces solutions permet de les rendre rentrantes sans aucun tâtonnement. w Une méthode analogue de décomposition appliquée à l'échiquier de 36 cases donne un circuit complet rentrant qui, convenablement trans- formé, fiiit obtenir des solutions pour tirer les échiquiers de la forme (6-4-4'î)*j lesquelles peuvent être rendues rentrantes comme précédem- ment. » Tous les carrés pairs sontcompris dans l'uîie des deux formes (6 + 4 riY ou(8 + 4")° excepté ceux dont la racine est inférieure à 6, mais il est aisé de voir que l'échiquier de i6 cases n'est pas susceptible de fournir de solution. Les échiquiers d'un nombre impair de cases ne sont pas non plus suscep- tibles de satisfaire au problème général. Les méthodes précédentes four- nissent une solution généraledu problème pour un échiquier quelconque. » CHIRURGIE. — Note sur les opérations sous-périosliques considérées sous le point de vue de leur innocuité et de leur facilité d'exécution; /^«r M. Maiso\.\ei:ve. (Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Velpeau, Bernard, Cloquet, Joberl, Longet.) « Indépendamment de la merveilleuse prérogative qu'ont les opérations sous-périostiques de permettre la reproduction des os, elles possèdent encore deux autres qualités, moins brillantes peut-être, mais dont l'importance n'est certainement pas moins considérable dans la chirurgie pratique, o Ces qualités sont d'être inconqiarablement plus simples dans leur exé- cution et plus innocentes dans leurs suites qu'aucune des opérations simi- laires exécutées par d'autres méthodes. )• Déjà les belles expériences physiologiques de M. Flourens laissaient ( 843 ) pressentir ce fait, mais la cliirurgie seule pouvait en donner la démonstra- tion, et c'est ce qu'il m'a été donné de constater de la manière la plus com- plète. » Soit, par exemple, la résection de l'os maxillaire inférieur. » Il y a quelques années à peine, l'extirpation totale de cet os était con- sidérée comme une entreprise tellement difficile et dangereuse, qu'aucun opérateur, même parmi les plus audacieux et les plus habiles, n'avait osé l'entreprendre, et que les auteurs de médecine opératoire les plus justement estimés (i) n'admettaient même pas comme possible le succès de son exécu- tion. » Or depuis que M. Flourens a posé les bases de la méthode sous- périostique, voici trois fois qu'il m'a été donné de pratiquer cette terrible opération, et trois fois elle a été couronnée de succès (2). » Quant à la résection du maxillaire inférieur d'un seul côté, la seule qu'eusseut osé pratiquer nos prédécesseurs, elle inspirait encore, sous le point de vue des dangers et de la difficulté de son exécution, de si vives craintes, que des opérateurs, tels queMott de Philadelphie, Graefe de Berlin, Gensoul de Lyon, Walther de Bonn, et d'autres encore, se croyaient obligés, pour parer aux accidents hémorrhagiques, de faire la ligature préalable de l'artère carotide. » Or cette opération, naguère si redoutable, est actuellement devenue si simple et si facile, qu'elle a pour ainsi dire cessé désormais de compter parmi les opérations graves de la chirurgie, depuis qu'on l'exécute par la méthode sous-périostique. Sa durée est à peine de quelques mimites, une simple incision verticale faite à la lèvre itjférieure suffit pour l'exécuter, et souvent il n'est pas même besoin de pratiquer luie seule ligature d'artère. » Pour faire comprendre une différence aussi radicale, il me suffira de rappeler combien est pénible et pleine de dangers l'extirpation des tumeurs dites adhérentes, que le bistouri doit pour ainsi dire sculpter de toutes pièces, eu divisant les artères, veines, nerfs qui rampent à sa surface, ainsi que les liens celluleux, fibreux, musculaires qui vont s'y insérer, et combien au contraire est prompte, facile et simple l'énucléation des timieurs dites enkystées, que le doigt souvent suffit à détacher comme un noyau de fruit. » Or quand on examine un os revêtu de son périoste, on voit qu il est (i) Velpeau, Médecine opératoire, t. II, p. 622. (2) Maisonneiive, J/eAwo(>e *«/• la désarticulation totale de la fnâehoire,\\.\ à l'Académie des Sciences le 10 août 1857. 110.. ( 8/i4 ) piécisémenl dans les conditions de ces tinnenrs adhérentes dont la dissec- tion est si laborieuse et si grave, tandis que sous ce même périoste qui l'en- veloppe comme un véritable kyste l'os se trouve dans les plus parfaites con- ditions d'énucléabdité. Je me propose de développer plus tard, dans un travail complet, l'histoire delà méthode sous-périoslique; pour le moment je crois devoir m'en tenir à ces propositions générales, à l'appui desquelles je me contenterai de mettre sous les yeux de l'Académie, d'une part le Mémoue que j'ai publié eu iSSg sur la désarticulation de la mâchoire inférieure; d'autre part une série de pièces encore fraîches qui proviennent des opé- rations sous périostiqups que j'ai pratiquées dans le coiu'antde ce mois. » Ces dernières sont au nombre de cinq : » La première comprend une partie considérable des deux os maxillaires supérieurs nécrosés; » Ladeuxiètne et la troisième deux maxillaires inférieurs droits atteints de cancroïde; j) La quatrième un maxillaire inférieur gauche atteint de cancer; » La cinquième les phalangine et phalangelle du troisième orteil du côté gauche. » Or toutes ces opérations, qui par les méthodes ordinaires eussent présenté les dangers et les difficultés les plus graves, ont pu être exécutées, grâce à la méthode sous-périostique, avec la plus entière sécurité et une fVicilité vraiment incroyable ». M. J. Bernard lit une Note ayant pour titre : « De l'élévation et de la distribution des eaux, à l'usage des villes et des communes ». L'auteur a fait précédemment (séance du 7 janvier i86i) une communi- cation à l'Académie concernant l'appareil qu'il se propose d'employer pour élever l'eau destinée aux usages domestiques. N'ayant pas donné la description de son appareil, dont il s'était borné à présenter un modèle réduit, la Note qu'il avait déposée ne put être renvoyée à l'examen d'une Commission. La nouvelle Note est renvoyée à l'examen de MM. Morin, Combes et Séguier, qui jugeront s'il y a lieu de demantler à M. J. Bernard une description de son moteur. ( 845 ) MEMOIRES PRESENTES. L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le prix Bordin de 1861, question concernant la différence de position du foyer optiqiie et du foyer photographique. Ce Mémoire, qui est écrit en allemand et accompagné de nombreux tableaux , a été inscrit sous le n° i . PHYSIQUE. — Recherches théoriques et expérimentales sur l'électricité considérée comme puissance mécanique ; par M. Marié Davy. (Deuxième Mémoire. Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pouillet, Regnault.) « De Funité de résistance. — La fixation de l'unité de résistance est tout aussi importante que celle de l'unité de courant. M. Jacobi, qui a fait une étude approfondie des moyens de mesurer les courants, a proposé aux physi- ciens de rapporter les instruments avec lesquels ils ont l'habitude de mesurer les résistances à une même unité qui serait celle d'un fd de cuivre de i mètre de long sur i millimètre de diamètre. Mais comme la conductibilité du cuivre est très-variable d'un échantillon à l'autre, le seul nroyen d'obtenir des ré- sultats comparables consistait à faire choix arbitrairement d'un échantillon quelconque et de le faire voyager d'un physicien à l'autre. C'est ce que M. Jacobi a essayé de réaliser; mais ce moyen est peu pratique. » Le choix de l'unité de résistance doit être tel, que chaque physicien puisse le retrouver par lui-même d'une manière certaine. L'emploi des métaux en fil, cuivre, argent ou platine, doit donc être rejeté. Ces divers métaux peuvent très-bien être employés à la formation d'appareils de résis- tance que Ton aura gradués en fonction de l'unité choisie; mais ils ne peuvent servira fixer cette unité, parce que leur résistance est trop variable d'un échantillon à l'autre. » Le mercure, au contraire, est exempt de cet inconvénient ; il peut être facilement obtenu chimiquement pur, et son état liquide le met à l'abri des changements de texture qui résultent, pour les fils métalliques, des opérations mécaniques auxquelles ils ont été soumis. Aussi son emploi a-t-il été proposé également par M. Jacobi. » Dès mes premières recherches, en 1846, j'ai ado|)té pour unité de ré- ( 846) sistance celle d'une colonne de mercure pur, à o", de i mètre de long et de I millimètre carré de section. J'ai Irouvè pour coefficient d'accroissement de résistance du mercure dans le tube de verre qui le contenait, 0,0009, nombre un peu plus faible que celui qui est donné par M. Ed. Becquerel et qui est 0,00 104. Ce coefficient devrait évidemment être constant s'il n'était modifié par la dilatation du verre. )) Les rhéostats à fil variable, tels que le rhéostat Wheatstone, sont d'un emploi défectueux en ce qu'il est difficile d'y apprécier la température du fil, et que la résistance de celui-ci varie beaucou]) avec sa température. J'emploie de préférence des appareils de résistance à fil de longueur inva- riable plongeant dans de l'eau dont un thermomètre indique la tempéra- ture. Le rhéostat Wheatstone ne me sert que pour comparer les résistances de mes appareils à mon unité normale de résistance. » Mes appareils de résistance sont montés les uns avec des fils de cuivre, les autres avec des fils de platine. Ces derniers sont préférables à cause de l'inaltérabililé du métal. » J'ai obtenu pour coefficient d'accroissement de résistance de mes fiis de cuivre o,oo4oi. J^e nombre donné par M. Ed. Becquerel est o,oo4io, celui de M. Lenz 0,00370. Ce coefficient doit être mesuré par chaque échan- tillon de fil employé. » J'ai obtenu pour coefficient d'accroissement de résistance de mes fils de platine 0,00249, nombre assez écarté des nombres 0,00186 et 0,00296 donnés par MM. Becquerel et Lenz. C'est que le platine est généralement moins pur que le cuivre. » I^a résistance que j'emploie le plus fréquemment est P5 = 27,523 { I + o,oo249<). H En déterminant à l'aide de mes unités la force éleclromotrice d'un élément Smée, j'ai trouvé pour cet élément i = . r M. Favre donne 18796 pour la quantité de chaleur provenant de la disso- lution de I équivalent de zinc amalgamé dans l'acide sulfurique étendu. Pour que mes forces électromotrices représentent le travail spécifique en calories des actions chimiques qui les produisent, il me les faut donc mul- tiplier par f . = 0,7516, ou, ce qui reviendrait au même, prendre pour ( 847 ) unité de résistance celle de i",3i6 de mercure. En adoptant pour le mo- ment cette nouvelle unité, j'ai pour la formule de la pile de Smée i = l^, d'où r'i'=iSjg6L Or mes intensités de courant i sont évaluées en fonction du courant qui en une heure dépose o,io8 milligrammes d'argent, on dissout o,o32 milli- grammes de zinc. 187961 représente donc en billionièmes de calories la quantité totale de chaleur dégagée par heure dans la pile. Cette quantité de chaleur se répartit sur toute la résistance /', en sorte que la quantité de chaleur déposée sur chaque unité nouvelle de résistance (i™,3i6 de mer- cure) est égale en calories à [ 000000000 et sur chaque unité normale ( i mètre de mercure) à I 3 16000 000 » Le travail résistant développé sur le passage du courant i dans chaque unité normale dé résistance sera donc en kilogramniètres '»' 44» '•' 1 3 16 000 000 si on admet qu'une calorie équivaut à 44" RilograTiimètres. Ce travail est indépendant de la force de la pile. » Mon unité normale de résistance ( i mètre) équivaut environ au dixième do l'unité kilométrique (101 mètres) adoptée par les télégraphes; mais cette dernière unité étant mal définie, cette comparaison n'est qu'approxima- tive. » PALÉONTOLOGIE. — Monographie des Thalassiîiiens fossiles; par M. Alph. Milne Edwards. (Extrait.) (Commissaires, MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Valenciennes, d'Archiac.) « L'étude paléontologique de la famille des Thalassiniens laissait beau- coup à désirer. Le nombre des espèces connues était peu considérable, et de plus on y avait rangé plusieurs genres qui devaient se rapporter à : 848 ) <1 autres groupes. J'ai cru devoir reprendre d'une manière complète cette étude en me basant sur l'exauien comparatif des espèces vivant aujourd'hui dans nos mers. » On avait rapporté au genre Callianassn des pinces de Crustacés propres au terrain crétacé supérieur de Maestricht, et décrites par Desmarest sous le nom de Pacjurus Fnujasi; mais pour cette détermination on s'était surtout appuyé sur l'aspect général du membre et sur les rapports de ses différents articles : comme on ne pouvait jamais examiner le corps de ces animaux, les caractères n'avaient pas la précision nécessaire à une détermination rigoureuse. Par l'examen des espèces actuelles, j'ai pu trouver dans la pince isolée des particularités de structure extrêmement remarquables et propres au genre Caltianasse. La paroi interne du bras et du trochanter de la jiatte antérieure est formée par une pièce complémentaire non soudée à la paroi externe; tandis que chez tous les antres Crustacés ces deux pièces ne sont pas distinctes et le squelette téguuientaire de ces articles n'est formé que pa: un cylindre complet; dans quelques genres voisins des Callianasseson trouve encore les rudiments de ces sortes d'opercules, mais ils ne sont jamais distincts du reste de l'article. » En m'appuyant sur ce caractère et sur d'autres particularités de struc- ture qu'il serait trop long d'éiunnérer ici, j'ai pu ajouter dix espèces nou- velles aux deux espèces de Callianasse du terrain crétacé que l'on connais- sait déjà. L'une, la C. cenomaniensis, se rencontre dans les couches des grès verts du Maine où elle est assez abondante. Une autre, la C. Arcliiaci, a vécu en grand nombre pendant toute la période où se sont formées les puis- santes assises de la craie marneuse. Elles peuvent, par leur constance, servir H caractériser cette époque. La Callianassa prisca et la C. affinis ont été trou- vées dans le calcaire grossier du bassin parisien ; la C. Heberti et la C. ina- rrndacljla sont jusqu'à présent propres aux sables moyens ou sables de Beauchamp. Elles s'y trouvent répandues à profusion et peuvent compter parmi les fossiles caractéristiques de cette couche. Deux espèces ont été trouvées dans les assises miocènes de la colline de Turin : ce sont les C. Michelolli et Sismondii; le terrain tertiaire supérieur des environs de Montpellier m'en a fourni une espèce, la C. Desmnresliiini ; enfin dans les dépôts probablement cjuaternaires qui se voient sur les rivages des mers d'Asie et particulièrement de Chine et des îles Philippines, dé])ôts remar- quables pai- l'abondance des Crustacés que l'on y rencontre associés à des coquilles vivantes, il existe aussi inie espère de Callianasse, la C. orienlalls. » r>'étude des autres genres de la famille des riialassiuicns ne m'a fourni ( 849) aucune espèce nouvelle; mais j'ai dû détacher de ce grouj^e beaucoup de celles que l'on avait considérées comme devant appartenir à la division cjui nous occupe. Ainsi j'ai pu me convaincre qu'un fragment de Crustacé f[ue Robineau Desvoidy avait décrit comme étant une pince et qu'il avait rapporté au genre Thalassina sous le nom de Th. rjrandidacljlm, n'était autre chose qu'un tronçon de l'antenne d'un Àstacus; que des trois espèces de Gébies du même auteur aucune ne pouvait être conservée, et enfin que son Axia cylindrica devait entrer dans un autre groupe zoologique. « PHYSIOLOGIE.. — Noie siir la régénération des nerfs transplantés (i) ; par MM. J.-3I. Philipealx et A. V^ulpiax. (Commission du concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) ce Dans le Mémoire que nous avons soumis l'année dernière à l'Acadé- mie des Sciences, et qui a été récemment honoré d'une mention, nous avons démontré que lorsque des nerfs séparés des centres nerveux se sont altérés et ont perdu leurs propriétés physiologiques, cette altération anato- mique et physiologique n'est pas, comme on le croyait, nécessairement permanente si la séparation est elle-même permanente, mais qu'à une époque variable ces nerfs, quoique privés de toute communication avec les centres nerveux, recouvrent plus ou moins complètement leur structure et leurs propriétés normales. » Nous avons pensé que, pour rendre aussi nette que possible la démons- tration de ce fait, il fallait recourir aux preuves les plus décisives. C'est là ce qui nous avait conduits à un genre d'expériences dont nous n'avons pu dire qu'un mot dans notre Mémoire. Pour détruire absolument les rela- tions du segment péiiphérique d'un nerf avec les parties centrales du sys- tème nerveux, nous extirpions toute la partie centrale du nerf par le pro- cédé de M. Cl. Bernard, c'est-à-dire par arrachement. C'est ainsi que nous avons vu le segment périphérique du spinal chez des chats et des lapins, le segment périphérique de l'hypoglosse chez un chat et des chiens, se régénérer en grande partie et redevenir excitables, bien que l'on eût arra- ché toute la partie centrale de ces nerfs avec ses racines bulbaires. » Mais déjà, depuis près de deux ans, nous avons tenté d'autres essais (i) Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Flourens. C. R., i8Cr, i" Semestre. (T. LU, N» 17.) I I I ( 85o ) qui, longtemps infructueux, viennent enfin rie nous donner le résultat que nous espérions. " Nous avons, sur «litférents animaux (chiens, cochons, poules), intro- duit sous la peau de la région inguinale ( chiens, cochons) ou de la région externe de la cuisse (poules) des segments de nerfs détachés, chez les mam- mifères, du nerf lingual ou du nerf hypoglosse, et chez les oiseaux, du nerf médian brachial. Nous ne pouvons pas donner ici le détail de toutes ces expériences; nous nous contenterons de dire que, ni chez les cochons, ni chez les poules, nous n'avons vu un seul tube nerveux se régénérer dans les segments transplantés, au bout de plusieurs mois. Nous avons constaté que les segments nerveux se greffaient parfaitement, et qu'ils subissaient xuie altération dont les phases, bien que plus lentes, offraient une grande ana- logie avec celles que l'on observe dans la partie périphérique d'un nerf divisé. Chez les cochons, il s'est le plus souvent produit une multiplication considérable des éléments du tissu conjonctif du segment nerveux, et les tubes nerveux étouffés par ce dévelopj>ement exagéré de tissu fibreux se sont trouvés dans des conditions peu favorables à la régénération. " Nous avons observé au contraire une régénération manifeste du seg- ment nerveux transplanté, sur deux chiens mis en expérience le aS oc- tobre 1860; ces deux chiens étaient alors arrivés déjà à peu près à Iciu" taille définitive. On excisa un segment du nerf lingual ; ce segment, long de 2 ceiUimetres, fut immédiatement insinué sous la peau de la région inguinale droite. On avait fait luie petite incision à la peau, et, avec une pince à extrémité mousse, on avait introduit le nerf dans le tissu cellulaire sous-culané de cette région jusqu'à une certaine distance de l'ouverture trentrée. Le 1 1 et le ly avril 1861, près de six mois après l'opération, on examine sur le.i deux animaux la partie périphérique du nerf lingual dans la région sus-hyoïdienne et le segment placé sous la peau de l'aine. La partie périphérique du lingual est restée isolée de la partie centrale, et elle contient de très-nombreux tubes restaurés. Le segment placé sous la peau a une teinte grisâtre et est relié an tissu conjonctif de la région par de petits tractus fibreux. Dans l'un des deux cas, on a pincé fortement et à plusieurs reprises ce segment, et il n'y a eu aucun signe de douleur. I/exaiuen mi- croscopique a fait voir que ce segment, chez les deux chiens, contenait un certain nombre de tubes restaurés (nous en avons vu au moins de (piinze à vingt). Ces tubes sont grêles et ont pour la plupart un diamètre de mtVô *^'^ millimètre. Ils sont disséminés au nnlieu des tubes encore altérés; ceux-ci sont presque tous dépourvus complètement de matière médullaire: ( 85. ) quelques-uns offrent encore des granulations graisseuses en séries linéaires, derniers vestiges de l'ancienne matière médullaire; d'autres enfin paraissent eu voie de régénération. H Ces faits ont une valeur démonstrative que l'on ne saurait nier. Le pro- cédé expérimental que nous avons employé, procédé par lequel nous n'avons fait qu'écarter les tissus sans les diviser, pour y insérer le segment nerveux, s'opposait à ce qu'il se fit une communication anastomotique entre les tubes de ce segment et ceux des filets nerveux de la région. Nous nous sommes d'ailleurs directement assurés dans im cas qu'il n'y avait aucune sensibilité du segment greffé. » Ainsi des tubes nerveux, transplantés loin du nerf dont ils faisaient naguère partie, et isolés entièrement, dans la nouvelle région qui les nourrit, du système nerveux ceniral, peuvent se régénérer après s'être altérés complè- tement. C'est là une nouvelle preuve, et une preuve tout à fait décisive, à ajouter à celles qui nous ont servi à établir le fait de la régénération autogé- nique des nerfs. » PHYSIOLOGIE. — Observations sur les générations dites spontanées ; par M. A. Terreil. (Commissaires, MM. Chevreul, Milue Edwards, Decaisne, Reguaull, Bernard.) (> Tout le monde connaît les belles expériences de Loewel, qui démon- trent que les dissolutions salines sursaturées ne cristallisent point, lorsque lair que l'on met en contact avec ces dissolutions a été soumis à certaines uifluences, telles que le passage sur du coton, le passage dans des tubes qui ont été chauffés légèrement avant les expériences, etc., etc. » J'ai pensé que ces influences si remarquables, et jusqu'à présent si peu expliquées, pourraient également exercer quelque action sur les productions de moisissures qui se manifestent dans certaines liqueiu's organiques. I.,es expériences que je vais décrire semblent confirmer ces prévisions. » Je dispose des fioles en me plaçant dans les conditions des expériences de Lœwel et comme je les ai indiquées dans une Note insérée dans les Comptes rendus de l' Académie des Scicmes, t. Ll, p. 5o4 ; seulement dans mes nouvelles expériences l'extrémité des tubes est chauffée, non plus vers 4o à 5o", mais bien vers 120 à i So", et ensuite refroidie lentement à l'abri des courants d'air. . (II.. ( 85o ) » Dans les fioles je remplace les dissolutions salines par des liqueurs or- ganiques, pouvant présenter des phénomènes de moisissures, et je reconnais que certaines circonstances qui dans les expériences de Lœwel s'opposent à la cristallisai ion des sels, paraissent au?si exercer quelque influence sur la production des moisissures. » Ainsi, de l'urine introduite dans des fioles dont les tubes avaient été chauffés avant les expériences et dans des fioles dont les tubes étaient dans leur état ordinaire pour servir de point de comparaison, a présenté les phénomènes suivants, après y avoir fait passer un volume considérable d'air atmosphérique et l'avoir ensuite abandonnée à elle-même. » Dans les fioles dont les tubes n'avaient point été chauffés, la liqueur s'est couverte en très-peu de temps d'une épaisse couche de moisissure. » Dans les fioles dont les tubes avaient été chauffés, l'urine est restée intacte, aucune production végétale ne s'y était développée, même après deux mois d'expérience. » En me réservant de développer plus tard les conséquences des faits que je viens d'annoncer, je puis déjà conclure de mes expériences : qu'il ne suffit pas d'amener au contact des liquides organiques les germes tenus en suspension dans l'air atmosphérique pour que ces germes se développent aux dépens de la matière organique , mais qu'il faut encore que les liqueurs organiques soient dans un état favorable au développement des germes re- producteiu's, puisque, placé sous l'influence des forces mystérieuses qui agissent dans les expériences de Lœwel, un liquide putrescible comme l'urine ne donne plus naissance au phénomène de moisissure. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur l'air des Maremines de la Toscane; par M. E. Beciii. (Extrait.) (Commissaires, MM. Boussingault, Regnault, de Quatrefages.) " Les expériences qui font l'objet de ce Mémoire avaient pour objet de faire connaître la cause du mauvais air, mal-aria, fléau qui, en certaines saisons, domine plus spécialement à l'état endémique les Maremn)os de la Toscane. La localité que j'ai préférée à toute autre pendant plusieurs années pour mes recherches est la campagne voisine du marais de Scarlino. Elle est regardée comme un des endroits le |)lus insalubres de nos INLireuunes où les fièvres endémiques ont la plus grande intensité. ( 853 ) » On peut considérer ie terrain qni constitue celte localité connue com- posé de trois couches bien distinctes, c'est-à-dire la couche inférieure, formée de terre marine abondante en coquillages; la couche moyenne, composée de restes de végétaux en décomposition ; la supérieure, du limon qu'a charrié et charrie toujours dans ses crues le torrent /-"ecocrt. Selon mes observations, la couche de terre marine contient très-])eu de traces organiques et de 3,493 à 5 pour 100 de chlorure de sodium; la couche moyenne, jusqu'à 3o pour 100 de matières organiques, et 0,082 de chloriu'e de sodium : une grande partie de ces matières organiques n'est pas encore décom|)osée entièrement, mais une partie se trouve déjà transformée en idmine, humine, en acides ulmique , humique , crénique, apocrénique, etc., etc. Eniin la couche supérieure, formée plus récemment, est presque tout argileuse : elle contient très-peu de matières organiques, et 0,0 i/j pour 100 de chlo- riu'e de sodium seulement. J'ai lieu de croire que la nature et la compo- sition du terrain susindiqué sont à peu de chose près les mêmes dans tout le littoral des Maremmes qui est affligé par la mnl-nria. » Si on observe l'air de ces localités dans ses composants principaux, spécialement dans les proportions d'oxygène et d'azote, on ne trouve aucune différence avec l'air des lieux les plus salubres : ainsi j'attribue les différences presque insensibles qu'on peut prouver par l'analyse, phitàt à des erreurs dans l'observation qii'à des véritables différences de quantité. IMais en ce qui regarde l'acide carbonique, il est de fait que dans l'été par- ticuhèrement il augmente sensiblement dans la nuit. 1) L'ammoniaque qu'on trouve dans l'air est assez variable, et toujours en plus grande quantité en été. J'ai trouvé dans les mois de cette saison que I 000000 (un million) de parties d'air contenaient jusqu'à 18,9117 d'am- moniaque, tandis qu'en hiver il en contenait à peine 3,7060. Il en est de uiénie pour l'hydrogène, qu'on trouve difficilement en hiver, tandis qu'en été on en a des traces appréciables. » La quantité de vapeur aqueuse dissoute dans l'air parvient au maxinuun dans les mois de l'été, et il n'est pas rare de trouver dans l'air jusqu'à ao grammes d'eau par mètre cube(i). Cet état hygrométrique , plus évi- dent pendantle souffle des vents de sirocco (S.-E.), produit chez les individus, même sains et robustes, un malaise, une agitation indéfinissables. Le sys- (i) g août 1859. ( 854 ) tètne tmisculaire perd de son activité, et la personne ressent un sensible abattement. » Les premières expériences que je fis sur l'air des Marenimes pendant l'été, montrèrent rpi'il y avait dans cet air une matière organique facile à condenser dans de I acide sidfurique mêlé d'eau. Pour en examiner la nature, je fis traverser une assez grande quantité d'air dans des tubes chauffés conte- nant de la chaux soudée. Je recevais ensuite les substances qui pouvaient être contenuesdans la solution, dansdestiibescontenant de l'acide chlorhydrique. Les traces d'hydrochlorate d'ammoniaque que j'y trouvai me firent sup- poser que la matière orgaiique dans l'air était de nature azotée. J'étais éga- lement incHné à supposer, d'après d'autres expériences, que l'hydrogène pur. OH combiné à d'autres corps, était le véhicule au moyen fiuquel la ma- tière organique se développait dans l'air. J'en concluais que très-probable- ment le miasme des Marem mes était dû à la matière organique développée avec l'hydrogène. Reconnaissant ensuite comme un fait que le mélange des eaux douces avec les eaux salées était, en certaines conditions, une cause de la mal-aria, j'en cherchai la raison dans l'action qu'exerce sur la fermentation des matières organiques le mélange de différentes quantités de sel. Ce phé- nomène, je le voyais répété sur tout le littoral ou le terrain ayant un sous-soi manu portait par capillarité à la surface une quantité de chlorure de sodium, et conséquemment la matière organique y existant était favorisée dans sa dé- composition parla présence du sel marin. Cette opinion, émise dans mon pre- mier Mémoire, était tout à fait erronée, et c'est a M. Boussingaulf que je dois de m'avoir tracé la bonne voie j)our de nouvelles expériences. u J'ai émis plusieurs fois l'opinion, » disait M. Boussingaiilt, « que 11 l'examen des météores aqueux conduira à la connaissance de cer- . tains principes que l'atmosphère ne contient qu'en des proportions .. excessivement faibles, quoique leur action sur les êtres organisés soitévi- » dente, et quelquefois funeste. J'ai fait voir que la pluie, surtout . quand elle commence, entraîne des substances que l'on tenterait en vain M de doser avec l'analyse directe. La rosée, mieux encore que la pluie, ■; condense et concentre ces substances. - 0 c'est sur la rosée, ou naturelle, ou artificielleincnl provoquée dans l'air des Maremmes, que j'ai fait mes recherches. Je l'ai obtenue avec la glace ou avec des mélanges frigorifiques lorsque je ne pouvais pas la lecueil- lir naturelle; et je dois avertir que mes expériences ont eu lieu dans diffé- rentes époques de l'année, mais plus particulièrement dans les mois de juin, juillet, août, septembre, octobre et novembre. Tels sont les faits que j'ai ( 855 ) reconnus. r>a rosée qu'on recueille dans les mois susdits est très-luupide : elle n'a ni fadeur, ni odeur : dans quelques cas, assez rares, elle sent un peu le marécage. Sans aucune action sur les papiers réactifs, elle ne donne au- cun sicne d'altération lorsqu'on l'abandonne à elle-même sous une tempé- rature de 23" centigrades. Quelquefois seulement il s'y forme, après [)iu- sieurs jours, des filasses qui surnagent dans le liquide. Ces filasses observées au microscope se reconnaissent pour des plantes de l'espèce des algues, qui se trouvent aussi dans l'eau distillée abandonnée j)our quelque tem[)s ,1 elle-même. Mais la rosée fraîchement recueillie et soumise au microscope ne montre aucune particularité. Le liquide de la rosée évaporé soigneu- sement dans une capsule de platine laisse un résidu de couleur jaune sale, qui se dessèche dans une couche semblable à un vernis. Si l'on expose la capsule avec ce résidu à une plus forte chaleur, il se décompose comme font lesmatièresorganiques, laissant dans le vaseun résidu charbonneux. L'odeur qui se répand pendant la décomposition, au lieu de ressembler à celle des matières organiques animales, rappelle celle des substances végétales. Le seul azotate d'argent, versé dans l'eau de rosée, réagit d'une manière tres- remarquable et vraiment caractéristique. Quelques gouttes de la solution (le ce sel, tombées dans le liquide delà rosée, lui donnent une fort belle couleur rouge-rubis plus ou moins intense, en l'exposant à l'aclion directe ou réfléchie de la lumière ilu soleil. Cette coloration disparaissant après quelque temps, on aperçoit le dépôt d'une poudre de couleurmarron foncé. Avant fait barboter de l'ozone à travers l'eau de rosée, il n'a produit au- cun phénomène particulier; mais le chlore a décomposé la matière orga- nique. Tout ce qui précède n'est référable qu'aux expériences sur la rosée en août et septembre, mois les plus insalubres dans les Maremmes; je n'ai pas réussi à obtenir dans l'hiver de pareilles réactions. 1) Ayant tâché d'établir le plus exactement possible la quantité de matière organique contenue dans l'air ijue je condensai dans le mois d'août iSSg, à différentes heures du matin e! du soir, j'eus pour résultat (ju'elle s'élève à o^', 00027 P^'' niètre cube. J'obtins de même de la rosée artificielle une certaine quantité du précipité rouge foncé que produit l'infusion de l'azotate d'argent. Cette précipitation, lavée à l'eau distillée et parfaitement séchée, je la décomposai en la chauffant dans un tube avec de la chaux sou- dée, obtenant toujours un peu d'ammoniaque, mais en quantité fort va- riable. » Quant à l'oxyde d'argent qui s'y assemble, j'ai pu calculer qu'il y en a en moyenne -22,5 pour 100. Ayant tenté d'analyser cette matière orga- ( 856 ) iiiquL' combinée avec l'oxyde d'argent dans ses éléments, je n'y ai pas réussi, vu les trop petites quantités de carbone, d'bydrogùne et d'oxygène qu'elle contient. Néanmoins je croirais, par les résultats obtenus, qu'elle serait assez semblable à l'acide ulmique, ou bien aux matières brunes que pro- duit la putréfaction des parties végétales ou animales. Je ne pense pas qu'elle soit azotée; l'azote qu'elle contient provient probablement de l'am- moniaque, qui peut s'y trouver combinée ou condensée. En distillant celte matière organique avec de l'acide sulfurique, on obtient des traces visibles d'acide formique et d'acide acétique; dans le contact de l'eau de rosée avec de l'oxyde de fer hydraté, la matière organique s'y combine. » Des expériences dont je donne le détail dans mon Mémoire m ont con- duit à penser que les matières organiques et végétales trouvées dans les ter- rains marécageux des Maremmes ne sont pas pendant l'été dans les condi- tions les plus favorables pour leur putréfaction. L'humidité, le contact avec l'air, et un certain degré de chaleur, sont alors dans ces terrains dans des proportions propres à leur décomposition. Les chlorures terreux ou alca- lins ne m'ont pas semblé non plus devoir y prendre part, quoiqu'ils puissent probablement favoriser la décomposition des matières organiques entrete- nant dans le terrain une certaine humidité. » Je dois avertir que dans la putréfaction des matières végétales il s'en- gendre toujours une grande quantité de vapeur aqueuse. Le professeur Paid Savi avait déjà soupçonné que l'humidité de l'air des Maremmes, si abon- dante au conmiencemeut du jour et à son déclin dans les endroits malsains, devait être en grande partie attribuée à la combinaison directe de l'oxygène atmosphérique avec l'hydrogène dérivant des émanations des marais, des étangs, et autres foyers d'infection. Le doute exprimé par ce savant illustre est maintenant pour moi une vérité, en nième temps qu'une des plus belles prévisions sur une des causes de l'état hygrométrique de l'air dans les Ma- remmes. » En effet, 5 atomes de cellulose végétale dans leur métamorphose en acide humique, en acide crénique et apocrénique, laissent libres 64 atomes d'hydrogène, lesquels se transforment en eau aux «lépens de l'oxygène de l'air. Mais en voulant prendre d'autres moyens pour expliquer les méta- morphoses (|ui constituent la putréfaction des matières végétales, on obtien- dra toujours un reste (l'hydrogène (pii, en combinaison avec l'oxygène atmosphérique, doit engendrer de la vapeur aqueuse. Outre cela, la pro- priété particulière d'owdcr l'hydrogène, que j'ai constatée dans le terrain marécageux contenani des matières organi(]ues en décomposition, me four- ( 857 ) nil mie prouve évidente de la susdite formation de la vapeur aqueuse. En effet si dans l'été on place dans une atmosphère isolée contenant un mélange d'hydrogène et d'oxygène une quantité de ce terrain avec matières orga- niques, suffisamment mouillé, on verra que peu à peu les deux gaz dispa- raissent. Cette propriété du mélange des deux gaz de se combiner en pré- sence du terrain marécageux en fermentation, me paraît due à une simple action cataly tique, et il me semble naturel que cette eau, pour ainsi dire à l'état naissant et s'évaporant dans l'air à mesure qu'elle se forme, puisse entraîner avec elle mécaniquement de faibles quantités d'un produit né de la fermentation des matières organiques, l'entraîner dans l'acte même, et peut-être dans le même point où la combinaison de l'hydrogène avec l'oxy- gène a eu lieu. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations physiques, chimiques et météorologiques recueillies à la statioiï thermominérale des Eaux-Bonnes [Basses-Pyrénées); par M. DE PiETRA Santa (Extrait par l'auteur.) (Commissaises, MM. Andral, Peligot.) « A. Observations relatives au nouveau système de division extrême de l'eau dite pulvérisation. — i*^ Dans l'acte de sa pulvérisation l'eau thermomi- nérale de Bonnes perd une grande quantité de calorique. Pulvérisée à 3i", elle n'arrive au point d'aspiration qu'à 17 ou ib". 2" La seule élévation de température de l'eau de Bonnes à 60° lui fait perdre mie partie de sa sulfuration (quantité représentée par ^ de division du snlfhydrometre Dupasquier). 3° Par sa pulvérisation, l'eau de Bonnes perd la très-grande partie de sulfure de sodium qui en forme un des éléments minéralisateurs les plus importants. L'analyse chimique n'en retrouve plus que des traces. » B. Observations relatives aux recherches ozonométriques [papier Jame, échelle Bérign/). — La quantité d'ozone répandue dans l'atmosphère suit la même progression que l'humidité de l'air atmosphérique. La courbe de l'ozone est en raison directe de celle formée par les constatations succes- sives de l'hygromètre Saussure. » C. Obseï valions relatives à la thermalité de leau de Bonnes. — D'obser- vations thermométriques répétées, il résulte que dans les premières minu- tes l'eau de Bonnes se refroidit plus promptement que l'eau ordinaire préalablement portée à la température de 32°. La différence est de 2" eu- C. R., 1861, i" Semeurc. (T. 1,11, N" 17., I 12 ( 858 ) viroii njirés les cinq prcmii'res miinitos et après une demi-heure. A ce uio- ineiit : l'eau minérale est descendue de Sî" à a5°, et l'eau ordinaire de Ba" à ir". Par contre l'eau sulfureuse froide (source du Bois à i4") s'échaufferait plus vite rpie l'efiu ordinaire. En [)Iaçant dans un bain-marie à 44° f^c l'eau du torrent et de l'eau sulfureuse froide, au bout de cincf minutes l'eau de torrent est à -24") ft l'eau minérale est à ■>.%^. » Je me propose de répéter les dernières expériences avec des instruments plus précis. « HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur les puits artésiens de Venise; exlrnil d'une Lettre de M. G. Grimaud de Caux, à l'occasion d'une réclamation récente de MM. Degousée et Laurent. « Les auteurs de la Lettre citent INL Arago et M. Balard. M. Arago n'a fait aucun Rapport : il a donné seulement l'analyse d'une Noie que M. De- gousée lui avait envoyée de Venise en 1848 el que j'ai citée dans ma communication. Elle se trouve à la page 5o du tome XXVI (séance du 10 janvier 1848) dans les Comptes rendus. Quant à M. Balard, je ne con- nais de lui aucun écrit concernant les eaux des puits artésiens de Venise, ('t les Comptes rendus ne contiennent rien de lui sur ce sujet. » Les chiffres de ma Note sont relatifs à la qualité des eaux et à leur quantité. » L Quantité des eaux artésiennes de Venise. — L'analyse de ces eaux a été faite quatre fois : » 1° Par une Commission delà municipalité, composée de trois profes- seurs de l'École technique, Scuola tecnica, MM. Bizio, Zantedeschi et Pisa- nello, el par deux autres chimistes MM. Galvani et Cardo : cette Commissiou a fait (]eux analyses et deux Rapports; » 2° Par M. Ragazzini, professeur de Chimie médicale à l'Université de Padone : on lui avait envoyé l'eau à Padoue; » 3° Par une troisième et dernière Commission composée de deux chi- mistes : MM. Zanon de Belluno et Cenedella de Brescia, et de MM. Peno- lazzi, médecin; Zilliottn, chiriu'gien, et Malacarne, ingénieur. » Les quatre analyses sont conformes. De plus, la première Connnission, dans ses âcux Rapports, a déclaré que les eaux étaient de mauvaise qualité. La troisième Commission a exprimé la même opinion dans les termes sui- vants : Essn présenta i caratteri délia cattiva (i< (Renvoyé, ainsi que le Mémoire de M. Béchamp, a une Commission composée de MM. Chevreul, Dumas, Pelouze. ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fuchsine et son calraclion fin produit de l'action du nitrate mercmeux et de celui du bichlorure d'élain sur l'aniline, en réponse à une réclamation de M. Schneider; par M. A. Béchamp. « La preiDière difficulté que les chimistes rencontrent dans l'étude d'une réaction nouvelle, c'est celle d'éliminer l'excès des éléments intervenus ainsi que les produits accidentels. Ils sont alors souvent obligés d'imaginer un procédé de traitement préliminaire pour pouvoir ensuite tirer parti de la fonction, base ou acide, du composé de nouvelle formation. Dès le début de nies études sur les matières colorantes dérivées de l'aniline et de ses ho- mologues, j'ai été arrêté par une difficulté de ce genre. Après avoir constaté l'insolubilité de la plupart de ces produits dans la benzine et dansl'éther, je me suis servi de ces dissolvants comme moyen de purification. Le premier Mémoire sur ces questions a été présenté à l'Académie dans les premiers ]ours du mois de mai 1860, inséré par extrait aux Comptes rendus^ et en entier dans les annales de Chimie et de Physique, août 1 860. Le procédé de traitement par la benzine et l'éther se trouve à la page 4o4 f^c ce Recueil. M. Sclnuidcr a donc tort de dire {Compte rendu de la séance du i5 avril) que « je suis seul apte à juger s'il existe quelque analogie entre mon pro- « cédé de purification, qui n'a été publié nulle part, et le sien qui se M trouve suffisamment décrit dans les Comptes rendus de l'académie des » Sciences du mois de décembre et dans d'autres journaux scientifiques. » » Dans le fait, ce savant n'avait rien publié sur ce sujet, autant qu'il est à ma connaissance, avant le mois de septembre 1860, époque où son procédé de purification se trouve inséré dans le Répertoire de Chimie appli- quée^ p. 294. Le passage de ma Note contre lequel il réclame avait simple- ment pour but de constater lidentité des deux manières de procéder. )) .le me réserve de ré|)ondre plus tard aux questions, étrangères à ce débal, que soidéve M. Schneider; je le prie seulement de vouloir bien attendre le fin d'un travail qui m'occupe depuis dix-huit mois. » (Renvoyé, ainsi que la Note de M. Schneider, à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreul, Dimias, Pelouze.) * ( 863 PIIYSIQUIC DU Gl.oniL. — Nouvelle analyse chimique de l'eau thermale de Bnlaruc-les-Bains ; par MM. A. Béciiasip et A. Gautier. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) « Le Mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie con- tient la description de la méthode qui nous a guidé dans notre travail. Voici le tableau sommaire de cette nouvelle analyse, rapportée à looo grammes. Analyse du printemps 1 85g. Gaz pour looo centimètres cubes.. . . < Oxygène. . . i ,79 Azote II ,63 Acide carbonique. . . . 0,7570 Litliine o,O025 Acide silicique 0,0228 Clianx... o,735i Acide borique 0,0080 Magnésie o,448c> Acide sulfurique o,G53o Peroxyde de fer 0,0012 Acide nitrique., traces. Alumine Chlore 4)949° Oxyde de manganèse.. ( o ,00 1 1 Brome traces. Acide phosplioriquc. . ) Soude 3,7333 Oxyde de cuivre 0,00042 Potasse 0,0788 ') Celte composition a été vérifiée par des dosages faits dans les trois autres saisons de la même aunée et par des expériences de contrôle. Nous avons trouvé que la composition numérique varie, mais dans d'étroites limites, même dans l'intervalle d'un demi-siècle. En effet, quoique notre analyse diffère notablement des analyses anciennes de Brougniarl (1804 ■, de P. Figuier (i8og), de M. Rousset et de MM. Marcel de Serres et Louis Figuier (1840 et 1848), on remarque cependant que nous sommes re- tombés sur les mêmes nombres pour le chlore, pour la soude et pour la magnésie. » La températtn'e moyenne de cette eau varie aussi, mais pour reveiiii' toujours à 49°-, comme l'avait trouvé P. Figuier en 1809. " Sa densité a varié de 1,00782 à 1,0075. )) L'eau de Balaruc est donc une eau thermale salée, magnésienne cui- vreuse, et se trouve la première de la famille à laquelle appartieuneuJ ( 864 ) Bniirbonne-les-Baiiis et Wiesbadoii : Wic&baden (Kochbrunnen) Bourbonne Balaruc. (Frëséniiis.) ; Figuier et Mialhe.) Chloruie de sodium. .. 7,o45 6,835 5,783 Sels magnésiens i,o32 0,207 ''j^ga Oxyde de enivre o , 00042 Traces. Traces. » M. Frésénius a trouvé le cuivre dans les dépôts des eaux de Wiesbaden et non dans l'eau de Bourbonne elle-même. La découverte du cuivre dans l'eau de Balaruc nous a expliqué son action purgative, que ne nous expli- quaient pas les anciennes analyses. » L'eau de Balaruc ne conlient pas d'arsenic. — L'arsenic qui a été trouvé dans les concrétions vient des tuyaux de plomb qui conduit l'eau dans les réservoirs. Ce plomb contient 0,0167 pour 100 d'arsenic. » Elle ne contient pas d'iode. — Nous avons démontré celte absence sur le résidu de l'évaporation de l'eau en présence de la potasse caustique et débarrassé le plus possible du chlorure de sodium par des traitements à I alcool. Cependant en opérant comme nous l'avons fait, on peut répondre de^-^— (i). .. 3QOOOO "■ ^ (i) La réaction de l'iode sur l'amidon peut être entravée par plusieurs causes qui tiennent ;i l'amidon d'une part et aux réactifs que l'on emploie pour déplacer l'iode de l'autre. L'amidon contient des matières albiiminoïdes qui peuvent masquer l'influence de l'iode. Pour se procurer de l'amidon très-sensible, on opère comme M. Béchanip l'a conseillé. Préparation de F amidon pour la recherche de l'iode. — On traite l'empois de fécule la plus pure par — de son poids d'une dissolution saturée de potasse caustique, et l'on maintient le mélange en ébullition constante jusqu'à ce que l'empois se soit complètement liquéfié. La liqueur est alors élendue d'un peu d'eau et sursaturée par l'acide acétique. La liqueur étant franchement acide, on y verse de l'alcool qui précipite la fécule à l'état d'un magma volumi- neux qu'on lave complètement avec de l'alcool à 60° centigrades, puis avec de l'alcool de même concentration acidulé d'acide sulfurique et enfin avec de l'alcool pur du même degré. C'est de la fécule ainsi préparée et desséchée dont on se sert pour faire la solution de fécule on la délayant dans l'eau chaude. Cette solution se colore toujours en bleu pur et non violacé par les petites quantités d'iode. Pour déplacer l'iode, on peut se servir de chlore, de brome, de nilrile dépotasse. Nous prê- terons le nitrite de plomb, surtout lorsqu'il s'agit de très-petites quantités. Vojci comment nous avons opéré pour établir les limites de sensibilité. Nous avons dissous o^' , i d'iodure de plomb ( 865 ) TECHNOLOGIE. — Sur une nouvelle matière textile, le fibrilin ; extrait d'une Lettre de M. Vattemare. (Commissaires, MM. Payen, Decaisne.) « L'attention des économistes et des industriels des États septentrionaux de l'Union américaine s'est depuis longtemps éveillée sur un nouveau produit, obtenu dans le Massachussetts, ayant pour objet de remédier à la rareté et même an manque absolu du coton. Le nom de Fibrilia, sous le- quel ce produit est connu, est une désignation générique des fibres qu'on extrait de plantes américaines assez diverses, cultivées ou sauvages, et qui se rencontrent dans les autres parties du monde placées sous les mêmes latitudes. Celles de ces plantes, actuellement cultivées pour l'industrie cotonnière, qui paraissent les plus susceptibles d'être avantageusement employées, sont le lin, le chanvre et lechina-grass. Parmi les autres plantes pouvant être converties en Fihrilia, on cite les suivantes : Aloes, althéa, ananas, bruyère, canne à sucre, chardon, feuilles de mais, feuilles de pal- mier, fougère, gazon de diverses espèces, genêt, houblon, indigo sauvage, jonc, mauve, mûrier noir et blanc, ortie, osier, tiges de haricots, de pois, de pommes de terre, paille de céréales f avant maturité), rue sauvage, sar- •s-asin, ceps de vigne, etc., etc. » Le Fibrilia peut être employé seul ; il donne alors une étoffe différente de toutes celles actuellement en usage, et qui possède, avec la douceur et la flexibilité du coton , toute la beauté du fil. Ce produit se mêle indistinc- tement et avec avai)tae;e avec la laine et le coton. S. Exe. le Ministre. des dans looo centimètres cubes d'eau, r cenlimètrfe cube de cette dissolution traitée par une trace de nitrite de plomb (environ i milligramme) en présence d'un peu de solution d'ami- don et par une goutte d'acide sulfurique étendu, ou mieux d'acide nitrique étendu, a produit une coloration bleue intense, i centimètre cube de la dissolution ci-dessus a été étendue à lo centimètres cubes par une addition d'eau. En opérant comme ci-dessus avec t centimètre cube de la nouvelle solution, nous avons obtenu une coloration bleu de ciel : sensibilité environ. Pour que la coloration soit contestable, il faut étendre la dernière liqueur 2OO0OO de son volume d'eau, r'est-à-dire lor.s([u'il n'v a plus que ,— — d'iode. Nous apprécions 400000 ' ' avec certitude diode par le procedr. 000000 1 r ■;. R., 1861, 1" S.mejir, . (T. LU, N" 17., Il3 ( 866 ) Étals-Unis a bien voulu me remettre un travail fort remarquable sur l'ex- traction et les propriétés du Fihrilia, avec des échantillons de matières brutes et de tissus. C'est après avoir lu ce travail que je me suis décidé à faire connaître le nouveau produit, je dirai même la nouvelle industrie dont il s'agit au gouvernement et aux sociétés savantes. » Si, jusqu'à ce jour, en Amérique, on n'a guère cotonisé, c'est-à-dire transformé en équivalent du coton, que du lin, du chanvre et du china- grass, c'est parce que ces plantes s'y trouvent, en ce moment, les plus com- munes, le lin surtout, qu'on cultive en immense quantité, dans l'ouest, pour la graine exclusivement; la tige en est jetée comme inutile; l'abon- dance et le bon marché du coton ayant toujours fait repousser l'idée de créer des manufactures de toile. En ce qui concerne la colonisation des autres plantes citées plus haut, les essais faits prouvent qu'elle est possible; seulement, dans l'élat présent des choses, elle entraîne des frais trop con- -sidérables pour qu'on puisse la pratiquer industriellement. » L'idée de coloniser le lin, le chanvre, etc., n'est certes pas nouvelle Si les essais nombreux et parfois très-persévéranls qui ont été faits dans cette direction, jusque dans ces dernières années, n'ont pas été couronnés de succès, c'est que l'idée de coloniser le lin, au moment où le coton était si abondant et à si bas prix, paraissait une pure utopie, et ne pouvait, tout d'abord, paraître autre chose. » Cependant, malgré les échecs de ses devanciers, M. ***, de Boston, ne craignit pas des'avancer dans la même carrière. Convaincu de la possibilité de trouver une fibre susceptible d'être substituée, ou du moins adjointe au coton, il continua ses ex|)ériences. Encouragé par le succès, il fonda, en i854, sur le canal du Niagara, une usine pour la fabrication d'une fibre à laquelle il donna le nom de Fibrilia, qui lui est resté, et il parvint bientôt à alimenter quatre fabriques, fondées de i854 à 1857, '''°'^ dans le Rhode- Island, et une dans le Massachussetts. I^es opérations successives, cardage, tissage, etc., ne diffèrent en rien de celles usitées pour le coton. Ces manu- factures sont maintenant en pleine activité, et les événements |)olitiques qui s'accomplissent dans l'Union vont inévitablement donner à cette fabrica- tion une impulsion extraordinaire. » M. Faget communique les résultats de quelques expériences qu'il a faites à l'occasion d'une communication récente (séance du i5 avril). « Nos expériences, dit l'auteur, ne sont guère que la reproduction défaits déjà connus; mais il était bon qu'ils fussent constatés de nouveau, puis- ( 867 ) qu'en admettant dans toute sa généralité une proposition contenue dans le Mémoire de MM. Béchamp et Saint-Pierre, ou eût dû considérer ces faits comme entachés d'inexactitude. » (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) M. Baudrimont adresse de Bordeaux les conclusions d'un Rapport fait par une Commission dont il était le rapporteur, sur les résultats obtenus par le soufrage de la vigne dans les communes de Ludon et de Macau (Médoc). Ce Rapport a été fait à la demande de M. le Préfet du département de la Gironde. « Les faits que nous avons constatés, dit le rapporteur, mettent telle- ment hors de doute l'efficacité du soufre pour combattre l'oïdium, que j'ai pensé que l'Académie pourrait prendre quelque intérêt à ces faits qui peuvent exercer une influence considérable sur la richesse de la France. » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Boussingault, Payen, Decaisne.) M. MouRA-BouRouiLLox soumet au jugement de l'Académie im Mémoire ayant pour titre « Description du pharyngoscope. Origine, mode d'emploi et utilité de ce nouvel instrument d'optique ». (Commissaires, MM. Flourens, Rayer, Bernard.) M. Zenker, professeur d'anatomie pathologique à l'Académie médico- chirurgicale de Dresde, présente une série de propositions « Sur les altéra- tions du système musculaire dans la fièvre typhoïde ». (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Fremy.) M. Sautenet adresse de Bombouillon (Haute-Saône) les figures accom- pagnées de légendes de divers dispositifs de pompes. (Commissaires, MM. Morin, Combes.) M. WiLDBERGER, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un ouvrage sur les scolioses (courbures latérales de la colomie vertébrale) et leur traitement au moyen d'un appareil de son invention, y joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux concuixents, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Renvoi à la Commission des pris de Médecine et Chirurgie.) ii3.. ( 868 ) CORRESPOXDAIVCE M. LK Secrétaire perpétuel présente ;tM nom de M. A.-B. Granuille des leclierches shitistiques basées sur onze années d'observations dans deux hospices de femmes en couche et portant sur plus de 12000 cas, recher- ches comprenant tout ce qui a rapport à la grossesse et à l'accouchement chez les femmes appartenant aux classes ouvrières de Londres, aux épo- ques où commence et où cesse la fécondité, au nombre des enfants, etc. M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la cor- respondance un livre de M. Hijfelsiwim « Sur les applications médicales de la pde de Volta », et donne, d'après la Lettre d'envoi, une idée de quelques-uns des résultats exposés dans ce travail. « La propriété physiologique la plus importante que j'aie trouvée dans le cours de mes recherches, c'est, dit M. Hiffèlsheim, pour les courants con- tinus, leur action sédative sur les nerfs du sentiment et siu" les centres ner- veux eux-mêmes, et, pour le courant interrompu, l'action excitante, parfois avantageuse, qu'il exerce sur les nerfs du mouvement. « M. le Secrétaire perpétuel signale encore un opuscule de M. Jacobi « Sur le platine et son emploi comme monnaie ». L'Académie sait que M. Jacobi a consacré naguère plus d'une demi-année à suivre et à continuer à l'École Normale les expériences concernant le traitement du platine imaginé par MM. Sainte-Claire Deville et Debray. Son opuscule contient des détails nouveaux et intéressants sur l'histoire de ce métal et ses différents emplois. M. Kauli.v, professeur de géologie à la Faculté de Bordeaux, prie l'Aca- démie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la chaire de géologie vacante au Muséum d'Histou-e naturelle de Paris par suite du décès de M. Cordier. M. Raulin joint à cette demande une indica- tion des liavaux qu'il croit pouvoir présenter comme titres à cette distinc- tion. Dès que M le Ministre de rinstriiclion |)ublique aura mis l'Aca- démie en demeure de lui présenter une liste de candidats, la Lettre de M. Raiiliii sera renvoyée à l'examen de la Section de Minéralogie et dp Géologie chargée de préparer cette liste. ( 869) CHIMIE. — Sur les combinaisons formées /xir les hroniiires mélaUicjues avec télher; par M. J. IXicklès. « Aux combinaisons que les bromures de bisuuith, d'antimoine et d'ar- senic sont aptes à former avec l'étlier on l'idcool et que j'ai tait précédem- ment connaître (Comyotes rendus, t. LU, p. 3()6), il tant ajonter les sui- vantes, qui sont du même ordre et qui partagent les propriétés générales des premières. » Au nombre de ces combinaisons nouvelles se trouve l'éther bromo-alu- minicjue, qui s'obtient facilement en Iraitant l'éther anhydre par du brome et de la limaille d'aluminaun ; l'attaque se fait avec une grande énergie, et pour la modérer, il est nécessaire de plonger le ballon dans l'eau froide; on ne tarde pas à obtenir les deux couches caractéristiques; l'éther cherché se trouve dans la couche inférieure. » De tous ceux que j'ai obtenus, c'est le seul qui soit volatil sans dé- composition notable; en ne recueillant que les derniers produits de la dis- tillation, on obtient un sublimé jaune, très-fusible, trés-déliquescent, qui devient blanc quand on i expose sous luie cloche sur l'acide sulfurique. Les résultats fournis par l'analyse élémentaire tendent à s'accorder avec la formule Br' AP + aC'H'O, qui rappelle celle des éthers bromo-métalliques que j'ai fait précédemment connaître. » De même qu'eux, il désorganise la cellulose; le papier qui avait servi à le filtrer a été transforiné par lui, en peu de jours, en glucose. Est-ce le bromure lui-même qui occasionne cette transformation, ou bien ne la pro- duit-il que médiatement en ce qu'il constitue une source de BrH qui peut se dégager à l'état naissant? C'est ce que je ne saurais décider. « Par le même procédé, j'ai obtenu un éther iodo-aluminique; l'iodure d'aluminium est un des rares iodures capables de se combiner avec l'éther. » L'éther hromo-slannique est moins stable que les précédents; il se réduit assez promptement en bromure d'étain ; il cristallise par refroidisse- ment dans son eau mère ; les cristaux sont déliquescents; d'après un dosage d'étain (22, 24, pour 100), ils sont formés d'équivalents égaux de bromure et d'élher. » Soumis à la distillation, ils se décomposent, l'éther et le bromure se dégagent séparément; ce dernier se condense en beaux prismes déliques- ( 870) cents qui paraissent appartenir au système hexagonal. L'acide sulfnrique concentré est sans action sur lui, même à chaud. » L'éther bromo-stannique est très-sohible dans l'eau, de même que le bromure d'étain, et l'un et l'autre tournoient avec force à la surface de ce liquide avant de se dissoudre. » Les cthers bromo-zincique et hromo-cadmique offrent peu de stabi- lité; leur formation se complique de celle de l'hydrocarbure de brome; ils fument à l'air, sont solubles dans l'eau et communiquent à celle-ci toutes les propriétés des sels de zinc ou de cadmium. » Le nickel, le cobalt et le cuivre ne s'attaquent que peu et à la longue; la couche inférieure se compose, en majeure partie, d'hydrocarbure de brome. » Mais le fer est vivement attaqué par l'éther bromure; il se produit un éther bromo-ferrique d'un rouge intense qui se décompose sous l'influence de la chaleur. Il se dissout dans l'eau, qu'il colore en jaune plus ou moins foncé; la dissolution possède les propriétés des sels ferriques. » Dans les mêmes circonstances, le mercure forme promptement deux couches ; l'éther bromo-mercurique qui se trouve dans la couche inférieure se décompose assez promptement et abandonne une cristallisation de bro- mure de mercure, d'ailleurs assez soluble dans l'éther et régénérant les deux couches avec lui. » Les eaux mères dans lesquelles le bromure de mercure excédant s'est déposé) possèdent une composition définie qui cadre avec la formule Br^'Hg-i- 3C*H»0 à en juger par les résultats fournis par le dosage du mercure : 34, 21 p. 100; la formule exige 34, i']- n L'or et le palladium se dissolvent un peu dans l'éther bromure; le liquide rouge qui se forme à cette occasion est, en majeure partie, de l'hy- drocarbure do brome. Le platine n'est pas altéré. » [^'argent est attaqué peu à peu et se transforme en bromure d'argent qui reste à l'état de poudre blanche au fond du verre. Le plomb se com- bine plus rapidement et forme, au bout de quelques heures, du bromure de plomb. Comme il est assez soluble dans l'eau bouillante, on peut ainsi, eii peu de temps, obtenir une abondante cristallisation de ce bromure. » L'éther n'en dissout rien, pas plus que l'alcool. Comme le bisnuith se dissout aisément dans l'éther bromure, on pourra probablement tirer parti de ce fait dans l'analyse ; c'est un point que je me propose d'examiner. ( 87' ] » Un autre point sur lequel j'ai à appeler l'attention, c'est qu'il n est pas indifférent de projeter le métal dans l'éther bromure ou de le plonger d'abord dans le brome et d'ajouter ensuite l'éther; l'attaque se fait bien mieux dans le premier cas que dans le second, et il y a tel métal, par exem- ple le cadmium ou le mercure, qui donne promptement lieu aux deux couches lorsqu'on verse le brome sur le métal trempé dans l'éther, tandis que par l'opération inverse les deux couches ne se produisent qu'au bout de quelques heures. » Cette attitude des métaux à l'égard du brome rappelle la passivité du fer, du nickel et du cobalt en présence de l'acide azotique fumant {Comptes rendus, t. XXXVII, p. 284). C'est un fait tout nouveau, intéressant lui grand nombre de corps simples et que je m'efforcerai d'approfondir dans un prochain travail. « CHIMIE ORGANIQUE. — Note Sur le chlorure de campliorile; par M. A. Moitessier. « Le chlorure de camphorile se produit, comme les autres chlorures d'acides , par l'action du perchlorure de phosphore sur l'acide campho- rique. On l'obtient facilement en chauffant pendant huit à dix heures à 100" un mélange de i équivalent d'acide camphorique hydraté et de 2 équivalents de perchlorure de phosphore. L'action, très-vive au début, est accompagnée d'un dégagement de gaz chlorhydrique dû à la déshy- dratation de l'acide camphorique; il se produit en même temps de l'oxy- chlorure de phosphore, qui facilite la réaction en dissolvant les deux sub- stances. L'opération est terminée quand le liquide de la cornue ne laisse plus déposer de cristaux d'acide camphorique anhydre par le refroidisse- ment; il suffit alors d'élever la température jusqu'à i5o°, afin de chasser l'oxychlorure de phosphore, et le chlorure de camphorile reste dans la cornue. Sa formation s'exprime par l'équation suivante : C'°H'«0' -+- 2PCP = C"*H'*0*CI + 2POCI' + 2HCI. Chlorure de camphorile. » L'acide camphorique anhydre n'est que très-difficilement attaqué par le perchlorure de phosphore si l'on chauffe un simple mélange des deux substances, mais la réaction s'effectue avec facilité si l'on dissout le mé- lange dans de l'oxychlorure de phosphore. » Le chlorure de camphorile constitue un liquide jaunâtre, d'une odeur ( ^1-^ ) pénétrante, plus dense (^ne I eau. Sa composition est représentée par la formule C'»H'*0='CI. Il se décompose lentement, an contact de I air Inniiide on de 1 eau froide, en acide camphorique et acide chlorhydrique ; cette décomposition est beaucoup plus rapide au contact de l'eau bouilhuUe, » La chaleur altère le chlorure de camphorile, qui brunit sous son influence; vers 200°, il se décompose complètement en dégageant du gaz chlorhydrique; il se forme en même temps un sublimé d'acide anhydre, et il passe à la distillation une faible quantité d'une huile épaisse, plus dense que l'eau, dont l'odeur rappelle celle de l'essence de citron. Les produits distillés ne renferment qu'une très-petite proportion de chlorure de cam- phorile. Le résidu de la cornue consiste en une matière résineuse brune, mêlée de charbon. L'altération dont nous venons de parler s'effectue déjà en partie à roo°, ce qui rend fort difficile la préparation de ce corps à l'état de pureté. » I^e carbonate d'ammoniaque réagit vivement sur le chlorure de cam- phorile en le transformant en camphoramide C'H'^N^O*. On obtient la même substance par l'action du gaz ammoniac sec La camphoramide est soluble dans l'éther et dans l'alcool: l'évaporation l'abandonne sous la forme d'une masse visqueuse, qui se concrète au bout de plusieurs semaines eu une masse à cassure cristalline. « L'aniline versée goutte à goutte dans du chlorure de camphorile pro- duit une élévation considérable de température, et le mélange se prend en une masse solide qui paraît être la camphoranilitle. Cette matière est fort soluble dans l'alcool et dans l'éther, qui abandonnent par l'évaporation une matière visqueu.se qui ne s'est pas solidifiée même après plusieurs mois. <> PHYSIQUE. — Deuxième Note sur la théorie des condensateurs cylindriques , par^l. J. M. Gal'gaix " Je me suis occupé dans une preiuière série de recherches [Comptes rendus, 18 février 1861 ) des condensateurs cylindriques roncentriques, c est- a-dire des condensateurs que l'on obtient en mettant en présence deux cylindres de même axe et de diamètre différent ; j ai déterminé la relation trè.s-simple qui existe entre la charge de cette espèce de condensateur et les layousdu cylindre f|ui constituent ses armures. Les nouvelles expériences dont je vais indiqiiei les résultats ont eu pour but de lesoudre un autre ( 873 ) problème : je me suis proposé de rechercher suivant quelle loi la charge varie, lorsque les diamètres des cylindres armures restent constants et qu'on se borne à faire varier la distance de leurs axes en les maintenant toujours parallèles l'un à l'autre. » Les résultats exposés dans ma première Note tendent à justifier les vues de M. Faraday, mais ne suffisent pas cependant potn- démontrer que la théorie ordinaire de l'influence doit être définitivement abandonnée. J'ai constaté que dans le cas des condensateurs cylindriques concentriques les résultats de l'expérience s'accordent très-exactement avec une formnie qui peut être déduite à priori de la théorie d'Ohm ; mais j'ignore à quelle formule conduirait dans le même cas la théorie de Poisson, et il n'est pas absolument impossible que, malgré la différence de leurs principes, les deux théories conduisent fortuitement à la même loi dans un cas particulier.il y a même ime raison de croire qu'il pourrait en être ainsi dans le cas considéré. En effet l'un des caractères qui distinguent le plus nettement la théorie de M. Faraday de Fancienne théorie, c'est que dans la première l'influence se propage généralementenlignecourbeetquedansla seconde elle s'exercetoii- jours en ligne droite; or dans le cas particulier des condensateurs cylindri- ques concentriques ce caractère distinctif disparait : il résulte de la symétrie de la figure que dans l'une comme dans l'autre théorie l'influence doit se pro- pager exclusivement en ligne droite. Il ne semble donc pas impossible que les deux théories conduisent aux mêmes résultats. )) D'après cette considération, j'ai cru qu'il serait intéressant d'opérer sur des condensateurs dont la disposition ne fût pas symétrique et j'ai entre- pris d'établir empiriquement la loi des condensateurs cylindriques ejcce/j- 1000 .7,5 ..37 20 ii55 23 1241 25 i3io 27 1482 3o 1724 » Si l'on prend pour abscisses les excentricités et pour ordonnées les charges correspondantes, on peut construire la courbe des charges, et il ne reste plus qu'à rechercher si la relation que cette courbe représente s'accorde ou non avec la théorie d'Ohm. Pour résoudre cette équation, j'ai eu recours à une méthode indirecte qui dispense de tout Calcul. » Si l'on imagine que les armures cylindriques du condensateur employé dans les expériences dont je viens de parler, soient séparées non plus par de l'air, mais par un milieu conducteur, et si l'on suppose que ces armures devenues des électrodes soient maiiitcnues à des tensions différentes, il est clair qu'il y aura un flux transmis d'un cylindre à l'autre, et la grandeur de ce flux sera liée à la distance des axes par une relation qui sera d'accord, on n'en peut pas douter, avec la théorie d'Ohm. Si donc on construit em- piriquement la courbe qui représente les flux en fonction de l'excentricité, on pourra considérer cette courbe comme étant l'expression rigoureuse de la théorie, et s'il arrive qu'elle coir^cide avec la courbe des charges fournie par le précédente série d'expériences, il en résultera nécessairement que la loi des charges est elle-même conforme à la théorie d'Ohm. Tout se réduit donc à déterminer expérimentalement la courbe des flux. » Pour arriver à cette détermination, j'ai successivement employé deux méthodes complètement différentes ; j'ai opéré d'inie part sur une dissolu- tion de sulfate de cuivre et de l'autre sur un liquide que l'on a coutume de classer parmi les corps isolants, siu' l'huile d'olive. Les courbes des flux fournies par les deux séries d'expériences ont été identiques l'une avec l'autre et identiques avec la courbe des charges précédemment obtenue. Ainsi la résistance à l influence est exprimée par la même loi que la résistance à la con- duclihililé dans le cas des condensateurs cylindriques excentriques, comme dans le cas des condensateurs cylindriques conccntritpies. (875 ) u Le procédé d'expérimentation que je viens d'indiquer peut être appli- qué aux condensateurs de toutes formes, et je me propose de m'en servir pour exécuter encore de nouvelles vérifications; mais dès ce moment il me paraît à peu près certain que, conformément aux vues de M. Faraday, la même théorie, la théorie d'Ohm, régit à la fois les phénomènes d'influence et les phénomènes de propagation. » Depuis que j'ai terminé les expériences qui font l'objet de cette Note, M. Blavier, l'un des savants rédacteurs des Annales télégraphiques, a eu l'obhgeancedeme faire connaître la formule théorique qui représente la résistance d'un anneau compris entre deux cylindres excentriques. Voici cette formule : elle se déduit facilement de la théorie de la propagation dans un plan que M. Kirchoff a établie en partant des principes posés par Ohm : _ , , ^ K^ -h r' — a' + v/(R + /•-+- y-) (R + r— g) (R — r + a) (R — /■ — g) _ ■ *= R'-t- '^ — «'— v/(RH-r+aJ (R + r — a) (R _ r -h a) (R — r — a)' f) représente la résistance, R et r les rayons dès cylindres, a l'excentricité, A" est une constante. Je me suis assuré que cette formule représente d'une manière très-satisfaisante la courbe que je suis parvenu à tracer empirique- ment, soit par l'étude des flux, soit par l'étude des charges. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur l' électricité atmosphérique ; par M. P. Volpicelu. (Seconde Note.) « En continuant mes recherches sur l'électricité atmosphérique près de la surface terrestre, dans les journées qui ne sont pas orageuses, relatives seulement à sa qualité, et non à sa mesure, j'ai été conduit à de nouveaux résultats, que j'ai maintenant l'honneur de communiquer à l'Académie, en suivant l'ordre des numéros progressifs de ma première Note (i). u 7° Si l'on fait monter une pointe métallique à la hauteur d'iuie autre bien fixe, et qu'on recueille l'électricité de celle qui monte, l'électricilé de celle-ci sera positive, lors même que l'électricilé recueillie de la pointe fixe est négative. Si, après avoir élevé la pointe, on la fait d'abord commu- niquer avec le sol, et puis descendre, l'électricité de la descente sera tou- jours négative. (i) Comptes rcnrtus, t. LI, si'ance du 16 juillet i86o, p. C)4. 114. ( 876) » S" Cela a lieu Je même pour un globe métallique ascendant ou descendant, non-seulement par rapport à la qualité de l'électricité, mais à peu près aussi par rapport à sa quantité. Donc la pointe et le globe, contre l'assertion de M. Raemtz (i), s'accordent à fournir l'électricité, tant en montant qu'en descendant en plein air. » 9° Si la pointe mobile porte une flamme, alors l'opposition sera plus énergique que dans le septième cas, entre les électricités obtenues, l'une de la flamme qui monte jusqu'à la hauteur de la pointe fixe, l'autre de cette pointe. Cette opposition ne se vérifie qtie dans la quantité, si la pointe fixe donne le positif; puis elle se vérifie dans la quantité et dans la qualité, si cette pointe fixe donne le négatif. » 10° Si ime flamme d'huile descend, elle manifeste presque toujours le négatif; mais si, ou la flamme d'alcool^ ou les charbons ardents, ou le jet igné d'un éolipyle, descendent ou montent, ils donneront toujours le po- sitif. 1) 11° Une fontaine de poudre pyrique, brûlant dans un lieu fermé, dé- veloppe le positif par le dard de feu, et le négatif par l'enveloppe extérieure. Ainsi eu réunissant plusieurs de ces fontaines on pourrait avoir une ma- chine électrique semblable à celle d'Armstrong. Cependant en plein air celte fontaine, soit fixée en haut, soit ascendante, fournit toujours le positif tant par le jet que par l'enveloppe : si ensuite elle descend, elle donne comme dans un lieu fermé. » 12" Plus l'atmosphère est sèche, moins il faut que la flamme soit ca- lorifique pour changer le négatif de la pointe fixe en positif; et ainsi ujce versa. « i3° Si par un cas exceptionnel, dû à des circonstances particulières de l'atmosphère, une flamme posée sur la pointe fixe ne suffit pour pas chan- ger en positif le négatif donné par celle-ci, une égale flamme en montant jusqu'à la hauteur de cette pointe donnera toujours le positif. » i4° Un fil de cuivre isolé dans toute sa longueur, et même à son ex- trémité supérieure, en le faisant njonter par cette extrémité dans l'air libre, donne avec l'autre le positif, même quand la pointe fixe donnerait le négatif. » i5° En élevant une pointe, ou un globe, et même une flamme d'huile, et, sans les décharger, les abaissant aussitôt d'autant, l'électricité recueillie sur la fin de leur descente a toujours été nulle. Cela confirme l'ancienne ex- ( I ) Cours complet de Météorologie. Paris, i843, p. 494 '^^ ^9^- ( 877 ) périeiice d'Ennann et de Saussure (i), et démontre que l'éleclromètre de Peltier, quaud bien même il serait terminé en pointe, et non en globe, don- nerait les mêmes indications électriques, si on l'employait à la manière de son inventeur, qui crut nécessaire de le terminer en globe (9.). De celte ex- périence résulte que l'électricité induite, c'est-à-dire la contraire de l'indui- sante, n'a pas de tension ; car si elle en avait, on ne pourrait obtenir un ré- sultat nul, en faisant d'abord monter, puis descendre une pointe dans l'air libre. « 16° Les expériences (i4 et i5) démontrent que les phases électro- atmosphériques, produites en montant ou en descendant dans l'air libre, dépendent de l'influence électrique. Cependant si, adoptant l'hypothèse de Peltier (3), on voulait attribuer cette influence uniquement à l'électricité toujours négative de la terre, en supposant l'atmosphère entièrement privée d'une électricité qui lui soit propre, il ne me semble pas facile d'expliquer toutes les phases déjà rapportées. » 17° En faisant parcourir à l'électricité positive, obtenue par l'ascension de la flamme d'alcool dans l'air libre, le fd d'un galvanomètre convenable- ment disposé, l'aiguille de l'instrument a toujours dévié à l'est, quel que fût celui des deux électrodes par lequel l'électricité entrait dans le circuit. Ayant substitué aux aiguilles magnétiques, d'autres en cuivre pur, j'obtins toujours la même déviation. Puis en faisant communiquer les deux élec- trodes avec le sol, l'aiguille ne retourna au zéro qu'après beaucoup de temps. Quant à présent, je me borne à conclure de ce fait, plusieurs fois répété, que l'effet sensible de l'électricité atmosphérique, sur l'aiguille du galva- nomètre, n'est pas magnétique, mais seulement électrostatique; et que cet instrument n'est pas propre aux recherches d'électricité atmosphérique par son peu de sensibilité, par son insuffisance à indiquer la natiu-e de l'électri- cité, et parce qu'il reste longtemps influencé par celle-ci. » 18° Nous avons rapporté dans notre première Note que, dans un lieu fermé, les flammes fixes offrent à peine de faibles traces d'électricité sta- tique : cela s'accorde avec les expériences de M. Schûbler (4). A présent nous pouvons ajouter que la locomotion, soit de la flamme, soit de la pointe, (i) Kaemtz, Cours complet de Méléo/ologie. Paris, i843, p. 493. (2) Kacmlz, Cours complet de Météorologie, p. 494- (3) Kaemtz, Cours complet de Météorologie, p. 49^. — De la Rive, Traité d'électricité, Paris, i858, t. III, p. 112. (4) Journal de Schiveigger, t. XIX, p. i, an 1817. ( 878 ) soit d'un globe dans un lieu fermé, ne donne aucun dévelopjiement sensible électrostatique. » 19° Concluons que les indications électriques obtenues dans l'air libre, ou avec flamme fixe, ou avec globe ascendant, ou avec pointe miuiie ou non de flamme qui monte jusqu'à la hauteur d'une pointe fixe, sont géné- ralement opposées en quantité et en qualité à celles obtenues avec cette pointe, si celle-ci donne le négatif : puis elles sont discordantes dans la seule quantité, si la pointe fixe donne une électricité positive. Il me semble doncqne la pointe fixe est préférable à tout autre moyen, quand il s'agit de rechercher l'électricité de l'atmosphère près de la surface terrestre. La pointe fixe se montrera toujours sensible si, outre le condensateur à piles sèches, on emploie aussi l'association, plusieurs fois répétée, d'un autre con- densateur. » PHYSIQUE. — Sur la solidification de quelques substances ; parM.L. Dcfocr (de Lausanne). n Dans une communication que j'ai eu récemment l'honneur d'adresser à l'Académie, on avu que l'eau, maintenue en suspension au milieu d'un li- quide qui a une densité égale à la sienne, peut se refroidir bien au-dessous de 0° avant de geler. Il était à supposer que d'autres corps, placés dans des conditions semblables, présenteraient un pareil retard de solidification. En voici, pour le moment, trois exemples : » Soufre. — On a déjà signalé (MM. Person, Faraday) la conservation à l'état fluide de ce corps au-dessous de 11 5"; mais c'est une exception dont les auteurs font rarement mention. » Il est facile de préparer une dissolution de chlorure de zinc qui ait la même densité ou une densité un peu supérieure à celle du soufre liquide. Cette dissolution peut être chauffée au delà de i iS" sans bouillir; on peut donc y fondre du soufre qui flotte alors en sphères. Afin de maintenir bien sûrement ces sphères environnées d'un fluide, on peut verser une couche d'huile sur la dissolution. Par le refroidissement, la solidification ne se pro- duit i)res([ue jamais à la température de la fusion. Les globules liquides ar- rivent ordinairement à ■yo", 5o°, etc., avant de devenir solides. La solidifica- tion est spontanée ou bien elle peut être provoquée parle contact d'un corps solide, surtout d'un fragment de soufre; mais dans les conditions spéciales de ces expériences, l'état liquide du corps présente une remarquable stabi- lité. A 60°, on peut parfois introduire dans des globules de 6 millimètres de { 879) diaîîièlre, des cristaux salins, des fils métalliques, etc., sans provoquer une solidification immédiate. Des globules de 4 millimètre de diamètre se con- servent fréquemment fluides jusqu'à la température de 5°, et persistent dans cet état din-ant bien des jours. M Lorsque des sphères de soufre sont encore liquides à 5o° ou 60*^ au- dessous de la température ordinaire de solidification de ce corps, il est vrai- ment intéressant de voir leur changement d'état. La masse fluide, transpa- rente, d'un rouge foncé, se transforme subitement en un fragment dur, opaque et jaune. Cette expérience, si nette et si facile à réaliser, est éminem- ment propre à montrer (dans l'enseignement, par exemple) le phénomène curieux de la surfusion. » Phospliore. — M. Desains a déjà signalé la conservation à l'état liquide de ce corps au-dessous de 44'' • » La méthode applicable au soufre l'est parfaitement au phosphore. La dissolution de chlorure de zinc d'une densité convetiable est recouverte d'une couche d'huile afin d'éviter le contact de l'air. Les globules liquides et transparents de phosphore se voient très-nettement, et leur solidification ne se produit que bien au-dessous de 44°- Des sphères de i à 2 millimètres de diamètre arrivent facilement à 5° et même à 0°. L'état liquide est aussi remarquablement stable, et le changement d'état donne lieu à des observa- tions analogues à celles relatives au soufre. » Naphtaline. — La fusion et la solidification ont habituellement lieu à la température de 79°. Ce corps a sensiblement la même densité que l'eau ; il est cependant un peu moins dense à l'état liquide. Avec des précautions convenables, on peut réaliser aussi le phénomène de la surfusion. Il suffit de fondre le corps dans un ballon rempli, jusqu'au sol, d'eau bouillie; puis d'incliner le ballon de telle sorte cjue la na|)htaline liquide vienne se loger à la partie supérieure du vase, pressée, mais faiblement, contre la paroi de verre. Grâce à la petite différence des densités, ce liquide affecte une forme sensiblement sphérique et n'adhère point à la paroi de verre. J'ai vu ainsi des globules de 8 millimètres de diamètre conserver l'état liquide jus- qu'à 55". « Il est probable que bien d'autres corps, s'ils peuvent être placés dans des circonstances convenables, présenteront un phénomène que les précé- dents, ainsi que l'eau, manifestent d'une façon très-prononcée. Il n'est mal- heureusement pas facile, pour un grand nombre, de réaliser la condition essentielle qui est de traverser la température ordinaire du changement d'é^^ tat pendant que le corps flotte en équilibre dans un liquide de même den- ( 88o ) site. Le liquide choisi comme milieu doit, en effet, réaliser les quatre condi- tions suivantes : avoir la même densité que le corps en expérience, conserver l'état fluide au-dessus et au-dessous de son point de fusion, ne pas mouiller le corps et ne point exercer sur lui d'action chimique. Malgré ces exi- gences, je ne doute pas que la chimie ne fournisse les moyens d'appliquer à quelques substances encore et avec succès la méthode qui permet d'obte- nir si aisément et si sîirement le retard de la solidification de l'eau, du soufre et du phosphore. « PHYSIQUE DU GLOBE ET MÉTÉOROLOGIE. — Plitie de poissons ; tremblement de terre à Simjapore ; Lettre de M. de Casteotac. « J'ai l'honneur de vous soumettre quelques faits qui me semblent méri- ter l'attention de l'Académie. » Nous éprouvâmes ici un tremblement de ferre dans la soirée du i6 fé- vrier à 7*' 34""; il dura environ deux minutes. Sa direction était du S.-O. au N.-E. Sans avoir causé d'accident, le mouvement d'ondulation était très- sensible et causa à quelques personnes des nausées semblables au mal de mer. Il fut suivi de fortes pluies qui, le 20, le 21 et le 22, devinrent de véritables torrents. Ce dernier jour, à 9 heures du matin, la pluie redoubla encore, et pendant une demi-heure nous fûmes entourés d'une véritable lame d'eau; ou ne pouvait rien distinguer à trois pas de dislance. B Sur les 10 heures le soleil se montra et je vis de ma fenêtre un grand nombre de Malais et de Chinois occupés à remplir des paniers de poissons qu'ils ramassaient dans les flaques d'eau qui couvraient le sol et qui ve- naient d'élre formées par la pluie. Leur ayant demandé d'où ils venaient, ils me répondirent que ces poissons étaient tombés du ciel. Trois jours après, lorsque les flaques d'eau se furent desséchées, on trouvait encore beaucoup de poissons morts. » Ayant examiné ces animaux, je reconnus qu'ils appartenaient au Claiias Balraclms, Cuv., Val., espèce de Siluroïde qui se rencontre en assez grande abondance dans les eaux douces de Singapore, de la presqu'île des Malais, de Siam, de Sumatra, de Bornéo, etc. Tous avaient de aS à 3o centimètres de long, ce qui dénote qu'ils étaient adultes. » Ces Siluroïdes, de même que les Ophicépliates, etc., peuvent vivre assez longtemps hors de l'eau et cheminent même à quelque distance à terre, et je pensai d'abord qu'ils sortaient de quelque ruisseau débordé; mais la cour de la maison que j'habite est entourée de murs et ils ne peuvent y être entrés de celte manière. ( 88i ) » Un vieux Malais me dit avoir déjà vu, dans sa jeunesse, le même phénomène. » Je dois faire observer qu'il n'y a dans les environs aucune rivière ni cours d'eau et que ceux qui se trouvent dans l'île sont si peu considérables, que l'on ne peut supposer qu'ils puissent fournir luie semblable quantité de poissons. » L'espace qui fut ainsi envahi par ces animaux peut occuper une ving- taine d'hectares de superficie et comprend la partie orientale de la ville dans le voisinage de l'hôtel d'Europe. J'ai entendu dire qu'on les avait aussi observés sur d'autres points de l'île, lis étaient très-actifs et semblaient en bonne santé. » J'ai fait quelques recherches sur les tremblements de terre qui ont eu lieu depuis l'établissement des Européens dans cette colonie. Je crois qu'il u'v en avait eu que trois avant celui-ci. T>e premier, dans la nuit du 24 no- vembre i833, à 8'' 35"" : forte vibration du sol qui dura un peu plus d'une minute et suivie de deux autres secousses, l'une <à [\ heures et l'autre à près de 5 heures du matin ; direction de l'E. à l'O.; beau temps. Le deuxième eut lieu en 18,37, T'élis je ne puis en trouver la date. Il paraît seulement que la mer fut très-agitée et qu'elle forma une très-forte vague. Le troisième eut lieu le 6 janvier i843, et je trouve dans le Fvee press la note suivante : .' Le 5 janvier fut remarquablement chaud, la nuit belle et calme. » A II heures du soir le ciel était couvert de légers nuages; à minuit, » temps très-couvert et remarquablement frais; une demi-heiu'e plus tard }> (la'' So™) on sentit un tremblement de terre qui dura de 8 à 10 secondes, )> direction de l'E. à l'O. Il y eut ensuite un peu de pluie; mais à 7 heures » du matin du 7, commencement des pluies diluviales qui duièrent jus- » qu'au 1 1 janvier. » » A Singapore on a cru observer que les tremblements de terre étaient toujours accompagnés d'éruptions dn grand volcan de Sumatra le Gounong Berapi. » J'ai cherché à étendre ces observations aux autres îles du détroit de Malacca et j'ai trouvé qu'à l'île du prince de Galles (Pulo-Pinang) le trem- blement de terre du 16 février avait été bien senti à peu près à la inème heure qu'à Singapore ou, dit- on, quelques minutes auparavant. » On en avait éprouvé un le 23 novembre 1837 à 2'' 18™. Il fut très-fort et causa beaucoup de terreur; il dura 1™ l^^ Sa direction était E.-N.-E. à 0.-S,-0. Les murs de la douane furent crevassés. C. R., 18G1, 1" Semeure. (T. LU, N" 17.) I l5 ( 882 ) » En 1 852 i sans date) à S*" So" du malin une très-faible secousse ; l'atmo- sphère très-calme. » En 1843, le 5 janvier à minuit, choc assez fort et un autre plus faible le 8 à 2 heures de l'après-midi. » A Malacca le choc dn 16 février 1861 fut fortement senti et le 2*3 du même mois on en éprouva un autre-à 11'' 44'" dusoir. Il fut suivi d'un véritable déluge J'ai noté avec d'autant plus de soin le fait assez singulier des poissons, que j'ai déjà eu occasion, pendantmon séjour au cap de Bonne- Espérance, de soumettre k l'Académie le fait de ra|)parition de quelques espèces nouvelles de poissons après un tremblement de leiTe. » Peut-on supposer que le 21 févriei- dernier nous eussions été visités i)ar une trombe qui aurait aspiré de nombreux poissons d'eau douce en passant sur quelque large rivière de Sumatra et qui les aurait lancés sur son pas- sage? Je ne soumets qu'en tremblant une semblable hypothèse. » Les Malais de la presqu'île de Malacca ont été tres-eltravés du dernier tremblement de terre, et chaque jour l'on voit une vingtaine de grandes barques remplies de pèlerins se rendre à Piilo-Bessar pour prier le Dattoh Kramat de rendre la tranquillité à la terre et de faire cesser les pluies. » Ces pluies torrentielles semblent accompagner en général les phéno- mènes de ce genre dtms ces régions, car les .Malais expliquent par la tradi- tion suivante les commotions du sol : « La reine des fées, Polrie, a été réduite en esclavage par le nain Gomionq » Lediing qui la relient dans les fers, mais qui s'endort quelquefois. Alors » la princesse s'échappe et va danser dans les forêts avec les tilles de l'air. » Lorsque le nain, à son réveil, vott que sa capture lui a échappé, il " frappe du pied le sol avec force et le fait trembler, puis il lâche les écluses •> du ciel, et le déluge, mouillant les belles ailes de la pauvre reine, l'cmpéche » de prendre son essor, et il peut alors la saisir et la reporter au sonunet » de son rocher. » M. l'abbé Labokoe adresse luie Note concernant quelques observations qu'il a faites sur les circonstances qui hâtent ou qui retardent l'inflamma- tion spontanée du phosphore. Il pense que ces observations offrent quelque intérêt comme pouvant servir à rendre plus rares les accidents auxquels ou est exposé en maniant cette dangereuse substance. La i^éance est levée a 5 heures. F. 883 1 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ■ig avril 1861 les ouvrages dont voici les titres : Annales du Conservatoire des Jrls et Métiers; n" 4, avrd 186!. Paris, i)r. in-8". Mémoire sur la conservation des bois; par M. A. Payen. (Extrait des .^«//r/fes du Conservatoire des Arts et Métiers.) Paris, 1861; br. in-8". Annuaire de la Société Météoroloijique de France , t. VIll (1860), a" partie, mars 1 861 ; in-8'^. Sur le platine et son emploi comme monnaie; par M. JacOBI, Membre de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Saint-Péterbourg, 1860; br. in-8°. Bulletin de C Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux- Arts de Belcjique. 3o'' année, 2^ série, t. H, n" 3. Bruxelles, i86i;br. in-8". Mémoires de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres d'Aix. Aix, 18Ô1 ; br. in-8''. Séance publique de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix. Aix, 1861 ; br. in-8". Examen comparatif du rouge dandine de M. Lautli et Depouill/ et de la fuchsine de MM. Benard frères et Franc; par M. ROPP. Paris, 1 86r ; br. in-8". La Bourgogne, revue œnologique et viticole; par C. T.ADKEY. 28" livraison, i5 avril, 18G1. Dijon, br. in-8". Notice sur les travaux scientifiques île M. V. Rauliin, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux ; avril i8in ; br. ii)-8". Nouvelaperçu sur la théorie de l' infloi escence ; par M. D. Clos. (Extrait du Bulletin de la Société Botanicpie de France, séances du 1 1 et du ^S janvier i 861 .) Br. in-8". Calodes et axes adés ; par M. D. Clos. (Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse, ,'»'' série, !. V, p. 71). Br. in-8''. Lettres sur la folie ; par ]e D' E. LiSLK, 2"' série. Paris, 1861; br. in-8". toiture d'ambulance suspendue du D' Michel Cantoni; br. in-8". Elude chimique des eaux minérales de Lamalou (Hérault); jxu- Albert MoiTESSiER. Paris, 1861 ; br. in-8". (Présenté par M. Balard.) Des applications médicales de la pile de Fallu; par le D' HlFFELSHEIM. Paris, 1861 ;br. in-8". De la mesure des aires sphcriques; par A. BORGNET. Tours, 1860; br. in-8°. ( 884 ) Ellipse donnant les inclitmisons, les déclinaisons et tes intensités de tonte époque pour Paris; par M. J. Lelaisant; 2 exempl., cartes gr. in-fol. Atti. . . Actes de l'Institut rojal Lombard des Sciences^ Lettres et Beaux- Arts; vol. n, fasc. 10-11. Milan, 1861 ; in-4°. De quibusdam novis Insectorum generibus descriptis iconibusque illustratis ab Achille Costa. Naples-, br. in-^"- Osservazioiii siiir allevaniento... Observations sur l'éducation de versa soie de fjraine de Chine apportée en Italie jiar Castellani, éducation faite à Naples sous les auspices de la Société royale d' Encouragement ; Mémoire lu par M. Ach. Costa dcms la séance du i4 juin 1860. The Journal of. .. Journal de matière médicale, de Pharmacie et de Chimie, dirigé par M. J. Bâtes ; vol. III, 11° 4i ^'^ril 1861. New-Labanon (État de New-York) ; in-8". The Journal of the Roval... Journal trimestriel de la Société Rojale de Du^/m (juillet-octobre). Dublin, i86o;in-8°. Pharmaceiitical Journal... Journal pharmaceutique ou Compte rendu des travaux de la Société de Pharmacie de Londres; vol. II, n° 10, avril 1 86 1 ; in-S". On certain phenomena... Sur certains phénomènes, faits et calculs relatifs à la faculté de propagation chez les femmes des classes ouvrières de Londres. Résumé d'une expérience de onze années dans deux établissements de femmes en couches, et de l observation de plus de 1 2000 faits; Mémoire de A.-B. Granville, M. D., vice-président de la Société d'obstétrique de Londres; tu à cette Société dans la séance du 1 mai 1 860 ; br. in -8". Verhandlungcn.. . Communications faites à la Société des naturattsles et des médecins d'Heidtdberg ; vol. II, partie 3 (octobre 1860 mars 1861); in-8". Maguetische und meteorologische... Observations magnétiques et météoro- logiques de Prague; XXV année (i" janvier-3i décembre 1860). Prague, i86i;in-4°. Streiflichter und... Coup d'œit sui t'orlliopédie : la scoliose [déviation laté- rale du rachis), ses causes et son traitement an moyen d'appareils de l'invention de l'auteur; par M. J. Wildberger. Erlangen, 1861 ; in-8''. (Destiné au cou- cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉIIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI G MAI 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « M. Floitress fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la qua- trième édition de son livre intitulé : De l'Instinct et de l' Intelligence des Animaux, édition qui vient de paraître. » CHIMIE APPLIQUÉE, — Quekjiies remarques concernant la théorie de la teinture, la pratique de ses procédés et le commerce des étoffes teintes relativement au consommateur; par 'M. E. Chevreul. (Suite.) Il" Point. — Distinctions propres à donner toutes les garanties désirables au conunercc des étoffes teintes, en respectant d'une manière absolue la liberté de l'industrie. « De l'impossibilité de maintenir la distinction des étoffes teintes en deux catégories absolument différentes, il ne s'ensuit pas qu'on doive né- gliger de tenir compte de la différence de leurs stabilités respectives; mais, pour rester dans le vrai, il faut que les étoffes teintes soient considérées isolément, sans se préoccuper de les grouper d'après la considération de l'identité de l'étoffe, de l'identité du mordant ou de l'identité de la matière colorante, et encore d'après la considération du procédé de teinture; puis- que les résultats peuvent varier, toutes choses égales d'ailleurs, si l'étoffe, ou le mordant, ou la matière colorante, ou enfin le procédé, varie. En effet, la cochenille fixée par un mordant d'étain résiste plus à l'air lumi- neux sur la laine que sur le coton; la cochenille fixée sur la laine résist( bien différemment, suivant que le mordant est du tartre et de la composi- tion ou du tartre et de l'alun, et à plus forte raison de l'alun pur. Enfin Fin- C. R., 1861, i" Semestre. (T. LU, N" 18.) , i '6 ( 886 ) digo (le cave fixé |)ar mon procédé est notablement plus stable que quand il l'a été par le procédé ordinaire. » Ma notation des couleurs quant à leur spécialité optique, à leur ton et à leur bruniture, permet de représenter, delà manière la plus précise possible en pareille matière, la stabilité respective des différentes étoffes teintes que l'on a soumises comparativement à l'air lumineux pendant des temps dé- terminés. Indigo de Clive IndÎRO de cuve Cocbenille ■+■ t.irire Cochenille pari e procédé par le procédé -1- composition -t- tarlre Cochenille de M . Chevreul. ordinaire. d'étain. -(-alun. -t- alun. I mois. +5 Perte 3,6 4-5 -t-Il zérOfi^ 6 mois . . . Perle : zéro 7 , 1 zéro 25^ 4itV I an. . . . • zéro 9,0 22,5 35 A . 58 ^ Garance -+- larire Garance G aude +alun -)- com position d'élain. H- larlre •+- alun. -\- tartre. I mois. . -t- 7 28 Perte 6,7 4o,o 60 + 6,6 46,0 -Vf Perte. 60 \4 Perte. 6 mois. . I an. . . . 38 » En reproduisant le \" tableau ( i ) sous une autre forme, on voit que, dans les étoffes réputées de grand teint par l'ordonnance de Colbertde 1671, les variations sont considérables, puisqu'on a les extrêmes suivants pour la perte de la couleur, cette couleur étant estimée être de 100 degrés avant l'exposition. / I mois de zéro à 6'', 7 Après \ 6 mois de zéro à 46 \ I an de zéro i 60. » En examinant les étoffes de laine du 11^ tableau, sauf l'étoffe teinte ;ui fustet, nous avons les résultats suivants : Caithame. Curcuma. lîocou. 1 mois Perte 86"i 75'^ 44"* 2 mois 93 6 mois y3,8 88 ' an 96,42 94 96 » On voit que pour les trois étoffes les moins stables ou les plus altéra- bles, les variations extrêmes sont : . ( I mois de 86** à 44'' '"""(6 mois de 93,8 à 88 » Enfin, en examinant les étoffes du IIP tableau, en y comprenant le fustet du IP tableau, on voit que les étoffes se rapprochent beaucoup les unes des autres, puisqu'au bout de l'année elles avaient perdu de 72 degrés àôS'^jS, (i) Foir l'article précédent. ( 887 ) sauf le brésil + bain de physique qui n'avait perdu que 62'', 5, et qu'après 6 mois elles avaient perdu de 66 degrés à 46'',9, sauf le brésil + bain de physique qui n'avait perdu que 43'', yS. )( Je tire cette conclusion que les couleurs de ce tableau peuvent être considérées comme un ensemble dont la dégradation moyenne est assez bien représentée : après i mois d'exposition, par une perte de i4 degrés, et après 1 an, par une perte de 68 degrés de couleur. Campêche Acide siilf- Campêche -t- bain de Brésil Brésil -+- bain Fuslet-t-alun. indijotique. -t-alun. physique. -J-alun. dephysiquu. d d !i mois 22+^ i3,46 2,7 25 22,7 zéro 6 mois.... 64+ Tô %)Oo 4^)9 55 5i,5 ^^j1^ I an 72 4--iV 69,00 68, g 70 68,2 62, 5o » Le tableau suivant représente les changements que les étoffes de laine que j'ai prises pour exemple éprouvent par une exposition de i mois, 6 mois et I an. En représentant par 100 degrés la couleur au moment de son expo- sition à l'air lumineux, on obtient des nombres comparables, dont la pré- cision est très-satisfaisante, parce qu'ils représentent des dégradations qui, jusqu'à l'usage des gammes des cercles cliromatiques, avaient échappé à toute mesure précise. Ce tableau montre bien, quant à la stabilité, la con- linuité des couleurs des diverses étoffes teintes et l'impossibilité de réduire ces étoffes en deux groupes distincts. Dégradations des couleurs exprimées en degrés, après une exposition à l'air lumineux de 1 mois, 6 mois, i an. Indigo de cuve par mon procédé + 5 zéro zéro \ Indigo de ctive par le procédé ord. . . 3,6 7,2 g > très-stables. Cochenille -)- tartre -f- comp. d'étain ... + 5 zéro 22,5 ' Cochenille ■+- tartre 4- alun + 11 25 35 j , , j, • D oo 1 stables. Garance -f- tartre -H comp. d ctam ... H- 7 20 3o ) Cochenille -+- alun zéro 4 ' ^8 \ Garance H- tartre -+- alun 6,7 ^o 60 ' moyennement Gaude -)- tartre -+- alun -1-6,6 46 60 i stables. Brésil -f- bain de physique zéro -f- 43,75 62,5 ' Brésil -h alun 22,7 5 1 , 5 68 , 2 j Campêche -I- alun 2,7 â5,Q 6S,q j *^ . . '> T 'r» movennenient Campêche + bain de physique 25 55 70 , h • 1 1 Acide sulfîndigotique i3,4 Sg 6g | Tustet -H alun -t- tartre 22-^^ 64rj 72-n; ' Rocou 44 88 96 j altérables (^^"'■c"'"^' 75 93.8 94 ( très-allérables. Carthame 86 96, 4^ 96,42 1 116.. ( 888 ) » Peut-être sétonnera-t-on de l'insistance que j'ai mise à démontrer l'impossibilité de maintenir la distinction des étolfes en étoffes de cjrand teint et en étoffes de petit teint . J'alléguerai pour ma justification qu'avec nia con- viction profonde des erreurs occasionnées et trop longtemps entretenues, par des iliillnctiuns absolues telles que celles dont je viens de parler, j'ai pro- fité d'une occasion particulière de reproduire des idées auxquelles jattach beaucoup d'importance, dans l'opinion où je suis qu'elles sont propres à bannir de plusieurs sciences des distinctions que l'on peut très-bien consi- dérer comme les premières tentatives des méthodes que l'on qualifie d'aiti- ficielles en histoire naturelle. Car aux expressions lYéloffes de grand teint et d' étoffes de petit teint que l'on substitue celles d'acides et d'alcalis, de combu- rants et de combustibles, de corps électronégatifs et de corps électropositifs, appliquées âdes groupes absolument circonscrits, et l'on sera dans l'impos- sibilité de définir ces groupes, tout aussi bien qu'on l'est de définir entre eux les deux groupes d'étoffes, parce qu'en effet entre tous les corps dont nous parlons il y a continuité réelle, et que dès lors il est impos- sible d'établir une ligne de démarcation entre les uns et les autres. Lorsque nous fixons notre attention sur des choses que nous voulons connaître, soit pour notre utilité ou noire agrément, soit même pour les étudier au point de vue de la science, les distinctions absolues sont les premiers fruHs de notre attention ou de notre étude, parce qu'en effet les différences, les oppositions de ces objets entre eux nous frappent bien plutôt que leurs analogies. Ce n'est que plus tard, lorsque, par de nouvelles études, nous avons découvert des objets qui se placent entre les extrêmes, que nous apercevons l'impossibilité de maintenir la distribution des objets en des groupes distincts. L'Académie me permettra de revenir sur ce sujet dans un Mémoire où, à propos de la couleur envisagée comme propriété ou attribut des corps yiufl»ai, j'exposerai quelques considéralionssur la méthode naturelle et sur les conséquences qu'on déduit de la production des^ma- tieres colorantes dans l'économie des individus appartenant à une même espèce animale ou végétale. Je donnerai de nouveaux développements sur la manière la plus avantageuse d'étudier des objets quelconques dont on a fait des groupes distincts, quoique ces objets fassent partie d'une série dont les extrêmes seuls ne sont distincts les uns des autres qu'à la condition de supprimer les objets intermédiaires. La manière d'étudier ces objets la plus avantageuse dont je veux parler est précisément celle que j'ai suivie dans ces considérations; elle consiste à étudier d'abord les extrêmes et ensuite les moyens; elle est absolument d'accord avec l'histoire même des ( 889 ) études de ces objets, et plus je vais, plus je suis convaincu que nos dis- tuictions de différentes branches de sciences tenant à la faiblesse même de l'esprit humain, il faut en envis;iger l'enseignement conformément à celte faiblesse même et non le déduire de l'opinion qui suppose cet esprit parfait. 1- Maintenant que j'ai exposé mes raisons sur l'impossibilité d'admettre l'exactitude du pnncî'yye sur lequel reposait l'ancienne distinction des étoffes de c/rand teint et des étoffes de petit teint, distinction à laquelle étaient subordon- nés tous les règlements des teinturiers répartis en plusieurs corporations, je vais émettre quelques vues relatives à l'art de la teinture envisagé au point de vue de l'industrie, du commerce et de la consommation de ses produits. » Il n'y a d'autre principe possible en matière d'industrie, dans l'état actuel de la société, que le principe de la liberté. « Mais le mot liberté n'a de sens qu'à la condition d'être défini par la loi. Sans cela, celui qui prétendrait en user en dehors de ce que la loi prescrit, s'arrogerait un pouvoir despotique , la faculté de faire ce qu'il voudrait, c'est- à-dire le droit du plus fort ou plutôt prétendrait à Vabus de la force. » A quelles conditions la liberté peut-elle exister dans l'industrie de la teinture? A la condition que le produit fabriqué sera vendu pour ce qu'il est aux consommateurs. Ceux-ci, avec la législation actuelle et les règle- ments administratifs, auront, pour peu qu'ils le veuillent bien, les moyens de ne pas être trompés sur la valeur des étoffes teintes, parce que, dès qu'il y aura chez un certain nombre d'entre eux la volonté, avant d'acheter, d'avoir la garantie de la marque du fabricant et de la nature du produit, ils l'ob- tiendront, et cette exigence sera aussi bien dans l'intérêt de l'industriel hon- nête et habile que dans le leur propre. Eu effet, de ce que le consommateur demande un bleu de cuve, de l'écarlate de cochenille ou de lac-Dye, un jaune de gaude, c'est qu'il connaît la durée de ces coidenrs appliquées sur les étoffes teintes avec l'indigo de cuve, la cochenille, le lac-Dye et la gaude, et qu'avec cette connaissance il payera sans hésitation la différence réelle de prix existant entre ces étoffes et les étoffes de même couleur de petit teint. » Avant d'aller plus loin, j'ai hâte de dire qu'en parlant des étoffes grand teint dont la garantie serait un bien pour l'industrie elle-même, en tant que le consommateur connaîtrait mieux la différence existante entre les étoffes teintes, je n'entends parler que des étoffes destinées à l'ameublement et aux vêtements d'une certaine durée. Mais je n'ai rien à dire des étoffes de luxe destinées à l'habillement des femmes; car les couleurs que le teinturier y a appliquées sont plus exposées à la lumière des bougies qu'à celle du soleil, et d'ailleurs la mode ne leur accorde qu'une faible durée. Cependant, dans l'intérêt de l'industrie nationale, je recommanderai aux teinturiers sur soie de s'abstenir autant que possible de passer leurs soies une fois teintes dans de l'eau aiguisée d'acide sulfurique, afin de donner du cri à la soie. S'ils croient devoir le faire, ils devront s'assurer, après le lavage, qu'un fîl de ces soies encore mouillé, pressé dans un pli du papier bleu de tournesol, n'y laisse pas d'empreinte rouge. De même pour la soie noire que l'on passe dans des bains huileux, ou de savon décomposé par le jus de citron, je leur recommanderai de ne pas abuser de ce moyen ; car si la matière grasse donne du luisant à la soie, une trop grande quantité a le grave incon- vénient de rendre les tissus fabriqués avec elle susceptibles de fixer la pous- sière à laquelle ils sont exposés et de prendre un aspect grisâtre fort nuisible à la qualité de l'étoffe. » Il faut éviter de mettre sur le marché étranger des étoffes qui, à prix égal, pourraient être inférieures en qualité à des étoffes d'origine étrangère ; et avec la liberté actuelle du commerce, il faut en outre que, sur le marché national, notre industrie soutienne, sous le double rapport du prix de vente et de la qualité, la concurrence avec l'industrie étrangère. C'est avec la conviction la plus |)rofonde de l'heureuse influence que peuvent exercer sur l'industrie française les consommateurs-connaisseurs, que j'adresse aux personnes chargées en France de l'enseignement industriel afférent à la tein- ture, de propager, par tous les moyens possibles, les connaissances dont je parle. n Rien ne serait plus efficace que dans les expositions de l'industrie les produits ne fussent jugés que par des personnes compétentes, et non par d'autres, et qu'en outre, des mesures préalables, aux époques des exposi- tions, fussent prises par l'autorité supérieure ahn de mettre à la disposition des jurés des documents authentiques que tout jugement en pareille matière exige pour reposer sur la justice et la science. » C'est avec l'espoir de faire sentir toutes les conséquences que doit avoir le moyen d'évaluer la stabilité ou l'altérabilité des couleurs des étoffes teintes, que j'ajouterai encore quelques réflexions sur des matières colo- rantes nouvelles dont l'usage préoccupe l'industrie française à divers égards et notaunnent par les procès auxquels donne lieu leur préparation, procès bien propres à faire réfléchir sur la législation des brevets d'invention. M Ces réflexions paraîtront dans le prochain Compte rendu, » • ( 891 ) ANATOMIE COMPARÉE. — Recherches sur le groupe des Cétacés. — De l'Encéphale; par MM. Serres et Guatiolet. « Dans la Classification méthodique des Animaux la plus généralement répandue, le groupe des Cétacés occupe le rang le plus inférieur de la Classe des Mammifères. » Si ce rang paraît justifié par l'empètrement des organes locomoteurs chez ces Animaux, il est loin d'être en harmonie avec le développement remarquable de leur Encéphale. Sous ce dernier rapport, en effet, les Cé- tacés accusent une élévation singulière, et le paradoxe qui résulte de l'union d'une forme inférieure dégradée avec un Encéphale si parfait, mérite toute l'attention des Anatoraistes qui se préoccupent des intérêts de la Philosophie naturelle. » Ces raisons expliqueront pourquoi nous nous sommes appliqués d'une manière toute spéciale à l'étude de l'Encéphale du Rorqual, dont nous poursuivons la dissection. Les résultats que nous résumerons ici ne sont pas malheureusement aussi complets sur tous les points que nous l'aurions désiré; nous n'avons pu, par exemple, pousser assez loin l'étude de la structure intime; toutefois il nous a été possible d'étudier et de décrire en détail les formes extérieures, qui sont, à coup sûr, la chose la plus impor- tante à considérer, car les anatomistes savent que les plus grandes modifi- cations affectent bien plus les formes générales externes que la structure intime. » La moelle épinière est grêle, relativement, dans le Rorqual aussibien que dans le Marsouin ; elle se termine, en pénétrant dans le crâne, en un bulbe de grandeur médiocre, dont la forme pyramidale rappelle assez bien la pfiy- sionomie du bulbe de l'espèce humaine. Les pyramides antérieures sont fort saillantes en arrière de l'avant-pont ; elles s'entre-croisent très-profon- dément. On ne voit sur leurs côtés rien qui rappelle la saillie des olives, ces organes, qui ne manquent dans aucun Mammifère, étant probablement dis- simulés par une couche épaisse de fibres arciformes. Les corps restiformes sont grands; quant aux fascia moyens proprement dits, nous n'avons pu nous en faire une idée suffisante, à cause de l'altération de la pièce. Ce vo- lume très-réduit du bulbe rappelle ce qu'on observe dans le Marsouin; la protubérance annulaire a, au premier abord, une grande ressemblance de forme avec celle des Primates; ses plans superficiels, moins saillants que dans le Marsouin, sont larges et bien développés; toutefois son bord pos- ( 892 ) térieiir est séparé de la saillie des pyramides antérieures par une bande transversale, large de 2 millimètres environ, et légèrement déprimée. » Quelle est la signification de cette bande? représenterait-elle un trapèze? Nous n'avons pu nous arrêter à cette idée, parce qu'elle passe au-dessous de la pyramide antérieure et ne peut, en conséquence, être assimilée, dans ses fibres superficielles du moins, qu'à un avant-pont. Ce serait donc, en grande partie, une dépendance du système des fibres superficielles. » Les pédoncules cérébraux ont, comme le bulbe, un volume médiocre. Dans l'espace intra-pédonculaire , on remarque un titber cinereuni frès- bombé, en forme d'hémisplière, et d'où part une tige hypophysaire bien distincte. Nous n'avons pu suffisamment définir l'état des éminences inam- millaires : en avant, le tuber est limité par deux bandelettes optiques étroites, mais dont le chiasma est fort étendu de droite à gauche. » Enfin, pour terminer l'indication de ces parties du noyau cérébral qui se voient à la face inférieure du Cerveau, nous ajouterons que le champ olfac- tif, moins saillant que dans le Marsouin, est très-large et traversé, sui- vant l'usage, par des bandes fibreuses. Nous n'y insisterons pas maintenant davantage, réservant les détails pour le moment où nous traiterons des lobes olfactifs. » Nous décrirons d'arrière en avant la série des organes ganglionnaires surajoutés au noyau cérébral, les comparant d'une manière continue aux parties homologues de l'Encéphale du Marsouin, pour arriver aune défini- tion plus claire de leur forme. ). A. Du Cervelet. — Dans le Marsouin, cet organe est très-large, globu- leux à sa face inférieure, aplati supérieurement dans les points qui sont recouverts par le Cerveau ; la partie médiane, désignée sous le nom de cul- men, est très-saillante et, par conséquent, les versants très-aplatis sont sen- siblement inclinés. » Le vermis médian est remarquable par sa gracilité, deux sillons mai- gres et profonds le distinguent dans toute sa longueur; sa tête et sa partie caudale sont très-grêles; elles n'ont aucune flexuosité qui puisse rappeler les pelotonnements compliqués que cette partie présente dans les Rumi- nanls et dans les Carnassiers. Les grands lobes antérieurs du cervelet, le cervelet antérieur ont un volume relatif énorme, qui dépasse de beaucoup les proportions de cette partie dans l'espèce humaine. Il serait très-difficile de le subdiviser en lobules, tant les feuilles y sont serrées, tant elles sont parallèles, tant leur aspect est semblable. On pourrait toutefois les croire divisées en lobules verticaux par des sillons qui partent d'un tronc commun ( 893 ) sur les côtés du cervelet et coujient la direction horizontale des feuilles. Mais ces sillons n'ont pas de profondeur et n'interrompent point la conti- nuité de ces feuilles ; et il est évident qu'ils résultent de simples impressions vasculaires. » Ces grands lobes antérieurs sont séparés des lobes latéraux par une grande scissure horizontale, qui se prolonge sur les côtés de la masse céré- belleuse, jusqu'au pédoncule cérébelleux moyen : c'est là le sillon horizontal du cervelet. » Du fond de cette scissure naît, aux deux côtés du vermis médian, lui lobule étroit, mais quQla direction oblique de ses feuilles, non moins que ses relations, permet de définir avec certitude. Ce lobule, très-réduit et fort court, est évidemment l'analogue du lobule semi-lunaire. En arrière de ce lobule, on remarque les deux grands lobes latéraux, séparés parla vallée médiane qui loge la queue du vermis. Ces lobes, formés d'une chaîne courbe de lobules, s'atténuant de plus en plus, se recourbent sur les côtés du cer- velet et limitent, jusqu'à son extrémité externe, la scissure horizontale. Il n'y a d'ailleurs sur les côtés de ces lobes aucune trace de ces enroulements compliqués qui forment, dans le Phoque et dans les Carnassiers, les vermis latéraux : ces vermis sont, pour ainsi dire, atrophiés, et le seul vestige qui reste de ces formations, est un lobule pneumogastrique extrêmement réduit, au-devant duquel une assez grande dépression des lobes antérieurs loge les nerfs acoustiques. » En résumé, le cervelet antérieur est au maximum ; les cervelets laté- raux, très-développés, sont loin d'avoir un volume équivalent; le lobule semi-lunaire est petit. Enfin le vermis médian est grêle et sans replis, et les vermis latéraux, qui manquent absolument de floccule, sont plus réduits encore. » Il est impossible de ne pas faire remarquer la coïncidence de ces faits avec ceux que présente la constitution de la moelle, du bulbe, et du pont de Varole. » Le grand volume des cervelets latéraux correspond à une protubérance annulaire fort développée dans ses couches superficielles ; les cervelets antérieurs sont plus grands encore, et cette prééminence coïncide avec un plus grand développement relatif des fibres profondes du pont, qu'on voit, en effet, former un véritable trapèze sur lequel les pyramides dépi'imées se distinguent à peine. » Du cervelet du Rorqual. — De même que celui du Marsouin, le cervelet du Rorqual est caractérisé surtout par un grand développement de ses C. R., 1861, t" Semcsire. (T. LU, N» 18.) ' '7 ( 894 ) parties latérales. La forme de ces parties n'est pas toutefois absoliuuent la même : elles sont plus globuleuses; rien n'y rappelle ces aplatissements et ces versants qui sont propres à la face supérieure du cervelet du Marsouin. Cette différence sera aisément expliquée, si l'on rappelle que le cerveau du Rorqual, moins refoulé en arrière que dans le Marsouin, ne recouvre point au même degré la face supérieure du cervelet, en s'ajustant, pour ainsi dire, avec elle. u Par suite de cette disposition et de cette indépendance réciproques, on concevra aisément comment, dans le Rorqual, il n'y a point de culmen, et, par conséquent, de versants; une dépression assez apparente entre les parties latérales remplace le culmen. Les deux sillons latéraux qui limi- taient la partie antérieure du vermis dans le Marsouin, manquent d'une manière complète; le vermis, en conséquence, n'est parfaitement distinct que dans sa partie caudale, logée et fort recourbée dans la profondeur de la vallée médiane du cervelet. » En résumé, le développement du vermis est tel dans le Rorqual, que sa courbe est surtout développée dans ses parties inférieures, tandis qu'au contraire, dans le Marsouin, ce sont surtout les parties antérieures de cette courbe qui l'emportent en formant une grande saillie. » Nous distinguerons dans le vermis du Rorqual trois régions princi- pales : la tête, le corps et la queue. La première correspond aux grands lobes antérieurs du cervelet; la seconde, fort saillante en arrière, corres- pond au lobule semi-lunaire ; la queue enfin correspond, par sa base, aux grands lobes latéraux. » Les lobes antérieurs, très-convexes, sont relativement beaucoup moins développés que dans le Marsouin. Des sillons, en forme d'anses transver- sales, aux brandies dirigées eu avant, les subdivisent, en passant au travers de la tète du vermis, d'un côté à l'autre du cervelet; quelques-uns de ces sillons, plus profonds que les autres, permettraient peut-être de grouper les feuilles en quatre groupes principaux. » La grande scissure transversale a un développement remarquable, de même que dans le Marsouin; elle s'étend jusque sur les côtés des pédon- cules cérébelleux moyens. Les lobules semi-lunaires qu'elle embrasse ont une grandeur inusitée; leurs feuilles, diversement inclinées, forment des groupes disposés en masses distinctes : nous en distinguons trois à droite et deux à gaucbe. Le grand développement de ce lobule, son défaut de symétrie et sa saillie excessive contrastent avec l'extrême réduction qu'il présente dans le Marsouin. (895 ) » Les lobes latéraux proprement dits' se recourbent en arrière du lobule semi-lunaire, jusqu'aux extrémités latérales des grandes scissures transver- sales, qu'on voit décrire des ondulations irrégulières déterminées par la complication et l'irrégularité des masses qui composent le lobule semi- lunaire. On pourrait distinguer dans ces lobes latéraux trois lobules succes- sifs divisés en feuilles dont la direction coupe en travers l'axe recourbé de ce lobe, dont les lobules décroissent d'ailleurs de sa base à son extrémité latérale. Il nous suffira d'ajouter que les vermis latéraux, amoindris comme le vermis moyen, sont réduits à un lobule pneumogastrique à peine dis- tinct, et d'autant moins, que la gouttière qui loge, dans le Marsouin, le nerf acoustique, manque complètement ici. » Le plan général de la constitution du cervelet dans le Rorqual est donc fort semblable à celui qui est réalisé dans le Marsouin ; mais les diffé- rences générales de forme et de proportions sont très-sensibles. Ainsi, dans le Marsouin, les lobes antérieurs prédominent malgré l'aplatissement des versants; les lobules semi-lunaires sont, pour ainsi dire, atrophiés, et le.s lobes latéraux n'ont qu'un développement médiocre. Dans le Rorqual, au contraire, les lobes antérieurs perdent leur prééminence; ce sont les lobules semi-lunaires et les lobes latéraux qui l'emportent. Il résulte de ces diffé- rences certaines modifications de la forme générale du cervelet qu'on peut exprimer ainsi : les parties latérales du cervelet forment deux hémisphères réguliers dans le Rorqual, tandis que dans le Marsouin elles sont pareilles aux deux lobes d'un coeur. u II est utile de rechercher s'il y a quelques rapports entre ces différences et celles que nous a présentées la constitution du bulbe et de la protubé- rance; on peut en signaler une principale : le trapèze paraît au premier abord très-distinct et surtout fort saillant; cette saillie remplace la dépres- sion que nous avons remarquée dans le Marsouin. « Nous avons déjà fait remarquer que cette saillie n'est point due en réa- lité au trapèze, mais à l'avant-pont; elle exprime, par conséquent, une ad- dition au système des plans superficiels de la protubérance qui sont en correspondance directe avec les lobes latéraux; il est donc naturel que leur développement soit proportionnel. Toutefois nous croyons qu'il y a quelque exagération dans l'assertion de Hunter quand il affirme que le pont, dans les Cétacés, est semblable à ce qui a lieu dans l'homme; il y a évidemment une analogie, mais l'existence de cet avant-pont, parfaitement distinct, ne fait en quelque sorte que répéter, sous la pyramide, la disposi- 117.. ( 89^ ) lion du trapèze et trahit une condition inférieure, bien que marquée par un développement anormal. » Des tubercules quadrijumeaux. — La grande altération des parties ayant amené la destruction de ces tubercules pendant les manoeuvres fort difficiles de l'extraction, il nous serait impossible d'en doiuier ici une idée suffisante. Nous avons pu constater toutefois que les postérieurs sont globuleux et que les antérieurs font une assez grande saillie; leur masse est d'ailleurs mé- diocre, eu égard à la grandeur du cerveau. » Des Itéinisplicres cérébraux. — Nous ne prendrons pas dans cette des- cription les Ruminants et les Mammifères terrestres pour point de départ, parce que l'anatomie comparée démontre que dans chaque groupe naturel les circonvolutions cérébrales affectent un mode d'arrangement spécial, en sorte que cet airangement est peut-être le signe le plus certain de leur indi- vidualité, comme l'avait fort bien entrevu Wdlis. Nous nous bornerons, en conséquence, à comparer le cerveau de notre Baleinoptère à celui des Dau- phins et du Marsouin en particulier. » 1° Des Hémisphères cérébraux dans le Marsouin. )) La brièveté du Cerveau du Marsouin, eu égard à sa grande largeur, a frappé tous les Anatomistes; cette brièveté tient surtout à une excessive ré- duction de ses parties frontales. Quant aux parties postérieures, elles ne sont pas seulement très-larges, mais fort développées en tous sens, et les tubé- rosités leniporo-sphénoïdalcs ont une grandeur et une saillie tout à fait inu- sitées chez les Mammifères qui sont au-dessous des Singes, en exceptant toutefois le groupe des Proboscidiens. » La brièveté du Cerveau dans le Marsouin est surtout remarqualjle eu ce que ce caractère semble commun, à des degrés divers, à tous les Mammi- fères plongeurs, quels que soient d'ailleurs leur rang dans la série et leurs analogies zoologiques. Mais nous examinerons plus en détail cette question, quand nous traiterons des lobes olfactifs. » Afin de donner plus de clarté et de précision à la description qui va suivre, nous distinguerons dans les hémisphères une face convexe et supé- rieure, se continuant avec les faces latérales et une face interne qui com- prend en même temps la face inférieure. » A. Face externe. — Cette face est divisée vers son milieu, à partir de langle externe du champ olfoctif, par une scissure profonde, assez inclinée en arrière, et qui rappelle par sa direction la scissure de Sylvius du cerveau humain. Elle en diffère toutefois en ce que son fond ne se dilate pas en une (897 ) fosse triangulaire longeant un lobe central; elle en diffère encore en ce qu'elle ne présente point le coude qui la caractérise dans l'Homme et dans les Singes. w L'arrangement des circonvolutions qui se développent autour de celte scissure diffère aussi d'une manière très-remarcpiable ; on sait que daTis l'Homme elles forment en général des groupes longitudinaux, l'un antérieur, l'autre postérieur et inférieur, et que ces deux groupes sont nettement dis- tingués l'un de l'autre par deux ou trois circonvolutions ascendantes, sem- blables, en quelque sorte, à des traverses. Dans le Marsouin, il n'y a aucune trace de cette division eu deux groupes : le développement des circonvolu- tions n'est point interrompu ; elles forment des anses s'enveloppant réguliè- rement les unes les autres, autour de la scissure de Sylvius. M Ces circonvolutions semblent, au premier abord, devoir être l'objet d'une description très-compliquée ; elles sont, en effet, très-nombreuses, et la richesse de leur détail est extrême. Mais, avec un peu d'attention, on peut y découvrir un certain ordre, et l'ensemble des détails peut être exprimé, en conséquence, d'une manière très-simple. u Tous ces détails, en effet, peuvent être ramenés à l'idée tie quatre bandes circonvolutionnaires, se développant en forme d'anses continues autour de la scissure de Sylvius. » Ces bandes ont, en avant, pour origine commune, un bourrelet circon- volutionnaire étroit, qui part de la partie la plus élevée de la scissure de .Sylvius, dans la profondeur de laquelle sa racine est cachée; cette circon- volution, dont l'aspect est vermiforme, représente en réalité, bien que sous une forme bien différente, le lobe central ou, en d'autres termes, ïinsitld de l'Homme et des Singes. « Toutes les bandes circonvolutionnées dont nous parlons ici naissent de ce pli vermiforme, non pas seulement de sa partie antérieure, comme cela a lieu dans un grand nombre d'animaux, mais de toute la longueur de son côté externe. Nous décrirons ces bandes à partir de celle qui circonscrit im- médiatement la scissure de Sylvius. » Cette bande (bande marginale) est fort épaisse et coudée fortement, en sorte que l'une des branches du coude limite supérieurement la scissure, tandis que la seconde branche en forme la limite inférieure. Cette bande nait, en avant, du côté externe de la racine vermiforme, précisément au- dessus de la tubérosité du lobe moyen, et se continue jusqu'à l'extrémité du lobe infériciu'. (898 ) » Au-devaiit d elle, naît, par une racine un peu plus forte, une deuxième bande circonvolutionnaire; celle-ci monte d'abord verticalement, puis se recourbe en arrière en enveloppant la courbe de la bande circonvolution- naire précédente : elle se divise, en arrière, en deux bandes secondaires qui se décomposent en arrière en un grand nombre de circonvolutions com- pliquées. » La troisième bande circonvolutionnaire naît toujours au côté externe de la racine vermiforme, au-devant de la deuxième bande ; sa première por- tion monte verticalement, puis se recourbe en arrière, enveloppant à son tour la courbe de la deuxième bande. Arrivée, comme elle, à l'extrémité postérieure de l'hémisphère, elle se termine de même en se divisant en deux l)andelettes secondaires. » La quatrième bande marginale de l'hémisphère a eu avant deux racines distinctes : la première racine, assez grêle, naît, comme celles des bandes précédentes, du côté externe de la racine vermiforme; la seconde, beaucoup plus volumineuse, forme en quelque sorte l'extrémité et le prolongement de cette racine; elle est chargée de plis verticaux, mais elle est surtout re- marquable par son volume et sa grande saillie qui représente un lobule dis- tinct au-devant du champ olfactif, à la face inférieure du cerveau. Si le nert olfactif existait, c'est à la face inférieure de ce lobule qu'il faudrait en cher- cher l'anfractuosité. » Ces deux racines donnent naissance à une bande ascendante qui, eu se recourbant, constitue en quelque sorte l'extrémité antérieure de l'hémi- sphère; elle enveloppe la troisième bande, mais elle n'appartient point exclusivement à la face externe de l'hémisphère : elle anticipe en effet sur sa face interne, en enveloppant de ce côté la courbe de la bande qui cir- conscrit le corps calleux ; elle se prolonge à la face inférieure de l'hémisphère jusqu'à l'extrémité du lobe temporo-sphénoïdal, pouvant être en ce point définie sous le nom de circonvolution temporo-sphénoïdale inférieure. Elle offre eu arrière des traces de subdivisions, qui d'ailleurs changent à chaque instant de mode, et par conséquent ne constituent point des bandes bien définies. <> En résumé, toutes ces bandes ont une origine commune et un noyau d'enroulement commun. L'origine commune est la racine vermiforme; le noyau idéal d'enroulement est la scissure de Sylvius. Les quatre bandes se développent autour de lui, en s'enroulant successivement de la manière la plus régulière. ( 899 ) » Toutes ces bandes sont chargées tle plis au jîremier abord extrêmement compliqués. Heiu'eusement, cette complication peut se résoudre en une for- mule très-simple : tous ces plis secondaires coupent transversalement les bandes. Il n'y a d'exception à cette règle que dans la partie radiculaire de la troisième et de la quatrième bande, où les anfractiiosités sont eu général longitudinales. Il serait extrêmement curieux d'étudier dans les différentes espèces de Dauphins ce mode de plissement, qui nous a paru différer beau- coup dans le Delphimis delphis; il est probable qu'on retrouverait ici l'ap- plication de cette règle générale qui veut que dans chaque type d'animaux les divisions fondamentales demeurent les mêmes, les différences spéciales et individuelles étant surtout accusées dans les détails de deuxième et même de troisième ordre. » B. Face interne. — Une seule bande appartient en propre à la face ui- terne : c'est la circonvolution du corps calleux. Sa disposition est normale; elle rappelle les conditions qui sont réalisées dans tous les Mammifères, sans exception; elle est fort épaisse en avant du corps calleux, où elle est subdi- visée eu deux plis parallèles; vers le genou postérieur, elle devient simple de nouveau et se rétrécit beaucoup, après quoi elle se renfle un peu de nou- veau et vient se terminer souvent en arrière du champ olfactif en un lobule unciforme très-étroit, mais bien défini et parfaitement distingué par sa direc- tion et sa surface lisse de tous les autres plis de l'hémisphère. Cette réduction du lobule unciforme coïncide avec l'absence du lobe olfactif, et peut-être est-ce là quelque chose de plus qu'une simple coïncidence. » Tout le reste de la face interne de l'hémisphère est occupé par l'extré- mité postérieure dilatée de la quatrième bande externe. » Telles sont, en général, les circonvolutions de la face interne. On peut d'ailleurs remarquer que si les plis secondaires ont des circonvolutions du corps calleux, une direction différente de celle qu'affectent les autres plis des bandes circonvolutionnaires, sa direction générale et sa courbure régu- lière autour du corps calleux répètent fort exactement les courbes des autres bandes de l'hémisphère ; si bien qu'on pourrait prendre pour point de dé- part et pour pivot de la description générale cette circonvolution elle-même. Toutefois il est préférable de la considérer comme un cadre constant chez tous les Mammifères et dans l'aire duquel toutes les autres circonvolutions sont comprises. En effet, cette bande n'est, en réalité, que le rebord maigi- nal de la grande bande formée par les couches corticales de chaque hémi- sphère. ( 900 ) » Des hémisplieres cérébraux du Rorqual (Pterobalœiia minor). — La forme générale des hémisphères cérébraux du Rorqual diffère beaucoup de celle que nous venons de décrire dans le cerveau du Marsouin. Elle est en effet beaucoup plus allongée. Les lobes antérieurs si réduits chez le Marsouin ont ici un développement considérable; les parties postérieures du cerveau y sont aussi beaucoup plus globuleuses, et l'on ne remarque pas dans leur région cérébelleuse l'aplatissement qui est si marqué dans le Marsouin. Ce n'est pas tout ; au premier abord, les circonvolutions ont une physionomie tout à fait différente, et à s'en tenir aux premières apparences, on pourrait croire avoir affaire à des animaux de groupes très-différents. Mais une analyse attentive y fait découvrir des analogies qu'on n'aurait pas soup- çonnées. » Vinsula, ou en d'autres termes le corps vormiformc qui le remplace chez le Marsouin, est ici très-distinct, et cela d'autant moins qu'd est intime- ment confondu d'une part avec le traclus radiculaire externe du lobe ol- factif, et que d'autre part il n'y a point de rapports évidents de continuité avec les bandes circonvolutionnaires de la face externe de l'hémisphère. Celles-ci ont à la partie antérieure du champ olfactif une racine commune, d où elles partent pour se développer dans le même sens autour de la scis- sure de Sylvius. » La première bande (bande marginale de la scissure) a cela de remar- quable, que la branche antérieure du coude qu'elle forme est beaucoup plus grande que la postérieure, disposition inverse de ce qui a lieu dans le Marsouin. L'antérieure est aussi beaucoup plus plissée et plus volumi- neuse que la postérieure, qui est d'abord très-grèle et ne se renfle qu'à sa terminaison. Mais en somme elle est absolument et relativement moins massive que dans le Marsouin, où elle acquiert une hauteur singulière. » La seconde bande naît au-devant de la précédente par une racine grêle. Mais elle se dilate bientôt et se divise en deux gros plis secondaires, très- flexueux, qui contournent, sans cesser d'être distincts, le sommet du coude de la première bande et se confondent en replis très-compliqués à la (ace inférieure du lobe temporal. » La troisième bande, née de la racine de la seconde, l'enveloppe à sou tour. Elle s'élargit bientôt énormément et se divise, comme la précédente^ eu deux plis secondaires qui s'élargissent énormémentàla partie postérieuredu cerveau, où ils se subdivisent à leur tour chacun en deux plis flexueux, qui se prolongent à la face inférieure du cerveau jusqu'à l'extrémité du lobe ( 90I ) temporal, en sorte que cette bande, simple en avant, est subdivisée en ar- rière en quatre bandelettes parallèles. » La quatrième bande forme en avant un gros lobe, chargé de plis comme dans le Marsouin. Mais, dans le Marsouin, sa plus grande saillie était en avant et en bas : ici, au contraire, elle est surtout accusée dans les parties supé- rieures. La suite de cette bande, ce qu'on en voit du moins à la tace exté- rieure du cerveau , est assez étroite ; elle se prolonge, suivant l'usage, à la face interne et inférieure du cerveau, où nous suivrons plus tard sa description. » En somme, ce sont les mêmes bandes que dans le Marsouin, mais sous une autre forme. Les subdivisions longitudinales des bandes cjui étaient seu- lement indiquées dans le Marsouin, acquièrent ici une évidence irrécusable. En revanche, dans le Marsouin, nous avions sur ces bandes des plis disposés en traverses multiples. Ces traverses manquent dans le Rorqual, chez lequel elles sont remplacées par des flexuosités de bandes, en sorte que cei animal se rapproche k cet égard du type le plus habituel chez les Mam- mifères. » La face interne des hémisphères cérébraux du Rorqual est fort sem- blable, quant à la disposition des bandes, à ce qu'on voit dans le Mar- souin. » La circonvolution du corps calleux est remarquable-, en avant et au- dessus de ce corps, elle est divisée en arrière en plusieurs plis longitudi- naux. Elle forme un lobule divisé comme les bandes chez le Marsouin par des plis transverses. Au-dessus de ce lobule, elle devient excessivement grêle, et cette partie grêle sert en quelque sorte de col au crochet du lobule unciforme qui est extrêmement recourbé sur lui-même. Une bande cir- convokitionnée se développe autour d'elle. Cette bande n'est rien autre chose que la quatrième bande de la face externe, anticipant sur la face in- terne et postérieure de l'hémisphère. Les circonvolutions qui la couvrent sont extrêmement compliquées : elles s'étendent jusqu'à l'extrémité du lobe inférieur où elles semblent offrir en arrière quelques traces d'une division longitudinale; mais la complication des plis est si grande en cette région, les traverses de passage y sont si nombreuses, qu'il serait en quelque sorte impossible d'en décrire la disposition. En résumé, chez le Rorqual, le plan des hémisphères cérébraux est le même que dans le Marsouin, mais la forme générale du Cerveau et les détails des plis diffèrent essentiellement chez ces deux animaux du même groupe, dont la différence la plus saillante nous sera fournie par la description du lobe olfactif. » C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" 18 } ' 18 ( 902 ) CHIMIE ORGANIQUE. —Faits pour servir à l'histoire des monamines. Séparation des bases éthyliques ; porM. A.-W. Hofmaxm. « La préparation des bases éthyliqiies par l'action de l'ammoniaque sur l'iodure d'éthyle présente une difficulté qui entrave l'application gé- nérale de cette méthode d'ailleurs si convenable. Cette difficulté con- siste dans la formation simultanée des quatre bases éthyliques. Les équations H^N+G'H=I = [(Cni=) H']S]I(*), (C='H=)H^JN -t-CMin = [(C-H>f H=NjI, (C^H^)^HN + C^H^I = [(C^H'f H N 11, (C^H')' N + CnPl = [{C-H=)' w]r, ne sont qu'une représentation idéale des quatre phases différentes par les- quelles l'ammoniaque doit passer pendant sa transformation en iodure de tétréthylammonium. L'expérience prouve qu'il est impossible d'arrêter la réaction de pas en pas, comme l'indiquent ces formules. Le premier produit de substitution, engendré comme il l'est en présence de l'agent de substitution, subit immédiatement une deuxième action. De là le second produit, qui peut à son tour donner naissance au troisième et même au quatrième com- posé. Les équations suivantes représentent peut-être plus correctement le résultat final des divers changements qui s'accomplissent dans la réaction, réciproque entre l'ammoniaque et l'iodure d'éthyle : fPN+ C=Hn = [(CMl=) H^N]!, 2H'N + 2C^H'I = [^C^H'')'H^N]I-+-[11"NJI, 3lPN + 3C^H=I = [(C=H=j'H N]I + a([IPN JI), 4fFN + 4C=IFl = [(C=H=)" N]l + ;h[h*n]i). » Le mélange d'iodures, soumis à l'action de la [)otasse, produit en effet de l'ammoniaque, de l'éthylamine, de la diéthylamiiie et de la triéthylamine. Quant à l'hydrate de tétréthylannnonium qui est mis en liberté par l'ac- tion de l'alcali, il se scinde en triéthylamine, en éihylène et en eau. La séparation des trois ammoniaques éthyliques présente de grandes dilficul- (*) H = i ; 0= 16; C = 12, etc. ( 9o3 ) tés. Les différences entre leurs points d'ébullition étant assez considérables, Éihylamine, point d'ébullition 18°, Diéthylatnine " 5'J'',5, Triéthylamine, » 91°, j'ai naturellement pensé pouvoir aisément les séparer au moyen de la dis- tillation. Des expériences faites sur une assez grande échelle m'ont pour- tant démontré que, même après dix distillations fractionnées, les bases étaient loin d'être pures. )> Après beaucoup d'essais infructueux, j'ai trouvé un procédé élégant et simple par lequel les trois bases éthyliques peuvent être facilement séparées. Ce procédé consiste à soumettre le mélange anhydre des trois bases à l'ac- tion de l'oxalate d'éthyle anhydre. Ce traitement transforme l'étliylamine en diélhyl-oxamide, corps qui cristallise magnifiquement et se dissout très- difficilement dans l'eau, et la diéthylamine en diélhjl-oxamate d'éthyle, liquide bouillant à une très-haute température, tandis que la triéthylamine n'est pas affectée par l'éther oxalique. )) L'action de l'éther oxalique sur l'éthylamine peut donner lieu à deux substances, savoir : C éthjL-oxamate d'éthyle et la diéthjl-oxamide. (C'O^/' Élher oxalique. Elhyl-oxamate d'éthyle. Eihylamine. (c^o^yi (C^H^)^ \ Élher ojialique. rc 'H' 1 H N H ) Éthylamine. Uicthyt-oxamide. (c^H^)^ N= + 2r^;^ oi. ( H^ ) L H \ J Alcool. » L'expérience prouve que le deuxième de ces composés est le seul qui se produise. » Dans l'action de l'oxalate d'éthyle sur la diéthylamine, on peut distin- guer deux phases analogues, qui peuvent produire n spectiveraent Diéthyl-oxamate d'éthyle.... r^ '^ ,^i„,;iO, \ • (C H 1 ) 118.. ( 9o4 ) et ((C='0^)", ïétréthyl-oxamidf ) (C^'H')^ IN^ » En pratique, on ne produit que le premier de ces deux couiposés. » L'action do l'oxalate d'éthyle sur la triéthylamine pourrait avoir engen- dré l'oxalate secondaire de tétréthylammonium, [^:;;:^:fo=-..rbH;!N dans les conditions de mon expérience, les deux substances ne se combi- nent pas. " Distillé au bain-marie, le produit de la réaction de l'oxalate d'étbvle sur le mélange des bases éthyliques fournit la Iriélliylamine exempte d'étliy- Inmine et de diéthylamme. » \.e résidu se solidifie dans la cornue parle refroidissement, sous la forme d'une masse fibreuse de cristaux de diéthyl-oxamide qui sont mouillés d'un liquide huileux. On laisse égoutter l'Iiuile et l'on fait cristalliser de nouveau le produit solide dans l'eau bouillante. Décomposée par tapotasse, la diéthyl- oxamide donne de [ étiij lamine exempte de diéthylamine et de Iriétliylamme. " Le liquide huileux, refroidi à o°, laisse déposer quelques cristaux; on le soumet à la distillation dès qu'il ne s'en sépare plus. Le point d'ébullition s'élève rapidement à .260'. Ce qui distille à cette température est du diéthvl- oxamate d'éthyle, par lequel on peut obtenir, au moyen de la distillation avec la potasse, la diéthylamine exempte d'éthy lamine et de triétliy lamine. » Ayant obtenu dans mes expériences une quantité assez considérable de diéthyl-oxamate d'éthyle, j'ai examiné la conduite de ce corps avec quelques réactifs. Soumise à l'action de l'ammoniaque alcoolique, dans un tube scellé à la lampe, le diéthyl-oxamate d'éthyle ne tarde pas à se trans- former en ini corps cristallin, dont l'analyse m'a conduit à la formule C'est la composition de la diéthyl-oxamide, mais ce nouveau corps est loin d'être identique à la substance magnifique qu'on obtient en traitant l'éther oxaliquepar l'éthylamine.Il sedistingue de la diéthyl-oxamide et par ses pro- priétés physiques, étant beaucoup plus soluble dans l'eau, et par ses réac- ^ 9o5 ) lions chimiques. En effet, sons l'influence de la potasse, la dietlivl-oxannde de M. Wuriz se scinde en acide oxalique et en élhylamine, C«H'2N^O^+ 2KHO = K^CH:)' -+- aC^H'N, Diélhyl-oxamido Kthylamine. tandis que la nouvelle matière fournit, par la distillation avec la potasse, de l'oxalate, de l'ammoniaque et delà diéthvlamine : C6jj.2j^20*+ 2Kho = kh:^o' + h'n + c'h^'n. Nouvelle substance. Dicthylàmine. » On observe donc, pour les diainides isomères en général, les relations que M. Volhard (*) a si bien développées pour les urées des ammoniaques diatomiques. La nature de ces corps est déterminée par leur genèse, qu'on trace sans difficulté dans leurs dédoublements. Les formules sui- vantes ((C»0^)" \ ((C='0=)". ((c»h')h) i e^ \ pourraient peut-être indiquer la différence de construction qui distingue ces deux substances. » Il est évident qu'on ne manquera pas de reconnaître les mêmes cas d'isomérismc dans les diamines ou bases diatomiques. Ainsi la formule exprime deux bases très-semblables, mais dont la constitution diffère en ce que l'une doit sa naissance à l'association de 2 molécules d'éthylamine, et l'autre à l'union de i molécule d'ammoniaque et de i molécule de diéthylamine, l'éthylène diatoniique servant dans les deux cas de ciment * ) Comptes rendus, t. LU , n" 1 3, i 86 1 . ( 9o6 ) nécessaire à la stabilité du système nouveau : 4C=IP)H^ ' \p ) ' • » La séparation facile des ammoniaques éthyliques au moyen de l'oxa- lale d'éthyle m'a conduit à étudier l'action de cet éther sur les bases diato- niiques. L'éthylene-diamine, traitée en présence de l'alcool par l'oxalate d'éthyle, se transforme en un corps cristallisé en longues aiguilles dont l'analyse s'exprime par la formule suivante C"'H••N'0^ C'est l'éther éthylique d'un acide amidé diatomique; eu un mot c'est l'oxa- méthane de l'éthylene-diamine ' . c.»H..N=o.=jK'^'"'"i^'"');;!:j;:|:|o'. » L'action des monamines et des diamines sur celte matière donne lieu à des coips blancs semblables à l'oxamide. Je n'ai pas encore analysé ces sub- stances, dont la composition est d'ailleurs indiquée suffisamment par le dé- veloppement logique des notions théoriques puisées dans l'étude des séries monatomiques. Mais ce qu'on ne pouvait pas prévoir en se basant sur ces notions, c'est la formation, dans l'action réciproque entre l'éthylène-dia- mîne et l'éther oxalique, d'une nouvelle classe de bases organiques d'un ordre supérieur renfermant à la fois de l'éthylène et de l'oxalyle. L'étude de ces bases fournira de ma part l'objet d'une communication ultérieure. » MÉTÉOKOLOGIE. — Note àccomjjagnanl l'envoi cCun opuscule sur la connexion entre les phénomènes météorologiques et les variations de l'aiguille aimantée; par le P, Secchi. « La relation entre les variations magnétiques terrestres et météoro- logiques, quoique très-intéressante pour la science, reste cependant encore très-douteuse, même après les grandes études sur le magnétisme terrestre faites dans ces derniers temps. Cassini et d'autres anciens observateurs crurent remarquer une connexion entre les deux classes de phénomènes; mais à l'époque actuelle les grandes autorités scientifiques ne sont pas d'accord sur ce point, et du moins il faut avouer qu'il n'existe aucune dis- ( go? ) cussion de faits assez sérieuse pour l'admettre ou la rejeter. On accueillera donc, j'espère, avec bienveillance l'essai que je viens de faire en cette matière » Ce sujet a été un des principaux sur lesquels j'ai porté mon attention dans les trois années écoulées depuis l'installation de l'observatoire magnétique an Collège Romain ; et dans cette longue suite d'observations j'ai acquis la conviction qu'une telle relation existe réellement, mais qu'on ne l'a pas assez reconnue jusqu'ici, parce qu'on s'était attaché surtont à discuter les indications du déclinomètre, c'est-à-dire de l'instriunent qui en est le moins affecté. Comme la succession des faits qui m'a conduit à cette conclusion peut avoir quelque importance pour entraîner la con- viction des physiciens, j'en exposerai rapidement l'historique, » Dès le premier examen et la discussion des observations magnétiques commencée en avril i858, je fus frappé de la grande régularité dans la marche du déclinomètre, et même (après quelques modifications de con- struction) du magnétomètre à balance pour la composante verticale; mais je remarquai dans le bifilaire des irrégularités si étranges, qu'elles dé- fiaient toute prévision. Je soupçonnai d'abord quelque imperfection dans l'instrument; mais la simplicité de sa construction et son état parfait ne justifièrent pas ce soupçon. J'attribuai alors les variations exceptionnelles à des influences étrangères de température ou à des courants d'air qui s'éta- blissaient dans la boite, et, pour le garantir mieux, je fis environner le barreau d'une double boîte et remplir l'intervalle de substances non con- ductrices de la chaleur et couvrir le tout avec des draps de laine, et outre le thermomètre propre de l'instrument, j'en fixai d'autres dans différents points de la chambre, en ayant un soin extrême d'en maintenir constante la température. Toutes ces précautions n'aboutirent qu'à prouver la bonne construction de l'instrument et l'insuffisance des variations de température propres à l'instrument pour produire ces fluctuations, car elles n'arrivaient jamais à 1° Fahrenheit, ce qui aurait produit une variation de ^ de division, pendant que les excursions arrivaient à lo et 20 divisions (chaque division est équivalente à très-peu près à 1 dix-millième de la valeur de la compo- sante horizontale). » Il était ainsi évident qu'il fallait chercher ailleurs la source de ces irrégularités. J'en étudiai la relation avec les phases lunaires et les taches solaires, mais sans succès : leur cause était plus près de nous que je ne le soupçonnais. Je ne tardai guère à m'apercevoir que la marche de l'instru- ment était très-régulière pendant les belles journées calmes et sereines, ou même constamment couvertes, et que les variations les plus bizarres, lors- (9o8 ) qu'il n y avait pas perturbation propreoient dite, se manifestaient dans les époques de temps variable et orageux, ce qui faisait soupçonner une rela- tion entre ces variations et les phénomènes météorologiques. Les variations l>rusques de température dans l'atmosphère extérieure (quoique n'arrivant pas aux instruments directement) et les formations rapides des nuages se trouvèrent avoir une influence infaillible sur le bifilaire. » Pour me convaincre de cette relation, je me suis décidé à entre- prendre un travail assez assujettissant, mais qui ne pouvait manquer de la faire ressortir, si elle existait réellement. J'ai donc construit graphique- ment toutes les observations du i^ifilaire et du magnétometre a balance en coiH-bes tracées sur les feuilles du météorographe, lesquelles contien- nent déjà toute l'histoire des phénomènes atmosphériques en corrélation mutuelle. Mon attente n'a pas été trompée, et j'ai pu constater ainsi des lois assez intéressantes, qu'on peut résumer dans les propositions suivantes : :> i" Dans les temps où il n'y a pas de perturbation manifeste, outre les variations diurnes, il existe d'autres variations à périodes plus longues, qui affectent la moyenne pendant plusieurs jours consécutifs de lo à i5 divi- sions de l'échelle, et ressemblent à des ondulations à longues périodes sur lesquelles s'établis.sent les oscillations diurnes, comme des ondes plus courtes. Ces grandes ondes sont communes au bilifaire et au vertical, mais elles se sont souvent montrées à peine sensibles au déclinomètre. Plusieurs irrégularités dans la marche de deux instruments d'intensité sont expli- quées par la superposition de ces deux systèmes d'ondes, dont les effets s'ajoutent ou se détruisent. » 2" Les variations diurnes sont souvent dérangées par des excursions soudaines, qui ne durent quelquefois que trois ou quatre heures, et sont tout à fait passagères. Il est remarquable que pendant ces excursions les barreaux ne se montrent ni agités ni vibrants, mais font leur course avec une parfaite tranquillilé. Cette espèce de variation est plus fréquente dans le bifilaire que dans le vertical, et il y a peut-éire à examiner si cela tient I la plus grande mobilité de l'iiislrument ; mais je ne le crois pas très- vraisemblable. » 3" Un caractère presque générai des grandes vagues ou ondes magnéti- ques est de n'être pas symétriques dans la montée et la descente. Celle-ci se fait assez plus vite que l'autre, et elles descendent communément en un jour un espace qu'elles mettront quatre ou cinq jours à remonter. Surtout cela s'observe à la suite des grandes perturliations, après lesquelles la movenne se trouve beaucouj) abaissée, comme si la force se trouvait épuisée. ( 909 ) » 4° En calculant la variation de l'intensité de la résultante totale, et l'in- clinaison après la variation des deux composantes, on trouve que ces deux éléments changent à la fois et surtout l'intensité. » Maintenant si on cherche la connexion de ces mouvements avec les variations météorologiques, on trouve : 1° que les grandes ondes sont tou- jours coïncidentes avec de fortes bourrasques atmosphériques auxquelles elles sont ordinairement synchroniques, et tout au plus, avec une différence d'un jour entre les commencements. Dans lui Mémoire imprimé que j'ai l'honneur d'envoyer à l'Académie se trouve un résumé des observations pendant deux années, discutées sous ce rapport. Les exceptions sont rares; on n'en trouve que deux ou trois par an, et dans ces cas mêmes le dérangement du baromètre et de la période diurne dans le vent fait voir que la perturbation atmosphérique a existé, mais n'est pas parvenue jusqu'à nous. On en a trouvé aussi quelques-unes correspondant à des aurores boréales lointaines. » 2° Parmi les faits bien constatés par cette comparaison, il en existe un assez intéressant et qui peut servir à prévoir les changements de temps, c'est-à-dire qu'une perturbation magnétique forte, surtout dans l'intensité, arrivant après une longue suite de beaux jours, est un signal de change- ment au mauvais temps, tandis que, après plusieurs jours constamment mauvais, elle est le signal du beau qui va venir. Il y a cependant une dis- tinction fondamentale entre ces deux classes; car dans le dernier la force horizontale croît, dans le premier elle diminue. Cette marche rappelle ce qu'on observe aussi en météorologie, où le temps variable se rétablit au beau fixe après une grande bourrasque décisive. » 8° Il y a une étroite relation entre la marche du bifilaire, du baro- mètre et des vents. La force horizontale surtout diminue presque toujours avec le baromètre, et croît avec le baromètre montant. Pour les vents, le tableau suivant montre quel a été le rapport de leur direction avec le ma- gnétomètre bifilaire pendant l'année 1860, et ces chiffres sont confirmés même par la discussion de l'année iSSq et la partie déjà écoulée de 1861. Bifilaire Bifilaire Direciion ilu venl. haut ou montant. ba: 5 ou desceni riant. Perlurbalions Sud 20 81 10 Est 9 22 2 Nord 119 '7 6 Ouest Somme 42 190- 21 .4. I '9 C. P,., 18C. ■ i" Semestre . (T. LU. NO J8. ) "9 ( 9'o ) Ces chiffres parlent d'eux-mêmes, et on voit la marclie ascendante avec le 3 Nord et la descendante avec le Sud; le premier rapport est de ^ et le second de ^ du nombre total des observations. » 4" Pour ce qui regarde les ondes à courte durée, la coirespondance est encore plus frappante. J'ai vu plusieurs fois la présence d'un orage suffire pour suspendre ou renverser la marche diurne des barreaux; et dans les jours variables où il y a une grande alternative de passages au serein et au nuageux, on peut presque lire l'état du ciel dans la marche du bifilaire. Si quelque oscillation arrive sans cause apparente, on est sur de voir bientôt paraître à l'horizon un changement dans le ciel; et après que j'eus décou- vert celte relation, je ne m'y suis jamais trompé, et j'ai pu même prévoir d'avance des changements notables dans le temps. Le déclinomètre, même le petit, qui est très-sensible, donnait rarement la variation de i division pendant que le bifilaire en parcourait lo ou i5. » Cette classe de perturbations magnétiques en relation avec les change- ments atmosphériques ne surprendra personne, car il est bien connu que ces changements sont toujours accompagnés de grands développements d'é- lectricité, et par là de courants circulant dans le globe en toute direction ; et il est plutôt ien)arquable qu'on n ait pas discuté sous ce rapport les nom- breuses observations magnétiques que possède la science. Cela prouve en- core une fois la nécessité d'étudier les faits dans toutes leurs relations, et le tort que l'on a eu de s'arrêter à la seule discussion des déclinaisons pour les perturbations extraordinaires. » Le but de cette communicatioti n'étant que de constater l'existence d'une telle connexion, je n'entrerai pas dans le détail des lois que je crois avoir trouvées, car les observations sous ce rapport ne sont pas encore . assez nombreuses. J'espère que les physiciens qui possèdent des instruments convenables voudront bien diriger sui" ce point leur attention, et contribuer ainsi à éclairer l'obscure théorie des variations du magnétisme terrestre. Ainsi, je crois qu'à la catégorie des variations diurnes et à celle des pertur- bations extraordinaires dues aux aurores boréales, on doit en ajouter une autre classe qui est dépendante des variations météorologiques ordinaires de l'atmosphère. » ( 91' ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur ks varialions dans l'intensilé de la gravité terrestre, par M. d'Abbadie. « A mon retour d'Ethiopie en 1849, M. Boiidsot Maçery, alors directeur de l'Ecole Polytechnique en Egypte, me fit part d'une expérience qu'il avait faite et dont le résultat ne lui semblait pouvoir être expliqué qu'en suppo- sant que la gravité terrestre a des variations dans son intensité, ou du moins que cette intensité est quelquefois masquée partiellement par d'autres forces agissant à la surface de notre planète. Sans admettre ni contester la théorie d'une expérience que M. Boudsot se propose de recommencer aujourd'hui, j'entrepris dés lors d'employer une force moléculaire supposée constante, pour en faire une mesure des variations de la gravité terrestre. » Après divers essais infructueux, j'eus l'idée, il y a plus d'un an, d'em- ployer à cet effet les vibrations d'un diapason. J'en ai enregistré plus de 170000 dans le courant de l'été dernier, et j'en ai retiré la conviction qu'un diapason, ébranlé par un archet, n'a pas de vibrations isochrones par rapport aux oscillations d'un pendule, soit que l'on y compare les secondes individuelles, soit que l'on envisage les moyennes de séries dont chacune renferme 10 ou 10 secondes. Je n'ai même jamais obtenu de suite 5 secondes notées par un nombre identique de vibrations du diapason. » Lorsqu'en novembre dernier je voulais lire dans cette enceinte le Mémoire qui contenait le récit détaillé de mes expériences, un de vos con- frères, dont j'estime autant les conseils que la science, me dit que les phy- siciens sérieux ne sauraient admettre l'isochronisme constant des vibra- tions de lames métalliques et que mes expériences confirmaient purement cette opinion. Ce jugement diminuant de beaucoup l'importance de mon travail, je renonçai pour le moment à vous le communiquer. " Mais aujourd'hui que des inventeurs ingénieux proposent de résoudre les problèmes de balistique en employant le diapason pour noter de mi- nimes fractions de seconde, il n'est pas inutile de leur demander si leur diapason, ébranlé par un courant électrique, donne des résultats toujours isochrones. n Enfin, bien qu'il s'attache parfois quelque défaveur a la publication d'une expérience imparfaite ou dont les résultats sont encore probléma- tiques, il y a toujours profit à vous la communiquer, soit pour m'éclairer de vos conseils, soit pour indiquer la voie que j'ai suivie, puisque sa natiue laisse planer des cloutes sur l'importance des résultats obtenus. On sait 119.. ( 9J* ) d'ailleurs que beaucoup d'esprits distingués se préoccupent aujourd'hui de 1 invention d'une méthode pratique pour mesurer les variations dans l'intensité de la gravité terrestre occasionnées par le changement de la latitude. » NOMINATIONS. L'Académie procède, |)ar la voit- du scrutin, à la nouiinalion de la Com- mission chargée de décerner le prix dit des Arts insalubres. MM. Boussingault, Chevreul, Dimias, Combes et Rayer réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. L'Académie a reçu, depuis sa dernière séance, mais encore en temps opportun, un Mémoire destiné au concours pour le prix Bordin de 1861. (Question concernant les différences de position du foyer optique et du fover photogénique.) Ce Mémoire a été inscrit sous le n° 2. (Renvoi à l'examen de la Commission du prix Dordui. ) GÉOLOGIE. — Sur le gjjise piinsuii; jxir M.. Delessb. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à l'examen de la Section de Minéralogie et de Géologie.) « Malgré les nombreuses recherches dont le gypse parisien a été l'objet, son origine est restée assez obscure, et il m'a paru que l'étude détaillée de son orographie pourrait contribuer à la faire connaître. Le gypse occupe, comme on le sait, une zone s'étendant du nord-est au sud-ouest, de Beuvardes à Lonjumeau. Cette zone est elle-même recoupée par trois chaînes de collines j)arallèles entre elles, mais perpendiculaires à la première diiec- tion et orientées du nord-ouest au sud-est (i). I^e gypse ne forme pas des couches continues, mais des lentilles accidentelles qui sont extrêmement al- longées. Il est rudimentaire ou bien même il manque complètement sur certains points. Il devait opposer plus de résistance aux courants qui ont charrié le terrain diluvien que les marnes dans lesquelles il est intercalé. (l) A'o//- (I'Archiai; : Histoire du progrt'i de l(i géologie, t. Il, )). 5(io. — Dk Senarmo.nt, Description ^ = ^. ■^^. La " 3ooo X looboooooo puissance vive contenue dans chaque unité de résistance sera donc /ne' èc' 44° '" 2 4oooo 4oooo X 36oo X i5566ooooo 5io ooo ooo ooo ooo » D'après la théorie de Ohm il n'y a pas, à proprement parler, de vitesse de l'électricité; la durée de l'état variable du courant varie en raison directe du carré de la longueur du circuit supposé homogène et en raison inverse de sa conductibilité. » D'après mes expériences faites sur des circuits de longueurs inégales, mais tous très-courts, la durée de l'état variable est indépendante de la lon- gueur du circuit; elle est également indépendante de sa conductibilité, si l'on admet que pour toutes les substances le rapport de la résistance i à la masse électrique m reste constant, comme cela a eu lieu pour les quatre sub- stances que j'ai employées. » Il y a une vitesse de transmission de l'électricité et ma formule obte- nue par première approximation devrait s'écrire : i' = l\ I — e "'\ ''■) Il formule dans laquelle 1 est le courant permanent, i' le courant variable mesuré à une distance / de la pile au bout du temps t compté à partir du moment de la fermeture du circuit, et v la vitesse de transmission du mou- vement électrique dans le conducteur. » La vraie formule est plus compliquée; mais cette formule approchée rend toutefois compte de la divergence des résultats obtenus par les divers physiciens pour la valeur de la vitesse de l'électricité. Dans les expériences faites jusqu'ici, on a attribué la durée de la transmission au seul rapport / -; on n a tenu aucun compte de l'inertie électrique du conducteur. Celles de Wheatstone me paraissent cependant les plus rapprochées de la vérité » La constance du rapport — me porte à croire que la résistance des conducteurs au passage du courant tient uniquement à la plus ou moins grande proportion du mouvement électrique qui se transmet de l'éther aux particules du corps, en sorte que cette résistance ou son coefficient h ne lao.. ( 920 ) serait que la mesure de la masse qui participe au mouvement électrique. » Les métaux seraient des corps diélectriques comme le verre est dia- thermane. Le soufre et la résine seraient anélectriques. » MINÉRALOGIE. — De la reproduction des sulfures métalliques de la nature; par MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost. ( Renvoi à l'examen de la Sectron de Minéralogie et Géologie.) « Les méthodes que nous avons employées pour atteindre le but que nous nous sommes proposé sont très-nombreuses et très-diverses; nous demanderons la permission de les développer dans une série de communi- cations que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie. Nous nous sommes astreints à utiliser seulement les réactions dont les matériaux se trouvent universellement répandus dans la nature et à l'état où on les trouve, en partant d'une idée générale que l'un de nous a développée souvent dans ses leçons publiques, et qui nous paraît mériter quelque attention de la part des minéralogistes. Nous en donnerons une seule application : dans les sub- stances solides, dans les émanations gazeuses du globe, la présence de l'eau parait constante, à une seule exception près(i), et universellement admise et confirmée par toutes les recherches modernes. 11 est donc tout simple de penser que les agents chimiques incompatibles avec la présence de l'eau, tels que les chlorures métalliques ou mélalloïdiques acides, ne doivent pas intervenir dans les théories plus ou moins plausibles que 1 on a pu hasarder pour l'explication des phénomènes naturels de quelque étendue ou d<' quelque importance. Tandis que le fluorure de silicium (à haute tempéra- ture), le soufre, l'hydrogène sulfuré et les sulfures basiques que l'eau ne décompose pas, peuvent, en vue des applications, être employés utilement à la reproduction des substances minérales. » C'est au moyen de ces agents minéralisateurs que nous avons pu pré- parer à l'état cristallisé un certain nombre de sulfures naturels, tels que la pyrite de fer, la pyrite cuivreuse, l'argent sulfuré, etc., ce que nous annon- çons sinqilement pour prendre date, en montrant à l'Académie nos princi- paux échantillons. Nous nous contenterons aujourd'hui de donner quelques (i) Les fiiiiicrolles sèches et salées déroiivertes jiar I\L Cli. Sainle-Claire Deville dans les gaz rejetés par le Vésuve au milieu des laves incandescentes. ( 921 ) détails relatifs au zinc sulfuré et à la greenockite, à cause des développe- ments que ce sujet nous semble mériter. )) On prépare le zinc sulfuré avec la plus grande facilité en fondant en- semble parties égales de sulfate de zinc, de fluorure de calcium et de sulfuie de baryum. Il en résulte une gangue fusible de sulfate de baryte et de fluorure de calcium, dans laquelle on trouve, implantés ou disposés en géodes, de très-beaux cristaux de zinc sulfuré. L'analyse nous a donné pour ce produit des nombres qui concordent absolument avec ceux que four- nit la blende ou sulfure de zinc naturel ( i ). Les cristaux se présentent sons la forme d'un double prisme hexagonal régulier avec les angles de i5o"du prisme à douze faces correspondant à cette forme. La base fait avec cha- cune de ces faces un angle de 90°. C'est précisément la forme que présen- tent dans la nature les cristaux de cadmium sulfuré. Cette observation, qui comble une lacune dans les analogies du zinc et du cadmium, en établis- sant la dimorphie du zinc sulfuré, dimorphie qu'on aurait pu prévoir, nous montre aussi une différence essentielle, entre le produit artificiel ainsi, ob- tenu et la blende, que M. de Senarmont a reproduite par la voie humide, sous la forme d'octaèdres réguliers de la plus grande perfection. » Nous aurions même pu conclure de cette différence de formes que notre procédé est essentiellement différent de celui que la nature a dû em- ployer pour produire les masses considérables de zinc sulfuré que nous exploitons dans les gîtes métalliques. Mais précisément, au moment ou nous constations par des mesures précises la forme cristalline de notre blende, M. Friedel trouvait dans la collection de l'École des Mines uni- blende hexagonale possédant les mêmes formes que la nôtre et pouvant être confondue avec elle par les angles de ses cristaux et sa composition chimique. Mais nous ne voulons pas déflorer la découverte de M. Friedel en insistant plus longtemps sur cette comparaison, dont il aura à tenir compte lui-même quand il publiera avec détail le fait important auquel nous faisons allusion. 0 L'un de nous a reproduit les cadmies (zinc oxydé des hauts fourneaux ) en faisant passer sur de l'oxyde de zinc amorphe un courant lent d'hydro- (1) . Zinc 3i,7 Zn 32,6 Soufre 68,2 S...*.. 67,4 Fer et perle. . 1,1 too,o 100,0 ( 922 ) gène pur et sec. Nous avons pensé qu'un procédé analogue nous permet- trait d'obtenir par une sorte de sublimation la blende hexagonale, qui nous paraissait souvent comme volatilisée en cristaux lancéolés, d'une grande transparence, et attachés à la paroi supérieure de nos creusets. Nous avons, en effet, parfaitement réussi. » Dans un tube de porcelaine contenant du sulfure de zinc placé dans des nacelles et chauffé au rouge vif, nous avons fait passer un courant d'hy- drogène très-lent. L'hydrogène n'a pas été absorbé, il ne s'est produit au- cune trace d'acide sulfhydrique. Par conséquent, aucun phénomène appa- rent ne s'est manifesté, et pourtant tout le sulfure de zinc, qui est absolu- ment fixe, a été comme volatilisé, transporté dans les parties moins chaudes de l'appareil sous forme de cristaux transparents et de la plus grande régu- larité : c'est de la blende hexagonale (du moins ces cristaux rétablissent la clarté entre deux prismes de Nicol avec la plus grande énergie). Voici ce qui s'est passé : le sulfure de zinc a été réduit au rouge vif par l'hydrogène; un mélange de vapeurs de zinc et d'acide sulfhydrique en est résulté. Quand le mélange est arrivé lentement dans les parties du tube où la chaleur était moindre, une réaction inverse et totale a eu lieu. Le zinc s'est emparé de nouveau du soufre pour former de la blende hexagonale, véritables cadmies sulfurées, et l'hydrogène est redevenu libre : il a servi d'agent minérali- sateur. Il est clair d'après cela que, malgré l'opinion reçue, le zinc sulfuré de la nature a pu être produit par l'action de l'hydrogène sulfuré sur le zinc métallique, ou même de l'oxyde ou d'une combinaison d'oxyde de zinc convenablement choisie. Il est remarquable aussi que dans cette expérience une quantité limitée d'hydrogène peut servir à la production d'une quan- tité illimitée de blende, puisque celle-ci n'en fixe aucune portiorf. » Nous avons voulu donner la preuve que cette volatilisation de la blende est seulement apparente : nous avons chauffé pour cela du sulfure de zinc dans de l'hydrogène sulfuré à une très-haute température, et nous n'avons remarqué aucune trace de sublimation dans le tube de porcelaine où se faisait l'expérience. « De ces expériences on pouvait, il semble, conclure que la blende octaédrique a été faite dans la nature, soit par voie humide (expérience de M. de Senarmont), soit à basse température; qiie la blende hexagonale, au contraire, est un produit d'origine ignée. Cette conclusion paraîtrait d'au- tant plus légitime, que les corps dimorphes s'obtiennent presque toujours au milieu de circonstances physiques différentes, souvent incompatibles. Mais une observation que nous avons faite montre combien il faut être pru. ( 9^3 ) (lent dans ces sortes d'appréciations. Un morceau de quartz imprégné de zinc sulfuré amorphe, chauffé au rouge vif au miUeu de l'acide suHhydrique, dans une des opérations déjà citées, s'est couvert de petits cristaux mani- festement réguliers, et qui peuvent être de la blende octaédriqsie, comme nous l'apprendront nos analyses et nos déterminations quand nous pour- rons produire à volonté cette matière accidentelle de nos expériences. S'il en était ainsi, la blende octaédrique pourrait être elle-même im produit de haute température, et le raisonnement si spécieux que nous venons de for- muler serait infirmé. Il nous semble beaucoup plus sage d'attendre de nou- veaux faits avant de se prononcer sur l'origine de la blende octaédrique et de la blende hexagonale des gîtes métallifères. » Tout ce que nous venons de dire de la blende s'applique également au cadmium sulfuré, que nous avons obtenu par ces méthodes, avec la composition et la forme cristalline du produit naturel connu sous le nom de greenockile. » Nous devons, en terminant cet extrait, faire une mention toute spéciale d'un travail de M. Durocher sur les sulfures métalliques. M. Durocher n'a pas assez donné de détails sur ses méthodes, qui sont différentes des nôtres, et sur ses résultats, publiés dans les Comptes rendus (t.XXXII, p. SaS), trop sommairement pour que nous puissions les comparer aux nôtres. Mais il est resté dans le souvenir de toutes les personnes qui ont vu les échan- tillons des minéraux reproduits par ce savant si regrettable, qu'ils étaient remarquables par leur perfection et leur beauté. Il serait bien désirable qu'on put retrouver les éléments nécessaires à la publication complète du travail de M. Durocher. « ÉCONOMIE RURALE. — Eludes sur la production et la richesse saccharine des betteraves ; par M.. E. Marchand. (Extrait.) (Commissaires, MM. Boussingault, Peligot, Bussy.) M Les résultats de ce travail se résument dans les points suivants : » 1° La richesse saccharine des betteraves varie suivant l'époque de leur ensemencement , toutes choses égales d'ailleurs, et les betteraves étant récoltées toutes à la même époque, deuxième quinzaine d'octobre, celles qui ont été semées les premières renferment plus de sucre que celles qui l'ont été plus tard. Cette différence est en rapport avec les intervalles qui séparent les ensemencements. a'' La production agricole est aussi d'autant plus grande que l'ensemen- ( 9-^4 ) cernent a été plus précoce, ces deux effets agissant dans le même sens, c'est- à-dire la production d'une plus grande quantité de sucre. Les producteurs ont le plus grand intérêt à ensemencer les terres aussitôt que le permet le climat et les conditions de la végétation. Cette époque paraît être pour le département de la Seine-Inférieure du i[\ avril au lo mai au plus tard. » 3° La nature du sol ne paraît avoir aucune influence sur le résultat précédemment indiqué. • » 4" La proportion du sucre dans les betteraves ne paraît pas être en rapport avec la quantité de carbonate de chaux contenu dans le sol, comme M. Leplay l'avait annoncé. Ce résultat, du moins, ne s'est pas vérifié sur les terrains et dans les circonstances où M. Marchand a opéré. L'importance du sujet semble appeler sur ce fait de nouvelles expériences. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Additions au Mémoire conlennnt (es descriptions du chronoscope à cylindre tournant et du chronoscope à pendule, présentés à l'Académie dans sa séance du -i-j février i86o; par M. Glœsexer. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Despretz, Combes.) Il Étant parvenu à simplifier et à modifier quelques organes de ces appareils, je crois convenable, en faisant connaître les expériences aux- quelles je les ai soumises dans leur état actuel, d'en présenter une descrip- tion complète. Cette description peut se résumer ainsi qu'il suit : » i" Le chronoscope à cylindre est mù par un système de roues à dents hélicoïdales raù lui-même par un poids. » 2" Le cylindre est en laiton, il a 12 centimètres de longueur, 10 centi- mètres de diamètre ; son axe est porté sur des galets convenablement dis- posés, et sa surface est divisée en 3oo parties égales. » 3° Le mouvement du cylindre est uniforme, sinon mathématiquement parlant, du moins au point que les erreurs qui peuvent résulter des varia- tions de sou mouvement, sont beaucoup moindres que celle dues à d'autres causes perturbatrices qu'il est impossible d'éviter. Pour réaliser cette uni- iormilé du mouvement du cylindre, j'ai employé deux organes spéciaux qui règlent le mouvement définitivement. » 4° Mon chronographe est construit et le mouvement du cylindre est réglé de telle façon que celui-ci fasse 4 tours par seconde, et qu'il puisse continuer, sans interruption, de se mouvoir pendant environ aS minutes. ( 9^5 ) lorsque le poids moteur est de 20 kilogrammes et que la corde qui le porte est mouflée. » 5° Le cylindre tourne simplement autour de son axe de rotation et non pas dans une hélice, et néanmoins on peut enregistrer dans le noir qui couvre sa surface toutes les traces successives que peut faire l'indicateur pen- dant la duréede i25 secondes avec autant de tacilité et de sûreté que si le cylindre était animé à la fois d'un mouvement de rotation et d'un mouve- ment progressif. » 6° Je remplis la condition précédente au moyen d'un cercle vertical dont le limbe est divisé en 5oo parties, et qui tourne ou se déplace d'une seule division pendant que le cylindre achève un tour entier (autour de son axe), et à l'aide d'un miAtiplicateur fixé près de ce cercle et communiquant avec le multiplicateur-rétablisseur de courant. L'aiguille de l'un trace des traits ou des points dans le noir sur le cylindre en même temps que l'autre marque un point dans le noir sur le limbe du cercle vertical. » 7° Par le moyen indiqué au paragraphe précédent, on évite la difficulté ou plutôt l'impossibihté de construire une hélice sur laquelle le mouvement du cylindre serait uniforme. » 8" J'évite complètement l'emploi d'électro-aimant dans la construction de mes deux chronoscopes. » 9° L'indicateur ou l'enregistreur des temps correspondants au commen- cement et à la fin d'un événement consiste, pour mes deux chronoscopes, dans un seul multiplicateur vertical disposé de telle manière que le courant qui parcourt son fil et celui de la première cible étant rompu, son aiguille tojnbe subitement, fait une marque sur le cylindre et se relève immédiate- ment par l'action du courant rétabli et transmis dans le fil de la cible suivante. » 10° Le rétablissement très-prompt du courant dans le multiplicateur et sa transmission dans le fil de la cible suivante a lieu, quel que soit le nombre des cibles employées, et alors même que ces dernières ne sont éloignées les unes des autres que d'un petit nombre de mètres. Au moyen d'un pistolet Flobert et d'un pistolet Lefaucheux j'ai brisé les fils de deux cibles placées à un seul mètre l'une de l'autre. Ainsi pendant que la balle parcourait la distance de i mètre, l'aiguille, fort sensible et n'ayant au- cune résistance à vaincre dans son mouvement, est tombée, a marqué, s'est relevée, est de nouveau tombée pour marquer un seconde fois. Du reste, il n'est pas nécessaire de placer les cibles à i, ni à 6 mètres, ni même à 10. C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N" 18.) '21 ( 9^6 ) » ri" Mon chronographe se contrôle lui-même; pendant que le cylin- dre se meut, on peut reconnaître sa marche par les indications d'un index qui se meut 5oo fois plus lentement que lui. La longue durée (2™ et 5') pendant laquelle le cylindre peut tourner et achever 5oo tours, permet de déterminer avec exactitude la durée d'une révolution entière an moyen d'une simple montre. » 1 2" On peut apprécier sa vitesse à -j-q^-^ de seconde. » i3" Mon chronograjjhe peut servir à tles expériences de physique les plus variées. » i4" Mon multipiicateur-rétablisseur de courant permet d'employer avec avantage dans les deux chronoscopes l'étincelle d'induction. La pointe de l'aiguille va en quelque sorte à la rencontre de l'étincelle d'in- duction. Si celle-ci n'est pas trop instantanée, dans ces expériences la pointe de l'aiguille du multiplicateur pourra être aussi près du cylindre ou du limbe du chronoscope à pendule qu'on voudra, dès qu'elle ne le touche pas. » i5° Mon multqjlicateur-rétablisseur de courant peut servir à décider si les vibrations longues et courtes sont rigoureusement isochrones; il pourra aussi servir à déterminer le temps très-court pendant lequel un nombre de vibrations connu (qu'on peut compter) a été exécuté ou produit. » M. Ranzi ( Marcello) adresse de Rome une série de dix images photo- graphiques offrant autant de phases distinctes de l'éclipsé solaire du 18 juil- let 1860. Une Note écrite en italien appelle l'attention sur diverses circon- stances du phénomène attestées par ces images. Cette Note porte la date du I 5 mars ; si donc elle est parvenue à l'Académie aussi longtemps après les autres communications relatives à la même éclipse, il } lieu de supposer que c'est par des causes indépendantes de la volonté de l'auteur. (Ces pièces sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Babiuet, Delaunay, Faye.) CORRESPOND AIVCE. IW. LE MiNisTiiK DE i.'IjiSTRUcTioN piiBLiQLE luvifc l'Académie à lui présen- ter, conformément au décret du 9 mars i852, deux candidats pour la place de professeur de Géologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle, par suite du décès de M. Cordier. La .Section de Minéralogie et Géologie est invitée à préparer à cet effet une liste de candidats. { 92? ) M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Rivol, le P' volume d'un Traité de Docimosie. ( Voir au Bulletin bibliographique.) « Cet ouvrage, dit M. le Secrétaire perpétuel, expose, avec tous les dé- tails praticpies nécessaires, les méthodes d'analyse applicables aux minéraux et aux produits métallurgiques. » L'auteur discute tous les procédés d'analyse, après les avoir lui-même éprouvés, et ce recueil, fruit d'une longue expérience, sera très-utile aux industriels et aux ingénieurs. » M. LE Secrétaire perpétcel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance un ouvrage allemand de M. Ejrel : « Physiologie de la voix humaine. » (Réservé pour le concours du prix de Physiologie expérimentale, et ren- voyé à titre de renseignement à la Commission nommée pour le travail de M. Bataille sur la phonation, Commission qui se compose de MM. Flourens, Milne Edwards, Cl. Bernard, Longet.) La Société royale Géographique de Londres remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série de Comptes rendus. ASTRONOMIE. — Découverte d'une nouvelle petite planète par M. Luther. '< Bilk, près Diisseldorf, 3 mai 1861. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie la découverte d'une nou- velle planète de 1 1* grandeur laite par moi à cet observatoire le 29 avril 1861 à la'^So™. Voici deux observations de cette planèle : Leto @. 1861. T. m. de Bilk. Asc. droite. Déclinaison. Avril 29 i3''3i'" 2%o ai2°23'ii",o — n°6'i5",i 8 comp. 3o io''52"'i7%5 2ia''ii' ii",4 — >i''4' 5"'2 8 » J'ai communiqué cette découverte aussitôt à l'observatoire prochani de Bonn, où on l'a observée à ma prière le 3o avril et nommée Leto. » 121.. ( 9^8 ) HYDRAULIQUE APPLlQUKE. — Note su> un i)iu/en de faire ouvrir (relles-méines les portes d'aval d'un sas d'écluse de navigation et de faire entrer de Itd- méme le bateau ilans le hief d'aval ; par M. »e Caligxy. (Extrait.) dont l'électrode positive est une tige de fer passif plongée dans l'acide azotiqnt (de 1,34 de densité), au bout d'une demi-heure environ que le circuit est fermé, l'attaque du fer est déterminée. L'acier, dans les mêmes conditions, conserve sa passivité un temps plus long, mais une fois une certaine limite rapidement atteinte, il redevient actif. » On s'accorde généralement à expliquer l'état passif par une couche d'oxyde non salifiable qui se forme électrochimiquement à la surface du métal ; il faudrait donc admettre que le fer à l'état d'acier acquiert une affi- nité plus grande pour l'oxygène naissant, et que le voile d'oxyde non sali- fiable qui se produit instantanément à sa surface est plus adhérent, plus imperméable aux acides que chez le fer. Il nous parait donc nécessaire de distinguer maintenant l'acier passif du fer passif. » CHIMIE MINÉRALE. — Action de Caluminiw'n sur les métaux mlfurés ; par M. Ch. Tissier. '< Si l'on uitroduit dans de l'aluminium fondu, une certaine quantité de sulfure d'argent, l'on voit bientôt le soufre se dégager de l'aluminium et ( 932 ) Ycnir brûler à sa surface avec sa flamme bleue caractéristique. En même temps il se forme un alliage d'argent d'autant plus riche que la proportion du sulfure introduit a été plus considérable. Tout le soufre cependant n'a pas été éliminé à cet état, car si l'on met dans l'eau les scories ou crasses provenant de cette fonte , l'on voit immédiatement se dégager de nombreuses bulles d'hydrogène sulfuré qu'il n'est pas difficile de reconnaître à son odeur; bientôt la liqueur perd sa transparence, devient laiteuse, et finale- ment se trouve chargée d'alumine gélatineuse. Il se forme donc dans les cir- constances que nous venons de mentionner, une notable proportion de sulfure d'aluminium. Avant à ma disposition du nickel métallique, mais contenant une certaine quantité de soufre , je m'en suis servi pour faire im alliage avec l'aluminium. Je n'ai pas obtenu dans ce cas de déga- gement de soufre à cause de la faible proportion de ce métalloïde conte- nue dans le nickel , mais j'ai eu encore des scories imprégnées de sulfure d'aluminium et exhalant l'odeur d'hydrogène sulfuré au contact de l'eau. J'ajouterai que l'alliage d'un métal avec un peu d'aluminium me paraît un moyen prompt et facile à exécuter, pour reconnaître très-vite si ce métal contient du soufre. B Lorsque le sulfure appartient à un métal ayant une grande affinité pour le soufre, et en renferme la proportion la plus grande possible pour consti- tuer un corps indécomposable par la chaleur comme les sulfures de fer, de zinc ou de cuivre, l'aluminium ne réagit plus, probablement parce que son affinité pour le métal avec lequel il pourrait former un alliage, est contre- balancée par l'affinité du soufre qui se trouve en quantité suffisante pour neutraliser son action. En d'autres termes, l'aluminuim décompose les mé- taux sulfurés contenant un excès de métal plutôt que les sulfures métalli- ques proprement dits. » M. Grimaud, de Caux , annonce que, pour rendre plus facile l'examen de la Commission à laquelle ont été renvoyées ses communications sur les jHiits artésiens de Venise, il fait imprimer les documents officiels sur les- quels s'appuient les énoncés dont MM. Degousée et Laurent ont contesté l'exactitude. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. ( 933 ) COMITÉ SECRET. ï^a Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemann présente Ja liste suivante : En première ligne M. Liebig, à Munich. M. Agassiz, à Boston. M. AiRY, à Greenwich. M. BuxsEx, à Heidelberg. ,, , ,. I M. De la Rive, à Genève. £.?( deuxième liqne ex œqito et par j »« -» .»,.., , , , , . ^ ' ' (M. Mahtuis, à Munich. ordre nlphnbetique. ■»» », ' j iU. MuRCHisoN, a Londres. M. Steiner, à Berlim M. Struve, à Pulkowa. M. WoHLER, à Gottingue. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lien dans la prochaine séance. La Section de Minéralogie et Géologie propose de déclarer qu'il y a lieu de nommer à la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Cordier. L'Académie est consultée, par la voie du scrutin, sur cette question. Sur 49 votants, il y a.. . . 43 oui Et 6 non. D'après le résultat du vote, la Section est invitée à présenter dans la pro- chaine séance une liste de candidats pour la place vacante. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. C. R., 1861, I" Semesire. (T. Ul, N» 18.) 123 (934 ) BULLETIN BIBLIOGKAPHIQIE. L'Académie a reçu clans la séance du 6 mai 1861 les ouvrages dont voici les titres : De l'inslinct et de l'intellicjence des animaux; par M. Flourens ; 4*^ édition. Paris, 1861; I vol. in-8". Annales de la Société de Médecine de Sainl-Elicnne et de la Loire ou Comptes tendus de ses trai'aux; t. P', 4* partie, année 1860. Saint-Etienne, 1861 ; in-S". Bulletin des séances de In Société impériale et centrale d' Agriculture de France. Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen ; 2* série, t. XVI, n° '^. Paris, i86i ; br. in-8° (2 exempl.) Bulletin de ta Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire. 3i* année, i"^" de la 3*^ série. Angers, 1860; br. in-S". Catalogue des livres rares et des manuscrits précieux composant la bibliothèque deJeuM. Lechaudé d'Anisy. Paris, 1861; br. in-8°. Résumé des. observations recueillies en 1860 dans le bassin de la Saône par les soins de la Commission hydrométrique de Lyon, i'^* année; br. in -8". Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle ; 118^ et 1 19* livr. Bulletin de [Académie royale de Belgique; 29* année, a* série, t. IX et X. Bruxelle.s, 1860; 2 vol. in-8°. Annuaire de [ Académie royale de Belqique. Bruxelles, 1861 ; br. in-8". Mémoires de [ Acadéniie royale de Belgique; t. XXXII. Bruxelles, 1861; vol. in-4". Annuaire rie l'Observatoire royal de Bruxelles; par M. A. QuKTELET, 28^ année. Bruxelles, 1861; br. in-8°. Observations des phénomènes périodiques ; par M. A. QUETELET ; br. in-4''. Sur le minimum de température à Bruxelles ; par M. A . QUETELET ; br. in-S". Sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux; parM. A.QuETEl.ET; br. in-8°. Phénomènes périodiques. Magnétisme et Astronomie; par M. A. QuETELET. br. in-8". Rapport de M. QuETELET sur deux Mémoires; br. in-8°. Sur la physique du globe en Belgique; par M. A. QuETELKT; br. in-8". Docimasie. Traité d'analyse des substances minérales, etc. ; par M. L.-E. Ri VOT; t. I", Métalloïdes, t vol. in-8". Paris, 18G1. Recheri bes de l'azote et des matières organiques dans l'écorce terrestre ; par M. Delesse (suite). Paris, 1861 ; br. in-8°. (935) Etudes sur le métamorphisme des roches; par M. Delesse. Paris, 1861 • br. in-4<'. Rapport de MM. DelESSE, Beaulieu et YvERT au sujet de l'inondation souterraine de Paris en i856. Neuilly, 1861 ; br. in-4°. (Ces trois ouvrages sont renvoyés à l'examen de la Section de Minéralo- gie et Géologie, chargée de présenter une liste de candidats pour la place aujourd'hui vacante dans son sein.) The second annual report. . . Second rapport annuel des curateurs de l'Union Cooper pour [Avancement des Sciences et des Jrts. New-York, i86r; in-S". The aurora viewed... L'aurore considérée comme une décharge électrique entre les pôles magnétiques du globe; par Benj. V. Marsh; br. in-8°. (Extrait du Journal américain des Sciences et Arts, vol. XXXI, mai 1861 .) Proceedings of the royal Society. . . Comptes rendus des séances de la Société Royale de Londres; vol. XI, n° 43 (janvier-mars 1861 ) ; in-8". Proceedings of the royal Geographical Society... Comptes rendus de la Société royale Géographique de Londres; \o\. V., n" i, i86i; in- 8°. Edimburg new philosophical... Nouveau Journal philosophique d'Edim- bourg ; nouveUe série, n° 26 (avril 1861); in-S". Specimina zoologica Mosambicana, cura Josephi BlANONi; fascic. i 2 et 14. Bononiae, 1861 , in-4°. Physiologie der... Physiologie de la voix humaine; par Franz Eyrel. Leipsick, 1860; in-S". (Concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Atti del' Imp. Eeg. Istituto... Actes de l Institut I. et R. vénitien de Sciences, Lettres et Beaux- Arts; t. VI, 3* série, 4*^ livr. Venise, i8Gr ; in-8°. Intorno alla corrispondenza... Mémoires sur la connexion entre tes phénomènes météorologiques et les variations du magnétisme terrestre; par le Père SecCHI. (Extrait des Actes de l'Académie des Nuovi Lincei, séance du du 3 février 1861.) Principj... Principes fondamentaux de philosophie de l histoire universelle; par Giuseppe Galt.o. Partie I, Chimie générale. Turin, 1861 ; in-8". Revista... Revue des travaux publics ; 9* année, n° g. Madrid, mai 1861 ; in-4°. Trabalhos do observatorio... Travaux de l'observatoire météorologique de l'infant D. Luiz à l Ecole Polytechnique; 6* année (1860). Lisbonne, 1861 ; in-folio. ( 936 ) PtJBLICATlOXS PÉKIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1861- Comptes rendus hebdomadaires des séances de l./4cadéijiie des Sciences ; i" se- mestre 1 86 1 , n"' 1 3, i4, i5, i6et 17; in-4°. Annales fie Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, ReGiNault, DE Senarmont, avec une Revue des travaux de Chimie et de Physique pubUés ù i étranger; par MM. WuRTZ et Verdet ; 3" série, l. LXI, avril et mai 1861. Annales de C Agriculture française ; n°* 5, 6 et ■7. Annales forestières el métallurgiques; mars 1861 ; in-S". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. XVIII de 1861; i i*à 18^ livraison, in-4". Journal d'Agriculture pratique; nouvelle période; t. II, n°' 6, 7, 8 et 9, 1861; in-8° Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; avril et mai 1861; in-S". Journal des Cotmaissancei médicales et pharmaceutiques; n°' 7 a 13 de 1861. La Culture; n"' 18 à 2t. L'Agriculteur praticien; 3* série, n"' 11, 12 et i3; in-8°. L'//r< meV/ica/; avril et mai i86i;in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 102' à i o4* Hvr.; 111-4°. Le Technologiste ; avril et mai 1861; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; avril et mai 1861 ; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques; avril et mai 1861; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; n°' 6, 7, 8 et 9; in-8°. Répertoire de Pharmacie; avril 1861; in-8''. Gazette médicale de Paris; n°' 1 1 à 18, in-4°. Gazette médicale d'Orient; n°' 12 et 1 3, 1861. L'Abeille médicale; n"" 11 à 18. La Lumière. Revue de la Photographie; n°' 5 à 8, 186 1. La Science pittoresque ; n°' 45 à 52. La Science pour tous; n"^ i5à 22. (933 ) COMITÉ SECRET. La Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemann présente la liste suivante : En première ligne M. Liebig, à Munich. M. Agassiz, à Boston. M. AiRY, à Greenwich. M. Bunsen, à Heidelberg. „ , I M. De la Rive, à Genève. En deuxième Ugne ex œc^uo et par j^, ^^^ , ^^^^.^^ ordre alphabétique »i m , ^ , ' J i»l. iuuRCHisoN, a Londres, M. Steiner, à Berlin'. M. Struve, à Pulkovva. M. WoHLER, à Gottingue. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La Section de Minéralogie et Géologie propose de déclarer qu'il y a lieu de nommer à la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Cordier. L'Académie est consultée, par la voie du scrutin, sur cette question. Sur 49 votants, il y a.. . . 43 oui Et 6 non. D'après le résultat du vote, la Section est invitée à présenter dans la pro- chaine séance une liste de candidats pour la place vacante. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. G. R.. 1861, I" Semestre. (T. UI, >'<> 18.) 122 ( 934 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQl'E. L'Académie a reçu dans la séance du 6 mai 1861 les ouvrages dont voici les titres : De l'instinct et de I intelligence des animaux; par M. Flourens ; 4* édition. Paris, 1861; I vol. in-S". Annales de la Société' de Médecine de Saint-Etienne et de la Loire ou Comptes rendus de ses travaux; t. P"^, 4^ partie, année 1 860. Saint-Etienne, 1 861 ; in-S". Bulletin des séances de h Société impériale et centrale d'Agriculture de France. Compte rendu mensuel rédigé par M. Payen ; a* série, t. XVI, n° ?>. Paris, 1861 ; br. in-8° (2 excmpl.) Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et- Loire. 3i* année, i"^^ de la 3'' série. Angers, 1860; br. in-8°. Catalogue des livres rares et des matntscrits précieux composant la bibliotlièque de Jeu M. LECFtAUDÉ d'Anisy. Paris, 1861; br. in-8°. Bésumé des observations recueillies en 1 860 dans le bassin de la Saône par les soins de la Commission hydrométrique de Lyon. 17" année; br. in -8°. Dictionnaire français illustré et Encyclopédie universelle; 118* etiiq*livr. Bulletin de l'Académie royale de Belgique; 29^ année, 2^ série, t. IX et X. Bruxelles, 1860; 2 vol. in-S". Annuaire de l' Académie royale de Belgique. Bruxelles, 1861 ; br. in-8". Mémoires de [Académie royale de Belgique; t. XXXII. Bruxelles, i86i; vol. in-4''- Annuaire rie l'Observatoire royal de Bruxelles; par M. A. QuETELET, 28'' année. Bruxelles, 1861; br. in-8°. Observations des phénomènes périodiques ; par }A. A. QuETELET ; br. in-4°. Sur le minimum de température à Bruxelles; par M. A. Queti-xet ; br. in-8°. Sur les phénomènes périodiques des plantes et des animaux; parM. A . Quetelet ; br. in-8''. Phénomènes périodiques. Magnétisme et Astronomie; par M. A. QuETELET. br. in-8°. Bapporlde M. QuETELET sur deux Mémoires; br. in-8''. Sur la pliysique dit globe en Belgique; par M. A. QuETELET; br. in-S". Docimasie. Traité d'analyse des substances minérales, etc. ; par M. L.-E. RlVOT; t. I", Métalloïdes, i vol. in-8",. Paris, 18G1. Becherches de l'azote et des matières organiques dans técorce terrestre; par M. Delesse (suite). Paris, 1861 ; br. in-8°. (935) Etudes sur le métamorphisme des roches; par M, Delesse. Paris, 1861; br. in-4°. Rapport de MM. DeleSSE, BeauHEU et Yveut au sujet de l'inondation souterraine de Paris en i856. Neuilly, i86r ; br. in-4°. (Ces trois ouvrages sont renvoyés à l'examen de la Section de Minéralo- gie et Géologie, chargée de présenter une liste de candidats pour la place aujourd'hui vacante dans son sein.) The second annual report. . . Second rapport annuel des curateurs de l'Union Cooper pour l'Avancement des Sciences et des Arts. New-York, 1861; in-S*^. The aurora viewed... L'aurore considérée comme une décharge électrique entre les pôles magnétiques du globe; par Ben'j. Y. Marsh; br. in-8°. (Extrait du Journal américain des Sciences et Arts, vol. XXXI, mai 1861 .) Proceedings of the royal Society. . . Comptes rendus des séances de la Société Royale de Londres; vol. XI, n*^ 43 (janvier-mars 1861 ) ; in-8°. Proceedings of the royal Geographical Society... Comptes rendus de la Société royale Géographique de Londres; \o\. V., n" i, 1861; in-8°. Edimburg new philosophical... Nouveau Journal philosophique d'Edim- bourg ; nou\e\\e série, n" 26 (avril 1861 ); 10-8°. Specimina zoologica Mosambicana, cura Josephi BlANONl; fascic. 12 et i4- Bononiœ, 1861, in-4°. Physiologie der... Physiologie de la voix humaine; par Franz Eyrel. Leipsick, 1860; in-8°. (Concours pour le prix de Physiologie expérimentale.) Atti del' Imp. Reg. Istituto... Actes de l'Institut 1. et R. vénitien deSciences, Lettres et Beaux-Arts; t. VI, 3* série, 4*^ livr. Venise, i8Gi ; in-8°. Intorno alla corrispondenza... Mémoires sur la connexion entre les phénomènes météorologiques et les variations du magnétisme terrestre; par le Père Secchi. (Extrait des Actes de [Académie des Nuovi Lincei, séance du du 3 février 1861 .) Principj... Principes fondamentaux de philosophie de f histoire universelle; par Giuseppe Gallo. Partie I, Chimie générale. Turin, 1861 ; in-8°. Revista... Revue des travaux publics ; 9^ année, n° 9. Madrid, mai 1861 ; in-4°. Trabalhos do observatorio... Travaux de l'observatoire météorologique de l'infant D. Luiz à (Ecole Polytechnique; 6* année (1860). Lisbonne, 1861 ; in-folio. (936 ) PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PEXDANT LE MOIS DE MAI 18G1. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences ; i" se- mestre 1861, n"M 3, i4, i5, 16 et 17; ii)-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. CuEVREUL, Dumas, Pelouze, BOUS.SINGAULT, RegnauLT, DE SenaRMONT, avec une Revue des travaux de Chimie el de Physique publiés à t étranger; par MM. WuRTZ et Verdet ; 3*= série, l. LXI, avril et mai 1861. Annales de F A(jricuUure française ; n°* 5, 6 et 7. Annales forestières et métallurgiques ; mars 1861; in-S". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; t. Xy m de 1861; ii*à 18* livraison, 111-4". Journal d' Agriculture prntiquc; nouve}\e période; t. II, n°' 6, 7, 8 et 9, 1861; in -8" Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; avril et mai r86i; in-8''. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°' 7 a 12 de 1861. La Culture; n°' 18 à 21. L' Agriculteur praticien ; 3® série, n"' 11, 12 et i3; in-8°. L'Art médical,; avril et mai 1861; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 102* à i o4® livr.; in -4"^. Le Technologiste ; avril et mai 1861; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; avril et mai 1861 ; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques ; avril et mai 1861 ; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; n"' 6, 7, 8 et 9; in-8°. Répertoire de Pharmacie; avril 1861; in-8°. Gazette médicale de Paris; n°' 1 i à 18, in-4°. Gazette médicale d'Orient; n"' 12 et i3, 1861. L'Abeille médicale; n°' 11 à 18. La Lumière. Revue de la Photographie ; n°' 5 à 8, i86jf. La Science pittoresque ; n*" 45 à 52. La Science pour tous; n"* i 5 à 22 . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 13 MAI 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE APPLIQUÉE. — Quelques remarques concernant la théorie de la teinture, la pratique de ses procédés et le commerce des étoffes teintes relativement nu consommateur ; par M. E. Chevreul. (Suite.) « Les matières colorantes dont je veux parler sont la fuchsine, l'aza- léine, le violet d'aniline, le bleu de cinchonine et l'azuline. Elles fixent les yeux par l'éclat et la beauté des couleurs qu'elles donnent aux étoffes, cou- leurs en apparence bien supérieures à celles que les mêmes étoffes reçoivent des matières colorantes anciennement connues; et il n'est pas jusqu'à leui- origine qui ne soit un sujet d'étonuement pour les personnes auxquelles fni apprend qu'on les prépare avec le produit brun et fétide de la distillation de la houille, et que déjà avant de les connaître ce même produit servait à faire l'aciile picrique, qui a été et est encore eni|)loyé dans la teinture eu jaune de la soie; de sorte que la chimie, en définitive, est parvenue, au moyeu d'une aduiirable suite de trausfornialiou'., à préparer avec le pioduil de la tlislillati(_)n de la houille des principes colorants qui donnent aux étoffes le jaune, le rouije vt le bleu. Un résultat aussi inattendu, dont l'ap- plication s'est euiparée aussitôt, |)our ainsi dire, que la science l'a fait con- naître, a excité l'enthousiasme de beaucoup de gens occupés de teinture, et G. R., :86i, I" Semesire. (T. LU, N» 19) 1 ^3 (938) a fait émettre des opinions rlont la publicité aurait plus d'un inconvénient, si la vérité n'intervenait pas pour établir incontestablement l'état actuel des choses sans préjuger l'avenir. On a dit qu'une ère nouvelle s'ouvrait à l'industrie tinctoriale; quel'indigo, la cochenille, la lacque-dye disparaîtraient bientôt des ateliers de teinture ; des recueils sérieux, sous l'influence de cette manière de voir, ont parlé du trouble que jette déjà l'usage des nou- velles matières colorantes dans les pays d'outre-mer où l'on élève la coche- nille et partout où les plantes iudigofères sont cultivées. » Ces opinions, iort heureusement, ne sont pas fondées; il serait fâcheux que l'indigo, la cochenille et la lacque-dye, auxquels la teinture doit ses cou- leurs les plus stables, comme le prouvent les recherches que je viens d'ex- poser, manquassent quelque jour à nos ateliers par suite du découragement des personnes qui se livrent au loin à leur production. » Afin de prévenir tout malentendu sur mes intentions et qu'on ne m'at- tribue pas des opinions autres que les miennes, envisageons l'art de la tein- ture dans sa plus grande généralité , car ce n'est qu'en se plaçant au point de vue le plus élevé qu'on évitera de tomber dans des erreurs qui consistent à prendre la partie pour le tout. On sera ainsi conduit à voir l'extrême diffé- rence de la teinture en chaudière pratiquée pour teindre les étoffes en vertu de l'affinité chimique et la teinture par impression qui n'a été pratiquée en France que vers le milieu du dernier siècle. » Conformément au principe qu'une matière solide n'est dissoute par un liquide qu'en vertu de l'affinité, j'ai admis comme conséquence qu'une étoffe plongée dans un bain colorant ne s'y teint qu'en vertu d'une affinité pour la matière colorante dissoute supérieure à celle du dissolvant pour elle. .. Si les étoffes les plus stables que nous connaissions sont teintes par ce procédé, les moins stables connues le sont pareillement; cela résulte de ce qui précède; car toutes les étoffes dont nous avons examiné la stabilité ou l'altérabilité avaient été teintes par ce procédé. » Reconnaissons que la teinture des toiles de coton, mordancées ou non mordancées, que l'on passe en chaudière dans de l'eau tenant en solution des n)atières colorantes extraites de la racine de garance, des tiges de la gaude, de la noix de galle, etc., etc., rentre dans ce procédé. » Voilà la manière de teindre la plus ancienne, celle qui longtemps a été exclusivement pratiquée en Einope, même pour les toiles de colon. » Les procédés piatiqués aujourd'hui pour la teinture des draps de cou- leurs les plus stables, de la soi<; destinée à l'ameublement, des toiles de coton les moins altérables, ont sans doute été éclairés par la science, mais (939) en définitive ils diffèrent peu des anciens procédés. Le progrès a porté prin- cipalement sur la préparation des étoffes avant la teinture, sur l'emploi de matières dont la nature est aujourd'hui bien mieux connue qu'elle ne l'était autrefois, sur la théorie des actions moléculaires qui se passent entre le dissolvant, les mordants et les matières colorantes, enfin sur l'apprêt donné aux étoffes teintes; et il faut reconnaître que les changements apportés aux anciens procédés ont eu pour objet l'économie plutôt que la bonne qualité des produits. » L'impression sur étoffes présente des résultats fort différents de ceux dont je viens de parler, sous le triple rapport de la variété des procédés, de la théorie des réactions des corps mis en présence et de la rapidité des progrès de l'art. Cette différence a f;iit penser à plusieurs personnes que la fabrication des toiles peintes, y compris l'impression, devait être considérée comme la partie fondamentale de la teinture, et quelques-unes ont été en- traînées jusqu'à croire que toute la théorie de la teinture était renfermée dans cette fabrication. Si cette opinion est exagérée en ce sens que le con- cours de l'étude de la teinture siu' laine et sur soie est absolumeiU nécessaire à fonder une théorie de la teinture, il est bien vrai que la fabrication des toiles peintes comprend tous les procédés généraux de l'art, puisque l'on teint en cuve d'indigo les fils et les tissus de coton comme on teint les étoffes de laine en poil, en fil et même en tissu, et la soie en fils, en outre que Ton teint en chaudière le coton en fil et en tissu avec la garance, la gaude, etc., comme on teint les étoffes de laine et de soie. Mais ces der- nières teintures par leur simplicité rentrent dans les anciens procédés, et ne sont point ceux qui ont élevé si haut dans l'opinion les progrès de la fabrication des toiles peintes. » Les choses n'ont plus cette simplicité quand il s'agit des impressions : ii ne suffit plus de plonger un tissu dans une cuve ou une chaudière, pour y appliquer une couleur,, il faut se servir du tissu, comme d'un papier sur lequel on veut imprimer un dessin plus ou moins correct; s'il est mono- chrome, la difficulté est bien moindre que s'il doit présenter des couleurs variées et souvent plus ou moins dégradées ou fondues; et toutes les difficul- tés à vaincre ne peuvent l'être qu'à la condition de procédés industriels. Or le but n'est atteint qu'à la condition du concours des sciences chimiques, physiques et mécaniques, et c'est à cause de l'exigence de ce concours que nous avons vu dans un quart de siècle s accomplir les progrés si étonnants de l'art de la coloration par l'impression sur tissu de coton d'abord, et plui tard sur les tissus de laine et de soie. 123.. (94o) » 11 y a justice à reconnaître la grande part de l'industrie de Midliousi- à ces progrés, et à la louer non-seulement pour ses produits, les plus parfaits du monde, mais pour la pensée (ju elle a eue et qu'elle a réalisée eu réunis- sant dans sa sphère d'activité tous les éléments scientificpies et économiques nécessaires au maintien de l'excellence de ses produits, eu fondant une société industrielle et des institutions propres à assurer le sort des ouvriers attachés à ses nondjreux ateliers. » Si dans quelques circonstances particulières on colore des étoffes de laine, de soie et de ligneux, ordinairementenfils, en les passant dans de l'eau tenant en suspension des matières colorantes, et si alors la coloration, étran- gère à l'affinité, est absolument physique ou mécanique, il n'est possible, par ce procédé, de ne colorer les étoffes que très-faiblement. Cependant, en opérant avec des matières colorées indestructibles à l'air, telles que du charbon, des sesquioxydes de 1er, de chrome, etc., j'ai obtenu des résultats précieux pour les tapisseries. Dans l'industrie des toiles peintes, on produit, en dehors de l'affinité, des colorations, en imprégnant une étoffe d'une solution saline susceptible de former, jiar la réaction d'un autre sel, ini composé coloré insoluble qui, restant entre les fibres constituant chaque fil du tissu, résiste suffisamment au frottement et aux lavages auxquels le tissu ainsi coloré est exposé dans l'usage qu'on en fait. Ce procédé correspond donc au précédent, mais il y a cette différence que celui-ci ne peut donner des tons très-foncés comparables à ceux qu'on obtient avec l'autre. » Il existe un procédé qui depuis 1 827 employé fréquemment est précieux en ce qu'il permet d'imprimer sur les tissus toutes sortes de matières co- lorées insolubles dans l'eau et des plus stables. Ce procédé consiste à intro- duire dans de l'eau d'albumine d'œuf la matière colorante excessivement divisée, à imprimer le liquide convenablement épaissi sur le tissu, à le laisser sécher à l'air, puis à le soumettre à la vapeur d'eau de manière à cuire l'albumine. Cette cuisson rendant l'albumine insoluble dans l'eau la fixe en même temps aux fibres de l'étoffe ainsi que la matière colorée qu'on y avait mêlée, et la fixation est assez forte pour que ce procédé soit appliqué avec avantage aux tissus que l'usage oblige de laver assez fiéquemment. » On apprécie tous les avantages de ce procédé en considérant qu'il |)er- tnet de colorer les tissus par toutes les matières colorées possibles, puisqu'il suffit de les diviser dans un liquide albumineux, et qu'en définitive ce pro- cédé rappelle plus un procédé de peinture qu'un procédé de teinture. » Mais le rôle de l'albumine dans l'impression des tissus du coton n'est pas borné à ce procédé, il s'étend encore au cas où la coloration est opérée (9^' ) par l'affinité cliimiqiio. Mes recherches, conslamment étendues aux trois étoffes laine, soie ei ligneux, ont montré ra|)tilude si différente souvent de ces étoffes a s'unir par la voie de l'affinité avec un même principe colorant. On conçoit dès lors la possibilité en imprimant lui dessin d'eau d'albumine de l'oeul sur un tissu de coton, le laissant sécher, puis le fixaiu à la vapeur, de reproduire le dessin coloré en passant le tissu dans un baui colorant tlont la matière dissoute se portera sur l'albumine par exemple a l'exclusion du coton. » Résumons de ces généralités ce qui concerne l'application des matières colorantes récemment employées en teinture. » S'il est impossible de maintenir l'ancienne distinction des étoffes dt- grand teint et des étoffes de petit teint, il y a d'un autre côté nécessité de ne pas confondre les étoffes teintes qui doivent se prêter le plus longtemps aux exigences des vêtements d'hommes et à l'ameublement, avec les étoffes des- tinées à la toilette des femmes, dont l'éclat de la couleur et l'apprêt sont les qualités les plus recherchées. » Les étoffes, dans im commerce loyal, doivent être vendues pour ce qu'elles sont, et quand le consommateur voudra une étoffe teinte de couleur durable, il sera toujours empressé à payer la bonne qualité de la teinture ; c'est donc pour le satisfaire que l'industrie doit conserver les procédés dont la boime qualité des produits est parfaitement connue, ou si elle en change il faut qu'elle sache que les procédés nouveaux ne sont point sous ce rap- port inférieurs aux anciens. » Ma notation des couleurs m'a permis d'établir des distinctions précises très-propres à déterminer les stabilités respectives des diverses étoffes teintes, en ayant égard à un ensemble d'influences provenant de l'étoffe, du mordant, de la matière colorante et du mode même de procéder. Dès lors on peut faire aujourd'hui ce qui auparavant était impossible, et établir nettement ce que doivent être des matières destinées à remplacer l'indigo, la coche- nille, la lacque-dye, la garance et la gaude. )) Évidemment un bleu sur laine qui perdra plus de lo** par une exposition d'un an à l'air lumineux ne pourra remplacer l'indigo pour les vêtements d'homme et particulièrement les uniformes de l'armée. » Un rouge qui perdra plus de aS** par une exposition d'un an ne pourra remplacer la cochenille, ûxée en écarlate sur la laine au moyen du tartre et de la composition d'étain. » En partant du principe que les étoffes teintes doivent satisfaire à l'exi- gence des usages auxquels elles sont destinées, il est évident que l'exigence ( 94^» ) (lu coiisoimnateiir ne sera pins telle que je viens de le dire, lorsqu'il s'agira fl'étolfes destinées à la toilette des femmes pour lesquelles l'éclat de la cou- leur et la beauté de l'apprêt sont les qualités qu'on recherche avant tout. Je serai donc le premier à admirer la beauté des couleurs obtenues avec le violet d'aniline, la fuchsine, l'aniléine, le bleu de cinchonine, etc., etc., pour peu qu'on ne prétende pas les imposer à l'industrie à l'exclusion de l'in- digo, de la cochenille, de lalacque-dye, delà garanceet mêmede lagaude. » Grâce à ma notation des couleurs et à l'étude suivie pendant deux ins des changements qui surviennent graduellement dans les couleurs des étoffes teintes avec les principales matières colorantes le plus généralement employées depuis longtemps par l'industrie, on peut fixer aujourd'hui les degrés de stabilité respective des procédés de teinture fondés sur l'emploi de ces matières, et dès aujourd'hui on peut dire qu'avec la fuchsine on n"a fait que des teintures dont la stabilité correspond à celle du rouge de car- thame, la plus altérable des matières colorantes que j'ai examinées. Certes, je sais trop les déceptions auxquelles on s'expose dans les sciences d'expé- rience lorsqu'on prononce d'une manière absolue la négation de proposi- tions dont l'absurdité n'est pas démontrée, pour nier la possibilité de donner plus de stabilité à la fuchsine qu'on ne lui en connaît aujourd'hui; ce que je prétends, c'est que les connaissances actuelles sont loin de justifier l'opi- nion que la fuchsine, le bleu de cinchonine, d'aniline, doivent bannir dans peu de temps des ateliers l'usage de la cochenille et de l'indigo, et qu'il y a toute sorte d'inconvénients à répandre comme vraie cette opi- nion qui est en opposition avec les faits actuellement connus. » Dans un prochain Mémoire, j'exposerai le résultat de mes observations sur la stabilité respective des différentes matières colorantes récemment employées en teinture. » ANATOMIE COMPARÉE. — Suite des obseivations sur l'Encéphale d'un jeune Rorqual. — Des lobes olfactifs; par MM. Serrks et Gratiolet. « Nous terminerons par les lobes olfactifs la description de la surface externe de l'Encéphale des Cétacés. Afin même d'en expliquer les anoma- lies chez ces Animaux, nous croyons nécessaire de rappeler en quelques mots la manière dont se comportent les origines du nerf olfactif dans les Maiiiniifères. » Dans les Cerfs, que nous prenons pour exemple, la vallée longitudi- nale qui semble représenter dans ces Animaux la scissure de Sylvius de ( 943 ) l'Homme, contient une circonvolution longitudinale, au premier abord tres- étroite, mais qui est, en réalité, plus large qu'elle ne le paraît, parce (lu'elle est en grande partie cachée par les lobes olfactifs, qui se logent dans une gouttière profonde située à sa face inférieure. Cette circonvolution, que l'on peut considérer comme la racine commune de toutes les circonvolutions qui occupent la face externe de l'hémisphère, arrive jusqu'à l'extrémité frontale du Cerveau, où elle change brusquement de direction, en se repliant d a- vant en arrière; c'est cette partie réfléchie qui, se divisant en deux étages principaux, comprend tous les plis qu'on aperçoit à la face extérieure et postérieure du Cerveau. )i Nous n'avons pas besoin d'insister ici sur la disposition des circonvolu- tions externes des Ruminants; il importe davantage d'insister sur le lobule uniforme de la circonvolution du corps calleux, car elle paraît fournir, d'une manière exclusive, les origines du lobe olfactif. M Un sillon antéro-postérieur, très-profond et longitudinal, sépare cette circonvolution unciforrae et le lobe olfactif qui lui fait suite de toutes les circonvolutions de la face externe. Le lobule qui termine la circonvolution unciforme proprement dite, limite en arrière le champ olfactif, à la hauteur du chiasma des bandelettes optiques. Le champ olfactif proprement dit est peu saillant, et limité par les racines du lobe olfactif; on y remarque les per- forations habituelles, et en arrière une sorte de sillon transversal peu pro- fond, que parcourt dans le même sens un plan de fibres grisâtres. Cela dit, il sera facile de faire comprendre comment se comportent les origines du lobe olfactif. B La racine externe, sous la forme d'une bandelette blanche, forme la limite externe du champ olfactif; elle naît de la partie la plus antérieure du lobule de la circonvolution unciforme. En avant, elle s'étale en un plan de fibres blanches qui viennent s'enfoncer sous la coiffe grise du lobe ol- factif. » Le côté interne de cette bandelette, nous l'avons dit déjà, limite en dehors le champ olfactif; l'externe est accompagnée, jusqu'à la coiffe grise du bulbe, par une bande circonvolutionnaire, quelquefois chargée de plis transverses, comme on levoit en particulier dans l'Éléphant, et qui est la con- tinuation directe du bord externe du lobe unciforme. Il n'y a donc, au côté externe du moins, aucune distinction possible entre le lobule unciforme et le lobe olfactif. » Ce lobule unciforme, partie saillante du lobe de l'hypocampe, présente ( 944 ) d'ailleurs une dépression longitudinale qui semble répéter, à l'extrémité postérieure du cerveau, bien que sur un lobe différent, la fossette longitudi- nale qui, sur la racine antérieure des circonvolutions externes, loge le bulbe olfactif. » La racine interne est épaisse : elle anticipe sur le tranchant inférieur de riiémisphère, et s'enfonce d/ins la grande scissure longitudinale au côté in- terne du champ olfactif. Ces rapports sont ceux qu'on rencontre dans tous les Mammifères, sans excepter l'Homme lui-même. » Il y a donc à la face inférieure du lobe antéro-postérieur du Cerveau deux productions longitudinales : l'une est la racine commune des circon- volutions externes, l'autre est le lobe olfactif lui-même, se continuant direc- tement avec le lobule unciforme (lobe de l'hypocampe). » Ces détails étaient nécessaires pour arriver à l'interprétation des faits, tels qu'ils se présentent dans le Marsouin. » Absence des lobes olfactifs citez le Marsouin . — Ce qui frappe le plus, quand on examine la face inférieure d'un Cerveau de Marsouin, est l'énorme saillie de la masse grise des champs olfactifs; c'est une sorte de noyau convexe et elliptique qui dépasse de toute part ce qui reste des circonvolutions des lobes antérieurs du Cerveau. Une bande de fibres blanches, sur laquelle viennent mourir, en quelque sorte, les circonvolutions frontales, circonscrit en avant ]f tubercule des champs olfactifs; en arrière, il sont limités, suivant l'usage, par une gouttière transversale, parcourue par des fibres grisâtres et, plus en arrière encore, par les bandelettes optiques. » L'insula, sous forme d'un tractus très-étroit, le borde extérieurement, .se dilate en avant en im lobule considérable, à la face inférieure du lobe inférieur, lobule d'où partent, en se repliant en arrière, les bandes circon- volutionnaires de la face externe de l'hémisphère, ainsi que nous l'avons déjà exposé. » Ce lobule unciforme est fort réduit, et on chercherait vainement la trace d'un lobe olfactif, même rudiinentaire. La circonvolution et la racine externe de ce lobe sont totalement absentes, et il en est de même de la racine interne. Cette remarque est d'autant plus importante, que ce^ racines sont encore distinctes dans les lobes olfactifs les plus réduits, i'atrophie portant surtout, comme cela a lieu dans l'Homme et dans les l'iioques, sur la portion du lobe (pii est intermédiaire entre ses racines et son bulbe tei- niinal. Ces faits ne permettent pas d'adoi^ter l'opinion émise par de savants Physiologistes, d'après laquelle des lobes olfactifs rudimeiitaires existeraient (945 ) dans le Marsouin adulte : leur existence ne poiu'rait êlre recherchée avec quelque jjrobabilité que dans l'Embryon. Les lobes olfactifs et leurs racines manquent donc complètement dans cet Animal. » Toutefois cette absence d'un élément encéphalique dont l'existence est si générale chez les Mammifères, nous conduit à rechercher idéalement quelle place eussent occupée ces lobes dans le Cerveau du Marsouin, s'ils s'étaient développés. » Sauf l'absence des lobes olfactifs, les choses se passent dans cet Animal d'un façon normale. La scissure de Sylvius est bien accusée, et à cet égard les Dauphins etlesautres vrais Cétacés accusent une supériorité typique très- grande sur les Ruminants, les Pachydermes, les Rongeurs et les Édentés; nous n'oserions dire que cette scissure contient, à proprement parler, un lobe central : toutefois son fond, assez étroit, est circonscrit, du sommet vers la base de la scissure, par une bande circonvolutionnaire, distinguée par une scissure profonde et très-apparente, et qu'il est permis de consi- dérer comme l'analogue du lobe central. Cette bande circonvolutionnaire se termine inférieurement sur un ruban grisâtre qui limite les couches cor- ticales des lobes antérieurs du Cerveau., en se pressant contre cette partie de l'étage inférieur du corps strié qui est à découvert à la face inférieure du Cerveau, au-devant des bandelettes optiques, et que les Anthropotomistes ont désignée sous le nom de champ olfactif ou cjiiadrilalcre perforé. Dans l'Homme, cette partie découverte du corps strié est loin d'avoir le gran) Celte question, que l'observation de l'Embryon pourra seule résoudre d'une manière absolue, peut être cependant abordée par une sorte de calcul de probabdités. Elle a deux solutions possibles : dans les Animaux, en géné- ral, le sillon qui sépare le lobe central ou insula des autres lobes cérébraux se continue directement avec le sillon qui sépare ces mêmes lobes d'avec le côté extrême du lobe olfactif, et l'on peut dire que ce lobe est logé dans le prolongement de ce sillon sous les lobes antérieurs du Cerveau. » Or un sillon, ou plutôt une anfractuosité analogue, se prolonge a la face inférieure du lobe antérieur du Cerveau chez le Marsouin, et sépare de la masse du lobe antérieur deux lobes très-distincts et très-saillants qui bordent les deux côtés de la grande scissure cérébrale. Ce sillon logerait-il en effet les lobes olfactifs, s'ils existaient chez le Marsouin? C'est la pre- mière probabilité. » Toutefois cette hypothèse est douteuse. Le lobule qui sépare cette 'scissure de la grande scissure cérébrale est relativement énorme, et oblige- rait la racine interne du lobe olfactif à parcourir, pour rejoindre ce. lobe, un trajet d'une longueur inusitée : elle eudjrasserait au moins les deux tiers de la couche du champ olfactif, ce dont aucun autre animal ne nous fomnit un exemple. On peut se demander, en outre, si l'absence du lobe olfactif ne doit pas entraîner l'absence du sillon destiné à le loger, et s'il ne serait pas plus légitime d'admettre que ce sillon, s'il existait, se rapprocherait de la grande scissure cérébrale, en divisant en deux lobes le petit lobe que nous venons de distinguer sur les côtés de la grande scissure cérébrale. Cette seconde hypothèse nous semble avoir pour elle des probabilités plus grandes que la première. » Des lobes olfactifs chez le Rorqual. — Si maintenant nous passons du Marsouin au Rorqual, la scène change. Ici les lobes antérieurs du Cerveau sont grands, saillants, et forment, avec ce qu'on observe dans le Marsouin, un contraste frappant. Leur saillie dissimule celle de l'insula, si tranchée dans ce dernier animal. Cette insula, d'ailleurs, est convexe, transversale- ment elliptique et limitée en arrière, suivant l'usage, par cette gouttière parcourue par des Bbres grises qui la sépare des bandelettes optiques. » Extérieurement, elle est limitée par un tractus grisâtre, que bordent extérieurement des replis circonvolutionnaircs. Ce Iraclus et ces replis se continuent directement avec un lobule unciforme très-replié, et ce rapport ne permet pas de se méprendre sur leur signification. Ils se continuent d'ail- ( 947 ) leurs d'une manière directe avec un lobe olfaclif grêle et comparable, pour ses proportions, à celui de l'homme. La racine interne est plus grêle que d'habitude ; elle s'enfonce dans un sillon profond qui sépare Vinsula des circonvolutions antérieures. » Ces petits lobes sont logés dans un sillon très-profond situé à la face inférieure du lobe antérieur, dont il sépare les plis en deux groupes, l'un niterne et l'autre externe; le groupe interne est des deux le moins consi- dérable. " » Ceci posé et nettement établi, il importait de rechercher quel tractus circonvolutionnaire représente l'insula au côté externe de l'olfactif. Cette recherche est fort incertaine, parce que toutes les scissures étant de même (jrdre ou de même aspect, il est fort difficile de distinguer nettement quelque bande servant d'origine commune à tous les plis de la lace externe; c'est là une différence très-marquée parmi celles qui distinguent le Rorqual du Marsouin ; l'embarras est même d'autant plus grand, au premier abord, que la circonvolution marginale externe du lobe olfactif naît très-protondé- ment du lobule unciforme, et semblerait au premier abord représenter la bande circonvolutionnaire de l'insula. Mais ses rapports exclusifs avec le lobe olfactif ne permettent pas d'accepter cette interprétation. » Il est impossible de ne pas apercevoir un rapport entre la brièveté des parties frontales et l'absence du lobe olfactif dans le Marsouin, tandis que, dans le Rorqual, une plus grande largeur du lobe frontal couicide avec la présence d'un lobe olfactif très-distinct. Tout indique ici un animal moins éloigné que le Marsouin des conditions biologiques communes à la plupart des iNIammifères. n Tels sont les faits qui nous ont paru dignes d'être signalés dans l'exa- men de la surface extérieure de l'Encéphale des Cétacés. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur (es bases phospitorées. Action de la triéthylphosphine sur les produits de substitution du gaz des marais ; par M. A.-W. HoFsiAxx. « La formation de bases diatomiques par l'action de la triétbylphosphine sur le dibromure d'êihylêne suggérait naturellement l'idée d'étudier la con- duite des bases phosphorées avec les nombreux dérivés bromes de la série éthylénique découverts par M. Cahours et récemment examinés de nouveau par M. A. Lennox. Tous ces composés agissent, en effet, avec une énergie extrême sur la triéthylphosphine; cependant on est loin d'observer dans les I24-. ( 948 ) produits de ces réactions, à l'égard des composés primitifs, la simplicité et l'intimité de relation que |iaraissaient être indiquées par l'étude du dibro- mure d'éthvlene. La plupart des produits de substitution bromes peuvent j)erdre du brome ou de l'acide bromhydrique en donnant lien à la forma- tion des bromures de triétliylphospbine et de triétliylphosphonium en même temps qu'à des composés secondaires phosphoniques peu intéressants ,ui point de vue théorique et dont je n'ai pas pouisuivi l'examen. » 11 restait encore à étudier la manière d'être des bases phosphorées sous l'influence des composés chlorés et bromes d'une constitution plus simple. Espérant obtenir dans cette direction des résultats plus caractéristiques, j'ai soumis à un examen spécial les produits résultant de l'action de la triéthylphosphine sur quelques-uns des produits de substitution du gaz des marais. » L'action du chlore sur ce gaz a été l'objet des importantes recherches de M. Regnault, qui a démontré que la substitution successive du chlore à l'hydrogène dans le gaz des marais donne lieu à la série suivante : CH* ("); CH'Cl; CH*Cl=; CHCP; CCI*. Je désirais reconnaître si ces quatre dérivés chlorés, soumis à l'action de la triéthylphosphine, fixeraient respectivement i, 2, 3 et 4 molécules de la base phosphorée, en produisant des composés de mono- di- tri- et de tétraphosphonium, dont la composition était donnée d'avance par la théorie. » On connaît déjà quelques-uns des corps engendrés par faction des produits de substitution chlorés du gaz des marais sur les bases phospho- rées. Le chlorure de méthyle fixe 1 molécule de triéthylphosphine, donnant lieu à la formation du chlorure de méthyltriéthylphosphonium, CH'Cl + (C^H^)^P = [(CH'')(C='H')»P]Cl, dont nous avons, M. Cahours et moi, examiné la combinaison platmique il y a quelques années. » On connaît aussi le produit qui résulte de l'action du chloroforme sur la triéthylphosphine. J'ai fait voir que le chloroforme fixe 3 molécules de base phosphorée et produit le trichlorure de formyl-nonéthyl triphospho- (*) Fi = i; 0= 16; C = 12, etc. ( 949 ni II m : (CH')"'CP + 3[(C^H^)^P] = (CH)'''(C^H')'P CI' dont j'ai signalé l'existence à l'Académie dans une Note antérieure. M II ne restait donc à examiner que la manière d'être de la triéthylphos- phine avec le second et le quatrième produit de substitution chloré. » Le dichlorure de méthylène, produit obtenu par l'action du chlore sur le chlorure de méthyle, agit énergiquement sur la triéthylphosphine. Pour accomplir la réaction, il suffit de faire digérer le mélange sous pression pen- dant quelques heures à une température de loo". Les produits varient beau- coup., selon la proportion dans laquelle on a mis en contact les deux agents. I molécule de dichlorure de méthylène et i molécule de triéthylphosphine donnent lieu à la formation de beaux cristaux de chlorure de triéthylphos- phonium chlorométhylique, (C=H^)'P + CHHP = [(CH=C1)(C^H=)'P]C1. Ce chlorure produit avec le platine un sel double, magnifiquement cristal- lisé en aiguilles assez difficilement solubles dans l'eau, qui contiennent : [(CH*CI)(C*H»)''P]Cl,PtCl-. Il Le sel de triélhylphosphonium chlorométhylique peut fixer un second équivalent de triéthylphosphine. La masse cristalline obtenue de cette ma- nière est évidemment le dibromure de méthylène-hexélhyldiphosphonium : [(CH'Cl((C^H»)'P]Cl + (C^H»)'P=|^(CH^rj|^;|J;j3'p]'cl^ » Je n'ai pas réussi à saisir le dichlorure à l'état propre à l'analyse, ce composé ne pouvant être mis en contact avec l'eau sans subir une décom- position immédiate. Mais on reconnaît facilement le composé diatomique dans ses produits de décomposition. La solution du dichlorure ne se préci- pite pas par le dichlorure de platine, mais, par l'évaporafion, elle dépose des octaèdres jaune-orangé, bien développés, qui sont le sel platinique de méthyltriéthylphosphonium. L'eau mère fournit les tables hexagonales du sel plafinique de l'oxyde de triéthylphosphine. I' L'équation suivante représente la transformation du dichlonire de (95o) (lipliosphonium sous l'influence de l'eau : ,„s{aH^rv H [^*^'"" ((C^IPVpJ ^■^' '^ in jO=[CH')(CniVP]Cl4-{C=H=)3po + HCI. » On voit donc que le composé diatoniique delà série méthylénique subit, même à l'état de sel et à la température ordinaire, luie métamorphose qui u est observée dans la série étbylénique qu'avec la base libre et sous Tm- tluence d'une haute température. Ou sait bien qu'en chauffant l'hydrate d'étlivléne-liexéthyldiphosphouium, l'hydrate de tetréthylphosphonium et l'oxyde de triéthylphosj)hine dominent parmi les produits de décompo- sitition : ^^ '^ H= 1 j^ 0 + (C^H=)^PO. M Le di-iodure de méthylène obtenu par l'action de la chaleur sur l'iodo- t'orme imite sous tous les rapports la conduite du composé chloré avec la triétbylphosphiue. D'autre part le dibromure, formé par l'action du brome sur le di-iodure agit tout à fait différemment. Je me propose d'examiner cette réaction dans une comnnuiication ultérieure. )) L'action du tétrachlorure de carbone CCI* sur la triétbylphosphiue j)roduit des changements semblables, sous beaucoup de rapports, aux trans- formations que j'ai décrites. En soumettant le tétrachlorure de carbone à l'action de la triéthylphosphine, j'ai été surpris de voir que le chlorure qui résiste avec tant de persistance à l'influence des agents les plus puissants, en est attaqué avec une violence extrême. Une goutte de triéthylphosphine tombant dans le tétrachlorure de carbone bruit comme de l'eau jetée sur lui 1er rouge. Il faut travailler dans des vases remplis d'acide carbonique pour prévenir l'inflammation de la base phosphorée et se servir d'appareils spéciaux pour opérer graduellement le mélange. On peut encore diminuer la force de la réaction en employant les deux liquides dissous dans l'éther anhydre. Ici encore les proportions relatives dans lesquelles les deux com- posés ont été mis en contact exercent une certaine influence sur le résultat de la réaction. » Obtenue en présence ou en absence de l'éther, le produit de la réac- tion est une substance blanche cristalline excessivement déliquescente. Soinnis à l'action de 1 eau, les cristaux se dissolvent avec un dégagement de chaleur très-puissant, en donnant lieu à une solution très-acide. En ( 75' ) ajonlant du dichloriire de platine à ce liquide, on obtient un précipité cris- tallin très-difficilement soluble dans l'eau, mais soluble dans l'acide chlor- hydrique concentré bouillant. Ce précipité, analysé, a été reconnu pour le sel de nonéthyltriphosphonium formylique : C''H*»P^Pt^Cl» = I (CH/" (C'H=)'P (CH Tf J Gl%3PtCP, «pii a été identifié par la transformation eu iodure correspondant. » L'eau mère du sel de platine triatomique a donné, à l'évaporation, des aiguilles jaune-orangé contenant : C H" PPtCl' r= [(CH=C1) (eH=)= P]C1, PlCl^ » Le liquide, duquel ce sel avait été déposé, a fourni, après luie nouvelle évaporation, des quantités considérables d'oxyde de triéthylphos|)hine qui a été identifié sous la forme du beau composé d'iodure de zinc, (C=H=)'PO,ZnL décrit dans une de mes Notes précédentes. » L'interprétation de ces phénomènes ne présente aucinie difficulté. L'existence des radicaux hydrogénés (CH)elCH-Cl clans les produits de l'action de CCI' sur (C- H')' P prouve évidemment que ces substances sont seulement des dérivés .secondaires qui doivent leur origine à l'action de l'eau sur les composés formés directement par l'iuiion de la triéthylphos- phine avec le tétrachlorure de carbone. L'action chimique de l'eau est d'ail- leurs démontrée par le puissant dégagement de chaleur auquel j'ai fait allu- sion, et par l'existence dans la solution d'une forte proportion d'aciile chlorhydrique libre. » Je n'ai pas réussi à obtenir à l'état propre à l'analyse le produit direct de l'action du tétrachlorure de carbone sur la triéthylj)hosphine; la déli- quescence extraordinaire du produit et l'impossibilité de le mettre en con- tact avec un dissolvant sans le décomposer, ont fait échouer mes efforts. Mais là encore, exactement comme dans le cas du composé de diphospho- nium, on ne peut douter de la nature de la réaction, si l'on examine les produits de décomposition ; cet examen démontre que le produit direct de l'action du tétrachlorure de carbone sur la triélhylphosphine est un me- ( 9-*^^ ) lange He deux chlorures, c'est-à-dire de Tétrachlorure de carbo-dodéca- j^,,, j^,„p^^|, ^ ^„„ j(C^H^)^P ^^ éthyltétrafjhosphonium | ' j i(C'H')'p( et de Tnchlorure de chlorocar-i ^.,j^,, p,^,, ^ T ^^,^,„ {[%%^^,l bonon-éthyltriphosphonium . CP » Le composé de tétraphosphonium soumis à l'action de l'eau fait naître le sel de triphosphoniuui formylique, l'oxyde de triéthylphosphine et l'acide chlorhydrique : LrarrsNSpf ^ (C^H^^Pf ^' '(C'H'i'P- 1 jO= (CH)' (C^H=)3P L ((C*H')'PJ + (C^H=J»PO+HCl. Cl' » Le sel de triphosphonium chlorocarboné fournit avec l'eau le composé de monophosphonium chlorométhylique, l'oxyde de triéthylphosi)hine et l'acide chlorhydrique : r j(c^H')3P-|" (CCI)'" (C=H=)'P CP+2 0 = [(CH*C1)(C*H^)»P]CI L ((C^H')'pJ ^ ' -h a(C=H5)'P0+2HCI. » Les expériences décrites dans cette Note, et celles que j'ai communi- quées antérieurement à l'Académie, prouvent que le nombre des molécules de triéthylphosphine, qui dans des circonstances favorables peut être fixé par les dérivés chlorés du gaz des marais, est déterminé par le nombre des équi- valents de chlore contenus dans ces substances. Toutefois il n'est pas néces- saire que ces corps assimilent le maximum représenté par ces nombres. Ainsi le dichlorure de méthylène peut fixer soit i, soit i molécules de base phosphorée, la formation de la base diatomique éphémère étant précédée de sel du composé de monophosphonium chlorométhylique plus stable. On observe des phénomènes semblables dans l'action du chloroforme et du ( 9^'^ } tétrachlorure de carbone. Les composés que j'ai décrits comme résultant de ces réactions ne sont pas les seuls produits; en changeant les proportions relatives des agents, on forme un nombre de bases chlorées de phospho- mnm si ressemblantes les unes aux autres, que je ne suis pas parvenu à les séparer. Toutefois, en déterminant la quantité de chlore et de platine ren- fermés dans les sels platiniqiies produits par ces mélanges, je reconnus sans difficulté le principe qui légit leur formation. Ces substances sont à l'égard des- produits finaux de la réaction des séries de triphosphoniian et de tétraphosphouium en relation analogue à celle qu'on observe entre le composé de monophosphonium chlorométhylique et le composé de di- phosphonium. ^ » Les résultats de ces recherches peuvent se résumer eu quelques for- mules. » Les dérivés chlorés du gaz des marais déploient dans leur conduite avec les bases phosphorées les caractères de l'acide chlorhydrique. Le produit monochloré a la capacité de saturation de i molécule d'acide chlorhy- drique; le produit dichloré, celle de i ou de 2 molécules; le produit tri- chloré, celle de i , de 2 ou de 3 molécules ; enfin le produit tétrachloré, celle de i , de 2, de 3 ou de 4 molécules. CH^Cl = (CH')' Cl, CH^CI= = (CH^Clj' CI=:(CH^)" CF, CH œ = (CH œy ci = (ch ciy ci^' = (ch/'cp, c cp = (c ci^yci = (c ci-)"CF = (cciycp =:C""CP. » L'action du chlorure de méthyle sur la triéthyiphosphine produit un seul sel; celle du dichlorure de méthylène en produit deux, le chloro- forme trois, et le tétrachlorure de carbone peut en produire quatre. Gaz des marais monochloré. Composé monatomique. . . [(CH')' (CM1')=PJ' Cl. Gaz des marais dichloré. Composé monatomique. . . [(CH^Cl)' (C^ H=)' P ]' Cl. ^„ ^(C'H=)^ ?■ (C^H')'P ' . B., 1861, 1 " Sc/iK-ji/r . T. LU; ^<' 19.) '25 Composé diat omique. . . . (CH^)" ! CP. (954) Gaz des marais trichloré. monatomique. . . [(CHCP) (C=H=>/Py Cl. Composé Composé diatomique. Composé triatomique. [(C< Gaz des marais tétrachlorê. monatomique. . . [(CCI')' (C*H=/Pj' Cl. |{C=H')^ P [((G*H=)=' P (C CI)'" j(C=H = )' P /(C=H=)' P ](CMP)'P (C^H')'P ((C-H')'P Composé Composé diatomique. . Composé triatomique. . Composé tétratomique. :]■ Cl' ci= Cl* ÉLECTROPHYSIOLOGIE. — Leçons données à l'Université de Turin jmu M. Watteccci , et sténographiées. (Note de l'auteur accompagnant l'envoi de ces leçons.) « L'auteur s'empresse de faire honniiage à l'Académie d'un certain nombre de Leçons d'Electrophysiologie données à l'Université de Turin. Il signale en même temps les choses les plus nouvelles introduites dans ce COIU'S. » Il s'agit d'abord d'un procédé d'expérimentation à l'aide duquel toutes les recherches d'éleclrophysiologie peuvent s'exécuter très-facilement et avec rigueur. Les deux extrémités du galvanomètre consistent en deux tubes repliés en U, dont les l)ranchos ont un diamètre inégal ; iu)e de ces branches est plus large et porte un bec plat et terminé en pointe : on remplit une grande partie du tube d'un amalgame de zinc; on introduit le fil du gal- vanomètre dans la branche la plus étroite et ou verse une solution saturée et neutre de sulfate de zinc dans la branche plus large, qu'on remplit afin ( 955 ) que le liquide vienne s'étendre en couche très-mince sur la surface du bec. Toutes les préparations animales posées sur un plan de gutta perça viennent toucher le liquide des deux becs. On peut ainsi travailler plusieurs mois de suite sans être obligé de laver les coussinets ou d'amalgamer les lames de zinc qu'on employait auparavant et sans avoir aucune altération dans l'appareil. , » A propos de l'action physiologique du courant, l'auteur traite longue- ment des polarités et des courants secondaires que le passage du courant électrique développe dans les nerfs et montre avec une expérience très- nette que cette polarisation est très-forte, principalement dans le nerf par- couru par le courant inverse et surtout en proximité de l'électrode positif et du muscle d'où sort ce nerf. L'expérience consiste à prendre ce nerf après qu'il a été parcouru par le courant inverse, à le couper à moitié et à opposer ces deux morceaux du nerf l'un à l'autre. On a alors un courant différentiel très-fort qui appartient au morceau plus rapproché de l'élec- trode positif, quoique les deux portions essayées séparément donnent au galvanomètre un courant secondaire dans le même sens. Il résidte de là qu'à l'ouverture du circuit un nerf qui a été parcouru par le courant inverse doit être parcouru par un courant direct, chose dont on s'assure directe- ment en posant sur ce nerf le nerf de la grenouille galvanoscopique. C'est ainsi qu'on explique pour la première fois, avec le phénomène bien connu des polarités secondaires, l'excitation du nerf parcouru par le courant inverse à l'ouverture du circuit. » Dans une autre leçon sur les phénomènes électriques qui accompagnent la contraction musculaire, l'-auteiu' montre une expérience nouvelle et très- nette qui démontre que le muscle qui a été en contraction a perdu d'une manière permanente de son pouvoir électromoteur et que cette perle est réparée par le repos. Ce phénomène démontre bien la liaison qui existe entre le pouvoir électromoteur du muscle, la contraction et les phénomènes chimiques de la respiration musculaire. Cette expérience consiste à prendre deux muscles égaux sur la même grenouille et à les opposer l'un à l'auti'e. Lorsqu'on s'est assuré que les deux muscles ont le même pouvoir électro- moteur, on en fait contracter un plusieurs fois de suite et d'une manière quelconque. Après on essaye de nouveau au galvanomètre la double pile opposée, et on trouve alors un fort courant différentiel dans le sens du muscle qui a été en repos. En laissant la double pile à elle-même, le coin-ant différentiel diminue jusqu'à devenir nul. On peut plusieurs jours de suite répéter cette alternative sur le même muscle. L'auteur, dans la leçon sur la 125.. ( 956 ) torpille, insiste sur la différence, ou plutôt sur l'opposition que le muscle et l'organe électrique présentent après l'excitation. Une autre expérience également très-nette est celle de prendre deux morceaux d'organe de tor- pille, de les opposer et de s'assurer qu'il n'y a pas de courant différentiel. Qu'on irrite le nerf d'un de ces morceaux pour qu'il donne plusieurs dé- charges, ce dont on est assuré par les contractions de Ja grenouille galva- noscopique; alors on recompose la pile avec les deux morceaux opposés, et on trouve un fort courant différentiel dans le sens du morceau qui a doinié la décharge. Ce courant aussi s'affaiblit et cesse avec le temps. On est donc en droit de conclure que le pouvoir électromoteur du muscle dépend de ces conditions ou actions chimiques qui président à l'irritabilité musculaire et qui s'affaiblissent avec la contraction: au contraire, on peut supposer que le pouvoir électromoteur de l'organe de la torpille est maintenu et excité par l'action nerveuse, comme il pourrait arriver si cette action donnait lieu dans chaque cellule à la sécrétion de matières capables de réagir chimique- ment. Ces phénomènes fournissent une explication claire de la diminution du pouvoir électromoteur du muscle des animaux qui ont été tués par des j)oisons narcotiques et qui oui ainsi éprouvé de fortes contractions. » IVO.^IINATIOIVS L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination d un Associé étranger en remplacement de feu M. Tiedemann. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48, • M. Liebig obtient 3i suffrages. M. Wohier 1/4 MM. Agassiz, Airy et Bunsen chacun i m. Liebig, ayant réinii la majorité absolue des suffrages^ est proclamé Associé étranger de l'Académie. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. Jj'Académie procède encore, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission qui aura à décerner le prix de Physiologie expérimentale. MM. Bernard, Flourens, Milne Edwards, Longet et Rayer réunissent la majorité des suffrages. 9^7 MEMOIRES PRESENTES. T>'Acadéinie a reçu un Mémoire adressé au concours pour le ^r;uid prix de Mathématiques, question concernant la théorie de la chaleur. Ce Mémoire a été inscrit sous le n° i . ANATOMIE COMPARÉE. — Nouvelles éludes sur le système vertébral [V purlie); par M. A. Lavocat. Mémoire transmis par M. le Ministre de I Agri- culture, du Commerce et des Travaux publics. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire. ) « Dans cette première partie du Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, sont exposées et développées les propositions suivantes : » Les nombreuses variétés produites par la loi de destination n'effacent pas l'unité de plan, mise en évidence par les faits de répétition, de balance- ment organique et de connexions. Il n'y a ni variété absolue, c'est-à dire arbitraire, ni unité absolue, c'est-à-dire uniformité. » Le type de construction du squelette des animaux vertébrés est la ver- tèbre, telle qu'on l'entend depuis les remarquables travaux de E. Geoffroy- Saint-Hilaire et de sir Richard Owen. Elle est composée, dans son en- semble : )) 1° D'une pièce centrale, nommée corps ou cenlnmi; 2" d'un anneau supérieur, dit arc neural, et 'S° d'un anneau inférieur, dit arc liémal, auquel peuvent s'ajouter des prolongements plus ou moins développés, nommés appendices . » Cette vertèbre, répétée successivement dans toute la longueur du corps, constitue le système vertébral. Par conséquent, le squelette est ex- clusivement formé de vertèbres, et tout vertébré est composé d'une série de segments essentiellement semblables, à peu près comme les invertébrés articulés. 1) Non-seulement les parties latérales répètent exactement celles du coté opposé, mais aussi l'arc inférieur de chaque vertèbre reproduit l'arc supé- rieur, et les segments vertébraux de la moitié antérieure du corps sont ré- pétés dans la moitié postérieure. ( 958 ) » D'après ce principe, il est facile de reconnaître que le corps des verté- brés est formé d'une région centrale ou thoraco-abdominale; d'une extré- mité antérieure, qui est la tête ou région céj)lialique, répétée à l'extrémité . opposée par la région coccygienue; et de deux régions intermédiaires, qui sont, en avant, la région cervicale et, en arrière, la région sacrée. A cette dernière section appartiennent évidemment les membres postérieurs ou pelviens : par conséquent, les membres antérieurs dépendent de la région correspondante, el sont en réalité des membres cervicaux. • ). Ue même que les côtes, la ceinture scapulo-claviculaire et la ceinture iliaque sont des arcs vertébraux inférieurs, et les rayons annexés à ces cein- tures, pour former les membres, sont des appendices, au même titre que les prolongements apophysaires des côtes, chez les Oiseaux et quelques Poissons. » Dans l'ensemble des vertébrés, les modifications que subit la vertèbre sont nombreuses. Elles se font remarquer aussi dans un même animal et dans une même région. Les deux arcs peuvent être inégaux ; l'arc inférieur peut être incomplet ou nul; enfin, l'arc supérieur peut lui-même disparaître et ne laisser subsister que le centrum, seul vestige du modèle fondamental. » Il y a un tel enchaînement dans le système vertébral, qu'il n'est pas une pièce, si modifiée soit-elle, qui puisse être considérée comme en dehors du plan général, pourvu qu'on laisse de côté les parties annexes des tégu- ments, comme les rayons natatoires, les écailles modifiées, les dents, etc. Par conséquent, les côtes, le sternum, les os des membres et ceux de la tète se rattachent régulièrement à l'ensemble, et, dans le squelette propre- ment dit, tout e.st vertèbre ou partie de vertèbre. » PHYSIQUE. — Note sur la vitesse de l'électricilé ; par M. Marié Davv. « Les nombres contenus dans le résumé de mon troisième Mémoire ont été calcvdés en supposant que, lorsqu'une série de courants interrompus sont lancés dans un conducteur, la quantité de mouvement électrique qui existe dans le conducteur à la fin d'un contact y persiste intégralement jusqu'au contact suivant. La valeur élevée de - montre que l'extinction de ce mouvement doit être excessivement rapide. On est donc infinimeiit plus près de la vérité en admettant que l'extinction de inv est complète à la fil) de l'interruption. Les résultats que j'obtiens alors sont renfermés ■( 959 ) dans le tableau suivant Longueur Inlensité du conducteur, du courant. Cuivre. Plomb Fer . . 6 lO 280,5 3io,o i36,o 35 1 V.il.de-- m 4o3oo 40000 (1) Platine 1,8 (2) Platine 6 107,1 Sulfate de cuivre. . . 0,02 3i4,7 . » J'ai donc pour le cuivre /' = l(i — e-4ooûo«)^ /' = I(i 34600 34600 33200 36000 40000 38000 385oo 34600 34600 37500 — 10- '74000 Dans mes expériences les i' égale I à un centième près lorsque t = g fils de platine (i) et (2) plongeaient dans l'eau : les autres fils étaient à sec ; ie crois — constant dans le même milieu ambiant. » Dans les expériences de M. Wheatstone sur la vitesse de l'électricité, ie courant est visible sous forme d'étincelle pendant toute sa durée. Aucune cause d'erreur résultant de l'inertie électrique n'a dû troubler ses résultats, et la vitesse de 460000 kilomètres par seconde qu'il donne doit être vraie dans la limite de précision de ses expériences. Malheureusement ces limi- tes sont très-vagues. L'écart de l'image centrale a été évalué approximati- vement à un demi-degré , et une erreur d'un quart ou d'un tiers stn- cette évalualion est très-admissible, ce qui descendrait la vitesse de l'électricité à 3oo ou 35o mille kilomètres, vitesse de la lumière. )) Dans les expériences de MM. Fizeau et Gounelle, la diffusion de 1 onde électrique, ou sa réflexion sur elle-même et en arrière, a dû retarder l'ap- parition du maximum du mouvement électrique d'une quantité qui, par la nature même du procédé de mesure employé, a dû être du tiers de sa valeur. » Le temps nécessaire pour que cette apparition ait lieu au bout duii fil de 288 kilomètres de longueur et en cuivre, est d'après les données de I " 2" MM. Fizeau et Gounelle de ~^- Diminué d'un tiers, ce temps devient -g-^- i" Si de ce temps nous retranchons encore j^j temps nécessaire pour qu'un ( 96o ) courant atteigne, a un dix-milliL-me prés, en chaque point de son circuit, à son état permanent, il reste pour la durée vraie de la transmission du mou- vement électrique • Or ce temps correspond à une vitesse de 343ooo ki- lomètres, ce qui est encore à peu prés la vitesse de la lumière. » Les expériences faites sur les fils de lignes télégraphiques sont au reste soumises à des causes d'erreur très-importantes résultant de l'imperfection de l'isolement. Elles exigent de grands soins dans le choix des lignes et du jour de l'expérimentation. On a, en effet, affaire à des circuits en partie bons, en partie mauvais conducteurs, et la durée de l'état variable peut en être troublée d'iuie manière très-notable. L'influence de ces causes et de la proximité de lignes différentes sera étudiée dans mes Mémoires. » (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) PHYSIQUE. — Rechercltes théoriques et e.xjjérimeiitales sur l'électricité considérée comme puissance mécanique ; par M. i^lARre-DAVv (Troisième Mémoire. ) (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommes : MM. Dumas, Pouillet, Regnaull.i CHIMIE. — Action de l' hydrogène sur i acier; par M. H. C.4R0.\. (Commission précédemment nommée, qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « Les expériences que j'ai eu riiouneiu- de développer devant l'Acadé- mie sur les phénomènes de la cémentation m'ont amené à rechercher quelle était l'influence exercée sur l'acier par les gaz qui n'ont aucune action sur le fer à haute température. J'aurai bientôt l'occasion de dire quels sont les effets produits sur le fer par l'oxyde de carbone, soit qu'il le carbure lors- qu'il est uupur, soit qu'il le laisse avec ses propriétés ordinaires quand il ne contient aucune matière étrangère. Aujourd'hui je me contenterai de parler de l'hydrogène, qui semble au premier abord détruire les propriétés qui caractérisent l'acier, et cela avec une grande activité. » M. l'Yemy a annoncé que l'hydrogène retire à l'acier toutes ses qualités précieuses eu lui enlevant sunplement l'azote qui, suivant le savant chimiste, serait le principe essentiel de la constitution des aciers. Celte assertion m avant paru infirmée par des expériences fiiites depuis longtemps, j'ai cru devoir les recommencer, en tenant compte de tous les éléments nouveaux (96i) relatifs à cette question. Je demanderai à l'Académie la permission d'expo- ser en quelques mots les résultats de mes recherches » En faisant passer de l'hydrogène rapidement et à haute température sur de l'acier, je m'étais bien aperçu que l'acier perdait toutes ses qualités, du moins à la surface des barreaux chauffés dans ce gaz. Ce phénomène me pa- raissant inexplicable, j'étudiai avec un soiu extrême l'influence des impu- retés qui accompagnent toujours l'hydrogène, et je m'aperçus bientôt que c'était à elles seules qu'il fallait imputer ces modifications. En effet, si on n'enlève pas à l'hydrogène avec un soin minutieux l'eau et surtout l'air qui l'accompagnent inévitablement, on conçoit que dans un temps même très- court ces agents doivent faire disparaître la petite quantité de carbone qui, après le fer, bien entendu, est l'élément dominant, sinon exclusif, de l'acier. C'est même un excellent moyen de priver l'acier du carbone qu'il contient que de le traiter par de l'hydrogène humide, comme je l'ai fait, ou par de l'hydrogène mélangé d'air, comme ce gaz l'est habituellement; il est seule- ment indispensable alors que l'acier soit en lames très-minces. Pour prouver qu'il en est réellement ainsi, voici les expériences que j'ai tentées et qui me paraissent concluantes. » J'ai employé de l'acier de ressort de première qualité, dont les lames ont été assemblées en faisceaux et pesées; je l'ai introduit dans un tube de porcelaine que j'ai chauffé chaque fois, et successivement au gaz (tempéra- ture de fusion de l'argent) et au charbon de bois (température de fusion du cuivre) pendant près de dix heures. L'hydrogène préparé par l'acide chlor- hydrique et fourni par un appareil à effet continu de MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost, était purifié : i° par une dissolution d'acide phospho- rique; 2° par de la mousse de platine incandescente qui transforme I oxy- gène de l'air en eau et décompose l'hydrogène arsénié, l'hydrogène phos- phore et l'hydrogène silicié; 1^° par du chlorure de calcium desséché. Les gaz, après avoir passé sur l'acier^ étaient reçus dans un tube de WiU et Yarentrapp, contenant de l'acide chlorhydrique pur étendu d'eau. Après l'opération, cet acide chlorhydrique était évaporé au bain-marie, le résidu mouillé avec du cidorure de platine était de nouveau desséché et repris par de l'alcool absolu. Il restait ordinairement un faible résidu cri.stallin qui, était séché et pesé. . . » Avant d'expérimenter avec l'acier, on avait fait lui essai à bhmc, sui- vant les prescriptions de M. Boussing;iult, en employant toujours le même tube et les mêmes réactifs. C. R., 1861, i" Semestre. (T. LU, ^" 19.) ' i 26 ( 902 ) o Voici les résultats obtenus : Dans l'expérience faite a blanc pendant deux heures, on u recueilli une quantité très-faible de chloroplatinate d'am- moniaque correspondant à un dixième de milligramme d'azote. » En employant 29^^300 d'acier, on a obtenu au bout de dix heures, et en faisant varier la température depuis le rouge jusqu'au rouge vif, un milli- yramme d'azote. Dans une autre expérience, SS^SSiiS d'acier ont donné un milligramme trois dixièmes d'azote. En supposant, ce qui est bien douteux, que cette quantité si minime d'azote ne vienne pas des appareils ou de causes encore inaperçues, on voit qu'elle est inférieure à -j-g-l-^ du poids de l'acier, ce qui concorde entièrement avec les nombres donnés par M. Mar- chand (i). » L'acier dans ces expériences n'a rien perdu de son poids et a conservé toutes ses propriétés, comme on peut le constater sur les échantillons que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie; il devient dur, cas- sant ou élastique, suivant le degré de la trempe et du recuit; par conséquent la quantité d'azote qui semble en provenir ne paraît en aucune façon néces- saire à sa constitution. » Je conclus de là que la différence essentielle qui existe entre les résul- tats annoncés par M. Fremy et ceux que je viens de donner, tient très-pro- bablement à ce que M. Fremy a traité l'acier par de l'hydrogène impur contenant soit de l'eau, soit de l'air provenant des réactifs. Ce qui le prouve bien clairement, c'est que M. Fremy, en enlevant à l'acier toutes ses pro- priétés caractéristiques, lui a fait perdre en même temps, comme il le dit lui-même, un [jour cent de son poids, c'est-à-dire la totalité du charbon qu'il contenait naturellement. Ce n'est donc pas parce qu'il a enlevé à l'acier une quantité d'azote qui me paraît à peine pondérable, que M. Fremy est par- venu à transformer cet acier en fer, mais bien parce qu'il en a brûlé le car- bone au moyen de l'air ou de l'eau qui souillent toujours l'hydrogène, quand on ne prend pas pour la préparation de ce gaz les précautions qu'exi- gent des expériences aussi délicates (2). « ( I ) M. Marchand attribuait cette petite quantité d'azote à la présence de l'azolocarbure de titane qui, on le sait, dégage de l'ammoniaque sous l'influence de l'hydrogène et d'une tem- pérature élevée. (2) J'apprends à l'instant que M. Bonis a communiqué à la Société chimique de Paris, f 963 ) Réponse de M. Fremy. « Je démontrerai, dans une prochaine séance, que toutes les objec- tions qui ont été faites jusqu'à présent aux théories que j'ai émises sui l'aciération et sur la constitution de l'acier n'ont aucun fondement. » CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur les produits de décomposition du benzoate d'iode sous l'injluence de la chaleur; par M. Schctzenberger. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Balard, Peligot. ) « Comme je l'ai déjà annoncé dans un Mémoire antérieur, le benzoate d'iode formé par la réaction C" H^ NaO' + Cil = ClNa + C* H' lO*, se décompose par la chaleur avec un vif dégagement d'acide carbonique. En distillant ce qui reste dans la cornue lorsque la réaction s'est calmée, on fait passer dans le récipient un mélange d'iode, d'acide benzoïque et de plusieurs produits nouveaux. L'iode et l'acide benzoïque se séparent en traitant le produit brut par une lessive de soude caustique qui laisse les autres produits sous forme d'un liquide incolore, pesant, insoluble dans la soude. Ce liquide est un mélange. J'ai pu en retirer par distillation h'ac- tionnée : » 1° De petites quantités de benzine; •2." un liquide bouillant entre iSS" et 190° formant environ les trois quarts de la masse; 3° un corps solide volatil vers aSo", semblable d'apparence à la naphtaline; 4" "" liquide oléagineux bouillant vers 3oo°; 5° un corps demi-solide, jaunâtre, volatil au-dessus de 3oo°. M Le liquide bouillant à i85° se purifie aisément par distillation et en agitant avec du mercure le produit distillé et légèrement coloré par des traces d'iode libre. Sa densité est égale à 1 ,69 ; il est insoluble dans l'eau ; soluble dans l'alcol, l'éther, la benzine; incolore; d'une odeur agréable rappelant à la fois celle de la benzine et de l'acide phénique. dans sa séance du 10 mai dernier, les résultats de ses recherches sur la constitution de l'a- cier. M. Bouis, autant que je puis le savoir, n'ayant pas assisté à cette séance, est arrivé, quant à la présence de l'azote dans l'acier, à des conclusions identiques à celles qui sont la conséquence de mes expériences. ia6. . ( 964) ■» Il a donné à l'analyse des résultats qui conduisent à la formule III. IV. Thc-orie. » » • 35,2g4 u i> 2 , 45o 63,233 63,809 62,254 Carbone .... I. 35 , 096 U. 34,612 Hydrogène. . . Iode 2,422 D 2,602 u » Cette formule est confirmée par la densité de vapeur, qui a été trouvée égale à 7,36. Le quart de la densité calculée = 7,02. » Doit-on considérer ce corps comme représentant l'iodure de phényle ou comme de la benzine mono-iodée? La question est encore indécise; ce- pendant le peu de tendance qu'il a à donner des doubles décompositions me fait pencher vers la seconde manière de voir. Avec le sodium à chaud il se décompose facilement en produisant de l'iodure de sodium, de la ben- zine, une matière charbonneuse noire et ini hydrogène carboné solide, fusible et volatil à une température élevée, qui pourrait être le phényle. La géné- ration de la benzine iodée s'explique par l'équation » Le produit solide blanc bout à environ aSo" et se sublime comme la naphtaline en paillettes brillantes. On le purifie facilement par cristallisation dans l'alcool ou l'éther. Il est insoluble dans l'eau, plus dense que l'eau, fusible à 122°. Son odeur rappelle celle du premier composé. » Il a donné à l'analyse des résultats qui conduisent à la formule C ' H* P (benzine bi-iodée). I. II. III. IV. Théorie. Carbone 20,326 22,600 22,646 » 21,818 Hydrogène... » » 1,376 » 1,2.12 Iode, » » » 75,000 76,967 » Faute de matière, je n'ai pu déterminer sa densité de vapeur, mais la production simultanée delà benzine mono-iodée contrôle cette formule. La benzine bi-iodée se produit probablement d'après l'équation I) Le liquide huileux qui bout vers 3oo" ne s'obtient qu'en très-petites quantités. On le sépare de la benzine bi-iodée par une distillation fraction- (965 ) née en ne prenant que les dernières portions qu'on agite encore avec rie l'alcool étendu qui dissout surtout la benzine bi-iodée. a 11 est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool fort et l'élher, dune odeiu' faible rappelant les produits précédents. Les analyses peu nombreuses que j'ai pu faire conduisent assez bien à la formule représentant 3 molécules de benzine condensées en une seule, dans la- quelle 2 équivalents d'iode remplacent a équivalents d'hydrogène. Bien que je n'aie pu prendre la densité de vapeur nécessaire ici, le point d'é- buUition élevé de ce corps, qui cependant contient moins d'iode que les deux précédents, plaide en faveur d'une semblable condensation. r. II. m. IV. Carbone 4o?363 42,3g7 >- 44)444 Hydrogène.... 3,i43 » « 3, 292 Iode » » 5i ,849 52,263 » Le dernier produit demi-solide, à point d'ébuUition élevé, peut se purifier en le traitant d'abord par l'alcool étendu bouillant qui n'en dissout que très-peu, mais qui le débarrasse des corps précédents, puis en le dis- solvant dans l'alcool absolu et précipitant par l'eau. Il est insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool à 86", soluble dans l'éther et l'alcool ab- solu et se ramollit facilement par la chaleur. I) Les résultats de mes analyses faites avec ce corps peuvent se traduire par la formule représentant 3 molécules d'hydrure de benzoïle condensées en une seule, avec substitution de i équivalent d'iode à i équivalent d'hydrogène. !• n. Théorie. Carbone 67 ,082 » 56,756 Hydrogène.... 3,617 » 3,828 Iode » 28,133 28,603 » Je ne donne cette formule, ainsi que la précédente, qu'avec la réserve de les vérifier par de plus nombreuses analyses, quand j'aurai pu me procu- rer une plus grande quantité de matière. » Il est facile du reste d'expliquer la génération de ces deux coips par des équations. » ( 966 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Note pour seivir à l'étude des acides isomères; par M. St. Caxmzzaro. (Commissaires précédemment nommés: MM. Dumas, Balard.) " Dans mon Mémoire sur la transformation du toluène en acide to- luique (i), j'avais fait remarquer que l'acide toluique produit par le cyanure de benzéthyle était plus fusible que l'acide toluique de Noad. M. Strecker obtint postérieurement par la décomposition de l'acide vulpique un acide qu'il a appelé alphatotuique, isomère à l'acide toluique de Noad, et qu'il a supposé identique à l'acide que j'avais obtenu au moyen du cyanure de benzéthyle. Je viens de confirmer entièrement cette supposition. » J'ai déterminé le point de fusion et le point d'ébullition de deux échan- tdlons d'acide toluique préparés avec deux échantillons de cyanure de benzéthyle, l'un provenant de l'alcool benzoïque, l'autre du toluène. Ces deux échantillons ont pourpoint de fusion 76" 5 et pourpoint d'ébullition 265" 5 comme l'acide alphatoluique de M. Strecker. » Il existe donc deux acides toluique, l'un nommé alphatoluique produit par la décomposition de l'acide vulpique et par le cyanure de benzéthyle; l'autre produit par l'action de l'acide nitrique sur le cymène. » Lequel de ces deux acides est le véritable homologue de l'acide ben- zoïque? M. Strecker pense que c'est l'aride alphatoluique ; mes expériences, quoique incomplètes, m'ont amené à une conclusion contraire. » Par la méthode de M. Piria, j'ai transformé l'acide alphatoluique en aldéhyde. A cet effet, j'ai distillé un mélange d'alphatoluate et de formiate de chaux, et j'ai obtenu une huile contenant une matière qui se combine au bisulfite de soude en produisant un corps très-bien cristallisé. J'ai véri- fié que le produit de la distillation de l'alphatoluate de chaux isolé ne con- tient pas trace de cette matière. » Le composé formé par celte substance avec le bisulfite de soude, cris- tallise parfaitement bien dans un mélange d'eau et d'alcool. Soumis à l'ana- lyse, ce produit m'a donné des résultats parfaitement d'accord avec la for- mule SNaHO', C«H«Ô. .. C'est donc nue combinaison définie formée par le bisulfite de soude avec l'aldéhyde de l'acide alphatoluique CH'O. .. J'ai lâché d'isoler cet adéhyde; à cet effet j'ai dissous dans l'eau le (1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, i" octobre i855. ( 9^7 ) composé précédent, j'y ai ajouté une solution de carbonate de potasse, et j'ai agité avec de l'éther. J'ai décanté la solution éthérée et je lai évaporée ; j'ai ainsi obtenu comme résidu une matière incolore visqueuse. En sou- mettant à la distillation cette matière, qui doit être l'aldéhyde alphatoluique, elle se dédouble en une huile qui passe incolore et en une résine qui se décompose sous l'influence de la chaleur. I.a partie huileuse qui a distillé se combine au bisulfite de soude en produisant un composé qui parait identique à celui dont je viens de faire connaître précédemment la compo- sition, et comme ce dernier il donne luie matière visqueuse qui, elle aussi, se dédouble à la distillation. » La manière dont se comporte cette aldéhyde me fait douter qu elle soit l'homologue de l'aldéhyde benzoïque. L'expérience suivante confirme mon doute : si l'acide alphatoluique était vraiment l'homologue de l'acide benzoïque, son aldéhyde oxydé devrait donner le même acide. Or je me suis assuré qu'en faisant agir l'acide nitrique sur le composé formé par le bisulfite avec l'aldéhyde alphatoluique, il se fait un acide qui nest plus certainement l'acide alphatoluique; par la cristallisation, il parait identique à l'acide toluique de Noad. » Je prépare en ce moment ce dernier acide avec le cymène pour en comparer les caractères avec celui que je viens d'obtenir par l'oxydation de l'aldéhvde alphatoluique, et dans le but de préparer l'aldéhyde corres- pondante qui doit être le véritable tiomologue de l'aldéhyde benzoïque. )■ Ces études me paraissent devoir répandre une certaine lumière sur les relations qui existent entre les deux acides toluique isomères. » CHIMIE 0RG.\NIQUE. — Dérivés colorés de la binitronaphlaline; extrait dunt Note de M. Z. Roussin. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze.) « L'action des agents réducteurs sur la binitronaphlaline n'a pas été étu- diée jusqu'à présent d'une manière complète. Tout ce que l'on connaît à cet égard se résume dans la réduction d'une solution alcoolique de binitro- uaphtaluie sous l'influence successive de l'ammoniaque et de l'acide sulfhy- drique. Il se forme dans ce cas une base organique incolore. L'emploi de l'alcool est indispensable à la réaction, car le sulthydrate d'ammoniaque ne réagit pas sur le produit nitré lorsqu'il est en solution aqueuse. » Si l'on remplace le sulfhydrate d'ammoniaque alcoolique par les sul- fures alcalins ou alcalino-terreux dissous dans l'eau, on obtient avec la bini- ( 968 ) Ironaphtaline des produits colorés violets, rouges et bleus, de la plus grande richesse. La réaction s'opère à froid en quelques heures, et en quelques mi- nutes au bain-uiarie. » Les prolosels d'étain, dissous dans les alcalis caustiques, réagissent sur la binitronaphtaline aussi facilement que les sulfures. A froid la réaction exige quelques heures. Au bain-marie, dès que le mélange atteint la tempé- rature de + 80", l'opération est terminée. Le liquide est jeté sur un filtre et le précipité lavé jusqu'à épuisement de toute matière soluble. Il reste une. poudre bleue-violette qui se dissout facilement dans l'alcool, l'alcool méthy- lique, le sulfure de carbone, etc. La solution, d'un violet très-riche, teint parfaitement les étoffes. Cette couleur résiste à l'eau, aux solutions alcalines et aux "acides même énergiques. Elle ne paraît pas s'altérer à la lumière. Une dissolution concentrée et bouillante de cyanure de potassium réagit énergi- quement sur la binitronaphtaline. La liqueur devient d'un rouge brunâtre. Après la réaction, on délaye la masse dans l'eau pour enlever tout l'excé- dant du liquide alcalin et on lave la poudre jusqu'à ce que l'eau de lavage soit insipide. Cette poudre se dissout dans l'eau bouillante et dans l'alcool, qu'elle colore en bleu foncé. Ces liquides peuvent servir à la teinture. Les étoffes teintes de la sorte présentent un certain éclat à la lumière artificielle. Divers autres mélanges réducteurs réagissent sur la binitrophtaline et pro- duisent des matières colorantes tantôt rouges, tantôt violettes, tantôt bleues. » Les procédés employés jusqu'ici pour la préparation de la binitronaph- taline ne donnent que peu de produits ou des mélanges complexes obli- geant le chimiste à un grand nombre de purifications. Il était nécessaire de créer un procédé simple et rapide de préparation de cette substance. J'y suis arrivé de la manière suivante : On dispose sous une hotte, munie d'un bon tirage, trois à quatre parties d'acide azotique monohydraté, préparé par les procédés ordinaires, et l'on y fait tomber peu à peu, en agitant sans cesse, une partie de naphtaline. Chaque addition de naphtaline produit un bruit analogue à l'immersion d'un fer rouge dans l'eau. Il se dégage à la tin. surtout si le liquide s'échauffe trop, luie certaine quantité de vapeurs rutilantes qu'il est facile d'éviter. Par le refroidissement tout le liquide se prend en une mas.se cristalline. On divise cette masse, on la met à égoulter, on la lave de manière à entraîner tout l'acide et on sèche à l'éjuve. La bini- tronaphtaline obtenue ainsi est presque complètement pure. P Un mélange d'acide azotique ordinaire et d'acide sulfurique concentré donne également de bons résultats. » Dans une précédente communication j'ai annoncé que les étoffes teintes ( 9% ) en rouge par la réaction du chlorliydrate de nnplitylamine et de l'azotite de potasse prenaient une couleur violette sous l'influence des acides énergi- ques. Les lavages à l'eau ou la simple dessiccation, dans le cas d'acides vola- tils, suffisent pour rétablir la couleur rouge primitive. On réussit à fixer d'une manière plus durable cette couleur violette sur les tissus en faisant usage d'acides organiques fixes, assez énergiques pour faire virer la coulein- du rouge au violet et sans action nuisible sur les tissus eux-mêmes. Les acides tartrique, citrique, oxalique, etc., réussissent parfaitement. 1) Je m'empresse de reconnaître comme parfaitement fondée la réclama- tion de priorité portée devant l'Académie par M. Ropp, eu faveur de M. Perkin ; je ne connaissais pas son travail, non plus que la Note sup- plémentaire du Traité de Chimie de Gerhard t, mentionnée à la même occasion. » PHYSIOLOGIE. — Sur tes divers degrés de sensibilité des cjanglions et des filets du grand sympathique; par M. Colin. (Extrait par l'auteur.) (Commission du prix de Physiologie expérimentale.) Cl On voit, par les expériences rapportées dans ce Mémoire, que les résultats annoncés par M. Flourens sont de tous points confirmés. i> 1° Les ganglions du grand sympathique sont tous sensibles, mais à divers degrés : le semi-lunaire et les thoraciques le sont beaucoup plus que le cervical supérieur. » 2° Les ganglions un peu volumineux paraissent plus sensibles dans leurs parties renflées, grisâtres, d'aspect homogène, que dans celles qui sont minces, striées et plexiformes . » 3° La sensibilité de ces organes est mieux mise en jeu par le pince- ment, la constriction, que par les piqûres, les sections et l'applicHtion des caustiques. )) 4*^ Ij^s irritations produites sur eux sont immédiatement perçues, pour peu qu'elles soient fortes; mais elles ne provoquent des réactions qu'après quelques secondes, si elles sont faibles. « 5" Les ganglions dont le tissu a été irrité sur un grand nombre de points peuvent perdre la faculté de transmettre les impressions produites sur eux ou sur les nerfs qui en émanent. » 6° Tous les nerfs ganglionnaires sont sensibles aussi à divers degrés; C. K., iBGi, 1" Semesiic. (T. LU, N» 10 127 { 970 ) mais leur sensibilité est en général moins prononcée que celle des gan- glions. » 7° La sensibilité de ces nerfs isolés ou en plexus s'affaiblit à mesure qu'ils deviennent pins ténus; elle est presque nulle dans les très-petits filets. » 8° Parmi les nerfs ganglionnaires, ceux qui mettent en communica- tion le sympathique avec le système cérébro-spinal sont les plus sensibles; ceux qui unissent les ganglions entre eux le sont moins, et enfin ceux qui se rendent aux viscères le .sont au plus faible degré. ■I 9° La sensibilité des filets du grand sympathique est éveillée surtout par le pincement. » ÉCONOMIE RL'R.\LE. — Observations sur les vers à soie de l'ailante et du chêne ; par M. Gt'ÉRIN-MÉXEVILLE. (Ciommission des vers à soie.) a La première espèce, introduite dans la grande culture dès l'année der- nière, ainsi que l'Académie a pu le voir quand j'ai eu l'honneur de mettre sous ses yeux des milliers de cocons obtenus en pleins champs, va devenir, dès cette année, l'objet d'éducations assez importantes. » Déjà les reproducteurs conservés cet hiver commencent à donner des œufs, à la ferme impériale de Vincennes, où j'ai pu établir une culture sé- rieuse d'ailanfes, grâce à inie auguste bienveillance, si bien secondée pai- l'ilhistre Maréchal Vaillant, que l'on trouve toujours au premier rang quand il s'agit du progrès des sciences et de l'agriculture. L'Académie peut s'assurer, par l'examen des reproducteurs vivants déposés sur son bureau, que, loin de dégénérer, cette espèce a gagné par l'éducation en plein air, et que son acclimatation est bien, aujourd'hui, un fait accompli. » La seconde espèce, celle du chêne, est loin d'être arrivée au même point. Cependant une nouvelle tentative, faite par la Société d'Acclimata- tion, semble devoir donner de sérieuses espérances. Il s'agit d'une espèce sauvagi' du Japon, dont les œufs ont été envoyés par M. Duchesne de Hel- lecoiu't. » Dans deux Notes différentes, dont la première a été lue à la Société im- périale et centrale d'Agriculture le a4 avril dernier, et l'autre à la Société impériale d'Acclimatation le 3 mai courant, j'ai fait connaître les principales circonstances de c<'tfe noiivo||(> tentative. Il en résulte : ( 97' ) » 1° Que ce ver à soie sauvage du Japon se nourrit avec les feuilles des chênes ; n 2" Que les caractères des premiers âges de sa chenille montrent qu'il appartient très-probablement à une espèce distincte du ver à soie du chêne i^Bomb. Permyi, Guér.-Mén.) élevée en Mantchourie et dans le nord de la Chine, et certainement différente du ver Tussali [Bomb. niylilla, Fabr.), qui vit au Bengale et dans beaucoup d'autres localités de l'Inde. >i En conséquence, je propose pour cette nouvelle espèce le nom de Bombjrx (antherœa, Hubn.) Yama-mdi, nom spécifique qu'elle porte au Ja- pon, en lui donnant pour caractère les premiers états de la chenille, d'abord jaune avec la tête et le premier segment bruns, sans taches et cinq lignes noires longitudinales, puis, au second âge, d'un beau vert tendre avec les tubercules jaunes. » PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur la différence d'action physiologique des pôles positif et négatif dai2s les courants voltaïques et dans les couratits d'induction; par M. NivELET. (Extrait par l'auteur.) (Commisaires, MM. Becquerel, Pouillet, Rayer.) « Les propositions établies à la suite d'expériences faites sur le poisson et la grenouille, sur la sensibilité cutanée chez l'homme et sur les liquides et les tissus organiques, se résument dans les paragraphes suivants : » i" Dans les trois ordres de courants, continu, inducteur et induit, les pôles positif et négatif ont une action différente sur la contractilité électro- musculaire. Le premier tend à produire la flexion et la résolution des muscles, le deuxième leur extension. » 2° Dans les trois ordres de courants, l'action du pôle négatif est bien plus prononcée, sur la sensibilité cutanée, que celle du pôle négatif. Le contraire a lieu relativement aux effets organiques locaux. » 3° Dans les courants continu et inducteur, le pôle positif a, sur les liquides et les tissus organiques, une action coagulante, et le pôle négatif une action dissolvante. )) Le courant induit est dépourvu de cette propriété, ou ne la présente que d'une manière très légère et très-fugace. En revanche, il agit plus que les autres sur la sensibilité cutanée et sur l'innervation. 127.. ( 97-^ ) » 4" Pour les applications thérapeutiques, il résulte de ces faits les don- nées suivantes : » Dans le traitement des paralysies du mouvement, caractérisées par la résolution complète ou incomplète d'un ou plusieurs muscles, ou par une contracture des fléchisseurs, il sera de principe d'agir sur ces organes par le pôle négatif et de lui opposer le pôle positif. Dans ce cas, le courant devra être centripète par rapport aux muscles ou aux rameaux nerveux qui s'y distribuent. Au contraire, dans les paralysies avec ou sans contracture des muscles extenseurs, le courant devra être centrifuge. » Dans les hyperémies et les hyperesthésies, le pôle positif devra agir sur la partie malade, et on lui opposera, à distance, le pôle négatif. Le con- traire aura lieu dans les anesthésies. » Dans les maladies organiques où les liquides constituent le principal produit pathologique, comme dans les anévrysmes, les tumeurs enkys- tées, etc., les propriétés coagulantes du pôle positif le feront préférer pour l'action locale. Le pôle négatif aura plus d'avantage dans les affections mor- bides auxquelles la médecine ordinaire oppose les fondants, comme dans les tumeurs squirrheuses, les engorgements glandulaires, lymphatiques et autres. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — De la résolution générale des équations algébriques au moyen de séries; par M. A. Heegman.\. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Duhamel, Chasles, Hermite.) « Je ramène la résolution de l'équation du degré n, .'■" -f- a,x"~' H-, . .-1- a„_,a. -)-«„== o, à celle-ci, >'" -4- a,i'"~' -h . . .-\- a„_| (' = o, qui a également n racines, mais qui se décompose en deux équations, savoir : ' (• = o ; i-"-' -h a, ('"-- + . . 4- a„-< = o . ( 973 ) » La dernière, n'atteignant que le degré (m — i j, peut être supposée réso- luble. » Les n valeurs de v étant donc regardées comme connues, j'en com- pose n fonctions /Jo, P(.--. Pn-^, que j'exprime d'une manière générale (* ) par la formule (m + i) (ot + i) . . . « (/« + Il • ■ '{it — •) „ ' ' ^ II"—'" -4- . i i ' ' \.i...[n — m] i.i...{n — m — i) a. V- (m ■+- 0 (m-f- 2) (m -h i) et, avec ces fonctions, je compose finalement la valeur suivante de x, sous forme de série, après avoir posé, pour abréger : P F 1 • ■ P ai [ . 2 . , . a . I . 2 . . . .2...(f. + T)_ l.'J..,.{u.-\-\)' T = a -f- P + . . . 4- n ; [y. = a + 2 ,£i + . . . -+- (« — I ) "• Le signe sommatoire Vest relatif, encommun, aux indéterminées a, /S,.../;, supposées entières, positives et variant de o à co , indépendamment les unes des autres. » La racine qui répond à i^ = o prend cette forme beaucoup plus simple , avec l'abréviation a (3 >] a a .... I n — 2 n — i A = P- (*)/>(, se réduit à un seul terme, «„=: i. ( 97^ ) » La seconde partie de ce travail, qui fera l'objet d'une prochaine com- munication, traite des transformations à faire subir à la série générale, afin de la rendre sommable, c'est-à-dire a6n d'arriver à une expression de x sous forme finie. » CHIMIE ORGANIQUE. — . Sur la question relalive au mode de formation de certaines matières azotées. Remarques de M. Dusart à l'occasion d'une réclamation de prio7'ité de M. P. Tbenard. « Les Comptes rendus du 8 avril dernier contiennent une réclamation de priorité de M. P. Thenard relative à la production de matières azotées par les substances neutres hydrocarboiiées et l'anmioniaque. Sans vouloir amoin- drir en rien les résultats très-intéressants des recherches suivies de ce chi- miste, je crois devoir rappeler que j'ai mentionné bien antérieurement à la publication de ses travaux le fait de la fixation de l'azote sur les composés de cet ordre. » Dans un article sur les matières albuminoïdes inséré aux Archives de Médecine, n° de juin i856, après avoir rappelé la théorie de M. Hunt sur la constitution probable de cette classe de corps, j'ajoute : « Ces rappro- M chements acquièrent de l'intérêt, si l'on songe qu'en chauffant en vase » clos aune température de i5o° environ, soit du glucose, du sucre de » lait ou de l'amidon avec de l'ammoniaque liquide, on obtient une « matière azotée, précipitable par l'alcool en filaments élastiques et don- » nant par le tannin une matière imputrescible. » M Dans ces expériences, qui avaient pour but la génération artificielle de matières albuminoïdes, j'ai fixé jusqu'à i4 pour loo d'azote, en main- tenant les substances réagissantes pendant douze et quinze jours dans un four dont la température variait de i5o à 200°. J'ajouterai que le produit obtenu dans ces conditions présentait avec le gluten une grande analogie de propriétés physiques, mais ne possédait aucune des réactions chimiques qui caractérisent les matières albuminoïdes naturelles, si ce n'est l'odeur de corne brûlée commune à d'autres substances azotées. » (Renvoi à lexamen de MM. Dumas, Boussingault, Payen.) (975 ) GÉOLOGIE. — Stii un oligiste de l'époque dévonienne et sur une malière orcjuniqne qu'il contient; par M. Phipson. (Cominissaires, M .M. de Senarniont, d'Archiac, Cli. Sainte-Claire Deville ) « 11 s'agit, dit l'auteur dans la Lettre d'envoi, d'un oxyde de fer à struc- ture oolitique appartenant au terrain dévonion de la Belgique et qui est, par conséquent, antérieur à la houille. Sa structure oolitique m'a fait croire que cet oligiste avait été formé dans la nature par l'incrustation, dans les marais, d'œufs d'insectes aquatiques comme nous voyons la chose arriver de nos jours pour le calcaire oolitique des grands lacs du Mexique: et malgré son ancienneté je me décidai à chercher si cet oligiste ne renfermerait pas quelque matière organique qu'on pourrait regarder comme le débris de plantes ou d'insectes aquatiques. » Le résultat de cet examen et l'analyse jointe à ma Note nous montrent que cet oligiste renferme plus de 4 poiu* loo de crénate d'ammomaipie, sel organique azoté découvert par Berzélius et provenant de la décomposition de matières végétales et animales baignées par l'eau. Le minéral renferme en outre des traces d'acide phosphorique, de sorte qu'il est très-probable qu'il a été formé comme les ocres modernes et qu'il doit sa structure ooli- tique aux œufs d'insectes aquatiques qu'il a incrustés. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Notes sur les citernes et eaux artésiennes de Fenise; par M. Laurent. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Rayer^ Combes, Élie de Beaumont, Balard.) PHYSIQUE. — Etude sur la lumière; par M. E. Glaise. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Faye.) M. d'Ammox, de Dresde, en présentant au concouis pour le prix de Phy- siologie expérimentale la traduction française, nouvellement publiée, de son i( Histoire du développement de l'œil humain », y joint une analyse manus- crite de cet ouvrage, qui est, dit-il, le fruit de plus de trente années de recherches anatomiques et embryologiques. (Commission du prix de Physiologie expérimentale.) ( 97^ ) M. V. Raii.ix adresse un Mémoire ayniil pour tilre : « Tableau des corps organisés fossiles de la Crète, et description d'une nouvelle espèce de Pho- ladomye». L'auteur, qui avait déjà prié l'Académie de vouloir bien le com- prendre dans le nombre des candidats pour la chaire de Géologie vacante nu Muséum d'Histoire naturelle, demande que son nouveau travail soit reuvové à la Commission cliargée de préparer luie liste de candidats. (Renvoi à la Section de Minéralogie et de Géologie.) M. Buisson présente une Note sur un moyen qu'il suppose propre a rendre efficace l'emploi de la magnésie administrée comme contre-poison du ])hospliore. (Commissaires, MM. Rayer, Balard.) M. Sasse adresse de Colberg (Prusse) im supplément au Mémoire qu il avait précédemment envoyé sous le titre de « Essai d'une théorie de la chaleur et de la lumière solaire ». (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour la première comminii- cation : MM. Pouillet, Regnault, Lamé.) Un concurrent pour le prix du legs Bréant, qui s'est cru, à tort, dans l'obligation de placer son nom sous pli cacheté, adresse un Mémoire écrit en latin sur la nature et le traitement du choléra-morbus. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine et Chirurgie, constituée en Commission spéciale.) COIlUESPO!\ DANCE . M. Stilling, dont les recherches sur la moelle épiniere ont obtenu au concours de l'année 1860 le prix de Physiologie expérimentale, adresse ses remercîments à l'Académie. i^l. LE Secrétaire perpétiel présente, au nom de l'auteur, I\J. D. F. £',sY7(r(V/(<, deux Rapports adressés à M. le Ministre des Finances de Dane- mark sur la culture artificielle des huîtres en France, et sur un projet d'établissement d'huitrières dans le Liuiifiord. ( 977 ) M. LE Secrétaiue perpétuel présente égaltMuent, au nom de railleur, le deuxième volume de l'important ouvrage publié par M. Boiiisson, sous le titre de « Tribut à la Chirurgie ». ASTRONOMIE. — Nouvelle planète (g) découverte le 5 mai; Lettre de M. Hermann Goldscumidt. (i J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie la découverte d'une nouvelle planète que j'ai laite dans la soirée du 5 mai. Elle a été trouvée près de a de la Balance, et ressemble à une étoile de lo^-i i"^ grandeur. C'est ma 14' et la 69^ du groupe. Le temps est resté défavorable aux observations jusqu'au ro mai, où j'ai pris une position du nouvel astre. En voici les observations que j'ai pu obtenir jusqu'à ce jour : 5 mai 1861, lo-i i heures dû soir, position approchée, ai i4''43"'43'- Déclinaison australe, i4°2o'. 10 mai, io''44'" temps moyen de Paris. B I4''38™3o^ Déclinaison — 14° 21' 54"- 11 .. n''45"' » m 1 4'' 37°" 25'. » — i4''23'. Étoile de comparaison de Bessel, g' yr. Catal. de Berlin. ( 1800) m 14'' 34™ 52'. Déclin. — i4"8', 3. Position apparente de cette étoile pour le 1 1 mai. M appar. 14'' 38" i5*. Déclin, appar. — i4°24'26". » Les observations ont été coiitrariées par le vent qui règne presque constamment sur la hauteur où je demeure. » GÉOMÉTRIE. — Note sur les 27 droites d'une surface du 3* degré; par M. Sylvester. « Mes recherches sur l'involiition d'axes de rotation m'a forcément con- duit à étudier les propriétés géométriques des 27 lignes droites qui sont situées sur chaque surface générale du 3^ degré, et j'ai trouvé lui théorème pour représenter ces lignes d'une manière à ôter toute difficulté en approfondis- sant leurs rapports mutuels. En se servant de ce théorème que je lui ai commimiqué, M. Cayley est parvenu avant moi à donner une construction géométrique de ces 27 lignes; mais sa construction exige la connaissance de 8 droites données, c'est-à-dire d'une ligne droite prise comme base, coupée par 3 paires de droites qui se croisent (et dont les traces sur la base forment C. R., Ibôi, I" Semestre. (T. LU, ^'' 19.) 1 28 (97» i un système tle6 poiiilseii iiivolution ., et coupée aussi par une 7* droite. C'est une conséquence de la théorie connue de ces 27 lignes (comme l'a bien montré mon ami distingué), qu'une surface du 3* degré peut être construite, qui contiendra ces 8 droites (la base et les 7 autres lignes qui la coupent). » En me prévalant d'une autre façon de mon théorème, je suis parvenu à donner une construction d'une nature semblable, mais plus symétrique et plus simple que celle de M. Cayley, au moins dans des données qui pour moi sont une ligne droite coupée par 5 autres droites sans autre condition. » C'est le système de droites qui s'offre tout naturellement dans la théo- rie de mécanique dont je m'occupais et dont je me fus proposé de prime abord de me servir pour résoudre la question au temps même que j'ai reçu de la part de M. Cayley la solution avec le nouveau système de données dont j'ai parlé plus haut. Voici une première observation qui sera utile dans la suite. En prenant 5 lignes droites toufà fait arbitraires, disons a, b,c, 4, a, en les joignant quatre à quatre, on peut construire 5 systèmes de paires de transversales; mais si les 5 données rencontrent la même droite, disons x, il est évident que ces 5 paires se réduiront à cette droite et 5 autres transversales; or il est facile de démontrer que ces 5 dernières seront toutes rencontrées elles-mêmes par une autre droite, disons Ç; elles peuvent être convenable- ment nommées «, |3, y, Formons encore le système ABCDE, où A est la transversale à xaa^, ( 979 ) B:ixh[i'^, Cà.rc;!, Dkxdâç,, Ekxes.^; c'est-à-dire A est rintersection des plans qui passent respectivement par xrt, S,ot. et de même pour B, C, D, E. » Finalement menons les lo transversales désignées par la combinaison des symboles des 4 lignes qu'elles rencontrent respectivement, c'est-à-due a/y.b^, aot.cy, arj.dè, du.ei^ ^'P^V, h^lè^ h^ee, cydâ, câee, dâes. Il est bon de remarquer que les deux droites a, j3 se croisent, comme aussi b, a, et que nab[i signifie l'intersection des deux plans de ajS, ba.. Une re- marque semblable a lieu pour les autres droites de cette série de lo. On voit qu'on a obtenu i-l-5-t-5+ 1 + 5+ io= 27 droites. 11 est facile de démontrer géométriquement que toutes ces droites sont situées sur la même siu'face du 3" degré, et que celte surface ne contiendra pas aucune autre ligne droite sur elle. Je dois ajouter, poiurendie plus com- plète l'image de ce système de o.'j droites, que les 10 dernières couperont chacune 6 autres au-dessus des t\ exprimées par ia notalion quaternaire mén'e, c'est-à-dire «a ip ne rencontrera pas seulement a^a^b^ j3, mais aussi C, D, E et cydâ, cyes, d^et et ainsi pour les autres, de sorte qu'on trou- vera facilement que chaque droite des 27 sera rencontrée par 10 autres, chaque combinaison de 3 qui ne se rencontrent pas par 3 autres qui ne se rencontrent pas, chaque combinaison de 4 qui ne se rencontrent pas par a autres sur la surface, etc.; conformément aux beaux résultats deMM.Salmon et Cayley, déjà, il y a longtemps, donnés dans le Cambridge and Dubbn Ma- thematical Journal. » On peut résumer en peu de mots la construction précédente. » 5 droites rencontrées par une G' étant données, on construit 5 autres rencontrées par une nouvelle 6*, telles que chaque droite d'un des groupes de 5 rencontre 4 de l'autre groupe. Les 12 droites ainsi liées s'entrecoupent (par construction) en 2x54-5x4» c'est-à-dire en 3o points et consé- quemment sont situées deux à deux en 3o plans dont chacun joint d'un rapport de réciprocité avec quelque autre. Les intersections de cespaires des plans réci- proques donnent naissance à i5 nouvelles droites, lesquelf s, combinées avec les 12 déjà nommées, constituent un systemo (le plus général qui peut exister) de 27 droites réelles appartenant à une surface du 3*^ degré. 11 va sans dire qu'il existe des surfaces de ce degré pour lesquelles les 27 droites ne sont pas toutes réelles. •' Je me propose de faire loustiiiire en tii de fer ou d'archal im SNstènic 128.. (98o ) de 27 droites par la niétliode donnée en haut, et d'en faire des copies stéréo- çraphiques, de sorte qu'on pourra éprouver le plaisir inattendu de voir avec les yeux du corps toutes les droites (le squelette pour ainsi dire) d'une surface du 3* degré avec leurs i35 points d'intersection, les l\5 triangles les hexagones situés sur le même hyperboloïde et des autres non pas ainsi situés, et les autres merveilles de cette involution si compliquée, mais en même temps si svmétrique. » Je prie qu'il me soit permis de profiter de cette occasion pour rectifier ime erreur dans ma communication donnée dans les Comptes rendus (i5 avril 1861) : Dans le 4* paragraphe les mots « les deux droites perpendiculaires correspondants ; en conséquence » doivent être rayés. Plus bas dans le même paragraphe les mots « perpendi- i. culaire à la ligne des centres « doivent être rayés, et dans la ligne suivante pour « perpendiculaire » on doit lire « droite ». >• r.,a belle observation de M. Clia^les dans le même numéro des Comptes rendus, sur une méthode de trouver un système de 6 droites en involution au moyen des perpendiculaires aux trajectoires de 6 points dans le dépla- cement infiniment petit d'un corps rigide, se trou%e confirmée par une a[)- plication assez simple de la méthode des vélocités virtuelles. » Car en donnant à un corps rigide sollicité par 6 forces agissant suivant des lignes droites données 6 déplacements arbitraires, on obtiendra 6 équa- tions indépendantes et homogènes auxquelles les valeiu's des 6 forces doi- vtnf satisfaire pour qu'elles fassent équilibre entre elles; ce qui en génér^d ne sera pas possible; mais en supposant qu'un des déj. lacements peut être effectué d'une telle manière, que toutes les vélocités virtuelles des 6 points d'application, seront ludles, une des six équations disparaîtra, c'est-à-dire deviendra inie ideulilé et le système de cinq équations linéaires qui restent admettra une solution. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Jdion desiruclive du niiniuin sur les carènes des navires en fer; Lettre de M. Joiivi\ à M. Dumas (Extrait.) « Les observations que j'ai faites, eu mars dei'uier, sur la carène en fer du paquebot des messageries impériales la Guienne [\oiv le Compte rendu de la séance du 18 mars\ se trouvent confirmées de tous points jiar celles que vient de me fournir la carène du paquebot le Bénrn. A première vue, il existe, entre l'état des deux carènes, une telle ressend>lance, que l'on .se ( 980 croirait toujours en présence du même navire; mais, en descendant aux détails, voici les différences que l'on saisit. ') L'ensemble de la carène du Béarii, qui a reçu l'enduit au minium, est devenu d'un rouge terne : la nuance un peu violente de l'oxyde de plomb sest éteinte en une couleur douteuse, comme délavée; l'on durait d'une sorte de glacis grisâtre que l'on aurait passé sur la couche de peinture. Sur ce fond, se détachent en relief les concrétions de fer hydroxydé, qui ne sont ici ni moins nombreuses, ni moins fortes que chez l'autre paquebot. Cette fois j'ai constaté que la couche d'oxydes de fer est bien plus épaisse sur les arêtes des feuilles de tôle et sur leurs tranches que partout ailleurs, quoique le frottement doive être beaucoup plus prononcé sur ces part'.es saillantes; ce fait m'avait échappé sur la carène de la Gulenne. » Quant aux ampoules, les restes d'enduit en offrent eu aussi grand nombre que chez ta Guieniic, mais je les crois, en général, moins volumi- neuses. D'ailleurs elles se divisent toujours en deux catégories : » 1° Ampoules renfermant quelques gouttes de liquide; » 2° Ampoules vides de liquide et ne contenant plus que de l'air ou un gaz. » Ces dernières offrent cela de particulier que leur tond se montre tapissé de petits cristaux de plomb recouverts d'une légère couche d'oxyde de fer hydraté, jaune d'ocre. La face interne de la pellicule qui les constitue, étudiée à la loupe, laisse apercevoir des aiguilles de chlorure de plomb au milieu de légères concrétions qui par leur aspect rappellent, à s'y mépren- dre, le plomb corné des minéralogistes [kéraùiie de M. Beudanl.) Ces con- crétions de plomb chloruré, je les ai retrouvées plus tard, dans le fond des deux catégories d'ampoules, sur le for de la carène, empâtées dans de loxyde de fer magnétique sur la couleur sombre duquel elles tranchent par leur nuance légèrement ambrée. 1) Le liquide renfermé dans les autres ampoules a été, de ma part, l'objet d'un examen des plus attentifs. Essayé sur place, au papier de tournesol, il rougit faiblement ce papier. Au goût, il est d'abord franchement styp- tique, atramentaire, saveur qu'il doit au chlorure terreux, comme je lai signalé dans ma première Note; puis il offre bientôt un arrière-goùt dou- ceâtre qui rappelle les solutions étendues d'acétate de plomb. Lors de mes observations sur la Giticime, je ne m y étais pas mépris, et à cette saveur j'avais parfaitement reconnu la présence, dans la liqueur des ampoules, d'un sel de plomb dissous; mais je m'étais abstenu d'en parler, parce que j'en étais encore à me demander ce que pouvait être ce sel de plondj. ( 982 ) » Pour le savoir, jai recueilli une certaine quanlité de ce liquide en l'im- hibant dans du papier Berzélius, et il m'a été facile ensuite, au moyen lii- i eau distillée et dos réactifs, de reconnaître que ce n'était autre chose qu'une solution de chlorure ferreux et de chlorure plomhique. Ces deux chlonires ne formeraient-ils pas là une véritable combinaison saline so- juble? J'incline très-fortement à le penser. C'est une étude sur laquelle je me pii)|)ose do revenir à l'occasion. Un fait qui m'est très-nettement acquis dès aii|ourd'hui par l'expérience, c'est que, en contact du minium, les solutions de chlorure ferreux se chargent de chlorure de plomb, ainsi qu'il était d'ailleurs facile de le prévoir. >> La liqueur des ampoules, abandonnée à l'air, ne tarde pas à se recou- vrir d'une mince pellicule de sesquioxvde de fer, sans laisser déposer la moindre paillette de chlorure de plondj : celui-ci ne se montre qu'au mo- ment où il ne reste plus que quelques traces de liquide au fond de la cap- sule. Au microscope et même .1 la loupe, on reconnaît alors, sans la moin- dre difficulté, au milieu du sesquioxvde de fer, les paillettes micacées cha- toyantes de ce sel, dont le dépôt dans notre capsule me semble s'être opéré comme il ;i dû s'opérer dans les ampoules desséchées >) Sur la carène de la Guienne, les concrétions affectaient une sorte de légularité dans leur disposition qui ne se trouve pas au même degré chez le Béarn. D'ailleurs c'est exactement la même structure feuilletée, c'est toujours, à la partie externe et au moment de l'émersion, la même couleiu- gris de fer, puisau-dessous de cette mince enveloppe le jaune ocreux, et a la base le vert foncé de l'oxyde ferreux hydraté et de l'oxyde ferroso-fer- rique. En tous ces points, il y a identité entre les concrétions des deux na- vires, conuiie cela devait être. Nous allons bientôt retrouver aussi cett<' identité dans la composition chimique » En résumé, deux expériences chimiques, sur des proportions colos- sales, ont été instituées dans les ateliers de construction de La Ciolat. 1200 mètres carrés de surface de tôle, recouverts d'huile de lin mélangée de minium pour la première couche, de la même préparation, additionnée de sulfate iiKMCuriqiu" (7, 5 poiu- 100), pour la deuxième couche, ont été lancés t la mer, c'est-à-dire (pie, douée déjà par le fait même de l'enduit d'une polarité électrique du signe + (car la cale elle-même est peinte aussi au mi- nium), cette vaste carène, gigantesque couple électrique, et à la fois sorte de condensateur, a été plongée dans une dissolution de chlorures alcalins satiu'ê( d'air, puis a f it deux ou trois voyages ;ai lirêsil en touchant suc- ce.ssiM'iiH'ut a Lisbonne, à Saint-\ incent. à Fernambuco. à B.ilna. iiour ( 983 j aller, selon le cas, faire tète ou à Rio ou à Bordeaux. Durant ces immenses parcours, cette carène, outre le frottement sur l'eau, outre le choc des vagues, a dû subir de grandes inégalités de température qui auront délf-r- miné de prodigieuses dilatations dans ses murailles métalliques. .. . » Nous avons aujourd'hui sous les yeux le résultat de ces deux expé- riences, ce sont : » 1° Des oxydes de fer (l'oxyde ferroso-ferrique domine) concrétionnés ou pulvérulents, en quantité considérable; » 1° Du chlorure ferreux ; » 3° Du chlorure plombique; » 4" Du plomb métallique. » L'analyse chimique ne m'a rien fait découvrir de plus jusqu'ici, ni dans les concrétions, ni dans les ampoules, à part, bien entendu, les restes de l'enduit lui-même, minium et corps gras. Voici d'ailleurs la moyenne générale de dix analyses exécutées toutes par le même procédé et en me plaçant dans les mêmes conditions : Concrétions Concrétions de la Guienne. du Bêarn. Sesquioxyde de fer 72,45 70v^4 Chlorure ferreux i ,85 2 ,86 Chlorure plombique dissous à la faveur du chlorure ferreux 2,80 2,52 Oxyde de plomb mêlé de chlorure. ...... 7 }3o 4)95 Chlorures alcalins o ,87 1,42 Matière organique. ... ; 3,^3 4>99 Eau .10,00 12,72 100,00 100,00 » Qu'est devenu le sulfate mercurique ? Je ne puis jusqu'à présent en retrouver de traces. La transformation que ce sel éprouve de là part du corps gras auquel on le mélange fera l'objet d'une autre Note dont je réunis les élémeijts. « MINÉRALOGIE. — Sur le dimorpliisme du sulfure de zinc; par M. C. Frikoel. « La collection de minéralogie de l'Ecole des Mines vient de recevoir de M. Grandidier, auditeur au Conseil d'État, plusieurs échantillons venant de l'Amérique du Sud. Sur l'un de ces échantillons, trouvé dans une mine d'argent près d'Oruro, en Bolivie, on remarque, engagés dans un antimonio- sulfure de plomb argentifère, quelques cristaux et une masse compacte d'une substance qui présente les caractères suivants : ( 984 ) " Sa couleur est d'im brun noir, son éclat vitreux, sa poussière d'un brun clan'. Chauffée dans un tube, elle donne ini sublimé de soufre. Au chalu- meau, sur le charbon, elle s'entoure d'une auréole jaune à chaud, blanche à froid, prenant une belle coideur verte lorsqu'on la chauffe après l'avoir humectée avec une solution d'azotate de cobalt. 11 reste sur le charbon une scorie noire attirabie à l'aimant et donnant avec le borax les colorations caractéristiques du fer. En poudre fine, elle est entièrement soluble, à chaud, dans l'acide chlorhydrique, avec dégagement d'hydrogène sulfuré. Ces ca- ractères chimiques semblent indiquer que le minéral examiné n'est autre chose qu'une blende. Toutefois l'examen de la forme cristalline s'oppose à cette identification. En effet, les cristaux sont formés d'une double pyra- mide hexagonale, portant quelquefois les faces du prisme hexagonal. Ces faces sont fortement striées parallèlement à la base, et il est impossible de mesurer avec exactitude l'angle qu'elles font entre elles; cependant la moyenne de plusieurs mesures a donné pour l'angle de deux faces adjacentes de la p\ramide 129° environ. Cet angle se rapproche beaucoup de celui (127° 45') de l'une des pyramides de la greenockite. » Il existe quatre clivages assez faciles parallèles à la base et aux fiices du prisme hexagonal. En outre des esquilles très-minces, examinées au micros- cope polarisant, ont montré une action énergique sur la lumière polarisée en rétablissant le passage des rayons éteints, dans deux directions rectangu- laires. >. D'après tous ces faits, on pouvait supposer que l'on avait entre les mains un sulfure de zinc isomorphe avec la greenockite, et constituant par conséquent avec la blende un nouvel exemple de dimorphisme. » Cette supposition a été mise hors de doute par les résultats de l'analyse suivante, qui, tout en n'étant qu'une première approximation, une petite quantité de matière ayant été perdue au commencement de l'analyse, suffit pourtant pour prouver que les cristaux en question ne diffèrent pas de la blende par leur composition chimique. )i On a trouvé : Soufre 32,6 Zinc 55,6 Fer 8,0 Plomb 2,7 Antimoine 0,1 Cuivre Irace 99'' Densité 3,98. Dureté 3,5 à 4- ( 985 ) » Le ploml) et l'antimoine proviennent du mélange d'une petite portion de la gangue dont on n'avait pas pu entièrement débarrasser les matières de l'analyse par le triage. Un léger excès de soufre prouve qu'une partie du fer se trouve à l'état de pyrite; c'est aussi ce qu'on peut reconnaître à la loupe. « L'existence du sulfure de zinc hexagonal, dont nous ne connaissons jusqu'ici qu'un seul échantillon naturel, vient de recevoir la confirmation la plus heureuse: MM. H. Deville et Troost, dans leurs remarquables el fructueux travaux sur la reproduction des sulfures métalliques de la nature, ont obtenu le sulfure de zinc sous cette forme par deux procédés différents. Il est probable que les cristaux artificiels que leur doit la minéralogie per- mettront de déterminer plus rigoureusement la forme primitive du zinc sulfuré hexagonal. )) Le zinc sulfuré hexagonal constituant une nouvelle espèce minérale, je proposerai de lui donner le nom de JFurlzite, comme témoignage ilo recon- naissance personnelle à M. Wurtz et avec la conviction que les travaux de ce savant, qui ont tant contribué aux progrès de la chimie organique, trou- veront leur application quelque jour dans la chimie minérale et dans la mi- néralogie. » CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Sur la production de quelques oxydes cristallisés; par M. H. Debray. « On prépare un certain nombre d'oxydes cristallisés en calcinant à une haute température, dans un creuset de platine, un mélange de sulfate de ces oxydes et de sulfates alcalins. Les oxydes mis alors en liberté à une température très-élevée dans le sulfate de potasse ou de soude fondu peu- vent V cristalliser. J'ai déjà indiqué, il y a plusieurs années, que l'on pou- vait obtenir par ce procédé la glucine en prismes hexagonaux réguliers. Je présente aujourd'hui à l'Académie la magnésie (périclase) et l'oxyde de nickel préparés de la même manière. Avec le sulfate de manganèse, mélangé dépotasse, on obtient des cristaux assez volumineux d'oxyde rouge de man- ganèse Hn'O*, mais ils sont tellement enchevêtrés les uns dans les autres, qu'il m'a été impossible d'en mesurer les angles avec assez d'exactitude pour conclure de là leur identité avec les cristaux dehausmanile.Ils en ont toute- fois la composition et la dureté ; la couleur de leur poussière est la même, mais les cristaux artificiels sont transparents. J'espère obtenir dans d'autres C. R., i8Ci, 1" Semcilre^ (T. LU. A" 19.) '29 ( 98fi) préparations de cette matière des cristaux pins mesurables, qui permettront (le décider la question. » L'alumine, l'oxyde magnétique de fer, l'oxyde vert d'iirane peuvent èlre également obtenus cristallisés par une autre méthode fondée sur la décomposition de certains phosphates par les sulfates alcalins à température trés-élevée. Si l'on calcine en effet un mélange de |ihosphalo d'alumine, de fer ou d'iu'anc avec trois ou quatre fois sou poids de sulfate de potasse ou mieux de soude, on obtient toujours du phosphate tribasique de potasse ou de soude mélangé au sulfate en excès et l'oxyde à l'état de cristaux très-nets. Cette réaction présente quelque intérêt au point de vue de l'analyse des phosphates d'alumine etd'urane pour lesquels les méthodes ordinaires sont défectueuses. Je l'examine actuellement à ce point de vue, et j'ai lieu d'es- pérer, au moins en ce qui concerne le phosphate d'alumine, qu'elle fournira lui mode d'analyse assez précis. » l'ilYSIQUE. — Sur iëbullilion des Uciuitles; par M. L. Dufocr (de Lausanu(;). « On sait que l'ébuUition de l'eau, au lieu de se faire à une tenipé- raiiu-e toujours la même et variable suivant la pression atmosphérique, pré.sente des différences suivant les vases dans lesquels ce liquide est chauffé. Ou sait que dans un vase en verre, par exemple, l'ébullitiou se produit nu peu plus lard que dans un vase eu métal, et M. F. Aîarcet [Bibliothèque universelle, t. KXXVIII, p. 38 1), par ses nombreuses expé- riences, a montré entre autres comment le traitement qu'a subi le vase en verre (lavage avec l'acide sulfurique, etc.) peut n)oditîer parfois de quelques degrés la température d'ébullition. L'eau privée d'air el placée dans les conditions du marteau d'eau peut éprouver un réchauffement bien su|)é- rieur à 100° avant de prendre l'état gazeux; mais alors rébullition se pi'o- duit violemuient. Dans les intéressantes expériences de Donny [Junnles de Chimie et de Physique, 3' série, t. XVI, p. 167), l'eau bien purgée d'air, chauffée avec précaution, a pu être portée une fois à i35" avant que le chan- gement d'état eût lieu. Ce retard de l'ébullitiou appartient d'ailleurs aussi a d'autres liquides, et la production des vapeurs par soubresauts en est un indice fréquent dans les vases en verre. » Dans l'état actuel des choses, ou considère généralement l'ébullilion produite à une température suprneiu-e à celle où la force élastique de la vapeur du liquide f;nt équilibre a la pression extérieure connue nue ano- malie due à deux causes : premièreiuent , l'adhésion du liquide pour l;t ^ubstauce du v;ise ; .secondement, l'absence d'air en dissolution. ( 987 ) » Il V a cenendanl des faits curieux où l'adhésion d'un solide et l'absence d'air en dissolution ne peuvent pas être invoqués pour expliquer des relards considérables d'ébuUitiou et où, au contraire, le contact d'un solide pro- voque promptement et brusquement la formation des vapeurs. Si Ion chauffe de l'huile de lin dans une capsule de porcelaine à io5 ou 1 10", puis qu'on laisse tomber des goiittes d'eau dans cette huile, ces gouttes arrivent par une chute lente sur le fond du vase. Au moment de leur contact avec le fond, il y a une brusque formation de vapeur; le globule d'eau, un peu diminué, est repoussé à (pielques millimètres du fond, puis il y retombe pour donner naissance à un nouveau dégagement de vapeur qui le soulève encore une lois, et ainsi de suite. Or il est à remarquer que les globules d'eau, pendant qu'ils flottent au sein de l'huile avant de toucher le fond du vase, ne sont le siège d'aucune évaporation appréciable, et c'est au con- tact seulement au solide qu'il y a brusque production d'une bulle de vapeur. On se demande donc ce qui arriverait si l'eau, durant sou réchauffement, était maintenue éloignée des parois du vase, si elle flottait librement dans un milieu d'une densité égale à la sieiuie. I^e liquide propre à être employé connue milieu, dans ces essais, doit dépasser 100" sans bouillir, avoir sen- siblement la même densité que l'eau et ne pas former de mélanges aqueux. Les huiles ne peuvent convenir; mais certaines essences réalisent assez bien ces conditions. I' Si l'on prend de l'essence de girofle additionnée d'une petite quantité d'huile, on a unliquideoù l'eau se maintient eu équilibre, arrondieen sphères parfaites et librement mobiles dans l'intérieur. Si l'on chauffe avec quelque précaution, on dépasse toujours et souvent même de beaucoup 100" avant que l'ébullilion de l'eau ait lieu. On arrive facilement et habituellement à 120, i3o° et au delà. J'ai maintes fois eu des sphères aqueuses, de 10 inilli- mètres de diamètre, à i4o et i5o°. Des sphères plus petites, de r à 1 milli- mètres de diamètre, ont été plusieurs fois amenées à 170 et même 175", c'est-à-dire à des températures où la force élastique de la vapeur d'eau est de plus de 8 atmosphères. Il s'agit ici d'eau qui n'a subi ;iucune préparation ; elle n'est ni distillée, ni purgée d'air. A ces hautes températures, i\ n'y a point, comme on pourrait peut-être le penser, une ébuUition lente et con- tinue des sphères; ces sphères sont aussi limpides et aussi calmes à 1 5o" qu'à 10° : c'est bien l'état liquide continué fort au delà des limites corres- pondant à la pression sous laquelle on opère. » L'ébullilion se prodiùt lorsque les globules viennent au contact d un solide. Si, entraînés par les courants inévitables qu'occasionne le réchauf- 129.. (9«8) fement, ils viennent heurter les parois du vase ou la cuvette du thermomè- tre, il y a brusque production d'une bulle de vapeur; le globule, rendu un peu plus petit, est violemment rejeté loin du point où vient de se pro- duire cette sorte d'explosion, puis il continue à flotter dans le milieu. Si, lorsque la température dépasse [ i 5 ou 120", on touche un globule aqueux àl'aided'une tige en verre ou en métal, on produit un effet entièrement sem- blable :, une explosion se produit au point de contact, luie bulle de \apeiu' se dégage à travers l'essence, et le globule touché est rejeté comme si la pouite solide venait d'exercer sur lui une subite répulsion. Cependant tous les ton- tacts solides ne sont pas également efficaces pour provoquer ce change- ment d'état: les baguettes de verre ou de métal échouent quelquefois: mais une tige amincie de bois, de charbon, provoque au contraire toujours et hnmédialement une tumultueuse ébuUition au sein des globules surchauffés. Le contact des cristaux salins est généralement aussi très-efficace. » Les sphères volumineuses peuvent plus difficilement échapper au con- tact des parois; elles ne tardent par consécjuent pas à être le siège, sur un point de leur surface, d'une brusque formation de vapeur qui les brise or- dinairement en quelques globules plus petits. Dans mes expériences, ou les vases étaient de simples é|)rouvettes ou de petits ballons en verre, j'ai ob- tenu déjà et sans difficulté une sphère de 18 millimètres à iSo", d'autres de 6 à 10 millimètres à i5o°, etc. Ce sont les sphères les plus petites qui échappent le mieux au contact des parois et qui peuvent se chauffer ie plus fortement. » Il est à supposer que les faits |)récédents pourront s'obtenir aussi avec d'autres liquides, pourvu qu'on les chauffe dans des conditions convenables. Ces prévisions se confirment dans les expériences que je poui'suis mauitc- nant, et le chloroforme, par exemple, chauffe dans une dissolution conve- nablement concentrée de chlorure de zinc, arrive facilement à 90 et 100". Les sphères de chloroforme flottent librement au sein de ce liquide comme celles d'eau au sein de l'essence de girofle; au delà de 70", le contact d une tige solide provoque aussi brusquement et violemment leur évaporation. » Il est difficile de ne pas rapprocher ces faits de ceux où le contact d un solide provoque la cristallisation des dissolutions salines sursaturées et aussi la solidification brusque de l'eau, du soufre, etc., amenés au-dessous de leur température ordinaire de solidification. Il est difficile également do ne pas les rapprocher des faits que j'ai eu l'honneur de communiquer récem- ment a l'Académie et où l'on voit les liquides résister à la solidification lorsqu'ils sont immergés dans un milieu fluide. Il semble que le contact des ( 9«9 ; solides soit [jour les liquides une cause déterminante du changement d'état, et il se pourrait fort bien que les limites do température que nous assignons aux divers états des corps fussent moins absolues qu'elles ne le paraissent. Nos expériences sur les liquides, toujours réahsées dans des vases, toujours faites au contact des corps solides, nous ont peut-être fait considérer, à tort, comme propriétés inhérentes aux liquides eux-mêmes des phénomènes qui résultent, en partie au moins, de la présence des solides. Ainsi, lorsque l'eau flotte librement au sein d'un Huide, elle gèle fort rarement à o^' et elle ne se transforme en vapeur qu'à un point de l'échelle thermométrique qui dé- passe toujours IOO°. " HISTOIRE NATURELLE. — Emploi de la créosole jjoiir la conservation des parties molles des animaux ; extrait dune i\'ote de M. EiM. Rocsseal. « Je mesuissouventservi, depuis une trentaine d'années, de la substance huileuse découverte par Reichenbach et connue sous le nom de créosote. Utile en certains cas, comme moyen thérapeutique, elle est surtout pré- cieuse comme agent conservateur, et digne à ce titre de l'attention des col- lectionneurs d'histoire naturelle. Mélangée avec une grande quantité d'eau, la créosote est précieuse pour la conservation des pièces anatomiques. et peut remplacer avantageusement les liqueurs alcooliques employées pour les collections d'histoire naturelle pendant les voyages de long cours. » Des viscères conservés dans un mélange de i litres d'eau et 2 gram- mes de créosote, examinés après un séjour de quatre ans dans un bocal bien bouché et luté, ont été trouvés dans un état tel, qu'on pouvait les injecter. Des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles, des Poissons, des Insectes et des Mollusques, ont été conservés avec une flexibilité qui eût fait croire à une mort récente et qui a permis les recherches anatomiques les plus minutieuses. » Si l'on objectait contre l'emploi delà créosole l'odeur de suie qu'elle dégage d'une manière très-désagréable pour certaines personnes, nous ferions observer qu'il est très-facile d'en mitiger la force en lavant et au besoin en faisant séjourner pendant plusieurs jours de suite dans l'eau pure les objets soumis à son action, ce qui n'y apportera nulle altération. Si l'on voulait, après cela, les conserver définitiveii.ent, il suffirait de les mettre dans une nouvelle eau créosotée qui pour la transparence et la limpidité ne le cède en rien aux autres liqueurs conservatrices, ayant sur elles l'avantage de conserver aux tissus immergés une flexibilité complète. ( 990 ) >' Le mélange de la créosote pouvant se faire avec l'eau ordinaire comme avec l'eau de mer, ce liquide conservateur devient particulièrement pré- cieux pour les longues traversées; il n'est pas sans exemple que l'alcool employé aux collections ait été bii par les hommes des bords et les collec- tions altérées: cet inconvénient n'existe plus avec l'eau créosotée^ dont le goût désagréable, bien qu'elle ne soit pas malfaisante, est une garantie très- suffisante pour h conservation des objets destinés à nos musées. » M. MiLLO.v demande l'autorisalion de reprendre divers Mémoires qu'il avait précédemment adressés et sur lesquels il n'a pas été fait de Rapport. Cette autorisation est accordée, mais les Mémoires ne seront point ren- voyés à l'auteur, ainsi qu'il le demande; il devra les faire reprendre au Se- crétariat par une personne di'iment autorisée. On le lui fera savoir. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Minéralogie et de Géologie présente la liste suivante de candidats pour la place vacante dans son sein, par suite du décès de M. Cordicr. En première ligne M. Daubrée. En deuxième ligne ex œqiio et par i M. Delesse. ordre alphabétique [M. Des Cloizeapx. En troisième ligne. M. Hébert. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heiues un quart. F. ' 99» BULLETIN BlBLIOr.KAPHIQl'E Î/Académie a reçu dans la séance du [3 mai iS6i les ouvrages dont voici les titres : Trihitl à la Chirurgie^ ou Mémoires sur divers sujets de cette science ; par le D'BOUISSON. Paris-Montpellier, 1861; gr. in-4". Exnrnen des principales classifications adoptées par les zoologistes; par L.-H.-M. CaRLEEU. Bruxelles, 1861; in-Zj". Annales de la Société d Emulation du département des Vosges; t. X, 1 i •" cahier, iSSg. Epinal, 1860; i vol. in-8''. Mémoires de P Académie du Gard. Année 1860. Nîmes, 1860; f vol. in-B". Actes de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux; 3^ série, 22* année, 1860, 3^ Irimestre. Paris, 1860; br. in-S". Mémoires de la Société d' Anthropologie de Paris; f. \"\ 2^ fasc. avec :"► pi. Paris, 1861; br. in-8". Photographie. Lettre à M. Arthur Chevalier concernant au procédé sui le collodion sec; par G. ROMâ^. Paris, iSôi ; br. in-8°. Nuovo processo... Nouveau procédé de préparation, pour les besoins des arts, du phosphore rouije ou amorphe, pnrM. F.-D. Scribani. Palerme, 1860; br. in-S". Dell' utile che si potrtbbe... De l'ulilité que pourrait avoir pour In Sicile le su If ate de strontiane; parle même. Palerme, 1860; br. in-8°. Siil solfato di soda... Sur le suljate de sonde et sur ses deux prmcipaux emplois par l'industrie; par le même. Païenne; br. in-S"- Sulla preparazione... Su>- la préparation de l'oxyde vert de chrome indiquée par le prof esseur VhW . Casoria ; rentorcpies de M. F.-D. SCRIBANI. Palerme; br. in-8". Prohisione... Prolégomènes d'un (Ours de géométrie supérieuie ; par M. L. Cremona; leçon d'introduction faite à C Université de Boulogne, en novembre 1860. Bologne, iHfii; br. in-8°. Programmi pei concorsi . . . Programmes des prix proposés par l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Arts pour i 862 ; 2 feuilles in-4°. Affi del reale instituto... Actes du B. Inslitul Lombard des Sciences, Lettres et Arls.Ycl. 11, fasc. 4, 5 et (i. Sposizione dei nuovi... Exposition des nouvelles méthodes de géométrie analytique; par le prof. J. Bellavitis. (Extrait du vol. VIll des Mémoires de l'Institut L E. vénitien. Venise, 1 860; in-.V'. '. 992 ; Illiistrazioiie délia imiiniuia... Mémoire sur la momie péruvienne conservée au Musée national de Milan; par le D"^ E. Corkalia. Milan, 1860; gr 111-4°. Atti deir Accademia... Actes de l Académie pontificale des Nuovi Lineei . t. XIV, séance du a décembre 1860 Rome, 1861 ; in-4' . Food of the shad. . . Sur la nourriture du Shad de la côte atlantique des E. F. (Alosa prœstabilis de Kay) et sur les fonctions des cœcums py toriques , put E.-R. MoRDECAl. Philadelphie, 1860; iii-12. Om den... Sur la culture artificielle des huîtres en France et sur un projet d'établissement d' huitrières dans le Lûmfiord? Rapports faits à M. le Ministre des Finances de Danemnrck ; par M. ESCHRICHT. Copenhague, 1860; br. in-S". Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des animaux, par Jac. MOLESCHOT. Année 1860; VII^ vol., 4* hvr. Giessen, 1860: in-8°. Auflosung des... Solutions du problème de la quadrature du cercle; pai M. V.-P. Rluk. Vienne, 1861; broch. in-S". The quadrature... La quadrature du cercle: correspondance entre un émi- nent mathématicien et J. Smith. Londres, 1861; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 20 MAI 1861 PRÉSIDENCE DE M. DUHAMEL. IMÉMOmES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE TERRESTRE. — Mémoire sur la température de l'air, au nord, obsenée avec le thermomètre ordinaire, et sur celle de l'air libre, loin et près des arbres, observée avec le thermomètre électrique; par M. Becquerel. (Extrait. ) « Le thermomètre électrique permet de relever les températures à de griindes distances de l'observateur et dans des lieux où la lecture sur un thermomètre ordinaire n'est pas possible ; il est devenu aujourd'hui un instrument tellement pratique, que l'on peut faire les observations avec au- tant de facilité que s'il s'agissait du thermomètre ordinaire. » M. Becquerel vient de s'en servir pour évaluer les températures de l'air du i" mai 1860 au i*'" mai 1861 , loin et près des arbres, températures qu'il a comparées à celle de l'air au nord. » On observe ordinairement la température de l'air avec un thermo- mètre placé au nord, abrité de la radiation solaire, et dans un lieu où l'air puisse circuler librement. Cette température est l'élément à l'aide duquel on calcule les moyennes diurnes, mensuelles et annuelles ainsi que la tempéra- ture du lieu, dite climatérique ; cette dernière est prise en considération quand il s'agit d'étudier les phénomènes de la vie végétale dans une contrée. On s'est demandé si cet élément représentait bien la température de l'air, à G. R., 1861, i" Semestre. (T. LU, N" 20.) I 3o ( 994 ) un instant donné; des dmites ont été émis à cet égard; on a dit (|ue l'atmosphère étant sans cesse agitée par des courants d'air en tous sens, cette température ne pouvait pas être fixe en un point quelcon- que. Cette objection est fondée; mais cependant on obtient ce qu'il y a de fixe dans cette valeur en prenant des moyennes à l'aide desquelles on élimine les erreurs en plus ou en moins qui affectent les obser%ations ; ou arrive ainsii à une valeur, la moyenne du lieu, qui n'éprouve aucun chan- gement pendant un certain laps de temps. Cette valeur servira, dans les siècles futurs, à reconnaître si le climat a éprouvé ou non des changements, en vertu de causes célestes ou terrestres; mais il faut, pour cela, que les observations soient faites dans le même endroit et que le sol n'ait éprouvé aucun changement, car la température de deux lieux voisins n'est pas égale quand le sol n'est pas de même nature, qu'il ne possède pas, par consé-r quent, le même pouvoir rayonnant, et quand l'air ne circule pas aussi libre- ment dans l'un comme dans l'autre : dans ce cas, le mélange des diverses couches qui li'ont pas la même température n'ayant pas lieu, on ne saurait avoir la température moyenne. C'est pour des causes de ce genre que Howard a trouvé une différence d'un demi-degré entre la moyenne de Londres et celle de la campagne environnante : laquelle des deux prtn- dra-t-on pour la moyenne climatérique? )> T.e thermomètre électrique permet d'éviter cet embarras, en le plaçant à une hauteur telle, que le rayonnement du sol n'exerce aucune influence sur la température de l'air. Deux instruments de ce genre ont été établis au Jardin des Plantes, l'un à la périphérie des branches d'un marronnier d'Inde à 21 mètres au-dessus du sol et exposé par conséquent à son rayonnement, el l'autre à 16 mètres en plein air, au-dessus du grand amphithéâtre qu'il dépasse de 6 mètres; la partie de chacun de ces iustrumenis destinée à prendre la température de l'air est garantie du rayonnement solaire, au moyen d'un triple réflecteur en fer-blanc, qui permet à l'air échauffé par le soleil de circuler entre ces réflecteurs. Ces thermomètres ainsi disposés indiquent immédiatement les moindres changements de température produits dans l'air par l'apparition subite du soleil, avantage que ne possède pas le ther- momètre ordinaire placé au nord ; le thermomètre électrique exposé à l'air libre donne donc la véritable températiu'e de l'air. » Les observations laites au nord, au Jardin des Plantes, pendant l'année qui vient de s'écouler, avec le thermomètre ordinaire, ont donné pour la température moyenne de l'air à i^jSS au-dessus du sol, io'',9o; M. Arago avait trouvé pour la moyenne de Paris 10°, 7a, calculée avec les maxima et ( 995 ) minima, de 1806 à i85i, et M. Bouvard io°,8:j2 obtenue avec les moyennes diurnes de 1806 à i83/t; ces deux valeurs en moyenne diffèrent en moins de celles du Jardin des Plantes de o", i3 seulement. » A l'air libre échauffé par le rayonnement solaire, la température moyenne annuelle au thermomètre électrique a été de 1 r\53 au lieu de io°,90 trouvés au nord; la différence o'^fi^ représente donc réchauffement de l'air par l'action solaire; 1 1",53 est la véritable moyenne de l'année qui vient de s'écouler, et non 10°, 90. La température observée au midi a été de i3°,3; elle est supérieure de i°,77 à celle trouvée à l'air libre; elle ne sau- rait représenter la véritable température de l'air au soleil, attendu qu'elle se complique des effets dus au rayonnement du mur sur lequel est appliqué le thermomètre et à réchauffement de ce dernier par le rayonnement so- laire, effets qu'on évite avec le thermomètre électrique. « La température moyenne de l'air au-dessus de l'arbre, exposé au rayon- nement de ce dernier, n'a été supérieure à celle de l'air, à inie certaine dis- tance, que de o°,23 et de o°,86 de celle de l'air au nord ; mais si l'on com- pare ensemble les observations faites aux différentes heures de la journée, on trouve que vers 3 heures, au moment où la température est la plus élevée, les différences s'élèvent quelquefois à 2*^', 3" et même 4° en faveur de l'air au-dessus de l'arbre, taudis que le matin, au lever du soleil, lorscpie le ciel a été clair pendant la nuit, l'excès est de signe contraire, à cause du rayonnement nocturne : cet excès est quelquefois de i degré. Dans les grandes chaleurs, le rayonnement solaire l'emporte sur le rayonnement nocturne, de sorte que pendant la nuit les feuilles conservent une partie de la chaleur acquise dans le jour, ainsi que l'air ambiant. » Le fait suivant met en évidence le refroidissement des arbres, ainsi que celui de l'air qui les entoure, sous l'influence du rayonnement noc- turne : les végétaux près des bois sont plutôt atteints par les gelées printa- nières et les premières gelées d'automne que les végétaux qui en sont éloignés. » D'après ce qui précède, on voit que dans le jour, sous l'influence du rayonnement solaire au-dessus des arbres, il existe un courant d'air chaud ascendant, et pendant la nuit et le matin un courant d'air froid descendant qui refroidit le sol. » Lorsque le ciel reste couvert, les différences de température sont tres- faibles et finissent par devenir nulles. » Pendant les grands froids de l'hiver dernier, les différences ont présenté une particularité remarquable : elles ont diminué peu à peu, sont devenues i3o.. ( 996 ) de signe contraire, puis ont repris leur marche ordinaire à l'approche du dégel; les effets ont donc été les mêmes que sous l'influence du rayonne- ment nocturne dans le cours de l'année. » Les végétaux, comme on l'a déjà dit, sont les véritables thermomètres à consulter lorsqu'il s'agit de supputer le nombre de degrés de chaleur dont ils ont besoin pour l'accomplissement de toutes les phases de leur existence; on les transforme en véritables thermomètres en introduisant dans leurs tissus, sans y produire de lésions sensibles, des aiguilles métalliques mixtes très-fines, faisant partie du thermomètre électrique et qui, en se mettant en équilibre de température avec les végétaux, servent à faire connaître l'état calorifique de ces derniers. Les exemples suivants suffisent pour montrer le parti que l'on peut tirer de ce mode d'expérimentation pour connaître l'état calorifique des végétaux. Un opuntia placé au nord et dont les feuilles avaient i centimètre environ d'épaisseur, a pris la température du milieu ambiant en participant à toutes ses variations, mais tardivement. » Un prunier couvert de feuilles et de fruits, ayant 6 mètres de hauteur et o'",35 de diamètre, exposé auS.-E dans l'angle de deux murs de ville élevés, a donné une température moyenne de 20°, 49, à o™, 12 dans l'intérieur du tronc, du 2 au 11 septembre i858, tandis que l'air libre n'indiquait que 18°, 70, différence 2°, 24. Le 4 du même mois, la température à l'air libre s'est élevée à 33°, 7, et dans l'arbre à 3']°, G; eu entourant le corps de l'arbre de feuilles de fer-blanc, dans le but de réfléchir les rayons solaires, la diffé- rence entre la température a diminué et elle a augmenté au contraire en les enlevant. » Les végétaux herbacés se comportent de même sous l'influence du rayonnement solaire et du rayonnement nocturne : ce dernier abaisse quel- quefois leur température de i à 8° au-dessous de celle de l'air ambiant, comme Wells l'a observé le premier : on voit là l'influence des pouvoirs absorbant etémissif des grands et des petits végétaux et celle du pouvoir rayonnant des corps voisins, pour élever ou abaisser leur température, ainsi que celle de l'air qui les enveloppe. » Ces observations montrent de quelle utilité j)eut être le thermomètre électrique pour évaluer le nombre de degrés de chaleur ou calories dont les végétaux ont besoin pour fleurir et fructifier. L'expérience démontrant que les variations de température étant beaucoup moindres dans la tige d'un arbre d'un certain volume que dans l'air, il en résxdto que lorsque la tem- pérature de l'air varie dans des limites étendues et que les variations sont de courte durée, l'état calorifique de la tige en est peu affecté; dans le cas ( 997 ) contraire, l'arbre finit par se mettre en équilibre de température avec l'air. Sous les tropiques, où la température est uniforme, il est plus facile que dans les climats tempérés de connaître la distribution de la chaleur dans les tissus des végétaux, et d'évaluer la quantité de chaleur dont ces derniers ont besoin pour la floraison et la maturité des graines et des fruits. » Quelles conséquences à tirer de ces faits, relativement à l'influence qu'exercent les forêts sur la température moyenne d'un pays? La réponse n'est pas sans difficultés : » M. Boussingault, en discutant ses propres observations et celles faites sous les tropiques par d'autres voyageurs, depuis le niveau de la mer jusqu'à des hauteurs où l'on trouve les climats tempérés et polaires, a reconnu que dans ces conditions l'abondance des forêts et l'humidité qui en résulte tendent à refroidir le climat, tandis que l'aridité et la sécheresse produisent un effet contraire. D'un autre côté M. de Humboldt, en réunissant un grand nombre d'observations de température faites dans trente-cinq postes mili- taires de l'Amérique du Nord, sur une étendue de 4o" en longitude, a trouvé que depuis un certain laps de temps, pendant lequel de grands déboisements ont eu lieu, la tetnpérature moyenne n'a pas sensiblement changé sur la vaste étendue de pays où sont situés ces postes, résultat contraire au précé- dent ; mais il n'est pas dit pour cela que le climat n'ait pas été modifié, car le déboisement a pu rendre les hivers moins froids et les étés plus chauds, sans que la moyenne du lieu ait changé. » Les expériences rapportées dans ce Mémoire démontrent rigoureuse- ment que les arbres en s'échauffant sous l'action solaire et se refroidissant sous celle du rayonnement nocturne, comme tons les corps qui se trouvent à la surface du sol, et plus même que la plupart de ces corps en raison de leurs grands pouvoirs absorbant et excessif, échauffent ou refroidissent l'air ambiant : d'où résulte en premier lieu un courant d'air chaud ascendant, qui se manifeste également dans le massif des arbres, en second lieu un courant d'air froid descendant, qui tend à refroidir le sol la nuit et le matin. La résultante des effets produits donne seulement une différence de o°,23 entre la température de l'air au-dessus des arbres et celle de l'air hors de leur influence, bien que dans le cours de la journée elle s'élève quelquefois à plusieurs degrés et que la nuit elle soit de signe contraire. Ce faible excès entre les deux températures moyennes semble confirmer les conséquences déduites des observations faites dans les trente-cinq postes militaires de l'Amérique septentrionale, à savoir que le déboisement n'influe pas ou très- peu, sous les latitudes moyennes, sur la température moyenne d'une contrée. (998 ) Ces expériences montrent encore comment il se fait que le déboisement rend les étés plus chauds et les hivers moins froids : les Lois servant d'abris s'opposent, à la libre circulation de l'air et par suite au mélange des diverses couches n'ayant pas la même température ; ainsi en été les couches infé- rieures provenant de l'air refroidi à la périphérie des arbres, sous l'influence du rayonnement nocturne, abaissent la température de l'air dans le voisinage du sol; le déboisement enlève cette cause de refroidissement et tend ainsi à rendre les étés plus chauds. En hiver, le rayonnement nocturne et le rayonnement céleste dans le jour produisent des effets semblables dans les lieux boisés; il paraîtrait donc que le déboisement rendrait les hivers moins froids. >) Le thermomètre électrique servira à résoudre encore d'autres questions d'un grand intérêt pour la physique terrestre et la physiologie végétale; notamment : i° celle qui concerne la propagation de la chaleur solaire dans la terre, depuis le sol jusqu'à la couche invariable, et l'accroissement de l;i chaleur d'origine de la terre, depuis cette même couche jusqu'à d'assez grandes profondeurs; 2" celles qui sont relatives aux variations de tempé- rature du sol jusqu'aux profondeurs où se trouvent les racines des petits et des grands végétaux : questions qui ont présenté jusqu'ici de grandes diffi- cultés avec les moyens en usage, tandis qu'il n'y en a aucune avec le ther- momètre électrique; ces recherches exigent l'établissement de puits forés, la fabrication de câbles thermo-électriques et de divers accessoires indis- pensables, toutes choses qui n'ont pu être faites jusqu'ici. » CHIMIE MINÉRALE.. — Rec lier c lies sur la composition de In fonte et de I acier; par M. E. Fremy. (Cinquième communication.) « I^es communications que j'ai faites à l'Académie sur l'acier ont eu pour but d'établir les propositions suivantes : » i" L'acier n'est pas, comme on le croit généralement, un carbure de fer, c'est un fer azoto-carburé. » 2" L'azote joue, dans la cémentation, un rôle à la fois mécanique et chimique; il ouvre les pores du métal et se combine ensuite avec lui. » 3" Le fer, sous une influence carburante qui s'exerce en excès, se transforme en fonte; il produit de l'acier lorsqu'il est soumis à la double action du carbone et de l'azote. » 4" Le problème à résoudre pour fabriquer un bon acier n'est pas de traiter certains minerais qui appartiendraient à quelques pays privilégies, ( 999 ) mais d'employer des agents d'aciération suffisamment actifs et surtout d'éli- miner de la fonte ou du fer les composés qui s'opposent à la production de l'acier. » 5° Les corps qui ont de l'analogie avec le carbone, comme le silicium^ ceux qui se rapprochent de l'azote, comme le phosphore, peuvent se com- biner au fer et constituer \a. famille des aciers; c'est ainsi qu'il faut expliquer la présence du silicium et celle du phosphore dans l'acier. )' Lorsque je suis venu émettre devant l'Académie ces propositions qui renversent des idées admises depuis si longtemps, qui soulèvent des ques- tions de priorité ou d'amour-propre, qui touchent à des intérêts considé- rables et qui divulguent au profit de tout le monde des recettes que l'on avait intérêt à exploiter secrètement, je savais bien qu'il me serait impossible de me soustraire aux deux genres de critique qui s'adressent à tous ceux qui travaillent, et qu'on viendrait me dire que mes assertions n'élaient pas exactes ou que mes découvertes n'étaient pas nouvelles. )' L'Académie sait qu'à cet égard mes prévisions se sont entièrement réa- hsées et que les critiques ou les réclamations de priorité ont suivi de prés mes publications sur l'acier. » Mais ce que l'Académie ignore et ce qu'elle me permettra de lui ap- prendre, c'est que les maîtres de forges les plus honorables de notre pays, qui connaissent toutes les incertitudes que présente la fabrication de l'acier, sont venus me dire que mes publications leur rendaient un véritable service et qu elles expliquaient un grand nombre de faits dont ils ne pouvaient pas se rendre compte : mes démonstrations leur ont même paru assez rigou- reuses pour les engager à entreprendre immédiatement des expériences sur une échelle industrielle. » Comme je ne voudrais pas que des objections restées sans réponse vinssent ébranler la confiance des fabricants et arrêter des essais qui doivent être utiles à une de nos grandes industries, je réfuterai dans cette commu- nication les critiques qui m'ont été adressées. » Questiom de priorité. — Après avoir annoncé à l'Académie que l'azote était un des agents de l'aciération, je me suis trouvé en présence de récla- mations nombreuses, ayant pour but d'établir qu'on avait aciéré avant moi à l'aide de substances azotées diverses, qu'on avait déjà constaté la présence de l'azote dans l'acier, que MM. Saunderson et Binks avaient déjà fait jouer un grand rôle à l'azote dans l'aciération. Je m'empresse de déclarer que je n'ai jamais pensé à contester l'importance deS' observations faites par les deux savants anglais : mais il est facile de reconnaître que leurs travaux ne ( lOOO ) présentent pas les'démonstrations synthétiques et analytiques qui se trouvent dans ceux que j'ai ptibliés. » Je connaissais le parti qu'on tirait dans certaines cémentations de l'emploi de charbons azotés; je savais que dans tous les ateliers on produisait des cémentations superficielles et instantanées en employant des cyanures. J'avais eu depuis longtemps connaissance du brevet de M. Nevill pris en i 856 : par ce procédé, l'acier est obtenu directement en faisant fondre un mélange de fer, de sel marin, de briques pulvérisées, de sel ammoniac, de ferrocyanure de potassium et de charbon de bois. Je sa- vais également que MM. de Ruolz et de Fontenay employaient avec avan- tage le ferricyanure de potassium dans l'aciération. M J'ai toujours été heureux de citer des aciérations produites avec des matières azotées : ces faits pratiques confirmaient mes expériences. Mais il y a loin d'une recette empirique à une théorie bien établie : une assertion ne peut pas avoir la valeur d'une démonstration rigoureuse; tout avait été dit peut-être sur l'acier, mais rien n'était prouvé. » Les oppositions qui me sont faites en ce moment ne peuvent laisser au- cun doute à cet égard. Qu'on ouvre les Traités de Chimie et de Métallurgie les plus récents, on verra que l'acier est considéré encore aujourd'hui connue un carbure de fer. Je dois cependant faire ici une réserve relative- ment aux vues si profondes et si justes qui ont été émises sur l'acier, par notre savant confrère M. Chevreul. » Avant mes publications, j'ai consulté les fabricants d'acier les plus ha- biles, qui m'ont dit tous que l'acier était pour eux une combinaison de fer et de carbone ; et même celui de mes contradicteurs qui fabrique de l'acier en employant du cyanure de baryum soutient que cette matière éminemment azotée agit simplement dans l'aciération par le carbone qu'elle contient. >i Je crois inutile d'insister plus longuement sur ces questions de priorité et de prolonger une discussion toute personnelle qui serait sans intérêt pour la science. Il est évident que les matières azotées n'ont été employées jus- qu'à présent dans l'aciération que d'une manière empirique; leur action pouvant être attribuée au carbone qu'elles contiennent, et l'azote, trouvé dans l'acier, n'a jamais été considéré, avant moi, comme étant réellement constitutif. » Aciéralion sans azote. — Les partisans de l'ancienne théorie de l'aciéra- tion fondée sur la carburation simple du fer ont avancé d'abord que dans les caisses de cémentation, qui ne contiennent que du fer et du carbone, on ne pouvait pas concevoir la production d'un azotocarbure de fer. Il m'a ( lOOl ) été bien facile de réfuter cette objection en démontrant que l'azote était fourni par les éléments de l'air ou par le charbon de bois qui était trcs-noia- blement azoté. Je nai donc pas a insister ici sur des démonstrations qui sont développées dans mes précédentes communications. Il On a cité alors des cémentations produites par du graphite. Dans ce cas, les éléments de l'air interviennent toujours, et le graphite lui-même apporte de l'azote, comme le prouvent des déterminations récentes de M. Delesse. Cette objection n'a donc pas plus de fondeaienl que la précédente. » On a avancé qu'on pouvait produire une aciération au moyen de cer- tains carbures d'hydrogène non azotés. En répétant cette expérience, je n'ai jamais obtenu que des produits sans aucune qualité, intermédiaires entre le fer, la fonte et l'acier, ne résistant pas aux épreuves nécessaires de la trempe, du recuit et de l'étirage; et du reste ces composés, que l'industrie n'accep- terait jamais, contiennent encore de l'azote qui provient sans doute des réactifs mal épurés et peut-être du fer qui a été employé dans l'expérience. Tous les chimistes savent en effet qu'il est unpossible de préparer du fer pur et que ce métal doit quelques-unes de ses propriétés utiles à l'influence dune faible proportion de composés aciérants qu'il relient toujours. ') On a cru trouver une objection sérieuse aux idées que j'ai émises en prouvant que l'acier puddlé peut se former sous un bain de scories qui empêche le fer de s'azoter. On avait donc oublié des analyses déjà anciennes, dont j'ai confirmé l'exactitude par des expériences récentes, qui démontrent que les fontes contiennent beaucoup plus d'azote qu'il n'en doit rester dans l'acier. M. Schaflhaùlt a prouvé que certaines fontes peuvent contenir 8 mil- lièmes d'azote, et il n'en a retrouvé que de i à 2 millièmes dans l'acier fondu de Scheffield, servant à la fabrication des rasoirs. » L'opération du puddlage de l'acier a donc pour but d'enlever à la fonte les corps nuisibles qu'elle contient et de laisser au métal les éléments utiles à l'aciération, c'est-à-dire le carbone et l'azote. » On considère généralement la fonte comme une combinaison de fer et de carbone : les autres substances qui s'y trouvent sont envisagées comme étant de peu d'importance et étrangères en quelque sorte à la constitution du composé métallique. » C'est cette opinion que je tiens particulièrement à combattre, parce qu'elle n'interprète pas la constitution véritable des fontes, qu'elle a entre- tenu les préjugés et la routine, et qu'elle nuit aux progrès qui tendent à s'introduire dans la fabrication du fer et dans celle de l'acier : en effet, lin- (.. R , 1861, I" Semestre. (T. LU, >° 20 } ' 3l ( I002 ) dustiiel qui n'envisage que le carbone dans la foute néglige les corps étran- gers qu'il doit éliminer pour obtenir lui bon fer, et souvent ne tient pas un compte suffisant des éléments qu'il doit conserver dans le métal pour pro- duire un bon acier puddlé. » Poiu- moi les fontes sont des composés divers dans lesquels les pro- priétés du fer sont plus ou moins modifiées par l'inlluence des corps très- nombreux (jne l'analyse constate facilement. Quelques-uns de ces corps sont sans doute dominateurs et impriment un caractère spécial à certaines espèces de fonte, mais on ne connaîtra bien les relations qui existent entre le fer, les fontes et l'acier, que lorsqu'on aura déterminé par des expériences synthétiques les degrés de modification que les corps simples, isolés ou réunis, j^euvent apporter dans les propriétés du fer. J'ai entrepris dans celte dn-ection des expériences nombreuses dont je communiquerai bientôt les résultats à l'Académie. M On a considéré jusqu'à présent la fonte comme un carbure de fer, parce qu'en chauffant du fer avec un excès de charbon aussi pur que possible, on obtenait un composé contenant 3 à 4 centièmes de carbone et comparable à certaines fontes du commerce. J'ai moi-même produit des fontes tres- douces et d'une grande fusibilité en soumettant le fer chauffé au ronge à l'action des carbures d'hydrogène. » Quoiqvie ces composés contiennent toujours des matières étrangères données par le métal, par le charbon, j)ar les parois des creusets, par les gaz de la combustion, etc., j'admets cependant sans difficulté que ces fontes sont principalement formées de fer et de carbone. Mais elles sont excep- tionnelles et ne se rencontrent jamais dans l'industrie. » Tons les chimistes savent que les fontes du commerce contiennent en- viron 95 pour 100 de fer et 5 pour 100 de corps divers. Ces substances qui existent dans les fontes sont quelquefois très-nombreuses; on a signalé le carbone, le siliciinn, le phosphore, l'arsenic, l'azote, le soufre, le potassium, le sodium, le calcium, l'aluminium, le magnésium, le manganèse, le chrome, le titane, le vanadium, le cuivre, etc. » Parmi tous ces corps qui, dans la fonte, se trouvent combinés au fer, le carbone est souvent le plus abondant, mais est-il toujours le plus actif? Il est permis d'en douter. » On sait en eftel que, sur les 2 à 3 centièmes de carbone conteîiu dans les fontes, il n'existe souvent, d'après M. Rodemann, que 5 à 6 millièmes de carbone réellement combiné, tandis que certaines fontes au coke penveiU contenir plusieurs centièmes de silicium et des proportions de phosphore ( ioo3 ) et de soufre dont tous les mérallurgistes connaissenl l'influence. Eu combi- nant svuthétiquenienl le fer avec de petites quantités de silicium, de soufre, de phospliore, d'arsenic, j'ai obtenu des fontes sans carbone qui peuvent être comparées aux fontes véritables. » Il résulte doue de tous ces faits que, dans l'aciération, l'azote intervient nécessairement ; il est donné par l'air, par le cliarbon, quelquefois par le fer et toujours par la ionte. » Lorsqu'on sait que le charbon pur n'acière pas, que le charbon de bois faiblement azoté acière avec lenteur, qu'im composé cyanure, contenant à la fois du carbone et de l'azote, acière instantanément; lorsqu'on reconnaît, d'une autre part, que, sous l'influence d'une même force carburante, l'acié- ration est proportionnelle à la quantité d'azote que l'on introduit dans le métal, je ne comprends pas qu'on vienne nier encore l'utilité de l'azote dans l'aciération : il me semble que les démonstrations que j'ai données ont presque une rigueur mathématique. 1) Mais dans foules les discussions relatives à la constitution de lacier, il ne faut pas oublier ce que j ai dit dans mes premières publications, c'est qu'il existe plusieurs espèces d'acier dans lesquelles les éléments constitutifs peuvent être rem- placés en totalité ou en partie par des corps qui ont avec eux de l'analogie. » Si on parvenait à produire un acier véritable, présentant toutes les qualités que l'industrie exige dans l'acier et ne contenant |)as d'azote, ce qui me paraît, je dois le dire, presque impossible, il y aurait donc lieu de rechercher si ce composé ne retiendrait pas un corps pouvant remplacer l'azote, comme le phosphore qui, en s'introduisant dans le fer en faible proportion, produit un fer à grains entièrement comparable au fer azoté. » Constatation de l'azote dans l'acier. — J'ai dit, dans mes commimications précédentes, cpie l'on pouvait constater dans l'acier la présence de l'azote: » i" En traitant l'acier par un acide : cette réaction produit une liqueur qui contient souvent un sel ammoniacal et un résidu brun qui est lui-même azoté ; » 1° En faisant passer au rouge un courant d'hydrogène sur l'acier qui perd alors son azote à l'état d'ammoniaque ou de cyanhydrate d'ammo- niaque. » Cette seconde expérience a donné lieu à des critiques qu'il m'est bien facile de réfuter. » Quelques expérimentateurs ont fait passer de l'hydrogène sec sur de lacier et n ont pas obtenu de désaciération; d'autres ont réalisé la désa- ciération en ne dégageant que des quantités insignifiantes d'ammoniaque. i3i.. ( ïoo4 ) » Ces deux résultats, en apparence contraires à ceux que j'ai annoncés, s'expliquent avec la plus grande facilité et n'altèrent en rien les consé- quences que j'ai tirées précédemment. » On sait en effet que l'ammoniaque est décomposée sous l'influence d'une température rouge; que les gaz une fois desséchés d'une manière absolue perdent souvent toute leur activité chimique, et qu'un corps ne peut pas se former à la température qui le décomposerait; par conséquent l'opéra- teiu- qui fait passer le gaz hydrogène sur de l'acier porté à luie température trop élevée pourra ne pas désaciérer, parce qu'il opérera soit avec un gaz inactif, soit à une chaleur qui rend la formation de l'ammoniaque impos- sible. » Celui qui n'obtiendra que des quantités très-faibles d'ammoniaque tout en désaciérant, aura décomposé une partie de l'ammoniaque qui avait d'abord pris naissance. » Pour produire une désaciération complète accompagnée d'un dégage- ment régulier de vapeurs ammoniacales, il faut donc apprécier avec soin, comme je l'ai fait, les conditions de température favorables à l'expérience. Tous les chimistes qui voudront bien tenir compte de ces circonstances obtiendront les résultats que j'ai annoncés. Dans mes essais j ai toujours purifié l'hydrogène, mais je ne l'ai jamais desséché avec des soins minutieux |)arce que je ne voyais pas l'utilité de cette précaution. » En effet, mon but était de démontrer, qu'au moment de la désaciération par l'hydrogène, l'azote de l'acier se dégageait a l'état d'ammoniaque; mais je savais bien qu'il m'était im|)ossible d'enlever l'azote sans élimnier en même temps le carbone, car l'ammoniaque qui se forme dans l'expérience entraîne le charbon à l'état de cyaidiydrate d'ammoniaque. C'est ce double phénomène que j'ai exprimé dans mon précédent Mémoire, en annonçant (pie l'acier chauffé dans l'hydrogène perdait environ un centième dt^ son poids; il était donc iiuitile d'enlever au gaz hydrogène des traces d'eau qui, même lorscpi'elle agit par sa présente, donne au gaz une activité chi- mique utile à l'expérience. » Un de mes contradicteurs a avajicé que l'hydrogène ne pouvait pas désaciérer l'acier en le désazotant, parce que le fer fixant au rouge l'azote de l'ammoniaque en présence de l'hydrogène en excès, ne pouvait pas, à la même température, perdre cet azote sous l'influence d'un couiant d'hydro- gène. » En raisonnant ainsi, on ne tient aucun compte des faits bien connus de tous les chimistes qui démontrent, par exemple, que le fer lixe au rouge ( looij ^ l'oxygène de l'eau en présence de l'hydrogène et qu'à la même température l'oxyde de fer est réduit par l'hydrogetie. )) Cette objection est donc facile à réfuter. » On voit que tous les faits que j'ai annoncés relativement à l'action de l'hydrogène sur l'acier sont d'une exactitude incontestable. » Je n'avais aucun intérêt à rechercher si l'hydrogène enliérement tîessé- ché n'exerçait plus d'action sur l'aciei': je voulais au contraire employei- un réactif qui en désaciérant accusât la présence fie l'azote; c'est le résultat que j'ai obtenu en soumettant l'acier à l'action de l'hydrogène purifié par les méthodes ordinaires. " Je me suis gardé de donner des déterminations quantitatives de l'azote contenu dans les aciers, parce que je crois que les méthodes employées jus- qu'à présent manquent d'exactitude: mais en admettant que les quantités d'azote soient aussi faibles qu'on l'a dit, croit-on que ces proportions soient sans influence sur les propriétés du composé métallique? » Pour soutenir une pareille opinion, il faudrait êti'e (étranger aux pre- miers principes de la métallurgie. Qui ne sait en effet que des quantités im- pondérables de soufre introduites dans un bon fer de Suède le rendent rou- verin et lui ôtent toute qualité^ En combinant j^i;^ de bismuth ou de plomb à l'or, on le renti cassant comme l'antimoine; des traces de plomb ou d'étain modifient toutes les propriétés du mercure. » Il ne faut pas oublier que l'acier, d'après les analyses de Gay-Lussac, contient 99,2 pour 100 de fer; on y trouve eu outre des corps tels que !*• phosphore, le silicium, le manganèse. On voit que les composés léellement aciérants ne peuvent exister dans l'acier qu'en proportion très-faible. Il faut bien se garder de croire que des corps qui ne se trouvent dans les alliages qu'en quantités pres En effet, le dernier composé ne diffère de la substance cristalline pro- duite par l'action du cyanate éthylique sur l'urée, qu'en ce qu'il contient la molécule diatomiqueC^H^ au lieu de la molécule diatomique CO. » La formule du nouveau composé représente aussi le sel ammonique de l'acide diéthylcyanurique : Toutefois la substance n'est pas un sel ammonique proprement dit. Les acides ne séparent pas d'acide diéthylcyanurique, les alcalis à froid ne dé- gagent pas d'ammoniaque, le dichlorure de platine ne produit pas de pré- cipité dans la solution aqueuse. » L'eau mère dont le nouveau composé a été déposé contient le cyanu- rate il'éthyle et l'urée éthylique, substances dont la formation dans les con- ditions de l'expérience est facile à comprendre. » RAPPORTS MATHÉMATIQUES. — Rapport siir un Mémoire de M. Abel Transon, intilidé : Mémoire sur les propriétés d'un ensemble de droites menées de tous les points de l'espace suivant une loi quelconque. (Commissaires, MM. Lamé, Chasles rapporteur.) « Dans l'ordre de questions dont il s'agit, on suppose que par chaque point de l'espace on mène une droite dont la direction dépende de la posi- tion du point. Cette position étant déterminée par les trois coordonnées X, j, z, on exprime celle de la droite en prenant pour les cosinus des angles qu'elle fait avec les trois axes coordonnés, des fonctions des trois variables jc, j-, z. » Plusieurs géomètres ont considéré déjà un tel ensemble de droites, soit pour étudier les positions relatives des droites dont les points de départ sont pris autour d'un premier point, dans un espace iuBniment petit, ce qu'ont fait Monge, Malus, et dans ces derniers temps M. Bertrand, puis incidem- ment M. Sturm; soit pour chercher à distribuer l'ensemble de toutes les droites de l'espace indéfini, en certains groupes jouissant de quelque carac- tère spécial, par exemple, que les droites de chaque groupe soient nor- males à la surface lieu de leurs points de départ, quand cela est possible. ( '014 ) 11 c'est sous ce double point de vue que M. Transon a traité ce sujet, qu'il a envisagé dans toute sa généralité. Il est parvenu à des résultats nou- veaux et intéressants. ;> l,e but principal de ses recherches paraît avoir été de trouver un mode de distribution de toutes les droites de l'espace en groupes de droites nor- males, disons, pour abréger, en groupes normaux à certaines surfaces; et cela dans tous les cas, c'est-à-dire quelles cjue soient les fonctions des coor- données X, ^, z qui déterminent les directions des droites; mais en aban- .ioiniant la condition à laquelle on s'est arrêté jusqu'ici, que la surface lieu des points de départ des droites soit elle-même une des surfaces normales à ces droites. » Abordons les considérations analytiques que comporte la question. ». Soient x, j, z les coordonnées d'un point de l'espace, et X, Y, Z les cosuius des angles que la droite qui part de ce point fait avec les trois axes coordonnés (supposés rectangulaires) : ces cosinus sont des fonctions données de X, Y, z, satisfaisant, bien entendu, à l'équation X* -+- Y^ -^ Z= = I . » Si l'on demande de mener par un point A de l'espace une surface qui soit normale aux droites qui partent de ses points, on trouve, comme l'a montré M. Bertrand, dans son beau Mémoire sur la théorie des surfaces ( i ), que cela n'est pas possible, en général; et que l'existence d'une telle surface est subor- donnée à la condition d'intégrabilité de l'équation Xcix -+- Ydj -+■ Zdz = o, qui exprimé que la droite correspondante au point (.r, j, z) est normale a Ih surface qui passe par ce point. » Cette condition d'intégrabilité se réduit, d'après Euler, comme on. sait, à l'équation r/Y _ rlZ\ /rfZ rfX\ /(/\ _ riY\ _ . i33-l54; année i844- ( ioi5 ) nées de leur point de départ, puissent être normales à une série de surfaces, il faut et il suffit qu'en prenant un point quelcompie A dans l'espace et la droite ÂiS correspondante à ce point, puis portant perpendiculairement à AN^ à partir du point A, deux longueurs infiniment petites AB, AC, égales et perpendiculaires entre elles, les droites correspondantes aux points B et C fassent respectivement avec les plans NAB, NAC deux angles égaux (i). » Ainsi, en général, un ensemble de droites menées par tous les points de l'espace, d'après une loi quelconque, ne se partage point en groupes nor- maux à des surfaces lieux des points de départ des droites. » Mais ces mêmes droites se peuvent-elles distribuer en groupes normaux à des surfaces différentes de celles des points de départ de chaque groupe? Telle est la question que s'est proposée M. Transon, et qu'il résout affir- mativement. )) Il démontre, en effet, que de tels groupes de droites, ou de telles sur- faces existent, quelle que soit la loi suivant laquelle sont menées les droites correspondantes à fous les points de l'espace. » Non-seulement ces surfaces existent toujours, mais elles peuvent être formées de bien des manières différentes, même dans le cas particulier où il existe des surfaces normales aux groupes de droites qui partent de leurs points; ces surfaces particulières n'offrent alors qu'une des solutions nom- breuses de la question. 0 La marche suivie par M. Transon consiste à introduire dans son analyse une fonction des coordonnées x,j, z, qu'il regarde comme exprimant la longueur d'une ligne. Il porte cette longueur sur chaque droite de l'espace, (i) Cette propriété remarquable des normales à une surface a conduit M. Sturin à unt généralisation concernant le système des droites menées de tous les points de l'espace d'après une loi quelconque; il énonce ainsi son théorème : Si l'on considère un système de lignes droites disposées dans l'espace suivant une loi luia- ly tique quelconque et qui ne puissent être normales à aucune surface, en prenant un point quelconque O dans l'espace et la droite OZ correspondante à ce point, puis portant per- pendiculairement à OZ deu:c longueurs infiniment petites OM, OM', égales et perpendiculaires entre elles, les angles infiniment petits jx et (i' que feront la droite correspondante au point M ai'ec le plan ZOM, et la droite correspondante au point M' avec le plan ZOM' auront leur somme algébrique ( (* + pt' ) différente de zéro et constante, quelles que soient les direc- tions des deux lignes OM, OM', pourvu qu'elles soient toujours égales, perpendiculaires l'une à l'autre et à OZ au même point O. La somme (p. + p') est nulle dans le seul cas où les droites du système sont normales à une même surface. [Mémoire, sur la Vision; Comptes rendus de CAcadémie , t. XX, p. 1245; année i845.) ( ioi6 ) à parfii- du point auquel appartient cette droite. Soit M ce point, et M' l'ex- trémité de la ligne portée sur la droite. .. A une surface (M) lieu des points M, corres|)ondra une surface (M') lieu des points correspondants M' : ces surfaces (M') dépendront de la fonc- tion des coordonnées jr,/,r, qu'on aura prise pour exprimer les lon- gueurs MM'. . Cela posé, M. Transon trouve que par chaque point A de l'espace, on peut mener un système de surfaces [M), auxquelles correspondent des fonctions de x, j", z pour les distances MM', de manière que chaque sur- face (M') soit normale à toutes les droites qui ont leur point de départ sur la surface (M). .1 Ainsi toutes les droites de l'espace peuvent toujours se distribuer en groupes normaux à des surfaces (M') et conséquemment à des séries de surfaces parallèles, comme dans le cas où M. Bertrand a reconnu qu'elles pouvaient être distribuées en groupes normaux aux surfaces lieux de leurs points de départ. )) M Transon appelle les surfaces ( M) surfaces rtsolvnnle.s, parce qu'elles donnent le moyen de résoudre l'ensemble des droites de l'espace en groupes normaux à des séries de surfaces; et les surfaces (M') surfaces directrices, parce que chacune /r/e l'un de ces groupes. » ToTites les surfaces résolvantes qu'on peut mener par un même point A sont représentées par une même équation linéaire aux différentielles par- tielles du premier ordre : conséquemment Leurs plans longents au point A passent tous par une même droite. Cette droite est différente de celle qui coi- respond au point A. Les plans tangents sont appelés plans résolvants. » Outre cette propriété de passer par une même droite, ces plans résol- vants en ont une autre également sim|ile, qui se rattache au cône du se- cond ordre découvert par Malus. )) On sait que si l'on demande de passer d'un point A pris sur uiic sur- face courbe à un point infiniment voisin A' sur la même surface, tel, que la droite correspondante à ce point A' rencontre la droite correspondante au point A, il n'existe sur la surface que deux directions A A' qui satisfont à la question, parce que ces directions sont déterminées par une équation du second degré. C'est le théorème de Monge démontré dans son Mémoire sur tes déblais et les remblais (voir Mémoires de l Académie des Sciences pour 1781 , p. 666). 1) Mais si l'on demande de passer du point A a un autre point infiniment voisin A', non assujetti à se trouver sur une surface donnée, et tel encore ( Joi? ) que la droite correspondante à A' rencontre celle du point A, les points A' se trouvent sur un cône du second ordre ; c'est-à-dire que les directions AA' sont les arêtes du cône. Ce théorème est dû à Malus qui a donné l'équation du cône dans son premier Mémoire sur l'optique {voir XIV cahier du Jour- nal de l'Ecole Polyleclmicjue, p. 3; année 1808). Toutefois ce théorème se pouvait conclure immédiatement de celui de Monge. Car d'après celui-ci tout plan mené par le point A ne peut rencontrer le cône lieu des droites AA' que suivant deux arêtes; ce qui indique que ce cône est nécessairement du second ordre. )> Voici l'usage que fait M. Transon de ce cône pour construire les plans résolvants. Qu'autour de la droite de l'espace correspondante au point A, qui est une arête du cône, on fasse tourner deux plans rectangulaires, dont chacun coupera le cône suivant une autre arête : le plan des deux arêtes ainsi obtenues est un plan résolvant. » Une considération bien simple montre qu'd doit en être ainsi; car d'une part les droites de l'espace correspondantes à deux points A' et A" pris sur les arêtes du cône rencontrent la droite du point A, puisque telle est la propriété du cône; mais, d'autre part, ces droites étant normales à une surface (M'), d'après le résultat fondamental de M. Transon, il s'ensuit, en vertu du théorème de Monge sur les normales à une surface, que les deux plans dans lesquels les droites des points A' et A" rencontrent celle du point A, sont les plans des courbures principales de la surface (M') en son point correspondant au point A, et par suite que ces plans sont rec- tangulaires. La construction des plans résolvants, au moyen du cône de Malus, se trouve donc démontrée directement. » On voit aussi tout naturellement, comme le faitremarquer M. Transon, que ces plans doivent passer par une même droite, en vertu d'une pro- priété générale des cônes du second ordre, puisque les deux plans rectan- gulaires qui servent à les déterminer tournent autour d'une arête fixe du cône. Ajoutons, ce qui précisera davantage la position de cette droite, inter- section commune des plans résolvants, qu'elle se trouve dans le plan nor- mal au cône suivant cette arête fixe. » Les plans résolvants donnent lieu, individuellement et dans leur en- semble, à d'autres propriétés. )) Chacun de ces plans étant tangent en A à une surface résolvante, les droites de l'espace qui partent des points de ce plan pris sur un contour infiniment petit tracé autour du point A sont toutes normales à une surface C. R., 1861, 1" Semeslre. (T. LU, N» 20.) • 33 ( ioi8 ) directrice (M'). j\I. Transon en conclut, d'3[)rés un théorème général sur les normales à luie surface, démontré au commencement de son Mémoire, que ces droites s'apimieiil toutes sur deux certaines droites fixes qui rencontrent en deux points différents la droite correspondante au point A, sont normales à cette droite, et sont rectangulaires entre elles; r rst-à-dire (pielles sont dans deux plans rectangulaires passant par cette droite. L'auteur appelle ces deux droites directrices. » Ces deux droites, sur lesquelles s'appuient toutes les normales à une surface menées [lar les poinlsd'iui contour infiniment petit tracé autour d'un point A sur la surface ou sur son plan tangent, ont déjà été trouvées par M. Sturm dans son Mémoire sur l'Optique cité précédemment. » Elles sont situées perpendiculairement à la normale en A, dans les plans des deux courbures principales, et elles passent respectivement par les deux centres de courbure (i). » Considérant l'ensemble de toutes les droites directrices correspondantes à tous les plans résolvants menés par un même point de l'espace, M. Transon trouve que ces droites ont entre elles une relation de position bien remar- quable : Elles sont les génératrices d'un même paraboloide lij'perbolique. « Cette belle propriété termine le Mémoire dont l'Académie nous a chargés de lui rendre compte. i> Non-seulement ce Mémoire renferme des résultais nouveaux dans cette question d'un système de droites émanées de tous les points de l'es- pace, qui a occupé des géomètres célèbres; mais il est à croire qu'il pro- voquera d'autres recherches : le sujet est loin d'être épuisé. C'est, du reste, un caractère bien connu des vérités mathématiques : chaque pas fait dans leur exploration marque un point de départ vers de nouvelles découvertes; et le champ des recherches, qui semblait d'abord limité, s'étend de plus en plus. )) En résumé, le Mémoire de M. Transon nous a paru mériter l'approba- tion de l'Académie; et nous avons l'honneur de vous proposer d'adresser des remerciments à l'auteur pour cette savante communication. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. (i) M. Transon prévient qu'il a reconnu que M. Kunimer, de Berlin, Correspondant de notre Académie, a aussi démontré l'existence de ces deux droites dans son Mé/iioin: sur ta ihrnric tics systèmes de rayons rcctiligncs ( Jllgemeine Théorie der gradlinigen Strahlensys- lemr), publié tout récemment dans le Journal de Mathématiques de Crelle, t. LVII, p. tSg- 23o; année 1860. ( 'OI9 ) NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nominalion d'un Membre qui remplira dans la Seclion de Minéralogie et Géologie la place devenue vacante par le décès de M. Cordier. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 55, M. Daubrée obtient 48 suffrages. M. Des Cloizeaux 5 » M. Delesse a » M. Daubrée, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission qui sera chargée de décerner, s'il y a lieu, le grand prix de Mathématiques pour i86i, question concernant la théorie de la chaleur. MM. Liouville,Lamé, Bertrand, Chasies, Duhamel, réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANATOMIE COMPARÉE. — Nouvelles études sur le système vertébral; par M. Lavocat. Deuxième partie. (Transmis par M. le Ministre de l'Agri- culture, du Commerce et des Travaux publics. ) (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire.) « La détermination positive de la composition élémentaire du modèle vertébral est indispensable pour apprécier à leur juste valeur les détails d'un segment vertébral quelconque. » Jusqu'à présent, les diverses tentatives sur ce point fondamental ont donné des résultats imparfaits. » Le type de construction du système vertébral doit être étudié chez les vertébrés supérieurs, où il atteint son plus haut développement. Si, par exemple, on examine une vertèbre thoracique de jeune mammifère, on constate facilement, qu'en outre du centrum, elle est composée, pour cha- i33.. ( I020 ) cun des deux arcs el do chaque côté, de ciuq pièces distinctes, qui sont : 1° Parapophysc neurale. — La cupule costale postérieure. 2" Métapophyse neurale. — I-a cupule costale antérieure. Arc ) 3° Diapophyse neurale. — I,e sominet de l'apophyse transverse (épiphysaire neural. 1 comme les cupules). 4° Nettrapophyic (R. Owen). — La lame vertébrale. 5° Neurépine (R. Owen). — Le sommet épiphysaire de l'apophyse épineuse. i" Pnrapophyse hémale. — La tubérosité de la côte. 2° MiHapophyse hémale. — La tèle de la côte (épiphysaire comme la tubérosité). 3° Diapophyse hémale. — La côte ])ropreraent dite (côte supérieure des oiseaux). 4° Hemnpnphyse (R. O.). — Le cartilage costal (côte inférieure des oiseaux). 5° Hémépine (R. O.). — La pièce sternale correspondante. Arc béraal. » Telle est la composition élémentaire du modèle vertébral, sauf les appendices qui, dans le type complet, s'ajoutent à l'arc hémal. » Les deux arcs vertébraux sont donc semblables dans leurs délaUs essentiels, comme dans leur ensemble. » De nombreuses variétés se présentent chez les différents vertébrés, el dans les diverses régions d'un même animal. Les pièces les moins constantes sont les parapophyses et les métapophyses hémales ou neurales. Les autres, et surtout le centrum, ont plus de fixité. Mais, si dégradés qu'ils puissent être, les segments vertébraux conservent toujours leur caractère fon- damental. " Enfin, dans toutes les modifications du type vertébral, si le nombre normal des éléments constitutifs est souvent réduit, il n'est jamais dé- passé. » OPTIQUE. — Théorie de l'œU; par M. L.-L. Vallée. Vingt et unième Mémoire. Suite des développements relatifs aux idées exposées dans les précédents Mémoires. (Extrait par l'auteiu'.) (Commissaires j)récédemment nommés : MM. Pouillet, Paye, de Quatrefages. ) " Il faut distinguer dans l'œil deux appareils. L'un qui se compose des muscles, de la cornée, de l'iris, du cristallin, du corps vitré et de la cho- roïde, a pour objet le dessin et les couleins de l'image choroïdienne : c'est l'appareil descriptif L'objet de l'autre est de df)in)er la sensation de l'image; il se compose de la rétine et du nerf optique : c'est l'appareil sensitif. Les ( I02I ) fonctions de ces deux appareils se lient, ce qui fait quelquefois que l'on confond à tort leurs actions. Ainsi dans les éblouissenients de la vue il arrive qu'au premier aperçu d'un objet on le voit très-nettement, l'image est donc pure; mais dès que le jugement intervient pour que l'on se rende compte de ce que l'image indique, les éblouissements empêchent la vision. C'est donc l'appareil sensitif qui est malade, et le médecin doit se garder d'ordonner des remèdes qui agiraient siu' l'appareil descriptif. Ces consi- dérations sur lesquelles nous insistons dans celte nouvelle partie de notre travail nous semblent expliquer pourquoi les points brillants des objets qui ont beaucoup d'éclat nous apparaissent sous la forme de rosaces. » L'examen d'une théorie des couleurs dans la scintillation des étoiles, présentée par M. Ch. Montigny à l'Académie de Bruxelles, nous occupe en- suite, ce qui nous ramène aux idées que nous avons émises sur ce phéno- mène. Nous croyons que les deux objections principales qui nous ont paru repousser absolument la théorie de M. Arago par les interférences repous- sent aussi celle de Montigny. Des expériences simples peuvent, suivant nous, jeter beaucoup de lumière sur ce qui concerne la scintillation. Nous en indiquons luie nouvelle. » La substitution des foyers confus aux foyers géométriques des instru- ments d'optique doil-elle jeter de l'embarras dans l'enseignement de la vision? Nous examinons cette question et nous croyons faire voir que, sans admettre aucune des idées fausses des anciennes théories, cet ensei- gnement, quelque élémentaire qu'on le veuille, gagne beaucoup en simpli- cité et en clarté. » MÉTÉOROLOGIE CHIMIQUE. — Faiiabilité normale des propriétés de l'air atmosphérique; par M. \lovzEAV. (Suite.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Balard, Decaisne.) « Il était important de savoir si les faits mentionnés dans ma précédente Note étaient produits par le même agent, ou si au contraire ils dérivaient de plusieurs causes. Les observations que je fais connaître aujourd'liui per- mettent (le résoudre cette question et de conclure que ces propriétés dif- férentes de l'air sont dues à deux principes distincts ou plutôt à deux catégories de corps : à des corps possédant une faculté décolorante tres- prononcée, parmi lesquels se trouve l'ozone, et à des substances acides, mais impuissantes à produire dans le même temps les effets attribués aux { I022 ) principes décolorants. C'est ce qui résulte des exemples suivants qui sont extraits de mon journal de météorologie. AIR DE LA VILLE DE ROUEN. AIR DE LA CAMPAGNE. ] 5 Partie haute, rue Bouquet. Environs de Rouen, hameau des Cottes. ce PAPIER VINEUX MI-10DtHE PAPIEU BLEU P.IPIER VINEUX Ml-lUDURE PAPIER BLEl p décelant décelant décelant décelant l'ozone atmosphérique, l'acide aérien ; l'ozone atmosphérique ; l'acide aérien , ronouTclê luules les 24 beur. eipusttion pend. plus, jours renouvelé toutes les 2i heur. exposition pend. plus, jours G Ciiloration bleue nulle. Commence à rougir sur les bords Colorât, bleue intense. Pas de réaction acide mais légère décolorât. i M. Rouge manifeste. Colorât, bleue-violette. Pas de réaction acide ni décoloration sensible 8 Id. Rouge plus prononcé. Coloration violette. Pas de réaction acide ni décoloration sensible 14 Id. Aucune réaction acide. Colorai, bleue-violette. Coloration rose. » On voit ainsi que la coloration caractéristique du tournesol ioduré apparaît en l'absence de toute réaction acide, et ne s'observe pas au con- traire quand l'acide est très-nettement accusé dans l'air. Donc ce dernier corps ne simule pas l'ozone. Mais n'y a-t-il pas à craindre l'effet opposé, c'est-à-dire que l'acidité de l'air ne masque la réaction de l'ozone en satu- rant la potasse produite? En principe, cette crainte est fondée, mais en fait on n'a pas eu l'occasion d'en constater souvent l'influence, comme on peut le voir par cet autre exemple. AIR DE LA VILLE DE ROUEN. AIR DE LA CAMPAGNE Cri co p Partie haute. Environs de Rouen, hameau des Cottes. PAI'IEU VtNEL'X MI-IODURÉ décelant l'ozone atmosphérique , renouvelé toutes les 2i heur. PAPIER BLEf décelant l'acide aérien. exposition pendant 2 jours. PAPIER VINEUX MI-IODt'Rt décelant l'ozone atmosphérique ; renouvelé toutes les 24 heur. PAPIER BLEl décelant l'acide aérien. exposition pendant 2 jour5 l(i Coloialion bleue trés- iiitensc- Acidité nette. Coloration bleue- violette. 17 (;oloration bleue- Acidité plus forte Colonition bleue .acidité bien appa- 29 violette. intense. Coloration bleue rente. Coloration bleue- Indice notable d'acidité Pas d'observation. violette. intense. ; 30 Culoration bleue très- Acidité faiblement intense. augmentée. ( loaS ) » Malgré l'acidité permanente de l'air la coloration bleue du papier de tournesol mi-iodiiré n'a donc cessé d'être visible; néanmoins on doit attri- buera l'acide aérien la propriété de diminuer la sensibilité du réactif vineux, comme on le constate quand ce réactif est resté exposé plusieurs jours à l'air sans donner aucun indice de la présence de l'ozone. » Dans une série d'observations négatives de vingt-cinq jours faites à la ville (septembre 1860) ayant été conduit à soupçonner la mau\aise qua- lité des papiers employés, on eut l'idée de transporter quelques-uns d'entre eux à la campagne, où d'autres papiers décelaient la réaction de l'ozone. Douze heures après ils avaient bleui dans leur partie iodurée. Si l'on était tenté d'expliquer ce phénomène par la formation dans l'air de la ville d'un nitrite alcalin devenu invisible par un excès d'acide, mais réapparaissant à la campagne par l'élimination ou la neutralisation de l'acide, on s'en trou- verait tout de suite empêché par une autre observation comparative faite en même temps. En effet, un semblable papier qui n'avait pas été préalable- ment exposé à l'air de la ville, avait également accusé le même jour à la campagne la présence de l'ozone. » Ainsi, les observations météorologiques directes contredisent de la manière la plus absolue ce qui avait été récemment annoncé : l'acide aérien, loin de bleuir le tournesol vineux mi-iodnré à la manière de l'o- zone, tend plutôt à faire disparaître cette coloration caractéristique quand elle a lieu. Et ces observations ont en ce moment d'autant plus de poids, qu'elles n'ont pas été instituées [ our les besoins de la cause. Cependant il m'a paru utile de les vérifier encore en opérant sur de l'air pris dans deux villes assez distantes l'une de l'autre. C'est clans ce but que M. Léopold Le- vert a eu l'obligeance de répéter à Paris les mêmes expériences qu'on exé- cutait en même temps à Rouen, dans des appareils semblables et avec des papiers identiques préparés avec la même teinture de tournesol sensible et la même dissolution d'iodure de potassium neutre. » Voici quels ont été les résultats pendant le mois d'avril 1861 : ( '024 ) AIR DE LA STATION DE PARIS. AIR DE LA STATION DE ROUEN. 3! Rue du Temple, 3" étage. Rue Bouquet, 3' étage. ce lOl-RNESOL VINEIX TOURNESOL BLEU TOIRNESOL VINEUX TOURNESOL BLEU — mi-ioduréi sensible i mi-iodure ; sensible; reDouTelc toates les SI beur. renouvelé, ap. plusieurs jours. renouvelé toutes les 2'» heur. renouvelé ap. plusieurs jours. IG A pâli sans bleuir. Bleu pâle. A pâli sans bleuir. 17 Id. Bleu un peu plus pâle. Id. Exposé le 18. 18 Id. Vire au rouge. Très-bleu. 19 1(1. Rouge franc, exposé le 19. Bleu pâle. Id. Bleu pâle. •20 Id. Violet. Assezdécoloré, mais vire au rouge sur les bords. ■21 Id. Rouge franc. Bleu. Décoloré. oo Id. Rouge franc, exposé \iolet. Exposé le 31, bleuit ■23 Id. leQ3. Id. davantage. Vire au rouge sur les bords. 24 Id. Bleu pâle. Bleu. Même état. 25 Id Bleu un peu plus pâle. Très-bleu. Décoloré. 26 Id. Vire au rouge. Id. 27 Id. Rouge, exposé le 27. Id. Exposé le -i-f. 28 Id. Bleu pâle. Id. Assez décoloré. 29 Id. Bleu plus p.ile. Bleu. Décoloration presque complète. 31) Id. Rouge, Violet. Blanc rosé. » I.'air de Rouen a donc manifesté des propriétés décolorantes beaucoup plus énergiques que l'air de Paris, et en outre il a bleui, contrairement à ce dernier, la partie iodurée du tourne.sol vineux. Néanmoins l'acidité nor- male des deux airs a été signalée. » Or, si les interprétations que M. Cloez a données de ses expériences étaient exactes, si l'acide aérien était de l'acide azoteux ou de l'acide hypo- azotique et si l'on devait lui attribuer la coloration bleue du j)apier rouge vineux, cette coloration aurait dû apparaître dans les deux cas, d'autant plus que les papiers mi-iodurés qui à Paris n'avaient donné que des résul- tats négatifs, ont bleui dès qu'ils ont été exposés pendant douze heures dans l'air de Rouen. n En résumé, il résulte encore de l'ensemble de ces observations que les propriétés chimiques de l'air sont très-variables par leur nature et leur intensité. Mais cette manière d'agir est si |)eu en harmonie avec ce qu'on croit ordinaireirient, (ju'on est tout de suite |)orté à se demander si elle cor- respond à un changement subit dans la composition de l'atmosphère, ou si ( lOlS ) l'on doit plutôt l'attribuer à une influence de masse prenant son origine dans la vitesse de l'air et manisfestant diversement ses effets suivant la tem- pérature, l'état hygrométrique ou lumineux, etc., de certaines zones atmo- sphériques. Ces questions feront l'objet d'un autre Mémoire. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine propre à tirer avantageusement parti de la force expnnsive de la vapeur d'éllier sulfurique; extrait d'une Note deM. E. L. Beghin. (Commissaires, MM. Morin, Combes.) « Quelques essais tentés pour remplacer la vapeur de l'eau par celle de l'éther sulfurique, comme force motrice, ont été loin de répondre aux espé- rances qu'on pouvait fonder sur l'emploi de cet autre agent.... Mais comment a-t-on apprécié le travail de la vapeur d'éther et l'économie de combustible? Par la marche d'une machine construite pour fonctionner à la vapeur d'eau et qu'on fit mouvoir par celle d'éther, sans songer à lui faire subir une transformation appropriée à son nouveau moteur. Il est facile de se figurer les vices de cet appareil Il est cependant extrêmement simple d'utiliser la vapeur de l'éther par l'emploi d'appareils spéciaux, dont nous allons soumettre la description succincte à l'appréciation de l'Académie. » La chaudière d'éther sera cylindrique et renfermée dans un autre cy- lindre d'un diamètre un peu plus grand, où arrivera la vapeur de l'eau con- tenue dans une chaudière chauffée au degré voulu ; par ce moyen la tempé- rature sera uniforme et les fuites sans inconvénient. (La chaudière où se vaporise l'eau doit être munie d'une soupape de sûreté, d'un manomètre et d'un thermomètre quand la chaleur de la vapeur ne doit pas dépasser loo de- grés; cette chaudière sera aussi résistante que celle d'éther; sa capacité ne doit pas être bien vaste, car son seul but est de chauffer cette dernière par un tuyau qui porte la vapeur sur sa surface par la base du cylindre enve- loppant. Pour être plus promptement chauffée, la chaudière d'éther doit être à tubulure. Si une fuite s'y déclarait, elle causerait dans l'autre une pression anormale qu'accuserait le manomètre; on serait sans crainte d'ac- cident jusqu'à ce qu'il soit remédié au mal, car la vapeur d'éther venant à se dégager dans celle de l'eau, leur mélange n'aurait plus une aussi grande tension que la première.) » Le condenseur sera une cuve remplie d'eau dans laquelle plongera un serpentin où se condensera la vapeur de l'éther; celui-ci sera ensuite aspiré C. R., I«6l, !" Semestre. (T. LU, «"20.; '34 ( I026 ) ptiis refoulé dans la chaudière sans qu'on en ait dépensé une seule goutte. (L'eau de la cuve sera renouvelée par luie pompe expulsant celle qui a absorbé le calorique latent de la vapeur; l'eau fraîche, avant d'arriver à ce condenseur, devra passer par un autre dont il sera parlé plus loin. Le ser- pentin sera en cuivre, long, le plus mince possible et d'un calibre suffisant pour dégager promptemeiit le piston. Le serpentin peut contenir lui-même, suivant son axe, un tuyau dans lequel nn courant d'eau facilitera encore la condensation.) » Le vide ne sera qu'imparfaitement liait par suite de la tension de la va- peur à la température ambiante; mais dans les machines à haute pression, la vapeur n'est pas condensée à sa sortie du piston pour utiliser la pression atmosphérique; elle s'échappe dans la cheminée pour activer le tirage du foyer; comme la chaleur de celui que nous employons n'a pas besoin d'être aussi intense, tant s'en faut, il n'y a pas lieu de perdre d'éther, et en sup- posant que nous ne devions pas compter sur un vide parfait, du moins nous rentrons dans le cas des machines à haute pression. » Avec ces simples données et sans qu'il soit nécessaire d'y joindre un plan descriptif, le premier constructeur venu peut mettre notre système en pratique; il serait bon toutefois qu'il en comprît bien les trois buts : éco- nomie, force et sùrelé. Ainsi la chaleur du foyer, placé sous la chaudière d'eau, passera sous le cylindre enveloppant avant de disparaître par la cheminée. Dans le cas où l'on aurait besoin de lâcher la vapeur d'éther, ce serait dans lui condenseur particulier, semblable à celui que nous avons décrit, l'extrémité du serpentin aboutissant au réservoir d'éther destiné à alimenter la chaudière et à compenser le ]ieu de perte occasionné pendant le jeu de la machine. Celle-ci doit être à double effet et la tension de la va- peur portée à plusieurs atmosphères; car, à basse pression, on perdrait comparativement beaucoup d'effet par suite de l'impossibilité d'opérer un vide complet. La chaudière d'éther, son réservoir, les condenseurs et les pistons poui' les fuites qu'il pourrait y avoir autour des tiges, seront places dans une pièce entièrement séparée du foyer et bien ventilée. Des tubes partiront de cette chaudière pour jxîrmetlre au chauffeur, dans l'endroit où il est, de lâcher la vapeur d'éther, de connaître sa tension et le niveau (C'^H'BrN") ,. Azobromphenyl-tlianinie. . . 1^(21160 M^ • D Presque tous ces corjis sont magnifiquement cristallisés, et quelcpies- inis possèdent des propriétés très-caractéristiques; la plupart sont des hases extrêmement faibles, qu'il est presque impossible de combiner avec les acides. D'un autre côté, ils produisent facilement, avec le dicliioruro de platine et le trichlorure d'or, des composés doubles dont la formation démontre que ces nouveaux corps appartiennent à la classe des bases diatomiques, coiinne l'expriment les formules suivantes : N'H^CP(PtCP Composé double de chlorhydrate et azo- ( C"H*N" phényl-diamine et de dichlorure de platine, j C'^Il' Composé double de chlorhydrate d'azo- ifuiu^v ivi ') bromphényl-diamine et de dichlorure de-, ' > N^H-Cl' (Pt Cl-)^ platine ' ) » Exposées une seconde fois, en présence de l'alcool, à l'action de l'acide azoteux, la plupart de ces bases perdent de nouveau 3 équivalents d'iiv- drogène qui sont encore remplacés par i équivalent d azote. On obtient ainsi une nouvelle classe de composés possédant encore à un plus haut de- gré les propriétés des corps produits par la substitution azotique. Cette (*) Ce composé a été oblfiiii de la niUaniline décoiiveite par IMM. Uofraauii et Mtispralt. J'ai déjà signalé un second corps de la même composition, produit de la nitraniiine île M. Arrpe par un procédé analogue. Des observations faites depuis ce temps portent à crnire ipi'il y a un représentant isomérifjne correspondant à cliacnie compose du groiijjp pliény- lique. ( io3a ) réaction peut se formuler par l'équation suivante : Azopliényl-diamine. Nouveau compose. )) Cependant, en pratique, les bases ne s'obtiennent jamais à l'état libre, mais toujours en nitrates, dont elles peuvent se libérer par l'addition d'un alcali. Les formules suivantes représentent les corps de cette série qui ont été déjà étudiés : (C'^H*N"'i Diazophényl-diamine. . . < ,„ N*, Diazobromphényl-diamine. Diazotoluyl-diamine. . I C'^'H'BrN IC'^H'BrN IC'*H«N S\2 » A l'état libre, ces bases se présentent généralement sous la forme de précipités jaunes, insolubles dans l'eau; leur instabilité comparative les rend peu propres à l'analyse. J'ai donc fixé leur composition par l'analyse de leurs nitrates et de leurs sels platiniques, dont la plus grande parlie est parfaitement cristallisée. Voici les formules de plusieurs de ces composés : f C'*H*N"' 1 Nitrate de diazophényl-diamine. . . p,aTT«iv'/' T^^l^NO 1 C'*H'BrN' ) Sél d'or de diazobromphényl-diamine. riatiaB N" 1 ^^H^ Cl* (Au Cl')', Sel de platine de diazotoluyl-diamine. } „ N='H'CF(PtCl^)*. » Ces nouveaux corps ont attiré spécialement mon attention, non-seule- ment à cause de leur constitution particidiére, mais aussi à cause des pro- priétés physiques remarquables qui les distinguent comme classe. Parmi leurs caractères les plus saillants, je citerai la violence extrême avec laquelle ces corps font explosion sous l'influence de la chaleur ou de la percussion ; aussi doivent-ils être maniés avec la plus grande précaution. » J'ai à peine commencé à étudier les produits de décomposition de ces composés. Les observations suivantes suffisent cependant pour faire espérer ( io33 ) qu'ils ne seront pas sans intérêt théorique. I.e nitrate de (liazophéiiyl-dia- mine, chauffé dans l'eau, se décompose rapidement selon l'équation sui- vante C"H»N*(HNU°;^ + 4H() = a(C'-H«O^H-2t(HlVO'') + 41^{- Nitralede .liazoplicnyl- Phénol. Ac. nitrique dianiine. » Des expériences qualitatives ont prouvé que cette substance subit une transformation correspondante, sous l'influence de l'hydrogène sulfuré : C"N*N*(HNO«)^ + 4HS=:C''H'S' + 2(HNO")+ 4N. Nitrate de diaïophényl- Mercaplane diamine. phenyliqiie. » Il est évident que la dernière réaction fournil luie méthode générale pour la production des mercaptanes appartenant aux homologues de la série phénylique, et dont le premier représentant a été découvert, il y a quelques mois, par M. RoUjc, en soumettant le sulfochlorure de phényle à l'action de l'hydrogène. » Les observations décrites dans cette Note ont été faites à Londres, dans le laboratoire de M. Hofmann. » CHIMIE ORGANIQUE. — Alizarine nrliftcielle; jjar M. Z. Roiissix. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Balard.) 0 Dans une Note précédente j'ai signalé la binitronaphtaline comme luie source féconde de produits colorés; l'action des réducteurs alcalins tels que les sulfures, les protosels d'étain dissous dans la potasse caustique, le cyanure de potassium, etc., donne avec cette substance des dérivés rouges- violets et bleus d'une grande richesse. Lorsque les agents réducteurs sont de nature acide, lorsqu'on fait usage, par exemple, d'un mélange fie zinc et d'acide sulfurique étendu, de liaiaille de fer et d'acide acétique, de grenaille d'étain et d'acide chlorhydrique, etc., la binitronaphtaline n'éprouve au- cune altération. C'est en cherchant la cause de cette résistance inattendue que j'ai été conduit à étudier, plus complètement qu'on ne l'avait fait jus- qu'alors, les propriétés de la binitronaphtaline. Parmi celles cpii méritent de fixer l'attention, la suivante est surtout remarquable. » Si l'on fait réagir de l'acide sulfurique concentré sur la binitronaphta- line cristallisée, aucune réaction ne se déclare. En portant le mélange jus- C. R., 1861, I" Semestre. (T. Ul, N" 20.) '35 ( io3/( ', qu'à la température de iBo", la biuilronaphtaliue se dissout complètement et c'est à peine si le liquide prend une couleur ambrée. L'acide sulfurique concentré ne commence à réagir sur cette substance qu'à la suite d'une longue ébullition. Lorsqu'on étend d'eau ces solutions acides, la binitro- naphtaline se précipite avec sa blancheur primitive. Cette stabilité remar- quable d luie molécule organique en présence d'un agent aussi énergique que l'acide sulfurique concentré et chaud rappelait instinctivement à l'esprit une réaction analogue. Si l'on traite par l'acide sulfurique concentré porté à -i- ioo° la poudre de racine de garance, tous ses matériaux organiques sont charbonnés. Un seul d'entre eux résiste à cette violente déshydrata- tion, c'est le principe colorant de la racine elle-même, c'est l'alizarine. Or tous les chimistes savent que la formule de cette dernière substance, ainsi que ses propriétés principales, ont fait depuis longtemps supposer qu'elle pourrait bien appartenir à la série naphtalique. » La formule de l'alizarine est généralement représentée par celle de la binitronaphtaline par C*°H<'(AzO^)*. » Un agent réducteur assez heureux pour enlever 2 molécules d'oxy- gène et faire passer l'azote à l'état d'ammoniaque, pourrait probablement changer la binitronaphtaline en alizarine. L'expérience a conBrmé cette vue de l'esprit. Le procédé suivant permet de préparer l'alizarine artifi- cielle. « On fait un mélange de binitronaphtaline et d'acide sulfurique concen- tré qu'on introduit dans une capsule de porcelaine spacieuse chauffée au bain de sable. Par l'élévation de température la binitronaphtaline se dis- sout complètement dans l'acide sulfurique. Lorsque le mélange atteint en- viron la température de + 200°, on y projette de la grenaille de zinc. Il se fait au bout de quelques instants un dégagement d'acide sulfureux. Au bout d'une demi-heure environ l'opération est terminée. Si l'on fait tomber alors une goutte du mélange acide dans l'eau froide, il se développe une magni- fique couleur rouge-violette, due à la formation de l'alizarine. Quelquefois la réaction est d'une énergie considérable, si l'on opère sur une grande masse de matière, si la quantité de zinc est trop considérable et si l'on ne surveille pas la température avec soin. L'acide sulfurique entre alors en une ébullition rapide; des torrents de vapeurs blanches se dégagent avec un ( io35 ) hruit et une violence extraordinaires. Il convient d'ajouter qu'il est toujours facile d'éviter ce dernier inconvénient en n'ajoutant que de petites quanti- tés de grenaille de zinc et surveillant la température. Lorsque cet accident se produit, la proportion de l'alizarine est considérablement diminuée, mais il en reste encore une proportion notable dans le résidu. » Lorsque la réaction est terminée, on étend le liquide de huit à dix fois son volume d'eau, et l'on porte à l'ébuUition. La liqueur, après quelques instants, est jetée sur un filtre. Elle dépose l'alizarine par le refroidissement sous forme d'une gelée rouge, quelquefois adhérente aux vases, quelquefois en suspension dans le liquide. Dans les deux cas, cette gelée, examinée au microscope, se montre comme une réunion de cristaux aiguillés filiformes de la plus grande netteté. Les eaux mères sont fortement colorées en rouge et contiennent des quantités considérables d'alizarine en solution. Elles peuvent servir directement à teindre, après avoir été étendues d'eau et satu- rées d'une manière convenable. Elles renferment une grande quantité de sulfate d'ammoniaque. Il reste sur le filtre de l'alizarine indissoute qu'il est facile d'enlever par les alcalis caustiques ou carbonates et de précipiter de nouveau par les acides. j) Dans la réaction précédente le zinc peut être remplacé par une cpian- tité considérable de substances, l'étain, le fer, le mercure, le soufre, le charbon, etc., etc., par tous les corps en un mot, simples ou composés, or- ganiques ou inorganiques, qui réagissent sur l'acide sulfurique à luie haute température et provoquent sa réduction. » Les deux équations suivantes rendent compte de la réaction : C^<'H»(AzO*)^ -+- 12M-4- i8(SO%HO) Binitronaphtalîne. = C"H»0"+ 2(S0%AzH*0) + i2SO%MO + ioHO + 4SOS Alizarine. C''°H*(AzO*)='4-ioC+ i4(SO',HO) Binitronaphtaline. _ C'0jj6Q6_j_2^so%AzH*O) + 1000="+ i2S0*+ 6HO. Alizarine. Dans la première équation, c'est un métal qui réagit sur l'acide sulfurique. l^ans la seconde, c'est le charbon lui-même. i35.. ( io36 ) M L'alizarine obtenue par le procédé précétient possède tous les carac- tères et toutes les réactions de 1 alizarine ordinaire. Elle est peu soluble dans Teau et se dissout dans l'alcool et l'élher. Elle se volatilise entre 21 5 et 2/|0° avec une vapeur jaune, et donne des aiguilles cristallines d'un rouge très-foncé; la teinte de ces cristaux est du reste un peu variable. Elle est inattaquable par l'acide chlorbydrique et l'acide sulfurique concentré. Elle se dissout dans les alcalis caustiques et carbonates avec une belle couleur bleu-pourpre foncé ; les acides précipitent cette solution en flocons rouges- orangés. Comme l'alizarine de la garance, elle fournit des laques colorées de la plus grande beauté. L'alizarine artificielle se fixe sur les étoffes comme l'alizarine naturelle, et donne des nuances analogues d'une grande pureté. I L'analyse élémentaire de I alizaiine extraite de la garance a donné jus- qu'à ce jour des résultats peu concordants. La cause en est sans doute dans les impuretés dont il est difficile de débarrasser ce produit naturel. L'analyse élémentaire de l'alizarine artificielle que je vais faire dans quelques jours établira d'une manière définitive la formule de celte importante matière colorante. » « M. lîuMAs, en présentant la Noie qui précède au nom de son auteur, fait remarquer que l'identité de l'alizarine et du produit artificiel obtenu par M. Roussin n'est pas entièrement établie. L'analyse élémentaire de ce ilernier n'a pas été faite. Certaines applications aux procédés de teinture et d'impre.ssion caractéristiques de l'alizarine n'ont pu être non plus essayées. Il est à souhaiter que la Commission nommée décide promptement la ques- tion, les inlérèis en jeu étant considérables. » CORRESPOIVDAIVCE M. LK Mi.MSTKE d'Etat approuve rem|)loi proposé par l'Académie pour deux sommes prises sur les fonds restés disponibles et destinées l'une à ré- compenser divers travaux présentés au concours pour le prix de Physiologie expérimentale, l'autre à couvrir la dépense des planches de deux Mémoires qui doivent paraître dans le tome XVII des Savantu étrangers. "SI. i.E Ministre DE la Marine atlresse, pour la liibliothèque de l'Iiistitut, un exemplaire d une carte du Sénégal, de la Falénié et de la Cambie, ré- cemment publiée par le Dépôt des Cartes et Plans de la Marine, ainsi qu'un exemplaire d'une autre j)ublicatiou également récente du même Dépôt, un Allnun des pavillons, guidons, flammes de toutes les puissances maritimes. ( 'o37 ) M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'autenr, une Notice sur la vie et les travaux de M. A. de Huniboldt, par M. de la RoqueUe. Cette Notice, lue à la Société de Géographie le i6 décembre fSSc), jjré- sente nu tableau aussi complet que possible de la vie, des voyages et des travaux de tout genre de M. de Humboldt. Elle est suivie d'un catalogue des ouvrages et de quelques opuscules composés et publiés par l'illustre auteur du Cosmos. Par cette expression, quelques opuscules, l'auteiu" fait allusion aux omissions qui lui auront presque nécessairement échappé dans la liste excessivement nombreuse des articles que l'infatigable auteur a publiés, en différentes langues, dans presque tous les recueils scientifiques de l'Eu- rope, articles pour chacun desquels se trouvent indiqués le volume et la page à laquelle ils se trouvent. M. de la Roquette a placé en tête de la Notice deux portraits de M. de Humboldt faits à près d'un demi-siècle d'intervalle, et il a inséré à la fin le fac-similé d'une Lettre qu'il a reçue de l'illustre voyageur le i'^'' juin i8'3i . M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de 3IM. G. Ccmipam et S. Gabhrielli, professeurs à l'Université de Sienne, un opuscule écrit en italien : « sur la pluie colorée eu rouge, tombée à Sienne les 28 et 3i jan- vier 1860, et 1" janvier 1861 », et fait connaître, dans les termes mêmes de la Lettre d'envoi, les résultats auxquels ont conduit les études chi- miques et microscopiques entreprises à cette occasion par les deux savants italiens. « Il ne s'agit pas ici de matières solides emportées par un tourbillon, puis retombées mêlées à de leau de pluie, mais d'une matière colorante dissoute dans l'eau, appartenant au règne végétal, et différente sous plu- sieurs rapports des matières colorantes jusqu'ici connues provenant des feuilles et des fleurs des plantes (p. 23). » La partie inorganique du résidu obtenu par l'évaporation de l'eau en question contenait des chlorures, des sulfates, des carbonates et des phos- phates à base de chaux, de potasse, de magnésie et d'oxyde de fer, avec quelques traces de silice. » La partie organique du résidu est celle qui a donné la couleur à leau ; elle était azotée, solubie dans l'eau et insoluble dans l'alcool et dans l'éther sulfurique; elle donnait enfin avec le sons-acétate de plomb un précipité couleur de cannelle. Cette propriété, ainsi que celles de l'insolubilité dans lalcool et dans l'éther, ont paru suffisantes aux auteurs pour en conclure ( io38 ) que la substance en question est une matière colorante sui generis, que Ion nr- peut classer avec aucune autre matière colorante connue, bien qu'elle présente quelque analogie avec celles qui se rencontrent dans les fleurs et dans les feuilles de certaines plantes. » Les recherches microscopiques faites par les auteurs révèlent dans cette eau filtrée et partiellement évaporée au bain-marie, et même à des tem])ératures plus basses, une variété de corps, les uns cristallins, les autres (le forme ovoïdale, ou façonnés en tubes, en pointes, en rubans, en ra- meaux, etc. Les planches qui sont contenues dans le volume en donnent une idée. C'étaient de menus débris appartenant à la fimiille, soit des cham- piijnons, soit des algues. L'incertitude des auteurs à ce sujet résulte du fait que ces formes leur ont paru absolument neuves. Du reste ces débris se sont montrés réfractaires à des acides énergiques, d'où il faut conclure qu'ils avaient perdu toutes les parties organiques molles qui constituent les plantes, et qu'il n'en était resté que la substance cellulaire. » M. LE Secrétaire perpétuel signale également parmi les pièces impri- mées de la Correspondance : 1° Les observations météorologiques faites à Dijon pendant l'année 1860 par M. Alexis Perrey ; 2" Par le même auteur, des « Documents sur le tremblement de terre et les phénomènes volcaniques dans larchipel des Philippines » ; 3° Un Guide pratique des eaux minérales françaises et étrangères, par M . C. James; 4° Enfin, des observations microscopiques sur les corpuscules vibrants, indice de la pébrine, maladie qui sévit depuis quelques années sur les vers à soie. L'auteur de cette Notice, M. E. de Plagniol, dans la Lettre d'envoi, remarque que l'époque présente est la seule favorable à la constatation des phénomènes relatés dans cet opuscule. PHYSIQUE. —Observations sur une communication rfe M. Jamin; par M. le professeilr Zantedeschi. (Extrait d'une Lettre à M. Elie de Beanmont.) K PaddUP, le i/| mai ]86i. " Dans les séances du ^3 janvier et du ao février 1860 le célèbre physi- cien M. J. Jamin a lu à l'Académie des Sciences un important Mémoire Sur rérjuilibie et le mouvement des licjnides dans tes corps poreux, dans lequel ( io39 ) il donne avec beaucoup de perspicacité l'explication physique de l'ascensioii de la sève dans les tubes capillaires des végétaux. Qu'il me soit permis de reproduire, à cette occasion, un passage du procès-verbal de la séance du 20 février i854 de l'Institut impérial et royal des Sciences, Lettres et Arts de Venise, dans lequel se trouve consigné ce que j'ai fait sur cette même question de l'ascension de la sève dans les végétaux. » Extrait du procès-verbal de la séance du ao février i854 de l'Inslilut im- périal des Sciences, Lettres et Arts de Venise, vol. de i853-i854, p. 75. — M. if professeur Zantedeschi a lu un Mémoire sur les phénomènes d'un endosmos- cope capillaire analogues au mouvement ascendant de la sève dans les végétaux. L'auteur, après avoir rappelé les études faites dans le dernier siècle et dans le siècle actuel sur les phénomènes capillaires et sur ceux d'exosmose et d'endosmose, ainsi que les incertitudes qui continuent à exister dans la science, en vient à dire que ces incertitudes sont produites par la différence qui.existe entre les résultats que la nature nous présente et ceux qui sont produits par l'art. La nature nous présente rascen.sion de la sève dans luie étendue de plusieurs mètres, et l'art ne nous offre que l'ascension d'un liquide dans une étendue de 3o centimètres environ. L'auteur, s'attachant à la forme particulière de l'appareil endosmoscopique capillaire composé par la nature et observant le mouvement particulier des radicelles [radi- cfiette), cherche à imprimer à l'endosmoscope un mouvement de va-et- vient ou un mouvement rotatoire de lo à iS", et avec cette condition il obtient un courant et une ascension du liquide de 3oo centimètres; il en aurait même obtenu une plus considérable encore s'il avait pu se pro- curer un tube capillaire plus long. Ce mouvement, dans la pensée de M. Zantedeschi, sert à changer les points de contact de la membrane avec l'eau, qui en vertu de l'exosmose deviennent moins hétérogènes, et à amener au contact d'autres parties plus hétérogènes, comme cela s'opère incessamment dans les végétaux. Il en conclut que plus nous étudions les procédés de la nature et plus dans la construction de nos appareils nous nous rapprochons des siens, plus aussi nous nous rendons les imitateurs et les émules de ses merveilles. » MATHÉMATIQUES. — iVoïe relative aux droites en involution de M. Sylvester; par M. A. Cayley. « La courbe cubique dans l'espace, représentée par les équations .2 ju — z" = o, zj — xu = 0, xz — y- := o ( >o4o ) passe par le point A je = )' = z = o l et le point B ( j- = z = ii ^ o); le plan j? = o est le plan osculant en A, le plan ^ = o le plan par la tangente en A et la droite AB; le plan ; = o celui par la droite AB et la tangente en B; et enfin le plan m = o est lé plan oscillant en B. Réciproquement, pour ime courbe cubique quelconque, en prenant les points A, B, sur la courbe à volonté, et en fixant comme ci-dessus les significations des coordonnée.-. X, j", z, u, les facteurs constants que contiennent implicitement ces Aa- leurs étant convenablement déterminés, les équations de la courbe cubique seront J-U — Z^ =: O, ZJ — JCU = O, .TZ — J'^ = O. » Par un point quelconque de l'espace il passe une droite qui coupe deux fois la courbe cubique; et en prenant (jc,, j,, z,, u,) pour les coor- données du point dont il s'agit, et en écrivant P.=Ji"< — zî» q,=z,j, — jc,n,, r, = a:,z,—j], les équations de la droite seront p^x + q^jr-\- r,z = o, p, y -h q, z -h r^u = o. « Or, en considérant en général une droite représentée par les équations ax + |3/ + -yz -f- au = o, a' x + [i'j -4- 7'z + â''u = o, les six quantités h'-?''h 7«'-7'a, a/3'— «'/3, uè'-u'è, /3c?'- jS'c?, yè'--/'^^ sont ce que je nomme les coordonnées de la droite (en représentant par n. b, c, y, g, h ces coordonnées, on a l'équation identique ctf+ bg + ch = o, et les coordonnées d une droite peuvent être des cpiantités quelconques qiu satisfont à cette équation). La condition pour l'invohition de six droites est celle-ci, savoir : le déterminant formé avec les coordonnées des six droites est égal à zéro. » Je reviens à la droite qui coupe deux fois la courbe cubique. En écii- v;uit les équations sous la forme /), j: -f- (jij-^ '■) z + ou =^ o, ojc -\- p,)" + q,z -+- r, u = o, les coordonnées de cotte droite seront P% (j'i—Pif,, — /J.*?!' P'''l^ Y''!' '■?' savoir : ces coordonnées seront des fonctions linéaires de [p^, Cette réaction fait prévoir un grand nombre de combinaisons impor- tantes; mais elle présente surtout de l'intérêt sous le rapport théorique. On peut, en effet, conclure de ce qui précède que les radicaux employés aujourd'liiii dans la science, quoique trés-commodes pour exprimer les fonctions chimiques et les métamorphoses des corps, n'ont aucune existence réelle dans la molécule chimique elle-même, comme l'a observé Gerhardt. Amsi, Tui même radical peut avoir des atomicités différentes dans deux composés, suivant l'hydrocarbure d'où il dérive; le radical G'H=(glycé- rile), par exemple, représente 3 unités atomiques dans la glycérine, qui dérive de l'hydrocarbure €'H% avec addition de 3 équivalents d'oxygène, tandis que le même groupe ne représente qu'une seule unité dans l'alcool allylique qui dérive de l'hydrocarbure €' H% avec addition d'un seul équi- valent d'oxygène. Les réactions employées pour le passage de l'alcool ally- lique à la glycérine, et vice versa, appuient cette interprétation. » Les analogies nous permettent dès à présent d'affirmer qu'à partir de l'hydrocarbure G"H^"+-, qui paraît être la limite supérieure, il existe une suite d'hydrocarbures qui forment une progression arithmétique descen- dante, dont la raison est H^ ; chaque terme de la série pourra certaine- ment donner un alcool, un glycol et une glycérine avec l'addition de i , de 2 ou de 3 équivalents d'oxygène. Les propriétés physiques de ces corps peuvent sans doute mettre un terme à la réalisation de quelques-uns d'entre eux en particulier, quoique les analogies le laissent prévoir. » CHIMIE. — Observations sur des canons chinois et cochinchinois, faites par M. Roux. « J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie des Sciences le résultat de diverses recherches chimiques entreprises sur les bouches à feu chinoises et cochinchinoises transportées à Rochefort, en 1 86o, par un navire de Bordeaux et par la corvette à vapeur de la marine impériale, le Catinat. C'est à l'obligeance de M. Maréchal, directeur d'artillerie au quatrième arron- dissement , que nous devons les échantillons sur lesquels nos analyses ont été faites. Nous joignons à ces observations un tracé représentant un plan et une coupe de divers canons chinois et cochinchinois. Ces dessins et les détails techniques qui les accompagnent sont dus à M. Martinie, officier du corps d'artillerie de la marine. >) Nous avons donné à chacune des bouches à feu le numéro porté sur les fragments qui en ont été isolés, pour servir à l'analyse chimique. ( io47 ) » Les canons chinois débarqués à Rochefort différent des canons fran- çais par leur forme et leur composition. Ils paraissent avoir été coulés à noyau, car les traces d'oxyde de fer que l'on remarque sur leur surface dé- notent l'existence et la place d'armatin-es, de colliers ou chapelets qui avaient pour but de fixer le noyau dans le moule-chape. En France, on se servait autrefois de colliers pour le même objet; seulement, au lieu d'en employer quatre ou cinq, comme c'est ici le cas, deux suffisaient : l'un avait sou siège au fond du moule, à l'endroit de la plate-bande de culasse et mar- quait le fond de l'âme; l'autre était placé à l'extrémité supérieure du moule de masselotte. Les Chinois, moins avancés que nous dans lart de fabriquer les canons, ne doivent pas connaître ce moyen, ou, s'ils le con- naissent, peut-être trouvent-ils qu'il ne présente pas de garanties suffisantes de stabilité pour le noyau; c'est sans doute pour cela qu'ils emploient un plus grand nombre de colliers pour fixer le noyau dans le moule-chape. ') Quelques-unes des pièces chinoises ont l'âme formée d'un cylindre ou manchon en fer; un de ces cylindres contient 97,33 de métal. Les habitants du Céleste-Empire ne sont pas les seuls qui, dans le but d'augmenter la ré- sistance des bouches à feu, aient eu l'idée de revêtir l'âme de cylindres en fer. Plusieurs expériences de ce genre ont été faites à diverses époques, en France. » Les canons cochinchinois transportés par le Catinat sont bien faits et de forme gracieuse; ils présentent à l'extérieur des traces de fer, mais en plus petite quantité que les pièces chinoises; comme celles-ci, ils ont été coulés à noyau. » Les ingénieurs français qui ont fortifié Hué, capitale de la Ciochinchine, doivent avoir importé dans l'empire d'Annam les anciens procédés de nos fonderies; il n'est donc pas étonnant que les Cochinchinois soient plus avancés que leurs voisins dans l'art de fabriquer les canons, » L'examen de quelques alliages, tels que celui qui a servi à la fabrication d'une espingole cochinchinoise, dénote cependant le peu de progrès que la science du fondeur a réalisés dans l'extrême Orient. Les métaux qui entrent dans la composition de cette bouche à feu sont mal combinés, imparfaite - ment unis. La cassure de l'alliage présente des cavités ou chambres, à sur- face grenue, indices d'une mauvaise fabrication, caractères d'une combi- naison mal faite et dont le tassement s'est opéré d'une manière irréguliere et interrompue. I L'étude des pièces expédiées à Rochefort nous a permis de reconnaître ( io48 ) que les diverses parties de chaque canon ne sont pas parfaitement homo- gènes. La composition de ces bouches à feu est du reste très-différente. » L'espingole cochinchinoise portant le n° 3 offre à l'analyse les éléments du bronze, seulement les proportions de cuivre et d'étain s'éloignent de celles qui existent dans les bouches à feu de nos fonderies, canons de 8 et de 1 2, formés, les premiers de 8 parties d'étain et de loo parties de cuivre , les seconds de 1 1 parties d'étain et de loo de cuivre. » Le canon chinois inscrit sous le n" 4 présente les caractères d'un véri- table laiton , dont il rappelle l'éclat, la ténacité et à peu de chose près la composition. » L'obusier cochinchinois envoyé sous le n° i est une espèce de mélange de bronze et de laiton. Quant au n° a, canon cochinchinois, il contient, outre le zinc, l'étain, le cuivre et le fer, du plomb qui en fait un type parti- culier dont la couleur, la densité, la ténacité sont caractéristiques et l'éloi- gnent sensiblement des autres spécimens mis à notre disposition. » La densité et la composition de ces alliages sont représentés par les chiffres suivants : )) N" I . Obusier cochinchinois. — Densité 8,884. (Densité obtenue à l'aide du flacon à volume constant et d'une balance oscillant à i milligramme près, température de 1 5" centigrades.) » La cassure de cet alliage présente un grain régulier. Sa couleur est d'un jaune rougeâtre se rapprochant de celle de l'or mat; il est très-tenace. Composition. Fer 1,63 Etain 3 , 1 6 Zinc 7)10 Cuivre 88, 1 1 » N° 2. Canon cochinchinois. — Cet alliage a peu de ténacité; sa cassure est homogène, d'un blanc grisâtre, sombre. Densité 9, 382. Composition. Fer 1,16 Etain 3,42 Zinc 5,02 Plomb i3,22 Cuivre 77»'^ Arsenic traces. ( 'o49 ) » N° 3. Espingole cochincliinoise. — Cet alliage coupé au ciseau a la teinte du cuivre rouge; sa cassure présente de nombreuses cavités brunâtres, à parois rugueuses; il est peu tenace. Densité 8,645. Composition. Fer ,,38 Etain 5 , ^3 Cuivre 9^ > 1 9 Arsenic traces. " N" 4- Canon chinois. — Cet alliage offre la couleur et la ténacité du laiton. Densité 8,763. Composition. Fer I ,40 Zinc 2'j,36 Cuivre 7 1 > 16 Perte 0,08 M. Daguillon, qui, près d'entreprendre un voyage de circumnavigation, s'était mis à la disposition de l'Académie pour les observations de météo- rologie et d'histoire naturelle qu'elle jugerait convenable de lui indiquer, annonce aujourd'hui son départ immédiat pour le port d'embarquement, Bordeaux, et prie qu'on lui fasse parvenir dans cette ville les indications spéciales qu'on aurait cru utile de joindre aux instructions générales déjà préparées pour les voyages autour du monde. Renvoi à MM. Valenciennes et Deville, qui avaient été chargés de prépa- rer, s'il y avait lieu, l'addition aux instructions communes. M. dePar.4Vey présente quelques renseignements historiques sur le grand canal de la Chine et sur la grande muraille. Renvoi à l'examen de M. Combes, qui jugera si, d'après le point de vue où s'est placé l'auteur, ce ne serait pas à une autre Académie qu'eût été plus convenablement faite cette communication. M. Merlin adresse une Note sur les fâcheux effets produits par le mer- C. K., i8Gr, 1" Semestre. (T. LU, N" 20.) i^'] ( lofjO ) ciii'e chez les ouvriers qui font usage de ce métal et sur les précautions à prendre pour prévenir ces effets. Renvoi à l'examen de M. Andral, qui jugera si la Note est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ao mai i86t les ouvrages dont voici les titres : Notice sur la vie et les travaux de M. le baron A. de Humboldt; par M. H. de LA Roquette. Paris, 1860; gr. in-4". Carte du Sénégal, de la Falénié et de la Gambie, dressée sous la direction du colonel Faidherbe ; par le baron Brossard de Corbigny; 1861 . Guide pratique aux eaux minérales françaises et étrangères; par le D"^ Const. James. Paris, 1861; i vol. in-8°. Album des pavillons, guidons, flammes de toutes les puissances maritimes avet texte; par M. A. Le Gras. Paris, i858; i vol. in-zi". Avis aux Français. Procédé à employer pour être préservé du choléra; par A. SCHWICKARDI. Paris, 1861; br. in-S". Nouvelle démonstration des théorèmes sur le nombre et la nature des racines d'une équation algébrique d'un degré quelconque ; par M. L.-L. Fleury; br. in-8°. Du choléra épidémique ; parle'D'^ Léopold DURAND. Bruxelles, i854; br. in-8°. Carte des anciens glaciers du versant italien des Àlpcs; par Gabriel de Mortillet; br. in-8°. De la nature et de l'origine des corpuscules vibrants; par E. DE Plagniol. (Extrait du Bulletin de la Société d Agricultin-e de l'Ardèche.) Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques d) La chaleur appliquée graduellement aux pièces platinées non préser- vées donne des effets de coloration semblables aux précédents, dus a des couches doxyde, mais les teintes n'ont pas un éclat aussi brillant. » Si l'on se sert comme d'électrode positive pour décomposer l'eau, d'une lame de cuivre recouverte d'une couche de peroxyde de plomb donnant une des belles couleurs du spectre, on trouve qu'au bout de quelques instants la coloration est préservée; résultat semblable à celui que l'on avait obtenu avec le cuivre platiné. En laissant continuer l'action électrochimique pen- dant un quart d'heure, une demi-heure, selon la force de la pile, les teintes i38.. ( io56 ) bleues-violacées s'affaiblissent et passent au vert et au jaune ; le peroxyde de plomb, qui est la base de la coloration, ne pouvant éprouver aucun changement au pôle positif, il est à croire que les produits secondaires formés au pôle positif et qui sont acides réagissent sur le peroxyde pour le décomposer. » Les lames colorées ainsi préservées paraissent se trouver dans la même condition que le fer, quand il a été plongé dans l'acide nitrique ou qu'il a servi d'électrode positive, pour décomposer le même acide; il est alors dans un état anormal, n'étant pas attaqué par l'acide nitrique. » Lorsqu'on dépose électrochimiquement sur une lame d'or ou de pla- tine, au moyen d'une dissolution de double chlorure de potassium et de })latine, ne contenant pas de cuivre, une couche très-mince de platine, cette couche n'éprouve aucun changement soit à l'air, soit quand la lame est employée comme électrode positive, pour décomposer l'eau ; il n'en est plus de même quand la dissolution contient du cuivre : il se produit alors les effets de coloration précédemment décrits, quand la proportion de cuivre est très-faible, l'acide nitrique étendu ne détruit pas la coloration sur le platine, avantage précieux pour les applications. )) On indique encore dans ce Mémoire un perfectionnement apporté au procédé de coloration, au moyen duquel on rend les couches de métal dé- posé plus uniformes et plus adhérentes. » La dissolution de double chlorure de potassium et de platine dans l'hyposulfite de soude donne de magnifiques effets de coloi-ation. » Enfin les dépôts de peroxyde de fer sur le fer et l'acier, qui sont déjà a peu près inaltérables à l'air, le deviennent entièrement quand les pièces ont été employées comme électrodes positives pour décomposer l'eau. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Approvisionnement des eaux de Paris; par M. CosTE. « Au moment où M. le Préfet de la Seine se préoccupe d'un grand projet d'approvisionnement des eaux de Paris, il ne sera peut-être pas inutile, pour la solution de cet important problème, de connaître quelles sont les modifications que ces eaux subissent dans les réservoirs à ciel ouvert où, eu l'état actuel des choses, on les emmagasine. Là, en effet, la lumière et la chaleur y favorisent le développement de matières organiques connue dans luie mare. Au cœur de l'été, l'action du soleil, multipliée par la réverbéra- tion des murailles qui entourent ces réservoirs, élève la température jus- ( ro.^7 ) qu'à 35°, et, sous l'empire de ces conditions, des végétaux et des ;iniin;ui;( microscopiques se forment en abondance : créations éphémères qui naissent, se reproduisent et meurent, multipliant ainsi les éléments de fermentation dont la réaction se fait surtout sentir pendant les orages. » Je suis pas à pas, jour par jour, heure par heure, depuis plus de dix ans, toutes les altérations que ces dépôts malsains impriment à l'eau du réservoir du Panthéon, qui coule sans interruption dans mon laboratoire du Collège de France. Je mesure en quelque sorte l'intensité de cette altéra- tion par l'influence nuisible qu'elle exerce sur l'incubation des œufs de poisson qui ici font office d'instruments d'expérimentation d'une sensibilité extrême. La mortalité y est toujours en proportion de la fermentation dont l'œil nu, l'odorat ou le microscope permettent aisément de constater l'exi- stence. » Pour mettre en évidence par un contraste frappant la différence qu'il v a entre les divers points d'un même bassin, dont les uns sont éclairés et dont les autres sont à l'ombre, j'ai fait couvrir certains espaces de mes viviers au moyen de planches, et laisse les autres à la lumière. Nulle trace de végéta- tion ne s'est développée sur les parois placées dans l'obscurité, tandis que partout ailleurs la végétation était très-active. » Il est donc évident, d'après ces expériences, que la lumière et la chaleur sont des causes d'altération pour les eaux et surtout pour les eaux sta- gnantes. On ne saurait donc prendre trop de précautions pour soustraire les réservoirs d'approvisionnement à leur fâcheuse influence. Les Romains l'avaient parfaitement compris. On en trouve la preuve partout où ils se sont établis et particulièrement en Afrique et en Italie. Les monuments qu'ils y ont construits sont en général d'immenses voûtes, encore parfaitement conservées, formées par des pierres de taille, soutenues par des longues sé- ries d'arcades parallèles qui reposent sur des dalles. Toutes les parties de ces constructions, reHées entre elles par un ciment d'une densité plus grande que celle de la pierre, forment comme d'immenses monolithes creux, où l'eau se maintient dans un état de pureté parfaite et de perpétuelle fraîcheur. 1) J'ai visité au pied du mont Circé, près de Terracine, sur l'emplacement d'une villa de Lucullus, un de ces monuments qui s'y trouve encore aujour- d'hui dans un tel état d'intégrité, que sa vue suffit à donner une idée de l'importance que les anciens attachaient à ces genres de construction et du soin qu'ils mettaient à les organiser. » Quant à l'aération, il ne sera pas difficile de l'obtenir sous ces voûtes ( io58 ) et d'} donner au liquide toutes les conditions de salubrité si bien définies par M. Chevreul tlans son travail sur Yltjcjiène des cilés populeuses. Une roue placée à l'extrémité du canal d'amenée, mise eu mouvement par le cours d'eau lui-même, brassera l'air et l'eau de manière à les mélanger en- semble. Du reste, dès que la science moderne viendra s'appliquer à la so- lution de ce problème, elle ne manquera pas de moyens de le résoudre, soit en ce qui concerne la circulation du liquide, soit eu ce qui concerne la ventilation des réservoirs. » HISTOIRE NATURELLE APPLIQUÉE. — Domeslicatioti des poissons de ta famille des P leuronectes ; par M. Coste. « Dans une précédente communication, j'ai fait connaître à l'Académie le résultat des expériences faites dans le laboratoire de Concarneaii sur la domestication des poissons de la famille des Pleuronecles. J'ai montré que les turbots, soles, barbues, etc., étaient susceptibles d'être apprivoisés comme les animaux de nos basses-cours. Je fais, en ce moment, des essais analogues dans les aquariums du Collège de France, sur les jeunes de ces mêmes espèces, et je trouve qu'à cet âge ces poissons sont encore bien plus faciles à élever. Ils viennent manger à la main, suivent la pâtée qu'on leur présente vers tous les points de l'aquarium où on veut les diriger. A l'aide de cet appât on les entraîne jusqu'aux parois du vase, et, quand ils y arri- vent, ils s'y appliquent et s'y maintiennent eu formant ventouse avec la face de leur corps en contact. » Quand ils sont ainsi fixés, ils continuent à suivre la proie en rampant sur la paroi verticale du récipient, si lisse qu'elle soit, comme des lézards sur luie muraille. Les rayons de leurs nageoires ou de leurs ailes leur servent d'ambulacres. Ce sont, en un mot, des espèces qui grimpent et qui perchent. )) Leurs nageoires ne font pas seulement office d'ambulacres. Us s'en servent également comme de pelles pour soulever les nuages de sable dont ils poudrent leur corps afin de dissimuler leur présence aux animaux qu'ils redoutent et à ceux qu'ils veulent surprendre. » Après avoir étudié ces faits sur ces espèces en stabulation , j'ai voulu savoir si les choses se passent de la même manière dans la mer. J'étais hier à Saint-Vaast-Lahougue pour m'y livrer à celte élude. Je m'y suis placé sur la jetée et j'ai vu ces espèces libres se livrer auxmèiues manèges que dans mon laboratoire. Ces manèges sont donc les manifestations normales de leurs instincts naturels. ( loog ) » La porlion du littoral sur laquelle je me livrais à cette étude forme, sur une lougueur de dix lieues, un vaste cantonnement où, au sortir de la frayère, les jeunes générations de poissons plats prennent leurs quartiers d'été. Ils s'y rassemblent et y séjournent, d'avril en septembre, en telle (|uantité, qu'on en détruit, en péchant la crevette grise, un nombre ei- Irayant. C est un véritable carnage. n Voulant calculer avec précision jusqu'où va cette destruction, j'ai suivi la mer descendante, accompagné de M. le commissaire de l'inscrip- tion maritime, afin de constater ce que prenaient les pécheurs; mais je ne me suis pas borné à cette épreuve. L'inspecteur des pèches de la localité s'est mis à l'eau devant moi, poussant devant lui son havenet et m'appoi- tant, à chaque coup de filet, sa récolte dont nous faisions le dénombrement. )i En l'espace de deux heures, il a pris douze cents sujets, d'où il suit que, s'il avait continué à pécher pendant toute une marée, il en aurait ré- colté plus de trois mille, même en perdant le temps que nous mettions à compter. Or, comme il y a sur cette plage mille personnes qui se livrent à cette industrie, on peut affirmer, sans aucune exagération, qu'au moins trois millions de jeunes turbots, soles, barbues, plies, etc., périssent à chaque marée, et cent cinquante millions, par conséquent, pendant les cin- quante marées qui ont lieu durant le séjour de ces espèces précieuses sur ce seul cantonnement. Afin de ne pas les perdre complètement, on les donne en pâture aux animaux domestiques. 1) Quelle richesse si ces jeunes troupeaux, au lieu d'être ravagés en germe sur le rivage, descendaient dans les vallées sous-marines pour s y engraisser!... La grande pèche et l'alimentation publique y trouveraient des ressources inèpuissables. « Je porte ces faits à la connaissance de l'Académie, afin que, parla pu- blicité qu'elle leur donnera, l'opinion se forme et qu'on puisse un jour ob- tenir de la raison des hommes ce que la force aurait grand'peine à leur imposer. Là est la facile solution du grand problème du repeuplement de la mer. Du moment où on protégera les frayères et les cantonnements, le but sera atteint. » CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaisons paiabanùiucs; pur M. A.-W. HoKii.4.\N. « Il y a queUpies années, j'ai signalé l'existence d'une classe particulière de bases formées par l'union des ammoniaques aromatiques avec le cya- nogène. Deux seulement de ces composés, la cyaniline et la dicyanomèlani- line, ont été l'objet d'un examen plus détaillé. Ayant eu dernièrement Toc - ( io6o ) casion de reprendre l'étude de ces corps, j'ai observé quelques phénomènes que je prends la liberté de communiquer à l'Académie. » Le produit résultant de l'union d'une molécule de mélaniline avec une niolécnle de cyanogène, connu sous le nom de dicyanomélnniline, a des propriétés faiblement basiques ; il se dissout dans les acides et peut être précipité de nouveau de ces solutions sans altération. Toutefois il ne peut rester en contact prolongé avec les acides sans subir une transformation com- plète. Au bout de quelques minutes la solution limpide se trouble et dépose un corps indistinctement cristallin contenant uw sel ammoniaque restant dans la solution C"H"N' + 2H^O + 2HC1 = C"H"N»0* + aH'NCl. » J'ai décrit cette substance sous le nom de mélanoximide ; on peut la con- sidérer comme l'oxalate primaire de mélaniline moins i molécules d'eau, qui ])euvent être assimilées de nouveau sous l'influence des alcalis, l'acide oxa- lique et la mélaniline étant reproduits. » La dicyanomélaniline, soumise dans une solution alcoolique à l'action des acides, subit une métamorphose différente. La solution bouillante dépose en se refroidissant de magnifiques aiguilles d'un corps indifférent, de la com- position * dans ce cas aussi un sel ammonique reste dans la solution, Ci5H43j^5 + 3IPO + 3HC1 = C'H'ON'O' + 3H*NC1. » La mélanoximide occupant, par sa composition, une place intermé- diaire entre la dicyanomélaniline et le nouveau composé, peut se transfor- mer de même en cette dernière substance. Soumise à l'ébuliition avec un mélange d'alcool et d'acide chlorhydrique pendant quelques minutes, la mélanoximide fournit une solution qui se solidifie par le refroidissement en une masse de belles aiguilles : C"H" N'O* + H^O + HCI = CH'-'N^O' + H'NCl. » Le nouveau composé est insoluble dans l'eau, mais il se dissout aisé- ( io6. ) ment dans l'alcool et dans 1 «ther ; il est décomposé à l'ébullition par la potasse, donnant lien à la formation de carbonate et d'oxalate avec repro- duction de phénylamine : C">H'°N^O'-f-/,KHO = K-CO' + R='C^O^ + aC^H'N. » Par cette transformation la substance est caractérisée comme une am- moniaque diatomique dérivant de l'alcool phénylique et des acides carbo- nique et oxalique,. c'est-à-dire comme la diamide carbonyl-oxalyl-diphény- liqiie : (CO)' \ . . (C^H^)^) » Le nouveau corps se rapproche, et par sa composition et par ses trans- formations, de quelques substances déjà connues. L'action des agents oxy- dants sur l'alloxane et même sur l'acide urique a fourni à MM. Liebig et Wôhler le corps connu sous le nom d'acide parabanique : (CO)" , CH^N^'O» = (C=0^)" N% • • . H* ) qui se change sous l'action des alcalis en carbonate, en oxalate et en ammo- niaque. » Plus tard, M. Stenhouse et M. Rochleder, en examinant les produits de décomposition de la caféine sous l'influence respective de l'acide nitrique et du chlore, ont observé un composé cristallin (nitrothéine, cholestro- phane) (CO)" ) C5H«N^0' = (C^O'')" N'' (CH^)» ) qui, traité par les alcalis, produit de la méthylamine, ainsi que du carbo- nate et de l'oxalate, et qu'on peut regarder comme de ïacide parabanique dimélhy tique. » Le composé qui est l'objet de cette Note se présente donc comme acide parabanique dipliénylique. o Les transformations de la dicyanomélaniline m'oiit conduit à étudier G. R., 1861, I" Semestre. (T. LU, N» 21.) I 39 ( loôa ) l'aclioi) du cyanogène sur quelques composés d'une constitution'analogue, sous quelques rapports, à celle de la mélauiline. Ainsi Taction du cyanogène sur la cyananiidc pouvait avoir produit le composé (CN)H=N + (CN)* = C'H^N*, qui, changé par les acfdes, devait se transformer en acide parabanique c'iFN* -1- mH) + 2HC\ = an^wo' -i ?h^nci. " Eu effet, la cyananiide peut fixer les éléments du cyanogène en se trans- formant en pouiire amorphe, jaunâtre, qui, chauffée avec les acides, fournit un composé magnifiquement cristallin, difficilement soluble dans l'eau, se déposant par le refroidissement d'une solution bouillante en longues et minces aiguilles. » La cyanamide étant disposée à subir des changements moléculaires lorsqu'on la soumet à l'action des agents chimiques, je n'ai pas encore réussi à obtenir ces cristaux en quantité suffisante à un examen minutieux. Leurs propriétés diffèrent complètement de celles de l'acide parabanique. » M. llîiLNE Edwahds présente la seconde partie du VP volume de ses Leçons sur la Physiologie et l' Anatomie comparée de l'homme et des animaux. Dans ce fascicule l'auteur termine l'histoire anatomique de l'appareil di- gestif. M. LE Président annonce que le LI* volume des Comptes rendus' est en distribution au Secrétariat. NOMINATIONS. L'Académie procède par la voie du scrutin à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de décerner le prix de Statistique. MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Boussingault et Liouville obtieim'ent la majorité des suffrages. ( io63 ) MÉMOIRES LLS. MÉTALLURGIE. — De la constitution fie l'acier; par M. H. Garox. {Renvoi à la Commission déjà nommée, qui se coinpose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « Je demande à l'Académie la permission de répondre aussi brièvement que possible à la communication faite par M. Fremy dans la dernière séance sur la question des aciers. Je dois dire tout d'abord que j'ai été profondé- ment peiné de voir traiter « d'objections sans valeur » les expériences précises, les analyses rigoureuses que j'ai faites à propos de la question que, l'Aca- démie voudra bien s'en souvenir, j'ai le premier soulevée devant elle dans la séance du 8 octobre 1860. A cette époque, M. Fremy, m'attribuaiit une idée préconçue que je n'avais en aucune manière exprimée, m'a l'eproché à moi-même d'ignorer : 1° que Maichand avait trouvé de l'azote dans les aciers; 2° que Saunderson avait démontré que l'azote devait se trouver dans l'acier comme corps constitutif. La vérité est, et je la connaissais tout en- tière alors, que Marchand, à la suite de nombreuses analyses faites par des procédés variés et avec une admirable précision, a démontré que la pré- sence de l'azote n'était pas constante dans les aciers et que l'a^^ole qui pou- vait s'v trouver devait être attribué à de l'azoture de titane (i). Quant à M. Saunderson (2), il a préjugé, sans l'avoir jamais démontré, que l'azote entrait comme matière constitutive dans les aciers. J'ai donc été parfaite- ment autorisé à écrire, dans une de mes premières communications^ que toute cette question était une question d'analyse quantitative, analyse que la proportion incontestablement très-faible d'azote devait rendre infinunent délicate. Je ne sache pas que M. Fremy ait appuyé son idée, déjà soutenue par Schaffhaûtl(3) et abandonnée depuis parce savant, par aucinie analyse nou- velle qui détruise les bases solides sur lesquelles s'appuient les chimistes qui ont une opinion contraire à la sienne. Il est vrai, en faisant passer de l'hydrogène sur l'acier, M. Fremy a obtenu une matière volatile ayant l'odeur de la corne brûlée; mais, vu l'insuffisance des caractères qu'il attribue à cette substance dans ses diverses conununications, persoiuie ne devait la (1) Journal fur practisc/ie Chcmie, V. Erdmann unci Marchand, t, XLIX, p. 302. (2) Comptes rendus, t. LU, p. 635. (3) Comptes rendus, t. LII, p. 5i5. '3g • ( io64 ) regarder comme étant nécessairement ammoniacale. Si M. Fremv avait fait comme moi, recueilli et pesé cette ammoniaque, il se serait aperçu que le vingt-millième d'azote, qu'on obtient ainsi, ne devait pas lui suffire pour • appuyer de nouveau l'idée déjà abandonnée par Marchand et Schaffliaiitl. En tous cas, je ne pense pas qu'il lui fût permis de considérer les résultats négatifs de mes analyses comme des objections sans valeur. w Mais, supposons commune à tous les aciers cette minime proportion d'azote, il faudrait encore, avant d'admettre que l'acier est un azotocarbure de fer, démontrer qu'il n'y a pas de cémentation, même imparfaite, sans azote ; c'est ce que j'ai réfuté clairement en soumettant du fer pur, préala- blement chauffé dans un courant d'hydrogène, à l'action d'une quantité relativement faible d'hydrogène protocarboné chimiquement pur. J'ai obtenu ainsi, je le répète et je le maintiens, des barreaux cémentés très- malléables que j'ai forgés et étirés moi-même; après la trempe, ils se bri- saient comme du verre, ils résistaient parfaitement à l'action de la lime et étaient en tout semblables au fer cémenté par les procédés ordinaires. La même expérience réussit avec le gaz d'éclairage (i) et avec la vapeur d'es- sence de térébenthine (2). On fait très-bien aussi de l'acier de la poussière de diamant et du fer, comme le prouvent les expériences de Guyton-Mor- veau, Clouet, Welter et Hachette faites en 1799(3). Je pourrais encore, si on le désire, citer beaucoup d'autres exemples aussi concluants. » Je sais bien que M. Fremy suppose maintenant la présence de l'azote dans le fer et dit que par suite on n'agit jamais que sur du fer azolé; mais il n'a publié à ce sujet aucun nombre ni aucune analyse qui prouvent cette assertion ; et d'ailleurs, si le fer du commerce est azoté, comment se fait-il, je le demande à M. Fremy, que ce fer ne puisse pas se cémenter dans le charbon pur comme il le dit lui-même? S'il était azoté, il serait cependant dans toutes les conditions requises par lui pour pouvoir se cémenter. Je suis donc forcé de dire que rien ne prouve l'assertion de M. Fremy quand il affirme que tous les fers sont azotés; tout porte à croire au contraire qu'il n'en est rien. » Dans ses premières expériences, en opérant avec les hydrocarbures, M. Fremy n'obtenait jamais que des fontes graphiteuses très-chargées en charbon; aujourd'hui, il dit que : « En répétant mon expérience, il n'a (1) Comptes rendus, t. L!I, p. 638. (a) Jullien, Traité . i5. (3) Karsten, Métallurgie du fer, 2' édition, I. 1", p. 137. ( xo65 ) « jamais obtenu que des produits sans aucune qualité, intermédiaires entre « la fonte, l'acier et le fer ( i ), ne résistant pas aux épreuves nécessaires de » la trempe, du recuit et de l'étirage. » M. Fremy a donc déjà fait un pro- grés, puisque les gaz hydrocarbures ne lui donnent plus exclusivement des fontes graphiteuses; il est fort probable qu'en suivant plus exactement les prescriptions que j'ai eu l'honneur de lui donner moi-même, sur sa de- mande, c'est-à-dire en employant du gaz hydrogène protocarboné bien pur, et surtout en limitant la durée de l'expérience, ainsi que ia tempé- rature, il eût obtenu les mêmes résultats que moi, même en opérant, comme je l'ai fait, sur du fer désazoté par la méthode qu'il a indiquée. Du reste, je suis prêt à répéter l'expérience devant tous les Membres de l'Académie qui voudront bien me le demander. » Je ferai remarquer en outre que l'expérience dans laquelle M. Frem> emploie, il paraît à dessein, de l'hydrogène impur pour chasser de l'acier l'azote qu'il peut contenir, ne prouve rien en faveur du rôle qu'il fait jouer à l'azote dans l'acier. M. Fremy reconnaît lui-même que dans ce cas l'azote et le charbon disparaissent en même temps; auquel de ces deux corps a-t-il le droit d'attribuer les propriétés caractéristicjues de l'acier, propriétés qui disparaissent avec eux? Pourquoi serail-ce à l'azote plutôt qu'au char- bon ? Mon expérience au contraire prouve qu'en enlevant l'azote sans en- lever le charbon, on laisse à l'acier toutes ses qualités. Donc ce n'est pas l'azote qui constitue la différence qui existe entre l'acier et le fer, c'est le charbon; et d'ailleurs, M. Fremy n'a-t-il pas dit que la foute, l'acier et le fer contenaient de l'azote? comment admettre alors que l'acier ne doive ses propriétés qu'à la présence de ce dernier corps? Bien plus, en supposant, comme le dit explicitement M. Fremy, que dans ces conditions le charbon soit chassé à l'état de cyanhydrate d'ammoniaque, il est évident qu'il a entièrement négligé l'influence de l'eau et de l'air que contenait son hydro- gène, comme il l'admet aujourd'hui; il n'a pas réfléchi non plus que pour enlever à l'état de cyanhydrate d'ammoniaque le centième de charbon contenu dans sou acier, il fallait qu'il y supposât la présence de plus de deux centièmes d'azote, car, pour transformer i gramme de charbon en cyanhydrate d'ammoniaque, il faut 2S'',33 d'azote; or la quantité maximum (i) Je ferai remarquer que même d'après M. Fremy, qui admet la présence de l'azote dans ces trois corps, l'acier est un intermédiaire entre la fonte et le fer. L'azote existant dans les trois métaux, il est utile de constater aussi (pic ce n'est pas la présence de l'azote tpii peut caractériser l'acier. ( io66 ) d'azote que M. Freniy est autorisé à admettre aujourd'hui dans les aciers est de deux centièmes seulement du poids du charbon, à moins que par des ana- lyses nouvelles il ne parvienne à prouver que Marchand et ses successeurs se sont grossièrement trompes. Il est donc bien clair que l'hypothèse de M. Fremv est jusqu'ici inadmissible en tous points, » Enfin M. Fremy attribue à l'azote des propriétés que ce corps ne pos- sède en aucune façon, lorsqu'il dit : « L'azote joue dans la cémentation un » rôle à in tois mécanique et chimique, il ouvre leS' pores du métal et se » combine ensuite avec lui. » ('/est du gaz ammoniac qu'd est permis de dire cela, mais pas de l'azote. Pour le prouver, je ne citerai pas les expres- sions de M. Berthier (i) qui le dit de la nmnière la plus formelle, je ne rap- pellerai ni les expériences si nettes de M. Henri Sainte-Claire Deville (a . démontrant que l'azote, dans aucune circonstance et à auctuie température, ne peut se combiner directement avec le fer, ni celles que j ai faites moi-même; je me contenterai de faire remarquer que M. Fieniy, dans ses propres expé- riences, a constaté lui-même ce fait incompatible avec sa théorie. Ainsi donc, lorsque dans ses dernières communications M. Fremv parle de l'action de l'azote sur le fer, il se met en pleine contradiction avec ce qu'il a dit précé- demment et qu'on avait déjà prouvé avant lui. >■■ En présence de ces faits, de ces observations et de mes analyses qui tout dernièrement ont reçu une consécration éclatante par les expériences de M. Boussingault, je ne pense pas que M. Fremy puisse considérer mes objections comme étant sans valeur et qu'il lui soit possible de faire revivre aujourd'hui cette opinion d'après laquelle l'acier serait un azolocarbure de fer. » ji, Berthier, Essais par /a voie sèche,t. \", p. i8o. (2) Comptes rendus, t. XLV'I, p. 36o. ( '067 ) MÉxHOIRES PRÉSENTÉS CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'acidt lactitjue , par JIM. Ad. Wi:rt7, el C. FniEDEL. (Commissaires, MM. Pelouze, Balarci.) « La formation de l'acide lactique par l'oxydation directe du propyl- glycol, a suggéré l'idée qu'on pouvait admettre dans cet acide l'existence d'un radical diatomique, le laclyle (€'H'0)", dérivé du propylène (G^H")" par oxydation, comme l'acétyle dérive de l'éthyle. On a envisagé en consé- quence l'acide lactique lui-même comme un acide diatomique de la forme » Les recherches que nous allons exposer fortifient ce point de vue. Elles ont fait découvrir de nouvelles propriétés du radical lactyle, propriétés dignes d'intérêt et en rapport avec celles d'autres radicaux diatomiques. » Ethers Indiques. — L'un de nous a décrit antérieurement le lactate dié- thylique i //-sirsys 1^" etl'acide éthyl-lactique (G^H7 i ■ H ^ qui se forme lorsque l'éther neutre est décomposé par la potasse caus- tique. Mais \\ existe un autre éther lactique, neutre comme le premier et découvert par M. Strecker. Ce chimiste l'a obtenu en distillant le laclate de chaux avec le sultovinate de potasse, et a exprimé sa composition par la formule CH"(G^H»)'0« , qu'on peut écrire H , (G'H'Ô)" O^ (G'- H'')' \ » Nous nous sommes assurés que ce composé se forme avec la plus grande tacilité lorsqu'on fait chauffer, dans des tubes scellés à 170", de l'acide lactique avec de l'alcool. ( io68 ) » On soumet le produit ;i la distillation fractionnée et on recueille ce qui passe entre i5o et 160". On obtient ainsi nn liquide neutre, bouillant à 1 56° sous la pression de o™,753, d'une densité de r,o542 à 0°. C'est le lactate liionoétliylique. Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 4îI494- I^f* théorie exige le nombre 4,07. L'eau dissout cet éther en toute proportion, mais le décompose déjà à froid en acide lactique et en alcool, ainsi que M. Strecker l'a déjà indiqué. » Le potassium se dissout dans le lactate monoéthylique en dégageant de l'hydrogène et en formant le composé K j (G^H'O)" O' (€'H')' ) isomérique avec l'éthyl-lactate de potasse. Lorsqu'on traite ce composé en solution alcoolique par l'iodure d'éthyle, il se forme de l'iodure de potas- sium et de l'éther dilactique (G»H'Ô)" O'. » On sait d'un autre côté que M. Boutlerow a réussi à transformer, par un traitement analogue, l'éthyl-lactate d'argent en éther dilactique. Ces expériences font ressortir clairement les relations qui existent entre les divers éthers lactiques, qui peuvent être transformés les uns dans les autres. Deux d'entre«ux, l'acide éthyl-lactique et le lactate monoéthylique, offrent im des plus curieux exemples d'isomérie. Ils sont formés par le même acide; ils renferment tous deux un seul groupe éthylique, et pourtant l'un est acide énergique, l'autre est parfaitement neutre. Mais ce cas d'isomérie n'est point de ceux qui échappent à toute interprétation rationnelle. Pour s'en rendre compte, il suffit de se rappeler le rôle différent que jouent les deux atomes d'hydrogène dans la molécule de l'acide lactique. L'un d'eux est fortement basique, c'est-à-dire qu'il peut être remplacé facilement par un métal ou par un groupe organique tel que l'éthyle, et dans les deux cas on obtient un composé neutre, un lactate métallique ou éthylique. L'autre peut être remplacé facilement par des groupes oxygénés, tels que les radi- caux d'acides monobasiques, comme dans les acides lactobenzoïque et lacto- ( 1069 ) butyrique. Qu'on le remplace par un groupe indifférent, tel que l'éthyle, on doit obtenir un acide puisqu'on n'a point touché à l'atome d'hydrogène basique. Les formules suivantes (i) montrent les relations qui existent entre ces deux séries de combinaisons lactiques. H \ ^ ) H (G^H''Ô)" a- (€'H*&)" O' (G^H^)' 1 (G^H^)' ) Lactalenionoélhylique. Lacta(e éthyl- I //^susy potassique. ' ^ (G'H*0)" O- (€^H'0)" ô^ (G'H*0)" OM^ L TT \ H ) K r I "^"'^"'"^ diflliyliqiie. Acide Acide Ethyl-laclate lactobulyriqiie. éthyl-lactiqiie. potassique. >' Laclélhjlnmide G''H"Az0-. — Les mêmes relations d'isomérie se re- trouvent entre deux amides de l'acide lactique, l'éthyl-lactamide ou lacla- méthane précédemment décrite par l'un de nous, et une nouvelle amide que nous avons obtenue en traitant la lactide de M. Pelonze par l'éthylamine. Les deux corps se combinent avec dégagement de chaleur et sans éliminer de l'eau, et il en résulte une substance solide, cristalline, fusible à 48", distillant sans décomposition à a6o°. Ce corps, que nous désignons sous le nom de lactéthylamide, est dédoublé par la potasse en acide lactique et en élhylamine, tandis que son isomère, l'éthyl-lactamide, est dédoublé par la potasse en ammoniaque et en acide[^éthyl- lactique. Les formules (G^H-"')' \ [(€'H*0)"(G-H')'H]Az/ H Az H \ "" (G'H'Ô)" ' H r rendent compte des réactions delà nouvelle amide. » Composés poly lactiques. — Le lactyle possède, comme d'autres radicaux polyatomiques, la propriété de se multiplier dans un seid et même com- posé de manière à former des combinaisons pouvant être rapportées à des (i) Nous croyons utile de rappeler ici que nous ne cherchons pas à représenter par ces formules le groupement moléculaire réel, mais seulement les liens de parenté, le mode A)r + ( HK \^ -*-^^-^i {G^Wy i^- '-'' Lactote " Ellior chlorolactique, e po ass . Ktlier rtilaclique. » Le dilactate monoéthylique, séparé par l'eau de l'alcool qui le dissout et purifié par distillation, est lUi liquide incolore, oléagineux, d'iuie densité de i,t34 à o". Il bout vers 235°. La potasse le dédouble en acide lactique et en alcool. J,,2„5ws Jô' pourra élie obtenu facilement par l'action de l'éther chlorolactique sur l'éthyl-lactate de potasse. Ces com- posés constituent les éthers de l'acide lactique anhydre de M. Pelouze, qu on peut envisager comme renfermant deux radicaux laclyle selon la formule n Nous sommes portés à croire qu'il existe des laclales correspoiidanis : car nous avons constaté que le lactate de chaux parfaitement desséche perd de l'eau lorsqu'on le chauffe de a5o à 270" et se irausformc en dilactate , ^-^ l \0^ formé en vertu de la réaction suivante : / Ca- ) ((G'H*ô)"i HCa i ( CaM Lactate d« chanx. Uilactale du chaux Mis en cunlati avec l'eau, le dilactate se transforme de nouvciu en lactate ordinaire. ic»7i ) » Elher Irilactique. — Ce composé se forme par l'union directe de la lactide avec l'éther lactique : ;'(€'H'0)"| hlbiT lactiqiip. ^ ' ' Ether trilacli<|nc I) On chauffe les deux substances pendant plusieurs jours dans des lubes scellés à i4t»", et on soiunet le produit obtenu à la distillation fractionnée. » L'éther trilactiqne passe au dessus de 25o°. C'est un liquide incolore, très-épais, bouillant vers 9,70°. La potasse le dédouble en alcool et en acide lactique. )> Ellier [aclo-succimque G^WÇ^" . — C'est un ether mixte renfey triant deux radicaux diatomiques différents. Il prend naissance par l'action de l'éther chlorolactique sur une solution alcoohque d'éthvl-succinate de po- tasse. Lorsqu'on chauffe le mélange au baui-marie à \lio", il se forme du chlorure de potassium et du lacto-succmate diéthylique, selon l'équation fn^^lA^A (^'"')' ô^ = ciK+ (c*H*OT a^ — ^" ~ — -■« — Elhyl-succiriate Ether lacto- Elherchlorolact.qi.e dé potatssr succinique. L'éther lacto-succinique bout à 280". Il rsi msoluble dans l'eau. Sa densité k 0° est égale à 1,119- '^'* [wiasse le dédouble en alcool, acide lactique et acide succmique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Réel iiiuiliun de j triante pour la découverte île la fixation de l'azote sur les corps organiques neutres; Lettre de M. Schooxbkoodt. (Commissaires précédenniicnl nommés : M\L Chevreid, Dumas, Pelouze « Au commencemeul de mai 1860, j ai eu l'honneur de vous annoncer que j'étais parvenu à transformer le sucre en une matière azotée semblable H la protéine de Mulder. Le 'in mai 1860, je communiquai les détails de 1 opération à la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles. Ma communication se trouve imprimée dans le numéro du mois d'août 1860 f 40 . - ( 1072 ) (lu Journal de Pharmacologie publié par cette Société, avec la date anté- rieure de l'envoi. » On peut y voir que mon procédé ne diffère de celui de M. Paul Tlienard qu'eu ce que, au lieu d'employer la chaleur pour enlever de l'eau de composition au mélange d'ammoniaque et de sucre, j'y parviens au moyen de l'acide phosphorique anhydre, en évitant que le mélange ne s'échaiifté, ce qui me permet d'obtenir un produit pur là où M. Paul Thenard obtient probablement un produit altéré par la chaleur. Ce qu il y a de remarquable, c'est que j'assignai au produit obtenu la formule C**H'*Az'0*, et que ce produit diffère peu par ses propriétés physiques et chimiques de la matière dérivée du glucose et insoluble dans l'alcool, à laquelle M. Paul Thenard assigne la formule C'*H'*Az^O". Par ses pro- priétés, que j'ai étudiées avec soin, j'avais cru pouvoir assimiler ma matière azoté» aux substances albuminoïdes, et la réaction qui lui avait donné naissance me portait à la regarder comme un sucronitrile. » En même temps que MM. Bœdecker et Struckmaun découvraient l'acide pectolactique dans les produits d'oxydation du sucre de lait en so- lution alcaline, j'ai découvert de mon côté l'acide pectique et l'acide malique dans les produits d'oxydation du sucre de canne en solution alca- line (par l'action des hypochlorites sur le sucrate calcique). Cette seconde découverte se trouve consignée dans un Mémoire que j'ai adressé à la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles le iS août 1860. On peut voir dans les bulletins de ses séances que cette Société a publiés depuis cette époque, les discussions auxquelles mon travail a donné lieu dans son sein. » PHYSIQUE. — liecherclies expérimentales sur la chaleur totale de la fonte de jet en fusion el de quelques autres corps métalliques ; par MM. Mixary et Résal. (Extrait par les auteurs.) (Commissaires, MM. Pouillet, Regnault.) « Nous avons été conduits aux expériences dont nous avons l'honneur de soumettre les résultats à l'Académie, en cherchant à aborder quelques-unes (les questions importantes que soulève la nouvelle situation faite à l'industrie irançaise. » Nous avons opéré sur de la fonte grise au coke,. sortant des hauts four- neaux de Rans, dont nous avons indiqué la composition, et nous avons re- connu qu'elle ne devient liquide qu'après avoir passé par tous les étals ( >o73 ) pâteux intermédiaires, en même temps que sa chaleur totale croît d'une manière continue; par conséquent la fonte n'a pas à proprement parler de chaleur latente de fusion. La chaleur totale de i kilogramme de fonte croit de ao4 à 29.5 calories dans la première période du ramollissement, de aaS a 255 lorsqu'elle est semi-fluide, enfin la fonte liquide la plus chaude (d'après l'expression admise dans les fonderies), que fournit le cubilot, donne 292 calories. » En calculant les effets des réactions chimiques qui accompagnent la fusion de la fonte, et en prenant pour base le roulement moyen des cu- bilots de l'usiue de Casamène, où nos essais ont eu lieu, nous sommes arri- vés au chiffre de 283 calories, qui cadre très-bien avec les précédents. On déduit également de là que le rendement calorifique des cubilots n'est que de 5o pour 100. La fonte blanche donne des résultats moins forts, tandis que les laitiers renferment environ 336 calories par kilogramme. » Les limites obtenues pour la chaleur totale du cuivre liquide sont : iSg et 182 Pour l'étain on a 26 4; Pour le plomb tr 36 Pour le zinc 63 io5 Pour le bronze de cloche 117 iSg^S Pour le bronze de canon 127 173 Pour le laiton 1 19 160 » Les limites relatives aux trois alliages dont nous nous sommes occupés sont très-sensiblement égales aux chiffres obtenus en considérant ces alliages comme des mélanges des corps constituants. » PHYSIQUE. — Reclierches sur (es transmissions éleclriijiœs à Irnuers le sol; par M. Th. du Moxcel. (Commissaires, MM. Becquerel , Pouillet. ) « Depuis louglemps on sait que si on réunit par un fil conducteur une plaque zinc et une plaque cuivre enterrées dans le sol à une certaine dis- tance l'iuie de l'autre, il se détermine un courant auquel on a donné le uom de courant tellurique el qui, comme dans une pile ordinaire, va à travers le circuit extérieur de la plaque cuivre à la plaque ziuc. MM. Palagi et hlogé sont même arrivés, par des combinaisons ingénieuses, à rendre ces courants applicables à la télégraphie électrique. Mais ce qu'on n'avait pas encore 1074 ) constaté d'une manière |)arfaitoment nette, c est (|ue pour obtenir ces cou- rants il n'est pas liesoin d'employer des métaux différents. J'ai reconnu, en effet, qu'une simple différence dans l'état d'humidité du sol ou dans sa nature physique et chimique dans le voisinage des deux plaques enterrées suffit pour les produire, et leur intensité est en quelque sorte en rapport avec cette différence. '- Avant a ma disposition, au magasin central de l'Administration des Lignes télégraphiques, une ligne de 1^35 mètres de longueur allant de la rue Bertrand à la Seine par le boulevard extérieur, j'ai enterré au pied du dernier poteau prés de la Seine une plaque de tôle de 60 décimètres carrés environ de surface, et pour établir un bon contact avec le sol, j avais fait arroser la terre recouvrant cette plaque de six seaux d'eau. La plaque du magasin central était constituée par les tuyaux de la conduite d'eau de la ville. » En interposant dans le fil de i'j'55 mètres réunissant ces deux plaques une boussole des sinus de M. Bréguet, munie d'un multiplicateur de 3o tours, j'ai obtenu le jour de l'enterrement dé ma plaque près de ia Seine une déviation de 9" 1 7' accusant un courant allant du magasin central à la Seine. Le second jour, l'humidité de la plaque enterrée étant un peu di- nnnuee, la déviation n'a plus été que de 8" 35'; le troisième jour, elle était 7" 32': le quatrième jour, 7° 6'; le cinquième, 6" /jS' ; le sixième, 6° 18'. En réunissant nietalliquement la conduite de gaz à la conduite d'eau, les dévia- tions ])récédentes ont été portées de 7° 3a' à 8''3i', de 7" 6' à 8", de 6*^45 à 7" 7', d^ G" 18' à 6" .').'). Enfin en prenant .seulement la conduite de gaz, les déviations ont encore augmenté. >' Ainsi, comme on le voit, les courants telluriques sont eu quelque sorte en rapport avec l'humidité relative de celle des deux plaques qui est électropositive par rapport à l'autre. Est-ce maintenant l'humidité seule qui détermine l'état électropositif d'une plaque par rapport a une autre .-' C'est ce que je ne voudrais pas alfirmer. Voici, en effet, une expérience qui sem- blerait montrer que d autres causes sont en jeu dans ce phénomène. Ainsi inie plaque de tôle de mêmes dimensions que celle que j'avais déjà employée ayant été enterrée à 890 mètres de la première dans un terrain tres-sec et que je n'avais pas fait arroser, a fourni un courant lellurupie dans le même sens que celui dont j'ai parlé et d'une intensité persistante de 2" 53'. La couduili^ de gaz, étant réunie par un fil à la conduite d'eau de la villf, a fourni aussi un courant tellnriqne allant de la condiiiledii gaz a la cou- ( I075 ) diiite d'eau, counint très-failile à la vérité, mais appréciable et d'une in- tensité de o° 5o'. I) Quoi qu'il en soit, la production de ce courant tellurique est pour les transmissions à travers les lignes télégraphiques une cause de perlin-bations qui réagit assez puissamment et que j'ai cru devoir étudier dans l'intérêt du service télégraphique. Voici les résultats auxquels je suis parvenu. )) i" Toutes les fois que deux lames métalliques sotit enterrées dans un terrain différent, il se produit un courant tellurique, dont le sens est diffé- rent suivant les localités. » 2° Pour une certaine direction du courant de la pile par rapport au courant tellurique qui parcourt incessamment la ligne, la résistance du civ- cuit est moindre que poiu* la direction contraire. » 3" Le courant de la pile a infiniment plus de constance quand la dis- position de celle-ci, par rapport au circuit, est combinée de manière à four- nir à ce circuit sa plus petite résistance. » 4° La différence de résistance d'un circuit avec les deux dispositions inverses de la pile est d'autant plus grande que le circuit est plus résistant. " Tous ces effets tiennent principalement à la polarisation des lames plongées dans le sol, laquelle tend à créer dans les circuits télégraphiques un courant de polarisation en sens contraire de celui de la pile et qui trans- forme la formule --^ en — -^ — , ainsi que je l'ai démontré dans un Mémoire présenté à l'Académie le i f mars dernier. « Si l'on considère, en effet, que, quand le pôle négatif de la pile com- munique avec la plaque jiositive du circuit terrestre, le courant tellurique marche dans le même sens à travers le fil que le coiu-ant de la pile et tend à détruire le courant de polarisation qui résulte de celle-ci (par suite de la création sur les mêmes plaques de deux forces électromotrices con- traires), on comprendra facilement non-seulement que la résistance du circuit se trouve diminuée, mais encore que l'augmentation de résistance avec le temps de fermeture du courant, augmentation qui est la consé- quence de la polarisation des lames, n'existe pas, et c'est, en effet, ce que l'on remarque, puisque la résistance du circuit reste toujours dans ce cas sensiblement constante. Parle raisonnement contraire, on explique égale- ment pourquoi, avec la disposition inverse de la pile par rapport aux plaques de terre, la résistance du circuit se trouve considérablement aug- mentée et augmente encore avec le temps de fermeture du circuit, puisque le courant tellurique s'ajoute alors au courant de polarisation qui aug- ( ïo?^ ) mente lui-même avec la prolongation de la fermeture du courant de la pile. » D'un autre côté, si l'on réfléchit que la formule exprimant l'intensité du courant dans le cas du galvanomètre différientiel et avec un courant de polarisation est représentée par . «E — e 2«R + r on comprendra que la valeur de r tirée de cette équation, qui est «E — e — j a«R, doit être relativement d'autant plus grande que la résistance réelle du cji- cuit est elle-même plus grande, puisque le courant de polarisation étant d'autant moindre que le circuit est plus résistant, le facteur — - — augmente à mesure que r grandit. i> Ces effets de polarisation ne sont pas, du reste, le propre exclusif des circuits mixtes dont les plaques sont plongées dans les terrains très-humides, on les retrouve également avec des plaques enterrées dans des terrains très- secs. Ainsi avec la plaque enterrée au milieu de ma ligne, j'ai obtenu des chiffres analogues à ceux que j'avais obtenus avec la plaque enterrée à l'extrémité de la ligne et qui avait été arrosée. » Comme conséquence pratique de ces expériences, on peut donc dire que le choix du pôle de la pile de ligne que l'on doit mettre en rapport avec le sol à la station de départ ne doit pas être indifférent et qu'il doil être déterminé parla direction du courant tellurique qvii parcourt la ligne. Si ce courant va d^ la station de départ à la station correspondante, le pôle négatif de la pile doit être mis eu rapport avec le sol. Dans le cas con- traire, c'est le pôle positif. » PATHOLOGIE. — Sur une variété de forme de la pustule maligne due à la piqûre d'un insecte de la famille des Acariens; par M. D. Beauperthuy. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Rayer, de Quatrefages.) L'auteur, dans la Lettre d'envoi, fait connaître en ces termes le sujet du Mémoire : « Cette affection, connue dans les llanos de Venezuela sous le nom de empolln del ganado (ampoule des bestiaux), est fréquente dans ce ( '077 ) pays, surtout à l'époque de la sécheresse. L'insecte qui la produit a huit pattes à tarses articulés, terminés par deux crochets, la tète angulaire, l'abdomen ovale, tubercule sur les bords, le corps plat d'un blanc sale. Cet insecte est nocturne et marche avec rapidité , habite les masures. Sa piqûre présente au début une petite tache rouge, lancinante à la pression. Après vingt-quatre heures il s'y développe une petite phlyctène, semblable à la vésicule soulevée sur la peau par la présence du sarcopte de la gale, mais plus étendue et remplie d'une sérosité brunâtre ou violacée, qui devient le siège d'une vive démangeaison. Les parties sous-jacentes forment luie tumeur arrondie, dure, proéminente, sans altération de la couleur de la peau, semblables à celles produites par les piqûres de guêpes. Cet Acaiien pond de vingt à vingt-quatre œufs sphériques, réunis en tas, d'un tiers en- viron de millimètre de diamètre; transparents au moment de la ponte, ces œufs ne iardent pas à prendre une teinte brune au contact de l'air. Ils con- tiennent un liquide albumineux, offrant au microscope des globules oblongs d'un vingt-cinquième de millimètre dans leur plus grand diamètre, et des traces de la muqueuse intestinale, premier développement de la vie embryon- naire chez cet Acarien. » L'examen microscopique, appliqué aux humeurs contenues dans hx pustule maligne, offre les globules du sang aplatis, déchiquetés, irrégu- liers, jaunâtres, pas un seul intact; puis des globulilles sphériques, beaucoup plus petits que ceux du sang et identiques à ceux que l'on observe dans les fluides gangreneux. Ces observations ont été faites en employant le plus fort grossissement du microscope achromatique de M. Vincent Chevalier. n Je me suis abstenu dans ce Mémoire d entrer dans des détails sur fac- tion qu'exercent les venins en général dans l'économie animale, pour éviter de trop étendre ce travail, et pour ne pas présenter d'une manière incom- ])lète des recherches entreprises sur les fluides venimeux de plusieurs espèces de serpents, d'insectes et de poissons épineux. J'accompagne cette Lettre de l'envoi d'une petite boîte contenant dans deux flacons séparément plusieurs spécimens de l' Acarien de la pustule maligne, correspondant aux différents âges, et quelques ixodes rayés. » L. U , i86i, i" Himcilie. ^,T. LU, N" 'il j 14* ( 1078 ) ÉCONOMIE RURALE. — Nouveaux renseignements sur le ver à soie de l'Jilanlei par M.. Guérix-Méxeville. (Commission des vers à soie.) « Dans une précédente séance, j'ai eu l'honneur de mettre sous les veux de l'Académie des cocons vivants du ver à soie de l'Ailante, obtenus en grande culture dans le département d'Indre-ct-Loire, et elle a pu remarquer que, loin de dégénérer sous notre climat, l'espèce avait gagné, car les cocons étaient plus gros que ceux que j'avais reçus de Chine en i858. Aujourd'hui ces cocons donnent leurs papillons, et la grandeur, la vigueur et la fécon- dité de ceux-ci viennent constater cette amélioration de l'espèce. » Si quelques Membres de l'Académie voulaient vérifier ce que j'avance, il leur suffirait de se rendre à la Ferme Impériale de Vincennes (station de Joinville, usine Laudon), et ils y verraient de nombreux reproducteurs pondant et formant le point de départ des éducations en plein air qui vont être faites cette année sur beaucoup de points de la France. » Je joins à cette Lettre les pontes obtenues chaque jour, les aS, 26 et 27 courants, œufs qui vont être immédiatement expédiés, comme on le fait tousles jours, aux agriculteurs qui ont des plantations d'Ailantes suscep- tibles de recevoir ce nouveau producteur de matière textile à bon marché. » TECHNOLOGIE. — Suppression des tuyaux de cheminée sur les toits, par [emploi d'une chambre j'écipient. — Utilisation de la chaleur perdue. (Extrait d'un Mémoire de MM. de Sauges et Massox.) (Commissaires, MM. Regnault, Morin, Fremy.) « On sait que dans le chalumeau des chimistes, un peu avant l'orifice par lequel s'échappe le courant gazeux envoyé par une soufflerie, se trouve une petite chambre ou réservoir d'air, dont la forme et les dimensions ont été imaginées et calculées par des savants illustres, Bergmann, Gahn, Berze- lius, etc. Dans cette petite chambre se dépose l'humidité qui obstruerait l'orifice à la longue, et viennent mourir tous les remous produits par l'inéga- lité de la soufflerie; le courant gazeux prend en conséquence une grande régularité. C'est cette chambre à air que M. de Sauges a imaginée pour amé- liorer le tirage des cheminées, pour faire disparaître les tuyaux qui désho- norent les édifices, pour utiliser une très-grande partie de la chaleur perdue ( I079 ) et emportée par les gaz de la combustion. Cette chambre à air est placée dans les combles, autant que possible au centre du bâtiment. Tous les tuyaux de cheminée d'une même maison ou de la même aile d'un palais, viennent y aboutir et y déversent librement leur fumée par des bouches placées les unes à côté des autres sur son plancher. Une porte latérale permet de péné- trer au besoin dans cette chambre récipient. Un seul orifice est pratiqué dans le plafond de la chambre et est surmonté d'un canal dont l'ouverture a une section proportionnelle au nombre des cheminées dont la fumée est recueillie. Ce canal s'élève un peu au-dessus du faîtage et peut recevoir toutes les décorations que le goiit de l'architecte trouvera devoir le mieux s'har- moniser avec le style de l'édifice. » Par cette invention, on le comprend immédiatement, toutes les diffi- cultés de la construction des cheminées disparaissent ; les tuyaux cessent d'être visibles, les souches sont supprimées, l'architecture est affranchie d'un des plus grands obstacles qui se soient opposés à ce qu'elle donne une com- plète satisfaction aux exigences de la vie matérielle et aux nécessités artisti- ques. » CHIRURGIE. — Note sur une variété rare de gangrène injlammatoire à forme serpigineuse avec destruction complète de l'aponévrose plantaire et d'une partie des tendotis fléchisseurs des orteils, survenue chez im sujet diabétique; guérison; par M. A. Favrot. « L'auteur avait précédemment présenté à l'Académie l'observation d'un cas très-semblable (voir le Compte rendu de la séance du 3o mai i853). Il signale en particulier comme dignes de fixer l'attention la reproduction presque identique des deux circonstances suivantes : » 1° La limitation de la gangrène à une portion seulement de la peau dans une portion de la région plantaire; » 2° La destruction de l'aponévrose plantaire sans altération notable des fonctions du pied ni obstacle au mouvement des doigts. » La guérison de la plaie, malgré l'affection diabétique et l'altération or- ganique apportée à l'économie par cette maladie, lui semble aussi très-digne d'être remarquée. » (Renvoi à l'ancienne Commission, composée de M. Velpeau et de M. J. Cloquet en remplacement de feu M. Lallemand. ) M^ veuve Petitjea.\ soumet au jugement de l'Académie un appareil df i4r.. ( io8o ) son invention destiné à éclairer le conduit auditif et l'intérieur de la bouche, de manière à faciliter au médecin l'exploration de ces cavités. L'appareil et la Note descriptive qui l'accompagne sont renvoyés à l'examen d'ime Commission composée de MM. Regnault, Bernard el Jobert. CORRESPOIVDAIVCE. M. LE Secrétaire perpétuel annonce l'arrivée au Secrétariat d'une caisse contenant de nombreuses préparations d'anatomie végétale, oeuvre d un concurrent pour le prix Bordin de 1861 (question concernant l'étude des vaisseaux du latex) et adressées en même temps qu'un Mémoire et un Atlas dont ils forment le complément. Ces deux dernières pièces avaient été pré- .sentées à l'Académie dans sa séance du 3i décembre 1860 el furent men- tionnées au Compte rendu de cette séance comme inscrites sous le n° 1 . La caisse, qu'on avait supposée perdue, est maintenant parvenue à sa destination, et les préparations, qui ont été trouvées en bon état, seront soumises avec le Mémoire et les dessins à l'examen de la Commission. M. LE Secrétaire perpétuel donne connnunication d'une Lettre de M. le Secrétaire général de la Société impériale d'Acclimatation, concernant la souscription ouverte par cette Société pour l'érection d'une statue à Dau- betiton. A cette Lettre sont joints douze exemplaires du prospectus de la souscription. M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance les ouvrages suivants dont les auteurs font hommage à l'Aca- démie : i" Contribution à l'histoire naturelle des Etats-Unis d'Amérique; par AI. L. y^gassiz, IIP volume; 2° Atlas du Cosmos, contenant les cartes astronomiques, physiques, ther- miques, magnétiques et géologiques relatives aux œuvres de A. de Hum- boldt et F. Arago, publié sous la direction de M. Banal, 2" livraison. M. C/.ERMAK, dont les travaux sur la laryngoscopie ont obtenu au conccnii s pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1860 une mention hoiio- lahlc, adresse ses remercîments à l'Académie. ASTBOiNOMiK. — Nom donné à la planète (69) découverte le 5 mai 1 861 ; Lettre de M. Hermanx Goli>sciimidt. « Je viens de recevoir une Lettre de M. Main, (jiii a bien voulu, à ma ( io8i ) demande, donner un nom à la dernière planète, en choisissant Panopea, fille de Nereus et de Doris. » GÉOMÉTlilE. — Note SU)- les droites normales à une surjace ; pn)- M. OssiAN Bonnet. » Le Rapport fait à l'Académie lundi dernier par M. Chasles m'a remis en mémoire qu'en cherchant à généraliser le beau théorème de M. Bertrand j'avais obtenu, il y a plusieurs années, un résultat ayant trait aux intéres- santes recherches de M. Abel Transon. Je demande à l'Académie la permis- sion de lui communiquer ce résultat, que je n'ai pas encore eu l'occasion de publier. )' Soient .r, j, z les coordonnées rectangles d'un point quelconque de l'espace. Donnons-nous trois fonctions X, Y, Z de jt, j^ z satisfaisant à la condition X= + Y^ + Z^ = 1 , et pouvant par conséquent être regardées comme les cosinus des angles qu'ime droite D issue du point x, jr, z fait avec les axes des coordonnées. Supposons enfin Jc, j, z liées par la relation laquelle définit luie certaine surface S. On voit immédiatement que, pour (jue les droites D soient normales à une surface, et par conséquent à une infinité de surfaces parallèles, il faut et U suffit que l'expression Xdx + Ydy-hZd: devienne une différentielle exacte, en teniuit compte de la relation [\). Ainsi, en posant on doit avoir d/ df d[y.+p'L) d(Y+qZ) (ly dx OU, en développant et simplifiant, f/X dX !d\ d'L\ Id-L dX\ { 1083 ) w L'équation (2), lorsque l'on considère X, Y, Z comme des fonctions connues de x^ y, z, et z comme une fonction inconnue de x et de 7", fait connaître, après l'intégration, les surfaces que M. Abel Transon nomme surfaces résolvantes, et dont l'existence se trouve par là démontrée. » Cherchons maintenant la signification géométrique de la condition (2). Par un calcul facile et analogue à celui dont s'est servi M. Duhamel, dans son Cours d'Analyse, pour établir le théorème de M. Bertrand, on arrive au résultat suivant : Pour que la condition (2) soit satisfaite, il faut et il suffit qu'après avoir pris sur la surface S trois points infiniment voisins m, m', m", tels que les deux éléments mm' et mm" soient égaux et perpendiculaires, la différence des cosinus des angles que forment avec mm" les droites D cor- respondantes aux points m et m' soit égale à la différence des cosinus des angles que forment avec mm' les droites D correspondantes aux points m et m". On peut encore dire qu'en appelant u l'angle de mD avec la projec- tion de m'D' sur le plan D/ra/n", w' l'angle de mD avec la projection de ?ra"D" sur le plan Dmm', i l'angle Tfmm", i' l'angle Dmm', il faut et il suffit que l'on ait wsuii = w sinz o En prenant comme point de départ la condition géométrique que nous venons d'obtenir, on peut facilement démontrer plusieurs propriétés rela- tives aux droites normales à une même surface; mais l'espace nous manque pour développer ces applications. » 31. BissY présente au nom de M. Bukjnet une Note ayant pour titre : Application de la physique à la solution de quelques problèmes de chimie et de pharmacie. « Les expériences contenues dans le Mémoire dont je donne ici l'extrait se rapportent aux quatre points suivants : 1" à la force élastique des mé- langes de vapeurs ; 2" à la densité de l'eau dans les sels cristallisés ; !î° et 4° au pouvoir rotatoire et à l'indice de réfraction de plusieurs sub- stances employées en médecine. "Voici le résumé des conclusions auxquelles je suis arrivé : » L L'affinité qui s'exerce entre deux liquides volatils, susceptibles de se mêler on toutes proportions, peut être représentée par la formule — p- 1 ( io83 ) F étant la somme des tensions que possèdent les deux vapeurs à l'état isolé, et /' étant la tension que possède leur mélange pour la même température. Les effets de cette affinité varient nécessairement avec la proportion relative des deux liquides, et avec la température à laquelle se fait l'observation. * II. Dans un mélange à poids égaux d'alcool absolu et d'eau, l'affinité de dissolution, évaluée par la formule précédente, se trouve représentée par o, 54 pour la température de i5°; tandis que, dans un mélange à poids égaux d'alcool absolu et d'éther, elle ne l'est que par o, 89 pour la même température. Les affinités comparées de l'eau et de l'éther pour l'alcool sont donc entre elles comme 54 : Sg, dans de pareilles conditions. » III. Si on porte dans le vide du baromètre une solution d'acide cyanhy- drique au millième, on remarque qu'à la température de i5° la vapeur de cette solution n'a guère plus de force élastique que celle de l'eau pure. La présence de 1000 parties d'eau suffit donc, dans cette circonstance, pour faire perdre à l'acide cyanhydrique la tension si considérable qu'il possède dans son état de pureté. M IV. Les eaux de laurier-cerise et d'amandes amères donnent lieu au même phénomène quand on les porte dans le vide. On ne peut donc pas considérer l'acide cyanhydrique qu'elles renferment comme jouissant de sa liberté d'expansion ; et les variations qu'on observe dans leur titre tiennent moins à l'affaiblissement qu'elles ont pu éprouver par la volatilité de leur principe actif, qu'aux conditions mêmes dans lesquelles elles ont été obtenues. » V. Dans les expériences relatives à la densité de l'eau dans les sels, on peut appliquer avec avantage le voluménomètre de M. Regnault, qui per- met de déterminer successivement, et sur le même échantillon, la densité d'un sel à l'état cristallisé et à l'état anhydre. » VI. Quand un sel abandonne toutou partie de l'eau à laquelle il s'était combiné en cristallisant, l'expérience montre qu'il reprend, au moment de l'efflorescence, le volume et la densité qu'il avait avant la combinaison. L;t perte de poids, divisée par la perte de volume, n'exprime donc pas la den- sité qu'avait l'eau dans le sel cristallisé; mais elle donne au moins la limik- inférieure de cette densilé. On reconnaît ainsi que, dans le sulfate de soude cristallisé, la densité de l'eau ne peut pas être inférieure à 1,101, de même qu'elle ne peut pas être inférieure à i,a38 dans le sulfate de magnésie. » VII. L'expansion que prennent les sels en cristallisant peut être con- statée par expérience directe en mesurant le volume occupé par leur dissolu- lution sursaturée, avant et après la cristallisation. L'augmentation de volume ( io84 ) qui s'observe en pareil cas n'exclut pas l'idée d'une combinaison entre le sel et l'eau, comme quelques physiciens l'avaient sup[)Osé : elle indique simplement que la dilatation, due au changement d'état des deux corps, l'emporte sur la contraction que détermine leur affinité. » YIII. On admet généralement que les sels qui ont le plus d'affinité pour l'eau sont ceux qui retardent le plus le point d'ébullition de ce liquide; mais on a coutume de comparer les dissolutions saturées bouillantes, sans se préoccuper des proportions de sel qu'elles peuvent contenir. C'est d'après ce principe que le nitrate de potasse est considéré comme ayant plus d'affi- nité pour l'eau que le sulfate de soude. » Cependant, si l'on prend un même poids des deux sels anhydres, et si on le fait dissoudre dans une même quantité d'eau, on reconnaît que le re- tard apporté dans le point d'ébullition est plus considérable dans le cas du sulfate de soude que dans le cas du nitrate de potasse. C'est donc en réalité le sulfate de soude qui paraît avoir la plus grande alfinité pour l'eau; et cette conclusion, qui est en opposition si formelle avec les idées reçues, se trouve ici conlirmée par l'ensemble des caractères qu'on peut observer dans la solution du sulfate de soude anhydre : i" elle donne lieu à un dégage- ment de chaleur assez vif au moment où elle s'effectue; 2° la contraction y est beaucoup plus marquée que dans la solution du nitrate de potasse; 3" la force élastique de sa vapeur est sensiblement moindre pour la même température. » IX. On n'est donc pas fondé à dire que les sels qui retiennent le plus d'eau en cristallisant sont ceux qui ont le moins d'affinité pour ce liquide, puisque la mesure qu'on prend de cette affinité n'a pas toute la certitude désirable. La science ne sera fixée sur ce point que cjuand on aura préparé des dissolutions renfermant toutes un même poids de sel pour un même poids d'eau, et déterminé la force élastique que possède leur vapeur à une même température. Encore faudra-t-il bien comprendre que les affinités ainsi établies ne sont ])as absolues, mais se rapportent aux conditions s|)é- cialesdans lesquelles elles ont été déterminées. w X. Parmi les huiles volatiles que la médecine emploie, il n'en est que très-peu qui soient dépourvues de pouvoir rotatoire. Toutes les autres ont une action manifeste qui peut, dans certains cas, devenir un indice précieux de leur pureté ou de leur mélange. M XI. Ij"huile de ricin dévie le plan de polarisation vers la droite, ainsi que l'avait déjà observé M. Loir; mais quand on soumet celte huile à l'ac- tion d'une température de 270*^, le pouvoir rotatoire est complètement ( .o85 ) anéanti, et on n'en retrouve plus la moindre trace dans le" produit distillé. » Xll. Le baume de copaliu agil aussi sur la lumière polarisée, mais avec une énergie variable selon les espèces végétales d'où il provient. Les diffé- rences observées peuvent aller jusqu'à un (;hangen]enl de signe, ainsi que j'ai pu le constater dans la variété de baume désignée sous le nom de maracaibo. >■ XIIL La cicutine dévie le plan de polarisation vers la droite. L'atio- pine, l'aconitine et la digitaline le dévient au contraire vers la gaucbe. Quant à la vératrine et à l'émétine, bien qu'appartenant au groupe des alcaloïdes, elles n'ont pas de pouvoir rotatoire appréciable. I) XIV. La santonine présente, au point de vue des propriétés optiques, trois caractères tres-reniarquables : i° elle dévie le plan de polarisation vers la gauche avec une intensité telle, qu'elle surpasse sous ce rapport toutes les substances lévogyres jusqu ici connues; 2° le rapport de disper- sion qu'elle établit entre les rayons rouge et jaune, est également supérieur à celui qui a été signalé comme exprimant le pouvoir dis|iersif normal; 3° elle perd presque complètement son pouvoir rotatoire par l'action des alcalis. )i XV'. La mesure de l'indice de réfraction fournit, comme celle du pou- voir rotatoire, un moyen précieux d'apprécier la pureté d'un grand nombre de substances employées en médecine. Parmi les huiles volatUes, celles de cannelle de Ceylan, de sassafras et de camomille se prêtent surtout avec avantage à ce mode d'essai. )) XVL En général, l'indice de réfraction dans les huiles volatiles est pro- portionnel à leur densité et à la proportion d'éléments combustibles qu'elles renferment. Il y a cependant cpielques exceptions à cette règle, et il serait intéressant de rechercher la cause qui les détermine. » XVII, Les différences qui existent entre les indices de réfraclion des diverses huiles fixes sont faibles; mais elles sont assez sensibles cependant pour pouvoir être facilement perçues. Elles permettent de distinguer l'huile d'olive de l'huile de pavot, l'huile de foie de morue de l'huile de poisson, l'huile d'amandes douces de l'huile blanche. » XVIII. On peut, par les indices de réfraction, apprécier la pureté des baumes de copahu du commerce, et reconnaître des proportions même très-petites d'huile de ricm ou de toute autre huile qui s'y trouverait trau- duleusement mêlée. » On voit, par les résultats dont je présente ici le résumé, comme par les •:. K., 1861, 1" Semestre. (1 I.ll, ^'>2^.! 14^ ( io86 ) conséquences que j'ai développées dans le cours du Mémoire, combien les procédés de la physique peuvent offrir d'applications a la chimie, à la phar- macie et aux sciences médicales en général. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelle Note sur les greffes périostiques ; par M. Olliek. § I. — De Vi/i/Iucnce de la température des lambeaux dans la greffe animale. « Dans nos premières expériences sur les greffes périostiques pratiquées avec des hnnbeaux pris sur des animaux morts depuis un certain laps de temps, nous n'avions pas attendu plus d'une heure et demie après la cessation des battements du cœur. » Depuis lors nous avons obtenu du tissu osseux en transplantant sous la peau d'animaux vivants des lambeaux de périoste pris sur des lapins morts depuis vingt-quatre et vingt-cinq heures. Les noyaux osseux ainsi obtenus ont la structure de l'os véritable. Quelque petits qu'ils soient, ils sont com- posés de corpuscules et canalicules caractéristiques. Ces nouvelles expé- riences démontrent ainsi que des éléments anatomiques peuvent conservei très-longtemps leur vitalité et leur propriété de croissance malgré la cessa- tion des fonctions essentielles à la vie de l'organisme entier. » Mais ce n'est pas la limite extrême de la persistance de la vitalité que nous avons pour but de préciser. Elle est variable pour les différents tissus et pour les diverses espèces d'animaux. Ce que nous avons recherché, c'est la détermination des conditions favorables à la greffe. Nous avons sur- tout étudié l'influence de la température et de l'humidité du milieu. » Qu'il s'agisse d'un lambeau de périoste complètement séparé du corps fl un animal vivant ou bien d'un lambeau pris sur un animal mort, une basse température conserve la vitalité des éléments anatomiques plus long- temps qu'une température voisine de celle du sang, l.e froid, loin de s'op- poser au succès de la transplantation, la favorise au contraire en retardant la désorganisation des éléments du tissu et en conservant plus longtemps leurs propriétés essentielles. » Plusieurs expériences comparatives nous ont permis d'apprécier à ce point de vue l'innocuité et même l'utilité relative d'une basse température. Une série de transplantations après dix-huit et vingt-quatre heures nous a fourni des noyaux osseux plus volumineux avec le périoste des animaux morts et laissés à une température de 2 à 5° au-dessus de zéro, qu'avec (les lambeaux analogues pris sur des sujets maintenus entre i5 et 20". ( 'o87 ) Dans ces expériences \c périoste n'a. été détaché qu'au moment de la transplantation, mais dans d'autres cas nous l'avons conservé plusieurs heures dans un linge mouillé. Un lambeau ainsi séparé et maintenu pendant deux heures dans un milieu dont la température a varié entre i" au-dessus de zéro et o°,5 au-dessous, a pu reprendre vie sous la peau d'un autre lapin. » D'une manière générale lorsqu'il ne s'écoule pas plus de deux heures après la séparation du périoste ou la mort de l'animal qui l'a fourni, il n'y a pas de différence bien sensible entre les effets des diverses températures , mais au delà de cette limite une température basse entretient plus longtemps la vitalité du lambeau. Le sang retiré des vaisseaux nous a toujotu's paru un milieu beaucoup plus nuisible qu'utile pour la conservation des pro- priétés du périoste. » Si dans nos transplantations après dix-huit et vingt-quatre heures les propriétés ostéoplastiques du périoste ont persisté, elles n'ont pas été con- servées dans leur intégrité, car les noyaux osseux que nous avons obtenus avaient seulement de 2 à 8 millimètres dans leur plus grand diamètre. C'est en transplantant les lambeaux de périoste aussitôtaprèsleurséparation,sans les exposer à se dessécher ou à se refroidir, qu'on obtient les ossifications les plus abondantes. Le point principal que prouvent nos expériences, c'est que pour des portions séparées depuis longtemps une basse température conserve mieux leur vitalité qu'iuie température voisine de celle du sang. >' La persistance de la vitalité du périoste nous fait comprendre la possi- bilité de la réunion de certaines parties séparées du corps depuis lui cer- tains temps. Des faits considérés jusqu'ici comme apocryphes méritent un plus sérieux examen. Dans tous les cas le refroidissement du lambeau ne doit pas empêcher la réunioti. Deux faits relatifs à des bouts de doigt perdus, puis retrouvés et réappliqués après quarante minutes dans un cas et quinze dans l'autre, sont venus récemment s'ajouter sous nos yeux à ceux que la science possède déjà. § II. — L'inégalité d'accroissement des deux extrémités d'un os n'est pas subordonnée à la soudure des épiphyses de cet os. — Du rapport qui existe entre ces deux faits. » Dans la communication que nous avons eu l'honneur d'adresser à l'Académie le 28 janvier, nous avons eu pour but d'établir, d'après des ex- périmentations nouvelles, que les extrémités des grands os des membres prennent une part inégale à leur accroissement. Ayant recherché la loi de cet accroissement, nous sommes arrivé à la foriiude suivante : ( io88 ) ) An membre supérieur pour les os du bras et de lavant-bras, c'est l'ex- tiémité opposée à l'articulation du coude qui s'accroît le plus. 1) Au membre inférieur, au contraire, pour les os de la cuisse et de la jambe, c'est l'extrémité opposée à l'articulation du j^cnou qui s'accroît el moins. » Nous avons dû nous demander ensuite avec quels faits d'ostéogénie sont en rapport ces résultais expérimentaux, et nous avons vu que l'ac- croissement est plus actif vers l'extrémité dont l'épipbyse se soude le plus tardivement; mais cette activité plus grande dans un sens ne lient pas à la précocité de la soudure de l'épiphyse opposée. Eu d'autres termes, l'inéga- lité d'accroissement des deux extrémités n'est pas subordonnée à l'ordre de soudure des épiphyses. Il y a bien un rapport entre ces deux faits, mais ce n'est pas un rapport de dépendance. L'un n'est pas la cause de l'autre, et celui-ci ne peut pas expliquer celui-là. » C'est pour démontrer la non subordination de ces deux faits que nous avons entrepris les nouvelles expériences dont nous allons exposer les ré- sultats : si l'une des extrémités d'un os ne prenait un plus graïul accroisse- ment que parce que l'extrémité opposée a cessé de s'accroître par suite de la soudure de son épiphyse, on devrait observer un égal accroissement vers les deux extrémités tant qu'aucune des épiphyses n'est soudée. Mais cette uiégalité n'existe pas; ou peut constater par l'expérimentation que l'accrois- sement se partage inégalement dès les premiers jours de la vie, bien avant qu'aucune des épiphyses ait commencé à se souder. » Les divers os (tibia, fémui , humérus, radius et cubitus) que nous pré- sentons à l'Académie ont a|ipartenu à des lapins âgés fie vingt à vingt-cinq jours au moment de l'expérience. Des clous de plondj ont été implantés au milieu de chacun de ces os. Un mois après, les animaux ont été sacrifiés et ont été trouvés accrus dans le sens qu'indique notre fornuile : le tibia et l'humérus principalement par en haut ; le fémur, le r.uliuset le cidjitus prin- cipalement par en bas, et cependant aucune é|iipliyse n'a commencé de se souder. » L'inégalité d'accroissement n'est donc pas sidioidonnée à la soudure' des épiphyses. Un fait ne peut être causé par un lail (pii lui est postérieur. Ce n'est (pie pour la dernière période de raccroissemeiK qu'il faut tenir compte de la soudure des épiphyses. » Il est encore d'autres faits que nous pourrions invocpiei- à l'appui de notre opinion. Les os des oiseaux présentent, comme ceux des manunifères, l'inégalité d'accroissement que nous venons de signaler, Cluv. eux cepen- ( >o89 ) daiit les épiphyses n'existent pas sur tous les os, ou n'y jouent qu'un rôle secondaire au point de vue de l'accroissement en longueur. D'autre part, chez l'honniie, les altérations rachitiques de la première enfance, étudiées à ce point de vue par M. Broca, démontrent qu'à cet âge la nutrition est inégalement active sur les deux extrémités d'un même os. » De tout ceci nous concluons que la cause de l'inégalité d'accroisse- ment entre les deux extrémités d'iui même os existe dès les premiers temps de la formation du squelette. Elle se traduit d'abord par une activité plus grande de la nutrition vers une des deux extrémités, et plus tard par la persistance plus prolongée du cartilage intermédiaire à cette même extré- mité; de sorte que la soudure successive des deux épiphyses terminales d'un même os, loin d'expliquer l'inégalité d'accroissement, nous paraît devoir être considérée comme un effet de la même cause. « M. Cap prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie ses travaux SIM- l'application de la glycérine aux diverses branches de l'art médical. Ces travaux sont exposés dans trois opuscules publiés par lui en i854 et i856, et dans une Note maruiscrite consacrée aux plus récents. L'auteur exprime le désir qu'on y adjoigne une première Note adressée sous pli cacheté le i(\ juillet i85i. Le paquet est ouvert en séance et la Note contenue est renvoyée avec les quatre autres pièces à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. M. Fi'STER prie rAc.idémie de vouloir bien admettre au même concours un ouvrage qu'il lui a adressé au mois de mars dernier et qui a pour titre : « Monographie clinique de l'affection catarrhale. » M. CoRvisART adresse luie semblable demande pour l'ensemble de ses Mémoires sur le pancréas : c'est, dit-il, par suite d'un malentendu que le Mémoire qu'il avait |)résenté au mois de février dernier a été renvoyé au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. M. Daguu-lon annonce que l'expédition à laquelle il devait prendre part ayant été contreinaudée, au lieu d'un voyage de circunuiavigation il ne pourra faire qu'un voyage au Chili, pour lequel d'ailleurs il se tient toujoius à la disposition de l'Académie. ( logo ) 31. Shai-f-ver annonce l'envoi de trois opuscules concernanl un |)rojet de télégiaplie atlantique reliant l'Europe à l'Amérique par le Groenland et l'Islande. Tl a déjà fait deux voyages en suivant le trajet que doit occuper le cadre sous-marin, et il se |)répare à en faire un troisième dans lequel il pense avoir l'occasion de recueillir des observations de nature à intéresser l'Académie. Si elle jugeait utile d'appeler son attention sur quelques points particuliers, il ferait de son mieux pour se conformer aux instructions qu'elle voudrait bien lui donner. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. l^a Section de Minéralogie et de Géologie, chargée de préparer une liste de candidats pour la chaire vacante au Muséum par suite du décès de M. Cordier, présente, par l'organe de son vice-doyen M. de Senarmont, les doux candidats dont les noms suivent : Sur la même ligne l M. Dalbrée. el ex œquo. .( M. Ch. Sainte-Claire Deville. Les titres de ces candidats sont discutés : l'élection aura lieu dans la piochaine séance. ]^a séance est levée à ^ heures. F. \ 1091 BULLETIN BlBLIOGRAPHIQl'E. L'Académie a reçu dans la séance du 27 mai 1861 les ouvrages donl voici les titres : Leçons sur la Pli/siologie et sur l' Anatoinie comparée de l'homme et des ani- maux faites à la Faculté des Sciences de Paris; par M. H. Milne EDWARtJS. T. VI, 2'' partie. — Appareil digestif . Paris, 1861; br. in-4"- Projet d'élever une statue à Daubenton; rapport par M. Drouyn DE Lhuvs; 1861; br. in-B", 12 ex. (Société impériale zooloqufae d'Acclimatation.) Commission pour l'érection d'une statue à Daubenton ; 1 feuille in-4", ^ ^-^• Venise. Histoire de ses pnils artésiens à l'Académie des Sciences; par Gabriel Grimaud deCaux. 1861 ; br. in-B". Sur le traitement des fièvres intermittentes; par Michel Levy. 1860; br. in-8". ■ Atlas du Cosmos, publié par M. Barral. 2''livr., 1861; in-f''. Fantaisies scientifiques de Sam; par Henry Berthoud. i"^" et 2"= série. Paris, 1861 ; 2 vol. in-i 2. De rerum transmarinarum qui Gulielmum Tjrium excepisse fertiir qalliro auctore spécimen. Scripsit L. Streit. Gryphiswaldiae, 1861 ; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l' Université et de la Société des Sciences de Gottingue. Avril et mai 1861 ; in-12. Contributions to the... Contribution à l'histoire naturelle des Etats-Unis d' Amérique ; par M. L. Agassiz. Seconde Monographie en 5 parties : Acalè- phes en général, Cténophores, Discophores, Hydroides, homologie des Radiaires. Vol. m. Boston, 1860; gr. in-4°. Adress... Discours prononcé en août 1869 à l'Association américaine pour l'avancement des sciences; par le prof. M. Caswell. Cambridge (E. U), 1859; br. in-8°. The north atlantie. . . Télégraphe Nord- Atlantique passant par les îles Feroé, l'Islande et le Groenland. Rapport préliminaire des expéditions exploratrices faites en 1860; profondeur des mers, sections du sol sous -marin, etc. — Divers documents , discours, articles de journaux relatifs à la praticabilité du plan proposé. — Discussions à ce sujet au sein de la Société géographique de Londres. Londres, i86i-, trois br. in-S"^. (Annoncées par la Lettre de M. Shaffner.) Revista de obras... Revue des travaux publics; t. IX, n*" 10. Madrid, i86i;in-4°. { 1092 ) Del moto reltiliiieo... Du mouvement rectdiqne le long d'un système de plant diversement inclinés et continus; }>nr le prof. P. V^OLPlCEF.r.r. Rome, 1861; br. in-4". Atti... Actes de C Institut I. R. Vénitien; t. VI, 3* série, livraisons 3, 4 et 5, 111-8°. Onuraemic intoxication... Sur l'intoxicationurémique; pnrW . A. H.^MMOND. Philadelphie, 1861; br. in-S". ERRATA. (Séance du 20 mai 1861.) Page io2'j, lignes 19 et 18, au lieu de première, lisez pression. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 3 JUIN 1861 PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS MÉMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDAINTS DE L'ACADÉMIE PHYSIQUE. —5(/; les courants dits telluriques; Lettre adressée par M. Becquekel à l'occasion d'une communication récente de M. Du Moncel. <( Dans la dernière séance, M. Du Moncel a présenté à l'Académie une Note relative à des recherches qu'il a faites sur les transmissions électriques à travers le sol. Dans cette Note, il parle des courants, dits telluriques, qu'il a obtenus avec deux plaques de tôle enterrées à une distance de 1735 mè- tres, et réunies par un fil métallique, dans lequel était interposée une bous- sole des sinus. » M. Du Moncel, en envoyant cette Note, n'avait pas connaissance, sans aucun doute, du travail complet que, avec l'aide de l'Académie, j'ai fait sur la même question , et dont les résultats sont consignés dans le XXV1I'= vo- lume de ses Mémoires, deuxième partie. Les expériences ont été faites, non avec des plaques de tôle, qui peuvent induire en erreur, mais avec des lames d'or, de platine ou de charbon dépolarisées, loin et près de la mer, en France, en Belgique, en Suisse, en Savoie, dans les Alpes, etc. J'ai dé- montré dans ce travail, qui est très-étendu, que ces courants, que l'on avait nommés courants telluriques, sont dus à la différence de composition des liquides qui humectent la terre aux deux stations, ou à une inégalité dans leur température. » C. R., 1861, 1" Semestre. (1 . LU, .\" 22.) I^^ ( I094 ) GÉOMÉTRIE. — Sur les six droites qui peuvent être les directions de six forces en équilibre. — Propriétés de Ihyperboloide à une nappe ri d'une certaine surfaa du quatrième ordre; par M. Chasles. H A la suite de la Note de M. Syhester sur les systèmes de six droites qui peuvent être les directions de six forces se faisant équilibre, j'ai annoncé que, pour former im tel système, il suffisait de mener arbitrairement, par six points d'un corps en mouvement, des droites normales aux trajectoires de ces points. (Séance du i 5 avril, Comptes rendus, p. 745. ) » M Svlvester, dans sa dernière communication à l'Académie (i3 mai, Comptes rendus, p. 977), relative au système des vingt-sept droites qu'on peut placer sur une surface du troisième ordre, a confirmé ma proposition par un raisonnement très-simple tiré du principe des vitesses virtuelles. » Je reviens, à cette occasion, sur la question des six droites, pour dé- montrer cKrectement la proposition réciproque qui est la plus importante, parce qu'elle comporte à elle seule les propriétés principales de cette théorie, en les ramenant à celles du déplacement infiniment petit d'un corps solide, que j'ai fait connaître il y a longtemps {Comptes rendus, t. XVI, p. 1420-1432; année i843). » Voici l'énoncé de la proposition dont il s'agit : » Quand six forces qui sollicitent un corps solide se font équilibre, on peut donner au corps un mouvement infiniment petit dans lc(juel les trajectoires des points d'application des forces seront normales aux directions de ces forces, res- pectivement, » Ce mouvement infiniment petit est unique et déterminé, et reste le même, quels que soient les f)oints des six forces qu'on regarde comme leurs points d'application . » La démonstration de cette proposition demande que nous rappelions quelques notions sur le mouvement infiniment petit d'un corps. » I ° Quand un corps éprouve un mouvement infiniment petit quelconque, ce déplacement peut être produit, d'une infinité de manières, par deux simples rota- tions autour de deux axes. ■'< 1" Un de ces axes peut être pris arbitrairement, l'autre s'oisuit, par cette considération, que les plans normaux aux trajectoires des points d une droite passent tous par une autre droite, et que réciproquement les plans normaux aux trajectoires ^es points de cette seconde droite passent tous par la première. » Nous avons appelé ces couples de droites axes de rotation conjugués, et les rotations, rotations conjuguées. » 3" Quant une droite est normale à la trajectoire d'un de ses points, elle est ( 109^ ) normale aux trajectoires de tous ses autres points; de sorte que cette droite est elle-même sa conjucjuée, et conséquemment est impropre à faire un système de rotations conjuguées. » De là dérivent immédiatement les conséquences suivantes : » 4° Toute transversale qui s'appuie sur deux axes conjugués est normale aux trajectoires de tous ses points. » 5° Si par un point d'une droite prise pour axe de rotation on mène une nor- male à la trajectoire de ce point, cette normale rencontre l'axe de rotation conjugué. » 6"^ Quand un axe s'appuie sur deux droites dont chacune est normale aux trajectoires de «es points, l'axe conjugué s'appuie sur les deux mêmes droites. » Et conséquemment : Quand quatre droites sont normales chacune aux tra- jectoires de ses points, les deux transversales qui, en général, s appuient sur les quatre droites, sont deux axes de rotation conjugués. » 7° Deux couples d'cLxes conjugués Jorment quatre génératrices d'un même mode de génération d'un hyperboloïde. » Car toute droite qui s'appuie sur trois de ces axes est normale aux tra- jectoires de tous ses points, puisqu'elle s'appuie sur deux axes conjugués (4°), et elle rencontre le quatrième axe parce qu'elle s'appuie sur son conju- gué (5°). » Ces propositions intuitives conduisent à deux théorèmes, dont le pre- mier concerne quatre génératrices d'un hyperboloïde, et le second cinq droites quelconques de l'espace. )i Théorème I. Quand quatre droites A, B, C, D sont des génératrices d'un même système de génération d'un hjperboloïde, on peut déterminer un mouvement infiniment petit de tous les points de l'espace, et un seul, dans lequel les deux droites A, B seront deux axes de rotation conjugués, ainsi que les deux droites C, D B En effet, concevons une transversale L qui s'appuie sur les quatre droites données, et soit d le point où elle rencontre la quatrième D. Les rotations autour des deux axes A et B donnent au point d deux mouvements intîuiment petits dd', dd"; une rotation autour de la droite C lui donnera un mouvement dd'". Ces trois mouvements sont dans un même plan perpen- diculaire à la transversale L, comme étant perpendiculaires respectivement aux trois plans (A, L), (B, L), (C, L) qui passent par cette droite L. Qu'on prenne dd'" de longueur arbitraire, et dd', dd" de manière que dd" soit le mouvement résultant de ces deux-là, condition qui suffit pour les déter- miner, puisqu'on aura dd'=dd"'A'''''f;:"n:^^ ^d"=dd'".tYS^. sm[M, dd") sin ( dd , dd ] i43.. ( '096 ) 1) Deux rotations infiniment petites autour des deux axes A et B se trou- vent ainsi déterminées, et ces rotations produiront un mouvement général de tous les points de l'espace. » Je dis que par rapport à ce mouvement les deux droites C, D seront deux axes de rotation conjugués. En effet, prenant la droite C pour pre- mier axe, l'axe conjugué passera par le point (f, qui reçoit tout son mou- vement de la rotation autour de C, et n'a point à en recevoir de la rotation autour de l'axe conjugué. Mais cet axe doit être situé siir l'hyperboloidc déterminé par les trois droites A, B, C (7"); donc cet axe est la quatrièmi droite D. • » Ainsi le théorème est démontré. )) Obscrvalioii. Le théorème a encore lieu dans le cas particulier on les deux droites A, D se rencontrent, ainsi que les deux B, C, pourvu que le point d'intersection de ces deux droites B, C soit situé dans le plan des deux A, D ; ou bien que le point d'intersection de celles-ci soit dans le plan des deux B, C. » TméORKME II. Cinq droites étant données dans l'espace ^ on peut déter- miner un mouvement infiniment petit dans lequel cinq points quelconques, j)ris sur ces droites, auront leurs trajectoires normales à ces droites, respecti- vement; » Ce mouvement est unique. » En effet, soient A, B, C, D, E les cinq droites. Il existe deux trans- versales L, L' qui s'appuient siu- les quatre droites A, B, C, D, et deux transversales M, M' qui s'appuient sur les quatre A, B, C, E. Ces deux couples de droites L, L' et M, M' sont quatre génératrices d'un hyperbo- loïde, puisqu'elles s'appuient sur trois mêmes droites A, B, C. Par consé- quent, d'après le théorème précédent, on peut déterminer un mouvement infiniment petit dans lequel les deux droites L, L' seront deux axes de rota- tion conjugués, ainsi que les deux droites M, M'. » Ce mouvement, qui est miique, satisfait à la question ; car cliaciuie des cinq droites données s'appuyant sur deux axes de rotation conjugués, les trajectoires de ses points sont normales à la droite (4°)- » Ainsi le théorème est démontré. » La proposition énoncée au conunencoment de celte Note se concliil immédiatement de ce dernier théorème. j> Il s'agit de six forces qui se font équilibre. Or nous venons de voir qu'on peut déterminer \tn mouvement infiniment petit dans lequel les tra- jectoires des points d'application de cinq de ces forces seront normales, respectivement, aux diieclions des forces (théorème II). Pour ce meuve- ( 1097 ) ment, l'équation des vitesses virtuelles Pdp + Vn'p'-h...— o aura cinq ternies nuls, et se réduira à un seul terme égalé à zéro, soit Pdp = o. Donc dp = o, et conséquemmenl la trajectoire du point d'application de l;i sixième force est normale à la direction de la force. » Ce qui démontre le théorème énoncé. » D'après ce théorème, la question des six forces en équilibre, en tant qu'il ne s'agit que de la direction des forces, et non de leur grandeur, s»" trouve résolue très-simplement, puisqu'elle se ramène à la considération du mouvement infiniment petit d'un corps. » Les directions données de cinq forces serviront à déterminer ce mou- vement; et toute sixième droite menée normalement à la trajectoire d'un poiiU quelconque de l'espace complétera lui système de six forces en équilibre. » Si l'on veut que la droite demandée passe par un point donné 1, ou prendra deux couples de transversales, en combinant quatre à quatre, de deux manières, les cinq droites données; et par le point 1 on mè- nera les deux droites qui s'appuieront respectivement sur les deux cou- ples de transversales; chacune d'elles, et toute autre droite menée par le même point dans le plan qu'elles déterminent, satisferont à la question; car elles seront normales à la trajectoire du point I dans le mouvement ui- finiment petit déterminé par les couples de transversales prises pour axes de rotation conjugués. » Si l'on veut que la droite demandée se trouve dans un plan doiuié, ou mènera les droites qui joindront les traces sur ce plan, des deux couples de transversales : chacune de ces droites, et toute autre droite passant par leur point d'intersection satisfera à la question. • » Ces constructions qui résultent naturellement des propriétés du mou- vement infiniment petit d'un corps, coïncident avec celles que M. Sylvester a trouvées en traitant directement la question des forces. [Comptes lenclus, p. 7/4 1 . » Veut-on que la sixième droite s'appuie sur trois droites quelconques données dans l'espace D, D', D"? » Considérons la droite D comme un axe de rotation dans le mouve- ment déterminé par les cinq droites données, et soit A l'axe conjugué. La droite cherchée devant s'a|)puyer sur D s'appuiera aussi sur A. Et de même s'appuyant sur D', elle s'appuiera sur la conjuguée A'. Or, les quatre droites D, D', A, A' sont les génératrices d'un hyperboloïde. La droite cherchée sera donc une sénératrice du second mode de oénératiou de ( 1098 ) l'hyperboloifle. Elle passera par un des points de rencontre de l'hyperbo- loïde et de la troisième droite U". « Ainsi deux droites satisfont a la question. Cas particuliers. » Quand les cinq droites données A, B, C, D, E s'appuient sur une même tratuversale L, mais sur une seule, il ne peut pas exister de mouvement dans lequel les cinq droites soient normales aux trajectoires de leurs points. » En effet, soit L' la seconde droite qui s'appuie sur les quatre A, B, C, D. Les deux droites L, L' sont deux axes conjugués de rotation relatifs à tout mouvement dans lequel les quatre droites A, B, C, D seront normales à leurs trajectoires. Par conséquent, pour que la droite E fût aussi normale aux trajectoires de ses points, il faudrait qu'elle s'appuyât sur la droite L'. Donc, etc. » Mais si les cinq droites données s'appuient en même temps sur deux trans- versales L, L', on peut déterminer wï mouvement infiniment petit dans lequel les cinq droites et une sixième droite quelconque de l'espace seront normales au.\ trajectoires de leurs points. » Car ce mouvement sera déterminé par quatre des cinq premières droites combinées avec la sixième. u Quand quatre droites données A, B, C, D sont des génératrices d un hyperboldide, on peut prendre arbitrairement deux auties droites dans l'espace, et déterminer un mouvement infiniment petit dans lequel les six droites seront normales aux trajectoires de leurs points. )> En effet, ce mouvement est déterminé par trois des quatre premières droites et les deux autres. Usage de thyperboloïde à une nappe et d'une surface du quatrième ordre dans la présente question. » Un hyperboloïde à une nappe peut recevoir, d'une infinité de ma- nières, tin mouvement infiniment petit dans lequel les génératrices d'un même système seront toutes normales aux trajectoires de leurs points. » En effet, il suffit de prendre pour axes de rotation conjugués deux génératrices quelconques du deuxième système de génération , le rapport des deux rotations restant arbitraire. j) Dans le mouvement résultant de ces deux rotations, toute autre droite du deuxième système de génération de l'hyperboloïde, prise pour axe de rotation, aura pour conjuguée une droite du même système. De sorte que toutes les droites du deuxième système se trouveront ainsi associées ou con- jiir/uécs deux à deux. ( '099 ) » Ces couples de droites jouissent de nombreuses propriétés que j'ai exposées ailleurs (i) et sur lesquelles je ne reviendrai pas. M Mais je veux ici montrer que toutes ces propriétés de l'hyperboloïde à une nappe, qui dérivent naturellement de la considération du mouvement infiniment petit, se retrouvent dans des surfaces réglées du quatrième ordre qu'on forme en faisant tourner les génératrices de l'hyperboloïde autour des points dans lesquels elles rencontrent une section plane de la surface; en d'autres termes, en déformant d'une certaine manière l'hyperboloïde. )i Concevons deux sections planes quelconques de l'hyperboloïde, qui seront deux coniques C, C Toutes les génératrices d'un même système rencontrent ces deux courbes en des points a, b, c,... sur lune, et a', b', c',... sur l'autre. » Que l'on déplace la conique C, et qu'on lui donne une position quel- conque par rapport à C restée fixe; qu'on joigne les points a, b, c,... de celle-ci à leurs correspondants a', b', c',... dans leur nouvelle position, par des droites flfl', hb',... : ces (/?oïtes (qu'on peut considérer comme les généra- trices de l'hyperboloïde qui auraient tourné autour de leurs pieds a, b. c,...) , forment une surface du quatrième ordre. » Cette surface pourra se réduire au troisième ordre, ou au second ordre, c'est-à-dire redevenir un hyperboloïde ou un cône; elle pourra même se réduire à un plan, les génératrices devenant alors les tangentes d'une courbe de quatrième ou troisième classe, ou d'une conique. » Cette sur/ace du quatrième ordre a, comme l'hjperboloïde primitif, la propriété de pouvoir recevoir un mouvement infiniment petit dans lequel toutes ses génératrices seront normales à leurs trajectoires. » Pour déterminer ce mouvement, qui est unique, il suffit de prendre deux systèmes de quatre génératrices quelconques de la surface, et de chercher les deux transversales qui s'appuient sur les quatre génératrices de chaque système. Les deux couples de transversales ainsi obtenues seront deux couples d'axes conjugués de rotation, et détermineront le mou\ ement infiniment petit. M Chaque système, de quatre génératrices de la surface du quatrième ordre donnera lieu à deux transversales s'appuyant sur ces quatre droites. » Tous ces couples de transversales jouiront de toutes les propriétés géomé- triques des couples de génératrices conjuguées du premier mode de génération de C hyperboloïde, et en général de toutes les propriétés des systèmes d'axes de rotation conjugués, dans le mouvement infiniment petit d'un corps. (l) Journal de Matliémaliqucs ; t. IV, p. 3()8. — Com/itn- rrnr/us : t. XVI, ji, f/\9g. ( I lOO ) » Mais, sans nous arrêter sur ces détails, faisons connaître les propriétés £;éoniétriques principales de la surface du quatrième ordre dont il s'agit. )) i" Chaque (jénéralrice de la surface est rencontrée par deux outres cjéne- ratrices, et par deux seulement : les points de rencontre de toutes ces génératrices Jonnent une courbe à double courbure du troisième ordre [une cubique qauche). « 2° Ln droite qui joint le point de rencontre de deux génératrices au point de rencontre de deux autres^ et lu droite d'intersection du plan des deux premières ijenérali ices par le plan des deux autres, forment un système d'axes de rotation conjugués dans le mouvement infiniment petit de la surface. » De sorte que ces deux droites jouissent des mêmes propriétés que les couples de transversales qui s'appuient sur quatre génératrices de la surface. » 3° Les plans dans lesquels les généralrices se rencontrent ainsi deux à deux forment une développable du quatrième ordre circonscrite à la surface réglée. n 4° Réciproquement, quand une développable du quatrième ordre éprouve un déplacement infiniment petit, si par le foyer (i) de chaque plan tangent à cette surface, on mène les deux autres plans tangents qui passent par ce point., lesquels couperont te premier suii'ant deux droites, toutes les droites ainsi déterminées formeront la surface réglée du quatrième ordre. n C'est de cette propriété de la développable du quatrième ordre, facile à démontrer, que l'on conclut que la surface réglée formée au moyen de rhvperboloïde, peut prendre un mouvement infiniment petit dans lequel ses génératrices sont normales aux trajectoires de leurs points. » 5° Les plans tangents à la développable coupent la surface réglée à laquelle elle est circonscrite, suivant des conicjues, au nombre desquelles sont les deux coniques primitives C, C. « 6" Les génératrices a a', bb', ... de la surface rencontrent toutes ces coni- ques en des points qui divisent ces courbes homograpliiquement; c'est-à-dire que les figures formées dans les plans des coniques par ces points sont homogra- phiques entre elles, comme cela a lieu à l'égard des deux coniques primi- tives C, C dans l'hyperboloïde. )i 7" Réciproquement, les plans des coniques divisent homograpliiquement les génératrices de la surface. » Plus généralement, ces plans divisent homograpliiquement toutes les droites suivant lesquelles ils se coupent deux à deux. n 8" Les cànts circonscrits à la surface, qui ont pour sommets les points d in- tersection des génératrices, c'est-à-dire les points de la cubique gauche, sont du second ordre (a). Il Compte.'! rrnr/iis; t. XVI, p. 1420. (2) On reronnaît à cette propriété la surface que M. Cayley a formée avec les cordes ( «>o. ) » 9° Les plans lam/cnts à loiis ces cônes, lesquels passent par les cjénéralrices de la surjace, lonclient les cônes suivant des arêtes qui Jorment sur leurs surfaces des figures lionwgrapliiques. » Jo° Et réciproquement, tes points dans lesquels ces plans tangents touchent les génératrices de la surface divisent liomographiquement toutes ces droites ( i ). Antre construction de la surface du quatrième ordre. » On peut se servir de l'hyperboloïde à une nappe pour former d'une autre manière une surface réglée du quatrième ordre qui présentera les mêmes propriétés que nous venons de trouver. » Concevons deux cônes circonscrits à l'hyperboloïde. Chaque généra- trice d'un même système les touche en deux points a, a', et détermine sur leurs surfaces deux arêtes A, A'. De sorte qu'on aura sur un cône des arêtes A, B, ... et sur l'autre des arêtes correspondantes A', B', .... » Qu'on déplace le second cône et qu'on lui donne une position quel- conque par rapport au premier : » Les plans tangents aux cônes suivant les arêtes A, B , . . . , et A', B', . . . res- pectivement, se couperont deux à deux suivant des droites qui formeront une surface du quatrième ordre. » Cette surface, de même espèce que la précédente, jouira des mêmes propriétés. Ainsi on pourra lui donner un mouvement infiniment petit dans le- quel ses génér'atrices seront toutes normales aux trajectoires de lenr^s points. » Conséquemment, six quelconques de ces dr-oites pourront être prises pour les directions de sixjorces en équililu'e ; etc., etc. d'une cubique gauche. Je profite de cette occasion pour insérer la Note suivante de M. Cayley, qui est parvenue trop tard pour être jointe à sa coinmunicalion du ao mai {Comptes rendus, p. io36) : ) D'abord pour les ordres pairs, c'est évident; caria courbe d'intersec- tion d'un hyperboloide par une surface d'ordre m est une courbe à double courbure d'ordre pair im. » Mais on peut aussi tracer sur l'hyperboloïde, et cela au moyen de sur- faces d'ordre ?n, des courbes à double courbure d'ordre impair irn -\- i . o Cette proposition résultera d'un mode de génération des courbes à double courbure que j'ai déjà appliqué aux courbes du troisième ordre (2}, et dont voici l'énoncé général : " Si l'on a trois Jaisceaux de surfaces d'ordre m, n, p respectivement, dans lesquels les surfaces se correspondent trois à trois anharmoniquenient, le lieu des points d' intersection de trois surfaces correspondantes est une courbe à double courbure d'ordre (mn + np -+- pni. ) )) C'est-à-dire que cette courbe est rencontrée en [mn ■+■ np + pm) points par un plan quelconque. » Que l'on prenne pour les sin-facesdu second faisceau, des plans passant (i) Comptes rendus ; t. XVI, p. 1420. (2) Aperçu historique, p. 4o5, art. 8, 9, 10. — Comptes rendus ; t. XLV, p. igS. .44.. ( l.o/i ) par une même droite; et de même pour les surfaces du troisième faisceau ; on aura «^ i , y? = i ; et la courbe lieu des points dans lesquels chaque droite d'intersection de deux plans homologues des deux faisceaux de plans rencontre la surface correspondante d'ordre m, sera une courbe d'ordre {2in -h i). ■> Or la droite d'intersection de deux plans correspondants des deux fais- ceaux de plans engendre un hyperboloïde qui passe par les axes de ces deux faisceaux. Cette droite rencontre chacun de ces axes en des points qui cor- respondent anharmoniquement aux surfaces du premier faisceau d'ordre m. On peut donc dire que les génératrices de l'hyperboloïde correspondent aii- liarmoniquement aux surfaces. Et dès lors la proposition prend cet énoncé : 1) Si l'on a un faisceau de surfaces d'ordre m et un liyperboldide à une nappe dont les (jénératrices d'un même système correspondent anharmoniquement, une à une, aux surfaces: » Le lieu des points d'intersection de chacune surface et de la génératrice correspondante sera une courbe à double courbure d'ordre {iiu ■+- i). » On peut donc tracer sur l'hyperboloïde des courbes à double cour- bure d'ordre impair quelconque, de même que des coiu'bes d'ordre pair, sans que ces courbes soient accompagnées d'une ligne droite ou d'autres lignes étrangères à la question. « ASTRONOMIE. — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Plana, intitulé : u Sur l'intégration des équations différentielles relatives au mouvement » des comètes, établies suivant l'hypothèse de la force répulsive, définie » par M. Faye, et suivant l'hypothèse d'un milieu résistant dans l'espace; » par M. Faye. « L'illustre auteur de ce Mémoire établit, pour l'une et l'autre hypo- thèse, les relations qui doivent exister entre l'accélération du moyen mou- vement et la diminution de l'excentricité, puis il montre que si l'on veut déduire le dernier élément du premier à l'aide de ces relations, pour les comètes périodiques calculées par Encke et par Axel MoUer, on obtient des résultats plus concordants avec l'observation dans l'hypothèse du milieu résistant que dans celle de la force répulsive. » Ma réponse porte sur ces deux points ; i" le choix du critérium qui, selon M. Plana, permettrait déjuger les deux théories; iP la forme adoptée par l'illustre géomètre pour les équations différentielles du mouvement dans le cas de la résistance, forme qui répond à une supposition inadmissible et . sans aucune réalité dans la nature, )) Sur le premier point, je ferai observer que, pour la comète d'Êncke, ( no5 ) la différence des deux hypothèses, en ce qui touche l'excentricité, n'est que (le quelques dixièmes de seconde dont l'observation ne peut répondre, et que pour la comète de M. Moller, s'il es! vrai de dire que les trois appari- tions de cette comète suffisent à mettre hors de doute la diminution de l'excentricité et surtout l'accélération du moyen mouvement, elles ne suffi- sent ptas pour en fixer définitivement la valeur. » Oserai-je invoquer ici l'autorité de Bernoulli, qui recommandait aux géomètres de son temps de ne pas trop presser, en physique, les consé- quences de leurs formules, et serait-ce donner à ce sage conseil une inter- prétation trop large que de dire que, pour juger une théorie, il n'est pas prudent de chercher un critérium dans les plus petites quantités dont l'ob- servation cesse de répondre et que les calculs théoriques eux-mêmes n'ont pu jusqu'ici embrasser complètement (i)? u Sur le second point j\I. Plana s'exprime ainsi : « Le milieu résistant » auquel on applique les formules (28) n'est pas l'éther impondérable et » universel qui propage la lumière; c'est une espèce d'atmosphère qui en- » toure le Soleil. Il ne s'agit ici d'expliquer ni son origine, ni le mode de » son existence, ni la cause de son invisibilité, mais seulement de soumettre » ses effets au calcul et de les comparer aux résultats des observations, re- » lativement au mouvement du centre de gravité. » Quoique je sois pro- fondément convaincu qu'il n'est pas permis d'introduire une hypothèse sans s'informer tout d'abord si elle a par elle-même quelque chance de réa- lité par son harmonie avec le reste de la science, j'accepterai pour le mo- ment, sans discussion préalable, l'hypothèse du milieu résistant : mais on m'accordera du moins qu'avant d'en faire usage il faut savoir si ce milieu peut être en repos, ou s'il doit circuler autour du Soleil, car ces circon- stances influent nécessairement sur l'analyse qui découlera de l'hypothe.se. M. Plana ne s'explique pas sur ce point essentiel, mais ses équations diffé- rentielles (B') : d'x k.x — H' ds dx lïF '^ ~r^ ~ r" "dt"dt^ d^y k.y _ — H' ds dy ~dF r= r' " de ' dt ' disent clairement qu'il tient cette espèce d'atmosphère pondérable pour immobile. Or cette immobilité est impossible : aucune particule pondérable ne saurait subsister dans le système solaire à moins qu'elle ne tombe ver.s (i) On a toujours négligé, par exemple, les inégalités périodiques dues à l'action de i.i cause qui produit l'accélération. ( rio6 ) le Soleil ou qu'elle ne circule autour de lui; il n y a pas place ici pour luie autre alternative. J'ai taché d'expliquer ailleurs par quelle singularité les géomètres qui ont traité du milieu résistant ont oublié l'impossibilité d'un milieu immobile, impossibilité que Laplace a pourtant signalée delà ma- nière la plus nette. Toujours est-il que le débat se résume maintenant dans ce dilemme : ou ce milieu n'existe pas, ou il doit circuler autour du Soleil. S'il n'existe pas, comuient pourrait-il résister; et s'il circule autour du Soleil, les équations différentielles (B'), d'où dérivent à la fois les formules (28) et les conclusions du Mémoire de M. Plana, doivent prendre une forme tout à fait différente que j'ai donnée dans un Mémoire du 9 janvier 1860, posté- rieur à ceux que M. Plana a bien voulu examiner. J'ai montré à cette occa- sion que les idées qu'on s'était faites sur l'action d'un milieu résistant inter- planétaire devaient être complètement modifiées : au lieu de faire parcourir aux astres une spirale qui doit les rapprocher incessamment du Soleil et finalement les précipiter sur lui, l'action d'un tel milieu porte principale- ment sur l'excentricité; une fois que cet élément est suffisamment affaibli, l'orbite devient de plus en plus circulaire, mais le grand axe cesse de dimi- nuer et l'astre ne se précipite nullement sur le Soleil (i). " Ainsi les formules ('.48) ne sauraient répondre a une hvpotbese douée d'une réalité quelconque. Je soumets ces réflexions aux astronomes et sur- tout à l'attention de l'illustre géomètre de Turin. » .ASTRONOMIE. — Sw la coiislitittion du système planétaire. — Théorie cl Tables de Mars; par M. Le Verrier. ( f^etfre adressée a M. te Marërliat VaUlanl. ) « Mousieur le Maréchal, >' T^intérèt que vous portez à l'avancement de l'astronomie et aux progrés de nos connaissances dans la constitution du système du monde, vous a fait suivre avec bienveillance la longue étude que j'ai entreprise sur les quatre planètes Mercure, Vénus, la Terre et Mars. Je vous annonce avec satisfaction la fin de ces recherches; la dernière partie, concernant les mou- vements de Mars, est enfin terminée. « Le résultat le plus pratique de ces travaux est satis cloute d'avoir tiré de la comparaison de la théorie avec les observations, des tables astrono- miques d'tnie précision supérieure et généralement adoptées aujourd'hui. Toutefois, l'espoir de donner aux tables des mouvements planétaires une rigueur absolue semblerait insuffisant pour déterminer un astronome à II) Comptes rendus, t. L, p. 75 et suivantes. ( ."07 ) entreprendre un rude labeur de quinze à vingt années, s'il n'était soutenu par la pensée d'avoir au moins piéparé quelque nouvelle découverte: pen- sée ambitieuse, mais qu'autorisaient des difficultés de plus d'un genre. L'illustre astronome de Kœnigsberg n'avait-il pas avoué que la théorie du Soleil n'avait pas fait les i)rogrès qu'on eût dû attendre du grand nombre et de la précision des observations? )) Laissant donc de côté les longues formides et les calculs fastidieux, les immenses séries d'observations et l'aridité des tables numériques, eu un mot tout l'attirail du métier, je me bornerai à vous parler des conséquences de mon travail au point de vue de la constitution physique du monde. » L'existence des corps de notre système se révèle de la manière la plus simple lorsque nous parvenons à les voir. Il y a toutefois lieu de craindre que plus d'un corps ne nous échappe, si, nous bornant à la vision directe connue moyen d'investigation, nous n'arrivons à suppléer par quelque voie détournée à l'insuffisance de nos yeux, même armés des plus puissants appareils d'optique. )' Les plans des orbites dans lesquelles se meuvent les planètes, se dé- placent à la longue par suite de l'action des masses extérieures au Soleil ; il en est de même de l'orientation des orbites, et leur forme subit elle-même une altération. On comprend que la mesure de ces changements, constatés par les observations, puisse servir à peser les masses qui les produisent. 1) En outre, si l'on suppose que les seules masses perturbatrices soient les planètes connues, il faudra que les résultats tirés des changements de toutes les orbites s accordent à donner les mêmes valeurs des masses; sinon, ou aura nécessairement omis quelque cause étrangère. )) C'est bien ainsi que la question était posée. Peut-on, eu attrU)uant aux planètes connues des masses convenables, rendre compte de toutes les observations? Ou bien se trouve-t-il quelque part dans notre système luie quantité notable de matière dont on n'ait pas tenu compte et dont la con- sidération devienne indispensable? » L'étude isolée de chacune des planètes ne permettrait poiiU de répoudre à cette question : tandis que la comparaison de l'ensemble des résultats nous aiUorisera à prononcer avec sécurité. Je prendrai doue dans la nou- velle théorie de Mars et dans mes travaux antérieurs tout ce qui est néces- saire à mou but actuel, mais rien de plus. » La position et la petitesse de Mercure et de Mars ne leur laissent point exercer une grande action sur les corps de notre système. Les observations ;le Vénus permettent d'évaluer Mercure à un cinq-millionième {jj;-ôiwôû) f'<^ ( iio8 ) la masse du Soleil ; tandis que le mouvement de la Terre, déduit des obser- vations du Soleil même, porte la masse de Mars à la trois-millibnième partie (tttttoôôô') '^" Soleil. Les incertitudes qui pourraient subsister dans ces nombres n'ont aucune influence sur ce qiii va suivre. )) La masse de Vénus est la quatre-cent-millième partie environ ( 4 „ p'u o o ) ^^ la masse du Soleil. On arrive à ce résultat par plusieurs voies : par la con- sidération du déplacement du plan de l'écliptique; parla mesure physique des perturbations périodiques de la Terre de i^So à 1810 et de 181 1 à i85o ; par la mesure des inégalités périodiques de la longitude de Mercure. Tous les résultats se confirment les uns les autres. » I^a masse de la Terre est la trois-reiit-cinrjuante-cinrj millième ( 3 5 ^'o 0 u ) de celle du Soleil. On déduit ce nombre de la mesure de la gravité à la sur- face de la Terre, comparée à la chute de notre planète vers le Soleil. )>■ Ces données étant posées, on peut établir avec elles la théorie de Mars et la comparer ensuite aux observations méridiennes faites depuis un siècle, ainsi qu'avec les observations d'une approximation de Mars à l'étoile i];, du Verseau qui furent faites en 1672, à Paris par Cassini et Roèmer, à Cayenne par Bouguer qui s'y était rendu pour étudier les réfractions, l'obliquité de l'écliptique, et la parallaxe de Mars. )i Or j'ai reconnu qu'il n'est pas possible de représenter ainsi toutes les observations de la planète; pour y parvenir, il est nécessaire d'';«(yfmenter le mouvement du périhélie de Mars. Cet accroissement, si on veut l'obtenir par un changement dans les valeurs reçues pour les masses des planètes, ne ])oiirrait résulter d'une modification de la masse de Vénus (elle n'a pas assez d'influence sur le mouvement de Mars), mais bien seulement d'une addition à la masse de la Terre, addition qui devrait être égale au dixième de la valeur posée plus haut. » Nous discuterons plus loin les conséquences de ce résultat, confirmé d'ailleurs par une déduction tirée de la théorie de Vénus. L'accroissement des latitudes de cette planète conduit à une condition d'une rigueur extrême qui ne peut être satisfaite qu'en augmentant ou la masse de Vénus ou celle de 11 Terre. En publiant la théorie de Vénus, je faisais déjà remarquer que les conditions rappelées plus haut ne permettaient pas de louchera la masse de Vénus; qu'il paraissait donc nécessaire d'augmenter de un dixième la niasse de la Terre; mais qu'en raison de la gravité de cette conclusion, il convenait, avant d en tirer les conséquences, d'attendre que la théorie de Mars fût terminée. Or. nous venons de le voir, la théorie de Mars exige à son tour que nous accroissions la masse de la Terre précisément de un dixième. f iiog ) ) La constitution delà partie inférieure de notre système planétaire, dé- (i) Nous avons, il est vrai, par la détermination de l'équation lunaire de la Terre, trouve que la masse de la Terre elle-même devrait être augmentée ainsi que la parallaxe. Mais ce résultat dépend d'une trop petite fraction de l'équation lunaire pour qu'on ne pût pas à la rigueur en faire le sacrifice. Les données ultérieures que nous discutons aujourd'hui sont beaiicou-p plus précises. 1 4 5 . . ( ma ) diiite de la discussion des observations, pourrait donc se résumer comme il suit : » i" Outre les planètes Mercure, Vénus, la Terre et Mars, il existe entre le Soleil et Merciue un anneau d'astéroïdes, dont l'ensemble constitue une masse comparable à celle de Mercure lui-même. » '2° A la distance de la Terre au Soleil, se trouve un .second anneau d'astéroïdes, dont la masse est au plus égale à la dixième partie de la masse de la Terre. » 3" La masse totale du groupe des petites planètes situées entre Mars et Jupiter est au plus égale au tiers de la masse de la Terre. » If Les masses des deux derniers groupes sont complémentaires l'une de l'autre. Dix lois la masse du groupe situé à la distance de la Terre, plus trois fois la masse totale des petites planètes situées entre Mars et Jupiter, forment une somme égale à la masse de la Terre. » Cette dernière conclusion dépend de la mesure de la distance de la Terre au Soleil, par l'observanon des passages de Vénus , mesure que les astronomes s'accordent à considérer comme très-précise. » Je ne désespère pas, Monsieur le Maréchal, d'obtenir quelque lumière nouvelle sur ce sujet délicat. Mais ce sera surfout aux astronomes nos suc- cesseurs, qu'il appartiendra de se prononcer définitivement, quand de nou- velles séries d'observations longues et précises auront été accumulées. Puis- sent les immenses matériaux que nous avons réunis leur être alors de qiKilque utilité. « La succession des siècles, » dit Sénèque dans un remarquable passage sur les comètes, « la succession des siècles développera ces mystères; nos '1 descendants s'étonneront de notre ignorance sur des vérités si simples, » si natiwelles. Quant à nous, étudions la nature, hasardons quelques » ('onjectures sans présumer d'avoir atteint la connaissance de la vérité, » mais aussi sans désespérer d'y parvenir. » GÉOLOGIE. — Sur les micaschistes nacrés des montagnes occidentales du liassin du Rhône; jjar M. J. Fourxet. « Dans ces roches, le mica est jjeu coloré ou incolore, à l'état de lamelles fines et serrées entre elles, de manière à communiquer à la masse un éclat tellement spécial, qu'il me paraît suffisant pour constituer un caractère di.s- tinclif. Le |)lus généralement connu de ces micaschistes nacrés est celui qui ( iii3 ) nous arrive des Alpes du Saint-Gothard, accompagné de ses beaux cristaux de disthène et de staurotide. On y rencontre aussi des grenats et des tour- malines sur d'autres points des mêmes montagnes. i> Les micaschistes nacrés n'offrent pas partout la perfection du précé- dent. Leur état cristallin est quelquefois imparfait; ils laissent entrevoir au milieu de leurs masses un schiste argileux dont ils semblent dériver. Étant d'ailleurs généralement aussi éloignés que possible des grands centres d'éruption du granit ancien, ils sont établis dans des positions intermé- diaires entre les schistes chloriteux et les micaschistes grossiers. Telle est du moins la conclusion à laquelle aboutiront les détails dans lesquels je vais entrer, en attendant que l'avenir me permette den compléter la con- naissance. » Ceci posé, je déclare n'avoir pas encore rencontré le micaschiste nacré au nord de Lyon, on les montagnes, le bas plateau du Beaujolais, l'ensemble du cirque de l'Arbresle, etc., sont occupés par les schistes chloriteux et par les terrains carbonifères, sur lesquels ont agi les porphyres et les syénites. 11 iaut arriver à la chaîne dizeron et an bas plateau lyonnais poia- rencon- trer les roches cristallines primordiales; mais celui-ci étant trop déprimé n'offre encore que des granits, des gneiss et des micaschistes grossiers jus- qu'à l'approche du Pilât dont le soulèvement intense a enfin amené au jour le micaschiste nacré. » Celui-ci commence à se montrer près des bords du Couzcn sur la rive droite du Gier; mais, poiu' le voir développé avec ses caractères fonda- mentaux, il faut gagner les points où l'arête du Pilât s'est abaissée dans le bas plateau comme, par exemple, vers Trêves, station qui est pour ainsi dire hors de l'influence de la masse granitique de la montagne. Sur la partie en question, un soi de couleur pâle, amaigri par les détritus de la roche micacée, est l'indice de la nouvelle formation. Bientôt on en reinarque les dalles, généralement plates, disséminées sui' les bords des chemins; enfin on rencontre le système en place sous léglise même du village. » Les rampes vivaraises en offrent encore successivement des lambeaux plus ou moins étendus, tels que ceux de la vallée du Doux où ils contien- nent des cristaux de staurotide, ceux des environs de la Voulte, du Pape sur l'Eyrieux et de Boffrcs. Enfin, pour trouver des nappes continues, il faut franchir le Tanargue, arête transversale à la chaîne générale comme le Pilât et intermédiaire entre lui et la Lozère, tant par sa position que par sa hauteur de iSaS mètres, celle du Pdat étant de j433 mètres, et le Cru- cinas dans la Lozère atteignant 1718 mètres. Tous trois sont également ( r"4 ) granitiques, mais leTanargue préside à une éniersion encore plus complète de la formation micaschisteuse. On ne la perd pour ainsi dire plus de vue depuis les hauteurs de Pigère jusqu'au delà de Bessége. Mais, déjà ici, au milieu des méandres de la Cèse et en tirant de Peyremale vers Vialas, on découvre un mélange de lames à mica brun avec des nœuds de quartz tourmalinifères, et d'assises verdàtres sur lesquelles nous aurons à revenir par la suite. Leur direction est à peu prés IM.-S. incl. E. 20 à aS". M Sur les hauteurs de Tarabias et de Dieuses(alt. 600 mètres), de même qu'à la descente vers Genolhac (ait. 493 mètres); l'ensemble est nacré, blanc et analogue à la roche de Trêves, et pourtant il est lié à une assez grande quantité de lames semblables à des ardoises fortement lustrées, blanches ou grises. On y rencontre, en outre, des bancs plus épais, plus grossiers, finement grenus entre leurs lamelles micacées et dont on pourra faire au besoin des grès schisteux à très-petits grains, ou bien encore des sortes de quartzites très-schisteux; mais, avant tout, il conviendra de s'assurer si ces granules sont du feldspath ou du quartz dont la cristallisation a été simplement atrophiée. Quoi qu'il en soit, vers Vialas (ait. 227 mètres), ces mêmes roches paraissent rubanées de gris et de blanc, suivant les feuillets qui tour à tour sont micacés et sableux. Les filons plombifères de la localité sont inclus dans ces schistes qvi'ils ont torturés dans leur voisinage et dont ils empâtent les débris parfois métallisés. » En montant de Vialas à la source du Gardon d'Alais, le schiste, repre- nant un caractère plus ardoisé, ne laisse d'abord plus voir les parties ruba- nées; mais, vers les grandes hauteurs de Saint-Privat-dc-Vallongue, on re- trouve les espèces de quartzites schisteux qui se laissent lever en plaques épaisses, dures, propres à daller les granges et à confectionner des marches d'escalier. Quelques-uns des micaschistes nacrés de cette partie renferment de petits prismes noirâtres, dont on fera à volonté des staurotides ou des mâcIcs.,Au sur[)lus, les mêmes variations se renouvellent tout le long de l'interminable descente delà vallée du Gardon, et le miroitement de ces ro- ches ne contribue pas peu à aggraver la fatigue. Elles réfléchissent la lumière du soleil méridional avec luie intensité qui blesse les yeux, à peu près comme pourrait le faire un tapis de neige. Naturellement cette lumière est fortement polarisée. » Avant d'aller plus loin, je fais remarquer que si j'ai insisté sur les par- tics argileuses et sableuses de la formation, il ne faudrait pas en conclure qu'elles dominent dans l'ensemble; j'fli simplement voulu faire ressortir les oscillations du système entre deux constitutions minéralogiques différentes, ( ii'5) parce que ces variations sont de nature à jeter du jour sur la géogénie de la formation. Elles indiquent évidemment une période durant laquelle la tendance à la cristallisation, si manifeste chez les micaschistes ordinaires, se trouvait notablement amoindrie. Alors aussi l'influence du calorique, pri- mitivement toute-puissante, allant en s'affaiblissant, laissait à l'eau une part plus large, et, par suite, son rôle devenait plus conforme à celui qu'elle a joué depuis dans les dépôts secondaires et tertiaires. Ceci posé, reprenons le fil de nos détails stratigraphiques. » En aval duCoUet-de-Dèze, à l'approche de la Levade, les schistes ver- dissent notablement, sans être pour cela sensiblement micacés. Cet aspect devient peu à peu plus fréquent au milieu des micaschistes nacrés et blancs; mais, auprès du torrent de Valoussières, des accidents plus hardis dérangent l'imiforniité générale. Ils se lient à la présence d'une roche dont l'apparence gneissique ainsi que la dureté sont occasionnées par de nombreuses veinules de quartz, parallèles à la stratification, associées à une sorte de chlorite, et, de plus, mie multitude de petits points quartzeux et feldspathiques sont distribués entre les feuillets schisto-miçacés assez largement cristallisés, bruns ou verts. Enfin, à la Levade, près du terrain houiller, l'ensemble de- vient décidément chloriteux. » Ces nouveaux schistes, qui s'annonçaient depuis quelque temps, sont probablement sur le prolongement des roches qu'au début de mon circuit je rencontrai sur les bords de la Cèze, et leur ressemblance avec celles des environs de Chessy et de Sain-Bel ne me laisse aucun motif pour douter de l'existence du système des schistes chloriteux sur la périphérie du massif de la Lozère. S'il a échappé jusqu'à présent à l'attention des géologues du pays, c'est parce que, étant presque immédiatement recouvert par les terrains houillers et secondaires, il ne montre point le beau développement qui le rend si remarquable dans le Lyonnais. Au surplus, sans quitter le midi de la France, on verra que, par leur position excenti'ique, les schistes verts du Gardon et de la Cèze sont en quelque sorte le prélude des schistes siluriens, des calcaires dévoniens et carbonifères, dont nous avons rencontré, M. Graff et moi, les belles et puissantes nappes fossilifères non loin d'ici, dans les en- virons deNeffiez, et dont, en i85o, j'ai poursuivi isolément l'étude le long de la base de l'Espinouse. Ici encore, en montant des bords de l'Orb, à Hé- répiau (ait. 184 mètres), aux hauteurs du Mas-de-Souliès qui, au sud-est, limitent l'horizon de Saint-Gervais (ait. 585 mètres), j'ai retrouvé, au-dessous des terrains de transition, les schistes ardoisés, les quartzites et les schistes verts dont la cristallisation chloriteuse est simplement moins prononcée que ( ,1.6) dans le lyonnais; mais bien certainement on en déconvre qm seraient de nature à faire hésiter, quant à la provenance, si l'on ne possédait que de simples échantillons de l'une et de l'autre station, tellement leur ressemblance est parfaite. D'ailleurs, en descendant des hauteurs gneissiques et graniti- ques de l'Espinouse (ait. 1284 mètres) vers Saint-Pons-de-Thomières, on peut reconnaître qu'en général le caractère ardoisier augmente en raison de l'éloignement des centres primordiaux, en même temps que les calc,;ires acquièrent une plus grande importance en se montrant finalement à l'état de bancs cristallins, parfois très-puissants. » En résumé, les micaschistes nacrés du Lyonnais et de l'Ardèche sont les premiers indices du bel ensemble de la Lozère et de l'Espinouse. Sauf les perturbations qui jettent quelques désordres dans l'ensemble, ils passent aux schistes chloriteux, entremêlés comme eux de schistes argileux plus ou niouis purs, plus ou moins quartzeux. La différence roule principalement sur I in- tervention postérieure de l'élément ferreux cpii a verdi les derniers termes delà série azoïque, laquelle tendait à passer graduellement au puissant sys- tème silinnen fossilifère, en présentant des marbres cristallins dont les ana- logues se retrouvent dans- le Lyonnais, à Ternand près de Tarare, comme à Vaux siu- la Vauxonne dans le Beaujolais. » En thèse générale, je ne regarde la description d'un terrain comme étant bien complète, qu'autant qu'elle est appuyée d'observations sur l;i configuration du pays dont il forme une partie vraiment miportante. On excusera donc les derniers détails dans lesquels je vais entrer. « Le micaschiste nacré est susceptible d'être clivé en feuillets sinon aussi minces que les ardoises, du moins capables de fournir des plaques pouvant servir en guise de tuiles. L'abondance de ces sortes de produits désignés sous le nom de lauses dans la grande majorité de la France méridionale, a fait supposer que celui de Lozère n'a point d'autre origine, la contrée n'étant, poin- ainsi dire, qu'une immense carrière de ces sortes de pierres. .Te n'ai |)as a m arrêter davantage sur cette étymologie; par contre, je ferai reiharquer que leur schistosité se prête admirablement à l'action des moyens de démolition employés par la nature. Mais sous le climat méditer- ranéen, c'est aux énormes averses amenées par le sud qu'est dévolue la prin- cipale part. On rencontre donc assez fréquemment des collines écorchées, des crêtes souvent dentelées, des incisions verticales e.i profondes, servant à des écoulements temporaires. » Toutefois ces effets, qui peuvent pour un moment fixer rallontioM du j)assant. ne sont que d'insignifiants accidents à côté des creusés effectués ( "17 ) par les rivières du pays, les trois Gardons, le Galeizonje Liiech, rFIomol et la Cèze, cours d'eau plus dévergondés les uns que les autres dans les mo- ments de leurs exaspérations, et tous dignes d'être indifféremment pris pour types d'un genre de torrentsqni n'est ni le Nant ordinaire, ni le Nanl sauvacjc des Alpes. Il diffère également du genre de la rivière torrentielle. Habituelle- ment, les fleuves des pays plats sont méandriques, comme l'est la Seine, ils le deviennent surtout, lorsque, approchant des embouchures, leurs lits allu- viaux se nivellent avec la mer. Ici les méandres transportés dans la nîou- tagne faussent la loi générale, les plis et les replis les plus tortueux, les plus excentriques, se succèdent parfois avec une stupéfiante brusquerie, et il n'est guère possible de les expliquer uniquement par les f lillcs dont l'inter- vention aurait facilité ces sortes de tracés. » Pour les concevoir, il faut remonter à la constitution de l'ensemble du terrain; il faut tenir compte de l'intercalation des quartzites plus solides au milieu des parties plus ardoisières. Dans l'impossibilité de rompre toujours directement ces barrières, l'eau ne peut que les longer jusqu'à la rencontre d'une partie faible, capable de céder à son action. Pénétrant ensuite dans une nouvelle série de feuillets tendres, elle tend à reprendre le fil de la pente naturelle du sol, et elle y revient, en suivant plus ou moins exacte- ment leur direction, en s'infléchissant dans leur sens. De là finalement ces sinus gigantesques, pressés les uns contre les autres, dont l'observateur se plait à examiner les étranges déviations dans certaines parties des rampes de ces montagnes. Les berges rapides, la profondeur des excavations, leur difficile parcours, se laissent ensuite comprendre facilement. A moins de percer ime interminable suite de galeries, l'établissement des routes rive- raines y serait impossible; aussi sont-elles fort souvent établies sur le dos des contre-forts qui les séparent. Ce n'est guère qu'aux débouchés >ters les plaines, où se montrent des terrains différents, où la pente est adoucie, ou bien encore vers leur origine, là où les torrents sont pour ainsi dire nais- sants, que les vallées prennent des physionomies différentes. Sur ces hau- teurs en particulier, elles peuvent simuler les douces combes oxfordiennes du Jura, témoin la Vallongue près de Saint-Privat. Encore celle-ci est limi- tée, vers le haut, par une arête visible de loin, tranchante, âprement dente- lée, et qui sépare le tori-ent affinent du Gardon d'avec le Mimente, affinent d[i Tarn. Le col où elle est établie est désigné sous le nom de Jalcrest, traduc- tion languedocienne des mots (jalli crista (crête de coq). Les filons pIondM- fères de Bluech etPradal, établis à cette altitude de 84o mètres, intervien- C. R., i86i, i" Senicslie. (T. LU, N» 22.) 1 4^ ( ï"8 ) nent dans cette configuration, en ce sens, le Jalcrest n'en est pour ainsi dire que l'affleurement. » La recherche des relations qui peuvent exister entre le micaschiste nacré et le granit de la Lozère, dont l'identité avec ceux du Pilât, du Ta- nargiie et de l'Espinouse ne peut pas être méconnue, conduit à d'autres con- sidérations. Etant primordial comme eux, il était solidifié avant cpi'il eût percé au travers de la roche schisteuse; du moins il ne m'a pas été possible d'observer à leur contact les actions réciproques du métamorphisme. Sans doute des fragments micacés sont empâtés dans la roche éruptive; mais ils m'ont paru détachés des gneiss et des micaschistes proprement dits, bien plus que de la formation en litige, lors même qu'elle se trouvait à proxi- mité, comme par exemple à Vialas. L'interposition de ces détritus, dans la masse en fusion, ou plutôt encore suffisamment molle, a fait naître par en- domorphisme luie cristallisation du feldspath toute spéciale, en ce sens que cet élément s'est développé en abondance et au point d'atteindre la lon- gueur du doigt, tandis que les morceaux des roches micacées se distinguent les uns par leur fo!-me fragmentaire, les autres étant tantôt amenés à l'état de boules de la grosseur de la tête, ou bien encore à celui de lames allon- gées et tortueuses. A quelques variantes près, ces |)hénoiiiènes rappellent ceux que présentent les roches de Tournon sur les bords du Rhône, ceux de Pont-l'Evêque près de Vienne, ceux de la cascade des eaux minérales de Charbonnières. D'ailleurs je ne prétends pas avancer qu'ils sont spécia- lement inhérents au granit ancien, et je saisis l'occasion de rappeler que, d'après M. J. Castelnau, les roches de la Lozère sont parfois chargées d'amphibole, circonstance qui nous amène à y caser les syénites auprès des granits anciens. » Ces accident^ se montrent entre autres au piton du Trenze, pyramide haute, rudement sculptée, et qui malgré son aspect ardu n'est que l'extré- mité d'une arête détachée des culmiuances granitiques du Bois-desArmes (altitude i loi™) et du Noc-dc-I\Ialpertus, dominant la source du Tarn (alti- tude 1683"^). Il semble placé en face des rochers schisteux de la Farge et à côté du Chatelas, comme pour défendre l'entrée d'un atfreux bout du monde dont Vialas occupe le centre et vers lequel convergent le Luech, affluent de la Cèze, en même temps que plusieurs autre's torrents qui, à cause de leurs eaux abondantes, ont fait donner le nom d'Aigaviz à l'ensemble de la partie montagneuse où ils sont établis (aiguë, aquci). « M. lis |)our acquérir luie idée jilus large au sujet de la question qui nous occupe, montons sur les hauteurs du col de l'Espinouse, au-dessus de Cas- ( i"9) tagnol. Sur ces sommités, les schistes sont dirigés, en gros, E.-O., incl. S. 9.5'^, contrairement à ce que nous avons vu à Peyremale, et en portant les re- gards en arrière, ^'ialas apparaît connue un point jeté an milieu d'un vaste cirque aquifère, dans lequel le scabreux rocher du Trenze n'est plus qu'iuie minime saillie échappée à la démolition des rampes granitiques qui se dé- tachent du massif central établi au noid. En raison de son âpre nudité et de sa blanclieiu", celui-ci contraste avec le manteau brunâtre et schisteux qu'il surmonte, et ce contraste est encore exalté par le caractère spécial des ruines séculaires de chacun des deux systèmes géologiques mis en présence. Entre les excessives érosions des schistes et les grands démantèlements des granits, l'œil saisit vite la différence qui résidte de Ja structure compacte des uns et de l'état fossile des autres. Ceux-ci s'émiettent, tombent en es- quilles qu'emportent les torrents et laissent sur place de longues et nom- breuses arêtes, orientées dans divers sens, abruptes d'un côté, moins raides de l'autre, dentelées tranchantes, rarement hardies. » Les granits au contraire, monolithes entassés, donnent naissance à des pyramides, à des pilastres, dont le crayon figurera certainement mieux que la parole l'irrégulière façon et les indifférents profils. Tels sont Peyrealte déjà plus élevé que le Pilât (ait. i/jGo™), Malpertus (ait. iGHa""), le Roc des Aigles (ait. 1690'"), enfin le Truc de la Régalisse, sonunet du Criicinas (ait. 17 18"). » De ma station sur l'Espinouse, le désaccord est d'autant plus palpable, qu'elle est sur une des parties hautes de l'enlassement compris entre les plaines rhodaniennes et la montagne proprement dite. Se trouvant, en outre, svn- le versant escarpé de la chaîne, le raccourci laisse voir quelque chose comme Pélion sur Ossa; mais il n'en est plus de même du côté de Mende, vers lequel une douce déclinaison confond le tout dans un vague conunun. Encore, si, sans changer de place, je me tourne vers l'est, tout se simplifie avec l'abaissement pr'ogressif de la nappe schisteuse. On ne voit donc plus qu'une l'épétition continuelle de contre-forts, dont les hauleui's suc- cessivement amoindries s'effacent au loin avec l'horizon nivelé des pays-bas languedociens, ou bierr avec celui de la mer que dans les belles journées on peut distinguer des sommets de la Lozère. Et n'oublions pas que, dans cette direction, le micaschiste nacré ne tardant pas à plonger sous les schis- tes chloriteux, ne se r-elève avec eux que contre les flancs des Alpes, comme je l'ai expliqué dès le début et plus particulièrement dans mon tr-avail sur V Extension des terrains houillers. [Ann. de l Académie de Lyon, iB55.) » Il est naturel d'imaginer qu'indépendamment de sa continuité jus- i4G.. ( I I20 ) qu'aux Alpes, la formation doit aussi se prolonger du côté de la France centrale où s'étend d'ailleurs tout l'ensemble primordial. Toutefois, n'yyanf pas eu le loisir d'en faire la recherche de ces côtés, je me suis contenté d'amorcer la question, en prenant mon point de départ aux environs de Saint-Etienne, près de Saint-Héaiid. Ici au nord de Saint-Priest, à la Guil- lonière, sont étalés des lambeaux houillers non indiqués sur la carte de M. Gruner, mais dont j'ai dû faire mention dans le travail précité. Là aussi on découvre le micaschiste nacré, et il est d'autant nneux caractérisé, qu'à ses propriétés fondamentales se joint l'interposition d'une multitude de ces petits prismes noirs déjà signalés à l'occasion des roches des vallées du Doux et de Saint-Brivat de Vallongue. Or la position de Saint-Héand, sur le versant de la Loire, autorise à conclure que de nouveaux lambeaux, et probablement des nappes soutenues se trouveront redressés au delà du fleuve, contre le massif de Pierre-sur-Antre, et par suite dans diverses par- ties de l'espace occidental. Il y a donc là tout un intéressant sujet d'études dont le résultat sera de jeter un peu de variété sur la trop grande unifor- mité admise à l'égard des micaschistes. » •ASTRONOMIE. — Observations de la planète découverte à Milan par M. Schiaparelli; Lettre du P. Secchi à M. Le Verrier. « M. Schiaparelli, astronome tf Milan, m'ayant communiqné la décou- verte d'une nouvelle planète, qui serait la @, j'en ai fait les observations suivantes avec le micromètre filaire du grand équatorial : I86I. Mai 7 T. M. de Rome. b m s 9 21 .20 Il m 5 10.26. 7,1 83 ©(68) 0 / 1, +7.42.31,26 Nombre des compar. fi . 8 8,26.22 10.26.40,438 7.43.19,15 . 5 9 8.39.57 10.27. '^i488 7.42. 9,10 7 » Grandeur 1 1^ à n". Le 7 et le 8 mai, la planète a été comparée avec l'étoile 20436 L.H.C. = WeisseX''446, et on a adopté la position suivante, déduite à l' équatorial de celle de 48 Lconis: « = io''a6°'9%52, c? = 7"47'36",45. » Le 9 mai, la planète a été comparée directement avec l'étoile 48 Lconis, adoptant la position suivante déduite du XII y catal. : 10" 27" 35', 28, c? = 4- 7° 39' 40", 95. » ( II21 ) M. LE Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur M. Plana, de deux nouveaux ouvrages de l'illustre académicien, intitulés ; Ije premier, Leilres de M. J. Plana à M. John TV. Lubbock sur la Theom de la Lune; Le second, iMémoire sur l'intégration des équations différentielles relatives an mouvement des comètes, établies suivant [hypothèse de la force répulsive définie par M. Faye, et suivant [hypothèse d'un milieu résistant. (Voir au Bulletin bibliographique. ) RAPPORTS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — HYDKAULIQUE. — Rapport sur un Mémoire Je M. DcpciT, intitulé : Mémoire sur le mouvement de l'eau à travers les terrains perméables. (Commissaires, MM. Dupin, Poncelet, Combes rapporleur.) a Le mouvement de l'eau dans les terrains perméables voisins de la sur- face ou situés dans la profondetn-, sous des assises qui les soustraient à nos regards et au libre contact de l'atmosphère, se dérobe à l'observation di- recte. Les phénomènes qu'il présente ont été peu étudiés, et le petit nombre de faits isolés que l'on a recueillis ne sont rattachés entre eux, ou subor- donnés les uns aux autres par aucune vue théorique. C'est cette lacune que M. Dupuit, inspecteur général des Ponts et Chaussées, a essayé de com- bler, dans le Mémoire dont l'Académie nous a chargés de lui rendre compte. » Il est divisé en deux parties. Dans la première, l'auteur établit les for- mules du mouvement des eaux à travers les terrains perméables; dans la se- conde, il applique les principes qu'il a développés aux questions qui inté- ressent l'agriculture, l'économie domestique et l'art de l'ingénieur. Il traite d'abord des eaux traversant des filtres naturels ou artificiels et des terrains accessibles à la pression atmosphérique , comme celles qui alimentent un grand nombre de sources naturelles, remplissent des tranchées superficielle et auxquelles on donne écoulement par des fossés découverts ou des drains. Il examine ensuite le cas des eaux coulant en nappes souterraines, comme celles que Ion rencontre dans le creusement de certains puits de mines, ou que l'on atteint par les puits forés dits artésiens. » M. Dupuit rappelle d'abord la formule/ = ^^{au -+- ^lâ) que les hydrauliciens appliquent au mouvement uniforme de l'eau dans un canal découvert, dont le fond serait incliné à l'horizon d'un angle dont i désigne le s ( I laa ) himis, et fail remarquer que si le canal est rempli par un terrain perméable, du sable par exem|)le, l'eau y prendra une vitesse beaucoup moins grande en coulant à travers les interstices des grains, qui forment comme une infinité de tuyaux très-déliés. Si le sable est bien homogène, tous les filets liquides auront même vitesse, puisque la force mouvante et les résistances à vaincre seront les mêmes partoiU, et on pouri-a appliquer la formule du mou- vement uniforme dans un canal libre en donnant au rapport - du périmè- tre mouillé à la section une c^taine valeur [j. qui dépendra de la nature du terrain perméable. Comme d'ailleurs la vitesse m est toujours fort petite, (iu' sera très-petit par rapport à au et pourra être négligé, de telle sorte qu'on pourra poser simplement l'équation /:= p.u, dans laquelle les deux facteurs - et a sont confontius dans un mi-me coefficient nimiérique a. » La justesse de ce premier aperçu est confirmée par les faits observés, dont on aurait pu déduire la (ormule fondamentale précédente. Plusieius ingénieurs, et notamment feu M. Darcy, ont en effet constaté que le débit par unité de siirface d'un filtre de composition déterminée varie proportion- nellement à la charge d'eau sur la surface filtrante et en raison inverse de l'épaisseur du filtre. Pour un filtre de gros sable dans lequel la somme des espaces vides était les — tlu volume total, M. Darcv a trouvé que le débit ' 100 ' ./ 1 par nietre carré de surface filtrante et par seconde, exprimé en mètres cubes, était représenté par la formule O =z o,ooo3 — , ^ e ou H est la charge d'eau sur la base et e l'épaisseur du filtre traversé. Or le débit est proportionnel à la vitesse de l'eau dans les interstices du filtre, le rapport — de la charge d'eau à l'épaisseur est la même chose que le rap- port i de la chute à la longueur du terrain perméable traversé. L'observa- tion est donc d'accord avec la formule /= p.M. » M. Dupuit fait remarquer que, si l'on assinule lui filtre à un faisceau de tubes capillaires d'une longueur égale à son épaisseur et offrant ensemble au passage de l'eau des sections dont la somme serait à la section trans- versale du filtre dans le rapport de la somme des interstices vides au vo- lume total de celui-ci, on déduira du débit observé la vitesse /^ correspon- dante, dans cette hypothèse, au cas où la charge est égale à l'épaisseur du filtre et la valeur du coefficient jx égale a l'unité divisée par cette vitesse. ( 1123 ) On trouve, en opérant ainsi, pour des filtres grossiers tels que celui de M. Darcy, des vitesses inférieures à i millimètre par seconde et des valeurs du coefficient /j, supérieiu-es à looo; pour les filtres usuels, on arrive, en partant des débits observés, à des valeurs plus petites encore de la vitesse. Les terrains naturels étant phis serrés que les filtres dont nous faisons usage, la vitesse de l'eau s'y trouve réduite à des dixièmes, des cen- tièmes et des fractions encore plus petites de millimètre par seconde, d'où M. Diipuit conclut qu'on est parfaitement autorisé à considérer la fonction de la vitesse qui exprime la résistance au mouvement comme étant réduite à son premier terme. » La vitesse de l'eau restant toujours extrêmement petite, la partie de la charge qui correspond à la variation de la force vive de l'eau, lorsque le niouveuient à travers les terrains perméables n'est pas uniforme, est négli- geable par rapport à celle qui est employée à surmonter les résistances an mouvement. L'équation i =z t^j.n, qui caractérise le mouvement uniforme, peut donc aussi représenter le mouvement vaiié. » Ceci admis, l'auteur en déduit facilement l'équation générale du mou- vement varié de l'eau à travers une couche perméable et homogène de largeur indéfinie, accessible dans toute son étendue à la pression atmo- sphérique et reposant sur un sol imperméable horizontal ou uniformément incliné soit dans le sens du mouvement, soit en sens inverse. Il met en évi- dence par la discussion et quelques transformations qu'il fait subir à cette formule, les circonstances principales pio|)res à ce genre de mouvement, ses analogies et ses différences avec le régime des rivières ou canaux décou- verts sur lequel l'auteur a publié en 1848 des études étendues et bien con- nues de tous les hvdrauliciens. Comparant, comme il l'a fait dans cet ouvrage, les ordonnées du profil qu'affecte la surlace de l'eau coulant d'un mouvement varié à travers un terrain perméable, reposant sur un sol in- cliné dans le sens du mouvement, à la profondeur qu'elle prendrait pour un même débit et dans le même terrain, si la vitesse et la section restaient constantes, c'est-à-dire si le régime était uniforme, M. Dupuit arrive à une équation renfermant seulement les rapports des coordonnées de ce profil à la profondeur du régime uniforme et de laquelle le débit est éliminé. Il résulte de laque le profil correspondant au cas où la hauteur du régime uniforme égale l'unité étant une fois construit, on peut en déduire les profils cor- respondants à des hauteurs différentes du régime uniforme, ou bien construire des tables qui dispensent, dans chaque cas particulier, de longs calculs nu- mériques. Les courbes des remous de gonflement ou d'abaissement résultant d'un trouble apporté dans l'uniformité du régime par une cause quelconque, ( Ii24 ) telle que des travaux exécutés ou un épuisement opéré artificiellement en un pouit d'un cours d'eau qui traverse un terrain perméable, sont détermi- nées directement par cette équation. Elles sont indépendantes du coeffi- cient qui exprime le degré de perméabilité du terrain, parce que l'influence de celui-ci est implicitement comprise dans la hauteur du régime uniforme qu'on suppose connue. Une conséquence de cette discussion est que l'in- fluence d'une même dénivellation déterminée par une cause quelconque qui vient troubler l'uniformité du régime, se fait sentir à des distances beaucoup plus grandes dans une nappe traversant un terrain perméable que dans une rivière où l'eau coule librement. » Passant au cas ou le terrain perméable est contenu entre des parois TT imperméables à 1 air, M. Dupuit discute l'équation — = [xu, qui résulte des expériences directes sur le débit des filtres, aussi bien que des considérations développées au début de son Mémoire. Elle s'npplique au cas de deux ré- servoirs mis en communication par une conduite remplie d'une masse ho- mogène et perméable que l'eau doit traverser. Les conséquences sont faciles À apercevoir. Si la section de la conduite est uniforme, la pression en un point quelconque sera mesurée par une colonne d'eau de hauteur égale à l'abaissement de ce point au-dessous du niveau supérieur diminué d'une quantité proportionnelle à la longueur développée de la conduite que le liquide a dû traverser pour arriver en ce point. Il suit de là que, pour une conduite rectiligne et inclinée sous un angle quelconque à l'horizon, la ligne des pressions manométriques est une droite joignant les extrémités des ordonnées qui mesurent les pressions à ses deux extrémités d'amont et d'aval. Si ces deux dernières pressions sont égales, la pression est constante dans toute l'étendue de la conduite, et quand elles sont nulles, comme cela arrive quand il n'existe aucune charge d'eau sur sa partie supérieure et quelle débouche librement dans l'atmosphère, ses parois n'éprouvent aucune pression de la part de l'eau filtrante. Ainsi lorsqu'un iiltre se vide, la jiression exercée sur ses parois par 1 eau en mouvement est nulle et son débit est uniforme, à partir du moment où sa surface supérieure cesse d'être couverte d'eau. Les barbacanes ménagées dans les murs destinés à soutenir des terrains aquilères, en laissant à l'eau un libre écoulement, déchargent ces murs de la pression que l'eau en repos exercerait sur eux. » Si la conduite se compose de plusieurs parties successives de sections et de perméabilités différentes, le débit et les courbes des pressions s'ob- tiennent sans difficulté. Il en est de même dans le cas où la section varie d'une manière continue en fonction de sa longueur. Dans tous les cas, le ( II25 ) débit est indépendant de l'ordre dans lequel se présentent les divers Iron- rons de la conduite au passage du liquide. » Ces principes fondamentaux du mouvement de l'eau à travers les ter- rains perméables sont très-simples et présentés dans la première partie du Mémoire de M. Dupuit avec un talent remarquable d'exposition. » Les applications dont il s'occupe dans la seconde partie sont précédées de considérations générales sur l'origine, la distribution et le mouvement des eaux dans les terrains perméables découverts d'où sortent la plupart des sources naturelles, et dans les couches recouvertes par des assises im- perméables, du sein desquelles l'eau remonte à la surface, quand la sonde lui a ouvert un passage. L'eau, en traversant incessamment les terrains per- méables, peut y créer, par dissolution ou par entraînement mécanique, des canaux larges, à peu près libres d'obstructions, où le régime serait le même que dans des canaux découverts ou des tuyaux de conduite. Ces sortes de drains naturels, irréguliers, alimentés par les eaux égouttées des terrains perméables dans lesquels ils existent, donnent lieu à des sources. Il est vraisemblable qu'ils se rencontrent plus fréquemment dans les terrains voisins de la surface et d'une petite étendue que dans les couches recou- vertes par des roches imperméables et où les eaux pluviales introduites par les affleurements supérieurs vont se déverser à des distances très-grandes par les affleurements inférieurs que recouvrent fréquemment les eaux des rivières ou de la mer. Quoi qu'il en soit, la vitesse de l'eau dans les terrains perméables est uniquement déterminée par la pente à la surface ou la charge, et n'augmente pas, comme dans les cours d'eau naturels et les con- duites libres, avec la section du lit. Pour donner passage à une quantité d eau double ou triple, à égalité de charge ou de pente, il faut une section double ou triple. Cela atténue grandement l'influence de l'irrégularité des pluies sur les variations du débit des sources. Si, par exemple, un filtre qui débite i mètre cube d'eau par vingt-quatre heures sous une charge d'eau de lo mètres est rechargé une seule fois par jour de tout le volume d'eau qu'il débite dans cet intervalle de temps, non-seulement son débit ne sera jamais interrompu, mais ses variations extrêmes ne dépasseront pas yj. Elles se réduiraient à yj, à ^î^, etc., si l'épaisseur du filtre était doublée, triplée, etc. Ainsi les couches superficielles perméables d'une petite étendue pourront bien s'égoutter complètement et les sources qui en sortent tarir, par de longs intervalles de sécheresse; mais il n'en sera pas de même des puits artésiens alimentés par des couches d'une très-grande étendue, lorsque G. R., iS6i, 1" Senieslie. (T. LU, N» 22.) l47 ( I 1 26 ) le point de déversement de ces puits sera a un niveau notablement infé- rieur aux affleurements supérieurs des couches. Les plus longs intervalles (le sécheresse auront une influence à peine sensible sur le débit. » Citons maintenant quelques-uns des résultats fournis à M. Diipuit par l'application de ses formules. Il traite d'abord des puits et galeries creusés dnns les couches perméables voisines de la surface et accessibles à la pres- sion atmosphérique. Il considère le cas d'un puits ordinaire qui traverse- rait complètement lui terrain aquifére perméable reposant sur un sol im- perméable horizontal. Il suppose ce puits percé au centre d'un massif filtrant, de forme cylindrique, d'un rayon beaucoup plus grand que celui du puits, et sur tout le contour duquel l'eau serait entretenue à un niveau constant, tandis qu'un épuisement régulier maintiendrait la surface de l'eau dans le fond du puits à une hauteur déterminée et constante au-dessous du niveau extérieur. La surface supérieure de l'eau, dans le massif perméable et homogène, est une surface de révolution dont l'axe se confond avec celui du puits et ayant pour méridien une courbe convexe vers le ciel, dont les carrés des ordonnées verticales, comptées à partir du sol sur lequel repose le massif, croissent comme les logarithmes des abscisses comptées à partir du centre du puits. Le rayon du puits et celui du massif filtrant étant donnés, la courbe méridienne de la surface de l'eau est complètement dé- terminée par les hauteurs constantes du niveau de l'eau dans le puits et sur le pourtour du massif. Elle est indépendante du degré de perméabilité du terrain et du volume d'eau débité qui varient simultanément. Pour une même différence de niveau dans le puits et sur le pourtour du massif, le volume d'eau débité reste le même, quand le rayon du puits et celui du massif augmentent ou diminuent ensemble, de manière que leur rapport reste constant. Le volume d'eau débité augmente, toutes choses égales d'ailleurs, avec le rayon du puits, mais dans une proportion généralement beaucoup moindre que ce rayon, et lorsque celui-ci reste toujours une pe- tite fraction du rayon du massif, comme cela a généralement lieu dans la nature, l'accroissement du rayon du puits n'accroît pas sensiblement le volume d'eau débité. L'auteur démontre ensuite que la forme du puits et sa position plus ou moins excentrique dans le massif filtrant ne sauraient exer- cer une grande influence sur le débit. » Le volume d'eau débité par mètre courant d'une galerie, qui serait percée suivant l'axe d'un massif rectangulaire allongé et indéfini de terrain perméable reposant sur un sol horizontal et baigné latéralement par de l'eau onfreteuue à un niveau constant, est donné directement par une des ( "27 ) formules établies clans la première partie du Ménioire. M. Diipuit remarque que, lorsque le massif a une grande largeur, le débit par mètre courant de galerie est une petite fraction de celui que fournirait, pour une même déni- vellation, un puits creusé au centre du massif. Mais nous devons dire qu'on ne saurait tirer de cotte observation aucune conséquence relative aux vo- lumes d'eau respectifs que pourraient fournir un puits et une galerie limitée creusés dans un massif de terrain aquifére perméable. Dans ce cas, Tenu n'arriverait pas dans la galerie seulement sur les côtés, mais aussi par les deux extrémités, et la surface du liquide dans le terrain perméable serait tout autre qu'autour d'un puits ou sur les côtés d'une galerie de longueur indéfinie. M. Dnpuit n'insiste pas, du reste, sur cette question qui se lat- tache à la théorie du drainage, et sur laquelle il se propose de revenir plus tard. » Les équations applicables aux puits ordinaires alimentés par des eanx filtrées à travers les terrains superficiels, le deviennent également aux puits absorbants creusés dans ces mêmes terrains, moyennant un simple change- ment de signe. ]Le débit de ces puits, quand le terrain perméable dans lequel ils sont creusés a une étendue quelque peu considérable, restant à peu près indépendant de leur diamètre, on comprend comment pour lespiècesd'eati, les réservoirs, les canaux, etc., l'importance des fuites ne peut se mesurera la grandeur des orifices, mais dépend surtout de leur position. Quelques tissures distribuées sur toute la surface donneront lieu à une perte d eau plus grande qu'une fissure unique uiême beaucoup plus large que leur somme, ou que plusieurs tissures rapprochées dans un petit espace. » La dernière partie du Mémoire de M. Dupuit est consacrée aux puits forés ou artésiens. Il considère un puits foré au centre d'un massif de terrain [jerméable circulaire, compris entre deux assises imperméables et baigné sur tout son pourtour par des eaux dont le niveau est supérieur à celui de l'orifice du puits. » Dans cette hypothèse, le débit du puits est, pour un terrain de perméa- bilité déterminée, proportionnel à la charge sur l'orifice de déversement, c'est-à-dire à la distance verticale de cet orifice au-dessous du plan qu'at- teindrait la surface de l'eau en équilibre dans le tuyau ascensionnel, si celui-ci était suffisamment élevé pour qu'il n'y eût pas d'écoulement, à l'épaisseur de la couche perméable et en raison inverse du logarithme du rapport du rayon du massif perméable au rayon du puits. » La pression dans la couche aquifére augmente proportionnellement au logarithme de l'abscisse ou de la distance au puits et la courbe des pressions 147.. ( II 28 ) reste indépendante du débit et du degré de perméabilité de la masse fil- trante. Dans le cas des puits artésiens, comme dans les puits ordinaires, le rayon du puits ne peut avoir d'influence sensible sur le débit, quand les dimensions du massif filtrant sont considérables. Ce résultat doit toutefois être corrigé de l'influence des résistances que l'eau en mouvement éprouve dans le parcours du tuyau ascensionnel ; mais cette correction sera toujours très-petite. On peut en effet considérer la charge d'eau comme décomposée en deux parties dont l'une, proportionnelle au débit et par conséquent à la vitesse do l'eau dans le tuyau, serait employée à surmonter les résistances au mouvement de l'eau à travers la couche perméable et dont l'autre, à peu près proportionnelle au carré du débit, serait absorbée par les résistances dans le parcours du tuyau. Désignant donc par H la hauteur du niveau hy- drostatique du puits au-dessus d'un plan horizontal fixe, qui sera par exemple la surface du sol, par j la hauteur de l'orifice de déversement au- dessus du même plan, et par q le volume d'eau débité, on aura l'équation H—j = aq-^bq'\ a el b étant deux coefficients numériques. Trois expériences faites en coupant le tuyau ascensionnel à diverses hauteurs et mesurant les volumes d'eau débités correspondants suffiraient à la rigueur pour déterminer la hauteur H du niveau hydrostatique, et les deux coefficients a et h dont le second peut être considéré comme constant, aussi bien que le premier, pour peu que le puits soit profond. Le dernier coefficient b peut d'ailleurs être calculé directement, par les formules usuelles de l'hydraulique pratique, en partant des dimensions du tuyau ascensionnel et du volume q observé. » L'augmentation de débit qu'on pourrait obtenir à une hauteur jr au- dessus du sol, par une augmentation quelconque du diamètre du tube ascensionnel et du puits foré lui-même, est mesurée par la différence entre l'abscisse q de la parabole à axe vertical représentée par l'équation H — j = aq -h bq', et l'abscisse correspondante à la même ordonnée verticale j de la droite représentée par l'équation H — jr = nq, qui est tangente à la parabole au point dont les coordonnées sont j = U, q = o, c'est-à-dire à la hauteur même du niveau hydrostatique. » .MM. Mary et Lefort ont fait, comme délégués d'une Commission mu- nicipale, sur le débit du puits artésien de Grenelle, des expériences qui ont ( 11^9 ) été publiées et discutées dans l'ouvrage de M. Daicy sur les fontaines de Dijon. Le rapport des accroissements de débit obtenus par des diminutions successives des hauteurs de l'orifice de déversement au-dessus du sol à ces diminutions respectives varie entre des limites peu écartées; ces variations ne suivent d'ailleurs aucune loi régulière, et il est permis de les attribuer, en grande partie, à des erreurs d'observation qui son tassez difficiles à éviter dans les essais de ce genre. La loi suivant laquelle le débit varie avec la hauteur paraît donc être exprimée par une équation de la forme H — j" = aq, comme si les résistances au mouvement de l'eau dans le tube ascensionnel étaient tout à fait insensibles par rapport aux résistances du lit souterrain. Les expé- riences citées conduisent à fixer la hauteur du niveau hydrostatique du puits de Grenelle à 90 mètres au-dessus de la surface du sol. Le tube étant coupé à 33 mètres, la charge d'eau qui détermine l'écoulement serait donc de 5^ mètres. M. Darcy, en calculant par les formules usuelles de l'hydraulique, la perte de charge due au mouvement dans le tube ascensionnel, trouve cette perte égale à i mètre; la hauteur de 56 mètres serait donc absorbée par les résislances du lit souterrain. » lia justesse de cette conclusion concernant la petite fraction de la charge totale absorbée par les résistances que l'eau éprouve dans le parcours du tuyau ascensionnel est confirmée par ce fait que le débit du puits de Grenelle, toutes choses restant égales d'ailleurs, n"a subi aucune réduction appréciable, à la suite d'un rétrécissement considérable du passage de l'eau dans la partie inférieure du tuyau ascensionnel, occasionné par l'introduc- tion d'une forte tige quadrangulaire en fer, terminée en pyramide aiguë, qu'on a enfoncée et enracinée dans le sol inférieur aux excavations formées dans la couche aquifère par l'érosion des eaux, afin de maintenir le luyau dans la situation verticale. » Le jaugeage des volumes d'eau que débite un puits foré, gaiiii d'un tube parfaitement étanche, suivant que ce tube est coupé à diverses hau- teurs, fait connaître le niveau hydrostatique du puits et son débit par mètre de charge sur l'orifice de déversement. On a ainsi une mesure du degré de perméabilité de la couche aquifère. Mais quelle est la distribution des pressions dans la nappe souterraine tout autoin- du puits.' Jusqu'où s'étend son influence suivant chaque direction? Les données mamiucnt pour résoudre ces questions. On ne peut donc prédire à l'avance si le régime d'un puits artésien sera troublé par le forage d'un autre puits sur la même nappe en un point déterminé par rapport au premier. Il est possdjie ( ii3o ) cependant de former a cet égard des conjectures fondées sur la forme plus ou moins hypothétique de la couche aqiiifère, la situation connue on pré- sumée des affleurements supérieurs par lesquels elle est alimentée, et des orifices naturels inférieurs d'écoulement. » Si, au lieu d'un seul puits, il en existe plusieurs voisins les uns des -lutres dont on ait observé le régime et constaté l'influence réciproque, ces nouvelles données permettront de prévoir presque sûrement l'influence qu'un nouveau puits creusé dans un emplacement voisin exercerait sur les premiers. » M. Dupuit aborde ce sujet délicat dans la dernière partie de son Mémoire. Il présente à cet égard des considérations judicieuses qui ne doivent pas être généralisées, mais qui, admises avec la circonspection que l'auteur lui-même recommande, fourniront, dans beaucoup de cas, des indications sur les résultats à espérer de puits artésiens, et le choix de l'em- placement convenable pour un nouveau forage, dans une localité où il exis- terait déjà plusieurs puits de ce genre. » En résumé, M. Dupuit, partant d'un principe posé depuis longtemps et admis par les hydrauliciens, soit comme une conséquence ou plutôt un cas particulier de l'équation fondamentale qui donne la vitesse moyenne de l'eau dans les canaux et conduites ordinaires, soit comme étant établi direc- tement par les expériences de Girard et de M. Poiseuille sur le mouvetiient de l'eau dans des lubes de très-petits diamètres, et de feu M. Darcy sur le débit des filtres, à savoir que dans les cas extrêmes où les parois mouil- lées ont une très-grande surface et où la vitesse de l'eau est très-petite, la résistance des parois est en raison de la première puissance de la vitesse, en déduit les équations du mouvement de l'eau à travers une cou- che perméable et homogène de largeur indéfinie reposant sur un sol hori- zontal ou incliné. Il fait voir que ces équations, quoique fondées sur des hvpothèses qui ne sont pas exactement réalisées dans la nature, rendent cependant raison des faits observés sur l'écoulement des eaux à traveis It-s filtres, les terrains perméables superficiels ou situés dans la profondeur et sont en parfaite harmonie avec eux. Il établit ainsi une théorie qui jeite une vive lumière sur un grand nombre de questions intéressant le drainage et le régime des sources qui alimentent les puits ordinaires ou artésiens. " Votre Commission estime que le travail de M. Dupuit est digne de l'ap- probation de l'Acadénùe. Elle a l'honneur de vous proposer d'encourager l'autpur a le compléter par de nouvelles recherches expérimentales et théori- ( 'i3i ) qiies, et d'ordonner l'insertion de son Mémoire dans le recueil des Savants étrangers. » Après une discussion à laquelle prennent part MM. Morin, Duhamel, Clapeyron et M. le Maréchal Vaillant, les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées. INDUSTRIE .\GR1C0LE. — Rapport sur une communication de M. Vatte.maue relative à ta Fibrilia. Commissaires, MM. Decaisne, Payen rapporteur.) « L'Académie nous a chargés d'examiner une Note adressée par M. Vat- temare sur des produits désignés sous la dénomination générale de Fibrilia. » Les Commissaires de l'Académie pensent qu'il est absolument impos- sible de considérer la Fibrilia comme une substance comparable soit au lui, soit au coton, au chanvre, etc., par la raison qu'elle est empruntée à des végétaux profondément différents les uns des autres. Comparer les fibres des chardons à celles de feuilles de jeunes céréales, à du bois de la vigne, etc., et donner à tous ces produits une désignation unique qui doit impliquer une notion nette et précise d'une fibre textile spéciale, ne peut supporter l'examen. » Cette Note ne contient aucune donnée relative aux procédés de fabri- cation ou d'extraction des diverses fibres présentées comme susceptibles de remplacer économiquement le coton. D'ailleurs, on comprend que ce pro- cédé, quel qu'il fût, ne saurait s'appliquer utilement à la transformation des fibres textiles des lins de bonne qualité en une matière cotonneuse qui aurait nécessairement une valeur moindre, comme l'ont bien prouvé de grandes et malheureuses tentatives faites dans ce sens en Angleterre et en France de i85o à i854- » Les applications du procédé en question ne sauraient offrir d'intérêt qu'autant qu'il produirait économiquement, avec des substances non utilisées ainsi jusqu'à présent, des fibres propres à la filature ou simplement même à la fabrication du papier. » En tous cas la description de ces procédés serait indispensable pour permettre aux Commissaires de reconnaître si l'industrie projetée est digne de l'attention de l'Académie. » ( II 32 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voix du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le prix Bordin pour i86r (question concernant la distribution des vaisseaux du latex). MM. Rrongniart, Decaisne, Moquin-Tandon, Tulasne, Dnchartre réu- nissent la majorité des suffrages. L'Académie procède, également par la voie du scrutin, à la nomination des deux candidats qu'elle est appelée à présenter pour la chaire de Géologie vacante au Muséum d'histoire naturelle par suite du décès de M. Cordier. Scrutin pour le candidat à présenter en première ligne ; nombre des votants, 54 •■ M. Daubiée obtient 33 suffrages. M. Ch. Sainte-Claire Deville 21 M. Daubrée, ayant réuni la majorité des suffrages, sera présenté comme le premier candidat. Scrutin pour le second candidat; nombre des votants, 5o : M. Ch. Sainte-Claire Deville obtient. . . . 4' suffrages. M. Delesse 8 11 y a un billet blanc. M. Ch. Sainte-Claire Deville, ayant réuni la majorité des suffrages, sera présenté comme second candidat. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ZOOLOGIE. — Larves d'insectes de la famille des Hjménoplercs ultaquanl des halles de plomb; Lettre de M. le Mi.mstre de la Guerre. (Commissaires, MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Maréchal Vaillant.) « Monsieur le Secrétaire perpétuel, mon prédécesseur a donné à l'Aca- démie des Sciences, le 7 septembre iSoy, comnuniication de plusieurs car- touches qui avaient été attaquées dans des caisses en bois où elles se trou- vaient en paquets, par des insectes rongeurs appartenant à l'ordre des Hy- ménoptères. ( 1 . 33 ) » Un fait analogue vient de se produire à Grenoble, où l'on a trouvé, en procédant à la démolition de cartouches confectionnées en i856, plusieurs de ces insectes. » L'examen de ces singulières détériorations me paraît devoir intéresser d'autant plus l'Académie des Sciences, que l'opinion émise sur la nature et le travail des insectes dont il s'agit, par M. le Directeur du Muséum d'his- tou-e naturelle à Grenoble, n'est pas en parfaite harmonie avec celle qui est consignée à ce sujet dans les Comptes rendus de l'Académie. » J'ai en conséquence l'honneur, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vous adresser, en vous priant de vouloir bien en donner communication à l'Académie des Sciences : i° une boîte contenant plusieurs insectes et des cartouches détériorées par eux; i° le Mémoire fait à ce sujet par M. le Conservateur du Muséum de Grenoble ; 3° enfin un rapport de la Direction d'Artillerie de celte place sur la démolition des cartouches. » Les deux Notes et les pièces mentionnées dans la Lettre de M. le Ministre sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards, de Quatrefages, et Maréchal Vaillant. » GÉOLOGIE. — Lettre de M. Boccher de Perthes à M. Élie de Beaumont. « En vous priant de recevoir mes remercîments de l'insertion de ma Note en réponse aux objections de M. Robert, j'ai l'honneur de vous en adresser la suite et de solliciter la même faveur. u Je rends toute justice au savoir de M. Robert, dont les travaux en his- toire naturelle sont justement estimés ; mais dans la question des haches du diluvium, il s'est trompé, je crois, dans l'appréciation et surtout la position du terrain. C'est l'opinion de tous les géologues qui l'ont visité. )' Je me recommande cette fois encore à votre bienveillance. Je n ai jamais oublié que c'est vous et M. Al. Brongniart qui m'avez les premiers, il y a près de vingt ans, encouragé à poursuivre mes recherches. » Après avoir communiqué à l'Académie la Lettre de M. Bouchei' de Perthes, M. Elie de Beaumoxt ajoute qu'il n'hésite jamais à insérer dans les Comptes rendus les documents qui peuvent sembler de na- ture à devenir l'objet d'une discussion profitable à la science, quelque contraires qu'ils soient en eux-mêmes à ses opinions personnelles. En ce qui concerne les haches en silex trouvées dans les vallées de la Somme, de la C. R., i86i, 1" Semestre. (T. LU, N» 22.) l48 (..34) Seine et autres, il ne lui paraît pas démontré, (juant à présent, qu'aiicime de ces haches, ni aucune autre production do I iiidusti-ie humaine, aient été extraites du tenain diluvien NON HE.MANiÉ. PALEONTOLOGIE. — Réponse de M. Boixher dk Pf.kthes aux observalions /cilles j)ar M. E. Robert sur le diluviwn du dëjiai tentent de la Somme. (Cominissaii-es précédemment nommés : MM. Séries, Dumas, de Quatrefages, d'Ai'chiac.) « 1^'Acadéniie des Sciences a bien vouhi insércM- dans ses Comptes rendus ma réponse aux objections faites par M. E. Robert (séance du .4 jan- vier 1861) sur le gisement des silex taillés trouvés dans le département de la Somme. Ce sava.it a pi'ésenté une nouvelle Note contre cette i-éponse. L'Académie l'ayant accueillie, je sollicite la même faveur pour quelques observations que j'ai à ajouter aux premièies. ') Je co.umence par remercier mon honorable contradicteur pour la manière bienveillante dont il paile de mes découvertes, qu'il ne conteste pas. Le débat cntie .nous, débat tout amical , car personne plus que moi n'estime ses utiles ti'avaux, ne l'oule que sur la natui'e des terrains, spécia- lement ceux de Saint-Acheul-les-Amiens et Manelsecoiirt-les-Abbeville. » J'ai dit que ces bancs, naguèi'e tertiaires, aujourd'hui quaternaires an- ciens, étaient le diluviitm ou un teiTain vie.-ge et non i-emanié; mais je ne suis pas le pieniier qui l'ai dit: Cuvier, Al. Hrongniart, L. Coidier, (|ui tous trois connaissaient les lieux, l'avaient dit avant moi. Depuis, presque tous les chefs des écoles géologiques de France, d'Angleteiie, de Suisse, etc., l'ont dit aussi et ne l'ont pas dit légèrement, car quelques-uns ont renou- velé jusqu'à six fois leui's vérifications, qui ont duié plusieui's semaines et embrassé toute la vallée de la Somme et une partie de la Seine-Inférieure. » Malheureusement M. Robert n'a pu y consacier un temps aussi long ; il n'a pas visité ma collection ni notre musée, et n'a consulté aucun des géologues locaux. Je suis convaincu que s'il avait eu la faculté de le faire, son opinion se serait modifiée. Depuis bientôt un quart de siècle que je combats pour démontrer cette ancienneté de l'homme et sa contempora- néité avec les grands mammifères de races éteintes, j'ai rencontré bien des incrédules; mais je n'eu ai pas trouvé un seul, même parmi les plus pré- venus, doni l'incrédulité ait résisté à l'examen attentif des lieux. J'en ai conclu que, lorsqu'on voulait traiter ce sujet, il valait mieux faire cet examen avant qu'après. " Quoi qu'il <'n soit, l'objection que l'on me fait est : que les terrains ( ii35 ) ossifères d'Abbeville et d'Amiens, ceux où l'on trouve les haches et les os fossiles, au-dessous des bancs des coquilles marines et fluviales, ce même banc où nous avons constaté la présence de la Cpena flum ina lis [i), co- quille qu'on ne trouve plus vivante que dans le Nil et quelques lacs de l'Asie, cette objection, dis-je, est, que ces bancs d'Abbeville et d'Amiens ne sont pas le véritable diluvium , mais un amas anormal , purement local et accidentel, et qui, produit |)ar deux révolutions dont une est toute récente, ne peut compter géologiqueinent. » La théorie que présente mon honorable contradicteur n'est pas nou- velle; c'est précisément celle qu'on m'opposa en 18/46, quand mon ouvrage des antiquités antédiluviennes parut pour la première fois, sous le titre de : L'Industrie primitive. Il ne tient nul compte de tout ce qui a été fait et pu- blié depuis cette époque, non-seulement par moi-même, mais par tant d'hommes dont les noms, personne ne le niera, sont ici d'un grand poids. )' Quand je publiai mes découvertes, je les appuyai de dessins et de coupes de terrains, avec la description et l'analyse de chacune des couches qui les composaient, et câvec haches que j'envoyai à l'Académie, je joignis des échantillons de ces méuies couches, et je ne me bornai pas à les prendre à Abbeville; il fallait des termes de comparaison ; je m'adressai au savant illustre dont s'honore la France, au père de l'école géologique euro- péenne, à M. Élie de Beaumont qui, avec M. A. Brongniart, fut le premier à m'encourager dans mes recherches, et dont jamais depuis les conseils ne m'ont fait faute. M. Élie de Beaumont voulut donc bien m'indiquer lui- même les terrains diluviens et non remaniés du bassin de Paris, dans les- quels je pouvais avec sûreté diriger mes investigations. Ces terrains sont ceux de Grenelle, de Saint-Germain-en-Laye, de l'allée de la Motte-Piquet , terrains tellement identiques à ceux d'Abbeville, cju'ils en semblent la con- tinuité. Après de telles précautions, je croyais être édifié sur la nature des bancs, et certain de leur composition. En effet, depuis qu'a paru mon pre- mier volume des yintiquités , où ces coupes sont présentées, elles ont été confirmées par toutes celles faites depuis, notamment par M. Joseph Prestwich, ce qu'on peut voir dans sou remarquable Mémoire intitulé : The occurrence of/lint implemeitts, associated with the remains of animais of extinct species in beds of a late geological period, in France al Annens and Abbeville, and in Emjland at Hoxne. London, i86r. » Si j'ai commis quelque erreur dans ces coupes, si celles de M. Prestwich (i) Ou consobrina. 148.. ( ii36 ) ne sont pas plus exactes, que M. Robert nous présente les siennes ; qu'il nous montre où nous nous sommes trompés; qu'il nous indique surtout où glt le mélange de ces coupes et sur qtiels points ce dihivhiin nouveau s'est mêlé au dihwiuin ancien. Nous lui demanderons aussi s'il considère ce re- maniement des bancs diluviens comme spécial au département de la Somme, ou s'il confond dans le même arrêt ceux de Paris, de Clichy, de Creil, etc., et de Hoxne et de Bedf'ord en Angleterre ? car ce banc s'étend non-seulement dans le bassin de la Somme et de la Seine, il traverse la Manche. » Dans la vallée de la Somme, cediluvium est couvert d'une couche de tourbe, dont le terme moyen est de 8 à 9 mètres d'épaisseur; ce banc de tourbe aussi traverse la Manche. ). Ce ne sont là que des théories, me répondra-t-on : aux preuves i* » Ces preuves les voici : » Que la tourbe repose sur le diluvium et cediluvium sur la craie, c'est ce qu'on peut vérifier par un simple sondage ; c'est d'ailleurs ce que vous disent tous les extracteurs de tourbe, et mieux encore M. l'Ingénieur des Mines de ce département. » Que ce banc de diluvium couvert de tourbe traverse la Manche pour aller reparaître en Angleterre, c'est ce que la tempête nous a appris. Apres les coups de vents et les grandes marées, les côtes de la Somme et du Pas-de- Calais sont couvertes de masses de tourbe provenant du fond, et je possède des bois de cerfs arrachés de cette tourbe par les filets des pêcheurs, à plu- sieurs lieues au large. I) Que l'on retrouve ce même banc de diluvium en Angleterre avec les mêmes couches que ceux d'Abbeville, 'les mêmes animaux fossiles, les mêmes coquilles, les mêmes haches, c'est ce que vous diront encore le Mémoire précité de M. Prestwich et un autre de M. Y. Evans, qui traite du même sujet. Ce n'est donc pas seulement le diluvium de la Somme qui présente des traces de la main de l'homme, c'est Paris, c'est Creil, c'est Cli- chy, etc., etc., c'est Hoxne, c'est Bedford, etc. » Mais partout ce diluvium est remanié!... Je viens de dire que, dans ce département, le diluvium est souvent recouvert d'une masse de tourbe dont lépaisseur moyeimeest de 8 à 9 mètres, et parfois de 11 à 12. Eh bien, dans ce diluvium couvert de ce banc de tourbe, on trouve aussi des haches et il esta croire que, sous cette même tourbe et ce diluvium qui forme une partie du fond de la Manche, il doit en exister aussi. » Que couclui-e de ceci ? C'est que le diluvium du département de la Somme avec ses couches superposées, ses haches, ses os fossiles, ses blocs ( ,i37 ) erratiques, existait avant la révolution qui sépara du continent les terrains qui forment aujourd'hui les îles anglaises. » PHYSIQUE. — Complément à la Nota sur tes Iransrnissioits électriques à travers le sot; par M. Th. Du Moxcel. (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.) « Dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences, lundi dernier, j'avais signalé la présence, sur certaines lignes télé- graphiques, de courants telluriques dus à l'action seule de deux plaques de fer enterrées aux deux extrémités de la ligne, dans des terrains différem- ment humides, et je démontrais que ces courants, intervenant dans les trans- missions électriques, provoquaient certaines réactions qui devaient être prises en considération dans la pratique de la télégraphie électrique. De nouvelles expériences m'ont démontré que ces réactions n'étaient pas les seules a intervenir dans les effets que j'avais signalés et que les dimensions relatives des plaques les unes par rapport aux autres exerçaient une in- fluence des plus marquées. » Mes expériences, comme je l'ai déjà dit dans ma première Note, ont été faites sur une ligne télégraphique de ï-j?)^ mètres de longueur, munie de 20 fils conducteurs de 3 millimètres de diamètre. Une première série a été faite en prenant commeplaque de terre : 1° les conduites d'eau du quar- tier de Grenelle; a° une plaque de 60 décimètres carrés de surface enterrée près de la Seine. Une seconde série a été faite avec deux plaques de tôle de 60 décimètres carrés de surface enterrées à 890 mètres l'une de l'autre. Enfin une troisième série a été faite en prenant d'un côté le conduit de gaz, de l'autre la conduite d'eau. » La détermination de la résistance du sol dans la première série d ex- périences a fourni en moyenne 62,58 tours de rhéostat, c'est-à-dire en- viron 21 5o mètres, lorsque le courant tellurique s'ajoutait à celui de la pile, et que le pôle positif de celle-ci était en communication avec la plaque de 60 décimètres carrés. Avec la disposition inverse de la pile, cette résis- tance a été représentée en moyenne par 79,03 tours de rhéostat (271 5 mè- tres). La seconde série a donné en moyenne 117,02 tours de rhéostat (4019 mètres), quand le courant tellurique marchair dans le même sens que celui de la pile i i8,58 tours (4073 mètres) avec la disposition con- traire de la pile. Enfin la troisième série a donné 6,8 tours (233 mètres), ( ii38 ) quel qu'ait été le sens du courant. Tous ces chiffres ont été déduits d'expé- riences faites après dix minutes de fermeture du courant à travers les circuits. « Ces différences considérables de la résistance du sol dans ces différentes séries d'expériences n'ont d'ailleurs rien de surprenant, puisque, d'après la théorie d'Ohm, la résistance du sol est en raison inverse de la surface des plaques servant à la transmission électrique ; mais ce qui est curieux et tort mqjortant pour les conséquences pratiques qu'on peut en tirer, c'est la dif- férence considérable de la résistance du sol que présente la première série d'expériences suivant la disposition de la pile dans le circuit. Sans doute l'intervention du courant tellurique peut entrer pour quelque chose dans le phénomène, mais elle ne peut l'expliquer entièrement, puisque la même différence existe aussi bien quand le courant tellurique est fort que quand il est faible, et que d'ailleurs elle ne se retrouve plus dans la seconde série d'expériences. " Depuis longtemps j'avais reconnu avec les courants induits de la machine de Ruhmkorff la différence considérable qui existe entre des décharges pro- voquées d'une petite surface conductrice à une grande, suivant que le pôle positif est en communication avec l'une ou l'autre de ces surfaces, et j'avais pensé qu'un effet du même genre pouvait être en jeu dans les expériences aujourd'hui en question. Effectivement, la conduite de gaz placée à une extrémité de la ligne télégraphique, alors que l'autre extrémité communique à une jilaque de 60 décimètres carrés, représente un circuit composé d'une partie bonne conductrice et d'une partie mauvaise conductrice mises en relation par l'intermédiaire de deux lames métalliques, dont l'une est ex- cessivement grande par rapport à l'autre. Or il s'agissait de savoir si un cir- cuit ordinaire, mi-partie liquide, mi-partie métallique, placé dans ces con- ditions, présenterait les mêmes effets. » Pour m'en assurer, j'ai immergé dans un baquet rempli d'eau une plaque de tôle de 60 centimètres de longueur sur 20 de largeur, roulée en cylindre, et au centre de ce cylindre j'ai plongé une petite lame du même métal de 73 millimètres sur 28. .l'ai interposé ce système dans le cir- cuit d'un élément de Daniell, complété par une boussole des sinus de M. Bréguet, et j'ai obtenu les résultats suivants, en ayant soin de laisser le courant interrompu pendant 5 minutes entre chaque expérience : » Le courant allant de la petite plaque à la grande, son intensité. ;ui mo- ment de la fermeture du circuit, a été 34" 5'; » Après 10 minutes de fermeture du circuit, 32" 2'; ( 'i39 ) " Ix courant allant de la grande plaque à la petite, son intensité, au mo- ment de la fermeture du courant, a été 29" i5'; » Après 10 minutes de fermeture du circuit, 23° 2/4'. » Une deuxième série d'expériences m'a donné : '. 1° Au moment de la fermetiu-e du courant, la petite plaque étant positive, 35"; » Au bout de 10 minutes de fermeture du courant, Sa" i5'; I. 2° Au moment de la fermeture du circuit, la grande plaque étant p(>Mi- tive, 28°; » Après 10 minutes de fermeture du circuit, 22" 16'. " On voit pai- ces chiifres que dans les circuits ordinaires, mi-partie mé- talliques, mi-partie liquides, comme dans les circuits terrestres, la résistance de la partie non métallique est bien di.férenfe, suivant que le courant pusse de la petite surface conductrice à la grande ou de la grande à la petite. Dans le premier cas, non-seulement elle est notablement diminuée, niais encore les effets nuisibles de la polarisation avec la prolongation de la fermeture du courant sont beaucoup moins marqués et beaucoup plus stables. Cela tient évidemment à ce que le dépôt de bulles d'hydrogène qui résulte dt- l'aclion du courant et qui se porte toujours en grade partie sur la plaipit électropositive, est d'autant plus considérable que la surface de cette plaqut- est plus grande. » La conclusion pratique de ces différents phénomènes, c'est que, si 1 on doit, dans les transmissions télégraphiques, tenir compte du sens du cou- rant tellurique pour établir la communication de la pile avec le sol, il faut surtout examiner les dimensions relatives des plaques de communication. Si l'une est constituée par une conduite d'eau ou de gaz, tandis que l'autre ne sera qu'une plaque de tôle ou de fonte, le pôle négatif de la pile devra toujours être mis en communication avec les conduites de gaz ou d'eau, quel que soit d'ailleurs le sens du courant tellurique. On pourrait toutefois concilier stirement les deux effets en prenant pour la petite plaque de com- munication une lame de zinc qui fournira toujours un courant tellurique dans le sens de celui de la pile, quel que soit le terrain dans lequel elle sera enterrée. « Dans le cas où l'on peut avoir des conduites d'eau ou des conduites de gaz aux deux extrémités de la ligne, condition la plus avantageuse de toutes, la disposition de la pile par rapport aux plaques de communication ne pourrait être commandée que par le sens du courant tellurique, mais sur les lignes un peu longues il n'\ aurait aucun avantage à ce choix, en raison ( 'i/|0 ) de la présence des courants accidentels atmosphériques qui, étant de sens variables et d'une intensité souvent plus forte que le courant lellurique, détruiraient tous les avantages de la combinaison. » ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. — Etude SU)' la commotion produite par les (ouranh électriques; par M. C.-i^l. Gcillemix. (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Despretz.) « On sait depuis longtemps que l'excitation physiologique, déterminée par les courants induits, varie avec la rapidité des intermittences du courant inducteur. J'ai cherché récemment à préciser la nature et la marche de ces variations, et à les rattacher aux phénomènes de propagation que j'ai eu l'honneur d'exposer à l'Académie, dans le courant de l'année dernière. I) Afin de produire des intermittences de nombre et de durée variables à volonté, j'ai employé l'appareil qui m'a servi en 1849 à obtenir des cou- rants à l'aide d'une pile isolée et sans communication entre les deux pôles, t. XXIX, p. 521, du présent Recueil. Deux fils de cuivre, fixés aux deux ex- trémités du fil induit, arrivaient au fond de deux vases de terre contenant de l'eau de source. On recevait la commotion en plongeant dans les verres deux doigts de la même main, ou de l'un et l'autre membre thoracique. « Pour les cinq bobines confectionnées de différentes manières qui ont servi aux expériences, le nombre des interruptions variait de 18 à plus de 3oo par seconde. Des étoufToirs empêchaient les ressorts de vibrer, et, pour être plus siîr d'établir de bons contacts, un aide était chargé i\c |)resser les étouffoirs avec les doigts. Voici le résumé des expériences : » 1° L'excitation nerveuse et musculaire diminue lorsque le nombre des intermittences atteint 60 ou 70 par seconde. Aux fortes commotions qu'on reçoit, quand on a 20 à 3o interruptions par seconde, il succède des se- cousses rapides qui deviennent bientôt moins pénibles. Dès que le nombre des intermittences atteint 100 ou iio, on ne perçoit plus qu'un frémisse- ment qui s'affaiblit et finit par devenir nul, pour des vitesses de rotation plus grandes. » oP Une armature de fer introduite dans la bobine augmente la com- motion, quand les intermittences ne sont pas très-rapides; elle la diminue an contraire quand leur nombre atteint ou dépasse 5o ou 60 par seconde. 3" L'(!xtra-coinant présente des phénomènes à peu près semblables à ceux du courant induit. ( M/n ) » 4" L'excitation produite par 20 éléments Bunsen ne décroît pas aussi rapidement, à beaucoup près, quand la rapidité des intermittences augmente, que celle qui est provoquée par le courant d'induction. Ce fait s'explique aisément d'après la nature des deux ordres de courants. Un même nombre- d'éléments d'une dimension cinq fois plus petite donne les mêmes effets, seulement ils sont un peu plus faibles. » ^° L'étincelle du courant induit diminue rapidement, comme la com- motion, quand on augmente le nombre des intermittences ; l'étincelle de la pile ne diminue pas sensiblement dans les mêmes circonstances. >' 6" Pour les grandes vitesses de rotation, le courant de la pile excite plus fortement, lorsqu'on plonge dans les deux vases deux doigts d'une ■* même main, que quand on fait passer le courant de l'un des doigts de la main droite à l'un des doigts de la main gauche. » 7° En lançant des courants alternativement de sens contraire, l'excita- tion augmente d'abord avec la vitesse de rotation, et elle ne décroît que pour des intermittences extrêmement rapides. C'est le seul cas qui ait présenté une marche croissante au début, puis ensuite décroissante. Cette fois, la commotion reste à peu près la même, soit qu'on emploie une seule main, soit que le courant passe d'une main à l'autre. » 8° En essayant isolément le courant induit de fermeture et le courant induit de rupture, on constate que le dernier produit la commotion la plus intense. C'est le contraire avec le courant direct de la pile. » 9° De même que l'induction, l'excitation physiologique se produit pen- dant la période d'état variable des tensions et du flux ; elle est d'autant plus forte que la variation est plus rapide; elle dépend aussi de la quantité d'élec- tiicité mise en mouvement pendant l'état variable. » Les faits exposés dans la première proposition tiennent à ce que, pour les contacts d'une courte durée, l'un des courants imluits continue à se dé- velopper lorsque l'autre commence. Les forces électromotrices qui les pro- duisent étant de signe contraire, elles tendent à s'annuler mutuellement, d'une manière d'autant plus complète que leur intensité réciproque s'ap- proclie plus de l'égalité, ce qui a lieu pour les contacts d'une très-faible durée. « L'introduction du fer dans la bobine, en prolongeant la durée des deux courants induits, maintient l'égalité pendant un temps plus long, de sorte qu'ils peuvent s'annuler sensiblement, pour une plus grande durée des contacts, ainsi qu'on le voit par la proposition 2. C. R., 1861, i<''^ Semestre. (T. LU, ^" 22.) '49 ( "42 ) » I.a commotion ne s'affaiblit pas rapidement avec le courant direct de la pile, parce que dans ce cas il ne se développe pas de force électromotrice de sens contraire, quand le nombre des intermittences est très-grand (propositions 4 et 5). » Les propositions 6, 7, 8 se rattachent directement à la 9^. Du moment où la commotion est d'autant plus forte que les variations d'intensité du courant sont plus grandes, on comprend facilement que ces mêmes varia- tions se font dans un temps moindre pour un conducteiu* plus court que poiu" un autre plus long, et que la commotion résiste mieux dans le premier cas aux intermittences rapides (proposition 6). » Le principe de la différence algébrique des tensions se retrouve dans la proposition suivante; il explique la marche croissante de la commotion. T.es variations d'intensité du courant sont activées par le changement de sens. » Le courant induit de fermeture présente une période d'augment d'une très-faible durée, puis une période d'état également très-courte, enfin une période décroissante, qui est la plus longue de toutes. Le courant induit de rupture semble, au contraire, présenter son maximum d'intensité immé- diatement après la rupture du courant inducteur, pour décroître ensuite d'une manière continue. Les variations d'intensité étant plus rapides pour le courant de rupture que pour celui de fermeture, il en résulte que la coni- 7iiotion la plus vive a lieu à la rupture. » Avec le courant direct de la pile, les phénomènes sont inverses des précédents: c'est le courant de fermeture qui donne la commotion la plus forte. L'explication découle naturellement de mes expériences, car elles démontrent que le courant direct de la pile s'établit plus rapidement qu'il ne cesse, et les variations d'intensité sont plus brusques dans le premier cas que dans le second. » tMiYSlOLOGlE — mémoire sur les corpuscules orqanisés qui existent en suspension dans l'atmosphère. — Examen de la doctrine des qénérations spontane'es; par M. L. Pasteir. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Milne Edwards, Decaisne, Regnault, Bernard.) « .l'ai l'honneur depré.senter à l'Académie le résumé détaillé des diverses méthodes d'expérimentation et des lésultats d'expériences que je n'avais ( m43 ) fait connaître que sommairement dans plusieurs communications succes- sives, au sujet de l'importante question des générations dites spontanées. n Ce Mémoire devant paraître très-prochainement in extetiso dans les Annales des Sciences naliirelles, je me bornerai à reproduire ici les titres des neuf chapitres qui le composent : » Chap. I. — Historique. o Chap. II. — Examen au microscope des particules solides disséminées dans l'air atmosphérique. « Chapitre III. — Des expériences avec l'air qui a été chauffé. Leins incertitudes. )) Chap. IV. — Ensemencement des poussières qui existent en suspension dans l'air, dans des liqueurs propres au développement des organismes inférieurs. » Chap. V. — Extension des résultats qui précèdent à de nouveaux liquides très-altérables. — Urine. — Lait.— Eau sucrée albumineuse mêlée de carbonate de chaux. » Chap. VI. — Autre méthode très-simple pour démontrer que toutes les productions organisées des infusions (préalablement chauffées), ont pour origine les corpuscules qui existent en suspension dans l'air atmosphé- rique, » Chap. VII. — Il n'est pas exact que la plus petite quantité d'air ordi- naire suffise à faire- naître dans une infusion les productions organisées propres à cette infusion. — Expériences sur l'air de localités diverses. — Inconvénients de l'emploi de la cuve à mercure dans les expériences rela- tives aux générations spontanées, » Chap. VIII. — De l'action comparée de la température sur la fécon- dité des spores des Mucédinées et des germes qui existent en suspension dans l'atmosphère. )) Chap. IX. — Sur le mode de nutrition des ferments proprement dits, des Mucédinées et des Vibrioniens. » PHYSIOLOGIE. — Développement de Mucédinées dans des dissolutions saline.', sursaturées; remarques présentées à l'occasion d'une communication récente de M. Terreil; par M. V. Jodin. (Extrait.) « Le 12 mai 1 869, j'ai pris six tubes de verre de 20 centimètres de lon- gueur sur 17 à 23 millimètres de diamètre intérieur, fermés à la lampe 149.. ( ii44 ) par une de leurs extrémités. Chacun de ces tubes a reçu parties égales de sulfate de sou49) de la paroisse que j'habite sonna aussi pendant quelques instants; et en gé- néral ce tremblement a produit une terreur panique clans les habitants de Santiago. Cependant ce tremblement n'a occasionné aucun malheur et n'a laissé aucune trace de son effet sur les édifices de cette capitale : pas une tuile dérangée de sa place, pas même de déchirures sur les papiers qui cou- vrent les parois intérieures des maisons. Le même tremblement, accompagné des phénomènes analogues, s'est fait sentir dans la Cordillère de la côte et jusqu'au bord du Pacifique, à Valparaiso; mais il paraît qu'on ne l'a pas senti à plus de trente lieues de distance au nord ni au sud de Santiago. » A la même heure, c'est-à-dire à 9 heures moins un quart aux hor- loges de la ville de Mendoza, située de l'autre côté des Andes et au pied de ces montagnes, bâtie, si je ne me trompe, sur le terrain de l'argile pam- péenne (d'Orb.), et éloignée d'environ un degré et demi de longitude de Santiago, survint un tremblement de terre qui ne dura que 6 à 8 secondes, etdansce courtinstant toutelavillefutentièrement ruinée, toutes les maisons croulées, ne laissant que des amas de décombres, au milieu desquels on ne cite qu'une colonne de l'église de Santo-Domingo et quelques débris des façades des églises de San-Francisco et San-Agustin qui sont restés debout. Un grand incendie, survenu immédiatement après dans les toitures des divers édifices affaissés, éclaira ce triste tableau de la, ville ruinée où on n'entendait que des cins et des gémissements qui sortaient de dessous les décombres. » Toutes les lettres et témoignages que nous recevons de Mendoza s'accordent à dire que ce fut au premier instant de la secousse que toutes les murailles ont croulé. Il a dû en être ainsi, puisque des familles entières ont péri sans qu'elles eussent le temps de franchir les portes des chambres où elles se trouvaient, et en général les maisons dans cette partie de l'Amérique sont disposées de manière que chaque pièce d'habitation s'ouvre dans les cours. On assure que plus de 6000 personnes de tout âge ont péri dans cette secousse, et qu'immédiatement après survint un choc dans le sens contraire, donnant suite aux oscillations du sol, tellement fortes, que les hommes qui se trouvaient dehors ne pouvaient pas se tenir sur leurs pieds, et comme dit un des témoins oculaires dans sa lettre, on voyait la lune et les étoiles descendre et monter dans le ciel. Il s'est ouvert un profond ravin dans le sol et il y eut une partie du terrain couverte de leau qui sortit de l'intérieur de la terre. n On ne cesse de répéter que tout cela se passa dans 6 à 8 secondes; qu'il y C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N« 22.) ' ^O ( I I oo ) eiU ;ipiès un moment de calme et qu'ensuite la terre commença rie nouveau à trembler et a osciller sans produire des chocs et secousses semblables aux premiers. Ces tremblements se répétèrent toutes les lo à i5 minutes pen- dant toute la nuit et le jour suivant ; puis ils devinrent moins fréquents et moins violents. 1) Reste à notei' que tous ces grands désastres produits par le tremblement du 20 mars ont été circonscrits aux limites de la ville et jusqu'à une lieue du ceiitie. On cite quelques endroits à quatre ou cinq lieues de la ville qui ont eu aussi des maisons détruites ; mais il est certain que ce tremblement ne s'est pas propagé jusqu'à San-Juan, ville située dans les mêmes condi- tions géolof;iques, au pied des Andes, et à une quarantaine de lieues au nord (le Mendoza. En revanche, les secousses ont été très-lortes dans les Cordillères de Uspallata, situées entre Mendoza et Santiago, et il y a eu des éboulements et des fentes nouvellement ouvertes dans les rochers sur le chemin de communication entre ces deux villes. » Voici donc un grand tremblement de terre qui s'est propagé de l'est à l'ouest, transversalement à la chaîne des Andes ; tremblement qui secoua dans un même instant tout le massif de ces montagnes, depuis les pampas jusqu au Pacifique, à l'endroit même où les Andes s'élèventau maximum de leur altitude et se trouvent dominés par le Tupungato et par l'Aconcagua qui est le point cuhninant de l'hémisphère méridional. Le centre de com- motion eut lieu cette fois (le l'autre côté des Cordillères, contrairement à ce que j'ai observé depuis vingt-deux ans que j'habite le Chili, où les trem- blements de terre sont plus fréquents et plus forts que du côté opposé des Andes. » GÉOMÉTRlli ANALYTlQUIï. — Description des licjnes de courbure des surfaces du second ordre; par M. l'abbé Aoust. (Présenté, au nom de M. Le Verrier, par M. le Maréchal Vaillant.) a Thicohèmk. — i"Si Ton mené deux sphères égales doublement tangentes à un ellij)soïde, telles, que leurs centres soient situés siu' l'un des trois axes et que leur rayon soit moyen proportionnel entre les deux rayons princi- paux de courl)ure de l'ellipsoide menés à l'extrémité de cet axe, toutes les surfaces de révolution du second ordre autour tlu même axe, et tangentes à ces deux sphères, déterminent, parleur intersection avec l'ellipsoïde, les deux systèmes des lignes de courbure de celte surface. 1° Si l'on mène les deux plans perpendiculaires à l'axe, contenant chacun l'une des cordes de ( Il'il ) contact de l'ellijjsoïde avec les deux sphères, les surfaces de révolution dont les contacts avec les deux sphères sont situés entre les deux plans déter- minent toutes les lignes de courbure d'un système, et celles dont les con- tacts sont situés hors des deux plans déterminent toutes les lignes de cour- bure de l'autre système. >i II y a trois manières d'obtenir les lignes de courbure de lellipsoïde ])ar son intersection avec des surfaces de révolution du second ordre, sui- vant que l'on prend pour axe de révolution de ces surfaces l'un des trois axes de l'ellipsoïde. » Surfaces de révolution aulour du yrand axe. — Soient r, , r.^ les deux rayons de courbure principaux menés à l'extrémité du grand axe de l'ellip- soide, a, , a, les distances des deux centres de courbure an centre de l'ellipsoïde. Le rayon des sphères doublement tangentes à cette surface seia /• = y/', r^; la distance de leurs centres au centre de l'ellipsoïde sera a = y'a, Kj-, elles sont tangentes intérieurement à l'ellipsoïde aux deux points ombilicaux symétriques par rapport au grand axe ; elles peuvent être ou extérieures l'une à l'autre _, ou tangentes extérieurement, ou sécantes. » Dans le premier cas, l'ensemble des surfaces de révolution tangentes aux deux sphères se compose des groupes suivants : i ° Hyperboloïdes à deux nappes, commençant par le plan qui contient l'axe moyen et le petit axe de l'ellipsoïde, et finissant par le cône circonscrit aux deux sphères. Les hyperboloïdes de ce groupe sont d'abord tangents imaginairement , et ensuite réellement aux deux sphères. 2° Hyperboloïdes à ime nappe, tan- gents réellement aux deux sphères. Ce groupe se termine par le cylindre circonscrit aux deux sphères. 3" Ellipsoïdes tangents réellement aux deux sphères. La courbe méridienne est une ellipse dont le grand axe est décrois- sant à partir de l'infini, et devient égal au grand axe de l'ellipsoïde proposé, tandis que le petit axe est croissant à partir du rayon des sphères et devient égal au petit axe de l'ellipsoïde proposé. 4° Ellipsoïdes tangents d'abord réellement, et ensuite imaginairement aux deux sphères. Leur courbe méri- dienne est une ellipse d'abord plus petite que la plus grande section princi- pale de l'ellipsoïde donné, puis égale à cette section, et enfin de plus en plus grande. )) Les surfaces des trois premiers groupes déterminent les lignes de courbure du premier système, c est-à-dire celles qui se projettent suivant des hyperboles sur le plus grand plan principal de l'ellipsoïde proposé. i5o.. ( Il52 ) Les surfaces du quatrième groupe déterminent les lignes de courbure du second système. » Lorsque les sphères sont tangentes entre elles ou sécantes, le premier groupe se réduit au plan tangent aux deux sphères en leur point de contact, ou au plan qui passe par le cercle de leur intersection commune, en ne pre- nant du plan que la partie extérieure au cercle. Les autres groupes ne sont pas altérés. On doit remarquer que, dans le cas où les deux sphères se cou- pent, il y a un nouveau groupe d'ellipsoïdes de révolution qui sont tangents aux deux sphères; mais, comme ils sont intérieurs à ces deux sphères, ils ne concoiu'ent pas à la formation des lignes de courbure. » Surfaces de révolution autour du petit axe. — Les deux sphères con- struites d'après les conditions du théorème sont réelles et se coupent néces- sairement. L'ellipsoïde donné est tangent intérieurement à chacune des deux sphères aux deux ombilics symétriques par rapport au petit axe. Il n'j' a pas lieu de considérer les surfaces de révolution circonscrites aux deux sphères, mais seulement celles qui leur sont inscrites. Cette série du genre ellipsoïdal pftut être partagée en deux groupes. Le premier, comprenant tous les ellip- soïdes de révolution dont l'ellipse méridienne est telle, que l'un de ses axes (celui autour duquel se fait la révolution) est croissant à partir de zéro, se trouve toujours moindre que le petit axe de l'ellipsoïde proposé, et finit par lui être égal, tandis que l'autre axe est décroissant à partir du rayon du cercle d'intersection des deux sphères, reste toujours plus grand que le grand axe de l'ellipsoïde et finit par lui être égal. Le second groupe se compose d'ellipsoïdes dont la courbe méridienne est une ellipse telle, que l'axe autour duquel se fait la révolution est successivement croissant et de- croissant, reste plus grand que le petit axe de l'ellipsoïde donné, et l'atteint à la limite, tandis que l'autre axe est toujours décroissant, plus grand que l'axe moyen de l'ellipsoïde, et l'atteint à la limite. Lorsque l'ellipse méri- dienne a ses deux axes moindres que ceux de la section principale moyenne, les surfaces de révolution ne coupent plus l'ellipsoïde, mais lui sont inté- rieures. » Les surfaces de révolution du premier groupe déterminent les lignes de courbure du second système. Les surfaces de révolution du second groupe déterminent les surfaces de révolution du premier système. » Surfaces de révolution cmlour de l'axe moyen. — Si l'on veut construire, d'après les conditions du théorème, les deux sphères doublement tangentes à l'ellipsoïde, et ayant leurs centres sur l'axe moyen, on trouve qu'elles sont imaginaires. Mais les surfaces de révolution tangentes à ces deux ( ri53 ) suhères imaginaires n'en sont pas moins ré»?lles, d'après ce théorème de géométrie de symbolique qu'il existe un nombre infini de coniques réelles doublement tangentes à deux cercles imaginaires conjugués. En appliquant à ces deux sphères en quelque sorte algébriques les procédés géométriques, qui sont aussi simples que puissants, on obtient sans difficulté les trois groupes suivants de surfaces de révolution du second ordre qui leur sont tangentes : i° Ellipsoïdes, dont l'ellipse méridienne est telle, que ses deux axes sont toujours croissants; celui, autour duquel se fut la révolution, croît à partir de l'axe moyen de l'ellipsoïde jusqu'à l'infini, et l'autre depuis le petit axe de l'ellipsoïde jusqu'au rayon réel de la sphère tangente. 2" Hyperboloides à une nappe. L'axe imaginaire de l'hyperbole méridienne est décroissant depuis l'infini jusqu'à zéro; et l'axe réel est croissant depuis le rayon de la sphère tangente jusqu'à une longueur égale à la distance du centre de l'ellipsoide aux ombilics. 3° Ellipsoïdes dont l'ellipse méridienne est telle, que l'axe qui coïncide avec l'axe de révolution croît depuis zéro jusqu'à l'axe moyen de relli[>soïde proposé, tandis que l'autre axe croît depuis une longueur égale à la distance du centre de l'ellipsoïde à l'un des ombilics jusqu'à une longueur égale au grand axe de l'ellipsoïde. » Les surfaces de révolution des deux premiers groupes déterminent les ligues de courbure du premier système, et les surfaces de révolution du troisième groupe déterminent les lignes de courbure du second système. » On trouverait de la même manière les surfaces de révolution qui, par leurs intersections avec l'hyperboloïde à une nappe et avec l'hyperboloïde à deiux nappes, déterminent les lignes de courbure de ces deux surfaces. L'hy- perboloïde à une nappe a trois systèmes de sphères imaginaires qui lui sont doublement tangentes. L'hyperboloïde à deux nappes possède deux sys- tèmes de sphères réelles et un système de deux sphères imaginaires. Eu menant toutes les surfaces de révolution autour de la ligue qui joint les centres des sphères d'un système, par la condition que ces surfaces du second ordre soient tangentes aux deux sphères réelles ou imaginaires, on détermine les lignes de courbure de la surface. » MÉTALLURGIE. — Travaux de divers savanls reUdijs à la composition de iacitr; Lettre de M. Caron. « Je remercie M. le Secrétaire perpétuel d'avoir bien voulu autoriser l'impression de la Note que j'ai lue dans la dernière séance de l'Académie, ( iï54 ) Je regrette seulemenf que la suppression de quelques uonis (i) puisse uie faire supposer rintention de ni'attribuer rantériorité du dosage de l'ammo- niaque dans les analyses d'acier. Mon unique prétention est d'avoir con- firmé par mes expériences les résultats d'analyses publiés par MM. Mar- chand, Schafthaûtl, Boussingault, Bonis, etc., et d'avoir constaté comme ces savants que la quantité d'azote trouvée jusqu'ici dans les aciers peut être considérée comme négligeable. » La séance est levée à 5 heures trois quarts. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGliAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3 juin 1861 les ouvrages dont voici les titres : Sur In théorie de la lune. Lettres de M. ./. Plana à M. Joltii W. Lubboch. Turin, 1860; in-4°. Mémoire sur l'intégration des équations différentielles relatives au mouvement des comètes, établies suivant [hypothèse de la force répulsive dé/inie par M. Faye etsuivnnt [hypothèse d'un milieu résistant; })arle même. Turin, 18G1 ; in-4°. Traité de Chirurgie navale; par Louis Saurel. Paris, 18G1; 1 vol. in-8". (Commission des prix de Médecine et de Chirin-gie.) De la suetle miliaire et de son traitement. Epidémie de suette à Draguignan ( Far)', par le D"^ Giraud, de Seillans. Nice, 1861; in-8°. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Du Typhus épidémique et histoire médicale des épidémies de typhus observées nu bagne de Toulon en i855 et i856; par le D'' A. Barallier. Paris, 1861 ; I vol. in-S". (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) Plombières et ses environs; par Edouard Lemoiini;. Paris, iSSg; i vol. in-i2. Eaux de Plombières; par le D' L. TURK. Paris, 1861; br. in- 12; 2 ex. Eléments de Minéralogie et de Géologie; par A. LiïYMARiE. Paris et Tou- louse, 1861; I vol. in-i2. Les couches en forme de G dans les Alpes; par M. B. Studeh ; br. in-S". Notice cosi'nologique avec planche; par M. Lengliît. Douai, 1861; br. in-4". (i) Page 1064, deuxième ligne. ( ii55 ) Société de jnévoyance des pharmaciens. Assemblée (jéiiéirde du 2"] mars i86f, Paris, 1861; br. in-8°. Recht uiid Rechtspflege... Droit et coutumes de Prusse considérés dans un cas particulier ; par M. Juliiis Freese. Berlin, i858; fascicule in-8°. PCBLICATIOXS PÉKIODIQUES REÇUES PAR l\4CADÉMIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1861- Comptes rendus hebdomadaires des séances de [ y4cadémie des Sciences ; i" se- mestre 1861, n"' 18, 19, 20 et ai ; 111-4". Annales de r Agriculture française ; u"^ 8. Annales forestières et métallurgiques; avril 1861 ; iii-8". Cosmos. Revue encyclopédicpie hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie ; t. XVIII de 186 r ; \g et 20" livrai- sons; in-4'^. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n" i3 de 1861. La Culture; n° 22. L'Agriculteur praticien; 3^ série, n" i4; in-S". Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; io5 et 106* livi.; in -4°. Nouvelles Annales de Mathématiques ; juin 1861; in-8°. Presse scientifique des deux mondes; 11° 10; in-8°. Répertoire de Pharniacie; mai 1861; in-8°. Gazette médicale de Paris; n°' '9 et 20; in-4°. L'Abeille médicale; n° 19. La Lumière. Revue de la Photographie; n" 9, i86r. La Science pittoresque; n° 53. La Science pour tous; n"* 23 et 24- ERRATA. (Séance du 27 mai 1861.) Page 1062,, avant-dernière ligne en remontant, le nom de M. Liouville a été écrit par erreur au lieu de celui de M. Passy. D'après les résultats du scrutin, la Commission du pri.v de Statistique se compose de MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Boussiugault et Passy. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LICADÉIIË DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 10 JUIN 1861. PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. aiEMOIRES ET COMilIUNïCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LiEBMi adresse ses remercîments à l'Acadétnie, qui l'a récemment nommé à la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemann . GÉOMÉTRIE. — Sur la Surface, et sur la Courbe à double courbure, lieux deé sommets des Cônes du second ordre cjui divisent harmoniquement six ou sept segments rectilicjnes pris sur autant de droites de l'espace; par M. Chasles. « Quand une surface du second ordre doit diviser harmoniquement un segment aa', on peut supposer que ce segment devienne nul, c'est-à-dire se réduise à un point unique a; alors la surface passe par ce point. >) D'après cela, les questions dont il s'agit comporteront, comme cas par- ticuliers ou simples conséquences, les cas divers où les cônes devront divi- ser harmoniquement certains segments et passer par des points. » Diverses hypothèses, relatives aux points et aux segments, réels ou imaginaires, et à leur position dans l'espace, donneront lieu ensuite à plu- sieurs questions d'un énoncé spécial. I) La détermination du degré ou de l'ordre de la surface, ou de la courbe à double courbure, lieux des sommets des cônes qui divisent harmonique* C. R., 1861, I" Semestre. (T. LU, ^"23.) l5l ( ii58 ) ment six ou sept segments quelconques, résultera de deux théorèmes gé- néraux que nous emprunterons à la théorie des surfaces du second ordre et à celle des figures homographiques, mais que nous démontrerons en traitant de ces matières, dans un autre moment. » Théorème I. Quand des surfaces du second ordre divisent harnionique- ment six segments pris sur six droites placées d'une manière quelconque dans l'espace, les plans polaires de quatre points quelconques P, Q , . . . non situés dam un même plan, relatifs à toutes ces surfaces, forment quatre figures homogra- phiques entre elles. » C'est-à-dire que les plans polaires du point P forment une première figure, ceux du point Q la seconde figure ; les plans homologues des deux figures appartenant à une même surface; et ainsi des autres. » Théorème II. Etant données quatre figures homographiques dans l'espace, le lieu d'un point par où. passent quatre plans homologues des quatre figures, est une surface du quatrième ordre. » Théorème III. Le lieu des sommets des cônes du second ordre qui divisent harmoniquement six segments rectilignes placés d'une manière quelconque dcms l'espace^ est une surface du quatrième ordre. » En effet, les cônes font partie d'un ensemble de surfaces du second ordre divisant harmoniquement les six segments. Les plans polaires de quatre points P, Q... (non situés dans un même plan) par rapport à ces surfaces forment quatre figures homographiques (Théorème I). Or il existe une surface du quatrième ordre par chacun des points de laquelle passent quatre plans homologues, c'est-à-dire quatre plans polaires relatifs à une même surface (Théorème II). Mais les plans polaires de quatre points de l'espace (non situés dans un même plan) relatifs à une même surface du second ordre, ne peuvent passer par un même point, qu'autant que cette surface est un cône. Les points de la surface du quatrième ordre sont donc les sommets des cônes qui font partie de l'ensemble des surfaces du second ordre que l'on considère. Ce qui démontre le théorème. )) Théorème IV. Le lieu des sommets des cônes du second ordre qui divisent harmoniquement sept segments, est une courbe à double courbure du sixième ordre. » Concevons l'ensemble des surfaces du second ordre qui divisent har- moniquement les sept segments. Une propriété de ces surfaces, c'est que les plans polaires d'un point quelconque P de l'espace passent tous par un même point P'. Les plans polaires de trois autres points Q, R, S passeront de même par trois points Q', R', S'. On a donc quatre faisceaux de plans ( 1-59 ) autour des quatre points P', Q', etc. Ces faisceaux sont homographiques, et le lieu des points d'intersection de quatre plans homologues est une courbe à double courbure du sixième ordre. Or il est clair, de même que dans le théorème précédent, que chacun des points de cette courbe est le sommet d'un des cônes qui font partie du système des surfaces du second ordre. Ainsi le théorème est démontré. » Si l'on suppose que tous les segments se réduisent à des points a, b,. . . , il résulte du théorème III, que : » Théorème V. Le lieu des sommets des cônes du second ordre qui passent par six points donnés dans l'espace, est une surjace du quatrième ordre. » Les six points déterminent une courbe à double courbure du troisième ordre (une cubique gauche), dont chaque point est le sommet d'un cône du second ordre passant par les six points; par conséquent ce»e coH?'6e es< s/inee sur la surface du quatrième ordre. » Les six points joints deux à deux donnent quinze droites. Ces quinze droites sont évidemment sur la surjace. Car les droites menées d'un point quelconque de l'une de ces droites aux six points se réduisent à cinq qui déterminent un cône satisfaisant à la question. M Quinze autres droites sont aussi situées sur la surface; ce ?,ont]es,(\mt\zQàro\\.es d'intersection des couples de plans déterminés par les six points pris trois à trois, tels que abc et dej ; car ces deux plans représentent un cône qui satisfait à la question, et pour sommet duquel on peut prendre un point quelconque de la droite d'intersection des deux plans (*). » On démontre aisément que : Toute droite menée par un des six points donnés ne rencontre la surface du quatrième ordre qu en deux points. (Ces points sont ceux où une cubique gauche menée par les cinq autres points s'appuie sur la droite menée par le premier.) (**) » Il en résulte que chacun des six points est, sur la surface du quatrième ordre, un point singulier qui forme la gorge d'un nœud. » Ainsi la surface a six nœuds. » On peut construire la surface par points, de différentes manières. On (*) La considération de ces deux systèmes de quinze droites situées sur la surface lieu des sommets des cônes suffit pour montrer que c'est par suite d'une inadvertance qu'on lit dans l'Aperçu historique, p. 4o3 : « Le lieu géométrique des sommets des cônes du second degré » qui passent tous par six points donnés dans l'espace est la courbe à double courbure du » troisième degré déterminée par ces six points. » Il fallait dire renferme. (**) Voyez Comptes rendus, t. XLV, année ibS^; p. 194, art. 33. i5i.. ( ii6o ) détermine, sans difficulté, les deux poiuts qui se trouvent sur chaque droite menée par un des six points donnés; ce qui offre un premier moyen de construire la surface. » Que par deux points pris arbitrairement sur la droite d'intersection de deux plans tels que ahc et def (\ui contiennent les six points, on mené deux coniques, dont une passe par les trois points rt, 6, c, et l'autre parles trois points d, e, / . Par ces deux courbes passeront deux cônes dont les sommets appartiendront à la surface. » On peutaussiconstruiredirectementles quatre points delà surfacequise trouvent sur une droite donnée; mais cette construction ne se fera plus avec la ligne droite et le cercle; elle demande, comme toute question à quatre solutions, la construction d'une section conique. » Cette construction, qui se fait de plusieurs manières, peut servir à prouver directement, sans employer les considérations qui nous ont servi à démontrer le théorème plus général III, que le lieu des sommets des cônes qui passent par six points est une surface du quatrième ordre. » On conclut du théorème IV, que : » ThéoRÈmf, VI. Le lieu des soniinets des cônes qui passent pur sept points est une courbe à double courbure du sixième ordre. M Ce théorème se démontre aussi directement par la considération de la surface du quatrième ordre. En effet, les cônes auront leurs sommets sur la combe d'intersection de deux surfaces du quatrième ordre, dont l'une sera le lieu (les cônes passant par les six points a, b, c, d, e, J, et la seconde, le lieu des cônes passant par les six points a, b, c, d, e, g. Cette courbe d'intersection est du seizième ordre. Mais les dix droites qui joignent deux à deux les cinq points a, b, c, d, e sont comuumes aux deux surfaces et font partie de leur courbe d'uitersection. Cette courbe, abstraction faite des dix droites, se réduit donc au sixième ordre. » Thkorème VII. Quand des cônes divisent hamioniquement six segments, les plans polaires d'un même point de resp(ue relatifs à tous ces cônes, enve- loppent une surface de la (juatrième classe, c'est-à-dire à laquelle on peut mener quatre plans tangents par une même droite. » En effet, concevons le système des sinfaces du second ordre qui divi- sent harmouiquement les six segments donnés; les plans polaires de quatre points quelconques, pris par rapport à ces surfaces, forment quatre figures homographiques. Il existe, comme nous l'avons vu, des systèmes de quatre plans homologues de ces figures passant par un même point, et ces plans appartiennent aux cônes qui font partie de l'ensemble des surfaces du ( ri6i ) secoii'l ordre; mais, d'après une propriété générale des figures iiomogra- phiqnes (que nous démontrerons ailleurs), dans ces systèmes de rpiatre plans, ceux de ces plans qui appartiennent à une même figure envelop- pent une surface de la quatrième classe. Ici ces plans polaires sont ceux des cônes. Donc, etc. » Théorème VIII. Quand le point dont on prend les plans polaires par rap- port aux cônes appartient à la surface du quatrième ordre, ces plans passent tous par un même point situé sur la surface, et enveloppent un cône de la quatrième classe. » Ce cas particulier du théorème précédent est une conséquence d'une propriété générale des surfaces du second ordre dont voici l'énoncé : Quand des surfaces du second ordre divisent liarinoniquenient six segments, la surface du quatrième ordre lieu des sommets des cônes qui font partie de ces surfaces, est telle, que les plans polaires de clincnn de ses points, relatifs à toutes tes surfaces, passent par un même point; et ce point est situé aussi sur la surface. n Théorème IX. Quand des- cônes du second ordre divisent hnrmonique- ment sept segments, les plans polaires d'un point quelconque de l esjiace, par rapport à ces cônes, enveloppent un cône de la quatrième classe. r> En effet, comme on l'a dit au sujet du théorème lY, les plans polai- res d'un même point P passent tous par un même point P'. Les plans polaires de quatre points P, Q, . . ., forment quatre figures homographi- ques : et quatre plans homologues de ces quatre figures passent par un même point (sommet du cône). Ceux de ces plans qui appartiennent à luie même figure enveloppent donc une surface de la quatrième classe. Mais tous ces plans passent par un même point P'; ils forment donc un cône de quatrième classe, c. Q. F. D. » Dans le cas où le point P est le sommet d'un des cônes du système, les plans polaires de ce point passent par une même droite. » On peut faire diverses hypothèses sur les segments et les points qui déterminent les cônes dans tous les théorèmes précédents. Si deux des points donnés sont imaginaires, à l'infini, sur un cercle imaginaire, ces pouits dé- termineront sur chaque cône deux arêtes imaginaires, telles, que deux droites conjuguées harmoniques par rapport à ces arêtes seront rectangu- laires ; ce qui indique que le plan qui les contient est parallèle aux plans d'un des deux systèmes des sections circulaires du cône; en d'autres termes, que le plan qui les contient est un plan cyclique du cône. On en con- clut que : » Théorème X. Quand des cônes du second ordre divisent liai moniquement ( ll62 ) quatre segments donnés dans [espace et ont lews plans cycliques parallèles à deux plans fixes, le lieu de leurs sommets est une suijace du quatrièn^e ordre; « Et si les cônes divisent liarmoniquement cinq segments, leurs sommets sont sur une courbe à double courbure du sixième ordre. » Si un segment a une de ses extrémités à l'infini, la condition y re- lative signifiera que chaque cône doit faire sur une droite donnée un seg- ment ayant pour milieu un point donné de cette droite. » Un segment peut avoir ses deux extrémités imaginaires. S'il se trouve à l'infini, dans un plan de direction donnée, et que ses extrémités imagi- naires soient sur un cercle (imaginaire, bien entendu); alors les deux arêtes de chaque cône, comprises dans un plan parallèle à celui du segment, se- ront rectangulaires. Ainsi la condition que tous les cônes aient deux arêtes rectangulaires comprises dans des plans parallèles à un même plan donné, équivaut à celle de diviser harmoniquement un segment donné. » Nous ne multiplierons pas les énoncés qui peuvent résulter de ces diverses hypothèses. « CtlIMlE MINÉRALE. — Recherches sur la composition de la fonte et de f acier, par M. E. Fremy. (Sixième communication. ) « Pour bien comprendre les difficultés que présente la question de l'acier et la direction que j'ai suivie dans mes recherches, il faut d'abord considérer les nombres qui représentent la composition du fer, celle de l'acier et celle de la fonte. » Le fer du commerce contient 99, 5 de fer et 5 mUlièmes de substances étrangères. » On trouve dans l'acier 99 » 2 de métal et 8 millièmes de composés aciérants. » La fonte est formée de 95 de fer et de 5o millièmes de corps divers, qui peuvent déterminer la fusion du métal; mais quelques-uns de ces éléments peuvent aussi produire l'aciération. I) Ainsi la cémentation a pour but de donner au fer 3 millièmes de corps aciérants; tandis que le puddlage pour acier doit enlever à la fonte 4^ mil- lièmes de substances étrangères, en laissant au fer 8 millièmes de composés aciérants. » La question que j'avais à résoudre dans mes études sur la cémentation, consistait donc à rechercher quels étaieirt les corps qui, ajoutés au fer dans la proportion de 3 millièmes, pourraient produire l'aciération. ( ii63 ) » Je me trouvais ici en présence de difficultés qui seront comprises par fous les chimistes. » La proportion des corps qui acièrent est si faible, que l'analyste le plus habile ne peut pas être certain de l'apprécier avec rigueur. M En admettant même que cette difficulté analytique n'existe pas et que l'on puisse doser exactement tous les éléments contenus dans le fer et dans l'acier, la question de l'aciéralion, abordée exclusivement avec les res- sources que l'analyse peut fournir, devait laisser encore des incertitudes de toute nature. » L'acier, en effet, présente des éléments réellement constitutifs, mais contient aussi des corps qui sont étrangers à sa constitution : il est à sup- poser, par exemple, que le soufre qui existe dans certains aciers n'est pas nécessaire à leur composition. » En outre, le même élément peut se trouver dans l'acier à deux états différents, comme le carbone qui existe dans les fontes à l'état de graphite et à l'état de carbone combiné. Je suis porté à croire que l'acier contient effectivement l'azote sous deux états particuliers; à l'état d'azoturc, que l'on peut décomposer sans détruire les propriétés de l'acier, et à l'état de combinaison carburée véritablement aciérante, dont on ne peut éli- miner l'azote sans modifier l'aciération. » Ces considérations démontrent donc que des analyses comparatives de fer et d'acier exécutées avec la plus grande précision peuvent laisser com- plètement indécise la théorie de l'aciération. » En présence de toutes ces difficultés, j'ai demandé à la synthèse la solution que l'analyse me refusait : j'ai pensé qu'en soumettant le fer à l'action des différents corps simples, il me serait facile de reconnaître ceux qui pouvaient jouer un rôle dans l'aciération. » L'Académie connaît les résultats que j'ai obtenus dans mes expériences synthétiques. J'ai constaté dans ces essais qu'il fallait tenir compte non- seulement de la proportion et de la nature des corps que je faisais agir sur le métal, mais aussi de la composition chimique du fer que je voulais mo- difier. » Le même agent employé dans des conditions identiques donnait des résultats variables en réagissant sur des fers différents. » Je confirmais donc par mes expériences ce fait de pratique incontes- table, c'est que certains fers s' acièrent avec une grande facilité, tandis que d'antres résistent aux agents d'aciération les plus énergiques. » C'est ainsi que j'ai reconnu que l'aciération n'était pas produite par le ( ii6', ) carbone seulement, mais qu'elle résultait de l'action de deux corps sur le 1er. Ces deux éléments aciérants pouvaient être le carbone et l'azote, ou deux autres corps présentant avec eux de l'analogie chimique. )• Je n'ai pas à revenir ici sur toutes les expériences que j'ai décrites dans mes communications précédentes et qui démontrent l'insuffisance du car- ])one lorsqu'il est employé seul dans l'aciération; je me contenterai seule- ment de rappeler que les partisans de l'ancienne théorie de l'aciération ont été obligés de reconnaître que l'hydrogène bicarboné C* H* ne pouvait pas aciérer. » Tous les chimistes savent que, sous l'influence de la chaleur, l'hydro- gène bicarboné se décompose de la manière suivante : C H' = C= + C H- Hydrogèrje bicarboné. Hydrogène prolocarboné. " Si le charbon pur ou si l'hydrogène protocarboné pouvaient acié- icr, il est évident que le gaz qui conviendrait le mieux à l'aciération serait précisément l'hydrogène bicarboné qui, en se décomposant par la chaleur, présente au fer le charbon et l'hvdrogène protocarburé à l'état naissant, c'est-à-dire dans des conditions éminenniient favorables à la cémentation. » Or l'hydrogène bicarboné n'aciérant pas le fer, il est démontré par cela même que le carbone pur et l'hydrogène protocarboné ne peuvent pas cémenter le fer pur, et que l'acier ne résulte pas de la combinaison du fer avec le carbone. » L'acier n'est pas un carbure de fer, et cependant, dans certains cas, des actions simplement carburantes peuvent aciérer le fer. » C'est ce fiiit qui, étant mal interprété, a donné lieu à toutes les objec- tions qui se sont produites à la suite de mes comnuinications sur l'acier. On a opposé à ma théorie, les aciérations obtenues sans azote. » En m'adressant ces objections on oubliait le |)oint que je considère comme capital dans mes recherches et que je dois reproduire ici sous une forme nouvelle. » La cémentation a poiu' but de donner au fer les 3 millièmes qui lui manquent pour se transformer en acier. Si le fer était chimiquement pin-, pour l'aciérer il faudrait lui donner 8 millièmes d'azote et de carbone; mais comme ce métal n'est jamais pur et qu'il contient déjà 5 millièmes d'éléments aciérants, la cémentation est en quelque sorte une opétnlion ( ii65 ) complémenlaire i et suivant la composition préalable du fer. on devra faire varier la nature et la proportion des éléments aciérants. >) Ainsi, dans l'aciération, le phosphore et l'azote jouent le même rôle : si un fer est phosphoreux ou azoté, luie action exclusivement carburante produira d'abord de l'acier; mais comme le carbone en excès devient rapidement dominateur et qu'il transforme l'acier en fonte, on ne pourra jamais aciérer d'une manière régulière et permanente en soumettant le fer phosphoreux ou azoté du commerce à l'influence seule du carhone. » Mais si on azote préalablement le fer par l'ammoniaque, comme je l'ai fait dans les expériences que l'Académie connaît, on évite la production de la fonte, tant qu'il reste un excès d'azote dans le fer, et on produit alors régu- lièrement de l'acier avec un élément simplement carburant. » Le carbone et le silicium peuvent aussi se remplacer mutuellement dans l'aciération. Lorsque le fer contient un de ces deux éléments, l'azote seul peut alors faire apparaître dans le métal les caractères de l'acier. » C'est ce résultat curieux que je désire soumettre à l'Académie. " On sait que plusieurs espèces de fer fabriquées au charbon de bois et remarquables par leur grande ténacité contiennent quelques millièmes de silicium : les fersduBerri sont dans ce cas. » Je les ai azotés au moyen de l'ammoniaque, par la méthode de M. Despretz. » Sous cette influence, qui ne pouvait donner que de l'azote au fer, j'ai obtenu une aciération véritable. » Par l'action J'ai azoté de la même manière du fer en présence d'un composé pou- vant fournir du bore, et j'ai obtenu un acier bore présentant quelque ana- logie avec l'acier silice. )) On se rappelle que, dans un Mémoire déjà ancien, notre savant con- frère M. Boussingault a signalé dans l'acier la présence du silicium ; les faits que je viens de faire connaître prouvent que cet élément peut être réellement constitutif dans certains aciers. » J'étudie en ce moment l'action du phosphore sur les fers carbures, silices ou bores, et je constate déjà une action comparable à celle de l'azote. C. R., i86i, 1" Semestre. (T. LU, N» 25.) ' ^"^ { ii66 ) » Toutes ces oberviitions s'accordent, comme on le voit, avec les vues émises par M. Clievrenlsur la constitution de l'acier. )■ hn pratique aura à déterminer parmi ces différentes espèces d'acier' celles (|ui sont de nature à rendre des services à l'industrie. » Tout le monde sait en effet que les usages de l'acier exigent que ce corps, tout en conservant sa fusibilité qui le rend homogène, présente tan- tôt une ténacité qui le rapproche du bon fer, tantôt une élasticité, une dureté et une vivacité de grain qui caractérisent les aciers de première marque. » Mais eu présence de ces substituliuna minérales t\ de ces aciérations pro- duites en dehors de toute action carburante, je ne comprendrais pas qu'on vint soutenir encore que l'acier est un simple carbine de fer. " En acceptant les idées que j'ai proposées et en considérant Tacier comme résultant de la combinaison du fer avec des corps qui peuvent se remplacer mutuellement et jouer le même rôle dans l'aciération, on se rend compté de toutes les variétés d'acier qui existent dans le commerce; les fabricants peuvent chercher alors à améliorer leurs produits en introduisant dans leurs aciers l'élément qui leur manque : tandis qu'avec l'ancieiuie théorie, nous sommes fatalement c'ondamnés en France à accepter la supériorilé des aciers fabriqués à l'étranger. « L'Académie me permettra aussi de lui montrer la substance azotée que j'ai retirée d'un acier fondu de première qualité, par la méthode de Berzelius, au moyen du bichlonire de cuivre, et de décomposer devant elle cette matière singulière. » Lorsqu'on chauffe ce corps ou qu'on le soumet à l'action d'uii alcali, on en dégage d'abondantes vapeurs anmioniacales et en même temps des pro- duits carbures volatils d'une odeur fétide. » Cette matière, qui est en |)artie soluble dans la potasse, ne peut donc pas être confondue avec du carbone. Dans un prochain travail, je ferai connaître ses propriétés et sa composition élémentaire. i> Les communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur l'aciération ont donc eu pour but de prouver que la composition de l'acier n'était pas aussi simple qu'on le pensait géuéralement, et que le carbone n'était pas le seul agent de la cémentation. » Les démonstrations que j'ai données se trouvent du reste résumées dans les propositions suivantes : . . - » i" Il n'existe pas un seul acier qui soit formé exclusivement de fer et de carbone. Tous les aciers que j'ai examinés contiennent du silicium, du ( ,i67 ) phosphore, du manganèse, et une substance azoto-carburée eu partie sohible dans la potasse et qui s'éloigne du carbone par sa composition et tous ses caractères. Ainsi l'analyse chimique ne permet pas d'envisager l'acier comme un simple carbure de fer. » 2° On n'a jamais produit d'acier en combinant du fer pur avec du car- bone également pur. Tl est impossible en effet d'enlever au fer du commerce les éléments aciérants qu'il contient et qui, en se complétant par la cémen- tation, forment l'acier véritable. Dans toutes les circonstances où l'on a cru aciérer avec du carbone pur, on n'a pas tenu compte des éléments contenus dans le fer et des influences dues au charbon impur, aux gaz de !a combus- tion et à l'air lui-même. » 3° Pour démontrer que le carbone seul ne peut pas aciérer d'une ma- nière régulière et permanente, il suffit de rappeler que l'hydrogène bicar- boné pur ne produit pas d'acier : or ce gaz, en se décomposant, donne précisément du carbone à l'état naissant et de l'hydrogène protocarboné qui, dans les anciennes idées, devraient opérer l'aciération. < 4° Après avoir reconnu que le carbone ne [jouvait pas être le seul élé- ment de l'aciération, j'ai avancé que l'acier se produisait sous la double influence du carbone et de l'azote, ou par l'action des corps qui leur res- semblent. De là, comme je l'ai dit, la famille des aciers dans laquelle le car- bone peut être remplacé par le silicium ou le bore, et l'azote par le phosphore. » 5° Cette conslitiition de l'acier est confirmée par l'analyse qui constate dans tous les aciers la présence de l'azote et même celle (Ui silicium et du phosphore. .. 6° J'ai démontré que dans l'acier.l'azote est réellement constitutif, et qu'il ne s'y trouve pas à l'état d'azoture de titane, en isolant la substance carburée qui existe dans l'acier; j'ai prouvé qu'elle était fortement azotée, qu'elle donnait par la distillation des vapeurs ammoniacales et qu'elle se comportait comme une véritable matière organique azotée. » 7° Lorsqu'on soumet 'l'acier à l'influence de l'hydrogène absolument sec, on lui enlève des traces d'azote étrangères à la constitution du composé métallique et qui s'y trouvent probablement à l'état d'azoture; aussi dans ce cas l'acier n'est pas décomposé: mais lorsqu'on fait agir l'hydrogène dans les conditions que j'ai décrites, on produit alors une désaciération complète, et l'azote se dégage à l'état d'ammoniaque ou sous la forme de composés goudronneux azotés et de cyanhydrate d'ammoniaque. » 8° Tous les faits de pratique connus depuis si longtemps dans lesquels on acière presque instantanément le fer avec les cyanures, les charbons I Sa.. ( .i68 ) azotés, les sels ammoniacaux, conBrment ma théorie et démontrent l'uti- lité de I azote dans l'aciération . » 9° Le fer du commerce ne diffère de l'acier que par trois millièmea de substances aciérantes; les faibles quantités d'azote constatées dans l'acier se trouvent donc en rapport avec la proportion même de substance azoto- carburée qui produit l'aciération. ■) lo" Pour faire sortir la question de toutes les incertitudes que l'ana- lyse peut laisser, j ai institué une série d'expériences synthétiques qui prou- vent qu'en azotant du fer à des degrés différents, et en le carburant ensuite, on produit des aciers dont les qualités varient avec les quantités d'azote que j'ai données préalablement au fer. » I i** Je crois avoir mis hors de doute l'influence de l'azote dans la cémentation, en aciérant le fer du commerce par la seule action du gaz ammoniac. Les 5 millièmes de corps étrangers qui se trouvent dans ce métal sont insuffisants pour aciérer le fer : mais lorsque je tais intervenir i azote, le métal prend immédiatement le grain et les propriétés de l'acier : i azote fait donc apparaître dans le fer les caractères de l'acier : comment ponrrait-on soutenir encore que cet élément n'exerce pas d'influence sur l'aciération? » I 2° Dans toutes mes communications sur l'aciération, j'ai eu le soin de rappeler le rôle des corps qui se trouvent dans l'acier, en dehors du car- bone et de l'azote, et qui donnent lieu à des actions différentes. Les uns, comme le phosphore et le silicium, peuvent exister dans les meilleurs aciers, si leur proportion est faible, parce qu'ils jouent le même rôle que l'azote et le phosphore. Les autres, comme le tungstène et le titane, qui ont de l'affinité pour l'azote, enunagasinent ce corps en quelque sorte et peuvent faciliter l'aciération. Quelques métalloïdes, connne le soufre ou l'arsenic, sont toujours nuisibles et empêchent l'aciération de se manifester. Certains niitaux peuvent augmenter la dureté de l'acier. » Tels sont les faits qui me permettent de déclarer que l'ancienne théorie de l'aciération, fondée sur la simple carburation du fer, ne me parait plus soutenable. » En considérant l'acier comme une combinaison de fer et de carbone, et en négligeant dans l'aciération toutes les influences que j'ai indiquées, on ne tient pas compte d'indications précises données par l'analyse et la synthèse, on méconnaît des faits pratiques incontestables, et on laisse la fabrication de l'acier sous l'empire des préjugés et de l'empirisme qui ont arrêté pendant trop longtemps les progrès de cette belle industrie. » ( "69) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les oxjdes de fer et de manganèse et certains sulfates considérés comme moyen de transport de r oxygène de C air sur les matières combustibles ; par M. Fréd. Kchlma.vn. (Quatrième partie.) Production artificielle d'un nouveau ciment h froid, à l'aide des résidus des fabriques de soude artificielfe. « Je crois avoir démontré que lorsqu'une lâche de rouille se produit sut le fer, cette tache détermine une corrosion qui lend à pénétrer de plus en plus à l'intérieur du métal; que l'extension de la tache n'est pas le résultat de la combinaison directe de nouvelles parties du métal avec l'oxygène de l'air ou celui résultant d'une décomposition de l'eau; qu'elle est le produit d'tm effet plus compliqué, dans lequel l'oxyde de première formation est l'agent principal. Les parties du métal en contact avec le peroxyde lui em- pruntent le tiers de son oxygène en formant à ses dépens du protoxyde de fer, lequel passe à son toiu-, par une absorption subséquente d'oxygen^ emprunté à l'air, à l'état de peroxyde. » Il résulte de cette succession d'effets que le peroxyde de fer est dans lui état d'équilibre instable et transitoire, tour à tour réduit partiellement et tour à tour réoxydé. Toutefois, pour que cette succession de réductions et d'oxydations se produise, il faut que l'oxyde soit à l'état de peroxyde; car s'il n'était qu'à l'état d'oxyde magnétique, l'oxydation ne s'étendrait pas à de nouvelles parties du métal. Au lieu d'être une cause d'altération, une couverture d'oxyde magnétique serait au contraire un moyen préservatif lies plus efficaces contre l'oxydation. Telle est l'opinion émise récemment par M.Thiraut deSaint-Étienne, qui a réussi à utiliser le premier cette pro- priété. Son procédé consistée rouiller artificiellement la siuface du fer et a faire passer ensuite le peroxyde à l'état de fer magnétique, vraisemblable- ment anhydie, en plongeant les pièces oxydées dans de l'eau à 80 ou 100^. » Dans ces circonstances, dit M. Thiraut, un nouveau phénomène se » produit; il ne se forme plus de peroxyde; celui-là même qui existait se » modifie, et de l'oxyde magnétique Fe^ O" prend naissance. Ce dernier X étant peu altérable, et ne formant plus avec le fer un élément de pile, )i le métal se trouve préservé de l'oxydation lorsqu'il en est couvert. » '1 Quelques essais consignés dans la deuxième partie de ce travail vien- nent à l'appui de cette opinion, et démontrent que l'oxyde magnétique est de tous les oxydes de fer le plus stable, celui qui résiste le mieux à l'action ( H70 ) désoxyclante de certains corps et à l'action oxydante de certains autres, en présence de l'eau. C'est d'ailleurs une opinion déjà généralement accré- ditée parmi les géologues. V J'ai iait récemment des propnétés oxydantes du sesquioxyde de fer une application qui fait suite à mes recherches sur l'amélioration de l'hygiène des fabriques de produits chimiques. » Après avoir étudié les conditions de la condensation des vapeurs acides, que trop souvent ces fabriques laissent échapper dans l'air, au grand préjudice de la végétation, et avoir indiqué l'emploi du carbonate de baryie naturfl , la witliérite, comme moyen complémentaire de condensation, j'avais porté mes vues sur les moyens de débarrasser les fabriques de pro- duits chmiiques des résidus acides provenant de la production du chlore. Ces diverses recherches ont donné naissance à toute une industrie nouvelle, celle de la fabrication en grand de certains sels de baryte par des procédés tellement économiques, que plusieurs de ces sels, qui jusqu'alors n'étaient employés qu'à l'état de réactifs, ont trouvé dans liiKlustrie des emplois très-importants. » EnBn l'oxysidfure de calcium, ou résidu du lessivage des soudes brutes, a particulièrement fixé mon attention. )) Beaucoup de tentatives ont déjà été faites pour lUiliser d'une manière profitable le souhe de cet oxysiilfure. Toutes, sans exception, ont échoué jusqu'ici, par suite de la complication des procédés pratiques ou des frais considérables auxcpiels l'application de ces procédés donnait lieu; aussi les résidus de soude sont-ils restés pour nos fabriques une source d'embarras, a cause de leur prompte accumulation en masses considérables et des éma- nations fétides que, dans ces conditions, leur dépôt répand dans l'air à de grandes distances. » Il arrive souvent que ces amas de résidus s enflamment spontanément sur divers points, et dès lors une grande quantité d'acide sulfureux se joint r'iii dégagement constant d'acide suifhydrique. Ces combustions locales, qui donnent lieu à une grande élévation de température, se manifestent à l'œil par le soufre p.u-faitement cristallisé en octaèdres, comme celui des solfatares, qui se dépose à 1 orifice des fissures, où la décomposition de l'acide suifhydrique [lar l'acide sulfureux se produit Dans l'intérieur des amas de résidus qui ont séjourné cpielques années à l'air, on aperçoit des cavités ou géodes tapissées de magnifiques cristaux de couleur d'or, dont la composition jx-ul être représentée \)av une combinaison de i équi- ( i«7' ) valent de sulfite de chaux, a équivalents de sulfure de calduni et 6 équi- valents d'eau. A l'air, ces cristaux perdent leur couleur jaune ; ils blanchis- sent au fur et à mesure que l'oxydation fait des progrès (i). » Mes premières expériences en vue de l'utilisation des résidus de soude avaient porté sur la décomposition de ces oxysulfures par les résidus de la fabrication du chlore, après leur saturation au moyen de la craie. En opérant cette réaction dans des fours à réverbère, on obtient une masse frittée dont le lessivage donne du chlorure de calcium très-pur. Mais ce chlorure n'a trouvé jusqu'ici que bien peu d'emploi dans l'industrie, et le sulfure de (i) M. Des Cloizeaux a bien voulu déterminer la forme des cristaux en question. Je dois à son obligeance la Note suivante : " La combinaison de sulfite de chaux et de sulfure de calcium Ca O SO', 2 Ca S -f- 6 HO se présente en tables hexagonales biselées, allongées parallèlement à un de leurs côtés. On peut les regarder comme dérivant d'un prisme rhomboïdal droit très-voisin de 120", car la base fait presque exactement le même angle avec chacune des troncatures placées sur ses six arêtes. La forme habituelle est alors une combinaison des faces ph' e^ : on observe un cli- vage facile suivant la base p. Les dimensions de la forme primitive, déduites des angles qui ont pu être mesurés avec le plus d'exactitude, sont: mm I ig° ?', b'.h:: looo: 1085,992. » Les angles calculés, comparés aux angles mesurés, sont : Angles calculés. Angles mesuré». ,1 ■ ■ ype-adj. II 2° 35' 1 12° 35' moyenne. ' pe^ opp. 67° 25' 67° 1 5' à 40' 1 l /)6' adj. I i2°5o' j 12° 22' à 45' I pb' opp. 67" 10' 67°5o' * b^ b'^ 124° i5' avant 124° i5' è' e'adj*. i25''3o'. 1 25° 46' moyenne • » La substance possède une double réfraction énergique ; les deux axes optiques sont situes dans un plan vertical parallèle à la grande diagonale de la base et symétriquement disposés autour d'une bissectrice négative normale à la base. Dans l'huile, la dispersion est sensible, et chaque hyperbole montre une bordure rouge à X extérieur, bleue à Vintérieur. L'ecarte- ment des axes m'a donné des nombres presque identiques pour les ravons rouges et pour les rayons verts : 2H = 73°2o' à 74°' » ( "72 ) manganèse, autre produit de la réaction, n'a encore pu me servir qu'à la construction de trottoirs sur les accoletnents des routes (i). « Une bonne utilisation des résidus du lessivage des soudes brutes était à chercher encore, lorsque je conçus l'idée de me servir pour leur mise en valeur d'un autre résidu non moins encombrant : l'oxyde de fer, qui résulte de la combustion des pyrites, qui dans la fabrication de l'acide sulfiirique ont été presque généralement substituées dans ces derniers temps au soufre |)ar suite de la hausse des prix de ce minéral. » Il était naturel de penser que si l'action de l'oxyde de fer comme com- burant est assez énergique pour bri'der des corps organiques, cet oxyde devait pouvoir utilement intervenir pour brûler le soufre de l'oxysulfure de calcium et transformer cet oxysulfure en sulfate de chaux. » Ces présomptions ont été justifiées de la manière la plus heureuse. Je fais un mélange à parties égales de résidus de soude, au sortir des cuves de lessivage et de résidus de la combustion des pyrites, et je forme du tout une pâte homogène en broyant le mélange sous des meules verticales. » En moulant cette pâte sous forme de briques ou d'ornements d'archi- tecture, j'obtiens à froid, par une prompte consolidation delà masse, des corps d'une dureté comparable à celle des briques cuites; des corps dont la dureté s'augmente de plus en plus s'ils sont maintenus dans un air légè- rement humide et qui finissent par acquérir une grande sonorité; leur cou- leur est d'un rouge brun analogue à celle de la poterie de terre. » Lorsque le ciment nouveau s'est suffisamment durci par un séjour de plusieurs mois à l'air, il résiste à l'action de la gelée, surtout lorsque dans les jiremiers temps de sa consolidation on a diminué sa porosité par la com- pression. Pour obtenir plus de sécurité contre l'action des grands froids, il est convenable d'arroser la surface de cette espèce de poterie à froid avec une dissolution de silicate de potasse, mais cela seulement après un certain temps de consolidation à l'air. » L'emploi des résidus de soude récemment obtenus donne de meilleui> résultats que celui des résidus exposés depuis longtemps à l'air, et, dans tous (i) J'ai employé (jiielquefois au même usage les résidus de soude, mais il faut que les routes ne soient pas bordées d'arbres, car leur végétation serait en péril. Dans la fabrique de Schoe- ningen, près Brunswick, on a formé avec ces résidus comprimés une clôture sous forme de muraille çpaisse, mais sans obtenir une grande consolidation. (1.73) les cas, les résultats peuvent être améliorés encore en ajoutant au mé- lansfe des deux résidus un dixième de chaux éteinte. » J'ai l'espoir que les fabricants de soude artificielle mettront générale- ment à profit le résultat de mes observations sur ce point; je les leur livre avec une entière confiance, persuadé qu'ils y trouveront iioti-seuleinenl le moven de se débarrasser économiquement de deux résidus incommodes et encombrants, mais encore une mise en valeur de ces mêmes résidus, soit qu'il s'agisse de les appliquer à l'état de béton à la consolidation des chaus- sées empierrées, à la fondation des maçonneries ou aux constructions elles- mêmes, en remplacement des murailles en pisé, soit enfin qu'il s'agisse de confectionner des briques, des ornements d'architecture, des parquets en mosaïque ou des objets modelés sur place. 11 est une infinité de travaux de construction où le ciment nouveau pourra remplacer le plâtre ou le mor- tier de chaux. S'il se trouve transformé en briques, ces briques seront reliées entre elles par le ciment lui-même servant de mortier. » J'ajouterai que, dans l'agriculture, les résidus de soude traités par ma méthode d'oxydation trouveront un emploi profitable et immédiat partout où le plâtre isolément peut exercer une influence salutaire. Il en sera de même de la chaux qui a servi à l'épuration du gaz. » Quant à la question théorique concernant cette transformation, elle ne présente plus de difficulté du moment où l'on a pu constater avec quelle facilité l'oxyde de fer transporte l'oxygène de l'air sur les matières com- bustibles par un mouvement de navette sur lequel j'ai suffisamment insisté. )) La composition de l'oxysulfure de calcium (résidus de soude) est géné- ralement formulée par 3CaS + CaO. Celle du sesquioxyde de fer étant F^O', si l'on devait admettre que l'oxygène du sesquioxyde de fer doit servir exclusivement à oxyder l'oxysulfure de calcium, il faudrait employer 12 équivalents de sesquioxyde devant passer à l'état de protoxyde; mais on a vu que ce n'était pas ainsi que la réaction devait être comprise. Dés que I équivalent de sesquioxyde est transformé en 2 équivalents de protoxyde, il se forme de nouveau, aux dépens de l'oxygène de I air, du sesquioxyde, lequel oxyde une nouvelle quantité d'oxysulfure. » Le sesquioxyde de fer agit donc dans ces circonstances d'une manière continue, exactement comme dans le cas où il intervient dans la combus- tion des matières organiques. « Toutefois le phénomène de l'oxydation des résidus de soude peut en- C. R., 18C1, )" Semestre. (T. LU, N» 23.) ' 53 (.1174) core être envisagé d'une autre manière. Dès que le ses(}nioxyde de fer a le contact do l'oxysnlfure de calcium, ce sesquioxyde, au lieu de passera létat de protoxyde, perd tout son oxygène et passe à l'état de sulfure corres- pondant. Ce sulfure se transforme peu à peu, au contact de l'air, en sulfate de fer qui cède à la chaux son acide sulfuriqiie, de là du sulfate de chaux et de l'oxyde de ter. Le résultat final, coiiune on le voit, sera toujours le même. C'est toujours l'atmosphère qui fera toute la dépense en oxygène, nécessaire pour brûler le soufre de l'oxysulfure de calcium. Nul doute qu'il ne s'opère dans le nouveau ciment des réactions plus compliquées qu'une simple oxydation. Il est des points par lesquels il se rapproche du mastjc de fer. Des modifications dans l'aspect se remarquent en brisant des briques préparées depuis quelques mois. La couche extérieure acquiert avec le temps plus de densité et un arrangement moléculaire différent. Cet effet gagne peu à peu le centre. 0 H me reste, pour compléter ce travail sur les oxydes de fer et de man- ganèse, considérés comme moyen d'oxydation, à rapprocher dans un ré- sumé le résultat de mes travaux anciens et récents, et à faire ressortir l'enchaînement qui existe entre les phénomènes de la combustion, de la uitrification, de la fertilisation des terres, de la décoloration et de la désin- fection. » Ce résumé sera l'objet d'une communication que j'aurai l'honneur de faire à l'Académie dans une prochaine séance. » ;\051INATI0I\S. L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nocnination de la Com- mission chargée de décerner le prix d'Astronomie pour l'année 1861. MM. Mathieu, Laugier, Delaunay, Lioiiville et Faye obtiennent la ma- jorité des suffrages. .^lÉMOlllES LLS. cniHUHGlIî. — Mémoire mr fiirëlrotoinie interne e tableau suivant met cette similitude en relief : Matière colorante de la garance. Se précipite en gelée de ses solutions. Se sublime entre 2i5 et 240°. Peu soluble dans l'eau, soluble dans l'al- cool, l'éther et une solution d'alun. Inaltérable par l'acide sulfurique chauffé à 200°, l'acide chlorhydrique ; altérable par l'acide azotique. Soluble dans les alcalis caustiques ou car- bonates, avec une couleur poupre. La solution ammoniacale donne des pré- cipités pourpres avec les sels de baryte et de chaux. Matière rouge artificielle. Se précipite en gelée de ses solutions. Se sublime entre 2i5 et 240°. Peu soluble dans l'eau, soluble dans l'al- cool, l'éther et une solution d'alun. Inaltérable par l'acide sulfurique chauffé à 200", l'acide chlorhydrique; altérable par l'acide azotique. Soluble dans les alcalis causti(|ue5 ou car- bonates, avec une couleur bleue-violette. La solution ammoniacale donne des pré- cipités pourpres avec les sels de baryte et de chaux. » Deux essais de teinture, exécutés par M. Balard avec cette matière colo- rante, ont donné des résultats différents de ceux foiunis par l'alizarine de la garance. C'est ainsi, pour ne citer qu'iui seul fait, que les rouges obtenus avec la garance s'avivent sous l'influence des savonnages, tandis que ceux que l'on obtient à l'aide du nouveau produit passent au violet dans les mêmes circonstances. » L'analyse élémentaire a fourni les chiffres siuvants : Carbone. . Hydrogène. 63,26 2,1 63, 5i 2,3 Cette substance n'est pas azotée. ' «178 ) ') La formule de l'alizarine exigerait : Carbone 68,96 Hydrogène 3 ,45 » La formule de la purpurine exigerait : Carbone 66,67 Hydrogène 3,70 » J'ai la convicHon que le nouveau produit est un dérivé tres-voisin de l'alizarine ou de la purpurine de la garance, et que de nouvelles recher- ches permettront bien probablement de reconstituer le principe colo- rant de cette racine avec toutes ses propriétés et sa composition. Je con- tinue, du reste, mes recherches. » CHIMIE ORGANIQUE. — Faits pour semir à l'histoiie de la nafjlUalmc ,■ par M. J. Per.soz. (Commissaires, MM. Chevreid. Dimias, Peloiize, Balard.) a A l'occasion de l'intéressante communication dé M. Ronssin sur un produit coloré artificiel qu'on dit être identique avec l'alizarine, je crois devou' faire part à l'Académie des résultais que j'avais obtenus, il v a déjà deux ans, en étudiant avec M. Martel les dérivés de la naphtaline I. Partant de ce fait, constaté par nous, cju'un mélange d'acides nitrique et sulfurique du commerce, en proportions même très-variables, pouvait, étant chauffé avec de la naphtaline, donner facilement naissance à des produits colorés, nous avons été naturellement conduit à examiner fac- tion de l'acide sulfurique concentré sur les différents composés nitrés de la naphtaline. )i Quoique cette étude paraisse Ires simple au premiei' abord, elle pré- sente cependant de grandes difficultés, attendu que les moindres change- ments dans les conditions où l'on opère peuvent influer sensiblement sur les résultats obtenus. Le principe tinctorial formé jouit, à la manière de la garance, delà propriété de teindre les mordants; sa couleur peut varier du rouge au bleu, en passant par toute la série des violets. » Je dois avouer ici que nous n avons obtenu du bleu qu accidentelle- ment et que nous ne saurions préciser les conditions île sa formation, les- quelles iK' paraissent consister que dans un changement moléculaire ' '179 ) éprouvé parle composé nitré de la naphtaline sons liiifliience d'un a^ent physique. » Les nuances violet-bleu nous ayant j)aru beaucoup plus belles (pie les autres, nous avons cherché surtout à les produire^ travaillant ainsi dans une direction opposée à celle que suit actuellement M. Roussin, en s'occu- pant plus particulièrement des rouges. Nous avons bientôt reconnu qu'on pouvait employer avec avantage la binitronaphtaline que nous avons chauffée avec de l'acide sulfurique seul. M. Roussin a dit dans sa dernière communication à l'Institut (Comptes remliis^ t. LU, p. io33") : " Si l'on » fait réagir de l'acide sulfi.rique concentré sur la binitronaphtaline cris- 1) tallisée, aucune réaction ne se déclare. En portant le mélange jusqu'à ia 1) température de a-îo", la binitronaphtaline se dissout complètement, et » c'est à peine si le liquide prend une couleur ambrée. L'acide sulfurique » concentré ne commence à réagir sur cette substance qu'à la suite d'une )) longue ébullition. » La binitronaphtaline résiste en effet à l'action de l'acide sulfurique à une très-haute température; cependant, vers Soo" envi- ron, la solution, qui était d'abord légèrement jaune, se colore de plus en plus, devient rouge-cerise, puis finalement rouge-brunâtre, en même temps qu'il commence à se dégager une petite quantité d'acide sulfureux. On peut facilement suivre la marche de l'opération, en prenant de temps eu temps, au moyen il'un agitateur, une goutte de la liqueur et la projetant dans un verre d'eau. On obtient ainsi un précipité d'abord blanc laiteux, puis légèrement violacé, et enfin violet foncé, quand la couleur est complè- tement développée. » La matière est alors retirée du feu, abandonnée à elle-même au refroi- dissement, puis versée dans une quantité d'eau convenable qu'on porte ensuite à l'ébullition. La liqueur filtrée à chaud est fortement colorée pu rouge et laisse déposer par le refroidissement une partie de la matière colo- rante à l'état floconneux. Elle vire au rouge violacé par les alcalis, et teint très-facilement la soie en violet, même à froid. Étant saturée convenable- ment par des alcalis d'abord et finalement par un peu de craie, elle teint les tissus de coton inordancés, en donnant différents tons qui varient depuis le lilas jusqu'au noir. Les laques à base d'alumine, d'étain, de plomb et de mercure sont violettes, celles à base de fer sont d'une couleur olive pou- vant atteindre le noir. » Enfin cette solution ne parait pas s'altérer même à la longue en pré- sence de l'acide sulfurique, tandis que, abandonnée au contact de l'air et d'un excès d'ammoniaque, elle passe au bout de quelques heures au brim, ( .i8o ) en laissant déposer une poudre noire qui se dissout en bleu dans l'alcool et vire au rouge par les acides. » La masse noire qui provient de la précipitation par l'eau de la solution sulfurique. contient une grande quantité de matière colorante que nous avons pu séparer au moyen du sulfure de carbone en opérant dans l'appareil digesteur de M. Payen. Cette matière colorante présente un beau reflet doré, elle est trés-soluble dans l'alcool et lesprit-de-bois, peu soluble dans l'eau, l'éther, la benzine et le sulfure de carbone. Comme nous l'avons dit plus haut, elle offre bien des analogies avec l'alizarine dans ses allures chimiques. En effet, suivant qu'on aura un bain légèrement acide ou alcalin, on teindra les mordants de fer à l'exclusion des mordants d'ahunine, et réciproquement. De plus les tissus teints supportent les avivages au savon donnés avec pré- caution, c'est-à-dire d'une manière progressive. Enfin la matière colorante se sublime facilement sous l'influence d'une température élevée. » On voit donc en résumé qu'avec la binitronaphf.iline et l'acide sulfu- rique concentré seul, sans avoir recours à un agent réducteur, coamie l'a fait M. Roussin, on peut obtenir une couleur offrant d'assez grandes analogies avec l'alizarine par ses propriétés chimiques ; cependant les observations que j'ai eu l'occasion de faire durant mon travail, me font douter qu'on puisse, même en réalisant des nuances d'un rouge parfait, préparer ainsi une ma- tière colorante identique à celle de la garance. » CHIMIE ORGANIQUE. — Note sur la réduction delà bmilronaphlal'me par [acide sulfurique et le zinc ; par M. E. jAC«jt'Eaii.\. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Balard.) <' Peu convaincu à priori de la possibilité de transformation de la bini- tronaphtaline en alizarine, qui constituerait une singulière anomalie, j'ai dû répéter les expériences de M. Roussin. Les résultats auxquels je suis arrivé sont en entière opposition avec les faits annoncés, d'ailleurs sous toute réserve personnelle, par M. Dumas, dans la séance du 22 mai. » J'ai traité trois fois de la binitronaphtaline par de l'acide sullurique du commerceet du zinc, dans les conditions do tempéiature et de durée indi- quées par M. Roussin, suivant ^vec attention les phases de réaction, recueil- lant à part la majeure partie de la matière colorante, et poussant à l'extrême l'action réductrice sur les dernières portions. » Après avoir étendu de huit fois son volinne d'eau et fait b:)uillir, je ( ii8i ) laisse refroidir et jette sur un filtre. Le liquide qui passe est d'un magnifi- que rouge violeté; ce n'est donc pas de l'alizarine, puisque celle-ci est en- tièrement insoluble dans une eau chargée d'acide sulfurique. 0 En lavant le précipité à l'eau distillée, le liquide passe coloré tant qu'il y a acidité. La partie insoluble dans l'eau pure se dissout dans l'alcool qu'elle colore en rouge violeté; or la dissolution d'alizarine dans ce véhi- cule est jaune. 11 reste un résidu noir, charbonneux. Il La nouvelle matière colorante est soluble dans l'éther, qui prend la teinte rouge violeté, tandis que l'alizarine lui communique une nuance jaune d'or. » L'acide hypochloreux, en petite quantité, n'altère pas sensiblement la couleur de la dissolution, qu'une plus forte proportion fait virera l'orangé, puis au jaune, et enfin décolore. » La potasse et l'ammoniaque la dissolvent et forment un liquide pourpre. Malgré cette similitude apparente de réaction, la confusion n'est pas pos- sible, car, en ajoutant de l'alun à cette liqueur alcaline, j'obtiens une laque d un beau violet, tandis que l'alizaline dissoute dans un alcali et traitée par \in sel d'alumine fournit une laque rouge. » En combinant ce nouveau principe colorant avec les oxydes zincique, slanneux, stannique, mercurique, j'ai produit des laques d'un violet plus ou moins bleu. » L'acétate de plomb rend opaline la dissolution alcoolique du colorant, étendue de deux fois son volume d'eau : l'addition de quelques gouttes de carbonate de soude détermine un précipité violet-bleu. L'acétate triplombi- que dans une semblable dissolution donne un louche bleuté qui devient précipité bleu-violacé clair, sous l'influence du carbonate de soude. » J'ai obtenu une laque brune avec l'oxyde ferrique, d un brun violacé avec l'oxyde ferreux, d'un rouge brun avec l'acide cuivrique. » Les faits que je signale suffisent, en attendant une étude plus appro- fondie, pour caractériser ce principe colorant et le différencier del'alizaruie ou toute autre matière colorante. Pour achever d'établir la conviction , je mets sous les yeux de l'Académie deux échantillons symétriques, mordancés en alumine et en fer. L'un a été teint par moi en garance et s'est coloré à la manière ordinaire, le mordant d'alumine en rouge, le mordant de fer en violet; l'autre, au contraire, teint avec la couleur obtenue par réduction de la binitronaphtaline, s'est coloré d'une manière entièrement différente, le mordant d'alumine est devenu violet, et le mordant de fer a formé un C. R., 1861, i^"- Semeslre. (T. LU, îi" 23.) 1 54 ( iiSa ) gris. Ces échantillons simplement lavés n'ont passé ni l'ini ni l'antre par ravivage. » Les violets et les gris sur coton paraissent avoir une grande solidité, car ils résistent au savonnage et à l'acide acétique concentré. Le temps ne m'a pas pefiiiis d'examiner l'action de la lumière. Quoiqu'il en soit, ce nouveau corps paraît appelé à rendre à la teinture et à l'impression des tissus des services signalés. » ■p" CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les matières colorantes dérivées de la naphtaline; par M. Scheurer-Kestner. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Balard.) " Les travaux récents de M. Roussin, ainsi qu'une Note présentée à la Société chimique par M. du Wildes, m'ont déterminé à envoyer à l'Acadé- inio la Note suivante, qui est la copie d'un paquet cacheté déposé par moi aux archives de la Société industrielle de Mulhouse, le i5 novembre 1860. » L'échantillon de soie ci-joint a été teint avec la matière colorante prépa- rée en traitant la naphtylamine à 200° par le nitrate de mercure desséché. Suivant les quantités de sel métallique employées et suivant le degré de chaleur auquel on a opéré, la matière est plus ou moins rouge. On peut faire varier ainsi la nuance depuis la trace du violet d'aniline ordinaire jusqu'à celui de la fuchsine. Le nitrate de mercure peut être remplacé par le bichlo- rure d'étain et en général par les autres corps qui sont employés pour pro- duire les rouges ou les violets d'aniline. Ces modes de préparation ont été puisés dans les ouvrages de chimie organique dans lesquels ils sont par- tiellement décrits; comme exemple, je cite les principaux passages de ces ouvrages : » 1° La naphthylamine, traitée par l'acide nitrique concentré, se trans- forme eu une poudre brune se dissolvant dans l'alcool en un liquide i-ouge ou violacé. Quelquefois aussi il se forme des cristaux dorés semblables à la murexide. L'acide nitrique colore en violet tous les sels de naphtv- lamine (i). » 2° Lorsqu'on fait passer du chlore dans une solution aqueuse d'hydro- chlorate de naphtylamine, elle se colore en violet, en séparant une résine brune (2). (i) LiEBia, Chimie organique, t. III, p. 178. {2) hiEBia, Idem, p. l'jg. ( 1 t83 ) » 3° Les sels de naphtylamine traités par le perchlorure de fer, le chlo- rure d'or, le nitrate d'argent, produisent un précipité pourpre soiuble en violet dans l'alcool et l'éther (i). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés naplUaUques; par M. L. Dusaht. (Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, Balard.j (' J'ai montré il y a quelques années le parti qu'on peut tirer de l'emploi de la chaux potassée comme agent d'oxydation lorsqu'on veut fixer l'oxy- gène sur une matière organique sans en altérer profondément la molécule. Ainsi j'ai pu, par l'action de ce réactif, reproduire à volonté l'acide phénoi- que (acide rosolique de Runge) en chauffant l'acide phénique en présence de l'air à une température déterminée. » Appliquant ce procédé, cette fois, non plus à un corps doué d'une certaine affinité chimique, mais à un produit qui en est complètement dé- pourvu , la nitronaphtaline, j'ai obtenu une substance nouvelle dont la composition me paraît offrir \\n certain intérêt, autant par ses dérivés que par les applications dont elle parait susceptible. La naphtaline mononitrée présente à l'égal de la napthaline une grande résistance aux agents d'oxyda- tion ordinaires. Le plus souvent, sous l'influence des réactifs de cet ordre, une partie de la substance se trouve détruite sans formation d'aucun pro- duit nouveau ; d'autres fois le groupe moléculaire est altéré par l'élimination d'une certaine quantité de carbone et le type naphtalique disparaît. L'oxy- dation directe, la simple fixation d'oxygène n'a pas encore été réahsée. Il est facile cependant de la produire à une température peu élevée avec les réactifs que j'ai indiqués plus haut et dont l'énergie est relativement très- faible. » Pour cela je mélange i partie de nitronaphtaline, r partie de potasse caustique dissoute dans le moins d'eau possible et 2 parties de chaux éteinte; si la quantité d'eau ajoutée à la potasse n'a pas été trop considérable, la masse est pulvérulente. On l'introduit dans une cornue tubulée chauffée au bain d'huile à une température moyenne de i4o° et on y fait passer un cou- rant très-lent d'oxygène ou d'air atmosphérique. Le gaz est absorbé lente- (i) PiaiA, Annales de Chimie, t. XXXI, p. 217. l5/i.. ( m84 ) ment, le mélange prend une couleur jaune qui augmente d'intensité à me- sure que l'opération avance. Au bout de dix à douze heures l'oxydation est complète et la presque totalité de la nitronaphtaline se trouve oxydée. » Je me suis assuré que la présence de l'air ou de l'oxygène est indispen- sable à la réaction ; de plus je n'ai pu obtenir d'oxydation en remplaçant la potasse par la soude : la chaux parait aussi jouer un rôle spécial , car une matière inerte, le sable par exemple, ne peut lui être substituée. » Le mélange retiré de la cornue cède à l'eau un sel de potasse forte- ment coloré en jaune rougeâtre d'un pouvoir colorant considérable. Les acides ajoutés en petit excès à la solution la font prendre en une bouillie épaisse formée d'un corps jaune très-beau que les lavages à l'eau distillée amènent à un état de pureté presque complet. » Ce corps nouveau, que j'appellerai acide nitroxynaphlalique, conserve à l'état sec tout son éclat. Sa saveur est fraîche d'abord, puis amère; il est inodore, mais à l'état pulvérulent il excite les muqueuses nasales. Il fond vers loo" et n'est pas volatil; il se dissout dans l'eau ordinaire, l'alcool, l'esprit-de-bois et l'acide acétique. Ce dernier véhicule le laisse cristalliser par refroidissement en belles aiguilles jaune d'or. » Il joue le rôle d'un acide faible et forme avec les alcalis des sels d'une coloration intense, très-sol ubles, cristallisables, donnant par double décom- position avec les sels métalliques des précipités diversement colorés. Le bi- sulfite de soude s'y combine pour former un sel incolore cristallisant en fines aiguilles; l'acide nitrique l'attaque vivement, donne de l'acide oxali- que en même temps qu'une résine rougeâtre, qui par une action prolongée se transforme en acide phtalique. u II s'échauffe au contact de l'acide sulfurique, en développant de lacide sulfureux. » Les agents réducteurs énergiques le transforment en une nouvelle sub- stance, l'oxynaphtylamine. » L'analyse de l'acide nitroxynaphtalique purifié par cristallisation et le dosage des sels de baryte, de plomb et de cuivre, m'ont conduit à le repré- senter par la formule suivante : C»''H^(NO*)0, HO, celle des sels étant C=<'H'(NO*)0, MO. Il ne diffère, comme on le voit, de son générateur la nitronaphtaline, C" H'' (NO'), que par i équivalent d'oxygène et i équivalent d'eau. ( ii85 ) » Le pouvoir colorant de cet acide est considérable, il peut être employé avantageusement en teinture. » Oxpiaphtjlamine . — C'est, comme je l'ai dit plus haut, le nouveau produit auquel donnent naissance les agents réducteurs en agissant sur l'acide nitroxynaphtalique. » L'oxynaphtylamine est une base faible, qui ne peut exister à l'état de liberté sans se colorer rapidement; au contact des alcalis en excès elle prend instantanément une couleur noire-verdâtre. Elle se combine avec les acides énergiques dont les sels, souvent cristallins, se colorent rapidement. Chauffée avec un excès de potasse, elle dégage de l'ammoniaque en se dissol- vant et donne une liqueur colorée en vert intense, comparable à celle du manganate de potasse; les acides en précipitent un acide rouge-violacé. Les nitrites alcalins donnent dans la solution du chlorhydrate neutre xm dégagement abondant d'azote, en même temps il se sépare des cristaux in- colores qui n'ont pas encore été analysés. » Le dosage des éléments du chlorhydrate cristallisé assigne à l'oxvnaph- tvlamine la formule C*'>H'<'NO^ celle du chlorhydrate étant C»" H" NO» Cl, H. » L'équivalent a été contrôlé par l'analyse du sel de platine, que son instabilité rend, du reste, difficile à obtenir à l'état de pureté. » Le rôle électropositif que joue l'oxynaphtylamine, qu'on doit consi- dérer comme l'amide de son générateur, l'acide nitroxynaphtalique, vient confirmer une fois de plus les vues que M. Cahours, dans ses belles recher- ches sur cette classe de corps, a développées récemment. » MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur le travail mécanique et ses transformations; par M. A. DnpRÉ. (Second Mémoire et nouvelle rédaction du premier.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Regnault, Lamé, Clapeyron.) « Continuant les recherches mécaniques commencées dans mon premier Mémoire, j'arrive d'abord pour tout liquide aux formules (i) L'=-(C'-RC) ( n86 ) et '' ' 1,3 DE a h dans lesquelles sont représentées à la température t par L et L' la chaleur latente et sa dérivée par rapport k t; C et KC les capacités à pression con- stante à l'état liquide et à l'état de vapeur; h et h' la tension maximum et sa dérivée par rapport a t, D désigne la densité de la vapeur, celle de Fiiir étant I ; P kilogrammes la pression exercée sur i mètre carré par une co- lonne mercurielle de o™, 76; i'',4, ou plus exactement 1,293187 est le poids de r mètre cube d'air à 0° et sous la pression o™, 76 ; a est le coeffi- cient de dilatation des gaz ; E l'équivalent mécanique de la chaleur. » De l'équation (2) résultent les lois suivantes. » Pour un même liquide les chaleurs latentes à diverses températures sont : » i*' Proportionnelles au carré du binôme de dilatation relatif à l'état gazeux ; >■ 2° Proportionnelles à la dérivée de la tension maximum prise par rap- port à t ; » 3° En raison inverse de la tension maximum elle-même. 1) Pour des liquides différents : 11 1° Les chaleurs latentes à la même température, multipliées par la den- sité à l'état de vapeur et par le rapport de la tension maximum à sa dérivée, donnent des produits gazeux ; i> 2" Quand les températures différent, ces produits sont encore constants après qu'on les a divisés par le carré du binôme de dilatation relatif à l'état gazeux. » Les chaleurs latentes de l'eau et de l'alcool aux points d'ébullition étant connues avec exactitude, la première, 536, 2, a été employée pour obtenir avec l'équation (2) la valeur E = qSy ; la seconde, 207 , 7, a servi de vérifi- cation : elle donne le même résultat. E étant déterminé, cette même équa- tion a servi à calculer des tableaux renfermant les chaleurs latentes aux di- verses températures de dix-sept liquides pour lesquels M. Regnault a mesuré les forces élastiques. Il y a beaucoup de ces nombres qui n'ont pas encore été déterminés par expérience; pour les autres, les vérifications sont satis- faisantes, et les écarts peuvent toujours être attribués aux erreurs inéviia- bles dans les observations. La discussion des diverses causes d'erreurs prouve même que les ten.sions maximums sont presque toutes beaucoup plus appro- chées que ne le pense le physicien illustre qui les a mesurées; ainsi, sans ( I I 87 / parler de l'alcool cité plus haut, la formule (2) donne pour chaleurs latentes de l'acide sulfureux à — i5" et à — 20°, 9/i''*',4 et gS*^"', 2, ce qui est très- approché du nombre 94)56 obtenu par MM. Favre et Silbermann, et montre que les erreurs sur les forces élastiques sont certainement moindres que celles qui correspondent à — de degré. » Les chaleurs latentes ne sont pas toujours décroissantes quand la tem- pératiue s'élève; de plus, il en est qui présentent des maximums ou des minimums, et, en ces points, l'équation ([) prouve qu'il y a égalité entre les capacités à pression constante à l'état liquide et à l'état de vapeur; pour le mercure, cela arrive vers 420°. » Au moyen de ces tableaux on peut obtenir les valeurs de L' ou de C' — KG (1) et étudier les variations de la capacité à pression constante à l'état liquide, puisque les expériences de M. Regnault ont prouvé que RC est constant ; ils facilitent aussi l'application des formules (3) L = Lo-(C'-KC)< et (4) ^^^4 = C— KC + aLo a? C — KG, , KG — C i + a/ KG — G^S"^' «0, employées pour l'éther sulfurique dans le premier Mémoire ; l'éther iodhy- drique est pris pour second exemple, et les équations L = 49,1 38 — o,o536it et log - = 8 , 1 2453 -^^^ - 4,80983 log (i + a 0 reproduisent, la première les chaleurs latentes avec une approximation satisfaisante, et la seconde les forces élastiques à moins de o'', i. Ayant été trouvées en prenant pour constantes les capacités à l'état liquide, ces for- mules ne sont rigoureuses que quand on les applique à un intervalle de température très-petit; cependant il arrive pour certains liquides que les erreurs se confondent avec les erreurs d'expériences, même pour de grandes différences de température ; mais pour d'autres, l'eau par exemple, les écarts vont jusqu'à ^ de degré dans certains points de l'intervalle com- pris entre — 20 et + 23o°. ( ii88 ) 1) Tirant les conséquences de tout ce qui précède, je ferai remar- quer l'impossibilité réelle, mais non évidente à priori, d'utiliser en mécani- que la chaleur que la nature nous offre partout à l'état d'équilibre en quan- tité indéfinie, et je poserai le principe général suivant : » Dans un assemblage de machines thermiques pouvant fournir à volonté de la chaleur en recevant du travail ou du travail en recevant de la chaleur, et dans lesquelles les tensions et les températures varient d'une manière cou- tume, si l'on emploie la force vive d'un volant pour produire de la chaleur au moyen des unes, et cette chaleur pour rendre au moyen des autres de la force vive au volant, ces deux effets contraires sont égaux, et l'appareil, pourvu qu'on suppose nulles les résistances passives, possède la même force vive à la fin de chaque période complète, après laquelle les mêmes mouvements se reproduisent dans le même ordre. » Je déduis de là les lois de compressibilité et de dilatation des fluides élastiques qui doivent remplacer celles de Mariotte et de Gay-Lussac, qui ne seraient vraies que si l'expérience démontrait la nullité d'une constante qu elles renferment. » Le même principe, appliqué aux liquides et aux solides homogènes également pressés en tout sens, prouve que les accroissements de tension à volume constant sont proportionnels aux accroissements de température; il conduit aussi à la formule très-approchée (5) f P«'^(. + «0 ^ ioooEaD'(C'— C) dans laquelle ^ désigne le coefficient de compressibiHté, a' le coefficient de dilatation sous la pression atmosphérique, D' la densité rapportée à l'eau, et C la capacité à volume constant qui, dans le premier Mémoire, a été prouvée la même qu'à l'état de vapeur. I) Elle renferme les lois suivantes : » 1° Pour une même substance \e coefficient de compressibilité est indé- pendant de la pression tant qu'elle ne devient pas très-grande ;■ )) 2° Il est proportionnel au binôme de dilatation relatif à l'état gazeux; » 3° Il est proportionnel au carré du coefficient de dilatation ; •' 4" ïl 6St en raison inverse de la densité du liquide ; Il S° Il est en raison inverse de la différence des capacités à pression con- stante et à volume constant ; « 6° Le rapport des coefficients de compressibilité de deux liquides dil- férenls demeure invariable quand la température change; ( 1'%) » 7° Le produit du coefficient de compressibilité par la différence des capacités, par la densité et par l'inverse du carré du coefficient de dilatation est un nombre constant pour tous les licpiides pris à la même température. » Jusqu'ici on n'a étudié sous ce rapport que très-peu de liquides; les résultats calculés, en leur appliquant la formule (5), ne diffèrent des nom- bres observés que de quantités comprises dans les limites des erreurs d'ex- périences; pour le mercure, par exemple, on trouve j3 = o,ooooo368, et M. Regnault a obtenu o ,ooooo352. » Le calcul qui conduit à l'équation (5) donne aussi la formule ^'^> ^- .oooaEC'D' dans laquelle p désigne la pression en atmosphères; elle fait connaître l'élé- vation de température produite par le pass;age subit d'une atmosphère à p atmosphères. Cette élévation est : « i" Proportionnelle à l'accroissement de pression; ') 2° Proportionnelle au coefficient de dilatation sous la pression atmo- sphérique ; » 3° En raison inverse de la capacité à l'état liquide ; » 4° E" raison inverse de la densité. )) Pour p =: i i l'application au mercure donne o'',o3. » Le nouveau principe, dont les conséquences sont très-variées, conduit encore à l'expression (7) ^' = \/ ^,3D ^log. P qui donne la vitesse v d'écoulement d'un fluide élastique sortant par un ori- fice en mince paroi lorsqu'on connaît le rapport — des tensions intérieure et extérieure. Les nombres fournis par cette équation diffèrent très-peu de ceux que donne la fornude que Bernoulli a obtenue par une assimilation non justifiée des gaz aux liquides tant que ce rapport ne surpasse pas i,o5; ils s'en écartent beaucoup au contraire quand il devient considérable. » Enfin, a|)pliquant le même principe à une machine chimique, j'arrive à une formule qui donne les variations des quantités de ciialeur dues aux combinaisons lorsqu'elles s'opèrent sous des pressions et des tempéra- tures initiales diverses. Par exemple, si l'on porte à loo'' i litre de gaz hydro- C. R., i86i, i" Semestre. {T. LU, N» 23.) I 55 ( "90 ) gène et ^ litre iroxygène, et qu'on les unisse ensuite, la chaleur produite est moindre (lue dans les circonstances normales de — de sa valeur; la dimi- » I lO ntition serait de v: si l'on abaissait la pressioji initiale jusinaison est de celles qui s'opèrent hans contraction. » cm.MlK. — Infliicwc des impuretés du fer sur lit céinenlctlion ; par M. lï. Cako.\. ''Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose des Membres do la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « En traitant la question de la cémentation du fer, j'ai dû me préoccuper des impuretés que ion rencontre ordinairement dans ce métal et qui pou- vaient, par leur présence, changer l'action des céments. Parmi ces corps on trouve en première ligne le soufre, le phosphore et le silicium. Je ne dirai rien du soufre ni du phosphore, dont Réaumur a parlé assez complète- ment dans ses Mémoires, qui datent d'un siècle et demi environ, pour qu'il n'y ait rien à ajouter à ce sujet. Je m'occuperai seulement du silicium, et je ferai voir qu'il donne souvent au fer des propriétés que ce métal ne possède pas quand il est pur. La présence du silicium n'est cependant pas aussi nui- sible que celle du soufre et du phosphore, car des fers très-siliceu.x. sont encore malléables. Berzelius assure avoir possédé un échantillon de fer doiniant jusqu'à 19 pour 100 de silice, qui était tres-mou et pouvait être martelé à froid en lames très-minces. » En employant le procédé que nous avons publié, M. H. Sainte-Claire Deville et moi, pour la préparation du silicium, et que depuis j'ai légèrement modifié, j'ai pu me procurer facilement des quantités considérables de sili- cimn cristallisé ou fondu qui m'ont servi à faire des alliages avec le fer, dans des proportions bien définies. J'ai reconnu ainsi que le fer se combinait en toutes proportions avec le silicium, comme il le fait avec le soufre et le phos- phore, que ce corps lui faisait perdre une partie de ses qualités, mais que dans certauies circonstances, il lui eu donnait de particulières. 1) Ainsi, par exemple, j'ai constaté un fait très-curieux que l'on ne pou- vait prévoir à priori, et que je demande à l'Académie la permission de rap- jjorter ici. M. Saunderson et bien d^autres, avant ou après lui, ont essayé -iTus succès de cémenter le fer au moyeu de l'oxyde de carbone pin', et ( 119' ) cependant quelques savants dignes de foi ont affirmé y être parvenus; je me suis longtemps demandé d'où provenait cette différence d'effet constatée par différentes i)ersonnes, et j'ai enfin réussi, après de nombreux essais, à reconnaître que la présence du silicium pouvait en être la cause. En effet, si l'on prend du siliciure de fer pur que l'on peut préparer soit en chauffant dn fer avec lo on i 5 pour loo de sou poids de silicium fondu, soit en cliaur- fant an blanc dans un creuset lui mélange de flnosilicate de potasse, de sodium et de tournure de fer dans des proportions convenables, on obtient, dans les deux cas, un culot qu'il est facile de briser; plaçant ensuite des fragments de cet alliage dans une nacelle et dans un tube de porcelaine chauffés à la température de fusion de la fonte, on fait passer dans ce tube un courant d'oxyde de carbone bien pur. Dans cette opération, le fer du siliciure n'est en aucune façon attaqué par le gaz, mais le silicium, décom- posant l'oxyde de carbone, se transforme en silice qui surnage, et le char- bon mis en liberté se combine avec le fer pour former de la fonte ordinaire; de sorte que, au bout de peu de temps, le siliciure de fer est transformé en carbure de fer. Il en est de même lorsqu'on essaye de cémenter du fer par l'oxyde de carbone; si ce fer se trouve être silice, le gaz pénètre dans ses pores et est décomposé sur place par le silicium en abandonnant au métal son charbon qui se trouve à l'état naissant; si le fer est pur, au contraire, il n'y a pas de cémentation. » Il est prescjue certain que l'action de l'oxyde de carbone serait la même si, au lieu de siliciiun, le fer contenait du magnésium, de l'aluminium, du calcium, ou, en un mot, un métal capable de décomposer l'oxyde de car- bone., » Cette action de l'oxyde de carbone sur le fer impur peut aussi donner jusqu'à un certain point l'explication de ce qui se passe dans le travail d'épu- ration de la fonte que l'on appelle mazéage. En effet, cette opération con- siste à faire passer la fonte liquide et divisée au milieu du vent fourni par la tuyère; or l'oxygène de l'air, ayant déjà traversé une couche de charbons incandescents avant d'arriver sur la fonte, a dîi se transformer en oxyde de carbone et en acide carbonique; ces deux gaz contribuent alors l'un et l'autre à enlever à la fonte le silicium qui s'y trouve combiné. On voit aussi que l'acide carbonique ne peut attaquer efficacemeiit le charbon de la fonte que lorsqu'elle ne contient plus que de petites quantités de silicium. Celui-ci disparaît toujours le premier, comme on l'a remarqué, soit dans l'opération du mazéage, soit dans la fabrication de l'acier puddlé. »' Je demanderai en terminant la permission de faire remarquer, à propos ( iig^ ) des siliciures de fer, la différence essentielle qui existe entre les coml^inai- sons du for avec le soufre, le phosphore et le silicium, et les combinaisons de ce métal avec le carbone. Les trois premières se font en toutes propor- tions, et ne changent ni par la trempe ni par le recuit; elles donnent indis- tinctement des produits mauvais pour l'usage, et présentant dans certains cas des qualités particulières qui n'ont aucun rapport avec celles de l'acier. La fonte et l'acier, au contraire, semblent, comme on l'a déjà dit, n'être qu'une dissolution de carbone dans le fer, faite à haute température, disso- lution particulière dont se sépare le charbon par un refroidissement lent, comme dans la fonte grise et l'acier recuit, et dans laquelle il reste à l'état combiné lorsqu'il y a refroidissement brusque, comme dans la fonte blanche et l'acier trempé. Aucun autre corps que le carbone ne donne de sem- blables caractères avec le fer. » Je reviendrai, du reste, sur ce sujet lorsque je parlerai de la trempe de l'acier. » CHIMIE. — Su) la composition des fers, aciers el fontes ; par M. Cil. Mène. f Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « Depuis les remarquables recherches de MM. Fremy et Caron sur les aciers, plusieurs usines métallurgiques du département de la Loire m'ont fait analyser leurs |)roduits, afin de se fixer sur cette importante question. Ce sont les résultats de ces expériences, et d'une partie de mes travaux à ce sujet aux usines du Creuzot, que je désire soumettre successive- ment à l'Académie. » Le premier point qiu m'avait toujours été posé, avant ces derniers temps, dans l'analyse des fers, aciers ou fontes, était de trouver le carbone ou le soufre : le premier parce qu'il servait à fixer les qualités, le second parce qu'il réglait les allures de la fabrication. Je ne parlerai, pour le mo- ment, que du carbone. Comme ce genre d'analyse est très-difficile, très- long et très-périlleux, j'ai essayé tous les modes d'expérimentation qu'on a proposés, et je puis dire que le seul qui réussit constamment, en donnant des nombres concordants, est celui indiqué par M. Rognault : les prépa- ratifs en sont longs, il est vrai, pénibles même, car il n'est pas toujotn\s commode de pulvériser les produits du fer; mais en s'aidant tour à tour de la lime, du tour et du mortier d'acier, on y parvient, et on est récompensé ( «193 ) de ses peines par des résultats sérieux. La méthode de M. Regnaull, par l'oxyde de cuivre, transforme toujours l'azote en gaz nilreiix. C'est du leste une réaction qui se produit constamment dans les analyses organiques, quand la colonne de cuivre métallique n'est pas suffisante. Comme j'ai eu l'occasion, par ce fait, de remarquer deux fois de l'azote sur des produits du fer, j'en ferai le sujet de cette première Note. » Premier cas. — Un fer dit brûlé me fut soumis au Creuzot. Il était à facettes assez larges, très-cassant à froid et ne pouvait pas se corroyer. Il provenait d'une chauffe trop forte ou trop longue. Sa densité était de 7,o3a i . L'analyse par l'oxyde de cuivre ne m'y fit constater que des traces de car- bone, mais beaucoup d'azote. L'analyse de ce fer m'a fourni : Silirium 0,^352 Carbone o,oio5 Soufre OjOOin Phosphore 0,0923 Azote ( i ) 1 ,6io3 Fer et perte 97 , 55oo » Comme certaines parties de ce fer étaient recouvertes d'oxyde, je les soumis dans un tube de porcelaine, chauffé au ronge à l'action, de l'hydro- gène sec; j'obtins de l'eau et de l'ammoniaque, comme M. Fremy l'a signalé. Cette réaction s'obtient même très-facilement. J'ajouterai que ce fer brûlé se dissolvait facilement dans l'acide sulfurique, sans dépôt de carbone, ni odeur fétide : la liqueur traitée par la potasse laissait dégager de l'ammo- niaque. » Il semble, d'après cette analyse, qu'on devrait regarder le fer dit brûlé plutôt comme un azoture de fer que comme un siliciure (opinion générale- ment admi.se); cette analyse confirmerait l'explication donnée par M. Fremy sur le fait de la décomposition de lacide carbonique en oxyde de carbone, dans ce cas; tous les métallurgistes savent en effet que ce produit s'obtient par l'action d'un feu trop longtemps ou trop fortement donné à un fer. » Deuxième cas. — H y a environ six mois, on me soumit un échantillon de fonte très-graphiteuse. Ce morceau, remarquable par les cristaux de carbone qui s'y trouvaient, était un peu rouillé par suite d'un séjour dans des lieux humides. Afin d'enlever les parties oxydées, je fis passer un ( I ) L'azote dans ce cas a ete dosii en vohimes pai' le potassium, c'est-à-dire qu'on a chauffé le gaz nitreux avec ce métal dans une cloche courbée : après la décomposition, le jjaz non absorbé a été calculé comme azote pur. ( II94 ) courant d'Iivclrotiene sur (les morceaux de cette fonte, chauffés au rouge flans un tube de porcelaine; j'obtins comme précédemment de l'eau et de lamnioniaque, ainsi que des vapeurs nitreuses par la combustion à l'oxyde de cuivre. L'analyse de cette fonte m'a donné : Carbone 4 > 7832 Silicium i ,6555 Phospliore 0,9737 Soufre G , 0082 Azote 0,3773 Fer et perte 92 , 202 1 La densité de cette fonte était de 6,263i . » Traitée par les acides sulfurique et hydrochloriqiie, cette fonte se dis- solvait encore assez aisément en laissant un résidu volumineux de matières noirâtres, accompagnées de plaques huileuses nageant cà et là à la surface du liquide : l'hydrogène dégagé de cette action avait une odeur désa- gréable et nauséabonde : les résidus traités par la potasse caustique déga- geaient de l'ammoniaque. » Le fait le plus curieux, et que je tiens à signaler, parce que je le crois très-important pour la question pendante, c'est que, traités par un acide, les morceaux qui avaient été soumis à l'hydrogène au rouge ont laissé encore échapper de l'ammoniaque par l'action de la potasse. » J'ajouterai que des morceaux non soumis au rouge à l'hydrogène, mais traités par l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique ou l'iode, n'ont pas donné des résultats concordants pour l'ammoniaque, malgré la pureté des reactifs. Ainsi par la décomposition des vapeurs nitreuses par le potassium, j'ai obtenu 0,3773 d'azote, par l'acide sulfiu'ique o,68a2, par l'acide chloi- hvdrique 0,7885, et par l'iode o,5537. Ne serait-il pas naturel de penser que l'azote del'air (qui se dissout dans l'eau) se combine avec l'hydrogène naissant, et agit là à la manièie dont l'ammoniaque se forme dans le phé- nomène do la rouille, c'est-à-dire quand on expose le fer à l'air humide? Cette action mérite d'être approfondie. Je dois ajouter en terminant cette- Note que l'analyse d'une fonte, acier ou fer (pour la détermination du car- bone par l'oxyde de cuivre), a besoin d'être faite à une température assez élevée. La décomposition du carbone de la fonte n'a lieu que lorsque le métal à analyser est porté au rouge fort. On peut s'en convaincre facilement en soumettant la fonte pulvérisée à l'action du chlorate de potasse dans un tube de verre, aucune action n'a lieu : souvent par conséquent les tubes de verre vert, dont on se sert pour ces analyses, ne résistent pas, et se fondent. ( "95) J'y remédie en prenant des tubes de porcelaine. Je dirai nièine qu'on gou- verne au feu ces derniers plus facileaient que les tubes de verre. J'ai essavé les canons de fusil, mais ils ne présentent pas le même degré de confiance, parce qu'ils s'usent et s'oxydent facilement par l'oxyde de cuivre. >i CHIMIE. — Élude sur les feis et tes aciers ; par M. J. Bom.s. (Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Seuarmont.) " J'ai été chargé par M. le général Morin de comparer entre elles les compositions d'aciers de provenances diverses, afin de voir si de cet examen il ne pourrait pas en résulter un enseignement utile pour la fabrication de l'acier. " Dans mes opérations , l'hydrogène desséché passait sur une longue colonne de pierre ponce chauffée au rouge et, de là, dans plusieurs éprou- vettes remplies de fragments de chlorure de calcium fondu. » J'ai également préparé l'hydrogène par la décomposition de l'oxyde de carbone, au moyen de la soude mélangée de chaux. L'hydrogène purifié et desséché se rendait dans un large tube auquel s'embranchaient deux tubes eu porcelaine : l'un destiné à recevoir les substances soumises à l'expérience, l'autre devant fonctionner à blanc. Les deux tubes en porcelaine, placés dans le même fourneau et chauffés dans les mêmes conditions, étaient ter- minés par deux tubes de Will renfermant de l'acide sulfurique titré tn;s- étendu. » La comparaison des titres des deux tubes, après chaque expérience, in- diquait, d'une manière très-exacte, la proportion d'ammoniaque et, par suite, celle de l'azote. » Tontes les fois que l'on chauffe l'acier ou le fer dans l'hydrogène, ou voit apparaître des vapeurs blanches qui traversent les dissolutions acides sans se condenser. Ces vapeurs, d'une odeur forte de matière organic{ue brûlée différente de celle de la calcination de la corne, ne se produisent que pendant quelques instants. » Tous les aciers que j'ai soumis à l'action de l'hydrogène ont fourni de l'ammoniaque, et je me suis assuré que l'hydrogène n'enlève rapidement l'azote qu'à la surfixce du métal, car des barreaux d'acier ayant subi l'action de l'hydrogène pendant une journée entière et limés de nouveau, ont pro- duit les mêmes quantités d'azote qu'à la première opération. Ce procédé ne ( II96 ) peut (ioiic indiquer la totalité de l'azote, à moins d opérer sur des copeaux ou des fils très-fins ou de faire durer très-longtemps I opération. n Les proportions d'azote sont toutefois très-faibles dans l'acier; le fer en contient souvent assez pour qu'en l'introduisant bien décapé dans un cou- rant d'hvdrogène, circulant dans un tube chauffé, il dégage immédiatement de l'auimoniaque bleuissant le papier rouge de tournesol. » J'ai trouvé de très-petites quantités d'azote dans les résidus des aciers Rrupp, Jackson, Wootz, traités par les acides ou par l'iode; une partie de l'azote se trouve à l'état d'ammoniaque dans les dissolutions acides. » Je résume dans le tableau suivant quelques-uns des résultats que j'ai obtenus. Poids, Nature du corps 8,522 Spirale d'acier Krupi» 0.1,340 Spirale d'acier Iviupp. Uurfie de Paciion. 3'' Proportion d'azote o,oooib5 , 0,00037 j 197 ,5io Sept lames d'acier fondu 1 1*" So"" 0,00069 180, iSo Sept lames d'acier fondu 7'' 148,200 Cinq lames 5>' So"" o.oooSi 25 ,000 Acier fondu Jackson 11'' 30™ o,ooo58 17,850 Acier Wootz 11'' Bo" 0,0012 194,210 Cinq lames fer doux 3'' So"" 0,0018 67,915 Fil à cardes r6'' o,ooi4 1 5o ,000 Fonte blanche en petits fragments. 140,070 Fonte grise en fragments o,ooi5 0,0000 Observ.iliori^ Hydrogène non pu- rifié et mal desséché. Spirale très- mince lavée à l'éther avant l'opération. Lames présentant une surface de 38o centimètres carrés. Beaucoup de bour- souflures. Lames précédentes limées de nouveau. En copeaux fins ob- tenus à la machine à raboter. En copeaux très-fins et tiès-minces. Surface de 200 cen- timètres carrés. Fil de 35o mètres de long , de l'usine de Lods, enlevé sur un rouleau de 3i kilo- mètres. Fonte mangancsifère très- dure. Le poids n'a pas varié. ( "97 ) » Quelque soin que j'aie mis à dessécher l'hydrogène, j'ai constamment trouvé une perte f.iible dans le poids des fers et des aciers, et cette perte est proportionnelle à la durée de l'action. » Ayant reinarqué d'un autre côté que l'acier Rrupp contient des quan- tités de carbone très-faibles, moindres que dans beaucoup de fers doux, que ce carbone s'y trouve eu grande partie au même état que dans le fer, j'avais pensé qu'en enlevant au fer une partie de son carbone on pourrait le trans- former en acier, l'hydrogène facilitant la combinaison d'une partie du car- bone. Mais voici ce qui a lien. Le fer le plus nerveux, soumis pendant quel- ques heures à l'action de l'hydrogène à une température élevée, devient Irès-cristalhn, cassant et présente l'aspect de l'acier. C'est cependant du fer et non de l'acier; car il n'a pas de force coercitive, il ne conserve pas l'aimantation, et lorsqu'on le travaille à chaud il perd son état cristallin et redevient fibreux comme primitivement. » Des barreaux de fer, des spirales de cuivre fortes deviennent cassantes et fragiles en quelques heures sous l'influence de l'hydrogène pur. Je crois donc que lorsque les métaux deviennent cassants sous l'influence du gaz ammoniac, il faut attribuer le phénomène à l'hydrogène qui se produit par la décomposition du gaz. » L'argent se comporte comme le cuivre et devient si friable, qu'on peut le réduire en poudre avec les doigts. » Je dirai cependant que la chaleur seule produit en partie le même effet sur le fer principalement, mais d'une manière plus lente. C'est ce que j'ai observé en chauffant les métaux au rouge dans le vide pendant des jours entiers. 0 Par une action très-prolongée de l'hydrogène, l'acier après la trempe conserve sa malléabilité. » II y a là entre le fer et l'acier une différence capitale, dont j'espère donner bientôt l'explication. » Quoi qu'il en soit, faction de l'hydrogène humide sur les fers et les fontes peut devenir très-utile, parce que ce gaz leur enlève les matières étrangères, comme le soufre, le phosphore, etc.» CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la reclierclie ioxicotogique du phosphore par ta coloration de la Jlamme ; par M. Bloxdlot. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chevreul, Rayer, Fremy.) « liOrsque le phosphore introduit dans l'économie animale s'est plus ou C. K., 1861, 1" Semestre. (T. LU, 1N<= 23. J ' ^^ ( "98 ) moins oxydé, le seul moyen d'en constater sûrement la trace est de s'at- tacher à découvrir la présence de l'acide phosphoreux qui en résulte. Dans ce but, M. Dussard avait proposé, il y a quelques années, de mettre à profit la propriété que possède le phosphore et tous les composés oxygénés de ce métalloïde inférieurs à l'acide phosphorique, de donner, dans l'appareil de Marsh, de l'hydrogène phosjjhoré, reconnaissable à ce que la flamme, écrasée par une plaque de porcelaine, produit un reflet vert-émeraude. Cette réaction est des plus sensibles; car, avec la pâte phosphorée d'une allumette, on peut obtenir la coloration de la flamme pendant plus d'une heure. Toutefois, appliquée à la toxicologie, cette méthode d'investigation présente, à côté d'incontestables avantages, des inconvénients de plus d'un genre, que j'ai cru devoir signaler, ainsi que les moyens propres à les éviter. Ne pouvant entrer ici dans les détails minutieux que le sujet comporte, je me contenterai d'indiquer sommairement les faits les plus saillants qui ré- sultent de mes recherches. » Le premier reproche à adresser à la méthode dont il s'agit est son ex- cessive sensibilité, d'autant plus dangereuse que le corps dont elle accuse la présence est aujourd'hui très-généralement répandu. De plus, la mani- festation du phosphore reposant sur un simple phénomène qui peut être plus ou moins net et que beaucoup de circonstances accidentelles peuvent modifier, il importait d'étudier, plus qu'on ne l'a fait, l'influence qu'elles peuvent exercer. i> Une des plus importantes de ces circonstances modificatrices est sans contredit l'action exercée par la lumière extérieure sur la coloration de la flamme produite par le phosphore. Cette influence est telle, qu'une flamme qui, dans une demi-obscurité ou à la lumière diffuse, manifeste une belle couleur verte, perd complètement ce caractère à la lumière directe du soleil. D'où la nécessité de n'opérer jamais que dans une pièce soustraite à celte action ou éclairée artificiellement. » Une autre remarque non moins essentielle concerne la pureté du zin( à employer. Or j'ai constaté que prescjue tout le zinc du commerce recèle des traces de phosphore suffisantes pour colorer la flamme en vert dans nu lieu plus ou moins obscur. Selon toute apparence, ce phosphore est dû au fer qui accompagne constamment le zinc. Toujours est-il que le zinc distillé en est exempt ; mais ce zinc pur, le seul que l'on puisse employer dans les applications toxicologiques de la méthode dont il s'agit, présente un incon- vénient majeur : c'est de n'être attaqué que difficilement par les acides étendus, même en présence du platine -, de manière qu'il ne saurait produire ( 1199 ) un jet continu de gaz inflammable. Pour vaincre cette difficulté, j'ai eu recours à un appareil fort simple, figuré dans mon Mémoire, et qui r.ippelle, jusqu'à un certain point, l'ancien briquet à hydrogène. Il permet de ne livrer issue au gaz que quand le flacon en est rempli. >' Déjà M. Dussard avait remarqué que l'acide sulfhydrique met obstacle à la coloration verte de la flamme phosphorée, et qu'il faut s'en débarrasser préalablement au moyen de la potasse. J'ai constaté un autre fait plus im- portant encore au point de vue des recherches toxicologiques : c'est qu'un grand nombre de matières organiques empêchent l'hydrogène phosphore de brûler avec sa coloration caractéristique. Tel est d'abord l'alcool, mais surtout l'éther et les essences, dont quelques gouttes suffisent pour empêcher, pendant des heures entières, la flamme de se colorer, alors même qu'il y aurait dans l'appareil une proportion relativement considérable de la pré- paration phosphorée,, La plupart dès matières animales solubles produisent aussi cet effet d'une manière plus ou moins prononcée; ce qui est un in- convénient d'autant plus grave, que la plupart des matières suspectes sou- mises à l'examen des experts sont constituées par des produits de ce genre. On pourrait, il est vrai, se débarrasser des premières, qui sont volatiles, par une ébullition préalable; mais il ne saurait en être de même des se- condes. Dans ce cas, j'ai imaginé de fixer d'abord le phosphore sur un métal, de manière à former un phosphure qui, introduit dans lui nouvel appareil, fournira de l'hydrogène phosphore. A cet effet, j'introduis le liquide suspect dans un appareil à hydrogène assez spacieux pour éviter les incon- vénients de la mousse, et je reçois le gaz dans une solution faible d'azotate d'argent où il ne tarde pas à former un dépôt brunâtre qui, introduit à son tour dans l'appareil spécial précédemment indiqué, colore la flamme en vert, pour peu qu'il recèle du phosphore. On comprend l'importance de ce perfectionnement dans le cas où, le phosphore primitivement contenu dans les matières suspectes s'étant oxydé, la méthode de Mitcherlich, d'ailleurs si sensible, serait impuissante à en déceler la présence. L'eau acidulée avec laquelle on a fait bouillb' ces matières pourrait alors servir, après filtration, pour l'expérience qui vient d'être décrite. Quelquefois aussi la proportion de phosphore en nature qui reste dans ces matières est si faible, et par suite les lueurs phosphorescentes si fugitives, qu'il peut rester des doutes dans l'esprit des experts; or, pour lever toute incertitude, il suffirait d'introduire quelque peu du liquide de condensation dans l'appareil à hydrogène, dont il colorerait la flamme, pour peu que le phosphore, en brûlant incomplè- tement, ait produit d'acide phosphoreux. i56.. ( I200 ) » Si la plupart des matières animales empêchent l'hydrogène phosphore de brûler avec un flamme verte, l'in'ine fait à cet égard une exception re- marquable, susceptible d'une application directe à la toxicologie. En effet, ayant recueilli l'urine de plusieurs malades qui prenaient 25 centigrammes d'bypophosphite de soude par jour, il m'a suffi d'introduire directement la valeur de i centimètre cube de celte urine dans un appareil à hydrogène, pour obtenir une flamme verte des mieux caractérisées. Malheureusement, si l'on diminue la dose et que les malades n'en prennent que moitié, aucune trace de phosphore n'apparaît dans l'urine : ce qui semble indiquer que l'économie animale a le pouvoir de faiie passer à l'état d'acide phospho- rique une proportion déterminée d'acide phosphoreux, et ne se débarrasse par la voie des urines que de la portion excédante. Telle est probablement la raison pour laquelle j'ai vainement cherché la trace de l'acide phospho- reux dans l'urine de malades qui prenaient chaque jour i centigramme de phosphore en dissolution dans l'huile, ainsi que dans celle d'un chien empoisonné par la pâte phosphorée. Toutefois, l'expérience n'ayant pas dit son dernier mot sur ce point, je crois que, jusqu'à ce quelle se soit pro- noncée, il sera désormais convenable, dans les cas d'empoisonnement, de soumettre l'urine à la méthode en question. » ANATOMiE COMPARÉE. — Détermination méthodique et positive des vertèbres de la tête chez tous (es Vertébrés; par M. A. Lavocat. (Mémoire transmis par M. le Ministre de l'Agricultiue, du Commerce et des Travaux publics.) (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Geoffroy-Saint-Hilaire.) a Démontrer que la tète des animaux vertébrés est composée de vei- tèbres, tel est le problème qui, proposé il y a plus d'un demi-siècle, n'a pas encore reçu une solution définitive, malgré les travaux du plus haut mérite entrepris successivement en Allemagne, en France et en Angleterre. » Les diverses opinions émises sont contradictoires : les unes tendent a établir une seule vertèbre céplialique ; d'auties en admettent trois ou quatre; d'autres encore arrivent à six ou à sept. Les auteurs qui ont adopté les quatre vertèbres proposées |)ar Oken, leiu- ont tous donné une compo- sition différente et plus ou mouis écartée du principe des analogies. Pour mettre hors de doute la construction vertébrale de la tète, il fallait reviser tous les faits et ramcnei' chaque chose à sa véritable signification. Il était ( 1201 ) surtout indispensable de déterminer il'une manière exacte et positive la composition élémentaire du type vertébral, auquel doivent se rapporter les différentes pièces de chaque vertèbre céphalique, chez tous les Vertébrés. Les principes développés, dans les parties précédentes de ce Mémoire sur le système vertébral, sont donc les bases rationnelles et méthodiques des ré- sultats suivants, auxquels nous sommes parvenu après plusieurs années de recherches : » Ln tête fait évidemment partie du système vertébral, et, à ce titre, elle est formée de vertèbres comme les autres régions du corps. Les vertèbres de la tête sont conformes au type vertébral par leur construction générale et par leur composition élémentaire : elles ont chacune un centmm, un arc neurai et un arc liémal; et les deux arcs reproduisent, de chaque côté, les cinq pièces essentielles de la vertèbre type. Les dessiiis qui accompagnent ce travail et qui représentent, divisées en segments vertébraux, cinq tètes [Homme, Chien, Jutruclte, Crocrodile et Morue) mettent en évidence ce que nous avançons. » Dans les quatre classes des Vertébrés, la tête est constamment formée de quatre vertèbres, qui sont déterminées ainsi qu'il suit : VERTÈBRES. CENTRUM. .\RC NELRAL ARC HÉMAL. Occipito-hyoïdieiine. Apophyse basilaire de l'occipital. Occipital (trois pièces). Mastoïdien. Caisse du tympan. Appareil hyoïdien (5 pièces). Pariéto-niaxillaire. Corps d u sphén oïde pos- térieur. Aile et apophyse ptory- goïde du sphénoïde pos- térieur. Écaille et apophyse zygo- matique du temporal. Pariétal . Maxillaire inl'érieur (5 pièces). Fronto-manJibulaire. Corps du sphénoïde an- térieur. Aile et apophyse i)tery- goïde du sphénoïde an- térieur. Frontal postérieur et son apophyse orbitaire. Frontal. Jugal. 1 Lacrymal. Palatin. Maxillaire supérieur.! Intermaxillaire. j 1 Naso-lurbinale. Vomer. Ethmoïde. Os du nez. Cornet sous-ellmu'i- dal. M La composition des vertèbres de la télé ne doit pas être étudiée sur lui { I ?.02 ) seul animal : telle pièce qui disparaît ou se soude chez un Vertébré est tou- jours reproduite chez un autre. » Toutes les pièces de la tête entrent régulièi-ement dans la construction des vertèbres ccphaliques, sauf les parties qui dépendent des téguments, comme le rocher et le cadre du tympan, les osselets de l'ouïe et leurs ho- motypes, les opercules, les sous-orbitaires et les dents. » Chez tous les Vertébrés les mêmes éléments se représentent, leur forme seule varie. Quelques-uns peuvent disparaître ; mais il n"y a jamais de pièces nouvelles. » A la tête, comme dans les autres régions, les éléments vertébraux sont soumis aux principes de répétition, de symétrie et de balancement orga- nique, et, dans toutes les modifications qu'ils subissent, selon les besoins et selon les espèces, ils conservent essentiellement les mêmes connexions. » En général, par leur composition les vertèbres de la tête sont caracté- risées à un tel degré, qu'elles pourraient servir de type fondamental. » L'unité de plan est conservée dans chacune d'elles, de telle sorte qu'elles se démontrent l'une par l'autre. Il résulte aussi de cet enchaîne- ment naturel des faits que la constitution de ces vertèbres ne peut pas être différente : il n'est pas une pièce qui puisse être transposée d'une vertèbre à une autre. Par la même raison, le nombre de ces vertèbres se trouve rigoureusement déterminé. « La région céphalique est la seule dont les vertèbres soient en nombre , invariable chez tous les Vertébrés. Cette particularité est due sans doute a la destination physiologique de chacune de ces vertèbres, pour l'un des quatre sens localisés à la tête. 0 En effet, comme l'a indiqué Ol^en, la première ou la plus antérieure est le siège de l'odorat, la deuxième est affectée à la vue, la troisième au goût et la quatrième à l'ouïe. ' l.,e caractère vertébral et le nombre des segments céphaliqiies sont en- core confirmés parla distribution des vaisseaux et des nerfs à chaque ver- tèbre, parleur passage dans les trois intervalles, véritables trous de conju- gaison, et par la disposition des trois ganglions (naso-palaf in, opthalmique et otique) du grand sympathique. Ces vaisseaux, ces nerfs et ces ganglions ré- pèt<»nt ceux qui se trouvent dans les autres régions de la colonne vertébrale. '• La détermination des vertèbres céphaliques est utile en ce qu'elle fait connaître la véritable signification des os de la tête et celle des vaisseaux et clos nerfs qui s'y distribuent. Elle éclaire aussi la physiologie, en fixant la distinction fonctionnelle des quatre segments de la tête. En outre, par ( I2o3 ) les corrélations démontrées entre les deux arcs composant chacune de ces vertèbres, elle peut donner l'explication de certains cas pathologiques ou tératologiques. » Dans une Lettre jointe au Mémoire dont nous venons de doiuier l'extrait, l'auteur prie l'Académie de vouloir bien faire ouvrir un paquet cacheté, dé- posé le 1 1 juin 1860, et dans lequel il avait consigné les premiers résultats de ses recherches. Conformément à cette demande, le paquet est ouvert en séance, et la Note qui y est contenue est renvoyée, ainsi que le Mémoire, à l'examen de la Commission déjà nommée. THÉRAPEUTIQUE. — Observations de paralysies généralisées et très-rebelles a/unt prorp'essivemenl cédé sons l'influenrc des eanx thermules du Mont Dore ; par M. J. Mascarel. (Extrait.) (Commissaires, MM. Bernard, Longet.) « Premier fait. — Paralysie généralisée, sans lésion organique appré- ciable, comprenant la paralysie complète du mouvement et du sentiment des membres inférieurs, du membre thoracique gauche avec paralysie com- plète de la vessie et du rectum, du nerf .olfactif gauche, du nerf auditif du côté droit, et d'une partie du voile du palais; paralysie complète de la langue et du larynx, et incomplète du pharynx et de l'œsophage, traitée pendant vingt mois par toute sorte de médications sans aucune espèce d'amélioration. Guérison radicale par les eaux thermales du Mont Dore, après trois campagnes. » Deuxième /ai(. — Paralysie musculaire des quatre membres. Insuccès des médications employées pendant huit mois. Cessation graduelle de tous les accidents sous l'influence d'un traitement thermal de vingt-deux jours. » Troisième fait. — Anesthésie de l'extrémité d'un doigt, suite de trau- matisme. Rétablissement des fonctions de ce doigt. » M. Du MoNCEL, à l'occasion des remarques faites par M. Becquerel sur sa communication du 27 mai, concernant les « transmissions électriques à tra- vers le sol », donne quelques éclaircissements sur le terme dont il s'est servi en exposant les résultats de recherches entreprises dans un autre but que celles du savant Académicien. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel et Pouillet. ) ( I204 ) 3Ï. Laurent adresse d'Ageii la description et la figure de divers appareils qu'il a imaginés. Le principal est un instrument automoteur, destiné à constater géographiquement et par des courbes continues les variations dans la hauteur des eaux d'une rivière sujette à des changements imprévus et souvent de |)eu de durée. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Morin et de Tessan.) M. AiLLAiD d'Esparrox communiquc les bons résultats qu'il a obtenus de l'élcctrisation appliquée aux vers à soie malades. Dans une expérience qu'il a faite à Beaucaire, des vers qu'on jugeait perdus, soumis à l'influence de la pile, ont pris le bois et donné des cocons qui paraissent valoir ceux provenant de vers bien portants. CORRESPONDANCE. M. LE Président présente au nom de l'auteur, M. J. f^an der Hoeven, un catalogue descriptif des crânes de diverses races humaines, réunis par ses soins dansle Muséum de Leyde. {Voir au BiiHelin bibliographique. ) M. LE Secrétaire perpétdel présente, au nom de M. Cap, une étude biographique sur le célèbre naturaliste voyageur, Philibert Commerson. ÉCONOMIE RURALE. — Sur des vers à soie du chêne élevés à la ménagerie des reptiles du Muséum d'Histoire naturelle; par M. Au6. Dcméril. « J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie les cocons d'une espèce de ver à soie de l'extrême Orient (i) adressée à la Société impériale zoologique d'Acclimatation, et qui n'avait point encore été vue en France, ni même, selon toute probabilité, dans aucune autre contrée de l'Europe. » Je n'ai point à aborder ici une question de zoologie sur laquelle M. Guérin-Méneville s'est déjà prononcé en proposant une dénomination (i) Les œufs envoyés par M. Duchesne de Bellecourt, consul général de France au lapon, <^taient accompagnés d'un échantillon de soie, ne portaient d'autre indication que celle-ci: " Graine du ver à soie sauvage ' 2° S'il est vrai que la trompe peut être ouverte sans la coïncidence d'un mouvement de déglutition, rien que p;u' une différence suffisante de la pression aérienne entre le pharynx et la cavité tympanique, il faut dire que la trompe devient perméable à l'air au plus haut degré et d'une manière constante pendant un acte de déglutition. » Voici les expériences faites pour examiner le mécanisme des muscles de la trompe : » 1° Sur des chiens récemment morts et dont la tête était séparée, j'ai ouvert le pharynx jusqu'à une hauteur qui me permît de voir l'orifice de la trompe d'Eustache. A chaque irritation du nerf trujeminus , j'obtenais une dilatation de la partie supérieure de l'orifice pharyngien de la trompe. L'inspection anatomique permit de voir que le muscle tenseur du voile du palais produisait la dilatation. » 2" Sur des poules, après avoir lié les carotides, on vidait la cavité crâ- nienne, et ôtait suffisamment de la mâchoire inférieure poiu" que l'orifice impair médian de la trompe fût visible. A chaque irritation des deux trige- mini, on constatait une dilatation de l'orifice de la trompe. La dilatation était plus grande si l'on irritait le pharynx mécaniquement. >) La disposition anatomique des muscles de la trompe d'Eustache chez l'homme démontre que c'est surtout le muscle sensglu- tition ont leur part dans le mécanisme de dilatation et de resserrement de la trompe. ( 1209 ) » IV. De r influence des oscillations de In pression aérienne dans la caisse Ijmpanique sur les proportions statiques du contenu du labyrinthe. — Depuis J. Mùller on pensait que le sentiment de plénitude à l'oreille, un certain degré de dureté de l'ouïe, le bourdonnement qu'on éprouve en conden- sant ou raréfiant l'air dans sa caisse tympanique, sont causés par un chan- gement de tension de la membrane tympanique. Mais on n'avait pas consi- déré que la pression dans une cavité ne doit pas agir sur un seul côté, mais également sur tous les côtés, et on oubliait tout à fait la pression sur la fe- nêtre ronde et sur la base de l'étrier avec sa membrane environnante. » Pour bien étudier l'influence de la pression aérienne sur le labyrinthe, jai fait des expériences sur les organes de l'ouïe humaine à l'état frais. Pour proiluire des augmentations ou diminutions constantes de la pression aérienne, j'usais d'un appareil de pression à mercure, hermétiquement ap- pliqué à la trompe d'Eustache, et sur le conduit auditif externe. La pres- sion dajîs le labyrinthe était mesurée à l'aide d'un petit manomètre appli- qué hermétiquement au cana! demi-circulaire supérieiu'. » Les mouvements des osselets produits par la condensation ou ramifi- cation dans le conduit auditif externe, et ensuite par les mouvements de la membrane tympanique, donnent une pression dans le manomètre laby- rinthique de -| à i niiliimètre; en condensant ou raréfiant l'air dans la caisse par la trompe, on reçoit dans le manomètre labyrinthique une pres- sion de I I à 3 millimètres; voilà la proportion de la pression labyritithique causée par les mouvements des osselets seuls, à la pression augmentée ou diminuée sur la fenêtre ronde et la base de l'étrier i : 3. Quand on observe la fenêtre ronde, la pression labyrinthique iliminue beaucoup ; en séparant l'articulation de l'enclume avec l'étriei-, hi pression augmente. » Il résulte de ces expériences : i" l'influence importante des oscillations de la piession aérienne dans la caisse sur le contenu labyrinthique; 2" que le petit degré de dureté de l'ouïe, le bourdonnement qu'on peut produire sur soi-même en condensant ou raréfiant l'air dans la caisse, le phénomène connu des plongeurs jusqu'ici imparfaitement interprété, s'exnliquent suffisamment par les changements dans la pression labyrinthique, et il est probable que beaucoup d'espèces de duretés de l'ouïe et de bourdonne- ments sont causées par une pression anormale due à des exsudations et à des indurations de la membrane muqueuse au niveau de l'étrier et tle la fe- nêtre ronde. « ( I2IO ) CHIMIE ORGANIQUE. — Elude sur la guanine; par M. Ad. Strecker. « 1 . Sur quelques métamorplioses de la cjuanine. — J'ai fait voir il y a quelques années que la guanine, la base caractéristique du guano, se transforme par l'action de l'acide nitreux en xantliine, que l'on ne con- naissait autrefois que comme im élément de certains calculs très-rares. J'ai rencontré depuis la xanthine dans l'urine humaine, et M. Scherer l'a trouvée très-répandue dans les liquides de l'économie animale. On avait élevé quelques doutes sur l'identité de la xanthine, préparée par l'action de l'acide nitreux sur la guanine, avec la xanthine naturelle. D'après mes nouvelles expériences les propriétés des deux nouvelles substances sont exactement les mêmes. » La xanthine est une base faible, qui forme avec les acides des sels cris- tailisables et avec le chlorure de platine un sel double. a Le sulfate €^H*Az'OSH^O , M)' laisse, lorsqu'on le lave à l'eau, un résidu de xanthine pure; celle-ci conserve encore la forme cristalline du sulfate. » La transformation de la guanine en xanthine est exprimée par l'équ;;- tion suivante : 2€^«H=Az=Ô4-Az^O'=2G''H*Az'ô' + ff0 4-2Az. Guanine. Xanlhino. « En traitant la guanine par un mélange de chlorate de potasse et d'acide chlorhydrique étendu, j'ai obtenu, comme produits principaux de la réac- tion, de l'acide parabanique et une base organique puissante que je nomme guanidine et de l'acide carbonique. L'équation suivante rend compte de la form;ilion de ces produits : G^H'^Az»© -+- H^O + 3Ô = G'ffAz^Ô^ + €H»Az' + GQ'. Guanine. Acide Guanidine. parabaniqae. Il se forme en outre une petite quantité de xanthine. >> ha guanidine est une base énergique, qui possède une réaction alca- line. Exposée à l'air, elle attire de l'eau et de l'acide carbonique et laisse déposer des cristaux incolores de carbonate de guanidine, qui renferme 2€H'Az',H'0,€ô'. Ce sel possède une réaction alcaline; il se dissout fa- ( I2II ) cilcment clans l'eau et est insoluble dans l'alcool. Le chlorhydrate de giiauU dine cristallise focilement en aiguilles déliquescentes. Il est neutre et donne avec le chlorure de platine un sel double qui renferme GH'AzjHCl.PiCl'. Le nitrate de guanidine cristallise facilement. Chauffé avec lai excès d'acide nitrique, il donne du nitrate d'urée et du nitrate d'ammoniaque €H»Az' + H^€>=GH*Az'0-f-AzH'. » De tous les corps connus la guanidine est le plus riche en azote. Il en renferme 71 pour 100. D'après sa composition on peut l'envisager comme de la cyano-diamine | „5 ? Az'- » Les corps qui se forment dans la réaction que l'on vient de décrire forment en quelque sorte le lien entre la guanine et d'autres produits résul- tant de la mutation des substances azotées dans l'économie. On sait, en effet, que \acide iirique donne, dans les mêmes circonstances, de l'acide pa- rabanique, et que, d'après les expériences intéressantes de M. Dessaignes, la créatine donne de la mélhyluramine G^H' Az% qui n'est autre chose que de la méthyl-guanine (cyano-méthyldiamine). On sait en outre qu'en trai- tant la créatine et la créatinine par l'acide nitreux, M. Dessaignes a préparé une substance offrant la composition €*H*Az'ô', qui constitue, je pense, l'acide méthylparabanique, en supposant que la composition et les pro- priétés de la substance confirment cette hypothèse. » On serait ainsi conduit à attribuer à la méthyluramine la formule €Azj €H' Az' H') et à l'acide méthylparabanique la formule €0 \ ^'^' Az' H » Si l'on considère que la créatine est dédoublée par l'action de l'hydrate de baryte en urée et en sarcosine, et que ce dernier corps peut être envi- sagé, selon la supposition de M. Dessaignes, comme du méthylglycocolle. C 1212 ) on peut attribuer a la crealine la formule H' ) / |.r.„:v.jAz' €Az H H' H* GAz G'H^OI «H. ,-r,-: ,o rl'apres laquelle elle serait une combinaison de cyanamide et de méthyl- glycocolle. En se laissant guider par les mêmes considérations, on est con- duit à donner à la guanine la formule €'Az' €Az j €=ff ô Az'. H' 1 » 2. Synlhèie cl une hase homologue avec la créaline. — Auisi qu on l'a indiqué plus baut, la créatine peut être envisagée comme une combinaison de cyanamide et île mélhylglycocolle. Dans l'espoir qu'on pourrait l'obtenir, par voie synthétique, en faisant réagir ces deux corps l'un sur l'autre, j'ai étudié l'action de la cyanide sur le glycocolle. I.orsqu'on mélange des solu- tions aqueuses de ces deux substances en ajoutant quelcpies gouttes d am- moniaque et qu'on abandonne la liqueur à elle-même pendant quelques jours, elle laisse déposer des cristaux incolores. La composition de ces cris- taux répond à la formule G'ffAz'0% qui montre que la nouvelle sub- stance, la glyco-cyamine, est formée par la combinaison directe de la cya- namide et du glycocolle : G'H^Az»0' = GH'Az'-4-G'H''AzO'. Glycocyamine, Cyanamide. Glycofolle. >> La glycocyamine se dissout dans 126 parties d'eau Iroide-, elle est plus sohible dans l'eau cliaiide, insoluble dans l'acool. Dans les acides elle se dissout facilement. Le chlorhydrate G'H"' Az'ô'.HCl cristallise aisément en prismes rhomboïdaux. Il forme avec le chlorure de platine un beau sel de platine G'H' Az^O%HCl,PiCP -^ 3Aq qui perd soneau à 100°. » La glycocyamine renferme i équivalent d'hydrogène susceptible d'être remplacé par des métaux. Lorsqu'on la fait bouillir avec de l'acétate de cuivre, il se forme un précipité bleu clair renfermant G'H'"'C^lA^'ô^ Elle forme aussi dos précipités avec le mercure et avec d'autres métaux. ( 12 l3 ) >' Lorsqu'on chauffe la glycocyamine dans un courant de gaz chlorhy- drique sec, elle s'y unit sans éliminer de l'eau. A 160° la combinaison fond en perdant une molécule d'eau et se convertit dans le cliiorhydrate d'une nouvelle base, que je no;nme (jlfcocyamidine. Le cliiorliydrate de glycocya- niidine C'H'Az'Ô.HCl esl très-soluble dans l'eau et donne avec le chlorure de platine un sel double cristallisé en aiguilles et offrant la composition €'H^ Az^ô,HCl,PtCI'+ aAq. A 100° ce sel double perd son eau. » En faisant bouillir la solution du chlorhydrate de glycoeyamidine avec de l'hydrate d'oxyde de plomb, j'ai isolé la base elle-même. Elle est très- soluble dans l'eau et cristallise en petites paillettes incolores. Elle possède une réaction alcaline. Elle forme avec le chlorure de zinc une combinaison peu soluble cristallisant en petites aiguilles. « Les relations qui existent entre les deux corps que l'on vient de dé- crire correspondent à celles qui existent entre la créatine el la créafinine. Ces deux derniers corps ne diffèrent des premiers qu'en ce qu'ils renfer- ment 1 équivalent de méthyle qui remplace i équivalent d'hydrogène dans la glycocyamine et dans la glycoeyamidine. Je vais essayer d'opérei- une semblable substitution dans la glycocyamine et je legnrde comme pro- bable que j'obtiendrai de la créatine. » J'ajoute que l'alanine et la leucine donneront, selon toute apparence, avec la cyanamide des combinaisons homologues avec la glycocyamine. >' PHYSIQUK. — Pol'irisrition chromatique; Mémoire sur In surface imchroma- lifjue; i^or M. A. Bertix. « Jjes franges que présentent les lames biréfringeules dans lui faisceau divergent de lumière polarisée sont dues, comme chacun sait, à l'interfé- rence des rayons qui ont traversé la lame avec des vitesses différentes. Les deux rayons qui interfèrent en chaque point de la frange ont une diffé- rence de marche constante et égale à un nombre entier de longueius d onde, si la frange est sombre, lorsque le polariseur et l'analyseur s^nt croisés. Ces deux rayons sont divcrgenls dans l'intérieur du cristal, mais leur écart est très-petit et peut être négligé. L'erreur qui en résulte sur la distance d'un point de la frange au centre du champ n'est pas considérable, car elle est au plus égale à ^hî ''''"*^ '^ quartz, lors même que le champ lumineux est de 90°. » Si on néglige l'écart des rayons dans l'intérieur de la lame, on peut la L. H., 1861, t" Semés irr. (T. LU, N» 25, i58 ( 12.4 ) concevoir traversée dans chaque direction par deux rayons qui parcourent le même chemin avec des vitesses différentes. Si donc on suppose un large faisceau de hnniére polarisée concentré au moyen d'une lentille en un pouit O sur Li première face, ce point O rayonnant dans tous les sens, on trouvera dans chaque direction deux rayons lumineux qui parcourront le même chemin ii avec des vitesses différentes v' et ('"et acquerront ainsi lui retard ou une différence de marche â, donnés par l'équation * = "(7-7)- » Le lieu des points qui satisfont à cette équation est une surface centrée sur le point O et ayant pour propriété que tous les couples de rayons partis du point O arrivent à la surface avec le même retard : je l'appelle la surface isochromatiqiie. Elle est coupée par la seconde face du cristal suivant une courbe dont tous les points sont atteints par les couples de rayons partis du point O après le même retard : c'est la courbe isocliromatique . A partir de cette courbe, les rayons lumineux sortent de la lame et viennent peindre sur un écran placé à une certaine distance l^ frange proprement dite. A cause de la faible différence des indices de réfraction, les rayons émergent avec un indice sensiblement constant et égal à l'indice moyen du cristal, de sorte que la frange n'est pas autre chose que la courbe isochromatique amplifiée. Si donc la surface isochromatique était construite, on trouverait immédiatement la frange en coupant cette surface par im plan parallèle aux faces de la lame cristallisée. » Pour trouver l'équation de la surface isocluomatique, on remarquera que i>' et v" sont préci.sément les rayons vecteurs de la sinface de l'onde. Ou éliminera doue v»' et c" entre l'équation précédente et celle de la surface de l'onde, ce qui donnera, en prenant poiu- axes coordonnés les axes d'élasti- cité, et en désignant par < J'ai appelé récemment l'attention de l'Académie sur certains phéno- mènes de polarisation, que présente la lumière émise par des stries brillantes tracées sur les miroirs, ou par des fentes très-étroites. Ces phénomènes m'ont paru offrir un intérêt [larticulier, moins par la nouveauté de quelques ré- sultats que parla difficidté de les expliquer, en les rapportant aux divers moyens généralement reconnus propres à polariser la lumière. » Je demande la permission d'ajouter aujourd'hui quelques faits à ceux que j'ai déjà rapportés, et d'essayer de déduire de leur ensemble une expli- cation, sans doute très-incomplète encore dans ses détails, mais dont le (i) La première partie de ce travail a été lue à l'Académie, dans sa séance du i8 février 1861. C. R., 1861, \" Semeitic. (T. LII, N» 84.) ' Sq ( 1222 ) principe, fondé sur certaines propriétés connues de la réflexion et de l'in- terférence des rayons limiineiix, paraîtra peut-être plus assuré. » Les expériences précédemment décrites ont montré que des stries très- fines, isolées ou multiples, tracées sur une surface réfléchissante, possèdent une propriété polarisante spéciale, dont les effets s'observent et dans les reflets brillants et dans les rayons réfléchis régulièrement, en produisant une polarisation variée, tantôt perpendiculaire, tantôt parallèle au plan d'in- cidence ; polarisation dont le sens et l'intensité dépendent à la fois de l'angle d'incidence des rayons, de l'angle sous lequel on les observe,- et aussi de la forme et de la profondeur des sillons. » Ces expériences ont montré, de plus, que la lumière transmise à travers une fente très-étroite présente des phénomènes du même ordre, elle est généralement polarisée, et dans un plan perpendiculaire à la longueur de la fente. Le sens de la polarisation étant, dans cette circonstance, le même que celui qui résulterait de réflexions multiples entre les deux bords de la fente, on a pensé d'abord que cette cause pouvait rendre compte du phénomène qui dès lors n'aurait plus rien de particulier; mais diverses raisons et plu- sieurs expériences ont conduit à admettre pour les lentes une certaine pro- priété polarisante analogue à celle des stries : manière de voir qui a été confirmée depuis par plusieurs observations nouvelles, que je vais ra[)- porter. » 1° Polarisation par une fente très-fine dans un plan parallèle à sa longueur. — Une lame d'argent très-mince, déposé chimiquement sur le verre, a été rayée en ligue droite avec del'émeri très-fin ; c'était un fragment de la lame désignée précédemment par la lettre (A), et dont l'épaisseur a été trouvée de -rjîy^de millimètre. Un grand nombre de stries avaient traversé la couche d'argent de manière à donner naissance à autant de fentes d'une ténuité ex- trême. Ces lignes lumineuses étant observées, à l'aide d'un analyseur, au mi- croscope éclairé par la lumière solaire, ont présenté les phénomènes de po- larisation déjà décrits, c'est-à-dire qu'un grand nombre d'entre elles étaient polarisées dans un plan perpendiculaire à leur longueur. » Mais en observant avec plus d'attention les moins lumineuses de toutes ces lignes, c'est-à-dire celles qui devaient être les plus fines, on en a trouvé un certain nombre qui présentaient un phénomène de sens opposé, c'est-à- dire qu'ellesélaient polarisées dans un plan parallèleà leur longueur, les unes totalement, les autres partiellement ; cet effet étant accompagné de phéno- mènes de coloration semblables à ceux qui ont été signalés dans les lignes qui donnent la polarisation perpendiculaire. ( 1223 ) » On a cherché à connaître la largeur des fentes qui donnent lieu à ces phénomènes, en les observant avec des oculaires munis de micromètres; mais on a reconnu bientôt que leurs dimensions sont si faibles, qu'elles restent au-dessous de la limite de netteté d'un excellent microscope (Oberhaeusern" 829). Cependant en comparant avec attention les intensités des lignes les plus fines avec celle des lignes plus larges dont la dimension peut être appréciée, j'ai pu évaluer avec quelque probabilité les largeurs de quelques-unes d'entre elles. a Une ligne polarisée perpendiculairement à sa direction a paru être de TtuTô ^^ millimètre ; une autre beaucoup moins lumineuse, polarisée pa- rallèlement à sa direction, a été estimée à -^ o ô 0 ù ^^ millimètre. Je dois ajouter que ces valeurs ne sont qu'une approximation ; elles peuvent être en réalité plus faibles encore, mais il est peu probable qu'elles soient plus fortes. Ce qu'il y a de certain, c'est que la polarisation parallèle n'apparaît que dans les fentes les plus fines, et alors que leur largeur est bien moindre que la longueur d'une ondulation qui est environ de j^ôô ^^ milli- mètre. » J'ai recherché le même phénomène avec les bulles de savon observées par leur tranche, comme il a été dit dans la première partie de ce travail, lesquelles présentent généralement de la polarisation perpendiculaire à la longueur de la ligne lumineuse ; et j'ai constaté en effet que dans certaines circonstances il se manifestait parfois une polarisation sensible parallèle à la ligne lumineuse. » 2° Polarisation variée des franges de diffraction produites par une fente. — On a remarqué enfin des particularités très-propres à éclairer lacause de ces phénomènes singuliers, en observant avec un prisme biréfringent les franges de diffraction formées en regardant au microscope un point lumi- neux à travers une fente très-étroite à bords polis. En effet, on a réussi dans certains cas à produire des franges, que le prisme biréfringent dédou- blait en deux systèmes dissemblables, polarisés l'un dans un plan pa- rallèle à la longueur de la fente, l'autre dans un plan perpendiculaire. » La dissymétrie des deux systèmes était en certains points d'une faible fraction de frange, en d'autres d'un quart, enfin en d'autres encore elle s'élevait jusqu'à une demi-frange. La superposition des deux systèmes, ou les franges naturelles, possédaient donc des états variés de polarisation, où dominait tantôt la polarisation perpendiculaire à la fente, tantôt celle qui lui est parallèle, et dans certains points l'une ou l'autre de ces polarisa- tions était complète. .59.. ( 1224 ) » Ces apparences singulières, (jui ont des rapports évidents avec les phénomènes précédemment décrits, paraissent devoir être rapportées à l'intervention des rayons réfléchis sous différents angles parles hords polis de la fente, rayons qui se mêlant avec les rayons directs, donnent une résultante comnnme qui doit généralement être différente, suivant que l'on considère l'une ou l'autre composante des rayons réfléchis. On sait en effet que l'acte de la réflexion établit, en général, une différence de phase entre les deux composantes, l'une parallèle, l'autre perpendiculaire au plan de réflexion, différence de phase qui doit produire un effet correspondant dans la résultante dont ces rayons font partie. Mais ici le phénomène est trop complexe pour être susceptible d'une analyse un peu précise; on peut seulement entrevoir que la rencontre ou l'interférence de rayons directs avec des rayons réfléchis peut, dans certains cas, donner de la lumière polarisée plus ou moins complètement, et dont le plan de polarisation coïn- cide, soit avec le plan de réflexion, soit avec le plan perpendiculaire. » Au reste, cette cause remarquable de polari.sation est une conséquence simple et nécessaire des lois qui régissent la réflexion et l'interférence des mouvements lumineux, et elle paraît jouer un rôle important dans plusieurs expériences bien connues des physiciens, parmi lesquelles on peut citer : les anneaux de Newton observés par Arago entre le verre et un métal, ainsi que les couleurs de l'acier recuit, et celles que présente l'argent soimns aux vapeurs d'iode, etc. Toutes ces expériences offrent, en effet, une par- ticularité commune : c'est que, indépendamment des différences de chemin parcouru par les deux rayons interférents, chacun d'eux éprouve par la réflexion d'inégales différences de phase entre ses deux composantes; d'où il résulte que lorsqu'on regarde les anneaux colorés, sous certaines inci- dences, avec un analyseur qui isole l'une ou l'autre des deux composantes, les anneaux changent d'aspect en présentant parfois des apparences com- plémentairos. » Mais dans ces diverses circonstances les phénomènes sont compli- qués par plusieurs effets accessoires, et surtout par l'influence de la pola- risation ordinaire par réflexion et réfraction, qui empêchent de discerner sûrement les effets de polarisation dus à l'interférence. » Cependant la considération de ce genre de phénomènes m'ayant paru propre à rendre raison des effets de polarisation que j'avais observés avec les stries et les fentes, j'ai cherché à réaliser une expérience spéciale, dégagée autant que possible de tout phénomène accessoire, et qui [)ermît de con- stater directement que deux rayons de lumière naturelle, inégalement ( 1225 ) modifiés par des réflexions impropres à leur imprimer aucune polarisation sensible, peuvent cependant devenir polarisés, par interférence, et de plus acquérir ainsi une polarisation totale suivant l'un ou l'autre de deux plaiis rectangulaires. » Polarisation observée avec des rayons de lumière naturelle qui se rencon- trent après avoir éprouvé des réflexions totales. — Je suppose que i'ou repro- duise l'expérience des interférences, par laquelle Thomas Youug démontra l'influence mutuelle que deux rayons de lumière exercent l'un sur l'autre. Un écran percé de deux ouvertures voisines est placé sur le trajel de la lumière, qui émane d'une source de petites dimensions; derrière l'écran, on considère le lieu où les rayons, qui ont traversé les deux ouvertures, viennent à se rencontrer en donnant naissance au beau phénomène de couleurs connues sous le nom de /ranges d'Young. 1) On peut placer devant chacune de ces ouverinres un de ces verres taillés en prismes dans lesquels la lumière subit deux réflexions totales sous l'angle de 54°, 5, et qui sont connus sous le nom lie parallélipipèdes de Fresnel. On observe alors ce qui suit : » D'abord, si l'on place les deux prismes de lelle manière que les deux plans de réflexion soient parallèles entre eux, les franges conservent tout leur éclat, el leur constitution ne paraît aucunement altérée par l'effet des réflexions totales. » Mais si l'on fait tourner l'un des prismes de 90" autour du rayon, de manière que les plans de réflexion dans l'un et l'autre prisme soient per- pendiculaires entre eux, les franges d'interférence disparaissent totalement, et le point de rencontre des rayons paraît alors uniformément éclairé. Cependant on ne doit pas attribuer cet évanouissement des franges à un défaut de symétrie dans la situation des prismes, d'où pourraient résulter des différences de marche accidentelles ; il est facile de s'en assurer en ayant recours à divers procédés qu'il serait trop long de décrire, mais qui per- mettent d'établir, dans cette circonstance, une rigoureuse égalité entre les chemins parcourus par les deux faisceaux lumineux. » Si maintenant on place au-devant de l'œil un analyseur, et que l'on regarde l'espace uniformément éclairé, ou y découvre un état remar- quable de polarisation variée que je vais indiquer; en effet, un certain nombre de points équidistants offrent de la lumière complètement polari- sée, et en parcourant l'espace d'une extrémité à l'autre, ces points parais- sent alternativement polarisés, tantôt dans un plan, tantôt dans le plan pei- ( i2a6 ) pendiculaire, les intervalles présentant des états intermédiaires de polarisa- tion partielle ou nulle. L'effet résultant de ces états variés de polarisation est de donner successivement, pour deux positions rectangulaires de l'ana- lyseur, deux systèmes distincts de franges de même dimension que les franges primitives, mais rejetés, l'un à droite d'un quart de frange, l'autre à gauche de la même quantité, et par conséquent éloignés l'un de l'autre d'une demi-frange, en sorte que les deux systèmes égaux en intensité sont exac- tement complémentaires. » Il résulte de là que la lumière uniforme observée à l'œil nu au point de concours des deux rayons doit être considérée comme formée par la superposition de deux systèmes égaux de franges complémentaires, dont le premier est polarisé suivant le plan des réflexions dans l'un des prismes, et le second suivant le plan correspondant dans l'autre prisme, c'est-à-dire dans deux plans rectangulaires. De plus, le milieu des franges brillantes de chaque système étant en coïncidence avec le milieu des franges obscures de l'autre système, on voit que dans ces points il ne subsiste que de la lumière ap- partenant à un seul des systèmes, et que par suite la polarisation doit y être totale, comme on l'observe en effet. » L'explication de la cause de ces phénomènes ne présente au reste au- cune difficulté sérieuse, et je ne ferai que l'indiquer ici. w Le parallélipipède de Fresnel, à deux réflexions totales, a été calculé par ce grand physicien pour établir une différence de phase d'un quart d'ondu- lation entre les deux composantes rectangulaires du rayon réfléchi. Bien que l'on considère généralement ce rayon comme primitivement polarisé, et par suite les deux composantes comme concordantes, il est certain que le changement de phase doit être indépendant de la polarisation du rayon, et que le même effet doit se produire également avec un rayon naturel; seu- lement alors il faut considérer les deux composantes comme discordantes entre elles. » Lors donc qu'on place devant les deux ouvertures deux parallélipi- pèdes semblables, mais dans des azimuts distants de 90°, les deux plans de réflexion sont à angle droit, et par suite les composantes de même nom ap- partenant à chacun des deux rayons sont réfléchis dans des azimuts distants de 90° ; elles éprouvent donc l'une par rapport à l'autre la différence de phase d'un quart d'ondulation, différence qui entraîne un déplacement des franges correspondantes égal à im quart de frange du côté du rayon re- tardé. Mais comme ce retard a lieu à droite pour un des systèmes des coin-^ ( 1227 ) posantes de même nom, et à gauche pour le système de nom contraire, et que, de plus, tout est égal de part et d'autre pour l'intensité et la différence des phases, on voit : » i" Qu'il doit exister simultanément : un premier système de franges correspondant à la première composante de la lumière et rejeté vers la droite d'un quart de frange : un deuxième système correspondant à la deuxième composante rectangulaire et rejeté vers la gauche de la même quantité, un quart de frange; systèmes que l'on isole tour à tour par l'ana- lyseur en le plaçant de manière à n'admettre qu'une seule composante à la fois; 2° Que les deux systèmes précédents, identiques l'un à l'autre sous le rap- port de la constitution et de l'intensité, sont éloignés l'un de l'autre de la moitié de la largeur d'une frange, d'où il résulte, d'après les lois qui régis- sent ces phénomènes, qu'ils sont exactement complémentaires, c'est-à-dire que leur superposition donne lieu à un espace uniformément éclairé et sans couleurs, ce qui explique la non-interférence apparente des rayons dans cette circonstance ; » 3° Que l'égalité d'intensité du champ lumineux est due, eu chaque point, à la somme de deux quantités de lumière, généralement différentes, appartenant chacune à l'une des deux composantes de la lumière natu- relle employée, et par conséquent polarisées l'une et l'autre dans des plans distants de 90'', l'une de ces quantités pouvant être égale à zéro, ce qui donne la raison des états variés de polarisation, tantôt complète, tantôt par- tielle ou nulle, suivant l'un ou l'autre de deux plans rectangulaires. » L'expérience que l'on vient de décrire a été présentée avec quelques détails parce qu'elle a paru de nature à faire deviner par quel mécanisme la polarisation peut prendre naissance, lorsque la lumière traverse de pe- tites ouvertures ou se réfléchit sur des miroirs striés. C'est ce que je vais examiner dans la fin de ce travail. » Je commencerai par faire remarquer que dans tous les cas où les phé- nomènes en question ont été aperçus, il existe des rayons réfléchis par des surfaces polies métalliques ou autres, et que de plus il se produit nécessai- rement des interférences entre des rayons soit directs, soit diversement ré- fléchis, dans des espaces tellement étroits, qu'ils sont parfois bien inférieurs à la longueur d'une ondulation lumineuse. Je rappellerai aussi : 1° que les rayons qui se propagent dans des espaces atissi petits, ne doivent plus suivre dans leur marche les lois ordinaires de la propagation, mais être infléchis de diverses manières en suivant des directions qui peuvent s'éloi- ( 1228 ) gnei- beaucoup de leur direction première; 2° enfin que le phénomène de la réflexion est en général accompagné d'une certaine différence de phase entre les deux composantes principales du rayon, et en outre de la perte d'une demi-ondulation ; comme il résulte des travaux de Fresnel , de Cauchv, de M. de Senarmont et de M. Jamin. » Dans de semblables conditions il est facile de concevoir que la lumière doit presque toujours se polariser par interférence, à des degrés divers, et que ce n'est que dans des cas exceptionnels qu'elle doit conserver l'état naturel. Mais s'il est aisé d'apercevoir que telle doit être la cause générale des phénomènes observés, il n'est pas aussi facile de donner une explication précise des cas particuliers qui se présentent. Il faudrait pour cela connaître la forme et les dimensions des sillons ou des ouvertiu'es, la marche de la lumière dans ces espaces infiniment petits, le nombre de ses réflexions et les angles sous lesquels elles se produisent : ce qui parait impossible à l'ob- servatiou. Tout au plus peut-on espérer qu'en appliquant le calcul à quel- ques cas théoriques plus simples, on arriverait à des déductions rigoureuses qui pourraient éclairer la question. » Cependant on peut le plus souvent déterminer, comme je vais essayer de le faire, une certaine marche hypothétique des rayons qui satisfait aux pruicipales circonstances des phénomènes. Dans ce qui suit on appellera, pour simplifier, prennere composante d'un rayon celle qui est parallèle au plan de réflexion, et deuxième composante celle qui lui est perpendiculaire. D'après la direction des rayons incidents, c'est cette deuxième composante qui se trouve parallèle aux sillons ou aux fentes, la première leur est per- pendiculaire. .' 1" Lorsque In polarisation est parallèle ou perpendiculaire aux stries par reflet. —La direction du plan de polarisation, lorsqu'il est parallèle aux stries, montre que la preiliiere composante est détruite plus ou moins complète- ment par interférence et que la deuxième persiste. » Cet effet sera produit, si l'on suppose que le sillon, considéré comme une ligne inlinnnent étroite, envoie vers l'œil deux rayons pouvant avoir subi une ou plusieurs réflexions communes sous le même angle, mais dont l'un aura éprouvé une réflexion de plus que l'autre sous une faible obli- quité. « On doit regarder comine négligeable, par rapport a la longueur d'onde, la différence de chemin introduite par la réflexion surnuméraire du deuxième rayon, puisque le phénomène se pa.sse, comme on l'a reconnu, dans des sillons souvent inférieurs à j^opô ^^ millimètre de profondeur, ce ( '229 ) qui suppose une largeur du même ordre. Il ue restera donc à considérer comme efficace que la différence de phase introduite entre les deux compo- santes par la réflexion. » Or les deux rayons étant supposés, pour simplifier, d'intensités égales, il est certain que la première composante sera détruite par interférence, puisque la réflexion surnuméraire introduit une perte d'une demi-ondidation dans le rayon qui l'a subie, et que du reste aucun autre changement de phase n'est apporté à la première composante de ce rayon. Pour la deuxième composante il n'en est pas de même : elle éprouve de plus une différence de phase variable sur les métaux avec l'angle d'incidence, mais sensiblement égale H tuie demi-ondulation pour les faibles incidences; sa différence de phase sera donc en réalité d'une ondulation, ce qui est une des conditions dans lesquelles les rayons s'ajoutent. Ainsi la deuxième composante persis- tant seule, la lumière sera polarisée suivant cette composante, c'est-à-dire parallèlement au sillon. » Que l'on suppose maintenant le sillon lui peu plus profond, de ma- nière à ce que la réflexion surniunéraire du deuxième rayon produise une différence de chemin égale à une demi-ondulation; alors il doit se produire un phénomène inverse, la première composante doit seule persister, l'autre être détruite, c'est-à-dire que la lumière sera polarisée perpendiculairement au sillon. Cela répond au phénomène signalé dans les groupes de raies, où l'on observe souvent quelques sillons plus forts que les autres et qui offrent une polarisation dans ce sens. Il n'est pas nécessaire d'expliquer comment la polarisation partielle ou nulle présentée par certaines stries peut résulter de différences de chemin comprises entre o et ^ ondulation, ainsi que par des différences d'intensité entre les deux rayons considérés. » Il reste à indiquer comment les deux rayons supposés peuvent prendre naissance. Une strie isolée peut étreconsidérée comme ayant, en général, dans une section perpendiculaire à sa longueiu- la forme d'un V arrondi à ses ex- trémités; orsil'on suppose que la lumière incidente vienne perpendiculaire- ment à la ligne sous une incidence de 70'' comptés à partir de la normale au miroir, et que l'œil de l'observateur, placé tout près de la source de lumière, reçoive les reflets sous le même angle de 70°; on a la condition où le phé- nomène est le plus développé et la polarisation sensiblement complète. Dans ce cas on peut admettre que les reflets sont dus principalement à la lumière réfléchie par la surface inclinée du sillon, opposée à l'observateiTr; mais cette lumière peut revenir à l'œil par deux chemins, l'im direct, ce sera le pre- C. R., i»Gi, I" Semestre. 'T. LU, iSo24.) ' 6o ( ii3o ) inier rayon; l'autre, brisé en nllant toucher une fois le fond du sillon, cf sera le deuxième rayon. Mais cela suppose qu'une partie considérable de la lumière est infléchie par diffraction, ce qui est une conséquence naturelle de l'extrême ténuité de l'espace compris entre les deux bords du sillon. » Telle est i'hyjjothése la plus simple et qui me paraît la plus probable, bien qu'il soit aisé d'en imaginer d'autres un peu différentes, propres a produire les mêmes effets. Il est facile de voir qu'elle s'applique sans modi- fications à tous les corps j)olis, métalliques ou d'autre nature, en donnant la cause de la généralité du phénomène. » Je n'ajouterai que quelques mots sur ce qui doit se passer dans les autres directions où la polarisation est moins marquée, et eu outre ne s'ob- serve plus guère que sur les métaux; le marche des deux rayons parait être analogue, mais comme leurs intensités et les angles de réflexion sont alors changés, les circonstances sont moins favorables à la séparation de la deuxième composante, et la polarisation toujours de même sens, comme l'indique l'observation, doit être moins prononcée. » 1° Lorsque lu polarisation est perpendiculaire aux stries dans la direction de la réflexion régulière.— Cet effet diffère surtout des précédents, en ce qu'il s'ob- serve dans la direction du rayon régulièrement réfléchi sur le miroir, même lorsque, l'incidence étant égale à zéro, le rayon est réfléchi suivant la noi'- male; il s'observe de plus dans les stries les plus fines pour lesquelles la dif- férence de marche est négligeable entre les rayons qui suivent des routes différentes. Comme c'est ici la première composante qui reste dominante, on doit considérer l'interférence de deux rayons ayant subi le même nom- bre de réflexions, mais sous des angles différents : effet M. Unger en a fait connaître plusieurs comme appartenant au genre Myy'ica; il en a placé d'autres, malgré leur extrême analogie avec les précé- dentes, dans un genre Dryandroides qu'il considérait comme très-voisin du Drjandra et du Banksia de la famille du Proteacées; depuis lors M. Heer dans sa Flora tertiaria Helvetiœ a rapporté quelques-uns des Myrica de M. Unger au genre Dijandroides, en en laissant toutefois quelques espèces parmi les Myrica et les Complonia, qui ne sont qu'un sous-genre des Myricn ; enfin une des espèces placée par M. Heer dans ce genre Dryandrpides avait été considérée par M. Unger comme un chêne sous le nom de Qiiercin lignilum. Ces hésitations et. ces opinions diverses de savants aussi distingués montrent combien il est difficile de fixer la limite des genres et des familles sur les caractères seuls fournis par les feuilles, à moins qu'ils n'aient quel- que chose d'exceptionnel. On peut dire cependant, comme explication de ces doutes, que la plupart des échantillons figurés par MM. Unger et Heer n'offraient que des traces trés-imparfaifes de leur nervation, et que la fa- mille des Proteacées est tellement variée dans la forme et la structure de ses feuilles, qu'on peut être porté à y classer bien des formes diverses de feuilles fossiles. « Cette distinction entre les Proteacées et les Myrica n'est pas cependant sans importance au point de vue des affinités des flores de l'ancien moiidi avec celles du monde actuel, les genres de Proteacées auxquelles on com- pare les espèces qui nous occupent étant actuellement limités à la Nou- velle-Hollande, et les Myricn au contraire étant des plantes cosmopolites qui ont des représentants dans les deux hémisphères, aussi bien dans l'an- cien que dans le nouveau continent. » Les échantillons recueillis par M. Gaudry ont l'avantage que |)iusieurs' d'entre eux offrent avec netteté les plus petits détails de leur nervation; or cette nervation nous a paru bien plus analogue à celle des diverses espèces de Myricn qu'à celle des Dryantlraou des Banksia parmi les Protea- cées. Ajoutons que la netteté du réseau indique une feuille glabre comme ( 1235 ) celles des Mrrica et non couverte à sa face inférieure d'un tomentum serré comme on le voit dans les Protéacées les plus analogues à ces feuilles fos siles, et que dans quelques cas on y reconnaît au contraire des petits tubercules saillants qui rappellent les glandes aromatiques des M/rica. n Enfin, on n'a pas hésité à rapporter généralement à ce genre les espèces fossiles du groupe des Com/)^o»m qui se trouvent associées à celles-ci dans les mêmes terrains, et quelques autres sont restées des Myrica pour tous les botanistes qui se sont occupés de cette question. » Après l'examen comparatif des fossiles de ce groupe recueilli à Roumi et des feuilles de la plupart des Myrica coniivis, nous pensons que leurs af- finités les plus probables sont avec les Mjrica. Ces espèces sont les sui- vantes : » Mjrica Ungeri, Heer, Flor. tert. Helv. (Comptonia laciniata, Unger. Dryandroides lacinintus, Ettingh.). » Mjrica Banksiœfolin , Unger, Spec. plant, foss. [Dryandroides Bank- I siœfolia, Heer, /. c). » Mytica Hakeœjolia {Dryandroides Hakeœfolia, Unger, /. c. Heer, /. c). » Myrica angiistijolia [Dryandroides ancjustijolia, Unger, /. c. Dryan- droides Banksiœfolin var., Heer, /. c). » Myrica lœvigata [Drjandroides lœvigala, Heer, /. c). » Myrica Salicina, Unger, /. c. — Heer, /. c. n Les vraies Amentacées sont représentées dans ceJte localité par i'Alnus nostrotum, Unger; le Querciis Elœna, Ung.; le Quercus Drymeia, Ung.; le Quercus Faldensis, Heer. Cette dernière espèce me paraît assez douteuse quant à sa^position parmi les chênes. Enfin une feuille paraît indiquer une nouvelle espèce voisine par sa forme et sa nervation du chène-liége. Il y a également quelques fragments du Planera Ungeri^ si répandu dans les ter- rains terfiaires moyens de rAllemngne méridionale et de quelques parties de la France. I' A ces végétau*, analogues à ceux des régions tempérées de l'Europe ou de l'Amérique, viennent se joindre deux espèces dont les analogies sont avec une famille presque généralement tropicale, celle des Laurinées. L'une, le Cinnamomum Scheuchseri, Heer, abondant à OEningen et dans beaucoup d'autres localités, n'offre pas de doute quant à sa classification, non-seule- ment d'après les formes très-caractéristiques de ses feuilles, mais par suite de la présence à OEningen de fleurs et de fruits associés aux feuilles. » Quant aux espèces rapportées au genre Persea, leur affinité avec les Laurinées meparaît plus douteuse, la forme et la nervation des feuilles de ces ( 1236 ) végétaux n ayant aucun caractère très-positif; plusieurs empreintes de feuilles de Rouan me paraissent identiques avecle Persea Braimii de M. Heer. » Plusieurs empreintes très-nettes, quoique incomplètes dans leur éten- due, se rapportent aussi sans doute au Terminalia rndobojana, Unger; mais leur position dans ce genre est-elle certaine? C'est ce que nous sommes join d'affirmer. » Nous en dirons autarrt de feuilles qui paraissent bien identiques avec celles décrites par MM. Unger, Alex. Braun et Heer sous les noms de Fac- cinium reticulatum , Al. Br. — Androtnedn Vaccinifolin, Ung. — Celastim Jndrotnedœ, Ung. — RInts Meriani, Heer. '> Je ne crois pas que l'étude de la nervation et des autres caractères four- nis par les feuilles isolées, telles qu'elles se présentent généralement à l'état tossile, soit assez avancée pour que dans la majorité des familles et des genres on puisse trouver des caractères certains qui permettent d'établir des rapports indubitables entre les fossiles et les vivants. Les études mêmes faites dans ce but et d'une manière si instructive |)ar M. Ettingliausen sur plu- sieurs familles importantes de plantes dicotylédones, me paraissent montrer qu'il n'y a pas en général de caractère uniforme dans la nervation des feuilles des grandes familles naturelles; cette uniformité existerait à peine dans les genres très-naturels, et d'un autre côté des structures très-analogues, pour ne pas dire identiques dans leurs caractères essentiels, .se retrouvent dans des plantes de familles très-différentes. » Il faut donc reconnaître qu'à moins que des feuilles n'offrent certains caractères exceptionnels, rares, qui paraissent pro|)res à des genres particu- liers ou qu'elles ne soient associées dans les mêmes localités à des fruits qui puissent confirmer des analogies probables, les rapports qu'on a établis entre ces feuilles et les plantes vivantes ne doivent être considérés jusqu'à ce moment que comme des probabilités ou plutôt comme des possibilités, et non comme des certitudes. » Apres avoir établi ces doutes, me sera-t-il permis d'iwdiquer un de ces rapprochements possibles, qui me paraît même probable, entre une empreinte de feuilles remarquable trouvée par M. Gai;dry à Koumi et les feuilles de divers arbres de la famille des Protéacées, famille à laquelle on a peut-être rapporté un trop grand nombre d'espèces fossiles, mais qui paraît cepen- dant avoir des représentants assez bien caraclérisés dans les terrains ter- tiaires de l'époque miocène? • L'espèce que nous devons aux recherches de M. Gaudry diffère entiè- rement de toutes les plantes fossiles déjà rapportées à cotte famille: c'est ( «237 ) une grande feuille de 20 centimètres de long, profondément j)innatifide et rappelant par ses lobes inégaux et peu nombreux certaines feuilles de chêne d'Amérique et d'Orient; mais elle diffère des feuilles de ces arbres par ses nervures secondaires très-fines et à peine visibles et surtout par la forme de ses lobes principaux, dont le bord supérieur est plus rapproché de la nervure médiane que le bord inférieur. Ce caractère se retrouve au contraire dans la plupart des Protéacées à feuilles pinnatifides, telles que certaines espèces de Grevillea, de Lomatia et de Sienocarpus. Il me paraît donner une grande probabilité aux rapports de cette feuille fossile avec les Protéacées et particulièrement avec le Sienocarpus sinuaius, Endl. Cepen- dant tant qu'on n'en aura pas des échantillons plus parfaits avec leur ner- vation secondaire bien conservée, ce rapprochement ne sera que probable, mais il permet de donner à cette plante le nom de Slenocarpiles anisolobus. » Si nous ajoutons à ces espèces quelques feuilles dont nous n'avons pas retrouvé l'indication précise parmi celles déjà publiées dans les nom- breux ouvrages sur la flore tertiaire et qui cependant n'ont pas des carac- tères assez saillants pour être décrites comme nouvelles, nous verrons que la petite flore de Roumi, telle qu'elle résulte des recherches de M. Gaudry, comprend environ trente espèces, toutes dicotylédones, qui par leur belle conservation font regretter que cette localité ne soit pas plus à la portée des recherches des naturalistes. » Dans un autre gisement, à Oropo dans l'Attique, M, Gaudry a recueilli également quelques plantes fossiles, mais elles ne se rapportent qu'à un petit nombre d'espèces, la plupart identiques ou très-voisines de celles de Koumi, et ne mériteraient de l'intérêt que comme confirmant le caractère général de la flore de cette époque, s'il ne s'y trouvait une feuille unique très-intéressante par la précision des rapprochements qu'elle permet d'éta- blir d'après certains caractères exceptionnels qu'elle présente. » On sait que les feuilles des Nerium ou lauriers-roses offrent une organisation toute particulière, sur laquelle j'ai appelé l'attention il y a déjà longtemps, dans mon Mémoire sur l'anatomie des feuilles. Ces feuilles montrent à leur face inférieure des excavations ou cryptes garnies de poils qui traversent l'épiderme très-épais de ces feuilles. Ces sortes de l^oches sont rapprochées et disposées assez régulièrement en deux rangées entre les nervures secondaires droites, parallèles entre elles, et très-nom- breuses, qui s'étendent presque perpendiculairement de la nervure médiane au bord de la feuille. Les orifices de ces excavations de l'épiderme entourés de poils nombreux sont très-visibles à la face inférieure des feuilles de (ouïes C. R., iS6i, I" Semeslre. (T. LU, N» 24.] '6l ( .238 ) les espèces de vrais j.Vent/»/i, c'est-à-dire des espèces qui ont été maintenues dans ce genre par M. Alphonse de Candolle et forment ainsi un caractère essentiel de ces plantes. n Une des empreintes de feuilles recueillies à Oropo présente tous ces caractères aussi bien marqués qu'on peut l'espérer sur une simple empreinte. » Par sa forme générale, elle diffère à peine des feuilles des A^ermin olean- der, odorum, Mascaleme et Kotschyi, espèces très- voisines l'une de l'autre et les seules bien connues du genre Neriuin. On y observe également une nervure médiane très-prononcée, îles nervures secondaires nombreuses, rappro- chées, droites et presque perpendiculaires sur la nervure médiane. La feuille très-entière présente un bord lisse qui correspond au rebord cartilagineux des feuilles des Neriuni; enfin entre les nervures secondaires, on observe ordinairement une double série de petites taches arrondies, sinueuses, qui ont absolument l'aspect des cryptes de l'épiderme des Neriiun. Il me parait impossible de douter de la similitude complète de structure de ces feuilles fossiles et de celles des Neriwn. Il faut même reconnaître qu'il est très- difficile de signaler des différences spécifiques entre l'espèce fossile et les espèces vivantes de nos herbiers. Elle ressemble surtout au Netium Kotschji (Boissier) de la Perse australe, par sa dimension, son apparence épaisse et roide, par son rebord lisse, et n'en diffère que par sa forme un peu moins attéiujée vers la base. C'est un des exemples les plus frappants que je con- naisse de similitude entre des plantes fossiles et vivantes. Si on en possédait plusieurs échantillons, les légères différences qu'on y remarque disparaî- traient peut-être. Je crois cependant en ce moment pouvoir la signaler comme une espèce distincte sous le nom de Neriwn Gaudrianiim. » Voici donc une forme propre à la région méditerranéenne et orientale où elle se trouve très-répandue actuellement, qui existait déjà à cette épo- que reculée, mêlée à des végétaux si différents de ceux qui croissent main- tenant dans ces mêmes contrées. » Si nous comparons l'ensemble des plantes fossiles trouvées à Koumi et à Oropo avec celles déjà observées dans d'autres terrains tertiaires de l'Europe, nous verrons que les espèces déjà décrites qui en forment la majeure partie, ont été signalées dans les tenaiiisde Sotzka et de Parschlug en Styrie, de Radoboje en Croatie, d'OEningen et de quelques autres loca- lités de la Suisse qu'on rapporte à divers étages du terrain tertiaire moyen ou miocène. » M. le comte de Saporta, qui s'occupe avec une grande persévérance et beaucoup de succès de l'étude des végétaux fossiles de la Provence, a égale- ( '239 ) ment trouvé plusieurs de ces espèces dans des couches plus récentes que les gypses d'Aix. M Cette détermination des plantes fossiles s'accorde donc très-bien avec les données géologiques qui conduisaient M. Gaudry à considérer les ter- rains qui les renferment comme appartenant à l'époque miocène, et on voit que les moments qu'il a consacrés à la recherche des végétaux fossiles ont fourni des résultats fort intéressants pour la botanique et pour la géologie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur la plasmine, substance albuminoïde qui donne au sang ta faculté de se coaguler spontanément ; par M. Dexis (de Commercy). « Je suis parvenu, il y a trois ans, à extraire du sang la matière qui a la propriété d'en déterminer la coagulation, en s'y solidifiant sans l'interven- tion d'aucune cause appréciable. Je l'ai appelée /)/rtsmiHe, parce qu'il est plus que probable qu'elle joue dans le corps vivant, surtout sous l'influence des hémites, le rôle le plus important qu'ait à remplir le plasma où elle existe en dissolution. J'ai décrit dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences en i858, et publié depuis (i), un procédé d'une facile exécution pour l'ob- tenir en abondance du sang de l'homme. » Comme il n'est pas toujours possible de se procurer de ce fluide dès qu'il s'échappe de la veine du bras, condition première de mon procédé, des chimistes et des physiologistes ont eu recours au sang des animaux, en sui- vant du reste mes prescriptions. Mais ils se sont bientôt aperçus que celui qu'ils avaient recueilli ne se comporte pas comme j'ai indiqué que le fait le sang de l'homme, et qu'en agissant ainsi que je le reconmiande, on n'en retire cependant point de plasmine. De là s'est établie l'opinion que je devais avoir été induit en erreur par des résultats ex|)éri?iientaux défectueux quand j'ai cru isoler cette substance. » Je voulais abandonner au temps le soin de détruire une opinion aussi mal fondée, présumant que bientôt quelque chimiste, s'attachant à exécuter à la lettre mon procédé, annoncerait que je n'avais pas été dupe d'une illu- sion. Cependant déjà bien du temps s'est écoulé, et personne n'a encore tenté d'extraire la plasmine du sang de l'homme depuis que j'en ai fait la découverte. » S'il ne se fût agi que de mon amour-propre d'expérimentateur, j'au- (i) Mémoire sur le sang, suivi (Tune Notice sur les substances albuminoïdes animales et végétales; chez J.-B. Baillière. i6i.. ( I240 ) rais attendu indéfiniment; mais comme je pense qu'il est de rinlérét de la science que des chimistes, principalement, étudient cette nouvelle substance organique, je me suis occupé de prouver que je n'ai pas pris une apparence pour une réalité. Pour cela, j'ai fait subir quelques changements à mon procédé, afin de le rendre applicable à la séparation de la plasmine d'un sang d'animal qu'on se procurera aisément dans un abattoir. Il deviendra dès lors facile de vérifier les faits que j'ai avancés devant l'Académie, et que j'ai cru en outre devoir faire connaître par la voie de l'impression, il y a quelqde temps. » Je dois rappeler tout d'abord, et avec des éclaircissements, comment j'ai prescrit d'opérer pour obtenir à part le principe de la coagulabilité du sang de l'homme. Cela me conduira à décrire les modifications qu'il faut apporter à mon procédé pour qu'il permette de retirer à l'état de pureté ce même principe du sang d'un animal. » Le sang de l'homme doit provenir d'un sujet atteint, s'il se peut, seule- ment d'une simple indisposition, indiquant néanmoins une saignée: ainsi d'un individu presque sain. On le reçoit, dès qu'il s'écoule de la veine, dans un bocal renfermant le septième de sa contenance d'une solution saturée de sulfate de soude. On effectue le mélange des deux liquides à l'aide d'une spatule. Aucune coagulation ne s'opère. Quelques heures après, tous les globules occupent le fond du vase, et le plasma retenant la solution saline se trouve eu entier au-dessus d'eux. D'ordinaire il est rendu nuageux par des corpuscules adipeux et par des leucocytes dont on le débarrasse par le filtre. Il suffit ensuite de saturer ce liquide avec du chlorure de sodium en poudre pour en précipiter la plasmine. Elle ne tarde pas à apparaître en flocons faiblement translucides qui restent en sus- pension. Il ne faut pas craindre d'ajouter ini excès de chlorure, car il gagne la partie inférieure du vase sans se mêler à la plasmine. Celle-ci est facile- ment retenue par le filtre sur lequel on jette le liquide qui la contient. Il est nécessaire de la laver ensuite avec de la solution de chlorure de sodium bien saturée, tant que cette solution entraîne du sérum: ainsi tant qu'elle ne passe pas incolore. » Ija substance obtenue se montre sous la forme d'une pâte homogène peu ferme, très-blanche, opaque, facile à détacher du filtre avec la spatule. Elle reste imbibée d'une certaine quantité de solution saline dont il est impossible de la séparer entièremet)t sans en déterminer l'altération immé- diate; mais la présence de ce peu de solution n'apporte aucun changement à ses propriétés. ( i24i ) M J'arrive à l'extraction de la plasmine du sang des animaux. Comme c'est le veau que l'on tue le plus fréquemment dans un abattoir, et qu'en même temps il est aisé d'en recueillir le sang, c'est sur ce liquide que j'ai surtout opéré. Reçu dans un vase contenant un septième de solution satu- rée de sulfate de soude, il reste incoagulable conune le sang de l'homme ; mais, après quelques heures, les globules continuent à occuper toute la masse fluide, et à peine s'il se montre à sa surface une couche de plasma; aussi est-elle trop peu prononcée pour pouvoir être enlevée. Jeté sur un filtre, le sang de veau ainsi traité passe en entier, globules et plasma à la fois. Pour parvenir à les séparer, j'ai dû augmenter considérablement la dose de la solution. Je n'ai pu cependant par là faire monter le plasma au- dessus des globules d'une manière notable, mais ces derniers se sont tumé- fiés de façon à ne plus pénétrer à travers un papier poreux, et le filtre a pu laisser passer seul le plasma, chargé de solution. La marche que j'avais à suivre m'était ainsi toute tracée. En conséquence j'ai reçu dans un bocal de I litre, rempli aux deux tiers d'une solution saturée de sulfate de soude, le sang qui a jailli du cou d'un veau que l'on abattait, tant que le vase put en contenir. J'ai eu soin d'effectuer le mélange avec une spatule. Apres deux heures je l'ai versé sur sept ou huitfiltres, en y rejetant leliquide tant qu'il s'écoulait coloré en rouge et trouble. Ce liquide finit par passer trans- parent et avec une teinte faiblement jaunâtre. J'ai truite le produit réuni d<- la filtration comme s'il était du plasma de sang d'homme, et bientôt j'ett ai isolé de la plasmine qui possédait les propriétés physiques que j'ai indi- quées plus haut. » Le sang du bœuf ou du mouton se comporte comme celui du veau et peut lui être substitué. On peut en retirer une quantité de plasmine suffi- sante pour en faire l'examen. » Cette singulière substance organique est, comme je l'ai annoncé il v a trois ans, soluble dans l'eau; mais c'est peut-être au chlorure de sodium qu'elle doit sa solubilité. Il est possible de la dessécher avec précaution à + 40" sans l'altérer. Tenue à 100" im seul instant, encore humide, ou soumise à l'action des acides et des alcalis les plus dilués, elle cesse d'être soluble dans l'eau. Elle appartient ainsi au groupe des substances albu- minoïdes. )> Je rappellerai encore ici, pour faire voir combien son étude apprc/- fondie serait digne d'intérêt entre les mains des chimistes, qu'elle offre un caractère des plus remarquables, que seule elle possède parmi les sub- stances albuminoïdcs. Quand elle a été dissoute avec précaution, en l'écra- ( '24'i ) sant encore humide et l'agitant jusqu'à disparition dans iS à 20 parties d'eau froide, le tout se prend en une masse solide après un certain nombre de nii- inites. Il en résulte une gelée ferme, incolore, transparente, adhérente au vase, qu'on peut presser dans un linge et réduire en une matière filamen- teuse qui consiste en delà fibrine telle qu'on la retire du sang artériel. I^ liquide faiblement salé qui aexsudé des mailles du linge, tient en dissolution de la fibrine semblable à celle que donne le sang veineux fouetté. Je ferai observer que la solution aqueuse de plasmine se comporte de la même ma- nière et fournit les mêmes produits, qu'on opère soit avec de l'eau aérée et à l'air libre, soit avec de l'eau privée d'air et dans un vase clos. i> Pour mieux décider les chimistes à soumettre à un sérieux examen la plasmine, dont j'esquisse les principales propriétés, je crois devoir terminer ma Note par l'exposé des phénomènes auxquels elle donne lieu pendant que le sang se coagule. C'est bien, je n'ai pas besoin d'insister sur ce point, par sa solidification, ainsi par sa transformation en fibrine, comme lorsqu'elle a été dissoute dans l'eau, que la coagulatinu de ce fluide s'opère; mais cette transfoiiiiation subit des modifications selon certaines circonstances, et, en passant d'un état à un autre, la plasmine ne se convertit pas toujours en la même variété albuminoïde. Ainsi, s'il s'agit du sang artériel coagulé en repos ou pendant l'agitation, la fibrine qui apparaît est insoluble dans de la solu- tion tiède de chlorure de sodium au y^, où on la tient deux heures; mais si le sang est veineux, il en fournit par l'agitation une qui peut s'y dissoudre en entier, tandis qu'elle n'y devient que visqueuse si ce même sang s'est coagulé en repos. C'est cette dernière fibrine qui constitue la partie albu- mineuse des globules sanguins; aussi l'ai-je nommée cilobuline. Ces faits re- marquables, que je ne fais qu'indiquer, sont exposés en détail dans mon dernier Mémoire sur le sang. Mon principal but dans la présente Note est, je le répète, d'appeler l'attention des chimistes sur la plasmine, certain que je suis que les résultats qu'ils obtiendront, permettront aux physiolo- gistes d'étendre ensuite largement nos connaissances hématologiques, qui réclament encore tant de travaux pour contribuer à l'avancement des sciences biologiques et médicales. » ( 1243 ) MEMOIRES PRESENTES PHYSIQUE. — De l'état variable des courants dans les circuits rejjliés sur eux- mêmes, avec ou sans noyaiLX de fer doux à l'intérieur des spires; par M. Marié-Davy. (Quatrième Mémoire.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Pouillef, Regnault.) « La théorie dont j'ai fait connaître les premiers éléments dans mon troisième Mémoire s'étend sans difficulté des circuits reclilignes aux circuits repliés sur eux-mêmes. )) Ces derniers sont nécessairement mixtes, c'est-à-dire qu'ils renferment des parties rectilignes ou courbées en anses larges et des parties repliées en spirales. » Si j'appelle p' la longueur réduite de la spirale, p la longueur réduite de la portion du circuit non repliée, y compris la pile, j'ai pour équation différentielle du mouvement : dv A t û' (/v — V — C —^ ; -r-1 (tt m (p + p j m p -]- p de dans laquelle, comme précédemment, A représente la force éiectroniotrice totale de la pile, b le coefficient de résistance au mouvement électrique v, m la masse électrique en mouvement, et c un coefficient électrique à déter- miner, indépendant de v et de t, et provenant de l'action des spires les unes sur les autres. » Cette équation donne ' ^. P' rfc _ A b de m (p -h p' j m ' el, en posant i + c — - — ^ = d, p-hp l- \ . / h b{p + p')^ '' b ""t ' } i — mo — - -A— , _ ^ md ' 1 — e ■ / , ; = nw =r; \ I — e » Lmtensite du courant permanent j ^ _^_ ^, "e sera donc pas uitluencee A P -+-P' par les replis du circuit; mais la durée de l'état variable sera notablement accrue. ( 1^44 ) ;i Dans une de mes expériences faites sur deux bobines à garniture en enivre, et présentant les dimensions suivantes : Diamètre intérieur 5 centimètres. Diamètre extérieur • . i o n Hauteur > o » Nombre de spires sur chaque bobine. . . 714 » j'ai trouvé c = 16, 3. » Si ces deux bobines pouvaient composer à elles seules tout le circuit, auquel cas p serait, nul, la durée de l'état variable serait i + c = 17,3 fois plus grande qu'avec le même circuit déroulé. Cette durée est seulement I _f- î = q, I fois plus grande quand p = p'. )) c varie avec la forme et les dimensions des bobines, la nature des substances dont elles sont faites et la section du fil qui les garnit. » En montant ces bobines sur les deux branches d'un noyau de fei doux en fer à cheval de 5 centimètres de diamètre, le phénomène change d'aspect. Avec I élément Bunsen j'ai trouvé c^8o » 2 • » c = 84 » 3 » c = 85 » Je puis jusqu'à présent considérer ces nombres comme constants, à cause de la multiplication des erreurs qui résultent des calculs auxquels sont soumis les résultats de l'expérience pour arriver à ces chiffres. Mais quand le fais varier la vitesse de rotation de l'interrupteur, et par suite la durée des contacts, c varie lui-même dans une forte proportion. » En désignant par n le nombre d'interruptions par seconde, je trouve les résultats suivants, avec i élément Bunsen : «=3 236,0 C=20,9 /2f = 4632 129,0 4'>o 49*^0 69,3 65,0 45o4 58,0 80,0 4640 21,5 166,0 3570 » Ces résultats seraient contraires à la théorie, s'ils n'étaient pas dus à l'intervention d'un fait d'un tout autre ordre. ( 1245 ) )) Tandis que les conducteurs sont transparents pour l'électricité, le fer doux se comporte pour le magnétisme comme pour la chaleur. L'aimanta- tion, au lieu de naître simultanément dans tous ses points jusqu'à ce' que l'état permanent y soit atteint, s'y propage graduellement de la périphérie vers les parties centrales, et, pendant chaque contact, y pénètre à une pro- fondeur variable avec la durée de ce contact. La masse du fer doux aimantée s'est accrue d'abord proportionnellement au temps, puis ensuite d'une manière moins rapide; mais j'ai été encore très-loin dans cette expérience d'atteindre au centre du noyau. La théorie de Ohm trouverait donc ici son application. » Dans les expériences consignées dans le tableau précédent, la quantité de travail [tin) engendré dans la pile à chaque contact a été, à la quantité de travail disponible (tu) développé dans les spires et le noyau de fer doux, dans les rapports suivants : 236,0 120,0 tm . — = 2,6o tu ' 2,66 «9,3 58, G 3,oo 2,88 21,5 4,oo » Si l'on considère maintenant que le travail magnétique développé dans ie fer doux correspond à une quantité équivalente de chaleur dégagée en moins dans la pile, et non à une quantité de chaleur qui, étant produite par la pile, se trouverait en moins dans son circuit, on est conduit à cette pensée que l'aimantation du fer a lieu aux dépens de la chaleur propre qu'il contient, quelle que soit sa température. Il y aurait là transformation de chaleur en magnétisme, comme la chaleur se transforme en électricité, et réciproquement. Cette pensée serait très-loin d'être en contradiction avec la théorie d'Ampère. >i La quantité de chaleur ainsi transformée en magnétisme dans un noyau de fer doux de lo kilogrammes environ, sans armature, sous l'influence d'im courant égal à 237, et fourni par i élément Bunsen pendant de seconde, équivaudrait à -t: de calorie, quantité équivalente à un ' ioo 000 000 ' ^ abaissement de température du fer d'environ ^ de degré. •^ 300 000 000 " C. R., iSCi, ! " Semcs// e. (T. LU, N» 24.) 162 ( 1-^46 ) » Il résulte donc de cette seconde partie de mon travail (troisième et quatrième Mémoires) : » i" Que l'hypothèse de Ohm n'est nullement nécessaire pour formuler la loi de la pile / = — : ' P « a" Que cette hypothèse est en contradiction avec les lois de l'état variable des courants dans les circuits bons conducteurs ; » 3° Qu'il existe une vitesse réelle de l'électricité, contrairement aux déductions de la théorie de Ohm ; » 4° Qi'e les écarts considérables qui ont été observés dans les vitesses de l'électricité obtenues par les divers physiciens qui se sont occupés de cette question tiennent à des causes étrangères au phénomène étudié; » 5° Que la charge statique des conducteurs ne joue qu'un rôle très- secondaire dans la propagation des courants; » 6*^ Que l'armature de fils de 1er dont sont enveloppés les câbles sous- marins produit au contraire un retard considérable dans la transmission des dépêches qu'elle rend de loo à i5o fois plus lente ; » 7° Que les seuls obstacles sérieux que doivent rencontrer les coinuiu- nications transatlantiques proviennent des difficultés de l'isolement, et spé- cialement de la réflexion sur lui-même du mouvement électrique, phéno- mène observé pour la première fois par MM. Fizeau et Gounelle dans leur grand travail sur la vitesse de l'électricité. Ces obstacles sont à peu près les mêmes sur terre et sous mer. » CHIMIK. — CémenUilioti du fer par l'Iiydrocjèiie carboné; par M. H. Caron.' (Renvoi à la Commission précédemment nommée, qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) « J'ai annoncé devant l'Académie que j'avais réussi à cémenter le fer piu- au moyen de l'hydrogène carboné pur; celte expérience, qui m'a conduit à ne pas admettre la nécessité de la présence de l'azote dans l'acte de la cé- mentation, a été contestée par M. Fremy ; j'ai donc cru devoir la lépéter de nouveau, en me mettant dans lesconditions de mes anciennes expériences. J'ai fait préparer à l'atelier de précision de l'artillerie, avec le meilleur fer du commerce, deux lames de couteau, deux burinset deux limes; j'ai fait passer pendant longtemps sur ces pièces, à la température du rouge, de l'hydrogène ordinaire afin d enlever au fer l'azote qu'd pouvait contenir. J'ai remplacé ce courant d'hydrogène par un courant d'hydrogène protocarboné (r) qui avait traversé de longs tubes garnis, les uns de fragments de verre humectés d'acide phosphorique hydraté, et les autres de chlorure de calcium desséché. Le tube de porcelaine contenant les pièces en fer était chauffé dans un fourneau long, muni de son laboratoire dont la porte restait constamment ouverte pour diminuer le tirage. Le combustible employé était du charbon de bois, et la température produite atteignait à peu près le point de fusion de l'argent. L'opération a duré six à sept heures, et à la fin o!) a laissé refroidir lentement. Les pièces extraites ont été trempées et recuites avec les précautions ordinaires par un excellent ouvrier de l'atelier de précision. Un échantillon de l'acier obtenu ainsi ayant été légèrement martelé, trempé, puis cassé, s'est trouvé cémenté à une profondeur de i millimètre et demi environ; son grain très-fin indiquait la meilleure qualité d'acier de cémentation, dont il avait du reste toutes les propriétés (bonnes et mau- vaises) y compris la malléabilité. On remarquait à sa snrfiice les bulles ordinaires de l'acier po«/e dépendant, comme on le sait, de la présence d'une petite quantité de scories dans le fer employé. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie cette pièce ainsi que les deux limes qui mor- dent vigoureusement le fer et l'acier recuit, les deux lames de couteau, dont une a été cassée poiu' en faire voir le grain, et enfin les burins avec lesquels on a détaché des copeaux très-épais sur un morceau du fer qui avait servi à leur préparation. » Cette expérience ayant été faite devant plusieurs personnes compé- tentes, et l'acier obtenu ayant été éprouvé par des ouvriers très-experts, il ne m'est plus possible d'admettre que je sois dans l'erreur lorsque je pré- tends : 11 1° Qu'on peut aciérer le fer pur hors de la présence de l'azote; » 2° Que toute théorie n'expliquant pas nettement ce fait si facile à véri- fier, est entièrement inadmissible. V Nota. Je lis à l'instant dans les Comptes rendus de la dernière séance le travail de M. Bonis qne j'avais déjà cité. Onvoit par les expériences dont ce savant donne les résidtats, que le fer, la fonte et l'acier contiennent de (i) Ces expériences rcussissent aussi bien avec le gaz de l'éclairage employé avec les mêmes précautions et purifié de la même manière. Lorsqu'on emploie l'hydrogène protocar- boné, le gaz reste blanc ; avec le gaz de l'éclairage, il est toujours recouvert d'une couche de charbon difficile à détacher. 162.. ( 1248 ) lazote, et l'acier moins que le fer et la fonte. Ce n'est donc pas l'azote qui constitue la différence entre le fer, la fonte et l'acier. Si l'acier fondu contient moins d'azote que le fer et la fonte, c'est très-probablement parc(> qu'il renferme toujours moins d'impuretés. » CHIMIE MINÉKALE. — Note sur l'aciéralion; remarques faites, à l'occasion de la précédente communication , par M. Fremy. » Comme j'ai réfuté dans mes communications précédentes toutes les objections qui se reproduisent aujourd'hui, je me garderai bien de fatiguer l'Académie en prolongeant une discussion qui me paraît épuisée. » Tout le monde comprend que ces aciérations obtenues sous l'influence de corps exclusivement carburants sont dues à la présence de l'azote qui existe dans tous les fers en quantité suffisante pour produire une cémenta- tion superficielle. » L'aciération du fer pur par du carbone pur est donc impraticable, parce qu'il est impossible d'enlever au fer en barre, par l'hydrogène ou par tout autre procédé, les composés aciérants qui s'y trouvent et qui eu s'ajoutant au carbone produisent l'aciéralion. » Mes dernières expériences sur les cémentations complémentaires démon- trent du reste toute l'insuffisance de l'ancienne théorie de l'aciération ; on n'a pas oublié en effet que quand les fers sont siliceux ou carbures, je les acière avec de l'ammoniaque seule, et que réciproquement je produis l'aciération en carburant des fers que j'ai préalablement azotés. L'in- fluence des deux éléments aciérants est donc établie ici d'une manière rigoureuse. a En présence de toutes ces démonstrations données pai la synthèse et l'analyse, je ne comprends réellement plus que la théorie de l'aciération fondée sur une simple carburation du fer trouve encore quelques partisans. » Dans l'opinion de mes contradicteurs la fonte et l'acier résultent sim- plement de la dissolution, faite à haute température, du carbone dans le fer. » D'après ma manière de voir, la constitution de la fonte et de l'acier est beaucoup plus complexe qu'on ne le pense généralement; les métalloïdes qui existent dans ces composés, tels que le carbone, l'azote, le phosphore et le siliciiun, doivent être considérés comme réellement constitutifs. » Les arguments ont été développés assez longuement de part et d'autre pour que les chimistes soient en mesure d'établir à cet égard leur opinion. ( 1249 ) » Quant aux industriels, je connais les essais qu'ils poursuivent en ce moment et j'attends avec confiance le jugement qu'ils pourront porter sur l'utilité que Ui pratique tirera de mes recherches sur l'acier. » DOCIMASIE. — Observations relatives au dosage de C azote dans le fer el dans l'acier; présentées^ à l'occasion des précédentes communications ^ par M. BOCSSINGAULT. « Il y a un mois, j'ai eu l'occasion d'entretenir l'Académie d'un procédé pour doser l'azote du fer et de l'acier, en dégageant, à l'état d'ammoniaque, l'azote des azotures combinés au métal. Dans les épreuves auxquelles j'ai soumis ce procédé, j'ai dû surtout me préoccuper des perturbations que l'air atmosphérique pourrait apporter. Ainsi l'acier est dissous à l'abri de l'air dans de l'acide que l'on a fait bouillir ; l'eau, la solution de potasse destinée à décomposer le sel de fer et à éliminer l'ammoniaque, sont intro- duites bouillantes dans l'appareil , dont l'intérieur est traversé par un courant de gaz acide carbonique. La distillation a donc lieu dans une atmosphère exempte d'oxygène et d'azote; le liquide distillé est ensuite traité comme le serait une eau pluviale dont on aurait à doser l'ammoniaque. Malgré tous mes efforts, les résultats auxquels je suis arrivé sont encore loin d'être satis- faisants. Cependant les réactifs ne laissent rien à désirer sous le rapport de la pureté; quand on les emploie seuls, ils ne donnent pas d'ammoniaque; il y a plus : lorsque l'on traite le zinc, qui est assurément un métal très-oxydable, on n'obtient pas le plus léger indice d'ammoniaque, ainsi que je l'ai constaté par une vingtaine d'expériences. Ce sont là, sans aucun doute, des circons- tances fort rassurantes ; mais il arrive que j'obtiens de l'ammoniaque en sou- mettant aux mêmes réactions du fer qui, d'après son oiigine, ne devrait pas en donner. Je veux parler du fer considéré comme pur. Ainsi du fer en beaux cristaux, obtenu dans le laboratoire de M. Peligot en faisant réagir, à une température élevée, de la vapeur de zinc sur du chlorure de fer, a fourni une quantité d'ammoniaque équivalente à 0,0009 d'azote. » Du fer préparé dans mon laboratoire en réduisant au rouge le chlo- rure par l'hydrogène a donné 0,0008 d'azote. » DlY fer provenant de la réduction de l'oxyde par l'hydrogène a^ donné o,ooof)3 d'azote. » Cette persistance de l'apparition de l'ammoniaque, dans le traitement de fer que l'on a tout lieu de considérer comme exempt d'azoture, me porte ( I 25o ; à croire que, malgré toiiles les précjuitioiis dont je me suis entouré, cjue malgré la circonst;ince en apparence si décisive en f;iveur de la méthode, que le zinc ne produit pas le moindre indice d'ammoniaque quand on le substi- tue au fer, il existe une cause d'erreur qui jusqu'à présent a échappé à mon attention. Au reste, si elle existe, je ne désespère pas de la découvrir. J'ai prié M. Henri Sainte-Claire Deville, M. Caron,M. Fremy, deme procurer du fer exempt d'azolure, j'en (iiis aussi préparer en ce moment, et je serai bientôt à même de constater si cette apparition d'ammoniaque se maintient. Je ne considérerai le procédé que je propose, comme acceptable, qu'autant qu'en y soumettant du fer dont on ne pourra pas soupçonner la pureté, on ne retirera pas d'ammoniaque. » Parallèlement aux expériences que je viens de mentionner, j'ai institué une série de recherches ayant pour objet le dosage de l'azote dans le (er et dans l'acier, par la voie de la combustion. M. Regnault exprimait celte idée que le procédé le plus direct consisterait à brûler le métal, afin d'obtenir l'azote à l'état gazeux. J'ai monté un appareil pour opérer cette combustion, mais j'ai bientôt reconnu qu'elle se ralentissait très-rapidement par suite de la croûte d'oxyde formée à la .surface du métal. Je préfère brûler le fer dans de la vapeur de sulfure de mercure, sulfurer au lieu d'oxyder. » Le métal en fils ou en copeaux est placé au milieu d'un tube de verre garni de clinquant, dont une extrémité est en comnuniication avec tui géné- rateur dé gaz acide carbonique, l'autre porte un tube engagé dans une cuve à mercure. Le métal est mêlé à du cinabre qui s'étend au delà vers le généra- teur d'acide carbonique. » Quand l'air est expulsé par le courant de gaz, on arrête le dégagement ; et, après avoir engagé le tube sous un flacon renversé placé sur le mercure et contenant une solution de potasse caustique, on chauffe le métal sur le- quel on fait passer graduellement et en vapeur tout le cinabre dont l'excès va se condenser dans la partie froide du tube. En maintenant toujours an rouge le point où a lieu la réaction, et liis.sant refroidir convenablement la partie antérieure du tidjc, l'on peut y faire retourner le cinabre en appli- quant la chaleur à la partie du tube où le sulfure était con iensé. L'opération terminée, on laisse refroidir bien au-dessous du rouge, et l'on fait passer un courant soutenu de gaz acide carbonique sec qui se rend dans le flacon en entraînant le gaz azote. C'est exactement le système imaginé par M. Dumas pour le dosage du gaz azote des matières organiques. Le 1er, |);u l'acliou du sulfure de mercure, paraît être transformé en ji/rile magiiélique. ( laji ) » 2S'',66de fer azoté par la méthode de M. Despretz traités par ce procédé ont donné 63", 3 de gaz azote mesurés sur l'eau à la température de i9°,o, bar. 754°"", 3 ib. 19,9, soit en poids, azote o^"^, 0722. Pour 100 d'azofure, azote 2,66. » Le sulfure de 1er a pesé 4^*^,57. » Pour sulfurer ou avait employé 60 grammes de cinabre sublimé. » Cette même quantité de cinabre, d;ins une expérience à blanc, avait donné azote o", 2. • •< Par ce procédé j'ai trouvé dans un acier fondu, 0,00067 l.FREMY. « Ou voit que les procédés les plus divers démontrent la présence de l'azote dans l'acier; seulement le mode de .dosage rigoureux de cet élément n'est pas encore trouvé. » Néanmoins en présence des faits iniportants constatés par notre savant confrère, j'espère que dorénavant on ne viendra plus dire que l'acier n'est pas azoté, et que les proportions d'azote qui s y trouvent sont négligeables. " Il est bien établi aujourd'hui que l'azote existe, comme je l'ai toujours dit, dans le fer, dans l'acier et dans la fonte ; c'est l'azote du fer qui expli- que l'aciération superficielle du métal par un agent exclusivement carbu- rant; l'azote de la fonte fait comprendre la production de l'acier dans le puddlage: quant à l'azote de*i'acier, il est réellement constitutif, comme le prouvent toutes mes expériences, que l'Académie connaît. » Ce résultat analytique fera naître sans doute une objection que je dois i-éfuter à l'avance. » On ne manquera pas de dire que si le fer contient de l'azote, l'utilité des substances azotées dans la cémentation ne se comprend plus, et que laciéralion rentre dans une simple carburation du fer. » Il m'est bien facile de prouver que cette objection ne serait pas sérieuse. )) Le fer est naturellement azoté, aussi peut-il s'aciérer superficiellement sous une influence caiburante qui s'exerce lentement pendant cpiatre ou cinq heures ; mais si l'acfion du carbone se prolonge, le fer passe à l'état de fonte. « Les conditions ordinaires de la cémenliition industrielle sont bien dit- lérenlcs de celles qu'on réalise dans le laboratoire : dans les usines, le fer { 1252 ) est exposé pendant quinze jours ou trois semaines à l'action des gaz pro- duits parle cément : si l'azote n'était pas incessamment rendu au métal par les gaz azotés qui se produisent dans les caisses, la cémentation ne ferait aucun progrés, et même l'aciération formée d'abord aux dépens de l'azote contenu dans le fer se détruirait rapidement par l'action des gaz hydrogénés dégagés par le charbon. « Ainsi l'azote du fer est suffisant pour produire une aciération superfi- cielle dans une expérience de laboratoire qui ne dure que quelques heures et dans laquelle le carbone ne se trouve pas en excès; mais cet azote devient tout à fait insuffisant dans une opération industrielle, et le rôle des céments azotés est de présenter constamment au métal, qui devient poreux par l'action de l'ammoniaque, les éléments de l'aciération, c'est-à-dire le carbone et l'azote. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la préparation de lorseille , par m. H. Gaultier de Claubry. (Commissaires, MM. Chevreul, Balard.) (( La remarquable découverte de l'orcine par Robiquet démontrait l'existence dans les licheus-orseille d'une substance incolore qui, sous l'in- fluence combinée de l'air et de l'ammoniaque, se transforme en une belle couleur violette de même que l'indigo, incolore dans les plantes qui le four- nissent, passe à l'état bleu par l'action de l'air. Divers produits naturels, tels que l'acide lécanorique, extraits des lichens, donnent sous diverses in- fluences naissance à l'orcine qui ne serait peut-être qu'un produit dérivé. L'obtention de la couleur désignée par le nom à'orseille, comme les plantes elles-mêmes, est le but du traitement qu'on fait subir à celles-ci, et c'est tou- jours sous l'influence réunie de l'air, de l'ammoniaque et de l'eau qu'elle prend naissance. L'urine a été pendant longtemps utilisée dans ce but, et dans un important travail sur cette fabrication, Cocq proposait d'y substi- tuer l'ammoniaque, que longtemps avant déjà on employait en Allemagne, ainsi que le démontre un Mémoire de Hermbstaedt [Magasin fijr forber, I, 290). Divers agents peuvent enlever aux lichens les produits qui se transfor- ment en orcéine; l'eau, l'alcool, les dissolutions alcalines fournissent les moyens de les séparer. Malgré les nombreux travaux publiés sur ce sujet, il «'Si impossible de se prononcer aujourd'hui sur leur véritable état dans les plantes, et celles-ci offrent des différences très-marquées, sous ce point de vue, tant par leur nature que par leur origine. ( 1253 ) » Le produit connu sous le nom d'orseille n'est pas formé d'une seule substance colorée : quoique de teintes seml)lables, il en existe plusieurs iné- ealenient résistantes à l'action de divers agents et qui, confondues dans le produit tinctorial, lui donnent, suivant leur nombre et leurs propor- tions relatives, des qualités particulières dans leur application à la teinture, » Les lichensorseille ne fournissent au plus que to à 12 pour roo de produits utilisables ; en les séparant de la masse du végétal, pour les sou- mettre seuls à l'influence de l'air et de l'ammoniaque, on parvient, dans des conditions éminemment plus favorables que par les procédés ordinaires, à obtenir le produit tinctorial. » Dans le cours de ses recherches sur les lichens-orseille, Stenhouse a appliqué la chaux, comme Héereu avait, de son côté, fait usage de l'ammo- niaque pour extraire les produits qui fournissent la couleur. Ce mode d'opérer peut servir en effet ; mais, suivant la manière de l'appliquer, on obtient des résultats entièrement opposés, quant à l'état sous lequel on les retrouve et par suite à leur utilisation pour la fabrication de l'orseille. « Il suffirait, dit Stenhouse, de couper les lichens et de les faire macérei' dans un lait de chaux, et de saturer la dissolution par l'acide chlorhydrique ou acétique pour recueillir tout le produit colorable qui, traité posté- rieurement par l'ammoniaque au contact de l'air, fournirait l'orseille. » Le résultat annoncé se vérifie, mais dans une circonstance donnée seulement, c'est que la macération ne soit prolongée que pendant un très-court espace de temps i;omme le démontrent les résultats que nous donnerons plus loin. Or, le nom de macération, lorsqu'il n'est pas accompagné de l'indication du temps pendant lequel doit durer le contact du corps avec le liquide, laisse dans une complète incertitude, d'où résulte la réussite ou l'insuccès de l'opération ; et comme généralement elle est pratiquée pendant une douzaine d'heures, qu'elle peut et doit même durer beaucoup plus dans un grand nombre de cas, l'indication des conditions à remplir est indispensable pour arriver au résultat voulu. ■' Quelque temps qu'elle dure, la chaux enlève également les produits colorables, mais avec cette énorme différence que, dans un cas, un acide la précipitera en entier et qu'on pourra dès lors obtenir sous un faible poids et volume le produit qui se transformera en orseille, en le traitant par l'am- moniaque, ou retrouver tous les corps colorables dans le liquide seulement, ce qui obligerait à opérer sur celui-ci pour obtenir l'orseille et ferait com- plètement disparaître les avantages que l'on cherchait dans le traitement C. R., 1861, 1" Semestre. (T. LU, N' 24.) l63 ( i--i54 ) par la chaux. Les résultats suivants le démonfrent complètement. On a placé loo grammes de lichen - orseille de Madagascar, dans 600 grammes de lait de chaux, renfermant 3o grammes de chaux. Après les temps qui suivent on a jeté les produits sur un tamis de crin et lavé le résidu; on a ajouté ensuite à la liqueur un excès d'acide chlorhydrique. Chaque précipité obtenu a été recueilli sur une toile, lavé et desséché; le liquide écoulé a été saturé par l'ammoniaque et concentré, après quoi on y a versf un excès de cet alcali; on a conservé ces liquides, partie à la température or- dinaire, partie dans une' étude chauffée de 5o à 60" et on a obtenu : ÏARIIE SOLIDE. LIQUIDES. Après 1 5 minutes la^'' fournissant beaucoup A peine production de couleur. d'orseille. 1 heure i2,5 id. 2 id. 9,3 inoins. 3 id. 8 moins encore. 4 id. 4 moins. 6 id, 2,7 moins. 8 id. 2 très-peu. ' ? id. 1 , 1 à peine. 24 id- 0,5 1 ne se colorant pas 48 id. 0,5 ) sensiblement. >' En répétant l'expérience avec le double de chaux, dès la deuxiènu heure le précipité est devenu plus iaible et la liqueur fournissait au con- traire beaucoiq) d'orseille. » Ces nombres ne peuvent être donnés comme absolus, mais démontrent de la manière la plus positive qu'en soumettant les lichens à l'action d'un lait de chaux on peut, suivant les conditions de l'opération, obtenir toute la matière colorable précipilable par un acide, ou la retrouver inversement en entier dans la dissolution. M L'eau seule détermine, mais beaucoup plus lentement, uii effet ana- logue. Par un contact longtemps prolongé, elle fait passer successivement les produits colorables à l'état de dissolution ^ tandis qu'après quelques instants de contact , elle peut les séparer par une simple action méca- nique. » Couleur orseille très- marquée. — vive. — t plus vive. — plus prononcée. — plus riche encor Belle orseille. id. id. • 1 (■ 12.55 ) HYGIÈNE PUBLIQUE. — Mémoire sur l'emmagasinemenl et la salubrilé des eaux de Paris; par M. Bouchct. (Extrait présenté par 31. Coste.) (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, J. Cloqiiet.) M. Bouchiit, après avoir fait-l'étude des eaux de Seine, de i'Ourcq, des Prés-Saint-Gervais, d'Arciieil et du puits artésien, dans les treize réservoirs de Passy, de Monceaux, de Popincourt, de Saint-Victor, de Vaugirard, de rObservatoire, du Panthéon, etc., où elles sont renfermées, adresse un Mémoire qui se termine ainsi : " En réstuné : i° Si les eaux de Paris ne sont pas assez abondantes, elles sont de bonne qualité. » 2° Les eaux d'Arcueil et du puits artésien s'altèrent moins que les eaux de I'Ourcq et de la Seine. » 3" Certaines eaux s'ahèrent rapidement en été par la formation rapide de Navicules, cVOscillaires, de Paramécies, cVJnguillules^ de Daplmis, eic, dont les débris entrent en fermentation sous l'influence de la chaleur et des orages. » 4° Les eaux qui s'altèrent par la décomposition des matières végétales et animales, sont celles qui sont emmagasinées à découvert et qui reçoivent, avec les impuretés de l'atmosphère, l'influence de la chaleur ou de la lumière solaire ou diffuse. » 5° Ainsi que l'a déjà établi M. Guérard, les eaux dont on veutconservei' la fraîcheur et la pureté, doivent être recueillies dans des réservoirs fermés. » 6" Il ne suffit pas d'abriter les réservoirs au moyen d'un toit, il faut les rendre souterrains ; et s'ils sont au-dessus du sol, on doitles recouvrir d'une voûte épaisse qui empêche leur échauffement par les rayons solaires. » 7° Dans l'état actuel, les bassins pourront être recouverts d'une double voûte peu épaisse : la première au-dessus de l'eau, pour l'abriter de la lu- mière, de l'air et du soleil , la seconde, distante d'un mètre, pour empêcher la première d être échauffée par le soleil. » 8° Les réservoirs doivent être mis à sec, lavés et désinfectés au moins tous les mois pendant la saison chaude. 1) 9° On peut obtenir la désinfection des réservoirs mis à sec, en les cou- vrant d'une bâche et en y brûlant du soufre , dont les vapeurs empê- chent la fermentation des algues et des débris iftfusoires, végétaux et ani- maux. i63.. ( 1256 ) » lo" Enfin, il serait heureux qu'à l'exemple de certaines localités, des galeries filtrantes ou des filtres pussent être placés dans tous les bassins de la ville. » FALÉONTOLOGlii. — Extrait d'une Note de 31. Cauvallo accompatjnaid l'envoi de ijuelijiies objets trouvés de i845 à i84<) dans les déhlais du cliemin de Jet de Cliùteauroux à Limoges. i Dans un ballon de verre de la capacité de -^ de litre, je place environ loo centimètres cubes d'une eau sucrée mêlée à des matières albuminoïdes. .T'étire à la lampe le col du ballon, dont l'extrémité effilée ouverte est intro- duite sous le mercure; puis, je fais bouillir le liquide du ballon, de manière à chasser totalement l'air qu'il renferme et celui que dissout le liquide. Pen- flantle refroidissement, le mercure rentre dans le ballon. Alors, après avoir brisé par un choc au fond de la cuve à mercine la partie étirée du col, sans laisser rentrer la moindre parcelle d'air, je fais arriver dans le ballon une très-petite quantité de levure de bière fraîche. L'expérience montre que les globules semés se multiplient, quoique dune manière pénible, et le sucre fermente. Dans ces conditions, une partie en poids de levure dé- compose 60, 80 et F 00 parties de sucre. En conséquence, la levure de bière peut se multiplier en- l'absence absolue du gaz oxygène lib're, et elle jouit alors à un haut degré du caractère ferment. Cela posé, reproduisons la même expérience, cette fois en présence de beaucoup d'air, comme source d'oxygène. A cet effet, dans une cuve de verre peu profonde et d'une grande surface, je place de l'eau sucrée albumuieuse en couche d'une faible épaisseiu', puis j'y sème une petite quantité de levure de bière, la ■':. R., 1861, l" Semeslre. (T. LU, K" 24.; '^4 (' 1 262 ) cuve étant k peu près découverte, et librement exposée à l'air almosplié- rique. Dans le cas où l'on veut analyser les gaz, et étudier l'altération de l'air, il faut opérer dans une grande fiole à fond plat, dont on ferme le col à la lampe, eu l'étirant, de manière à pouvoir briser ultérieurement sa |îoiute sous le mercure, et recueillir le gaz qui s'échappe pour y détermi- ner le rapport des volumes de l'oxygène à l'azote. » Ou observe dans les expériences ainsi conduites, que la levure se multiplie avec une activité des plus remarquables, inconnue jusqu'à pré- sent dans la vie de cette petite plante. L'expérience dans la fiole prouve, en outre, qu'en se multipliant les globides de levure enlèvent à l'air une quantité considérable d'oxygène. Il n'y a aucune comparaison à établu entre la rapidité du développement des cellules de levure dans ces condi- tions particulières, et dans les circonstances examinées en premier lieu ou le gaz oxygène libre est absent. Il n'y aurait pas d'exagération à dire qu'elles se multiplient cent fois plus vite dansiui cas que dans l'autre. » Il résulte de là que la levure de bière a deux manières de vivre essen- tiellement distinctes. Le gaz. oxygène libre peut être totalement absent, comme il peut être présent en volume quelconque. Dans le second cas, d est utilisé parla plante dont la vie est singidièreinent exaltée. La petite plante vit donc alors à la façon des plantes inférieures; et, conuiie j'ai reconnu antérieurement que, sous le rapport de l'assimilation du carbone, des phos- phates et de l'azote, la levure de bière n'offrait pas de différences essen- tielles avec les Mucédinées, il est bien établi (\ue la levure, placée dans les circonstances où elle respire le gaz oxygène libre, a un mode de vie de tout point comparable à celui des plantes et des animalcules inférieurs. Or l'expérience prouve que l'analogie va plus loin, et qu'elle s'étend au carac- tère ferment. En effet, si l'on détermine le pouvoir fermentant de la levure, alors qu'elle assimile du gaz oxygène libre, on trouve que ce pouvoir fer- mentant de la levure a presque complètement disparu. » Je ne doute pas cpie je n'arrive à le supprimer entièrement , mais ce qui est certain, c'est que je l'ai déjà rendu près de vingt fois moindre qu'il n'est dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire que pour un développe- ment de levure égal à 1 partie, il n'y a que 6 à 8 parties de sucre trans- formé. Remar((uons en outre que la levure de bière qui vient de se dévelop- per au contact de l'air en absorbant au gaz oxygène, et qui, sous cette influence, et \r,iv ce mode de vie spécial, perd son caractère ferment, n'a pas pour autant changé de nature. Rien au contraire : car si on la transporte dans de l'eau sucrée, à l'abri de l'air, elle y provorpie aussitôt la fermen- ( ia63 ) tation la plus énergique. Je n'ai jamais connu de levure alcoolique plus active, sans doute parce que tous les globiibes sont bourgeonnes et turges- cents. Il est iitipo.ssible de voir une levure plus homogène et plus remar- quable de formes, et de santé, si je puis m'exprimer ainsi. » En résumé, la petite plante cellulaire, appelée vulgairement levure de bière, peut se développer sans gaz oxygène libre, et elle est ferment; double propriété qui la sépare alors de tous les êtres inférieurs : ou bien, elle peut se développer en assimilant du gaz oxygène libre, et avec une telle activité, que l'on peut dire que c'est sa vie normale, et elle perd son caractère fer- ment; double propriété qui la rapproche au contraire alors de tous les êtres inférieurs. Mais n'oublions pas de remarquer que si la levure perd son caractère ferment peudant qu'elle se multiplie sous l'influence de l'oxygène de l'air, elle se constitue néanmoins dans l'élat le plus propre à agir comme ferment, si l'on vient à supprimer le gaz oxygène libre. » Voilà les faits dans toute leur simplicité. Maintenant quelle est leiu- conséquence prochaine? Faut-il admellte que la levure si avide d'oxygène, qu'elle l'enlève à l'air atmosphérique avec une grande activité, n'en a plus besoin et s'en passe lorsqu'on lui refuse ce gaz à l'état libre, tandis qu'on le lui présente à profusion sous forme de combinaison dans la matière fer- mentescible? Là, est tout le mystère de la fermentation. Car si l'on répond à la question que je viens de poser en disant : Puisque la leviàre de bière assimile le gaz oxygène avec énergie lorsqu'il est libre, cela prouve qu'elle en a besoin pour vivre, et elle doit conséquemment en prendre à la matière fermentescible si on lui refuse ce gaz à l'état de liberté; aussitôt la plante nous apparaît coiiune un agent de décomposition du sucre. Lors de chaque mouvement de respiration de ses cellules, il y aura des molécules de sucre dont l'équilibre sera détruit par la soustraction d'une partie de leur oxy- aène. Un phénomène de décomposition s'ensuivra, et de là le caractère ferment, qui au contraire fera défaut lorsque la plante 'assimilera du gaz oxygène libre. » En résumé, à côté de tous les êtres connus jusqu'à ce jour, et qui, sans exception (au moins on le croit), ne peuvent respirer et se nourrir qu'en assimilant du gaz oxygène libre, il y aurait une classe d'êtres dont la respiration serait assez active pour qu'ils puissent vivre hors de l'influence de l'air en s'emparant de l'oxygène de certaines combinaisons, d'où résulte- rait pour celles-ci une décomposition lente et progressive. Cette deuxième classe d'êtres organisés serait constituée par les ferments, de tout point 164. • ( 1264 ) semblal)les aux êtres de la première classe, vivant comme eux, assimilant à leur manière le carbone, l'azote et les phosphates, et comme eux avant besoin d'oxygène, mais différant d'eux en ce qu'ils pourraient, à défaut de gaz oxygène libi'e, respirer avec du gaz oxygène enlevé à des combinai- sons peu stables. » Tfls sont les faits et la théorie qui paraît en être l'expression naturelle, que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, avec l'espou d'y joindre bientôt de nouvelles preuves expérimentales. » CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Sur VU nouveau mode de rejjroduction du fer oli- giste et de quelques oxydes inélallùjues de la nature; par M. H. Sainte- Claire Deville. (( Dans les diverses communications que j'ai eu l'honneur de fane devant l'Académie, je me suis attaché à démontrer l'action spéciale d'un certam nombre de substances convenablement choisies sur les matériaux les plus communs de l'écorce terrestre pour amener ceux-ci à l'état cristallin avec les propriétés, la forme et la composition des minéraux que nous rencon- trons dans la nature. Je me suis astreint à employer exclusivement les agents que nous découvrons chaque jour dans les émanations de toute sorte, les- quelles opèrent aujourd'hui comme auti'efois pour déposer dans les fissiu-es des terrains et dans les cheminées volcaniques les minéraux des fiions et des roches éruptives. » Parmi les matières gazeuses que nous rencontrons dans la nature, il en est quelques-unes qui, sans se fixer sur aucune des substances quelles touchent, les transforment ou les transportent en les transformant en ma- tières minérales absolinnent semblables à celles que l'on rencontre dans la nature. C'est le rôle que j'ai fait jouer à l'hydrogène dans la formation du zinc oxydé, de la'blende, au fluorure de silicium pour la formation du zir- con. C'est le rôle qui convient aussi à l'acide carbonicpie dans la formation des calcaires ])ar dissolution et dans la reproduction des carbonates métal- liques dus à M. de Senaiinont. Ce sont ces sulistances que je proposerai d'appeler ac/enls minéralisaleurs. Je les caractérise par cette perpétuité de leur action, qui se continue indéfiniment jusqu'à ce qu'elles soient fixées ]:ar des niatières autres que celles sur lesquelles elles sont appelées à réagir pour ainsi dire par leur seule présence. Ces substances, quand elles existent ( 1265 ) dans la nature, ce qui permet de les faire entrer dans les hypothèses de la géologie, sont toutes compatibles avec l'eau qu'on rencontre, en effet, par- tout : et l'eau n'annule et n'amoindril jamais leur action spéci;ile. » Outre l'eau, l'hydrogène sulfuré, l'acide sulfureux, l'acide carbonique, le fluorure de sdicium et l'hydrogène, qui avec l'azote et l'oxygène consti- tuenl presque exclusivement les matériaux gazeux de nos émanation^, on trouve encore l'acide chlorhydrique. Il élait curieux de chercher si lacide chlorhydrique est à lui seul un agent minéralisateur : c'est ce que j'ai pu dé- montrer au moyen d'expériences qui m'ont donné les résultats les plus con- cluants. 1) L'Académie voudra bien se rappeler qu'en faisant passer un courant lent d'hydrogène pur sur de l'oxyde ou du sulfure de zinc, j'ai reproduit le zincoxydé et l'une des deux espèces de blende (i) connues aujourd'hui. Ces transformations se font sans la production d'aucune trace soit d'eau, soit d'hydrogène sulfuré. Une expérience analogue réussit avec une perfection extrême quand on remplace l'hydrogène parl'acide chlorhydrique et 1 oxvde ou le sulfure de zinc par le sesquioxyde de fer. » Quand, dans cette expérience que je réalise dans un tube de porcelaine chauffé au rouge vif, je fais réagir l'acide chlorhydrique se dégageant avec une très-grande vitesse sur le sesquioxyde de fer, celui-ci est transformé en sesquichlorure qui se condense dans les parties encore chaudes de l'appa- reil, et en eau qui est transportée beaucoup plus loin avec l'excès d'acide chlorhydrique. Mais si le courant gazeux marche avec lenteur et régulière- ment, on ne voit pas se former la moindre trace de chlorure; il sort de l'ap- pareil, quelle que soit sa longueur, autant d'acide chlorhydrique qu il en est entré, et le sesquioxyde de fer amorphe est entièrement transformé en fer oligiste de la plus grande beauté, tout à fait semblable, par ses formes, son irisation et son éclat, soit au fer oligiste de l'ile d'Elbe, soit au fer spécu- laire des volcans. Je ferai remarquer tpn- dans cette opération une ([uanlité limitée d'acide chlorhydrique peut minéraliser ainsi une quantité indéfinie (le peroxyde de fer, sans perdre son énergie et sans changer de composition : car il ne se forme pas d'eau. » Quand la température du tube de porcelaine est élevée jusqu'au rouge vit de la fusion de l'argent, on obtient, sans qu'il y ait transport sensible de (i) En collaboration avec M. Troost. ' I i6G ) la matière (c'est le caractère fort in iltendu de cette expérience), des cristaux tout à fait semblables à ceux de l'ile d'Elbe J'ai mesuré le rhomboèdre pri- mitif de 86" et des angles de 1 20° et de 1 58° 5o' appartenant au prisme hexa- tjonal régulier et à des troncatures placées sur ses arêtes. Dans ces condi- tions, il se dégage toujours un peu de chlore, ce qui fait que les cristaux sont magnétiques, comme la plupart des cristaux de fer oligiste, par suite de la présence d'un peu de fer oxydulé répandu dans la matière. Aussi trouve-t-on dans l'analyse lui peu moins d'oxygène qu'il n'en faut pour constituer le sesquioxyde de fer : Fer 70,-^ F' ^o Oxygène. . . 2^,6 O- 3o « Quand on opère à une température moins élevée, on obtient alors le véritable fer spéculaire des volcans, c'est-à-dire des lames rhomboïdales aplaties, portant sur leurs bords l'indication des faces du rhomboèdre pri- mitif. ). Gay-Lussac, en décomposant le sulfate de fer dans un bain de sel ma- rin ou lechlorure de fer par la vapeur d'eau, a produit des lames cristallines de sesquioxyde ou des cristaux semblables au fer spéculaire. Je ne sache pas qu'il ait décrit ou mesuré des cristaux de fer oligiste imitant aussi bien des minéraux de l'île d'Elbe que ceux que j'ai l'honneur de montrer à l'Aca demie. » Ou voudra bien également remarquer un échantillon de lave de l'Etna traité par im courant lent d'acide chlorhydrique sec et qui s'est recouvert (le cristaux de fer spéculaire nés sur place et dont le transport est au moins insensible. . On voit, d'après cela, qu'il est complètement inutile de faire intervenir laction de la vapeur d'eau concurremment avec l'acide chlorhydrique pour expliquer la formation du fer oligiste des volcans. Le gaz à l'état de séche- resse absolue (à plus forte raison s'il est humide) enlève aux laves le fer qui s'v trouve combiné et l'isole en le déposant sur place à l'état de fer oligiste. Il .s'opère là manifestement deux réactions en sens inverse dont l'explication serait facile si le fer oligiste était transporté à de grandes distances, mais qui constitue en réalité un phénomène un peu plus compliqué qu'il ne l'est en apparence. Je demanderai à l'Académie la permission de revenir sur cepoiflt ; 1267 '/ délicat en insistant aujourd'hui sur le fait principal et sur les conséquences immédiates qu'on en peut tirer. » J'ai fait cristalliser par le même procédé l'acide stannique, la magnésie et l'oxyde ronge de manganèse en octaèdres. L'acide stannique se présente en octaèdres qui paraissent carrés, mais que je n'ai pu mesurer à cause de leur petitesse. Je n'oserai donc pas encore les identifier avec i'étain oxydé de la nature. 11 en est de même de la magnésie qui, seule ou mélangée avec un peu de sesquioxyde de fer, se transforme sans /jerte dans l'acide chlor_ hydrique gazeux en petits cristaux (1) sur lesquels on observe les facettes d'un triangle équilatéral qui peuvent appartenir à la périclase ; mais je ne voudrais rien afûrmer sans mesures précises. Si j'en parle aujourd'hui, c'est seulement pour me donner le droit de continuer et de perfectionner ces expériences. » Je ne désii'e non plus faire ici aucune hypotlièse sur la formation de ces minéraux. Je ferai seulement remarquer aux géologues combien les agents gazeux des émanations actuelles ont de puissance encore inconnue pour former les minéraux, combien il est nécessaire d'étudier leurs effets avant de supposer l'intervention inutile et, je le crois, nuisible d'un grand nombre de produits de laboratoire dont l'existence, déjà difficile à maitite- iiir dans les vases où nous les obtenons, est certainement impossible dans la nature, où ils se trouveraient entourés des matières les plus propres à leur destruction immédiate, s'ils pouvaient y être engendrés. » CfllMIE. — Sur la décomposiùon du chlorure de cniriuni jiar ta vapeur d'eau . par M. J. Pelouze. K A l'occasion de la communication faite par M. Dumas des expériences de M. H. Sainte-Claire Deville, M. Pelouze prend'la parole pour faire con- naître à l'Académie une réaction curieuse dont il se propose de l'entretenir (1) M. Dumas [Annales de Chimie et de Physique , 3'' série, t. LV, p. igo) a trouve ik la magnésie cristallisée en lames transparentes et hexagonales clans le chlorure de magnésium, et il fait à ce sujet une remarque capitale c|ui, à mon point de vue, présente un grand intérêt. « La magnésie, dit-il, cristallise dans son chlorure comme le peroxyde de fer dans le sel marin. En ce point elle diffère essentiellement de la chaux. » Effectivement dans toutes mes expériences la chaux, mélangée accidentellement aux matières que je traite par l'acide chlor- hydrique, s'en sépare toujours à l'état de chlorure de calcium, après l'opération. 1268 bientôt avec plus de détails. C'est la décomposition complète du chlorure de calcium au rouge, par la vapeur d'eau. Cette réaction donne lieu à de si grandes quantités d'acide chlorlndrique, que M. Pelouze avait pensé qu'elle pourrait devenir iiulustrielle. Malheureusement la décomposition, qui mar- che rapidement tant qu'elle n a pas atteint la première moitié environ du chlorure de calcium, devient ensuite déplus en plus lente et difficile. Elle fournit, dans l'état actuel des choses, de l'acide chlorhydrique à des prix plus élevés que par les procédés ordinaires. » CHIMIE ORGANIQUE. — Etudes sur les traiisfuimations de In tliéobromine, de In cnfëine, des ncides parnbanique, taurocholique, glycocholique et Inctique ; pnr M. Ad. Strecker. i< 5. Transformation de In théobromme en caféine. — D'après leur coui- position, la xauthine, la théobromine et la caféine pourraient être envisa- gées comme des corps homologues. Xanthine G»H'Az*0^ Théobromine. . . . €'H'Az*0- Caféine €'H'°Az'©= » La théobromine et la caféine donnant facilement de la inéthylamine. on pouvait supposer que le premier de ces corps représente la xanthine diméthylée, et le second la xanthine Iriméthylée. Voulant soumettre cette question à une vérification expérimentale, j ai essayé d'introduire dans la xanthine 2 équivalents de méthyle en employant la méthode que M. Wuriz a appliquée à la préparation de certains éthers. Lorsqu'on traite la xanthine diargentique G^H-Ag-Az'©^ parfaitement sèche par de l'iodure 'le méthyle, ou obtient en effet un corps C^H- (GH^)- Az*G- qui possède la même composition que la théobromine, mais qui en diffère par ses ])ro- priétés. C'est un isomère de la théobromine. » La théobromine donne avec une solution ammoniacale de nitrate d'ar- gent un précipité cristallin qui, séché à 120°, renferme G'H'AgÂz'O*. Lorsqu'on chauffe ce composé pendant longtemps à 100° avec de l'iodure de méthyle, il se forme de l'iodure d'argent et de la caféine selon l'équation G'AgH^Az■•0^-t- GH^I=: Agl+G'H'-Az'G^ Théobromine Caféine, arijentiquc. ( I^^% ) " La caféine ainsi formée est identique par sa composition et ses pro- priétés avec la caféine naturelle. » ■i. Transformation de ta caféine en une base nouvelle. — Lorsqu'on fait bouillir la caféine avec de l'eau de baryte, il se dépose du carbonate de baryte et il se sépare (le lamélhylamineetune petite quantité d'ammoniaque. La ba- ryte étant séparée par un excès d'acide sulfurique, et la liqueur étant évapo- rée, il se dépose des cristaux qui constituent le sulfate d'une nouvelle base, que je nomme caféidine. Ces cristaux incolores et prismatiques possèdent la composition G'H'* Az*O^SO'. La caféidine, séparée de ce sel par le car- bonate de baryte, s'obtient par l'évaporation de sa solution sous forme d'une masse amorphe. Elle est déliquescente et se dissout facilement dans l'alcool, difficilement dans l'éther. La potasse la précipite à l'état amorphe de sa so- lution aqueuse. L'équation suivante rend compte de la formation de la caféidine : Caféine. Caléidine. On voit qu'en éprouvant cette transformation, la caféine échange i atome de carbonyle contre i atomes d'hydrogène. Quant à la méthylamine et à l'ammoniaque, on doit les envisager comme des produits secondaires. Parmi ces produits figure aussi un acide qui donne avec les sels de cadmium un précipité incolore et cristallin. » 5. Transformation de l'acide parabanique en ckolestrophane. — D'après les recherches de MM. Stenhouse et Rochleder, la caféine se convertit, par l'action de l'acide nitrique ou du chlore humide, en un corps volatil, cris- tallisableen lamelles brillantes, et qu'on nommenitrotliéine ou cliolestropliane. Ce corps renferme CH'Az'ô' et a été envisagé par Gerhardt conune de l'acide parabanique dimélhjlé. L'expérience a vérifié cette vue théorique. >i Ayant obtenu un précipité de parabanate diargentique G'Ag'Az'O' en ajoutant du nitrate d'argent à une solution bouillante d'acide paraba- nique, j'ai séché ce précipité à i4o°, et je l'ai chauffé ensuite à loo" avec de l'iodure de méthyle. Il s'est formé de l'iodure d'argent et de l'acide dimé- tliylparahnnique selon l'équation C'Ag^Az'ô' -f- aCH'I = 2AgI -1- G'{GWyAz'Q\ Parabanate Acide diraéthyl- d\argent. parabanique. Il En épuisant le produit de cette réaction par l'alcool et en évaporant la solution, on obtient l'acide diméthylparabanique sous forme de larges C. R., i8fii, 1" Scmestrt:. (T. LU, N" 24.) '65 { '270 ) lames, ressemblant à la cliolestériiie. Par sa composition et par ses proprié- tés, ce corps est identique avec la cholestropliane. » Les transformations que subissent les corps dont il a été question dans ce qui précède, me permettent de proposer pour ces corps les formules rationnelles suivantes : €»Az' G'Az' G'Az' t;o 1 GO , Gô \ G'H'Ô Az% G'H'O ' Az% G'H'O Az H= ) 1 H.GH' \ aGH^ ) Xanthine, G'Az* Théobromine. Caféine. H^ , G© ) G'H'Ô Az% G'Ô Az'. 2€H' \ 2GH' ) Caféicline. Cholestroi îhane. » 6. Sur quelques nouveaux matërimix de la bile. — Dans mes recher- ches antérieures sur la bile des animaux, je me suis occupé des matériaux principaux qui constituent ce liquide, et j'ai montré que la plus grande partie de la bile, soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther, est formée par les sels alcalins de deux acides différents. D'.iprès la manière dont ils se dédoublent sous l'influence des réactifs, ces deux acides ont été nommés taurocliolique et glycocholique. » Ayant étudié récemment les matériaux de la bile solubles dans l'alcool et dans l'éther, j'ai obtenu les résultats suivatits : )) Indépendamment de|s corps gras (glycérides) et de la cholestérine, j'ai découvert dans la bile la lécilhine, substance qui se dédouble par l'eau de baryte en acide phosphoglycérique et eu acides gras, de l'acide sarcolactique et une base énergique que je nomme clioline. » Pour isoler l'acide sarcolactique et la choline, j'emploie la méthode suivante : la solution aqueuse de la bile de porc est précipitée par l'acide chlorhydrique ; le précipité est filtré et lavé à plusieurs reprises avec de l'eau; les solulions aqueuses sont évajjorées au bain-marie. Le résidu est épuisé par l'alcool, et la solution, additionnée d acide sulfurique, est mé- langée avec de l'éther aussi longtemps qu'il se forme un précipité; il se sé- pare une substance sirupeuse mêlée à des cristaux. On la lave avec de l'éther. On fait évaporer les liqueurs éihérées réunies, on ajoute de l'eau an résidu, et on fait bouillir la liqueur avec de l'oxyde île zinc: par l'évaporalioii ( 1271 ) elle laisse déposer des cristaux de sarcolactate de zinc G'H'ZaO' + H^ô » On épuise ensuite par l'alcool absolu la masse sirupeuse précipitée par l'éther, on évapore la solution et on fait bouillir le résidu avec de l'eau et de j'hydrate d'oxyde de plomb Après avoir séparé par l'hydrogène sulfuré le plomb dissous, on évapore de nouveau, on épuise le résidu par l'alcool, et on ajoute à la solution alcoolique de l'acide chlorhydrique et du chlorure de platine. " Il se sépare des flocons jaunes. On le purifie en le dissolvant dans l'eau et en le précipitant de nouveau par l'alcool. La solution aqueuse de longues et larges aiguilles orangées dont la composition répond à la formule € = H"Az0,HCl,PtCl% » En précipitant le platine par Ihydrogène sulfuré, on obtient du clilo- rliydrate de choline qui cristallise difficilement. En chauffant ce sel avec de l'acide sulfurique, on en a chassé l'acide chlorhydrique et on a transformé ensuite le sulfate en carbonate, en y ajoutant un excès de carbonate de baryte. Par l'évaporation de sa solution, le carbonate de choline se prend lentement en paillettes cristallines, très-solubles dans l'eau, peu sohibles dans l'alcool. La choline constitue une des bases organiques les plus éiiei- giques : car elle forme avec l'acide carbonique un sel possédant une réac- tion alcaline. » Le résidu sec de l'évaporation de la bile de porc ne fournit que quel- ques centièmes de choline. La bile n'en donne aussi qu'une petite quantité. Par sa composition, la nouvelle base pourrait être comparée aux bases oxygé- nées découvertes par M. Wurtz, et sa composition pourrait être exprimée par la formule G'H'MO H^ )Az' M 7. Décomposition de l'acide tactique par l'acide sulfurique anhydre. — IjOrsqu'on traite l'acide lactique sirupeux on un lactate sec par l'a- cide sulhirique fumant, et qu'on chauffe le mélange, celui-ci noircit, il se dégage de l'acide sulfureux, et l'acide lactique disparaît. En étendant d'eau et en saturant par le carbonate de baryte à rèbiiUilion, on obtient par le refroidissement de la liqueur filtrée un sel de baryte cristallisable en paillettes. Ce sel renferme €H'S*0'Ba+ aH'O et est identique avec le mélhionate de fco/j/e que M. Liebig a obtenu d'abord en traitant l'alcool et l'éther par l'acide sulfurique anhydre, et que M. Hofmann a préparé plus tard avec l'acide acétique, l'acétamide et d'autres combinaisons. » i65.. ( 1272 ) PHYSIQUE. — Noie sur la tliéorie des condensateurs plans ; par M. J.-M. Gaugain. « J'ai fait voii' clans un précédent travail {Comptes lendus, i8 février et 29 avril 1861) que la théorie des condensateurs cylindriques pouvait être déduite de la théorie de la propagation, et j'ai exprimé l'opinion que cette dernière théorie pourrait également servir à résoudre toutes les questions relatives aux condensateurs de forme quelconque. J'ai cru utile de consta- ter qu'il en était effectivement ainsi dans le cas des condensateurs plans, et j'ai exécuté dans ce but une série d'expériences dont je vais indiquer som- mairement le plan et les résultats. » Lorsqu'un cylindre électrisé se trouve placé dans un autre cylindre maintenu en communication avec la terre, on peut, sans erreur notable, admettre que l'influence du cylindre intérieur s'exerce exclusivement sur le cylindre qui l'enveloppe, du moins quand la longueur conununedes cy- lindres est beaucoup plus grande que leurs diamètres. En effet le cylindre intérieur ne peut exercer d'action sur l'enceinte où se trouve placé l'appa- reil que dans la direction des bases ouvertes du tuyau cylindrique extérieur , et cette action est assez petite pour qu'on puisse la négliger. Quand, au con- traire, on considère l'action d'un disque électrisé A sur un autre disque B maintenu en communication avec le sol, il n'est plus possible de faire abs- traction de l'action que le disque A exerce sur l'enceinte, cette action pou- vant être beaucoup plus considérable que celle du disque A siu' le disque E. La théorie des condensateurs plans est pour cette raison plus compliquée 373 ) le disque B ainsi que l'enceinte sont maintenus à la tension zéi o, on pourra se proposer de déterminer: i" la charge influençante du disque A; 2" la charge influencée du disque B, en fonction de la distance variable des deux disques. » Pour ramener ce problème à une question de propagation, il suffit d'imaginer simplement que le diélectrique isolant qui remplit l'enceinte dans le cas du condensateur se trouve remplacé par un milieu doué de conductibilité, mais beaucoup moins conducteur cependant que la substance dont on suppose les disques et l'enceinte formés. Cette hypothèse admise, on n'aura plus qu'à appliquer les lois de la propagation dans l'espace et dans l'état permanent des tensions, et à déterminer : i" l'intensitédu courant total qui partant de l'électrode A se dirige soit vers l'électrode B, soit vers l'enceinte; a° l'intensité du courant dérivé qui arrive à l'électrode B. Si les lois de la propagation peuvent toujours s'appliquer à l'influence comme je l'ai annoncé, les intensités du courant total et du courant dérivé que je viens de définir seront exprimées respectivement par les mêmes formules que la charge influençante du disque A et la charge influencée du disque B dans le cas de la condensation. Les expériences dont je vais rendre compte ont eu pour but (le reconnaître si cette corrélation existe réellement. » Les disques qui ont rempli tour à tour le rôle d'électrodes et le rôle d'armures dans mon appareil, sont en cuivre et n'ont que 85 millimètres de diamètre. Ils sont placés dans l'intérieur d'un cylindre de cuivre de 160 mil- limètres de diamètre et de 180 millimètres de hauteur. Un tel cylindre ne forme qu'ime enceinte incomplète, mais je me suis assuré que les charges communiquées aux disques placés dans son intérieur sont à fort peu près les mêmes que si la longueur du cylindre enveloppant était plus considérable. On peut donc regarder comme négligeables les actions que les disques exercent, à travers les bases ouvertes du cylindre enveloppe, sur les parois de la chambre où l'appareil est placé. Dans toutes mes expériences les cen- tres des disques ont été maintenus sur l'axe du cylindre, et leurs plans sont restés perpendiculaires à cet axe; j'ai fait varier leur distance de 2 à 5o mil- limètres. » Dans les recherches relatives à la condensation, l'intervalle compris entre les disques et le cylindre enveloppe était lempli d'air, et j'ai mesuré pour chaque position des disques la charge influençante et la charge in- fluencée au moyen du petit électroscope à décharges employé dans toutes mes recherches antérieures. » Dans les expériences relatives à la propagation, l'espace compiis entre les disques et le cylindre enveloppe a été occupé par une dissolution de siil- { '274 ) fate de cuivio; l'un des disques A a été mis en comniunicalion avec l'un des pôles d'une pile; 1 autre disque B et l'enceinte ont été mis sunultané- ment en communication avec le second pôle de la même pile. Pour déter- mmer le rouraiil total, je me suis servi du galvanomètre différentiel et j'ai procédé à fort |)eu près comme l'a fait M. Edmond Becquerel dans son tra- vail sur la conductibilité des liquides. Il eût été difficile de suivre la même marche pour mesurer l'intensité du courant dérivé en raison fie la condition qu il fallait remplir de maintenir constamment le disque B et le cylindre-en- ceinte à la même tension. J'ai employé pour la détermination de cette inten- sité la méthode que l'on a coutume de flésigner sous le nom de pont de fVlienlstone. » Le résultat général a été tel que je l'avais prévu, i" Quand on fait varier la distance des disques, l'intensité du courant total (dans le cas de la propa- gation) et la charge influençante (dans le cas de la condensation) varient dans le même rapport. Voici quelques-unes des valeurs numériques obte- nues : les nombies de la première colonne expriment la distance des disques; ceux de la seconde sont des coefficients inversement proportionnels au courant total et à la charge influençante : 4 4' 7 72 lO lOO 20 i5o 3o 172 4o .89 5o 200 2"l>e nombre tu, qui exprime pour une position donnée des disques le rap- port du courant total au courant dérivé, exprime aussi pour la même posi- tion des disques le rapport de la charge influençante à la charge influencée: le tableau suivant conlient quelques-unes des valeurs trouvées pour m : iistancp des disques. A aleiir de m mm mm 7.5 1,33 10,5 .,5o i3,5 1,66 30,0 2,00 23,0 2,33 25,7 2,5o 32,0 3,00 43,0 4,00 5i,5 5,00 ( 1^75 ) On voit que dans le cas des condensateurs plans, aussi bien que dans le cas des condensateurs cylindriques, la loi de l'influence ne diffère pas de celle de la propagation. Je crois qu'on peut sans témérité généraliser le principe et dire sans restriction que toute question relative à la distribution de l'élec- tricité dans l'état statique correspond a une question d électricité dynami- que, de telle sorte qu'une même solution résout les deux problèmes. Ce rapprochement, qui me paraît intéressant, justifie complètement cette opi- nion de M. Faraday que « dans toute théorie mathématique suffisante l'in- fluence et la conduction devront être considérées comme des cas de même espèce » ; mais il faut pourtant remarquer que l'identité des lois de l'in- fluence et de la propagation, constatée expérimentalement, ne suffit pas pour démontrer que les vues qui ont conduit l'illustre physicien anglais à la conclusion citée soient exactes de touts points. Je ne veux émettre en ce moment aucune opinion sur la nature intime des deux classes de phéno- mènes dont il s'agit; je me borne à constater comme un fait d'expérience qu'ils sont régis par la même théorie. •> OPTIQUE MÉTÉOROLOGIQUE. — Sur un halo solaire observé le 8 jum 1861 à Fzexre (Allier). (Extrait de deux Lettres de M. A. Lakssedat à M. Elle de Beaumont.) « Ce halo a d'abord été aperçu un peu avant midi et demi par des ou- vriers de M. Jîarie, habile horticulteur, qui est mon voisin et qui a eu l'obli- geance de venir me prévenir aussitôt. A midi trois quarts, le cercle con- centrique au .Soleil était vivement coloré. Celui qui passait par le centre commençait à blanchir; l'arc voisin de l'horizon et concentrique au pre- mier n'était visible que sur une petite étendue; le reste était recouvert de cumulus à travers lesquels brillaient avec un grand éclat les couleurs de l'arc-en-ciel. » J'ai calcidé la dislance zénithale du Soleil à i heure de l'après-midi, et j'ai reconnu qu'elle était sensiblement égale au rayon du cercle qui passait par le centre du Soleil, de telle sorte que ce cercle avait à très-peu près le zénith pour centre. I) J'ai aussi trouvé dans les notes que j'avais prises sur les coins du cro- quis que je dessinais sur place, que les deux dédoublements île l'arc du cercle concentrique avaient eu lieu vers ses deux points d'intersection avec l'autre cercle, et chacun sur une étendue de 60° environ ( |)eut être un peu moins, dit la note). ( '276 ) « J'ai bien constaté que sur les cercles concentriques la couleur rouge était à l'intérieur, mais je ne pourrais pas être aussi afïirinatif a 1 égard du cercle passant ()ar le Soleil que j'ai vu à peine coloré, quoiqu'il fût très-net- tement tracé sur toute sa circonférence et que je l'aie observé pendant trois quarts d'heure, mais blanc ou à peine jaunâtre. » Enfin, j'ajoute que lorage, qui était imminent au moment où je fermais ma lettre d'hier, a éclaté vers 9 heures du soir, précédé d'un violent vent de sud. Cet orage, accompagné d'éclairs et de quelques coups de tonnerre, a d'ailleurs peu duré. Aujourd'hui le temps est encore malade. » Si vous désirez, Monsieur le Secrétaire perpétuel, que je vous envoie le dessin un peu plus correct dont je viens de vous parler, veuillez avoir l'obligeance de me le faire savoir, et je m'empresserai de vous l'adresser. » Je vous prie, en terminant, d'avoir égard à ce que je suis ici en conva- lescence, dépourvu de livres et d'instruments; mais je n'en ai pas moins cru devoir faire tout ce qui dépendait de moi pour ne pas laisser passer inaperçu le beau phénomène dont j'ai été témoin et dont je n'ignore pas, d'ailleurs, que l'explication complète a été donnée par l'excellent et malheureux M. Bravais, votre collègue. » Les deux Lettres de M. Laussedat et le dessin qui les ;iCcompagne sont renvoyés à l'examen de M. Babinet. STATISTIQUE. — Sur le prix des denrées j à Poitiers, depuis l'année 1687 jusquànos jours ; Note de M. Duffacd, nccompagnant l'envoi d'une série de documents relatifs à cette question et de In discussion de ses documents. « Pénétré du désir de témoigner ma reconnaissance envers l'Académie, je me suis proposé de continuer mes recherches dans la voie indiquée par l'honorable rapporteur de mon travail sur le prix des grains. » Je présente, en conséquence, trois documents contenant le prix de toutes les denrées du marché de Poitiers depuis 1687. De ces trois pièces, deux, le manuscrit de la bibliothèque et le registre de l'hôtel de ville, doi- vent être considérés comme donnant la mercuriale officielle ; le troisième est un renseignement privé qui sert à vérifier et à contrôler les deux autres. Ainsi, on peut être assuré de posséder les prix du marché pendant un inter- valle continu de cent-soixante-quatorze années : j'ai pensé que de pareils renseignements pouvaient offrir un certain intérêt. ( J277 ) » Mais je me suis demandé si l'étude de ces éléments devait être dépour- vue d'enseignement, ou si au contraire il n'était pas possible d'y découvrir des indications d'une certaine valeur sur le pouvoir de l'argent et sur le mouvement des fortunes pendant cet espace de temps de près de deux siècles. » En conséquence, j'analyse d'abord ces trois relevés de valeurs, de ma- nière à en donner une interprétation exacte, puis je traduis en mesures et monnaies actuelles dix-sept des principaux prix, ce qui sue permet d'en faire le parallèle et de montrer d'abord que certaines denrées n'ont pas même doublé, tandis que d'autres ont presque centuplé ; d'où je conclus que les marcbandises ont une valeur propre, indépendante de celle des métaux précieux. » Ces variations sont représentées dans un tableau graphique dont l'exa- men fait voir, à travers des oscillations partielles, un mouvement général qui ne peut être dû qu'à celui de l'argent et qui comprend, en premier lieu, ini abaissement jusque vers 1730, puis un renchérissement plus pro- noncé jusque vers 1780, et à partir de cette époque une élévation faible qui s'accélère de nos jours. » Pour mesurer ces fluctuations, je calcule par moyeiuies de vingt ans, celles de quatre budgets particuliers, correspondant à des revenus de 540 fr., 2,200 fr., i3,ooofr., 42,000 fr. Ce dernier est l'application du compte arrêté par madame de Maintenon dans une Lettre demeurée célèbre. Je rattache les diverses valeurs de ces revenus au minimum, et j'obtiens pour les quatre époques principales les rapports moyens qui suivent 1^50, i^ 2^3o 2'%7o. » Ensuite j'étudie le mouvement dont nous sommes témoins depuis vingt ans, et j'en extrais le rapport 3, d'après lequel les métaux précieux au- raient aujourd'hui trois fois moins île valeur qu'il y a cent trente ans. Je montre encore que, de nos jours, l'augmentation des dépenses, depuis dix à quinze ans, est de 22 à 33 pour 100. J'insiste particulièrement sur le ren- chérissement considérable qui se remarque entre 1740 et 1780, et je fais ob- server que si la dépréciation actuelle persévère, à la fin du siècle les mé- taux précieux se seront affaiblis de plus de la moitié de leur valeur, comme il est arrivé nu siècle dernier. Ces considérations portent particuliè- rement sur les dépenses de chauffage, d'éclairage et dalimentation. Elles C. 11., iSGi, i" Semestre. (T. LU, N» 24.) 1 66 ( 1278 ) s'appliquent d'ailleurs à une localité où les habitudes sont modérées, vu sorte qu'elles ne doivent être généralisées qu'avec une augmentation no- table. » Comparant enfin le prix du blé aux revenus, je montre que les varia- lions sont à peu près les mêmes ; que cependant à une époque de disette, pour des moyennes de vingt ans, on arrive, en prenant le prix du froment pour l'expression du pouvoir de l'argent, à un rapport de ao pour 100 trop élevé. » LiE Président et le Secrétaire du Cercle PhiloiMathique de Ga.\d adressent, comme travail d'un membre de cette Société qu'ils ne nomment point, un Mémoire intitulé : « Considérations sur la translation du système solaire ». L'Académie, d'après un article de son règlement, considère comme non avenue toute communication qui ne porte pas le nom de son auteur : on te fera savoir aux signataires de la Lettre d'envoi. M. C01NDE adresse de Sfax (régence de Tunis) les indications qui lui ouf été fournies par un médecin arabe, concernant l'emploi, dans un remède contre l'hydrophobie, d'un insecte doué à un haut degré de propriétés vési- cantes, d'une espèce de Mylabre. (Renvoi à l'examen de M. Valenciennes.) La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du lo juin 1861 les ouvrages dont voici les titres : Réforme fondamentale des sciences physiques par les découvertes de Corujine des faits cosmiques. Panépistème; par M. BÉRON. Paris, 1860; br. in-8°. The journal of... Journal de matière médicale ; vol. III, n" 5, New-Laba- non (Etats-Unis d'Amérique); mai i86[. Monatsbericht... Comptes rendus de l' Académie des Sciences de Berlin; janvier r86i; in-8°. Schriften der Roniglichen... Publications de la Société des Sciences naturelles ( 1279 ) et des Sciences éonomiijucs de Kœnicjshenj ; I'" ,-iiinée, i"= et '5" livraisons. Kœiiigsberg, 1860 et 1861 ; in-4". Die métamorphose... Métamorphoses du Car/oborus (Bruchus) goncujra; par M. H.-L. Elditl. Kœnigsberg, 1860; br. iii-4°. TJeber die... Sur la distribution de l'électricité à la surface de conducteurs isolés d'une forme donnée; par M. L. Matthiesen. lever, 1861 ; {11-4". Revista de obras publicas... Revue des travaux publics; t. IX, n" ri. Madrid, 1861; in-Zf. Memorias... Mémoires de l'Académie rojale des Sciences de Lisbonne {Sciences mathématiques, physiques et naturelles). Nouvelle série, t. II, !■■* partie, Lisbonne, 1857; in-4''- Annaes das Sciencias e Lettras... Annales des Sciences et Belles-Lettres publiées sous ta direction de l'Académie des Sciences mathématiques, Sciences naturelles et Sciences médicales; 1" année. (Manqnent les quatre premiers mois, mars, avril, mai et juin de 1857), 2" année n"' i-5, mars, juillet i858. Al Commendatore... Eloge historique de Joachim Taddei, chimiste distin- gué; par M. C. SCARPELLiNl : hommage au commandeur B. Trompeo. (Extrait de la Gazette médicale italienne). Turin, in-S". Su la natura... Sur la nature de la fièvre typhoïde ou nerveuse ^ par le D' Socrate Cadet. Rome, 1861, br. in-4''. Proposta... Sur [emploi de [cethiops minéral contre la fièvre jaune; pur Je même; br. in-ia. De Arietinearum Carr.floris jeminei structura morphologica Dissertatio qua... invitât D' Rob. Caspari. Regimonti; br. in-4°. . L'Académie a reçu dans la séance du 17 juin 1861 les ouvrages dont voici les titres : Voyage d'exploration sur le littoral de la France et de l'Italie; par M. COSTE. Paris, 1861; 2^édii., i vol. in-4". Du service chirurgical de la flotte en temps de guerre; par le D' Rochakd. Paris, i86i ; br. in-8°. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844> publiée par les ordres de M. le Minisire de [Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XXXVII. Paris, 1861; i vol. in-4". Catalogue des Brevets d'invention, 1860, n°' 11 et 12. Paris, 1 860-1 861; 2 br. in-8°. ( I280 ) Précis anal/lique des travaux de l'Académie impériale des Sciences et Belles- Lettres deRouen, iSSg-iSôo. Rouen, 1860; i vol. in-8°. Mémoire sur te terrain diluvien de la vallée de l'Jdour, etc.; par M. Leymarie. (Extrait du Bulletin de la Société académique des Hautes- Pyrénées.) Tarbcs, i86j ; br. in-8". Cochenille et vernis de laque. Analjse de la betterave. ( Extrait des Mémoires de la Société impériale des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille ) ; par M. H. Viollet; br. in-8". Petit Traité pratique du chotéra-morbus, etc. ; par M. L.-H. Garnier. Vitry, . 1861 ; br. in-ia. Dissertation sur les races qui composaient l'ancienne population du Pérou , par M. A. GosSE, de Genève. Paris, 1861 . Essai sur les croisements ethniques ; par M. J.-A.-N. Perrier ; première et deuxième parties, br. in-S". Traité théorique et pratique des engrenages; par M. J.-N. Haton de la GOUPILLIÈRE. Paris, i86i;br. in-8°. On the résistance... Sur la résistance des globes et cylindres de verre aux effets de la pression extérieure; par MM. W. Fairbairn etTATE; in-4°. The Bakerian lecture. . . Recherches expérimentales pour déterminer In densité de la vapeur à différentes températures et pour déterminer la loi d'expan- sion de la vapeur surchauffée ; par les mêmes; in-4°. Monthly notices... Notices mensuelles de la Société royale astronomique de Londres; vol. XXI, n" 7, in-12. Monatsbericht. . . Comptes rendus mensuels de t Académie royale des Sciences de Berlin. Février et mars i86t ; in-8°. Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des animaux; par M. MOLESCHOTT. Année 1860; VIP vol., 5® part. Giessen, 1860; in-8°. Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l'Académie impériale de Vienne. Classe des Sciences mathématiques et naturelles ; XLIP vol., n°' 22-27, 1861; in-8^ Sitzungsberichte... Comptes rendus des séances de l Académie royale de Bavière; [\^ et 5* livr. Munich, 1860; in-8°. Memoria sobre... Mémoire sur (éclipse de soleil du 18 juillet 1860; par M. Fr. DE P. Marquez. Madrid, 1860; br. gr. in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 24 JUIN 1861 PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Psyclirométrie électrique; jxir M. BecQUEnEi.. « Depuis les diverses communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur l'emploi des courants thermo-électriques et de la méthode des compensations, pour la détermination très-exacte des températures de l'air à diverses hauteurs du sol, loin et près des arbres, et dans une foule de cas où le thermomètre ordinaire ne peut être d'aucun usage, j'ai pensé que les mêmes principes pouvaient être appliqués utilement à la psychrométrie ; l'expérience a répondu affirmativement. Le but qu'on se propose en hygro- métrie est de trouver le degré d'humidité de l'air, qui n'est autre que le rap- port de la force élastique de la vapeur d'eau qui se trouve dans l'air à un instant donné, à la force élastique maximum dans les mêmes circonstances de température. Plusieurs procédés sont employés pour faire cette détermi- nation ; je ne parlerai que de celui indiqué par Gay-Lussac, lequel consiste à observer simidtanément la température de deux thermomètres semblables, dont le réservoir de l'un est sec et celui de l'autre constamment humide; quand l'air n'est pas saturé, une portion de l'eau qui humecte la boule du dernier s'évapore et abaisse sa température, tandis que la température de l'autre thermomètre reste fixe. Il arrive un instant où l'abaissement de fein- C. p.., iSfir, i" Semcitre. (T. LU, N° 2S.) ' f^ 7 ( 1282 ) pératiire cesse; on note alors la température des deux thermomètres, ainsi que la pression atmosphérique; avec ces trois éléments et la force élastique de la vapeur saturée à la température indiquée par le thermomètre mouillé, laquelle se trouve dans la Table des tensions de la vapeur d'eau à diverses températures, on en déduit avec la formule d'August la tension de la va- peur dans l'air au moment de l'observation. Cette formule, dans laquelle M. Regnault a changé les nombres relatifs à la dilatation et aux forces élasti- ques, H pour expression ^-J 6io-f ' » t et t' représentent les températures des thermomètres sec et humide; » h la pression atmosphérique; » f la force élastique de la vapeur saturée à la température t' ; » X la force élastique de la vapeur d'eau dans l'air à l'instant de l'ob- servation. « L'appareil de Gay-Lussac a été appelé psychromètre. » Des Tables ont été construites pour éviter la réduction de cette for- mule dans chaque cas particulier et à l'aide desquelles on déduit x quand on connaît <, t' , h eif'. » On conçoit très-bien qu'en remplaçant dans le psychromètre chaque thermomètre par un thermomètre électrique et y ajoutant divers accessoires, on transforme le psychromètre ordinaire en un psychromètre électrique, qui a l'avantage sur l'autre de pouvoir donner la tension de la vapeur d'eau dans l'air, à diverses hauteurs au-dessus du sol sans sortir de l'observatoire, avantage qu'on ne saurait obtenir avec le psychromètre ordinaire, qui ne ])eut être employé que dans des lieux où la lecture des thermomètres est possible. En ne formant qu'mi seul circuit avec les deux et opposant l'un à l'autre les deux courants thei'mo-électriques, on obtient dans ce cas immé- diatement la différence de température entre le thermomètre sec et le ther- momètre humide; mais alors il faut faire usage d'une Table construite à cet effet qui contient les rapports entre les déviations de l'aiguille aimantée du galvanomètre et les intensités du courant, correspondant aux différences de température ; mais comme cette Table varie avec le degré de magné- tisme des aiguilles, il vaut mieux faire usage de la méthode des compensa- tions employée dans la thermométrie électrique; néanmoins la première peut servir à diverses vérifications. » Je me borne dans l'extrait de ce Mémoire à décrire le procédé, sans ( 1283 ) parler des résultats que j'ai obtenus clans diverses expériences et qui mettent en évidence les avantages de la méthode. » Le psychromètre électrique servira utilement, je le répète, à déterminer avec une grande exactitude le degré d'humidité de l'air depuis le sol jus- qu'à des hauteurs que peut atteindre l'extrémité des mâts destinés à fixer l'une des soudures de chacun des deux thermomètres électriques qui corn- ])osent cet instrument. » MINÉRALOGIE. — Production artificielle des oxydes de manganèse et de fer cristallisés, et cas nouveaux d'épigénie et de pseudomorphisme ; par M. Fréd. KUHLMANN. » Dans sa séance du lo décembre i855, à la suite d'études sur la forma- tion des dépots siliceux naturels, j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie de la formation, par voie humide, de matières minérales cristallisées en dé- terminant la combinaison de leurs principes constituants, ou les réactions qui peuvent leur donner naissance, avec une grande lenteur, par l'interpo- sition de substances poreuses entre les corps réagissants. >• C'est ainsi que j'étais parvenu à produire de magnifiques cristaux de chlorure de plomb, de phosphate de chaux, de sulfate de baryte et même des paillettes d'or d'un aspect cristallin. » Pour faire suite à ces premières observations, j'ai fait connaître à l'Aca- démie, dans sa séance du 26 février i856, que j'étais parvenu à produire artificiellement diverses épigénies, par la réduction d'oxydes ou de sels métalliques naturels; que, sous l'influence de l'hydrogène naissant, j'avais ramené à l'état métallique les sels de plomb et de cuivre, le métal réduit affectant toujours la forme des cristaux qui lui ont donné naissance. » D'autres réductions, par les combinaisons gazeuses de l'hydrogène avec les métalloïdes m'avaient donné des résultats analogues. » Telles sont les transformations à froid, et mieux encore à chaud, des sels de plomb, de cuivre, d'argent, en sulfures conservant les formes exté- rieures le plus souvent avec un éclat métallique. Je me suis appliqué à com- pléter ces recherches, et j'ai constaté qu'une foule de réactions pouvaient être produites en dirigeant un courant de diverses combinaisons gazeuses et notamment celles de l'hydrogène avec les métalloïdes, à travers des tubes de verre contenant des oxydes ou des sels métalliques cristallisés naturels, avec ou sans l'aide de la chaleur. r> Ainsi j'ai fait intervenir dans ces réactions, indépendamment de l'acide ( 128/i ) siilfhydriqiie, les acides chlorhydrique, iodhydrique, bromhydrique et fliiorhydrique, les hydrogènes sélénié, phosphore ou arsénié; et ces tenta- tives m'ont permis de présenter aujourd'liui à l'Académie des résultats ([ui me paraissent de nature à fixer l'attention des géologues. » Je signalerai particulièrement du chlorure, de l'iodure, de larsénnue et du phosphure de plomb, affectant la configuration extérieure des cris- taux du carbonate de plomb natif qui a servi à les produire. Ils présentent u\\ éclat métallique plus ou moins prononcé. •) Du sulfure noir de cuivre, affectant les formes cristallines de l'oxv- dule de cuivre, ou du carbonate natif de ce métal. M Des réactions analogues m'ont permis aussi de transformer des produits artificiels cristallisés, en composés différents avec conservation de la forme des cristaux primitifs. M C'est ainsi que j'ai transformé en sulfure de plomb des cristaux de for- miate et d'acétate de plomb; en sulfure noir do mercure, des cristaux de cyanure de mercure. » Dans toutes ces épigéniee, il y a production d'eau et expulsion des acides primitivement combinés. Les transformations, d'abord superficielles, sont successivement complétées et pénètrent par une sorte de cémentation jusqu'au centre des cristaux; quelques-unes se produisent à froid, le con- tact du carbonate de plomb avec l'acide sulfhydrique gazeux donne même lieu à une assez grande élévation de température (i). » Dans la nature aussi nous trouvons tlu carbonate de plomb plus on moins profondément transformé en sulfure et d'autres transformations ana- lof^ues à celles si nombreuses que j'ai produites artificiellement. n II appartient aux minéralogistes de rechercher, en présence des exemples de dimorphisme que nous présentent les produits naturels, si, dans toutes ces épigénies, la forme cristalline propre à la molécule constituante des composés nouveaux ne subit pas quelquefois des chan- gements, en participant de la forme extérieure qu'affectent les produits de configuration cristalline que j'ai obtenus. « Lorsque le carbonate de chaux, par des influences de température, (ij Dans le cours de ces rcciierches, j'ai constaté que, tandis que l'iodure rouge de mer- cure se Iransforme en sulfure noir par son contact avec une dissolution d'acide sulfhydrique. |p sulfure de nurcure soumis à un courant d'acide iodhydrique, à une len)péralure de 200 .1 3oo", se transfoiriie par une réaction inverse en iodurc de mercure qui cristallise par sublimation. ( 1285 ) peut se présenter sous îles formes différentes, que le sulfate de nickel, sous l'influence des rayons solaires, passe d'un prisme rhomboidal à l'état d'oc- laedre à base carrée, lorsque le soufre, même dans des conditions de repos, peut présenter des modifications analogues, enfin lorsqu'au moment de leur formation des cristallisationsartificiellessont modifiées par la présence, dans les liquides, de quelques traces de corps étrangers, j'ai de la peine à admettre que dans les transformations dont je viens d'entretenir l'Académie, et qui résultent de profondes perturbations, la molécule cristalline nouvelle ne rappelle en rien son origine. » J'ai constaté, dès 184G, lefaitde la transformation dubioxydede man- ganèse cristallisé en protoxydesans changement de la forme extérieure par l'action du gaz ammoniac à une température de Soo". Je me suis assuré, depuis, que ce même oxyde, réduit partiellement, peut, sous l'influence d'un courant d'air, se transformer à la même température en hausmannite, affectant la forme cristalline de lapyrolucite. Je signalerai aujourd'hui quel- ques autres faits non moins curieux et qui me paraissent devoir trouver leur place dans l'histoire des oxydes de manganèse et de fer. >' Au début de mes recherches sur la production et les propriétés des sili- cates alcalins solubles (j 841), j'avais fait une série d'essais en vue d'extraire économiquement la potasse du feldspath. » La méthode d'extraction qui m'avait donné les meilleurs résultats cofi- sistait à fondre le feldspath pulvérisé avec du chlorure de calcium. Par cette méthode, j'étais parvenu à retirer près de 20 parties de chlorure de potassium de certains lèldspaths. a Ayant repris ce travail, et devant préparer économiquement le chlorure de calcium qui m'était nécessaire, j'eus recours à la calcination dans de grands fours d'un mélange de craie et de résidu de la fabrication du chlore, formé de chlorure de manganèse et d'un peu de chlorure de fer. » Le résultat de cette calcination consiste principalement en chlorure de calcium et protoxvde de manganèse, qui colore la masse fondue en vert. )) En faisant des réparations à un four où cette réaction s'était opérée pen- dant six mois, j'ai remarqué que dans la partie de la masse du chloriu-e de calcium la plus rapprochée du foyer, sur les points où ce chlorure pénétré de protoxyde de manganèse a pu séjourner quelque temps et où il a subi l'action delà température d'un feu oxydant, il y avait des cavités tapissées de magnifiques cristaux noirs, et que les parties superficielles de la masse avaient acquis une couleur bleue des plus éclatantes. » Les cristaux noirs sont formés d'iui oxyde particulier de manganèse ( 1286 ) coiifenant 3^ pour loo d'oxyde de fer (i)et d'une composition correspon- dante à la hausmannile Mn' O* ; ils présentent cette particularité que leur forme cristalline se rapproche de celle de l'acerdèse Mn' O', HO. » M. Des Cloizeaux, qui a bien voulu étudier les cristaux nouveaux [voir plus loin sa Note, p, i323), a trouvé qu'ils présentaient les formes assignées par M. Haidinger à l'acerdèse avec des modifications, les unes con- nues, d'autres nouvelles, présentant des incidences Irès-rapprochées de celles de l'acerdèse. Les cristaux en questixjn se caractérisent encore par une dureté qui paraît dépasser celle de la hausmannite, et une poussière qui par sa nuance violacée diffère de celles des oxydes naturels connus, ce qui se trouve justifié par l'oxyde de fer qu'ils contiennent (a). » En résumé M. Des Cloizeaux considère les cristaux que j'ai obtenus comme de la hausmannite pseudomorphique de l'acerdèse ; cette opinion est d'autant plus admissible, que M. Hausmann dit lui-même que la haus- mannite naturelle (glanzbraunstein) est quelquefois pseudomorphique do l'acerdèse (graubraunstein) (3). J'ai constaté d'ailleurs que l'acerdèse bien cristallisée étant chauffée au ronge pendant quelque temps conserve sa dureté et sa forme, et se trouve amenée à présenter la composition delà hausman- nite et la couleur de sa poussière. » Quant à la réaction qui a donné naissance à la formation des cristaux de hausmannite, on peut admettre que cette formation a été le résultat de l'oxydation graduelle du protoxyde de manganèse au milieu de la masse de chlorure de calcium fondu, et que la volatilisation ou la décomposition d'une certaine quantité de ce chlorure a facilité cette cristallisation en géodes remarquables, dont j'ai l'honneur de présenter des échantillons à l'Académie. )> A l'appui de cette opinion, je dirai que j'ai obtenu de la hausmannite en calcinant directement du chlorure de calcium avec du protoxyde de manganèse, dans un tét à griller. De même que j'ai obtenu du fer oligiste ciihtallisé en fondant du peroxyde de fer amorphe dans du chlorure de calcuun, et de l'oxyde magnétique également cristallisé, en chauffant le même chlorure avec du sulfate de protoxyde de fer dans un creuset couvert. (i) Une analyse d'un échantillon bien cristallisé de pyrolucite de Krettnich a permis à M. Bortliier d'y constater la présence de i pour loo d'oxyde de fer. (a) D'après la moyenne de plusieurs analyses, ces cristaux représentent 35, 5o pour lOo de hioxyde de manganèse. (3) Handbuch dcr Minéralogie, "2." édition. Vol. II, p. ^o5 ■ ( ï^87 ) » On peut aussi expliquer le phénomène en établissant que la hausmaniiite a dû sa formation an contact du chlorure de manganèse avecla vapeur d'eaii à une haute température ; mais il ne faut pas perdre de vue que dans le mé- lange que je fais de chlorure de manganèse et de craie il y a toujours un excès de craie, et que, par conséquent, l'action de la chaleur sur le mélange a dû produire d'abord du protoxydede manganèse et du chlorure de calcimn. » Faut-il admettre enfin que, comme l'a récemment énoncé M. H. Sainte- Claire Dfiville, pour expliquer la cristallisation du fer oligisfe dans des circonstances analogues, c'est l'acide muriatique produit par la décomposi- tion du chlorure de calcium, au contact de la vapeur d'eau, qui a servi d'intermédiaire pour amener l'oxyde de manganèse à l'état cristallisé? )> Quoi qu'il en soit de ces diverses opinions, en présence des faits ob- servés, je crois que la cristallisation de la hausmannite, ainsi que celle du fer oligiste, peut être facilitée par des circonstances diverses, et ce qui me for- tifie dans mon opinion, c'est que dans les masses scorifiées de mes foins à chlorure de calcium j'ai rencontré tout à la fois le fer oligiste, non-seule- ment à l'état de beaux rhomboèdres basés noirs, mais aussi à l'état de petits cristaux rouges très-éclatants. De même que j'y ai trouvé la hausmannite affectant sur divers points la forme fibreuse et rayonnée, lorsque générale- ment elle s'y présente sous inie forme empruntée à l'acerdèse. » Dans le même four où une quantité considérable d'hausniannite s'était produite, il s'est trouvé un point de la maçonnerie où selon toute .'ipparence quelque débris d'un outil en fer a été engagé et où il s'est formé une ma- gnifique géode de fer oligiste cristallisé en rhomboèdres basés, magnétiq:ie et même polaire, comme beaucoup de fers oligistes naturels, et en particu- lier ceux du Brésil et de quelques volcans. » Ces cristaux ne contenaient que des traces de manganèse et se trou- vaient fixés à la maçonnerie par une couche de silicate de fer également cristallisé. » Je crois que, pour justifier toutes ces cristallisations artificielles, il n'est pas nécessaire, le plus souvent, de s'adresser à des réactions compliquées, ces cristallisations pouvant avoir lieu à la faveur seulement d'une matière liquéfiable à une haute température, et qui, à l'état liquide, permet aux molécules des masses minérales crislallisables de se mouvoir librement. Ce liquide, dans quelques circonstances, agit comme dissolvant et permet à la matière cristiillisable de pénétrer à travers les corps poreux, pour former à leur surface des cristaux, comme il s'en développe à la surface d'une argile pénétrée de dissolution de sel marin. ( 1288 ) » .le répéterai enfin ce que je disais dans ma communication à l'Académie (lu l'y mai j858, qu'un courant d'air, de la vapeur d'eau surchauffée et certains corps avant la propriété de se volatiliser, peuvent entraîner des matières minérales qui se déposent en affectant des formes cristallines, comme nous en vovous un exemple dans le bisulfiu'e d'étain qui, quoiqu'il ne soit pas volatil par lui-même, est entraîné lors de sa préparation par la ^idilimation du sel ammoniac. » Il est aujourd'hui bien démontré d'ailleurs par de nombreux travaux que dans beaucoup de cas la cristallisation artificielle des matières minérales n'a pour cause déterminante que l'existence de ces matières au milieu d'un liquide chauffé à une très-haute température. N'a-t-on pas déjà fait cristal- liser du platine en fondant le chlorure double de platine et de potassium dans un excès de chlorure de potassium ? Faut-il s'étonner enfin de la dispo- sition des matières minérales à cristalliser dans des liquides n'exerçant sur eux aucune action chimique, lorsque nous voyons tous les jours que des corps solides se modifient spontanément dans leur contexture intérieure; que le fer, l'étain et le laiton cristallisent et deviennent cassants par l'in- fluence seule de vibrations fréquentes sans aucune élévation de tempé- lature? » Ce sont là, au surplus, des arguments sur lesquels j'ai suffisamment Misisté dans des Considérations sur In cristallisation que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans sa séance du 17 mai 1858, et dont la Note qui précède n'est qu'un complément. Dans ce travail, j'ai signalé des lors la possibilité do faire cristalliser dans du chlorure de baryum ou du chlorure de calcium fondus, des silicates, des pyrites, du fer oligiste, etc., comme un fait intéressant la géologie, et qui venait s'ajouter à tous ceux que nous devions déjà aux travaux antérieurs de MM. Ebelmen, de Senarmontet de .Sainte-Claire Deville et Caron. )- Manganate de chaux. — Il nie reste à dire quelques mots concernant la matière bleue dont j'ai signalé la formation : elle consiste en manganate do chaux, un sel remarquable par sa magnifique coloration, et que l'on a vainement cherché à produire jusqu'à ce jour; toutes les tentatives faites dans ce but par MM. Chevillât et Edwards, Forschhammer et Fromherz, ont été infructueuses. Les conditions de la formation de ce manganate re- lisent, selon toute probabilité, sur la décomposition du chlorure de cal- cium par la vapeur d'eau et sur une certaine solubilité de la chaux dans le chlorure qui reste non décomposé. M. Liebig a attribué l'alcalinité des ( 1289 ) dissolutions de chlorure de calcium à la décomposition d'une partie du chlorure par l'eau, M. E. Rrauss (i) a constaté que cette décomposition est surtout considérable lorscpie le chlorure subit plusieurs hiunectations et calcinations successives. Enfin, notre savant confrère M. Pelouze a, dans la dernière séance, appelé l'attention de l'Académie sur la décomposition très- rapide du chlorure de calcium par un courant de vapeur d'eau agissant à une haute température. » Si les tentatives faites pour obtenir le manganate de chaux ont été jus- qu'ici infructueuses, c'est sans doute que la chaux ne se trouvait pas dans des conditions aussi favorables pour réagir sur l'oxyde de manganèse que lorsqu'elle est en dissolution dans le chlorure de calcium. » Une grande solubilité n'est pas nécessaire pour expliquer la réaction, car on doit admettre que dès qu'une partie de chaux a été transformée en manganate, une quantité égale entre en dissolution dans le chlorure. » Tel qu'il s'est produit dans nos fours, le manganate de chaux a une couleur bleue d'outre-mer et un aspect cristallin ; il est insoluble dans l'eau, mais en présence de ce liquide il a peu de stabilité; car, de même que tous les manganates, il se transforme en permanganate et en acide permanga- nique sous l'influence des acides faibles, même de l'acide carbonique. » Lorsque l'industrie aura pu régler ses dosages et combiner ses appa- reils, et qu'elle pourra produire à volonté et d'une manière économique le manganate de chaux, elle se sera enrichie d'un agent de décoloration et de désinfection des plus précieux (2). » CHIMIE ORGANIQUE. — No(e sur les polyamines monacides; pnr M. A. -AV. HoFMANiv. « Dans des recherches précédentes j'ai signalé l'existence d'un groupe de bases monacides contenant 3 équivalents d'azote, dont les principaux repré- sentants, la cyandiphényldianiineet la cyantriphényldiamine, ont été formés en soumettant l'aniline respectivement à l'action du chlorure de cyano- (1) Annales de Poggendorf, vol. XLIII, p. i3g. (2) M. Des Cloizeaux, auquel j'ai communiqué, il y a environ deux mois, les résultats de mes observations sur la cristallisation des oxydes de manganèse et de fer, a bien voulu y prendre assez d'inteièt pour en faire l'objet d'une étude cristallogiaphique qui se trouve consignée aux pages i323 et i325. G. R., 1861, 1" .S«no(r.-. (T. LU, N" 23.) '68 ( J^go ) Aniline. Chlorhjdiate île cyandiphényldiamiiie ( mclaniline). et du tétrachlorure de carbone 6C«H'N+ CCI* = C'»H«^N»,HC1 + 3(C''H'N,HCI). Aniline. Chlorhydrate de cyan- (hlorhydrale d'aniline, triphcriyldiamine. » J'ai rencontré dernièrement ce groupe de bases dans une nouvelle réaction que je demande à soumettre à l'examen de l'Académie. I) En étudiant il y a quelques années (a) l'action de l'élhylate de sodium sur le cyanate d'éthyle, j'ai observé la formation de la triéthylamine, et dans des expériences plus récentes (3), j'ai trouvé que la réaction entre ces deux corps peut assumer une forme différente qui empêche la production de la base triéthylique. Je ne suis pas encore arrivé à préciser les circon- stances qui déterminent les deux différentes actions, mais j ai réussi au moins à fixer la nature de la substance qui, dans la seconde réaction, rem- place la triéthylamine. » Le cyanate d'édiyle versé goutte à goutte sur de l'éthylate de sotlium parfaitement sec donne lieu à une puissante réaction. La chaleur qui se dé- gage volatilise partie du cyanate; tandis que la plus grande quantité se change en cyaiuuate d'éthyle qu'on peut obtenir avec toutes ses propriétés en épuisant par l'eau le résidu solide de la réaction. » En distillant le mélange du cyanurale d'éthyle avec l'éthylate de so- flium à des températures de plus en plus élevérs, on observe un abondant dégagement d'éthylène, tandis qu'un liquide très-alcalin se condense dans le récipient. Ce liquide renferme de l'alcool, un composé huileux facile- ment soluble dans l'alcool et difficilement soluble dans leau, de lethyla- mine et en dernier lieu une base puissamment alcaline, bouillant à une très-haute température qui la décompose en partie. » La base nouvelle forme une série de composés salins bien définis, (i)H=i; C=i2; 0=i6; S = 32. (2) Joitrn. Clicm. Soc, t. X, p. 20. (3) Joiirn. Clicm. Soc, t. XIII, p. 70. ( '291 ) parmi lesquels il faut menlionner l'iodure, magnifiquement cristallisé, le beau sel de platine et le sel d'or. L'analyse a prouvé que ces deux derniers corps renferment respectivement: Sel de platine C'H'^N', HCI,PtCP. Scld'or C'H'^N%HCl,AiiCP. » La composition de la base telle qu'elle existe en combinaison avec les acides s'exprime donc par ia formule C'H"]VI'. » Toutefois à l'état libre, celte substance, retenant avec pertinacité i mo- lécule d'eau, est représentée par la formule C'H'»NH)=:C'H"N»,H='0. « Elle doit son origine à l'action graduée, sur le cyaiuu-ate d'éthyle, de l'alcali hydraté qui se produit par la décomposition de l'éthylate de sodium sous l'influence de la chalein-, C'H'^N'O^ + 4[^^|o 1 = 2I ''^^!cO'l + C'H"NH). Lh y J LNai J ^_ Ellier cyanurique. Nouvelle base. » L'interprétation de ce nouveau composé n'offre pas de difficultés. Un coup d'œil jeté sur la formule fait voir qu'il représente dans la série éthy- lique le corps que j'avais auparavant obtenu dans la série phénylique par l'action du tétrachlorure de carbone sur l'aniline. J'ai déjà fait remarquer que ce dernier corps peut être rapporté, soit à 2, soit à 3 molécules d'am- moniaque, et qu'il se présente respectivement sous la forme de diamine cyanotriphénylique ou sous celle de triamine carbotriphénylique, C'^H^N' = (CN)(C«H^)'H^|N^ = C'^'(C''H=)'H== \'W. » De même on peut regarder le nouveau composé éthylique comme la diamine cyanotriéthylique ou comme la triamine carbotriéthylique : C'H"N' = (CN)(C'H5)»H=|N^=C'^{C=H\'H2JN». « Cette dernière formule illustrerait en quelque sorte l'agrégation des 3 molécules d'ammoniaque dans les bases de ce groupe et s'accorderait en 168. ( '^-92 ) outre avec la formation du tonne phénylique au moyen du tétrachlorure de carbone. » Qu'on regarde ces corps comme des diamines ou des triamines, ils sont dignes d'intérêt à cause de leurs caractères bien définis et des nom- breuses réactions dans lesquelles ils paraissent se former. » La méthyluramine, base découverte par M. Dessaignes parmi les pro- duits d'oxydation de la créatinc, appartient au même groupe; et le terme peut-être le plus intéressant de la série, la guanidine, vient d'être obtenu par M. Strecker au moyen de l'action des agents oxydants sur la guaiiine. Rap- portées à 3 molécules d'ammoniaque, les différentes bases mentionnées sont représentées par les formules suivantes : Carbotriamine (guanidine) | , jN' \ Carbotriamine monométhylique (méthyluramine). . ' (CH') N' H* 13 \ 1 I Carbotriamine diphénylique (mélaniline) <(C*H^)^vN'. C'^ , 3 Carbotriamine triphénylique j(C*H')'^]S fP IV Carbotriamine triéthylique (CH')' N*. i ip \ )) L'analogie parfaite de ces composés est bien nidiquée par le parallé- lisme de leurs produits de décomposition. Ainsi la guanidine, traitée par l'acide nitrique, se transforme en ammoniaque et en urée CH»N%H^O = IFN+CH*N*0. )> De même, le composé triéthylique, soumis à la distillation, se scinde en êthylamine et en luée diéthylique, CH'(C^H = )'N',H-0 = (Cnp)H=N4-CH'(CnP)=N=0. » La transformation de l'éther cyanurique en nouvelle base est d'autant plus digne d'intérêt, qu'elle présente sous un nouvel aspect le passage de cet ( '^93 ) ériier à l'état d'éthyiainine. IMM. Habich et Limpricht (i) ont déjà fait re- inai-quer que ce passage est loin d'èîre accompli d'un saut; car il se forme une huile indifférente intermédiaire, qui, d'après ses produits de décompo- sition, renferme » Le même composé huileux accompagne la nouvelle base éthyliqiie en- gendrée dans l'action de l'éthylate de sodium sur le cyanurate d'éthvle. Cette substance occupe \uie place moyenne entre cette base et le cyanurate; de sorte que ce dernier corps passe évidemment par deux stages intermé- diaires avant de se changer en éthylamine, la transformation consistant dans l'assimilation successive de 3 molécules d'eau déterminant l'élimination graduée du carbone de l'acide cyanurique sous forme d'acide carbonique; Elher cyanurique. Corps intlifFêienl. Corps indifFeretil . Nouvelle base. Nouvelle base. Ethylamine. » On distingue sans difficulté les mêmes phases successives dans la trans- formation de l'acide organique en ammoniaque. £n fait, les produits inter- médiaires sont bien connus, quoiqu'on ne les ait pas encore obteinis direc- tement de l'acide cyanurique. Le premier composé est le corps découvert par M. Wiedemann parmi les produits de l'action de la chaleur sur l'urée (acide cyanurique), et décrit par lui sous le nom de biuret; le second est la guanidine de M. Sirecker. Il suffît de regarder les formules de ces corps Acide cyanurique CMl^lN'O' Rmret C=H=]V'0= Guanidine <: H'N'O pour se convaincre qu'ils présentent entre eux des ra|)porls analogues aux relations mutuelles des dérivés de l'éther cyanurique ; des méthodes heu- (i) Jfin. C/ieiii. tin/l Pharm., t. CIX, p. 104. ( '29^) reuseniPiU choisies ne iiiuiiqucraiont pas d arrêter l;i (nmsforiiialion de l'acide cyaiiiiriqiie aux stages iiiteruu'diaires. » Même dès à présent le groupe cyanique est riche en exemples d» transformations sériales qui s'accomplissent sous l'influence de l'eau gra- duellement assimilée. 1) Les recherches célèbres de M. Liebig ont démontré que la mélaniine. avant sa trauslormatinn en acide cyanique, subit toute une série de chan- £;ements. Ce composé, fixant de leau et perdant de l'ammoniaque en même proportion, est successivement transformé en ammélide, en amméline et en acide cyannrique, lequel, à son tour, fixe une nouvelle quantité d'eau, perd de l'acide carbonique au lieu d'ammoniaque, et passant parles stages intermédiaires que j'ai essayé de tracer, se résout en dernier lieu en acide carbonique et en ammoniaque. y L'écjuation CH^N" + GH^O = 6H'N + 3C()== I\iélamine P.au. Ammo- .Aeidc Iliaque. cai'bonique. représente le résultat final de la décomposition de la mélamine sous l'in- fluence des alcalis hydratés; mais l'eau cpii figure dans cette équation se fixe niolécule par molécule de telle sorte que le dernier terme n'est pas précédé par moins de cinq composés intermédiaires dont la formation et la destruction sont illustrées par une série d'équations d'inie symétrie parfaite: Mélamine CH^N» +H=0= H^N + C=H'N^() . Amméline. Amméline C'H^N'O + H^O = H'N -h C'H^N*0=. Ammélide. Ammélide C^H^N^O^-^H='0 = H'N + C^H'N'0'. Ac.cyanuriqne. Acide cyanurique. C'H'N'O' 4-H*0 = CO'^ + C'H'N'O^ Biuret. Riuret C^'H-^N'O^ 4- H''0 = CO= + C H'N'O . Guanidine. (iuanidine. . . . C H'N'O + H^O = CO^ + H^N'. .Ammoniaque. » Qu'il me soit permis, en terminant, de remercier M. C. A. Martins de laide qu'il a bien voulu me prêter dans les expériences qui font l'objet de cette Note. » M. Seguin fait hommage n l'Académie d'un Mémoire qu'il vient de pu- ])lier concernant ses recherches sur la cohésion moléculaire et sur l'appli- ( i 295 ) cation des théories qui en dérivent à l'explication des phénomènes naturels. {Foir au Bulletin bibliographique. ) Dans une Lettre jointe à cet envoi et adressée à M. Floinens, l'auteur annonce qu'il a repris ses expériences sur la durée de la vie des Batraciens renfermés dans des blocs de plâtre, et donne les renseignements nécessaires pour que l'Académie puisse connaître les résultats de ces essais, dans le cas où il ne les aurait pas lui-même communiqués durant sa vie. RAPPORTS. ZOOLOGili. — Rapport sur les collections des espèces de Mammifères déter- minées par leurs nombreux ossements fossiles recueillis par M. Albert Gaudry, à Pikermi, près d'Athènes, pendant son vojage en Attiquc i par M. A. Valexciexxes. (Fait au nom d'une Commission.) .1 A quatre heures de marche d'Athènes, entre la base du mont Penté- lique et à peu de distance de la plaine célèbre de Marathon, il existe un très-riche gisement d'ossements fossiles dans une couche de sable exploi- table à ciel ouvert, près dune ferme nommée Pikermi. Les Grecs modernes y firent quelques fouilles dès i8'^8; les os mis à découvert furent envoyés à Munich. Ils ont été décrits par M. Wagner. Les Mémoires du savant zoologiste bavarois font partie des IIP, V, VIF et VHP volumes des Mé- moires de l'Académie des Sciences de Munich. Plus tard, M. Roth, compa- triote de M. Wagner, vint faire des recherches à Pikermi ; et enfin, en 1 853, S. Exe. le ministre de France à Athènes, M. le baron Forth-Rotien, fit adresser au Muséum d'histoire naturelle des ossements retirés également de ce lieu. La même année, M. Albert Gaudry, chargé d'une mission scienti- fique en Orient par l'Administration du Muséum d'histoire natin-elle, alla visiter le gisement de Pikermi. Ce jeune géologue démontra que les os étaient déposés dans une assise continue des sables miocènes, au lieu d'être enfouis, comme on avait commencé par le croire, dans une simple crevassf. » A son retour en France, M. A. Gaudry lut à l'Académie uwq Note sur le mont Penlélique et sur le gisement d'ossements situé à sa base. Sur la proposition de MM. Cordier et Duvernoy, l'Académie chargea M. Gaudry de se rendre de nouveau en Grèce pour entreprendre des fouilles plus éten- dues. Ce naturaliste rapporta une première collection, déjà fort unportante par la variété des espèces recueillies et jiar le nombre des échantillons sur lesquels les caractères zoologiques de ces fossiles pouvaient être établis. ( '296 ) Prenant alors les iifiles conseils de M. Cartel, dont les zoologistes ap- |)iécient la protonde connaissance des Mammifères fossiles, notre jeune voyageur présenta à l'Académie (1), conjointement avec ce zélé paléontolo- giste, le fruit de ses explorations, dans un Mémoire dont deux extraits furent insérés dans les Comptes reiidtts. » En communiquant le résultat des observations que M. de Vcrneuil et moi avons faites sur les travaux de M. Gaudry, j'ai cherché dans le Rap- port à démontrer que de nouvelles recherches devaient être faites à Pikermi, a6n de mieux déterminer les Rhinocéros, les Girafes et plusieurs autres ani- maux de cette faune ancienne. u L'Académie adopta les conclusions de ce Rapport, et elle décida qu'une nouvelle mission serait confiée à M. Gaudry, en lui donnant les moyens assez puissants pour faire des fouilles sur une plus grande échelle. >' Inmiédiatement après cette décision, le naturaliste commença et pour- suivit avec assiduité les explorations qui lui avaient été demandées. Il a fait connaître à l'Académie, d'aboid par s» correspondance, ensuite par les Jîombreuses pièces mises successivement sous vos yeux, et par les lectures que vous avez entendues, les heureux résultats de ses découvertes. Ces différents Mémoires descriptifs ont été renvoyés à une Commission dont je suis I organe. » Nous allons vous communiquer les observations générales faites siu- les nombreux animaux, et principalement sur les Mammifères, afin de vous prouver que M. A. Gaudry s'est fait un devoir de remplir la mission que I Académie lui avait confiée. » L'abondance des Ruminants et des plus grandes espèces est remar- quable à Pikermi. » Nous signalerons d'abord la Girafe, dont on doit la connaissance aux fouilles de M. Gaudry. Il en avait déjà trouvé des fragments dans son pre- mier voyage, et l'espèce a été mentionnée dans son travail fait avec M. Lar- tet, sous le nom Camelopardalis altica. Cette espèce de la faune athénienne est aussi haute c|ue celle des plaines actuelles de l'Afrique, mais elle paraît avoir les membres beaucoup plus grêles; car les facettes articulaires de ses os longs, surtout celles d'en bas, sont étroites; le pied est donc plus fin. Nous regrettons que nous n'ayons pas eu la tète de cet animal, mais on no peut douter qu'il ne soit du genre de la Girafe, parce (pie le pied n'a qut; (i) Comptes rendus; séances du 29 mars i854 •"' t*" • ' ao"' '85G. ( '297 ) deux doigts et que les os des quatre membres sont bien semblables a ceux de notre Girafe. L'espèce fossile a encore une différence spécifique à signaler: les membres antérieurs du Camel. attica sont beaucoup plus hauts que ceux de la Girafe vivante. " Dans ce même ravin de Pikermi, M. Gaudry a eu le bonheur de trou- ver un autre ruminant moins haut que la Girafe, mais beaucoup plus fort et plus massif qu'elle. Ses quatre jambes sont à peu prés égales, Il n'a pas de cornes ; sur le milieu du crâne il s'élève une petite protubérance. Les molaires, au nombre de six de chaque côté et aux deux mâchoires, n'ont pas les colonnettes des Antilopes; elles se rapprochent donc de celles de la Girafe. Les deux cunéiformes du tarse sont séparés. Ce gros Mammifère est d'une espèce tout à fait distincte de celles qui vivent aujourd'hui, et elle représente un genre tout nouveau et inconnu jusqu'aux recherches de M. Gaudry. Cet habile et zélé paléontologiste lui a donné le nom d'Hella- dotherium (i), et il a dédié l'espèce à feu notre confrère M. Duvernoy. > Les champs de la Grèce antédiluvienne nourrissaient un assez grand nombre d'Antilopes de formes aussi variées que nos Gazelles actuelles. M. Gaudry lésa étudiées avec le plus grand soin, et les nombreux détails dans lesquels il est entré sur les formes du crâne, sur les enfoncements sourciliers, sur les larmiers, sur l'insertion des cornes, sur les dents molaires avec ou sans colonnettes, nous font certainement mieux connaître ces Ruminants diffi- cUes à déterminer. On sait que les espèces vivantes ou fossiles ont exercé la sagacité de Cuvier, et que l'on doit à Etienne Geoffroy- Saint-Hilaire le caractère qui réunit encore aujourd'hui ces Antilopes. Sans faire la critique d'un travail si bien fait par le savant dont j'examine les travaux, je crains qu il n'ait un peu oublié les préceptes de nos grands maîtres. Lorsque Cuvier disait « qu'on devait se garder d'accorder assez d'importance aux détails » pour établir sur eux des genres ou des sous-genres,» il avait soin d'ajouter, « comiuel'ontfait des naturalistes plus liardis que nous ne le serons jamais. » Je crains que M. Gaudry ne se soit laissé aller à accepter un trop grand nombre de ces divisions dans un genre aussi naturel que celui des Antilo- pes. On abaisse, par cette manière de procéder, la valeur du caractère géné- rique, et on est conduit à un néologisme qui surcharge la mémoire, sans donner plus de rigueur à nos métliodes zoologiques. (i) EAAaî, in;, Grèce, 9i)fi«», animal. ',. Jl.. ■SCi. ,<;r S>im,-ilre. ( f. LU, ^'• 23.) '69 { 1298 ) » La collection nombreuse des crânes d'Antilopes fait mieux connaître plusieurs des espèces mentionnées par M. W.igner, qui n'avait trouvé (jue les cornes de ces Ruminants sans rapporter les crânes. » Telles sont : » 1° Antilope Lindcnnejti [Orcas Lindcrineyri Wagner, Palieotcas Lin- (ierineyrl Gaudryl, espèce voisine du Canna d'Afrique {Jntilope orcas Pal las) grande comme un Cheval. j' 2° Antilope spec iosa WAgnev [Pnlœoijx speciosus Gàudry), esptce\oi~ sine de l'Oryx [Antilope oryx Pallas d'Afrique). » 3" Antilope brevicornis Wagner, espèce voisine de notre Gazelle [Antilope dorcas Pallas) qui parcourt en troupeaux de plusieurs milliers d'individus les plaines de l'Afrique. » 4° Une Antilope que M. Gaudry a dédiée à S. Exe. M. Fortli-Rouen, ministre de France à Athènes, se distingue par la position des cornes. éle- vées sur le frontal, au-dessus du bord sourciller. Cette espèce fossile, diffé- rente de toutes celles de l'ancien continent, ressemble tout à fait, sous ce rapport, à la Gazelle des États-Unis d'Amérique, décrite par Ord sous le nom d' Antilope Amerirana. » M. Gaudry a séparé avec plus de raison, selon moi, des Antilopes le lîuminant qu'il a nommé Tracjoceras Anintihœiis. M. Wagner n'ayant vu que les cornes de cette espèce, crut que cet animal était du genre Capr.4. Le zoologiste français, ayant plusieurs crânes entiers de ce singulier Ruminant, a reconnu que l'ensemble des caractères tirés du crâne le plaçait pai'uii les Antilopes, mais que le noyau osseux des cornes creusé de grandes cellules n'avait pas le caractère générique assigné par Etienne Geoffroy aux Anti- lopes, ces cellides étant caractéristiques des cornes des Chèvres. Otte réunion des caractères est heureusement exprimée par le nom de Traqo- reras (\). Une seconde espèce de ce genre a été trouvée avec celle-ci dans les fouilles. » Les Pachydermes ne sont pas moins remarquables dans les sables mio- cènes de Pikermi. » M. Gaudry a mis sous les veux de l'Académie un membre poslérieiu' de Dinolheriiun, et il a ainsi prouvé que cet animal extraordinaire par son volume, par ses formes et par ses dents, n'est pas un Manmiilère de l'ordre (l) Tp«y»f, Bouc. ( 1299 ) des Cétacés, mais un Piichjderme à quatre membres qui doit être placé près des Eléphants ou dos Mastodontes. Un Rhinocéros bicorne d une espèce nouvelle et très-remarquable, le grand Sanglier d'Érymanthe, sorte de Pachyderme à deux dents tapiroïdes, méritent encore d'être signalés à votre attention. Un antre animal, le Leplodon Grœcus^ est aussi un impor- tant Pachyderme dont on ne connaissait pas les traces avant les explorations de Pikermi. » J'ai commencé par vous rappeler les animaux gigantesques dus aux recherches de notre voyageur, mais il fiiut encore porter l'attention sur les petits Quadrumanes et sur les Carnassiers qui font partie de ces collections. » On sait que les os de Singes fossiles sont rares; avant les fouilles faites à Pikermi on n'eu montrait, comme curiosités, que des pièces incomplètes. Aujourd'hui le Muséum en possède plus de vingt crânes de différentes sortes: un grand nombre d'os des membres, et des mains ou des pieds dont tous les os fort rapprochés et presque en connexion seront exposés dans les ga- leries de paléontologie. Ce sont des espèces nouvelles qui tiennent à la fois des formes africaines et de celles de l'Inde. » Le Metarctos et le Thalassichthys, de l'ordre des Carnassiers, offrent de nouvelles combinaisons de caractères dans les familles naturelles de ces groupes. Ainsi les Metarctos ont la molaire postérieure d'un Ours, avec la canine sillonnée d'un Felis. Le nom imaginé par M. Gaudry fait bien res- sortir cette alliance de caractères. Il y aurait encore d'autres animaux à nommer dans cet ordre. >) En résumé, nous dirons à l'Académie que le gisement de Pikermi a fourni sur un espace de 4oo pas de long sur loo de large : » 1'^ 20 individus de la famille des Quadrumanes; » 23 Carnassiers; » 2 Mastodontes; » 2 Dinotheriiniis ; » 9 Cochons ou Sangliers gigantesques ; » 26 Rhinocéros ; » 74 Ilipparions; » 2 Girafes ; » II Helladotheriums ; » i5o Antilopes ; » Et un grand nombre de petites espèces. n 7." Ces animaux, de l'époque miocène de la période tertiaire, sont 169.. [ I 3oo ) , plus ou moins voisins et contemporains des Mammiteies de Cticuron. de Sansan et d'Eppelslieim. » 3° Que ces animaux sont voisins pour la plupart de ceux qui carac- térisent la faune africaine, et que les Pachydermes et les Ruminants appar- tiennent plus spécialement aux familles et aux genres de ce confinent. » 4° Que plusieurs cependant se rapprochent des espèces de l'Inde, et ce sont surtout les Carnassiers et les Quadrumanes qui offrent cette affinité. » 5" Enfin il ne faut pas négliger un fait qui reste encore isolé, et qui certes doit fixer l'attention des naturalistes, tout isolé qu'il est : c'est que la position des cornes de plusieurs Antilopes fossiles ne se retrouve dans la nature vivante, de nos jours, qu'en Amérique, sur V Antilope Americana. » M. Gaudry n'est pas resté siu' le seul lieu de Pikermi qui devait être le Init principal de ses recherches. Il a aussi étudié la géologie de ce pays non moins intéressant, on le voit maintenant, pour les naturalistes que pour les savants artistes, philologues ou antiquaires. Il a rapporté des étages miocènes de Koumi, des débris de colonnes vertébrales de Poissons diffi- ciles à déterminer; mais les i8 à lo vertèbres réunies en séries continues sont comparables à celles des Scombéroides. Aidé par les soins assidus de son aimable et courageuse compagne, ils ont trouvé un genre nouveau de Percoïde abdominal sans dents qui me paraît voisin des Mulles et qui con- stitue un genre nouveau que je nommerai y:/ca/j^/ior»u//«s, et l'espèce recevra le iioiii à." Acanlhomullus Isabellœ. On sait qu'aux environs de Vienne, et auprès de Mayenne, ou a trouvé des Poissons fossiles dans le terrain miocène tres-caractérisé par les Sphœriums, les Paludines, les Planorbes qui abon- dent dans ces roches. •• Les plantes fossiles dont notre confrère Brongniart a entretenu l'Aca- démie dans la séance précédente, confirment la détermination de cet étage géologique. 0 Les Commissaires de l'Académie concluent donc : » 1° A engager M. Gaudry à publier avec détails la description des espèces des genres rares et nouveaux dus à ses recherches ; » 2° De témoigner à M. Gaudry la satisfaction de l'Académie pour le zèle, l'activité et l'intelligence qu'il a mis à remplir la mission qui lui avait été confiée. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( i3oi ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Rouché, iiilititlé : Mémoire sur la série tle Lagraiige. 'Commissaires, MM. Serret, Bertrand rapporteur.) n Le problème imporiant à la solution duquel est consacré ce Mémoire a déjà été traité à plusieurs reprises devant l'Académie. L'auteur étudie, eu effet, la série si connue des géomètres sous le nom de série de Lacpanqe; il cherche les conditions de sa convergence et le moyen de distinguer entre les racines de l'équation qui lui donne naissance celle que ie développe- ment représente. Ce sont là des questions dont la solution est trop impor- tante, j'oserai dire trop indispensable, pour qu'elle soit encore à trouver un siècle après la découverte de la série à laquelle elles se rapportent. M. Rouché, dans son Mémoire, n'apporte donc et ne pouvait apporter aucun principe essentiellement nouveau ; les résultats qu'il fait connaitre sont entièrement d'accord avec ceux de Cauchy, et la méthode qu'il emploie est, avec de légères modifications, celle de Lagrange lui-même. Nous pen- sons cependant qu'il a rendu un véritable service à l'analyse en rattachant aux principes mêmes de l'inventeur des résultats dont l'élégance et la net- teté faisaient désirer aux géomètres une démonstration simple et directe qui leur manquait jusqu'ici. « C'est dans les Mémoires de C Académie de Berlin pour i 768 que J^agrange tait connaître, pour la première fois, l'expression sous forme de série ordonnée suivant les puissances de a de la racine de l'équation (0 z = rz -f- «çj (z), et son analyse s'étend sans difficulté au développement d'une fonction quel- conque de la même racine. La démonstration qu'il donne a été abandonnée par les nombreux auteurs qui en ont reproduit le résultat. C'est cette démonstration que M. Rouché prend pour base de ses recherches, et que nous commencerons par reproduire, en profitant d'une simplification élé- gante due au géomètre anglais Murphy. 0 Posons z — a^j, l'équation (i) devient I - a 669), un ou- vrage intitulé Cenni sul molo ondoso del mare e suite correnti di esso, iiî-4"> Rome, i856, où il parle d'une manière très-bienveillante de mes expé- riences sur les ondes, publiées dans les Comptes rendus de celte Académie etdans le Journal de Mathématiques de M. Liouville. Mais une critique qu'il a cru devoir faire sur un point particulier m'a fait apercevoir qu'il y avait dans le phénomène des ondes courantes une cause de malentendu assez curieux, et pouvant précisément servir à éclaircir le mode de forma- lion de ces ondes par le mouvement oscillatoire d'un corps solide dans le j)lan vertical. 11 est d'ailleurs à remarquer que les expériences objet de cette Noie ne sont en rien contraires aux principaux faits sur lesquels s ap- puie M. Cialdi, et que ces faits observés en mer se trouvent, selon moi. heureusement coordonnés avec mes expériences dans un canal factice. J'ai d'ailleurs fait en mer des observations sur le mouvement orbilaire à la sur- fiace des flots. >• On sait qu'une des difficultés qui se présentent dans ce genre d'expé- riences consiste, non-seulement à se procurer un canal factice d'inie grande longueur, mais à éviter le retour eu arrière de séries d'ondes qui détruisent bientôt des traces de phénomènes laissées par leur premier passage. Aussi, dans le canal factice dont je m'étais servi en 1842 et 1 843, chez M. E. Bour- don, sur la demande de M. le général Ponceleî, je n'avais pu observer que quelques centimètres de recul des grains de raisin posés au fond du canal, après le passage de plusieurs ondes. « Dans le canal beaucoup plus long dont je me suis servi à Versailles en i858, une partie seulement était à peu près horizontale. L'extrémité op- ( i3io ) posée a celle ou un mouvement de va-et-vient vertical engendrait les ondes dites courantes, se relevait en pente assez douce pour que les ondes finis- sent par s'amortir tout naturellement sans un retour sensible en arrière. " Il est résulté de cette disposition que j'ai pu produire, sans m'arrèter, plusieurs centaines d'ondes courantes; de sorte que les déplacements des grains de raisin sur le fond du canal ont été de plusieurs mètres en arrière après le passage des ondes, quand on ne les avait pas posés d'abord trop loin de l'endroit où le mouvement de va-et-vient du corps solide engendrait ces ondes. Ces déplacements diminuaient de plus en plus à mesure que ces grains de raisin étaient posés d'abord plus loin de cette origine du mou- vement; et enfin quand ils étaient mis trop loin, ces déplacements étaient insensibles, sauf le mouvement de va-et-vient au passage de chaque onde, mais qui remettait alors le corps roulant sensiblement à la place même où il avait été primitivement déposé. " Quand on observait les déplacements des petits corps flottants à la sur- iace, il y avait, dans les mêmes circonstances, des déplacements en sens contraire des précédents, c'est-à-dire que les déplacements alors en avant, qui étaient aussi de plusieurs mètres, quand on ne posait pas ces flotteurs trop loin de l'origine du mouvement, étaient beaucoup moindres quand ou les observait à partir de plus grandes distances de cette même origine; de sorte qu'au delà de certaines distances ils devenaient insensibles. Toutes ces observations étaient faites en temps calme. » Ces déplacements à la surface sont plus faciles à observer rigoureuse- ment que ceux du fond, à cause du frottement quelconque des corps rou- lants. Maison peut remarquer qu'ils compensent en quelque sorte ces der- niers, puisqu'à une certaine distance ils sont les uns et les autres insensibles, ce qui ne pourrait être s'il se faisait réellement un transport notable de la première partie du canal à celle où l'on n'observe plus de déplacement sen- sible, ni au fond, ni à la surface, où les brins d'herbe restaient à la place qiù les avait reçus avant l'ondulation. » Les déplacements de ces brins d'herbe diminuent, comme je l'ai dit, assez rapidement, d'abord selon une loi qui ne paraît pas différer beaucoup d'une progression géométrique décroissante. Ils diminuent ensuite moins rapidement; mais étant déjà beaucoup moindres, ils deviennent plus diffi- ciles à observer. Ces effets d'avancement à la surface et du recul au fond se présentant avec d'autant plus d'intensité qu'ils sont observés plus près de l'origine du mouvement, ne pourraient-ils pas servir à expliquer pour- quoi, dans les expériences des frères Weber, dont le canal était très-court, ( i3,. ) le grand axe des orbites des, ondes courantes était horizontal, au lieu d'être vertical comme dans les expériences que j'ai publiées en 1842, et comme dans les observations faites en mer par feu M. Aimé, qui ne les avait d'ail- leurs présentées qu'avec réserve, avant que les miennes les eussent con- firmées. » Voici maintenant le point de vue pratique relatif à l'ouvrage de M. Cialdi. Ce dernier prétend que le transport réel dans les ondes courantes est insensible quand le veni n'est pas assez fort, mais qu'il n'en est pas ainsi, à beaucoup près, quand la force du vent dépasse certaines limites; il con- vient qu'alors une cause capable d'engendrer les ondes agissant encore, oc- casionne des phénomènes de transport réel, dont il donne divers exemples dans son ouvrage. Or ces derniers ne sont [)as en désaccord avec ce que j'ai trouvé sur le mode d'influence des causes qui engendrent les ondes cou- rantes, quand celles-ci ne sont pas encore trop éloignées de leur origine, ce qui s'applique sans doute à la cause qui continue à agir sur elles tant qu'on ne peut pas encore les considérer comme étant, à proprement parler, abandonnées à elles-mêmes. Seulement, M. Cialdi ne me paraît pas avoir réuni d'observations relatives au mode de recul dont j'ai parlé ci-dessus, maïs dont on ne comprenait pas encore bien la conséquence, sans doute parce que je n'avais pas suffisamment expliqué qu'il s'agissait d'un phéno- mène de hi fonnationdes ondes courantes. J'espère avoir occasion de déve- lopper ces expériences; mais je n'ai pas cru pouvoir attendre plus long- temps avant de répondre d'une manière succincte à ce que M. Cialdi a écrit sur ce sujet, p. 670 de son article imprimé dans les Comptes rendus. » ZOOLOGIE. — Sur la présence d'une lincjualule dans les ganglions mésentériques du mouton, et sur sa transformation dans le nez du chien en penlastome ténioide; par M. G. Colin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, JdM. Flourens, Milne Edwards, Rayer.) '(.11 vit dans les ganglions mésentériques du mouton et du dromadaire une linguatule agame qui devient sexuée en changeant d'habitation. I) Cette linguatule se creuse des cellules ou des nids, sans parois propres, dans la substance des ganglions, et chaque cellule en renferme plusieurs individus. » Les nids, en se multipliant, déterminent la désorganisation du tissu ganglionnaire qui se réduit en une pulpe diffluente composée en grande j)artie de globules pointillés analogues à ceux du chyle ou de la lymphe. ( l3l2 ) » Le ver des glandes mésentériques paraît provenir des œufs pondus, dans les cavités nasales du chien, par la linguatule ténioïde et rejetés sur l'herbe, dont se nourrissent les bêtes ovines. » Il ne séjourne qu'un temps limité chez son premier hôte, perfore le ganglion pour en sortir et y laisse des lacunes que ferment bientôt des dé- pôts plastiques ou tuberculeux. •> Si les entrailles du mouton viennent à être dévorées par le chien ou par le loup, le ver peut s'attacher aux lèvres, aux ailes du nez, au voile du pa- lais et pénétrer dans les cavités nasales, où il prend son conqilet dévelop- pement. u En effet si on place à l'entrée des narines du chien des linguatules prises dans les glandes mésentériques, elles s'engagent bien vite dans les cavités nasales, et vont se fixer à l'aide de leurs crochets sur la membrane des vo- lutes ethmoïdales, d'où l'éternunient le plus violent ne peut les expulser. »> Ces vers, qui ont ainsi brusquement changé d'habitation, s'accroissent avec lenteur; d'agames qu'ils étaient d'abord, ils devieiment sexués e^ en moins de deux mois, l'appareil de la reproduction est entièrement formé; mais ils doivent séjourner près d'une année dans les cavités aériennes des carnassiers pour arriver au terme de leur évolution. « On ne saurait guère douter que la linguatule des gatiglions chyliféres du mouton appartienne à l'espèce de celle qui a été trouvée dans les kystes du poumon du lapin, et dont M. T^enkart a déjà obtenu la transformation chez le chien. » Dans une prochaine communication, je décrirai le développement de la linguatule, et je mettrai sous les yeux de l'Académie les dessins qui en représentent les principales phases. » PHYSIOLOGIE. — Observations sur la réqénération osseuse ; pur TH. Hamel. (Commissaires désignés pour le Mémoire de M. Maisonneuve.) « Dans les cinq observations que je viens soumettre à l'appréciation de l'Académie quatre me sont propres. Le périoste, comme organe formateur et régénérateur du tissu osseux, a oblitéré une large perforation de l'os frontal, a reproduit la moitié droite de la mâchoire inférieure, un cubitus en grande partie , une portion du corps d'un fémur , enfin un tibia presque complet. « A l'époque ou la régénération osseuse semblait encore un rè\e, quoi- ( .3,3) qu'elle fût déjà l'objet des recherches de M. Floureiis sur le périoste, un homme de 36 ans, bottier de ])rofession, vint me consulter pour une perfo- ration qu'il portait depuis longtemps près la bosse frontale gauche. Le trou était à peu près circulaire, assez grand pour y placer le pouce, mais hérissé d'aspérités. Une hernie d'une portion du cerveau et de la dure-mère en avait été la conséquence.... 3e lui conseillai d'appliquer à demeure une pla- que de cuir sur le point défectueux. Plusieurs années s'écoulèrent et la hernie finit par disparaître complètement. J'avais perdu de vue cet homme, quoique habitant la même ville que lui, lorsque je fus requis par la justice pour con- stater son décès: il avait succombé à inie hémorrhagie cérébrale superfi- cielle, résultat d'un violent coup de poing reçu dans une rixe. Je me rap- pelai son ancienne infirmité ; j'examinai avec soin la cavité crânienne. A ma grande surprise, je rencontrai une membrane périostique blanchâtre, de nouvelle formation, inégale, assez épaisse, d'iui aspect cartilagineux, appli- quée sur la paroi externe de la dure-mère, à laquelle elle adhérait vers son centre. Elle était placée en face de la perforation frontale dont elle avait la forme arrondie, et d'où elle avait dû être brusquement détachée. L'occlu- sion graduée mais entière, seule cause admissible pour expliquer la dispa- rition complète de la hernie cérébrale, ne saurait être ici que le résultat d'un travail lent et réparateur. Comment s'est-il opéré? Il serait difficile de le bien expliquer Quoi qu'il en soit, la nature a montré dans cette circonstance jusqu'où peuvent s'étendre ses ressources et sa force géné- ratrice. » Dans le second cas (une nécrose du maxillaire inférieur gauche presque entier), la puissance réparatrice du périoste devint apparente du moment où le travail d'isolement fut terminé. L'os frappé de mort se reproduisit en entier : les dents seules manquèrent au malade. L'angle de la mâchoire resta moins saillant, plus effacé. Il gagna en largeur et en épaisseur ce qu'il perdait en hauteur. » Peu de temps après cette guérison, un conducteur de mulets, âgé de 28 ans, se présenta à ma visite avec un avant-bras gauche assez doulou- reux et doublé de volume. Au milieu d'une plaie suppurante, longue de i5 centimètres, se trouvait à moitié couvert le corps du cubitus frappé de nécrose. Une chute de cheval, assez violente pour occasionner d'abord un gonflement énorme et douloureux, avait amené un abcès fistuleux vers le tiers inférieur du cubitusoù sa dénudation eutlieu. Quand je sondai l'ulcère, il était rouge, dur et granuleux. Quoique déjà fort étendu, il ne laissait point C. R., 1861, 1" Scmeslre. (T. LU, ÎV» 23.; '7 ' ( i3i4) encore à découvert les deux extrémités de l'os mortifié. Mobile dans un ses points, je l'altaquai avec une petite scie d'horloger à lame convexe, puis avec une couronne de trépan. Le fragment inférieur se détacha quelques jours après en se brisant eu deux morceaux ; la chute du fragment supérieur ne s'effectua que trois semaines plus tard. En examinant la surface interne dn périoste, ruguense et saignante, je m'aperçus que cette membrane avait déjà tiiplé d'éjiai'^seur et acquis luie forte consistance. Trois mois s'étaient à peine écoulés, que !e malade, malgré une cicatrisation imparfaite, se servait de son avant- bras dont le volume était encore plus gros que celui de son an- tagoniste. La forme du nouveau cubitus dont la régénération s'était effectuée dans une longueur de 18 centimètres, variait aussi dans quelques-uns de ses points. Cette double reproduction osseuse a été d'autant plus remarquable, que les conditions hygiéniques habituelles du pays au milieu desquelles elle s'est opérée étaient très-défavorables à ce travail réparateur. » Je terii'.ine mon Mémoire par une dernière observation qui est de date récente, dont j'ai pu moi-même recueillir la pièce de conviction. J'ai égale- ment moulé eu plâtre la forme exacte du membre après guérison complète, sans raccoiu'cissement, sans claudication comme sans difformité. » 5° Pierre Raoïdt, âgé de i4 ans, fit une chute de cheval en avril 1859. Il en résulta bientôt un abcès profond et fistuleux le long de la partie in- terne de la jambe droite. Au bout de neuf mois, un trajet fistuleux laissa à découvert le tibia nécrosé, et le premier ulcère se cicatrisa. Quand il vint me demander conseil au mois d'aoï'it 1860, sa jambe était dans un état affreux. Son volume était doublé. Le devant était labouré par un ulcère profond, à bords renversés. L'os principal, frappé de mort dans une éten- due de 2 1 centimètres, était saillant vers son milieu, isolé des parties molles, saturé d'un jius fétide et abondant. » La conservation de ce membre me sembla d'abord une utopie. Je re- culais pourtant devant l'idée d'une amputation. Après miire réflexion, je me décidai à temporiser. T^es forces du malade, au lieu de s'amoindrir, s'étaient un peu améliorées. A ime vaste suppuration locale désinfVclée par le chlore, il s'opposait une assimilation suffisante pour fournir aux déper- ditions de chaque jour. Je la favorisai par l'usage du quinquina, du vin, de boissons ferrugineuses, d'huile de foie de morue iodurée, et d'une alimentation animale réparatrice. Dans de telles conditions, sans cesse préoccupé d'une idée qui me semblait réalisable, je résolus d'entamer avec la scie la partie saillante de l'os dénudé jusqu'au canal lui dullaire, ( i3i5 ) et de le diviser en trois morceaux. J'espérais en rendre les fragments plus mobiles et les isoler plus vite du périoste, dont je redoutais qu'ils ne re- tardassent le travail régénérateur. L'irritabilité naturelle du sujet, l'irrégu- larité capricieuse des voies digestives, les liémorrhagies capillaires qui se répétaient trop souvent, entravaient mes efforts, et ne répondaient qu'im- parfaitement au but que je me proposais. Cependant après la chute de deux fragments longs et épais, placés aux extrémités opposées, entamés par la scie dans leur continuité, le corps du tibia se sépara à son tour de ses deux épiphyses articulaires. A dater de cette époque, janvier 1861, le travail réparateur, depuis longtemps commencé, poursuivit sa marche progressive; la trame osseuse s'étendit molle et spongieuse en se consolidant. Je n'y dé- couvris aucune trace d'un nouveau canal médullaire; je pus étudier les métamorphoses que subit le nouvel os jusqu'à son entier développement, tant dans son aspect, dans sa couleur, dans la saturation de son tissu, dans son épaississement graduel, que dans sa plus grande force de consistance toujours croissante et plus marquée qu'auparavant. Là vraiment se décèle aux yeux de l'observateur le rôle important que la nature a assigne au périoste. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau composé cjrapltitoide tiré de lajonlf.; par M. F.-C. Calvert. (Renvoi à la Commission nommée pour diverses communications relatives au fer et à l'acier, Commission qui se compose des Membres de la Section de Chimie et de MM. Biot et de Senarmont.) o Ayant remarqué que la quantité de résidu carburé obtenu en dissol- vant la fonte dans l'acide chlorhydrique varie selon qu'on emploie ce der- nier à un état de concentration plus ou moins grand, j'entrepris eu i858 une série de recherches sur l'action que pourraient avoir sur la fonte divers acides très-faibles. » Je m'aperçus, au bout d'un certain temps d'action, que, bien qu'iuie grande partie du fer se fût déjà dissoute, les masses de fontes grises, ayant la forme d'un cube d'environ i centimètre de côté, sur lesquelles j'opérais, ne paraissaient nullement changer de volume ou d'apparence. Après quel- ques mois, l'action chimique avait été suffisante pour que Ion pût faire pénétrer facilement une lame de canif dans la masse à 3 ou 4 millimètres de ( i3i6 ) profondeur. Enfin, après avoir élé soumis |)cndant deux ans à l'action tl'acides faibles et renouvelés de temps en temps, ces cubes, primitivement en fonte, étaient entièrement transformés en une substance grapliitoide que l'on pouvait entamer, traverser de part en part; ces cubes, qui n'avaient rien perdu de leur forme et de leur dimension primitive, pesaient au com- mencement de l'expérience 1 5,324, à la fin ils ne pesaient plus que 3,489. Le centimètre cube avait donc perdu 77, i 3 de fer, de carbone, soufre, phos- phore, silicium. )> Je dois ajouter ici que, dans ces expériences, de tous les acides celui qui m'a donné les meilleurs résultats, est l'acide acétique. Son action, en effet, est continue; une même quantité d'acide peut, sans être renouvelée, agir sur la fonte pendant des années, tandis qne l'action des autres acides est relativement plus rapide. Composition de hi Composilion du nouveau fonte employée. composé (;ia|jhiloïde lire de la fonte. (Carbone 2,goo 1 1 ,020 Azote 0,790 2,590 Silicium 0,478 6,070 Fer 95,413 :9'96o Soufre o ï ' 79 o ,og6 Phosj)hore o,i32 o, oSg Perte o , 098 o , 2o5 100,000 100,000 » De ces nombres, on peut conclure : » 1° Que la quantité d'azote dans la masse grapliitoide est considérable; elle représente plus de la moitié de l'azote qui existait dans la fonte em- ployée, le reste de cet azote se trouvait dans les liqueiu's acides à l'état d'acétate dammoniaque. » C'est en dosant l'azote existant d'un côté dans ces liqueurs, de l'autre dans la matière graphitoïde, que j'ai pu déterminer la quantité de ce métal- loïde dans la fonte employée. » 2° Siliriitm. — Je me suis assiu'é par des expériences directes qu'il se dégage toujoiu-s de l'hydrogène silicié, lorsque l'on dissout la fonte dans un acide quel (pi'il soit; il faut faire une exception toutefois pour l'eau régale, ainsi que l'a déjà fait observer M. H. Sainte-Claire Deville. ( '3.7 ) » 3° Carbone. — Quoique le chiffre donné soit déjà bien élevé, il ne re- présente cependant pas tout le carbone existant dans la fonte; une partie s'est transformée en une matière huileuse, semblable à celle de Proust qu'a rappelée mon savant maître, M. Chevreul, dans la séance de l'Académie du I I mars dernier; je m'occupe, en ce moment, d'obtenir cette matière en quantité suffisante pour en faire une étude complète. ') 4° Fer. — Lors même que la substance giaphitoïde ne cède plus de fei à l'acide acétique, elle contient encore 79,600 de fer métallique, c'est ce dont je me suis assuré par des expériences directes ; je noterai en même temps ici, que l'on n'obtient aucune trace d'eau, en faisant passer un cou- rant d'hydrogène pur et sec à la température du rouge sombre, sur la sub- stance graphitoïde préalablement desséchée à aSo". >) Le carbone et le fer paraissent toujours exister dans ce composé dans les rapports de 4Cà6Fe, toutes les fois du moins que l'on emploie les fontes grises; car la proportion du carbone diminue à mesure que la fonte devient plus blanche, et comme M. Fremy l'a fait observer, le carbone est quelquefois remplacé par du silicium. Mais je ne pense pas que la sub- stance graphitoïde est représentée par la formule ci-dessus, car l'azote et le silicium doivent entrer dans sa composition. » On peut encore obtenir un carbure de fer ayant pour formule C* Fe" en saturant la fonte avec du carbone, par exemple en la faisant foudre en présence d'un excès de coke dans un four à la Wilkinson. » Exposée à l'air, la substance graphitoïde s'échauffe rapidement, par suite de l'oxydation du fer qu'elle contient. Si la masse sur laquelle on agit contient encore de la fonte, et qu'on la place dans un flacon avec de l'eau distillée, on remarque bientôt que l'oxyde de fer existant auparavant est réduit, en même temps qu'il se forme du carbonate de fer. Cette action est tout à fait conforme aux belles expériences de M. Ruhlmann. » Cette action de l'air sur la masse graphitoïde nous explique mainte- nant la différence que l'on trouve dans ces matières, selon que les échan- tillons sur lesquels on opère ont été obtenus artificiellement, comme l'ont été par exemple ceux que je prépare en faisant agir les acides faibles sur la fonte; ou bien selon qu'ils se sont formés sous des influences naturelles, ce dont on connaît quelques rares exemples. » « M. Chevreul, en coinuiuniquaut à l'Académie la Note précédente, a fait remarquer que Berzelius parle, dans son Traité de Chimie, imprimé en ( i3i8 ) i83i,de la décomposition de la fonte par l'ean de la mer, du résidu mou, graphiteux, qu'elle laisse alors, et de la grande combustibilité de cette matière si on vient à l'exposer à Tair. Berzelius cite des observations analogues faites par Mac Culoch postérieurement aux siennes (i), et enfin M. Berthier et plusieurs chimistes français ont publié des faits analogues. » L'Académie renvoie à la même Commission deux Notes également rela- tives à la question de l'acier, Notes adressées, l'une par M. Cii. Tissier, l'autre de M. Julliex. M. Heyfelder, en adressant au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie l'ouvrage qu'il a publié en allemand, « Sur les procédés opéra- toires et la statistique des résections », y joint, pour se conformer à l'une des conditions imposées aux concurrents, une indication des parties qu'il considère comme neuves. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. Couturier adresse une Note faisant suite à celle qu'il avait précédem- ment adressée sous un pli cacheté, dont l'ouvertiu-e avait été faite, sur sa demande, dans la séance du 4 mars dernier. Sa nouvelle Note a pour titre : c C. » 7. Unplan quelconque contient : i°im (m"— \)[m-\- 2) points^ dont chacun est l'intersection de deux tat^c/enles de la courbe C ; 2" 1 8 m^ — 40 m- + 5 m -f- 18 droites^ dont chacune est l'intersection de deux plans osculateurs de la courbe C. » 8. Il suit de là que : » La perspective de lu courbe C est une courbe de l'ordre 2111+1, et de la cluise 2111(111 + i ), ayant m- points doubles 3, (am^ — i ) inflexions, et 2(m — 1) (m' + 3iii- — m — 2) tangentes doubles. » î). Les droites tangentes de la courbe C forment une développablc S de l'ordre 2ni(m + i ) ef de la classe 3(2111^ — i), ayant 4(m — i ) (3m + 2) génératrices d'inflexion . » 10. Toute droite tangente à la courbe C, en un point, rencontre 2(111 — i)(m + 2) droites ipii sont tangentes à la même courbe en d'autres points. Les points oii se rencontrent ces tangentes non consécutives Jorment une courbe gauche R qui est double (courbe nodale) sur la déuelopjiable S. Les plans déterminés par les couples de tangentes non consécutives de C qui se roupent, enveloppent une développablc 2 cpd est doublement tangente à la courbe C. Il suit des 11"' 5 et 7 que la développablc 1 est de la classe 2 (m — i '; (in'-!-3m-— m — o.),etque la courbe R est de l'ordre 2ni(m^— i) (ni + a). i> 11. On peut déduire ces propriétés, et d'autres encore, des formules générales données par M. (layley {Journal de Liouville, t. X). II. ynuvrUes courbes gauches de tous les ordres sur la surface d'un krperboloïde à une nappe, » 1*2. Un donne trois fîtisceaux de |)lans, dont les axes soient trois droites P, Q, 11. Le faisceau P soit composé d'un nombre infini de groupes, dont chacun contient m pians. Ces groupes sont supposés en invohition de l'ordre m (*), c'est-à-dire, un quelconque des m plans d'un groupe déter- mine les autres m — i plans du même groupe. (Pour ni = 2 on a l'involu- tion ordinaire.) Le deuxième faisceau soit homographiquc au premier, c'est-à-dire les plans de ces faisceaux se correspondent, un à un, entre eux. Et les plans du faisceau R correspondent anliarmoniquement, lui par fois, aux groupes du faisceau P (et par conséquent aux groupes de Q) (**). (*) De Jonquièrf.s, Gcnéralisatinn de la titrnrie de rinvolution [Annali di Mateniatica, Roma, 1859. ** ^ Si l'on représente un plan quelconque du .premier faisceau par P-f-ÀP' = o et les ( (3ai ) » Le lieu des uderseclions des plans cotrespundanls des trois faisceaux est une courbe gauche C de l'onlre m -+- 2 qui coupe m -+- i /ois chacune des droites P et Q, et deux fois la droite R. Cette courbe C est située entièrement sur l'hyper- boloïde I engendré par les deux faisceaux P ei Q. « Pour w = I on a la cubique gauche, et on tombe dans la construction donnée par M. Chasles {Compte rendu du ro août 1857). Pour /« = 2 on a la c(nu"be du quatrième ordre étudiée par M. Salmon (Cambridge and Du- blin Math. Journal, vol. V); j'en ai donné la construction dans mon Mé- moire Suite superficie (jobbe delterz ordine ( Atti deU Istitulo Lombardo, t. II 1. " Hormis le cas de la cubique gauche (/?2:= i), l'hyperboloïde I est la seule siu'face du second ordre qui passe par la courbe C. » 15. Toute génératrice de l. hyperboloide I, du système auquel appartiennent les axes P, Q, rencontre la courbe C en m + 1 points; et toute génératrice de l autre système rencontre cette courbe en un seul point. » li. Les faisceaux Pet R(de même que Q et R) engendrent une sur- face gauche de l'ordre m + \ , dont l'axe P est une ligne multiple suivant le nombre m. » IS. Par la courbe C, par une génératrice du premier systèuie de V hyperbo- loide I, et par une droite qui s appuie en deux points sur C, on peut faire passer une surface gauche de l'ordre m -t- i , dont la première directrice rectiligne est une ligne multiple suwiuit m. » Î6. Si l hyperboloide I et 2111 -I- 3 de ses points sont donnés, on peut dé- crire par ces points, sur la surface i, deux courbes C. » 17. Si autour de deux génératrices du premier système de l hyperboloide V on fiit tourner deux plans qui se rencontrent sur la courbe C, ces plans engen- drent deux faisceaux homographiques. » 18. Ily a im génératrices du premier système de l'hyperboloïde 1 qui sont tangentes à la courbe C. i> 19. Le lieu d'une droite mobile qui s'appuie en deux points sur la courbe L et en un point sur une droite fixe L, est une surface de l'ordre (m + \Y. Les ,. , , T I ■ I I I m f m -I- i) lignes (^ et L sont multiples suivant les nombres m 4- 1 et — ^- —^ respective- ment. plans rorrespoiulaïUs dts autres faisceaux par Q -t- piQ' := o, R-(-vR' = o, on aura entre >, pi, V deux relations de la forme : a -h èV)fi + a' -t- i'X = o, (c).'" -i-dl'""' -t- . . . ) v -t- c' X" -(- rf')."'-' + . . . z= o. C. li., 181.I, l"-»- Semeslie. (T. LU, W» 2.=>., '7^ ( l322 ") » 20 Quand deux courbes C tracées sut un même li^perbolotde rencontrent chacune en m -+- i points une même génératrice, ces deux courbes se rencontrent en (m ■+- i)* points. Et quand les deux courbes rencontrent l'une en m + i points et l'autre en un seul point une même c/énératrice, elles se rencontrent en m^ + 3 m -t- I points. » i I . Har un point quelconque de t espace on peut mener : i " droite» qui rencontrent la courbe C chacune en deux points; i° 3 m plans osculateurs à la courbe C; 3" 2 in(in — i)j)lans, dont chacun contient deux droites tamjentei àC. n 22. Par une droite quelconque on peut mener 2(111 -t- 1) plans tangents à la courbe C. M 25. Un plan quelconque contient: 1° 2(111* — i) points dont chacun est l'intersection de deux tangentes de la courbe C; 2° - (9 m^ — 17 ni + 10) droites dont cimrune est l'intersection de deux plans osculateurs de la courbe C. » 24. Il suit de ces ihéorèmes que : ') La perspective de la courbe C est, en général, une couibe de l'ordre m + 2 cl de la classe 2 (m + i), oja/U — ■ • points doubles, 3 m inflexions et 2 m (m — i) tangentes doubles. >' Mais si l'œil est placé sur la courbe C, sa perspective est une courbe de l'ordre m -1- i et de la classe 2 m, ayant im point multiple suivant m, 3(m — 1) inflexions, et 2 (m — 1) (;/i — 2) tangentes doubles. » 23. Les droites tangentes à la (ourbe C forment une développable S de l'ordre 1 {m + i) et de la classe 3 m, avec 4 (™ — ') génératrices d'inflexion. » 26. Toute droite tangente en un point de la courbe C rencontre 2 (m — i) droites qui sont tangentes à la même courbe en d'autres poitits. Les points oii se rencontrent deux à deux les tangentes (non consécutives) de C forment, sur la développable S, ime courbe double R de l'ordre 2 (m'* — l). Et les plans oii se rencontrent ces mêmes tangentes, enveloppent une développable 1, de la classe 2 11) (m — i), qui est doublement tangente à la courbe C. » 27. Les courbes C et R ont en commun : 1° /es 4 ( m — ') points où. C est touchée pur les génératrices d'inflexion de S; 2° les 2 m (ni — 1) points oii C est coupée par les génératrices de l'hyperboloide I qui sont tangentes à C (11° 18). Ces derniers points sont des poi7its staliontiaires pour la courbe R. » 28. Il y a, sur la courbe R, ^ m ( m — i) (m — 2) points [doubles^ oii ( i323 ) se coupent trois tangentes de C; et il y a %{ya. — i) (m — 2) (m — 3) plam [tangents doubles de Ij, dont chacun contient trois tangentes deC » Etc., etc. o 29. Ces résultats font voir que la courbe C est réciproque d'une cer- taine surface développable, dont MM. Cayley et Salmon se sont occupés plusieurs fois (*). Autrement : l'équation, en coordonnées tangentielles, de notre courbe C est le discriminant d'une équation de la forme ar-' 4- (/« + 2) bt'"^' -f ("^ + aH/,, + i) ^^m ^ _ _ ^ o^ où a, b, c, . . . sont des expressions linéaires des coordonnées, et t est la quantité qu'il faut éliminer. » MINÉRALOGIE. — Note sur les formes cristallines d'un oxyde de manganèse artificiel; par M. Des Cloizeaux. « L'oxyde artificiel de manganèse dont M. Kulilmaun a décrit la pro- duction dans le Mémoire précédent, offre un exemple très-remarquable d'épigénie. D'après les analyses de M. Kuhlmann, la composition de cet oxyde se rapporte en effet àcelle delà Hausmannite Mn' 0% mélangée d'une petite quantité d'oxyde ferrique, tandis que ses formes cristallines peuvent se dériver très-simplement du prisme rhomboïdal droit qui constitue la forme primitive de l'acerdèse Mn^O',H(). Sa dureté est supérieure à celle de la Hausmannite naturelle; sa poussière a une teinte rouge-violacée qu'elle doit probablement à la présence de l'oxyde de fer et qui n'est connue dans aucun des oxydes naturels de manganèse. Ses cristaux se composent ordi- nairement de plusieurs prismes verticaux, d'une base perpendiculaire à ces prismes, d'un biseau ayant son arête parallèle à la grande diagonale de la base et quelquefois d'un octaèdre rhomboïdal placé sur les angles aigus de la forme primitive. Je n'ai observé de clivage dans aucune direction. Les laces verticales sont presque toujours finement striées parallèlement à leur intersection mutuelle; aussi, malgré l'éclat très-vif qu'elles possèdent, leurs incidences ne peuvent-elles pas être mesurées avec plus de précision que celles de l'acerdèse naturelle. En partant des valeurs assignées par M. Hai- (*) Journal de Crelle, t. XXXIV, p i48; Cambridge and Dublin Mathematicat Joiii- nfl/, vol. III, p. 169; vol. V, |). l52. 172.. ( i324 ) diiiger aux axes de ce minéral, les symboles des iiiodihcalioiis des cristaux artificiels sont : — - ± 1 II' h- h' "" o^ "' 0-' n n- «' ", — {)>■ h' ir'\ 2 » Les faces /i', g", g*, g', /;, a* sont communes aux cristaux arti- ficiels et à 1 acerdèse naturelle; /i-, h", g-^, a', j3, n'existent que sur les cristaux artificiels. La combinaison de formes la plus habituelle est /i' h* pa^ a' ; //* est toujours prédominante. » Le tableau suivant donne la comparaison des angles observés avec les angles calculés en partant des données mm = g(f /^o' , 0 : h :: looo : ^16,7.8-] , 0=764,171, '/^645,oi3, D et d représentant la grande et la petite diagonale de la base, ou les deux axes horizontaux de M. Haidinger. Angles calcules. Angles mesurés. Angl es calculés Angles mesures. h' h' 164° 17' 164° /; a- 162" 7' 1 62° I 0' g' h' 105° 43' •> pa' 147° 10' i47°3o' à 35' /r/i' i53° 8' i52°3o' ,,/,' 90" 90° g' à' 1 16" 5?.' ii6°3o' d 55' a-//' io7°53' io7°3o' h>h* 126" 17' avant 7 25° 10' ' rt'/i' 122°5o' 122" 10' h'h' lôS-Si' 167° n-n- 144° '4' S"'/-' 145° à'g" i34"38' 1 34" 10' a' a' I i4°2o' sur/.) ii5"3i' g'g'' 135° 22' 135° 10' ù 45' a' ir adj. i65°3' i()5° h>g" i6i°3o' i6i°25' a' ii- 129° 17' sm/j 1 3o" /''/ 1 1 5° 2 1 ' ii5"3û' a'/i- 57" 10' sur/' 57°4o' g's[ 154° 39' 154° /,>J 142°! 3' i43" • g' g' i63"3o' 164° Angles calculés. Angle» mesurés. P P i25°33' » 1 '''P idj. 100'^ 49' ioi°i5' PS i58 >22' côté i58°i5' ' /'^p 79° I 1' sur p 79° 25' 1 b-'p 142° 21' l4l°25' s 1 p«^ .27° 39' » .. I a face [t — b -i^g'') est comp lise d; iiis les /oiH's /.ig ^rlg'.,'^ ( i325 ) » Un sait t|iie dans la luitiiie certains cristaux pseudomorphicjucs pré- sentent des faces qui n'ont jamais été observées dans la substance à laquelle ils ont emprunté leur forme dominante ; c'est précisément ce que nous voyons pour les cristaux d'Hausmanniti; artificielle et pour ceux de l'acer- dèse naturelle, en supposant que les premiers sont pseudomorphes des seconds; mais ici ce fait n'a rien de surprenant, puisque si la réaction de la craie siu- le chlorure de manganèse a d'abord produit de l'acerdèse qui s'est plus tard transformée en Hausmannite, cette production a eu lieu dans des conditions tout autres que celle de lacerdése naturelle. On sait du reste, p.n les expériences de M. Kuhhnann , qu'en calcinant l'acerdèse Mn^O',HC). on la fait passer à l'état trUausmaïuute à poussière brun-chocolat sans chan- ger sa forme ni sa dureté. M. Hausuiann, dans sou Traité île Minéralo(/it, cite aussi la Hausmannite comme pseudoniorphosant quelquefois des cris- taux d'acerdèse. Il paraît donc naturel d'admettre que les cristaux artificiels qui viennent d'être décrits sont le produit d'une sorte d'épigénie, plutôt que de les regarder comme constituant un état dimorphe des cristaux octaé- driques naturels. » MlNÉRiLOGlE. — - Sur la forme des cristaux artificiels de fer oligiste produits dans les fours de M. Ruhlmaïui ; par M. Des Cloizeaitx. « Les échantillons de fer oligiste recueillis pai' M. Kuhhuaiui se présen- tent en beaux cristaux éclatants, dont l'aspect rappelle celui d'un octaèdre aplati, mais dont la forme appartient à un rhomboèdre basé portant quel- quefois en troncatures Irès-éiroites le prisme hexagonal li' sur ses arêtes en zigzag, et. l'isocéloèdre e^ sur ses angles latéraux. Les incidences mesurées comparées à celles du ter oligiste naturel S(>ni : Crislaux artificiels. OliRisIe iiaturtl. \ a'p adj. 122° laa'So' i a'/) opp. 57° 3o' ' 57° 3o' \p(i' i36°3o' i36"55' i /jp&iiv5o' «'(•, 119° ii8°53' pi; adj. i54'^i5' i54°2' » La combinaison a' pd' C3 offerte par les cristaux artificiels de M. Krdil- mann , avec sa forme d'octaèdre aplati , est figurée dans l'atlas de Lév\ comme se rapportant à des cristaux d'oligiste de (iramont dans les Vosges.» ( i3i6 ) MINÉRALOGIE. — Note sur la nouvelle espèce de cuivre gris dite fournétite; par M. Ch. Mène. « Au mois d'octobre 1860, j'ai eu l'honneur de faire part a l'Acadénue de résultats d'analyses faites sur une nouvelle espèce de cuivre gris, trou- vée aux Ardiliats, près Beaujeu ( Rhône), dans une mine de plomb. Au mois de mars 1861, j'ai confirmé ces analyses et donné à ce minéral le nom de fournétite, en l'honneur de M. Fournet, Correspondant de l'Académie des .Sciences. Je viens aujourd'hui encore appuyer ce fait par l'analyse du même minéral trouvé dans une localité éloignée du premier gisement, mais iden- tique cependant par sa position dans une mine de plomb. Le cuivre gris dont il s'agit m'a été envoyé, du déparlement des Hautes-Alpes, d'iui piidroit nommé le Val Godemar. « A l'analyse je l'ai trouvé formé de : l'our 100 sans gangue. Cuivre o,3o5 o,3o4 o,3o5 o,3o8 Ploiub 0,1 o3 o,iot 0,1 o3 0,1 15 Soufre 0,181 0,169 Ojï'ja 0,217 Fer o,o4i o,o4o o,o4o o,o45 Arsenic OjOgi 0,089 OjOQo 0,100 Antimoine 0,197 0)'93 0,11^ o,2i5 Quarlz 0,077 0,101 0,092 » Perte o,oo4 o,oo3 0,002 • 1,000 1,000 1,000 1,000 Sa densité est de 4!3oo 4j3o3 4)3o8 » Comme la fournétite trouvée aux Ardiliats, ce cuivre gris a l'aspect d'ime pyrite de fer, seulement sa couleur est gris d'acier avec reflets ver- dàtres; elle est amorphe et compacte. » Mais sa formule serait de 3Cu^S + 2Sb%S' -t- Pb, S -t- Fe^As» au lieu de 3Cu*S + 3Sb='S^ PbS+ FeAs qui rei)résente celui des Ardiliats. » Ces formules me mettent à même de croire que la classe des cuivres gris doit se diviser en quatre grou|)es : ( >527 ) » 1° Ceux qui renferment beaucoup d'arsenic, tennanliles ; » i" Ceux qui renferment de l'antimoine sans plomb, panabasa, » 3" Ceux qui renferment l'antimoine et le plomb, bournonites ; » 4" Ceux cpii renferment antimoine,'plomb et arsenic, /ournetî^e. » (Je ne comprends pas ici les stannines dans cette catégorie. ) » J'ajouterai que ces cuivres gris contiennent tous un peu d'argent; ce- pendant la quantité en est variable. Celui des Ârdillats a donné depuis o,ooo5 jusqu'à 0,0021 , celui du Val Godemar a donné constamment 0,0008 à 0,001 I. Je n'ai pas tenu compte de ce métal dans la fornude de cette espèce, parce que de si petites quantités ne peuvent influencer k calcul. » PHYSIOLOGIE. — Expériences aur la nutrition des os ; par m. Ai.PH. MiLXE Edwards. » Depuis les belles expériences de Chossat, on sait que les animaux ont besoin pour continuer de vivre, d'ingérer tous les jours dans leur estomac une certaine quantité de matières minérales ; que si cette quantité vient à leur manquer, leurs os deviennent minces et fragiles ; et enfin qu'ils meurent au bout d'un temps plus ou moins long. Mais Chossat n'avait pas cherché a l'aide de l'analyse chimique à expliquer de quelle manière se détruisait le tissu osseux : si c'était par une simple résorption que le sang enlevait à l'os les matières calcaires, ou si ce tissu disparaissait de toutes pièces, la ma- tière cartilagineuse aussi bien que la matière minérale. » Pour résoudre cette question, il suffisait de priver pendant quelque temps un animal de sels calcaires, puis de rechercher par l'analyse chimique si, sous l'influence de ce mode de nutrition, l'os s'était appauvri en substance inorganique, ou si, le rapport des éléments n'ayant pas changé, son volume seul avait diminué. » J'ai fait cette expérience sur des pigeons. Ils ont été nourris de blé, de riz, de maïs et de millel décortiqué : le blé employé donnait par incinération, 2,58 pour 1 00 de cendres, dont o, o5 de chaux ; le mais, 1 à i , 3o de cendres, dont o, i5 de chaux; le riz, o,5 à 0,8 de cendres; le millet décortiqué, I pour 100 de cendres, dont o , 02 à o,o3 dechaux. Alimentéde cette façon, un pigeon mangeant en moyenne 4o grammes de grains par jour ne faisait entrer dans son organisme qïî'environ 0,008 de chaux, quantité insuffi- sante pour l'entretien du tissu osseux. Trois jeunes pigeons, n'ayant pas f i328 ) «■ncore atteint toute leur croissance, ont été soumis a ce régime ; un autre, pris pour terme de comparaison, recevait une nourriture normale. » L'expérience dura trois mois et demi. Au bout de trois mois les pi- geons furent pris de diarrhée et connnencerent à dépérir ; je les sacrifiai alors, ainsi que celui qui était resté dans les conditions normales d'ali- inentalion. » Les os des oiseaux mis en expérience présentaient un volume heaucrmp moindre que d'ordinaire ; ils pesaient prés d'un tiers moins que ceux du pigeon pris |)our leinie de comparaison. T/analyse des os longs m'a donné les résultats suivants : Pyjjcoiis [jiivcs de sels calcaires. Pliosptiate de chaux Carbonate de chaux Graisse Malière cartilagineuse .Maticre orjjanique Matière inorganique 1' Dapiesces résultats, ou vuit que la (omposition du tissu osseux n a pas changé malgic' la privation de seis calcaires ; le volume seul de l'os a duni- nué : donc ce tissu se résorbe de toutes pièces, et ce n'est pas seulement la matière terreuse qui est enlevée. Ces observations viennent confirmer lo- junion (pii fait regarder le tissu osseux comme le résultat d une combinai- son chimique entre la matière organique et le phosphate de chaux. En effet, lorsque ce tissu se forme chez le fœtus, il présente la même composition que dans l'os d'un adulte, et quand il se délruit, lomme dans l'expérience que j'ai faite, il disparaît de toutes pièces. » .]'ai également cherché à reconnaître si, lorsqu Un animal est privé de sels calcaires, il pourrait les remplacer dans la constitution de t-.vs os par des composés analogues, [lar exemple par ceux de fer, de manganèse et de ma- gnésie. Dans la coquille de lœuf, celte substitution peut avoir lieu. De|)uis fort longtemps déjà, on sait (ju'il est possible de faire entrer dans la i ompo- sition de cette enveloppe certains sels minéraux, tels que ceux de cuivre. Plus léccintiuMil, M Roiissin l'sl parvenu à déterminer la formalioii fl œufs ^" !. N» 1. N" 5. Pigeon orcliri.tjro 60,07 59,39 67,62 61 , i5 4,3o 5,87 3,75 4, -3 0:97 I,?2 I , i3 1,24 34 ,66 33,52 32,60 33,48 100,00 100,00 100,00 100,00 35,63 34,74 33,73 34,72 64,37 65,26 66,27 65,28 ( iSaç) ) dont la coquille contenait une proporlion considérable de baryte, destron- tiane, de magnésie, de manganèse, de fer et de plomb. Dans les os, la même substitution peut-elle avoir lieu ? C'est ce que j'ai cherché à réaliser avec des carbonates de fer, de manganèse et de magnésie, qui ne pouvaient pas influer d'une manière notable sur réconoii)ie(i). Trois pigeons ont été soumis à une privation aussi complète que possible d'aliments calcaires, et tous les jours on faisait ingérer au n° i des piliules de o^', i de carbonate de fer; au n" 2, un même poids de carbonate de manganèse; au n° 3, un même poids de carbonate de magnésie. Au bout de quatre mois de cette alimenta- tion, ces oiseaux dépérissaient; le n° 3, soumis au régime du carbonate de magnésie, se supportait à peine. J'ai alors mis fin à l'expérience et soumis les osa l'analyse. Ceux-ci étaient tres-minces et très-fragiles; les n°* i et 3 ont donné des traces de magnésie et de fer, mais ne dépassant pas les quantités qui s'y rencontrent toujours; quant aux os du n° 2, ils ne présen- taient aucune trace de manganèse. Ces différents sels ne peuvent donc pas entrer dans la constitution du tissu osseux en remplacement des sels de chaux. Ce serait là un argument de plus à l'appui de la théorie que j'avais proposée sur le mode de nutrition des os et qui tendait à faire considérer le tissu osseux comme n'étant que le résultat de l'union de deux substances primordiales, l'osséine et le phosphate de chaux, le carbonate de chaux n'y existant que comme produit de la décomposition du phosphate de chaux par l'acide carbonique du sang. D'après cette manière de voir, il faut que la chaux, pour pouvoir se fixer dans les os, y arrive à l'état de phosphate et passe ensuite à l'état de carbonate : or, comme les phosphates de fer, de man- ganèse et de magnésie ne sont pas isomorphes avec le phosphate basique de chaux, ils ne peuvent se substituer à ce dernier. Dans la coquille de l'œuf, au contraire, qui est formée exclusivement de carbonate de chaux, les car- bonates isomorphes peuvent s'y retrouver. De plus cette coquille doit être considérée comme un produit excrémentitiel destiné à être éliminé et non comme un tissu apte à vivre et à se développer au sein de l'organisme ; elle peut donc se charger sans inconvénients de substances étrangères et même nuisibles, etc. Sa sécrétion est une voie ouverte pour l'expulsion des matières dont l'économie ne peut supporter la présence. » (i) Je n'ai pas employé de carbonate de baryte parce que cette substance, comme on le sait, est très- vénéneuse. G. R., 1861, 1" Semi-stn-. (T LU, N" 23.) ' 1^ ( i33o ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les bromures d'éllijle bigornés. Transforntation de falcool en gif col; jictr M. Ei:g. Cavextou. « On connaît par les belles recherches de M. Regnault les relations d'isomérie qui existent d'une part entre les dérivés chlorés du chlorure d'éthyle, et de l'autre entre le chlorure d'élhylène (liqueur des Hollandais) et ses dérivés chlorés. On sait en outre que le chlorure d'élhylène dérivé par substitution do l'aldéhyde est identique avec le chlorure d'éthyle chloré (Beilstein). Les relations qui existent entre les composés bromes cor- respondants sont moins connues. Les recherches que j'ai entreprises à cet égard m'ont conduit à des résultats qui me paraissent dignes d'attention, au point de vue de 1 histoire générale des corps isomères. 1» J'ai préparé les éthers bromhydriques bromes en chauffant dans des tubes scellés vers 170° du bromure d'éthyle avec du brome selon la mé- thode indiquée par M. Hoffmann. » En soumettant le produit de la réaction à des distillations fractionnées, j'en ai isolé deux composés définis. » Le premier bout de 1 10" à 1 1 :i°, sa densité à 0° est de 2, i35. C'est le bromure d'éthyle brome (€'H*Br) Br (i), isomérique avec le bromure d'é- lhylène. » Le second bout à 187". Sa densité à 0° est de 2,659. C'est le bromure d'éthyle bibromé (CH'Br^) Br. Chose curieuse, il est identique avec le bro- mure d'éthylène brome décrit par M. Wurtz (2). Le point d'ébuUition de ce dernier corps est de 187°. Sa densité à 1?»° a été trouvée de 2,620. » Il en résulte que pour les bromures l'isomérie ne se remarque que pour le terme G'H'Br'; pour le terme suivant, €'H'Br% les deux séries conver- gent en une seule. » Mais voici encore une autre point où les bromures paraissent différer des chlorures. Le bromure d'éthyle brome G^H'Br, Br n'est point identique avec le bromure d'éthylidène. Ce dernier se forme, comme on sait, par l'ac- tion du perbromure de phosphore sur l'aldéhyde. A la différence de ses i.somères, le bromure d'éthyle brome et le bromure d'éthylène, il n'est point volatil sans décomposition. J'ai constaté ce fait que mentionne M. Wurtz (i) C= 12, 11= I, O = 16. ( 2) Annales de Chimie et de Physiiiue, 3' série, t. LI, p. 84- ( i33i ) et je ne doute point que les trois corps que je viens d'énumérer ne soient parfaitement distincts. » L'isomérie du bromure d'éthyle brome et du bromure d'élhylène étant bien constatée, il était intéressant de soumettre les deux corps aux mêmes réactions, dans le but de découvrir l'influence que pourrait exercer l'arran- gement moléculaire sur le sens de ces réactions. » On sait que le bromure d'éthylène chauffé avec une solution alcooli- que d'acétate de potasse se transforme en bromure de potassium et en acé- tate éthylénique (glycol monoacétique) ; j'ai soumis le bromure d'éthyle brome à la même épreuve. L'ayant chauffé pendant deux jours avec une solution alcoolique d'acétate de potasse à \^o", j'ai vu se former du bro- mure de potassium et j'ai pu retirer du résidu une certaine quantité d'acé- tate éthylénique. Celui-ci saponifié par la baryte a donné du glycol iden- tique par sa composition et ses propriétés avec le glycol ordinaire. » Cette réaction me semble intéressante à deux points de vue. D'abord, elle montre que dans le cas actuel la différence de l'arrangement moléculaire des bromures disparaît devant l'énergie des propriétés du brome, c est-à- dire devant l'affinité prépondérante cpi'il possède pour un métal. En second lieu, elle permet de passer par une série de transformations régulières de l'alcool au glycol. » Ces recherches- ont été faites au laboratoire de M. Wurtz, mon maître et mon ami, qui avait bien voulu m'en suggérer l'idée. » ASTRONOMIE. — Sur une tache solaiie visible à l'œil nu; par M. A. Tissor. « Le 20 de ce mois j'ai mesuré à l'observatoire de l'Ecole Polytechnique une tache solaire qui m'avait frappé la veille par son étendue; elle avait 54' de longueur, ce qui équivaut à un peu plus de six fois le rayon terrestre ou à 1 0000 lieues; sur les deux tiers environ de cette longueur, elle pré- sentait une largeur un peu variable et de 16" en moyenne; puis elle allait en se courbant et en s'amincissant jusqu'à l'autre extrémité. Ces dimensions correspondent à une ouverture à travers laquelle pénétreraient facilement deux globes comme la terre, et elles se rapportent seulement au noyau obscur, abstraction faite de la pénonibre qui est très-large. Le 19, le 20 et le 22 j'ai vu très-nettement la tache à l'œil nu; le 20, j'ai constaté que plusieurs élèves de l'École la distinguaient égalen)ent. C'est dans la nuit du 26 au 27 qu'elle doit passer derrière le bord occidental du disque. o Depuis l'année 1612 jusqu'en j^qî, on ne cite cpie sept observations 173.. ( l332 ) de taches visibles à l'œil mi, faites par Galilée, îMessier, d'Arquier, Méchaiii et William Herscliel ; mais, dit Alexandre de Tliimboldt, « il arrive plus » souvent qu'on ne le croit en général, de distinguer nettement à l'œil » nu des taches sur la stnface du soleil, pourvu qu'on dirige ses observa- )' lions dans ce sens. » » Et en effet, le conseiller Schwabe, qui a exploré le disque de cet astre pendant vingt-cinq années consécutives, nous apprend que dans presque toutes il a pu observer de grandes taches visibles à l'œil nu. Il ajoute : « Je considère ici comme grandes celles qui embrassent au moins 5o"; » c'est seulement à cette limite (|u'elles commencent à devenir visibles « pour de bons yeux sans le secours du télescope. » » La limite de 5o" semble pouvoir être abaissée, d'après la largeur de la tache qui fait l'objet de cette Note; je crois cju'un cercle noir de 3o" de dia- mètre sur le disque du soleil, observé dans des circonstances favorables, serait visible à l'œil nu. » MÉTÉOROLOGIE. — Lettre sur un brouillard sec à Londres; par M. T.-L. Phipson. (( Le vendredi i4 juin i86i, nous avons eu un vent d'est très-fort pen- dant toute lajournée et toute la nuit. Vers ie soir, il y a eu apparition d'un brouillard ayant une odeur particulière ressemblant un peu à I odeur que produit le bois ou la tourbe qui brûle. — Le brouillard est plus dense à quelques instants qu'à d'autres; il dure toute la nuit, le vent n'y fait pas la moindre impression. Il est tout à fait sec, car l'herbe ne décèle pas la moindre humidité. Impossible de se mouiller la main sur le gazon, quoique le brouillard louche au sol. J'ai pendu à I air trois papiers ozonoscopiques et deux papiers à acétate de plomb : les premiers pour constater la pré- sence de l'ozone, les seconi Le brouillard sec dont je parle po.ssède tous ces caractères; il m'a été ( i333 ) seulement imuossiblc, à cause des lumières artificielles, de constater la phosphorescence. — La journée a été chaude malgré le vent, et l'atmo- sphère, dans l'intérieur des maisons, sèche et oppressive, surtout vers le soir lors de l'apparition du brouillard. » P. S. Un seul des papiers ozonoscopiques a donné de faibles indices d'ozone. Les papiers à acétate de plomb n'ont pas changé. J'ai appris de plu- sieurs personnes que ce brouillard, avec son odeur particulière, s'est fait sentir sur toute la \'\\\e de Londres et ses environs. Il est probable qu'il s'é- tendait encore plus loin. » M. Jobard adresse une Note ayant pour titre : « Causes de la couleur de la mer. » (Renvoi à M. Babinet.) M. ViEL envoie de la Ferté-Macé (Orne) une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour donner aux freins des véhicules marchant sur chemin de fer une énergie croissant avec la rapidité de la marche. (Renvoi à M. Morin.) La séance est levée à 5 heures un quart. . F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE L'Académie a reçu dans la séance du 24 juin 1861 les ouvrages dont voici les titres : Considérations sur tes lois qui président à l'accomplissement des phénomènes naturels rapportés à l'attraction newtonienne et basée sur la synthèse des actions moléculaires exposée dans les Mémoires publiés jusqu'ici; par M. Seguin aîné. Paris, i86i;br. in-8°. De la tuberculose ou de la plithisie pulmonaire ; par M. le D"^ L. Perroud. Paris, 1861 ; i vol. in-8°. Introduction à l' élude des Polypiers Jossiles; parM.. E. de Fromentel. Paris, i858à 1861; I vol. in 8°. 1° Influence des corps gras sur la solubilité de C acide arsénieux considérée dans ses rapports avec la toxicologie ; par le D"' Blondlot ; br. in-8". { i334 ) a" Sur la recherche de l'arsenic par la méthode de Manh;par le même f hr. in-S". 3° Sur la recheiche toxicolocjique du phosphore par la coloration de la flamme; par le même; br. in-8°. (Ces trois brochures sont adressées pour le concours Montyon, prix de Médecine et de Chirurgie.) Etude chimique sur l'air atmosphérique de Madrid; par M. RamON-Torrez Mu^oSDE LuNA. Paris, 1861; br. in 8°. Paléontologie française. — Terrain crétacé. 2* livraison, t. VII. Paris, 1861; 1 vol. iu-8". Guide du diabétique; par leH'FAVCON^HEAU-BVFRES^E. Paris, 1861; 1 vol. in- I 2. Transformation des inondations en de fécondes irrigations; par M. F. u'Obliincourt. Paris, 1861 ; i vol. in- 12. Mémoires de la Société d' Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube ; t. XXY de la collection; t. XII, 2* série, n"^ 5'] et 58, 1" semestre de 1861. Troyes, 1861 ; br. in-8'*. Organisation de la Société d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l'Aube. Troyes, 1861 ; br. in-8°.. Mémoire sur le mouvement des nœuds de la Lune; par M. Lespiault. Paris, 1861 ; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux.) Théorèmes et problèmes sur les normales aux coniques; par M. DesbOVES. Paris, 1861; br. in-8°. L'accord de la Bible et des Sciences; par M. Marey-Monge. Paris, 1861 ; br. in-8°. Considérations générales sur le passé, le présent et t avenir de la matière médi- cale; discours par M. le D' Oluvier. Toulon, 1861; br. in-8". Notes géologiques sur la Savoie, /, II, III ; 2 br. in-8°. Annexion à la faune inalaco logique de France; hr. in-8°. — Carte des anciens glaciers du r>ersant italien des Alpes; ])arM. Gabriel DE Mortillet ; br. in-8". Le Fibrilia, substitut pratique et économique du coton, etc.; par M. Hipp. Vattemare. Paris, 18G1 ; br. in-8". The quarterly journal... Journal trimestriel de la Société de Géologie; vol. XVII, 2" partie, n° 66, mai. Londres, 1861; in-8". Proceedings... Comptes rendus de la Société ro/ale Géographique de Lon- dres; vol. V, n" 2. Londres, 18G1 ; in-8°. Operationslehre... Procédés opératoires et statistique des résections; pai ( i3'35 ) M. le U'^ O, Heyfelder. Vienne, 1861 ; br. in-S". (Adressé pour ie concours Monthion, prix c!e Médecine et de Chirurgie. ) Reise um di Erde... Voyatje autour du monde exécuté dans les années 1853-57; pai'L.-K. Scumarda; vol. III. Brunswick, 1861 ; in-8". Untersuciiungen ûber. . . Influence de lirritalion du neij sur la fré(juence des battements de cœur; recherches de i. MOLESCHOTT; br. in-8°. Beweis dass. .. Démonstration du défaut d exactitude de la loi des courants musculaires de Dubois; Note de M. J. BuDGE. (Extrait du Deutscher Klinili, de Goschen, année i85i,n"22.) In- 8". Atti délia Socittà Italiana... Jetés de la Société des Sciences naturelles, rési- dant à Milan; vol. I (publié sons le tilre d'odes de la Société géoloc/i(jue 1859); vol. II et fascicule i"du vol. III. Milan, 1861. Atti délia Sociefà Geologica... Revue des travaux publics; n" 8. Madrid, 1861 ; in-4°. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS DE JUIN ISfil. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences ; i'' se- mestre 1861, 11° 24; in-4°' Annales de l'' Agriculture française ; n°' 8, 9, 10 et 11. Annales forestières et métallurgiques ; mai 1861 ; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie ; t. XWlll de i86i;2i*'et aS* livrai- sons; in-4''. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n°* 1 4 à 1 7 de 1 86 1 ; 20 juin 1861. La Culture; n°* 33 et 24- L'Agriculteur praticien; 3* série, n"' i 5 et i6; in-8°. Le Moniteur scientifique du chimiste et du manufacturier; 107'' et 108® livr.; in -4°. L'Ami des Sciences; 7^ année; n°' 22 à aS; 23 juin 1861. Journal de Pharmacie et de Chimie; mai et juin 1 86 1 . Répertoire de Pharmacie ; mai et juin 1861. Gazelle des Hôpitaux ; n°' 72 et 73; 20 et 22 juin 1861. La Médecine contemporaine; 11°' ai à 24; 22 juin 1861. Gazelle médicale d'Orient; 5* année; n"' i , 2 et 3 ; juin 1861. ( i336 i Revue de TItérapeuliqiie médico-chinm/irale; 28* année; 11°' 9. 10 et i5 juin 1861. L'Art dentaire; u°6; juin 1861. Jnurnat d' Acjriridlurt pratique , 11™ 10, 11 et 12. Nouvelles Annales de Mathématiques; juin 1861; ui-8'^'. Presse scientifique des deux mondes; n°* 10, 11 et 12; in-8°. Répertoire de Pharmacie; iuin 1861; in-8". Gazette médicale de Paris; n*" 21 à 2 5; in-4°. L'Abeille médicale; 11°' 2a à 24 ; 17 juin 1861. La Lumière. Revue de ta Pliotocjraphie ; n° 10 et 11, 1861 La Science pittoresque ,■ 6" année; n°' 4 à 7 > '9 juin 1861 . La Science pour tous ; n"' 26 à 28. Le Gaz, n°» 8 el 9. ERRATA. (Séance du 10 juin 1861.) n ft/; r /■ ^ T P{i-^-o.t)h' P(l +aty/i.' Page 1 1 OD , liane 2 , au lieu de L= -r-r;-= — 7- ^ usez L ;-: =— = — j- • ^' " 1 , 3 DE a /< 1 , 3 DE X A COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JANVIER — JUIN 1861. TABLE DES MATIÈRES DU TOME IM. Pages. Acclimatation. — Sur l'acclimatation d'ani- maux étrangers et la domestication de nouvelles espèces ; communication de M. GcoffroY-Saint-Hilaire lG5 — Sur les variations séculaires dans le de- gré de salure des mers et sur les accli- matations de la nature; Mémoire de M. Bcibinet 265 Acétylène. — Transl'ormalion d'élhylene mo- nobromé en acétylène ; Note de M. Sa- ivitsch 1 57 Acide bromobutyrique. — Sur cet acide et sur un nouvel acide qui en dérive; Note de MM. Fricdel et Macluicn 1027 Acide carboniqve. — Sur la solidilicalion de cet acide ; Note de MM. Lair et Drion.. 748 Acide cumimque. — Sur un nouvel acide ho- mologue et supérieur à l'acide cumini- que ; Note de M. Roxsi 4o3 Acide fumique. — Considérations sur la for- mation de certaines matières azotées et particulièrement de l'acide fumique; Mé- moire de M. P. Thcimrd 444 — A l'occasion de cette communication, M. Schiitzenberger rappelle les faits qu'il a signalés dans sa Noie du 10 dé- cembre 1860 concernant l'action de l'am- moniaque caustique sur les substances organiques 64 1 — Réponse de M. P. Thenard à cette ré- clamation 702 C. R.,i86i, x"' Semestre. (T. LU.) Pages. — Sur la transformation spontanée des ni- trates en acide fumique dans les terres arables; Mémoire de M. P. Thenard.. 792 Acide lactique. — Recherches sur cet acide et ses dérivés; par MM. fVuriz elFrie- dcl 1067 Acide parabamoie. — Note de M. Hufiminn sur les combinaisons parabaniques io5g Acide piiénique. — De son emploi et de son mode d'action dans la désinfection; Mé- moire de M. Lcmaire 390 Acide phosphorique. — Sur le dosage de l'urane et de l'acide phosphurique; Note de M. Pisani 72 Acide tartrique. — Action de la lumière sur un mélange de perchlorure de fer et d'acide tartrique ; applications à l'impres- sion photographique; Note de M. Poi- tevin 94 Acides isomères. — Études sur ces acides; par M. Cannimro 9G6 Acier. Voir à l'article Fer. AÉROSTATS. — Lettre de M. Gidhmdi, con- cernant une précédente communication sur la direction des aérostats 75 — Description et figure d'un appareil aéro- nautique dirigeable à volonté; parM./'a^ quel 20S Aiguilles aimantées. — Sur la détermina- tion de l'état magnétique do ces aiguil- les; Mémoire de M. Dubois aoS 174 Ain .vr.MOSPnÉnicnE. — Sui' la jisyclirométrie olectriiiiie: Note de M. licaïuercl — Sur la présence de l'acide nitrique libre et des composés nitreux oxygénés dans l'air atmosphérique; Noie de M. Chez, — Sur la variabilité normale des propriétés de l'air atmosphérique ; Note de M. Hou- zcati 809 et — Sur l'air des maremmes de Toscane ; Mé- moire de M. Bcchi — Transport de l'oxygène de l'air sur les matières combustibles, opéré par l'inter- médiaire des oxydes de fer et de man- ganèse et de quelques sulfates; Mémoire de M. Kulilmniin Voir aussi l'article Tcmpcratures. Albinisme. — Sur l'albinisme observé chez trois enfants nés d'un même père, mais de deux mères différentes ; Note de M. Coinde Alcools. — Note de M. Loiircnço sur les alcools et anhydrides polyglycériques. . — Sur quelques éthers éthyliques des alcools polyglycériques; Note de MM. Rcbuulei Lourençn — Sur la transformation de la glycérine en propylglycol et du glycol en alcool ordi- naire; Note de M. Lourcnco — Ti ansformation de l'alcool en glycol ; Note de M. Cdvciitiiu Alcoométrie. — M. Hiiu/n/uiiier adresse une traduction française d'un Mémoire sur les alcoomètres qu'il avait présenté à l'Académie d'Amsterdam Alizarine. — Sur la |]réparation d'une aliza- rinc artificielle dérivée de la naphtaline ; Note de M. Haiissiii Voir aussi les articles Jnilinc, Xupli- tnlinc, etc. Allumettes chi.miques. — Addition à une Note précédente sur la fabrication de ces allumettes ; par M. Chevallier Aluminium. — Sur quelques réactions des sels de fer, d'urane et d'alumine ; Note de M. Piifirii — Action de l'aluminium sur les métaux sul- furés; Note de M. C/i. Tissier Amalgames. — Nouvelles recherches sur les amalgames mélalliques et sur l'origine do leurs propriétés chinii(|ues; Note de M. /. Regniiiihl Aminés. — Faits pour servir à l'histoire des monamines; séparation des bases élhy- liques; Mémoire de M. Hofnuinn — Noie sur les polyamines monacides; par le mi'ine AîiMONiAQUES. — Uccherches sur les urées ( i338 ) Pages. I281 5-27 IO'2I 852 11G9 ■214 359 4<>i 1043 i33o 3o4 io33 io(J 533 902 1289 Pages, des ammoniaques diatomiques; par M. J'olhard GG4 — M. Sclmtzenbcrger, à l'occasion d'un Mé- moire de M. TlieiKiiil, ra[)pelle sa précédente communicalion concernant l'action de l'ammoniaque caustique sur les substances organiques 04 1 — Réponse de M. Tluriard à cette réclama- tion 702 Voir aussi aux articles Jeide jiuiihjuc, Azntées ( Suhstances ) . Analyse mathématique. — Sur les quantités géométriques et ultra - géométriques ; Note de M. .-/. de Poligiiae 24 — Mémoire sur la série de Lagriinge ; par M. Eiig, Rouché 295 — Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Bertrand 1 3o i — Sur le développement des fonctions en séries périodiques; Mémoire deM. Hoiiel. 5i2 — Sur la marche du cavalier au jeu des échecs; Mémoire de M. C. de Poli- g'iac 84o — Résolution générale des équations algé- briques au moyen de séries; Mémoire de M. Heegmanii 972 — M. Dubois rappelle à cette occasion un Mémoire présenté précédemmentparlui sur la même question 1218 Anatomie. — Sur un nouvel organe du sys- tème nerveux; Note de M. Kiihnc îiO — Structure du système nerveux cérébro- spinal; anatomic. physiologie et patholo- gie du cerveau; Mémoire de iM. Luy.t. G.'iG — Développement du sinus frontal et rôle physiologique des sinus de la face; Mé- moire de M. TiUaiix G57 — Sur les lymphatiques du cœur chez les individus de différents sexes. ^ Sur une vessie urinaire bicorne; Notes de M. Papperduini 1 5 1 — Apparence des hmphatiques du cœur après l'usage de l'aconit; par le même. ;o4 An.vtomie comparée. — Observations anato- miques sur un jeune Rorqual ; système des veines caves supérieure et infé- rieure; encéphale; lobes olfactifs; Mé- moire de MM. Serres et Graliolet. . . . G22, 8gi et 942 — Sur la disposition des fanons dans le si|ue- lelte des baleines; Note de M. Scnê- clud ! 1 8 — Sur la structure intime du système ner- veux du homard; Note de M. Osjartni- hiHV 378 — Nouvelles études sur le système vertébral ; par M. J.ai'ocal 957, 1019 et 12110 — Note de M. Jljril accompagnant l'ensoi ( '339 ) Pages. dune série de préparations angéiologi- qu€S et de diverses publications sur des sujets d'anatomie romparée G44 Anatomie pathologique. — Sur les réactions cliimiques des fausses membranes; Note de M. Ozfinani 74 A.NESTHÉsiE. — De l'inlluence de la sensibi- lité sur la circulation pendant l'anesthé- sio chirurgicale; par M. J'igmirnux. . . 201 — Lettre de M. Jnckson mentionnant une enquête instituée par la Société médicale de perfectionnement de Boston, concer- nant les accidents attribués à l'inhala- tion do l'éther 7o5 Aniline. — Nouveau réactif de l'aniline; Note do M. Mène 3 1 1 — Sur le rouge d'aniline; Note de M. ii&i/;i;j. 363 — Faits pour servir à l'histoire de l'aniline et production d'un nouveau bleu, le bleu de Paris; Notes de MM. Pcr.mz, De Liirnes et Sah'élat 448 et 700 — Sur les matières colorantes engendrées par l'aniline ou ses homologues; Note de M. BécluiiniJ 338 — De l'action de la chaleur sur le nitrate d'aniline ; par le même 6G0 — Sur les matières colorantes fournies par l'aniline; Note de M. Schneider en ré- ponse à une réclamation de M. Béchamp. 75(.) — Sur l'e.xtraction de la fuchsine; Note de M. Béchamp en réponse à celle de M. Schneider 8G2 — Observations sur la relation entre la pro- duction de la nitranilineetcelledu rouge d'aniline; Note de M. Knpp 861 Anonymes (Mémoiiies) adressés pour des concours dont une des conditions est que les auteurs ne se fassent pas connaî- tre avant le jugement de la Commission : — Concours pour le grand pri.x de Ma- thématiques ( théorie géométrique des polyèdres) C57, i3o9 — Concours pour le grand prix de Mathé- matiques (question concernant la théorie de la chaleur ) <)57 — Concours pour le prix Bordin (question concernant la différence de position du foyer photogénique et du foyer opti- que) 845 et 912 Anthuopologie. — Sur les races de l'Océanie française et en particulierde la Nouvelle- Calédonie; Mémoire de M. Bourg(i7-el. (Rapport sur ce Mémoire, Rapporteur M. /. Chiiuet. ] 774 — Images photographiées de Samo'ièdes, pri- ses à Saint-Pétersbourg et envoyées par MiM. Mrynier et d'Eichthal 728 — Cas d'albinisme observés chez trois en- l'ai l'ants nés d'un même père, mais de deux mères différentes; Note de M. Coinde.. — Sur une cause de dégénérescence dans l'espèce humaine tenant au mariage d'individus atteints de maladies hérédi- taires; Notes de M. Fiévet. 241, 293 et Antimoine. — Sur un oxyde d'antimoine na- turel provenant de Bornéo; Note de M. Phipsiin. .'. — Sur la séparation, par voie humide, de l'or et du |)latine d'avec l'étain et l'an- timoine; Note de MM. Béchamp et Sainl-Pierrc Appareils divers. — Réclamation de priorité pour un appareil à produire de la glace; Lettre de MISL TeUicr, Badin et Haus- inann — Lettre de M. Fumet, concernant un appa- reil de son invention qu'il nomme gla- cière artificielle portative — Note de M. Chuard, concernant son ap- pareil destiné à annoncer la présence de gaz explosibles, et sa lampe de sûreté des- tinée à prévenir les incendies les plus communs dans les filatures de coton. . . — Lettre de M. Miller, concernant un nou- veau bec à gaz d'éclairage , dit hec ré- gulateur — Nouvelle sonde exploratrice destinée à faire connaître le sol sous-niarin; des- cription et figure de cet appareil par JL Simonnar — Figures accompagnées de légendes de di- vers disposifs de pompes; présentées par M. Sautenet — Masque hygiénique destiné aux ouvriers qui par leur profession sont exposés à respirer des particules solides tenues en suspension dans l'air; figure et des- cription de cet appareil par l'inventeur, M. Paris — Appareil automoteur de l'invention de M. Laurent, indiquant d'une manière continue les variations de hauteur d'une rivière. — Autres appareils dus au môme inventeur — Appareil pour entlammer la poudre par l'électricité sans l'intermédiaire d'un fulminate; Note de M. M B Baromiître. — Sur la formule barométrique pour les petites hauteurs; Note de M. Bahinct 221 Bases organiques. — Nouvelle classe de bases organiques avec l'azote substitué à l'hydrogène; Note de M. Griess io3o Bateaux a vapeur. Voir XàxlwXe'Navigution. Benzoates. — Sur les [iroduits de la décom- position du benzoate d'iode sous l'in- fluence de la chaleur ; Note de M. Srhut- zi'nberger gG3 BÉTONS. — Des bétons agglomérés appliqués à l'art de construire ; Mémoire de M. Coi- s'"^' 739 Betteraves. — Sur la production agricole et la richesse saccharine de la betterave ; Mémoire de M. niarcliand 923 Borates. - Sur le borate sodico-calciquc liu Pérou ( liiikalzile) ; Note de M. Phip- son 4oG — Sur le borate sodico-calcique du Pérou; Note de M . Sah-étut 530 Botanioue. — Note de AL Montagne accom- pagnant la présentation de sa huitième Centurie de plantes cellulaires nou- velles 197 — Résultats relatifs à la botanique obtenus par JL Ciit/rliiin dans le cours d'une ex- ploration de la mer Rouge ; Rappoiteur M. Brongniart 434 — Études sur la famille des Gultifères; par 5IM . Plane lion et Triana 1 32 Boussoles. — Projet d'une boussole indé- pendante des variations magnétiques; Note de M. Christian i5i, G59 et 8i3 Brome. — Sur la nature du brome, du chlore et de l'iode; Mémoire de M. Thiollirr- Magnard 391 Bromures, — Sur les combinaisons éthyli- ques des bromures de bismuth, d'an- timoine et d'arsenic; Note de M. Aic- ktès 391') — Note sur les combinaisons formées par les bromures métalliques avec l'éther; |iar Ir même 8O9 — Sur les briinnires d'élhyle bromes ; trans- formation de l'alcool en glycol ; Note de M. Caventoii 1 33o Bronzes. — Composition du métal de divers canons ciiinois et cochinchinois ; Note de M. BoiiJ- 1046 Bulletins bibliographiques.— iy,-^, uo, ( i34« ) Pages. 1G4, 2i5, 2G1, 319, 3G8, 409, 474> 55o, tiCg. 7'2, 759, 821, 883,934, 991, io5o, 1091, ii54, 1220, 1278, i333. Page». Caféine. — Études sur les tranformations de la théobromine, de la caféine, dos acides parabanique, taurocliolique, gly- cocholique et lactique; par }il. Stnc/ccr. 1268 Candidatures. — M. Fcrmoiul prie l'Acadé- mie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique 33 — M. Ant. cVJhhntlic et M. de Kerhalkt adressent chacun une semblable de- mande pour la place vacante, par suite du décès de M. Daussy, dans la Section de Géographie et de Navigation (iS — M. Rhière prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour la place vacante dans la Section de Minéralogie et Géologie 790 — M. i?rt(//(>2 prie l'Académie do vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour la chaire de Géologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle 868 — M. le Ministre de l'Instruction piibticiue invite l'Académie à lui présenter pour cetle chaire deux candidats 926 — L'Académie élit par la voie du scrutin, comme premier candidat M. Daubrée, comme second candidat M. Cli. Sninic- Claire Derille 1 1 32 — M. Diipré et M. de Caligny prient, cha- cun en particulier, l'Académie de vou- loir bien les comprendre dans le nombre des candidats pour la place de Corres- pondant de la Section de Mécanique va- cante par suite du décès de M. Ficat.. laJg Canons. — Composition du bronze de ca- nons chinois et cochinchinois; Note de M. Roux 104G CÉR.\MiouES (Pâtes). — Coloration des pâtes céramiques et des silicates par les sels solubles des oxydes métalliques ; Note de M. Couturier Sgi — Reproduction des épreuves photographi- ques sur pâtes céramiques ; Note do M. Couturier, faisant suite à la précé- dente i3i8 — Réclamation de priorité adressée, à l'oc- casion de la première do ces communi- cations, par M. Sn/rétiit 538 Chaleur. — De l'absorption et du rayonne- ment do la chaleur par des gaz et des vapeurs.— Connexion physiquedu rayon- nement, de l'absorption et de la conduc- tibilité; Note de M. /. Tyrnlnll 364 — Supplément à un précédent Mémoire de M. .S'cK.vc, intitulé : « Essai d'une théorie delà chaleur et de la lumière solaire ». 976 — Sur la chaleur totale de la fonte du fer on fusion et de quelques autres corps mé- talliques; recherches de MM. Minaryei Resnl 1 072 Chaudières a vapeur. — Sur un nouveau cas d'explosion de chaudières; Note de M. Jobard 206 Chemins de fer. — Sur un dispositif destiné à donner aux freins des voitures mar- chant sur chemin de fer une énergie d'action proportionnée à la rapidité de la marche du train; Note de M. Viel.. i333 Chimie générale. — Sur k théorie dos types chimiques; Note de M. Stcrri -Hunt . . . 247 Chirurgie. — Trépanation crânienne, extrac- lion d'un projectile et oblitération en grande partie de l'ouverture osseuse par la ])eau renversée ; Mémoire de M. Jo ■ bcrt de LanibaUe 224 — Remarques de M. /. Cliquet, à l'occasion de cette communication 228 — Sur les luxations traumatiiiues sous-pu- biennes ou ovalaires du fémur avec con- servation immédiate de l'usage du mem- bre j Mémoire de M. C . Séddht 279 — Sur un cas d'extirpation complète de la diaphyse du tibia; Note de M. Maison- neurr 5o5 — Nécrose, extraction du séquestre, opé- rations fréquemment pratiquées depuis l83(j; Note de M. Jobcrt de Landxdle, à l'occasion de la Note do M. Maison- neuve 7 13 — Sur un cas de reproduction totale de l'os maxillaire inférieur droit: NotedeM.^T/«/- souneuc c G48 — Cas de régénération des os; Note de M. Richnrnie G5ii — Considérations sur les amputations; par M. Dura/ xS — Mémoire sur les résections sons-périos- tées; par M. Deinarqunt Î9 — Sur les opérations sous-périosliques au point de vue de leur innocuité ot de leur facilité (l'exécution ; Isole de M. 3Iai- xonneuve 842 Chirurgie. — Sur la résection des os con- sidérée au point de vue de la médecine légale ; Note de M. Puppcnheim 1 258 — Sur un appareil d'extension pour les frac- tures comminutives de la jambe ; Notes de M. Skipton Sgi et 658 — Sur la cure radicale de la tumeur et de la fistule du sac lacrymal par la méthode de Toblitéralion du sac lacrymal ; Mé- moire de M. Mnj^iir 522 — Comparaison de deu\ modes de traitement des tumeurs lacrymales, par la destruc- tion complète du sac ou par l'occlusion isolée des conduits lacrymaux : Note de M. Tai'ignot 548 — Gnérison confirmée d'un anus contre-na- ture par la méthode de la transforma- tion inodulaire ; Lettre de M. Laiigicr. \ob — Nouveau procédé opératoire pour rétablir la cavité de l'urètre oblitérée par cause traumatique : opération pouvant être substituée à la lithotrilie et à la litho- tomie ; SIémoiro de M. de Lignernllcs.. 704 — Sur une modification apportée à l'uré- trotomie interne dans le cas de rétré- cissement fibreux de l'urètre; Mémoire de i[. Miiisonncuve 1174 — Nouveau procédé opératoire pour la cure radicale de l'onsile incarné: Noie de M. Hiict ." 38 Voir aussi l'article Pathologie. Chlore. — Sur la nature du brome, du chlore et de l'iode; Mémoire de M. ThialUer- Mfignard Sgi Chlobures. — De l'action de l'ammoniaque sur les chlorures ; Note de M. Dehermn . 734 — Sur la décomposition du chlorure de cal- cium par la vapeur d'eau ; Note de M. Pe- louze 1 2G7 — Réduction du perchlorure de fer par le platine ; Mémoire de MM. Béchainp et Siiiiit-Pierre 757 — Expériences destinées à prouver la trop grande généralité d'une proposition avan- cée dans ce Mémoire ; Note de M. Faget. 800 — Sur le chlorure de camphorile ; Note de M. Maitessier 871 CiiOLÉRA-MORnis. — Lettre de M. Lichien- .ttci/i, concernant l'observalion déjà faite par lui d'une diminution progressive des prùi)ortions d'acidi; carbonique dans 1 air expiré par les cholériques Cyy — Observations sur les circonstances et sur les causes des fièvres et du choléra en Algérie, et sur les moyens de les com- Jjatlre ; Mémoire do M. iv») 292 ( i342 ) Pages. Pages. - M. /$('.-/. Bounlon demande que les com- munications qu'il a faites relativement à l'épidémie de i854 soient soumises à la Commission du prix Bréant (iOo Voir aussi l'article Legs Bréant. CnnoNOGR.\PHES. — Noto de M. Dexpretz sur im chronographe à pendule conique de M. Martin de Brettes construit par M. Hardy bO; — Descriptions du chronoscope à cylindre tournant et du chronoscope à pendule; Mémoire de M. Glœsencr 924 CiinoNoMÉTRiouES (APPAREILS). — Projct de construction d'une pendule astronomique indépendante des variations de tempé- rature ; Note de M. Christian 8 1 3 Colorantes (Matières). — Sur la lutéoline. matière colorante de la gaude; Mémoire de MM. Schiitzenberger et Paraf y 2 Voir aussi aux articles Aniline, Naph- taline, etc. Coloration superficielle en rouge vermillon d'un morceau de viande cuit dans une eau de citerne; Note de M. Duvivier.. '!i8 CoLOR^VTioNS électro-chimiques. Voir l'arti- cle Electrocldmie. Combustibles. — Recherches chimiques sui les différents combustibles minéraux . par M. Frenir 1 1 '; — Mémoire sur les pertes de la combus- tion ; par M. Jobard CoMiiTES. — Sur l'accélération de la qua- trième comète périodique, et sur la force répulsive; Mémoire de M. Faye COM.MISSION ADMINISTRATIVE. — >OL PoUCe- let et Chevreul sont nommés Membres de la Commission centrale administra- tive pour l'année 1 86 1 1 5 Commissions des prix. — Pri.r de Médecine et lie Chirurgie: Commissaires. M^LVei- peau, Bernard, Cloquet, .-Vndral, Joberl. Serres, Rayer, Flourens. Longet 840 — Prix dit des Arts insalubres : Commis- saires, MM. Boussingault, Chevreul. Dumas, Combes. Rayer «112 — Pri.r de Phisiologie e.rpéri mentale ." Conj- missaircs, MM. Bernard, Flourens, Milnc Edwards. Longet, Rayer 'jM — Grand p}i.T tte Mathématiques (question concernant la théorie de la chaleur ) : Commissaires, MM. Liouville, Lame. Bertrand, Chasles, Duhamel 1019 — Prix lie Statisti(pie : Commissaire.-. MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Bous- singault, Passy 10G3 et 1 155 — Prix Bordin 1 question concernant les ■\ aisseaux du latex '1 ; Commissaires, 3(H 3-0 MM. Brongniart, Deoaisne, Moquin-Tan- don, Tulasnc, Duchartre — Prir â' Astronomie : Commissaires, MAI. Mathieu, Laugier, Deiaunay, Liouville, Kaye Commissions modifiées. — M. Chastes de- mande à ne point faire partie de la Com- mission ciiargéede prendre connaissance d'une nouvelle réclamation de M. Bre- ton, de Champ, relative à la question des porismes CoM.«issio.\s SPÉCIALES. — Commissiou char- gée de proposer une question pour sujet du grand prix de Mathématiques de 1862: Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasies, Bertrand , Hermite — Commision chargée de préparer une liste de candidatspour la placed'Associé étran- ger vacante par suite du décès de M. Tie- rfewrt««.- Commissaires, MM. Liouville, Élie de Beaumont, Chasies, Dumas, Flou- ( 1343 ) Pages. Il32 92 Pages. rens, Boussingault etM. Milne Edwards, président en exercice 708 — Celte Commission présente la liste sui- vante de candidats ; 1° M. Liebig ; 2° ex œijuo et par ordre alphabétique : MM. Agassiz, Airy, Bunsen, de la Rive, Martins, Murchison, Steiner, Struve el Wohler 933 Créosote. — De son emploi pour la conser- vation des substances animales de con- sistance pulpeuse ; Note de M. Emtn. Roiisseidi (J89 Cristallisés (Sels). — Sur la densité de l'eau dans ces sels ; Mémoire de M. But- guet, intitulé ; Application de la physique à la solution de quelques problèmes de chimie 1082 Cyanates. — Action du cyanate d'éthyle sur l'urée; Note de M. Hoj'numn 1011 — Note sur les combinaisons parabaniques ; par le même lojg D DÉCÈS de Membres et de Correspond/ints de CAcadémic. — M. Floarens annonce, séance du 28 janvier, que M. Tiede- mann. Associé étranger de l'Académie , est décédé le 22 de ce mois dans sa 80° année 1 1 3 — M. le Président annonce, dans la séance du i" avril , la perte que vient de faire r.4cadémie dans la personne de M. Cor- dier, décédé le 3o mars 18G1, dans sa 84" année 1)21 — L'Académie apprend , séance du 4 février, la mort de M. Mnunoir, un de ses Cor- respondants pour la Section de Méde- cine et de Chirurgie, décédé le iG jan- vier dans sa 92'^ année iG:" — L'Académie apprend, séance du 22 avril, la perte qu'elle vient de faire d'un de ses Correspondants pour la Section de Méca- nique, M. Virât, décédé le loavril 774 Déchets impéri.vux confirmant les nomina- tions suivantes faites par l'Académie : — Nomination de M. Longet en qualité de Membre de la Section d'Anatomie et de Zoologie, en remplacement de feu M. Duméril jg — Nomination de M. Duchtirtre en qualité de Membre de la Section de Botanique, en remplacement de feu M. Parer. . . . iG'i — Nomination de AL Dorlet de Tesstin en qualité de Membre de la Section de Géo- graphie et de Navigation, en remplace- ment de feu M. Daussy SaS — Nomination de M. Liebig en qualité d'As- socié étranger, en remplacement de teu M. Tiedemrinn io53 — Nomination de M. Daubrée en qualité de Membre de la Section de Minéralogie et de Géologie, en remplacement de feu M. Cordier i o5 f Densité. — Sur la densité et la dureté con- sidérées comme caractères des corps simples métallo'ides et métalliques; Note de M. Marcel de Serres 349 et 709 — Sur la densité de la vapeur saturée; Note de JL Cloiisiiis 706 — Sur la densité de l'eau dans les sels cris- tallisés; recherches de M. Bidgnet . . . 1082 Domestication. — Sur l'acclimatation d'ani- maux étrangers, et la domestication de nouvelles espèces; communication de JL GeoJfroy-.Sfiint-Hilfdre i65 — Domestication de poissons de la famille des Pleuronectes ; Note de M. Coste. . . io58 Dureté. — Sur la densité et la dureté con- sidérées comme des caractères des corps simples mélallo'ides et métalliques; Note de JL Marcel de Serres j.\ç) et 709 ( i344 ) E Pages. E.vrx POTABLES. — Du meilleur mode de dis- tril)iition des eaux iiubliques aux habi- talions des grandes villes; Note de M. Grimaufl, de Caux 33 — De la nécessité d'introduire les eaux pu- bliques dans les maisons d'habitation comme condition de salubrité générale; par le même gy — Du puits comparé à la citerne pour les habitations rurales; par le même 38; — Puits forés à Venise et mesure de leur utilité pour cette ville ; par le même. . . 724 — Sur les puits forés de Venise et leur ren- dement actuel ; remarques présentées à l'occasion de la Note précédente par Mil. Degousée et Lmirent 811 — Réponse de M. Grimnud, de Caux 858 — Lettre de M. Grimaud, de Caux, concer- nant la même question g32 — Remarques de M. Élie de Beaumont à l'occasion de cette réponse SSg — Notes sur les citernes et eaux artésiennes de Venise ; documents adressés par M. Lmirent à l'appui de sa réclamation envers M. Grimaud, de Caux gjS — Sur l'élévation et la distribution des eaux à l'usage des villes et des communes; Note de M. /. Beninrd 844 — Remarques concernant l'approvisionne- ment des eaux de Paris; Note de M. Coste io56 — Sur l'emmagasinement et la salubrité des eaux de Paris; Mémoire de M. Boii- rlnit ia55 Eal-x salées. — Sur les variations séculaires dans le degré de salure des mers et sur les acclimatations de la nature; Mémoire de M. Biihinct 265 Eaux thermales.— Observations physiques, chimiques et météorologiques recueillies à la station thermo-minérale des Eaux- Bonnes ( Basses- Pyrénées ) ; Mémoire de M . de Pietia Santa 854 — Nouvelle analyse chimique de l'eau ther- male de Balaruc-les-Bains; Mémoire de MM. Béch/iDip et Giaitier 803 Èbi'llition. — Sur l'ébullition des liquides; Note de M. Dtifour, de Lausanne g8G Éclairage. — De l'application des feux élec- triques aux phares et à l'illumination à longue portée; Noie de M. Ftiyc SjS — Sur les phares et sur l'éclairage électri- que des places publiq\ies; par le même. 4'3 — Sur l'éclairage de la rampe des théâtres; Note de M. Morin 484 Pages., — Description et figure d'un nouvel appareil d'éclairage ; par M. Mille 3g2 Éclipses. — Mémoire de M. Fc/je ayant pour titre : « L'irradiation peut-elle réconci- lier l'hypothèse des nuages solaires avec les faits observés dans les éclipses to- tales? » 85 — Mémoire sur l'éclipsé solaire du 18 juil- let 1860 observée à Rome et calculée par M. Massimo; présentation de cet opuscule par M. Chasles aog — Images photographiques de l'éclipsé du 18 juillet 1860, accompagnées d'une Note explicative; par M. Ranzi 926 École Polytecii.mqle. — M. le Ministre de la Guerre annonce que MM. Pnnrelet et Le J'errier sont maintenus Membres du Conseil de Perfectionnement de l'École, au titre de l'.^cadémie des Sciences. . . . 3o5 Économie rurale. — Note de M. Paren, ac- compagnant la présentation d'un exem- plaire de son Rapport sur les blés d'É- gypte 278 — Sur la production agricole et la richesse saccharine de la betterave; Mémoire de M. Marchand g23 — Résultats obtenus du soufrage de la vi- gne dans deux communes du Médoe ; Mémoire de M. Baudrimont 867 — Observations sur les rapports qui existent entre le développement de la poitrine . la conformation et les aptitudes des races bovines; par M. Baudement... 235 et 5o8 Électricité. — Sur la condensation d'électri- cité qui se produit dans les câbles télé- graphiques immergés; Note de M. Gau- g(dn 1 59 — Notes sur la théorie des condensateurs cylindriques; par le même.... 3o8 et 872 — Sur la théorie des condensateurs planes; par /(' même 1 272 — Sur la détermination des constantes vol- ta'iques par la méthode d'Ohm avec des boussoles à multiplicateurs; Note de Î\L Du Moncel 242 — Sur les variations des constantes des pile.s voltiiïques ; par le même 45o — Recherches sur les transmissions électri- ques à travers le sol; par le même.. 1073 et 1 1 Î7 — Remaniues de M. Berr/uerel à l'occasion (le la première de ces deux communica- tions 1093 — Éclaircissements donnés par M. Du Mon- ( i345 ) Pages. rel relativement à celte première com- munication iy,o3 — Rectierches expérimentales sur les cen- tres d'action des surfaces isolantes élec- trisées ; Note de M. Lion G>j3 — Recherches théoriques et expérimentales sur l'électricité considérée comme puis- sance mécanique; Mémoires de M. Ma- rié-D((i'y ySa, 84a, 917 et 9(10 — Recherches sur la vitesse de l'électricité; l)ar le même gSS — De l'état variable des courants dans les circuits repliés sur eux-mêmes avec ou sans noyaux de fer doux à l'intérieur des spires; par le même 1243 — Sur l'électricité atmosphérique; Note de M. Volpicelli 875 — Sur la différence d'action physiologique des pôles positif et négatif dans les cou- ranls volta'i'ques et les courants d'induc- tion ; Note de M. Nh'eict 971 — Sur le pouvoir électro-moteur secondaire des nerfs et son application à l'électro- physiologie; Note de M. Mdttcmri. . . . 23i — Analyse, par M. Mntti'ucci, des leçons d'é- lectropliysiologie qu'il a faites à l'univer- silé de Turin 964 — Études sur la commotion produite par les courants électriques; Note de M. Giiit- limin 1 1 40 — Traité d'électrothérapie , partie médi- cale; par M. Tripier C57 — Electrisation appliquée aux vers à soie; Notes de MJI. Sauvageon et Aillaud- ([ Esparrnn 1 146, 1204 et 1258 — Appareil pour enflammer la poudre par l'électricité sans l'intermédiaire d'un ful- minate ; Note de M. Morin 1257 Électrociiimie. — Mémoire sur la coloration éléctrochiniique; par M. Becquerel. .. . io53 EmbrvogÉiNie. — Sur les communications entre la mère et le fœtus; Lettre de M. Tigri à M. Flourens, à l'occasion de- ses communications sur la coloration en rouge des os d'un fœtus par la garance mêlée à la nourriture de la mère 214 — Nouvelle Lettre de M. Tigri à M. Élie de Beaumont sur le même sujet 36; — Histoire du dévelopiiement de l'œil hu- main, par M. (l'Ammon : analyse ma- Pages. nuscrite de cet ouvrage adressée par l'auteur 97") Endosmose. — Lettre de M. Zantedesrhi à M. Élie de Beaumont sur les phéno- mènes d'un endûsmoscope cai)illairc ana- logues aux mouvements de la sève dans les végétaux io38 Erhata. — Page 58 r , lignes 6, 1 3, 2 1 , nu lieu lie BoBEiF, lixez BoBOELF. — Page 1204, ligne 3, au lieu de géographiquement, lisez graphiquement. — Page 1 145, ligne i3, au lieu de Jacquemain. lisez Jacqle- MiN. — Page i322, ligne 5, au lieu de (m + if, li.sezi(m+i). — Même page, ligne 5, au lieu de /«'-f-3;« + i, lisez W^4-2/«-)-2. Voir encore aux pages 48, 263, 368,55i,Gi9, 712,1092, ii55 et i33() Étain. — Réclamation de priorité soulevée par AL Leml [lour un procédé de dosage de l'élain dans les minerais qui con- tiennent ce métal (17 — Aciion de i'oxygcne sur le protochlorure d'étain. Dosage de l'étain par le perman- ganate de potasse; Note de M. Sclieurer- Kestner 53 1 — Sur la séparation, par voie humide, de l'or et du platine d'avec l'étain et l'an- timoine ; Note de JLM. Béehamp et Saint- Pierre 757 — Sur la présence du platine et de l'étain métallique dans les terrains aurifères de la Guyane ; Note de M. Damour CSS Éthebs. — Sur les combinaisons éthyliques des bromures de bismuth, d'antimoine et d'arsenic; Note de M. Nicklès 3yr, — Sur quelques étliers éthyliques des alcools polyglycériques; Note de JL\L Beboulet Loureneo 4(11 — Sur quelques éthers de la glycérine, par les mêmes 4*iO — Préparation des éthers iodhydriques et bronihydriques par la substitution du phosphore amorphe au phosphore nor- mal ; Note de M. Personne 4i;,S Éthvlène.— Transformation d'éthylènemono- broméenacétylène; Notede M..S'mi77«7i. i.">7 — Faits pour servir à l'histoire des mona- minos : séparation des bases éthyliques; Mémoire de M. Hofmann 902 I'eb. — Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier; par M. Fremy ( deuxième Mémoire ) , 32 1 C. K. , 18G1, i*"^ Semé SI, t. {J. LU.) — Suite de ces recherches ( troisième Mé- moire) — Remarques de MM. Dumas, Morin, Clie- 175 ( i346 ) 5i5 5i8 CîG 635 C39 040 G81 (i83 i'rciil, à l'occasion de cette dernière communication 4'^^ et 4^3 — Réponse de M. Frcmy 4'^4 l'F.R. — Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier; Note de M. Carvn. — Remarques de M. Frcmy à l'occasion de cette communication — Quatrième communication de M. Fremy sur la composition de la fonte et del'acier. — Théorie nuuxelle de la cémentation ; Mé- moire de M. (\iriiri — Reprodu(;tion d'une réclamation adressée le 29 octobre i8()o par MM. de Raolz et Fuiitemiy à l'occasion de la première communication de M. Caron — M. Jiillicn raijpelle ses précédentes com- munications sur la théorie de la trempe. — De l'emploi déjà ancien du gaz d'éclairage pour la cémentation du fer; Lettre de M. Stiiiit-Cnrti Cazcaux 676 — Nouveau procédé de cémentation; Note de M. Caron 677 — Sur le fer, la fonte et l'acier. Sur la cé- mentalion par le gaz d'éclairage ; Note de M. Griincr — Emploi du cyanure do barium pour la cémentation du fer; Note de MJI. Mnr- gueritc et tic Sourdeml — M. FrcH)j annonce (séance du 22 avril) qu'il vient d'obtenir des cémentations profondes et régulières en soumettant simplement le fer chauffé au rouge à l'ac- tion du carbonate d'ammoniaciue 7G1 — Note de M. C/irrc sur un moyen de remé- dier à la cristallisation dans la cémenta- tion partielle du fer 799 — Action do l'hydrogène sur l'acier; Note de M. Criro/i 960 — Remarques de M. frcmy, à l'occasion de cette communication — Recherches sur la com|iosition de la fonte et de l'acier; par M. Frc/iy, cinquième communication — Sur un procédé pour constater la pré- sence des azotures dans l'acier et la fonte; Note de M. Boussingauk — Remarques de M. Frcmy — De la constitution du fer et de l'acier; Note de M. Ctimn io63et — Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier; par M. Frcmy, sixième communication — InnueiiC(' des impuretés du fer sur la cé- mentation ; Note de M. Caron 1 190 — Sur la composition des fers, aciers et fontes; Note de .M. Mi'-nc 1 192 — Études sur les fers et aciers , Note do SI. Bouts 1195 9G3 998 looS lOIO ii53 1 1 G2 Pages. — Cémentation du fer par l'hydrogène car- boné; Note de M. Caron 1246 — Remarques de M. Frcmy, à l'occasion do cette communication 1248 — Remarques de M. JSoiis.ungaiilt i24g — Remar(|ues nouvelles de M. Frcmy i25i — Sur un nouveau composé graphitoïde tiré de la fonte ; Note de M. Cahert i3i5 — Remarques de M. Chcvrcul, à l'occasion de cette Note 1317 — Note de M. Ch. Tissicr et Note de M. Jul- licn sur la question du fer et de l'acier. i3i8 — Recherches expérimentales .sur la chaleur totale de la fonte de fer en fusion et de quelipies autres corps métalliques; par MAI. Mintiry et Re.sal 1072 — Sur quelques réactions des sels de fer, d'urane et d'alumine : séparation de l'u- rane du fer ; Note M. Pisani loG — Réduction du perchlorure de fer par le platine; Mémoire de MM. Bécliamp e\, Sdint-Picrrc 767 — Expériences entreprises à l'occasion du précédent travail et destinées à prou- ver la trop grande généralité d'une as- sertion qui s'y trouve énoncée ; Note de JI. Fagcl 8G<; — Sur la passivité de l'acier; Note de M. Sdinl-Edmc t)3o — Action destructive du minium sur le fer des carènes de navire; Notes de M. Joiif vin 629 et 980 — Oxydes de fer et de manganèse considérés comme moyen de transport de l'oxygène de l'air sur les matières combustibles; Mémoire de M. Kiihhiuinn 1 1G9 — Action de la lumière sur un mélange de perchlorure de fer et d'acide tartrique : applications à la photographie; Mémoire de M. Poitevin g4 — Colorations électrochimiques : dépôt du peroxyde de fer sur des lames de fer et d'acier; Mémoire de M. Becquerel.... io53 Fermentation. — De la nature et de la ge- nèse de la levure dans la fermentation alcoolique; Mémoire de M. Pouchet... 284 — Animalcules infusoires vivant sans oxy- gène libre et déterminant des fermenta- tions; Mémoire de M. Pasteur 344 — Expérimices et vues nouvelles sur la fer- mentation ; par le menu- liGo FoNTic nu l'Kii. Voir l'article Fer. l-'iioin résnltantde la liquéfaction de l'ammo- niacpie gazeuse. — Réclamation de prio- rité d(! .MM. Tellier, liudin, llausx- mann, à l'égard de M. Carré pour un appareil produisant de la glace par ce movcti r 42 ( 1347 ^ Pni'es. Réponse de M. Carré à celte récluma- tion 208 Remarques de M. Fumet sur ces divers Paires. appareils et sur celui qu'il désigne sous !e nom de glacière artificielle portative. Fli:iisi:se. Voir l'article Naphtaline . 704 Gaz. — Influence exercée sur le mouvement et la composition des gaz par la nature poreuse des parois des vases ou tubes qui les contiennent ou qu'ils traver- sent; Mémoire de M. H. Sainte-Claire Defille 524 (î.\z EXPLOsiBLES. — Gazoscope destiné à an- noncer la présence de gaz détonants avant qu'ils soient devenus explosibles; Mémoire de M. Chuiird 25i Gazei'ses (Combinaisons). — Sur la faculté qu'a le platine rendu incandescent par un courant électrique de produire des com- binaisons gazeuses; Note de M. Saint- Edme 4o8 Générations spontanées. Voir à Sponta- nées [Générations dites). Géodésie. — Instruments nouveaux pour la géodésie expéditive de M. d'Abbadie, proposés par M. Faye 177 — M. le Secrétaire perpétuel présente au nom de M. A. d'Jbliadie le deuxième fascicule de la « Géodésie de la haute Ethiopie » 333 — Description d'un instrument employé pour lever, sans aide, le plan de gale- ries souterraines; Mémoire de M. de Rossi 3o5 — Nouvelles formules pour calculer les lon- gitudes, les latitudes et les azimuts; Mémoire de M. Lcvret 354 GÉOGRAPHIE. — Mémoire sur les dunes de la Gironde et des Landes ; par M. Pej- lier 354 GÉOLOGIE. —Gisement de combustibles fos- siles nouvellement découvert à Chiriqui (Nouvelle-Grenade, province de Vera- gua); Lettre de M. Jackson à M. Élie de Beaumont 69 — Sur un moyen de reconnaître les an- ciens rivages des mers des époques géologiques; Note de M. Marcel de Serres 71 — Expériences sur la possibilité d'une infil- tration capillaire au travers des matières poreuses malgré une forte contre-pres- sion de vapeur : applications possibles aux phénomènes géologiques; Mémoire de M. Daiibréc 1 23 — Note de M. Lermrrie sur la carte géolo- gique du département de l'Yonne i5'5 — Note sur le terrain tertiaire post-pyré- néen du Bigorre, considéré principale- ment dans la vallée de l'Adour; par le tncmc 257 — Notices accompagnant l'envoi fait par M. Domeyko d'une nouvelle série de mi- néraiix du Chili; annonce d'un envoi d'ossements fossiles de pachydermes du bassin de Taguatagua atto — Rapi)ort sur les résultats relatifs à la géo- logie obtenus par M. Courbon dans le cours d'une exploration de la mer Rouge ; Rapporteur M. Ch. Sainte-Claire Deville " 4'26 — Sur des faits géologiques et minéralo- giques nouveaux découverts dans les cinq grands départements volcaniques de la France ; Note de M. Bertrand de Lom 458 — Sur les difiérentes révolutions de la sur- face du globe qui ont façonné le relief de l'ile de Crète; Note de M. Raulin.. 6911 — Amas d'eau souterraine supposée prove- nir d'une mer antérieure à notre époque géologique; Mémoire de M. Rivière... 790 — Carte géologique du sol de Paris; par M. Delesse 790 — Note sur le gypse parisien; par le même. .912 — Sur un oligiste de l'époque dévonienne, et sur une matière organique qu'il con- tient ; Note de M. Pliipson 975 — Sur les micaschistes nacrés des monta- gnes occidentales du bassin du Rhône ; Mémoire de M. Fournet 1112 — Constitution de la partie des Cordillères comprises entre les sources des rivières de Copiapo et de Choapa; Mémoire de M. Pissis , 1147 Voir aussi à l'article Paléontologie. GÉOMÉTRIE. — Sur le déplacement d'une figure de forme invariable dans l'espace; Mémoire de M. Cliasles (suites) 77, 189 et 487 — Propriétés d'un système de droites me- nées par tous les points de l'espace sui- vant un système quelconque; Note de JL Transon 245 175.. — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Chnstcs ioi3 GÉOMKTRIE. — Sur l'involution des lignes droites dans l'espace considérées comme axes de rotation; Note de M. Svhe.iter. 741 — Remarques de M. Chaxlrs, à l'occasion de cette communication 745 — Note sur l'involution de six lignes dans l'espace ; par M. Srln'strr 8 1 5 — Note sur les 27 droites d'une surface du 3° degré ; par M. Sytrexlrr 977 — Note de M. Caylcr relative aux droites en involution de M. Sylvester 1039 — Remarques de M. Chasli-s, à l'occasion de la communication de M. Cayley 1042 — Note de M. O. Bonnet, concernant les droites normales à une surface 108 1 — Sur les six droites qui peuvent être les directions de six forces en équilibre-, Siémoire de M. Cluislcs 1094 — Sur la surface et sur la courbe à double courbure, lieux des sommets des cônes du second ordre qui divisent harmoni- quement six ou sept segments rectili- gnes pris sur autant de droites dans l'espace ; par le même 1 1 57 — Sur les cônes du second ordre qui pas- sent par six points donnés; Note de M. Carier iai6 — Description des lignes de courbure des surfaces du second ordre; Note de M. l'abbé Aoust i i5o ( >348 ) Pages. Paccs. 6G8 68 — Courbes gauches décrites sur la surface d'un hyperboloïde à une nappe ; Note de M. Creinnna 1 3 1 9 — Démonstration d'un théorème concernant la théorie des parallèles; par M. Dm-gel. — Surla trisection de l'angle; deuxième Note de M. Potel Glycérine. — Transformation delà glyccrme en propylglycol et du glycol en alcool ordinaire ; Note de M. Lourenrn io43 Glycogé.me. — Sur la production du sucre chez les animaux à foie gras; Mémoire de M. Cnlin Glycol. — Transformation de la glycérine en propylglycol et du glycol en alcool ordi- naire ; Note de M. Lourenco — Sur les bromures d'éthyle bromes : trans- formation de l'alcool en glycol ; Note de M. Ctn'entoii 1 33o GouDRaN. — Action exercée sur le phosphore par le principe aromatique du goudron ; Note de M. Deschamps 355 Gka.minées (Éléments minér.wx des). — M. le Maréchal Vaillant présente des scories provenant de la combustion de masses considérables de fourrages 38 j Gr.VMNE, base caractéristique du guano. — Elude sur quelques métamorphoses de cette base ; par M. Strecker 1210 Gy.mn'AStique. — Manuel de gymnastique hy- giénique et médicale raisonnée; par M. Heiscr 101 73I. Chassu-^nc C5G — Modilicalion du système d'éclairage em- ployé pour les ophthalmoscopes ; Note de M.M. Jdiissen et l'oUin 812 — Note sur le pharyngoscope, son origine et ses usages ; par M. Moiirii-Buurouillon. 867 — Description et modèle d'un appareil in- venté par M' Petitjiiin pour éclairer l'in- térieurdu conduilaudilifetde la bouche. 1079 Voir aussi l'article Lithalritie . Instruments de géodésie. — Nouveaux in- struments proposés pour la géodésie ex- pédilive de M. d'Abbadle; par M. Faye. 177 Instruments de musique. —Additions à une communication de M. Zimmermann, in- Fage titulée : « L'orgue et le piano enn- cliis » 39a, 523, 639 et 8i3 I.NSTnu.ME.NTS d'optiqee. — Appropriation des lunettes, microscopes, etc., à la vision binoculaire; Note de M. 6'//r«/r/-7"r(//()«. 22 — Note sur la construction et les propriétés d'un nouvel ophlbalmoscope permettant l'emploi simultané des deux yeux ; par le même .■ 64(> Voir aussi à l'article Instruments de chirurgie. Iode. — Mémoire sur la nature du brome, du chlore et de l'iode; par M. ThiolUer- Mdgnard 3(j 1 — Sur les produits de la décomposition du benzoate d'iode sous l'intluence de la chaleur; Note de M. Schûlzcnberger. . . 96! Isomères (Acides). — Recherches pour ser- vira l'histoire de ces acides; par M. Cari- iiizaro 9li3 Paues. plusieurs espèces minérales regardées jusqu'ici comme isomorphes; Noie de M. Des Ciiizcaiix 784 .MiNÉBALociii. — Sur le mode de formation du zircon et de la topaze; Noie de M. H. Sainle-ClaireDt ville 780 — Note sur un nouveau mode de repro- duction du fer oligiste et de quelques oxydes métalliques de la nature ; par le même 12C4 — Note sur la production artificielle de la Willéniilo et de quelques silicates mé- talliques ; par le ine'me i3o4 — Sur la reproduction des sulfures métal- liques de la nature; Note de MM. H. Sdiiite-Cloire Derille et Tronst 920 — Sur la production de quelques oxydes cristallisés ( périclase, alumine, etc. ) ; Noie de M. Debnir 986 — Production artificielle des oxydes de man- ganèse et de fer cristallisés, et cas nou- veaux d'épigénie et de pseudomorphisme; Note de M. Kulilnidriii i283 — Sur les formes cristallines de quelques-uns des produits obtenus par M. Kuhlmaiin; Notes de M. Des Cloizemtx.. iSaj et i3'2.') 52 ) Pages. — Analyse de la glossocolite Shepard; par M. Pisaiii 3 10 — Analyse de l'uranite d'Autun et de la cliaikolite deCornouailles; par fc mente. 817 — Sur la gédrite de Gcdre ; présence du spinelle dans ce minéral; par le même. 11 45 — Sur des faits géologiques et minéralogi- ques nouveaux découverts dans les cinq grands départements volcaniques de la France; Mémoire de M. i?(7y/-«rtf/(/r//)/7î. 458 — Sur la présence du platine et de l'étain métallique dans les terrains aurifères de la Guyane ; Note de M. Damour C88 — Sur un oxyde d'antimoine naturel pro- venant de Bornéo; Note de M. Pliipson. -i-i — Sur le borate sodico-calcique du Pérou (tinkaizite) ; par le même 4<''> — Sur le borate sodico-calcique du Pérou; Note de M. .Snhétnt 530 — Sur le dimorpliisme du sulfure de zinc ; Note de M. Friedel 983 — Sur la nouvelle espèce de cuivre gris dite /ot//7?c?/7('; Notes de M. il/tw. 3ii et i3itG Moteurs. — M. Bernard présente le modèle d'un moteur mis en jeu par le vent et destiné à élever de l'eau 4'' N N.\PHT.\iiNE et ses dérivés. — Sur la nitro- naplitaline; sur la naphtylamine et ses dérivés colorés; Notes de JI. Roussin. 79zi>'E et ses tlérii'és. — Nouvel acide obtenu par l'oxydation de la nitroben- zine; Note de MM. Chez et Guigniet. . 104 Nombres (Théorie des). — Notes sur une propriété des nombres premiers qui se ratlnclieau dernier théorème de Fermât. — Note sur les nombres de Bernoulli; par M. .Ç>A'f.v/c/- 161, 212 et 307 NoJIlNATlo.NS de Membres et de Correspon- dants de L'Aciidémie. — M. Diicliurtre ) Pages. est nonuné Membie de l'Académie, Sec- tion de Botanique, en remplacement de feu M. Piiyer g r M. de Tessfin est nommé Membre de l'A- cadémie, Section de Géograiihie et de Navigation, en remplacement de feu M. Daussy 715 M. Lirhig est nommé Associé étranger de r.Vcadémie en remplacement de l'eu M. Ticdeinanii ij5(> M. Daubrée ^•i\, nommé Membre de l'Aca- démie, Section de Slinéralogie et de Géologie, en remplacement de feu M. Cor- dicr 1019 0 Oi'TiQUE. — De l'appropriation des instru- ments d'optique (lunettes, télescopes, microscopes) à la vision binoculaire; Mémoire de M. Gir/md-Teidon 22 — Des mouvements de décentration latérale derappareilcristallinien; par le même. 383 — Sur la vérification expérimentale des lois de la double réfraction ; Note de M. Pi- chot 356 Voir* aussi l'article Fiston. Or. — Recherches sur la séparation, par voie humide, de l'or et du platine d'avec l'étain et l'antimoine; Note de MM. £é- cliamp et Saint-Pierre 757 Organiques (Co.mposés). — Formules géné- rales des composés organiques ; Note de M. Collinet 542 Organiques (Matières). — Action de l'am- moniaque caustique sur les substances organiques ; Note adressée par M. Scltût- zenberger à l'occasion d'un Mémoire de M. Thenard 64 1 — Du rôle de l'air dans la décomposition des matières organiques : application au procédé d'Appert; Mémoire de ^\. Dcs- marets 8 1 3 Voir aussi à l'article Azotées [Sub- stances]. Okganogéme et Organographie végétales. — Recherches sur le développement du fruit des Morées; Note de M. Builhn kj — Sur la symétrie et l'organogénie florale des Marantées; par le nie'nie 38 1 — Études comparées des feuilles dans les trois grands embranchements végétaux ; par M. Frrmonil ( suite ) 29 — Sur le nombre type des pi.rties consti- tuant les divers cycles héliço'i'daux : rap- port entre ce nombre et le nombre- type des diverses parties florales des dicotylédones ; par le même 59 — Faits généraux de l'anatomie des Loran- thacées; Mémoire de M. Chatin 289 — Sur la composition du cône des Conifères; Note de M. Parlatore 3 1 2 OnsEiLLE. — Sur la préparation de la sub- stance colorante désignée sous ce nom; Note de M. Gaultier de Claubry 1 252 Orthopédie. — Application de l'ostéotomie à l'orthopédie; Note de M. Berend 544 Os (Régénération des). Voir aux articles Ctdrurgif et Ph)siologie. Oxygè.ne de fair. — Son transport sur les matières combustibles au moyen des oxydes de fer et de manganèse et de cer- tains sulfates ; Mémoire de M. Kuhlwann . 1 1 G9 Paléon'Tologie. — M. Fhurens présente au nom do M. Oaen un Mémoire sur le Megatlicriiiin ou Grand Paresseux ter- restre d'Améi'ique 279 — Recherches sur les fossiles et les chan- C. R., iSGo, !'■■• Semestre. (T. LU.) gements produits par le temps dans leur composition ; Note de M. Delesse 728 Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous les auspices de l'Académie ; Mémoi- res de M. Gaitdry.. 238, 297, 722 et 791 I 7G ( i354 ) Paléontolooie. — Rapport sur les espèces (le Mammifères déterminées par les os- sements fossiles recueillis à Pikermi (Attiqiie) parM. Gaudry; Rapporteur, M. Viilcnricnm-x — Os de pachydermes provenant du bassin de Ta^uata£;ua, adressés du Cliili par M. Domrykn — Sur l'existence en Frame du genre éteint des Theeondotosaures ; Note de M. Ger- t'tiis — Monographie des Thalassiniens fossiles; par M. Alpli. Mitnc Edannl.i — Monographie des Portuniens; ^ar/eme'me. — Tableau des corps organisés fossiles de la Crète, et description d'une nouvelle es- pèce de Pholadomye; par M. Ranlin. . . — Plantes fossiles trouvées avec d'autres débris organiques dans les faluns des en- virons de Dax; Note de M. Tlmn' — Sur une collection de plantes fossiles re- cueillies en Grèce par M. Gaudry; Note do M. lirongninrt — Addition à un précédent Mémoire sur les matières travaillées par les anciens ha- bitants de la Gaule; par M. E. Robert. — Sur les silex taillés trouvés dans le dilu- vium du département de la Somme : re- marques de M. Boucher de Pertltes à l'occasion de la précédente communica- tion — Réponse de M. E. Ruberi 445 et — Réponse de M. Boucher de Perthes aux remarques de M. Robert ii33et — Remarques de M. Elie de Bcnumont tou- chant la question débattue — Note de M. Ccnvallo, accompagnant l'en- voi de couteaux en silex et autres objets façonnés de main d'homme trouvés dans les déblais du chemin de fer de Chateau- roux à Limoges Paquets cachetés. — M. Chuard demande et obtient l'autorisation de reprendre un paquet cacheté déposé par lui en juin i85i — Sur la demande de M. Chuurd, ce pa(iuet, qui n'avait pas été repris, est ouvert dans la séance du 9.1 janvier — Ouverture, dans la séance du 4 mars, d'un pa(piet cacheté déposé en octobre 18O0 par M. CoK;(/mv et contenant une Noie sur la coloration des pâtes céra- miques et des silicates [>ar les sels so- lubleji des acides métalliijucs Pathologie. — Notes sur l'épilcpsie; par M. fV. Shortcr 38 et — Surcertains symptômessurvenus àla suite Pages. I2() ) 705 84: (■,98 97'J 5l2 1232 3oo 812 1 134 n33 1256 109 3<) •59' Pajjes. de morsures d'un chien qui n'était pas enragé; Noie de M. l'erouden 39 ■ Apoplexie de l'un des pédoncules du cer- veau diagnostiquée pendant la vie du malade; Note de M. 'Nnnat ^i. Sur les réactions chimiques des fausses membranes; Note de M. Ozimam. 74 et io3 Observations sur les circonstances et sur les causes des fièvres et du choléra en Algérie, et sur les moyens de les com- battre ; Mémoire de M. Roy 292 Déformation et modification des fonctions du testicule par suite de l'application trop longtemps prolongée desbandelettes de Fricke; Note de M. Pappenheim. . . 355 Note sur l'origine des maladies du cœur; par /e même C8 — Note sur les tumeurs à myéloplaxes ; par M. Nélatori C7 — Sur un calcul biliaire qui s'est fait jour à travers les parois abdominales ; Note de M. Guyon 715 — États morbides du larynx constatés au moyen du laryngoscope, et figurés grâce aux facilités apportées par cet instru- ment ; Note de M. Turck 721 — Sur les altérations du système musculaire dans la fièvre typhoïde; propoi^tions adressées par M. Zenher 8G7 — Sur une variété de forme de la pustule maligne duc à la piqûre d'un Acarien; Mémoire de M. Benuperthuy 1076 — Variété rare de gangrène intlammatoire survenue chez un diabétique; Note de M. Fnvrot '079 Peinture sur vehue.— MémoiredeM. Bœrsch concernant la peinture sur verre, le transport et la fixation sur la même matière de dessins, empreintes, etc.; produits obtenus par le procédé décrit. 8i3 Périoste. Voir aux articles Chiruri^ie et Phy- siologie. Pesanteur. — Sur les variations dans l'in- tensité de la gravité terrestre ; Note de M. d'.lhhiidie 911 Phares. — De ra|)plication des feux électri- ques aux phares et à l'illumination â longue portée ; Noie de M. Fine 3-5 Phosphates. — Mémoire sur la production des phosphates et des arséniates cris- tallisés ; par M. //. Dcbray 44 — Note sur la présence du phosphate de chaux dans les calcaires qu'emploie l'a- griculture ; Note de M. Deherain 738 PuospiioRE. — Action exercée sur le phos- phore par le principe aromatique du goudron; Note de M. Deschaiiips- 355 — Substitution du phosphore amorphe au ( i355 ) phosphore normal (lansla préparation des éthers iodhydriqne et bromhydrique; Note de M. /. Personne 4GS — Sur quelques circonstanres qui accélèrent ou qui retardent la fusion et l'inflamma- tion spontanées du phosphore; Note de M. l'abbé Lnhnrde 882 — Sur la recherche toxicologique du phos- phore par la coloration de la tlamme; Mémoire de M. Blondlot 1 197 PiiospiioBÉEs (Bases). — Recherches sur ces bases ; par M. Hofmann 835 et 947 Photographie. — Action de la lumière sur un mélange de perchlonire de fer et d'acide tartrique : applications à l'im- pression photographique; Mémoire de M. Pnilefin (j4 — Conservation pendant dix mois de glaces sensibilisées et prêtes à servir; Lettre de M. Miiricns à M. Seguier 256 — Note de M. Cifia/e fils accompagnant la présentation d'une nouvelle série d'i- mages photographiques de la chaîne des Alpes 819 — Reproduction sur pâtes céramiques des épreuves photographiques par les sels solubles des oxydes métalliques; Note de M. Couturier i3i8 Physiologie. — Nouvelles expériences sur l'indépendance respective des fonctions cérébrales; Mémoire de M. Ftaurens.. 673 — De l'accroissement des os en longueur, et de la part proportionnelle qu'y prennent leurs deux extrémités; Mémoire de M. Ollier l3o — Sur le développement des os en longueur ; Note de M. Flourens 1 8C — Sur les voies suivies par la matière colo- rante qui passe de la mère au fœtus; Lettre de M. Tigri à M. Flourens à l'oc- casion de sa Note sur la coloration en rouge des os d'un fœtus dont la mère avait pris de la garance 214 — Sur les greffes périostiques et sur l'ac- croissement des os en longueur; Note de M. Otiier 1086 — Observations sur la régénération des os par le périoste ; Note de M . Hamel. ... 1 3 1 2 — Expériences sur la nutrition des os ; par U. Jtph. Milne Edwards 1 327 — Influence de la sensibilité sur la circula- tion pendant l'anesthésie chirurgicale ; Mémoire de JL flgourtui.v 201 — Sur les convulsions des muscles de la vie animale et sur les signes de sensibilité produits chez le cheval par l'excitation mécanique localisée de la surface do la moelle épinière; Mémoire de M. Chau- i'cau Sur les divers degrés de sensibilité des ganglions et des fdets du grand symjia- .tliique ; Mémoire de M. Colin Sur les fonctions de la rate; Note de M. 209 3i8 547 — Régénération de la rate ; expériences de ^I. Philipeiinx — Lie 1 intluence de la digestion gastrique sur l'activité fonctionnelle du pancréas; Mémoire de M. L. Corvisnrt 385 — Sur la production du sucre chez les ani- maux ;\ foie gras; Mémoire de M. Colin. 739 — Phénomènes de la déglutition révélés par l'observation laryngoscopique; Note de M. Moiira-liourouillon 4t'" — Recherches sur la voix humaine; par M. Garcia (154 — Recherches sur la phonation ; \ràr M. Ba- taille 67(3 et 7 1 (> — Recherches expérimentales sur l'organe de l'ouïe ; par M. Potitzer iv.oli — De l'influence du nerf pneumogastrique et du nerf laryngé supérieur sur les mou- vements du diaphragme; Note de M. Rn- senthal 754 — Sur la régénération des nerfs transplan- tés ; Note de MJL Pliilipcaux sll'ulpian. 849 — Sur la circulation fœtale; Note de M. TVanner 1 1 4 5 — Animalcules infusoires vivant sans gaz oxygène libre et déterminant des fer- mentations; Mémoire de M. Pasteur... 344 Physiologie comparée. — Du mode de fixa- tion des œufs aux fausses pattes abdo- minales dans les écrevisses ; Note de M. Lerehoullet 1 55 — Propriétés et fonctions des nerfs et des muscles de la vie organique chez un in- secte ; Mémoire de M. Faivre 65 1 Voir aussi à l'article Spuntances [Gé- nérations dites ) . Physiologie végétale. — De l'influence de la température sur la fécondité des spores desMucédinées; MémoiredeM. Pasteur. Mi — Recherches sur l'influence du manganèse dans la végétation : par M. Lambotte. . . 703 Physique. — Sur la congélation de l'eau et sur la formation de la grêle ; Note de M. Dufour, de Lausanne 75o — Sur le travail mécanique et ses transfor- mations ; Mémoire de M. Dupré 1 1 85 Physique du globe. — De la psychrométrie électrique; Note de M. Becquerel. .. . 1281 — Note de M. Cli. Sainte-Claire Deville ac- compagnant la présentation du premier volume de ses « Recherches sur les prin- I 'j6.. ( i356 ) cipaiix phénomènes de météorologie et de |ih\sitjue terrestre aux Antilles"... 2-29 J'iivsiQiE DU GLOBE. — Sur la périodicité des grands hivers; deuxième Mémoire de M. Rcnnii 49 — Intliience du refroidissement de l'atmo- sphère sur la température du sol en fé- vrier 1860 et janvier 1861; Note de M. Pniiriaii 47 ' — Sur les variations dans l'intensité de la gravité terrestre ; Note de M. d'Abbadie. 9 1 1 — Sur les causes de la couleur de la mer; Note de 51. Jobard 1 333 PiiYsioi'E MATUÉMATiQi E. — Lois mathémati- ques de l'écoulement et de la détente de la vapeur; Mémoire de M. Cnividlo. 083 — Sur la densité de la vapeur saturée; Note de M. Cltiii.diix 70O PiscicuLTiuE. — Sur la domestication des poissons de la famille des Plciironoctes; Note de M. Cnste io58 Planètes. — Lettre de M. A. dr Gaspnris à M. Élie de Beaumont annonçant la dé- couverte qu'il a faite le 10 février d'une nouvelle petite planète 3o3 — M. f'tilz annonce la découverte de deux nouvelles planètes lélescopiques, faite à l'observatoire de Marseille les 4 et 9 mars 1 8(ji par M. l'cmpel 4^5 — Éléments provisoires de la planète (63); Note (le M. Valz G7C — Lettre de M. Luther, concernant les mois de celte année pendant lesquels les as- tronomes devront rechercher et observer la planète Pseudo-Daphné 81 :i — Lettre de M. /-«Me/- annonçant la décou- verte qu'il a faite, à l'observatoire de Bilk, le 29 avril i8(ii, d'une nouvelle pe- tite planète, qui a. reçu le nom de Lcto. 927 — Nouvelle planète (69) découverte par M. Goldsclimidt le 5 mai 18G1 ; Lettre de cet astronome 977 et 1 080 — Observations de la planète (08); par le P. Sccchi 1 1 20 Plasmine, substance albuniinoïdc qui donne au sang la faculté de se coaguler spon- tanément. — Note de M. Denis, de Coramercy, sur cette substance i-iicj Platine. — Lettre de ^L De/tiii/o{/'decmn\><>- gnant l'envoi d'un opuscule de M. H. Jii- ciibi sur le platine et son emploi comme monnaie 377 — Sur des effets produits par le platine rendu incandescent par un courant élec- trique; Note de M. Sainl-Ednte 408 — Présence du platine et de l'étain métalli- que dans les terrains aurifères de la Guyane; Note de M. Dam«ur 088 Phi Paf! ES EXTRAORDINAIRES. — Pluie rougeàlre tombée à Sienne les 28 et 3i décembre i8()o et i" janvier 18O1; Lettre de M. De Lma — Pluie de foin tombée à Londres en sep- tembre 1860 ; Lettre de M. Phip.mn. . . — Pluie de poissons à Singapore; Lettre de M. de Casteliina PoLj\iiisation circulaire. — Pouvoir rota- toire et indice de réfraction de plusieurs substances employées en médecine (Mé- moire do M. Buignet sur ra[iplication de la physique à la solution de quelques problèmes de chimie et de pharmacie). Voir aussi à l'article Lumière. Porosité des vases et tuyaux de terre. — Influence qu'exerce cette porosité sur le mouvement et la comiJôsilion des gaz qui traversent les vases ; Note de M. H. Sainte-Claire Defille Portraits d'Iuunnics célèbres.— Une épreuve photographique d'un portrait authenti- que de KepjAer est offerte à l'Académie au nom de M. Dauhrée — Reproduction photographique d'un por- trait de G. Cui'ier offerte par M. Du- chesne, de Boulogne Présidence de l'Académie. — M. Milne Edwards, Vice-Président de l'Acadé- mie pendant l'année 18O0, passe aux fonctions de Président; M. Du/ianiel t;sl élu Vice-Président pour l'année 1861 .. . PRIX DÉCERNÉS.— CoNcoiRSDE 18G0 (Séan- ce [lublique anmii'lle du 25marsi86i) : (jRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES : Théorie des surfaces applicables (Rapporteur M. Bertrand).— Prix décerné à M. Bour. — Mentions honorables accordées aux au- teurs des Mémoires inscrits sous les n'" 2 et 5. Ce dernier est M. O. Bonnet; l'autre auteur ne s'est pas fait connaître. — M. Cddazzi de Pavie se fait connaître conune l'auteur du Mémoire inscrit sous le w" 2 " — Grand prix de Mathéhatioies : Ques- tion concernant les nombres de valeurs des fonctions qui conlieiment un nombre donné île lettres (Ra|>porteur M. Serret). — Il n'y a pas eu lieu à décerner ce prix. La question est retirée du concours. . . . Prix d'Astronomie, fondation de Lalande (Rapporteur M. Mathieu). — Cinq prix décernés pour la découverte d'autant de planètes, aux astronomes dont les noms suivent ; savoir : — M. X«357 ) Pages. cornac, à Paris (12 septembre, planète non encore nommée). — M. Fci-guson, à Washington (Titania, nuit du 14 au i5 septembre). — MM. Furstcr eX Las- ser, à Berlin (même nuit du 14 au i5 septembre, la planète Éralo) 55G Prix de Mécanique, fondation Miyrityou (Rapporteur M. CuniLcs). — 11 n'y a pas eu lieu à décerner le prix SSy Prix de Statistique, fondation Montyon (Rapporteur M. Ac/wn ;«<■'). — Prix dé- cerné à M. Giicrrr pour ses Tables re- latives à la statistique morale de la France et de l'Angleterre. — Mentions ho- norables à M.//".v,vo«pour son Mémoire intitulé: « Loi de la population dans la ville et l'arrondissement de Toul », et à M. Fayct pour ses « Recherches sur la population de la France » 557 Prix fondé par M"'° la marquise de Laplace. — Le prix a été obtenu par M. de Lnpparcnt, sorti le premier de l'École Polytechnique le 22 août 1860.. 57! Prix de Physiologie expérimentale, fondation Monlynri ( Rapporteur M. lic?- ii/iril]. — Prix décerné à J[. Sti/li//if pour son grand ouvrage sur la « Structure de la moelle épinière». — Mentions ho- norables; 1° à Mil. Pliilipeiiux et Fui- piiin ])our leurs » Recherches expéri- mentales sur la régénération des nerfs séparés des centres nerveux » ; 1" à M. F(iiiG 39<> 39!) 599 (ioD Cxil (k) 1 G02 G02 (io! tioî Co'j Go 4 ( >3 Pages. Prix Boiîdin pour 1861 (Différences de position (lu fuyer optique et du fover pliotoi-'énique ) 604 Prix Trémont à décerner en 18C1 6o5 Prix fondé par M""' la marquise de Laplace Co5 Grand prix des Sciences Piiysiqlës proposé pour 1861 (Anatomie comparée du système nerveux des poissons) CoO Grand prix des Sciences Physiques pour 1862 (Élude des hybrides végé- taux au point de vue de la fécondité). . GoG Grand prix des Sciences Physiques , pour i863 (Clianiiements opérés pen- dant la germination dans les tissus de l'embryon et du périsperrae) 607 Prix de Physiologie expérimentale, fondation Montyon G08 Divers prix du Legs Montyon 609 Prix de Médecine proposé pour 18G4 (Histoire de la Pellagre) Gio Prix de Médecine et de Chirurgie pro- posé pour 18G6 (Application de Félec- tricité à la tliérapeutique) 610 Grand prix de Chirurgie proposé pour 1866 (Conservation des membres par la conservation du périoste) 611 Lettre de M. le Maréchal Vaillant annon- çantque l'Empereur ajoute loooofrancs 58 ) Page?, à la somme affectée par l'Académie pour ce prix a^o — Prix Cuvier pour i8G3 G 12 — Prix Alhumhert pour 1862 (Question des générations dites spontanées) (iia — Prix Aliiumrert pour 18G2 (Modifica- tions déterminées dans le développe- ment d'un embryon de vertébrés par l'action des agents extérieurs) (ii > — Prix Bordin proposé pour 18G1 (Étude des vaisseaux du latex ) G 1 i — Prix Bordin pour 1862 (Histoire anato- mique et physiologique du corail \ Gi5 — Prix quinquennal, fondation Moraines. G 16 — Prix Bréant G16 — Prix Tremont 'i 1 8 — Prix Jecker ('■ 1 8 — Prix Barbier pour 18G2 G18 Propylène. — Transformation du propylène monobromé en un nouvel hydrocarbure de la forme C'H' ; Note de M. Sinvitsch. 'igy Psyciirométrie. — Note sur la phsychromé- trie électrique; par M. Becquerel 1281 PuiiLICATIONS DE l'AcADÉMIE. — AI. ClwslcS, Président pendant l'année 18G0, avant de quitter le bureau, rend compte à l'Aca- démie de l'état où se trouve l'impres- sion des Recueils qu'elle publie i3 Puits forés. Voir à l'article Eaux potables. Sections de l'Académie. — La Section de Botanique propose de déclarer et l'Aca- démie décide ([u'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. PauT — Cette Section présente la liste sui- vante de candidats: 1° M. Duchartrc; 2° M. Trécul; 3° f.r œrjuo, MM. Cliatin et Lestiboudois — La Section de Géographie et do Naviga- tion , complétée par l'adjonction de MM. Dupin et Élie de Beaumont, pré- sente, par l'organe de son doyen, M. Du- perrey, la liste suivante de candidats pour la i)lace vacante par suite du décès de M. Daussr: TM. deTessan ; 2 "M. Paris; 3° M. Pnytier; 4° MM. Chazalon,d'Abba- die, Diironileau, de Kerhallet, Kenou . . . — La Section de Minéralogie et de Géologie propose de déclarer et l'.^cadémie décide qa'il y a lieu de nommer à la place va- cante par suite du décès de M. Cor- ilier • . . — Cette Section présente la liste suivante de H/ 76 GG8 933 candidats : 1° M. Daubrée ; 2" MM. De- lesse et Des Cloizeaux ; 3° M. Hébert... 9f)o — La même Section présente comme candi- dats pour la chaire de Géologie va- cante au Muséum d'histoire naturelle : MM. Daubrée et Ch. Sainte-Claire De- ville, ex œqun i(ii|i) Sels (Nol'a-elle classe de ) produits au moyen de la substitution des corps élec- tronégatifs ( chlore, brome, cyanogène, soufre, etc. ) aux métaux dans les sels oxygénés; Mémoire de M. /'. Sdmtzeri- bcr^cr , :i j Silicates. — Coloration des pâtes cérami- ques et des silicates par les sels solu- bles des oxydes métalli(pies; Note de M. Couturier déposée sous pli cacheté le 1 5 octobre 18G0, et renvoyée à l'exa- raen d'une Commission dans la séance du 4 mars suivant 3;) 1 — Coloration ries pâtes céramiques i)ar les sels dissous; Note de W. Salvétnt .')38 Soleil. — Nouvelles études sur les taches solaires ; par J[. /{. // 'olf j 43 i359 ) — Supplément à un prérédent Mémoire de M. .S'c/v.sc, intitulé : « Essai d'une théorie de la chaleur et de la lumière solaire». gjG — Études sur le Soleil et principalement sur ses taches ; par M. Tliehi 1 1 46 — Sur une tache solaire visible à l'œil nu ; Note de M. Tissot i33i Solidification îles gaz, des liquides, etc. — Sur la solidification de l'acide carboni- que ; Note de MM. Lnir et Drinn 748 — Sur la congélation de l'eau etsur la forma- tion de la grêle ; Note de M. L. Dufour. 750 — Note sur la solidilication de quelques substances (soufre, phosphore, naphta- line ) ; par le même 878 .SpHÉROiDAL (État). — Sur la température de l'eau à l'état sphéroïdal; Note de M. BoiUi'^ny 91 Spontanées ( Généuations dites).— Obser- vations sur les générations dites sponta- nées ; Note de M. Terreil 85 1 — Mémoire sur cette question adressé par M. Baldari 05; — Développement de Mucédinées dans des dissolutions salines sursaturées; résul- tats d'expériences de .M. Jodin, concer- nant le développement des Mycodermes, communiqués à l'occasion de la précé- dente Note 1 143 Pages. — Sur les corpuscules organisés qui existent en suspension dans l'atmosphère : exa- men de la doctrine des générations spon- tanées ; Mémoire de M. Pasteur i 1 j« Voir aussi les articles Fermentation et Hctérogéide. Statistique. — Statistique du département du Cher; par M. Frémont 29 et iu — Sur le prix des denrées à Poitiers depuis l'année 1687 jusqu'à nos jours; Note de M. Duffaud Voir aussi aux noms de MM. Gi/errj, Husson et Fayet, 558, 564 ot 5G7. Sucre. — Sur un moyen de purification des sucs végétaux appliqué à la faliricition du sucre ; Mémoire de M. Rousseau — Réclamation de M. Maumené à l'occasion de cette communication Sulfates. — Sur les oxydes de fer et de manganèse, et certains sulfates considé- rés comme moyen de transport de l'oxy- gène de l'air sur les matières combus- tibles ; Mémoire de M. huldmann 1 169 Sulfures. — Sur la reproduction des sulfures métalliques de la nature; Mémoire de M.M. H. Sainte-Claire Deville et Troost. 9-20 — Action de l'aluminium sur les métaux sul- furés ; Note de M. Ch. Tissier 93 1 127(1 55 454 Technologie. — Note de M. Payen accom- pagnant la présentation d'un opuscule sur la conservation des bois 834 — Note de M. Morin accompagnant la pré- sentation du 4° numéro des Annales du Conservatoire des Arts et Métiers 835 — Suppression des tuyaux de cheminée sur les toits, par l'emploi d'une chambre ré- cipient de fumée; Mémoire de MM. de Sauges et Massnn 1078 Teinture. — Recherches physico-chimiques sur la teinture, par M. C/ierreul ; on- zième Mémoire. 3-27, 762, 825, 885 et 937 TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE. — Sur la Conden- sation d'électricité qui se produit dans les câbles télégraphiques immergés ; Note de M. Gaugain 1 jg — Lettre de M. ShalJ'iicr, concernant le pro- jet d'un télégraphe transatlantique pas- sant (lar l'Islande et les îles Feroe logo Te-mpératures terrestres. — InHuence du refroidissement de l'atmosphère sur la température du sol en février 1860 et en janvier 1861 ; Note de M. Pouriau.. 471 — Mémoire sur la température de l'air au nord, observée avec le thermomètre or- dinaire, et sur celle de l'air libre, loin et près des arbres, avec le thermomètre électrique ; par M. Becquerel 993 — Note sur la psychrométrie électrique; par le même 1 28 1 Tératologie. — Sur une anomalie remarqua- ble des membres pelviens ; Note de M. H. Larrey 3o5 — Remarques deM. /. Geojfror-Saint-Hilaire à l'occasion de cette communication.. . 3o6 — Mémoire sur un monstre double; par M^I. Bêrig/ir, Le Dite, Daiwé, Maurice et Liehina 658 et 73y Textiles (Matières). — Sur un nouveau produit textile, la Jîhrilia ; Note de M. T'attcmare 865 — Rapport sur cette communication ; Rap- porteur M. Payen 11 3 1 Thérapeutique. —Note de M. Fielnr sur l'emploi de l'électrc-puncture dans l'a- Page-. maurose résultant d'une maladie de la partie orbitale du nerf optique 102 ■ Sur un moyen auxiliaire pour l'explora- tion du larynx et des cavités nasales; Note de M. Pappcnheim 1 5 1 ■ A|)plicalion de in cautérisation linéaire à l'ablation des lipomes; Noie de M. Lc- s^rwtil 473 Action physiologique de ratro[>ine: induc- tion qu'on en peut tirer relativement à un traitement rationnel do ré|)ilepsie ; llémoire de M. Michcn G5G Emploi du perchlorure de fer dans le traitement du purpura hœnun-rliagica et du scorbut ; Mémoire de JI. Pizc 65G Effets des alconliqup^ pris jusqu'à l'ivresse comme remède contre la morsure de certains serpents; Lettre de "ii. de la Gi'ronnicre à SI. Cloquet 740 De la manière d'administrer la magnésie dans les cas d'empoisonnement par le phosphore ; Note de 11. Huisxon 97G Paralysies rebelles guéries sous l'influence des eaux thermales du mont Dore ; Mé- moire de M. Mascmrl 1 2o3 Traitement de l'hydrophobie par les pré- parations arsenicales à l'intérieur et à l'extérieur; Mémoire de M. Aremli.. . . 877 Cure de la rage d'après la méthode Trus- kowsky ; Mémoire de M. Bialopiotro- ivirz 5'23 et 658 Go ) Pages. — Sur l'emploi fait en Barbarie, dans un remède contre la rage, d'un insecte du genre Mylabre; Note de M. Coinilc 1 ^78 TopoGnAPiiiE MÉuic.\LE. — Mémoire de M. L. Carailcc sur lu topographie médico-hy- giénique du déparlement du Finistère.. O7 TnE.MDLEMENTS DE TEitiiE. — SuT la fré- quence des tremblements de terre rela- tivement à l'âge de la lime pendant la seconde moitié du xviii^ siècle; Mémoire de M. Po'rcy 1 46 et -242 — Propositions sur les tremblements de terre ; par le même 704 — Sur l'all'aissement successif de la monta- gne volcanique de la Soufrière, à la Guadeloupe ; application de cette ob- servation à la théorie des volcans; Noie de M. Gcntili i5i — Trépidations du sol observées à Nice pen- dant la deuxième moitié de l'année 18G0; Lettre de M. Prost à M. Élie de Beau- mont -i'n — Sur le désastre de Lisbonne de i53i ; communication de M. Bahinet 3G<) — Sur un tremblement de terre observé à Singapore; Lettre de M. tir Cnstrlmm. 880 — Propagation du tremblement de terre qui, le 20 mars 18G1, a détruit la ville de Mendoza ; Note de M. Pissis 1 1 47 — Sur le tremblement de terre du 20 mars au Chili et de l'autre côté des Andes; Note de M. Domcrko 1 148 u Uk.a.ne. — Sur le dosage de l'urane e't de l'a- cide phosphorique; Note de M. Piscmi. — Sur quelques réactions des sels de fer, d'uranc et d'alumine; séparation de l'u- rane et du fer ; par le même UnÉES. — Recherches sur les urées des am- moniaques diatomiques; [lar M. f'nlhard. GG4 — Action du cyanate d'élhylo sur l'urée; Note de M. Hofman/i uni V.4PEin d'eav. — Mémoire sur les lois ma- thématiques de l'écoulement et de la détente de la vapeur; par M. Ctnvnllo. 083 et 801 — Note sur la densité de la vapeur saturée ; par M. Ctiuisius 70G — Recherches expérimenlales sur l'écoule- ment des vapeurs ; l'ar WSl. Minary et Resnl 1 027 — Décomposition du chlorure de calcium par la vapeur d'eau; Note de M. Pc- louze 12G7 — Note de SI. CnstcUn Clichet, intitulée : Cl Force motrice de la vapeur par son écoulement » CS 'Vapeurs. — Sur la force élastique des mé- langes de vapeurs: Mémoire de M. Bui- s;'>et ioS-2 VÉcÉTATio.N. — Recherches sur l'inlluence du manLraijèse dans la végétation ; par M . Lnmbiilte 708 Vers a soie. — Observation microscopique des graines devers à soie avant et pen- dant l'incubation; Mémoire de MM. Lal- Ifinantl et Sirodnt njS — Moyen de distinguer la bonne de la mau- ( i36i Pages. ) vaise graine de vers à soie; Lettre de M. Cornalin à M. de Quatrefages 624 — M. de QutUrcfagcx [irésente, séance du ■22 avril, des cocons obtenus dans l'éta- blissement à éducations précoces d'Avi- gnon 761 — Observations sur les vers à soie de l'ai- lante et du chêne ; par M. Guérin-Mé- nevitlc 970, 1078 et 1 170 — Sur des vers à soie du chêne élevés à la ménagerie des reptiles du Muséum d'his- toire naturelle ; Note de M. Duméril. . . 1204 — Éducation des vers à soie en Bretagne ; Note de M. Hamon 519 — Expériences sur l'asphyxie des chrysalides des vers à soie : application de ces ex- périences à l'étouffage des cocons; Note de M. Plagniol ySg — Sur l'électrlsation appliquée a'ix vers à soie; Notes de M. Sauntgcon. 1146 et i258 — Électrisation appliquée aux vers à soie malades ; Notes de M. Aillaud d'Espar- rrm 1204 et 1258 Vibrations. — Un diapason ébranlé par un archet n'a pas de vibrations isochrones par rapport aux oscillations d'un pen- dule ; Note de M. d'Abbiidie sur les va- riations dans l'intensité de la gravité terrestre 911 Vision. — De l'appropriation des instru- ments d'optique (lunettes, télescopes, microscopes) à la vision binoculaire; Mémoire de M. Giraud-Tculon 22 — Des mouvements de décentration latérale de l'appareil cristallinien; par/r nwnie. 383 — Note sur la construction et les propriétés d'un nouvel ophthalmoscope permettant Pages. l'emploi simultané des deux yeux; par M. Girmul-Tculon 646 — Théorie de l'œil ;parM. Vidlée. 20" et 21' Mémoires 702 et 1020 Vol, — Sur le vol des oiseaux, sur la quan- tité de travail qu'ils ont à produire dans l'opération du vol. — Sur la théorie de la résistance de l'air considérée dans le vol ; Notes de M. Liais 696 et 812 Voyages scientifiques. — Rapport sur les résultats obtenus par M. Courhon pen- dant le cours d'une exploration de la mer Rouge. Résultats relatifs à la géologie; Rapporteur M. Ch. Sainte- Claire Deinllc 426 — Résultats relatifs à la zoologie; Rappor- teur M. Valencicnnes 433 — Résultats relatifs à la botanique; Rappor- teur M . Brongniart 434 — M. le Ministre de la Marine remercie l'Académie pour la communication qui lui a été faite de ce Rapport et annonce qu'il sera reproduit dans la Revue mari- time et coloniale ^04 — M. Lapierre, près d'entreprendre un voyage aux Antilles, se met à la dispo- sition de l'Académie pour les observa- tions scientihques qu'elle croirait devoir lui recommander 392 — M. Dagtiillon, près de commencer un long voyage, se met à la disposition de l'Académie pour les observations qu'elle jugerait convenable de lui recommander concernant la météorologie et l'histoire naturelle 711, 1049 et 1089, Zoologie. — Du mode de fixation des œufs aux fausses pattes abdominales dans les Écrevisses; Note de M. Lereboullct. . . i55 — Remarques entomologiques durant une excursion dans les Alpes; par M. Mar- tens 256 — Insectes hyménoptères perforant des balles de plomb ; Lettre de M. le Mi- nistre delà Guerre accompagnant l'envoi des balles attaquées, et de deux Rap- ports qui lui ont été adressés de Gre- noble sur ce fait 1 132 — Sur une linguatule qui se trouve dans les ganglions mésentériques du mouton et se transforme; dans le nez du chien, en pentastome ténioïde ; Mémoirede M. Co- lin j3io Lettre de M. Grimau.r, de Caux, concer- nant les poissons du lac de Garda, con- nus sous le nom de sardines 667 M. f'alenciennes remarque que ces sar- dines n'ont de commun avec les vraies sardines de nos mers que le nom 667 Sur les poissons tluviatiles de la France ; Note de M. Coiiule 355 Physiologie entomologique ;par/("/«(v«c 4(10 ^IJ'alencienices déclare que ces commu- munications ne sont pas de nature à de- venir l'objet d'un Rapport 5 12 C. R, 1861, i" Semestre. (T. LU.) 177 ( i362 ) TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. ABRIA demande pour la bibliothèque de la Faculté des Sciences de Bordeaux di- vers volumes publiés récemment par l'Académie 820 ACADÉMIE DE TOULOUSE (l') adresse le programme des prix qu'elle a proposés pour les années 1862, i863 et 1864 1219 ACADÉJnE DES SCIENCES DE LISBONIS^ (l') remercie l'Académie pour l'envoi récent de plusieurs de ses publications. G60 ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE ROUEN (l') fait hommage à l'Académie du précis de ses travaux durant la période décennale i85o-i86o laâg ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE TURIN ( l' ) remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIIl de ses Méninires. 68 AGASSIZ est présenté par la Commission char- gée de préparer une liste de candidats pour la place d'.4ssocié étranger vacante par suite du décès de M. Ticdemrmn. . 933 MLLAUD-DESPARRON. — Électrisation ap- pliquée aux vers à soie malades. i2o4et 1258 MM. Pages. .4IRY est présenté par la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'.Xssocié étranger vacante par suite du décès de M. Tiedcmnnn i(33 ANDRAL est nommé Membre de la Commis- sion des pris de Médecine et de Chi- rurgie 840 .VNONYMES. — L'.\cadémie reçoit un Mé- moire destiné au concours pour le prix du legs Bréant, et dont l'auteur s'est cru, à tort, dans l'obligation de placer son nom sous pli cacheté ((7C — Mémoires destinés aux concours pour les grands prix proposés par l'Académie. Voir, à la table des matières, l'article Anonpncs ( Mémoires ) . .\OUST ( l'Abbé ) . — Description des lignes de courbure des surfaces du second ordre 1 1 5o ARENDT. — Mémoire sur l'hydrophobie. . . 377 .\RiLAND. — Note sur la médecine et les médecins des Chinois 704 AUL.4GN1ER. — Des remèdes réputés spéci- fiques contre la goutte 38 B B.4BINET. — Sur la formule barométrique pour les petites hauteurs 221 — Sur les variations séculaires dans le degré de salure des mers et sur les acclima- tations de la nature 265 — Sur le désastre de Lisbonne de i53i . . . . 369 — Note sur un i)oint de la cosmogonie de Laplace 481 BAILLON. — Recherches sur le développe- ment du fruit des Jlorées 19 — Mémoire sur la symétrie et l'organogénic florales des Marantées 38 1 BALD.4RI. — Élude expérimentale de la ques- tion des générations spontanées G57 RATAILLE. — Nouvelles recherches sur la phonation 716 BAUDELOCQUE. — Lettre concernant l'in- vention du céphalotribe et de la com- pression de l'aorte ■. 1219 B.\UDEMENT. — Observations sur les rap- ports qui existent entre le développe- ment de la poitrine, la conformation et les aptitudes des races bovines. 235 et 5<>8 BAUDRIMONT. - Sur les résultats obtenus par le soufrage de la vigne dans deux communes du Médoc 867 BAUMIIAUER adresse la traduction en fran- çais d'un Mémoire sur les alcoomètres qu'il a récemment comniunlipié à l'Aca- démie d'.Vmsterdani 3o4 BE.VUPERTHUY. - Sur une variété do forme de la pustule maligne, due à la piqûre d un insecte de la famille des Acariens 1 076 ( i363 MM. Pages. BÉCHAMP. — Note sur les matières colo- rantes engendrées par l'aniline ou ses homologues 538 — De l'action de la chaleur sur le nitrate d'aniline 6Go — Sur l'extraction de la fuchsine; Note en réponse à une réclamation de M. Schnei- der 8fi2 — Recherches sur la séparation , par voie humide de l'or et du platine d'avec l'étain et l'antimoine. Réduction du per- chlorure de fer par le platine; Note de MM. Bcchawp et Saint-Pierre 7J7 — Nouvelle analyse chimique de l'eau ther- male de Balaruc-les-Bains. (En commun avec M. Ganlicr. ) 863 BECHI. — Sur l'air des maremmes de la Tos- cane 1 852 BECQUEREL. — Mémoire sur la température de l'air, au nord, observée avec le ther- momètre ordinaire, et sur celle de l'air libre, loin et près des arbres, avec le thermomètre électrique 993 — Mémoire sur la coloration électrochimi- que et le dépôt du peroxyde de fer sur les lames de fer et d'acier io53 — Note sur la psychrométrie électrique. ... 1281 — Remarques à l'occasion d'une communica- tion de M. Du Moncel, sur les transmis- sions électriques à travers le sol iog3 — MM. Geoj[froy-Sinnt-Hil(iire et T'elpeait donnent, dans la séance du 7 janvier, des nouvelles satisfaisantes de la santé de M. Becquerel qu'un accident grave tient éloigné de l'.^cadémie i6 BEGUIN. — Projet d'une machine propre à ti- rer avantageusement parti de la force expansive delavapeurd'éthersulfurique. 1025 BÉL.\NGER. — Théorie de l'engrenage hy- perbolo'ide 126 BELLAUD, Cantégml et Jeanbel. — Études fixpérimentalessurles inondations. (Rap- port sur ce Mémoire; Rapporteur M. le Maréchal l'aillant) 334 BEREND. — Application de l'ostéotomie à l'orthopédie 544 BERGERON — Un prix lui est décerné pour son ouvrage sur la « Stomatite des sol- dats )i (concours de Médecine et de Chi- rurgie pour 1 8fio) 582 — M. Bergcron adresse ses remerciments à l'Académie (JGo BÉRIGNY. — Mémoire sur un monstre dou- ble. (En commun avec MM. Le Duc, Dniwp, Liebaut el Maurice.). . 658 et 739 BERNARD (Claude) est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 840 MM. P — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale BERN.VRD ( J.) ^ Modèled'un moteur rais en jeu par le vent — Sur l'élévation et sur la distribution des eaux à l'usage des villes et des communes. BERTIIELOT. — Un prix lui est décerné pour ses recherches relatives à la repro- duction, par la voie synthétique, d'un certain nombre d'espèces chimiques existantes dans les corps vivants (con- cours de 1 860 ; fondation .lecker) — M. Benliclot adresse ses remerciments à l'.Vcadémie BERTIN, — Polarisation chromatique; Mé- moire sur la surface isochromatique. . . . BERTRAND. — Rapport sur un Mémoire de M. Rouché, intitulé : « Mémoire sur la série de Lagrange » — M. Bertrand présente un Mémoire de M. de Rossi sur un instrument destiné à lever le plan des lieux souterrains. . . — M. Bertrand est nommé Membre de la Commission chargée de proposer la ques- tion pour le grand prix de Mathémati- ques de 1861 — Et de la Commission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques pour t86i (question concernant la théorie de la chaleur ) BERTRAND DE LOM. - Sur des faits géolo- giques et minéralogiques nouveaux, dé- couverts dans les cinq grands départe-* ments volcaniques de Ui France BL\LOPIOTROWICZ (G. de ). - Cure de la rage d'après la méthode de M. C. Tria- /oirs/;' 52j et BIENA'i'MÉ est nommé Membre de la Com- mission du prix de Statistique BIOT. — Note accompagnant la présentation d'une nouvelle suite de ses « Études sur l'Astronomie indienne » BLONDLOT. — Sur la recherche toxicologi- que du phosphore par la coloration de la flamme BOBŒUF (écrit à tort Bobeuf). — Une ré- compense lui est accordée pour ses ap- plications des produits de la distillation de la houille (concours pour le prix dit des Arts insalubres; année 1860) BOERSCH. — Mémoire concernant la pein- ture sur verre et la fixation de dessins et empreintes diverses sur la même sub- stance BON'NAFONT. — Sur quelques modifications à introduire dans les salles de spectacle au point de vue de l'hygiène des artistes et de l'éclairage de la scène 177. . âges. 906 46 844 Kjt) 706 121 3 i3()i 3o5 1019 4,58 65S 1 062 '97 58 1 8i3 MM. BONNET (OssiA^). — Note sur les droites normales à une surface — Une mention honorable est accordée à M. O. Eoiutct (concours pour le grand prix de Mathématiques de 1860, ques- tion relative à la théorie des surfaces applicables l'une sur l'autre) BOUCHER, DE Perthes. — Sur les silex taillés trouvés dans le diluvium du dé- partement de la Somme; remarques à l'occasion d'une communication récente de M. E. Robert — Réponse aux observations faites par M. .É". Robert sur le diluvium du département de la Somme — Lettre à M. Élir de Bcaumont accompa- gnant l'envoi du Mémoire ci-dessus. . . . BOUCHUT. — Sur l'emmagasinement et la salubrité des eaux de Paris BOLIS. — Étude sur les fers et les aciers . . BOUR obtient le grand prix de Mathémati- ques ( concours de 1 8G0, question rela- tive à la théorie des surfaces applicables l'une sur l'autre ) BOURDON (Is.). — Lettre concernant son travail sur l'épidémie cholérique de 1854 BOURGAREL. — Mémoire sur les Néo-Calé- doniens. (Rapport sur ce Mémoire; Rap- porteur M. /. C/or/uet.) BOUSSINGAULT. — Sur un procédé pour constater la présence des azotures dans l'acier, la fnnle et le fer — Observations relatives au dosage del'azote dans le fer et l'acier — M- Boiissingmilt est nommé Membre de la Commission chargée de préparer une liste de candidats {xiur la place d'Asso- cié étranger vacante par suite du décès de JL Tiedenuiiiii — Membre de la (^.ommission du prix dit des Arts insalubres — Et de la Commission du prix de Statis- tique ( i364 ) Pages 1081 555 3oo ii34 1133 1255 1195 555 660 774 1008 1249 780 912 10G2 MM. Pages. BOUTIGNY . — Sur la température de l'eau à l'état sphéroïdal 91 BRETON, DE Champ. — Réclamation de priorité au sujet des Porisraes d'Eu- clide ')7 BRIOT. — Note sur la théorie de la lu- mière 393 BRITISH MUSELAI remercie l'Académie pour ren\oi du tome XXMll de ses Mé- moires 660 BRONGNIART. — Rapport sur la partie bo- tanicjue d'un Mémoire de M. Courbun, intitulé: n Résultats relatifs à l'histoire naturelle obtenus pendant le cours d'une exploration de la mer Rouge » 434 — Note sur une collection de plantes fossiles recueillies en Grèce par M. Gaudry. . . lïi-x — I\L Brongnidrt est nommé Membre delà Commission du prix Bordin pour 1861 ( question concernant les vaisseaux du latex ) ) 1 32 BRON'N remercie l'Académie pour l'envoi de 25 exemplaires de son Mémoire cou- ronné (grand prix des Sciences phy- siques , concours de 1 85G ) 524 BUDIN , Tellier et Haussman.n. — Réclama- tion de priorité concernant un appareil pour produire de la glace par la liqué- faction de l'ammoniaque 142 BUIGNTT. — Application de la physique à la solution de quelques problèmes de chimie et de pharmacie 1082 BUISSON. — Note sur la magnésie admi- nistrée comme contre-poison du phos- phore 976 BUNSEN est présenté par la Commission char- gée de préparer une liste de candidats pourla place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. TUdemunn.. 933 BUSSY communique un Mémoire de M. Dui- gnct, intitulé: « Application de la phy- sique à la solution de quelques problèmes de chimie et de pharmacie » 1082 CALIGNY (de). — Observations critiques sur l'installation au mont Cenis d'uno de ses machines hydrauliques 144 — Observations sur les effets de la chaleur dans les siphons renversés à trois bran- ches qui fonctionnent au mont Cenis. . . 4G2 — Description d'uno expérience en grand sur la manœuvre il'une écluse de navigation à colonne liquide oscillante 74O Sur un moyen de faire ouvrir d'elles- mêmes les portes d'aval d'un sas d'écluse (le navigation, et de faire entrer de lui- même le bateau dans le bief d'aval. . . . 928 Note concernant la mise en actixité d'un appareil hydraulique de son invention.. 1259 Expériences sur la génération des ondes liquides dites courantes iSog M. de Caligny prie l'Acadéraio de \ ouloir MM. ( i365 ) Pages laSg i3i5 334 bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place de Correspondant de la Section de Mécanique vacante par ledécès de M. P'icat CALVERT. — Sur un nouveau composé gra- phitoïde tiré de la fonte CANNIZZARO. — Note pour servir à l'étude des acides isomères 966 CANTÉGRIL, Bellaid et Jeandel. — Études expérimentales sur les inondations. (Rap- port sur ce Mémoire; Rapporteur M. le Maréchal Faillant. ) CAP. — Lettre concernant ses travaux sur les applications médicales de la glycé- rine 1089 CARADEC. — Topographie médico-hygiéni- que du département du Finistère G7 C.\RBONN'EL. — Sur les bancs d'huitres ar- tificiels 657 CARON. — Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier 5i5 — Théorie nouvelle de la cémentation 635 — Nouveau procédé de cémentation. 639 et 677 — Action de l'hydrogène sur l'acier 960 — De la constitution de l'acier io63 — Rappel de travaux de divers savants rela- tifs à la composition de l'acier 1 153 — Influence des impuretés du fer sur la cé- mentation — Cémentation du fer par l'hydrogène car- boné CARRÉ. — Réponse à une réclamation ré- cente de priorité concernant sa méthode de produire le froid 208 — Note sur un moyen de remédier à la cris- tallisation dans la cémentation partielle du fer 799 CARUS fait hommage à l'Académie d'un ou- vrage qu'il vient de publier sous le titre de : 5G Pages. — M. Costc communique une Lettre de M. Hanwn sur l'élève des vers à soie en Bretagne r)i9 COSTELLO. — Lettre concernant l'invention faite par lui en i832 d'un instrument lithotritcur, l'instrument à coulisse. ... i5i COULVIER-GRAVIER. — Sur l'aurore bo- réale de la nuit du 9 au 10 mars 1861 . 4^5 C(_)URBON. — Mémoire intitulé: « Résul- tats relatifs à l'histoire naturelle obte- nuspendant lecours d'une exploration de la mer Rouge ». (Rapports sur ce Mé- moire, par MM. Sairite-Ctdirc Deville, l'tilcncienncs et jDro/ig/iiii/t.) 42G, 433 et 434 COUTLTIIER. — Coloration des pâtes céra- miques et des silicates par les selssolu- blos des oxydes métalliques (Note dépo- sée sous pli cacheté le 1 5 octobre 1 8G0 ) . 39 1 — Reproduction des épreuves photographi- ques sur pâtes céramiques 1 3 1 8 COXWORTIIY. — Lettre concernant ses deux Notes intitulées : « Noire Système planétaire » 1 04 CREMONA. — Courbes gauches décrites sur la surface d'un hyperboloïde à une nappe 1 3 1 9 CUZENT. — Note sur la composition chi- mique de la Kavahine 2o5 CZERMACK. — Une mention honorable lui est accordée pour ses travaux sur la Laryngoscopie (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie dei86o)... 58 — M. Czermack adresse ses remercîmenls à l'Académie 1080 D D'ABBADIE ( Ant. ) — Sur les variations dans l'intensité de la gravité terrestre. — M. (FJbbadie prie r.4cadémie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Géographie et de Navi- gation — M . d'Jbbmlie est présenté par la Section de Géographie et de Navigation comme l'un des candidats pourla place vacante par suite du décès de M. Dauss} DAGLILLON, près de partir pour un voyage de circumnavigation, se met à la dispo- sition de l'Académie. .. . 711, 1049 et iu8y D'AMMON. — Analyse manuscrite de son « Histoire du développement do l'œil humain » 97 j D.AMOUR. — Note sur la présence du pla- tine et de l'étainmelalliquedans les ter- rains aurifères de la Guyane 688 9" t;8 66S DARGEL. — Démonstration d'un tliéorème de Géométrie concernant la théorie des parallèles 60 D.VRONDE.AU est présenté par la Section de Géographie et de Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Daitssy D.4UBRÉE. — Expériences sur la possibilité d'une infiltration capillaire au travers des matières poreuses, malgré une forte contre-pression de vapeur. Applications possibles aux phénomènes géologiques. — M. Daidirce fait hommage à l'.^cadémie d'une copie photographique d'un pur- trait authentique de Keppler 33^ — M. Daubréc est présenté par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de Jl. Cordicr 990 — -M. Dtiiibrcc est élu Membre de l'Acadé- (i68 123 MM ( i368 ) Pages loig 739 58i mie, Section rie Minéralogie et de Géo- logie, en remplacement de feu M. Cor- dier — M. Dniibréc est proposé par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour la chaire vacante gu Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Conlier 1090 — M. Daubrée est présenté par l'Académie comme premier candidat pour celte chaire n 32 DAL'A'É.— Mémoire sur un monstre double. (En commun avec MM. Bérigny, Le Dur, Lichimt et Maurice.). . . . 658 et DA VAINE . — Un prix lui est décerné pour son « Traité des entozoaires et des maladies vermineuses j (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1860)... DEBR.W. — Mémoire sur la production des phosphates et des arséniates cristallisés. 44 — Sur la production de quelques oxydes cristallisés 982 DECAISSE est nommé Membre de la Com- mission du prix Bordin pour 1861 (question concernant les vaisseaux du latex ) DEGOUSÉE et L.\urent. — Sur les puits ar- tésiens de Venise et leur rendement ac- tuel : remarques à loccasion d'une Note de M. Grimaud, de Caux 81 1 et DEHERAIN. — De l'action de l'ammoniaque sur les chlorures 734 — Note sur la présence du phosphate de chaux dans les calcaires qu'emploie l'a- griculture 738 DE LA RIVE est présenté par la Commis- sion chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Associé étran- ger vacante par suite du décès de M. Tiedetimiiii r)33 DELAUNAY. — Note au sujet d'une Lettre de M. Hansen, concernant la théorie de la Lune — M. Dclaunay est nommé Membre de la Commission chargée de décerner le prix d'Astronomie ])0ur l'année 1861 1 174 DELESSE. — Recherches sur les change- ments apportés par le temps dans la composition chimique des fossiles 728 — Notes sur le gypse parisien — Une carte géologique du sol de Paris, par M. Delessr , est mise sous les yeux de l'Académie par M. Élie de Beaumont. . — M. Dclcssc est présenté jiar la Section de Minéralogie et de Géologie comme J'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Cordicr 990 II 32 975 771 912 790 MM. Pages. DE LUCA (S). — Sur une pluie colorée en rouge tombée récemment à Sienne 107 DE LUVNES. — Faits pour servir à l'his- toire de l'aniline, et production d'un nouveau bleu, le bleu de Paris. (En com- munavecMM. Pt'/-jo;et.Wfe7n?.) 448et 700 DESL\ROUAY. — Mémoire sur les résections sous-périostées Sg — Travaux de M. Dcmnrqufiy sur l'emploi thérapeutique de la glycérine, rappelés dans le Rapport sur le concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1860 592 DE MAT. — Mémoire sur les inondations. . 522 DÉMIDOFF. — Lettre à M. F/oun-ns accom- pagnant l'envoi d'un opuscule de M. H. Jaaihi sur le platine et son emploi comme monnaie 377 DENIS, DE C0.MMEBCV. — Sur la plasmine, substance albuminoïde qui donne au sang la faculté de se coaguler spontané- ment 1239 DE SAUGES et Masson. — Suppression des tuyaux de cheminée sur les toits par l'em- ploi d'une chambre-récipient : utilisation de la chaleur perdue 1078 DESCHAMPS. — Action exercée sur le phos- phore par le principe aromatique du goudron 355 DES CLOIZEAUX. — Sur un nouveau pro- cédé pour mesurer l'indice moyen et l'écartement des axes optiques dans cer- taines substances : séparation de plu- sieurs espèces minérales regardées jus- qu'ici comme isomorphes 784 — Sur les formes cristallines d'un oxyde de manganèse artificiel i323 — Sur la forme des cristaux artificiels de fer oligiste produits dans les fours de M. Kuhlmann 1 325 — M. Des Çlfiizeaux est présenté par la Section de Minéralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du riécèsde M. Cordicr. 990 DESMMETS. — Du rôle de l'air dans la dé- composition des matières organiques; ap|)lication au procédé d'Appert 81 3 DESPRETZ présente unchronographc à pen- dule conique de ^L Martin de Brettcs, construit par M. Hiinty 667 DESSAIGNES. — Un prix lui est décerné pour la reproduction, par voie de trans- formation, du sucre de gélatine, des acides succinique , asparlicpie , hippuri- que, aconitique, fumarique et racémique (concours de iSGn; fondation Jccker). 597 — M. Dessaignes adresse ses reraereîraents à l'Académie 660 ( '369 ) MM. DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOU.\NES ET DES CONTRIBUTIONS INDIRECTES (M. le) adresse pour la bibliothèque de l'Institut un exemplaire du Tableau gé- néral du cabotage en iSSg DIRECTEUR GÉNÉR.\L DE LA NAVIGA- TION ET DES PORTS (M. le) adresse le Tableau des hauteurs d'eau de la Seine observées chaque jour au pont de la Tournelle pendant l'année 1860 DITSCHEDvER. - De l'emploi de l'isomor- [jhisme en minéralogie DOMEYKO. — Notices accompagnant l'envoi d'une nouvelle sériede minéraux du Chili. Annonce d'un envoi d'ossements fossiles de Pachydermes provenant du bassin de Taguatagua ( Chili ) — Notice sur le tremblement de terre du 20 mars 1861, au Chili et de l'autre côté des Andes DRION et Loir. —Note sur la solidification de l'acide carbonique DUBOIS. — Mémoire sur la détermination des états magnétiques des aiguilles ai- mantées DUBOIS. — Rappel d'un précédent travail sur la résolution générale des équations au moyen des séries DUROY. — Sur le rôle de l'alcool et des anes- thésiques dans l'organisme. (En commun avec JDI. Lallenwnd et Pcrrin. f DUCHARTRE est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour une place vacante par suite du décès de M. Payer — M. Duchartrc est élu Membre de l'Aca- démie, Section de Botanique, en rempla- cement de M. Payer — Décret impérial confirmant sa nomination. — M. Duchartrc est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1861 ( question concernant les vaisseaux du latex) DUFFAUD.— Sur le prix des denrées à Poitiers depuis l'année 1687 jusqu'à nos jours. . DUFOUR. — Sur la congélation de l'eau et sur la formation de la grêle — Sur la solidification de quelques sub- stances — Sur l'ébullition des liquides DUFOLU (Léon). — Le prix Cuvier est dé- cerné à M. L. Ditfntir pour l'ensemble de ses travaux sur l'Anatomie comparée des animaux articulés concours de 1860). — M. Léon Diifimr adresse ses remerciments à l'Académie DUH.\iIEL est élu Vice-Président de l'Aca- démie pour l'année 1 861 C. R , 1861, 1" Semestre. (T. LU.) Payes. MM. — M. Duhamel est nommé Membre de la Commission chargé de décerner le grand prix de Mathématiques pour 18G1 (ques- tion concernant la théorie delà chaleur). 814 DUJARDIN. — Nouveaux cas de l'heureux emploi de la vai)eur d'eau contre les incendies DUMAS. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. E. Frciny, intitu- 39 lée : « Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier » 460 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Rnussi/i sur la préparation d'une alizarine artificielle M. Dumas communique deux Lettres de M. Joiwin, concernant l'action destruc- 260 tive du minium sur les carènes en fer des navires 529 et - M. Dumas est nommé Membre de la Com- 1 148 mission chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Associé étranger 748 vacante par suite du décès de M. Tiedc- mann Et de la Commission du prix dit des 208 Arts insalubres DllIÉRIL (Ait..). — Sur des vers à' soie du chêne élevés à la ménagerie des reptiles 1218 du Muséum d'histoire naturelle DU MONCEL. — Sur la détermination des constantes volta'ïques par la méthode d'Ohm avec des boussoles à multiplica- teurs — Mémoire sur les variations des constantes des piles volta'ïques — Recherches sur les transmissions électri- ques à travers le sol 1073 et — Éclaircissements relatifs à la précédente 91 Note i65 DUPIN est nommé Membre de la Commis- sion du prix de Statistique DUPRÉ. — Mémoire sur le travail mécanique et ses transformations ii32 — M. Z>///>re prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre descandi- 1 276 dats pour la place de Correspondant de la Section de Mécanique vacante par suite '5o du décès de M. f'ical DITLIS. — Mémoire sur le mouvement de 878 l'eau à travers les terrains perméables. 98(3 (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. Coiiihrs. ) DURAND-FARDEL, Lebret et Lefort. — In- dication de ce qu'ils considèrent comme 596 neuf dans leur « Dictionnaire général des Eaux minérales » 621 DURANT. — Lettre accompagnant l'envoi d'un ouvrage intitulé : « Hygiène sociale 1 3 et privée >' .78 Pages. 1019 1219 422 io3(; 98.. 780 912 1 204 242 45o 1137 I203 loi) 2 i2:>9 35ti ( i37o ) MM. Pages. DUSART. — Sur hiqiiestionrclalivoiui mode de formation (le cortyiiios matières azo- tées 974 — Sur quelques dérivés naphtaliques 1 183 MM. Pa|;cs DUVAL.— Considérations surlesamputations. 28 DUVIVIER. — Coloration suiierticielle, on rouïï;e-vcrmiilon, d'un morroau de viande cuit dans une eau de citerne 3i8 E EDWARDS (Mii.ne), Vice-Président pendant l'année 1860, passe aux fonctions de Pré- sident I — M. le Pmw'c/r«; annonce à l'Académie la perte qu'elle ^^enl de faire dans la per- sonne d'un de ses Membres, M. Cmdicr. (iai — M. le Président annonce que le Ll' \olume des Cnmpies rendus est en distribution au Secrétariat 1 otio — M. le Président dépose sur le bureau un Mémoire sur la cémentation du fer et l'emploi des cyanures dans cette opéra- tion, par M. Caron Gîg — M. le Président présente au nom de leurs auteurs les ouvrages suivants : — .\u nom de M. Jnn, la première livraison de « l'Iconographie générale des Ophi- diens » 1 02 — Au nom de M. Turck, une série de des- sins représentant des états morbides du larynx constatés par le moyen du la- ryngoscope 727 — .\u nom de M. /. Van der Hoei'cn , un Catalogue descriptif des crânes de diverses races humaines 1204 — il. M d ne Edwards, en sa qualité de Pré- sident, est appelé à faire partie de la Commission chargée de préparer une liste de candidats pour la place d'Asso- cié étranger vacante par suite du décès de M. Tiedvmann 780 - M. Mdne Edwards pi-ésenle la seconde partie du VP volume de ses « Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie compa- rée de l'homme et des animaux » 1062 — M. Mdne Edwards est nommé Membre de la Commission du prix de Physiologie expérimentale ()5G KDWARDS (Alpii. Milne).— Monographie des Portuniens fossiles (J98 — Monograi)hie des Thalassiniens fossiles. . 847 — Expériences sur la nutrition des os 1327 EUE DE HEAUMONT lit l'éloge historique de j4.-M. Legendrc (séance publique du 2.5 mars 18G1) (iiç) — Remarques à l'appui d'une assertion de MM. Degousée cl Laurent révoquée en doute par M. Crinmud, de Caux 859 Remarques sur une Lettre de M. Boucher de Perthcs 1 1 33 M. Élie de Beaumont met sous les yeux de l'Académie des minéraux et des os- sements fossiles envoyés du Chili par M. Domeyko 70.5 M. Èlie de Beaumont appelle l'attention de l'Académie sur plusieurs ouvrages adressés par M. le capitaine de vaisseau lie Kejhallet ibi JE Élie de Beaumont fait, d'après sa cor- respondance privée, les communications suivantes : Lettre de M. Jackson sur un gisement de combustibles fossiles découvert dans la province de Veragua ( Amérique du Sud ) (■>;) Extrait d'une Lettre de M. Jaekson, an- nonçant la demande, faite par la Société médicale de perfectionnement de Boston, de renseignements relatifs aux cas de mort imputés à l'inhalation de l'éther. . 706 Lettre de M. Prost relative à des tré- pidations du sol observées à Nice dans le dernier semestre de 1860 262 Lettre de M. de Gasparis, sur une planète découverte par lui le 10 février 1 86 1 3()5 Lettres de M. J'(dz, sur deux nouvelles planètes télescopiques découvertes a l'observatoire de Marseille le 4 ot le 9 mars 1 80 1 ^ïi Extrait d'une Lettre de M. Zantedesehi, sur les phénomènes d'un endosmoscope capillaire, analogues au mouvement de la sève dans les végétaux io38 Lettre de M. Pissis, sur la constitution d'une partie des Cordill-res du Chili, et sur la propagation juscprà Santiago du tremblement de terre qui a détruit, le 20 mars 18O1, la ville de Mendoza. . 11 47 Lettre de M. Laussedat, sur un halo solaire observé le 8 juin 1861 1276 M. le Secrétaire ijerpétuel anmmn^ à 1 A- cadémie la perte qu'elle vient de faire dans la personne d'un de ses Correspon- dants pour la Section de Mécanique. M. L. Vient, décédé le 10 avril 1861 .. . 774 i I37I ) MiM. Pages. — M. le Secrétiiiie pcrpéturl présente au nom du P. Sccchi les « Mémoires de l'Observatoire du Collège Romain ». et au nom de M. iCAbbddie, le deuxième fascicule de la « Géodésie de la haute Ethiopie » 333 — M. le &'c7'e7cH>e/«v/;f7(/p/ fait encore les présentations suivantes au nom des au- teurs ci-dessous désignés : — M. GaiiUier de Cltiubry : « Éloge de feu Robiquet de l'Académie des Sciences». aSi — MM. Bisson et Gidlard : « Compte rendu du service médical au chemin de fer d Orléans pendant l'exercice de 1860». 4*'' — M. Pomel : « Matériaux pour la llore atlantique » 4(5 ' — M. Delesae : « Carte géologique du sol de la ville de Paris » 790 — M. Pliiicfii/ : « Figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur » 8i4 — M. Rh'ot : « Traité de Docimasie », 1°' vo- lume 927 — M. de kl Roiiuelte : « Notice sur la vie et les travaux de M. de Humboldt » . . . . 1037 — MM. Campant et GabbrieUi : « Mémoire sur la pluie rouge tombée à Sienne dans les derniers jours de 1860 et le premier de 1861 » 1037 — M. Perrey : « Observations météorolo- giques faites à Dijon pendant l'année 18C0 », et « Documents sur le tremble- ment de terre et les phénomènes volca- niques dans l'archipel des Philippines ». io38 . — M. C. James : « Guide pratique des eaux minérales françaises et étrangères »... io38 — ^1. (/(' Plagniol : « Observations micro- scopiques sur les corpuscules vibrants, indice de la pébrine » io38 — M. Pla/ia : « Mémoire sur la Théorie de la Lune «; « Mémoire sur l'intégration MM. Pages. des fondions différentielles relatives au mouvement des comètes » 1 lar — M. Delesse : « Carte hydrologique de la ville de Paris » 1 140 — M. Haton de la Goiijidlière : « Traité, théorique et pratique des engrenages ». lïoS — M. Lfuioel : « Note sur le blatterstein du Hartz » 814 — M. le Secrétaire perpétuel si3,na\epaTm\ les pièces imprimées de la correspondance de diverses séances les ouvrages sui- vants : — Une traduction en espagnol par M. .S7ni'c- dra de l'ouvrage de M. Michon a sur la Stabilité des Constructions » -'> — Un Rapport de la Commission portugaise envoyée en Espagne pour l'observation de l'éclipsé solaire du 18 juillet 1860. . . 4'J" — Un opuscule de JIM. Marcoa et Bar- ramle, sur la Faune primordiale et sur le système Taconique 1 J -, — Un opuscule de M. Dewabpie, sur la constitution du système Eifélien dans le bassin anthraxifère du Condros 7o5 — Un ouvrage de M. iijrr/ayant pour titre : « Physiologie de la voix humaine ». . . . cjf- — Un Mémoire de M. Leymerie, sur le ter- rain diluvien de la vallée de l'Adour et sur les gîtes ossifères des environs de Bagnères-de-Bigorre 1239 — M. Èlie de Benumoiil est nommé Mem- bre de la Commission chargée de pré[ia- rer une liste de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemann 780 EUDES-DESL0NGCH.4iMPS fait hommage à r. académie de son Mémoire sur des os- sements de Mammifères fossiles de la pé- riode diluvienne, trouvés aux environs de Caen 5o5 FAGET — Expériences entreprises à I occa- sion d'une communication de MM. Bé- champ et Saint -Pierre 86G FAIVRE (E.). — Propriétés et fonctions des muscles de la vie organique chez un insecte 65 1 — Une mention honorable est accordée à M. Fairre pour son travail « sur la mo- dification qu'éprouvent, après la mort, les propriétés des nerfs et des muscles chez les grenouilles » (concours [lour le prix de Physiologie expérimentale de 1 860) . . 572 FARAGUET. - Sur les fractions décimales périodiques 4<>o FAVROT. — Variété rare de gangrène in- flammatoire à forme serpigineuse, sur- venue chez un sujet diabèticpie 1079 FAY"E. — Mémoire intitulé : « L'irradiation peut-elle réconcilier l'hypothèse des nuages solaires avec les faits observés pendant les éclipses totales? » 85 — Instruments nouveaux proposés pour la Géodésie expéditive de M. d'.Jbbadie.. 177 — Sur l'accélération de la cpiatrième co- 178.. ( >37^ ) 1 104 "r4 55- MM. Pages. niète périodique et sur la force répul- sive 370 FAYE.— De l'appliration des feux électriques iiux phares et à l'illumination à longue portée 3/5 — Sur les phares et sur l'éclairage électri- que des places publiques 4>3 — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Plana sur l'intégration des fonctions différentielles relatives au mouvement des comètes — M. Fnre est nommé Membre de la Com- mission chargée de décerner le piix d'Astronomie pour l'année iStii FA VET. — Une mention honorable lui est ac- cordée pour ses « Recherches sur la po- pulation de la France « (concours pour le prix de Statistique de 1860, fondation Montyvn ] FERGUSON. — Une médaille de la fondation Lalande lui est accordée pour la décou- verte qu'il a faite de la planète Titania, la nuit du 14 au i5 septembre i8(Jo. . . — M. Fcrgtison adresse ses remercîraenls à l'Académie 1 1 46 FERMOND— Études comparées des feuilles dans les trois grands embranchements \ égétaux (suite ] a'j -- Recherches sur le nombre type des di- verses parties constituant les divers cy- cles hélicoïdaux, et rapport qui existe entre ce nombre et le nombre type des di- verses parties florales des dicotylédones. — M. Fermond prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Botanique FIHBER. — Note intitulée ; « L'électropunc- ture comme essai thérapeutique en cas d'amaurose résultant d'une maladie de la partie orbitale du nerf optique >'. . . . FIKN'ET. — M. le Minisin- d'Étal transmet deux Mémoires de M. Fiéi-et, sur le choléra-morbus, et sur les inconvénients des mariages entre parents ou entre personnes atteintes de maladies hérédi- taires -i^i , 295 et — Sur les causes générales de la dégénéres- cence de l'espèce humaine. Sur lin- tluence pernicieuse de certaines profes- sions — Note ayant pour titre : « Propriétés de l'hydrogène pur comme agent désinfec- tant et moyen de sauvetage « F1ZI'..\U.— Recherches sur plusieurs phéno- mènes relatifs à la polarisation de la lu- mière 267 et 122 >y 385 )i3 atio MM, Pages. M. FLOUllENS. — Note sur le développement des os en longueur i8() — Nouvelles expériences sur l'indépendance respective des fonctions cérébrales. . . . (i-3 — M. Flour/'iis fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publiersousce titre ; « De la Raison, du Génie et de la Folie >> iC. — M. Flourciis fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de publiersousce litre: «Ontologie natu- relle, ou Élude philosophique des êtres n . ('.76 — JI. Floitrcn.s présente un exemplaire de la 4" édition de son livre intitulé : Il De l'instinct et de l'intelligence des animaux » 885 — M. Floiirciis met sous les yeux de l'Aca- démie l'épreuve photographique d'un portrait de G. Ciivicr iy>. — M. Fldurciis communique l'extrait d'ime Lettre que lui a adressée M. Démidaff en lui transmettant une publication ré- cente de M. Jacobi sur le platine et son emploi comme monnaie 377 — M. Flourcns communique l'extrait d'une Lettre dans laquelle, à l'occasion de ses observations sur la coloration en rouge des os d'un fœtus dont la mère avait été mise au régime de la garance, M. Ti- gri discute la question des voies qu'a dû suivre la matière colorante pour arriver à l'embryon ■! 1 j Et l'extrait d'une Lettre de M. Richannc, concernant la régénération des os par le périoste (ou — .M. Fhurens, en sa qualité de Secrétaire perpétuel , annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la per- sonne d'un de ses Associés étrangers, M. F. Tiedfinann, décédé à Munich, le ■il janvier, dans sa quatre-vingtième an- née n 3 — Et celle qu'elle a faite dans la personne de }il. Maii/ioir, Correspondant de l'Aca- démie, Section de Médecine et de Chi- rurgie, mort dans sa 92'' année ifiS — M. le Scrrvtairc /JcrpcliiL'/ àimonCi' l'arri- vée au Secrétariat d'une caisse contenant de nombreuses préparations d'anatomie végétale, œuvre d'un concurrent pour le prix Bordin de 1861 1080 — .\l. le Secrétaire />er/iélue/ communique une Lettre de M. le Secrétaire général de la Société impériale d'.\ccliniatalion, concernant la souscription ouverte par cette Société pour l'érection d'une statue à Daulx'/ilo/i 1080 ( -373) MM. Pages. — JI. le Secrétaire perpétuel présente au nom (le M. le Maréchal l'aillant, un Mémoire de M. F. f'atU-s sur les inon- dations et le reboisement 39 — M. Floiirenx présente au nom des auteurs les ouvrages suivants : — Au nom de M. M375 Pages / bliques dans les maisons d'habitation comme condition de salubrité générale. 97 — Du puits comparé à la citerne, à l'usage des habitations rurales et des maisons de paysan 387 — Des puits forés à Venise. Résultats défi- nitifs de l'expérience, concernant l'ap- plication des eaux artésiennes à l'ali- mentation de cette ville 73.4 — Réponse à une réclamation adressée par MM. Drgnuxée et Laurent à l'occasion de la précédente Note 858 — Lettre concernant ses diverses communi- cations sur les puits artésiens de Venise. 932 — Lettre concernant les poissons du lac de Garde connus sous le nom de sardines. 6G7 (jRlVEAU. — Nouvelle disposition de la Table de Py Ihagore -25 1 GRLTNER. — Sur l'emploi du gaz d'éclairage pour l'aciération G81 GUÉR1N-MÉNE\1LLE. — Observations con- cernant les vers à soie de l'allante et du chêne 970 et 1078 MM 1' GUERRY. — Le prix de Statistique lui est décerné pour ses Tables relatives à la slalistique morale de la France et de l'Angleterre (concours de 18C0) GUIRAULT. — Lettre concernant son Mé- moire sur la direction des aérostats . . . GUIGARDET. — Une récompense lui est ac- cordée pour perfectionnements apportés à sa lampe destinée aux ouvriers qui travaillent sous l'eau. (Prix relatifs aux Arts insalubres, concours de 1860.1... GUIGNTîT. — Note sur un nouvel acide ob- tenu par l'oxydation de la nitrobenzine. ( En commun avec M. Chez ] GUILLEMIN. — Étude sur la commotion pro- duite par les courants électriques GUILLON. — Remarques à l'appui d'une réclamation de priorité à l'égard de M. Heurtekiup 38 el GUYON. — Note accompagnant la présenta- lion d'un opuscule sur le haschis — Note sur un calcul biliaire qui s'est fait jour à travers les parois abdominales.. iiges. ■)8i 104 I i4o 208 714 71.''. H HAMEL. — Observations sur la régénération osseuse i3i2 HAMON. — Éducations de vers à soie en Bretagne 5 19 H.-VUSSMANT>{ , Budin et Tellieb. - Ré- clamation de priorité touchant un appa- reil pour produire de la glace par la li- quéfaciion de l'ammoniaque 1 42 HÉBERT est présenté par la Section de Mi • néralogie et de Géologie comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de AL CortUer 990 HEEGMANN. — Résolution générale des équa- tions algébriques au moyen de séries. . 972 HEISER. — Manuel de gymnastique hygié- nique et médicale raisonnée 101 HERMITE est nommé Membre de la Com- mission chargée de proposer une ques- tion pour sujet du grand prix de Ma- thématiques de 1861 125 HERSCHEL remercie l'Académie pour l'en- voi du tome XXVIll de ses Mémoires. . CGo IlEURTELOUP. - Sur la dépression du bas- iond de la vessie par le porte-à-faux à deux leviers 36 — Du champ d'action des instruments litho- triptiqucs et de ses variations 204 HEYFELDER. — Sur les procédés opératoires et la statistique des résections i3i8 HOFMANN. — Recherches sur les bases ar- séniées 5o I — Recherches sur les bases phosphorées. . . 835 — Faits pour servir à l'histoire des mon- amines. Séparation des bases éthyliques. 902 — Recherches sur les bases phosphorées : action de la triéthylphosphine sur les ]iroduits de substitution du gaz des ma- rais 947 — Action du cyanate d'éthyle sur l'urée ... loi i — Sur les combinaisons parabaniques loSg — Note sur les polyamines monacides 1289 IIOUEL. — Sur le développement des fonc- tions en séries périodiques 5i2 IIOUZEAU. — Sur la variabilité normale des propriétés de l'air atmosphérique. 809 et 1021 llUET. — Sur un nouveau procédé opéra- toire pour la cure radicale de l'ongle incarné 38 llUETTE adresse de Nantes des tableaux de ses observations météorologiques pen- dant le deuxième semestre de 1860. . . . 549 HUSSON. — Une mention honorable lui est accordée pour son Mémoire intitulé : « Lois de la population dans la ville et l'arrondissement de Toul » ( concours pour le prix de Statistique de 1860).. 571 — M. Hiissnn adresse ses remerciments à l'Académie 706 IIYRTL, — Note accompagnant l'envoi de di- vers Mémoires d'anatomie comparée el d'une série de préparations 644 ( '376 ) MM. Pages. INSTITUTION ROV-\LE DE l\ GRANDE- BRET.AGNE i l' i remercie l'Académie MM. Pages, pour l'envoi du tome XXMII de ses Mé- moires 4C 1 JACKSON. — Sur un gisement de combusti- ble fossile découvert à Chiriqui (Nou- velle-Grenade, province de Veragua ) . . . Gg — - Sur une enquête instituée par la Société médicale de perf(?ctionnement de Boston, concernant les cas de mort attribués à l'Inhalation de léther sullurique ; Lettre à M. Élie de Beaumont 7o5 JACQUEMIN. - Sur la réduction de la bi- nitronaphtaline par l'acide sulfurique et le zinc 1 145 et 1 180 JANSSEN et Follin. — Sur une modifica- tion proposée pour le mode d'éclairage employé dans l'examen ophthalmosco- pique 812 .lEANDEL, Cantégril et Bellaud. — Études expérimentales sur les inondations. (Rap- port sur ce Mémoire; Rapporteur M. le Mdréclial ï'aillant.) 334 .10BARD. — Note sur un nouveau cas d'ex- plosion de chaudières à vapeur 206 — Mémoire sur les pertes de la combus- tion 3f)i ~ Sur les causes de la couleur de la mer. . i333 JOBERT DE L^MBALLE. - Trépanation crâ- nienne; extraction d'un projectile et oblitération en grande partie de l'ouver- ture osseuse par la peau renversée 224 — Nécrose, extraction du séquestre, opéra- tions plusieurs fois pratiquées depuis 1 83G et rappelées à l'occasion d'une commu- nication récente 713 — M. Johert est nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et de Chi- rurgie 84i> JODIN. — Développement de Mucédinées dans des dissolutions salines sursaturées. 1 143 JOLY. — Nouvelles expériences sur l'hétéro- génie. (En commun a\ec M. Musset.).. . 99 JOMARD adrese des billets d'invitation pour la séance générale de la Société de Géo- graphie 524 JOUMN. — Action destructive du minium sur les carènes des navires en fer. 629 et 9^0 JULLffiN. — Note concernant ses précé- dentes communications sur la théorie de la trempe 640 — Nouvelle Note sur la question du fer et de l'acier i3i8 K KEIUIALLET (de) prie l'Académie de vou- loir bien le comprendre dans le nom- bre des candidats pour la place vacante dans la Section de Géographie et de Na- vigation — M. de Kerkallct est présenté comme l'un des candidats pour la place vacante. . . KOPP. — Note sur le rouge d'aniline — Réclamation do priorité en faveur de M. Perkin, à l'occasion d'un procédé présenté comme nouveau pour la prépa- ration d'une matière colorante dérivée de la naphtaline — l>bservations sur la relation entre la prc- (■>8 ()68 363 860 duction de la nitralinine et celle du rouge d'aniline S(ii KUllLMANN. — Sur les oxydes de fer et de manganèse et certains sulfates, consi- dérés comme moyen de transport de l'oxygène de l'air sur les matières com- bustibles Il (>9 — Production artificielle des oxydes de man- ganèse et de fer cristallisés, et cas nou- veaux d'épigénie et de pseudomor- phisme 128) KUIINE. — Note sur un nouvel organe du svstème nerveux 'i 1 G i377 MM. Paijes. LABORDE (l'abbé). — Sur quelques circon- stances qui hâtent ou qui retardent l'in- flammation spontanée du pliosjihore. . . ftSi LAGOUT. — Mémoire sur les inondations, les dessèchements, les irrigations 4i" — De l'algue marine appliquée contre les minces parois des logements pour les préserver des excès el des variations brusques de température 739 LAISNÉ. — « Le pied du cheval et la mé- canique animale considérée particulière- ment dans les membres des Solipèdes ». 3S LALLEMAND. — Sur le rôle de l'alcool et des aneslhésiq\ies dans l'organisme. (En commun avec MM. Pcrr'sn et Biiroy.). . à'ii LALLEMAND et Sirodot. — Note sur l'obser- vation microscopique des graines devers à soie avant et pendant l'incubation.. . . 198 LAMBOTTE. — Recherches sur l'influence du manganèse dans la végétation 7o3 LAMÉ est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le grand prix de Mathématiques de i8()i.. iib — Et Membre de la Commission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques pour 18IJ1 (question concernant la théorie de la chaleur) 1019 LANDOUZ'^'. — Analyse de son travail sur la pellagre sporadique Sgi LAPIERRE , près de partir pour les Antilles, se met à la disposition de l'Académie pour les observations qu'elle jugerait convenable de lui recommander 392 LAPPARENT (de). —Le prix fondé par ma- dame la marquise de Laplace lui est dé- ceiné comme élève sorti le premier de l'École Polytechnique le 'i-i août 18G0.. 5;! LARONCE (de). — Résultats obtenus avec son indicateur des courants marins 658 LARREY ( H. ). — Note sur une anomalie re- marquable des membres pelviens 3oi LAUGIER est nommé Membre de la Commis- sion chargée de décerner le prix d'As- tronomie pour l'année 1861 117.! LAUGIER (Stan.). — Guérison conlirmée d'un anus contre-nature jiar la méthode de la transformation inodulaire 4o(J LAURENT et Degousée. — Sur les puits ar- tésiens de Venise et leur rendement ac- tuel : remarques à l'occasion d'une Note de JL Griiiitiucl, de Caux 811 — Note sur les citernes et eaux artésiennes de Venise 97 j C. R.. iSCi, i" Semestre. (T. LU.) MM. Payes. LAURENT. — Description et figure d'un instrument automoteur destiné à noter graphiquement et par des courbes con- tinues les changements de hauteur d'une rivière ; divers autres appareils imaginés |)ar M. Laurent 1204 LAUSSED.^T. — Sur un halo solaire observé le 6 juin 1861 à Yzeure (Allier); Lettre à M. Élie de Beaumont i/.-'> LAVdCAT. — Nouvelles études sur le sys- tème vertébral 967 el loiy — Détermination méthodique et positive des vertèbres de la tête chez tous les ver- tébrés l'Ji'o LEBRET, Diiiand-Fardel et Lefort. — In- dication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans leur « Dictionnaire général des Eaux minérales » 7114 LECOT (l'abbé). — Note sur la lumière zo- diacale J'-"'^ LE DUC, BÉRiGNY, Dalvé, Liebaut et Mau- rice.—Mémoire sur un monstre double 658 et 739 LEFORT, Durand-Fardel el Lebret. — In- dication de ce qu'ils considèrent comme neuf dans leur « Dictionnaire général des eaux minérales » 7<^i4 LE GRAND. - Application de la cautérisa- lion linéaire à l'ablation des lipomes... 473 LEGRAND DU SAULLE. — De l'inlluence de l'almosphere des cafés sur le développe- ment des maladies cérébrales 67 LELAND.\IS. — Lettre concernant l'emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les in- cendies i^'-"' LEMAIRE. — Note sur l'emploi de l'acide phénique et sur le mode d'action de cet acide dans la désinfection 3()c> LEREBOULLET. — Du mode de fixation des œufs aux fausses pattes abdominales dans les écrevisses 1 55 LEROY n ÉTioLLES (feu).— Lettre concernant sa Note aur les canons rayés en hélice et sur les progrès récents de l'artillerie. . . 109 LESSER et Forster. — Une médaille de la fondation Lalande leur est accordée pour la découverte de la planète Erato, qu'ils ont faite dans la nuit du 14 au i5 sep- tembre 1 860 557 LESTIBOUDOIS est présenté par la Section de Botanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. l'tnrr :'"' '79 ( '378 ) 1 loG G- 354 i53 C9G AIM. Pafjes. LE VERRIER. — Sur la constitution du sys- tènie planétaire. Théorie et Tables de Mars; Lettre à M. le Maréchal Vaillant. — M. Le ï'crrier communique des observa- tions du P. Secchi sur la planète décou- verte à Milan par M. Schiaparelli LEVOL. — Cumparaison de son procédé |)Our le dosage de l'éiain et de celui qu'a pro- posé M. Miiisscnet LEVRET. — Nouvelles formules jiour cal- culer les latitudes, les longitudes et les azimuts I.EYMERIE. — Note sur la carte géologi- que de l'Yonne — Note surle terrain tertiaire post-pyrénéen du Bigorre, considéré principalement dans la vallée de l'Adour LL\IS. — Sur le vol des oiseaux, et sur la quantité de travail qu'ils ont à produire dans l'opération du vol — Note sur la théorie de la résistance de l'air considérée dans le vol des oiseaux. LICUTENSTEIN. — Lettre concernant ses observations sur le décroissement des proportions d'acide carbonique dans l'air expiré par les cholériques LIEBAUT, BÉRiGNY, Dauvé, Leduc et Mau- rice. — Observations sur un monstre double 658 et LIEBIG est présenté par la Commission char- gée de préparer une liste de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedemnnn . — M. Liebig est élu Associé étranger en remplacement de feu M. Tiedcmann. . . — Décret im[)érial confirmant sa nomination. — M. Liebig adresse ses remerciments à l'Académie LIEGEV. — Lettre accompagnant l'envoi d'un opuscule sur la constitution médi- cale d'une contrée des Vosges LIGNEROLLES (de) — Rétablissement, |iar un nouveau procédé, de la cavité de l'u- rètre oblitérée par cause traumatique . LION. — Recherches expérimentales sur les centres d'action ou foyers des surfaces isolantes électrisées LIOUVILLE est nommé Membre de la Com- mission chargée de préparer une liste 7^9 g33 O-iG io53 .157 I2ig 704 C93 MM. Pages. de candidats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M . Tiedemnnn 780 — .Membre de la Commission chargée de proposer la question pour le grand prix de Mathématiques de 1861 125 — Membre de la Commission chargée do décerner le grand prix de Mathématiques pour 18G1 (question concernant la théorie de la chaleur) 1019 — Et de la Commission chargée de décerner la médaille de Lalande, pour l'année 18G1. 1174 LOIR et Drio.n — Note sur la solidification de l'acide carbonique 748 LONGET. — Décret impérial confirmant la nomination de M. Longct comme Mem- bre de l'Académie (Section d'Anatomie et de Zoologie) .....' 49 — M. Longet est nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et de Ciii- rurgie 84" — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale gSG LOURÈNÇO. — Sur les alcools et les anhy- drides polyglycériques 3^9 — Transformation de la glycérine en propyl- glycol,ct du glycol en alcool ordinaire. . io43 — Sur quelques éthers éthyliques des alcools polyglycériques. (En commun avec M. 'iielmul.) 401 — Sur quelques éthers de glycérine. ( En commun avec M. Rehoul. ] 4GG LUTHER. — Une médaille de la fondation Lalande lui est accordée pour la décou- verte qu'il a failede la planète Concordia, le 24 mars 1 860 557 — M. Luther adresse ses remerciments à r.4cadémie 814 — M. Lutlier appelle l'attention de l'Acadé- mie sur la planète Pseur/n-Daphné, qu'il faudra chercher de non- 1 au cette année, de juin à septembre 814 — M. Lutlier annonce la découverte qu'il a faite à l'observatoire de Bilk, le 29 avril 18G1, d'une nouvelle petite planète qui a reçu le nom de Leto 927 LUYS. — Structure du système nerveux cé- rébro-spinal : anatomie, physiologie, pa- thologie du cerveau G5G M MACHUCA et Fuiedel. — Sur l'acide bro- mobutyrique et sur un nouvel acide qui en dérive 1027 MAC.KINTOSH. — Sur un nouveau propul- seur pour les machines marines 8i3 MAGGIORANI. — Sur les fonctions de la rate 3i8 MAGNE. — Sur la cure radicale de la tu- meur et do la fistule du sac lacrymal. . 622 M.\ING.\ULT. — Un prix lui est accordé ( >3 MM. Pajos. |ioiirsonoiivragesurl;i paralysie (ii|ihthé- ritique (concours |ioiir les prix de Mé- decine et de Chirurgie de iSGo) SK^ MAIRE DE NIMES (le) demande pour la bibliothèque de cette ville les volumes des Ménioii-es de F Académie parus de- puis 1 85o 759 MAISONNEUVE. — Note sur un cas d'ex- tirpation complète de la diaphyse du tibia 5o") — Note sur un cas de reproduction totale de l'os maxillaire inférieur droit 64S — Sur les opérations sous-périostiques, au point de vue de leur innocuité et de leur facilité d'exécution 84-4 — Mémoire sur l'urétrotomie interne dans le cas de rétrécissements fibreux de l'u- rètre 1 1 74 MANDET. — Un prix lui est accordé pour son invention d'un encollage à base de glycérine propre au tissage des étoffes. (Prix dit des Arts insalubres, concours de 18G0.) 579 MAKCEL DE SERRES. — Sur un moyen de reconnaître les anciens rivages des mers des époques géologiques 71 — Note sur la densité et la dureté considé- rées comme caractères descorps simples métalloïdes et métalliques. .. . 349 et 709 — Sur la grande inondation qui a eu lieu dans la vallée de l'Hérault, la nuit du ■iS au ag octobre 18G0 8o5 et i25G M.4RCHAND. — Sur la production agricole et la richesse saccharine des betteraves. 928 M.\IÎE'i'. — Une mention honorable lui est accordée pour ses « Études sur la circu- lation sanguine» (concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1860). 582 MARGUERITTE. — Emploi du cyanure de baryum pour la cémentation du fer. (En commun avec M. de Simrdevcd.) G83 MARIÉ DA^T. — Recherches théoriques et expérimentales sur l'éleclricité considé- rée comme puissance mécanique 732, 845, 917 et 9G0 — Sur la vitesse de l'électricité g58 — De l'état variable des' courants dans les circuits repliés sur eux-mêmes, avec ou sans noyaux de fer doux à l'intérieur des spires 1 243 MARTENS. — Conservation parfaite, pendant dix mois, de glaces sensibilisées et prêtes à servir pour les opérations photogra- phiques. Observations entomologiques durant une excursion dans les Alpes. . . aSG MARTIN DE BRETTES. - Chronographes à pendule conique GG7 ''g ) MM. Pages, M.^RTIUS est présenté par la Commission chargée de préparer une liste de can- didats pour la place d'Associé étran- ger vacante par suite du décès de M . Ticdemrinn g33 MASCAREL. — Paralysies rebelles guéries sous l'influence des eaux thermales du Mont-Dore 1 2o3 MASSÛN et DE Sacoes. — Suppression des tuyaux de cheminée sur les toils, par l'emploi d'une chambre récipient; utili- sation de la chaleur perdue 1078 M.\T1IIEU est nommé Membre de la Commis- sion du prix de Statistique 10G2 — Et de la Commission chargée de décer- ner le prix d'Astronomie pour l'année 18G1 ] 174 SL\TI1IEU. — Note sur les propriétés d'un liquide gras, l'hévéone, obtenu du caout- chouc fourni par VHemi io6 MATTEUCCI. — Sur le pouvoir électromo- teur secondaire des nerfs, et son appli- cation à l'électrophysiologie 231 — Analyse des Leçons d'Électrophysiologie données à l'Université de Turin g54 MAUMENÉ. — Réclamation de priorité à l'oc- casion d'une communication de M. E. Rousseau sur un procédé de fabrication du sucre 454 MENT!. — Sur un nouveau réactif de l'ani- line; — Analyse de la fournétite 3i i — Sur la nouvelle espèce de cuivre gris dite fournétite ,326 — Sur la composition des fers, aciers et fontes , jcj.^ MERLIN. — Fâcheux effets produits par le mercure sur la santé des ouvriers; pré- cautions à prendre pour ]irévenir ces effets 1049 — Sur un enduit destiné à préserver de l'at- taque des tarets les bois immergés dans l'eau de mer lai^ MICIIEA. — Action physiologique de l'atro- pine; induction en faveur d'un traite- ment rationnel de l'épilepsie G5G MILLE. — Sur un nouveau bec à gaz dit bec réguliiteur 261 — Description et figure d'un appareil de son invention concernant l'éclairage. . . 392 MILLON demande et obtient l'autorisation de reprendre divers Mémoires qu'il avait précédemment adressés ggo MINARY et Rés.vl. — Recherches expéri- mentales sur l'écoulement des vapeurs. 1027 — Recherches expérimentales sur la chaleur totale de la fonte de fer en fusion et de (pielques autres corps métalliques 1072 179- MM. MINISTRE DE LA MARINE (M. le) envoie |)Our la bibliothèque de l'InsliUil un exemplaire des observations astronomi- i|ues faites à l'observatoire de Santiago (lu r.lilli pendant les années i853, i854, i855 1)2 — M. le Mini-itre envoie un exemplaire d'une earte du Sénégal , do la Talémé et de la (jambie, et un album des pavillons do toutes les puissances maritimes io3G — M. te Ministre remercie l'Académie pour l'envoi d'un exemplaire du Rapport sur les résultais relatifs à 1 histoire naturelle obtenus par M. Cinirbori, pendant le cours d'une exploration de la mer Rouge faite en 1 859 '■!■ ' '^'^'^ 7"-^ MINISTRE DE LA GUERRE (M. le ) annonce que MM. Poncelet et Le f'erriei- sont maintenus Membres du Conseil de Per- fectionnement de l'École Polytechnique au titre de l'Académie des Sciences 3o5 — Lettre accompagnant l'envoi de balles de plomb attaquées par des insectes , et de deux Rapports relatifs à ce fait iiSa — M. le iliiiistre adresse pour la bil.iliothè- que de l'Institut un exemplaire du tome IV de la 3" série an Recueil de Me nioii-cs de Médecine, de Chirurgie et de Phiir- maeic mililiiires > 524 MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (M. le) invite l'Académie à lui présen- ter deux candidats pour la place de prn- fesseurdeGéologie, vacante au Muséuni d'histoire naturelle par suite du décès de M . ( 'rirdier 92G MINISTRE D'ÉTAT (M. le) transmet am- plialion des décrets impériaux confir- mant les nominations suivantes faites par l'Académie : ~ Nomination de M. Longet en qualité de Membre de la Section d'Anatomio et do Zoologie, en remplacement de M. Du- inéril 49 — Nomination de M. Ducluirlre en qualité de Membre de la Section de Bulanicjue en remplacement de M. Payer iG5 — Nomination de M. Dortet de Tessttn en qualité de Membre de la Section de Géo- graphie et de Navigation en remplace- ment de M. Ddusxy 825 — Nomination de M. Liebig ct.m\mt: Associé étranger en remplacement de M. Tiede- inann, et de M. Diudin'e connue Mem- bre de la Section de Minéralogie et de Géologie en remplacement de M. Cor- dier io5'î — M. le Ministre autorise l'emploi proposé par l'Académie pour diverses sommes à f i38o ) MM. Pajes. prélever sur les fands restés disponibles. 102, 523, io3G et i258 — M. le Ministre approuve le jour fixé par l'Académie pour sa séance publique... 523 — M. le Ministre transmet deu.x Mémoires de M. Fiérel sur le choléra-morbus et sur les inconvénients des mariages entre parents ou entre personnes atteintes de maladies héréditaires. .. . 24'. 295 et 385 MINISTRE DE L'AGRICULTURE , DU COM- MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS (M. lk) adresse pour la bibliothèque de l'Institut les volumes XXWI et XXXVll des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1844, et les numéros 6 à 12 du Catalogue des brevets d'invention prison 18G0.. 68, i52 et i258 — M. le Ministre transmet une pièce qui lui a été adressée par MM. Ruob et Fontc- nny, concernant une réclamation de priorité pour leur procédé de cémenta- tion du fer iSa — M. le Ministre adresse des billets pour la distribution des prix au concours d'ani- mau.x de boucherie 53.4 MOITESSIER. - Sur le chlorure de cam- phorile 871 MONTAGNE. — Note accompagnant la pré- sentation de sa huitième Centurie de plantes cellulaires nouvelles T97 MOQUIN-TANDON est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 18G1 (question concernant les vaisseaux du latex) ,,3.i MOR.\TEUR. — Lettre concernant un opus- cule qu'il avait précédemment adressé. ai> .MOREL. — Note accompagnant l'envoi d'un opuscule sur l'épilepsie larvée 739 MORIN. — Remaniues à l'occasion d'une communication de M. Fremy, intitulée: « Recherches sur la composition de la fonte et de l'acier » 42^ — Note sur l'éclairage de la rampe dans les théâtres 484 — M. yl/om/ présente le 4" numéro des Jn- nide.i du Conservatoire 835 MORIN (J.). — Appareil pour enllammer la poudre par l'électricité sans l'intermé- diaire d'un fulminate 1257 MOURA-BOUIUUIILLON. - Phénomènes de la déglutition révélés par l'observation laryngoscopique 460 — Description du pharyngoscope , origine , mode d'emploi et utilité de ce nouvel instrument 8G7 MURCllISON est présenté par la Commis- sion chargée de préparer une liste de ( ,38. ) MM. Pages, candidats pour la place d'Associé étran- ger vacante par suite du décès de M. Tic- demann 933 MM. Paues. MUSSET. — Nouvelles expériences sur l'hé- térogénie. ^En commun avec M. Joty.) 91) N NEGRO (G. Di). — Lettre concernant son opuscule « Sur les deux grands agents physiques de la création » 711 NÉLATON.— Note sur les tumeurs à myélo- plaxes 67 NICKLÈS. — Sur les combinaisons éthyliques des bromures de bismuth , d'antimoine et d'arsenic 3gG — Sur les combinaisons formées par les bromures métalliques avec l'élher 86g NIVELET. — Sur la différence d'action phy- siologique des pôles positif et négatif dans les courants d'induction 971 NONAT. — Note sur un cas d'apoplexie de l'un des pédoncules du cervelet, diag- nostiquée pendant la vie ^1 NORDIIANN, nommé à une place de Cor- respondant pour la Section d'Anatomie et de Zoologie, adresse de Crimée ses remercîments à l'.^cadéraie et lui trans- met un Mémoire de M. Jrcndt sur l'hy- drophobie 377 0 OLLIER. — De l'accroissement en longueur des os des membres, et de la part pro- portionnelle qu'y prennent leurs deux extrémités — Nouvelle Note sur les greffes périos- tiques i3o 108G OWEN remercie l'Académie pour l'envoi du tome XXVIII de ses Mémoires 3Cg OWSJANNIKOW. — Sur la structure intime du système nerveux du homard 378 OZ.\NAM. — Note sur les réactions chimi- ques des fausses membranes .. . 74 et io3 PAPPENHEIM. — Note sur l'origine des ma- ladies du cœur G3 — Note sur les lymphatiques du cœur chez les individus de sexe ditîérent. Sur une vessie urinaire bicorne. Sur un moyen auxiliaire pour l'exploration du larynx et des cavités nasales t5i — Apparence des vaisseaux lymphatiques du cœur après l'usage de l'aconit 704 — Effets produits par l'application trop pro- longée des bandelettes de Fricke dans un cas d'orchite 355 — Note sur la résection des os considérée au point de vue de la médecine légale.. i258 l'AILVF. — Mémoire sur la matière colo- rante de la gaude. (En commun avec JI . Schutzcnbcrgcr. ) 92 PARAVEY ( DE ) signale une faute d'impres- sion dans une Note de M. Arimuul sur le gin-seii des Chinois, insérée dans le Compte rendu de la séance du 3i dé- cembre 18G0 l52 — Remarques sur les idées auxquelles se rattaclie l'éloignemenl que manifestent certains peuples pour la chair de divers animaux, d'ailleurs susceptibles de figu- rer dans la diète alimentaire . . 3o3 et 47? — Lettre sur l'ancien f'm|iloi des racines de papyrus dans le régime alimentaire .... 8io — Note sur le grand canal de la Chine et sur la grande muraille 1049 PARIS. — Description et figure d'un appa- reil désigné sous le nom de masque //■>- giéiiifjue 1 145 PARIS (le Contre-Amiral).— Sur la ma- nœuvre des navires à hélice 339 — M. Paris est présenté par la Section de Géographie et de Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Daussy 068 PARLATORE. — Note sur la composition du cône des Conifères 3ia PASQUET.— Description et figure d'un ap- pareil aéronautique dirigeable à volonté. 208 PASSV est nommé Membre de la Commission du jirix de Statistique 1062 et ii5,'> PASTEUR. — De l'influence de la tempéra- ( i382 ) uni. ture sur la fécondité des sporps des Mucédinées PASTEUR. — Animalcules infusoires vivant s<"ns gaz oxyiiène libre et déterminant des fermentations — Sur les corpuscules organisés qui existent en suspension dans l'atmosphère. Exa- men de la doctrine des générations spon- tanées — Expériences et vues nouvelles sur la na- ture des fermentations PAMÎX. — Note accompagnant l;i présenta- lion d'un opuscule sur la conservation des bois — Rapport sur une corauumication de M. VnUemarf relative à un produit dé- signé sous le nom de JibriUa — M. Payen fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de son Rapport sur les blés d'Egypte PAITiRNE. — Mémoire sur les pyroscaphes sous-marins PELOUZE. — Sur la décomposition du chlo- rure de calcium par la vapeur d'eau . . . PERREY. — Sur la fréquence des tremble- ments de terre relativement à l'âge de la lune pendant l.i seconde moitié du xviii' siècle 146 et — Propositions sur les tremblements de terre PERRIN. — Sur le rôle de l'alcool et des anesthésiques dans l'organisme. (En com- mun avec MM. Latlvmaml ^X Duroy.). PERSONNE. —Préparation des éthersiodhy- drique et bromhydrique par la substi- tution du [ihosphore amorphe au phos- phore normal PERSOZ. — Faits pour servir à 1 histoire de l'aniline, et production d'un nouveau bleu, le bleu de Paris. (En commun avec MM. Dr LiiyncselSiihTtdt.].. . 448 et — Faits pour servir à l'histoire de la naph- taline 1145 et PETITJEAN (J[ada.me veuve). — Appareil destiné à éclairer le conduit auditif et l'intérieur de la bouche, de manière à faciliter au médecin l'exploration de ces cavités PEYTIER. — Mémoire sur les dunes de la Gironde et des Landes — M. Pryticr est présenté par la Section de Géogiaphie et de Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Diiusay PIIILI1>1''AU\. — Noie accompagnant la pré- sentation de plusieurs pièces relatives à la régénération de la rate — Une mention honorable est accordée à Pages. iG 1 142 12G0 834 ii3i 278 a5i 1267 242 704 522 468 1178 1079 354 ces 547 MM. Pages. M.M. PhUipcaux et Vulpian pour leurs « Recherches expérimentales sur la ré- génération des nerfs séparés des centres nerveux » (concours pour le prix de Physiologie expérimentale de 18G0).... .'>72 — Note sur la régénération dos nerfs trans- plantés. ( En commun avec M. l'idjjidn. ) 849 PHIPSON. — Sur un phénomène météorolo- gique observé à Londres 108 — Sur un brouillard sec observé à Londres. i33v. — Sur le borate sodico-calcique du Pérou ( tinkalzite ) 40G — Sur un oxyde naturel d'antimoine 732 — Sur un oligiste de l'époque dévonienne et sur une matière organique qu'il contient. y7) PICHOT. — Note sur la vérification expéri- mentale des lois de la double réfraction. 356 P1ETRA-S.\NTA ( de). — Observations chi- miques, physiques et météorologiques recueillies à la station thermo-minérale des Eaux-Bonnes ( B:isses-Py rénées) . . . 8 )7 PIMONT demande que son invention pour préserver de l'extrême chaleur les chauf- feurs et mécaniciens des machines à va- l)eur soit admise au concours pour le [irix dit des Arts insalubres G 5g PISANI. — Note sur le dosage de l'urane et de l'acide phosphorique 72 — Note sur quelques réactions des sels de fer. d'urane et d'alumine. Séparation de l'urane et du fer i oG — Analyse de la glossocolite Shefiard 3 10 — Analyse de l'uranite d'Autun et de la chai- kolite de Cornouailles 817 — Note sur la gédrite de Gedre : présence du spinelle dans ce minéral 1145 PISSIS. — Constitution de la partie des Cor- dillères comprise entre les sources des rivières de Copiapo et de Choapa. Pro- pagation au loin du tremblement de terre qui, le 20 mars i8Gi, a détruit la ville de Mendoza 1 ] 47 PIZE. — Emploi du perchlorure de fer dans le traitement du purjjurn hœiitonhti- gicn et du scorbut G j6 i LAGNIOL. — Sur quelques expériences re- latives à l'asphyxie des chrysalides des vers à soie, et leur application à l'étouf- fage des cocons 739 PLANCIION. — Études sur la famille des Guttiferes. (En commun avec M. Tiiana.) 1 32 POITEVIN. — Action de la lumière sur un mélange de perchlorure de fer et d'acide tartri(|ue : applications à l'impression photographique 94 POLIGNAC (A. de).— Note sur les ([uantilés géométriques et ultra-géométriques. ... 24 ( i383 ) MM. Pages. POLIGNAC (C. de). — Sur la marche du ca- valier au jeu des échecs 840 POLITZER. — Recherches pliysiologiques ex- périmentales sur l'organe de l'ouïe.... 1206 PONCELET est nommé Membre de la Com- mission centrale administrative pour l'année 18G1 i5 POTEL. — Sur la trisection de l'angle 68 POUCHET. — De la nature et de la genèse de la levure dans la fermentation alcoo- lique 284 POUKIAU. — Inlluence du refroidissement de l'atmosphère sur la température du solénfévrier i86oet janvier 18G1 4"' PRÉFET DE POLICE (M. le) adresse un exemplaire du Rapport général sur les travaux du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité du département de la Seine depuis 1849 jusqu'à i858 inclusi- vement 659 MM. Pages. PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le). Voir au nom de M. Edwahus (Milne). PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le). — Lettre concernant la séance trimes- trielle du 3 avril 18O1 4i3 PRÉSIDENT et SECRÉTAIRE DU CERCLE PIllLOMATllIQUE DE GAND(MM.les) adressent un Mémoire sans nom d'au- teur, ayant pour titre : « Considéra- tions sur la translation du système so- laire» 1278 PRIEUR prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des concur- rents pour le prix Trémont, et donne une indication sommaire des inventions qu'il croit pouvoir présenter à l'appui de cette demande 549 PROST. — Trépidations du sol observées à Nice dans le deuxième semestre de 1 BGo. 252 Q QUATREFAGES (de) présente des cocons de vers à soie provenant d'éducations précoces 7G1 — M. de Qtiatrejages communique l'extrait d'une Lettre que lui a adressée M. Cnr- nalia, sur les moyens de distinguer la bonne de la mauvaise graine de vers à soie 524 R RAIMBERT. — Citation honorable de ses tra- vaux sur les maladies charbonneuses ( Rapport sur le concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 18G0). Sgl RANZI.— Images photographiques de l'éclipsé solaire du 18 juillet 18G0, accompagnées d'une Note explicative 926 RAULIN. — Sur les différentes révolutions de la surface du globe qui ont façonné le relief de l'ile de Crète 690 — Tableau dos corps organisés fossiles de la Crète, et description d'une nouvelle es- pèce de Pholadomye 97G M. Raulin prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des can- didats pour la chaire de Géologie vacante au Muséum d'histoire naturelle de Paris par suite du décès de M. Cordier 8G8 RA'i'ER est nommé Membre de la Commis- sion des [irix de Médecine elde Chirurgie. 840 — Membre de la Commission du prix dit des Arts insalubres 912 — Et de la Commission du prix de Physio- logie expérimentale gSC REBOUL et LounExço. — Sur quelques éthers éthyliques des alcools polyglycériques. 401 — Sur quelques éthers de glvcérine 4t)6 RÉDACTEURS DU JOURNAL DES IN- GÉNIEURS ALLEMANDS (iMM. les) prient l'Académie de vouloir bien leur accorder, en échange de ce journal, les Comptes rendus licbdoiumUiires jSo REGNAULD (J. ) — Nouvelles recherches sur les amalgames métalliques et sur l'ori- gine de leurs propriétés chimiques .... 533 RENOU. — Périodicité des grands hivers.. 49 — Direction du vent le plus froid et du vent le plus chaud en chaque point de la terre 1 39 I\t. Renou est présenté par la Section de Géo- graphie et de Navigation comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Daiissr 6G8 RESAL et Minary. — Recherches expérimen- tales sur l'écoulement des vapeurs 1027 — Recherches expérimentales sur la chaleur toliile de la fonte en fusion et de quelques autres corps métalliques 1072 79" ( '^ MM. Pages. RICH.4RME. — Cas de régénération des os. . GSo RIVIKRE. — Mémoire sur un amns d'iau sou- terraine 3 3o) 29'' i3oi MM. Pa^cs. ROILAND, président de la Société de Géo- graphie, demande pour la bibliothèque de cette Société les Cumplcs rendus hcb- dnnuidniresfles sénncex de l'Aeddtnùe . R0USSE.4U. — Mémoire sur un moven de pu- rification des sucs végétaux ai)iiliqué à la fabrication du sucre — Emploi de la créosote pour la conserva- lion des parties molles des animaux . . . ROUSSIX. — Note sur la nitronaphtaline, sur la naphtylamine et ses dérivés colorés. . — Dérivés colorés de la binitronaphialine. . — Sur la préparation d'une alizatine artifi- cielle — Sur les dérivés colorés de la naphtaline. II 45 cl I 177 ROUX. — Observations sur la composition du bronze de canons chinois et cochin- chinois 104G ROY. — Observations sur les circonstances et sur les causes des fièvres et du cho- léra en Algérie, et sur les moyens de les combattre 2;)'^ RUOLZ et FoNTEN.w. — Réclamation de priorité pour un procédé de cémenta- tion du fer 1 5'2 et 03<) 059 55 989 79<> 967 io33 SAINT-CRICO CASAUX. - Cémentation de l'acier au moyen du gaz d'éclairage.. . . SAINT-EDME. — Note sur des effets pro- duits par le platine rendu incandescent par un courant électrique — Sur la passivité de l'acier SAIXT-PIERRE. — Recherches sur la sépa- ration , par voie humide , de l'or et du platine d'avec l'étain et l'antimoine. Ré- duction du perchlorure de fer par le platine. (En commun avec M. Bccluiinp.) SAIMTE-CLAIRE DEVILLE (Cu.). — Note accompagnant la présentation du premier volume de ses u Recherches sur les prin- cipaux phénomènes de météorologie et de physique terrestre aux Antilles ».. . . — Rapport sur la partie géologique d'un Mé- moire de M. Cuurbon, intitulé : « Résul- tats relatifs à l'histoire naturelle obtenus pendant le cours d'une exploration de la mer Rouge » — M. Sdiiite-Vknrc DeMlu est présenté par la Section de Minéralogie et de Génlo- gie comme l'un des candidats pour la chaire vacante au .Muséum par suite du décès de M. Cordicr C75 408 93.) 757 229 42G 1091 — M. Sainlc-Cltiirc Dcvdlc est présenté par l'Académie comme second candidat pour cette chaire 1 1 32 SAINTE -CLAIRE DEVILLE (H.). - In- fiuence des parois de certains vases sur le mouvement et la composition des gaz qui les traversent 524 — Du mode de formation de la topaze et du zircon 780 — Sur la reproduction des sulfures métal- liques de la nature. (En commun avec M. Troo.si. ) 920 — Sur un nouveau mode de reproduction du fer oligiste et de quelques oxydes mé- talliques de la nature 12G4 — De la production de la vvillémite et de quelques silicates mélalliques i3o4 SALVETAT. — Faits pour servir à l'histoire de l'aniline, et production d'un nou- veau bleu, le bleu de Paris. (En com- mun avec MM. Pcrsoz et De Lurm\.) 448 et 700 — Sur le borate sodico-calciquo du Pérou.. 53G — Coloration des pâles céraniiqui>s par les sels dissous 538 ( i385 ) Pnjîes. MM. SASSE. — Supplément à son Mémoire ayant pour titre : « Essai d'une théorie de la chaleur et de la lumière solaire » 976 SAUGES (de) et Masso\.— Suppression des tuyaux de cheminées sur les toits par remploi d'une chambre récipient 1078 SAUTENET. — Figures accompagnées de lé- gendes de divers dispositifs de pompes. 8G7 SAUVAGEON. — Sur l'électrisation a|)pli- qnée aux vers à soie 1140 et riJS SAWITSCH. — Transformation d'éthylène monobromé en acétylène 167 — Transformation du pro|)yléne monobromé en un nouvel hydrocarbure de la com- position C^ II' 3g9 SCHEURER-KESTNER. — Action de l'oxy- gène sur le protochlorure d'étain : do- sage de l'étain par le permanganate de potasse 53i — Sur les matières colorantes dérivées de la naphtaline 1182 SCHNEIDER. — Sur les matières colorantes engendrées par l'aniline; lemarques à l'occasion d'une communication de M. Bé- champ 766 SCHNEPP. — Climatologie de l'Egypte C4i SCHOUNBROODT. — Réclamation de prio- rité pour la découverte de la fixation de l'azote sur les cor|is organiques neutres. 1071 SCIIUTZENBERGER. — Mémoire sur la matière colorante de la gaude. (En commun avec M. Partif. ) 92 — Substitution des corps électro- négatifs (chlore, brome, iode, cyanogène, sou- fre, etc.^ aux métaux, dans les sels oxy- génés : production d'une nouvelle classe de sels i35 — Action de l'ammoniaque caustique sur les substances organiques; réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une com- munication de M. P. Thcnard 641 — Sur les produits de décomposition du ben- zoate d'iode sous l'induence de la cha- leur 963 SECCHI (le p.). —Noie accompagn:mt l'en- voi d'un opuscule sur la connexion entre les phénomènes météorologiques et les variations de l'aiguille aimantée 906 — Observations de la planète découverte à Milan par M. Schiaparelli 1 120 SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les). Voir aux noms de M. Flolrens et de M. Élie de Beaumot. SÉDILLOT (C. ). — Mémoire sur les luxations trauniatiques sous-pubiennes ou ova- laires du fémur, avec conser\ation im- médiate des usages du membre 279 C. R., iSGi, \" Scnirstre. (T. LU.) MM. P.iges. SEGUIER communique l'extrait d'une Lettre de M. Martens sur la |)arfai te conserva- tion, pendant dix mois, de glaces sensi- bilisées pour la photographie aSfi SEGUIN fait hommage à l'.^cadémie d'un exemplaire de ses Recherches sur la cohésion moléculaire, et sur l'application des théories qui en dérivent à rex[)lica- tion des phénomènes naturels 1294 SÉNÉCHAL. — Sur la disposition des fanons dans les squelettes des baleines 3i8 SERRES. — Observations anatomiques sur un joime Rorqual. Système des veines cavessu[)érieureet inférieure. Encéphale. Lobes olfactifs. (Encommun avecM. Gra- tiolct.) 622, 891 et g42 — M. Serres est nommé Membre de la Com- mission des prix do Médecine et de Chi- rurgie 840 SERRET communique l'extrait d'une Lettre do M. Sylvcstcr sur un théorème con- cernant les nombres de Bernoulli 307 SHAFFNER. — Lettre concernant un projet de télégraphe atlantique suivant une nou- velle direction nigo SHORTER.— Note sur l'épilepsie 38 et Sgi SLMONNAR. — Nouvelle sonde exploratrice destinée à faire connaître le sol sous- marin 658 SIRODOT et LALLE\iA>D. — Note sur l'ob- servation microscopique des graines de vers à soie avant et pendant l'incuba- tion iç,8 SKIPTON. — Sur un appareil destiné aux fractures de la jambe 391 — Appareil pour le traitement des fractures comminutives 058 SOCIÉTÉ aiÉDICALE ET CHIRURGICALE DE LONDRES (la) remercie l'Acadé- mie pour l'envoi du tome XXVUI de ses Mémoires 6(i<> SOCIÉTÉ ITALIENTN'E DES SCIENCES NA- TURELLES (la) atlresse de Milan les volumes déjà publiés de ses Actes i3i,'.v.v«« est nommé Membre de l'A- cadémie, Section de Géographie et de Navigation , en remplacement de feu M. Dditssy yiS — Décret impérial confirmant sa nomination . 826 THÉLU. — Observations sur le soleil et principalement sur les taches qui se montrent à la surface de cet astre 1 14G THENARD (P.). — Considérations sur la formation de certaines matières azotées et particulièrement sur l'acide fumique. 44 i — Réponse à une réclamation de priorité adressée par M. Schutzenhergcr à l'occa- sion de cette communication 703 — Mémoire sur la transformation spontanée des nitrates en acide fumique dans les sols arables 792 TIIIOLLIER-MAGNARD. - Mémoire sur la naturedu brome, du chlore et de l'iode. 391 THORE. — Plantes fossiles et autres débris organiques trouvés dans les environs de Dax 5i2 TIGRI. — Sur les communications entre la mère et le fœtus 214 et 367 TILLAUX. — Dévelo|)pementdu sinus frontal, et rôle physiologique des sinus de la face. 657 TISSIER. — Sur l'affinage des métaux et en particulier du cuivre par le sodium.. 536 — Action de l'aluminium sur les métaux sulfurés 931 — Sur la question du fer et de l'acier i3i8 TISSOT. — Sur une tache solaire visible à l'œil nu i33i TRANSON. — Propriétés d'un système de droites menées par tous les points de l'espace suivant une loi quelconque 245 — Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Chaslcs ioi3 TRÉBUCHET présente au concours, pour le prix dit des Arts insalubres, son travail MM. ( i387 ) Pages. inlitulé : « Rapport général sur les travaux du Conseil d'Hygiène publique et de Salubrité du dépariement de la Seine depuis 1849 jusqu'à i858 inclusi- vement », 639 TRÉCUL est présenté par la Section de Bo- tanique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . Payer 7G TRIANA. — Études sur la famille des Gutti- fères. (En commun avec M. Planchm.) iSa TRIPIER . — Traité d'électrothérapie, partie médicale 667 TROOST. — Sur la reproduction des sulfu- res métalliques de la nature. { En com- mun avec M. H. Sainte-Claire Dcviltc ). 920 MM. Pages TULASNE présente un Mémoire de M. Duhj- sur une famille de Champignons 102 — M. Tulasne est nommé Slemlire de la Commission du prix Bordin pour 1861 (Question concernant les vaisseaux du latex) 1 1 32 TURCK. — Une mention honorable lui est accordée par la Commission des prix de Médecine et Chirurgie de 1860 pour ses travaux sur la laryngoscopie 582 — M. Tiirrk adresse ses remercîments à l'Académie 706 TV'NDALL (Jodn). — De l'absorption et du rayonnement de la chaleur par des gaz et des vapeurs 364 UNIVERSITÉ ROYALE DE CllRISTIAiNlA ( l' ) adresse plusieurs nouveaux vo- u lûmes publiés par elle ou sous ses aus- pices 208 VAILLANT (le Maréch.\l). — Lettre an- nonçant que l'Empereur ajoute 10 000 francs au prix proposé par l'Académie sur la question de la régénération des os. 23o — Rapport sur un Mémoire de MM. Jeamlel, Cantégril et Bellaud, intitulé : « Études expérimentales sur les inondations »... 334 — M. le Maréchal yaillant met sous les yeux de l'Académie des scories provenant de grandes masses de graminées incendiées ■A Bône 385 VALENCIENNES. — Rapport sur la partie zoologique d'un Mémoire de M. Owr- bon, intitulé : « Résultats relatifs à l'histoire naturelle, obtenus pendant le cours d'une exploration do la mer Bouge». 433 — Rapport sur les collections des espèces de mammifères déterminées par leurs nombreux ossements fossiles recueillis à Pikermi par M . Gaudry 1 295 — M. Valcncicnnc!, déclare qu'une Note sur les poissons fluviatiles de la France qui avait été renvoyée à son examen, ne semble pas de nature à devenir l'objet d'un Rapport 612 — M. f'alcncirnncs remarque, à l'occasion d'une comnmnication de M. Grimatul, de Caux, que les poissons du lac de Garde, désignés vulgairement sous le nom de sardines, n'ont de commun que le nom avec les sardines de nos mers. 667 VALLÉE 11. L.). — Théorie de l'œil, 20'" et ai' Mémoires. Développements relatifs aux idées exposées dans ses précédentes communications 702 et 1020 VALZ. — Lettres annonçant la découverte faite le 4 et le 9 mars 1861, parM. Tcm- pel, de deux nouvelles planètes télesco- piques 425 — Éléments provisoires de la 63' planète.. 676 VATTEMARE. - Lettre à M. le Maréchal Vaillant sur un envoi de livres 461 — Note sur une nouvelle matière textile, le fibrilia 865 — ■ Rapport sur cette communication ; Rap- porteur M. Pareil 1 1 3 1 MELLA. — Ses travaux sur l'antagonisme du curare et de la strychnine sont cités honorablement dans le Rapport sur le concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 18G0 593 VELPEAU donne des nouvelles satisfaisantes de l'état de santé de M. Becfjiierel iG — M. Telpeaii est nommé Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 840 \'EROLîDEN. — Observation concernant un homme qu'on pouvait croire atteint d'h\drophobio, quoique le chien par qui il avait été mordu ne fût pas enragé .... 39 \TEL. — Sur im moyen destiné à donner aux freins des véhicules marchant sur MM. ( i388 ) Pages. chemins de fer une énergie croissant avec la rapidité de la marche i333 VIGOUROUX. — De l'inûuence de la sensi- bilité sur la circulation pendant l'anes- thésie chirurgicale 201 VOLHARD. — Recherches sur les urées des ammoniaques diatomiques 664 VOLPICELLI. — Sur l'électricité atmosphé- rique 875 MAI. Pagrs. ^'L'LPIAN et PniLiPEAix. — Une mention honorable leur est accordée pour leurs « Recherches expérimentales sur la ré- génération des nerfs séparés des centres nerveux ( concours pour le prix de Phy- siologie expérimentale de 1860) 57a — Note sur la régénération des nerfs trans- plantés 849 w WANNTER. — Nouvelles recherches sur la circulation fœtale 1 145 WILDBERGER. — Analyse de son ouvrage sur lesscolioses 867 WOHLER est présenté par la Commission chargée de préparer une liste de candi- dats pour la place d'Associé étranger vacante par suite du décès de M. Tiedc- mann 933 WOLF. — Nouvelles études sur les taches solaires 143 WURTZ. — Recherches sur l'acide lactique. ( En commun avec M. Frtedel.) loGr ZALrWSKI. — Remarques sur la définition du mot « Attraction » 367 — Note ayant pour titre: « La gravitation est due à l'électricité » 4o8 ZANTEDESCHI. — Lettre sur les phénomènes d'un endosmoscope capillaire analogues au mouvement de la sève dans les végé- taux io38 ZENKER. — Sur les altérations du système musculaire dans la fièvre typho'i'de. . . . ZIMMERMANN. — Suppléments à une com- munication ayant pour titre : « L'orgue et le piano enrichis » . 392, 523, 669 et — Note sur diverses questions d'arithmé- tique 8G- 8i3 .VALLET-n.SCIIELIER, l.MI'IlIMEUr.-LIim.Mnt; DES COMPTES nENDUS DES SE.VMES DE L ACALlEAllE DES SCIENCES. PAniS. — BUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, 10, PBiiS l'INSTITUT. '■ l. WTV ^ '\f,^&é r^:. ' : •v © f^^ rr^^ .n^v^^^ A ^ '^ f/>-^ ( ^1 ■m ''':''sMm , ^; /,,■'. : , ■ -1;' . aî/;^; t ^ . : ' ^'^f: t^xr'^^:JÇ~r 3 2044 093 253 318 ^ate D, '^Si^r^:-' mCuI W:^ ^\'-!f