^r.^^ »'*«^y^ •iln'K WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIVERSITY. THE GIFT OF J. D. WIIITNKY, Sluiffis Hooper Praf<$ior MÏÏSEUM OF COMPAEATIVE ZOÔLOGY ^ ./^:^Ui^?'î \m r^F s(i^pfc Mais peut-être, dira-t-on, ce sont là précisément des caractères qui té- moignent de la difiérence spécifique de ces divers Poiriers. Assurément je ne demanderais pas mieux, car rien ne plait tant à l'esprit du botaniste classifi- cateur que ces caractères tranchés, ces hiatus dans la série des formes con- génères qui tout à la fois facilitent son travail et fournissent un point d'appui à sa nomenclature. Il est satisfait quand ses coupes spécifiques bien délimi- tées lui semblent concorder avec la nature, qui est son idéal. Malheureuse- ment, il n'en est point ainsi dans le groupe des Poiriers; des miscroscopi- ques Prnis nzarolifera et longipes, on passe par une transition insensible à la poireMille-au-Godel, poire cultivée aux environs de Saint-Brieuc, qui est à ( i3 ) ijeine plus grosse que les premières; de celle-ci on arrive à lapoiredeSept-en- Gueule, ou Petit Muscat, autre variété ou plutôt assemblage de sous-variétés où les fruits oscillent entre le volume d'une noisette et celui d'une noix. Tout à côté se présentent une multitude de races, de sous-races, de variétés et de variations de poires sauvages, de toutes les formes et de toutes les grosseurs, depuis celles de la poire Mille-au-Godet, jusqu'à celle de nos moyennes poi- res cultivées, et, dans ces dernières, on arrive des plus petites aux plus énormes par une série indéfinie d'intermédiaires où se montrent en même temps tous les accidents de formes et de coloris, depuis les poires Musette et Cornemuse, si singulièrement atténuées (i), jusqu'à ces poires déprimées que l'on a très-justement comparées à des pommes. » Comment saisir, je le demande, un caractère spécifique dequehjue va- leur dansun ensembleoù toutes les formes les plus extrêmes se relient par des gradations insensibles et en nombre illimité'' Ce serait vouloir trouver ce que la nature n'a pas fait et la forcer d'entrer dans un cadre artificiel. A quelque hypothèse qu'on se rattache, relativement à la nature de l'espèce, il faut bien reconnaître qu'elle sç présente à nous sous des aspects très-divers; tantôt resserrée entre d'étroites limites, nettement caractérisée et ne variant pas sensiblement, mais tantôt aussi prodigieusement large, polymorphe et pour ainsi dire divisible à l'infini. A ce point de vue les Poiriers ne sont pas une exception ; beaucoup d'autres genres de plantes offrent le même luxe de formes secondaires et sont poiu' les classificateurs une pareille source d'em- barras. » Presque tous les pomologistes, j'entends ceux qui sont dignes de ce nom, ont essayé de classer les Poiriers; tous y ont échoué, en ce sens ([u'il n'ont jamais pu, à cause de l'entremêlement des caractères, faire une classification tant soit peu naturelle et qui embrassât toutes les variétés con- nues. J'ai cru, comme mes prédécesseurs, au début de mes études, pouvoir entreprendre ce travail avec quelque chance de succès ; aujourd'hui je suis désabusé de cette espérance, et je ne crains pas de déclarer que toute clas- sification sera purement artificielle. Le seul principe qu'on puisse adop- ter ici avec utilité sera, je crois, l'époque de maturité des fruits, parce que ( i) Ces modifications de la forme du fruit dans le Poirier rappellent de la manière la plus frappante celles qu'on observe dans les Courges comestililes, le Melon et les Gourdes, où on voit de même des fruits s'allonger, devenir même tout à fait serpentiformes, et d'autres qui au contraire se raccourcissent et vont jusqu'à s'aplatir dans le sens antéro-postérieur. — Conf. Natidin, Annales des Sciences naturelles, t. VI, i856. ( -4 ) .111 point (le vue des usages économiques celle considération domine toutes les autres, et, dans ce cas encore, il conviendra d'assigner à ces époques de maturité d'assez larges limites. „ Ni la forme des fruits, ni leur volume, ni leur coloris, m leur saveur, pas plus que le port et les faciès des arbres, la couleur du bois, la grandeur du feuillage et des fleurs, etc., ne peuvent fournir des ba;-es à une classifica- tion, parce que tous ces caractères sont purement individuels, qu'ils ne se transmettent pas fidèlement par la voie de génération et qu'il n'est même pas sans exemple qu'ils s'altèrent sur un seul et même individu, par le fait de circonslances locales qu'on ne peut pas toujours expliquer. » Les partisans de la pluralité d'espèces dans le groupe d'arbres qui nous occupe pourront m'objecter que si dans cette multitude de formes inter- médiaires nous sommes désormais incapables de reconnaître des types spé- cifiques distincts, cela tient à ce que ces espèces premières se sont croisées des milliers de fois les unes avec les autres, que leurs hybrides, doués de fertilité, ont augmenté dans une énorme proportion le nombre des croise- ments, et que de là sont sorties ces formes innombrables qui font le déses- poir des classificateurs. Je suis loin de nier ici les croisements et leur influence, je dis même que rien ne me paraît plus vraisemblable ; il n'est du moins guère possible d'en douter lorsqu'on voit ce qui se passe dans un verger de Poiriers en fleurs, où les abeilles, attirées d'une lieue à la ronde, butinent du matin au soir, brouillant les pollens de toutes les variétés et les disséminant sur les stigmates auxquels la nature ne les destinait pas. Mais on remarquera que ces fécondations, supposées contre nature, sont toujours fructueuses, que toutes les fleurs qui reçoivent du pollen d'un Poirier quelconque nouent leur ovaire, et que les fruits développés contiennent toujours des graines fertiles (i). Eh bien, je le demande, cette fécondité con- stante, après tous les croisements possibles, en fera-t-on une preuve de la iliversité d'espèce des types primitifs? C'est précisément le contraire qui se présente à l'esprit, et quand on a vu le même fait se produire siu- d'autres espèces à la fois bien caractérisées et tout aussi polymorphes que le Poirier, { i) Je ne connais d'exception apparente à cette fertilité que les Poires sans pépins et Comte de Flandre dont les fruits sont sans pépins ; mais cela ne prouve nullement l'inefficacité du pollen, qui d'ailleurs pourrait tout aussi bien être celui de l'arbre lui-même que celui d'un arbre d'une autre variété. En effet, j'ai reconnu (|ue celte absence de pépins dépend, pour la première de ces variétés, de l'avortement plus ou moins complet des ovaires, et pour la seconde du ilffaiit absolu d'ovules. ( i5 ) par exemple, dans le Potiron [Cucurbita maxima), la Citrouille commune [C. Pepo), la Courge nnisquée (C. inoscliatn), la Gourde {Lacjenaria vulgaris) et le Melon [Cucumis Melo), où se voient de même les plus étranges diversités de formes, de grosseur, de couleur, de consistance et de saveur des fruits, on est forcément conduit par l'analogie à n'admettre dans le Poirier qu'i/of seule espèce nalurelle. On remarquera d'ailleurs que dans tous ces groupes spécifiques si polymorphes, c'est le fruit qui varie le plus, et que dans tous ausbi ce fruit est infère, c'est-à-dire constitué par un réceptacle dans lequel les ovaires sont immergés. L'adhérence de l'ovaire serait donc l'état organographique qui se prêterait le mieux à la voriahilité du fruit. Ce que nous savons des Ombellifères, des Cupuliferes et des genres Néfliers et Ro- siers, chez lesquels le fruit est pareillement infère, n'affaiblit certainement pas cette manière de voir. )) La greffe, comme quelques-uns le soutiennent, modifie-t-elle les carac- tères des variétés? Pour mon compte, je ne le crois pas; je n'ai du moins rien observé qui confirmât cette opinion. Duh.'unel, par exemple, faisait remarquer il y a un siècle que la poire Impériale à feuilles de chêne (encore une variation curieuse de feuillage que j'aurais pu signaler plus haut) n'avait jamais que trois loges à l'ovaire au lieu de cinq. Aujourd'hui encore c'est ce qu'on peut constater; tous les fruits de cette variété n'ont toujours que trois loges; cependant elle n'a été propagée que par la greffe depuis le temps de Duhamel. Bien d'autres faits du même genre pourraient être signalés à l'appui de l'inefficacité de la greffe, relativement aux caractères des variétés, ceux par exemple que fournit la saveur des fruits si remarqua- blement différente d'une variété à une autre. » C'est donc une erreur contre laquelle il est bon de protester que de croire à la dégénérescence de nos races d'arbres fruitiers, par suite de l'em- ploi constant de la greffe dans leur propagation. On ne citerait pas un seul fait authentique qui le démontrât; ceux qu'on a allégués dépendaient de causes toutes différentes, parmi lesquelles il faut mettre en première ligne des climats ou des sols incompatibles avec les exigences particulières des variétés, et très-souvent aussi une culture mal entendue ou les abus de la taille si fréquents aujourd'hui, et qu'on f;iit volontiers passer pour des per- fectioiniements. Nos anciennes poires, si justement estimées il y a un siècle ou deux, sont encore telles aujourd'hui que lorsqu'elles étaient le plus en honneur; elles mûrissent aux mêmes époques et se conservent tout aussi longtemps. Il suffit, en effet, de citer nos poires d'Épargne, la Crassane, le Saint-Germain, le Doyenné, le Chaumontel, le Bon-Chrétien d'hiver et les Bergamotes de Pentecôte, désignées aujourd'hui par le nom de Doyenné d'hiver, pour se convaincre que nos variétés anciennes n'ont rien perdu de leurs bonnes qualités. Si on les néglige, ce n'est pas qu'elles aient dégénéré, c'est seulement parce que les pépinéristes sont intéressés à donner la vogue à leurs nouveautés. Cette dégénérescence des anciennes races, acceptée sans contrôle, n'est en réalité rien autre chose qu'une de ces habiletés indus- trielles si facilement excusées au temps où nous vivons. >i Serait-il plus vrai, comme l'a prétendu Van Mons el comme le croient encore beaucoup de pomiculteurs, que les pépins des bons fruits produisent des sauvageons à fruits acerbes, retournant par là à ce qu'on suppose les types spécifiques? Je n'hésite pas à affirmer le contraire, et je défie qu'on cite lui seul exemple d'un fruit de qualité ayant été fécondé par le pollen de sa propre fleur ou des autres fleurs de même race, dont les pépins aient donné naissance à un sauvageon. Qu'une variété méritante soit fécondée par une variété sauvage ou à fruits acerbes, il naîtra certainement du semis de ses pépins des variétés nouvelles qui lui seront pour la plupart, sinon toutes, inférieures en qualité; il pourra même s'en trouver dans le nombre dont les fruits seront tout aussi mauvais que ceux de la variété sauvage qui a fourni le pollen, mais cette dégénérescence, si on veut lui donner ce nom, n'est rien autre chose que la conséquence d'un métissage mal assorti. On peut tenir |)our certain que toute variété distinguée de Poirier, et je dirais même de tous nos arbres à fruits, si elle n'est fécondée que par elle-même, donnera naissance à de bons fruits; ils pourront différer et différeront même probablement, tantôt par un caractère, tantôt par un autre, de la variété même, mais aucun ne prendra les caractères du sauvageon, pas plus que nos Melons-Cantaloups ne reprennent par le semis les formes, la taille et la saveur des petits Melons sauvages de l'Inde, ou que nos Choux-Cabus ou nos Choux-Fleurs ne retournent à quelqu'une de ces espèces sauvages si différentes de port (pii croissent sur les falaises de l'Océan ou de la Médi- terranée. >. Quoi qu'en disent donc les partisans de l'immuabilité, les espèces, dans le règne végétal, sont douées d'une grande flexibilité, et ce n'est pas une vaine hypothèse que celle qui rattache à un même type spécifique des races el des variétés quelquefois très-différentes d'aspect, mais ayant la même organisation morphologique, et capables de s'allier les unes aux autres par croisement comme les membres d une même famille. Je sais bien qu'il y lura toujours des cas douteux, même après l'épreuve du croisement fertile dans toute la série des générations possibles, mais ce n'est pas une raison ( >7 ) pour séparer, comme aulant d'entités primordialcment distinctes, ce que tant de faits d'observation et tant d'analogies nous montrent comme pou- vant procéder par voie d'évolution d'un seul et premier type spécifique. Transportons l'une quelconque de nos races de Poiriers dans tontes les régions du globe; partout où elle pourra vivre, elle tendra à se mettre en harmonie avec les milieux, et on peut être assuré qu'au bout de quelques générations elle aura donné naissance à de nouvelles et nombreuses va- riétés. Ce fait, qui s'est réalisé sous les yeux de l'homme, pour toutes les plantes économiques très-répandues dans le monde, donne la clef de ces espèces polymorphes, si embai-rassantes pour les botanistes classificateurs, et qui ne sont devenues telles que parce que la nature les a elle-même dissé- minées sur d'immenses étendues de pays. » ANATOMiiî véGétaIjE. — Nole siir les vaisseaux propres, les vaisseaux du latex, etc.; par M. Thém. Lestiboudois. (Troisième Mémoire.) I « Nous avons montré, dans nos précédentes communications, que les sucs colorés des végétaux sont contenus dans des réservoirs de structure extrêmement variée: ce sont tantôt des vaisseaux anastomosés en réseau, tantôt des tubes droits et rigides, des utricules en séries ou en amas irrégu- liers, des méats, des lacunes vasiformes ou irrégulières. Ils n'ont donc pas le caractère d'un système vasculaire; même lorsqu'Hs ont incontestablement la forme des vaisseaux à leur origine et dans la plus grande étendue de leur parcours, ils ne se distribuent pas à la manière des vaisseaux dans les organes où ils se terminent. » Il faut ajouter qu'ils ne se rencontrent pas dans la généralité des plantes, ni dans toutes les parties dune même plante. Ainsi, ils cessent d'exister dans les racines de V Asclepias syriaca. » Une disposition plus remarquable encore peut être observée dans VJcer campestre. Dans cet arbre l'écorce des jeunes tiges et des jeunes rameaux a un suc laiteux abondant, contenu dans des vaisseaux larges, flexueux, difficiles à apercevoir parce qu'ils sont entourés d'utricules pleins de grains un peu verdàtres que l'iode ne rend pas bleus ; mais lorsqu'on déchire un fragment d'écorce, on voit entre les fibres corticales des filets extrême- ment ténus, fort extensibles, qui ne sont rien autre chose que le liquide lai- teux coagulé en une substance éminemment élastique, et s'étirant en filets très-minces, offrant des renflements divers et représentant parfaitement les vaisseaux dits en étal de contraction. Dans les fragments assez transparents G. R., i863, ^rae Scmeslrc. (T. LVII, N» 1.) J ( i8 ) on voit les vaisseaux eux-mêmes, fort différents des fibres, et dont les parois se distinguent peu du liquide qu'elles enferment. Ils ont une apparence si parliculière, qu'on peut douter que ce soient eux qui ont été vus par les auteurs qui ont décrit d'u.ie manicM-e si peu précise les Uuicifères de l'Acer fjlataiinidcs. » L'existence des vaisseaux propres dans les jeunes tiges ne peut donc être révoquée en doute ; mais les couches récentes des écorces qui ont plus de trois ou quatre ans en sont privées, et les racines n'en laissent pas apercevoir, de sorte que dans les tiges âgées et dans les racines les tissus nouveaux qui appartiennent à la méine formation que les rameaux les plus récents ne laissent voir aucune trace de suc laiteux, tandis que ce suc est abondant dans les productions de l'année. u Ce suc n'est donc pas l'élément essentiel de l'accroissement des végé- taux. 11 manque parfois dans les parties les plus essentielles des plantes. Il faut ajouter qu'on le trouve dans certaines espèces et qu'il disparaît dans les espèces les plus voisines : ainsi VJcer plal^vidides a un suc parfaitement laiteux, tandis que VJcer pseiidojjlatonus, qui a tant de rapport avec lui, n'a que des sucs parfaitement limpides. Même observation pourrait être faite pour les Ombclliferes. Ainsi les sucs colorés ne peuvent être considérés comme l'agent indispensable de la vie ; ils existent ou font défaut dans les espèces les plus rapprochées, ils manquent dans les organes les plus impor- tants, ils sont renfermés dans des réservoirs de structure tout à fait diffé- rente. Sans doute il est des vaisseaux qui paraissent articulés, parce que les rétrécissements qu'ils présentent peuvent aller jusqu'à constituer des cloi- sons, ou parce que, lorsqu'on les observe, ils se sont rompus en pièces diverses ; mais il est des réservoirs qui sont originairement formés d'utri- cules unis bout à bout. Il en est qui sont en masses irrégulières : on ne peut donc les considérer comme ayant formé primitivement des vaisseaux. » Ce fait étant hors de doute, on a émis l'opinion qu'il fallait distinguer les liquides colorés, renfermés dans les vaisseaux, de ceux qui étaient con- tenus dans les ulricules, les méats, les lacunes; que les premiers seuls étaient le suc nutritif et qu'on trouvait leurs analogues dans tous les végétaux. Nous arrivons donc à étudier la cinquième et la sixième question que nous avons posées : nous nous demandons d'abord si on peut, en réalité, faire deux catégories distinctes des sucs colorés. >. Ku vérité, on ne peut trouver aucun caractère qui puisse servir à éta- blir entre eux une ligne de démarcation ; souvent les sucs qui sont conte- nus dans des vaisseaux diffèrent plus les uns des autres par leur composition ( '9) qu'ils ne diffèrent de ceux qui sont dans des utricules. Les uns contiennent des matières graisseuses, les autres des substances toutes différentes, comnme le caoutchouc; les uns sont doux et alimentaires, les autres acres et véné- neux; les uns renferment des alcaloïdes doués de propriétés énergiques, d'autres sont privés de ces principes immédiats de composition complexe. On ne trouve pas de plus forte différence entre les liqiiides des divers réser- voirs. Si donc aucun signe ne peut faire reconnaître ni les uns ni les autres, par quelle raison déclarerait-on les uns des sucs spéciaux, sécrétés, excrémentitiels, et faire des autres le suc vital, le fluide alimentaire? Cette distinction est véritablement trop arbitraire. » Elle peut d'autant moins être admise que dans certaines plantes, comme leChélidonium, que nous avons cité, les sucs colorés de la tige sont dans des vaisseaux, tandis que ceux de la racine sont renfermés dans des utricules. Ces sucs conservent toutes leurs propriétés, quoique les organes qui les con- tiennent aient changé de forme. Ils affectent les nombreuses configurations qui sont propres aux tissus v.égétaux. » Nous avons à rechercher maintenant s'il est vrai que dans l'universalilé des végétaux non lactescents, on trouve des vaisseaux constituant un réseau capillaire tel que M. Schullz l'a décrit et dessiné, et ne différant des vais- seaux lactescents que parce que les liquides qu'ils renferment sont limpides au lieu d'être colorés. Ici nous abordons la plus importante des questions que nous avons posées; car si l'on trouve dans tous les végétaux un ordre de vaisseaux semblables, contenant des liquides qui ne différent que par leur limpidité ou leur coloration, on devra altrdiuer à ce système vasculaire des fonctions d'une importance générale, et considérer les uns et les autres comme les canaux parcourus par la sève descendante, ou le suc nourricier. » Les observations nombreuses que nous avons faites ne nous permet- tent pas de douter que dans la généralité des végétaux non lactescents on trouve des tubes pleins d'un liquide élaboré dans lequel on observe des granules souvent très-abondants, d'unvolume variable. Je lésai rencontrés dans presque tous les végétaux où je les ai cherchés; par exemple, ou peut en constater la présence, avec une extrême facilité, dans les Cucurbitacées, dont les tissus transparents, minces, affectent de larges dimensions. Si on enlève une tranche verticale d'un faisceau fibro-vasculaire diiPepo, après l'avoir soumis à l'ébuliiîion, on voit que la portion corticale de ces fais- ceaux est presque entièrement formée de tubes dans lesquels on aperçoit das granules nageant dans un liquide. Ces granules sont petits, inég,".ux, de forme mal déterminée, quelquefois un peu verdàtres. 3.. ( 20) » Mais ces liquides cliiTèiciU essentiellement des liquides colorés. Ceux-ci contiennent du caoutchouc, des matières graisseuses, des principes dont les propriétés sont souvent d'une énergie singulière, et qui ne sont nulle- ment en rap|)ort avec les organes qu'ils seraient chargés de former; ils ne bleuissent pas sous l'influence de l'iode. Les sucs des tubes droits sont d'une composition simple. M. Trécul a montré {InstUtit, n° 1/(87, P- ^iS) que les granules des fibres corticales deviennent bleus, lorsqu'ils sont pénétrés d'caii iodée; ils contieinient donc de l'amidon, principe qui est isomère avec la cellulose, base de tous les tissus. » Sous le rapport des propriétés physiques, les sucs que nous compa- rons ne sont pas moins distincts; les uns sont colorés, comme nous l'avons dit, les autres sont limpides; on remarque bien qu'ils sont granulifères, mais ils no prennent pas les mêmes apparences quand ils sont extravasés. La différence est extrêmement saisissante quand on examine les sucs laiteux et les sucs limpides de l'écorce dans un végétal où l'on peut facilement les séparer, dans VJcercampestre, par exemple Si l'on place une goutte de suc laiteux sur un verre, on voitque, tant qu'il soit séché, il s'étire en tilamenls très-longs, élastiques. Quand il se sèche, il se prend en masse uniforme, demi-transparente, dans laquelle on ne reconnaît pas les granules, et qui reste parfaitement indivise. Si on place sur le verre une goutte de suc lim- pide, il se sèche promptement, et se fendille à l'instar des substances gom- meuses. Les fen tesqui se produisent, fines ou plus élargies, anastomosées dune manière irrégulière, imitent, à s'y méprendre, des fibres réticulées. On croi- rait voirie réseau d'une feuille. C'est une des illusions les plus singulièresqne puisse donner le microscope. Mais on constate que les parties qui donnent l'image de fibres anastomosées ne sont que des fentes qui s'opèrent par dessiccation dans le suc gommeux desséché : les unes apparaissent d'une manière instantanée, les autres s'allongent par leur extrémité comme les fissures du verre qui se fend par une légère pression. Il est quelquefois bien difficile de saisir celle formation, tant est grande la rapidité avec laquelle la substance desséchée se fendille. Mais on peut facilement voir se former le réseau, en plaçant sous la lentille du microscope une tache de suc cortical desséché, en poussant légèrement l'haleine humide sur elle sans la dé- placer, et en l'observant promptement. D'abord tout est obscur, parce que l'humidité de l'haleine a détruit la transjiarence des verres; mais bientôt on aperçoit nettement les objets, l'humidité a permis à la substance gom- meuse de se réunir en une seule masse, puis la dessiccation reproduit un nouveau réseau de fentes, toutes différentes des premières. Si on observe ( 21 ) le suc cortical des jeunes pousses, ou de l'écorce âgée de IV/cer pseudo- plalamis, qui n'a pas de suc laiteux, on constate tous les phénomènes que présentait le suc limpide de VJcer campesire. On ne peut donc pas dire que les sucs limpides des végétaux non lactescents soient les analogues des sucs colorés; ils ont leurs analogues dans les végétaux lactescents, mais ce ne sont pas les sucs qui ont une couleur spéciale et des qualités propres. Nous ajouterons que les tubes qui les renferment ne ressemblent pas aux vaisseaux réticulés; ces tubes se rencontrent surtout dans les parties de récente formation; ils sont minces, transparents, de diamètre variable. Ils ne sont pas anastomosés en réseau, ils sont droits, parallèles, et se ter- minent en pointe plus ou moins aiguè, appliquée sur des tubes semblables, ou s'unissent bout à bout par luie ligne transversale avec les tubes qui leur font suite. Nous avons observé des tubes semblables dans la Vigne, V Anlirrhinum majiis, le Nicotiana Tabacwn, le Mercurialis anima, le Pelar- (joniiim zonale, le Clieirantlms Cheiri, le Brassica oleracen, etc. )) Si on soumet à la macération, pendant quelques joiu's, les tissus conte- nant les tubes granulifères, ils s'isolent facilement, et l'on parvient à bien constater leurs caractères. » S'ils sont soumis à une macération prolongée, ils deviennent extensi- bles, se rétrécissent en certains points par la traction, de manière que leur cavité s'efface presque entièrement et qu'ils se présentent comme des filets ténus, dont le liquide granulifère n'est plus qu'une faible traînée de petits corpuscules rangés sur une seule ligne. Quelques-uns de ces tubes présen- tent des articulations obliques ou transversales provenant de l'union des tubes avec ceux qui leur font suite. » Ces tubes, en raison de leur transparence, de la ténuité de leurs parois, de l'absence de fentes et de perforations, de l'existence des granules na- geant dans le liquide qu'ils renferment, ont donc des points de ressemblance avec les vaisseaux qui renferment des liquides colorés, mais ils présentent des dissemblances fort notables. » Ces derniers sont flexueux, rameux, anastomosés. Les tubes nous ont paru droits, parallèles, accolés les uns aux autres, clos à leurs extré- mités, dans les plantes que nous avons citées et dans beaucoup d'autres encore, comme V Àrum italiciim, Y Impatiens Balsamina , le Menjanlhes Irijhliatn , le Cynara Scotfnias, etc. Nous avons vu dans quelques plantes, par exemple dans le Brassica oleracea, des commencements de division, mais non des anastomoses, ni surtout un réseau compliqué. ( ") « D'où vient qu'un observateur aussi liabiie que M. Schultz a admis et figure- celle disposition réliculaire:' Est-ce par l'entraînement de son système? est-ce en raison des divisions partielles qu'il a pu apercevoir? est-ce parce qu'en certain cas les utricules, en partie détruits par la macé- ration, résistent dans leurs lignes de jonction et se présentent comme un réseau, ainsi que nous l'avons vu plusieurs fois? est-ce enfin parce que des filaments mycoderniiques , développés dans les eaux de macération , et se présentant comme des tijbes transparents, ramifiés, quelquefois articulés, ont été pris pour des lissus appartenant à la plante sur laquelle ils se sont développés? Nous ne saurions le dire. Mais dans les observations, que nous avons multipliées à dessein, nous n'avons pu rencontrer les tubes réticulés qui ont été donnés pour les analogues des vaisseaux propres. » Quant aux trois états d'arliculalion, d'expansion ou de contraction, admis par M. Schultz, ils me paraissent le résultat ou de la structure naturelle des tubes, ou des préparations auxquelles ils ont été soumis. Naturellement ils peuvent être arlirulé s puisque les tubes sont plus ou moins courts et qu'ils s'unissent quelquefois bout à bout par des extrémités rectangulaires; ils peuvent aussi paraître articulés quand les parois se rompent par suite de macération et que la continuité du tube est maintenue par le suc épaissi qu'ils contiennent; les tubes peuvent paraître en état d'expansion ou de contraction parce qu'ils sont de diamètre fort variable, dans leur par- cours; ils peuvent d'ailleurs, selon les circonstances, être pleins ou vides. Enfin par la macération leurs parois perdent leur consistance; ils sont donc extensibles et peuvent prendre l'apparence d'un simple filet ; il se peut même qu'on prenne pour le tube une traînée du liquide granulifere, plus glutineux et plus résistant que les parois. » Ces tubes se nuancent d'ailleurs avec les fibres , de manière qu'on voit tous les intermédiaires entre les fibres à parois épaisses et poreuses, à cavité presque oblitérée, et celles dont les parois sont d'une ténuité extrême. Les fibres sont fermes et poreuses dans les tissus complètement formés; elles présentent des parois de moins en moins épaisses, à mesure qu'on lesob.serve dans les parties de formation plus récente, de sorte que dans les tissus les plus récemment créés elles offrent la conformation qui les a fait prendre pour des lalicifcres; dans tous les cas leurs extrémités sont conformées de la uiènie manière. Les fibres se nuancent non-seulement par le degré d'épaisseru de leurs parois, mais aussi par la quantité de matière granuleuse qu'ils renferment : cette matière devient de plus en plus rare à mesure ( 23 ) que les tubes deviennent plus anciens, que leurs parois deviennent plus épaisses et leur cavité plus rétrécie ; mais, si rétrécie qu'elle soit, il est bien rare que la cavité ne conlietine pas des granules en certain nombre. » Quand la cavité devient bien apparente, les grains s'y montrent souvent abondants; quand les tissus sont incomplètement formés, cjue leurs parois sont peu distinctes, les granules y apparaissent en faible quantité. » Ces tubes se montrent dans les faisceaux fibro-vasculaires et ne sont pas disséminés dans la moelle ou le parencbyme de l'écorce comme les vaisseaux propres. « Nous ajouterons, pour montrer que ces tubes graïudifères ne sont pas identiques avec ces f'ernicrs, qu'on les rencontre dans les végétaux qui ont des sucs colorés comme dans ceux qui en sont privés. Ainsi V Asclepias syriaca et les autres espèces du même genre, ainsi V Acer platanoules, etc., ont des faisceaux fibreux, fort distincts des vaisseaux propres que de Mirbel a pris, mal à propos, pour des vaisseaux laiteux, qui sont parfaitement semblables aux fibres corticales ordinaires, et qui passent par tous les états que nous venons de décrire, offrant des parois épaisses et des cavités puncti- formes, ou des parois amincies et des cavités fort apparentes, contenant des granules rares ou abondants. Ce tissu fibreux accompagne, comme nous l'avons dit, les faisceaux trachéens dans les feuilles. Les tubes qui le composent s'amincissent, deviennent moins longs, accompagnent les ner- vures dans leurs divisions et concourent conséquemment à former !e réseau foliaire. i> Leurs parois ayant perdu leur épaisseur, on ne peut plus les distinguer aussi bien que dans la zone extérieure des faisceaux corticaux des tiges. Ce- pendant, dans quelques plantes, comme le Ficus elaslica, on voit encore un demi-cercle de petits points transparents au-dessous des faisceaux uiférieurs du pétiole et au-dessus de ses faisceaux supérieurs. » Dans le plus grand nombre des plantes, on peut facilement séparer le tissu qui renferme les tubes corticaux des vaisseaux trachéens, et on le dis- tingue facilement, fort nettement, des vaisseaux propres. Il faut donc penser qu'ils représentent un tout autre élément, d'autant plus que nous savons que les liquides qu'ils contiennent ne sont pas de même nature. « Ainsi les tubes rencontrés dans le plus grand nombre des végétaux, et renfermant des liquides transparents, granulifères, n'ont pas la forme des vaisseaux propres; ils ne sont pas rameux, anastomosés en réseau; ils sont analogues aux tubes fibreux et se nuancent avec eux; ils occupent la même place; ils ont des parois de plus en plus épaisses à mesure qu'ils deviennent ( 24 ) plus anciens; ils sont droirs, simples, serrés en faisceaux, aigus ou rectan- oulaires aux extrémités, s'appliquant contre les extrémités de tubes sem- blables, pour former des filaments ou fibres, non un système vasculaire aiiaslomosé en réseau; enfin ils contiennent lé même liquide. Us se trouvent, non-seulement dans les végétaux non lactescents, mais aussi dans ceux qui ont des vaisseaux colorés. On doit donc les considérer comme distincts de ces derniers. Ils sont les commencements des tubes fibreux, se nuancent avec eux et empruntent successivement tous leurs caractères. u Nous n'allons pas jusqu'à dire toutefois qu'on ne peut trouver dans les végétaux des vaisseaux anastomosés eu réseau et contenant des sucs "ranulifères non colorés. Les immenses variétés des produits des végétaux autorisent à penser que les sucs contenus dans les vaisseaux peuvent n'être pas toujours colorés par les granules qu'ils tiennent en suspension. U y a mieux : on a remarqué que certains végétaux lactescents, originaires des pays tropicaux, ne contiennent que des sucs liquides quand ils croissent dans nos climats; ils ne sécrètent plus, sous l'influence d'une température abaissée, des sucs d'une composition aussi achevée. Ils doivent pourtant conserver les appareils qui leur sont propres ; seulement les liquides qu'ils renferment ne jouiront plus des propriétés qu'ils auraient acquises si leur action vitale avait conservé toute leur énergie. La seule chose que nous ayons voulu dire, c'est que les tubes des végétaux normalement privés de sucs colorés ne nous paraissent pas les analogues des vaisseaux pro- pres. » Il nous paraît donc démontré qu'on ne rencontre pas dans les végé- taux un système vasculaire analogue à ceux qu'on rencontre dans les ani- maux, transportant et distribuant les sucs nutritifs préparés par des organes spéciaux : les vaisseaux propres eux-mêmes n'ont pas ce caractère. Si à leur origine ils constituent des tubes capillaires anastomosés, ils ne se terminent pas de même. >> Les vaisseaux trachéens sont fermés à leurs extrémités et anastomosés ; s'ils communiquent entre eux, c'est accidentellement. Us sont aptes, en raison de leur longueur, à transporter rapidement les liquides à une grande distance ; mais ils ne les répandent que par la perméabilité de leurs parois. .) Les tubes corticaux et les fibres, qui n'en sont que des modifications, présentent une disposition analogue ; ils sont clos comme les utricules et se nuancent avec ces derniers ; leurs parois ne se laissent traverser que par les substances litpiidcs. '. On ne peut donner utilement le nom de latex au liquide qu'ils ren- ( '^^ ) ferment, car ce nom a été donné à des sucs essentiellenienl distincts. Ou ne peut donner à ces tubes le nom de vaisseaux laUciJères, car ce ne sont pas des vaisseaux dans le sens qu'on a voidu allribuer à ce mol. Il a d'ailleurs été employé poiu' désigner des conduits essentiellement différents. Les ex|)res- sions de Inlex et de vaisseaux Inlici/èies me semblent donc propres à jeter de la confusion dans la science; elles pei'pétueraieni une idée inexacte en faisant attribuer aux végétaux des fonctions centralisées comme dans les animaux. Dans les plantes, tous les éléments organiques jouissent d'une vie indi- vidueUe et concourent à lenlrctien de la vie couimune ; tous, jusqu'aux utricules qui constituent les plus simples poils, sont des organes de trans- mission et sont le siège d'élaborations; dans tous, les liquides é|)rouvent des mouvements de cyclose ou degyration, et des matériaux propres à la nutrition se préparent par une action qui combine les principes élémen- taires ou sépare ceux qui sont nuisibles ou inutiles. Choque organe utri- culaire on vascidaire crée ainsi les substances qui sont pro|)res à son accrois- sement; chacun laisse transsuder ceux qui forment au contact de ses parois les tissus nouveaux quiconservent immuableniPUt les caractères de l'espèce, lors même que la masse des sucs élaborés provient d'une autre espèce greffée ; chacun, enfin, peut fournir des sucs aux parties éloignées, comme il en a reçu lui-même. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le hlcu 'n:eslre. l'T. I.VII, N" 1.) 4 ( 26) lemenl iiidiflereiU. La transt'ormation s'accomplit avec facilité quand or. chauffe lies sels de rosaniline en présence de l'aniline, ou réciproquement la rosaniline avec des sels aniliciues. En outre, la nature des acides com- binés avec les bases n'est pas sans influence sur le résultat de l'opération , les fabricants donnant une préférence marquée aux. acides organiques, tels que les acides acétique et benzoïqne. L'action de l'aniline sur la rosaniline elle-même est très-lente, mais à la longue il y a formation de bleu. >) La production, sur luie très-grande échelle, de la nouvelle matière co- lorante, a attiré l'atlenLion sur les pliénomèncs les plus saillants qui accom- pagnent la transforoiation du rouge en bleu d'aniline; d'iui autre côté, les procédés de purification que doit subir le produit brut ont déjà fourni des renseignements précieux sur le caractère chimique de la nouvelle suljstance. MM. Girard et de Lair, dont les noms sont si intimement associés au déve- loppement de l'industrie des dérivés colorants de la houille, ont constaté (|ue la métamorphose de la rosaniline s'opère avec dégagement de torrents d'ammoniaque, et M. Nicholson, qui unit an génie de l'industriel les habi- tudes de l'investigateur scientifique, s'est assuré (jue la matière colorante bleue est invariablement le sel d'une base elle-même incolore comme la ro- saniline. Mais la relation qui existe entre ces deux bases incolores, et par conséquent la nature de la réaction qui transforme la rosaniline en son dé- rivé bleu, avaient échappé jusqu'ici à l'examen des chimistes. Ce fut donc avec un véritable plaisir que j'acceptai l'offre de mon ami M. Nicholson de me fournir les matériaux nécessaires à l'étude de cette question. Le sel que m'envoya M. Nicholson, et qu'il avait lui-mé(ne préparé, était le chlorhydrate. Clilorhrdrnte{\). — Cette substance se présente sous la forme d'une poudre faiblement cristalline, d'inio couleur brun-bleuâtre, qui, à loo degrés, de- vient d'un brun pur. Elle est complètement insoluble dans l'eau froide ou bouillante, à tel pouit cpie les eaux de lavage s'écoulent parfaitement inco- lores. Elle est également insoluble dans l'éther, mais elle se dissout, quoi- que avec peine, dans l'alcool, en lui comm ini(piaut la magnifique nuance bleu foncé qui caractérise cette matière colorante. Une solution alcoolique saturée et bouillante dépose le chlorhydrate, par le refroidissement, en gra- nules cristallins indistincts. Quand on évapore celte solution, elle aban- dornie la matière colorante sous la forme d'une mince pellicule, qui réflè- (i) Le produit, imparliutement piuifit-, contient une autre substance dont l'étude m'oc- rupe en ce moment. ( 27 ) chit la lumière avec un éclat inétailiqiie particulier, moitié cuivreux, moitié doré. )> Ce sel a la même com|iosition, qu'on le sèche clans le vide ou à loo de- grés. Plusieurs analyses, effectuées sur des échantillons de provenance diffé- rente, conduisent indubitablement à l'expression C^^H'^N'Cl. Celte formule contient l'histoire du bleu d'aniline ; car non-seulemcul elle précise son caractère chimique et la relation qui le rattache à la rosaniline, mais elle explique encore de la manière la plus satisfaisante la réaction qui accomplit la transformation du ronge eu bleu d'aniline. » L'interprétation simple et naturelle de la formule que je viens d'énon- cer fait envisager la nouvelle substance comme le cldorlijdrate de roianUine triphénylique C»« H" N^ Cl = C=° H"'(C''H= )' N%HC1, et la transformation de la matière coloi'ante rouge en son dérivé bleu se représentera alois })ar l'équation ^20 H" N% H Cl -h 3 C H^ N = C'-" H"= (C ir )' N% H Cl + 3 H» K . Sel de rosaniline. Aniline. Sel de rosaniline Iriphcnylique. Ammo- niaque. Voilà le résultai principal de ce travail dont tout le reste découle d'une manière simple et naturelle. J'avais déjà eu l'honneur de le communiquer à l'Académie dans sa séance du i8 mai. M Base libre. — La séparation de la base du chlorhydrate ne présente aucune difficulté. Dissous dans l'alcool ammoniacal, ce sel donne un liquide jaunâtre, cpii contient la base à l'état de liberté en même temps que du chlorure d'ammonium. L'ébullition fait reparaître la nuance bleue, le sel étant reproduit avec dégagement d'ammoniaque ; l'addition de l'eau, au contraire, donne naissance à un précipité blanc ou grisâtre de rosaniline tripliènylifiue. Le meilleur procédé pour se procurer celte substance à l'étal de pureté exigé par l'analyse consiste à verser dans l'eau une solution con- centrée du chlorure dans l'alcool auanoniacal ; la base se sépare alor&en une masse caillebottée qui se rassemble bientôt à la surface du liquide. Pendant les opérations du lavage et surtout de la dessiccation, même dans le vide, le précipité blanc acquiert peu à peu une nuance bleuàtie. La sub- stance séchée dans le vide, exposée à inie températinc de loo degrés, prend une coloration brun foncé qu'elle relient après le refroidissement. A 4-. ( 28 ) loo degrés, elle fond légc-rement, mais sans changer de poids. La rosaniline Iripliényliqne manifeste des tendances cristallines, mais jusqu'ici je n'ai pas rénssi à l'obtenir en cristanx distincts. La solution, dans l'alcool comme dans l'éthei-, qui dissout également la base" avec la plus grande i'acilité, l'abandonne, même par l'évaporalion spontanée, à l'état d'un résidu pres- que amor|)lie. L'analyse de la base lui assigne la composition c[ui correspond à celle du chlorhydrate déjà examiné, savoir : On voit donc que la rosaniline Iriphényliquese sépare de ses combinaisons sdinesà l'état d'hydrate, exactement comme la rosaniline elle-même. » Les formules précédentes se confirment par l'analyse de plusieurs sels de la rosaniline triphényliquc ; ceux-ci furent préparés, sans exception, en traitant la base libre par les aciiles voulus. Les propriétés de ces sels les rapprochent tellement du chlorhydrate, qu'il serait impossible de les dis- tinguer sans avoir recours à l'analyse. Le nitrate est peut-être un peu plus, le sidfate un peu moins soluble dans l'alcool que le chlorhydrate. Les sels suivants ont été soumis à l'analyse. Bionibyclral»?. C H'=N^Br = C-''H'«(C''Il=)^N%HBr. lodhytlmte. Nilr.ilp. C H" N* O' =-- C:-" H'^^C II')' N', HNO'. Sulfate. i -70 TIOl \3 CfV \ ' II- SO' (. Il ^ M) -c20H<«(C''H^/N» I " ^'^ • ;. On se rappelle que la rosaniline, outre ses coud>inaisons mouatomi- qiies ordinaires, donne naissance à une série de sels triatomic[ues, pins so- lidités et comparativement incolores. J'ai tenté en vain de former des com- posés analogues du dérivé triphényliquc. )) Alliait (les coips réducteurs sur lu rusaiiiliitc (riijltéii) lifjut. — La lacilite avec laquelle la rosaniline est attaquée par les agents réducteurs, et le sou- \i Mu-dii secours précieux que m'avait fourni l'étude de la leucaniline dans ( -^9) la déterininalioii de la lorimilede la rosaniliiie, iiiecoiulaisireiit à somuettie le dérivé triphénylique a la même réaction. Cette substance en elTel cède Facilement à l'attaque du suUnre d'annnoniinn et de l'hydrogène naissant. » La solution alcoolique du clilorhydrate, abandonnée en contact avec le zinc et l'acide chlorhydrique, se tlécolore rapidement. Le liquide clair, additionné d'eau, laisse déposer un précipité blanc à peine cristallin, qu'on sépare du chlorure de zinc par des lavages à l'eau, et des impuretés acciden- telles en le traitant par l'éther, qui le dissout facilement. » Quand on a recoiu's au sidfiu'e d'ammonium pour opérer la léduc- tion, la substance est souvent souillée par du soufre et des produits secon- daires. On eu effectue la séparation en traitant la masse impure par le sul- fiu'e de carbone c[ui dissout le soufre et le produit de la réduction, et laisse une substance brune résineuse dont la natin-e n'a pas encore été examinée. Le mélange, qui reste après l'évaporation du sulfure de carbone, est traité à plusieurs reprises par une solution bouillante de soude caustique cjui s em- pare du soufre. On purifie le résidu insoluble en le dissolvant dans l'éther qui le laisse déposer, par l'évaporation spontanée, sons la forme d'une ré- sine cassante. Malheureusement ce composé n'est plus basique, mais sa com- bustion a fourni des chiffres qui se confondent avec les valeurs indiquées pai' la théorie : » Cette substance est donc la Icnccuùline Iriplién^lique, et l'on remar([uera que le produit de la réduction, ainsi que la leucaniline elle-même, est anhydre : constance de rapport qu'on a signalée déjà entre la rosaniline et son dérivé triphénylique. Sous l'influence des agents oxydants, le corps hy- drogéné se retransforme rapidement en la substance qui lui a servi de point de départ. L'expérience réussit le mieux avec le chlorure de platine. La so- lution incolore de leucaniline triphénylique, chauffée avec quelques gouttes de chlorure de platine, régénère la magnifique coloration bleue qui distingue les sels de la base non hydrogénée. 1) La transformation du rouge en bleu d'aniline ouvre des points de vue variés et intéressants. Une imagination vive serait peut-être entraînée à spéculer sur le lien qui existe entre couleur et composition; mais d'autres questions réclament plus impérieusement l'attention de l'expérimentateur. » Jusqu'à présent les chimistes ne possédaient aucune méthode de pliénjlation. Les chlorure, bromure et iodure de la série phényliqiie n'ont été qu'imparfaitement étudiés; mais nous savons déjà qu'ils sont loin tie ( 3o ) posséder ce caractère |)lastiq!io des composés correspondants des séries inélliylique et étliyliqne, qui donne une si grande valeur à ces substances connue agents de reclierche. ÎS'ons ne savons pas substituer le phényle à riivdrogène par des procédés empruntés à l'expérience acquise dans la série des alcools ordinaires. I,a diphéu\ lamine et la lri|)bénylamine n'existent que dans la conception des cliimistes. Il était léservé à l'expérimenlalion parti- eidiére, et que j'appellerais presque instinctive, de l'industrie, de cnn)bler eelle lacune. » I.a Iransformalitjn du longe en bleu d'aniline suggère plusieurs autres questions que je ne puis passer sous silence, quoique j'espère m'en occuper ailleurs avee plus de détails. » Dans cette réaction, y aurait-il simplement un écliang(; entre les atomes d'hvdrogcne et de phényle, ou bien la molécule de rosaniline abandouue- rail-ellede l'auHnoniacpie pour s'approprier de l'aniline? » Je n'ai i)as la prétention île l'époridre à ces questions, mais je ilemaiide la permission de rapporter brièvement quelques faits j)our servu- de maté- riaux à la solution i]u problème. » Dérivés mélhyUijucs, élliyH(jiiei> cl otnyliqiieî, de la losaniline. — ]j inter- prétation des résultats consignés dans les pages précédentes devait uaturelle- ineul conduire à l'étude de la rosaniline sous l'influence des procédés ordu)aires de substitution, en d'autres termes, au tiaitement de ce corps par lesiodurcs de méihyle, d'élliyleet d'ainyle. Je ne décrirai pas le plaisir que j'éprouvai en voyant la couleiu" bleue intense du produit de réaction, lorsque après vingt-quatre heures je relirai du digesteur les tubes renfer- mant le mélange. L'action des iodures méthylique et éthvlique s'accomplit aisément à loo degrés; l'ioduic d'aniyle exige une température de i6o à i8o degrés. La jnésence de l'akooi facilite la l'éaction. » Je n'ai encore examiné en détail que l'aclion de l'iodure d'éthyle. Le dérivé éthvlique est un iodiire (jui se dissout dans l'alcool avec luie magni- fique coloration bleue-violacée. J.a puissance tinctoriale de la solution est à peine inférieure à celle de la rosaniline elle-même, et l'industrie ne dédai- gnera peut-élre pas celte voie nouvelle indiquée par la science pure. » Le dérivé bleu éihyliqiie delà rosaniline, ainsi qu'on devait s'y attendre, présente avec |;i l'osaniline elle-même de.-, analogies plus grandes que le composé Inphénylique. Ces analogies laissaient pre.ssentir des difficultés de séparation qu'il valait mieux éviter du |)remier coup. L'iodure résultant de la réaction fut donc décomjiosé |)ar la sotide, et le dérivé élliylique, encore mélangé de rosaniline non altérée , fut de nouveau soumis à l'action de ( 3i ) l'iodiire d'étliyie. Après un deuxième emploi de ce procédé, ou précipita par l'eau la solution alcoolique du produit final, c[ui laissa déposer luie sidjstance molle résinoïde, se solidifiant par le refroidissement en une masse cristalline, d'nn éclat métallicjue, rappelant à la lois celui des sels de rosa- niline et de son dérivé phénylicpie. Jl a suffi d'une nouvelle recristalli- sation dans l'alcool étendu poin- obtenir l'iodnre à l'état de pureté. I,a condjustioii et le dosage de l'iode ont fourni des résultats qui s'accordent avec la formule c-« 1130 ^3 1 ^ ç;.o ]il, (|u il iiu' soil permis d'exprinier mes remercîmenls h M. le docteur Geyger, donl le secours intelligent a beaucoup facilité mes ex|)érieuces. » Il APPORTS. GÉOLOGIE. — Ivippoit sur jitusieitrs Mémoires de M. Pissis, relatifs à la sUucHtrc orof/mpliifiiie et à la consiittUion (jéolocjique de l'Amérique du Sud, cl, en jinrlicultcr, des Andes du Chili. (Coinmissnires, MM. Éiie de Beaiuiiont, Boiissingault, Daubrée, Cil. Sainte-Claire Deville, rapporteur.) (. I,;i simple énumération des Mémoires (i) dont nous avons à rendre un compte sommaire à l'Académie témoigne assez que leur auteiu- a recueilli des données de nature très-variée sur une contrée qui embrasse prés du tiers du vaste continent de l'Amérique du Sud. » Peu d'explorateiu's ont montré plus de dévouement et de persévérance que M. Pissis. Parti d'Europe, en iS^i, l>our le Brésil, on le trouve encore, viu^l-deux ans après, entreprenant avec résolution et exécutant avec succès une tâche immense, la carte de la république du Cbili, au double point de vue de la Géodésie et de la Géologie. )) Dès son premier voyage, trois communication; avaient été faites par lui a l'Académie des Sciences. » L'une d'elles, pré.senlée le 28 mars 184^, avait pour objet le gisement et l'exploitation de l'or au Brésil. L'auteur y fixe l'étendue du terrain auri- fère, qui se développe sur une longueur de plus de quatre cents lieues. Il indique l'âge et la nature de cette formation (gneiss et talcite pbylladi- lorme^; il détermine nettement les limites entre lesquelles sont comprises les roches aurifères; il fait voir que l'étage des ilabirites est à la fois le plus riche et le plus récent de ceux qui contiennent les métaux précieux; il éla- U) Ceî M'-moires portent les titres suivants : Sur la structure orogrnphiquc des Andcx du Chili (séance du 5 avril i855); Etudes sur l'orographie et sur la constitution géologique du Chili (deux Mémoires; séances des 25 fi-viier et G octobre i856) ; Recherches sur les systèmes de soutènement de l'Amérique du Sud (di'ux Mémoires : séances des 25 février i856 et !"■ février l85S); Sur Its produits de la vuUanicité correspondant aux dicerscs époques géo- logiques'\" Q\ a'^ partie ; séances des iGavril 1862 et 12 janvier iSG3). Deux Membres di'r.Aradfnve, AIM. Dufrérioy et Constant Prévost, qui faisaient pirlie des Commissions clrirj,'ées d'examiner cpiel(iues-uns de ces Mémoires, étant di;céd's depuis lors, ont et^' remplafés par. M. Cli. Sainte-Claire Deville. ( 33 ) blit enfin que cette circonstance est liée à un phénomène chimique intéres- sant, à savoir, la substitution de l'oxyde de manganèse à l'oxyde de fer. » Le second Mémoire, consacré à la Géologie de la partie australe du Brésil et aux soulèvements qui ont produit son relief, a été publié dans le Recueil des Savants étrangers, sur les conclusions d'un Rapport très-favorable de M. Dufrénoy. » M. Pissis avait aussi utilisé sa présence au Brésil en recueillant une série d'observations météorologiques qu'il a soumises à l'Académie (séance liu 17 juillet 1843). » Après un séjour en France de moins de deux années, employées par lui au rangement et à l'étude des collections qu'il avait déposées au Muséum d'Histoire naturelle, M. Pissis retournait de nouveau en Amérique, et, cette fois, s'occupait avec succès de relever les hautes cimes qui entourent le lac de Titicaca. Les altitudes attribuées par lui à l'IlUmani et au Nevado de Sorata se trouvaient conformes à celles que, de son côté, M. Pentland dé- duisait des mesures exécutées lors de son second voyage en Bolivie, et dont M. Pissis n'avait pu avoir connaissance (i). Cet heureux accord de deux habiles observateurs établissait sans aucun doute possible que le Chimbo- raço dépasse réellement d'une centaine de mètres environ les deux colosses du haut Pérou. » C'est encore à M. Pissis qu'était réservé le mérite de déterminer, du moins par une opération géodésique complète, la hauteur de l'Aconcagua, le plus élevé jusqu'ici des pics connus de l'Amérique. Mesuré au moyen de deux bases différentes, l'Aconcagua a 6834 mètres, et dépasse le Chim- boraço de 3oo mètres environ (2). )i Au point de vue géologique, M. Pissis a fait voir que cette montagne, ordinairement désignée sous le nom de Volcan d'Aconcagua, n'a en réalité rien de volcanique. « Elle se compose, dit M. Pissis, depuis la base jusqu'au » sommet, de roches stratifiées : les plus inférieures sont ces mêmes por- « phyres que l'on rencontre à chaque pas dans les Andes, et celles du » sommet, à en juger par quelques blocs détachés, paraissent se rapporter » au terrain crétacé. Elle occupe le milieu d'un grand cirque situé un peu (i) Voir Comptes rendu.i, t. XXIX, p. i3. • (2) M. Pentland, au moyen d'un angle de hauteur, a évalué l'altitude de ce pic à ■jSoo mètres, ce qui diffère très-peu de l'altitude qui avait été obtenue en mer par les capi- taines Beechey et Fitz-Roy. (Voir Comptes rendus, t. V, p. ^03, et t. XLVI, p. io36.) C. R., iS63, 2°"^ Semestre. (T. LVII, N» 1.) 5 { 34 ) . à l'est de la ligne de faîte des Andes, dont il est séparé par la vallée où „ nail le Rio de Mendoza. Quelques roches syénitiques se montrent dans ,, la partie inférieure du cirque, qui, à l'époque où je le visitai, se trouvait >. presque ei-.lièremcnt rempli par la neige, circonstance qui ne m'a pas ,. permis de m'assurer s'il s'y trouve des roches érnptives d'une origme » plus récente, w .) Malgré la juste réserve de l'auteur, il semble difficile de ne pas con- clure de cette courte, mais substantielle description, que le pic d'Aconcagua occupe le fond • sur la conservation des matériaux de construction ». L'auteur fait remarquer (pic dans l'indication donnée au Compte rendu du sujet de sa première Note, l'omission du mot plâtre, oublié par le typographe, altère complètement le sens d'ime phrase. « J'avais, dit-il, parlé de la silicalisntion seulement pour constater que j'avais le premier, et avant i854, reconnu et déclaré qu'on ne pouvait réussir à silicatiser le plâtre d'ime manière satis- faisante, et que M. Kuhlmann, malgré ses assertions si longtemps contraires, avait été amené à le proclamer lui-même en i863. » Dans d'autres parties de sa Note et delà précédente, l'auteur soulève en- core sur d'autres points des questions de priorité, mais comme ce n'est pas pour lui qu'il réclame, le Compte rendu, en indiquant le sujet de ces Notes, n'a pas à s'occuper de cette partie. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés: MM. Dumas, Balard.) M. IIi-BEnT adresse de Trawsfynydd (pays de Galles) un Mémoire sur un système de simplification de l'écriture qu'il a imaginé et qu'il croit de nature à rendre de grands services, en raison de sa rapidité qui égale presque celle de la sténographie. Appliqué à l'invention de l'abbé Caselli, la panté- légraphie autographique [voir \e Moniteur dn 5 mai i863), ce système per- mettrait de quadrupler le nombre des dépêches qu'on peut transmettre dans un temps doiniè. La nouvelle invention appliquée à la chirographie est un moyen de ménager le ten)ps; elle s'applique aussi à la typographie et devient un moyen de ménager l'espace. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Mathieu et Laugier.) M. Dei.ac.nay présente ime Note concernant des expériences qu'il a faites sur des rliiens enrcicjés et des chevaux morveux, expériences qui lui font concevoir l'espérance d'arriver par luie sorte d'inoculation à préserver les animaux de l'une ou de laulre maladie. (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Longct.) (47) M. Moread-LemoiiXE adresse une rédaction nouvelle d'un INÎémoire dont il avait commencé la lecture dans la séance du 18 mai dernier. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés: MM. Babinet et Pasteur.) CORRESPONDANCE. M. LE SECRÉTAinE PERPETUEL présente au nom de M . J.-E. Cornay un « Mémoire sur le métisme animal dans les espèces humaines ». Et au nom de M. H. Boule/ un « Rapport sur la rage considérée au point de vue de l'hygiène publique, de la police sanitaire et de la prophylaxie », Rapport lu à l'Académie impériale de Médecine dans les séances du 2 et du 9 juin i863. M. LE Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Un opuscule de M. Seiix sur le céphalaematome des enfants nou- veau-nés ; 2° La Correspondance médite de Linné avec Claude et Antoine Richard, traduite et annotée par M. Landrin. PHYSIQUE. — Sur la chaleur spécifique des corps solides; déductions relatives à ta nature composée des corps réputés simples; par M. H. Kopp. (Suite.) « Lorsqu'on retranche de la chaleur atomique des différents oxydes métalliques celle des métaux qu'ils renferment, ou de la chaleur ato- mique de sels oxygénés celle de tous les éléments combinés avec l'oxygène, on obtient pour la chaleur atomique de l'oxygène une valeur sensiblement plus petite que 6. Les chiffres qu'on obtient pour de telles déterminations indirectes de l'oxygène ne sont pas aussi concordants qu'on pourrait le désirer; néanmoins je ne pense pas que la chaleur atomique de l'oxygène diffère beaucoup de 4- Lorsqu'on compare les chaleurs atomiques des carbonates R-GÔ' et R€ô' avec les chaleurs atomiques des oxydes R''0'(=3Rt>) et R-t>% on trouve que celle des carbonates est sensible- ment moindre. De telles comparaisons montrent que la chaleur atomique du carbone à l'état de combinaison est sensiblement égale à celle du dia- (48) niant, = i,8 pour G. D'autres comparaisons du même genre conduisent à admettre que les chalcins atomiques d'autres éléments sont beaucoup plus petites que celles qu'on déduiiait de la loi de Dulong et Petit. C'est ainsi que la chaleur atomique de l'Iiydrogène égale 2,3 environ; celle du bore <>st comprise entre 2 et 3 ; celle du silicium égale 4 environ; même celle du fluor paraît être sensiblement plus petite que 6,4. >' Lorsqu'on calcule, à l'aide des nombres ainsi obtenus pour les cha- leurs atomiques des éléments, la chaleur atouiique et la chaleur spécifique des combinaisons, on obtient, dans un très-grand nombre de cas, des ré- sultats qui s'accordent d'une manière très-satisfaisante avec ceux qui sont déduits des expériences directes. Dans beaucoup d'autres cas on observe, à la vérité, des différences; mais on constate des différences du même ordre dans les chaleurs atomiques expérimentales de combinaisons analogues, même de celles qui reuferment comme éléments correspondants des corps qui, à l'état libre, possèdent sensiblement les mêmes chaleurs atomiques. Dans les déterminations de chaleurs spécifiques de M. Regnault, celte dif- férence a atteint quelquefois -j^ des chaleurs atomiques dont il s'agit, et dans certains cas elle était plus considérable. >• Les résultats de mes recherches confirment et étendent la proposition déjà énoncée par divers expérimentateurs, savoir : que parmi les corps con- sidérés comme simples, et pris à l'état solide, tous ne suivent pas la loi de Dulong et Petit. Pour un ceitain groupe d'éléments cette loi est valable; mais du moment qu'elle n'est pas générale et qu'elle ne s'applique pas à des éléments déterminés, sou application à certains autres éléments peut paraître douteuse. Le soufre présente un de ces cas douteux. La chaleur spécifique du soufre, déterminée par i\L Regnault, donne à la vérité pour ce corps nue chaleur atomique =6,5, qui se rapproche beaucoup de celle que possèdent les métaux. Mais la chaleur spécifique du soufre a été déter- minée entre 98 degrés et la température ordinaire, et la température de 98 degrés est déjà très-voisine du point de fusion du soufre. Des détermina- tions que j'ai faites entre 47 degrés et la température ordinaue m'ont donné des résultats d'après lesquels la chaleur atomique du soufre serait = 5,2 seulement, et ce nombre s'accorde avec celui qu'on, déduit indirectement des chaleurs atomiques des sulfures. Dans certains cas il est donc difficile ou presque im|)ossible de décider si tel élément, comparé à un autre, suit ou non la loi de Dulong et Petit. Si la loi de Dalouir et Petit était "éné- raie, on pourrait en déduire des conséquences importantes concernant les (49) corps qu'on envisage comme élémeiils et la question de savoir quels sont ceux qu'on doit envisager comme tels; on arrive à des conséquences non moins importantes, si l'on reconnaît que tous les corps simples ne suivent pas cette loi. w Lorsqu'on compare les chaleiu's atomiques des corps solides, on remar- que, en générai, qu'elles croissent avec la complication de la composition, avec le nombre des atomes élémentaires qui sont contenus dans un atome de lacombinaison.il en est surtout ainsi pour des combinaisons qui ne ren- ferment que des éléments auxquels s'applique la loi de Dulong et Petit. Si cette loi était générale et s'appliquait à Ions les éléments, on on pourrait tirer la conséquence que voici : en laissant indécise la question de savoir si les corps indécomposables et considérés comme éléments sont réellement des corps simples ou seulement des corps possédant une composition inac- cessible à nos moyens d'analyse, l'égalité des chaleurs atomiques de ces substances montre, dans ce dernier cas, que l'art des décompositions a trouvé sa limite dans des corps offrant le même degré de complication. » En d'autres termes, si les corps que nous considérons comme des élé- ments ne sont pas des corps simples, ce sont au moins des combinaisons du même ordre, et ces combinaisons, il faut le remarquer, montreraient une grande divergence de propriétés, comme on le remarque par exemple pour les métaux, le soufre, l'iode. Une telle conclusion serait légitime et la chaleur atomique d'un corps fournirait un critérium certain pour décider la question de savoir si ce corps doit être rangé au nombre des éléments ou être envisagé comme une combinaison. Ce fait, qu'on a trouvé pour l'iode la chaleur atomique que la loi de Dulong et Petit assigne aux élé- ments, tt pour le chlore, indirectement, la même chaleur atomique, mettrait hors de doute la conséquence que ces corps, s'ils sont des corps composés, le sont au même degré que d'autres éléments auxquels s'applique la loi de Dulong et Petit. » De telles déductions, qui seraient d'une haute importance pour décider les questions relatives à la nature de certains élétnents, pour savoir par exemple si le chlore est un corps simple ou un corps composé (un peroxyde), ne sont plus légitimes du moment que la loi de Dulong et Petit n'est plus reconnue comme une loi générale, mais qu'elle s'applique seulement à tel ou tel groupe de corps considérés comme élémentaires. Si d'un côté on con- sidère la chaleur atomique comme donnant, eu général, la mesure de la complication moléculaire, si d'un autre côté on constate que tous les corps C. R., i863, ara» Semestre. (T. LVII, N» J.) 7 ( 5o) considérés comme élémentaires ne possèdent pas la même chaleur atomique, on arrive à cette conséquence, que l'art des décompositions s'arrête d'une part à des combinaisons du même ordre (par exemple les métaux), d'autre part à des substances |)ossédant une composition plus simple. Dès lors il n'est pas impossible qu'un corps reconnu composé puisse posséder la même chaleur atomique qu'un corps réputé simple. Ainsi un peroxyde qui renfermerait un élément dont la chaleur atomique fût égale à celle de l'hydro- gène, soit 2,3 environ, posséderait une chaleur atomique = 2, 3 + 4 = 6, 3, c'est-à-dire sensiblement égale à celle des métaux, ou du chlore, ou de l'iode. Le chlore pourrait être un tel peroxyde; au moins les déductions tirées des chaleurs spécifiques ne sont pas contraires à cette hypothèse. » On peut trouver étonnant ou même invraisemblable que les corps réputés simples, qui peuvent se remplacer dans des combinaisons, comme l'hydrogène et les métaux, ou même qui peuvent entrer dans des combuiai- sons isomorphes, comme le silicium et l'étain, possèdent cependant des cha- leurs atomiques différentes. Mais ce fait n'est pas plus extraordinaire qu'un autre fait bien constaté, savoir : que des corps simples et des corps reconnus composés, tels que l'hydrogène et l'acide hypoazotique, ou le potassium et l'ammonium, peuvent se remplacer dans des combinaisons où le même ca- ractère chimique persiste, ou même dans des combinaisons isomorphes. » Mais, d'un autre côté, on conçoit aisément que de telles différences dans les chaleurs atomiques des éléments, différences qui se manifestent encore dans leurs combinaisons les plus simples, deviennent de moins en moins ap- parentes, à mesure que ces combinaisons se compliquent, et renferment, indépendamment des atomes à chaleur atomique inégale, un plus grand nombre d'atomes de la même espèce et possédant la même chaleur ato- mique. » CHIMIK ORGANIQUE. — Recherches sur la coloration en vert du bois mort; nouvelle matière colorante, acide xylochloérique ; Note de M. Fordos, présentée par M. Dumas. « On rencontre dans les forêts du bois mort depuis longtemps et déjà en voie d'érémacausie, qui présente, à l'intérieur, une coloration verte parti- culière, quelquefois très-intense. J'ai pensé qu'il serait intéressant de sou- mettre à l'examen chimique ce phénomène de coloration très-curieux, et je viens faire connaître les résultats que j'ai obtenus. ( 5i ) » Les premiers échantillons de bois coloré eu vert que j'ai eus à ma dispo- sition avaient été pris sur des chênes de la forêt de Fontainebleau par M. Cazin, secrétaire général de la Société d'émulation pour les sciences pharmaceutiques. J'ai reçu depuis quelques fragments de bois ofirant la même coloration, et ramassés à terre dans la torêt de Saint Germain. T^'exa- men de ce bois m'a conduit à isoler une belle matière colorante verte, pa- raissant jouir d'une grande stabilité, et susceptible, je crois, de recevoir des applications importantes, si l'ou jiarvonait à se la procurer facilement. Cette matière colorante est solide, amorphe; vue en masse, elle est vert foncé tirant sur le bleu, avec lui reflet cuivré; examinée en couches minces sur une capsule de verre, telle qu'on l'obtient par l'évaporation spontanée de sa dissolution dans le chloroforme, elle est d'un beau vert bleu, demi- transparent, avec un reflet rougeâtre. Elle est insoluble dans l'eau, l'éther, le sulfure de carbone, la benzine; elle est insoluble ou à peine soluble dans l'alcool ; elle est* soluble dans le chloroforme et l'acide acétique cris- tallisable. » Elle ne paraît pas altérée parles acides minéraux, même concentrés; elle se dissout dans les acides sulfurique et nitrique et donne des dissolu- tions vertes ; l'eau la précipite de ces dissolutions. )) Les alcalis lui donnent une teinte vert-jaunâtre en se combinant avec elle ; et quand on agite avec de l'eau ammoniacale la dissolution de la ma- tière colorante dans le chloroforme, la matière colorante se sépare du dis- solvant, et produit avec l'ammoniaque un composé vert-jaunâtre insoluble dans l'eau et le chloroforme ; si l'on ajoute de l'acide pour saturer l'ammo- niaque, et que l'on agite de nouveau, la matière colorante devenue libre se redissout dans le chloroforme, et reproduit la liqueur verte primitive. Les dissolutions de potasse, de chaux, de carbonate de soude, de bicarbonate de potasse et de sous-acétate de plomb se comportent comme l'eau ammo- niacale. )) L'eau chlorée ajoutée en quantité suffisante à la dissolution delà matière colorante verte dans le chloroforme transforme cette matière colorante en une substance jaiaie, que le chloroforme retient en dissolution, et si l'on agite avec de l'ammoniaque, après la réaction du chlore, on voit se produire un composé rouge insoluble dans l'eau et le chloroforme. » Indépendamment de la matière colorante verte dont je viens de donner les propriétés, il existe dans le bois, mais en très-pelite qiumtilé, une ma- tière colorante rouge assez altérable, et dont voici les principaux carac- 7-- ( 52 ) lercs : elle est insolublo dans l'eau, l'élher, le sulfure de carbone, la ben- zine ; elle est soluble dnns le chloroforme et l'alcool, et c'est à Taide de ce dernier dissolvant que l'on peut la séparer de la matière verte. Elle forme avec l'animoniaiiiie un composé vert foncé insoluble dans l'eau et le chlo- roforme ; on oblientce composé quand on agite avec de l'eau ammoniacale la dissolution de la matière ronge dans le chloroforme, et l'on peut, en ajou- tant \in acide |)our saturer l'ammoniaque, rendre au chloroforme la matière colorante rouge. » Pour extraire ces matières colorantes on épuise, par des traitements successifs avec le chloroforme, le bois coupé en petits copeaux. On obtient des dissolutions vertes, que l'on agite avec de l'eau acidulée pour débar- rasser la matière colorante d'un peu de chaux qui l'accompagne. Après ce traitement, la dissolution chloroformique est d'un vert plus bleuâtre ou même bleu vfrdàtre. On la sépare de l'eau acide, et on la distille après lui avoir ajouté de l'eau distillée; on a comme produit distillé le chloro- forme et pour résidu la matière colorante verte tenue en suspension dans l'eau ; on recueille celle-ci sur un petit filtre, et on la traite par de l'alcool pour lui enlever la matière colorante rouge qui ne s'y trouve qu'en très-mi- nime quantité, et plus spécialement dans les premiers traitements du bois par le chloroforme. L'alcool dissout la matière colorante rouge et un peu de matière verte; on abandonne cette dissolution à l'évaporalion spontanée et on traite le produit d'abord par de l'élher, qui dissout un peu de matière brune, et puis par un peu d'alcool à gS degrés, qui dissout la substance rouge et la laisse comme résidu par évaporation spontanée. .) Je me suis demandé quelle pouvait être l'origine de la inalière colo- rante verte du bois mort. Je ne pense pas que l'on doive l'attribuer à une altération particulière du ligneux, bien que celui-ci se trouve dans un état d'érémacausie plus ou moins avancé. Je ne crois pas non plus que l'on puisse attacher de l'importance à la présence d'insectes dont on trouve les traces dans la plupart des échantillons, car alors la matière colorante de- vrait se montrer de préférence dans les endroits que l'insecte a habités ; or, la matière colorante est répandue dans toutes les parties du bois. Cette der- nière circonstance me semble aussi exclure les champignons ou produc- tions cryptogamiques; mais dans ce dernier cas on peut, pour s'éclairer, avoir recours au microscope. L'examen microscopique ne m'a rien indiqué de particulier, si ce n'est une coloration uniforme des vaisseaux et des fibres ligneuses ; mais, comme je n'ai pas l'habitude de ce genre de recherches. ( 53) j'ai prié M. Miissat, jeune et habile naturaliste, de vouloir bien en fjire de son côté un examen attentif. M. Mussat a vu, comme moi, les fibres et les vaisseaux uniformément colorés en vert; il n'a pu observer aucun corps étranger, aucune production cryptogamique, et il a vu, en expérimen- tant sous le microscope, les vaisseaux et les fibres céder la matière colorante au chloroforme et à l'acide acétique cristallisable et se décolorer, [-.a colo- ration du bois me paraît due à un phénomène de teinture, et ce phénomène me semble pouvoir être attribué à une transformation spéciale, soit des substances astringentes contenues dans le bois au moment de sa mort, soit plutôt des matières apportées dans le bois mort par les sucs de l'arbre qui ont pu y pénétrer par imbibition ; car je rappellerai que les fragments de bois soumis à mon examen avaient été pris, pour la plupart, sur des arbres, et que, pour ceux qui ont été trouvés à terre, on peut admettre que la co- loration était produite lorsqu'ils y sont tombés. » La matière colorante rouge offre de l'analogie avec une subslancetrès- répandue dans le règne végétal, et que l'on a appelée cyanine, pnrncarlhn- mine. Elle en diffère cependant par quelques caractères; mais j'ai eu trop peu de produit pour l'étudier suffisamment. » I.a matière colorante verte, que l'on aurait pu, au premier abord, con- sidérer comme de la chlorophylle, en diffère par ses propriétés chimiques. Il ne serait pas impossible cependant que ces deux matières colorantes eussent la même origine; et si, comme je le suppose, la matière verte du bois a été apportée par les sucs propres de larbre, ne pourrait-on pas ad- mettre que les éléments qui donnent naissance à la chlorophylle dans les feuUles et les parties vertes des plantes ont produit dans le bois la matière colorante verte, et ne trouverait-on pas alors dans l'observation de ces laits la preuve que la chlorophylle ou du moins ses éléments sont fournis par la sève des plantes? » J'ai cherché à opérer sur cette matière colorante lui dédoublement analogue à celui que M. Fremy a produit sur la chlorophylle; mais je n'ai pu réussir : la matière colorante devient, il est vrai, d'un vert plus bleu sous l'influence des acides, mais c'est en cédant à ces derniers un peu de chaux, qui tend à lui donner une couleur vert-jaunâtre, ainsi que je l'ai dit en parlant de l'action des alcalis sur cette substance. La matière colorante verte ne fournit de substance jaune dans aucun cas. Je la considère comme une matière colorante spéciale, et je propose de la désigner sons le nom à'acide xylocliloérkjue, de ^i^)ov, bois, et de yloipoç, vert, nom qui rap- ( 54 ) pelle son origine, sa couleur el la propriété qu'elle a de s'unir aux bases. » Je profiterai de celte circonstance pour engager les chimistes à adopter, comme je le fais ici et comme je l'ai fait dans mon travail sur les suppura- li„„s hlciws, à adopter, dis-je, pour désigner les matières colorantes, un nom complexe formé de deux mois grecs ou latins propres à indiquer l'origine et la couleur de la matière colorante, et à donner à ce mot la terminaison en im- pour les matières qui jouent le rôle de bases, la terminaison en ique précédée du mot acide, pour celles qui jouent le rôle d'acides, et enfin la terminaison en ose pour les matières colorantes indilférentes. 11 me semble que l'adoption d'une nomenclature basée sur ces principes faciliterait beaucoup l'étude des matières colorantes, déjà si nombreuses, et dont le nombre va croissant chaque jour. » CHIMIE ORGANIQUE — Recherches sur les loluiles et leurs homologues ; Note de M.>I. A Riche et P. Bekard, présentée par M. Peligot. « La classe des amides a été fort étudiée, mais il n'en est pas de même des anilides et surtout des composés correspondants fournis par la loluidine et les autres bases homologues. Nous nous occupons depuis quelque temps de l'étude de ces corps, et, si nous publions ces premiers résultats, c'est en raison de l'intérêt qu'ils peuvent offrir aux fabricants des matières colorantes retirées du goudron de houille. .. Comme chacun lo sait, l'aniline, obtenue par la réaction du fer et de l'acide acétique sur la nitrobenzine, est soumise à une rectification : dans certaines usines on a remarqué que des huiles de houille, très-estimées d'ailleurs, connues sous le nom de benzines anglaises, donnaient à la fin de celle seconde distillation une boue épaisse, impropre à la fabrication des matières colorantes. Cette boue (^st un mélange d'huiles diverses et d'un corps solide qui fait l'objet de cette Note. Pour le séparer, on expose la masse pendant quelques jours sur un corps poreux, des briques par exemple, on la comprime ensuite dans un linge sous une presse énergique. Une huile visqueuse s'en échappe et on obtient un pain jaunâtre qu'on traite par une grande quantité d'eau bouillante dans une marmite de foule. On jette la liqueur sur une chausse en laine. T.e liquide dépose par le refroidissement des aiguilles blanches, souillées encore par des huiles. On les en débarrasse lol.'deini nt jiarune deuxième cristallis:ilion dans l'eau bouillante suivie par une ou deux cristallisations ilaus l'alcool à '6G degrés. ( 55 ) » Ce corps cristallise irordinaire en longues et belles aiguilles blanches. Notablement soluble dans l'eau bouillante, il ne l'est pas sensiblement dans l'eau froide. 11 se dissout en très-grande quantité dans l'alcool bouillant; il est moins soluble dans l'éther. Il fond à i45 degrés, età cette température il émet déjà des vapeurs blanches trés-âcres qui se condensent en aiguilles dans les parties froides du vase. Par le refroidissement le liquide se con- crète en une masse cristalline. Il ne bout pas à 3o5 degrés, limite de notre thermomètre, mais à 35o degrés il distille avec violence en ne laissant qu'un résidu insignifiant de charbon. Aussi avons-nous pu prendre la densité de sa vapeur, grâce à MIVI. Deville et Troost qui, avec leur bienveillance habituelle, ont mis à notre disposition leur appareil à température con- stante, celle de la vapeur du mercure en ébuUition. Celte densité a été trouvée égale à 5,32. » Sa formule est C'«H"AzO^ = 4vol. En effet, on a I. II. m. IV. Théorie. Carbone 72, i3 72,71 72,37 72,57 72,48 Hydrogène 7,97 8,25 7,58 7,67 7,81 Azote 9,79 9,33 9,35 ., 9,39 Oxygène » » « , 10,82 100,00 » La densité de vapeur vérifie cette formule, car la densité donnée par le calcul est 5, 1 7 . En effet, l'équivalent de ce corps est 1 49 et ■ ^^°'° ^ = 5,17. » Il restait à trouver la formule rationnelle de ce corps et son mode de génération. » Comme il se produit de l'acétone dans cette fabrication, on pouvait supposer que cette formule devait être écrite : (C'2H=) \ (C*H'02) Az, G- H' ) mais tous nos efforts pour en tirer de l'aniline sont restés infructueux. Au contraire ce corps fournit de l'acide acétique et de la toluidine dans diverses réactions, de sorte qu'il faut le considérer comme l'amide acétique de la toluidine ou ïacélo-lolidcle. ( 56) » On a, en effet, C'*H' C"H" AzO^ = (CMl'O*) I Az. H » Quand on fait passer la vapeur de ce corps dans un tube de porcelaine cliauffé au rouge sombre, on obtient une niasse brune solide qui renferme, outre de la matière primitive non altérée, vni mélange de loluidine et de résine. li Quand on la fait bouillir avec de la lessive de potasse, elle ne s'altère que lentement; mais si on la distille brnsqueuient sur de la potasse fondue, elle se change eu acide acétique et en toluidine sans qu'on remarque la moindre coloration dans la masse. On a constaté l'identité de ce dernier corps avec la toluidine par l'examen de ses propriétés physiques, par son analyse et par celle du chloroplatinate » La potasse qui avait servi à cette réaction a été dissoute dans l'eau, traitée par un courant d'acide carbonique : la liqueur a été évaporée à sec; jjuis on a repris par l'alcool qui n'a dissous qu'un acétate alcalin. » L'acéto-loluide s'échauffe au contact du chlore et du brome : de l'acide chlorhydrique ou bromhydrique se dégage et il reste une masse visqueuse connue de la térébiMithine ancienne. L'acide nitriipie moyennement con- centré l'attaque avec énergie en dégageant des vapeurs rutilantes : l'eau en précipite une résine jaunâtre soluble dans les alcalis. L'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique en dissolvent même à froid mie grande quantité : l'eau la reprécipite inaltérée. Quand on la chauffe avec de l'acide phosphorique, il se dégage des fumées blanches, et il reste un résidu charbonneux tres- abondanl. Avec le perchlorure de phosphore la matière fond et s'échauffe. Le liquide obtenu par distillation, redistillé de nouveau, fournit de l'oxy- chlorure de phosphore et un liquide jaune qui se découipose par l'eau en précipitant une matière blanche ressemblant à la matière primitive. » L'iodure d'éthyle en excès ne fait que la dissoudre à loo degrés dans des tubes scellés; mais (piaud on niaiiilient ces deux substances en contact à i8o degrés pendant quinze à vingt heures, il se forme un liquide brun très-acide. Si l'on sépare l'iodure d'éthyle par distillation au bain-marie, il reste un li(|iude brun qui, distillé avec de la potasse, donne une huile ambrée. (.À'tte huile contient de la diélhyltoluidine, bouillant à i3o degrés, que nous avons analysée, et des produits bouillanls à une température plus ( 57 ) élevée. Les acides saturés par la potasse sont de l'acide iodhydrique et de l'acide acétique. B II restait à préparer synthéliquemeiit cette matière. A cet effet, nous avons distillé un mélange à équivalents égaux d'acide acétique et de tolni- dine, et, fractionnant les produits, nous avons recueilli séparément le der- nier cinquième, qui se solidifie dans le récipient. Ce corps est un mélange de toluidine et de toluide acétique, car il fond de 70 à 80 degrés, et quand on le traite par de l'eau acidulée, qui dissout la toluidine, on obtient un résidu blanc fondant à i45 degrés. » Nous avons répété cette synthèse au moyen de l'aniline pure do l'in- digo traitée par l'acide acétique, et nous avons obtenu de même pour résidu un mélange d'aniline et d'anilide acétique, corps isolé déjà par M. Cahours, puis étudié par Gerhardt. « Nous concluons de ces recherches que les fabricants de matières colo- rantes dites à l'aniline éviteraient une perte notable, si au lieu de rectifier le liquide seul, ils le redistillaient avec une petite quantité d'une base hydratée, telle que la chaux éteinte ou la soude caustique : la toluidine et même l'aniline entraînées par l'acide acétique seraient remises en liberté. En terminant, nous remercions M. Morel, ingénieur chimiste de l'usine de MM. Poirier et Ghappat, d'avoir bien voulu mettre, avec une grande obli- geance, à notre disposition les matériaux de ce travail. » M. Garrigou présente quelques remarques relatives aux Notes récentes de M. Eug. Roberi et de M. Scipion Gras, concernant la non-contempora- néité de l'homme et des espèces éteintes de grands Pachydermes. M. LiWDiER adresse une Note « sur l'observation des ondes atmosphé- riques des hautes régions », et stu' le parti que l'on peut tirer de cette observation pour prévoir, parfois plusieurs jours d'avance, l'approche d'une tempête. (Renvoi à l'examen de M. Le Verrier.) M. Lemaikf. rappelle, à l'occasion d'une Note récente de M. Pasteur siii' la putréfaction, les commiuiications qu'il a faites à l'Académie en 1860 et 1862, communications dans lesquelles il a cherché à faire ressortir le rôle des infusoires d;uis le phénomène de la puir.'ficlion. C. R., i863, a-ne Semestre. (T. LVII, N" l.) 8 ( 58) M. Chevaxdier adresse de Die ( Drôme) une Note sur un œuf monstrueux, et V joint la pièce elle-nièinp conservée dans l'esprit-de-vin. (Renvoi à l'examen de M. Coste.) M. BoLLMAXx-Co.vDY, qui avait précédemment adressé au concours pour le prix Barbier diverses pièces imprimées et manuscrites concernant les pro- priétés désinfectantes des manganates et permanganates alcalins, prie l'Aca- démie de vouloir bien renvoyer à l'examen de la Commission chargée île jugor ce concours un autre opuscule qu'il avait publié quelque temps auparavant et qui a pour titre : « Désinfection et moyen de prévenir des maladies ». [Voir an Bulklin bibliocjrapliique.) M. IIaussha.nn prie l'Académie |de vouloir bien comprendre parmi les pièces de concours pour le prix de Statistique l'ouvrage qu'il lui a présenté il y a quelques semaines et qui a pour titre : « Paris immobilier ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Da.n'bom adresse une Note concernant l'action heureuse qu'a exercée sur des plaies superficielles récentes l'immersion dans l'eau accumulée au fond du gazomètre de l'Hospice des aliénés de Charenton. La séance est levée à 5 heures un quart. T". BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 6 juillet i863 les ouvrages dont voici les titres : Rapport mr la raije considcrce au point de vue de l'Itjgiéne publique, de ta police scmiiaire cl de la prophylaxie; par M.. H. BOULEY. (Extrait du Bulletin de V Académie impériale de Médecine.) Paris, i863; in-8°. Recherches sur les maladies des enfants nouveau-nés [céphalœmatome) ; par V. Seux. Paris, i8G3; in-8°. Correspondance inédite de Linné avec Claude Richard et Jntoine Richard ( 59 ) (1764-1774))''''"^"''^^' annotée par A. Laindrin. (Extrait des Mémoires de la Sociéic des Sciences naturelles de Seine-et-Oise.) Versailles, i86'3; in-S". Leçon sur lu fermentation alcoolique, projessée le jeudi "j mai i863 à la Faculté des Sciences de Dijon; par M. Laduey. (Extrait de la Revue viiuole.) Dijon, i863; in-8". Essais sur les recherches à J aire et les réactifs à employer dans les visites des officines de pharmacie, les magasins de drogueries et d'épiceries, etc.; par M. A. Chevallier. Paris, 1862; in-8°. Practical... Lithotomie cl lilhotrilic pratiques, ou Recherches sur les meil- leurs moyens de débarrasser de la pierre la vessie urinaire^ /«i;' Henry Thompson. Londres, i863; vol. in-8°. (Présenté par M. Civiale, qui fait remarquer que l'auteur, en 1862 et 1860, avait obtenu le prix de la fondation Jackson pour des travaux se rapportant également aux maladies des voies uri- naires. ) Ti^^ nno ^g"! COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 15 JUILLET 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE .^îiNisTRE DE l'I\strcctio\ PUBLIQUE traiismet ampliation d'un décret impérial en date du 6 courant qui confirme la nomination de M. le contre- amiral Paris à la place vacante dans la Section de Géographie et Navigation par suite du décès de J7. Bravais. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Paris prend place parmi ses confrères. M. LE Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Denis {de Commercy), l'un de ses Correspon- dants pour la Section de Médecine et de Chirurgie. Le savant médecin, ainsi qu'on l'apprend par une Lettre de son fils adressée à M. le Président, est décédé à Toul, le 3 de ce mois. M. Bertrand fait hommage à l'Académie d'un exemplaire des « Lettres siu' les révolutions du globe )>, par feu M. Alexandre Bertrand, son père, ouvrage dont il vient de faire paraître la sixième édition en y joignant de nouvelles Notes et une Préface. « M. LE Président ayant invité le Secrétaire perpétuel à adresser les re- mercîments de l'Académie à M. Joseph Bertrand, M. Élie de Beaumont C. R., i8G3,2™« Se>7iesirc. (T. LVII, N» 2.) 9 (62 ) répond qu'il sacquittcra de ce devoir avec d'autant plus de plaisir, que i'ou- vra-e de M. Alexandre Bertrand lui paraît être, parmi ceux qui sont acces- sibles à la généralité du public instruit, l'un des plus propres à faire com- prendre les rapports qui existent entre la Géologie considérée sous les points de vue habituels de l'Histoire naturelle, et l'étude du globe terrestre consi- dérée aux points de vue de l'Astronomie, de la Mécanique et de la Physique. 11 doit en partie cet avantage aux Notes qui font suite au texte primitif, Notes qui dans l'édition actuelle ont reçu de M. Joseph Bertrand d'importants et utiles développements où il se montre le digne et lucide interprète des Laplace et des Fourier, de même que son père, dans le corps de l'ouvrage, a su mettre a la portée de tous les plus belles découvertes de Cuvier. » CHIMIE ORGAiNiQUE. — Recherches sur Ics pétroles ci Jmérique ; par MM. J. Pelouze et Aug. Cauouiis. « Dans deux Notes successives que nous avons présentées à l'Académie sur les pétroles d'Amérique, nous avons fait connaître huit carbures d'hy- drogène appartenant à la série dont le gaz des marais forme le premier terme. » Dans le travail que nous avons l'honneur de lui soumettre aujourd'hui, nous nous proposons de faire connaître quatre nouveaux termes de cette série que nous avons retirés de ces mêmes pétioles par des distillations fraction- nées, les matières étant ultérieurement purifiées par l'action successive de l'acide sulfurique concentré, du carbonate de sonde, une digestion sur du chlorure de calcium anhydre, une distillation sur du sodium, et {inalement par une nouvelle rectification. » Le premier terme que nous avons séparé bout entre 196 et 200 degrés. C'est un liquide incolore et très-limpide dont l'odeur est légèrement téré- bcnthinée. Sa densité est de 0,776 à la température de 20 degrés. Le brome, l'acide nitrique fumant et l'acide sulfurique au maximum de concentration ne l'attaquent pas à froid. Le mélange de ces deux acides agit sur le car- bure lorsqu'on soumet ces corps à la température de lébullition. M Prolonge-t-on l'action, ou voit se former une petite quantité d'un pro- duit solide et cristallisable, il se sépare une huile jaunâtre un peu plus pesante que l'eau ; de plus ou démêle au milieu du gaz nitreux l'odeur des acides volatils qui appartiennent à la série acétique. I) L'analyse de ce produit nous a douné les résultats suivants ; ( 63] » I. o^'', 365 de matière ont donné par la combustion avec l'oxvde de cuivre o^"', 607 d'eau et i^', i35 d'acide carbonique. » II. 0^^393 d'un second échantillon ont donné o^', 544 d'eau et i^'', 219 d'acide carbonique. »Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres suivants : I. ' II. Carbone ^4 '79 84,58 Hydrogène '5,42 i5,36 et s'accordent avec la formule C"''H-^ En effet, ou a C'« i44 84,70 H'« 26 i5,3o 170 100,00 » Celle-ci se trouve pleinement confirmée par la détermination de la densité de vapeur de ce carbure. En effet, l'expérience nous a fourni les nombres suivants : Température de l'air 16" Température de la vapeur 235° Excès (le poids du ballon i^'',07i Capacité du ballon 36i" Baromètre o™ , 762 Air restant 0,000 D'où l'on déduit pour le poids du litre 7>772 Et par suite pour la densité cherchée 5,972 Le calcul donne 5,987 » En conséquence nous désignerons ce produit sous le nom d'hydrure de lauryle. » Le second produit bout entre 216 et 218 degrés. C'est un liquide inco- lore et très-limpide dont l'odeur est un peu plus térébenthinée que celle du carbure précédent. Sa densité est de 0,792 à la température de 20 degrés. Le brome, l'acide azotique fumant, l'acide sulfurique au maximum de con- centration, ainsi que le mélange de ces deux acides, se comportent à son égard comme avec le composé précédent. » L'analyse de cette substance nous a donné les nombres suivants : >> o'', 44^ de matière ont donné par la combustion avec l'oxyde de cuivre 0^^612 d'eau et iS'^,371 d'acide carbonique. » D'où l'on déduit pour la composition en centièmes : Carbone 85, o4 Hydrogène,... i5,37 9'- (64) nombres qui s'HCCordeiit avec la formule C=»H=«. En effet, on a C". ....•• i56 84,78 H" 28 l5,22 184 100,00 » Celle-ci se trouve pleinement confiruiée par la détermination de la densité de vapeur qui nous a fourni les nombres suivants : Teiii|xiatiiie de l'air 16" Teiiipéialure de la vapeur 203° Excès de poids du ballon o^'', 87 i Capacité du ballon 276" Baromètre o-^j^Ga Air restant o ,000 D'où l'on déduit pour le poids du litre 8,494 Et par suite pour la densité cherchée 6,569 Le calcul donne 6 ,48 1 » Nous désigneronspar suite ce composé sous le noui (ïhjdruredt cocwrle. » Le troisième terme que nous sommes parvenus à isoler à l'état de pureté bout entre 2% et 240 degrés. C'est un liquide incolore et très-lim- pide dont l'odeur ne diffère pas sensiblement de celle du produit précédent. Quant à ses propriétés, elles sont entièrement analogues : même résistance à l'action de certains réactifs, attaque facile par le chlore et formation de produits de substitution tout semblables. » L'analyse de ce composé nous a donné les résultats suivants : » 08'', 353 de matière nous ont donné par leur combustion avec l'oxyde de cuivre 0^,485 d'eau et i^"", 096 d'acide carbonique. « D'où l'on déduit pour la composition en centièmes : Carbone 84,67 Hydrogène.... i5,25 nombres cpii s'accordent avec la formule C"'!!'". En effet, on a C» 168 84,85 H'" 3o i5,i5 198 100,00 » Nous avons comme précédemment déterminé l'équivalent de cette substance au moyen de la densité de sa vapeur. ( 65 ) » L'expérience nous a fourni les résultats suivants : Température de l'air 20° Température de la vapeur 281° Excès de poids du ballon "1984 Capacité du ballon ■292''' Baromètre o"',76i Air restant - o , 000 D'où l'on déduit pour le poids du litre 9)07*3 Et par suite pour la densité cherchée • . . 7 )0'9 Le calcul donne *3)974 » Nous désignerons par suite ce produit sous le nom d'hydinre de my- ristyle. n Le dernier ternie que nous sommes parvenus à séparer de l'échantillon d'huile peu volatile que nous avions à notre disposition se présente après purification sous la forme d'un liquide incolore entièrement semblable au précédent et par l'aspect, et par l'odeur, et par la manière dont il se com- porte avec les réactifs. Il bout entre aSS et 260 degrés. Soumis à l'analyse, il nous a donné les résultats suivants : » o^"^, 384 de matière fournissent par leur combustion avec 1 oxyde de cuivre o^"', 617 d'eau et i^^igS d'acide carbonique. » D'où l'on déduit pour la composition en centièmes : Carbone 84 , 7 1 Hydrogène.... i4>9*' nombres qui s'accordent avec la formule C"'H'-. En effet, on a C^» i8o 84,91 H" 32 15,09 212 100,00 » La densité de vapeur de cette substance continue complètement cette formule. B En effet, l'expérience directe nous a donné le nombre 7,523, le calcul donne 7,467- » Il n'est pas douteux, d'après cela, que l'on pourra retirer des pétroles américains, en suivant la méthode que nous avons indiquée, la série des termes supérieurs de ce curieux groupe jusqu'aux paraffines les moins volatiles dont l'équivalent doit être trés-élevé. » Dans notre dernière communication, nous avons annoncé que ces divers hydrures soumis à l'action du chlore fournissaient, comme premier (66) produit de substitution, des composés qui ne sont autres que les éthers clilorliydriques des divers alcools qui s'y rapportent. Nous allons faire con- naître ici sommairement ces divers produits. » Parmi les divers échantillons des pétroles américains que nous avons examinés il en est un qui nous a fourni sensiblement le sixième de son volume d'un produit bouillant au-dessous de 35 degrés. Par une nouvelle rectification, nous avons pu séparer une certaine proportion d'un liquide bouillant au-dessous de 20 degrés qui, par des traitements fractionnés, nous a donné finalement un liquide très-mobile bouillant entre +5 et + 10 degrés. Traité par le clilore sec, ce dernier fournit une substance qui, purifiée |)ar ■ des lavases au carbonate de soude, une dessication sur du chlorure de cal- cium, et finalementsoumise à la distillation, nous a donné une certaine quan- tité d'un produit incolore et très-limpide bouillant entre 64 et 68 degrés. » L'analyse de ce composé nous a donné les nombres suivants : » I. os^/ioode matière nous ont donné, par leur combustion avec l'oxyde de cuivre, o8%358 d'eau et os%765 d'acide carbonique. » II oE'',363 du même produit nous ont donné oS%537 de chlorure d'ar- gent, soit oS'',r398 de chlore. u Ces résultats, traduits en centièmes, conduisent aux nombres sui- vants : 1. 11. Théorie. Carbone 52,i5 " C 48,0 5i ,89 Hydrogène 9,93 » H' 9,0 9,78 Chlore » 38,5i Cl 35, o 38,38 92,0 100,00 » Il suit de là que la portion la plus volatile des pétroles que nous avons soumis à l'analyse renfermerait de l'hydrure de butyle, dont le point d'é- bullition doit être voisin du zéro du thermomètre, et que le produit pré- cédent ne serait autre que le chlorure de (mtf le; c'est ce que confirme du reste la détermination de la densité de vapeur de ce produit : Température de l'air iS" Température de la vapeur 1 14° Excès de jioids du ballon o8'',5io Capacité du ballon 288" Baromètre o'",763 Air restant 0,000 D'où l'on déduit pour le poids du litre. . . . 4)^69 Et par suite pour la densité cherchée 3,3o2 Le calcul donne 3 ,228 ( 07 ) » Nous avons fait voir dans nos Notes précédentes que les hydrures d'amyle et de caproyle traités par le chlore donnaient, comme premier pro- duit de substitution, le chlorure d'amyle et de caproyle, et nous annoncions dès notre dernière communication que les divers homologues de ces car- bures, soumis à l'action du même agent, fournissaient la série des chlo- rures analogues. » C'est ainsi que l'hydrure d'œnanthyle nous a donné dans ces circonstances un produit qui, purifié par des procé- dés semblables à ceux que nous avons indiqués pour le chlorure de caproyle, nous a donné un composé bouillant entre i48 et i52 degrés auquel l'ana- lyse assigne la formule C'M1"CI que confirme entièrement la densité de vapeur de ce produit. » En effet, l'expérience nous a donné les nombres suivants : Température de l'air i6° Terapcrature de la vapeur. 200° Excès de poids du ballon o5'','j28 Capaciié du balloa 3o5'^"' Baromètre C" , nôi Air restant o ,000 D'où l'on déduit pour le poids du litre 6, 180 Et par suite pour ta densité cherchée 4>779 Le calcul donne 4» 707 » L'hydrure de caproyle donne pareillement un premier produit bouillant entre 168 et 172 degrés dont la composition est exprimée par la formule COH-'Cl que confirme la densité de vapeur. » En effet, l'expérience nous a fourni le nombre 5,273; le calcul donne 5,201. » L'hydrure de pelargyle C'^H-" fournit un premier produit de substitution bouillant entre i85 et 188 degrés, (68 ) .ioiil la composition est représentée parla formule C'«H'»C1. ., La détermination de la densité de vapeur de ce produit nous a fourni les nombres suivants : Température de l'air 19° Température de la vapeur 238° Excès de poids du ballon o^^SSi Capacité du ballon s'jS" Baromètre o"' , 7^7 Air restant o ,000 D'où l'on di'duit pour le poids du litre 7 ,458 Et par suite ]>our la densité cherchée 5,769 Le calcul donne 5 ,093 i> Les carbures C"H-% Q28yj30^ soumis à l'action du chlore, nous ont donné les produits C^H^'Cl bouillant entre 204 et 206 degrés. C"H-'C1 » 222 et 225 C"H''C1 » 240 et 245 C"H="C1 » 258 et 262 C"H"C1 " vers 280 i. C" H" Cl » près de 3oo » Nous n'avons pu déterminer d'une manière utile la densité de vapeur que du premier de ces termes homologues, les autres laissant aux tempéra- tures élevées auxquelles s'effectue la détermination un produit dont la cou- leur d'un brun assez intense semble annoncer une décomposition partielle. )i Si l'on songe que dans le forage des puits destinés à l'extraction de ces huiles on a signalé le dégagement constant d'un gaz qui présente tous les caractères du gaz des marais, on voit que sous l'influence des grands phé- nomènes géologiques qui ont déterminé la formation de ces substances il s'est produit une série non interrompue de composés homologues, dont ( G9) les premiers termes sont gazeux, tandis que les derniers exigent, pour leur volatilisation, une température bien supérieure à celle de l'ébullition du mercure et qui se caractérisent tous par luie grande indifférence chimique. » Quant à la nature des substances qui ont engendré ces produits si divers, on ne saurait avoir que des présomptions à leur égard, un même composé pouvant donner naissance à des produits très-variés, suivant les circonstances dans lesquelles s'est opérée sa décomposition. Ces composés, quelle qu'en soit l'origine, que nous laissons aux géologues le soin d'établir, n'en présentent pas moins lui intérêt puissant, lorsqu'on songe qu'on peut les considérer comme le point de départ de combinaisons nombreuses et variées (alcools, aldéhydes, acides, ammoniaques, etc.), qui forment la ma- jeure partie des produits de la nature organique. » Dans les échantillons nombreux qui nous sont parvenus de sources assez diverses, nous n'avons jamais rencontré ni benzine, ni aucun de ses homologues, ce qui semblerait assez indiquer qu'on ne saurait faire dériver ces carbures de la houille, ou que, s'ils en proviennent, il faudrait admettre que cette substance aurait éprouvé une décomposition différente de celle qu'elle subit lorsqu'on la soumet à une distillation lente ou rapide, effectuée à une température basse ou élevée. Ces produits ressemblent beaucoup au contraire à ceux qui se forment lorsqu'on soumet à des tempéiatures éle- vées les divers acides gras et les alcools qui leur correspondent, ainsi qu'une foule de corps organiques qui renferment le carbone et l'hydrogène dans les rapports d'équivalent à équivalent, ou dans des rapports très-rapprochés de celui-là; c'est ce que l'un de nous a constaté, et ce qui ressortdes re- cherches fort intéressantes que MM. Wurtz et Berthelot ont communiquées dans ces derniers temps, relativement à l'action réciproque de ces mêmes alcools et de l'acide sulfurique concentré d'une part, du chlorure de zinc de l'autre. » PHYSIQUE. — Description d'un nouveau spcctromètre à vision directe rendu plus simple et moins dispendieux ; par M. B. Valz. « Pour observer l'étonnante variété des raies spectrales que présentent déjà un faible nombre d'étoiles, le spectromètre à vision directe est le plus commode et même le seul qu'on puisse employer pour ces importantes re- cherches. Cet ingénieux appareil fut d'abord proposé, comme bien d'autres très-dignes d'intérêt, par M. Amici, au moyen de trois prismes; mais, comme ils doivent être placés en sensinverse, la dispersion s'y trouve réduite au tiers C. R., i863. 2"« Semestre. (T. LVII, N" 2.) lO ( 70 ) environ de celle cl un seul prisme. Pour obvier à un pareil inconvénient et augmenter autant que possible la dispersion, il a fallu augmenter hors de foule proportion le nombre des prismes. Portés à ciiicj, ils rétablissaient à peine la dispersion avec lui seul. Au nombre de sept et de neuf, ils l'augmen- taient de plus en plus, et M. Merz, les ayant portés jusqu'à orne, en a obtenu irimporlauts résultats. Mais un pareil nombre de prismes, sur une aussi "rande épaisseur, doit absorber une forte partie de la lumière, rendre l'in- struuieut bien plus dispendieux qu'avec le nombre de prismes seulement nécessaire pour produire la même dispersion et exclure un plus grand nombre d'étoiles. Il fallût donc conserver la même direction au rayon avec une forte dispersion et le petit nombre de prismes seulement nécessaire. L'idée inc vint alors qu'on pourrait y parvenir en faisant parcourir au rayon une circonférence entière. Pour cela, soit a l'angle d'un prisme iso- cèle, / l'angle d'incidence, et n l'indice moyen de réfraction. En admettant la déviation minimum ou le rayon réfracté parallèle au côté opposé à l'angle (lu prisme, ^^ a sera l'angle de réfraction, et on aura sin i = /isin|rt. L'angle entre les côtés latéraux de deux prismes sera li, et celui entre deux côtés opposés à l'angle des prismes deviendra i8o° -ha — 21. Si on prend en général pour le flint « = i,y, on aura pour 4 prismes a= 70° 55', / = 80° 28' ; pour 6 prismes a= 61° 53', / = 60'' 56', et pour 8 prismes n = :>2"'io', /^AS^AS'. » Mais un rayon ne pouvant être admis, comme il est prescrit, ni sortir du polygone étoile des prismes, on n'en emploiera que la moitié pour faire tiécrire d'abord 180 degrés au rayon et ensuite encore 180 degrés à l'aide d'un prisme rectangle isocèle par une double réflexion, pour trois prismes réfringents, et où le rayon suit la direction abcdj. Deux prismes pourraient sufllre, à la rigueur; mais ils produiraient une trop forte incidence , et cjuatre prismes donneraient une moindre dispeision; car, en prenant suc- cessivement, avec les flints de Giiinand à l'acide borique, «= 1,68 et 1, 72, la dispersion pour /) |)rismes serait de la'V'i'i', et pour 3 prismes l5" ')!'. » [>a lunette du micromètre et son éclair:ige ne deviennent plus néces- saires, et leur suppression simplifiera encore l'appareil ; car \\ suffira d'ame- ner chaque raie du spectre sous le fd de la liuiette par le déplacement du système entier des |)rismes, qui sera indiqué jiar une graduation aj)- propriée. » J'aurais désiré pouvoir confirmer, par l'exécution, la théorie de cet appareil, en le construisant moi-même, si j'avais encore 5 ma disposition la forge, l'atelier et les tours verticaux et horizoïilal, avec les bassins en (7' ) cuivre que j'avais établis à l'ohservaloire pour le travail des verres optiques, et par le secours desquels j'avais f.iit construire mon réticule à sommets al- ternes, mes lunettes réciproques, mon micromètre à double image, adopté à Greenwich, un autre à retournement pour éluder les inégalités des vis, deux microscopes composés avec micromètres pour fractionner les divi- sions des instruments, un sjihéromètre à branches variables, et des objec- tifs simples de 20 et /[O centimètres d'ouverture, pour être achromatisés par une combinaison de crown et de flint de demi-grandeur, ce que ma retraite m'a empêché de mettre à exécution. » PHYSIQUE. — Note sur les spectres prismatiques des eorps célestes; par le P. Secchi. « L'étude des spectres prismatiques des corps célestes a une double im- portance : y" celle d'établir l'existence et la nature de leurs atmosphères, et 2° celle de pouvoir répondre à certaines questions d'ordre cosmique très- intéressantes, relatives surtout aux mouvements propres des étoiles. Mon prédécesseur, le P. Sestini, et moi-même, dans les années passées, nous nous sommes occupés de ce sujet, et c'est avec les nouveaux moyens qui ont été acquis à la science que je l'ai repris dans ces derniers temps ; je demande la permission de présenter à l'Académie les résultats auxquels je suis par- venu. L'appareil avec lequel j'ai fait mes observations spectrométriques a été un spectromètre de poche que j'imaginai d'appliquer directement à l'oculaire du grand équatorial de Merz, et auquel M. Jansseii, alors à Rome, appliqua une échelle réfléchie par la surface du prisme, pour déterminer la position des raies, et une lame de cristal à réflexion devant la fente, pour introduire la lumière d'une bougie ou de l'alcool salé pour fixer le point de départ des raies. » De nombreuses études furent faites d'abord avec le concours dv M. Janssen lui-même, études qui durent être interrompues en partie à cause de ma santé, en partie à cause d'autres travaux plus urgents. I^e premier appareil a reçu depuis différents perfectionnements, et à létat où il est actuellement doit se ranger parmi les appareils les plus commodes de celte espèce et les plus simples. Comme les détails des observations doivent ]ia- raître dans les publications de l'Observatoire, je ne parlerai ici cpie des ré- sultats auxquels je suis parvenu. » Mes recherches se sont étendues sur les planètes et les étoiles: je pnrleiai d'abord des planètes. 1 o.. ( 72 ) a Pour Jupiter, Saturne, Vénus cl Mars, de nombreuses observations, accompagnées de dessins multipliés et correspondant à des soirées diffé- rentes ont démontré que dans la lumière réfléchie par ces astres existent non-seuIcnuMit les raies propres de la lumière solaire directe, mais que quclqucs-uuos de ces raies sont énormément renforcées et dilatées en bandes par leurs atmosphères agissant de la même manière que le fait sur le spectre solaire l'atmosphère terrestre. En un mot, les spectres de ces planètes sont de même espèce que le spectre atmosphérique terrestre, avec la différence cependant que certains rayons sont plus absorbés que par l'atmosphère terrestre elle-même, de sorte que ces bandes sont plus sombres, surtout pour Saturne. » Pour démontrer cette décomposition, j'ai commencé par faire une étude assez soignée de l'atmosphère terrestre, en procédant de la même manière et avec le même instrument que pour les planètes. Voici une obser- vation, qui pourra être répétée par toute personne ayant à sa disposition l'appareil dit spectroscope de poche de Ji. Ilofman. On ôte la petite lunette, qui pour ces études ne peut pas servir, car elle affaiblit trop la lumière, et on regarde à l'œil nu à travers le spectroscope. Si, pendant que le soleil est très-haut et près du méridien, on mire à une surface blanche assez réfléchissante comme un bâtiment, ou une feuille de papier exposée au soleil, on verra les raies solaires assez fines et bien nettes; si on dirige alors à l'horizon éloigné le speclromèlre, on verra ces raies s'élargir dans les régions surtout du rouge et du jaune, et ou verra même paraître des bandes qu'on ne voyait pas. En changeant alternativement la direction de l'instrument du papier à l'atmosphère, on se rendra maître de l'ob- servation avec beaucoup de facilité, et l'on apprendrai reconnaître quelles sont les bandes qu'on appelle atmosphériques terrestres. Ces bandes sont, comme l'ont moiilré les travaux de M. Janssen, composées de raies très- fînes, mais l'instrument de poche ne peut les séparer. » Pour voir si les planètes ont ces raies, il suffit de les regarder avec le spectroscope appliqué à la lunette : on voit facilement paraître de larges bandes près de Bet C de Eraunhofer, et des deux côtés de la raie D, bandes qui ont une complète ressemblance avec les spectres atmosphériques terres- tres. L'observation devient très-instructive et concluante, si on choisit un moment où la lune soit à peu près à la hauteur des planètes qu'on veut examiner. En dirigeant alors alternativement la lunette vers la lune et vers les planètes, on voit la dinVrence énorme des spectres, car celui de la lune n'a que les raies solaires assez fines, et s'il y a quelque effet atmosphérique lunaire ou terrestre, il est très-faible et imperceptible; au contraire, on voit (73 ) sur les planètes de larges bandes dans les places indiquées, qui paraissent de véritables fils noirs, si l'atmosphère est tranquille. J'ai répété plusieurs fois cette observation curieuse, et pendant plusieurs soirées, les trois pla- nètes Jupiter, Vénus et Saturne étantmaintenantdans une position favorable. Les dessins des spectres planétaires, faits avec beaucoup d'attention dans les soirées sombres, conduisent à la même conclusion. On déduit de là : 1° que la lune n'a pas d'atmosphère, ou que si elle en a une son effet est peu sensible et demande pour son examen des recherches plus délicates; 2° que les planètes ont certainement une atmosphère qui, dans sa composi- tion, ne s'éloigne pas beaucoup de la nôtre. L'existence d'une atmosphère n'était pas douteuse, mais on ne pouvait deviner quelle était sa composi- tion : le spectroscope vient nous répondre sur cette question. » Je me suis demandé quel est l'élément qui produit cetle absorp- tion parmi ceux qui composent l'atmosphère? Après de nombreuses re- cherches, je suis arrivé à la conclusion que Vagent principal est la vapeur aqueuse. Les preuves de cette conviction sont celles-ci : ayant fait une longue suite d'observations sur ces bandes, j'ai trouvé que dans les jours où l'atmosphère était sèche et d'un bleu foncé et avec la tramontane, on ne pouvait pas voir ces bandes au zénith, et même à Ihorizon elles n'étaient pas très-fortes; surtout la bande intermédiaire a, h, c, d, nom- mée C* par Brewster, n'était pas visible. Au contraire, dans les jours de grande humidité et d'atmosphère blanchâtre et vaporeuse, ces bandes se voyaient très-bien, non-seulement à l'horizon, mais même à luie hauteur considérable. Dans des jours à demi voilés et brumeux, je les ai vues même très-près du zénith. Ainsi, pendant les nuits où la lune par l'effet des vapeurs revêt une couleur verdâtre, je les ai vues sur le disque même de la lune. Si on regarde au soleil couchant ou peu après son coucher la lumière atmosphérique, on voit ces bandes plus sombres et tranchées lorsque l'at- mosphère est plus vaporeuse et colorée en rouge. Dans les jours un peu va- poreux, on peut les voir même à travers une petite épaisseur d'atmosphère horizontale, comme celle qui sépare les montagnes éloignées de i G kilo- mètres ou des nuages assez bas. 1) On ne peut donc refuser d'admettre comme certain que si la vapeur aqueuse n'est pas la seule cause de ces bandes, elle est au moins la princi- pale, et il serait difficile d'en indiquer une autre. Après cela il est très-pro- bable que cet élément existe aussi dans les atmosphères des autres planètes ; ce qui ne doit pas surprendre, car en Mars on a vu des vestiges non douteux de fusion de glaces. Saturne, que tout indique comme environné d'une dense atmosphère, serait la planète qui absorbe le plus les rayons de la bande C, ( 74 ) et dans lui, aussi bien qu'en Jupiter, surtout près des bords de leur disque, j'ai réussi à voir même les traces de la bande C°. Pour les étoiles fixes, l'importance est encore plus grande, car un déplacement des raies fourni- rait une preuve de leur mouvement {voir Billet, Optique, t. I, p. 85); mais la précision avec laquelle ou peut faire ces observations est encore loin de l'exactiliule que demanderait le sujet. Cependant l'étude comme on peut le faire à présent n'est pas dépourvue d'intérêt. Je viens d'examiner plusieurs fois et lie dessiner les spectres de 35 des étoiles principales, et les conclusions auxquellesje suis arrivé sont celles-ci : » 1° ].es étoiles colorées en jaune ou en rouge ont en général des spectres avec plusieurs bandes obscures, surtout dans la partie la moins réfrangible. A cette classe appartiennent Antarès, Betelgeuse (aOrion), Aldébaran. Algol, p Pégase, Arcturus, p Ursa- minoris, etc., dont les spectres sont si discontinus, qu'on peut les comparer à ceux de l'étincelle électrique dans rai)pareil de Puibmkorff. Ces bandes sont ordinairement très-mal terminées et rappellent les spectres atmosphériques terrestres et planétaires. Au con- traire, les étoiles blanches ont en général un petit nombre d'interruptions, ordinairement dans la partie la plus réfrangible, et ces bandes sont bien tranchées à leiu- bord : Sirius, Rigel, jSScorpii, Castor, Ç Ursre majoris, êiV/., a L\ra (Véga), â' Orion ; a (Alpha) Lyre est remarquable cependant pour avoir quelque petite bande même dans sa partie la plus réfrangible. » a" La position des bandes dans les étoiles de la première classe colorées est en général d'accord avec les fortes raies du spectre solaire, lesquelles sont les régions C, D, E, F de Fraunhofer; mais entre celles-ci il y a des groupes qui n'ont pas la même force dans le spectre solaire, quoique pour la mul- tiplicité des raies dans celui-ci on puisse toujours en tracer quelqu'une de second ordre qui coïncide avec celles des étoiles. Les raies des étoiles blan- ches sont bien souvent en désaccord avec celles du soleil, surtout lesraiesG et H. Cependant la raie F est commune à toutes les étoiles que j'ai observées jusqu'ici, (pioiqu'elle ne voit pas toujours la plus forte (Arcturus, Spica, Rigel, etc.). >. 3" Dans les étoiles jaunes et rouges existe communément la raie D, qui manque ou est très difticile à voir dans les blanches (excepté a Lyra et a Virginis dans lesquelles elle se voit très-bien). On avait conclu à la présence du sodium dans ces étoiles, mais après avoir examiné les spec- tres de différents métaux dans la machine de Ruhmkortf, j'ai reconnu que dans le voisinage de D et à une telle distance de la raie du sodium que mon ai)]iareil ne jiourrait pis mesiuer, existent beaucoup d(! métaux qui don- nent cette bande (fer, cuivre, platine, zinc, charbon, etc.), et d'après cela on ( 75 ) ne peut rien affirmer de parliculier sur cette substance, car il est visible cjiic selon la théorie des absorptions, cette bande peut piovenir d'un grand nombre de substances, dans les limites de inesiu-e possibles pour les étoiles. » Je travaille actuellement à la confection d'un catalogue et des dessins de ces specties, dont il paraîtra ini essai d;iiis les publications de l'Observa- toire; mais le travail est plus difficile et plus long qu'on n'imagine ordi- nairement, car pour bien voir il faut avoir les étoiles en position favorable le plus haut possible, et que l'atmosphère soit très-calme comme pour la mesure des étoiles doubles les plus difficiles. Une petite agitation ou scin- tillation dans l'étoile efface tout, et cela explique les divergences entre les différentes observations. » Il serait prématuré de se prononcer sur la question du inouvenient des étoiles en se fondant sur ces observations, mais s'il y a probabilité de réus- site, on trouvera peut-être plus de ressources dans les étoiles blanches que dans les colorées, car celles-ci montrent les bandes à peu près à la place de notre soleil, tandis que les antres sont à des positions différentes. Mais avant tout, il faudra perfectionner la méthode d'observation, et il est évident que ces recherches ne pourront se faire qu'avec de grandes lunettes ou avec les miroirs argentés de M. Foucault, qui en raison de la grande quan- tité de lumière admise pourront seuls supporter des appareils plus forts de décomposition spectrale. » MÉTiiOROLOGlE. — Note sur la grêle tombée à Clerinonl-Ftvrand le '^ juillet i8()3; par SI. II Lecoq. « Depuis la grêle mémorable du 27 juillet i8'35, qui m'avait engagé à recueillir et à soumettre à l'Académie les faits remarquables qui se sont alors accomplis, aucune chute un peu importante de grêlons n'était venue assaillir la ville de Clermont. » Depuis plusieurs années, une extrême sécheresse l'ègne dans le centre delà France; les hivers y sont sans neige et les printemps sans pluie. Les orages, qui sont alors pendant l'été le seul espoir c[ue l'on ait de voir le sol |)artiellemeut arrosé, sont suivis avec beaucoup d'attention. En général, les vents du sud et ceux de lonest, cpii soufflent pendant qu'ils se forment, les amènent du côté de Clermont, mais presque toujours ils se divisent et lais- sent Clermont sur le bord d'une vaste enceinte au-dessus de laquelle ils pas- sent sans verser une goutte d'eau. Cjt effet tient-il aux nappes et aux pics de basalte dont Clermont est (76) piilouréPNous l'ignorons; mais la niasse de fer contenue dans ces basaltes mat^nétiques est considérable et pourrait certainement exercer une action sur des nuées surbaissées et chargées d'électricité. En supposant que ces basaltes aient une action quelconque sur les nues, il y a des jours excep- tionnels, comme nous allons le voir par l'exemple suivant : 11 Le 3 juillet, après une matinée dont la chaleur était accablante, le ciel montra, vers i heures, des cumulus nombreux dont la marche irrégu- lière et souvent contrariée annonçait un certain désordre dans les hautes régions de l'atmosphère. Vers 3 heures on ne distinguait plus de nuages isolés- ils étaient confondus en un voile immense, énorme nimbus d'un gris de plomb qui cachait partout le bleu du ciel. Les éclairs et les coups de tonnerre se succédaient avec rapidité. » Vers 6 heures du soir, au milieu d'un roulement continuel de ton- nerre, je vis arriver de l'ouest, sous le voile gris du nimbus, un nuage ex- traordinaire, marchant rapidement et directement sur Clermont. Il était situé à une hauteur qui n'atteignait pas l'altitude du Puy-de-Dôme, c'est-à- dire à moins de i5oo mètres. Au lieu de présenter un voile complet placé sous le grand nimbus, ce nuage, dont toutes les parties étaient violemment agitées, ressemblait à un immense réseau ayant des mailles de différentes grandeurs, à travers lesquelles on apercevait le gris de plomb du nimbus. » On remarquait, dans la partie du liuage à grêle qui formait le réseau, beaucoup de mouvement et une sorte de rotation irrégulière. Des flocons blancs ou gris se détachaient d'un point et traversaient l'espace vide des mailles pour se réunir à d'autres parties. Au bout d'un certain temps, la portion du nuage qui formait le réseau laissait pendre de longs prolonge- ments gris ou blancs. » Il était impossible de se méprendre sur la nature du météore qui avan- çait rapidement et en ligne directe sur Clermont. On entendait, à une faible hauteur, un bruit confus comme d'un nombreux convoi de voitures roulant sur le pavé. En quelques minutes ce bruit prit beaucoup plus d'in- tensité et devint réellement effrayant, mais il fut bientôt effacé par les coups réitérés de gros gréions sur les tuiles et sur les vitres des maisons. » La chute des gréions ne dura pas plus de cinq minutes, sans eau, sans vent; ce ne fut qu'un peu plus tard que de larges gouttes accompagnèrent la grêle. » Le sol était couvert; les plus gros grêlons avaient le volume d'une noix ; ils étaient formés par la soudure d'autres gréions et offraient une surface très-rugueuse. Je n'avais jamais vu de formes aussi variées pendant ( 77 ) la même chute de grêle. Le plus grand nombre des grains avaient le volume d'une grosse noisette. Les uns .étaient entièrement ronds, d'nutres étaient aplatis comme des lentilles; plusieurs n'étaient que des segments de sphère à trois liices polies; quelques-uns étaient transparents, d'autres opaques et blancs comme de la neige et tout remplis de bidles d'air microscopiques. Enfin il y avait aussi des gréions formés de couches concentriques avec noyau opaque, ovale ou arrondi. » Ce qui m'a le plus frappé dans la chute de ce météore, c'est que le lendemain, après avoir parcouru le terrain dévasté et avoir recueilli mes renseignements, je reconnus que le réseau avec des mailles vides, sous la forme duquel le nuage à grêle m'était apparu, n'était pas une illusion mais une réalité. » Jamais grêle n'était tombée, sans vent, d'une manière plus régulière, relativement au réseau nuageux dont elle s'échappait. Des espaces éloignés de quelques mètres étaient ravagés ou préservés. Dans ceux qui présentaient ce dernier caractère, quelques gréions seulement avaient touché le sol par suite de répulsion entre eux ou de chocs reçus en tombant. Ces effets étaient surtout sensibles sur les vignes, dont la belle végétation et les larges feuilles, atteintes par les projectiles du nuage, indiquaient l'étendue et la largeur des mailles du réseau, lesquelles ne dépassaient pas 60 à 100 mètres. Le réseau à grêle était du reste si irrégulier, qu'il était rare de voir deux pro- priétés voisines également ravagées. 1) Je n'ai pas su que la grêle, venant de l'ouest, ait commencé sa chute avant Clermont. Elle a continué pendant quelque temps au nord et à l'est de cette ville sans y causer de grands dégâts. Le réseau, une fois déchargé de ses masses glacées, s'est réuni au nimbus supérieur qui, pendant la soirée, a versé à l'est de Clermont de grandes quantités d'eau. » Voilà plus de trente ans que j'obsei've avec soin les effets météorolo- giques dont l'atmosphère est le théâtre au-dessus du sol de l'Auvergne; j'ai cru intéressant de signaler un fait qui m'a paru nouveau pour l'histoire d'un des plus mystérieux phénomènes de l'aérographie. » C R., 186S, î"i« Semestre. (T. LVIl, K» 2.) I I (78 1 RAPPORTS. CHIMIE APPLiQUÉli. - Rapport sur les procédés d'extraction du sucre colonial et indigène, comnmniqués à l'Académie par M. Alvauo Rey.voso et 3DI. PÉIUERC/ Possoz. f Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Payeii rapporteur.) « Les procédés d'extraction du sucre, que l'Académie nous a chargés d'examiner, se fondent, d'une part, sur l'emploi des sulfites, et d'un autre côté sur l'application de la chaux, alternant sou action avec celle de l'acide carbonique, parfois avec le concours d'acides plus puissants. „ 11 semble, au premier abord, que rien de nouveau ne saurait distin- auer les unes des autres ces applications de la science à l'industrie. ° « Chacun sait, en effet, que depuis très-longtemps l'acide sulfureux en usa-e pour suspendre la fermentation des vins fut, plus tard, employé en vue'' de muter (rendre muet ou non fermentescible) le jus sucré du raisin dont on se proposait d'obtenir du sirop; qu'en i8,o, Proust, Membre de l'Académie des Sciences, appliquait dans les mêmes intentions le sulfite de chaux et déterminait les doses convenables pour obtenir une décoloration momentanée; que même, prévoyant dès lors l'extension plus grande de ce moyen, il s'exprimait ainsi : « On pourra un jour, avec quelques gros de » sulfite, mettre le moût de la canne, de l'érable, du pahnier à l'abri de ,. ces fermentations brusques qu'ils subissent lorsqu'on tarde de les porter j) à la chaudière (i). » » Que plusieurs années après, Edouard Stollé essayait en grand l'appli- cation de l'acide sulfureux avec le concours de la chaux au traitement du jus des betteraves. « Qu'eu i8Z|f), M. Melsens, dont les expériences avaient attiré à celte époque l'attention publique, proposait d'ajouter au jus de betteraves liô^e bisulfite de chaux, à i o degrés Baume, ou -^ dans le jus des cannes, de défé- quer, puis de filtrer, évaporer et neutraliser au besoin par la chaux. » Relativement à l'application de la chaux et de l'acide carbonique, en vue d'épurer le jus des betteraves, nous pourrions rappeler les moyens dé- crits par plusieurs chimistes manufacturiers, notamment la méthode fondée par MM. Rousseau frères, qui fut l'objet d'un Rapport favorable à l'Acadé- (i) Bulletin de Pharmacie, t. III, p. l34, et Dictionnaire des Décourcrtcs, t. XIV, p. 38i à 383. (79) mie des Sciences, et n'a cessé depuis lors d'être employée avec succès dans un grand nombre de sucreries indigènes en France, en Allemagne et en Russie. » On aurait pu croire qu'en ce qui touche l'acide sulfureux et les sul- fites, la chaux et l'acide carbonique, appliqués à l'épuration des jus sucrés, soit de la canne, soit de la betterave, la science avait dit son dernier mot, que l'industrie avait tout essayé. Il restait cependant, des deux parts, d'im- portants progrès à réaliser par des méthodes nouvelles; et l'on pourra voir que la science, à cet égard, n'aurait encore rien de trop délicat pour éclairer ou même pour suivre la marche des opérations manufacturières. » M. Alvaro Reynoso adressait à l'Académie, le 6 janvier i863, une Note sur l'emploi du bisulfite de chaux dans la fabrication du sucre de canne. Cette Note était extraite du Diario de la Marina, publié à la Havane le 7 mars iSSg. L'auteur signalait l'emploi du bisulfite de chaux dans l'industrie saccharine comme très-nuisible ou susceptible, du moins, d'occasionner des inconvé- nients notables qu'un excès de chaux eût évités : les réactions nuisibles con- sistent, suivant l'auteur, en ce que le bisulfite, soit directement, soit par sa transformation en sulfate plus acide sulfurique, est capable d'intervertir le sucre et de produire pendant l'ébullition des composés ulmiques; en un mot, de rendre une partie du sucre incristallisable et de déprécier le reste par une coloration brune plus intense. M. Reynoso conclut en disant que, dans le cas où le bisulfite de chaux peut être utile, ce composé doit tou- jours être accompagné, non-seulement de la quantité de chaux suffisante pour saturer tout l'acide sulfureux, mais qu'en outre on doit employer un excès de chaux et s'en assurer, soit au moyen du papier de tournesol, soit par l'insufflation de l'air des poumons, qui, chargé naturellement d'acide carbonique, doit produire sur le liquide une pellicule de carbonate cal- caire. L'auteur annonce qu'en opérant de cette manière il a obtenu les meilleurs résultats dans des essais en grand sur les habitations dites la Ar- monia, la Conception, San-Domincjo et San-José, quatre sucreries appartenant à M. de Aldama. » Par une Lettre adressée à M, Dumas et insérée au Compte rendu le 6 oc- tobre 1862, M. Reynoso avait annoncé que dans les conditions précitées et suivant ses conseils, le sulfite de chaux était employé sur une grande échelle dans l'île de Cuba. » L'Académie apprendra, sans doute avec intérêt, la suite de ces obser- vations et des applications en grand du bisulfite de chaux, surtout si la description est accompagnée de quelques détails sur les appareils évapora- 1 1 . ( 8o) toires, les moyens employés pour prévenir ou enlever les incrustations calcaires , enfin sur les proportions et les caractères des sucres obtenus. » En résumé, sauf les inconvénients qui peuvent résulter des incrusta- tions, lorsqu'il s'agit d'effectuer la concentration des jus dans les appareils clos, et plus encore dans les chaudières tnbnlaires, M. Reynoso nous sem- ble avoir indiqué des conditions favorables à l'emploi du bisulfite de chaux dans les sucreries coloniales. » De leur côté, MM. Périer et Possoz ont été conduits, par de nom- breuses et persévérantes recherches sur des cannes à sucre importées d'Es- pagne et des colonies, à une méthode distincte, caractérisée par l'emploi du sulfite neutre de soude, en vue d'éviter toute chance d'incrustation, soit dans les chaudières ouvertes, soit dans les appareils tubulaires clos, évapo- rant sous une pression amoindrie des o,5 aux 0,9 de la pression atmosphé- rique ordinaire. » Les bons résultats qu'ils avaient obtenus dans leurs essais de labora- toire s'étant reproduits eu grand aux colonies, MM. Périer et Possoz, en communiquant à l'Académie leurs procédés, invitaient les Commissaires à suivre quelques opérations expérimentales, afin de vérifier leurs assertions. » Ils désiraient, en outre, nous rendre témoins d'essais comparatifs sur le jus des betteraves traité par une méthode récemment perfectionnée. Ce qui caractérise leur système dans ce dernier cas, c'est non-seulement l'em- ploi fractionné de l'hydrate de chaux avec élimination partielle par l'acide carbonirpie a|)rès la dsuxième addition, puis élimination totale après la dernière addition de chaux; mais c'est aussi luie épuration plus avancée à l'aide de la saturation partielle des carbonates alcalins dissous, et tout en réduisant des 0,7$ la quantité du noir animal. » Voici un compte rendu succinct des expériences faites en notre pré- sence le 19 février dernier. » On pèse 7 kilogrammes de betteraves blanches (un peu altérées), va- riétés à collets verti et roses. Elles fournissent, par le râp.ige et la pression, 525o grammes de jus ayant une densité de io4o. Ce jus chauffé à -}- 70 de- grés est déféqué avec 0,006 de chaux, en chauffant jusqu'à la première appa- rence d'ébullition ; le liquide alors filtré est limpide, mais offre une teinte brune orangée rouge âtre. » Comme point de départ et pour se ménager un terme de comparaison, i5oo grammes de ce jus sont traités par 0,001 de chaux, puis par l'acide carbonique en excès; on chauffe à l'ébullition et l'on filtre. 1000 grammes du liquide clair sont évaporés jusqu'à ce que la température d'ébullition ( 8i ) s'élève à -+- 1 15 degrés : le sirop ainsi obtenu est brun, trouble et visqueux; on le verse dans un verre conique en y ajoutant i gramme de menus cristaux de sucre, afin d'établir des centres d'attraction cristalline (i). Épuration du jus des betteraves par triple addition de chaux et double injection d'acide carbonique. (Procédé dt- MM. Périer et Possoz.) » aSoo grammes du même jus, pris après la défécation des 525ogranmies, reçoivent 0,00 1 5 de chaux par petites doses, au fur et à mesure que la sa- turation par l'acide carbonique s'accomplit, en laissant à la fin dominer un excès de chaux représentant o,oo3. On s'en assure en mélangeant 3 cen- timètres cubes d'une solution titrée de prolochlorure de fer avec i volume du jus, mélange qui produit en effet une tache verte lorsqu'une goutte du liquide surnageant est mise en contact avec une goutte d'une solution faible de prussiate rouge de potasse. On filtre alors tout le jus, puis on y ajoute par petites doses o,oo4 de chaux en injectant en même temps i volume suf- fisant d'acide carbonique, pour que cet acide s'y trouve en excès; ce qu'on reconnaît sans peine au moment où l'eau de chaux précipite une petite quantité du liquide filtré. On porte alors le jus ainsi traité à l'ébullition, soutenue quelques instants afin d'éliminer l'excès d'acide carbonique ; on filtre alors et l'on constate que le liquide clair ne renferme plus de quan- tités appréciables de chaux, car il ne se trouble pas immédiatement par l'oxalate d'ammoniaque. » Ce jus sucré limpide, exempt de chaux et mieux épuré de substances organiques étrangères que par les autres moyens usuels, fut traité compa- rativement de deux manières : 1000 grammes évaporés rapidement, jusqu'à ce que la température de l'ébullition s'élevât à + i i5 degrés, donnèrent un sirop fluide beaucoup moins coloré que celui de la première opération ; on le versa dans un verre en y ajoutant i gramme de sucre poiu- amor- cer la cristallisation. » L'autre quantité de 1000 grammes de jus limpide fut neutralisée aux 0,8 par ime solution aqueuse à o,o3 d'acide sulfureux, dont on a em- (1) En opérant sur 4oo graninies du jus carbonate filtré, on a reconnu qu'il contenait par litre ré([uivalent de 0"'^,8 de chaux, non précipitable dans ces circonstances par l'acide car- bonique, retenue par des matières organiques étrangères au sucre et colorées. On verra par les expériences suivantes, faites sur une autre partie du même jus déféqué, que ces composes peuvent être précipiîés presque complètement par des additions en doses suffisantes de chaux et d'acide carbonique. ( 8^) ployé i5 centimètres cubes pour transformer en sulfites la plus grande partie des carbonates alcalins (de potasse, de soude et d'ammoniaque). L'évaporation rapide, jusqu'au terme de cuite (ou correspondant à la tem- pérature de ii5 degrés), donna un sirop plus fluide encore et moins co- loré que le sirop de l'opération précédente; il fut de même versé dans un verre avec i gramme de sucre poiu' rendre plus facile la cristallisation. » Les trois masses cristallines produites par ces trois opérations offrirent des caractères en rapport avec ceux de chacun des sirops, car elles étaient graduellement plus abondantes et moins colorées. » On peut déduire de ces trois expériences des conclusions précises, en parfaite concordance avec les faits nombreux constatés dans les applications en grand : » Le produit de la première opération correspondante au traitement des jus par la défécation ordinaire qui enlève les matières azotées et pecti- ques coagulables par la chaux, et à une épuration incomplète par une dose insuffisante de chaux et une seule saturation à l'aide de l'acide carbonique, contenait encore une forte proportion de substances organiques étrangères colorées et colorables, unies sans doute aux 0,0008 de chaux non précipi- table par l'acide carbonique dans ces conditions. » Dans la deuxième opération, les effets utiles de deux additions de chaux, précipitée par l'acide carbonique, partiellement d'abord, puis tota- lement ensuite, ont été rendus évidents par l'élimination plus complète des matières étrangères colorées et de la chaux, dont les réactifs, effectivement, n'accusaient plus la présence. » Si l'on considère que, sous l'influence d'un léger excès de chaux, le précipité de carbonate entraîne avec lui ces matières en se colorant lui- même, graduellement moins, à mesure que l'opération s'avance, on sera porté à reconnaître avec M. Chevreul que le carbonate de chaux, à l'état naissant au sein du liquide, fixe par voie d'attraction capillaire ces matières organiques en formant une sorte de laque ; qu'en outre l'alcalinité de l'eau favorise la fixation de l'oxygène atmosphérique sur certaines substances organiques, et par conséquent leur altération, qu'enfin les additions suc- cessives de chaux et d'acide carbonique peuvent en partie prévenir cette altération spéciale. » Les mêmes phénomènes et de semblables résultats se sont d'ailleurs reproduits dans une seconde série d'expériences faites en présence de M. Chevreul. » Il est tout simple d'admettre que le liquide sucré étant débarrassé des (83) matières étrangères, la dernière addition de chaux soit entièrement préci- pitée, avec ce qui reste de chaux dans le liquide, par l'excès d'acide carbo- nique qui ne rencontre plus alors les mêmes obslacles à son action. » Dans la troisième opération on avait poussé plus loin les réactions favo- rables en saturant par l'acide sidfureux (après élimination complète de la chaux) les 0,8 des carbonates alcalins, en vue d'éviter les effets ordinaires des réactions alcalines qui produisent des coloration^ brunes en présence des traces de glucose et de plusieurs substances organiques facilement alté- rables. » Dans la pratique en grand on parvient très-aisément aujourd'hui à satu- rer les 0,8 des carbonates alcalins : il suffit pour cela de saturer complè- tement, par exemple, 8 hectolitres de jus sur 10, puis d'y mélanger ensuite les 2 hectolitres mis en réserve. )) Par l'effet même de décoloration qu'ils produisent, les sulfites alcalins se changent en sulfates ; mais il pourrait rester des sulfites non transformés qui communiqueraient aux sucres un goût désagréable : les inventeurs évi- tent cet inconvénient en effectuant la saturation avec un mélange d'acide sulfurique et d'acide sulfureux; la proportion des sulfites produits se trouve par là réduite d'autant, et l'inconvénient disparaît. » Le mode de saturation précité constituerait peut-être un procédé nouveau si , conformément à une description donnée par MM. Périer et Possoz , on l'appliquait au jus de betteraves filtré , après une seule saturation de la chaux par l'acide carbonique en excès. Dans ce cas, les opérations se trou- veraient simplifiées, et les ustensiles nécessaires moins nombreux. Il pourrait être intéressant de comparer ce procédé avec ceux dont nous avons vérifié expérimentalement les résultats. )) En tout cas, après l'épuration et la saturation des jus, il ne reste qu'à les évaporer dans les appareils tubulaires à triple effet, où aucune incrusta- tion calcaire n'est plus à craindre. Lorsque la concentration arrive à aS ou 26 degrés Baume, on filtre sur le noir animai, dont la dose est réduite des trois quarts ; enfin, on termine l'opération au degré de cuite dans une chau- dière close, où la pression atmosphérique peut être réduite à volonté au dixième de la pression normale. Les perfectionnements introduits dans les procédés de MM. Périer et Possoz, signalés par leurs diverses communica- tions, depuis l'époque oi'i un premier Rapport fut présenté à l'Académie, ne sont plus à l'état d'essai ; ils sont adoptés dans cinquante usines en France. On pourra juger des résultats qu'ils produisent régulièrement, en examinant l'échantillon, déposé sur le bureau, des sucres cristallisés partiellement du- ( 84 ) rant la dernière évaporation, puis égouttés, claircés aux sirops, et finalement à l'aide de la vapeur globulaire dans les centrifuges Seyrig. Ce sucre ne le cède eu rien, pourla blancheur et la pureté, aux sucres indigènes et exotiques directement obtenus, jusqu'ici, à l'aide d'une double filtration sur une quan- tité quadruple de charbon d'os. 11 La seconde série d'expériences effectuées devant la Commission est rela- tive au traitement du jus des cannes à sucre. 45oo grammes de cannes d'Otaïti, variété à superficie verdâtre venant de Cuba, pressées deux fois dans un laminoir, ont donné 8270 grammes de jus ayant une densité de 1078 (10°, 5 Baume) à -+- 15 degrés centésimaux. n Dans 1000 grammes de ce vesou froid on ajouta 2 grammes de chaux, l'acide carbonique y fut insufflé jusqu'à disparition de la nuance jaunâtre; on fit bouillir, puis filtrer; le liquide clair reçut un courant d'acide car- bonique, et, par petites portions, 3 grammes de chaux (préalablement hydratée, comme dans toutes les expériences, par dix fois son poids d'eau chaude); lorsque l'excès d'acide carbonique fut sensible à l'eau de chaux, on fit bouillir pour chasser cet excès d'acide et l'on filtra. La chaux ayant été ainsi éliminée, on décomposa presque complètement les carbonates alca- lins par une addition d'acide sulfureux : 12 centimètres cubes d'une solu- tion à o,o3 suffirent. » On fit alors évaporer jusqu'au degré de cuite, c'est-à-dire jiisques à élé- vation à -t- ii5 degrés de la température d'ébullition ; le sirop étant versé dans un verre on amorça la cristallisation avec i gramme de sucre; la cuite s'était opérée très-fiicilement, à feu nu (par la flamme du gaz). Le liquide sirupeux était limpide et très-peu coloré, il a produit une masse cristalline régulière de très-belle apparence. u Ce procédé, comme on le voit, élimine toute la chaux; il s'applique en effet dans les sucreries où l'évaporation s'effectue par le vide à l'aide d'appareils clos qui doivent être mis à l'abri des incrustations. )) MM. Périer et Possoz ont simplifié cette méthode eu supprimant la dé- fécation par la chaux et les inconvénients que présente celte substance rare- ment assez pure aux culouies. lis sont parvenus à ce résultat en complé- tant leur procédé au sulfite neutre de soude par une sorte de clarification faite avant l'évaporation, comme nous le dirons plus loin. » Leur procédé primitif au sulfite de soude, destiné aux habitations co- loniales dans lesquelles l'évaporation a lieu à l'air libre, se réalise dans les conditionsde l'expérience suivante faite devant nous : 1 kilogramme du même vesou reçut à froid 4 décigrammes de sulfite neutre anhydre; on fit éva- ( 85 ) porer à rébullition, en ayant le soin d'enlever les écumes au furet à mesure de leur formation; il ne se produisit plus d'écumes vers i8 à 20 degrés Baume. Le jus, devenu limpide, conserva ce caraclère jusqu'au degré de cuite; on obtint un sirop jaunâtre d'une nuance claire, légèrement plus foncée que le précédent. Versé dans un verre, amorcé avec i gramme de sucre et maintenu comme les autres à l'étuve, il s'est pris graduellement en une masse cristalline régulière d'apparence un peu moins belle que dans la précédente opération. » Le principal avantage de ce procédé aux colonies, où il est déjà trè.s- répandu, est d'être aisément applicable dans les sucreries dépourvues d'ap- pareils évaporatoires par le vide. » Quant aux grandes usines où Ion opère en vases clos, l'écumage n'étant pas possible, il fallait clarifier le jus avant de le soumettre à l'évaporation. Voici de quelle façon le but a pu être atteint. Ce fut en ajou- tant aux sulfites des substances susceptibles de former promptement dans le jus, avec les matières organiques étrangères au sucre, des composés inso- lubles. Ce résultat a été économiquement obtenu surtout à l'aide d'une argile calcaire commune (formée de silicate d'alumine 68, carbonate de chaux 3o, magnésie, oxyde de fer, sable 2). i à 4 de cette argile pour 2 de sulfite neutre de soude suffisent dans 3ooo litres de jus pour effectuer en quelques instants d'ébullitiou tuie clarification complète qui permet de pousser la concentration dans les appareils jusqu'au terme de cuite sans écumage et sans qu'on ait à redouter des incrustations calcaires. )> Après avoir constaté les résultats favorables obtenus dans les sucreries indigènes à l'aide des procédés décrits et graduellement perfectionnés par MM. Périer et Possoz ; après avoir vérifié dans des expériences de labora- toire l'exactitude des faits qu'ils avaient annoncés relativement aux mé- thodes d'épuration des jus de la betterave et de la canne à sucre, nous avons l'honneur de proposer à l'Académie d'accorder son approbation à la direc- tion scientifique et pratique qu'ils poursuivent avec de persévérants efforts. « Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. GÉOLOGIE. — Rapport verbal sur la publication de la Carte (jéologique de la Suisse; par M. Daubrée. * « L'exploration géologique de la Suisse est en ce moment l'objet d'une étude détaillée, sur laquelle l'Académie voudra bien me permettre d'appeler C. R., i863, 3">e Semi-stre. (T. LVII, N" 2.) '2 ( «6 ) son atlontion, à propos de la première livraison d'un travail dont elle a réceninient rerii l'hommage. » Déjà, il y a dix ans, MM. Studer et Escher ont publié une Carte géolo- gique de la Suisse, qui est entre les mains de tous les géologues. C'était un premier tableau d'ensemble dont l'échelle, de ^g^'^^Q seulement, n'était pas assez grande pour bien représenter un sol à la fois aussi accidenté et aussi remarquable que la région montagneuse de ce pays. )) La Société helvétique des sciences naturelles ayant reçu, en i858, de l'Assemblée fédérale une allocation destinée à favoriser des recherches utiles à la Suisse, elle décida que cette subvention serait consacrée à l'exé- cution d'une Carte géologique de plus grande dinjension. La direction de l'œuvre fut confiée à ime Commission composée des deux éminents auteurs de la Carte actuelle, et de MM. Merian, Desor et Alphonse Favre : le travail à entreprendre ne pouvait donc être placé sous un meilleur patronage. )) On connaît quelles difficultés présente l'étude détaillée des Alpes, où les terrains stratifiés sont presque dépourvus de fossiles sur de grandes épaisseurs, et où les allures des couches déchirées ne peuvent être souvent reconnues que par des ascensions pénibles. Pour surmonter ces difficultés qui trouvent, il est vrai, une sorte de compensation dans le charme qu'in- spirent ces magnifiques montagnes, la Commission a dû faire appel, en de- hors de son sein, à plusieurs géologues déjà connus par de consciencieux travaux. » Dans l'impossibilité d'adopter l'échelle de ^^, „„„, on se servira de la Carte de M. le général Dufour. L'échelle de cette dernière, qui n'est que de TôûTiûrô' obligera à supprimer des détails intéressants à divers titres, mais elle aura l'avantage de mieux faire ressortir les traits généraux de la struc- ture du sol. Le travail est préalablement exécuté sur des cartes minutes, au TT^-fT^; ^t au 5-^0-5^, offrant les courbes horizontales de niveau, que les explorateurs doivent rendre à la fin de chaque campagne, coloriées géolo- giqucment et accompagnées de profils, ainsi que d'un texte explicatif. )) Dans une première livraison, la Commission vient de publier le Jura bàlois, OMivre de M. le professeur Albert Muller, de Bâle. La Carte, accom- pagnée de nombreuses coupes et d'un texte en langue allemande, repré- sente une région dont M. Merian a donné une excellente description il y a déjà quarante ans, c'est-à-dire à une époque où l'on commençait à peine à distinguer sur le continent les subdivisions du terrain jurassifjue. La feuille représentant la partie orientale des Grisons est sur le point de paraître. » La pairie de Saussure a toujours été féconde en naturalistes. C'est ce ( 87 ) que confirme complètement la lecture du volume druis lequel l'histoire de la géographie physique de la Suisse vient d'être exposée par le président de la Commission géologique, M. Studer, lui-même l'un des principaux re- présentants contemporains de celte phalange. Le zèle et l'habileté dés col- laborateurs, réunis dans une pensée commune de science et aussi de patrio- tisme, ne fera donc pas défaut. Il est à désirer, et nous ne saurions en émettre trop formellement le vœu, que la Commission continue à trouver auprès du gouvernement fédéral l'appui matériel qui est nécessaire à l'ac- complissement de son oeuvre. » aiÉMOIRES LUS. PHYSIQUE DU GLOBE. — iMicrograpliie atmosphérique ; par M. J. Samuelsox. « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au juge- ment de l'Académie, je décris les expériences que j'ai poursuivies pendant plusieurs années sur l'air atmosphérique et les germes qu'il tient en suspen- sion. » En i856, j'exposais à Hull, en Angleterre, des infusions de chlorophylle de chou, et j'y trouvais dos types infiisoires [Glaucoinascintillans). n En 1862, j'exposais à Liverpool les mêmes infusions et d'autres dans lesquelles la viande formait l'élément infusé. M. le D' Balbiani, iiion colla- borateur, exposait de son côté les mêmes substances. Nous y avons trouvé plusieurs types infusoires : des Cyclides, Kolpodes, Trachélies, Kérones, Monades, Vibrions, et le Cuxomoiui.s acumiiuUn.he D' Balbiaui a découvert le C/clidiiiin glaucoma dans ses infusions et dans la ponssière mouillée de sa fenêtre. Il a trouvé le Circomonas acuminata dans ses infusions. J'ai moi- même trouvé ce type dans mes infusions et dans de l'eau pure distillée expo- sée subséquemmcnt. Je l'ai dessiné et décrit. a En 1862, désirant savoir si partout l'atmosphère tenait en suspension les mêmes corpuscules, j'ai secoué la poussière de divers échantillons de chiffons tirés des pays étrangers, et j'ai obtenu ainsi la poussière du Japon, d'Alexandrie, de Trieste, de Tunis, du Pérou et de JMelbourne. Je les ai conservées jusqu'au 26 juin i863 et puis semées à travers de la mousseline dans de l'eau distillée et exposées au dehors. J'ai exposé en même temps de l'eau pure distillée dans une boîte triple, dont les couvercles consis- taient en carrés de verre bleu, jaune et rouge. » J'ai trouvé dans toutes ces poussières une foule d'infusoires, surtout des Monades bien développées, Vibrions, etc., et j'ai décrit une nouvelle Jinibe, 12.. ( 88 ) a motion rapide, observée dans la poiissiore d'Egypte. 11 y eut un accroisse- ment de la vie pendant les Irois ou quatre premiers jours, puis dimi- nulion. » Dans l'eau pure distillée je n'ai rien trouvé tant que les couvercles de verre colorié ont été placés de telle sorte qu'ils arrêtaient la chute de la poussière. Mais quand j'ai laissé la poussière pénétrer dans les vaisseaux qui contenaient l'eau, j'ai trouvé (le lendemain) un sédiment léger qui consistait en particules minérales et végétales, empâtées dans une pellicule gélati- neuse. Cette pellicule s'est montrée, sous un plus fort grossissement, formée de Monades sessiles, qui ont subséquemmeut repris la vie et peuplé les eaux. Conclusions. » 1° L'atmosphère, dans toutes les parties du monde, est plus ou moins chargée de corpuscules appartenant aux trois règnes de la nature, animal, végétal et minéral : de particules de silex, de craie, etc., de substances végétales fraîches et en état de décomposition, de fibrilles animales et végé- tales, de kystes et de germes d'infusoires, et probablement, dans des cas plus rares, de vers néraatoïdes. » 2° Les infusoires consistent pour la plupart en germes des types obscurs connus aujourd'hui sons les noms de Monades, Vibrions, Kolpodes, etc., mais aussi enCyclides, Trachélies, Kolpodes, Kérones, Vorticelles, etc. » 3° Ces corps organisés se trouvent dans des quantités variables selon la condition de l'atmosphère, plus abondants quand l'atmosphère est sèche, et moins quand il y a eu beaucoup de pluie; ils flottent dans toute l'atmo- sphère, et ordinairement ils pénètrent partout avec elle. n 4° La ténacité de vie dont sont doués ces germes est beaucoup plus forte que ne l'admettent quelques observateurs, et surtout les partisans de la génération spontanée, principalement dans les formes obscures, Fibrio, Monas et Bacteriuni, qui retiennent la vitalité dans des circonstances physiques Irès-peu favorables, et qui par l'addition de l'eau, aidée des rayons du so- leil, se raniment après une suspension de vie très-prolongée. » Il est impossible de limiter le temps qu'il faut pour éteindre cet attribut de la révivification, mais j'ai trouvé que quand ils ont repris la vie les con- ditions physiques les affectent sensiblement. « Le froid les tue. Les rayons liuiiineux et les rayons chimiques du soleil facilitent leur développement plus que les rayons calorifiques. » Je crois que ces rayons, quand ils accélèrent la décomposition des sub- stances organiques, produisent des infusoires par génération spontanée, mais (89) qu'en facilitant la décomposition des substances organiques, les rayons four- nissent pour ainsi dire à ces germes, qui viennent d'être doués do l'exis- tence, le moyen de croître plus rapidement. » Il me semble impossible que les particules microscopiques entraînées par l'atmosphère dans de l'eau distillée puissent donner naissance par gé- nération spontanée à la foule d'infusoires qui y apparaissent dans une seule nuit, et la condition immobile dans laquelle j'ai trouvé ces germes avant qu'ils eussent pris la vie est pour moi une évidence très-forte en faveur de leur préexistence. » HYGIÈNE. — Du climal et en pavlicidier des lieux de Venise; par M. Grimaud , de Caux. (Commissaires précédemment nommés: MM. Chevreul, Morin, Rayer, Combes. ) (i Orientation. — Peu de villes sont mieux orientées que Venise. Elle a la mer au midi et la montagne au nord. Le soleil monte à l'horizon du côté du Lido, à la pointe de San Nicolo ; il en descend derrière lit Sainte, vers Fusine. Du matin au soir il est sur mer, d'où il envoie sans obstacle sur la ville ses rayons bienfaisants. » En prolongeant les lignes des quatre points cardinaux on rencontre : au nord, à la distance de 20 lieues, un grand mur de protection, les Alpes ; au midi, l'Adriatique dans toute sa longueur ; puis la Méditerranée par son plus grand travers, menant à la côte plate de l'Afrique, vis-à-vis de Barkah, non loin de l'oasis d'Ammon : 5oo lieues d'espace ouvert, ne présentant au vent aucun obstacle; à l'est, les montagnes de la Croatie, qu'on va toucher en traversant l'Adriatique au fond du golfe, et qui viennent Itemper leur pied dans le Quarnero; à l'ouest enfin, les plaines arrosées par le Pô, qui aboutissent aux Alpes de Turin et deNovi. » Topographie. — Venise, en pleine lagune, entourée d'eau, est donc assise au milieu d'un grand espace plat, dont je viens de limiter dans tontes les directions l'horizon extrême. » Au temps des Romains, les bords de cette lagune étaient des lieux de délices. Martial voulait finir ses jours à Altino. Aujourd'hui Altino et ses environs sont fiévreux, ainsi que tous les lieux de la terre ferme confinant au littoral. Un pareil changement a ses causes. > De grands fleuves coulaient librement dans la mer. Attila paraît : les populations qui vivaient sur ces rives fleuries cherchent un refuge contre ( 90 ) les ravages de ses hordes sur les Ilots qui surgissaient au milieu de la l.ii^une voisine. Dans cette retraite sûre elles se fortifient, c'est-à-dire iiu'elles maintiennent l'eau au pied de leurs demeures, avec la profondeur et l'étendue qui rendent ce rempart naturel inexpugnable. Et, comme l'eau leur vient de deux côtés, par les fleuves avec des atterrissements, et par la mer sans aucuns troubles, ils accueillent la mer et repoussent les fleuves, afin de mieux assurer l'efficacité de cette fortification d'espèce nouvelle. » Libre accès laissé aux eaux de la mer, éloignement des eaux de rivière, tel est le principe qui, dès l'origine, a guidé les habitants de Rialto et a servi de base à la constitution présente de la lagune de Venise. Et voici quelle est cette constitution. » Marche dujlol. — Le flot de la mer entre en lagune à la fois par cinq ouvertures de dimensions inégales. A chaque ouverture il creuse un chenal proportionné à la masse des eaux qu'il roule. Les courants s'avancent en s'étalant jusqu'à la terre ferme, en même temps que, des deux côtés, ils vont à la rencontre les uns des autres. Quand le flot se retire, chaque courant retourne à la mer par son même chemin. Mais la rencontre d'une masse d'eau avec l'autre s'élant faite selon une ligne déterminée par l'éta- lage, cette ligne constitue une véritable ligne de faîte, limitant en réalité deux vallées contiguës. » Effets de la marée. — Les lignes de faîte se dessinent au moment où le flot reculant commence à découvrir la lagune. Elles portent le nom de parti acqua. Les j)arli (icqua divisent la lagune en trois bassins principaux, trois lagunes distinctes : il y a la lagune d'Altino, la lagune de Malaniocco et la lagune de Venise, qui relie les précédentes. )) Pendant longtemps les Vénitiens, dans l'intérêt de leur sûreté, n'eurent souci que de la lagune du milieu. Voulant la préserver des atterrissements, ils en éloignèrent la Brenta, dont l'ancien lit, dans Venise, est maintenant rempli par cette belle nappe d'eau qui forme le canal de Saint-Marc et le canal de la Giitdecca, et que l'on parcourt dans toute sa longueur lorsqu'on veut aller en gondole à Fusine. Cet ancien lit de la Brenta remonte dans les terres jusqu'au Dolo, au-dessus d'Oriago et de la Mira. La Brenta n'en- voie vers la lagune qu'un filet d'eau pour la Seriola, et le peu qu'il en faut pour entretenir, au moyen de l'écluse du Dolo et de Fusine, une faible na- vigation entre Venise et Padoue. Ainsi les eaux de la Brenta n'entrent point dans la lagune de Venise. Au moyen de grands travaux d'art, elles sont rejetées dans le bassin de Malaniocco, où elles rencontrent les eaux de l'A- (9^ ) (lige et même du Pô, tandis que les eaux du Silc et d'autres courants plus faibles vont joindre celles de la Piave dans la lagune d'Altino. » Conséquences liyqiéniqiies et application. — La lagune du milieu n'ad- mettant point d'eaux douces, la salubrité y est parfaite. Mais les autres lagunes où l'eau douce vient se mêler à l'eau salée sont insalubres comme tous les marécages. Il faui, en effet, une résistance vitale d'une certaine énergie pour ne pas éprouver l'influence des émanations lacustres et pour ne pas contracter des fièvres de marais, quand on veut fréquenter la lagune d'Altino ou celle de Malamocco. J'ai eu à mon service un gondolier dont le frère gagnait sa vie à chasser le gibier dans la lagune de Malamocco. Le chasseur passait régulièrement trois mois de l'année dans l'inaction à Venise, pour se guérir de la fièvre. C'était pourtant un garçon robuste et acclimaté. Pour celui qui ne réunit pas toutes les conditions de la santé, qui se sentirait la moindre tendance à un dérangement quelconque de son état normal, aller passer la nuit dans ces parages et en revenir indemne serait un hasard dont il devrait toute sa vie remercier la Providence. » Il faut rendre justice aux médecins du pays : au plus léger mal de tête, au plus petit sentiment de lassitude dans les membres, au moindre symp- tôme gastrique ou intestinal, ils vous défendent toute excursion en dehors du bassin de Venise, sous peine d'en revenir avec la fièvre, avec la fièvre des marais, avec la fièvre pernicieuse peut-être, qui, si elle est méconnue au premier accès, vous enlèvera au troisième. » Pour les mêmes causes, la fièvre est endémique aux bords de la lagune, mais pas bien loin dans les terres. A une courte distance de Fusine, non loin des Moranzani, il y a une villa c|ui tient de l'élégance d'un palais: elle s'ap- pelle Malcontenta ; le nom dit la chose. A Mestre aussi, au-dessus du fort de Marghera, les fièvres sont assez fréquentes; tandis qu'au sortir de cette petite ville, le Terraglio est bordé, jusqu'à Treviso, de maisons de campagne patriciennes qui rappellent des grandeurs passées. On n'aurait pas tant recherché et embelli des lieux naturellement insalubres. Quand ou est ma- lade en terre ferme, il faut retourner à Venise pour recouvrer la santé. En 1846 l'été fut très-chaud, l'automne pluvieux. L'eau ayant séjourné sur le sol plus longtemps qu'à l'ordinaire, la fièvre se montra où on n'avait pas l'habitude de la craindre, et toutes les villegqiaiure furent abrégées: on rentra pour se guérir du mal ou pour s'en préserver. ■» J'ajouterai encore un détail concernant la salubrité toute spéciale de la ville. M A Venise, les canaux ne fout pas seulement fonction de rue pour les (92 ) «ondoies ; ils tout aussi fonction d'émonctoire pour les habitations, et d'égout pour les véritables rues dans lesquelles on chemine à pied; de façon que la lagune celte nappe d'eau presque donnante, est en réalité la cloaca maxima d'une population de 120000 âmes (eu un temps 200000), agglomérée sur un très-petit espace. Là, depuis des siècles, tout va dans le canal : à Texcep- liou des scoazze, des matières solides encombrantes, tout est jeté par la fenêtre pour ainsi dire au pied des maisons, et la vase des canaux n'est point corrompue ; et \eJan(jo que l'on extrait de temps à autre avec la dra- gue, pour maintenir la profondeur, est porté derrière la Giudecca, sans inconvénient pour la santé j)ublique. Là il se dessèche et finit par procurer des extensions de terrain aux dépens de la lagune. » A Londres, il y a trois ans, on criait avec raison à la peste, parce qu'à chaque marée la Tamise découvrait ses bords plus que de coutume. A Ve- nise aussi la marée découvre toutes les six heures et met à sec la barène et les petits canaux, sans qu'on ait rien à redouter. Que conclure de cela, si ce n'est qu'à Venise il y a des éléments de conservation qui n'existent point à Londres, et qu'à Londres aussi les eaux de la Tamise n'ont pas les mêmes propriétés que les eaux de la lagune à Venise. » Je termine par un autre rapprochement. Supposez un instant que Paris n'ait pas d'égout, et que la Seine, au lieu d'être un cours d'eau, soit un lac d'eau douce venant se ramifier et baigner le pied des maisons, absolument comme la lagune de Venise. Supposez ensuite qu'on se contente de jeter dehor.s, comme on le fait à Venise, ce qui est confié maintenant aux réser- voirs étanches dont chaque maison est armée. Combien faudra-t-il de jours, combien d'heures pour que Paris soit un foyer pestilentiel? » PHYSIQUE. — Mémoire sur les retards de l'ébiUlition et de la congélation des liquides, sur les formations de la grêle et de la neige; j>ar M. J.-F. Artcr. (Extrait par l'auteur.) . La proportion précédente donne 18°"°: la""" : : 2'"'",576:x=: i=""°,7i7 ; i8:6::5,982:.r= r-"™99/j; i8:3::8,5i2:.r=: i="",4i9. Pour a voir égard à la pression de l'air sur le liquide, j'ai diminué d'une atmosphère les tensions de la vapeur d'eau à 140, i65 et 1178 degrés. Les trois résultats: 1,717; 1,994; 1,419 atmosphère, ne sont pas trop éloignés de la tension 2,671 at- mosphères de la vapeur à i3o degrés, diminuée de i atmosphère. La moyenne de ces trois résultats est 1,710 atmosphère. En faisant ces expériences, M. Dufour, qui n'en coiuiaissait pas l'explication, ne les a pas dirigées con- venablement pour obtenir la plus haute température que chaque globule d'un diamètre déterminé pouvait supporter sans dégager de la vapeur. )) En représentant par D le diamètre intérieur d'une sphère creuse, et par P la pression qu'exerce sur l'unité de surface la force élastique qu'elle renferme, je j)rouve que -j- exprime la force qui tend à séparer ses deux liémisphères sur chaque unité de longueur de la circonférence qui leur est commune. En faisant successivement D =: 18, 12,6, 3 millimètres, et P= 1,671; 2,576; 5,982; 8,5 12 atmosphères, on obtient DP — = 7,5195; 7,728; 8,973; 6,384 atmosphères. En multipliant 760 millimètres par la densité 13,598 du mercure, on ob- tient io334""",48 pour la hauteur de l'eau qui équilibre la pression atiiio- sphérique, et par suite io334"sy^8 ou io8%33448 pour cette même pres- sion sur 1 millimètre carré de surface. » En mnltipliant successivement ioS'',33448 par 7,5195; 7,728; 8,973; 6,384 atmosphères, on obtient 77S'',7io; ']Ç)^',èG5; 92S'',73i ; 65s'',975 pour les actions qui tendent à séparer les hémisphères de chacune des quatre sphères ci-dessus dans i millimètre de longueur sur leur circonférence com- mune. La moyenne de ces quatre résultats est 796"^, 070. i> Pour simplifier la théorie précédente, on y a négligé la résistance pro- duite par la couche condensée qui enveloppe chaque sphère, et qui appar- C. R., i8G3, 2"^' Semestre. T. LVU, N" 2.) '3 (94) lient au liquide dans lequel elles flottent, ainsi que celles qui sont dues aux condensations successives que les deux couches concentriques éprouvent par leur affinité et par leurs cohésions. » Les résultats des calculs précédents prouvent donc que les retards de l'ébuilition des sphères de l'eau, qui sont en équilibre dans un autre fluide de même densité, proviennent des résistances des deux couches concentri- ques liquides condensées qui les enveloppent, dont l'une appartient à l'eau et l'autre au fluide qui les entoure. Les retards d'ébullition de diverses dis- solutions, du chloroforme et de l'acide sulfureux liquide, observés par M. Dufour, sont dus aux mêmes causes, mais il est impossible d'y appli- quer les calculs précédents: i'' parce que les observations ne sont ni assez précises, ni assez variées ; 2° parce qu'on ignore les tensions normales des vapeurs de ces liquides aux diverses températures. Les retards de con- •^élation de l'eau, du soufre et du phosphore fondus qu'éprouvent leurs globules, qui flottent librement dans un liquide ou entre deux couches fluides, proviennent de l'inertie de leurs molécules qui les empêche de se présenter lès unes aux autres par les faces convenables à la solidification (Bibliothèque de Genève, 1861, t. X; archives, p. 3/|6, et t. XI, Archives, p. 23). M Dans mon livre sur la Capillarilé, j'ai indiqué la manière dont se tor- maient les vésicules creuses des nuages. Échauffées fortement par le soleil, l'air intérieur qu'elles renferment se dilate ainsi que la tension, toujours maximum, de la vapeur qu'elles contiennent ; ces dilatations augmentent les volumes de ces vésicules et les obligent à s'élever dans des couches atmo- sphériques plus froides où elles peuvent descendre beaucoup au-dessous de zéro sans se congeler. Lorsque le refroidissement ou des secousses, etc., déterminent leur congélation partielle ou toiale, il en résulte des vési- cules solides creuses et remplies de gaz. Quand ime vésicule totalement congelée rencontre une vésicule liquide, cette dernière s'étend plus ou moins sur la première solide et peut s'y solidifier. Si la vésicule rencontrée est congelée et recouverte d'eau, le liquide de cette dernière la réunit au premier corps et peut ensuite se solidifier. Ces actions engendrent de petits grêlons. Les grêlons augmentent aussi par la vapeur atmosphérique qui se dépose dessus à l'état liquide avant de se solidifier. D'après les quantités de vapeur et surtout d'eau à l'état vésiculaire que peut contenir l'air, on ne doit guère s'étonner des volumes qu'atteignent quelquefois les grêlons avant leur chute. (95) » Les applications précédentes des résultats auxquels j'avais été conduit en examinant les actions moléculaires des corps sont une nouvelle preuve de l'exactitude de ma Théorie capillaire. Celte Théorie, qui établit des liens si intimes entre la Physique, la Chimie et l'Organisation, ne me paraît pas suffisamment indiquée par l'expression : Théorie capillaire. » Il me semble que l'on devrait la définir ainsi : Théorie et conséquences des actions moléculaires des corps. » MÉMOIRES PRÉSENTES. M. Velpeau présente, au noiii de l'auteur, 31. Courty, professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier, un Mémoire ayant pour titre : « Nou- veau perfectionnement apporté à la litliotritie par le broiement de la pierre en une seule séance » . (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Velpeau, Jobert, Longet.) MÉTALLURGIE. — Nouveaux moyens de traitement des minerais argentifères. Extrait d'une Note de M. J.-A. Pocmakède, présenté par M. Peligot. (Première partie.) (Commissaires, MAT. Boussingault, Peligot, H. Sainte-Claire Deville.) « Il y a déjà quelques années qu'ayant été chargé, au Mexique, par une grande Compagnie d'exploitation de mines, de me livrer, tant dans mon laboratoire que dans ses vastes ateliers, à des études suivies sur les incon- vénients que pouvait présenter pour elle la pratique de la méthode de trai- tement dite de Freiberg, et d'indiquer s'il était possible de trouver les moyens propres à prévenir ces derniers, je fus à même de constater plu- sieurs faits importants qui ont déjà été décrits dans un long travail, et que je me bornerai à indiquer ici d une manière sommaire, en ne m'attachant à décrire avec quelques développements que ceux qui ont servi de point de départ aux modifications radicales que j'ai fait subir au procédé saxon, que j'ai déjà mises en pratique sur une assez grande échelle et qui font l'objet essentiel de cette première communication à l'Académie sur ce sujet. '» Je dirai donc qu'il résulte des nombreux essais auxquels je me livrai à cette époque : i3.. (96) » i" Que les pertes, qui dans les divers ateliers de la susdite Compagnie s'élevaient à 28, 3o et 35 pour 100 de l'argent que l'essai docimasique indi- quait dans k's minerais, étaient occasionnées, d'abord et comme on le savait déjà, par des volatilisations qui se produisaient dans le fourneau à réverbère, mais qui provenaient principalement d'une chloruration unpar- faite de l'argent des minerais, qui, après sept et liuit heures de grillage, arrivaient rarement à renfermer à l'état de chlorure plus de 80 pour loo de celui qu'ils contenaient primitivement; » 2° Que cette chloruration imparfaite, quiétaitd'autant plusdéfectueuse que la teneur des minerais était plus élevée, provenait elle-même de ce que, tandis que l'argent de ceux-ci se transformait en chlorure, en vertu d'une réaction mal comprise et très-irrégulièrement conduite, il se produi- sait dans le fourneau un phénomène inverse : il y avait réduction d'une partie du chlorure déjà formé et régénération de sulfure d'argent ou d'ar- gent natif, qui, obtenu dans des circonstances pareilles, n'est pas susceptible d'être amalgamé dans le tonneau d'amalgamation ; » 3° Que le phénomène lui-même de la transformation de l'argent en chlorure, pendant le grillage, était le résultat d'une action directe du sel marin sur l'argent natif ou sur les combinaisons argentifères du minerai, s'eflectuant sous l'influence d'une grande quantité de matières feldspa- thiques ou quartzeuses, et ne dépendait pas, comme on l'a admis jusqu'à ce jour, des phénomènes d'oxydation du soufre, qui se produisent dans ce cas, et qui ne font que gêner la marche de l'opération; en d'autres termes, que la présence, dans les minerais, du soufre, de l'acide sulfurique ou de sulfates, n'était nullement nécessaire pour opérer la transformation, à l'état de chlorure, de l'argent que ceux-ci peuvent contenir. Les expé- riences fort simples que je vais décrire mettront en évidence la vérité de ce fait important. )) Si à du quartz finement pulvérisé anhydre ou hydraté, qui ne ren- ferme point de matière étrangère, on mêle une petite quantité (environ i pour 100) d'argent fin très-divisé, 1 ou 3 pour 1 00 de sel ordinaire, et qu'on introduise ce mélange dans un creuset de terre muni de son couvercle, que l'on chauffe de manière à le maintenir environ une demi-heure à la tempé- rature rouge, l'argent métallique primitivement mélangé se trouve dans ce cas complètement transformé en chlorure. En traitant le produit pulvéru- lent qui résulte de cette calcination par l'ammoniaque caustique étendue, jusqu'à épuisement complet, saturant les liqueurs, etc., on arrive, en effet; (97) en prenant les précautions d'usage, à obtenir la quantité de chlorure que le calcul indique. H Si, au lieu de faire entrer dans la composition du susdit mélange l'argent fin, on mêle cà sa place de l'argent sulfuré, du sulfure d'argent antimoniai ou toute autre combinaison minéralisatrice argentifère, la réaction est la même que dans le cas précédent, du moins cpiant à la production du chlo- rure d'argent; celle-ci ne se trouve modifiée de manière à contrarier les réactions du traitement métallurgique, que tout autant qu'on a fait intervenir dans le mélange certaines quantités de plomb sulfiu-é ou métallique, ou des quantités relativement grandes de pyrites cuivreuses, produits qui don- nent lieu, eux aussi, à la formation de chlorures, qui viennent modifier les propriétés du chlorure d'argent. « Si enfin on remplace dans le mélange en question le quartz par une matière feldspalhique, comme une argile, par exemple, seule ou plus ou moins mêlée avec des matières qu'on retrouve souvent dans les gangues naturelles, telles que carbonates terreux, oxydes de fer, etc., la chloruration s'effectue encore de la même manière et avec la même facilité. « Que se passe-t-il dans ces réactions? Évidemment il y a là des faits curieux à mettre en lumière! Ceux par exemple qui se produisent lorsqu'on opère la transformation de l'argent métallique en chlorure au milieu d'une gangue feldspathique me semblent particulièrement dignes de fixer l'atten- tion des chimistes; car le radical alcalin du sel marin, qui dans ce cas est déplacé par l'argent, vient, comme j'ai eu occasion de l'observer, produire sur les éléments de la gangue certains effets de réduction fort curieux, qui, bien étudiés, pourront jeter du jour sur la nature de quelques corps que nous ne connaissons encore que d'une manière très-imparfaite. Mais ce serait sortir des limites naturelles de ce travail, que d'aborder aujour- d'hui de pareilles questions, sur lesquelles je me propose d'ailleurs de reve- nir bientôt. Il me suffit pour le moment de démontrer que la chloruration des minerais est, à quelques excejjtions près, une opération toujours facile à réaliser quand on se place dans les conditions cpie je viens d'indiquer et qui n'ont rien de commun avec celles dans lesquelles on cherchait à se placer antérieurement. » Je décris ensuite dans mon Mémoire une méthode d'essai et de trai- tement qui repose sur ces premières données et qui permet d'arriver à extraire tout l'argent que les minerais renferment. » (98) PHYSIQUE. — Analyse spectrale de l'étincelle électrique produite dans les liquides et les qnz. Extrait d'une Note de M. Daniel. (Commissaires, MM. Pouillet, Fizeau, Edm. Becquerel.) « Dans toutes mes expériences j'ai fait usage d'un appareil de Ruhmkorff, de grandeur moyenne, avec ou sans condensateur dans le circuit, et j'ai toujours employé des étincelles très-courtes, de a à 3 millimètres, si ce n'est dans certains milieux qui n'offrent pas un grande résistance au passage du courant. D De tétincelle dans les liquides. — Les liquides dont je me suis servi sont : l'éther sulfuriquo, l'alcool absolu, le sulfure do carbone, l'essence de téré- benthine, la benzine, l'aniline, l'huile de naplitc, le chloroforme, le proto- chlorure de phosphore, les éthers chlorhydrique, bromhydrique, iodhy- drique, l'huile des Hollandais et enfin l'eau distillée. J'ai employé, comme électrodes, des boule.s de zinc, de cuivre, de laiton, de cadmium, de bismuth, d'antimoine, d'étain, de plomb, de fer, d'aluminium, de cuivre amalgamé, d'argent, de platine; des fragments de nickel et de cobalt, mé- taux obtenus dans un très-grand état de pureté par M. Jacquelain. » Les boules plongeant dans le liquide soumis à l'expérience, l'étincelle est généralement, poin- la même distance d'exj)losion, plus vive que dans l'air. Sa coulein- varie avec la nature du métal et avec celle du liquide. » Cette étincelle donne un spectre dans lequel on aperçoit les raies carac- téristiques du métal qui forme les pôles, en nombre d'autant plus grand que ce métal est plus volatil. Ces raies sont très-nettes, pourvu que l'étincelle ne soit pas trop forte. Généralement, elles deviennent très-confuses et dispa- raissent même complètement, si le condensateur est dans le circuit. C'est parce qu'il employait l'étincelle d'un condensateur que Masson n'a pas vu les raies métalliques dans les liquides. » Dans les carbures d'hydrogène, tels que l'essence de térébenthine, l'huile de naphte, la benzine, substances que l'étincelle décompose très-ra- pidement, l'observation n'est possible que pendant quelques instants, à moins que l'on n'opère dans un courant de ces liquides. Dans tous les cas les premières étincelles suffisent j)oiu' montrer que le phénomène est sensi- blement le même que dans l'élhcr sulfurique ou dans l'alcool. « Il faut employer le condensaleur et disposer dans le circuit deux inter- ruptions , la première dans l'air et la seconde dans l'eau, pour obtenir avec ce liquide une étincelle suffisamment intense. On aperçoit encore les raies ( 99 ) principales des métaux volatils, mais accidentellemeiil, et elles ne sont pas nettes. M Outre les raies caractéristiques de chaque métal, on voit le spectre du charbon et les raies principales de l'hydrogène, dans tous les liquides qui renferment ces éléments. La raie ronge de riiydrogène est toujours très- nette et très-brillante. » Le spectre du charbon n'est pas toujours complet ; les raies du violet sont rarement visibles; mais les raies rouges, jaunes, vertes, et surtout les raies bleues ne manquent jamais. C'est ce second spectre qui rend l'étincelle plus brillante dans les liquides que dans l'air. » L'appareil d'induction fonctionnant d'iuie manière continue, il se dé- pose du charbon sur les boules, après un temps plus ou moins long, et il se produit alors un spectre continu, spectre du charbon solide incandescent, qui finit par prendre une grande intensité et par masquer le spectre métal- lique et le spectre de la vapeur. Cependant, il ne masque jamais complète- ment les raies des métaux volatils et rarement les raies les plus brillantes du charbon. » Eu résumé, l'étincelle dans les liquides fournit trois spectres : le spec- tre du métal, le spectre de la vapeur du liquide (des éléments de cette vapeur), et, après quelque temps, le spectre du charbon solide incandescent. » Les raies métalliques sont généralement plus brillantes dans le sulfure de carbone, dans les éthers chlorhydrique, bromhydrique, iodhydrique, dans le chloroforme, que dans les autres liquides. » Tout se passe, quand l'étincelle se produit au sein d'une masse liquide, comme si elle éclatait dans la vapeur de ce liquide : c'est ce que j'ai vérifié par un grand nombre d'expériences. » De rétincelle dans lesviipeurs et les gaz. — J'ai opéré avec des étincelles courtes, dans un courant de gaz ou de vapeur sous la pression atmosphé- rique, courant qu'il est toujours facile d'accélérer, de ralentir ou d'arrêter. J'emploie, à cet effet, un petit tube entourant les deux boules de l'excita- teur et portant latéralement deux tubulures. Le gaz purifié arrive par la tubulure inférieure et s'échappe par la tubulure supérieure. » Dans la vapeur des liquides indiqués précédemment, les phénomènes sont les mêmes que dans le liquide qui la fournit; mais les spectres ont plus d'éclat. On aperçoit, généralement, le spectre du métal et le spectre de la vapeur, ou, plus exactement, des éléments de la vapeur. » Ou peut observera loisir les deux spectres superposés, en faisant jaillir les étincelles dans un tube renfermant de l'alcool jusqu'au niveau de la ( loo ) boule inférieure, ou en faisant couler le liquide goutte à goutte le long de la tige supérieure de l'excitateur. On obtient alors le spectre du métal, le spectre du charbon et les principales raies de l'hydrogène. Rien ne révèle la présence de l'oxygène, qui d'ailleurs, d'après plusieurs observateurs, ne devient pas libre. » En employant comme électrodes des fragments du charbon que l'on obtient en faisant passer des vapeurs de différents carbures d'hydrogène à travers un tid^e de porcelaine incandescent, on observe, quand on par- vient à empêcher la production du spectre continu, exactement le même spectre qu'avec tous les carbures. L'étincelle peut donc vaporiser ce charbon plus facilement que le charbon des cornues : avec ce dernier, on n'arrive pas au même résultat. On conçoit dès lors pourquoi ce charbon, préparé en masses assez considérables par M. Jacquclain, donne un arc voltaïciue plus régulier dans ses effets que le charbon des cornues. » Dans les gaz suivants : hydrogène, azote, acide carbonique, protoxyde d'azote, bioxyde d'azote, ammoniaque, sous la pression atmosphérique ou sous une pression un peu plus forte, le s|K-ctre des métaux volatils domine. » Avec le cuivre, l'argent, le platine, le spectre du gaz ou de ses élé- ments est plus nettement accusé. » Dans l'azote : raies fines dans l'orangé et le jaune, bandes bleues. Le tube est fluorescent. )) Dans l'hydrogène : raies caractéristiques de ce gaz, bandes bleues. » Dans l'ammoniaque : spectres de l'azote et de l'hydrogène, fluores- cence. » Le spectre des gaz n'est jamais très-brillant, mais il est suffisam- ment accusé pour qu'on y reconnaisse les spectres que donnent les tubes de Gessler. » Le spectre du gaz me paraît fourni surtout par l'auréole de l'étincelle ; car en opérant dans l'air et en dirigeant dans le tube un courant de ce gaz par une tubulure latérale disposée à la hauteur de l'étincelle, on voit l'au- réole se déplacer latéralement; elle sort du champ de l'instrument, le trait ne se déplace pas sensiblement : les bandes bleues et violettes de l'azote dis- paraissent presque complètement; les raies du métal persistent. )) Quand l'étincelle jaillit dans certains gaz, les raies caractéristiques du métal qui forme les électrodes deviennent très-brillantes. On peut leur don- ner de l'éclat, tout le inonde lésait, en employant un condensateur; mais elles deviennent plus larges et souvent confuses. Ici, rien de semblable; elles peuvent être éblouissantes sans cesser d'être nettes sur les bords. ( lo. ) » Dans la vapeur de sulfure de carbone, les raies du cuivre, du zinc, du laiton, de l'argent, sont très-brillantes. Il en est de même dansl'acidc sulfu- reux et dans l'acide sulfhydrique. » Dans l'oxygène, les raies des métaux volatils ont à peu près la même intensité que dans l'air. Mais le plomb donne, dans ce gaz, des raies plus intenses : on apeiçoit netleiuput dans l'indigo deux raies fiui ne se voient qn'à peine, quand le tube est plein d'air. Les deux raies que ce métal donne dans le rouge et le violet extrêmes sont plus brillantes dans l'oxygène que dans l'air. » Dans la vapeur des éthers chlorhydrique, bromhydrique, iodhv- drique, de chloroforme, tous les métaux employés, le platine excepté, don- nent, comme dans ces corps à l'état liquide, des raies Irés-brillantes. Il en est de même dans le chlore et le brome. » Dans l'acide chlorhydrique, les raies du cuivre, du zinc, du laiton, du cadmium, de l'argent, du nickel, du cobalt, du fer, de l'étain, du plomb, sont éblouissantes et d'une netteté remarquable. Avec des boules de pla- tine, on voit une ou deux raies assez belles; le spectre du chlore domine : il est parfaitement indiqué par ses groupes de r.iies vertes, visibles avec la plupart des métaux. Le spectre de l'hydrogène est accusé par ses raies caractéristiques. Je crois que c'est surtout dans l'acide chlorhydrique qu'il convient d'observer les raies que fournissent les métaux proprement dits. " En résumé : la constitution de l'étincelle est toujours la même, quel que soit l'état du milieu dans lequel on la produit, qu'il soit liquide ou gazeux. » Il y a, généralement, i° volatilisation du métal polaire et incandes- cence de la vapeur produite; 2° incandescence des éléments du milieu tra- versé par le courant. Dans certains cas, le milieu seul ou même l'un de ses éléments semble devenir incandescent. Dans d'autres cas, c'est surtout la vapeur métallique qui devient lumineuse. » Tous les corps simples qui ont pour les métaux une grande affinité, qu'ils soient libres ou engagés dans une combinaison facilement décompo- sable par l'étincelle, donnent de l'intensité au spectre métallique. ■> PHYSIQUE. — Faits tendant à dénrontrer l'action électrique des rayons solaires. Note de M. Cu. Musset. » Les sciences physiques et naturelles sont depuis longtemps en posses- sion de faits qui prouvent la manière différente dont agit sur certains cor[)s C. R., i863, a"»» SemeHre. (T, LVII, W 2.) '4 ( '02 ) la lumière solaire, selon qu'elle est directe, réfléchie ou diffuse. Une Note récente du P. Sanna-Solaro sur l'action électrique des rayons solaires, contient des observations nouvelles qui caractérisent cette différence (l'influence de la lumière. En faisant des expériences sur l'action variée des couleurs du spectre solaire dans la genèse des infusoires, j'ai recueilli des faits tellement confirmatifs de ceux que publie le savant étranger, qu'il est peut-être utile de les faire connaître. )) Dans mes expériences je me suis servi du galvanomètre de Nobili. A l'ombre, les aiguilles de l'appareil sont dans une immobilité complète; mais sitôt qu'elles sont frappées par les rayons solaires, n'importe l'heure et la température, elles exécutent des oscillations dont l'amplitude, variable (le minute en minute, peut aller jusqu'à 90 degrés. Si une cause naturelle ou artificielle, un nuage ou un écran, intercepte les rayons, les aiguilles deviennent bientijt stationuaires. Mais alors un léger choc imprimé à l'ap- pareil détermine de nouvelles oscillations, moins amples, et qui cessent pour ne plus recommencer si l'appareil est resté quelque temps dans l'om- bre. Pendant la nuit le même choc n'est pas suivi d'oscillations, les aiguilles tremblent sur place. Les oscillations sont extrêmement irrégulières; elles diffèrent en rapidité, en amplitude, même parfois en direction ; les ai- iiuilles s'arrêtent brusquement ou lentement, rétrogradent ou avancent. On les voit rester quelques secondes en repos, pour recommencer leurs oscil- lations, tantôt avec une sorte d'effort, tantôt sans hésitation ; en un mot, l'irrégularité est la loi de leurs mouvements. Je ne les ai jamais vues suivre le soleil dans son cours, toujours elles ont oscillé entre deux grands cercles passant l'un parle sud, l'autre par l'ouest. Cette circonstance, contraire à l'observation du P. Sanna-Solaro, tient peut-être à l'aimantation des aiguilles. J'ai également constaté que les lumières artificielles, telles que celle d'une lampe Carcel, n'avaient aucune influence directrice. » Dans le but d'aller lui peu plus au fond de la cause de ces phénomènes, j'ai successivement fait tomber sur l'appareil les couleurs du spectre ; il ma paru, sans que je puisse l'affirmer, car durant cette expérience j'ai malheu- leuseuient été souvent dérangé, il m'a paru, dis-je, que l'action des rayons violets était la plus énergique. » A quelle cause rattacher ces singuliers mouvements? Je crus dès le principe qu'ds étaient le résultat, soit d'une rupture d'équilibre dans la température, soit et plutôt de courants ascendanlset descendants dansl'inté- rieur du glol)e piotectour. Plusieurs personnes à qui j'avais fait |iait de mes observations, n'ont pas hésité à voir dans l'agitation de l'air intérieur l'ex- ( io3 ) plication des faits avec d'autant plus de raison apparente, que la cloche du galvanomètre est ouverte par le haut. Mais il m'a été facile de me con- vaincre que l'objection n'était pas fondée. » i" Un thermomètre placé dans l'intérietn- du globe n'accuse aucun changement brusque dans la température; 1) 2" Que la cloche soit ouverte ou exactement fermée, les oscillations sont absolument identiques; » 3° Des barbes allongées de duvet placées tant sur les aiguilles que sur les bords du limbe métallique gradué n'ont jamais donné aucun signe d'agi- tation, et cependant j'a!i pris la précaution de les regarder avec une forte loupe. » Mais ce qui démontre jusqu'à l'évidence que les oscillations n'ont pas leur cause dans l'agitation de l'air, c'est que si on fait tomber les rayons sur le globe selon un plan qui ne passe pas par les aiguilles, celles-ci restent immobiles. Je n'hésite donc pas à voir là une action électrique des rayons solaires. D'ailleurs, en songeant au rôle immense que le soleil joue dans la nature, n'est-il pas rationnel d'admettre une influence électrique? A l'ombre la chlorophylle disparaît, la plante s'étiole, les feuilles des mimosas s'en- dorment, le chlore et l'hydrogène restent mélangés, et les aiguilles demeu- rent immobiles. Mais si les rayons frappent ces corps, la plante verdoie et renaît, les feuilles se réveillent_, les deux gaz se combinent et les aiguilles oscillent. Ces divers phénomènes, pris entre tant d'autres, ont une telle analogie, qu'ils pourraient légitimer l'opinion qui par induction ascendante rattacherait à luie influence électrique les actions si multiples et souvent si mystérieuses du soleil sur la nature. » PHYSIQUE. — Mémoire sur les moyens de dimimier In résistance intérieure des piles vollaïques, et sur les ejjets de celle diminution dans les appareils à grandes intensités; par M. J.-B. Viollet. (Extrait par l'auteur.) « On sait que plusieurs obstacles s'opposent à la construction des piles voltaïques capables de produire économiquement des courants d'une grande intensité, et qu'un des principaux consiste dans la résistance intérieure de la pile. Parmi les modifications de l'appareil auxquelles on pouvait songer pour échapper à cette difficulté l'accroissement de surface des vases poreux se présentait naturellement. Mais dans l'état actuel de la fabrication de ces vases, on se trouvait bientôt arrêté, parce que cet accroissement diminue la 14.. ( .o4 ) perméabilité, en exigeant une augmentation d'épaisseur, et fait perdre une forte partie de l'avantage attendu. » J'ai donc cherclié à produire des vases poreux présentant aux liquides un passage beaucoup plus facile, et je suis parvenu depuis quelque temps à en exécuter de tels, par |)liisieurs moyens dont le principal consiste à inter- poser dans un mélange céramique convenable une matière susceptible d'être plus tard détruite et de laisser îles pores très-nombreux, capables de donner un produit aussi spongieux qu'on le juge utile. La matière dont je parle est ordiuaircmenl une substance orgunique pulvérulente qui disparaît par la cuisson. » J'ai exécuté ainsi des vases beaucoup plus poreux que ceux dont on se sert actuellement, et ces nouveaux vases, quoique plus épais, ont donné, toutes choses égales d'ailleurs, des intensités notablement plus fortes que des vases poreux ordinaires qui avaient cependant été améliorés déjà par l'usage. « L'accroissement considérable de la perméabilité des vases n'augmente pas autant qu'on le croirait d'abord l'influence nuisible des fdtratious d"un compartiment ilu couple dans l'autre et la consommation inutile qui en résulte. Pour rendre cet inconvénient très-négligeable, il suffit de faire en sorte que, par l'effet de leursdensités respectives, les deux colonnes liquides soient en équilibre dans les deux compartiments. » Quoique l'on puisse accroître dans une proportion très considérable la pera::éabilité des vases, je ne dois cependant pas exagérer l'importance absolue de l'augmentation. La résistance du vase poreux n'est, en effet, qu'une fraction de la résistance intérieure totale du couple; et quand même on supprimerait entièrement le diaphragme, on n'anéantirait pas la résis- tance intérieure apportée par les liquides, ni celle du circuit extérieur. Aussi, dès que les vases ont atteint un certain degré de porosité, on a beau les rendre de plus en plus perméables, on n'observe bientck que des accroissements d'intensité de moins en moins marqués. w Mais l'augmentation pour ainsi dire indéfinie de la porosité permet- tant d'agrandir considérablement les dimensions des vases et de laisser, malgré l'accroissement nécessaire de l'épaisseur des parois, ces vases aussi et même plus perméables que les plus poreux de ceux qui sont aujourd'hui en usage, il est clair que ce moyen permet de diminuer la résistance inté- rieure dans des proportions beaucouj) plus fortes que si l'on se bornait à modiher la porosité des vases sans eu changer les dimensions. Il est d'ail- leurs évident que, plus les vases sont grands, moins il faut en assembler ( io5 ) pour mtensiré, lorsque l'on veut obteuir un effet donné, ce qui diminue considérablement les difficultés et la main-d'œuvre. » Dans le Mémoire, je termine par une analyse fort élémentaire et par la discussion de plusieurs formules, montrant l'importance des amélio- rations que l'accroissement de la porosité des vases apporte dans les piles, et je fais voir qu'elle permet : )) i" D'augmenter l'intensité dans un même circuit extérieur; » 2° De diminuer très-notablement, quand le circuit extérieur n'est pas fort résistant, le nombre des couples de tension nécessaires pour obtenir luie même intensité; » i" D'employer utilement, pour parvenir aux mêmes intensités, des réactions chimiques donnant lieu à de moindres forces électromoîrices. » M. Vaussix-Chardanxe soumet au jugement de l'Académie un système de son invention pour prévenir les ^w/to (/e j/os d'éclairmje, d'eaux forcées, etc. " Ces moyens, dit l'auteur, consistent principalement dans une double enveloppe de tuyaux de conduite et dans ini système de robinets aussi simple dans sa construction qu'efficace dans son emploi. » M. Plagxiot prie l'Académie de vouloir bien faire examiner lui niveau de son invention dont il envoie un modèle. (Renvoi à l'examen de MM. Mathieu et Delaunay.) CORRESPONDANCE. M. LE MixVisTRE DE LA Marixe adrcsse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du nnmérode juillet delà « Revue maritime et coloniale ». M. le Secrétaire PERPÉTCEi, présente, au nom de l'auteur, M. Annibal de Gasparis, un Mémoire « sur la détermination des orbites planétaires ». M. Delaunay est invité à faire de ce Mémoire, qui est écrit en italien et publié à Naples, l'objet d'un Rapport verbal. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance, un nouveau volume des " Grandes Usines delà France », par M. Turgan, et appelle l'attention sur les planches gravées qui s'y trouvent, notamment sur les clichés de M. Dulos. ( io6) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équations du quatrième deqré. Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite par M. Brioschi. « Permettez-moi de vous entretenir un moment de quelques relations entre les équations analogues à celles du multiplicateur, dans la théorie des fonctions elliptiques, et celles de la théorie des formes cubiques à trois in- déterminées; ces relations, établissant une nouvelle liaison entre ces formes et la transformation du troisième ordre des fonctions elliptiques, peuvent avoir quelque intérêt pour vous qui le premier avez signalé un fait analy- tique de la même espèce. Soient ST les invariants d'ime forme cubique ter- naire U ; s, t ceux de sa transformée canonique : x' + ^^ + z' -+- 6 Ixjz ; en indiquant avec d le déterminant de la substitution propre à réduire U à la forme canonique, on aura S^d's = hdH[P-\), T = dH = d'{8l' +20/' et les racines X,, .r,, X3, x^ de l'équation (i) x*-6Sx= + 8Tx-3S= = o peuvent s'exprimer au moyen des formules 13 \fx]^ld\J — 6, \^JC2^{l — i)d\J^, y/jc^^Çl — ix)d\/'2, \Lvt=[l — a.'^)d\Ji, a étant une racine cubique imaginaire de l'unité; c'est-à-dire, les deux pro- priétés évidentes des coefficients de l'équation supérieure donnent pour les racines les deux conditions y/xa + v/xj + v^Xj = — \J — 3x,, y/xj + a y/xg + a} \/x, ^ o . Or on peut déterminer deux, et seulement deux fonctions entières de yjx, qui ont la propriété de vérifier deux équations linéaires analogues aux précédentes. En nommant \/X une quelconque de ces fonctions, et X,, Xj,..., les valeurs de X correspondantes à x = x,,X2,..., on doit avoir pour ces fonctions VX -(- v'Xj + s/X, = - y/- 3X, , VXj +ûLsjX,-\- a? y/X, = o, et l'on trouve très-facilement que ces fonctions sont (a) VX=V^> VX = (x'-7Sx-i-8T)v'^. ( I07 ) Évidemment l'équation dont les racines sont données par les valeurs de la seconde de ces fonctions correspondantes à x = x,, Xj,..., aura la forme de l'équation (i), et cela aura lieu aussi pour l'équation dont les racines sont les valeurs d'une fonction linéaire des deux fonctions (2) correspondantes à x = x,, .Tj,.... Or on a le )) Théorème I. —L'équation dont les racines sont données parles valeiirsde l'expression correspondantes à a: = X,, Xn,...,esl la suivante: X' - es^^jX^- + 8T,4X - 3 s:, = o, Sab-i T^ab indiquant les invariants de la forme rtU + ^H, et H le hessien de la forme U. » J'ai cherché aussi les deux fonctions entières de s/x qui satisfont aux équations suivantes : v/x"j + v/X3-f-vX, = v/-3X,, v/X^+aV^s+K^X, = 0; elles sont (x'-5Sx + 8T)V^, (x--5S)v'x, et l'on a » Théorème II. — L'équation dont les racines sont données par les va- leurs de l'expression (3) ^X=-\[a[x'-SSx + 8T)-b(lx^-5S)]s/x, correspondantes à x = x,, Xj,..., est la suivante : X* — eS-'^X^ + ST-'^X - 3 (S'^'-f = o, S"*, T"* étant les invariants de la forme cubique a'S + b^, et $,^lesdenx contre-variants du troisième ordre de la forme U. » Corollaire 1. — En supposant dans l'expression (2) a = 0, b=i, on aura VX=^(x'-7S;c + 8T) yjx, de laquelle, au moyen de l'équation (1), on déduit X= — -2T; ( '08 ) mais dans ce cas S,i = 4T=-3S^ T,4 = 9S=-8r, par conséquent, en substituant dans l'équation X' _ G (4r - 3S^) X= + 8T(9S^ _ 8r) X - 3(4'P - 38=»)' = o, l'expression 38" )■ — sT au lieu de X, on obtiendra l'équation à racines réciproques de l'équation donnée. » Corollaire 2. — En supposant dans l'expression ( 3 ) a = i , b = o, on aura par l'équation (i) X = 3S fa:+-^- 2T, mais dans ce cas, S°* = 4(T= + 3S=), T''* = 8T(9S'— T»). Par conséquent, en posant au lieu de X, dans l'équation X* - 24 (T= + 38' ) X^ + 64T (gS' - T=) X - 48 (T= 4- 3 S')^ = o, l'expression X = 2(6Sj-T), on aura l'équation (4) i2Sj*-8Tj=-6S=j='+6STj-T-- 7S' = o, dont les racines auront, avec les racines de l'équation (i), la relation ^=7i^+|)' comme vous l'avez déjà démontré. » En dernier lieu, en supposant a:=o, h= — i , on a X_— g^--6-, et on obtiendra l'équation à racines réciproques de l'équation (4)- » PHYSIQUE. — Réponse de M. A. Dcpré à des remarques qui le concernent dans une communication de M. Reech. Note présentée par M. Bertrand. M M. Reech affirme la possibilité d'établir, sans avoir recours au principe de l'équivalence, l'équation (i) xL = {i-hat)y ( 109 ) que j'ai démontrée dans le Compte rendu du 1 8 mai, C'est là une erreur que, dans l'intérêt des travaux présentés en mon nom à l'Académie depuis plu- sieurs années, je ne puis éviter de combattre. )> L'équation (i) renferme des quantités L et X' définies et mesurées avec grand soin par M. Regnault, le coefficient limite a de dilatation des gaz et la température, sur la définition de laquelle il est inutile que je levieiine ici. Cette relation m'a permis de prévoir des faits remarquables que les expéri- mentateurs ne manqueront pas de vérifier. » M. Reech n'arrive à rien de tel, puisqu'il conserve jusqu'à la fin des fonctions inconnues de la température R, r, qu'il ne précise pas suffisamment, car il omet de dire si les dilatations dont il parle ont lieu avec ou sans travail complet. Quand bien même les quantités R et r, qui dépendent du travail mécanique tant interne qu'exlerne et par suite de l'équivalent dont l'utilité est contestée dans cette question, seraient remplacées par des quantités con- nues, il resterait à établir la valeur de la fonction T donnée sans démonstra- tion, et mes précédents travaux montrent que cela n'est possible qu'en s'appuyant sur les principes de l'équivalence et de l'égalité de rendement. » M. Ciausius, dont, à mon grand regrel, je ne connais pas les travaux écrits dans une langue autre que la mienne, a adressé à l'Académie une réclamation de priorité relative à la même formule. Je pense qu'il n'en a point tiré les mêmes conséquences que moi et que son mode de démons- tration est tout différent; toutefois, les extraits insuffisants que j'ai lus ne m'autorisent nullement à parler de ce sujet en détail, et j'attendrai la déci- sion de la Commission nommée par l'Académie. » MÉTÉOROLOGIE— Sur l'existence à la Havane des arcs surnuméraires et sur les arcs-en-ciel obseivés en tSGa. Lettre de M. Andrès Poey à M. Élie de Beaumont. « Les théories de Descartes et de Newton sur l'arc-en-ciel ne tiennent nullement compte des arcs signalés en 1666 par Mariotte, nommés supplé- mentaires et surnuméraires par Young, et secondaires par Arago; arcs en géné- rai alternativement ronges et verts qui bordent à l'intérieur l'arc-en-ciel de premier ordre. La théorie de Young, fondée sur l'interférence des rayons, soumise à une solution analytique par 3L Airy et expérimentalement par JNL Miller, paraît être plus satisfaisante. » D'après la dernière théorie, les arcs surnuméraires exigeraient au moins C- R., i863, 2">= Semestre. (T. LVII, N» 2.) l5 ( 'lo ) Il ois conditions essenliellos à lenr complèle formalion : i" le plus giand noirihre de gouttes d'eiui ; 2" leur |)lus parfaite spliéricité; 3° leur plus petite dimension possible. On voit de suite l'intérêt qui se rattache à l'étude de ces arcs sous toutes les latitudes du globe; car, ainsi que l'a très-judi- cieusement observé Arago, si dans quelques légions les arcs surnuméraires manquaient toujours, il faudrait en conclure que toujours aussi la pluie s'y détache des nuages à un état de grosseur inusité, assignable d'ailleurs par le calcul. Cette simple manifestation optique pourrait donc nous donner une idée assez exacte sur la distribution géographique de la quantité d'eau de pluie. D'un autre côté, si ces arcs ne s'étendent point jusqu'à l'horizon, n'est-il pas curieux, remarque Arago, de trouver dans une particularité de l'arc-en-ciel la preuve que la quantité de pluie doit être d'autant moindre qu'on la reçoit dans un récipient plus élevé! )i Slalheureusement l'étude des arcs surnuméraires dans la région équa- toriale du globe a été très-négligée. Les observations de M. d'Abbadie ne concordent nullement avec les miennes; car tandis que ce savant affirme n'avoir jamais aperçu d'arcs surnuméraires à Olinde (Brésil) et dans les régions équinoxiales, même par une pluie d'une extrême finesse, à la Havane, au contraire, je les observe très-souvent jusqu'au point d'avoir vu même trois alternances d'arcs rouges et verts, et d'autres fois Varc verl- jaune-serin si^mdé pdv Langwitli et dernièrement par M. de Tessan. Arago ajoute encore que les observations faites pendant la camj)agne de ta Vénus confiinient plutôt qu'elles ne contredisent les remarques de M. d'Abbadie. Bouguer aussi avait souvent observé les arcs surnuméraires sur la Cordillère du Pérou où le ciel est quelquefois de la plus grande sérénité. )) Voici maintenant quelques faits principaux observés en 1862 dans ces arcs. Le 28 mai à G'' 22™ du soir, on vit un double arc-en-ciel dont l'intérieur n'offrit qu'une bande jaunâtre et surnuméraire. Le 28 juillet à 6 heures du soir, un arc-en-ciel complet et d'un grand éclat présenta une double rangée d'arcs surnuméraires à trois teintes disposées ainsi : rouge, jaune et vert. Ce qu'il eut de remarquable fut que l'arc-en-ciel se prolongea dans une étendue de 10 degrés sur l'azur du ciel, où il n'y avait la moindre trace ni de nuages, ni de vapeur d'eau. Le polariscope bis-quartz et à double rota- lion d'Arago n'accusa même pas la plus légère différence de ton dans la comparaison que je fis avec d'autres portions du ciel bleu. Le plan de pola- lisation était horizontal ou parallèle à l'horizon. La même observation a été faite le 22 octobre à 8 heures du matin, mais d'une manière plus inté- ressante : c'était un double arc-en-ciel, où les couleurs de l'arc de second ( «tl ) ordre apparaissaient l)ien plus inten.ies et détinies sur ia portion bleue du ciel que sur la partie nuageuse. Il disparut quelques minutes après, et alors les couleurs de l'arc-en-ciel de premier ordre et celles de la double ranaée d'arcs surnuméraires verts et rouges qui l'accompagnaient prirent plus d'éclat. » J'avais déjà observé ce phénomène le 3o septembre 1839 à 5 heures du soir : sur des fragments de cumulus passagers, qui versaient des gouttes d'eau à leur passage au zénith, il s'était formé un arc-en-ciel complet. Lorsque ces cumulus eurent cessé de traverser cet espace, l'arc-en-cic! demeura toujours visible sur l'azur du ciel pendant dix minutes, sans altéra- tion de son éclat ni sans perdre aucune de ses couleurs. Ensuite le bleu s'effaça le premier, probablement par la difficulté de le distinguer du fond de même teinte, car ce fut ensuite l'exlrémité la moins réfrangible, à partir du roiige, qui commença à disparaître. Le 12 février i836, M. Wartmann observa à Genève un arc-en-ciel par lui temps serein. » Non-seulement ce fait est incontestable, mais encore toute la série de phénomènes météorologiques qui dérivent des nuages s'observe sous un ciel parfaitement serein et parfois d'une grande diaphanéité. J'ai fait voir en i855 que les vapeurs élastiques, dont la dissémination ne trouble point ou ne trouble que fort peu la pureté de l'air, peuvent se groiq;cr et former de véritables nuages transparents. » Voici un autre phénomène, bien plus remarquable et, à ma connais- sance, jusqu'ici sans exemple. Le 17 novembre, à 7 heures du matin, une por- tion d'arc-en-ciel de ao degrés apparut au N.-N.-O. sur des cumulus couleur d'ardoise claire. Tout à coup la portion d'arc, conq^rise vers le N. jusqu'à 8 degrés d'élévation au-dessus de l'horizon, fut animée durant trois minutes d'un mouvement vibratoire assez rajjide, suivant la normale de l'arc, de manière à présenter une série de bandes transversales alternativement colorées et obscures. Toutes ces bandes semblaient converger vers le centre de l'arc-en ciel où justement se trouvait un cumulus plus obscur que ceux du fond. Il y avait en outre deux séries d'arcs surnuméraires, et l'ensemble de cette apparition ne dura que cinq nunutes.Une heure plus tard, à 8 heures, une autre portion d'arc-en-ciel double et d'égale dimension que la pre- mière se présenta au même endroit. L'arc primaire était plus brillant que l'arc secondaire, et dans les deux le violet atteignait l'horizon, le premier ayant offert trois rangées d'arcs surnuméraires. C'était le plus grand nombre d'alternances que j'avais observé jusqu'ici; mais M. Haidiuger a présente, dans la séance du l'i mars 1862, à l'Académie des Sciences de Vienne, la i5.. ( '12 ) description d'un triple arc-en-ciel avec cinq séries d'arc surnuméraires qu'il aurait observés. » Je ne puis mieux comparer le mouvement vibratoire de la portion d'arc-en ciel du 17 novembre, ainsi que l'effet des tranches annulaires, alter- nativement colorées et obscures, résultant de cette vibration, qu'aux phé- nomènes de la lumière stratifiée dans les tubes de Geissler, lorsque le cou- rant électrique est très-intermittent. Cette circonstance m'a rapporté à la mémoire la théorie mécanique de M. Riess sur la stratification de la lumière électrique. Pour que la stratification ait lieu dans le sein de l'atmosphère, il suffirait d'un état plus ou moins considérable de raréfaction, accompagné d'une tension électrique pins ou moins forte. Or ces deux conditions peuvent fort bien exister sous un ciel orageux. Le cumulus qui occupait le centre de l'arc-en-ciel, et vers lequel les stries allaient converger, électrisé de signe contraire au fond nuageux du ciel, aurait pu encore exercer une puissante attraction siu- la lumière de l'arc-en-ciel. » Langwith dit qu'il n'a jamais vu des arcs surnuméraires vers l'horizon, ce qu'il attribuait à d'autres propriétés qu'auraient les gouttes d'eau vers la base de l'arc. Arago affirme aussi <( que dans les régions inférieures, près de » l'horizon et même assez haut au-dessusde ce plan, on n'en aperçoitjamais » de traces, du moins en Europe. » Ces assertions sont en partie démenties à la Havane, car j'ai parfois vu très-distinctement les arcs surnuméraires se prolonger jusqu'à l'horizon, mais je n'en ai jamais aperçu dans l'arc-en-ciel de second ordre. On a observé en 1862, à l'Observatoire delà Havane, quatre- vingt-dix-huit arcs-en-ciel, soit complètement formés, soit n'offrant que des portions d'arcs détachés et isolés. Voici leur distribution mensuelle com- parée au nombre de jours de pluie : Mois. .Arcs-en-ciel. Jours de pluie. Alois Arcs-cn-ciel. Jours de pluie Janvier 2 4 Juillet 10 18 Février 2 8 Août 19 16 Mars I 8 Septembre... 4 ^i Avril 2 4 Octobre 20 24 Mai M 17 Novembre... 7 16 Juin i3 22 Décembre... 7 i5 Total 98 >' Ce tableau fait ressortir une relation assez intime qu'il y aurait entre le nombre d'arcs-en-ciel et le nombre de jours de pluie durant les deux sai sons bien caractérisées de notre climat. Il y a cependant une exception ( «13 ) remarquable pour le mois de septembre, où, sur vingl et un jours de pluie, on n'aurait observé que quatre arcs-en-ciel dont un seul fut complet et double. Cette différence ne paraît consister ni dans l'état nuageux du disque solaire, ni dans la quantité de nuages visible à l'opposé du soleil, mais plutôt dans quelque condition particulière de leur constitution phy- sique. Pour confirmer cette hypothèse, j'ai fait le relevé de 1 état de diapha- néité du disque solaire aux heures où l'arc-en-ciel généralement se mani- feste, c'est-à-dire de 6 à 9 heures du matin et de 3 à 6 heures du soir, en tenant également compte du lever et du coucher de cet astre durant ces deux mois. Le tableau stùvant indique le nombre de fois que le soleil avait disparu au moment de l'observation horaire : Octobre. Différence. 5 1 fois . 6 48 » :.(-) 14 » 9 Septembre, Soleil couvert . . . . 45 fois. Soleil nébuleux . . 5o :> Pluie invisible. . . . 5 » Total 100 fois. 1 1 3 fois . 1 3 » On voit donc qu'en octobre précisément le disque solaire a été dans treize occasions plus couvert qu'en septembre. Nature des arcs-en-ciel suivant leur apparition. Portion d'arcs simples 76 cas. Portion d'arcs doubles 7 « Portion d'arcs simples avec arcs surnuméraires 3 « Portion d'arcs doubles avec arcs surnuméraires 1 » Arcs-en-ciel complets simples. . . . 8 » Arcs-en-ciel complets doubles [ >. Arcs-en-ciel complets simples avec arcs surnuméraires o » Arcs-en-ciel complets doubles avec arcs surnuméraires 2 » Arcs-en-ciel complets et partiellement doubles avec arcs surnuméraires. i » Arcs-en-ciel du matin 27 » Arcs-en-ciel du soir 76 u Direction des portions d'arcs. N aras. E.-S.-E. . . 7 cas. O.-NO 3 cas. N.-N.-E... 6 1. S.-E 23 » N.-0 11 ■ N.-E 17 » S.-S.-E. .. 2 .. N.-N.-0 3 >. E.-N.-E... 2 » S.-0 4 " Région zénithale. t £ 4 » 0 I .. 3i cas. 37 cas 18 cas. (■>/,) » On remarque dans ce lableau : i° une grande disproportion entre les arcs-en-ciel complets qui sont uniquementaunombrede seize, elles portions d'arcs qui s'élèvent au contraire à quatre-vingt-sept apparitions; i° que les arcs surnuméraires ont accompagné d'un côté les arcs-en-ciel complets, mais (ntiérenient ou partiellement doubles, et jamais l'arc primaire et simple, tandis que d'autre part il n'y a eu qu'un seul cas de portion double d'arcs qui en ait offert ; 3° que les arcs-en-ciel, de 3 à 7 heures du soir, dépassent grandement ceux observés de 6 à 9 heures du matin, et qu'au delà de ces heures ils sont très-rares; 4" que, par suite, les portions d'arcs sont bien plus fréquentes vers l'E. que vers l'O., ayant excédé le S.-E. de sept cas sur le N.-E. » PHYSIQUE DU GLOr.E. — Oscillations du sol manifestées par des jterlurbalioiis dans le réf/inie de quelques pidts attésiens. Note de MM. Degousée et Laurext. « Pendant l'année 1862, les deux sondages de Saâda et Solthans, cercle de Bou Saâda (Hodna), province de Constantine, présentèrent des accidents très-extraordinaires. M. Jus, directeur des travaux, nous informa des faits qui se produisaient. Isolés, ces faits pouvaient se ranger dans la catégorie des accidents qui affectent quelquefois les travaux de sondage, obstruc- tion, par suite de la chute du ciel argileux qui recouvre souvent les couches sableuses aquifères, écrasement des colonnes par les argiles, etc. Mais les circonstances ordinaires ne se présentaient pas suffisamment pour justifier uniquement ces idées. Il y avait là des causes qui agissaient plus énergique- nient que d'habitude et qu'il était difficile de s'expliquer ; aussi, aux bonnes indications que M. Jus nous donnait sur la nature de ces accidents, se représentant de nouveau après leur réparation, nous ne pûmes que lui répondre : « Vos accidents sont bien singuliers ; n'avez-vous jamais pensé à des )i oscillations souterraines du sol? En Espagne, dans le sud, que j'ai par- » couru l'année dernière, on a établi un système d'observations qui a permis )> de constater vingt-trois secousses en une année. A Naples, lors d'une » éruption du Vésuve, sans tremblement de terre apparent, nos deux sondes )) ont été simultanément prisonnières au forage du Palais et à celui de " la Victoria. » » Les puits ont été réparés et avaient repris leur écoulement depuis plu- sieurs mois; leur débit était régulier, et tout faisait supposer cjue leur ( i>5 ) régime était définilivemen! établi, lorsque nous reçûiiies la Lettre suivante (le M. Jns, accompagnant son Rapport hel)domaclaire des travaux. « Sondage d'El AnatI, i3 juin i8('i3. » Messieurs, .) Il vient de se passer daiis le Hodna un fait météorologique dont je » m'empresse de vous rendre compte. » La journée du lo juin avait été insupportable; la température était de » 37 degrés à midi par un vent d'ouest, et l'atmosphère chargée au point M qu'il était difficile de respirer. » Vers 5 heures du soir le vent a cessé, et tout laissait à présumer que )) nous aurions une nuit tranquille, lorsqu'à i i heures du soir un ouragan )> terrible s'est élevé dans la plaine : lèvent d'ouest soufflait avec une telle » violence, qu'il lançait dans le vide des cailloux aussi gros que des noix ; )) le ciel était en feu au nord, le tonnerre grondait, toutes les tîntes arabes » étaient par terre, déchirées en morceaux, et les femmes jetaient des cris de " frayeur, croyant à la fin du monde. L'eau de la source d'El Anatt )i avait 26 à 27 degrés au moins; dans les réservoirs, elle a conservé cette » température pendant tout le temps de l'ouragan. Quant à nous, nous » étions cramponnés à la chèvre et aux tentes qui étaient restées de- « bout. A minuit, le vent était tellement fort, que j'ai pensé pour un mo- » ment à ce que nous allions devenir, lor.sque tout à coup une violente i) secousse (je n'ose dire un tremblement de terre, cependant c'est bien le » mot que je devrais employer) a apaisé la tempête comme par enchante- « meut. De mémoire d'indigène on n'avait jamais vu cela. )i Le II, mon premier soin fut de prendre des nouvelles de nos puits, et )) voici les résultats qu'on m'en a rapportés : " Ain Kelba. — La cuve s'est affaissée pendant l'ouragan ; l'eau a cessé )i de couler et a repris son cours primitif; les arbres ont été déracinés. » Saula. — S'est arrêté entièrement la nuit du 10. » Solthans (le dernier puits). — A cessé de couler la nuit du lo, a repris )) son cours le 1 1 et a disparu de nouveau. » J'ai organisé de suite une petite chèvre que j'ai installée sur le puils de » Solthans; la soupape descendue m'a donné l'explication suivante de l'ar- » rêt de l'eau. " Les tuyaux neufs d'ascension sont encore broyés à 71 mètres (même )) profondeur qu'à Saïda, ,et les terrains bouchent le passage de la source). » Il y a vraiment de quoi être découragé; je sais bien qu'il n'y a nulle- ( "6 ) i> ment de noire faute, c'est bien malheureux de voir un travail qui m'a » donné tant de misères être détruit par des causes inconnues. » » Ici les effets d'oscillations du sol ont été sensibles, et on ne peut guère mettre en doute leur influence sur les couches aquifères. La secousse de tremblement de terre dans le Ilodna ne se trouvc-t-elle pas confirmée par celles qui, les jours suivants, sont venues agiter si vigoureusement le sol de l'Espagne méridionale. » P. S. Jusqu'à présent, ces singuliers phénomènes ne se produisent que dans cette localité. Tous les autres puits restent dans les conditions régulières d'un écoulement constant. « M. Élie DE ÏÎK.\iJMOXT fait remarquera cette occasion qu'on a pu, pour d'autres forages artésiens, constater le rapport dont .MM. Degousée et Laurent citent des exemples. Ainsi M. Hervé Mangon ayant déterminé pres- que journellement, depuis près de deux ans, la quantité de matières ter- reuses tenues en suspension clans l'eau du puits arlésien de Passy, a constaté que les époques où la quantité de ces matières avait subi une augmentation exceptionnelle avaient correspondu à celles pour lesquelles les relevés de M. Alex. Perrey accusaient des trépidations du sol en différents pays. PALÉONTOLOGIE. — Nouveaux ossements fossiles adressés poj' M. Husson. Lettre à M. Élie de Beaumont. « Toul, le i" juillcl iSCÎ. « Vous avez été assez bienveillant pour présenter, lundi, ma Note à l'Académie, et vous avez demandé l'analyse de la dent d'éléphant. Peut-être auriez-vous désiré avoir quelques autres ossements. Aussi je m'empresse de vous en adresser par le chemin de fer. Ce sont : » N" 1. Débris d'une dent étiquetée chez moi n° i; » N° 2. Débris d'une dent étiquetée n° i; » N" 5. Petite portion d'os trouvé dans le diluvium des fortifications; » N** 4. Débris provenant du même terrain et du même endroit; u N" o. Grande |)orlion d'os trouvé il y a quinze ou vingt ans dans le même lieu, je crois. Je reverrai mes notes à ce sujet, et s'il n'en était pas ainsi je vous l'écrirais. » Les quatre dents ou portions de dent non enveloppées proviennent du terrain remanié des forlificalions. » Les ossements adressés par M. Husson seront remis à M. Chevreul, avec prière d'en faire l'analyse. ("7) M. DiTiiocssET, qui avait présenté en mars dernier un Mémoire sur les populations de la Perse, demande et obtient l'autorisation de reprendre ce Mémoire qui n'a pas été l'objet d'un Rapport. L'auteur a reproduit sous une forme un peu plus développée ses observations dans un opuscule dont il offre un exemplaire à l'Académie. M. Altobelli, qui avait précédemment adressé d'Aquila un Mémoire imprimé « sur l'emploi de la poudre de salsepareille dans les inflammations érylhémateuses etphlegmoneuses », prie l'Académie de lui faire savoir si ce travail, sur lequel il souhaitait obtenir son jugement, a été l'objet d'un Rapport. (Renvoi à M. Andral à qui l'ouvrage avait été soumis.) M. Jeanjaquet, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Aca- démie un Mémoire sur les taches du soleil, puis un appendice à ce travail, adresse aujourd'hui un deuxième supplément qui est renvoyé comme l'avaient été les deux premières pièces à l'examen de M. Babinet. M. DE Crena présente un Mémoire sur un appareil qu'il a imaginé pour obtenir instantanément le nombre des membres d'une assemblée, et, en cas de scrutin, la répartition des votes. M. Dupin est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPniQCE. L'Académie a reçu dans la séance du i3 juillet i863 les ouvrages dont voici les titres : Éludes de Balistique théorique et expérimentale, ajrant particulièrement pour objet les nouvelles armes à feu portatives de l'armée impériale et royale et les carabines Minié de r arméejrançaise ; par J.-G. BOEHM (extrait des Annales de la Société royale des Sciences de Bohème); traduit de l'allemand par E. Taudieu. Paris, i863; vol. in-8° avec 3 planches. (Présenté au nom de l'auteur par M. iMathieu.) Essai d'une Flore mjcologique de la région de Montpellier et du Gard. — C. R., i8G3, 2"" Sewcslre. (T. LVII, N» 2.) l6 (ii8) Observations sur les Acjaricinés, suivies d'une énumération métliodique, par J. DE Seynes. Paris, i863; in-8° avec planches. (Présenlé au nom de l'auteur par M. Duchartre.) Les Grandes Usines, éludes induslrielles tu France et à l'étranger; par Turgan; 3"^ série. Paris, i8G3; vol. in-4°, avec de nombreuses planches. Etudes sur les populations de la Perse etpa^s limitrophes pendant trois années de séjour en Asie; par le commandant E. DuHOUSSET. (Extrait de la Revue Orientale et Américaine.) Paris, i863; br. in-8°. Lettres sur les révolutions du globe, par Alexandre Bertrand; 6" édition, précédée d'une préface par J. Bertrand, Membre de l'Institut. Paris; vol. in-i2. Du refroidissement nocturne et de l'écliauj/ement diurne, pendant l'hiver de Montpellier, des diverses espèces de terres cultivées; par Charles Martins. ( Extrait du tome V des Mémoires de l 'Académie des Sciences et Lettres de Mont- pellier, année i863. ) Montpellier, i863; in-4°. Formule générale pour trouver la latitude et la longitude par les hauteurs hors du méridien ; par honis Pagel. Paris, i863; br. in-8°. Mémoires de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du dépar- lement de ta Marne ; année 1862. Chalons-sur-Marne; vol. in-8°. Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse ; t. III. Guéret, J862; in-8<*. Verhandlungen. .. il/emones de la Société des Naturalistes de Baie; 3° partie, 4* et dernière livraison. Bàle, i863; vol. in-8°. Ueber... Sur la parallaxe de l'étoile "LL 7.12.^^; par A. Krueger. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences finlandaise.) Helsingfors, i863; br. in-4°. Rapporti... Rapports entre les accumulations électriques sur deux sphères conductrices de rayon connu exprimés en termes finis; par le prof. VOLPICELLI. (Extrait des Alti délia Acadcmia de Nuovi Lincei.) Rome, i863; in-4". Rendiconto... Société royale de Naples. Comptes rendus de l'Académie des Sciences physiques et mathe'matiques ; 2® année, fasc. 6, juin i863. Naples, i863; inV,". Suila... Mémoire sur la détermination des orbites planétaires ; par M. Anni- bal DE Gasparis. (Extrait des J(a' délia R. Acudeniia délie Scienze fisiche e matemaliche.) Naples, i863; in-4°. Planta... Plantes cryplogamiques de l'ordre des Champignons, du genre Aspergillus, «/xV-c glaucus (Fries;, trouvées dans le poumon humain; par le D' Carlos May FiGUEiRA. Lisbonne, 1862; in-8°. ( "9 ) Ouvrages adressés par M. Vatteinare. Report... Rapport du Surintendant de la topographie des côtes sur les tra- vaux exécutés dans le cours de l'année iSS'j. Washington, i858; vol. in-4°. Transactions... Transactions de la Société centrale d' agriculture de l'Étal de New-Vork, avec un résumé des Comptes rendus de la Société agricole des comtés; t. XX, année 1860. Albany, 1861 ; vol. in-8°. Address... Discours prononcé devant la Société centrale d'Agriculture de l'Etat de New -York, le "i février 1862; par G. Geddes. Albany, 1862; br. in-8°. Transactions... Transactions de la Société d'Agriculture de l'Étui dt^ Connecticut pour l'année 1859. Hartford, 1860; in-8°. Médical... Communications médicales et Bulletin de la i']^ convention médi- cale du Connecticut pour l'année 1862; nouvelle série, 11° 23. New-Haven, i862;in-8°. Tijdschrift... Journal d'Entomologie , publié par la Société d'Entomologie néerlandaise, sous la direction de MM. J. Van der Hoeven et M. -G. Verloren ; vol. II, III et IV, et livraisons i, 2 et 3 du vol. V; 1859-1861, livr. in-8°. Bryologia Javanica,seu Descriptio muscorum frondosorum Archipelagi Indici, iconibus illustrata ; auctoribus F. DoZY et J.-IÏ. MOLKENBOER, post mortem auctoTum edentibus R.-B. Van den Bosch et G. -M. Van der Sande Lacoste; fasc. 12 a 22. Lugduni Batavoruin, i858et iSSq; livraisons in-4°. Kruidkundige. . . Observations sur la botanique des Indes néerlandaises ,• par M.G.-L. Blume; liv. i à 3 et 5 à 17. Batavia, 1825-1826, 16 livraisons in-8''. (La 4* manque.) Ijerigten... Comptes rendus et communications de la Société d'Agriculture et de Botanique d'Utrecht; vol. I, livr. 1-6, et vol. II, livr. i; 1843-1849, 7 livraisons in-4''. Boiiwstoffen... Matériaux pour servir à une faune des Pajs-Bas; par J.-A. Herklots ; vol. I, vol. II, n°» i et 2 ; vol. III, n° i. Leyde, i853-i859; 4 livraisons in-8°. Magazijn... Magasin d' Agriculture et de Botanique; par J.-C. Ballot. Utrecht, 1 857-1 858; 6 livraisons in-8°. Afwijkingen... Observations météorologiques et thermoméiriques dans les Pays-Bas en 1857 et i858 {Magasin d'Agriculture et de Botanique) ; br. in-4''. Jaarboek... Jnnuaire de la Société royale Néerlandaise pour iencourage- mcnt de l' horticulture ; année i854; in-8°. ( >20 ) Flora... Flore des Indes néerlandaises; par F.-A.-W. Miquel; i" cahier. Sumatra-Amsterdam, 1860; in-8°. De bodem... Le terrain sur lequel repose la ville d^ Amsterdam ; par V . Hah- TiNG. Amsterdam, i85a. iii-4° avec planches. Tuinbouw-Fiora... Flore des Pays-Bas cl de ses colonies; vol. I, II et 111, années i854, i855 et i85G. Leyde, livraisons in-8° avec planches. Annales d' Horticulture et de Botanique, ou Flore des jardins du royaume des Pays-Bas, et histoire des plantes cultivées les plus intéressantes des possessions néerlandaises aux Indes orientales, de r Amérique et du Japon ; publiées par la Société royale d'Horticulture des Pays-Bas ; vol. II à V, 1859-1862. Leyde, livraisons in-8° avec planches. Report... Rapport de la Commission des Brevets d'invention pour l'an- née 1860; Arts et Manufactures ; \o\. I et II. Washington, 1861 ; 2 vol. in-S". Report... Rapport de la Commission des Brevets d'invention pour l'an- née 1861 ; Agriculture. Washington, 1862; vol. in-8''. rnmoc^^^t COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 20 JUILLET 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUXICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. GÉOLOGIE.— Tableau des données numériques qui fixent iSg cercles du réseau pcntacjonal; par M. L. Eue de Beaumoxt. « J'ai eu riionneiir d'entretenir plusieurs fois l'Académie des grands cercles qui composent le réseau pentagonal^ et des nombres par lesquels on peut exprimer la position de chacun d'eux sur la sphère terrestre. » La position d'un grand cercle est fixée sur le globe lorsqu'on donne la longitude L du méridien auquel il est perpendiculaire, et la longueur de l'arc b de ce méridien compris entre le pôle de la terre et le point d'in- tersection. Un grand cercle est toujours divisé par l'équateur en deux parties égales, situées l'une dans l'hémisphère boréal et l'autre dans l'hémi- sphère austral. Dans chacun des deux hémisphères, il coupe perpendicu- lairement un méridien, et les longitudes L et L'de ces deux méridiens diffè- rent de i8o degrés, tandis que relativement aux deux intersections, les distances polaires b sont les mêmes. Pour nous, habitants de l'hémisphère boréal, il est naturel de considérer de préférence l'intersection située dans cet hémisphère : je l'ai fait constamment. » Lorsqu'un grand cercle présente, comme ceux du réseau pentagonal, des points d'un caractère spécial situés à des distances assignables l'un de l'autre, il faut encore, pour ne rien laisser d'indéterminé dans sa position, donner la longueur de l'arc c compris entre l'un de ces points remarquables et l'intersection orthogonale avec le méridien. » Je suis en mesure de mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie le tableau des valeurs numériques des quantités Ij, b et c pour un certain nombre de grands cercles du réseau peiitagonal, savoir : pour les 6i cercles principaux, et poiw 98 cercles auxiliaires; iSg en tout. Parmi ces grands c. R., iS63, 2"^' Semestre. (T. LVII, N» 3.) '7 ( 122 J cercles sont compris tous ceux qui ont été employés ou essayés pour repré- senter différents systèmes de montagnes. Les autres ont été calculés d'après diverses considérations qu'il serait inutile de mentionner ici. » Presque tous ces cercles sont gravés en lignes pleines ou diversement ponctuées, suivant les classes auxquelles ils appartiennent, sur le globe de M. Dien, de 3o centimètres de diamètre, sur lequel M. Laugel a tracé, d'après mes données, avec une intelligence et une dextérité remarquables, le réseau pentagonal: on pourra les y trouver et les y suivre de l'œil très- facilement. J'ai riionneur de déposer un exemplaire de ce globe sur le bureau de l'Académie. « Je ne reviendrai pas en ce mouieut sur les définitions des différentes classes de cercles du réseau pentagonal. J'ai donné à cet égard les détails nécessaires dans ma Notice sur les systèmes de montagnes, p'. SgS et suivantes. Je me bornerai à expliquer la forme que j'ai cru devoir donner aux tableaux numériques qui forment l'objet principal de ma communication actuelle. » Chacun des cent cinquante-neuf grands cercles dont j'ai fixé la position y occupe une ligne contenant trois nombres de degrés. Toutes ces lignes sont semblables, et chacune d'elles est indépendante de toutes les autres. L'ordre dans lequel elles seraient écrites avait en lui-même peu d'importance, et j'aurais peut-être préféré l'ordre alphabétique si j'avais pu trouver poiu' chacun des cent cinquante-neuf grands cercles, comme je l'ai fait pour quelques-uns des grands cercles principaux, une désignation géographique suffisamment claire et distincte. Ne pouvant, faute de [)areilles désignations, me réduire à un simple dictionnaire, j'ai adopté nn ordre méthodique au- quel je trouve l'avantage de fixer l'attention sur la manière dont les grands cercles du réseau pentagonal sont ajustés entre eux, ajustage qui, très-pro- bablement, n'a pas été sans influence sur l'ordre chronologique dans lequel se sont produites les différentes rides dont l'écorce solide du globe terrestre s'est successivement hérissée. » Ainsi que je l'ai déjà établi ailleurs (i), les quinze grands cercles pri- mitifs du réseau pentagonal forment cinq systèmes trirectangulaires ajustés entre eux suivant les lois de la symétrie pentagonale et corresjiondanl res- pectivement aux faces de cinq cubes inscrits dans la sphère (a). 1 1) Notice sur les systcinrs de moiitiigncs, p. goS. (2) Chacun de ces cinq systèmes trirectangulaires est susceptible de se confondre avec les quatre autres si on le fuit tourner successivement autour de ses quatre diagonales do 44°28'39" ou de ';5"3i'2i", ainsi que je l'ai indiqué dans les Comptes rendus, t. XXXUI, p. I 35 (séance du 1 1 août i85i), et dans ma Notice sur les systiiiies de montagnes, p. 909, et non de 180 degrés, comme je l'avais écrit par un lapsus calaiiti dans le Compte rendu de la séance du 9 septembre i85o i t. XXXI, p. 328). ( >23) » Les dix grands cercles que je nomme icosoéclriques ou octaédriques cor- respondent à la fois aux viugt faces d'un icosaèdre régulier et à celles de cinq octaèdres réguliers, un pour chaque système frirectangulaire. Dans la formation de ces cinq octaèdres, chaque cercle octaédrique est employé deux fois, ce qui augmente l'importance individuelle de chacun d'eux. » Les six grands cercles que j'appelle dodécaédriques rcijuliers corres- pondent aux douze faces d'un dodécaèdre régulier unique, qui est eu quelque sorte le résumé le plus simple de la symétrie pentagouale. » Enfin les trente grands cercles auxquels j'applique la dénomination de dodécaédriques rhomboidaux se divisent en cinq groupes, dont chacun appartient à l'un des cinq syslèmes Irirectangulaires et y leprésente un dodécaèdre rhomboïdal régulièrement adaplé au cube et à l'octaèdre. » Le tableau n° 1 présente, avec leurs données numériques respectives et avec des désignations géographiques faciles à retrouver sur le globe, les grands cercles qui correspondent aux cinq systèmes trirectangulaires, aux cinq octaèdres et au dodécaèdre régulier unique. » Le tableau n° 1 renferme les trente dodécaédriques rhomboïdaux, divisés en cinq groupes, dont chacun correspond à l'un des cinq dodé- caèdres rhomboïdaux. » Restaient à classer les grands cercles auxiliaires. « Parmi ces derniers, j'ai d'abord considéré les trente bissecteurs des angles de 60 degrés. » Ces grands cercles passent respectivement aux vingt points I pôles des octaédriques, où ils divisent respectivement en deux parties égales les angles de 60 degrés que forment en ces mêmes points les grands cercles primitifs du véseriu pentagonat. Passant chacun aux deux pôles d'un octaédrique, les bissecteurs dont il s'agit sont perpendiculaires à cet octaédrique qu'ils ren- contrent constamment en un point H extrémité d'un des axes de l'un des systèmes trirectangulaires. De là il résuite que chaque système frirectangu- laire contient six des bissecteurs que nous considérons, lesquels y sont pour ainsi dire conjugués à six octaédriques, auxquels ils sont respectivement perpendiculaires. Ces douze cercles correspondent aux vingt-quatre faces d'un hexalétraèdre, et les faces de l'bexatétraèdre se dédoublent suivant les lois ordinaires de l'hémiédrie, pour former deux dodécaèdres pentagonaux dont l'un est constitué par les octaédriques et l'autre par les bissecteurs des angles de 60 degrés. Mais chacun des trente bissecteurs ne concourt à former qu'un seul dodécaèdre pentagonal, tandis que chacun des dix oc- taédriques concourt à en former trois, ce qui est un nouveau signe de l'importance des octaédriques. » Les bissecteurs des angles de 60 degrés ont poiu- pôles les points a du 17.. ( 124 ^ réseau pentagonal. Le tableau n° 5 renferme ces trente bissecteurs groupés et rano'és conformément au rôle qu'ils jouent dans les cinq hexatétraèdres auxquels ils appartiennent. .. Les trente bissecteurs des angles de 36 degrés que forment aux centres des douze pentagones les grands cercles primitifs du réseau jouent un rôle analof'ue aux précédents et se conjuguent, de leur côté, avec les six dodé- caédriques réguliers, pour produire cinq hexatétraèdres, d'où dérivent, du moins en apparence, dix dodécaèdres pentagonaux, cinq formés par les bissecteurs et cinq par les dodécaédriques réguliers. Mais, ainsi que je 1 ai fait remarquer ailleurs (i), les faces de ces dodécaèdres pentagonaux for- ment, avec les faces du cube sur lequel elles s'appuient, des angles de Si^/lS'S". Or cet angle est celui pour lequel le dodécaèdre pentagonal, qui est généralement irrégulier, se réduit au dodécaèdre régulier. Il résulte de là que les cinq dodécaèdres pentagonaux que semblent former les six dodé- caédriques réguliers se réduisent à un seul qui est le dodécaèdre régulier unique déjà mentionné ci-dessus, comme étant le résumé le plus simple de la symétrie pentagonale. Quant aux cinq dodécaèdres pentagonaux, formés par les bissecteurs des angles de 36 degrés, ils sont eux-mêmes réguliers, mais ils demeurent distincts. Chacun d'eux n'est adapté qu'à l'un des cinq systèmes trirectangulaires, et c'est l'ensemble seulement de ces cinq dodé- caèdres qui est en rapport complet de symétrie avec le réseau pentagonal. L'ajustage de ces six dodécaèdres réguliers présente quelque chose de cu- rieux à étudier, et de même que l'ajustage des cinq octaèdres entre eux et avec l'icosaèdre, il pourra donner lieu à des considérations qui serviront à déterminer à priori l'ordre chronologique de la lorm^ion des systèmes de montagnes. » Les bissecteurs des angles de 36 degrés ont pour pôles les points h du réseau pentagonal. Le tableau n° i renferme ces trente bissecteurs groupés et rangés d'après le rôle qu'ils jouent dans les cinq hexatétraèdres qu'ils concourent à former. » Enfin, le tableau n" 5 contient les trente-huit autres grands cercles auxiliaires que j'ai calculés. Ces trente-huit grands cercles appartiennent à différentes séries de soixante cercles chacune, dont plusieurs correspondent à des hexatétraèdres ou à des trapézoèdres, et dont chacune, si elle était compléïe, pourrait donner lieu à une classification méthodique; mais n'ayant encore calculé que quelques cercles de chacune de ces séries, je me suis borné dans le tableau n° 5 à rapprocher les cercles qui appar- lieimont à des calégories analogues, en signalant ceux qui sont exactement les homologues les uns des autres. (i) Comptes rendus , t. XXXI, p. .352, séance du 9 septembre i85o. ( 125 ) Tableau N" t. Les quinze grands cercles primitifs du réseau pentagonal. \" système li-ircctansulairc. Primitif de l'Etna i système du Ténare). Piimitif (lu Groenland et du Chili Primitif equatorial L:= 70.50. 29,. '|9 0. L= 20. 8. 16, 3(5 E. L=i48. 39. 38,3s E. J= 8.16.47,80 i= 6.4i.56,3'| 6 = 79.19.10.75 c = 5 1 . 4() ■ I > , f)6 ( T ) c= 8.20. 1 4, o3 (H) 0= 19. 16.25,34 (I 2" système trirectniigiihiire. 1 ' 0 , „ 1. Primitif do Lisbonne. ., L= 4''-53. i3.o6 E. ô. Piimilif du mont Saint-Élie ("Amérique Russe I L= 141 .39.59,92 E. Cl. Primitif — Floride, Terre d'Arnhem i^ Nouvelle-Hollande) | L=ii7. 8 4o,o5 E. i = 32.45. 5S, 17 C= 11 .■.4.16,54 D) ''= 7--''l- 7j'-5 r- 53 58. .54, 23 I J = 5() Il 5o,49 e= 44 53.34,39 D) 3° système trirectnngiilairc. Primitif de Saiiit-Kilda (système du Tlmringei-wald) . 8. Primitif — Medine, Valdivia. 39.14.35,31 O. 90. 12. 5,83 E. 9. Primitif —lac Supérieur, cap San-'fhonié (Brésil).,.., | L= i44 ■ 47.4' ■ '7 O. 6 = 28.35. 14 , 19 6 = 49.22.48,27 6 = 26. 1 i.5o,P5 c:= 28. 6. 0,00 (D) c^ 26.23.09,91 (1) c^ 101 . 19.18,85 (1 ■i" système trireetniig, ilair 10. Primitif Je la Nouvelle-Zemble {système du Rhin). 11. Primitif — Cuba, cap Sandy (Nouvelle-Hollande) l'2. Primitif — illontagnes Rocheuses, îles Galapagos. . . L= 80.49.28,53 E. L= 176. 17.50,93 E. 6 = 1 4 ■ 1 2 . 37 , 60 6^=64 .^>3.45,20 6^20.38. 16,72 C^ 36 37. 4 2 63 D c = i3 57 5 21 1 c = 53 • t.l i3 S6 1 13. 15. S" système trirectangitlaire L= 2.39 Primitif du Laïufs-End Primitif — presqu'île Alaska, terre de Van Dieinen Primitif du cap Caslle ou Paternoster(C"''' du cap de B"^"-Espérance) 18,46 E. L=; 105.42. 32, 3i O. L^ 142.45.57,35 E. 6^39. 3.67.41 6 = 21.12.48,38 6 = 43.23.20,63 3.56.23,71 (D) 63.26 19,52 (I 1 50.46. 4,i4 (I) Les dix octaèdriques . \°' octaèdre . 1 . Octaédrique — lac Baikal,,ile du Prince Edouard 2 Octaédrique du cap Cod ^ Etals-Unis) 3. Octaédrique du mont Sinaï ( système des Pyrénées) 4. Octaédrique de Pile Trinidad ( Océan Atlantique austral)... L = i54 2.15.45 E. L=i22.58.56,72 O. L= 24.18.39,41 O. L= 71.52.36,81 E. 6 =i24*-^8. 10, i5 6 = 35.40 18, 5i 6 = 45.52.35,93 6 = 33.28.25,42 e= 66. 32 .30, 59 (H ) c= 58.38.10,97 (1) c= 28.24.28,33 (T) c= 42.45.56,97 (T) Octaédrique des Garrow-Hills (Inde) Octaédrit|ue — Cochabainba, golfe de Pechely. Octaédrique du Mulehacen ■ Octaédrique n® 3 répété 2' octaèdre. L=i2i 54.28.30 E. L=i62.55. 6,80 O. L= 91.41.18,82 O. 6^6û. 3. 58, 60 6^ 13.59. 5,66 6 = 5 . 1 9 . 5o , 96 43.31 . 10,02 ^H) 6o.46.24,47(T) 3i.3o.2,i5 iT) 3" octaèdre. 8. Octaédrique — iles Sous le Vent, cap A alsch ,) Nouvelle-Guîuée) Octaédrique n" 1 répété 9. Octaédrique de Nijney-Tagilsk Octaédrique du Mulehacen repété L= 97.28.59,49 O. L= 23.28.39,48 E. 6 = 75.47. 1)11 6^ 27.21 .44 ' '8 c= 36. 7.14,91 ;t) c= 17. 5.34,91 (T) 10 Octaédrique n° 5 répété. Octaédrique n^ 2 répété. Octaédrique n" 9 répété. Octaédrique d'Hindoê.... ■4'' octaèdre. 49.44.36,94 O. 6= 10. 8.45,07 f= 25.35.33,64 (T) Oclaédrii[ue n" 8 ucpélé . . Octaédrique 11° 6 répété . . Octaédrique n^ 10 répété . Octaédrique n** 4 répété. . . S° octaèdre. Les six dodécaédriques réguliers. Dodécaèdre règidier unique. Dodécaedrique régulier — cap Corientcs, Singapoor .. Dodécaedrique régulier — Sénégal, IVouvelle-Guinéo Dodécaedrique régulier — Açores, Terre de Van Diemen . Dodécaedrique régulier — Brésil, Japon Dodécaedrique régulier — Spilzberg, lac Supérieur Dodécaedrique régulier — Mer Caspienne, Terre Graliam L=i7i. 6.28,87 O. L= 36.21 .33.90 E. L= 75.27.48,44 O. L= 5i .29.29,82 E. L= 11.45.15,44 E, L=ii3. 1.29,83 E. 6 = 5o..'|6. 3,08 6 = 63.47.53,43 6 = 39.43.35.69 6=^ 1 .20.52,o3 6^10. 4 • 3o , 96 6=: 23, 12.40,33 c= 67. 9.40,93 (H; c= 34.57.51,74 (H) c= 26 43.26,55 (H) c= 46.35.45, 19 (H) e= 39.33.43,72 (H) c= 61.17.31,46 (H I ( 126 c c c o o o c.=.=.c.c-c. :; s: C C » w z z n rz z S - =; c. =- =.£•« 2 wô ze- CMWRmO tt- c- c- c c- *- ^1 LO M 00 O -E^ c.-t^-o o o a p> ri Pi fï ft ft .a^ ci-as. owc o « Wi — i.-^ GO o o c c o o o 3-r -r -r û-o. s- ré- :£• râ- *" " H j 3 r--:^ - p^ r< tr* r t- r §^ OCOROR &• &• c- ?- ft- ^ 1 fï "^ fï Pi fi lid - o OC OC C5 ODOi c ■^1 o o- no C C? C O n o o o O CL £. c- c „ H. „ _ „ „ 3- =r — • •^ __ =r r. c n 3 Cr :- F" F ~ ~ = =: =: = = = S= » » — — — , r -) V Oi jj ", CL a. CL m C _ u ^rî c. Cl- i:i rt f5- • Q O " CL jL ' ^ M -j t=f a. c- r- 1- r- p-" r- ^ r=i c=] o O RI K C" ©• ©• c- ^ c- f^ fï pj Pi Pi Cï >o «■ c; (ic OC -O Dooaoo c o C' o c o Cl. CL c. c c CL 9 o o c c c 3 = 33 = 5 Ç^ cr c- c- p- tr = c i = ?5 PS H c ? ~ z; =^a. ^ — t? §" » s- g- 5 :? ; ÏT ? " r- ^* « CL i_ n S c -, s- = « S'^ s s ^ s < s c r- - C " H- r* t- C- r- r r- OJ C7) Cl U; h c- ïï- e- &• C^ ^ -C^ Cï^ tû -o Cl -t^ w oc - i^ c Pi Pi ri PJ Pi PI COCTîO OS - O C^ ** Ci j-c ^ o c c o c o d, C- c- £- c Q. O : : ; C 3 2 S g'- P C C^ ^ 2 = 2 ;3 :? ,' !§ c5 et S =: Et ^- -3 H. ^ 3 = ' * " o « =" § i « 5. s £ o. a. s. 5 " 3. o. I! Il II il II II Cî Cl^J -t- 1^. O 2 OROPïOO c- ^ ^ c- o *- Il II II II II II LfJ tn tr> ï>3 ■- O .!>. t^'vC O C fi n P; Pi n 0-> lO Cl OJ tn o; li t^ sj t>i 13' o <) =0 s o 5 \r> - to te 00 r- - r-co O r* Il II II II II II b U t» o U U — — es or: ■-■ ^ rO C: Ci c^eo — es - l-^îO Il II II II II 11 ^ -a pQ «o •£ >a ij d d Cad w' d '.s 00 oc Cî r-f^ ro 0 to c«jr îs CM un - (0^=r II II II Il II II ^û-O; 3" t. = - ? 5 *— -u ^ o --9d o I '. 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R a s o S- a a es a 3 a s 12C aS^Tœ^ P £,t^^ S ^f r- r^rn O^ro r^to a CN UD - O r^OtO rO ^rr-^ (M tnio " U U tj u u QQ C5Q - rî cû ri - lo c^iD a> -1 M OO in*^ Cl p' - in. ri 00 u-j l>Ln t^oo - m co '^ m o cjiun >■ uouMcij a o ro te MO Ul WWWOWuMWWO WOWOCdOOW WWW WC OW ^^ fi m ^^r ^^3*o-i o o co i-^ ï^io .- ir: ^o ^^o — o:j — o cî r^ ci^^ r^ o '^1 ^^j,j^^ ►j j j ^ j j _! ^ >: -j -] .j ^ I-: ^ >j >j >j ^ >j >j hJ >J I-! iJiJi-] .Ji-: .^.^ S a ■ .5^-^ t ■> ;j -1) o — •:? « Ter ■ .2 ^ ■- c . = "Ô S '^ S ■ « :-«-5 ca s ° = p,w ^ ï z « -^-> rt tJS"" o c ,« 5 2 5 ?«=; y. ^ « ~ -c ~ = -5 g. S B "* uj - _ j. ^ ■^ -^ ■- (/i " T3 = f_ S O -a cf o ^ o "c o X ■• '■ "^ n ■o H o „• - H 2 H H"°-^ •= - a ~ . KBKaSKK ^H «^oaaici:C^^ cr tr c- o' tr ~"^ b.ï = -^ • > ■ - 1 :§ A * "=: S . . 3 ca-d . u, QJ ■ ■ 3 ^ & • ■ t3 ■ O ■^ ?= : . S o rt « • -..- ■ eu = . tJ ï'C : ^ <^ ►j^ • t^ tn n . Oï ■ TS := o . s*^ : -^ii ■ '. « o V ' > '^ . :o ^Cxi_ - '—' 0, ■.«-« ï Hh-~ îii^r^ 1 ^ " "n '"^ '^ •■S-. 2 S o wo g . C ■ c ' c .-a • S -^ § l ■ "'.^ P--Qi a dj ^ en R C .qÎ 3 "^ ■-- I ^ O ta r. 1 tn S ^ _0 •G = « - ^ • oT o i "^"^ . • — - CJ - ^-. C- o as (« "! -, 3 e '^ ÛJ ■.:|~ • .5 o : ^ a ■ ^ o 5 2-?, ,S ÏC ,^ 5 O o ■'S c'a s p s ■ = o ?,, « o ^ •lil ^-•^'^ ; £ £ S ■ fc-S'ïï I tfi . ~ •0- = -3 s -5 , co "y ffi t, 3 • — S = ï-<" C-Z ■5 13 - = = ï; 3 s 1, n - -* -ï <= ^ .:r - - ce Q) "^ ° -a : :«=;■= 5 .'^ZJ ■^ 3 ; oT "= o ^ , U i. "t. i. ij C" -> X O QJ 4) QJ 0) u/ - sssssm ^^ c-< co "^ in to « .- ~. ^^ 0) 01 o 2 5; ■; 3 3 = ï 3 ■ï T= -3 -^ , -s -. -aj .;; .5j î; -31 ^5 O O O t O ™ « N M -n ?J ,>- -o 'Cl -3) ^ -Cl . -:; n H n c? « -i 31 31 , 3 = 5 ^ .Q ÏQ-o oTo '2a : .--■= 31" - -.2 • • ■ •■! • ■ ■ ■ = 'g i" -2 "S 3 " U t. - ^, 31 3 . .-■^■^ S^ «1 S 5 Cl- H^"HH ■Cl •-* -Û -a -c -Q «û Q ;aQOo t-t-HS-H^E — M N *-i'' M 31 I K -il , — wOoOOOOOO ■O' c "2/ -n ■1' -o -o -cj "3* -t -oj -ai -qJ -o "(u -o -QJ o c o o a c — HHH ffl -3 H :hhhhhe^hhh hhhhqqdg qSÎS "S : s :-5 B= 11 -c ï -« : c^ a 5(5 i5 c. R , i863, i^' Semestre. (T. LVII, N" 5.) i8 ( >3o ) » Les grands cercles consignés dans les cinq tableaux précédents ont tous été calculés en partant de points du réseau pentacjonal déterminés eux- mêmes en latitude, en longitude et dans l'orientation de l'iui des cercles qui s'y croisent, comme ceux dont j'ai donné des tableaux dans les Conipies rendus, t. XXXllI, p. i35, et dans ma Notice sur les systèmes de luorilaqnes, p. to^^ô et \o!ii. Le plus souvent j'ai fait usage des formules coimues : sinè = sinrtsinB, tang6' = tangacosB, cotC = cusr/ tangB. » Les nombres obtenus ont été vérifiés de différentes manières. « Beaucoup de cercles ont été calculés deux et même trois fois en par- lant de points différents. Pour d'autres les chiffres obtenus ont été employés a calculer d'autres cercles ou des points qui ont eux-mêmes été vérifies. Il Enfin un grand nombre de ces mêmes cercles ont été vérifiés par la méthode dont je donne un exemple en abrégé dans la Note suivante pour les personnes qui ont quelque habitude de ces sortes de calculs. Point H de la mer de la Chine : LatitudeS". i6'.43">^i i^- Longitnde iO(^".9'.3o",5i E. a =81°. 43'- «î'Sig- L. cot8i''.43'. i2",iy = 9,i62y43i, L. cos 8i°.4-3'. 12", 19 = 9, 1683922 Différence pour 10" i447 Différence pour 10" i447 i" correspond à '4? 1 7 ' ' correspond à '44 > 7 Pour chacun des cercles qui se croisent en H, on aura cot a ^= cet b (OS C, cos n = cos b cosr . Primitif. — Groenland -Chili : L= 20". 8'. 16", 36e. * =6<'.4i'.5(i",24, ( =8°.2o'. i4",o3 iH) (*,, 1 09" . 9' . 3o" , 5 1 E C= 89"'.i'..4",i5 L. cot 6°. 4i'-56", 24 = 10,9301284 L. cos6''.4i'. 56", 24 ^=9,9970248 L.cosSg". i'.i4",i5= 8,2328175 L. sin 8".2o'. i4",o3 =9, i6i3655 L. cot a = 9 , 1 629459 \-.. cos« =9,1 5839o3 Ce calcul de vérification donne donc pour L. cotn une valeur trop grande de 28, ce qui . 280 i" . correspond a une erreur de —, — =: -z- environ, cl pour L. cosrt une valeur trop petite de ici, 1477 5 ' 1 ! . ( *) H du Groenland situe à lyo degrés dv H delà iiiei' do la Chine. ( i3, ) ce qui correspoiul à une erreur de /: =:= -jr^ environ. Ces deux erreurs, ne s'élevant cha- 447 ^ cune qu'à une fraction de seconde, sont négligeables. Li' même procédé, applique aux autres cercles qui se croisent au point H de la mer de la Chine, donne les résultats suivants : Primitif équatorial Par cot« -t- 8, erreur -j, environ, 10 i" Par cos a -f- 1 o >> — v » •4 Octaédrique. — Cochabamba, golfe de Pechely : , r Par cet a — 14, erreur — environ , m , 1" Par cosa — erreur -^-^ environ, 00 i" Par cosa — 07 " ~7" " Dodécaédrique rhomboïdal. — H nier de la Chine, I Nouveau-Mexique t" Parcot« — I, erreur -7^ environ , 145 1" Par cosa — 2 » — » •J2 8.. ( i32 ) Bissecteur IH — H mer de la Chine, I Soudan : Par rotfl — i i , erreur -^ environ, c Pa r cos a — o » — • Bissecteur 111. — H mer de la Clilne, I au N. des îles Sandwicli : " Parcot« +14 > erreur — environ. 10 I Par cos« +1 » —F7 '44 Bissecteur DU — H de la nier de la Chine, D Remda : i" Parc()l« — 2, erreur — environ, 72 i" Parcos« — 2 » — • 72 Bissecteur DB. — H de la mer de la Chine, D Amérique Russe : 1" Par cotrt — I , erreur —t^ environ , 145 1" Par cos« 4-2 >' — » 72 Uexatétracdrii]ue Wba. — Alpes principales : Parcotfl — I, erreur —;- environ, 1" Par cosrt +1 » -77 » '44 Ce procédé assez expéditif met généralement en évidence, avec une rigueur inexorable, toutes les fautes un peu notables, et met sur la voie de les corriger. La plus grande des erreurs qu'il fait ressortir ici de l'emploi des quantités L, i et c relatives à treize cercles dif- férents, quantités calculées en partant de points du réseau pcntagonal très-éloignés les uns des autres, est d'un quart de seconde. Des erreurs de cet ordre ne supposent pas nécessai- renienl des fautes de calcul. Les tables de logarithmes de Callet à sept décimales, que j'em- ploie habituellement, introduisent naturelleuieut des erreurs semblables. Pour en apprécier l'importance, il suffit de remarquer qu'une seconde de degré terrestre est égale à environ 3o mètres; d'où il résulte qu'un quart de seconde équivaut à 7 ^ mètres. Si le dôme du Panthéon était placé au point H de la mer de la Chine, les treize arcs de grands cercles qui, de diverses régions du globe, convergent vers ce pointu, aboutiraient tous f/anj/'/nrcnVHrrfurfdwr. ( «33) CHIMIE APPLIQUÉK. — Recherches chimiques sur la teinture ; par M. CHEVREtL. « J'ai parlé précédemment de la nécessité de dépouiller les étoffes des corps étrangers qu'elles peuvent retenir, avant de les soumettre à des expé- riences précises, enti'tprises avec l'intention d'apprécier l'influence des eaux naturelles en opérant dans des circonstances semblables comparativement avec l'eau distillée : c'est dire que les résultats des expériences compo- sant le Xlli^ et le xiv^ Mémoire de mes Recherches chitniques sur la Teinture ont été obtenus avec des étoffes passées à l'acide chlorhydrique. TREIZIÈME MÉMOIRE. PREMIÈRE PHASE DE MES RECHERCHES. » Les étoffes de laine, de soie et de coton ont été teintes comparativement dans trois circonstances : i*^ sans mordant; a° avec mordant d'alun; 3° avec mordant d'alun et de bitartrate de potasse, et cela dans l'eau distillée, dans l'eau de Seine et dans l'eau d'iui puits des Gobelins. )i Les étoffes de laine ont été teintes au bouillon et les étoffes de soie et de coton à froid. u Etoffes non moi (lancées. » Les différences des étoffes non mordancées teintes dans les trois eaux sont plus ou moins grandes. » La simple vue des étoffes teintes avec le campèche et le brésil dans les eaux de Seine et de puits donne la preuve que celles-ci ont agi par leurs sels, en un mol que ces sels ont fait l'office de mordant. M II eu est de même de la teinture avec le fustet. Les différences sont moindres avec les autres matières colorantes, quant à la différence de la couleur de la gamme; mais quant à l'intensité de la couleur qui produit ce que je nommele ton, la différence est grande entre la laine teinte en cochenille et même en garance, d'une part dans l'eau distillée et d'une autre part dans les eaux de Seine et de puits. La raison en est la production d'une laque résultant de l'union de la plus grande partie de la matière colorante avec les bases insolubles de ces deux dernières eaux, avant l'union du reste de la matière colorante avec l'étoffe. )) Enfin, on voit que l'eau de puits n'a pas agi conformément à l'opinion d'après laquelle on admettrait qu'elle aurait une action semblable à celle de l'eau de Seine, qui serait seulement plus intense à cause d'une plus torte proportion de carbonate de chaux. ( i3/| ) » La soie non mordancée présente, comme la laine avec la cochenille, un ton plus élevé dans l'eau distillée cpie dans les deux autres eaux. » Elle présente le résultat inverse avec la gaiide. » Les différences des cotons non niordancés à l'égard du Brésil et de la garance sont peu prononcées. » Elles sont extrêmes pour le campéche et même le Tustet et le bois jaune employé avec l'eau de puits; elles sont sensibles à l'égard de la gaude. Le coton à l'eau de puits est le plus beau. » Etoffes inordancées. » J. Alwiées. „ Les laines akmées teintes au campéche sont peu différentes. Les diffé- rences sont bien plus grandes pour le brésil, la cochenille, la garance, le fustet, le bois jaune, le sumac et même la gaude. » Les soies akmées présentent peu de différence à l'égard du campéche, du brésil, du bois jaune, du quercitron, du sumac. .> Elles en présentent une très-sensible à l'égard de la gaude et surtout de la cochenille, mais elle est inverse de la première. La soie est beaucouj) plus belle avec l'eau distillée et la cochenille qu'avec les deux autres eaux, et celles-ci sont au contraire plus favorables à la gaude. » Les cotons alunës sont très-différents à l'égard du campéche, du fustet; ils montrent moins de différence à l'égard du brésil, de la garance, de la cochenille, de la gaude. Enfin les différences sont plus prononcées que ces dernières à l'égard du bois jaune, du quercitron et du sumac. » B. Akmées et tarifées. n Les laines alunëes et tarlrées présentent entre elles plus de différence avec le campéche que les laines alunées. » Les différences sont moindres avec le brésil, la garance, le bois jaune et la gaude. » Les teintures opérées dans les eaux de Seine et de puits sont plus belles a l'égard des teintures opérées dans l'eau distillée, avec le cam- péche. le brésil, le fustet, le bois jaune, le quercitron et la gaude. » La teinture en cochenille et en garance dans l'eau distillée est supé- rieure à la teinture opérée dans les deux autres eaux. Même résultat pour les laines simplement alunées. » Résultats inverses pour la gaude. » Les soies alunées et tarlrées teintes en campéche, en brésil, en fustet, sont fort différentes. Elles le sont sensiblement en garance, en cochenille, en quercitron, en sumac, et moins en bois jaune. ( i35 ) » Les cotons alunés et Unirés. Les différences, assez grandis a l'égard du campéche, du fustet, sont moindres à l'égard du brésil, du bois jaune, du sumac. I. Différence faible à l'égard de la garance, du quercilron et de la gaude. Conclusions dei expériences. » La différence de couleur, et surtout celle de ton , des étoffes teniles dans l'eau distillée, l'eau de Seine et l'eau de puits est si grande et si variable, eu égard aux diverses matières colorantes, qu'il est impossible d'arriver à aucune généralité, relativement à une préférence absolue qu ou accorderait à l'une des eaux à l'exclusion des deux autres; par exemple l'eau distillée donne les tons les plus élevés avec la cochenille sur la lame et la soie non mordancées et mordancées, et l'eau de puits les moins élevés, tandis qu'avec la gaude le résultat est inverse dans les deux eaux. « Cochenille. » L'eau distillée a donné les meilleurs résultats pour les laines et les soies mordancées ; pour la soie non mordancée et le coton, l'eau de Seine en a donné de préférables à ceux de l'eau de puits. » Les cotons sans mordant étaient à peu près les mêmes a l'égard des trois eaux, ainsi que les cotons alunés; ceux-ci étaient les plus beaux. , )i Garance. » Résultats analogues pour les laines, mais différence de ton mouidre qu'avec la cochenille. o L'eau distillée a donné les meilleurs résultats pour les soies; pour les cotons, la différence est faible à l'égard des trois eaux; en général, plus de rouge avec l'eau de puits qu'avec l'eau de Seine; pas de différence à l'égaid des trois eaux entre le mordant alun et le mordant alun et tartre. » Campéche. » L'eau distillée a donné les meilleurs résultats, exce|)té avec l'alun et le tartre ; et l'eau de puits en a donné de meilleurs que l'eau de Seine, quant aux laines. » L'eau distillée a «lonné les meilleurs résultats pour les soies et les colons non mordancés. » Les soies alunées et tartrées, les cotons alunés et tartres et les cotons alunés, sont trop différents de couleur pour les comparer. Les soies alu- nées sont peu différentes. » L'influence de l'acide tartrique pour alfaibhr l'uifluence de l'aliui a été surtout remarquable dans l'eau distillée à l'égard des trois étoffes. ( i36) » Brésil. » Les différences des effets obtenus s'expliqvient bien par les sels des eaux de Seine et de puits. » Les différences que présenlent les laines non mordancées et mordancées s'expliquent bien par les sels des eaux de Seine et de puits; les différences portent plus sur la couleur que sur le ton ; meilleurs résultats sans excep- tion. Les couleurs obtenues sur la soie et le coton sont plus piires avec l'eau distillée qu'avec les eaux de Seine et de puits. •> L'eau de puits a été surtout inférieure à l'eau de Seine pour la soie sans mordant et pour la soie et le coton alunés et tartres. » Fitslet. n Les trois étoffes teintes dans l'eau dis'tillée sans mordant et avec mor- dant n'étaient pas semblables certainement, mais les différences ne présen- taient rien d'important; il en était autrement de l'eau de Seine, et surtout de l'eau de puits ; car l'influence de l'eau de Seine, et surtout de la seconde, pour donner du rouge au coton, et même à la soie, a été remarquable. )i Bois jaune. )> r/influence des sels des eaux de Seine et de puits a été sensible. L'eau de puits a donné de meilleurs résultats que l'eau de Seine et l'eau distillée quand il s'est agi des étoffes mordancées. n Quercitron. » Les résultats ont été à peu près analogues à ceux du bois jaune. » Gniide. y L'eau de puits a donné les meilleurs résultats, viennent ensuite ceux de l'eau de Seine. L'alun a donné des couleurs plus intenses que l'alun et le tartre. 1) Sumac. « L'eau distillée a paru meilleure que l'eau de puits et l'eau de Seine, et celle-ci a paru inférieure à l'eau de puits. Résultiits d'une exposition de six mois à Vair lumineux des étoffes teintes dans l 'eau distillée, l 'eau de Seine et l 'eau de puits. « 1° Il est remarquable que le fustet, le bois jaune, le quercitron, la gaude et le sumac sont plus stables sur la soie que sur la laine, quand on a égard à la bauteur du ton de la matière colorée restée sur les étoffes après une exposition de six mois au soleil. ■• 9° Il est remarquable encore que la couleurdu sumac, qui baisse sur les laines et sur les soies alunées, sur la soie sans mordant et sur la soie alunée ( >37 ) et tartrée, teintes dans l'enii de puits, s'élève sur les trois colons teints dans l'eau distillée, sur le colon sans mordant et sur le coton aluné et tarlré teints dans l'eau de Seine. M 3° L'influence de l'étoffe est évidente dans les cas précités; mais lors- que la matière colorante s'altère, est-ce en vertu d'une action de l'étoffe, action que n'exercerait pas l'étoffe sur laquelle la matière colorante prend du ton? Ou bien est-ce l'inverse? l'action de cette étoffe concourrait-elle, en vertu d'une véritable action chimique dérivée de l'aftinité ou de toute autre force, affinité ou force qui n'agirait pas dans les étoffes sur lesquelles la matière s'abaisse de ton? Si celte hypothèse était vraie, il faudrait recon- naître que certains corps pourraient neutraliser l'influence de l'étoffe, car le sumac a baissé sur le coton ahnié teint dans l'eau de Seine, et sur les trois cotons teints dans l'eau de puits. QUATORZIÈME MÉMOIRE. » Les différences entre les résultats que je viens d'exposer et ceux qu'on pouvait prévoir, d'après ce qu'on savait des eaux de Seine et des eaux des puits de Paris, étaient si grandes, que je crus devoir, avant de tirer des con- clusions définitives de mon travail, entreprendre de nouvelles expériences: dans tous les cas ma conclusion était celle-ci. >■ J'avais constaté d'une manière précise et comparaliTe, au moyen d'é- toffes pures et des cercles chromatiques, les différences obtenues de l'usage en teinture de l'eau de Seine et de l'eau d'un puits des Gobelins, compa- rativement avec l'eau distillée. C'est la première phase de mon travail (treizième Mémoire). )) J'entrepris de nouvelles recherches pour trouver la cause des différences observées, et voici une deuxième phase. DEUXIEME PHASE DE MES RBCHEECHES. » La deuxième phase de mes recherches repose sur le principe que, poiu* acquérir la certitude de la connaissance de la cause matérielle des effets produits en teinture par l'eau de Seine et par l'eau de puits, il faut repro- duire ces mêmes effets avec de l'eau distillée, dans laquelle on a dissous les corps que l'on sait être contenus dans l'eau de Seine et dans l'eau de puits. " En conséquence je préparai avec de l'eau distillée des solutions de sul- fate de chaux pur, de craie, de carbonate de chaux acide et de plâtre, el je teignis dans ces quatre solutions, comparativement avec de l'eau distillée, C. R., iSG3, 3™= Semestre. T. LVll, N» 5.) iQ ( i38 ) ainsi que je l'avais fait précédemment en teignant dans l'eau de Seine et dans l'eau de puits. » Les résultats furent satisfaisants à l'égard de l'action du sulfate de chaux, du carbonate de chaux et du plâtre, pour expliquer l'effet de l'eau de Seine. Je dis satisfaisants, en tenant compte de la petite quantité de car- bonate de fer que cette eau contient. Mais aucun des résultats obtenus n'expliqua l'action de l'eau du puits des Gobelins sur un certain nombre de principes colorants. Conclusions relativement aux étoffes non mordancées teintes dans des eaux tenant différents corps en solution. j> Eau de sulfate de chaux. » Elle agit généralement comme l'eau distillée. Ce n'est que rarement que le sel agit par sa base à l'instar d'un très-faible alcali. » Le sulfate de chaux peut agir encore en modifiant le pouvoir dissol- vant de l'eau. Par exemple, l'eau de sulfate dissolvant moins bien que l'eau distillée certaines substances colorantes, si ces substances colorent en fauve, par exemple, il pourra arriver que la couleur des étoffes sera moins rabattue en opérant dans l'eau de sulfate de chaux que dans l'eau distillée. » Eau de chlorhydrate de chaux. « Des étoffes que l'on submerge dans de l'eau de chlorhydrate de chaux se comportent avec les matières colorantes dont je me suis servi, pour la plupart des cas, comme les étoffes passées dans l'eau de sulfate de chaux. » Mais les résultats pourraient être différents, si l'on teignait dans des eaux de chlorhydrate de chaux susceptibles de précipiter la matière colo- rante dont on ferait usage. « Eau de sous-carbonate de chaux. » Elle agit à l'instar d'un alcali faible. Mais pour en évaluer l'effet, d faut toujours tenir compte de la proportion de l'eau relativement à l'étoffe, à cause de la faible solubilité du sous- carbonate de chaux, et du cas où l'eau ne se renouvelle pas et de celui où elle peut se renouveler. » Eau de carbonate de chaux acide. » Elle est susceptible d'agir avec plus d'énergie que l'eau de sous-car- bonate de chaux, parce que la solution renferme plus de carbonate quand on la prépare, comme je l'ai fiut, au moyen du gaz acide carbonique et de la craie en excès tenue en suspension dans l'eau. » En outre, lorsque l'acide carbonique qui dépasse la composition de sous-carbonate s'évapore et qu'une matière colorante, comme celle du sumac par exemple, est présente, il peut y avoir une altération profonde de ( i39) cette matière sous l'influence de l'oxygène atmosphérique qui est alors absorbé. » Eau de plâtre. » Tous les résultats que j'ai obtenus sont d'accord avec la composition de cette eau représentée par du sulfate de chaux et du sous-carbonate de chaux. TROISIÈME PHASE DE MES RECHERCHES. » Ainsi conduit à entreprendre la troisième phase de mes recherches, je soumis les eaux de Seine et de puits à de nouvelles expériences, qui me con- duisirent à constater les faits suivants : » 1° L'eau de Seine renferme une matière colorante susceptible d'altérer la blancheur des étoffes de laine et de soie qu'on y plonge pendant plu- sieurs jours. » 2° L'eau du puits des Gobelins renferme du carbonate de cuivre qui colore la laine et la soie en bleuâtre. Elle azuré donc les étoffes qu'on y plonge. j> 3" Toutes les deux contiennent du carbonate de fer. « 4° L'infusion de brésil est extrêmement sensible au cuivre de l'eau de puits ; elle produit une couleur violette et il se précipite une laque dans laquelle il y a de la chaux et des oxydes de fer et de cuivre. » 5° L'infusion de fustet est rougie aussi par le sel cuivreux de l'eau de puits. » J'ai étudié comparativement les effets du sulfate et du carbonate de protoxyde de fer acide et les effets du sulfate, de l'acétate et du carbonate de cuivre acide sur les étoffes. Sulfate de protoxyde de fer. » Les étoffes mordancées avec le sulfate de protoxyde de fer se teignent : En 4 et 4 bleu violet rabattu, et 2 bleu violet rabattu, avec cochenille. En 3 et 4 orangé rabattu, et 3 violet rouge rabattu, avec garance. En 4> 5 et I violet rabattus, avec brésil. En bleu violet, 3 bleu violet et 2 bleu violet rabattus, avec campéclie. En orangé jaune, 4 orangé jaune, 2 orangé jaune rabattus, avec, fustet. En I orangé jaune, 4 orangé jaune, 2 orangé jaune rabattus, avec, bois jaune. En 5 orangé jaune, 3 orangé jaune, 3 orangé jaune rabattus, avec quercitron. En orangé jaune, i orangé jaune, 4 orangé jaune rabattus, avec, gaude. En violet, 3 violet, violet rouge rabattus, avec sumac. » Le sumac se rapproche de la cochenille. 19.. ( '40 ) Sulfate de cuivre. » Les étoffes morJaiicée» avec le sulfate de cuivre se teignent : En I violet ronge, 4 violet rabattus, 3 violet, avec cochenille. En 2 orangé, 5 rouge orangé, rouge orangé rabattus, avec ... . garance. En rouge, i rouge, 4 violet rabattus, avec hrésil. En I bleu violet, i bleu violet, 3 bleu rabattu, avec carapèche. En orangé jaune, orangé jaune, rouge orangé rabattus, avec, fustet. En 3 jaune, 3 jaune, 5 orangé jaune -^j, avec bois jaune. En 4 jaune, 2 jaune, 3 orangé jaune jj, avec quercitron. En 4 jaune, i jaune rabattus, 5 orangé jaune, avec gaude. En 5 orangé jaune, 2 orangé jaune, i orangé jaune rabattus, avec, sumac. .) L'acétate de cuivre se comporte comme le sulfate, sauf avec la coche- nille et la laine ; il violette le brésil, rougit le fustet, surtout dans la teinture du coton ; il verdit la gaude. » Après ces expériences j'ai teint les étoffes non mordancées, les étoffes alunées, les étoffes alunéesettartrées dans l'eau de Seine, l'eau de puits, l'eau de sulfate de chaux, l'eau de craie, l'eau de carbonate de chaux acide, l'eau plâtrée, comparativement avec l'eau distillée. » Je mets sous les yeux de l'Académie les résultats de ces expériences. M Les plus grandes différences portent sur les étoffes non mordancées teintes dans l'eau de puils avec le campèche, le brésil, le fustet surtout, la garance, le bois jaune et le simiac. » Mais ces expériences n'expliquaient pas pourquoi la laine et la suie, teintes avec le fustet dans l'eau de puits, avaient plus de rouge que la laine et la soie teintes dans les eaux calcaires et les eaux cuivreuses. Fallnif-il admettre, outre l'alcali et le cuivre dans l'eau de puits, l'existence d'un troisième corps ? » Je fus assez heureux, après plusieurs recherches, de triompher de cette dernière dilficulté par les expériences suivantes; » 20 centimètres cubes de décoction de fustet furent mêlés avec : I" 200 centimètres cubes d'eau de carbonate de chaux acide; 2" 200 centimètres cubes d'eau de carbonate de cuivre acide; \ loo centimètres cubes du premier carbonate; ( 100 centimètres cubes du deuxième carbonate. » Eu teignant dans ces trois liqueurs, on constata le fait intéressant que le mélange des deux carbonates donna une teinture plus rouge à la laine et ;, la soie que les deux carbonates appliqués séparément. ( i4r ) » Ainsi les recherches de la Iroisième phase on\. donc complètement rempli l'objet que je m'étais proposé en les entreprenant. Conclusions définitives. » Eau de Seine. » Elle agit surtout par son carbonate de chaux. r Elle agit aussi par son carbonate de fer. » Enfin elle peut agir par une matière organique susceptible de colorer la laine et la soie, surtout au roux. » Eau du puits des Gobelins. » L'eau du puits des Gobelins agit dans tous les cas par son carbonate de chaux ; » Et avec les matières colorantes, telles que la cochenille, le bois de Bré- sil, le bois de campêche, le fustet, par un sel cuivreux, le carbonate. » Le bois de Brésil est surtout propre à démontrer l'extrême différence des étoffes teintes dans l'eau de puits d'avec celles qui le sont dans l'eau de Seine, dont l'action se compose surtout de celle d u carbonate de chaux et du carbonate de fer. » Les conclusions de ce travail, relatives à l'usage des eaux naturelles dans les arts et dans l'économie animale, seront exposées dans le Compte rendu prochain. » PHYSIQUE. — Nouveau speclromètre à vision directe. Note de M. Valz, faisant suite à sa communication du i3 juillet. « De nouvelles considérations m'ayantfait reconnaître qu'on pourrait en quelque sorte augmenter indéfiniment la force de dispeision de l'appareil, je compléterai comme suit mes idées à ce sujet : » Les onze prismes réfringents, employés par M. Merz, peuvent donner une dispersion de ilfiO)' moindre que celle des trois prisînes seulement; mais il est possible d'obtenir une plus forte dispersion encore, en faisant parcourir 270 degrés par réfraction au rayon, et 90 degrés par une simple réflexion dans un prisme. Avec six prismes, la dispersion serait de 9.1° 35'. Pour cinq prismes, rt = 58" 36', ?'= 56° 18', et la dispersion 28° 33'. Si on n'employait que quatre prismes, rt = 65°i2', j=66°2o', et la dispersion 3i° 46', mais le spectre ne pourrait être vu en entier. Enfin on pourrait faire parcourir au rayon une circonférence entière en plaçant les prismes en hé- lice, de façon que les extrêmes soient au-dessus l'un de l'autre: alors, pour neuf prismes, a = /|8° 26', i= /j/j" i3', et la dispersion 38° i3'; avec huit pris- mes, la dispersion serait 45" 67', mais le spectre ne se verrait plus en entier. ( l42 ) On pourrait ainsi augmenter indéfinimenl la dispersion, en faisant parcourir au rayon plusieurs circonférences, par la disposition des prismes sur plu- sieurs tours d'hélice; mais comme alors on n'apercevrait qu'une partie du spectre, il sera plus simple et plus avantageux d'avoir des spectromètres pour chaque partie du spectre. Ainsi, pour une des moitiés, on aurait avec six prismes a = 6i° 18', i=6o° ^o', et pour l'autre « = 62" 3o', i=6i° i5', et la dispersion totale sera 40° 48'. » NOMEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission qui sera chargée de décerner le prix Bordin pour l'année i863, question concernant les courants thermo-électriques. MM. Pouillet, Becquerel, Regnault, Fizeau et Edm. Becquerel réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. OBGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Etudes sur l'évolution des bourgeons et sur la force qui préside à ta séparation des divers organes végétaux; par M. Ch- Fermond. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre.) a Quand on examine un bourgeon naissant, on reconnaît au microscope qu'il n'est constitué que par une multitude de petites cellules assez sem- blables et intimement liées entre elles; mais bientôt cette petite masse de tissu cellulaire se fend par le sommet, et cette fente se poursuit d'un seul côté pour les feuilles alternes (raonocotylédones), ou de deux côtés pour les feuilles opposées, ou de trois, de quatre, de six côtés pour les feuilles verticillées, en même temps qu'une séparation se fait concentrique- ment entre les parties circulaires et la partie centrale. Au centre de ces organes, eu général peu développés, et qui alors prennent le nom d'écaillés, se trouve donc une petite masse indivise de tissu cellulaire qui se compor- tera de la même façon en observant d'ordinaire la loi d'alternance; mais les organes qui se sépareront cette seconde fois, mieux nourris ou protégés déjà par les premières écailles, acquerront un plus grand développement. La masse indivise centrale nouvelle subira le même sort et donnera lieu à d'autres organes qui se développeront encore mieux, et ainsi de suite, jusqu'à ce que Ton soit arrivé à reconnaître la figure de la feuille particu- lière à l'espèce sur laquelle on fait l'observation. Or il arrive un moment où cette masse centrale, bien enveloppée par les organes appendiculaires déjà ( i43 ) très-développés, est si petite, que l'on ne sait plus distinguer le phénomène de séparation dont nous venons de parler, quoique pourtant cette sépara- tion se continue encore : c'est qu'alors, dès qu'elle se prononce, les organes appeiidiculaires naissants prennent aussitôt l'apparence de mamelons qui, par leur développement ultérieur, revêtiront la forme connue de l'organe appendiculaire. » C'est à cette force qui oblige les parties à se séparer les unes des autres, et dont, plus tard, nous ferons connaître le mécanisme, que nous avons cru devoir donner le nom d'exastosie ou écastosie (du grec iKctcTToç, chaque individu), parce qu'en effet elle sépare, individualise, pour ainsi dire, plus ou moins profondément les diverses parties, si bien qu'elles ne sont plus liées les unes avec les autres que par des points très-restreints. w Afin de bien se rendre compte des phénomènes dus à l'exastosie, il faut dès à présent distinguer trois formes de cette propriété générale, savoir : i" celle qui sépare conccntriquement les parties autour de l'axe, telles que les feuilles, les bourgeons, les sépales, etc., et que nous appellerons eamïosic centripèle, parce qu'elle tend à marcher vers le centre de l'axe; 2" celle qui sépare circulairement en une ou plusieurs les parties que l'exastosie centri- pète a déjà séparées de façon à constituer des organes plans alternes, opposés ou verticillés; nous la nommons exastosie circulaire ou plane. M 3° La troisième forme de l'exastosie est celle qui fait que les parties qu'ont divisées les exastosies centripète et circulaire sont séparées les unes des autres par un tube cylindrique ou prismatique nommé entre-nœud ou mérithalle, parce qu'il est en effet placé entre les points d'où émergent les organes appendiculaires et où se trouvent des renflements que l'on nomme noeuds vitaux. Si nous portons notre attention sur ces nœuds vitaux, nous ne tarderons pas à reconnaître que bien souvent, selon les espèces où on les observe, ils sont le siège d'une articulation qui permet de détacher les mérithalles les uns des autres comme s'ils n'avaient été que collés ensemble {Equisetiim, Vilis, etc.). Pareillement, vers la fin de la saison, presque toutes les feuilles, les folioles mêmes des feuilles dites composées, se désarticulent de l'axe qui les porte et tombent d'elles-mêmes. Les pédoncules ne sont pas exempts de cette désarticulation spontanée quand les fleurs qu'ils portent ont rempli leurs fonctions [Asparacjus ojjiciiiatis, JEsculiis tiippocastanuin, etc.). Enfin, c'est grâce à de semblables désarticulations spontanées que les carpelles et certains bourgeons (bulbilles) tombent; que certaines car- pelles (lomentacées) se séparent par articles et que les graines se sèment d'elles-mêmes, etc. ( i44 ) « En présence de ces faits irrécusables, il est donc bien établi que la petite masse de tissu cellulaire, unique et homogène dans le principe, n'a pas seulement subi des séparations verticales, concentriques et latérales, mais encore des séparations transversales, que nous désignons sous le nom d'exastosic transversale. Si maintenant nous observons qu'en agissant ainsi, ces trois forn)es de i'exastosie dirigent leur action suivant les trois dimen- sions de l'étendue : longueur, largeur et profondeur ou épaisseur, nous reconnaîtrons que ces trois exastosies en se produisant simultanément ont précisément pour effet de délimiter et circonscrire d'autres petits amas de cellules ayant chacune une vie particidière dans la vie générale de l'individu, et leurs mouvements propres dont la variabilité entraînera nécessairement des différences dans les parties produites. C'est la réunion de ces trois formes de I'exastosie, prises strictement à leur naissance, qui conduit logi- quement à la nécessité de reconnaître dans les parties végétales des centres vitaux que, pour plus de simplicité et surtout à cause de leurs propriétés, nous nommerons plijtogènes. » Le plus souvent les mérithalles se succèdent sans phénomènes extraor- dinaires, produisant autour d'eux des feuilles et des bourgeons, puis des fleurs. Dans ce cas, si l'on vient à couper transversalement l'axe ou tige, on y trouve un seul canal médullaire généralement arrondi. Les exastosies sont normales. Mais il peut arriver que ce phytogéne, ne s' étant pas encore constitué à l'état de bourgeon, se comporte dans son développement de façon à produire des phénomènes anormaux. Ainsi, il se peut que ce phy- togéne, avant de produire aucune des parties latérales et circulan-es qui constituent les organes appendiculaires, se divise en deux parties par suite de l'action de I'exastosie centripète, et qu'alors, au lieu de former un seul axe, il en forme deux qui d'ordinaire marchent parallèlement dans leur évolution. Dans ce cas, on a le phénomène nommé dédouhlemenl, lequel présente trois modifications appréciables, i" Si I'exastosie est complète, les deux axes seront entièrement séparés ; ainsi isolés, ils se comporteront d'une manière normale, et chacun d'eux offrira un canal médullaire arrondi. 2° Il se peut que I'exastosie centripète se prononce beaucoup moins, et qu'elle se traduise à l'extérieur par un aplatissement de l'axe et par une rainure longitudinale plus ou moins profonde sur l'une ou sur les deux faces de cet axe. Dans cette circonstance, si l'on coupe l'axe transversalement, on remar- quera qu'il s'est formé deux canaux médullaires dont l'ensemblo simule un 8 àc chiffre (Moquin-Tandon), et d'autant plus distincts que les sillons étaient plus profonds, ce qui accuse un état exaslosique plus prononcé. 3° Enfin, ( '45) si l'exastosie centripète est encore moins prononcée que dans l'exemple précédoiit, quoique manifeste encore, le phénomène ne se traduira que par l'aplatissement de l'axe et par lui bourgeon lui-n)éme aplati comme l'axe, et dans le même sens. La section transversale d'une semblable tige ne montre plus deux canaux médullaires, mais un seul, qui a alors une forme elliptique. Cet état particulier est un conuiiencement de la monstruosité que les phy- siologistes appellent y«5c/e ou lige fasciée. Tous ces phénomènes constituent des excès d'exastosie centripète, puisqu'au lieu d'iui élément on est forcé d'en reconnaître deux. » Par contre, il y a une autre série d'anomalies que nous désignerons sous le nom de déjauh dexaslosie, et dans laquelle viennent se ranger tous les phénomènes connus sous le nom impropre de soudure. » Nous terminons notre Mémoire par des réflexions qui conduisent aux conséquences suivantes : » 1° Les phénomènes de l'exastosie sont en général d'autant plus mar- qués qu'on les observe chez les végétaux les plus élevés dans les classifica- tions méthodiques. )• i" L'exastosie centripète est d'une importance plus grande que les deux autres formes de l'exastosie et se retrouve d'autant plus développée qu'on l'observe chez les végétaux les plus élevés dans les différents groupes. u 3° L'exastosie circulaire est d'une importance moins grande que l'exastosie centripète et se montre souvent d'autant plus développée dans les fleurs qu'on l'observe dans les espèces les plus élevées dans les diffé- rents groupes. )) 4° L'exastosie transversale est d'une importance inférieure aux deux autres et peut indifféremmnnt se rencontrer dans tous les groupes végé- taux. » MÉ3I01UES PRÉSENTES. CHIMIE. — Dosage et équivalent du cuivre; par MM. E. Millon et Co.^lMAILLE. (Commissaires, MAL Payeii, Peligot.) « Dopage. —C'est à l'état de bioxyde que le cuivre se dose le plus habituel- lement; si simple que l'opération soit en apparence, elle entraîne néan- moins une erreur plus ou moins sensible : le dosage est toujours faible. C. R., i8e3, 2™" Semestre. (T. LVII, N" 5.) 20 ( i46 ) » Vient-on à précipiter l'oxyde de cuivre par la polasse et à le calciner, le filtre dans lequel rox)'de est retenu, et dont il est impossible de le déta- cher, réduit une partie du cuivre; il faut alors réoxyder le métal. Mais la calcination à l'air libre ou même dans un cornant d'oxygène pur ne re- forme pis comjilélement le bioxyde; l'oxygénation du métal reste au-dessous de CuO, si prolongée que soit la réaction. On a forcément recours à l'acide nitrique dont l'action oxydante est radicale; alors apparaît un autre incon- vénient. Au moHient où le nitrate de cuivre achève de se décomposer, il y a du bioxyde entiainé par le jet de vapeurs nitreuses. On rend ce phéno- mène très- visible, en opérant dans un petit ballon de verre, d'une capacité de loo centimètres cubes et surmonté d'u!i col long de 7 à 8 centimètres. La décomposition du nitrate, conduite avec tout le ménagement possible, n'en tapisse pas moins l'intéiieur du ballon et son col tout entier d'une j)oudre impalpable d'oxyde cuivrique; celui-ci même s'échappe hors du ballon en quantité appréciable. » En opérant, avec le plus grand soin, dans un creuset de platine d'une capacité comparativement très-grande et bien fermé par son couvercle, nous avons eu encore une perte notable: iS%33o5 de cuivre pur n'ont donné que i^'',66o5 de bioxyde, au lieu de it'%6675. Cette perte est la moindre de toutes celles que nous avons constatées, en variant beaucoup les condi- tions de la calcination. » Pour échapper à ces difficidtés, nous avons préféré doser le cuivre à l'état métallique. L" bioxyde est |)récij)ité par la potasse, le précipité lavé à chaud et séché est brûlé aveclefdtre dans une large capsule de platine. Le résidu de cette calcination ne contracte aucune adhérence avec les parois de la capsule, et on le fait passer de celle-ci dans une nacelle de platine où s'opère la réduction par un courant d'hydrogène pur. » Ce mode de dosage, rapproché des indications que fournit la précipi- tation de l'argent métallique par le cuivre à l'état d'oxydule, permet de rectifier nos idées actuelles sur la composition de plusieurs combinaisons dans lesquelles entre le cuivre. En voici quelques exemples. « Le beau composé violet que l'on obtient en faisant bouillir une solu- tion d'acétate de cuivre avec du sucre, et que l'on considère comme du protoxyde do ciùvre pur, renferme toujours 2 pour 100 do bioxyde de cuivre, avec interposition de ^ pour 100 de matière organique, analogue au sucre ou au caramel. » L'hydrate jaune de protoxyde de ciùvre s'écarle encore bien davan- ( '47 ) tage de la coinpositioti qu'on lui assigne et ne reiifeime jamais moins de 4 pour loo de bioxyde. » L'existence du carbonate de protoxyde de cuivre, bien qu'elle ait été indiciiiée par un liabile observateur, est très-douteuse; au moins ce sel ne se forme-t-il jamais dans la réaction des carbonates ou des bicarbonates alcalins sur le protocblorure de cuivre. 1) Équivalent du cuivre. — A|)rès avoir obteiai, d'une part, la purification du cuivre, et, d'autre part, son dosage, avec une précision dans laquelle la pratique nous inspirait de jour en jour plus de confiance, nous avons cru qu'il n'était pas sujjerflu de faire quelques expériences sur la détermination de l'équivalent de ce métal. » Comme le bioxyde, provenant du nitrate de cuivre, ne cbange pas de poids à la suite de plusieurs calcinations successives sur une lampe d'alcool, nous avons pris cet oxyde pour point de départ : il a été réduit par un cou- rant d'hydrogène sec, purifié par son passage à travers une longue colonne de tournure de cuivre, chauffée an rouge. En outre, l'eau provenant de la réduction de l'oxyde était recueillie et pesée. » Deux cxpérieiices faites avec de l'hydrogène, dégagé de l'eau par le zinc et l'acide sulfurique, ont donné les nombres suivants : Première cjcpcrience. Bioxyde de cuivre employé D,'ji45 Cuivre réduit 5,3565 Eau produite i ,5325 Eau théorique i ,53o2 Deuxième c.vpérience. Bioxyde de cuivre , 3 , 3945 Cuivre réduit ■?., 7086 Eau produite o ,7680 Eau théorique ^-ill^l » Dans une troisième expérience, l'hydrogène provenant de la décom- position de l'eau par la pile, l'eau n'a pas été recueillie. Troisième expérience. Bioxyde de cuivre employé 2,7880 Cuivre réduit 2 ,2240 20.. ( '48 ) » On trouve ainsi pour poids de l'équivalenl du cuivre : Première expérience 894, 3 1 Deuxième expérience 894 ,80 Troisième expérience 3g4 ,55 En moyenne 394,55 )) MM. Erdmaiin et Marchand avaient indiqué 896,60, en remplacement lu nombre de Berzélius qui est SgS, 55. » CHIMIE MiNliRALOGiQaE. — De la l'eprodiiclion du rutile, de In brookile et de leurs variétés; pi olojluorure de titane. Note de M. P. Hautefeuille, pré- sentée par M. H. Sainte-Claire Deville. (Commissaires, MM. Delafosse, Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « Rutile. — On obtient facilement l'acide titanique cristallisé en faisant passer sur du titaiiate de potasse, mélangé de chlorure de potassium, un courant d'acide chlorhydrique. Le mélange contenu dans une capside de platine est chauffé au rouge blanc dans un grand creuset de terre, où deux tubes de porcelaine lûtes sur le couvercle permettent d'établir un courant de gaz acide chlorhydrique. L'acide titanique mis en liberté et modifié par l'acide chlorhydrique cristallise en prismes accolés les uns aux autres. Ces cristaux prismatifjues, transparents et jaunes, offrent tous une zone carac- téristique de huit faces présentant les angles de i35 degrés des faces verti- cales d'un prisme à base carrée, comme ceux qu'a obtenus M. H. Sainte- Claire Deville en fiùsant passer de l'acide chlorhydrique sur de l'acide titanique amorphe chauffé au rouge. La densité de ces cristaux a été trou- vée égale à 4,'"^, ce qui les identifie avec le rutile. » lîulite aciculaire. — Un mélange de titanaleet de fluotitanate, obtenu en fondant ensemble de l'acide titanique pur et du fluorure de potassium, sou- mis au rouge vif à l'action de l'acide chlorhydrique, fournit des cristaux prismatiques isolés, terminés par de beaux |)ointeaients octaédriques. Au- cun de ces prismes ne présente plus de quatre faces; ces faces, très-planes dans le voisinage des arêtes du prisme ou du pointenient, réfléchissent un peu irréguHèreuient la lumière sur les autres points de leur surface. Ces cris- taux ressemblent, par leur forme cl leur couleur d'un jaune d'or, au rutile aciculaire enfermé dans les cristaux de quartz de Madagascar. La densité de ces cristaux est f\,i6. La comparaison suivante entre l'angle des faces de l'octaèdre^', donné par j\L Des Cloizeaux, et celui que j'ai mesuré, établit ( '49) l'identité de ces cristaux avec le rutile aciculaire naturel : Dus Cluizeaiiï. Tiouvé. b'b- i35°5' rSSoiS' » Quelques-uns de ces prismes sont colorés en bleu tellement foncé, qu'on les croirait noirs, si la nuance ne perdait beaucoup de son intensité près de leurs extrémités. J'attribue cette coloration au protofluorure de titane pro- duit par une réduction accidentelle (i). Ces cristaux colorés établissent un nouveau point de conlact entre les cristaux artificiels et naturels de cette variété, ces derniers étant souvent aussi gris d'acier sur une partie ou sur la totalité de leur longueur. » La petite quantité de fluorure titanique qu'exhale le mélange en fusion, pendant le passage du courant d'acitie cblorhydrique imparfaitement des- séché, donne naissance à des prismes rectangulaires portant, comme ceux baignés par le fluotitanate, le pointement caractéristique du rutile : donc on n'obtient pas de brookilc en faisant réagir la vapeur d'eau sur le fluorure titanique, du moins au rouge vif. » Rutile laminaire. — Ij'acide titanique en dissolution dans le fliiosilicate de potasse cristallise au rouge vif sous l'influence de l'acide chlorhydrique, en lames à structure lamcllcuse, sur lesquelles on peut mesurer les angles (le i35 degrés du prisme à huit pans du rutile; c'est là le rutile laminaire qu'on rencontre à New-Jersey (États-Unis). Ces cristaux, d'une légère nuance verte, sont pulvérisés, traités par le bisulfate d'ammoniaque à une température inférieure au rouge dans un creuset de platine. La matière fondue ne renferme point de silice, l'eau tiède la dissolvant sans résidu. L'acide titanique, précipité de sa dissolution par l'ammoniaque, puis cal- ciné au rouge, n'est pas coloré et pèse ce que pesaient les cristaux employés. Cette analyse prouve cpie ces cristaux ne renferment que de l'acide ti- tanique. » Sagéiiile. — Un mélange d'acide titanique, de silice, de fluosilicate de potasse chauffé au rouge vif dans un courant d'acide chlorhydrique, donne naissance à une infinité de petites aiguilles implantées de champ sur ini squelette de silice. Ces aiguilles, d'un gris jaunâtre, sur lesquelles j'ai pu mesurer des angles de 90 degrés, présentent une analogie incontestable avec la sagénite de Saussure. L'analyse assigne à ces cristaux la composition du rutile. » I^a sagénifc artificielle se colore en jaune \erdàlre à une température (i) P^oir plus loin le procédé qui permet de produire à volonté ces cristaux colorés. ( i5o ) voisine du ronge, et reprend ;i peu près sa coloration primitive j)ar le re- froidissement : c'est là une propriété de l'acide titaiiique précipité qu'on n'avait pas signalée dans l'acide cristallisé. » Ces synthèses minérales ne sont pas tontes nouvelles, [."acide titanique a été obtenu cristallisé sous la forme du rutile par bien des mélhodes; mais aucune ne donne la série complète des variétés de cette espèce, ce que l'action combinée sur l'acide titanique des fluorures et de l'acide chlorhv- drique permet de réaliser avec luie grande facilité. I) Brooliili:. — [/acide chlorliydrique conserve au rouge sombre la remar- quable propriété de donner des cristaux d'acide litauique en réagissant sur un mélange d'acide titanique, de silice et de fluosilicate de potasse, [.'acide titanique cristallisé à cette température se présente en lames transparentes d'une grande fragilité. Ces lames ont la densité de la brookite dont el!es ont également la forme, ce qui résidte de la comparaison suivante entre les angles de deux zones caractéristiques donnés par les auteurs et ceux que j'ai mesurés dans les zones correspondantes : Li:vy. Dos C loizeaux Trouvé. /('' l4l''4l' l4i''4o' /''b' i43'>57' i43''43' n On peut, sur quelques lames, mesurer l'angle delà face A' avec la face b^ ; cet angle de i32°3o' n'est pas caractéristique, mais en clivant une de ces lames parallèlement aux stries de la face h' , l'angle de la face M de clivage avec la face b^ étant, comme dans la brookite, de iSq degrés, cette mesure établit que les stries de la face dominante h' sont parallèles aux faces M du prisme à base rhombe comme dans l'espèce naturelle. » On ne trouve pas de silice dans ces cristaux, que la densité et la forme identifient à la lirookite lamelliforme implantée sur les roches de l'Oisans et du Saint-Gothard. » Arkansilc. — [/opération précédente réalisée dans un vase en charbon de cornue donne des cristaux noirs de même densité que ceux de la variété de brookite appelée arkansite. Ces cristaux noirs portent des faces triangu- laires /r' et e^ très brillantes, et une face rectangulaire //' fortement striée, [.es angles suivants établissent l'identité de ces cristaux avec ceux d'ar- kansite : Des Cloîze.iiix. Trouvé. e^ b"' i34° i33°3o' h' b" i32"25' I32O30'. ( i5r ) » Il est remarquable que la fiice e^, la plus brillante de cette variété arti- ficielle, soit également la plus nette dans les cristaux d'aïkansite des États- Unis. » On trouve dans ces cristaux des traces de fluor; il serait intéressant de rechercher cet élément dans l'arkansile naturel. )> La reproduction de la biookite met une fois de plus en évidence le parti que l'on peut tirer de l'acide clilorhydrique comme agent minérali- s.Hteur pour transformer nos produits de laboratoire en matières minérales identiques à celles que l'on rencontre dans la nature (i). » Prolofluorure de titane. — Lorsqu'on chauffe du fluotitanate dépotasse dans un courant d'hydrogène sec, chargé d'une petite quantité d'acide chlorhydrique, le fluorure titanique mis en liberté passe à l'état de proto- fluorure de titane, comme le prouve l'analyse suivante : Titane 56, i Ti 56,3 Fluor 4"îO FI 43i7 Perte en fluor. ... 3,q ^ ioo,o ioo,o » Cette analyse délicate a été faite en attaquant le protofluorure par la potasse caustique et le nitre dans un creuset d'argent, el en suivant, |iour doser le fluor à l'état de fluorure calcique, les précautions indiquées par M. H. Rose. I. Le prolofluorure obtenu à très-haute température se présente en cris- taux prismatiques d'un beau violet foncé. Le grand éclat des pans de ces prismes permet de mesurer des angles de i35 degrés caractéristiques du prisme à base carrée. Une petite quantité d'acide titanique pouvant être la cause de cette cristallisation prismatique, je demanderai à l'Académie la permission de revenir un peu plus tard sur ce point délicat. » Rutile aciciilaire coloré par le jirotofhiorut e de titane. — La préparation du rutile aciculaiie réalisée dans un creuset de charbon, en maintenant long- temps en fusion le mélange de titanale et de fluotitanate avant de faire passer le courant d'acide chlorhydrique^ doiuie des cristaux bleus renfer- mant jusqu'à 5 pour loo de fluor, tout en conservant la densité, l'asjX'ct et le ])oinlemcnt du rutile aciculaire, comme le prouve la mesure suivante : b' b' i43°43'. (i) F;j;> les Notes de M H. Ueville, Comptes rendus, t. LU, p. i264; t. LUI, p. i6i f '99- ( '5^ ) B La coloration du rutile aciculaire est due au protofluorure de titane, car ces cristaux, dissous J3ar le bisulfate d'ammoniaque, donnant un poids d'acide titanique inférieur au poids de la matière employée, ne renferment point d'oxyde bleu de titane (i). » L'anatase doit-elle aussi sa coloration à ce protofluorure ou bien à l'oxyde salin TiO-, Ti'O' découvert par M. H. Sainte-Claire Deville ? Cette question ne peut être résolue que par de nouvelles recherches; cependant l'excellente analyse de l'analase du Brésil, faite par M.Damour, ayant donné un poids d'acide titanique inférieur tle près de i centième du poids (le la matière employée, l'existence du prototluorure de titane dans l'échan- tillon analysé est bien probable (2). » Ces recherches ont été faites dans "le laboratoire de l'École Normale supérieure, sous la direction de mon excellent maître M. H. Sainte-Claire Deville, dont les conseils m'ont été bien précieux pour ce travail que je poursuis depuis une année. » CHIMIE MINÉRALOGIQUE — Sur l'acide vanadicjiie . Extrait d'une Note de il3. Phipson. (Commissaires, MM. Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « Depuis les expériences de M. Beauvallet, qui a constaté en iSSg l'exis- tence de petites quantités d'acide vanadique dont l'argile de Gentilly près Paris, j'ai fait des recherches sur la quantité d'acide vanadique contenue dans plusieurs substances minérales. J'ai préféré, pour extraire ce corps des argiles, etc., employer une méthode semblable à celle imaginée par Sefstrom. Je calcine la substance en poudre fine avec la moitié environ de son poids de salpêtre, et je fais bouillir le produit dans de l'eau. L'acide vanadique est précipité à l'état de vanadate barytique qui est ensuite con- verti en vanadate ammonique. Pour l'extraclion de l'acide vanadique en grand, ce procédé peut être simplifié comme je le dirai plus loin. » Dans les argiles, j'ai rencontré ordinairement de l'acide titanique (indiqué déjà par M. Riley) et de l'acide tantalique (indiqué par M. Terreil). (1) Cette méthode d'analyse, ([u'on ne peut accepter sans le contrôle du dosage direct du fluor, donne cependant, en l'appliquant au protofluorure de titane, la quantité théorique d'acide titanique, soit r)3,2 pour 100. (2) Annales de Physique et de Chimie, 3^ série, t. X. ( -53) J'ai également trouvé ces deux substances dans ie résidu qu'on obtient en dissolvant dans l'acide chlorliydrique le carbonate de fer argileux. » La substance que j'ai nommée vanadiiim-ochre (i) contient près de 2 pour loo d'acide van;ulique. C'est une espèce de limonite rouge-pourpre, à poudre jaunâtre, formée de petits grains durs, solides, réunis par un ciment argileux qui m'a donné à l'analyse les chiffres suivants : Eau et un peu de matière organique 12,60 Oxyde ferrique 57 ,5o Alumine 5, 00 Acide vanadique i îQO Acide phosphorique 1,10 Acide titanique Traces. Magnésie o , 3o Chaux 0,20 Acide carbonique 0,24 Sable quartzeux 20,00 99 '94 » L'acide vanadique me paraît exister dans ce minerai à l'état de phos- phate, Vd^ Ph', décrit par Berzélius, et j'ai toujours trouvé de l'acide vanadique dans les minerais de fer contenant de l'acide phosphorique. Voici maintenant les résultats quantitatifs que j'ai obtenus avec plusieurs substances minérales dans lesquelles l'acide vanadique est accidentel : Acide vanadique Substance examinée, pour loo. Argile de Londres (Londres) o,023 Argile de Londres (Londres) o,o56 Gault de Sussex. . , 0,046 Gault de Sussex 0,070 Argile blanche (Ypres, Belgique). . . o,o33 Oligiste micacé (Anglet.) o,4o (beaucoup d'acide phosphorique). Hématite rouge (Anglet.) 0,92 Id. Id. Vanadium-ochre (Saxe) i ,62 Id. Id. Vanadium-ochre (Saxe) i ,go Id. Id. Plusieurs argiles et oxydes de fer. . . Quantité indéterminée. » Poiu- préparer l'acide vanadique sur une grande échelle au moyen de plusieurs de ces substances, notamment la limonite vanadifére et le (r) Journal de la Société Chimique de Londres; i863, p. 244- C. R., i863. a"!» Semestre. (T. LVII, N° 3.) 21 ( >54 ) pechblende, on Iraife le minerai en poudre fine par la moitié on le quart de son poids de salpêtre, on fait bouillir la masse calcinée daus une petite quantité d'eau, on filtre. Si le volume de liqueur est trop grand, on le réduit par évaporation. On sature alors ce liquide avec du chlorure amnioniqne et on laisse reposer vingt-quatre à trente-six heures : l'acide vanadiquc se sépare à l'état de vanadate ammoniqiie. Pour avoir ce produit chimique- ment pur, il taut suivre le procédé analytique ordinaire. Le vanadate ammo- nique calciné avec précaution, et au contact de l'air, donne l'acide vana- dique. Le chlorure animonique dans !a liqueui- d'où l'acide vanadique a été séparé peut être utilisé de nouveau. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouveau mode de rept oduclion , à l'aide de In liiinière, de toute espèce de dessins, cjravés^ imprimés, photographiés, etc. Extrait d'une Note de M. Monv.4N. (Commissaires, MM. Pouillet, Fizean.) « ... Mon procédé, simple, prompt et facile, peut être exposé en peu de mots. Sur une pierre à lithogra|)hier, préalablement enduite, dans un lieu obscur, d'un vernis com[)osé d'albumine et de bichromate d'ammoniaque, je place le recto de l'image à reproduire, que cette image soit sur verre, siu- toile ou sur papier (celui de Saxe est naturellement préférable, mais tout autre, ayant quelque transparence, suffit à l'opération). Cela fait, j'expose ma pierre à l'action de la lumière, de '5o secondes à 2 ou 3 minutes seule- ment, si elle est au soleil; de 10 à aS minutes au plus, si elle est à l'ombre. Au bout de ce peu de temps, j'enlève l'image et je lave ma pierre, d'abord à l'eau de savon, puis à l'eau pure, et immédiatement je l'encre avec le rouleau d"inq)rimerie. Le dessin est déjà fixé, car l'image commence à se révéler en noir sur fond blanc. Alors je gomme, je laisse sécher quelques minutes, et l'opération est terminée; on peut mettre sous presse et tirer.... » On couiprend que la hnnière a fixé le vernis et l'a rendu insoluble, partout où elle a frappé; mais qu'au contraire toutes les parties de la pierre ombragées par l'image sont restées solubles, conséquemment attaquables par la soude et par l'acide, outre qu'elles retiennent la substance du savon : l'action produite ici sur la pierre tient à la fois delà graviu'e et de la litho- graphie. » Quant aux avantages du procédé, on jm'uI les résiuncr ainsi : simplicité et rapidité de l'opération; exactitude de la reproduction ; aucun besoin de clichés nécjatijs sur verre ou sur papier : le moiMAe positij est ohtçini positif ; ( i55 ) conservation absolument intacte et immaculée du modèle; solidité au moins égale ;'i celle de la gravure sur pierre proprement dite; enfin extrême économie du procédé, à raison du bas prix des substances employées. » Je serais heureux que l'Académie des Sciences voulût bien inviter quelques-uns de ses Membres à assister aux expériences que j'offre défaire sous leurs yeux. » Je joinsà la présente communi:Mtion quelques-unes de- épreuves tirées dans ces derniers jours. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Dosarje de l'aride rnrbotmfue de l'rnr. Extrait d'une Note de M. Mène. (Commissaires, MM. Payen, Boussingault, Pelouze.) « Les tableaux que j'ai l'honneur de transmettre à l'Académie, dit l'au- teur dans la Lettre d'envoi, présentent le relevé de tous les dosages de l'acide carbonique de l'air que j'ai faits depuis le mois de juillet 1862. J'ose espérer que ce travail sera utile, tant pour les questions d'hvgiène que pour la physiologie végétale. Comme je poursuis à mon laboratoire les mêmes études pendant cette année encore, j'espère que des conclusions sérieuses pourront en résulter. La méthode que j'ai employée pour mes analyses a été présentée à l'Académie des Sciences dans sa séance du 24 mars 1862, je n'ai donc pas à y revenir. Pour le calcul, je ferai remarquer que je n'ai pas tenu compte de l'état de l'almosphère, ni des températures ou pressions barométriques, etc.; tout a été calculé en moyennes.... » En considérant ces tableaux qui représentent les observations de treize mois, on est conduit à reconnaître : » 1° Que pendant toute une année l'acide carbonique n'existe pas dans l'atmosphère en même quantité; )> 2° Que pendant les mois de décembre et janvier, l'acide carbonique est à peu près en égale quantité; que ce gaz augmente en février, mars, avril et mai, pour diminuer de juin à août; qu'il y a ensuite une augmen- tation de septembre à novembre, pendant laquelle, au mois d'octobre, est atteint le maximum de l'année; » 3" Que pendant la nuit il y a toujours plus d'acide carbonique que le jour; 1) /)" Il paraîtrait exister une légère oscillation de gaz acide carbonique pendant le jour : ce serait vers midi que l'on remarquerait une petite augmentation; » 5° Enfin, qu'après luie pluie l'acide carbonique se trouve presque tou- 21. ( i56 ) jours en plus grande quantité dans l'atmosphère qu'avant la tombée de l'eau. » Je rappellerai qu'en i85i, à la Société d'Agriculture de Paris, j'avais déjà remarqué quelques-uns de ces résultats qui sont consignés au Bulletin des séances, t. Yll, 2' série, i85i-i852. » M. Ghersi (John) soumet au jugement de l'Académie un ouvrage manu- scrit sur un nouveau système de navigation, et un Mémoire également ma- nuscrit sur un cjonvernail de proue de son invention. Ces deux travaux, qui sont écrits en anglais et accompagnés de nombreuses figures, seront exami- nés par une Commission composée de MM. Duperrey, de Tessan et Paris. M. VioLAND adresse de Colmar un Mémoire « sur l'arnica et sur ses propriétés physiologiques et thérapeutiques ». (Renvoi à l'examen de M. Bussy.) CORRESPONDANCE . M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Foley, une « Étude sur le travail de l'homme dans l'air comprimé », ouvrage destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. « En étudiant, dit l'auteur, les maux de l'homme soumis à de trop brus- ques variations barométriques, j'ai pensé aux animaux qui supportent sans en souffrir de grandes différences de pression quand ils se déplacent dans le sens vertical, et j'ai cru pouvoir attribuer cette précieuse faculté chez les uns à des sacs aériens, chez les autres à une vessie natatoire, chez ceux-ci à des modifications pulmonaires, chez ceux-là enfin à des poches à gaz, supposant ainsi, comme on le voit, à certains organes des usages qu'à ma connaissance on ne leur avait pas encore attribués. >> (Renvoi à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) M. LE Secrétaire perpétuel présente encore, au nom de M. Parlalore, un opuscule intitulé : « Considérations sur la méthode naturelle en Bota- nique ». — Et au nom de M. Bonjcan, un ouvrage ayant pour titre : « La Savoie agricole, mdustrielle et manufacturière ; suivi d'une Notice sur la percée du mont Cenis ». ( '57) M. LE Secrétaire perpétuel signale parmi les pièces de la Correspon- dance, les deux ouvrages suivants : « i" Le Baron Larrey, par le Général Baron Joacli. Amberl ». « 2° De l'inoculation delà péripneumouie de l'espèce bovine, envisagée au point de vue scientifique, par le D' L. ïJ'itlems ». M. Barral, qui, en présentant dans une précédente séance une « Étude analytique sur le blé, la farine et le pain », avait exprimé le désir d'être compris dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section d'Économie rurale, par suite du décès de M. de Gasparin, présente aujour- d'hui un travail imprimé sur le même sujet, et demande que cet ouvrage soit renvoyé à la Section d'Économie rurale. GÉOLOGIE. — Extrait d'une Lettre adressée à M. Ch. Sainte-Claire Deville par M. A. LoNGOBARDO, agent consulaire de France à Catane. « Catane, le 8 juillet i863. » Depuis le mois de mai, l'Etna nous a fait entendre des détonations; le cratère a subi de grands changements par de très-sensibles échancrures; des flammes ont quelquefois illuminé le cratère. Hier, dans l'après-midi, à de fortes détonations a succédé une pluie de cendres cjui a duré peu, mais qui a fini par couvrir entièrement d'une légère couche toute notre ville. Ce matin, le bruit court (sans que je puisse vous en garantir l'exactitude) que l'Etna a fait éruption du côté septentrional, à la partie supérieure de son sommet, entre Broute et Maletto. Ce que je puis assurer, c'est que, ce matin, le grand cratère lançait des colonnes de fumée et de vapeur, et que, hier au soir, on voyait la réverbération de ce nouvel incendie. )• J'ai cru vous être agréable en vous faisant connaître, sans perdre un instant, ce que j'ai observé moi-même. » MICROGRAPHIE. — Sur l'organisation et la nature des Psorospermies ; par M. Balbiam. « Il règne encore une grande obscurité sur la nature des productions singulières découvertes par J. Millier sur divers Poissons d'eau douce et désignées sous le nom de Psorospermies. Néanmoins tous les observateurs s'accordent à les placer dans le règne animal, soit qu'ils les décrivent comme une classe particulière de parasites, ou qu'à l'exemple de MM. Leydig et Lieberkùhn ils les fassent entrer dans le groupe des Grégarines. ( '58 ) » Mes observations personnelles m'ont conduit a une conclusion diffé- rente. Je me propose en effet de montrer que tous tes caractères des Psoro- sponnies sont ceux de véritables végétaux, et que si Ton a méconnu jiis- quici leur nature réelle, c'est qu'on n'avait qu'une notion insuffisaiite des conditions d'organisation et de vie de ces êtres. Dans cette Note je parlerai de l'organisation dos Psorospermies ; je traiterai des pbénomènes de leur dévelopiiement dans une autre communication. » Les Psorospermies sont des corpuscules microscopiques transparenls (l«nt la foiine et. le vohiiae varient presque autant que les différentes espèces de Poissons chez lesquelles &n les, rencontre. Leur forme est tantôt presque complètement globuleuse, tantôt plus ou moins déprimée, lenticti/- laire ou ovale, d'autres fois enfin plus ou moins allongée, cylindrique ou fusiforme. Ordinairement l'une des extrémités est plus atténuée que l'autre ou se termine par une véritable pointe, tandis que le bout opposé est plus ou moins obtus et arrondi. Quelquefois ce bout; se prolonge en rme sorte de queue simple ou bifurquée; nous verrons plus loin comment on doit expliquer la présence de cet appendice. Quant à leur volume, il dépasse souvent à peine celui des globules rouges du sang chez la plupart des Poissons. » Quelles que soient les variations que l'on remarque dans leur confor- mation extérieure, ces corpuscules se composent toujours d'tme enveloppe ou coque résistante et d'une cavité renfermant différents organes dans son intérieur. La coque est formée de deux valves concaves qui s'appliquent exactement par leurs bords comme les deux moitiés d'une coquille de noix. Ces valves sont sans structure appréciable et laissent facilement apercevoir les parties contenues dans leur intérieur. Les alcalis caustiques, les acides minéraux déterminent après un temps variable leur séparation, mais ne parviennent point à les dissoudre, même après un contact prolongé à chaud ou à froid, tandis que les parties contenues sont plus ou moins rapidement dissoutes par ces agents. La déhiscence de la coque par l'écartement des valves se fait aussi d'une manière spontanée au moment de la reproduc- tion, pour laisser échapper les organes propagateurs. Chaque valve est en- tourée à sa circonférence d'un anneau élastique formé de deux pièces qui s'articulent sur la ligne médiane et se terminent par des prolongements fili- formes plus ou moins nombreux. Dans les circonstances ordinaires ces fila- ments sont peu visibles et restent appliqués contre le bord de la valve; mais au temps de la reproduction ils s'en écartent, grossissent en s'allon- geant cl se portent dans différentes directions. Ces filaments, comme nous ( '59) le verrons en traitant du développement, sont de véritables organes de coii- jugaison à l'aide desquels deux Psorospermies voisines s'entourent muiael- lement, se fixent solidement l'une à l'antre et se maintiennent en contact pendant toute la dnrée des phénomènes de propagation. Chez quelques Midividus, ces filaments, au lieu de se replier le long des bords des valves, s'étendent dans la direction de l'axe du corps, et, en se réunissant dans une longueur variable, constitnent le prolongement catidal simple et divisé que Millier et d'autres observateurs ont décrit comme un caractère particulier > CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'orcine. Note de M. V. De Luynes, présentée par M, Dumas. « L'orcine a été découverte en 1829, par Robiquet, qui a fait connaître en même temps quelques-unes de ses propriétés. Elle a été ensuite l'objet de travaux remarquables de MM. Dumas, Scliunck, Stenhouse, Gerhardt, Laurent, Strecker, etc. » Si l'orcine, après avoir été étudiée par des chimistes aussi illustres, nous ottre encore quelques lacunes dans son histoire, cela doit être attribué surtout à la rareté de cette substance et à son prix élevé, comme le décla- rent du reste quelques-uns des auteurs que je viens de citer. » J'ai donc di"i me préoccuper tout d'abord de la préparation de l'orcine; et je suis parvenu, en décomposant l'acide érythrique par la chaux sous pression à 1 5o degrés, à me procurer l'orcine dans des conditions où toute la dépense se réduit, pour ainsi dire, au prix du lichen dont on l'extrait; de sorte que, dès à présent, l'orcine peut être considérée comme appelée à de- venir un produit industriel, du jour où l'on trouvera qu'il est avantageux de l'employer dans les arts. » Plusieurs hypothèses ont été faites sur la nature chimique de l'orcine. La plupart des chimistes la considèrent comme une substance neutre; Lau- rent et Gerhardt font remarquer que, par sa formule C'*H'0', elle pour- rait être une isomère de la saligénine, et se rattacherait peut-être, par quelque métamorphose, à la série salicylique; M. Rosing observe que l'orcine se rapproche beaucoup de l'acide pyrogallique, tant par les réac- tions qu'elle est susceptible de produire, que par son mode de génération. Enfin, M. Berthelot dit que l'orcine semble devoir être classée, soit parmi les alcools diatomiques, soit plutôt dans un groupe particulier de corps qu'il désigne sous le nom générique de phénols, dont ferait également partie l'acide pyrogallique, et dont l'acide phénique serait le terme caractéristique. » Les essais que j'ai faits jusqu'à présent, pour rattacher l'orcine à la série salicylique, ne m'ont donné aucun résultat satisfaisant ; je n'ai pas été C. R., i863, ï"'<: Semestre. (T. LVII, N» 3.) 22 ( -G^ ) plus heureux en sounietlant l'orcine aux réactions caractéristiques des al- cools. J'ai étudié alors ses propriétés comparativement à celles de l'acide phénique et de l'acide pyrogallique. Ce sont les premiers résultats de ces études que j'ai Thonneur de présenter à l'Académie. )) Si l'orcine est neutre aux papiers réactifs, il faut néanmoins recon- naître que, dans certains cas, elle paraît se comporter comme un acide; en effet, lorsqu'on projette du carbonate de soude desséché dans de l'orcine fondue, il se produit un dégagement d'acide carbonique. 1) Lorsqu'on verse une solution aqueuse d'orcine dans une dissolution de silicate de soude, la silice est précipitée; on peut même faire cette expé- rience d'une manière plus curieuse, en plaçant un cristal d'orcine dans une solution bouillante de silicate de soude. L'orcine ne paraît pas se dissoudre ; mais si l'on examine ensuite le cristal, on voit que l'orcine a disparu, et qu'elle a été remplacée par de la silice gélatineuse. » Cette tendance acide est conforme aux faits antérieurement connus; on sait, en effet, que l'orcine forme avec l'oxyde de plomb une combinaison définie découverte et analysée par M. Dumas. » L'orcine précipite les solutions de certaines bases organiques. Si l'on verse une solution aqueuse concentrée d'orcine dans une solution concen- trée et légèrement acide de sulfate de quinine, on voit la liqueur se trou- bler ; au bout de quelques instants, il se rassemble au fond du vase une matière huileuse qu'on lave avec un peu d'eau ; cette matière devient solide par son exposition à l'air sec ; elle renferme de l'orcine et de la quinine. » Le sulfate de cinchonine agit sur l'orcine de la même manière. » Dans les mêmes circonstances l'acide pyrogallique donne, avec le sul- fate de quinine, un précipité jaune cristallisé. M Le chlore attaque l'orcine et la transforme en un produit chloré, dé- couvert par Schunck et étudié depuis par Stenhousc ; mais il se forme en même temps une matière résinoïde qui empêche la purification de cette substance, de sorte que sa composition n'a pu être déterminée. J'ai préparé cette matière à l'état de pureté en attaquant l'orcine par un mélange de chlorate de potasse et d'acide chlorhydrique; l'analyse conduit à la for- mule C'Il^CPO*; c'est donc de l'orcine trichlorée analogue à l'orcine tribromée de Laurent et Gerhardt. » H n'est pas inutile de faire remarquer que, dans les mêmes circon- stances, l'acide phénique donne de l'acide phénique trichloré. » Lorsqu'on verse de l'acide azotique monohydraté sur l'orcine, elle ( i63 ) prend feu ; si au contraire on projette peu à peu l'orcine dans l'acide fumant refroidi, elle se dissout sans dégagement de vapeurs nitreuses. L'eau préci- pite une matière rouge soiuble dans les alcalis. » En étudiant d'une manière méthodique l'action de l'acide azotique à différents états de concentration sur l'orcine, j'ai été conduit à des résultats intéressants, au point de vue des matières colorantes qu'on peut en dériver. » Jusqu'à présent ces matières ont toujours été obtenues en soumettant les lichens eux-mêmes, ou les principes colorables qu'ils renferment, à l'ac- tion simultanée de l'air et de l'ammoniaque. C'est ainsi que Robiquet a transformé l'orcine en matière colorante, en la plaçant sous une cloche à côté d'un vase contenant une solution ammoniacale. C'est aussi parce pro- cédé que M. Dumas a préparé l'orcéine, dont il a déterminé les propriétés et la composition. On peut encore exposer à l'air une solution d'orcine dans l'ammoniaque ; au bout de deux ou trois jours la liqueur se prend en une masse violette. » Si dans l'expérience de M. Dumas on remplace l'ammoniaque par de l'acide azotique ordinaire, ou mieux par de l'acide à l\o degrés, de ma- nière à exposer l'orcine, à la température ordinaire, à l'action lente des vapeurs d'acide azotique, on remarque que la surface de l'orcine brunit peu à peu ; au bout de quelques jours les cristaux paraissent rouges dans toute leur masse. L'orcine est alors transformée en une matière colorante qui par ses propriétés paraît différente de l'orcéine. » Cette matière est soiuble dans l'eau, l'alcool et l'éther ; elle teint sans mordant la laine et la soie en rouge ; l'ammoniaque la rend violette d une manière passagère, les alcalis fixes d'une manière permanente; les acides font passer au rouge clair sa solution violette. Elle est précipitée de sa solu- tion aqueuse par le sel marin, et se redissout dans l'eau lorsque le sel a été entraîné par le lavage. » Je suis occupé à étudier cette matière et à rechercher si elle se rattache aux produits signalés dans l'orseille ou le tournesol, ou à d'autres substances colorantes. Mais j'ai cru devoir, dès aujourd'hui, signaler les circonstances remarquables dans lesquelles elle j)rend naissance. » Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches et de per- fectionnement de la Faculté des Sciences de Paris. » •il. (164) CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouvelle méthode pour jauger les Jluides. Note de M. Th. Schlœsi.xg, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Les méthodes qui ont servi à déterminer les quantités d'eau, de vapeur et d'air s'écoulant dans un canal ou par un orifice, ont toujours reposé sur des données et des expériences purement mécaniques, et personne, je crois, n'a encore songé à faire intervenir la chimie dans de semblables questions. La méthode que je vais indiquer peut donc offrir quelque intérêt, en deliors de celui que lui donne l'importante question du jaugeage des fluides. » Elle me paraît très-simple et tout à fait élémentaire. Soit F la quantité d'un fluide s'écoulant dans un canal pendant l'unité de temps; je suppose l'écoulement constant; j'introduis dans le canal un fluide auxiUaire qui se mélange intimement avec le premier, et auquel je suppose aussi un écou- lement constant dont je sais la mesure; soit/ la quantité de ce fluide auxi- liaire écoulée dans l'unité de temps. En un point du parcours où le mélange est parfait, je puise un échantillon et je l'analyse. Je trouve une quantité i|/ . F -i du fluide F, et une autre o de/. Il est évident que j'ai la proportion -7 = -' ou F = ~-f. La détermination de/, c'est-à-dire de la quantité de fluide auxiliaire écoulée dans l'unité de temps, pourra se faire par les moyens connus dont la précision est aujourd'hui en quelque sorte illimitée; l'exac- titude du JHugeage du fluide ne dépendra donc que de celle de l'analyse chimique. Pour rendre celle-ci aussi grande que possible, il restera à choisir le fluide auxiliaire parmi les corps que la chimie sait doser exactement, lors même qu'ils sont délayés dans un très-grand volume d'un autre fluide. « Au lieu de prendre pour l'analyse un échantillon unique du mélange des fluides, il conviendra d'échantillonner continûment pendant toute la tlurée de l'expérience, et d'analyser la somme des échantillons successifs. On s'affranchira ainsi de la condition de constance de l'écoulement de /, et il suffira de connaître la quantité qui s'en est débitée du commencement à la fin de l'expérience. » Dans la plupart des cas, F a un ilébit constant, comme je l'ai supposé, du moins pendant les quelques minutes que demande une expérience. Je citerai pour l'eau : les déversoirs, vannes, moteurs hydrauliques, canaux, rivières même; pour la vapeur : les chauffages; pour l'air : les ventilateurs, la ventilation en général, les cheminées, etc. » Mais il est d'autres cas où F est variable. Alors, pour que l'échantil- ( i65 ) lonnage soit fidèle, il faut : ou faire varier / en même temps que F, de manière que le rapport entre les deux fluides soit constant; ou faire un échantillonnage continu, et observer un rapport constant entre le poids de mélange des fluides écoulé dans chaque élément de temps, et le poids de l'échantillon correspondant : la somme des échantillons successifs recueillis dans ces conditions représentera fidèlement les sommes de F ety écoulées pendant l'expérience. » Il faut remarquer que lorsque F est variable, il est en même temps presque toujours périodique; exemple : pompes, vapeur alimentant les machines motrices.... Il sera souvent possible en pareil cas de transformer l'écoulement variable en écoulement constant par quelqu'un des moyens connus. » La nature du fluide auxiliaire et le dispositif pour le répandre et le mêler dans le fluide F, et pour assurer la fidélité de l'échantillonnage, doivent changer selon la nature du fluide à jauger et les conditions dans lesquelles il s'écoule. » S'agira-t-il de jauger de l'eau, les chlorures de calcium et de sodium paraissent devoir être d'un bon emploi comme fluides auxiliaires, à cause de l'extrême précision du dosage du chlore. Exemple : jaugeage de l'eau passant dans im moteur hydraulique ; le fluide auxiliaire est une dissolution de sel marin contenant 1 5o grammes de chlore pour i kilogramme de liquide; on en a dépensé 2000 kilogrammes en 600 secondes, durée de l'expérience. Dans 10 kilogrammes de l'échantillon recueilli, on trouve 2 grammes de chlore. On a donc ■Il 10 000 — 2 , i = ^999- En désignant pary le chlore écoulé en une seconde, on a y = 3oo''Xg^ = oS5. En conséquence, F (eau passée dans la roue en une seconde) = o'', 5 X 4999 — ^^9^^ ^■ » S'il y a lieu de craindre que la roue n'ait pas mêlé suffisamment les deux fluides, on multipliera les prises d'échantillon en aval, pour suppléer, par une bonne moyenne, au défaut de mélange. » Les eaux courantes contenant du chlore, il faudra évidemment doser ce corps dans l'eau naturelle, prise immédiatement avant l'expérience, et dans les échantillons, et prendre, pour ©, la différence. ( i66) !■ Faudra-l-il jauger la vapeur qui s'écoule dans un tuyau, j'aurai recours à l'ammoniaque, corps volatil et susceptible d'un dosage rapide et exact par les liqueurs titrées. L'échantillonnage sera fait par un petit alambic chargé de condenser les quantités de vapeur et d'ammoniaque qui représenteront les fluides F ety'. )i Enfin, s'il s'agit de jauger un courant gazeux, l'acide carbonique, une vapeur acide, comme celle de l'acide chlorhydrique, une vapeur alcaline, comme celle de l'ammoniaque, du gaz de l'éclairage, tous corps suscep- tibles d'un dosage précis, lors même qu'ils sont étendus dans de très- grands volumes d'autres gaz, pourront être employés selon les cas. « Je n'ignore pas qu'une méthode générale de jaugeage comme celle que je propose n'acquiert une valeur réelle que lorsqu'elle a été contrôlée par des expériences variées; aussi ai-je l'intention de profiter des ressources nombreuses que m'offre à cet égard le service des tabacs, auquel je suis attaché, pour tenter des expériences sur le débit des appareils à vapeur, à ventilation, et même sur les moteurs hydrauliques employés dans ses éta- blissements. » PHYSIQUE. — Sur l'analogie de l'étincelle d'induction avec toute autre décharge électrique; par M. J.-M. Seguin. Extrait d'une Note présentée par M. Pasteur. « Les faits examinés dans le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie s'accordent à prouver que l'étincelle d'induction n'a rien de plus singulier que toute autre décharge électrique, et que ses propriétés rentrent dans les lois de l'électricité ordinaire. » On fait voir en particulier qu'une foule de circonstances modifient l'aspect de l'étincelle, en y faisant prédominer soit le trait de feu, soit l'at- mosphère lumineuse; que la décharge entière peut même être réduite à l'une ou à l'autre de ces deux formes, sans que ses propriétés soient essen- tiellement changées. )) Enfin, en observant l'étincelle soit entre des électrodes différents, soit dans des milieux différents, et examinant au spectroscope soit le trait de feu, soit l'atmosphère lumineuse, on recherche les substances incandescentes qui contribuent à ces deux parties de l'étincelle, et on constate que l'illumi- nation du gaz traversé par la décharge est plus marquée dans le trait de feu, tandis que l'éclat de l'auréole dépend davantage de la présence des parti- cules enlevées par la décharge aux électrodes. » ( i67 ) CHIMIE MÉTALLURGIQUE. — Sur l' élimination du phosphore dans tes fontes. Note de M. H. Caron, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Les nombreuses tentatives que j'ai faites dans le but d'éliminer le phosphore des fontes ont été infructueuses jusqu'à ce jour, et bien plus, j'ai été à même de constater que la fonte absorbe en grande partie le phos- phore qui l'environne au moment de sa formation , surtout si les laitiers sont siliceux. Ainsi, ayant traité plusieurs fois des minerais complètement exempts de phosphore, par du charbon de bois additionné de phosphate de chaux et de silice, j'ai constamment retrouvé dans la fonte ainsi produite presque tout le phosphore que j'avais mis dans le creuset à l'état de phos- phate. Voici du reste les résultats exacts de mes expériences : un minerai de fer carbonate de Benndorf a été réduit dans un creuset brasqué par du charbon mélangé de phosphate de chaux. » La quantité de phosphate de chaux a été calculée d'après le rendement du rainerai, de manière à pouvoir introduire i pour loo de phosphore dans la fonte obtenue. Phosphore pour lOO de fonte. N" 1. — Réduction avec i5 pour loo de silice o>92 N" 2. — Réduction avec lo pour loo de silice o,8() N" 5. — Réduction avec 5 pour lOO de silice 0,87 N° 4. — Réduction sans addition o ,85 N° 5. — Réduction avec 5 pour 100 de carbonate de chaux. . . 0,82 IN" 6. — Réduction avec 10 pour 100 de carbonate de chaux.. 0,82 » Puisqu'il semble n'exister aucun moyen d'enlever aux fontes le phos- phore qu'elles contiennent et qu'en outre elles ne manquent jamais de s'allier à ce corps lorsqu'elles le rencontrent, il sera important d'écarter toutes les,causes qui peuvent contribuer à introduire ce métalloïde nuisible dans la fabrication des fontes. Parmi ces causes il en est une à laquelle on attache ordinairement peu d'importance, mais qui cependant me paraît digne d'examen : c'est la composition chimique des combustibles végétaux. » Presque tous les bois contiennent du phosphore, aussi les fontes au bois faites avec des minerais où l'on ne rencontre pas traces de phosphore en renferment toujours au moins 0,2 pour 100 (i). A cette dose le phos- phore n'est pas nuisible; à o,5 pour 100 il est encore inoffensif, mais à \i) Karsten. ( >68 ) 0,7 pour 100 le fer qu'on obtient se brise déjà par la percussion bien qu'il puisse encore être plié à angle droit. » Il sera donc de la plus grande importance de ne jamais employer des charbons capables de donner à la fonte 0,7 pour 100 de phosphore. » Pour arriver à ce résultat il est nécessaire de choisir avec discernement lo bois qui doit être employé à la réduction du minerai. » Les différentes essences de bois contiennent des quantités différentes de phosphore, non-seulement suivant la nature du terrain qui les produit, mais aussi dans le même terrain, suivant leur espèce. Berthier [Essais par la voie sèchent. I, p. 262) a fait à ce sujet des analyses connues de tous les métallurgistes , mais sans insister sur le point qui m'occupe aujourd'hui. )) Le chêne de la Roque-les-Arts, par exemple, dont les cendres con- tiennent 0,008 d'acide phosphorique, ne pourrait être remplacé comme réducteur par du charme de la Somme ou de la Nièvre, dont les résidus de la combustion renferment jusqu'à 0,09 ou 0,10 du même corps. Ces deux essences donnant à peu près la même quantité de cendres, il est évident que le chêne de la Roque-les-Arts, qui n'introduirait au maximum que o, 1 2 pour joo de phosphore dans la fonte (i), serait préférable au charme de la Nièvre qui pourrait en apporter au moins i pour 100. I^a quantité de phosphore absorbée dans le premier cas serait inoffensive, mais dans le deuxième cas elle deviendrait incontestablement nuisible. )i Ainsi donc, s'il est indispensable, pour obtenir des fontes de bonne qua- lité, de choisir avec soin les minerais à réduire, il n'est pas moins important de s'assurer que le réducteur, c'est-à-dire le combustible, n'apportera pas au métal des impuretés nuisibles qu'on ne pourrait plus enlever ensuite. » M. Dehaut adresse des remarques sur une communication récente de M. Decaisne concernant la variab'd'dé dans l'espèce (ht Poirier. « — Sans nier cette variabilité, dit M. Dehaut, je crois qu'on ne saurait en voir la démonstration dans des expériences dont les résultats viennent plutôt confirmer ce que l'on sait de la production des hybrides. Le passage suivant, que j'emprunte à dessein au travail de M. Decaisne, fournit la ( I ) Il est facile d'arriver à connaître le maximum de phosphore que peut absorber une fonte (par le combustible) pendant sa fabrication, si l'on connaît la quantité de phosphore contenue dans le charbon de bois employé et la quantité de fonte produite par un poids donné de ce charbon. ( •% ) preuve que ses recherches conduisent à des conclusions tout autres que celles qu'il en a tirées : " Je suis loin de nier ici les croisements et leur in- >' fluence, je dis même que rien ne me parait plus vraisemblable; il n'est » du moins guère possible d'en douter, lorsqu'on voit ce qui se passe dans )> un verger de poiriers en fleurs où les abeilles, attirées d'une lieue à la » ronde, butinent du matin an soir, brouillant les pollens de toutes les !i variétés et les disséminant sur des stigmates auxquels la nature ne les des- " tinait pas. » » La justesse de cette observation, poursuit M. Dehaut, est frappante, et me semble jeter lui doute sérieux sur tontt^ expérience tians laquelle on ne s'est pas mis en garde contre la possd^ilité d'ime fécondation étran- gère, soit par l'intermédiaire d'insectes, soit même par le Iranspoit aérien du pollen d'autres arbres. Or, M. Decaisne n'a pris aucune précaution contre ce genre de difficulté » « M. Decaisne fait observer qu'il a discuté dans sa Note la question de l'hybridité, et que c'est précisément parce que toutes les poires qu'il a examinées contiennent des pépins fertiles qu'il est arrivé à conclure l'unité spécifique des Poiriers cultivés, ainsi que le prouve le paragraphe dont M. le docteur Dehaut ne donne qu'une partie et auquel il renvoie. r> M. Place annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie un photomètre de son invention qui permet de noter d'une manière absolue l'intensité de la lumière naturelle ou artificielle, instrument applicable à divers usages, et qui, mis à la disposition du photographe, aura, entre autres avantages, celui de le préserver d'une erreur bien souvent commise, celle d'attribuer à la perfection plus grande d'un nouveau procédé la beauté des résultats obtenus, quand ce succès tient uniquement au jour plus favorable. Si M. Place veut adresser une description de son instrument, elle sera sou- mise à l'examen d'une Commission. M. ScHi.MKo adresse d'Olmutz (Moravie) deux ouvrages écrits en alle- mand et intitulés, l'un n Constitution de l'univers «, l'autre» Habitants des planètes i> . L'auteur, dans une Lettre d envoi écrite en latin, annonce l'intention de donner une nouvelle édition du premier de ces deux ouvrages avec des cor- rections et additions. Il a déjà fait ces changements écrits à la main sui' C. R., i86:i, 2"'« Semcslre. (T. LVIl, N» 3.) ^3 ( 17° ) Jexeiuplaire envoyé à F Académie afin d'avoir son avis avant de rien iiii[)iinier. On fera savoir à l'auteur que, d'après les usages constants de l'Académie, cette demande ne peut être prise en considération. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Chimie présente la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Desormes : En première ligne M. Favre. En deuxième ligne M. Dessaignes. En troisième ligne, ex aequo et j M. Cuancel. par ordre alphabétique. . .jM. Lamy. Les titres des candidats sont exposés par M. Fremy. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ao judlet 1 863 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum ; par M . i. Decaisnk ; 62= livraison. Paris, in-4°, avec planches. Du terrain (ptalernair-e et de l'ancieimeté de l'Iionmie dans le nord de la France, d'après les leçons professées au Muséum par M. d Arc hiac, recueillies e(/ju/;/(ees prtr Eugène Trut AT. Paris, i863; in-S". (Présenté par M. d'Ar- chiac.) Réfutation du système des vents; par M. J. BouRGOis. 1 Extrait de la Revue Maritime et Coloniale.) Paris, i863; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Duperrey.) Considér-ations sur In méthode naturelle en Botanique ; par Philippe Parla - TORK. Florence, i863; in-S". ( 17' ) Examen critique du Mémoire de M. Pasteur relatij aux générations spon- tanées; par M. le D'N. JOLY. (Extrait des Mémoires de r Académie impériale des Sciences de Toulouse.) Toulouse; br. iii-S". Le Blé et le Pain ; liberté de la boulangerie ; par J.-A. Bakral. Paris, i863 ; vol. in-S". (Renvoi à l'examen de la Section d'Économie rurale.) Le baron Larrey ; par le général baron Joachim Ameert. Paris, i863; br. in-8°. (Présenté par M. Flourens.) De l'inoculation de la pleuropnewnonie de l'espèce bovine envisagée au point de vue scientifique; par le D'' L. WiLLEMS. Bruxelles, i863; br. in-S». Théorie des surfaces de révolution à courbure moyenne constante; pai L. LiNDELOF. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences de Finlande.) Helsingfors, i863; br. in-^". La Savoie agricole, industrielle et manufacturière, suivi d'une Notice histo- rique surlapercée du montCenis; par J. BoNJEAN. Chambéry, i863; in-12. Appareil scolaire perfectionné; parF.-P. Lallement, br. in-8°. Silzungsberichte... Comptes rendus de l'Académie impériale des Sciences de Vienne [classe des Sciences mathématiques et naturelles); t. XLVII, livrai- sons 3 et 4> Sciences mathématiques; et t. XLVII, livraisons 1, 2 et 3, Sciences naturelles. Vienne, i863; in-8''. Jahrbucb... Jnmiaire de l'Listitutl. R. géologique de Fienne;3innée i863; vol. XIII, n° I, janvier à mars. Vienne, in-4°. Der Weltenbau... La constitution de l'univers, sa formation et sa mer- veilleuse harmonie ; par J.-G. SCHIMKO. Vienne, 1847 > i'^-S"- Die Planetenbewohner... Les habitants des planètes; par le même. Olmulz, r856; iii-8°. (Addition à l'ouvrage précédent.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 27 JUILLET 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Présidext de l'Ixstitct invite rAcadéiiiie des Sciences à procéder au choix des lecteurs qui devront la représenter dans la séance publique annuelle, séance dont la date est fixée au vendredi i4 août. CHIMIE APPLIQUÉE. — Suite des recherches chimiques mr la teinture; par M. E. Chevreul. CONCLUSIONS DES TREIZIÈME ET QUATORZIÈME MÉMOIRES ET RÉFLEXIONS GÉNÉRALES. APPLICATIONS AUX ARTS. n Les recherches sur l'emploi en teinture de l'eau de Seine et de l'eau de puits, faites comparativement avec remploi de leau distillée, montrent combien l'industrie est intéressée à connaître les effets des eaux naturelles qui intervieiuient dans ses opérations. Et certes, si l'eau chi puits que j'ai examinée n'a pas été aux Gobelins constamment d'usage en teinture, cepen- dant elle l'a été quelquefois à ma connaissance sans qu'on se soit jamais douté de l'influence qu'elle pouvait exercer. Quoi qu'il en soit, il est in- structif de voir l'influence qu'elle aurait pu avoir dans l'industrie particu- lière, effets qui auraient été inexplicables sans les recherches que je viens d'exposer. « Supposons qu'un blanchisseur-apprêtenr d'étoffes de laine en eût eu à G. R., i863, 2'n« Semestre. (T. LVII, N" 4.) 24 ( '7-1 ) sa disposition en même temps que de l'eau de Seine : il aurait bientôt re- marqué la supériorité de la première, parce que le sel cuivreux donnant à une étoffe de laine ou de soie un œil d'azur, c'est un avantage dont l'eau de Seine est dépourvue. )) Mais supposons que l'étoffe de laine, après avoir élé apprêtée, eût été dans le cas d'être passée à la vapeur; alors, sous l'influence de la réaction que j'ai décrite en iS'^-j, le soufre que la laine contient naturelle- ment aurait formé avec le cuivre du sel un sulfure de couleur de rouille qui aurait succédé à la blancheur azurée de la laine. Je présente à l'Acadé- mie un écheveau de laine azurée dans l'eau du puits des Gobelins et un écheveau de la même laine soumis à la vapeur, afin de montrer que je n'a- vance pas une supposition gratuite. Au reste, la supposition précédente n'est que le rappel du fait qui s'est passé en iSS^ (i). « Les recherches exposées dans ce Mémoire et le précédent (XIV et XIII) sont une démonstration parfaite du grave inconvénient de Vabsola dans nos jugements. Effectivement, que répondre à la demande : Quelle est la meilleure eau pour la teinture? lorsqu'on voit d'abord la diversité des résultats obtenus avec l'eau distillée, l'eau de Seine et l'eau de puits employées dans des circonstances semblables avec une même matière colo- rante, puis telle matière colorante qui donne le meilleur résultat avec l'eau distillée, tandis que telle autre le donne avec l'eau de puits; évidemment tout est relatif, les circonstances étant les mêmes, à la matière colorante. Seulement, les différences une fois constatées d'une manière précise, lors- qu'il s'agit de reproduire un résultat obtenu avec une eau impure, sachant quel est le corps auquel cette eau doit la propriété qui en fait préférer l'u- sage à l'eau pure, on ajoute à celle-ci ce corps qu'on sait nécessaire pour obtenir le résultat désiré. APPLICATION A LCSACE DF.S EAUX UÈDICIXALES. » Quelle application peut-on faire de la méthode que je viens de formu- ler, mise en pratique pour rechercher des espèces chimiques, causes des différences observées en teinture selon qu'on opère avec une eau naturelle ou avec de l'eau distillée? )> Je réponds que cette méthode s'applique à la question de reconnaître les espèces chimiques, causes des effets curatifs qui font prescrire des eaux médicinales pour combattre des maladies déterminées. (i) Voir Compte rendu des séances de l'Académie des Sciences, séance du 26 décembre J837. (175) » Bien des gens, élrangers à la connaissance fies manières dont l'esprit humain procède dans la recherche de la vérité considérée au point de vue le plus général de l'ensemble des problèmes qu'il se propose de résoudre, sou- riront sans doute de voir un système d'expériences institué dans l'intention d'éclairer la science et la pratique de la teinture, aboutira une question de thérapeutique. N'ayant jamais senti le besoin de justifier auprès des gens dont je parle les opinions auxquelles ma conviction est acquise, je suis fort indifférent à l'accueil qu'ils leur feront; ma seule prétention est d'exposer aux esprits sérieux des inductions auxquelles mont conduit des études mul- tipliées, soutenues par l'amour du vrai et animées de l'espérance que les esprits auxquels je m'adresse ne verront dans mes inductions que le désir de faire concourir des méthodes déduites de recherches précises sur des objets peu complexes, si on les compare à ceux du ressort de la médecine, que je me propose d'éclairer en leiu' appliquant des méthodes précises dans l'in- térêt du progrès scientifique et conformément aux considérations que j'ai exposées sur la philosophie naturelle. » Que l'on veuille bien réfléchir à la suite des raisonnements d'après lesquels je suis arrivé à reconnaître la cause de la différence en teinture de l'eau du puits des Gobelins et de l'eau de Seine employées comparativement avec l'eau distillée, et l'on verra en effet que, s'il s'agissait de rechercher la cause spéciale d'un phénomène physiologique, ou, en d'autres termes, celle d'un effet organoleptique quelconque, la marche à suivre serait semblable à celle que j'ai suivie, sauf la complication du dernier cas. Mais admettons que la nouvelle recherche n'aboutisse pas, parce que le sujet que l'on se propose d'éclairer par l'application renferme encore trop de causes d'obs- curité pour l'être actuellement, on saura d'une manière précise l'existence de ces causes et ce qu'il conviendra d'entreprendre pour les dissiper. On saura dés lors qu'il faudra se garder de raisonner comme si ces causes n'existaient pas, et que l'intérêt de la vérité exigera l'ajournement de toute conclusion définitive à l'époque où de nouvelles études permettront enfin de la formuler. » Lorsqu'on examine l'état de nos connaissances les plus générales sur les eaux médicinales, on voit que nous sommes redevables à l'empirisme de la connaissance des actions diverses exercées par les eaux sulfureuses, les eaux ferrugineuses et les eaux alcalines sur l'économie animale, et qu'à lui appartient la distinction de ces eaux médicinales en trois groupes, relative- ment à leur usage en médecine. 24. ( '76 ) » Je compare cet état de nos connaissances à l'état où étaient nos con- naissances avant mes iravaux sur l'influence en teinture de l'eau de Seine, de l'eau de puits et de l'eau distillée. » Maintenant je vais examiner successivement quelles seraient les con- naissances sur les eaux médicinales qui correspondraient à chacune des trois phases par lesquelles j'ai passé pour donner la théorie de l'influence en leiultue de l'eau de Seine et de l'eau de puits relativement à l'eau distillée. PREMIÈRE PHASE. — Des connaissnnccs relatives aux propriétés thérapeutiques des eaux médicinales. » Si l'on résume les expériences exposées dans le treizième Mémoire, que l'on considère la précision avec laquelle on a déterminé, au moyen des cercles chromatiques, les couleurs différentes que la lame, la soie et le coton ont prises dans les trois eaux, on voit que ce travail a conduit à des résultats bien autrement précis que ceux que nous devons à l'empirisme relativement à l'influence thérapeutique des eaux médicinales sulfureuses, ferrugineuses et alcalines. )) Mes expériences montrent ce qui manque en précision à ces connais- sances eu même temp.sque la marche qu'il convient de suivre pour les faire avancer. » Il faudrait prendre les eaux sulfureuses, les eaux ferrugineuses, les eaux alcalines les moins complexes, étudier des effets bien constatés produits par chacune des eaux sulfureuses, par chacune des eaux ferrugineuses, par chacune des eaux alcaluies dont on aurait choisi nn certain nombre dans chaque groupe, en appréciant, autant que possible, l'analogie ou la diffé- rence des localités où les malades vont prendre ces eaux. » En outre, l'étude des eaux d'un même groupe devrait s'étendre, non- seulement aux localités où sourdent ces eaux, mais encore aux individus qui les prennent. Car la diversité des résultats de teinture qu'on peut obser- ver entre des écheveaux de laine, de soie et de coton teints dans un même bain colorant, correspond assez bien ;i la diversité d'action qu'une même eau médicinale peut avoir sur différents individus d'après leurs idiosyn- crasies respectives. M Enfin, avant la conclusion finale, il faudrait prendre en considération encore l'influence qu'une grande diversité de localité peut exercer sur l'éco- nomic animale, ainsi que le changement d'habitude produit par le dépla- cement des malades. ( '77 ^ DEUXIÈME PHASE. — Les différences entre tes effets d'eaux médicinales une fois constatées d'une manière précise, en rechercher la cause. » On a vu que les différences d'effet en teinture des eaux distillées de Seine et de puits une fois observées et définies, il a fallu en rechercher les causes; et que poiu- cela on a eu recours à la synthèse en prenant les es- pèces chimiques indiquées par l'analyse dans les eaux de la Seine et de puits, et formant avec l'eau distillée autant de solutions qu'il y avait d'espèces chimiques dont on pouvait soupçonner l'influence en teinture. Cette re- cherche, exposée dans la première partie du quatorzième Mémoire, a mon- tré l'insuffisance des analyses chimiques dans le cas présent; aussi est-ce l'occasion de traiter de l'usage qu'on doit faire en médecine des analyses des eaux médicinales envisagées au point de vue où je les considère Uiain- tenant. » Lorsqu'il s'agit d'une eau sulfureuse, d'une eau ferrugineuse, d'une eau alcaline, le médecin doit avoir avant tout la certitude qu'une eau sul- furée, soit par l'acide sulfhydrique, soit par un sulfure, qu'une eau ferrugi- neuse composée de carbonate de protoxyde de fer, qu'une eau de carbo- nate de soude, produisent des effets déterminés, parce qu'il doit savoir, par sa propre expérience, ce dont les corps tenus en solution sont capables sur l'économie animale. » Mais par la raison que toutes les eaux sulfureuses, toutes les eaux ferrugineuses, toutes les eaux alcalines, ne produisent pas des effets iden- tiques, il doit chercher la cause des différences que présentent des eaux sulfureuses, des eaux ferrugineuses, des eaux alcalines qu'il peut ordonner, et c'est à lui de voir si parmi les corps accompagnant le soufre, le fer, l'alcali, corps signalés par l'analyse chimique, il en existe quelqu'un capable de produire l'effet dont on cherche la cause. » Il est extrêmement probable que les résultats obtenus dune première recherche ne seront pas plus heureux que ne l'ont été les expériences expo- sées dans la première partie du quatorzième Mémoire. De là donc la néces- sité de se livrer à des recherches correspondantes à celles que nous avons décrites dans la deuxième partie du même Mémoire. TROISIÈME PHASE. » Une fois qu'on aura constaté que les corps auxquels ou avait attribué d'abonl l'action thérapeutique d'une eau minérale donnée ne l'expliquent pas, il faudra se livrer à la recherche d'autres corps. » Et c'est ici qu'il faudra recommencer les analyses comme je lai fait ( .78 ) pour l'eau de Seine el l'eau du puits des Gobelins, mais je ne dissimule ])oinl les difficultés de telles recherches; car évidemment le succès en est subordonné à la double direction d'un chimiste et d'un médecin physiolo- giste, tous les deux du rang le plus élevé dans les sciences, et c'est parce que j'apprécie mieux que personne ces difficultés que les réflexions suivantes sur le concours indispensable de la chimie, de la pliy&iolocjie et de la mtdccinc pratique pour éclairer la connaissance des eaux médicinales ne pourront paraître déplacées à ceux qui veulent sérieusement le progrès de ces cou- naissances; et si je n'ajoutais rien aux observations qui précèdent, je ris- querais de voir mes inductions repoussées comme stériles, parce qu'à la simplicité des recherches d'où je pars on opposerait la complexité d'un sujet du domaine de la médecine que j'ai le désir d'éclairer au point de vue critique. 1) La facilité avec laquelle on a admis les résultats de l'analyse sans avoir l)réalal)lement examiné si elle était précise, exacte, et si les effets théra- peutiques d'une eau analysée étaient expliqués par la nature des corps in- diqués par le chimiste, a été la cause de bien des erreurs lorsqu'il s'est agi de la préparation des eaux médicinales dites arlificielles. » Par exemple, longtemps on a ignoré l'existence de l'arsenic dans cer- taines eaux médicinales ; eh bien ! qu'on eût voulu alors imiter une de ces eaux, et en admettant bien entendu que le composé arsenical qu'elle con- tient exerce une certaine action organoleptique, et évidemment on aurait échoué dans l'imilation. » L'imitation d'une eau médicinale n'est donc possible qu'avec !a certi- tude acquise de connaître tous les principes constituants de cette eau. Des lors le médecin connaissant par expérience l'efficacité d'une eau médi- cinale naturelle dans laquelle se trouve un composé arsenical que nous avons supposé être efficace, aurait échoué si, au lieu de prescrire l'eau naturelle, il eût prescrit l'eau artificielle. H Sachant la complexité du sujet, je commence par reconnaître quatre causes principales susceptibles de concourir aux effets des eaux médici- nales prises à leurs sources respectives, et qui rendent bien plus difficile une détermination de ces effets aussi satisfaisante que l'a été la détermina- tion des couleurs dans celles de mes recherches correspondant à la pre- mière phme. » Les quatre causes sont : » 1° Les matières définies ou espèces chimiques contenues dans l'eau médicinale examinée; { 179 ) » 2° L'influence des circonstances climatériques où cette eau est prise par les malades ; » 3" Le changement apporté dans les habitudes par le déplacement des malades ; )) 4° L'influence des idiosyncrasies respectives des malades. » Je suppose un chimiste et un médecin j^hysiologiste réunis avec l'inten- tion de remonter des effets d'une eau minérale à la nature des corps con- tenus dans cette eau, et auxquels on doit attribuer la cause de ces effets. » Ils chercheront, en discutant les effets de cette eau recueillis parreni- pirisme, s'ils expliquent par la nature des corps dissous dans Icau les effets de celle-ci, en tenant compte, bien entendu, autant qu'ils le pourront, de l'influence des causes indiquées par les numéros a, 3 et 4 précédents. )) Pour contrôler leurs inductions, ils feront une solution dans l'eau dis- tillée des corps indiqués par l'analyse, en ayant égard, bien entendu, a leurs proportions respectives. Ils la feront prendre à un certain nombre de personnes, en même temps qu'ils feront prendre l'eau médicinale naturelle à un même nombre de personnes choisies aussi semblables aux premières que possible. » Je suppose que l'expérience comparative eût porté sur une eau arseni- cale, avant qu'on eût reconnu l'arsenic dans celle-ci; évidemment, en sup- posant ce principe doué d'activité dans l'eau médicinale, l'eau faite à l'imi- tation de celle-ci n'aurait pas produit d'effet, et dès lors le chimiste et le médecin physiologique se trouvant dans ce que j'ai appelé la deitxiènie phase de mes recherches, ils auraient recherché quel pouvait être le corps, cause des effets inconnus. ') Et s'ils eussent trouvé le composé arsenical et qu'ils eussent produit avec l'eau distillée et ce composé arsenical une eau semblable k l'eau médicinale, ils auraient été dans la troisième phase, où je me suis trouvé lorsque j'ai reproduit par la synthèse les effets de l'eau de puits cuivreuse. )) Voici encore des conséquences qui se déduisent de mes expériences : » Quand il s'agit de l'usage d'une eau médicinale en thérapeutique, il est nécessaire, pour qu'il réponde à l'intention du médecin qui le prescrit, de prendre cette eau dans les conditions où l'usage en a fait connaître l'effica- cité, puisque j'ai démontré : » i" Que la distillation de l'eau du puits des Gobelins en précipite uu change l'arrangement des principes cuivreux et ferrugineux, de sorte que ( i8o ) l'eau concentrée n'agit plus sur la décoction du bois de brésil comme le fait l'eau du puits simplement filtrée. « 2° Que l'évaporation à siccité de l'eau, de ce puits et même de l'eau de Seine a complètement changé la constitution des matières qui étaient tenues eu solution dans les eaux naturelles, puisque l'eau pure restituée aux résidus de l'évaporaliou des deux eaux précipitées a donné deux solu- tions différentes de l'eau de puits et de l'eau de Seine. )) On commettrait donc une grave erreur si on pensait qu'en restituant au résidu de l'évaporatian d'une eau minérale l'eau quelle a perdue on re- produirait une eau identique à l'eau naturelle. » Enfin l'observation que le carbonate de chaux et le carbonate de fer ont une action bien plus énergique pour rougir le fustet, quand ils agissent simultanément, que quand ils agissent isolément, démontre la possibilité que deux corps dissous dans luie eau médicinale produisent un effet orga- noleptique beaucoup plus énergique dans un même sens que ne produi- laient deux eaux médicinales dont chacune ne contiendrait qu'un des deux corps à l'exclusion de l'autre. » Si l'on me demandait la manière de procéder pour se faire une opinion sur la qualité bonne, médiocre ou mauvaise d'une eau naturelle destinée à servir aux besoins de l'économie animale, je répondrais qu'une eau qui ne laisse pour looo parties que de 0,09 à 0,20 de résidu après l'évaporation, et qui d'ailleurs est fraîche en été, et en outre inodore, insapide, aérée, est de très-boime qualité; que des eaux inodores, insapides, aérées, laissant de o,4o à o,5o de résidu fixe calcaire, peuvent être bonnes sans égaler les premières (i). Enfin j'ajouterais la condition que ces eaux ne se colore- raient pas par l'acide suif hydrique, ou en d'autres tern)es qu'elles seraient dépourvues de cuivre et de plomb; car si on est intéressé à connaître les bonnes qualités d'une eau potable, on doit l'être également à avoir la cer- titude que les moyens employés pour faire arriver l'eau au heu même de la consommation ne seront pas susceptibles d'en compromettre la bonne qualité, ainsi que peuvent le faire le cuivre et le plomb employés comme pompe ou tuyaux do conduite. » Supposons que l'on veuille aller plus avant dans la connaissance d'une eau qu'il s'agiia de consommer comme potable plus ou moins loin de sa source ou des lieux qu'elle arrose; il faudra eu ce cas aller en ces lieux pour juger de son influence sur ceux qui la consomment depuis longtemps. (l) Mémoire sur plusieurs réactions chimiques qui intéressent l'hygiène des cités popu- leuses, lu à l'Académie des Sciences les 9 et 16 de novembre 1846. (Mémoires de l'acadé- mie des Sciences, t. XXIV, note 3.) ( '8i ) Il est entendu qu'il y a nécessité de s'enquérir des écrits dont elle a pu avoir été l'objet. En définitive, on fera ce que conseille un architecte chargé d'élever un monument durable ; c'est que dans le cas où il ignorerait la qualité des pierres destinées à son œuvre, il devrait visiter les carrières où elles gisent et voir dans les environs les édifices construits le plus ancienne- ment avec ces mêmes pierres. » « M. Le Vekrier présente à l'Académie un nouveau volume des Annales de l'Observatoire impérial de Paris, t. VII. Ce volume comprend sept Mémoires, savoir : Sur le mouvement et la compensation des chro- nomètres, par M. Yvon Villarceau (ce Mémoire fait l'objet d'uneNote sépa- rée); — Sur les inégalités à longues périodes du mouvement des planètes, par M. Puiseux ; — Sur le Magnétisme, par MM. Desains ot Charault; — Sur le calcul des termes du développement de la fonction perturba- trice, par M. Bourget; — Sur le mouvement de rotation de la Lunette méridienne, par M. Yvon Villarceau ; — Sur l'orbite de la planète Eugénie, par M. Lœvy ; — Sur l'application des phénomènes capillaires à la con- struction de divers thermométrograplies, par M. Barbier. « M. Le Verrier présente à l'Académie, en son nom et au nom de M. le général Elondel, Directeur du Dépôt de la Guerre, un Mémoire com- prenant la discussion des opérations astronomiques faites en i856 pour la détermination de la longitude de la station géodésique de Berri-Bouy, près Bourges. » Les observations astronomiques ont été faites par M. Le Verrier et M. Rozet. Le Dépôt de la Guerre vient de relier avec précision la station de Berri-Bouy à la tour de Bourges. Ce travail a été exécuté par M. le capitaine Beaux. u De l'ensemble des opérations il résulte que la détermination astrono- mique de la longitude ouest de la station Berri-Bouy excède la détermi- nation géodésique de o%4o ^'i temps, ou de 6",o en arc. » PHYSIQUE. — Sur le mouvement moléculaire des gaz; par ^l. Thomas Graha.m (i). 0 Dans ce travail nous nous sommes occupé du mouvement molécu- (i) L'Académie, sur la demande de plusieurs de ses Membres, a autorisé la reproduction intégrale de la Note de M. Graliam, quoique dépassant en étendue les limites réglementaires. C. R., i863, 2™« Semestre. (T. LVII, N» 4.) ^5 ( i82 ) laire des gaz, surtout en vue de leur passage, sous pression, à travers de fixes parois ou des plaques poreuses, et de la séparation partielle des gaz mélangés, qu'on peut obtenir par de pareils moyens, comme nous le mon- trerons plus loin. » Le point de départ de ces recherches fut un examen nouveau et tant soit peu prolongé de la diffusion des gaz (dépendant de ce même mouve- ment moléculaire). Cet examen conduisit à quelques résultats nouveaux qui pourraient bien présenter de l'intérêt, soit pour la théorie, soit pour les applications. )) Le diffusiomètre, tel qu'il avait d'abord été construit, se composait simplement d'un tube cylindrique en verre, ayant un peu moins de i pouce anglais (= 25'°'",4) de diamètre et environ lo pouces de longueur; en fer- mant l'une de ses extrémités par une plaque en plâtre de Paris, d'envi- ron I de pouce d'épaisseur, on l'avait converti en une espèce d'éprouvetle à gaz (i). » Mais depuis on a trouvé une matière bien préférable pour la prépa- ration de plaques poreuses dans le graphite (ou plombagine) artificiellement comprimé de M. Brockedon, tel qu'il est employé pour la fabrication des crayons. Le graphite se vend à Londres sous forme de petits cubes à base de 1 pouces carrés. Au moyen d'une scie faite avec un ressort d'acier, on peut facilement découper ces cubes en plaques de i à 2 millimètres d'é- paisseur. » En usant à sec ces plaques sur un grès plat, on peut les amincir au point de ne plus présenter que l'épaisseur d'à peine ^ millimètre. En dé- coupant maintenant dans une pareille plaque de graphite un disque circu- laire (qui n'est pas pins épais qu'un pain à cacheter, mais qui malgré cela présente encore une assez grande ténacité), et le fixant au moyen d'un ciment résineux à l'une des extrémités du tube de verre déjà mentionné, on ferme ce dernier et on le transforme en diffusiomètre. » Pendant qu'on remplit ce tube d'hydrogène, au-dessus de la cuve à mercure, on empêche les effets de la porosité du graphite en le couvrant momentanément avec une feuille mince de gutta-percha, qu'on y applique bien exactement. Celle-ci étant ensuite enlevée, la diffusion gazeuse s'effec- tue immédiatement à travers les pores du graphite. En 4o-6o minutes tout (i) Sur la loi de la diffusion des gaz, par Th. Graham; Transactions de la Société Royale d'Edimbourg, vol. XII, p. 222, ou bien Philosophical Magazine, i834, vol. II, p. 175, 263 et 35 1 . ( i83 ) l'hydrogène s'échappe du diffusiomètre et est remplacé par un volume d'air atmosphérique beaucoup moins considérable (environ {), conformé- ment à la loi de la diffusion des gaz. Pendant ce temps, le mercure, à moins qu'on n'y mette obstacle, s'élève dans le tube, formant une colonne de plu- sieurs pouces de hauteur : ce fait constitue une démonstration des plus frappantes de l'intensité de la force avec laquelle s'effectue la pénétration réciproque des différents gaz. » Le graphite natif, qui possède une structure lamellaire, ne paraît pré- senter que peu ou même pas de porosité : on ne peut donc l'employer à la place du graphite artificiel, comme parois de diffusion. » Après ce dernier, c'est la poterie non vernie qui se prête le mieux à cet usage. Les pores du graphite artificiel paraissent être réellement de dimensions si minces, qu'il est impossible au gaz, en masse, de traverser la plaque. Il semble qu'il n'y a que les molécules gazeuses isolées qui puissent passer, mais cependant sans être gênées par aucun frottement ; car évidem- ment les pores le plus petits dont nous puissions supposer l'existence dans le graphite doivent être de véritables tunnels, comparativement aux dimen- sions minimes de l'atome élémentaire d'un corps gazeux. La cause motrice paraît résider uniquement dans ce mouvement intérieur des molécules, qui est maintenant admis généralement comme une des conditions essentielles de la matière à l'état gazeux. » Conformément à l'hypothèse physique actuellement adoptée (i), un gaz est regardé comme constitué par une infinité de particules ou d'atomes sphériques, solides, doués d'une élasticité parfaite, et qui se meuvent dans toutes les directions, mais avec des vitesses différentes, suivant la nature du gaz. Renfermées dans un vase non poreux, les particules en mouvement se heurtent constamment contre les parois, et occasionnellement s'entre- choquent elles-mêmes, sans qu'il puisse en résulter aucune perte de mou- vement, grâce à l'élasticité parfaite de ces particules. n Si la substance du vase est poreuse, comme cela a lieu dans le diffusio- mètre, alors les atomes de gaz sont projetés à travers les canaux ouverts (par suite du mouvement moléculaire signalé) et finissent par s'échapper. Mais simultanément l'air atmosphérique ou un gaz quelconque, se trou- (i) D. Bernoulli, J. Herepath, Joule, Krœnig, Claiisiiis, Clerk Maxwell et Caz.in. Le mérite d'avoir fait revivre cette hypothèse et de l'avoir appliquée le premier à l'explication des phénomènes de diffusion doit être justement attribué à M. Herepath. Voir Physique mathématique, 2 vol., par John Herepath (1847 )■ 25.. ( i84 ) vant à l'extérieur du vase, est transporté à son tour, et de la même ma- nière, à l'intérieur et remplace le gaz qui s'échappe. Ce même mouvement moléculaire ou atomique e.st également la cause de la force élastique et du pouvoir de réagir contre la compression que nous observons dans les gaz. 11 est accéléré par la chaleur et ralenti par le froid, la tension du gaz étant augmentée dans le premier cas et diminuée dans le second. .1 Ce mouvement moléculaire n'éprouve aucune altération dans le cas même où le même gaz se trouve à l'intérieur et à l'extérieur du vase, et conséquemment en ^contact avec les deux côtés de la plaque poreuse. En effet, dans ce cas, les molécules gazeuses entrent et sortent par les pores exactement dans la même proportion, et produisent ainsi un échange qui n'est rendu perceptible, ni par un changement de volume, ni par aucun autre phénomène. „ Si les gaz en communication sont de natures différentes, mais possè- dent approximativement la même densité et la même vélocité de mouve- ment moléculaire, comme cela a lieu, par exemple, pour l'azote et l'oxyde de carbone, alors il y a simplement échange de molécules sans changement de volume. Si au contraire les gaz, communiquant par la paroi poreuse, sont de densités et de vitesses moléculaires différentes, alors la i)énétration réciproque cesse évidemment d'être égale dans les deux directions. » Noiis avons fait précéder ces observations préliminaires à la considé- ration des phénomènes que présente le passage d'un gaz à travers la plaque de graphite, dans une seule direction, soit sous pression, soit par l'effet de sa seule force élastique. Nous supposerons que le vide soit maintenu d'un côté du diaphragme poreux, tandis que de l'air ou un autre gaz soumis a une pression constante se trouve en contact avec l'autre côté. >. Le passage du gaz clans l'espace vide peut s'effectuer de trois manières différentes, ou plutôt de deux autres manières, outre celle que nous ve- nons d'indiquer. V 1. Le gaz entre dans le vide en passant par une seule ouverture très- petite, percée en paroi mince, telle qu'une piqûre faite avec une pointe en acier très-fine dans une feuille de platine. >, La rapidité du passage des différents gaz dépend alors de leur pesan- teur spécifique, conformément à la loi pneumatique que M. John Robinson a déduite du théorème bien connu deTorricelli, sur la vitesse d'écoulement des fluides. . Un gaz se précipite dans le vide avec la vitesse acquise par un corps ( i85) pesant, en tombant de la hauteur d'une atmosphère composée du gaz en question et supposée partout d'une densité uniforme. » La hauteur de cette atmosphère uniforme sera en raison inverse de la densité du gaz. L'atmosphère d'hydrogène, par exemple, serait seize fois plus haute que celle de l'oxygène. » Mais la vitesse acquise par la chute d'un corps pesant n'étant pas di- rectement proportionnelle à la hauteur, mais à la racine carrée de la hau- teur, il en résulte que la vitesse d'écoulement des différents gaz dans le vide sera en raison inverse de la racine carrée de leurs densités respectives. La vitesse d'écoidement de l'oxygène étant représentée par i, celle de l'hy- drogène sera exprimée par 4 = V 'C- )) Cette loi a été soumise à une vérification expérimentale (i). La loi d'écoulement des gaz que nous venons de citer est tout à fait analogue à celle qui règle la diffusion moléculaire, mais il importe d'observer de suite que les phénomènes d'écoulement ou d'effusion sont très-distincts et d'une nature essentiellement différente de ceux dediffusion, » C'est le gaz en masse qui participe aux mouvements d'effusion, tandis que ce ne sont que les molécules du gaz qui sont affectées par le mouvement de diffusion : généralement la vitesse d'écoulement d'un gaz est plusieurs milliers de fois plus grande que la vitesse de diffusion. La vitesse d'écou- lement de l'air est aussi rapide que la vitesse de translation du son. » 2. Si l'orifice d'écoulement est percé en parois de plus en plus épais- ses et se convertit ainsi en tube, les vitesses d'effusion sont soumises à des perturbations. Ou observe cependant de nouveau un rapport constant entre les vitesses d'écoulement des différents gaz, lorsque le tube capillaire ac- quiert une longueur assez considérable, c'est-à-dire lorsque la longuein- dépasse au moins 4ooo fois le diamètre. » Ces nouveaux rapports constituent les lois de la transpiration capillaire des gaz (2); elles ne varient pns, que le tube capillaire soit en cuivre ou en verre, et paraissent indépendantes de sa nature et de sa composition. » Cela provient sans doute de ce qu'une couche de gaz excessivement ténue reste adhérente à la surface interne du tube, et que le frottement a heu en réalité entre les molécules du gaz, et ne peut être influencé par la na- ture de la substance du tube. y> Les vitesses de transpiration ne dépendent pas de la densité et sont eu (i) Sur le mouvement des gaz, P/hVo^. Trans., 1846, p. 5-3. (2) Ibid., p, 5g I, et Philos. Trans,, 1849, P' ^49' ( i86) réalité singulièrement différentes des vitesses d'effusion. La vitesse de trans- piration de l'oxygène étant = i, celle du chlore = i,5, celle de l'hydro- gène z= 2,7.6, celle de la vapeur de l'éther à de basses températures égale ou presque égale à la vitesse de l'hydrogène, celle de l'azote et de l'oxyde de carbone presque la moitié de celle de l'hydrogène, celle du gaz oléfiant, de l'ammoniaque et du cyanogène =2, c'est-à-dire le double ou approxi- mativement le double de celle de l'oxygène; celle de l'acide carbonique = 1,376, et celle du gaz des marais = 1,81 5. M Pour le même gaz la transpirabilité pour des volumes égaux croît avec l'augmentation de la densité, qu'elle soit produite par le froid ou par la pression. » Les rapports entre les vitesses de transpiration des différents gaz ne pa- raissent présenter aucune relation constante avec les autres propriétés con- nues de ces mêmes gaz, et constituent une classe de phénomènes extrê- mement remarquables, précisément par leur isolement au milieu des faits connus concernant les gaz. » L'une des propriétés de la transpiration est immédiatement applicable à la pénétration des gaz à travers les pores de la plaque de graphite. Les tubes capillaires offrent au passage du gaz une résistance analogue à la ré- sistance due au frottement, en ce sens qu'elle croît proportionnellement avec la surface et augmente par conséquent à mesure que les tubes se multiplient ou diminuent de diamètre, la section totale du passage des gaz restant constante. » La résistance au passage d'un liquide à travers un tube capillaire est, d'après les observations de Poiseuille, très-approximativement en raison du diamètre du tube élevé à la quatrième puissance. » Pour les gaz, cette résistance au passage augmente également très-rapi- dement dans les mêmes circonstances, mais la loi n'en a pas encore été déterminée. >) Il en résulte cependant avec certitude cette conséquence qu'en dimi- nuant de plus en plus, et pour ainsi dire indéfiniment, le diamètre des tubes «apiliaires, on ralentit aussi à peu près indéfiniment l'écoulement du fluide, au point qu'il cesse d'être appréciable. On peut donc concevoir lui assem- blage de tubes capillaires assez nombreux pour que leurs sections réunies constituent une large surface, tandis que cependant chaque tube individuel est trop étroit pour permettre un écoulement sensible de gaz, même sous pression . Une masse solide et poreuse peut parfaitement présenter ces mêmes conditions de difficulté de pénétration comme l'agrégation de tubes capil- ( i87 ) laires, et en effet, cet état de porosité paraît être réalisé d'une manière pins ou moins approximative par toutes les masses minérales résultant d'une agrégation de particules légère et peu compacte, telles que la chaux vive, le plâtre, le stuc, la craie, l'argile calcinée, les poudres terreuses non cris- tallines analogues à l'hydrate de chaux ou à la magnésie qui ont été com- primées par une pression énergique; mais c'est le graphite artificiel qui pré- sente peut-être au plus haut degré cet état de porosité. » 3. Une plaque de graphite artificiel, quoiqu'elle paraisse pratiquement impénétrable aux gaz sous le rapport des deux genres de passage que nous venons de décrire, est peut-être facilement traversée par l'effet du mouve- ment moléculaire ou de diffusion des gaz. On le démontre en comparant le temps nécessaii'e pour le passage de volumes égaux de différents gaz sou- mis à une pression constante. Déjà antérieurement on avait trouvé les nom- bres suivants pour le passage, à travers un tube de verre capillaire, de volumes égaux d'oxygène, d'hydrogène et d'acide carbonique placés dans les mêmes conditions de pression et de température. Temps exigé pour la transpiration capillaire. Oxygène i Acide carbonique 0,72 Hydrogène o ,44 » Le passage des mêmes gaz sous la pression d'une colonne de mercure de 100 millimètres de hauteur, ayant été maintenant observé en faisant usage d'une plaque de graphite artificiel de ^ millimètre d'épaisseur, donne les résultats suivants : Temps employé pour te passage moléculaire. Racine carrée delà densité. (Oxygène =1.) Oxygène r i Acide carbonique i , 1886 i , 1760 Hydrogène • 0,2472 o,25oa » Il paraît d'après cela que la durée du passage à travers la plaque de graphite ne présente aucune relation avec le temps exigé pour la transpira- tion capillaire de ces mêmes gaz, temps que nous avons indiqué plus haut. » Les chiffres observés se rapprochent en outre beaucoup de ceux que fournit le calcul, en prenant pour base la racine carrée des densités des trois ( i88 ) gaz, comme le montre le dernier tableau, et jusque-là ils s'accordent avec les temps de diffusion théoriques qui sont généralement attribués à ces mêmes gaz. » Pour multiplier les expériences en les variant, on dispose la placpie de graphite de manière à faire pénétrer les gaz dans le vide deTorricelli, en les soumettant en conséquence à la pression entière de l'atmosphère. )' Des volumes égaux de gaz exigèrent pour la pénétration les temps suivants : Racine carrée Temps. de la densité. Oxygène i i Air atmosphérique o,g5oi 0,9607 Acide carbonique i , 1860 i , 1760 Hydrogène o , 35o5 o , i5oi » Cette pénétration des gaz à travers les pores de la plaque de graphite paraît être due à leur mouvement moléculaire propre, sans que les phéno- mènes de transpiration y prennent la moindre part. » Elle semble offrir l'exemple le plus simple possible du mouvement moléculaire ou de diffusion. Ce résultat doit être attribué à la porosité d'une si admirable finesse de la plaque de graphite. Les pores ou canaux paraissent être assez petits pour empêcher complètement la transpiration et le passage en masse. » On pourrait comparer le graphite à une espèce de tamis moléculaire qui ne laisse passer que des molécules. » Avec une plaque en stuc, la pénétration des gaz sous pression est très- rapide, et les volumes d'air et d'hydrogène qui passent dans le même temps sont dans le rapport de i à 2,891 . Ce dernier nombre se rapportant à l'hy- drogène est intermédiaire entre le volume de transpiration ^2,04 et celui de diffusion =3,8, et indique que le passage des gaz à travers le stuc n'est point un résultat simple (le résultat d'une cause unique), mais la résultante de deux causes réunies. » Avec une plaque de biscuit d'une épaisseur de 2"™, 2, le volume d'hy- drogène (l'air étant =1) atteignit 3,704, se rapprochant donc beaucoup de 3,8, nombre exprimant l'effet du mouvement moléculaire. Pour le même gaz, la rapidité de passage à travers le graphite paraît être très-approxima- tivement proportionnelle à la pression. » On observe en outre que l'hydrogène pénètre dans le vide à travers la plaque de graphite avec sensiblement la même vitesse absolue que lorsque ( '89) le même gaz se diffuse clans l'air; ce fait important démontre que la force dimpulsion est la même dans les deux cas. » La mobilité moléculaire peut donc être considérée comme identique avec le mouvement de diffusion des gaz; le passage d'un gaz dans le vide à travers une plaque poreuse, comme diffusion dans un seul sens ou une seule direction, c'est-à-du-e comme tliffusion simple, et la diffusion ordi- naire ou le passage de deux gaz dans des directions opposées, comme diffu- sion double, composée ou réciproque. /) Almolyse. — I,es considérations précédentes permettent de prévoir qu'on peut arriver à une sépaiation partielle d'un mélange de gaz et .vapeurs de diffusibililés différentes, en permettant à ce mélange de se diffuser à travers une plaque de graphite dans le vide. Cette nouvelle méthode d'analyse présentant un caractère pratique et étant susceptible d'applications très-éten- dues, il paraît convenable de la distinguer par un nom spécial [iamolysc\ La séparation sera d'autant plus considérable que la pression sera plus grande, et elle atteint son maximum en permettant aux gaz de se diffuser dans un vide presque parfait. » Un grand nombre d'expériences furent faites à ce point de vue; les plus intéressantes sont sans doute celles qui ont rapport à la concentration de l'oxygène de l'air atmosphérique. Une certaine quantité d'air renfermée dans un ballon étant mise en communication avec le vide, à travers une plaque de graphite, l'azote devra passer plus rapidement que l'oxygène dans le rapport de 1,0668 à i, et la propoi-tion d'oxygène doit donc devenir plus forte dans l'air qui n'a pas encore quitté le ballon. En effet, Taiigmen- tation de la proportion d'oxygène fut trouvée, lorsque le volume d'air du ballon s'était réduit de 1 volume : A 0,5 volumes, de 0,4^ pour 100 A 0,25 » 0,98 » A G , 1 25 » I ) 54 • A 0,0625 » 2,02 » En d'autres termes, la quantité d'oxygène s'était accrue de 21 à 23, 02 pour 100 dans le dernier seizième d'air restant dans le ballon. » Les plus remarquables effets de séparation furent produits au moyen du tube almolyseur. » 11 consiste tout simplement en un tuyau très-étroit en porcelaine ou poterie non vernie, tel que par exemple un tuyau de pipe à fumer en tene C. R., i863. ame Semestre. (T. LVU, N» 4.) 26 ( »9o ) lie deux pieds de longueur, fixé au moyen de bouchons dans un tube eu verre plus court et plus large, de manière à faire ressembler le tout à tui réfrigérant de Liebig. Le tube en verre est mis en communication avec une machine pneumatique, de manière à maintenir le vide le plus cocnpiet possible dans l'espace annulaire compris entre les deux tubes. » On dirige ensuite un courant d'air atmosphérique ou d'un mélange quelconque de gaz à travers le tuyau en terre de pipe, et on recueille les gaz à mesure qu'ils se dégagent de l'autre extrémité du tuyau. I.e mélange de gaz ainsi almolysé a évidemment diminué de volimie, de toute la quan- tité de gaz. qui a passé, à travers les pores du tuyau en terre, dans le tube en verre et de là dans le récipient de la machine pneumatique. Plus le cou- rant de gaz est lent dans le tuyau en terre, plus sera aussi considérable la perte en volume. i> Mais par contre, dans le gaz recueilli, les éléments gazeux plus denses auront été concentrés dans un rapport arithmétique, pendant que le voliune total du mélange aura été diminué dans un rapport géométrique. Dans l'une des expériences, la proportion d'oxygène dans lair atmosphérique, qui avait traversé le tube atmolyseur, s'était élevé à al\,5o pour loo, constituant une augmentation de 16,7 pour 100 de la quantité totale d'oxygène existant normalement dans l'air. » En opérant avec des gaz où la différence de densité et de diffusibilité est aussi grande que celle qui existe entre l'oxygène et l'hydrogène, la sépa- ration est évidemment beaucoup plus complète. Un mélange détonant de 2 volumes hydrogène et i volume oxygène, en passant par le tube atmo- lyseur, fournit de l'oxygène ne renfermant plus que g, 3 pour 100 d hydro- gène, et dans lequel on peut faire brûler une bougie sans provoquer d'ex- plosion; en opérant avec un mélange de volumes égaux d'oxygène et d'hydrogène, la proportion de ce dernier gaz est aisément réduite de 5o à 5 pour 100. 1) I nier -dif fusion, double diffusion des gaz. — La construction du tliffu- siomètre a reçu un perfectionnement important de la part de JM. le professeur Bunsen, par l'addition d'un levier arrangé de manière à souhner ou à déprimer le tube dans la cuve à mercure. » Mais la niasse de stuc faisant fonction de plaque poreuse dans son instrument semble être trop volumineuse, et susceptible de se détacher spontanément des parois du tube, lorsqu'elle est séchée à l'aide de la chaleiu'. » Cet illustre physicien ne parait d'ailleurs plus attacher une extrême ( '9' ) importance au nombre 3,4 qu'il avait obtenu pour l'hydrogène. Il est cer- tainement assez remarquable que dans mes anciennes expériences les nombres trouvés dépassaient plutôt, au lieu d'en approcher seulement, le nombre théorique pour l'hydrogène, --=r^ = 3, 7994- V 0,6926 11 En se servant de stuc comme diaphragme, les cavités de la plaque poreuse forment environ un quart du vohuiie total et affectent sensiblement le nombre en question, suivant qu'elles sont ou ne sont pas comprises dans la capacité de l'instrument. '1 En commençant constamment la diffusion avec ces cavités remplies d'hydrogène, les nombres actuellement obtenus en employant une plaque de stuc de 12 millimètres d'épaisseur et séchée sans l'aide de la chaleur, les nombres trouvés furent 3,783, 3,8 et 3,739. Lorsque le volume des cavités du stuc était ajouté à la fois à l'air et à l'hydrogène, les nombres étaient 3,93i, 3,949 et 3,883 lorsque cette addition n'était point faite à ces volumes. » La plaque de graphite, au contraire, à cause de son peu d'épaisseur, et le volume trop minime de ses pores pour qu'il soit nécessaire d'en tenir compte, ne présente point une pareille cause d'incertitude. Avec une plaque de graphite de 2 millimètres d'épaisseur, le nombre pour le passage de l'hy- drogène dans l'air fut trouvé =3,876, et celui pour l'hydrogène dans l'oxygène = 4) 1^4 (:> Ni l'appui du Ministre des Travaux ])uli|ics, ni le concours d'ingcnieurs habiles et dévoués à la science n'ont manqué à M. Darcy. Les ressources nécessaires avaient été mises à sa disposition; M. Baumgarten, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, lui avait prêté l'aide d'iuie longue expé- rience acquise dans les travaux du Rhin; M. Ritter, alors ingénieur ordi- naire attaché au service hydraulique de la Côte-d'Or, l'avait assisté de son dévouement. Mais M. Darcy n'avait pas mesuré l'étendue de la tâche qu il s'était imposée aux forces qui lui restaient après de longs travaux. D'une autre part, M. Baumgarten et M. Ritter, appelés par les exigences du service à d'autres destinations, avaient été séparés de M. Darcy en i856, au mo- ment où, les préparatifs préliminaires étant achevés, les expériences allaient commencer. » Il était réservé à M. Bazin, que M Darcy s'était adjoint dès cette époque, de le seconder d'abord, et plus tard après sa mort si regrettable, survenue en i858, de réunir, de compléter et de discuter les résidtals de tant de nombreuses et délicates expériences, et den déduire, pour l'art de 1 ingénieur, les conséquences importantes auxquelles elles conduisent. )) Le travail dont nous avons à rendre compte à l'Académie est donc l'œuvre de plusieurs ingénieurs. 11 a été conçu, organisé, commencé par M. Darcy, jjoursuivi sous sa direction jusqu'à sa mort; mais l'exécution d'une très-grande partie des expériences, la discussion de leurs résultats, ainsi que les déductions scientifiques qui en découlent, et qui sont exposées dans le Mémoire de M. Bazin avec une remarquable lucidité, doivent être considérées connue apjiartenant en propre à cet ingénieiu-. » Le Mémoire que M. Bazin soumet au jugement de l'Académie est par- tagé en quatre sections principales, ayant pour objet : » 1° Les expériences sur les canaux à l'égime uniforme; » 1° Les expériences sur la distribution des vitesses dans les courants; » 3° Les expériences sur le mouvement varié; ( 194 ) » 4° I-'fis expériences sur le mouvement des oudes. o L'étendue considérable de ces recherches, qui sont contenues et discu- tées dans quatre volumes manuscrits in-folio, accompagnés de quarante planches parfaitement exécutées par M. Cliapuis, conducteur des Ponts et Chaussées, nous a obligés à en partager l'examen entre deux Membres de la Commission qui ont l'honneur de soumettre à l'Académie les Rapports i)artiels dont nous allons lui faire connaître le premier, principalement relatif au mouvement de l'eau dans les canaux à régime uniforme. £>u mouvement uniforme de l'eau dans les canaux. )) Avant d'analyser la partie principale de ce long ensemble de recher- ches qui, commencé en i8j5, n'a été terminé qu'en 18G2, il est néces- saire de dire quelques mots des dispositions prises pour assurer l'exac- titude des résultats observés et des conséquences qu'il est permis d'en déduire. » Disposilions générales.— Pour l'exécution des expériences, et afin de leur donner un caractère tout à fait pratique, comp;irable à celui des circon- stances où l'on pourrait a%'oir à se servir des règles que l'on espérait en déduire, M. Darcy avait fait établir au bief n" 67 du canal de Bourgogne Une rigole de 5q6'",5o de longueur qui, après avoir suivi parallèlement ce canal sur 45o mètres, se détournait à gauche pour verser dans la rivière d'Ouche les eaux qu'elle avait empruntées au canal. Cette rigole, dont les parois étaient revêtues en planches de peuplier, convenablement maintenues par des cadres, avait dans œuvre 2 mètres de largeur sur o'°,95 de profondeur. Elle était enveloppée à l'extérieur par un corroi à très-peu près imper- méable, et ses dimensions intérieures ont permis d'y installer de faux plan- chers pour opérer sur des pentes diverses et des profils variés, selon les formes que l'on se proposait d'étudier. » Prise d'eau. — L'emi que l'on voulait faire couler dans cette rigole était, à l'origine, simplement empruntée au canal à 175 mètres en aval de l'écluse n*" 56, au moyen d'un vannage à quatre ouvertures de i mètre de largeur, pouvant avoir o'",4o de hauteur; mais l'observation ne tarda pas à mon- trer que, pour obtenir un écoulement régulier et normal de l'eau dans la rigole, il était nécessaire d'établir, entre le vamiage et cette rigole, im bas- sin ou un bief de distribution particulier, terminé par un barrage muin d'orifices plus petits et plus nombreux. 1. C'est ce qui conduisit M. Darcy à faire construire un deuxième barrage percé de douze orifices de o^jtio sur o'",20, avec encadrements et ventelles ( '95) en cuivre, se rapprochant autant qtie possible des formes et des proportions des orifice» à contraction complète, si bien étudiées par IMM. Poucelet et Lesbros, dans leurs belles recherches sur l'écoulement de l'eau. » Mais nous devons dire de suite que les dispositions locales et le rap- prochement des orifices ayant occasionné quelques différences dans la valeur des coefficients de la dépense, on a été obligé de se livrer à des expériences spéciales, très-utiles d'ailleurs, pour déterminer les valeurs particulières qu'il convenait de lui attribuer dans chacun des cas variés qui se sont présentés. » Ces expériences étaient rendues faciles, et l'exaclitude de leiu's résul- tats ne pouvait rien laisser à désirer, attendu que la grande étendue de la rigole régulière, dans laquelle les eaux pouvaient éire reçues, permettait de déterminer exactement le volume d'eau qui y avait afflué. M Outre l'usage ultérieur qui a éié fait de ces résultats pour les recher- ches spéciales qui sont l'objet du Mémoire, elles ont donc pu fournir des données utiles à l'art de l'ingénieur, quant à l'écoulement de l'eau par des vannages accolés plus ou moins nombreux. 1) Moyens employés pour déterminer la vitesse en différents points d'une même section. — L'étude de la distribution des vitesses dans les différentes parties d'une même sectioii, faite dans un courant, est l'une des questions les plus délicates et les plus controversées de l'hydraulique, et sa solution ne pouvant être obtenue que par l'expérience, la recherche des instruments à employer présente une grande importance. Aussi a-t-elle depuis longtemps occupé les hydrauliciens. Il était réservé à feu M. Darcy d'arriver, par des perfectionnements bien conçus et bien étudiés, à rendre d'un usage com- mode et sur l'appareil connu sous le nom de tube de Pitot, qui, jusqu'à lui, n'inspirait qu'une médiocre confiance aux observateurs. » On sait que c'est eu lySa que Pitot présenta à l'Académie des Sciences l'appareil qui porte son nom, et qui ■< consistait en une longue tringle en » bois de section triangulaire, dans l'une des faces de laquelle étaient logés « deux tubes en verre. L'im de ces tubes était horizontalenient recourbé )i à son extrémité inférieiu-e; l'autre, an contraire, descendait verticalement )> jusqu'au niveau de la partie rocourbée du premier. » » L'opinion de Pitot était que son appareil, exposé au courant de l'eau, donnerait, par la différence de niveau existant entre les deux colonnes d'eau logées dans les deux tubes, la hauteur due à la vitesse du fluide au point que l'on considérait, et qu'il serait facile, dès lors, de déduire la ( '96 ) vitesse cherchée au moyen de la relation V- = 2g/?, h étant la différence observée. M L'idée était simple et ingénieuse ; mais, malgré les tentatives de Dubtiat et de plusieurs expériraentateurs, diverses circonstances s'étaient opposées jusqu'ici à ce que l'on en déduisît lui moyen commode et suftisammeiit sûr (le déterminer la vitesse des différents filets fluides d'une même secîion. Il était réservé à M. Darcy de les faire disparaître par un ensemble de dispo- sitions ingénieuses, auxquelles il a été conduit par des considérations déve- lopp es dans son Mémoire sur le Mouvement de l'eau dans les tuyaux de con- duite, auquel nous renverrons aussi pour la description de rinsfrument. u D'après ces considérations, l'élévation h' du niveau dans le premier des deux tubes qu'il employait et la dénivellation fi'" dans le second, par rapport au niveau général du courant, donneraient, par leur somme //'-(- //' introduite dans la formule la vitesse des filets fluides à l'extrémité du tube horizontal, si Ion connais- sait le coefficient p.' par une tare préalable de l'instrument. « Tels sont la formule et les moyens employés par M. Darcy ; mais il y a ajouté d'autres dispositions ingénieuses qui rendent les observations plus faciles et plus sûres. On les trouvera décrites dans le Mémoire de M. Bazin. » Tare du tube jaugeur. — Après les indications que nous venons de donner des perfectionnements apportés au tube de Pitot par M. Darcy, il est nécessaire de justifier la confiance que lui et ses collaborateurs ont ajoutée aux indications qu'il leur a fournies pour leurs importantes expé- riences, en faisant connaître les différents procédés qu'ils ont employés pour les vérifier. » X cet effet, ils ont procédé au tarage de cet instrument de trois manières différentes : » i" En mesurant, à l'aide de flotteurs, la vitesse superficielle d'un cou- rant et en comparant les résultats obtenus aux indications i\u tube; « 0° En faisant mouvoir l'instrument avec une vitesse connue dans une eau tranquille ; » '3° Eu mesurant, à l'aide du tube, la vitesse en un grand nombre de points de la section transversale d'un courant, et en comparant ensuite la valeur du débit connu à l'avance avec les indications de l'instrument. « Ces trois modes de tare, complètement indépendants les uns des autres, ( '97 ) ont donné pour le coefficient |u,' de la forniide : Le premier, moyenne de ga expériences fi'^i,oo']; Le deuxième, moyenne de 32 expériences [i' = i,o34; Le Iroisième, moyenne de 3i expériences fi'=o,gg3. )' M. Bazin fait remarquer que les résultats fournis par le mouvement d'une barque ont dû donner des valeurs im peu trop fortes pour le coeffi- cient de tare, par suite de la forme de lavant-bec de cette barque, qui déterminait nne certaine inclinaison. C'est par ce motif que Ion a pris pour Ja valeur définitive du coefficient de la formule la moyenne arithmétique di •' 1 1 I ■ ■• 1 1 ,007 -1- o,qq3 e la première et de la troisième valeur, qui est — — ^^^^^ = i , oo. » Ce coefficient dépend d'ailleurs des proportions des appareils, et si! est constant pour un même instrument, il varie de l'un à l'autre, selon la disposition et les dimensions relatives des orifices. » Après cet examen préalable, mais nécessaire, des moyens d'expérmieii- tation organisés par M. Darcy et mis en usage par M. Bazin, il convient d'aborder la question la plus importante qui est l'objet principal des belles et laborieuses recherches dont ce dernier ingénieur nous présente les ré- sultats et la discussion dans son remarquable Mémoire; c'est celle de la résistance que les parois des canaux et des rivières offrent au mouvement de l'eau parvenu à l'état de régime uniforme. » On sait que la formule donnée par Prony et qui devient dans laquelle R est le rapport de l'aire A de la section transversale du cou- rant au périmètre mouillé S de cette section ou ce que l'on nomme le lajou mojen, I := — la pente par mètre courant ou le rapport supposé constant de la pente totale TI à la longueur L considérée, U la vitesse moyenne, a et b des coefficients numériques constants, n'a été basée que sur la discussion d'un petit nombre d'expériences faites dans des circonstances qui n'étaient en réalité que fort peu comparables. I) Depuis longtemps beaucoup d'hydrauliciens avaient proposé de la modifier. » Quelques ingénieurs, et généralement les auteurs italiens, étaient reve- nus à la formule monôme proposée dès 1775 par M. de Chézy, et qui est RI = ^U% dans laquelle on fait ordinairement b = o,ooo4. C. R., i8G3, î-n^ Semestre, T. LVII, N° 4.) ^7 ( '98 ) » M. de Saint-Venant remplaçait dans la même formule l'exposant 2 par — en laissant au coefficient b à peu prcs la même valeur. » Mais tous ces hydrauliciens avaient continué à admettre d'après Dubuat que la nature de la paroi était sans influence sensible sur l'inten- sité de la résistance qu'elle oppose au mouvement, ce qui ne pouvait plus être considéré même comme approximativement exact, depuis les expé- riences de M. Darcy sur l'écoulement de l'eau dans les tuyaux de conduite, qui avaient mis en évidence l'influence très-considérable qu'exercent l'état des parois et la nature de la matière dont ils sont formés. » Si, pour des surfaces aussi régulières que celles des parois intérieures des tuyaux, il était devenu désormais incontestable que la résistance qu'elles opposent au mouvement des fluides dépend essentiellement de leur nature et de leur état, il était évident qu'il devait en être àjortiori de même, quand il s'agissait du mouvement de l'eau dans des canaux ou dans des rivières, dont les parois présentent des aspérités de proportions bien plus grandes. » Pour mettre en évidence l'inexactitude des formules employées jusqu'à ce jour et obtenir quelques indications sur l'écart auquel elles pouvaient conduire, M. Darcy pria d'abord M. Baumgarten d'exécuter des expériences préliminaires sur le canal de Marseille, qui offre une grande variété de profils et des matières de parois très-diverses. » Ces expériences, faites en mai i855, montrèrent que, si pour une par- tie de l'aqueduc de Roquefavour, dont le fond avait une surface très-unie et des côtés en briques bien rejoinloyées, la valeui- du rapport — n était guère que la moitié de celle que lui assignent les anciennes formules, elle en devenait à peu près le double pour tuie partie du canal dont les parois étaient en terre. » D'autres expériences plus variées, exécutées en i856par M. Bazin sur des canaux rectangulaires de même pente et de même largeur, mais dont les parois ont présenté les matières suivantes : ciment pur, briques posées à plat, petit gravier de o^jOi à o^jOa de diamètre, gros gravier de o™, o3 à o"',o5 de diamètre, mainteiuies par un enduit déciment, ont montré qu'à mesure que le débit et la vitesse augmentaient les valeurs du rapport — ,, au lieu de varier seulement de 0,000327 ■* o.oooSSg comme les formules ( '99 ) de Prony l'indiquent, avaient été en décroissant : Pour les parois en ciment, de.. 0,000242 à OjOooiTa " en planches, de o,ooo4i i à 0,00022g » en briques, de o,ooo4o8 à O,ooo2'j7 » en gravier, de 0,000882 à 0,000472 " en cailloux, de o,ooi454 à 0,000661 » Enfin, une antre expérience faite sur un canal à section demi-circulaire a même montré qu'entre une paroi enduite de ciment mélangé d'un tiers de sable et une paroi en ciment pur, il existait, en faveur de la seconde, une différence de résistance qui, à penle égale, pouvait augmenter le débit dans le rapport de 1 à 1,1 3 ou de — environ. " . 7.7 » Il devint donc évident, par ces expériences comparatives, que la na- ture des parois avait, pour les canaux, de même que pour les tuyaux de conduite, sur la valeur de la résistance qu'elles opposent au mouvement de l'eau, bien plus d'influence même que M. Darcy n'en avait trouvé dans ce dernier cas. )> D'autres expériences non moins concluantes ont été exécutées sur les rigoles dépendantes du canal de Bourgogne, et qui se trouvaient dans les conditions normales des canaux ordinaires. Leurs résultats montrent : 1° que la résistance dans ces rigoles a toujours été beaucoup plus considérable que les formules de Prony et d'Eytelwein ne le faisaient penser; 2° que les valeurs du rapport — décroissent à mesure que le débit augmente. )> On a reconnu enfin, par deux de ces séries, que la présence seule de la mousse sur les parois d'un perré peut faire croître la résistance dans le rapport de i k 2. » En présence de ces variations si grandes d'un rapport que les hydrau- liciens avaient presque tous jusqu'ici regardé comme à peu prés constant, et dont la valeiu- paraît dépendre de tant d'éléments divers, il semble impos- sible de chercher à en déterminer la loi par des considérations physiques ou maihémaliques générales. On est alors réduit à étudier les cas princi- paux qui se présentent le plus souvent dans la pratique, et à cherchera lier les résultats par des formules d'interpolation qui les représentent avec une exactitude suffisante pour les besoins des applications. » Dubuat avait déjà remarqué que le rapport — diminuait lorsque le rayon moyen R = ë et la vitesse augmentent, mais les limites entre les- 27.. ( aoo ) quelles il avait pu faire varier les données de ses expériences étaient trop restreintes pour qu'il pût dt'terminer la loi de celte variation. » D'une autre part, l'examen des diverses séries d'expériences rapportées «ians le Mémoire de M. Bazin montrant que la valeur de ce rapport paraît tendre vers une certaine limite constante, il s'ensuit qu'en désignant cette RI limite par a la valeur du rapport —-, aurait pour expression générale |-^ = «+/(RU). M. Bazin a comparé les résultats des expériences aux deux formes les plus simples de la fonction inconnue, en supposant successivement /(RU)=| et /(RU) = 1, et en choisissant pour cette comparaison cinq séries d'expériences pour lesquelles la pente I par mètre courant était la même et égale à o'",oo49, et poiu- lesquelles le profil rectangulaire avait des largeurs presque identiques. Dans ces expériences les vitesses ont varié, dans des limites étendues qui compreiuient et dépassent même celles des cas de la piatique, où l'on a à calculer les proportions à donner aux canaux de navigation et d'usines. » Or, en représentant tous les résultats des observations par des con- structions graphiques; en prenant, dans tous les cas, les valeurs du rap- port — pour ordonnées, et successivement pour abscisses celles de — et celles de —■, M. Bazin a reconnu que pour une même pente de o™,oo49 et un mèmeprofd, les points ainsi déterminés se trouvaient, dans les deux cas, à très-peu près sur des lignes droites, dont il a trouvé ainsi l'équation pour chacun des cinq canaux sur lesquels ces expériences ont été faites, tandis que les formules qui font abstraction de la natiu-e des parois et qui seraient, d'après T, RI T o,ooo444 Prony , — = o,ooo3o9-<- u ' 17 . I • RI o/'r- 0,000024 Eytelwein ^, = o,ooo366-f- ' ^, 1 et M. de Saint-Venant. . . ^ = 0,000401 (^)", étant aussi représentées graphiquement, il est facile de reconnaître qu'au- ( 20I ) cune d'elles ne reproduit les résultats des observations et que par con- séquent elles doivent toutes être abandonnées. )) Influence de la pente I. — Mais si les cinq séries d'expériences piccé- denles, faites dans des canaux qui avaient tous la même pente et des profils rectangulaires identiques et dans lesquels la nature seule des parois a varié, ont servi à montrer la nécessité de tenir compte de ce dernier élément, et si leurs résultats peuvent être à peu près indifféremment représentés par l'une ou l'autre des deux formules d'interpolation précédentes, en y introduisant les valeiu-s convenables pour les coefficients, il restait à savoir si l'une ou l'autie de ces formules pouvait convenir pour des pentes et des profils différents. C'est ce qui a f\it l'objet des expériences exécutées en i858 et iSSg par M. Bazin, après !a moit prématurée de M. Darcy. M Afin de ne pas compliquer la question de l'influence accidentelle et déjà signalée que des différences, en apparence très-légères, dans la nature des j)arois, pouvaient exercer, on se décida à opérer sur trois pentes différentes deo'",oi5o, o", 0059 et o'°,oo88G par mètre, avec des canaux en planches rectangulaires ayant tous la même largeur de i'",9G environ. « Pour étudier l'influence de parois présentant des aspérités diverses, sans changer la nature des nialériaux, on se résolut à n'employer, dans tous les cas, que le bois, et à crçer dans les parois de plusieurs des canaux en expérience des aspérités artificielles, en y fixant régulièrement des liteaux de o'",o-27 de largeur sur o'",oio d'épaisseur que l'on a placés d'abord à o", 01, puis à o^joS les uns des autres. On a -eu ainsi neuf séries dex- l)érienccs faites sur trois canaux identiques cliacpie fois quant aux parois, mais de pentes différentes. )> En calculant pour chacune de ces séries la valeur du rapport — » M. Bazin a recoiniu que cette valeur va toujours en diminuant, à mesure que le volume d'eau débité et la vitesse augmentent, et que, pour le débit d'un même volume, ce rapport augmente, mais assez lentement, avec la pente et la vitesse ou à mesure que la hauteur d'eau s'accroît. M Ainsi, en passant du débit de o™*^, 100 en une seconde à celui de RT i™'^,236, la valeur de:p^ varie : pour le canal à parois en planches, de 0,000420 à 0,000226 pour la pente de o'^jOoiS; pour le canal à parois garnies de liteaux espacés de o^'jOi, elle varie de o.ooo6.54 à o,ooo338, et, pour le canal à parois garnies de liteaux espacés de o™,o5, elle varie de o , 00 1 3^g à o , ooo65q . ( 202 ) » On est donc conduit à conclure de cette discussion que la for- ,„i,le ^ — a + — î qui n'est autre chose que la formule binôme adoptée pnr Pronv et par Eyteiwein et employée jusqu'ici, doit être complètement r> r o abandonnée, tandis que la formule ^î — " "^ r P»''^'' beaucoup plus con- venable pour représenter les résultats de l'observation relatifs à un même état des parois et à des pentes diverses. » Inliuence de la forme du profil transversal des canaux, — Les canaux ont le plus souvent pour profil un rectangle ou un trapèze, quelquefois cepen- dant, quand ils sont étroits et profonds par rapport à leur largeur, ce der- nier profil se rapproche beaucoup de la forme triangulaire. Enfin les radiers de certaines rigoles en maçonnerie ont un profil en arc de cercle. » Les expériences relatives à l'influence de la forme du profil des canaux dont les résultats sont consignés dans le Mémoire de iNL B,izin ont été exé- cutées : » 1° Sur trois canaux en planches à section rectangulaire de i"',i97 sur o^.So et o'",48 de largeur; » 2° Sur deux canaux à section en trapèze, dont l'un avidt r mètre de lar- geur au fond et des talus inclinés à l\5 degrés, et l'autre o'",945 de largeur au fond avec une paroi verticale et l'autre inclinée à 45 degrés; » 3° Sur un canal en planches à section triangulaire, dont les côtés étaient inclinés à 45 degrés. )) Les six séries d'expériences exécutées sur ces canaux, et dans lesquelles les vitesses ont varié de o™, 73 à 2",4o en une seconde, s'accordent toutes, à peu près, pour montrer que la figure du profil transversal ne paraît pas exercer une influence assez grande pour qu'il y ait lieu d'en tenir compte dans les applications. » Mais les sections circulaires, par suite de la suppression des angles et de la continuité de leiu- contour, semblent donner lieu, toutes choses égales d'ailleurs, à une résistance sensiblement moindre que celle qui est offerte par des profils anguleux, ce qui justifie l'usage adopté de donner aux cu- neltesdes égouts un jHofil à peu près circulaire. » Des canaux el des rigoles à petite section. — Lorsqu'il s'agit de petits ca- naux à grande pente ou de rigoles analogues à celle que l'on emploie poui' les irrigations et qui par la présence des herbes et l'irrégularité de leurs |)a- rois offrent une résistance très-grande^ quoique la vitesse ne dépasse guère un mètre par seconde, le rapport — ne semble plus suivre la même loi que ( 203 ) pour les grands canaux, et de même que M. Darcy l'avait remarqué au sujet des tuyaux de conduite où la vitesse est très-faible, c'est le rapport RT yr qui paraît devenir constant pour une même pente, mais croissant avec la penle. Ce cas n'étant pas celui qui importe le plus à l'art de l'ingénieur. nous ne nous y arrêterons pas dans ce Rapport. •) Expériences pratiques sur les rigoles du canal de Bourgogne. — Après avoir discuté les résultats des expériences diverses exécutées pour démêler la loi que pouvait suivre la résistance des parois dans difterents cas, M. Bazin s'occupe, dauh^ le troisième chapitre de son Mémoire, de chercher à repré- senter par des formules d'interpolation d'une exactitude suffisante pour la pratique de l'art de l'ingénieur les résultats des nombreuses expériences faites sur les divers canaux ou rigoles dépendant du canal de Bourgogne et qui offraient les diverses natures de parois que l'on rencontre le plus souvent. i> Rigole de décharge du réservoir de Grosbois. — Deux séries d'expériences ont été faites sur le mouvement de l'eau dans cette rigole, dont les parois en moellons rejointoyés en ciment offrent une surface très-régulière. Elle a i",8o de largeur au fond et des parois à peu près verticales ayant im fruit deyp. Le fond était recouvert d'un léger dépôt limoneux. » La vitesse a varié de 2", 757 à 6'°, a/jg, ce qui excède probablement les limites atteintes dans toutes les expériences précédentes, et la vitesse de superficie s'est élevée jusqu'à 9"", 16. » Les pentes des parties sur lesquelles on a opéré ont été égales à o™,o37 et à o™, 101 par mètre. )' La représentation graphique des résultats a montré qu'ils pouvaient être leprésentés avec ime exactitude suffisante par les formules d'interpo- lation suivantes : , . ^ , „ „ , RI ot o,oooo53 (1) Pente de 0^,007 par mètre — = 0,000200-1 , , , „ , , RI o o, 000040 (2) Pente de o"", 10 1 par mètre — = 0,000009 H j^ n Malgré leur dissemblance apparente, qui dénote l'influence de la pente sur la valeur des coefficients, les deux formules ci-dessus fournissent à très- peu près les mêmes valeurs du rapport — • » Les pentes des canaux et des rigoles atteignant rarement o™,o37 par mètre et presque jamais o", 101 par mètre, l'on voit que la formule (i) ( 204 ) pourra être employée dans la plupart des cas, où les revéteincnts seront de nuMiie n;ilure que ceux de la rigole dont il est ici question. » Formules praliqiics d'inlerpolalion, — Si la discussion des nombreuses expériences rapportées par M. Bazin monlre que la formule binôaie RI = «U + b{J-, adoptée par Prony et par Eytelweiu, non plus qu'aucune formule monôme à coefficient constant indépendant de la nature des parois et de la peute, ne peuvent représenter les résultats de l'observation, la formule RI S proposée par M. Darcy el appliquée par M. Bazin, quoique plus voisine de l'exactitude, ne peut être d'accord avec l'observation qu'autant que ses coefficients a et /3 recevraient pour chaque cas particulier des valeurs spé- ciales. » Or la nature, l'état des parois, la quantité plus ou moins grande et sans cesse variable d'herbes qui les recouvre, sont autant de causes indépen- dantes, dont il n'est possible à aucune théorie ni à aucune formule de tenir compte. » 11 faut donc de toute nécessité se contenter de réduire le nombre des cas spéciaux à admettre à un petit nombre, qui se rapportent aux circon- stances les plus ordinaires de la pratique, et chercher à déduire de l'ensem- ble des expériences des formules usuelles d'interpolation d'une exactitude suffisante. » Pour y parvenir et pour relier autant que possible les observations antérieures aux nouvelles, M. Bazin fait remarquer d'abord que, d'une part, Dubuat avait opéré sur de petits canaux en bois, et que ce sont ses expé- riences qui ont servi de base à la formule de Prony, tandis que les hydrau- liciens allemands ont expérimenté principalement sur de grands cours d'eau. M Classant ensuite entre eux les canaux selon la nature de leurs parois, il distingue quatre types principaux auxquels il cherche à rattacher tous les autres; ce sont les suivants : » 1° Parois très-unies (ciment lissé, bois raboté avec soin, etc.); » 2" Parois unies (pierre de taille, brique, planche, ciment mélangé de sable, etc.); » 3° Parois peu nnies en maçonnerie de moellons ; » '1° Parois en terre. ( 2o5 ) )) H ne s'occupe d'ailleurs que des canaux à section rectangulaire ou en trapèze. » De la discussion de tous les résultats des expériences qui peuvent rationnellement se rattacher à l'un des quatre types précédents, M. Bazin a déduit les formules pratiques suivantes : .... RI / o,o3\ i" type, parois tres-unies , — = 0,00001 ( i H — ^)' 2* type, parois unies — = 0,00019(1-1 — ^)' o. ^ • RI / / , o,25\ 5^ type, parois peu mues — = 0,00024 I i H — s~ ' 4 type, parois en terre — = *^iO°o^° ( ' ^ — w~ )) Puis, en représentant graphiquement d'abord les lignes droites dont ces formules expriment l'équation, et reportant sur ces figures, en y dési- gnant par des lettres particulières tous les résultats des expériences an- ciennes ou nouvelles, selon que, par la nature des canaux où elles ont été faites, elles se rapportent à l'un ou à l'autre de ces quatre types, il fait voir que ces résultats de tous les observateurs peuvent être, avec une exac- titude suffisante pour la pratique, reproduits par la formule correspondante. C'est ce que justifient les figures de la PL XXI du Mémoire de M. Bazin. » Il y a même cela de remarquable que l'une des figures qui semblent reproduire avec le plus d'exactitude les résultats des observations est la ligue droite [fig. 1) sur laquelle sont reportés les résultats des expériences sur les canaux ou rivières à parois en terre, dues à Dubuat sur le canal du Jard et sur la rivière de Hayne, à Funk sur le Weser, à M. Baumgarten sur le canal de Marseille, celles des expériences exécutées sur la Seine en i85i-i852 par M. Villevert, sous la direction de M. Poiréc, ingénieur des Ponts et Chaussées, et en 1 852-1 853 par M. Bonnet, sous la direction de M. Léveillé, ingénieur des Ponts et Chaussées; sur la Saône, en i858-i859, sous la direction de M. Léveillé, ingénieur des Ponts et Chaussées, et enfin ceux des six séries spéciales d'expériences exécutées par M. Bazin sur les rigoles de Chazilly et de Grosbois du canal de Bourgogne. » ( Foir\a suite au Compte rendu de la séance du 3 août.) C. R., i8G3, 2'"= Semesire. (T. LVll, N» 4.) 28 ( 206 ) NOMIIVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrnlin, à la noiiiiiiatioii d'un Cor- respondant qui remplira pour la Section de Chimie la place de Correspou- dant vacante par suite du décès de M. Desormes, Au pretnior tour de scrutin, le nombre des votants étant 87, M. Favre a obtenu 35 suffrages. M. Dessaignes 2 M. Favre, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. MÉMOIRES LUS. STATISTIQUE. — Essai d'une théorie des réseaux 'de chemins de Jér, fondée sur l'observation des faits et sur les lois primordiales qui président au groupe- ment des populations ; par M. Léon Lalanne. (Commissaires, MM. Mathieu, Élie de Beaumont, Lamé, Clapeyron.) « Ijes voies de communication déterminent sur l'étendue des territoires qu'elles sillonnent un ensemble de figures à contours irréguliers auquel on a très-justement appliqué le nom de réseau. » La première considération à laquelle donne lieu l'examen d'un réseau, à quelque degré d'avancement qu'il se trouve, est relative à sa densité, au resserrement plus ou moins prononcé des mailles qui le composent ou le composeront un jour. On s'est accordé, jusqu'à présent, à prendre pour mesure de cet élément important qui représente la richesse spécifique d'un État en chemins de fer, le rapport du développement du réseau à la super- ficie du territoire. Cependant il est facile de prouver que ce rapport peut prendre des valeurs très-différentes pour deux pays également bien desser- vis, mais soit inégaux en étendue et de figures semblables, soit d'égale su- perficie et dissemblables de figure; que, parconséquent, il nefournit qu'une aj)préciation trompeuse de l'élément que l'on considère. La véritable me- sure de la densité d'un réseau est évideniment en raison inverse de la dis- tance moyenne qui sépare chacun des points du territoire du tronçon le plus voisin du réseau. La détermination de cette distance moyenne est une question de géométrie et d'analyse tout à fait analogue à la détermination des centres de gravité, mais moins simple. Elle exige d'abord, dans l'inté- rieur de chacune des mailles du réseau, un ensemble de constructions gra- phiques ayant pour but de tracer les divisoires ou lignes de partage des deux ( 207 ) côtés desquelles les populations doivent se diriger vers des chaînons diffé- rents de la maille. Ces divisoires, dans l'hypothèse la plus simple et la plus généralement applicable aux chemins de fer, sont exclusivement composées de lignes droites; dans d'autres hypothèses et même quand il s'agit d'un réseau de routes ordinaires, les divisoires peuvent être composées d'arcs de cercles, ou d'une combinaison de lignes droites et d'arcs de sections coni- ques. Le calcul de la distance moyenne, lorsqu'il s'agit d'arriver à un tronçon accessible dans toute son étendue, dépend de la construction des centres de gravité dans des figures planes, les unes entièrement composées de lignes droites, les autres terminées par im arc de conique. Mais si l'accès ne peut avoir lieu qu'en certains points, ce qui est noiamment le cas d'un chemin de fer, la valeur de la distance moyenne, même pour des contours entièrement rectilignes, dépend d'une intégrale qui représente le dévelop- pement d'un arc de parabole et peut s'obtenir par logarithmes. Si la divi- soire qui limite un coté de la figure est im arc de cercle, on tombe sur une intégrale réductible à deux transcendantes elliptiques, l'une de première, l'autre de deuxième espèce, dont les tables calculées par Legendre font con- naître les valeurs numériques. Dans la pratique, on peut substituer aux formules rigoureuses données par la théorie un procédé très-simple à l'aide duquel on obtiendra, avec une approximation suffisante, la longueur réelle de la distance moyenne de tous les points d'un territoire au point du ré- seau qui les dessert. B Le Mémoire résumé Irès-sommairement ici renferme, comme applica- tion spéciale des principes exposés dans cette première partie, le détail de toutes les constructions et des calculs nécessaires à la détermination de la distance moyenne dans l'intérieur de la grande maille en forme de quadrila- tère qui comprend actuellement le réseau français entre Dijon, Montbard, Bourg et Màcon ; et dans l'intérieur de chacune des quatre mailles partielles dont se composerait la grande maille, si l'on y exécutait, en sus de la ligne de Chàlon a. Dôle déjà décrétée, deux autres lignes partant toutes deux de Lons-le-Saulnier et dirigées, l'une vers le nord-ouest jusqu'à la rencontre de la ligne de Chàlon à Dôle, l'autre vers le sud-ouest jusqu'à la grande artère qui descend de Dijon à Màcon. » La seconde partie du Mémoire a pour but la recherche des lois qui président à la configuration des réseaux de chemins de fer. Sans partir d'au- cune idée préconçue et en se bornant à l'examen attentif des trois réseaux qui présentent aujourd'hui l'ensemble le plus complet en France, en An- gleterre, dans l'Amérique du Nord, on reconnaît que les réseaux de chemins 28.. ( 208 ) de fer sont itssiijeUis, dans leur contexture générale et dans les figures parti- culières qu'ils affectent, à des conditions géométriques très-simples qui peuvent élre résumées de la manière suivante : M 1° Les mailles d'un réseau, à mesure que les lignes se multiplient, tendent de plus en plus vers la forme triangulaire, de sorte que l'espace sur lequel s'étend le réseau finirait par être recouvert d'une sorte de carrelage exclusi- vement composé de triangles. Il 2° Ces triangles teiideutà se grouper six par six autour d'un mémepoint ciMilral qui est à la fois le centre d'un hexagone et de six rayonnements dirigés vers les sommets de l'hexagone. » '3° Lorsqu'il y a, dans le réseau, un certain nombre de pointements qointuj^les, il y a, par compensation, des pointements septuples en nombre à peu près égal, de sorte que le chiffre 6 exprime bien le nombre moyen des lignes qui parlent de chaque point. » 4" Autour de quelques centres de convergence et de divergence vérita- blement exceptionnels, centres qui, en général, coïncideront avec la capi- tale de l'État, le nombre des rayonnements peut s'élever jusqu'à douze. » 5" Dans les régions où le réseau est encore incomplet, à un certain degré de sa formation on remarque des centres qui, au lieu de six rayons divergents, n'en ont que trois, faisant entre eux des angles égaux, et laissant pour plus tard la place des trois autres rayons. » On aurait une explication très-simple de l'existence de ces faits remar- quables si on admettait que les villes qui sont les centres des rayonnements sextuples sont placées à tles distances égales les unes des autres, car les triangles équilatéraux formés par la jonction deux à deux des villes voisines composent des hexagones réguliers enchevêtrés les uns dans les autres, dont l'ensemble reproduit l'image d'un réseau homogène et complet qui recou- vrirait tout le territoire. Or la tendance de trois agglomérations de popula- tion de même ordre à occuper les sommets d'un triangle équilatéral est manifestée par une foule de caractères qui ne peuvent laisser aucun doute sur cette loi de l'éqitilalérie. Cette loi, cause immédiate de celles qui viennent d'être signalées dans la configuration des réseaux de chemins de fer, n'est à son tour que la conséquence d'une loi primordiale que Buffon a formulée sous le nom de raison des obstacles réciproques. Inapplication à la forme des cellules des abeilles qu'U en avait tirée était inexacte ; mais le principe (ju'd avait signalé n'a rien que de très-rationnel lorsqu'on l'applique à la manière dont les premières tribus humaines ont dû se grouper à la surface du globe. Les accidents de cette surface, les fleuves, les montagnes, les forêts, ( 209 ) de simples variations dans la force productive du sol, en un mot les inéga- lités de toute nature ont joué un rôle nécessairement considérable et troublé mainte fois la loi de l'équilatérie. L'influence des causes naturelles a été déjà signalée, et M. Élie de Beaumont en a donné un bel exemple lorsqu'il a fait voir qu'une foule de grandes villes se trouvent sur les cercles de son réseau pentagonal ou dans leur voisinage immédiat et souvent près de leurs croisements. Quoiqu'il soit bien certain que les grandes agglomérations de population, que les grands pôles attractifs sesont formés, en général, dans des lieux préparés par la nature, surtout à l'aide des phénomènes géologi- ques, il n'en est pas moins important de remarquer que l'équilatérie, malgré la puissance de ces causes d'anomalie, subsiste dans les moyennes. On peut en outre constater que les triangles à peu |)rés équilatéraux occultent, dans la triangulation par préfectin-es, par sous-préfectures et surtout par cantons, une proportion beaucoup plus considérable que celle qu'indique le calcul des probabilités, ce qui démontre clairement la tendance de l'équilatérie. » Parmi les conséquences nombreuses de la loi de l'équilatérie, il en est deux plus frappantes que les autres. La première consiste en ce que la dis- tance entre deux agglomérations de population d'un même ordre et voisines doit être un multiple exact de la distance entre deux agglomérations d'un ordre inférieur. Or, des mesures directes prises avec soin, quoique sur des cartes à petite échelle, ont donné, pour les distances moyennes de deux chefs- lieux de département, d'arrondissement et de canton contigus, en France, les nombres 87'"',638, 43""', 438, i4'^'',5i7. La première de ces dis- tances est sensiblement double de la deuxième, et celle-ci triple de la troi- sième ; de sorte que les mesures directes concordent d'une manière surpre- nante avec les indications de la théorie. La seconde conséquence, déduite des propriétés d'une figure composée de points répartis suivant les centres et les sommets d'un réseau d'hexagones régulieis, consiste en ce que les dis- tances dont il vient d'être question doivent être en raison inverse des raci- nes carrées des nombres de centres de chaque ordre, racines diminuées d'une unité. » Or, en appliquant celte règle aux 88 préfectures, 368 sous-préfectures, 287G chefs-lieux de cantons, 3^ iS^ communes que le recensement constate dans la France continentale, on trouve que la distance de deux préfectures est égale à deux fois celle de deux sous-préfectures, à six fois celle de deux cantons, à vingt-quatre fois celle de deux communes ; ou plus exactement, au lieu des nombres a, 6, 24, on trouve 2,169, 6,280, 22,885 qui ne dif- ( 2IO ) lerent des précédents que de ~, j^, ^V» nouvelle et décisive confirmation de la théorie. )) Ces lois de l'équilatérie et des distances multiples fournissent des bases solides à la théorie des réseaux de voies de communication. Elles permettent d'assigner d'avance le développement du réseau qui joindrait deux à deux toutes les agglomérations de population d'un certain ordre. On trouve ainsi, abstraction faite des inflexions dues aux courbes, que les longueurs déve- loppées des chemins ou des fds télégraphiques qui uniraient deux à deux les 88 préfectures, les 368 arrondissements, les 2876 cantons, les 87 157 com- munes, seraient exprimées en kilomètres par les chiffres 20, 353, 44>4i8, 125,600, 453,450. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. MoRVAX avait dans la précédente séance soumis au jugement de l'Aca- démie un procédé de reproduction photo-lithographique des images sur papier ; sur la demande de M. Pouillet, l'un des Commissaires désignés pour l'examen de cette invention, l'Académie adjoint à la Commission M. le Ma- réchal Vaillant^ qui a eu l'occasion de s'occuper d'un mode analogue de reproduction. ANATOMIE COMPARÉE DES VÉGÉTAUX. — De l'analomie des Câlinées dans ses rapports avec l'organographie et la léralolocjie ; /Jnr M. Ad. Chatis. (Extrait |)ar l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) « Rapports avec L'organograpliie. — Les suçoirs se distinguent : dans le Cytinus par le développement tardif du cône vasculaire; dans VHydnora, par leur tendance générale à se fixer sur des racines nourricières qui, bientôt atrophiées au delà de la plante parasite, paraissent alors, comme dans beaucoup d'Orobanches. avoir moins été pénétrées par la parasite que s'être implantées elles-mêmes dans les tissus de celle-ci. » Le rhizome^ même réduit aux caractères anatomiques qui le distinguent de la vraie tige, manque dans le Cytinus. Il est au contraire fort développé dans VHydnora., où il porte des tubérosités vers lesquelles se dirigent habi- tuellement, d'un cercle de gros faisceaux placés a l'intérieur du rhizome, de petits faisceaux cpie composent exclusivement des vaisseaux courts et ponctués-rayés, paraissant avoir une double destination. C'est par leur ( ^M ) extrémité que s'opère (dans les deux cas qu'il m'a été donné d'observer) l'adhérence avec les racines nourricières, et par là ils jouent le rôle de suçoirs. Les vaisseaux qui se dirigent vers chacun de ces tubercules rappel- lent d'ailleurs complétemenl , par leur raccourcissement extrême et les ponctuations de leur surface, ceux des cônes vasculaires de la généralité des suçoirs dans les autres végétaux. J'ajoute que bon nombre de ces derniers, portant leurs suçoirs sur la longueur des racines comme VHydnora porte ses tubérosités à la surface de son rhizome, présentent souvent de multiples suçoirs (sans emploi aussi) que représentent de simples tubérosités vers lesquelles se dirigent (encore comme dans V Hydnora) de courts vaisseaux ponctués qui ne sont autres que leur cône vasculaire. » Le second rôle des tubérosités du rhizome de Y Hydnora est de formel' le point de départ du développement de la fleur. C'est en effet à la suite d'une métamorphose spéciale, qu'd est possible de suivre sur quelques- luies d'entre elles, que les tubérosités de V Hydnora donnent naissance à l'appareil de fructification, lequel s'élève ainsi du rhizome comme un cham- pignon de son mycélium. )> Bien développée dans le Cytinns, la tige proprement dite manque dans VHydnora ou n'y est représentée que par un étroit plateau rattachant la fleur au rhizome. I^a structure de ce plateau, à faisceaux vasculaires mul- tiples et épars, s'écarte d'ailleurs de celle du rhizome de VHydnora pour se rapprocher de la disposition présentée, dans les Orobanchées, par VHyo- banclie, par le Conopholis surtout, et qui est l'attribut ordinaire des plantes monocotylédones. » La structure de ce plateau-tige pourrait être invoquée à l'appui de l'opinion deLindley, que VHydnora n'est pas sans tenir par quelques points aux monocotylédones, dont il a la fleur trimère. » Les éta mines de VHydnora ne sont-elles, suivant l'opinion commune, qu'au nombre de trois ? Je crois plutôt à trois groupes d'étamines : 1° parce que le nombre très-considérable des replis de l'anthère, dans l'hy- pothèse d'une étamine solitaire devant chacun des trois lobes du périanthe, dépasse de beaucoup ce qui existe en d'autres plantes, notamment chez les Cucurbitacées; 2° et surtout parce que la courbe transversale de l'anthère nous montre, dans le connectif, un assez grand nombre de faisceaux vascu- laires rappelant la structure du connectif dans le Cylinus et le Nepenlhes, plantes dont les anthères, soudées en une seule tête, représentent de huit à seizeélamines. \' Hydnora aurait alors, non trois étamines, mais trois groupes d'étamines synanthéres; un seul de ces groupes représenterait alors l'an- ( 212 ) drocéc tout entier du Cpinuselâii IS'cfjentlies. La question soulevée ici par l'anatomie pourrait être élucidée par l'orgauogénie ; mais les matériaux manquent en Europe pour suivre ce dernier point de vue, que je recom- mande aux botanistes voyageurs. La méthode analogique, avec laquelle le naturaliste devra toujours compter, quels que soient les progrès de l'ana- tomie et de l'organogénie , nous apprend d'ailleurs que dans plusieurs ordres naturels un groupe d'organes se développe là où semblerait devoir être un organe solitaire. Les noms des deCandolle, de Dnnal et deMoquin- Taudon se présentent ici d'eux-mêmes. » Rapports avec la tératologie. — Des Cytinus parasites sur \eCislusae- tiens m'ayant été envoyés d'Algérie pour servir, avec divers Cytinus déve- loppés sur les Cistes des environs de Montpellier et de Nîmes, à mes études d'anatomie, l'examen que j'en fis me conduisit à l'observation de deux faits anormaux d'un caractère vraiment extraordinaire (le dessin s'en trouve dans la PL XCII bis de V yénatomie comparée des végétaux). » L'un de ces faits est une anomalie de l'ovaire dans laquelle, au lieu des trophospermes pariétaux portant les multiples ovules du Cytinus, il n'existe qu'une masse parenchyniateuse pendant du sommet de la loge qu'elle rem- plit presque en entier. Dans cette masse parenchymateuse, et aussi suspen- due à sa base, se distingue, par un tissu plus délicat et plus pâle, un corps globulo-ovoïde qui semble se rattacher aux tissus de la colonne stylaire. On dirait de la masse parenchymateuse un ovule pendant du sommet de la loge et du corps globulo-ovoïde, une sorte de sac embryonnaire. )> Cette singulière anomalie, qui rappelle l'ovaire, à un seul ovule pen- dant, du Cynoinorium, se répétait dans toutes les fleurs femelles d'un Cytinus ayant d'ailleurs l'apparence extérieure tout à fait normale. » Le second cas de monstruosité a été observé sur de jeunes sujets portés sur le même pied de Ciste de Crète que le Cytinus adulte offrant l'anomalie de l'ovaire. Ces jeunes sujets, quoique déjà longs de 6 à 8 millimètres, ne jirésentaient encore à leur surface aucune des écailles q>ii, à cet âge, recou- vrent déjà les jeunes Cytinus. Et, fait non moins anormal, leurs faisceaux vasculaires n'étaient pas ordonnés sur un cercle comme dans le Cytinus., mais épars comme dans le Cynomorium, le plateau-tige de YHydnora ou le stipe des monocotylédones. Par leur mode de groupement et leurs ponctua- tions, les vaisseaux tenaient d'ailleiu's |)lus du Cynomorium que du Cytinus. D J'ajoute que par leur forme conoide et leur surface non recouverte d'é- cailles, les jeunes individus monstrueux rappelaient le premier âge du Cjno- morium (moins peut-être les papilles observées sur celui-ci par M. Weddell). ( 2i3 ) » Comment expliquer les deux cas de tératologie dont il vient d'être donné une description sommaire ? Par une hybridation du Cytiiius et du Cynomorium ? Mais ce dernier ne paraît croître qu'à une distance de plus de 80 kilomètres du lieu où a été recueilli le C/limis, et d'ailleurs les affinités, quoique réelles, ne sont pas telles entre ces deux genres de plantes (M. Ad. Brongniart place les Rafflésiacécs entre les Cytinéeset lesBalano- phorées), qu'elles ne semblent opposer à leur croisement plus d'obstacles encore que les distances. » Il appartient aux botanistes habitant l'Algérie de rechercher les cas analogues et de les suivre dans leurs diverses phases, puis, s'ils croient pouvoir le faire d'une manière plausible, de les interpréter. » M. Rack (Albert) soumet au jugement de l'Académie un travail sur les combinaisons de l'acide acétique anhydre avec les acides borique et arsé- nieux. Ce travail se rattache à des recherches de M. Schutzenbergcr; ce chi- mi^ite ayant obtenu par voie de synthèse ces deux composés, n'était pas encore parvenu à confirmer par l'analyse l'exactitude des formules par lesquelles il les représentait, de sorte qu'il était encore possible de n'y voir que des mé- langes. C'est pour combler cette lacune et sur l'invitation de M. Schutzen- bergcr lui-même que M. Rack a entrepris ses recherches, qu'il a d'ailleurs étendues aux combinaisons de l'acide borique anhydre avec les acides bu- tyrique et œnanihylique. (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Regnault. ) M. Druelle adresse de Niort deux Notes, l'une sur la composition d'une poudre qu'il regarde d'après l'essai qu'il en a fait comme plus avantageuse que la fleur de soufre pour combattre l'oïdium du raisin, l'autre sur une substance qu'il propose de substituer à la poudre de charbon dont les fon- deurs en métaux se servent pour prévenir l'adhérence du métal avec les moules. Chacun sait que l'inhalation de cette poudre donne lieu à la longue à un engorgement charbonneux des poumons. M. Druelle croit pouvoir assurer que la poudre qu'il propose est exempte de tout inconvénient pour les ouvriers qui en font usage, tout en remplissant également bien le but qu'ils se proposent. Cette dernière Note sera, conformément à la demande de l'auteur, com- prise dans le nombre des pièces de concours pour le prix dit des Arts insa- lubres ; la première est renvoyée à l'examen de IM. Decaisne. C. R., i863. ^me Semestre, fi. LVU, N° 4 ) 2g ( 2«4 ) M. Robin adresse de Bordeniix un volumineux Mémoire sur le cafi'*, sa culture, ses propriétés physiologiques et thérapeutiques, etc. M Bussy est invité à prendre connaissance de ce manuscrit et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à être renvoyé à l'examen d'une Com- mission. CORRESPONDANCE. M. I.F. .Hl.MSTRE DE L.4 M.4RI\E ET DES CoLOMES adrCSSC UU VolumC inti- tulé : « Réfutation du système des vents de M. Maury, par M. Bourgois, capitaine de vaisseau ". Un exemplaire de ce travail, publié par articles détachés dans les der- niers numéros de la Revue Maritime et Coloniale, avaitété dans la précédente séance présenté par M. Duperrey, (pii eu avait indiqué de vive voix les prin- cipaux résultats. M. LE .Ministre de l'Agricitlture, du Co.mmerce et des Trav.4ix pcbijcs adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, le tome XLIY des brevets d'in- vention pris sous l'empire de la loi de i8/|'i- ÎW. LE Secrét.\ire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la correspondance : \° Un ouvrage sur les résections sous-périostées, par M. J. Greiis y Manso. Cet ouvrage, écrit en espagnol et publié à Grenade, donne l'historique des divers travaux concernant la régénération des os; il est, sur la dt^mande de M. le Président, renvoyé à l'examen de M Flourens, avec prière d'en faire l'objet d'un Rapport verbal. 2° Une collection de Mémoires sur divers sujets d'économie rurale, par MM. Lawes et Gilbert. Ces travaux, écrits en anglais el publiés successivement, ont été réunis en deux volumes in-8° et uu volume in-4'' sous le titre de « Mémoires df Ro- thamsted », du nom de la ferme expérimentale dans laquelle ont été faites ces expériences. Un Atlas de quatre planches fait coiuiaitre les principales dispositions du laboratoire de l'établissement. M. Balard est invité à faire connaître à l'Académie ces im|)ortanls travaux par un Rapport verbal. ( ^'5 ) 3" Une Monographie vilicole, par M. Rcy, publication sur laquelle l'au- teur aurait désiré que l'Académie porlât un jugement. Les régies que s'est imposées l'Académie relativement aux ouvniges écrits en français et publiés en France ne permettent pas que celui-ci devienne l'objet d'un Rapport verbal. If Les numéros 4-6 de la Revue de Sériciculture comparée, que public M. Guérin-Méneville. 5° Deux opuscules de M. le D' Clirestien, de Montpellier, qui prie l'Aca- démie de vouloir bien, quand elle aura à nommer à quelque place de Correspondant dans la Section de Médecine et de Chirurgie, se rappeler les publications qu'il lui a adressées à diverses reprises. M. Chrestien, en terminant sa Lettre, exprime la crainte queson précédent envoi ne soit pas parvenu à l'Académie. Il le trouvera mentioiuié au Compte rendu de la séance du iS août 1862, t. LV, p. 3^8. PHYSIQUE. — Remarques à l'occasion d'une communication du P. Sa clii sur les spectres prismatiques des corps célestes; par M. J. Jaxssex. ti Le P. Secchi vient de publier, dans le dernier Co.nple rendu, une Note sur les spectres des planètes dont les conclusions ne me paraissent pas exactes; je demanderai donc à présenter à cet égard quelques obser- vations. » En étudiant avec mou petit spcctroscope de poche les spectres que fournit la lumière atmosphérique, le P. Secchi remarque que les bandes telluriquesnébulpuspssont plus visibles lesjoursds grande humidité et d'at- mosphère blanchâtre et vaporeuse, que lorsque l'atmosphère est sèche et d'un bleu foncé; il en conclut, relativement à la cause qui produit ces ban- des, que « l'agent principal est la vapeur aqueuse ». )) Si cette conclusion était légitime, il y aurait là un fait très-important acquis à la science; mais malheureusement elle est en contradiction avec les observations les mieux conduites et les plus sainement interprétées. M J'ai moi-même remarqué, au moment où je construisais le petit spcc- troscope qui sert au P. Secchi dans ses études, que, quand le ciel se trouve voilé par un beau rideau de nuages blancs, les bandes nébuleuses tellu- riqnes sont beaucoup plus visibles que par un ciel pur, mais je reconnus en même temps la cause de ce fait. 29 . (2,6 ) » Ijorsque l'atmosphère est légèrement voilée de nuages blancs, un point déterminé du ciel envoie à l'œil une quantité de lumière beaucoup plus grande que quand le ciel est pur, et cette lumière provient des réflexions multipliées qui ont eu lieu sur les particules aqueuses. Dans ces condi- tions, le spectre qu'on obtient est plus lumineux ; en outre, il est formé de rayons qui ont, par le fait de leurs réflexions nombreuses, traversé de grandes épaisseurs d'atmosphère: ces deux conditions expliquent parfaite- ment la vision plus facile et plus marquée des bandes telluriques qui a lieu alors. Ici la vapeur du nuage n'a servi que de réflecteur pour faire parve- nir à l'instrument des rayons qui ont traversé de grandes épaisseurs d'at- mosphère, mais on ne serait aucunement en droit d'attribuer à l'action de cette vapeur elle-même la présence des bandes telluriques. )) En effet, si, en se plaçant dans ces conditions beaucoup mieux détinies que celles de l'observation de la lumière des nuages, on opère sur la lu- mière directe du soleil, analysée avec de puissants spectroscopes, toute in- certitude disparaît. Voici, en effet, les conclusions qui ressortent des études que je poursuis sur ce sujet. » Les raies telluriques du spectre solaire sont toujours visibles dans l'instrument, leur intensité dépend seulement de la hauteur du soleil sur l'horizon, c'est-à-dire de l'épaisseur d'atmosphère traversée par les rayons. » Leur place est fixe et invariable dans le spectre, quels que soient l'é- poque de l'année, le lieu où on les observe. » Enfin la présence de nuages ou vapeurs nuageuses sur le trajet des rayons solaires n'ajoute rien à leur intensité, et nuit au contraire à leur visibilité en affaiblissant la quantité de lumière reçue. » Il résulte donc de tout ceci que la vapeur d'eau, dans cet état physique particulier où elle constitue les nuages et les vapeurs atmosphériques, ne saurait être invoquée comme la cause des raies telluriques du spectre so- laire, et, dès lors, les conclusions que le P. Secchi en tire, relativement à la constitution de l'atmosphère des planètes, ne peuvent être considérées comme fondées. )) D'ailleurs, l'observation de bandes nébuleuses faite dans un très- petit instrument est tout à fait insuffisante pour nous conduire à la con- naissance de la composition des atmosphères planétaires. Ces bandes sont en effet des agglomérations de raies pouvant caractériser les corps les plus divers, et tant qu'on ne sera pas parvenu, d'une part à séparer ces groupes complexes eu raies distinctes, et d'autre part à déterminer les systèmes de raies qui caractérisent les tlifférenls gaz, on ne j)ourra rien ( 217 ) prononcer, avec quelque apparence de certitude, touchant la composi- tion de ces atmosphères. » GÉOMÉTRIE. — Sur la courbure des surfaces. Note de M. l'abhé Aoust, présentée par M. Le Verrier. « La courbure d'une section droite faite dans une surface, ainsi que la courbure de cette surface, s'exprime simplement au moyen des courbures des courbes coordonnées tracées sur cette surface, lorsque ces courbes sont les deux systèmes de ses lignes de courbure. Mais si les courbes coordon- nées sont quelconques, elles se coupent sous un angle variable d'un point à l'autre, et alors les expressions des courbures de la surface et de la sec- tion droite présentent une certaine complication. Or, si l'on introduit dans ces expressions les courbures inclinées des courbes coordonnées dont nous avons déjà fait usage dans notre Théorie géométrique des coordonnées cur- vilignes quelconques [Comptes rendus, t. LIV, p. 462), ces expressions deviennent à la fois simples et significatives. » 1. Soient les paramètres |3|, (Oo dont les variations déterminent sur la sur- face F un système de coordonnées curvilignes quelconques; d 7,., ci (72 les arcs élémentaires de ces courbes, le premier provenant de la variation p,, et le second de la variation p». Nous avons appelé angle de contingence in- cliné de la courbe a^ l'angle /j des tangentes aux deux courbes d'une même série (pj), menées par deux points, infiniment voisins, de l'arc o-, correspon- dant à une valeur déterminée de p, ; courbure inclinée de l'arc c,,. le rap- port de l'angle /o à l'arc d - les courbures de (2,8) da., dc^. Appelons - i - ) - les projections des courbures - ? r ' - sur la '^' r, r, n ' J ),, A, ft, normale à la surface : la formule que nous avons trouvée est /-\ . /^- . / /N _ ,/\ r r, Ti n Si le systéiiie devient orthogonal quelconque, - devient la seconde cour- bure géodésique de l'une quelconque des deux courbes coordonnées, c'est-à-dire le rapport de l'angle de deux plans normaux infiniment voisins, menés à la surface suivant une ligne coordonnée à l'élément de cette courbe ; en appelant - cette seconde courbure géodésique, la formule précédente devient : I sin'rfo-, drs cosV/o-, drs 2 sin rfo-, da cos Dans une Note insérée aux Bulletins de la Société de Biologie pour l'an- née i85o, M. Rayer, rendant compte des recherches que nous avions faites à Paris et dans notre voyage à Chartres, s'exprime ainsi au sujet du sang de ces deux moutons : « Le sang examiné au microscope se comportait comme » celui du mouton atteint de sang de rate, qui avait servi à rinoculation. » Les globules, au lieu de rester bien distincts, comme les globules du » .sang sain, s'agglutinaient généralement en masses irrégulières; il y avait )i en outre dans le sang de petits corps filiformes, ayant environ le double i> eu longueur d'un globule sanguin. Ces petits corps noffraient point de « moiwements spontanés. •> (22 1 ) n L'existence des bactéries dans le sang de ces deux montons attira tout particulièienicnt mon attention; car le court espace de temps cpii avait existé entre le moment de la mort et celui de notre examen, surtout dans le second cas, me portait à penser que les bactéries n'avaient point été le produit d'une décomposition putride, mais qu'elles avaient préexisté à la mort des animaux qui nous les offr.iient. Je pensai dès lors à vérifier, lorsque l'occa- sion s'en présenterait, ce fait de l'existence d infusoires filiformes chez le mouton atteint de samj de raie et à rechercher si le développement d'êtres microscopiques assez voisins des conferves ne serait point la cause de la détérioration du sang et consécutivement de la mort de l'animal. Il L'occasion ne s'était point encore offerte et d'autres soins ne m'avaient pas permis de la chercher activement, lorsque M. Pasteur, en février 1861, publia son remarquable travail sur le ferment butyrique, ferment qui con- siste en petites baguettes cylindriques, possédant tous les caractères des vibrions ou des bactéries. Les corpuscules filiformes que j'avais vus dans le sang des uioutons atteints de sançj de rate ayant une grande analogie de forme avec ces vibrions, je fus amené à examiner si des cor|)uscules ana- logues ou du même genre que ceux qui déterminent la fermentation buty- rique, introduits dans le sang d'un animal, n'y joueraient pas de même le rôle d'un ferment. Ainsi s'expliqueraient facilement l'altération, l'infection rapide de la masse du sang chez un animal qui aurait reçu accidentellement ou expérimentalement dans ses veines un certain nombre de ces bactéries, c'est-à-dire de ce ferment. 11 Ces réflexions me faisaient désirer plus vivement encore d'examiner de nouveau le sang des animaux altein!s de sang de raie, mais deux étés s'écoulèrent sans que j'aie pu me procurer aucun mouton affecté de cette maladie. Dernièrement, M. le D'' Diard, médecin distingué de Dourdan , m'annonça qu'elle régnait dans sa contrée, et qu'im fermier avait perdu douze moutons en huit à dix jours ; en même temps, d'après ma demande, il m'envoyait du sang d'un de ces moutons. » Le sang n'avait point encore d'odeur de putréfaction ; il avait la cou- leur violacée ordinaire dans la maladie du sang de rate ; examiné au micro- scope, il renfermait un nombre immense de bacterinin sans mouvements, et tout à fait semblables à ceux que j'avais déjà observés en i85o. M J'inoculai immédiatement de ce sang (21 juillet i863) à deux lapins et à un rat blanc, tous très-bien portants et vigoureux, ayant leur sang par- faitement normal. Vingt-quatre heures après, ces trois animaux n'offraient C. R., i863, 2m» Semestre, (T. LVII, N" 4.) ^^ ( 222 ) aucun changement dans leur apparence; leur sang, examiné avec beaucoup (le soin, était s;:in et ne contenait aucun bactcrium. )) Quarante-trois heures après l'inoculation, l'un des lapins fut trouvé mourant ; je me hâtai d'examiner son sang, pris par une incision de la langue, et j'y constatai la présence d'une énorme quantité de bactéries iden- tiques avec celles du mouton. Le nombre de ces corpuscules était tel, que je ne puis en donner bien l'idée qu'en le comparant aux myriades des fila- ments spermaliques de la semence des animaux. » l.e sang du second lapin , examiné quarante-huit heures après l'inocu- lation, n'offrit aucun infusoire quelconque ; le lendemain, l'animal mourut inopinément, soixante-trois heures après l'inoculation. Son sang, examiné une demi -heure après, contenait aussi un nombre considérable de bactéries en tout semblables aux précédentes. .' Un troisième lapin, inoculé avec le sang du premier et pendant que ce sang était encore tout frais, mourut au bout de dix-sept heures, après une très-courte agonie. Examiné presque à l'instant de la mort, le sang con- tenait les mêmes bactéries que les précédents. Le nombre de ces corpus- cules était moins considérable, toutefois il surpassait de beaucoup celui des globules sanguins. » lie rat fut inoculé une seconde fois avec le sang du premier lapin, néanmoins il est encore vivant (26 juillet) et n'offre rien de particulier dans son sang. » Les bacterium du sang de rate sont des filaments libres, droits, roides, cylindriques, d'une longueur variable entre 4 et i 2 millièmes de millimètre, d'une minceur extrême ; les plus longs offrent quelquefois une et très-rare- ment deux inflexions à angle obtus; par un très-fort grossissement on dis- tingue des traces d'une division en segments; ils n'ont absolument aucun mouvement spontané. Par la dessiccation ils conservent leur forme et leur apparence. L'acide sulfurique, la potasse caustique en solution concentrée ne les détruisent pas; ils se comportent à l'égard de ces réactifs comme les conferves les plus simples. >) Lorsque le sang se putréfie, les traces de leur segmentation deviennent plus visibles; ils s'infléchissent en divers sens et se divisent par segments. Autant que j'en puis juger aujourd'hui, ils disparaissent complètement lorsque le sang est tout à fait en j)utréfaction. Ce fait seul les séparerait nettement de toute cette catégorie d'iufusoires qui se forment dans les ma- tières en putréfaction, si d'ailleurs ils ne s'en distinguaient déjà par leur dé- ( 223 ) veloppement dansclii sang vivant, pour ainsi dire, et sans aucune odeur ca- ractéristique. » Il y a longtemps que des médecins ou des naturalistes ont admis tliéo- riquemen.t que les maladies contagieuses, les fièvres épidémiques graves, la peste, etc., sont déterminées par des animalcules invisibles ou par des fer- ments, mais je ne sache pas qu'aucune observation positive soit jamais ve- nue confirmer ces vues. Je n'aborderai point aujourd'hui la question de savoir si les bactéries du snrn^ de rate jouent, chez le mouton et chez les animaux inoculés, le rôle de ces animalcules ou le rôle d'un ferment. J'es- père jjouvoir, à la suite de nouvelles observations, apporter bientôt quel- que lumière sur ce sujet, observations qui, étendues aux maladies plus ou moins analogues chez l'homme, acquerraient lui nouveau degré d'intérêt. » Je me borne pour le moment à signaler un fait que je crois nouveau. L'examen de six animaux atteints ou morts du sang de raie a montré six fois dans leur sang les mêmes êtres microscopiques. Ces corpuscules se sont évidemment développés pendant la vie de l'animal mfecté, et leur relation avec la maladie qui a entraîné la mort ne peut être mise en doute. » .MÉCANIQUE. — Recherches sur le inouveinenl et la compensation des chrono- mètres. Note de M. \ von Vill.4rceau, présentée par M. Le Verrier. « La mesure de l'espace et du temps est la base essentielle des travaux astronomiques; les asuonomes ne peuvent donc apporter trop de soins au perfectionnement des méthodes et des instruments de mesure. Si les appareils optiques ont été l'objet de recherches assidues, depuis la substitution des télescopes et lunettes aux simples pinnules, jusqu'à la réalisation des grands télescopes de i\L Foucault, on n'en saurait dire autant des appareils chronométriques. Le degré de précision que les pendules ont atteint dès l'origine explique jusqu'à un certain point comment les astronomes ont pu se préoccuper davantage du perfectionnement des lunettes et des cercles. D'ailleurs, les chronomètres proprement dits, ou montres marines, étant d'un us;)ge moins fréquent et moins prolongé dans les observatoires que les pendules, les imperfections des chronomètres ont pu subsister sans graves inconvénients pour les astronomes. » Mais il n'en est plus de même dans les usages du chronomètre appli- qué à la navigation. Dans la marine à vapeur, la sécurité des navigateurs dépend de la marche de leurs chronomètres, car les longitudes y sont presque exclusivement fournies par ces instruments. » Depuis les indications de Pierre Leroy sur les conditions de l'iso- 3o.. ( 234 ) chronisme, iiii travail important sur le nièiue sujet a été publié par M. Phillips; mais la théorie du mouvement d'iui chronomètre sous l'in- /liii'iice des diverses résistances et des variations de température n'avait jioint encore été faite jusqu'ici. Cette théorie est l'objet du Mémoire dont je jirésenie ici un extrait. )) Dans la première partie de ce Mémoire, les conditions d'isochronisme étant supposées réalisées par l'inie ou/l'autre des solutions de ses devanciers, j'étudie d abord le mouvement d'un chronomètre soumis à une tempéra- ture constante. S'élcvant graduellement des questions les plus simples aux questions les plus complexes, il tient compte finalement de la résistance des pivots, de la résistance de l'air proportionnellement au carré de la vitesse, de l'effet des chocs produits par la rencontre de la roue d'échappement avec la palette du balancier, et de l'affaiblissement de l'action du ressort mo- teur, si le chronomètre est dépourvu de fusée. » Considérant les diverses résistances comme des quantités très- petites du premier ordre, on arrive à ce résultat : que l'intervalle de deux ballemenls consécutifs ne diffère du double de la durée de l'oscillation qui aurait lieu en l'absence de toute résistance, que de quantités dont une seule peut s'éle- ver au premier ordre de petitesse. Cette altération est en raison inverse du carré de l'amplitude et proportionnelle à la fois à la résistance des pivots et à l'angle compris entre la position d'équilibre du balancier et celle qu'il occupe à l'instant où il reçoit le choc de la roue d'échappement. L'exis- tence de ce terme, eu égard aux habitudes des horlogers de produire le choc avant le passage par la position d'équilibre, explique le fait bien fréquem- ment observé de l'accélération de la marche des chronomètres avec le temps. En réduisant l'angle dont il s'agit à être très-petit, l'altération s'abaisserait au deuxième ordre de petitesse. » L'étude des circonstances du choc qui se produit dans l'échappement fait comprendre comment la roue d'échappement mène le balancier et com- ment on pourrait éviter cet effet. » J'ai déterminé les relations qui s'établissent dans un chronomètre jjarvenu à son étal de régime permanent, en faisant tout dépendre de l'am- ])litude correspondante à ce régime: j'ai reconnu qu'elle est sensiblement indépendante du degré d'élasticité des organes qui subissent l'action du choc. Celte amplitude dépend particulièrement des données géométri- «jues relatives à l'échappemenl ; elle est d'ailleurs proportionnelle aux ra- cines carrées du moment d'inertie du balancier et du moment de la force ( aaS ) qui sollicite la roue d'écliapj3ement, et en raison inverse île la racine carrée du moment d'inertie de cette même roue et du moment de la force que le ressort spiral exerce sur le balancier à la distance augulaire i de sa position d'équilibre. Il est éiabli, en outre, que, malgré les variations de la force motrice ou des résistances qui les produisent, et celle des amplitudes qui en résultent, l'angle compris entre la position du balancier à l'instant du choc et sa position d'équilibre reste sensiblement constant. On en déduit les règles relatives à l'écliappement, et en particidier celles qu'il faudrait appli- quer pour éviter les effets de l'épaississement des huiles qui ont été indiqués. 1) Ces modifications réalisées assurent la régularité de la marche du cluo- nométre à température constante. » Dans la deuxième partie de mon Mémoire, j'établis les conditions relatives à la compensation et exjjose avec détails la théorie des lames bimétalliques. Une première solution du problème est obtenue en négli- geant les termes qui dépendent des carrés des variations de température. Revenant ensuite sur les termes négligés, on forme l'équation de condition relative à l'anéantissement de ces termes, et l'on discute les moyens d'y sa- tisfaire suivant les cas. Afin de fixer les idées sur l'importance des termes dont il s'agit, on donne une évaluation numérique de ceux que fournit le balancier, les seuls que l'on puis.se évaluer sans le secours de l'expérience. » Les diverses opérations relatives à la compensation sont résumées avec ordre, et le Mémoire se termine par quelques considérations sur les formules empiriques propres à représenter la marche de chronomètres plus ou moins imparfaitement compensés. » liLECTlîO-PllY.slOLOGlE. — Expériences constellant ('électricité du sang chez les animaux vivants. Note de M. H. Scocïetten, présentée par M. Velpeau. « Les physiciens et les médecins les plus éminents se sont beaucou[) occupés des phénomènes électro-physiologiques; depuis Galvani jusqu'à ce jour des travaux d'un haut intérêt ont été publiés, mais presque tous ont eu pour objets les sensations et surtout les contractions provoquées dans les muscles par la décharge ou par le courant électrique; il n'en existe pas c[ui aient été entrepris dans le but de prouver l'existence et de déterminer le caractère de la réaction électrique du sang rouge sur le sang noir. Ce fait étant de la plus grande importance sous le rapport physiologique, nous avons pensé à combler cette lacune. n Des précautions nombreuses étaient indispensables pour éviter les ( 2-2fi ) erreurs, il fallait démontrer que c'était bien au sang et non à toute autre cause qu'était dû le dégagement du fluide électrique : voici les dispositions qui ont été prises : » Première expérience. — Le 3 novembre 1862, un cheval âgé de qua- torze ans, destiné à être abattu, fut mis à ma disposition; secondé par M. Démange, médecin vétérinaire distitigué, l'artère carotide droite et la veine jugulaire gauche furent mises à nu et complètement isolées des parties environnantes. Deux ligatures, fixées par un nœud facile à liétaclier, furent placées sur l'un et l'autre vaisseau, laissant entre elles un intervalle do douze centimètres environ, précaution prise pour éviter toute perte de sang. La partie de l'un et l'autre vaisseau comprise entre les deux ligatures fut ouverte longitudinalement dans l'étendue de 2 centimètres, afin de faire écouler la faible quantité de sang qui s'y trouvait contenue. » Arrivé à ce temps de l'opération, nous prîmes deux tubes en verre destinés à être introduits dans les vaisseaux, et qui avaient été disposés comme il suit. )) Ces tubes, longs de 10 centimètres et de i centimètre de diamètre, sont ouverts à chaque extrémité qui est arrondie et faiblement effilée pour pouvoir pénétrer plus facilement dans les vaisseaux. A l'intérieur de chacun de ces tubes est une lame en platine de [o centimètres carrés de surface, pliée plusieurs fois sur elle-même, selon sa longueur, en forme d'évenlail; un fil en platine, de -|^ centimètre de section, est soudé à la lame; ce fil, long de 25 centimètres, est enduit d'un vernis de gutta-percha, excepté à l'extrémité libre qui doit se rattacher au fil de laiton, lequel est entouré de soie et aboutit à un excellent galvanomètre de Nobili. Cet instrument étant orienté et l'aiguille à zéro, l'opération fut continuée. » L'un des tubes fut introduit dans la veine, ce qui se fit très-aisément; nous rencontrâmes plus de difficulté pour l'artère, dont le calibre est beau- coup moins grand que celui de la veine. » Les tubes étant en place, des ligatures nouvelles fixèrent sur leur cir- conférence, en haut et en bas, les parois de chaque vaisseau; les ligatures premières étant alors enlevées, le sang put passer à travers les tubes, et, pour qu'on ne pût pas supposer l'existence de courants transmis par le tissu des vaisseaux artériels et veineux, il fut coupé circidairement; les tubes furent ainsi totalement isolés, et aucun courant électrique, autre que celui fourni y.ar le sang, ne pouvait parvenir au galvanomètre. » Des que le circuit fut formé, l'aiguille de iinsirumeut, chassée vivement contre l'arrêt, indiqua un courant positif pour le sang artériel, c'est-à-dire ( 2^7 ) que le sens du courant iuléiieur allait du sang veineux au sang artériel. Le cheval ayant fait quelques niouvemenls qui dérangèrent les appareils, il nous fut impossible de déterminer le degré auquel l'aiguille se sei-ait fixée. » Deuxième expérience. — La même expérience fut répétée le i8 mai i863, sur un cheval affaibli par l'âge et la maladie; toutes les précautions précédemment indiquées furent soigneuseisient observées. Dès que le cir- cuit fut fermé, l'aiguille du galvanomètre indiqua de nouveau que l'élec- tricité positive s'échappait du sang artériel; mais, cette fois, il nous fut possible de déterminer la déviation : l'aiguille se fixa au 55*^ degré. M Troisième expérience. — Cheval âgé, malade, ayant â peine mangé depuis la veille, presque impassible à la douleur provoquée par les opéra- tions; nous pûmes facilement constater le degré de déviation de l'aiguille; elle se fixa au 5o^ degré positif du galvanomètre. )) Qiintriènie expérience. — Le cheval estâgé de quinze ans, il est vigoureux, et c'est poiu' cause de blessure à la jambe qu'il est destiné à être abattu. Au lieu d'introduire les tubes pour constater la réaction du sang rouge sur le sang noir sur l'animal lui-même, nous nous proposâmes de mettre les deux sangs en contact par l'intermédiaire d'un vase poreux. » L'animal fut saigné, presque au même moment, à l'artère carotide gauche et à la veine jugulaire droite, préalablement mises à nu ; les deux liquides t(n'ent reçus, le sang artériel dans un vase en grès d'un litre de ca- pacité, qu'il remplit aux deux tiers; le sang veineux dans un vase poreux n'ayant pas encore servi : la quantité de sang désirée étant obtenue, les deux vaisseaux furent liés. » Des électrodes en platine, de lo centimètres carrés de surface, furent plongés dans l'un et l'autre liquide; à l'instant la réaction fut très-éner- gique: à la première impulsion l'aiguille alla bondir contre l'arrêt du gal- vanomètre. Bientôt elle se fixa à 75 degrés et s'y maintint invariablement pendant dix minutes. Lorsque le sang fut coagulé, mais non décomposé, elle marquait encore 70 degrés. « La direction du courant fut identiquement la même que celle remar- quée dans les expériences précédentes, c'est-à-dire que le sang artériel donnait le signe positif, ce qui indiquait que le sens du courant s'établissait du sang noir au sang rouge. Celte dernière expérience, répétée plusieurs fois, donna des résultats constants quanta la direction et à l'intensité du courant. )) Ces expériences doivent contribuer à éclaircir plusieurs points obscurs de la physiologie; mais il nous est impossible, en ce moment, d'en déduite ( 228 ) toutes les conséquences qu'on peut entrevoir : nous nous bornerons à indi- quer les plus importances. Puisqu'il est démontré que le sang rouge et le snng noir, dans leur contact à travers les parois des vaisseaux qui font l'of- fice de véritables vases poreux, donnent des réactions électriques constatées par le galvanomètre, on doit admettre que, toutes les parties de notre corps étant parcourues par les fluides sanguins, il y a nécessairement dégagement conslant d'électricité jusque dans la tramela plus déliée de nos tissus; que chaque molécule organique est sans cesse stimulée par le fluide électrique (ini s'échappe^ et que c'est piincipalement sous l'influence de cette excita- tion incessante que s'exécutent toutes les fonctions. C'est ainsi que l'oxy- gène contenu dans le sang rouge brûle les molécules organiques avec les- quelles il est en contact, et produit la calorification, merveilleuse fonction sans laquelle la vie est impossible. C'est également sous l'influence de l'élec- tricité que s'opère, pendant la digestion, l'élection des molécufes nutritives, et plus tard l'assimilation ; il en est de même de la respiration, des sécré- tions internes et externes, et, en un mot, de toutes les fonctions quelque simples ou compliquées ciu'elles soient. L'électricité est le moteur de tous les actes organiques; tout s'arrête lorsque le mouvenient électrique cesse. Ajoutons qne cette électricité dégagée se recompose à l'instant, et qu'il n'y a pas d'électricité libre s'échappant du corps )> Les faits que nous venons de rapporter concordent parfaitement avec les phénomènes électriques développés pendant la combustion; en effet, on sait que, pendant la combustion, le charbon prend l'électricité négative et l'air ambiant l'électricité positive, ou, pour être plus exact, que le courant s'éta- blit du charbon à l'oxygène de l'air (i); or, la principale action du sang louge, en raison de l'oxygène qu'il contient, est de produire dans nos tis- sus une véritable combustion. » PHYSIOLOGIE VÉGitTALE. — Eludes chimiques sur la végétation des Mucédinées, particulièrement de /'Ascophora nigrans; par M. Raulin. Note présentée par M. Pasteur. « On voit souvent se développer sur les matières organiques naturelles tout un monde microscopique. Dans ces dernières années, M. Pasteur a montré cjue ces petits êtres se développent également, bien qu'en général (i) Gaugain, Sur le développement de l'électricité f/iii accompagne la combustion. [Comptes rendus de C Académie des Sciences, t, XXXVUI, p. 73i; Paris, i854.) ( 229 ) avec moins d'activité, dans des mélanges artificiels de principes relative- ment simples et de composition connue, tels que le sucre, le nitrate d'am- moniaque et une faible proportion de matières minérales, où dominent l'acide phosphorique, la potasse, la magnésie. » Je me suis proposé de faire une étude rigoureuse de l'influence des éléments minéraux sur le développement des Mucédinées au sein de ces milieux artificiels de composition déterminée et aussi simples que possible Mes résultats ne s'appliquent encore qu'à une seule espèce, VJsœphora nigrans; mais je les crois susceptibles d'être généralisés, au moins en partie. » 1° Par un choix convenable de matières minérales, on peut rendre le développement de cette plante aussi rapide dans un milieu artificiel que dans les liquides les mieux appropriés ; la végétation suit une marche régu- lière jusqu'à ce que l'un des éléments essentiels fasse défaut. » 2° Les substances minérales les plus utiles sont, par ordre d'impor- lance : le phosphore, le potassium, le magnésium, le soufre, le manganèse. » Ces éléments ont été employés sous la forme de phosphate d'ammonia- que, carbonates de potasse et de magnésie, sulfate d'ammoniaque, carbo- uale de manganèse. » Un liquide renfermant toutes ces substances produira, par exemple 20 grammes de plante ; un autre, qui n'en diffère que par la suppression du manganèse, ne produira que 5 grammes dans le même temps; la suppres- sion du soufre seul réduira la récolte à •. grammes; celle du magnésium et du potassium à i gramme; celle du pbospore à os^S. » 3° Les quantités de ces éléments qu'il suffit d'employer ne forment qu une fraction très-faible du poids total de la plante qu'on veut obtenir uiouis de 2 centièmes, et elles diminuent à partir du phosphore. » 4° D'autres éléments interviennent peut-être encore rlans le dévelop- pement de ce végétal, mais en moindre proportion. » En résumé, le développement régulier et abondant de cette Mucédinée exige la réunion, sous forme convenable, d'un assez grand nombre de corps simples. Les poids respectifs de ces éléments qui suffisent rigoureusement sont de divers ordres de grandeur : considérables pour les premiers, tels que le carbone, l'hydrogène, l'oxygène; à peine appréciables pour les der- niers, bien que ceux-ci soient encore tres-utiles, j'oserais presque dire néces- saires. » J'ai tenté quelques essais relatifs à l'absorption de l'azote libre en C. R., i863, 2"'= Semestre. (T. LVII, N" 4.) 3 j ( 2io ) opérant toujours sur la même Mucédinée, VJscopliora nicjrans. Voici le pro- cédé expérimental auquel j'ai eu recours : » Deux tubes de verre d'un demi-litre de capacité environ sont soudés par une extrémité à des tubes de très-petit diamètre et recourbés ; j'y intro- duis des volumes à peu près égaux de liquides convenablement préparés; je les place tous deux dans la glace fondante et, au bout de quelque temps, je les ferme simultanément à la lampe ; je les porte ensuite dans une étuve : dans l'un, la plante végète, parce que le liquide renferme les aliments néces- saires et des spores de la Mucédinée ; dans l'autre, rien ne se développe, parce que j'ai acidulé sensiblement le liquide par l'acide sulfurique. Quelques jours après, j'agite les tubes avec précaution pour briser des ampoules qui y sont renfermées et qui contiennent, l'une de la potasse, l'autre de l'acide pyrogallique : ces deux liquides absorbent intégralement l'oxygène et l'acide carbonique; l'azote reste seul. Ou reporte les tubes dans la glace fondante, et on fait plonger dans le mercure l'un à côté de l'autre les tubes capillaires soudés aux gros tubes. On en brise la pointe; le mercure monte à l'iutérieur, et la différence des niveaux accuse l'absorp- tion de l'azote si elle a eu lieu. » Ce procède permet de remplacer les mesures assez nombreuses des procédés ordinaires par une seule, la mesure directe de la quantité qu'on veut obtenir; à la détermination des volumes on substitue celle des pres- sions, qui peut se faire plus exactement ; enfin, toutes les opérations se faisant dans un vase hermétiquement clos, on évite toutes les erreurs que comporte la manipulation des gaz et des réactifs. )) Par deux autres expériences semblables, faites à blanc et convenable- ment disposées, on tient compte de la différence de solubilité des gaz et de tension des vapeurs, chose à peu près impossible par les procédés habituels. » Les résultats que j'ai obtenus jusqu'ici, par cette méthode et par d'autres, me portent à croire que l'azote libre n'est absorbable dans aucun cas. Cependant je n'ose encore me prononcer définitivement sur une ques- tion aussi délicate, que les savants les plus distingués ont résolue en des sens différents. » Ces expériences, que M. Pasteur a bien voulu encourager et guider par ses lumières, ont été inspirées par ses travaux. Je les ai commencées dans son laboratoire, à l'École Normale, et continuées au lycée de Brest. » ( 23l ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la proportion des étiiers contenus dans les vins, et sur quelques-uns des changements qui s'j- produisent. Note de Id. Beuthelot, présentée par M. Balard. « Les vins ei les liqueurs fermenlées renferment divers alcools et divers acides susceptibles d'exercer une action réciproque, qui n'est pas sans in- fluence sur les changements progressifs éprouvés par ces liqueurs. Mais les notions que l'on possède à ce sujet sont pour la plupart assez vagues. J'ai pensé qu'il était possible de les préciser davantage, à l'aide de mes recher- ches sur les affinités. Ce n'est pas que je me dissimule combien sont com- plexes et délicates les questions relatives à ces produits naturels, dont les effets physiologiques résultent, non d'iuie cause unique, mais d'une mul- titude d'actions exercées à la fois par des principes si fugaces et si peu abondants. Les problèmes de ce genre peuvent cepemlaut être éclaircis en s'attachant à ne traiter que des points isolés et bien définis. » Je vais examiner successivement : i° Quelle est la quantité totale des éthers qui peuvent exister dans un vin ou liqueur fermentée ; » 2° Comment s'opère la formation progressive de ces éthers ; » 3° Quelle est la nature des éthers contenus dans le vjn; » 4" Je terminerai en exposant quelques essais que j'ai faits pour isoler les principes dans lesquels réside le goût vineux et le bouquet des vins. • » L Soit un vin ou liquide fermenté, conservé dans un vase de verre scellé et privé d'air d'une manière absolue; admettons, en outre, que les sucres ont complètement disparu et que la liqueur ne renferme ni mycodermes ni ferments. Les actions réciproques entre les acides et les alcools contenus dans cette liqueur s'effectuent d'une manière aussi nécessaire que la réac- tion normale des acides sur les alcalis ; elles tendent vers un certain équi- libre qui sera atteint seMement au bout de plusieurs années. C'est cet équilibre que je vais essayer de définir. Voici d'après quels principes : » i" J'ai prouvé que, dans les liqueurs diluées, la quantité d'éther qui se forme est sensiblement proportionnelle au |)oids total de l'acide contenu dans ces liqueurs. Le coefficient de proportionnalité dépend du rapport qui existe entre l'alcool et l'eau. •> 2" La quantité relative d'éther formé, c'est-à-dire d'alcool entré en combinaison, est la même, qu'il s'agisse d'un système formé par un seul alcool et un seul acide, ou par plusieurs alcools et plusieurs acides : elle ne dépend que du rapport entre la somme des équivalents des acides et la somme des équivalents des alcools. J'ai établi ce principe eu particulier sur 3i. ( ^32 ) (les mélanges renfermant les acides acétique, succinique, tartrique, et les alcools ordinaire, amyliqne, glycérique, acides et alcools qui existent dans les liqueurs fcrmentées. » Ceci posé, pour calculer la quantité d'éther existant dans une liqueur parvenue à l'état d'équilibre, on cherchera d'abord le poids de l'eau et celui des alcools contenus dans la liqueur : on peut se borner à l'alcool ordinaire et à la glycérine, voire même négliger cette dernière, sans erreur sensible sur le résultat. On déterminera ensuite le titre acide de la liqueur au moyen d'une solution alcaline normale; l'eau de baryte est la solution que je pré- fère. Le tableau suivant, déduit de mes expériences, indique, d'après ces données, la quantité proportionnelle d'éther qui existe dans la liqueur, ou, plus exactement, le poids d'alcool combiné aux acides dans les éthers; car le poids absolu de ces éthers n'est pas connu, tant que les acides ne le sont pas individuellement. Poids de l'alcool é thérifié. (Le poids de ralcool équivalent à l'acide total actuellement 'loponion d' 'eau. Proportion d'alcool en poids. libre dans : la liqueur étant 100. y 95 5 8,5 90 10 .4,5 85 i5 20,5 80 20 26,0 75 25 32,0 environ. w Au lieu de recourir à ce tableau, on peut se borner à la formule sui- vante : en indiquant par/ la fraction d'alcool éthérifiée (définie comme ci- dessus) et par A la proportion centésimale d'alcool dans un mélange rapporté Tuiiquement à l'alcool et à l'eau : 7 = 1, 17 A + 2,8. » Cette formule est applicable tant que la liqueur ne renferme pas plus de 20 à 25 pour 100 d'alcool. » Soit, par exemple, le vin de Formichon (Beaujolais) de i858. Ce vin est assez vieux pour que la formation des éthers puisse être regardée comme à peu près terminée. Dans ce vin on a trouvé, pour 88 parties d'eau, 12 par- ties d'alcool; d'où r = 16,8. Or, le titre acide de ce vin équivaut, pour I litre, à 6 grammes d'acide acétique, c'est-à-dire à 4^', 6 d'alcool ordinaire; d'où il résulte que la quantité d'alcool qui se trouve sous forme d'éther est égale à -^— ^ — =o^',8 environ par litre. L'acide combiné équivaut à i^%o ( a33 ) d'acide acétique, et l'acide total, tant libre que combiné, à 7^',o. J'ai con- trôlé ce résultat par l'expérience suivante. Après avoir reconnu que 5o cen- timètres cubes du vin ci-dessus exigent, pour èlre saturés, 32'^'',5 d'eau de baryte normale, j'ai introduit 5o centimètres cubes du même vin et 5o centi- mètres cubes d'eau de baryte dans un matras; j'ai scellé le vase et je l'ai chauffé à loo degrés pendant deux jours. Au bout de ce temps, j'ai trouvé que la quantité totale de baryte neutralisée s'élevait à 38*^^,6. Il y a donc eu 6",i de baryte neutralisée par suite de la réaction opérée à loo degrés. Bien que le vin renferme divers principes altérables parles alcalis à loo de- grés, et qui ont pu concourir à saturer la baryte, cependant leur propor- tion est assez faible pour qu'il soit permis d'attribuer à la décomposition des étbers la presque totalité de la saturation (i). Elle représente rg p. loo du titre acide primitif, au lieu de 17 indiqués par la formule. » Dans ce qui précède, je suis parti de l'état d'équilibre pour calculer la proportion d'alcool éthérifié. Si l'on voulait, au contraire, prendre pour point de départ un liquide dans lequel les acides et les alcools n'auraient encore exercé aucune réaction (ce qui est un cas purement idéal, puisque, dans une liqueur fermentée, l'alcool prend naissance et, par conséquent, réagit successivement), on aurait le tableau suivant : Poids de Palcool (z) qui doit b'élhérifier, ralcool équivalent à Proportion d'alcool (B). l'acide total étant mo. 8,0 12,5 21 ,5 » A ce tableau répond la formule suivante : z = o,gB + 3,5. » Ces deux tableaux représentent deux limites, entre lesquelles se trouve compris l'état de toutes les liqueurs vineuses dans lesquelles la réaction des acides sur les alcools n'est pas encore accomplie. » II. La succession des phénomènes d'éthérificalion dans de pareilles liqueurs dépend à la fois de la composition initiale des liqueurs, à partir du moment où la fermentation est terminée, et des changements qu'elles peuvent éprouver dans le cours de leur conservation. (i) Ceci ne serait plus vrai si le vin contenait encore du sucre. 'roportion i l'eau. Proportion 95 5 90 10 85 i5 80 30 ( 234 ) » Les effets qui dérivent de la composition initiale peuvent être prévus d'une manière générale, d'après les résultats de mes recherches. Il suffira de dire que, dans une liqueur diluée, la vitesse de la combinaison devient, au bout d'un certain temps, et demeure ensuite comparable à ce qu'elle est dans un système formé uniquement d'acide et d'alcool. Rappelons, pour préciser les idées, qu'en opérant à la température ordinaire, sur l'alcool et sur l'acide acétique, à équivalents égaux, les f de la quantité d'éther pos- sible sont formés au bout de cinq à six mois, les f au bout d'un an. Deux aiuiées n'ont pas sufii pour épuiser la réaction; cependant elle est alors bien près de son terme, les ~ de la quantité d'éther possible se trou- vant réalisés. Avec les acides polybasiques, tels que ceux qui dominent dans le vin, la combinaison est un peu plus rapide. Ajoutons enfin que la chaleur accélère la formation des éthers ; le froid la ralentit. Ces indications peuvent donner une idée, sinon des phénomènes qui se passent précisé- ment et qui dépendent de la composition individuelle de chaque liqueur, mais au moins de la marche générale de l'éthérification. On voit que, d'après ces données, l'acidité du vin doit aller en diminuant, de telle sorte que les vins ordinaires, en deux ou trois ans, perdent de i à |^ de leur acidité, sui- vant leur richesse en alcool, par le seul fiiit de la formation des éthers. » J'ai raisonné jusqu'ici eu supposant que les proportions relatives d'al- cool, d'acide et d'eau ne changent pas dans les liqueurs pendant tout le cours de leur conservation. Mais il n'en est pas ainsi dans la réalité; des causes très-diverses peuvent accroître ou diminuer la quantité de l'alcool ou celle de l'acide. Sans entrer dans leur discussion détaillée, il suffira de dire que leur influence peut être résumée en deux mots : toutes les fois que l'alcool (i) ou l'acide (a) augmente, la proportion d'éther tend à augmen- ter, en vertu d'une réaction lente qui s'établit aussitôt. Toutes les fois que l'alcool (3) ou l'acide (4) diminue, la quantité d'éther possible diminue; si la réaction était déjà parvenue à son terme, une certaine quantité d'éther sera décomposée. ( I ) Addition d'alcool ; sucrage ou dédoublement lent des glucosides naturels contenus dans le jus, suivi d'une nouvelle ferinenlalion; endosmose opérée dans les tonneaux de bois; congélation, etc. (a) Fermentations spéciales; dédoublement de glucosides ou d"amides; oxydation, etc. • (3) Évaporation, oxydation, etc. (4) Fermentations spéciales; précipitation de la crème de tartre, par suite de l'accroisse- ment de l'alcool ou de l'addition de lartrate neutre de potasse, etc. ( 235 ) » Enfin ceriains ferments peuvent dédoubler les éthers déjà formés, comme je l'ai montré en étudiant la réaction delà pancréaline sur l'éther acétique. •< CHIMIE ORGANIQUE. — Faits nouveaux concernant les métamorphoses alcooliques. Note de M. E. Millon, présentée par M. Pelouze. « Le Mémoire de M. Pasteur sur la fermentation alcoolique repose sur cette idée fondamentale que le fermentde l'alcool trouve, dans l'assimilation des sels ammoniacaux, l'azote nécessaire à sa régénération. De cette façon, les globules anciens contribueraient directement à la formation des globules nouveaux, par un phénomène d'organisation immédiatqni ferait disparaître l'ammoniaque, introduite au sein d'un mélange fermentescible. » L'expérience décisive de M. Pasteur a consisté à faire une addition connue detartrate d'ammoniaque dans une solution aqueuse de sucre candi qui recevait d'autre part des cendres de levure et une petite quantité de levure fraîche bien lavée. » Après quelques jours d'une fermentation sensible, l'opération a été interrompue et le dosage de l'ammoniaque a permis de constater une perte que M. Pasteur attribue à la formation de globules nouveaux qui se seraient ainsi incorporé l'azote nécessaire à leur existence. » En répétant cette même expérience plusieurs fois, je suis tombé, dans la détermination de l'ammoniaque, sur des nombres souvent identiques à ceux que M. Pasteur indique ; mais je me suis attaché en outre à rechercher si l'acide carbonique dégagé par la fermentation du sucre entraînait l'am- moniaque perdue par le liquide fermentescible. Cette constatation était de toute rigueur avant de formuler une conclusion aussi radicalement neuve que celle à laquelle M. Pasteur s'est arrêté. » En employant un appareil convenablement disposé, par exemple des tubes à boules remplis d'eau aiguisée par les acides hydrochlorique ou sul- furique, à travers lesquels circule le gaz acide carbonique dégagé par Ja fermentation alcoolique, on reconnaît que ce gaz emporte une proportion, variable de l'ammoniaque combinée à l'acide tartrique. » Lorsque la fermentation est lente, la quantité d'ammoniaque entraînée parle gaz carbonique représente i5à aS pour loode la quantité totale con- tenue dans le tartrate. Mais si la température ambiante et la proportion de ferment développent une fermentation énergique, le gaz carbonique em- porte jusqu'à 80 pour 100 de l'ammoniaque combinée à l'acide tartrique. (236) Ainsi le tartrate d'ammoniaque introduit par M. Pasteur dans un mélange fermentcscible abandonne à l'acide carbonique une partie de l'alcali vo- latil qu'il renferme ; il lui en cède d'autant plus que la production d'acide carbonique est plus active, c'est-à-dire que dans ce phénomène la masse fait sentir son influence au profit de l'acide le plus faible. C'est une des ma- nifestations les plus ordinaires de l'affinité chimique, et il est impossible de découvrir dans ces conditions de fermentation, imaginées par M. Pasteur, rien qui ressemble à une action physiologique ou vitale. » La vérification des faits que je viens de signaler est d'une extrême fa- cilité; mais pourdécider que l'ammoniaque n'est pas assimilée par de nou- veaux globules, il faut aussi en faire le dosage dans les liquides fermentes et y rechercher le restant de l'ammoniaque unie à l'acide tartrique. Cette dé- termination est assez délicate ; elle est influencée par une métamorphose particulière du sucre qu'on n'a pas sou|)çonnée jusqu'ici, et qui consiste en une production d'alcool sans dégagement d'acide carbonique. » Cette métamorphose est exercée par la levvire de bière, dans des con- ditions que je me réserve de faire connaître bientôt ; elle me semble donner naissance, en même temps qu'à l'alcool, à une combinaison dacide car- bonique et de sucre, analogue à celle des acides sulfurique, tartrique et citrique avec le glucose. Quoi qu'il en soit de l'existence de ce composé nouveau sur lequel j'aurai à revenir, lorsqu'on recherche l'ammoniaque à la suite de cette nouvelle métamorphose, en employant la magnésie comme l'a fait M. Pasteur, on recueille du carbonate d'ammoniaque au lieu d'am- moniaque caustique, et le titrage ne se fait plus avec l'exactitude habituelle. » Il me suffit aujourd'hui d'indiquer, comme un avertissement, cette métamorphose nouvelle du sucre en alcool, sans dégagement d'acide car- bonique, avec les difficultés qu'elle entraîne pour la constatation de l'am- moniaque dans les liquides fermentes. Cet avertissement aura sans doute l'avantage de prévenir quelques erreurs possibles, ou même d'en redresser quelques-unes déjà commises. » Dans une prochaine comnuinication, je reprendrai ce sujet avec tous les développements exigibles. » M. Thicer transmet une Lettre écrite de Catane en date du 9 juillet, par M. B. Griwina, qui donne quelques détails sur l'éruption actuelle de l'Etna. «La lave s'épanche par une nouvelle ouverture qui s'est faite au-dessous du sommet, du côté nord, où la pente étant rapide n'oppose que peu d'obstacles à la marche des matières épanchées, tandis que le sable s'élève en tourbil- ( 2^7 ; ions du sein du grand cratère. <> M. Gravina a recueilli dans son jardin à Calane lui échantillon de ce sable qu'il a joint à sa Lettre. M. Triger, qui est sur le point de se rendre en Sicile, annonce rintentiun de communiquer à l'Académie les observations qu'il pourra faire concernant l'éruption et ses produits. Il exprime le désu' que les cendres volcaniques dont il transmet l'échantillon envoyé par M. Gravina soient remises à M. H. Sainte-Claire DeviUe. Ln séance est levée à .t heures un quart. F. BULLETIN" !{IIIJL10«îi.\l'IilOlE- i/.-^catiéniie a reçu dans ia séance du ij |uillet iH63 les ouvrages dont voici les titres : Annules de l Obsetvaloire impérial de Paris, pahliées par M. U.-J. Lk Vehkier, Directeur de l'Observatoire. — Mémoires, t. VII. Paris, i863; vol. in-Zi°. Détermination astronomique île la longitude de Bourges par V Obstmaloin- impérial et le Dépôt de la Guerre. (Extrait du VHP volume des Annales de r Observatoire impérial de Paris.) Paris ; in-4°- Description des machmes et procédés pour lesquels des brevets d invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844; *■ XI.I\^ Paris, i863; vol. in-4°. (Ouvrage transmis par S. Exe. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics.) Traité des nppUealions de iannljse mathématique eut jeu des échecs; par C.-F. DE JjENIsch; t. 111. Saint-Pétersbourg, i863; iu-8". (Présenté au nom lie l'auteur ])ar M. Liouville.) Animaux jossiles et Géologie de l'Jtlique ; par Albert Gaudry; 5'' livraison. Paris, i863; in-4"avec planches. Du travail dans l'air comprimé : Elude niédicrde, hygiénique et biologique faite au pont d' Argenteuil; par k.-E. FOLEV. Paris, i863; in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1864.) Réful'ilion du système des vents de M. 3'Iaury; par M. J. BouRGOls. (Extrait C. R., i863, 2"" Semestre. (T, LVII, N" 4.) -J^ ( -^38 ) delà Revue Maritime et Coloniale.) Paris, i863; iii-8°. (Ouvrage transmis jiar S. Exe. M. le Minisire de la Marine.) L'JtmospluTe, le Sol, les Engrais; leçons professées de i85o à 1862 à la chaire municipale et à l'Ecole préparatoire des Sciences de Nantes; par Adol- phe BoniiCRiiE. Paris; vol. in-12. Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de la France^ continuée par une réunion de paléontologistes., sous la direction d'un comité spécial. [Terrain crétacé.) 11™* livraison. Paris, 1862; in-8°; avec planches. Etude sur la théorie de la grêle et des trombes, suivie de considérations sur la nature des taches du Soleil; par M. Henry. Troyes, i863; in-8°. Lettre à MM. les Rédacteurs du Montpellier médical sur l'efficacité des eau.x naturelles de Baréges contre le Pityriasis palmaria [dartre squameuse d'y4li- hert); par le D'' Chrestien. (Extrait du Montpellier médical, mai i863.) Montpellier, i863; demi-feuille in-8°. Exposé des titres scientifiques du D'^ Chrestien. Montpellier, i863; in-4°. Rapport à la Faculté de Médecine de Montpellier sur les titres du D'^ Chres- tien, candidat à la chaire de Thérapeutique cl de Matière médicale; par M. EuSTER. Montpellier, i863;in-4°. Monographie viticole du coteau de l'Ermitage et des vignobles qui l'avoi- sinent : Croze, Mercurol, Lainage, Gervans, Serves, etc., etc.; par M. Rey. (Extrait du Sud-Est, journal agricole et horticole.) Grenoble, 1861; br. in-8°. Comptes rendus des Séances et Mémoires de la Société de Biologie; t. IV de la 3^ série, auiiée 1862. Paris, i863; vol. 111-8°. Mémoires de la Société d' Agriculture, des Sciences, Arts et Belles Lettres du département de V Jubé ; t. XIV, n^ série, n°* 65 et 66 , i" et 2" trimestres de l'année i863. Troyes, i863;in-8<'. Compte rendu des travaux de la Société des Sciences médicales de Paris; rédigé par le D*^ ALIX. Paris, i863; br. in-8°. Protestation contre le barrage projeté dans la vallée de la Semaine en amont de Thiers : considérations sur les barrages industriels, Saint-Etienne, Annonay, Saint-Féréol ; par J.-B.-Al. Degouson. Clermont-Ferrand, i863; in -8°. Mémoire sur lliistoire de la création au sein de notre sphère universelle; par Roch Constant. Paris, i863; br. in-8°. The Rothamsted... Mémoires de Rolhamsted : Recherches sur la Chimie ( 239 ) (i(j)tc()(e et (a Physiologie, y/(/; J.-B. Lawes, de Rotliamsted, et J.-H. Giluekt. (Recueil d'opuscules publiés de 1847 a i863.) Londres, i863; 2 vol. in-S". Reports... Résultats de quelques recherches chimiques sur le développement des animaux et des végétaux, par les mêmes. (Extrait des Philosoplueal Transactions.) Londres, i863; in-4°' Drawings... Dessins et plans du laboratoire de l'établissement de Rotham- sted; 4 planches in-fol. oblong. Ces volumes sont renvoyés à l'examen de M. Balard, avec invitation d'en faire l'objet d'un Rapport verbal. On ihe discovery... Sur la découverte du métal thallium ; par William Crookes. (Extrait au Philosophical Magazine.) Londres, ]863; i feuille in-8°. Results... Résultats des observations météorologiques Jaites à l'Observatoire royal du cap de Bonne-Espérance, du i" jcmvier 1842 au i"'' janvier i863, avec une Notice des observations faites par LacaiLLE en i75i-52 (s. I.); 1862; 4 feuilles in-fol. Yerallgemeinerung... Généralisation du théorème d'Euto sur les po- lyèdres; /)ar Johan.-Bened. Listing. Gœttingue, 1862; in-4°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Liouville.) Accademia... Académie virgilienne des Sciences, Belles-Lettres et Arts; année i863. Mantone, i863; br. in-8°. Ensayo... Essai diéorico-pratique sur les résections sous-périostées ; par le D' J. Greus y Manso. Grenade, 1862; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 AOUT 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUNICATIOINS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE.— Du Crocodile à mâchoire 6our50w/7ee(Crocodiliisphysognathus); par M. A. Valenciennes. « M. Raynal, professeur de physique au collège impérial de Poitiers, occupe les loisirs de sa chaire à l'étude de l'histoire naturelle; il a pris goût aux sciences naturelles, par les leçons de zoologie qu'il a reçues à l'École Normale, dont il est un des élèves distingués. L'étude de l'histoire naturelle paraît innée dans cette famille. Le frère de M. Raynal est officier dans la marine impériale; il met à profit le temps passé dans les différentes stations oii il est appelé dans les mers de l'Inde, de la Chine, et à la Nouvelle- Calédonie. » Il a formé dans ces voyages des collections importantes pour l'étude des Mollusques, en ayant soin d'envoyer en Europe avec les collections de coquilles, les animaux qui y habitent, il a ainsi fait connaître plu- sieurs Mollusques dont les collections du Muséum sont enrichies, et qui ont éclairci plusieurs points encore obscurs de cette classe d'animaux. » Après avoir saisi l'occasion de cette courte digression, pour rendre justice aux travaux de l'officier de marine, je me hâte de revenir au pro- fesseur de physique. )) M. Raynal, qui a pris à l'École Normale, dans les leçons de notre con- frère M. Delafosse, et dans celles de M. Hébert, des connaissances en C. R., i863, ame Semestre. (T. LVII, N» S.) - 33 ( -^42 } fféoloi'ie, a porté s.ni attention sur les formations de la Vienne, et ayant facilement reconnu l'oolithedes environs de Poitiers, il a vu rà et là, dans la carrière dite le Grand Pont, sur la counnune de Chiisseueudle, à 6 kilo- mètres nord, des dents et quelques fragments d'os fossiles. Il s'est bientôt assuré que les dents coniques et sillonnées étaient celles d'un Crocodile, et alors il m'a adressé un bloc d'oolitlie et quelques fragments d'os, pour me prier de lui donner mon avis sur ces fossiles. » Ayant étudié, ayant suivi leur trace avec activité, j'ai fii.i par dé- couvrir plus que je ne croyais d'abord, et le résultat me paraît digne d'être mis sous les yeux de l'Académie. Etant surtout aidé par l'habileté de M. Merlieux, j'ai 6ni par obtenir cette grande plaque, prétentée à l'Aca- démie, et qui était entièrement cachée dans la gangue. )/ Elle porte les deux maxillaires droit et gauche, avec onze a treize alvéoles dentaires, séparés l'un de l'autre par leurs cloisons maxillaires, mais le plancher du fond a été emporté par la fossilisation. » Nous trouvons rapo|)hyse antérieure du froistal principal, pour me servir de l'expression de Cuvier. Entre le maxillaire et cette apophyse du frontal, ou trouve une empreinte qui nous marque la place et l'étiindue du frontal antérieur et du lacrymal; os importants de l'ostéologie de la face du Crocodile. I) Tout à fait sur le devant et entre les deux maxillaires sont les deux os du nez. Ces naseaux longs et grêles ont bien le caractère de ces pièces osseuses des Crocodiles. » Nous n'avons rien autre des parties supérieures du crâne de ce Cro- codile, qui avait cependant le museau allongé et grêle comme celui du Gavial du Gange, ou de l'autre espèce, ou du Crocodile de Bornéo (i). » L'élude de la mâchoire inférieure donne la forme du museau grêle et long de notre espèce, mais plus seiublable à celle du Ciocodilus Scltlccjelii, Bv. » Une longue symphyse creusée d'un sillon bien marqué nous fait con- naître que cette mâchoire était armée de quinze dents coniques, sillonnées et quelquefois un peu arquées. Ces deux maxillaires inférieurs se pro- longent au delà de la symphyse et ont cinq dents au delà. Ce Crocodile por- tait donc vingt dents de chaque côté, quarante en tout en bas, et il en avait plus en haut, selon la loi de dentition de tous les Crocodiles. Au delà de l'arcade dentaire, le maxillaire s'étend en une apoj)hys« découpée et plate qui atteignait le quart de la branche, et dépassait en dedans et sous (i) Crocodilus Schlegelii, Blainv., Ostéogr., p. 5, n° 3, et ])1. 11, fig. ( ^43 ) le siiraiigulaire la moitié de la longueur de la branche. Les operculaires, ces os ainsi nommés par Adrien Camper, s'étendent au delà de la sym- physe, en montrant un caractère de forme que ne |>résente auciui autre Crocodile. Ils sont cliacun renflés en une grosse boule ovale-oblongue, que j'ai voulu signaler à l'attention des zoologistes en appelant cette espèce CiiOCODiLUS PHYSOGNATHUS. Nous pouvons poursuivre l'étude de celte màchoii'e, composée comme à l'ordinaire de l'angulaire, du sm'anguiaire, du complémentaire, et d'une petite portion de l'articulaire. Le grand creux que le complémentaire laisse au devant de lui sur la face internede la bran- che existe comme dans les autres Crocodiles; mais l'angs-laire s'élargit et couvre la mâchoire à l'extérieur, en s'articulaut avec le surangulaire, de sorte que le grand trou ovale des autres Crocodiles n'existe plus ici, ce qui est encore un caractère distinctif de tontes les autres espèces de Crocodiles. M J'ai encore trouvé plusieurs os épars : tel serait le pariétal, encore assez facile à reconnaître, pnis plusieiu's autres mutilés que dans cette preii.ière présentation je n'ose encore reconnaître. " Ce Crocodile vient, comme je l'ai dit en commençant, de l'oolithe de Poitiers. Il y a\ait dans la gangue un fragment de coquille voisine 'Jes Pccten, et une autre portant une charnière à deux fossettes cardinales qui la placeraient près des Spondyles, coquilles évidemment marines. » Or, tous les Crocodiles connus vivent dans les eaux douces et u'entient pas dans les eaux marines. Cet habitat e^t donc lui fait très-remarquable et toujours important à signaler, à cause des nombreuses espèces de Croco- diles fossiles que l'on trouve avec des espèces marines dans la craie et dans le calcaire tertiaire avec les animaux marins. " Malgré la longueur du museau de ce reptile, vousne m'avez pas entendu désigner l'animal de ce genre sous d'autre nom que sous celui de Cro- codile. » J'ai la conviction que l'on a donné beaucoup trop d'extension à la pensée de Cuvier. " 11 ne considérait d'abord que deux formes génériques de Crocodile, les Crocodiles et les Caïmans; essayant de suivre les lois zoologiques de la dis- tribution des espèces sur le globe : les Crocodiles de l'ancien monde et les Caïmans des eaux douces d'Amérique. Le beau travail de notre illustre maître fait découvrir de nouvelles espèces, et alors cpielqnes Caïmans se montrent en Afrique, et des CrocodUes sont découverts en Amérique. « On retrouve enfin deux CrocodUes dans le Gange, et alors Cuvier établit trois subdivisions ou sous-genres dans le genre unique des Croco- 33.. ( 244 ) diles, que ceux qui ne se font pas une idée assez nette de la méthode ap- pellent décidément des genres. u Si l'on regarde les planches de Cuvier on ne tarde pas à se convaincre qu'en plaçant après le Crocoditus acutus le Crocodile de Schlegel, Bv., et le Crocodilus leplorynchus. Mur vay [Proceed. zoot. Soc, fig. 9), on arrive à la forme du Crocodde du Gange ou Gavial. Toutes ces espèces ont le ca- ractère DOMINATEUR que Cuvier nous a appris à apprécier dans chaque genre naturel. » Les reptiles ont le cœur et le poumon, ou organes respiratoires, conte- nus dans une unique cavité viscérale; les os de la face fixés entre eux par des sutures immobiles comme celles du crâne; les os de la face étant mobiles sur le crâne chez tous les autres ovipares. Je développerai d'ailleurs cette pensée dans le Mémoire in extenso qui paraîtra dans le recueil des Mémoires de l' Académie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches nouvelles sur la conservation des matériaux de construction et d'ornementation ; par M. Fréd. Kuhlmann. Modifications apportées à la constitution chimique des marbres, des agates et de différentes pierres employées dans la joaillerie. 0 Je disais, dans la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans sa séance du 22 juin dernier : « La coloration artificielle de l'opale mérite de fixer l'attention des « minéralogistes; car c'est la pâte elle-même de cette pierre qui a pris des « nuances qui peuvent être utilisées par les joailliers. Elle semble conduire )) à des recherches nouvelles sur l'origine des matières bitumineuses qui » se trouvent quelquefois engagées dans le cristal de roche. » » Pour faciliter sur ce point les appréciations des minéralogistes et des géologues, j'ai cherché, par des essais chimiques, à jeter quelque jour sur la question soulevée. » J'ai cru intéressant pour la science de constater expérimentalement que, lorsque l'opale est injectée artificiellement par une matière bitumi- neuse qui lui donne les caractères physiques du quartz enfumé, il y avait entre la substance artificielle et celle naturelle une identité de composition tout au moins en ce qui concerne le principe colorant. )i II était à présumer que, si les matières bitumineuses peuvent pénétrer, dans des circonstances données, par u\w. sorte de cémentation, dans des pierres dures et leur dotuier l'aspect enfumé, il devait en être de même de certains corps oxygénants ayant la propriété de détruire les matières bitu- muieuses. ( 245 ) » L'expérience est venue à l'appui de cette opinion, et ce qui n'était chez moi qu'une simple présomption est arrivé aujourd'hui à l'état de preuve matérielle. » L'opale enfumée artificiellement se blanchit complètement par son contact, même peu prolongé, avec du nitrate, du chlorate ou du bichro- mate de potasse à l'état de fusion ignée. Le même phénomène a lieu en substituant à l'opale colorée par le brai du quartz ou du cristal de roche enfumés, et, dans l'une comme dans l'autre circonstance, il se forme de l'acide carbonique. » D'autres quartz paraissent aussi devoirleur coloration à quelque matière organique combustible. Ainsi, la belle couleur du quartz améthyste dispa- rait lorsqu'on met en contact, dans les mêmes circonstances, ce quartz avec les corps oxydants dont j'ai donné l'énumération (i). Il en a été de même d'un quartz rose. )i Après ces démonstrations, on comprendra facilement que la seule calcination au contact de l'air puisse produire des phénomènes ana- logues. » Au point de vue de l'imprégnation de bitumes, les agates, quoique présentant moins d'eau dans leiu* composition, se comportent comme l'opale. Si faible que soit cette quantité d'eau, l'agate en contient assez cependant pour qu'en s'échappant cette eau facilite la pénétration du brai dans la pâte siliceuse. Mais le cristal de roche, la topaze, l'aigue-marine, où la silice est anhydre, ne se laissent injecter de brai que par leurs fis- sures. » Notre savant confrère M. Babinet, en examinant du spath d'Islande que j'avais imbibé de brai dans les mêmes circonstances, a constaté que ce spath polarise fortement la lumière, comme les cristaux biréfringents colo- rés. Le rayon qui passe en plus grande abondance, dit M. Babinet, est pola- risé dans un plan perpendiculaire à la section principale. C'est là un fait important qui mérite de fixer toute l'attention des physiciens. » Le bitume existe souvent d'une manière très-manifeste dans le silex pyromaque, et peut en être extrait par une lessive de soude on de potasse caustiques chauffées sous une pression de 4 à 5 atmosphères. Le silex est ainsi blanchi de même que s il avait été calciné au contact de l'air, et l'an peut lui faire reprendre sa couleur noire au moyen du brai bouillant et (i) Il me reste à examiner toutefois si la décoloration, tlans cette circonstance, ne résulu pas d'une modification de l'oxyde de manganèse, qui est considéro généralement comme le principe colorant des améthystes. ( 246 ) détruire de nouveau cette couleur par les divers agents d'oxydation dont j'ai fait usage dans mes expériences sur l'opale enfumée. I) J ai voulu confirmer aussi par des expériences nombreuses et con- cluantes une autre proposition établie dans ma communication précédente, à savoir : que l'action du brai à haute température sur les matières miné- rales ne se manifeste pas seulement par dos infiltrations dans les fissures ou les pores de ces matières, en leur communiquant des couleurs plus ou moins sombres, mais que, dans un très-grand nombre de circonstances, ce brai intervient aussi comme désoxydant, et cela toujours sans altération de la forme ou diminution delà consistance des pierres. » A l'exemple déjà cité de la pyrolucite, de la malachite, de l'azurite, de l'arséniate de cuivre, il convient de joindre celui du sesquioxyde de fer. « Sous l'influence désoxydante du brai, le peroxyde de fer passe à l'état (l'un oxyde noir dont la dissolution dans l'acide chlorhydrique précipitt; en vert par la pot;isse, et donne du bleu de Prusse par le ferrocyanide et en même temps par le ferrocyanure de potassium. Cette observation n'est pas sans importance, car l'oxyde de fer est l'un des principes colorants les plus habituels des marbres, des agates, et intervient dans la constitution d'une infinité d'autres minéraux. .• Les résultats de très-nombreuses expériences m'ont permis de consta- ter que, dans son contact à chaud avec la plupart de ces minéraux, le brai n'agissait pas seulement par infiltration, comme je viens de le dire, mais qu'il modifiait encore profondément leur composition et leur aspect phy- sique par la réduction partielle des oxydes qu'ils renferment. » Je résumerai le plus succinctement possible par séries et dans un onire logique les principaux résultats obtenus. I. Pénétration uniforme du brai, sans actions sur les principes constituants. >. À. Du marbre blanc de Carrare a été transformé entièrement en marbre noir très-dense et parfaitement polissable, et cela en opérant sur des frag- ments ayant près de i décimètre d'épaisseur. » B. Des marbres de Sainte-Anne et de Boulogne, peu chargés d'oxyde de fer, deviennent d'un fond gris-ardoise avec des veines noires sur les points où la porosité a été plus grande. » C. Du marbre bleu fleuri prend également une couleur presque noire; les veines de ce marbre, dues à l'oxyde noir de fer, disparaissent presque entièrement, tant la couleur générale du marbre devient sombre. » D. L'opale prend une teinte enfinuée bleuâtre; il en a été de mémo d'un quartz-agate couleur de miel. ( ^47 ) » E. L'arragonite fibreuse, l'analcime de feldspath et des cristaux de dolomle et de spath fluor ont tellement absorbé de brai, qu'on pouvait les considérer couime pénétrés uniformément dans toutes les parties. II. Pénétration locale du brai par tes fissures. » A. Dans cette série se rangent les spaths d'Islande, le quartz hyalin, le cristal de roche, la topaze, l'aiguc-maiine, le cjuartz fibreux. » B. Les concrétions siliceuses que dépose l'eau du Geyser, eu Islande, entièrement blanches, acquièrent les caractères d'une agate blanche rubanée de noir susceptible de recevoii- nu très-beau poli. III. Pénétration du brai ai'ec désoxydation des oxydes colorants. » A. Dans le marbre jaune fleuri et le marbre de Sienne, colorés prin- cipalement par du carbonate de fer hydraté, la couleur jaune passe au gris et au noir sur les points où ce carbonate de fer est déposé en plus grande quantité dans la masse, et y détermine des veines. » B. Le marbre onyx devient gris avec veinage tres-accidenté en noir, et sa dureté augmente considérablement. 1) C. Les marbres rouges de Bourgogne et la griotte deviennent plus foncés; les veines blanches du marbre de Bourgogne se colorent en noir. Ce derniçr marbre gagne beaucoup en dureté. » D. Le porter perd «es veines dorées par la réduction du peroxyde de fer, qui lui sert de principe colorant. » E. Les marbres vert des Alpes, vert d'Egypte prennent une plus g.rande intensité de couleur; le marbre vert des Alpes devi'ent plus dur et reçoit un plus beau poli: le marbre leventeau prend des couleurs plus variées et plus foncées. » F. Une agate rose veinée de brun a pris des nuances plus nourries, des cristaux de quartz logés au centre ont présenté un aspect éclatant avec reflets dorés. Une agate rubanée, colorée en rouge, jaune et blanc, a donné des résultats analogues. Une agate blanche, veinée de violet et de gris, a donné une agate grise veinée de noir. » G. Un jaspe jaune, veiné de vert, a donné de magnifiques nuances noire et rouge. » H. Une brèche siliceuse rouge, mouchetée de jaune, a pris une couleur brune mouchetée de gris. IV. Déso.r.ydations sans infiltration de brai. » Désireux de produire par désoxydation sur les marbres et les agates ( 248 ) des modifications de couleur non influencées par la présence assombris- sante du brai, j'ai maintenu des fragments de ces pierres pendant quelque temps en contact avec du cyanure de potassium fondu, et j'ai obtenu les ré- sultats espérés de colorations nouvelles et des plus remarquables dans toutes leurs parties. La vivacité des couleurs était, pour plusieurs agates et jaspes ainsi transformés, rehaussée par la couleur d'un blanc mat éclatant, que, sur quelques échantillons, la perte de l'eau d'hydratation a donnée à des veines siliceuses restées transparentes et presque inaperçues dans l'état pri- mitif. V. Modificalion des matières minérales naturelles par des agents oxydants. >. Entré dans la voie des réactions chimiques, j'ai fait sur les marbres, les agates et diverses pierres précieuses, une série correspondante d'essais, en remplaçant le brai ou le cyanure de potassium par du nitrate, du chlo- rate ou du bichromate de potasse. I) Ces agents d'oxydation, qui m'avaient déjà servi à démontrer l'iden- tité du principe colorant du quartz et du silex enfumés naturels et de l'opale blanche enfumée par le brai, ou enfin du silex blanchi ef pénétré artificielle- ment de brai, m'ont permis de détruire le bitume qui sert de principe colo- rant à beaucoup de marbres. Ainsi, le marbre bleu fleuri, maintenu en con- tact pendant quelque temps avec du nitrate de soude fondu, devient blanc veiné de jaune. Les marbres de Sainte-Anne, les marbres des Écaussines, ont perdu par le même traitement une grande partie de leur couleur noire ; mais aussi, en perdant leur principe bitumineux, ces marbres, contraire- ment à l'effet habituel de la bitumination artificielle, ont perdu un peu de leur dureté. Cette dureté pourrait leur être rendue, toutefois, en les impré- gnant de brai. Certains marbres, tels que le vert des Alpes, le vert d'Egypte, le leventeau, ont pris des couleurs plus claires très-éclatantes et des nuances nouvelles. Le marbre de Sienne a échangé sa couleur jaune en une cou- leur d'un rose admirablement veiné de rouge. Les pierres siliceuses qui, comme la pierre à fusil, subissent déjà l'action oxydante de l'air à une haute température, se sont décolorées avec vme rapidité extraordinaire dans des bains de nitrate, de chlorate et surtout de bichromate de potasse. » Des jaspes veinés de jaune et de vert ont passé au rouge éclatant veiné de blanc. )i Une calcédoine chrysoprase a perdu une grande partie de sa couleur verte, et sa translucidité a été détruite par déshydratation. On sait que cette pierre, dans l'état naturel, est assez perméable pour qu'on ait tenté ( 249 ^ souvent de lui donner fraiidideusoment une couleur plus foncée en la lais- sant séjoiu-ner pendant quelque temps dans une dissolution de nitrate de cuivre, qui n'a aucune action sur les principes constituants de la pierre (i). » Plus les pierres soumises à mes essais étaient dures et denses, plus l'in- fluence des agents dont j'ai fait usage s'exerçait difficilement. Les grenats et les émeraudes pâlissent, puis parfois se décolorent, mais fort lentement. Un travail récent de M. I.œvy a déjà fait sotipcoiuier que l'émeraude pour- rait devoir sa couleur à quelque matière organique. » Une tourmaline verte d'Amérique et du quartz lydien ont résisté aux agents d'oxydation et de désoxydatiou; il en a été de même des rubis, et jusqu'ici mes tentatives pour détruire la couleur sombre des diamants en- fumés n'ont pas été couronnées de succès. Ces pierres précieuses présentent, en raison de leur densité, une grande résistance à l'action des agents oxy- dants qui blanchissent rapidement le quartz, le cristal de roche enfumé et les quartz améthyste. Il importe d'ajouter que, dans le traitement du dia- mant, on se trouve placé entre deux écueils : celui de ne pas agir a.ssez énergiquement pour détruire les matières colorantes accidentelles dont ils sont imprégnés, et celui de brûler le diamant lui-même. Ainsi, l'action du bichromate de potasse, à une température élevée, donne lieu à une com- bustion lente du diamant; sa surface devient rugueuse et se recouvre d'oxyde vert de chrome qui y adhère avec une grande force et dont je n'ai pu le dépouiller que par un traitement subséquent au nitrate de potasse. J'ai commencé des expériences dans lesquelles je cherche à rem- placer une température très-élevée qui expose à brûler le diamant, par une action prolongée à température modérée. Entré dans la voie tracée, il ne me paraît pas impossible d'arriver au but de ces dernières tentatives, dont le succès intéresserait à un haut degré la joaillerie. Lorsque l'on fait agir le bichromate de potasse sur des opales ou des agates imprégnées de bitume, ce bichromate est également décomposé par le carbone, et les opales se (i) Il importe aussi de bien saisir la distance tjui sépare mes transformations chimiques des applications presque superficielles, sur des marbres blancs, de quelques matières colo- rantes organiques qui s'altèrent en peu de temps et ne participent en rien à la constitution du marbre. Pour mieux varier dans l'industrie l'aspect des marbres et des agates, mes transformations peuvent se faire à volonté sur une partie seulement de leur masse, en ne plongeant pas entièrement ces pierres dans les bains oxydants uu désoxydants. G. R., i863, 2™= Semestre. (T. LVII, N» S.) 34 ( 25o ) teignent en vert. La seule imprégnation de bichromate de potasse, et l'ac- tion subséquente d'une température assez élevée pour décomposer ce sel, permettent d'arriver au même résultat sans l'intervention désoxydante d'une matière bitumineuse. VI. Infiltrations métalliques par réduction. » La facilité avec laquelle, à une température élevée, certains liquides peuvent pénétrer dans des pierres dures, m'a conduit à imaginer un moyen d'introduire des lamelles de plomb ou d'argent dans des cristaux de roche, des topazes, etc. 1) A cet effet, je fais chauffer au rouge brim ces cristaux dans un bain de chlorure de plomb ou de chlorure d'argent, et lorsque les fissures des pierres immergées sont bien imprégnées du composé métallique, je les laisse refroidir lentement, pour ensuite réduire l'oxyde ou les chlorures, en pla- çant les cristaux qui en sont imprégnés, enveloppés de feuilles de zinc, dans de l'acide sulfurique étendu d'eau. Dans ces circonstances, l'hydro- gène naissant réduit le plomb et l'argent, d'abord à la surface, puis succes- sivement jusque dans les parties les plus centrales des cristaux. J'ai été conduit à faire ces dernières expériences par le désir de donner une explication des infiltrations métalliques naturelles. » En général, dans mes études sur toutes ces transformations, j'ai pris pour guide les réactions qui doivent s'accomplir souvent, mais très-lente- ment, dans la nature, et qui donnent lieu à une foule d'épigénies. Dans leur formation, les produits naturels ont dû se trouver sous des influences tantôt oxydantes, tantôtdésoxydantes; ainsi, sans faire intervenir les agents chimi- ques spéciaux auxquels j'ai eu recours comme moyen de démonstration, nous trouvons dans l'action lente de l'air une source inépuisable d'oxygène toujours prêt à entrer en combinaison, et les corps sont souvent admira- blement disposés à ces combinaisons par leur nature poreuse ou leur con- stitution chimique : de même il existe une cause permanente de désoxyda- tion dans les altérations que subissent les matières organiques par la putréfaction et la présence des matières bitumineuses qui sont les derniers produits organiques de leur décomposition. » Aussi n'est-il pas étonnant de trouver beaucoup de minéraux calcaires et siliceux plus ou moins imprégnés de bitume, et, dans ce cas, les oxydes qui peuvent les accompagne^' se présentent généralement au minimum d'oxydation. Ces mêmes minéraux, au contact de l'air, subissent des modi- ( ^5i ) fications qui consistent principalement dans la superoxydation des oxydes entrés dans leur formation. Ces effets se remarquent d'une manière remar- quable dans certains marbres, où la masse générale se trouve cliargée do protoxyde noir de fer, et où des crevasses ont été pénétrées subséquemment de calcaire chargé de sesquioxyde de fer. » PHYSIQUE. — Sur la diffusion ries gaz à travers certains corps poreux. Note de M. Cii. M.\tteiicci. « Parmi les phénomènes de physique moléculaire découverts dans ces derniers temps, on a dû certainement être frappé par ceux que M. H. Sainte- Claire Deville a annoncés à l'Académie dans les séances du 2 février et du 25 mai de cette année. Il s'agit d'un courant de gaz hydrogène qu'on fait passer dans un tube poreux entouré de l'atmosphère et qu'on trouve à la sortie du tube complètement changé en un courant d'air atmosphérique. Cette expérience est encore plus frappante lorsqu'on substitue au tube poreux un tube de platine chauffé à une certaine température; mais comme, dans ce cas, outre l'action du corps poreux, il faut ajouter l'influence propre du platine pour condenser les gaz, je me suis borné dans cette Note à étudier la première expérience du passage des gaz à travers un tube poreux. Je me suis rappelé en cette occasion avoir dans le temps fait l'analyse des gaz contenus dans des gousses de pois, de fèves et surtout dans celles du Cotutea arborescens, dans lesquelles j'avais trouvé une quantité abondante d'acide carbonique. J'ai repris, étant à la campagne, ces expé- riences et j'ai vérifié ces résultats. La quantité d'acide carbonique contenue dans l'air de ces gousses varie de 2 à 6 pour 100, suivant le degré de maturation du fruit, l'heure du jour et l'état de l'atmosphère. J'ai même remarqué que, en détachant ces gousses de la plante, il faut laisser pas.ser plusieurs heures et quelquefois des jours entiers pour ne plus y trouver que de l'air atmosphérique pur. On sait aussi qu'en exposant à l'air des esto- macs de poulet ou des vessies remplies de différents gaz, il faut des jours entiers pour ne plus trouver dans ces vessies que de l'air atmosphérique. Ces résultats ne s'accordent pas si facilement avec les expériences de M. De- ville, à moins d'admettre que l'état de courant et la petite pression à laquelle le gaz est soumis dans le tube poreux rendent beaucoup plus facile la sortie du gaz à travers les interstices de ce tube. J'ai commencé par répéter l'expérience de M. Deville en faisant passer le courant du gazhydro- 34./ ( 252 ) gène ou d'acide carbonique à travers un long morceau d'intestin de poulet ou d'agneau, et j'ai trouvé que ces gaz passaient à peu près purs, quand même le courant passait lentement. Au lieu des tubes de terre poreuse, que je n'ai pas réussi à me procurer, j'ai employé un tube de 8 à lo millimètres d'é[)aisseMr formé avec du plâtre à mouler que j'avais laissé dessécher au soleil. Avec ces tubes de plâtre, les résultats se rapprochent de ceux de M. Deville. Les expériences sont faciles à faire avec l'acide carbonique, car on n'a dans ce cas qu'à absorber l'acide carbonique par la potasse. J'ai ainsi trouvé que, quand le courant est très-lent et que la pression n'est que de quelques millimètres, il n'y a plus que 8 à lo pour loo d'acide carbo- nique dans le gaz sorti du tube : le reste, c'est de l'air atmosphérique pur. En augmentant la pression et la rapidité du courant, on voit aussi aug- menter la quantité d'acide carbonique et on peut arriver jusqu'à y trouver 8o à 90 d'acide carbonique. Avec des courants de la même rapidité et avec un tube de plâtre dont la paroi avait une épaisseur à peu près li-iple, je trouvais des quantités beaucoup plus grandes d'acide carbonique dans le gaz sortant du tube. En répétant dans les mêmes conditions ces expériences avec le gaz hydrogène, j'ai trouvé, comme on pouvait s'y attendre, que la diffusion de ce gaz est encore plus rapide que celle de l'acide carbonique. Il est probable que l'épaisseur du tube poreux employé par M. Deville était encore plus petite que celle du tube plus mince de plâtre avec lequel j'ai opéré, de sorte qu'on peut admettre qu'on arriverait avec le tube de plâtre aux mêmes résultats obtenus avec les tubes de terre poreuse. Il restait ainsi à expliquer la différence trouvée entre les mem- branes prises à l'état frais sur des animaux et des végétaux et les tubes de terre et de plâtre. On réussit à cela facilement en imbibant le tube de plâtre d'eau. Il est très-probable que ce qui arrive pour le plâtre réussit égale- ment avec la terre poreuse. Lorsque le tube de plâtre a été imbibé d'eau, même imparfaitement, j'ai trouvé à la sortie du tube l'acide carbonique et le gaz hydrogène aussi purs qu'à l'entrée et comme avec l'intestin. Ainsi donc les colonnes capillaires d'eau qui remplissent les interstices du tube de plâtre et de terre empêchent la diffusion des gaz, qui a lieu très-facile- ment lorsque ces colonnes n'existent pas, comme si ces gaz se trouvaient, sous une certaine pression, en présence du vide. Quand les colones capil- laires d'eau interviennent, ces phénomènes changent en quelque sorte de nature et acquièrent une grande analogie avec les phénomènes d'endos- mose. En effet, il faut alors considérer les deux gaz comme séparés par une ■( 253 ) couche plus ou moins continue d'eau, dans laquelle ces deux gaz entrent en dissolution avec des affinités très-inégales. Les deux gaz, une fois dissous dans l'eau, s'exhalent de nouveau chacun en présence du milieu différent, comme si c'était un espace vide. On voit ainsi apparaître des différences qui dépendent en grande partie de la solubilité inégale des deux gaz. Ainsi une grande vessie contenant du gaz hydrogène, mais très-imparfaitement renj- plie, suspendue dans une cloche pleine d'acide carbonique, ne tarde pas à se gonfler par une grande quantité d'acide carbonique qin y pénètre en laissant sortir une quantité bien plus petite de gaz hydrogène. Des phéno- mènes analogues ont certainement lieu dans l'acte de la respiration pul- monaire. » PHYSIOLOGIE. — Sur les mariages comanguins. Extrait d'une Note de M. Segcin aîné. « L'excellent article de M. Bourgeois sur les alliances consanguines, publié il y a quelque temps dans les Comptes rendus (séance du 26 janvier i863), a contribué puissamment à tranquilliser les membres des familles, qui, se trouvant dans le même cas, n'étaient pas doués d'une force d'esprit suffisante pour résister aux impressions pénibles qui devaient être la con- séquence des nombreuses attaques dont ces mariages sont devenus le sujet depuis quelques années. » J'aime à croire que les auteurs des observations isolées qui ont surgi de toutes paris à ce sujet ont, avec les meilleures intentions du monde, cherché la plupart du temps, et même à leur insu, à étayer des idées pré- conçues chez eux, en portant leur choix de préférence sur des observa- tions isolées conformes à lenr manière de voir, et cela sans soupçonner ni même se douler le moins du monde qu'ils pouvaient affecter péniblement des personnes qu'ils n'avaient nullement l'intention de contrister. C'est pourquoi j'ai cru devoir cori'oborer l'observation de M. Bourgeois par celle de dix alliances de ma propre famille avec celle des Montgolfier, afin de combattre, par des résultats sur une aussi grande échelle, des observations sans suite et sans liaison entre elles, et que, cependant, leurs auteurs ont cru suffisantes pour servu- de base à une prétendue loi qui devait en être la conséquence. . . . » Voici le tableau de ces alliances avec leurs résultats : ( 254 ) NOJrS DES CONJOINTS. 1" Jean-Baptiste de Montgolfier.. Méhame de Montgolfier ] DEGRÉ de PAHENTÉ Cousins eerraains. 2" Élie de Montgolfier \ Pai LiNE Duret, née de Jea."<>e| Cousins germains, de Montgolfier ' 3" Raymond, fils d'ÉLiE de Mont-i golfier ' Julie Seguin, née d'AucusTiNE.i fille de Jeanne de Montgolfier Cousins germains 4' Laibent. flls d'ÉLiE de Mont golfier llÉLiiNE Seguin, née d'Auois-^ Cousins germains TINE, fille de Jeanne de Mont golfier DATE des mariages 5" Eugène de Montgolfier. Jenny de Montgolfier. . .) i Cousins germains. 6" Marc Seguin i ArorsTiNE, fille do Jeanne de/ Cousins germains. Montgolfier ) 7° En secondes noces : ) AiGiSTiNE, fille d'ÉLiE de Mont-) Oncle et nièce. .. golfier ) 8' Camille Seguin. CÉLiE, fille do Jeanne Seguin. Cousin? aermains 9' l'AiL Seguin ] TiiÉiiiiSE, fille de Camille Se-[Oiicleet nièce. guin ) 10" Joseph Seguin ] MvRiE, fille de Lydie de Mont-) Cousins germains. golfier ) 1845 1812 1840 i84o 1845 nombre d'enfants i838 i8i4 18 40 i858 61 VIVANT en 1863. ANNÉES vécues jusqu'en 18G3. 520 320 i,0 55 45o 320 I 845 ans M ,1e n'ai jamais appris qu'il y eût parmi tous les enfants provenant de ces mariages aucun cas de surdi-mutité, d'hydrocéphalie, de bégayement ou de six doigts à la main. « ( a55 ) M. Favre, récemment nommé à une place de Correspondant pour la Section de Chimie, adresse ses remercîments à l'Académie. RAPPORTS. HYDRAULIQUE. — Siiile (kl Rapport sur un Mémoire présenté pur M. Bazin, ingénieur des Ponts et Chaussées, sur le mouvement de l'eau dans les canaux découverts. (Commissaires, MM. Dupin, Poncelet, Combes, Ciapeyrou, Morin rapporteur. ) (( Rapport entre la vitesse moyenne et la vitesse maximum. — Une autre recherche fort importante pour les applications, c'est celle du rapport qui existe dans un courant d'eau entre la vitesse moyenne U et la vitesse maxi- mum V déduite de l'observation directe faite, le plus souvent, à l'aide de flotteurs. » On sait, en effet, que dans la plupart des cas l'on est réduit pour le jaugeage des cours d'eau à déterminer par ce moyen la vitesse V à la sur- face et à en conclure à l'aide de la formule empirique donnée par Prony, U V-+-2.372 V ~ V-f-3.i53 la vitesse moyenne U que l'on multiplie ensuite par la surface du profil moyen du cours d'eau dans la portion où l'on a opéré. » Or, cette formule empirique n'a été dédnite par Prony que des expé- riences faites parDubuat sur de petits canaux en bois et ne saurait évidem- ment convenir à tous les cas, puisqu'il est maintenant bien démontré par les études de M. Darcy et de M. Bazin que la résistance des parois, qui a une grande influence sur la valeur du rapport —■, varie beaucoup avec la nature de ces parois. » Il était donc nécessaire d'étudier la marche que ce rapport avait pu suivre dans les nouvelles et nombreuses recherches de M. Bazin, et cette question présentait par elle-même des difficultés assez grandes. » En effet, quoique dans les cours d'eau les filets animés de la vitesse maximum soient généralement très-près de la surface, l'on sait cependant que dans les courants profonds cette vitesse maximum ne se trouve qu'à une distance de la surface d'autant pins grande que la profondeur est plus considérable par rapport à la largeur. 11 y a longtemps que les bateliers du ( 256 ) Rhin et nos pontonniers savent qu'un bateau charge et ayant un fort tirant d'eau marche, en descendant, plus vite que l'eau qui le soutient ou que les corps flottants à la surface. » Il suit de là que les observations faites avec des flotteurs ne donnent pas toujours la valeur de la vitesse maximum, à moins qu'ils ne soient conve- nablement immergés. .. D'une autre part, quand, à l'inverse, le courant n'a qu'une petite pro- fondeur, pour peu que le flotteur soit épais, la plus grande vitesse étant alors très-près de la surface, il est très-difficile de contrôler les indications des flotteurs par celles du tube jaugeur, qui ne sont exactes que quand ce tube est suffisamment immergé. » L'on comprend, par ce peu de mots, la difficulté du problème d'hy- draulique expérimentale que se proposait d'étudier M. Bazin et la nécessité où il s'est trouvé de choisir, parmi les séries d'expériences dont il disposait, celles qui étaient le moins exposées aux anomalies résultant des deux causes principales que nous venons d'indiquer, ainsi que de quelques autres moins importantes. » L'examen général des résultats d'observation lui ayant, dès l'abord, montré que le rapport — diminuait à mesure que la résistance de la paroi V augmentait, il en a conclu qu'il devait exister entre le rapport — et le rap- RI port — ? qu'il a désigné par A, une relation de la forme V ,. /RI RI attendu que cr doit évidemment être égal à l'unité quandy( — j sera nul. » Parmi les formes que peut prendre la fonction inconnue, la plus simple étant dans laquelle K serait un coefficient constant, M. Bazin a recherché si effec- tivement cette formule ne serait pas assez d'accord avec les résidtats de l'observation pour qu'au moyen d'une valeur déterminée du coefficient K, le rapport — pût être représenté par la formule ( 25; ) Or, en tirant de cette formule V _ v/^-î et en calculant d'après les observations pour lesquelles les valeurs de la vitesse déterminées à l'aide des flotteurs et contrôlées avec le tube jaugeur ont offert le plus de régularité, M. Bazin a trouvé que, si la valeur du coef- ficient K varie un peu avec celle du rapport —■, elle ne s'éloigne cependant guère de la valeur moyenne K= i/i,3 ou plus simplement K= i/j, tant que — n'excède pas 0,001000, ce qui est le cas le plus général. )) Tl suit de là que le rapport de la vitesse maximum observée près de la surface à la vitesse moyenne U serait donné, entre les limites des observa- tions les plus régulières, par la formule V d'où l'on peut tirer V- u = i4s/Ri. V ') Cette formule montre que le ra[)port — de la vitesse près de la surface à la vitesse moyenne croît proportionnellement à la racine carrée du rayon moyen R, proportionnellement à la racine carrée de la pente I par mètre courant, et en raison inverse de la vitesse moyenne U. » Dans les canaux dont la largeur est très-grande par rapport à la pro- fondeur d'eau, le rayon moyen diffère très-peu de cette profondeur, et y alors le rapport - croit proportionnellement à la racine carrée de la pro- fondeur. » Comparaison des résultats de la formule précédente avec les résultats Journis par la formule de Prony et par iexpérience. — La question dont il s'agit ici ayant pour les cours d'eau une grande importance, puisque, la plupart du temps, l'on ne peut déterminer que la vitesse à la surface à l'aide de flot- teurs, il était nécessaire de mettre en regard les résultats déduits de l'obser- vation avec ceux de la formule proposée et avec ceux de la formule de C. R., i8C3, jme Semeslre. (T. LVII, N» S.) ^^ ( 258 ) Prouy. C'est ce qu'a fait avec soin M, Bazin dans un tableau où les vitesses de superficie observées ont varié de o"',3i5 à plus de 6°',oo en une se- conde. » L'examen de ce tableau montre que si la formule de Prony s'accorde assez bien avec l'observation, lorsque la résistance des parois est peu consi- dérable, comme il était facile de le prévoir, puisqu'elle a été déduite d'ex- périences faites sur des canaux en bois, il n'en est plus de même à mesure que cette résistance augmente. » 11 convient de faire remarquer, avec M. Bazin, que l'erreur que l'on peut commettre en appliquant la formule qu'il propose aux quinze ex- ■n T périences où la valeur de j-p dépasse 0,001000 n'atteint pas en moyenne o^ioS ou 0,097 ^^ '* P^"^'^ petite vitesse moyenne U = o^iSiS observée dans ces quinze expériences, tandis que celle que peut donner la formule de Prony s'élève en moyenne à o™,2o5 ou à 0,398 de cette plus petite vitesse, et que, parfois, elle atteint plus de la moitié de la valeur de la vitesse déduite de l'observation. )i II résulte donc de cette discussion que la relation entre la vitesse maxi- nuun observée près de la surface, à l'aide de flotteurs ou d'autres moyens, et la vitesse moyenne, peut être représentée avec l'exactitude nécessaire pour les applications par la farnude V - U = 1 4 v/RÎ ou u = V - 1 4 s/ Ri. >) Lorsqu'il s'agit du jaugeage d'un cours d'eau, l'on peut déterminer par l'observation directe les quantités V, R et I, et, par conséquent, la vitesse moyenne U, qu'il suffit ensuite de multiplier par l'aire de la section transver- sale pour obtenir le débit, sans qu'il soit nécessaire alors de tenir compte de la résistance des parois, dont l'influence est implicitement coniprise dans les valeurs qu'ont prises les quantités connues. » En joignant la formule précédente à celles qui, pour les quatre types auxquels on peut rapporter la plupart des canaux dont on veut étudier le régime ou que l'on veut établir dans des conditions à peu près données, on |>oiu-ra résoudre les questions d'application qui se présentent à l'ingénieur, et l'on aura la certitude d'obtenir des solutions, sinon rigoureuses, au moins plus exactes que celles que l'on pouvait jusqu'ici déduire des règles coninics. » A. l'exemple de Prony, M. Bazin a cru devoir joindre à son Mémoire des Tables destinées à faciliter les calculs relatifs au mouvement uniforme de l'eau dans les canaux. ( 2J9 ) » Les foi mules d'interpolation auxquelles il est parvenu étant g = a + |, doli l'on tire RI=(a + ^)u- et U- ^' v/^ 1 R et U = V-i4\/RI, d'où Hr= ^^ -+- "4 i/« R il a calculé pour les quatre types des canaux auxquels il propose de rap- porter les différents cas de la pratique : » 1° Deux Tables faisant connaître pour toutes les valeurs du rayon moyen R que l'on peut rencontrer dans la pratique les valeurs correspondantes de a+1 et de \/^- + l; » 2" Deux Tables donnant les valeurs du rapport - de la vitesse moyenne à la vitesse maximum pour les différentes valeurs du rayon moyen R ou du coefficient a -h ^^ » Ces Tables peuvent être utiles, mais les formules sont assez simples et d'un usage assez commode pour qu'elles ne soient pas nécessaires atix ingénieurs. » Recherches sur la résistance que l'air exerce sur la surjace d'un courant. — L'on a souvent attribué à cette résistance luie influence assez considérable pour qu'il soit nécessaire d'en tenir compte, et M. Darcy s'était aussi pro- posé d'étudier cette question assez délicate en même temps que la réparti- tion des vitesses, soit dans une même section transversale, soit dans une section longitudinale. )) Pour y parvenir, il fit faire en iSSy un tuyau rectangulaire auquel il donna o^jSode largeur sur o™, 5o de hauteur, et plus tard, en 1869, M. Bazin en fit établir un deuxième de o"',48 de largeur sur o'°,3o de hau- teur. On détermina d'abord les volumes d'eau débités par ces tuyaux cou- lant à gueule bée sous une pente donnée, puis on enleva leur paroi supé- rieure et l'on y fit de nouveau couler l'eau à surface découverte. » D'autres expériences spéciales ayant montré que, dans l'écoulement par les tuyaux pleins les vitesses des filets placés aux mêmes distances verticales au-dessus et au-dessous de l'axe des tuyaux étaient égales, il s'ensuivait qu'en supposant le profil du canal partagé en deux moitiés par une ligne horizontale, il s'écoulait par chacune d'elles des volumes égaux. Cela posé, 35.. ( 200 ) si, dans le canal découvert de même largeur, l'on faisait, avec la même pente motrice, couler une nappe fluide d'une épaisseur égale à la moitié de la hauteur du canal fermé, l'influence de la résistance retardatrice que l'air pouvait exercer sur la surface devait se manifester en rendant le volume d'eau écoulé dans le canal ouvert inférieur à la moitié de celle qu'avait débitée le tuyau plein de même largeur. » Or deux expériences très-comparatives, faites dans les conditions que nous venons d'indiquer, ont donné les résultats suivants : TlTiMI DE On',80 DE LARGEUR. . ■ f TIYAU DE 0">,48 DE LARGEUR. Fermé. Découvert. Fermé. Ouvert. Hauteur o'",5o Pente o"',oo427 Débit o"><:,6i8 Hauteurd'eau o™,2458 Pente o"" ,00^30 Débit. .o""':,3o7 Hauteur o"^,3o Pente o"", 00627 Débit omc.igi Hauteurd'eau o™,i5io Pente 0"", 00600 Débit omc^oga » Ces expériences ayant été d'ailleurs faites par un temps calme, elles semblent indiquer que l'air n'oppose pas au mouvement de l'eau une résis- tance assez notable pour contrarier l'écoulement de l'eau, du moins en ce qui concerne le volume d'eau débité. » Mais il n'en est pas à beaucoup près de même quant à la répartition des vitesses des filets fluides qui traversent une même section. Des expériences nombreuses faites avec beaucoir|)desoin par M. Bazin à l'aide du tube jaugeur de M. Darcy, et par lesquelles il a déterminé les vitesses en quarante-cinq pointssymétriquement répartisd'un même profil transversal, lui ont d'abord montré, conmie nous l'avons indiqué plus haut, que la répartition de ces vitesses dans les tuyaux fermés se faisait avec une très-grande symétrie, et que si, à l'aide de certaines opérations graphiques très-simples qu'il indique, on déterminait dans chacun de ces profils le lieu des filets animés d'égales vitesses à différentes distances de l'axe du tuyau, on obtenait des courbes fermées parfaitement symétriques et qui se rapprochaient d'autant plus de la forme de rectangles à angles arrondis et à côtés parallèles aux parois du luyau, qu'elles se rapportaient à des filets plus voisins de ces parois. >) Mais M. Bazin a trouvé qu'il en était tout autrement dans les canaux découverts. Les courbes des filets d'égale vitesse les plus voisines des parois sont encore des rectangles dont les côtés verticaux s'arrêtent à peu près à ( 26i ) angle droit à la surface ; mais à mesure qu'on s'éloigne des parois et que les vitesses vont par conséquent en croissant, ces courbes tendent de plus en plus à se fermer vers leur partie supérieure, et elles viennent couper la sur- face du liquide sous des angles de plus en plus aigus. Enfin, quand la pro- fondeur du courant atteint ou dépasse le tiers de la largeur du canal, les courbes les plus voisines du milieu, et dans lesquelles la vitesse est la plus grande, se ferment complélement et limitent ainsi luie sorte de noyau fluide central, dont tous les filets traversent le profil avec une même vitesse supé- rieure à celle de tous ceux de la surface. Cette tendance des courbes à se fer- mer est d'autant plus sensible, que la résistance des parois est plus considé- rable ou que les vitesses sont moindres. » Des effets analogues se manifestent avec tous les profils de canaux, et la forme seide de ces courbes est influencée par celle du canal. » M. Bazin, en déterminant ces courbes d'égale vitesse, a eu soin de dis- tinguer celle qui est relative aux filets animés de la vitesse moyenne, mais elle ne présente pas de circonstances particulières. » Les expériences délicates, dont nous venons d'indicjuer en peu tie mots les résultats les plus saillants, montrent d'une manière évidente, comme le fait très-bien remarquer M. Bazin, que la distribution des vitesses dans un courant découvert est beaucoup plus compliquée qu'on n'aurait pu le pen- ser, en voyant la régularité parfaite avec laquelle elles se répartissent au con- traire dans l'intérieur d'un tuyau fermé. M Comment ces différences dans les vitesses des filets qui traversent laie même section et leur répartition dans cette section se produisent-elles sans que le volume d'eau débité paraisse eu être influencé, ainsi que sem- blent le prouver les observations comparatives faites entre les débits des tuyaux fermés et des canaux découverts dont nous avons rapporté plus haut les résultats? C'est ce que la science n'a encore pu expliquer complètement. » Quoi rpi'il en soit, M. Bazin ayant eu le soin de déterminer pour un grand nombre de profils réguliers rectangulaires ou circulaires, sept, huit et jusqu'à dix courbes de situation des filets animés de vitesses égales, il a fourni, parce long et patient travail, aux géomètres qui voudront s'occu- per de la recherche des lois de la répartition des vitesses dans les nappes fluides, des données précieuses qui leur manquaient jusqu'à ce jour, pour vérifier l'exactitude des hypothèses que l'on peut faire sur ces phénomènes délicats. » Vnrialion de la vitesse des filels fluides dans une même verticale. — M. Bazin s'est aussi occupé de cette recherche, qui a été traitée par beaucoup d'iiy- ( i6î ) drauliciens, et il a employé à cet effet le tube jaugeur de M. Darcy, à l'aide duquel on peut obtenir des indications plus exactes et surtout beaiicouj) ijUis comparables entre elles que celles que fournissent les autres moyens mis en usage. Mais les csnaux sur lesquels il a fait ses observations ne pré- sentaient malheureusement que des profondeurs d'eau comprises entre o"',i07 et o™,35o, avec des vitesses moyennes respectivement égales à 2™, 5oq et à ï'",6']5, c'est-à-dire entre des limites beaucoup trop restreintes pour cni'il lui ait été possible de démêler la véritable loi de la variation des vitesses. » De la discussion des observations qu'il lui a été possible de faire, M. Bazin a pensé pouvoir déduire que l'excès de la vitesse V à la surface sur la vitesse i> d'un filet situé à une profondeur h au-dessous de cette sur- face, dans un canal de pente I et de profondeur H données, variait comme le carré de la profondeur h et était exprimé par la formule i' = vRi-R(^ dans laquelle : » V est la vitesse maximum supposée très-voisine de la surface, » f la vitesse d'un filet situé à la profondeur h, » H la profondeur totale du courant, » R un coefficient constant peu différent de 20. 1) On tire de cette formule ce qui montre que la vitesse, à une profondeur donnée //, croît à mesure (jue la profondeur totale augmente, mais non d'une quantité constante, ou 4° Ces caractères ne sont pas les seuls qui modifient la responsabilité ; elle est encore fortement influencée par les changements du tempéra- ment, de l'humeur, l'affaiblissement, l'abaissement du niveau intellectuel et moral, la perversion des instincts, l'éclosion des plus mauvais senti- ments, etc. » 5" Un fait d'une haute importance, c'est qu'il n'est pas rare, au milieu de cette variété de phénomènes morbides, de voir les malades parler, agir, écrire très-raisonnablement dans les intervalles souvent fort cotuts de leurs accès. n 6° Les mononianies, les folies dites raisonnantes peuvent se mani- fester tantôt avec de l'excitation, tantôt avec de la dépression, et ces deux formes, qui se succèdent souvent, constituent des états également morbides » 7*^ L'analyse des faits indiqués nous autorise à émettre l'opinion que les aliénés ne sont pas responsables de leurs actes pendant la durée de leiu mal, et qu'en conséquence il n'existe pas de responsabilité générale. C. R , i863, 2™e Semestre. (T. LVII, N» S.) ^^ ( -266 ) » 6" Sans nier la lespousabililé partielle, cju« nous admettons dans une c<;r(aine mesure pour les intervalles lucides, les nionomanies au début, celles dont l'idée fixe est reconnue et toujours niaiulenue, nous déclarons que l'altération de l'intelligence, limitée à un seul ou à un petit nombre de points, suivie dans ses manifestations consécutives, ne nous permet pas de comparer cette responsabilité à celle des accusés dont la raison est restée intacte. C'est aussi la conséquence qui résulte de la doctrine de l'unité de l'âme et de la solidarité de ses facultés. » g" Si les aliénés accusés de crimes ne peuvent être punis comme les coupables dont la raison n'a jamais souffert, ils doivent être séquestrés dans leur intérêt et dans celui de la société. « lo" Ce sont les différences tranchées qui séparent ces deux responsa- bilités qui nous ont fait proposer de créer un asile particulier pour cette catégorie d'insensés. " 1 i" Les recherches sur la responsabilité doivent être étendues aux aliénés à instincts irrésistibles, à folie transitoire, aux faibles d'esprit, et aux épileptiques, parce qu'il est également impossible de contester que l'im- puissance de la volonté, l'imperfection native du cerveau, physique et intel- lectuelle, la complication de la folie et de l'épilepsie, ne soient des condi- tions toutes-puissantes qui changent la nature des actes criminels. V I 2° Pour établir une doctrine sur ces questions capitales, il tant faire entrer dans l'éducation les notions de la science de l'homme (rapports du physique et du moral) qui ont été jusqu'alors complètement bannies de l'enseignement. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expiialion iwclitme et diurne des feuilles. Feuilles colorées ; jiar ^l. B. Couexwixder. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Decaisne.) c" 1° Ou sait que pendant la nuit les feuilles expirent généralement de l'acide carbonique. Je démontre, dans mon Mémoire, que cette expiration \arie en quantité, suivant la température, et uiéme qu'elle devient tout à fait nulle ou à peu près lorsque le thermomètre approche de zéro. » Dans l'obscurité aitificielle et pendant le jour, les plantes exhalent aussi de l'acide carbonique en proportion plus considérable que pendant la nuit, parce que d'ordmaire la température est plus élevée. " 2" A la lumière du jour, et suitout au soleil, les jeunes pousses, les bourgeons laissent échapper de l'acide carbonique, quelquefois en quan- ( 267 ) tité abondante. J'ai constaté ce phénomène par de nombreuses expériences effectuées en plein air à la campagne, sur les bourgeons du marronnier, du peuplier, du charme, du poirier, etc., etc. » Il résulte nécessairement de ces faits que, dans leur jeune âge, les feuilles n'ont pas la propriété d'absorber l'acide carbonique de l'air, et de le décomposer lorsqu'elles sont exposées à la lumière. Cette propriété, on le sait, leur est acquise plus tard, et elle augmente à mesure que les feuilles grandissent et se développent. )) 3° Les feuilles adultes n'expirent jamais d'acide carbonique, soit par un temps clair, soit par un temps obscur, lorsqu'elles sont exposées en plein air et qu'elles reçoivent de la lumière de toutes parts; mais, au con- traire, elles en exhalent généralement lorsqu'on les maintient dans un ap- partement où elles ne sont pas exposées aux rayons du soleil. » Voici comment je suis arrivé à constater cette loi. Pendant plusieurs années, j'ai été préoccupé de savoir poiu'quoi certaines plantes adultes expirent quelquefois de l'acide carbonique pendant le jour. Je faisais des expériences multipliées, soit dans mou jardin, soit dans mon laboratoire, en ayant soin, en ce dernier cas, de puiser l'air extérieur, pour renouveler dans ma cloche celui qui était attiré par l'aspirateur de mon appareil. Tantôt les plantes exhalaient de l'acide carbonique, tantôt elles n'en exha- laient pas. Mon laboratoire étant éclairé par de grandes fenêtres latérales, je ne pouvais pas soupçonner que les observations que j'y faisais n'avaient pas lieu dans des conditions normales. Je désespérais de découvrir la cause de cette anomalie apparente, lorsqueenfin je fis une expérience qui me mit sur la voie de la vérité. » Un jour, j'opérais dans mon jardin sur i;ne plante d'ortie commune que j'avais fait pousser dans un pot à fleurs. Le temps était couvert, la tem- pératTU'e de i5 à 18 degrés. Depuis le matin jusqu'à midi, je n'observai pas le moindre dégagement d'acide carbonique. A ce moment, il me vint à l'idée de transporter mon appareil dans mon laboratoire, dont je laissai les fenêtres ouvertes. Ainsi que je l'avais remarqué bien des fois en pareille circonstance, je vis en peu de temps que la plante exhalait de l'acide carbo- nique, car l'eau de baryte dans laquelle je recevais cet acide blanchissait fortement, et le soir le dépôt de carbonate barytique était considérable. Le lendemain, je fis une nouvelle observation, mais en opérant en sens in- verse, c'est-à-dire en commençant dans le laboratoire et en finissant eu plein air. M Pendant plusieurs années, j'ai fait des expériences semblables sur un 36. (268 ) ^rantl nombre de plantes, et j'ai constamment observé le même phénomène. La quantité fKacide carbonique que les feuilles peuvent produire dans un appartement varie suivant leur nature, l'intensité de la lumière diffuse, la température, etc.; celles qui m'en ont donné invariablement sont, entre autres : le colza , l'hélianthe, la vigne, le lilas, la fougère, la giroflée, l'ortie, etc., etc. » Au contraire, je n'ai jamis trouvé de feuilles susceptibles d'exhaler de l'acide carbonique, lorsqu'elles sont exposées au grand jour et en pleine lumière, même par un temps sombre et pluvieux. )) 4° Les feuilles colorées en rouge, en brtm, en pourpre, etc., jouissent- elles des mêmes propriétés que les autres? M J'ai fait beaucoup d'expériences sur ce sujet, avec des rameaux de noisetier ou de hêtre pourpre, des plantes d'alriptex ou de coleus, etc., et je puis affirmer que ces végétaux ne diffèrent en rien des plantes vertes, quant à la propriété d'absorber de l'acide carbonique à la lumière ou d'en exhaler dans l'obscurité. » Il est donc inexact de dire, d'une manière absolue, que c'est par leurs parties vertes que les feuilles décomposent l'acide carbonique de l'air sous l'influence des rayons solaires. » CHIRURGIE. — Mémoire sur la réduction des hernies étranglées par la compression élastique des bandes de caoutchouc; par M. Maiso.\.veuve. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Cloquet, Jobert de Lamballe. i « Il y a sept ans environ que j'eus l'idée d'appliquer à la réduction des hernies la puissance élastique du caoutchouc. Ce fut aux hernies volumi- neuses et seulement engouées que je m'adressai d'abord. Ces premières tentatives eurent un succès si constant et si complet, que, malgré quelques hésitations, je crus devoir appliquer la nouvelle méthode à la réduction des hernies véritablement étranglées. Dans les hernies inguinales et les hernies ombilicales assez volumineuses poin-être pédiculisées et enveloppées par la bande élastique, les résultats furent aussi complets que possible. Les her- nies les plus fortement étranglées, et qui avaient résisté aux plus énergiques efforts du taxis ordinaire, purent être réduites en quelques minutes, sans accident et sans violence. » Quelques-uns de ces faits ont été consignés en iSSq dans la thèse de M. Gustave Morel, l'un de nos élèves. Chaque année, depuis lors, nous en ( 269) nvons montré de semblables à notre clinique. D'une autre part, en no- vembre 1862, M. le D"" Vannebi'oucq, l'un de nos anciens internes, actuel- lement professeur à l'École de Lille, en a communiqué plusieurs à la Société de Médecine du Nord; enfin, dans le cours de cette année même, à l'Hôtel- Dieu, nous en avons observé trois extrêmement remarquables. )) Mais tous ces faits ne se rapportaient qu'à des hernies inguinales ou ombilicales d'un certain volume, et les hernies crurales, ainsi que les bubo- nocèles inguinaux, échappaient à l'application de notre premier procédé (procédé d'enveloppement); c'est pour remplir cette lacune que j'ai conçu l'idée d'un instrument spécial (le réducteur herniaire), lequel se prête merveilleusement à l'application de la compression élastique sur les hernies d'un petit volume. » Grâce à ces deux procédés d'une même méthode, procédé par enve- loppement et procédé par compression directe, exécutés l'un et l'autre au moyen de la bande en caoutchouc, nous avons la conviction que l'opération sanglante, si cruelle et si dangereuse (elle donne une mortalité de 60 pour 100), verra chaque jour diminuer le champ de son application, et bientôt même elle n'aura peut-être plus sa raison d'être. Description des procédés. » i" Procédé par enveloppement applicable aux hernies volumineuses. — Par trois ou quatre tours circulaires fortement serrés, on pédiculise d'abord la tumeur herniaire avec la bande de caoutchouc, puis, dirigeant les doloires de la bande sur le corps même de la tumeur, on enveloppe celle-ci très- exactement, en la recouvrant d'une série de tours obliques qui, par leur nombre, finissent par exercer une pression puissante et continue, sous l'in- fluence de laquelle la hernie se réduit avec une rapidité surprenante, deux ou trois minutes en moyenne. )) 2° Procédé par compression directe applicable aux hernies peu saillantes. — On passe sous les reins du malade la plaque lombaire du réducteur; on applique sur la hernie la pelote réductrice, armée de sa tige transversale, dont les extrémités correspondent à celles de la plaque lombaire; on réunit ces extrémités correspondantes au moyen de plusieurs tours de la bande élastique: cette manœuvre produit déjà une compression puissante; puis, si l'on veut l'augmenter encore, on fait mouvoir la vis de la pelote qui, remontant la tige transversale, tend de plus en plus la bande de caoutchouc et produit en conséquence une pression considérable, mais toujours élas- tique. ( 270 ) » L.i tliéorie de cette méthode est basée sur ce principe, que, dans les hernies étranglées, ce n'est pas l'orifice herniaire qui se resserre pour pro- duire l'étranglement, mais bien l'organe borné qui se gonfle et vient s'étrangler lui-même. D'où la conséquence qu'en ramenant par une com- pression méthodique l'organe tuméfié à son volume normal, il est toujours possilile de le faire repasser par l'orifice qu'il avait franchi. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Maréchal Vaillant présente une Note de M. Le Mu//er concernant une espèce de coccus indigène de l'Algérie dont la couleur, quand on l'é- crase, rappelle celle delà cochenille, Coccus Opuntiœ, et dont il semble qu'on pourrait également faire usage en teinture. L'auteur, qui est attaché à la section topographique de l'État-Major général à Alger, a eu l'occasion, dans l'exercice de ses fonctions, d'observer cet insecte, qui est très-abon- dant dans le Sahel, surtout dans la partie nord. On le trouve principa- lement sur des plantes de la famille des Ombellifères, où le duvet coton- neux, d'une blancheur éclatante, dont sou corps est recouvert, le fait aisément apercevoir. S'il se trouvait avoir quelque valeur comme substance tinctoriale, il serait aisé de se le procurer en quantité, et il y aurait ainsi de l'occupation pour bien des petites mains encore incapables d'un travail plus pénible. La Note de M. Le Mulier et un spécitnen de ces coccus qui l'accom- pagne sont renvoyés à l'examen d'une Commission composée de MM. Che- vreul et Blanchard. CHIMIE VÉGÉTALE. — Remarques à l'occasion du dernier Mémoire de M. Raulin, sur la végétation des Mucédinées ; par M. G. Vaille. (Commissaires, MM. Payen, Decaisne, Peligot.) « Depuis le jour, maintenant fort éloigné de nous, où je conçus pour la première fois le dessein de rechercher les conditions qui règlent la produc- tion des végétaux, une pensée dominante a inspiré mes efforts et dirigé toutes mes tentatives. Il me paraissait que le but que je me proposais serait atteint si l'on parvenait à rendre un sol artificiel dépourvu par lui-même de toute fertilité capable de produire à l'égal de la bonne terre. Pour cela il fallait évidemment recourir à l'emploi d'un certain nombre de corps déduits de la composition des végétaux eux-mêmes. La suppression succès- ( 271 ) sive, mais toujours un à un, de chacun des termes dans le mélaiiij;e mitial employé comme l'expression la plus parfaite des coiuiitions de fertilité, devait mettre en évidence leur degré d'importance. 1) Il fallait avant tout réussir à réaliser un milieu passif approprié aux exi- ueiices de la vie végétale; il fallait aussi se soustraire à l'intervention acci- dentelle des agents dont on voulait étudier les effets; il fallait enfin, antérieiu'einent à toute antre question, s'appliquera découvrir les disposi- tions physiques les plus favorables au succès des cultures dans ces con- ditions artificielles. Plusieurs années se passèrent donc en tâtonnements et en essais de tout genre. Un jour vint cependant où je pus considérer la méthode d'expérimentation à laquelle je devais me confier comme défi- nitivement fixée : je lui dois en effet la réalisation d'une partie des recher^ ches dont j'avais arrêté le plan depuis bien longtemps. » Il importe peu au but que je me propose aujourd'hui de rappeler sur quel ordre de considérations je me fondais pour composer le mélange type destiné à la fécondation des sols artificiels, il me suffira de dire qu'il était formé par la réunion des produits suivants : i" Matière azotée (i) ; 1" Phosphate de chaux ; 3° Phosphate de maynésie; 4° Sulfate de chaux ; 5° Chlorure de sodiuui ; 6" Hydrate de peroxyde de fer; -]" Sihcate de potasse; 8° Sihcate de soude. » Or, quels ont été les résultats des expériences dont je viens de rappeler (i) Georges Ville, Recherches expérimentales sur la végétation, iSS']. Opuscule in-8", p. i55. A la librairie de M. Rlallet-Bachelier. Comptes rendus de r Académie des Sciences, i4 décembre 1857, t. XLV, p. 997. Ces premières recherches, exécutées dans des pois de lerre ordinaire, à cause des ayents qu'ils cèdent à l'eau, ne produisirent que des résultats approximatifs ; ils devinrent défini- tifs à mes yeux à partir de i858, lorsqu'on commença d'employer des pots de biscuit de porcelaine trempés dans la cire fondue. (Comptes rendus de V Académie des Sciences, \'i sep- tembre i858, t. XLVII, p. 438.) Pour la suite de mes recherches, voyez dans le même Recueil aux séances suivantes : i3 septembre i858; 21 mars i85g; i3 août 1860; 17 sep- tembre i86o; Il novembre 1861; 7 juillet 1862. ( 272 ) l'origine et la destination? Quels furent les effets produits par la sup- pression de chaque constituant dans le mélange précédent? Elles entraînè- rent un abaissement considérable dans le poids des récoltes; leur absence alla même pour les phosphates jusqu'à rendre la végétation absolument impossible. Si, pour la facilité du discours et l'évidence de la discussion, nous appelons engrais complet la réunion des huit agents que nous venons d'énumérer, la série suivante résumera les effets les plus importants que nous avons obtenus. 1857. 1860. 1857. Engrais complet Engrais complet Engrais complet 1857. moins moins moins Engrais complet, la matière azotée la potasse. les phosphates Récolte sèche produite par ) ^^jr^gg 6",85 6s%02 o5%6o ao grains de froment. . ( » Groupés dans le même ordre, les résultats observés par M. Raulin sur VAscophora nujrans sont exprimés par les chiffres suivants : Récolte sèche ao^'.oo » .^So5(.) o^s5o » Le travail de M. Rauhn se résout donc dans une application aux Mucé- dinées de la méthode appliquée antérieurement par moi aux végétaux supé- rieurs. Ses résultats confirment les miens au point de se confondre quel- quefois avec eux. » Les résultats que je viens de rappeler présentent un grand intérêt, non-seulement par la lumière qu'ils répandent sur le degré d'utilité des agents régulateurs de la production des végétaux, mais encore par le moyen nouveau et inattendu qu'ils nous offrent pour analyser les terres à l'aide d'essais raisonnes de culture. Je m'explique : si l'engrais complet produit ao sur une terre donnée, et que sur la même terre l'engrais privé de potasse produise 18, 17 ou 19, n'est-il pas évident que le sol est pourvu de cet alcali? Ce que je dis de la potasse s'applique pareillement aux phosphates, à la matière azotée, etc., etc. Suivant donc que l'effet des engrais incom- plets se rapproche ou s'éloigne de celui produit par l'engrais complet, on peut conclure avec une entière sécurité à la présence ou à l'absence dans ' le sol de l'agent qui fait défaut dans l'engrais incomplet lui-même. Finale- ment on peut donc, par des essais de cette nature, analyser les terres, non (i) M. Raulin a supprime à la fois et en même temps la potasse et la magnésie. ( ^73 ) assurément dans toute la rigueur de ce mot ou quantitativement, mais du moins les analyser par rapport aux besoins des végétaux et à leur moyen d'absorption, ou qualitativement, ce qui n'est pas moins difficile et bien autrement essentiel. >) Lorsque les récoltes du champ d'expérimentation de Vincennes seront terminées, je montrerai combien sont intéressants et peuvent devenir utiles des essais de cette nature. )y D'après M. Raulin, les Mucédinées ne tirent point d'azote de l'air. Il n'a jamais réussi à constater une fixation d'azote ayant cette origine. Je ne sais pas jusqu'à quel point on ne pourrait pas opposer les expériences de M. Jobin, dont les résultats ont été différents, à celles de M. Raulin, mais eu supposant celles de ce dernier inattaquables, que serait-on fondé à con- clure à l'égard des végétaux supérieurs? Ne sait-on pas que les Mucédinées sont impuissantes à réduire l'acide carbonique de l'air pour s'en assimiler le carbone ? Je ne présume donc pas que M, Raulin ait l'intention d'étendre ses conclusions aux végétaux les plus élevés. Son expérience n'a donc qu'un intérêt secondaire pour moi. Mais puisque la question de l'origine de l'azote dans les végétaux semble vouloir renaître de ses cendres, à mon tour je me crois autorisé à exprimer mon sentiment. Ma déclaration sera courte et nette : je maintiens dans toute leur intégrité mes anciennes conclusions. Depuis 1857 je n'ai pas cessé un seul jour, de près ou de loin, de m'occuper de ce grave sujet. Or mes recherches, qui du laboratoire se sont étendues à la grande culture, m'autorisent à formuler à titre de con- clusions les deux propositions suivantes : » 1° Il y a des cultures dont les produits contiennent beaucoup d'azote, et sur le rendement desquelles les nitrates et les sels ammoniacaux n'exer- cent aucune influence. » 2° Dans un sol artificiel d'une composition invariable^ le choix indi- viduel de certaines graines détermine un excès de rendement quelquefois énorme et une fixation d'azote considérable (2 à 3 grammes); effet qu il est impossible de produire par l'addition d'une matière azotée dans le sol. » J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie un tableati photo- graphique fort éprouvé par l'usage, car il sert depuis 1860 aux démonstra- tions de mon cours au Muséum d'Histoire naturelle, et où sont représentés les effets que je viens de rappeler eu regard de ceux de M. Raulin. » C. R., i863, 2""^ Semestre, T. LVll, N» S.) ^7 ( 274 ) PHYSIOLOGIE. — De l' absorption des tnédicainenls par ta peau saine. Note de M. X. Delore, présentée par M. Bernard. (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Longet.) '( Les médicaments qu'on applique sur la peau saine sont-ils absorbés? Telle est la question dont j'ai cherché la solution et qui a soulevé les opi- nions les plus diverses. Je pense que l'aclion d'un grand nombre de médi- caments se borne à une impression locale sur les papilles du derme ; ainsi les narcotiques ont une action sédative, les résolutif* une action excitante; de même la plupart des eaux minérales. Je suis loin cependant de nier l'ab- sorption cutanée. )i Pour moi, un médicament absorbé est celui qui s'est introduit dans les vaisseaux du derme, et dont on retrouve la trace évidente dans l'orga- nisme. Il y a pour constater l'absorption un procédé médical qui peut in- duire en erreur, car l'effet thérapeutique n'implique pas nécessairement l'absorption du médicament. Il y a aussi un procédé physiologique que j'ai suivi exclusivement. J'ai admis la pénétration du mercure, quand il y avait salivation; de la belladone, quand il y avait dilatation de la pupille; de l'iode, quand je le retrouvais dans les urines. J'ai entouré mes recherches, qui ont été fort nombreuses, de toutes les précautions possibles, pour les rendre plus positives. » J'ai seulement relaté 1 17 observations : voici l'indication sommaire des substances employées ; pommade iodure de potassium, 10 cas; pom- made iodure de potassium rance, 3; pommade iodée, 6; baume de Lau- sanne, i5; comparaison du baume de Lausanne et de la pommade iodure de potassium, (i ; baume de Lausanne glycérine, 3 ; baume de Lausanne et huile d'amandes douces, 4; glycérolés, 5 ; pommade au beurre de cacao, 2; huile iodée, 3; solutions dans l'eau pure, a; baume iodure, 5; frictions diverses, i5; emplâtres, 10; belladone, i3; bains, 4» cyanure jaune, 3; préparations mercurielles, 8. » Les expériences faites dans ces 117 observations sélèvent au chiffre de i38, qui ont donné les résultats suivants : » Résultats positifs, i\g; négatifs, 60; douteux, 9. » Dans la moitié des faits, il y a donc eu absorption. » De ces recherches je tirerai les conclusions suivantes : » i" La peau saine est susceptible d'absorber toutes les substances so- lubles dans l'eau ; ( 275 ) » 2° Cette absorption est tellement difficile et irrégulière, qu'on no peut compter SIM' la méthode ialraleptique d'une façon certaine. » 3'' L'absorption de la peau est favorisée ou contrariée par plusieurs conditions qui sont relatives : » A. A l'énen/ie ou à la mollesse du sujet, qualités qui ont une grande influence sur l'absorption. Quant à l'âge, mes expériences me permettent de conclure qu'elle est plus facile chez les jeunes sujets. Elle se fait égale- ment mieux dans les points où la peau est mince, comme les bourses, le cou, les aisselles, etc.; c'est le contraire dans les lieux où elle est plus épaisse, comme au dos et aux jambes. L'étendue de la surface sur laquelle on fric- tionne et la durée de la friction ont une influence prononcée sur son succès. w B. A la nature du médicament. — Les sels solubles que j'ai expérimentés m'ont paru jouir d'un degré d'absorption identique. J'ai choisi pour type l'iodure de potassium, à cause de son innocuité et de la facilité de le re- connaître ; je crois pouvoir appliquer les données qu'il m'a fournies à tous les sels également solubles. » I^es substances insolubles ne sont jamais absorbées; j'en excepte le mercure métallique, qui jouit d'une remarquable facilité de s'introduire à travers la peau. )) L'eau simple employée comme véhicule jouit d'une efficacité à peu près nulle. L'axonge, l'huile, le beurre de cacao, la glycérine n'ont pas de }>ouvoir spéciaL » Le meilleur moyen pour faire absorber, c'est d'employer une substance ii'ritante. Les alcooliques et les alcalins séparés, mais surtf>ut unis ensemble, réussissent fort bien. Ils favorisent l'absorption en amincissant l'épiderme, car si leur emploi est trop prolongé il se produit des excoriations. Le mé- dicament qui m'a fourni les résultats les plus constants et les plus réguliers est ce que j'ai appelé le baume de Lausanne; il contient de l'iodure de ]iotassium incorporé à du savon et à de l'alcool. L'iodure de potassium peut être remplacé avec succès par du sulfate d'atropine ou tout autre sel soluble. » C. Au mode d'emploi du médicament. — .Les corps gras, comme véhicule, sont préférables; ils permettent en effet de prolonger la friction, qui est le meilleur mode pour faire pénétrer les médicaments, à cause de la pression qui l'accompagne toujours. Les pommades remplissent bien ce but; mais il faut en varier la composition suivant l'irritabilité du sujet ou delà région. 37.. ( 276) La chaleur est favorable à l'absorption ; elle rend en effet l'épiderme moins résistant et la desquamation des cellules superficielles plus facile. g 4° Causes d'erreurs.— Un malade qui prend son repas les mains encore enduites d'une pommade dont il veut se frictionner, peut fort bien en avaler sans le savoir. » L'absorption pulmonaire peut aussi servir de porte d'entrée pour les médicaments volatils. Mes recherches m'ont appris que cette absorption était insio^nifiante pour l'iode, et nulle pour le mercure et la belladone. » M. GouBADx adresse d'Alfort un « Mémoire sur un monstre double para- sitaire de la famille des Polygnathiens et du genre Épignathe. « L'animal observé par M. Goubaux est une génisse âgée de quinze mois environ que possède l'Hippodrome de Paris. Cette bête, très-vigoureuse et bien portante, a le corps et les membres normalement conformés ; mais la tète présente plusieurs particularités remarquables. Le front est muni de deux cornes qui ont la position et la grandeur ordi- naires ; de plus, deux autres cornes tout aussi longues, dirigées en avant et divergentes, naissent d'une saillie située à la hauteur des yeux. Au-dessous de cette saillie se présente un petit corps ayant la forme d'un mamelon, mais recouvert de poil comme toute la peau environnante. A droite et à gauche sont des paupières libres garnies de cils à leurs deux bords, et un peu au-dessous se montrent les vestiges d'une troisième paupière. Le doigt introduit dans ces fentes ne fait reconnaître aucun représentant du globe de l'œil. Enfin les narines sont au nombre de trois, dont les deux extrêmes sont bien conformées pendant que la moyenne semble résulter de la fusion de deux cavités en une seule. Le Mémoire de M. Goubaux est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres et Milne Edwards. CORRESPONDANCE . M. LE Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever sur les fonds restés disponibles la somme qu'elle avait demandée pour cou- vrir les frais de gravure et de tirage des planches appartenant à un volume des Mémoires actuellement sous presse. L'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, deux nouvelles suites de ses Mémoires : Sciences, t. X, XI et XII; Letlres, t. VIII, IX et X. ( ^77 ) La Société d'Agricultcre, d'Histoire naturelle et des Auts utiles de Lyon adresse de même les tomes IV, V et VI de ses Annales. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. F. Balley, un Mémoire imprimé ayant pour titre : « Endémo-épidémie et météorologie de Rome : études sur les maladies dans leurs rapports avec les divers agents météorologiques ». Ce travail est accompagné d'un Atlas dans lequel les résultats des observations faites à Rome de i85o à 1861 sont offerts dans des tableaux synoptiques et figurés par des courbes de manière à faire ressortir la connexion entre la météorologie et la palhogénie. M. le Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un travail de M. BrunSécliaud, intitulé : « De l'alié- nation mentale considérée au point de vue étiologique, et de la coloni- sation comme moyen hygiénique et curatif de cette maladie ». Ce Mémoire est destiné au concours pour les prix de Médecine et Chi- rurgie. « M. Dumas présente à l'Académie, au nom de M. Debray, professeur au lycée Charlemagne, un ouvrage intitulé : Cours élémentaire de Chimie. » M. Dumas, qui a examiné cet ouvrage avec une attention particulière, serait heureux de lui donner les éloges que méritent la clarté de sa rédac- tion et le choix des matériaux. Mais, l'auteur ayant cherché à reproduire l'enseignement de M. Dumas lui-même, et ayant fait un emploi très-intel- ligent des notes que ce dernier avait mises à sa disposition, il ne reste k M. Dumas qu'à le remercier d'avoir rajeuni et conservé la tradition d'un cours, résultat de trente années d'études et d'observations assidues effec- tuées sur le public nombreux et choisi qui fréquente la Sorbonne. »| ASTRONOMIE. — Livres astronomiques du roi D. Alphonse X de Castille, recueillis, annotés et commentés parD. M. Rico y Sinobas. (Ouvrage publié par ordre royal. Grand in-folio; Madrid, i863. Premier volume présenté par M. Le Verrier.) « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, dit M. Rico y Sinobas, le premier volume imprimé des ouvrages astronomiques écrits dans le xnf siècle par l'ordre formel du roi de Castille, Alphonse, dit le Savant, auquel ils ont valu la gloire d'être appelé un des plus grands astronomes de son { ^78 ) feiiipS; comme aussi le plus grand politique de son siècle pour ses Codes civil, administratif et pénal, et l'écrivain le plus éloquent pour ses ouvrages historiques, poétiques et littéraires. u Sans s'occuper de ce qui a rapport aux travaux législatifs, poétiques et littéraires du roi Alphonse, j'espère que l'Académie voudra bien fixer son attention sur le premier volume des ouvrages astronomiques qjii, en Espagne, sont appelés Àl/j/tonsiiis, comme témoignage de respect et de con- sidération pour l'ancien roi de Castille et empereur élu d'Allemagne. » On trouvait incomplet l'original manuscrit de cet ouvrage, qui est longtemps resté dans la bibliothèque de l'Université d'Alcala, et auquel il manquait soixante grandes feuilles en parchemin ; mais on a réussi à le compléter, grâce aux travaux et investigations de M. Rico y Sinobas, Mem- bre de l'Académie des Sciences de JMadrid. Il y a deux ans que j'ai exa- miné la copie de l'ouvrage complet du roi Alphonse, dans lequel je trouvai un des premiers livres sur l'Astronomie piatique des astronomes d'Occident, écrit en espagnol, sous la direction de ce roi. Pas de grec, pas de latin, pas (l'arabe; c'était ime de nos langues vulgaires et occidentales, dans le but sans doute que la vraie science, fille de tous les siècles, pût être bien étudiée et bien comprise en Europe par le plus grand nombre d'hommes du moyen âge et des époques suivantes. L'Académie apprécie bien qu'il sei'ait très-facile de faire de grandes et importantes réflexions philoso|)hi- ques sur cette heureuse hardiesse de i-os devanciers, à laquelle nous sommes redevables d'iui ouvrage écrit au milieu du xni" siècle, avec le seul secours d'une de nos langues d'Occident; toutefois, pour ne pas m'ex- poser à fatiguer l'attention de l'Académie, je passerai tout de suite au fond même de l'ouvrage. Il fut divisé par le roi Alphonse en seize parties; mais, observe-t-il, en raison du besoin qu'avaient les anciens astronomes de con- naître toutes les constellations, leurs noms et la place de la plus i;,rande partie des étoiles, il vouUit que son ouvrage commençât par un Catalogue des étoiles fixes arrangé et rectifié pour son temps, et devant en quelque sorte servir d'introduction aux autres parties de l'œuvre dans lesquelles il devait être traité des appareils et instruments nécessaires pour observer les positions et les mouvements des étoiles fixes, comme des planètes nommées étoiles movediras (mouvantes). «I Ce Catalogue forme une partie de ce premier voluine, et Alphonse le Savant nous dit que c'est le même qu'on avait trouvé dans le cahier de son siècle, sous le nom de Ptolémée, mais avec l'addition de 17° 8' en lon- gitude pour le mouvement séculaire des fixes, ainsi que les calculs et les ( 279 ) observations le lui avaient fait reconnaître. Cependant, dans le Catalogue Ai- phonsin, on trouve supprimées différentes étoiles de Ptolémée, comme la So"^ du Centaure et la i i'' du Loup, et de plus sept étoiles du Poisson mé- ridional, pai'ce que les plus savants astronomes du xiii'^ siècle, ainsi que d'autres plus anciens, au dire du roi Alphonse, avaient cherché lesdites étoiles dans les endroits signalés par Ptolémée, et personne n'avait pu réus- sir à les y distinguer. M Le Catalogue Alphonsin est divisé en quatre livres. Dans les trois pre- miers, on traite des constellations boréales, zodiacales et méridionales; dans le quatrième, les astronomes de l'ancien Tolède ont réuni tous les noms que les Arabes avaient donnés à 33o des principales étoiles, et l'in- terprétation, en espagnol du xiii*^ siècle, desdits noms, suivie de cinq notes additionnelles : la première, sur les 44 étoiles choisies par Ptolémée pour les placer dans son Astrolabe ; la seconde, sur les étoiles nébuleuses qui ne furent pas nommées par Ptolémée; la troisième, sur les 47 étoiles fixes dont ce même astronome n'avait pas fait mention également; la qua- trième, sur les i4 étoiles rectifiées et observées directement à Tolède, par l'ordre du roi Alphonse, pour les placer dans son Astrolabe; la cinquième enfin, sur les quatre parties du ciel dans lesquelles on ne peut voir aucune étoile. » En outre, dans ce Catalogue se trouvent réunies quelques explications éloquentes et poétiques sur les étoiles et sur. les constellations d'une cer- taine importance pour l'histoire de l'Astronomie, et quelques indications très-courtes sur l'Astrologie. Par les premières, il est bien facile, je crois, d'apprécier les vérilabk^s lumières, comme astronome, du roi Alphonse, qui, non content deconsmenter et de coordonner les opinions des savants de son époque, fit encore écrire différents ouvrages d'Astronomie pratique, dont il traça lui-même le plan; il y ajouta des indications très-importantes sur les principes scientifiques qui devaient former la base du travail, et sur les ouvrages qui, croyait-il, pouvaient fournir d'utiles connaissances pour le meilleur achèvement de son grand Codex d'Astronomie. » Je présenterai à l'Académie \\u seul morceau détaché de ce premier volume, pour prouver la manière singulière avec laquelle le roi Alphonse traitait dans son époque certaines questions astronomiques, bien qu'elles aient perdu aujourd'hui de leur importance. » En traitant de la Petite Ourse, le roi Alphonse tlit : « Il y a des astro- » nomes qui l'ont supposée un char avec son timon, d'autres disent qu'elle » avait la forme d'un animal qui pouvait être tout aussi bien un lion, un ( 28o ) » ioup, un chien, qii une ourse femelle ou mâle. Voilà donc 1 existent' n d'animaux célestes habitant l'endroit du ciel où se trouve cette constella- )' tion reconnue par les anciens savants, et cela parce qu'ils avaient aperçu )) quatre étoiles en forme carrée et trois en ligne droite. Il fallait que leur » vue eût mie portée bien plus grande que la nôtre, que l'air fût trcs-clair. i> Puisqu'ils disent que c'est une ourse, admeltons-le avec eux; ils furent » bien heureux de pouvoir le reconnaître. » » En finissant ce Rapport, je dirai à l'Académie qu'avec l'ouvrage d'As- tronomie pratique du roi Alphonse le Savant, un des plus grands amis de sauit Louis de France, la science a trouvé des livres bien peu connus sur les règles qu'avaient suivies les artistes des xi* et xill*^ siècles, à Tolède, dans la construction des instruments astronomiques, et de plus la méthode em- ployée par les astronomes de la même époque pour faire leurs observations, et pour résoudre les ion ou i lo problèmes les plus élevés de l'Astronomie à l'aide desdits instruments : les quadrants, les grandes armilles, les astro- labes ronds et plats, particuliers et universels, l'horlogerie solaire, hydrau- lique et mécanique, à roues, poids moteurs, avec des régulateurs très-ingé- nieux, le tout appliqué à l'Astronomie, pour que cette science fût utile à son tour et avantageusement appliquée à la Cosmographie, la Géodésie, la Géographie, l'Art nautique, et à d'autres connaissances des anciens temps. Voilà, dans un petit résumé, l'ouvrage du roi Alphonse, très-heureux dans la société de ses astronomes, mais qui, d'après l'histoire, ne connut pas le bonheur au sein de sa famille. « ASTRONOMIE. — Lumière zodiacale. — Bolide du 4 mars i863. Extrait d'une Lettre de M. le D"^ Heis, professeur à l'Université de Munster, à M. Faye. « Je ine proposais depuis longtemps de vous communiquer les obser- vations que je vous avais promises sur la lumière zodiacale; malheureuse- ment je n'ai point obtenu les observations correspondantes d'Australie sur lesquelles je comptais. Voici ce que M. Neumayer, directeur du FlacjslafJ Observalory ., à Melbourne, m'écrit à ce sujet, en date du 2^ février dernier : « Je dois vous faire remarquer que la saison actuelle n'est pas favorable à )) ces observations dans le voisinage des côtes : le soir, la lumière zodia- » cale est à peine visible, et après minuit le ciel se voile, en sorte que tous )) mes efforts pour obtenir des observations correspondantes aux vôtres » ont été sans résultats. En juin, juillet et août, le ciel sera plus favorable » et je ne manquerai pas de vous communiquer mes résultats, » Quant à ( 28. ) moi, j observe ce phénomène d'une manière régulière; je vous prie de communiquer à l'Académie les observations que j'ai faites depuis la fin de 1862. » Dans peu de temps j'aurai le plaisir de vous adresser le résultat de mes recherches sur un grand bolide qui a été vu le 4 mars dernier eu Allemagne, en Belgique et en Angleterre. Je me suis donné beaucoup de peine pour en déterminer la trajectoire aussi exactement que possible, et je ne crois pas m'écarter beaucoup de la vérité en assignant pour la hau- teur du bolide au début et à la fin de l'apparition les chifCres de i3/j et de 26 kilomètres au-dessus du sol. La vitesse était de 63,3 kilomètres par seconde et le diamètre de 421 mètres. « ASTEOINOMIE. — Observations sur la lainière zodiacale^, jailes à Munster, en Westphalie (5i"58' 10", latitude 21" 10'' E. Paris); par M. Heis. « 1862. Dec. 1-4. i'j''45"'. La lumière zodiacale vers S. -E. très-faible. Dec. g et 10. ^''. La lumière zodiacale vers S. -O. très-faible. Dec. 16. 6''. La lumière zodiacale faible. Bord supérieur: a=3oo"', iî=— 1°, Sac"— 2», 34o°-t-3'', SSo^+S". Sommet : 36o° + 4'' (')• Bord inférieur : 35o° — 4°» 34o° — 11°, 320° — 21". Dec. 22. G*" i5". La lumière zodiacale faible. Bord supérieur: 2go'' + 6", 3oo° + 6°, 3io''-4- 5", Sao^ + S", 335° + 5", 340" -+-3°. Sommet : 347° H- 2°. Bord inférieur : 345° — 7°, 34o° — 1 1", 33o° — 18°, 320"— 21°, 3io°— i5". » i863. Janv. 9. 6'' 45'". Bord supérieur: 340°+ 12°, 0"+ 125°, io°-f-ii°. Sommet : 21°+ 8°. Bord inférieur : io°+io°, 0° — 5°, 35o° — 10°, 340°— i5°. Janv. i5. ô"" 3o'°. La lumière zodiacale passablement claire. Bord supérieur: 32o° + 12°, 33o° + i 2°, 34o° + ii°, 35o°+io°, o°4- 10", io°+io°. Sommet: 20° -f- 6°. Bord inférieur : 10° + 4°, 0° — 5°, 35o° — 1 1°. Févr. 5. 8''. La lumière zodiacale claire. Bord supérieur : 34o°+i3'', 35o° + i4°, 0° -f- i4°> io°+i4°. Sommet : 23°+ 12°. Bord inférieur: 20° + 5°, 10° — 4°; 0°— '3°. (i) Le premiernombre désigne l'ascension droite, le second la déclinaison du point observe. G. R., i8C3, 2"": Semestre. (T. LVU, N» i>.) 38 ( 282 j Fpvr. 9. 8". Bord siipcrieiir : 340°+ 16», 350°+ 17°, oo-t-iS", 10° -1- 19', 20°+i9°,5, 3o° + 2o°, 4o°+ 19°. Sommet : 45°+ 17°. Bord inférieur : 4o°+ 12", 3o° + 3", 20"' — 6", 10" — i5". F<"vr. i4- 8". Bord supérieur : 34o"+i7'', 35o°+ 18°, o°+i9'', 10° -1-21'', 20" + 21", 30°+ 22°, 4o" + 22''. Sommet : 49° + 20°. Bord inférieur : 4°" + 10°, 3o" + 2", 20" — 7°, 10" — 16°. Févr. l5. &'. Sommet : 5i° + 21". Les bords les mêmes quii févr. 14. Févr. 17. 8''. La lumière zodiacale très-claire, la couleur orange, en compa- raison avec la voie lactée. Bord supérieur : 34o" + 25°, 35o° + 25°, 0° + 26°, 10° + 27°, 20° + 26°, 3o° + 25°, 40" + 24°. Sommet : 53° + 21°. Bord inférieur : 5o° + 1 5°, ^o" + 9°, 3o° + 0°, 20" — 1 1". Févr. 20. 8''. La lumière zodiacale visible (l'âge de la lune aJ 16''), les bords ne sont pas distincts. Mars 8. 8\ Bord supérieur; ]o° + 33°, 2-,° + Sa", 3o° + 3i", 4o° -t-3o°, 5o° + 28°, 60"+ 25°. Sommet : 65° + 23°. Bord inférieur : 5o° + 1 3°, 4»°+ 7", 3o" + 2°, 20 — 4"- Avril (i. 9"i5"'. Bord supérieur: 4o° + 43°, 5o° + 42°, 60° + 39°, 70° + 35", 80° + 3o", 90° +26°. Sommet : 98° + 22". Bord inférieur : 90" + 20°, 80°+ 16", 70°+ 1 3°, 60° +9", 5o°+ 1°. La lumière zodiacale était très-claiie dans la région des Pléiades. Avili 1 o. 9". Bord supérieur : 5o° + 42°, 60° + 4o°, 70° + 37", 80"+ 34°, 90" + 3o". Sommet: 98° +25°. Bord inférieur : 90° + 20°, 80" + 16", 70" + 1 3°, 60° + 9". Avril 11. 8'' i5". Les bords les mêmes. 1 i"" So" dans les constellations de- là Balance et de la Vierge, une faible lueur à remarquer. Avril 1 3 et 14. 8'' 45". Bord supérieur: 20° + 43°, 3o° + 44°> 4o°-t-44% 5o°+43°, 60" + 42°, 70° + 4o°, 8o" + 39", 9o° + 35°. Sommet : 99° + 29°. Bord inférieur : 90° + ao", 80" + 1 7°, 70" + 1 0°, 60" + 6^ La lumière zodiacale très-claire, les limites très-distinctes. Avril i9et 20. 9''. La lumière zodiacale très-large. Bord supérieur : 4o" + 44°> ^0° + 44"; '^o" + 4 ' ". 70" -I- 39°. 80° + 38", 90» + 35°. Sommet: 100° + 28°. Bord inférieur : 95°+ 17°, 90°+ i3", 80"+ 10". » ( 283 ) CHIMIE. — Note sur les volumes spécifiques des combinaisons liquides; par M. Hermaw Kopp. « Mes recherches sur les volumes spécifiques des combinaisons liquides ont démontré, pour un grand nombre de cas, qu'il y a égalité des volumes spécifiques (pris pour les points d'ébullition) pour des substances isomères ou dont l'une, comparée à l'autre, contient dans sa formule nG de plus et a«H de moins; de plus, que les volumes spécifiques de deux combinai- sons, dont les formules diffèrent de nGfP', différent de 72.22. » Ces régularités ne sont pas restreintes aux combinaisons analogues ou douées du même caractère chimique. La régularité qu'une différence des volumes spécifiques =^n.2'2 correspond à luie différence nGH- dans les for- nmles n'existe pas seulement pour les séries homologues, mais aussi pour des combinaisons d'un caractère chimique différent, comme c'est le cas pour l'aldéhyde G^WQ et l'acétone G'H'=€^, ou pour l'alcool G'H^O et léther G'H'"©, etc. L'égalité des volumes spécifiques n'existe pas seule- ment pour des combinaisons isomères dont le caractère chimique est le même, comme pour l'amyle et le butyl-caproyle (G" II--) ou le formiate d'éthyle et l'acétate de mélhyie (G'FPO^), etc., mais aussi pour des com- binaisons d'un caractère chimique aussi différent que l'acide acétique et le formiate de méthyle (G-H'O-), ou l'éther éthylique et l'alcool butyli- lique (G'H'"Ô), etc. Enfin, l'égalité des volumes spécifiques des combi- naisons différant dans leurs formules de -hriG et — 2 «H, n'existe pas seulement pour des combinaisons dont le caractère chimique est le même, comme pour les acides benzoique et valérique (G'H'O- et CH'^O"), ou pour le benzoate de méthyle et le butyraîe d'éthyle (G'H'O' et CH'^O^), ou pour le benzoate de benzyle et le valérate d'amyle (G'*H''0' et G'^H'^O'^), ou pom^ l'aniline et la butylamine (G^H'N et G'H"N), ou pour le benzo- nitrile et la valéronitrile (G'H'^N et G^H'N), etc., mais aussi pour des com- Innaisons dont la caractère chimique est tout à fait différeni, comme poui- le phénol et l'élhcr éthylique {G''H''0 et G*H'"0), ou pour le cymol et le bulyle (G'» H" et G'H"), etc. » Pourtant ces régularités n'ont pas lieu d'une manière tout à fait gé- nérale. Voilà ce que j'ai mis hors de doute poiu' les combinaisons azotées. Les volumes spécifiques de l'aniline et de la butylamine sont égaux, = 106,8; les volumes spécifiques du benzonitrile et du valéronitrile sont encore égaux, = iai,5. Mais il n'y a pas égalité des volumes spécifiques pour l'aniline G'^H'^N et la valéronitrile G^ H" N, ni pour le benzoni- 38.. ( 284 ) trile G'H'N et la butylaniine €*H"N, quoique pour ces combinaisons aussi les formules diffèrent de -triG et — inll. » Les régularités dans les volumes spécifiques que j'ai mentionnées ne se montrent donc pas dans tous les cas où les formules empiriques des combi- naisons les pourraient faire présumer. Les combinaisons désignées comme nitriles ou cyanures des radicaux des alcools et les combinaisons désignées sous le nom d'ammoniaques composées appartiennent à deux groupes dif- férents quant aux régularités dans les volumes spécifiques. En comparant des combinaisons appartenant aux groupes différents, on ne retrouve plus les régularités qui se montrent si l'on compare des combinaisons appar- tenant au même groupe. )) L'étude des volumes spécifiques conduit donc à partager les combi- naisons liquides en certains groupes, cbaque groupe étant caractérisé par cette propriété que les combinaisons qui lui appartiennent montrent, lorsqu'on les compare entre elles, les régularités susdites, et chaque groupe étant séparé des autres, par cette circonstance qu'en comparant des combi- naisons appartenant à des groupes différents, on ne retrouve plus ces régu- larités. Or, autant que je puis en juger, ces différents groupes paraissent coïncider avec les différents types que l'étude des propriétés chimiques a fait établir. )) Pour les combinaisons liquides qui ne contiennent que du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène, j'avais reconnu également (i) que ces régula- rités n'existent nullement pour elles d'une manière générale. Je me suis assuré de ce fait qu'on ne peut pas comparer certaines combinaisons oxygé- nées, l'aldéhyde ou l'acétone, par exemple, à d'autres combinaisons égale- ment oxygénées, savoir : aux acides, aux alcools, aux élhers. Pour donner une expression générale pour les volumes spécifiques de ces substances, j'ai dû admettre que l'oxygène peut entrer dans de tulles combinaisons avec deux volumes spécifiques différents. J'ai fait voir que les volumes spé- cifiques de combinaisons G"H*(0)'ô'' sont représentés (pour les points d'ébuUition) d'une manière assez satisfaisante par la formule a. j I H- Z». 5,5 4- 6'. 12,2 + r/. 7,8, (Q-) désignant l'oxygène contenu dans un radical et O désignant l'oxygène typique (contenu dans la combinaison hors d'un radical). J'ai insisté sur cette conclusion, que s'il y avait quelque chose de fondé dans cette suppo- (i) Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. LI, j). 458. ( 285 ) sition, l'égalité des volumes spécifiques que j'avais démontrée pour un si srand nombre de combinaisons isomères devait faire défaut dans certains cas. Il n'y a pas beaucoup de combinaisons isomères et appartenant à des types différents qui se prêtent à la décision de cette question ; il est évident que la différence dans les volumes spécifiques dont il s'agit se détermine avec d'autant moins de sûreté, que les volumes spécifiques des substances isomères sont plus grands, et cju'il faut s'adresser de préférence à des com- binaisons qui possèdent un petit volume spécifique. J'avais espéré de pou- voir résoudre la question par la détermination expérimentale des volumes spécifiques de l'acétone et de l'alcool allylique ; le calcul donne (pour les points d'ébullition) le volume spécifique de l'acétone ^ ^ ' 1 = 78, 2, -ta ri' I le volume spécifique de l'alcool allylique 0 = 73,8. Pour le volume spécifique de l'acétone, les déterminations expérimentales avaient donné 77,3 — 77»^ ; mais je n'ai pas pu faire des expériences sur la densité et la dilatation de l'alcool allylique, à cause des difficultés que présenle la pré- paration de cette substance dans l'état de pureté. » Depuis, la science a été enrichie par la découverte de l'oxyde d'éthy- lène, combinaison isomère de l'aldéhyde, mais qui présente des propriétés chimic|ues qui la font rapporter à un autre type. Si, dans la constitution intime de l'aldéhyde et de l'oxyde d'éthylène, il existe une différence telle que nous les exprimions par les formules ^ ' et €'H*!ô) et q l'on calcule le volume spécifique d'après les nombres que j'ai donnés pour les volumes spécifiques des éléments, on trouve, pour les points d'ébulli- tion, le volume spécifique de l'aldéhyde = 56,2, le volume spécifique de l'oxyde d'éthylène =5 1,8. Les points d'ébullition de l'aldéhyde et de l'oxyde d'éthylène sont 21 degrés et i3", 5. La dilatation de l'oxyde d'éthy- lène par la chaleur n'a pas encore été étudiée; mais on peut bien admettre, sans erreur sensible, pour de petits intervalles de température, que les contractions de l'oxyde d'éthylène et de l'aldéhyde, à partir des points d'ébullition, sont les mêmes pour les mêmes abaissements de tempéra- ture. D'après mes déterminations, le volume de l'aldéhyde, pris = i au point d'ébullition de ce liquide, est =^0,9658 à o degré et =0,9774 à 7, 5 degrés (i3, 5 degrés au-dessous du point d'ébullition). Les volumes spé- cifiques de l'adéhyde et de l'oxyde d'éthylène devraient donc être pour o degré = 56, 8 X 0,9658 = 5/|,3 et 5i,8 x 0,9774 = 5o,6, et les poids ne ( 286 ) spéciûqnes pour la même température (le poids atomique étant := 44) — ^ = 0,8 lo et tJ^ = 0,870, nombres assez différents pour que la ques- 54,3 ' 5o,6 ' I n T tion paisse être décidée indubitablement par l'expérience. » J'ai fait part de ces considérations à M. Wurtz, qui n'avait pas encore publié une détermination du poids spécifique de l'oxyde d'étliyléne. Il a déterminé, pour o degré, le poids spécifique de ces deux isomères. 11 a trouvé pour l'aldéhyde 0,807 (M. Pierre avait trouvé 0,806; mes propres déter- minations avaient donné 0,801 ; une expérience de M. Liebig, réduite à o degré, 0,81 3), pour l'oxyde d'éthylène 0,898 (une détermination antérieure lui avait donné 0,895). Ces nombres s'accordent d'une manière satisfaisante avec ceux que les considérations précédentes m'avaient fait prévoir; ils prouvent, et c'est là le fait capital, que ces deux isomères, l'aldéhyde et l'oxyde d'éthylène, n'ont pas le même volume spécifique. » Les opinions des chimistes diffèrent quant à la question de savoir si la constitution intime des combinaisons peut être reconnue par l'étude des propriétés chimiques. Les formules rationnelles que l'on attribue aux com- binaisons sont considérées par les uns comme exprimant avec plus ou moins de vraisemblance cette constitution; par les autres, comme prêtant seule- ment un moyen pour représenter certaines réactions. Pour les uns, les types chimiques représentent la structure intime des molécules, et chaque combi- naison ne peut être attribuée qu'à un seul type; pour les autres, les formules typiques ne font qu'indiquer les décompositions et les substitutions qu'une combinaison éprouve dans certaines circonstances. Ces derniers chimistes admettent que la même combinaison pourrait être représentée par diffé- rentes formules typiques qui exprimeraient la manière dont se comporte la combinaison dans des circonstances différentes. On ne peut pas nier que la même combinaison peut se comporter dans des circonstances différentes comme si elle appartenait à des types différents au point de vue chimique, c'est-à-dire comme si les atomes qui y sont contenus prenaient un nouvel arrangement sous l'influence d'agents chimiques; l'étude chimique d'une substance peut motiver un avis, mais ne peut pas décider d'une manière indubitable laquelle des différentes formules rationnelles qui représentent les réactions est l'expression fidèle de la structure de sa molécule et du groupement des atomes dont elle est formée. Mais d'un autre côté on ne saurait mettre en doute que dans une combinaison donnée, où les atomes sont à l'état de repos, et tant que cette combinaison existe, on ne peut admettre qu'un seul arrangement des atomes , représenté par une seule ( ^87 ) formule rationnelle ou lypique. L'étude des propriétés qu'une substance présente dans cet état de repos des atomes, c'est-à-dire l'étude des pro- priétés physiques, promet de venir en aide à l'étude des propriétés chimiques pour fixer celte formule. Sans vouloir attribuer trop d'imj)orlt!iice aux volumes spécifiques comme moyen de reconnaître la constitution d'un composé, je crois pourtant que ce qui précède a une certaine importance pour la solution de celte question, et qu'il peut prêter un appui utile pour l'étude chimique d'une substance. Il est bien probable que les combinaisons qui, comparées entre elles, montrent les régularités mentionnées dans les volumes spécifiques, ou qui se rangent sous ce rapport dansîe même groupe, possèdent une constitution analogue, et que par suite la comparaison des volumes spécifiques peut contribuer à faire reconnaître les couiposés doués de la même structure de la molécule ou appartenant au même type. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sw les élhers contenus dans les vins et sur quelques-tms des changements qui s')' produisent; par M. Bekthelot. (Suite. cos- / cos- m cos' n /, m, n étant les angles que fait avec les axes la normale aux ondes planes. Cauchy a effectué cette réduction dans le tome V des Exercices niathéma' tiques, par une analyse détaillée qui le conduit à une équation de même forme que l'équation (2); mais de cette méthode, qui exige que A, B, G soient nuls, résultent des conséquences inadmissibles quant à la direction des vibrations lumineuses. Aussi Cauchy lui-même a-t-il abandonné plus tard cette manière de voir, en indiquant, dans le tome XVIII des Mémoires de l'académie, une marche qui conduit à des résultats en tout point iden- tiques à ceux de Fresnel ; toutefois, il n'y a pas apporté une rigueur suffi- sante, et la présente Note a pour objet de suppléer à ces lacunes. » L Admettons avec Fresnel que les vibrations sont perpendiculaires au plan de polarisation^ ou, ce qui revient au même, que la vitesse de propa- galion est égale pour des vibrations de même direction, on en déduit entre les coefficients A, B, G, P, Q, R les relations : G+Q=B-hR=a-, A+R=G+P=:^>% Bh-P=A+Q=c% a, b, c étant les vitesses de propagation des ondes parallèles à chaque plan coordonné. » IL Le fait que les rayons dont le plan d'incidence se confond avec un des plans coordonnés donnent, dans la double réfraction biaxe, les mêmes résultats que ceux auxquels conduit la construction connue d'Huyghens, 39" • ( 292 ) pour les cristaux uiiiaxes, nous fournit trois nouvelles relations : (M-P)(N-P)=4P% (L-Q)(N-Q)^4Q% (L-R)(M-R) = 4R^ En regardant les différences entre a, b, c comme infiniment petites du pre- mier ordre, et négligeant les quantités du second ordre, les relations pré- cédentes peuvent s'écrire : 2RQ , ,, „ 3PR ,„ T.. „ 2PQ , o F Q n et réduisent l'équation (i) à la forme plus simple : ■ ON 2 RQ cos' / 2 PR cos' m 2 PQ cos' n ^ '' P(w' — a^) ~*~ Q(w^ — b'j "^ R(to= — f') ~ ' ■ •« III. Nous démontrons ensuite que pour donner les deux valeurs de t.>^ relatives à la lumière, et qui diffèrent peu de a'', b^, C', l'équation (3) doit être remplacée par la suivante, qui est du second degré en r^)^ : . . ^ cos' / cos- /" cos' n ^^' P(w» — a=) ~^ Qlw^-i!.') ^ R (<»' — c) " °' » IV. Enfin les racines de l'équation (4) sont, aux infiniment petits du second ordre près, les mêmes que celles de l'équation {i) trouvée par Fresnel, et à laquelle nous voulions arriver. » M. Zaliwski adresse une Note sur les teintes que prennent les diverses parties du ciel dansles jours très-chauds, comparées aux teintes différentes de la lumière électrique dans l'air à la pression ordinaire, dans l'air raréfié et dans le vide. (Renvoi à l'examen de M. Pouillet.) M. RoGojsKi demande et obtient l'autorisation de reprendre un Mémoire qu il avait présenté et sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. Ce travail a pour titre : « Principes d'une classification rationnelle des éléments et des composés chimiques ». La séance est levée à 5 heures un quart. F. ■ ( 293 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3 août i863 les ouvrages dont voici les titres : Rapport du Secrélnire perpétuel de i Académie des Inscriptions et Belles- Lettres sur les travaux des Commissiotis de publication de cette Âcndénne pen- dant le premier semestre de Cannée i863. Paris, in-4°. Mémoires de C Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, Classe des Sciences, t. X, XI et XII; et Classe des Lettres, t. VIII, IX et X. Paris et Lyon, i SSg- 1 862 ; 6 vol . in-8°. Annales des Sciences physiques el naturelles d' Agriculture et d'Industrie, pu- bliées par la Société impériale d'Agricultiire, etc., de Lyon; 3*^ série, t. IV, V et VI; (1860 1862). Lyon et Paris, 3 vol. in-8°. Actes de l'Académie impériale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Bor- deaux; 3^ série, 24^ année, 1862; 3" et 4* trimestres. Paris, 1862; ii)-8°; deux exemplaires. Cours élémentaire de Chimie j par H. Debray. Paris, i863; vol. in-S", avec de nombreuses figmes intercalées dans le texte. (Présenté par M. Dumas.) Mémoire sur la loi de production des sexes chez les plantes, les animaux et l'homme; par M. Thury. Genève, i863; br. in-8°. De l'aliénation mentale considérée au point de vue étiologique, et de la colo- nisation comme moyen hygiénique et curatif de cette maladie; par J.-B.-P. Brun-SéCHAUD. ['EyL\.Ya.\\. Au Congrès scientifique de France.) Bordeaux, i863; br. in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de 1864.) Endémo-épidémie et météorologie de Rome. — Etudes sur les maladies dans leurs rapports avec les divers agents météorologiques ; par M. F. Balley. Paris, i863; in-S", avec atlas in-4° oblong. Documents sur l'organisation de la médecine des pauvres dans 'es ( ampagnes ; par le D' V. NiVET. Clermont-Ferr.uid, i863; br. in-8°. Répertoire encyclopédique de photographie ; par H. DE LA Blanghère; partie non périodique, t. I et II, et partie périodique, t. III, n" i, 2 et 3. Paris, 1 vol. et 3 livraisons in-8°. On arlificial.. . Sur la dilatation artificielle de l'orifice et du col de l'utérus, au mnjen d'une pression fluide s exerçant d'en haut ; réponse ci MM. Ktiller. d'Edimbourg, Arnolt et Barnes, de Londres; par H. -S. Stoher, de Boston. (Extrait du Boston Médical and Surgical Journal.) Boston, i863, br. in-8". Traforo... Percement des Alpes entre Bardonnèche et Modane : Rapport ( 294 ) fait jxir lu Direction des travaux à la Direction générale des Chemins de fer. Turin, i863; in-4°. Considerazioni... Considérnlions critiques sur les nouveaux principes de physiologie végétale du professeur Gaetano Ccmtoni, et sur les observations fhimico-physiologiques concernant r acide carbonique des plantes, des profes- seurs Passerini et Giorgini ; par le professeur Pellegrino Beutini. Sienne, i863; br. in-8^ Libros... Livres de la science d'astronomie du roi Alphonse X de Castille, recueillis, annotés et commentés par Don Manuel Rico y SjkoeaS; ouvrage publié par ordre de Sa Majesté; t. I. Madrid, i863; vol. iu-fol. (Présenté au nom de l'auteur par M. Le Verrier.) PUBLICATIONS PÉUIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS DE JLILLET I8G3. Comptes rendus hebdomadaires des séances de [Académie des Sciences; i*'' se- mestre i863, n° 26, et 0.^ semestre, n°' i à 4 ; in-4°. Annales de V Agriculture française ; 5* série, t. XXI, 11°' 11 et 12; in-8''. Annales forestières cl métallurgiques; 22* année, t. II, juin i863; in-S". Annales médico-psychologiques; [f série; t. II, n° 4) juillet i8G3; in-S". Annales de la Société d hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. IX, 11* livraison ; in-8". Annuaire de la Société météorologique de France; 1° i3, aS* livraison, juin ]863; 10-8". Annales delà Propagation de la foi; n" 20g; juillet i863; in-8". Atti délia Società italiana di Scienze naturali; fasc. 2 (f. 4 à 7). Milan; in-8". Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n"' 17 à 19; in.8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; juin i863; in-8". Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Belgique ; 2'' série, t. VI, n° 5 ; in-8". Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; 2's«rie, t. XVIII, n" 7; in-8". Bulletin de la Société d' Encouragement pour [industrie nationale, rédigé par MM- GOMiiES et Peligot; 2* série, t. X, mai i863; in-4". ( '^95 ) Bulletin de la Société française de Photographie; 9^ année, juin i863; in-8". Bulletin de la Société de Géographie; juin r863; in-S". Bulletin de la Société médicale des hôpitaux de Paris; t. V; n° 4i juillet; in-S". Bulletin de l'Académie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgicpie ; 32" année, 2*^ série, t. XV, n° 5; in-8°. Bulletin du Laboratoire de Chimie scientifique et industrielle de M. Ch. MÈNE; juillet i863. Lyon; in-8°. Bulletin de la Société de l'industrie minérale; t. VIII, 2'' livraison (octo- bre, novembre et décembre 1862); in-8° avec Atlas. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. III; 4" f'asc, septembre à décembre 1862; in-8°. Bullettino meteorologico delC (Jbservatorio del Collegio romano; vol. 11, n" 12. Rome; in-4°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 12" année, t. XXIII, n"' i à 4; in-8°. Catalogue des Brevets d'invention; année 1862, n° 12; in-8°. Gazette des Hôpitaux; 36" année, n°' 77 à 88; in-8°. Gazette médicale de Paris; 33* année, t. XVIII, n°' 27 à 3o ; in-4''. Gazette médicale d'Orient ;6'' Année, juin i863; in-4*'. Il Nuovo Cimento — Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; t. XVI, octobre et novembre 1862. Turin et Pise; in-8°. Journal d'Agriculture pratique ; 27" année, i863, n°^ i3 et i4; in-8". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4*^ série, juillet i863;in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, juin i863;in-8". Journal de Pharmacie et de Chimie; 22* année, t. XLI, juillet i863; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi; 26" année, t. VI, juillet i863; in-S". Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29* année, n"* i8 à 20 ; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; avi-il i863; in-4". Journal de Médecine vétérinaire militaire; t. 1, juillet i863; in-8''. Journal desjabricants de sucre; 4'' année, n°* i3 à 16; in-4''. L'Abeille médicale; 20* année, n°' 27 à 3o ; in-4°. L'Agriculteur praticien; 3" série, t. IV, n" 18 ; in-8°. ( 296 ) LJrl médicat; (.f année, t. XVII, juillet i363; in-8°. L'Jrt dentaire; f année, nouvelle série ; juin i863; in-Zi". La Culture,- 5« année, t. V, n° i; in-8°. La Lumière; iS" année, n<" 12 et i3 ; in-4°. La Médecine contemporaine; 5" année, n°' 12 et i3; in-4°. La Science pittoresque ; 8* année; n"» 10 à i3; in-A". La Science pour tous; 8" année ; n"' 3t à 34 ; in-4°. Le Gaz; f année, n" 5; in-4°. Le Moniteur de la Pliolorjraphie ; 3"= année, n°' 8 et 9; in-4'*. Le Technolocjiste ; 24* année, juillet i863; in-8°. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applicalious aux Arts et à V Industrie; 1"= année, t. I, livraisons 21 à 24; in-8°. Magasin pittoresque; Si" année ; juillet i863; in-4°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; 6« année, t. X; juillet i863;in-8°. Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de t Académie royale des Sciences de Prusse ; mars, avril et mai i863; in-8°. Nachrichten... Nouvelles de l'Université de Gœllingue; i863, n" i2;in-i2. Nouvelles Annales de Mathématiques; 2" série; juillet i863;in-8°. Pharmaceutical Journal and Transactions; 1^ série, vol. V, n° i ; ui-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. 1", n"^ 1 3 et 1 4 ; in-8". Répertoire de Pharmacie; 20* année; t. XX, juillet i863; m-S". Revista de obras publicas. Madrid ; t. XI, n°= i3 et i4; in-A"- Revue de Thérapeutique médico-chininjicale; 3o* année, n°* 1 3 et 1 4; in 8". Revue maritime et coloniale; t. VII, juillet i863; in-8°. Revue de Sériciculture comparée; n"' 4^ 5 et 6; in-S". The journal of the rojal Dublin Society; n" 29, avril i863; in-8°. The anthropological Revieiv and Journal of the anthropological Society of London;rf i, mai i863; in 8°. ERRATA. ^Séance du 27 juillet i863.) Page 207, ligne 27, au lieu de Montbard, lisez Mouchard. Page 209, ligne i5,a« lieu de tendance de l'équilatérie, lisez tendance à l'équilatérie. 1 I Page 218, formule (2), au lieu de -1 Usez — . COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 AOUT 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. aiEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Gésékal Muri\ offre à l'Académie un exemplaire de louvrage (ju'il vient de publier sous le ihre d' Etudes sur ta ventilation. « En présentant à l'Académie les deux volumes qui contiennent les résultats des recherches auxquelles je me suis livré depuis plusieurs années siu- la ventilation des lieux habités, je me bornerai à lui faire connaître les titres généraux des chapitres de cet ouvrage. » Le chapitre l" contient un résumé des renseignements que j'ai pu re- cueilhr et me procurer en Angleterre sur la ventilation. ') Le chapitre II renferme un rappel sonnnaire des lois générales des mouvements de l'air et une indication des conditions auxquelles doit satis- faire la ventilation. » Le chapitre III traite du renouvellement et de la rentrée de l'air dans les lieux habités. ; » Le chapitre IV renferme l'application de la théorie du mouvement des gaz à la circulation de l'air dans les cheminées et dans les conduits de ventilation. » Le chapitre V contient les résultats des expériences que j'ai exécutées sur les effets de ventilation produits par les cheminées d'appartement et par divers autres appareils. C. R , i863, 2m« Semeslre. (T. LVII, N» 6) 4° (298 ) » Le chapitre VI est consacré à l'examen comparatif des divers systèmes employés en France, d'après les résultats des expériences exécntées par divers ingénieurs et par le service du Génie Militaire. >) Le chapitre VII renferme les résultats des expériences faites par mes soins dans des salles d'école et ceux des expériences exécutées par le service du Génie Militaire dans des chambres de caserne. » Le chapitre VIII traite du volume d'air nécessaire à l'assainissement des lieux habités. » Le chapitre IX contient un examen sommaire des divers systèmes de calorifères employés dans les appareils de ventilation. » Le chapitre X est consacré aux dispositions particulières aux différents édifices, tels que : les hôpitaux, les prisons, les casernes, les écoles, les salles d'asile, les amphithéâtres, les salles d'assemblées, les églises, les salles de spectacle, les habitations particulières, les ateliers, les lieux d'ai- sances, les écuries et les étables. » Enfin, dans des notes, je fais connaître les résultats obtenus pour la ventilation du Théâtre-Lyrique et du théâtre de la Gaîté, avec les appareils incomplets qui y ont été établis. « PHYSIQUK. — Jddition à de précédentes communications sur un nouveau spectromèlre à vision directe. Note de M. B. Valz. (t En poursuivant mes calculs sur les dispersions du spectromètre à circonférence entière, j'ai pu reconnaître qu'il était possible de diminuer avantageusement le nombre des prismes qu'on pouvait y employer. Pour calculer l'angle de ces prismes, j'avais employé, comme il était convenable, lindice moyen de réfraction ; mais ce n'était pas indispensable, et s'il pou- vait y avoir quelque avantage à recourir à un autre indice de réfraction compris entre les extrêmes, il serait convenable de le faire. C'est, en effet, ce qui a lieu pour diminuer le nombre des prismes employés lorsque l'indice de réfraction est pris au-dessus de l'indice moyen, et c'était ce que j'avais déjà fait pour augmenter la dispersion eu partageant le spectre en deux parties vues séparément. On pourrait ainsi, à la rigueur, réduire les neuf prismes, que nous avions trouvés nécessaires avec l'indice moyen de réfraction, à cinq, et même à quatre, avec vui plus fort indice; mais, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, il y aurait quelque inconvénient, et il est plus convenable de se borner à employer six prismes. Dans ce cas, en prenant l'indice extrême déjà supposé n = 1,72, on trouverait, d'après ( 299 ^ i-* i8o° 1 f 1 I " . 180° , . , , , ia lormule cot - rt =; s-; — cot j ou m est le nombre des prismes, ■> 100° m ' ' (T = 6o"/|2', i = 60^11', et la dispersion serait de i2°49'; avec «=i,'7i, a =61" 18', ' = 60° 40', et la dispersion 24°3'2'; avec l'indice le plus faible, alors possible, 72=1,708, a = 6i°i^\ i =: 60° 4^', et la dispersion 33*" 3 1'. On voit combien la dispersion augmente fortement avec d'assez faibles variations dans les angles et les indices qui peuvent la porter ainsi presque au triple de sa moindre valeur. » PATHOLOGIE. — Nole sui l'oplillialmie prodiiile par le soufrage des vignes; par M. P. BoDissoN. « Depuis quelques années, l'opération agricole du soufrage des vignes dans le midi de la France nous a doimé l'occasion d'observer un grand nombre d'ophthalmies. La plupart des travailleurs chargés de cette opéra- lion , qui se renouvelle depuis le mois d'avril jusqu'au mois d'août, à chaque invasion de l'oïdium, sont atteints d'une irritation oculaire plus ou moins intense. Certains sont obligés de renoncer à ce genre d'occupation. » Pour apprécier l'influence éliologique du soufrage sur la production des ophthalmies, il nous a paru utile de tenir compte des circonstances suivantes. » Localités. — Les ophthalmies sont surtout communes dans les dépar- tements de l'Hérault, de l'Aude et du Gard qui sont les principales régions viticoles du midi de la France. Dans le seul département de l'Hérault , I Go 000 hectares sont plantés en vignes, et la pratique du soufrage est généralement adoptée. On voit par ce fait quelle fraction considérable de la population des campagnes est anruiellement exposée à subir les effets de la poussière de soufre. » Etal des poussières sulfureuses. — Le soufre est employé à l'état de fletus, ou soufre sublimé, et à l'état de tritiualion. La première espèce contient une quantité appréciable d'acide sulfurique libre , la seconde n'en renferme que des traces insignifiantes. Aussi l'action chimique du soufre sublimé est-elle plus prononcée que celle du soufre trituré. Examinée au microscope, la poudre du soufre sublimé présente des globules très-divisés et arrondis; celle du soufre trituré offre des particules irrégulières et anguleuses. On peut en conclure que l'action mécanique de cette dernière est plus irritante que celle des fleurs de soufre. Mais comme, à cet état de division, l'irritation 40.. ( 3oo ) mécanique est beaucoup moins active sur la conjonctive oculaire que l'irri- tation chimique, il en résulte que l'emploi du soufre trituré est moins nui- sible pour les yeux que celui du soufre sublimé, ce que démontre l'expé- rience. » Insinimenls pour la dijfusion du soufre. — Le nombre de ces instruments a beaucoup varié. Les principaux sont le soufflet et le sablier nuini ou non de houppe. Les appareils qui opèrent une projection limitée de poudre sulfureuse, comme le soufflet, exposent moins les yeux des travailleurs que les instruments qui favorisent la diffusion de cette même poudre dans l'atmosphère. » Durée du travail ; conditions extérieures. — En moyenne, un ouvrier est occupé sept heures par jour à l'opération du soufrage des vignes, et répand lo kilogrammes de soufre. L'opération dure cinq jours par hectare, et se renouvelle, suivant les circonstances, trois ou quatre fois dans la saison. Nous avons remarqué que les ophthalmies sont surtout fréquentes au der- nier soufrage, et que la chaleur et la sécheresse accroissent les effets exci- tants de l'air chargé de molécules de soufre. » Etat des individus emplojés au soufrage. — Les femmes et même les enfants étant principalement chargés de ce travail sont aussi le plus fré- quemment atteints d'ophthalmie. I^es sujets qui ont eu des irritations oculaires antérieures d'origine diathésique ou accidentelle subissent des exaspérations inflammatoires. » L'ophthalmie produite par le soufrage des vignes, que pour abréger on pourrait nommer opldhalmie des soufreurs, rentre dans la catégorie des inflammations par cause externe ; elle est généralement peu grave et consiste dans une conjonctivite. Elle se distingue plutôt par sa cause que par la spécialité de ses caractères. » Les travailleurs atteints de cette affection ont les yeux rouges, lar- moyants, tuméfiés. Ils éprouvent une douleur pongitive assez pénible, surtout pendant le milieu de la journée , lorsque la chaleur, la lumière et la réverbération sont intenses. Ils se plaignent de photophobie et d'irradia- tions douloureuses vers le front. Cette irritation s'apaise par le repos de la nuit et par des lavages à l'eau fraîche. Mais l'irritation se reproduit par la même cause, et l'accumulation des effets ne tarde pas à se traduire par une ophthalmie plus ou moins intense. Celle-ci se manifeste sous plusieurs formes. » 1° La plus commune est l'inflammation de la caroncule lacrymale et du repli semi-lunaire de la conjonctive. L'examen de l'œil fait découvrir à ( 3oi ) son grand angle des particules sulfureuses masquées par du mucus, mais dans lesquelles l'examen microscopique fait retrouver les caractères du soufre sublimé ou trituré. )) 2° Une autre forme plus sérieuse est la conjonctivite proprement dite. Elle est ordinairement à forme aiguë, sans atteindre jamais le degré puru- lent. !1 est très-rare qu'elle occasionne des taches liératiques ou d'autres désordres graves. Chez les sujets affectés de dyscrasie, elle prend une marche chronique, revêt surtout les caractères de l'ophthalmie tarsienne et occasionne la lippitude et la chute des cils. )) 3° Une troisième forme d'irritation oculaire s'accompagne d'ecchy- moses sous-conjonctivales. » Les moyens à opposer à l'ophthalmie des soufreurs sont prophylacti- ques ou curatifs. » Les premiers consistent surtout dans le choix des soufres , dans l'adoption de bons instruments, dans l'emploi de voiles ou de lunettes, et dans quelques pratiques hygiéniques après le soufrage. » Parmi les moyens récemment proposés pour le soufrage économique de la vigne, le mélange de soufre et de chaux s'est montré nuisible et a rendu les ophthalmies plus fréquentes. Le soufre plâtré, au contraire, est mieux supporté par les yeux, mais il ne paraît pas exempt d'inconvénients pour les organes respiratoires. 'I Lorsque, malgré les précautions susindiquées, l'ophthalmie se produit, on la combat avec succès par les méthodes de traitement qui conviennent aux conjonctivites franches. » M. Mac-Lear, nommé Correspondant de la Section d'Astronomie en remplacement de feu /)/. Bond, adresse ses remercîments à l'Académie. Sa Lettre, écrite du Cap de Bonne-Espérance où il est directeur de l'Observatoire royal, contient, avec une courte indication de ses travaux habituels, le rappel d'un travail accompli déjà depuis quelque temps, la mesure d'un arc du méridien entreprise pour vérifier et étendre celle qu'avait faite en 1702 le savant abbé de La Caille. Le compte rendu de ce travail déjà imprimé paraîtra prochainement, et M. Mac-Lear s'empres- sera d'en adresser un exemplaire à l'Académie. ( 3o2 ) NOMIÎVATIOIVS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission de deux Membres pour la révision des comptes de l'année 1862. MM. Mathieu et J. Cloquet réunissent la majorité des suffrages, RAPPORTS. HYDRAULIQUE. — Rapport sur In partie du Mémoire de M. Bazik relative aux remous et à la propagation des ondes. (Commissaires, MM. Dupin, Poncelet, Combes, Morin, Clapeyron rapporteur.) « M. Bazin, dans une seconde partie de ses recherches expérimentales sur l'hydraulique, aborde la question si difficile et encore si peu approfon- die des mouvements ondulatoires qui se produisent dans les liquides. )) Dans un sujet si vaste et renfermant des questions d'un ordre si élevé, M. Bazin a dû restreindre son point de vue; ses études ont porté seidemeni sur un cas relativement simple, celui d'ondes isolées se propageant dans des canaux rectilignes doni l'eau est stagnante ou s'écoule avec une vitesse uniforme, soit dans le sens où la vague se propage, soit dans le sens opposé. » Dans ces deux premiers cas, l'onde a des dimensions restreintes en lon- gueur; elle est produite par l'injection subite et de courte durée d'une masse d'eau dans le canal. » Si au contraire l'injection dure un temps considérable, la vague pren- dra en longueur des dimensions beaucoup plus grandes qui seront en pro- portion de la durée de l'injection; l'intumescence ainsi produite prend le nom de remoifs, elle a l'apparence d'une tranche d'eau qui s'avancerait en "lissant sur la surface du canal. » Comme dans le cas de la vague isolée, M. Bazin examine le cas où le phénomène se produit dans un canal renfermant de l'eau en repos, et celui ou celle-ci s'écoule avec une vitesse uniforme dans le sens où se propage le remous, ou en sens contraire. Ce dernier cas fixe particulièrement l'atten- tion de l'auteur, parce qu'il reproduit sur une échelle restreinte le phéno- mène imposant connu dans la partie maritime des grands fleuves sous dif- férents noms : barre, mascaret, pororoca, et en fournit l'explication naturelle. » Cette partie de l'hydraulique avait été déjà abordée par quelques expé- ( 3o3 ) rimentateurs parmi lesquels il convient de citer en première ligne MM. Scott Russeil et Bidone. Le premier a publié en i845 des expériences très-inté- ressantes sur la propagation dans un canal rectiligne d'une onde isolée pro- duite par l'injection subite d'une petite niasse d'eau dans le liquide sta- gnant qui le remplit. Cette onde, qu'il nomme onde de iranslalion, onde solilaire, jouit de propriétés remarquables; la saillie qu'elle produit à la surface de l'eau est d'une régularité parfaite; elle marche sans laisser en arrière de traces de son passage et sans que rien annonce en avant sa venue prochaine. Elle parcourt ainsi de grands espaces sans qu'on observe dans sa forme d'altération sensible quand la profondeur reste constante. Sa vitesse est celle qu'acquerrait un corps grave tombant d'une hauteur égale à la moitié de la distance du sommet de la vague au fond du canal. )i Cette onde paraît devoir les propriétés particulières qui la caractérisent à ce que le mouvement qui la produit s'étend aux parties les plus pro- fondes du canal; lorsque l'agitation est seidement superficielle, la loi de propagation est tout autre; ainsi, comme l'a remarqué le général Morin, loi'squ'un canot se meut dans un canal étroit et profond, il produit dans certaines conditions de vitesse une vague qui l'accompagne; si l'on vient à arrêter celui-ci, la vague quitte le canot et se propage en avant, d'abord avec sa vitesse originelle, qui est celle qu'avait le canot, et par conséquent sans relation avec la profondeur du canal. Ce n'est que plus tard, et lorsque l'agitation superficielle se sera étendue à toute la profondeur de l'eau, que la loi proposée par M. Scott Russeil pourra se manifester. )> Bidone publia, en iSa/j? des expériences sur le remous qui se produit dans un canal à faible pente, rempli d'une eau courante, lorsqu'on l'arrête subitement par l'abaissement d'une vanne : l'eau s'élève contre cet obstacle et perd sa vitesse. Ainsi réduite à l'état de repos, elle devient à son tour un obstacle au mouvement de l'eau qui vient ensuite, et dont la vitesse sub- siste encore; celle-ci s'élève à son tour en perdant sa vitesse, l'intumescence ainsi produite a une hauteur constante au-dessus du fond et se propage, dans le sens opposé au courant, avec une vitesse uniforme lorsque la pro- fondeur du courant l'est elle-même. Bidone étudie les circonstances diverses du phénomène et en représente la loi par une formule qui coïncide avec celle de M. Scolt Russeil lorsque la hauteur de l'intumescence est très- faible. » Les expériences de ces deux auteurs ont été faites dans des canaux de petites dimensions qui s'éloignaient trop des conditions de la pratique pour qu'elles pussent lui offrir un guide certain. ( 3o4 ) » Cette question du mouvement des vagues ne pouvait manquer d'ap- peler l'attention des "éomètres, qui en ont fait l'objet de recherches suivies; nialhein'cusement les forces de l'analyse moderne n'ont pas prévalu contre les difticultés de la question. Il convient cependant de rappeler ce qu'on lit à ce sujet dans la Mécanique analytique de Lagrange. 11 se restreint au cas où le canal est peu profond et horizontal. Il suppose que le fluide, dans son mouvement, ne s'élève ni ne s'abaisse au-dessus ou au-dessous du niveau qu'infiniment peu, et qu'en outre les vitesses horizontales sont aussi très-petites. « Alors, dit-il, la vitesse de propagation des ondes sera la même » que celle qu'un corps grave acquerrait en descendant d'une hauteiu' » égale à la moitié de la profondeur d'eau dans le canal. » Si restreintes que soient les hypothèses dans lesquelles se place Lagrange, il convient donc de faire remonter à lui la découverte de la loi que Scott flussell a eu le mérite de vérifier dans des conditions de grandeur finie, quoique encore bien restreintes. y> Cette revue .sommaire des travaux antérieurs montre combien les expériences de M. Bazin offraient d'importance et d'opportunité. Pou- vant disposer des rigoles d'alimentation et des biefs du canal de Bour- gogne, il les a faites sur luie échelle supérieure à ce qu'avaient pu faire ses prédécesseurs, et qui se rapproche des conditions ordinaires de la pratique. Son canal d'expérience a 2 mètres de large, les parois sont formées de madriers joiutifs, la section est rectangulaire. Le fond est réglé sur une pente de 1 \ millimètre par mètre environ. Il opère sur des hau- teurs d'eau variant entre o™,682 et o™,3o7 à l'extrémité la plus pro- fonde, et qui, en raison de l'inclinaison du fond, se réduisent à o,44' c' 0,066 à l'extrémité opposée. L'onde dont on étudie la marche se produit de la manière suivante. A une certaine distance du point où commencent les observations est luie prise d'eau en communication avec le canal; on y a établi un barrage percé de plusieurs ouvertures munies de clapets dis- posés de façon à pouvoir s'ouvrir et se fermer subitement. L'eau retenue à un niveau supérieur peut être injectée à volonté dans le canal et y produire l'intumescence dont on étudie le mouvement. L'agitation tunuiltueuse qui s'observe d'abord dans le voisinage de la prise d'eau se régularise bientôt et se résout eu luie vague aux formes régulières qui se jiropage avec une vitesse qui varie avec les divers points d'observation. A mesure que la pro- fondeur diminue, la hauteur de la vague s'accroît, et si l'on nomme H la profondeur de l'eau avant l'arrivée do la vague au point que Ion considère, et h la hauteur de la vague au-dessus du niveau général, la vitesse de pro- ( 3o5 ) pagation est donnée par la formule \'g{li + h}. C'est la loi de M. Scott Rnssell, n On conçoit qtie cette hauteur croissante de la vague a une limite; il arrive un moment où elle se brise et s'écroule dans un tourbillon d'écume. Ce phénomène se produit lorsque la hauteur s'approche d'être égale à la profondeur du canal. Après que la vague a déferlé, ses débris donnent nais- sance à une série de vagues plus petites qui se brisent à leur tour lorsque la profondeur vient à leur manquer. » Si, au lieu d'injecter l'eau dans le canal, on en retire subitement une certaine quantité en lui ouvrant, pendant un temps très-court, une issue à travers le barrage placé à l'une de ses extrémités, il se produit une dé- pression qui se propage sur toute sa longueur; on remarque que cette espèce de vague négative n'a pas des formes aussi nettes et aussi régulières que l'onde saillante étudiée précédemment. L'onde négative est suivie d'autres ondulations qu'il n'a pas été possible de faire disparaître, comme l'avait aussi constaîé M. Scott Russell; elle ne parait pas non plus pouvoir parcourir d'aussi grands espaces sans déformation sensible. La détermina- tion des circonstances diverses du phénomène n'est pas susceptible d'au- tant de précision ; cependant la vitesse de propagation calculée par la for- mule V(H - h)g s'accorde fort bien avec l'expérience; la même loi s'appliquerait donc à la vitesse de propagation de l'onde positive et de l'onde négative, puisqu'il suffit, pour passer de la première à la seconde, de changer h en — h. » Les mêmes expériences ont été répétées en deux points du canal de Bourgogne sur une plus grande échelle : d'abord, dans le bief de partage. La cuvette du canal est en maçonnerie; sa section est un rectangle de 6™,5o de largeur; sa profondeur d'eau de ■i.'",^o. Les ondes positives étaient pro- duites par l'introduction subite d'un volume d'eau accumulé dans une ri- gole d'alimentation; les ondes négatives, en ouvrant pendant un instant les vannes de la première écluse du versant de l'Yonne. La même loi se vérifia. M Une seconde série d'expériences eut lieu dans un des biefs du canal de Bourgogne, versant de la Saône. La section du canal était sensiblement un C. R., i8G3, î^e Semestre. (T. LVII, N» G.) 4' ( 3o6 ) trapèze de lo mètres de largeur au plafond, avec talus inclinés, à a mètres de base sur i mètre de hauteur. On a pris pour hauteur H la profondeur niovenne obtenue en divisant la section par la largeur à la ligne d'eau. La profondeur variait de i™,37 à i"',44- Les ondes positives étaient obtenues en ouvrant les vannes de l'écluse d'amont pendant quelques instants, et les ondes négatives en ouvrant celles de l'écluse d'aval. Les vitesses déduites de la formule s'accordent avec celles de l'expérience, à l'exception toute- fois de celles qui se rapportent à la propagation des ondes négatives dans la section à forme trapézoïdale; dans ce dernier cas, la formule donne des vitesses inférieures à celles qu'indique l'expérience. La section du canal paraît donc avoir dans ce cas, sur la vitesse de propagation, une influence encore peu connue, et qui ferait désirer des expériences faites sur une plus grande échelle. » Il était encore intéressant de savoir si la même loi s'applique à la pro- pagation de la vague dans un courant marchant dans le même sens ou dans un sens opposé. Si toutes les molécules d'un courant, comprises dans une même section, étaient animées d'une même vitesse, il n'est pas douteux que, par rapport à un observateur animé de la vitesse du courant, l'eau serait en repos, et que la vitesse relative de la propagation de l'onde serait celle qui vient d'être déterminée, on, ce qui revient au même, la vitesse absolue mesurée par rapport aux berges du canal serait v'g(H + h) it «, u étant la vitesse du cours d'eau. Le signe + se rapporterait au cas où l'onde se propagerait dans le sens du courant, le signe — au cas où elle marche- rait dans le sens opposé. Mais il n'en est pas ainsi, et l'inégalité de vitesse, en différents points de la section du cours d'eau, peut altérer d'ime ma- nière très-sensible la loi établie pour un liquide en repos. Il était donc intéressant de consulter l'expérience sur ce point. » M. Bazin constate que lorsqu'une onde positive remonte un courant, elle perd sa régularité de forme, et sa hauteur diminue plus rapidement que dans le cas où l'eau est stagnante : ce phénomène est d'autant plus pro- noncé que le courant est plus rapide; cependant la formule v g(H + h) — u se vérifie encore d'une manière satisfaisante; mais pour de faibles vitesses de propagation, le calcul donne des valeurs un peu trop grandes; il les (louiie \\x\ peu trop faibles dans le cas des ondes négatives. » Pour les ondes marchant dans le sens du courant, l'accord de la for- mule avec l'expérience est très-satisfaisant pour les ondes positives, et un peu moins pour les ondes négatives, dont la vitesse est un peu inférieure à ce qu'indique le calcul. ( 3o7 ) » Dans 1111 deuxième chapitre, M. Bazin étudie les lois de la propagation d'un remous dans une eau en repos. Dans le chapitre précédent, rinjeclioii d'eau, à l'une des extrémités du canal, avait lien dans un temps très-court ; si au contraire l'injection est permanente, l'onde s'allonge indéfiniment et prend l'aspect d'une couche liquide qui s'avancerait progressivement sur la surface de l'eau en repos. Les expériences ont lieu dans les mêmes canaux qui ont servi à l'étude des mouvements de l'onde solitaire et dans les mêmes conditions de profondeur variable. B Voici les circonstances principales du phénomène. En tête du remous se produit une vague dont la hauteur est supérieure de moitié environ à celle du plan d'eau qui la suit; en avant de la première onde, on n'observe aucun signe précurseur de son arrivée; en arrière, l'eau est animée d'une certaine vitesse dans le sens du mouvement de propagation. Lorscpie la profondeur est considérable, la première onde a une forme régulière el allongée; si la profondeur vient à diminuer, elle devient plus courte, plus aiguë au sommet, s'incline en avant et offre une tendance au défcrlemenl qui se produit enfin lorsque la profondeur cesse de dépasser la hauteur de la vague. La vitesse de propagation est encore donnée par la formule v/(H + h)g , h étant la hauteur au-dessus du plan d'eau primitif de la vague qui marche en tète du remous; néanmoins, quand le déferlemetit a lien, la formule donne des vitesses trop faibles. « On peut se rendre compte du déferlement de la manière suivante : à mesure que la profondeur diminue, la vitesse de propagation diminue elle- même; elle finit par devenir insuffisante pour que, le débit restant con- stant, la masse d'eau affluenle trouve place derrière elle; l'onde surélevée qui marche en tête du remous se déforme, sa base s'amoindrit, sa ciêle devient plus aiguë et s'élève : or, nous avons vu qu'une onde ne peut se maintenir qu'autant que sa hauteur est inférieure à la profondeur de l'eau dans laquelle elle se propage; elle se brise donc enfin et se résout dans une barre d'écume poussée en avant par la masse d'eau qui la suit. )> M. Bazin montre ensuite que ce phénomène devient imminent lorsque la vitesse U du courant, capable de fournir le débit q sur l'unité de largeur et sur la profondeur H du canal, dépasse la vitesse d'un corps pesant tom- bant d'une hauteur égale à cette profondeur. » Il reste à déterminer la vitesse de propagation V que prend le remous pour un débit ^, dans un canal renfermant de l'eau stagnante d'une pro- fondeur H. Cette vitesse V étant Vg^ (H -^-h) il s'agit d'exprimer h, hauteur 4i-. ( 3o8 ) de la vague qui marche en tète du remous, en fonction du débit : il arrive à 1 équation du troisième degré V — g^Hw = —■> en prenant -pour le rap- port entre la hauteur de la première vague et la hauteur du plan d'eau qui la suit, que lui donne l'expérience avec une exactitude suffisante. » Il montre enfin par des calculs numériques que lorsque — y=^ est H \ga inférieur à 0,70, l'équation du troisième degré peut être remplacée par la formule très-simple » Dans le chapitre III, M. Bazin traite le cas du remous qui se produit dans un canal dont on arrête l'écoulement par l'abaissement subit d'une vanne. L'eau s'élève contre l'obstacle, perd sa vitesse de translation et forme obstacle au mouvement de l'eau affluenfe qui s'élève à son tour, et ainsi de suite. L'intumescence produite par l'eau devenue stagnante se pro- page vers l'amont avec une vitesse uniforme, en conservant son niveau. M. Bazin, après avoir décrit les expériences de Bidone sur ce snjet, déve- loppe les résultats des expériences faites par M. Darcy et par lui sur une beaucoup plus grande échelle. Il remarque que le remous, en s'avançant vers l'amont, présente une onde à surface arrondie dont la hauteur dépasse le plan d'eau qui s'établit en arrière, lorsque l'agitation qui succède à cette première onde s'est calmée. » Il constate d'abord que la formule de M. Scott Russell se vérifie encore dans ce cas, en prenant pour hauteur h de l'onde celle plus élevée qui pré- cède les autres à la naissance du remous. Mais pour arriver à la valeur nu- mérique de la formule \'[ll-hh) g — U, il faut connaître h. Or h est dans un rapport que donne l'expérience avec l'élévation du plan d'eau stagnante qui s'établit après le passage du remous et qui elle-même dépend de la vitesse U du courant. On arrive ainsi, pour la détermination de la vitesse de propagation , à une équation du troisième degré, dont la racine réelle est donnée approximativement par la formule très-simple v=-|u + v H- fl est à remarquer que cette valeur de V peut se déduire de la formule du chapitre précédent en retranchant U du second membre, ce qui indique que les phénomènes étudiés dans ces deux chapitres sont régis par la même ( 3o9) loi, et peuvent être ramenés l'un à l'autre en imprimant un mouvement relatif à l'observateur. » M. Bazin aborde ensuite un cas plus compliqué, celui où le courant dont on interrompt le cours a lieu sur un fond légèrement incliné : le fait principal qu'il observe est que dans ce cas la surface de l'eau, après le passage du remous, n'est pas parfaitement horizontale, mais affecte une courbure tournant sa concavité vers le haut. » Le quatrième chapitre traite le cas où, dans un courant établi, on en projette un second; c'est le cas d'un fleuve dans lequel remonte la marée ou qui se gonfle par siùte de l'accroissement subit du débit d'un affluent. M. Darcy en a fait, en 1 856, l'objet de plusieurs séries d'expériences com- plétées en 1867 par M. Bazin. La prise d'eau supérieure entretient dans la rigole un courant déterminé, réglé par un barrage situé à 45o mètres en avaL Une deuxième prise d'eau voisine de ce dernier verse dans le premier courant un second dont on règle le débit à volonté et que nous nommons le courant d'avat, par opposition au premier que nous nommons le coiuant d'amont. Soit Q le débit de celui-ci, Q' le débit de celui-là. Si Q' est très- petit par rapport à Q, le courant d'aval sera emporté par le courant d'amont, il ne s'en formera pas moins un remous se propageant vers l'amont, mais formé par les eaux mêmes du courant d'amont, luie partie q du débit Q sera employée à produire ce remous. Si fj s'accroît successivement jusqu'à devenir Q, le courant d'amont est complètement arrêté et l'eau devient stagnante dans toute la partie parcourue par le remous, et les eaux seules du courant d'aval s'écoulent par-dessus le déversoir. Si Q' continue de s'ac- croître, une portion q' de ce débit remontera vers l'amont, le surplus Q'—q' s'écoulera seul par le déversoir. » Les nombreux tableaux du chapitre IV reproduisent tous les détails des phénomènes compliqués qui se produisent dans ces conditions pour des débits différents du courant d'amont ou du courant d'aval et pour différ rentes profondeurs du canal. » On constate d'abord que, sauf le cas où l'onde déferle ou remonte le courant avec une vitesse très-faible, les formules établies plus haut se véri- fient d'une manière satisfaisante. Elles contiennent, comme on sait, la hau- teur h de l'onde qui marche en tète du remous. Dans le cas où l'on aurait à prévoir la vitesse de propagation que produirait un courant secondaire venant à l'encontre du courant principal, il faut exprimer h en fonction du débit q de cet affluent. La solution est donnée par une équation du troi- sième degré, dont la racine applicable à la question est exprimée avec une ( 5'o) approximation suffisante par la formule V = \g^ + ^ U' — U, U étant la vitesse du courant principal et U' la vitesse qui, pour une profondeur H, débiterait le volume q. )> On sait que l'onde commence à déferler lorsque sa hauieur s'approche d'être égale à la profondeur du canal. M. Bazin eu déduit que ce phéno- mène devient imminent lorsque U -+- U' dépasse Va g H. » Un dernier chapitre est consacré à l'étude du mascaret. Ce phéno- mène, déjà si remarquable dans la Gironde et dans la Seine, atteint, connue on sait, les proportions les plus imposantes à l'embouchure du Gange et du fleuve des Amazones. M. Bazin en décrit les circonstances principales, et rappelle les explications proposées par différents auteurs ; il adopte sur ce point l'opinion de Bremontier, développée depuis par notre ingénieux con- frère M. Babinet, et à laquelle tous les hydrauliciens paraissent aujourd'hui ralliés. Mais M. Bazin va plus loin, les lois qu'il a établies sur la propaga- tion des remous lui permettent d'analyser tous les détails du phénomène et de donner des chiffres qui en précisent les circonstances. Il prend pour exemple un fleuve formant, à partir de la mer, un canal régulier de 2 mètres de profondeur; les eaux s'écoulent avec une vitesse de 1 mètre dans la mer an moment de la marée, qui s'élève de 2™,4o par heure, soit de o'°,20 par chaque intervalle de cinq minutes. Il suppose seulement que cet exhausse- ment, au lieu d'être continu, se fait brusquement par tranche de o™,20. La première va donner lieu à une onde qui se propagera avec la vitesse y/g- 2,2 - I = 3™,64. » L'eau du fleuve s'écoulant sur une section accrue de 0,20, la vitesse se réduit et le débit primitif de 2 mètres par seconde, diminué du débit nouveau qui a lieu sous l'influence de cette vitesse réduite, doit être égal précisément à l'accroissement du voliune du remous qui est égal à sa vitesse 3*°, 64 multipliée par la hauteur du remous 0,20. On trouve ainsi que la vitesse de i mètre se réduit à o'^iSS. A l'arrivée d'une seconde tranche de 0,20 elle ne sera plus que de o'",!'^, mais la vitesse de propagation de la nouvelle onde s'élèvera à 4™>27, à cause de la profondeur accrue et de la diminution de la vitesse du courant. Après ul^ nouvel intervalle de cinq minutes, une nouvelle onde remonte avec une vitesse de 4'°5 88. L'eau du fleuve à sa suite a entièrement perdu sa vitesse primitive; elle commence à remonter vers l'amont, et l'élévation progressive du niveau commence à se laire aux dépens des eauîf affluant de la mer. On voit comment les ondes (3,, ) qui se succèdent vont en s'accéléraiit : les premières seront donc successi- vement atteintes par celles qui les suivent; la rencontre des deux premières aura lieu à 7400 mètres de l'embouchure; leur hauteur sera de o^/jo et leur vitesse \/g- 2 , 4o — i = 3", 85; mais à ce moment la troisième onde ne sera qu'à 4oo mètres en arrière, elle rejoindra en quelques minutes la tète du flot dont la hauteur s'élèvera à o'",6o et la vitesse à y/g". 2,60 = 4io5. M On voit comment l'arrivée successive de petites ondes élémentaires produit, au bout d'ini certain temps, une onde unique résultant de leur réiniion qui peut s'élever à une hauteur considérable. Tant qu'elle se pro- page dans une profondeur suffisante, elle conserve sa figure allongée et ne déferle pas ; mais si elle rencontre un haut fond et que sa hauteur s'approche d'égaler la profondeur du chenal, elle s'écroule en une masse écumeuse et donne alors naissance au mascaret proprement dit. » La nature ne présente jamais la régularité des données sur lesquelles nous venons de raisonner, cependant elle s'en rapproche quelquefois assez pour qu'on puisse trouver dans les faits naturels un contrôle suffisant de la théorie : c'est ce à quoi parvient M. Bazin à l'aide d'expériences sur le mascaret de la Seine, extraites d'un travail fait en 1826 par M. Poirée et en i856 par M. Partiol. li'état des eaux du fleuve était à peu près le même à ces deux époques, mais les travaux d'endiguement exécutés dans cet intervalle ayant accru de plusieurs mètres la profondeur du chenal, M. Bazin constate que la vitesse du flot V s'est accrue dans les proportions qu'indique la formule V:= V§^(H + h) — : U. On voit que la vitesse du flot, qui augmente avec la profondeur du chenal, diminue quand la vitesse du courant descen- dant augmente. Si le volume engendré par l'onde est inférieiu'au débit du fleuve, l'eau après le passage de l'onde se porte encore vers l'aval; s'il lui est supérieur, le courant change immédiatement de direction. Le déferle- ment a lieu lorsque la vitesse du fleuve, plus la vitesse due au débit de la marée sous la profondeur H, est supérieure à y/agH. » Nous terminons là le résumé du Mémoire de M. Bazin sur les remous et la propagation des ondes. Dans toute l'étendue de ce travail remarquable, monument de sagacité et de persévérance, l'auteur ne s'écarte pas dés règles du raisonnement le plus rigoureux et de la plus sévère crilique. Il sera consulté avec fruit par les savants qui chercheront à approfondir la théorie encore si obscure du mouvement ondulatoire des liquides pesants, et par les ingénieurs qui auront à s'occuper de l'amélioration de la naviga- tion dans la partie maritime des fleuves à marée. ( 3. a ) » Vos Commissaires, à l'occasion de cette seconde partie du Mémoire de M. Bazin, ne peuvent donc que réitérer le vœu dont le général Morin s'est rendu l'organe à l'occasion de la première, d'accorder l'approbation de l'Académie au travail de M. Bazin sur l'hydraulique, d'en ordonner l'impression dans le Recueil des Mémoires des Savants étrangers, ainsi que l'envoi de ce Rapport à M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ZOOLOGIE. — Rapport sur le voyage de M. lîocounT àSiam. (Commissaires, MM. Valenciennes, Decaisne, de Quatrefages, Blanchard, Milne Edwards rapporteur.) « Dans sa séance du 23 février dernier, l'Académie nous a chargés de lui rendre compte des résultats scientifiques obtenus par M. Bocourt pen- dant un voyage à Bangkok, capitale du royaume de Siam. » En 1861, le consul général de France en Chine, M. dcMontigny, dont le zèle pour la science est bien connu de l'Académie, profita de ses rela- tions amicales avec les rois de Siam, pour obtenir de ces princes la pro- messe d'un don considérable d'animaux vivants pour notre Muséum d'his- toire naturelle, et, sur la demande des professeurs de cet établissement, le Ministre de l'Instruction publique décida qu'un de nos employés serait chargé d'aller à Bangkok recevoir ce présent au nom de l'Empereur, et de di- riger le transport de ces animaux de Siam à Paris. L'administration du Muséum voulant profiter de cette occasion, non-seulement pour enrichir sa Ména- gerie, mais aussi pour se procurer une collection des différentes produc- tions naturelles de cette partie de l'Inde, proposa au Ministre de confier cette mission à une personne déjà versée dans l'étude de la Zoologie, et conformément à ces vues on fit choix de M. Bocourt, qui depuis longtemps était attaché aux laboratoires du Jardin des Plantes, et qui était à la fois un dessinateur habile^ un excellent préparateur et un naturaliste familiarisé avec la plupart des branches de la Zoologie. Un des hommes de service de la Ménagerie (le sieur Royer) lui fut adjoint, et le 5 septembre 1861, muni d'instructions données par plusieurs Membres de l'Académie, ainsi que par l'administration du Muséum, il se mit en roule, à la suite de l'ambassade siamoise qui, après avoir séjourné quelque temps à Paris, retournait dans l'Inde. Son voyage se fit très-rapidement par la voie de la mer Rouge, et après avoir touché à Ceyian et à Singapoor, il arriva à Bangkok le 10 dé- [( 3i3 ) cembre. Les deux rois de Siam, ainsi que leurs ministres, l'accueillirent avec faveur et lui renouvelèrent les promesses qu'ils avaient déjà faites à M. de Montigny, pour qui ils témoignèrent beaucoup d'estime et d'amitié. M. Bocourt fut puissamment aidé par les agents de la France dans cette partie de l'Inde, et plus particulièrement par M. d'Istria, qui remplissait temporairement les fonctions de consul français à Bangkok; mais la per- sonne qui lui rendit les services les plus considérables fut un des mendires de nos missions étrangères, M. l'abbé Larnaudie, et nous saisissons avec empressement l'occasion qui se présente ici pour en remercier publique- ment ce digne et zélé ecclésiastique. » Aussitôt son installation effectuée, M. Bocourt s'appliqua activement à réunir des échantillons de la faune des environs de Bangkok, à préparer ces objets et à les cataloguer. Il étendit ses excursions zoologiques jusqu'à Muany-Pexabury et à Agulhia, où il eut l'occasion d'assister à la capture d'une troupe d'Éléphants, et d'observer quelques particularités intéres- santes des moeurs de ces animaux. D'après les instructions qui lui avaient été données par notre confrère M. de Quatrefages, M. Bocourt utilisa aussi son talentde dessinateur au service de la collection anthropologique du Muséum, et il profita aussi de la présence à Bangkok d'un artiste habile (M. Rossier) pour ob'.enir ime série nombreuse de photographies représentant les momi- ments et les sites les plus remarquables de cette partie du royaume de Siam. Enfin, le 3o juillet 1862, après avoir reçu les animaux donnés au Muséum d'histoire naturelle par les rois de Siam et par quelques autres personnes, M. Bocourt s'embarqua à bord du transport la Gironde, pour se rendre à Singapoor et de là à Suez, en touchant à Anjer et à Aden. I^e i5 novembre dernier, il fut de retour à Paris. » Ainsi qu'on devait s'y attendre, la mortalité fut très-forte parmi les ani- maux à qui l'on faisait faire si rapidement lui trajet d'environ 2600 lieues, et si MM. Pascalis et Jaurès, qui commandaient les bâtiments de l'État sur lesquels M. Bocourt prit successivement passage, ne l'avaient aidé de tout leur pouvoir, il lui aurait été impossible de remplir sa mission ; mais dans cette occasion, comme dans beaucoup d'autres circonstances, les officiers de la marine impériale ont servi les intérêts de la science avec un grand dévouement, et notre voyageur a pu remettre entre les mains des admi- nistrateurs du Muséum un nombre considérable d'animaux vivants très- précieux. Nous n'entretiendrons pas l'Académie des grands Mammifères et des Reptiles qui ne présentaient rien de nouveau pour les zoologistes, tels G. R., i8G3, 2"'<: Semestre. (T. LVII, N» 6.) ' 4'* ( 3.4) que des Éléphants, un Tigre et des Crocodiles; mais nous signalerons, ])armi les animaux dont notre Ménagerie publique a été eiuicliie de la sorte, (juelques espèces qui n'étaient encore connues que très-imparlaitement, et qui maintenant pourront être mieux étudiées. Tel est le Ccwus Duvaucelii, dont nous n'avions que la femelle et dont nous possédons maintenant un mâle adulte ; un Paradoxuro d'espèce nouvelle et le Phasiaiius pielaliis, qui n'avait pas encore été vu vivant en Europe. Parmi les Mammifères destinés au rthisétun par les rois de Siani, il y avait aussi deux Cerfs fort voisins de l'Axis, qui, à première vue, nous ont ])aru cependant eu différer et devoir apj)aitenir à luie espèce nouvelle pour la science; mais par suite d'une cir- constance particulière, celte question est restée indécise et ne pourra être résolue qu'ultérieurement. » En résiuné, M. Bocourl mérite beaucoup d'éloges pour la manière dont il a rempli sa mission officielle ; mais il a rendu à la Zoologie des ser- vices encore plus considérables en formant, pour le Muséum, des collec- tions nombreuses de préparations taxidermiques et d'autres objets précieux aux yeux des naturalistes. Il a rapporté près de quatre cents peaux d'Oiseaux et de Mammifères, environ mille Reptiles et Poissons conservés dans l'alcool, un nombre non moins considérable de coquilles et da coraux, plus de huit cents Insectes et plusieurs pièces anatomiques, ainsi que divers échantillons de plantes et de roches. Beaucoup de ces objets appartiennent à des espèces qui n'étaient pas encore représentées dans les galeries du Muséum, et qiielques-uns d'entre eux paraissent même élre conqilétement nouveaux pour la science. M. Bocourt se propose de publier prochainement la description des parties les |3lus intéressantes de sa belle collection, et dans les manuscrits qu'il a soumis au jugement de l'Académie nous trouvons des notes relatives à une première série de ces espèces nouvelles. Ainsi il y fait connaître deux espèces de Singes qu'il désigne sous les noms de Macacus Jnamila et de M. pallidus ; deux Passereaux, dont l'un est voisin des Martins-Pècheurs, mais paraît être nouveau pour les ornithologistes, et sera appelé Ca//ifii/cjo» Islrifina; l'autre, le KUlacincla a/Jinis, ne diffère que peu du K. rnicrowa; six espèces nouvelles de Reptiles de l'ordre des Ophidiens ; une espèce nouvelle du genre Rina; trois Silurioniens nouveaux, dont l'un appartient au Panrjnsias de M. Valencienncs, et un autre qui paraît devoir constituer le type d'une nouvelle division générique établie par M. Bleeker sous le nom à'Helerobcmjm. Dans les notes de M. Bocourt nous trouvons aussi la description de plusieurs coquilles nouvelles qui appartiennent aux ( 3.5) genres Unio, Monocondyle, Paliidine, Cyclostoine et Anipiillaire ; enfin il y fait connaître également deux espèces nouvelles de Madrépores. » Lorsque tous les objets recueillis par M. Bocourt auront été étudiés d'une manière approfondie, cette liste d'espèces nouvelles sera certaine- ment beaucoup augmentée ; et par le peu c[ue nous venons d'en dire, on voit que ce naturaliste actif et intelligent a su rendre son voyage double- ment utile à la science : d'une part, en remplissant très-bien la mission offi- cielle dont il avait été chargé, et, d'autre part, en exécutant avec zèle les instructions qu'il avait reçues officieusement des zoologistes de l'Académie. Nous ne pouvons que féliciter M. Bocourt d'avoir obtenu en si peu de temps des résultats si considérables, et nous proposerons à l'Académie de le remercier de la communication intéressante qu'il lui a faite. » L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. MÉMOIRES LUS. ÉCONOMIE RURALE. — Sur le ver à soie du chêne Yama-Maï du Japon, expériences faites au Jardin Zoologique d'acclimatation. Note du Directeur M. RuFz DE Lavison. « Le Jardin d'Acclimatation a reçu en février dernier, de la Société impé- riale zoologique d'Acclimatation, 5 grammes de graine d'un nouveau ver à soie du chêne du Japon désigné sous le nom de Yama-Mdi, qui veut dire ver de montagne. )) Cette graine avait été envoyée par M. Eugène Simon. )) Les éclosions ont commencé le 22 mai et étaient terminées le 16 avril. » Les vers ont été nourris avec le chêne ordinaire qui pousse dans le bois de Boulogne, Qaercus pedunculata, dont la végétation avait été activée pour cette destination. Les 5 grammes ont donné 83 vers dont on a obtenu 77 cocons. Les vers ont commencé à coconner le i" juin, le dernier cocon a été obtenu le 25 juin. « Douze cocons ont été soumis au dévidage et ont produit 1 grammes de soie grège qui sont mis sous les yeux de l'Académie. M Les cocons du Bombyx Vama-Maïse dévident avec autant de facilité que ceux du mûrier; leur produit est à peu près le même: il faut de 12 à i4 kilogrammes de cocons en moyenne des uns ou des autres pour pro- duire I kilogramme de soie. » Cette soie est un peu moins brillante que celle du mûrier ; mais elle est beaucoup plus forte et un peu plus grosse. 42.. ( 3i6 ) » La durée de l'éducation des vers du chêne du Japon est environ de cinquante à soixante jours, depuis leur naissance jiîsqu'au moment où les vers commencent à filer; ils mettent environ huit jours pour terminer leur cocon, et ce n'est que trente ou trente-cinq jours après qu'a lieu l'éclosion du papillon. » La ponte a lieu quatre jours après la sortie du papillon. » Par une mesure bien entendue, la Société d'Acclimatation, qui avait réparti la graine du Yama-Maï entre différentes personnes, a réuni au jardin du bois de Boulogne, au nombre de 96, la plupart des cocons obtenus, afin d'assurer la récolte de la graine et d'éviter la disproportion des mâles et des femelles qui arrive souvent dans les éducations et empêche la féconda- tion. Sur ce nombre, plus de vingt sont dus à M. le Maréchal Vaillant, qui a aussi communiqué à la Société plusieurs Notes intéressantes sur l'éducation à laquelle il a donné des soins éclairés. C'est ainsi que le Jardin d'Acclima- tation sera en mesure de propager cette précieuse graine. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉT.\Lt.URGiE. — Etudes sur les fers cl les aciers; par M. de Cizaxcqiirt. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pelouze, Morin, IL Sainle-Claire Deville.) (( La détermination des conditions que doivent remplir les produits, et parliculièrement ceux qui sont fondus, pour être susceptibles d'étirage, est une des questions les plus intéressantes de la métallurgie du fer et de l'acier. " J'ai étudié et décrit eu détail la méthode, découverte par M. Bessemer, qui présente une série nouvelle et variée de produits fondus. Elle permet de suivre tous les phénomènes auxquels donne lieu l'action de l'air atmo- sphérique sur la fonte en fusion. L'insufflation de l'air dans la fonte à cet état paraît déterminer d'abord la combustion des éléments plus oxydables que le fer, notamment celle du silicium, des métaux terreux et peut-être celle du manganèse; puis celle du carbone combiné et celle du carbone graphite. Ces combustions paraissent s'opérer successivement en produisant un affinage régulier, et en donnant lieu à un accroissement constant de tem- pérature. Lorsqu'elles sont terminées, le fer devient le combustible prin- cipal et brûle en même tem])s cpie le soufre et le phosphore, qui échappent ainsi, siu'tout le dernier corps, à l'affinage pratiquement possible. L'affinage, si énergique en apparence, atteint sa limite par l'accroissement des affinités du fer pour l'oxygène à luie température très-élevée, et dans les conditions (3i7) où ce métal, se trouvant chargé de gaz oxydants en dissolution, passe à un état particulier précédant la véiitable oxydation en devenant fer suraffiné on oxygéné. On arrête l'opération dès que cet état est atteint. Il sultit alors d'ajouter à ce produit liquide une certaine quantité de fonte crue, pour le convertir, dans la plupart des cas, en métal étirable plus ou moins car- buré. Si l'on essaye de couler sans addition le métal suraffiné très-fusible, les gaz qu'il contient produisent, par leurs dégagements dans les moules, une véritable éruption, et les parties solidifiées sont incapables d'être étirées. » L'addition de fonte modifie la nature des gaz enJes faisant passer au maximum de carburation, sans que pour cela ils cessent de se montrer à la coulée. Si cette addition est faite en quantité insuffisante pour carburer sen- siblement la masse, l'opération permet de comparer deux métaux de com- position très-rapprochée : l'un inétirable contenant en dissolution des gaz oxydants, l'autre étirable ne contenant que des gaz au maximum de carbu- ration. o J'ai continué l'observation des phénomènes produits par les gaz dans les diverses élaborations que subissent les aciers. » Dans les fonderies, à la fusion et lors de la coulée des aciers et fers plus ou moins carbures, j'ai constaté que les gaz existent dans tous les produits liquides; qu'ils s'y trouvent en quantité d'autant plus grande que la lem-' pérature du métal est plus élevée. Lors du refroidissement, ils se dégagent toujours d'une manière très-sensible vers la solidification. Toutefois ils pa- raissent être fixés en partie lorsque la cristallisation intervient, ce qui se manifeste particulièrement pour les aciers durs, tandis que pour les aciers doux, et cela avec d'autant plus de force qu'ils sont plus doux, les gaz pro- duisent par leur dégagement des phénomènes tout à fait analogues au ro- chage. Ce dégagement des gaz constitue vme des difficultés contre lesquelles on lutte dans les fonderies, à laide de précautions considérées partout comme indispensables. L'ensemble des faits observés permet de constater que les produits fondus étirables, aciers et fers plus ou moins carbures, à l'état liquide, contiennent toujours en dissolution des gaz salures de car- bone; au contraire, la présence certaine des gaz oxydants dans ces mêmes produits suffit pour les rendre incapables d'étirage. Le mode d'observation ne permet pas d'ailleurs d'ap|)récier la quantité d'azote dont ces gaz peuvent se trouver mélangés. Dans les élaborations où les aciers et fers plus ou moins carbures sont préparés par l'action du rechauffage à recevoir les effets du travail mécanique, j'ai reconnu qu'en descendant au moins jus- qu'à la température du rouge, ces métaux sont toujours imprégnés de gaz. (3.8) Je ne citerai pour le déinonlrer ici que la facilité avec laquelle ils se brûlent ou se carburent, jusque clans leurs parties intimes, suivant la nature des gaz avec lesquels ils se trouvent en contact. Ces actions sont d'autant plus rapides que la température est plus élevée, la masse de» gaz intervenants plus importante ou plus souvent renouvelée. Les produits carbures offrent une série de termes étirables entre des liaiites chimiquement peu différentes, mais qui cependant laissent dans la pratique une latitude suffisante pour permettre d'obtenir, d'une même base ferreuse, divers degrés de dureté bien tranchés. Les produits deviennent inétirables dès que les gaz oxydants y ont existé; si la pénétration est locale et partielle, letirage disparaît au point touché, l'action produite se révèle par un défaut apparent. « Les gaz saturés de carbone peuvent donc seuls exister dans les pro- duits étirables à l'état fondu et au rouge; comme la présence des gaz est une des conditions d'existence des métaux du fer aux températures élevées, on ne saurait donc assurer avec trop de soin la carburation des gaz qu'ils ren- ferment. Je ne puis indiquer ici les conséquences pratiques que j'ai tirées de ce fait, et que j'ai exposées dans mon travail. » J'ai été également conduit, par l'ensemble de l'étude des phénomènes que je viens de rappeler succinctement, à une conclusion théorique sur la constitution de l'acier. » Les aciers de diverses duretés résultent toujours de l'action du gaz carbonique ( oxyde de carbone) plus ou moins mélangé d'azote sur le fer. Je laisse de côté, pour y revenir en terminant, le rôle chimique de l'azote. L'action du gaz carbonique sur le fer se traduit par l'introduction d'une cerlame quantité de carbone dans la masse ferreuse solide et par la conser- vation du gaz carbonique à l'état de fluide élastique, dans les pores molécu- laires de cette masse. La partie solide et le gaz ont ainsi un élément chimi- que commun, le carbone. » La quantité des gaz retenus dans les aciers varie avec la température. Les aciers à l'état liquide contiennent en dissolution luie grande quantité de gaz carbonique plus ou moins mélangé d'azote. Ces gaz s'échappent tou- jours d'une manière notable, mais probablement aussi se fixent en partie vers la solidification, et par le fait de la cristallisation lorsqu'elle se pro- duit. Les gaz persistent dans la masse jusqu'au rouge, c'est-à-dire jusqu'à l'état pâteux, lorsqu'on descend d'une température plus élevée, ou ils v apparaissent de nouveau lorsqu'on y arrive par l'élévation de la tempéra- ture d'une masse qui en avait été privée. " La trempe emprisonne les gaz dans les pores moléculaires en s'oppo- sant à la cristallisation, à laquelle la présence des gaz apporte un nouvel ( 3.9) obstacle. La trempe sans recuit réalise ainsi l'immixtion gazeuse maximum et maintient les gaz à la tension la plus élevée. Le recuit suivi d'un refroi- dissement lent, en permettant le retour plus ou moins avancé à l'état cris- talhn, amène un dégagement jiartiel des gaz ou provoque leur fixation par- tielle à l'état de combinaison chimique. L'élasticité de l'acier trempé résulte de celle du gaz emprisonné. Le gonflement à la trempe découle naturelle- ment de la présence de ce gaz. La grande résistance et la fragilité de l'acier trempé sont les conséquences de l'élat plus ou moins vilrcux dans lecjucl les aciers sont saisis par la trempe. » La pratique conduit à distinguer avec le plus grand soin les fers acié- renx qui donnent des aciers stables, des fers non aciéreux qui ne donnent que des aciers instables; bien qu'il ne paraisse pas y avoir de limite tran- chée qui sépaie les uns des autres, d'une manière absolue. La stabilité des aciers qu'ils produisent pourrait donner un des éléments théoriques du classement des fers, qui repose encore tout entier sur leur valeur com- merciale et la connaissance de la nature et de l'origine de leurs mine- rais. Les vrais fers à acier sont ceux dont les propriétés moléculaires se prêtent à ce jeu du gaz carbonique que je viens de faire connaître, et qui . comportent, dans leurs aciers, des fixations et des dégagements alternatifs de ce gaz. Ces propriétés moléculaires paraissent du reste en relation a\ ec celles qui se prêtent à la conservation du magnétisme. Au contraire, les fers non aciéreux ne se prêtent cju'imparfaitement à l'emprisonnement du gaz et aux fixations alternatives par absorptions chimiques. Les dépôts de carbone graphite ont ime plus grande tendance à se produire dans leurs combinaisons carburées. Ils ne paraissent retenir le carbone que d'une ma- nière instable, grâce peut-être à des combinaisons plus compliquées. Si on les juge d'après les résultats pratiques connus jusqu'à ce jour, leurs pro- duits analogues à l'acier, par suite de la facilité avec laquelle ils perdent leur dureté dans les retours au feu, ne paraissent être que des pseudo-aciers. « C'est sans doute dans la production de ces derniers que l'azote (en dehors des cas où il peut être retenu par emprisonnement accidentel) et certains métalloïdes pourraient jouer un rôle chimique quil serait intéres- sant de bien connaître. Mais on conçoit que les vrais aciers puissent s'en passer, jiuisqu'il suffirait même, à la l'igueiu', de considérer le carbone comme agent unique, pour expliquer les phénomènes qu'ils présentent; en observant que, dans ceux où il interviendrait à l'état gazeux, on le retrou- verait toujours se manifestant expérimentalement à l'état d'oxyde de car- bone. M ( ^^20 ) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le mouvement des liquides dans tes tubes de très-petit diamètre; par M. Emile Mathieu. (Commissaires précédemment nommés : MM. Lamé, Duhamel, Bertrand.) « Les lois du mouvement d'un liquide dans un tube de très-petit dia- mètre ont été étudiées [Mémoires des Savants étrangers, t. IX) par M. Poi- seuille, qui a trouvé par l'expérience que le produit de l'écoulement correspondant à l'unité de temps peut être représenté, en supposant la températiH'p invariable, par la formule (i) Q = K — , n étant la pression exercée sur le liquide, D le diamètre du tube, / sa lon- gueur, enfin K une constante qui dépend de la nature du liquide. » Nous allons soumettre le même phénomène à l'analyse, et nous re- trouverons la formule de l'expérience. » Quand un liquide coule dans un tube capillaire, nous supposerons qu'il existe une couche de liquide adhérente au tube, et plus dense que le reste du liquide; son mouvement est nul ou insensible, et son contact avec le tube empêche que l'écoulement du liqtiide dépende de la nature du tube; cette adhérence tient à la force de cohésion du liquide et du verre, ou plutôt an frottement qui est proportionnel à cette force. » La supposition que je fais n'est pas contraire à l'expérience; car, ainsi que le fait remarquer M. Poiseuille, quand on examine le mouvement du sang à l'aide du microscope dans les vaisseaux vivants des batraciens ou des mammifères, on reconnaît que la vitesse est à son maximum dans l'axe du vaisseau, et qu'elle diminue quand on s'avance de l'axe vers les parois, près desquelles elle est d'une extrême lenteur. » Cela posé, considérons un tube circulaire de rayon R et de longueur /. Soit rdrdôdl le volume d'un élément liquide renfermé dans ce tube, r dé- signant sa distance à l'axe, d9 l'angle sous lequel il est compris entre deux plans passant par cet axe; désignons aussi par v la vitesse du liquide à la distance r de l'axe. Le mouvement de cet élément est retardé par l'élément semblable qui se trouve au delà par rapport à l'axe, et il est accéléré par l'élément qui se trouve en deçà. Admettons que cet élément liquide, en frot- tant par sa Aice rdS dl la plus voisine de l'axe, gagne une quantité de force ( 32. ) représentée par clr N étant une constante qui varie avec le liquide; si, au lieu de désigner une vitesse, v représentait une température, cette expression indiquerait le flux de chaleur qui entrerait par la face rdQdl. Cette loi étant admise, l'élé- ment liquide par la face opposée perdra une quantité de force représentée par - Nddcfl la résultante de ces deux actions sera ^dQdi ^ ,"' dr. dr Intégrons de o à /, nous aurons N dQ / -^^-Ç-^ dr, dr pour l'action due au frottement qui s'exerce sur le cylindre qui a pour base rdrdS, et pour longueur la longueur / du tube. D'autre part, ce cylindre de longueur / est aussi sollicité par la force Wdr . rdB, en désignant par n la pression par unité de surface. Et comme le mouvement du liquide est uniforme, on a l'équation ou Urdidô + l^dôl —^ — -dr = o, dr [ dv' n/-(/r^-NZ ^, 'dr. dr En intégrant, on a i-r '■" TiT 7 dv n - = — N/r-r + const. 2 dr » Si l'on fait r = o dans cette équation, on trouve que la constawte doit être nulle ; on a donc dr 2N / '' G. R., i863, 2""^ Semestre. (T. LVll, N" 6.) 4^ ( 3aa) d'où v = sr 7 — ^- const. 2N / 2 La vitesse de la courbe qui est en contact avec le tube est nulle; doue, quand r = R, on a t' = o, et l'équation précédente devient (-) ^ = 4^7(1^^-^^)' ce qui donne le mouvement d'un point quelconque du liquide. » Quant à la vitesse moyenne du liquide, elle est donnée par la for- mule 0 t/O rdrd^ et, en ayant égard à la valeur (2) de v, on a I n et l'on a enfin, pour la quantité de liquide écoulé dans l'unité de temps, (3) Q = ;^R^. = ^?R^ formule identique à l'expression (1) donnée par l'expérience. 1) Si le tube n'est pas suffisamment grand, il est naturel de penser que la vitesse ne pourra plus être supposée nulle au contact du tube, et que la dépense doit être plus grande que celle qui est donnée par la formule {3j. Ce résultat est conforme à l'expérience. » Si l'on considère encore un liquide qui, comme le mercure, ne soit pas susceptible de mouiller le tube, il est évident que l'on ne peut plus supposer qu'il existe au contact du tube une couche de liquide dont le mouvement soit nul; on n'aura plus alors les formules (2) et (3), et le mou- vement du liquide dépendra de la matière du tube ; le phénomène devien- dra donc plus complexe. » Supposons maintenant qu'au lieu d'un tube circulaire on ait un tube de très-petite section, mais de forme quelconque. » Prenons dans ce tube un élément dxdjdl; il sera sollicité, par la face djdl la plus voisine de l'origine des coordonnées, par une force de frotte- ( 3a3 ) ment représentée par et, par sa face opposée, il est sollicité par la force la résultante de ces deux actions est De même, ce cylindre est sollicité par la force l^dxdj dl~ Enfin, si l'on considère le filet liquide qui a dxdj pour base et pour lon- gueur toute la longueur / du tube, on voit que les forces qui agissent stu- lui sont l^ldxdj —^, ^Idxdj -j^' Udxdr; on a donc l'équation d'i> d^v n » Supposons que la section du tube soit l'ellipse on aura, pour la vitesse fd'un point quelconque du liquide, pour la vitesse moyenne v, et pour la quantité Q de liquide écoulé dans l'unité de temps, les formules suivantes : ^ ~~ 4N/(a'+ è=)' Supposons deux lames indéfinies dans le sens de la largeur, de longueur /, qui soient parfaitement planes et parallèles, et situées à une distance très- 43.. ( 3a4 ) petite 2 {?, on aura les formules (5) Q = ïn7' Q représentant la dépense par unité de largeur. » Il serait important de rechercher par l'expérience si les formules (4) et (5) ont effectivement lieu. » ASTUONOMlE. — Sut la rotation de In Lune et sur la libration réelle en latitude. Extrait d'un Mémoire de M. Cn. Simon, présenté par M. Le Verrier. (Commissaires, MM. Mathieu, Paye, Serret.) « On sait que le mouvement de la Lune autour de son centre de gravité a été étudié principalement par Lagrange et par Poisson. C'est à Lagrange que l'on doit la théorie de la libration réelle en longitude et l'explication des lois de D. Cassini. Poisson signala plus tard, dans la libration réelle en latitude, une inégalité qui a pour argument la distance du périgée lunaire au nœud ascendant de l'orbite, et que Lagrange avait omise. » En reprenant ce problème sous un nouveau point de vue, j'ai cru re- connaître que l'analyse dont Poisson avait fait usage, d'après Lagrange et Laplace, était insuffisante. 11 résulte en effet des formules de Poisson que, si l'on fait abstraction de l'excentricité de l'orbite, l'inclinaison de l'équa- teur lunaire sur l'écliptique reste constante. Or, on conçoit à priori que cela ne peut pas être, et que l'axe de rotation de la Lune doit subir, sous l'action de la Terre, une nutation semi-mensuelle analogue à la nntafion semi-annuelle que subit l'axe de la Terre sous 1 action du Soleil. On pour- rait croire, à la vérité, que cette nutation semi-mensuelle est insensible; mais le calcul prouve qu'elle est sensible, c'est-à-dire qu'elle est du même ordre de grandeur que les autres quantités que l'on considère, et il est à remarquer que c'est précisément cette nutation qui fait du problème de la rotation de la Lune un cas singulier du problème général de i.i rotation d^s corps. Elle consiste en effet en une oscillation de l'axe de rotation qui s'exé- cute dans le plan de la section principale du globe lunaire perpendiculaire au grand axe dirigé vers la Terre; de sorte que, pendant une période égale ( 325 ) à la moitié d'une révolution de la Lune par rapport à la ligne des nœuds de l'orbite, on peut se représenter le phénomène de la rotation de cet astre, en faisant rouler sans glissement le plan de cette section principale sur un cône ondulé dont la base est une épicycloïde sphérique sans nœuds. » Les termes qui dépendent de l'excentricité produisent une natation à longue période que l'on peut aussi, avec une approximation suffisante, con- sidérer comme plane. Si on la compose avec la première, on obtient une image complète du phénomène, en faisant rouler et glisser en même temps sur un cône épicycloïdal le plan de la section principale dans la- quelle s'exécutent les oscillations de l'axe de rotation. n Le point de vue auquel je me suis placé m'a conduit à déterminer les conditions auxquelles la Lune a dû satisfaire, dans son état initial, pour que son mouvement de rotation soit devenu tel que nous l'observons. J'ai essayé de faire voir que ces conditions sont naturellement remplies dans la célèbre hypothèse qui termine V Exposition du système du monde. » PHYSIQUE. — Faits démontrant Vinfiuence électrique des rayons solaires; par M. Ch. I^Icsset. (Deuxième Note.) « Dans une Note récente adressée à l'Académie des Sciences et publiée dans le Compte rendu de la séance du i3 juillet, je croyais pouvoir con- clure, d'après certains faits d'observation, à une influence électrique du soleil sur des aiguilles aimantées astatiques. J'apporte aujourd'hui des faits nouveaux qui donnent à ma conclusion antérieure luie éclatante confir- mation. Je n'ai malheureusement à ma disposition qu'un nombre fort res- treint d'appareils électriques; mais les expériences que j'ai faites, quoique très-simples, ont le grand avantage d'être faciles à répéter. » On se rappelle que pour démontrer l'état calme de l'air dans l'inté- rieur de la cloche du galvanomètre, je m'appuyais, entre autres preuves, sur l'immobilité pariaite des barbes de duvet placées tant sur les aiguilles que sur le bord du limbe métallique gradué. Je dois dire que cette observa- tion n'est pas rigoureusement exacte; car, ayant varié mes expériences, j'ai constaté que les aiguilles oscillent dès le commencement de leur insolation, tandis que les barbes de duvet restent immobiles. Mais j'ai également vu qu'il est possible de déterminer à volonté une agitation dans ces dernières, sans la provoquer dans les aiguilles, et qu'après une longue insolation le mouvement oscillatoire se manifeste dans les unes et les autres. Ce sont ces faits, en apparence contradictoires, qui m'ont mis sur la voie de mes non- ( 3^6 ) velles expériences. Je me suis demandé pourquoi les aiguilles étaient si sen- sibles au passage brusque de l'ombre à la lumière, tandis que les barbes de duvet exigeaient une plus longue exposition au soleil. » En examinant de plus près ces dernières, je crus discerner que leur agi- tation était le résultat plutôt d'une action électrique venant du globe même que de courants ascendants et descendants dans l'air de la cloche; et ce qui nie confirma dans cette opinion, c'est que les plus longues barbes de duvet, et par conséquent les plus rapprochées des parois de la cloche, étaient aussi les plus vivement agitées. J'eus alors l'idée d'expérimenter avec le pendule électrique, l'électroscope à paille et un carillon électrique. J'ex- posai ces instruments au soleil en même temps que le manche isolant de l'électrophore de Volta, ainsi qu'un morceau de résine. Dans le commence- ment, mes électromètres restèrent insensibles à l'approche du bâton de verre et de la résine. Mais quelle ne fut pas ma satisfaction, lorsque, après une heure environ de forte insolation, je vis le bâton de verre appuyé sur le bouton de l'électroscope déterminer une divergence dans les pailles de plus de 3o degrés! La boule de sureau du pendule électrique fut aussi vivement attirée; il m'a paru également, quoique je puisse moins l'affirmer, que le carillon électrique s'électrisait au contact du bâton de verre. Quant au morceau de résine, il ne m'a fourni que de faibles résultats; cependant, approché de l'électroscope, il déterminait une convergence bien évidente dans les pailles préalablement chargées d'électricité positive. j( Mais pour que l'expérience réussisse et triomphe de tout doute, il finit que le ciel ne soit pas nuageux et que le soleil soit ardent ; alors le bâton de verre échauffé dans sa masse agit avec une grande intensité; il attire alternativement chacune des pailles jusqu'aux parois de la cloche, et, tout en la perdant peu à peu, il conserve son influence électrique pendant plus d'une demi-heure et l'électroscope met quelquefois plus de dix minutes à se décharger. » Nul doute que je n'aie besoin de revenir sur ces expériences et de les nmltiplier ; mais il est dès à présent démontré que la liuuière ou la chaleur solaire électrise fortement certains corps; et ainsi l'influence électrique du soleU, hier encore hypothétique, est aujourd'hui certaine. » Cette Note est renvoyée, ainsi que la précédente, à la Commission déjà nommée pour les communications de M. Sanna Solaro, Commission qui se compose de MM. Pouillet, Fizeau et Edm. Becquerel. (3.7 ) PHYSIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur Cabsorplion par le técjumenl externe. Note de M. L. Parisot, présentée par M. Cl. Bernard. (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Longet.) (( Du rôle de la peau clans le bain médicamenteux. — L'argument le pins puissant que l'on ait invoqué pour établir le pouvoir absorbant de la peau est le passage dans les humeurs des matières salines ou autres, employées en dissolution sous la forme de bains, lotions, etc. ; ce passage, une fois établi, serait, sans contredit, la preuve la plus préremptoire. Aussi est-ce dans cette voie qu'ont été dirigées mes investigations. » Le choix des substances à expérimenter ne m'a pas été indifférent; il fallait une matière qui n'exerçât aucune action chimique sur la peau; qui, normalement, ne fit pas partie intégrante de nos humeurs; qui ne piit être décomposée dans nos tissus, et dont la présence pùl être décelée facilement dans les produits excrémentitiels. Je crus que l'iodure de potassium, le cyanure jaune de potasse, le chlorate de potasse, le sulfate de fer, la bella- done, la digitale et la rhubarbe réunissaient ces conditions : d'ailleurs, elles avaient à mes yeux un caractère bien précieux, elles avaient servi de base aux expériences que je voulais contrôler. » Je les ai expérimentées toutes sur moi-même ; quelques-unes, telles que l'iodure de potassium et le chlorate de potasse, ont été employées en même temps sur de jeunes malades dont l'affection réclamait l'emploi de ces remèdes ; leur peau était intacte, et la finesse des tissus devait être une condition favorable à l'imbibition. J'ai expérimenté pendant les journées chaudes de l'été et de l'automne des années 1859, 1860 et 1861 : la tempé- rature extérieure a oscillé entre 18 et 27 degrés centigrades; la température du bain n'a jamais été inférieure à 28 degrés ni supérieure à 3o degrés. La durée des bains a été d'une heure à deux heures pour moi, et de trente mi- nutes à une heure pour les enfants. Les baignoires étaient en bois et toujours recouvertes avec soin. » Les bains ont été administrés le matin et à jeun; les urines et la salive ont été constamment examinées avant chaque expérience; la même substance a été expérimentée pendant trois à huit jours de suite; chaque jour la salive et les urines étaient soumises aux réactifs propres à déceler la présence de la substance en dissolution; le même examen a été continue encore pendant huit jours après la cessation des bains. « Alors les substances qui avaient été dissoutes dans les bains ont été (328) pendant plusieurs jours administrées par la bouche, et toujours les liquides excrémentitiels en ont accusé la présence sous l'influence des réactifs chi- miques. A cet égard j'ai constaté la loi formulée par M. Cl. Bernard, à savoir que l'iodure de potassium se trouvait dans la salive plusieurs heures avant d'être décelé dans les urines. Tableau sommaire des expériences. SUJETS de l'expkriesce. SUBSTANCES en dissolution DANS LE BAIS. DUREE du DAIX. Il petits garçons ( 5o à loo grammes , , -^^ de 2 à 12 ans. . . r d'iodure de potassium. ( I I 4 petites filles de( 5o à loo grammes ) , . , , ?ih 1 ans I d'iodure de potassium. ) I I Adulte de 4: ans. ' ^°° S^^™'"'^' '^''°'^"''" ! ^ heures. ' de potassium. ) 1 I Petite fille de( loo grammes de chlo- 5 ans ( rate de potasse. I I Petite fille de j loo grammes de chlo- ) j heure V ans / late de potasse. S I I Adulte de 47 ans. p°° grammes de eya-j ^ ,,^^^^^ ' mire jaune de potasse. S i 1 Adulte de 47 ans. ( ^O" «rammes de sulfate ^ ^^^^^^ I de fer. heure. , I kilogramme Adulte de 4? ans. , . ... ■ , „ . 2 heures. ' ( de feuilles de belladone ' 1 I 2 heures. !i ki de feuiU I kilogramme [■ es de digitale. . , , , . - kilogramme ) liain ' ' j de rhubarbe. \ de jambes. 1 I DUREE de l'expérience. EXAMEN de LA SALIVE. EXAMEN des LIUNES. . . o . Pas de traces d lodure) Pas de traces diodurc j a o jours. , / de potassium. 5 à 8 jours. 10 jours. 5 jours 0 jours. 5 jours. S jours. 1 jour. I jour. I jour. Idem. Idem. de potassium. Idem. Idem. S Pas de traces de chlo- | Pas de traces de chlo- rate de potasse. ) rate de potasse. Idem. \ Pas de traces de cya- [ nure jaune de potasse, inure jaune de potasse Pas de sulfate de fer. Idem. Pas de traces de cja- Pas de sulfate de fer. RÉSt'LTAT DE L'exPÉRIESCE. Pas de dilatation des pupilles. Pas de ralentissement de la circulation. Pas de matières colorantes dans les urines. » Je crois que ces expériences me permettent d'établir les propositions suivantes : I) 1° Les sels, comme l'iodure de potassium, le chlorate de potasse, le prussiate jaune de potasse, le sulfate de fer, ainsi que les matières colorantes de la rhubarbe en dissolution dans l'eau, ne sont aucunement absorbés ( 329 -' parla peau, même après deux heures d'iminersion ; car quelque soin qu'on apporte dans les reclierches de ces diverses substances, on n'en peut ren- contrer la moindre trace dans les urines et la salive par lesquelles elles sont ordinairement éliminées, et où on les retrouve constamment lorsqu'elles ont été introduites, même en quantité extrêmement faible, dans l'orgs^ nisme. » a" Les matières toxiques végétales (digitaline et atropine) en dissolu- lions aqueuses ne sont nullement absorbées par la peau ; car le séjour pro- longé dans des bains qui renferment des doses considérables de ces matières ne donnent jamais naissance au plus léger symptôme d'empoison- nement. 1' Dans une prochaine Note, j'établirai le rôle de l'épiderme en présence de l'eau, du chloroforme et de l'alcool. » GÉOLOOIE. — Sur tes terrains de (rnusport des environs de Tout. Ctwernes à ossements. Extrait d'une Note de M. Hussox. (Commissaires, MM. Valenciennes, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) (( L'arrondissement de Toul compte un certain nombre de grottes ou cavernes; mais je m'occuperai seulement des principales, dites Trous de Sainte-Reine, en face de Picrre-la-ïreiche. Elles terminent l'oolithe infé- rieure proprement dite, el sont recouvertes immédiatement par \eJiiUers- earï/j, au-dessus duquel se remarquent notre premier sous-groupe ini peu important de Xa grande oolithe, puis le calcaire siliceux avec rognons de silex pyromaque. Les deux plus intéressants de ces systèmes de grottes ou trous sont ceux de la fontaine et du portique.. . . Le terrain qu'ils ren- ferment, fouillé à d'assez grandes profondems, a, de haut en bas, la com- position suivante : » 1° Une argile plus ou moins épaisse (20 à 60 centimètres et plus), soit compacte, soit terreuse^ généralement très-peu ou point effervescente, de couleur variable, tantôt durcissant, tantôt se délitant à l'air, souvent affectant la forme d'une limonite de belle couleur noire à reflet métallique, d'autres fois constituant un véritable terreau. Cette couche est recouverte de stalagmites dans les chambres B et C, mais au delà elle est à découvert; seulement, parfois, elle en contient des débris détachés des parois de la caverne. Il arrive encore que les couches en contact avec les stalagmites forment des espèces de conglomérats, lorsqu'il y a eu infiltration. c. R., i8fi3, ^"o Si-meslrr T. LVM, N" 6.) ^4 (33o) » 2° Au-dessous de l'argile précédente existe une épaisseur souvent très- considérable de sable présentant, soit à l'état de couches distinctes ou d'alternances, soit simplement sous forme de nids ou de veines, les carac- tères ci-dessous : sable quelquefois exclusivement siliceux, d'autres fois plus ou moins argileux, plus ou moins aggloméré, de couleur variable, souvent comme rnbané et rarement effervescent. » Ces grottes renferment très-peu de cailloux roulés, si ce n'est dans le voisinage de leurs ouvertures. Ceux qu'on y trouve appartiennent aux roches vosgiennes. « Jusqu'à présent je n'ai rencontré aucun fossile dans la couche sa- bleuse; mais il n'en est pas de même de l'argile. Voici l'énumération des ossements ou portions d'ossements découverts; ils ont été examinés au Muséum de Nancy, avec le concours de M. Godron, doyen de la Faculté des Sciences : )> Nombreuses mâchoires d'ours (t7rs«s 5/3e/œus) ; u Fémurs, humérus, cubitus, côtes, vertèbres et autres débris indéter- minés du même animal; » Dents et débris d'ossements d'hyène [Hyœna spelœa) ; » Coprolithes nombreux, probablement d'hyène; » Canon d'un pied postérieur de ruminant, probablement d'un cerf; 1) Portion de mâchoire et dents, probablement d'un sanglier ; » Coprolithes d'un insectivore indéterminé : ils proviennent de la couche située sur la limonite des trous du portique et sont déjà anciens, tout en étant postérieurs sans doute au diluvium, bien qu'on en trouve d'adhérents à la limonite; mais celle-ci n'était vraisemblablement pas en place; » Nombreux débris de mâchoires et ossements divers non encore déter- minés et api^artenant, les uns au diluvium, les autres à l'époque moderne. » Tous ces fossiles proviennent des chambres et des couloirs situés au delà de la chambre B et ont été trouvés aussi bien au milieu de ces divers emplacements qu'à l'entrée des pièces etau point de jonction des embran- chements. » Pour compléter la description des trous de Sainte-Reine, il me reste à parler de leur couche postdiluvienne et à signaler deux causes d'er- reur qu'ils présentent, par rapport à l'étude des fossiles. » T.a couche de formation actuelle se compose d'une portion des terres sous-jacentes et de détritus ou débris organiques récents, quelquefois en si grande abondance, que le sol res.semble à une sorte de guarto. Aussi répand-il souvent, un peu plus loin qu'à la fontaine, une lorte odeur de poudretle. ( ^3i ) » Quant aux deux causes d'erreur, les A'oici : » 1° Tous les conduits souterrains, à partir de la fontaine, sont sillonnés de trous de renards et de blaireaux, souvent très-profoutls et s'étendant au loin. Ces trous expliquent la présence d'ossements de nature récente, dans des endroits où ils n'auraient pas dû se trouver, et, réciproquement, les renards, en creusant, ont fait parvenir des débris, incontestablement anciens, dans des produits de formation toute récente. » 2° A l'entrée de la chaml)re C, je trouvai, pour ainsi dire en mélange avec une belle mâchoire et deux vertèbres d'ours, un os d'origine récente. Le tout était recouvert par une épaisse stalagmite. Je fus longtemps à m'ex- pliquer cette bizarrerie; mais je finis par reconnaître qu'à une époque indéterminée, un trou avait été pratiqué dans le voisinage de la mâchoire, puis rebouché, etqu'une nouvelle stalagmite s'était reformée par-dessus. C'est même de cet endroit que provient le conglomérat argilo-siliceux que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences. » J'arrive aux ossements humains et aux ustensiles eu silex. » 1° Je n'ai trouvé d'ossements dans aucune de ces galeries souterraines; il en existe bien en face, rive gauche de la Moselle, dans des fissures du coteau dit sous la Treiche; mais c'est un ossuaire rappelant un combat qui fut autrefois livré dans cette partie du territoire de Pierre-la-Treiche. 'I 2° Le trou du portique ns'a offert cinq ou six sortes de cubes et une espèce de coin en silex; mais ils ont été trouvés dans la couche tout à fait récente, et puis ces formes sont celles qu'affectent nos nodules de silex du quatrième sous-groupe de la grande oolithe quand ils se brisent, ainsi qu'il sera facile d'eu juger par les échantillons ci-joints. Ce quatrième sous-groupe est précisément situé à une dizaine de mètres au-dessus de l'entrée des grottes. )) CHIRURGIE. — Mémoire sur la possibililë du cathélérisine du duodcnum et de la portion suivante de l'intestin grêle; par M. Blanxiiet. (Commissaires, MM. Serres, J. Cloquet, Bernard.) Ce Mémoire contient l'observation de quatre cas dans lesquels cette opération a été pratiquée avec succès, soit pour faciliter l'expulsion de corps étrangers engagés dans le tube digestif, soit pour faire disparaître certaines occlusions intestinales et rétablir le cours des matières dans l'intes- ■ tin. Les sensations accusées par les patients semblaient prouver suffisam- ment que la sonde avait pénétré bien au delà du pylore; des expériences faites sur le cadavre ont prouvé qu'en effet il n'y avait nulle difficulté sé- 44.. ( 332 ) rieuse à faire pénétrer la sonde œsophagienne dans le duodénum pf dans la première partie du jéjunum. )» Maintenant que ce calliétérisme de 1 iutesliu grêle est reconnu pos- sible et aisément praticable, n'aura-t-il pas, dit l'auteur, plus d'une appli- cation utile? Cela ne semble pas douteux. Il sera, comme le démontrent nos observations, un moyen efficace de déterminer les contractions intes- tinales. Il aidera au diagnostic des affections organiques du pylore et de l'intestin : rétrécissements, tumeurs, occlusions, corps étrangers, etc. Il permettra de porter au delà de l'orifice pylorique des substances nutritives ou médicamenteuses qui ne pourraient être supportées par l'estomac ma- lade. Il permettra d'évacuer les gaz qui s'accumulent quelquefois dans l'intestin et déterminent de graves accidents. » Trois des observations rapportées dans le Mémoire de M. Blanchet ont été faites à l'Institution impériale des Sourds-Muets, et les opérations prati- quées en présence de plusieurs des personnes attachées au service médi- cal de l'établissement. M. A.-B. LcNEL soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Nouvelle théorie sur les combustions humaines spontanées ». (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Bernard.) M. ViRLET adresse une Note dont il indique le sujet dans les termes sui- vants : « ii'ophite des Pyrénées n'est pas une roche éruptive, mais une roche de sédiment métamorphique; «lie appartient à la formation du trias, et y représente, avec les marnes gypseuses et salifères, l'étage du muschel- kalk. » Cette Note est renvoyée a l'examen d'une Commission composée de MM. Ch. Sainte-Claire Deville et Daubrée. M. HtBERT, qui avait précédemment soumis au jugement de l'Académie un « Mémoire sur un système de simplification de l'écriture », en adresse aujourd'hui un second portant pour litre : « Langage abréviatif pour con- verser avec les sourds-muets ». « Ce nouveau travail, que le premier a rendu facile, doit, dit l'auteur, servir à retirer les sourds-muets du pénible isolement dans lequel ils se trouvent, et leur fournir les moyens d'étudier plus promptement les prin- cipes nécessaires et la connaissance des langues écrites et parlées. » (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour le précédent Mémoire : MM. INIalhieu et Laugicr.) C 333 ) CORRESPOIVDAIVCE. M. LE Ministre de la Marine adresse, pour la bibliothèque de l'Institut^ le numéro de juillet de la « Revue maritime et coloniale ». M. LE Surintendant du relevé géologique de l'Inde adresse de Calcutta les livraisons 3, 4 t't 5 de la deuxième série de la Paleonlologia indica. M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, un ouvrage intitulé : « Coup d'œil liistoriqiie sur la projection des cartes de géogra- phie », Notice lue à la Société tle Géographie de Paris dans sa séance pu- blique du ig décembre 1862, par M. D'Avezac. Cet ouvrage présente un tableau historique complet des tentatives faites depuis les anciens, Anaximandre, Hécatée, etc., jusqu'à nos jours, dans le but de trouver les combinaisons les plus satisfaisantes pour représenter sur un plan la surface courbe de la sphère terrestre. M. LE Secrétaire perpétuel présente encore plusieius opuscules de M. Dewahjue sur les terrains fossilifères de la Belgique. — Il présente enfin quatre opuscules de M. Nociuès sur la constitution géologique des Pyrénées, et donne lecture des passages suivants de la Lettre d'envoi. n J'ai, dès l'année 1861, ainsi que le constate ma brochure sur le terrain crétacé deTercis, prouvé l'existence de la craie inférieure dans les Pyrénées occidentales. Cependant M. Leymerie [Comptes rendus, t. LIV, p. 683) si- gnale, comme un fait nouveau en 1862, la découverte faite par lui, aux en- virons d Orthez, de la craie inférieure représentée par l'étage aptien avec Exocjjra simiala. M. Leymerie semble exclure le néocomien des Pyrénées; il y voit surtout du cénonianieu avec deux ou trois fossiles qui lui sont familiers. Dans mon Mémoire imprimé, je crois avoir prouvé que, dans les Pyrénées occidentales, comme dans la portion orientale de la chaîne, il y a un étage crétacé placé à un niveau plus bas que l'aptien : cet étage, c'est le néocomien supérieur ou moyen, bien caractérisé par sa faune spéciale. » M. Leymerie, dans sa Note communiquée à l'Académie à la séance dn ( 334) 24 mars 1862, fait aussi de la Clape et d'une partie des Corbières une dé- pendance de l'aptien. M. Leymerie risque fort d'être bientôt seul de son opinion ; car tous les paléontologistes qui ont étudié les fossiles de la Clape ont reconnu une faune néocomienne mélangée de quelques espèces du gault. Du reste le gault bien caractérisé se trouve, avec sa faune spéciale, au-dessus de nos calcaires néocomiens, aux environs de Saint-Paul-de- Fenouillet. » Le néocomien se trouve donc aux deux extrémités de la chaîne des Pyré- nées : dans la partie orientale, à Opoul, Vingran, Saint- Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales), les Corbières et la Clape (Aude); dans la région occi- dentale, sur un point isolé, aux environs de Tercis, et ailleurs peut-être. On comprend qu'à cette distance les dépôts néocomiens, séparés par toute la longueur de la chaîne des Pyrénées, doivent présenter des différences strati- graphiques, minéraloglques et surtout paléontologiques très-sensibles. Du reste, dans le texte de la carte géologique des Pyrénées-Orientales, je com- pléterai les preuves qui démontrent l'existence du néocomien dans la chaîne pyrénéenne. )) Qu'il me soit permis, en terminant, de réparer une omission commise dans ma Note sur une grauwacke devonienne fossilifère des Pyrénées [Comples rendus , t. LVI, p. 1122). C'est M. d'Archiac qui a bien voulu caractériser les fossiles devoniens cités dans cette Note. » GÉOLOGIE. — Nouveaux délaits concernant la mâchoire humaine de Moulin- Quignon. Lettre de M. Boucheu de Perthes à M. Elie de Beaumont. « Abbeville, 2 août iS63. » La Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 3i du mois dernier m'a été bien agréable. Je craignais que cette polémique des jour- naux à laquelle je suis resté complètement étranger n'eût altéré la bien- veillance que vous m'avez toujours témoignée et à laquelle je tiens plus que je ne saïu'ais dire. » La seule Lettre que j'aie fait imprimer sur ce sujet est celle que je vous ai adressée en réponse à un article de VOpinion nationale qui fendait à faire croire qu'à une autre époque vous aviez considéré le banc de Moidin- Quignou comme appartenant au diluvium , et conséquemment à vous mettre en contradiction avec vous-même, ce qui s'écartait en tout point de la vérité. Ce que vous avez dit à l'Académie en juin dernier est absolu- (335) ment ce que vous me disiez en i845, 1846 et iS/iy; vous n'avez pas varié d'opinion , mais sans vous rendre à la mienne vous avez été loin de me décourager, bien au contraire vous m'avez toujours engagé à poursuivre mes recherches, et ceci encore je l'ai dit et imprimé. )i Depuis longtemps la mâchoire de Moulin-Quignon^ que j'aurais laissée dormir au fond de son banc si j'avais pu prévoir tous les ennuis qu'elle m'a causés, n'est plus en ma possession. Je l'ai donnée à la galerie d'an- thropologie, où elle doit être. Elle a déjà été analysée par plusieurs de nos plus célèbres chimistes anglais et français, et je crois que M. Chevreul est du nombre; toutefois je n'en suis pas sûr. Au surplus, je suis de l'avis de M. d'Archiac, qui, d'après ce que j'ai lu il y a quelques jours dans la Presse, pense que cette mâchoire est très-secondaire dans la question, et que cette quantité de silex taillés, qu'on trouve aujourd'hui partout, en France comme en Angleterre avec V Elcplias primigenius, prouve suffisamment lacontempo- ranéité. » Reste ensuite à décider si cet Eléphant, ainsi que le Rlii)ioceros ticlio- rhimis si commun ici, n'a pas vécu dans nos climats plus longtemps qu'on ne le croit généralement. » La mâchoire de Moulin-Quignon n'est pas le premier fossile humain que j'aie rencontré, j'en ai remis d'autres échantillons trouvés à Mesniers, à M. Bush, de la Société Royale de Londres, qui les analyse en ce moment; j'en ai aussi envoyé à Paris. Je suis convaincu que ces fossiles sont bien moins rares qu'on ne pense. Voici ce que j'écrivais il y a déjà longtemps : « Nous » ne sommes qu'au premier pas dans la voie des découvertes de l'homme » primitif et nous arriverons à des résultats imprévus : avant dix ans, cet » homme fossile qu'on a tant de peine à vouloir reconnaître, on l'aura » trouvé partout : il suffit de se bien convaincre que ce n'est ni par l'appa- » rence ni même par l'analyse que l'on peut juger l'âge d'un os; que )> celui qui a été six mois au soleil ou quelques années dans le tuf ou tout » autre terrain absorbant paraîtra plus vieux et offrira moins de gélatine » que celui qui a été six mille ans ou plus enfoui dans une argile grasse, >' un terrain crayeux, dans la tourbe, dans la glace surtout. Il en est de » même des haches et autres instruments de pierre. Le torrent ne choisit B pas, il entraîne tout ce qu'il rencontre sur le sol, le vieux comme le neuf. » Les temps anté-historiques ont été longs, les bancs doivent donc contenir 3 des os et des silex taillés de périodes bien différentes. La patine des » haches et l'état de détérioration des os ou ce qu'on appelle \eur Jossililé ( 336 ) « ne prouvent rien anlre chose que leur enfouissement clans certains ter- )) rains, ou bien plutôt leur longue exposition à l'air avant cet enfouisse- » ment. C'est donc la nature, la position, la profondeur, l'immobilité et » surtout la certitude de l'état vierge d'un banc qui doivent servir àdéter- » miner l'âge d'un os. Quant à son analyse faite isolément ou comparative - » ment avec d'autres os provenant de couches différentes, non-seulement « elle ne peut conduire à aucune conclusion certaine, mais elle est très- » propre à induire en erreur. » » Telle est mon opinion. Est-elle fondée? C'est à la science, et surtout à vous à qui elle doit tant, à en décider. Mais il est temps qu'on s'entende sur ce mot fossile qui jusqu'à ce jour n'a jamais été défini d'une manière pré- cise. )> GÉOLOGIE. — Remarques sur le (fiscmenl de Mouliu-Quignoii, à l'occasion de la Lettre de M. Boucher de Perthes; par M. Éme de Beau.moxt. « La Lettre de l'honorable M. Boucher de Perthes est une réponse, on le comprend, à une Lettre que je lui avais adressée moi-même pour répondre à une première Lettre qu'il m'avait écrite spontanément. « J'ai pensé qu'indépendamment de l'intérêt attaché aux détails nou- veaux contenus dans la Lettre de M. Boucher de Perthes, l'Académie se plairait à rendre justice au sentiment de délicatesse qui lui a fait prendre la plume. Je suis en même temps heureux et honoré qu'un homme voué, comme M. Boucher de Perthes, au culte de la science dans son acception la plus pure, ait pu retrouver dans sa mémoire l'opinion que je m'étais formée, il v a vingt ans, de l'âge relatif des terrains de transport des environs d'ÀbbeviIlc. » Cette opinion consiste essentiellement à distinguer du diluvium pro- prement dit, du diluvium alpin, certains dépôts de gravier qui, comme celui de Moulin-Quignon, lui ressemblent plus ou moins. )> Je rapporte l'origine de ces derniers à l'action des causes actuelles dont le jeu, suivant moi, n'a été interrompu que momentanément par les phéno- mènes diluviens, et auxquels certains géologues voudraient aussi rapporter, contrairement à mon opinion, le diluvium lui-même. On n'a fait que recou- rir, d'une autre manière que moi, aux causes actuelles, en cherchant l'origuie du banc de gravier de Moulin-Quignon soit dans l'action de glaces analo- gues aux glaces polaires qui auraient flotté sur la baie de Somme, soit dans ( 337 ) plusieurs changements successifs de niveau de la masse générale du sol con- tinental. Je ne saurais dire que le recours à d'aussi grands phénomènes, pour l'explication d'un aussi petit effet, me [)araisse pleinement justifié, mais il me sera permis de faire remarquer que, si le banc de gravier de Moulin-Quignon est dû à l'un ou à l'autre de ces deux phénomènes si différents, ou même à leur concours, il est clair que, conformément à mon opinion, il n'appartient pas au diliivinin proprement dit. 1) II est également évident que si ce même banc de gravier de Moidin- Quignon résulte d'un mélange postérieurement effectué des éléments du diluiniiin (pis et du dikivium roiiqe^ il n'appartient pas au diluvium cjris, qui est le diluvium proprement dit, le diluvium alpin, que je considère avec M. Cuvier comme représentniit la fin de la période des Eléphants fossiles et conune antérieur à l'apparition de l'homme. )> On a cherché néanmoins à prouver que je suis dans l'erreur en sépa- i-ont le gravier de Mouliii-Quignon, ainsi que beaucoup d'autres dépôts de gravier, sable et limon des plateaux de la Picardie, du diluviiuii alpin, et pour cela on a critiqué mon idée de recourir tout simplement, pour la formation de ces dépôts, aux causes actuelles les plus habituellement eu action, les orages, les gelées, les neiges, etc. J'opposerai ici, en passant, quelques chiffres à ces critiques. 1. D'après la Notice imprimée de M. Boucher de Perthes(i), le banc de gra- vier de Moulin-Quignon se trouve à 3o mètres au-dessus de la Somme à Abbeville, et par conséquent à Sg mètres au-dessus de la mer. Il est do- miné, à moins de 2 kilomètres de distance, par les points qui, sur la carte de l'État-Major, portent les cotes de 6i, 65, 67 mètres; à moins de 3 kilo- mètres, par un point qui porte la cote 80 ; à moins de 5 kilomètres, par des points qui portent la cote de 100 mètres. En ayant égard à la fois aux dif- férences d'altitudes et aux distances, on trouve que les pentes dirigées de ces différents points vers le banc de gravier de Moulin-Quignon dépassent toutes —j ou o" 34' -42", 58, c'est-à-dire qu'elles sont plus que décuplesde la limite supérieure de la pente des rivières navigables, et qu'elles dépassent même celles que l'Isère, l'Arve, la Bruche (Vosges), présentent dans des par- ties de leur cours assez voisines de leurs sources (2) où leurs eaux, dès (i) Comptes rendus, t. LYI, [>. 7791 séance du 20 avril i863. (2) Voir, ;\ la fin tle mes Recherches sur la structure et l'ur-iginc du mont Etna, le tableau C. R., i863, i^e Semesli-e. (T. LVII N» G.) 4^ ( 338 ) qu'elles sont un peu gonflées, coulent avec une extrême impétuosité et sont capables des plus grands ravages. Pour que des ravages pareils aient été produits par les eaux sur les plateaux ondulés de la Picardie formés de terrains peu cohérents, il faut seulement qui! y ait plu ou neigé une seule J'ois avec une abondance suffisante ; et qui pourrait se flatter d'assigner la limite supérieure du plus grand des effets de ce genre qui ont pu se pro- duire aux environs d'Abbeville depuis le coumiencemeut de Vc'njede pierre.^ » On a affirmé avec insistance que le banc de gravier de Moulin-Quignon est plus ancien que les tourbes des bords de la Somme. Ce dépôt de gra- vier pourrait en effet remonter aux premiers siècles de l'âge de pierre, tandis que les tourbes du nord de la France sont eu partie postérieures aux voies romaines. S'il en est ainsi, on concevra d'autant mieux comment les ossements d'Eléphants et de Rhinocéros ont pu subir sans se briser le remaniement quia produit ce dépôt etd'autres semblables : ils étaient alors moins fossilisés et moins friables qu'ils ne le sont aujourd'hui ; mais il n'en serait pas moins vrai que le dépôt de Moulin-Quignon aurait été formé, comme les tourbes, sous l'empire des causes actuelles, et qu'il appartien- drait comme elles à la période moderne. M 11 fait partie de cet ensemble de dépôts meubles qui s'est formé et se forme encore sur la surface de la terre ferme par laction des agents atmosphériques, et que je désigne sous le nom de dépôts meubles sur des pentes, par opposition avec les alluvions des rivières qui constituent le fond plat des vallées. » Les dépôts meubles sur des pentes sont particulièrement abondants dans les départements du nord de la France, par suite de la nature peu cohérente des dépôts eocènes, miocènes, pliocènes qui recouvrent la craie, et dans la masse desquels sont sculptées les faibles ondulations du sol. » Les dépôts meubles sur des pentes se produisent encore tous les jours. A chaque averse, on voit s'en former un nouvel élément dans le jardin du Luxembourg, où le sable des allées semble mis exprès poiu- alimenter ce petit phénomène. Les dépôts meubles sur des pentes, les alluvions des vallées, les cordons littoraux et les tourbes, considérés tous dans leur en- semble, sont essentiellement contemporains. « Je ne pousserai pas plus loin aujourd'hui cette discussion, j'attendrai n° 6 : Valeurs numériques des pentes de divers cours d'eau {^Mémnires pour servir h une descrifjtion géologique de ta France, t. IV, p. 222, et Annales des Mines, 3' série, t. X, p. 572). ( 339) que la mâchoire humaine exhumée à Moulin-Qiiigiion ait été analysée; je trouve très justes les coiisitlératious (roù l'honorable M. Boucher de Perthes conclut que cette analyse ne décidera rien d'une mmiière absolue; mais je par- tage l'opinion des savants anglais qui, en s'occupant de cette même analyse, ont prouvé qu'ils ne regardent pas comme inutile de connaître la composi- tion d'un ossement trouvé dans une position discutable. Les chronomètres naturels, tels que les dunes, les deltas des fleuves, les cascades ne fournissent pas des mesures absolues. La dispersion de la matière animale d'un os est elle-même une sorte de chrnnomèlre naturel, cpi'on doit savoir réduire à sa juste valeur, mais qu'on ne doit pas affecter de négliger. Mon désir serait que la mâchoire de Moulin-Quignon fût comparée chimiquement, non- seulement aux ossements fossiles extraits du dUuvium proprement dit, mais encore aux ossements humains retirés des sépultures gauloises ou gallo- romaines, et à ceux qui sont conservés en si grand nombre dans les cata- combes de Paris. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques équations qui dérivent de la théorie mécanique de la chaleur; par M. R. Clausius. « Dans une Note insérée dans le Compte rendu du i5 juin, j'ai eu l'hon- neur de communiquer à l'Académie quelques équations que j'ai signalées comme conséquences de la théorie mécanique de la chaleur. M. Reech, dans le Compte rendu du ag juin, fait une ex|)osition d'après laquelle on pourrait croire, au premier coup d'oeil, cpie mes équations peuvent être établies par de simples opérations algébriques indépendantes de cette théorie nouvelle. Mais en examinant de plus prés les équations de M. Reech, on se convaincra qu'elles sont bien différentes des miennes. >> Par des déductions qu'il n'est pas nécessaire de détailler ici, M. Reech fait ressortir une équation que j'écrirai avec les lettres employées dans ma première Note. Soient donc t la température d'un liquide quelconque et de sa vapeur, r la chaleur latente de vaporisation, c la chaleur spécifique du liquide et h la quantité introduite par moi que je nommerai, pour plus de brièveté, la chaleur spécifique de la vapeur saturée ; alors l'équation rappe- lée, qui dans la Note de M. Reech est désignée par (4), s'écrit comme il suit : où T est une fonclion encore inconnue de la température /. 45. ( 34o) » Après avoir fait quelques calculs avec cette équalion, M. Heech Hit à la fin que^ si l'on met T = rt + / = 273 -I- /; son équation se confond avec la première équation de ma Note, d'où dé- coule aussi la seconde comme conséquence. Mais il ne dit pas par quelle raison il faut mettre T = a + /, ni même par quelle raison sa fonction T doit être la même pour tous les liquides; et pourtant c'est précisément ce point qui est le plus essentiel. » Aussi longtemps que T est regardée comme une fonction inconnue, l'équation de M. Reech se comprend d'elle-même, car en lui donnant la forme 1 f/r _ 1 (ir c — h on voit facilement qu'il doit toujours exister une fonction de t qui, mise à la place de T, satisfait à cette équation, quelles que soient les fonctions de t qui expriment les quantités c, r et //. L'équation, dans celte forme indé- terminée, ne nous présente donc aucune relation entre ces dernières quan- tités; mais c'est seulement de la connaissance que nous avons de la fonc- tion T que dépend la valeur que cette équation peut avoir pour nous. D Cette connaissance doit être déduite de la théorie mécanique de la cha- leur, et plus spécialement du second théorème principal de cette théorie, que j'ai nommé, dans la forme nouvelle que je lui ai donnée (*), le théorème de l'équivalence des transformations. » Représentons-nous qu'un corps quelconque subit des changements d'état, qui s'effectuent de telle manière, que les changements inverses sont aussi possibles ; alors, ])our chaque série circulaire de changements, par laquelle le corps revient à la fin à son état initial, le théorème rappelé nous donne l'équation suivante: f T =°' oùdQ est l'élément de la chaleur que le corps reçoit ou rend pendant ses changements (les quantités de chaleur reçues et rendues étant comptées comme opposées par le signe), et T représente une fonction de la tempéra- (*) « Sur une forme nouvelle du second théorème principal de la théorie mécanique de la chaleur. » [Jnnalcs de Poggendoiff, t. XCIII, p. 48'; Journal de Liouviltc, t. XX, p. 63; Philosopliicnl Magazine, IV' série, t. XII, p. 81.) ( 34i ) tiire que le corps a au moment où il reçoit ou rend l'élément de chaleur, fonction qui est indépendante de la nature du corps et de l'espèce des chan- gements qu'il subit. Par une considération spéciale, qui repose aussi sur les principes de la théorie mécanique de la chaleur, j'ai démontré que, très-vrai- semblablement, cette fonction n'est autre chose que la tempéraliire absolue. » C'est par l'application de celte équation au cas spécial considéré par M. Reech, qu'on peut délenninerla fonction inconnue T dans son équation. On trouvera par là qu'elle doit être la même que celle qui, désignée aussi par T, est contenue dans l'équation précédente, et qui, dans mes premiers Mémoires, se trouve dans plusieurs équations sous la forme a -h t. » Je me |)ermettrai de dire, en terminant, quelques mots pour préciser encore mieux la connexion qui existe entre les i\eu\ théorèmes princijiaux de la théorie mécanique de la clialeur et les équations qui peuvent servir pour calculer la quantité h. » J'ai développé, dans mes Mémoires, deux équations qui contiennent Â, à savoir : (,) i;+.-/, = A(,-.)|. ^ ' dt a -\-t OÙ t, r, c el a ont les significations déjà rappelées, p est la pression de la vapeur, c et i sont les volumes d une unité de poids du liquide et de la va- peur saturée, enfin A est l'équivalent calorifique d'une unité de travail. La première de ces deux équations est une conséquence du théorème de l'équi- valence de la chaleur et du travail mécanique, et la seconde est, comme je viens de dire, une conséquence du théorème de l'équivalence des trans- formations. De ces deux équations on obtient immédiatement une troi- sième : (3) r = A{a + t){s-af£, qui est une des équations les plus connues de la théorie mécanique de la chaleur, et qui se trouve déjà, quoique sous une autre forme, dans l'im- portant Mémoire de M. Clapeyron (*), avec cette seule différence qu'il y a là, au lieu de A{a + <), une fonction de température C, qui doit être la même pour tous les corps, mais dont la forme n'est pas encore déterminée. {*) Journal fie l'École Polytechnique, t. XIV, p. 178. ( 342 ) » L'ordre suivant lequel j'ai développé les trois équations n'est pas le même que celui dans lequel elles sont placées ici. J'ai commencé par établir les équations (i) et (3), et j'en ai déduit l'équation (a). Mais c'est seulement luie différence de forme qui ne touche p;is au principe. » (Commissaires précédemment nommés: MM. Lamé, Bertrand, Clapeyron.) MÉTÉOROLOGIE. — Sur la (jiicslion des rapports entre les variations météorolo- giques et les perturbations magnétiques. Lettre de ^h H. Broux, à l'occasion d'une communication du P. Secchi. « Observatoire de Trevaucore (Inde), 5 juin iSC3. » Le P. Secchi trouve de nouveau que j'ai fait tout autre chose que hii. Il dit qu'il a « discuté, non la forme, mais la direction » du vent (Comptes rendus, 20 avril i863, p. 755). Si cela était exact, ma Note n'aurait pas été nécessaire, ni sa réponse. Je donne ici textuellement son résidtat que j'ai examiné; les italiques sont de lui. « Je dois dire qu'ici à Rome toute grande bourrasque est ordinairement )) précédée ou accompagnée par une perturbation magnétique. » (Voyez Comptes rendus, i8 novembre 1861, p. 899.) i> Je ne comprends pas après cela qu'il puisse dire qu'il ne discute pas la force du vent, et que je ne suis pas sur le même terrain que lui. Je n'ai fait que chercher les valeurs en chiffres des mots bouirasque et perturba- tion magnétique. Le P. Secchi cependant fait à mes discussions les objec- tions suivantes : n 1° Que dans la première partie je prends « pèle-mèle toutes les direc- » tions des vents forts, mais comme le vent du sud fait baisser et celui du 0 nord fait relever le barreau, l'effet doit être nul. » » Cette conclusion n'est pas exacte, puisque ce n'était pas la position moyenne, ni le sens du mouvement que j'ai étudié, mais la quantité du mouvement indépendamment du signe; et comme la baisse et la hausse sont toutes les deux considérées positives, aucune combinaison ne pourrait pro- duire un résultat nul. J^es signes donnés dans la discussion indiquent que le mouvement (ou « la différence des ordonnées » ) est plus ou moins que le mouvement moyen {Comptes rendus , a5 mars i863, p. 54 1). Le P. Secchi oublie aussi que j'ai cru déjà démontrer que la position de l'aimant (où les signes de la hausse et de la baisse sont considérés) est indépendante de la direction du vent (Comptes rendus, 7 octobre r86i, p. 628). » » 2" Queje « cherche les dix jours de plus grande force du vent » et ( 343 ) » que je « nefrouve pas que les plus grandes perturbations magnétiques » correspondent a ces jours. » » Ceci n'est pas exact non plus. J'ai trouvé que pendant ces dix jours i^el un jour avant et après) la pertiu-bation magnétique était un peu moindre que la moyenne, c'est-à-dire que la marche diurne de l'aimant était aussi calme qu'à l'ordinaire. Les plus grandes perturbations n'étaient pas en question. » 3" Que je me limite à un jour de distance de la bourrasque ou de la perturbation, tandis que lui il tiouve que les effets vont jusqu'à quatre jours. » Dans la première partie de ma discussion, j'ai pris 86 jours de bour- rasque, qui, avec les jours avant et après, font a58 sur 62G jours d'observa- tion, ou I jour sui" 2^ (plus exactement, i jour sur 2^,39). Si l'on pre- nait quelques jours de bourrasque déplus et si l'on étudiait chaque jour après jusqu'au quatrième, tous les jours de l'année seraient compris, et on serait sur d'avoir à peu près toutes les perturbations magnétiques à un, deux, trois ou quatre jours après une bourrasque. On sait qu'ainsi l'on trouve que le temps change près d'un changement de la lune, dont il y a huit dans une lunaison. » 4° Que je n'ai choisi que dix jours (de chaque année) de plus grande perturbation magnétique (et un jour avant et après), et que ces perturba- tions-ià « sont dues aux aurores boréales ou australes, » qui « ont lieu M dans des régions si éloignées de nous, que s'il y a des changements de j> temps qui les accompagnent, ils ne nous arrivent que très-tard. » Comptes rendu?, 20 avril i863, p. 756.) » Il me paraît que ce sont des résultats à démontrer. Les grandes per- turbations magnétiques sont-elles dues aux aurores boréales, ou sont-elles toutes les deux dues à une cause commune? Les observations discutées ont été faites (en grande partie par moi-même) eu Ecosse, où les grandes au- rores boréales passent le zénith : sont-elles là très-éloignées? Les change- ments de temps accompagnent-ils les aurores boréales dans ces régions? Les petites perturbations magnétiques ont aussi des aurores boréales souvent vues seulement dans les plus hautes latitudes, et ainsi apparemment encore plus éloignées de nous que les grandes : les changements de temps cpu' les accom|)agnent (selon le P. Secchi) arrivent-ils plus vite que les autres, ou ont-ils d'autres sources parce que les perturbations ou les aurores sont plus petites? > Cependant le P. Secchi n'a pas remarqué que j'ai considéré aus^i les ( 3/,4 ) dix jours de cliaqiie année de ce qu'il appelle la plus grande perturbation magnétique par défaut d'excursion, laquelle perturbation ne peut pas, je crois, être attribuée aux aurores boréales, et que ces vingt jours donnent le même résultat que les autres. Les quarante jours de plus grande perturba- tion magnétique ainsi choisis dans les deux années de uiinimum perturba-- tion magnétique i 844 et i845, avec les quatre-vingts jours avant et après, donnent une proportion à tous les joiu's d'observation qui, il me paraît, ne mérite pas l'étonnement que le savant astronome fonde sur des hypothèses si douteuses. » Une opinion que j'ai présentée n a pas été comprise à cause d'une faute typographique, mois ayant été imprimé au lieu de mois [Comptes 7-endus, i. LVI, p. 544) ligne 27). » Pour ne pas prolonger la discussion, je ne touche pas sur les points mineurs. >■ PHYSIQUE DU GLOBE. — Expériences sur l'ozone ou l'oxygène naissant exhalé par les plantes et répandu dans l'air de la campagne et de la ville. Lettre de M. A. PoEY à j\l. Élie de Beaumont. '( Permettez-moi, Monsieur, de vous communiquer quelques expériences que j'ai faites sur ce nouvel état de l'oxygène que Van Marum connaissait dès l'jSS et que les chimistes ont appelé ozone. Je me suis fort j)eu préoc- cupé de la nature physico-chimique de ce corps dont j'ai tâché uniquement (le constater la présence ou l'absence dans la végétation, dans l'air de la campagne et de la ville, quel que fût du rcsie l'état allotropique que pouvait alors affecter l'oxygène et indépendamment de toute théorie émise ou vé- rifiée. Les résultats auxquels je suis arrivé me paraissent intéressants, tant à raison de la différence de latitude, que parce qu'ils ne concordent point, soit en partie, soit dans l'ensemble, avec les recherches de même nature en- treprises par MM. Scoutetlen, Cioéz, de Luca, Kosmann et autres expéri- mentateurs. )i Répondant aux objections de MM. Bineau et Scoutetten, M. Cloèz signale son expérience qui consiste à placer une bandelette de papier ozo- nocospique dans deux cloches de verre, dont l'une est enveloppée de papier noir et 1 autre non, et le renversant sur un gazon éclairé par le soleil, il observe que la bandelette de la cloche de papier noir ne se colore pas, tandis que l'autre se colore. D'où M. Cloëz conclut « que la coloration est in- !< dépendante de la présence des végétaux, et qu'elle est le résultat d'une ( 345 ) » action simultanée de l'air, de la vapeur et de la lumière sur le papier; >i action qui rentre dans celles que j\T. Chevreul a fait connaître dans ses M recherches chimiques sur la teintine (r). » » Non-seulement la conclusion théorique de ce savant ne me paraît pas suffisamment concluante, mais encore toutes les expériences diversement modifiées, que j'ai pratiquées ici dans une caféière en rase campagne, m'ont fourni des résidlats différents. En premier lieu, s'il est admis en physio- logie végétale que c'est l'action de la lumière solaire, ambiante ou directe, qui dégage l'oxygène des plantes, n'est-il pas naturel que le réactif placé dans la cloche couverte de papier noir ne se soit point coloré ? Ensuite, les deux cloches étant d'égale capacité, la quantité d'air et d'humidité n'est- elle pas la même de part et d'autre ? » Mais passons à mes expériences qui confirment cependant à un très-haut degré l'action simultanée des grandes masses d'air ambiant sur la produc- tion de l'ozone dans la végétation ou en dehors de son influence. » Le i'^'' avril i863, à 3 heures du soir, j'ai placé sous un cylindre creux en verre, de 80 centimètres de hauteur sur 22 centimètres de largeur, im arbrisseau de j/ojai'/er aromatique décrit par Descourtilz (Psidiiim aromali- cum)^ qui végétait dans un jardin à la campagne; j'y ajoutai aussi plusieurs tiges détachées d'albahaca et autres plantes vertes et aromatiques qui pro- duisent abondamment des huiles essentielles. T/extrémité inférieure de ce cylindre fut solidement enterrée dans le sol et recouverte tout autour de terre mouillée et pressée jusqu'à la hauteur de 4 centimètres au-dessus. La partie supérieure du cylindie fut couverte d'une feuille de papier blanc par- faitement collée. Ayant préalablement placé plusieurs bandes de papier ozonocospique de Jame (de Sedan) sur différents points des parois in- ternes, à la surface du sol, au-dessous du couvercle, sur le goyavier et les autres plantes, le tout se trouvait comme hermétiquement fermé, ne pou- vant laisser passage qu'à la très-petite quantité d'air qui aurait pu pénétrer dans la terre du sol. )) Voici maintenant ce que j'observai: dans les premières vingt -quatre heures écoulées, le cylindre se trouvant exposé vers le nord à une tres-forte lumière ambiante et garanti vers le sud des rayons solaires, tous les réactifs demeurèrent entièrement blancs. Il s'était imiquement déposé de la vapeur d'eau à la surface interne du cylindre, laquelle avait en grande partie terni (i) Comptes rendus, i856, t. XLIII, p. 762. C. R., i863, ^rae Semestre. (T. LVIl, N» G.) 4^ ( 3/,6 ) ses parois. Dans les vingt-quatre heures suivantes, je mouillai fortement le sol de manière à provoquer luie grande humidité dans l'intérieur et jus- qu'à ce que la surface interne du cvlindre fût recouverte d'une couche assez épaisse de vapeur d'eau, et je laissai alors pénétrer les rayons directs du soleil. Cependant le réaclif n'offrit aucune variation. Au bout de trois jours, je |)erçai avec une épingle le papier du couvercle d'une nndtitude de petits trous afin de laisser passage à une certaine quantité d'air ambiant, et je remarquai alors une forte émanation aromatique qui se dégageait de l'intérieur; le rayotuiement solaire traversait le cylindre. Encore vingt- quatre heures après, et le réactif était toujours blanc. Enfin le 4 avril, a midi, j'enlevai complètement le couvercle de papier et je fus aussitôt ren- versé par une très-foi'te émanation d'une atniosphère odorante qui s'était condensée dans le cylindre, et le dépôt de la vapeur d'eau ne tarda pas à se dissiper. Eh bien, sans rien changer à la disposition du cylindre ni des plantes, et par la seule circonstance de les avoir mis au contact direct de l'air ambiant, au bout d'une heure uniquement, c'est-à-dire à i heure du soir, le réactif ozonocospique avait pris une légère coloration; aussitôt après le coucher du soleil, il s'était déjà noirci, et le lendemain, à ^''So^du matin, sa teinte dépassait le dernier ton de l'échelle de Bérigny, à savoir le n° 20. C'était en un mot la nuance la plus intense que j'eusse obtenue jusqu'ici. » Ne paraît-il pas démontré dans cette expérience que ni l'action de la lumière, ni celle de l'humidité, ni la petite quantité d'air contenue dans le cylindre, n'ont pu colorer le réactif," lequel est devenu uniquement sensible au contact des grandes masses d'air ambiant? » Voici encore d'autres expériences qui confirment ce fait. Le lendemain 5 avril, à 4*" 3o"' du soir, je plaçai sur le gazon éclairé par le soleil l'ouver- ture d'un bocal renversé contenant à l'extrémité supérieure une bande île papier ozonocospicpie, et à côté, extérieurement et à l'air libre, luie autre bande. Comme on voit, cette expérience est identique à celle de M. Cloëz, et cependant à i i heures du soir la bande du bocal était encore blanche, tandis que la bande de l'extérieur marquait le 11° 18, ton très-élevé. A la même heure, j'avais aussi introduit plus loin l'extrémité d'une branche de caféier dans un autre bocal en verre, ayant soin de fermer ensuite parfaite- ment l'ouverture. Je disposai également une bande du réactif à l'intérieur du bocal et une autre à l'extérieur sur la même branche. A r t heures, la première bande interne fut trouvée encore incolore et l'extérieure marqua le n° 10, moins que celle du gazon, par la circonstance que le vent l'avait ( 347 ) précipitée sur le soi. I^es trois observations que je viens de signaler ont été plusieurs fois répétées, toujours avec quelques modifications nouvelles el sur différentes plarjtes dans le courant des deux dernières années. » En dehors des expériences que je viens de citer, et de bien d'autres qu'il serait trop long d'énumérer, j'avais encore entrepris une série régu- lière d'observations ozonométriques comparatives et simultanément faites a différentes hauteurs dans la végétation et à l'air libre, tandis qu'à l'observatoire de la Havane on poursuivait la série d'observations horaires nuit et jour commencée le i6 janvier de cette année, ce qui me permettait de comparer à toutes les heures l'état ozonométrique de la campagne avec celui de la ville. Kh bien, les conclusions tirées de ces nouvelles recherches viennent confirmer les expériences faites dans des vases clos à l'égard de l'action simultanée des grandes masses d'air ambiant que j'ai signalée plus haut. Pour corroborer ce fait, je pouvais disposer de trois séries d'observa- tions faites à la ville : la première à l'observatoire, à 21 mètres au-dessus du sol, et deux autres au bord de la mer, dont l'une au-dessus d'un bour- bier immédiat, tandis qu'à la campagne j'enregistrais les indications de c]uatre autres séries ; lune, à 12 mètres d'élévation sur un terrain inculte de terre rougeàtre composée principalement d'oxyde de fer; la seconde, de 4 à 8 mètres, dans la végétation même, sur des bananiers et autres arbres verts et aromatiques; la troisième, de 1 à a mètres, dans les caféiers touffus, el enfin, la quatrième série, de 10 à 20 centimètres au-dessus du sol. » Ces sept séries d'observations m'ont donc fourni les résultats suivants : la quantité d'ozone accusée par le papier réactif Jame (de Sedan), avec peu d'exception, a suivi à la ville une marche descendante de l'observatoire au bord de la mer, puis an bourbier inunédiat ; tandis qu'à la campagne la marche fut ascendante du sol incidte jusqu'à 4 centimètres de hauteur dans la végétation, où parfois elle était moins sensible qu'à i ou 2 mètres; et, en terme général, l'ozone de la campagne, sans distinction de localité et d'altitude, a toujours été plus abondant qu'à la ville. Ainsi, si d'un côté à la ville l'ozone atmosphérique se trouve être en relation directe avec la quan- tité d'air eu mouvement et sa libre circulation, d'un autre côté, à la cam- pagne, la végétation, unie à cette première circonstance, vient augmenter sa production dans des proportions remarquables. 1 Je n'ai jamais pu obtenir à la campagne aucune trace d ozone dans des ttnniers de chevaux et de vaches, tandis que sa présence' était très-sensd3le à la distance de 2 mètres à l'air libre. Les feuilles et les branches sèches des végétaux et des arbres produisent bien moins d'ozone que les vertes. Enfin 46.. ( 348) il y il de très-grandes différences dans la manifestation de l'ozone, suivant la nature des végétaux, suivant qu'ils sont plus ou moins aromatiques et qu'ils exhalent plus ou moins abondamment des huiles essentielles. w 11 y aurait encore une autre question capitale que j'aurais voulu abor- der dans celte Note, mais l'espace et le temps me manquent. C'est la pro- duction de l'ozone dans toute la durée de la nuit qui est bien plus abondante que pendant le jour, autant à la ville qu'à la campagne, fait que la théorie admise sur le dégagement de l'oxygène par l'action solaire laisse dans la plus profonde obscurité. J'ajouterai uniquement que l'humidité atmosphé- rique joue un rôle considérable dans le développement de l'ozone, ainsi que les brouillards. » De toutes ces expériences et observations, me sera-t-il permis maui- tenant de déduire d'une manière générale que l'oxygène exhalé des plantes ne se trouve point à l'état naissant ou d'ozone, ou encore que l'état allo- tropique de l'oxygène ozonisé différerait de l'état allotropique de l'oxygène naissant; en d'autres termes, l'oxygène posséderait-il deux ou trois états allotropiques, comme le veut M. Schœnbein : l'ozone, Vantozone etVox/gène ordinaire (i) ? » PATHOLOGIE. — Présence des bactéries dans le sang. Lettre de M. Sigxoi-. « L'Académie, dans sa séance du 27 judlet dernier, a eu communi- cation d'une Note très-intéressante de M. Davaine, sur les bactéries qu'on rencontre fréquemment dans le sang des moutons atteints de sang de raie, et sur les inoculations faites à titre d'expériences sur divers animaux. C'est pour compléter, autant qu'il est en moi, cette communication, que j'ai l'honneur de soumettre à votre appréciation quelques observations que j'ai recueillies à ce sujet. » Ces singulières productions, observées par Fuchs en 1848, par M. Brauell de Dorpat et M. Pollender, ont été signalées à l'attention des vétérinaires par M. Delafond et décrites par lui dans le Bulletin des séances de la Société des Vétérinaires de 1860. » M. Delafond avait constaté la présence de ces bactéries dans le sang des animaux charboiuieux seulement. Il est probable que s'il eût pu conti- nuer ses études, il eût constaté, comme moi, leiu' |)résencc dans quelques autres maladies du cheval. J'ai pu en effet les observer maintes fois dans (i) Journolfùr prahtiche Chemie, t. LXXXVI, p. 65. ( 3/,9 ) la maladie de cet animal qualifiée de diathése typlioïde, injîiieina, etc., etc., dont les modes de manifestation sont très-différents. C'est ainsi qu'il m'est arrivé de les rencontrer fréquemment, soit chez les animaux ayant succombé à la forme thoraciqiie ou à la forme abdominale de cette affection, soit encore chez les chevaux morts à la suite de celle de ses formes qui se carac- térise par des raptus hémorragiques, et plus souvent chez ceux ayant succombé à la forme paraplégique, qui est l'un de ses modes d'expression le plus ordinaire; car il est remarquable que, malgré In diversité des organes frappés par la maladie, l'étude histologique permet de constater, dans ces circonstances d'apparences si diverses, des lésions analogues, d'où on est logiquement autorisé à présiuner entre elles une identité de nature. » Je les ai également rencontrées dans le sang d'un animal ayant suc- combé à la suite d'une gangrène provoquée par action traumatique. Je relaterai brièvement le fait que je signale. » IjC 17 novembre 1861, le cheval n''98i4 de l'établissement du Pan- théon est confié à un palefrenier pour être tondu : cet homme, dans un accès de brutalité, frappe l'animal avec la pointe de ses ciseaux à la partie supérieure et postérieure du scapidum; immédiatement ime hémorragie sons-cutanée abondante se déclare, et le membre devient le siège d'un engorgement chaud et douloureux très-étendu ; le 22, on voit apparaître l'emphysème, des phlyctènes, et l'animal meint le a3 de la gangrène. A l'autopsie, on trouve les lésions ordinaires fie cette affection, et on constate dans le sang la présence des bactéries en grande abondance. » Toutes ces observations micrographiques ont été faites immédiatement ou peu de temps après la mort, dans un espace qui a varié entre ime heure et six heures. Une seule fois j'ai pu constater la présence de ces petits corps pendant la vie de l'animal; mais je dois noter qu'ils étaient d'une dimension beaucoup plus petite que ceux qu'on rencontre d'ordinaire et peu nom- breux. Le sang de cet animal a été conservé plusieurs jours, et il n'a été possible de remarquer aucun changement dans le nombre et les dimensions de ces productions. !• J'ai inoculé plusieurs fois le sang ainsi altéré à de jeunes moutons, et deux fois ces inoculations ont été suivies de mort. Le premier cas est relaté page 667 du Bulletin de la Société Vétérinaire, séance du 12 avril 1860. La seconde inoculation suivie de mort a été faite le i" décembre 1861, a 2 heures de l'après-midi, et l'animal succombe le 4» à 2 heures de relevée, après quelques heures de tristesse et d'inappétence. Le cadavre est emphy- sémateux ; en écartant la toison, on voit la peau de tout le corps colorée en ( 35o ) violet foncé; en dépouillant l'animal, on trouve dans le tissu cellulaire sous-cutané des tumeurs sanguines occupant principalement le voisinage des ganglions; ainsi à l'entrée de la poitrine et aux aines. L'abdomen con- tient un peu de sérosité sanguinolente ; la rate est \ui peu augmentée de volume; la boue splénique est noire et poisseuse, et contient des bactéries en abondance, ainsi que le sang de tout le reste du cor|)s. » Ces lésions ne sont pas les seules qu'on rencontre dans ces affections : on trouve quelquefois, en effet, des globules de forme particulière, régu- lièrement arrondis, plus grands que les globules blancs normaux dont ils ont un |)eu l'apparence; ils sont réunis par îlots et en grande abondance. Ils se composent d'une cellule extérieure d'apparence bullaire, reflétant chez quelques-uns une teinte violette; au centre de cette cellule se Ironvent plusieurs noyaux dont le double contour est bien marqué. Chez quelques- uns ce noyau a la forme de sablier particulière aux cellules qui se repro- duisent par scission, en sorte qu'on a évidemment sous les yeux une alté- ration dont les éléments sont en voie de multiplication, ce qui expliquerait du reste, jusqu'à un certain point, la marche rapide de ces affections. :i Le sang présente ordinairement ce caractère remarquable, que si on l'examine après la mort, le plus souvent les globules ont disparu, et on trouve des- cristaux de formes diverses résultant de leur dissolution, et dont les plus abondants ont une grande analogie avec les cristaux de cholestérine. " Les cellules du foie sont presque invisibles au milieu des globules grais- seux qui les gorgent. Les fibrilles musculaires coutienuent des globules graisseux abondants, et leur aspect, si élégamment strié, a |)resque totale- ment disparu sous cet envahissement. Ce phénomène est surtout remar- quable sur les psoas dans les paralysies que je signalais plus haut. ;- La présence de la graisse eu plus grande abondance dans tous les tissus et liquides de l'économie, l'existence de ces bactéries analogues, selon M. Davaiue, au produit qui se développe dans la fermentation butyrique, font soupçonner que la présence des éléments graisseux doit jouer un rôle dans l'apparition de cette affection, surtout si nous faisons remarciuer que ce sont toujours les animaux les plus gras, ceux tpii ont la plus belle ajjpa- rence, qui sont frappés par la maladie. » Je dirai pour résumer cette Noie, que j'ai dû faire aussi br^>ve que possible : " i" Que les bactéries ne sont pas |)arlicidieres au sang des animaux at- teints de sang de rate, ainsi que le prouvent les observations précitées: ( 35i t » 2" Que le sang qui les contient est inoculable, et qu'on retiouve dans le sang des animaux inoculés des bactéries en grande abondance ; » 3" Que la présence de la graisse dans les tissus et liquides de l'écouo- inie, l'état d'obésité des animaux qui sont victimes de l'affection, la simili- tude signalée jîar M. Davaineentre ces bactéries et le produitde lafermenla- tion butyrique, permettent de présumer le rôle important que joue la graisse dans la production de celte maladie. Il va sans dire qu'il manque à cette dernière conclusion une démonstration rigoureuse, et que je la présente ici seulement à titre d'indication. » PATHOLOGIE — Nouvelles recherches sur les injusoires du sang clans In maladie connue sous le nom de sang de rate; par M. C. I>a vaine. Note présentée par M. Cl. Bernard. " Les résultats de mes premières investigations sur les infusoires du san(/ (le rate, commiuiiquées à l'Académie dans la séance du 27 juillet, ont été pleinement confirmées par de nouvelles recherches. » Sur quatorze inoculations pratiquées sur des lapins avec du sang frais infecté de bactéries, quatorze fois des bactéries semblables se sont produites et toujours la mort s'en est suivie. Dans plusieurs cas les infusoires ont été observés deux, quatre et cinq hem-cs avant la mort de l'animal inoculé. Dans plusieurs de ces cas, du sang pris à l'animal encore vivant a transniri la maladie et a déterminé la mort avec infection par des bactéries. 0 Les bactéries se développent dans le sang et non dans un organe spé- cial. Lorsque, par luie recherche persévérante, on découvre au début de l'infection quelques-uns de ces corpuscules, ils sont très-courts en même temps que très-rares, mais bientôt on les voit se uudtiplier et s'accroître rapidement; leur évolution complète ne met qu'un petit nombre d'heures à s'accomplir : un lapin dont le sang ne m'offrit que quelques rares bacté- ries, longues au plus de quatre à six millièmes de millimètre, mourut au bout de quatre heures ; son sang examiné immédiatement renfermait uu nombre considérable de bactéries dont quelques-unes, les plus longues que j'aie encore observées,, avaient atteint jusqu'à cinq centièmes de millimètre de longueur. Chez quelques animaux ces corpuscules sont généralement plus longs que dans les cas ordinaires, mais ils n'offrent aucune différence autre que celle-là; leur nombre alors est généralement moindre. La lon- gueur qu'acquièrent parfois ces fdaments engagerait à ks classer parmi le.s ( 35* ) conferves, mais je laisse pour le inoment cette question qui n'a pas ici grande importance. » Le nombre des bactéries est très-variable d'un animal à l'autre; après mes preuuères inoculations ce nombre décrut très-rapidement et devint huit ou dix fois moindre que celui des corpuscules sanguins. J'ai pu croire alors que la puissance de propagation des bactéries allait s'affaibli.ssant chez le lapin, mais je me suis convaincu plus tard qu'il n'en était rien; en effet, sur une série de onze individus inoculés successivement les uns des autres, le dixième m'offrit dans son sang des myriades de bactéries comme le pre- mier. Je ne puis m'expliquer ces variations que par celles de la température atmosphérique qui s'est abaissée puis relevée pendant la durée de ces expériences. « Dès que l'animal infecté meurt, les bactéries cessent de se multiplier et de s'accroître; dans le sang conservé hors des vaisseaux, elles se détruisent, comme je l'ai déjà dit, ou se transforment. Dans tous les cas, en même temps qu'elles perdent leur apparence primitive, elles perdent la faculté de se propager chez l'animal vivant : deux inoculations pratiquées, l'une avec du sang de mouton conservé depuis huit jours, l'autre avec du sang de lapin conservé depuis dix jours, n'ont déterminé ni la maladie du sang de rate, ni la formation de bactéries. » Lorsque du sang frais est desséché rapidement à l'air libre, les bacté- ries conservent la faculté de s'inoculer; c'est ce que j'ai constaté par plu- sieurs expériences : ce sang desséché peut supporter une chaleur de gS à loo degrés, sans qu'elles perdent pour cela leur faculté. » Du sang frais fut renfermé dans un tube qui fut maintenu pendant dix minutes dans de l'eau en ébullition; ce sang ayant été introduit ensuite sous la peau d'un lapin, 1 animal mourut avec des bactéries au bout de trente et une heures. La cuisson serait donc insuffisante pour détruire leur vitalité. » Sur quatorze lapins, la durée moyenne de la vie, depuis l'inoculation jusqu'à la mort, a été de quarante heures; la durée la plus courte de dix-huit, et la plus longue de soixante-dix-sept heures. Cette durée est plus longue chez les animaux adultes et vieux que chez les jeunes. >) Dans cet espace de temps l'apparition des bactéries est très-tardive; mais du moment où elles apparaissent, l'animal n'a plus que quelques heures à vivre : le plus long intervalle ipie j aie constaté entre l'apparition des bac- téries et la mort de l'animal inoculé a été de cinq heures; la durée moyenne de l'incubation sérail donc de trente-cinq heures. ( 353) >' Dans cette période d'iiici'.bation, l'animal n'a rien perdu de sa force et de son agilité; ce n'est que dans les deux dernières heures, alors que les bactéries existent en quantité notable, que le lapin cesse de manger et de courir; il reste couché sur le ventre, s'affaiblit rapidement et meurt sans aucun autre phénomène apparent; quelquefois la mort est précédée de légers, mouvements convulsifs. » L'autopsie, pratiquée immédiatement, laisse voir tous les organes sains; le cœur et les gros vaisseaux sont toujours distendus par des caillots très-consistanls. La coagulation du sang est la seule cause apparente de la mort. Le microscope donne déjà pendant la vie les indices de cette coagu- lation ; en effet, dès que les bactéries se multiplient d'une manière notable, les globules rouges semblent acquérir un certain degré de viscosité qui les fait s'agglutiner les uns aux autres par petits amas. >) Les organes ne renferment des bactéries qu'en raison de leur vascula- rité : la rate est celui de tous qui en contient le plus, et ces corpuscules y sont toujours en nombre véritablement prodigieux. Cet organe, sain en apparence, est cependant un peu plus volumineux qu'à l'état normal; il paraît être un foyer actif de la production des bactéries, mais c'est sans doute en raison de sa grande vascularité. Après la rate viennent le foie, le rein, puis le poumon. [,e cerveau, les muscles, les glandes et les ganglions lymphatiques en contiennent exclusivement dans les vaisseaux interposés à leurs tissus. » L'expérience ayant montré que l'apparition des bactéries dans le sang précède celle des phénomènes morbides, il est naturel de rattacher l'exis- tence de ces phénomènes à celle des bactéries, lesquelles, jouissant d'une vie propre, s'engendrent et se propagent à la manière des êtres doués de vie. Tant que le sang ne les contient c|u'en germe, tant que leur développement ne s'est pas effectué, les phénomènes morbides ne se produisent point non plus. Mais dans l'examen de ces questions, si l'on se place à un autre point de vue, il paraîtra probable que le sang dans lequel les bactéries n'ont point encore fait leur apparition sera incapable de les propager chez un nouvel animal ; c'est-à-dire que, pendant la période d'incubation, les bacté- ries ne pourraient être semées et la maladie du sang de rate ne pourrait être communiquée par l'inoculation. « C. R., i863, a"" Semestre. (T. LVII, N" 6.) 4? ( 354 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALK. — Observations sur la nature des gaz produits par Us plantes submergées sous l'injluence de In lumière. Note de M. S. Cloez, présentée par M. Chcvrenl. » Les circonstances diverses clans lesquelles on peut se placer pour étu- dier la végétation des plantes submergées, sans s'éloigner beaucoup des conditions normales de la vie de ces plantes, justilient le choix que M. Gra- tiolet et moi en avons fait dans nos recherches commencées en 1848 et communiquées l'année suivante à 1 Académie des Sciences. 1) Nous avons constaté d'abord que le gaz exhalé par les plantes aqua- tiques exposées à la lumière dans de l'eau ordinaire légèrement imprégnée d'acide carbonique contenait, outre l'oxygène, une certaine quantité d'azote. » Quelle pouvait être la source de cet azote? fallait-il l'attribuer à l'air dissous dans l'eau ou confiné dans les lacunes du végétal, ou bien l'azote produit provenait-il de la décomposition de la substance même de la plante? « En employant de l'eau naturelle bien purgée W'air par une ébullition prolongée et contenant par litre environ 3o centimètres cubes d'acide car- bonique que l'on renouvelait à mesure que l'oxygène se dégageait, nous avons trouvé que huit tiges de Potamogelon perfoliatuni occupant un volume de 184 centimètres cubes ont produit en huit jours d'exposition à la lu- mière 4''S ^5 2 d'un mélange gazeux dans lequel l'analyse a indiqué la pré- sence de 3'", 9696 d'oxygène et o''',2824 d'un gaz non absorbable par une lame de cuivre plongeant dans de l'acide chlorhydrique, gaz que nous avons considéré comme étant de l'azote pur. « D'après nos essais, le volume d'azote libre confiné dans la plante au moment de son introduction dans l'appareil était de o'", o3i; nous nous sommes crus autorisés à conclure que la différence de o'", a5i4 existant entre ce nombre et celui qui représente la quantité totale du gaz non absor- bable recueilli dans le cours de l'expérience provenait de la décomposition de la substance même de la plante. » Notre conclusion s'est trouvée confirmée par le dosage de la quantité d'azote entrant dans la composition de la plante, avant et après l'expé- rience. Dans le premier cas, nous avons obtenu 5,a3 dazotc pour 100 de plante sèche, et dans le second, après six jours d'exposition au soleil dans de l'eau carboniquée, le végétal desséché ne contenait plus que 3,74 d'azote pour 100. ( 355 ) » Maintenant, Li nature du gaz non absorbable trouvé dans nos expériences est-elle bien établie? Ce gaz est-il de l'azote pur, comme nous l'avons dit, ou bien est-ce nn mélange d'azote et d'oxyde de carbone, comme semblent le démontrer les récentes et nombienses expériences dn savant académicien ?.I. Bonssingault? » Pour éclaircir ce point, il était nécessaire de répéter quelques-unes de nos anciennes expériences, et, pour ne pas compliquer la question, il fallait opérer exactement d.;ns les mêmes conditions où nos premières observations ont été faites. » J'ai donc établi d'abord un appareil destiné à contenir des plantf^s aquaticpies dans de l'eau naturelle continuellement renouvelée; douze tiges de Polamogeton peifolialum prises dans la Seine ont été réunies trois à trois, on a lesté cbaque faisceau d'herbe au moyen d'une petite lame de plomb fixée à sa base, puis on a introduit le tout dans un flacon de i5 litres de capacité qui était traversé par un courant continu dcau fraîche. » L'expérience, commencée le 6 juillet, a duré jusqu'au 3o du même mois; il s'est déj;agé chaque jour envii'on o'", aSo d'un mélange gazeux qui a été analysé souvent, et dans lequel je me suis attaché surtout à constater la présence de l'oxyde de carbone. » Le gaz exhalé dans cette expérience ne contenait pas d'acide carbo- nique; son oxygène a été dosé, tantôt au moyen du phosphore à chaud, tantôt et plus souvent au moyen du pyrogallate de potasse que l'on a eu soin de laisser charpie fois en contact avec le gaz pendant six heures au moins. )) La composition centésimale des mélanges gazeux recueillis et analysés à diverses époques de l'expérience de cinq en cinq jours est la suivante : i^^'jour. 5'^juur. iû*^jour. iD'^jour. 20*^ jour, ce ce ce ce ce Oxygène 46' o^ 44 1^3 42)'5 4oi02 38,5 Résidu non absorbable 53,92 55, 17 57,85 ^9,98 61, 5 100,00 100,00 ioo,oo 100,00 ioo,o « Chaque résidu gazeux séparé de la dissolution de pyrogallate a été additionné de -j^ environ de son volume d'oxygène et de -^ de gaz de la pile; on a fait détoner le mélange dans l'eudiomètre, puis on a mesuré le volume du gaz restant après l'explosion; on a mis ensuite le résidu en con- tact pendant deux ou trois heures avec un petit cylindre de potasse hydratée, et on a facilement encore mesuré le gaz en tenant compte des variations de température et de pression. 47- ( 356 ) » Voici les résultats numériques des analyses eudiométriques exécutées ; chaque volume mesuré a été ramené par le calcul à la température de o et sous la pression de o™, 760 : ("■"■jour. 5' jour. lo^jour. i5'jour. 20° jour, ce ce ce ce ce Volume du résidu gazeux 12,54 ^^9^ 91^7 10, i5 i3,i7 O.xygène ajouté i,25 0,88 1,00 1,16 1 ,45 Volume avant l'explosion '3,7g 9)8i 10,57 11, 3i i4,6-2 Gaz de la pile ajouté 4>57 3,G2 6,o3 4)54 5,48 Volume après l'explosion i3,8o 9,82 10, 53 11,28 i4)6' Volume après l'action de la potasse. . . 13,78 9,80 10, 52 11,28 i4,6o » Ce tableau montre que les résidus gazeux soumis à l'analyse eudiomé- trique ne contiennent pas de traces appréciables de gaz combustibles : ou peut les considérer comme de l'azote pur. » Il est à noter ici que les plantes qui ont servi à l'expérience ont con- tinué à végéter comme si elles avaient été fixées au fond de la Seine par leurs racines; les feuilles sont restées parfaitement vertes, plusieurs tiges ont commencé même à fructifier et presque toutes ont donné naissance à de nombreuses racines adventives. )) Pour compléter mes expériences, il me restait à examiner la nature des gaz fournis par une plante aqviatique exposée à la lumière, dans de l'eau commune aérée, non renouvelée et légèrement imprégnée d'acide car- bonique. M J'ai disposé l'appareil de façon à recueillir la totalité des gaz produits. L'expérience faite dans ces conditions anormales ne peut pas durer plus de six à huit jours; les plantes souffrent manifestement dans le milieu où on les a placées, elles s'épuisent peu à peu et finissent par se décolorer. » Le gaz dégagé contient plus ou moins d'acide carbonique que Ion enlève au moyen de la potasse; la portion qui reste est traitée ensuite par le pyrogallate, et le résidu non absorbable est soumis à l'analyse eudio- métrique. » L'expérience commencée le a6 juillet a duré cinq jours. Je me suis con- tenté d'analyser les gaz dégagés les i", 3'' et Séjours. 0 Voici d'abord les résultats obtenus pour la composition centésimale : i''''jour. Séjour. 5' jour. ce ce ce Oxygène 70,103 87,52 90,875 Résidu non absorbable 29,897 12,48 9,'25 100,000 100,00 100,000 ( 357 ) » Voici maintenant les résultats de l'analyse eudiométrique : i'^''jour. 2'^jour. 3*= jour, ce ce ce Volume du résidu gazeux 1 1 ,87 io,33 9)25 Oxygène ajouté. . . 2,0g i ,58 i ,36 Volume du mélange avant l'explosion 13,96 i'?9' 10,61 Gaz de la pile ajouté 5,53 4>8o 4>28 Volume après l'explosion i3,95 ••592 10,60 Volume après l'action de la potasse '3,95 'i!92 'OjSg » Je complais à priori trouver une certaine quantité de gaz combustible dans celte expérience; mais, en présence des résultats de l'analyse eudiomé- trique, je me trouve conduit, comme dans le cas précédent, à considérer le gaz non absorbable comme de l'azote pur. » OPTIQUE MINÉUALOGIQUE. — Sur les propriétés optiques biréfringentes et sur la forme cristalline de iambljcjonile. Note de I^î. Des Cloizeaux, présentée par M. Ch. Sainte-Claire Dcville. « L'amblygonite, espèce minérale très-rare, n'avait été trouvée, jusque dans ces dernières années, qu'aux environs de Penig, en Saxe, en petites masses ou en rognons engagés au milieu du granité, dans du lépidolite vio- lacé, avec quariz, tourmaline et g-renat. M. Brush a annoncé récemment [Journal of Sciences and Jrts, vol. XXXIV, septembre 1862) qu'on l'avait rencontrée dans un gisement tout semblable près d'Hébron, État du Maine, en masses laminaires transparentes ou semi-transparentes, pénétrant le lé- pidolite violet, avec albite, quartz, tourmalines rouges, vertes et noires, cas- sitérite et apatite. » D'après M. Breithaupt, l'amblygonite de Penig possède deux clivages assez faciles inclinés entre eux de 106° 10', et un troisième plus difficile, tangent à l'arèle aiguë des deux premiers et faisant avec cliacun d'eux un angle de ia6"55'. Dans les échantillons d'Hébron que M. le professeur Brush a bien voulu m'envoyer, j'ai observé les deux clivages qui se coupent sous un angle de io5 à 106 degrés, mais il m'a été impossible d'observer le troisième, dans la direction indiquée par M. Breithaupt. » On avait généralement cru jusqu'ici que la forme cristalline du minéral était un prisme rhomboïdal droit ou oblique, suivant les faces verticales du- quel se faisaient les deux clivages faciles ; mais l'étude de ses propriétés optiques biréfringentes ne permet pas d'adineltre celte opinion, et elle prouve ( 358 ) qu'en réalité le type cristallin est le prisme doublenieut oblique. En exami- nant attentivement les échantillons d'IIébron, on remarque en effet que les deux clivages principaux ne sont pas également faciles, et que l'un se pro- duit sur de larges surfaces d'un éclat nacré, tandis que l'autre ne s'obtient que sur des surfaces moins étendues, d'un éclat vitreux; on trouve de plus lui troisième clivage difficile, interrompu, mais fournissant cependant de petites plages assez unies et assez miroitantes pour se prêter à l'usage du goniomètre de réflexion » Si l'on amincit suffisamment une lame parallèle au clivage vitreux, ou y voit, a l'aide du microscope polarisant, des courbes isochromatiques qui annoncent deux axes optiques très-écartés, situés dans un plan presque ri- goureusement normal au clivage et parallèle à l'arèle d'intersection de ce clivage avec le clivage nacré. Observés clans l'huile, les anneaux manifestent à la fois les caractères de la dispersion croisée et ceux de la dispersion incli- née; car lorsque le plan des axes coïncide avec le plan de polarisation, les barres qui traversent chacun des deux systèmes d'anneaux offrent des bor- dures bleues et rouges disposées en se contrariant, et dont les nuances sont notablement plus vives dans un système que dans l'autre •, à 45 degrés du plan de polarisation, les couleurs qui bordent les deux hyperboles présentent une disposition symétrique, mais une intensité différente, et le diamètre des anneaux est un peu plusgraud d'un côté que de l'autre. La mesure de l'écat- tement dans l'huile prouve que la dispersion des axes optiques est faible ; elle m'a donné : 2H = io6' 34' 3o" rouge; 106° 19' 3o" jaune ; 106° 6' 3o" bleu. Cet angle est l'angle obtus que les axes optiques font entre eux en traversant l'huile, et sa bissectrice est positive. » Une plaque taillée normalement à l'arête d'intersection des deux cli- vages principaux, offrant par compensation avec la lame de quartz le carac- tère néçiatif, m'a fourni pour l'angle aigu des axes vus dans l'huile : 2H = 96" 37' 3o" rouge ; 96° 4G' jaune ; 97" 10' 3o" bleu. Ijorsque le plan des axes est parallèle au plan de polarisation, celte plaque laisse voir une dispersion horizonlale assez forte, modifiée par une dispersion inclinée qui amène une différence très-marquée dans la vivacité des couleurs placées au-dessus et au-dessous des barres transversales desticiix .systèmes d'anneaux. » Les deux plaques qui ont servi à mes mesures étant bien perpendicu- ( 359) laines aux deux bissectrices, on peut leur appliquer, sans craindre une grande erreur, le procédé que j'ai indiqué dans une communication précédente (i), et en déduire les valeurs approximatives suivantes pour l'écartement réel des axes optiques et pour l'indice moyen (l'indice de l'huile étant n = 1,466 rouge, 1,468 jaune, 1,478 bleu): 2 V = 85° 56' /3 = 1 ,606 rouge, 2V = 86°6' /3= 1,608 jaune, 2 V = 86° 22' /3 = 1,619 bleu. » D'après quelques essais faits sur la variété de Penig, elle m'a paru offrir les mêmes propriétés optiques biréfringentes que celle d'Amérique. » Quant à la forme primitive de l'amblygonite, l'examen des échantillons d'Hébron conduit à la considérer comme étant un parallélipipède obli- quanele dont les incidences sont : mt = i35 degrés, pm = [o5 degrés en avant, pt = 88° 3o' en avant, angle plan de la base = i37°4o'22", angle plan de la face m = 7 2° 9' 54", angle plan de la face^= 11 3° 6'. » Suivant la basep, a lieu le clivage le plus facile à éclat nacré ; suivant la face de gauche m, le clivage moins facile à éclat vitreux, et suivant la face de droite t, un clivage difficile et interrompu. Si l'on ajoute à ces trois clivages celui que M. Breithaupt a cité sur les échantillons de Penig dans la zone pm, et pour lequel on peut admettre une inclinaison d'environ 127 de- grés sur y:; et d'environ 128 degrés sur m postérieure, avec le symbole c^ • si de plus on regarde comme parallèle à la petite diagonale de la base un clivage très-difficile dont j'ai seulement entrevu des traces dans la zone mt, et qui ferait avec m un angle voisin de i 26 degrés, on aura les éléments néces- saires pour déterminer les longueurs relatives des trois arêtes du parallélipi- pède primitif. Ces longueurs seraient b : c '. h : : looo : 1 1 79, 743 1 1433,768 et l'on en déduirait pg' gauche = ii3°2'. (i) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 22 avril 1861. ( 36o ) » Mes observations permettent donc en résumé d'établir les faits sui- vants : » L'amblygonite ÀP P + (Li, Na)'P' + Al- FI' + (Li, Na) Fl cris- tallise dans le système dn prisme dovdileuient obliqne. » Elle possède trois clivages inégalement faciles, parallèles anx faces du parallélipipède primitif et se coupant sous des angles d'environ 135 degrés, io5 degrés et 88" 3o'. » Les axes optiques sont très-écartés ; leur plan est sensiblement normal au clivage moyennement facile à éclat vitreux ; la bissectrice de leur angle aigu est nécjalive et parallèle à l'arête d'intersection du clivage nacré et du cli- vage vitreux ; autour de cette bissectrice, les anneaux font voir une disper- sion liorizonlale combinée avec une dispersion inclinée très-notable ( i ). » CHIMIE ORGANIQUE. — Seconde Note sur le menthol; pur M. Oppexheim. « Aux éthers décrits dans une communication antérieure (2), nous devons ajouter l'iodure et le bromure de menlhyle, et quelques dérivés de ces sub- stances. » L'iodure de mentliyle ^'^fl"! s'obtient à l'état de pureté en broyant dans un mortier 3 équivalents de menthol avec 2 équivalents d'iodure de phosphore et 2 équivalents d'iode. La masse devient liquide. On la lave avec une solution étendue de carbonate de soude, et on la secoue avec du mercure pour enlever l'excès d'iode. L'iodure de menthyle est un li- quide lourd et légèrement jaunâtre. L'action sur cet éther d'une solution alcoolique de protosulfure de potassium, qui aurait pu fournir un homo- logue de l'essence d'ail, consiste dans la mise en liberté du menthène €'"11" et de l'hydrogène sulfuré. La réaction d'une solution alcoolique d'ammo- niaque sur l'iodure de menthyle commence à froid et finit au-dessous de 100 degrés en reproduisant le menthène. » Le bromure de menthyle G'^H'^Br s'obtient par l'action de 2 équiva- lents de protobroinure de phosphore sur 3 équivalents de menthol. C'est un liquide presque incolore, qui se décompose par l'ébullition comme le corps précédent, auquel il ressemble par la plupart de ses réactions. Le brome (1) Une Lettre de M. Brush vient de m'apprendre qu'un de ses assistants, M. Allen, a trouvé tout récemment à Hébron un cristal de i pouce de diamètre, dont le caractère tri- clinique a été reconnu d'une manière inrontestable par M. J. Dana. (2) Voir Comptes rendus, t. LUI, p. 3^g, août 1861. ( 36. ) donne avec lui plusieurs produits de substitution dont les premiers sont liquides. Mais, de même que si l'on mêle plusieurs solutions de sels diffé- rents, il se produit toujours le sel le moins soluble, ainsi, si l'on ajoute du brome à un excès de bromure de menthyle, il se produit toujours des bro- mures solides qui se déposent comme une poudre blanche dont le volume augmente en proportion du brome qu'on ajoute. Celte poudre, insoluble dans l'alcool, peu soluble dans l'éther et très-soluble dans le sulfure de car- bone, est formée au moins de deux corps différents. Si on ajoute une quan- tité de sulfure de carbone insuffisante pour dissoudre le tout, on obtient par l'évaporation de la solution filtrée de petits prismes durs et brillants auxquels l'analyse assigne la formule C'H'^Br". 11 Le chlorure de menthyle, traité par le brome, donne un corps ana- logue, le chlorure de menthyle pentabromé C'H'^Br'Cl. Ce corps, cristal- lisé dans le sulfure de carbone, consiste en petits cristaux blancs qui se groupent en mamelons et qui possèdent une odeur caractéristique de musc. Les quelques cristaux qui se séparent des mamelons montrent des fijces rhombiques d'un grand éclat. » Le chlorure de menthyle a beaucoup de stabilité. Le sulfure d'argent et le sulfocyanure de potassium ne l'attaquent pas, et on ne parvient pas à compléter les actions qu'exercent sur lui le protosulfure de potassium et l'ammoniaque, même si on chauffe leurs solutions à i4o degrés pendant trente heures. Le menthène ainsi obtenu contient encore du chlorure. Le menthène prend également naissance dans l'action du zinc-éthyle turle chlorure de menthyle et dans l'action de ce dernier corps sur le menthylale de soude. Cette réaction peut être exprimée par la formule G"'H''NaQ + €"'H"Cl = NaCl-h G'<'H=<'0+ G'»H'\ » Le sodium attaque le chlorure de menthyle lentement, en se couvrant d'une couche violacée. En chauffant ensemble ces corps à i5o degrés pendant quarante-huit heures,^on obtient un liquide dont l'analyse s'ac- corde bien avec la formule du menthyle, mais qui, à l'état gazeux, n'a que la moitié de la densité calculée et qui bout à quelques degrés seulement au- dessus du point d'ébullition du menthène. 1) Comme les radicaux des alcools aromatiques obtenus par M. Canniz- zaro et M. Rossi sont des corps solides et cristallisés dont la densité s'accorde avec la loi générale, on est porté à exprimer la réaction qui vient d'être décrite de la manière suivante : a^'oH^Cl-f- aNa = aNaCl ■+- G"U" -h G'» H". G. R., i863, a™» Semesire. (T. LVII, N» 6.) 48 ( 362 ) Ces deux hydrocarbures, le menlhène et l'hydrure de menihyle, ont des points d'éljullifion trop rapprochés pour qu'on puisse les séparer par la dis- tillation ; et comme on ne connaît pas de combinaison directe du menthène avec le brome, il ne reste que la densité de vapeur et le point d ebullition pour prouver la production de ces deux carbures. » En traitant le menthol par des oxydants, le perxoyde de manganèse ou le bichromate de potassium et l'aci le sulfurique, le brome et l'eau ou l'acide azotique, on obtient des produits résineux, bromes et nitrés, mal définis. Si on considère l'ensemble de ces réactions, la difficulté, sinon l'im- possibilité d'obtenir l'aldéhyde et l'acide correspondant au menthol, et sur tout la mise en liberté du menthène par tant de réactions différentes, on est frappé de l'analogie que présente ce corps avec les pseudo-alcools dont M. Wurtz a établi l'existence dans la série ordinaire. Toutefois, tant qu'on n'a pas établi qu'un parallélisme égal existe dans la série de l'alcool ally- lique, on n'est pas justifié à considérer le menthol comme un hydrate. Il est aussi probable que le grand nombre d'atomes de carbone masque dans ce corps les analogies avec les véritables alcools. » L'action sur la lumière polarisée, qu'on trouve dans le menthol et à un plus haut degré encore dans ses éthers acétique et butyrique, ne peut pas être constatée pour l'iodure et le chlorure de menihyle et le dérivé brome de cet éther. Ces exceptions sont d'autant plus curieuses que le menthène obtenu de l'iodure de meutliyle par l'ammoniaque ou le sulfure de potassium dévie très-sensiblement à droite la lumière polarisée et se distingue par cela même du menthène inactif produit par l'action du chlorure de zinc sur le menthol, qui, lui, dévie à gauche le plan de pola- risation. » MINÉRALOGIE. — Note sur [analyse de l'alunite du mont Dore [Puj-de-Dome) ; par M. J. Gautier-Lackoze. Extrait présenté par M. Balard. « .... Au milieu des roches alunifères indiquées par Cordier dans son Mémoire sur le pic de Sancy, se rencontre l'alunite qui, à la suite de mes expériences, est devenue l'objet d'une exploitation qui se poursuit avec succès depuis cinq ans. Cette alunite est très-abondante an haut de la vallée de la Dogne, au pic de Sancy, àla chutede la cascade, dansleravin de la Craie, l.e filon exploité d'après mes indications a loo mètres environ de haut sur 5o à Go mètres de largo. La toiture en est formée par une variété d'alunite caverneuse presque complètement siliceuse, ne donnant pas de coloration bleue parle cyanure jaune et contenant une pins grande quantité { 363 ) de soufre, à plus gros globules surtout, que les échantillons les plus sulfurés de l'alunite exploitée. Le dessous du filon est une argile parsemée quelque- fois de mica, et qui, traitée sans calcination par l'acide sulfurique, donne du sulfate d'alumine. >• Douée d'une cohésion presque égale à celle du quartz, l'alunite est d'un blanc grisâtre ; l'action de l'air la rend d'abord d'un vert bleuâtre, puis rubigineuse. Sa cassure est légèrement conchoïde. Elle est plus ou moins parsemée de petits globules de soufre (si on la réduit en poudre et qu'on la lessive avec du sulfure de carbone, elle donne par kilogramme 73s'',3o de soufre). On trouve quelques filons qui renferment, en assez grande quantité, de petits cristaux de sulfure de fer; ces filons-là ne contien- nent pas de soufre. » La densité de l'alunite est de 2,48 1 . 1) Touchée avec une solution de cyanure jaune, l'alunite devient immédia- tement d'un beau bleu. Réduite en poudre et agitée avec de l'eau, le liquide filtré donne, par le même cyanure, lui précipité bleu. Séchée, elle perd de 10 à 12 pour 100 de son eau qu'elle reprend si on l'abandonne à l'air. Sa composition chimique varie un peu, comme on doit s'y attendre. » Voici celle qui se présente le plus souvent : Eau 10 » Soufre 7,33 Potasse 5,6g Acide sulfurique a5,55 Oxyde de fer ' )93 Alumine 23 ,53 Résida siliceux 24,66 Perte i , 3 1 100,00 » PHYSIQUE DU GLOEE. — Pluie de sable qui est tombée sur une pnilie de l'archipel des îles Canaries, le \^ février i863. « M. Daitbrce présente au nom de M. Berthelol, consul de France à Sainte-Croix de Ténériffe, un échantillon de sable qui s'est abattu, comme une pluie, sur toute la partie occidentale de l'archipel des iles Canaries, le 7 février dernier, pendant la nuit et dans la matinée du même jour. Les bâtiments qui se trouvaient sur les atterrages des îles de Ténériffe, de Palma, de Gomère et de l'île de Fer en furent saupoudrés. Le pic de Ténériffe, alors couvert de neige, fut lui-même coloré en jaune par cette poussière ( 364 ) pendant plusieurs heures et jusqu'à son sommet. Le temps était très-ora- geux et le tonnerre se faisait souvent entendre. » Ce sable est de couleur blonde, d'un grain presque impalpable. 11 fait fortement effervescence avec les acides, qui lui enlèvent environ moitié de son poids de carbonate de chaux. Le résidu insoluble se compose de très- petits grains de quartz, la plupart hyalins et incolores, quelques-uns jaunes et opaques. » Par son aspect comme par sa composition minéralogique, ce sable présente une identité complète, à la ténuité des grains près, avec le sable du désert du Sahara, notamment avec un échantillon des environs de Biskra, que possède la galerie de Géologie du Muséum. Comme dans le sable du désert, on rencontre quelques menus débris de coquilles qui pa- raissent contemporaines de l'époque du dépôt de ce sable. L'examen mi- croscopique n'y a pas fait découvrir d'autres corpuscules de nature or- ganique. » Il n'est pas douteux que ce sable n'ait été enlevé au sol du désert du Sahara, qui est distant de ces îles de plus de 32 myriamètres; il paraît avoir été transporté par une sorte de trombe à une hauteur de plus de 4ooo mètres au-dessus du niveau de la mer, de manière à atteindre la zone du contre-courant atmosphérique. » M. MoNDixo adresse de Palerme une Lettre relative à une communication qu'il avait faite au commencement de cette année sous le tilre de « Projet d'un nouveau baromètre w. Cette Lettre est renvoyée, comme l'avait été la Note originale, à l'examen de M. Babinet. La séance est levée à 5 heures un quart. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du lo août i863 les ouvrages dont voici les titres : Etudes sur la ventilation; par Arthur MORIN ; t. I et IL Paris, i863; 2 vol. in-8°. Nouvelles suites à Buffon, formant avec les œuvres de cet auteur un cours complet d'Histoire naturelle; t. VI, Histoire des Insectes, gênera des Coléoptères; par M. Th. LaCOKDAIRE. Paris, i863; in-8°, avec planches. ■ I iiiii«< COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 AOUT 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DR L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE. — Bégénérntion et réparation des tissus; par M. JoBERT DE Lamballe. « Je demande à l'Académie la permission de lui exposer la continuation de mes recherches sur la réparation et la régénération des organes. » Ua savante Compagnie se rappellera peut-être que mon avant-dernière lecture a été faite sur la régénération des tendons ; cette fois j'aurai l'hon- neur de lui faire connaître les recherches expérimentales que j'ai tentées sur les os. Et d'abord je mentionnerai les doctrines et les théories connues, mais je le ferai aussi succinctement que possible. » Avant d'exposer le résultat de mes observations sur la cicatrice des os, je dirai quelques mots sur la structure du tissu osseux qui a fourni à des expérimentateurs habiles un sujet d'études et de recherches intéressantes. « Depuis le moment de leur apparition dans le fœtus jusqu'à leur déve- loppement complet, les os passent par une série de transformations succes- sives. Je n'insisterai pas sur les divers phénomènes d'ostéogénie en les sui- vant dans leur ordre d'apparition. Je dirai seulement qu'à une époque inu- tile à préciser, le cartilage se développe dans la masse gélatineuse primi- tive; que la cartilaginification est achevée vers le deuxième mois; qu'à partir de cette époque des points d'ossification apparaissent cà et là jusqu'à C. R., iS63, 2"" Semestre. (T. LVII, N» 7.) 49 ( 366 ) la naissance, où le corps des os longs et les os larges sont déjà très-déve- loppés. " Peu à peu l'élément organique qui prédominait d'abord est pénétré par la matière salino-terreuse, de façon que chez l'adulte les substances organisées et inorganiques sont en proportions à peu près égales. La vitalité du tissu osseux est d'autant plus grande qu'on l'examine à une époque plus rapprochée de l'enfance. Elle diminue avec l'âge, et cette circonstance nous explique la flexibilité des os dans les premières années et In facilité avec laquelle se fait la consolidation des fractures, tandis qu'une grande friabi- lité et des conditions tout à fait opposées se rencontrent chez les vieillards. » Le tissu osseux résulte de l'arrangement de fibres et de lamelles affec- tant des directions variées, mais identiques dans tous les points, malgré la différence d'aspect qu'offrent les couches profondes comparées aux couches superficielles. » La substance spongieuse forme les nombreuses cellules qu'on rencon- tre à l'intérieur et à l'extrémité des os. » D'après les idées actuellement régnantes en micrographie, la substance salino-terreuse, eu envahissant la substance amorphe du cartilage ou du blastème non cartilagineux qui précède la formation de l'os, se dépose par couches concentriques plus ou moins régulières autour des éléments dont sont composés ces tissus. » De là les canaux de Havers qui renferment les vaisseaux sanguins, de là les cavités osseuses dans lesquelles se trouvent les cellules du cartilage. Toutefois ces cellules se sont déformées pour devenir cellules osseuses; elles ont émis dans toutes les directions des prolongements qui les font commu- niquer toutes entre elles, et quelques-unes avec l'intérieur des canalicules vasculaires. » Cette disposition permet aux phénomènes de la nutrition de s'accom- plir dans l'intérieur de la substance osseuse, à une grande distance des vais- seaux sanguins. » Il entre en outre, dans la composition des os, des membranes, des vaisseaux, des nerfs, etc. Cette richesse anatomique constitue un ensemble favorable à leur réunion ; on en reste bientôt convaincu lorsqu'on consi- dère en particulier les divers tissus qui entrent dans leur structure. » Une membrane admise par les uns, repoussée par les autres, véritable réseavi formé par des vaisseaux et des nerfs, offre une vitalité et une sensi- bilité non douteuse. Elle est regardée par M. Flourens comme un organe exclusif de résorption, tandis que d'autres auteurs pensent qu'elle préside. (367 ) pour une très-grande part, à la nutrition de l'os. Sans nier qu'elle puisse servir à la nutrition des couches internes de l'os, je pense que ses usages sont principalement relatifs à la formation de la moelle. » Les vaisseaux artériels pénètrent par le trou nourricier, par les nom- breuses ouvertures dont sont percées les extrémités des os longs, et par le périoste. •> Les veines sont constituées par la membrane interne seulement. Elles sont criblées d'ouvertures jjar lesquelles le sang y arrive. » Les nerfs suivent le même trajet que les artères. M. le professeur l)u- méril les a disséqués avec soin, et depuis lui des anatomistes français et allemands les ont, par de rigoureuses dissections, suivis jusque dans leurs terminaisons les pins déliées. » La surface externe des os est enveloppée par une membrane cellulo- fibreuse appelée perios/e. Cette membrane adhère à l'os par des prolonge- ments fibreux. » On a fait jouer an périoste un grand rôle relativement au développe- ment et à la régénération des os. Des expériences intéressantes ont été ten- tées pour découvrir ses propriétés. » Le périoste est-il sensible ? » Haller, sur différents animaux, l'a coupé, briilé, déchiré, sans qu'ils manifestassent la moindre douleur. Sur l'homme il n'a découvert aucune sensibilité de cette membrane, et cependant, sur le péricràne, il croit avoir fait souffrir les animaux par la cautérisation et l'incision. » Il a répété souvent les mêmes expériences, et il est demeuré convaincu " qu'il n'est pas si aisé de décider si cette membrane a du sentiment. » (P. i38.) » J'ai cru qu'il convenait de rapporter ici quelques expériences de Haller. » Expérience 35, sur un chien, le aS novembre 1760 : « Je m'en suis » servi pour les expériences de la dnre-mère. Je lui ai touché le péricràne » avec de l'huile de vitriol, et il y a paru sensible. » » Expérience ?>&, sur un chien, le 3o novembre : « J'ai découvert le pé- « ricrâne, je l'ai touché avec de l'huile de vitriol,je l'ai irrité avec le scalpel, » et l'animal n'a pas paru sentir la moindre chose. » » Expérience "i-j, sur un chat, le i" décembre : «Il m'a paru, en irritant » le péricràne mis à nu, qu'il avait.du sentiment. » » Expérience 38, sur un autre chat, le même jour : « Cet animal était » fort vif et fort impatient ; je lui découvris la partie inférieure du bord 49- ( 3G8 ) )i du tarse et le périoste avec les ligaments qui couvrent les os. Je les " brftiai avec de l'huile de vitriol. L'animai n'y parut pas sensible et ne I) cria point. » » Il paraît donc prouvé que le périoste est insensible, et ce n'est qu'ex- ceptionnellement qu'on y découvre de la sensibilité dans les régions où les nerfs pénètrent dans les os. » A des époques différentes, on s'est beaucoup occupé du développement des os et du mode suivant lequel ils se régénèrent. Dans ces derniers temps, M. Flourens, pour éclairer cette question, a étudié l'action de la garance sur les os et a repris les expériences de Belcbier et de Duhamel. » Il a vu que l'accroissement de l'os se faisait par couches colorées ou non colorées, selon qu'on employait ou qu'on suspendait l'usat^e de la ga- rance. Mais il a noté qu'à mesure que les parois des os s'accroissaient par la superposition des couches externes, le canal médullaire s'accroissait aussi par la résorption des couches internes. » Les résultats du travail de M. Flourens siu- cette question se réduisent aux propositions suivantes : » i" Les os croissent en grosseur par couches externes et superposées. » 2° Ils croissent en longueur par couches terminales et juxtaposées. » 3" A mesure que des couches nouvelles sont déposées à la face externe de l'os, des couches anciennes sont résorbées à sa face interne. » 4° L'ossification consiste dans la transformation régulière et successive du périoste en cartilage et du cartilage en os. M MM. Serres et Doyère ont établi que la coloration des os par la ga- rance n'étaitqu'un phénomène deteinture ; quesans être extérieure au tissu de l'os, la coloration ne pénétrait cependant qu'à une profondeur très-peu considérable; que la marche de la coloration est subordonnée à la marche générale du sang dans les capillaires; que le système capillaire des os a une double origine artérielle, et que c'est à cette double origine qu'est due la dualité du système général de coloration. » MÉMOIRES LUS. (CHIRURGIE. — Calhélérisme obluraleur de Curèlre; ses imiications, son ulililé et sa supériorité sur le calhélérisme vésical dérivatif; par M. Revbakd, de Lyon. « Je donne, dit M. Reybard, le nom de catliétérisme obluraleur de l'urètre à une opération qui consiste à faire uriner les nialades en introduisant ( 369 ) simplement une sonde dans le canal, au lieu de l'introduire dans la vessie. On n'a pas cru jusqu'à ce jour qu'il fût possible de vider la vessie autre- ment qu'en introduisant une sonde dans ce réservoir. On peut néanmoins obtenir ce résultat, dans la plupart des cas, avec une sonde à renflement olivaire introduite simplement dans le canal, soit qu'on la laisse à demeure, soit qu'on la retire après la miction. Cette espèce de calhétérisme n'est pas seulement plus facile, il est encore moins douloiu'eux et n'a presque auciui des inconvénients et des dangers du cathétérisme vésical, comme on le verra parles détails que je vais donner clans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie.... » Ce Mémoire, trop long pour élre imprimé en totalité dans le Compte rendu et dont nous avons dû nous borner à reproduire l'introduction, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Jobert de Lamballe et Civiale. M. Passot lit une NoSe ayant pour titre : « Réponse à une objection écrite par M. Bertrand en marge de la Note présentée par lui le 8 mars 1 85iS « sur la loi de la variation de la force centrale dans les mouvements plané- » taires déduile exactement du principe des aires ». (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés: MM. Delaunay, Rertrand.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. GÉOLOGIE. — Ai>pUcalion du réseau penlagonal à la coordinalinn des sources de pétrole et des dépôts bitumineux ; par M. E. B. de Chancourtois. (Pre- mière partie.) (Commissaires, MM. Chevreul, Pélouze, Ch. Sainte-Claire Deville.) « La communication de MM. Pelouze et Cahours insérée au Compte rendu du 1 3 juillet donnant lieu de soulever la question de l'origine des pétroles et des bitumes, je viens soumettre à l'Académie, sur ce sujet, des considéra- lions géologiques que j'ai eu l'occasion de produire sommairement dans une de mes leçons de cet hiver à l'Ecole des Mines. » Quoique les phénomènes de la vie végétale ou animale jouent ou puissent jouer à coup sur un rôle important dans la fixation et l'accumula- tion des produits naturels hydrocarbures, il me semble qu'en ayant égard seulement à ces phénomènes on reste ordinairement à une grande distance ( 370 ) rie la cause véritablement originaire et souvent même tout à fait en dehors de la voie qui pourrait y faire remonter. Pour moi, les produits hydrocar- bures sont en générai des résultats plus ou moins directs d'émanations, c'est-à-dire de phénomènes éruptifs, et j'en donnerai, je crois, une preuve convaincante en faisant ressortir des faits d'alignement qui n'ont évidemment leur raison d'être que dans l'existence des fissures de l'écorce terrestre. » En terminant le travail sur la distribution des gîtes de fer que j'ai eu l'honneur de présenter le 7 aoîit 1862, j'jivais été frappé de voir les gîtes de bitume de Seyssel el les gîtes des environs de Clermont fournir un aligne- ment rigoureusement parallèle à la direction du système des Pays-Bas. En lisiinl dans les annales des Mines (/j'' livraison de 1862) l'intéressant Rappoi't de M. Gauldrée-Boileau sur l'exploitation de l'imile minérale dans l'A- mérique du Nord, j'ai été frappé également de voir que les principaux gites des États-Unis étaient situés sur le prolongement du faisceau de frac- tures qui donne passage au Saint-Laurent, et je me suis bientôt aperçu que ce faisceau prolongé dans notre hémisphère allait passer à une localité célèbre par ses sources de pétrole, à la presqu'île d'Apcheron par laquelle la chaîne du Caucase se perd dans la Caspienne, près de Bakou. Telle est la donnée initiale du présent travail, par lequel, en décrivant les princi- pales lignes de grand cercle qui relient les gîtes de naphie, de pétrole ou d'asphalte des diverses parties du globe, je me propose d'esquisser l'application du réseau pentagonal à la coordination et, par suite, à la recherche des sources ou des dépôts de matières bitumineuses en général. M Une partie des cercles que j'ai été amené à considérer figurent parmi les 169, dont les données numériques ont été publiées en tableau par M. Élie de Beaumont (Compte rendu du 20 juillet). D'autres, du même ordre que plusieurs auxiliaiies mentionnés dans ce tableau, pourront, j'espère, contribuer à son extension. Leur choix ou leur détermination ré- sulte d'opérations graphiques que j'ai exécutées sur le globe où M. Laugel a tracé le réseau pentagonal, en me servant de fils tendus et m'aidant des limbes d'une monture ordinaire dont le double jeu permet toujours de profiler un grand cercle quelconque. C'est la première phase d'une étude de ce genre. » Les cercles une fois distingués ou déterminés, le calcul très-simple des points où ils coupent les méridiens des gîtes fait connaître leur mode d'ajus- tage avec la dernière précision, et donne le moyen de descendre aux études de détail qui intéressent la pratique. Mais je n'ai point poussé mon travail jusque-là : je j)rétends donc seulement, dans les coïncidences que j'em- ( ^71 ) ploie, au degré d'exactitude que comportent les procédés sus-nientionnés. » Dans la description des cercles, j'indiquerai non-seulement les gites bitumineux qui les jalonnent, mais aussi les traits principaux, hydrogra- phiques, orographiqnes et géologiques avec lesquels ils sont en rapport. Un verra ultérieurement que les accords signalés intéressent tous la question que je traite, envisagée de son point de vue le plus général. •> Le premier cercle auquel je m'arrêterai dans la direction d'ensemble indiquée ci-dessus va du point H voisin de Tchuanlepec au point H de la mer des Indes, en passant par le point b voisin de Derbend. 11 sort de l'isthme de Tehuantepec par le volcan de Tuxtla, pénètre dans la Floride par la baie de Pensacola, coupe la Kanawa en Virginie, près de Salzwerk, longe les premières rides des Alleghanys dans la région carbonifère de Pittsburg, s'appuie sur un coude du Saint-Laurent, au nord-est de Potsdam, rase ensuite le cap Farewel, passe aux Feroé, traverse la péninsule Scandi- nave par Christiania et le bord du lac Wenern, rase l'île de Gothland, pénètre en Russie parallèlement au cours moyen de la Duna, passe au con- fluent du Donetz et du Don, au lac Bolschoï, séparation des eaux des Manytch. et rejoint Bakou en limitant la dépression infra-océanique de la Caspienne. 11 traverse ensuite le désert salé de la Perse, dont il sort par la province de Rir- man, renommée par ses sources bitumineuses, passe au milieu des Mal- dives, puis revenant vers Tehuantepec est jalonné par l'île de Gallego. » Ce cercle hexatétraédrique Wba ahW, que j'appellerai provisoirement du Saint-La urenl et de la Duna, est à peu près l'axe du faisceau bitumineux. » Un autre cercle très-voisin, passant aux mêmes points H, est excessive- ment remarquable. Voici les principaux points et traits de son parcours : les bouches mêmes du Mississipi, que l'on sait marquées par des salzes; le cours moyen de l'Alabama et celui du Tennessee dans les dernières rides méridionales des Alleghanys; les régions de l'Ohio (entre Pomeroy et Wheeling) et de l'Alleghany où se trouvent le principales sources d'huile, entre autres celles de Mecca et d'Oilcreek ; la direction de la rivière Geuessee, Ottawa, le district de Julianehaab, où se trouvent des sources thermales, au Groenland; en Islande, les fumerolles de Reykholar et la soufrière du IvraOa dont les épanchements bitumineux ont parfois couvert de nappes en- flammées le lac Myvatn; Trondhyem; le Volga à sa' source et à son embouchure; rive de la Caspienne au nord du Raraboghaz; le lac salé du Seistan ; les Maldives. Je l'appellerai cercle de l'Alabama, de i À llecjlianj et du Voign. » Le dodécaédrique rhomboïdal n" i, très-voisin du cercle précédent, ( ^72 ) lui est déjà sensiblement parallèle en Islande oii j'ai facilement reconnu sa direction dans huit lignes jalonnées par des fumerolles et des volcans, ou appuyées sur des contours topographiqnes (0. » Enfin les sources d'huile d'Enniskillen et autres localités voisines du lac Saint-Clair, au Canada, dépendent peut-être d'un dernier cercle, part:^nt du même point H, passant à la Nouvelle-Orléans, aux grands fjords de Goothaab au Groenland, aux bords nord-est du lac Ladoga et de la Cas- pienne, et sortant de l'Asie par les bouches de l'Indus. Mais les directions croisantes que je signalerai plus loin sont sans doute plus importantes dans la région bitumineuse du Canada. » Si l'on s'éloigne du premier cercle en sens inverse, on en aperçoit de suite un cinquième déterminé par le point T, voisin d'Odessa : c'est un hexalétraédrique HèTT/;H. Voici les points et les traits de son parcours : iiots du golfe du Mexique, bouches de lAppalachicola en Floride; New- York; traits de la baie du Saint-Laurent; gîtes bitumineux d'Elgin en Ecosse; Copenhague; presqu'île de Taman, à l'embouchure de la mer d'Âzof, où M. de Verneuil a signalé des sources de pétrole; côte de la mer Noire; Ararat; pointe du détroit d'Ormuz et côte de Mascate. )) Une parallèle à ce cercle, menée par le gîte de pétrole de Ham-Hormuz, dans le Chusistan, marque les principaux sillons de la chaîne du Kurdistan, entre l'Arabie et la Perse, où elle passe sensiblement par Chuzder, Rirmand- jah, Suléimaniêh et Djulamerik. C'est une ligne jjarliculièrement remar- quable par sa coïncidence avec les centres de population ; car, indépen- damment des quatre capitales du Kurdistan oriental, elle rencontre sensi- blement, dans son prolongement vers le Tchatirdagh de Crimée, les villes de Van, d'Erzeroum, de Trébizonde et de Simferopol. )> L'un des hexatétraédriques, bissecteurs des angles de 36 degrés, le n° l'i du tableau qui joint les mêmes points H au point D de l'Europe, sem- ble limiter le faisceau en question. Voici son itinéraire : traits de l'isthme de ïehuantepec; cap Hatteras; ligne principale de Terre-Neuve; Dublin; le Snowdon ; les bouches du Rhin ; coudes du Danube à Pesth et à la Do- brudscha, Amasserah, extrémité du bassin houiller d'Asie Mineure; Bag- dad, Bassorah et direction de l'Euphrate dans le voisinage; les Maldives; enfin les îles Juges, au sud de la Nouvelle-Zélande. » Enfin, il faut noter que l'oclaédrique du Sinaï et des Pyrénées passe (i) Notes avec caile du voyage de 5. A I. ii' |)rinco Napoléon dans les nuis du Nord ( 373 ) aux mêmes points H d'étoilement, ainsi que le dodécaédrique régulier du lac Supérieur et du Spitzberg. Ces deux cercles, qui s'écartent également du premier que j'ai considéré, limitent un fuseau du globe, aussi remarquable, on le voit, par ses alignements, autrement dit par les fissiu'es concordantes, perpendiculaires au primitif de la Nouvelle-Zemble ou du système du Rhin, que parles bassins de combustibles fossiles stratifiés qui y sont exploités, soit dans l'ancien, soit dans le nouveau monde. » Un croiseur bien remarquable est le cercle qui va du point H, au sud des îles Aleutiennes, au point a de l'île de Cuba : c'est un homologue Hbaab^i du cercle du Saint-Laurent et de la Duna, et il lui est presque perpendiculaire aux bouches mêmes du Mississipi, dont il règle le cours au- dessous de la Nouvelle-Orléans. Voici les points et traits de son parcours : gîtes bitumineux de Holguin, à l'île de Cuba; baie de Cariaco, en Vene- zuela, où M. de Humboldt a signalé une source de napbte sortant du mkascliisle ; épanouissement duMaranon ou Amazones; fondduPara; Bahia; îleTrinidad; îles Saint-Paul et Amsterdam; extrémité est de l'île de Sum- bava, c'est-à-dire point très-voisin du Tumboro; milieu de l'archipel des Mariannes; enfin, région des lacs salés et bitumineux des territoires de Nevada et d'Utah dans l'Amérique. Je l'appellerai cercle des bouches du Mississipi. La baie de Cariaco étant d'ailleurs voisine du fameux lac de bi- tume de la Trinité des Antilles, on pourrait l'appeler cercle des Trinités el du Tumboro. 1) Je préfère la première dénomination, parce qu'elle me donne lieu d'in- sister, en terminant cette première partie de nson travail, sur lui fait gé- néral qui sera l'un des arguments de ses conclusions, je veux parler de la concordance des cercles d'émanations bitumineuses avec les cours des grands fleuves près de leurs embouchiu'es. » PHYSIOLOGIE. — Sur le rôle de l'épidémie en présence de l'eau, du chloroforme et de l'élher ; par M. L. Parisot. (Commissaires précédemment nommés : MM. Rayer, Bernard, Longet.) '< A priori, la constitution anatomique de la peau devait refuser la pro- priété absorbante qu'on attribue à sa couche superficielle. L'enduit sébacé dont est imprégné l'épiderme forme un vernis protecteur qui s'oppose à la pénétration des liquides. La paume des mains et la plante des pieds, qui, comme l'a démontré M. Sappey, sont dépourvues de l'appareil sébacé, sont C. II., i8f:3, n"^' Hempsue. (T. LVU, N» 7.) JO (374) les seules parties du tégument qui doivent se laisser imbiber. Tout le monde sait que leur immersion prolongée clans l'eau froide ou tiède amène effec- tivement des modifications sensibles dans l'épiderme de ces régions. Nous avons cherché à vérifier expérimentalement ces données de l'anatomie; et comme il s'agissait de montrer uniquement le phénomènephysique de l'imbi- bition, je fis choix pour ces expériences de cadavres de jeunes enfants, dont l'épiderme, en raison de sa minceur, doit se laisser facilement imprégner. Ici, j'eus recours à la balance. Ses indications devaient être précises, elles ne pouvaient être contredites ni masquées par les phénomènes d'inhalation. » 1° Petit garçon de douze jours de naissance. On le lave à l'eau chaude et on l'essuie parfaitement : l'ombilic, l'anus et le méat urinaire sont enduits de térébenthine de Venise. » Poids avant le bain, 3o5o grammes. )) H est plongé dans l'ange de la fontaine de mon laboratoire dont l'eau se renouvelle constamment et dont la température moyenne est de lo degrés centigrades. On le dispose de manière que la tète soit hors de l'ean : on le maintient dans celte attitude vingt-quatre heures. Au sortir du bain, on l'essuie minutieusement : il pèse 2o55 grammes. » Le même jour, on dispose avec les mêmes précautions, et on main- tient pendant le même temps, dans le même bain, un petit garçon de dix- sept jours de naissance; ici, l'épiderme de tout le cou est enlevé, aucune partie n'est enduite de térébenthine. 1) Poids du sujet avant le bain, 2172 grammes. » Poids du sujet après le bain, 2182 grammes. » Après vingt-quatre heures de séjour dans l'eau froide, ils ont gagné l'un 5 grammes, l'autre 10 grammes, ce dernier présentant une surface dénudée ; chez tous deux l'épiderme de la paume des mains et de la plante des pieds était blanc et ridé. Je les laisse exposés dans mon laboratoire pen- dant vingt-quatre heures; au l)Out de ce temps, je les pèse de nouveau : ils étaient revenus chacun au poids initial, ils avaient perdu par l'évapora- tion le liquide qu'ils avaient gagné par l'imbibition. » Poids du premier sujet, 2o5o gran)nies. >) Poids du deuxième sujet, 2170 grammes. 0 Ce dernier, dont l'épiderme du cou était dénudé, avait perdu 2 grammes de son poids initial. Soupçonnant que l'eau ne pouvait s'intro- duire que par la paume des mains et la plante îles pieds, j'enduis ces par- ties de térébenthine. » Poids du premier sujet avant le bain, 2o54 grammes. ( 3-75 ) » Poids du deuxième sujet (non enduit de térébenthine), 2180 grammes. » Tous deux restent dans le bain pendant trois heures; au bout de ce temps, on les retire : le poids n'a pas ^arié chez le premier sujet, il a aug- menté de 10 grammes chez le second dont le derme dénudé n'avait pas été recouvert de térébenthine. J'ai répété ces expériences sur dix autres sujets à peu près du même âge, et je suis arrivé toujours aux mêmes résultats, quelle que soit la températiu'e du bain. » Par là il est évident que Pépiderme de la paume des mains et de la plante des pieds est le seul point du tégument qui se laisse imbiber; c'est la seule voie d'introduction pour les liquides du dehors. Ces régions doivent cette propriété à l'absence de matière sébacée; car si on les couvre d'un vernis imperméable à l'eau, le phénomène d'imbibilion est suspendu. >> Le chloroforme, l'alcool, l'éther dissolvent phis ou moins complète- ment la matière sébacée, comme l'a établi M. Hébert, et peuvent ainsi faire pénétrer jusqu'au derme les substances qu'ils tiendraient en dissolution. Les expériences dont je vais présenter un résumé sommaire établissent co:n- bien le choix d'un menstrue influe sur l'action d'un médicament dans l'or- ganisme : » Solution d'atropine dans du chloroforme (oS'',o5 d'atropine pour ao grammes de chloroforme); j'en ai imbibé une feuille de coton que j'ai appliquée sur le front; la dilatation de la pupille s'est manifestée après trois minutes, au bout de cinq minutes elle était complète; la dilatation était à peu près égale des deux côtés; trouble dans la vision; l'appareil reste appliqué un quart d'heure, la peau est rouge» chaude et brûlante. Une heure après, ces signes d'inflammation ont disparu. » En remplaçant le chloroforme par une égaie quantité d'esprit-de-vin, on observe luie différence très-grande dans la rapidité de l'absoiption, car au lieu de produire la dilatation au bout de trois minutes, il n'y avait encore aucun effet au bout de vingt minutes; elle commençait seulement après trente minutes; aussi la rougeur et la chaleur de la peau existaient à peine. » L'atropine fut dissoute dans de l'eau tres-faiblement acidulée par l'acide acétique; je n'observai aucune dilatation de la jiupille. •' Il me semble que ces faits sont de nature à modifier nos idées actuelles sur l'absorption et sur le choix des substances employées à l'extérieur, soit en topiques simples, soit en frictions. » 5o . (376) ZOOLOGIE. — Corcus olgéiiens supposés propres àjournir une matière linctoiuilc. Lettre adressée à l'occasion d'une comuiunicatioii récente de M. Le Mulier, par W . CoiXDK. « L'Académie me permettra de lui rappeler, à l'occasion de cette communication, mes cinq ou six communications sur les Pucerons et les Gallinsectes d'Algérie, et d'ajouter que je les ai accompagnées d'exem- plaires desséchés adressés directement à M. !e professeur Blanchard, chargé d'examiner ces Notes. Parmi les Gallinsectes que je signalais, et qui, i)our la plupart, ont été recueillis dans la pépinière du Gouvernement à Boue, il s'en trouvait plusieurs possédant au plus haut degré les propriétés tincto- riales de la cochenille, une très-belle espèce, entre autres, que je trouvai sur une grosse courge, et dont ime variété est également parasite du Nerium Oleander. Dans la Note qui en faisait mention, je m'attachais à lairr ressortir la propriété colorante de cette espèce. » (Renvoi aux Commissaires nommés pour la Note de M. Le Mulier : MM. Chevreul et Blanchard.) 51. EvRAn» adresse une Note concernant l'exploitation industrielle des vinasses de mélasse de betteraves. La présence du nitrate de potasse dans ces mélasses avait été depuis long- temps signalée ; mais on ne supposait pas que l'extraction en pût être rémunératrice, M. Evrard l'obtient par un procédé très-simple, qui consiste à recueillir et à faire égoutter par la turbine un abondant dépôt cristallin qui se forme dans les vinasses concentrées, et à épurer ce dépôt par des cristallisations. « Les eaux mères, après la cristallisation du nitrate de po- tasse accompagné de chlorure, constituent, dit M. Evrard, un liquide visqueux qui contient encore plus de potasse que celle représentée par le nitrate extrait. La calcination doit donc être opérée pour détruire la matière organique et isoler la potasse à l'état de carbonate. Les produits pyrogénés de cette calcination, en raison de leur richesse en matière azotée, m'ont donné l'idée d'une deuxième industrie qui utiliserait la vinasse de bette- rave, et m'y ont fait voir la matière prédestinée des cyanures. » L'auteur termine en indiquant brièvement le procédé auquel il a songé, et dans lequel il a cherché à mettre à profit ce qu'il a appris dans l'enseignement de M. Pelouze sur la fabrication des cyanures. (Renvoi à l'examen de M. Pelouze.) (377) M. KosMANN' soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé ; « Nouvelles recherches surl'aloès ». (Commissaiies, MM. Chevreul, Balard, Bussy.) CORRESPONDANCE. M. MoRix met sous les yeux de l'Académie uu petit instrument de l'in- vention de M. Herni. de Schlagintiveit. Cet instrument, qu'on peut appeler roulette métrique, dont la circonférence, en rapport exact, soit avec le mètre, soit avec toute autre mesure, permet de déterminer sur des plans, sur des cartes, sur des figures quelconques, le développement des lignes droites ou courbes. « On comprend facilement que ce petit instrument, trés-portatif, peut être utile pour toutes les opérations qui ont pour objet la mesure des lignes, et que, dans beaucoup de cas, il peut donner des résultats d'une précision suffisante. » M. DiTMAS, faisant fonction de Secrétaire perpétuel, présente au nom du même saviint un opuscule sur les températures moyennes et les lignes iso- thermes dans l'Inde, pour l'année et les saisons. [Voir au Bulletin biblio- yraphique.) ^1. 1}i;mas signale encore parmi les pièces imprimées de la correspon- dance : 1° Un Mémoire de M. Eucj. Flachat, intitulé : « Questions de tracé et d'exploitation : comparaison entre un profil à inclinaison de i5 millimètres et un profil à inclinaison de aS millimètres ; — emploi des rails en acier sur les rampes de aS millimètres... » 2° Un Mémoire de M. J.-J.-^N. Perier sur l'ethnogénie égyptienne. 3" Un Mémoire de M. Eucj, Fournier sur la fécondation des Phanéro» games. M. Dumas signale de même parmi les ouvrages en langue étrangère lui Mémoire de Af. de Simone et en donne de vive voix une idée. C'est un opuscule publié sous forme de Lettre, adressée à M. Cristin, directeur de l'Ecole vétérinaire de Naples, sur une maladie qui en Sicile fait périr beaucoup de jeunes mulets. {Voir au Bulletin bibliographique.) L'auteur se trouvant en 18/(7 à Mistretta, province de Messine, y en- ( 378 ) tendit parler pourla première fois de cette maladie qui d'ailieurs n'élail pas nouvelle dans le pays, car depuis plusieurs années elle était un sujet d'inquié- tudes poin- tous les agriculteurs s'occupant de la production des mulets, lis la désignaient sous le nom d' altossaliwa (en italien, attossicamenlo, intoxi- cation), et voici ce qu'ils en disaient : Les jeunes mulets provenant de la première ou delà seconde portée des juments, après être nés sains en appa- rence, n'ont pas plutôt teté leur mère durant quelques jours, qu'ils deviennent malades et meurent. Cela se reproduit même assez souvent après les deux premières portées et tant qu'on donne à la jument un âne pour étalon, (^n avait essayé différents moyens pour obvier à ce mal : ainsi, lorsqu'on faisait saillir la jument attossala, non plus par un âne, mais par un cheval, le poulain vivait d'ordinaire; on avait encore paru obtenir de bons résultais en faisant teter la mère supposée allossala par un mulet né d'une autre mère. M. de Simone apprit de plusieurs propriétaires de haras que ce mal était considéré comme héi-éditaire. Ses observations, interrompues par les événements politiques de 1848, ne lui permirent pas de porter un jugement sur ce point, mais voici ce qu'elles lui apprirent sur d'autres : Quatre viiois environ après la monte, les juments engraissent notable- ment, et cet engraissement est déjà un phénomène morbide. De quatre mois et demi à cinq mois, les mamelles sont énormément distendues par un lait aqueux couleur de sérum qui coule des mamelons. Cela diminue graduel- lement, puis reparait peu de temps avant la mise-bas ; cela ne se voit d'ail- leurs que dans le cas où le produit doit être un mulet, car quand la mère a été couverte par un cheval cela n'arrive jamais (i). Une Lettre de M. de Simone sur ce sujet avait paru en 1861 dans le Journal des races d'animaux domestiques qui se publie à Naples, et fut reproduite dans le Journal de l'École vétérinaire supérieure de Turin. Un peu avant cette publication, deux autres Mémoires avaient paru sur le même sujet, traitant des causes présumées de la maladie et des moyens d'y reméciier. L'auteur en donne l'analyse dans sa nouvelle brochure, les discute et résume dans les propositions suivantes les résultats tant de ses propres observations que de celles d'autres personnes compétentes : « 1" Il n'est pas exact de dire que les juments qui empoisonnent leur pro- géniture n'éprouvent elles-mêmes aucun mal, puisque l'engraissement (i) On a (lit à IM. de Siiiiotn' qiU' l'on a des exemples, rares il est vrai, tle qiuliine cluise de semblable quand c'est une âuesse qui est couverte jiar un cheval. ( 379^ signalé plus haut et le gonflement des mamelles sont évideuuiient des phé- nomènes morbides. » 2° I.e cours de la maladie peut être plus ou moins rapide, mais ne dé- passe guère huit jours. Un des symptùaies fréquents est l'hématurie, mais il est si loin d'être constant, que dans douze cas observés par moi il a manqué dix fois. I) 3° A l'autopsie cadavérique, les principaux organes ne présentent point d'altération grave; communément, ce qu'on observe chez ces jeunes mulets, c'est une coloration en jaiuie du tissu musculaire, l'accumulation (le la bile dans le foie et, quand il y a eu hématurie, la vessie pleine d'un sang noir tibriueux. Les muqueuses gastro-enlériques paraissaient générale- ment dans l'état normal. Dans un cas cependant j'y ai vu tme turgescence assez générale ; dans cpielques points l'épithélium se détachait, dans d'autres il y avait comme une dégénérescence graisseuse, dans d'autres enfin une saillie des follicules, mais sans exsudation ; les glandes de Peyer étaient intactes. » Deux mulets enlevés à la mère et donnés à une autre jument et en partie alimentés avec du lait de vache n'ont pas souffert; ils ont grandi ré- gulièrement et sont restés gais comme ils l'étaient peu d'heures après leur naissance. Trois autres, après huit jours de ce régime, et deux autres après vingt jours, ont été rendus à leur mère et ont teté son lait ; ils sont tous morts, ce cjui ne s'accorde pas avec ce qui était annoncé dans le second des écrits dont j'ai parlé et qui avait été publié par la Société d'Acclimatation. Ainsi il est constant pour moi qu'un éloignemeut temporaire ne suffit pas, mais que le mulet qu'on a retiré à sa mère ne lui doit être jamais rendu. » M. DuM.4.s appelle enfin l'attention sur inie Note du D'' Giov. Polit, qui fait partie du troisième volume des « Actes de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Beaux-x\rts ». Cette Note a pour titre : ■ De l'emploi des sulfites et lijposiilfttes pour prévenir lu maladie dominante des vers à soie ». Les succès obtenus en Italie à l'aide de ce moyeu prophylactique détermineront probablement à l'essayer en France, et comme il pounail l'être, cette année même, pour les éducations tardives, il a paru utile de lui donner quelque publicité, en reproduisant au Compte rendu cette Note, qui a été lue à l'Institut Lombard dans la séance du 22 janvier i8G3. « Une longue série d'expériences, dit le D'' PoUi, m'ayant fait recon- naître dans les hyposulfiles la propriété de paralyser les ferments morbi- ( 38o ) fiques et d'être en même temps très-bien tolérés par l'organisme, je pro- posai à notre illustre collègue le Cav. Vittadini d'en essayer pour les vers à soie. lien fit en effet, le printemps dernier, une expérience sur ime petite échelle, il est vrai, mais conduite, comme on devait s'y attendre de la pari d'un aussi habile naturaliste, c'est-à-dire de manière à donner des résultats très-nets. » Un petit lot de quatre cents vers à soie, provenant d'une graine parfai- tement saine, fut séparé en deux portions placées dans des conditions iden- tiques, à cela près que l'une était alimentée avec de la feuille préparée au sulfite de soude, et l'autre avec la feuille naturelle. » Les deux cents vers nourris avec la feuille naturelle donnèrent des papil- lons malades et dont la graine aussi fut mauvaise. Les deux cents nourris avec la feuille sulfitée (i) se conservèrent tous en bon état, ils montèrent à la branche et firent leur cocon d'une manière satisfaisante, et les papil- lons donnèrent une graine reconnue saine. » Ces résultats m'ayant été communiqués par le D"^ Vittadini, en sep- tembre dernier je proposai à un de mes amis, l'abbé F. Canctta, qui faisait une petite éducation automnale sur les bords du lac IMajeur, de répéter l'essai : il y consentit et me communiqua les résultats obtenus dans la Note suivante, que je transcris textuellement : « Au mois de septembre 1862, M. Meynard de Valreas m'expédiait deux )' onces de graine de vers à soie, qui devaient, m'assurait-il, éclore le 9 » du même mois. La froide température de ces jours-là retarda un peu )i l'éclosion, mais elle fut complètement terminée du i3 au i4- Jusqu'à la )i troisième mue, les vers furent très-beaux et sans aucun signe de la ma- » ladie; à la quatrième, un peu de noir commença à se montrer, et quel- » ques vers à diminuer au lieu de grossir. » Quand le D"^ Polli m'eut envoyé de Milan le sulfite de soude qui devait » servir à l'expérience, je fis aussitôt prendre sur les claies quatre cents » vers ayant passé la quatrième mue, en les choisissant aussi égaux que pos- 1' sible en grosseur et en apparence de santé. Je les plaçai sur deux claies, » deux cents sur chaque, et les maintins dans des conditions identiques d'air (i) La préparation consistait à immerger de quelques centimètres, et pendant cinq à six heures, le gros Ijout d'une jeune brandie de mûrier garnie de ses feuilles dans une solution aqueuse d'une partie de sulfite de soude dans dix parties d'eau. La solution pénétrait promp- tement, jiar voie d'absoiption, dans le parenchyme des feuilles, qui étaient alors détachées et données aux vers à soie. (38. ) 1) et de traitement, aûn que les résultats fussent comparables. Ayant dissous » le sulfite de soude dans lo parties d'eau, je plongeai dans la solution » quelques rameaux de mûrier chargés de feuilles en quantité suffisante « pour fournir un repas à deux cents vers. Deux fois le jour, matin et soir, » je donnais aux vers à soie de l'une des claies la feuille des rameaux qui )i avaient été dans la solution indiquée durant vingt-quatre heures (et » pas davantage, car au delà la feuille se pâmait), et quatre autres fois, » c'est-à-dire deux fois de jour et deux fois de nuit, je leur donnais de la » feuille naturelle. » Les vers placés sur l'autre claie avaient aussi leurs six repas servis aux » mêmes heures, mais tous avec la feuille naturelle. » Après quelques jours, mes deux cents vers nourris avec la feuille sul- " fitée étaient beaux et bien vifs, pendant que les autres, bien qu'assez » beaux, étaient comme endormis et presque immobiles. » Tous les vers ont continué à manger pendant douze jours après la » quatrième mue, et alors quelques-uns ont commencé à filer. En quatre » jours les vers traités avec la feuille sulfitée m'ont donné 107 cocons, » ceux de l'autre division seulement 19. Les autres, c'est-à dire les » quatre-vingt-treize de la première brigade et les cent quatre-vingt-un de » la seconde, ont été encore laissés plusieurs jours sur les claies et n'ont « donné aucun cocon. Bien est que les autres vers provenant comme ceux- » ci des deux onces de graine m'en ont donné très-peu. Aucun même des » cocons n'a été parfait; tous étaient faibles et légers, et il n'en est pas sorti » un seul papillon, ce que j'attribue à la saison trop avancée et à l'état » des feuilles presque privées d'humidité et ainsi incapables de fournir » une nourriture suffisante. M J'observai également qu'après la mort des vers le corps de ceux qui » avaient mangé de la feuille préparée se desséchait sans se corrompre, pen- » dant que pour les autres la putréfaction des corps se décelait parunepuan- » teur très-sensible. » » Je n'ai rapporté, poursuit le D' Polli, ces deux petits essais que pour appuyer la probabilité de l'utile action qui pourrait expliquer le trai- tement par le sulfite de soude comme moyen de prévenir ou de guérir la maladie des vers à soie et pour montrer dans tous les cas l'innocuité de ce médicament et sa facile tolérance par l'organisme. Il faudrait, je le sais, des expériences plus étendues et plus variées pour établir la valeur réelle de cet agent thérapeutique que recommanderait d'ailleurs une application com- mode et économique. C. R., i863, 2«i« Semestre. (T. LVII, N» 7.) ^ ' ( 382 ) » En vue de ces futures expérimentations, je me permettrai d'indiquer ici quelques-unes des conditions auxquelles il conviendra de se conformer pour obtenir de bons résultats: » i" La dose la plus convenable pour la solution aqueuse est de i partie de sel pour 20 ou 3o d'eau; une solution plus concentrée fait faner trop proniptement la feuille. » 2° L'imbibition des feuilles s'obtient en plongeant dans la solution le bout taillé en bec de flûte de jeunes branches bien chargées de feuilles et en les y laissant environ six heures. On peut aussi imbiber les feuilles détachées et pourvues de leur pédoncule ; on superpose les feuilles, et les pé- doncules, placés côte à côte, sont introduits entre le bord et le couvercle d'un bassin en fer-blanc contenant la solution saline; une heure d'une pa- reille immersion sera suffisante (i). « 3" La feuille sulfitée sera donnée aux vers deux fois le jour, à douze heures d'intervalle, au lieu d'une ration de feuilles naturelles, et on veillera à ce qu'elle soit complètement consommée. Une très-petite quantité de sul- fite de soude doit suffire à produire sur les vers l'effet voulu, d'après ce que nous savons de la dose trouvée efficace et suffisante pour l'homme. Poiu' l'adulte du poids de 5o kilogrammes, la dose ordinaire thérapeutique est de 10 à i5 grammes par jour; ainsi, pour chaque gramme pesant de ver à soie, il ne faudrait pas plus de ~ de milligramme de sulfite dans les vingt - quatre heures (2). Si au sulfite de soude on substituait l'hyposulfite, la moi- tié de la dose suffirait. Celui-ci serait peut-être préférable pour le traite- ment prophylactique. B Pour faciliter les expériences en donnant un moyen expéditif de consta- ter la présence du sulfite, je conseillerai l'emploi d'un papierréactifpréparé à (i) La pratique conduira sans doute à découvrir des uioyens plus commodes et plus cx- péditifs de préparer les feuilles; mais nous devons dès à présent avertir qu'il ne faut pas songer à remplacer l'absorption vitale des feuilles par leur aspersion avec la solution de sulfite de soude, parce que celui-ci exposé à l'air se convertit peu à ])eu en sulfiUe qui est amer, purgatif et nullement antiseptique ; d'ailleurs, pai- suite de l'évaporation, la feuille se trouverait couverte d'une efflorescence saline qui rebuterait les vers à soie. (2) La comparaison entre les vers à soie et les mammifères a déjà été faite par MM. Rt- gnaultet Reiset dans leurs « llecherdies surla respiration » [.Innnlcs de Chimie et de Physique. août i833). La fonction respiratrice, en tant que consommation d'oxygène et formation d'a- cide carbonique, fut trouvée, à poids é^al, aussi active dans les vers à soie que dans les •Tiammifèrcs et les ijrands oiseaux. ( 383 ) peu près comme le papier ozonométrique, c'est-à-dire de bandes de papier Joseph trempé dans une solution de i partie d'iodiue potassique, i d'amidon et 3oo d'eau; le papier une fois séché est bleui par une immersion rapide dans le chlore. Ce réactif est d'une extrême sensibilité et permettra de constater dans inie goutte d'eau, et même d'un liquide coloré, la présence d'un dixième de milligramme de sulfite et même d'un vingtième si la teinte du papier est légère. Avec ce moyen on pourra suivre exactement le pas- sage des sulfites tant dans les feuilles de mûrier que dans le corps des vers à soie et dans leurs humeurs. Cela servira à guider dans les recherches qui sembleraient utiles pour arriver à la détermination du mode d'action du médicament ou pour en diriger l'emploi. « Nous accueillerons avec reconnaissance, M. Vittadini et moi, toute ob- servation qui tendrait à rendre plus concluants les résultats des expériences que nous devons faire au printemps prochain et que nous nous empresserons de communiquer à l'Académie ; l'efficacité des sulfites pour arrêter ou prévenir la fermentation morbide étant un fait bien établi, les résultats obtenus de leur emploi ne pourront manquer de jeter du jour sur la maladie des vers à soie. Si nos essais ne réussissent pas, ce sera luie preuve que la maladie n'est pas de nature septique, dissolutive ou fermentative, attendu que l'action des sulfites peut être considérée comme une sorte de rénclij nosologique au moyen duquel on explore le caractère d'une classe donnée de maladies. Si le caractère soupçonné ne s'y trouve pas, on saura que c'est d'un autre côté qu'il faudra chercher. Si le résultat, au contraire, est favorable, le champ des recherches sera circonscrit; on pourra pénétrer plus profondément dans la nature du mal et on sera en meilleure condi- tion pour trouver le traitement convenable. » M. Rayer transmet une Lettre de M. Thury, qui prie l'Académie de vou- loir bien faire examiner par une Commission les faits qu'il a consignés dans son Mémoire « sur la loi de la production des sexes ». '( J'ajouterai à l'appui de la demande de M. Thury, dit M. Rayer, que notre confrère M. Boussingault m'a écrit qu'il allait répéter sur l'espèce bovine une expérience faite récemment en Suisse, et qui a confirmé les faits annoncés par l'auteur. Mais pensant qu'une expérience semblable, faite sur une très-grande échelle, serait seule propre à juger la question, j'ai prié notre confrère M. le Maréchal Vaillant d'obtenir de l'Empereur l'autoiisation nécessaire pour que cette expérience fût répétée dans les fermes agricoles 5i. ( 38/, ) dépendant du ministère d'État, et à sa demande Sa Majesté s'est empressée de l'accorder. » (Commissaires, MM. Boussingault, Rayer, Bernard, Maréchal Vaillant.) MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'état de l'atmosphère pendant la première (juinzaine d'août, d'après les renseignements recueillis à l'Observatoire impérial de Paris. Note de M. Marié-Davy, communiquée par M. Le Verrier. « La température a été notablement élevée pendant cette période, parti- culièrement le dimanche 9 août, où le thermomètre a atteint 36 degrés à l'Ob- servatoire. L'Observatoire étant l'un des points de Paris où la température s'approche le plus de celle que l'on observerait en rase campagne, sur beau- coup d'autres points de la ville la température a pu monter à 38 ou 39 degrés, même à l'ombre, sous l'influence de la réverbération du sol et des édifices voisins. Il en résulte que, si l'on compare ces dernières températures avec les documents conservés dans la science et recueillis à l'Observatoire depuis une longue série d'années, on peut être amené à considérer cet été comme beaucoup plus exceptionnel qu'il ne l'est en réalité. La température élevée du 9 a d'ailleurs été de très-courte durée, ainsi qu'on peut le voir par le tableau suivant, contenant les températures maximum et minimum des seize premiers jours d'août : Jates. Minimum. Maximum. I ,2,5 24,1 2 4,0 26,2 3 l4,2 25,8 4 i3,5 28,7 5 16,9 27,6 6 16,6 25,9 ■3 •4.3 26,0 8 16,9 29.7 9 16,8 35,9 10 .6,4 3o,o 1 1 16,0 28,, 13 i3,4 25,6 i3 14,6 3. ,4 '4 14,0 27,1 .5 ,6,4 3,,, 16 16,8 27,1 « Il est a remarquer que les plus fortes clialeurs ont toincidé avec l'ap- ( 385 ) parition de tourbillons plus ou moins intenses qui ont abordé l'Europe par ses côtes occidentales, et l'ont traversée de l'Ouestà l'Està des latitudes iné- gales. Sur les cartes météorologiques construites chaque jour, on constate pour le 8 l'existence d'un semblable mouvement de l'air sur l'Ecosse et l'Irlande où la pression est descendue à 761 millimètres à Nairn,etoù le vent souffle avec assez de force dans des directions qui varient de l'O.-N.-O au S. -S. -E. La France est restée en dehors du mouvement pendant les journées du 8 et du 9 ; la pression s'y est élevée à 7G7, le vent s'y est montré faible et indécis, ce qui a contribué à rendre la chaleur plus pénible. Peu à peu, cependant, l'agitation s'est propagée jusqu'à nous, et le mélange des diverses couches de l'atmosphère a fait tomber le thermomètre à 25",G, maximum du 12. » Un semblable phénomène vient de se produire, mais avec plus d'éner- gie et à une distance plus rapprochée de nous. )) Le 1 3, un tourbillon semblait se montrer vers les côtes Ouest de France et d'Angleterre, mais il fut promptemcnt dominé par un autre qui se des- sina nettement le i4 à lOuest des côtes d'Irlande. Ce jour-là le thermomètre descendait à 754, G à Valentia (S.-O. d'Irlande). Le lendemain i5, le phé- nomène avait marché vers le N.-E., et le baromètre marquait 74(2 à Gal- way et à Greencastle. (Toutes ces pressions sont ramenées au niveau de la mer.) Le mouvement cette fois n'avait pas seulement envahi l'Angleterre, il s'étendait jusque sur le nord de la France. A Paris toutefois l'agitation était encore très-faible à la surface du sol, le thermomètre atteignait 3i degrés, tandis que les nuages qui couvraient le ciel témoignaient de l'agitation des régions élevées de l'air. Le dimanche iG, les documents anglais font défaut, mais la forme des courbes isobarométriques qui traversent le nord de la France et la Hollande font présumer que le centre du phénomène est sur l'Ecosse. Aujourd'hui lundi 17, nous le retrouvons sur la mer du Nord; et probablement nous le verrons les jours suivants traverser le Danemarlv, le midi de la Suède et de la Baltique, puis redescendre vers le S.-E. du côté de la mer Noire en s'effaçant graduellement. C'est là du moins la marche assez ordinaire du phénomène quand il aborde l'Europe aux lati- tudes de l'Irlande. )) Le mélange assez vif des diverses couches de l'atmosphère, produit par un tourbillon dont l'axe de rotation n'est jamais vertical, amène nécessaire- ment un abaissement de température, une condensation de vapeur d'eau e! l'apparition des nuages. Mais il y a loin de là à l'effet qui serait produit par l'invasion des alizés du S.-O dans nos régions. L'air est encore d'une ( 386 ) grande sécheresse, et son état hygrométrique ne dépassait pas 0,4 aujonr- d'hui à 3 heures. Aussi n'avons-nous jusqu'ici nulle part dans l'Europe occidentale de véritables pluies de quelque étendue, mais seulement des grains très-circonscrits et d'une faible durée; tandis qu'il n'est pas tombé une goutte d'eau à l'Observatoire, il a plu momentanément en divers points autour de Paris. » En ce moment, la pression est faible sur la mer du Nord (752 à Scar- borough; moyenne, 761 à 762, sur la France; un peu faible sur les côtes nord de la INIéditerranée, 769 à Barcelone ; assez forte sur les côtes du Por- tugal, 766 a Porto. » << M. Le Verrier communique en même temps les Bulletins météoro- logiques publiés par l'Observatoire depuis le i^' août. » PATHOLOGIE, — Nouvelles recherches sur les infusoires du sang dans In maladie connue sous le nom de sang de rate; par M. C. Da vaine. (Communiquées dans la séance du 10 août i86'i.) Fin de la Note. Après avoir dit que pendant la période d'incubation, c'est-à-dire tant que les bactéries n'ont pas encore paru dans le sang de l'animal inoculé, ces bactéries ne pourraient être propagées et la maladie du sang de raie ne pourrait être communiquée par l'inoculation à un autre animal, M. Da- vaine ajoute : « L'expérience suivante confirme ces vues d'une manière péremptoire. » Un lapin que je désignerai par la lettre A, adulte et très-vigoureux, fut inoculé avec trois ou quatre gouttes au plus du sang d'un lapin infecté de bactéries et encore vivant. Quarante-six heures après l'inoculation (le terme moyen de la mort étant outre-passé de six heures), j'examinai avec soin le sang de ce lapin A et je n'y trouvai aucune bactérie. Je tirai alors des veines de l'oreille douze à quinze gouttes de sang qui furent injectées dans le tissu cellulaire sous-cutané d'un autre lapin âgé d'environ deux mois et demi et que je désignerai par la lettre B. Neuf heures après cette inoculation, j'examinai de nouveau le sang du lapin A, et j'y constatai la présence d'un grand nombre de bactéries; immédiatement je tirai des veines de l'oreille un certain nombre de gouttes de sang que j'injectai dans le tissu cellulaire sous-cutané d'un autre lapin, frère du lapin B et de même grosseur que lui. Je le désignerai par la lettre C. M Une "heure environ après cette inoculation, le lapin A mourut ; vingt ( 387 ) heures après, le lapin C, le dernier inoculé et avec le sang contenant les bactéries, mourut aussi. L'examen de son sang permit d'y constater la pré- sence des bactéries. Quant au lapin B, inoculé avec le sang du lapin A quarante-six heures après l'inoculation de ce dernier, dix heures avant sa mort, et lorsque son sang ne contenait pas encore de bactéries , le lapin B est vivant et bien portant aujourd'hui, huit jours après l'inoculation ; or, la plus longue durée de la vie après l'inoculation du sanrj de rate a été, parmi toutes nos expériences, de soixante dix-sept heures, soit trois jours. » Il n'est pas besoin, je pense, de faire ressortir par un résumé des faits exposés ci-dessus le rôle des bactéries du sang de rate. Personne, sans doute, dans l'état actuel de la science, ne cherchera en dehors de ces corpuscules l'agent de la contagion, agent mystérieux, insaisissable, qui se développe- rait et se détruirait dans les mêmes conditions que les bactéries, qui joui- rait des mêmes propriétés physiologiques qu'elles. Cet agent est visible et palpable ; c'est un être organisé, doué de vie, qui se développe et se pro- page à la manière des êtres vivants. Par sa présence et par sa multiplication rapide dans le sang, il apporte dans la constitution de ce liquide, sans doute à la manière des ferments, des modifications qui font promptement périr l'animal infecté. " L'étude des bactéries du sang de rate soulève d'autres questions qui ont fait aussi l'objet de mes recherches ; mais les résultats en sont encore trop peu précis pour que j'en entretienne aujourd'hui l'Académie.» PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie de la double réfraction; par M. DE Saint- Venant. « Dans une Note du 3 août (p. agi), M. Ch. Galopin, de Genève, adopte, en les rendant analytiquemeut plus rigoureuses, les considérations du § I" d'un Mémoire du 20 mai i83g [Mémoires de l'académie des Science^, t. XVIII), où M. Cauchy montrait qu'au moyen de quelques hypothèses ou pouvait tirer des équations de son Mémoire de mai i83o sur la hunière [Exercices, t. V, et Bulletinde Férussac) des résultats conformes à la supposi- tion deperpendiculariîédes vibrations aux plans de polarisation, de Fresnel. Il paraît penser que la manière différente dont Cauchy arrivait à la siuface d'onde de Fresnel vers la fin de son Mémoire de i83o exige absolument qu'on fasse arbitrairement nulles certaines constantes A, B, C, c'est-à-dire les pressions primitives dans le fluide éihéré Nous croyons devoir présenter ( 388 ) sur ce sujet les observations suivantes, dont les éléments sont fournis par notre Mémoire du i6 mars 1863. Avec les notations de M. Galopin, on a pour l'équation de Cauchy, donnant les vitesses de propagation ± w des trois paires d'ondes planes dont la normale commune tait les angles Z, ni, n avec les coordonnées rectangles x, y, z, prises perpendiculairement aux trois plans de symétrie de contexture qui existent dans le milieu : en posant, quand on néglige les termes d'ordre supérieur régissant la dif- férence des couleurs, G'= {A + L)cos=/+{B-|- R)cos'm + (C+Q)cos'/(, Ç= (P + P')cosmcos«, H'= (A + R)cosV+(B+M)cos'to + (C + P) cos'n, 5 = (Q + Q') cos« cos/, r = (A + Q) cosV+ (B + P)eosvw + (C + N)cos'«, 5 = (R + R') cos/ cosw; formules où A, B, G sont les composantes, suivant les x, j', z, divisées par la densité p de 1 éther, des pressions qui s'exerçaient dans l'élher sur l'unité superficielle de petites faces perpendiculaires à ces coordonnées, antérieu- rement aux déplacements moléculaires qui y sont provoqués par l'ébranle- ment (ou les composantes que nous appelons p^x, p^y, plz à notre extrait du tome LVI, p. 4/5); » L, M, N sont les quotients, par la même densité p, des coefficients d'élasticité directe (que nous appelons a^cxxxi ^r/m ^"sz)? c'est-à-dire des rapports des composantes normales de pression développées par les dila- tations de même sens x, j, z à ces dilatations; » P, Q, R sont les quotients par p de ce qu'on nomme les élasticités tan- gentielles (a,.j^.-, a-j..^., a.xyxy) on '^s coefficients de glissement ou de torsion, rapports des composantes tangentielles py., ^„, p^y aux glissements de même sens, c'est-à-dire aux petits changements de grandeur des angles pri- mitivement droits des petites lignes matérielles j et z, z et x, x et y; » Enfin P', Q', R' les quotients par p des élasticités latérales (aj.^.„, a^.^^, •Axxyy), coefficients que nous ne faisons pas ici égaux à P, Q, R, afin de montrer que les résultats ci-après peuvent être accommodés à l'opinion de ceux des géomètres qui leur croient des valeurs différentes. » Pour obtenir donc, en iSSg, la perpendicularité des vibrations aux plans de polarisation, ainsi que l'égalité, aussi supposée par Fresnel, des vitesses de propagation pour les vibrations de même direction, Cauchy, (389) suivi en cela par M. Galopin, égale la vitesse y/B + R, fournie par la for- mule (i) pour l'onde plane parallèle aux xj dont les vibrations sont paral- lèles aux JT, à la vitesse y/C + Q de l'onde plane parallèle aux zjr dont les vibrations sont aussi parallèles aux ar, et ainsi des autres, ce qui leur donne, en appelant a, b, c ces trois vitesses de propagation principales, C+Q = B + R = «', A + R = C + P = l5>^ B + P = A + Q = c=. Or, il en résulte A-P = B-Q = C — R; en sorte que les pressions normales principales A, B, C, antérieurement aux ébranlements de l'éther, se régleraient dans l'intérieur d'un cristal biréfrin- gent, de sorte que leurs différences B — C, C — A, A — B soient justement égales aux différences Q — R, R — P, P — Q entre les trois élasticités tan- gentielles ou de résistance au glissement. » Aucune relation pareille n'existe dans les solides entre les pressions primitives et les coefficients des réactions élastiques mises ultérieurement en jeu. On ne saurait concevoir aucune loi d'action moléculaire qui fournisse des relations d'un pareil genre, même dans l'éther, où il y a bien plus lieu de penser que la pression primitive, égale sur les diverses faces du cristal, est aussi la même en tous sens dans son intérieur à l'état naturel. Nous ne pensons donc pas qu'il y ait aucunement lieu de prendre les relations pré- cédentes entre A, B, C, P, Q, R pour base d'un accord entre l'analyse des mouvements vibratoires et la théorie de Fresnel, dont l'opinion sur ce point n'a pu être l'objet «^'aucune confirmation expérimentale. >) Heureusement qu'il n'est nullement nécessaire d'y recourir pour obte- nir la surface d'onde qui résume si bien les découvertes les mieux avérées de notre grand physicien. On peut même, comme nous nous en sommes assuré, sans supposer nulles les constantes A, B, C ou les pressions antérieures p^ar, phi ^s-' comme Cauchy le faisait pour simplifier en i83o (p. 5i), rendre l'équation du troisième degré (i) décomposable en une du premier degré et une du deuxième de la forme connue qu'on veut obtenir, et cela exactement et non approximativement, ou sans supposer, comme Cauchy (1839), que a, b, c ou P, Q, R diffèrent infiniment peu les uns des autres. » Faisons, en effet, pour abréger, A cos*/-|- B cos^;/( + Ccos'« = p,,, c'est-à-dire appelons po la pression primitive (divisée par p) sur l'unité c, R., i863, 2"'« Semestre. (T. LVII, N» 7.) ^2 ( 390) superficielle de tout plan parallèle aux oncles, et supposons qu'avec les rela- tions suivantes de Cauchy, adoptées par M. Galopin, (a) (M-P)(N-P)-(P+P')-=o, (ê)(N-Q){L-Q)-(Q+Q')==o, (7) (L-R){M-R)-(R4-RT=o, on ait cette quatrième relation, aussi de Cauchy (i83o, p. 67), (0") (L-Q)(M-R)(N-P)+{L-R)(M-P)(N-Q)-2(P + P')(0 + Q')(R+R') = o; alors l'équation (i) pourra être réduite identiquement (ou sans se servir de cos -l + cos- m -h cos^ n^ i) à. {., (« p, Lco. ^ Mcos/«-Ncos«)| +(QRcos=/+PRcos=,„+PQcos'«)(cos^/+cos^'" + cosv,) car si on appelle pour un instant «, S, 7, c?, s les premiers nombres des cinq équations qu'on vient d'écrire, il est facile de reconnaître, par des dévelop- pements comparatifs, que l'équation (i) peut s'écrire 1 + a(G'— W-) cos'm cos-« + ê(H'— w") cos'/j cos^l) _ ^ ~ I +'/(l' — M^) cos'lco&'m — S cos'lcos' m cos^ n \ en sorte que, par suite de a, ê, 7, â nuls, elle se réduit bien à £ = o ou à l'équation (s). « Or, cette équation [s) se décompose en deux autres : » 1° w'= (A + L)cos-/4-(B + M)cos'm4-(C + N)cos=«, qui donne les vitesses de propagation des ondes à vibrations presque nor- males et non lumineuses ; » 2° L'équation du quatrième degré résultant de l'a^olade de (s) égalée à zéro. Si l'on y met pour p^ sa valeur A cos' / + B cos' m + C cos' « , elle représente, en coordonnées polaires l, m, n pour les angles, et w pour le rayon vecteur, la surface polaire réciproque de celle des ondes lumi- neuses, par rapport à la sphère et l'équation en coordonnées ordinaires de cette même surface réciproque du quatrième degré s'obtiendrait en divisant tout par 0/ et remplaçant ces' / cos' m ces' n pai ( 391 ) » Mais comme on peul l'écrire, vu cos- / + cos^ + m -\- ces- « = i , cos' / cos- m COS" n on voit que lorsque la pression p^, antérieure à tout déplacement, est indé- pendante de /, m, n, ou la même en tous sens, comme dans l'éther autour du cristal, c'est-à-dire quand A = B = C (ce qui est une hypothèse incom- parablement plus plausible que B — C=Q — R, C — A = R — P), on voit que la surface en question est de même forme que la polaire de l'onde de Fresnel, et que cette onde s'en déduit exactement par une analyse connue, en faisant préalablement » Nous avons montré ailleurs (même Mémoire du 16 mars) que lorsque les élasticités dans les trois sens, représentées par L, M, N ou par P, Q, R, n'avaient entre elles que des différences, non pas infiniment petites ou très-petites du premier ordre (comme Cauchy, 1839, et l'auteur de la Note de i863 le supposent), ce qui est un peu loin de la réalité pour certains cristaux, mais n'excédant pas la moitié ou les deux tiers de leurs grandeurs, et tout le monde peut le vérifier numériquement, que les relations (a), (S), (7), ((?) de Cauchy diffèrent très-peu de 2P + P'=v/MN. 2Q + Q'=v/NL, 2R + R'=v/LM, qui donnent le mode de distribution le plus naturel des élasticités autour de chaque point, et qui expriment avec une grande approximation que l'éther se trouve à l'état de simple inégalité de condensation en divers sens, qui est l'état où le supposent tous les physiciens d'après les faits, en sorte qu'on peut penser que ces conditions sont toujours remplies, ou exactement ou presque exactement. Nous avons aussi discuté les conditions ou relations, plus simples mais plus nombreuses et moins générales, que G. Green avait proposé d'admettre, et nous avons fait voir que, même sans supposer P = P', Q — Q', R = R', elles devaient imposer l'isotropie, qui exclut la biré- fringence. » Ainsi malgré l'espèce de concession faite en 1839 par Cauchy aux opi- nions contraires à la sienne, ce qu'il y a de mieux jusqu'à présent, pour concilier les résultats de la théorie de l'élasticité avec les faits et les lois dont nous devons la révélation au génie de Fresnel, est ce qui a été pro- posé par Cauchy à la suite de ses admirables travaux de i83o, au cas où l'on tient compte d'une pression ^o t'a'is l'état naturel ou antérieur aux déplacements moléculaires. » 52.. ( 39^ ) CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles obsewatioiis concernant l'action du chlorure de zinc sur l'alcool amjlique ; par M. Ad. Wi'RTz. « J'ai pris 6 kilogrammes d'alcool amyliqiie du commerce, et l'ayant soumis à la distillation fractionnée, j'ai séparé d'abord tonte la partie bouillant avant 128 degrés; j'ai recueilli ensuite ce qui a passé entre 128 et i32 degrés; puis j'ai continué la distillation jusqu'à ce que le thermo- mètre se fût élevé à i38 degrés. Le résidu qui devait renfermer les alcools supérieurs pesait 120 grammes. » Après l'avoir mis en contact avec la potasse caustique, je l'ai distillé au bain de sable à siccité, et j'ai chauffé ce qui a passé pendant deux jours avec delà potasse caustique à 120 degrés, en vase clos. Du liquide ainsi purifié j'ai pu retirer par distillation fractionnée 3o grammes d'un liquide passant de i4o à 160 degrés et 17 grammes d'un liquide passant de r6o à 210 degrés. >) La partie passant de i4o à 160 degrés possédait à peu de chose près la composition de l'alcool hexylique (caproique). Il renfermait C = 69, 5 et H = i3,/|. Théorie, C = 70, 5; H = i3, 7. On a donc pu retirer de cet alcool amylique brut -j pour 100 environ d'alcool caproique. » La partie du liquide qui avait passé de 128 à i32 degrés a été soumise à l'ébuUition pendant quatre jours avec de la potasse caustique, puis dis- tillée. Le produit, séparé de l'eau, ayant été distillé, on a recueilli ce qui a passé de i3o à i32 degrés. On a obtenu 3oio grammes de ce liquide, qui possédait exactement la composition de l'alcool amylique : C = 68,i2; H = i3,8o. Théorie, 0 = 68,19; H = i3,63. » I kilogramme de cet alcool amylique pur a été mis en digestion pen- dant vingt-quatre heures avec 2 kilogrammes de chlorure de zinc fondu ; puis le tout a été distillé. Le produit, condensé dans un réfrigérant de Liebig et dans un récipient bien refroidi, a été séparé de l'eau et distillé. On a séparé d'abord ce qui a passé avant 5o degrés et on l'a mis de coté ; puis on a recueilli ce qui a passé de 5o à i3o degrés et on a fait chauffer cette portion pendant douze heures avec un excès de sodium, en ayant soin d'ouvrir de temps en temps la pointe effilée du ballon pour laisser échapper l'hydrogène. Dans une seconde distillation fractionnée, on a recueilli ce qui a passé au-dessous de 53 degrés et on a réuni cette partie à l'amylène qui avait passé au-dessous de 5o degrés; puis on a recueilli a8 grammes d'un produit passant entre 53 et i 10 degrés. Celte dernière (393) portion a été chauffée de nouveau avec du sodiiun pendant dix heures, puis soumise à deux nouvelles distillations fractionnées. Dans la première, on a recueilli ce qui a passé entre 55 et 85 degrés; dans la seconde, on a recueilli ce qui a passé entre 55 et -jS degrés, » En résumé , après quatre distillations fractionnées , on a recueilli i35 grammes d'un produit passant entre 35 et 5o degrés et formé en très- grande partie par de l'amylène, et 8 grammes d'un liquide passant entre 55 et 75 degrés, et formé en très-grande partie par de l'hexyléne. La quantité de ce produit s'élevait donc à près de 6 pour 100 de la quantité d'amylène obtenue, et si l'on voulait admettre que sa formation était due à de l'alcool hexylique, comme le présume M. Berthelot, contenu dans l'alcool amylique réputé pur, il faudrait supposer que cet alcool amylique contenait près de 6 pour 100 d'alcool hexylique, alors que de l'alcool amylique brut on n'a pu retirer que v pour 100 d'alcool hexylique (i). » Une telle supposition paraît peu probable, et il semble plus naturel d'admettre, comme je l'ai proposé, que l'hexyléne se forme, soit par des condensations de molécules entières d'amylène, soit par suite de déchire- ments de certaines de ces molécules et par la fixation des débris sur d'autres. Dans l'expérience que j'ai décrite, j'ai exagéré à dessein la dose de chlorure de zinc pour rendre la réaction plus violente. Je reconnais néan- moins que la présence d'autres alcools dans l'alcool amylique jette une certaine incertitude sur l'interprétation que j'ai cru devoir préférer, et je rappelle ici que dans mes deux communications précédentes j'ai moi-même appelé l'attention sur cette cause d'incertitude. Il est possible, en effet, que l'alcool amylique, purifié avec le plus grand soin, renferme des traces d'autres alcools. » Cependant, tout bien considéré, je ne crois pas que ce soient ces im- puretés qui aient pu me donner les quantités relativement assez considé- rables des autres hydrogènes carbonés que j'ai signalés. Si je n'ai pas dé- montré rigoureusement ce point, je crois l'avoir rendu très-probable. J'ai poursuivi ces expériences ingrates, dans l'espoir qu'elles pourraient jeter (i) Dans celte évaluation on a rapporté la quantité d'hexylène formée à la quantité d'amylène, et on a supposé que ces deux hydrogènes carbonés se formeraient en quantités proportionnelles aux quantités d'alcool hexylique et d'alcool amylique contenues dans un mélange j cela paraît légitime, car on sait que l'hexyléne peut se condenser comme l'amylène, et il est naturel de supposer que le chlorure de zinc agit sur l'alcoof hexylique comme sur l'alcool amylique. ( 394 ) quelque jour sur le mode d'accroissement des molécules des hydrogènes carbonés, et, partant, sur la formation des homologues. » J'ai essayé récemment de les rendre plus démonstratives. Dans le but de fixer sur de l'amylène €H- ou nGH°, j'ai distillé sur du chlorure de zinc un mélange, en cjuantilés équivalentes d'alcool amvlique et d'esprit-de- bois, l'un et l'autre purifiés avec soin. J'ai lavé avec de l'eau le produit qui avait passé, et je l'ai traité par le sodium et soumis à des distillations fi'ac- tionnées, comme je l'ai indiqué précédemment. Sur 35 grammes d'amylène passant de 35 à 5o degrés, je n'ai obtenu, après quatre distillations frac- tionnées, que 3 grammes d'un produit passant de 55 à 77 degrés, soit 8,5 pour 100 seulement. L'expérience est donc peu concluante. » Ayant remplacé l'esprit-de-bois par l'alcool ordinaire, j'ai obtenu, après les mêmes séries d'opérations, sur /Jo grammes d'amylène, passant de 35 à 5o degrés, 7 grammes d'un produit passant de 80 à io5 degrés, c'est-à-dire 17,5 pour 100 de la quantité d'amylène. Ici la proportion de l'hvdrocarbure supérieur est un peu plus considérable, et il semble s'être formé une certaine quantité d'heptylène (ou d'un isomère) par la fixation de G^W" sur CH'". Le produit, qui avait passé de 80 à io5 degrés, possé- dait d'ailleurs une odeur aromatique bien différente de celle de l'amylène. Néanmoins le résultat n'est pas aussi net qu'on pourrait le désirer. Je compte répéter l'expérience en variant les conditions. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur le dosage de la crème de larlre, de l'acide tartrique et de la potasse contenus dans tes vins; par MM. Berthelot et A. DE Fleuriec. « L — Nous avons entrepris d'étudier les acides contenus dans les vins et nous avons commencé par l'acide tartrique, le plus connu d'entre eus. Nous avons cherché d'abord un procédé pour doser la crème de tartre, c'est-à-dire le composé tartrique qui se sépare naturellement des vins, pen- dant leur conservation, et qui s'y trouve en dissolution. Après divers essais, nous nous sommes arrêtés au procédé suivant. » On prend 10 centimètres cubes devin, on les introduit dans un petit matras, on y ajoute 5o centimètres cubes d'un mélange d alcool et d'éther à volumes égaux ; on agite le tout, on bouche et on abandonne le matras pendant vingt-quatre heures à la température ordinaire. Au bout de ce temps, la crème de tartre se trouve précipitée et adhérente aux parois du vase, tandis que les acides, l'eau et le reste des matières contenues dans le vin ( 395 ) demeurent en solution au sein du mélange éfhéro-alcoolique. Ce mélange retient en outre -i milligrammes environ de crème de tartre dont il est né- cessaire de tenir compte. » Pour opérer le dosage, on décante la liqueur, on la jette sur un petit filtre : on lave le précipité par décantation, dans le matras même, avec une petite quantité du mélange étliéro-alcoolique, que l'on jette sur le même filtre. On place ce filtre sur le matras, on le perce, on le lave avec de l'eau, enfin on introduit le filtre même dans le matras; on chauffe, et un moment après on détermine le titre acide au moyen d'une liqueur normale de baryte. » Nous avons établi cette méthode à l'aide d'expériences faites sur une solution aqueuse de crème de tartre à laquelle nous avions ajouté à l'avance lo pour loo d'alcool. Après quelques jours de repos, on obtient ainsi une liqueur comparable à la plupart des vins; elle renferme environ 3 grammes de crème de tartre par litre. L'eau de baryte était titrée de façon que lo cen- timètres cubes de la solution précédente exigeassent environ 5o divisions de baryte. Ce procédé a été vérifié également pour des liqueurs contenant, soit un excès d'acide tartrique, soit de petites quantités d'autres acides organiques. Il demeure approximatif, même en présence d'une proportion considérable d'acides organiques étrangers. Ce n'est qu'en présence d'un énorme excès de ces derniers qu'il cesse d'être applicable. Nous indique- rons plus loin, en parlant du dosage de la potasse, un caractère propre à indiquer les cas de ce genre, d'ailleurs exceptionnels dans l'élude des vins. » II. — En appliquant ce procédé à l'étude de divers vins, nous av((iis trouvé que : » \° Dans certains vins la quantité de crème de tartre contenue en disso- lution était précisément la même que dans une solution saturée de crème de tartre renfermant les mêmes proportions d'eau et d'alcool que le vin. Ce fait a été vérifié notamment sur les vins suivants, dont le titre acide total était sextuple environ de celui de la crème détartre: Formichon 1860 et 18G2 (3 grammes par litre). C'est un contrôle d'autant plus précieux pour la mé- thode, que ces deux vins ne contiennent pas d'acide tartrique libre, tout en renfermant d'autres acides organiques à l'état de liberté. » 2° Dans la plupart des cas, la proportion de la crème de tartre est infé- rieure à celle d'une liqueur saturée. La différence s'élève notamment à moitié dans le Formichon iSSg et dans le Savigny 1860; dans le Médoc i858 et dans le Montpellier ordinaire. Le Savigny iBSg et le Saint-Émilion 1857 ne renferment presque que le tiers de la proportion de crème de tartre nécessaire pour les saturer. Les proportions les plus petites ont été trouvées dans du vin de Savigiiy 1861 qui avait été soumis à la congé- ( 396) lation (moins d'un gramme par litre), et dans du vin de Sauteiiay i858 qui avait éprouvé un commencement d'altération et subi plusieurs collages un demi-gramme par litre). » Dans aucun cas la proportion de crème de tartre n'a été trouvée supé- rieure à celle qui répondrait à une liqueur saturée. » Il n'existe aucune relation entre la quantité de crème de tartre contenue dans un vin et son acidité totale. En effet, dans deux vins de même titre acide et de même titre alcoolique, tels que Formichon iSSget Formichon i86a, la crème de tartre a varié du sinqîle au double. Le chiffre le plus fort correspond a une liqueur saturée de crème de tartre et répond ici au vin le plus nouveau. Ce fait est essentiel, car il montre que les variations ne paraissent pas dues à une action décomposante notable qui serait exercée sur la crème de tartre par les acides libres contenus dans les vins examinés. » Ajoutons encore que du vin de Formichon 1857, conservé depuis ces trois dernières années, d'une part en bouteille, d'autre part dans un ballon scellé à la lampe après y avoir fait le vide, contenait dans les deux cas exactement la même quantité de crème de tartre. u III. — Nous avons pensé que la méthode qui vient d'être décrite pou- vait être apphquée à doser approximativement la quantité totale d'acide tartrique, et même la quantité totale de potasse contenue dans les vins. C'est ce qui résulte des expériences suivantes, » 1" On prend une solution étendue d'acide tartrique, on la partage en deux parties égales, on neutralise exactement une des deux moitiés par la potasse, on mélange les deux liqueurs. L'addition à un pareil système du mélange étbéro-alcoolique susnommé précipite la totalité de l'acide tartrique sous la forme de crème de tartre (sauf la trace de crème de tartre soluble dans le mélange). On peut ajouter à la liqueur de petites quantités d'acides organiques sans altérer notablement les résultats. » 2" D'après ces faits, pour reconnaître si un vin contient de l'acide tar- trique libre, indépendamment de la crème de tartre, il suffit de prendre 5o centimètres cubes de ce vin, d'en saturer 10 centimètres cubes par la potasse, de les mélanger avec les 4o autres, de prendre ~ du mélange et d'y ajouter 5o centimètres cubes du mélange éthéro-alcoolique. Si le vin ren- ferme de l'acide tartrique libre, on obtient un précipité plus abondant qu'avec la liqueur primitive. L'excès d'acidité^du précipité répond à peu près a la moitié du poids de l'acide tartrique libre du vin. Ce procédé a toujours été applicable aux vins que nous avons analysés, parce que leur acidité totale est beaucoup plus forte que celle qui répond à la crème de tartre qu'ils contiennent. Or on ne saurait admettre la coexistence du tarirale ( 397 ) neutre de potasse et d'un acide organique; car une solution de tartrate de potasse, additionnée d'une trace d'acide acétique ou autre, puis traitée par le mélange éfhéro-alcoolique, donne lieu à un précipité de crème de tartre. » D'autre part, nous avons vérifié l'exactitude du procédé en ajoutant au vin de Formichon de petites quantités d'acide tartrique que nous avons ainsi retrouvées dans le précipité. » 3° Eu appliquant cette méthode a l'étude de divers vins, nous avons trouvé que la plupart d'entre eux ne contenaient pas d'acide tartrique libre. C'est ce que nous avons reconnu, notamment avec les vins suivants : For- michon 1860, 1861, 1862; Savigny 1859, 1860, 1861 gelé; Savigny 1862, (Pinot rouge et Pinot blanc); Montpellier ordinaire; Médoc i858; Saint- Émilion 1857. 1) Dans des cas peu nombreux, 1 addition de la potasse a donné lieu à un accroissement de précipité. Ce cas s'est présenté avec Formichon i858 et Brouilly i858 (acide libre égal à la moitié de l'acide contenu dans la crème détartre), et avec Formichon i85c).Dans ce dernier vin, l'acide tartrique libre était double de celui de la crème de tartre, et égal à 2^'', 2 par litre; l'acide tartrique total, tant libre que combiné, = 3s%3: c'est le maximum d'acide tartrique que nous ayons rencontré dans les vins. Le minimiun a été trouvé dans le Savigny gelé 1861 (acide tartrique total = o^'', 7 par litre) et dans le Sautenay i8;")8 altéré (o^'', 4). Dans la plupart des cas, le poids de l'acide tartrique total est donné par celui de la crème de tartre, dont il repré- sente les ~. ■» Cette absence d'acide tartrique libre dans la plupart des vins exa- minés est un fait très-important. En effet l'acidité de la crème de tartre ne représente qu'une faible fraction de leiu* acidité totale. Dans le For- michon i858, par exemple, l'acidité totale (i) équivaut à 7^'',4 d'acide tar- trique par litre, tandis que celle de la crème de tartre représente seule- ment i^% I d'acide tartrique, et celle de l'acide tartrique excédant o^', 5; il y a donc une acidité équivalente à 5^'', 8 qui résulte d'autres acides. L'acide succinique y concourt pour i»"', 5 au plus, d'après les expériences de M. Pasteur, et l'acide acétique pour quelques décigrammes, d'après celles de M. Béchamp. Il reste une acidité équivalente à 4 grammes environ et qui représente des acides fixes, peu ou point connus (2). A ce chiffre il faudrait (1) Cette acidité ne comprend pas l'acide carbonique que nous avons pris soin d'éliminer, et qui d'ailleurs est très-peu abondant dans les vins anciens. (2) ^o/r l'ouvrage de M. Maumené, p. io4 et suiv. C- R., i863, ■X'"'' Semestre. (T. LVII, N» 7.) 53 (398 ) encore ajouter le poids des acides combinés avec les bases contenues dans ie vin. On voit par ces faits jusqu'à quel point l'étude du vin réclame de nou- velles recherches. » CHIMIE APPLIQUEE. — Sur les r/nz conictius dans le vin; par 301. Bertheloi et A. DE Fi,EimiEc. (I Nous avons examiné les gaz dissous dans le vin, principalement en opé- rant sur le vin de Formichon de 1 869, conservé en bouteilles depuis trois ans. Ces gaz sont : 1° l'acide carbonique : sa proportion varie et va en dimi- nuant à mesiu'c que l'on s'éloigne de l'époque de la fermentation; elle était très-faible dans le vin susnommé; 2° l'azote : sa proportion a été trouvée égale à environ 20 centimètres cubes par litre du vin ci-dessus. Ce gaz a été isolé par la méthode de déplacement à froid, en agitant le vin à plusieurs reprises avec son volume d'acide carbonique absolument pur. w Nous n'avons pas trouvé trace d'oxygène dans le vin analysé. Ce vin était d'ailleurs parfaitement transparent et présentait toutes les propriétés d'un vin en très-bon état de conservation. » L'absence de l'oxygène dans le vin examiné est un fait très-important, il s'accorde avec l'existence du principe oxydable signalé dans le vin par l'un de nous et avec la prompte altération que le vin subit sous l'influence de l'air. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la question de l'ncide acétique annoncé comme un produit de la fermentation alcoolique. Lettre de M. Maumexé, présentée par M. Pelouze. !< M. Béchamp vient de signaler la présence de l'acide acétique dans les produits de la fermentation alcoolique. M. Pasteur admet le fait connue exact. 3'ai eu l'occasion d'examiner la question, et je crois que les vins bien faits ne renferment pas d'acide acétique. Permettez- moi de rappeler l'article 728 de mon ouvrage (p. 5 16) : « On trouve dans certains vins de l'acide acétique, et l'on a pu voir, » dans le cours du présent ouvrage, l'action d'où provient cet acide. Sa » détermination demande beaucoup d'attention. Nous avons vu (§ 166 : » que plusieurs personnes regardent comme acide acétique la substance » volatile obtenue pendant la distillation. La volatilité n'est pas à beaucoup « près un caractère suffisant. » Si l'on distille en effet une dissolution d'acide carbonique dans un (399) » mélange quelconque d'eau et d'alcool, le produit de la distillation rou- » gira la teinture de tournesol comme un acide énergique et demandera » pour sa neutralisalion complète une quantité très-notable de soude caus- » tique. Rien de plus facile à comprendre : l'acide carbonique étant beau- » coup plus soluble dans l'alcool que dans l'eau, les premiers produits de » la distillation, qui sont toujours très-alcooliquès, sont riches en acide " carbonique et colorent le tournesol comme de l'acide sulfurique étendu. » On peut s'en assurer d'une autre manière encore : on agite de l'alcool » absolu dansim flacon d'acide carbonique sec ; la dissolution ne change >) pas le moins du monde la nuance du tournesol ; mais ajoute-t-on de » l'eau, sur-le-champ la nuance passe au rouge pelure d'oignon. Ces obser- » varions s'accordent avec celles de M. Malaguti. Les vins de Champagne » dont la fermentation a lieu dans des tonneaux ne renferment pas en gé- » néral d'acide acétique. On n'en trouve plus, en tenant compte de la » remarque précédente. » » J'ai cru pouvoir passer sous silence dans mon livre le fait essentiel qui m'a donné la conviction de l'absence d'acide acétique. Plusieurs fois j'ai neutralisé le produit de la distillation parla potasse, et après évaporation j'ai essayé d'obtenir la production du cacodyle; jamais je n'ai pu déve- lopper la moindre trace d'odeur. » Il me paraît donc au moins douteux que l'acide acétique soit un pro- duit réel de la fermentation alcoolique. Les vins de Champagne sont faits avec les plus grands soins ; ils sont toujours saturés d'acide carbonique de- puis le pressoir, et ils n'ont pas le contact réel de l'air à aucune époque de leur fabrication. On peut les assimiler sans hardiesse aux liqueurs obtenues par fernienlatiou dans le laboratoire, et les regarder même comme plus faciles à maintenir abrités du contact de l'air par la grande quantité d'acide carbonique tenu en dissolution. I/absence d'acide acétique n'est-elle pas, en ces conditions, très-probable? Je la regarde comme certaine. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur lesélhers de la terpine ; par M. Oppenueim. « Pour déterminer jusqu'à quel point la terpine ressemble aux alcools, il importe d'essayer tous les moyens propres à coadiiner cette substance avec des acides oxygénés. » On sait que le chlorure de benzoyie produit avec la terpine des hydro- carbures simples et condensés, et que le chlorhydrate, l'iodhydrate et le 53.. ( 4oo ) hromhydrate de terpiléne, traités avec l'acétate d'argent, donnent naissance au terpinol (i). » Chauffée avec une solution étendue d'acide acétique, la terpincse dis- sout sans se transformer en terpinol, et cristallise par le refroidissement en belles aiguilles. L'acide concentré ne tarde pas d'en régénérer l'hydrocar- bure, comme du reste M. Berthelot l'a déjà fait remarquer, et l'acide buty- l'ique n'agit qu'à aoo degrés en produisant le même effet. » Cependant, lorsque l'anhydride acétique est mise en contact avec la terpine anhydre, on obtient un résultat différent. Si l'on chauffe ces sub- stances au-dessus de t6o degrés, ou pendant longtemps à une température moins élevée, on obtient, il est vrai, d'abord le terpinol, et, en chauffant plus longtemps encore, des hydrocarbures; mais avec des précautions con- venables, cette méthode fournit des quantités plus ou moins considérables du monoacétate de la terpine. » Voici la manière dont il faut opérei'. On inlroduit dans un ballon des équivalents égaux des deux substances, on le ferme à la lampe, et on chauffe jusqu'à i/|0 degrés. De temps en temps on ouvre le ballon pour en retirer quelques gouttes du liquide qu'on mêle avec de l'eau. Tant que l'eau sépare de ce liquide une quantité considérable de cristaux de terpine, on continue à chauffer. Lorsque cette quantité devient très-peu considérable, on in- terrompt l'opération. En général, on doit chauffer de trente à quarante heures. On refroidit le liquide pour en séparer la terpine tenue en solution, on le lave avec de l'eau et avec une solution étendue de carbonate de soude, on le dessèche sur du chlorure de calcium, et on le soumet à l'analyse. Tantôt il constitue de l'acétate assez pur, tantôt il doit être purifié par une distillation fractionnée dans le vide. L'acétate formé distille au commen- cement, à la fin, ou au milieu de l'opération, suivant la nature et la con- densation des substances qui y sont mêlées. Les analyses suivantes ont été faites avec les produits de quatre opérations différentes plus ou moins bien réussies : 1. II. III. IV. Théorie. C 67,63 66, (ji '55,94 66, i3 67,28 H 'ï)49 '">76 iï)'4 — 10,28 » L'eau de baryte transforme ce corps en hydrocarbure. On a dosé la quantité d'acétate de baryte formée. o8'',36o de substance ont fourni 0^% 1 53 de sulfate de baryte, au lieu de o^"", 1^3 que demande la théorie. En tout cas, (1) Voir Comptes rendus, t. LV, p. 4o6, et Bulletin de la Société Chimique, 1862, p. 84. ( 4oi ) si cette méthode n'a pas encore produit l'acétate en état de pureté, elle a mis hors de doute l'existence de cette combinaison. » Le monoacétate de la terpine <ï- H' O | O se décompose par l'éljul- H ) lition; sous 2 centimèlres de pression, il bout de i4o à i5o degrés environ. Son odeur est analogue à celle de l'essence d'oranges, comme celle du fer- pinol, en même temps qu'elle rappelle celle de l'acide acétique. » On a essayé en vain de former des combinaisons de la terpine avec d'autres acides oxygénés. L'acide cyanhydrique anhydre, chauffé avec la terpine à 100 degrés, en dissout plus que deux fois son propre poids, mais il la dépose en beaux cristaux par le refroidissement. » Ces recherches, comme les précédentes, ont été faites au laboratoire de M. Wurtz. » PHYSIQUE. — De la forme globulaire que les liquides et les gaz jjeuveiil prendre sur leur propre surface; par M. S. Meunier. « On ne peut filtrer certains liquides, tels que l'alcool ou l'acide acétique cristallisable, sans donner lieu à la formation de petits globules qui courent en tous sens à la surface du liquide et sont bientôt absorbés par lui. Lorsque je remarquai ce fait pour la première fois, je ne doutai pas qu'il ne fût par- faitement connu ; mais ne l'ayant vu signalé dans aucun livre, et M. Demain n'y faisant aucune allusion dans une communication récente (i) sur un sujet analogue, j'ai cru devoir eu poursuivre l'étude. Je chercherai dans cette Note le procédé le plus commode de formation des globules. » Pour l'alcool, pour l'acide acétique, pour leséthers, etc., on peut pro- jeter le liquide sur sa propre surface au moyen d'une pipette. Les globules sont nombreux, assez gros, et présentent exactement l'aspect des sphéroïdes que M. Boutigny fait naître sur une capsule incandescente. Pas plus que ceux-ci ils ne touchent ht surface sur laquelle ils sont produits, ce qui peut être vérifié directement. Ainsi je projette un sphéroïde d'alcool parfaitement incolore sur de la teinture d'iode fortement colorée eu rouge. S'il y avait contact, le globule se colorerait, tandis qu'il reste absolument incolore. D'ailleurs, en se plaçant convenablement par rapport au jour, on aperçoit sous le globule une dépression bien nette, dépression qui n'aurait pas lieu (1) Comptes rendus, t. LVI, p. !lo3. ( 402 ) dans le cas de contact. T^es globules ainsi formés ont une existence très-éphé- mère (on verra plus loin comment j'ai pu prolonger le phénomène); lorsque l'un d'eux est absorbé par le liquide, ce n'est généralement pas d'un seul coup, mais en plusieurs fois. Après chaque absorption partielle il y a pro- jection, dans le sens vertical, d'une partie du globule, et cette partie, en arrivant au contact de la surface, reforme un petit sphéroïde. Deux globules viennent-ils à se rencontrer et se confondre, il y a de même absorption partielle, projection de matière et formation d'un tout petit globule. a Mais la formation des globules au moyen de la pipette ne réussit qu'avec un petit nombre de hquides. Dans le plus grand nombre de cas, il faut opérer de la manière suivante : on introduit luie baguette de verre sous la surface du liqTiide, puis on soulève une goutte que l'on pose sur celte sur- face. La goutte donne naissance au globule qui se promène sur le liquide pour être bientôt absorbé. En opérant ainsi, tous les liquides que j'ai étudiés ont produit des globules, bien que certains d'entre eux, l'eau par exemple, ne l'aient fait que très-difficilement. >) Tonte difficidté disparait si l'on recouvre le liquide en expérience d'une couche d'un autre liquide avec lequel il ne puisse se mêler. Dans ce second liquide, le globule perd une partie de son poids, et cet allégement se tra- duit par une prolongation de durée et une augmentation de grosseur. Sous le rapport de la durée, les globules donnés par le sulfure de carbone sous l'eau occupent le premier rang; au point de vue de la grossein-, ceux de l'eau sous la benzine sont des plus lemarquables. A l'égard de ces derniers, il y a lieu de signaler la manière dont ils sont absorbés : l'absorption se fait en cinq ou six temps rapprochés et donne chaque fois un globule beau- coup plus petit que le précédent. Disons enfin que, lorsque deux liquides sont ainsi superposés, outre que le liquide inférieur donne des globules nu-dessus de la surface de séparation, on peut forcer le liquide supérieur à donner des globules au-dessous de cette même surface, de sorte que l'on obtient en même temps deux espèces différentes de globules. » La production des globules d'un liquide peu dense dans ini liquide plus lourd m'a cont'uit à penser que les gaz pourraient donner des globules dans les liquides. L'expérience a confirmé cette prévision. De l'eau aérée étant chauffée modérément, des bulles de gaz se sont élevées jusqu'à la sur- face de séparation des fluides et ont présenté toutes les particularités offertes par les glol)ules liquides. F.t c'est parce que je regarde la cause qui main- tient le globule d'air dan--, l'eau connue résidant dans la masse gazeuse et s'exerçant au plan de séparation de celle-ci avec le liquide, que j'ai cru pou- ( 4o3 ) voir, dans le titre de cetle Note, donner au mot surface, en l'appliquant aux deux espèces de fluides, une extension inaccoutumée. » En résumé, il résulte de ce qui précède que la faculté de donner des globules doit être considérée comme une propriété générale des fluides. C'est tout ce que je me proposais de montrer. » ASTRONOMIE. — Résultais des observations d'étoiles filantes, Jaites durant le maximum des 9, 10 eM i août, avec les résultats des jours qui l'ont précédé et suivi; par M. Coulvier-Guavier. Heures Nombre Moyenne Durée Nombre moyennes horaire de Ciel des des des h 3 en 3 Année. Mois. Dates. visible. observations. étoiles. observations. minuit. observations h m h m Éloilos. Etoiles. l863. Juillet. •7 '9 5,0 3,4 I ,00 I ,00 6 7 12,45 I2,3o 6,3 «,4 * "3 22 7.4 1 ,5o •4 10, 3o 10,8 26 8,5 I ,25 '9 3,07 9>i 10,3 27 7,4 1 ,5o 21 2,00 ir,i ) Août. 3 4,0 1 ,00 i5 9,3o 23,0 20,4 4 4,> I ,25 i3 9,37 16,0 5 3,5 0,75 10 9,22 22, 1 6 4,5 2,00 i5 10,00 12,0 1 7 5,0 2,00 4i 10,45 33,7 [ 24, t 8 8,0 3,00 61 10, 3o 26,7 ] 9 7,4 6,00 .67 12,00 3o,5 10 9,0 5,75 739 12,00 121,2 66,7 1 1 8,5 5,75 294 12 ,00 48,6 12 5,5 3,5o II 1 I ,00 46,. j i3 8,0 2,00 61 10, 3o 38,2 35,3 "4 6,0 2,25 35 9,52 20,8 ) « Il résulte de l'examen du tableau ci-dessus, qu'en partant des deux observations des 17 et 19 juillet on a pour nombre boraire moyen à minuit ramené à un ciel serein 7 étoiles 3 dixièmes d'étoile. Ensuite, en prenant la moyenne de 3 en 3 observations, on a successivement pour le 26 juillet 10 étoiles 3 dixièmes d'étoile; puis le 4 août, 20,4 ; le 7 août, a4,i. En- suite, pour la moyenne des 9, 10 et 11 août, on trouve 66 étoiles 7 dixièmes d'étoile; enfin, pour le i3 août, 35,3. » Le tracé de la courbe montre bien la marche ascendante et descendante du phénomène, ou, en d'autres termes, comment le nombre horaire moyen croît et décroît. ( 4o4 ) » Toutes les observations qui sont rapportées dans ce tableau ont été faites en dehors de la présence de la Lune, ou bien durant ces observa- tions la lumière de la Lune était si faible, qu'elle n'a en rien influé sur leur lésultat. » J'ai eu l'honneur de faire observer à l'Académie des Sciences, au mois d'août 1861, que l'année i858 avait marqué le terme de la marche descen- dante du phénomène depuis 1848, époque de sa plus grande hauteur, puis- que nous avions alors pour nombre horaire des 9, 10 et 1 1 août 1 10 étoiles filantes. En 1 858 le nombre était descendu à 3c),3, tandis qu'aujourd'hui nous le trouvons à 66 étoiles 7 dixièmes d'étoile. C'est donc une augmen- tation du nombre horaire moyen à minuit des 9, 10 et 11 août, pour i863, de 27 étoiles L\ dixièmes d'étoile. Nous pouvons donc maintenant espérer de revoir cette apparition d'août dans toute sa magnificence. » M. Lavizzari prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé son Mémoire intitulé : '( Nouveaux phénomènes des corps cristallisés ». (Renvoi aux Commissaires désignés dans la séance du 8 juillet : MM. Regnault, Delafosse, Pasteur.) I^a séance est levée à 5 heures et demie. D. BCLLETIM BIBLIOGRAPHIQCE. L'Académie a reçu dans la séance du 10 août i863 les ouvrages dont voici les titres : Coup iVœil historique sur ta projection des cartes de géographie : Notice hte à la Société de Géotjrnphie de Paris ; par M. d'Avezac. Paris, i863; in-8°. Dépots jurassiques du Languedoc j)yrénéo-méditerrnnéen comparés à ceux des bassins du Rhône et de Paris; par A. -F. NOGUÈS. (Lu à la Société d'Agri- culture, d'Histoire naturelle et des Arts utiles de Lyon.) Lyon, 1862; in-8". Sur le terrain jurassirpie du Languedoc pyrénéo-méditerranéen ; par le même. (Extrait du Congrès scientijicpie de France.) Bordeaux; br. in-8°. Sur le terrain crétacé de Icrcis ; par le même. (Extrait du même recueil.) Bordeaux ; br. in-8°. ( 4o5 ) Notice géologique sur les J Ibères; par le même. (Extrait du même recueil.) Bordeaux; br. in-S". Observations sur le terrain anlbraxifère de In Belgique; par G. Dewalque. (Extrait des Bulletins de l' Académie royale de Belgique.) Bruxelles; br. in-8°. Note sur les fossiles siluriens de Grand-3Ia)iil, près de Gembloux ; par le même. (Extrait du même recueil.) Bruxelles; quart de feuille in-8°. Note sur quelques points fossilifères du calcaire Eifélien; par le même. (Extrait du même recueil. ) Bruxelles ; quart de feuille in-8°. De la fécondation dans les Cryptogames ; thèse préseutéc au coucours pour l'agrégation (section d'Histoire naturelle);prtr Léon Vaillant. Paris, i863; in-8°. Des sucres; par A. Naquet. Paris, i863; in-S". L'Jrt défaire le vin; parC Ladrey. Paris, i863; in- 12. (Présenté au nom de l'auteur par M. Pasteur.) De l'hygiène des ouvriers employés dans les fdatures; par J. PiCARD. Paris et Strasbourg; br. in-8°. Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris; t. I ; fasc. 4- Paris, i 863 ; in-8° avec planches. Mémoires de l' Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon; 2* série, t. X, année 1862. Dijon, i863; in-8°. Memoirs... Mémoires relatifs au relevé géologique de l'Inde : Paleontolo^ia indica, avec figures et descriptions des restes organiques trouvés dans le cours du relevé géologique ; publié par ordre de S. Exe. le Gouverneur général de l'Inde, sous la direction de Thomas Oldham, surintendant du Belevé géologique de l'Inde; 2* série, livraisons 3, 4 et 5. Calcutta; in-4° avec planches. L'Académie a reçu dans la séance du 17 août i863 les ouvrages dont voici les titres : Observatoire Impérial. Bulletins du i"a« \ 6 août j863. Feuilles autogra- phiées in-fol. Longitudes clironométriques des principaux points de la côte du Brésil, rap- portées au premier méridien de Bio- Janeiro; par M. Mouchez. (Extrait des C. R., i863, 2n>« Semestre. (1. LVII N» 7.) ^4 ( 4o6 ) Annales liydwgraphiques.) Paris, i863; in-8°. (Présenté au nom de l'au- teur par M. Duperrey.) De la fécondation dans les Phanérogames; par Eugène FOURNlER. Thèse présentée au concours d'agrégation (section d'Histoire naturelle). Paris, i863;in-8°. De l'absorption dans le bain médicamenteux; par M. REVEIL. (Extrait des Annales de la Société d' hydrologie médicale de Paris, t. IX.) Paris, i86.j; in-S". Sur l'ethnogénie égyptienne ; par J.-A.-N. Perier. (Extrait des Mémoires de la Société d' Anthropologie.) Paris, i863; in-8''. Mémoire sur le service médico-chirurgical de la construction du chemin de fer de Lisieux à Honfleur ( section de Pont-l'Evèque à Quettevitle) ; par le C P.-E. DE Lamotte. Pont-l'Évéque, i863; in-8°. (2 exempl.) Chemins de Jer : Questions de tracé et d'exploitation; par Eiig. FlaCHAT. Paris, i863; in-8°. Remarks... Remarques sur la lumière des météores, en tant qu affectés par la chaleur latente ; par Benj. V. Marsh. (Extrait de V An\ericnn Journal of Science, etc.; va]. XXXVI.) Philadelphie, i863; br. in-8*>. Videnskabelige... Communications scientifiques de la Société d'Histoire naturelle de Copenhague; aimées 1861 et 1862. Copenhague, 1862 el i863; 2 vol. in-8°. Uber die... Sur la température moyenne de i année et des saisons, el le caractère général des isothermes dans l'Inde et la haute Asie; par H. VON SCHLAGINTWEIT. (Extrait des Comptes rendus de l'Académie de Berlin.) Ber- lin i863; broch. in-8". A Gorôg... L'antiquité grecque dans ses rapports avec la question géologi- que ; par G. ScHVARCZ. Pesth, i863; iu-4°. (En hongrois.) Foldtani... Sur les essais géologiques de l'antiquité grecque jusqu'au temps d'Alexandre le Grand; i" volume; par ]e même. Pesth, i863; in-8°. (En hongrois. ) Lampsacusi... Etude sur Straton de Lampsaque ; 2* édition, i'" livraison ; par le même. Pesth, i863; in-8°. (En hongrois.) (Ces trois ouvrages sont présentés au noui de l'auteur par M. d'Archiac. ) Memorie... Mémoires de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres tt Arts; vol. IX, fasc. 3. Milan, i863; in-4°- Atti. . . Actes de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol. III, fasc. II à 14. Milan, i863; ui-4°. Studi... Etudes stratigraphiques et paléonto logiques sur l'infralias dans (es ( 4o7 ) montagnes du golfe de la Spezia; par le prof. Giov. Capellini. Bologne, i86a; in-/i°. Carta. . . Catie géologique du golfe de la Spezia et de la vallée du Magra inférieur ; par le même. (Présentés au nom de l'auteur par M. d'Archiac.) Sul cosi detto... Sur la maladie des jeunes mulets connue en Sicile sous le nom de nttossicsunentoi empoisonnement] ; par le D''Gius. DE SIMONE. Naples, i863;br. in-8°. Eli RATA. (Séance du 3 août i863.) Page 262, ligne az, au lieu rie Usez .^V-K^./.==V-|v'M-^'^ (Séance du 10 août i863.) Page 3i3, ligne 29, au lieu de MM. Pascalis et Jaurès, lisez MM. Fisrjuet, Pascaiis et Jaurès. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 24 AOUT 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MSi:MOmES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, ZOOLOGIE. — Sur la méthode expérimentale en général, et en particulier sur un mode de distribution des espèces zoologiques dite par étages; par M. E. Chevreul. « M. Chevreul, en communiquant à l'Académie un spécimen de distri- bution des espèces zoologiques d'après un mode qu'il appelle par étages^ a résumé d'une manière fort concise un travail d'ensemble sur les sciences dites physiques et naturelles. » Ce travail, partagé en trois livres, sert d'introduction à ses Considérations sur l'histoire de la Chimie. » Il va en donner une idée sommaire en renvoyant au prochain Compte rendu le spécimen de distribution par étages des espèces zoohgicpies, le temps ne permettant pas l'impression des deux tableaux représentant ce mode. a Le P'' livre traite de notions de philosophie générale ; ') Le IP livre, de notions principales du ressort de la Chimie, et des rap- ports de cette science avec les connaissances humaines; > Le IIP livre comprend des notions qui au premier aspect peuvent paraître étrangères à la Chimie, mais qui en définitive s'y rattachent par l'histoire de l'Alchimie surtout. » Les communications faites a l'Académie, par M. Chevreul, ne concer- nent que le F' et le IP livre. C. R., i8C3. î^s S'-meslre. (T. LVII, N» 8.) 55 ( 4io) Livre P"'. — Notions de philosophie générale. » Leur ol)jet est de définir les mots matière, corps, propriétés, fait, et l'expression méthode à posteriori expérimentale, ces définitions étant les élé- ments des notions complexes du ressort du livre II. « Les définitions du livre I" établissent avant tout l'identité existant, (l'une part, entre la notion grammaticale du substantif, de VadjectiJ, et du 'iubstanlif abstrait dérivé de l'adjectif, ou autrement de Vattribut, de la propriété, et d'une autre part, la notion scientifique du corpset de ses propriétés ; car en définitive, ne connaissant le substunlij que par les qualités et les attributs exprimés par des adjectifs, ne connaissant la matière ou les corps que par \eurs propriétés, nous ne connaissons le concret (substantif, matière, corps} que pnvVabstrait (adjectifs, attributs, qualités, propriétés); or ce sont ces attributs, ces qualités, ces propriétés, que scH/emeiU nous connaissons dans le concret, que M. Chevreul définit desjails (i). » Après avoir défini la méthode expérimentale: l'opération par laquelle l'es- })rit institue des expériences propres à confirmer ou à infirmer une suppo- sition qu'il a faite dans l'intention de déduire la cause immédiate d'un phé- nomène sur lequel il a fixé son attention, M. Clievreul passe au livre II de l'introduction. I>ivRK II. — Des notions principales du irssort de la Chimie et des rapports de ectte science avec les connaissances humaines. » M. Chevreul montre l'étendue du domaine de la Chimie pure et de la Chimie appliquée; il insiste sur l'objet qu'elle se propose, de ramener la matière à des types définis par Vensemble de leurs propriétés physicpies, chi- miques et orcjanoleptiques, types appelés ESPÈCES CHIMIQUES. C'est cet objet qui la distingue de toute autre science. >' M. Chevreul, en définissant ensuite l'espèceen Botanique et en Zoologie, montre la différence cpii distingue l'espèce dans les corps vivants, de l'espèce chimique qui comprend l'espèce minéralogique et l'espèce géolo- gique. » S'il existe quelque analogie entre l'étude de l'espèce chimique envisagée au point de vue statique, c'est-à-dire sans qu'elle éprouve de changements, et l'étude de l'espèce virante, d'iui autre côté l'étude de l'espèce chimique en- visagée au point de vue dynamique, c'est-à-dire lorsqu'elle s'unit à une autre (i) Lettres à !\L Viilemain, sur la mithode tt la difinition tin mot fait. Garnier frères, nif des S:iint-Pcres, n" 6. ( 4.. ) espèce, ou, si elJe est composée, lorsqu'eUe se décompose, présente une circonstance dans laquelle ne se trouve jamais l'espèce d'un corps vivant. C'est précisément cette dernière circonstance qui s'oppose à l'ajjplication rigoureuse aux espèces chimiques de la inélliode naturelle à laquelle les espèces des corps vivants sont soumises. » M. Chevreul montre les connexions des sciences dites physiques et na- turelles, en classant celles-ci en deux colonnes dont la première représente la science du concret et la deuxième la science de l'abstrait. Chaque science du concret a, dans la colonne de l'abstrait, une ou plusieurs sciences cor- respondantes : Science Au point (Je vue du concret. Au point de Tuo de Vabsirait. i Attribut. Qualité. Propriété. Chimie Physique. \ Botanique ) relativement à l'étude I Botanique 1 relativement à la méthode ) Zoologie ) des individus ( Zoologis ) naturelle. , . ■ , . ( Anatoniie ] [ Aiiatomie ) Anatomie zoologique { , \ '. ( comparée, j j générale. \ Physiologie zoologique Physiologie comparée. Médecine . . Médecine comparée. Nominalisme Réalisme. » En terminant ce tableau par le nominalisme et le réalisme, et en rap- pelant la définition précédente du mo\. fait, on voit comment la science de l'abstrait sort du concret par la faculté d'abstraire dont l'esprit de l'homme est doué, et comment la science fait retour au concret pour connaître celui-ci, en réunissant à chaque corps, à chaque être, à chaque chose, par la synthèse, ce que l'analyse en avait séparé. » Cette distribution des éléments scientifiques ordonnés conformément aux définitions précédentes des expressions fait et méthode à posteriou expérimentale^ une fois admise, M. Chevreul ne peut accepter des classifi- cations où les sciences, telles que l'esprit de l'homme les a distinguées, sont divisées et subdivisées d'après ce que chaque classificateur appelle le 55.. ( 4l2 ) rationalisme. La division du savoir de l'homme en sciences diverses est la conséquence de la faiblesse de l'esprit humain qui, privé du savoir suprême, ne peut connaître qu'à la condition de procéder successivement par l'ana- lyse d'abord, et par la synthèse ensuite. )i La faculté d'abstraire et la faculté de réunir ensuite par la synthèse les éléments séparés par l'analyse, en plaçant l'homme à une distance si grande des animaux, que l'on a proposé de le placer dans un règne distinct du règne animal proprement dit, il faut reconnaître que ces mêmes facultés le mettent bien au-dessous d'iui être qui serait doué du savoir suprême. » Une fois que les facultés de l'esprit humain, d'abstraire et de réunir ensuite par la synthèse des éléments séparés, sont considérées à ce point de vue, la philosophie ne peut que gagner, en apercevant deux causes d'er- reur menaçant sans cesse l'exactitude des recherches de l'homme occupé à connaître la cause immédiate des phénomènes qu'il observe : » t" Une analyse défectueuse, ne donnant pas des abstractions simples, précises, ou des abstractions complexes définies de manière à prévenir toute erreur ; » 2° Une synthèse défectueuse, pronjpte à réunir des abstractions com- plexes mal définies, et exposée sans cesse à prendre la partie pour le tout. » L'histoire des sciences est principalement instructive quand elle est écrite à ce point de vue, et il faut dire qu'elle eût été bien plus fructueuse pour la connaissance de l'esprit humain et pour les progrès de la raison, si on eût insisté sur les erreurs provenant de la faiblesse de l'esprit, au lieu de s'appesantir, comme on l'a fait, sur ce qu'on appelle si improprement les erreurs des sens. » Avec cette manière de voir, on ne fait plus dans l'histoire d'une science deux périodes distinctes et successives, l'une qu'on appelle période d'analyse ou de division, et une autre qu'on appelle période de synthèse ou d'association, et l'on se garde bien de sacrifier les Aommes qu'on appelle ana- lystes aux /iommes qu'on a])\)e\\e synttiélistes. » CHIMIE AGRICOLE. — Lettre de M. Boussingaclt à M. Chevreul. « Je termine ainsi la première partie des Recherches entreprises pour exa- miner si les feuilles émettent du gaz azote quand elles décomposent l'acide car- bonique sous Cinfluence de la lumière : « De l'ensemble des faits on peut, je » crois, conclure que, pendant la décomposition de l'acide carbonique » par les parties vertes des végétaux, il n'y a ni absorption ni émission » d'azote, et que si les volumes de ce gaz obtenus d'une même plante. (4i3 ) >> avant et après l'exposition au soleil, quoique tres-peu différents, n'ont " cependant jamais été absolument égaux, cela a tenu uniquement à cette » circonstance que, dans chacune de mes expériences, l'atmosphère retirée » des feuilles qui avaient fonctionné à la lumière avait acquis une très- si faible quantité de gaz combustible dont il reste à préciser l'origine : 'I c'est ce qne je ferai dans la seconde partie de ce travail (i). » » Conformément au programme que je m'étais tracé, j'ai commence dans l'été de 1862 une série d'expériences pour constater si, dans l'atmo- sphère, l'oxygène que donneraient les feuilles renfermerait les minimes quantités d'oxyde de carbone que j'avais constatées dans celui dégagé par les plantes submergées. Ce procédé a consisté à faire pénétrer les extrémités de branches attenantes à l'arbre dans une atmosphère formée d'air et d'acide carbonique, et contenue sous une cloche d'une grande capacité. L'air était ensuite examiné, après l'avoir privé de l'acide carbonique. » Les difficultés que j'ai eu à vaincre pour installer les appareils ont été assez multipliées. Aussi, les résultats de 1862 n'ont pas été satisfaisants. J'ai recommencé cette année, et je crois être arrivé à cette conclusion que les feuilles, je puis même dire les branches, en fonctionnant dans des condi- tions aussi semblables que possible aux conditions normales, émettent de l'oxygène qui ne présente pas d'indices du gaz combustible que j'ai constam- ment trouvé dans Toxygène des plantes submergées fonctionnant dans les appareils que j'ai décrits. » Voici un résultat foiuaii par des branches de tliuj^a exposées pendant douze heures en plein soleil. » IjC gaz dépouillé d'acide carbonique renfermait 68 d'oxygène et 32 d'azote. C'est à cet état qu'on la introduit dans l'eudiomètre. Gaz à zéro et pression o"',76 ^Sg, 16 (25'^'',giG) Après introduction de l'hydrogène. . . 33o,o8 Hydrogène 70,92 Devant prendre oxygène 35 , 46 Gaz devant disparaître 106, 38 Après explosion, gaz 223,73 Gaz disparu. . 106, 35 » Ceci s'accorde avec ce que vous avez communiqué à l'Académie. Je (i) Annales de Chimie et de Physique, t. LXVI, p. 428. ( 4'4 ) n'ai pas voulu atfeudre la publication de la deuxième partie de mes Recherches pour féliciter M. Cloèz sur la parfaite exactitude du résultat qu'il a obtenu. Vous trouverez dans celte deuxième partie des faits bien inattendus. » « M. Chevhecl, à la suite de cette Lettre, dit que M. Cloèz a reconnu que les feuilles ne décomposent l'acide carbonique qu'en raison de la ma- tière verte qu'elles contiennent, et que les parties jaunes ou rouges de certaines feuilles ne donnent pas lieu à cette décomposition. C'est ce que M. Cloèz a reconnu en opérant comparativement sous l'influence d'une insolation de deux heures. Il communiquera prochainement ses recherches à l'Académie. » MÉMOIRES LUS. CHIMIE ORGANIQUE. — Sitr la Jorinaùon de rhwuiis cl du nilre; par M. Ch. Bloxdeau. (Extrait.) (Commissaires, MM. Chevreul, Payen, Peligot.) « Il y a vingt ans, alors que j'étudiais l'action qu'exercent les acides, et en particulier l'acide sulfurique, sur la cellulose, je fus conduit à l'observation d'un fait curieux : c'est qu'avant de se combiner à la cellulose, l'acide sul- furique transforme cette substance en une matière qui lui est isomère et qui possède les propriétés les plus remarquables. )) Cette substance, que je désignai sous le nom deyjj/mj'nose, parce qu'étant portée à la température de i4o degrés elle se décompose spontanément en carbqne et vapeur d'eau, possède non-seulement la propriété de se combiner à l'acide azotique et de donner ainsi naissance à la poudre-coton, mais en- core d'absorber avec beaucoup d'activité certains gaz et en particulier l'ammoniaque, l'acide chlorhydrique et l'hydrogène sulfuré, cette absorp- tion se produisant avec dégagement de chaleur et combinaison du gaz ou de ses éléments avec la fidminose. 1) L'absorption de ces divers gaz est généralement accompagnée d'un dégagement de chaleur assez considérable pour prouver l'existence d'une action chimique énergique; et en effet l'ammoniaque se fixe sur la fulminose et produit un composé azoté correspondant à celui qui, avec l'acide azo- tique, constitue la poudre-coton. » Cette puissance absorbante exercée par la fulminose sur les gaz pré- sente beaucoup d'analogie avec la faculté que possède le charbon de bois (4i5) qui, lui aussi, absorbe les gaz, mais en quantité différente; car, d'après nos expériences, nous voyons que la fulminose n'agit énergiquement que sur les gaz qui contiennent de l'hydrogène. » Une seconde propriété, tout aussi curieuse que la précédente, nous est offerte par cette même substance : elle agit à la manière du platine et avec autant d'énergie que ce métal, pour déterminer la combinaison de l'oxy- gène et des gaz combustibles à la température ordinaire. » Toutes ces propriétés se retrouvent avec le même degré d'intensité dans ime autre substance qui est également une modification de la cellulose produite sous l'influence du développement de deux champignons micro- scopiques qui ont été étudiés par MM. Sowerby et Knowles, et auxquels ils ont donné les noms de Xyloslroma cjigantiwn et de Boletiis Incrjmans. » Lorsque le bois se trouve soustrait à l'influence de la force vitale et placé dans des conditions de température et d'humidité convenables, il ne tarde pas à être envahi par une ou deux espèces de mycodermes d'aspect filamenteux, de couleur blanche, et qui, venant s'intercaler entre les couches du bois, puisent dans lintérieur des fibres et des vaisseaux les matières azotées nécessaires à leur développement et laissent pour résidu une sub- stance ayant la plus grande analogie, par ses propriétés et sa composition, avec la fulminose. Lorsqu'on traite successivement par une dissolution alcaline de potasse, par de l'acide chlorhydrique étendu et enfin par de l'eau bouillante un fragment de bois mort de tilleul, ou obtient, comme résidu, une matière blanche très-friable qui, soumise à l'analyse, présente la composition de la cellulose et possède en outre toutes les propriétés de la fulminose. •> Cependant, au premier abord, on serait tenté de croire que ces deux substances ne sont pas identiques. En effet, si l'on traite le bois mort par l'ammoniaque ou l'acide sulfurique, on voit cette substance noircir, ce qui n'a point lieu lorsqu'on opère sur la fulminose; mais cette différence pro- vient de ce que dans le bois iiiort il se trouve diverses sidjstances qui accompagnent la cellulose, \a sclérogciie, entre autres, sur laquelle le végétal mycodermique n'a agi qu'en l'amenant à un état de division tel , que l'acide sulfurique et l'alcali volatil l'attaquent avec la plus grande facilité en donnant naissance à un produit fortement coloré en noir, à réaction légèrement acide, et qui peut, en se combinant aux alcalis et aux bases, donner naissance à des sels, tous de couleiu' noire, tantôt solubles, tantôt insolubles dans l'eau. Lorsqu'on se débarrasse par des lavages successifs ' à l'eau rendue alcaline par la potasse, puis par de l'eau acidulée et enfin par ( 4i6) un traitement à l'alcool, de toutes les matières qui accompagnent la cellu- lose ainsi que des filaments de la substance organisée qui pénètrent en tous sens le bois, on obtient une matière qui alors ressemble complètement à la fulminose et qui ne noircit plus sous l'influence de l'alcali volatil et de l'acide sulfurique. » Les faits que nous venons d'exposer nous permettent de rendre compte à la fois des modifications que le bois éprouve pour se transformer en humus, et du rôle que joue ce dernier dans la nitrification. » Privé de la vie végétale, il ne tarde pas à être envahi par les germes d'un mycoderme, lequel, se développant aux dépens des matières conte- nues dans l'intérieur des cellules et des fibres du bois, le transforme en une substance d'une faible cohésion, isomère de la cellulose, et qui possède la propriété d'absorber les gaz et en particulier l'ammoniaque. Ce dernier, en réagissant sur les débris de la sclérogène, les colore en noir et forme une espèce de combinaison qui, étant soluble, pénètre dans les pores de la cellu- lose modifiée, et lui communique cette teinte noire qui est caractéristique de l'humus. L'ammoniaque et l'oxygène sont condensés par l'humus, et cette condensation développe une quantité de chaleur suffisante pour dé- terminer la combustion de l'ammoniaque et sa transformation en eau et acide azotique; de là production d'azotate d'ammoniaque, qui peut échanger sa base avec la potasse, la soude, la chaux, et former ainsi les divers azotates qui contribuent si puissamment à la végétation. » Les faits principaux contenus dans mon Mémoire se réduisent aux suivants : .1 1° Transformation du bois en fulminose sous l'influence d'une végé- tation mycodermique; » 1° Propriété absorbante exercée par la fulminose à l'égard de certains gaz, et en particulier de l'ammoniaque et de l'oxygène; ' 3*^ Combustion dans les pores de la fulminose des éléments de 1 am- moniaque et leur transformation en eau et acide azotique : cette combus- tion lente est rendue manifeste par la lumière que répand dans l'obscurité le bois mort : ) 4° Identité de l'humus et de la fulminose, le premier de ces corps ne devant sa couleur noire qu'à la substance soluble qui prend naissance par suite de l'action de l'aiiunoniaque sur les débris de la sclérogène ou ma- tière incrustante des cellules. " Tous ces faits, il faut bien le reconnaître, ne sont pas entièrement nouveaux : la plupart, au contraire, avaient été déjà observés. ( 4.7 ) » Mais on n'était pas parvenu à préciser la nature de la substance qni jouissait des propriétés curieuses que l'on avait observées. En démontrant que cette substance n'est autre qu'une modification isomérique de la cellu- lose que nous avions découverle il y a déjà longtemps, nous croyons avoir donné au phénomène de !a nitrificaîion l'inferpréfation la plus simple qu'il puisse comporter. » SIÉ MOIRES PRÉSEî^'TÉS. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Éludes sur révolution des boiiir/eons. {Seconde partie : Des mullipUcalions organiques) ; pnr M. Ch. Fekmond. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniart, Decaisne, Duchartre.) « Dans la première partie de ce travail, nous avons essayé de donner luie idée de l'exastosie, force ou {)ropriété que présente le tissu cellulaire de se séparer pour former les organes axiles et appendicidaires, et nous avons fait voir que les trois formes de cette force, en agissant simultanément, avaient pour effet de délimiter et de circonscrire de petits amas de cellules que nous avons nommés pli) togènes. Un phytogène est donc, dans le principe, un petit amas sphérique de tissu cellulaire capable de se développer en axes et en appendices. Pour comprendre ce phénomène, il faut concevoir cpi'arrivé à un certain degré de développement, ce phytogène, par exastosie, se subdi- vise eu plusieurs autres phytogènes. Comme base à tout raisonnement idté- lieur, nous admettons (ce que nous démontrerons plus tard) qu'il se forme normalement douze phytogènes disposés autour d'un treizième central. Nous distinguons ce phytogène composé qui en résulte par le nom de pro- topliytoijène. » Quand un protophytogène se développe normalement, les phytogènes secondaires sont disposés ainsi qu'il suit : trois'inférieurs, qni entrent dans la composition des mérilhalles; six circuldires et trois supérieurs placés sur les six circidaires assemblés par couples. Dans les monocotylédones, les six circulaires et les trois supérieurs entrent dans la composition du seul cotylédon ou de la seule feuille qui se forme à la fois, et il n'y a exastosie que d'un seul côté par où sort le produit de l'évolution du phytogène cen- tral devenu à son tour protophytogène. Dans les dicotylédones (types), il y a trois exastosies circulaires et formation de trois cotylédons ou de trois feuilles, pur l'assemblage et le développement de deux des phytogènes cir- C. R., i8(i3, 2">« Semestre T. LVII, N» 0.) 56 (4i8) culaireset un des pliytogéncs supérieurs; ces trois organes appeiidiculaires se réduisent souvent à deux opposés, et c'est ce qui constitue l'état normal de la plupart des dicotylédones à feuilles opposées. On voit donc que les pliytogènes simples concourent à la formation des organes appendiculaires, tandis que les j)rotophytogènes servent à former les organes axiles. » Les nouvelles études que nous venons d'entreprendre sur le dévelop- pement des bourgeons nous conduisent à ranger sous le nom de chorises des phénomènes identiques ne différant les uns des autres que par l'état plus ou moins complet du phénomène, ou par le nombre des éléments surajoutés, ou par la disposition de ces éléments : d'où nous avons tiré la division suivante que nous tâcherons de justifier dans le court extrait qu'il nous est permis de faire. idiplasiqucs (J'/^Aas-ioî, double); vrai dédoubleraent. triplasiques (rpi/rA«3-ioî, triple), pollaplasique [-TioXXxivXitno;, multiple). ( diplasiques. centripètes { triplasiques. r^iiuiisL- ues ' i ,, , ■ \ ( pollaplasiques. I ( planes : diplasiques, triplasiques ou pollaplasiques fascies ). \ organes axiles. < circulaires : triplasiques ou pollaplasiques. { sphériques : pollaplasiques. >' Ceci posé, voici ce que l'on peut observer dans l'étude des chorises des axes, que seules nous examinerons ici. » Avant de se constituer protophylogène, un piiytogéne peut prendre les différentes formes de multi[)lications suivantes : )' i" Il peut subir une première division en deux, trois ou successive- ment plusieurs pliytogènes formant plus tard autant de protophytogenes accolés suivant un même plan et qui seront l'origine des fascies. » 2" Dans sa première division, il se peut que trois centres vitaux ou pliy- togènes se forment en se disposant en triangle, et chacun d'eux devenant protophy togène, il en résulte une tige triple. Quelquefois, après s'être divisé à la manière d'un protophytogène normal, chacun des phytogènes circu- laires peut devenir protophytogène à son tour et avant de former les organes appendiculaires ; alors il en résulte autant de protophytogenes ou axes accolés suivant un cercle, et qui seront l'origine d'une anomalie peu con- nue jusqu'à ce jour. Dans ce cas, ordinairement, le phytogène central avorte, et la tige reste creuse. Quelquefois même chaque phytogène circu- laire peut subir l'influence de la diplasic ou de la trijjlasic ou même de la (4i9) ])ollaplasie(rare). Ces divers états constituent alors l'équivalent d'une fascie qui au lien d'être plane est circulaire. » 3° Enfin, il arrive fréquemment que le phytogène étant devenu pro- tophytogéne, chacun des pliytogènes secondaires périphériques devient protophytogène donnant alors des phytogènes tertiaires périphériques, qui deviennent eux-mêmes protophytogènes, et ainsi de suite, accolés sui- vant une portion de sphère, sans donner d'organes appendicnlaires, mais augmentant peu à peu de volume et formant aussi l'équivalent d'une fascie, qui n'est plus ni plane, ni circulaire, mais qui est sphérique. Voilà pourquoi nous avons cru devoir distinguer ces chorises par les dénominations sui- vantes : 1° épipédochorise {iTdTTic^oi;, plan), c'est la fascie des auteurs; 2" cyclochorise (zt/zAoc, cercle), cette chorise n'est décrite nulle part; 3" sphérochorise [G(pxipa., sphère), c'est la loupe ou l'exostose des auteurs. » Ces dénominations ont l'avantage d'indiquer nettement la nature du phénomène, et de présenter un lien commun que n'ont pas entre elles les dénominations admises jusqu'à ce jour. » ÉpipéDOCHOrises. — Dans cette série d'anomalies on peut distinguer : i" les diplasiques, qui sont les plus simples : elles se composent de deux axes accolés qui finissent le plus souvent par se séparer en formant alors un vrai dédoublement : elles sont très-fréquentes dans les 'Vignes, Capu- cines, Cerisiers, Solrmum, etc. ; 2° les triplasiques, très-fréquentes aussi chez les plantes à végétation luxuriante ( Tropœoliiin majus, Lyciiim barbara, Prunus cerasus, etc.); les pollaplasiques, plus rares, quoique fréquentes encore. Ce sont elles que les auteurs ont coutume de désigner sous le nom àefascies. Nous ne retracerons point ici leurs caractères; mais nous dirons qu'il n'est pas rare de les voir se résoudre en une midtitude d'axes situés dans le même pian, les uns encore fasciés et les autres normaux. M Cyclochorises. — Dans cette nouvelle série d'anomalies les axes sont cylindriques; ils ont un gros volume relatif; ils sont le plus souvent creux, sillonnés longitudiualement et à mérithalles courts. Leurs feuilles et leurs fleurs sont souvent groupées plusieurs ensemble et parfois unies dans une plus ou moins grande partie de leur étendue. Quelquefois ces cyclo- chorises se résolvent en autant d'axes qu'il en entrait dans leur composi- tion. » La plus simple de ces anomalies est la triplasique, attendu que la dipln- sique ne pourrait se présenter qu'avec une forme aplatie, et conséquemment rentrerait dans les épipédochorises. Cette cyclochorise est fréquente dans le Hyacinthus ori€ntalis,et c'est à elle que l'on doit cette remarquable multipli- 56.. ( 420 ) cité de fleurs que donne la Jacinthe dite de Hollande, puisque la Jacinthe ordinaire n'en porte habituellement qu'une dizaine. On trouve la preuve de l'existence de cette cyclochorise dans les considérations suivantes : i° souvent l'axe est terminé par trois fleurs disposées en triangle et dans un état de déve- loppement sensiblement égal; i° souvent aussi l'extrémité de l'axe est divi- sée en trois axes distincts; 3° quelquefois l'exastosie s'est fait sentir jusqu à la base des trois axes, et l'on a ainsi trois hampes disposées en triangle ; 4" enfin, d'autres fois, par exastosie, un seul se détaclie des deux autres, qui foraient alors une épipédochorise diplasique présentant une face interne devant laquelle se trouve exactement placé l'axe qui s'en est séparé. » La cyclochorise pollaplasique s'est présentée à notre observation dans le Pisum sativum (var. Knight). Sa tige, normale à sa base^ se renfle peu a peu au point d'acquérir un volume considérable, portant alors dix-huit à vingt sillons longitudinaux parcourus par des fibres qui donnent à chaque sillon un aspect strié. L'axe est cylindrique, complètement creux et à mérithalles courts relativement; les feuilles partent deux, trois ou quatre ensemble d'un même po^nt, au milieu de deux grandes stipules, et leurs pé- tioles amplifiés sont souvent unis entre eux et forment une fascie qui se divise à son sommet. A l'aisselle de ces pétioles fasciés se trouvent deux, trois ou (juatre bourgeons floraux quelquefois fasciés eux-mêmes, mais portant des fleurs et des légumes normaux. » Nous avons retrouvé des caractères analogues dans des axes à' Eno- llicra Hennis, de Lanipsana çommttnis, d^^llliœa rosea, de Campanula médium, de Delphiniam Jjacis, de Brassica oleracea, etc. I^'étude de ces anomalies nous a permis de reconnaître une cyclochorise dans l'inflorescence des Ficus et des Mithridalea, laquelle cyclochorise se divise profondément dans l'in- florescence anomale du Didiscus cwndeus. » SpiiiiROCiiORiSES. — Cette anomalie ne peut être que pollaplasique. C'est elle qui constitue ce que Us auteurs ont nommé loupe ou exoslose ; mais la manière dont elle se recouvre quelquefois de bourgeons, comme on peut le voir dans celle du Tilleul, par exemple, est vnie preuve en faveur de notre manière d'envisager le phénomène. Quelquefois la plupart des bourgeons, subissant l'influence de l'exastosie, se développent séparément et constituent ce que les botanistes ont nommé polycladie; mais il est aisé de reconnaitre que le phénomène est le même dans les deux cas, et ce n'est que l'exastosie qui en a fait la différence. )) Cette anomalie nous semble se retrouver normalement: i° à l'état indi- vis, dans les axes des Melocaclus, Echinocaclus, Echinopsis, elc; 2° à l'état de ( 4^1 ) partitions dans les inflorescences en tète du Platane, du Mûrier à papier; dans les sertules des Allium, les ombelles, les calalhides, etc. ; si bien qu'il ne nous semble nullement exagéré d'avancer que l'on pourrait établir la série suivante : » 1° Sphérochorise des axes (exostoses, cactées globuleuses, etc.); « 2° Sphérochorise des inflorescences et des fleurs (sertules, ombelles, calathides, capitules ou inflorescence en tète du Platane et du Mûrier ^a papier, etc.); » 3" Sphérochorise des pétales [Calyslegia pubescens , Kerria japo- tiiccij etc.); » 4° Sphérochorise des étamines (Ricimts); » 5° Sphérochorise des carpelles (Fraises, certains fruits de Renoncula- cées, etc.); » 6° Sphérochorise des semences (fruits globuleux à placentation cen- trale, comme les Primulacées, par exemple). » GÉOLOGIE. — AppUcalion du réseau pentagonal à la coordination des sources de pétrole et des dépôts bitumineux ; par M. E. lî. de Chaxcourtois. (Deuxième partie.) (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Ch. Sainte-Claire Deville.) « Dans ma première Note j'ai décrit le faisceau de fissures qui a d'abord appelé mon attention, et qui est en effet l'un des plus remarquables au point de vue de la coordination des gîtes bitumineux, et j'ai indiqué un premier croiseur également très-important. Je donnerai maintenant la description sommaire de tous les cercles qui me paraissent intéresser la question, en les énumérant à peu près dans l'ordre où je les ai aperçus : M PriiniliJ n'^ g du lac Supérieur^ perpendiculaire à l'octaédrique du Sinai et des Pyrénées. — Barbade ; région adamantine de Minas-Geraes ; et, entre autres points éruptifs, lile Soufre, juste aux antipodes. Sa direction est surtout marquée, dans l'Amérique du Nord, par une parallèle voisine jalon- née sur les gîtes du Canada voisins du lac Saint-Clair et ceux du comté de Trumbull, clans l'Ohio. Cette ligne passe à Keevenaw-Point, extrémité des fameux gîtes de cuivre et d'argent natifs du lac Supérieur, puis à l'île Royale. Une autre parallèle, qui marque la coupure des Alleghanys suivie parle Potomac, va passer précisément par les gîtes d'Oilcreek, dans le comté de Venango en Pensyivanie. Ces lignes peuvent être considérées comme faisant partie d'un faisceau dont les points de concours seraient le point H ( ko.1 ) (le l'Atlantique, pies de Rio-Janeiro, et le point H des îles Bonin, an sud du .lapon. » Cercle de l'Irawady et de l'Hudsoii. — Côte de Boston, parallèle au lac Cliamplain et aux cours de l'Hudson et du Connecticut; gîtes d'Holguin, île de Cuba; golfe deDarien; Andes de Quito, où leTunguragua et le Sangaï donnent souvent d'énormes épanchements du produit bitumineux appelé ino/a; région volcanique antarctique; rochers Tryal; mérapi de Sumatra; gîtes de pétrole du Pégn, près de Rangoun, et gîtes de la vallée d'Ava ; direction du cours de l'Irawady; coupure de l'Himalaya traversée par le Yaru- Tzang-Po pour gagner le Bramah-Poutra ; point minimum du Gobi, entre les lacs Lopnoor et Rarauoor ; soufrière d'Ouroumtsi, dans les monts Thian- schan ; bouches de l'Obi ; coupure de la Nouvelle-Zemble; Spitzberg; baie de Disko, au Groenland, où, indépendamment de ses rapports avec les gîtes de combustible, il semble limiter la portion de la côte en voie d'abaisse- ment. Ce cercle ne passe que par des points secondaires a et c du réseau. » Un cercle diagonal l h l, partant des mêmes points II que le dodécaé- drique rhomboïdal n° 6 du système des Andes, doit être mentionné comme passant aux volcans bitumineux de l'équateur et aux volcans du Japon. Il longe d'ailleurs la chaîne volcanique du Guatemala et relève les points suivants: pic d'Orizaba, San Francisco, Gounoug-Api de Sumatra, îles Marion et Crozet; cours moyen de l'Oucayali au Pérou. » Cercle des bouches, du Cnmbodje dirigé du point H des Acores sur la Barbade et la Trinité. — Gîtes de mercure de Huancavelica au Pérou; point H de la Tasmanie; embouchure du Cambodje et direction du Mechong; lac l'ongrinoor, près de Lassa au Thibet; lacs Issikul et Balkasch, au pays des Kirghis; gîte d'argent avec calcaire bitumineux de Kongsberg en Norwége; gîte bitumineux d'Elgin en Ecosse. Une parallèle voisine joint le volcan Peshan k une fumerolle voisine du lac Balkasch. Ce cercle forme faisceau avec l'octaédrique de Nidjni-TaguUsk dont il est très-voisin. " Cercle du haitl Indus. — Trinité; Acores; point D centre du pentagone européen ; bouches du Volga; coin-s supérieur de l'Indus, entre l'Himalaya et le Karakorum; bouches du Gange et de l'Irawady; le Tomboro de Sumbava, qui est presque aux antipodes de la Trinité; région des lacs et des Alpes de l'Australie; détroit deFoveaux. » Ce cercle, diamétral Da, est très-étroitement compris entre le trapé- zoédrique n° i3 Dtb du Finistère et le diamétral Da du système des Pays- Bas qui intéressent tous deux le nord de la France. Les gîtes bitumineux ( 423 ) du Bas-Rhin dépendent sans doute de l'une des trois directions^ et proba- blement aussi les gypses parisiens. B Cercle llka du fleuve Jaune et de la Lena, partant du point II du lac Supérieur. — Crochet de l'Ohio au-dessous de Cincinnati; direction de la Floride; gîtes de bitume à l'est de la Havane; chaîne volcanique de la Nou- velle-Grenade; gîtes de mercure de Huancavelica au Pérou; gîtes d'argent amalgamé d'Arqueros au Chili; volcan d'Aconcagua; île des Étals; Singa- pour; bouches du Cambodje; points d'émanation des provinces de Kuansi et de Shansi en Chine; cours du fleuve Jaune dans la même province; cours inférieur de la Lena. » Un cercle Tabc paraît représenter lui faisceau qui comprend les points suivants : points volcaniques de la côte d'Aracan, golfe du Bengale; gîtes de bitume voisins d'Ava; points volcaniques des provinces Szutchuan et Schansi; groupe volcanique du Riioutchevsk au Kamtchatka; direction de la presqu'île de Californie; îlots Saint-Félix et Saint- Ambroise; Cordillère volcanique de l'Araucanie ; îles Marion et Crozet. Les fameuses sources de gaz de Tséou-Liéou-Tsing paraissent dépendre d'une parallèle très-voisine. Une autre parallèle donne grossièrement le cours inférieur de l'Amour qui pourrait servir à le désigner. » Cercle du Rhône et de C Adour et des bouches de C Amazone. — Cours du Mondego, en Portugal ; l'Adour, près de Dax, où l'on connaît des gîtes de bitume ; Plomb du Cantal ; Lyon ; cours du Rhône au-dessous de (ienève, c'est-à-dire près de Seyssel ; volcan de Peshan dans le Thianschan ; ligne de séparation des eaux du fleuve Bleu et du fleuve Jaune, près des sources de ce dernier? Point volcanique et sourcss de gaz du Szutchuan et du Kuansi ; côte du Queensland, en Australie ; détroit de Cook ; traversée de l'Amérique duSud, de la saline d'Atacama aux bouchesde l'Amazone, paral- lèlement au Tapajos. » Un cercle Hg que j'appellerai du fleuve Oural, joint le point H de l'Atlantique (au nord de l'équateur) au point II de la Nouvelle-Guinée, avec l'itinéraire suivant : île de Fer des Canaries ; bouches du Guadalquivir; côte de Barcelone ; gîtes de bitume de Monaco et d' Amiano, près de Parme ; côte de Vénétie ; gîte de mercure d'Idria ; lac Balaton ; le cours de l'Oural à Orsk; le volcan Hotcheou du Thianschan ; les ilôts volcaniques au nord de Luçon ; le Rotomahana ou mer chaude de Tile nord de la Nouvelle-Zé- lande; le gîte d'argent amalgamé d'Arqueros, prés de Coquimbo, au Chili; embouchure de Maranaho. Une parallèle voisine joint le cap Santa-Maria des Algarves au gîte de mercure d'Almaden. (4^4 ) » Ce cercle est sensiblement parallèle en France au trapézoédrique n° 28 Te du système du Hundsruck duquel dépend le gîte de mercure du Pala- tinal. Il paraît d'ailleurs former faisceau avec le primitif n" 4 de Lis- Ijonne. )i Cercle du Karasou ou liaul Euphrate. — Il est dirigé du point b deDer- bend sur l'île Soufre au sud du Japon. Voici son parcours : bouches de l'Ulu-Djara (Osus), dans le lac Aral ; points volcaniques d'Ouroumtsi et de HotchcoUjdans le Thiauschan ; district des montagnes de feu ou salzes ga- zeuses du Sliansi ; beaucoup de points de l'océan Pacifique ; île Chiloé ; bouches de la Plata ; traversée de l'Afrique, du cap Palmas au cap Millah ; Gulek-Boghaz (Pylae Ciliciae) au coude du Taurus ; cours du Karasou, Euphrate supérieur. Une parallèle passant par le Rasbek règle aussi le cours supérieur du Kisil-Irmak (Halys), entre Kaisarieli, auprès du mont Argée, et Sivas, où s'observe une fora)ation gypseuse. Une autre parallèle menée par l'Ararat donne la principale ride de l'île de Chypre et passe à l'oasis dépri- mée deSiouah. » Cercle de l'Araxe. — Coiu's de l'Araxe ; gîte asphallique de la mer Morte ; crochet du Nil à Siout ; région du lac Tchad : île Saint-Thomé ; traversée de la pointe de l'Amérique, très-près du détroit de Magellan. Dans l'autre sens : rive nord du Raraboghaz de la Caspienne ; lac Aral ; lac salé d'Upsanoor ; détroit de Matsmaï. Enfin par une coïncidence curieuse pour un cercle passant à Gomorre, le premier jalon rencontré dans l'océan Paci- fique est l'îlot appelé la Femme-de-Loth. M Dans l'Asie Mineure, une parallèle extrêmement voisine, partant des gîtes de pétrole de Bakou, donne la ligne des salzes du lac Ourmiah et passe à Ninive, dont les monuments étaient, comme on sait, construits en gypse. Une autre parallèle, menée par l'Ararat et le point b de Derbend, |)asse au Sipandaghi et traverse le lac de Van, dont j'ai fait connaître la nature alca- line. Une autre parallèle, menée par la bouche du Nil de Damiette, passe aux lacs Natron et atteint le lac Tchad, dans le voisinage duquel le natron est exploité. )) Un faisceau qui comprend les gîtes bitumineux de 1 Emilie, près de Plai-sance, de Parme et de Modène, et le gîte de l'île Brazza, en Daimatie, sort de l'Arabie par le cap Madraka, et passe au sud de la Nouvelle-Zélande, à l'île Bounty; traverse l'isthme de Guatemala et comprend les gîtes de la Havane. On peut y rapporter par des parallèles le gîte de Dax, celui de Zante, Mile, Santorin et la mer Morte. » Le dernier faisceau que je décrirai est déterminé par les gîtes de l'Emilie ( 425 ) et celui de Zante. Son prolongement au sud enfile la mer Rouge et le détroit de Bab-el-Mandel, passe à Mahé des Séchelles, à l'île Clerk, au sud de la Nouvelle-Zélande; il entre en Amérique parle cap San-Lucas, extrémité de la presqu'île de Californie; passe au confluent du Ransas et du Missouri, pui#|}rès du saut de Sainte-Marie à l'île Manitoulin, où l'on a signalé aussi le bitume. Ce faisceau, prolongé en sens inverse, passe au mont Rose, coupe le Jura vers Salins, comprend le cours moyen de la Seine à partir de Montereau, et passe ainsi sur Paris, où, il ne faut pas l'oublier, les émana- tions sont largement représentées parle dépôt gypseux. On peut rattacher à ce faisceau par des parallèles : Santorin, Athènes, l'île Brazzo, Londres et Birmingham, puis les gites métallifères et bitumineux du Palatinat et du Derbyshire. » J'appellerai le cercle de ce faisceau cercle de la Seine. C'est un diamé- tral parlant du point D au nord de Madagascar. >) Il limite avec le primitif de Saint-Kilda ou du système du Thuringer- wald un fuseau qui comprend les gites de houille de la Grande-Bretagne et ceux de la Belgique et du nord de la France. » Cette nomenclature, encore fort incomplète assurément, me permettra néanmoins d'exposer les conclusions théoriques de mon étude. » En la terminant, je dois rappeler, pour mettre en garde contre toute interprétation exagérée de mes alignements, que je produis ici seulement une esquisse, une simple reconnaissance graphique correspondant à celle que l'on peut exécuter sur une carte plane avec la règle et l'équerre, et d'autant plus imparfaite que l'instriunent spliérique est moins précis et plus difficile à manier. » CORRESPONDANCE. M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. Van dev Mensbnicujhe, luie brochure intitulée : « Note sur la Théorie mathématique des courbes d'intersection de deux lignes tourna!:! dans le même plan autoiu- de deux points fixes ». M. LE Secrétaire perpétuel fait bonnnage à 1 Académie, au nom de M. Franc. Zanledesciti, d'un opuscule en italien sur la Thermographie des minima, des maxiina et des moyennes, tirés d'observations faites en cin- quante-cinq stations com[)rises entre les 36"24' et 47'^ de latitude nord et les 4° 48' et 96" 8' de longitude orientale du méridien de Paris, dans une période de 137 années, de 1725 a 1861. C. R., i863, 2""= Semeslre. (T. LVII, N° 8.) 57 ( 4^6 ) 31. Élie de Beaujiont présente, au nom de l'aïUeur, M. Jrcangelo Scacclii, un Mémoire imprimé, en italien, « surlestartratesdestrontianeetdebaryte ». (Cet ouvrage est renvoyé à M. Pasteur pour un Rapport verbal.) GÉOLOGIE. — Sur tes gisements d'ossements de grands animaux et de pierres travaillées des environs de Nancy. Lettre de M. Eig. Robert à M. Élie de Beau mont, « Précy-sur-Oise, le i5 aoûl iS33. » En i83o, j'avais rencontré sur la partie la plus élevée de la côte de Toul qui regarde Nancy, etau bord delà grande rontede Paris à Strasbourg, desdébris d'un jeune Éléphant {Elephas primigenius) enveloppés de cailloux roulés fortement cimentés par une terre argilo-ferrugineuse. Le gisement de ces fossiles, que je n'avais pas eu le temps d'étudier, appartenait sans doute « aux petits dépôts diluviens répandus partout à la surface et dans les anfractuo- » sites des roches en place. » (Séance du i8 mai de l'Académie des Sciences.) » Ayant voulu revoir ces jours-ci l'endroit où j'avais observé en passant des débris de pachyderme (i), je n'ai plus rien trouvé; l'exploitation du calcaire oolithique avait complètement fait disparaître l'anfractuosité où cailloux et ossements s'étaient arrêtés pendant le transport diluvien ; mais elle avait mis à nu de nombreuses crevasses remplies de terre rougeâtre et de cailloux roulés, empruntés évidemment aux petits dépôts diluviens qui couronnent la côte de Toul. Il m'a paru aussi que ce remplissage s'était fait lentement et à plusieurs reprises, suivant, au reste, les circonstances atmo- sphériques qui y ont donné lieu ; car les parois de ces crevasses, qui donnent quelquefois accès à de petites cavernes, sont profondément érodées par les eaux et les agents atmosphériques. Il a donc fallu beaucoup de temps pour qu'elles prissent cet aspect caverneux. » Ce serait au fond de l'une de ces crevasses, à Maxeville, que j'ai explo- rée avec le plus grand soin, que l'on aurait trouvé, dansées derniers temps, des ossements humains accompagnés de débris d'Aurochs et de Cerf gigan- tesque, avec des haches grossièrement taillées en trapp des Vosges. J'ai fait fouiller ce prétendu gisement devant les personnes qui l'auraient découvert et qui veulent l'assimiler à celui d'Abbeville, en le considérant, bien en- tendu, comme diluvien. Il m'a été impossible d'y découvrir le plus petit fragment d'os et de trapp, et j'ai été réduit, pour me dédommager, à voir (i) On n'apprendra peut-être pas sans intérêt que près de là, il a été recueilli une très- petite molaire d'Eléphant (pour ainsi dire un germe), qui me semble avoir appartenu au même animal dont le Muséuin doit posséder la petite défense que je lui ai offerte en i83o. ( 427 ) les collections que les jeunes MM. Gaiffe et Benoît m'ont assuré avoir faites eux-mêmes sur les lieux. » Sans vouloir contester l'authenticité des ossements humains (l'un d'eux est une mâchoire qui m'a paru fort ancienne, semblable, pour moi, à celles que j'ai recueillies dans les monuments celtiques) et de quelques fragments de trapp imitant à peu près des haches ou des pointes de flèche, dans les- quels il est, toutefois, bien difficile de reconnaître ime intention humaine, il m'est resté, dis-je, les plus grands doutes à l'égard des pierres qui ont véritablement la forme de haches. On croirait ces dernières fidèlement co- piées sur celles de Saint-Acheul ; et dans tous les cas, elles portent des empreintes de coups de marteau d'une fraîcheur désespérante; il n'y a même pas, dans les interstices de la pierre, la moindre accumulation d'argile rou- geâtre, ni la plus faible incrustation calcaire ou ferrugineuse, qui auraient dû, ce me semble, leur servir de patine. En un mot, je crains bien qu'il n'y ait eu beaucoup de supercherie dans la création de ces collections qui ren- ferment, cependant, je dois le dire, des choses très-intéressantes au point de vue de la paléontologie. » Qui ne voit maintenant, en admettant, à la rigueur, la réalité d'une association d'ossements et de pierres travaillées dans une des crevasses de Maxeville, qu'il s'est passé là quelque chose d'analogue à ce que M. Élie de Beaumont a fait valoir pour expliquer la présence d'une mâchoire humaine dans les sablières de Moulin-Quignon, à savoir : remaniement de cailloux roulés et de débris de grands Mammifères perdus, empruntés au diluvium situé au-dessus, mélangés à des débris de l'homme ainsi qu'à des produits de son industrie abandonnés primitivement à la surface du sol; les uns et les autres ayant pénétré à différentes époques dans des crevasses dont l'ou- verture affleure le sol et se trouve aujourd'hui comblée par de la terre végé- tale ? Au lieu de former des dépôts meubles sur des pentes comme à Abbe- ville, tous ces matériaux, d'âges différents et de composition si diverse, auraient rempli ici, dans la vallée de la Meurthe, les nombreuses crevasses qui régnent dans le calcaire oolithique. » GÉOLOGIE. — Sur les terrains superficiels de la Touraine, et sur les haches en silex. Lettre de M. l'abbé C. Chevalier à M. Élie de Beaumont (i). « c ivray-sur-Cher, le i8 août i863. » Je viens de lire dans le dernier numéro des Comptes rendus de C Acn- (i) M. l'abbé C. Chevalier, curé de Civray-sur-Cher, et secrétaire perpétuel de la Société 57.. ( 428 ) demie des Sciences vos nouvelles observations au sujet de la mâchoire et du gisement de Moulin-Quignon. J'ai l'honneur de vous transmettre, en vous priant de les communiquer à l'Académie, quelques faits qui viennent a l'appui de vos réflexions. » Les terrains que vous ajipelez dépôts meubles sur des pentes se retrouvent à chaque pas en Touraine, avec les caractères que vous leur assignez, et j'ai eu l'occasion de les noter fréquemment en levant la carte géologique et agro- nomique du département d'Indre-et-Loire. Ces terrains sont formés de pièces meubles, sables, argiles, fragments crayeux ou siliceux, provenant de terrains plus anciens, entremêlés de débris de l'industrie humaine, et ils s'accroissent journellement sous nos yeux, principalement à la base des coteaux, par le jeu des agents météorologiques. J'ai constaté que depuis la fin de la période gallo-romaine, le talus de nos coteaux s'est ainsi avancé de quatre à cinq mètres dans les vallées, sur une hauteur de deux ou trois mètres. Dans la vallée du Cher, que j'habite, il faut en effet éventrer les talus à cette profondeiu' poin- rencontrer les vestiges de l'époque gallo- romaine, tels que voies romaines, aqueducs, poteries samiennes, mon- naies, etc. A mon avis, l'étude archéologique ne doit point être séparée de l'étude géologique du terrain dont il s'agit, et je suis convaincu que la trouvaille de débris anciens de date bien déterminée, dans le gisement de Moulin-Quignon ou dans son prolongement, viendra bientôt apjjorter la plus éclatante confirmation à votre théorie. C'est un point que je me permets de recommander à toute la sagacité de M. Boucher de Perthes, per- suadé que la solution de la difficulté qui divise aujourd'hui le monde savant est tout entière dans cette double étude du terrain. •> Quant aux instruments de Ydge de pierre, je dois vous dire. Monsieur, fpie nulle part en Touraine, quoiqu'ils s'y rencontrent assez fréquemment, on n'en a trouvé dans le diluvium proprement dit : on les trouve tous, soit à la surface du sol, à une très-médiocre profondeur, soit dans les dépôts meubles des pentes. » A cette occasion, je suis heureux de pouvoir signaler à l'Académie cinq ateliers d'instruments de l'âge de pierre que j'ai récemment découverts en Touiaine, sur les bords de la Ci-eusc et de la Claise. Les coteaux de ces «l'Agriculture de Tours, et de la Société Archéologique de Touraine, est chargé de l'exécu- tion de la carte Géologiquc-Jgronnmique du département d'Indre-et-Loire. Il a eu de fré- quentes occasions d'étudier les différentes parties du département sous les points de vue auxquels sa Lettre fait allusion. E. D. B. ( 429 ) rivières sont couverts d'un dépôt meuble superficiel de l'étage miocène, dépôt rempli de zoophytes silicifiés, de silex et de brèches siliceuses, avec des argiles, des minerais de fer hydroxydé, des sables et des grès, que je regarde avec vous comme contemporains des grès et sables supérieurs de Fontainebleau. Les silex de cette formation sont rubanés, jaspés et riche- ment nuancés par l'oxyde de fer. En les voyant, je fus frappé de leur éclat, et je conçus aussitôt l'idée que nos aïeux de l'âge de pierre, malgré leur barbarie, avaient dû être frappés comme moi des teintes variées de cette matière. Cette hypothèse me conduisit à la découverte de plusieurs ateliers d'instruments en silex, notamment à laPetite-Guerche (près du Moulin-aux- Roys), à Chambon (jardin potager de la Custière) (i), à Barrou (berges de la Creuse), à Pressigny-le-Grand (domaine de la Villate) et à Paulmy (prés du Châtellier). Dans ces lieux on rencontre en abondance des instruments de silex, depuis la pierre mère de laquelle ils ont été détachés par la taille à l'état d'ébauche, jusqu'aux instruments parfaits et aux rebuts, en passant par tous les degrés de fabrication. Ces curieux spécimens de l'industrie primitive ont été déposés par moi au musée de la Société Archéologique de Touraine, où on peut les étudier. Maintenant que l'éveil est donné, je suis convaincu que l'on retrouvera un grand nombre d'ateliers de ce genre dans la région des silex supeificieis. Je me hâte d'ajouter que si les silex bruts appartiennent bien authentiquement à un terrain antédiluvien, les silex ouvrés se trouvent toujours, comme vous lavez établi, soit dans le diliivium remanié, soit dans les terrains meubles des pentes, de formation continue. » Parmi les pièces curieuses extraites de ces ateliers, je dois citer surtout un outil servant au polissage des instruments en pierre. Ce polissoirn'est qu'un gros silex très-dur, creusé de rainures profondes, dont le diamètre et la forme sont en parfait rapport avec les haches de pierre. En introdui- sant une hache dans ime de ces rainures, et en la frottant vivement, on parvient à lui donner un poli très-fin. Cet outil, fort important pour l'his- toire des arts, a été trouvé à la surface du sol, dans les bois du Châtellier, à Paulmy. « En terminant, j'ajouterai qu'il n'a encore été rencontré aucun fossile dans nos terrains superficiels. » De tous ces faits je me crois en droit de conclure, au moins en ce qui (i) Ces deux premiers ateliers m'ont été indiques par M. de Ctiastaigner. { 43o ) regarde la Touraine, que rien ne démontre la contemporanéité de 1 homme avec le diluvium et avec VElephas primigenius. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la distillalion des liquides riiélnn(jés et sur la pureté de l'alcool amylique. Note de M. Berthelot, présentée par M. Balard. .. L'origine véritable des carbures multiples que l'on obtient dans la réac- tion du chlorure de zinc sur le produit désigné sous le nom d'alcool amj- lique dépend du degré de pureté de ce produit, comme M. Wiu-tz le recon- naît dans sa dernière Note. Or, s'il est certain que la masse principale de cette substance est formée par l'alcool amylique, C'°H'-0'*, il est beaucoup plus difficile d'y démontrer l'absence de quelques centièmes d'alcool ca- proylique, C'^H'*0^, ou butylique, C*H'°0-. L'existence de 6 centièmes d'alcool caproylique notamment, dans l'alcool amylique, suffirait, d'après M. Wurtz, pour rendre improbables les interprétations proposées par ce savant. Aucune analyse élémentaire, aucune détermination de propriétés physiques ne saurait, dans l'état actuel de la science, démentir l'existence de mélanges de cet ordre, quand il s'agit des alcools homologues. Comme la distillation est le seul procédé de séparation qui ait été employé par M. Wurtz, j'ai pensé à faire intervenir dans la discussion de nouvelles don- nées, fondées sur l'étude de In distillation des liquides mélangés. J'ai choisi des liquides neutres, d'une pureté éprouvée, de densités très-inégales et dont les points d'ébullition différaient de ao à 3o degrés; je les ai mélangés deux à deux, en proportions telles, que le liquide le moins volatil était le moins abondant, et je les ai soumis à une distillation fractionnée. Voici les faits : Premier mélange : alcool g2, eau S (en poids). Point d'ébullition de l'alcool 78° Point d'ébullition de l'eau 100 Différence 22° Produits. Poids. Densilé à 20°. Mélange initial , 100 o,8i4 Premier produit 2,8 0,811 Deuxième produit. ... i5,2 0,8 14 Troisième produit. ... 65,7 o,8i4 Quatrième produit. .. . 7,4 0,818 Résidu 1,5 0,821 » Ces résultats, concordants avec ceux de Saussure, de Sommering, de ( 43i ) Joss et de Soiibeiran, montrent qu'une distillation simple n'opère pas de séparation sensible dans lui mélange de 92 parties d'alcool et de 8 parties d'eau. Pendant la distillation d'un pareil mélange, opérée sous la pression et dans les conditions ordinaires, la portion qui se vaporise à chaque instant renferme les deux corps mélangés dans le même rapport que la partie liquide ce qui rend toute séparation impossible. Les parties successives offrent dans lenr composition et dans leur densité de vapeur la même constance de jM'opriétés qui caractérise une substance définie : s'il s'agissait de 1 alcools homologues, tels que les alcools amylique et caproylique, dont la compo- sition ne diffère qne de 2 centièmes sur le carbone et de i millième sur l'hydrogène, l'analyse indiquerait une composition identique à celle du corps le plus abondant. Second mélange : sulfurr de carbone 92; alcool (i) 8. Point (l'ébuUitioii du sulfure de carbone 4^° Alcool. Différence y" 30° Proponi de carb< ProJiiits. Mélange initial Poids. 100 8,0 » • 4,5 IJensité à 20°. I ,200 ion de sulluie jne (en poidij. 92 Premier produit Produit principal. . . . Résidu 1,194 1,195 1,257 91 (calculée 9' 99 » Ces nombres mettent en lumière un fait très-reinarquable. L'alcool, c'est-à-dire le liquide le moins volatil, a passé avec les preiuiers produits distillés; tandis que le sulfure de carbone, c'est-à-dire le liquide le plus volatil, est demeuré à peu près pur à la fin de l'opération : résultat coiUraire aux idées que se font la plupart des chimistes sur la séparation par distilla- tion des liquides mélangés. » Avant d'en indiquer l'explication, je crois devoir remarquer que si 1 al- cool était mélangé au sulfure dans une proportion inférieure à 8 centièmes, il est évident qu'il passerait également, et plus rapidement encore, dans les produits les plus volatils. Au contraire, s'il est en proportion convenable, l'alcool se concentrera dans les produits les moins volatils, conformément aux idées reçues. Rigoureusement anhydre. ( 432 ) )) Voici d'ailleurs une expérience qui le démontre. Troisième mélange : sulfure de carbone 88,6; alcool 11,4. Proportion de sulfure l'roduils. l'oids. Uunsité à 23°. de carbone. Mélange initial 100 1,172 88,6 Premier produit 3,8 ' , 184 90,0 (calculée). Premier principal .... » ' 5 ' 89 90 , 5 T> • -j a o to ri- \ (calculée et Résidu i,o 0,958 45>o ^ ( trouvée). )) Si l'on compare ces résultats aux précédents, on est conduit à admettre qu'il existe nécessaireiuent un mélange d'alcool et de sulfure de carbone, tel que l'alcool se trouve dans la portion vaporisée en même proportion que dans la partie restée dans la cornue : ce mélange se comportera à la façon d'une substance homogène, inséparable par une distillation opérée sous la pression atmosphérique. » L'expérience prouve que l'on obtient lui semblable mélange avec gi parties de sulfure de carbone et g parties d'alcool (en poids). Ce mélange bout entre 43 et 44 degrés et se maintient à celte température depuis le cominencement jusqu'à la fin de la distillation. Quatrième mélange ; sulfure de carbone 90, q ; alcool 9, i . Proportion de sulfure Produils. Poid.s. Densité à 23". de carbone. Mélange initial 100 '>'% 9°i9 Premier produit 6,3 'j'89 90)9 Produit principal » • ) 189 90,9 Résidu 5,4 '>'77 89,4 M Voici maintenant l'explication de ces phénomènes, fondée sur des notions essentiellement physiques. Si l'on fait bouillir sous une certaine pression un mélange de deux liquides, ils se vaporisent tous deux à la fois, suivant des rapports de poids déterminés par le produit des densités des vapeurs multipliées par leurs tensions actuelles dans les conditions de l'expérience. Soit, par exemple, le sulfure do carbone et l'alcool; supposons d'abord, pour ne pas compliquer l'explication, que ces deux liquides n'exercent aucune action réciproque et conservent leurs densités de vapeurs théoriques; leurs tensions réunies feraient équilibre à la pression atmosphérique à la température de [\o degrés environ, ces tensions étant. ( 433 ) k cette température, d'après M. f\egnault : Pour le sulfure de carbone 6i ,8 Pour Talcool '3,4 75,2 » Les poids des deux liquides qui se vaporiseraient seraient entre eux comme les produits de ces tensions par les densités de vapeurs '76 et 46, c'est-à-dire comme 7,7*. •• La composition de la partie distillée serait donc la suivante : 88,5 sulfure et 1 1 ,5 alcool. En d'autres termes, étant donné un mélange de 88, 5 de sulfure et de 1 1 , 5 d'alcool, si les deux liquides n'exer- çaient aucune action réciproque, ce mélange, soumis à la distillation sous la pression ordinaire, n'éprouverait aucune séparation, la composi- tion de la partie vaporisée étant la même que celle de la partie liquide. Si la proportion de l'alcool était inférieure à 11, 5, tout l'alcool serait en- traîné dans les premiers produits qui devraient offrir la composition pré- cédente, et il resterait à la fin du sulfure de carbone pur. Si au contraire l'alcool s'élevait à plus de 1 1 , 5, tout le sulfure distillerait d'abord, mélangé avec 11,5 d'alcool; puis l'alcool pur distillerait à la fin. » Les choses ne se passent pas tout à fait ainsi, parce que les deux liquides exercent l'un sur l'autre une action réciproque, attestée par leur action dissolvante mutuelle et par la diminution de la tension totale de leurs vapeurs (expériences de M. Regnault et de M. Magnus). Cette influence tend à diminuer la tension individuelle de chacun des deux liquides, suivant une loi inconnue, mais qui dépend de la composition du mélange et qui paraît atténuer dans la plus forte proportion la tension du liquide le moins abondant : de là résulte l'élévation progressive et continue du point d'ébul- lition d'un mélange, toutes les fois que la proportion du liquide le moins volatil tend à devenir prépondérante. De là aussi l'existence d'une certaine quantité du liquide le moins abondant dans tous les produits obtenus. Cependant les expériences ci-dessus montrent que les phénomènes con- servent, dans le cas du sulfure de carbone et de l'alcool, la même signifi- cation générale que s'il n'y avait pas d'action réciproque. La proportion de l'alcool dans le mélange inséparable par distillation sous la pression ordinaire est égale à 9 centièmes, d'après l'expérience, chiffre qui ne s'écarte guère de la proportion 11, 5 calculée en négligeant l'action réci- proque. » En résumé, deux liquides neutres, dont le point d'ébullition diffère C. R., i863, 2"n« Semestre. (T. LVM, N» 8.) 58 ( /.3/, ) (le 20 à 3o degrés, étant mélangés en proportion telle, que le moins volatil s'élève à 8 ou 10 centièmes, il arrivera fréquemment, sinon toujours, qu'ils ne pourront pas être séparés l'un de l'autre par distillation sous la pression ordinaire. Dans les cas ci-dessus, il existe, au voisinage de ces proportions, un mélange tel, que la composition de la partie vaporisée est la même que celle de la partie liquide, et ce mélange se comporte comme une substance homogène. Ces faits me paraissent spécialement applicables au cas de deux alcools homologues mélangés, d'autant mieux que leurs densités de vapeurs sont moins différentes et l'intervalle de points d'ébullition plus petit que dans le cas du sulfure de carbone et de l'alcool. Si l'alcool amjlique a fourni à M. Wurtz ^ pour 100 d'alcool caproylique, isolahle à la fin de la distilla- tion, c'est que la substance sur laquelle il a opéré représentait un mélange situé notablement au delà du mélange inséparable par distillation : les con- sidérations tirées de la tension des vapeurs en général, des densités de vapeur presque égales de ces alcools, et de leurs points d'ébullition, dont la différence n'est guère que la moitié de celle qui sépare l'alcool ordinaire du sulfure de carbone, indiqueraient au moins 10 ou 1 5 centièmes du liquide le moiiis volatil. Sans insister sur ce chiffre, que je donne seulement pour fixer les idées, il me suffira d'avoir rappelé par les expériences précédentes l'attention des chimistes sur les phénomènes qui se passent dans toute sépa- ration par distillation. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Éludes sur les modifications du sucre de canne sous r influence des ferments alcooliques; par M. F.-V. Jodi.v. « Lorsque, vers la fin de l'année 1861, j'annonçai la découverte d'un nou- veau sucre, dérivé du sucre de canne sous l'influence d'un ferment alcoo- lique spécifique (voir Com/)i II faudra donc se reporter aux conditions les plus ordinaires de l'ex- pertise, à la constatation des réactions dites caractéristiques. Une simple énu- mération des faits suffit à démontrer que ces colorations n'ont point toute l'importance qu'on y attache, et que l'opérateur peut s'égarer s'il suit avec une entière confiance les indications fournies par les réactifs ci-après : » i" Acide azotique. — L'acide azotique en excès colore les solutions d'opium en jaune orange ; il jaunit d'abord, puis rougit la solution d'un sel de morphine et colore le tannin en jaune orange, puis rouge. » 2° Acide iodique. — Les solutions d'opium se troublent et prennent la coloration rouge-orange; les solutions d'un sel de morphine passent à la teinte rouge-orange ou rouge-brun ; le tannin mélangé à l'acide iodique pro- duit une coloration rouge-brun ; le sulfocyanure de potassium donne une coloration jaune-orange; enfin l'urine décompose aussi l'acide iodique, d'où coloration rouge pâle. » 3" Acide iodique et colle d'amidon. — Avec les solutions d'opium, colo- ration bleue qui tarde quelquefois à se produire. Avec la solution d'un sel de morphine, on obtient facilement la décomposition de l'acide iodique et la (i) Orfila reconnaît que le composé insoluble n'est point sans action nuisible sur l'éco- nomie animale, et, en ce qui se rapporte à la noix de galle, que le précipité formé peut cire dissous par un excès de decoctuin. Ce savant toxicologiste attribue à la noix de galle et au tannin, l'action dissolvante; mais cette propriété appartient aussi à l'eau elle-même employée en forte proportion, et l'action sera notablement activée par une élévation de température. D'où la nécessité de s'abstenir de gorger le malade de liquide. 0. R., i863, a""» Semestre. (1. LVII, N*» 8.) Sq ( 442 ) formation de l'iodure bleu d'amidon. Le sulfocyanure de potassiiitii, le bouillon, l'urine produisent encore cette coloration. Mon ami et collègue Langouné avait déjà remarqué que les matières animales azotées donnaient le même résultat (affaire Castel, i84i)- « 4° Perchlorure de fer. — Ce réactif colore les solutions d'opium en rouge vineux, en raison de la présence de l'acide méconique ; mais nous savons que cette coloration s'obtient encore en versant quelques gouttes d'une solution de perchlorure de fer sur de la salive, propriété attribuée aux sulfocyanures que l'on peut rencontrer aussi dans le suc gastrique. » Le perchlorure de fer produit dans la solution d'un sel de morphine la coloration bleu pâle; dans une infusion de thé, la coloration noir-bleu; dans une solution de tannin, couleur bleue; dans une infusion de café, cou- leur vert clair, puis vert sombre; mais il faut tenir compte de la présence de la matière colorante jaune du café. » Que conclure de tout ceci, si ce n'est que les caractères chimiques invoquéspour révéler dans un cas d'empoisonnement la présence de l'opium, de la morphine ou de ses sels, ne conduiront souvent qu'à des doutes, à une suspicion d'empoisonnement ou à l'impunité, si le malade a été soumis à la médication ordinaire par le café, le thé, la noix de galle? Mais rappe- lons-nous qu'en chimie légale le doute est sans valeur, et que les inductions tirées des réactions colorées, rapprochées des commémoratifs, des signes physiologiques, feront ranger ces caractères au nombre des éléments de conviction, mais ne permettront pas d'établir devant la loi la preuve de l'empoisonnement. » TOXICOLOGIE. — Sur les effets toxiques du thatliuin. Note de M. Lamt, présentée par M. Dumas. « Dans un Mémoire relatif au thallium, dont l'Académie a bien voulu ordonner l'impression dans le Recueil des Savants étrangers, j'ai cru devoir faire observer (i) que les composés du nouveau métal ne me paraissaient pas sans danger sous le rapport des effets toxiques. J'attribuais en effet à une sorte d'empoisonnement par les composés thalliques les douleurs, accom- pagnées d'une lassitude extrême, que j'avais ressenties à la suite de mes tra- vaux, principalement dans les membres inférieurs. Les faits quej'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Académie ne peuvent laisser de doute sur (i) Voir Jnnales de Chimie et Physique, t. LXVII, 3^ série, p. 4o6. ( 443 ) la nature vénéneuse des combinaisons du lliallium; et, si je m'empresse de les publier, c'est dans le but d'appeler sur eux l'attention des savants, au double point de vue toxique et thérapeutique. " J'avais fait dissoudre 5 grammes de sulfate de thallium pur dans du lait pour les faire prendre à deux jeunes chiens, âgés de deux mois et pesant 3 kilogrammes chacun. Mais, après avoir goûté le liquide, ces animaux n'y voulurent plus toucher. Le lendemain, dans l'après-midi, la porte du chenil où ils étaient enfermés fut, à mon insu, laissée ouverte par la négligence d'un domestique, et tout le lait disparut, mangé sans aucun doute, ainsi que va le prouver la suite de cette Note, par deux poules, six canards et une chienne de moyenne taille. )) Quelques heures après la disparition du lait empoisonné, la chienne devint triste, inquiète et refusa de prendre son repas habituel. Dans la nuit, elle fut saisie de douleurs aiguës, composées d'élancements brusques, ra- pides, qui lui arrachaient des cris presque incessants. Le matin, ces douleurs n'avaient diminué ni de fréquence ni d'intensité. Le pauvre animal refusait toujours foute boisson et toute nourriture; les traits de sa face étaient alté- rés, son dos se courbait sous les étreintes de la souffrance, ses flancs étaient aplatis, sa respiration oppressée, sa salivation abondante. Les membres pos- térieurs, agités d'abord de mouvements cnnvulsifs, devinrent peu à peu partiellement paralysés. Le siège de la souffrance était évidemment dans les intestins; on la calmait momentanément par la pression ou des frictions sur le ventre. » Sous l'influence de l'idée préconçue que le thallium ne pouvait, à si faible dose, produire de tels effets d'empoisonnement, je ne songeai pas à faire administrer fout d'abord, parle vétérinaire, aux soins duquel l'animal fut confié, de l'iodure de potassium comme contre-poison. La journée tout entière s'écoula sans que les douleurs parussent diminuer. Le lendemain matin, la paralysie avait fait des progrès; la chienne était dans un état de prostration complète; pourtant elle me reconnaissait encore et faisait des efforts pour me témoigner sa satisfaction quand j'allais près d'elle. Enfin elle succomba le surlendemain matin, soixante-quatre heures après avoir pris le poison. Pendant la maladie, on n'avait observé ni vomissements, ni déjections alvines. » La veille, on avait trouvé morts ou mourants une poule et six canards. Dans ceux de ces oiseaux qui vivaient encore au moment où l'on s'aperçut de l'accident, on constata la paralysie plus ou moins complète des membres postérieurs. 59- ( 444 ) » Enfin les deux jeunes chiens, qui n'avaient que fort peu goûté du lait empoisonné, étaient devenus tristes et paraissaient très-f;Uigués; bientôt ils turent agités de tremblements convulsifsetne se soutmrent que difficilement sur leurs jambes de derrière ; puis survinrent des douleurs aiguës et finale- ment la mort, quatre jours après l'intoxication, et malgré les efforts que Ion avait faits pour sauver ces chiens par un régime normal deux jours aupa- ravant. « En faisant l'autopsie de ces différents animaux, nous fûmes frappés de ne voir ni lésions, ni inflammations graves. La vésicule biliaire de la chienne était seulement distendue outre mesure, et, dans quelques canards, diverses membranes séreuses, celle du foie en particulier, avaient une couleur blan- châtre granulée. » Quant à la nature du poison, l'analyse spectrale nous la révéla promp- tement et avec la plus grande facilité. En effet, en examinant au spectroscope de petits morceaux, de la grosseur d'une lentille, des différents organes des animaux morts, je reconnus immédiatement le thallium à sa raie verte si tranchée et si caractéristique. L'intestin, contenant et contenu, renfermait le métal en plus grande abondance que la chair musculaire et les os ; la membrane séreuse blanchâtre du foie plus que la substance même de cet organe. Une dent, comme on pouvait s'y attendre, ne me présenta aucune trace de thallium. » Huit jours après cet accident, qui m'avait enlevé une belle chienne de chasse et une partie de ma basse-cour, on remarqua qu'une deuxième poule était malade : elle avait les ailes pendantes, ne se soutenait que pénible- ment et en chancelant sur ses pattes, et, chose curieuse, quand elle vou- lait manger, son cou ne s'allongeant pas assez, les coups de bec ne pouvaient atteindre la nourriture. Pendant trois jours elle languit dans cet état. Je la fis tuer et je pus constater la présence du thallium dans l'intestin. Mais le poison était en quantité très-minime, et, dans les autres organes, je ne pus en observer de traces, en me bornant à la méthode d'examen que j'ai indiquée plus haut. 1) Ainsi, onze animaux : deux poules, six canard.s, deux jeunes chiens et une chienne de moyenne taille, avaient succombé successivement à un em- poisonnement provoqué par 5 grammes de sulfate de thallium. a Afin d'être mieux convaincu encore de l'énergie de ce poison, j'ai fait prendre i décigramme seulement de sulfate à un jeune chien du même âge que les deux premiers, et cet animal a succombé quarante heures après avoir pris le poison. ( 445 ) » 11 résulte des faits qui précèdent que le sulfate de thallium est un poison énergique, et que les deux principaux symptômes de l'empoisonnement qu'il provoque sont, en premier lieu, la douleur, dont le siège est dans les intestins et qui se manifeste par des élancements excessivement douloureux se succédant avec rapidité et comme des secousses électriques; en second lieu, des tremblements, puis une paralysie plus ou moins complète des membres inférieurs. » Peut-être pourrais-je ajouter à ces caractères la constipation, la rétrac- tion ou la dépression du ventre, le manque absolu d'appétit ; mais je me borne aux deux symptômes qui m'ont le plus frappé. On remarquera d'ail- leurs l'analogie de ces phénomènes avec ceux qui caractérisent la colique et l'arthralgie saturnines. » Les faits contenus dans la présente Note me paraissent de nature à fixer toute l'attention des médecins et des physiologistes. Les sels de thal- lium, le sulfate et surtout le nitrate, sont remarquablement solubles ; ils n'ont que peu de saveur, et peuvent par conséquent être introduits aisé- ment dans l'économie. Mais en même temps il n'existe pas de poison, si je ne m'abuse, qui puisse être suivi, recherché jusque dans ses moindres traces, à travers tous les tissus de l'organisme, avec autant de facilité, grâce à la simplicité et à la délicatesse de la méthode de MM. Rirchhoff et Bunsen, comme aussi à la netteté et à la sensibilité de la raie verte du thallium. Les savants conipétents pourront donc étudier, non-seulement les symptômes produits par des doses variables du nouveau poison, ou les lésions de tissus qu'il engendre, mais encore rechercher sûrement par quels organes il est absorbé, par quelles voies il est expulsé. » Je ne terminerai pas sans faire une remarque, que la lecture de cette Note aura sans doute déjà suggérée: c'est l'importance des services que pourra rendre la méthode d'analyse spectrale dans une foule de questions du do- maine de la physiologie, et en particulier dans les recherches de médecine légale. » TÉRATOLOGIE. — Nouvelles recherches sur la produclion artificielle des mons- truosités. Note de M. C. Dareste, présentée par M. Cl. Bernard. (Extrait.) « J'ai déjà, à plusieurs reprises, fait connaître à l'Académie les résultats de mes recherches sur la production artificielle des monstruosités dans l'espèce de la poule. » Je n'ai pu cette année consacrer que quelques semaines à ces sortes de ( 446) travaux. Toutefois, daus ce court espace, j'ai pu observer un assez grand nombre de monstruosités. Un grand nombre de celles que j'ai obtenues cette année s'étaient déjà produites dans mes expériences des années pré- cédentes ; je n'j' reviendrai donc pas aujourd'hui. Mais j'ai observé plu- -sieurs faits nouveaux qui me paraissent dignes, à beaucoup d'égards, de fixer l'attention des physiologistes. 1) .Te citerai en première ligne un cas de duplicité du cœur. » Cette anomalie a été à diverses reprises signalée par plusieurs anato- mistes; mais aucune des observations ne présentait, jusqu'à présent, de garanties suffisantes d'authenticité. C'est pourquoi Is. Geoffroy Saint-Hilaire, qui les a rapportées dans son ouvrage, ne les a mentionnées qu'avec un point de doute. » Tout récemment un physiologiste danois, M. Panum, a fait connaître deux cas parfaitement authentiques de duplicité du cœur, qu'il avait observés sur des embryons de poule retirés de l'œuf. » J'ai pu observer cette année un cas de ce genre. L'œuf avait été mis en incubation le 24 juin et ouvert le 4 juillet. Je fus frappé, au moment où j'ouvris l'œuf, par l'aspect insolite que présentait le viteilus. 11 n'y avait aucune trace visible de vaisseaux sanguins. Le milieu du jaune était occupé par une vésicule ovoïde dont la plus grande longueur avait à peu près I centimètre. Sur les bords de la partie antérieure de cette vésicule, on voyait de chaque côté deux vésicules contractiles qui ont battu sous mes yeux pendant près de dix minutes. » En y regardant de plus près, je me suis assuré que la vésicule médiane était l'amnios, distendu par le liquide amniotique, et contenant dans son intérieur un embryon vivant. Les vésicules contractiles étaient deux véri- tables cœurs, composés chacim d'une vésicule auriculaire et d'une vésicule ventriculaire, dont les battements se succédaient d'une manière régulière. Ces deux cœurs étaient entièrement en dehors de l'amnios, et présentaient par conséquent une ectopie complète. 1) Il eût été fort intéressant d'étudier la disposition du système vascu- laire et se.s rapports avec les deux cœurs. Mais il m'a été impossible de faire cette étude, parce (jue le sang était complètement incolore et que, par conséquent, il ne me permettait pas de suivre, dans l'intérieur de l'embryon, la disposition des vaisseaux sanguins. On comprend d'ailleurs que la peti- tesse de l'embryon ne m'ait point permis d'essayer des injections. J'ai déjà eu d'ailleurs occasion, dans un précèdent Mémoire, de faire connaître cet état particulier du sang que j'ai rencontré dans plusieurs embryons mons- ( 447 ) ■ trueux, et qui résulte nou de l'absence, mais de la diminution très-consi- dérable des globules. » L'embryon ne s'était pas encore retourné. La tète était très- petite, de la grosseur d'une tète d'épingle, et ne présentait ancnne trace d'yeux ni de vésicules encéphaliques. Il n'y avait point de membre supérieur gauche. » Le pédicule de l'amnios existait encore. Je n'ai trouvé aucune trace d'allantoide. » J'ai eu du reste plusieurs fois occasion d'observer de semblables laits d'atrophie excessive de la tète, qui se rattachaient probablement à cette forme de monstruosité décrite par Geoffroy Saint-Hilaire sous le nom de Iriocéphalie. » Je n'avais jamais observé, dans mes précédentes recherches, de cas de monstruosité par fusion d'organes. Cette année, j'ai observé deux faits de ce genre. » Le premier m'a présenté un cas de symélie. L'œuf avait été mis en incubation le 3 juillet et ouvert le i6 juillet. L'embryon était mort depuis quelque temps. Je n'ai pu l'étudier complètement; mais j'ai constaté, de la manière la plus certaine, une fusion complète, sur la ligne médiane, des membres postérieurs, qui formaient un membre postérieur unique, mais beaucoup plus volumineux que ne le sont les membres postérieurs des embryons de poule observés à cette époque de l'incubation. Il eût été fort intéressant de savoir si dans ce symèle, comme dans les symèles humains, le pied était renversé; mais l'embryon était trop jeune pour me permettre de constater ce fait. » L'amnios avait encore son pédicule et présentait en avant une large ouverture ombilicale. Je n'ai point vu d'allantoide. » Le second fait était bien plus remarquable encore. L'incubation avait commencé le 3 juillet, et l'œuf avait été ouvert le 20 juillet. L'embryon était mort : il ne s'était point/etourné, et]était par conséquent couché à plat sur le vitellus. La tète seule était renversée et couchée sur le côté gauche, comme dans l'état normal. 1) Il n'y avait qu'iui œil, placé sur la ligne médiane, immédiatement au- dessus du bec supérieur. Cet œil était rudimentaire et seulement indiqué par la choroïde. Il n'y avait également qu'une seule vésicule cérébrale. J'avais donc sous les yeux un véritable cas de cyclopie. » Le membre supérieur gauche était rudimentaire, tandis que le membre supérieur droit et les deux membres postérieurs avaient leurs dimensions normales. ( 448 ) » L'ombilic était largement ouvert. Il y avait une éventration complète. Le cœur, le foie, l'estomac faisaient hernie au travers de l'ombilic. Le cœur était renversé; la région ventriculaire était dirigée vers la tête, tandis que la région auriculaire était plus voisine de l'ouverture ombilicale. J'ai con- staté l'existence d'une bride membraneuse qui unissait le foie aux bords de l'ombilic. » Le pédicule amniotique persistait encore. » Je n'ai pu malheureusement étudier tous ces faits avec le soin qu'ils méritaient, car les embryons étaient morts depuis quelque temps lorsque j'ai ouvert les œufs. Mais je crois devoir publier dès à présent ces observa- tions, quoique incomplètes, parce qu'elles me donnent l'espoir fondé de produire artificiellement toutes les formes possibles de monstruosités simples. » PHYSIOLOGIE. — Expériences sur l'allération spontanée des œufs; par M. Al. Donné. Présentées par M. Pasteur. « Permettez-moi de vous communiquer les résultats d'une série d'ob- servations sur un sujet que vous avez traité à fond dans votre Mémoire: con- cernant les Corpuscules organisés qui existent au sein de l'atmosphère et dans votre Examen de la doctrine des générations spontanées. M Je me suis proposé de rechercher ce qui se passe dans luie matière organisée, abandonnée à elle-même et naturellement à l'abri des germes répandus dans l'air, sans l'intervention d'aucun agent physique ou chi- mique. L'œuf des oiseaux m'a paru réaliser ces conditions. En effet, la ma- tière organisée de l'œuf est naturellement préservée du contact des agents extérieurs par une enveloppe que l'on peut considérer comme imperméa- ble aux particules et aux germes répandus dans l'air; la matière qui le compose est d'un ordre très-élevé dans l'organisation, car elle contient tous les principes constituants d'animaux haut placés eux-mêmes dans l'échelle. Ces éléments sont tout prêts à entrer dans le mouvement vital, sous l'influence du germe animal qu'ils renferment et qu'ils sont chargés de nourrir; ils vivent presque, c'est déjà presque un animal vivant. D'un autre côté, ils ne manquent pas de l'air nécessaire au développement de la vie, ils en contiennent au contraire une portion notable, destinée sans doute aux premiers besoins de la respiration du petit. La présence de cet air est généralement admise, mais j'ai voulu la constater de nouveau et m'assurer de sa nature; d'après les analyses auxquelles M. le professeur Béchamp a ( 449) bien voulu se livrer sur ma demande, cet air présente la composition sui- vante : » Première expérience. — Air rassemblé vers le gros bout dans six œufs conservés depuis un mois : Azote 80, g3 Oxygène I9'°7 • 100,00 » Deuxième expérience. Azote 79, 75 Oxygène 20,25 100,00 « C'est donc à peu près de l'air atmosphérique, très-pur et très-propre à l'entretien de la vie, puisque encore une fois il doit servir à allumer la première étincelle de vie dans l'embryon qui va naître. N'y a-t-il pas là toutes les conditions les plus favorables à une génération spontanée : une matière animale complexe, capable d'entrer dans de nouvelles combi- naisons, en présence d'un air vivifiant, renfermée dans sa coque et aban- donnée à elle-même? Ces éléments organiques, ou plutôt tout organisés, ne vont-ils pas se séparer quand le germe de l'œuf non vivifié ne les retien- dra plus unis, et à la moindre impulsion, au moindre mouvement de fer- mentation, ne les verra-t-on pas donner naissance à ces organismes infé- rieurs qui se produisent avec une si merveilleuse facilité dans des conditions en apparence moins favorables? » J'ai choisi l'œuf de poule pour mes expériences. Je ne copierai pas ici le registre de mes observations ; les résultats sont tellement conformes, que je vais me borner à les consigner. » Des œufs de poule tout frais, étiquetés, ont été placés chaque semaine par séries dans des coquetiers sur la fenêtre de mon cabinet, situé au second étage et à l'exposition du levant. I^es uns sont demeurés intacts, les autres ont été percés au sonmiet d'une ouverture capable d'admettre le bout du petit doigt. Ces œufs ont subi, pendant les quatre mois indiqués, des varia- tions de température allant de 10 à 12 degrés centigrades jusqu'à 3o et 36 au-dessus de zéro. Au bout de huit jours environ, plus ou moins suivant le temps, les œufs ouverts, après avoir subi un certain dessèchement de leur matière abaissée au-dessous de l'ouverture, ont constamment montré sur la membrane qui recouvre l'albumen de petites taches veloutées, blanches C. R., 186:^, 2"'= Semestre. (T. LVII, N" 8.) 6o ( 45o ) avec des points d'iiii vorl foncé. A l'œil nu, on reconnaissait la moisissure avec ses caractères ; saisie avec des pinces^ placée sur une lame de verre, délayéi avec un peu d'eau pure, cette végétation montrait au microscope, avec un grossissement de 3oo, les filaments du pmiciliwn, accompagnés, lorsque le temps avait été assez chaud, d'une sorte de fructification compo- sée de corps jaunes, en forme de calebasse. i> Ces corpuscules jaunes n'existaient que dans la matière verte, je ne les ai jamais rencontrés mêlés aux filaments blancs. La matière de l'œuf lui- même, examinée au microscope, ne présente absohnnent aucun mouve- ment et on n'y découvre ni vibrions, ni bacterium, ni aucun animalcule. Mais bientôt, sous l'influence des agents extérieurs, l'œuf s'altère, les mou- ches l'envahissent et tous les phénomènes de la putréfaction se déclarent, avec accompagnement d'anmialcnlos microscopiques et même de gros vers visibles à l'œil nu. On retarde singulièrement cette putréfaction si, au lieu de laisser Y ccuï ouvert à l'air libre, on le recouvre d'un verre renversé. Les moisissures se flétrissent peu à peu, quelques /;«cte»7um apparaissent, mais il y a plutôt tendance de la matière à se dessécher qu'à se pourrir. » Les choses se passent autrement pour les œufs mis en expérience sans être ouverts. Ceux-ci restent des semaines et des mois, même pendant les grandes chaleurs de l'été, sans subir aucune altération putride. Ouverts par l'extrémité, après quatre, huit ou dix semaines, ils montrent un dk/c (c'est ce vide qui contienr l'air analysé plus hautj d'autant plus grand que l'œuf date de plus loin. (Je me suis en effet assuré, par des pesées exécutées tous les huit jours, que les œufs perdent successivement de leur poids; les chiffres ne sont pas encore relevés.) L'œuf n'exhale aucune odeur, et rien, absolu- ment rien de vivant, soit de la vie végétale, soit de la vie animale, ne s'est produit, ni à la surface de la mend)rane, ni dans l'intérieur de la matière; pas trace d'infusoires ni de végétaux microscopiques. » Mais après plusieurs jours d'exposition au contact de l'air extérieur, on voit naitre les petites taches de moisissure décrites plus haut, avec leurs filaments, leurs chajjelets et leurs corps jaunes que le microscope permet de constater et d'étudier. Puis les phénomènes de putréfaction commencent, surtout par l'influence des insectes qui s'abattent sur la matière, putréfac- tion que l'on retarde beaucoup, je le répète, en plaçant l'œuf sous un verre; mais dans tons les cas, un peu plus tôt, un peu plus fard, les vers infusoires naissent dans la substance. » Cette résistance de l'œuf, d'une malièreanimale si complexe, à la putréfac- tion, au bout (le semaines et de mois, par de grandes variations de tempéra- ( 45i ) lure, tant qu'on ne donne pas accès à i'air e\térieiH', ne vous senible- t-elle pas assez remarquable? Je croyais, je l'avoue, et beaucoup de per- sonnes sont peut-èlre encore dans la même opinion, que des œufs aban- donnés à eux-mêmes pendant les chaleurs de l'été ne devaient pas tarder à se gâter, à entrer en putréfaction, et je m'attendais en les ouvrant, au bout d'un on deux mois, à les trouver fétides et en proie à tons les phénomènes de la décomposition. Il n'en est rien, et j'ai poussé l'expérience si loin à cet égard et sur un si grand nombre d'œufs, que je crois pouvoir affirmer qu'il n'y a pas de limite à cette conservation (je ne parle pas de leur fraîcheur comme aliment, bien entendu), et que l'œuf irait ainsi en se desséchant jus- qu'à la fin, sans fermenter ni pourrir. >/ Et cette stérilité absolue, quant à la jjroduction d'êtres végétaux ou animaux, de la part d'une substance si riche en éléments d'oiganisation, n'est-elle pas une nouvelle et forte objection contre 1:ï théorie des généra- tions spontanées? » Il y a pourtant une circonstance où la matière de l'œuf ne reste pas ainsi intacte, quoique à l'abri de l'air extérieur. Ce fait est assez curieux et me paraît toucher à un point délicat de la question des ferments, éclairée d'une si vive lumière par vos belles expériences. Cette matière de l'œuf qui ne s'altère pas, dans le sens de la putréfaction, tant qu'on la laisse dans son état normal, subit promptement l'action de la décomposition si par des se- cousses on détruit sa structure physique, c'est-à-dire si on rompt la trame, les cellules du corps albumineux, et qu'on opère ainsi le mélange du jaune et du blanc. Alors, même sans accès de l'air extérieur, en se garantissant même de cette intervention par lui surcroît de précaution, tel qu'une couche de collodion répandue à la surface de l'œuf, on voit tous les phé- nomènes de décomposition apparaître, après ini temps plus ou moins long suivant la températuie, mais toujours en moinsd'un mois; tous les phéno- mènes de décomposition, excepté toutefois la production d'êtres vivants de l'un ou de l'autre règne, car, quel que soit le degré de pourriture auquel on laisse arriver l'œuf, on n'y peut pas découvrir la moindre trace d'animal- cules ni de végétaux microscopiques; la matière de l'œuf est trouble, d'une couleur livide; elle exhale une odeur fétide au moment où on brise la coque, mais rien , absolument rien ne bouge dans cette matière, rien ne vit, et l'examen microscopique le plus attentif et le plus répété n'y fait pas dé- couvrir le moindre être organisé ou vivant. Une fois au contact' de l'air extérieur, la décomposition marche rapidement avec son cortège d'infu- soires et d'êtres microscopiques. 60. ( 45a ) « N'est-ce pas là une nouvelle preuve de la nécessité de l'intervention des germes répandus dans l'atmosphère pour donner naissance à des êtres vivants ? » CHIRURGIE — Nouvelle méthode de réunion des plaies simples, sans laisser de cicati ice dijjorme . Note de M. Tavernier, présentée par M. Velpeau. « Depuis un an j'étais sollicité, par une famille de ma clientèle, à enlever un kyste de la grosseur et de la forme d'un petit œuf de pigeon qui s'était développé à la partie gauche du cou, le long du bord postérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien, chez une jeune fille de quinze ans, très-forte pour son âge et pleine de vigueur. » L'épidémie d'érysipèles meurtriers qui régnait alors me fit remettre l'opération à un moment plus favorable, et c'est au commencement d'avril i863 que j'ai consenti à entreprendre cette ablation. » Après avoir incisé la peau longitudinalement et dans toute son épais- seur, j'ai pu saisir ce kyste, le dégager du tissu graisseux environnant, et l'extraire de la cavité dans laquelle il était profondément logé; car il ne faisait pas une forte saillie sous la peau. Jusque-là, rien d'extraordinaire, rien qui ne se fasse tous les jours. » Mais je tenais à ce que cette opération ne déformât pas le cou de ma jeune personne; je désirais surtout que la profondeur occupée par le kyste fût remplie et que la cicatrice ne fiît pas entraînée au fond d'un cul-dc-sac, comme il arrive souvent pour les glandes suppurées, dans les écrouelles. Je voulais, enfin, que la cicatrice, restant de niveau, parfaitement droite, simulât une simple égratignure et disparût totalement avec l'âge : j'ai réussi dans les deux tiers de mes vœux, le temps seul pourra me donner satisfac- tion pour la troisième partie. » Afin d'arriver à ce résultat, tant désiré de part et d'autre, j'ai imaginé de fermer provisoirement la plaie, longue de 8 centimètres, avec des serres- fines, petites pinces élastiques connues de tous les chirurgiens. Après que le sang eut rempli le vide laissé par le kyste et cessé de se répandre abondam- ment au dehors, j'ai exécuté la fermeture définitive, en déposant de proche en proche, à partir de l'angle supérieur de la plaie, une couche de collo- diou, jusqu'à la première serre-fine que j'ai retirée pour la placer au-des- sous de la seconde; puis j'ai continué l'occlusion, en ayant le soin scrupu- leux de maintenir les bords de la plaie à un niveau parfait et de les fixer avec une nouvelle application de coUodion. J'ai enlevé ma seconde serre- ( 453 ) fine pour agir, à sa place et au-dessous du point qu'elle occupait, de la même manière que pour la première, et jai continué jusqu'à ce que je fusse arrivé à l'angle inférieur dont j'ai laissé un seul point libre. » Le tout a été consolidé par une large et épaisse couche de collodion ap- pliquéesur le petit ruban de réunion. Les bords de la plaie ainsi affrontés se sont cicatrisés sans la moindre déviation, le fond de la plaie s'est rempli, la peau s'est maintenue sur le niveau du plan arrondi du cou; il n'est pas sorti une seule goutte de pus par l'ouverture que la prudence m'avait conseillé de laisser libre. u Au bout de huit jours j'ai enlevé la couche de collodion; la cicatrice, rouge mais droite, était parfaitement prise dans foute son étendue. De- puis l'époque de l'opération jusqu'à ce jour, c'est-à-dire depuis quatre mois et demi, la cicatrice s'est raccourcie ; elle se décolore et promet de réa- liser mon troisième désir, celui de devenir invisible à un oeil non prévenu. On voit tout de suite les avantages qu'on peut retirer de ce procédé : il em- pêche que les cicatrices soient déprimées. » Il remplace avantageusement les bandelettes, souvent infidèles dans leur action, et qui par leur opacité empêchent le chirurgien de voir les progrès de la guérison. » Il supprime, dans la plupart des cas, les points de suture dont l'appli- cation douloureuse ajoute une plaie à une autre et provoque souvent ime inflammation qui compromet le succès de l'opération. » Il met enfin les plaies, avec perte de substance, à l'abri du contact de l'air; en recouvrant celles-ci d'un linge coUodionné et fixant celui-ci avec du collodion liquide, on obtient facilement ce résultat. » M. A. Panizzi, bibliothécaire principal du British Muséum, au nom de cette institution, adresse des remercîments à l'Académie pour l'envoi des « Comptes rendus » de ses séances, rSSg-iSGi; des tomes XVI et XVII du « Recueil des Savants étrangers » et de « l'Atlas des cercles chromatiques » de M. Chevreul. M. le D*^ Renard écrit, au nom de l'administration du Musée public de Moscou, pour annoncer l'envoi, par la voie de l'ambassade russe à Paris, de la première livraison du bel ouvrage publié, aux frais du Musée, sous le titre de « Copies photographiques des miniatures des manuscrits grecs con- servés à la Bibliothèque synodale de Moscou », et prie l'Académie de com- prendre le Musée de cette ville au nombre des établissements auxquels elle (454) t'ait don de ses publications. Il demande aussi que l'Académie veuille lui accorder ses anciennes publications. (Renvoi à la Commission administrative.) M. le D"^ Rexard, au nom de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, f;!it hommage à l'Académie des numéros a à 4 du Bulletin de la Société pour 1862. M. Rayer présente, au nom de M. le /)'" Picard, un Mémoire intitidé : « Des accidents occasionnés par les arbres et les courroies de transmission l't des moyens de les prévenir », et que l'auteur adresse au concours pour le prix concernant les Arts insalubres. (Renvoi à la future Conmiission.) M. Marié-Davy adresse, au nom de M. Le Verrier absent, les Bulletins météorologiques de 1 Observatoire impérial de Paris du 16 au 21 août. 31. GuvoN fait hommage, au nom de l'auteur, M. Ernest de Berg, biblio- thécaire au Jardin impérial de Botanique de Saint-Pétersbourg, des ouvrages suivants : i'' « Répertoire de la Littérature des Sciences minéralogiques, géolo- giques et paléontologiques concernant la Russie, jusqu'à la fin du xviii'' siè- cle » (en allemand); 2° Addimenta ad Pritzelii thesaiirum literaturœ botanicœ ; 3° Calalogm bibliolliecœ Horli imperialis botanici Petropolitani ; 4° « Catalogue des dessins de plantes exécutés et conservés au Jardin impérial de Botanique de Saint-Pétersbourg ». M. le D' Caron, à l'occasion de la discussion qu'ont soulevée les commu- nications de M. le D' Boudin sur la question des mariages consanguins, adresse une Note renfermant des observations qui viennent à lappui de I opinion émise par ce médecin. (Renvoi à la Commission chargée de l'examen des travaux de M. Boudin; Commission qui se compose de MM. Andral, Rayer, Bernard, Bienaymé.) M. Ch. Guéris adresse une Note sur un nouvel appareil hydraulique. (Renvoi à l'examen de M. Combes.) ( 455 ) M. Castillon-Cmchet adresse une Note avec dessins sur une pompe mue par la force du vent et dont le principe est un pendule duquel la tige, pro- longée au delà du point de suspension, est garnie à son extrémité d'une voile qui se présente alternativement au veut et obliquement à lui. (Renvoi à l'examen de M. Combes.) jyjme yeuve RotssEL écrit pour annoncer que, s'occupant depuis long- temps de météorologie, elle désirerait faire part de ses observations à l'Aca- démie. On répondra à cette dame qu'elle peut envoyer son travail qui sera examiné avec attention. M. John Ghersi demande et obtient l'autorisation de retirer un Mémoire présenté par lui à la séance du 20 juillet dernier. M. F. Neucourt explique que l'ouvrage, dont il avait précédemment annoncé l'envoi, est un ouvrage imprimé ayant pour titre: « Des Maladies chroniques », et demande qu'il soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la Commission.) M. Albert R.\ck écrit pour demander de hâter le travail de la Commis- sion chargée de faire un Rapport siu' un travail antérieurement présenté par lui. (Renvoi à la Commission.) M. Méret, dans une Lettre adressée à M. le Secrétaire perpétuel, pré- sente quelques considérations sur la limite qui sépare l'intelligence des animaux de celle de l'homme, considérations appuyées sur quelques faits qu'il a eu occasion d'observer. (Renvoi à MM. Flourens, Cl. Bernard.) M. DE Saint- Venant écrit pour demander des renseignements sur Du Buat, ancien Correspondant de l'Institut, qui a rendu à la science hydrau- lique de grands services, et sur lequel il s'occupe de publier une Notice biographique. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. ( 456 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9.4 août i863 les ouvrages dont voici les titres : Noie sur la théorie mathématique des courbes d'intersection de deux lignes tournant dans le même plan autour de deux points fixes; par G. VAN DER MENSnRUGGHE. (Extrait des Mémoires couronnés et des Mémoires des Savants étranc/ers, publiés par l'Académie royale de Belgique.) Bruxelles, i863 : br. in-S". Observation d'un cas de métrite parenchymaleuse, suivie de physométric ou lytnpanite utérine; par le D'' B. LuNEL. (Extrait de i Abeille médicale.) Paris, i863; demi-feuille in-8°. Transactions... Transactions de la Société Zoologique de Londres; vol. IV, partie 7; vol. V, part, i et 1. Londres, 1862; in-4'*. Proceedings.:. Comptes rendus des séances de la Société Zoologique de Londres; 1861, part. 3, juin à décembre; 1862, part, i", janvier à avril; part. 2, avril à juin; part. 3, juin à décembre. Londres, 4 ^'ol- in-8°. List... Liste des animaux vertébrés vivant dans les jardins de la Société Zoolocjique de Londres. 186a; Londres, br. in-8''. On cephalization... Sur la céphalisation et sur te méc/asthènc et le micro- sthène, au point de vue de la classification; par James D. Dana. (Extrait de V American Journal of Sciences and Arts, vol. XXXVL) Br. in-8''. Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou; publié sous la rédaction du D' Renard ; année 1862; n"^ 2, 3 et 4- Moscou, 1862; 3 vol. in-8''. Catalogue alphabétique et méthodique des dessins de plantes exécutés et con- servés au Jardin impérial de Botanique à Saint-Pétersbourg . Saint-Pétersbourg, 1857; br. in-8°. Calalogus sjstematicus bibliothecœ Horti imperialis botanici Petropolilani ; niravit E. DE Berg. Petropoli, i852; vol. in-8°. Addimenta ad Pritzelii thesaurum literaturœ botanicœ; collegit et composait E. DE Berg. Halis, iSSq; br. in-8°. Addimenta ad thesaurum literalarce botanicœ altéra; collegit et composait E. DE Berg. Petropoli, 1862; br. in-8". Repertoriimi . . . Bépertoire bibliographique des Sciences minera logiques, géo- logiques, patéontologiqucs et métallurgiques de la Russie jusqu'à la fm du XViii' iiècle; parE. DE Berg. Saint-Pétersbourg, 1862; in-8". (Eu allemand.) Tntorno... Etudes du projesseur Zantcdeschi sur la distribution du calorique dans l^ atmosphère de l' Italie; iu-8". Analisi... Analyse chimique de deux nouvelles sources d'eaux minérales de Montecatino en Toscane., connues sous le nom de Nuova acqua dell' Olivo- Acqua délia sainte; faite par Or^zio SlLVESTRI. (Extrait dn Rediconlo de' Invori eseguiti net laboratorio di chimica dclC Università di Pisa.) Naples, i863; iu-4°. Dei tartrati... Des tarlrates de strontiane et de baryte; par A. Scacchi. Naples, i863; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 31 AOUT 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Spécimen d'une distribution , dite par étages, des espèces zoologiques ; par M. Chevrecl. (Suite.) « La grande difficulté que présente la classification des espèces zoolo- giqiies en séries, c'est que les espèces de corps vivants sont bien autrement complexes par l'ensemble des rapports mutuels de leurs propriétés ou attri- buts que ne le sont les séries arithmétiques ou géométriques exprimées par des nombres. A la vérité les propriétés prises pour caractères des espèces, distribuées en genres, familles, ordres, classes, etc., n'étant cpi'en petit nombre relativement aux propriétés que la classification n'énonce pas, la distribution des espèces en séries est plus facile qu'elle ne le serait dans le cas contraire où toutes les propriétés seraient prises en considéra- tion; mais il arrive, lorsqu'on examine des espèces classées en séries depuis un certain temps, que les rapports mutuels sur lesquels repose la distri- bution des espèces sont rarement conservés. Dès lors, à raison des nou- veaux rapports que l'on croit plus naturels que les anciens, il faut changer la classification des espèces, de celles même qu'on croyait le mieux connaître. » Si Ion tend à classer les espèces d'animaux d'après leurs degrés res- pectifs d'organisation, de manière que les premières sont jugées supérieures à celles qui les suivent, il s'en faut beaucoup que dans ces classifications les espèces supérieures, du moins celles des Mammifères, par exemple, occupent des places parfaitement en harmonie avec les degrés respectifs des facultés que l'on fait dépendre de l'intelligence et même de l'instinct. C. R., i8G3, 2"" Semeslre. (T. LVII, N» 9.) 6l ( 458 ) » A quoi cela tient-il? C'est que, tout en reconnaissant en général l'in- fluence qu'un certain développement du système nerveux exerce sur les facultés dont je parle, si on prend en considération les formes du cerveau et même les traits de la pliysionomio, quand il s'agit des individus de l'es- pèce humaine examinés au point de vue respectif de leurs facultés intellec- tuelles, nous n'avons rien encoredeprécissur ce sujet, malgré de nombreuses tentatives faites pour juger des qualités intellectuelles d'après l'observation des organes, en en considérant la forme, l'étendue relative qu'ils occupent, leur structure et les proportions respectives de leurs tissus constituants; car cette observation toute physique ne donne rien de précis sur l'activité dont les organes soumis à l'examen sont doués à l'état vivant. » Le peu de relation qu'une observation attentive aperçoit aujourd'hui entre les organes et les facultés de l'ordre le plus élevé que nous attribuons aux animaux est-il conforme à l'importance que la philosophie doit se faire de la méthode naturelle? Je ne l'ai jamais pensé; mais, celte opinion admise, il serait fâcheux qu'on voulût suppléer à l'observation en cher- chant à modifier, sous le prétexte de rectifier, des rapprochements qui repo- sent sur des faits observés qu'on a lieu de croire exacts. Dès lors je n'hésite point à dire quelon doitcontinuer la marche suivie aujourd'hui par lesanato- mistes et les zoologistes les plus distingués , mais avec la condition expresse de donner une attention toute particulière à la relation établie entre les facultés appelées intelleclueltes et instinctives, et les organes, tels qu'ils se présentent à l'observation approfondie, afin de savoir s'il existe une har- monie satisfaisante entre ces facultés et ces mêmes organes. » La conséquence de l'état de choses que je viens de signaler est qu'en disposant les espèces, les genres, les familles d'un même ordre (i), d'après la considération d'une organisation physique jugée supérieure à l'organisation pliysique d'espèces appartenant à un ordre différent, on pourra apercevoir dans celui-ci, au point de vue des facultés intellectuelles, des espèces supé- rieures à des espèces du premier ordre. » Par exemple, l'ordre des Quadrumanes précède l'ordre des Carnassiers, et celui-ci les ordres des Marsupiaux, des Rongeurs, des Edentés, et des Pachydermes auxquels appartiennent l'Éléphant et le Cheval. [Règne animal de Cuvier. ) )) Si vous motivez la supériorité de l'ordre des Quadrumanes par la supé- riorité de rOrang, du Chimpansé et du Gorille, Singes que l'on a toujours considérés comme les êtres les plus rapprochés de l'homme par leur orga- (i) Ordre en zooloyie, c'est une sulidivision immédiate d'une classe d'animaux. ( 469 ) nisadon physique et par des facultés intellectuelles supérieures à celles des autres animaux mammifères, n'est-il pas évident que les Makis, Quadru- manes comme les Singes que je viens de nommer, comparés à l'égard de l'inleiligence avec les Carnivores des genres Chien et Phoque, seront tout à fait inférieurs à ceux-ci? Il y a donc désaccord entre l'organisation physique et les facultés intellectuelles; car, aux yeux de tous, le Chien est bien supérieur, comme animal intelligent, aux Makis. Même résultat pour le Phoque. » Ma conclusion est donc qu'on ne peut ranger les espèces animales dans luie série unique, comme Bonnet et de Blainville ont tenté de le faire à des époques différentes : et après avoir réfléchi aux séries parallèles, proposées par plusieiu's naturalistes, je n'y ai vu que de vains palliatifs au vice radical de la série unique, et sans doute des éludes ultérieiu'es ne manqueront pas d'altérer la rectitude des séries parallèles en obligeant le naturaliste à disposer des espèces entre les lignes mêmes de ces séries, et à revenir ainsi à la classification dite réticulée. » Je conçois un mode de classification exempt des inconvénients que présentent une série unique et même des séries parallèles, et parce que je n'ai nulle prétention à établir ini système de Zoologie, mais simplement d'exposer quelques idées propres à faire disparaître les inconvénients dont je viens de parler, je vais comme spécimen appliquer mes vues à la dispo- sition de quelques-unes des espèces de l'ordre des Quadrumanes et de l'ordre des Carnassiers, en les classant d'après le mode que j'appelle par étages. Ces espèces sont disposées sur deux plans superposés horizontalement; le plan supérieur reçoit les Quadrumanes, et l'inférieur les Carnassiers. » Les espèces considérées par les naturalistes-anatomistes comme les plus parfaites occupent la partie centrale du plan; les autres espèces sont dis- posées autour des premières et à des distances d'autant plus grandes du centre que leur organisation est jugée moins parfaite. )> S'il existe des modifications d'organisation très-diverses, on place les espèces qui les présentent sur des rayons différents partant du centre ; » Et s'il existe des modifications analogues entre les espèces de genres différents, on place ces genres sur un même rayon, et l'on fait ainsi une série d'espèces. « Ne sachant pas si l'Orang-Outang, le Chimpansé et le Gorille doivent être considérés comme différant par leur organisation au point de vue de leur supériorité respective, je les dispose sur la circonférence d'un cercle dont le centre est celui du plan. Leur place se trouve à l'extrémité des trois 6i.. ( '|6o ) rayons qui divisent la circonférence en trois arcs de 120 degrés chacun. Si les trois espèces élaient réellement différentes d'organisation au poii\t de vue de leur supériorité respective, il faudrait les déplacer pour les mettre à des distances différentes du centre. » Je placerai le plan des Carnassiers au-dessous des Quadrumanes, et je mettrai au centre les espèces les mieux organisées, à savoir : le Chien, le Phoque, l'Ours et le Chat. » Sur le rayon où se trouve le Citât, je placerai le Guépards » Sur le rayon où se trouve le Chien, je placerai la Civette, puis la (jCiiette ; » Sur le rayon où se trouve le Phoque, je placerai VOtarie, YEnhjdre, la Zowfre aboutissant à la Marte; )i Enfin, sur le rayon où se trouve VOurs, je placerai le Sitbursits, le Mélès ou Blaireau, et ce rayon comme le précédent aboutira à la Loutre. » De sorte que l'artifice que je propose permet de ranger les espèces eu séries convergentes si le besoin s'en fait sentir. » Les avantages de la distribution par étages des espèces zoologiques sont incontestables, car elle se prête à représenter aux yeux toutes les rela- tions que l'esprit peut apercevoir entre ces espèces. » 1° Si un ordre ne présentait qu'un type d'organisation dans les genres et les espèces qui le composeraient, lui seul rayon tiré du centre du plan représenterait l'ensemble de ces espèces, et le tableau indiquerait claire- ment ce fait. » 2° Si un ordre présentait des séries parallèles d'espèces aussi rigoureu- sement déterminées dans leurs distances respectives que le sont les termes des séries numériques, vous traceriez des circonférences concentriques, vous prendriez des points équidistants sur la courbe de moindre rayon que vous distingueriez par les lettres a, a', a", a', a", a^ , a7\..., et vous tireriez de ces points des droites parallèles. Aux points d'intersection avec la deuxième courbe, vous écririez les lettres h, b', b" , h", b", b", b'"',...; sur les points d'intersection de la troisième courbe, les lettres c, c', c", c'", c", c'', C'...., et ainsi de suite. ( 46i ) » Cette figure indiquerait qu'il n'y a pas un type unique d'organisation, mais bien qu'il existe autant de types «, a\ a", «'", a", a', a"',..., que de têtes de séries. » 3° Si un ordre présente des séries convergentes, le second tableau montre la facilité avec laquelle on les présente : ainsi, le Phoque et ses dé- rivés d'une part, et d'une autre part l'Ours et ses dérivés, sont sur deux lignes qui aboutissent à la Marte. » 4° Si un ordre présente des séries divergentes, cas le plus ordinaire, je crois du moins, dans la classe des Mammifères, le premier tableau témoigne de la manière de satisfaire à cette condition. » 5° On peut par des lignes établir des rapports entre les diverses espèces d'un même plan. » Que l'on vouliît établir une relation entre deux espèces placées à deux étages consécutifs, on y parviendrait en tirant une ligne dans un plan ver- tical passant par les deux points dont il s'agirait de montrer la correspon- dance. » Par exemple, s'il s'agissait du Galéopithèque du premier tableau et des Chéiroptères du deuxième, on tirerait du premier point au deuxième point une ligne oblique aux deux plans. M Si l'on avait quelque motif pour que cette ligne fût une veiiicalc (les deux plans sont supposés horizontaux), on satisferait à cette condition à l'aide d'une convention f/'ALTiTUDE que je vais expliquer. Du point Galéopi- thèque du premier plan on tirerait une perpendiculaire au deuxième plan, et on la prolongerait quelque peu au-dessous; c'est précisément à l'extrémité inférieure de cette ligne qu'on imaginerait la place des Chéiroptères, d'après la convention cpie l'on compenserait par abaissement ce dont le rapproche- ment du centre tendrait à élever l'organisation des Chéiroptères, qui sont placés dans le deuxième tableau plus loin du centre que ne l'est le Galéo- pitlièque dans le premier tableau. Si le cas était inverse, c'est-à-dire si le Galéopithèque était plus éloigné du centre du premier plan que les Chéi- roptères ne le sont du centre du deuxième plan, on reculerait leur place de ce centre, et on compenserait l'éloignement par une élévation dans le sens de la verticale. Ces deux cas montrent que la compensation d'al- titude serait négative {—) dans le premier cas et positive (-+-) dans le second. » En résumé, on voit : » 1° Comment, sur le plan des Quadrumanes, l'organisation des espèces s'affaiblit à mesure qu'on s'éloigne du centre; » 2° Comment la forme principale va en s'affaiblissant sur le rayon ( 462 1 partant du centre et sur lequel se trouve ïine des trois formes les plus par- faites des Quadrumanes; 1) 3" Comment il est possible de représenter la modification que peuvent affecter des formes qui ne rentrent pas dans l'une des trois formes centrales; >) 4° Comment il est possible, en opérant la distribution des espèces de Carnassiers sur le plan inférieur au premier, d'établir une correspondance entre les espèces de Carnassiers et les espèces de Quadrumanes; » 5° Comment, si le Chien est inférieur aux Singes les plus parfaits, il en est rapproché bien plus que les Makis; car si dans le sens vertical il y a infériorité du haut en bas, cette infériorité peut être estimée bien moindre qu'on n'estime la distance de deux espèces du même plan qui se trouvent très-éloignées l'une de l'autre; u 6" La possibilité, par des altitudes différentes prises sur chacun des plans où se placeraient des espèces d'un même genre présentant une no- table différence dans les facultés intellectuelles, de faire saisir de nouveaux rapports entre les espèces de deux ou plusieurs plans superposés. » Je crois en avoir dit assez pour donner une idée juste des avantages de la distribution dts espèces zooloyiques ]iar étages. » Elle est applicable à la classification des races humaines; à celle des espèces d'un genre; à celle des genres d'une famille; à celle des ordres d'une classe, et à celle des classes d'un embranchement, » Je fais le plus grand cas des facultés attribuées à l'intelligence et aux instincts, et dès à présent on doit les prendre en considération, lorsqu'il s agit de classification, parce que leur existence se manifestant par des phé- nomènes, ces facultés sont nécessairement parties de l'organisation, et jamais on ne sera satisfait tant qu'une classification sera faite comme si elles Jiexistaient pas. On doit donc en tenir compte; mais avec la réserve que tant que la science sera ce qu'elle est actuellement, il faudra se garder de déranger l'ordre suivant lequel on subordonne les espèces zoologiques les inies aux autres, comme je l'ai dit explicitement plus haut. Ce qui me paraît utile, c'est que dans la classification j)av étages, si des espèces paraissent, en vertu de leur organisation, devoir être placées au centre relativement à d'autres espèces évidemment plus intelligentes, il faudra éloigner celles-ci du centre; mais on en fera la remarque explicite, afin que les personnes qui partagent mes opinions cherchent si ce résultat, que je trouve opposé au liul lie la méthode naturelle teWe que je me la représente, ne peut, par un PLAN DES QUADRUMMES X. Cûlcoo , . Oulséiti C.R.,1863, Z™=Seme3tre.(T, LVIl, N"9 11 PLAN DES CARNASSIERS ( /i^/re/tA Ivsrc/'ivù C.R.,1863, ?/"^^Seineslre.{T.LVll, N ^: 9 ( /|63 ) examen approfondi, être expliqué conformément à cette méthode, parce qu'alors cette recherche conduirait à trouver dans l'organisation phy- sique des faits qui auraient échappé jusque-là à l'observation. » CHIRURGIE. — Bec-de-lièvre double, compliqué de In saillie de l'os incisif et d une large division congénitale de la voûte et du voile du palais. Restauration de la voûte palatine par auloplastie périoslique. Absence de toute régénération osseuse au bout de trois mois. Note de M. Sédillot. « Parmi les progrès inspirés par les beaux travaux de M. Floureiis sur la légénération périostique des os, la palatoplastie du professeur Langenbeck est certainement l'un des plus remarquables. On sait que cet habile et célè- bre chirurgien, continuant et perfectionnant les tentatives de Roux et de Dieffenbach, a eu l'heureuse hardiesse de détacher la totalité du périoste des deux moitiés divisées de la voûte palatine, et de se servir des lambeaux ainsi formés pour combler l'écartement des os, rétablir l'intégrité de la voûte pala- tine, et remédier à cette affreuse difformité qui était restée jusqu'à nos jours incurable. J'ai répété à la clinique de Strasbourg cette belle opération, et je ne pouvais trouver une meilleure occasion d'étudier la question tant controversée des régénérations périostiques des os. » L'Académie a déjà reçu de nombreuses communications sur ce sujet, et, malgré la multiplicité et l'importance des faits soumis à sa haute apprécia- tion, tous les doutes n'ont pas encore été levés et l'on a continué à récla- mer la preuve certaine et incontestable de la reproduction d'un os par des surfaces ou des gaines périostées. » Mon malade, âgé de treize ans, a été opéré le 2,3 mai. La tissure pala- tine présentait lo millimètres de largeur en avant, 17 en arrière au niveau de la naissance du voile. La moitié droite de la voûte palatine avait 20 milli- mètres et la moitié gauche i5 millimètres de largeur. Les lambeaux périos- tiques furent rapprochés et réunis sur la ligne médiane avec un plein succès ; et après la staphyloraphie, faite quelques jours plus tard (3o mai), la diffor- mité n'existait plus, et la voûte et le voile du palais étaient rétablis, à l'ex- ception d'une étroite ouverture de 8 à 10 millimètres de longueur, en arrière de l'os incisif. Il eût été de la dernière imprudence de vouloir terminer l'opé- ration en un seul temps : les lambeaux périostiques n'auraient plus été suffi- samment soutenus, et la division simultanée des grandes artères palatines et de la naso-palatine, ou palatine antérieure, aurait rendu la mortification imminente. C'est le 26 août seulement, trois mois après les premières opé- ( 464 ) mtioiiS) que nous avons détaché le périoste en arrière des canines supé- rieures et de la première petite molaire, pour combler la portion persistante antérieure de la fissure, et nous avons alors constaté, avec M. le professeur Bœckel, qu'à ce nioment la portion de la voûte reconstituée depuis trois mois par les lambeaux périostiques n'offrait aucune trace d'ossification. Les tissus étaient souples, élastiques, dépressibles, sans dureté à la pression, et la pointe du bistouri promenée sur la surface nasale ou périostée du lam- beau ne rencontra pas le moindre noyau d'ossification. )i Ce fait négatif ne démontre pas l'impossibilité absolue des régénéra- tions osseuses par des lambeaux déplacés du périoste; mais il prouve au moins le peu d'importance que méritent les affirmations contraires, tant qu'elles restent dénuées de caractères scientifiques positifs et certains. Nous avons demandé qu'on mît sous les veux de l'Académie un os véri- tablement régénéré par le périoste, et cet appel n'a pas encore été entendu. » Si le périoste n'a pas ici reproduit d'os, nous devons reconnaître que l'os dénudé a reproduit du périoste, et les parties de la voûte palatine, mises à nu par la dissection et le transport des lambeaux vers la ligne médiane, se sont couvertes d'un nouveau périoste et d'une nouvelle membrane muqueuse dont il serait [lossible de tirer ultérieurement parti dans le cas où quelques fentes ou pertuis fistuleux seraient à fermer. » Si quelques changements survenaient dans l'état des tissus périostes employés à l'occlusion de la voûte palatine, j'aurais l'honneur d'en infor- mer l'Académie. » M. Dumas, faisant fonction de Secrétaire perpétuel, présente, au nom de M. le contre-amiral Paris, la deuxième partie (texte et atlas) de l'ou- vrage intitulé : « L'Art naval en 1862 à l'Exposition universelle de IjOndres »; Et au nom de M. de Marlius, un exemplaire des « Glossaria (ingiiarxim Brasiliensiwn » [voir au Bulletin bibliocjraphicjue). MÉMOIRES LtS. CHIMIE VÉGÉTALE. — Définir par la véi/étalion l'étal molt'culaire des corps; analyser la terre végétale par des essais de culture; par M. Georges Ville. (Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Peligot. ) « L'année dernière j'ai appelé l'attention des savants sur quelques faits de végétation d'un ordre nouveau dont il m'était alors inipossible de définir (465) avec sûreté le véritable caractère et de prévoir toutes les conséqiieuces. Plus heureux aujourd'hui, je me crois en mesure d'assigner à mes résultats leur véritable signification. Se servir de la végétation pour nous aider à dé- finir l'état moléculaire des corps; analyser qualitativement la terre végétale par des essais raisonnes de culture: tels sont, dans leur plus haute géné- ralité, les faits dont je vais m'efforcer de mettre en lumière la certitude et l'utilité. » J'ai publié Tannée dernière deux résultats que j'ai besoin de rappeler, car ils ont servi de point de départ aux recherches présentes. » Le premier, c'est qu'à proportion égale d'azote les chlorhydrates d'éthylamine et de méthylamine produisent sur la végétation autant d'effet que le chlorhydrate d'ammoniaque. Sous l'influence de ces trois composés les récoltes s'équilibrent au point de se confondre (i). » Le second, c'est que, dans les mêmes conditions, l'urée produit beau- coup plus d'effet que l'éthylurée. Avec le secours de l'urée le rende- ment étant exprimé par i8^'',89, avec l'éthyhn-ée il ne l'est plus que par as^ôa (2). M Or, le chlorhydrate d'éthylamine étant actif, je me demande pourquoi l'éthylurée ne l'est point? >' Un corps composé étant donné et ce corps étant assimilable parles végétaux, si on modifie sa composition sans porter atteinte à son type chi- mique, les dérivés accusent des propriétés fort différentes à l'égard des vé- gétaux, suivant le degré atteint par la substitution. » Supposons que Ion choisisse l'ammoniaque I Az • H 1 comme type \ 'h/ initial. Vient-on à remplacer un équivalent d'hydrogène, un seul, par le groupe C*H' ou C-H% le dérivé conserve à l'égard des végétaux toute l'ef- ficacité du générateur. Le chlorhydrate d'ammoniaque ayant produit i ■j^'^.'in. avec le chlorhydrate d'éthylamine et de méthylamine les rendements sont exprimés par 16^'', ai, inSf^g/j. i^es dérivés conservent encore dans toute leur intégrité les propriétés des types générateurs, lorsque, pour un double équivalent d'ammoniaque condensé en un seul qui devient diatomique, ou remplace H^ par un radical qui est lui-même diatomique. Tel serait, par ( I ) Comptes rendus de F Académie des Sciences, t. LV, p. 32 cl suiv. ; 1 862. (2) Toujours à égalité d'azote : o^',\ 10 dans les deux cas. C. R., i863, 2"i« Semestri'. (T. LVH, N» 9.) ^2 (466) exemple, le carbonyle C^O*. A l'appui, et comme justification de cette pro- position, je puis citer l'urée dont les bons effets égalent ceux des sels ammo- niacaux eux-mêmes, et par conséquent des sels d'éthyle et de métliy la- mine (i). » La substitution est- elle poussée plus loin? si elle atteint le second équivalent d'hydrogène, et à plus forte raison les suivants, l'activité fonc- tionnelle des dérivés diminue jusqu'au point de s'éteindre complètement. La même conclusion s'applique aux dérivés de la diamuioniaque. La neu- tralité de l'éthylurée déjà citée en est une preuve remarquable. » J'ai di( tout à l'heure qu'on pouvait remplacer dans le sel ammoniac la totalité de l'hydrogène par le groupe C*H' à parité d'équivalents, si bien qu'on possède les deux composés correspondants AzHXh, Az(C^H=)*Ch. » Grâce à la généreuse libéralité de M. Hofmann, j'ai pu expérimenter le chlorure de tétréthylammonium. Il s'est montré absolument inerte. Avec le secours de o^'', iio d'azote à l'état de chlorure d'ammonium, aa grains de sarrasin ont produit 9^*^,9 1 de récolte sèche : avec le chlorure de tétré- thylammonium le rendement est descendu à oS',91 . » J'aurais attaché un prix inestimable à pouvoir expérimenter le chlorure de diéthylammonium; mais n'ayant pu réussir à me procurer ce produit avec toutes les garanties de pureté désirables je lui ai substitué, grâce encore au concours de M. Hofmann, la diméthyloxamide et ladiéthyloxamidc qui lui correspondent. Or, ces deux produits se sont montrés absolument neutres et même nuisibles, alors que l'oxamide est efficace à l'égal de l'oxalate d'ammoniaque (2). )) Si les végétaux sont influencés à ce point par des atteintes de la plus exquise délicatesse apportées à la composition des corps avec lesquels on les met en rapport, il en résulte que les végétaux nous offrent un moyeii nouveau pour en explorer l'état moléculaire et nous aider peut-être à le définir. Qui aurait pu prévoir à priori l'inertie de l'éthylurée et du chlo- rure de tétréthylammonium et de la diéthyloxamide, en face des propriétés contraires de l'urée, du chlonne d'ammonium et de l'oxamide? Qui aurait (i) yoyez le Mémoire déjà cité. ( 2 ) A proportion égale d'azote, l'oxamide produit la moitié moins d'effet que l'urée, et l'oxalate d'ammoniaque la moitié moins que le sel ammoniac. En traitant dos effets de l'aniline je me demanderai pourquoi cette différence. (467 ) |ni prévoir qu'un jour viendrait où la végétation nous permettrait de suivre avec autant de sûreté les déplacements progressifs opérés par substitution au sein d'un système moléculaire dont le type originaire persisterait? » Quant à l'espérance que je conçois de fonder sur des essais de culture lui mode nouveau d'investigation pour nous aider à définir le véritable état moléculaire des corps, il me reste, par un exemple circonscrit, à montrer si je m'en exagère l'importance et l'utilité. i> Pendant longtemps les chimistes ont ignoré ou méconnu la véritable natvu'e de l'urée. Les dissentiments qui régnaient entre eux venaient des réactions multiples et quelquefois contradictoires que ce corps présente, autant que des interprétations différentes qu'on peut leur donner. Sans entrer dans le détail de ces réactions qui sont rapportées dans mon Mémoire, on peut réduire à trois principales les formules attribuées à l'urée. Or, l'esprit libre de tout parti pris, demandons à la végétation de prononcer entre elles. Licbig. Gerhardl. ffurtz. Oxjtle de cyanammoniiim Cjanale anomal d'ammoniaque. et. d'hydrogène. Diammoniaque carbonylée. [ H^* TT^ Az- {H- HO C-0- » L'iu'ée produit sur la végétation une influence favorable des plus actives. Il y a plus, son effet utile est juste égal à celui des sels ammonia- caux. Si l'acide cyauique fait partie de l'urée, il doit lui-même être actif à l'égal des sels ammoniacaux. Or, il n'en est rien. Les cyanates n'exercent aucune influence appréciable sur la végétation. Avec l'urée, la récolte a été lo^'jSy, avec le cyanate de potasse i^%43 ( culture de sarrasin). » Après cette preuve de la neutralité des cyanates, est-on fondé à faire figurer l'acide cyauique au nombre des constituants de l'urée? )) L'idée de représenter l'urée comme de l'oxyde de cyanammoniutn et d'hydrogène, admise par Gerhardt, ne se concilie pas mieux avec le témoi- gnage des végétaux. Un grand nombre d'expériences m'ont appris que les cyanures et les ferrocyanures étaient décidément nuisibles dans un sol de sable calciné, alors que la neutralité des cyanates m'était déjà connue (i). (i) Celte objection ne sera tout à fait probante qu'après avoir expérimenté quelques com- posés cyanogènes par substitution, tels que la cyanamide par exemple. C'est donc encore un point à réserver. 62.. ( 468 ) » Reste donc la supposition que l'urée appartient au type ammoniaque duquel elle diffère par sa double atomicité et par la substitution du carbo- nyle C^O" à un double équivalent d'hydrogène. » Si telle est la véritable constitution de l'urée, son action sur les végé- taux doit être favorable; elle s'explique de soi. Je dirai plus, l'effet du chlor- hydrate d'éthylamine s'étant montré égal à celui du chlorhydrate d'am- moniaque, il est vraisemblable que cette parité d'action doit s'étendre a l'urée. Or, l'expérience confirme cette prévision de la manière la plus satis- faisante. Avec l'urée, la récolte égale 17^, ■78; avec le chlorhydrate d'ammo- niaque, lyS'jS^. Une autre fois, avec l'urée la récolte a été i8s'',5o, et avec le sel ammoniac ï'j^^'i'] (culture de froment en 1861 et 1862). » Par conséquent, la formule Az" H" est bien celle qui semble le ( Q2Q2 mieux convenir à l'urée. M Trouvera-t-on cette déduction prématurée et la preuve sur laquelle elle est fondée insuffisante? Nous avons le moyen de la contrôler et de la raffermir. » L'oxamide dérive de l'oxalate d'ammoniaque, comme l'urée du carbo- nate. Leur mode de génération est le même, leur composition correspon- dante. Eh bien, l'oxamide est active à l'égal de l'oxalate d'ammoniaque. » Cet ensemble harmonieux et concordant de preuves ne justifie- t-il pas la proposition par laquelle j'ai commencé, lorsque j'ai dit qu'à l'aide de la végétation on pouvait pénétrer l'état moléculaire des corps et apporter un ordre nouveau de preuves pour aider à fixer leurs formules? Ainsi se trouve donc remplie la première partie du programme cpie je m'étais tracé. >' J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie un Atlas photo- graphique consacré à la représentation des cultures dont il a été question dans le cours de cette étude. Je réserve pour un deuxième Mémoire l'ana- lyse de la terre végétale par des essais raisonnes de culture. » GÉOGRAPHIE. — Eclaircissements cjéocjraplàqiics mr l' AfrkjHC centrale el orientale; par M. Tkémaux. ( Extrait par l'auteur.) (Renvoi à l'examen de la Section de Géographie et de Navigation. J « Ea traversée de l'Afrique, de la Méditerranée à Zanzibar, sur la mer des Indes, parle haut Nil, vient d'être accomplie. MM. Speke et Grant ont achevé l'œuvre vigoureusement commencée au nord, sur le fleuve Blanc, ( 469 ) par M. d'Arnaud et ses nombreux successeurs, au sud, par MM. Burton et Speke. Cette grande route divise l'Afrique centrale inconnue en deux par- ties : l'une à l'ouest, qui s'étend jusqu'au golfe de Guinée; l'autre à l'est, entre la mer des Indes et l'Abyssinie. C'est cette dernière qui va nous occuper, et que nous espérons faire connaître dans ses traits généraux. » Une hypothèse défectueuse et pourtant généralement adoptée, faute de développements plus précis, a été accueillie en France, en Angleterre, en Allemagne, en un mot, presque partout où l'on s'occupe de science géogra- phique. Elle consiste dans un système qui ramène le Gibe et autres rivières d'Inaria et de Kafa dans le bassin du fleuve Blanc, au lieu de les laisser à leurs débouchés naturels, la mer des Indes et le fleuve Bleu. Il en résulte la déformation complète des grands traits caractéristiques de cette contrée. » Disons d'abord que malgré l'accord apparent qu'il y a dans l'en- semble du système adopté, les différences d'application sont inexplicables. Par exemple, M. Beke identifie l'ile Laku avec l'île Denab, tandis que M. d'Abbadie l'identifie avec celle des Ellien, qui sont à plus de 4 degrés au sud. Le R. P. Massaja indique un peuple galla et beaucoup d'eau au confluent du Sanbat. M. Debono indique au contraire un peuple nègre et peu d'eau. Cette impossibilité d'arriver à des exijlications admissibles devait cependant faire reconnaître qu'il y a quelque chose d'incompris dans ce système. » Des considérations que nous avons développées dans notre Mémoire, il résulte : i" que la vaste spirale qui ramène les eaux d'Inaria et de Kafa dans le bassin du fleuve Blanc ne saurait exister; 2" aue le Baro ne doit pas former le haut cours du Sanbat; 3" que le fleuve Bleu a sa principale source, ou tout au moins une de ses principales, vers le 5" degré de lati- tude nord; 4° que la chaîne de montagnes dont les extrémités nord sont, d'une part, près de Fa-Zoglo, au sud duSennâr, et de l'autre près d'Inaria, se prolonge sans interruption dans le sud, à l'est du fleuve Blanc et du lac 'Nianza. » En remontant le fleuve Bleu, nous le quittâmes au-dessus de Fa-Zoglo, pour remonter dans la Nigritie par la vallée du Toumate, qui se confond en quelque sorte avec celle de l'Yribous, dont elle n'est séparée que par de fai- bles ondulations de terrain. Un peu au-dessus du dixième parallèle nord, nous franchîmes la chaîne de montagnes du Hamatché, à la hauteur des pics de Ra-Dok et de Fa-Dok. Là, du haut de la chaîne, se développa sous nos yeux, à l'ouest, l'immense plaine du fleuve Blanc, parsemée de montagnes ( 470 ) de roches primitives très-abruptes, et dans laquelle la chaîne du Hamatché envoie de siombreux cours d'eau. La limite entre cette chaîne et la plaine se dirige au sud, loà 12 degrés ouest; du côté de i'Yahous, à l'est, elle se dirige directement au sud, ce qui indique qu'à mesure que la chaîne s'élève davantage elle prend aussi plus de largeur. » Une des stations qui me fut le plus utde pour rattacher les différents pays que j'avais sous les yeux fut celle que je fis sur le Fa-Ronia, mont gra- nitique qui dresse ses flancs presque inaccessibles au milieu des autres mon- ticules de la vallée du fleuve Bleu, près du confluent de l'Yabous et de l'Abaï.Dece sommet, j'avais sous les yeux, à l'est, les montagnes du sud-ouest de l'Abyssinie, où, selon Bruce, sont les sources du fleuve Bleu. Au sud ma vue s'étendait directement dans la large vallée de l'Yabous. Cette vallée, située sous 3o°3i' de longitude orientale, s'étend fort loin au sud du dixième parallèle nord. Elle est bordée à l'ouest par la chaîne du Hamatché, qui la sépare du bassin du fleuve Blanc; à l'est, par les régions élevées de Wallaga. )> D'après les renseignements que j'ai recueillis, l'Yabous est la principale branche du fleuve Bleu. Le cheik Arbab, qui nous accompagnait, dit qu'elle prend sa source à un mois de marche dans le sud, qu'elle sort avec grand bruit des rochers d'une vaste chaîne de montagnes qu'elle sépare en deux; que la branche qui va en Abyssinie est secondaire. D'autres renseignements confirment ce même fait, d'importance relative, que d'ailleurs les mesu- rages approximatifs semblent confirmer. » Tous les renseignements s'accordent donc à donner beaucoup d'im- portance au cours de l'Yabous. Des renseignements recueillis par Caillaud, et quelques-uns recueillis par Bruce, confirment cette hypothèse. Mais le premier, pour avoir voulu appliquer à la branche venant d'Abyssinie des données qui se rapportaient à celle venant du sud, s'est trouvé dans l'im- possibilité de faire concorder sa carte avec ses renseignements écrits. Bruce, pour avoir fait le haut du fleuve Blanc de ce qui était en réalité la princi- pale branche du fleuve Bleu, n'a pu placer sur sa carte l'Yabous, qui selon ses propres données écrites se serait superposé à cette même branche, ce qui en effet devait avoir lieu. En prenant à la lettre les renseignements don- nés par MM. d'Abbadie, des Avranchers, Vaudey et autres, il résulte que les eaux des versants ouest du Rafa et d'Inaria tombent dans la vallée de l'Yabous, et non dans le bassin du fleuve Blanc, comme on l'avait admis par erreur. Les eaux du Gibe et du Gojab, que l'on avait également sup- ( 47' ) posés appartenir au bassin du fleuve Blanc, se déversent dans la mer des Indes, ainsi qu'une nouvelle Lettre du R. ?. des Avranchers l'a confirmé postérieurement au même fait déjà rectifié par nous. » Du moment où, selon les données que nous avons rapportées, l'Ya- bous se divise en deux branches, dont l'une, le Baro, a sa source dans un lac au sud de Gobo, l'autre, qui ne peut être que le Bago, plus à l'ouest, a sa source à trente jours de .marche au sud du onzième parallèle, il en ré- sulte que chaînes et vallées continuent à s'élever jusqu'au sud du sixième parallèle, où les chaînes se relient par les lignes de partage des eaux du fleuve Bleu, de la mer des Indes et du bassin du fleuve Blanc. Du pouit très-élevé où se trouve la principale source du fleuve Bleu, la chaîne sf' continue au sud. Cela résulte : i° de la probabilité même que cette chaîne arrivée à ce |)oint élevé ne doit pas finir brusquement, puisqu'elle borde le bassin du fleuve Blanc qui continue à s'élever parallèlement; 2° de diffé- rents noms indiqués dans cette direction et qui commencent par le mol Fa qui veut dire montagne; 3° enfin de renseignements positifs qui sont ceux du R. P. Angelo, rapportés par M. Brun-Rollet avant qu'il ait subi l'in- fluence des systèmes préconçus. Il nous apprend qu'à l'est des Berry sont des montagnes du pays d'Imadou qui sont très-élevées et font partie de la chaîne qui sépare les Gallas des races noires, à sept ou huit jours de la rive du Nil à Mardjon. Il ajoute que ces montagnes donnent naissance aux principales sources du Sanbat. Soliman-Abou-Zaïd dit de son côté qu'à l'est des Berry le terrain est boursouflé par des montagnes qui se conti- nuent vers la haute Ethiopie. Nous voyons donc d'une manière on peut dire positive la chaîne des montagnes se prolonger dans le sud. » En présence des données et renseignements clairs et précis que nous venons de mentionner, on se demande comment un système si complète- ment contraire à la réalité a pu être généralement admis. Voici ce qui nous semble avoir été la source de cette erreur. En iSSq, M. Jomard publia, avec carte, des renseignements qu'il avait recueillis du jeune Galla Ouaré qu'il élevait chez lui. Ouaré était parti d'un pays nommé Limou, situé dans le voisinage de la rivière Abaï ou Habahia coulant au sud ; rivière qui n'était autre qu'un contour de l'Abai déjà connu, ayant accidentellement cette di- rection. M. Jomard crut y voir un deuxième fleuve et un deuxième pays du même nom, qu'il plaça à 4 degrés plus au sud, en dirigeant l'ensemble de cette rivière au S.-S.-O. L'erreur est évidente puisque, pour justifier cette hypothèse, il faudrait admettre non seulement deux Abaï, deux Limou, mais encore deux Sibou, deux Léha, deux Didessa ou Badessa, deux Horo ou ( 47=^ ) JIaio,deLivGoiuleioa,deux rivières Ouelmal, etc., en un mot, deux contrées semblablement disposées et portant les mêmes noms. L'année suivante, sur- vint l'expédition égyptienne qui remonta le fleuve Blanc jusqu'à un point qui se trouvait être précisément dans le prolongement et à peu de distance de ce prétendu Habahia. Dès lors on crut y voir l'origine du fleuve Blanc, et chacun des voyageurs qui s'avança vers ces régions interpréta dans ce sens les renseignements qu'il recevait. D'un autre côté, Caillaud, influencé par l'ancienne opinion que la principale brandie du fleuve Bleu venait d'Abyssinie, appliqua ses propres données sur sa carte, contrairement à ses renseignements écrits, ce qui encouragea les voyageurs au Kafa à envoyer les rivières de ce pays au fleuve Blanc, ne supposant pas dans cette direc- tion un autre bassin assez important pour les recevoir. Mais l'Habaliia de M. Jomard disparaissant du lieu où il avait été placé, le fleuve Blanc ayant été reconnu venir du sud, et le principal affluent du fleuve Bleu reprenant sa véritable direction vers le sud, que reste-t-i! de tout le système admis et de ses origines? Bien! si ce n'est un vaste ensemble d'erreurs qu'il importe de détruire. » Des observations, renseignements et remarques que nous avons déve- loppés dans notre Mémoire, il résulte donc qu'au sud du Sennâr et de l'Abjssinie, entre le haut fleiive Blanc et la mer des Indes, les eaux sont régies par un vaste ensemble de montagnes, dont le nœud principal est au sud du sixième parallèle, sous les 3a* et 33* degrés de longitude orientale, vers les monts Imadou. Les branches nord s'étendent d'une part au mont Fa-Zoglo au sud du Sennâr; d'autre part, dans Inaria et même jusqu'en Abyssinie; et la branche sud s'étend du côté des monts Obala, Kinia et Kilimandjaro, qui conservent des neiges perpétuelles sous l'équateur. Ce vaste ensemble de montagnes régit toutes les eaux de l'Afrique orientale; la partie comprise entre les principales branches nord forme le bassin du fleuve Bleu; les versants ouest de cette vaste chaîne appartiennent au bassin du fleuve Blanc, et ceux de l'est à la mer des Indes. « CHIKURGIE. — De la co)tte)dion de§ hernies réduclibles; parallèle des trois principaux systèmes : bandages-ceintures^ bandages à ressort ^ bandages rigides,- par M. DrPRÉ. (Commissaires, MM. J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) L'auteur, après avoir fait ressortir les inconvénients des deux premiers systèmes de bandages, fait connaître dans les termes suivants le troisième, dont il est l'inventeur : ( 473 ) « Nofre système des bandages rigides peut se réaliser au moyen de con- slructions variées; celui que je décris ici oousiste en une tige rigide, cylin- drique on aplatie, et présentant, par exemple dans le cas de hernie inguinale ou crurale double, trois arcades, l'une médiane à concavité infé- j'ieure, et les deux antres latérales à concavité supérieure. Ses extrémités, au lieu de conserver l'horizontalilé du corps de l'arc, sont recourbées ver- ticalement par en bas. L'arc n'est pas latéral, mais transversal antérieur; il va d'une hanche à Taulre. 1) Aux branches verticales sont fixées les deux moitiés d'une demi-cein- ture postérieiue qui se boucle à la façon d'une patle de pantalon. On la serre, on la desserre à volonté; ainsi la pression ne dépend pas d'un retrait élastique dont la tension ne peut jamais èlre rigoureusement déterminée, qui convient aujourd'hui et ne convient plus demain ; elle est en rapport avec la nécessité actuelle, lechirurgien et le malade |)euvent la modérera leur gré. Deux pelotes sont assujelties derrière les arcades latérales, à l'aide de lames fenéirées, rivées aux deux côtés de ces arcades. Une vis, passant à travers la fenêtre, s'engage dans un écrou rivé lui-même à récns>>on ou platine, sup- port de la pelote. Cette vis fixe la pelote sur la lame fenêirée. On peut in- cliner cette pelote en la faisant pivoter autour de la vis sur son axe antéro- poslérieur, et la fixer par un tour de vis à tel point de l'étendue de la fenêtre que l'on jugera k propos de le faire. La pelote pourra être aussi faci- lement remplacée par une autre que l'on jugera plus convenable. » Deux lanières en cuir, parlant de chaque côté du bord inférieur de la demi ceinture postérieure, seront fixées à un bouton que présente la branche verticale au bas de sa face externe, et permettront de faire basculer les pelotes à volonté. Le contre-appui se fait aux lombes, sur une large surface, et non pas dans un lieu circonscrit, comme dans les bandages à ressort. Les hanches sont ménagées, la pression en avant n'a lieu que sur les pelotes, et il n'y a pas de déperdition de force. » M. Grimaud (d'Angers) communique l'introduction et les conclusions d'un Mémoire « sur la nature et le traitement de la rage », Mémoire qui ne peut être renvoyé à l'examen d'une Commission, l'auleur déclarant qu'a- près avoir longtemps attendu lui tour de lecture pour son travail, il s'est dé- terminé à le faire imprimer. M. Grégoire Ht quelques parties d'une Note ayant pour titre : " Sur les infections charbonneuse, puridente et rabique » . (Commissaires, MM. Rayer, Bernard.) C. R,, i863, 2"^ Semestre. (T. LVII, N" 9.) * "^ ( 474 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Serre (d'Uzès) soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre ; « Toxonograpliie réimicnne ou Ecriture des dislances par te grou- pement des arcs rétiniens compris entre les axes optiques {i) et les axes secon- daires ». Ce Mémoire, qui ne peut, en raison de son étendue et des nombreuses figures qui l'accompagnent, être reproduit intégralement dans les Comptes rendus, est renvoyé à l'examen d'une Conunission composée de MM. Pouillet, Fizeau et Bernard. L'auteur, d'ailleurs, donne dans les paragraphes sui- vants une idée du but qu'il s'est proposé dans ses recherches et des résultats auxquels il est arrivé : " Les positions diverses, prises par les points lumineux dans le champ de la vision, sont au nombre de douze, dont sept peuvent être considérées comme cardinales, savoir : ■» 1° Sur la bissectrice, hors de l'horoplère ; )i 2° Sur la bissectrice, dans l'horoptère; » '6° Sur l'horoptère, à gauche du point de mire où se coupent les axes optiques ou polaires; » 4° Hors de la bissectrice, dans l'écartement des axes, hors de l'ho- roptère, à gauche (et à droite); » 5° Hors de la bissectrice, dans l'écartement des axes, dans l'ho- roptère, à gauche (et à droite); » 6" Hors des axes et de l'horojjtère, à gauche; » ']" Hors des axes, dans l'horoptère. » Les rayons émanés des points lumineux, situés dans ces douze ré- gions, frap|)ent la rétine de chaque œil concurremment avec ceux émis par le point de mire, dans la direction des axes polaires. Ils limitent avec ceux-ci des arcs équatoriaux, dont le groupement devient le signe indica- teur de la région où se trouve le point lumineux. » CORRESPONDAIVCE. M. LE Ministre de l** Agriculture, dit Commerce et des TRAv.4ts publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le premier numéro du Cata- logue des Brevets d'invention pris en i863. (i) Synonyme de polaires, principaux. ( 475 ) M. Dumas, faisant les fonctions de Secrétaire perpétuel, signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance deux volumes de M. Zeugner, de Zurich, sur diverses parties des machines à vapeur et spécialement des locomotives; Et deux nouveaux volumes des « Mémoires de l'Académie de Nancy » ^ l'un consacré aux travaux de l'Académie pendant l'année i86a, l'autre contenant des documents pour servir à la description scientifique de la Lorraine. La Société d'Histoire naturelle de Dublin annonce l'envoi du volume de ses Comptes rendus pour l'année 1862, et prie l'Académie de vouloir bien en retour la comprendre dans le nombre des institutions auxquelles elle adresse ses Comptes rendus hebdomadaires. (Renvoi à la Commission administrative.) M. Leueboullet, dont les recherches d'embryogénie comparée sur le développement t!e la Truite, du Lézard et du Limnée ont obtenu le grand prix des Sciences physiques pour l'année i856, fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ce Mémoire qu'il vient de publier. CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sur le pain et sur le blé découverts à Pompéi. Note de M. S. de Luca. (( En exécutant des fouilles à Pompéi le 9 août de l'année dernière, sous la direction de M. Fiorelli, on a découvert une maison entière de boulanger, avec le four, dont l'ouverture était fermée par ime large porte en fer munie de deux poignées. Dans l'intérieur du four il y avait quatre-vingt-un pains, dont soixante-seize du poids de 5oo à 600 grammes, quatre du poids de 700 à 800 grammes, et enfin un pesant 1204 grammes. » Tous ces pains ont, à peu de chose près, la même forme; mais un examen minutieux montre entre eux quelques différences que je vais signaler : ainsi les soixante-seize pains de petite dimension sont de forme circulaire et présentent un diamètre moyen de 20 centimètres; on remarque au centre une dépression au fond de laquelle on a cru reconnaître l'em- preinte d'une sorte de marque de fabrique; leurs bords, relevés et arrondis, sont partagés en huit divisions ou lignes allant du centre vers la circon- 63.. ( 47^ } féreiice, de manière à partager la partie supérieure du pain en huit lobes; entîn une espèce d'entaille circidaire extérieure et horizontale partage chaque pain en deux parties superposées et formant pour ainsi dire deux calottes, l'une qui se trouvait en contact avec la sole du four, et l'autre supérieure, bombée et partagée en fragments cunéiformes. » Les quatre pains du poids chacini de 700 à 800 grammes ne diffèrent des précédents que parce qu'ils ont un diaTiiètre moyen de 24 centimètres, et parce qu'ils manquent de l'entaille circulaire que portent tous les autres. » Enfin, le pain qui pèse 1204 grammes a un diamètre compris entre 3 1 et 32 centimètres; il est semblable par la forme aux soixante-seize pains déjà décrits, et n'en diffère que par sa smfacc supérieure, qui se trouve partagée en quatorze lobes, et eu ce que chacun de ces lobes porte dans son milieu une marque ou empreinte semblable à celle qui se trouve au centre de chaque pain, ce qui ferait supposer que ces pains se débitaient par quartiers. » Les divisions allant du centre à la circonférence semblent avoir été formées au moyen d'un couteau ou d'un autre outil semblable par simple pression, tandis que l'entaille circulaire extérieure semble pratiquée aussi à l'aide d'un couteau , mais elle ne paraît pas avoir été faite d'un seul coup. Le cercle n'est pas continu, et démontre que le boulanger se reprenait deux ou trois fois pour le tracer. » Il est à remarquer que deux des soixante-seize pains ne portent pas l'empreinte centrale. Peut-être n'étaient-ils pas destinés à la vente. En tout cas il paraît démontré que les anciens ne fabriquaient pas ces sortes de pains dans un moule, mais qu'ils les façonnaient à la main. Les Romains réser- vaient les moules pour la pâtisserie et pour les petits pains de fantaisie d'ime forme plus compliquée. J'ajouterai que la forme des pains trouvés à Pompéi s'est conservée à Palerme, à Catane et dans l'intérieur de la Sicile. On y façonne encore à la main des pains qui ont presque la même forme que ceux découverts dernièrement à Pompéi. » Tous ces pains mesurent eu hauteur, à la partie relevée, de 6 à 7 centi- mètres, tandis que la partie centrale qui correspond à la marque ne va pas au delà de 3 à 4 centimètres. » De ces quatre-vingt-un pains, douze seulement se trouvent dans le musée de Naples; les soixante-neuf autres sont conservés à Pompéi. Le poids et les dimensions de ces pains sont indiqués dans le tableau suivant : ( 477 ) i HAUTEUR UAUTEL'K ! M'MliROS , d'ordre POIDS. D[AMliTl\E uiojon. moyenne >]es tdtrtis MJMÊROS d'ordre. POIPS. DIAMÈTRE moyen. moyenne lies bords. OBSERVATIONS. 1 1 ■) .! M)0 5S[ '9,'> .70,5 2T,5 6,0 6,1 6,2 29 30 31 585 593 553 20,5 30,5 20,5 G, 5 6,5 6,0 Los pains du n" 1 au n" Il ont une forme régulière et se Irourenl au .Musée de Naples; les autres, qui portent un nu- i 53o i9jO C,i 32 397 20,5 G, 7 méro différent de 1 à fi9, se 5 576 19,5 6,0 33 592 '9,5 (i,0 trouvent à Pompcî G 557 19,5 6,0 34 5G9 20,0 6,0 7 9 58, 573 571 19.0 iS,5 21,5 6,. 6,0 6,3 35 3G 37 5'|i 7,5 572 ai ,5 33,5 2. ,5 6,0 6,5 6,0 Le pain 11" is .1 i; iobe-, <•) au milieu de cbaïun deux il y a une emprciiile iini semlile de forme tiian^ulaiie. 10 583 '9,5 6,3 38 6.1 ■9,5 6,0 II 12 593 573 20 j 5 '9,5 C,o 6,0 39 40 537 45s 20,5 '9,5 6,5 6,0 Los pains n"' ÎI et 32 man- quent d'empreinte centrale. 41 42 43 486 583 2O7 '9,0 20,0 20,0 6,0 6,0 Les pains u" 3?, 23. 2V et 36 manfjuent de renlaiile extC"- rioure circulaire. 1 399 6.6 20,5 20,5 6,5 6,4 ;i 538 31,5 6,5 44 4='l '9,5 6,0 'i Cl 7 571 583 519 598 21 ,0 30,0 20,5 21,5 6,5 6,5 6,5 6,1 45 46 47 48 534 584 567 G08 21,0 30,5 21,5 20,0 6,0 6,5 G, 5 6,0 Les pains n"' G, 16, 20, vo, 43 44,51.55 et 57 sont en par- tie brisés, et les fiagments qui mamiuent Ji'uirt pu olre i-valué«. S 54. ai,o 6,0 49 616 20,5 6,0 i) 590 20,0 6,0 50 6o5 ■9,5 6,4 lU 5i6 '9.'1 6,2 51 45. 20,0 6,5 11 592 21 ,5 6,5 52 619 18,5 6,5 12 5oû i9i5 6,0 53 6,4 20,5 6,4 13 58^ 20,0 6,1 54 Goi 3. ,5 6,3 14 554 20,5 6,4 55 389 '9,5 G,o 15 549 30,0 G, 5 56 S97 20,0 6,0 IG /,So 21,0 6,5 57 455 23,5 6,0 17 555 21,0 6,0 58 584 '9,5 G/l 18 .204 3i,5 G, 5 59 589 20,0 6,5 19 537 20,0 6,0 60 5ii 20,5 6,0 20 428 '9>5 6,3 Cl 595 20,0 6,5 21 55o 20,5 6,0 62 GoG 20,0 6,5 22 801 33,5 G, 4 63 598 30,5 6,0 23 783 23,5 6,5 04 545 21 ,0 6,2 24 705 25,5 6,0 C5 5Go 19,5 6,4 25 598 20,0 6,0 66 58o 21 ,0 6,4 2G 587 20,5 6,4 67 549 20,5 6,2 27 593 30,0 6,3 68 Go5 20,0 6,0 28 593 20,5 6,0 69 ^99 20,5 6,3 » Tous ces pains sont d'un brun noirâtre à la partie extérieure; mais cette teinte est plus affaiblie vers les parties centrales, où l'on observe des (4:8) cavités plus ou moins grandes, comme dans le pain ordinaire. La croûte est un peu dure et compacte, tandis que la mie, qui est poreuse, se défait faci- lement entre les doigts et présente un éclat à peu près semblable à celui de la houille. » Ce pain contient de l'humidité, qu'il abandonne entièrement à la tem- pérature de iio à I20 degrés; mais cette humidité est inégalement distri- buée dans la masse du pain : en effet, la partie centrale, qui a une faible consistance, contient environ iZ pour loo d'eau, tandis que la partie exté- rieure, qui est compacte, n'en contient que i3 à 21 pour 100. Le pain perd un peu de son humidité lorsqu'on l'expose à l'air libre, et surtout lorsque la température en est un peu élevée. )) L'azote est de même inégalement distribué dans le pain de Pompéi : la partie extérieure dose 2,8 pour 100, tandis que la partie centrale n'en contient que 2,6 pour 100. La croûte, réduite en poudre, épuisée par l'eau et ensuite desséchée, ne contient que i,65 pour joo d'azote; la partie inté- rieure, au contraire, par le même traitement, en donne 2,28 pour 100. Les eaux de lavage, évaporées au bain-marie, ont laissé des résidus hu- miques qui dégagent de l'ammoniaque lorsqu'on les chauffe avec de la potasse. )< Le poids des cendres que donne ce pain par l'incinération est très- variable : ainsi, la partie en contact avec la sole du four donne en moyenne 17 pour 100 de cendres; la partie supérieure externe en fournit i5, 5 pour 100, et les parties centrales ne laissent que i3,5 pour 100 de cendres ; cette quantité descend quelquefois à 1 1 et même jusqu'à 7 pour 100. » Il ne m'a pas été possible d'établir avec certitude la composition élé- mentaire de ce pain, parce que la quantité de carbone diminue progressi- vement de la circonférence au centre, tandis que l'hydrogène, au contraire, s'y retrouve en proportions croissantes. Ceci prouve que la décomposition des substances organiques contenues dans le pain ne s'est pas opérée brus- quement par l'action des températures très-élevées, mais qu'elle s'est faite par la seule influence du temps et des agents extérieurs, qui ont pu néanmoins agir avec une extrême lenteur sur le pain de Pompéi, quoiqu'il fût renfermé dans un grand four à peu près hermétiquement clos. La sole de ce four avait 2'", 5o de diamètre sur au moins 2 mètres de hauteur centrale. Un homme peut s'y tenir debout avec les bras élevés. j> Les chiffres suivants démontrent la variabilité de composition du pain de Pompéi ; ( 479) I. II. III. IV. V. Eau 23,0 20,3 21,1 » ig,6 Carbone 34,3 27,2 3g, o » » Hydrogène 8,4 6,5 4>3 • » Azote 2,6 2,8 2,8 » » Oxvgène (])ar différence). . ^^A 3o,o 10,2 » » Cendres 7,2 i3,2 16,6 16,9 11,8 » Ce pain contient, quoique en petite quantité, des matières solubles dans l'eau et dans l'alcool. Ces matières passent légèrement colorées en noir à travers les filtres, et sont azotées. » Il résulte de ces recherches que le pain de Pompéi, qui a pu se con- server dans des conditions exceptionnelles, et presque hors du contact de l'air et des agents extérieurs, ne présente pas dans toutes ses parties la même composition, et que les parties centrales sont celles qui contiennent en plus grande abondance les éléments qui concourent à la formation des matières organiques. » Dans une prochaine séance , je communiquerai à l'Académie, si elle me le permet, les recherches chimiques faites sur le blé trouvé à Pompéi, et chez le même boulanger. « CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés de Uijdrale d'amjlène; par M. Ad. Wcrtz. « Hydrate de biamjlène ou éllier amjiénique. — Lorsqu'on traite l'iodhy- drate d'amylène par l'eau et l'oxyde d'argent, il se forme, comme je l'ai établi antérieurement, de l'aniylène et de l'hydrate d'amylène; mais lorsque ce dernier a passé à la distillation, le thermomètre s'élève jusque vers 170 degrés. La proportion du produit qui passe en dernier lieu, par rapport à l'hydrate d'amylène formé, n'est point constante : quelquefois elle est presque insignifiante. Ayant mis de côté ce produit, dans mes diverses pré- parations d'hydrate d'amylène, j'en ai recueilli une quantité suffisante pour pouvoir l'étudier. Purifié par distillation fractionnée, il passe vers i63 de- grés (de i6o à i65 degrés). C'est un liquide insoluble dans l'eau, doué d'une odeur aromatique. Sa densité à 0° = 0,909. Il a donné à l'analyse des résultats qui s'accordent d'une manière satisfaisante avec la for- mule G^H^'Ô qui est celle de l'oxyde d'amyle ou éther amylique. Pour- tant le nouveau corps n'est point identique, mais isomérique avec l'éfher amylique, et il existe entre ces deux corps les mêmes relations qu'entre l'hydrate d'amylène et l'alcool amylique. ( 48o ) )i On pourrait nommer le nouveau corps hydrnle de biamylène (i , |)our marquer qu'il renferme i molécules d'amylène combinées avec i molé- cule d'eau. i> Lorsqu'on y dirige, à froid, un courant de gaz iodliydrique. la liqueur se sépare en deux couches aussitôt qu'elle est saturée. L'une de ces cou- ches est de liodhydrale d'amylène, l'autre une solution aqueuse d'acide iodhydrique. » Lorsqu'on le chauffe pendant longtemps, dans un tuhe scellé, de i8o à aon degrés, il se dédouble en amylène et en hydrate d'amylène G'OH-'O = G'H^'Ô -h €'H'». Les fornudes H r '' €^'H-r représentant l'alcool amylique et l'éther amylique, on peut représenter riivdrate d'amylène et l'éther amylénique par les formules qui rendent compte d une manière satisfaisante des réactions de ces corps et qui sont l'expression des idées autrefois émises parM. Dumas sur l'alcool et l'éther. » L'éther amylénique se forme en vertu de la réaction suivante : 2[G = H'%HI]-f-Ag'0 = aAgl4-^][]',;JH'Q. » Acétate d'amylène. — J'ai préparé une certaine quantité de cet éther par le procédé que j'ai indiqué, c'est-à-dire en faisant réagir l'iodhydratc d'amylène sur un mélange refroidi d'acétate d'argent et d'éther ordinaire. L'acétate d'amylène, parfaitement neutre et bouillant vers laS degrés, se dédouble, en grande partie, en acide acétique et en amylène, lorsqu'on le maintient pendant longtemps à une température voisine de 200 degrés. Cette réaction permet d'envisager l'acétate d'amylène comme une combinaison d'acide acétique et d'amylène, au même titre que l'iodhydrate d'amylène est une combinaison d'amylène et d'acide iodhydrique. (1) Je dis hianiylène et non dianijlcnc pour éviter une confusion avec l'hydrate du »li;i- hiylène ou paramylènc €'°H".H'0- I-es reactions de l'éllier amvlénique niDUtrcnt qu'il ren- ferme en réalité deux inoiéeules d'amylène qui ne se sont point soudées l'une à l'autre. ( 48i ) » J'ajoute que ces noms, ainsi que les formules rationnelles €"H", HI et €''H'%G-H*Ô^ lodhydiale d'aniyli ne. Acétate d'aniylène. expriment les réactions les plus saillantes de ces corps et nullement l'arran- gement moléculaire. )) Je n'ai |)oint réussi à unir l'acide acétique à l'amylène en chauffant les deux corps pendant plusieurs jours au bain-marie. La facilité avec laquelle l'acétate d'amylène se dédouble à une température élevée explique, jusqu'à un certain point, ce résultat négatif. » Clilorlij'drate d'amylène. — Ce corps bout vers go degrés. Sa densité à o° = o,883. Sa densité de vapeur, prise à igS degrés, m'a donné le chiffre 3,58, très-voisin du chiffre théorique 3,688 qui répond à une con- densation du chlorhydrate d'amylène en a volumes (i). Ce résultat con- firme les faits indiqués par M. Cahours. [Comptes rendus, t. XLVI, p. 904) » Lorsqu'on détermine la densité de vapeur du chlorhydrate d'amylène à des températures trés-élevées, on obtient des chiffres qui sont sensiblement la moitié des précédents. Ayant pris cette densité dans la vapeur de mercure, selon le procédé de M. H. Deville, j'ai obtenu le chiffre 1,74. tfne seconde expérience, faite en chauffant le ballon au bain d'huile à 291 degrés, m'a donné le chiffre i ,808. Mais ces chiffres expriment en réalité la densité d'un mélange d'acide chlorhydrique et d'amylène, ce dont il est facile de s'as- surer en ouvrant les ballons sous le mercure : il reste une quantité plus ou moins considérable de gaz chlorhydrique. Une certaine portion de ce gaz se combine de nouveau avec l'amylène pendant le refroidissement. Ainsi, dans la première expérience, où l'appareil s'est refroidi lentement avec le fourneau, il est resté 26 centimètres cubes d'acide chlorhydrique saturé de vapeur d'amylène à 23 degrés, alors que la quantité totale de gaz chlorhy- drique existant dans le mélange de vapeurs, à 35o degrés, était =: 66'^'^, 8 réduits à la température de o degré. Dans d'autres expériences la quantité d'acide chlorhydrique qui est restée à l'état de liberté dans le ballon a été beaucoup plus considérable, surtout dans le cas où le refroidissement a été brusque. Il résulte de ces faits que le chlorhydrate d'amylène se dé- double entièrement, à une température élevée, en acide chlorhydrique et en amylène. (i) H=ivol.; HCl = 2vol.; H'0 = 2vol.; G'H"' = 2vol. C. R., i8G3, 2'°« Semestre (T. LVII, N" 9.) 64 ( 482 ) » Lorsqu'on le chauffe avec de l'ammoniaque, de l'amylène est mis en liberté (i). » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur te bouquet des vins. Extrait d'une Note de M. Macmené. « Dans l'espoir d'acquérir quelques notions utiles sur le bouquet des vins, j'ai fait les expériences suivantes : )> En employant deux petites gouttes d'éther œnanthique (ou, si l'on veut, d'un produit obtenu en distillant 60 litres de lie de vin bien fraîche avec autant d'eau dans un bain de chlorure de calcium), à l'instant le liquide a pris une odeur de vin. » Ensuite on a ajouté, par gouttes, i centimètre cube d'essence de poires, ,,,.,,, Il volume d'éther valéro-amylique, c est-a-dire du mélange 1 - o/- 1 - ( b volumes a alcool a ob degrés. « Les premières gouttes ont développé un bouquet qui appartient à cer- tains vins; mais en poussant jusqu'au centimètre cube, l'odeur de poires devient sensible et ne laisse plus confondre le liquide avec du vin. » J'ai ajouté deux gouttes d'éther butyrique ordinaire : le bouquet s'est rapproché de celui du bon vin de Bouzy. » En variant ces expériences, on peut imiter le bouquet des vins. Les éthers dont l'acide et la base ont tous deux un équivalent élevé paraissent les plus propres à développer des odeurs semblables à celles du vin. ') La saveur des liquides ainsi préparés n'est pas aussi rapprochée de la saveur des vins que l'odeur. « « M. DcMAS, dont M. Maumené invoque l'opinion dans sa Lettre, comme s'étant occupé de cet objet, a constaté depuis longtemps, en effet, sur une grande échelle, par des études analytiques et synthéti(iues, que le bouquet des vins est dû à la présence décomposés éthérés complexes, formés par des acides ou des alcools appartenant aux numéros moyens ou élevés de la série des acides gras. « (i) Lorsqu'on chauffe l'iodhydrale d'amylène avec de l'ammoniaque, on met en liberté une quantité notable d'amylène. L'iodure d'ammonium formé en même temps contient une petite quantité d'une base formant, avec l'acide clilorhydrique et le chlorure de platine, un sel double soluble dans l'eau et dans l'alcool et cristallisant en paillettes jaune-orangé. Les analyses que j'ai faites jusqu'ici de ces paillettes ne répondent pas à la composition du chlo- rure double d'aniylammonium et de platine. ( 483 ) M. Rouget demande et obtient l'aulorisation de taire prendre copie d'un Mémoire « sur la terminaison des nerfs dans les muscles... » qu'il avait pré- senté à la séance du 29 septembre 1862. M. MouLiiVE prie l'Académie de vouloir bien se prononcer sur la valeur d'un mode de propulsion qu'il propose d'appliquer aux navires de la manne marchande et qu'il considère comme plus économique que l'hélice : il a décrit cet appareil sous le nom de Piston propulseur, dans un opuscule qu'il adresse en double exemplaire. Les usages constants de l'Académie relativement aux ouvrages écrits en français et publiés en France ne permettent pas de renvoyer la brochure de M. Mouline à l'examen d'une Commission. La séance est levée à 5 heures. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3i août i863 les ouvrages dont voici les titres : Observatoire impérial. Bulletins du l'j au 21 août i863 (présentés dans la séance du 2l[AoùV) et du 22 au sgaoûl i863. Feuilles autographiées, in-fol. Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. J. Décaisse; G4'' livraison. Paris, in-4°, avec planches. L'Art naval en 1 862 à l'Exposition universelle de Londres : état actuel de la marine; par M. le contre-amiral Paris ; 2* partie, Machines marines, Pro- pulseurs. Paris, vol. in-8° avec atlas in-fol. oblong. Lignes sous-marines télégraphiques d^ Europe aux Amériques, de l' Atlantique au Pacifique; parD. Arturo DE Marcoartu. Paris, i863; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. le général Morin.) Mémoires de V Académie de Stanislas; 1862. Nancy, i863; vol. in-8°. Mémoires de l Académie de Stanislas : documents pour servir à la descrip- tion scientifique de la Lorraine. Nancy, 1862; vol. in-8". Le Piston propulseur; par Eug. MOULINE. Paris, i863: br. in-4°. (Plu- sieurs exemplaires.) ( 484 ) Mémoires de C Académie royale de Médecine de Belgique; L IV, 7* fasc. Bruxelles, i863; in-Zi°. Réflexions pratiques sur l'insuffisance et la réorcjnnisation des secours médi- caux et pharmaceutiques dans le déparlement du Puy-de-Dôme; par M. J.-J.-H. Aguilhon. Paris, i863; in-8°. La vie et l'œuvre de Charles-Frédéric Gerhardt, suivies de notes et de déve- loppements relatifs aux doctrines unitaires; par J.-H.-F. Papillon. Paris, i863; in-8°. Tableaux synoptiques des cas d'exemption et de reforme du service militaire en France; parM. leD'B. LuNEL; 4* édition. Paris, 1862; in-8°. (Plusieurs exemplaires.) On the permian... Sur les roches permiennes du nord-est de la Bohème; par sir R.-I. MURCHISON. (Extrait du Quarterly Journal of the Geological Society. )Bv. in-8°. On the gneiss... Sur le gneiss et tes autres roches azoiques, et sur les forma- tions paléozoïques qui reposent sur ces roches en Bavière et en Bohême; par le même. (Extrait du même recueil.) Londres, i863; br. in-8°. Glossaria... Glossaires des diverses langues et dialectes que parlent les In- diens dans l'empire du Brésil; par le D'' C.-F.-Ph. VON Martius. Erlangen, i863; in.8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. MORIN. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, « M. MiLNE Edwards présente ia première partie du VHP volume de ses Leçons sur la Physiologie et l'Analomie comparée de l'homme et des ani- maux. Dans ce fascicule l'auteur termine l'histoire des fonctions de nutri- tion. B « M. Emile Blanchard présente de la part de l'un des Correspondants étrangers de l'Académie, M. A. V. Nordmann, professeur à l'Université de Helsingfors, im Mémoire imprimé, relatif à des Moules comestibles [Mj- tiliis edulis) gigantesques, recueillies sur les côtes de l'île d'Edgecombe, près Sitcha (Amérique Russe). Il signale à cette occasion quelques-unes des circonstances dans lesquelles des animaux sans vertèbres et même cer- tains Vertébrés, comme les Poissons, peuvent acquérir des dimensions dépassant infiniment les limites ordinaires. » Rappelant, d'autre part, que la Syrie est une région du monde où l'on rencontre des Insectes orthoptères de grande taille, M. Ém. Blanchard met sous les yeux de l'Académie une espèce de la famille des Locustides et du genre Saga, recueillie aux environs d'Alep, dont les proportions dépassent beaucoup celles de ses congénères connus actuellement. Ce remarquable Insecte a été offert ces jours derniers au Muséum d'Histoire naturelle par M. Delair, rédacteur du Cosmos. » C. R., i863, 2™= Semestre. (T. LVII, N<= 10.) 65 ( 486) ZOOLOGIE. — Sur le Lemining de Norvège (Lemmus norvégiens, Desmarest). Note de M. Guyox. a Le genre Lemming (i) constitue, comme on sait, un groupe de petits mammifères tous répartis dans les régions boréales, et tous aussi remar- quables sous différents rapports, notamment sous celui de leurs émigra- tions. Ces émigrations sont non périodiques, comme celles de la Sauterelle voyageuse [Acridium peregriniiin) , et s'accompagnent, comme elles, de ravages plus ou moins considérables sur les points de leur parcours. Seu- lement les ravages du Lemming se font pendant les ténèbres de la nuit, tandis que ceux de l'insecte voyageur se font au grand jour. » Le Lemming de Norvège, le seul dont je doive m'occuper ici, habite le sommet des montagnes, où il se nourrit principalement de lichens et de mousses. Comme fous ses congénères, il dort le jour et ne s'éveille qu'à l'approche de la nuit. Il est alors d'une activité qui déborde, pour ainsi dire, tout son être : il se meut, en quelque sorte, dans tous les sens à la fois, en déchirant, rongeant et murmurant. » Il y avait déjà quelques aimées que le Lemming norvégien n'avait émigré, lorsqu'il émigra de nouveau au printemps de cette année, mais moins nombreux que de coutume (2). On le vit alors, et à sa manière ordi- naire, se répandre dans le pays, ensuivant le bord des rivières et des lacs, et en traversant les populations situées sur son parcours. A mon passage à Lillehamar, dans la première quinzaine de juillet, on en voyait encore de nondjreux individus courir dans les jardins, le long des maisons, et traverser les rues, toutes jonchées de leur morts. La ville que je viens de nommer, Lil- lehamar, est sise au nord du lac Miœsen, sur le contre-fort d'une des mon- tagnes les plus pittoresques de la Norvège, au point de vue de l'admirable cascade qui la sillonne. » Le Lemming, malgré sa délicate existence, est plein de force et de cou- rage. Il fuit d'abord, si on le poursuit; mais bientôt il s'arrête et fait vive défense, à l'aide de ses griffes et de ses dents qui mordent profondément. Cette défense s'accompagne de cris très-aigus, et qui ne sont pas sans (i) Les Norvégiens, tani des villes que des campagnes, prononrtnt Itiiirri (lr»w/ir). (2) Il éniiyrait en même tenij)s, aussi en petit nombre, dans la Suède du Nord et en Finlande. ( 487 ) inspirer quelque crainte, lorsqu'on veut saisir le jjetit mammifère (i). On assure, et je n'en serais nullement étonné, qu'il peut mourir sous le coup des agaceries dont il serait l'objet. lies individus se battent souvent entre eux, et j'ai tout lieu de croire que, dans certaines circonstances, ils se dévo- rent l'un l'autre. Toujours est-il que, parmi les cinq individus dont il sera question plus loin, il m'est arrivé d'en trouver un qui était mort avec la partie supérieure du cou et des épaules absolument dénudée par un arra- chement de la peau qui la recouvrait. i> L'émigration du Lemming a beaucoup préoccupé les naturalistes. Quelle en est la cause? Pour les uns, im hiver rigoureux dont l'animal aurait le pressentiment; pour les autres, le manque ou la rareté des sub- sistances sur les points où il vit ; ])Our d'autres encore, leur grande multipli- cation certaines années. Examinons, l'iuie après l'autre, ces trois causes assi- gnées à l'émigration du Lemming : )) 1° Un hiver rigoureux dont l'animal aurait le pressentiment. S'il en était ainsi, l'émigration se ferait toujours à ime époque plus ou moins rappro- chée de l'hiver. Or, l'émigration de cette année s'est faite au printemps. » 2° Le manque ou la rareté des subsistances sur les points oii il vil. Le Lem- ming, comme nous l'avons déjà dit, se nourrit de lichens et de mousses. Or, les lichens et les mousses des montagnes où il vit ne sont pas moins abondants cette année que les précédentes. )) 3° La grande multiplication de Ccmimal certaines années. Cette cause nous paraît la plus plausible, et nous nous y arrêterons en attendant qu'on en trouve une autre qui le soit davantage. » Ou a dit que le Lemming, dans ses émigrations, suivait une direction invariable, toujours eu ligne droite; qu'aucun obstacle ne l'arrêtait dans sa marche, ni fleuve ni montagne; que les fleuves étaient traversés à la nage, les montagnes gravies ou contournées, etc. Sans doute que, sur ces diffé- rents points, un peu de merveilleux a été mêlé à l'histoire de l'intéressant petit mammifère (a). » Selon toutes les probabilités, la direction qu'il suit dans ses émigra- tions lui est donnée par la déclivité ou pente du terrain ; il descendrait donc toujours, dans sa marche, comme l'eau de ses montagnes. (i) D'un autre côté, les habitants croient sa morsure venimeuse, de sorte qu'il est fort difficile de pouvoir se le procurer par leur intermédiaire. (2) Voir ce qu'en dit M. de Quatrefages, dans son excellent article sur le genre Campagnol [Dktionnaire universel d'Histoire naturelle, dirigé par Charles d'Orbignv, t. III). 65.. ( 488 ) » Selon toutes les probabilités encore, à un moment donné, dans les années d'émigration, et comme répondant à un appel général, les Lemmings descendraient de leurs montagnes respectives, se réuniraient à leur base et continueraient ainsi leur marche à travers le pays. Cette marche, comme on sait, se fait en colonnes plus ou moins serrées, selon le nombre des émigrants, colonnes qui s'affaiblissent chaque jour davantage, par la mort tragique qui les moissonne si rapidement dans leur parcours. Et, en effet, outre que, dans les lieux habités, beaucoup périssent sous les pas de l'homme et sous la dent de nos animaux domestiques (le chien, le chat, le porc), les animaux sau- vages, qui suivent leiu's colonnes, leur font une guerre acharnée. Ceux-ci sont tous les oiseaux de proie, et, parmi les Mammifères, l'isatis et le renard. On assure même que le renne, malgré sa nature herbivore, ne l'épargnerait pas. D'où résulte que le Lemming quitte ses montagnes pour ne plus les revoir; qu'il les quitte pour marcher à une mort certaine, et que la continuation de l'espèce n'est assurée que par les individus restés au foyer. » Quels seraient donc ces derniers? On pourrait supposer que ce sont ou les plus vieux et les infirmes, ou les plus jeunes, encore trop petits ou trop faibles pour prendre part à l'émigration, ou bien aussi les plus prudents, les plus sages : qui sait ?. . . » Les ravages faits, cette année, par le Lemming ont été minimes; il est vrai qu'il était moins nombreux que de coutume, ainsi que nous l'avons déjà dit précédemment. Toujours est-il que c'est un animal vorace et qui consomme beaucoup. J'ajoute qu'il boit souvent, et en assez grande quan- tité à la fois, à en juger d'après les quelques individus dont il me reste à parler (i). » Jamais le Lemming n'avait été vu vivant en France. Je devais donc, tout naturellement, chercher à me le procurer ainsi. J'en avais réuni cinq individus ; mais, sur ce nombre, trois sont morts avant de quitter la Norvège. Les deux autres, embarqués sur la mer du Nord, se sont parfaitement accommodés de la vie maritime, et, lorsque nous touchions au port (le Havre), après une assez longue traversée (quinze jours), ils croquaient le biscuit aussi bien et avec le même appétit que le matelot. Ils ne mangeaient pas moins volontiers noix, noisettes, amandes, raisins et autres friandises, aux- (i) Je leur donnais à boire en plaçant au haut de lenr cage une éponge imbibée d'eau; ils venaient y puiser atout moment, et de manière à m'obliger de renouveler souvent l'ira- bibition de l'éponge. (489) quelles j'associais, de temps à autre, des produits de leurs montagnes, dont j'avais fait provision, tels que le fruit du Ritbus arcticus et celui de plusieurs Vaccinium (i). Les choses se continuaient ainsi à Paris, depuis notre com- mune arrivée, lorsque, il y a peu de jours, l'un de mes deux voyageurs fut trouvé mort dans sa cage (2); l'autre, sans doute, aura prochainement le même sort, et c'est dans cette prévision que j'ai voulu ne pas différer plus longtemps à mettre, sous les yeux de l'Académie, mon dernier voyageur, pensant qu'elle verrait avec quelque intérêt un représentant en vie du Lemming de Norvège. » ME^ÎOIRES LUS. ANATOMIE COMPARÉE. — Quelques mois sur une ostéograpliie des Sirènes, accompagnés d'une ostéologie des Pachydermes e.l des Cétacés. Note de M. J.-F. Braxdt, accompagnant la présentation de dessins préparés pour son ouvrage. (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Valenciennes.) « J'ai l'honneur d'entretenir l'Académie d'un travail que j'ai fini sur le grand Lamantin du Nord [Rliytina borealis seu Slelleri), découvert et décrit par Steller, mais détruit par les hommes il y a déjà plus d'un siècle. Ce travail fournit la description très-détaillée du squelette presque entier de l'animal gigantesque comparé avec les autres genres de la famille des Sirènes, nommément les Manatis, les Dugongs et les Halithéries. Ces der- niers sont classés parmi les animaux antédiluviens, et peuvent, à raison de la présence de vestiges des pieds de derrière, être considérés comme les formes les plus parfaites de la famille; les Rhytines au contraire, à cause du défaut des dents chez les adultes, comme les plus imparfaits. Si cette supposition était exacte, les Dugongs formeraient une forme inter- médiaire entre les Halithéries d'une part et les Rhytines d'autre part, tandis que les Manatis, malgré les différentes affinités qu'ils offrent avec les Du- gongs, les Halithéries et avec les Rhytines, seraient des formes collatérales se distinguant par la queue et les dents, et sous'ce rapport se rapprochant des Pachydermes, nommément des Tapirs et Dinothériums. De cette nia- (i) J'acciniiim Myrtillus, uliginosnm, Vitis idœa. [2) Avec l'œil affaissé et la cornée 0|)aque. C'élail la suite d'une inflammation due sans doute à une lumière ou trop vive, ou trop prolong('e, à laquelle les animaux auront été exposés dans leur transport. ( '190 ) mère les Sirènes se rattacheraient aux Pachydermes de deux différents côtés, par les Hahthériums et par les Manatis. » Au reste, mon travail expose également l'ostéologie comparée des Pa- chydermes et des Cétacés, et je tâche de démontrer que les Sirènes ne sont pas des Cétacés, mais plutôt des Pachydermes purement aquatiques, qui, au reste, selon les principes de nos classifications, peuvent aussi très-bien former lui ordre à part. « PALÉONTOLOGIE. — Quelques observations sur /'Elasmotherium; par M. J.-F. Bra.\dt. « L'autre objet, dont je prends la liberté d'entretenir aujourd'hui l'Aca- démie, c'est V Elasmotherium, animal fossile dont on ne connaît d'une ma- nière bien certaine jusqu'à présent que la moitié d'une mandibule conservée dans le Muséum de l'Université de Moscou, mais qui manque de deux dents, et une mâcheliere déposée dans le Muséum de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. V Elasmotherium, d'après la figure de la man- dibule, appartient sans doute à la famille des Rhinocéros, mais il se distin- gue, par la conformation de ses niàchelières très-singulières et énormes, non-seulement de tous les Rhinocéros, mais également de tous les autres Mammifères vivants et fossiles. Dans cet état de choses, la moindre obser- vation nouvelle qui peut ajouter à nos connaissances sur cet animal qui semble si remarquable doit vivement intéresser les naturalistes. Des deux dents qui manquent à la mandibule du Muséum de Moscou, l'une est î'avant-dernière mâcheliere. Une visite que j'ai faite au Muséum de l'Uni- versité de Charkow m'a permis de découvrir cette dent qui semble même appartenir à la même mandibule. Cette dent remarquable paraît avoir été trouvée dans le pays des Cosaques du Don. J'ai l'honneur de la mettre sous les yeux de l'Académie, qui la jugera peut-être digne de son attention, s'il est vrai, comme je le crois, que jusqu'ici on n'a jamais vu en France une dent de V Elasmotherium. Au reste, il faut remarquer que dans les galeries du Jardin des Plantes se trouve la partie cérébrale d'un crâne fossile décrit par Duvernoy (Sur les Rhinocéros fossiles de la Collection cranioscopique deGall, Archives du Muséum, i853, p. laS) sous le nom de Stéréocéros, qui offre parfiiitement le type général des parties correspondantes d'un crâne (le Rhinocéros. C'est pourquoi M. le professeur Kaup, à Darmstadt [Bronn Jahrl). fur Minerai., 1840; s. 453), a émis l'opinion que le Stéréocéros de Duvernoy pourrait bien n'être autre que Y Elasmotherium . Cette assertion du ( 49' ) naturaliste de Darmstadt me paraît en effet assez probable, d'autant plus que d'après ce que j'ai observé moi-même la mandibule, dont les galeries du Jardin offrent le modèle en plâtre, semble en rapport avec le crâne de ce Stéréocéros. » PATHOLOGIE. — Note sur rinjection purulente; par M. Batailhé (i). (Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, J. Cloquet, Bernard.) « Dans ma troisième Note sur l'infection purulente, j'ai annoncé que les liquides putréfiés avaient une puissance toxique énorme, et que de plus cette puissance variait suivant le degré de putréfaction et autres conditions encore inconnues. Des expériences ont été faites pour juger cette manière de voir. » i"'*' Expérience. — Chien de i5 livres. Injection de ^5 à 5o centi- grammes de pus très- fortement putréfié. Mort au bout de 3 jours. » .-autopsie. — Foie ramolli, infiltré de gaz, crépitant comme un poumon; un grand nombre de bulles très-petites soulèvent la capsule de Glisson. Rate dans le même état, à un degré moindre. Quelques bulles de gaz soulè- vent la capsule fibreuse des deux reins. Poumons sains. Sang liquide noir; des bulles de gaz se dégagent de ce sang. » li"^ Expérience (12 avril). — Chienne pesant l\o livres. Injection, 5o cen- tigrammes environ. Mort au bout de 36 heures^ » Autopsie (^Q heures après la mort). — Foie, comme le chien précédent. Sang, comme chez le chien précédent. Rate et reins, rien. Poumons : les deux hépatisés, ou mieux carnifiés, ne crépitant pas du tout. » III^ Expérience {12 a.\'ci\). — Chien de 20 livres. Injection, 5o centi- grammes. Mort au bout de 24 heures. » Autopsie (i4 heures après la mort). — Foie sain. Rate saine. Sang fluide; pas de gaz. Poumon droit : son lobe inférieur présente deux noyaux apoplectiformes du volume d'une grosse noix. Le lobe inférieur du poumon gauche présente un nojau pareil. » // " Expérience. — Chien pesant environ i5 kilogrammes. 7 et 9 mai, injection de aS centigrammes de pus putréfié. Le chien meurt le sixième (1) La première partie de ce travail, jusqu'à la troisième expérience inclusivemeni, était contenue dans un paquet cacheté déposé le 20 avril i863 et aujourd'hui ouvert sur la de- mande de l'auteur. Un autre pli, déposé le 6 mars, est également ouvert et le contenu parafé par M. Dumas, faisant fonction de Secrétaire perpétuel. ( 492 ) jour. (Il a vécu 112 heures.) Les symptômes ont été : grand abattement, diarrhée abondante et fétide, haleine fétide, etc. » Autopsie. — Le poumon droit et le poumon gauche présentent chacun une hépatisation bien marquée du lobe inférieur. De plus, le lobe inférieur du poumon droit est parsemé de petits abcès au nombre de i5 à 20. Quel- ques noyaux apoplectiformes dans son lobe supérieur ; plèvres saines, foie sain; sang diffluent, sans caillot. » V^ Expérience. — Chien pesant 18 kilogrammes environ. 7, 9 et 1 1 mai, injection de pus putréfié, 20 centigrammes. Mort le septième jour. (Il a vécu 148 heures.) Il a présenté à peu près les mêmes phénomènes que le précé- dent, avec quelques particularités remarquables. Avant la troisième injection ce chien ne paraissait presque pas malade; après la troisième injection et au bout de quelques heures, ce chien ne bougeait presque plus. Il y a donc eu une sorte d'incubation. » j4ulopsie. — Le poumon droit présente à sa base trois gros abcès du volume d'une noix. Deux de ces abcès sont ouverts dans la plèvre droite. Cette plèvre droite contient environ un litre de liquide purulent. La plèvre gauche contient un grand verre de liquide analogue. Le poumon gauche est sain. Sang diffluent, sans caillots; foie sain. Réflexions sur les expériences IV et V. » Dans les expériences IV et V, où les chiens ont vécu de cinq à six jours, on a observé des abcès métastatiques dans les poumons, et chez l'un des chiens une pleurésie purulente. » Des quantités très-minimes de pus putréfié (5o à Go centigrammes) ont été injectées successivement. Donc le pus putréfié mêlé au sang à petites doses produit des abcès métastatiques, quand on fait dans les veines des injections successives, et que les animaux vivent quelques jours de manière que les abcès aient le temps de se former. » Or, chez l'homme, à la surface des plaies récentes, il y a des liquides putréfiés, comme l'atteste l'odeur qu'elles exhalent les premiers jours (du moins quand elles ont été pansées avec un corps gras, des émollients, etc.). Ces liquides putréfiés passent dans les veines, d'où l'infection purulente, d'où les abcès métastatiques. Réflexions sur les expériences I, II et III. M Dans ces trois expériences il n'y a pas eu d'abcès métastatiques. Les animaux n'en sont pas moins morts; seulement ils sont morts au bout de ( 493 ) 3 jours, 36 heures, a4 heures. Ils sont morts aussi rapidement, probable- ment à cause de la quantité considérable de poison introduite en une seule injection ( 5o centigrammes à la fois). Dès lors les abcès métastatiques n'ont pas eu le temps de se former. Seulement, chose bien remarquable, le troi- sième chien présentait des noyaux apoplectiformes précurseurs des abcès métastatiques, quoiqu'il n'ait vécu que vingt-quatre heures après l'infection. » Il est aussi des hommes qui succombent à l'infection purulente, sans présenter des abcès métastatiques. Ce sont ceux qui meurent dans les pre- miers jours des plaies et des opérations. » D'après ces expériences, celles rapportées dans les Notes I et II, d'après les imprimés sur l'infection purulente (Thèse de M. Blanc, Lettre sur l'insalubrité des hôpitaux), je conclus : » 1° Que le mot infection purulente doit disparaître de la science; qu'il doit être remplacé par la dénomination injection putride des premiers jours, ( pour distinguer cette infection de l'infection putride entendue dans le sens ordinaire). M 2° Le terme phlébite suppurative infectieuse doit également disparaître, la phlébite suppurative ne produisant pas l'infection. » 3° Il y a un moyen fort simple de prévenir l'empoisonnement dit infec- tion purulente. Il faut panser les plaies récentes à la façon des anciens : avec les alcools (alcool, eau-de-vie, vulnéraire, vin, etc.), avec les baumesliquides (Fioraventi, du Commandeur, etc.), qui empêchent la putréfaction des li- quides, bouchent les veines et les lymphatiques ouverts. Dans quelques cas exceptionnels même, il faut recourir aux caustiques, ou même au fer rouge, dans les cas, par exemple, où il y a de grosses veines ouvertes et béantes. >i 4° Il faut faire l'application des mêmes principes à la fièvre puerpérale qui est, elle aussi, une infection putride des premiers jours, et traiter l'utérus d'une femme qui vient d'accoucher comme l'on doit traiter une plaie ré- cente. On sauverait ainsi quinze à vingt mille femmes environ qui meurent tous les ans, eu France, de la fièvre puerpérale. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Quelques faits pour servir à l'étude de l'eau de la pluie; par M. Robinet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pelouze, Boussingault, Balard.) « Au moyen d'un appareil convenablement disposé j'ai recueilli l'eau de la pluie, à Paris, le plus souvent possible, depuis le i" mars 1862 jus- C. R,, 1S6.1, 2"'= Semestre. (T. LVII, N" 10.) G6 (494 ) qu'au 8 septembre i863, c'est-à-dire pendant une période de dix-huit mois. » Chaque ibis j'ai déterminé les degrés hydrotimélriques de ces eaux. Les observations sont au nombre de ii8. La moyenne générale des de- grés hydrotimétriques est 3°, 27. )) Les douze premiers mois, divisés en quatre périodes ou saisons de de trois mois chacune, ont donné pour chacune d'elles, en degrés hydro- timétriques, des moyennes croissantes du printemps à l'hiver. » L'agitation de l'atmosphère paraît avoir. été sans influence sur la pro- portion des matières fixes dissoutes dans l'eau de la pluie. » La circonstance de jour ou de nuit paraît également indifférente. » Plusieurs fois, après des sécheresses plus ou moins prolongées, Feau de la pluie a paru plus chargée de matières fixes; mais ce phénomène n'est pas constant. » Si l'on recueille successivement des fractions d'une même pluie con- tinue, ou si l'on éprouve plusieurs pluies de la même journée, par exemple, on observe que la proportion des matières fixes va en diminuant. Quelques exceptions ne permettent pas de douter de la règle. » L'eau de la pluie à Paris contient principalement du sulfate de chaux et une matière organique peu connue. La proportion du sulfate de chaux peut s'élever jusqu'à 20 grammes et plus par mètre cube. » L'acide carbonique, supposé à l'état de liberté, n'est pour rien dans les degrés hydrotimétriques de l'eau de la pluie. n L'eau de la pluie a la propriété de mousser par l'agitation plus qu'au- cune des eaux qui ont pu lui être comparées. » L'eau de la pluie de Paris mêlée avec du nitrate d'argent se colore en rouge de diverses teintes et forme même un dépôt de couleur grenat. » Le principe grenat contient de l'argent. )) La nature de la substance qui produit ce phénomène de coloration n'est pas connue. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. TOXICOLOGIE. — Expériences su?' l'action jjli^siologique des sels de ihallium. Noie de M. Paclet, présentée par M. Milne Edwards. (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Bernard.) « Des expériences qui viennent d'être rapportées, dit l'auteur en termi- nant son Mémoire, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : >i 1" Le thalluim est un poison dont l'action est beaucoup plus énergique ( 495 ) que celle du plomb; ou peut le ranger parmi les métaux les plus véné- neux. » 2° Le carbonate de thallium administré à forte dose ( i gramme) tue les lapins en quelques heures (T* expérience). » 3° Donné à plus faible dose, il tue en quelques jours en produisant un ralentissement de l'action respiratoire et des troubles dans la locomotion (tremblement général et défaut de coordination des mouvements, II'', III* et IV" expérience). » 4° Son action est la même, soit qu'on l'emploie en frictions sur la peau, sail qu'on l'injecte dans le tissu cellulaire sous-cutané; seulement, dans ce dernier cas, une très-faible dose peut amener la mort (5 centigrammes, III' expérience). » 5'' Toutes les fois que son administration a déterminé la mort, les ani- maux paraissent avoir succombé à l'asphyxie. » 6" L'analyse spectrale est un très-bon moyen de déceler de très-faibles quantités de thallium dans les organes qui peuvent en contenir. « 7" Enfin, le carbonate de thallium administré à très-faibles doses peut être toléré, et dans ce cas son action ressemble beaucoup à celle des sels de mercure. Peut-être la thérapeutique pourrait-elle l'employer avec avantage dans les cas où les mercuriaux sont indiqués. » TÉRATOLOGIE. — Sur un monstre simple dans la légion moyenne, double supérieurement et inférieurement. Mémoire de M. Camille Dareste, présenté par M. Milne Edwards. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Milne Edwards, Longet.) « Dans la classification tératologique d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, les monstres doubles sont répartis en trois tribus ainsi caractérisées : « 1° monstres comj)létemcnt doubles; -i" monstres doubles inférieure- » ment et simples supérieurement ; 3° monstres doubles supérieurement et » simples inférieurement. » Ces trois tribus semblaient épuiser le nombre des combinaisons monstrueuses possibles. » .l'ai eu récemment occasion d'étudier un poulet monstrueux qui m'a présenté une combinaison nouvelle, car il était simple dans la région moyenne et double supérieurement et inférieurement. » Si étrange qu'une pareille organisation puisse nous paraître au premier abord, elle s'explique cependant de la façon la plus satisfaisante par la réunion sur le même sujet de deux monstruosités que l'on aurait pu croire 66. ( 496) incompatibles, l'opodidymie et Tiléadelphie. Le sujet était trop altéré pour qu'il m'ait été possible d'étudier les parties molles ; mais l'observation du squelette ne m'a laissé aucun doute sur cette détermination. « L'opodidymie était indiquée par l'existence de deux becs attachés à un crâne unique. L'intervalle qui séparait ces deux becs présentait une orbite contenant un œil unique, mais appartenant évidemment par moitié aux deux sujets composants. » L'iiéadelphie était caractérisée par la disposition de la colonne verté- brale qui, simple dans la région dorsale et la région lombaire, se bifurquait dans la région sacrée. Chacune de ces colonnes vertébrales portait un bas- sin et un train de derrière parfaitement complets. J'ai pu constater l'existence de deux anus, fait qui indique évidemment une bifurcation de la partie terminale de l'inteslin. » Il y avait de plus une anencéphalie complète, présentant tous les carac- tères ostéologiques, les seuls que j'aie pu observer, qui ont été indiqués dans les monstruosités anencéphaliques observées dans l'espèce humaine. Ce fait est d'autant plus intéressant que l'anencéphaiie n'avait jamais été observée dans la classe des oiseaux. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les acides du vin, à propos d'une Note de M. Mau- mené, mseVe'e au Compte rendu du 17 août dernier; par M. A. Bécha.mp. (Extrait.) « Ce n'est pas de l'acidité des produits de la distillation des liqueurs fer- mentées que j'ai conclu à la formation de l'acide acétique, mais j'ai isolé cet acide lui-même et l'ai transformé en chlorure d'acétyle. J'ai plus de 100 grammes d'acétate de soude retiré de fermentations bien normales faites à l'abri de l'air. Moins de huit jours suffisent pour se convaincre de la réalité de ces faits. » Avant de s'assurer si le vin contient normalement de l'acide acétique, il faut savoir si le moût de raisin que l'on emploie ne contient point déjà quelque acide volatil ; car, parmi les éléments ou principes immédiats du même moût, les uns se retrouvent intacts dans le vin ou s'éliminent en partie, les autres se transforment. Eh bien! les moûts de tous les raisins que j'ai étudiés ou employés dans mes expériences contenaient un acide volatil, dont il faut tenir compte quand on veut déterminer la quantité totale d'acide acétique que fournit un vin. Je demande la permission de rapporter l'expé- rience suivante, que l'on |)eut facilement répéter maintenant que lesven- ilanges sont sur le point de se faire partout. ( 497 ) » Deux litres de moût de raisin Terret-boiirret et un litre d'eau ont été mêlés; le mélange étant filtré a été distillé de iaçon qu'aucun point de la surface de l'appareil ne fût surchauffé. On a recncilli i litres de produit; il rougit franchement, quoique lentement, le papier de tournesol; il a été saturé par la potasse caustique, réduit à [\o centimètres cubes environ, et distillé avec un léger excès d'acide phosphorique. Le résultat est un liquide très-acide qui pour sa saturation exige i™,g d'une liqueur potassique au titre de -^\^ d'oxyde de potassium. M D'autre part, i 1 5o centimètres cubes du même moût ont été mis à fer- menter spontanément dans un appareil bien clos, presque plein et muni d'un tube abducteur plongeant dans l'eau. La température pendant la durée de la fermentation n'a pas dépassé 26 degrés. An bout de quinze jours, bien que l'opération ne fût pas terminée et qu'il se dégageât encore de l'acide carbonique, que par conséquent? on eût là, par surcroît, une garantie de la non-intervention de l'air, on a soumis le liquide fermenté à la distillation, après l'avoir filtré, et on a recueilli les \^ du produit. On a saturé par la potasse, évaporé, etc. Le résidu distillé avec l'acide phosphorique a fourni un liquide très-acide qui a exigé 6'='=,i de potasse au même titre que plus haut: si nous retranchons de ce nombre i*^",!, titre de l'acide volatil de I i5o centimètres cubes du moût employé, il reste 5 centimètres cubes de dissolution alcaline pour représenter l'acide volatil produit par la fermen- tation. Si cet acide est de l'acide acétique, sa quantité seraoS'^,3. La liqueur saturée a de nouveau été distillée avec l'acide phosphorique, l'acide obtenu a été transformé en sel de soude. La dissolution a été abandonnée à cristal- lisation : elle se prit d'abord en gelée, grâce à la matière inconnue quej'ai déjà signalée dans ma première Note, et peu à peu les cristaux d'acétate de soude parurent. Mais on peut faire une autre expérience pour se convaincre qu'il y a là de l'acide acétique. On dessèche le sel et on le traite dans un tube par un mélange éthérifiant d'alcool absolu et d'acide snlfurique con- centré : le dégagement d'éther acétique peut convaincre les plus incrédules. II suffit, comme on le voit, d'opérer sur 10 litres de vin bien J ail, pour obtenir assez d'acétate de soude pour répéter toutes les expériences qui caractérisent l'acide acétique. « La Note de M. Béchamp et celle présentée à la précédente séance par M. Maumené sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Payen, Peligot, Fremy. ( '.98 ) Sur la demande de M. Milne Edwards un travail imprimé de M. Ktioch sur le développement et les migrations des Botriocéphales est compris dans le nombre des pièces admises au concours pour les prix Montyon. CORRESPONDANCE. M. i.E Ministre de l'Instruction publique transmet la première livraison du tome XI des « Annales de la Société d'Emulation du département des Vosges ». M. LE Ministre de la Guerre adresse pour la bibliothèque de l'Institut un exemplaire du tome IX de la troisième série du « Recueil des Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmaeie militaires » auquel est annexé un atlas des observations météorologiques faites à Rome de i85oà 1861. CFtiMlE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sur le pain et sur le blé découverh à Pompéi; par^l. S. de Luca. (Deuxième partie.) « Dans la même maison du boulanger où ont été trouvés les pains, à Pompéi, on a découvert un moulin ou ntola en pierre, tout monté, formé de deux pièces, c'est-à-dire de la meta ou meide fixe, inférieure, conique ou en forme de cloche, et du catillus ou meule mobile extérieure qui s'adap- tait exactement sur la meta. Cette partie supérieure recevait le blé, comme nous le faisons dans nos petits moulins de ménage destinés à la trituration de certaines épices. On a découvert aussi, sur le sol et contre les murs, des pièces de rechange destinées à ce moulin. » Le sol de la boulangerie présentait un tas de blé qui, réduit en farine, servait à faire le pain qu'on devait cuire dans le four placé en face du mou- lin. La même pièce renfermait en outre une grande jarre en terre pour laver le blé au moyen de l'eau qui était amenée par un conduit en plomb muni de robinet. n Ce blé, qui semble avoir appartenu à une bonne qualité de froment, a conservé toute sa forme : il est d'un brun noirâtre, mais sur quelques points de sa surface on distingue luie matière blanchâtre; il est poreux et se défait facilement sous la pression des doigts. Le poids d'un seul de ces grains oscille entre 17 et 19 milligrammes. En effet : ( 499 ) 5o grains pèsent. .. . 0,927 i pèse en moyenne o,oi85 5o .... .1 0,848 " 0,0169 1 00 .... » I ) 7 • o " 0,01 100 .... » 1)74° " 0,0174 20 .... >' o , 36 1 » o , o 1 80 320 5,586 o>o879 En moyenne i grain pèse oi^', 0175. » La quantité d'eau contenue dans le même blé est indiquée par les chif- fres suivants : Eau obtenue à 110 degrés' Eau en moyenne Poids du blé — -.- sur 100 parties emplojc. en lolalilé. sur 100 parties. de 1 blé ordinaire. 1,716 o,38o 22, 1 » 2,298 0,478 20,8 » 4,339 I ,023 23,5 " Moyenne : 11 22, 1 i4,o « Au moyen de l'incinération on a obtenu du blé de Pompéi les nombres suivants : Cendres obtenues Cendres en moyenne Poids du blé employé. en totalité. sur 100 parties. sur 100 parties de blé ordinaire, 2,277 0,335 .4,7 » 1,686 0,240 l4,2 » I,3l2 0,176 ■3,4 u 0,263,5 o,o38 •4>4 u Moyenne : » ,4,2 1,5 » Par conséquent ce blé peut être considéré comme étant formé de : Matières volatiles à 1 1 o degrés 22,1 Matières destructibles par l'action de la chaleur et de l'air 63,7 Cendres ou matières fixes 14»^ 100,0 » Dans les cendres du blé de Pompéi on trouve toutes les substances minérales contenues dans le blé ordinaire, c'est-à-dire de l'acide phospho- rique en excès, de la potasse et de la soude, de la magnésie et de la chaux, du chlore et de l'acide sulfurique, de la silice, du fer et des traces de man- ganèse. Je donnerai prochainement l'analyse quantitative de ces cendres. 1) Lorsqu'on chauffe ce blé hors du contact de l'air dans un tube de ( 5oo ) verre fermé à l'une de ses extrémités et recourbé, plein de mercure et com- muniquant par l'autre extrémité ouverte avec un bain de mercure, l'eau contenue dans le grain se condense d'abord, puis on voit se dégager des gaz dans lesquels on constate la présence de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone, des traces d'iiydrogène et d'azote. 6 grains de blé pesant o^^iro ont fourni 7*^^,5 de mélange gazeux dont les deux tiers étaient de l'acide carbonique. » La même expérience, faite suro^', iio de pain de Pompéi, a donné presque le double de mélange gazeux (i3",5) dont un peu plus que les deux tiers (9'^'', 5) étaient constitués par de l'acide carbonique. Des carbures liquides en très-petite quantité colorent l'eau de condensation. » L'analyse élémentaire du blé fournit en moyenne sur 100 parties : Carbone 53 , 7 Hydrogène 3,4 Azote 2,3 )i La composition centésimale du blé de Pompéi peut, par conséquent, être représentée de la manière suivante : Eau 32,1 Carbone 53, ■j Hydrogène 3,4 Azote 2,3 Oxygène (par différence) ^,3 Cendres 1 4 > ^ 100,0 )' Si l'on fait abstraction de l'eau contenue dans ce blé et si alors on compare sa composition avec celle qu'a assignée M. Boussingault au blé ordinaire, on aura les proportions suivantes : Pour le blé récolté en i836 Pour le blé de Pompéi de dix-huit siècles. Carbone 68, g Hydrogène 4)4 Oxygène 5,5 Azote 3,0 Cendres . en plein dans une terre champ. de jardin. 46,10 45,5. 5,80 5,67 43,40 43,00 2.29 3,5i 2,41 2,3l 100,0 100,00 100,00 Les cendres sont en très-grande proportion dans le blé de Pompéi, mais ( 5oi ) il est probable que cet excès de matières minérales est dû à de l'eau qui n'a cessé d'agir lentement pendant le long intervalle de dix-huit siècles en s'infiltrant à travers le terrain qui recouvrait le blé et qui a laissé à sa sur- face les particules blanches dont j'ai parlé plus haut. Cette observation s'ap- plique aussi au pain de Ponipéi dont les cendres sont en plus forte propor- tion. L'analyse quantitative éclaircira, je l'espère, l'origine de cette quantité considérable de cendre. » L'eau et l'alcool, réagissant sur le blé de Pompéi, soit à froid, soit à chaud, se colorent légèrement en brun en donnant des solutions qui, éva- porées au baiu-marie, laissent pour résidus de petites quantités de matière contenant de l'azote. L'éther et le sulfure de carbone n'enlèvent presque rien à ce blé. )) L'observation microscopique ne dénote dans le blé de Pompéi aucune matière organisée capable de se colorer par l'iode; il ne contient non plus aucune des substances cpii réduisent le tartrate de cuivre et de potasse ou qui fermentent par la levure de bière. La surface extérieure correspondant au fruit proprement dit et qui constitue une des parties du son est opaque, lisse, et se détache facilement de la partie centrale cpii montre encore distinc- tement le tissu celluleux du grain normal. i> La quantité d'azote contenue dans ce blé correspond précisément à celle qu'on rencontre dans le blé ordinaire; et ceci mérite d'èlre noté, car après dix-huit siècles le blé de Pompéi, en perdant de l'hydrogène et presque tout son oxygène, conserve intégralement son azote et peut-être tout son carbone. Cette perte ne peut pas être attribuée à une chaleur élevée, mai\ à l'action du temps et aux agents de l'atmosphère. » En résumé, lebléde Pompéi, tout en conservant sa forme primitive, a perdu toute trace de produit organique, et ne contient ni gluten, ni amidon, ni sucre, ni matières grasses: il s'est décomposé de telle manière qu'on y retrouve encore tout l'azote et presque tout le carbone du blé ordinaire; mais les éléments minéraux que j'y ai découverts en très- forte proportion doivent probablement leur origine aux eaux qui, tenant en suspension ou en dissolution ces matières salines, les auront déposées sur la partie char- bonneuse, perméable et amorphe de ce blé. « « M. DE Paravey présente à l'Académie quelques considérations sur l'existence d'un oiseau voisin de l'Autruche, mais beaucoup plus grand et analogue à XEpiornis, qui serait signalée dans \ Encyclopédie japonaise. Il C. R ., i8C3, 2>"= Semestre. (T. LVII, N" 10.) ^7 ( 5o2 ) demande à l'Académie de prendre des mesures pour obtenir la traduction de cet ouvrage, au moins pour les parties qui concernent les sciences naturelles. » La séance est levée à 5 heures. D. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 7 septembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Observatoire impérial. Bulletins du 3i août au 5 septembre i863. Feuilles autographiées in-fol. Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée de V homme et des animaux faites à lu Faculté des Sciences de Paris; par H. MiLNE Edwards; t. VIII, 1''^ partie : Nutrition. Paris, i863; vol. in-S". lîeclierches d'embryologie comparée sur le développement de la Truite, du Lézard et du Limnée;par A. Lereboullet. Paris, i863; vol. in-8°. Hydraulique. Utilisation de la force vive de l'eau appliquée à P industrie ; critique de la théorie connue et exposé d'une théorie nouvelle; par L.-D. Gi- rard. Paris, i863; in-4'', avec atlas in-fol. De l'atrésic des voies génitales de lafemme; par le D' Albert PUECH. Paris, 1864; in-4^ Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous la surveillance du Conseil de santé ; par MM. BoUDiN, Grellois et Langlois; publié par ordre du Ministre de la Guerre; 3'' série, t. IX. Paris, i8G3; vol. in-8°. Météorologie et météorographie, pathogénie et nosographie, ou Eléments de recherches sur la connexion entre les divers agents météorologiques et la patho- génie civile et tnilitaire à Rome [de i85o à 1861); par le D'' Balley. (Atlas annexé aux n"* l^\ et 42 du Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Phar-macie militaires.) Faris, i863; in-4° oblong. Jetés de P Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bor- deaux ; 3" série, 25* année ; i863, i''"^ trimestre. Paris, i863; in-8°. Discours académique sur le principe vital de i homme, prononcé le 3i oc- { 5o3 ) tobre 1772 à la séance solennelle de rentrée du Ijudovicée Médical de Mont- pellier; par P.-J. Barthez, traduit du latin et accompagné d'un avant- propos et de notes historiques et critiques par Adelphe Espagne; 2^ édi- lion. Montpellier, i863;in-4°. Transformation de i Arithmétique, ou Précis élémentaire sur i application des logarithmes et sur leur application aux différents usages des calculs; par P.-C. Henuy-Mary. Reims, i863; in-12. Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne; année 1 863, XVII'' volume, i" et 2*^ trimestre. Auxerre, i863;in-8". Annales de la Société ci Emulation du département des Vosges; t. XI, i" cahier, i86r. Épinai, 1862; in-8". Séance publique de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres d'Aix. Aix, i863; in-8°. Carte des circonscriptions diocésaii^es avant 1789 dans les anciennes pro- vinces ecclésiastiques d'Arles, d'Aix et d'Embrun, pour servir à l'intelligence des divisions civiles et administratives de la Province l'omaine à la fm du iv^ siècle après J.-C; dressée par M. A. Reinaud PE Fonvert. 1861 ; une feuille, format atlas. Tabula regionis Salyorum ex Strabone necnon antiquarum civitatum ejusdeui nominis ex Plinio... 1861; une feuille, format atlas. (Ces deux Cartes sont éditées par l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix.) Naturgeschichte... Histoire naturelle du Botriocephalus latus étudié parti- culièrement dans son développement ; par le D'' J. Knoch. (Extrait des Mémoires de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg .) Septième série ; t. V. Notiz .. Note sur une variété gigantesque de la Moule commune (Mytilus edulis, forma gigantea) provenant des côtes de l'Amérique Russe; par le D' Alex. V. NORDMANN. Moscou, i863; br. in-8''. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 7* sé- rie, t. V, n° 5. Saint-Pétersbourg, 1862; vol. in-4°. ( 5o4 ) ERRATA. (Séance du 17 août i863.) Page 3qo, ligne lo, au lieu de nombres, lisez membres. Même page, ligne i3, au lieu de — e , lisez — t-\--j.(. Page 391, ligne 3 en remontant, au lieu de au cas où, lisez en l'étendant au ras où. (Séance du 3i août i8G3.) Page 478, ligne 9, au lieu de i3 à 21, lisez 19 à 21. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE 1863. PRÉSIDENCE DE M. MORIN. MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, M. LE Pkésidext de l'Ixstitut rappelle que la prochaine séance trimes- trielle est fixée au 5 octobre, et invite l'Académie à lui faire connaître en temps opportun le nom de celui de ses Membres qui aura été désigné pour faire une lecture dans cette séance. MÉMOIRES LUS. M. Tremblay lit un Mémoire ayant pour titre : « L Artillerie rayée de Sauvetage ». Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. de Tessan et Paris. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Note sur les propriétés calorifiques et expansives des gaz; par M. F. Reech. (Commissaires, MM. Poncelet, Combes, Clapeyron.) (( De retour à Paris, je trouve une Note de M. Dupré et une autre de M. Clausius, dans les Comptes rendus du 1 3 juillet et du lo août, au sujet de mes assertions dans le cahier du 29 juin. » J'accepte le reproche qu'on me fait de n'avoir pas déterminé T eu C. R , i863, 2116 Semestre, (T. LVII, N" II.) 68 ( 5o6 ) fonction de t; mais je ne comprends pas qu'on puisse dire que je n ai pas défini exactement r et R. Jla Note n'est pas intitulée : Sur (juelques tqua- lions de la théorie inécnnique de la chaleur, mais : Sur les propriétés calorifiques et expansives desfiuides élastiques. Mon but a été de faire voir de quelles équa- tions ou aurait pu faire usage de tout temps sans connaître quUine somme déterminée de chaleur équivaut à une somme déterminée de travail. Ainsi, dans le cas des gaz, en considérant v, t comme des variables indépendantes, j'admets pour o*Qune expression telle que (i) âQ = Adv + bdt. V On voit immédiatement que b est la chaleur spécifique sous volume constant. En désignant par a la chaleur spécifique sous pression constante, et par(p(f, p) = t, cette relation qui, en vertu de la loi de Mariotte et de la loi de Gay-Lussac, devient vp = G (!5 4- t), on démontre sans difficulté qu'il est nécessaire qu'on ait (2) A = ia-b] do » Mais la relation (2) n'avance en rien la connaissance du second membre de l'équation (i) tant que a, b ne sont pas connus. » L'expression de t?Q peut n'être pas une différentielle exacte, mais alors il y a un certain diviseur T tel qu'on obtiendra une différentielle exacte en posant (3) ./«=^=.... » En se servant de l'équation (1) pour développer le second membre de l'équation ( 3) on trouve la condition que voici : ,,. - d f A.\ d i b (4) 'dt \T } dv yi » D'après cette seule condition, T pourra élre luie fonction de f, t. J'ai fait voir que dans le cas des vapeurs T est une fonction de t seulement. )) La condition (4) étant supposée satisfaite, l'équation (3j sera inté- grable et reviendra sous forme finie à une relation telle que (5) <]j{v,p) = n. G'est là, pour une valeur constante quelconque de n, l'équation générale des courbes de détente d'un gaz dans une enveloppe non perméable à la chaleui'. ( D07 ) )> L'équation (5) étant supposée connue, l'équation (i) revient u (6) âQ = T(/n. On est libre de considérer T comme une fonction de t, n ; on a alors âQ=f{t, ?i)dn. » Si l'on représente par et aussi S= l ' F {t, n) dn = j kâQ; mais pour que ces deux expressions de S soient égales, il est nécessaire et suffisant qu'on obtienne une différentielle exacte en écrivant (8) dQ = kâQ- pdv. » Dans le cas des vapeurs je trouve, au moyen de l'expression dec?Q de ma précédente Note, que le second membre de l'équation (8) ne peut être une différentielle exacte qu'autant qu'on aura d{/.-T) ^ T(W-«') dp ^9i de L ' dt' Il s'ensuit qu'alors k ne pourra être qu'une fonction de t. » Dans lecasdes gaz, au moyen de l'équation (i), l'équalion (8) revient à dQ. = [kk. — p)dv + kbdt. Pour que le second membre soit une différentielle exacte, il faut qu'on ait , . r/(/-A) d{l.b)^dp ^ ' dt dv dt 68.. ' ( 5o8 ) Au moyen de l'équation (4) cela revient à , . A d{/,T) b d{kT) _ dp '"^ T dt T rfc ~ dt' » Il y a à faire remarquer que les conditions (4)> (io)> ('0 ne feront jamais que deux conditions distinctes, et qu'il sufûra que deux d'entre elles soient satisfaites pour que la troisième le soit. Le but de ces conditions est de faire trouver les expressions de T et A' quand on connaîtra à priori les propriétés calorifiques et expansives d'un fluide élastique. Il y a longtemps que j'attends la publication des dernières expériences de M. Regnault, pour voir ce qu'on trouvera à ce point de vue pour T et k dans différents cas. » On parvient à des relations analogues, parfaitement équivalentes à celles des conditions (4), (lo), (ii), quand, au lieu de f, t^ on considère comme des variables indépendantes soit p, t, soit v, p, soit encore v, n, ou p, n, ou f, 71, soit enfin deux autres variables Ç, vj desquelles dépendront complètement chacune des trois quantités v, p, t. » Dans chaque cas on n'aura à se préoccuper que de former les expres- sions de a, h, puis de rendre des différentielles exactes, d'abord le second membre de l'équation (3), puis le second membre de l'équation (8). C'est là ce qui fait le pivot, la généralité et le haut degré de simplicité de ma théorie. Je suis dispensé d'avoir recours à des considérations synthétiques infinité- simales d'autant d'espèces que l'on peut faire de choix de variables indé- pendantes, et je ne cours pas la chance de me tromper ou de rester incom- plet, ainsi que cela peut arriver par un défaut d'attention dans l'une des voies synthétiques en question, quand on ignore que le but est de rendre des différentielles exactes les secontls membres des équations (8) et (3). » Si l'on cherche à attribuer une signification physique à l'équation (8), on ne peut guère faire autrement que de considérer le produit At?Q comme représentant une quantité de même espèce que le produit pdi\ c'est-à-dire comme représentant du travail; k est alors le travail par unité de chaleur, et il est la somme de travail emmagasinée dans un fluide élastique, tant sous forme de chaleur que sous forme de compression. A ce point de vue déliante généralité, A sera susceptible de varier d'un fluide élastique à un autre. Pour qu'il y ait un équivalent mécanique de la chaleur qui ne dé- pende pas de la nature d'un fluide élastique (pour qu'il soit impossible de créer du travail avec rien), il suffit à la rigueur que k soit une fonction de t, la même pour toutes les espèces de fluides. » Il est généralement admis aujourd'hui que k est une constante. ( 5o9) M. Clausius démontre que T doit être une certaine fonction de f, la même pour toutes les espèces de fluides élastiques. A ce double point de vue, ma théorie conduit aisément aux équations de MM. Diipré et Clausius. J'ajoute que si l'expérience contredisait l'un des principes au sujet de T et A% mes équations seules continueraient de subsister. » Dans le cas d'une masse d'air, en admettant à la fois la loi de Mariotte, la loi de Gay-Lussac et les expériences de M. Regnault, on a d'abord a = const. = 0,2375; on trouve ensuite T = 5 + « = 273 + f, h = const. et k = const. En employant la valeur de T dans la théorie de la vapeur d'eau, on trouve A- = 434; puis en reportant cette valeur de k dans la théorie de l'air, on trouve A = 0,1699 et J = 1,3979. » Ce rapport est d'accord avec celui qu'on déduit de la vitesse du son, d'après la théorie de Laplace. J'admets d'ailleurs qu'on doit continuer d'accepter la formule de Laplace. » J'ajoute que pour une barre solide comme pour une colonne de fluide, la vitesse u du son peut être représentée par la commune relation que voici : alors qu'on désigne par g l'intensité de la pesanteur, v le volume de i kilo- gramme de matière, e le coefficient d'élasticité qui figure dans les équations de la résistance des matériaux. » Dans le cas de l'air on a explicitement à la condition que v^^ p^ soient les valeurs particulières de v, p pour i = o. » PHYSIQUE. — Recherches sur la chaleur chimique et la chaleur voltaïque; par M. F. Raoult. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet, Regnault.) « La mesure de la chaleur produite par un courant électrique dans le ( 5io ) circuit entier, y compris la pile, a jusqu'à présent offert de fort grandes dil- ficultés. J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie un procédé qui permet de l'obtenir aisément. » Soit proposé de déterminer la chaleur voltaique totale W d'un élé- ment E. « Je dispose dans un calorimètre une spirale formée d'un fil de platine fin enroulé autour d'un tube de verre et aboutissant, par deux tiges en cuivre, avec les pôles M et N d'une forte pile de Daniell P. En même temps, je mets les pôles M et N en communication avec ijne boussole de sinus à fil long et de sensibilité convenable. (C'est la boussole à sensibilité variable que j'ai décrite dans mon Élude des forces éieclromotrices (i); le fil a un diamètre de -j^ de millimètre et une longueur de 36oo mètres; la chaleiu que le courant y produit est complètement négligeable. ) » J'observe : )) 1° L'intensité/ du courant dérivé dans la boussole à long fil ; » 2" La quantité de chaleur c communiquée par la spirale au calori- mètre ; » 3° L'augmentation p du poids de la lame de cuivre dans l'un des élé- ments de la pile; )) 4° L'intensité F du courant produit dans la boussole par l'élément E dont on veut connaître la chaleur voltaique W. » Ensuite j'obtiens W, c'est-à-dire la chaleur dégagée par le courant de l'élément E, lors de la dissolution d'un équivalent de métal, au moyen de la formule p f (3 1,6 est l'équivalent du cuivre). » La démonstration de cette formule est fort simple. L'intensité f du courant dérivé dans la boussole à long fil est proportionnelle à la différence des tensions électriques des points de dérivation M et N, et mesure cette différence; f est donc la force électromotrice d'un élément de résistance nulle qui produirait dans la spirale le même courant que la pile P, et qui, pour un équivalent de métal dissous, y dégagerait une quantité de chaleur égale à ^ ' ' • Les quantités de chaleur produites par le courant dans un même circuit, pour un équivalent de métal dissous, étant proportion- (i) Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris, le i3 mai i863. (5ii ) nelles aux forces éleotromotrices, un élément de résistance nulle et de force électromotrice F, c'est-à-dire produisant dans la boussole un cou- rant d'intensité F, dégagerait dans la spirale, lors de la dissolution d'un équivalent de métal, une quantité de chaleur représentée par P f ainsi que je l'ai avancé. » Voici les données d'une expérience faite en vue de déterminer la cha- leur voltaïque d'un élément Daniell, cuivre dans sulfate de cuivre, zinc dans sulfate de zinc. » La pile P est composée de six grands éléments Daniell : y= 0,5281, c =: 5o2,3 calories, yy = 2 23 milligrammes, F = 0,1^52. » Durée de l'expérience, 5 minutes. Il Température de l'air, aS degrés. » Calculant W d'après ces données, on trouve \V = 236i4 calories. » J'ai modifié les expériences en remplaçant plusieurs éléments de la pile par des éléments de Bunsen, en en faisant varier le nombre, en opé- rant pendant des temps plus ou moins longs, et j'ai toujours obtenu des résultats concordants; les résultats extrêmes ont été 22859 et 24012. La moyenne de vingt expériences où toutes les données ont varié du simple au double est W =: 23 602 calories. (Le calorimètre dont je me suis servi est le calorimètre à mercure de MM. Favre et Silbermann, un peu simplifié.) » J'ai mesuré directement la chaleur dégagée par la substitution du zinc à I équivalent de cuivre (3iS'',6) dans une dissolution concentrée de sul- fate de cuivre, et j'ai trouvé 23 564 calories. Le nombre de MM. Favre et Silbermann est 23ao5. » Il résulte de là que dans l'élément Daniell, la chaleur produite par ( 5i2 ) le courant est, à très-peu prés, égale à la chaleur dégagée par l'actiou chimique. M L'élément Daniell est le seul où il en soit ainsi. Pour d'autres élé- ments, la chaleur produite par le courant dans le circuit entier et la cha- leur produite par l'action chimique sont souvent notablement différentes. Voici quelques-uns des résultats que j'ai obtenus : ELEMENTS. CUALEDR chimique. voltaïque 23564 236o2 i56gi 12438 i64o2 7789 A Zinc , sulfate de zinc — Cuivre, sulfate de cuivre. . B Zinc , acétate de zinc — Plomb, acétate de plomb. . C Cuivre, azotate de cuivre — Argent, azotate d'argent. » Ainsi, tandis que dans l'élément A le courant reproduit la chaleur chi- mique tout entière, le courant dans l'élément C n'en reproduit pas même la moitié. Pourquoi cette action si différente dans deux éléments de con- stitution toute semblable? Il y a là une difficulté sérieuse, digne de l'atten- tion des physiciens. » ANTHROPOLOGIE. — Sur les effets de la consanguinilé , de la syphilis et de l'alcoolisme combinés et observés dans une même famille. Mémoire de M. GuiPON, présenté par M. Rayer. (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Rernard.) Les faits exposés par l'auteur dans ce Mémoire et tres-soigneusement observés par lui l'ont conduit à des conclusions qu'il résume dans les termes suivants : « 1° La consanguinité exerce une influence déprimante sur la force vi- tale, et notamment sur un de ses principaux et plus importants attributs, la puissance de reproduction ou de continuation de l'espèce. » 2° Si la stérilité ne s'observe pas chez les consanguins, elle se constate du moins sur leur progéniture. « 3° La consanguinité porte atteinte aux fonctions de relation et aux or- ganes des sens eux-mêmes, comme l'ouïe, la parole, ainsi que plusieurs observateurs l'ont démontré, et la vue, ainsi que les faits que j'ai repro- duits plus haut le prouvent péremptoirement après d'autres faits du même genre. » 4° Aidée de causes plus ou moins analogues dans leurs effets, telles que la syphilis et l'alcoolisme, elle peut produire des troubles profonds de (5i3) l'innervation, de la vitalité, comme la paralysie et la gangrène spontanée. « 5° L'intelligence elle-même peut participer à cette dégénérescence et l'imbécillité ou un certain degré d'idiotie en résulter. » 6° Une seule fonction, une seule faculté semble en être accrue, c'est le sens génital, précisément celui dont le but final, la procréation, est le plus compromis. » M. Tavigxot, dans une Note portant pom- titre : « La Méthode cjalvano- caustique urélrale », expose les bons résultats qu'il a obtenus dans le trai- tement des rétrécissements organiques de l'urètre par la méthode galvano- caustique thermique, et donne quelques détails sur son procédé opératoire. (Commissaires, MM. Bernard, Civiale.) M. Baudi\ présente un alcoomètre accompagné d'une échelle densimé- trique qui résume ses travaux relatifs à cet instrument, et prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport de la Commission déjà saisie de ses précé- dentes communications sur ce sujet. (Renvoi aux Commissaires déjà nommés : MM. Chevreul, Pouillet, Fremy.) CORRESPONDANCE. M. LE MixisTUE DE l'Ixstructiox PUBLIQUE transmet un opuscule adressé de Naples par M. le D'^ G. Barracano, et ayant pour titre : « De l'emploi du soufre contre la maladie des raisins ». Les Lords Commissaires de l'Amirauté de la Grande-Bretagxe adres- sent pour la Bibliothèque de l'Institut la série des cartes et plans publiés par le Bureau hydrographique pendant les deux dernières années, et celle des Instructions nautiques qu'elle a fait paraître depuis son précédent envoi. L'Académie royale des Sciences de Turin remercie l'Académie pour l'envoi des cinq derniers volumes de ses Comptes rendus, et lui adresse le XX^ Volunie de ses Mémoires. [Voir au Bulletin bibliographique.) 31. Dumas, faisant les fonctions de Secrétaire perpétuel, signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Un volume intitulé : « Recherches sur les affinités, De la formation C. R., i863, 2'ne Semestre. (T. LVII, K» II.) 6g ( 5.4 ) et de la décomposition des éthers », par MM. Berthelot et Péan de Sainl- Gitles (troisième et quatrième parties); 2" Un opuscule de M. Cam. Dareste, ayant pour titre : « Recherches sur les conditions de la vie et de la mort chez les monstres ectroméiiens, célo- somiens et exencéphaliens produits artificiellement dans l'espèce de la Poide » ; 3" Une thèse de physique présentée par M. Sire à la Faculté des Sciences de Besançon pour obtenir le grade de docteur, et avant pour titre : « Étude sur la forme globulaire des liquides <•. ASTRONOMIE. — Sur les étoiles filantes du mois d'anàl; Lettre de M. Heis à M. Faye, et remarques de M. Faye au sujet de (elle comiiiunicntion. « Voici d'abord la traduction de la Lettre du D'' Heis : « r.a richesse de l'apparition météorique dans la dernière période » d'août a été des plus remarquables. Le grand nombre des observateurs » que j'avais réunis à Miinsicr (vingt jeunes gens étudiant les mathémati- !■ ques à notre Faculté de Philosophie) m'a permis d'obtenir des résultats » précis. Voici le résumé de nos observations : Août. Heures. Le 8. Le 9. Le 10. Le 11. Lr 12. Le i3. Le 1^. De 9 à 10 26 4' 9^ 24 45 33 iS 10 à I I 67 57 144 90 54 44 2C) 1 1 à 12 58 61 i65 98 69 44 " 1 2 à 1 3 « >i 1 59 » " » " 1 3 à 1 3 1 5™ » - 89 » » " Somme i5i iSg 600 212 168 121 47 Moyenne horaire.. 5o 53 i4i 71 56 4" 24 » Le nombre des étoiles filantes était si grand le lo, que l'on n'a pu tenir • compte des petites. Chaque apparition était inmiédiatement marquée sui » des cartes célestes. Les observateurs étaient placés sur l'observatoire de )i manière à avoir une vue entièrement libre sur tout le tour de l'horizon; » chaque région du ciel avait plusieurs observateurs, mais des mesures » étaient prises pour qu'aucune étoile vue à la fois par plusieurs observa- » teurs ne fût notée en double. Nous avons été particulièrement frappés » cette année de l'éclat des traînées des étoiles filantes et de leur longue ( 5i5 ) fliirée. A l'oeil iiii cette durée a été estimée être de 7, 10, iZj et iiiêtne une fois de 43 secondes. Mais avec une lunette de nuit (un chercheur de co- mètes) j'ai pu observer pendant 55 secondes !a traînée d'une étoile qui apparut à 9''3i'"i8% pendant i minute celle d'une autre étoile à ra''52'"20% et enfin pendant a™ 48' la traînée de l'étoile qui parut à î2''ii™46\ J'ai suivi avec intérêt les changements que ces traînées pa- raissaient subir jusqu'à leur disparition totale. Large au commencement, la traînée se courbait ensuite et semblait se nouer, puis se déchirait eti tronçon et s'évanouissait. Je ne désespère même pas de pouvoir, dans quelque occasion future, examiner le spectre fourni par cette lumière. » La plupart de ces étoiles avaient leur point de divergence dans la con- stellation de Persée , en un point qui a déjà été déterminé par moi. [Voyez \çVosmo& de M. de Humbolrit.) » Nous avions organisé, pour cette période d'août, un grand nombre de stations correspondantes en divers lieux, particulièrement à Peckelot et à Dorsten dans les provinces Rhénanes, à Gaesdonck en Westphalie, à Straelen et Liegburg dans les provinces i^russiennes du Rhin, et à Franc- tort-sur-le-Mein. J'ai déjà calculé plusieurs apparitions d'étoiles parmi celles dont l'identité a pu être constatée; voici les résultats trouvés pour les hauteurs de ces étoiles au commencement (//) et à la fin [W) de leurs trajectoires. Le 8 août. . . » ,,,,., Le 1 1 août . . . » Dorsten — Gaesdonck. /('= i4i kilomètres. h" - = 126 kilomètres. Miiiister — Gaesdonck. 122 B 4' u Munster — Francfort. io4 U 4" » Francfort — Gaesdonck. no u 85 u Riûnster — Francfort. i3o » 74 M Miinsier — Francfort. 182 .. 74 » )' Les observations simultanées faites à Miinster et à Francfort donnent » pour différence de longitude 4™ 12% 5 f*). » Remarques de M. F.4ye. " Je demanderai à l'Académie de faire quelques remarques sur la T.ettre de mon savant correspondant. M. Coulvier-Gravier ayant présenté à l'Aca- La Connaissance des Temps donne 4'" 14^- 69. ( 5t6 ) demie les observations qu'il a faites sur le même phénomène, il est intéres- sant de comparer les deux séries. Mais comme l'observateur français a ramené à minuit les nombres d'étoiles filantes, en tenant compte de la varia- tion horaire, il convient d'appliquer le même système de réduction aux nombres de M. Heis. Or, en partant des nombres horaires assignés par M. Coulvier-Gravier pour lesg, lo et ii aoîit d'uneannée moyenne (*), Heures. Nombre horaire. Fa cteur cojiclii De 9 à 10.. . 3. ,4 1,87. De lo à 11.. . 44,8 1 ,3i I De II à 12.. 5o,3 1,168 De 12 à i3.. . 67,2 0,874 De i3 à 14.. . 79'2 0,742 De i4 à i5.. . 82,1 o,7i5 on calcule aisément le facteur par lequel il faudra multiplier le nombre 3i,4, par exemple, qui répond à l'intervalle de 9 à 10 heures, pour obte- nir le nombre 58,75 qui répond à peu près à l'intervalle de ti^'So" à 12" 30"". » C'est ainsi que j'ai obtenu pour les observations de Miinster les nombres horaires suivants qui répondent à minuit : Munster. Paris. 8 août. 68 26,7 9 " 74 3o,5 10 » 174 121 ,2 1 1 » 92 48,6 12 » 78 46,1 i3 . 57 38,2 14 » 36 21,0 1) Pour comparer ces deux séries, il ne faut pas perdre de vue qu'à Miinster il y avait beaucoup plus d'observateurs qu'à Paris, et que l'in- fluence de la sérénité du ciel ou de l'illumination nocturne de l'atmosphère dans les deux stations ne saurait être identiquement la même. C'est donc la marche de ces nombres qu'il faut comparer plutôt que leur grandeur abso- lue. Or il est facile de voir, en formant leurs différences successives, ou mieux encore en traçant les courbes correspondantes, que le phénomène (*) Précis des recherches sur les météores, Paris, 186), p. 1 10. (5i7) a très-sensiblement suivi la même marche clans les deux stations, malgré une différence de 5°i8' en longitude et de 3'^8' en latitude. En outre les heures d'observation n'étaient pas les mêmes; car on observait générale- ment à Munster de 9 heures à minuit, tandis qu'à Paris on prolongeait le plus souvent l'observation jusqu'à 3 heures du matin : de là des réductions fort différentes pour obtenir le nombre horaire de minuit, réductions sur lesquelles on doit craindre quelque incertitude, surtout dans le voisinage d'un maximum aussi marqué que celui de la nuit du 10 au 1 1 août. M L examen des nombres de Munster permet de fixer approximativement l'instant du maximum. Eu construisant une courbe avec les nombres horaires donnés pour la nuit du 10 au 11 par le D"' Heis, et ramenés à un même instant, on trouve que le maximum est arrivé vers 1 1"" 1 5™, temps moyen de Miinster. Il serait curieux de voir, par les nombres correspon- dants de Paris que SI. Coulvier-Gravier n'a pas publiés, si le maximum, a Paris, a eu lieu à la même heure absolue, c'est-à-dire vers 10'' 54™, temps moyen de Paris. Dans tous les cas, il résulte des observations de M. Heis que le maximum de l'apparition de i863 répond à 3i7°4-V de longitude de la Terre, et je pense qu'il serait utile d'exprimer ainsi l'époque des maxima des années précédentes, que M. Coulvier-Gravier a suivi régulièrement de- puis 1842, je crois, afin déjuger nettement des relations que ce remarquable phénomène présente avec le mouvement annuel de notre globe : une même date civile ne répondant pas toujours, en effet, au même point de l'orbite terrestre. » PHYSIQUE. — Egalité des pouvoirs éniissifs et absorbants; par M. DE LA Provostaye. (Extrait.) « Dans mon travail, je mentionne ce que l'expérience a appris sur les pou- voirs émissifs et absorbants des corps doués de pouvoirs réflecteurs réguliers, et je rappelle qu'on n'a pas opéré sur les corps diffusants, et que la théorie n'a rien appris de plus sur ces derniers. II est vrai, M. Kirchlioif (.//i/ia/ci- de Cliimie et de Phjsique de iu'm 1861) n'établit point de distinction, et on pour- rait croire, vu la généralité des énoncés, que les rayons diffusés sont impli- citement compris par lui dans les rayons désignés comme réOécliis. Il est à croire néanmoins qu'il n'en est rien, car il calcule (p. 171 et 172) la marche des rayons en s'appuyant sur une propriété de minimum qui ne s'applique évidemment pas aux rayons irrégulièrement réfléchis. Cette ( 5.8 ) partie du raisonnement sert à prouver (|). i^S et suiv.) que la proposition relative à l'égalité des pouvoirs émissifs et absorbants est applicable aux corps quelconques. Si la remarque précédente n'est pas erronée, il faut ajouter une restriction et dire : niix corps quelconques doués d'un jiou\>oir réflecteur régulier. » Ce sont donc ces derniers corps exclusivement qui ont été l'objet des études de MM. Poisson, Fourier, Kirchhoff, et aussi de mes propres études. Dans toutes on part du même principe, à savoir : que dans une enceinte dont tous les points sont à la même température, on peut, sans trou- i)ler l'équilibre, introduire un ou plusieurs corps pris aussi à la même tem- pérature. Cette identité du point dedépart est plus apparente que réelle, et il semble que M. Kirchhoff donne au principe une extension qu'il ne doit pas recevoir. C'est cette opinion qui m'avait conduit [Annales de janvier) à faire une objection à sa démonstration. Sa réponse, insérée aux Annales de juin, ne m'a pas convaincu, et je lui demande la permission, dans l'intérêt de la science, de maintenir mon observation Voir deux passages de Fourier dans les Annales de Chimie et de Physique, 2' série, t. XXVII, p. 23() et 253. » Dans la pensée de Fourier, les corps auxquels le principe est appli- cable sont des corps réels susceptibles de se refroidir et de s'échauffer — » Enfin le principe est un principe expérimental. 11 a été ou il a pu être vérifié pour tous les corps auxquels on est en droit de l'appliquer. » Si au contraire on imagine, comme M. Kirchhoff, lU) corps doué d'un pouvoir réflecteur absolu, c'est-à-dire un être fictif avec lequel lavérifica- liou est impossible, et si on prétend que l'introduction d'un pareil corps dans l'enceinte ne troublera pas l'équilibre, je me bornerai à dire que cela n'est aucunement prouvé. Il est clair qu'on étend le principe et que c'est niliquement par analogie qu'on le regarde comme applicable à un cas limite )' De la supposition qu'un pareil corps ne trouble pas l'équilibre, ou déduit que son pouvoir émissif est mil. Si cela est, ce corps, pris à une température de 1000, de loooo degrés, et introduit dans une enceinte placée, ne réchauffera pas, ne changera rien à son état. Ou conviendra que ceci heurte de front toutes les idées physiques, et qu'il est dés lors permis de s'airéter devant Vcxtension hypothétique.... I) Après avoir examiné le sens et les limites du principe fondamental de l'équilibre dans les enceintes, partons des conséquences auxquelles il a (5i9) conduit. L'une des principales est l'égalité des pouvoirs émissifs et absoi- bants. Je ne reviendrai pas sur les procédés divers suivis pour l'élablir par MM. Poisson, Fourier, Kirchhoff, et par moi-même; je rappellerai seule- ment que, dans le Mémoire inséré aux //»»ïft/es de janvier i863, j'ai indiqué certaines difficultés tenant à la divergence des rayons qui ne paraissaient pas avoir été écartées par les trois physiciens que je viens de nommer. Ces difficultés, j'ai tenté de les résoudre; les physiciens jugeront si j'ai réussi. » Il me reste à reproduire les observations faites sur mon travail par M. Kirchhoff. Voici ses propres paroles [annales de juin i863) : » Quant à la démonstration que l'auteur propose pour remplacer la » mienne, on peut d'abord lui reprocher de ne pas avoir la même gériéra- » lité et de s'appuyer inutilement sin- le résultat d'expériences qui, par » leiH' nature, ne présentent pas le caractère d'une grande précision. î\Iais » l'objection principale qu'on doiî lui adresser est la suivante. » M. de la Provostaye considère une enceinte d'égale température don! » un seul élément oi est doué d'un pouvoir réflecteur, tandis que tous les » autres sont noirs. Suivant lui, l'équilibre de la chaleur exige que la M quantité de chaleur qui, en partie par émission, en partie par réflexion. » est envoyée de w à un autre élément de l'enceinte w', soit égale à la quan- » tité de chaleur qui est envoyée de u' à w. Ce principe constitue l'axiome » sur lequel M. de la Provostaye base sa démonstration. Mais on serait » tout aussi bien en droit de prendre pour axiome le principe même de » l'égalité des pouvoirs émissifs et absoibants qu'il s'agit de démontrer, )) car, à priori, l'un n'est pas plus évident que l'autre. » » Il est vrai, pour écarter la difficulté relative à la divergence des rayons, j'ai cru devoir recourir une seule fois k ['expérience. Au lieu d'une détermi- nation demandée, il y en a vingt pour des corps différents. Sans doute, elles n'ont pas une précision géométrique, mais chacune, prise à part, suffit, et toutes s'accordent à donner le même résultat. Cet accord est rassurant. Quant à l'utilité du recours à rexj)érience, si, comme je le crois, la diffi- culté n'avait pas été résolue autrement, je ne saurais le regarder comme inutile. » Passons à l'objection principale de M. Kirchhoff. Dans les conditions posées, l'échange de chaleur entre w et 0/ se fait effectivement comme je l'ai indiqué. Ce n'est point un axiome, c'est une simple conséquenre prouvée. )i En effet, dans une enceinte dont tous les éléments sont noirs sauf uu seul w doué de pouvoir réflecteur, quand l'équilibre existe : ( 520 ) » i" Un élément noir quelconque «' envoie vers Venccinte oilicreinie quantité de chaleur égale à celle qu'il reçoit (principe de l'équilibre); » a'* Ce même élément noir w' envoie vers la portion noire de l'enceinte précisément autant qu'il en reçoit. V (Ceci a été démontré § 2 du Mémoire en question.) » 3° Donc, par une simple soustraction, on voit que w' envoie vers w précisément autant qu'il en reçoit par émission et par réflexion. » CHIMIE. — Sur l'acide acétique des vi7is; /jor M. S. De Luca. « Sans vouloir réclamer aucun droit de priorité sur la constatation de l'acide acétique dans les vins, je crois cependant pouvoir rappeler que j'ai communiqué à l'Académie des Sciences, dans sa séance du 8 août 1 869, un travail exécuté sous ma direction par MiM. Silvestri et Giannelli, ayant pour titre : « Recherches chimiques sur les vins de la Toscane, » et dont un extrait a été inséré dans les Coinplcs rendus de ladite séance. ■ » Il est dit dans cet extrait : « Tous les vins toscans, sans exception, » contiennent de l'acide acétique libre, qui sans doute est un des produits » de l'oxydation de l'alcool. « J'ajouterai que ces recherches ont porté sur soixante-sept variétés de vins, et que la constatation de l'acide acétique a été faite sur la partie distillée, non-seulement par le papier bleu de tournesol qui rougissait, maisaussi en neutralisant le même liquide par le carbonate de soude, et en traitant le résidu de l'évaporation par quelques gouttes d'acide sulfurique pur ou mélangé avec un peu d'alcool. On obtenait ainsi con- stamment, ou de l'acide acétique, ou bien de l'élher acétique, liquides vo- latils et ayant des propriétés caractéristiques. i> J'ai attaché une certaine importance a ces recherches sur les vins de la Toscane, non pas y^arce qu'ils contenaient de l'acide acétique, dont la pré- sence ne devait étonner personne, mais à cause de la constatation de la glycérine qui devait se trouver dans ces vins comme produit^ constant du dédoublement du sucre de raisin, conformément aux importants travaux de M. Pasteur. En effet, on a retiré des vins toscans, comme il est dit dans l'extrait mentionné, une certaine quantité de glycérine ayant toutes les propriétés de la glycérine qu'on obtient des corps gras. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur la Jormnlion de la malicre grasse dans les olives ; par M. S. De Luca. (' A la suite de mes précédentes communications faites pendant les deux ( 5.1 ) dernières années sur la formation de la matière grasse dans les olives, je soumets à l'appréciation de l'Académie les résultats que j'ai obtenus par d'autres recherches exécutées postérieurement sur le même sujet. » Les expériences ont porté sur une série d'olives recueillies aux envi- rons de Pise, en Toscane, depuis le i5 juin jusqu'au g décembre de l'année 1860. On a opéré sur les olives desséchées à la température de iio à Ï10 degrés, et en cet état on a déterminé leur poids, celui du noyau et de la pulpe, et aussi les matières solubles dans le sidfure de carbone. La quan- tité d'eau contenue dans les olives avait été dosée d'abord à l'étuve Gay- Lussac. Voici le tableau qui indique ces résultats : Matières solubles Poids à l'état sec clans CS' sur Eau sur — — ■^•^_-- —'•' 100 parties iNuméros Époque 100 parties d'une d'un d'une d'olives d'ordre. de la recolle. d'olives. olive. noyau ("). pulpe (* ). desséchées. 1 25 juin 1860.... 56,7 0,002 » » 1,0 2 2 juillet 1860.. . 56,3 0,007 ° ° ''7 3 ■ 8 . . . . ■) 66 , o 0,024 » " 0,8 4 16. ... " ... . 60,8 o,o38 •' « 1,0 5 22.... » 68,7 OjOgg » •' 1,7 6 2g ... » 72,6 o , 1 24 » » 1,2 7 5 août 1860 67,0 0,176 ' " 3,7 8 12.... » 64,3 0,256 0,167 0,08g 4j3 9 ig.... » . ... 57,3 0,317 0,240 0,077 3''' 10 26. ....... . 54,3 o,385 0,263 0,122 g, 5 11 2 septembre r 860 52,3 o,535 o,34g 0,187 7>i) 12 9 >> 49 > 5 0,574 o,3g5 0,179 i4,8 13 16 » 5o,6 0,583 o,384 o,igg 22,3 14 23 4'.)'^ 0,716 0,409 0,307 ^3'9 15 3o » 48; ' 0,741 0,393 0,348 25,7 16 7 octobre 1860.. 4^'^ o,85i 0,397 0,454 32,9 17 i4 » 48,0 0,788 0,359 0,42g 32,7 18 21 » 45)4 0,864 o,4i5 0,449 33,6 19 28.... » 46>9 0,887 o,4i3 0,474 35,6 20 4 •novembre 1860 43)2 0,974 *')4'' o,563 37,5 21 II.... ■) 38, g o,ggg 0,394 o,6o5 38, i 22 18.... » .... 43)6 o,g48 o,3gi 0,557 4'-' 23 25. ... » 4' )3 0,958 0,391 0,567 43)6 24 2 décembre ... . 3o,3 0,903 o,366 0,537 35,6 25 9---- " 25,3 i ,o32 0,422 0,610 36,3 (*) Il n'a pas été possible de séparer la pulpe du noyau des olives n°' 1 à 7. C. R., i863, î-ne Semestre. (T. LVII, ti" H] 7O ( 522 1 » Il résulte des nombres consignés dans ce tableau que le poids des olives augmente avec le progrès de la végétation jusqu'au mois de novembre, mais que leur noyau est le premier à se développer : son accroissement s'opère dans les premières périodes de la végétation, c'est-à-dire pendant les deux mois de juillet et d'août, et puis il reste stationnaire ; et en effet, dans les mois successifs, il n'y a pas une variation sensible de poids. Au contraire, la pulpe augmente continuellement de poids jusqu'à la maturité complète du fruit. » La quantité d'eau qui se trouve dans les olives diminue progressive- ment à leur maturité : aussi elle est de 60 à 70 pour 100 dans les premières phases de la végétation, tandis qu'elle ne s'élève qu'à i5 pour 100 à la der- nière période de l'accroissement et de la maturité des olives. » Le sulfure de carbone enlève aux olives plusieurs substances de nature différente, parmi lesquelles il y a des matières colorantes et particulièrement de la chlorophylle qui va toujours en diminuant à mesure que le fruit s'ap- proche de la maturité. La matière grasse, au contraire, s'y trouve en très- petite quantité dans les premières périodes de la végétation, augmente à mesure que le fruit grossit, et elle est en quantité maximimi lorsque les olives sont mûres et ont perdu complètement toute trace de teinte verdàtre. Il est aussi à remarquer que lorsque le noyau n'augmente plus de poids, c'est alors précisément que la matière grasse s'accumule dans le fruit en plus grande proportion. » M. le D"^ BiLLOD, médecin en chef de l'asile deSainte-Gemmes-sur-Loire, près Angers, demande qu'une Commission spéciale soit chargée d'étudier la question de la pellagre dans l'Asile dont le service médical lui est confié, où il en a signalé la présence. Cette demande est renvoyée à l'examen d'une Commission nommée pour de précédentes communications de l'auteur. Commission qui se compose de MM. Serres, Flourens et Rayer. La séance est levée à 4 heures et demie. D. ( 523 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 1 4 septembre i863 les ouvrages d(jnt voici les titres : Recherches sur les affinités. De la formation et de la décomposition des étliers ; /;ar MM. Berthelot et PÉAN de Saint-Gilles ; 3" et 4* parties. Paris, i863; in-8°. Recherches sur les conditions de la vie et de la mort chez les monstres ectro- méliens, célosomiens et exencéphnliens, produits artificiellement dans l'espèce de la Poule; par M. Camille Dareste. Lille, i863; br. in-8". Etude sur la forme globulaire des liquides (Thèse présentée à la Faculté des Sciences de Besançon, pour obtenir le grade de docteur es sciences); par M. Georges Sire. Besançon, i863; in-4°. Rapport sur les travaux du Conseil central de Salubrité et des Conseils d'ar- rondissement du département du Nord pendant Cannée 1862; n° 21. Lille, i863; in-8«. Rapport fait aux Associations médicales des arrondissements de Laon, Saint- Quentin et Vervins, sur un projet d'organisation de médecine gratuite des indi- gents; par leD"' J. GuiPON. Laon, 1862; in-S*^. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et Chirurgie.) Channel... Le Pilote de la Manche ; 1" partie, côtes sud-ouest et sud d'An- gleterre; 2* édition. Londres, i863; i vol. in-8°. North... Le Pilote de la mer du Nord; 4*= partie, rivières de la Tamise et du Medivay et cotes de la mer du Nord de Calais à Skaw. Londres, i863; 1 vol. in-8". The Adrialic... Le Pilote de l' Adriatique , d'après les travaux de Campana, Visconti etSmylh et le Portulan de Marieni. Londres, 1861 ; i vol. in-8°. The West India... Le Pilote des Lndes occidentales [mer des Antilles); vol. I", du cap Nord de l'Amazone au cap Sable de la Floride, avec les îles en face. Londres, 1861; vol. in-8°. 70.. ( 52/s ) The gulf. • - Le l'ilote du golfe de Siam; par J. RiCHARDS ; 2® édition. Lon- dres, i863; br. in-8°. The Guernesey... Le Pilote de l'île de Guernesej... Londres, i863; br. in-8^ The Admirahy List... Liste de V Amirauté , corrigée jusqu'en janvier i8G3 pour les phares des régions suivantes : Iles-Britanniques ; — Cotes nord et ouest de France, d'Espagne et de Portugal- — Méditerranée, mer Noire et mer d'Jzof; — Mer du Nord [Belgique, Hollande, Danemark et Norvège), Bal- tique et mer Blanche ; — Côtes et lacs de l' Amérique du Nord [possessions bri- tanniques); — Amérique du Sud et Côte ouest de l'Amérique septentrionale ; — Antdles et côtes adjacentes; — Etats-Unis; — Côtes ouest et sud de V Afrique; — Afrique australe, Indes orientales, Chine, Australie et Nouvelle-Zélande. Jjondres, 1 863 ; 9 brochures in-8°. Tide Tables. . . Tahlesdes marées pour les ports de la Grande-Bretagne et F Ir- lande pour l'année iSG'i. Londres, 1862; in-8''. Tables... Tables des azimuts du Soleil, depuis son leverjusquà 10 heures du nuilin et depuis 2 heures jusquà son coucher, pour les parallèles de 49 et 5o de- grés de latitude nord; par J. BuKDWOOD. — Tables semblables pour les paral- lèles 5o-52; par le même. Londres, 1862 ; 2 br. in-8°. General... Instructions générales pour les relevés hydrographiques exécutés j)ar ordre de l'Amirauté. Londres, 1862; br. in-S". Practical... Règles pratiques pour évaluer les déviations du compas causées par le fer d'un vaisseau. Londres, 18G2; br. in-8°. Admiralty... Catalogue des cartes, plans, vues et instructions nautiques; publiés par l'Amirauté, édité et revu par Edw. Dunsterville, commandant de la Marine royale. Londres, 1862; vol. in-8°. Quatre-vingt-huit cartes, plans, vues publiés par l'Amirauté Britannique pendant les années 1861-G2. The Canadian... Le Naturaliste et Géologue canadien; Comptes rendus des travaux de la Société d'Histoire naturelle de Montréal; vol. YIII, n°* i, 2 et 3: 3 br. in-8". Arzneigebrauch... De la pratique et de la méthode du D'^ Schroth; par C. M^iTTMACK. Hambourg, i8G3; br. in- 12. (Plusieurs exemplaires.) { 525 ) Meiiiorie... Mémoives de C Académie royale des Sciences de Turin; 2' série, t. XX. Turin, i863; vol. in-4''. Société royale de Naples; Compte rendu de i Académie des Sciences phy- siques et mathématiques ; 3'' année, iasc. 8; août i863. Naples, i863; br. in-4". PUBLICATIONS PÉltlODlQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d'août 1863. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 1*'' se- mestre i863, 11° 26, et 1" semestre, n"' 5 à 9 ; in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BOUSSINGAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy- sique publiés à tétranger, par MM. WuRTZ et Verdet ; 3" série, t. LXVIII, juillet i863; in-8°. Annales de r Agriculture française ; 5" série, t. XXII, n°* 1 et 2 ; in-8". Annales forestières et métallurgiques; 22" année, t. II, juillet i863; in-S". Annales de la Société d hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. IX, 12* livraison ; in-8". Atti délia Società italiana di Scienze naturali ; fasc. 3 (f. 8 à 11). Milan; in-S". Atti delVimp. reg. Instituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti ; t. IX, 5*^ et 6" livr. Venise, in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse ; t. XVI, n"' 66 et 67. Genève; in-8''. Bulletin de l' Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n°* 20 et 21; in-S". Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique ; 2" série, t. VI, n° 6 ; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France; 2« série, t. XVIII, n° 8; in-8". Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par MM. Combes et Peligot; 2"= série, t. X, juin i863; in-4°. ( 526 ) Bulletin de la Société française de Photographie; 9* année, juillet i863; in-8°. Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; "]" an- née; n°3, juillet i863; in-B". Bulletin de la Société d^ acclimatation et d' Histoire naturelle de Vile de la Réunion; t. I, n° 3; juillet i863. Saint-Denis (Réunion) ; in-8°. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. IV; 1'* fasc, janvier à mars i863 ; in-B". Bullettino meteorologico dell' Observatorio del Collegio romano; vol. II, 11" i3. Rome; in-4°. Bullettino dell' Associazione nazionale Italiana di mutuo soccorso degli scien- ziati letterati edartisti; If livr. Naples; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1 2^ année, t. XXIII, n*" 5 à 9 ; in-B". Catalogue des Brevets d'invention ; année iB63, n° 1 ; in-8°. Gazette des Hôpitaux; 36*^ année, n°' 89a loi ; in-8°. Gazette médicale de Paris; 33* année, t. XVIII, n°' 3i à 35 ; in-4°. Gaz-ette médicale d'Orient; 6* année, juillet i8G3 ; in-4°. Journal d'Agriculture pratique ; 27* année, iB63, n°* i5 et 16; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4* série, août i863;in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, juillet i863; in-8^ Journal de Pharmacie et de Chimie; 22* année, t. XLI, août i863; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi; 26* année, t. VI, août i863; in-S". Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; icf année, n°* ai à 24 ; in-8". Journal de Mathématiques pures et appliquées; mai et juin i863; in -4°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; t. I, aoiit i863; in-B". Journal desjabricants de sucre; 4^ année, n°* 17 à 20; 10-4°. ( 5^7 ) L'Abeille médicale; 20" année, n*" 3i à 35; in-4°. L'Agriculteur praticien; 3" série, t. IV, n"' ig, 20 et ai ; in-S". LArt médical; 9" année, t. XVII, août i863; in-S". L'Art dentaire; 7* année, nouvelle série; juillet i863; in-4''. La Culture; 5* année, t. V, n°' 3 et 4; in-8°. La Lumière; 13" année, n"' i4 et i5; in-4°. La Médecine contemporaine; 5® année, n°' 14 et i5; in-4". La Science pittoresque ; 8* année; n°' i4 à 18; in-4°. La Science pour tous; 8^ année ; n°' 35 à 3g ; in-4°. Le Gaz; 7* année, n" 6; in-4''- Le Moniteur de la Photographie ; 3" année, n"* 10 et 11 ; in-4°. Le Technologiste ; 24* année, août i863;in-8°. Leopoldina. . . Organe officiel de l'Académie des Curieux de la Nature, publié par son Président le D' C.-Gust. Carus; n° 4» juillet i863; in-4°. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts età l'Industrie; i'^ année, t. I, livr. 25, et t. II, livr. i à 4; in-8°. Magasin pittoresque; 3i" année ; août i863; in-4°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6' année, t. X; août i863; in-S". Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d' Astronomie de Londres; vol. XXIII, n''8; in- 12. Nachrichten... Nouvelles de l'Université de Gœttingue; i863, n" 16; in-12. Nouvelles Annales de Mathématiques; 2* série; août i863;in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année i863, t. I", n°' lôet 16; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; 10^ année; t. XX, août i863; in-8°. Revista de obras publicas; t. XI, n°' i5 et 16. Madrid; in-4''. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; 3o* année, n°* i5 et 16; in-b". Revue maritime et coloniale; t. VII, août i863; in-8°. Revue viticole ; 5* année; n° 5, juin i863; in-8°. I iiy iii COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 SEPTEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. MORIN. MÉMOIRES ET COMMUINICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. —M. Mathieu présente à l'Académie, de la part du Bureau des Longitudes, la Connaissance des Temps pour l'année i865. Il entre ensuite dans quelques détails sur l'état actuel de cette éphémé- ride. « Le Bureau des Longitudes désirait depuis plusieurs années donner plus de développement à la Connaissance des Temps, afin d'en rendre l'usage encore plus commode pour les astronomes et les marins. Mais des diffi- cultés indépendantes de sa volonté l'avaient forcé d'ajourner ses projets : aussitôt que ces difficultés ont été aplanies par une auguste intervention, il s'est empressé de profiter des ressources mises à sa disposition pour réaliser les améliorations qu'il avait conçues. « Aux éphémérides ordinaires du Soleil, présentées sous une forme mieux appropriée aux exigences pratiques du calcul, on a ajouté les coordonnées rectilignes du Soleil rapportées au plan de l'équateur. Les éphémérides de la Lune ont été entièrement remaniées et considérablement augmentées. Les ascensions droites et les déclinaisons de cet astre sont données tous les jours d'heure en heure au lieu de douze heures en douze heures. Cette impor- tante addition est très-précieuse pour les marins : elle simpUfie beaucoup G. R., i8G3, 2™= Semestre (T. LVll, N" 12.) 7' ( 53o j les calculs qu'ils ont à foire à la mer, et aujourd'hui ils peuvent se servir avec une égale facilité des épliémérides du Soleil et de la Lune. » Les positions des planètes, qui n'étaient données qu'à la minute et à plusieurs jours d'intervalle, se trouvent maintenant à la seconde et fraction de seconde tous les jours pour Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, et de quatre en quatre jours pour Uranus et Neptinie. Les astronomes trouvent donc dans la Connaissance des Temps les éléments indispensables pour effec- tuer la comparaison de leurs observations aux Tables astronomiques. Aux positions apparentes d'un très-grand nombie d'étoiles à l'instant de leur passage au méridien de Paris, on a joint des Tables où l'on trouve pour chaque jour certaines quantités qui servent à transformer la position moyenne d'une étoile, prise dans un catalogue, en position apparente dans le ciel. » La disposition adoptée pour les distances lunaires est plus commode qu'anciennement : elle facilite singulièrement les calculs d'interpolation que les marins doivent faire lorsqu'ils cherchent l'heure de Paris qui cor- respond à une dislance lunaire observée. » Le chapitre des phénomènes a été entièrement refondu. Les éclip.ses de Soleil sont données avec tous les détails nécessaires : des cartes font connaître pour chaque éclipse la marche de l'ombre de la Lune sur la sur- face de la Terre et indiquent immédiatement pour chaque pays la phase qui peut être observée. Les données relatives aux occultations des étoiles sont présentées sous une forme qui permet au voyageur de reconnaître si telle ou telle occultation peut être observée sous la latitude du lieu qu'il occupe sur le globe, et de calculer en peu de temps toutes les circonstances de l'occultation qu'il se propose d'observer. » Tels sont, en résumé, les perfectionnements apportés par le Bureau des Longitudes à la Connaissance des Temps. On se rendra compte de l'ac- croissement de travail qui en est résulté, quand on saura que le nombre des feuilles dont se composait l'ancienne Connaissance des Temps aurait été porté de vingt-quatre à trente-six feuilles par suite des améliorations introduites dans la rédaction de cet ouvrage. Le travail a donc été augmenté d'au moins moitié. Si le volume actuel ne paraît pas plus gros que les anciens, c'est que les types ont été changés, agrandis, et que les pages contiennent aujourd'hui un plus grand nombre de chiffres qu'autrefois. Ce surcroît considérable de tiavail, les nombreux remaniements qui ont été faits à l'imprimerie, ont dû naturellement apporter du retard dans la publication de la Connaissance ( 53. ) des Temps. Mais maintenant que les formes des feuilles sont établies et con- servées à l'imprimerie, la publication marche rapidement : les deux derniers volumes ont paru en moins de deux ans, ce qui est sans exemple. L'impres- sion est commencée pour le volume de 1866, qui paraîtra vers le milieu de l'année prochaine, et qui sera suivi de bien près par le volume de l'année 1867. » Les dernières ressources mises si libéralement à la disposition du Bureau des Longitudes ont permis, non-seulement de subvenir aux nou- veaux frais d'impression, mais encore d'abaisser notablement le prix de la Connaissance des Temps. » ASTRONOMIE. — Sur les étoiles, filantes, leur théorie et l'observation de ces phénomènes; par M. Faye. « Dans la Lettre dont j'ai lu des extraits à la dernière séance, le D'' Heis se plaint du peu d'intérêt que rencontre en France l'étude des étoiles filantes. Le reproche est fondé, je l'avoue, mais l'indifférence du public français est assez bien justifiée, ce me semble, par les nombreuses déceptions auxquelles cette étude a conduit jusqu'à présent les astronomes qui s'en sont occupés. On n'est même pas arrivé à formuler une hypothèse capable de s'adapter passablement aux principaux faits; quant aux mesures, c'est à peine si l'on j)eut donner ce nom aux déterminations les plus indispensables, celles des distances et des vitesses: aussi les astronomes se sont-ils résignés à rejeter les distances et les vitesses pour ne considérer que les directions, dont l'étude doit tant à mon savant correspondant de Munster. » Pour répondre autant qu'il est en moi à l'appel amical du D' Heis, je vais tâcher de compléter les hypothèses les plus accréditées; ensuite j'indi- querai le moyen pratique d'obtenu' enfin de véritables mesures assez pré- cises pour servir de base aux recherches futures dont la théorie nous in- diquera la nécessité. » IjCs deux hypothèses qui ont actuellement cours sont celle des chi- mistes, car les chimistes ont ici voix délibérative, et celle des astronomes. Les premiers, du moins Berzelius et plusieurs autres savants chimistes avec lui, considèrent les aérolithes comme des satellites de la Terre, d'origine lunaire; or comme les étoiles fdantes, les globes filants, les boHdes et les aérolithes sont évidemment des phénomènes connexes, la même hypothèse doit s'étendre à l'ensemble de ces corps, qu'on se représentera comme les 71.. ( 532 ) produits des diverses déjections, roches, cendres ou fumées, provenant ori- ginaireoient des volcans lunaires aujourd'hui éteints (i). Les astronomes, Olbers, Laplace en tète, ont longtemps soutenu cette idée; ils y ont renoncé à cause des vitesses énormes que leur donnait l'observation. Aujourd'hui les astronomes attribuent tous ces phénomènes à des anneaux de matière cosmique, circulant, non plus autour de la Terre, mais autour du Soleil, anneaux planétaires dont l'origine se rattacherait à l'hypothèse cosmogo- nique de Laplace. L'anneau de Saturne serait une sorte de spécimen de ces anneaux, et pour compléter l'analogie, il suffirait que l'orbite un peu excentrique de l'une des lunes de Saturne vînt percer le plan de l'anneau dans l'une de ses régions, et passât en dehors ou en dedans de l'anneau dans la région ^opposée : ce satellite-là, suivant une remarque de M. Chasles, aurait des étoiles filantes. » Si on compare l'une ou l'autre de ces hypothèses avec les faits géné- raux les mieux établis, on en reconnaît aussitôt l'insuffisance. Lesfaitsgéné- raux dont je parle sont les étoiles sporadiques qui apparaissent toute l'année à raison de dix ou onze environ par heure, dans toutes les directions ima- ginables, en présentant seulement une variation horaire bien caractérisée par les travaux de MM. Saigey et Coulvier-Gravier ; puis les étoiles filantes pé- riodiques (soumises à la même variation horaire) qui apparaissent par essaims vers les 9, 10 et 1 1 août, avec une régularité bien remarquable, de- puis i8/|2; enfin les étoiles périodiques de novembre, dont les maxima se déplacent irrégulièrement d'une année à l'autre, et ont même entièrement disparu aujourd'hui. » Ainsi un phénomène tout à fait irrégulier, mais de toutes les nuits; un phénomène d'une régularité parfaite qui revient tous les ans à la même époque; puis un phénomène intermédiaire, dont les retours changent rapi- dement de date ou même de mois, et qui parfois manque entièrement, voilà ce que j'appelle les faits généraux auxquels toute hypothèse doit s'adapter. » J'ai montré, dans la dernière séance, en rapprochant im maximum déterminé en 1842 par M. Houzeau, du maximum déduit des dernières observations de M. le D'' Heis, le degré de constance de l'apparition d'août (i) L'immense majorité des étoiles filantes se dissipent clans l'atmosphère sans pénétrer jiis(|u'aux couches inférieures. Elles sont donc dues à des matières d'une consistance très- faible; elles nediffèrent pas autrement des aérolithes, dont la niasse et la consistance beaucoup plus grande leur permet d'atteindre le sol avant une dissipation coniplèie. ( 533 ) dont la périodicité a été signalée pour la première fois par M. Quételet. Il serait facile de multiplier ces épreuves, si les détails des observations avaient été publiés: en me bornant, pour quelques époques intermédiaires, 1848, 1849, 1 85o et i853, aux moyennes horaires de M. Coulvier-Gravier, publiées d'année en année dans les Comptes retuliis, je trouve (i) : An nioiïient du maximum. Longitudes Pièces- Longitudes de la Terre, sions. relatives à iï63. 1842 3i7°55 + 17' 3i8!i2 1848 317.49 + 12 3i8. I 1849 817.57 + 12 3i8. 9 1850 3i8. 7 + II 3r8.i8 1833 317.44 -+- 6 3iB. . 1863 317.44 » 317.44 » Cette régularité, cette constance, qui paraîtrait encore mieux peut-être par un calcul plus complet, m'a engagé à consulter les apparitions an- ciennes que M. Edouard Biota recueillies dans les Annales chinoises. On sait que les astronomes, ou, si l'on veut, les astrologues chinois, étaient obligés de noter tous les phénomènes célestes, et, qui pis est, de les interpréter. Ils n'ont pas manqué de noter quelques-unes des plus remarquables appari- tions d'étoiles filantes. Pour apprécier ces observations qui remontent à plus de deux mille ans, il faut se rappeler ce qu'est encore aujourd'hui le phé- nomène d'août. Chaque année le nombre des étoiles filantes va en croissant à partir delà fin de juillet; mais c'est le 9, le 10 et le 1 1 août qu'il est le plus marqué. Le maximum a lieu vers le 10, mais tantôt ce maximum est très- marqué, parce que le nombre des météores double ou triple presque subite- ment ce jour-là; tantôt la courbe des observations présente une courbure plus uniforme, en sorte que des observateurs non prévenus, ou gênés par des nuages, pourraient prendre le 9 ou le 1 1 indifféremment pour la date du point culminant de l'apparition. Des discordances d'un ou deux jours doivent donc être considérées comme très-admissibles, quand il s'agira d'observations anciennes. (i) J'ai laissé de côté les observations gènces par la Lune ou le mauvais temps, ainsi que les années où Fauteur n'a donné que des moyennes prises de trois en trois jours. Du reste, je ne donne ces chiffres qu'à titre de premier aperçu : les époques du maximum ont été obte- nues graphiquement. Il faudrait connaître les nombres horaires eux-mêmes et non des moyennes relatives à minuit. ( 534 ) » En outre, si l'on peut négliger la précession pendant le cours de quel- ques années, cela ne sera plus permis dans l'examen des siècles antérieurs. Si le phénomène du lo août répond à un même point de l'orbite terrestre, sa date devra diminuer d'un jour à chaque période de 71,6 ans comptée dans le passé, eu sorte que 71G ans, par exemple, avant l'époque actuelle, le phénomène a di!i arriver vers le 3i juillet. » Eh bien, les Annales chinoises citent une apparition le 5 aoiit i45i : le calcul indique le 4 aoijf. Elles mentionnent d'autres apparitions analogues entre le u5 et le 3o aoîit dans les années 924..., 9^3, à ime époque où le maximum a dû tomber le 28, et d'autres encore de 820 a 84', toujours du 25 au 3o, alors que le maximum devait coïncider avec le 27. » Mais pour étendre et préciser davantage ces curieux rapprochements, passons du résumé au détail, reportons-nous à la Table des apparitions pour lesquelles les textes chinois citent un nombre considérable d'étoiles filantes [Mémoires des Savants étrangers, t. X, p. 352). Voici les dates juliennes dé- duites, par M. E. Biot, des Annales chinoises; à côté j'ai inscrit la date gré- gorienne correspondante, et dans la quatrième colonne la date grégorienne qui répondait alors au point de l'orbite terrestre où se passe aujourd'hui le phénomène du 10 août (1). Années. Date jul licnne. Date grégorienne. Date répondant au lo Aoûi actuel. 83o 22 juillet 26 j uillet 27 juillet 833 23 u 27 » 27 » 835 22 » 26 » ■^7 »• 841 21 " 25 » 27 i> 924 ( 23 » ( 26 '/ 28 j 28 u 925 \ 22 1 23 u 1 '' \ 28 u 28 u 926 22 ); 27 " 28 » 933 ( 20 / 25 u \ 25 \ 3o ,J ,Us " i45i 27 l» 5 août 4 août [ I 863 29 » 10» 1 )> L'accord des deux dernières colonnes est h'appant. (i) Il n'y a qu'une exception, c'est la date de l'apparition de 865; mais en se reportant au texte chinois traduit par M. Biot, on voit aisément qu'il ne s'agit que d'une étoile unique avec sa traînée, et non de l'apparition d'un nombre considérable d'étoiles filantes. ( 535 ) » Ainsi, avec les siècles, le phénomène remonte le cours des dates et avance d'un demi-mois en mille ans, précisément comme le ferait l'arrivée de la Terre à nn point fixe de l'écliptique. La seule conclusion que l'on puisse tirer d'un pareil fait, c'est que l'anneau d'astéroïdes vient couper l'orbite terrestre par un point sensiblement invariable qui a aujourd'hui pour longitude 3i8 degrés, et que les choses se passent ainsi depuis plus d'un millier d'années. Les variations d'intensité du phénomène, reconnues récemment, n'offrent d'ailleurs aucune difficulté. En admettant vingt ans, par exemple, pour la période de la variation d'intensité, le phénomène s'expliquerait par une inégale densité de l'anneau combinée avec une diffé- rence de ^ entre le temps de sa rotation et la durée de l'année. )) Mais il n'en est pas de même du phénomène de novembre : les appa- ritions célèbres de 1799 et de i833 ont bien eu lieu du la au i3, mais les autres ne se sont guère présentées à la même époque; elles arrivent du 26 octobre au 16 novembre, et même elles ont totalement disparu anjour- d'hui. Il paraît donc que si l'apparition d'août s'explique très-simplement par la présence d'un anneau de météores circulant autour du Soleil et cou- pant l'orbite de la Terre vers l'un de ses noeuds, celle de novembre est un phénomène beaucoup plus complexe. Enfin les étoiles sporadiques qui apparaissent chaque nuit dans toutes l^s directions, constituent à leur tour lui troisième phénomène différent des deux premiers. » lime semble qu'on donnerait à l'hypothèse astronomique l'extension nécessaire pour comprendre ces trois grands faits, en considérant qu'à sou passage à travers l'anneau du mois d'août la Terre, ou plutôt la pla- nète double Terre et Lune, ne doit pas s'emparer seulement des corpuscules qui pénètrent dans son atmosphère et qui désormais font corps avec elle, mais aussi de ceux qui passent assez près d'elle avec une vitesse comprise entre de certaines limites, de manière à devenir de véritables satellites. Ces satellites, très-excentriques pour la plupart, rentrent alors dans l'hypothèse de Laplace qui en attribuait l'origine aux anciens volcans lunaires, et avec lesquels il pensait expliquer l'ensemble du phénomène. A ces météores satellites j'attribuerais l'apparition continue des étoiles sporadiques et peut- être même une influence prépondérante sur le phénomène d'octobre à novembre. La provision actuelle de ces satellites finirait par s'épuiser si elle ne se renouvelait chaque fois, vers le 10 août, aux dépens de l'immense anneau de matière cosmique qui circule autour du Soleil. C'est ainsi qu'on s'expliquerait, par exemple, un fait bien remarquable : l'apparition de ( 536 ) novembre 1837 fut vue en Angleterre avec une grande splendeur, comme une véritable pluie de météores, tandis qu'en Prusse on ne voyait absolu- ment rien dej)his,par un ciel magnifique, que les rares étoiles sporadiques d'une nuit ordinaire. On conçoit qu'un essaim de satellites puisse ainsi se localiser, mais on ne le comprendrait guère d'un anneau circulant autour du Soleil(i). » Si cette idée, qui paraît fondre assez heureusement en une seule les hvpothéses antagonistes des chimistes et des astronomes, était acceptée, il y aurait lieu de rapporter à la Terre et non plus au Soleil les mouvements d'une partie de ces météores; il faudrait distinguer entre les flux d'étoiles filantes d'août qui intéressent toute la Terre, et les flux moins réguliers des satellites qui n'intéresseraient qu'une fraction de la surface du globe, à sa- voir la plus rapprochée du périgée de ces météores. Ceux-ci subiraient avec le temps, de la part de la Lune et du Soleil, des perturbations considérables auxquelles les météores solaires échappent naturellement. Mais pour une pareille étude, il ne suffit plus de compter des étoiles filantes, il faut en déterminer la direction, la distance, la vitesse, et nous sommes ainsi con- duits à aborder la seconde partie de cette Note, c'est-à-dire les méthodes de mesure. « Ce qui a décidé les astronomes à rejeter absolument l'hypothèse des satellites de la Terre, c'est l'énorme vitesse qu'ils attribuent, en vertu de leurs mesures, à ces essaims de météores. On a trouvé, en effet, des vitesses variant de aS à 1^5 kilomètres par seconde, c'est-à-dire plus de cinq fois la vitesse de la Terre dans son orbite. » Mais de tels résultats sont tout simplement impossibles, même dans l'hypothèse d'anneaux circumsolaires, car la plus grande vitesse absolue qu'un corps appartenant à notre système puisse acquérir sous l'action du Soleil ne saurait dépasser, dans la région que nous parcourons, f\5 kilo- mètres par seconde. 11 y a plus, la vitesse relative d'astéroïdes circulant autour du Soleil d'im mouvement direct, comme la Terre elle-même, et dans des orbites assez peu inclinées sur l'écliptique, ne peut être que la (i) L'apparition de novembre 1799 n'a élc aperçue qu'en Amérique, du Groenland à l'équateur; celles de i83i et i832, seulenfent en Europe; celles de i834, aux Etats-Unis exclusivement. On ne peut donc dire qu'en novembre la Terre se trouve dans un anneau d'astéroïdes circumsolaires : ce phénomène ainsi limité convient mieux, j'imagine, à un anneau de satellites. (587) différence de vitesses absolues à peu près semblables (sauf les effets momen- tanés de l'attraction terrestre), et ne doit pas dès lors dépasser une cer- taine fraction de celle de notre globe, fraction encore affaiblie par la résis- tance de Fair. » Voyons donc comment ces vitesses relatives des étoiles filantes ont élé obtenues et le crédit qu'elles méritent en elles-mêmes, indépendamment de l'impossibilité théori(pie qu'on pent leur- objecter. Pour déterminer une vitesse, il faut mesurer la longueur de la trajectoire et le temps employé à la parcourir. La première opération suppose qu'on ait mesuré la distance du mobile à l'observateur. Commençons donc par là. )) Quand il s'agit de mesurer la distance d'un point inaccessible, la science ne nous offre qu'un seul moyen, c'est de prendre une base de longueur connue et de mesurer les angles à la base du triangle dont le sommet est le point observé. Prenons, pour fixer les idées, une base de quelques lieues pour obtenir une distance quadruple. Si nous mesurons les angles à i minute près, nous obtiendrons la distance à ■~^; si nous les mesurons à i degré près, nous aurons la distance à ^ environ; mais si nos directions sont in- certaines de plusieurs degrés, nous ne pourrons plus compter sur rien. )) Ce dernier cas est précisément celui où se trouvent les astronomes quand il s'agit d'étoiles filantes. Ils rencontrent même une difficulté de plus, car, dans le cas habituel de l'arpentage, le plan du triangle est donné, en sorte que les rayons visuels se coupent du moins quelque part, tandis que, dans le cas des étoiles filantes, le plan du triangle lui-même n'est pas donné, et les directions observées, loin de se rencontrer, passent générale- ment bien loin l'une de l'autre. Il suffit, pour le comprendre, de se rappeler comment on opère. Chaque observateur (il y en a deux qui observent simul- tanément aux deux extrémités d'une base de plusieurs lieues) opère sans savoir ce que fait son voisin : il lui faut observer dans le court espace d'une ou deux secondes le point de départ et le point d'extinction de chaque étoile qui file; il doit rapporter en imagination ces points, que rien ne dis- tingue plus, aux étoiles voisines par des sortes d'alignements, puis il marque de souvenir ces points sur une carte céleste. Comment pourrait-il ne pas se tromper le plus souvent de plusieurs degrés? S'agit-il de déduire de là la vitesse? il faut encore tenir compte de l'incertitude du temps apprécié; or ici l'appréciation d'une durée est d'un tout autre ordre que l'appréciation de l'instant d'un simple phénomène, où les astronomes exercés obtien- nent des résultats si étonnants d'exactitude. C. K., !8G3, 2""= Semestre. (T. LVU, N" 12.) 7^ ( 538 ) » Ainsi, d'un côté, les vitesses obtenues sont impossibles; d'autre part, le procédé employé pour les obtenir n'offre aucune garantie d'exactitude : nous sommes donc amené à rejeter ces vitesses et à chercher un autre sys- tème de mesure capable de fournir enfin les résultats dont la science a besoin. » Le système que je propose consiste à appliquer les instruments de me- sure, non plus aux étoiles filantes elles-mêmes, comme on a tenté, mais en vain, de le faire en Allemagne (i), mais aux traces persistantes qu'un grand nombre de ces météores laissent après eux dans les régions élevées de l'atmosphère. Souvent ces traînées de poussière ou de fumée incandes- cente durent assez, comme on a pu le voir luiuli dernier par la Lettre du D"^ Heis, pour laisser à deux observateurs le temps de pointer leurs lu- nettes aux deux extrémités de la trajectoire, et même en un point intermé- diaire. Ces lunettes étant fixées, on en relèvera la direction à l'aide de cercles d'ascension droite et de déclinaison, ou d'azimut et d'apozénith fixés à chacune d'elles, et l'on obtiendra enfin de véritables mesures angulaires. Quant aux temps d'apparition et de disparition, ils doivent être enregistrés électriquement en chaque station. De plus un fil télégraphique doit unir les deux stations, non pas pour déterminer leur différence de longitude, mais pour permettre aux observateurs de s'avertir mutuellement. Les traînées d'étoiles filantes que j'ai moi-même observées à Paris à l'aide de lunettes de nuit m'ont paru suscesptibles d'un pointé suffisamment exact, lorsqu'elles (lurent une dizaine de secondes. Si les astronomes n'ont jamais eu l'idée d'en déterminer la position, c'est qu'ils n'avaient pas sous la main d'in- strument convenable, susceptible d'être mû avec une grande rapidité tout en tournant autour de certains axes. Les traînées que le D"^ Heis mentionne dans sa Lettre auraient pu être presque toutes observées ainsi. » Ainsi, en chaque station, vers l'époque d'une des apparitions exîraordi- naires qui reviennent chaque année, je placerais deux observateurs; je les voudrais munir chacun d'une lunette montée parallactiquement, à mou- vements très-faciles, d'une touche électrique correspondant à un appareil d'enregistrement, et servant à donner un signal à l'autre station. Dans ce système, l'observateur n'aurait plus à noter avec précipitation, à l'aide des étoiles fixes, les points où l'étoile filante apparaît et s'évanouit, puis à re- porter ces points sur une carte céleste en ajoutant une nouvelle erreur à celle de la première estime. Ces appréciations vagues, dont tout le monde 'i) A l'aide du l'ingénieux mr'téoroscnpe en bois de M. de Littrow. ( 539) comprend la difficulté, seraient remplacées enfin par des mesures effectives. 0 Mais il ne suffit pas de déterminer la hauteur, la direction, la vitesse d'un certain nombre d'étoiles filantes; il reste toute luie série d'observa- tions d'un autre genr«,' à poursuivre, celle qui nous a donné nos premiers et nos plus sûrs résultais : je veux parler du nombre des étoiles filantes qui apparaissent jour par jour sur un horizon donné. Pour cela il n'y a guère d antre marche à suivre que celle de M. Coulvier-Gravier, mais il serait utile, à mon avis, d'établir nn centre analogue d'observations continues et régulières dans d'autres régions du globe terrestre plus favorablement situées que notre zone tempérée. Au Mexique, par exemple, ou au Pérou, tout con- courrait à assurer le succès d'un établissement pareil : l'altitude, qui place l'observateur au-dessus de la couche la plus opaque de l'atmosphère, la sérénité du ciel, l'égale longueiir des nuits, la simplicité des lois de l'illumina- tion atmosphérique. « Pour l'objet qui nous occupe, ditM.de Humboldt(i), » et en général pour toute la météorologie, il faut ajourner nos espérances » jusqu'au moment où la culture scientifique sesera définitivement répandue » sur la zone équinoxiale de l'Amérique espagnole, dans ces contrées où il » existe vers 3ooo et 4ooo mètres d'élévation des villes grandes et popu- I) leuses, » Aujourd'hui ce vœu, si hasardé qu'il pût paraître à M. de Hum- boldt, est à la veille d'être exaucé : signalons au Mexique qui se réorganise les services qu'il rendrait à la science et à la civilisation par l'établissement d'observatoires météorologiques, car au Mexique et au Pérou, je le répète après M. de Humboldt, sont les plus belles, les plus importantes stations scientifiques du globe entier. » Je n'hésite donc pas à demander que notre pays réponde dans une certaine mesure à l'appel du D' Heis : s'il est un sujet digne de l'ardeur des hommes de science, c'est assurément ce mystère des étoiles filantes qui défie nos astronomes d'aujourd'hui comme il tourmentait, il y a deux mille ans, les astronomes chinois ; qui tient, à la fois, à l'Astronomie par ses causes premières, à la Météorologie par ses relations avec l'atmosphère, à la Chimie par lexteusion ultraterrestre des lois intimes de la matière, à la Physique enfin par la plus brillante application de nos idées actuelles sur la production mécanique de la chaleur et de la himière. » (i) M. de Humboldt parlait de la lumière zodiacale, mais ses paroles s'appliquent aussi bien aux éloiles filautes. 72.. ( 54o ) ANATOMlE COMPARÉE. — Recherches sur quelques points de l'organisation du Lepidosireii annectens; description du cerveau (première Note); par M. Serres. (( Dans la classification méthodique du règne animal, les animaux qui se trouvent aux limites, soit des embranchements, soit des classes, sont ceux qui offrent le plus d'intérêt aux anatomistes et aux zoologistes. Leur orga- nisme présentant des caractères mixtes et empiétant sur les deux classes ou les deux embranchements, il en résulte une anomalie dans leur structure qui rend difficile leur véritable classement. » Le singulier genre d'animaux décrit, en nSSy, par MM. Fitzinger et Natterer sous le nom de Lepidosiren est dans ce cas. L'organisation de ces animaux n'est ni franchement erpétique, ni franchement ichthyologique; elle participe à la fois de celle de ces deux classes. Ce mélange du type ichdiyologique et du type erpétologique est même si complet, que des deux zoologistes qui les premiers ont bien étudié la structure des Lepidosiren, l'un, M. Owen, les range parmi les Poissons, l'autre, M. Bischoff, les classe parmi les Reptiles, et les caractères sur lesquels chacun d'eux se fonde pour leur assigner cette position contradictoire, montrent, en effet, que ces ani- maux ne sont ni Reptiles ni Poissons, si on leur applique rigoureusement les signes caractéristiques de ces deux classes. » Quoique, dans sa monographie sur l'organisation du Lepidosiren para- doxa, publiée en 1 845, M. Hyrlt se prononce définitivement pour leur nature ichthyologique, toutefois la valeur des caractères sur lesquels il se fonde ne nous paraît pas assez décisive pour entraîner la conviction des zoologistes. a Dans l'ordre zoogénique, les Lépidosirens seraient-ils des Reptiles amphibiens arrêtés dans leur développement, et cet arrêt, portant plus par- ticulièrement sur les membres réduits à l'état rudimentaire, les maintiea- drait-il forcément dans leurs habitudes ichthyologiques ? Nous examinerons plus tard ces diverses questions, présentement nous allons consacrer cette première Note à la description de l'encéphale du Lepidosiren annectens. » Dans son travail sur le Lepidosiren paradoxa, la conservation du squelette et des autres organes n'a pas permis à M. Bischoff de disséquer le cerveau ; M. Hyrlt, qui a fait une description si précise des nerfs de la tète, n'a pu en donner qu'une notion incomplète à cause du mauvais état de con- servation de cet organe chez le sujet soumis à son exameti. Chez le Lepido- siren annectens, M. R. Owen a donné de son ensemble une description abrégée, exacte et conforme aux déterminations que nous avons établies des ( 54i ) éléments de rencéphale chez les Reptiles et les Poissons. Ayant rern der- nièrement de M. Albert Geoffroy Sainf-Hilaire deux fœtns à terme de Lt'iJt- dosiren annectem (i), j'ai pensé qu'il serait d'autant plus utile de déterminer (i) Voici une Note sur les mœurs Uu Lepidosiren annectens que je reçois à l'instant de M. Albert Geoffroy Sainl-Hilaire : « Je m'empresse de satisfaire au désir que vous m'avez exprimé de connaître la façon dont j'ai fait éclore les cocons des Lepidosiren annectens que j'ai eus entre les mains. » Le 7 mai de cette année, je reçus de la rivière de Gambie, par l'intermédiaire d'un correspondant anglais, quatre cocons de ces curieux Batraciens-Poissons. 1) Ils étaient places dans des mottes de terre très-argileuse et entièrement sèche ; la partie plate du cocon, celle qui porte l'ouverture qui donne accès à l'air, se trouvait en dessus et était tellement desséchée, qu'elle rendait un son sec lorsqu'elle était pressée. » Je crus ne recevoir que des animaux morts; cependant je les plaçai dans l'eau, et, deux jours après, mes quatre Lépidosirens sortirent de leurs enveloppes et se mirent à serpenter dans l'eau. Mais je les perdis, car je les avais placés dans une eau trop profonde, je leur avais fourni trop peu de terre, et surtout je les avais trop brusquement inondés. « Ayant échoué, je voulus recommencer mon essai, et j'eus la bonne fortune de recevoir le i4 juillet dernier deux nouveaux cocons. » Je pensai que les Lépidosirens déposaient leurs œufs lors d'une crue du fleuve dans des vases submergées qui se découvraient et se desséchaient quand l'eau se retirait, et que ce n'était qu'à la crue suivante que les jeunes animaux pouvaient gagner le fleuve. » J'esayai de reproduire l'inondation qui devait permettre à mes animaux de sortir de leurs enveloppes : pour cela, j'entourai les blocs de terre qui les contenaient de boue argi- leuse, et je les plaçai dans une sorte d'aquarium en verre. J'y versai chaque jour un peu d'eau, de façon à rendre humide toute la niasse de terre sèche. Je remarquai bientôt que la partie supérieure des cocons devenait plus souple, qu'elle se détendait. » Enfin, quand l'eau fut presque au niveau du dessus des cocons, les Lépidosirens déchi- rèrent leurs enveloppes. L'un d'eux se plongea dans la vase du bac, ne laissant passer que l'extrémité de sa tète dans l'eau qui recouvrait la terre; l'autre resta plus de quinze jours dans son cocon déchii'é, nous donnant fréquemment occasion d'observer son cri, si toute- fois le bruit produit par l'animal n'est un bruit purement mécanique, résultat du brusque retrait du Lepidosiren dans son trou. » La position que les animaux occupent le plus souvent est en V, la queue et la tète sortant de la terre. Le Lepidosiren de temps à autre se projette verticalement hors de son trou pour venir respirer à la surface ; aussitôt qu'il a chassé l'air contenu dans son appareil respiratoire, il prend une nouvelle provision d'air et se replace dans l'antre qu'il s'est creusé dans la glaise, comme le ferait un ver. Il semblerait, d'après cela, que ses branchies ne lui permissent pas de respirer suffisamment. » Après avoir longtemps cherché à leur faire manger des vers de terre, des larves d'in- sectes, sans avoir réussi, je me suis décidé à leur offrir de jeunes poissons qu'ils ont manges avec avidité. » Mes Lépidosirens ont grandi déjà de 0", 06, ils ont maintenant o™, 82 à o™, 35 de lon- gueur, » ( 540 la composition et la structure de leur encéphale d'après les règles qui m'ont dirigé dans l'étude de cet organe, que ce genre d'animaux, servant en quelque sorte de trait d'union entre la classe des Reptiles et celle des Pois- sons, mérite au plus haut degré tout l'intérêt qu'excitent les types de transi- tion parmi les êtres organisés. » Des deux individus soumis à mon examen, l'un mesurait de l'extrémité de la tête à l'extrémité de la queue o™,25, l'autre o™,a7. Dans la descrip- tion de l'encéphale, je désignerai ce dernier par la lettre A et le premier par la lettre B. » Lorsqu'on a enlevé la voûte du crâne et mis à découvert l'encéphale, l'ensemble de cet organe ressemble plus à celui des Reptiles pérennibran- ches qu'à celui des Poissons osseux et cartilagineux (Owen). Il se compose, en le considérant d'arrière en avant : i° d'un feuillet membraneux qui re- couvre en partie le quatrième ventricule et constitue le cervelet; 2° d'un lobule unique ovalaire et légèrement aplati, lequel correspond aux lobes optiques des Reptiles et des Poissons; 3" d'un petit corps blanchâtre et presque quadrilatère, enchâssé dans l'écartement postérieur des lobes ce'rébraux : c'est la glande pinéale, dont le volume dépasse beaucoup celui qu'il présente chez les Poissons osseux et cartilagineux ainsi que chez les Reptiles; 4" d'une paire de lobes allongés, elliptiques, déprimés, correspon- dant aux hémisphères cérébraux ; 5° d'un pédoncule grêle qui est la conti- nuation de chaque lobe cérébral, et qui se prolonge jusqu'au cartilage eth- moïdal où il se renfle en formant un ganglion de la face inférieure duquel se détache un pinceau de filets nerveux qui se répandent sur les feuillets de la membrane pituitaire ou nasale. Ces pédicules sont évidemment les nerfs olfactifs, et ce renflement ganglionnaire, si bien représenté par M. Hyrit, est évidemment aussi le lobule olfactif. » Afin de bien faire apprécier la disposition et les connexions de ces diverses parties de la face supérieure de l'encéphale, nous devons en re- prendre la description. 1. En haut de la moelle épinière, à la terminaison de cette dernière, se ti-ouve le calamiis scriptorius formé par le déplissement de ses cordons pos- térieurs et donnant naissance aux corps restiformes dont la réunion en bas forme le bec du cnlamus. Partant de cette réunion, chaque lèvre du corps restiforme, épaisse, diverge en s'élevant, et, après un trajet de a à 3 milli- mètres, elle forme un angle saillant en dehors, |)uis elle se porte en haut et dépasse sur les côtés la partie postérieure des lobes optiques; elle se replie ensuite sur elle-même, se dirige en bas et en dedans et forme, en se réunis- ( 543 ) saut à ses congénères, une lame médullaire qui recouvre le haut du qua- trième ventricule et constitue le cervelet, dont la forme se rapproche beau- coup de celle de l'Esturgeon chez les Poissons, chez les Reptiles de celle du Ménopome. » Sur le sujet B, le cervelet se terminait par un tubercule arrondi; chez les deux, il ne recouvrait que les deux tiers supérieurs du quatrième ven- tricule. » De la disposition des cordons restiformes, il résulte que le quatrième ventricule a la forme d'un losange semblable à celui de la Raie ronce, chez les Poissons cartilagineux ; il en résulte également un angle rentrant par- tant du point de réflexion de ces cordons, angle dans lequel vient se loger la partie postérieure du lobe optique, » C'est dans cet angle que devrait se trouver l'origine du nerf de la qua- trième paire; je l'ai cherché en vain chez les deux individus, et cette absence reproduit chez le Lépidosiren celle que j'ai observée chez la Taupe parmi les Mammifères. » Le lobe optique suit immédiatement le cervelet; il est ovalaire, un peu déprimé, se loge en arrière comme nous venons de le dire, dans l'angle rentrant des cordons restiformes. Le lobe optique paraît double au premier aspect; celte duplicité apparente est produite par une bandelette blanchâtre servant de raphé médian au lobe et le divisant en deux demi-lobes; chaque demi-lobe est parsemé de points noirs de la pie-mère, ce qui fait ressortir le blanc mat de la bandelette qui en est entièrement dépourvue. A. ré[)oque où l'on considérait les lobes optiques des Poissons comme les analogues des hémisphères cérébraux des Mammifères, cette bandelette médiane eu eût assez exactement représenté le corps calleux, ou la commissure d'union des deux hémisphères. La bandelette du lobe optique chez le Lépidosiren pro- duit ce résultat, elle ramène à l'unité les deux lobes optiques si distincts chez les Reptiles, et surtout chez les Poissons osseux et cartilagineux. » Au haut de la bandelette se trouve un sillon, et au delà le bourrelet ar- qué contre lequel s'adosse la glande pinéale, glande pinéale qui devient ainsi, d'après le principe des connexions, le signe irrécusable de la détermination du lobe optique et des hémisphères cérébraux. Si la bande- lette se prolongeait sur ce bourrelet, le lobe optique serait divisé en quatre parties et son aspect représenterait alors les tubercules quadrijumeaux des Mammifères. Ce résultat serait plus manifeste encore chez le Ménopome et le Ménobranche, parce que le sillon optique transverse, descend plus bas chez ces Reptiles pérennibranches que chez le Lépidosiren. Au reste, ne serait- { 544 ) ce pas alors la répétition du mécanisme de la transformation des lobes op- tiques de l'embryon de l'Homme et des Mammifères en tubercules quadri- jumeaux, mécanisme que nous avons exposé avec tant de détail dans notre ouvrage sur l'analomie comparée du cerveau ? La longuevu' du lobe optique du Lepidosiren annectens est de 4 millimètres, sa largeur de 2 millimètres, » Revenons à la glande pinéale : elle a d'avant en arrière i millimètre et demi de long, et transversalement i millimètre; elle est logée, comme nous l'avons dit, dans l'angle de l'écartement postérieur des lobes céré- braux; si on écarte ces lobes, on voit son pédicule, dont le volume égale presque celui du ruban olfactif, se porter en avant sur la crête d'un gros tubercule prismatique avec lequel elle se confond après un trajet d'environ ■2 millimètres. Ce tubercule, divisé en arrière, est évidemment le résul- tat delà réunion de deux masses cérébrales qui correspondent ans couches optiques des Mammifères. Il n'y a supérieurement aucune trace du troisième ventricule ; le pédoncule de la glande pinéale semble faire l'office de la com- missure molle des vertèbres su[)érieures. » Latéralement, les couches optiques sont lisses, inclinées, et elles for- ment la paroi interne du ventricule latéral des lobes cérébraux. Ceux-ci, les lobes cérébraux, sont allongés, un peu bombés dans leur partie moyenne; leur longueur est de 6 millimètres chez le sujet B et de 7 chez le sujet A. Leur largeur à la partie moyenne est de 2 millimètres et demi. Leur sy- métrie est parfaite; le sillon qui sépare le lobe droit du lobe gauche les divise, les isole dans toute leur étendue, de sorte que, comme nous l'avons fait chez ces deux individus, on peut, sans intéresser leur substance, les sé- parer entièrement l'un de l'autre jusqu'au devant des couches optiques. Cet isolement, cette indépendance des lobes cérébraux les distingue de ceux des Poissons cartilagineux chez lesquels ces deux lobes sont plus ou moins intimement unis. J'insiste sur cette dualité si tranchée des lobes cérébraux, parce que M. Hyrit, qui a si bien exposé les nerfs de la tète, n'admet qu'un seul lobe cérébral chez le Lepidosiren paradoxe^ bien que chez le Lepidosiren annectens, qui en diffère si peu par la forme de la tète, M. R. Owen eût déjà reconnu et figuré les deux lobes. » Le ruban du nerf olfactif fait suite à la partie interne des lobes céré- braux. Chez le sujet A j'ai vu distinctement trois filets d'origine ; la longueur de ce ruban étant de 3 millimètres, sa largeur ne mesurait qu'un tiers de miilunèlre. Arrivés sur la lame cartilagineuse de l'ethmoïde, ils forment un ganglion que M. Hyrlt a parfaitement figuré. De ce ganglion, qui représente le lobule olfactif, se détache un ])iuceau de filaments nerveux qui se répan- ( 545 ) dent dans les plis transversaux de la membrane pitiiittiire, ainsi que l'ont exposé MM. Owen et Hyrlt. » A la base du cerveau on remarque, en procédant d'arrière en avant, d'abord sur la ligne médiane la suline antérieure des cordons de la moelle épinière formant un petit relief en forme de corde. Cette corde offre deux nodosités blanchâtres ressemblant à deux ganglions. Ces nodosités sont à la distance l'une de l'autre de i centimètre. Sur les cotés de ce raphé médian sontles cordons pyramidaux antérieurs, grêles, filiformes, se détachant très- nettement sur le sujet A et s'entre-croisant à leur partie inférieure. A partir de cet entre-croisement ils s'élèvent en divergeant légèrement jusqu'au haut de la moelle allongée. Arrivés un peu au-dessus de l'extrémité supérieure de l'olive, les cordons pyramidaux écartés l'un de l'autre se bifurquent en formant deux arcs, l'un interne, l'autre externe. Le premier, l'arc interne, se joint à son congénère sur la ligne médiane, au haut de la corde qui repré- sente la suture antérieure des cordons delà moelle épinière et qui finit eu cet endroit. L'arc externe, moins ouvert que l'interne, se porte en dehors, au-dessus de l'olive, et se joint à un pli des cordons inférieurs. Entre la concavité de cet arc et le bord supérieur de l'olive, existe une dépression entourée de points noirs qui m'a paru correspondre à l'insertion du nerf de la cinquième paire. Cette disposition, jointe à celle que forme la concavité de l'arc, correspond au bord inférieur de la protubérance annulaire des Mammifères, ou mieux au trapèze de leur moelle allongée. Ici devrait se trouver l'origine de la sixième paire de nerfs : je l'ai cherchée en vain sur les deux individus. » En dehors des cordons pyramidaux sont les olives, et entre ces deux corps se trouve une rainure qui les sépare, rainure dont le fond est parsemé de points noirs et dans laquelle arrivent les filets d'origine de la huitième paire de nerfs. Les olives se détachent très-nettement en dehors de cette rainure; elles sont dentelées sur les côtés, déprimées au milieu, au lieu d'être bombées comme elles le sont chez les Raies. » Ce festonnement et cette dépression représentent assez exactement chez le sujet A le festonnement de la coupe horizontale de ces corps chez les Mammifères. L'olive gauche est plus accentuée que la droite chez le sujet A ; sur le sujet B, ces corps étaient plus contractés par l'action de l'alcool : c'est chez celui-ci cependant que les filets d'origine des nerfs pneumogastriques étaient le plus marqués. Au-dessus des arcs des faisceaux pyramidaux, ou trouve le plancher des pédoncules ou des cuisses du cerveau, présentant au C. R., i8C3. jme Semestre. (T. LVII, N" 12.) 73 ( 546) milieu une dépression légèrement cxcavée et simulant le fond du troisième ventricule sans en être cependant l'analogue. Je fais cette remarque par la raison que, du fond de celte excavation, on voit sortir un pédicule servant d'origine à une espèce de lobule aplati ayant 4 millimètres de long et i mil- limètres de large, et que l'on peut considérer comme représentant l'hypo- physe cérébrale ou la glande pituitaire des Mamuîifères; le pédicule, en effet, s'enfonce entre les pédoncules cérébraux, se convertit en vuie tige de 3™", 5 de long qui s'avance jusqu'à la base des couches optiques, où elle s'insère. Le lieu de cette insertion correspond évidemment à l'infundibulum du troisième ventricule des Mammifères, et, d'après le principe des con- nexions, cette tige, analogue à la tige pituitaire des Mammifères, devient le caractère indubitable de la détermination du lobule qu'elle attache à la base de l'encéphale. Ce lobule est, en effet, la glande pituitaire ou l'hypo- physe cérébrale. » La surface de l'hypophyse cérébrale du Lepidosiren anneclens est presque plane; sa forme rappelle en petit celle de l'épiglotte; elle offre sur cette surface trois sillons très-superficiels qui lui donnent un aspect parti- culier que je n'ai rencontré sur aucun autre animal. Le sillon antérieur, le plus court, limite le pédicule de l'hypophyse ; de sou côlé partent deux arcs dont la convexité est en dehors et la concavité en dedans, et qui s'étendent jusqu'au sillon moyen. Celui-ci, plus superficiel encore que le précédent, s'étend jusqu'au bord de l'hypophyse. Le troisième, aussi léger et plus ar- qué, offre les mêmes limites. 11 suit de la présence de ces sillons, qui sont des ombres plutôt que des plis, que la surface de ce corps est divisée très- superficiellement en quatre compartiments : l'un, inférieur, est ovoïde; le second, compris entre la concavité du deuxième arc et la convexité du troi- sième, est aplati sur les côtés ; le troisième est sphérique ; le quatrième enfin . qui représente le pédicule de l'hypophyse, est très-court et s'enfonce dans l'hiatus formé par l'écartement des pédoncules cérébraux, où il s'effile pour donner naissance à la tige qui l'attache, comme nous venons de l'indiquer, au plancher du troisième ventricule. En dedans ec sur les parois légèrement inclinées de ces pédoncules, on voit deux filets très-déliés, d'un blanc mat Irès-tranché, et qui en bordent l'excavation ; il y en a un sur chaque pédon- cule : je ne saurais mieux les comparer, pour leur ténuité, qu'aux pédicules de la glande pinéale de la Tortue franche et à ceux du Caïman à museau de brochet. Ces filets, qui décrivent un arc léger en se portant en avant, abou- tissent de chaque côté à un très-petit tubercide arrondi d'un blanc brillant, qui les fait ressortir malgré leur extrême ténuité. Que sont ces petits tuber- ( 547 ) cilles? Sont-ils les analogues des éminences mamillaires? Tont semble l'in- diquer : d'une parf, leur posilion et leur connexion; d'autre part, ce filet à l'extrémité duquel ils sont situés, et qui paraît être le filament postérieur des corps mamillaires de l'Homme découverts par Vie d'Azyr, et sur les- quels Tréviranus a fixé l'attenlion des anatomistes. Cependant, se peut-il que les éminences mamillaires, qui sont par leur isolement un caractère spécifique de l'Homme, et qui déjà ne se rencontrent pins à l'état d'isole- ment et d'indépendance ni chez les Singes, ni chez les Carnassiers, repa- raissent tout à coup chez le Lcpidosiren anneclens dans les mêmes conditions que celles qui soni caractéristiques de l'espèce humaine? J'avoue qu'il me répugne de souscrire à cette détermination. Il me paraît plus vraisemblable que ces petits corpuscules sont les représentants de l'élément encéphalique que j'ai désigné sous le nom de lobule optique, lobule qui, chez les Gre- nouilles, se présente sous la forme de deux petites vésicule» blanchâtres, et qui, chez les Poissons cartilagineux, et particulièrement chez les Raies et chez l'Ange, atteignent un si grand développement. » (ia suile au procliain Compte rendu. ) M. Ehrmanjv fait hommage à l'Académie d'un volume formé de la réu- nion de plusieurs Mémoires qu'il a successivement publiés : sous les titres suivants: « Histoire des polypes du larynx; — Description de deux foetus monstres, l'un acéphale et l'autre nionopode; — Observations d'Anatomie pathologique, accompagnées de l'histoire des maladies qui s'y rapportent », et dont les pièces sont conservées au Musée de la Faculté de Médecine de Strasbourg. MÉMOIRES mS. CHIRURGIE. — Mémoire sur V extirpation des tumeurs éburnées de C orbite; par M. le D'' Maisoxnelve. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Velpeau, Jobert, Bernard.) « Les exostoses de l'orbite doivent être rangées au nombre des affections osseuses les plus redoutables. Non-seulement elles chassent l'œil au dehors en produisant une difformité horrible , mais encore elles compromettent rapidement la vie par la compression qu'elles exercent sur le cerveau. » Contre les graves lésions, la médecine est toujours impuissante; la chi- rurgie seule a le pouvoir de les détruire. Mais celte destruction tentée par 73.. ( 548 ) les moyens ordinaires était une œuvre tellement difficile, que les plus illus- tres opérateurs i-efusaient de l'entreprendre, ou bien n'arrivaient presque jamais à la conduire à bonne fin. » La raison de cette impuissance est que, dans la crainte de produire des délabrements redoutables en attaquant ces tumeurs à leur base, on s'ef- forçait de les morceler pour les extirper en détail. Or ces exostoses ont une résistance telle, que les instruments les mieux trempés refusent d'entamer leur tissu. Il en résultait des opérations interminables, comme celle ré- cemment publiée dans les Archives ophlluitmolocjiqiies de Graisse, où l'on voit que les chirurgiens travaillèrent de la gouge et du maillet cinq heures durant, pour enlever à peine un tiers de la tumeiu'. » Dans une opération dont j'ai publié les détails en i853, j'avais déjà cru devoir substituer à cette méthode désastreuse du morcellement la mé- thode plus hardie mais bien plus prompte et surtout plus efficace de l'extir- pation en bloc, et j'avais eu le bonheur d'obtenir un résultat si complet, que non-seulement le malade fut guéri de sou exostose et préservé des dan- gers redoutables qu'entraîne cette affection, mais que l'œil replacé dans l'orbite recouvra en peu de jours toutes ses fonctions visuelles et même l'intégrité de ses mouvements. » C'est un fait analogue, mais jilus remarquable encore, que je viens soumettre à l'Académie. Le sujet est un jeiuie homme de dix-neuf ans, ma- lade seulement depuis dix-huit mois. La tumeur marchait avec une rapidité extrême. L'œil était complètement sorti de son orbite et ne percevait presque plus la lumière. Déjà des accidents cérébiaux commençaient à se manifester. Le malade était menacé d'une mort prochaine; il était urgent de prendre un parti. Plusieurs chirurgiens éminents ne croyaient pas l'o- pération possible , mais, me rappelant le fait que je viens de citer, je ne crai- gnis pas de l'entreprendre. )) Elle eut lieu le 5 août, devant un grand concours de chirurgiens et d'élèves. Elle fut prompte et sans incidents. Ayant attaqué franchement la tumeur à sou point probable d'insertion (au côté interne de l'orbite), je la détachai en quelques secondes en brisant, au moyen du ciseau et du maillet, l'os dont elle tirait son origine; puis, par des efforts lents et successifs, je parvins en quelques minutes à l'extraire en im seul bloc. 1) Son poids était de 90 grammes ; son diamètre antéro-postérieur, de 62 millimètres; son diamètre vertical, de 5a ; son diamètre transversal, de 40. Sa face interne portait vers son milieu les traces de son adhérence à l'os ( 549) elhmokle dans un espace de 4 centimètres carrés. Son tissu compacte est d'un blanc de lait ; il est notablement plus dur que l'ivoire, » Aussitôt après l'opération, l'œil fut replacé avec soin dans l'orbite; la plaie fut rapprochée par sept points de suture, sauf en bas où je ménageai un pertuis pour l'écoulement du pus et pour des injections détersives avec l'acide phénique dilué. 1) Aucun accident n'a traversé la cure, et aujourd'hui, six semaines après l'opération, le jeune homme a repris toute sa santé, sa gaieté et, qui plus est, son œil, parfaitement rentré dans son orbite, a recouvré toutes ses fonctions, la vue aussi bien que les mouvements. » De ces deux faits si semblables et si remarquablement heureux, je crois pouvoir conclure que, dans le traitement des exostoses éburnécs de l'orbite, la méthode d'extirpation en masse doit remplacer avec avantage l'ancienne méthode de morcellement. » TÉRATOLOGIE. — Mémoire sur le mode de produclion de certaines formes de la monstruosité simple; par^l. C. Dareste. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Mdue Edwards, Coste.) « Ce Mémoire est la suite d'un travail que j'ai présenté à l'Académie au mois de novembre 1862 , et dans lequel je signalais la présence constante d'arrêts de développement de l'amnios avec les ectromélies, les célosomies, les exencéphalies, et les diverses anomalies secondaires qui accompagnent si fréquemment ces trois types monstrueux. Je cherche aujourd'hui à établir les relations qui existent entre ces anomalies de l'embryon et les arrêts de développement de l'amnios. » J'ai constaté, dans un grand nombre de cas de monstruosité artificielle, que les arrêts de développement de l'amnios sont tantôt l'effet, et tantôt la cause de l'anomalie de l'embryon. » La célosomie ne peut se concevoir sans un arrêt de développement des parois thoraco-abdominales, et par conséquent sans un arrêt de déve- loppement de la partie antérieure de l'amnios, celle qui forme l'ouverture ombilicale. Or j'ai constaté bien des fois,' par l'observation directe, l'exis- tence d'adhérences entre les viscères qui font hernie hors de la cavité abdo- minale, et certaines parties de l'aire vasculaire; adhérences qui sont consti- tuées par des brides membraneuses. Les viscères unis par ces adhérences a l'aire vasculaire forment un obstacle à la réunion des lames ventrales eu avant, et par suite à la formation des parois thoraco-abdominales et à celle ( 55o ) de l'amnios qui s'y rattache d'une manière nécessaire. Ici donc, l'arrêt de développement de l'amnios est consécutif à l'anomalie. Mais il peut ensuite devenir, à son tour, le point de départ d'un certain nombre d'anomalies nouvelles. » En effet, les arrêts de développement de l'amnios, quelle que soit d'ailleurs l'époque à laquelle ils se produisent, ont pour résultat de s'oppo- ser à l'accroissement de cette membrane et à l'augmentation de capacité de la cavité qu'elle contient, tandis que l'accroissement de l'embrvon continue, lien résulte que l'embryon vient s'appliquer plus ou moins complètement contre l'amnios, et qu'il y éprouve, dans certaines de ses parties, des pres- sions plus ou moins fortes. L'amnios agit donc sur l'embryon d'une ma- nière mécanique, et ces actions mécaniques déterminent dans les organes qu'elles affectent, tantôt des changements de position, et tantôt des atrophies ])his ou moins complètes. » Les atrophies par le fait d'une compression me paraissent expliquer les divers cas d'ectromélie que j ai eu occasion d'observer, et aussi les diverses anomalies de la face qui accompagnent presque toujours les exencéphalies. Dans tous ces cas, la compression, en empêchant l'arrivée des substances assimilables dans les parties qui y sont exposées, y détermine de véritables arrêts de développement. )' Les changements de position consistent en des courbures anomales de la colonne vertébrale, qui accompagnent très-souvent la célosomie; en des déviations des segments des membres qui rappellent, à certains égards, ce que l'on observe dans les pieds bots , et enfin dans les diverses hernies encéphaliques qui caractérisent les exencéphalies. » Il est très-facile de s'expliquer théoriquement la production des cour- bures anomales de la colonne vertébrale, ou des déviations des membres par le fait de pressioris extérieures. Mais il n'en est pas de même quand il s'agit des hernies de l'encéphale. Ici l'observation seule pouvait me faire connaître le mécanisme de la production de ces anomalies. C'est donc là un des résultats les plus curieux et les plus inattendus de mes recherches tératologiques. » J'ai constaté en effet, dans un grand nombre de cas, qu'une com- pression exercée par l'amnios déprime et aplatit les vésicules cérébrales qui, en même temps, s'élargissent latéralement de manière à constituer un rebord saillant qui s'étend au delà des côtés de la tète, et qui est séparé du reste de la tête par un sillon plus ou moins profond. Lorsque l'ossifica- tion du crâne commence, elle s'étend sur toute la partie de la tète qui ( 55i ) est inférieure à ce sillon; mais elle ne peut remonter au-dessus. J'ai d'a- bord constaté ce fait pour les hernies totales de l'encéphale, qu'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire désignait sous les noms d' h/perencéphalies et de podencéphaties, dans lesquelles l'encéphale tout entier est situé en dehors de la cavité crânienne. J'ai eu occasion celle année d'observer plusieurs exencéphalies partielles en voie de formation, et j'ai pu constater qu'elles se forment de la même manière que les exencéphalies totales. » L'idée de rattacher à des pressions extérieures l'origine d'un certain nombre d'anomalies n'est point assurément une idée nouvelle. Elle a été soutenue par plusieurs anatomistes, parmi lesquels je dois citer M. Cru- veilhier. Mais on n'a fait valoir jusqu'à présent, à l'appui de cette thèse, que des considérations purement théoriques. Je raconte, au contraire, ce que j'ai vu dans un grand nombre de cas; et je puis par conséquent établir ma manière de voir sur l'observation directe des faits. » Je dois ajouter cependant que la cause qui produit les anomalies peut n'agir que d'une manière temporaire, et qu'elle doit cesser, par con- séquent, lorsqu'elle a, pour ainsi dire, épuisé son action. La compression produite par l'amnios peut cesser à un moment donné, par l'augmentation de la sécrétion du liquide amniotique, ou par un changement de position de l'embryon. Les brides membraneuses qui produisent la célosomie peu- vent se déchirer. Il résulte de tous ces faits que la cause qui produit les anomalies peut à un certain moment cesser d'être appréciable. » D'autre part, j'ai lieu de croire que certaines anomalies peuvent être le résultat de causes très-diverses, et que, par conséquent, leur formation s'explique par des mécanismes très-différents. » Mais si je ne suis pas en droit d'affirmer ce qui a lieu dans la tota- lité des cas, je maintiens cependant que dans le plus grand nombre les choses se passent ainsi cjue je viens de le dire. » Je dois encore ajouter que ces faits de compression extérieure par l'am- nios ne peuvent évidemment avoir lieu chez les Batraciens et les Poissons, dont l'embryon est dépourvu d'amnios, et que, par conséquent, ces deux types zoologiques doivent être à l'abri d'un certain nombre de monstruo- sités. Les animaux à placenta, comme la plupart des Mammifères, doi- vent présenter également quelques particularités dans le mode déformation des anomalies que j'étudie dans ce Mémoire. Je reviendrai prochainement sur tous ces faits. » ( 552 ) HYGIÈNE. — Injhience fies climats du midi de la France sur les affections chroniques de la poitrine; station d'Ajaccio [Corse); par M. de Pietra Santa. (Extrait par l'aiileur.) (Commissaires, MM. Andral, Rayer.) 0 Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca- démie offre les principales conclusions de deux Rapports adressés à M. le Ministre d'État qui m'avait confié la mission d'étudier l'influence des climats du midi de la France sur les affections chroniques de la poitrine. J'ai résumé dans deux formules principales les conseils qui doivent intéresser les valé- tudinaires et les médecins. » Je dis aux premiers : Le séjour des climats du Midi, pendant la froide saison, est utile dans les affections chroniques de la poitrine, à la condition de s'y rendre de bonne heure, pour combattre les prédispositions de la maladie, et enrayer ses premières manifestations; à la condition aussi de s'astreindre à des règles d'hygiène bien entendues, dont la principale réside dans l'observation de la journée dite médicale (période comprise entre lo heures du matin et 3 heures de l'après-midi, qui présente une certaine régularité et une constance bien marquée de température). » Je dis aux médecins : Dans le choix d'un climat, préoccupons-nous surtout de la connaissance exacte de ses deux principales zones (la zone du littoral, attenante immédiatement à la mer, où l'air est sec, vif, tonique, sti- mulant; et la zone des collines, s'étendant à quelques kilomètres au delà du rivage, où l'air est sédatif, tempéré, imprégné d'une certaine humidité). Approprions chaque type de climat à chaque catégorie de maladie (la forme iorpide, greffée sur une constitution lymphatique ou scrofuleuse, représente l'alanguissement, la dénutrition ; la forme érëthique, animée par l'élément subinflammatoire, avec les réactions de l'élément nerveux, réveille les sympathies étendues et violentes de l'excitation), et après une étude attentive et analytique de chacun de ces deux éléments, élevons-nous, par un travail synthétique de l'esprit, à leur coordination logique et vérita- blement scientifique. » Afin de mieux déterminer la valeur des principes que je venais d'ex- poser, je consacre le second Rapporta l'étude d'un climat peu connu, mais très-digne de l'être, je veux dire le climat d'Ajaccio. Il possède, en effet, les conditions les plus favorables : » 1° Grande pureté de l'atmosphère. (L'état de sérénité est le phéno- ( 553 ) mène le pins conslant. Les jours nuageux sont l'exception : sur 365 jours de l'année, 1 36 fois beau fixe, 5i fois couvert.) » 2" Vicissitudes atmosphériques peu marquées. (La différence entre les plus grands maxima et les plus grands mininia n'est que de 26, 3o degrés centigrades.) » 3° Variations graduelles dans les saisons. La différence entre la moyenne de l'hiver el celle du printemps est de ... . 3°,o4 Id. du printemps et do l'été y°, 1 3 Id. de l'été et l'automne 5",2'j Id. de l'automne et de l'hiver ô^^go » 4° Moyennes annuelles de la tempéi'ature très-satisfaisantes (17", 55). » 5° Moyenne de la saison d'hiver, i4°,34. » 6° Oscillations limitées de la colonne barométrique dans ses mouve- ments mensuels et diurnes. » Ainsi, en mars i863, le maximum est de 76™™, 39, tandis que le minimum ne descend qu'à 75™™, 26. Le 5 du même mois, les observations prises aux diverses heures de la journée donnent : pour 8 heures du matin, 7 5™", 83; pour midi, 75™", 86; pour 8 heures du soir, 75°"",86. » Le sol de la contrée est généralement calcaire, recouvert d'une couche d'humus fécondant; la campagne est aussi agréable que pittoresque. Les eaux, salubres et abondantes, remplissent la triple condition d'être agréables à boire, propres à la préparation des aliments et au savonnage. Le climat tempéré d'Ajaccio, intermédiaire entre celui de la Provence et celui d'Alger, rentre naturellement dans la catégorie des climats marins, jouissant, comme eux, de la plus grande uniformité et de la plus grande égalité de tempéra- ture. Par sa position topographique au fond d'un golfe magnifique, la ville offre aux valétudinaires la zone maritime, où l'air est sec, tonique, stimu- lant. Sa salubrité se déduit de ces trois circonstances : 1° accroissement constant et progressif de la population; 2° augmentation de la durée de la vie moyenne; 3° quantité plus considérable de personnes arrivant à un âge avancé. M En tenant compte de la pathologie spéciale de la localité, et des obser- vations cliniques de praticiens distingués, on arrive à constater que le climat d'Ajaccio exerce tme influence salutaire sur les lésions des organes de la respiration, alors que prédomine la forme torpide et lymphatique. Cette influence est surtout appréciable quand il s'agit de conjurer les C. R., i863, î"»' Semestre. (T. LVII, N» 12.) 74 ( 554) prédispositions de la phthisie, et de combattre les symptômes qui en consti- tuent le premier degré. Elle est moins immédiate à l'apparition des symp- tômes généraux (fièvre, sueurs) qui font pressentir l'imminence du ramol- lissement et de la désagrégation. Dès que ces phénomènes se généralisent, l'influence du climat cesse d'être utile pour devenir dangereuse ou funeste. » Quant aux contre-indications, elles peuvent se résumer dans une seule formule : la présence de la congestion active et de l'éréthisme. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE.— Sur la Structure anormale des liges des Lianes; par 31. L. Netto. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne. ) « Il y a trente ans environ que Gaudichaud, après avoir parcouru quel- ques régions du nouveau monde, a rapporté en France une grande collec- tion d'échantillons de tiges de Lianes interiropicales. Depuis lors, les bota- nistes hançais et étrangers qui s'occupaient des tiges des plantes à structure anormale se sont misa observer plus particulièrement la formation curieuse des différents centres ligneux et les diverses autres anomalies que l'on trouve dans ces tiges. Mais la majeure partie de leurs travaux a été faite sur des échantillons secs, rapportés depuis longtemps par des voyageurs qui les on! pris sans égard aux diverses parties de la plante, ce qui est très-important surtout pour l'étude des Lianes à structure anormale. D'un autre côté, les observations faites sur les Lianes vivantes n'ont pas non plus donné de meilleurs résultats, vu que celles-ci n'acquièrent jamais dans les serres le développement qu'elles ont dans nos régions intertropicales. Cela m'a dé- terminé à entreprendre des observations qui, grâce aux circonstances dans lesquelles je me trouve, ont pu porter sur un grand nombre de Lianes des plus développées et en même temps des plus remarquables. » Les Sapindacées m'ont présenté la majeure partie des phénomènes dont j'ai l'honneur de présenter les observations à l'Académie. C'est cette famille d'ailleurs, parmi les Lianes, qui, dans ce pays, a fourni les tiges les plus curieuses et les plus variées à la collection de Gaudichaud. 1) Dans mon Mémoire, en donnant les détails de mes observations, j'ex- pose comment se développent les divers centres ligneux que l'on trouve dans les tiges de plusieurs Lianes. Les structures de ces tiges et les nuances de ces structures pouvant s'arranger suivant un certain ordre, depuis les ( 555 ) plus éloignées jusqu'aux plus voisines du type dicotylédoné, je les ai di- visées en trois classes. Première classe. — A cette première catégorie appartient un grand nom- bre de Sapiridacées, parmi lesquelles j'ai décrit quelques Serjania et un PaiiUinia qui m'ont paru les plus caractéristiques. C'est dans les branches à divers Ages du Serjmda Dombejrinn que j'ai pu suivre la formation des cen- tres ligneux qui plus tard, dans les tiges plus développées de cette Liane, constituent autant de corps ligneux indépendants les uns des autres. » Dans une coupe transversale faite sur une lige âgée de quinze à vingt jours à peine, on voit qu'à l'intérieur de chacun des angles saillants de cette tige crénelée et en dehors du cylindre ligneux à peine ébauché, il se forme un faisceau fibro-vascidaire au milieu d'une large zone de paren- chyme que l'on pourrait appeler, avec Ad. de Jussieu, la couche herbacée. A l'extérieur de ces centres ligneux externes, séparés par le parenchyme environnant du corps ligneux central et disposés à j^eu près comme les premiers faisceaux ligneux d'une jeune tige ordinaire, on aperçoit la couche du liber arrangée en autant de croissants qu'il y a de centres ligneux exté- rieurs auxquels ils sont opposés. Peu de temps après la première période que je viens de signaler, les centres ligneux se trouvent constitués tout à fait comme les tiges dicotylédonées ordinaires; on y voit, outre la couche gé- nératrice et les tissus corticaux, des faisceaux ligneux et des rayons médul- laires autour d'un amas de fibres ligneuses, lequel lui sert de moelle. La jiossession de ce canal proprement dit, ainsi que celle des vaisseaux spiraux, parait appartenir exclusivement au corps ligneux central. » Le plus souvent il se forme, tantôt vers le premier âge de la branche, tantôt bien longtemps après, un nouveau centre ligneux entre deux des pre- miers déjà constitués, lequel produit aussitôt une nouvelle saillie dans le sinus qui lui est correspondant. Dans plusieurs échantillons que je conserve, de '7 à 8 centimètres de diamètre, le liber de ces tiges rudimentaires est dis- posé en cercles de feuillets concentriques à côté desquels se trouvent très- souvent des lignes de méats tantôt vides, tantôt remplis d'un suc jaunâtre, analogue à celui que chez les mêmes plantes on voit dans les vaisseaux lym- phatiques. Dans ces mêmes échantillons, on remarque un fait très-curieux, et dont personne, que je sache, n'a encore parlé. Ce fait c'est la reproduction par l'écorce des centres ligneux primaires, de nouveaux centres ligneux dont la formation est en tout semblable à celle des centres ligneux apparte- nant aux tiges que je range dans la classe suivante. » Deuxième classe. — C'est encore un Serjania qui m'a fourni le type de 74- { 556 ) cette structure, laquelle ne diffère de la précédente qu'en ce que ses centres ligneux ou tiges rudimentaires se forment après que la tige centrale est parfaitement complète et même beaucoup plus âgée. Elle offre aussi bien mieux que l'autre le phénomène de la reproduction des fibres et des vais- seaux par le tissu parenchymateux de l'écorce, phénomène déjà expliqué à l'Académie dans les travaux que M. Trécul a publiés dans les Comptes rendus à la suite de ses observations sur l'accroissement en diamètre des végétaux dicotylédones. Voici comment dans ce Serjania a lieu la formation des centres ou corps ligneux extérieurs. Lorsque la force génératrice, après avoir été en quelque sorte anéantie vers le bois, est toute portée à fonctionner du côté de l'écorce, on remarque d'abord qu'une nouvelle couche de liber vient s'interposer entre les deux zones de la couche génératrice dont lexté- rieure prend immédiatementl'aspectde la couche herbacée, etqu'ensuitecette force génératrice agissant directement sur cette nouvelle couche herbacée et particulièrement sur ses utricules intérieurs, chacun de ces utricules allongés dans le sens tangentiel de la tige se gonfle d'abord et ensuite se dédouble, soit dans le sens de son plus grand diamètre, soit perpendiculai- rement à celui-ci vers l'extérieur de l'écorce. » Le dédoublement commence tantôt sur les utricules qui s'avancent dans l'intérieur des cloisons qui séparent en lobes les faisceaux du liber, tantôt sur celles qui se trouvent plus loin de celte région. Quoique cette ac- tion soit très-rapide, la zone des utricules sur lesquelles elle agit ne se prèle jamais entièrement au dédoublement, comme dans le Cocculus laurijblins. La transformation se fait seulement par des îlots dont la couleur blanche ou bleuâtre les dénonce à la première vue dans le parenchyme vert. » La rapidité avec laquelle le nouveau tissu de ces îlots se transforme en fibre et en vaisseaux est surprenante. Lorsque l'on observe attentivement sur unecoupe longituduiale les jeunes utricules de ce tissu, on les voit s'allonger progressivement et passer ainsi à l'état vasculaire. C'est, d'ailleurs, à peu de différence prés, le même fait que M. Decaisne a déjà exposé sur le Coc- culus tnurijolius, dans son savant Mémoire sur les Lardizabalées, avec la seule différence que j'ai fait remarquer plus haut. Ces îlols, bientôt après cette première phase, sont autant de centres ligneux. On les voit parfois dans les vieilles tiges devenir plus gros que le corps ligneux principal. Quanta l'ar- rangement des autres tissus, ainsi que la reproduction des petits centres ligneux par l'écorce des premiers, tout s'accomplit exactement comme dans les Lianes de la i"^*" classe. J'ai examiné avec soin toutes les racines des Lianes à plusieurs centres ligneux, et j'ai remarqué que ceux-ci, quel qu'en ( ^57 ) soit le nombre, sont entraînés à une certaine profondeur de la plante dans le sol parle corps ligneux central. » Troisième classe. — A cette structure appartient la majeure partie des Lianes à structure anormale, dont les tiges ne sont pas constituées par plu- sieurs corps ligneux indépendants. Les Baulnnia sont les Lianes les plus bi- zarres et les plus abondantes de cette division. Mais la plante qui m'en a fourni le plus de traits caractéristiques, c'est un Acacia sarmenteux et arbo- rescent. Dans une coupe transversale faite sur une brancbc de cette Liane âgée de quelques mois, on remarque un arrêt de la force génératrice vers les deux côtés (écorce et bois) à la fois, excepté sur quatre points à peu près équidis- tants. A chacun de ces points, le tissu générateur et le liber formant ensemble un croissant dont la convexité est tournée en dehors réunissent à eux seuls la presque totalité de la vitalité du végétal. Cette particularité devient plus sensible sur une branche plus âgée de la même plante. Dans celle-ci, en effet, le bois et l'écorce se reproduisant toujours très-vite, les croissants qu'ils formaient au commencement se sont transformés en quatre rayons de faisceaux ligneux, lesquels donnent à la coupe transversale d'une tige plus âgée la forme d'une croix dont chaque ra3'on a lui-même celle des feuilles spatulées du Bellis perennis. C'est à l'extérieur de ces rayons que la force génératrice se montre le plus active : à partir de là on la voit diminuer pro- gressivement vers les sinns adjacents dans lesquels elle est presque nulle. Dans les Baulnnia, au lieu de quatre rayons, on en voit se développer deux seulement; poiu- le reste ils sont analogues à l'^crtc/odont je viens de parler. » Dans les trois divisions où j'ai été amené à ranger les Lianes que j'ai étudiées et que j'ai décrites dans mon Mémoire, je me suis attaché à subor- donner les faits observés les uns par rappori aux autres, de manière à faire suivre les nuances du développement de ces Lianes. Ces faits prouvent ; )) 1° Que l'on peut toujours ramener les tiges des Lianes d'une structure bizarre, quelque soit le degré de leur anomalie, au type primitif des Dicoty- lédones, si, en les étudiant par ordre, on les classe tellement, qu'elles se trouvent rangées en chahion et formant une échelle depuis les plus rappro- chées jusqu'aux plus éloignées de ce type. » 1° Que quelle que soit la structure anormale des Lianes, la formation et l'arrangement des diverses parties de leurs tiges peuvent s'expliquer, soit par un défaut d'équilibre de la force génératrice dans les deux zones corres- pondantes au bois et à l'écorce (5eryV(nm, Paullinia, etc.), soit par la distri- bution inégale du tissu générateur à la périphérie de l'aubier dès l'âge le plus jeune de la tige [Acacia, Bauliinia, etc.) » ( 558 ) PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE, —expériences sur t'Iiélérogénie exécutées dans t intérieur des glaciers de la Maladetta [Pyrénées d' Espagne); par M3I. F. -A. Pocchet, ]\. JoLY cl Ch. Musset. (Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards , Decaisne, Bernard.) « Ail dire de l'un des adversaires les plus déclarés de l'hétérogénie, « il » est toujours possible de prélever en un lieu déterminé un volume notable, » mais limité, d'air ordinaire, n'ayant subi aucune espèce de modification M physique ou chimique, et tout à fait impropre néanmoins à provoquer » unealtération quelconque dans une liqueur éminemment putrescible (i). » » Bien qu'en nous appuyant sur de nombreuses expériences nous ayons déjà réfuté cette assertion de M. Pasteur, nous avons voulu nous con- vaincre, ipso facto, si l'air des hautes montagnes, non altéré, et mis en contact immédiat avec ime infusion de matière organique, est réellement improductif. » Dans ce but, nous avons franchi les Pyrénées françaises, emjjortant avec nous, d'abord à laRencluse, située à 2o83 mètres d'altitude, puis jus- qu'aux glaciers de la Maladetta, un certain nombre déballons, à peu près de -j de litre de capacité, remplis au tiers d'une infusion de foin filtrée et bouillie pendant plus d'une heure. Inutile de dire que ces ballons étaient complètement vides d'air, puisqu'ils avaient été fermés à la lampe au mo- ment même de l'ébullition. Mais il n'est pas hors de propos de faire remar- quer qu'avant d'ouvrir nos matras nous avons pris toutes les précautions indiquées par M. Pastein\ Nous avons même eu soin de faire éloigner de nous les guides qui nous accompagnaient, ainsi que quelques chasseurs d'isards que la curiosité avait attirés auprès de notre laboratoire en plein air. Enfin, dans le but d'éviter la poussière de nos propres vêtements, et à l'exemple de M. Pasteur, nous avons porté le scrupule jusqu'à élever nos ballons au-dessus de nos tètes, avant d'en briser la pointe effilée et chauf- fée, à l'aide d'une lime préalablement passée dans la flamme de notre lampe éolipyle. » Le 25 août i863, à 8 heures du soir, une première prise d'air se fit à (i) L. Pasteur, Examen de la doctrine des générations spontanées [annales des Sciences naturel/es, t. XVI, 4*^ série, p. nG). ( 559 ) la Rencluse. Le fluide rentra en sifflant dans les ballons A, B, C, D, que nous prîmes le soin d'agiter, de manière à rendre mousseuse la décoction de foin qui s'y trouvait contenue. Puis ces matras furent immédiatement fermés à la lampe éolipyle, dont la flamme légèrement agitée par le vent, mais rendue visible par l'obscurité de la nuit, ne contraria pas trop nos opérations. )) Le lendemain 2G août, à 8 heures du matin, après une marche extrê- mement pénible sur des blocs de granit bizarrement et confusément en- tassés, nous arrivions au pied des glaciers imposants de la Maladetta. Une très-profonde mais étroite crevasse de ces glaciers nous parut l'endroit le plus convenable pour procéder à nos expériences (i). Nous nous y instal- lâmes en effet assez commodément, car, indépendamment de l'abri que nous offraient les deux murs de glace qui nous environnaient, nous y trouvâmes encore l'avantage, précieux pour nous, de rendre visible la flamme de l'éoli- pyle. Quelque temps après nous'étre installés dans l'intérieur même du gla- cier, nous ouvrions d'abord à l'aide de la lime, puis nous fermions à la lampe, avec les précautions exagérées déjà prises à la Rencluse, quatre bal- lons E, F, G, H. » De retour à Luchon, notre premier soin fut de soumettre à l'examen microscopique le contenu des trois ballons X, Y et Z que nous y avions laissés trois jours auparavant. Le premier (X) était largement ouvert; le deuxième (Y) était bouché à l'aide d'un liège; enfin le troisième (Z) avait été fermé à la lampe pendant l'ébullition. Comme on pouvait s'y attendre, ce dernier ne renfermait absolument rien d'organisé. X et Y, au contraire, contenaient une immense quantité de Bactéries, de Monades, des touffes à" ÂspercjHlus, etc., mais pas un seul Infusoire cilié. » L'examen microscopique des vases ouverts, et ensuite fermés à la Ren- cluse, et dans l'intérieur du glacier de la Maladetta, fut fait le 29 et le 3o août, à Luchon par M. Pouchet, à Toulouse par MM. Joly et Musset. » Les mêmes jours nos Lettres se croisaient en route, et de part et d'autre nous annonçaient les mêmes résultats. BALLONS OUVERTS A LUCHON, LE ig AOUT l863. » Ballon (A) de la Rencluse. — Bactéries mortes, en quantité prodigieuse ; (i) Nous nous trouvions alors à plus de 3ooo mctres au-dessus du niveau de la mer, c'est- à-dire à plus de looo mètres au-dessus du point où M. Pasteur a fait ses expériences du Montanvert, ( 56o ) Bactéries vivantes [Bnctcriitm articu/aluin , Diij.), en petit nombre. Monas termo (Mull.), vivantes et mortes, en quantité prodigieuse. Monas lens (Duj.) vivantes et mortes, assez nombreuses. Amibes à l'état naissant. » Ballon (E) du (jlacier de la Maladetla. — Monas (ermo et Monas lens, vivantes et mortes. Spiriltum iindula (Duj.) vivants. BALLONS OUVERTS LE 3o AOUT. i> Ballon {B)dela BencUise. — Beaucoup de touffes de Mycélium. Spores de levure agrostique extrêmement nombreux. Un grand nombre de ces spores sont en germination. Bactéries mortes, très-peu. Vibrions vivants. Point d'Amibes. » Ballon (F) du glacier.— Plusieurs touffes de Mycélium, de Mucédinées articulées, ramifiées, différentes de celles du ballon D. Bactéries vivantes, en petit nombre; beaucoup de mortes. F'ibrio gigantea (Pouchet) nom- breux, mais morts. iMonas lens (Duj.) vivantes, peu nombreuses, un grand nombre de mortes. Amibes vivantes [cerLè ). » Cette identité dans les résultats démontre de la manière, selon nous la plus péremptoire, que l'air des hautes montagnes, à peu près complètement dépourvu de germes, d'après nos antagonistes eux-mêmes, n'empêche pas les décoctions de matières organiques de devenir très-fécondes. Mais ce n est pas lui, très-certainement, qui leur apporte les éléments de leur fécon- dité. Pour les organismes les plus infimes, comme pour les êtres les plus compliqués et les plus parfaits, il est l'indispensable ^lahiilum vilœ. Mais, dans le cas particulier qui nous occupe, nous croyons pouvoir affirmer qu'il n'a pas charrié avec lui un nombre de germes suffisant (si toutefois germes il y avait) pour expliquer la prodigieuse fécondité de nos ballons. Nous disons à dessein : si germes il y avait; car les observations aéroscopi- ques, faites eu même temps sur les hauteurs où nous expérimentions, nous ont prouvé jusqu'à l'évidence que 1 5o décimètres cubes d'air, recueillis sur ces sommités élevées, dans un moment où l'atmosphère était calme, ne ren- fermaient pas un seul œuf, pas un seul spore, pas im seul débris organique. Nous ne voulons pas dire toutefois que la masse atmosphérique n'en con- tient jamais, surtout quand elle est agitée, mais nous répétons avec une conviction profonde, basée sur de très-nombreuses expériences, que c'est à l'infusion elle-même, et non aux prétendus germes flottant çà et là dans l'air, qu'il faut attribuer l'apparition delà vie dans nos ballons. )' Du reste, quelle que soit l'interprétation que l'on adopte à cet égard, il est pour nous un fait avéré, certain : c'est que nos expériences, exécutées (56i ) dans des conditions qui d'après la théorie semi-panspermiste auraient dû nous donner des résultats tout négatifs, nous ont fourni, au contraire, une immense quantité d'Infusoires et de Mucédinées, » Donc l'air de la Maladetta, et en général l'air des hautes montagnes, n'est pas « impropre à provoquer une altération quelconque dans une » liqueur éminemment putrescible. » >i Donc, et jusqu'à preuve rigoureusement contraire, ce sera là notre con- clusion définitive : » La panspermie limitée n'existe pas, et l'hétérogénie, ou production d'un nouvel être, dénué de parents, mais formé aux dépens de la matière organique ambiante, est pour nous une réalité. » PHYSIOLOGIE. — Sur la question de [absorption de médicaments par la peau saine; remarques de M. Deschamps (d'Avallon) à l'occasion dune communi- cation récente de M. Delore. (Extrait.) « J'ai publié dans le Bulletin général de Thérapeutique^ en i858, t. LIV, p. 4io, un travail « Sur la meilleure forme à donner à quelques prépara- » tions pharmaceutiques destinées à l'usage externe », travail dans lequel je prouve que, sons l'influence des saponés, les agents thérapeutiques tra- versent promptement le derme et pénètrent dans l'économie; qu'ainsi, après quelques frictions faites sur l'épigastre avec un saponé composé d'iodure de potassium (4 grammes), eau (4 grammes), alcoolé de savon (Sa grammes), l'urine contient beaucoup d'iode, etc. Dans un second travail sur les Sa- ponés publié en 1860, dans le même journal, je fais remarquer que l'axonge n'empêche pas l'iodiire de potassium de traverser le derme; que la quan- tité d'iode que l'on trouve dans l'urine est moins grande que celle qui y pénètre sous l'influence des saponés; qu'à l'aide d'un saponé on peut faire absorber à la peau une assez forte proportion d'huile, etc. » J'ai prouvé, dans une Note présentée en 1862 à l'Académie de Méde- cine, que la pommade d'iodure de plomb n'était pas un médicament inutile, comme on pourrait le croire en raison de l'insolubilité de cet iodure, puis- qu'on trouvait de l'iode dans l'urine, après quelques frictions faites sur l'é- pigastre avec cette pommade. J'explique cette réaction de la manière sui- vante. Lorsqu'on fait une friction avec une pommade, un liniment, les pores de la peau sont bouchés et rien ne pénètre; mais, comme on est dans l'ha- bitude de recouvrir les parties frictionnées avec un linge, le linge absorbe la pommade, devient imperméable, facilite la transpiration, et le liquide C. R., iSG.î, 2""= Semestre. (T. LVII, N" 12.) yS ( 562 ) sécrété par la peau dissout les principes solubles contenus dans la pom- made, ou modifie la constitution des composés insolubles et altérables, et les principes actifs sont placés dans des conditions favorables pour être ab- sorbés, etc., etc. » Dans un travail sur la Glycérine, également publié dans le Bulletin ijé- néral de Thérapeutique (3o avril i863), j'ai classé les excipients d'après la facilité qu'ils ont de faire traverser le derme aux substances médicamen- teuses. J'ai fait remarquer que la glycérine n'était pas douée, comme on le disait, d'une grande pénétration, et qu'elle était bien loin d'être un excipient, un dissolvant par excellence, etc. Enfin, j'ai publié dans la Revue Médicale, le i5 mai i863, un travail dans lequel j'étudie l'action des sub- stances médicamenteuses que l'on fait dissoudre dans l'eau des bains et que je termine par les conclusions suivantes : « La peau n'absorbe aucune substance médicamenteuse dans un bain. » La quantité d'un agent médicamenteux qui pénètre dans l'économie après M une série de bains est indépendante de l'action des bains. Cette absorp- » tion n'a lieu que secondairement, et ne s'effectue qu'à l'aide des sels qui » restent à la surface de la peau. Les bains médicamenteux ne peuvent pro- » duire auciuie modification interne. Ils sont considérablement intérieurs » à l'emploi des saponés et des pommades. » La quantité d'iode qui pénètre dans l'économie, après quatre frictions » faites sur l'épigastre avec 4 grammes de pommade renfermant lo cenli- » grammes d'iodure de potassium, est extraordinairement plus grande que » celle qui a traversé le corps après huit bains qui ont été faits avec » 200 grammes d'iodure. 4 grammes de pommade d'iodure de plomb, sub- » stitués aux 4 grammes de pommade d'iodure de potassium, abandonnent )) plus d'iode que les 200 grammes d'iodure des huit bains... » (Renvoi à l'examen de la Commission nommée dans la séance du 3 août dernier pour le travail de M. Delore , Commission qui se compose de MM. Rayer, Bernard et Longet.) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Du rôle des Infusoires dans la germination. Extrait d'une Note de M. J. Lemaire. (Commissaires, MM. Decaisne, Pasteur.) Dans cette Note, l'auteur expose sommairement les expériences qui l'ont conduit à admettre que les Infusoires jouent dans le phénomène de la germination un rôle important, indispensable. « Si l'on place, dit-il, sur de ( 563 ) la porcelaine pulvérisée ou sur une éponge humide des haricots, des lentilles, de l'orge ou de l'avoine, on voit au bout de vingt heures, lorsque la graine et l'embryon sont encore durs et cornés, des Bactéritnns nombreux dans le sol artificiel et sur le testa; au bout de quarante-huit heures, des Vibrions et des Monades apparaissent, et cela aussi bien dans les conditions ordinaires qu'en employant un sol préalablement chauffé au rouge et arrosé avec de l'eau distillée bien pure En ajoutant à l'eau distillée i ou i millièmes d'acide phénique, qui empêche le développement des Infusoires, la ger- mination est empêchée; mais, quand l'acide phénique a été enlevé par une lotion ou par sa volatilisation, la germination peut encore avoir lieu et est encore précédée par les Infusoires susnommés. » PHYSIQUE MATFIÉMATIQUE. — Détermination des relations qui existent entre la chaleur rayonnante, la chaleur de conductibilité et l'électricité; par M. de Colnet-d'Hcart, « Dans le nouveau Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au juge- ment de l'Académie, je démontre, dit l'auteur, plusieurs théorèmes nou- veaux sur les rotations moléculaires, et ces théorèmes m'ont conduit à la théorie de l'électricité. En partant des équations différentielles qui régissent les petits mouvements moléculaires, je parviens aux équations de Fourier et de Ohm; ces équations sont des cas particuliers de deux équations beau- coup plus générales, qui font voir que les corps sont diathermanes pour cer- tains rayons calorifiques et athermanes pour d'autres rayons. » (Renvoi à la Commission déjà nommée pour les précédentes communi- cations de l'auteur sur la même question, Commission composée de MM. Becquerel, Pouillet, Fizeau, et à laquelle est adjoint M, Lamé.) M. Skrodzki , dans une Note adressée de Copenhague, expose le plan de recherches qu'd a entreprises « sur les forces d'attraction et de cohésion ca- pillaires », et annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Académie son travail aussitôt qu'il l'aura complété. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Poncelet, Lamé et Clapeyron.) M. Dumas envoie de Bordeaux la description accompagnée de figures de son système de freins pour les chemins de fer, déjà mentionné dans une Lettre précédente. (Renvoi à la Commission des chemins de fer.) 75.. ( 564) M. MoRi\ fait remarquer à cette occasion que sans rien préjuger sur le mérite du frein de M. Dumas qu'il ne connaît point, il lui paraît utile de rap- peler que pour de pareilles inventions, ce n'est pas à l'Académie que les auteurs devraient s'adresser, mais à M. le Ministre des Travaux publics qui, si le système semble digne d'attention, peut le faire soumettre aux expé- riences indispensables pour une appréciation définitive. CORRESPONDANCE. M. LE Ministre des Affaiues étrangères transmet les trois premières livraisons du « Musée botanique de Leyde, » qui lui ont été adressées pour l'Académie des Sciences par le Ministère néerlandais. Cette publication, qui se fait sous la direction de M. le professeur F. -A. -G. MUjuel, est accom- pagnée de très-belles planches coloriées. M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom des auteurs les ouvrages suivants : 1° Des recherches sur les combinaisons anilo-métalliques et sur la for- mation de l'aniline, par M. Hugo Schijf. L'auteur avait déjà fait connaître sommairement ces travaux dans des Notes qui ont trouvé place aux Comptes rendus; aujourd'hui il les présente dans tout leur développement, et prie l'Académie de vouloir bien les admettre au concours pour le prix, de la fondation Jecker, prix destiné à favoriser les progrès de la Chimie orga- nique. 2° Un Mémoire de M. P.-E. de LainoUe « sur le service médico-chirur- gical de la construction du chemin de fer de Lisieux à Honfleur ». L'auteur, qui a eu l'occasion de bien observer les besoins des travailleurs placés sous sa surveillance médicale, se demande si on a toujours songé suffisam- ment à ces besoins avant l'ouverture des travaux. « Une Compagnie de che- min de fer, qui pour l'exploitation commerciale de son réseau possède un matériel si important, ne pourrait-elle pas, dit-il, établir dans des proportions relatives aux exigences de la construction, un matériel indispensable au bien- étredes ouvriers? Chaque fois qu'il s'agirait d'établir une ligne nouvelle, les Compagnies ne devraient-elles pas, avant la mise en œuvre, s'assurer si les ouvriers trouveront des logements commodes et une nourriture salubre à bon marché?... Elles combleraient un vide déplorable en exigeant l'établisse- ment de maisons en planches construites sur un plan analogue à celui dont je joins ici le modèle et le prix de revient. » ( 565 ) M. LE Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces imprimées de la Correspontlance, un Rapport adressé à M. le Gouverneur général de l'Algérie par M. le commandant Mircher, sur sa mission à Gliadamès en octobre et novembre 1862. La Société Linnéenxe de Londres adresse deux volumes de ses «Tran- sactions, » avec plusieurs numéros de son journal, et remercie l'Académie des Sciences pour l'envoi de ses dernières publications : Mémoires, Recueil des Savants étrangers, Comptes rendus hebdomadaires et Supplément aux Comptes rendus, t. II. La Société Royale des Sciences de Copenhague envoie le volume de ses n Mémoires (Sciences Mathématiques et Sciences Naturelles) pour l'année 1S61 », avec le Compte rendu de ses travaux pendant la même année, et remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs volumes. PHYSIOLOGIE. — Mémoire sur l'action du bulbe rachiilien, de la moelle épinière et du nerf grand sympathique sur les mouvements de la vessie; par M. Jules Budge. a J'ai observé le 1 1 août i863, sur un chien âgé d'nn jour, auquel tout le cerveau était enlevé du crâne, que la vessie s'est contractée chaque fois, que je galvanisais au moyen de l'appareil à induction le bulbe rachidien. La vessie avait été coupée au sommet, et l'urine qu'elle contenait s'était vidée. La vessie vide montrait plusieurs plis, qui couraient parallèlement à l'axe longitudinal de la vessie. A chaque irritation du bulbe rachidien la plaie de la vessie s'ouvrait, ce qui s'explique par la contraction du delrusor urinœ. Quant on examinait la vessie, on remarquait une diminution si considérable du voliune, qu'on ne pouvait point s'y tromper. » Après cette observation je me suis occupé de chercher la limite jusqu'à laquelle on pouvait, par une irritation, exciter les mouvements de la vessie. En galvanisant les hémisphères du cervelet, les couches optiques, les corps striés, les hémisphères du cerveau, la vessie restait immobile; mais dès qu'on touchait les corps restiformes vers le bord du cervelet, et la partie qui se trouve du côté extérieur du cervelet et des tubercules quadrijumeaux et les pédoncules cérébraux, on remarquait aussitôt une contraction violente de la vessie. Après chaque irritation on voyait s'écouler quelques gouttes ( 566 ) d'urine. Quand ces parties d'un côté avaient perdu leur irritabilité , on voyait de nouveau la vessie se mouvoir, si l'on galvanisait les parties du côté opposé. J'ai répété les mêmes expériences, seulement avec la difiorence que les deux nerfs pneumogastriques avaient été coupés, sans que cette opéra- tion ait produit quelque changement sur le résultat. » Pour reconnaître avec plus d'exactitude les contractions de la vessie si petites qu'elles soient, je me suis servi d'un tube de verre muni d'une échelle graduée en millimètres, dans lequel j'avais d'abord introduit de l'eau, je portais ce tube dans la vessie, soit par luie ouverture artificielle, soit par l'urètre; dans le premier cas il faut que l'urètre soit noué avec un ruban, afin que l'eau ne puisse pas sortir. Avec une telle métiiode on peut parvenir à observer les plus petites contractions de la vessie. Cepen- dant on ne peut pas bien employer cette méthode pour les lapins, parce que la vessie est beaucoup plus mince que chez les chiens, et que la pression de l'eau sur les parois empêche alors les contractions. » Pour éviter des erreurs, il faut bien savoir distinguer les rétrécissements qui proviennent d'une cause autre que celle de l'irritation des nerfs, quelle que soit la méthode dont on se sert. La vessie peut se contracter spontané- ment comme les intestins et l'utérus; mais ces mouvements sont en général peu considérables_, surtout au commencement de l'expérience, et montrent même une grande régularité, tellement que l'eau du tube monte à la même hauteur à chaque contraction. De cette manière il sera facile de distinguer l'effet de l'irritation qui provient des nerfs irrités de celle qui est produite par les mouvements spontanés. )> Les muscles qui se trouvent dans le voisinage de la vessie se con- tractent par la galvanisation de la moelle, et sous cette influence la vessie se resserre; mais cette contraction suit immédiatement la galvanisation, tandis qu'une seconde ou une seconde et demie se passe avant que la vessie se contracte par l'irritation de ses nerfs. La secousse produite par la contrac- tion des muscles peut être rendue presque nulle, en retenant les jambes du chien ou en coupant les nerfs. » Le rectum, en se rétrécissant et en s'élargissant, produit une pression sur la vessie, qui peut être empêchée par une coupe transversale au travers de l'organe et l'évacuation de son contenu. » Après cette exposition de ma méthode je reprends le cours de mes observations. J'ai cherché à trouver la liaison qui existe entre le bulbe ra- chidien et les fibres nerveuses qui se répandent dans les muscles de la vessie. ( S67) » Il faut d'abord examiner quels sont les nerfs de mouvement pour la vessie. On connaît par l'anatomie que la vessie tient ses nerfs de deux sources différentes: i" du nerf sympathique lombaire, et respectivement du plexus hypogastrique inférieur; 2° du troisième et du quatrième nerf sacral. Ces nerfs forment le plexus vésical supérieur et inférieur. » J'avais déjà observé précédemment (voir le Compte rendu du 1 1 octobre i858) que l'irritation du nerf sympathique lombaire produit des con- tractions de la vessie, du rectum et des vaisseaux déférents. En galvanisant la région de la moelle qui correspond à la quatrième vertèbre lombaire, j'ai vu se manifester des contractions énergiques des vaisseaux déférents; mais j'ai trouvé le centre spinal pour le mouvement de la vessie d'une étendue un peu plus grande. M II n'y a pas longtemps que M. Gianuzzi (voir le Compte rendu du 5 janvier i863) a confirmé mes observations et les a encore agrandies. Il trouvait qu'on obtient des contractions qui ont lieu au bas-fond de la vessie, qnand on galvanise les nerfs formés ordinairement par les troisième , qua- trième et cinquième paires sacrées, et que les mêmes résultats s'obtiennent par l'excitation des filets du grand sympathique qui viennent des ganglions mésentériques et se rendent aussi au plexus hypogastrique ; enfin que dans la région lombaire de la moelle épinière il y a deux points principaux qui président aux contractions de la vessie, l'un situé en correspondance de la troisième vertèbre lombaire , l'autre en correspondance de la cin- quième; que le point correspondant à la troisième vertèbre lombaire transmet ses effets par les filets qui passent préalablement par les ganglions mésentériques avant d'aller constituer le plexus hypogastrique ; que le point de la moelle placé au niveau de la cinquième vertèbre lombaire transmet son action par des filets sacrés qui viennent directement former le plexus hypogastrique. » Mes nouvelles expériences ont donné le résultat suivant sur les nerfs sacrés: quand on met à nu tous les nerfs sacrés d'un chien, on trouve que l'excitation de toutes les racines postérieures ou sensibles de ces nerfs pro- duit des mouvements de la vessie. Si l'on coupe, ensuite, ces racines posté- rieures et si l'on irrite les racines antérieures de ces nerfs, on ne voit paraître les mouvements de la vessie que par l'irritation du troisième ou du quatrième nerf sacré et non pas du premier ou du second. Si l'on sépare le troisième ou le quatrième nerf sacré de la moelle épinière et qu'on les place sur un morceau de verre pour les galvaniser, on voit aussitôt après la galvanisation la vessie se mouvoir. ( 568 ) » Pour savoir si les mouvements de la vessie produits par l'excitation du bulbe rachidien sont causés par l'influence des fibres de l'organe central sur les racines antérieures, j'ai fait les expériences suivantes : après avoir irrité le bulbe rachidien d'un jeune chien et avoir produit par là des mou- vements de la vessie, j'ai enlevé les arcs des cinq vertèbres cervicales supé- rieures, de la septième vertèbre dorsale et de la quatrième vertèbre lom- baire, puis j'ai galvanisé la moelle épinière dans tous ces points et j'ai vu dans ces cas paraître les mouvements de la vessie. Dans une autre expé- rience semblable j'ai coupé la moelle épinière au-dessous de la région où l'irritation avait produit les mouvements de la vessie, et ensuite galvanisé au-dessus et au-dessous de cette coupure; dans ce cas je n'ai jamais vu paraître aucun mouvement de la vessie au-dessus de la coupure, mais chaque fois au-dessous de la coupure. Dans une autre expérience j'ai coupé les racines du troisième et du quatrième nerf sacré, puis irrité la moelle en plusieurs endroits différents: l'effet de cette opération était complètement nul sur la vessie; mais lorsqu'on galvanisait les bouts périphériques des racines motrices coupées, l'eau montait avec violence dans le tube. » De ces expériences il résulte qu'entre le bulbe rachidien et les nerfs sacrés, existe une communication par la moelle épinière, en vertu de laquelle sont produits les mouvements de la vessie. Malgré cela il n'était pas encore prouvé que ce fût l'unique conduit par lequel les fibres du bulbe rachidien étaient en communication avec les fibres motrices de la vessie, et il restait à déterminer à quel genre appartenaient les fibres de la moelle, dont l'irritation produisait les mouvements de la vessie. ') J'ai déjà mentionné ci-dessus que malgré la section des deux nerfs pneumogastriques l'irritation du bulbe rachidien produit des mouvements de la vessie. Mes nouvelles expériences m'ont appris que le nerf sympa- thique n'est pas non plus le nerf moteur pour la vessie, comme on l'a cru jusqu'à présent. On peut facilement se convaincre, en isolant ce nerf au-dessus de l'os sacrum et en le galvanisant, que les vaisseaux déférents, le rectum et la vessie se contractent, mais j'ai vu à mon grand étonnement que cette contraction n'est pas directe mais réflexe. Quand on met à nu le nerf sympathique lombaire d'un chien dans toute sa longueur, si on le prive de toutes ses communications et qu'on le coupe dans la région qui correspond aux reins, qu'ensuite on le galvanise, on ne voit aucune trace de mouvement dans la vessie, même quand le nerf est en communication avec elle. Il s'ensuit de là que cet organe ne reçoit aucune fibre motrice du nerf sympathique. Si, au contraire, on coupe le nerf sympathique près du ( 569 ) proinontorium et qu'au-dessus de la coupure ou irrite le nerf, les mou- vements de la vessie ne manquent pas de se montrer, même quand le nerf n'est pas encore en communication avec elle; on voit de même repa- raître les mouvements quand on a coupé deux fois le nerf, d'abord du côté de la seconde vertèbre lombaire, puis de l'os sacrum, et qu'on galvanise la partie du nerf située entre les deux coupures; les mouvements cessent dès qu'on a coupé les rami commtinicanles. Ainsi donc, il faut que les fibres de la vessie courent dans les nerfs sympathiques lombaires dans le sens centripète et arrivent à la moelle par les branches communicantes. » Je tire de ces observations les conclusions suivantes : » i" Les seuls nerfs moteurs de la vessie qui sont connus jusquà pré- sent se trouvent dans le troisième et le quatrième nerf sacré. » 2° T>es nerfs sensibles de la vessie commu'niquent par les nerfs sympa- thiques lombaires, et de là, par les rami communicantes , à la moelle épi- nière, et produisent les mouvements réflexes de la vessie. » 3° En irritant sur un chien le bulbe rachidien et les pédoncules, de même que toute la moelle épinière, on provoque des mouvements de la vessie. » ZOOLOGIE. — Sur le développement du Bothriocéphale de V homme. Note de M. Bertolcs, présentée par M. Milne Edwards. « Jusqu'ici, sauf un dessin posthume et inédit du D'' Schubart, les natu- ralistes n'avaient aucun renseignement sur les premières phases du déve- loppement duBothriocéphale de l'homme (i). J'ai été assez heureux pour ob- tenir deux fois des embryons de cet intéressant parasite : la première fois au mois de juin 18G2, la seconde dans le courant de juillet de cette année; j'ai suivi avec soin les phénomènes dont l'œuf est le siège pendant la longue période nécessaire à son évolution complète; c'est un court résumé de ces observations que je présente dans les lignes suivantes. » I/œuf du Bothriocéphale de l'homme exige pour son développement complet un séjour de six à huit mois dans de l'eau courante ou fréquem- ment renouvelée. » Au moment de la rupture de l'ovisac, cet œuf est composé d'une coque (i) En présentant ce travail, M. Milne Edwards rappelle que dans une des dernières séances il a déposé sur le bureau de l'Académie un Mémoire sur le même sujet, par M. Knoch, de Saint-Pétersbourg. C. R., i863, 1""' Semestre. (T. LVII, N» J2.) 7^ ( Syo) ovoïde d'un brun foncé, résistante, exactement remplie d'une masse gra- nuleuse amorphe. » Au bout d'un mois au plus, ce vilellus se divise en cellules de i5 mil- lièmes de milli mètre de diamètre ; bientôt après apparaît au centre une tache transparente, ou tache embryonnaire, qui se développe lentement aux dépens du vitelliis, tandis que celui-ci se rétracte sur lui-même, laissant entre la coque et lui un espace de plus en plus grand. )) Au bout de six mois, la tache embryonnaire a envahi toute la masse vitelliiie ; c'est alors qu'apparaissent les crochets de l'embryon, chez lequel se manifestent déjà quelques mouvements de contraction. M Enfin, au bout de sept à huit mois, il se détache de la petite extrémité de la coque une calotte, ou opercule, qui livre passage à l'embryon. » Celui-ci se compose de deux corps sphériques emboités l'un dans l'au- tre. Le corps externe a la forme d'une sphère creuse de 45 à 5o millièmes de millimètre de diamètre ; la paroi de ce corps -est épaisse d'environ lo mil- lièmes de millimètre, formée de grandes cellules prismatiques accolées les imes aux autres, et revêtue extérieurement d'une forêt de grands fouets vibratiles d'une finesse extrême, longs de loà i5 millièmes de millimètre et très-flexibles. » Sous l'impulsion de cet appareil vibratile toute la masse embryonnaire nage rapidement au moment de l'éclosion, en tournant sur elle-même ; mais au bout de quelques heures le mouvement se ralentit, cesse bientôt, et le levèteracnt ciliaire semble disparaître. » A l'intérieur de cette sphère creuse se trouve un autre corps également sphéroïde, se mouvant librement dans son enveloppe, et armé vers l'un de ses pôles de trois paires de crochets tout à fait analogues aux six crochets caractéristiques des embryons de Taenia. » Ce corps externe, formé de cellules nucléées, très-pâles (de 5 millièmes de millimètre sur 3), mesure en diamètre de 35 à /|0 millièmes de millimètre. » Les crochets, sensiblement semblables dans les trois paires, atteignent une longueur totale de i3 millièmes de millimètre ; la lame, peu recourbée, mesure à peu près le tiers de la longueur totale; le manche, rectiligne, très- grêle, est long de 9 millièmes ; l'apophyse antérieure [Zalinforlsatz) fait une saillie considérable (28 dix-millièmes de millimètre). M L'analogie que présente cet embryon, d'un côté avec les embryons (les Trémalodcs digénèses, de l'autre avec ceux des Cysto-ta?niens, me fait regarder comme hors do doute que le sort de ce jeune parasite est d'aller s'enkyster dans le parenchyme de quelque animal aquatique pour y pour- suivre son développement. ( 571 ) M Sans vouloir rien affirmer de pins, n'ayant pas encore tenté d'expérience à ce sujet, je crois devoir attirer l'attention des helmintholognes sur un ver dont les vrais rapports zoologiqnes ont été méconnus jnsqu'ici, et qui pourrait n'être antre chose que le scolex du Bothriocéphale de l'homme. » Je veux parler de la Ligiila nodosa de Rudolphi, qui vit enkystée dans le tissu conjonctif de différentes espèces du genre Saimo; je me suis assuré que cet animal n'est autre chose qu'un scolex, dont la partie dite céphaliqne, profondément invaginée dans une portion caudale trèb-étroite et très-longue, présente avec l'appareil de fixation de notre Bothriocéphale une analogie complète de forme et de dimensions. » J'ai l'intention d'entreprendre, aussitôt que je le pourrai, une série d'expériences dans le but d'élucider cette intéressante question. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Recherches cCanalyse spectrale. Seconde Note de M. P. VOLPICF.LLI (i). « 1. Le résidu de l'eau minérale de Tivoli appelée albida, obtenu par l'évaporation ignée, est introduit dans la flamme oxy-hydrogénique. En faisant coïncider la raie D du spectre solaire avec la division loo de l'échelle millimétrique du spectroscope monoprisme, on obtient un spectre brillant avec beaucoup de raies et de bandes, qui, conformes aux dessins des spec- tres des différents métaux (2), m'ont fait voir la présence du : )) Kalium, par les raies 65, 206, 1 18 et i35 ; » Natrium, parla raie 100; » Calcium, par les raies f)0, io5, iio, 112 et 118; » Lithium, par la raie 81; » Strontium, par les bandes dans le rouge, et par la raie iSy dans le bleu. » La présence du lithiiun et du strontium dans Valbida a échappé à l'analyse chimique de MM. Viale et Latini (3), comme à celle de MM. Com- maille et Lambert (4). » Pour l'analyse spectrale des substances fixes dans une eau minérale, il faut que le résidu de l'évaporation ne soit ni trop réduit à siccifé, ni préparé (1) Pour la première '^ote,\o\r Comptes reruliix, t. LVI, p. ^qi. (2) Annales de Chimie et de Physique; 3" série, t. LXII, PL II; ibid., t. LXIV, PI. IV. — L'Année scientijîque; Paris, i863, p. 90. — Annuaire du Cosmns;Parh, l863, p. l45- — Remèdes Sciences et de l'Industrie; Paris, |863, p. [76. (3) Rome, 1857, p. 33; typographie de J. Menicanti. (4) Paris, 18G0, p. 73; Germer Baillière, libraire-éditeur, rue de l'École-de-Médecine, 17. 76.. ( 572) plusieurs jours avant d'être soumis à l'aclion calorifique de la flamme. Avec cette précaution indispensable, on évite les agrégations moléculaires qui s'opposent à la production des raies ou bandes spectrales, caractéristiques des différents métaux, ou métalloïdes, contenus dans l'eau que l'on désire analyser. » 2. La pouzzolane, soumise à l'analyse spectrale, m'a démontré la pré- sence du kalium, du natrium et du lithium; mais je dois revenir sur cette analyse importante. » 3. L'arsenic et l'acide arsénieux ont montré à la susdite flamme un sjjeclre sensiblement continu. Il paraît, d'après cela, que la présence de ces deux substances ne pourra être constatée par l'analyse spectrale avec un seul prisme. » A cette occasion j'ai confirmé que l'acide arsénieux favorise la fusion du platine (i); mais j'ai trouvé en outre que l'arsenic la favorise encore mieux. En effet, si un décigramme de ce métalloïde, placé dans une petite cuiller de platine, est soumis à la flamme oxy-hydrogénique, le métal tombe liquéfié, en produisant un trou dans la cuiller. » 4. Il y a lieu de croire que la raie correspondante à la division ,65 de l'éclielle millimétrique dans le rouge extrême possède deux caractères indécis, un pour l'hydrogène, l'autre pour le kalium. » 5. Le spectre qu'on obtient de la base bleue de la flamme du carbure d'hydrogène m'a présenté cinq bandes, c'est-à-dire une de plus que celles trouvées déjà par M. le D"" Attfleid (2) dans toute flamme où se trouve le carbone. » 6. Les raies de Fraunhofer ont été utiles à l'optique pratique, en pré- cisant les indices de réfraction et les pouvoirs dispersifs, ainsi qu'à l'analyse qualitative pyrochromatique, en la réduisant en analyse spectrale, c'est-à- dire en la perfectionnant par la dispersion et par les raies fixes de significa- tion connue. » 7. Le soleil étant à la même élévation et l'état hygrométrique de l'at- mosphère étant constant, j'ai trouvé que, en augmentant dans certaines limites l'épaisseur du diaphragme par lequel je faisais passer la lumière avant d'arriver au prisme du spectroscope, les raies du spectre solaire deve- naient plus intenses et augmentaient en nombre. Ainsi la diminution de la (i) Brard, Minéralogie appliquée aux arts ^ Paris, 1821, t. I, p. 635, — Dumas, Traitèclc Chimie appliquée aux arts, t. IV, chap. xiii. (2) Cosmos, vol. XXII, année i8G3, p. SSg. ( 573 ) lumière et l'augmentation de la résistance du milieu favorisent la production des raies spectrales. Donc, dans ce phénomène, on doit reconnaître un maximum d'effet. Cette conséquence s'accorde avec les observations de M. Brewster en 1822, et de M. Poggendorff en i836 (i). En outre, on peut en conclure aussi que l'augmentation de la vapeur d'eau n'est pas néces- saire pour que les raies du spectre solaire devieiuient plus intenses. » 8. Avant que la lumière du soleil soit arrivée au prisme, je l'ai fait passer par un tube long de 2 mètres envirouj dans lequel l'air était sec à une première expérience, et saturé de vapeur d'eau à une seconde. Les circon- stances étant égales dans les deux cas, j'ai trouvé que le spectre solaire présentait toujours les raies de même intensité et de même nombre. Cela s'accorde avec ce que M. Janssen a observé avec raison, relativement à la cause des raies spectrales teiluriques qui, selon cet auteur, ne dépendent pas delà vapeur d'eau, mais bien de l'élévation du soleil (2), comme l'a pensé M. Brewster (3). » Le R. P. Secchi a jugé que la vapeur d'eau était l'agent principal des raies spectrales teiluriques, et qu'il serait difficile d'en indiquer un autre (/|). Cette opinion est contraire non-seulement à ce qui précède, mais encore aux expériences de M. Forbes (5). » 9. M. Kirchhoff, en faisant traverser par les rayons solaires une flamme . chargée des vapeurs de natrium et voyant renforcée la raie D, en conclut que ce métal est la cause de l'existence de cette raie dans le spectre so- laire (6). De même, j'ai fait traverser par les rayons du soleil la flamme oxy- hydrogénique, l'atmosphère étant sèche: les raies spectrales teiluriques n'ont augmenté ni d'intensité ni de nombre, quoique cette flamme contienne la vapeur d'eau dans un étal très-favorable à la production des raies teiluri- ques. Tout cela s'accorde avec les opinions émises par MM. Brewster, Forbes, Poggendorfl et Janssen, qui n'attribuent pas la production des raies teiluriques à la vapeur d'eau. (i) Poggendorjfs Annalcn, i836, t. XXXVIII, p. 61 et p. 63, note i. Dans ce Mémoire- très-intéressant de l'illustre M. Brewster, publié par lui dans le Philosophkal Magazine, "i" série, vol. VIII, p. 384, "" trouve plusieurs découvertes d'analyse spectrale qu'on déve- loppe actuellement avec les spectroscopes modernes. (2) Comptes rendus, t. LVII, p. 2l5. (3) Poggendorffs Annalen, t836, t. XXXVIII, p. 6i et p. 63, note i. (4) Comptes rendus, t. LVII, p. yS, ligne i5, et ligne 6 en remontant. (5) Comptes rendus, t. VIII, année iSSg, p. 176, ligne 4- (6) Jnnalcs de Chimie et de Physique, 3^ série, t.LXII, année 1861, p. i84. { 5:4 ) » Le R. P. Secchi revient sur la cause de ces raies en l'attribuant, tantôt à la vapeur d'eau, tantôt à la vapeur vésiculaire, tantôt à des particules de glace suspendues dans l'atmosphère, et tantôt aux différents gaz qui s'y trouvent (i). Il résulte de toutes ces incertitudes que ce savant astronome ne soutient plus « que la vapeur d'eau est l'agent principal des raies tellu- » riques spectrales, et qu'il serait difficile d'eu indiquer un autre, » contrai- rement à ce qu'il avait avancé (a). » M. Marmuse donne quelques détails concernant un bolide qu'il a ob- servé à Mous, le i3 septembre, à lo'' 53™ du soir. (Renvoi à l'examen de M. Faye.) La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ai septembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Bulletins de l'Observatoire Impérial du 5 au i g septembre i863, feuilles autograpliiées in-fol. Musée d'Ànatomie de la Faculté de Médecine de Strasbourg. — Histoire des polypes du larjnx ; par C.-H. EhrmaîNN. — Description de deux fœtus monstres dont l'un acéphale et l'autre monopode; par le même. — Observations d'ana- tomie palhologicpie, accompagnées de Vliistoire des maladies qui s'y rapportent et dont les pièces sont conservées au Musée de la Faculté de Médecine de Stras- bourcj; par le même. Strasbourg, i85o, iBSa et i863; vol. in-fol. avec i8 planches lithographiées. Mémoire sur le service médico-chirurgical de la 'construction du chemin de fer de Lisicux à Honfleur, section de Ponl-l' Evcque à Quetteville ; par le D"" P.-E. DE Lamotte. Ponl-rÉvéque, i863; in-8°. Mission de Ghadamès {septembre à décembre 1862),- Rapports officiels et documents à l'appui. Alger, i863; in-8°. Bulletin de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Tou- (1) liitllcttiiw Metcnrologico du i5 août i8G3, p. i l4' (2) Comptes rendus, t. LVII, p. 78, ligne i5, et ligne 6 en remontant. ( 575 ) loiise; 63^ année, i863 ; n°' i , 2, 3 et 4» janvier-août. Toulouse, 4 Iji'- in-S". Annales de la Société impériale d^Jgticiiltiire, Industrie, Sciences, Jrts et Belles-Lettres du déparlement de la Loire ; t. VI, livraisons i, 2, 3 et 4- Saint- Etienne, 1862; 2 br. in-S". Philosophical... Transactions philosophiques de la Société Pioy aie de Lon- dres pour l'année 1862; vol.CLII, parties leta. Londres, 1862-1863 ; a vol. in-4°. Fellows... Liste des membres de la Société Royale de Londres au 1" décem- bre 1862; in-4°. Proceedings.,. Comptes rendus de la Société Royale de Londres; vol. XII, n" 56, in-S". Researches... Recherches sur le développement de la corde spinale dans r Homme, les Mammifères et les Oiseaux; pari. LoCKHAUT Clarke. (Extrait (\es Philosophical Transactions, partie 2, 1862.) Londres, i863; in-4''- Bessel's... Tables hypsométriques de Bessel ; corrigées par Plantcmiou), réduites en mesures anglaises et recalculées par Alexander J. Ellis, br. in-8°. The Transactions... Transactions de la Société Linnéenne de Londres; vol. XXIII, 3" partie; vol. XXIV, i"= partie. Londres, 1862-1863 ; 1 vol. in-4°. List... Liste des Membres de la Société Linnéenne de Londres en 1862, br. in-8°. Address... Discours d'ouverture prononcé à la séance annuelle de la Société Linnéenne le i[\ mai 1862; par G. Bentiiam, président, avec un Obituaire et des Notices biographiques sur les Membres qu'a perdus la Société; par George BusK., secrétaire de la Société. Londres, 1862; br. in-8°. Joiu'nal... Journal des travaux de la Société Linnéenne de Londres. — Zoo- logie, vol. VI, n° 24; vol. VII, n"' 25 et 26. — Botanique, vol. VI, n° 24 ; vol. VII, n°^ 25 et 26. Londres, i862-i863; 6 livraisons in-8°. Proceedings... Comptes rendus de la Société d'Histoire naturelle de Dublin, j>our les années 1859a 1862. Dublin, 1860 et i863; 2 br. in-8°. (Double exemplaire.) On the... Sur l'appareil générateur de /'Hélix aspcrsa et de /H. hortensis; /;ar H. Lawson. (Extrait des Comptes rendus de la Société d'Histoire natu- relle de Dublin.) Br. in-8°. A Tract... Manuel de Cristallographie pour l'usage des étudiants de l'Uni- versité; par W.-II. Miller, professeur de Minéralogie à l'Université de Cambridge. Cambridge, i863; in-8''. ( ^76) Jalirbiich... Annuaire de l' Institut I. R. géologique de Vienne; année i863, vol. XIII, n" 2, avril-juin. Vienne, in-8°. Annales Musei Bolanici Lugduno-Batavi ; edidit F.-A.-Guil. MlQUEL; t. I, fasc. I, 1 et 3. Amstelodami, i863; in-fol. Untersuchungen... Recherches sur les mélalaniles, et sur la formation du rouge d'aniline , par Hngo SCHIFF. Berlin, 1864 ; in-8°. (Adressé au con- cours pour le prix Jeclier.) Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle des hommes et des animaux; par Jac. MOLESCHOTT; vol. IX, i"^" livraison. Giessen, i863; in-8". Der Kongelige.. . Mémoires de la Société royale des Sciences de Copenhague, 5*^ série : Sciences mathématiques et naturelles; V* vol. Copenhague, i86i ; vol. in-4°. Oversigt. . . Revue des transactions de la Société royale des Sciences de Copen- hague et des travaux de ses Membres pendant l'année 1861 ; par le professeur G. FORCHHAMMER , secrétaire de la Société. Copenhague, vol. in-8°. Memorie... Mémoires sur diverses questions de botanique; par M. G. Gas- PARRINI, professeur de Botanique et directeur du Jardin Royal de Naples: Embiyogénie du chanvre; — Maladie des orangers; — Modifications des cellules végétales. Naples, t863. ERRATA. (Séance du i/j septembre i863.) Page 5o6, ligne 4 en remontant, au lieu de ij/(p, p) = n, lisez ^[v, t) = n. Page 507, ligne |3, au lieu de S, lisez s. Page 509, ligne 6 en remontant, au lieu de {6 + t), lisez l — - — j ou (i -f- xr)- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 28 SEPTEMBRE 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. aiEaiOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANATOMIE COMPARÉE. — Rechercher sur quelques points de l'organisation chi Lepiflosiren annectens; description du cerveau; par M. Serres. (Suite de la première Note.) « En avant de ces lobules optiques si exigus se trouvaient les nerfs opti- ques qui, chez les deux individus, égalaient à peine la moitié du calibre des nerfs olfactifs; ils naissent sur les côtés de 'la ligne médiane, séparés l'un de l'autre par un petit intervalle comme chez les Raies, parmi les Poissons cartilagineux. De leur point d'origine ils se dirigent, en divergeant légèrement, vers la partie postérieure de la hase des lobes cérébraux qu'ils traversent sans se rencontrer, et par conséquent sans s'entre-croiser, comme ils le font chez beaucoup de Poissons osseux. En arrière de l'insertion des nerfs optiques nous devions rencontrer les nerfs de la troisième paire ou du moteur oculaire commun ; il n'en existe aucune trace dans les deux sujets. Je n'ai pas besoin de dire le soin que j'ai mis à constater cette absence, ainsi que celle des nerfs de la quatrième et de la sixième paire cérébrale. Comme on le sait, ce fait, que j'ai signalé le premier chez la Taupe, la ChrvsochloreduCap, le Rat-Taupe et la Cécilie, est si opposé à l'idée qui fait naître tons les nerfs cérébraux de la substance même de cet organe, que pendant longtemps les anatomistes se sont refusés à l'admettre. Présentement il est généralement C. R., i8G3, a™" Semeslre. (T. LVII, ti" 13.) 77 ( 578 ) admis, quoique non expliqué. Au reste, chez les Lépidosirens comme chez la Taupe, il coïncide avec l'absence complète des muscles de l'œil dans les- quels ces trois nerfs se distribuent. )) La duaHté des lobes cérébraux est aussi distincte à la base de l'encé- phale que sur la face supérieure; la rainure qui les sépare les isole entière- ment l'un de l'autre, et cet isolement est une confirmation de la loi de symétrie si généralement appliquée dans la disposition des organismes du régne animai. De leur partie antérieure émergent, comme déjà nous l'avons dit, les nerfs olfactifs. Entre le contour de la base des lobes cérébraux et les pédoncules on trouve un hiatus qui conduit dans ces ventricules, et par lequel pénètrent dans leur intérieur des vaisseaux choroïdiens. Si on insuffle les ventricules par cette fente, on soulève les lobes, et en les écar- tant on met à nu la terminaison des pédoncules cérébraux ou le ganglion optique, dont la structure est des plus remarquables. Unique et libre dans l'intérieur des ventricules, sa forme est celle d'un cône prismatique aplati et libre sur les côtés; en avant, il est tronqué; en haut, sa crête est sur- montée par le pédoncule de la glande pinéale ; en bas, la rainure produite par l'adossement des deux couches optiques est comblée par un ruban allongé, épais, moins jaune que la masse de la couche optique, et entre- coupé par deux sillons d'une extrême ténuité. En arrière, ce petit corps fait saillie dans la dépression analogue au plancher du troisième ventricule, et au milieu de laquelle s'insère la tige pituitaire ou de l'hypophyse cérébrale; en avant, ce petit corps fait également luie légère saillie, de sorte qu'au- dessous et aux trois quarts environ de la base du ganglion optique est une tlépression, de laquelle sort un cordon noueux de 5 millimètres de long quand il est déplissé, et si couvert d'un lacis de vaisseaux, qu'au premier aspect on le prendrait pour le corps choroïdien. Ce cordon unique, et sans analogue dans l'encéphalotomie des Vertébrés, n'adhère à la masse du glanglion optique que par le point que nous venons d'indiquer; il est d'un gris assez foncé et transparent. Arrivé au devant de ce ganglion, il se renfle et forme une petite masse grise et transparente aussi, enlacée dans quatre rubans de substance blanche qui semblent être les racines des lobes céré- braux. Cette masse de substance grise et son cordon pourraient-ils être rapprochés des corps striés et de Vinsiila des Manunifères? Quoi qu'il en soit de ce rapprochement, que je ne hasarde qu'avec réserve, il est tou- jours bien remarquable d'en voir sortir quatre faisceaux : deux supérieurs, qui paraissent constituer la partie antérieure des lobes cérébraux, et deux inférieurs, qui semblent en former la partie inférieure et postérieure. ( 579) » En présence d'une disposition si singulière et si inattendue, même dans l'encéplialogénie, nous ne devons pas oublier de faire remarquer que ce sont des fœtus à terme sur lesquels sont faites ces observations. Existe-t-elle sur le Lépidosiren adulte? Les lobes cérébraux sont-ils sans i" Donner par un simple lavage et une évaporation le sulfate de soude ; » 2° Constituer un mélange prêt, par son union avec une petite propor- tion de combustible, à produire dans le four à soude une soude de haut titre mêlée de sidfure métallique. Ce dernier rentre dans la fabrication du sulfate de soude. » M. GagiMage, qui, dans une précédente communication (26 octobre 185^), avait indiqué sommairement les moyens qu'il se proposait d'employer pour utiliser au profit de l'agriculture les matières charriées par les eaux troubles des égouts et de certains courants naturels, adresse aujoiu'd'hui la description et la figure d'un appareil qu'il a imaginé à l'effet de recueillir ces matières. Il annonce s'être assuré récemment, au moyen d'un brevet, la propriété de son invention, pour laquelle d'ailleurs il avait déjà sauvegardé ses droits de priorité par le dépôt d'un paquet cacheté, dépôt accepté par l'Académie. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Boussingault, Payen et Decaisne. ) M. Druelle adresse de Niort (département des Deux-Sèvres) une Note concernant les heureux effets qu'il a obtenus de l'emploi du sel pour pré- ( 598) server la vigne de l'atteinte de l'oïdium. Son procédé consiste à déposer dans un trou peu profond creusé au pied de chaque vigne, au mois de novembre ou de décembre, un demi-kilogramme environ de sel marin non raffiné. Ses vignes qui l'an passé avaient été fort ravagées par l'oïdium, traitées comme il vient d'être dit, en ont été complètement préservées. (Commissaires, MM. Payen, Decaisne.) M. Sauvageon expose les moyens qui lui semblent propres à écarter de nos campagnes le fléau de la grêle, moyens qui auraient été déjà, dit-il, dans le département de l'Isère, l'objet de quelques essais en apparence satisfaisants. (Renvoi à l'examen de MM. Babinet etRegnault.) M. GuÉRixEAD-AuBRY soumet au jugement de l'Académie la description et la figure d'\ui moteur de son invention. (Renvoi à l'examen de M. Morin, qui jugera si cette communication n'est pas de l'ordre de celles que l'Académie considère comme non avenues. ) CORRESPOIVDAIVCE . M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le XLV volume des brevets d'in- vention pris sous l'empire de la loi de i844) et les n°' i et 3 du Catalogue des brevets pris pendant l'année i863. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un opuscule de M. Cli. BelloUi sur un moyen d'obtenir de la graine saine de ver à soie. L'auteur ayant fait à Varèse, au printemps de 1862, une éducation précoce devers à soie, en eut, du 10 au i4juin, des papillons alertes et bien portants qui lui donnèrent quelques onces de graine. Cette graine, examinée au microscope, n'avait d'œufs malades que dans la proportion de 6 à 8 pour 100. L'éducation avait été faite à la manière ordinaire; seulement les vers avaient dû être nourris avec des feuilles très-jeunes, l'époque peu avancée de la saison n'en fournissant point d'autres. M. Bellotli pensa que cette ( 599) circonstance pouvait bien avoir contribué pour la principale part au résul- tat obtenu : on avait bien supposé déjà qu'un état maladif des feuilles pou- vait être pour beaucoup dans la maladie des vers et la mauvaise qualité de la graine, mais cette remarque était restée à peu près stérile. La nouvelle observation y ajoutait quelque chose d'important et donnait lieu de penser que l'état malsain de la feuille ne commençait qu'à un certain état de son développement. Sur ce point l'expérience seule pouvait décider, et M. Bellotti s'estempressé d'y soumettre sa conjecture. Il a pris les précautions nécessaires pour écarter toute chance d'erreur et toute cause d'illusions. Des éduca- tions ont été faites dans des circonstances toutes semblables, sauf en ce qui concerne l'âge des feuilles données aux vers, et suivies soigneusement de manière à ce que les résultats fussent rigoureusement comparables; ces expériences, dont la Note fera connaître tous les détails, sont venues con- firmer pleinement la justesse des vues qui les avaient fait entreprendre. L'opuscule de M. Bellotti est renvoyé, à titre de pièce à consulter, à la Commission des vers à soie. M. LE Secrétaire perpétuel signale encore, parmi les pièces déposées sur le bureau, un dessin représentant des modifications nouvelles apportées à la charrue du Calvados, par M. Patjny, directeur d'un établissement d'enseignement agricole à Caen. M. Pagny s'est proposé dans cette charrue: 1° de faciliter, au moyen d'un timon adapté à lavant-train, la manoeuvre de la charrue par les jeunes laboureurs, et le dressage des jeunes chevaux; 2" de supprimer, pendant le transport de la charrue sur les routes, l'emploi de toute espèce de chariot ou traîneau, en faisant supporter la charrue par son avant-train, au moyen d'une disposition très-simple; 3° enfin de ré- gler et de modifier presque instantanément l'entrure de la charrue pen- dant la marche, au moyen d'une disposition extrêmement simple, facile- ment applicable à toute espèce de charrue. M. Isidore Pierre, qui a vu fonctionner et fait fonctionner lui-même cette charrue, a reconnu qu'il est très-facile, au moyen de la vis disposée entre les mancherons, d'augmenter ou de diminuer l'entrure de 10 centi- mètres pendant la marche, avant que les chevaux attelés à la charrue aient eu le temps de parcourir 2 mètres ou tout au plus 2™, 5o. M. Velpeac fait hommage à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Lieb- reich, d'un exemplaire de son Atlas d'ophthalmoscopie, représentant l'état ( 6oo ) normal et les modifications pathologiques du fond de l'œil visibles avec l'ophthalmoscope. « M. Liebreich, dit M. Velpeau, a dessiné lui-même toutes ces planches. D'iuie fidélité remarquable, ces planches ont demandé à l'auteur un temps et une patience rares. » M. Liebreich, préparateur de M. Ilelmholtz à l'époque où ce physiolo- giste inventait l'ophthalnioscope, paraît être le premier qui ait fait l'appli- cation pratique de cet instrument, mis en nsage aussi par MM. Graefe et Donders à l'étranger, par MM. Cusco et Follin à Paris. Dans nue série de Mémoires allemands et dans un Traité français de l'examen de l'œil ajouté à la traduction de Mackensie, M. Liebreich a déjà décrit cette méthode avec soin. » L'Atlas d'ophthalmoscopie, qui vient compléter ses études, contient cinquanle-sept figures tirées d'une collection importante appartenant à I auteur. » Les deux premières planches représentent le fond de l'œil normal, dans toute son étendue et sous des aspects variables, suivant les individus. » La troisième est consacrée à l'étude du staphylome postérieur, cause des hauts degrés de myopie. M Les planches 4, 5, 6 et 7 sont destinées à faire voir les différentes ma- ladies de la choroïde, la rétinite pigmenlaire, les décollements de la rétine, le cysticerque de l'œil, etc., etc. » Les planches 8, 9 et 10 représentent les nombreuses maladies de la rétine, coïncidant avec certaines maladies générales : affections du cœur, maladie de Bright, syphilis, leucémie, etc. » La planche 11, contenant onze figures, est consacrée aux maladies du nerf optique : excavation, inflammation, atrophie de ce nerf, résultant du glaucome et de diverses maladies du cerveau et de la moelle épinière. » La dernière planche a rapport à certaines anomalies congéniales, im- portantes à connaître pour l'interprétation de certains faits particidiers que l'on rencontre dans les études ophthalmoscopiques. » L'étude des maladies de l'œil vient de faire ainsi, ajoute M. Velpeau, un progrès important. Sans accepter comme absolument démontré tout ce qu'ils avancent sous ce rapport, je n'hésite pas à dire que MM. Helmhoitz et Liebreich d'abord, Gra^fe et Donders, Cusco et Follin ensuite, ont bien mérité de la science, et que l'ophthalmoscopie promet de faire de la sorte |)our l'œil ce que Laennec a fait pour la poitrine en inventant l'ausculta- tion médiate. » ( 6oi ) « M. Rayer s'associe aux éloges donnés par M. Velpeau au beau travail de M. Liebreicli, et au juste hommage rendu à M. Ilelmholtz pour l'inven- tion de l'oplithalmoscope. Les connaissances ophthalmologiques ont fait, dans ces derniers temps, de tels progrès, qu'on doit rendre grâces à M. Bouland, ancien Ministre de l'Instruction publique, d'avoir créé, dans la Faculté de Médecine de Paris, un cours complémentaire d'ophthalmologie, confié à M. Follin. Les Leçons sur l'exploration de l'œil, à l'aide de l'oplttlial- moscope, que vient de publier ce professeur agrégé, ont paru à M. Rayer mériter, à cette occasion, une mention particulière. » M. MiLNK Edwards présente un ouvrage jjosthume de M. Robineaii- Desvoidj, sur riiistoirc naturelle des Diptères des environs de Paris, publié par les soins de M. Monceaux. PHYSIQUE. — Sur une nouvelle méthode de mesurer l'action chimique des rayons solaires. Note de M. T.-L. Phipsox, présentée par M. Velpeau. '( Ayant observé, par hasard, qu'une solution de sulfate d'acide molybdique (c'est-à-dire une solution d'acide molybdique dans l'acide sulfurique en excès), placée sur luie des planches de mon laboratoire où elle reçoit les rayons directs du soleil pendant trois heures chaque jour, devint bleu-verdâtre pendant le jour et incolore de nouveau pendant la nuit, j'ai répété l'expérience plusieurs fois et j'ai trouvé que la solution saline exposée au soleil est réduite, tandis que dans l'obscurité elle devient incolore de nouveau par oxydation. Pendant l'insolation, une certaine quantité d'acide molybdique perd i atome d'oxygène qui se combine à l'eau pour former du bioxyde d'hydrogène; pendant la nuit ce dernier rend i équivalent d'oxygène à l'oxyde de molybdène produit; par consé- quent on n'observe aucun dégagement de gaz. Cette réaction curieuse peut être ainsi représentée : A la lumière solaire Mo 0' + HO =: Mo O^ + HO-, Pendant la nuit MoO' + HO' = Mo 0= ■+- HO, le tout étant en présence d'un excès d'acide sulfurique. » Rien n'est plus facile que de mesurer la quantité de réduction qui a lieu sous l'influence des rayons solaires dans un temps donné, d'autant plus que le changement n'est pas influencé par la chaleur des rayons so- C. R., i863, 2'»'^ Semestre. (T. LVIl, K" 15.) 8o ( 602 ) laires; en faisant même bouillir la solution pendant longtemps, on n'ob- serve aucune décoloration. Une solution faible de permanganate de potassn détruit la teinte bleu-verdâtre produite par l'action chimique des rayons solaires, et la quantité (le volume) de permanganate employée indique la quantité relative d'actinisme pour chaque jour. Pour préparer le liquide moiybdique, je dissous environ lo grammes de molybdate d'ammoniaque dans un excès d'acide sulfurique dilué; du zinc raélailique est placé dans cette solution jusqu'à ce qu'elle devienne bleu foncé ou bleu-verdâtre presque noir; on sépare alors le zinc et on ajoute peu à peu du permanga- nate de potasse en .s'arrélant exactement quand la liqueur est devenue in- colore. Une provision de cette liqueur ayant été faite, on en expose chaque jour 20 centimètres cubes aux rayons directs du soleil pendant une heure. On retire alors le liquide et on détermine la quantité de réduction au moyen d'une solution faible de permanganate de potasse ou de bichro- mate de potasse de force connue. Une solution de o^'', 5o de permanganate dans un litre d'eau acidulée d'acide sulfurique sert très-bien. On la laisse couler dans le liquide insolé au moyen d'une pipette très-étroite graduée en 100 divisions égales. I.e degré indiqué sur la pipette après rétablisse- ment de l'état incolore du liquide indique pour chaque jour le degré d'actinisme, comme le thermomètre ordinaire indique le degré de chaleur. » Je n'ai pas encore fait une très-longue série d'expériences au moyen de cette mélhotle, mais je trouve déjà que les variations de l'actinisme suivent des courbes qui varient souvent assez subitement, comme les courbes ba- rométriques, avec lesquelles elles ont peut-être des rapports. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la composition de Veau de la mer Morte. Note de M, Rocx, présentée par M. Pelouze. (Extrait.) «... Les diverses analyses que la science doit à Lavoisier, Marcet, Rla- proth, Gay-Lussac, Gmelin, Boolh, Boutronet Henry, de Commines, Mol- denhauer, Boussingault, établissent d'une manière certaine que l'eau du lac Asphaltite n'a pas la même composition à toutes les époques de l'année, et que les substances salines qu'elle tient en dissolution varient, non-seule- ment sous le rapport de la quantité, mais peut-être encore dans leur nature. Ces oscillations dans le chiffre des principes que les eaux dissolvent sont connues de toutes les personnes qui se sont occupées de l'hydrologie. Plu- sieurs eaux minérales présentent une composition variable, suivant l'époque de l'année où on les récolte. Il n'est pas jusqu'à l'eau de l'Océan dont la ( 6o3 ) salure oscille, suivant qu'on l'examine dans les zones polaii-es, tempérées, équatoriales, à la surface comme à une grande profondeur. » L'eau que nous devions à l'obligeance de M. l'abbé Person avait été puisée dans la partie septentrionale delà merMorle, non loin de l'embou- chure du Jourdain, le 24 avril 1862. Elle était légèrement alcaline au papier de tournesol; elle se colorait en l'ouge carmin, par l'addition de quel- ques gouttes d'alcoolé de campèclie; chauffée durant quelques minutes, elle ne se troublait pas sensiblement. Le produit de l'évaporation de ce- liquide, soumis dans une cornue à l'action d'une assez haute température, a donné un sublimé blanc qui présentait tous les caractères du sel am- moniac. » Traitée par le procédé de M. Boussiugault, l'eau de la mer Morte a fourni des proportions appréciables d'ammoniaque. Évaporée avec précau- tion, à la température de 100 degrés, elle a laissé un résidu d'un blanc grisâtre, du poids de 23»%756 par 100 grammes d'eau. Ce produit salin, privé de l'eau de cristallisation qu'il contenait, en le chauffant au rouge obscur pendant quelque temps, et tenant compte du gaz chlorhydrique éliminé par la décomposition du chlorure de magnésium, pesait ao^^Goo. » L'analyse a permis de reconnaître dans ce résidu les principes sui- vants : Chlorure de magnésium (),466 Chlorure de sodium 6, 126 Chlorure de calcium 3, iSa Chlorure de potassium . i ,388 Bromure de magnésium o,364 Sulfate de chaux o,o58 Hydrochlorate d'ammoniaque. . . o,oo4 Carbonate de chaux \ Oxyde de fer > o,o32 Alumine ) Perte 0,010 20,600 Eau 79 ,400 100,000 » L'eau de la mer Morte, puisée le 24 avril 1862, près de l'embouchure du Jourdain, contenait donc 206 grammes de sel par litre. Nous ne possé- dons aucinie eau minérale aussi chargée de substances salines; aucune ne contient une quantité aussi élevée de brome. 80.. ( 6o4 ) B II est probable que l'énorme proportion de bromure de magnésium qu'elle renferme lui donne des propriétés particulières, spéciales, que la thérapeutique pourrait utiliser dans le traitement de diverses affections. Si l'on observe qu'un mètre cube de cette eau contient plus de 3 kilo- grammes de bromure de magnésium, chiffre qui pourrait encore s'élever, puisque Gmelin a dosé ^^\'ic)3 de bromure magnésique dans looo grammes de ce liquide, on comprendra qu'il serait intéressant d'essayer l'emploi de l'eau de la mer Morte dans la cachexie scrofuleuse, les maladies syphi- litiques invétérées, le rachitisme, les tumeurs des os, les affections chro- niques des voies respiratoires. D'après Pline, les riches habitants de Rome, qui soupçonnaient ses vertus médicinales, faisaient apporter de l'eau du lac Asphaltite pour s'y baigner. L'analyse, en signalant dans l'eau de la mer Morte un principe d'une extrême activité, en proportion exceptionnellement forte, est venue confirmer les assertions du peuple-roi. Le bromure de ma- gnésium qui donne à ce liquide des propriétés incontestables doit proba- blement son origine aux immenses dépôts saliferes qui entourent le lac Asphaltite. M. Marchand assure avoir rencontré une forte proportion de bromure de magnésium dans les terres situées à l'ouest de la mer Morte. o Une expérience très-simple démontre la présence du brome dans le liquide que nous avons analysé. 11 suffit de l'agiter avec un demi-volume de chloroforme, après l'avoir additionné d'un peu d'eau chlorée, pour voir la liqueur éthérée se colorer en jaune rougeâtre. Le chlore, en déplaçant le brome du sel magnésien, permet à ce métalloïde de se dissoudre dans le chloroforme qui se précipite immédiatement, revêtu d'une teinte très-belle, tout à fait caractéristique. » La médecine devrait soumettre l'eau de la mer Morte au contrôle de l'expérience; l'art photographique, la chimie, qui utilisent chaque jour les bromures, pourraient demander le brome au lac Asphaltite : il est certain que si l'industrie exploite un jour le brome et les bromures, la mer Morte lui offrira un vaste et inépuisable réservoir de ces produits. »> CHIMIE. — 5i/r les retalions volumélriques de l'ozone. Note de M. J.-L. Soret, présentée par M. Regnaull. (( MM. Andrews et Tait ont publié un iMémoire remarquable sur les relations volumétriques de l'ozone (i), et tout récemment M. de Babo s'est (i) Philosophical Transactions, i8Go, p. ii3. Les résultats de MM. Andrews et Tait ne ( 6o5 ) aussi occupé de ce sujet ( i). Les résultats auxquels j'ai été conduit à i"aide de procédés tout différents, s'accordent avec ceux que ces savants ont obtenus. » Pour la mesure du volume du gaz, j'ai employé un appareil très-simple; il se compose d'un ballon de verre jaugeant 2 5o centimètres cubes, et muni d'un bouchon soudéàl'émeri. Le col de ce ballon a été divisé en millimètres, et l'appareil calibré avec soin. On a entouré ce récipient d'un manchon en verre supporté par une pièce en fer-blanc que le col du ballon traverse par une tubulure centrale. On introduisait le gaz dans le ballon préalablement rempli d'eau tlistillée et renversé sur un vase contenant aussi de l'eau dis- tillée. Pour effectuer la mesure du volume, on remplissait le manchon exté- rieur avec de l'eau, dont la température était exactement donnée par un thermomètre; on lisait alors à quelle division le gaz affleurait dans le col du ballon, et l'on tenait compte de la pression. » On a le plus souvent opéré sur de l'oxygène chargé d'ozone, obtenu par l'électrolyseau moyen d'un appareil que j'ai déjà décrit [Comptes rendus, 1 mars i863, p. 392) et qui permet d'éviter complètement le mélange d'hy- drogène dans le gaz dégagé. )< Action des corps oxydables. — On a principalement étudié l'action de l'iodure de potassium. A cet effet, après avoir mesuré le volume du gaz chargé d'ozone, on introduisait dans le ballon une petite quantité d'iodure de potassium en dissolution avec lequel on agitait le gaz ; on lavait les parois avec de l'eau, puis on mesurait de nouveau le volume du gaz rigoureuse- ment ramené à la température initiale. Le ballon pouvant se boucher her- métiquement, il est facile de comprendre comment il était possible d'effec- tuer ces opérations sans perte de gaz. » Il convenait en outre de déterminer la proportion d'ozone contenue dans l'oxygène; on pouvait y arriver en dosant par la méthode de M. Bunsen la quantité d'iode mise en liberté dans l'iodure de potassiimi paraissaient pas avoir été universellement acceptés; c'est ce qui m'a déterminé à reprendre ce sujet en utilisant la possibilité de préparer par l'électrolyse de l'oxygène contenant une assez forte proportion d'ozone, (Faprès le procédé que j'ai fait connaître il y a peu de temps [Comptes rendus de V Académie, i mars i863, et Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève, mars i863). (i) Scitràge zur Kenntniss des Ozons [Berichte der Naturf. Gescllschaft zu Freiburg in Br., t. III, I*'' cahier). Mes recherches étaient presque complètement terminées lorsque a paru cet intéressant travail, qui du reste, par sa nature, diffère beaucoup du mien. ( 6o6 ) employé dans l'opération qui vient d'être décrite; mais dans le plus grand nombre de cas on a fait l'analyse sur une autre portion de gaz recueillie dans nn ballon de 25o centimètres cubes de capacité. » Pour s'assurer de l'exactitude que l'on peut espérer d'atteindre dans la mesure des volumes, on a fait un certain nombre d'expériences à blanc, c est-à-dire en opérant sur de l'air ou de l'oxygène ne contenant pas d'ozone. On a obtenu ainsi les résultats consignés dans la première partie du tableau suivant. Le gaz subit en général, dans ces conditions, une très-petite diminu- tion de volume, que l'on doit attribuer à la dissolution d'une petite quantité de gaz dans les liquides avec lesquels on l'agite. )) Les résultats obtenus sur l'oxygène cbargé d'ozone sont contenus dans !a seconde partie du tableau qui donne également le volume qu'occuperait, dans les mêmes conditions de pression et de température, la quantité d'oxygène absorbée par l'iodure de potassium et déduite de l'analyse. Action de l'iodure de potassium . GAZ NE CONTENANT PAS d'oZONE. OXYGÈNE CDAUGÉ D^ZO>E. Diminution de vol lume. N ature du gaz. Diraination de vo lume. Vol urne do Vosyçéne absoi ce 0,25 1 ce 0,00 ec 4,25 0,00 1 Air. o,3o 2, 10 0,00 0,28 2,24 0,12 0,32 3,3i 0, 12 0,20 3,70 o,o5 0, 10 Oxygène. 0, i5 0,20 5,61 4,88 0, 12 On voit que la diminution de volume observée est très-petite, et, bien qu'elle soit en général un peu plus forte que lorsque le gaz ne contient pas d'ozone, je pense qu'on doit l'attribuer aux causes d'erreurs inhérentes au ])rocédé (i). » En répétant l'expérience avec Yarsénile de soude, au lieu do l'iodure de potassium, on a obtenu le même résultat. » Ainsi, comme l'avaient annoncé MM. Andrews et Tait, « l'oxygène i) P.irmi plusieurs causes d'erreur que l'on peut entrevoir, il faut citer le fait que les reactions compliquées qui se passent quand on met le gaz chargé d'ozone en présence de l'iodure de potassium, et la formation de substances diverses (iode, potasse, iodate de po- tasse, etc.), peuvent faciliter la dissolution d'une petite proportion de gaz. ( 6o7 ) » chargé d'ozone ne subit pas de diminution de volume lorsqu'on le traite )i par des corps oxydables. » » Action de la chaleur. — Pour détruire l'ozone par la chaleur, je ne pou- vais pas exposer l'appareil de mesure à la température qu'il faut employer; mais j'ai trouvé qu'il est facile d'arriver complètement et en peu de temps au même résultat, au moyen d'une spirale en platine chauffée au rouge sombre |)ar un courant électrique ; je l'introduisais dans le gaz en la faisant ijasser, sous l'eau, par le col du ballon. On déterminait la proportion d'ozone j)ar une analyse faite sur une autre portion du gaz recueillie dans un second ballon. » En soumettant à cette opération de lair ou de l'oxygène dépourvu d'ozone, on observait une augmentation insignifiante clans le volume appa- rent du gaz, comme l'indiquent les chiffres contenus dans la première partie du tableau suivant (i). » Eu opérant sur l'oxygène chargé d'ozone, on obtient au contraire une augmentation de volume considérable. La seconde partie du tableau donne les résultats de ces expériences ainsi que les volumes c|u'occuperait dans les mêmes conditions la quantité d'oxygène absorbée par l'iodure de potassium. Action de la chaleui\ GAZ NE COST: ".NAXT PAS d'oZO.NE. A OXVGÈ.NE CHARGÉ d'uzONE. AngmeiUalioii ugnientatiou \'o!ujiiecIc do volume. Nature du gaz. de volume. roxjgèiio absorbé. Différence. ce 0,07 0,20 ( Air. 3',83 5, .4 ce 3,92 5,. 4 ce —0,09 0,00 o,o5 ) 3,83 3,28 4-0,55 jOxyyèneélectrolyliqiie de- 0,90 o,4i +0,49 o,i8 \ pourvu d'ozone par la 3,02 3,36 -0,34 \ clialt'iir. 4,10 3,87 -i-0,20 lOxygène clectrolytique dé- 3,70 3,4, +0,29 o,i5 \ pourvu d'ozone par 1 'io- 3,80 3,45 +0 , 35 ) dure de potassium. « Les différences consignées dans la dernière colonne sont a.ssez petites (i) J'attribue cette variation à ce que, dans les premiers instants pendant lesquels la spirale est chauffée, l'eau qui la mouille est rapidement vaporisée et vient se condenser sous forme de gouttelettes sur les parois du ballon. ( 6o8 ) pour pouvoir être attribuées aux erreurs d'expérience (i); on doit donc admettre que l'oxygène chargé d'ozone subit sous l'action de la chaleur une augmentation de volume égale au volume qu'occuperait, dans les mêmes conditions, la quantité d'oxygène que ce gaz aurait été susceptible d'aban- donner à l'iodure de potassium. » Action de la potasse. — La potasse caustique qui détruit l'ozone n'agit pas comme les corps oxydables : son action se rapproche de celle de la chaleur, et donne lieu à une augmentation de volume incontestable. » J'ai répété ces diverses expériences sur l'ozone préparé par l'action de l'électricité d'induction sur l'oxygène ordinaire, au moyen de l'appareil de INI. de Babo. J'ai observé exactement les mêmes phénomènes. » L'ensemble de ces résultats qui confirment ceux de MM. Andrews et Tait, et de M. de Babo, peut s'expliquer par une hypothèse qui a déjà été quelquefois indiquée, et qui consiste à supposer que les molécules d'ozone contiennent plusieurs atonies d'oxvgène. Un grand nombre de chimistes et de physiciens admettent que la molécule d'oxygène ordinaire à l'état gazeux est déjà formée de la réunion de a atomes et constitue un oxyde d'oxy- gène 00. Si l'on adopte cette manière de voir et si l'ozone est un état allo- tropique de l'oxygène, on est amené à supposer que la molécule d'ozone l'esulte d'un autre arrangement atomique. Les expériences que j'ai rappor- tées sont contraires à l'idée que cette moléculesoit formée d'un seul atome O, mais ellessont compatibles avec l'hypothèse qu'elle contienne plusde a atomes. On pourrait, par exemple, concevoir que i molécule d'ozone fût com- posée de 3 atomes 000, et constituât un bioxyde d'oxygène. Dans la for- mation de ce corps, aux 2 atomes déjà réunis formant la molécule d'oxy- gène libre, qui représente 2 volumes, viendrait s'ajouter un troisième atome représentant i volume, pour former i molécule d'ozone représentant 2 vo- lumes. Les propriétés oxydantes de l'ozone, la constance de son volume lorsqu'on le traite par les corps oxydables, son expansion sous l'influence de la chaleur, et la contraction que subit l'oxygène sous l'action de l'élec- (1) 11 faut remarquer, en effet, que les mesures de volume faites sur l'eau ne comportent pas un degré de précision absolu, et de plus que le volume d'oxygène absorbable est calcule d'après l'analyse faite sur une autre portion du gaz, et qu'il peut par conséquent être influencé par une différence accidentelle entre les quantités d'ozone contenues dans les deux ballons. En prenant l'ensemble des résultats consignés dans le tableau, on trouve que l'aug- mentation de volume moyenne, pour une expérience, est de o",i8; ce chiffre se rapproche loat à fait de celui que l'on observe dans les expériences faites sur du gaz ne contenant pas d'ozone. (6o9) Iricilé, se trouveraient facilement expliquées clans cette hypothèse. Il est clair que rien dans les faits connus ne prouve que l'ozone résulte du groupement de 3 atomtsplutôt que de 4, 5, etc. (i); pour déterminer ce nombre il fau- drait connaître la densité de ce corps. » PHYSIQUE. — Bathoréomètre ou spliéromèlre électrique de M. J. Giordano. « Je viens d'imaginer un nouvel inslrument de précision destiné à la mesure des épaisseurs très-minces, et qui n'est fondé ni sur le ballottement par défaut de stabilité d'équilibre, ni sur des combinaisons de leviers, comme les sphéromètres jusqu'ici en usage. J'emploie tout simplement un circuit électrique fermé sous certaines conditions, et j'appelle mon ins- trument 6fl//iomè/re, ou mieux ballioréomèlre pour désigner son but, et le moyen par lequel il est atteint. » Je n'insisterai pas sur les organes communs aubathomètre et au sphé- romèlre; je me borne à dire que dans le bathomètre l'écrou avec sa vis micrométrique est porté par deux colonnes fixées à la base de l'instrument, que la surface supérieure de cette base est formée d'une substance iso- lante, cristal ou ivoire; qu'on a ménagé au centre de la base une ouverture dans laquelle on a entamé une plaque métallique communiquant par le moyen d'un fil conducteur avec une vis de pression ; enfin que l'écrou com- munique de son côté avec une seconde vis de pression. Si alors les deux pôles d'une pile très-faible aboutissent aux deux vis de jjression, un gal- vanomètre, placé dans le circuit, indiquera par la déviation de l'aiguille que le circuit est fermé, toutes les fois que la pointe de la vis à axe vertical du bathoréomètre touche la plaque métallique de la base. » Cela posé, pour mesurer l'épaisseur d'une lame donnée, il faudra faire deux opérations, c'est-à-dire fermer deux fois le circuit électrique avec ou sans interposition du corps mince, faire deux lectures connue avec le sphé- romètre ordinaire et prendre la différence. (i) On sait, d'après les belles expériences de MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost, et celles de M. Bineau, que la densité de la vapeur de soufre est trois fois plus forte prés du point d'ébullition qu'à une température très-élevée; peut-être existe-t-il une analogie entre ces deux étals du soufre et les deux états allotropiques de l'oxygène; dans ce cas, il faudrait admettre que l'ozone résulte d'un groupement moléculaire tel, que sa densité soit trois fois plus grande que celle de l'oxygène ordinaire. C. R., i8fi3, 2"i= Semestre. (T. LVII, K" i^O 8l (6io) » Il vaut mieux, en général, surtout s'il s'agit de substances organiques, que la membrane dont on veut mesurer l'épaisseur soit placée entre deux plaques métalliques à faces parallèles. La petite pression à laquelle les membranes minces sont ainsi soumises fiicilife la mesure de leur épais- seur, et en augmentant dans un rapport connu le poids de la plaque ou lame, on pourra mesurer leur degré de compressibilité. L'adjonction des plaques métalliques est absolument nécessaire, quand il s'agit de mesurer l'épaisseur des corps isolants ou mauvais conducteurs de l'électricité, et alors, de plus, les deux plaques doivent communiquer métalliquement entre elles sans accroissement de la pression due au poids de la plaque supérieure. » Quant à l'exactitude des mesures bathoréométriques, je dirai seulement qu'en mesurant dix fois la même petite épaisseur on obtient absolument le même résultat avec une différence toujours inférieure à un millième de millimètre. Quant à la sensibilité, il suffira d'énoncer quelques curieux résul- tats auxquels je suis parvenu : » 1° Une écaille de mica, détachée d'une feuille de plusieurs décimètres carrés de surface, m'a donné une épaisseur de o"",oo3 : donc la feuille, dont répaisseur était de o°"",oo6 à peu près, contient au moins deux mille de ces écailles. » 2° L'épaisseur moyenne d'un fil du ver à soie est o""",oi4; celle du fil de l'araignée, Segestria perfida, que l'on tend au foyer des lunettes, esto"'°',o37. » 3° Le papier à filtre a une épaisseur très-variable selon sa qualité; si on le transforme en parchemin artificiel, l'épaisseur diminue dans les qua- lités plus grossières, et augmente dans les qualités plus fines, comme l'in- dique le tableau suivant : Qualité. Epaisseur normale. Après la pergaminis.ition. I " ordinaire 0,278 o, 252 2^ ordinaire. ... o, 2o5 0, 180 3' ordinaire o, i «4 o, 120 » Cette différence tient à ce que l'action de l'acide sulfurique, quoique instantanée, détruit le duvet du papier ordinaire. » 4" Les feuilles d'or battu en France ont ime épaisseur de o"™,oog, celles de Naples n'atteignent que o""°,oo6 ; aussi la dorure est-elle moins persistante. L'épaisseur de la peau de baudruche est de o"",070. (6.1 ) )) 5° Les cheveux de dix individus adultes m'ont donné des épaisseurs comprises entre o°"",o/i5 et o°"",o5 1 ; ceux d'un enfant de dix jours o°"",oo9 ; ceux de deux jeunes garçons abyssins élevés dans le collège de Naples, âgés l'un de quatre ans, l'autre de vingt, m'ont donné o"",o67 et o""°,io8. » 6° Une goutte d'eau distillée ne laisse pas de résidu, comme on sait, en s'évaporant; mais une goutte d'eau potable laisse une tache dont l'épaisseur, bien des fois moindre qu'un millième de millimètre, peut être déterminée par le bathoréomètre. Il faut en dire autant pour les différents vernis. » 7° En6n, l'usage du bathoréomètre s'applique très-bien à la détermi- nation des dimensions des différents organes des végétaux et des animaux. Comme essai, je joins ici le tableau suivant : Espèces. Parties mesurées. Épaisseur. mm Spams annularis Écaille o,oi3 Bos boops, petit Écaille o,o25 Serranus scriba, petit Écaille o,oi i Julis vulgaris, petit Écaille o.oio Mantis oratorla Membrane de l'aile o,oig Tipula impcrialis Membrane de l'aile o,oig a i> Nerfs ailaires o , o8 1 Fanessa atalanta Écailles de la poussière des ailes o ,007 » La séance est levée à 4 heures un quart. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. . L'Académie a reçu dans la séance du 5 octobre i863 les ouvrages dont voici les titres : Bulletin et caries météorologiques de l'Observatoire impérial, du 2 septembre au 3 octobre i863; feuilles autographiées, in-fol. Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844) publiée par les ordres de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics; t. XLY. Paris^ i863; vol. in-4''. Histoire naturelle des Diptères des environs de Paris; œuvre posthume du D' Robineau-Desvoidy, publiée par les soins de sa famille, sous la direction de M. H. Monceaux; t. I et IL Paris, i863; 2 vol. in-S». (6,2) De la granulation palpébrale ; joar Alexandre QuADRi (de Naples). Naples, i863; br. in-S". Allas d'oplithalmoscopie repi^ésentant l'état normal et les modifications pa- thologiques (lujond de l'œil, visibles à r oplithalmoscope , composé de 12 plan- ches et 5'] figures, accompagnées d'un texte explicatif et dessinées d'après na- ture; par le D'' Richard LiEBREiCH. Paris, i863; in-fol. Quadrature du cercle; par Ju\es Adde. Alger, i863; in-4° oblong. Metodo... Méthode facile pour obtenir dans nos pajs des graines saines de vers à soie; proposée par Chr. Bellotti. Milan, i8"63; br. in-8°. (Renvoyé à titre de document à la Commission des vers à soie.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 12 OCTOBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMENICATIOIXS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ta théorie des fonctions elliptiques; par M. Hermite. « En développant suivant les puissances de l'argument les trois fonc- tions sin amx, cosamx, Aanijr, on obtient les séries suivantes : sin am j:: ■(i + A-) — ^ + (t4-i4A--+A-') %-n: — . ^ '1.2.3 ^ ^ ^1.2.3.4-5 cos aui X =: i — — -i-( i -\- ^k 2\ 1.2 '1.2.3.4 Aamx= I — A- ^^ h Ik^-h^/r 4 1.2 ^ '1.2.3.4 où le coefficient d'un terme quelconque, 5 , est ^ ^ I.2.3...2W + 1 1.2.3. ..2n une fonction entière et à coefficients entiers du module k^. Mais jusqu'ici il n'a pas été possible d'en obtenir l'expression générale, et tout ce que ion sait à leur égard résulte simplement des relations sin am ( kx, -\ z=k sin am(jr, k) , cosam Ikx, -j = Aam(jc, A). On reconnaît ainsi que les coefficients de sin amx sont des polynômes réci- proques, et que le développement de cosamx donne immédiatement celui C. R., iSG3, 2™« Semestre (T. LVII, N» lH.) 82 (6.4) de Aamx. C'est de cette fonction, cosamx, que je vais m'occuper en ce moment, me proposant d'établir à l'égard des coefficients, dont voici les premiers d'après Gudermann : 1 + 44^-'+ 16A:*, i-f- 408 A-' + 9 ( 2 A* + 64 A% i + 368HA-= + 30768 A^+ i58o8A°4-256A% la remarque suivante. » Posons A; = cos 9 et introduisons les arcs multiples, au lieu des puis- sances du cosinus; en les multipliant chacun par A on trouvera successi- vement A+ 4A^ =4cos5 -h cos35, A+ 44A' + i6A' = 44cos5+ i6cos3ô + cos55, A + 408 A' -{-g\o.k^ -hSliP = QiT. cos9 -+- 4o8cos35-f-64cos5ô + cos 7$. » Ou aperçoit dans ces égalités que les puissances de A et les cosinus des multiples de Q ont précisément les mêmes coefficients. Or, en général, si ion représente le coefficient de ^^ dans le développement de cosama: par n Ao -t- A, /?■= 4- A, A* + . . . + A,,A=" = ^,A,k-\ o on aura cette relation : 2 A,cos-'"^' ô = V A, cos(2« -+- i —4') ^1 qu'on peut facilement démontrer, comme on verra. Mais je veux d'abord taire voir par un exemple comment elle sert à calculer directement les nom- bres entiers Aq, A,, A», etc. » Soit « = 4 : R'i faisant, pour simplifier. A, =4''ïi> e* posant A^ = i , on trouvera, en remplaçant par les arcs multiples les puissances du cosinus : cos9 + 4«i cos'5 + i6rt2Cos'5 + 64rt3Cos''ô -t- 25604 cos'5 = cosô + rt, (cos3ô 4- 3cosô) + rt2(cos 59 + 5cos35 4- locosô ] -l-rt3(cos75 -+- 7cos5 Ô+ 21 cos3ô 4- 35cos6) 4- «4 (cosQÔ 4- 9COS76 4- 36cos55 4-84cos39 4- i26cos5). (6i5) On en conclut, entre les quatre inconnues, les cinq équations que voici : I =a<, i6rt2 = I + 3fl, + loflj + 35^3-1- 1 aôfl,, 64«3 = rt, 4- 5^2 + 21^/3 4-84(74, 256«4 = «3 4- gflj. Leur somme conduisant à une identité, on peut omettre l'une d'elles, et si l'on exclut la troisième, un calcul facile donne : «, = 922, ^2=1923, «3 = 247, Aam(/>, k!) cos a m x Aamx cosama: sinam.r /.,, i\ //f'sii sui am ik .r, — = \ ^ y cos cosam [ik! X, Aam \ik' x^ -p axax Aam j: -^ cos a m .c I SUI am ifix, — = /i J Aanijr cosam iikx, V I = ' \ "■ / "^ aiiij; . /., i/t'\ cosanu , Aajn{ikx,-j-] = \ \ ^ J Aainx /i' sinam.r sinam (k'x:-^y. Aamx /,, ik\ cosainx cosam [k X, — = — -, I\ ' / / Aamx Aam ( /l'.r, '—] = \ ' /'/ AamjT » Ou eu tire par un calcul facile, pour la transformation du second ordi'e. (6.7) les formules suivantes II. III. IV. VI. su^tam cosam lam I sinam cosam Aam [ suiam cosam Aam sin am cos a m Aam [ suiam cosam Aam sitiam cosam {i-j-k)x,- ■}. \/x I + k)x^ -+ k)x _ (1 + /:) sinam.r I + X s D'ain.r cosam jr Aam.»; I +/sin-am.r I — Xsin = am.r Xsin'am j; ;, V. av/'T (' (1 H- /') sinam.r cosam JT '^^^ I + k'\ ~ I— (n-X')sin'am.r ' I + A. J'J:', 1 + ' ' I H- /'J I — (i Aamx ' i+x'j I— (1+/' *'+«■)-. Ifs] / ' ) sin- am x sin-am.),- )sin-amjr k ' -\- if; ) sin am X A am x [h — (X') /sin'am.r cosam.r k — M'jsin'am j; / ., X ^ •i\Jikk' I I — (/• + /X') /sin-am. >■ + ""'J-*'' F+mJ "~ ,_(/_, -A') A- sin' amx" "I ('(i -|- A )sinamx J cos ara. 3- Aam.r ' > ' 1 + Aj c I + k)ix X sin'amx k)ix, I + k')x, I — k I •+- k — k cosam jrAam.a; — A sin-am X anix I + A'isinamxcosam X I + A 1 I — A sin- J cosam.cA Aam a- (l + k')x, i^l =. ■-(' + ^-')^i"'amx ^ ^ ' H-/'J Aamor ' I + A'J Aamj; , .;,s A + ZA'! (k — r'A') sinamjrAani jr cosam X I ■ — (A — ik' ) A sin'am .c (A- — ik')x, — ^ ^ A — lA'J cosam.j; Aam [(k - ik')x, iJliin^ l^ii + lilM^m^^mx L ' k — (A J cosam X )' J'omets d'écrire, pour abréger, toutes celles qui en résulteraient par le (6i8) changement de signe de A ou A', et par le changement des modules trans- formés en leurs inverses, et ne conduiraient pas par conséquent à de nou- velles formes analytiques dans les seconds membres. C'est dans le dernier groupe que nous trouverons la relation conduisant à l'identité que nous voulons établir. En partant en effet de l'égalité _ , , , ,,, , ^ {k — /^')'^sin'amx cosr ■''-"-- 1 am I ( X- - ik ) X, j^-J^ J = - on en déduira, par le changement de signe de A', // .,,\ k — '/'l I — (k -k- ili')kûri'&mx cosam {k-\-ik]x,- ,, = ^^ ; _ ' A -t- '^ J cosam X d'où il sera facile de tirer (A + /A')cosam [(A - ik')x, ^^] +;A - ?A')cosam [(A + /A').r, ^^H = aAcosaniJ?. Or, en posant A = ces 6, cette égalité prendra cette forme e'^cosam (e" ' x, e'^") -^ é~'^ cosam {e'^ x, e~^'^) = 2 cosô cosamx, et la relation que nous nous sommes proposé de démontrer en résulte évidemment, en comparant dans les deux membres les coefficients d'une même puissance de la variable. » Note sur tes vitraux peints et la vision des objets colorés; par M. Chevreul. « J'avais retenu un tour de lecture pour communiquer aujourd'hui à l'Académie un travail où j'examine les vitraux colorés des églises sous quatre rapports : » 1° Les différentes sortes de verre qui entrent dans la confection de ces vitraux ; » 2° La nature d'une couche solide que l'atmosphère tend à déposer sur leur face externe; » 3° Le moyen d'enlever cette couche sans nuire à la couleur des vitraux, lors même qu'il s'agit de la sorte de verre qu'on dit peint; » 4° L'exposé des causes auxquelles j'attribue les beaux effets des anciens vitraux. ') Il y a une vingtaine d'années qu'une personne très-honorable, char- (6i9) gée de la restauration des vitraux d'une des anciennes cathédrales de France, me pria de lui indiquer un moyen de restaurer des vitraux devenus abso- lument opaques par une très-longue exposition à l'atmosphère. » Je réussis, comme ou pourra en juger par l'échantillon que je présen- terai à l'Académie dans la séance prochaine. » Pourquoi n'ai-je pas publié mon procédé? )) La raison, la voici : mon ami, M. deGasparin, auquel j'avais montré cet échantillon, en parla, avec trop d'éloge peut-être, an Comité archéologique, qu'il présidait. Qu'arriva-t il? c'est que la plupart des membres du Comité condamnèrent le procédé sans le connaître et sans en avoir vu les résultats, et l'on assimila, si j'ai bonne mémoire, Vendiiil qui rendait les vitraux opaques à la patine d'une médaille antique; cependant, je pense qu'il y a quelque différence entre rendre la transparence à des vitraux qui l'ont perdue et cjue l'on veut conserver en place, et enlever la patine à une médaille de métal dont la nature est d'être opaque. Quoi qu'il en soit, on pourra lire !a condamnation de mon procédé dans l'un des Bulletins de l'ancien Comité archéologique du Ministère de l'Instruction publique. " La personne qui m'avait confié ces vitraux fut tellement alarmée du procès-verbal de la séance auquel je fais allusion, qu'elle me pria de garder le silence sur mon procédé et sur l'origine des vitraux qui avaient servi à mes expériences; car, me dit-elle, si vous parliez, toutes les commandes qu'on m'a faites me seraient retirées. Je me suis rendu à ce désir; et en publiant aujourd'hui mon procédé, je nommerai l'artiste auquel je l'ai communiqué et qui le pratique maintenant pour les vitraux de l'église de Saint-Gervais. Cet artiste est M. Prosper Lafaye, qui a suivi les cours du contraste des couleurs que j'ai cessé de faire aux Gobelins depuis 1862, et qui a renoncé à la peinture des tableaux pour se livrer exclusivement à la fabrication des vitraux peints et à la restauration de ceux que le temps a détériorés. » M. Prosper Lafaye, auteur de plusieurs tableaux qui font partie des galeries de Versailles, a soumis un Mémoire à l'Académie des Beaux- Arts, et cette Académie m'a prié de me réunir à une Commission qu'elle a chargée d'examiner le Mémoire de cet artiste. » Après m'étre inscrit pour la lecture de nîon travail sur les vitraux, j'ai pris connaissance d'un Mémoire de l'honorable M. Plateau, Correspondant de l'Académie des Sciences, sur un phénomène de couleurs juxtaposées. » Je vais en reproduire les deux premiers alinéa : « Tous les physiciens qui se sont occupés des phénomènes subjectifs » de la vision connaissent la loi du contraste simultané des couleurs si par- ( 620 ) » faitement établie par M. Chevreul. D'aprtîs cette loi, lorsque l'œil voit » simultanément deux espaces colorés contigus présentant respectivement » des teintes différentes, il juge ces deux teintes modifiées de telle manière » qu'à chacune d'elles s'ajoute, en certaine proportion, la complémentaire » de l'autre. Ainsi, quand on observe deux morceaux d'étoffe juxtaposés, » l'un d'un rouge pur et l'autre d'un jaune également pur, la couleur du » premier semble tirer sur le violet et celle du second sur le vert ; si les » deux morceaux d'étoffe sont, l'un vert, l'autre orangé, la cotdeur du )) premier paraît se rapprocher davantage du bleu, et celle du second )) semble plus rougeâtre, etc. » Or, des expériences que j'ai effectuées il y a un grand nombre d'an- » nées m'ont fait connaître un cas qui échappe à la loi de M. Chevreul. Ce » cas se présente lorsqu'on regarde d'une distance différente une bande )i colorée très-élroite sur un fond étendu teint d'une autre couleur : alors la )) couleur de la bande étroite, au lieu de se trouver modifiée par la com- » plémentaire de celle du fond , semble au contraire combinée avec la cou- » leur de ce même fond. » » Or, avant de lire mon Mémoire sur les vitraux à l'Académie, j'ai voulu répéter les expériences de 1\1. Plateau, quelque simple que l'ex- plication m'en paraisse. Si on se i-eporte à mes écrits sur le contraste ot sur les effets optiques des étoffes de soie, on sera convaincu qu'il n'y a pas de grands ni de beaux effets de couleur dans les vitraux peints hors du principe que je qualifie de vision distincte, et que la manière dont M. Pla- teau dispose les surfaces colorées qu'il observe en met l'effet dans une condition opposée à celle de ce principe. Je me servirai des expériences mêmes de M. Plateau, qui ont été répétées par M. Quetelet, le secrétaire de l'Académie des Sciences de Bruxelles, comme d'un argument des plus forts en faveur de la nécessité d'observer ce principe dans la juxtaposition des verres composant les vitraux peints, de sorte que rien ne pouvait arriver plus à propos que le Mémoire de M. Plateau pour la thèse que je soutiens. » CHiRURGlli. — Du succès de l'ouranoplastie avec oii sans ossification përiostique; par M. C Sédillot. « La nouveauté et l'importance de l'opération de l'ouranoplastie, dont j'ai eu l'honneur d'entretenir dernièrement l'Académie (séance du 3i août i863), m'engagent à entrer dans quelques détails sur cette remarquable conquête de notre art. » La doctrine de l'incurabilité des fissures congénitales de la voûte pala- ( 62. ) tine avait été acceptée et semblait si définitive en France, que les guérisons annoncées en Allemagne par le professeur Langenbeck, en i86r, n'avaient pas assez frappe l'attention pour qu'aucun chirurgien de notre pays ait paru lenté de les renouveler et en ait publié d'observations. Il est vrai que, sur les cinq malades dont M. Langenbeck avait rapporté l'histoire, deux succès seulement avaient été obtenus, et dans des cas où la fissure de la voûte n'était pas complète. » Aujourd'hui que le succès communiqué par nous à l'Académie montre la possibilité de la guérison des fissures même les plus compliquées, il n'est pas douteux que de semblables opérations ne soient appliquées avec empres- sement par tous les chirurgiens qui en trouveront l'occasion, et ce sera probablement d'autant plus prompt, comme en témoigne notre propre expérience, qu'une foule de malades condamnés jusqu'à ce jour à supporter leur difformité ou à recourir à l'emploi des obturateurs réclameront les secours de la chirurgie, des qu'ils en connaîtront les ressources et les heu- reux résultats. » L'ouranoplastie, comme nous avons dit, était la conséquence des tra- vaux de M. Flourens et des procédés déjà appliqués; mais les hésitations et les craintes qui avaient empêché les chirurgiens de réaliser ce grand progrès reposaient sur des considérations trop légitimes pour qu'il ne soit pas sans intérêt de les rappeler. On professait que les os mis à nu devaient s'exfolier, et dans les cas, peu nombreux il est vrai, où cette exfoliatiou n'ar- rivait pas, on la supposait insensible et moléculaire plutôt que de douter de la théorie. Dans certains cas, l'exfoliation, sorte de nécrose superficielle, pouvait se changer en mortification totale des os affectés, et pour ceux de la face, et particidièrement pour ceux de la voûte palatine, le danger sem- blait imminent. » On n'ignorait pas que dans les nécroses phosphorées, dont j'ai le pre- mier entretenu l'Académie (séance du 9 mars 1846), les os de la face par- tiellement ou entièrement atteints ne se reproduisaient pas, malgré la con- servation du périoste et de toutes les parties molles environnantes, et il en est de même des nécroses syphilitiques, si spécialement fréquentes aux maxillaires supérieurs et à la voûte du palais. Dans ce dernier cas, cepen- dant, les os placés entre deux périostes, nasal et buccal, semblaient offrir des conditions de régénération extrêmement favorables, puisque le travail ostéogénique av;iit deux sièges et deux organes dont la vascularité et la vitalité ne laissaient rien à désirer. Il était donc très-rationnel de supposer que les surfaces de la voûte palatine, mises à nu par la dissection et la C. R , i863, 2"i» Semestre. (T. LVII, K" lo.) 83 ( 622 ) séparation du périoste, seraient frappées de nécrose, et qu'on aggraverait l'état des malades, dont les fissures congénitales seraient agrandies bien loin d'être oblitérées. )) Les hésitations chirurgicales étaient donc parfaitement légitimes, et on pouvait également se demander ce que deviendraient des lambeaux détachés de leurs adhérences osseuses. Ces lambeaux seraient-ils assez solides pour produire une cloison définitive entre les deux cavités buccale et nasale et résister aux pressions continuelles inhérentes aux fonctions de ces parties? Ces craintes devaient néanmoins diminuer et disparaître devant la haute affirmation du célèbre secrétaire de l'Académie, et la conviction que le périoste produirait une nouvelle voûte palatine allait conduire à des essais des plus favorables; on sait aujourd'hui quels en ont été les ré- sultats. L'expérience, cette dernière raison du doute et de l'inconnu, a démontré que la voûte palatine dénudée par le chirurgien n'était pas frappée de nécrose, qu'elle se recouvrait parfaitement d'un nouveau périoste, et que les lambeaux détachés et réunis sur la ligne médiane y acquéraient une épaisseur, une résistance et une solidité suffisantes pour l'obturation et le rétablissement fonctionnel des deux cavités naso-buccales. » La question de savoir si les lambeaux périostiques rétablissent la con- tinuité d'une voûte véritablement osseuse a dès lors beaucoup perdu de son importance pratique dans le cas particulier qui nous occupe. » M. Langenbeck et quelques autres chirurgiens croient avoir nettement constaté la présence de surfaces osseuses de nouvelle formation ; si nous n en avons pas observé de notre côté, nous n'en contestons nullement la possibilité et nous nous bornons à en réclamer une preuve positive et incon- testable pour changer en conviction et en confiance scientifiques un fait aussi important et aussi fécond en conséquences ultérieures. » Le danger de la mortification des lambeaux pouvait être aussi le sujet de sérieuses inquiétudes, si l'on considère que les artères nourricières seraient divisées, les lambeaux séparés et nécessairement froissés par les manoeuvres de l'opération, réduits par leur rétractilité à une sorte de cordon ou de ruban d'une assez longue étendue, traversés et comprimés par de nombreux points de suture. 1) On a vu cependant qu'en pratiquant l'ouranoplastie en deux temps, de manière à n'atteindre en premier lieu que les artères palatines posté- rieures et n'intéressant la naso-palatine qu'après le rétablissement des ana- stomoses de la moitié postérieure du voile, on échappait à ces dangers et (pie la vitalité des lambeaux restait assurée. ( 623 ) » Nous avons supposé la fissure palatine bornée à la voûte et s'arrétanl a l'arcade dentaire. Dans les cas où la fente congénitale est encore plus étendue et atteint l'arcade dentaire elle-même, les procédés d'occlusion deviennent d'une application plus délicate et plus difficile et réclament dès à présent chez les jeunes enfants lui traitement plus rationnel de la projec- tion en avant de l'os incisif. » Nous demandons à l'Académie la permission de lui adresser sur ce sujet une prochaine communication, » MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Note sur linnocuilé et sur l'efficacité de la cautérisation des cavités utérines; par M. A. Cocrty. Commissaires, MM. Velpeau, J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) a Depuis longtemps M. Jobert de Lamballe a montré qu'on peut cauté- riser la surface du col de l'utérus au fer rouge, sans déterminer de dou- leur, sans provoquer aucun accident sérieux, et en procurant aux malades l'avantage considérable de voir guérir, par ce seul moyen, des granulations fongueuses ou des ulcères résistant à l'application des topiques les plus variés. Je me propose de signaler seulement deux nouveaux ordres de faits : » i" L'efficacité et l'innocuité de la cautérisation de la cavité du col utérin avec le fer louge; » 2° L'efficacité et l'innocuité de la cautérisation de la cavité du corps de Tutérus avec un crayon de nitrate d'argent laissé à demeure dans cette cavité. )) L La cautérisation actuelle de la cavité cervicale de l'utérus a été prati- quée par moi plus de trois cents fois. J'ai recueilli les cent premières obser- vations, il y a plus de six ans; j'ai suivi les malades, je me suis assuré de l'innocuité des suites, de la conservation des dunensions normales de l'ori- fice utérin, du retour naturel de la menstruation, de la grossesse, enfin de la parturition noimale. Je puis dire que je n'ai constaté, à la suite de cette cautérisation, aucun accident, ni primitif, ni consécutif. » IL La cautérisation de la cavité du corps a été faite par moi plus sou- vent encore. Je suis, sans aucun doute, au-dessous de la réalité en disant qu'à cette heure je l'ai pratiquée plus de cinq cents fois. ) Je me sers du crayon de nitrate d'argent fondu. Je le porte, à 83.. ( 6a4 ) l'aide d'instruments divers trop longs à décrire, jusque dans la cavité uté- rine. A ce moment, au lieu de mettre tous mes soins à l'en retirer iutact, je les mets au contraire à le casser et à le précipiter dans celte cavité, de manière à l'y abandonner. » Or, je puis dire que je ne connais pas de moyen plus héroïque que le séjour du crayon de nitrate d'argent fondu dans la cavité utérine, dans le traitement des granulations fongueuses de cette cavité , pour lesquelles Récamier avait inventé sa curette, et surtout dans le traitement des leucor- rhées chroniques et rebelles, qui font, chacun le sait, le désespoir des ma- lades et des médecins. Je n'ai pas constaté d'accidents sérieux à la suite de ce mode de traitement. D'abord certains accidents locaux, tels que la cau- térisation du vagin, sont prévenus par l'introduction à demeure d'im tampon chargé d'eau salée qui neutralise le nitrate d'argent. L'inflamma- tion est prévenue par de grands bains, des irrigations vaginales, le repos ab- solu. Pour la cavité du corps comme pour celle du col, et plus encore que pour la surface de ce dernier organe, l'existence bien avérée d'un état inflam- matoire est une contre-indication formelle à l'emploi du fer rouge ou des caustiques. Cette seule règle fera éviter bien des malheurs. » Il me reste à dire ce qui se passe dans la cautérisation de la cavité du corps de l'utérus, quelles sont les causes particulières de son innocuité, et quelles sont aussi les causes générales de l'innocuité de la cautérisation appliquée sur les diverses parties de l'utérus. » Pour ce qui est de l'innocuité de la cautérisation de la cavité utérine, on comprend facilement que l'introduction à demeure du nitrate d'argent dans cette cavité ne soit pas aussi dangereuse qu'elle paraît l'être de prime abord. La présence même du crayon détermine une hypersécrétion qui pro- tège la membrane. Le crayon est enveloppé de ce mucus qui se coagule d'abord autour de lui, et dès lors ce n'est plus qu'à travers cette enveloppe que se produit un échange entre le caustique et les sécrétions de la cavité utérine. On en a la certitude en voyant sortir, après sept à huit jours, le crayon de nitrate d'argent ou plutôt sa forme; car il est décomposé, il est ramolli, il a un aspect feuilleté; enfin, il est évident qu'il a été profondé- ment altéré par son séjour dans la cavité utérine, mais en même temps qu'il ne s'y est pas dissous comme dans im verre d'eau. Il s'est fait, je le répète, des échanges successifs entre les éléments dont il se compose et ceux du mucus sécrété par la membrane interne de la matrice. Celle-ci n'a donc subi que graduellement l'impression du caustique. » A quoi tient donc cette innocuité de la cautérisation en général, et de ( 625 ) quelques aiilres actions plus ou moins énergiques auxquelles on a pu sou- meltre sans danger réel la muqueuse utérine ? Elle me paraît tenir à deux causes : » La première, c'est qu'habituellement la cautérisation porte sur des tissus exubérants bypertrophiques, tels qu'il s'en produit si facilement dans un organe dont la composition anatomique et la nature physiologique sont d'èlre toujours en instance d'organisation. L'excédant, en quelque sorte, est détruit par le caustique, le tissu propre de l'organe n'est pas atteint. » La seconde, c'est que cet état physiologique dans lequel se trouve con- tinuellement l'utérus, et qui l'assimile en quelque façon aux organes en train dcsedévelopper, facilitesingtdièrementpourluilesréparationsde tissu. Aussi est-il souvent difiicilc d'apercevoir la moindre trace de cicatrice après la cautérisation. La nuiqueuse peut n'être pas atteinte dans les éléments con- stitutifs. Mais, en la supposant atteinte, ne peut-elle passe régénérer? Les phénomènes de la grossesse, ceux de la simple menstruation ne nous en donnent-ils pas la certitude ? » MICROGRAPHIE. — Nouvelles recherches sur les fermenls et sur les fermentations ; par M. J. Lemaire. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Milne Edwards, Bernard, Longet.) " Dans le Mémoire dont je donne ici le résumé, après avoir discuté plu- sieurs assertions de M. Pasteur, je fais connaître mes propres expériences. J'ai saturé d'acide carbonique pur des liqueurs riches en Vibrions vigou- reux, puis fermé à la lampe les tubes qui les contenaient. Dans ces condi- tions, au bout de quarante-huit heures, le plus grand nombre de ces ani- maux étaient immobiles, et le sixième jour tous étaient morts. Dans quatre tubes différents le même résultat a été obtenu. M. Pasteur admet que ]es Bacteriuin absorbent l'oxygène et que les Vibrions vivent d'acide carbo- nique. Je ne puis accepter cette théorie, me fondant sur les expériences pré- cédentes, et sur ce que le Bacteriuin termoeile Vibrion linéolesont, pour plusieurs zoologistes comme pour moi, le même animal à un degré différent de développement; comment croire que l'animal qui est Bacteriuin le matin et Vibrion quelques heures plus tard, vive dans des conditions si différentes? » Je mets sous les yeux de l'Académie des tubes fermés à la lampe qui contiennent, les uns de la viande, les autres de la farine de blé ou des feuilles de sureau dans de l'eau. Chaque tube contient une certaine quantité d'air. ( 626 ) Dans un autre tube la viande est tassée et seulement en présence de l'air, Ces matières, qui ontélé placées dans un grenier depuis le 4 août, ont subi 4o degrés de chaleur, et présentent le même aspect que les premiers jours. D'après d'autres expériences qui confirment les résultats des précédentes, je conclus que la putréfaction commence en vase clos à l'aide de l'oxygène que contiennent les vases et les substances mises en expérience. Ce gaz permet aux Bacterium, Vibrions et Spirittwn que l'on y constate de naître et de vivre un certain temps; mais lorsque l'oxygène est consommé, ils meurent et la putréfaction s'arrête. Cette explication me paraît en rapport avec ce qui est enseigné depuis longtemps. » D'après M. Pasteur, la gangrène n'est pas une putréfaction. Il nu- semble que le célèbre chimiste confond la gangrène sèche, qui est une de-.- siccalion des tissus pai- défaut de nutrition, avec la gangrène humide dans laquelle on trouve tout ce qui caractérise la putréfaction. Je ne saurais admettre de ferment spécial pour chaque espèce de fermentation; les phé- nomènes chimiques de ces transformations sont complexes: si l'on admet un ferment spécial pour l'alcool, l'acide acétique, etc., il serait rationnel d'en admettre un pour chaque corps qui se produit. » Pour prouver qu'il n'existe pas de ferment spécial pour provoquer chaque espèce de fermentation, je puis citer un grand nombre d'expériences que j'ai faites. Dans les unes des Baclerium, Vibrions, Spirillum et des Monades ont transformé de l'eau distillée sucrée en alcool, puis en acide acétique. Ces mêmes animalcules ont transformé de l'eau distillée, addition- née de I ou de 2 pour 100 d'alcool, en acide acétique. )) Dans la fermentation de la farine de blé j'ai constaté dans l'espace de quinze jours des Bacterium, Vibrions, Spirillum, Amibes, Monades et des Paramécies, puis des Microphytes. Le résultat a été modifié en faisant fer- menter la décoction de farine. Cela tient à la grande quantité d'amidon dissoute et aux acides qui se développent en notable proportion. » Je divise la fermentation putride en deux périodes que j'appelle/e7;f/e et d'épuration. Dans la période fétide, j'ai constaté trente espèces de Micro- zoaires; Dujardin dit avoir trouvé jusqu'à cinquante espèces d'infnsojres dans une matière en putréfaction. La période d'épuration est annoncée, lorsqu'on opère à la lumière, par l'apparition de la matière verte. Alors les Infusoires qui ont provoqué la période fétide disparaissent peu à peu, et, dans les expériences que j'ai faites, je les ai vus remplacés par des Euglé- niens, des Vorticelles et des Prolococcus. Je pense que l'épuration, dans ce cas, est principalement due à l'action de l'oxygène qui produit la matière (6.7 ) verte; toutefois, dans certains cas où il ne se forme pas de matière verte. je ne suis pas encore bien fixé sur la manière dont cette épuration s'opère. L'épuration peut être telle, sous l'influence de la matière verte, que de l'eau croupie, noire, infecte, devienne lim])ide et potable. » J'ai étudié l'influence cju'exercent les milieux sur le développement des ferments. Des zoologistes ont déjà signalé la grande influence qu'exercent sur le développement des Infusoires les diverses variations que peut pré- senter l'atmosphère. Ries expériences démontrent que les poussières atmo- sphériques servent d'aliment aux Infusoires. Dans certains cas, ce sont elles seules qui permettent le développement et la nuiltiplication de ces petits êtres. « Je me suis assuré que dans les matières animales et végétales neutres, ce sont des Microzoaires qui conunencent la décomposition, et, lorsque les liqueurs deviennent acides, des Microphytes apparaissent et les animalcules deviennent immobiles. Dans le melon, où la quantité de matières sucrées et azotées est associée à une faible proportion d'acide, on voit simultané- ment apparaître des animalcules et des Mucédinées. )) Dans les substances franchement acides, ce sont des Microphytes qui commencent la décomposition, et, lorsque les acides sont transformés de manière à ne plus nuire aux Microzoaires, ces petits animaux apparaissent et avec eux d'autres phénomènes chimiques. L'apparition des espèces appar- tenant au règne végétal et au règne animal me paraît subordonnée à la composition chimique des substances. » L'influence des acides est si grande sur l'ordre d'apparition des fer- ments, que l'on peut à volonté, en acidulant faiblement les substances végétales neutres ou diverses matières animales, faire naître des Micro- phytes à la place des Microzoaires; et réciproquement, en étendant d'eau les substances naturellement acides, faire naître des animalcules à la place de petits végétaux. Les acides que j'ai employés pour aciduler les substances neutres sont les acides acétique, citrique, lactique, malique et tartriqne. Je me suis assuré par des expériences que ces acides, à très-faible dose, tuent les animalcules. C'est à cette action toxique que j'ai attribue les résultats intéressants que j'ai obtenus. » Je ne saurais admettre la théorie de M. Pasteur sur l'acétification du vin. Je pense, avec les chimistes et les fabricants, qu'indépendamment de l'action du ferment il y a aussi oxydation directe. Contrairement à M. Pas- teur, j'admets que le il/^'cof/er/?îrt f nu' transforme l'alcool en acide acétique. En prenant la fermentation acétique ab ovo dans le moût de raisin, la sui- ( 6a8 ) vaut dans le vin, dans le vinaigre et dans la décomposition de celui-ci, j'ai constaté que c'est en présence du même mycoderme que s'opèrent toutes ces transformations. Remarquons qu'indépendamment de ces com- posés chimiques il s'en forme d'antres, et que, plus tard, des animal- cules viennent aider les mycodernies à achever la transformation de ce corps. Les mycoderuies se développent à cause de l'aciùilé naturelle du moût de raisin ou chi vin. Ce n'est pas pour faire de l'acide, mais parce qu'il y a un acide qu'ils s'y développent en abondance. C'est une question de milieu. » J'appellerai d'une manière toute particulière l'attention de l'Académie sur l'influence qu'exercent les acides sur le développement des tissus des végétaux. Cette influence des acides permet d'expliquer des questions encore obscures. C'est à l'acidité delà sueur, du sang du ver à soie et de la salive que l'on peut attribuer le développement des Microphytes dans certaines affections cutanées rebelles, dans la muscardine, et de VOidiiim albicans dans le muguet. Le tannin, le quinquina et les acides végétaux sont anti- septiques, parce qu'ils agissent comme poison sur les Microzoaires. C'est pour le même motif que le houblon agit comme conservateur de la bière. Il rae paraît enfin que l'on peut attribuer les alternatives de fétidité et de non-fétidité que présentent fréquemment de grandes masses de matières en décomposition, la température restant la même, à la formation de corps toxiques pour les Microzoaires. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ASTRONOMIE. — Second Mémoire sur la rotation de la Lune et sur la liliration réelle en latitude; par M. Ch. Simon. (Extrait par l'auteur; présenté par M. Le Verrier.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Mathieu, Faye, Serret.) « Ce travail est divisé en deux parties. Dans la première, j'examine les modifications que l'égalité des moyens mouvements de rotation et de révo- lution introduit dans les lois de la libration réelle en latitude. Contraire- ment à l'opinion de quelques auteurs, je démontre que les deux phéno- mènes de l'égalité de ces moyens mouvements et de la coïncidence des noeuds moyens de l'équateur et de l'orbite sont complètement indépendants l'un de l'autre; de ce que les satellites de Jupiter, par exemple, paraissent tourner sur eux-mêmes dans le même temps qu'ils tournent autour de ( 6^9) leur planète, on ne peut pas conclure rigoureusement que les nœuds de leurs équateurs sur le plan de l'orbite de cette planète coïncident avec les nœuds de leurs orbites jovicentriques. Mais l'égalité des moyens mouve- ments de rotation et de révolution modifie d'une manière remarquable les oscillations périodiques de l'axe lunaire, et particulièrement la nutation semi-mensuelle que j'ai déterminée dans mon premier Mémoire. Cette nu- tation se compose de deux oscillations elliptiques, de même période, de même amplitude et de sens contraires, qui donnent pour résultante une oscillation plane. Poisson n'avait déterminé qu'une seule des deux oscilla- tions composantes; aussi le caractère singulier du phénomène lui avait-il complètement échappé. » Dans la seconde partie, je donne les expressions complètes des coor- données sélénocentriques d'une tache lunaire, et j'établis les formules né- cessaires pour comparer la théorie aux observations. » ANATOMlE COMPARÉE. — Sur la structure du système nerveux des Mollusques gastéropodes. Extrait d'un Mémoire de M. Salvatobe Trinchese, présenté par M. Blanchard. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Blanchard.) « Jusqu'ici nos connaissances sur la structure du système nerveux des Mollusques, comme de tous les Invertébrés, sont demeurées fort incom- plètes. On ignorait encore si les différents noyaux médullaires qui forment le collier œsophagien présentent tous la même structure, ou, au contraire, si chacun d'eux offre une structure particulière. On manquait en outre de faits précis sur la structure des éléments nerveux qui constituent les nerfs, et rien n'avait été observé relativement à la manière dont ils se terminent dans les muscles des Mollusques qui n'ont que des fibres lisses. C'est poiu- combler ces lacunes que j'ai entrepris mes recherches. » I^es types que j'ai choisis pour mes études sont : VHetix Pomatia,V Arion rujus, et le Lymnœus stagnalis. » Dans tous les centres nerveux de ces animaux, indistinctement, se trouvent : " i" Des cellules rondes ou pyriformes de dimension variable, envelop- pées par une gaîne épaisse de tissu conjonctif; » 2° Des cellules petites, de forme irrégulièrement triangulaire, autour desquelles on n'aperçoit aucune enveloppe; C. R., i863. 2">= Scmesire. (T. LVII, N» lo.) 84 (6^o) » 3° Des noyaux libres ou myélocites semblables à ceux qu'on rencontre dans la substance grise du système cépbalo-racbidien des Vertébrés. » Je ne puis, dans ce court résumé de mon travail, insister sur la structme de ces éléments; leur description m'entraînerait trop loin. Je dirai seulement que chez ces animaux il n'y a pas de cellules apolaires ou unipo- laires; les bipolaires sont très-rares. Les cellules offrent ordinairement quatre prolongements. Chaque cellule envoie un prolongement à chacune des cel- lules qui l'entourent; tandis que d'antres prolongements passent entre ces dernières, et vont se rendre à d'autres celhdes plus ou moins éloignées. » I^es cellules nerveuses occupent, en général, la périphérie des gan- glions. La partie centrale de ceux-ci n'est remplie que par des fibres ner- veuses et du tissu conjonctif. Les cellules nerveuses d'un même ganglion n'ont jamais toutes, ni la même dimension, ni la même forme. Les plus grandes cellules constituent, à peu d'exceptions près, la couche la plus péri- phérique. A mesure que l'on approche du centre du ganglion, on voit leur diamètre diminuer graduellement. La couche la plus profonde est formée de cellules très-petites et de noyaux libres. Celte disposition montre que ces éléments sont dans un état de développement continuel. » Après ces caractères de structure communs à tous les centres médul- laires, il importe de préciser les particularités que présentent les différents groupes de noyaux médullaires. » Les deux ganglions cérébroïdes, dans leur région supérieure, sont for- més de grosses cellules rondes et de cellules pyriformes. Ces éléments, dis- posés en groupes, émettent tons des prolongements qui vont former les nerfs. )) A l'égard de la disposition des cellules, on remarque que les plus volu- mineuses, déforme ronde, se trouvent placées à distance très-régulière les unes des autres. Dans l'intervalle de deux celhdes rondes, il y en a constam- ment de pyriformes dont les prolongements se croisent. Dans la région inférieure des deux masses cérébroïdes, on observe des cellules triangulaires très-petites. )) A la partie antérieure de ces mêmes masses, il y a chez X Hélix et VJrion quatre petits ganglions de la nature de ceux qui ont été désignés sous le nom de ganglions cérébroïdes accessoires. Ces noyaux médullaires sont cachés sous les enveloppes du cerveau et ne peuvent être vus qu'en rendant celles- ci transparentes au moyen de certains réactifs, et en soumettant l'organe à im faible grossissement. De ces ganglions les deux extérieurs doivent être appelés optiques, car ils donnant naissance aux nerfs de ce nom. Ils se com- ( 63i ) posent de noyaux libres et de fibres nerveuses provenant de la partie anté- rieure des masses cérébroïdes. Les noyaux libres occupent à eux seuls la portion externe du ganglion, les fibres nerveuses en occupent l'interne- la ligne de séparation de ces deux éléments est très-nette. Les deux gano-fions internes, tres-différents des premiers, sont composés de cellules volumi- neuses pressées les unes contre les autres. » Sur le trajet des connectifs qui luiissent le cerveau au ganglion du pied existe un petit ganglion composé de cellules réunies en groupes dont la dis- position rappelle celle des compartiments d'une orange. « Dans le ganglion pédicux ou abdominal, composé de plusieurs noyaux médullaires, il y a également des différences de structure très-prononcées Sur une coupe longitudinale prise sur un des côtés du ganglion, chez nelix par exemple, on reconnaît quatre groupes de cellules pyriformes occupant toute la région supérieure et postérieure. Dans la région inférieure se trouve un groupe de cellules petites et rondes. Si au contraire on fait une coupe transversale sur la région supérieure de ce même organe, on voit trois groupes de cellules séparés par des cloisons épaisses de tissu conjonc- tit. De ces groupes les deux latéraux sont formés de cellules rondes et petites, communiquant toutes entre elles par de nombreux cyl.ndraxes Les groupes moyens sont composés de cellules trois ouquatre fois plus volu- mineuses cpie celles des deux groupes précédents, et forment un cercle très- regu ler Au centre de ce cercle on voit une cellule qui a trois ou quatre fois le diamètre des cellules qui en forment la circonférence et qui envoie a celles-ci de nombreux prolongements. >. Quant aux nerfs périphériques, ils sont formés de tubes très-minces ayant dans leurs parois des noyaux semblables à ceux qu'on observe chez les animaux supérieurs dans l'état embryonnaire. La manière dont ils se terminent dans les muscles mérite d être remarquée. L'élément nerveux, arrive sur la fibre musculaire, perd sa paroi propre, et le cylind.raxe seul y pénètre en se divisant en deux filaments très-grêles. Ceux-ci se dirigent en sens contraire, parcourent chacun une moitié de la fibre musculaire, et, arrives aux extrémités de celle-ci, se terminent en pointe très-fine. '. Pour mettre en évidence le cylindraxe dans l'intérieur de la fibre musculaire et montrer qu'il ne rampe pas à sa surface, j'ai fait des coupes transversales sur des faisceaux musculaires et j'ai constaté que le cvhn- draxe occupait le centre de chaque fibre musculaire. Dans quelques-unes de celles-ci on observe même deux cylindraxes dont l'un est plus fin que 84.. ( 632 ) l'autre. Le procédé que j'ai suivi dans ces recherches consiste à faire ma- cérer un morceau île muscle dans l'eau acidulée avec de l'acide nitrique, et à isoler ensuite les fibres au moyen d'aiguilles. » L'ensemble de ces recherches conduit à ces résultats : » i" Que le système nerveux des Mollusques se compose des mêmes éléments que ceux des animaux vertébrés; » 2" Que les différents noyaux médullaires du collier œsophagien ont une structure différente; ') 3° Que chez les types où la centralisation des noyaux médullaires est le plus marquée, la fusion de ceux-ci ne s'accomplit dans le ganglion du pied que vers sa moitié, et que, à ses régions supérieure et inférieure, les noyaux sont séparés; » 4° Que l'élément nerveux pénètre dans l'intérieur des 6bres muscu- laires de ces animaux (fibres lisses) et s'y termine en pointe. » THÉRAPEUTIQUE. —De l'atcoolë de Gunco, de ses effels prophylactiques et curatijs dans les maladies vénériennes^ de son injluence dans le pansement des plaies. Extrait d'une Note de M. N. Pascal. (Commissaires, MM. Rayer, Jobert de Lamballe. ) « Depuis longtemps déjà, plusieurs naturalistes célèbres avaient expé- rimenté contre la morsure des serpents, les propriétés antiseptiques du suc du Gnaco {Mikania Gitaco, de la famille des Synanthérées, tribu des Corymbifères). Les habitants des diverses régions où croît cette plante l'employaient encore de temps inunémorial dans une foule de cas, soit à l'intérieur, soit en applications locales dans l'usage externe. Tout cela était loin d'être suffisamment constaté; d'ailleurs, il y avait raison de douter si la plante qui avait servi aux expériences de Mutis, de Vargas, et à celles d'autres expérimentateurs, était bien toujours la même. Afin de nous mettre en garde contre ces objections, nous réunîmes plusieurs des plantes désignées sous le nom de Guaco, Huaco, Guao, etc., et nous les employâmes tantôt séparément, tantôt associées ; l'association des principes du Mikania Guaco et de ceux du Guao de Cuba nous a donné un alcoolé suscep- tible de rendre à la thérapeutique et à l'hygiène des services importants. » Les expériences qui ont établi d'une manière positive les propriétés hygiéniques et médicales de cet alcoolé comprennent aujourd'hui une période de sept années. Commencées en Italie en 1837, elles ont été ( 633 ) continuées en France depuis iBSg, elles observations des médecins italiens ont été largement complétées ou confirmées par celles de plusieurs membres du corps médical français dont l'autorité n'est point contestée. « PATHOLOGIE. — Sur les lésions cérébro-spinales consécutives nu diabète. Note de M. le D"^ Marchal (de Calvi), présentée par M. Velpean. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Andral, Bernard, Longet.) '( L'auteur s'est proposé, dans ce Mémoire^ d'établir que des lésions cérébro-spinales sont souvent produites par le diabète, tandis que jusqu'à présent on n'avait considéré ces lésions que comme pouvant occasionner le diabète. Il cite à l'appui vingt-trois observations, desquelles il résulte, suivant lui, que la congestion et l'apoplexie cérébrales, la paralysie ascen- dante, le trouble des facultés intellectuelles, etc., se sont présentés à titre d'accidents diabétiques. Dans un des cas qu'il rapporte, il y eut ulcération de la cornée et fonle de l'œil, comme chez les animaux que Magendie ren- dait diabétiques sans le savoir en les nourrissant de sucre exclusivement. Il termine par un rapprochement entre la goutte et le diabète, qu'il considère, dans sa variété la plus commune, comme la goutte dans le sang. La goutte, le diabète, le rhumatisme, la gravelle acide, les dartres, sont des mani- festations congénères de la grande diathèse urique. » PATHOLOGIE. — Sur la présence d'infusoires du genre Bacterium dans le sang humain. Note de M. Tigri, présentée par M. Velpeau. Cette Note, adressée de Sienne et écrite en italien, renferme onze obser- vations desquelles l'auteur croit pouvoir conclure : « 1° Que dans le sang de l'homme et dans des conditions spéciales de maladie peuvent se développer, durant la vie, des infusoires du genre Bacterium ; » 2° Que des infusoires du genre Mûnas et Vibrio se montrent dans le sang des cadavres, s'y développent et peuvent être considérés comme agents de la putréfaction. » (Commissaires, MM. Velpeau, Rayer, Bernard.) 31. Mandet adresse de Tarare deux Notes, l'une sur un moyen tendant à vulgariser l'emploi du sulfate d'ammoniaque pour rendre les mousselines ( 634 ) ininflammables, l'autre sur une modification qu'il a fait subir a un pare- ment pour le tissage des étoffes de coton et de lin, déjà signalé sous le nom de parement snlubre comme permettant aux tisserands de conserver leurs fils humides en même temps qu'ils travaillent dans un air sec. I/auteur prie l'Académie de vouloir bien comprendre ces deux Notes dans le nombre des pièces admises à concourir pour le prix dit des Arts insalubres. M. Dumas envoie une addition à ses précédentes communications sur un frein pour les chemins de fer, qu'il désigne par le nom àe frein modérateur. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Piobert, Clapeyron, Séguier.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de la Marine adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le numéro d'octobre de la « Revue Maritime et Coloniale ». Le Bureau central de Statistique de Suède adresse à l'Académie un exemplaire de la première livraison de son « Rapport, pour les années i856- 1860, sur l'état et le mouvement de la population de la Suède ». M. LE Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Lettre de M. Jules Tliore, qui annonce que son père, M. Fr.-Hon. -Franklin Thore, décédé à Dax (Landes) le 21 septembre i863, a légué à l'Académie des Sciences le capital d'une rente de 200 francs qui serait destinée à la fondation d'un prix à l'auteur du meilleur Mémoire sur quelque point de l'histoire des Cryp- togames ou des Insectes d'Europe. M. Jules Thoré annonce qu'il tient la somme nécessaire à la disposition de l'Académie. (Renvoi à la Commission administrative.) PHYSIQUE. MATHÉMATIQUE. — Réponse à des remarques insérées dans le Compte rendu du a8 septembre i863; par M. F. Reech. « J'ai l'honneur de déclarer à l'Académie que M. Dupré s'est mépris sur mes intentions et sur ma manière de voir. Je ne crois à aucune vertu propre de l'analyse algébrique pour faire découvrir des lois physiques. Je suis du parti de ceux qui admettent que l'analyse algébrique ne rend que ce qu'on V met. Je la crois indispensable pour faire découvrir toutes les consé- ( 635 ) quences logiques d'un principe ou d'une hypothèse concernant des gran- deurs. » J'ai vouhi faire connaître les équations générales des propriétés calo- rifiques et expansives des fluides élastiques, sans idée préconçue sur la nature de la chaleur. Je suis parvenu à faire entrer dans ces équations des quantités T, ^ qui, à pr/on, peuvent être des fonctions quelconques de deux des variables (', p, t, mais qui, au point de vue d'un équivalent mécanique de la chaleur, doivent être des fonctions de t seulement, et dont l'une, A", serait même une constante d'après l'opinion généralement reçue (très-vraisemblable d'ailleurs). » Qu'il doive y avoir une théorie mécanique de la chaleur, cela n'est pas contestable. En effet, quelle est la cause des mouvements de la matière inorganique (et même de la matière organique) à la surface de la terre, si ce n'est la chaleur, alors qu'on fait abstraction de la cause des marées dont les effets sont trop minimes et d'une spécialité trop restreinte pour qu'il y ait lieu d'en parler ici? Qu'on se représente le globe terrestre placé dans une enceinte d'une température constante et égale partout. Ne voit-on pas que dans ce cas-là, à la longue, il n'y aurait plus ni courants d'air, ni pluies, ni sources, ni rivières, ni fleuves, ni mouvement de la matière inorganique d'aucune sorte, et par suite ni végétation ni vie? Un état d'équilibre pareil à la mort, en toutes choses, succéderait à ce qui est. Inversement, qu'on se représente le globe dans un état de repos universel, et que tout à coup on y fasse arriver de la chaleur, non uniformément partout, mais de la chaleur en certaines régions, et du froid dans d'autres régions. Ne voit-on pas que les lois de l'équilibre cesseront d'être satisfaites? Les corps ayant la propriété de se dilater par la chaleur et de se contracter par le froid, il n'y aura plus équi- libre ni dans l'atmosphère, ni dans l'Océan. Des courants se produiront dans l'air et dans la mer. Il y aura des vaporisations et des condensations; par suite, des pluies, des sources, des rivières et des fleuves. Il y aura, [)ar consé- quent, im état de mouvement de la matière inorganique qui durera aussi longtemps que de la chaleur sera reçue par certaines régions du globe et cédée par d'autres. » La même loi fondamentale a été reconnue nécessaire dans l'état de fonctionnement des machines motrices à vapeur et à gaz. Il faut, par con- séquent, qu'il y ait une certaine relation entre un travail produit et les deux sommes de chaleur (/, q', dont l'une q' sera reçue par un fluide élastique à une température élevée ^', et dont l'autre (j sera cédée par le fluide à une température basse t. ( 636 ) )) Je respecte et j'honore grandement les savants qui, par leurs travaux, ont contribué à nous faire connaître explicitement une telle relation. » Il est généralement admis (et démontré) que la relation en question se réduit à deux principes tels, que dans mes équations générales des fluides élastiques on doit faire k = constante, T = 273 H- t. Je ne nie pas cela ; je suis fort disposé à l'admettre et même à le corroborer par mes propres intuitions; mais je pense qu'un procédé général de calculs serait utile pour qu'on pût distinguer aisément parmi différentes équations, qui sont et qui peuvent être journellement produites, celles qui sont d'ac- cord avec les principes en question de celles qui ne le seraient pas. Beau- coup de ces équations sont fondées sur des considérations infinitésimales trop isolées ou trop incomplètement développées pour que le lecteur doive V avoir une entière confiance. Il y a d'ailleurs autant d'espèces de considé- rations différentielles que de choix de deux variables indépendantes parmi les quatre quantités f, p, t, u, et il serait vraiment pénible que, pour se tenir au courant de la science, il fallût que, au gré de différents auteurs, on fût obligé de subir la fatigue d'autant d'espèces de considérations infinitési- males. Pour mon compte, j'y ai renoncé déjà. Quand je veux vérifier quelque équation que ce soit dans la théorie des fluides élastiques, j'ai recours à ma théorie générale ; j'y considère comme des variables indépendantes celles de léquation dont je me propose de faire la vérification. Je ne me préoccupe plus de considérations infinitésimales sur des figures. Je me borne à former algébriquement les expressions des chaleurs spécifiques a, b et à rendre des différentielles exactes les seconds membres des deux expressions f/n = ^=..., dQ = kâQ-pdv. J'attribue àT et k les valeurs admises, et si, en m'y prenant ainsi, je ne véri- fie pas l'équation en question, je conclus que, de deux choses l'une, ou l'auteur de l'équation s'est trompé, ou bien il admet quelque autre principe que les deux reconnus strictement nécessaires dans l'état actuel de la théorie. >i Je laisse à apprécier si mes équations ont, en effet, l'utilité que je leur assigne, ou bien si je suis le jouet d'une illusion. » En tout ceci il n'y a rien qui soit en désaccord avec les travaux de MM. Dupré et Clausius. Si j'ai attendu ime réclamation de priorité de l'un ( 637 ) de ces savants pour intervenir dans le débat et faire connaître une partie de mes propres recherches, c'est que sans cette réclamation, qui a fortement ravivé mes souvenirs, je n'eusse pas songé à retourner à mes manuscrits pour en extraire ce qui dut l'objet de mes deux précédentes Notes et de celle-ci. » PHYSIQUE. — Les corps divers portés à l'incandescence sont-ils également lumineux à même température P par M. F. de la Pkovostaye. « D'après des observations de M. P. Desains et moi qui remontent à neuf ans et ont été insérées au tome XXXVIIl des Comptes rendus de l'aca- démie des Sciences, les corps divers portés à l'incandescence sont très-iné- galement lumineux à même température. M. E. Becquerel (Annales de Chimie et de Physique, t. LXVIII, p. gS etg^) déclare nettement que d'après ses expériences les nôtres sont erronées, et aussi, p. io4, « que les corps so- 0 lides tels que le platine, l'asbeste, le charbon et l'or, depuis le moment " où ils commencent à devenir tous lumineux, c'est-à-dire depuis 480 à M 490 degrés jusqu'aux températures les plus élevées, ont donné sensible- » ment les mêmes effets au photomètre, » ce qui est absolument contraire à ce que nous avons cru voir ([). Voici comment il critique notre procédé : ■< Ils se sont servis pour cette détermination de petites lames d'or et de » platine recouvertes de diverses substances et échauffées par un courant » électrique. » » Puis, après avoir indiqué le photomètre : « Il est possible que les différents points des lames métalliques parcou- « rues ainsi par le courant électrique et recouvertes de substances diffé- « rentes, placées dans l'air, se refroidissent inégalement vite, et ne soient pas » au même instant à même température. C'est par ce motif que diverses 1) matières échauffées ainsi ont paru devenir visibles à partir de limites dif- » férentes de température, tandis qu'au contraire, d'après les expériences » qui vont être citées plus loin, les corps solides qui ont été soumis à l'ex- » périence ont commencé à devenir lumineux à partir du même degré » thermouiétrique. » (i) Pour ne rien omettre, nous devons dire qu'à la page 97 je trouve les lignes suivantes : « J'ai admis que les corps commencent à émettre de la lumière à partir de la même limite u de température, quoique avec une intensité différente » C. R., i863, i^e Semeslrc. (T. LVII, fi» 13.) 85 ( 638 ) » Remarquons d'abord que dans la Note à laquelle renvoie M. E. Bec- querel, nous n'avons point dit que les diverses matières échauffées ont paru devenir visibles à partir de limites différentes de température ( i ), mais bien que, dans des circonstances d'échauffement identiques, des surfaces de natures différentes envoient des quantités de lumière très-inégales. » Quant à l'objection sur l'inégalité de température des diverses parties de la lame, quelques détails sur la disposition de l'expérience la feront dis- paraître. Concevons une lame de platine PP' très-mince, dont la face anté- rieure soit métallique et la face postérieure couverte d'oxyde noir de cuivre CC. Si la lame a partout la même épaisseur, évidemment les deux moitiés droite et gauche seront également échauffées par le courant élec- trique, et ni l'action de l'air ni l'action du rayonnement ne peuvent troubler cette égalité. Supposons maintenant qu'on ait noirci la partie postérieure de la moitié gauche et la partie antérieure de la moitié droite : cette inversion ne peut altérer les températures des deux moitiés, qui demeurent toujours les mêmes quoique leurs parties identiques regardent des points opposés de l'espace. » Venons à l'inégalité d'épaisseur. Si la portion droite est plus mince, elle sera plus échauffée, et l'oxyde qui la recouvre à la partie antérieure, pour cette seule cause, pourra être plus lumineux que le platine de la por- tion gauche. Mais alors cette dernière moitié sera plus épaisse, elle sera moins chaude, et l'oxyde qui la recouvre à l'arrière devra être moins lumi- neux que le platine de la partie mince adjacente. L'expérience montrant que l'oxyde est plus lumineux sur les deux faces, l'inégalité observée n'est pas explicable par une différence dans l'épaisseur des deux moitiés de la lame. » M. Becquerel poursuit : i< D'un autre côté, il aurait été préférable, dans les expériences précé- » dentés, de comparer l'intensité de la lumière émise par une surfacr » incandescente à l'intensité d'une lumière fixe, et non pas à celle d'une » autre portion de la même surface. » » L'avantage est contestable, car dans la première méthode une seule erreur est possible, celle à laquelle on est exposé dans toute observation physique ; dans la seconde, on a deux erreurs de ce genre à redouter, et de plus deux nouvelles erreurs qui peuvent provenir d'une variation de l'inten- (i) Il est vrai, l'un de nous a dit quelque chose de semblable ; toutefois, cen'est point en 1854, c'est dans son travail imprimé en janvier i8G3. (639) site lumineuse du secoucl corps et d'une variation de la lampe pendant le temps qui s'écoule entre les deux observations. » Pour comparer les pouvoirs émissifs du platine et de l'oxyde de cuivre, nous nous étions placés dans une enceinte noire à basse température, de sorte que la lumière reçue par l'œil provenait uniquement, d'un côté du platine, de l'autre de l'oxyde de cuivre. On opérait donc bien sans altéra- tion et sans mélange sur les quantités qu'il s'agissait de comparer. )) Quant à M. E. Becquerel, il a cru devoir placer les corps étudiés dans un tuyau en terre, formant enceinte, porté tout entier à la même tempéra- ture que ces corps. Il cherche à démontrer que l'enceinte n'a pas d'in- fluence; puis, après avoir vu que dans ces circonstances le platine, l'or, le charbon, l'asbeste, etc., envoient la même quantité de lumière à même tem- pérature, il conclut de son observation que tous les corps ont le même pouvoir émissif pour la chaleiu' lumineuse. » 11 est tout à fait impossible d'admettre une pareille proposition. » Personne ne conteste, s'il s'agit de la chaleur, qu'un élément de pla- tine, par exemple, pris dans une enceinte dont tous les points sont égale- ment chauffés, et qui reçoit d'un élément noir une quantité de chaleur que nous représenterons par loo, n'en renvoie autant au moment de l'équilibre. Seulement le mot renvoyer ne signifie pas émettre. Si on opère à la tempé- rature de l'eau bouillante, le platine n'émet qu'une quantité de chaleur égale à lo; c'est par réflexion qu'il renvoie l'excédant, égal à 90. )) Évidemment tout se passe pour la lumière comme pour la chaleur, et si le platine envoie autant de lumière que le charbon, c'est que la lumière émise par celui-ci est égale à la lumière partie émise, partie réfléchie, en- voyée par le platine. » M. E. Becquerel reconnaît (p. 104, dernières lignes) que le platine réfléchit la lumière de l'enceinte dès que celle-ci devient un peu plus chaude que lui. Il réfléchit dès lors tout aussi bien la lumière de l'enceinte à même température. Ainsi, non-seulement l'action de l'enceinte n'est pas négligeable, mais elle produit pour certains corps réfléchissants la plus grande partie de l'effet observé. Cela étant, l'expérience de M. Becquerel est une confirmation de la proposition qu'il attaque; car si la lumière ren- voyée par le platine provient en grande partie de la réflexion, ce qui est absolument certain, la quantité qu'il émet est nécessairement beaucoup moindre que celle émise par le charbon à même température. » 85.. ( 64o ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les iempèles de l'équinoxe. Note de M. Marié-Davy, présentée par M. Le Verrier. « L'équinoxe d'automne [a été marqué par de fréquentes perturbations atmosphériques. » Depuis notre dernière communication à l'Institut, le 17 août, nous pouvons compter jusqu'à six tempêtes successives et distinctes, séparées par un intervalle de quelques jours d'un calme plus ou moins complet. Toutes ces tempêtes ont présenté des caractères communs dans leur mode d'apparition et dans leur marche. M Nous voyons leurs premiers symptômes se manifester plusieurs jours à l'avance sur les côtes occidentales de l'Europe par l'inflexion des courbes d'égale pression barométrique; puis le vent monte plus ou moins rapidement sur les côtes nord-ouest de France et d'Angleterre, en affectant une tendance très-marquée à tourner autour d'un centre de dépression qui forme le cen- tre de la tempête. Le centre lui-même se déplace, tantôt d'une manière ré- gulière et progressive de l'ouest à l'est, en s'élevant d'abord vers le nord pour redescendre ensuite vers le sud après avoir franchi l'Angleterre, tantôt au conlraire avec quelques hésitations qui semblent le ramener momenta- nément en arrière. » L'étude de ces perturbations offre un grand intéi'ét, soit au point de vue purement scientifique, soit au point de vue des probabilités qu'on en peut tirer relativement aux points menacés par une tempête qui se prépare ou qui a déjà commencé à sévir. Cette étude est régulièrement suivie à l'Ob- servatoire impérial de Paris au moyen de nos cartes; mais jusqu'à présent ces cartes étaient restées manuscrites : nous avons pensé faire une chose agréable et utile aux météorologistes en les insérant dans le Bulletin quo- tidien de l'Observatoire. » Déjà, dans le Bulletin du 1 1 septembre, nous avions reproduit les cartes des 7 et 10 du même mois, afin de montrer la nature de la tempête qui sé- vissait alors sur l'Europe et d'indiquer le sens et la rapidité de sa marche. » C'est le 16 septembre que notre publication régulière a commencé; une nouvelle tempête nous semblait se préparer sur lOcéan, et nous vou- lions qu'on pût la suivre dès l'apparition de ses premiers indices. » Le 17, une modification très-marquée se manifestait dans la distribution des pressions sur l'Europe occidentale. La courbe barométrique 0^,765, ( 64i ) qui la veille au malin se relevait vers le nord-ouest sur l'Irlande, se trouvait repliée vers le sud le long de nos côtes et de celles du Portugal jusqu'à San- Fernando, près Cadix. Les probabilités d'un coup de vent prochain nous pa- rurent assez grandes pour qu'à 3 heures nous pussions adresser à nos correspondants d'Allemagne la dépèche télégraphique suivante ; « Menace à r ouest sur l'Océan. » » Le i8, cette même courbe o",765 s'était fermée en se retirant vers le nord-est et n'embrassait plus que la France et une partie de rAlIemagne. En même temps la courbe 760 avait suivi une marche parallèle et présentait dans le golfe de Gascogne une dépression qui forme pour nous un des signes les plus caractéristiques de l'arrivée des tourbillons sur l'Europe moyenne, et que nous croyons pouvoir attribuer à ce que la surface lisse de l'Océan oppose moins de résistance que la surface accidentée du sol à la transmission de l'impulsion de l'air qui la recouvre. L'atmosphère parais- sait calme encore; un très-petit nombre de stations éloignées, Bruxelles, Leipzig, Barcelone et Livourne, indiquaient un vent assez fort, taudis que partout ailleurs le vent était faible ou modéré. En même temps les vents gardaient encore, sur la France et l'Espagne, cette direction nord ou est qui n'est due, dans ces conditions, qu'à un remous produit par les vents op- posés tendant à s'établir dans l'atmosphère. » Dans cette situation, quelles que soient les probabilités de l'arrivée très- prochaine d'un tourbillon, il règne encore un peu d'incertitude sur le point précis par lequel il abordera nos côtes, et par suite sur le sens et l'étendue du mouvement de rotation des vents. Néanmoins, le 18, à 3 heures, nous adressions télégraphiquemeut à nos correspondants les probabilités sui- vantes pour le lendemain: Battiquc : vent de nord-ouest à sud- ouest, ciel nuageux ou couvert. De Dunkerque à Hambourg : vent d'ouest h sud, ciel nuageux ou couvert. De Brest à Dunkerqiie : vent de nord-ouest e\ sud-sud-ouest, ciel nuageux ou couvert. De Brest à Rochefnrt : vent de sud-est à sud tournant à ouest ou nord-ouest, ciel nua- geux ou couvert. De Rochefort à Bilbao : vent de nord-est à sud -est ou sud-ouest, ciel beau ou nuages. De Barcelone à Jlicante : vent de nord-est à sud-est ou sud-ouest, ciel beau. De Port-Cendres à Jntibcs : vent de nord à est ou sud-est, ciel beau. D'Jntibes à Livourne : vent de nord à est ou sud-est, ciel' beau. Partout le vent clei'ra fraîchir, excepté dans la région de Roclufort et Bilbao. » Nous voyons en effet, le 19, le vent tourner graduellement vers les directions indiquées et fraîchir sur la Manche. Toutefois, à Brest seulement, ( 642 ) il était fort à 3 heures du soir. C'est sur l'Angleterre que le centre du toiu-- hilion s'était rapidement porté; mais, par exception, ime partie des dépè- ches anglaises nous firent défaut le 19; et nous ne pûmes juger que pai- induction de la force de la tempête qui sévissait déjà sur l'Angleterre, et de la position exacte du centre du mouvement. Le 19, à 3 heures, nous don- nions comme probabilités, pour le dimanche 20, des vents de sud à ouest dont l'intensité devait s'élever de modéré ou assez/or/ jusqu'à /orf, sur la Manche et l'Océan, avec ciel couvert, et pour le lundi 21 des vents plus accentués s'étendant jusque sur la Méditerranée, avec un temps pluvieux. La tempête était annoncée pour ce jour dans le golfe de Gascogne. » La tempête a suivi son cours, avec quelques irrégularités dans sa mar- che, les 20, 21 , 22, 23, 24 et 25 septembre. Le 25, le vent était faible ou modéré sur presque toute l'Europe à 8 heures du matin ; le Havre et Heligo- land accusaient seuls un vent fort. Le 26, le calme était encore plus com- plet et aucun indice de prochains coups de vent ne se montrait à 8 heures du matin sur nos côtes occidentales. La Méditerranée restait seule trés- tourmentée et sous le coup d'une menace persistante. » Le lendemain matin, dimanche 27, la situation se trouvait complète- ment changée; un second tourbillon y accusait son arrivée prochaine, et des le soir même il commençait à envahir l'Europe, du nord de l'Angle- terre à la Méditerranée, pour disparaître le lendemain aussi rapidement qu'il était arrivé. )) Le calme qui succéda à cette bourrasque ne devait pas être de longue durée. » Le 29, nous voyions se reproduire sur la carte du matin l'inflexion caractéristique déjà signalée pour le 18 septembre, et nous pouvions adres- ser à nos correspondants avis de la menace qui se dessinait pour nous. La marche de ce deuxième grand tourbillon a été singulièrement hâtée par le passage du tourbillon intermédiaire du 27 au 28. Aussi, au lieu de mettre deux ou trois jours pour envahir l'Europe occidentale, nous le trouvons, dès le 2g à 3 heures, établi sur l'Angleterre et les côtes ouest de France. Nous devons rappeler à cette occasion que les dépêches météorologiques qui nous arrivent chac[ue jour de i 1 heures à 2 heures sont toutes relatives à 7 ou 8 heures du matin; que les renseignements qui peuvent nous être adressés sur l'état du ciel au moment où nous établissons nos cartes et nos prévisions, c'est-à-dire de 2 à 3 heures du soir, ne nous arrivent que le len- demain matin, et qu'en particulier le Bulletin et les prévisions de l'amiral Fitz-Roy ne nous parviennent que le lendemain par la poste. ( 643 ) » Ce deuxième tourbillon a été d'une grande énergie. Il sévissait encore sur l'Europe, lorsque le 5 octobre dernier nous voyons une troisième fois se reproduire l'inflexion des lignes barométriques déjà signalée sur le golfe de Gascogne. Ce même jour, 5 octobre, nous adressions, pour la troisième fois depuis le 17, avis d'une menace de coups de vents. » Le 6, l'Angleterre commençait à ressentir des vents forts. » Le 7, l'atmosphère s'ébranlait sur l'Europe et nous indiquions des vents forts ou très-forts pour le 8 sur les côtes de France. » La marche de ce dernier tourbillon, au milieu duquel nous nous trou- vons encore actuellement aujourd'hui lundi 12, présente quelques parti- cularités sur lesquelles nous dirons quelques mots. » Les 6 et 7, le phénomène ne s'accuse que par l'inflexion des courbes d'égale pression le long des côtes du golfe de Gascogne ; toutefois l'abais- sement très-marqué de la pression à Valentia, sur la pointe ouest de l'Ir- lande, montre que le phénomène s'approche de ce point. Le 7, le centre du tourbillon se dessine assez nettement entre Valentia, Penzance et Brest : le 8, il a marché vers l'est et se trouve entre Penzance, Brest et Cherbourg; le 9, il a rétrogradé vers l'ouest. En même temps les courbes se sont élar- gies, comme si elles devaient embrasser un tourbillon plus intense reformé plus à l'ouest. Cette situation persiste en s'aggravant jusqu'au lundi 12 oc- tobre, où le centre du tourbillon reparait sur les côtes ouest de l'Irlande. Cette fois la dépression est forte, les courbes d'égale pression très-resserrées et le vent très-fort. Tout présage que cette dernière sera l'une des plus fortes tempêtes delà saison. » L'examen de nos cartes météorologiques montre que généralement d est possible de pressentir vingt-quatre ou quarante-huit heures à l'avance l'arrivée sur nos côtes d'une tempête un peu durable. Nous ne les considé- rons toutefois que comme une première ébauche, bonne pour nous guider dans l'établissement des probabilités du lendemain ou du surlendemain. Trop souvent nos renseignements nous arrivent trop tard ou incomplets. Toutefois, depuis aujourd'hui lundi 12, les documents qui nous par- viennent d'Angleterre ont reçu de l'amiral Fitz-Roy un très-utile complé- ment par l'adjonction de Nairn et Greencastle. » L'incontestable utilité que ce genre de travail peut présenter pour la météorologie nous fait vivement désirer de l'étendre sur une plus large base. Si nos cartes peuvent nous faire pressentir une tempête et nous per- mettent de la suivre dans sa course à travers l'Europe, elles ne nous in- diquent rien ou presque rien sur leur lieu d'origine et sur leur mode de ( 644) formation, et cependant c'est là un des éléments essentiels, non-seulement de la science, mais de ses applications. Nous attacherions la plus grande importance à la construction de cartes journalières s'étendant à tout Ihémi- sphère nord, fallût-il une année pour réunir les éléments de chacune d'elles. Au miUeu de l'incessante mobilité des phénomènes atmosphériques, il est très-certainement de grandes lois générales qu'il importe d'en dégager et qu'on peut aller rechercher dans les années antérieures. Les principales de ces cartes pourraient être publiées par la voie de notre Bulletin, dans la forme adoptée pour les cartes du jour. » M. liViLDBERGER, qui avait déjà précédemment adressé à l'Académie plu- sieurs publications concernant des procédés de son invention poiu- les Irai- tements orthopédiques, lui envoie aujourd'hui de Bamberg trois nouveaux opuscules se rapportant au même sujet, et prie l'Académie de vouloir bien les renvoyer à l'examen de la Commission chargée de décerner les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation Montyon. M. BocRGocxE adresse une semblable demande pour un ouvrage sur iérjsipèle dont il envoie un exemplaire. M. BocQuiLLON, auteur d'un Mémoire intitulé : « Revue du groupe des Verbénacées », Mémoire dont un exemplaire avait été présenté il y a quel- ques semaines, en adresse un second comme pièce de concours pour un ])rix qu'il croit à tort être du nombre de ceux qu'a proposés l'Académie. La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 12 octobre i863 les ouvrages dont voici les litres : Bulletin et cartes météorologiques de l' Observatoire impérial, du 4 «" 10 oc- tobre i863; feuilles aulographiées, in-fol. Report. . . Rapport sur les progrès relatifs à la solution de certains problèmes spéciaux de dynanuque; par M. A. Cayley. (Extrait du Report oj the Britistt Association j or the advancement of science, for 1862.) In-8". ( 645 ) Recherches chimiques et crislallocjr api tiques sur les luncjstates, lesfhiotuiigstates et les silicotuncjslates ; par M. C. Marignac. (Extrait des Annales de Chimie et de Physique, 3^ série, t. LXIX.) Paris, br. in-8°. Examen des perfectionnements récents dont a été l'objet l'opération de lu fistule vésico-vayinale, suivi de trois nouvelles opérations pratiquées avec succès ; par M. le D"^ Herrgott. Strasbourg, i863; br. 111-8". (Présenté au nom de l'auteur par M. Velpeau.) Excursion chirurgicale en Angleterre : Lettres adressées à M. le professeur Bouisson; par A. COURTY. Paris et Montpellier, i863; in-S". Traité de l'érjrsipèle considéré comme une fièvre exanthématique essentielle, suivi de l'exposition d'une nouvelle méthode de traitement applicable à cette affection; por le D'' Bourgogne père. Bruxelles, i863;in-8°. Sur la transformation de l'arsenic en hydrure solide par l'hydrogène nnissani, sous l'influence des composés nitreux ou de la pression; par M. Bloinoloi. Nancy, i863; br. in-S". Rapport fait à la Société d'Agriculture et de Commerce de Cacn sur la charrue de M. Pagny; par M. Olivier. (Extrait du Bulletin de la Société d' Agriculture et de Commerce de Caen.) Caen, i863; br. in-8°. Revue du groupe des Verbénacées; par M. H. Bocquillon. Paris, 1861- i863; vol. in-8°, avec plusieurs planches gravées sur cuivre. Du Guaco et de ses effets prophylactiques et curnlifs dans les maladies véné- riennes; par îvoël Pascal. Paris, i863; in-8°. (2 exemplaires.) Jahrbuch... Annuaire de l'Institut I. R. géologique de tienne; vol. XII, n" 4 (septembre à décembre 1862). Vienne, vol. in-4". Sveriges... Bureau central de Statistique de Suède. Rapport du Bureau sur l'étal et le mouvement delà population de la Suède pour les années 1 856-1 860; I " livraison. Stockholm, ië63; in-4''. Die Riickgratsverkrûmmungen... Des courbures ou déviations de la colonne vertébrale ; par \e W i . WiLDBERGER. Leipsig, 1862; br. in-S", avec figures lithographiées. Praklische... Expériences pratiques du domaine de l'ordiopédie ; par le même. Leipsig, i863 ; in-8", avec planches gravées sur bois. Documents à l'appui des résultats favorables obtenus par ma méthode de trai- ter les luxations spontanées et invétérées de l' articulation coxo-fémorale; par le rnéme. Leipsig, i8G3; in-8", avec figures photographiées. Rendiconto... Société Royale de Naples : Sciences physiques et mathémati- ques, Comptes rendus... ; 2" année, fasc. 7. Nisples, i863; ii)-4''- c. R., i8G3, 2"'' Semestre. (T. LVII, N» l!î.) 86 ( 646 ) PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PEXDA.VT LE MOIS DE SEPTE.MBKE 1U65. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ; 2^ se- mestre i863, n°' loà i3 ; in-4°' Annales de Cliimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BOUSSINGAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy- sique publiés à l'étranger, par MM. WURTZ et Verdet ; 3^ série, t. LXVIIl, août i863; iii-8°. Annales de l^ Agriculture française ; 5" série, t. XXII, n°* 3, 4 et 5 ; in-8". Annales forestières et métallurgiques ; 22" année, t. II, août i863; 10-8". Annales télégraphiques ; t. VI ; jnillet-août i863; in-8°. Annales de la Société d hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. IX, 12* livraison; in-8". Annales de la Société météorologique de France; t. VIII; 1860, i" part., f. 16 321 ; t. XI, i863, 2<^ part., f. i à 6; in-B". Atti deir Academia pontificia de Nuovi Lincei; i5^ année, 2* à S" session. Rome; in-4°. Atti deirimp. reg. Instituto Vcneto di Scienze, Lettere ed Arti; t. IX, j^ livr. Venise, in-8". Bulletin de la Société géologique de France; t. XX, feuilles 21 à 3o, livrai- son de juillet i863 ; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse; t. XVI, n° 68. Genève; in-8''. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n°* 22 et 23; in. 8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; juillet 1 863 ; in-8''. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; 2" série, t. XVIII, n'» 9; in-S". Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par MM. Combes et Peligot; 2" série, t. X, juillet i863; in-4''. Bulletin de la Société de Géographie; juMet i863; in-8". Bulletin de la Société française de Photographie; g" année, août et sep- tembre i863; in-8". Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; 32" année, 2"^ série, t. XV, n"' 6 et 7; in-8°. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. IV; 2* fasc, mars à mai 1 863: in-8''. (647 ) Butletlino mcteorotogico dett Observalorio del Colletjio ronuiuo; \ol. [I, 11" i4- Rome; in-4°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Jrls et à l'Industrie; i 2'' année, t. XXIII, n"' 10a i3: in-8°. Catalogue des Brevets d'invention ; année i863, n° n; in-8°. Gazette des Hôpitaux; 36'* année, n"' 102 a 1 13; in-S". Gazette médicale de Paris,- 33*= année, t. XVIII, n"' 36 à jg; in-4''. Gazette médicale d Orient ;& ixmwe, août i863; in-4°. Journal d' Agriculture praticpie ; 27® année, i863, n"^ 57 et 18; in-S". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4*^ série, septembre i863;in-8'*. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, août i863; in-8". Journal de Pharmacie et de Chimie ; 22^ année, t. XLI, septembre i863; in-8". Journal des Vétérinaires du Midi ; 26" année, t. VI, septembre i863; in-8". Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; icf année, n"' aS et 26 ; in-8°. Journal d'Agriculture de la Càte-d'Or; mai et juin i863 ; in-8''. Journal de Mathématiques pures et appliquées; juillet i863; in-4"- Journal de Médecine vétérinaire militaire ; t. I, septembre i863; in-8". Journal des fabricants de sucre; 4* année, n°^ 21 à 24; in-4". L'Abeille médicale; 10" année, n°^ 36 à 3g; in-4°. L'Agriculteur praticien; 3" série, t. IV, n°^ 22 et 23 ; in-8°. L'Jrt médical; 9° année, t. XVII, septembre i863; in-8°. L'Art dentaire; 7® année, nouvelle série ; août i863; in-4''. La Culture; 5^ année, t. V, n°' 5 et 6; in-8°. La Lumière; i3'*année,n° 17; in-4''- La Médecine contemporaine; 5® année, n"^ 16 et 17; in-4''- La Science pittoresque ; 8* année; n°' 19 à 22; in-^°. La Science pour tous; 8* année; n°' l[0 k ^S; in-4°. Le Gaz; 7* année, n" 7; in-4''. Le Moniteur de la Photographie ; 3** année, n°* 12 et i3; in-4''. Le Technologiste; -î^i^ année, septembre i863;in-8°. Le Courrier des Sciences et de l'Industrie; t. I, n°* i à 4; in-S". Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Lidustrie; 1'" année, t. II, livr. 5 à 8; in-8°. ( G48 ) Magasin pittoresque ; Zi" année ; seplembre i863; in-Zj". Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine; 6^ année, t. X ; sep- tembre i863; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques ; 2* série; seplenibie i863; mi-8". Presse scientifique des Deux Mondes; année i863, t. \", 11"' 17 et 18; in-8°. PharmaceuticalJournal and Transactions ; 1^ série, vol. V, n°'2 et 3; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; 10" année; t. XX, se|iten!bre i863; in-S". Revisla de ohras publicas; t. XI, n"' 17 et 18. Madrid ; in-4''- Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; 3o* année, n°* i 7 et 18; iii-8'\ Revue maritime et coloniale; t. VII, septembre i863; in-8°. Revue viticole ; 5* année; n° 5, juillet 18(53; in-8°. »aaa' ■■ COMPTE REISDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 19 OCTOBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. aiÊMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Secrétaike perpétuel aiinoiice le décès de M. Mitscherliclt, I un des huit Associés étrangers de l'Académie, que les sciences ont perdu le 28 août de cette année. M. LE Secrét.^ire perpétuel annonce que le retour de M. Élie de Beau- mont se trouve retardé par suite d'un fâcheux événement : madame Éii(> de Beaumont s'est fracturé une jambe. PHYSIOLOGIE ET CHIRURGIE. — Théories du cal; par M. Jobert de L.\mballe. « Le mécanisme que la nature emploie pour la réunion des os fracturés a attiré de tout temps l'attention des observateurs. » Malgré les nombreux travaux dont ils ont enrichi la science, la ques- tion est restée enveloppée d'obscurité jusqu'à notre époque, où de nou- velles recherches me paraissent avoir agrandi nos connaissances sur ce sujet. Première théorie. — Réunion des fragments au moyen d'un suc osseux. » Les anciens attribuaient la formation du cal à l'épanchement, entre les fragments, d'une matière gélatineuse, d'un suc osseux qui transsudait de l'os même ou des parties voisines, lequel acquérait peu à peu de la con- C. R., i863, 2"'« Semestre. (T. LVII, N» 16.) 87 ( 65o ) sistance, et soudait solidement, par son endurcissement, les deux extré- mités de l'os fracturé. Quelques-uns admettaient même, avec l'épanche- ment de la matière gélatineuse, l'allongement des fibres osseuses et leur jonction. » Ambroise Paré pensait qu'une matière était exsudée par les embou- chures des veines capillaires, et qu'à l'entour de la fracture il s'engendrait une substance dure par laquelle les fragments étaient agglutinés, comme deux morceaux de bois le seraient par la colle forte. Deuxième théorie. — Organisation et ossification du sang. » Antonio Xeide, en suivant les progrès de la consolidation des os sur des fractures faites à des grenouilles, observa qu'une couche de sang [la- mina cruenla) environnait les fragments, qu'elle passait par des transforma- tions successives pour arriver à l'état cartilagineux, puis osseux, et qu'elle réunissait les bouts divisés par une espèce de virole. » Suivant Macdonale, les extrémités des os fracturés, dénudées de leur périoste, sont couvertes d'un sang coagulé qui paraît venir en partie du périoste lacéré, et en partie du canal médullaire. Plus haut et plus bas, le périoste est dense, enflammé, et recouvre une matière gélatineuse qui s'unit avec le sang coagulé. Il n'admet pas que la matière gélatineuse du cal se change en cartilage, mais il pense que la substance regardée comme carti- lagineuse est un os réel, flexible, mou et acquérant plus tard de la solidité par la pénétration du phosphate calcaire. Il appuie cette opinion sur la coloration de la matière du cal chez les animaux nourris avec de la ga- rance, tandis que ce phénomène est étranger aux cartilages. » John Hunter dit « que les vaisseaux déchirés versent du sang qui » remplit l'espace compris entre les surfaces des fragments; ce sang se » coagule, devient vasculaire avec le temps et forme le cal. Les artères y » déposent la matière calcaire, et la substance primitive est convertie >i d'abord eu cartilage, puis en tissu osseux. La matière osseuse commence )) par se développer à l'extrémité des fragments, puis s'étend jusque dans » le cal. » » John Howsph pense que l'épanchement, dans les parties environnantes, d'une quantité de sang en rapport avec la constitution et les complications, est le premier effet d'une fracture. Il s'extravase dans le tissu cellulaire et le périoste. Un épanchenient est fourni par les vaisseaux de l'intérieiu- de la cavité médullaire, et est déposé entre les fragments. » La coagulation se fait promptement, et coïncide avec la disparition de ( 65i ) la matière colorante. La densité du périoste augmente peu à peu et prend les caractères du cartilage. » La matière osseuse est d'abord déposée sur les surfaces de l'os auprès des points où l'union doit se faire ; elle est aussi sécrétée dans l'intérieur de la cavité médullaire; elle s'avance entre les fragments, et pénètre le caillot qui leur est interposé; en même temps a lieu la diminution du coagulum sanguin. Troisième théorie. — Epanchcmcnt d'un sac organique qui se coiwcrtit eu cartilage, puis en os. » Dans l'opinion de Haller et Dethleef, le cal se forme par un suc géla- tineux qui suinte des extrémités fracturées, et surtout de la moelle, et qui s épanche autour des fragments et dans les environs. » Le suc augmente peu à peu de consistance, devient cartilage, et eu divers points se développent des noyaux osseux qui finissent par effacer la substance cartilagineuse. Suivant ces auteurs, le périoste n'entre pour rien dans la formation du cal. « Il me paraît, dit Haller, que le cal de l'os est formé par un suc gélati- )) neux (i) qui suinte des extrémités fracturées de l'os (2) et surtout de la » moelle (3), et qui s'épanche tout autour (4); que ce suc s'épaissit par » degrés et qu'il devient une gelée tremblante (5) ; qu'il passe par d'autres » degrés de consistance, et devient à la fin cartilagineux (6); qu'il se )i forme dans ce cartilage, comme dans l'ossification naturelle (7), des >) noyaux osseux qui grandissent, qui se réunissent et qui effacent peu à » peu la substance cartilagineuse. » Que le cal tout à fait formé est un véritable os spongieux (8), comme )> celui des extrémités des os longs. Avec le temps, ce cal devient plus com- 11 pacte (9). Les bouts de l'os contribuent presque également à le for- " mer (10). (i) Expériences g, 10, i5, 16. (2) Expciienees 9, 10, i5. (3) Expériences g, i3, ?5. (4) Expériences g, i5. (5) Expériences g, i5, 16. (6) Expériences 4) 9, i3, i5, 16. (•;) Expériences i, 8, 9, ii, 12, i3, i5, 16. (8) Expériences 4, 6, 8, g, 1 1 , 12, i3, i5. (g) Expériences i4, i5. (10) Expériences 9, 12, i3, i5. 87.. ( 65u ) » Que le périoble n'a aucune part à ia réunion cies os, et qu'il ne fait pas " partie du cal qui s'est répandu sur ia surface extérieure dans quelques )> expériences (i), et qu'il n'est pas attaché au cal (2); qu'il ne précède pas » la formation, mais qu'il la suit (3), et qu'il ne renaît que lorsque le cal » est bien avancé. » Qu'il naît dans le cal des vaisseaux (4) qui se rendent aux noyaux » osseux, absolument comme dans l'ossificalion naturelle; que la garance » ne colore ni le périoste (5) ni le cartilage (6), mais qu'elle teint uniqiie- » ment les os (7), et même les noyaux compris dans le cartilage (8) et le » cal, lorsqu'il est assez endurci pour porter le nom d'un os (9'); qu'elle )i ne colore pas non plus le lait ni les os du fœtus, quand elle est donnée à » la mère encore pleine des petits (10); que la couleur se perd avec le temps, » quand on rend à l'animal sa nourriture (1 1). » ') Bordenave établit que le cal semble formé, dans les premiers temps, par un suc gélatineux qui s'épanche des vaisseaux rompus. Cette substance prend bientôt la forme d'iui cartilage dans lequel se distribuent quelques vaisseaux qui déposent la matière osseuse. Les molécules osseuses étant réunies, le cal se change en une substance poreuse qui avec le temps devient épaisse et compacte comme la substance des os. C'est à cette même théorie qu'on peut rattacher l'opinion de Camper et celle de Troja. » Ce dernier admet encore que non-seulement le suc épanché s'ossifie, mais que le périoste peut également être quelquefois envahi par l'ossifica- tion, entre les fragments chevauchés. » Callisen, John Bell, qui adoptèrent aussi les mêmes idées, ne disent pas cependant que le suc passe par l'état de cartilage, avant de devenir osseux. (1) Expérience i5. (2) Expérience i5. (3) Le douzième jour, expérience i5. (4) On en voit les points dans les expériences i5, 16, et les vaisseaux eux-iiiénies, expérience i5. Ils sont injectés dans l'expérience iG. (5) Expérience 1 . (G) Expériences i, ;), etc. (•j) Expériences 3, 4, 5, 10. (8) Expériences 1,3,8,9, 11, i-?,, i3, i5. (g) Expériences 3, 4i 5, G, 7, 8, 9, 11, 1-2, i3, i4- (10) Expérience 2. Cette expérience contredit ce qu'on lit liaiis un journal. On y dit que le lait d'une chienne est devenu rouge par l'usage de la garance. (il) Expériences i, 7. ( 653 ) » Delpech fait remarquer que cette matière devient opaque, puis osseuse. » Miescher vit que le travail de la consolidation commençait par une in- flammation qui se développait dans les parties molles et dans les os; que sous son influence un liquide roiigeàtre et gélatineux exsudait des surfaces externes et médullaires. Le liquide s'organise, devient cartilagineux, puis osseux, et cette couche osseuse, de nouvelle formation, qui entoure les fragments en dedans et à l'extérieur, constitue le cal primitif. » Plus tard, les surfaces de la fracture s'unissent avec ce cal primitif et avec la substance interposée entre les fragments. De la matière osseuse se forme entre les surfaces, et le cal secondaire est achevé. A une époque plus avancée il est impossible de distinguer le cal de l'os. Quatrième théorie. — Formation du cal aux dépens du périnstc et de la membrane médullaire. » Cette quatrième théorie compte parmi ses partisans Duhamel, Fou- geroux, Dupuytren, MM. Cruveilhier etFlourens. » Duhamel (i) apporta dans ses recherches ime idée préconçue qui lui faisait assimiler le développement des os à celui des arbres, par l'endurcis- sement de l'enveloppe externe, et il conclut de ses premières recherches que le cal était dû à l'épaississemeut et à l'ossification du périoste. Des expériences ultérieures lui apprirent que le périoste en se gonflant se por- tait quelquefois entre les fragments (virole externe avec prolongement entre les extrémités fracturées), que d'autres fois ce phénomène se passait en même temps dans le périoste et dans la membrane médullaire (virole externe et interne réunies par un prolongement interposé entre les frae;- ments), que des productions osseuses se portaient d'un fragment à l'autre sans virole externe, et qu'enfin chez les jeunes animaux, en raison de la grande vascularité, la réunion pouvait s'opérer par une masse osseuse. La théorie de Duhamel rencontra un grand nombre de contradicteurs parmi lesquels Haller fut le plus ardent. Dethleef, I^udovig, Bordenave, Albinus, Wallher attaquèrent les idées du célèbre botaniste sur la formation du cal : mais il eut aussi des défenseurs au nombre desquels on compte Daubanfon, Hunaud de I^assone, Ilouro, etc. Fougeroux, son neveu et son élève, fut le plus zélé. Il publia deux Mémoires pour réfuter les arguments dirigés contre l'opinion de Duhamel par Haller, Delhleef et Bordenave. Malgré tous .ses (i) Duhamel, Observations sur la réunion des Jractures des os, p. 97 et 222; l'an \']t\i. (654) efforts, il ne parvint pas à démontrer d'une manière irrécusable la trans- formation du périoste en tissu osseux. Dupuytren admit presque com- plètement les idées de Duhamel, et il ajouta que non-seulement le périoste, mais encore les ligaments, le tissu cellulaire et les couches musculaire» ])rofondes s'ossifiaient pour former une virole enveloppant les bouts de la fracture. Poussant ses recherches plus loin que ne l'avaient fait ses devan- ciers, il établit de plus, comme un fait constant, que la réunion des frag- ments se faisait par la réunion des deux cals successifs. )i Le cal provisoire est formé, dans l'espace de trente à quarante jours, par l'ossification en virole du périoste, des parties environnantes, et l'ossi- fication du tissu médullaire. Il entoure les fragments, et n'a qu'une exis- tence temporaire, l'absorption le détruisant peu à peu ; sa solidité est pro- ])ortionnée à la résistance qu'il doit opposer au poids des parties et à la contraction des muscles. » Le cal définitif, formé par la soudure immédiate et réciproque des sur- faces de la fracture, n'est jamais achevé avant huit mois ou un an. Il offre une très-grande solidité, et une résistance telle, que l'os se casse plus facile- ment dans les autres points que dans celui qu'il occupe. » M.Cruveilhierappuyapar de nouvelles expériences l'opinion deDupuv- tren. Il admit aussi l'ossification du périoste, de la membrane médullaire et des muscles, en insistant sur la manière dont les muscles situés autour d'une fracture participent à la consolidation. Selon lui, les tendons et les aponévroses sont les parties qui restent le plus longtemps distinctes au milieu delà masse cartilagineuse. » M. Flourens trouva dans ses expériences la confirmation des idées de Duhamel c{ui ne voyait dans l'ossification que la transformation du périoste en os. Il indique les sources du cal, et établit qu'il provient du périoste auquel il tient, et avec lequel il se continue. Des pièces nombreuses ont été présentées à l'Académie des Sciences pour démontrer que le périoste s'in- troduisait entre les fragments et les unissait, qu'il passait successivement par l'état de fibro-cartilage, de cartilage dans lequel se développent des noyaux osseux » Le prétendu cal provisoire ne serait, pour M. Flourens, que l'endur- cissement du sang et de la lymphe, épanchés des vaisseaux divisés, des os, du périoste et des parties molles, tandis que le véritable cal est une portion dos nouvelle résultant de l'ossification du périoste. » ( 655 ) CHIMIE APPLIQUÉE AUX BEAUX -ARTS. — Mémoire sur les vitraux jji-.inls , par 31. E. ClIEVREUL. Chapitre \". — Distinction de diverses sortes de verre qui entrent dans ta lunfcction des vitraux colorés. '< 1. On peut distinguer jusqu'à trois sortes de verre dont on fait usage dans la fabrication des vitraux, colorés destinés principalement à la déco- ration des églises dites gothiques: » i" Du verre blanc ordinaire ou incolore. » 2° Du verre blanc dont une face seulement est colorée. « Le verre rouge de protoxyde de cuivre est toujours dans ce cas ; car le verre coloré par cet oxyde est tellement foncé, que, vu en masse, il paraît noir : de là dérive la nécessité, pour avoir un verre transparent de couleur rouge, de plonger une canne de verrier dans un pot de verre incolore, et de la plonger ensuite dans un pot de verre rouge; en soufflant le verre on obtient un manchon de verre incolore recouvert d'une couche de verre rouge d'autant plus mince que la proportion du verre incolore au verre rouge est plus forte à égalité d'épaisseur de l'ensemble des deux verres. » Il est évident que ce procédé est applicable à des verres d'une cou- leur quelconque. » "i" Du verre coloré en toute sa masse; tels sont les verres bruns, lileus, pourpres, jaunes, orangés, verts, et leurs nuances. )' 2. On peut peindre sur les trois sortes de verre; et si l'on veut se rendre compte des effets, il faut distinguer la face interne du verre qui voit l'intérieur de l'église d'avec la face externe qui voit le dehors. » 5. Face interne. C'est sur elle qu'on dessine le trait et qu'on applique l'ombre, que l'on peut monter jusqu'au noir. » 4. Face externe. Par exception, on peint une ombre sur la face externe quand on juge nécessaire d'augmenter la vigueur de l'ombre de la face interne. » 5. On doit mettre les couleurs unies, c'est-à-dire celles qui ne sont pas ombrées, sur la face externe, à savoir : » Le jaune, » Les carnations (oxyde de fer sanguin), « Le vert, » Le bleu, » Le pourpre. » liC pourpre et les carnations sont exclusivement appliqués à la face externe. ( 656 ) >i G. Le vert, le bleu et le pourpre, qu'on appelle émaux, s'appliquent quelquefois sur la face interne. )) 7. Au xv!i* siècle on a fréquemment employé dans les petits sujets et dans les bordures des fenêtres les verres dits émaillés. » Ces verres sont blancs ou incolores. [ en bleu par le cobalt, )i On les peint avec un émail coloré -, en vert par le cuivre briilé, ' en pourpre par le manganèse. » 8. L'émail est mêlé, avant d'être appliqué sur le verre, avec une com- position appelée /onr/rt/î/^ roquette, rocaille, que l'on prépare avec un sable siliceux ou des cailloux incolores, du minerai de plomb et du nitre. C'est donc un silicate de potasse et de plomb, une sorte de cristal. CnAi'iTRF. II. — Examen de deux sortes de matières retirées mccnniquement des vitraux peints de l'église Sniiit-Gervais, et d'une poussière recueillie derrière les livres d'une biblio- thèque. » \). J'ai extrait mécaniquement deux matières différentes des vitraux peints de l'église Saint-Gervais de Paris : une matière cjrumelée, fortement adhérente au verre, et une autre matière également adhérente, formant inie sorte d'enduit à la surface externe des vitraux. La face interne est salie par une matière bien moins abondante que ne l'est l'enduit de la face externe. Article I. — Examen de la matière grumelée. » 10. Elle était blanchâtre et orangé jaunâtre. » L'eau ne semblait pas l'attaquer. » On la traita par de l'eau aiguisée d'acide azotique. Il se produisit une légère effervescence et une partie de la matière fut dissoute. I^a partie in- soluble était de nature organique, huileuse et de couleur jaune; elle hit lavée à grande eau. )) (a) Partie insoluble dans l'eau aiguisée d'acide azotique. Elle était grasse et visqueuse, soluble dans l'alcool, sauf un léger résidu. " Chauffée avec le contact de l'air, elle brûlait à la manière des corps gras ou résineux; distillée dans un petit tube, elle donna de l'eau acide mêlée d'huile empyreumatique et d'une trace d'ammoniaque. Son charbon laissait une trace de chaux ferrugineuse. » [b] Partie soluble. L'alcool, ajouté à la solution alcoolique conceiUrée, en sépara du sulfate de chaux, et la liqueur ainsi précipitée renfermait de l'azotate de chaux et une matière organique; on traita par l'acide sulhi- ( 6.'Ï7 ) rique, on fit évaporer à sec, on calcina, et le résidu, traité par l'eau, se comporta comme du sulfate de chaux sans mélange de sulfate soluble. CONCLUSION. ■> 11. La matière grumelée n'était autre chose que du vieux mastic de vitrier formé d'huile siccative et de craie. Article II. — Examen des vitraux peints de Saint-Gcrvais. » 12. Cet enduit, vu au microscope sur le verre, paraissait formé de cristaux incolores et jaunâtres : de là sa surface inégale. On observait de plus des traits noirs, de sorte que la couleur grise résultait du mélange de parties incolores et jaunâtres avec une matière noire. » L'enduit, mû dans un tube avec un petit fragment de potasse hydratée, dégagea à froid de l'ammoniaque sensible au papier rouge de tournesol. » L'enduit faisait une légère effervescence avec l'acide azotique; nous verrons qu'il renfermait du sous-carbonate de chaux. » L'enduit fut successivement traité par l'eau bouillante et par l'alcool ; on obtint : )i A. Un extrait aqueux ; » B. Un extrait alcoolique ; B C. Un résidu iiidissous. » 15. A. Extrait aqueux. — L'eau bouillante était colorée, neutre au papier rouge de tournesol. Le chlorure de baryum et l'azotate d'ammo- niaque y accusaient la présence de quantités notables d'acide sulfurique et de chaux ; » L'azotate d'argent, celle d'une quantité notable de chlore. M L'eau d'acide sulfhydrique la colorait très-légèrement, sans y faire de précipité. » La solution fut évaporée presque à siccité ; le résidu était assez forte- ment coloré en orangé brun par une matière évidemment plus soluble dans l'eau qu'une matière incolore ; aussi ajouta-t-on de l'eau au résidu de ma- nière à le laver. Disons tout de suite que ce résidu était du sulfate de chaux légèrement coloré, dont la solution ne contenait pas de chlorure. » La partie enlevée par l'eau à ce sulfate de chaux, évaporée à sec, laissa un résidu qui fut traité successivement : » (a) Par l'alcool bouillant à o°,95o; )) {b) Par l'eau. >' Du sulfate de chaux fut encore séparé. c. R., i863, 2"'^ Semesire. (T. LVII, N» 16 ) 88 ( 658 ) )) 14. [a) Lavage alcoolique à o",95o. Il donna des cristaux qui, vus au mi- croscope, présentaient la forme de cubes, de cnbo-octaèdres, d'octaèdres et de tables, parfaitement incolores. Aussi étaient-ils distincts d'une matière de couleur orangée, soluble dans l'éther et insoluble dans l'eau. " Ces cristaux étaient du chlorure de sodiitin sans chlorure de potassium ; car j'attribue le très-léger précipité que leur eau mère donna au sel ammo- niacal reconnu plus haut (12). u Les cristaux de chlorure de sodium en octaèdres me rappelèrent le chlorure de potassium du suint, qui affecte les mêmes formes. » 15. [b) Louage aqueux. Il donna, après la concentration, un extrait roux avec des cristaux cubiques et octaédriques de chlorure de sodium. )) L'alcool absolu n'a pas dissous la matière colorée, qui était de na- ture organique. Il a dissous du chlorure de sodium. » La partie indissoute par l'alcool absolu fut entièrement dissoute par l'eau, sauf un peu de sulfate de chaux : la solution aqueuse ne tenait qu'une trace de ce sel ; elle contenait du chlorure de sodium cristallisable en cubes et en octaèdres et une matière organique insoluble dans l'alcool acide au papier de tournesol, en partie neutralisée par de la chaux, et ne j)arais»anl contenir ni ammoniaque ni potassium, à en juger par l'action du chlorure de platine. » Cette matière organique donna à la distillation un produit ammo- niacal légèrement sulfuré. CONCLUSION. » 16. L'eau bouillante avait enlevé à l'enduit : » Une matière huileuse insoluble dans l'eau à l'état de pureté et soluble dans l'alcool absolu; » Un sel calcaire à acide organique; )> Un sel ammoniacal à acide organique probablement; » Une matière organique azotée et sulfurée., soluble dans l'eau et non dans l'alcool ; )) Du chlorure de sodium ; » Enfin beaucoup de sulfate de chaux. » Je l'ai soumis à tous les essais propres à en faire connaître la nature. ,1e citerai, en outre, la réduction en sulfure que je lui ai fait subir en le chauffant avec de l'amidon parfaitement pur. » 17. B. Extrait alcoolique. (Vitraux de Paris.) — Le résidu, qui avait été épuisé par l'eau, fut traité, comme je l'ai dit (12), par l'alcool bouillant. . ( 659 ) » L'alcool se troublait légèrement par l'eau. » Évaporé, il laissa un résidu coloré qui, sauf beaucoup moins de chlo- rure de sodium, m'a paru analogue à la matière de l'extrait alcoolique ob- tenu de l'extrait aqueux (Î4). » » 18. C. RÉSIDU INDISSOUS PAR l'eau ET l'alcool. — Il paraissait noir quand il était mouillé, et gris à l'état sec. » Je n'en soumis qu'une très-faible partie à la distillation. » Chauffé dans un tube de verre fermé à un bout, il exhala une vapeiu' aqueuse ammoniacale ramenant au bleu le papier rouge de tournesol, mais sans produit huileux. La couleur se fonça comme s'il y avait eu une matière organique. En chauffant à l'air ce résidu, il devint rougCtàtre, coloré qu'il était par du sesquioxyde de fer. Il fit une légère effervescence avec l'acide chlorhydrique ; tout fut dissous à l'aide de la chaleur, sauf un résidu siliceux absolument incolore. » 19. La portion du résidu qui n'avait pas été soumise à la distdlation fut mise avec l'acide azotique; il y eut effervescence et solution (o); il resta {h) de gros flocons noirs qu'on épuisa de toute matière soluble dans l'eau. » [a] Solitlion azotique. La solution azotique tenait une matière organique en solution et surtout de sesquioxyde de fer, de l'alumine et de la chaux provenant du carbonate. » (/>) Résida. Quant aux flocons noirs, ils étaient formés d'une matière noire très-carburée, mais retenant assez d'hydrogène pour se ramollir par la chaleur, brûler avec flamme et laisser une cendre abondante formée de sesquioxyde de fer, d'alumine, qui furent dissous par l'acide chlorhydrique, et de silice sableuse colorée qui ne le fut pas. Cesjîocoiu noirs étaient abso- lument dépourvus de sulfate de chaux. M 20. Je cherchai en vain le plomb et l'étain dans le résidu indissous par l'eau et l'alcool. CONCLUSION. » 21. Ce résidu renfermait une matière organique azotée, une matière organique très-carburée, du sous-carbonate de chaux, de l'argile et de la silice sableuse (i). (i) J'ai tout lieu de croire que l'enduit de quelques vitraux peut conlenir un sel calcaire insoluble dans l'eau ; car j'ai observé, en traitant des résidus provenant de vitraux de Paris autres que celui qui a servi, un résidu qui faisait une effervescence bien plus vive après la distillation qu'auparavant; sauf cela l'analogie existait entre ces résidus. 88.. ( 66o ) CONCLUSION FINAIE. )i 22. L'enduit qui recouvre la face externe des vitraux de Saint-Gervais est formé : )) De sulfate de chaux ; n De sous-carbonate de chaux ; » D'un sel calcaire dont l'acide est organique; » De chlorure de sodium; » D'un sel ammoniacal ; 1) D'une matière azotée et sulfurée d'origine organique, insoluble dans l'alcool; » D'une matière grasse d'origine organique ; » D'une matière très-carburée, une sorte de noir de fumée; » D'argile ferrugineuse ; » De silice sableuse. » Cet enduit peut avoir deux origines : » 1° Il peut provenir des matières enlevées aux murs par les eaux plu- viales qui viennent ensuite à mouiller les vitraux, et au mastic employé par le vitrier; » 1° Il peut provenir des vents entraînant des poussières. " Indubitablement les matières organiques, la matière très-carburée ressemblant à du noir de fumée, le chlorure de sodium, l'argile, la silice sableuse ont cette origine ; il est probable qu'il en est ainsi de la plus grande partie, au moins du sulfate de chaux. » Je ne crois pas, d'après les observations que j'ai pu faire, que la tota- lité de la matière grasse de l'enduil provînt du mastic; je pense que la plus grande partie piovenait de l'atmosphère. » J'ajouterai que dans plusieurs essais j'ai reconnu que le chlorure de sodium était accompagné d'une matière qui développe une couleur violette, du moins sous l'influence de la lumière, avec l'azotate d'argent. Chapitre III. — Procédé pourncttoyi ries vitraux peints dont le temps a altère la transparence par des dépôts produits sur la surface du verre. » J'expose la série des opérations à faire pour enlever la matière des dépôts. » (a) On les lave à grande eau. » [b) On les tient plongés dans de J'eau de sous-carbonate de soude mar- quant 9 degrés à l'aréomètre de Baume, pendant le temps nécessaire à ce ( 66i que l'enduit soit mouillé, ainsi que la surface du verre que cet enduit re- couvre. Le temps peut varier de cinq à douze jours. '1 (c) On les lave à grande eau. » (r/) On les tient plongés ensuite dans de l'acide chiorhydrique à 4 de- grés. « (e) On les lave à grande eau. » Voilà le traitement qui suffit aux vitraux de l'église Saint-Gervais sur lesquels j'ai opéré. » Dans le cas où des vitraux présenteraient des parties dont l'enduit n'au- rait pas été enlevé, on pourrait soumettre ces parties aux opérations sui- vantes : » Frotter les parties avec de la poudre de brique tamisée, simplement mouillée ou imprégnée d'acide chiorhydrique à 4 degrés. « Enfin, dans le cas où l'on serait pressé d'opérer un nettoyage en quel- ques heures, on pourrait aider l'action de l'eau, celle du sous-carbonate de soude ou de l'acide chiorhydrique à 4 degrés, de l'action mécanique d'un couteau de corne et, en outre, de celle de la poussière de brique. « Au reste, je ne puis trop recommander aux personnes qui voudraient recourir au procédé qui précède, de l'essayer sur une pièce insignifiante des vitraux à nettoyer, afin de s'assurer que les opérations auxquelles ils seraient ensuite soumis n'auraient aucune fâcheuse conséquence. » Les vitraux de deux fenêtres de la nef de l'église Saint-Gervais ont été réparés par M. Lafaye, puis remis en place; ils n'ont point été nettoyés. Les fenêtres, si je suis bien informé, ont huit mètres de hauteur; la frise avec les inscriptions occupent les deux mètres inférieurs; l'un des sujets est Jésus-Christ lavant les pieds aux apôtres; l'autre sujet est Jésu.s-Christ parmi les docteurs. Il sera donc facile de comparer leurs effets avec ceux des autres fenêtres lorsque M. Lafaye y aura appliqué mon procédé. Au reste, je mets sous les yeux de l'Académie des vitraux dont j'ai nettové, il y a une vingtaine d'années, quinze pièces; les autres ne l'ont point été poiu- témoigner de l'efficacité du procédé. » Je lui présente aussi des vitraux de Saint-Gervais que j'ai nettoyés, et un grand échantillon qui l'a été par M. Lafaye. Chapitre IV. — Nécessité, pour le bel effet des vitraux peints, ijue tes pièces ,fui les composent soient de petite dimension et encadrées dans du plomb, » Il existe une différence extrême, quant à l'effet sur la vue, entre des verres colorés de petite dimension réunis par des bandes de plomb de ( 662 } 4 à lo et même 12 millimètres, et les mêmes verres simplement juxtaposés sans encadrement opaque. Quelle en est la cause? C'est que dans le premier cas In vision est distincte^ tandis qu'elle ne l'est pas dans le second. » Effectivement, la plupart des yeux à une certaine distance ont peine à percevoir distinctement dos sensations de couleurs diverses, lorsque les objets colorés de petite dimension sont juxtaposés sans être séparés par un trait ou une zone étroite distincte à la vue et délimitant parfaitement les surfaces colorées. Or, c'est la vision confuse des bords des verres simplement juxtaposés qui nuit excessivement à l'effet qu'ils produiraient s'ils étaient enchâssés dans du plomb. » On s'est grandement trompé à mon sens, quand on a cru perfectionner ]es vitraux peints des grandes églises, et surtout ceux de la nef, en augmen- tant l'étendue des pièces de verre, et en diminuant ainsi l'étendue du plomb servant d'encadrement, sous le prétexte de s'approcher davantage des effets de la peinture. » A mon sens, les arts divers doivent conserver leur caractère spécial. Je n ad- mets donc pas que des vitraux anciens, d'une incontestable beauté de cou- leur, seraient perfectionnés, sous le prétexte qu'on en rendrait le dessin plus correct en agrandissant les pièces en en diminuant les plombs. Il est entendu que je ne parle que des vitraux des grandes églises, des vitraux de la nef et des rosaces surtout. Car je reconnais que pour des chapelles, des oratoires, des yjfraux suisses peuvent être d'un bel effet. Au reste, un des mérites de l'artiste verrier est d'avoir calculé les effets des vitraux d'après la distance à laquelle ils apparaissent au spectateur. )) Conformément à cette manière de voir, je ne pense pas que les vitraux actuels de la nef de Notre-Dame de Paris produisent autant d'effet que les anciens vitraux : de près, le dessin peut en paraître plus correct que celui des anciens; mais à la distance où on les voit du bas de l'église, ce mérite disparaît et alors l'infériorité des effets de couleur se fait sentir. » A la vérité, au-dessous de ces vitraux se trouvent des fenêtres éclairant siu'tout la partie de l'église qu'on appelle les tribunes; elles ne sont point à vitraux peints ^ mais à verres peints en tons légers dits grisailles, avec encadrement de verres colorés, formant un ensemble dont l'effet rappelle le store plutôt que les vitraux peints. Quelle est la conséquence du voisinage de ces deux rangées de fenêtres? C'est que la lumière à peine colorée, transmise par la ran- gée inférieure, qui arrive à l'œil en même temps que les lumières colorées des vitraux de la rangée supérieure, nuit excessivement à celles-ci par sa vivacité. ( G63 ) Malheureusement, ces effets sont peu connus, même d'un grand nombre d'artistes. » Un exemple plus frappant encore de l'inconvénient dont je parle est la contiguïté de verres incolores doués de toute leur transparence, avec, non plus des vitraux peinls, mais des verres peints rappelant, par le dessin, la grandeur des figures et la dégradation de la lumière, les effets des tableaux proprement dits. Cet exemple se voit aux Champs-Elysées, dans le palais de l'Industrie : la couverture en verre incolore touche à des peintures qui sont l'œuvre d'un artiste justement renommé, dont il ne m'appartient pas de faire la critique; mais dans l'intérêt de l'art, je n'hésite pas à soumettre les remarques suivantes au public, relativement à la nécessité d'observer, dans les oeuvres du ressort des beaux-arts qui parlent aux yeux, le prin- cipe de l'harmonie générale (i). Ce principe, auquel il est si indispensable de satisfaire, pour que des œuvres répondent à l'attente de ceux qui en ont eu la pensée, est d'une grande difficulté à observer dans la pratique, à cause du grand nombre de personnes qui concourent presque toujours d'une ma- nière plus ou moins indépendante à l'exécution iWme œuvre unique, comme l'est l'œuvre d'un palais où interviennent l'architecture , la peinture , la peinture en bâtiment, le tapissier pour tenture et pour meubles, l'ébé- niste ! Si cette difficulté n'existait pas, comment s'expliquerait-on que la même volonté eût placé dans le palais de l'Industrie inie peinture sur verre, qui ne doit apparaître aux yeux que par une lumière tout à fait affaiblie relativement à la lumière blanche transmise par les vitraux transparents de la couverture de l'édifice contigus à cette même peinture? Evidemment cette lumière blanche, réfléchie de toutes les surfaces de l'intérieur vers la surface intérieure des verres peints, nuit excessivement à l'effet de ceux-ci, puisque cette lumière blanche est réfléchie en partie par la surface intérieure des verres peints, en même temps que ceux-ci transmettent une lumière colorée qui, toujours plus faible que la lumière blanche, est encore affaiblie par les ombres destinées à donner du relief à la peinture; l'effet résultant de la contiguïté des verres incolores et des verres colorés est donc tout différent de l'effet qui serait produit dans le cas où les verres peints seraient placés dans une pièce limitée où la lumière ne pénétrerait que par ces mêmes verres et frapperait les yeux d'un spectateur placé assezprès des verres pour apprécier tous les effets que l'artiste a voulu produire! » Dans la première rédaction de ce Mémoire, avant d'avoir reçu le Mé-* (i) De la loi du contraste simultané des couleurs, p. 648. (664 ) moire de M. Plateau, j'avais placé des réflexions sur la nécessité de bien distinguer, pour se rendre compte des effets des couleurs, le principe de leur contraste simultané, et le principe de leur mêlancje; mais le travail dans lequel le Mémoire de M. Plateau m'a engagé m'a déterminé à distraire ce sujet de ma première rédaction pour le reporter à la prochaine communi- cation que je ferai à l'Académie. DE QnEtQtES OPINIONS RELATIVES 4nx VITRAUX PEINTS. 1) Si les effets optiques des vitraux étaient plus connus et mieux connus, les jugements portés sur les vitraux modernes, comparés aux anciens, seraient plus près de la vérité, et dès lors, connaissant la cause des grands effets de ceux-ci, on n'exigerait pas la reproduction des mêmes effets dans des con- ditions fort différentes que dans la plupart des cas on a imposées aux artistes verriers modernes. » J'ai dit pourquoi les verres de petite dimension plutôt que de grande, encadrés dans du plomb, produisent le maximum d'effet, toutes choses égales d'ailleurs. )) La conséquence est donc que si l'on exige des pièces de grande di- mension et la suppression d'un grand nombre des plombs, l'artiste verrier ne pourra produire les effets anciens. » J'ai montré l'inconvénient d'éclairer une église à la fois par des lu- mières colorées et par des lumières plus vives incolores ou faiblement co- lorées ; conséquemment cette circonstance diminuera le bon effet des vi- traux peints. » Je dois ajouter que l'économie fait employer aujourd'hui des verres beaucoup plus minces qu'ils ne l'étaient autrefois; û y a là une cause in- dépendante de l'artiste moderne, pour que ses vitraux, toutes choses égales d'ailleurs, soient plus criards que ne l'étaient les anciens. En outre, on ne doit pas faire un mérite à ceux-ci, relativement au défaut détre criards qu on reproche aux vitraux modernes, de l'effet produit par l'altération du verre, ou par un enduit convenable résultant de l'action du temps. » Enfin, pour être juste envers l'artiste, il faut lui tenir compte de l'exi- gence à laquelle il est aujourd'hui souvent soumis, à savoir, que ses vitraux laissent passer une lumière suffisante pour permettre une lecture facile aux fidèles qui assistent aux offices. 1) D'un autre côté, parmi les qualités attribuées aux vitraux anciens et refusées aux vitraux modernes, il en est deux qui tiennent à des défauts de la fabrication des verres anciens. ( 665 ) » Le premier défaut tier.l à ce que beaucoup de verres anciens sont d'iné- gale épaisseur, en d'autres termes, que leurs deux surfaces ne sont point parallèles, qu'elles présentent des parties convexes et des parties concaves qui agissent tout différemment sur la lumière, de manière à produire en définitive des effets agréables. » Le second défaut est chimique. Il tient à la composition du verre an- cien même, qui n'est point équivalente à du verre incolore plus un principe colorant, tel que le proloxyde de cobalt, le sesquioxyde de manganèse, etc.; le verre ancien contient beaucoup d'oxyde de fer intermédiaire qui le co- lore en vert, indépendamment des oxydes de cobalt, de manganèse, etc., et c'est à cette existence du fer qu'il faut attribuer la propriété qu'ont certains verres anciens colorés par du cobalt de transmettre une couleur bleue dé- pouillée de violet, et certains verres anciens colorés parle manganèse de transmettre une couleur fort différente de la couleur donnée par l'oxyde de ce métal pur à un verre incoloi-e. )) On voit donc que de beaux effets des verres anciens tiennent à des dé- fauts de fabrication, a « P. S. — Dans une prochaine communication je ferai connaître la com- position d'une poussière recueillie sur les rayons d'une bibliothèque. » « M. Regnault, après la communication de mon travail, a exprimé une opinion conforme à la mienne, relativement à la nécessité, pour le bel effet des vitraux colorés, que la lumière transmise dans les lieux qu'ils éclairent y pénètre à l'exclusion de toute lumière blanche. >! Il avait remarqué en outre qu'une des causes de la supériorité d'effet des vitraux anciens sur les vitraux modernes tient aux accideuîs de lumière provenant de l'inégalité d'épaisseur des premiers, d'où résultent des surfaces convexes et concaves qui agissent tout autrement sur la lumière que des surfaces planes et parallèles. » C'est sous l'impression des idées précédentes qu'il a proposé à l'auto- rité supérieure, dans un Rapport resté inédit : » 1° De fabriquer les verres destinés aux vitraux, non plus par le souf- flage, mais par le coulage, afin d'éviter l'effet monotone, sur la lumière, des surfaces planes; C. R., i863, z"'" Semestre. (T. LVU, N" Î6.) 8g ( 666 ) » 2° De mêler différentes matières étrangères aux verres pour en diminuer la transparence. » Je regrette vivement que M. Regnault n'ait pu réaliser ses projets, dans ]aconvi,ctionoù jesuisdu service qne Sèvres, sons son habile direction, aurait encore rendu à l'industrie, en lui donnant des spécimens susceptibles de reproduire les effets des anciens vitraux. Certes, si les manufactures impé- riales ont une raison d'être, c'est à la condition de maintenir le bon goût dans les produits qu'elles confectionnent respectivement, et d'éclairer des lumières de la science les différentes branches de l'industrie qui se rattachent à chacune d'elles en parliculier. » MÉMOIRES PRÉSENTES. CHIRURGIE. — Cnlltétérisme de ii)itestin c/rcle, j)ralkjué avec succès citez une malade dont V estomac ne pouvait supporter la présence des aliments. Extrait d'une Note de M. Bi-anchet. (Coaimissaires précédemment nommés: MM. Serres, J. Cloquet, Bernard.) « M™^ de X., âgée de vingt-quatre ans, a éprouvé il y a deux ans, par suite de causes morales, des perturbations générales dans tout le système nerveux. La locomotion est devenue impossible; les sens de la vue et de l'ouïe ont subi une exaltation de sensibilité qui nécessite l'obscurité et ne permet pas de supporter les bruits et les sons d'aucune espèce. Depuis treize mois, l'estomac ne peut tolérer l'introduction de substances solides ou liquides ; il survient, quelques minutes après leur ingestion, une gas- tralgie des plus violentes, accompagnée le plus souvent de vomissements, et suivie de réaction au cerveau qui cause constamment un coma de deux à trois heures de durée. » Tous les moyens usités en pareil cas avaient été vainement employés. Depuis quelques semaines les vomissements étant devenus presque constants, et les forces de la malade s'épuisant, nous nous sommes décidé à tentei' le cathétérisme de l'intestin grêle. Le 12 octobre, nous avons pratiqué pour la première fois celte opération, à l'aide d'une sonde en gomme, de i",2o de longueur, préalablement ramollie, et nous avons pu introduire de la sorte dans le tube digestif 700 grammes de bouillon additionné de 3o granmies d'élixir de pepsine, et un verre d'eau rougie. Toutes ces substances, sous- (667) traites à l'action du pneumogastrique, ont pu parcourir les voies digestives, sans donner lieu aux mouvements antipéristaltiques de l'intestin et aux crises nerveuses ordinaires. » MÉDECIJNE. —De la pellagre dans les asiles d'aliénés; par M. H. Landouzy. (Coiimiission des prix de Médecine et de Chirurgie.) « Bien que mes enquêtes personnelles, dans vingt-sept asiles de France et d'Italie, m'eussent pleinement convaincu que l'aliénation était une cause rare de pellagre, j'ai voulu compléter l'étude de celte importante question en priant les médecins des principaux asiles que je n'avais pu visiter, de passer une revue spéciale des mains de tous leurs sujets, et de m'adresser les résultats de leurs recherches. Ayant su, en outre, que dans l'établis- sement de Clermont-sur-Oise, le plus nombreux de France, se trouvait un chiffre assez élevé de pellagres parmi les aliénés, je m'empressai de me ren- dre dans cet asile, où quarante-trois pellagreux me furent présentés par les médecins en chef, MM. Labitte et Pain. Parfaitement d'accord avec eux sur la nature de ces quarante-trois cas, j'étais au premier abord assez embar- rassé de ce chiffre, en présence des conclusions de ma dernière leçon, dans laquelle j'écartais l'aliénation mentale de l'étiologie de la pellagre. Mais les explications claires et précises de mes savants confrères m'eurent bientôt permis de résoudre cette apparente difficulté. En effet, sur ces i3oo aliénés de Clermont, 248 sont des pensionnaires dans de parfaites condi- tions de nourriture et d'hygiène, et pas un des pensionnaires ne devient pella- greux ! 400 indigents employés comme colons sont dans de bonnes con- ditions de nourritiue et d'hygiène, et 3 seulement deviennent pellagreux! 642 indigents sont dans d'assez mauvaises conditions de nourriture et d'hy- giène, et 38 deviennent pellagreux ! » Même résultat à Sainte-Gemmes : 66 cas de pellagre pour une période de quatre ans, sur un total de 1287 aliénés, dont pas un seul pensionnaire! Et notons bien ceci, diminution de la pellagre en iSSg, sous l'influence du régime alimentaire et particulièrement de plus abondantes portions de vin. » Le problème est donc résolu, et quand nous voyons : 1" que dans qua- rante-sept asdes visités avec soin, il n'est pas un seul pensionnaire qui soit devenu pellagreux ; 1° que sur ces 47 asiles, 27 sont complètement exempts de pellagre, même dans la division des indigents; 3" qu'enfin, d'après des statistiques inattaquables, on ne voit pas, dans les asiles de France et d'Ita- 89.. ( 668 ) lie, 3 aliénés sur looo devenir pellagreux, on peut porteries conclusions suivantes : » La pellagre est rare, en général, dans les asiles d'aliénés. Lorsqu'elle s'y rencontre, elle doit être attribuée, soit à l'antériorité méconnvie du mal, soit simplement aux mauvaises conditions alimentaires ou hygiéni- ques qiu' produiront, chez dos aliénés pauvres, la petla rosa, absolument comme elles la produiraient chez desimpies indigents non aliénés; soit enfin à d'autres conditions locales, latentes, et sur lesquelles la science n'est pas encore éclairée. » Si l'aliénation mentale était la cause de la pellagre, en contribuant par elle-même à la débilitation de l'organisme, comment expliquer cette absence absolue de l'érythème caractéristique dans vingt-sept asiles de France et d'Italie? Ce n'est donc pas l'aliénation qui produit la pellagre dans les asiles, mais les mauvaises conditions hygiéniques dans lesquelles se trouvent les aliénés indigents. » Le remède est à côté du mal. Quand les conseils généraux seront dû- ment renseignés sur cette grave question d'hygiène publique, la pellagre disparaîtra aussitôt des asiles d'aliénés et des dépôts de mendicité. » M. A. Galibf.rt soumet au jugement de l'Académie un ayj/ja/ei7 (/es6i47 1,6240 i ,6368 1,6487 1,6728 1,6956 24,4 Créosote... » 1,5369 i .54'2o 1,5488 i ,5553 1,5678 1,5792 23,9 Ainsi la substance la moins dispersive s'écarte de la loi exacte du carré des longueurs d'onde au moins autant, et probablement même davantage, que la substance la plus dispersive. La relation que mes premières expériences pouvaient faire soupçonner n'est donc pas générale, et aucun des deux sys- tèmes d'équations qui y conduisent ne peut être pris pour l'expression de la vérité. » Des calculs, qui ne peuvent trouver place dans ce résumé, Ibnt mieux ressortir le sens de cette conclusion. Si l'on considère l'indice de réfraction n comme une fonction de la longueur d'onde /, les équations de M. Maxwell (i) Cet iiistrumenf donnait immédiatement les to secondes et permettait d'npprécicr avec certitude les 5 secondes. ( 673 ) conduisent a représenter le pouvoir rolatoire coriespondant a une lon- gueur donnée d'ondulation parla formule (I) »* Ti I n m étant le coefficient proportionnel à la composante de l'action magné- tique parallèle aux rayons lumineux, qui entre dans ces équations. Les équations qui contiennent les dérivées troisièmes des déplacements, prises par rapport au temps, conduisent a la formule (II) p = m - n Tn.}' Enfin les équations de M. Charles Neumann conduisent a la formuh (III) P m\ n — 1 dl Pour comparer ces diverses formules à l'observation, il suffit de chercher des expressions empiriques qui représentent exactement les indices observés pour chaque substance et de les appliquer au calcul de — • Des expressions à trois termes, du genre de celles qu'on déduit de la théorie de la dispersion de Cauchy, m'ont paru les plus commodes et les plus exactes. Elles m'nni servi à calculer les nombres suivants : Sulfure de carbone . - Formule (I) Formule (II) Formule (III) C D E 0,589 0,760 I ,000 0,606 0,772 I ,000 o,g43 o ,967 I ,000 F G ,234 1,713 ,216 I ,640 ,034 1,091 F G ,3,10 1 ,6o3 ,200 1,565 ,017 1 ,<)4i C D E ! Formule (I) 0,617 0,780 1,000 Formule (II j 0,628 0,78g 1,000 Formule (III) 0,976 0,998 1,000 Il est clair que la formule (III) est absolument contraire aux observations, que la formule (II) s'en écarte beaucoup, et que la formule (I), qui paraît y convenir dans le cas du sulfure de carbone, n'y satisfait en aucune façon dans le cas de la créosote. La discussion des données numériques de l'ex- périence montre que pour établir une couicidence entre la furmule (I ) et l'observation, dans le cas de la créosote, il faudrait supposer une erreur moyenne de quarante minutes sur les mesures des rotations; et même, si I'oti c. R., i863, -■"'« Semestre (T. LVII, No 16.) 9O ( 674 ) rétablissait ainsi l'accord pour les raies C et D, on augmenterait 1<; désac- cord pour les raies F et G, et vice versa. » Aucune des théories proposées jusqu'ici n'est doue confirmée par l'ex- j>érience. Il y a plus : on peut affirmer, ce me semble, que le développement du pouvoir rotatoire magnétique n'est pas le résultat d'un mécanisme imique, le même dans tous les corps, et troublé seidement par les causes d'où résulte le yjhénomène de la dispersion. Ce mécanisme inconnu a sans doute un caractère commun dans tous les corps, puisqu'il paraît que dans tous les corps les phénomènes suivent approximativement la même loi ; mais il doit aussi offrir des particularités spéciales à chaque corps, que la con- naissance des propriétés optiques est insuffisante à faire prévoir. » Il reste d'ailleurs établi que l'existence d'une grande dispersion a pour conséquence des perturbations sensibles de la loi simple du carré des lon- gueurs d'onde, sans être la cause unique de ces perturbations. C'est ainsi que l'existence d'une forte réfraction a pour conséquence habituelle un fort pouvoir rotatoire magnétique, sans que ces deux propriétés physiques soient dans une relation constante l'une avec l'antre. » TECHNOLOGIE. — Sur t'iitidlé et les inconvénients des cuvages prolongés dans la fabrication du vin. — Sur la fermentation alcoolique dans celle fabrication. Note de M. A. Béchamp. « On peut définir le cuvage : un séjour plus ou moins prolongé du vin sur les peaux, ou sur les peaux et les rafles du raisin. » L'expérience m'a appris que les cuvages prolongés ne sont jamais nui- sibles; au contraire, ils permettent seuls d'obtenir des vins parfaits, mais ;i une condition : c'est que l'on évitera soigneusement le contact de l'air. « Les anciens auteurs et les plus récents recommandent impérieusement de décuver vite, c'est-à-dire « aussitôt que le premier affaissement du clia- )) peau a commencé d'être sensible, ou lorsque la fermentation, après » avoir atteint son maximum, sera dans sa période décroissante. » 11 Pourquoi, dans la manière usuelle, et aujourd'hui habituelle, de traiter la fermentation vineuse, a-t-on raison de se hâter? Parce qu'il faut sous- traire le vin au contact du chapeau, avant que ce contact soit devenu nui- sible. Or, le contact du chapeau devient nuisible dès que des moisissures s'y sont développées par la rentrée de l'air dans les tonneaux ou dans les cuves. » Tant que la fermentation est vive, tout, dans le tonneau, est imprégné ( 675 ) d'acide carbonique, et le tonneau Iiii-méine en est lempli. Pendant ion! ce temps le marc sonlevé (le chapeau), l'écume et le vin sont soustraits à l'influence de l'air et à l'influence plus pernicieuse des germes qu'il apporte avec lui. Donc, si l'on décuve dès que le chapeau commence à s'affaisser, ou des que la fermentation cesse d'être tumultueuse, il est clair que l'on soustraira le vin à l'influence des organismes que ces germes peuvent déve- lopper dans le chapeau. Les décuvages précoces n'ont pas d'autre raison d'êîre, bien que jusqu'ici l'on ne se soit pas bien rendu compte, à mon avis, de la cause de cette absolue nécessité. » Mais est-il bien démontré que des moisissures se développent dans le chapeau et dans l'écume, aussitôt que la fermentation cesse d'être vive? Rien de plus vrai, rien de pins réel, et j'ajoute, rien de plus fâcheux ! » Pendant l'automne de 1862, je me suis assuré de la naissance des moisissures. L'une de mes fermentations avait été faite avec le même raisui que celui qui avait servi à d'antres expériences (où la fermentation avait eu lieu à l'abri de l'air), mais où l'air avait eu accès par une très-petite ouver- ture. Le cuvage n'avait pas été prolongé, et j'ai constaté la formation des moisissures dans presque toute la profondeur de la couche des marcs sou- levés. Le vin que j'ai obtenu n'était ni beau ni bon, et il ne s'est pas con- servé. Il était moins alcoolique et contenait plus de matières extractivesque les vins faits à l'abri de l'air; ceux-ci étaient excellents; ils se sont con- servés et s'améliorent tous les jours, et cependant les cuvages avaient duré d'un à trois mois. Mais il en est peut-être autrement dans la vinification en grand ? Ce serait une erreur que de le penser. Non, ici comme là, et dans des conditions bien plus défavorables, les moisissures se développent des que la fermentation cesse d'être tumultueuse, et, si l'on note que ce développement coïncide avec la température relativement élevée des pro- duits du tonneau ou de la cuve, ou comprendra que son effet doit être bien plus désastreux que dans mon expérience, où la température n'avait pu s'élever autant. » J'ai eu l'occasion de vérifier ce fait de mon expérience pendant les vendanges de cette année, sur plusieurs fermentations en grand, faites sur 21 000 et 28000 litres. Je n'ai pas vu un seul tonneau dont le chapeau, au septième jour, ne fût imprégné de moisissures de plusieurs espèces, de fer- ments globuiiformes différant de la levure de bière, et de ces ferments nom- breux affectant des formes si différentes qui se résument dans l'expression de filiforme, que j'avais observés dès l'année dernière dans mes fermenta- tions de laboratoire. 90. ( 676 ) » 11 en est de même de l'écume des tonneaux où l'on fait le vin blanc : elle est chargée de ces petits organismes, dés que l'air peut rentrer libre- ment dans les tonneaux, ce qui arrive inévitablement dés que la quantité d'acide carbonique n'est plus assez grande pour s'opposer efficacement, par son effort, à cette libre rentrée. » Puisque ces productions naissent si rapidement, on comprend ia né- cessité de décuver vite. Je le répète, c'est là l'explication de cette pratique que nous ont léguée l'observation et l'expérience des anciens. » La conséquence immédiate de ceci, c'est que si l'on veut éviter l'in- lluence de ces organismes, il fliut décuver avant leur développement, c'est- à-dire avant la fin de la fermentation tumultueuse. On tomberait ainsi dans l'excès opposé : or, l'excès en tout est fâcheux. » Voici, à mon point de vue, en quoi, dans ces conditions, les cuvages prolongés sont funestes. J'ai remarqué que, dans les fermentations où l'air avait eu accès, le chapeau prenait rapidement un aspect blafard, que la saveur du marc avait quelque chose de désagréable qui n'était pas du tout vineux. Cet état va en augmentant jusqu'à ce que toute la surface du chapeau soit devenue aigre. Or cette altération gagne rapidement toute la profondeur du chapeau, grâce à sa porosité. Deux jours après que la fermentation tumul- tueuse a cessé, on trouve déjà des moisissures à plus d'un décimètre de pro- fondeur dans le marc soulevé. Donc le vin peut être lui-même atteint, et, comme le chapeau en est imprégné par capillarité, on comprend que le décuvage, quelle que soit la marche que l'on suive, entraîne avec le vin, outre les moisissures, les matières altérées du chapeau. C'est de là que vient, selon moi, la saveur désagréable des vins que l'on obtient dans ces conditions; voilà d'où vient l'âpreté détestable, le goût de terroir. Ce goût n'existe pas dans les longs cuvages faits à l'abri de l'air. » Du reste, je n'avance là rien que je n'aie vérifié. Dans les vins décuvés au huitième jour, surtout dans les vins de presse, même de ceux qui avaient fermenté dans des tonneaux assez bien clos pour que l'accès de l'air ait été restreint, j'ai constaté la présence de myriades d'individus de ferments de toute forme. » De tout cela il ressort donc que, si l'on ne peut pas éviter l'accès de i air, il faut décuver tôt, le plus tôt possible, au risque d'obtenir des pro- duits incomplètement fermentes, et de laisser la fermentation s'achever dans des tonneaux pleins, comme en Champagne, d'après M. Dumas. » Maintenant, voici ce que mes dernières observations m'ont suggéré pour faciliter les cuvages plus prolongés. (677) » Je prévois que de longlemps on ne pourra changer le mode de procéder actuellement en usage, puisque les installations sont faites d'après des prin- cipes différents de ceux que j'ai conçus. Pour les utiliser, pour soustraire le chapeau au contact de l'air, et pour ramener les conditions à celles des ter- mentalions en vases clos, voici comme il me semble que l'on devrait pro- céder : il faudrait immerger le chapeau en versant du vin par-dessus, avant que la fermentation tumultueuse touche à sa fin; remplir le tonneau jus- qu'à la bonde, ouiller avec soin, de façon que la plus mince couche d'écume soit exposée à l'air. Pour cela, il suffirait de tirer le vin d'un tonneau voisin, pendant que la fermentation y est encore vive ou sur le point de cesser de l'être. Un tonneau ou une cuve destinés à cet usage seraient établis dans chaque cellier pour chaque espèce de vin, et, aussitôt épuisé, on soumet- trait le marc à la presse pour le répartir dans les divers tonneaux, où la fer- mentation s'achèverait ainsi en quelque sorte à l'abri absolu de l'air. La combinaison de ce moyeu avec ceux que j'ai proposés, dans les six leçons que j'ai faites récemment sur la fermentation alcoolique dans la fabrication du vin, me paraît devoir résoudre la question delà manière, sinon la plus heureuse, du moins la plus économique. Plusieurs des faits sur lesquels j'ai insisté me paraissent les uns nouveaux et les autres oubliés, je demande à l'Académie la permission de les résumer dans les conclusions suivantes : » 1 . Le sucre de canne n'est pas un sucre, car il ne possède ni la faculté de fermenter directement, ni de réduire le réactif de M. B;irreswil. Comme la dextrine, il se combine avec les éléments de l'eau, pour se convertir en glucose, sous l'influence des acides ou d'un ferment. » 2. J'ai montré, depuis longtemps, que le ferment glucosique du sucre de canne se développe spontanément par la germination des germes appor- tés par l'air dans les dissolutions de ce corps. J'ai ainsi fourni la démons- tration que le sucre de canne peut se transformer en glucose autrement que par les acides. » 3. La levure de bière, par elle-même, agissant comme une moisissure, dans le premier moment de son action sur le sucre de canne, se comporte comme un ferment de surcomposition analogue à celui-là. •' 4. Le ferment uait à l'aide de germes venus de l'air, dans un milieu où coexistent le sucre et la matière albuminoïde. Ceci est la conséquence de mon travail sui' le développement des moisissures dans l'eau sucrée et leur action subséquente sur le sucre de cnnne. » 5. A la suite de M. Duîuas j'ai admis que le ferment est un être orga- nisé qui agit et se nourrit à la manière des animaux. ( 6-8 ) » 6. La fermentation alcoolique, par l'influence du ferment sur l'eau sucrée, sans l'addition d'une matière albuminoide dans un état convenable, est une action contre nature; car l'être organisé ne peut pas se développer, se nourrir et se multiplier normalement. » 7. Pendant la fermentation, dans un milieu seulement sucré, les glo- bules ne peuvent se multiplier et s'accroître qu'en se nourrissant des maté- riaux fournis par leurs mères. Voilà pourquoi le ferment, tout en se multi- pliant, fournit, en poids absolu, moins de produit qu'on n'en a employé. Il s'agit ici, bien entendu, des fermentations qui ne durent pas trop long- temps, celles où l'on a employé une assez grande quantité de levure. ■> 8. La fermentation n'est complète, dans le sens défini par M. Dumas, que si le ferment est convenablement nourri. 11 9. Pendant l'acte physiologique de la vie du ferment (assimilation et désassimilation) dans le milieu fermentescible, il y a dégagement de clialein-. L'élévation de la température est en rapport avec la masse qui fermente, la quantité de ferment, c'est-à-dire le nombre d'individus qui consomment, et avec la température initiale du mélange et du milieu ambiant. Ceci me pa- rait une conséquence de la nature plutôt animale que végétale de la cellule du ferment. >> 10. Dans les conditions les plus physiologiques de la fermentation, il y a formation nécessaire d'acide acétique et d'autres acides volatils. '1 11. Si des acides volatils se forment dans la fermentation alcoolique, les éthers odorants de ces acides doivent se développer et se développent, en effet, dans tous les cas. » 12. Dans le moût de raisin, la naissance du ferment accomplit deu.v choses. Le ferment élimine, en la rendant insoluble dans son organisme, la matière albuminoide du raisin, et transforme le sucre ainsi que d'autres matériaux du moût. )) 13. Le vin normalement et complètement fait ne contient plus de ma- tière albuminoide proprement dite. » 14. Dans la fermentation du jus de raisin le sucre ne se transforme pas toujours complètement, parce que le milieu devient trop complexe. Une expérience a montré que le sucre ne se transforme intégralement que lorsque le moût n'en contient guère plus de 200 grammes par litre, et que dans la fermentation du moût le sucre fournit plus d'alcool et moins d'acide carbonique que n'en exige la théorie. » \ô. D'après Chaptal, Le Gentil et Poitevin avaient signalé l'élévation de la température pendant la fermentation du raisin. La température est ( ^79) d'aurant plus élevée que celle du lieu l'est davantage, et la masse eu feiuieii. lation plus considérable. J'insiste sur les inconvénients du trop grand déga- gement de chaleur pendant la fermentalion vineuse. » 16. Le dégagement considérable de chaleur augmente le volume dt- l'acide carbonique, et par suite la perte d'alcool et des composés volatils éthérés qui se forment pendant la fermentation et qui contribuent à former le bouquet des vins. )i 17. En effet, j'ai constaté la formation de composés éthérés à odeur de fruits pendant la fermentation vineuse comme pendant la fermentation artificielle, et cela comme une conséquence de la formation des acides vo- latils. « 18. Le développement de chaleur étant d'autant moindre que l'on fait fermenter sous un plus petit volume et à plus basse température, il s'ensuit que l'on fera bien d'éviter les fermentations en masses trop considérables. » 19. J'ai conseillé les cuvages prolongés, mais, pour qu'ils soient utiles et non dangereux, il faut éviter le contact de l'air. » 20. J'ai noté l'influence désastreuse de l'air et de la naissance des moi- sissures dans le clmpeau formé par le marc soulevé dans les tonneaux ou 1 on fait fermenter avec peaux ou avec peaux et rafles, et j'ai attribué à ces moi- sissures l'altération des matériaux de ces marcs et, plus tard, l'altération du vin lui-même. La porosité du chapeau et les moisissures sont une cause puis- sante de l'absorption de l'oxygène et de l'acétification du marc. » 21. M. Dumas avait depuis longtemps signalé les mucors blanchàties qui se produisent spontanément dans les vins, comme une cause d'altération rapide de ces liquides. « L'Ikstitution S.mithsoxienne remercie l'Académie pour l'envoi de ses plus récentes publications, et hd envoie, avec son Rapport annuel pour i86r, plusieurs volumes ou livraisons de Recueils scientifiques des États-Unis. M. Robinet, qui avait lu dans une des précédentes séances un Mémoire « sur quelques faits pouvant servir à l'étude de l'eau de la pluie » (voir le Compte 7 c»f/» de la séance du 7 septembre i863), prie l'Académie de vou- loir bien l'autoriser à reprendre son travail qu'il se propose de compléter. Cette autorisation est accordée. M. MiiiALiNEz demande et obtient une semblable autorisation pour le Mémoire qu'il avait précédemment adressé d'Ancône sous le tilre suivant : « Le Soleil et sa relation avec les autres corps célestes ». Ce Mémoire, pré- ( G8o ) sente a la séance au 5 janvier dernier, avait été renvoyé à l'examen de M. Paye. La séance est levée à 5 henres. F. BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du u) octobi-e i863 les onvrages dont voici les titres : Les mystères de l'Océan; par Arthur M Ain Gl^. Tours, i864; vol. in-8°, avec de nombreuses gravures intercalées dans le texte. Cours de physique élémentaire avec les applications à la météorologie; par P. -A. Daguin. Paris et Toulouse, 1 863; vol. in-8'' avec figures intercalées dans le texte. (Présenté au nom de l'auteur par M. Babinet.) Le télégraphe dans ses relations avec la jurisprudence civile et commerciale . /;ar FilippoSERiFllsl, traduit et annoté par Lavi.\lle DE Lameillère. Paris. i863; in-8°. De la pellagre sporadiguc; quatrième leçon clinique, par H. Lakdouzy. Paris; br. in-8". Recherches sur un cyslique polycéphale du Lapin, et sur le ver qui résulte de sa transformation dans l'intestin du Chien; par M. C. Baillet. [Extrait des Mémoires de l' Académie impéricde des Sciences de Toulouse.) Br. in-8°. Notice bibliographique sur les publications Jaites par la Société centrale d'Agriculture de Frcmce pendant un siècle, depuis son origine, en 1761, /«s- (ju'en 1 86a ; dressée par Louis Bouchard-Huzard. (Extrait des Mémoires de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France, année 1861.) Paris, i863; br. in-8". (2 exemplaires; présenté par M. Chevreul.) Rapport sur une herborisation jaite le i5 août 18G1 par la Société Botanique de France à Coucron {Loire-Inférieure) , rédigé et présenté à la Société par M. Edouard DuFOua. (Extrait du Bulletin de ta Société Botanique de France.) Paris, quart de feuille in-8". Notes m/cologiques ; par le même. (Extrait des Annales de la Société Aca- démique de Nantes. ) Nantes; br. in-8''. Rapport sur les travaux de la section des Sciences naturelles de la Société Académique de la Loire- Injérieure pendant l'année 1862 ; par le même. (Ex- trait du même recueil.) Nantes; br. in-8°. Leçons sur la fermentation vineuse et sur la fabrication du vin; par M. Blt- CHAMP. Monipellier, i863; vol. in-12. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 OCTOBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COSOIUIVICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Noie sur l'irradiation des corps incandescents; par M. Edm. Becquerel. " Dans la séance du 12 octobre, M. de la Provostaye a présenté une Note dans laquelle il discute quelques-unes des conclusions auxquelles j'ai été conduit en étudiant l'irradiation des corps incandescents, conclusions qui seraient en désaccord avec les résultats qu'il avait obtenus antérieure- ment, conjointement avec M. P. Desains. » Etant absentde Paris, je n'ai pas eu connaissanceimmédiatement de cette Note, et, bien que dans une des prochaines séances de l'Académie je compte avoir l'honneur de donner communication de la suite de mes recherches sur la détermination des hautes températures et l'irradiation des corps incandescents, j'ai voulu répondre dès à présent, en peu de mots, à la Note dont il s'agit. » Les principaux points traités dans cette Note sont les suivants : » 1° Les différents corps portés à l'incandescence sont-ils également lumineux à même température? » 2° Tous les corps commencent-ils à devenir lumineux à partir de la même limite de température? M En ce qui concerne le premier point, M. de la Provostaye me fait C. R., |863, 2""? Semestre. (T. LVII, N» 17.) 9I ( 682 ) tenir un langage qui n'est pas le mien; car j'ai bien expliqué au commen- cement (le mon travail (i), et j'ai résumé clans la cinquième conclusion cette conséquence déjà admise de l'inégalité des pouvoirs émissifs des corps pour la lumière à température égale; j'ai seulement dit que dans les con- ditions de mes expériences et au milieu d'une enceinte dont tous les points sont également échauffés, certains corps opaques, comme le charbon, l'as- beste, le platine, la magnésie, avaient présenté sensiblement la même inten- sité lumineuse par irradiation ; mais d'autres corps, conmie le fer, le cuivre oxydé, ont donné des résultats moindres. » D'un autre coté, un couple thermo-électrique platine-palladium porté à l'incandescence, soit au milieu d'un tube en terre, soit dans la flamme d'un chalumeau à gaz, à égalité d'indication rhéométrique, avait donné sensiblement la même intensité lumineuse. Ce dernier résultat était très- important pour le travail dont je m'occupais et pour les conséquences à en déduire relativement à la fixation des limites de température au moyen de la méthode optique que j'ai indiquée. Du reste, mon but n'a pas été de déterminer les rapports entre les pouvoirs émissifs des corps pour la lu- mière, mais bien de rechercher quelle est, pour un même corps, la loi d'émission quand la température change. » Quant au second point, M. de la Provostaye, dans un travail pidjlié en i863, a dit que tous les corps ne devenaient pas lumineux à partir de la même limite de température, et les résultats expérimentaux que j'ai obtciuis avec plusieurs substances paraissent contraires à cette supposition. » CHIiMIE APPLIQUÉK AUX BEWX-Anrs. — Jppendice au Mémoire sur les vitraux peints et observations sur la diffusion de la matière ; par M. Chevrecl. « Je n'ai pas eu assez d'enduit des vitraux de Chartres, de Bourges, etc., pour en faire un examen suffisant; cependant les enduits des vitraux des cathédrales de ces deuxvilles m'ont présenté des résultais, sinon identiques, du moins analogues à ceux que j'ai exposés dans le Mémoire précédent. » J'ai extrait des derniers vitraux : » Une matière organique azotée soluble dans l'eau ; » Une matière colorante jaune ; » Du sulfate de chaux ; » Du chlorure de sodium octaèdre, cubo-octaèdre, cubique; (i) Foir t. LXVIII (les Annales de Chimie et de Physique , 3" série. ( 683 ) 1) Une matière grasse soliible dans l'alcool ; )) Du noir de fumée ; » Du soiis-carbonalc de diaux; » De Vargilejcrriigiiieiise ; " De la silice sableuse. >i La proportion du sous-carbonale de chaux au sulfate de chaux était notablement plus forte que dans les vitraux de Paris. » Dans des vitraux du xni" siècle, j'ai observé des pièces qui avaient été corrodées sur la face externe, et dont l'enduit sur la face interne était d'une épaisseur égale à celle de l'enduit externe des vitraux de Saint-Gervais bien moins anciens. » Malheureusement la petite quantité d'enduit des vitraux anciens ne m'a pas permis de la soumettre à tous les essais auxquels l'a été celui des vitraux de Saint-Gervais. Cependant je puis dire qu'il y avait dans l'enduit des pre- miers proportionnelleiiicnt plus de sous-carbonate de chaux relativement au sulfate de même base, qu'il y avait bien moins de noir de fumée et de matière organique jaune, susceptible de teindre les étoffes, matière qui, si elle n'est pas identique à celle de la suie, y est analogue. » Lorsqu'il y avait du plomb, il n'y en avait que des traces. » J'ai cherché vainement l'acide azotique dans les enduits. » L'examen des enduits des vitraux me conduisit à faire celui de la pous- sière d'iuie bibliothèque dont la boiserie de chêne avait été passée à l'encaus- tique il y a quatre ans environ. » Cette poussière vue au microscope paraissait formée de filaments coiuts et de parties grenues; elle se mouillait difficilement. » L'eau de macération était très légèrement alcaline au papier rouge de tournesol. » Elle avait dissous : » i** Une matière oî-angcâlre, formée évidemment de trois corps au moins : d'un principe azoté, d'un principe colorant jaune et d'un principe gras; » 2° Du sulfate de ctiaux; » 3° Du chlorure de sodium cristallisant en octaèdres, cubo-octaèdres et cubes; » 4" ^" set ammoniacal. 1) L'alcool bouillant, appliqué à la poussière épuisée par l'eau, laissa dé- poser une matière floconneuse à laquelle je reconnus toutes les propriétés de la cire. J'en dirai plus loin l'origine. )) La poussière, épuisée par l'alcool, fil une légère effervescence avec l'eau 91.. ( 684 ) aiguisée d'acide azotique, parce qu'elle contenait du sous- carbonate de chaux; aussi la liqueur filtrée précipitait-elle de l'oxalate de cette base par l'oxalate d'ammoniaque; elle contenait on outre une quantité notable de peroxyde de fer et d'alumine. )) Le résidu indissous par l'eau, l'alcool et l'acide azotique, d'un brun noir, était formé de débris de laine mêlés peut-être défibres ligneuses, de ma- tière terreuse qui m'a semblé de l'argile sableuse, et de noirdejiimée; il donna à la distillation un produit très-ammoniacal. » Quant à la cire séparée de la poussière par l'alcool bouillant, elle pro- venait sans doute de la cire de l'encaustique de la bibliothèque, et certes il est remarquable que cette matière ait passé de l'enduit du bois de chêne dans la poussière. » Cette diffusion de la matière est vraiment remarquable pour expliquer des faits qui ne le seraient pas aulrememt. Je dois ajouter que la poussière renfermait une quantité notable de spores de mucédinées; car une petite quantité de poussière, mise avec un peu d'eau dans un verre lèrmé, se cou- vrit d'une couche de moisissure très-épaisse après quelques jours. Je ne puis donc douter de la présence des spores dans cette poussière. » On voit combien les savants qui se sont occupés de rechercher lori- gino des éléments des végétaux ont eu raison de se mettre à l'abri des pous- sières. )) Je terminerai cette Note par quelques observations concernant les pro- priétés organoleptiques de diverses matières. » Diffusion de la matière odorante d 'une peau de bouc. — En lavant avec de l'alcool du sulfate de chaux extrait des vitraux de Saint-Gervais et contenu dans un filtre, je fus frappé, après la concentration du lavage, d'une odeur hircique; ma première idée fut d'en attribuer l'origine à une matière de l'enduit, mais bientôt, en jetant les yeux sur le bureau de mon laboratoire, qui me sert depuis plus de vingt ans et qui est couvert d'une peau de bouc, laquelle a été tannée et teinte, et sachant que cette peau conserve encore son odeur originelle, je recoinius mon erreur en flairant le filtre dont le papier, après un contact de quelques jours avec cette peau, en avait pris l'odeur. Cette observation met encore en évidence un fait remarquable de diffusion de la matière. )' Recherches entreprises pour savoir si l'expérience chimique trouverait des différences entre lejoin d'un même pré dont une partie avait vécjélé au soleil, tandis que l'autre avait végété à l'ombre. — INI. Bourgeois, membre de la ( 685 ) Société d'Agriculture, présenta l'été dernier deux portions de foin récoltées dans le même pré, mais l'une l'avait été dans un endroit exposé au soleil et l'autre dans un endroit ombragé. » Trois chevaux refnsèrent successivement de prendre le foin venu a l'ombre, tandis que tous les trois prirent avec empressement le foin venu au soleil. » Ayant soumis ces deux foins à quelques essais comparatifs, j'ai vu que l'examen chimique constatait entre eux des différences réelles. » Ainsi, des quantités égales de chaque foin furent mises séparément avec de l'eau dans des cornues où l'on dirigea un courant de vapeur; la vapeur lut recueillie dans des ballons, mode d'opérer que j'avais pratiqué déjà sur les corps gras avec M. Gay-Lussac, à l'Arsenal. » Le foin insolé donna un produit bien moins odorant que ne l'était celui du foin non insolé, ainsi qu'on devait s'y attendre. » Ce produit déposa, après plusieurs jours, des flocons qui occupèrent un tiers du liquide; le produit du foin non insolé ne déposa que bien plus tard quelques flocons seulement. Enfin l'infusion du foin insolé, moins odo- rante et bien plus colorée que celle du foin non insolé, se couvrit, dans un flacon ferméàTémeri qu'elle ne remplissait pas complètement, d'une couche très-épaisse de moisissure, tandis que l'autre, dans le même tem[>s, n'en produisit pas. Je conclus de ces expériences que la chimie, ayant reconnu des dilférences notables entre les deux foins, fait comprendre comment les chevaux préfèrent le foin insolé à celui qui ne l'est pas, mais elle ne peut dire encore pourquoi. Quoi qu'il en soit, ces observations montrent la possibilité, en chimie physiologique, de tirer de l'observation des animaux d'utiles indications. » MÉMOIRES LLS. TÉRATOLOGIE. — Recherches sur t origine et te mode de formation des monstres doubles à double poitrine; par M. Dareste. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Serres, Milne Edwards, Coste.) '( On ne peut comprendre aujourd'hui les cas de monstruosité double, où l'on rencontre des organes appartenant par moitié à chacun des sujets composants, que par la fusion plus ou moins complète de deux corps em- bryonnaires primitivement distincts, mais développés sur unvitellus unique. { 686 ) Or, celte fusion des deux corps embryonnaires peut se faire de différentes façons. Tantôt l'union est latérale. Tel est le mode d'union que M. Lere- houllct a si bien étudié, dans ces derniers temps, sur les monstres doubles de la classe des Poissons. Les observations de M. Lereboullet sont évidem- ment applicables à l'explication de certains types de monstruosité double chez les Vertébrés supérieurs. Tantôt, au contraire, l'union se fait par les faces antérieures des deux corps embryonnaires : c'est ce qui arrive dans les monstres doubles à double poitrine. » L'explication de l'origine et du mode de formation des monstres dou- bles à double poitrine a été, jusqu'à ces derniers temps, l'un des plus dif- ficiles problèmes delà tératologie. Les travaux des embryologistes modernes et mes propres recherches me semblent en donner aujourd'hui la solution complète. » Je rappelle brièvement les faits, déjà constatés par d'autres, qui m'ont servi de point de départ. » Geoffroy Saint-Hilaire a montré que, dansla grande généralité des cas, il n'y a de fusion possible, pour les organes des monstres doubles, qu'entre les organes homologues. C'est ce que l'on appelle la loi de l'union similaire qui domine toute la tératologie. » M. Serres a fait observer que la loi de l'union similaire entraine néces- sairement après elle, pour les monstres à double poitrine, l'inversion splanchuique complète de l'un des sujets composants. Il a rattaché par con- séquent, à l'explication de l'inversion splanchuique, celle de l'origine des monstres à double poitrine. 1) M. de Baer a fait connaître la relation qui existe entre l'inversion des viscères et le changement de position de l'embryon, par rapport au vitel- lus, changement de position qui, dans l'embryon de poule, a lieu du troi- sième au cinquième jour. Il a constaté sur le vitellus l'existence de l'inver- sion chez un embryon qui s'était couché par la face latérale droite, tandis que, dans l'état normal, c'est la face latérale gauche de l'embryon qui est en rapport direct avec le vitellus. )) Enfin, Allen Thomson a montré que cette observation de M. de Baer explique comment deux embryons, l'un normal et l'autre inverse, peuvent se souder l'un à l'autre, lorsqu'en se retournant sur le vitellus ils se font face p^ar les régions antérieures de leur corps. » Tous ces faits nous fournissent évidemment les données du problème, mais il restait à en déterminer la succession et l'enchaînement. ( 687 ) « J'ai eu plusieurs fois occasion, dans mes recherches expérimentales sur la production des monstres, d'observer l'inversion des viscères et d'en étudier le mode de formation. J'ai reconnu, contrairement à l'opinion de M. de Baer, que l'inversion est antérieure au retournement de l'embryon, et qu'elle commence à se produire dès l'époque où le cœur, primitivement rectiligne, présente une incurvation latérale. Dans l'état normal cette incur- vation se produit à droite de la colonne vertébrale ; dans l'inversion, elle se produit à gauche. L'inversion du cœur amène l'inversion de l'allantoïde, qui sort au côté gauche de l'embryon, tandis que, dans l'état normal, elle sort au côté droit. La position de l'allantoïde à la sortie du corps déter- mine ensuite la position de l'embryon par rapport au vitellus, lorsqu'il a effectué son retournement. » Lorsque l'allantoïde, dans l'état normal, sort à la droite de l'embryon, l'embryon se couche sur le côlé gauche; lorsque, dans l'inversion, l'allan- toïde sort au côté gauche, l'embryon se couche sur le côté droit. » Rien n'est maintenant plus facile que de comprendre la formation d'un monstre à double poitrine. Supposons deux corps embryonnaires, l'ini nor- mal et l'autre inverse, situés parallèlement l'un à l'autre sur un même vitel- lus, et disposés de telle sorte que les anses latérales formées par les cauirs occupent, surfaire vasculaire, l'espace qui sépare les deux embryons; les deux systèmes vasculaires et souvent aussi les deux cœurs s'uniront entre eux, et cette iniion sera le premier fait de la fusion des endjryons. Un peu pins lard apparaîtront les deux allantoïdes, dont l'une sera normale et dont l'antre sera inverse, et qui ne tarderont pas à se souder l'une avec l'autre. L'apparition de ces organes déterminera le retournement des deux em- bryons, qui se feront face l'un à l'autre et qui, déjà luiis entre eux par le système vasculaire et par l'allantoïde, ne tarderont pas à s'unir plus intime- ment par les lames ventrales. » On sait que les lames ventrales, primitivement étalées des deux côtés de la colonne vertébrale, se replient en dessous de l'embryon, et viennent se réunir en avant, sur la ligne médiane, pour clore la cavité thoraco-abdo- niinale. La position inverse que les deux embryons ont prise sur le vitellus met en présence, aux deux extrémités du plan d'union, les extrémités des lames ventrales des deux sujets. Elles s'unissent alors l'une à l'autre, des deux côtés du plan d'union, comme dans un sujet simple; elles s'unissent en avant de la cavité thoraco-abdominale. » Les lames ventrales ne sont alors constituées que par des cellules em- ( 688 ) bi voimaires. Ce n'est que plus tard, et postérieurement à leur union, que se forment les divers organes, peau, muscles et os, qui forment les parois défini- tives du tronc. Ces organes se forment sur place, dans l'intérieur des blas- témes préparés à l'avance par la double union des lames ventrales ; ils naissent soudés, si l'on peut parler ainsi. J'insiste sur ce fait, car j'ai la conviction qu un grand nombre des difficultés que soulève la théorie de la formation des monstres tient à ce que beaucoup de faits tératologiques datent de l'époque où les organes sont constitués par des cellules embryonnaires, et ne présentent pas encore les éléments histologiques qui les caractériseront dans leur état définitif. « Il résulte de ces faits que la formation des monstres doubles à double poitrine n'est possible que chez les animaux dont les embryons se retour- nent sur le vitellus, ou, eu d'autres termes, possèdent une allantoïde. Ils ne pourront donc se produire, du moins par im semblable mécanisme, chez les Batraciens ni chez les Poissons. J'ai eu d'ailleurs récemment occasion de faire observer que les Batraciens et les Poissons, dont l'embryon n'a pas d'amnios, sont par cela même à l'abri de la production d'un certain nombre de monstruosités simples. Ainsi donc, le perfectionnement de l'organisa- tion est une condition qui détermine, chez les Vertébrés supérieurs, le déve- loppement de divers états tératologiques dont les Vertébrés inférieurs sont exempts. » OKGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Conséquences à déduire des défauts d'exaslosie pour In manière d interpréter la jormation de certains organes appendiculaires ; par M. Ch. Fermosd. (Commissaires précédemment nommés : MM. Brongniarl. Decaisne. Duchartre.) « L'étude des défauts d'exastosie centripète conduit à des conséquences réellement inattendues. Le premier résultat frappant consiste en ce que les organes appendiculaires se séparent suivant deux systèmes différents. Dans le premier, le pétiole et vine partie du limbe disparaissent peu à peu sans que l'axe porte les traces de cette modification [Lonicera Caprifoliuni, Eucalyptus cjlobulus, etc.). Mais comme, au point de vue phytogénique, c'est la seule conséquence que nous puissions tirer de cette observation, nous n'y reviendrons plus. Il n'en est pas ainsi du second système, dans lequel le ( 689) défaut d'exastosie centripète va jusqu'à ne laisser aucune liberté à la partie limbaire de la feuille, si ce n'est des traces de celle-ci le Ion" de la tige. ' on Alors la tige est bordée d'ailes foliacées ou membraneuses dérivant des feuilles, et que l'on a désignées, dans beaucoup de cas, sous le nom im- propre de décurrences. Dans le premier système le défaut d'exastosie semble être perpendiculaire à l'axe, tandis que dans le second il est réellement pa- rallèle. En observant un grand nombre de ces décurrences, on acquiert la certitude qu'elles ne sont autres que les parties décurrentes du limbe de la feuille sur le pétiole, et que le défaut d'exastosie centripète a reportées sur la lige. Mais selon que les feuilles sont alternes^ opposées ou verti- cillées, ce défaut foit naître des différences notables dans les formes qui en résultent. » J. Feuilles alternes. — Il y a des feuilles dont le limbe est décurrent sur le pétiole, et quelquefois ces décurrences sont'si larges, que la feuille est pour ainsi dire sessile, comme dans le Dicjilalis purpuren. Si nous supposons jin défaut d'exastosie centripète entre l'axe et la feuille, nous aurons une véritable décurrence sur l'axe, et dont le Sjinphytiim officinale nous offre de beaux exemples. Les Scoljmus hispanicus et gmndiflorus, Onopoidon j4caiitliiiim et illjricum, et surtout les Cirsiwn laiiceolatum et acnnlhoides, et VEcliinops spliœrocephalas, portent des décurrences caulinaires qui nous montrent de la manière la plus nette qu'elles ne sont que des décurrences pétiolaires que le déI^;uU d'exastosie centripète a reportées sur l'axe; car les décurrences caulinaires et pétiolaires présentent la même structure, les mêmes sinuosités, les mêmes interruptions, les mêmes dispositions, en un mot, les mêmes accidents de forme et de développement. Il y a quelques distinctions à faire sur ces défauts d'exastosie, selon que les feuilles sont alternes distiques, tristiques, quinconciales ou d'un cycle plus élevé. » Feuilles alternes distiques. — Si l'on examine les feuilles ailées, biptères, de certains Latlijnis, du Genista sagittalis, du Bossiœn Scolopendrin et du Carmiclinelia australis, on ne tarde pas à reconnaître que ces tiges appar- tiennent à deux types différents. En effet, dans les Lalhyrus et Genista, le plan du limbe conserve encore une position perpendiculaire à l'axe, et le bourgeon se trouve émerger de la face même de l'axe ; tandis que chez les deux autres, le plan du limbe est plutôt parallèle à l'axe, et le bourgeon se trouve exséré sur les côtés de l'axe. Le défaut d'exastosie centripète entre un pétiole ailé et un axe, par alternance distique, donne une suffisante ex- plication du phénomène dans les Lath/nis et le Genista sagittalis,- mais pour G. R., i8C3, 2™» Semestre. (T. LVII, N" 17.) 9^ ( 690 ) foinilir une explication satisfaisante de l'autre type, il faut nécessairement admettre le même défaut exercé sur deux feuilles opposées. )) Feuilles alternes tristiques. — De même que les feuilles alternes distiques, par défaut d'exastosie centripète, doiuicnt naissance à une tige biplère, de même ce défaut appliqué aux feuilles alternes tristiques donne lieu aux tiges tripières des Baccltaris sacjitlalis et Genista sagittatis, sur lesquelles on peut faire les mêmes observations relativement aux positions du limbe et des bourgeons. » Feuilles alternes quinconciales, etc. — Le défaut d'exastosie centripète a pour effet, sur ces plantes, de ne donner lieu qu'à des décurrences parallèles qui ne coïncident pas, pour des raisons organogéniques qu'à cause de leur étendue nous ne pouvons reproduire ici. Mais le caractère essentiel du groupe de plantes à feuilles alternes de cette section consiste en ce que tou- jours le bourgeon est axillaire et naît de l'une des faces de la tige, que la feuille soit peu ou entièrement adhérente à l'axe, ou qu'elle provienne de l'alternance distique, tristique ou quinconciale. » B. Feuilles opposées. — Les feuilles opposées peuvent, par défaut d'exastosie centripète, donner lieu à des phénomènes remarquables, sans parier de la disparition totale du pétiole et d'une portion du limbe, comme on l'a vu chez le Lonicera Caprijolium. Si la feuille a son pétiole ailé, c'est- à-dire si son limbe est décurrentsur le pétiole, le défaut d'exastosie centri- pète aura pour premier effet de fondre ensemble le pétiole et l'axe, et, dans ce cas, les ailes du pétiole appartenant à l'axe y formeront deux décur- rences : une de chaque côté du point d'où semble naître la feuille. On saisit très-bien ce phénomène dans les Ferbesina, où l'on trouve une espèce a feuilles véritablement pétiolées [F. serrala), puis une espèce à feuilles légère- ment (iécurrentes sur la iige [F. S ieyesbeckia) conduisant évidemment àla dé- ciu'rence beaucoup plus prononcée du Ferbesina (data. ]Mais ce ne sont la que des défauts d'exastosie centripète relativement peu prononcés, car on peut concevoir que le phénomène soit tel, que non-seulement les deux ailes opposées de chaque côté de la feuille arrivent à se confondre et à ne faire plus qu'une seule ailede chaque côtéde la tige, mais encore que les limbes tout entiers restent adhérents à l'axe en augmentant ces ailes, soit en largeur, soit en épaisseur. Examinons le résultat de ce défaut d'exastosie dans les feuilles opposées ou verticillées. u Feuilles opposées toutes dans tin même plan. — Si nous concevons une série de feuilles dans ces conditions, comme on en voit dans quelques (%• ) Euphorbia [hypericifolia), et qu'un déf;iut d'esastosie centripète aura maintenues entièrement adhérentes à l'axe, les limbes se développant à la manière ordinaire, alors les deux feuilles opposées unies par leur face supérieure contiendront l'axe dans leur centre. De cette façon, chaque double demi-limbe fera sur chaque côlé de la tige l'effet de deux ailes, et une succession de ces feuilles opposées ainsi appliquées l'une sur l'autre donnera à l'axe l'apparence d'une tige de Cactée phyllomorphe, un Phyllocactus par exemple. Dans cette hypothèse, ime inclinaison aller- native, de chaque côté de l'axe, des doubles feuilles, explique parfaitement les sinus que l'on observe sur ces ailes et qui seraient constitués par le sommet d'une première paire et la base d'une troisième inclinés d'un même côté. Cette inclinaison peut augmenter de façon que chaque extrémité de double feuille s'aimonce par un sommet plus prononcé. Dans ce cas, le sinus est plus profond et se rend quelquefois à l'axe médian, et les deux feuilles unies font l'effet d'une sorte de décurrence alternative de chaque côté de l'axe, comme on le voit dans V Acacia alala. Or, si l'on suppose ces deux feuilles ainsi unies, suffisamment inclinées pour ne tenir plus à l'axe que par une base très-restreinte, on conçoit aussitôt une feuille dont le limbe n'est plus horizontal, mais vertical. Mais c'est précisément la disposi- tion des phjUodes : donc l'aile de V Acacia alatn et l'aile plus épaisse des Cactées phyllomorphes ne sont autres que des phyllodes, adhérents, par leur côté, à l'axe de la plante. » Les considérations suivantes sont de nature à justifier cette donnée. Nous avons déjà dit qu'une feuille de monocotylédone était constituée par tous les phytogènes simples périphériques d'un protophytogène, tandis que ces mêmes phytogènes se divisaient en deux parties pour fiire deux feuilles opposées. Par conséquent, les deux feuilles opposées d'une dicotylédone équivalent à ime feuille de monocotylédone. Ceci posé, voici ce que l'on peut observer : )> Dans les genres ï'ucca, Liliiim, les feuilles sont planes et perpendicu- laires à l'axe ; dans le Funkia ovata, la base de la feuille se rétrécit en une sorte de pétiole formant une cannelure arrondie dont l'ouverture regarde l'axe ; chez les Hemerocallis fitlva ou/lava, la feuille commence à être pliée dans sa longueur, en formant une longue cannelure à angle aigu au fond ; dans les Phormium tenax et cookiamtm, la feuille est complètement pliée longitudinalement et présente vers son milieu une adhérence plus ou moins étendue, des deux côtés de la feuille; dans les Iris, Gladiolus et beaucoup 92.. ( t592 ) druilres Iridéos, les feuilles sont complètement repliées et les deux côtés adhérent dans presque toute leur longueur, excepté à la base où se trouve une fente à côtés très-rapprochés ; enfin, dans un phyllode l'adhérence se fait dans toute la louirueur, et même les deux feuilles s'amincissent en une sorte de pétiole, court à la base; et puisque chaque feuille de monocotylé- done représente deux feuilles de dicotylédone, ou chaque demi-feuille des premières, une feuille entière des secondes, on voit que dans l'adhérence face à face des deux feuilles de dicotylédone le phénomène est analogue à celui qui fait les feuilles des Iridées. Mais en même temps que l'on fait ces observations on ])eut voir que la feuille, de |)erpendiculaire qu'elle est par rapport à l'axe, devient complètement parallèle à la façon d'un phyllode; donc la feuille des Iridées est l'analogue des phyllodes. Voici les consé- cpiences importantes que l'on peut tirer des faits précédents : » A. Si le phyllode est le résultat de l'union de deux feuilles opposées, comme le sont les deux côtés d'une feuille d'Iridée, il doit y avoir une somme de vitalité et un tissu cellulaire doubles, deux conditions qui s'op- posent aux exastosies circulaires et doivent maintenir la feuille dans une grande intégrité. Aussi voyons-nous les phyllodes être en général très-sim- ples, sans lobes, découpures ou dents, plus épais que les feuilles ordinaues, caractères que nous retrouvons dans les feuilles des Iridées et dans les ailes des Cactées phyllonioi'phes. » B. Nous savons que chez les monocotylédones le bourgeon est tou- jours axillaire; mais nous avons dit que deux feuilles de dicotylédone, opposées et unies par leur face supérieure, sont les analogues d'une feuille de monocotylédone : par conséquent, ce bourgeon se formera exactement à l'aisselle des phyllodes des Acacia ; dans le sinus profond que forme avec l'axe chaque aile de M Acacia alnla; aux sinus des phyllodes continus des Cactées phyllomorphes, c'est-à-dire sur leurs bords et non'sur leur face, ce qui est précisément le contraire pour les tiges ailées résultant du défaut d'exastosie centripète des axes et des feuilles alternes. 1) C. La théorie des doubles feuilles rend compte : i° de la propriété qvie présentent les |)ln llodes et les Cactées phyllomorphes d'agir à la ma- nière des feuilles dans l'acte de la respiration ; 2" de la complète identité de leurs deux faces; 3° de la verticalité de leurs limbes. » (%3) CHIRURGIE. — Considérations pratiques sur les potjpcs du larynx. Section d'un polype à l'aide d'un simple serre-nœud recourbé. Extrait d'une Note de M. MOUKA. (Commissaires, MM. J. Cloquet, Jobert de Lamballe.) « Le malade W..., qui fait le sujet de notre communication, est un houuiie de quarante et un ans, maréchal des logis dans la garùe de Paris. Sa consti- tution est bonne. Il a eu un chancre volant sans manifestations constitution- nelles. Il n'a jamais été malade de la gorge, mais il s'enrhume facilement du cerveau. Il y a huit ans, il a eu un premier enrouement qui a duré six à sept mois; un second enrouement, moins long que le premier, est survenu il y a trois ans. Enfin, à la fête du i5 août 1862, il s'est enrhumé et il a toussé sans cracher pendant plus de deux mois. Aujourd'hui, 4 novem- bre 1862, la toux et l'enrouement sont plus prononcés depuis quatre jours. L'enrouement augmente quand il fait humide, lorsque le malade se fatigue, ou s'il parle plus que d'habitude. Le timbre de sa voix est comme fêlé, dit- il. Quelques instants après que W... s'est couché, il éprouve une espèce de picotement, de chatouillement à la gorge, et il tousse pendant quelques minutes. Cette quinte de toux se présente tous les soirs et parfois aussi dans le jour, mais avec moins d'intensité; elle cesse par le décnbitus abdo- minal. » Le malade se souvient d'avoir craché deux ou trois fois de petits mor- ceaux de chair, mais il ne peut préciser l'époque de ce phénomène. » L'auscultation de la poitrine et du larynx ne nous fait rien constater d'anomal. )» Le laryngoscope, supporté sans trop de peine, nous fait découvrir sur le bord libre de la corde vocale inférieure droite, près de son insertion thyroïdienne, une tumeur du volume d'un gros grain de groseille; visible surtout pendant la j)honation, sa surface est lisse et rouge. Le 1 1 novembre, MM. les D" Pasquier et Cuignet viennent s'assurer de l'existence de ce polype. » A défaut d'instrument spécial, nous avons procédé au cathétérisme du larynx au moyen d'une grosse bougie d'étain, et, par la compression sur le cartilage thyroïde, nous avons cherché à écraser la tmiieur. Plusieurs fois, à des intervalles plus ou moins éloignés, en présence de notre confrère M. Cuignet, nous avons répété cette compression sans résultat avanta- ( G94 ) geux. Pendant ce teaips le polype est devenu bilobé, pétliculé el flottant. » Des pinces de diverses formes, introduites dans la glotte, tantôt avec le laryngoscope, tantôl sans lui, ne nous ont pas donné plus de succès. En voyant la tumeur flotter dans la glotte, il semblait pourtant qu'il n'y avait qu'à la placer entre les mors de la pince pour la saisir; mais elle glissait chaque fois entre ces mors, quelque précaution que nous eussions prise. » Nous n'avons pas été plus heureux avec le polypotome de M. Mathieu. Enfin, le i6 septembre dernier, après avoir fait exécuter par M. Charrière plusieurs serre-nœuds laryngiens appropriés à la disposition anatomiqne de l'organe de la voix de notre malade et aidé de notre éclairage lenticu- laire ou pharyngoscopique, nous avons introduit dans la glotte, avec la main droite, Tanse du serre-nœud à une profondeur de lo à 1 1 centimètres. Au moment où le polype pénétrait dans lanse, la toux est survenue et a chassé au-dessus des cordes vocales la tumeur qui flottait dans l'orifice de la glotte. Ce n'est qu'à la troisième application de notre serre-nœud que la section du polype a été faite sans aucune entrave. » Le malade W... a immédiatement craché du sang pur cinq à six fois. Ee laryngoscope appliqué à nouveau nous a montré la glotte libre, La petite tumeur bilobée avait disparu; elle était tombée dans la poitrine malgré la forme évasée de l'extrémité du serre-nœud. Aucun phénomène de toux ni de gêne ne s'est manifesté sur le moment, et la voix n'a repris son timbre presque naturel que trois jours après. )) Au point d'insertion du polype, la muqueuse est restée légèrement tuméfiée. Nous avons porté sur ce point, pendant plusieurs jours de suite, l'extrémité d'un porte-caustique trempée dans nne solution de nitrate d'ar- gent, afin de détruire ce qui pouvait rester du pédicule » M. Warren de la Rue met sous les yeux de l'Académie une double *^preuve de l'image de la lune obtenue le 22 février à g** 5™ (i), et donne, sur la manière dont a été obtenue cette image, les détails contenus dans la Note suivante : n Les deux épreuves photographiques de la lune que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie ont à peu près gS centimètres de diamètre. Ce sont (i) Age de la lune g, o jours, Libration en longitude -|- 0° 1 7' I.ibration en latitude — 6° 1^'. ( 695 ) des épreuves indirectes du même négatif original, ayant environ a i centi- mètres de diamètre. Ce négatif original a été obtenu au moyen d'un téles- cope dont le miroir a i3 pouces anglais de diamètre (Soy millimètres), et dont la longueur focale est égale à neuf fois le diamèlre. On a pris une pre- mière épreuve positive au collodion sur verre avec un appareil produisant uij grossissement de i à 9; puis les négatifs ont été obtenus en quatre quarts distincts avec les marges nécessaires pour en opérer ensuite la réu- nion avec toute la précision désirable. » L'une des épreuves présentées a été soumise à quelques retouches, dans le but de faire disparaîlre les défauts résultant soit du collodion lui- même, soit de l'agrandissement des plus petits défauts primitifs. » Afin que l'Académie puisse apprécier le peu d'importance des cor- rections flûtes, la seconde épreuve, que je mets en même temps sous ses yeux, a été religieusement conservée dans l'état même où les procédés pho- tographicpies l'ont amenée. » Sans doute, on parviendra dans l'avenir à des épreuves plus parfaites, et l'on peut déjà indiquer la voie dans laquelle ces nouvelles améliorations seront obtenues. 11 faut surtout diminuer la durée de l'exposition, qui abrégera en même temps l'influence des agitations atmosphériques qui nui- sent à l'épreuve, et l'on doit croire que l'on arriverait à ce résultat en augmentant le diamètre du miroir par rapport à sa longueur focale. » Pour être vues de la manière la plus satisfaisante, les épreuves présen- tées doivent être regardées à une distance de 2 mètres environ. » M. Ferran lit l'extrait d'un Mémoire concernant des expériences qu'il a faites en collaboration avec M. H. Favre. Ce Mémoire, qui a pour titre : « Maniement en mode dynamique de l'électricité dite statique », est ren- voyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillet, Regnault. Edm. Becquerel. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. DE Pietra-Santa prie l'Académie de vouloir bien comprendre dans le nombre des pièces admises à concourir pour les prix de Médecine et de Chirurgie de la fondation IMontyon son >■ Rapport à M. le Ministre d'État sur l'influence du climat du Midi dans les affections chroniques de la poitrine ». « Ce Rapport, dit l'auteur, forme le complément du Mémoire que j'ai eu ( 696) riionneur de lire devant l'Académie dans sa séance du 21 septembre der- nier. J'en adresse deux exemplaires, et j'y joins, pour me conformer à une des conditions exigées au programme du concours, une indication des par- ties que je considère comme neuves. « (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. L. Marquier adresse une réclamation de priorité à l'égard de M. Morvan, auteur d'une Note communiquée à l'Académie dans la séance du ao juillet i863, et ayant pour titre : « Nouveau mode de reproduction à l'aide de la lumière de toute espèce de dessins, gravés, imprimés, photogra- phiés, etc. » Cette réclamation, qui est accompagnée de copies authentiques du brevet d invention de M. Morvan, de celui qu'a pris M. Marquier, et de diverses autres pièces justificatives, est renvoyée à l'examen de la Commission nommée dans la séance du 20 juillet, Commission qui se compose de MM. Pouillet et Fizeau. M. Meret soumet au jugement de l'Académie un travail en trois parties sur iinslinct et iUileUicjence : la première, parvenue le 10 août, n'avait pas été mentionnée au Comjjle rendu, parce qu'on la pouvait croire adressée personnellement à M. Flourens ; elle avait pour titre : « Limites de l'intelli- gence des animaux »; la seconde est relative aux « Limites qui séparent l'instinct de l'intelligence des animaux » ; la troisième aux « Limites qui séparent l'intelligence de l'homme de celle des animaux ». Ce travail est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Flourens et Milne Edwards. M. d'Olixcocrt prie l'Académie de vouloir bien admettre au nombre des pièces de concours pour le prix Morogues deux Mémoires manuscrits et un ouvrage imprimé qu'il lui a soumis de iSS^ à 1861, et qui ont rap- port à un nouveau système de culture ayant, entre autres avantages, celui de prévenir les inondations. L'auteur pense que ses travaux pourraient également être présentés au concours pour un des prix de la fondation Montyon. Cette demande est renvoyée à l'examen des Commissaires chargés de dé- cerner le prix Morogues. ( %7 ) M. Barthélémy (J.-L.) adresse de Marseille une Note et un dessin con- cernant des modifications qu'il propose d'introduire dans \es fourneaux des macinnes à vapeur. M. Combes est prié de prendre connaissance de cette communication et de faire savoir à l'Académie si elle est de nalure à devenir l'objet d'ini Rapport. L'auteur la destinait au concours pour le prix extraordinaire pro- posé pour 1864, et relatif au perfectionnement de la navigation par la va- peur; mais la question a rapport exclusivement à la marine militaire, ce qu'ignorait M. Barthéleniv. M. DE LotvRiÉ présente la description et la figure d'un appareil pour la navigation aérienne sans ballon, appareil qu'il désigne sous le nom d'Aé- roiiave. (Renvoi à l'examen de M. Babinet. ) CORRESPONDANCE. M. LE Directeur général des Douanes adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du «Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et avec les puissances étrangères pendant l'année 1862 ». L'Académie royale des Sciences de Lisbonne remercie l'Académie pour l'envoi d'une nouvelle série des Comptes rendus. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un ouvrage de M. Rossignol, Membre de l'Institut, ayant pour titre : « Les métaux dans l'antiquité. Origines religieuses de la métal- lurgie, ou les dieux de la Samothrace représentés comme métallurges d'après l'histoire et la géographie ». PHYSIOLOGIE. — Note de M. Haime, présentée par M. Velpeau. « Dans la séance du 19 octobre dernier (i863) de l'Académie des Sciences, M. Jobert de Lamballe a lu un Mémoire historique sur la théorie de la formation du cal; à cette occasion, M. Flourens a rappelé que, l'un des premiers, il avait attiré l'attention sur ce fait curieux que le tissu musculaire peut se transformer en os. C. R , i863, 2""= Semeslre. (T. LVII, IN» 17.) g3 (698) » Celte assertion n'étant accompagnée, dans l'article cité, ni de déve- loppements, ni de preuves à l'apiini, me donne lieu de penser que j'ai peut-être été le premier à observer le fait dont il s'agit, puisque j'en avais pris note dès 181 ■2, et que je l'ai consigné à la page gS de ma thèse inau- gurale, soutenue à la Faculté de Paris, le 18 juillet 1816, et cilée par l'auteur de l'article Ossification du cal du grand Dictionnaire des sciences médicales, écrit et pidîlié en i8ic). Or, voici ce que je lis dans l'observa- tion d'un cas de fracture comminutive de l'humérus, sur ce fait que je regardais alors comme une particularité fort singulière : « Cette particularité, disais-je, est une dureté extrême que je sentis à Ira- » vers la peau, aux environs de l'attache inférieure du muscle deltoïde, » et aux portions correspondantes du biceps et du triceps brachi;d, dureté » qui se continuait dans le trajet de la plaie, et paraissait ne faire qu'une » seule et même pièce avec les surfaces adjacentes de l'humérus. Elle était » formée par l' ossification de ces muscles qui faisaient corps ensemble et » rendaient le bras |)arfaitemeut solide. 11 résultait de cette induration » des puissances motrices une grande gêne dans les mouvements de ce » membre, lesquels furent d'abord extrêmement bornés, mais qui repa- » rurent sensiblement, quoique avec beaucoup de lenteur, en même temps » que ce durcissement osseux conunenrait à disparaître. Il est probable » qu'il sera arrivé à ces nuiscles, dans ce cas, ce qui arrive au périoste » ossifié dans les cas de fracture simple, c'est-à-dire qu'il s'y sera fait une » absorption du phosphate calcaire, et qu'ils seront revenus plus ou moins )) parfaitement à leur premier état. » » Si je ne m'abuse, et sans vouloir revendiquer absolument une priorité (jui, d'ailleurs, me paraît acquise par les dates que je viens de rappeler, il m'a semblé que je pouvais prétendre à une place quelconque, sinon en tête, du moins en compagnie des savants illustres qui se sont le plus occu- pés de cette intéressante question. » PHYSIQUE. — Méthode de M. W. Thomson pour la mesure de la conductibilité électrique. Jpplication aux métaux fondus. Note de M. L. de La Rive, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Ou doit à M. W. Thomson une nouvelle méthode de mesure de la conductibilité électrique. En employant une certaine disposition de con- ducteurs dont l'un seulement est le siège d'une force électromotrice, on { 699 ) fait dépendre l'intensilé du courant dans le tll d'ini galvanomètre dn rap- port des deux résistances électriques que l'on compare. Dans cette disposi- tion, les deux extrémités du fd du galvanomètre aboutissent à deux points pris sur deux conducteurs du système, et ces points sont déterminés de façon à diviser dans un même rapport les résistances totales de ces deux conduc- teurs. Or, on fait voir que, si ce même rapport existe entre deux antres résis- tances du système qui sont d'une part la résistance inconnue et de l'autre celle qui sert d'unité, l'intensité du courant dans le galvanomètre est nulle. La méthode consiste donc à faire varier la résistance connue jusqu'à ce que le courant s'annule. » Le principe est le même que dans la méthode Whealstone, que l'on peut en effet considérer comme résultant d'un cas particulier de la dispo- sition plus générale imaginée par M. Thomson. La complication assez grande de cette disposition de conducteurs doit faire préférer, en général, la méthode Wheatstone, mais celle-ci devient insuffisante lorsque les résistances à mesurer sont petites par rapport aux résistances accessoires, tandis que par la méthode Thomson la valeur absolue de l'inconnue est sans influence sur l'exactitude de la mesure. Celte différence s'explique par la remarque suivante. Dans la méthode Wheatstone, l'équation par laquelle l'inconnue se trouve déterminée est = A, où x est la résistance incon- a nue, /; la résistance des conducteurs qui relient x au système, a la résis- tance étalon et k le rapport numérique dont la valein- résulte de la lectiu'e du rhéostat. Lorsque a- diminue par rapport à b, on voit que l'erreur rela- tive de X augmente, celle de k restant constante. Dans la méthode Thom- .son, A est déterminé. C'est la valeur de a qui résulte de l'observation, et l'équation est -z=k; l'erreur relative de x est constante avec celle de a. Les résistances provenant de contacts imparfaits sont aussi, dans la méthode Wheatstone, une cause d'erreurs d'autant plus notables que la valeur absolue de jc est petite. Dans la méthode Thomson, on peut disposer les points de jonction des conducteurs de manière à faire porter ces résistances indé- terminées, non plus sur x et sur a, mais sur les deux résistances dont le partage sur le fil du galvanomètre détermine la valeur de k. Si l'on désigne par R et A R les deux parties dans lesquelles chacune de ces deux résistances se trouve divisée, on voit qu'en donnant à R une très-grande valeur les résistances de contact n'altèrent pas sensiblement le rapport — — Enfin, une 93.. ( 700 ) considération analogue rend encore préférable l'emploi de cette nouvelle méthode dans le cas où le conducteur dont on mesure la résistance est porté à une température élevée. En effet, les conducteurs qui le relient au reste du système s'échauffent nécessairement, et, dans l'équalion = k de la méthode Wheatstone, la quantité b est variable. Dans la méthode Thomson, en donnant à R et AR une grande valeur, la variation provenant du réchauffement des extrémités est insensible. )) Les conditions expérimentales qui rendent la méthode Thomson supé- rieure à la méthode Wheatstone sont précisément celles où l'on se trouve lorsqu'on se propose de mesurer la conductibilité des métaux fondus. En effet, 1° la résistance inconnue est petite par rapport aux résistances acces- soires, car d'une part une colonne de métal fondu ne peut être ni longue ni d'un diamètre étroit, et de l'autre il faut éloigner beaucoup le fourneau où s'opère la fusion de l'appareil de mesure ; a" il y a des résistances de contact variables; 3" le conducteur est à une température élevée. Les expériences que j'ai faites dans le laboratoire de chimie de l'École Normale, sous la pré- cieuse et bienveillante direction de M. Sainte-Claire Deville, sont de nature à montrer que la méthode convient à ce genre de recherches. appareils. — J'ai fait faire deux instruments spéciaux : un rliéostalel ce qu'on pevit appeler un compensat<;ut\ Ces deux appareils sortent des ateliers de M. Froment. Le rhéostat se compose essentiellement d'un fil métallique tendu le long d'une règle divisée sur laquelle glissent deux chariots portant chacun une lame de platine qui s'appuie par son tranchant sur le fil. La partie du ûl interceptée entre les deux lames constitue la résistance a, et, au moyen de la règle divisée, on la mesure à un dixième de millimètre près. Le compensateur sert à déterminer la valeur du rapport k. Cet appareil consiste en deux séries identiques debobines, formées d'un fil de maillechort de o™™,i7 de diamètre offrant une grande résistance. Chaque série se com- pose de neuf bobines; la première constitue la résistance R, et on peut, en additionnant les huit autres en plus ou moins grand nombre, former AR et donner à A toutes les valeurs entières de i à 5o. Les deux appareils étaient installés dans une salle réservée aux instruments de précision. Un galvano- mètre à très-long fil de Ruhmkorff provenant du cabinet de l'Ecole de Médecine, qu'on avait bien voulu me prêter, était placé à a mètres environ du rhéostat, et on l'observait au moyen d'une lunette horizontale et d'un prisme à réflexion. Un levier-clef permettait d'établir momentanément le ( 70I ) courant. Des fils isolés mettaient en communication le rhéostat, le compen- sateur et le galvanomètre, soit entre eux, soit avec la pile placée sous un han- gar et composée de deux ou trois éléments Bunsen, soit enfin avec la ré- sistance à mesurer installée dans un hiboratoire à fourneaux. Pour recevoir les métaux fondus, j'ai employé des tubes en U en porcelaine de Bayeux de la fabrique de M. Gosse. Ces tubes ont une longueur de aS centimètres et un diamètre intérieur de 5 millimèlres; leurs deux branches parallèles se ter- minent par des godels cylindriques de i centimètres de diamètre sur 4 de hauleur. Pour opérer la fusion des métaux et les maintenir à une tempéra- ture constante et connue, je me suis servi de bains de vapeurs d'iiprès le procédé de MM. Sainte-Claire Deville et Troost dans leurs recherches sur les densités de vapeurs; le tube était suspendu dans l'intérieur de la cornue où s'opérait la distillation. On a expérimenté avec le mercure, le soufre et le cadmium bouillants, c'est-à-dire aux températures de 358, 44o ft 86o degrés. » Coniinctibilité d'un métal fondu. — On mesurait d'abord la résistance d'un tube plein de mercure, puis, ce tube étant disposé dans la cornue et rempli de métal, on mesurait la résistance pendant la distillation de la substance employée. Cette résistance se maintenait constante dans la vapeur de mercure, et aussi, quoique à un moindre degré, dans celle de cadmium ; mais la densité du soufre est trop faible pour servir à maintenir à une tem- pérature constante une masse métallique, et les résultats obtenus avec cette substance laissent une assez grande incertitude sous le rapport de la tem- pérature. Une mesure résulte de la moyenne de deux observations différant l'une de l'autre par les positions relatives des deux séries de bobines du compensateur. » Changement de résistance dans le passage de l'état solide à l'état liquide. — On laissait refroidir la colonne métallique, et ou faisait une série d'observa- tions en notant les instants correspondants. On a pu ainsi tracer des courbes dont l'ordonnée est la résistance et l'abscisse le temps, et sur lesquelles le passage d'un état à l'autre se traduit par une branche presque verticale. Les résultats qu on a déduits de ces courbes, en prenant les deux points où la courbure change pour déterminer les résistances au point de fusion, peuvent être considérés, à cause de la grandeur delà variation, comme étant la mesure approchée. )) Les métaux sont : étain (acide stannique réduit par le charbon), plomb (acétate de plomb calciné), bismuth (sous-nitrate de bismuth réduit par le charbon), cadmium (cadmium distillé), imc (zinc distillé), antimoine (émé- ( 702 ) tique calciné avec du nitre). Le mercure employé avait séjourné longtemps sous l'acide sulfurique. Les conductibilités sont rapportées à celle du mer- cure niir à 2 1 degrés. COSDCCTI- blLITÉ Kiain TEMPEBATUflE I i" l'xpéiiencc. i ,89 35go ' a*^ expérience. . 1,88 ' Moyenne 1,88 une expérience. !)42 \ Etat liquide. .. 3,0 I État solide. , . . 4i4 1 i" expérience. 0,715 / 2* expérience. . o/ig^ 860» . . . . point de fusion Plomb Bismuth. < 358". S600.. [ point de fusion. Moyenne.. . . 0,706 uneexpérience. o,'i96 I État liquide.. . 0,73 I État solide. . .. 0,34 Cadmium.. Zinc. 440° uneexpérience. 3,58 , . . ( État liquide. . . 2,6 point de fusion. < ■ ... , "^ ( Elat solide., . . 5,2 Antimoine. < cosmxTi- TSUPéBATLRE. DtLITÉ. / 1^^ expérience. 0,961 SâS".. ..) 2' expérience. . 0,966 ' Moyenne . . 0,968 une expérience. 0,771 Éial liquide. . . 1 ,0 État solide. ... i ,9 - expérience. 2,79 expérience.. 2,46 ( Moyenne. . . . 2,6a { État liquide. . 2,8 ( État solide 5,0 il''' expérience. 0,790 2*^ expérience.. 0,776 Moyenne. . . . 0,78^ ( Étal liquide.. . 0,84 ! État solide. ... 0,69 860".. . point de fusion 440" point de fusion (;: S600. , point de fusion. » On n'a pu fondre dans la vapeur de cadmium ni le zinc ni le cadmium à cause de l'oxydation. » Conclusions. — On a constaté pour l'étain, le plomb, le bismuth et l'antimoine, que la résistance augmente à partir du point de fusion jusqu'à la limite supérieure dont on disposait. L'augmentation totale correspondant à 5oo degrés entre 358 et 860 degrés, divisée par la résistance à 358 degrés, est de o,32 pour l'élain, de 0,24 pour le plomb et de o, 1 8 pour le bismuth, quantités notablement différentes et toutes plus petites que celle que l'on trouve pour le mercure en se servant de son coefficient connu. » Pour tous les métaux ci-dessus, il y a une variation brusque de résis- tance correspondant au changement d'état. Pour l'étain, le plomb, le cad- mium et le zinc, la résistance augmente à peu près du simple au double; |)our le bismuth et l'antimoine la variation est inverse, et plus grande pour le bismuth que pour l'antimoine. » HiSTOiPii: DES SCIENCES. — Sur quelques turbines décrites et figurées dans des ouvrages du xvi*' siècle. Extrait d'inie Note de M. A. de Caligny. « Parmi les roues hydrauliques décrites, en i588, dans un ouvrage de Ramelli, intitulé: Le diverse ed arlificiose machine, etc., il y en a dont ( 7o3 ) les aubes sont de véritables surfaces cylindriques à génératrices verticales, qui, au premier aperçu, ont beaucoup de ressemblance avec celles d'une turbine de M. Poucelet. Ainsi, dans celle de la figure 3, p. 5, le canal conducteur amène l'eau motrice presque tangeuticllenient à l'élément exté- rieur de la courbure de chaque aube. Mais, comme la surface de chaque aube se prolonge jusqu'à l'axe vertical de la roue, la veine liquide au centre de cette roue ne s'échappe pas de la même manière. En général, l'aspect de cette ancienne turbine a de l'analogie avec celui d'une roue à rayons divergents, tandis que la courbure des aubes tend à se raccorder avec la circonférence extérieure dans le système de M. le général Poncelet, dont il est d'ailleurs à remarquer qu'à l'intérieur de la roue les aubes se recourbent en arrière. Aussi cette turbine décrite par Ramelli offre, même à la simple vue, un caractère tout différent. Il est essentiel d'observer que les aubes de Ramelli ne sont point comprises entre deux plateaux, dont un est d'ailleurs percé au centre dans le système de M. Poncelet. « Ce dernier caractère est assez bien exprimé dans un dessin très-curieux de la planche XVI d'un ouvrage in-folio publié à Venise vers la fin du XVi° siècle, ou au commencement du suivant, intitulé : Fausti Veranlii ina- chinœ novœ, addila decUtrntione Intinn, ilalica, gallica, luspnnicn et germa- nica. Dans cette turbine, les aubes courbes ne vont plus jusqu'à l'axe et se raccordent mieux avec la circonférence extérieure que dans la turbine pré- citée, décrite par Ramelli. Elles sont comprises entre deux plateaux paral- lèles auxquels elles sont attachées. Le plateau supérieur est plein, l'infé- rieur est percé au centre, dans l'espace laissé libre par les aubes; il semble bien du moins, d'après le dessin, que dans ce plateau inférieur le cercle compris entre les aubes est entièrement enlevé. Quant au nombre de ces aubes, s'il est évidemment trop petit, il ne paraît pas c[ue dans la pensée de l'auteur ce dessin suffise pour déterminer rigoureusement ce nombre; car il y a plus d'aubes daiîsle moulin à vent de forme analogue décrit dans le même ouvrage. Il est vrai que dans le moulin à vent dont il s'agit, le fluide ne peut sortir par dessous. Il ne parait pas d'ailleurs que le but de cette turbine, dans le cas particulier représenté par l'auteur, soit précisément le même que celui de la roue précitée décrite par Ramelli, dans laquelle l'eau était amenée sur chaque aube successive par un conducteur fixe, disposé extérieurement. Le dessin de cette seconde turbine ne présente plus de con- ducteur, et la figure de la planche XVI précitée porte seulement pour titre : Molœ ad nipem appemœ. Dans cette figure, l'auteur n'indique pas d'autre ( 7o4) but que de montrer simplement de quelle manière on peut établir une roue sur le flanc d'un rocher, c'est-à-dire en laissant plonger l'axe ver- tical à une profondeur convenable dans une rivière qui coule au pied de ce rocher, à un niveau qui peut varier, et dont le mouvement suffit pour faire tourner cette roue, quoiqu'elle y soit entièrement plongée. On peut même se demander si, dans la pensée de l'auteur, le plateau inférieur doit être réellement percé au centre, et s'il n'y a pas en ce point une erreur dans le dessin. On sait, en effet, que M. Cagniard de Latour a fait des expériences sur une turbine d'une forme analogue, dont les aubes étaient perpendicu- laires à deux plateaux pleins et parallèles, et qui tournait aussi entièrement plongée dans une rivière. » L'auteur précité, le savant évéque Veranzio, connaissait probablement l'ouvrage de Ramelli, car, d'après diverses recherches, quoique la date précise de la publication de son ouvrage dont il s'agit ne se trouve point sur les exemplaires que j'ai eus entre les mains, il ne paraît pas qu'elle puisse être antérieure à iSgi ni même probablement à iSgS. Ces deux auteurs ne disent, ni l'un ni l'autre, si ces appareils sont de leur invention ; il y a même lieu de croire qu'ils regardaient la question comme ayant été présentée sous des formes assez diverses pour ne pas considérer chaque figiu'e séparée comme exprimant toute la portée du système. L'ouvrage de Faust Veranzio étant traduit en cinq langues, il y a eu par hasard une transposition dans le texte français de la note relative à cette roue; mais les textes des quatre autres langues étant parfaitement d'accord entre eux, comme je l'ai vérifié, il n'y a pas à s'y tromper. L'auteur était, ainsi que Ramelli, un des hom- mes les plus savants du xvi"' siècle. Ce sont les seuls qui, à ma connais- sance, aient publié, avant M. le général Poncelet, des roues à aubes cour- bes, à axe vertical, ces aubes ayant des génératrices verticales et leur courbure se raccordant plus ou moins avec la direction que peut avoir l'eau affluente à la circonférence extérieure; car il ne faut pas les confondre avec les turbines dont les aubes avaient aussi des génératrices verticales, mais dont la courbure était évidemment destinée à recevoir un choc, même quand cette courbure était repliée en arrière, vers l'intérieur de la roue, comme dans une figure du grand ouvrage de Bélidor. » Quant aux conducteurs fixes amenant l'eau motrice horizontalement |)ar toute la circonférence extérieure d'une roue à aubes et à axe vertical, je signalerai la roue horizontale à aubes planes d'Adamson, qui recevait l'eau par toute sa circonférence extérieure ( Philosopliical Magazine, t. L, et Jour- ( 7o5 ) nat ofJrls and Sciences, t. IV). Mais cela ne so lapporle pas à la turbine de M. Poncelet, qui n'a proposé qu'un seul conducteur. Je passe donc au point le plus essentiel de cette Note quant à la marche de l'esprit humain dans la découverte des priiicipes. » On demandera sans doute si les savants précités du xvi^ siècle ont eu une idée sérieuse du bon emploi de la force vive, tel qu'il est compris au- jourd'hui dans les turbines. Leurs textes sont trop succincts pour qu'on puisse répondre à cette question d'une manière positive; il y a cependant une circonstance sur laquelle je crois devoir appeler l'attention des érudits, même pour le cas où quelque ancien ouvrage ne me serait pas assez connu. Je ne trouve pas qu'aucun des auteurs des deux derniers siècles ait repro- duit les formes si remarquables des aubes de P.amelli et de Faust Veranzio. Il est même facile de voir qu'ils préfèrent Ions l'emploi du choc proprement dit sur des espèces de cuillers offrant même en général des surfaces gauches. Bélidor et Borgnis lui-même n'ont point rappelé les deux anciennes dispo- sitions précitées des aubes courbes, dont il y a par conséquent lieu de penser que les auteurs ont eu une idée qui n'était encore généralement comprise ni de leur temps, ni même dans les deux siècles qui les ont suivis, jusqu'aux savantes recherches d'Euler et de Borda, dont il est d'ailleurs à remarquer que les aubes courbes avaient des dispositions très- différentes. » Je citerai seulement ici, relativement aux aubes à surfaces gauches, l'ou- vrage intitulé : Thealrum niachinanim novum, per Georgiuni Jndream Bock- leruin, arcliilectum et ingeninriuni, traduit de l'allemand en latin par Schmitz ; Cologne, 1662. On y voit, planches XLIV, L, etc., l'eau arriver latérale- ment, de telle manière qu'il serait difficile que l'auteur n'eût pas eu une idée quelconque de l'avantage, indiqué dans le siècle suivant par de Par- cieux, consistant à utiliser en partie l'ascension de l'eau le long des aubes d'une roue hydraulique. Cet ouvrage est d'ailleurs le seul où je retrouve quelque chose d'analogue à la disposition de la turbine précitée de Rameiii, mais avec cette différence, qui change tout à fait l'état de la question, que le fluide, au lieu d'arriver par la circonférence exlérieiu'e pour torlir par le centie, arrive en entier par-dessous, les aubes étant attachées à un plateau supérieur plein; de sorte que le fluide, après avoir produit son action, sort par la circonférence extérieure de la roue. Le dessin de cette roue se trouve dans la planche LXXXI, qui représente une turbine éolique ayant l)Our moteur un courant d'air chaud. Si ce système se rapporte à d'autres C. R., i8t;3, 2'n» S(-m«(;f. (T LMl, Pi" 17.) 94 ( 7o6 ) turbines, il ne détruit pas la conséquence générale que j'ai cru pouvoir tirer ci-dessus du silence des auteurs des deux derniers siècles sur les dispositions remarquables, objet spécial de cette Note. » TECHINOLOGIE. — De l'emploi de lladle dans les ciments hydrauliques. Extrait d'une Note de M. de Saixt-Cricq-Casacx. « Le i'"^ février i858, M. Vicat déclarait à l'Académie que le problème de la durée en eau de mer des composés hydrauliques pouvait être regardé comme résolu. Toutefois il remarquait, dans cette Note, qu'un ciment fort bon par lui-même peut se prêter à l'imbibition de l'eau de mer, et, par suite, à ses ravages, s'il a été fabriqué par un temps sec et cliaud, et employé un certain temps après sa confection. Cet inconvénient peut, ce me semble, être lui-même combattu en se guidant d'après certaines données récemment mises au jour, notamment par celles qu'a données M. Kuhlmann dans plusieurs communications faites à l'Académie, et antérieurement M. Ro- binet qui, dès i85o, signalait l'effet prolecteur de la peinture à l'huile employée pour certaines inscriptions tracées sur les monuments publics en 1792 et i79"3. » De ses remarques, M. Robinet concluait qu'une légère couche d'huile de lin lithargyrée préserverait les monuments de la moisissure et des cham- pignons. Il est vraisemblable aussi qu'elle préserverait les ciments de l'imbi- bition de l'eau de mer. On pourrait encore s'y prendre autrement, en ajou- tant un peu d'huile à un ciment gâché dur et s'en servant comme enduit. » On trouve dans le Franklin- Journal de mai 1828 le fait suivant: « En 1804, un bâtiment espagnol de 45o tonneaux, ayant éprouvé de fortes » avaries, relâcha à Charlestown, eu Amérique, pour être radoubé. Après » l'avoir abattu en carène, on enleva les bordages qui couvraient la partie » inférieure de la coque, et on trouva dessous une couche de ciment telle- » ment adhérente aux membrures, qu'on fut obligé de la briser à coups de » hache. Le capitaine espagnol, ayant demandé qu'elle fût remplacée par » une nouvelle couche, donna les indications suivantes pour sa préparation : » on prend de la chaux de la meilleure qualité et bien cuite, on l'éteint en » jetant dessus la quantité d'eau strictement nécessaire; lorsqu'elle est re- » froidie, on la réduit en poudre et on la passe à travers un tamis fin en fil » métallique; puis on jette cette poudre dans un baquet et on y ajoute de » l'huile de poisson, de manière à amener le mélange à la consistance du ( 7"7 ) » mastic de vitrier. On l'applique à Taide dune truelle, et dés le lendemain » il était déjà devenu assez dur, quoique immergé dans l'eau. » » Le charpentier de navires qui avait réparé ce vaisseau, en envoyant ce renseignement au journal, ajoutait qu'il ne doutait pas que ce ciment ne pût être utilement employé pour les travaux liydraidiques. » Lors de la construction du phare d'Holyhead (Angleterre), tous les moyens connus furent employés en vain pour empêcher la mer, furieuse dans ces paiages, de disjoindre le pied des énormes murs et de les traverser. On employa tous les ciments, on revêtit les murs de bandes de cuivre, mais sans succès. Enfin, ayant observé qu'une boiserie enfoncée en terre était tombée en pourriture, excepté dans une pjartie enduite d'une couche de peinture à l'huile mêlée de sable fin et de mine de plomb, on mit deux couches de cette composition à la base de la tour. Depuis lors, pas une goutte d'eau n'a pénétré dans la muraille. » M. Phipso.\ adresse de Londres quelques observations relatives à une communication récente de M. Morellet sur la phosphorescence de l'eau de mer, phénomène qu il a eu maintes fois l'occasion d'observer dans des circonstances analogues, surtout sur la côte d'Ostende, pendant l'été, et qu'il a mentionné récemment dans son ouvrage sur la « Phosphorescence dans les minéraux, les plantes et les animaux ». « Le phénomène, dit M. Phipson, est dû, comme chacun le sait, à la Noctiluca miliaris. Un certain nombre de ces animalcules, qui sont presque microscopiques, se trouvent emprisonnés dans les vêtements de laine après les bains de mer, et y rencontrent assez d'humidité pour continuer à vivre pendant un jour ou deux. Il est bien connu qu'ils ne donnent de la lumière que lorsqu'ils se contractent; or c'est ce qu'ils font quand on remue les vêtements ou quand on passe le doigt dessus, même plusieurs heures après qu'on a pendu ces derniers pour sécher ; mais on ne se baigne pas toujours dans une eau chargée de ces animalcules, et alors les vêtements ne mon- trent pas de lumière le soir. « M. DE Chancourtois annonce l'envoi de la troisième partie de son Mé- moire intitulé : « Application du réseau pentagonal à la coordination des sources de pétrole et des gîtes de bitume ». Ce travail n'est pas encore parvenu à l'Académie. 94- ( 7o8 ) M. Brassecr adresse, comme pièce de concours pour le prix biennal qui doit être décerné en i865, une portion d'un travail qui, dit-il, se composera de trois parties. Celle qu'il envoie aujourd'hui, mais qu'il annonce comme devant être la troisième, a pour titre : « De l'atome, de ses fonctions et do sa destination ». M. DuYCKER, qui avait présenté en i858 une Note destinée au concours pour le prix du legs Bréant, prie l'académie de lui fiiire savoir le jugement qui en a été porté. Cette pièce a été soumise, comme toutes celles qui avaient été présentées dans la même année, à l'examen de la Section de Médecine et de Chirurgie constituée en Commission spéciale. I^e Rapport sur ce concours a été fait, et la Note de M. Duycker, qui ne s'y trouve point mentionnée, est, parce fait, comprise dans le nombre des pièces écartées comme ne remplissant point les conditions exigées par le programme. M. ViLLAi\ prie l'Académie de hâter le travail de la Commission qui avait été chargée de l'examen de sa Note sur un appareil de son invention pour la navigation aérienne. Cette denjande est renvoyée aux Commissaires précédemment désignés : MM. Piobert, Morin et Séguier. La séance est levée à 5 heures. F. ( 709 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du ic) octobre i863 les ouvrages dont voici les titres : ^cles de l'Académie impériale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Bur deaux; 3<= série, 25*= année; i863, 2" trimestre. Paris, i863; in-8". Annales de la Société impériale d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de la Loire; t. VII, année i863, 1'^ et 2* livrai- sons, janvier à juin. Saint-Étienne, i863; in-8°. Report... Rapport du Surintendant du relevé topographique des côtes; exposition des progrès de cette opération pendant l'année i85g. W.isliington, 1860 ; vol. in-^°. Report... Rapport du Surintendant du relevé topographique des cotes ; expo- sition des progrès de cette opération pendant l'année 1860. Washington, 1861; vol. in-4°. Description... Description d'un nouveau genre {Trjpanostome) de lafaniillv des Mélanidées et de quarante -cinq nouvelles espèces. Description de deux nou- velles espèces exotiques d'Unio. Description d'un nouveau genre [Goniohasis) de la famille des Mélanidées, etc.; pn/'Isaac I.liA. (Extrait des Proceedings 0/ the Academy of nntural Sciences oj Phdadelphia.) Br. in-8. Observations... Observations sur le genre Unio avec des descriptions de nou- velles espèces dans la famille des Mélanidées, de la partie molle et des formes embryonnaires de ces Mollusques, et description d'un nouveau genre et de nou- velles espèces de 3Iélanidées ; par Isaac Lea; vol, IX. Philadelphie, vol. in-Zj". Annals... Annales de l'Observatoire astronomique du collège Harvard; vol. IV, 1" partie. Cambridge, i863; in-4*'. Report... Rapport du Comité des inspecteurs du collège Harvard chargé de visiter l'Observatoire dans l'année 1 8G2, avec le Rapport du directeur de l'Ob- servatoire. Boston, i863; br. in -8°. Die sùsswasser Fische... Les poissons d'eau douce de l'Europe moyenne; par C.-Th.-E.-V. SiEROLD. Eeipsig, i863; in-8". ( 7'o ) Observations de la yrande nébuleuse d'Orioii faites à Kazan et à Poulkova ; par O. Struve. (Extrait des Mémoires de r Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg.) Saint-Félershour g, 1862; in-4°. Positiones mediœ stellarumfixarum in zonis regiomontanis a Bessetio inter + i5° et -H 45° declinalionis observatarum, ad annuni 1826 reductœ et in cala- logum ordinalœ, aiiclore Maxirniliano Weisse. Petropoli, i863; vol. in-4'*. Beobachtungen... Observations de Mars pour l'opposition de i86a; par le I)' A. WiNNECKE. Saint-Pétersbourg, i863; in-4''. Ueber... Sur les étoiles filantes télescopicpies ; Note de M. A. WiNNECKE; quart de feuille in-8''. Kendiconto... Société Royale de Naples ; Compte rendu de i Académie des Sciences physiques et malhématicpies ; 1" année, fasc. 9, septembre i863. Naples, i863; in-4°. L'Académie a reçu dans la séance du 26 octobre i863 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. Decaisne; 65* livraison. Paris, i863;in-4°. Les métaux dans l'antiquité. Origines religieuses de la métallurgie, ou les dieux de la Samothrace représentés comme métallurges, d'après l'histoire et la géogra- phie de l'orichalque. Histoire du cuivre et de ses alliages, suivie d'un appen- dice sur les substances appelées Electre; par J.-P. Rossignol. Paris, i863; vol. in-8°. Direction générale des Douanes et des Contributions indirectes : Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année 1862. Paris, i863; vol. in-4°. Maladies des organes génitaux externes de la femme ; leçons professées à l'hôpital de Lourcine par]e ÏY Alph. GuÉRiN. Paris, i864; vol. in-8°. (Pré- senté par M. Velpeau.) Du croiserneiït des familles, des races et des espèces; par M. BoUDIN. ( 7'i ) i'^ partie: Nécessité du croisement des familles. Paris; br. in-8". (Présenté par M. J. Cloquet.) Expériences sur Ihétérogénie exécutées dans l'intérieur des glaciers de ta Maladetta [Espagne- Pyrénées) ; par MM. F. -A. Pouchet, N. Joly et Ch. Musset. Paris, demi-feuille in-4°- Les climats du midi de la France : la Corse et la station d' Ajaccio; par le D"^ PietraSanta. Paris, 1864 ; in-8°. (Adressé au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. ) Mémoires de l'Académie d'Jrras; t. XXXV. Arras, i863; vol. in-8". Méthode de torréfaction du bois en forêt, locomobileet continue ; par M. J. Resqueut. Paris, i863; br. ia-8°. Bulletin delà Société Vaudoise des Sciences naturelles; t. VII, Bulletin n° 5o. Lausanne, i863; in-8°. Mémoire sur le calendrier hébraïque, précédé d'un chapitre sur le calen- drier des chrétiens et sur ses origines ; por Martin (d'Angers). Angers, i863; in-S". Quadrature du cercle. Réponse à la question : Existe-t-il lui rapport commen- surable entre le cercle et d'autres figures géométriques? par un Membre de l'Association Britannique pour l'avancement de la science (James Smith); traduit par Armand Granges. Bordeaux, i863; br. in-8'*. Ueber... Des influences magnétique, électrique et atmosphérique dans la production des maladies ; par F .-X. Herman HORN. Munich, i863 ; br. in-8". Das... Action de l'électricité sur l'organisme ; par le même; livraisons 3 à 6 et 8 à 18. Munich, 1 856- 1860; i5 brochures in-8°. (Adressées par l'auteur, ainsi que le précédent opuscule, au concours pour le prix Bréant.) COMPTE REISDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 2 NOVEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. ME^ÎOUIES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Nouvelles expériences sur le principe du conlrasle simultané des couleurs, et sur le principe de leur mélamje, en réponse à un Mémoire de M. Plateau sur un phénomène de couleurs juxtaposées , inséré dans les ^uWeims do l'Académie royale des Sciences de Belgique, 2^ série, t. XVI; par M. E. Chevrecl. « Je rappellerai les deux premiers alinéa du Mémoire de M. Plateau auquel je réponds, alinéa insérés dans le Compte rendu de la séance du 12 d'octobre, qui se résument ainsi: « Premier alinéa. Tous les physiciens qui se sont occupés des phéno- w mènes subjectifs de la vision connaissent la loi du contraste simultané •< des couleurs, si jmrfaitcment éiah\ie par M. Chevreul. » Deuxième alinéd. Un cas échappe à celte loi, c'est lorsqu'on regarde » d'une distance suffisante une bande colorée Irès-étroite stu- un fond d une « autre couleur : alors, au lieu de paraître modifiée par la complémentaire » du fond, conformément à la loi du contraste, elle semble au contraire (om- » hinée cwec la couleur même de ce fond. •> » Lorsqu'un homme du mérite de M. Plateau, auteur de travaux si distingués, non-seulement sur la vision, mais encore sur la forme d'une masse liquide libre, soustraite à l'action de la pesanteur, etc.; enfin, lorsque le secrétaire perpétuel de l'Académie royale des Sciences de Bruxelles prête son témoignage à l'exactitude des observations de M. Plateau, je ne puis C. R., i8G3, 1"'^ Semestre (T. LVII, N" 18.) 9^ (7'4) in'abstenir de soumettre à l'Académie des Sciences de l'Institut et au pu- blic des observations en réponse au IMémoire de l'Académicien de Bruxelles. 1) J'ai répété ses expériences et les ai fait répéter par plusieurs personnes dans la condition de distance prescrite, et je n'ai aucune remarque à faire sur leur exactitude; il en est autrement sur la manière dont elles sont exposées et sur la liaison qu'il établit entre les co(ic/us;'om- qu'ilen déduit et la loi du contraste simultané des couleurs; car loin d'en dépendre, elles rentrent évidemment, selon moi, dans un principe diamétralement opposé à la loi du contraste simultané, que j'appelle le principe du mélange des couleurs : et pour qu'à l'avenir on sache bien la différence dont je parle, je vais la rappeler. Loi (lu mélange des couleurs. V Elle comprend les trois articles suivants : » 1 . Le mélange de deux couleurs simples donne une couleur binaire franche. » Le louge et le jaune donnent Vorangé. » he jaune et le /)/ew donnent le vert. » Le bleu et le roucje donnent le violet. » 2. Les trois couleurs simples, ou plutôt deux couleurs complémentaires l'une de l'autre, donnent le noir ou un gris normal, à savoir : » Le rouge et le vert ; » he jaune et le violet; » Le bleu et Vorangé. » Il s'agit des couleurs matérielles, car les couleurs complémentaires du spectre reforment de la lumière blanche. » 5. Si la proportion des trois couleurs ou de deux couleurs com- plémentaires, mélangées ne donne pas du noir ou un gris normal, parce qu'il y a une couleur prédominante sur les autres, le résultat du mélange est un noir ou un gris coloré de la couleur dominante. Loi (lu conlrnstc simultané des couleurs. ). Pour en observer les effets, il faut juxtaposer deux zones de couleurs diverses d'égale dimension, et placer à un ou plusieurs décimètres de cha- cune d'elles une zone identique propre à faire juger de la modification que les couleurs des zones juxtaposées semblent avoir éprouvée. » La loi comprend deux articles, le contraste de ton et le contraste de couleur proprement dit ou de nuance. » î . Contraste de ton. 11 porte sur les degrés d'intensité des couleurs rela- tivement au blanc ou au noir, ou, ou d'autres termes, suivant qu'elles sont claires ou foncées. (7i5) » 2. Contraste de couleur ou de nuance. Une couleur simple ne peut être nuancée que par l'addition de l'une des deux autres couleurs simples. « Exemples: Le rouge ne peut être nuancé que de jaune ou de bleu; he jaune, de l'ouge ou de bleu; Le bleu, de rouge ou de jaune. » Une couleur binaire, l'orangé, le vert et le violet, ne peut l'être que par l'une des deux couleurs simples qui la constituent. » IJ orangé ne peut donc l'être que par du rouge ou du jaune; « Le vert, que par du jaune ou du bleu; » Le violet, que par du rouge ou du bleu. Loi du contraste simultané. « Quand deux zones juxtaposées, différant de ton et de couleur, sont vues simultanément, la plus claire perd de sa couleur tandis que la plus foncée en gagne, et la couleur de chacune se nuance de la complémentaire de sa voisine. » Dire qu'elle se nuance de cette complémentaire, c'est dire que ce qu'il y a d'analogue dans la couleur de chaque zone diminue. » Par exemple, dans la juxtaposition de l'orangé, formé de rouge et de jaune, avec le violet, formé de rouge et de bleu, l'orangé et le violet perdent du rouge, élément commun aux deux couleurs juxtaposées. Conclusion. « Le principe du contraste des couleurs est donc évidemment diamétrale- ment opposé à celui de leur mélange, puisqu'il arrive, par exemple, que le bleu mêlé avec le jaune donne du vert, tandis que juxtaposé au jaune, au lieu de prendre du jaune, il prend du rouge, et que le jaune, au lieu de prendre du bleu, prend du rouge. Au lieu de se rapprocher, les deux cou- leurs s'éloignent donc l'une de l'autre. )) Dans mon ouvrage De la loi du contraste simultané-des couleurs, j'ai envi- sagé d'abord les arts (y compris les beaux-arts) qui parlent aux yeux par des couleurs, relativement aux deux principes que je viens de définir : et j'ai en- suite distingué ces arts en deux catégories d'après la considération du degré de division des matières colorées qu'ils emploient respectivement. » Première catégorie. — Elle comprend les arts qui emploient des ma- tières colorées dont la division paraît infinie; tels sont : » La peinture à l'huile, à l'aquarelle, à la gouache, etc. ; » La peinture fixée par le feu sur porcelaine, etc., et sur métaux. » Deuxième catégorie. — Elle comprend les arts qui emploient des m»- 9.5. ( 7^6 ) tieres colorées d'une étendue sensible, commefds colorés, cylindres de verre ou d'émaux, cubes mosaïques. » A cette catégorie appartiennent : » Les tapisseries des Gobehns et de Beauvais ; » Les tapis de la Savonnerie ; » Les mosaïques ; )) Les vitraux colorés, etc. )) Si l'on conçoit sans peine la reproduction d'un modèle coloré par les arts de la première catégorie, il faut quelque peu de réflexion pour conce- voir connneni les arts de la deuxième catégorie parviennent au même but avec des matériaux colorés d'une étendue sensible comme le sont des fils, de petits cylindres, de petits cubes colorés « Le but est atteint lorsque l'œiwre est telle que les yeux du spectateur snt- sissenl (lislincleinent les formes et les couleurs du modèle reproduit, à une dis- Irince où l'étendue finie de chncjue élément cesse d'être perceptible; alors tes ejjels de la vision ne se rapportent plus au principe du contraste, mais bien à celui du mélange des couleurs. » Voilà l'explication des effets observés par M. Plateau. )) Au lieu de regarder la zone colorée de i millimètre de largeur, cou- pant par moitié un fond de 20 centimètres de largeur sur i5 de hauteur, d'une couleur différente de celle de la zone, à la distance où la couleur de cette zone est parfaitement distincte et conforme à la loi du contraste, comme chacun de mes auditeurs peut s'en assurer en regardant les cartons dé- posés sur le bureau, à la distance de | à 1 mètre, M. Plateau s'est placé à une distance telle que l'effet du contraste, cessant d'être distinct à cause du peu de largeur de la zone, ^ effet rentre dans le principe du mélange, et lui- même l'a remarqué, comme en témoignent ses propres paroles que j"ai citées : sa couleur (celle de la zone) semble se combiner avec celte du fond. » En résumé, si M. Plateau avait observé dans les conditions où je me place, il aurait dit : » t" Les effets du principe du contraste se manifestent dans la juxtaposi- tion d'une petite zone de i millimètre de largeur, tant que la vision de la couleur de cette zone est distincte; » 2" Mais à la distance où elle cesse de l'être, sa couleur semble se com- biner à celle du fond, et dès lors l'effet rentre dans les effets du principe du mélange des couleurs. * Me sera-t-il permis de faire remarquer que si la loi du contraste sinnd- tané a été si longtemps méconnue, c'est faute d'avoir procédé par la nié- (7'7) thode comparative, à savoir, en prenant des surfaces diversement colorées et égales, et en prenant comme normes deux échantillons de ces mêmes sur- ftices juxtaposées placés à distance pour juger de l'effet de la juxtaposition, et que si, plus tard, j'ai pu r.unencr l'explication des effets optiques des étoffes de soie à ces deux principes, et en outre au principe de la réflexion de la lumière par un système de cylindres parallèles, et à celui de la ré- flexion de la linnière par un système de cylindres cannelés perpendicu- lairement à l'axe, c'est parce que je me suis placé dans quatre conditions parjiiitemenl définies par la double considération de la position du specta- teur relativement à la source de la lumière, et relativement à la chaîne et a la trame de l'étoffe? » En expérimentant ainsi, j'ai pu voir que l'effet du contraste simultané est réciproque entre les couleurs juxtaposées et que la manifestation du phénomène n'exige pas que l'une des coideurs n'ait qu'une faible étendue par rapport à l'autre, comme Haiiy et de Laplace le croyaient, et plus tard j'ai pu voir que les quatre principes précités ont suffi pour exphquer les effets variés que présente l'ensemble des étoffes de soie. )) Je vais mettre sous les yeux de l'Académie plusieurs exemples de contraste et de mélange des couleurs jtropres à faire voir la fécondité dont ces principes sont susceptibles dans l'application. Il 1. Contrastes de ton. — Je présente le contraste de chacune des trois couleurs primitives, le rovige, le jaune et le bleu, sur le blanc et sur le noir. ■I Les zones de 8 centimètres de largeur sont placées sur des fonds for- mant un encadrement de 6 centimètres; » Le roucje est au lo ton ; )) Le jaune est au 7 ton ; » Le bleu est au 8 ton. I) Le ton du rouge est abaissé sur le noir et paraît plus jaune ou moms violet que sur le blanc. » Le ton du jaune est non-seulement abaissé sur le noir, mais il a perdu du rouge. » Le ton du bleu sur le noir est non-seulement abaissé, mais il parait notablement plus brillant. Conclusion. 11 Tous ces effets sont conformes au principe du contraste de ton. » Je répète la série en prenant, non plus une zone de 8 centimètres de (7i8) largeur, mais une série de petites zones de i millimètre de largeur placées sur des fonds blancs et noirs. » Le spectateur est supposé être de 4 à 7 mètres de distance. » Zones rouges. Plus foncées sur fond blanc que sur fond noir, mais moins belles, plus grises, moins distinctes. » Zones jaunes. A peine visibles à la distance de 7 mètres, à cause du mélange du blanc avec le jaune, tandis que les zones sur le noir sont très- distinctes. » Zones bleues. Sur fond blanc, le bleu très-affaibli par le mélange de la lumière blanche et grisâtre ; sur fond noir, ton plus élevé et couleur plus pure, moins grise, plus brillante. Conclusion. » Toutes les zones sur fond noir sont plus belles, plus vives que sur fond blanc, la vue en est plus distincte. » Toutes les couleurs perdent de leur ton sur fond blanc quand on les compare à la couleur correspondante d'une zone de 8 centimètres de lar- » Mais il me reste à parler d'un effet bien remarquable : c'est celui qui résulte d'un encadrement noir des zones de 1 millimètre placées sur fond blanc. » Non-seulement, à distance égale, la vision des zones colorées et du fond blanc sur lequel elles sont placées devient plus distincte, mais en même temps le ton de la couleur s'abaisse relativement au ton des zones placées sur fond noir; l'abaissement tient au mélange du blanc avec la couleur, comme je l'ai dit déjà. Dans ce cas, les zones rouges sur fond blanc, qui paraissaient plus foncées que sur fond noir, s'abaissent de deux tons au-des- sous de la coideur des mêmes zones sur fond noir. » J'ajouterai que des zones du 2 violet rouge 5 ton présentent, comme les zones jaunes et les zones bleues, des résultats semblables ; le Ion de ces zones sur papier blanc encadrées de blanc est inférieur au ton des mêmes zones sur fond noir, et lorsqu'elles sont encadrées de noir elles s'affaiblis- sent presque à l'égal des zones jaunes. » Ces effets sont la preuve la plus démonstrative de la grande influence de la lumière blanche pour affaiblir les effets de couleur des vitraux peints, lorsqu'elle se trouve associée aux lumières colorées qu'ils transmettent. » II. — Lorsqu'il s'agit de la distinction des couleurs, par exemple de la lecture des lettres ou des chiffres, c'est au contraste de ton qu'il faut recourir ( 7'9 ) pour avoir le maximum d'effet ; aussi les caractères noirs sur fond blanc sont-ils les plus distincls de tous. » Les caractères de la couleur complémentaire de celle du fond sont peu distincts lorsque le ton des deux couleurs est égal. )• Ils le deviennent davantage dans le cas de l'inégalité du ton. » De deux couleurs complémentaires l'association la moins distincte est celle du rouge et du vert, parce que le rouge, la couleur la plus intense, est associé à une couleur binaire formée de la couleur la plus sombre, le bleu, et de la couleur la plus claire, ou la moins intense, le jaune. » L'association de l'orangé et du bleu est plus distincte parce que la cou- leur la plus sombre est associée à une couleur binaire formée de la couleur la plus intense et de la couleur la plus claire. » L'association du violet et du jaune est encore plus distincte, parce que la couleur la plus claire est associée à une couleur binaire formée de la couleur la plus intense et de la couleurla plus sombre; aussi est-ce l'association complé- mentaire qui peut se rapprocher le plus de l'association du blanc et du noir. » IIL Conclusions relatives à l'association de deux couleurs. — Lorsqu'on veut avoir des associations brillantes de couleurs complémentaires, il faut les disposer en zones de 5 millimètres au moins, afin que la vision en étant distincte, l'effet soit celui du contraste et non celui du mélange. « Car avec des zones de i millimètre, à une très-faible distance, l'effet du mélange se fait sentir, et c'est alors du brun ou une couleur très-ra- battuequi se manifeste à l'oeil du spectateur. M D'après ce que j'ai dit, on voit pourquoi l'association la moins favora- ble au brillant est l'association du rouge avec le vert. Telle est la raison de la couleur sombre que présente le ruban de la médaille de Sainte-Hélène. Il gagnerait beaucoup à ce que les zones eussent 5 millimètres de largeur et que le veit fût plus clair. » Dans le cas de l'association de deux couleurs simples et exemptes de noir, jamais les couleurs ne perdent leur brillant, lorsque l'effet qu'elles produisent rentre dans le principe du mélange; seulement alors, au lieu de paraître simple , le rouge et le jaune paraissent orangé; le jaune et le bleu, vert ; le rouge et le bleu, violet. » IV. — Lorsqu'on tourne le dos à une fenêtre et qu'on regarde deux mor- ceaux d'un même satin (par la chaîne) de couleur, disposés sur une table de manière que la chaîne d'un des morceaux soit dans les plans de la lumière incidente, tandis que la chaîne de l'autre morceau soit perpendiculaire à ces mêmes plans, le premier paraîtra bien plus foncé que le second. Pour- quoi ? C'est que le premier morceau réfléchit du côté opposé à celui du ( 720 ) spectateur la plus grande partie de la lumière qui tombe sur sa surface, taudis que lautre morceau réfléchit beaucoup de cette lumière blanche du côté du spectateur. Or, cette lumière abaisse le ton de la couleur comme cela arrive pour les zones colorées de i millimètre placées sur fond blanc. » Les étoffes glacées qui appartiennent au taffetas, la seule aruuire qui rende à la fois visibles la chaîne et la trame, présentent des effets vraiment remarquables, quand le spectateur en regarde deux morceaux disposés comme les satins; car la couleiu' delà chaîne disparaît dans le premier mor- ceau, et la couleur de la trame apparaît seule dans le second. Si le spec- tateur regardait un glacé rouge et bleu face à la hunière, les deux morceaux paraîtraient violets, tandis que vus dans la position contraire, le premier morceau aurait paru rouge, couleur de la trame, et le second bleu, couleur de la chaîne. » Résultats analogues en observant une étoffe glacée appelée caméléon, dont la chaîne est bleue et la trame formée d'une moitié longitudinale jViune et d'une moitié longitudinale rouge, quanti on en a disposé trois morceaux de la manière suivante : deux morceaux ont la chaîne dans les plans de la lumière incidente, mais la moitié jaune de la trame de l'un regarde la fenêtre, et la moitié rowje de la trame de l'autre morceau regarde cette même fenê- tre ; le troisième morceau a sa chaîne perpendiculaire aux plans de la lumière incidente. Le spectateur, tournant le dos à la fenêtre, voit l'un des deux premiers morceaux jaune, et rouge l'autre morceau, tandis qu'il voit bleu le troisième morceau. Que le spectateur regarde la fenêtre, les trois morceaux lui paraîtront d'une couleur rabattue plus ou moins grisâtre, et à peu près identique, en vertu du principe du mélange des trois couleurs pri- mitives ou des couleurs complémentaires. •■ HYGIÈNE PUBLIQUE. — Noie sur l'assainissement de iair par la vaporisation de l' eau ; par M . A. Morix. Il Dans le cours de mes recherches siu" la ventilation, j'ai été frappé de l'insistance avec laquelle les ingénieurs et les auteurs anglais qui se sont occupas de cette question ont tous signalé les avantages que présentaient, au point de vue de la salubrité, les dispositions qui avaient pour effet de donner à l'air, chauffé ou non, que l'on introduit dans les lieux habités, lui degré notable d'hygrométricité. )) Ainsi, au palais du Parlement d'Angleterre, où l'air qui afflue dans la chambre des Communes est préalablement chauffé pendant l'hiver à l'aide d'une circulation de vapeur, les tuyaux de retour delà vapeur condensée sont baignés dans des auges remplies d'eau, qui, en s'échauffantà leur con- ( 721 ) tact, produit une certaine quantité de vapeur que dissout et entraîne l'air échauffé qui pénètre dans cette salle. M Dans la saison d'été, une autre disposition produit un effet analogue. L'air extérieur, appelé des cours du palais, pénètre dans ime vaste chambre située immédiatement au-dessous de la salle des séances, par plusieurs baies très-larges, au devant desquelles tombe une sorîe de rideau en canevas destiné à arrêter les parcelles fuligineuses que transporte partout l'atmo- sphère de Londres. En avant de ce rideau, au moyen d'un tuyau percé d'un très-petit nombre de trous capillaires, l'ouverture d'un robinet déter- mine la chute d'une véritable poussière d'eau à peine visible, qui se mêle au courant d'air affluent, et qui est dissoute assez complètement pour que le sol soit à peine mouillé. » En réfléchissant à ces deux dispositions, qui toutes deux ont pour but et pour effet d'augmenter le degré d'hygrométricité de l'air, il m'a semblé qu'elles pouvaient avoir aussi sur la salubrité de l'air une influence plus importante que celle qu'on atlribue ordinairement à la présence d'une pro- portion plus ou moins grande de vapeur d'eau dissoute dans l'air. » Je me suis demandé si, surtout dans le dernier cas, la vaporisation de la poussière d'eau traversée par l'air affluent n'était pas accompagnée, comme celle de la rosée, comme la pluie des orages et conformément aux expé- riences de Saussure et de i\L Pouillet, du développement d'une certaine quantité d'électricité qui modifiait d'une manière salutaire l'état de cet air, en y produisant de l'oxygène actif. M Si cette modification ou quelque autre analogue était constatée, on conçoit, en effet, que des dispositions d'une applicalion facile permettant de la produire régulièrement, il y aurait là un moyen simple, économique et d'une grande efficacité, d'assainir l'air des lieux habités, surtout pendant la saison d'été, et même pendant l'hiver, dans tous les lieux où l'on jugerait utile d'établir une ventilation régulière. » On sait, en effet, que l'air renfermant de l'oxygène actif jouit à un très-haut degré de la propriété de détruire, en les brûlant, certains miasmes, certaines émanations des corps en putréfaction ; mais il n'est pas le seul gaz qui possède cette propriété. )> Il m'a donc paru utile de chercher à constater par des expériences di- rectes si la dispersion et la dissolution dans l'air d'une certaine quantité d'eau à l'état de poussière, comme on l'emploie d'ailleurs dans quelques établissements thermiques, modifiait sensiblement l'état électrique de l'air. » A cet effet, j'ai fait faire par M. Saint-Edme, préparateur du cours de C. R., i863, 2"^' Semestre. (T. LVII, N» 18.) 96 ( 722 ) physique au Conservatoire des Arls et Métiers, des expériences spéciales qui ont été organisées ainsi qu'il suit : » Des bandes de papier amido-iodiiré ont été placées dans des tubes de verre de o'^joSo de diamètre, recouverts à l'extérieur de papier noir, pour éviter l'influence de la lumière sur ces papiers, auxquels on a joint des bandes de papier de tournesol. » Plusieurs de ces tubes ont été placés, sous une certaine inclinaison, au milieu de la poussière d'eau produite par le jet d'une lance terminée par une pomme d'arrosoir, en plein air, dans le jardin; d'autres jets semblables ont été essayés ensuite dans la galerie d'expérimentation établie dans l'an- cienne église, et par conséquent à l'abri de l'action solaire. » Craignant que, dans les expériences précédentes, l'action directe de quelques parcelles aqueuses qui auraient pu mouiller le papier n'ait exercé de l'influence, je les ai répétées en faisant arriver la poussière d'eau, très-divisée par son passage à travers une toile métallique, dans la partie inférieure d'un tuyau de tôle de o™,3a de diamètre et de 3™, 70 de lon- gueur, disposé verticalement. Les papiers iodurés ont été placés au sommet de ce tuyau, à un mètre environ au-desaus des atteintes extrémes.du jet de l'eau, de façon qu'ils ne pouvaient être touchés par aucune gouttelette, et que la seule humidité qu'ils pouvaient recevoir ne provenait que de l'état hygrométrique du courant d'air qui parcourait ce tuyau. " Les résultats de ces nouvelles expériences, faites le 4 septembi-e dernier avec des papiers de tournesol rougis et enduits en partie d'une dissolution simple d'iodure de potassium neutre, ont complètement confirmé ceux des précédentes, et ce papier ioduré, qui était à l'abri de l'action de la lumière, a de même présenté des taches légèrement violacées. » Enfin, des expériences plus récentes du3[ octobre dernier indiquent encore des résultats analogues mais plus marqués, parce que le papier est resté exposé une heure et demie à l'action de l'air. Je les mets sous les yeux de l'Académie. » Ainsi, dans tous les cas, le courant d'air humide qui traversait les tubes employés dans les premières observations, ainsi que celui qui dans les dernières circulait dans le tuyau de o'^jSa de diamètre, a déterminé sur les papiers amido-iodurés ou sur les papiers enduits d'iodure de potas- sium la formation de taches légèrement violacées ou bleuâtres, accusant une action analogue à celle de l'oxygène actif, et siu' le papier de tourne- sol bleu des taches rougeàtres indiquant la présence d'un acide qui était très- probablement un produit niiré. ( 7-3 ) » Si la première de ces indications montre qu'il s'est formé de l'oxygène actif, la seconde semble donner à penser qu'après cette modification de l'oxygène, ou concuri'emment à celle production, il y a eu formation d'un acide. » Je me garderai bien d'émettre ou même de laisser entrevoir sur cette alternaiive aucune opinion personnelle : je laisse à de plus autorisés que moi le soin de la débattre et de la résoudre. » Mais l'oxygène actif et l'acide, qui est très-probablement un composé nitré, ayant tous deux la propriété de détruire certaines émanations des corps en putréfaction ou ces corpuscules que Bergmann appelait les im- mondices de l'air (i), il me suffit que leiu' présence soit constatée dans l'air qui traverse l'espèce de brouillard formé par l'eau versée à l'état de pous- sière, pour qu'il me soit permis d'en conclure que la vaporisation de cette eau, outre l'accroissement d'hygrométricité et l'abaissement de temoéra- tiu-e qu'elle peut aussi occasionner, doit avoir sur l'économie animale et pour l'assainissement des lieux habités une influence qui mérite l'attention de ceux qui s'occupent des questions de salubrité. » Il a d'ailleurs été constaté dans ces expériences que l'air qui s'était ainsi chargé de vapeur d'eau avait, comme on pouvait le prévoir, une tempéra- ture inférieure à celle de l'air extérieur. Ainsi, dans l'expérience du 4 sep- tembre, où aucune goutte d'eau n'atteignait le thermomètre placé au som- met du tuyau, la différence a été de i | degré. Dans une expérience (i) Les vents et les ouragans, en agitant violemment l'atmosphère, les courants ascendants dus aux inégalités de température, les volcans en émettant d'une manière incessante des gaz, des vapeurs et des cendres tellement divisées, que souvent elles vont s'abattre à de prodi- gieuses distances, portent et maintiennent dans les hautes régions des corpuscules enlevés à la surface du sol ou arrachés à la partie interne et peut-être encore incandescente du globe. Dans les phénomènes liés à l'organisme des plantes et des animaux, ces substances si ténues, d'origines si diverses, dont l'air est le véhicule, exercent vraisemblablement une action bien plus prononcée qu'on n'est communément porté à le supposer. Leur permanence est d'ailleurs mise hors de doute par le seul témoignage des sens, lors(]a'un )ayon de soleil pé- nètre dans un lieu peu éclairé ; l'imagination se figure aisément, mais non sans un certain dégoût, tout ce que renferment ces poussières que nous respirons sans cesse et que Bergmann a parfaitement caractérisées en les noninianl les immondices de l'ntmosplièrc. Elles établissent, en quelque sorte, le contact entre les individus les [dus éloignés les uns des autres, et bien que leur proportion, leur nature, et par conséquent leurs effets, soient des plus variés, ce n'est pas s'avancer trop que de leur attribuer une partie de l'insalubrité qui se manisfestc habituellement dans les grandes agglomérations d'hommes. {Jgronomie, Cliiiuic ngrico'e et Physiologie, par M. Boussingault, a'' édit., t. II, p. 236.) 96.. ( 7^4 ) antérieure, un thermomètre, établi aussi en dehors de l'action directe de l'eau, avait indiqué une différence de i degrés environ. » L'air était donc rafraîchi en même temps qu'il éprouvait une modifi- cation analogue à celle que produit un courant électrique. On pourrait se demander si la quantité d'eau qu'il faudrait ainsi dépenser ne dépasserait pas ce qu'il serait possible d'allouer pour une amélioration de ce genre. Il est facile de faire voir que cette crainte ne serait pas fondée. » Je me borne aux indications précédentes, persuadé que si les résultats que j'ai obtenus sont, comme je le pense, confirmés par d'autres expéri- mentateurs, ils appelleront l'attention des médecins et des Commissions d'hygiène sur le parti que l'on peut en tirer pour l'assainissement des hô- pitaux ou pour d'autres effets physiologiques. ■> PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Noie en réponse à des observations critiques présentées à l'Académie par MM. Pouchet, Joly et Musset, dans la séance du 21 septembre dernier ; par M. L. Pasteub. « Dans mon Mémoire sur la doctrine des générations spontartées, j'af- firme « qu'il est toujoiu's possible de prélever, en un lieu déterminé, un » volume notable, mais limité, d'air ordinaire n'ayant subi aucune espèce » de modification physique ou chimique, et tout à fait impropre néan- » moins à provoquer une altération quelconque dans une liqueur érainem- )) ment putrescible. » » Je croyais avoir donné de cette assertion une démonstration en quelque sorte mathématique. Je trouve cependant au Compte rendu de la séance du 21 septembre dernier une relation d'expériences exécutées dans l'intérieur de la Maladetta (Pyrénées d'Espagne), par MM. Pouchet, Joly et Musset, qui réfute, au dire de mes persévérants contradicteurs, l'opinion que je viens de rappeler. » Ces expériences sont de tout point pareilles à celles que j'ai exécutées moi-même sur la mer de glace, sur le Jura, et au pied du premier plateau du Jura, au mois de septembre i86o. » Je me félicite que ces habiles naturalistes aient pris la peine d'aller faire à la Renckise et à la Maladetta ce que j'avais fait au mont Blanc et sur un des plateaux du Jura, et qu'à mon exemple, comme ils le disent expressé- ment, ils aient éloigné leurs guides, l'influence de leurs vêtements autant que possible, élevé les ballons au-dessus de leurs têtes, et chauffé la pointe avant de la briser. Tout ceci est extrait de la Note à laquelle je réponds. ( 7^5 ) Cependant j'ai regretté que ces messieurs aient brisé la pointe des ballons à l'aide d'une lime chauffée préalablement, au lieu d'une pince. Dans ce détail important ils se sont séparés de ma manière d'opérer. Mon Mémoire dit que j'ai brisé la pointe effilée des ballons « à l'aide d'une pince de fer dont les )) longues branches venaient d'être passées dans la flamme, afin de brûler » les poussières qui pourraient se trouver à leur surface et qui ne manque- » raient pas d'être chassées en partie dans le ballon par la rentrée brusque » de l'air. » Pour que la lime fasse l'office de la pince dont je parle, il faut de toute nécessité que la lime seule touche et brise la pointe du ballon, que le pouce et la main n'interviennent qu'à distance, parce que la main, elle, ne peut évidemment être chauffée préalablement comme la lime ou la pince(i). » Quoi qu'il en soit, on voit bien qu'à tout prendre mes savants adver- saires ont apporté des soins particuliers dans leurs essais, et qu'ils ont été guidés par le ferme désir de répéter minutieusement mes expériences. » Mais ce qu'ils ont omis d'appliquer, et ce n'est pas devant l'Académie des Sciences qu'il sera utile de faire remarquer l'éuormité de la lacime, c'est la méthode même que j'ai mise en pratique. D Et, en effet, MM. Pouchet, Joly et Musset ont ouvert quatre ballons à la Rencluse et quatre à la Maladetta, Or, j'en avais ouvert vingt à la mer de glace, vingt sur le Jura, vingt au pied du Jura, ainsi que mon Mémoire en témoigne; et, s'il n'y avait pas eu une grande difficulté à transporter une multitude de ballons vides d'air, à pointe effilée, depuis Paris jusque dans ces trois localités, j'en aurais ouvert cinquante ou cent à chacune des stations. » Qui ne voit, eu effet, que toute la métiiode est là? Que voulais-je démon- trer? Entre autres choses, que dans l'air atmosphérique d'une localité quelconque, ici il y a des germes, à coté il n'y en a pas, plus loin il y en a encore; qu'd n'y a donc pas dans l'ataiosphére continuité de la cause des (i) J'ai regretté également de trouver, dans la Note de MM. Pouchet, Joly et Musset, l'in- dication suivante : « Nous prîmes le soin d'agiter les ballons de manière à rendre mous- >i seuse la décoction de foin qui s'y trouvait contenue. Puis ces niatras furent immédiate- » ment refermés à la lampe. » C'est bien faire que d'agiter, quoique, pendant le retour, les ballons soient assez secoués. Mais il faudrait agiter après avoir fermé les ballons, parce que les agitaiions brusques opè- rent des déplacements et des rentrées d'air qui, s'ils se font à petite distance des mains et des vêtements des opérateuis, peuvent donner lieu à des causes d'erreurs dont j'ai pu apprécier l'influence non douteuse. ( 7^6) générations dites spontanées, et qu'enfin c'est une opinion entièrement erronée que la plus petite quantité d'air commun soit capable de détermi- ner dans des infusions le dévelojipement de toutes sortes de mucédinées et d'infusoires. Pour établir ces faits, si durs à la doctrine des générations spontanées, et qui viennent de conduire ses partisans à la Maladetta dans le vain espoir de les réfuter, ma méthode consiste à prélever dans une loca- lité quelconque un certain nombre de volumes d'air et à en étudier l'ac- tion sin- des infusions. Mais une conclusion de quelque valeur n'est possible qu à la condition de répéter l'expérience un assez grand nombre de fois pour que le hasard n'amène pas des résultats, soit tous négatifs, soit tous positifs. J'ai ouvert vingt ballons sin- le Jura, et cinq m'ont présenté des pro- ductions organisées [i). Supposons que j'aie commis la faute de MM. Pou- cliet, Joly et Musset, de n'en ouvrir que quatre, j'aurais pu tomber sur ([uatre de ces cinq ballons qui m'ont offeit des productions, et conséquem- ment être porté à penser que l'air sur le Jura est toujours fécond, tandis qu'ayant eu quinze ballons qui n'ont rien donné d'organisé, et cinq avec moisissiu'es ou infusoires, j'ai pu dire avec une certitude ne laissant pas la moindre place au doute : « que l'on peut prélever sur le Jura des volumes H notables mais limités d'air, n'ayant subi aucune espèce de modification » physique ou chimique, et tout à fait impropre néanmoins à jirovoquer M une altération quelconque dans une liqueur éminemment putrescible. » » Le lecteur attentif verra que je ne profite même pas dans cette discus- sion de l'avantage que me donnent mes contradicteurs, en ne parlant de mucédinées et d'infusoires que pour quatre de leurs ballons sur huit, cir- constance qui établit que les résultats que l'on m'oppose confirment les miens. Tant que MM. Pouchet, Joly et Musset ne pourront pas affirmer qiien ouvrant dans une localité quelconque un c/iand nombre de matras, pré- jjnrés exactement selon les prescriptions de mon Mémoire, il ny en a pas qui se conservent intacts, et que tous s'altèretit, i\s ne feront que confirmer l'exactitude parfaite de l'assertion de mon Mémoire qu'ils prétendent léfuter. Or, je mets au défi que l'on produise un pareil résultat. » En résumé, voilà un exemple nouveau à ajouter à tant d'autres dans la liste des causes des erreurs scientifiques, où nous voyons que tout en s'effor- rant de reproduire et de critiquer les expériences d'un auteur, on peut ne pas comprendre du tout sa méthode d'expérimentation et croire même qu'oii le réfute quand ou nefait que confirmer les princi|)es qu'il a établis. » (i) f'nir mon Mémoire. ( 7^7 ) CHIRURGIE. — Des procédés d'ouranoplastie applicables aux Jentes congénitales de la vùiHe palatine compliquées de division antérieure de l'arcade dentaiiv et de projection de l'os incisif. Note de M. Sédillot. « Nous avons eu rhoniieur d'exposer sommairement à l'Académie les temps principaux de l'ouranoplastie appliquée aux fissures congénitales de la voûte palatine, sans division de l'arcade dentaire, et on a pu comprendre la possibilité de réunir, après l'avivement, les lambeaux périostes emprun- tés aux deux moitiés de la voûte. La mobilité et la laxité des parties permettent en ai'rière leur rapprochement et leur contact en avant : l'ar- cade dentaire fournit un point d'appui aux lambeaux qui, partant d'un même pédicule sur la ligne médiane, peuvent être rapprochés l'un de l'autre d'avant en arrière et de dehors en dedans. u 11 n'en est plus de même lorsque l'arcade dentaire est divisée. Les lambeaux, manquant d'un point d'appui central, sont nécessairement entraînés en bas et en arrière par leur poids et leur rétractilité, et laissent en avant un espace libre et ouvert dépendant de la bifidité de la voûte et de celle de l'arcade dentaire. Il faut donc étudier avec le plus grand soin de pareilles dispositions pour en découvrir les ressources et les procédés de guérison. Si nous examinons les anomalies présentées par notre malade, nous trouverons dans les moyens mis en usage pour y remédier des règles applicables à des difformités analogues ou diversement compliquées. » La fissure de la voûte, au niveau de l'écartement de l'arcade dentaire, était de 8 millimètres. L'os incisif, projeté en avant et incliné de droite à gauche et d'arrière en avant, supportait les deux incisives médianes large- ment développées. Les deux incisives latérales dont les germes appartien- nent normalement à l'incisif n'y existaient pas, mais semblaient s'être repor- tées en arrière, dans l'épaisseur de la voûte où elles doublaient les premières. La fosse nasale droite était fermée en avant par la jonction du voiner au maxillaire dans l'étendue de quelques centimètres. Celle du côté gauche était restée ouverte dans toute sa longueur. Nous avions donc sous les yeux une fente congénitale de la voûte complètement médiane en arrière, où les deux cavités nasales communiquaient avec la cavité buccale, et latérale gauche en avant, où le vomer fermait la fosse nasale droite. » Apres avoir rétabli l'intégrité du voile et de la partie postérieure de la voûte, nous opérâmes le bec-de-lièvre gauche le a3 juin, et deux mois plus ( 72« ) tard nous entreprîmes rocclusioii de l'ouverture palatine antérieure, la seule dont nous ne nous étions pas encore occupé et qui présentait i cen- timètre de longueur. » Les deux lambeaux périostes avivés sur leurs bords internes et détachés de l'arcade dentaire le long des petites molaires et des canines, n'étant pas soutenus en avant, tombaient de haut en bas sur la langue. Il fallait donc les relever et les maintenir en contact entre eux et avec les surfaces osseuses. Ce résultat fut obtenu de la manière suivante : sur les trois fils employés aux points de suture, les deux antérieurs furent ramenés par la narine gauche et enroulés el noués sur une petite tige transversale rigide, garnie de caoutchouc pour ne pas blesser la narine, et, lorsque ces fils durent être retirés, on les remplaça par une plaque de plomb modelée sur la concavité de la vovite et maintenue par l'anse d'une ligature dont les extrémités étaient également fixées au devant de la narine gauche. » Les lambeaux ainsi soutenus de bas en haut ne pouvaient être exposés à une compression dangereuse, puisqu'ils étaient en partie repoussés vers l'espace libre de la fente bucco-nasale,et ils adhérèrent facilement aux os et en rendirent la fissure presque linéaire. » On pourrait, dans certains cas de fentes palatines fort étroites, se bor- ner à un seul lambeau que l'on renverserait sur le côté opposé de la voûte, préalablement avivé, pour l'y réunir. » On ne saurait trop recommander de faire mouler très-exactement la voûte du palais avant de pratiquer l'ouranoplastie. On se procure ainsi la facilité d'avoir à sa disposition des obturateurs prenant leur point d'appui sur les dents et susceptibles de soutenir les lambeaux partout où on le juge nécessaire. Avec ces précautions on peut espérer ramener la fente palatine à de très-jietites dimensions ou en obtenir l'oblitération définitive, soit spontanément, soit par une opération d'une conception tout à fait nouvelle. On doit compter eu premier lieu sur le recul de l'os incisif sous la pression continue de la lèvre restaurée, ou sous l'influence d'une action chirur- gicale directe. Si ces moyens sont insuffisants, on aura recours à rem[)loi du périoste intégralement reformé sur les surfaces osseuses, auxquelles on aura emprunté ses premiers lambeaux oblitérateurs. La remarquable for- mule de M. Flourens : « Les os refont leur périoste », se trouve ici parfaite- ment vérifiée, et au bout de quelques mois on peut utiliser sans crainte ce périoste reproduit et s'en servir pour remédier aux dernières traces des fissures. ( 7^9 ) 0 L'emploi du périoste reformé ouvre donc à la chirurgie des perspec- tives inespérées que nous nous bornerons, en ce moment, à signaler. )) Parmi les autres indications du traitement des fentes palatines congé- nitales, la conservation de l'incisif est d'une importance capitale. On a sou- vent donné le conseil d'enlever cet os, pour faire disparaître la saillie du nez et du tubercule médian et favoriser le rapprochement des deux moitiés divisées de l'arcade dentaire. Cette doctrine doit être absolument repoussée, car bien loin d'être un obstacle à l'ouranoplastie, l'incisif en devient le meilleur élément de succès. Ramené à sa place et rétabli dans sa continuité avec l'arcade dentaire, il constitue un point d'appui central aux lambeaux, diminue la longueur de la fissure et contribue à la fermer. » Dans le cas où l'incisif serait réellement trop large pour être repoussé en arrière, on le réduirait à un plus petit diamètre par l'excision de ses bords. Les incisives latérales seront sacrifiées, mais sans grave inconvé- nient, puisque ces dents sont le plus ordinairement petites, vacillantes et condamnées à tomber et à disparaître. Quelquefois, comme je l'ai proposé [Médecine opératoire ; Paris, 2^ édition), les incisives médianes sont assez écartées l'une de l'autre pour permettre l'ablation d'un fragment osseux intermédiaire et arriver au même résultat que le précédent. » Si l'incisif est trop saillant pour être graduellement ramené en arrière, on pratique la résection d'iuie portion triangulaire du vomer et on se met sûrement à l'abri des hémorragies par un procédé que nous a\ons depuis longtemps recommandé en le généralisant. Les vaisseaux coupés en tra- vers et rendus libres de toute adhérence se froncent, se raccoiucissent, de- viennent sinueux, perdent de leur diamètre, et le sang ne pouvant plus les parcourir facilement s'y dépose sous forme de caillots et s'y arrête. Il suffit donc de séparer la muqueuse et le périoste du vomer avec un ténotome ou un grattoir pour se mettre à l'abri de l'hémorragie, très-redoutable chez les jeunes enfants, et qui était fréquente lorsqu'on excisait en même temps l'os et ses tissus de revêtement avec un ostéotome. Les vaisseaux restés adhérents avec des orifices béants donnaient du sang en abondance et étaient très- difficiles à lier ou à comprimer. » Si le vomer était uni à l'un des côtés de la voûte palatine et qu'il se prolongeât en avant pour se joindre à l'incisif, c'est entre ces deux points qu'il devrait être excisé, avec la précaution de laisser à l'incisif le plus de saillie possible, sur sou prolongement postérieur ou buccal. )) Il est assez commun de trouver les deux moitiés de l'arcade dentaire divisées à gauche, plutôt qu'à droite ou sur la ligne médiane, et présentant G. R., i863, 2'ne Semestre. (T. LVII, N» J8.) 97 ( 733) des courbures d'un diamètre différent. Ces défauts se corrigent peu a peu sous la pression de la lèvre reconstituée. » Nous résumerons dans l'ordre suivant les principales conditions du succès : 1) j" Rétablissement de l'arcade dentaire, comprenant comme moyens opératoires les résections partielles de l'incisif et l'ablation d'une portion du voilier. » a" Possibilité consécutive de former des lambeaux périostes partant d un pédicule central unique, et adhérant à la face postérieure de l'os incisif. » 3° Emploi d'obturateurs moulés sur la voûte palatine. » 4° Recours au périoste de nouvelle formation pour fermer les der- nières traces des fentes, pertuis ou trajets fistuleux, dont l'oblitération n'aurait pas été complète. » Après la guérisoîi, les traits du visage et la forme de la voûte palatine reparaissent réguliers; les aliments et les boissons cessent d'être rejetés par les fosses nasales. La mastication et la déglutition sont faciles et normales; la parole redevient proinptenient intelligible et distincte. » Il est toutefois nécessaire de rappeler, comme nous avons eu déjà l'oc- casion de l'exposer à l'Académie dans nos communications sur les résul- tats de la staphyloraphie [Comptes rendus, séance du 29 décembre i85i), que les opérés ne savent pas parler par suite de l'impossibilité organique où ils se trouvaient de se livrer à sucun exercice de prononciation, et ils doivent apprendre les intonations et l'accent de leur langue natale. Peu de personnes arrivent à bien prononcer les langues étrangères, lorsqu'elles ne les ont pas parlées dans leur jeune âge. Le plus grand nombre se trahit par un accent défectueux. On ne saurait donc se montrer plus exigeant à l'égnrd des opérés de l'ouranoplastie. Leurs organes sont réta- blis, mais l'usage n'en sera recouvré et perfectionné que par une habitude de chaque jour et des exercices midtipliés. » Remarques ^/eM. Flourens à l'occasion de la précédente communication. « M. Sédillot, dans le remarquable Mémoire qu'il adresse aujourd'hui k l'Académie, s'exprime ainsi : " La formule de M. Flourens se trouve ici parfaitement vérifiée, et au )) bout de quelques mois, on peut utiliser sans crainte ce périoste reproduit » et s'en servir pour remédier aux dernières traces de fissure. L'emploi du )) périoste refprmé ouvre donc à la chirurgie des perspectives inespérées. » » Cet emploi, signalé par M. Sédillot, est un second pas, et un grand pas, de ce que j'appelle la chirunjie du périoste. ( 73i ) » J'écrivais, il y a vingt ans, dans la première édition de mon livre : a Le périoste est la matière, l'organe, Vélofje qui sert à toutes ces repro- » ductions merveilleuses (les reproductions des os, ou des parties d'os). » Le périoste est l'organe qui produit les os et qui les reproduit : aussi » nulle autre partie de l'économie animale ne jouit-elle à un aussi haut » degré de la faculté de se reproduire. » Quelques jours suffisent à sa reproduction, et cette reproduction est » inépuisable. » On peut retrancher une portion de périoste, elle se reproduit; on peut » la retrancher encore, et elle se reproduit encore, etc. (i). » » Voilà ce que j'écrivais, il y a vingt ans. C'était un progrès de la phy- siologie. On peut deviner combien il m'est doux de voir, grâce à un chi- rurgien aussi éminent, ce progrès passer aujourd'hui dans la chirurgie. » ASTRONOMIE. — M. Le Verrier présente le tome XVIII de la série des Annales de l'Observatoire Impérial de Paris, consacrée aux Observations . Ce volume contient les observations faites en l'année 1862, ainsi que leur réduction. IttÉMOIRES PRÉSENTES. GÉOLOGIE. — /Ipplicntion du réseau pentagonal à l(f coordination des sources de pétrole et des gîtes bitumineux ; par M. E. B. de Chancourtois : Troi- sième partie. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Chevreul, Pelouze, Ch. Sainte-Claire Deville.) « Comme complément de mes précédentes Notes (2), je décris aujourd'hui, au point de vue dominant de la question des bitumes, deux systèmes de lignes dont je démontrerai ultérieurement avec plus de détail l'importance en Europe, sous le double rapport de la distribution des gîtes minéraux de toute nature et de la configuration topographique. )) Deux cercles dont j'avais mêlé par inadvertance les éléments et que j'avais par suite improprement appelés : le premier, cercle du Rhône, de l'Adour et des bouches de l'Amazone; le second, cercle du fleuve Oural, doivent d'abord être rétablis de la manière suivante. (i) Théorie expérimentale de la formation des os, p. 'Ji. (2) Foir les Comptes rendus des 1 7 et 24 ^°ût i863. 97- ( 7 32 ^ » 1° Trapézoédrique TmT des bouches de l'Amazone, du haut Danube ei du fleuve Oural. — Ce cercle, qui donne en Asie l'axe d'un mince faisceau comprenant les points volcaniques du Tliianschan voisins du volcan Peshan, la ligne de séparation des eaux du fleuve Bleu et du fleuve Jaune, près des sources de ce dernier, les points volcaniques et soinxes de gaz du Su-Tchuan et du Kouansi, et les volcans de Mindanao, longe ensuite la côte du Queensland en Australie, passe au détroit de Cook et traverse l'Amérique méridionale, de la saline d'Alacama aux bouches de l'Amazone, en passant à Potosi. 11 entre enfin en Portugal, très-près du cap Mondego, parallèle- ment au cours du fleuve du même nom; puis en France, parallèlement au cours de l'Adour et de la Midouze, près de Dax, où l'on connaît des gîtes bitumineux; passe à Pontgibaud et par conséquent très-près du Puy de la Poix et des autres gîtes de bitume de l'Auvergne; chemine de Salins à Bâle, parallèlement aux crêtes du Jura qui dominent l'Aar et au cours du Doubs; règle le cours moyen du haut Danube; coupe le Bohmerwaldet les Sudètes près de leurs plus hautes cimes, l'Arber et l'Altvater; passe à Tarnowitz,et enfin donne le coiu's moyen de l'Oural d'Orenbourg à Orsk. I) Un faisceau parallèle très-voisin, de 20 minutes de largeur, comprend : lessalines de Pancorbo et de Briviesca,près de Burgos, les sources de Sallies près d'Orlhez, Decazeville, le Cantal, le bassin hoiiiller de Saint-Etienne, Lyon, les gîtes de cuivre de Chessy et les gîtes de fer de la Yerpillère et de Villebois, Seyssel, la coupure du Bhône au-dessous de Genève, les gîtes de fer des environs de Brunn en Moravie, les gîtes de sel de Wieliczka et de Bochnia, le cours de la Sem et de la Desna de Koursk à Tcheruigov, le coude du Volga au-dessus de Saratov, Ouralsk et le gîte de sel d'illekskaia. » Dans une bande contiguc de 20 minutes de largeur, on distingue la crête de l'Oberland et le sillon parallèle du Rhône dans le Valais repérés respectivement par les salines de Bex et les sources d'Aix en Savoie, puis le sillon de l'Inn avec les-salines voisines d'Inspruck et de Salzbourg. » Un faisceau de 10 minutes environ, mené par les gîtes de bitume et de fer de la basse Alsace, comprend d'un côté : Bayreuth, Joachimslhal, le Keilberg, Carisbad, Tœplitz, le lac des marais de Pinsk, c'est-à-dire la sépa- ration des eaux de la Baltique et de la mer Noire, et le singulier détour du Volga près de Samara; de l'autre côté : Montbard et Avallon, c'est-à-dire la localité où Buffon a le premier signalé la nature particulièrement bitu- mineuse et gypspuse des marnes supraliasiques et le gîte classique des ar- koses; puis l'embouclune de la Gironde, enfin les gîtes de houille et de mercure des Asluries et le cours du Minho. ( 733 ) » Un faisceau de lo minutes comprend le cours de la Loire au-dessus de Nantes, Paris, c'est-à-dire le centre des gypses parisiens, le Stahlberg et les gîtes métallifères du pays de Siegen, le gîte de selde Stassfiilirt et la dépression remarquable suivie par la Wartha et la Netze. » 2° Trapézoédrique Tinl du Para et du Guadalquivir. — Ce cercle pas- sant aux mêmes points m que le précédent, dans le Brésil et dans la mer de Chine, donne le Rotomahana ou mer chaude de la Nouvelle-Zélande et marque la bouche du Para; approche de Palma et des îles Salvages; entre en Espagne par Cadix et y rencontre les gîtes métallifères de Linarès; tra- verse la Méditerranée en relevant les îlots Colombrettes, près de \'alence, et l'île Gorgone, en face de Livourne, et passe aux gîtes de soufre voisins de Cesena. Le cours du Guadalquivir est inscrit dans un faisceau parallèle très- voisin qui comprend en outre les carrières de marbre et les gîtes de mer- cure de Carrare et de Serravezza, les sources de gaz de Brigazzo et de Pietra- Mala, les gîtes de soufre des environs de P»avenne et ceux de bitume du Monte-Maggiore en Istrie, les mines de sel de Dees-Akna en Transylvanie, et de Saczava en Bukovine. » Un faisceau de 3o minutes contigu au précédent contient les gîtes mé- tallifères de Guadalcanal, Almaden, le Cerro de Plata, près de Terruel, l'amas de sel de Cardone, la source de bitume de Monaco, les salzes des environs de Parme et deModène, Idria, le lac Balaton, les marais natri- fères de Debreczyn, les gîtes argentifères de Nagybania, les gîtes de sel du comitat de Marmaros et ceux des environs de Kuty, en Gallicie. » Une ligne déterminée par le point a, près de Nisch, et le Tchatir-Dagh, en Crimée, donne le cours du Vulturne au-dessous de Capoue, et vient traverser longitudinalement en Algérie les lacs salés d'Arzev et d'Oran. C'est à peu près l'axe d'un faisceau de parallèles très-serrées, échelonnées sur une largeur d'environ i degré, du cap Circé au cap Campanella, c'est- à-dire embrassant les îles Ponces, les champs Phlégréens, le Vésuve, la presqu'île deSorrentc, et qui, prolongé par grands cercles, comprend Alger, les gîtes de cuivre de Tenès et des Mouzaïa, et les îles Fuertaventure et Lancerote des Canaries; tandis que dans l'autre sens il va régler le cours du bas Danube et celui du Rouban. » Ce faisceau pourrait du reste être rattaché au cercle suivant que l'exa- men des points d'émanation de la Sicile m'a conduit à ajouter aux cercles déjà décrits. » Hexatétraédrique MmTb de la mer de Mar)nara dirigé du point T de l'Etna sur le point b de Derbend.— Voici les principaux traits et points de ( 7^4 ) son parcours : îlot Antipaxo; Gallipoli des Dardanelles; Titlis; Rhlva ; Yar- kand; point H de la Nouvelle-Guinée; île Saiiit-Ambroise; gîte de nitrate (le soude de Tarapaca; volcan de Lliriiua; confl lent de l'Aragouaya et du Tocantins; Sainte-Lucie des îles du Cap- Vert, dans le voisinage desquelles on a signalé le pétrole nageant à la surface de la mer; anse de Ouro, sur la côte d'Afrique; ligne des oasis au delà de l'Atlas et de l'Oued-el-Djeddi ; côte du golfe d'Hamamet; Pantcllaria; enfin, les Macalube et les gîtes de soufre de Girgenti et de Castro-Giovanni. » Le concours de ces cercles aux mêmes points m voisins de Manille et de Matto-Grosso (au Brésil) m'a conduit à profiter de la projection gnomo- nique du pentagone européen publiée par M. Élie de Beaumont dans sa Notice sur les systèmes de montagnes, pour étendre et détailler leur fuseau dans cette région du globe par le tracé de i5o lignes. » Le cercle qui a les points m pour pôles et passe conséquemment au point D d'Europe détermine toutes ces lignes comme perpendiculaire com- mun. Je l'appellerai donc le normal du système. Ses éléments calculés sont b= i4°i4'36",92, L=62''59'/i2",85. » Mais ce cercle normal, qui se trouve être un des trapézoédriques les plus riches en points variée du réseau, est en même temps des plus impor- tants à mon point de vue actuel. Je le décrirai donc. » Trapézoédrique TD6 d'0urf/7c//i ou du lac Tanganjika. — Limite des îles Nordfries du Sleswig; Cuxhaven, à l'embouchure de l'Elbe; Goslar et Andreasberg, au Hartz; Erfurt; point D de Remda ; Salzbourg et Hallein; le gîte de mercure de Pafernion et le Bleyberg de Carinthie ; Idria ; Fiume, près des gîtes de bitume du Monte-Maggiore; Vieste, où le cercle rase l'épe- ron de l'Italie; Benghazy et le bord du plateau de Barka parallèle à la côte dugolfedeSydra; limite orientale de l'oasis de Roufarah; limite occidentale des montagnes du Daifour; Oudjidji, sur la côte orientale du lac Tangan- jika; Tété, sur le Zambèze; enfin Sofala, Sabia et la côte d'Afrique, des bouches du Sabia au cap Lady-Gray. M On aperçoit facilement que ce cercle fait partie d'un nouveau système de lignes transversal au premier et dont je placerai provisoirement les points de concours aux points /, pôles du trapézoédrique T inT des bouches de l'Amazone el du fleuve Oural, qui serait en conséquence le cercle normal de ce second système. » Parmi les nombreux alignements que j'ai tracés dans cette nouvelle direction, je citerai : « Une ligne parallèle à la côte de Gothie qui, passant à Kongsberg, ( i^^ ) enfile le Siind et sort de la Morée par le cap Gallo, et une autre ligne allant de Krageroe à Zante, la bande de 3o minutes qu'elles comprennent allant couvrir exactement l'île de Jean-Mayen ; le trapézoédrique mené du point T de Finlande, qui passe au centre des marais de Pinsk, marque l'em- bouchure du Bosphore, passe ensuite au Caire et donne une sorte d'axe du cours du Nil dans l'Egypte; le trapézoédrique mené du point T de l'Etna, qui règle le cours général du Rhin de Bingen à Wexel; la ligne du sillon du Rhône, de Martigny au lac de Genève, repérée par Rourbonne-les-Bains, Elgin et Brora, et celle qui joint les points bitumineux de Monaco, Seyssel et Monlbard, le cap Grinez, Harrowgate, Alston-Moor; une bande de lo minutes qui réunit les gîtes d'étain de Penzance et de Piriac donne les principaux traits de la côte de France et la Gironde, puis comprend encore Cardone, Barcelone et aboutit au lac Tchad. » J'avais déjà remarqué la ligne de la Seine à Paris comme donnant, au sud, lecours de l'Yonne de Clamecy à Chitry, Lyon, la Durance au-dessus de Sisteron, Saint-Tropez, le cap Farinas, c'est-à-dire Carthage à quelques minutes près. Cette ligne s'est trouvée entrer en Angleterre par Hastings, passer à Greenwich en marquant le crochet de la Tamise au sortir de Londres, puis très-près de Matloc et d'Oldham, et relever ensuite une série de soimnités pour atteindre le point T des Hébrides; enfin, couper encore l'Islande par le Rotlugia et le Geyser. On voit que ce cercle est aussi un trapézoédrique et que les Observatoires de Paris et de Greenwich donnent à peu près sa direction, mais on serait encore moins loin de compte avec le dôme de Saint-Paul et la flèche de Notre-Dame. » MÉDECINE. — De la pellagre dans les Iwapices d'aliénés. Extrait d'une Note adressée par MM. L.abitte et Pai.v, médecins de l'asile d'aliénés de Cler- mont (Oise), à l'occasion d'ime communication récente de M. Lan- douzy. « Dans sa Note du 19 octobre courant, M. Landouzy soutient : 1° que la pellagre est rare dans les asiles d'aliénés; 2" qu'elle doit être attribuée, quand on l'y rencontre, non pas à l'aliénation mentale, mais aux mauvaises conditions d'hygiène et d'alimentation agissant sur les aliénés indigents comme sur les indigents non aliénés. » Nous soutenons, au contraire, avec M. Billod : 1° que l'aliénation mentale, en apportant un trouble profond dans les actes de la nutrition, produit un état spécial de cachexie qui se traduit par plusieurs symptômes : diarrhée, émaciation, etc.; 2° que la pellagre n'est qu'ime conséquence de ( 736) l'altération générale de l'organisme, qu'une des manifestations de l'état cachectique. « A l'appui de ses conclusions citées plus haut, M. Landouzy produit les résultats de son enquête dans 47 asiles de France et de l'étranger, et sa communication à l'Académie dos Sciences a surtout pour base les résultats de nos recherches dans l'asile d'aliénés de Clermont, que M. Landouzy expose en ces termes : » Sur i3oo aliénés, 248 pensionnaires sont dans de bonnes conditions )) d'hygiène et d'alimentation, pas un pelhigreux; 400 colons sont dans )» les mêmes bonnes conditions, 3 seulement deviennent pellagreux; 642 » sont dans de mauvaises conditions d'hygiène et d'alimentation, 38 peila- )> greux. » )> Ce sont là des assertions graves, et nous ne pouvons laisser passer ces chiffres sans les faire suivre d'un commentaire qui leur donne leur vraie signification et montre qu'ils ne prouvent rien contre les idées que nous défendons. » La pellagre est rare parmi les aliénés pensionnaires, ces malades appartenant à une classe de la société à laquelle les conditions de vie anté- rieure assurent une plus longue résistance aux causes de débilitation qu'apporte avec elle l'aliénation mentale. Cependant, dans le mois d'août dernier, nous avons pu en observer deux cas. La pellagre est rare parmi les malades habitant la colonie de Fitz-Jamcs, les malades envoyés aux travaux des champs étant choisis parmi les plus valides et rentrant dans l'asile dès que s'ouvre, pour eux, la période d'affaiblissement. C'est dans l'asile cen- tral que nous trouvons le plus grand nombre de pellagreux, mais non pas 38, car nous sommes loin d'être d'accord, comme le dit M. Landouzy, sur la nature de tous les faits que nous lui avons mis sous les yeux. » Admettons même ce chiffre; pourquoi est-il si élevé, se demande M. Landouzy? Une seule explication reste, puisque l'influence de l'aliéna- tion doit être écartée : ce sont les mauvaises conditions d'hygiène et d'ali- mentation. Assertions que nous avons peine à comprendre de la part de M. Landouzy alors qu'il a reçu les explications les plus franches sur le régime de l'asile, qui est celui de tous les asiles publics, régime bien supé- rieur à celui de notre bagne de femmes, qui contient 1200 détenues et où jamais la pellagre n'a fait son apparition; alors qu'il a applaudi lui- même aux conditions de confortable assurées aux malades sous le rapport du logement, de la tenue, etc. » M. Landouzy veut faire de la pellagre une question de budget : c'est ( 73? ) une erreur; car en retardant de quelques mois, par une alimentation un peu plus réconfortante, la période inévitable de cachexie, on ne parviendrait pas à détruire la cause, qui est le trouble apporté par l'aliénation dans le fonctionnement physiologique. Faire appel à la générosité des conseils généraux, c'est donc s'attaquer à l'ombre du mal. » Pour mieux démontrer que la présence de la pellagre dans les asiles d'aliénés tient à des conditions spéciales et non à l'aliénation, M. Landouzy invoque les résultats de son enquête : « Dans 27 asiles sur 47, dit-il, la pel- » lagre a été introuvable. » Or, voici deux faits bien propres à prouver que le savant professeur ne s'est pas assez défié de l'entraînement vers les déduc- tions précipitées. » Dans le tableau publié par M. Landouzy, on trouve ceci : « Asile de " Lille, 4i3 aliénés : pellagreux, o. » Et voici que, dans le numéro du 8 octobre dernier de la Gazette des Hôpitaux, le médecin de l'asile de Lille, M. Joire, publie le résultat de ses recherches depuis que son attention a été attirée sur ce point, et trou\e, sur 5/|0 aliénés, 17 pellagreux dont il raconte l'histoire. » Le tableau de M. Landouzy porte : « Bicêtre, 960 aliénés : pellagreux, o. » Or, 200 de ces aliénés viennent d'être évacués siu' l'asile de Clermont, et à cette époque-ci même nous avons trouvé 2 cas de pellagre. » Ainsi se trouvent complètement renversés les résidtats de celte enquête, qui a été déjà l'objet des plus vives protestations de la part des médecins de Madrid. Il y a des pellagreux partout où il y a des aliénés, mais, pour les trouver, il faut faire comme M. Billod, M. Joire, examiner avec une attention scrupuleuse. Les indigents aliénés ont plus de chances de devenir pellagreux que les indigents non aliénés, car ils sont dans un état de misère morale qui entraîne la dégradation physique en dépit de tous les soins dont on les entoure. » Mis personnellement en cause devant l'Académie des Sciences, nous avons voulu, dans cette courte Note, nous élever contre les conclusions du travail de M. Landouzy sur les rapports de la pellagre avec l'aliénation mentale; en s'appuyant sur les données que nous lui avions fournies, M. Landouzy savait combien nos interprétations étaient éloignées des siennes : il ne s'étonnera donc pas de nous voir présenter, à notre tour, devant l'Académie, des explications qui deviennent en quelque sorte une défense. » Cette Note est renvoyée, comme l'avait été celle de M. Landouzy, à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. C. R., |863, î""- Si-meslre. (T. LVII, «o 18.) 9^ (738) 31. Touche soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur le calcul (le la résislance des fluides. M. Gexy (E.) adresse de Nice un travail intitulé : n Mémoire sur utu nouvelle tliéoiie des calculs transcendants, suivi d'une Note sur la vraie valeur des termes du raj)port —^ après la limite ». (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Bertrand.) M"'= Henry présente un Mémoire portant pour titre : Considérations sur les mouvements centrifuges des corps célestes. M. Faye est invité à prendre connaissance de ce Mémoire et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. CORRESPONDANCE. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imj)rimées de la Correspondance, deux ouvrages de Mathématiques présentés par M. Chasles au nom de leurs auteurs, MM. Cremona et Clielini, qui en font hommage a l'Académie ; Et ut) ouvrage de M. Arthur Mancjin ayant pour titre : « Voyage scienti- , fique autour de ma chambre » . MÉCANIQUE. — Expression générale des conditions d' isochronisme du pendule régulateur à force centrifuge. Note de M. Léo.\ Foucault, présentée par M. Le Verrier. « Le pendule régulateur normal (*), fonctionnant sous l'angle a, a pour durée de révolution (') // COS a. p » En remplaçant g par sa valeur — i cette formule devient V- '/M COS a : 27r f (*) Je désigne comme normal le régulateur dont les deux bras sont suspendus à un seui point pris sur l'axe. ( 739) expression dans laquelle on voit plus clairement comment interviennent respectivement la masse et le poids. p » En effet, la formule est vraie quel que soit — i dont la valeur diffère de g dès qu'on vient à tenir compte du poids des masses centrées non repré- sentées par M ; P est alors la résultante des forces verticales qui sollicitent les masses M soumises en même temps à la force centrifuge. » Pour que t devînt constant, il faudrait que P fût multiplié par cos a; on aurait alors, quel que soit a, poiu- la durée constante de révolu- tion, la valeur limite /7m » Ainsi la condition de l'isochronisme, considéré indépendamment de la durée de révolution, est que, au lieu d'une force constante P agissant ver- ticalement sur M, on ait une force variable /; = P cos a, et proportionnelle à la distance verticale du centre des masses M au point de suspension. >i Au moyen du parallélogramme qui complète le pendule régulateuf, on peut effectivement agir sur le système de manière à modifier l'effet de la pesanteur. Pour cela, imaginons qu'à l'angle inférieur de ce parallélo- gramme, ordinairement articulé avec un coulant ou manchon mobile qui glisse le long de l'axe, on exerce une pression verticale f uniformément variée avec la hauteur h, de telle sorte qu'au niveau même du point de suspension oîi h est nulle, cette force fasse équilibre à la résidtante des poids du système; quel que soit d'ailleurs le coefficient de cette variation, l'isochronisme sera réalisé. » Pour exercer cette pression variable, j'imagine c[u'on ait recours à l'ac- tion d'un coutre-poids qui descende à mesure que le manchon s'élève, et, sans rien préjuger sur la constitution du mécanisme, je cherche la loi de ces mouvements concomitants, en supposant simplement un contre-poids égal à la résultante des poids du système sur le manchon. » D'après ce qui vient d'être dit, la force variable à appliquer au man- chon, en vue de produire l'isochronisme, a pour expression /=_P(A/< + i), A étant le coefficient qui détermine la variation de cette force ; or, poin- que f et h varient proportionnellement, comme le veut la formule, il faut que dans toutes les positions du système la vitesse virtuelle c/z du contre- poids estimée verticalement et celle dk du point d'application de la force 98.. ( 74o) communiquée f obéissent à la relation * ^ = A(/.-/0, ha étant la valeur de h pour y = o; et par suite, on a ; = ^ + const. 2 » Ainsi, dans toutes les positions du système, l'espace qui mesure la chute du contre-poids est proportionnel au carré de la distance du man- chon au point Iiq, et l'on peut considérer que cette loi des espaces solidaire- ment parcourus de part et d'autre constitue la condition précise de l'iso- chronisme. » Quand le manchon arrive à la position h^, l'action du contre-poids est nulle, et la durée de révolution est alors donnée par la formule ordinaire (i) en fonction de l'angle a; mais comme on a COS a = — /(„=—, A cette durée de révolution, qui, par le fait d'isochronisme, s'étend à toutes les amplitudes, est donnée finalement par la formule //M dans laquelle / est la longueur des bras, M les masses fixées à l'extrémité de ces bras, P la résultante limite des poids du système sur le manchon, et A le coefficient de variation de la force f : toutes quantités constantes qui déterminent la vitesse angulaire et résument les conditions essentielles de l'isochronisme. » Étant donné un pendule régulateur d'une longueur quelconque, on peut donc toujours lui imprimer avec l'isochronisme une vitesse de révolu- tion quelconque, en lui associant un contre-poids dont la chute s'accélère uniformément avec la hauteur des masses en mouvement. » CHIMIE. — De la non-existence du ivasiuni roninie corjjs simple ; par M. J. NicKLÈs. « Le wasium a été indiqué par M. Bahr comme existant dans l'orlhite de Norvège, dans celle de l'ile de Rœnsholm, ainsi que dans la gadolinite d'Ytterby. Il s'y trouve à l'état d'oxyde associé à de la silice, de l'alumine. ( 74i ^ du sesquioxyde de fer, de l'yttria, de la cériiie, du didyrue, de la chaux, du mauganèse, et à des traces d'urane, de thorine et de tantale. M Ces minéraux ne renferment guère plus de i pour loo de ivasine (oxyde de wasium). » Les propriétés que M. Bahr signale comme caractéristiques du nouveau métal n'offrent selon nous aucune particularité nouvelle; de leur examen résulte, au contraire, la conviction que la wasine, loin de receler un corps simple nouveau, n'est qu'un oxyde complexe dont les éléments sont connus; c'est de l'yttria colorée par un peu d'oxyde de didyme ou d'oxyde de terbium. » Donc, le wasium n'est lui-même que de l'yttriiun contenant un peu de ses congénères, le didyme ou le terbium; c'est ce qui résulte du tableau suivant, dans lequel, pour faciliter la comparaison, les propriétés signalées comme caractéristiques du wasium ont été mises en regard de celles qui, sur la foi des observations faites par Gadolin, Eckeberg, Klaproth, Vau- quelin, Berzélius, Wœliler, Berlin et Mosander, garantissent l'autonomie de l'yttrium. Acide oxalique et oxalates en i , . . , , , „ • • . i , ,.,.., i Précipite blanc Précipite blanc. dissolution acide ) ! Précipite imparfaitement, l'yt- tria n'étant pas insoluble dans les sels ammoniacaux. i Précipité blanc, insoluble ) Précipité blanc, insoluble Potasse caustique < , dans un excès d ans un excès. Sulfate de potasse Précipité blanc cristallin. . . . Précipité blanc cristallin. , Au chalumeau, avec le borax, j à la flamme oxydante et à > Perle transparente Perle transparente. la flamme réductrice. La perle, exposée à la flamme saccadée du chalumeau , ^ Blanche Blanche. devient | « Il faut ajouter que l'azotate de wasine est de couleur rosée tout comme l'azotate d'yttria, quand, comme l'a vu Mosander, ce sel contient du didyme^ ou quand, comme le rappelle Berzélius, il renferme de la terbine ; » Que sa dissolution aqueuse fournit par l'évaporation un précipité géla- tineux, de même que l'azotate d'yttria d'après Klaproth; ( 74'^ ) » Que sous l'influence du chlore, du cliarboii et d'une haute tempéra- ture, il donne un sublimé blanc de chlorure volatil (i), tandis que le capiit morluum retient un chlorure fixe ni plus ni moins que ryttriuni, lequel, selon M. Wœhler, ne se volatilise que partiellement dans ces circonstances, une portion persistant dans le résidu, même à une température très-élevée, ce qu'explique très-bien l'observation faite par Berzélius, suivant laquelle le chlorure d'yttrium n'est pas volatil (2). « La ressemblance entre les deux corps est donc parfaite, et il est évi- dent que le wasium est de l'y ttrium impur. La couleur brune de son oxyde et la teinte rosée de ses sels permettent d'y soupçonner de plus la présence d'un peu de didyme et probablement aussi de terbinm, ce congénère de l'ytirium, si difficile à isoler, et qui se fait remarquer par la teinte rouge de ses dissolutions salines. » TECHNOLOGIE. — Sur les anciens vitrnux colorés des églises, el sur les précautions à prendre pour Les netloyer. Extrait d'une Lettre de M. Boxtemps. (( Le nettoyage des anciens vitraux ne doit être opéré qu'avec de grandes précautions. Quoique les tniits noirs tracés sur les verres de couleur des vitraux des Xli® et xiii* siècles soient généralement assez bien vitrifiés, il s'en trouve cependant parfois qui ont subi tellement peu l'action du feu, qu'ils peuvent être enlevés avec l'ongle seulement; j'in- voquerai à cet égard le .témoignage de M. Viollet-Leduc, de M. Boes- vilwald, qui se sont tant occupés de vitraux. Il ne serait donc pas sans danger de laver ces anciens vitraux avec de l'acide chlorhydrique ou autre qui pourrait effacer complètement des traits qui ont résisté à l'action de tant de siècles. '> Le savant administrateur de la manufacture de Sèvres a dit, à l'occa- sion de cette discussion, que ce qui fait la différence entre les anciens vitraux et les modernes, c'est le progrès n)éme des verriers; que le verre ancien était grossier, plein de rugosités qui produisent un effet très-artis- tique, et qu'il avait en raison de cela proposé à la manufacture de Sèvres l'usage de verre moulé. Je prendrai la liberté de faire observer : )i i" Que les vitraux des xV^ et xvi'= siècles, qui sont considérés généra- ^i) Que M. Bahr considère comme du chlorure de thorium; c'est le résidu fixe qui con- tiendrait le wasium. [n] Traité de Chimir, 1846; édition française, t. II, p. 167 et 170. ( 743) lement comme des chefs-d'œuvre, les vitraux, par exemple, de la chapelle de Vincennes, ceux de la chapelle de la Vierge dans l'église Saint-Gervais, les vitraux de Saint-Godard de Rouen, de Champigny, et tant d'antres, étaient composés de verres de couleur aussi transparents, aussi exempts d'impuretés que les verres que l'on fabrique aujourd'hui ; w 2° Que si les vitraux des xn", Siu" et xiv° siècles étaient composés de verres de couleur moins bien affinés, moins bien soufflés que les nôtres, ce n'est pas à ces imperfections que ces vitraux doivent leur merveilleux effet; car lorsqu'un peintre verrier veut faire une copie exacte d'un ancien vitrail, il arrive avec les verres de fabrication récente à i\n fac-similé que l'on peut confondre avec l'original; et toutefois, quand il s'agit de com- poser et de produire un autre vitrail du même style, on ne retrouve que bien rarement dans cette production nouvelle l'harmonie générale, le charme de composition des anciens. Ce n'est pas à la différence des maté- riaux qu'il faut en attribuer la cause, mais à l'inhabileté de l'artiste, qui ne possède pas au même degré que les anciens peintres verriers le génie déco- ratif appliqué à l'art spécial des vitraux. Ces anciens peintres verriers avaient le sens intime de la loi du constraste des couleurs, si savamment déve- loppée de nos jours par M. Chevreul, et ils produisaient des chefs-d'œuvre, non pas à cause de l'imperfection des matériaux, mais pour ainsi dire malgré cette imperfection. On a fait de nos jours quelques essais de vitraux composés de verres de couleur moulés, et je dois dire que ces essais ne sont que la confirmation de l'opinion que je soumets à l'Académie. » TÉRATOLOGIE. — Sur des cas de palmidactylisme se reproduisant dans une même famille pendant plusieurs générations. HxU-ait d'une Note de M. Berigxy. 11 Dans la première génération du point de départ, la mère avait les troisième et quatrième orteils du pied droit palmés dans toute leur lon- gueur, tandis cpie les doigts des pieds et des mains de son mari se trou- vaient exempts de cette anomalie. » Dans la deuxième génération, qui se compose de sept enfants issus de la première, quatre filles et trois garçons, aucun ne présente l'anomalie de leur mère. » Dans la troisième génération, l'une des filles met au monde, entre autres enfants, une fdle, l'aînée, dont le médius et l'annulaire de la main droite sont palmés comme ceux des orteils de sa grand'raère. Une autre sœur a aussi, au nombre de ses enfants, une fille et un garçon portant tous ( 744) deux à la main droile le médius et l'anniilaire palmés. Sur trois garçons, frères des deux filles précitées, un seul a, sur cinq enfants du sexe mascu- lin, l'aîné de ces garçons qui vient au monde avec les doigts semblables à ceux de sa cousine et de son cousin. » Voilà donc quatre enfants de la troisième génération qui héritent de la digitation anormale de leur aïeule maternelle. » Dans la quatrième génération, l'un des arrière-pelits-enfanls, l'aine des garçons, qui a aussi une soudure du médius et de l'annulaire de la main, droite est à son tour père de deux filles jumelles dont l'une reproduit au pied droit l'anomalie des deux orteils de sa bisaïeule, et d'un garçon qui présente à la main droite le même phénouiène que celui de son père. » Ces faits me paraissent curieux, en ce sens, d'abord, qu'il existe une lacune complète de cette anomalie congéniale entre la première et la se- conde génération ; ensuite, parce que cette infirmité est représentée par les enfants aînés; enfin, parce que l'extrémité des membres droits présente constanunent cette anomalie. » M. Naick, qui avait adressé précédemment à l'Académie une Note eu allemand sur la résolution des équations du troisième degré, puis une rédaction en latin du même travail, prie rx\cadémie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyé ce travail, dont il donne aujourd'hui une courte analyse en français. (Renvoi à l'examen des Commissaires précédemment nommés : MM. Bertrand, Serret.) M. Callaud, qui avait précédemment fait à l'Académie plusieurs commu- nications relatives à des piles sans vases poreux, de son invention, adresse aujourd'hui une nouvelle Note dans laquelle, résumant les principaux avantages de ces piles sur celles qu'on avait jusqu'ici le plus communé- ment employées, il ajoute que les avantages en sont aujourd'hui si généra- lement reconnus, que l'Administration générale des lignes télégraphiques vient d'adopter son système. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel et Pouillet, et M. Edm. Becquerel en remplacement do feu M. Despretz.) La séance est levée à 5 heures. F. 745 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 2 novembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par U.J. Le Verrier, Directeur de l'Observatoire. — Observations; t. XVIII, 1862. Paris, i 863 ; I vol. in-4°. Bulletin et Cartes météorologicjues de l'Observatoire impérial, du 1 1 au 3i octobre 1 863 ; feuilles autographiées, in-foi. Mélanges paléonlologiques (lires des Ménwires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, t. XVII); i" partie, br. in'4°; parY.-i. PiCTET, professeur à l'Académie de Genève. Matériaux pour la Paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes; publiés par le même; 3^ série, 13*^ livraison. Genève, i863; br. in-8°. Voyage scientifique autour de ma chambre; par M. Artbur Mangin, avec une préface-anecdote par M. Pitre-Chevalier. Paris, 1862; i vol. in-8". Etoiles fdantes de la période du 10 août i863; par M. Ad. QuETELET^ Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique; br. in-8°. Eludes relatives au terrain quaternaire de Maine-et-Loire ; par M. Charles MÉNiÈRE, pharmacien de i'* classe. Angers, i863. Les truffes de Champagne; par J.-L. Plonquet; br. in-8°, i863. Mémoires de la Société impériale d' Agriculture, Sciences et Arts d'Angers [ancienne Académie d'Angers); t. V, cahiers i à 4. Angers, 1862 (2 exem- plaires); t. VI, cahiers i et 2, i863 (2 exemplaires). Atlas de la Société de l'Luhistrie minérale; viii^ année, 3'^ livraison, jan- vier, février, mars i863. Saint-Étienne; in-fol. Prodromus monographiœ Scilaminearum, auctore Paulo HORANINOW, cum tabulis IV. Petropoli, mdccclxii, in-fol. Proceedings... Procès-verbaux de la Société Philosophique américaine; vol. IX, janvier i863; n" 69; br. in-8°. On the Archéoptéryx of von Meyer... Sur l'Archéoptéryx de von Meyer avec une description des restes fossiles d'une espèce à longue queue, provenant du calcaire lithographique de Solenhofen; par M. OwEN ; in-4''. Sulla teoria... Mémoire sur la théorie des systèmes simples des coordon- nées, et sur la discussion de l'équation générale du second degré en coordon- C. R., i863, 2n>e Semestre. (T. LVII, N° 18.) 99 { 746 ) nées iriangidaires et tétraédriques ; par le professeur Doni. Chelini. Bologne, i863; in-4°. Siille trasformazioni... Note sur les transformations géométriques; par le professeur L. Cremona. Bologne, i863 ; in-4''. Ces deux ouvrages sont présentés au nom des auteurs par M, Chasles. PCULICATIOXS PÉRIODIQUES REÇCES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d'octobre 18GÔ. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'académie des Sciences; 2* se- mestre i863, n"" i4à 17; in-4°. Annales fie Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault ; avec une Revue des travaux de Chimie et de Phy- sique publiés à l'étranger, par MM. WURTZ et Verdet; 3* série, t. LXVIII, septembre i863; in-8°. Annales de r Agriculture française; 5* série, t. XXII, n° 6; in-8". Annales delà Propagation de lafoi; n" 210; septembre i863; in-12. Atli deir Academia pontificia de Nuoui Lincei; 16"' année, i''^ session. Rome; in-4". Bibliothèque universelle et Revue suisse; t. XVI, n" 69. Genève; in-8°. Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXVIII, n" 24; in-8". Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; aoîit i863; in-8°. Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Belgique ; t. VI, n" 7 ; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d' Agriculture de France; 2-= série, t. XVIII, n° 10; in-S". Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale, rédigé par MM. Combes et Peligot; a* série, t. X, août i863; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie; août i863; in-8''. Bulletin des travaux de la Société impériale de Médecine de Marseille; n"4) octobre i863; in-S". Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; 32^ année, 2*^ série, t. XV, n° 8; in-8°. Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. IV; 3* fasc, juin à août i863; in-S". Bulletin du Laboratoire de Chimie scientifique et industrielle de M. Ch. Meise; août i863. Lyon; in-8°. ( 747 ) BidleUino deW Associazione nazionale Itcdiana di muUio soccorso decjli scitn- ziati letterali ed artistt ; 5'' livr. Naples, i863; in-8°. Cosmos. Revue encjclopcdi(jue hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 12'' année, t. XXIII, n°'i4 à 17; in-8°. Catalogue des Brevets d'invention ; année i863, n"^ 3 et 4; in-8''. Gazette des Hôpitaux; 36"^ année, n°' ii4à raS; in-S". Gazelle médicale de Paris; 33'^ année, t. XVIII, 11°* 4° à 43; in-4''. Gazette médicale d'Orient; 6" année, septembre i863 ; in-4°. Journal d'Agriculture pratique; 27* année, i863, n°' igetao; in-S". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4*^ série, octoljre i863; in-8''. Journal de la Société impériale et centrale d' Horticulture ; t. IX, septembre i863; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 11^ année, t. XLI, octobre i863; in-8°. Journal des Vétérinaires du Midi ; 26* année, t. VI, octobre t863; in-8°. Journal des Connaissances méilicales et pharmaceutiques; 29^ année, n"* a--, 28 et 29 ; in-8°. Journal d'Agriculture de la Côte-d' Or ; jmWe.t i863; in-8". Journal de Médecine vétérinaire militaire ; t. I, octobre i863; in-8°. Journal desjabricanls de sucre; 4*^ année, n°' 25 à 28; in-4°. L'Abeille médicale; lof^ année, n°' [\o '?i 43; in-4°. L Agriculteur praticien; 3" série, t. IV, n°* 24 et 26 ; in-8". L'Art médical; 9" année, t. XVII, octobre i863; in-8°. L'Art dentaire; 7* année, nouvelle série ; septembre i863; in-4''. La Lumière; i3'= année, n° 19; in-4"'- La Médecine contemporaine; 5® année, n° 18; in-4°. La Science pittoresque ; 8* année; n°* 23 à 26; in-4°. La Science pour tous; 8* année; n°^ 44 ^' 46 ; in-4°. Le Gaz; 7* année, n° 8; in-4°. Le Moniteur de la Photographie ; 3"= année, n°^ i4 et i5; in-4°. Le Tectmologiste; afi^ année, octobre i863;in-8°. Le Courrier des Sciences et de l'Industrie; t. I, n°' 5 à 6; in-8°. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs ajiplicalions aux Arts et à l'Industrie; 1"= année, t. II, livr. 10 à 12; iii-S". Magasin pittoresque ; 3 1* année ; octobre i863; in-4°. ( 748 ) Moiiatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de [Académie royale desSciences de Prusse; juin et juillet i863; in-8°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; 6* année, t. X; octobre t863; in-8°. Nouvelles Annales de Mathématiques ; i^ série ; octobre 1 863 ; in-8". Nachricliten... Nouvelles de l'Université de Gœttingue; année 1 863, n" i^; in-i2. Observatorio... Publications de l'Observatoire météorologique de T Infant donLuiz,à l'Ecole polytechnique de Lisbonne; n°' lo à 22, 37, 38 et 4^ ; feuille in-folio obiongue. Presse scientifique des Deux Mondes; année i863, t. 1", u"' 19 et 20; in-8". Répertoire de Pharmacie ; 20* année; t. XX, octobre i863; in-8°. Revista de obras publicas; t. XI, n° 19. Madrid ; in-4''. Revue de Thérapeutique médico-chirtirgicale; 3o* année, n"' 19 et 20; in-8". Revue maritime et coloniale; t. VII, octobre i863; in-8°. Revue viticole ; 5* année; août et septembre i863; in-8°. The Canadian naturalist and geotogist; vol. VIII ; n** 4 5 août r863. Mont- réal; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 NOVEMBRE 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. ME.^ÎOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Remarque de M. Chevreul relative à une Lettre insérée dans le Compte rendu de la séance du a de novembre, n Dans une Lettre insérée au Compte rendu de la séance du 2 de novembre, il est dit, page 742 : « Tl ne serait donc pas sans danger délaver M ces anciens vilraux avec de l'acide chlorliydrique ou autre qui pourrai! )> effacer complètement des traits qui ont résisté à l'action de tant de » siècles. » )) Présumant que ce passage peut concerner le procédé décrit dans le Compte rendu de la séance du 19 d'octobre, je réponds par deux citations : i^j'ai prescrit l'acide chlorhydrique à 4 degrés de l'aréomèlre de Baume (page 661), ce qui ne désigne pas l'acide chlorhydrique, car cette dernière expression s'applique à un acide gazeux et plus ordinairement à un acide dissous dans l'eau, et formant alors une solution d'une densité de 1,21 , so- lution bien différente de V acide chlorhydrique à 4 degrés ; 1° même page, on lit : « Au reste, je ne puis trop recommander aux personnes qui voudraient » recourir au procédé qui précède, de l'essayer sur une pièce insignifiante » des vitraux à nettoyer, afin de s'assurer que les opérations auxquelles « ils seraient ensuite soumis n'auraient aucune conséquence fâcheuse. » C. R., i863, 2™= St-meslre. (T. LVII, N° 19.) lOO ( 75o) ALGÈBRE. — Sur les fondions de sept lettres; par M. Hekmite. « En représentant, suivant l'usage, un système de p quantités indépen- dantes par la notation z,, où l'on suppose i = o, I, 2,. . ., p— I, toute substitution entre ces quantités pourra se représenter analytiqueinent de la manière suivante l on] A la fonction 6[i) étant déterminée de manière à reproduire dans un autre ordre l'ensemble des/; valeurs de l'indice. Ce n'est, il est vrai, qu'une abré- viation de la notation explicite tZo, Zp , . . . , Zp_f I où a, ^,..., A, sont les nouveaux indices, et qu'on obtient immédiatement par la formule d'interpolation ; toutefois, on verra qu'on en tire quelques résultats intéressants, au moins à l'égard des fonctions de sept lettres, en pre- nant pour symboles de distinction, au lieu des indices /=ro, i,2,...,p — i, un système de résidus suivant le module p. Sous ce point de vue, la formule d'interpolation se simplifie en effet, comme nous allons d'abord le montrer. M Soit, pour un instant, (p{x) =r .r{x — i)(.r — 2)...(.r — p -h i), on aura, comme on sait, 5 (x) atf [x] Or, en supposant p premier, et employant le théorème connu (p [jr) ^ jcP — .T , mod. p, d'où ^'(,r) = -i, on trouvera inmiédiatement 5(.r)^— a{xP-' — i) — b^l^P-' + xP-^-i-... 4-i) — ex {xP~- + 2XP~^ + . . . + -iP'^ ) —•■■ — kx[xP-- -h [p — i)x/'-' +...+ (/; - i)^-"]. ( 75' ) Ordonnant par rapport à .r, el remarquant que les nombres a, ^,.-i ^S coïn- cident, sauf l'ordre, avec un système de résidus, de sorte que leur somme a + b -h... -i- k^o, mod. p, il viendra ô(x) = a- X [b + ■xP--c-h... + {p - i)P-''k] — x-[b-h 2P-'c-h...-h {p — \)P-^k] -x''-^[b+2C+... -+-{p- i)k], ce qui est un polynôme à coefficients entiers du degré /> — 2, et dont voici la propriété caractéristique. » Formons la suite des puissances 0-{.r), 5'(x),..., d''~^{x), et soit, en général, 6"{x) = {n)o + {n),x -h {n).x- -i-... + («)„(;,-2,^'" '''-", je dis qu'on aura ('Oo -!-(«)/'-( + {n)up-t} + --- +(«)(«-l)(p-))=0. Effectivement, n, b,..., A, représentant dans un ordre quelconque un sys- tème de résidus, on a e«(o) + 5''(i)+... +Q"{p— \) = a" -\-b" -+-... +A-« = i"+a" + ... + A" ^o, mod.p, de sorte qu'en éliminant dans9"(jr) les puissances de.r dont l'exposant est supérieur à p — i , à l'aide de la relation x''~' 5^ i, le coefficient du terme indépendant auquel on sera ainsi amené devra être congru à zéro. » Et, réciproquement, tout polynôme à coefficients entiers, de degré p — 2, ô{x) — G -f- Hx +... +Nx''-% qui remplira ces conditions, pourra servira désigner une substitution, car en faisant, pour un instant, 6(o) = a, 5(i) = è,..., 5(p-i) = A, la fonction [x — a){x — b)...{x — k) coïncidera, en vertu des relations a"-hh" +... -^ A"=o, 100.. ( 752) avec JcP — .T ou a:{jc ~ i)...{x — p -i- i\ et, par conséquent, rt, ^,..., k représenteront un système de résidus. » Ces premières remarques faites, nous allons les employer à l'étude des substitutions, en partant de ce fait évident de lui-même, que si Q (x) est une fonction quelconque, propre à représenter une substitution, la suivante .^(jc) = a5(.r + /3) + 7, en excluant la valeur a^o, aura, quels que soient /3 et y, la même propriété. Or il est aisé de définir, dans un tel ensemble d'expressions, une forme réduite, unique, qui, une fois connue, donnera toutes les autres, et ce qui se présente le plus naturellement c'est de déterminer a de manière à rendre égal à l'unité, dans 9- (j:), le coefficient de la puissance la plus élevée de la variable, jS en faisant disparaître le coefficient de la puissance immédiatement infé- rieure, et 7, entin, de sorte qu'il n'y ait pas de terme indépendant. On pourra même chercher à réduire ultérieurement .9^ (.r), en considérant l'expression (/.^■{frjc), où il restera encore lui entier arbitraire, ajirès qu'on aura rendu égal à l'unité le coefficient du terme du plus haut degré. La notion des formes réduites ainsi établie pour les fonctions 0[x), nous allons, en considérant les cas de ^ =r 5 et p = 7, montrer comment elles se déterminent. Premier cas : p = 5. » Les formes réduites sont B-{x)^x, X-, x^ + ax; la seconde est à exclure atleridu que ^^ ( x) ^ x* ^ j , et il ne reste à consi- dérer que la dernière dont le carré est x'^-h^ax'^ + a' ^x" (\ -\- n'^) -h la. Devant faire disparaître le terme indépendant, il faut poser a^o; toutes les autres conditions se trouvant d'ailleurs remplies par l'expression 3-{x)^x', il en résulte que la totalité des substitutions, pour un système de cinq lettres, s'obtiennent en employant pour indices ax -+■ p, c({x-h /3)*-f7, où l'on n'excepte que la valeur a^o. M. Beiti avait donné déjà ce résultai dans le tome 11 des Annales de Torlnlini, et récennnent M. Brioschi en a fait l'application la plus ingénieuse dans son beau travail sur la mélhode de Kronecker poiu' la résolution de l'équation du cinquième degré [Jetés de l'Institut Lombard, année i858). ( 753) Deuxième cas : yo = '7. » On devra partir des expressions ^{jc)^jc, jc', x-^-\-nx, x'' -h ax' -h hx , x^+ ax^ + hx--^ ex, dont la seconde et la troisième sont d'abord à rejeter, le terme indépendant existant nécessairement dans le cube de l'une et le carré de l'autre. Soit donc d- {x) ^^i x* -^ ax- -h bx . Le terme indépendant de ^' [x) donne immédiatement a^o. On trouve ensuite {x'-^bxf=x\b^ + ?,b]+?,b''+ 1, d'où cette condition 3è- + i=o, /(E^dzS, et par conséquent ces deux formes 3- (jr)sHa'* 4- 3x, x" — ix. La seconde se ramène à la première en recourantau dernier mode de réduc- tion que nous avons indiqué en commençant. On trouve en effet, en pre- nant s- (a-)^jr'' —Sx, a-à[ax)^X''' — 3a' a:, de sorte qu'il suffit pour y parvenir de poser a'^— i, c'est-à-dire de pren- dre a non résidu de 7. Cela étant connu, on obtient pour la série des puis- sances : .9- [x)^x'' -t-3x, s--(x) EEEsôx^ -+- 3 j:-, S-' [x] ^x'\ 5-*(x)^3j:* + jj, 1 ^'^ [x)^'ix'' + 6x'^ . Ainsi toutes les autres conditions se trouvent remplies d'elles-mêmes. )i Soit en dernier lieu .9- ( x) ;^E x^ -4- ax^ H- bx- + ex ; on aura, en égalant à zéro les termes indépendants dans le carré, le cube, et la quatrième puissance, 2f + a^ ^o, é(3 + &ac + b-)^o, ab- + 4i'>"C^ + a (2fl + C-) (1 -\- inc + h-)-^^o. ( 754) r^a seconde équation conduit à supposer d'abord b^o, ce qui réduit la dernière a (art + c^) (2 + 2flc)5^o. Or, en yfaisant c^~ — a^^Za^. elle donne l'identité :j(a + rt'')(i — rt')^2(a — a')^o; on a donc cette expression â[x)^x^ ■+- ax^ + 3a*x, où a reste indéterminé, mais que nous pouvons ramener aux cas de a^o, eta^i, a^3, d'après la relation a.9-(a.r) i;^x' — aa" x^ + Zn'^a- x. On vérifiera aisément que la cinquième puissance ne renferme pas d'ailleurs de terme indépendant. Supposons enfin que é ne soit pas ^o, les deux dernières équations donnent, en y faisant c^3a^. d'où ces deux solutions ( rt' Hs— I, b^ ± 1; on en conclut ces nouvelles formes réduites, s(a7)^EX^ + aj?'±x= + 3a^r (aNR7), que nous ramenons, en opérant comme tout à l'heure, à celles-ci : S- [x)^X^ -^ 2X-, S- [x) ^x"^ -\- 3x' ±x- — X. En résumé, toutes les substitutions d'un système de sept lettres, au nombre de 5o4o, se trouvent représentées de cette manière i^X \ {l ^X Z \ t z a .r -+- /3 / \ «0 {x -1-/3)+ y 3 -ia'-hb^ — o, fi +a* HE^o, a = 0, b = ±L-i, ( 755) la fonction 0 [x) prenant successivement ces formes: 2a?% x° -+■ ax^ + 3 a^ J7 [a c[uelconque ), x'^ -f- ax'^ ± X- + '5a-x [a non résidu de 7). C'est le résultat que j'ai déjà indiqué dans une lettre adressée à M. Brioschi, et publiée dans les Annales de M. Tortotini; je vais le compléter en présen- tant quelques remarques sur les diverses fonctions s- {x), et me servant à cet effet des formes réduites précédemment obtenues, savoir : » {x)^x''-{-3x, X^ + 2X^, x^-hx^ + 3x, x^ + 3k^~x, X^-i-?>X^±X^ — X. A l'égard des deux premières, je distingue en deux groupes les valeurs de x\ suivant leur caractère quadratique par rapport au module 7; on trouvera ainsi : x"^ -h3x^ix, xR'j, ^l\X, xl^R'j, ^x-, XNR7. Pour la troisième, je distinguerai les indices en résidus cubiques, et non résidus par rapport à 7, et il viendra .X* 4- X* + 3x^ — 2X, x'R. cubique 7, ^= + 2 cT , X NR cubique 7 . Pour les deux dernières enfin, on parviendra encore à des formes mo- nômes, mais sous un point de vue bien différent, car on trouvera x^ 4- 3.r' — a: ^ 3a;-, .r < - » := ô X' m X ^ — 5 2 et par suite, en faisant £ = it i, .r' + 3a:' + £.r- — x^ (3 4- £)x-, x< -> = (-3 + €)xS x>l Ces remarques, qu'on vérifie facilement, autorisent jusqu'à un certain point ( 756) peut-être à supposer que dans l'étude des formes analytiques de substitu- tion pour un nombre j^remier quelconque p de lettres, les expressions que nous avons nommées réduites se ramènent elles-mêmes à d'autres beau- coup plus simples, eu considérant les valeiu's de l'indice comme résidus ou non résidus de puissances dont l'exposant diviserait/; — i, ou bien encore comme divisées en ces deux séries : x= I, 2, 3,.. P -\-\ p- P— I .r Soit, par exemple, p=i mod 4 ; l'expression s,[x) = xP--\ ï-\-2' -^ ?>' + ... ^ UL:z±\\ -^ocP-' Tu- 2= + 3' + ...+ {——)% -i-ji'i + 2-+-3+ ... -I- y- — î- j , devient simplement : — - jc- pour x < - et ^ — x^ pour x > -■ Si de plus^- est lui-même premier, en permutant circulairement les coeffi- cients, on aura de nouvelles expressions se réduisant dans les mêmes con- ditions à x^" et -\ — a;^", l'exposant w étant un nombre entier moindre que 2 p— ' » Soit en second lieu ^[x)^ax'"\x ^ ^ i j — hx''\x ' — i/: il est clair qu'on aura simplement ô- {x)^2ax<", xRp, c'est à cette catégorie qu'appartient, dans le cas de /; = 7, l'expression B-{x)^ — x^ — 2X*, qui vérifie les relations 3-[.5-(x)J^x. ( 757 ) Il en résulte qu'on a un système de 168 substitutions conjuguées repré- sentées ainsi : L M ; («K7); ( ^ox + h ] \ "aâ{x+b)-t-c J d'où cette conséquence, indiquée pour la première fois par M. Kronccker, qu'une fonction de sept lettres, invariable par ce sj'Stème de substitutions, ne peut avoir que trente valeurs distinctes. » GÉODÉSIR. — Pyramide de Villejuif. — Rapport jail à l' Académie ; par M. Le VEitniER. « Les pyramides de Villejuif et de Juvisysont les extrémités d'une base géodésique mesurée en i^Sô par ordre de l'Académie, afin de vérifier l'an- cienne base de Picart. )) Deux habitants de Villejuif, se disant propriétaires du terrain sur lequel est située la première pyramide, ont demandé à M. le préfet de la Seine l'autorisation de la démolir. Ce magistrat a renvoyé leur requête au direc- teur de l'Observatoire, et celui-ci à son tour, sachant que cette question in- téressait au plus haut point l'Académie, la lui a remise. L'Académie a chargé alors M. Le Verrier d'examiner l'affaire et de lui présenter un Rapport. » La base employée par Picart en 1670, la base vérifiée par Cassini en 1740, enfin la base mesurée par l'Académie en 1756, avaient toutes les trois des termes différents, quoique peu éloignés les uns des autres. La base de 1756 est la seule qui ait eu pour termes les pyramides actuelles de Villejuif et de Juvisy. La pyramide de Villejuil fut élevée en 1742, et celle de Juvisy un peu plus fard. » L'Académie remarqua avec justesse que si les termes extrêmes de la base de Picart n'étaient plus certains, cela importait peu. Picart en effet avait déduit de ses premiers triangles la mesure de la distance du centre de la tour de Montlhéry au centre du moulin de Brie-Comte-Robert, et ainsi cette dernière distance, trouvée par Picart, égale à i3i2i toises, pouvait être considérée à la place de la base de Picart. Tout procédé par lequel on pouvait parvenir, en 1 756, à mesurer la vraie distance de la tour et du moulin suffisait donc à la vérification qu'on se proposait alors. » En conséquence, les Commissaires de l'Académie mesurèrent avec soin la distance des centres des pyramides élevées à Villejuif et à Juvisy, et G. R., i863, 2""' Semnslrc. (T. LVII, N» 19.) 'O' ( 758) s'appuyant sur cette base, ils en conclurent la distance de la tour de Montihéryau moulin de Brie-Comte-Robert, savoir, i3 io8 toises. Ce nombre est plus petit de i3 toises que celui obtenu par Picart, soit une toise sut mille. » L'Académie voudra conserver les pyramides termes des opérations faites |)ar Elle en i '^56, et cela sera d'autant plus facile qu'elle a fait en l'jln l'acquisiliou du terrain sur lequel est élevée la pyramide de Villejuif en particulier. On lit, en effet, dans les procès-verbaux de l'Académie, à la date du mercredi 7 juin 1741 : « Acquisition de l Académie. — M. Cassini fait savoir à la Compagnie » l'acquisition qu'il a faite, au nom de l'Académie, de six perches déterre » achetées des nommés Cyr Clavier, père et fils, au terroir de Villejuilve, )) pour y élever une pyramide destinée à fixer le terrain de la base mesurée » au même lieu pour les opérations de la méridienne de France, etc., et il )) en remet le contrat passé par-devant Luicler, notaire du bailliage de » Villejuifve, le 9™'' may de la présente année. » » Et, d'un autre côté, guidé par cette noie, on a retrouvé ilans les car- tons de l'Académie l'acte d'acquisition dont parle Cassini, et qui, après avoir été présenté par lui en lySô, est mis aujourd'hui de nouveau sous les yeux de l'Académie. Cet acte, transcrit sur parchemin, et dont lecture est donnée, est parfaitement conservé. » AI. Le Verrier propose donc à l'Académie de charger la Commission administrative de prerjdre toutes les mesures nécessaires pour la restaura- tion et la conservation des pyramides de Villejuif et de Juvisy. 'i L'Académie adopte ces conclusions et décide que M. Le Verrier sera, pour ce travail, adjoint à ta Commission administrative. CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches nouvelles sur la conservation des matériaux de construction et d'ornementation ; par M. Fréd. Kuhlma\n. (Suite.) VIII. Modifications dans la couleur, la dureté et la cristallisation dues à P action de certains fi aides élastiques. « Comme il entre dans le cadre de mes recherches sur la conservation des matériaux de construction et d'ornementation d'étudier successivement tous les genres d'altération auxquels ces matériaux sont habituellement ou peuvent être exceptionnellement exposés, j'ai cru devoir rendre aussi com- plète qu'il m'a été possible de le faire la série de mes expériences concer- ( 759) nant en particulier l'action des corps oxydants ou désoxydants sur les mar- bres, les agates et les pierres usitées dans la joaillerie. » J'ai été d'autant plus encouragé à approfondir ces recherches, qu'à chaque pas elles augmentaient d'intérêt au triple point de vue de la forma- tion des matières minérales naturelles, de leurs transformations et de leur cristallisation, et qu'elles se rattachaient directement à un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie en 1857 (i), travail où j'envisageais les mêmes phénomènes dans la formation des roches par la voie humide. » Après avoir constaté que, par une sorte de cémentation ou une péné- tration par capillarité, les propriétés caractéristiques de certains agents chi- miques, les uns oxydants, les autres désoxydants, s'exerçaient sur les oxydes métalliques colorants engagés dans les marbres et même dans les pierres siliceuses les plus dures, lorsque ces agents sont mis eu contact à l'état de fusion ignée avec ces matières minérales, je devais présumer quedes modifica- tions analogues pouvaient être produites avec plus de facilité encore en fai- sant intervenir à l'état de fluides élastiques des agents ayant les mêmes pro- priétés et en favorisant également les réactions par une température plus ou moins élevée, selon la nature des minéraux et leur plus ou moins facile décomposition par la chaleur. » Dans la nature, les phénomènes de l'altération des roches ont lieu le plus souvent par l'exposition de ces roches à des vapeurs ou à des gaz alté- rants, en dehors des circonstances normales où l'air est le principal agent d'oxydation ; cela est vrai surtout lorsqu'il s'agit des émanations volcani- ques. Dans ces derniers cas, un point important restait à examiner : c'est la nécessité de l'intei venlion des hautes pressions à laquelle les géologues ont souvent subordonné des réactions que nous ne pouvons apprécier que par leurs résultais. » Des expériences nombreuses tentées dans cette direction m'ont démon- tré jusqu'à quel point les matières minérales, même les plus dures et les mieux cristallisées, peuvent être pénétrées par les gaz lorsque leur porosité est augmentée par une élévation de température, et avec quelle facilité les réactions chimiques peuvent être produites par ces gaz au contact des oxydes que ces matières minérales contiennent. » Je vais énumérer sommairement les principaux résultats produits en dirigeant des courants de gaz sur diverses de ces matières contenues dans (i) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, séances du 9 et du i5 no- vembre 1857. loi.. (76o) (les tubes de porcelaine et chauffées à des températures élevées, mais non susceptibles de les décomposer. o A. Oxygène. — Les marbres colorés par des matières bitumineuses se décolorent. Les agates, les jaspes jaunes ou verts prennent une couleur brune ou d'un rouge vif. Les quartz enfumés, les améthystes, les topazes se décolorent et conservent leur transparence. La couleur des émeraudes, du saphir, du disthène bleu et du grenat pâlit. Les cornalines rouges et jaunes se décolorent, mais la silice qui les constitue, en perdant son eau d'hydra- tation, devient d'un blanc mat. Il en est de même des veines transparentes ou translucides qui traversent certains jaspes. » B. Deuloxyde d'azole. — Ce gaz agit d'une manière générale comme l'oxygène : il décolore de même l'améthyste, la cornaline. Une turquoise soumise à l'action de ce gaz au rouge brun a éclaté, mais les fragments ont conservé leur belle couleur bleue. » C. Chlore. — Son action ne diffère pas de celle des gaz précédents, quant à la décoloration de certaines pierres précieuses : le diamant seul avec le rubis et le saphir ont résisté. Par l'action du chlore et du gaz acide chlor- hydrique, des agates et des jaspes colorés en vert et en orange ont pris une couleur brune, f^'action de l'acide chlorhydrique sec a transformé en chlo- rure de calcium soluble dans l'eau, et cela à une grande profondeur, des veines de carbonate de chaux cristallisé qui traversaient les minéraux sou- mis à l'essai. Cet acide permet ainsi de faire un examen en quelque sorte anatomique de certains mélanges minéraux et de simplifier leurs formules. Il peut permettre encore d'enlever par sublimation à des agates rouges et a d'autres minéraux une partie du peroxyde de fer qui les imprègne et qui se transforme en perchlorure de fer volatil. » D. Hydrocjène. — Les marbres et les agates colorés en rouge par l'oxyde de fer prennent une couleur noire par l'effet de la réduction de cet oxyde. La malachite est réduite à l'état métallique; le lapis-lazuli noircit; un zircou d'Expailly coloré en grenat s'est décoloré, mais des veines noires y sont devenues apparentes. En soumettant ensuite ce zircou à un cou- rant d'oxygène, les veines noires se sont transformées en veines rouges, et la pâte de la pierre est restée incolore et transparente. 1) E. Ainnioniacjue. — F.e granit rouge prend une couleur noire de même que le jaspe sanguin. I^a malachite est réduite à l'état métallique, et, ainsi que je l'ai démontré déjà, 1 j pyrolucite est transformée en protoxyde de manganèse avec production d'acide nitrique, le protoxyde conservant la forme cristalline de la pyrolucite. ( 76r ) » F. C/anoc/ène. — Ce gaz agit comme un désoxydant énergique; il décolore l'améthyste, la cornaline jaune el; rouge, avec dépôt de charbon dans les fissures de ces pierres. Les agates rouges deviennent noires par réduction de l'oxyde de fer. » G. Acide sul [hydrique. — Le diamant enfumé, le diamant jaune et le saphir n'ont pas subi d'altération. Le rubis a pris une teinte violacée. Le quartz rose et l'améthyste se sont décolorés sans cesser d'être transparents. La cornaline rouge s'est décolorée et a perdu sa transparence par déshy- dratation. La turquoise a pris une couleur noire; les marbres, les agates, les granits colorés par de l'oxyde de fer ont pris une couleur noire. De l'oxyde de fer pur s'est transformé en une masse noire recouverte sur les points les plus chauffés d'un vernis cristallin jaune avec l'éclat métallique du sulfure de fer naturel. » J'ai constaté déjà qu'en opérant à froid ou à des températures modé- rées, l'acide sulfhydrique transformait le carbonatede plomb natif en sulfure de plomb conservant la forme des cristaux du carbonate de plomb, et que la malachite donnait dans ces mêmes circonstances du sulfure de enivre qui conserve l'aspect fibreux et rubané de la malachite; enfin, qu'une épigénie analogue est obtenue en faisant réagir l'hydrogène sulfuré sur du formiate de plomb. » J'ai étendu ces réactions à la transformation en sulfures d'autres pro- duits cristallisés, notamment du carbonate de thallium qui m'a donné du sulfure de thallium présentant la cristallisation prismatique du carbonate; mais en répétant ces expériences, je me suis aperçu que si, après que les sulfures pseudomorphiques sont ainsi obtenus, on continue de les maintenir dans un courant d'acide sulfhydrique en élevant graduellement la tempéra- ture, il arrive un moment où les cristaux pseudomorphiques se détruisent pour donner naissance à des groupements de cristaux affectant les formes cristallines propres aux sulfures. » M. Des Cloizeaux a eu l'obligeance de faire un examen attentif de ces cristaux artificiels et les a trouvés, quant à leur forme cristalline, géné- ralement conformes aux sulfures natin-els ; mon travail contient quelques indications données à cet égard par ce savant cristallographe. Le courant de gaz favorise considérablement ces transformations en donnant aux molécules des sulfures une plus grande mobilité et en facilitant leur volatilisation. C'est ainsi que le sulfure de plomb provenant par épigénie du carbonate donne par volatilisation de magnifiques cristaux cubiques à faces ( 762) éclalaiites, avec très-peu de trémies. Ces cristaux se fixent aux parois inté- rieures des tubes de porcelaine où la réaction a eu lieu. » Le sulfure de cuivre provenant par épigénie de la malachite donne des tables hexagonales sans macles apparentes, comme la cupréine de Breitli;uipt,et paraissant se cliver suivant la base des cristaux. Du protoxyde de cuivre naturel, soumis à un courant d'acide suif hydrique, a donné nais- sance à un sulfure de cuivre présentant une croûte cristalline d'un bleu in- digo cuivreux cotiespondant au sulfure naturel, connue sous le nom de Kujifer-indifj. Ajoutons que, d'après M. Des Cloizejux, la cupréine, ou sul- fure de cuivre hexagonal, est souvent associée dans la nature à la malachite. » D'autres cristallisations de sulfures artificiels ont été obtenues en sou- mettant, à des températures élevées, les oxydes d'argent et de cadmium à un courant d'acide snlfhydrique. Le sulfure d'argent a été obtenu cristallisé en dodécaèdres rliomboïdaux groupés d'une netteté remarquable. Le sul- fure de cadmium est brun ei transparent; il criskillise en prismes dodéca- gones réguliers terminés par une base ou par une ou deux pyramides hexa- gonales qui n'ont pu être déterminées. » Le sulfure de thallium, plus volatil que les deux précédents et se rap- prochant en cela du sulftne de plomb, donne des lamelles cristallines qui, dans une première expérience, ont été agglutinées, par suite d'une tempé- rature trop élevée. » J'ai espéré obtenir, dans les mêmes circonstances, du sulfure de zinc; mais l'action d'iui coiu'ant d'acide snlfhydrique surde l'oxyde blanc de zinc n'a pas produit de sulfure, mais seulement de l'oxyde d'un blanc jaunâtre dont une partie s'est volatilisée et a cristallisé en lames aplaties recou- vertes par de très-petits cristaux qui paraissent être des prismes hexa- gonaux. IX. — Considérations générales. » Lorsqu'on envisage les modifications diverses que subissent les oxydes métalliques engagés dans les pâtes siliceuses et dans les marbres par l'in- fluence des agents d'oxydation, de réduction ou de snlfuralion, l'on arrive à reconnaître que ces modifications sont quelquefois de puissantes causes de désagrégation de ces pierres, indépendamment des changements qui en résultent dans la coloration. De même que l'eau qui a pénétré dans les pierres poreuses les brise par son gonflement lors de sa congélation, de même des oxydes en se peroxydant ou en se changeant en sulfures peuvent à la longue produire la désagrégation des pierres les plus dures. ( 763 ) » Quand il y a soustraction de matière par désoxydation de certains oxydes ou destruction de matières bitumineuses, la durcie des pierres dimi- nue et la porosité augmente, et, dans ces cas, la cause de la désagrégation n'est pas aussi grande; mais il ne saurait en être de même lorsque, dans une pierre, loo d'oxygène, par exemple, sont portés à i5o, ou lorsque loo d'oxygène sont remplacés par 300 de soufre. Dans ces derniers cas, les causes de désagrégation sont les mêmes que lorsque, dans un plâtrage ou dans des pierres poreuses, il se développe du salpêtre par une fixation abondante d'oxygène. Ainsi, par ces actions chimiques il y a souvent diminution dans la dureté, tandis que le contraire a lieu, comme je l'ai signalé précédemment, lorsque le brai pénètre dans les marbres ; dans ces derniers cas, les marbres sont toujours plus durs et susceptibles de rece- voir un plus beau poli. » Dans la plupart de mes expériences, où des modifications de couleur ont été produites par superoxydalion, j'ai dû faciliter l'action des agents d'oxydation par une température élevée; mais ces mêmes phénomènes s'ac- complissent indubitablement aussi à la température ordinaire, par la seule action de l'oxygène de l'air. Seulement, dans ce dernier cas, ils s'accom- plissent beaucoup plus lentement. Pour s'en convaincre, il suffit d'exa- miner attentivement l'aclion de l'air sur les marbres qui ont servi de revê- tement extérieur à d'anciens monuments. I^e Dôme et le Baptistère de Florence présentent à cet égard un exemple frappant. » Les jaspes colorés eux-mêmes ne résistent pas à l'action prolongée de l'air, surtout lorsque leur porosité est augmentée par la dissolution dans l'eau pluviale des veines de carbonate de chaux qui les traverse souvent. Ces altérations des pierres naturelles justifient à un haut point la préfé- rence que, dans l'antiquité et le moyen âge, on a généralement donnée à l'émail dans la confection des mosaïques destinées au décor extérieur. Certes, si les mosaïques de Saint-Marc à Venise, de Saint-Pierre à Rome et du portail de la cathédrale d'Orvieto avaient été faites en pierre, elles n'eussent pas conservé cette fraîcheur de coloration qui les fait tant admirer aujourd'hui. Cette réflexion s'applique surtout aux mosaïques de Pompéi qui constituent une des plus grandes richesses du musée de Naples. » Un grand nombre de mes essais viennent à l'appui de l'opinion que beaucoup de nos pierres précieuses sont colorées par des matières organi- ques. Celte opinion a été émise déjà par M. Lewy en ce qui concerne l'é- meraude, et par M Gauthier de Claubry en ce qui concerne la cornaline rouge. ( M ) « J'ai déinonlré que cette décoloration ne s'arrêtait pas à ces pierres; qu'elle s'appliquait entre autres pierres précieuses à l'améthyste, dont l'oxyde de manganèse est généralement considéré comme le principe colo- rant. Cependant, Ileinîz, dans une analyse de Tamétliyste, n'y a pas trouvé plus de Toi'ôô ^^ manganèse, et d'ailleurs la décoloration de l'améthyste en présence des gaz désoxydants rend difficilement contestable l'opinion de 1 existence d'une matière organique. Le quartz rose de Rabenstein contient 1 pour loo environ d'oxyde de titane. Il serait imprudent de se prononcer en faveur de la coloration de ce quartz par des matières organiques, s'il est vrai qu'il jouit de la propriété de reprendre sa couleur rose quelque temps après qu'elle a été détruite par la chaleur. » Le fiiit le plus important, au point de vue géologique, qui résulte des recherches dont je viens de présenter le résumé, c'est que, lorsque des matières minérales ont pris, par des épigénies, des formes pseudomorphi- ques, leurs molécules conservent une tendance à constituer des cristaux ou des groupes de cristaux d'après les formes qui leur sont propres, formes que ces corps affectent habituellement dans la nature; mes résultats démontrent de plus que ces transformations peuvent être obtenues sans pression et sous l'influence des causes mêmes qui ont déterminé l'épigénie, avec la seule différence d'une plus grande élévation de température. » Des exemples que j'ai cités pourront jeter quelque jour nouveau sur les phénomènes si variés qui se produisent sous l'influence des émana- tions volcaniques, dans des circonstances où la production des sulfures est si fréquente et où des cristallisations analogues à celles du fer oligiste spéculaire peuvent certainement avoir lieu. J'ai constaté, dans un travail publié en i858 (ij, que des cristaux isolés peuvent se produire par la voie humide, sans qu'il y ait d'eau de cristallisation. Aujourdhui je viens si- gnaler de nouveaux exemples, où des cristaux non volatils isolément se produisent sous l'influence de courants gazeux à la pression ordinaire, en surexcitant la propriété cristallogénique de certains oxydes ou sulfures par l'action d'une température élevée. Puisse l'ensemble de ces faits éclaircir quelques points encore obscurs de l'étude des nombreuses modiflca- tions que les matières minérales subissent à la surface du globe. » (i) Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, séance du 17 mai i858. ( 765 ) MICROGRAPHIE ATMOSPHÉRIQUE. — Observations failes sur l'air de la cime du mont Blanc, à 14800 pieds d'altitude; par M. Pouchet. « Un de nos plus intrépides explorateurs des Alpes, le D'' Rolb, vient de me fournir l'occasion d'étutlier l'air provenant des plus hautes cimes de cette chaîne de montagnes. » Dans plusieurs de ses excursions au milieu de celles-ci, des guides avaient été chargés de flacons de a5o centimètres cubes de capacité, qui, à l'aide de précautions dont le détail serait trop long, avaient été remplis d'eau bouillante, afin de tuer radicalement tous les organismes qu'ils pour- raient contenir (i). )) Parvenu dans les endroits dont il voulait rapporter de l'air, le D' Kolb débouchait ses flacons et y laissait rentrer ce gaz à mesure que l'eau s'écoulait (2). Aussitôt qu'im flacon en était rempli on le bouchait hermé- tiquement, après quoi on enduisait immédiatement son orifice d'un lut de vernis à la copale et de vermillon. Ces flacons, au nombre de quatre, furent expédiés à Rouen immédiatement après la descente du voyageur, et ils y arrivèrent tous parfaitement bouchés. » Deux des flacons contenant de l'air pris à la cime du mont Blanc furent renversés et débouchés dans une décoction de trèfle commun ayant subi une ébullition d'une heure et encore presque bouillante. I-e liquide, en s'y précipitant de bas en haut, démontra que ces flacons avaient été hermétique- ment clos, l'air qu'ils contenaient ayant encore conservé toute sa raréfac- tion. » Après avoir rebouché ces flacons sous le liquide chaud, on en plongea le goulot dans du mercure porté à la température de 160 degrés pendant une heure. » Le troisième jour, la décoction, qui occupait environ le tiers des vases, se troubla, et il était évident qu'il s'y produisait des Infuspires. Observée (i) Ces flacons, qui bouchaient parfaitement à l'énieri, avaient un goulot très-étroit. Tous avaient séjourné dans l'eau bouillante pendant plus de 45 minutes après en avoir été remplis et avant d'être enfin bouchés hermétiquement. (2) Poussant les précautions jusqu'à l'excès, avant de déboucher ses flacons, le D''Kolb avait eu le soin de faire éloigner tous ses guides, et lui-même d'en tenir constamment l'ou- verture du côté d'où venait le vent, de façon qu'aucun corpuscule provenant, soit de lui, soit de ses compagnons, ne pût s'y introduire. C. R., i863, 2"i« Semeslre. (T. LVII, N» 19.) I02 ( 766) au microscope, on la trouva remplie de Monades vivantes, d'une grosseur moyenne entre le Monai lens et le Monas crepiisculuin, de Sjnrillum et de Bactéries. On y observa aussi quelques Amibes immobiles. » Un flacon d'air pris sur le sommet du Buct,à une altitude de gSoo pieds, et rempli en partie de la même macération, donna des produits absolument analogues. « Dans quelques centimètres d'air provenant des sommets du raont Rose j'ai vu se produire des Monades et des Vibrions. » Ces expériences sur l'air du mont Blanc et de quelques autres points culminants des Alpes viennent encore démontrer que, quel que soit le lieu ou l'altitude d'où provienne celui-ci, constamment il est apte à produire des animalcules vivants, ce que viennent encore de prouver les dernières expé- riences entreprises sur la Maladetta par MM. Joly, Musset et moi. » Cependant, dans toutes ces altitudes considérables, comme je le démon- trerai par de nouvelles observations, on reconnaît que l'air est presque to- talement dépouillé de corpuscules organiques. Son étude et l'examen de la neige le démontrent évidemment. On n'y découvre ni œufs ni spores. » MÉMOIRES LUS. CHI.M1E. — Etude sur les tungstates et sur l'équivalent du tungstène; par M, J. Persoz. (Commissaires, MM. Dumas, Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « 1. Le tunsgstènc, d'après la constitution et les propriétés de ses com- posés oxygénés, appartient au groupe des radicaux biatomiques, l'arsenic, l'antimoine et le pliospliore. » 2. Son équivalent (O = loo), déduit de nombreuses expériences, est 1916 = -^. » 3. Le tungstène forme deux composés oxydés : [a) Un oxyde WO', oxyde tungstique, [b) Un acide W0% acide tungstique. » 4. Par leur union, ces deux composés peuvent engendrer un troi- sième oxyde (du genre oxjdes satins de Berzélius et de M. Dumas) qui cor- respond à la formule W0' + W0'=: 2W0\ » 5. L'acide tungsîique est polybasique, ses sels simples ou doubles se ( 767) représentent par les formules générales WO», MO,IIO + nAq, WO%MO,MO + nAq. » 6. T/acide tnngstique peut, à la manière de ses congénères, les acides phosphoriqiie et antimonique, se modifier physiquement par la chaleur, au point que sa capacité de saturation se trouve réduite de moitié; on peut donc dire qu'il donne naissance à un nouvel acide, l'acide métatuncj&licjue, dont l'existence dépend d'ailleurs de conditions bien déterminées. La for- mule de cet acide est (W0=)=' ou W-O'o. )> 7. Les métatungstates simples se représentent par la formule (WO=)=MO, 110 + Aq. M Ils forment facilement des sels doubles en se combinant, soit entre eux : ^ (WO')=MO, H0| ""^ (WO=fMO,Moi^ "ï' soit avec des tungstates simples : (W0=)-M0,n0 1 ^*^ W0= MO,Hoi^'^'ï- » C'est dans ces formules que rentrent les paratungstates et certains lungstates acides. » 8. Le soufre, le chlore, le brome se combinent avec le tungstène en produisant des composés qui correspondent exactement aux oxydes et acides. » 9. Le tungstène, pas plus que le phosphore, n'engendre cVo.xychh- nire. Les composés que l'on a ainsi désignés sont des combinaisons en pro- portions définies, mais variables, (.Vacule anhydre avec le cliloride corres- pondant. 1) MÉMOIRES PRÉSENTÉE. ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Composition organophytogénique des feuilles; par M. Ch. Fermond. (Renvoi à l'examen de la Section de Botanique.) o Jusqu'à ce jour_, la plupart des botanistes ont été conduits à n'admettre 102. (768) que deux éléments bien distincts dansla feuille, savoir : le pétiole et le limbe, considérant comme appartenant au pétiole une troisième partie, la (/aine, qui, selon nous, a son existence particulière ainsi que sa croissance indé- pendante. Nous allons chercher à démontrer qu'une feuille peut être formée de trois parties faciles à distinguer dans beaucoup de feuilles, quoique sou- vent une des parties et quelquefois deux puissent faire défaut. » Feuilles de Monocotylëclones. — i" Certains végétaux monocotyiédonés, pour tout organe appeudiculaire, ne présentent que des gaines : Cyperus mi- nimus, setaceus, nrenarius, prolifer, etc. ; Scirpus palustris, laciistris, acicu- Inris^ etc.; Elœocliaris ovnln; Jnncits filifonnis, grandis, riibens, etc. Par cette observation, l'existence particulière de la gaîne n'est déjà pas douteuse. C'est la feuille dans son plus grand état de simplicité. » 2° Si nous suivons le développement des bourgeons qui se forment sur le rhizome de VJrundo Donax, nous voyons d'abord se produire des gaines simples, uniformes; mais les gaines qui viennent après sont surmon- tées d'un tout petit limbe de forme triangulaire; puis, à mesure que le végétal se développe, ou voit successivement les gaines fournir un limbe de plus en plus allongé, si bien que ce limbe finit par être la partie dominante de la feuille. Ici les deux parties sont très-distinctes et sont séparées par un petit organe nommé ligule. » 3° Dans le Cannu jiepnlensis on voit d'abord des gaines seules se former, puis un limbe, et, plus haut, ou coaunence à voir le limbe se séparer de la gaîne par une sorte d'étranglement qui arrive bientôt à simuler un pétiole, mais un pétiole membraneux sur ses bords; il est plus distinct, mais très- court, dans les Mnranta arundinacea et bicolor; il est bien plus développé dans le Strelitzia régime, et très-allongé dans le Ponlederia cordata. Comme on le voit, il est facile de distinguer trois parties dans certaines feuilles. Mais la gaîne et le pétiole ne sont-ils qu'un seul et même élément de la feuille? Voici comment l'expérience répond à cette question. » Avec des aiguilles très-fines nous avons fait des ponctuations à des dis- tances égales, sur la partie médiane des gaines, des pétioles et des limbes de très-jeunes pousses des Canna nepalensis, Arundo Donax, Allium Cepa et Porruni, Hyacinthus arienlatis et Funkia ovata, etc.,el nous avons reconnu que ces ponctuations, pendant la croissance, gardaient sensiblement les mêmes intervalles au sommet des feuilles, tandis qu'elles s'éloignaient proportion- nellement de plus eu plus vers la base. Or, dans cette progression les pé- tioles des Canna nepalensis et Funkia ovata avaient complètement suivi le sort de la nervure médiane, c'est-à-dire que les distances observées sur eux ( 769) étaient proportionnelles à la plus basse position des ponctuations au-dessous du limbe, et en rapport avec les distances proportionnelles observées au- dessus dans la nervure du limbe. Il n'en était pas ainsi de la gaîne; celle- ci avait pris une croissance tout à fait isolée, et, bien que se produisant dans le même sens que le reste de la feuille, on pouvait constater que la dis- tance des points marqués sur elle ne continuait plus la progression que le pétiole avait observée par rapport à celle que l'on trouvait sur le limbe. En effet, les deux points supérieurs marqués sur la gaîne avaient peu changé de distance primitive, tandis que le point le plus inférieur du limbe s'est trouvé, dans VJtlinin Cepa et V Arundo Donax, excessivement élevé par rapport à la ponctuation supérieure de la gaîne, ce qui indique bien l'Hidépendance de croissance de la gaîne et du reste de la feuille, et par conséquent l'existence particulière de la gaîne. » Feuilles de Dicotylédones. — La gaîne, infiniment plus rare dans lesDico- tylédones, a cependant son analogue et son indépendance du pétiole dans beaucoup d'Ombellifères, par exemple dans V Anrjelica Razulsii, le Melano- selinum decipiens, etc. Mais en observant la manière dont se fait le déve- loppement du bourgeon dans le Pœonia ojficinalis, pour les feuilles alternes, ou dans l'/Esculns hippocaslcinnm, pour les feuilles opposées, on reconnaît que l'organe qui semble être l'analogue d'une gaîne, dans les premiers or- ganes appendiculaires, se transforme peu à peu en un vrai pétiole, si bien que l'on est conduit ici à considérer cette apparence de gaîne comme l'ana- logue d'un pétiole, et c'est sans doute pour cette raison que beaucoup de célèbres botanistes ont regardé la gaîne comme un pétiole dilaté. >) Les gaines nous paraissent rares dans les Dicotylédones, à cause de la particularité que possède ce groupe de plantes d'offrir deux cotylédons et souvent deux feuilles opposées qui souvent se déplacent. Mais on les retrouve en observant qu'elles peuvent se présenter sans exastosies ou avec exastosies circulaires. n 1° Avec exastosie d'un seul côté, elles forment les pe7;o/esf/i7rttà plus ou moins embrassants ou ventrus de beaucoup d'Ombellifères [Angelica, He- racleum, etc.). Quand cette gaîne s'ouvre complètement et qu'en même temps elle se sépare de chaque côté du pétiole, alors elle forme les stipules, lesquelles, très-développées, par balancement organique, dans le Lathyrus Aphaca, diminuent de volume dans le Lathyrus pralensis ; restent adhérentes au pétiole dans les Rosa; se séparent du pétiole et réduisent de beaucoup leur volume dans le Rubus coUinus ; ne sont plus représentées que par un simple filament dans le Rubus idœus et par une simple glande dans le No- blevillea Gestasiana. Quand la gaîne se réduit ainsi, ou lorsqu'elle forme des (77°) stipules libres, on comprend que sa feuille ne soit plus embrassante et qu'au contraire elle soit attachée à l'axe par un point très-resireint. » Mais la gaine peut se séparer du pétiole par exastosie centripète ; alors on voit le sommet de la gaîne se détacher un peu du pétiole de manière à rappeler laligule des Graminées {Sium lalijolhim, Fœniculum vulgare).DsiU9, le Melinuthus major et le Drosera nnglica, cette gaîne ne tient plus au pé- tiole que par sa base. Enfin, chez le Drosera cjram'mifolia, celte gaîne est complètement libre : c'est ce nouvel état de la gaîne qui constitue la stipule nxillaire. n 1° Le défaut d'exastosie circulaire en fait une gaîne analogue à celle des Cypéracées, de quelques Amomées, de quelques Commélinées {Ti^a- f/escc/na'a), et que l'on a désignée sous le nom d'ocArca (Polygonées, Pla- tanées); maison remarque cette différence, que dans les Monocotylédones la gaîne entière est continuée à son sommet par le limbe, tandis que chez les Dicotylédones, par exastosie centripète, la gaîne entière se sépare du pétiole souvent jusqu'à sa base. Enfin quelquefois la gaîne entière se dé- tache de chaque côté du pétiole et forme une véritable stipule oppositifoliée, comme dans les Ricins. » Cette manière de voir est complètement d'accord avec les données que présente la phytogénie des divers éléments de la feuille et que nous ne pouvons reproduire ici. Mais ces études phytogéniqnes conduisent à regar- der les feuilles triangulaires du Bulomus iimbellalus, du Trujlochin Barrelieri, de V^sphoclelitie lutta, etc., comme des feuilles uniquement constituées par une gaîne surmontée d'un pétiole sans limbe. Or, cette manière de voir conduit à une conséquence remarquable. En effet, dans les feuilles de forme triangulaire que nous venons de citer, on peut observer que l'une des faces du triangle, la moins bombée, est toujours en face de l'axe. En exa- minant sous ce point de vue la feuille de VEriophorum gracile, on la voit présenterdans sa longueur un léger sillon qui fait face à l'axe., Ce sillon lon- gitudinal se trouve beaucoup plus prononcé dans certaines feuilles [Tri— lama glauca). Dans Y Hemerocallis fuha, ce sillon, plus prononcé encore, en fait une feuille pliée longitudinalement et conséquemment offrant un grand angle rentrant. Enfin, dans la plupart des feuilles, cet angle s'élargit et con- duit au limbe plan de beaucoup de feuilles de Graminées, Cypéracées, etc. De sorte que, progressivement, en partant de la feuille du Bulomus umbcl- latus, on arrive au limbe de la feuille du Lis et à plus forte raison à celui de la feuille des Graminées. Par conséquent, la déduction de cette analyse est que, si l'on considère les feuilles triangulaires dont nous avons parlé comme des pétioles, il est de nécessité rigoureuse de regarder les limbes des Gra- ( 771 ) minées, Cypéracées et quelques autres comme des pétioles; car sans cela, où devrait-on s'arrêter pom* distinguer le pétiole du limbe? M Mais si les feuilles triangulaires ne sont composées que de gaines et de pétioles, les feuilles fistuleuses des Àlliiiin, de V y^upliodelus fistutosiis, eti-.^ qui ont un même mode de formation, ne sont aussi composées que d'une gaine et d'un pétiole, car elles conservent encore un reste de la forme triangu- laire que nous avons reconnue à la feuille du Butomus; telle est, en parti- culier, celle de \ Âsphodelus fislulosus. )) Enfin, par une suite de déductions de même ordre, on arrive à con- clure que les feuilles verticales des Iridées, des l'hormium, Dianella, etc., ne sont aussi que des pétioles; et puisque, d'une part, la verticalité du limbe des Iridées conduit si bien à l'explication du phyllode, en même temps qu'il en indique la nature, et que, d'un autre côté, les parties vagi- nales desfeuilles de Dicotylédones se transforment si visiblement en pétioles, il est raisonnable de penser que les phyllodes ne sont aussi réellement que des pétioles, et nous arrivons ainsi, par une voie différente, à la même manière de voir que les autres botanistes. » En admettant ces idées générales, on voit que l'on peut faire la distinc- tion suivante, savoir : que les feuilles deMonocotylédones sont très-souvent formées d'une ijaîne et d'un pétiole seulement; tandis que les feuilles de Dicotylédones ne sont le plus souvent formées que d'un pétiole et d'un limbe. Dans les premières, le limbe fait souvent défaut, pendant que dans les se- condes, c'est plutôt la gaine. On trouve d'ailleurs, dans les deux classes de végétaux, des feuilles constituées par les trois éléments présentant alors les caractères particuliers à chacun d'eux. » BOTANIQUE. — Faits d'analomie générale et de physiologie observés sur les Cjtinées. Nutrition et respiration des plantes parasites. Note de M. Ad. Chatin, présentée par M. Duchartre. (Extrait par l'auteur. ) (Renvoi à la Section de Botanique.) « Les recherches auxquelles je me suis livré sur les plantes de l'ordre des Cytinées n'intéressent pas seulement leur classification, la morphologie et la tératologie, mais aussi l'anatomie générale et la physiologie. Je viens aujourd'hui soumettre à l'Académie celles de mes observations relatives à ces dernières. » I. Les faits qui importent à l'anatomie générale se peuvent résumer sommairement dans les propositions suivantes : ( 772 ) ■n Le tissu subéreux existe daus le rhizome [Hydnora). » Le tissu utriculaire offre jusqu'à trois zones concentriques fort distinctes rhizome de l'Hydnora). )> Les fibres corticales font défaut, et le tissu fîbro-ligneux est d'une délicatesse très-grande. >) Les faisceaux vasculaires sont épars dans le plateau-tige de VHydnora , comme daus quelques Orobanchées et chez les plantes monocotylédones. )) Les vaisseaux sont de deux sortes, et non tous marqués d'étrangle- ments répondant à des cloisons, comme l'assurait Meyer. Il Enfin, les deux types de direction générale (perpendiculaire et paral- lèle aux valves) des cellules du tissu fibreux des anthères existent ici, le premier dans VHjdnora, le second dans le Cytimis; mais, quelle que soit la direction des cellules à filets, elles sont toujours, ceci étant un attribut général de l'ordre, ordonnées sur une seule assise. » IL Mes recherches, en ce qui concerne la physiologie, se rapportent à deux fonctions importantes, la nutrition et la respiration. » On croit encore assez généralement que les végétaux parasites tirent de leurs nourrices un aliment qu'ils n'ont plus qu'à s'assimiler pour leur développement, sans avoir à lui faire subir une nouvelle élaboration. De là cette croyance que les parasites partagent les qualités diverses des espèces nourricières. Mes observations, faites tant sur les Cytinées que sur les Orobanchées et les Loranthacées, sont peu favorables à cette manière de voir. » On cite le Gui [Viscum album) comme étant plus riche en tannin quand il croît sur le Chêne que lorsqu'il vit sur le Peuplier [Populus], le Pommier (Malus), etc. ; mais telle est l'inexactitude de cette assertion, que, suivant mes observations, le Gui du Chêne ne contient même pas la plus faible trace de vrai tannin, ou tannin gallique. )i Quant au Lo/y//j//iu5 venu sur le Stiyclmos, et qui partagerait les pro- priétés toxiques de celui-ci, les expériences que j'ai faites ne s'accordent point avec celles antérieurement publiées. » UHydnora est recherché comme aliment par les Africains, et cependant il croît sur des Euphorbes dont le suc acre est un poison. Les sucs rouges et doucement astringents du Cpinus ne se retrouvent pas dans le Ciste, sa nourrice; ainsi encore, les qualités narcotiques du Chanvre {Cannabis) n'existent aucunement dans lOrobanche qui vit sur lui en parasite, et qui contient au contraire, dans les utricules de son parenchyme, des goutte- lettes oléo-résineuses qui manquent au Clianvre. ( 773 ) » Les Pédiciilariées noircissent en séchant, en raison de la natine spéciale de leurs sucs; mais jamais rien de semblable ne se produit sur les espèces qui les nourrissent. » Il est facile de multiplier les faits de cet ordre ; mais ceux que j'ai cités suffisent à établir que les plantes parasites élaborent, changent profondé- ment la sève puisée par elles dans leurs nourrices. » Au point de vue des fonctions de respiration, il y a lieu de noter tout d'abord, chez les Cytinées, les données anatomiques suivantes : 11 Absence de stomates ; » Coloration des tissus épidermiques avec présence, dans leurs utricules, d'une substance oléo-résineuse active sur l'atmosphère; » Lacunes dans le parenchyme du rhizome; » Enfin, fissures multiples du tissu cellulaire très-lâche de la surface externe dans l'appareil floral de YHydnora, seule partie de la plante que baigne l'atmosphère. ') J'ai repris et complété sur le Cytimis les expériences qu'après M. le professeur Lory (i) j'avais instituées autrefois sur les Orobanches (2). Comme celles-ci, et, sans doute, comme les autres parasites non vertes, le Cjtimis forme, sous l'influence de la lumière et de l'air, et aux dépens de son carbone, de l'acide carbonique. " Deux pieds de Cytinus, détachés de la nourrice au moment même de la mise en expérience et cubant ensemble 11 centimètres, ont fourni en douze heures, à la lumière solaire et à une température de 24 à 3o degrés centigrades, 3o centimètres cubes de gaz carbonique ( le gaz était absorbé à mesure de sa production et remplacé par de l'oxygène qui mainlenait sen- siblement l'air dans sa constitution normale). » Ces expériences, qui généralisent le fait de la respiration animale, quant au résultat chimique extérieur, des végétaux parasites non colorés en vert, démontrent-elle^ absolument que ces végétaux ne décomposent aucune portion de gaz carbonique? Telle ne sera pas ma conclusion, car !a quan- tité recueillie de ce gaz pourrait n'être que la résuhante fournie par deux phénomènes coexistants, l'un, moindre, de décomposition, l'autre, plus in- tense, de composition. L'analyse de ces phénomènes, incontestablement difficile, a été tentée par la recherche de l'action de l'atmosphère sur les (i) LoKY, Annales des Sciences naturelles, 3"^ série, t. VIII. (2) Chatin, Bulletin de la Société Botanique de France, l. III. C. R., i803, 2"'= SertK^sire. (T. LVII, N° 19.) Io3 ( 774 ) principes immédiats du C/linus, préalablement isolés des tissus. Mais j'avoue n'avoir réussi qu'à constater la production d'acide carbonique par deux des matières du Cylimis^ savoir, par la substance oléo-résineiise, et par cette ma- tière primitivement incolore qui existe dans la sève de toutes les plantes et donne naissance, par l'action de l'oxygène de l'air, à la matière brune qui colore les feuilles mortes. » Je poursuis sur d'autres plantes, quelles que soient les probabilités de réstdtats encore négatifs, la recherche de corps immédiats pouvant détermi- ner, en dehors des tissus vivants, la réduction de l'acide carbonique. » Si maintenant on considère que les Cytinées (comme les Orobanches) font une perte incessante, considérable, de carbone, et que cependant elles se maintiennent chargées de plus de matières hydrocarbonées que les es- pèces aux dépens desquelles elles vivent, on ne conservera plus aucun doute sur ce point : que les plantes (phanérogames) à parasitisme complet, y compris même celles qui sont absolument privées de stomates, modi- fient profondément la sève puisée par elles dans leurs nourrices. >) Quant au phénomène de non-décomposition du gaz carbonique par les végétaux complètement parasites et colorés autrement qu'en vert, le rapprochement des faits observés sur les Cytinées et sur les Orobanches permet de le regarder, avec plus de fondement que par le passé, comme l'expression d'une loi générale. » J'ajoute que les parasites complètes, mais vertes [Viscum), et les demi- parasites, même celles plus ou moins colorées [Melampyrum arvense), dé- composent au contraire l'acide carbonique, ainsi que le font les plantes communes, quelle que soit, suivant les expériences de Th. de Saussure et de P. de Candolle, leur coloration. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Application de la théorie mécanique de la chaleur à ta discussion des expériences de M. Regnault sur la comprcssibitité des gaz. Extrait d'une Note de M. A. Dupué, présentée par M. Bertrand. (i J'ai démontré, il y a plusieurs années, en m'appuyant sur le principe de l'égalité de rendement, une formule qui renferme les lois destinées à remplacer pour les gaz celles de Mariottc et de Gay-Lussac. Lorsque la température demeure constante, les volumes ne sont inversement propor- tionnels aux pressions qu'après qu'on lésa tous augmentés d'une quantité constante c qui les complète et que j'appelle covolume. La relation à la- quelle je suis parvenu est, en prenant pour unité le volume à zéro et sous ( 775) la pression '^60, (i) -P — = i-i-aO; ■JDO I + C ^ ' ' elle donne, pour deux expériences faites à la même température, l'équation /M' + pC = p'v' + p'c, d'où l'on déduit la valeur du covolume (.) ^--'^- En multipliant par la fraction ^, qui diffère tres-peu de l'unité, on obtient une autre valeur suffisamment approchée (3) c=^(l^,-À, P —P \p^' I dans laquelle figure la fraction de M. Regnault, 4^ — i, qui doit être, ainsi que la différence pv — p'v', proportionnelle k p' ~ p et non pas nulle, comme le veut la loi de Mariotte, applicable seulement aux gaz dont le covolume est négligeable. Je n'ai pu encore fixer la valeur de ce complé- ment, toujours très-petit, que pour quelques gaz, et cela eût même été im- possible sans les progrès si remarquables que M. Regnault a fait faire à l'art des expériences. Quant aux autres gaz, la proportionnalité dont il vient d'être question ne se montre point dans les résultats connus; elle est altérée par deux causes d'erreurs. » La première, l'action condensante des surfaces, peut être, jusqu'à un certain point, étudiée analytiquement; mais il y a lieu à distinguer deux cas : celui où le gaz est éloigné de son point de liquéfaction, et celui où il en est assez voisin pour que l'attraction en change l'état. Dans le premier cas, que je considère seul ici, les lois de Mariotte et de Gay-T.ussac donnent Hue approximation plus que suffisante; leur simplicité doit donc porter à en faire usage. » Soient D' la densité du solide par rapport à l'eau, D la densité normale du gaz relativement à l'air, et par conséquent — — ^ sa densité par rapport à l'eau. L'attraction du solide sur une molécule gazeuse, à la distance r, est évidemment proportionnelle au produit des densités par une fonction de cette distance ; elle est d'ailleurs proportionnelle cà l'accroissement de pres- io3.. ( 77G ) si on et l'on a (4) dp=-^^fr.rlr, ou, en intégrant depuis oo jusqu'à r et appelant po la pression loin de la surface, DD' , (5) TTV^'^-'---'^''^ Au contact cette équation devient DD' , DD' (6) 7^r;r<(?=°--^<'' ,TT7-, Pi = Po e = Po A , A ayant la même valeur pour tous les corps. » Si nous considérons maintenant le poids x du gaz dissimulé dans une tranche d'épaisseur dr, c'est-à-dire l'excès du poids de cette tranche sur celui d'un même volume de fluide situé loin de la surface, il est évidemment , , T){p—p„)(ir proportionnel a — — -— ^ » (7) da-=-^''(f-^'^dr. En substituant la valeur (5) dep, on arrive à l'équation et le poids total s'obtient en faisant r = o; il est BD/>„ „ / DD' DD' » Si D, D' et t varient de telle sorte que ne change point, les ' * I + af o i équations précédentes conduisent à plusieurs lois utiles : » i" Le rapport des pressions, en un point où l'attraction est efficace et loin du solide, est constant; » a° Le poids du fluide dissimulé par décimètre carré est proportionnel à la pression loin de la surface; )i 3° Il est proportionnel à la densité normale du gaz; » 4° Il est en raison inverse du binôme de dilatation. ( 777 ) » Dans la plupart des expériences faites jusqu'ici, le corps solide employé était le verre et D' était à peu près invariable. Pour comparer l'hydrogène pris à zéro et sous une atmosphère, à l'azote par exemple, il faut prendre ce dernier gaz à une température qui donne 0,972 ,, ^ ^^^— = O, OOQUO , c'est-à-dire à 35^7 degrés. Si on l'a chauffé à volume constant en partant des circonstances normales, les poids dissimulés seront dans le rapport de 0,972 à 0,06926. Pour qu'ils soient égaux, l'azote devrait encore être amené à une densité quatorze fois plus faible, et il y a tout lieu de présu- mer que, pour l'hydrogène, l'action condensante des surfaces doit être dif- ficilement appréciable à la balance. Quand l'acide carbonique ne se liquéfie pas, il faut le prendre à i44 degrés pour qu'il soit comparable avec l'air à zéro. » La seconde cause d'erreurs consiste en ce que le mercure, en montant dans les tubes au moment de la compression des gaz, ne s'applique pas exactement contre le verre; une petite couche de fluide non raclé sépare ces deux substances, et elle n'est pas toujours négligeable. Si on appelle j- le rapport de son poids au poids total du gaz, et si on néglige les termes du se- cond degré par rapport à c et j-, la relation (3) devient, en conservant/)' pour désigner la valeur observée , , . 760 / pv \ 760 P — P \p '' 1 P — P On voit que le gaz non raclé par le mercure tend à augmenter numérique- ment le covolume lorsqu'il est positif, et à le diminuer lorsqu'il est négatif. » Appliquons d'abord ce qui précède aux résultats que donne M. Re- gnault dans le tome P' de la relation de ses expériences, page i48. Il y indique les poids 19^^5396; g^"', 58/(5; 5s'',7345 de l'acide carbonique con- tenu dans un ballon sous les pressions 760; 374, i3; 284, 17- Si on appelle P et P' deux d'entre eux correspondant aux pressions p et p', la relation (2) devient Elle donne, en accouplant la première expérience successivement avec la seconde et la troisième , c = o,oo'^o65 et c = o,oo7i5f. { 11^ ) La première valeur est déterminée dans des circonstances évidemment moins favorables, et il est étonnant qu'elle diffère aussi peu de la seconde. Cela tient en partie à ce que, dans celte manière d'étudier la loi de com- pressibilité à l'aide de la balance, on évite entièrement la seconde cause d'erreurs et on rend la première inefficace, puisque, d'après mon second théorème, les poids P et P' subissent des altérations proportionnelles qui sont sans influence sur la valeur de c (i i). Cette méthode me paraît la meil- leure pour la mesure des covolumes; on aurait une grande précision en augmentant les différences de tension employées. » A la page 388, M. Regnault donne, dans la neuvième colonne du troi- sième tableau, trente-huit valeiu's que prend sa fonction pour l'acide carbo- nique étudié en le forçant à occuper dans un long tube deux volumes, l'un double de l'autre, et cela sous des pressions très-variées. J'ai appliqué à ces résultats la formule (31, et j'ai trouvé des valeurs de c qui montrent une iiifluence de la seconde cause d'erreurs qui croît irrégulièrement avec la pression; la première n'agit point encore ici, car le poids de l'air dissimulé reste constant quand la surface condensante et le volume diminuent, puisque la jjression croît dans le même rapport. » J'ai calculé de la même manière vingt-deux valeurs du covolumc de l'hydrogène, au moyen des nombres contenus dans la neuvième colonne du cinquième tableau, page 3g9; la moyenne est — c = o,ooo554 , et les écarts sont en général très-faibles. Il paraît que la fluidité bien con- nue de l'hydrogène s'opj)ose à ce qu'il en reste une couche appréciable entre le verre et le mercure. )» Des résultats contenus dans le tome II, aux pages 235, 237, 238, 239, conduisent aux nombres 0,0012; 0,00175; 0,00202; 0,0064 pour les vo- lumes de l'air, de l'oxygène, de l'oxyde de carbone et du protoxyde d'azote ; mais les différences sont plus grandes, et ces valeurs non corrigées pour la seconde cause tl'erreiu's sont beaucoup moins sûres. )i Cette Note et celles auxquelles elle fait suite sont renvoyées à l'examen i\'\\ne Commission composée de MM. Regnault et Bertrand. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales aux différences finies. Note de M. FédorThoman, présentée par M. Bertrand. (Commissaires, MM. Duhamel, Bertrand.) a Le calcul des intégrales aux différences finies présente encore plusieurs ( 779 ) lacunes concernant les formules générales. Eiiler, le premier géomètre qui s'en soit occupé, a donné les termes du développement de A"(p(.r) ; mais la formule inverse l"j' n'a pas encore été obtenue. » On sait que l'intégrale 2"; est de la forme + lj jdjc + VJ + P hdj\, + . . . , et que les constantes a, p, y, . . . , sont les coefficients de la série (;^ = i; + ;7^ + ;iL+---+| + v + p + ..., ce qui a donné lieu à l'expression due à Lagrange : / hd \-n Mais cette expression, loin d'être une formule mathématique, n'est au fond qu'un renvoi à une autre formule, et ne donne nullement la loi des termes consécutifs ; et cette loi est d'autant plus difficile à établir, que les termes proviennent de la division par un série infinie élevée à une puissance quel- conque. » La méthode suivante établit la loi des termes dn développement de 2°^ par un calcul très-simple, au moyen des nombres de Bernoulli. )i Comme il s'agit d'abord de connaître les termes de la série in- finie -, r' soit : A = (6"-!)-', B = (e'=-0-=, C = (e^ -.)-%..., on a directement B = — A — dk.^ , C = - B - i<^B., D= -C - ^^C^, E = - D - 7 rfD, ; par conséquent, les valeurs des puissances consécutives de -, et par ( 78o ) suite celles des intégrales d'un ordre quelconque, s'obtiennent au moyen de simples différentiations successives. » En désignant par 51, B, C, jD, . . . , les nombres de Bernoulli, on a d'abord ? I e ^ i , ç I = = - cot hyp - — - e?_i ? -t 2 2 2 e^ — e ^ ~? 2"^ (2) (4) ^ itj) (8) "^■••' par conséquent : "•^"/ij-^ 2^(2)^" (4) ^"^ (6) -'" (8) -^^ C'est la formule de Maclaurin [Treatise of fluxions, art. 828). » De là on obtient immédiatement l'intégrale du second ordre ou, en remplaçant ly par sa valeur, wj •^^^'- hj ^''-^ -^T^^- j^/^'--^ 74r -''^^ w ''^ (6) -^" (6) -" + (8) "^•'^ (8) ^'^- De la même manière on obtient la valeur de l'intégrale du troisième ordre: r> l'y ^'^^■' - i j -^-^'^^ + ^) - ^ ^^'■^- 74f ^^' ^'^ 2.5 CÂ', se/i' , (8) -^•'^ (8) -'■" >> Toutes ces intégrales s'appliquent à la sommation des séries. ( 78i ) » L'intégrale du premier ordre sert à déterminer les séries de la forme: S = ç ( j:) + ç3 (wf + w ) 4- 9 (.X + 2 w ) + . . . + y ( j: + « oj ) ; l'intégrale dn second ordre celles de la forme : S=rt.ç(x) +(a+5)(j5(x + w) + (rt + 26)çp(x+2iM)+...4- (<-f4-«5)(p(jr+«u). L'intégrale du troisième ordre sert à sommer les séries dont les coefficients forment une progression arithmétique du second degré, par exemple: S=a'^(s{a-) + {a+6y(p{jc-{-(,i)+{a+7.ôYf{x-+-2'j))+...-h{a+nôY'f{x + ntj}).)y CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur la composition de la banane du Brésil: par M. B. Corexavinder. (Extrait par l'auteur.) (Commissaire.*;, MM. Decaisne, Peligot, Gay.) i> Les chimistes se sont peu occupés jusqu'à ce jour de l'étude de la ba- nane, et cependant cette production tropicale méritait bien de fixer leur attention, puisqu'elle forme une des bases de la nourriture des populations qui habitent je voisinage de l'équateur. M. Boussingault, il est vrai, a indi- qué dans son Traité d'Économie rurale la nature des éléments qui entrent dans la composition de ce fruit; mais il n'en a pas fait une analyse quantita- tive. Ayant eu l'occasion de recevoir du Brésil une certaine quantité de ba- nanes qui me sont parvenues bien saines et en parfait état de maturité, j'ai profité de cette occasion pour les soumettre à quelques recherches dont j'ai l'honneur de présenter les résultats à l'Académie. » D'après ces recherches, la composition chimique de la banane mûre du Brésil, dépouillée de sa cosse, peut se représenter par les chiffres sui- vants : Eau î3,goo Albumine végétale 4 jSao Cellulose o , 200 Matières grasses o ,632 Sucre de canne, sucre interverti • • ) /-t- ... . ., -, 1 '9)657 Acide organique, pectose, traces d amidon ) Acide phosphorique 0,062 ) Chaux, alcalis, chlore, fer, etc 0,729 j ' ' 100 ,000 C. R., i863, 2™' Semestre. (T. LVII, N» 19.) 1^4 ( 78^ ) » On suppose que dans les bananes qui mûrissent sur l'arbre qui les pro- duit, il n'y a que du sucre de canne : ce fait peut être vérifié par les chi- u)istes qui iiabite:!t les régions équinoxiales. « La quantité d'albumine végétale a été déterminée par deux dosages d'azote qui m'ont doinié des résultats parfaitement concordants. » M. Boussingault nous ayant fait connaître les rendements en bananes (l'un bectare de terre, dans quelques contrées situées entre les tropiques, ou peut comparer la production en matière azotée d'un cbamp de bananes à celle d'un cbamp de même superficie cultivé en blé ou en pommes de terre, dans les pays tempérés. On reconnaît par cette comparaison que la récolte tropicale est bien plus féconde en substances essentiellement nutri- tives que celle de nos climats. » Les cosses de la banane mûre donnent par l'incinération des matières fixes contenant beaucoup de potasse et des chlorures. Ces cendres ont la composition suivante : Carbonate de potasse 4/ »9^ Carbonate de soude 6 ,58 Chlorure de potassium aS, i8 Phosphates de potasse et de soude, peu de sulfate .5,66 Charbon 7 ,5o Chaux, silice, phosphates terreux, fer, etc. 7 , 'O 100,00 » On remarque que ces cendres sont particulièrement riches en car- bonate de potasse et en chlorure de potassium, deux sels qui ont une grande valeur dans le commerce, surtout le premier. » PATHOLOGIE. — Résultat dune enquête suivie avec le plus ijiand soin dans S'y asiles, sur les cas de pellagre consécutive A l'aliénation mentale observés chez les aliénés de ces établissements. Note de M. 611.1.0D. (Renvoyé, comme les précédentes communications relatives à la pellagre, à l'examen de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) « Le résultat de cette enquête, exposé dans les tableaux joints à ma Note, peut être résumé dans les propositions suivantes : » i" Que sur 5^ asiles 44 ont présenté des cas de pellagre consécutive. » 2° Que le nombre de ces cas s est élevé à 56 1 poin* une population moyenne de 28 000 environ, soit 20 par 1000 aliénés. ( 783) » 3° Que sur les i 3 asiles dans lesquels il n'en a pas été constaté, il en est 1 (Dôle et Saint-Alban) pour lesquels la chose est certaine et 1 1 povu" lesquels il y a lieu de réserver toute opinion à défaut de renseignements. '1 4° Qu'en dehors des asiles il a été constaté 6 cas de pellagre consécu- tive à l'aliénation. » 5" Qu'il en a été observé 4 dans des maisons de santé. » 6° Qu'en additionnant tous ces chiffres on a un total de 57 1 cas connus de pellagre consécutive, contre 80 cas à peine de pellagre sporadique, depuis les premières observations jusqu'aux plus récentes. » En énonçant ces faits je tiens à constater : » 1° Que le régime alimentaire des asiles dans lesquels il n'a pas été signalé de pellagre n'est pas meilleur que celui des asiles dans lesquels il en a été signalé, et que dans ces derniers la pellagre s'est montrée indiffé- remment et abstraction faite de toute différence dans ce même régime alimentaire. )) 2° Que la plupart des pellagreux des asiles appartenant à la classe indi- gente étaient soumis dans leur milieu antérieur aux plus déplorables condi- tions hygiéniques et n'y avaient pas contracté la pellagre. » 3° Que s'ils l'ont contractée après être devenus aliénés et dans les condi- tions hygiéniques relativement excellentes qui constituent le régime des asiles, ce ne peut être évidemment sous l'influence de ces mêmes conditions. » 4° Qiif^i de l'aveu de tous les médecins compétents, si l'hygiène d'éta- blissements dans lesquels les aliénés ont du pain blanc à discrétion, de la viande cinq fois par semaine, du vin tous les joins, avec de bonnes condi- tions de vétureet d'habitation, était l'hygiène des indigents de Lombardie, des Landes et des Astnries, il est peu probable qu'un seul fût atteint de la pellagre, ce mal de misère. » Or, si les aliénés des asiles deviennent pellagreux dans de telles condi- tions, qui réaliseraient bien au delà j)our nos paysans le vœu de la poule au pot d'Henri IV, on est rigoureusement conduit à admettre pour l'expli- cation de ce fait une influence autre que celle de ces conditions, et, pour qui a \m apprécier, comme les observateurs spéciaux, son action débilitante, cette influence ne peut être que celle de l'aliénation mentale. « 5° Que si, dans les asiles, les aliénés pensionnaires, à l'encontre des aliénés indigents, n'ont pas en général la pellagre, cela tient, on ne peut plus évidemment, à ce que les aliénés pensionnaires sont préservés par l'iiygiéne de toute leur vie antérieure contre les effets débilitants de l'aliénation men- 104.. ( 784) taie, tandis que les aliénés indigents y sont, an contraire, fatalement pré- ])arés par la leur. » De ce qui précède on peut donc rigoureusement conclure : » 1° Que la pellagre est très-fréquenle dans les asiles d'aliénés, plus fré- quente même qu aucune des complications connues de l'aliénation mentale. » a" Qu'elle ne saurait y être attribuée aux conditions hygiéniques pro- pres à ces établissements. )) 3° Que la principale, pour ne pas dire la seule cause de la pellagre dans les asiles d'aliénés, cause prédisposante bien entendu, est l'aliénation mentale, dont les effets débilitants viennent s'ajouter à ceux d'une mauvaise hygiène antérieure. » Les données sur lesquelles repose cette Note seront publiées in extenso dans un document que j'espère soumettre prochainement au jugement de l'Académie. » CHIRURGIE. — Sur les inconvénients et les dangers des cautérisations intra-utérines profondes. Note de M. IVoiîat. « Dans la séance du la octobre dernier, M. le professeur Courty (de Montpellier) a communiqué à l'Académie des Sciences une Note sur linno- ruitéclsur l'efficacité de la cautérisation des cavités utérines. a On est surpris, en lisant ce travail, des succès si nombreux et si con- stants annoncés par l'auteur. Il affirme, en effet, n'avoir jamais vu sur- venir aucun accident, ni primitif, ni secondaire, dans 3oo cas de cau- térisation actuelle de la cavité cervicale de l'utérus, non plus que dans 5oo observations de leucorrhée chronique ou de granulations intra-ulé- rines traitées au moyen du crayon de nitrate d'argent laissé à demeure dans la cavité de la matrice. » Nous sommes obligé de convenir que ces deux modes de cautérisation de l'utérus sont loin d'avoir fourni des résultats aussi avantageux à Paris qu'à Montpellier. Je pourrais citer ici plusieurs faits empruntés, soit à ma pratiqHC, soit à celle de confrères très-distingués, particulièrement de (^homel et Ârau, de MM. Riciiet, Jobert de Lamballe, Demarquay, Leudet, etc., qui témoignent des dangers que peut entraîner la cautérisation éner- gique et profonde des cavités utérines, telle que la préconise M. Courty. » Il est incontestable que des rétrécissements et même des oblitérations du conduit utérin peuvent être la conséquence de la cautérisation avec le iér rouge ou de la cautérisation au nitrate d'argent fondu abandonné dans ( 785 ) la cavité utérine, suivant le procédé de M. Richet (car ce chirurgien avait employé ce mode de cautérisation dès l'année i85o, c'est-à-dire bien avant M. Courty). Mais un accident plus fréquent et plus redoutable encore, c'est la production d'iuie métro-péritonite ou de phlcgmasies péri-utérines suraigués pouvant amener la suppuration et la mort. M. Courty n'a même pas signalé l'éventualité de ces funestes complications; et ses conclusions trop optimistes sont de nature à inspirer une sécurité dangereuse à ceux qui seraient lentes de l'imiter. » Une longue expérience m'a démontré combien il est essentiel de se défier de la prétendue innocuité des cautérisations intra-utérines pro- fondes, de se garder d'abuser de cette pratique et de n'y avoir recours qu'à bon escient et avec la plus grande circonspection. » M. Courty ne voit d'autre contre-indication à l'emploi du fer rouge ou des caustiques que l'existence bien avérée d'un état inflammatoire de l'utérus. A mes yeux, il est une contre-indication plus importante et plus formelle encore, c'est la présence des phlegmasies de la région péri-utérine qui coexistent si souvent avec les maladies de la matrice. J'ai assez longue- ment développé ce point de pratique dans mon Traité des maladies de l'utérus et dans un travail spécial inséré en 18G2 dans la Revue médicale de Paris, pour qu'il soit inutile aujourd'hui d'insister davantage sur ce sujet. » (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour le Mémoire de M. Courty.) M. DE Caligjiy soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : « Considérations nouvelles sur la théorie de la chaleur appliquée au calcul des effets des compresseurs à la colonne d'eau du mont Cenis ». (Commissaires, MM. Morin, Combes. ) M. Valin présente des considérations sur l'opération métallurgique con- nue sous le nom de Pattinsonage; cette opération, qui n'est autre chose que la concentration de l'argent dans le plomb d'œuvre par voie de cristallisation, serait, suivant M. Valin, applicable dans des circonstances autres que celles où jusqu'à présent on y a eu recours. 11 reconnaît d'ail- leurs n'avoir pas fait les essais nécessaires pour confirmer cet espoir, qui ne repose jusqu'à présent que sur des vues théoriques. (Commissaires, MM. Pelouze, Regnault, H. Sainte-Claire Deville.) ( 786 ) M. Freytag adresse de Livourne deux Notes relatives au calcul des sinus. (Commissaires, MM. Moi in, Bertrand.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui faire savoir si elle s'est fait rendre compte d'un Mémoire de M. Haremberl sur la phrénologie, présenté à la séance du i6 mai iSSg. Ce Mémoire a été soumis à l'examen de MM. Serres et Geoffroy, qui ne font pas jugé de nature à devenir l'objet d'un Rapport. On portera cette décision à la connaissance de M. le Ministre. M. LK Mini.stre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le n" 5 des Brevets d'invention pris dans le cours de l'année i863. M. LE Ministre de la Marine adresse la livraison de novembre de la « Revue maritime et coloniale ». L'Académie impériale des Sciences de Vienne adresse une nouvelle partie de ses Mémoires et plusieurs livraisons de ses Comptes lendus pour l'année i863 (classes des Sciences physiques et mathématiques). CHIMIE MÉTALLURGIQUE. — De l'influence des flux sur la composition des fontes mrmrjanésifères. Note de M. H. Caron, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Dans une des dernières Notes que j'ai eu l'honneur de présenter à lAcadémie (i), j'ai fait voir par des expériences appuyées d'analyses que le manganèse servait dans les fontes à expulser le soufre et souvent le silicium ; j'ajoutais que les fontes chargées de manganèse, pouvant servira améliorer les fontes sulfureuses et siliceuses, auraient d'autant plus de valeur qu'elles seraient plus riches en manganèse. Dès lors, il était important de chercher les moyens d'extraire d'un minerai donné la fonte la plus chargée de ce métal épiirateur. » Toutes choses égales d'ailleurs, il y a deux causes qui influent singn- (i) Comptes rendus, i863, p. 828. ( :87 ) lièrement sur la richesse des fontes en manganèse : i° le fondant employé dans la réduction du minerai; 2° la températiu-e à laquelle s'effectue cette réduction. J'ai constaté les effets de ces deux causes par des expériences que je demande la permission de rapporter ici. » Le minerai avec lequel j'ai opéré est un carbonate de fer et de matiga- nèse ayant la composition suivante : Carbonate de fer 7' )0 Carbonate de manganèse i3,3 Carbonate de magnésie 1 1 , 2 Carbonate de chaux 0,2 Silice (quartis) 4>3 100,0 >i Plusieurs kilogrammes de ce minerai ont été finement pulvérisés et mé- langés avec soin de manière à offrir un tout-bien homogène; dans chacun des essais dont je vais donner les résultats, j'ai employé une même quantité de ce minerai; le charbon de bois mélangé avec le minerai a été employé dans les mêmes conditions ; enfin, les creusets étaient tous brasqués avec un mélange de graphite de cornue à gaz et de mélasse ou de coal-tar (1). » Le tableau suivant indique l'espèce et la quantité des fondants employés pour 100 de minerai, et en regard la couleur des fontes obtenues ainsi que leur teneur en silicium et en manganèse. Dans les expériences n° 1 à ti" 5 inclus, la température employée pour la réduction a toujours été sensible- ment la même; la température pour le n° 6 a été aussi basse que possible (assez élevée cependant pour permettre à la fonte de se rassembler); dans l'essai n" 7, au contraire, j'estime que la chaleur aurait été largement suffi- saute pour fondre quelques centaines de grammes d'acier doux. Couleur Manganèse Silicium Fondant. de la fonie. pour 100. pour ICO. N° 1. Carbonate de chaux. 10 Blanche. 7 '93 o,o5 N° 2. Carbonate de chaux. 5 Blanche. 6,32 0,08 N» 3. Fluorure de calcium . 5 Truites. 4.70 o,3o N" k. Terre siliceuse 5 Grise. 3,8. 0,55 N" 5. Terre siliceuse 10 Très-grise. 2,25 0,76 N° 6. Terre siliceuse 5 Grise. 3,90 o,5o à basse température. N" 7. Terre siliceuse 5 Grise. 2,IO 0,75 à haute tem])érature. (1) Cette brasque résiste admirablement, même pour la réduction du manganèse; mais avant de l'employer, il est nécessaire de débarrasser le graphite des matières étrangères (4^5 pour loo environ) qu'il contient, et notamment du soufre dont il renferme plus de i pour 100. (788) » Les essais n°' 1 , 2, 3, 4 et 5 montrent que pour obtenir avec un minerai donné les fontes les plus riches en manganèse, il faut employer dans les fondants autant de chaux qu'on pourra en introduire sans nuire à la fusibi- lité des laitiers. On voit, au contraire, que la proportion de manganèse diminue lorsqu'on augmente la quantité de fondant siliceux, et, chose re- marquable, à mesure que le manganèse disparaît, le silicium le remplace dans la fonte. » La température employée pour la réduction exerce aussi une influence notable sur la richesse de la fonte en manganèse; les essais n°^ 6 et 7 mon- trent que plus la température a été élevée, moins on trouve de manganèse dans la fonte, mais aussi plus on y rencontre de silicium. Comme dans les essais précédents, le silicium et le manganèse semblent s'exclure récipro- quement. » Il ne sera pas non plus sans intérêt de remarquer la nature des fontes obtenues. La chaux en quantité suffisante donne des fontes blanches, la silice des fontes grises; un simple changement de flux suffit donc, la tempé- rature restant la même, pour obtenir à volonté une fonte blanche ou une fonte grise, une fonte à acier ou une fonte à fer. » Je n'insisterai pas davantage sur ces résultats qui seront parfaitement appréciés par les praticiens, je me bornerai à rappeler que je ne parle aujour- d'hui que des fontes obtenues avec des minerais de fer contenant de loxyde de manganèse ou mélangés avec lui ; la chaux n'a pas précisément la même influence sur les minerais non manganésifères ; mais la question mérite d'être traitée d'une manière toute spéciale, et je demanderai la permission d'y revenir plus tard. » Les essais dont je viens de soumettre les résultats à l'appréciation de l'Académie ne sont, je ne saurais trop le dire, que des expériences de labo- ratoire; j'espère néanmoins qu'ils pourront être de quelque utilité. Ainsi, les maîtres de forges qui mélangent actuellement des minerais riches en manganèse avec leurs minerais ordinaires (sulfurés ou silices), dans le but d'améliorer lenrs produits, pourront sans crainte augmenter peu à peu la quantité de castine qu'ils emploient habituellement, sans dinnnuer toutefois d'une manière inquiétante la liquidité de leurs laitiers; si les fondants ainsi modifiés devenaient par trop réfractaires, une addition de sel marin ou de chlorure de calcium leur rendrait bientôt toute la fusibilité désirable (i). (i) En traitant par le carbonate de chaux les résidus de la fabrication du chlore, on obtient une liqueur contenant du chlorure de manganèse et du chlorure de calcium, Cette Ijqueur, ( 789 1 Dans ce cas, l'emploi dn spath fluor ou de la krvolithe(i) produirait les mêmes effets ; mais ces corps, surtout le dernier, contenant toujours des quantités notables d'acide pliospliorique essentiellement nuisible au métal qu'on veut produire, il serait indispensable d'agir alors avec la plus grande prudence. » PHYSIQUE. — Sur les raies du spectre solaire ultra-violet. Note de M. Mascakt, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. ' J'ai examiné l'oxydation de l'alcool du propylène. Traité par l'acide chromique, il s'attaque avec une extrême vivacité et donne naissance à une grande quantité d'acétone et à un acide que je n'ai pu encore examiner suf- fisamment, faute de matière. 1) La formation de l'acétone aux dépens de l'alcool du propylène résulte d'une simple déshydrogénalion C<'H»0='-H' = Alcool propylique. C. R., i863, 2'«« Semestre. (T. LVil, i\o 19.) ^ ^^ ( 798) Elle prouve que l'iilcool du proj^yléne est identique avec l'alcool obtenu en iiydrogénant l'atétone. En effet, ce dernier alcool, d'après RI. Friedel, régénère précisément l'acétone sous l'influence d'un mélange d'acide sul- furique et de bichromate de potasse. Ainsi se trouvent corroborées les rela- tions entre l'acétone et la série propyliqtie, relations que faisaient pressentir mes expériences sur la formation du propylène, Cil", et de son hydrure, C°H', aux dépens de l'acétone traité par l'acide sulfurique, et qui ont été établies d'une manière décisive par les belles recherches de M. Friedel. » L'origine de l'alcool propylique quia engendré l'acétone donne à mon expérience |>résente une significalion plus générale, surlout si on la rappro- che des caractères anormaux assignés par MM. Wankiyn et Erlenmeyer à l'aldéhyde de l'alcool hexylique. On sait, en effet, que les acétones et divers corps pyrogénés qui les accompagnent (i) offrent la plupart des propriétés des aldéhydes. Cette analogie s'explique par l'expérience actuelle qui tend à établir, à partir de la série propylique, que les acétones et les corps pjro- (/énéi congénères représentent les aldéhydes des alcools formés par l' hydratation des carbures d'hydrocjène. » CFllMlE APPLIQUÉE. —Sur le principe toxique du Coriaria myrtiJoUa (Redoul). Extrait d'une Note de M. J. Ribax, présentée par M. Balard. « De nos expériences sur les animaux nous déduirons les conclusions suivantes : •)) Le Redoul doit ses propriétés vénéneuses à un glucoside, la coriamyr- tine, qui détermine des convulsions semblables à celles que produit la plante elle-même. » Les effets sont énergiques. 0^*^,2 de substance administrés à un chien de forte taille, et rejetés en partie et presque aussitôt par les vomissements, ont produit des convulsions horribles au bout de 20 minutes, et la mort en i''i5™. Pour obtenir une action violente et rapide sur leslapii.s, o8'',o8 environ suffisent. Lue injection sous-cutanée contenant oS',02 de substance tue un lapin en 25 minutes. » Les phénomènes principaux que produit la coriamyrtine sont les sui- vants : secousses vives de la tète se communiquant à tous les membres, con- vulsions cloniques et tétaniques revenant par accès, contraction de la pupille, trismus, écume à la bouche. Les animaux succombent à l'asphyxie et à l'épuisement nerveux. (i) Tels que le butyral et le valéral de M. Chancel. ( 799 ) » Les lésions cadavériques les plus importantes sont : l'état de plénitude des vaisseaux gorgés de sang brun coagulé dans le cœur droit et gauche, dans l'artère pulmonaire, la veine cave inférieure, les taches brunes des poumons, l'injection des méninges. La rigidité cadavérique apparaît avec une grande rapidité. » La coriamyrtine n'exerce aucune action irritante sur la muqueuse in- testinale; elle ne détruit pas la contraclilité musculaire propre. » M. CiMA, à l'occasion d'une communication faite à l'Académie le 17 août dernier, pariW. Meunier, remarque que plusieurs des faits rapportés par cet observateur concernant la forme globulaire que ptuvent prendre les liquides sur leur propre surface, avaient été déjà signalés. « J'ai moi-même, dit-il, donné, dans un journal de physique qui se publie à Turin, // nuovo Ci- menlo, vol. III, un article sur ce sujet, et j'ai l'honneur d'en transmettre quelques exemplaires à l'Académie. Que M. Meunier n'ait pas eu connais- sance de ma Note quand il a présenté la sienne à l'Académie, je le conçois d'autant mieux que pareille chose m'est arrivée à moi-même : j'ignorais, en effet, quand je publiais mes observations sur ce phénomène, qu'il avait été étudié dès 1816 par Bixio, ainsi que le constate le Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle publié à Paviepar Brugnatelli; année 1818. » M. André Boucard présente une Note sur les conditions du problème de la locomotion aérienne. M. Bonnet est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire sa- voir à l'Académie si elle est de natui'e à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 novembre i863 les ouvrages ilont voici les titres : Eludes sur les machines à vapeur marines et leurs perfectionnements ; pai tM. Victor Delagour. Paris, in-8°. Coup d'œil sur la végétation de la partie septentrionale du département de l'Aude; par M. D. Clos. (Extrait du Congrès scientifique de France.) Bor- deaux, i863; br. in-S". ( 8oo ) Noie SU) l'érysipèle considéré principaltmenl comme pouvant être une nia- Indie à quiitrpiina ; par le D' LlÉGEY. Bruxelles, br. in-S". Cinénialkpie : lliéorèines généraux relatifs à la transmission du mouvement au moyen de cordages^ par M. Cli. Girault. Caeii, i863;br. in-8". De la coexistence des maladies de l'utérus et des lésions de la réc/ion péri- utérine; des indications thérapeutiques qui en résultent ; par M. NONAT. Paris, 1862; br. in-8". Mémoire sur la Lii de production des sexes chez les plantes, les animaux et l'homme; par M. TiiURY. Genève, i863; in-8°. Mémoires sur la Rajfmerie impériale de salpêtre de Lille; par M. H. VIO- LETTE. Lille, i863; iii-8°. Recherches expérimentales sur le principe toxique du Redoul (Coriaria myr- liiolia) ; par Joseph Riban. Paris, i863; in-S". La vérité sur le choléra-morbus, etc. ; 3' et 4' livraisons. Paris, i863 ; in-8°. Le Droit humain : Code naturel de la morale sociale expliqué pai la cépha- Imnétr'ie et misa la portée de tout le monde; par Armand Harembert. Paris, 18G2; vol. in-8°. SitzLingsberichte... Comptes j'endus de T Académie impériale des Sciences de Vieime: Sciences mathématiques et naturelles; t. XLVII [Sciences mathéma- tiques)., livraisons 1 à 5; t. XLVII [Sciences naturelles), livraisons i, 2 et 3. Vienne, i863; in-8°. Abhantliiingen... Mémoires de la classe des Sciences mathématiques et phy- siques de l' Académie royale des Sciences de Bavière ; vol. IX, 3" partie. Mu- nich , i863;in-4". ERRATA. (Séance dn 2 novembre 1863.) Page 738, lignes i à 6. L'interversion des deux articles qui commencent cette page a causé une conlusion qui doit être ainsi réparée pour l'indication des Commissaires désignés : « M. Touche soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur le calcul de la résistance (les /laides. (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Bertrand, Bonnet.) M. Geny adresse de Nice un travail intitulé : Mémoire sur une nouvelle théorie des cal- culs transcendants.. . (Commissaires, MM. Duliarael, Bertrand.) » COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 NOVEMBRE 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MÉMOIRES ET COMMUMCATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur lin essai de reproduction artificielle d'un minéral cosmique; par M. Paye. « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans les séances du i4 et du 2 1 septembre, le résultat de quelques recherches entreprises sur les étoiles filantes périodiques du lo août. Après avoir constaté, par les observations des vingt dernières années, que les maxiina de ces apparitions coïncidaient avec le passage de la Terre par un même point déterminé de son orbite, j'ai recherché, dans les anciennes observations chinoises, si celte constance remarquable se soutiendrait pour les siècles antérieurs, et j'ai eu la satis- faction de constater que le même phénomène se produit depuis plus de mille ans dans les mêmes conditions astronomiques. De retour d'un voyage récent, je viens d'apprendre, par une intéressante brochure de M. Quetelet sur le phénomène du mois d'août dernier, qu'une découverte analogue avait été faite presque en même temps en Amérique par M. Newton. Je me hâte de signaler cette circonstance à l'Académie, non-seulement pour reconnaître à M. Newton le mérite de la priorité, mais aussi pour montrer combien cette coïncidence donne de force à nos conclusions communes. J.a doctrine des étoiles filantes revêt par là une allure plus positive, qui la recommande plus que jamais à l'attention des investigateurs. Toutefois, pour lui faire faire de C. R., i863, i^' Semestre. (T. LVII, N" 20.) '07 ( 802 ) lapides progrès, il serait utile que toutes les branches d'études qui s'y rat- tachent fussent poursuivies simultanément. On sait en effet que le phénomène des étoiles filantes n'est pas exclusivement astronomique; il intéresse en- core la physique, la chimie et la minéralogie : la physique, en ce qu'il montre à l'œuvre une source nouvelle de chaleur et de lumière, plus intense, plus puissante peut-être que toutes les antres, à ce point qu'elle suffirait à elle seule pour rendre compte de la chaleur et de la lumière de tous les so- leils. Grâce aux nouvelles théories dynamiques de la chaleur, on a pu cal- culer ces jours-ci les circonstances détaillées du passage de ces astéroïdes dans notre atmosphère, de manière à rendre compte des faits principaux tels que l'incandescence subite même dans les hautes régions où l'air doit atteindre une raréfaction excessive, la rupture et l'explosion des astéroïdes à noyaux solides, et la vitrification de leurs couches superficielles (i). La chimie reconnaît que c'est par ce phénomène seul que nous entrons en possession de la matière étrangère à notre globe, et que nous pouvons la soumettre à l'analyse directe. Enfin la minéralogie trouve dans ces pierres tombées du ciel, à côté d'espèces minérales identiques aux nôtres, d'autres espèces qui nous sont tout à fait étrangères, des associations d'éléments qui ont dû se faire dans des circonstances spéciales et dont l'étude peut nous conduire à quelques conclusions positives sur ces circonstances. » C'est ainsi que l'analyse chimique nous apprend que les principes élé- mentaires des aérolithcs sont identiques à nos éléments, de telle sorte qu'un chimiste, pour trouver par exemple l'équivalent du fer, pourrait s'adresser indifféremment aux fers météoriques ou à ceux de nos usines. Ce résultat con- firme l'opinion des astronomes qui placent l'origine première des étoiles fi- lantes dans la région circumsolaire où s'est opérée la formation de notre propre globe; car si nous les trouvions composées d'éléments nouveaux, totalement différents de ceux qui nous entourent, on serait porté à conclure c[ue ces météorites viennent des profondeurs de l'espace les plus étrangères à notre petit monde solaire. Peut-être resterait-il à compléter cette étude des éléments premiers en appliquant à la matière cosmique les ressources de l'analyse spectrale. » Mais les recherches minéralogiques offrent, comme je le disais tout à l'heure, un intérêt encore plus direct. A côté de la pyrite magnétique, du pyroxène, de l'angite, de l'olivine surtout..., qu'on retrouve à la fois sur (i) M.R.de Reichenbacli, dans le sixième cahier des Annales de Pogge/nlorjf pour l8G3 (analyse dans {a Monitrur scientifique an i''' octobre). ( 8o3 ) terre et dans les matières cosmiques, avec tous les caraciéres de l'identité, ces recherches ont en même temps révélé des espèces totalement étrangères au globe terrestre, espèces dont la formation doit tenir, non pas à des lois différentes de l'affinité^ mais à des conditions spéciales de formation qui ne seraient pas réalisées chez nons. >) Cherchons à préciser cet aperçu. On a noté dans les aérolithes plu- sieurs types de ce genre : le fer nickelifère, par exemple, du charbon et même un hydrocarbure d'origineforcément inorganique (W6hler),etunphos- phure métallique tout particulier. Le premier conduit simplement à penser que ces corps proviennent d'un milieu dépourvu d'oxygène libre ou fai- blement combiné, et cela répond bien à l'idée que nous nous faisons, en astronomie, du vide de l'espace céleste, où n'existent ni lair ni la vapeur d'eau terrestres et où les substances aisément oxydables, comme le fer et le nickel, doivent se conserver indéfiniment, tandis que sur terre elles ne tar- deraient pas à être attaquées et détruites. Le deuxième nous embarrasserait si l'on ne savait, par les récentes expériences deM.Berthelot, que l'hydrogène peut se combiner au carbone sans l'intermédiaire de la vie organique. Quant au troisième, il n'a pas encore été étudié au point de vue de sa formation pas- sablement énigmatique: on ignore si nous pourrions ici le reproduire de toutes pièces. Je veux parler delà schreibersite, dont la composition a tomiqueest celle d'un phosphore double, parfaitement défini, defer et de nickel; on le retrouve constamment, en paillettes ou en grains, dans les aérolithes pierreux et même dans les fers météoriques, dont la masse, une fois dépouillée méca- niquement de ce minéral, ne présente plus aucune trace de phosphore. Il y a là quelque chose de si différent du règne terrestre, et ce minéral est telle- ment spécial aux météorites, qu'il y aurait un véritable intérêt à en tenter la reproduction. La schreibersite se présente à l'état de paillettes ou de petits fragments jaunes, d'un éclat métallique, semblables à la pyrite magné- tique, avec laquelle on a dû souvent la confondre. Elle n'offre pas de trace de cristallisation ; l'aimant l'attire fortement et lui communique une polarité durable; enfin elle est inattaquable par l'acide chlorhydrique. D'après un savant chimistedes États-Unis, M. le professeur Lawrence Smith, qui a beau- coup insisté sur le rôle important et caractéristique de ce minéral exclusive- ment cosmique, sa formule atomique serait Ni^ Fe^ Ph (i). C'est à la schrei- ( I ) Cf. Lawrence Smith dans le Tenth annual Report of the Smithsonian InstitMion , i S56. Notresavant Correspondant M. Damour veut bien m'apprendre que la nomenclature des miné- ralogistes a varié sur ce point : ainsi le professeur Shepard (h. j.) appelait en i843 (IrsUliti (insoluble) le phosphure que M. Smith ( u. s.) nomme schreibersite en i856. 107.. ( 8o4 ) bersite seule qu'il faut attribuer le phospbore des météorites. Notre savant confrère, M. IJ. Deville, à qui j'ai iait part de mou désir de tenter la repro- duction de ce minéral, a bien voulu mettre son laboratoire à ma disposi- tion et m'aider de ses conseils. L'opération consistait à réduire par le char- bon une quantité déterminée d'oxyde de nickel et de sesquioxyde de fer intimement mêlée avec un phosphate à base de soude et de la silice. Voici les quantités adoptées conformément à la formule ci-dessus : Sesqiiioxvde de fer 8" Oxyde de nickel 3 , 7 Pyrophosphate de soude 10,1 Silice G Charbon 2 » Ce mélange, placé dans un creuset de charbon protégé par un creuset en terre, a été porté et maintenu quelque temps à la chaleur blanche. On a obtenu un verre noir contenant un culot métallique, plus une croûte très- distincte, placée entre le verre et le culot, un peu adhérente au premier, mais nullement au second. Le culot parait être un alliage ou un mélange intime de fer et de nickel, souillé superficiellement par un peu de sulfure dont le soufre vient probablement de l'oxyde de fer dont je me suis servi. Attaqué vivement par l'acide chlorhydrique, le culot dégage, en effet, d'abord un peu d'hydrogène sulfuré, puis de l'hydrogène pur. Mais la zone intermédiaire entre le fondant et le culot, où se serait concentrée pendant la fusion la partie tlu phosphore non volatilisée tout d'abord, est formée de paillettes jaunes, d'un éclat métallique très-vif, fortement attirables à l'ai- mant et complètement inattaquables à froid ou à chaud par l'acide chlor- hydrique. Cette substance possède donc les caractères de la schreibersite. J'ai l'honneur de placer ces divers produits sous les yeux de l'Aca- démie. » Il resterait à faire, comme vérification nécessaire, l'analyse de celte schreibersite artificielle, à voir si, à nos feux de forge, elle peut rester inter- calée mécaniquement dans une masse de fer sans lui communiquer son phosphore; il faudrait aussi examiner si la nuance verdàtre que l'on trouve dans certains échantillons météoriques ne serait j)as due à la petite quantité fie cobalt qui s'y trouve ordinairement (^ poiu' 100), et que j'ai dû négliger; mais l'Académie voudra bien considérer que, de ma part, cette tentative a eu principalement pour but d'appeler siu" ces questions l'attention des sa- vants compétents. Toujours est-il que le minéral le plus caractéristique des ( 8o5 ) substances extra-terrestres semble avoir été reproduit dans des circonstances assez rapprocbées des indications théoriques, c'est-à-dire à l'aide de la cha- leur et à l'abri du contact des agents d'oxydation : or c'est là ce qui a dû avoir lieu pour les météorites, dont la coulexture générale accuse une origine ignée, et où les moindres parcelles de fer se sont conservées depuis des milliers de siècles sans trace d'altération, mêlées à des matières inca- pables de leur céder la moindre partie de leur oxygène. » GÉOMÉTRIE. — Noie sur In théorie de la déformnlion des surjaces (jauches ; par M. OssiAN Boxxet. '( M. Minding s'est occupé le premier de la détermination des surfaces gauches applicables sur une surface gauche donnée. J'ai ensuite ajouté quel- ques développements à la solution de M. Minding dans mon Mémoire sur la théorie générale des surfaces Enfin. M. Bour a repris dernièrement la question en la rattachant à la théorie générale de la déformation des sur- faces. Dans tous les travaux publiés jusqu'ici sur ce sujet intéressant, on a admis, sans démonstration, que les surfaces gauches conservaient en se- déformant leurs génératrices rectilignes; or, il ne paraît pas impossible, à priori^ que deux surfaces gauches soient applicables l'une sur l'autre, de telle sorte qu'aux génératrices rectilignes de l'une correspondent des lignes géodésiques non rectilignes de l'autre; c'est cette impossibilité que je mepro- ])ose d'établir en toute rigueur dans cette Note. » J'aurai besoin des formules que M. Codazzi a fait connaître dans le Mémoire remarquable qui a obtenu une mention honorable au concours de 1860. Indiquons ces formules dont on trouvera plus bas une démonstra- tion géométrique très-simple. » Je considère une surface 2 dont les différents points soient déter- minés par deux systèmes de lignes orthogonales (v), (u). Je prends un point A sur cette surface, et je mène en ce point, la normale extérieure AZ à la surface, la tangente positive AX à la courbe (c), la tangente posi- tive AY à la courbe [u) (on suppose, pour fixer les idées, AX, AY, AZ disposées comme le sont ordinairement les parties positives des axes coor- donnés, c'est-à-dire de façon qu'en se plaçant suivant AZ et en face de AX, on ait AY à droite) ; appelons pour la courbe (c) : eclii l'élément de l'arc, — la courbure géodésique, — la courbure normale, — la seconde ^i.f ^it,f p/,p courbure ou la torsion géodésique; et pour la courbe («) : gdi>, — t — 1 — ''/,ii ^n.u Pt.ti ( 8o6 ) Jes quatre mêmes éléments. Posons enfin .^="- i- = R, i=^- -^ = 5. » En désignant par x, /, z les cosinus des angles que AX, AY, AZ forment respectivement avec un axe quelconque ^'§, on aura I d.r ,, _ dx ,- „ (g=-P.-4-Rr, J = -S^-Qj, et de là on tirera, en exprimant que x,j, z existent réellement, , s ] dV dS -,_, -._ (2) ____hMQ + NR = o. !l? + ^ + MS-NP=:o; \ df du en a encore les relations bien connues /o\ R s (3) 7 + ^ = °' (4) " M=-i* N = ^% ^ ' §• oc c du lesquelles se déduisent du reste aisément de ce que e.rdu -h gjrlv est une différentielle exacte, quel que soit l'axe ^'|. » Les formules qui précèdent donnent la solution du problème général de la déformation des surfaces. En effet, si dans les équations (2), (3), on considère comme connus ectg-, par suite M et N, on pourra, au moyen de ces équations, obtenir les valeurs générales de P, Q, R, S qui conviennent à toutes les surfaces 2' applicables sur la surface donnée 2; puis, au moyen des équations (i), on aura x, j', z, et enfin, par de simples quadratures, on déterminera en fonction de m et de t* les trois coordonnées rectangles 'î,r,,Ç des différents points des surfaces E'. » Prenons pour surface 2 une surface gauche, et supposons que les ( 8o7 ) courbes (p) relatives à cette surface soient les génératrices reclilignes : nous aurons pour cette surface, et par suite pour toutes les stu-faces 2', I A, B, C étant des fonctions de v seul ; en portant dans les équations (2) et (3) la valeur de e, ces équations se simplifient et deviennent -PQ-RS=:ff„ ^ _rfs_ _ dv du ~ Si ^^» dq 15 _ „ p du '^ dv ~ S< ^' R + - = o. ou l'on a fait, pour abréger, du f " du' du ~ 0-' chassant S des trois premières au moyen de la quatrième, on a o-R- _P() — n dR dV (5) /è^rf^ + lÂT^-^S'ï^' 1 du ^ dv — 0^^^ que l'on peut encore écrire de la manière suivante : SrR^-PQr=g„ [ibis) ~~d^i ^^"^ ~ *^' d^ O ^« ^ ./.. — » ' ' ^ » Cherchons maintenant la relation qui doit exister entre P, Q, R pour que la surface 2' soit gauche : pour cela exprimons que dans cette surface les lignes asymptotiques de l'un des systèmes sont des lignes géodésiques. Oi l'équation de l'indicatrice est, en prenant AX et AY pour axes des ^ et des n [voyez plus bas), Pf - 2R£/3-h^-/J' = ± !.. ( 8o8 ) Par conséquent, si on appelle lu l'angle soiis lequel les lignes asymptotiques coupent les combes (c), on a ( 6 ) P cos^ &) — 2 R sin oj cos w + — sin^ oj = o ; .mais pour que l'angle w convienne à ries lignes géodésiques, il faut que I fda' du ds' dv], 2 eg \ r/v du OU plus simplement, à cause de e = i , (7) (l'" = — g'f'T'''; donc la relation cherchée est le résultat de l'élimination de oj entre les équa- tions (6) et (7). » On peut observer que les équations (6) et (7) sont satisfaites pour w =: G quand P ^ o; alors les génératrices rectiiignes de la surface 1' se confondent avec les courbes (i»), et par conséquent ont pour transformées les génératrices rectiiignes de la surface 1; laissant ce cas de côté, je diffé- rentie l'équation (6) et je simplifie le résultat au moyen de l'équation (7) et Il 1 ■ ?'^'' Il ■ de la relation tangoj ^"-7- : i obtiens ° (lu ' cos-cU-^gcotM- g, I 2 ( — — Pjsinucosw + 2R(sin' w — cos^w) ,dK 1 sin oj cos fjL) -p -f- £• cot w , (h ° (lu d.9. d.- dv gCOi'ji OU, en posant cotw =: »», "lui' r ^ Q dK\ 's ^-^siKy'-^\j-du-' dp 'R ^+=^«'1^ g du I d.- dv O, -2R§',=0, et à cause des équations (5) ou (5 his)^ (8) rfp fr » du. nr - 3 f/R d.^ d.^ m'+ 3i( —^/H -+--7^ '-' du dv 2Rg, = o; l'élimination de oi entre les équations (6) et (7) est ainsi ramenée à celle de m entre l'équation (8) et la suivante (9) P/M- — 2 R/?j -f- - = o, en laquelle se change l'équation (G), lorsqu'on remplace cot oj par sa va- • ( 8o9 ) leuv m. L'élimination de m conduirait àun résultat assez compliqué: il con- vient d'éviter cette élimination et de regarder la surlace 2' comme définie par les valeurs de m, P, Q, R qui vérifient le système des équations (5), (8), (9); c'est ce que nous forons ; toutefois, nous remplacerons le système des équations (5), (8), (9) par un autre plus simple. De la première des équations (5) et de (9), on tire, en posant ± t /- = G, (10) R=inV-hG, ^ = m-V + amG; portant dans les autres équations, il vient dP itP I dm \ dG %77?+ 7Z: + V'^ 7^ +=«"■'") P + ^^ 7^+^»'^ = °' dP r dm dm J dG dG ! dm \ dP dP r dm dm r\ dG dG 1 dm f'f ,'^P /. '-, — r-i'i dit Multipliant la première de celles-ci par ?«^, la seconde par m, la troisième par I, et retranchant deux à deux les équations obtenues, on a r dm dm ,1 dG dG dm Ldm dm '\ dG dG V dm dm , | s"''ir.^i;-s^^'^-"''^Y^s'''d;^-^'''iïï<-^^\:^^'"drc^'d^~^^^'+"^^^^^^ Opérant de la même manière sur ces nouvelles équations, c'est-à-dire mul- tipliant la première par m, la seconde par i, et retranchant, on a dm dm , „ . en laissant de côté la condition G = o, qui répond au cas des surfaces déve- loppables. )) Nous concluons de laque les trois équations (i i) reviennent aux trois suivantes : ' dm dm , ., , , , ! ^ '/'" dG d G ('2) \ 2^G— + crm-_ + — r=o, du ^ du dv gni dP dp l dm \ ,, dG „ rf;^ + 7^+(&7^ + ^«'"r '^^'^■^"^'^ = °' C. p.., i8G3, 2'n« Semesiro. (T. LVK, W 20.) io8 , , . , ) . dm dg ( 8io ) et nous avons ainsi, pour déterminer /n, P, Q, R, les équations (12) et (10). » Jusqu'ici, nous avons laissé g quelconque, maison sait que l'on a g^ = kir + aBji -h C. A, B, C étant trois fonctions de t», telles que AC — B' soit positif, et dont l'une peut être prise arbitrairement; si on dispose de cette fonction indé- terminée de façon que AC — B' = 1 , on aura §'^2=', par suite g=G = :±i, et les équations (12) deviendront dm dm , ., , im dr.-'"Sb< a. dP dP [ d ' 1- ^ - du dv X" du Considérons les deux premières. Ces équations faisant connaître — > -r et par suite <^/7i ^ -r- du-\- -r ^/i», en fonction de m et de ff, m n'existe (/(' ' du dv ^ o ' réellement qu'autant que g admet une valeur convenable. On pourrait sans trop de difficultés déterminer la valeur générale de g-, et la valeur corres- pondante de m, mais ce calcul n'est pas indispensable à l'objet que nous avons en vue. Observons seulement que lorsqu'on s'est donné une valeur convenable de g, on ne peut trouver qu'une seule valeur de m correspon- dante. En effet, des deux premières équations (12 bis) on tire aisément / J\ odm +[m%-gg\dv-\ mg, + '^ ) Hu = o; dP dP I dm , -, pour que m existe, il faut que J et l'on voit qu'on ne peut avoir plusieurs valeurs de m correspondantesà une même valeur de g, qu'autant que »5~o. § = 0' d'où fi=9(«) et g = 9, (?/)?j(c). (8ii ) ce qui correspond au cas des surfaces développables, cas que nous avons déjà exclu. » Il résulte de là et de ce que m. est la cotangente de l'angle w sous lequel les génératrices rectilignes des surfaces 1,' coupent les lignes (f), que s'il existe plusieurs surfaces gauches 2', dont les génératrices rectilignes ne cor- respondent pas aux génératrices rectilignes de 2, ces surfaces gauches auront du moins pour génératrices rectilignes des lignes conjuguées entre elles. » Il reste encore à comparer urie surface gauche 2' dont les génératrices rectilignes ne correspondent pas aux génératrices de 2 avec une surface gauche 1' dont les génératrices rectilignes coïncident avec les courbes (f). Or je dis que par cela seul que g a l'une des valeurs que déterminent les deux premières équations (i 2 bis), toute surface gauche 2', dont les généra- trices rectilignes coïncident avec les courbes (f), ne peut être qu'une sur- face gauche du second ordre admettant un second système de génératrices rectilignes conjuguées des génératrices rectilignes des surfaces gauches 2', dont les génératrices rectilignes ne coïncident pas avec les courbes [v) ; de sorte que dans tous les cas deux surfaces gauches 2' ont pour génératrices rectilignes des lignes conjuguées entre elles. » Pour établir ce dernier point je renverserai la question, je chercherai les conditions^pour que parmi les surfaces 2' il y ait une surface du deuxième ordre, dont les génératrices rectilignes du premier système coïncident avec les courbes (v), et je montrerai que l'on obtient précisément les deux pre- mières équations (r 2 /^ïs), en appelant m la cotangente de l'angle sous le- quel les génératrices rectilignes du second système coupent les génératrices du premier. » En effet, puisque, dans la surface 2' que nous considérons, les cour- bes (p) sont des génératrices rectilignes, onaPn=o; par conséquent les équations (5) se réduisent à ou, en observant que g^g^ = i, d'après ce que l'on a admis plus haut, R = ' S"' rfQ_ ds du s" 108. ( 8.2 ) a. étant égal à rh i . Puisque notre surface 2' admet un second système de génératrices rectilignes, on a aussi, en appelant w l'angle sous lequel ces gé- nératrices coupent les courbes (p), — 2licosu -4- -sinoj^o, E on, en remplaçant R par sa valeur , ^ . ■zaCOSM (i4) Q sin 0) = o, et puis (i5) d rj) = — g, ch>. Différentions l'équation ( i/j) et simplifions le résultat au moyen de (i 5) et de la relation tangos = '—r--, nous aurons " du I aasinoA . i dQ dQ\ 2y.coio)fd [-^^gcot « - ) + —^ ^- + gg, cot co ) = o, on, en posant cot w = m, / dg ^^Q „«)..., ''Q 'zlli = o et, à cause de l'équation (i3), g Xgdv") dv g équation à laquelle il faut joindre la suivante (17) --»i-Q = o, en laquelle se change (i4) quand on remplace cot co par sa valeur m. Éliminant enfin Q entre les équations (i3}, (16), (17), il vient 2 dm dg » du '"OO' dv "' dm ds » dv ^ '" di- 0=" ' équations équivalentes aux deux premières équations (12 his). » La propriété que nous venons de démontrer, et d'après laquelle deux (8,3) surfaces gauches quelconques ne peuvent èlre développables l'une sui- l'autre sans que les génératrices rectilignes de l'une correspondent aux gé- nératrices de l'autre, est d'autant plus remarquable qu'il existe pour des surfaces non réglées une propriété tout à fait opposée. Ainsi, dans deux surfaces non réglées développables l'une sur l'autre , les lignes asympto- tiques de l'un des systèmes ne peuvent jamais être des lignes conjugées, à moins que les surfaces ne coïncident. Cette seconde propriété résulte sim- plement des formules de M. Codazzi; en effet, si on suppose P = o avec M^o, on voit par les équations (2) et (3) que Q, R, S seront parfaitement déterminés au signe près. Or, deux surfaces 2', pour lesquelles P, Q, R, S ont les mêmes valeurs ou des valeurs égales et de signes contraires, coïn- cident nécessairement, car les constantes que l'intégration introduit dans les valeurs de .r, j\ z ne modifient que la j)osition de la surface par rapport aux axes des Ç, v;, Ç, et non point sa forme. Ce dernier point demanderait, pour être complètement élucidé, des développements pour lesquels l'espace nous manque. » PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Limites de la résistance vitale au vide et à la dessiccation chez tes animaux pseudo- ressuscitants ; par M. F. Pouchet. « I.a question de la résistance vitale est une des plus importantes de la biologie, car elle est intimement liée à la solution de son plus mystérieux problème. » Deux doctrines se trouvent aujourd'hui en présence. L'une ne voit dans l'organisme en action qu'un phénomène vital ; l'autre, sans oser carré- ment l'avouer, des phénomènes physico-chimiques. » Si un animal parfaitement sec, et par conséquent mort et momifié, pouvait être rendu à la vie à l'aide de quelques gouttes d'eau, comme cer- tains savants le prétendent, la seconde hypothèse triompherait immédia- tement. C'est ce qu'on a voulu démontrer à l'aide d'incroyables efforts. )) Par des expériences nombreuses j'avais prouvé surabondamment que si on étalait sur une plaque de verre une couche très-mince de terreau con- tenant des animaux dits réviviscents, en lui temps fort court, deux ou trois mois seulement en été, ceux-ci perdaient l'extraordinaire faculté qu'on leur accordait. Personne ne récusait l'exactitude de ces expériences, répétées devant plusieurs de nos physiologistes les plus éminents; mais l'un de ceux-ci prétendit que, dans ce cas, la mort arrivait jn-obablement plutôt ( 8f4) par le fait des oscillations hygrométriques que les animalcules éprouvaient que par celui de leur simple dessiccation. Il croyait également que les oscil- lations thermoméiriques devaient peut-être aussi contribuer au résultat que j'obtenais. Pour renverser ces objections je n'avais qu'une seule chose à faire , c'était de placer les animalcules pseudo-ressuscitants à l'abri de ces oscillations : c'est ce que j'ai exécuté dans les expériences qui suivent. » A cet effet, j'ai pris des séries de tubes de 2 décimètres de longueur sur S millimètres de diamètre, et pouvant contenir 10 centimètres cubes d'air. Après les avoir suffisamment desséchés, on introduisit dans chacun d'eux 2 dècigrammes de terreau très-abondant en animalcules dits réviviscents, recueilli dans un lieu très-sec, et desséché ensuite en l'exposant au soleil pendant dix jours, puis pendant dix autres jours dans le vide de la machine pneumatique. Chaque deux dècigrammes de ce terreau , et par consé- quent chaque tube, contenait en moyenne So à 60 Rotifères et 6 à 8 Tar- digrades parfaitement réviviscents quand on commença l'expérience. Les tubes furent ensuite fermés à la lampe ; dans quelques-uns seulement on introduisit quelques petits morceaux de chaux, que l'on sépara du ter- reau par des bourres de coton. Ceci fait, on disposa les tubes par série de six en les fixant sur de petites planchettes que l'on plaça dans des lieux très-variés, de manière à obtenir des expériences décisives et qui pussent convaincre tout le monde. » Constatons d'abord la nullité de l'influence des oscillations hygromé- triques. )) 1° Dans une série de tubes qui avait été placée, six des mois les plus chauds de l'année, sur un toit exposé au midi, quand on brisa ces tubes on ne trouva pas un seul animalcule vivant. Tous étaient contractés, ce qui indiquait une mort déjà ancienne. M 2° Dans une autre série de tubes contenant de la chaux, on obtint ce résultat complet au bout de quatre mois seulement. » 3° On arriva au même résultat en desséchant à fond les animalcules à l'aide des plus énergiques moyens physico-chimiques. » Dans le laboratoire du Muséum de Rouen, qui est très-chaud et qui reçoit très-longuement le soleil, on exposa dans le vide sec de la machine pneumatique des plaques de verre sur lesquelles, à l'aide d'un tamis de soie, on avait étalé une très-mince couche de terreau très-abondant en Rotifères et en Tardigrades. » En été, soit que l'on opérât en suspendant les animalcules sur de petites ( 8.5 ) capsules contenant de la chaux, soit que l'on employât l'acide sulfiirique, dans ce vide sec (qui fut maintenu à environ 2 millimètres par une tempéra- ture de 25 degrés en moyenne) , après trois mois, tous les animalcules éparpillés sur les plaques de verre avaient succombé en se desséchant complètement. Par l'humectation tous restèrent contractés, et pas un ne s'endosmosa. » Il est évident que dans les deux premières expériences que nous venons d'exposer il n'y a pas eu la moindre oscillation hygrométrique, et que si les animalcules ont succombé, il ne faut l'attribuer qu'à leur lente et parfaite dessiccation, qui est arrivée à mesure qu'ils cédaient leur eau d'interposition au terreau qui est plus hygroscopique qu'eux. Pour l'expérience dans le vide, il n'y a guère eu plus d'oscillations que dans les premières. » Ainsi donc tout s'explique. L'air confiné dans des tubes et le vide sec de la machine pneumatique prouvent jusqu'à l'évidence, et tout le monde en conviendra, que ce ne sont pas les oscillations hygrométriques qui tuent les animalcules, mais bien leur dessiccation lente et graduelle. » Démontrons maintenant que les oscillations de température ne jouent aussi aucun rôle sur la mort réelle des animalcules pseudo-ressuscitants. » Depuis que, devant plusieurs physiologistes, j'ai fait franchir subite- ment 100 degrés de température à des Rotiféres et à des Tardigrades, sans qu'ils en parussent le moins du monde affectés , et depuis que je leur ai même fait brusquement sauter 129 degrés; depuis cela, dis-je, on amis beaucoup moins d'importance aux oscillations de température. Mais vidons la question à fond et prouvons que celles-ci ne jouent évidemment au- cun rôle dans le cas dont il s'agit, ces animalcules étant, par leur genre de vie, journellement exposés aux plus extrêmes variations atmosphériques. » Pour le démontrer, voici ce que j'ai fait : une série de mes tubes a été déposée dans une étuve dont la température a été constamment maintenue entre 5o et 55 degrés. Au bout de quinze jours, tous les animalcules con- tenus dans ces tubes étaient secs et morts, et même depuis longtemps, car pas un seul ne s'endosmosa. » Une autre série de tubes contenant des fragments de chaux, placée à l'ombre dansle laboratoire du Muséum d'Histoire naturelle de Rouen, après un an, ne contenait aucun animalcule vivant. » En6n, une dernière série de tubes, contenant quelques fragments de chaux, ayant été placée dans une cave profonde dont les oscillations ther- mométriques n'ont pas dépassé 4 degrés, n'offrait aucun animalcule vivant après un an et demi. ( 8'6) » Dans la plupart de ces cas, comme les oscillations de température n'ont pas dépassé 5 degrés de l'échelle thermométrique, il est évident que celles-ci n'ont pu avoir d'action sur la mort des animalcules. 11 Ainsi donc, ni les oscillations hygrométriques, ni les oscillations ther- mométriques ne peuvent être considérées comme les causes de la mort des animalcules pseudo-ressuscitants, et celle-ci, dans toutes ces expériences, n'a été évidemment que le fiiit de la dessiccation lente ou rapide de ces animalcules, qui ont cédé peu à peu leur eau d'interposition à du terreau très-sec et beaucoup plus hygroscopique qu'eux, ou qui l'ont cédée à la chaux, dans les tubes qui en contenaient. » Ainsi donc, l'observation et l'expérience s'unissent pour nous rame- ner à l'interprétation rationnelle des phénomènes, en nous démontrant que l'hypothèse des résurrections, qui a fait l'étonnement et presque l'amu- sement des physiologistes du siècle dernier, ne doit plus trouver de sérieux adhérents dans le nôtre : ainsi que l'emboîtement des germes, cette idée a fait son temps. » XOMIÎVATIONS. La Commission du grand prix de Mathématiques de i863 (théorie des phénomènes capillaires) prie l'Académie de vouloir bien lui adjoindre un nouveau Membre en remplacement de M. Liouville qui, à raison de l'état de sa santé, a demandé à n'en plus faire partie. L'Académie procède à cette nomination par la voie d'un scrutin, dans lequel M. Serret obtient la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Stir V air delà vessie natatoire des Poissons; par M. A. Mokeau. (Renvoi à l'examen de la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) « Dans la communication que j'ai faite à l'Académie le 6 juillet dernier, j'ai annoncé que je ferais connaître les conditions dans lesquelles il faut placer un poisson pour faire augmenter de plus en plus la proportion de l'oxygène contenu dans l'air de la vessie natatoire. » Je parlerai d'abord des poissons dont la vessie natatoire possède un conduit aérien, conduit à l'aide duquel le poisson peut chasser au dehors ( 8i7 ) l'air de sa vessie natatoire ou emprunter de l'air à l'atmosphère en venant à la surface de l'eau. » Le poisson placé dans un vase plein d'eau est mis sous la cloche d'une machine pneumatique ; à mesure que l'air se raréfie, des bulles de gaz sor- tent de la vessie natatoire par le canal aérien et s'échappent hors des ouïes et de la bouche. Quand on juge, par la quantité d'air expulséet par l'abais- sement du baromètre qui mesure la pression intérieure de l'appareil, que la presque totalité de l'air est sortie de la vessie natatoire, on fait rentrer dans la cloche l'air atmosphérique : le poisson, qui jusque-là nageait faci- lement, tombe aussitôt au fond de l'eau à cause de l'augmentation de sa densité ; en effet, la vessie natatoire, dont l'air est raréfié, diminue immédia- tement de volume sous le poids de l'atmosphère; on transporte alors le poisson, en ayant soin qu'il ne sorte pas la tète hors de l'eau, et on le plonge dans un grand bassin où l'eau se renouvelle incessamment. Le pois- son repose alors sur le fond du bassin où le retient sa densité augmentée, il y reste et rampe plutôt qu'il ne nage; par moments il s'efforce de monter à la surface de l'eau, mais, devenu trop lourd, il n'atteint qu'avec peine un diaphragme disposé d'avance au-dessous de cette surface, et retombe sans avoir pris une bulle d'air. Au bout de quelques jours, et pour certaines espèces au bout de quelques heures, le poisson commence à nager plus faci- lement; je juge à ce signe que la vessie natatoire s'est remplie d'un air nou- veau, air qui n'a pu être emprunté à l'atmosphère. Je le sacrifie alors par la section de la moelle épinière pratiquée sous l'eau, j'applique une ligature sur le canal aérien et je porte la vessie natatoire sur la cuve à mercure pour recueillir l'air nouveau qu'elle contient et en déterminer la compo- sition chimique. » L'analyse de cet air révèle une proportion d'oxygène bien supérieure à celle qui se trouvait dans l'air expulsé par l'action de la machine pneu- matique, et bien supérieure aussi à la proportion que -contient l'air dissous dans l'eau. Je vais citer des exemples : )i Huit Tanches {Cjprimts Tinca) dirent prises dans les mêmes conditions ; sept furent sacrifiées par la section de la moelle épinière; l'air de leur vessie natatoire fournit une proportion d'oxygène inférieure à 8 pour loo pour chacune d'elles. La huitième fut soumise aux conditions expérimen- tales que je viens d'indiquer, et sacrifiée au bout de quinze jours. L'air de la vessie natatoire offrait alors 60 pour 100 d'oxygène. )) Trois Congres {Murœna Concjer) furent choisis dans des conditions C. R., i8G3, a™» Semeure. (T. LVII, N° 20.) IO9 (8.8) zdentiques : l'un d'eux sacrifié immédiatement présenta 3o pour roo d'oxy- gène. Un autre fut soumis à l'action de la machine pneumatique jusqu'à ce que la colonne de mercure fût descendue à 20 centimètres, puis il fut replacé dans un bassin d'eau de mer; sacrifié deux jours après, il présenta 62 pour 100 d'oxygène. Le troisième Congre fut soumis une première fois à l'action de la machine pneumatique mesurée par une colonne de mercure de 9 centimètres, puis porté dans le bassin d'eau de mer; le lendemain il fut soumis une seconde fois et avec les mêmes précautions à l'action de la machine pneumatique, dans le but de faire sortir plus complètement l'air ancien resté dans la vessie natatoire; il fut reporté ensuite dans le bassin d'eau de mer, et sacrifié après vingt-quatre heures : l'analyse de l'air de la vessie natatoire montra que l'oxygène s'y élevait à 87 pour 100. » Je ne mullipUerai pas davantage ici les exemples; ceux que je viens de citer montrent des faits nouveaux, à savoir : que chez les poissons qui pos- sèdent un canal aérien et qui ont été placés dans l'impossibilité d'emiiriin- ter les gaz de l'atmosphère, la vessie natatoire se remplit bientôt d'un air nouveau singulièrement riche en oxygène ; de plus, que l'air se renou- velle même dans les espèces dont la vessie natatoire ne possède pas les organes vasculaires connus sous le nom de corps rouges. » Je vais maintenant parler des poissons qui ont la vessie natatoire com- plètement close. Comme on ne saurait employer avec ces poissons le pro- cédé de la machine pneimiatique, voici celui que j'ai mis en usage pour enlever l'air de la vessie natatoire. Je pratique sur ces poissons la ponction de la vessie natatoire à l'aide d'un trocart fin, et je recueille sous l'eau une partie de l'air contenu dans cet organe. L'épaisseur des tissus qu'il faut traverser fait que la plaie très-étroite produite par le trocart se referme à mesure que l'on retire cet instrument, et ne laisse pas entrer l'eau dans la vessie. Après la ponction, je laisse vivre le poisson dans les meilleures con- ditions physiologiques, et je le sacrifie au bout d'un ou de plusieurs jours. Voici quelques exemples : » Quatre Perches [Perça Jluvialis) furent prises dans les mêmes condi- tions, et ponctionnées sous l'eau. L'air de leur vessie natatoire contenait une proportion d'oxygène comprise entre 19 et 25 pour 100. Elles furent sacrifiées au bout de dix jours. La proportion d'oxygène était alors com- prise entre 4o et 65 pour 100. » Une Daurade [Sparus aurala) fournit par la ponction un air contenant iG pour 100 d'oxygène. Sacrifiée deux jours après, elle donna 58 pour 100. ( 8-9) Une autre Daurade fournit 17 pour 100. Elle est sacrifiée le lendemain et donne 5g pour 100. » Un Lahre [Labrus variegattis) offre à la première ponction 19 pour ico d'oxygène, et vingt-quatre heures après 5-] pour 100; un autre Labre 18 pour 100, puis 85. » Dans ces expériences on ne peut vider complètement la vessie nata- toire; il reste donc une fraction de l'air qu'elle contenait, air possédant une forte proportion d'azote. Si l'on considère que l'air retiré finalement, quand on sacrifie le poisson, est mélangé avec cette fraction d'un air ancien très-riche en azote, et que ce mélange contient cependant une proportion d'oxygène qui peut s'élever à 85, 87 pour 100 et au delà, on est conduit à penser que c'est de l'oxygène pnr qui apparaît dans la vessie natatoire. Un problème nouveau de physiologie générale s'offre donc à l'esprit. )i Ainsi le physiologiste est, comme nous le voyons, maître de faire aug- menter à volonté la proportion d'oxygène dans l'air de la vessie natatoire. Mais il importe pour cela qu'il se place dans les meilleures conditions pos- sibles, afin que le poisson soit dans un état normal ou de santé : hors de cet état, en effet, j'ai toujours vu le renouvellement de l'air se faire avec lenteur, et l'air nouveau n'offrir qu'une faible proportion d'oxygène. Il importe aussi, si l'on veut avoir une proportion maximum de ce gaz, de ne pas attendre au delà d'un certain temps pour analyser l'air de la vessie natatoire. » Après avoir parlé des conditions dans lesquelles l'oxygène augmente, je dois rappeler celles dans lesquelles il diminue. » Dans ma précédente communication à l'Académie, j'ai dit quel'asphyxie est la condition qui fait diminuer la proportion d'oxygène dans la vessie natatoire, et en outre que cette proportion diminue peu à peu et n'est égale à zéro que dans les derniers instants de la vie du poisson. » J'ajonterai que si l'on vent obtenir la disparition comjjlète de l'oxygène, il importe de faiie asphyxier le poisson dans une quantité d'eau d'autant plus grande qu'il est plus vigoureux et qu'il possède dans sa vessie nata- toire un air plus riche en oxygène. Si l'on néglige cette précaution, on pourra encore trouver une forte proportion de ce gaz après la mort. C'est ainsi qu'après avoir, sur un Labre très-vigoureux, fait monter très-haut, par des ponctions répétées, la proportion d'oxygène, je plaçai ce poisson dans une quantité d'eau qui suffisait à peine pour lui permettre de se mou- voir; il y périt très-rapidement, offrant dans sa vessie natatoire un air qui contenait encore 56 ponr 100 d'oxygène. loq.. ( 820 ) " Les poissons dont la vessie natatoire ne possède pas de corps rouges ne m'ont offert qu'une diminution relativement faible de la proportion d'oxygène, lorsque je les ai soumis à l'asphyxie. » Il est superflu de parler des variations de l'azote, ce gaz s'offrant dans l'air de la vessie natatoire comme étant le complément de l'oxygène. » Je n'ai pas parlé de l'acide carbonique; il exis'e cependant dans l'air delà vessie natatoire. Mais dans la plupart des espèces que j'ai étudiées, j'ai trouvé qu'il ne s'élevait que rarement au-dessus de 2 ou 3 pour 100. De plus, j'ai vu que ces poissons, soumis à l'asphyxie, n'offraient pas une augmentation de ce gaz en rapport avec la diminution de l'oxygène. L'étude des variations de l'acide carbonique exige des expériences spéciales ; je n'en parle pas ici. » Je résume ces deux communications en disant : L'air de la vessie nata- toire offre une composition qui, relativement à la proportion d'oxygène^ peut varier en plus ou en moins dans les conditions suivantes : » 1° L'oxygène diminue et disparaît dans l'asphyxie et autres conditions morbides ; » 2° Chez le poisson à vessie natatoire ouverte, comme chez le poisson à vessie natatoire close, l'air se renouvelle sans être emprunté à l'atmosphère, et la rapidité de ce renouvellement est en raison de la vigueur du poisson ; » 3° L'air nouveau présente une proportion d'oxygène bien supérieure à la proportion de ce gaz contenue habituellement dans l'air de la vessie natatoire, et bien supérieure aussi à la proportion contenue dans l'air dis- sous dans l'eau. » J'ai fait à Paris celles de ces expériences qui ont rapport aux poissons d'eau douce; j'ai fait les autres en Bretagne, à Concarneau, dans les bassins de l'Aquarium qu'un Membre de l'Académie, M. Coste, a fondé dans im but pratique, tout en y réservant libéralement une place pour des recherches de pure théorie. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHFMiE. — Eludes chimujues sur le cuivre. Note de MM. E. Millo.v et A. CoMMAiLLE, présentée à la précédente séance par M. Pelouze. (Suite.) (Commissaires déjà nommés : MM. Pelouze, Payen, Peligot.) " Dans plusieurs communications précédentes, nous avons présenté som- mairement l'étude de faits divers qui se rattachent tous à l'histoire du (821 ) cuivre ; avant de réunir ces recherches clans un travail d'ensemhle, nous croyons qu'il est utile de signaler encore quelques résultats destinés sur- tout à faire voir que ces révisions chimiques deviennent de jour en jour plus nécessaires. » Sulfites de cuivre . — La composition de ces sels, étudiée et discutée par plusieurs chimistes, semblait bien établie depuis le travail de M. Péan de Saint-Gilles. En dirigeant un courant de gaz acide sulfureux dans une solu- tion d'acétate de bioxyde de cuivre, on obtient un précipité jaune qui se redissout dans la liqueur; mais en portant celle-ci à l'ébullition, il se fait un abondant dépôt de petits cristaux rouges. M. Péan assigne pour compo- sition à ces cristaux Cu'0% 2S0% 2 HO. » Le dosage total du cuivre et du soufre, contenus dans les cristaux rouges, s'accorde avec cette formule; mais si l'on dose séparément le cuivre à l'état de protoxyde et le cuivre à l'état de bioxyde, on trouve que la proportion de Cu^ est trop faible de 2 pour 100 et la proportion de Cu trop forte de 3 pour 100. En outre, on reconnaît que le sel contient jusqu'à 3 pour 100 d'acide sulfurique mélangé à l'acide sulfureux. » En résumé, l'analyse exacte de cette combinaison indique jusqu'à 6 pour 100 de sulfate de bioxyde interposé dans le sel dont M. Péan donne la composition : les lavages n'enlèvent point le sulfate, avant de décomposer le sulfite lui-même. Cette interposition semble constante, car nous l'avons constatée, par des chiffres qui restent les mêmes, dans trois préparations successives de sulfite rouge. Toutefois, on parvient à s'y soustraire en chan- geant le mode de préparation adopté par M. Péan et par MM. Chevreul, Bottinger, Dœpping et Rammelsberg, qui ont examiné ce sel avant lui. En définitive, ce composé, exempt de tout mélange et obtenu dans un état de pureté irréprochable, a bien pour formule Cu=0^2S0^ 2 HO, soit Cu' O, SO- + CuO, SO' + 2 HO. » Il offre cette particularité analytique assez curieuse de fournir les mêmes nombres en bioxyde de cuivre et en acide sulfurique, lorsqu'il est pur et lorsqu'il est mélangé de 6 pour 100 de sulfate de bioxyde. » Le dépôt jaune formé par l'acide sulfureux, dans une solution d'acétate ( 822 ) de bioxvde de cuivre, a été considéré par M. Péan comme un hydrate par- ticulier du sel précédent ; il lui assigne pour formule Cu»0% 2S0% 5H0. » La détermination totale du cuivre, faite par M. Péan, coïncide très- exactement avec la formule précédente; mais en dosant la proportion rela- tive de Cu^ et de Cii, on observe des écarts inconciliables avec cette formule et bien plus prononcés que dans l'analyse du sulfite rouge. » Nous avons obtenu dans diverses préparations: 7,60, 11,66 et 19,72 pour 100 de cuivre à l'état de protosel; la formule adoptée par M. Péan exigerait 28,78 de cuivre à l'état de protoxyde. Malgré les varia- tions que nous signalons dans la constitution de ce composé, le dosage total du cuivre donnait toujours le même nombre, exactement pareil à celui que M. Péan a indiqué. Il en résulte que ce produit jaune représente un mé- lange dans lequel le poids du cuivre demeure fixe, tandis que le degré d'oxygénation du métal varie énormément d'une préparation à l'autre. 1) Il est probable que l'acide sulftueux et l'acétate de bioxyde de cuivre donnent d'abord naissance à un sulfate de bioxyde insoluble et instable, dont les molécules réagissent les unes sur les autres, l'acide sulfureux s' oxy- dant aux dépens du bioxyde de cuivre, jusqu'à ce que le sulfite rouge apparaisse et fournisse un nouvel état d'équilibre aux éléments. » Nous avons fait quelques essais pour obtenir la combinaison de l'acide sulfureux avec le bioxyde de cuivre; nous y sommes parvenus en saturant de l'alcool absolu par du gaz sulfureux et en y projetant de l'hydrate de bioxyde de cuivre. Il se produit une poudre verte, insoluble dans l'eau, résistant aux lavages et uniquement formée d'acide sulfureux, d'eau et de bioxyde de cuivre. » Dans ce sel, le bioxyde de cuivre est quadri-atomique, alors même que l'alcool saturé dacide sulfureux est employé en grand excès. La for- mule de cette nouvelle combinaison est la suivante : SO%4CuO, 7HO. u c'est un exemple de plus à ajouter aux combinaisons dans lesquelles ou voit des sels à oxyde polyatomique se constituer malgré la présence d'un excès d'acide. » Proloclilorure de cuivre ammoniacal cl bichlorure de platine. — La réaction si nette du protochlorure de cuivre ammoniacal sur les sels d'argent, qui se ( 8^3) réduisent et fournissent un poids d'argent métallique rigoureusement pro- portionnel à la quantité de protosel de cuivre, nous a conduits à examiner les rapports d'affinité existant entre le protochlorure de cuivre ammoniacal et le bichlorure de platine. » Le plaline du bichlorure n'est pas réduit à l'état métallique et est seu- lement ramené à l'état de protochlorure; quel que soit l'excès du protosel de cuivre, la réduction ne va pas plus loin. Il ne faudrait pas en conclure de suite que l'affinité du chlore est plus forte pour le platine que pour l'ar- gent. Il y a là une influence particulière qu'd faut attribuer à l'intensité des combinaisons que le protochlorure de platine forme avec l'ammoniaque, combinaisons dont M. Reiset a si heureusement fait connaître la constitu- tion et la nature. » Voici ce qui se passe : lorsqu'on verse le bichlorure de platine en so- hition concentrée dans une liqueur très-ammoniacale saturée de protochlo- rure de cuivre, il se fait un précipité cristallin, violet, quelquefois d'une teinte pure, rappelant les belles nuances de quelques sels cobaltiques, d'au- tres fois tirant un peu sur le gris. Dans ce dernier cas, les cristaux sont plus petits; ils sont toujours formés par de longs prismes terminés carrément, isolés ou diversement groupés et souvent creusés de deux cavités coniques se rapprochant par leur pointe. » Ces cristaux, très-stables lorsqu'ils sont secs, sont insolubles dans l'eau, dans l'alcool et ne s'altèrent qu'à la longue par les lavages; ils ont une composition exactement représentée par Pt, CiO -) Cl, AzH^ )) On peut dédoubler leur formule et les considérer comme la combinai- son d'un bichlorure de cuivre ammoniacal Cu Cl, AzH% décrit par R. Kane, avec le chlorure de Magnus PtCl, AzH'. Mais il est plus probable que cette combinaison représente le chlorure d'une base à deux métaux, analogue aux bases unimétalliques qui ont été décrites par M. J. Reiset; elleen diffère, parce qu'elle contient en même temps du cuivre et du platine, dont les réactions sont également masquées. C'est le premier exemple, du moins nous le pensons, d'un chlorure ammoniacal bimétallique. Les réactions de ce nouveau composé, tant avec les acides qu'avec les bases, n'admettent guère une autre supposition. )) Nous aurions à faire connaître plusieurs composés intéressants qui en dérivent; mais cette étude nous ferait sortir de l'histoire proprement dite de cuivre, à laquelle nous désirons nous borner en ce moment. » ( 824 ) PATHOLOGIE. — Siif la question de la pellngre dans les asiles d aliénés. Extrait d'une Note de M. Laxdoczy. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. « Devant publier dans les journaux de médecine une réponse suffisam- ment étendue à l'attaque dont l'une des conclusions de mon dernier tra- vail vient d'être l'objet de la part de MM. Labitle et Pain, je me bornerai seulement à quelques remarques qui permettront déjuger de quel côté doit se trouver la vérité sur l'importante question de la pellagre dans les asiles d'aliénés. » D'abord, je commence par protester contre une grave erreur que mes confrères m'attribuent dans le passage suivant de leur Note : <( Dans le tableau de M. Landouzy, on trouve ceci : Asile de Lille, » 417 aliénés; pellagreux, o. Et voici que, dans le numéro du 8 octobre der- » nier de la Gazette des Hôpitaux, le médecin de l'asile de Lille, M. Joire. M publie les résultats de ses recherches, et trouve, sur 54o aliénés, 17 pel- » lagreux. » » Or, rien de moins exact que cette accusation. D'abord M. Joire n'est pas à l'asile de Lille, mais à l'asile de Lommelet. Ensuite, si, cette année, M. Joire a trouvé 17 pellagreux sur 54o aliénés, l'an dernier, à l'époque où a été dressé mon tableau, il n'en a pas trouvé un seul sur les 556 aliénés de son asile! L'enquête de M. Joire, qui a donné le chiffre o, a été faite avec le directeur de l'École de Médecine de Lille, M. Cazeneuve, avec deux autres professeurs dont je n'ai pas inscrit les noms, et avec moi. M. Joire a donc porté sur ses tablettes le même chiffre que moi, c'est-à-dire zéro. » Nous avions visité également dans le département du Nord, avec M. de Smyttère, l'asile de Lille; avec M. le docteur Butin, l'asile d'Armentières, et sur ces 1640 aliénés que nous avons passés en revue, main par main, nous avions noté : zéro pellagre. C'est ce résultat qui est inscrit dans ma statistique. Il Maintenant, pourquoi M. le docteur Joire, qui n'avait trouvé que zéro l'an dernier, après une visite très-attentive avec nous, a-t-il trouvé dix-sept pellagreux sur un moindre chiffre d'ahénés de son asile ? Il serait trop long (le discuter ici les variations des conditions alimentaires selon les années, selon la qualité et le prix des denrées, etc., et je me bornerai à rappeler qu'à l'asile de Sainte-Gemmes, le médecin en chef, M. Billod, ayant substi- ( 825 ) (lié, pendant une année, une ralion quotidienne de vin à la ration hebdo- madaire, a déclaré ne pas avoir observé un seul cas de pellagre. A l'asile de Montreuil, le directeur, M. Berthand, ayant augmenté le nombre des co- lons (ouvriers agricoles), et diminué la ration de légumes secs pour la remplacer par des légumes frais, je n'y ai trouvé, cette année, qu'une di- zaine d'anciens pellagreux, au lieu d'une trentaine tant anciens que nou- veaux que j'y trouvais les années dernières, quand j'allais en chercher vingt-quatre ou vingt-cinq des plus valides pour les amener à ma leçon cli- nique de Reims. » Deux mots seulement encore, car cette simple rectification réduit assez l'attaque pour que je borne là ma défense. » Si c'est l'aliénation qui, comme entité morbide, produit la pellagre, pourquoi, dans les asiles de France et d'Italie, pas un seul pensionnaire n'est-il pas devenu pellagreux? Pourquoi, sur les 48 asiles français et ita- liens que j'ai visités, ou sur lesquels j'ai reçu de précis documents des médecins en chef, y en a-t-il 27 qui sont complètement exempts; /( qui n'en ont qu'un seid ; 3 qui n'en ont que deux ; 4 qi'i "'en ont que tiois ; I qui n'en a que quatre; 4 4111 n^it^ ont que de cinq à huit? Poussant la discrétion et la vérité jusqu'à l'extrême dans ces chiffres, j'en ai mis 10 à Turin, sur 863 aliénés, après avoir cependant acquis la certitude et après avoir montré au médecin en chef, M. Bonacossa, par ses propres notes, que 6 au moins étaient évidemment pellagreux avant que d'être aliénés. Ce serait donc 6 à retrancher. J'en ai mis 7 à Lyon, sur 800 aliénés, malgré l'assurance que me donnait l'éininent docteur Arthaud, que la plupart de ces sujets avaient eu évidemment la pellagre avant l'aliénation. » Comment donc mes honorables confrères de Clermont viennent-ils au- jourd'hui, devant l'Institut, m'accuser publiquement d'avoir diminué les chiffres de pellagreux, tandis que je les ai manifestement augmentés dans «ne statistique destinée à éclairer l'une des plus grandes questions de mé- decine et d'iivgiène publique? » Tout le monde comprendra parfaitement les différences d'hygiène et de régime alimentaire entre les différents asiles d'aliénés ; mais à qui fera- t-on croire que l'aliénation produit la pellagre dans les uns, et ne la pro- duit pas dans les autres ? Il est une vérité qu'il faut avoir le courage d'énon- cer, « c'est que les budgets ont des rigueurs à nulle autre pareilles, et que » ceux qui répartissent i^'',a5 ou l'^^So sur les besoins d'un aliéné per- » mettent des largesses que le prix de i franc éloigne d'une manière ab- li sol lie. » G. R., i8G3, 2"" Semestre. (T. LVll, N» 20.) ' '° ( 826 ) » Quel est l'auteur de celte déclaration? Ce sont mes honorables con- frères de Clermont, dans leur première lettre, qui m'a beaucoup éclairé sur la véritable étiologie de la pellagre dans les asiles. Cette déclaration avait- elle en vue l'influence de l'aliénation ou l'influence du régime? Comment MM. Pain et Labitfe ont-ils pu espérer faire admettre par l'Académie des Sciences qu'un professeur de clinique médicale qui étudie la ])ellagre de- puis quatorze ans, et cjui, depuis quatre années consécutives, lui adresse régulièrement le résultat imprimé de ses travaux, aura pu commettre six erreurs de diagnostic à l'occasion de six érythèmes pellagreux ? Il fallait laisser au médecin de Madrid la consolation de croire à une erreur du médecin de Reims, et ne pas me fournir l'occasion solennelle de protes- ter. Que MM. Pain et Labitte se rendent dans les hôpitaux de Madrid mes observations à la main, et ils pourront voir alors de quel côté est la vérité. Quels rapports, d'ailleurs, entre l'influence de l'aliénation sur les pellagreux de Clermont, et la présence ou l'absence de six pellagreux à Madrid ? » ZOOLOGIE, — Essai sur la classification des Mollusques gastéropodes. Note de M. Gouriet. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valencienues.) " Une division des Gastéropodes, basée sur les organes générateurs, offre ce vice radical que beaucoup d'espèces réputées hermaphrodites sont chaque jour reconnues unisexuées, et que d'autre part des Mollusques manifestement voisins, comme les Hélix et les Cyclostomes, sont forcément séparés si on con- sidère leurs organes sexuels. )> Aussi la plupart des auteurs ont-ils eu raison de choisir l'appareil respi- ratoire comme base de classification, puisque la position de l'organe prin- cipal de l'hématose entraîne la position du cœur et généralement celle de l'anus. Cependant, si on examine la division la plus généralement suivie, celle de Cuvier par exemple, on ne peut se défendre d'une certaine surprise en voyant sur une même ligne des ordres établis d'après plusieurs caractères inégalement importants, quoique puisés pour la plupart dans Tappareil res- piratoire. C'est ainsi que pour les Nudibranches on considère d'une façon générale la position à découvert, tout en faisant une restriction pour mettre à part les Inférobranches qui, en réalité, sont bien des Nudibranches. Plus loin on n'envisage que la forme pectinée, d'où les Pectinibranches, sans re- u)arquer que dans d'autres divisions, les Tectn)ranches par exemple, il existe aussi parfois cette forme de branchies. Ce dernier mot deTectibranche ( 827 ) offre d'ailleurs a l'espril le même sens que Scutibraiiche, d'où parfois nue équivoque. L'expression de Tubulibranche semblerait faire croire à une forme tubuleuse des branchies, alors qu'il ne s'agit que de la forme tubu- lée de l'animal. Pour les Hétéropodes on met tout à fait de côté l'examen des branchies pour établir en parallèle avec les divisions précédentes un caractère de médiocre valeur, la forme du pied. Le mot de Cyclobranche serait peut-être le plus heureux s'il n'y avait de confusion, en prenant les choses à la letlre, entre eux et les Inférobranches. » Ajoutons enfin (il est vrai que c'est une considération moins sérieuse) que beaucoup de ces expressions sont empruntées à deux langues à la fois. » En résumé, disons que pour étal)lir des ordres on a fait marcher de front tout à la fois la position des branchies, la forme des branchies, la forme du pied, la forme générale de l'animal, sans assigner à ini seul de ces points de vue une prééminence marquée sur tous les autres. Pour mettre eu pratique ce principe de subordination de caractères, dont l'auteur de la classification précédente est l'illustre père, que fallait-il? Après avoir pris l'appareil respi- ratoire pour base, choisir le plus important de ses caractères et établir sur lui seulement les divisions premières. Cet important caractère, quel est-il.' Cet doit être uniquement la position des branchies, bien supérieure à la forme. Or ces liranchies ne peuvent avoir que trois positions : » Ou tout à fait extérieures; il Ou tout à fait intérieures, et alors cachées dans une cavité recouverte elle-même par une cocpiille généralement enveloppante; » Ou bien simplement protégées par un test incomplet, état intermédiaire aux deux précédents. » De là trois grandes divisions, après toutefois qu'on a fait des Pulmonés une sous-classe à jjart : les Exobranches, les Stégibranches, les Endo- branches. » I. L'ordre des Exobranches peut se subdiviser ensuite d'après le point de la périphérie où les branchies sont insérées : » 1° Epibranches, qui les ont sur le dos (Doris, Glabelline, etc.). » 2° Péribranches, autour du manteau (Tritonie, Glaucus, Scyllée, Plo- camocère, etc.). Les Éolidies tiendraient à la fois des Epibranches et des Péribranches. » 3° Hypobranches (anciens Inférobranches de Cuvier). Les Théthys tiendraient à la fois des Epibranches, des Péribranches et des Hypobranches. » 4" Pleurobranches, qui les ont sur le côté (Pleurobranche, Pleuro- I lO.. ( 828 ) braiichide, Laitiogère, etc.). Les Pleiirohraiiches conduisent à la fois aux Stégibranches par leur petit test, à la plupart des Endobranclies par la forme pectinée des branchies. » II. L'ordre des Stégibranches (de ars;)', toit) comprendrait quatre divisions : » 1° Les Stégibranches proprement dits, correspondant auxTectibranches de Cuvier, moins les Pleurobranches, et aux Scutibranches du même auteur. » 2" Les Cyclobranches, correspondant à ceux de Cuvier. » 3" Les Sîégibranches hétéropodes (anciens Ilétéropodes de CnvierJ qui ont, si on prend la Carinaire pour type, le cœur et les branchies sous une petite coquille. On y laisserait la Girole d'Edwards et les autres Ilétéropodes, qui, bien que dépourvues de coquille, doivent rester auprès de la Carinaiie à cause de leur analogie avec elle. » 4° Enfin les Janthines, qui ont leurs lames branchiales à demi cachées par la coquille et qui, comme les Hétéropodes, méritent une place à jiarl à catise de leur curieux appendice. Leurs branchies pectinées sont aussi une transition des Stégibranches aux Endobranches, comme entre ces derniers et les Exobranches il en existe une par l'entremise des Pleurobranches. )) III. L'ordre des Endobranches correspondrait assez bien aux Pectini- branches et aux Tiibulibranches de Ctivier. » On pourrait les diviser en Tiu'biués et en Tabulés. » 1° Les Turbines (anciens Pectinibranches) pourraient conserver l'an- cienne subdivision de Cuvier (Trochoïdes, Capuloides, etc.), ou mieux celle beaucoup plus naturelle de M. de Blainville (Siphonobranches et Asipho- nobranches). » 2° Les Tnbidés seraient les anciens Tubulibranches, qui n'ont qu'un insignifiant rapport de forme avec les Serpules et autres Annélides tubicoles. >) Les rapports qui unissent chacuivdes ordres précédents avec les deux autres sont cause que, si on voulait les représenter schémaliqnement, on ne devrait point les établir sur une seule et même ligne, ni même sur deux ou trois lignes parallèles, mais bien selon les trois sommets d'un triangle. » La classification que nous venons de [proposer ne subsisterait pas moins, alors même qu'en rejetant la considération du pied locomoteur ou remplacerait l'expression de Gastéropode par celle de Céphalidien (M. de Blainville). .Seidement, à l'instar de ce grand naturaliste, on placerait dans les Acéptialés tons ceux des Gastéropodes de Cuvier cpii n'ont pf)iiit de ( Sag ) lète apparente cl qui feraimt ainsi une sorte de transition entre les Céplia- lidienset les Acéphales. » Enfin, pour terminer ce sujet, je me demande si la présence ou l'ab- sence du siphon chez les Acéphales ne pourrait pas faire établir ces derniers dans une position semi-parallèle avec les Turbines Si|)honobranches et les Turbines Asiphonobranches dont nous avons parlé plus haut. « MÉTÉOROLOGIE. — Sur les cloik'S filantes. Extrait d'un Mémoire de M. Coulvier-Gravier. (Commissaires, MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) « L'Académie, je l'espère, n'a pas oubUé les nombreux planisphères que j'ai eu l'honnetu- de faire passer sous ses yeux, et les Rapports favorables de ses Commissions. Je me permettrai cependant de lui rappeler c[ue, dans ces communications, j'ai, entre autres résultats nouveaux, fait connaître la variation horaire des étoiles filantes, qui n'avait pas même été soupçonnée jusqu'alors; que j'ai établi les époques des maximum et des minimum; qu'enfin, pour le maximum du 12 au i3 novembre regardé par quelques astronomes comme toujours aussi brillant qu'en 1799 et i833, j'ai fait voir qu'il avait disparu complètement pour faire place à un véritable mi- nimum. Cette communication a été faite il y a environ quinze ans, et il n'en a pas fallu moins de dix pour obtenir des astronomes étrangers l'aveu que ce maximum n'était plus que l'ombre de lui-même. >i L'Académie sait aussi avec quel soin, quelle persévérance j'ai suivi les grandes apparitions d'août dont j'ai tracé avec précision la marche ascen- dante et descendante. Les cartes particulières que j'ai dressées pour les uîiits des 9, 10 et I I août, tendent à faire voir qu'il n'existe pas de point radiant pa; ticulier. )) La dernière partie du Mémoire que j'ai 1 honneur de soumettre au- jourd'hui au jugement de l'Académie, est consacrée à un examen des di- vers systèmes météorologiques qu'on avait essayés autrefois et qu'on essaye encore aujourd'hui. Les anciens, privés d'instruments, n'avaient pu por- ter leur attention que sur les nuages, les vents, le soleil, la lune, etc., sans oublier les étoiles filantes; mais comme toutes ces observations n'avaient pas été suivies constamment, la science météorologique en avait souffert. Je ne parlerai pas du système lunaire, car l'Académie sait que tous ceux qui ont voulu le mettre en pratique n'ont trouvé eu fin de couipte qu'un résultat entièrement négatif. ( 83o ) » Si chacun prend un intérêt si vif à la météorologie, c'est que, sous ce rapport, il lui importe, en bien des circonstances, de connaître ce qu'il doit craindre ou espérer de l'arrivée successive des produits météoriques. Il s'agissait donc de trouver le meilleur moyen de satisfaire ce désir si lé- gitime. Le moyen tant cherché ne pouvait s'obtenir par un travail purement de cabinet ou de statistique : c'était dans une observation complète de tous les météores vus dans toutes les couches, régions et zones atmosphé- riques, aussi loin qu'il était permis à la vue de l'homme d'aller les cher- cher. L'Académie sait, par toutes mes communications, eu quoi consiste mon système météoiique; je n'y reviendrai pas, je dirai seulement que ce qui! était important de découvrir, c'était le signe précurseur de toutes les oscillations barométriques, et c'est ce que j'ai obtenu. Ce signe précur- seur, recueilli dans le ciel des météores filants, nous renseigne non-seule- ment sur la hausse ou la baisse du baromètre, mais, de plus, il nous doime en même temps le complément des renseignements qui nous sont indispen- sables afin de bien connaître la force du météore qui va se produire. ') L'Académie a vu surtout, par l'album météorique que j'ai eu l'hon- neur de lui présenter en avril dernier, comment la hauteur des eaux de la Seine (en ne nous occupant que de ce qui se passe dans la région où se font les observations) était en rapport avec la marche des résultantes des étoiles filantes et de leurs perturbations; elle a vu aussi qu'il en était de même pour la chaleur et pour le froid. Enfin, elle a vu qu'en résultat final la prévision totale des produits météoriques obtenus à la fin d'avril se réalisait dans les mois suivants. )) Qu'il me soit permis, d'ailleurs, de faire remarquer que, dans mes pre- mières Notes comme dans mes publications plus récentes, j'ai toujours recommandé de ne pas se borner aux .seules observations fournies par les instruments météorologiques, mais d'y ajouter au moins, à défaut des observations d'étoiles filantes, celles des différentes couches de nuages, indiquant que ce serait là un faible progrès en météorologie, mais enfin que ce serait un progrès pour la science pratique. L'Angleterre s'est emparée de cet avis si souvent répété, et elle a pu en tirer quelque profit. .Seule- ment, nous pensons qu'elle a eu tort de ne pas faire un essai d'observations d'étoiles filantes, qui auraient été le complément des mesures adoptées pnr l'Amirauté. )> Je terminerai mon Mémoire en annonçant à l'Académie que le nombre .horaire moyen d'étoiles filantes, ramené à minuit par un ciel serein, qui, ( 83i ) en i833, était de i3o, et qui, depuis, était descendu à g et i i , est re- monté, le 12 et le i3 novembre de cette année, à 16,7, ce qui montre que ce phénomène, comme celui d'août, reprend une marche ascendante. » CHIRURGIE. — Sur un cas d'extirpation presque totale de la lamjue au moyen de la cautérisation en flèches; par M. Maisonseuve. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, J. Cloquet, Jobert de Lamballe. ) i( L'extirpation totale ou presque totale de la langue a toujours été con- sidérée par les chirurgiens comme une des opérations les plus graves et les plus difficiles. » C'est d'abord la position profonde de l'organe qui gène la manœuvre opératoire. C'est aussi le voisinage immédiat des voies digestives et respira- toires qui donne une gravité spéciale aux accidents les plus simples, en eu faisant luie cause de suffocation ou d'empoisonnement. C'est enûn l'extrême vascularité de l'organe qui déjoue souvent la puissance des meilleurs hé- mostatiques, et laisse le chirurgien dans l'inquiétude incessante d'hémor- rhagies redoutables. « Aussi voyons-nous que dans le petit nombre de ces opérations dont la science nous a conservé les détails, les chirurgiens ont cru devoir s'entou- rer de précautions extrêmes et préluder à l'opération principale par d'autres opérations accessoires, telles que la division transversale des joues, la divi- sion verticale de la lèvre inférieure et la section de l'os maxillaire inférieur, l'extirpation partielle de ce même os maxillaire, l'incision transversale des parties molles de la région sus-hyoïdienne, leur incision verticale, la liga- ture préalable des artères linguales, la ligature de l'artère carotide ex- terne, etc. Encore toutes ces opérations préliminaires, souvent fort dange- reuses par elles-mêmes, n'offraient-elles contre les accidents spéciaux de l'opération qu'une garantie fort précaire. 1) La ligature extemporanée avait semblé promettre de meilleurs résul- tats, mais l'expérience a démontré que cette méthode, si précieuse à tant de titres, n'offrait pas encore une sécurité suffisante contre l'hémorrhagie (i). (i) Foir les observations de M. Foucher, de M. Pasturel (Union, •254), o"^ 'l^s hémorrlia- gies graves ont lieu après des opérations pratiquées par l'écrasement linéaire et ont eu néces- sité, l'une la ligature de la carotide externe, l'autre la ligature en masse du moignon. ( 8:^2 ) » Tel était l'état des choses quand j eus la pensée d'appliquer a cette grave opération la méthode nouvelle de la cautérisation en flèches, dont j'avais obtenu et dont j'ohtiens chaque jour de si merveilleux résultats dans l'extirpation des tmneurs. Cette méthode, en effet, possède au plus haut degré cette puissance hémostatique, dont l'insuffisance, dans les autres mé- thodes, était la cause de tant d'accidents. Mais elle a de plus l'avantage de n'exiger aucune opération préliminaire et d'être surtout incomparablement plus simple qu'aucune autre dans son exécution et dans ses suites. » Uue crainte cependant nous avait arrêté d'abord dans l'application de cette méthode aux tumeurs de la langue, c'était de voir des portions de sub- stances caustiques pénétrer dans les voies digestives et y déterminer des ac- cidents d'empoisonnement ; aussi n'avons-nous dû procéder qu'avec pré- caution dans nos tentatives. « Mais l'expérience ne tarda j)as à dissiper toutes ces appréhensions, et nous en sommes arrivé désoi-mais à cette certitude que de toutes les mé- thodes opératoires appliquées à la destruction des tumeurs de la langue, la cautérisation en flèches est de beaucoup la plus innocente, en même temps qu'elle est la plus simple dans ses suites el la plus facile dans son exécution. » Il va sans dire que dans l'exécution de cette méthode les flèches doi- ' vent être immergées complètement dans le tissu de la tumeur. » Suit l'observation d'un malade affecté d'un cancer chez lequel la presque totalité de la langue a été détruite avec succès au moyen de la cautérisation en flèches et chez lequel on a pu adapter une langue artificielle en gutta- percha pour faciliter la déglutition et la parole. Le malade a été soumis à l'examen des Membres de l'Académie dans la salle qui précède celle des séances. M. DE Caligxy soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : « Nouvelles considérations sur quelques anciennes roues hydrauliques ver- ticales et autres décrites et figurées par les auteurs des trois derniers siècles, mais oubliées dans les Traités des Machines hydrauliques. » (Commissaires précédemment nommés: MM. Combes, Morin.) M. Maxdet adresse de Tarare une addition à sa Note sur l'emploi du ■sulfate (F ammoniaque pour rendre les mousselines ininflammables, et y joint divers échantillons de tissus, les uns tels qu'ils sont livrés au marchand, les ( 833 ) autres préparés par son procédé et dont l'éclat ou la fraîcheur des teintes n'a été nullement terni. Ces pièces sont renvoyées, comme l'avait été la première Note reçue, à l'examen de la Commission du prix dit des Arts insalubres. M. GossART adresse un Mémoire intitulé: « Projet d'une Table des carrés destinée à faciliter les longs calculs ». (Commissaires, MM. Duhamel, Morin, Bertrand.) M. Thassy envoie une Note accompagnée d'une figure sur mi nouveau système d'autolocomotion aérienne à hélice. (Commissaires, MM. Babinet, Faye.) CORRESPONDANCE. M. i.'Ambassadeir d'Autriche annonce qu'un Mémoire a été adressé de New-York au concours pour le legs Bréant par M. Manus Prister, sujet autrichien. Ce paquet a été retenu à l'Administration centrale des postes pour quelque défaut de forme; M. l'Ambassadeur prie l'Académie de vou- loir bien le réclamer et lui transmet le bulletin délivré par l'Administration des paquebots. « M.leGéxéual Mori.\ présente de la part de M. Michelot, ingénieur des Ponts et Chaussées, une Note imprimée extraite des annales des Ponts et Clunissées. sur la résistance à l'écrasement des pierres calcaires des départe- ments de la Seine, de Seine-et-Oise, de la Marne et de l'Aisne. » 31. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance: i°la seconde partie d'une publication de M. Duchenne, de Boulogne, sur le mécanisme delà physionomie humaine; 2° un opuscule de ;}7.iîoj(;ucefl», intitulé : « Expériences sur la dilatation des maçonneries «; 3" luieNote italienne de M. G. Campani sur la production de l'urée. M. Velpeau présente, au nom de l'auteur, M. le professeur Tigri, une Note écrite en italien « sur un nouveau cas de bactéries dans le sang d'un homme mort d'une fièvre typhoïde à l'hôpital de Sienne. )> C. R., 1863, a"" Semestre (T. LVll, N" i8.) III ( 834 ) « M. Le Vekrier, dans la séance dernière, à la suite de son Rapport con- cernant la pyramide de Villejuif, a dit que plusieurs des bornes et des signaux naturels servant de repères à la Géodésie française ont disparu. Il a exprimé, avec plusieurs Membres de l'Académie, le désir que l'État prenne toutes les mesures nécessaires pour la conservation et, au besoin, pour la restauration des bornes et des signaux de la triangulation de la France. » M. le Général Blondel, Directeur du Dépôt de la Guerre, transmet à ce sujet à l'Académie la Note suivante, qu'il a remise à M. le Maréchal Vaillant : « Le Directeur du Dépôt de la Guerre, convenablement autorisé par le )) Minisire, a l'honneur de faire connaître à l'Académie des Sciences qu'il » s'associe avec empressement aux regrets exprimés par H. Le Verrier et » plusieurs Membres de l'Académie à l'occasion de certains signaux de la » Carte de France malheureusement disparus. » Il se féliciterait de voir prendre toutes les mesures propres à assurer » la conservation de ce qui subsiste encore des bornes qui ont marqué sur » le sol la position de toutes les stations de premier ordre. » M. Lytterhoevex, chirurgien en chef des hô])itanx de Bruxelles, annonce l'envoi d'un exemplaire de ses œuvres scientifiques dont il prie l'Académie de vouloir bien accepter l'hommage. M. LE Conservateur DE LA Bibliothèque de Besançon remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs volumes de ses publications, et, signalant quelques lacunes qui existent dans la série qu'elle possède des publications de l'In- stitut, demande s'il serait possible de les combler. (Renvoi à la Connnission administrative.) PHYSIOI-OGIE VÉGÉTALE. — Remarques sur la décomposition dit gaz acide carbonique par les feuilles diuersement colorées. Noie de M. S. Cloez, présentée par M. Chevrenl. Cl Des expériences nombreuses ont établi que les végétaux pourvus de feuilles s'assimilent du carbone sous l'intluence de la lumière, par la réduc- tion de l'acide carbonique, en donnant lien à un dégagement d'oxygène. Les parties des plantes exposées au jour présentent des coideurs variées, parmi lesquelles domine la verte; c'est la couleur ordinaire et poiu- ainsi ( 835 ) dire normale des jeunes tiges, des feuilles, des bractées, des calices, etc., et on doit la considérer comme essentielle aux parties qni décomposent l'acide carbonique. » Certaines plantes paraissent dépourvues au premier abord de la ma- tière verte ; ainsi il y en a dont les feuilles sont brunes ou rougeàtres ou d'un pourpre plus ou moins foncé; elles vivent et s'accroissent connue les plantes à feuilles d'un vert pur; si on les examine attentivement, on recon- naît qu'elles contiennent toujours isolément à l'état de mélange une quan- tité plus ou moins grande de matière verte, et mes expériences démontrent que c'est en raison de cette matière que se fait la réduction de l'acide car- bonique et qu'a lieu par suite l'accroissement de la plante. » De ce que les parties des plantes qui ne sont point vertes, telles que le bois, les racines, la plupart des pétales, les panachures blanches des feuilles, et les feuilles qui sont devenues totalement rouges ou jaunes en automne, n'exhalent pas de gaz oxygène, il ne faut pas en inférer, d'après Th. de Saussure, que la couleur verte soit un caractère essentiel aux parties qui décomposent le gaz acide carbonique, ni un résultat nécessaire de cette décomposition. De Saussiu-e appuie son opinion d'iuie expérience faite avec la variété de X Atriplex liorlensis, où toutes les parties vertes sont remplacées par des parties rouges ou d'un pourpre foncé; cette plante a fourni sous l'eau de source, dans l'espace de cinq ou six heures, sept ou huit fois son volume de gaz oxygène, qui ne contenait que o,i5deson volume de gaz azote (i). » J'admets que la plante soumise à l'expérience a effectivement décom- posé l'acide carbonique, j'ai pu vérifier le fait en répétant l'essai; mais j'ai constaté aussi qu'il existe dans le tissu de la feuille rouge 24 7 Azote 1 3 , 1 2 32 100,00 241 » Les parties rouges de la même plante n'ont rien donné, de même que les parties jaunes. » Les feuilles violet-rouge de r^mara»;//i<5 /flî/f/aiinoline. Tous ces sels se décomposent facilement à une élévation de température. Le chromate jaune, déjà à loo degrés, se transforme en luie masse visqueuse. )i Le cyanhydrate de merciuoquinoline nI^'"' Cy = G»H'N, GHgN, ( Hg obtenu par l'addition directe, cristallise de la solution aqueuse en de longs prismes brillants. Le composé ne montre pas les phénomènes de disso- ciation que nous avons décrits du cyanhydrate de mercuraline. n Le bichlorure d'étain, de même que les trichlornres de bismuth, d'anti- moine et d'arsenic, se combinent directement avec la quinoline; u)ais ces composés ne partagent pas de la stabilité remarquable des combinaisons correspondantes de l'aniline. ( 839 ) » Envers les acides, les composés métalloquinoliques se comportent comme les métallaniles. Exception faite de la mercuroquinoline, les sels se décomposent en fournissant des composés doubles bien cristallisés et solubles sans décomposition dans de l'eau acidulée. La composition de ces sels doubles n'est pas analogue à celle des sels doubles de l'aniline. Tandis que ces derniers renferment toujours un nombre d'équivalents d'aniline égal à l'atomicité du métal, le nombre d'équivalents de la base dans les sels doubles de la quinoline est souvent inférieur à l'atomicité du métal. Nous nous contentons de citer purement les formules des chlorures doubles sui- vants : Chlorure zincoquinolique Zn Cl, GqH' N Cl. Chlorure slibioquinolique Sb Cl% GqH'NCl. Chlorure stannoquinolique. ... Sn Cl', 2Cq H' N Cl. Chlorure bismoquinolique. ... Bi Cl', 3€q H' N Cl. » La quinoline se combine au cyanogène en se colorant en rouge. Nous nous permettons de réserver à une communication ultérieure les résultats de nos études sur d'autres combinaisons quinoliques et sur la décom- position des composés métalloquinoliques. » ANTHROrOLOGlE. — L'âge de la pierre dans les cavernes de la vallée de Tarasron {Àriége). Note de MM. F. Garrigou et H. Filiiol, présentée par M. de Quatrefages. « La découverte faite en Suisse, en Danemark, etc., d'une période anté-historique d;uis la succession des populations à la surface de notre globe, tend à faire penser que les continents devaient être habités à cette époque dans la plupart des points où ils le sont encore aujourd'hui. L'uni- formité des pièces recueillies partout où l'on a pu confirmer les décou- vertes des savants suisses et danois, le progrès dans l'emploi successif des matières premières alors utilisées par l'homme, font supposer que l'intelli- gence humaine, la même en tous lieux dans ses manifestations primitives, a dû subir l'influence de bien des milliers de siècles pour arriver au point où elle en est aujourd'hui. Deux faunes différentes ont eu le temps de se suc- céder dans la nature depuis que l'homme y a fait son apparition. Les popu- lations chez lesquelles se développèrent les trois âges de la pierre, du bronze et du fer, paraissent relier l'homme actuel à celui d'Abbeville, et par hù à celui de Chartres. ( 84o ) » Si les lacs de la Suisse servirent aux populations anté-liistoriques pour y dresser en sécurité leurs huttes de bois et de chaume, il était naturel que dans d'autres pays des hommes doués du même degré de civilisation que ceux des habitations lacustres, et possédant des moyens analogues pour fournir à leur subsistance, choisissent pour leur refuge et leur demeure des abris naturellement creusés dans le roc. , » Dans nos recherches sur la question de l'homme fossile, certains in- dices, exclusivement retrouvés à l'entrée de quelques cavernes, nous avaient déjà mis sur la voie de la théorie que nous émettons aujourd'hui les pre- miers et que nous croyons pouvoir démontrer. » Sept cavernes ont été par nous examinées dans ce but avec le plus grand soin. C'est aux cavernes de Pradières, deBédeillac, deSabart, de Niaux (grande), de Niaux (petite), d'Ussat, de Fontanet, que nous avons princi- palement cherché, jusqu'ici, les faits que nous allons énumérer. Les ca- vernes de Lombrives, de Calâmes, des Gouttières, des Meuniers ne nous ont encore fourni que des matériaux incomplets. » Ces cavernes sont parfaitement saines à l'entrée, en général sans cou- rant d'air; formant une simple salle spacieuse sans issue ou une grotte peu profonde, elles sont peu humides et leur voûte est dépourvue de stalactites. r>eur sol est couvert de débris calcaires fragmentés, véritable talus d'ébou- lement intérieur, pareil à celui qui recouvre les flancs de la montagne. Sous ce talus est une couche de terre plus ou moins argileuse. A partir de la sur- face, on commence à trouver les vestiges de la présence de l'homme-, mais c'est surtout en s'enfonçant à un ou deux mètres dans cette terre qu'on découvre les faits les plus intéressants. On arrive bientôt sur un foyer com- posé de couches successives de charbon et de cendres, à l'approche desquels on trouve en abondance les objets suivants : les os d'animaux sont frag- mentés d'une manière très-uniforme; on voit qu'ils ont été fendus de ma- nière que la moelle put en être facilement retirée ; la diaphyse est toujours ouverte, les léles sont entières, les crânes constamment brisés, et cela tant chez les Carnassiers, y compris le Chien, que chez les Ruminants, dont les os sont souvent calcinés. Nous n'avons encore vu aucun os rongé par un animal, malgré le très-grand nombre de fragments qui nous sont passés dans les mains. Des masses à' Hélix nemoralis sont répandues dans toute l'épaisseur du foyer; leur contenu a dû servir de nourriture aux hommes de cette époque. » Avec ces ossements brisés, on en trouve d'autres travaillés de différentes manières : ainsi, des poinçons faits avec des os longs de Bœuf, de Mouton { 84i ) et de Porc. La moitié de ces os est trés-régulièreraent taillée en pointe et l'autre moitié a dû servir de poignée. Des diaphyses d'os longs très-épais sont effilées en forme de lance, quelques pointes de flèche sont aussi le résultai d'un travail sur des os courts. » Des fragments de silex et quelques couteaux de même substance ac- compagnent les objets précités. Chose remarquable, le silex n'est pas la seule chose qui ait servi à faire des instruments tranchants. Des schistes sili- ceux très-compactes et très-résistnnls ont été taillés en grattoirs, et d'autres, soigneusement usés à l'une des extrémités, en forme de couteaux. Nous avons même retrouvé l'im des noyaux dont on a retiré les grattoirs, et une dalle de grès servant à l'usure des silex taillés. )) Des leptinites pugillaires à grain fin, taillées à l'une des extrémités, ont dû probablement servir à fragmenter les os longs. Des haches de lepti- nite |)eu tranchantes et une hache en serpentine proviennent des cavernes de Bédeillac et d'Ussat. » Plus de vingt meules piquées, comme les meules de nos moulins, en lepfinite, eu granit, en syénite, de dimensions différentes, variant entre o'",20 et o'^jGo de diamètre (les plus petites taillées pour être tenues à la main), proviennent des cavernes d'Ussat, de Bédeillac, de Niaux (petite). » Des fragments de quartzites, évidemment taillés pour être tenus à la main, portent à l'une de leurs extrémités une surface usée par frottement doux. D'autres, en forme de boule, portent sur l'un des points de leur sur- face une cavité qui semble creusée par une série de coups. >) Avec cela, de nombreux fragments d'une poterie grossière contenant du mica et des fragments de quartz, comme celles de la Suisse, avec deux formes tout à fait simples et primitives dans les anses. Ces débris de poteries sont tellement petits, qu'il est, pour le moment, impossible de décrire la forme des vases. » Les animaux dont les ossements ont pu être étudiés jusqu'ici sont : le Cervus elaplms, un très-grand Boeuf, un Bœuf plus petit, un Mouton, une Chèvre, une Antilope, le Chamois, le Bouquetin(?), \eSusscTofa férus, un 5usplus petit et domestiqué, le Cheval(?), le Loup, le Chien, le Renard, le Blaireau, le Lièvre, deux Oiseaux dont l'état des os ne nous a pas permis la détermination. » De ces faits et de la découverte des pièces que nous venons d'énumérer, pièces dont nous n'avons voulu faire connaître la valeur qu'en les compa- rant nous-mêmes à celles des musées de la Suisse, nous croyons pouvoir tirer la conclusion suivante : G. R., i863, z'"<= Semesiie. (T. LVII, N" 20.) I 12 ( 842 ) » Il y a eu dans les Pyrénées ariégeoises (et sans doute aussi dans le reste de la chaîne), une population anté-historique dont les moeurs et la civilisation étaient semblables à celles des populations de l'âge de la pierre en Suisse. Ces peuples habitaient l'entrée des cavernes les plus saines et les plus spa- cieuses, se nourrissaient de la chair des animaux qui abondaient dans le pays, faisant des armes de leurs os les plus résistants ainsi que des roches les plus dures. Ils cultivèrent probablement le froment comme leurs frères de la Suisse, et c'est à sa trituration qu'étaient sans doute destinées les nom- breuses meules que nous avons découvertes. Les métaux leur furent in- connus. » PHYSIOLOGIE. — Réponse de MM. N. Joly et Ch. Mcsset aux observations critiques de M. Pasteur, relatives aux expériences exécutées par eux dans les (jlaciers de la Maladettn. « M. Pasteur vient d'attaquer, au sein de l'Institut (i), les conclusions que nous avions tirées de nos dernières expériences sur l'hétérogénie (2). Bien que nous ayons dit ou voulu dire précisément tout le contraire, l'habile chimiste a cru pouvoir affirmer que des huit ballons ouverts par nous sur les hautes cimes des Pyrénées, quatre seulement s'étaient montrés féconds. Aujourd'hui qu'il a en mains des preuves péremptoires de l'erreur qu'il a coimnise sans le vouloir (3), M. Pasteur doit vivement regretter de nous avoir condamnés sans nous entendre, et même avant de nous avoir lus avec assez d'attention. )) Quoi qu'il en soit^ partant de cette idée inexacte que sur huit ballons quatre seulement nous avaient donné des productions organisées, notre adversaire s'imagine et proclame bien haut que, loin de réfuter la théorie (i) l'oir les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 2 novembre courant. (2) Comptes tendus, séance du 21 septembre i863. (3) Au nombre de ces preuves ligurent : 1° une lettre explicative écrite par nous à M. Pasteur aussitôt qu'il nous a témoigné le désir de connaître en détail le contenu des vases examinés à Toulouse : nous avons été surpris de voir notre savant adversaire prendre la pa- role au sein de l'Institut, avant d'avoir reçu les renseignements qu'il nous avait demandés; 2° la minute même de la première rédaction de la Note que nous avons présentée à l'Acadé- mie des Sciences le 21 septembre dernier; 3" enfin, une brochure intitulée : Les Hétérogé- nistes dans les glaciers de la Maladetta. Dans cette brochure, dont plusieurs exemplaires sont arrivés à Paris quelques jours avant la réplique de M. Pasteur, il est dit expressément, p. 32, que toutes nos infusions étaient peuplées de Microphytes et de Microzoaires. ( 843 ) semi-panspermisle, nos expériences de fa Maladetta en confirment la vérité. Tout en rendant pleine justice « au ferme désir » que nous avons eu de répéter « minutieusement » ses expériences, tout en reconnaissant les soins particuliers que nous avons apportés dans nos «essais, » M. Pasteur nous reproche : i" d'avoir emporté avec nous à la Rencluse et jusqu'aux glaciers de la Maladetta un nombre de ballons trop restreint; a° de les avoir agités après les avoir ouverts; 3" d'avoir commis l'imprudence de les ou- vrir avec une lime préalablement ciiauffée à la flamme d'une lampe éoli- pyle, au lieu d'employer, comme lui, une pince à longues branches, égale- ment chauffée. » Le talent incontesté et la position si favorable de M. Pasteur ont donné à ses pnroles assez de retentissement pour que nous ne pensions pas devoir rester muets sous le coup de ses critiques. » En définitive, que voulions-nous démontrer? Le peu de fondement de la doctrine panspermiste, comme de la semi-panspermie. Or, M. Pasteur prétendait, et il soutient encore qu'à mesure que l'on s'éfève, fe nombre des germes en suspension dans t'air diminue notablement. Il dit que ses expériences sur fe Jura montrent surtout la pureté, au point de vue qui nous occupe, de l'air des hautes cimes couvertes de glace, puisqu'un seul des vingt ballons remplis par lui au Montanvert a donné naissance à une Mucédinée. En nous élevant à looo mètres plus haut que M. Pasteur, nous étions autorisés à conclure, à fortiori, que nous rencontrerions des couches d'air d'une pureté presque absolue. Or, cet air si pur, d'après notre antagoniste lui-même, a produit dans tous nos ballons, dans tous, sans exception aucune, des Microphytes ou des Microzoaires. De bonne foi, un tel résultat est-il défavorable à l'héterogénie? On pourra dire sans doute que c'est un pur effet du hasard : le démontrer ne sera pas aussi facile. » M. Pasteur insiste, et nous reproclie d'avoir opéré avec un nombre de ballons trop restreint. Il n'ignore pas cependant, puisqu'il fes signale, toutes les difûcuf tés qu'on éprouve à transporter de très-loin et à de très- grandes hauteurs des ballons à pointe effilée et, par conséquent, très- fragiles. Le nombre de huit ballons nous a paru suffisant, et il nous le paraît encore aujourd'hui, surtout en présence des résultats tous positifs que nous avons obtenus. » Un de nos torts les plus graves aux yeux du savant Directeur de l'École Normale, c'est d'avoir brisé la pointe de nos ballons à l'aide d'une lime, au lieu de nous servir d'une pince à branches allongées. « Par là, dit-il, nous I 12.. ( 844 ) » avons permis aux germes attachés à nos mains et à nos vêtements de se » précipiter dans rinfiision, en même temps que ceux que l'air pouvait " contenir à ces hauteurs presque entièrement inaccessibles. » Nous confessons que nous n'avons pas cru l'emploi d'une pince indispensable au succès de la démonstration que nous avions en vue; nous avouerons même, s'il le faut, que nous avons eu la maladresse de nous servir d'une Urne non emmanchée. Hâtons-nous de rappeler toutefois ime circonstance atténuante : c'est que, au pied même du glacier de la montagne Maudite, nous nous sommes lavé les mains avec de la neige récem- ment tombée, et cela après avoir eu soin d'en racler la surface pour éviter les poussières qui pouvaient la salir. Là il nous est même arrivé de faire bouillir une seconde fois l'un de nos vases, qui, malgré cet excès de précau- tion, s'est montré fécond comme les autres. » Quant aux effets produits par l'agitation des ballons secoués d'une main au-dessus de nos têtes, M. Pasteur nous permettra de ne pas y attacher toute l'importance qu'il leur attribue. L'air est si pur à ces grandes hau- teurs (i), l'ouverture faite à nos ballons si étroite (tout au plus 2 ou 3 milh- mètres de diamètre), et nos vêtements avaient été si soigneusement brossés! » En résumé, l'égale fécondité de nos matras remplis d'air, soit à Luchoii, soit à la Rencluse, soit dans l'intérieur même des glaciers de laMaladetta, semble nous autoriser à conclure que cette fécondité est due à une tout autre cause qu'à ces prétendus germes dont nos adversaires parlent sans cesse, mais qu'ils n'ont jamais pu nous montrer. Or, c'est précisément cette conviction, basée sur de nombreuses expériences antérieures, qui nous avait conduits sur les sommets glacés de la Maladetta. Notre espoir, nous ne le dissimulons pas, était d'y trouver une preuve de plus en faveur de l'hétérogénie et, conséquemment, contre la théorie panspermiste ou semi- panspermiste. » M. Pasteur est venu déclarer devant l'Académie que notre espérance était vaine, et qu'elle est complètement déçue. Il termine en nous portant ce singulier défi scientifique : « Tant queMM. Pouchet, Joly et Musset nepour- (1) N'oublions pas que, sur vingt ballons remplis d'air au pied du Jura, M. Pasteur en a trouvé huit renfermant des productions organisées. A 85o mètres d'altitude, il n'en a plus trouvé que cinq; il n'en a vu qu'un seul altéré sur vingt autres remplis au Montanvert (à 2000 mètres d'élévation), « par un vent assez fort, soufflant des gorges les plus profondes du glacier du Bois. ■> ( 845 ) » ront pas affirmer qu'en ouvrant, dans une localité quelconque, un cer- » tain nombre de malras, vingt, par exemple, préparés exactement selon » les prescriptions de mon Mémoire, il n'y en a pas qui se conservent intacts ') et que tous s'altèrent, ils ne feront que confirmer l'exactitude parfaite de o l'assertion de mou Mémoire qu'ils prétendent réfuter. Or, je mets au défi « que l'on produise un pareil résultat. » » A ce défi nettement articulé, il nous suffirait d'opposer les résultats de nos dernières expériences; mais, puisque M. Pasteur les déclare entachées d'erreurs provenant de ce que nous n'avons « pas compris du tout sa mé- » thode d'expérimentation » ; de ce que nous avons employé un nombre de ballons insuffisant; de ce que nous les avons agités après les avoir ou- verts; enfin de ce que, pour les ouvrir, nous avons eu le malheur de nous servir d'une lime en acier (sans manche!), au lieu d'une pince en fer, nous relevons le gant qui nous est jeté par notre savant antagoniste, et nous lui promettons de nous conformer, plus scrupuleusement encore que nous ne l'avons fait, à toutes les plus minutieuses précautions qu'il indique comme étant rigoureusement indispensables. Si un seul de nos niatras demeure inaltéré au contact de l'air pris à Toulouse, nous avouerons loyalement notre défaite; si tous se peuplent d'Infusoires ou de Mucédinées, que répon- dra et que fera M. Pasteur? Du reste, il y aurait un moyen bien simple de terminer cet interminable débat : ce serait que l'Académie des Sciences de Paris voulût bien nommer une Commission devant laquelle M. Pasteur et nous répéterions les principales expériences sur lesquelles s'appuient de part et d'autres des conclusions contradictoires. Nous serions heureux, quant à nous, de voir l'illustre Compagnie prendre en sérieuse considération le vœu que nous osons formuler devant elle (i). » Remarques de M. Flocrens à l'occasion de cette communication. «. On me reproche, dans plusieurs journaux, de ne point dire mon opi- nion sur la génération spontanée. B Tant que mon opinion n'était pas formée, je n'avais rien à dire. (i) Il ne nous semble pas inutile de faire remarquer en terminant que, dans la Note adres- sée par nous à l'Académie, nous disions formellement que les résultats observés à Toulouse par M. Musset et par moi étaient identiques à ceux que M. Pouchet, notre savant et digne collaborateur, avait obtenus à Luchon. ( 846 ) » Aujourd'hui elle est formée, et je la dis. )) Les exjîériences de M, Pasteur sont décisives. » Pour avoir des animalcules, que faut-il, si la génération spontanée est réelle? De l'air et des liqueurs putrescibles. Or, M. Pasteur met ensemble de l'air et des liqueurs putrescibles, et il ne se fait rien. » La génération spontanée n'est donc pas. Ce n'est pas comprendre la question que de douter encore. » M. Pasteur remarque, a l'occasion de la récrimination de MM. Joly et Musset, que l'erreur qu'il a commise était presque inévitable; en ne parlant, en effet, de Mucédinées et d'Infusoires que pour quatre des huit ballons ouverts par eux, MM. Pouchet, Joly et Musset semblaient indiquer que les quatre autres n'en contenaient point. Cependant, pour plus de sûreté, M. Pasteur a voulu se renseigner près de M. Pouchet lui-même ; mais ce savant lui ayant fait savoir qu'il ne pourrait donner une réponse définitive qu'après s'être entendu avec ses collaborateurs, on n'a pas cru devoir dif- férer davantage une communication attendue par plusieurs Membres de l'Académie. M. Pasteur donne ensuite de vive voix quelques renseignements sur les résultats d'une expérience qu'il a faite tout récemment dans une des salles même de l'Institut à la demande de M. Fremy, résultais qui confirurient encore les conclusions qu'il avait tirées de ses expériences précédentes. A la suite de ces remarques, MM. de Quatrefages, H. Sainte-Claire Deville, Regnault et Milne Edwards prennent successivement la parole pour faire remarquer qu'aucune des précautions recommandées par M. Pasteur et prises par lui dans ses expériences n'est à négliger si l'on veut se préserver des diverses sources d'erreurs auxquelles on est exposé et obtenir des résultats à l'abri de toute objection. MÉTÉOROLOGIE. — Influence exercée par l'humidité de l'air sur les résultats des observations ozonométriques. Extrait d'une Note de M. Berigw. « ... Dès i855, dans un Mémoire présenté à l'Académie, j'avais constaté que par les temps de brouillard très-humide, et, à plus forte raison, par ceux debniine, les papiers ozonométriques n'indiquaient aucune coloration, parce que l'humidité trop forte exerce sur ces papiers une lixiviation de la prépa- ( 847 ) ration chimique dont ils sont enduits; tandis qu'au contraire ils accusaient une coloration plus ou moins forte, selon que le brouillard était plus ou moins sec. Ce fait se maintient constamment depuis huit ans que je me livre à ce genre d'observations, et il m'est toujours signalé par les savants qui, tant en France qu'à l'étranger, s'occupent d'ozonoméfrie. Le résultat qu'a obtenu M. le général Moriu dans l'intérieur d'un appartement vient con- firmer le phénomène remarqué à l'air libre par un brouillard plus ou moins sec, et il me semble qu'il serait très-intéressant de connaître si les différents degrés d'hygrométricité de l'air, assaini par la vaporisation de l'eau dans les conditions où s'est placé le savant Académicien, ont des relations avec les diverses nuances que donne le papier ozonométrique. » Dans un des Mémoires que j'ai successivement présentés à l'Académie, j'ai tracé deux courbes : l'une, représentant la marche de l'état hygromé- trique de l'air; l'autre, placée immédiatement au-dessous, indiquant les di- vers degrés de coloration obtenus, aux mêmes heures, d'après notre échelle chromatique. Ces deux courbes, constantes dans leur marche, ont les rela- tions les plus intimes ; elles montrent, ainsi que d'ailleurs l'a prouvé M. Que- telet dans un travail statislique très intéressant, que plus il y a d'humidité dans l'air atmosphérique, plus il s'y trouve d'électricité. Ce fait, comme celui constaté par M. le général Morin, prouve déjà que le papier ozonométrique peut démontrer la présence de l'électricité dans l'air. » La séance est levée à 5 heures un quart. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 novembre 1 863 les ouvrages dont voici les titres : Rede... Discours prononcé à ta séance de l' Académie des Sciences de Ba- vière pour l'anniversaire de sa io!\^ session, le 28 tnars i863 (François Bacon de Verulam e< Histoire des Sciences naturelles); par Just. B"" v. LiEniG. Munich, 1 862 ; in-4'*. Denkrede... Eloge de J. -And. Wagner, né le 21 mars 1797, mort le 17 dé- ( 848 ) cembre r86i , prononcé par M. C.-Philipp vON Map.tius à la séance publique du aS novembre 1862. Munich, 1862; in-4°- Ziir Jubelfeier.. Communication sur plusieurs expériences et observations nouvelles du domaine de la chimie pratique. Mémoire lu à la Société Physique de Francfort le 18 août i863; par le professeur Rod. Boettger : avec une Notice sur diverses questions d'optique; par ïe iproL J.-J. Oppel. Commémo- ration séculaire de la fondation de la Société; par J.-T. Senckenberg. Memorie... Mémoires de l'Institut royal Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol. IX (IIP de la 2<= série), fasc. 4. Milan, i863; in-8". Atti. . . Actes de l'Listitut royal Lombard des Sciences, Lettres et Arts; vol . III, fasc. i5 et 16. Milan, i863; in-4°. Atti.., Distribution des prix à l'Industrie agricole et manufacturière faite dans la séance publique de l'Institut royal Lombard le j août i863. Nuove esperienze... Nouvelles expériences sur la vitesse de l'électricité et sur la durée de l'étincelle ; par R. FEhlCl. Pise, i863; br. in-4°. Su d'un... Sur un phénomène singulier qui s'obsewe lorsqu'un liquide tombe goutte à goutte sur la surface d'un autre liquide de même nature ou de nature différente; par A. CiMA ; demi-feuille in-8°. (4 exemplaires.) Colpo... Coup d' œil sur les tremblements de terre ressentis à Rome dans les années 1 858-62, considérés relativement à l'influence de la Lune; par enté- rina Sc.\RPELLiNi. Rome; br. in-8°. Di alcune. . . Mémoire sur quelques armes et ustensiles en pierre trouvés dans les provinces méridionales de l'Italie, et sur les populations de la péninsule ita- lienne dans les temps anté-historiques ; par le D"" G. NiCOLUCCl. (Extrait du i""" volume des Actes de l'Académie royale des Sciences physiques et mathéma- tiques.) Naples, i863; in-4°. Di un... Mémoire sur un ancien crâne phénicien trouvé dans la nécropole de Tharros en Sardaigne ; par le même. (Extrait des Mémoires de l'Aca- démis royale des Sciences de Turin.) Turin, i863; in-4°. Ces deux Mémoires sont renvoyés à l'examen de M. de Quatrefages pour un Rapport verbal. ( 849 ) L'Académie a reçu dans la séance du i6 novembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Recherches chimiques sur la végétation (2* Mémoire); pai- B. CORENWINDER. Lille, i863; in-8°. Des vigiles du midi de la France^ par M. Henri MarÈS. (Extrait du Livre de la ferme et des maisons de campagne, publié sous la direction de M. P. Joigneaux.) Paris, i863; iu-S". Magnésie calcinée officinale. Dosage approximatif de la chaux contenue dans la magnésie, parles colorations, au moyen de solutions titrées de chlorure mer- cmique [bichlorure de mercure); par le D''Ch. Brame. Tours, br. in-8''. Le docteur Duveigé, ou Coup d'œil sur l'état de l'hygiène publique et de l'agriculture en Touraine à un siècle de distance Çi']6i et 1861). Discours prononcé le 5 décembre 1861 à la séance de distribution des prix de l'Ecole de Médecine et de Pharmacie de Tours; par le même. Tours, 1861 ; in-8°. Expériences sur la dilatation des maçonneries; par M. BOUNICEAU. (Extrait des Annales des Ponts et Chaussées.) Paris: br. in-8°. La guerre d'Orient. L'armée anglaise et )niss Nightingale ; par C Shrimpton. Paris, i864; in-8°. De l'Algérie sous le rapport de l'hygiène et de la colonisation ; par le IT Cabrol. Strasbourg, i863; in-8°. De la rage. Analyse des travaux parus jusqu à ce jour sur cette maladie, présentée et lue le \& juillet i%Gîi à la Société historique et scientifique de Saint- Jean-d' Angély ; par M. Ph. Gyoux. Saint-Jean-d'Angély, i863; in-8°. Mécanisme de la physionomie humaine, ou Analyse électro-physiologique de l'expression des passions applicable à la pratique des arts plastiques; par le D' DucHENNE (de Boulogne). Feuilles i3-i6 : Atlas photographié. Paris, 1862; in-S". Revue des spécialités et des innovations médicales et chirurgicales, fondée et dirigée par ^'incent Ddval; 1^ série, t. II; novembre i863 ; in-8°. Société des Sciences naturelles du grand-duché de Luxembourg; t. VI, année 1 863. Luxembourg, 1 863 ; in-8°. Notice sur les comètes; par L. Masset. Sainte-Croix, i863; demi-feuille in-8°. Boston Journal... Journal d'Histoire naturelle de Boston, contenant les C. R., i863, 2""' Semeslrc. (T. LVII, N» 20.) I ' 3 ( 85o ) communications faites à la Société d'Histoire naturelle de Boston et publiées sous sa direction; vol. VII, n°^ 2 et 3. Boston, 1861 et 1862 ; in-8°. Constitution... Constitution de la Société d'Histoire naturelle deBoston, avec la liste de ses Membres pour l'année i855. Compte rendu des séances de la Société d' Histoire naturelle de Boston; vol. IX feuilles 4 à 1 1, in-8°. Annual report... Rapport annuel de la Commission administrative du Musée de zoologie comparée, avec le Rapport du Directeur; année 1862. Boston, i8G3; in -8°. (2 exemplaires. ) Address. .. Discours de S. E. J.-A. Andrew aux deux branches de l'Assem- blée législative de Massachusetts. Boston, i863; in-8°. iMemoirs... Mémoires de l' Académie américaine des arts et sciences; nou- velle série, vol. VIII, part. 2. Cambridge et Boston, i863; in-4°. Proceedings... Comptes rendus de l' Académie américaine des arts et sciences; vol. V, feuilles 49 à 58, et vol. VI, feuilles i à 10; in-8°. Addresses... Discours prononcés à l'inauguration de Thom. Hill D. D. en qualité de président du collège Harvard, le 4 mars i863. Cambridge, i863: in-8°. Journal... Journal de V Académie des Sciences d'histoire naturelle de Phi- ladelphie; nouvelle série, vol. V, |).irt. 2 et 3. Philadelphie, 186a et i863; in-4". Coast survey... Appendices au relevé hydrorpaphique des Etats-Unis; n"* 16, 20, 21, 22, 23, 24 et 25 ; 2 br. in-4°. Proceedings.. . Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences natu- relles de Philadelphie ; n"' 5 à 12 (avril à décembre 1862). Philadelphie, 1 862 ; 5 livraisons in-8''. Catalogue... Catalogue du Musée médical de l'armée des Etats-Unis. Washington, i863; in-8°. Annals... Annales du Lycée d'Histoire naturelle de New-York ; vol. VII, n"' i3à 16 (décembre i86r à février 1862); in-8°. Report... Rapport du lieutenant-colonel i . Graham, du corps des ingénieurs topograpliiques des Etats-Unis, sur la ligne Mason et Dixon (partie des an- ciennes limites entre le Maryland et la Pensylvanie. Chicago, 1862; in-8", avec une carte. (2 exempl.) On the Flora... Sur la Flore de la période devonienne dans le nord- est de l'Amérique, par i. -Vf. DawSON. (Extrait du Quarlerly Journal 0/ the Geolo- gical Socielj, novembre 1862.) In-8". ( 85i ) Preliminary... Rapport préliminaire sur le huilième recensement (fin- iiée 1860); par J.-C.-G. Rennedy. Washington, 1862; in-8°. Discussion. . . Publications smithsoniennes. Discussion des observations magnétiques et météorologiques faites à l'Observatoire du collège Girard de Phi- ladelphie pendant les années 1840 A i845; part. 2 à 6; par M. D. Bâche. Washington ; in-8°. Annal report... Rapport annuel des régents de l'Institution Smithsonienne. Exposition des opérations, des dépenses et de l'étal de iinstilution dans l'année 1861. Washington, 1862; in-S". Délia statistica... Renseignements statistiques sur le Tibre durant la période comprise entre le i" janvier 1822 et le 3i décembre 1861. Mémoire lu à l'A- cadémie des Quiriti le 26 avril i863; par Bettocchi. Rome, i863; in-4''. Lalgiene... Hygiène dans r éducation et l'instruction. Discours adressé à ses élèves par le professeur d'hygiène et de médecine légale de l'Université de Pise, le D' B. Sadun. Livourne, i863 ; br. in-8". Produzione. . . Production de l'urée dans la décomposition spontanée de l'acide cynnhydricpie dilué; par G. Campani; quart de feuille in-8. Rendiconto... Société rojale de Naples. Compte rendu de l' Académie des sciences ph/siques et mathématiques ; 2^ année, fasc. 10; octobre i863. Na- ples, i863; in-4''. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SEANCE DU LUNDI 23 NOVEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ZOOLOGIE. — Sur un sternum de Tortue fossile des collines (jypseuses de Sannois et Argenteuil; par M. A. Valenciennes. « Depuis les travaux de Cuvier sur la faune fossile des environs de Paris, nous voyons le nombre des espèces de Vertébrés s'augmenter constam- ment. L'activité de M. Hébert, professeur de Géologie à la Faculté des Sciences, a beaucoup contribué à accroître le nombre de ces différents êtres. 1) Il a fait don à l'École Normale des fragments d'une grande Tortue dont il a enlevé la gangue qui déterminait la position de ce fossile du gypse; mais il a laissé le sulfate gypseux sur un autre échantillon déposé dans le cabinet de Géologie de la Faculté des Sciences. Nous savons donc positive- ment que l'animal que je présente ici vivait à l'époque de la formation de noire pierre à plâtre. Il a trouvé les restes de cette grande Tortue fossile dans les collines gypseuses de Sannois. En les déposant dans le cabinet de l'Ecole, il a eu soin d'empâter dans de la cire fondue versée sur le bloc de pierre les nombreux fragments des os de l'animal perdu, et de conserver ainsi l'empreinte des parties détruites. La place et, par conséquent, les rap- ports entre les divers débris du reptile fossile sont donc ceux que je montre. » On a pu alors rapprocher et ressouder les morceaux de l'animal et C. R., i863, 2m= Sc-mestre. (T. LVII, N" 21.) I '4. ( 854 ) reconnaître que l'on avait devant les yeux les débris d'une très-grande Torine dont le plastron avait an moins o'",70 de long snr o"',4o de large. " Aidé par la patience et l'adresse de M. Merlieux, habile artiste bien connu de l'Académie, j'ai déterminé le côté antérieur et l'arrière de l'ani- mal. J'ai vu pendant longtemps des débris de cette Tortue sans me dé- cider à les présenter, jusqu'à ce que j'eusse découvert les traces de suture qui m'ont permis de dénommer les pièces dont se compose tout sternum de Chélonien. " On sait que l'on doit à M. Etienne Geoffroy la découverte de la forma- tion du sternum des Tortues comme de celui des Oiseaux; mais il faut dire que M. Geoffroy a démontré le fait de la composition constante du ster- num des Tortues sans y ajouter rien à ce que lui fournissait l'observation directe, tandis qu'entraîné par ses idées théoriques sur l'unité de composi- tion, il ne s'est pas astreint à la même exactitude dans ce qu'il a présenté comme la conformation du sterntuu des Oiseaux. » Les Oiseaux ont le sternum composé de cuiq pièces seulement; les Tortues en ont constamment neuf. M Ce nombre, une fois déterminé, m'a guidé pour affirmer ce qu'était le sternum que l'on parvenait à leconstruire avec les nombreux fragments osseux que je mets sous vos yeux. )) Il a été écrasé et il ne reste de la carapace que le bord inférieur du passage pour l'humérus. » La grande échancrure que nous voyons ici est donc l'échancriue humérale droite de l'animal. « Nous retrouvons ensuite les parties du sternum, savoir : l'épisternal, i espace recouvert par les fragments de l'hyosternal et de l'hyposternal. enfin le xiphisternal. » Nous pouvons suivre assez les sutures de ces os pour avoir la certitude (jue la partie gauche du côté droit du sternum a glissé sur le dedans du côté droit. » Nous trouvons quelques traces des sutures de l'entosternal du sternum, ce qui permet d'admettre que cette Tortue pouvait être une Eniyde d'eau douce, ce qui est conforme aux savantes remarques de Cuvier cl d'Alexandre Brongniart sur la nature des animaux dont on trouve les restes dans ces hori- zons géologiques. Cependant je préfère, dans le doute, nommer le reptile de notre gypse d'inie dénomination plus générale, et appeler l'espèce du nom du géologue qui a trouvé ce fossile, la désignant par le nom sjiécifique de Ti STUDO Hlbkrtf, Val. » e ( 855 ) PHYSIQUE. — liecherrlies sur In délerminntion des hautes lempéraUires; par M. Edmond Becquerfx. Deuxième Mémoire. (Extrait.) « Dans un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie I 8 décembre 1862, et intitulé Recherches sur la déiermination des hautes tem- pératures et l'irradiation des corps incandesce/its (i), les déterminations expé- rimentales des hautes températures ont été obtenues à l'aide de l'intensité du courant thermo- électrique donné par un couple platine-palladium, c'est-à-dire d'un pyromètre thermo-électrique ilont la marche m'a présenté une régularité remarquable depuis les températures les plus basses jusqu'au rouge blanc ; mais, d'après l'usage généralement adopté, les températures étant évaluées en Fonction de la dilatation de l'air, j'ai dû, ilans une partie de ce travail, comparer la marche de ce pyromètre thermo-électrique avec celle du pyromètre à air. » L'appareil qui m'a paru préférable pour cette comparaison, depuis la glace fondante jusqu'à des limites très-élevées, est le pyromètre à air dont la disposition a été donnée par M. Ponillet, parce que l'on peut agir jusqu'à la fusion de l'or, et qu'en même temps, en opérant sur une certaine masse de gaz dont on fait varier le volume et la pression, on peut reconnaître si, dans l'uitervalle de deux expériences, la masse du gaz confiné reste toujours la uïénie. On peut également, au moyen de cette disposition, laisser la pres- sion du gaz la même tant dans les hautes que dans les basses températures. » A l'époque oîi j'ai fait ce travail j'avais opéré avec un appareil à réservoir en platine, et je n'avais pu me procurer des ballons en porcelaine pour comparer entre eux le pyromètre à air et le pyromètre thermo- electrique. En tout cas, aucune détermination expérimentale faite en degrés 'lu pyromètre thermo-électrique ne pouvait être modifiée. Il n'y avait que les nombres exprimant les rapports entre ces degrés et les degrés centi- grades donnés par un pyromètre à air qui eussent pu laisser quelque incer- titude. » MM. Henri Deville et Troost (2), en présentant à l'Académie, dans la séance du aS mai dernier, une Note sur la mesure des températures élevées, ont voulu expliquer comment il pouvait se faire que les températures des points d'ébullition du cadmium et du zinc, que j'avais déduites d'expériences faitesavec lepyromètre à airàreservoir en platine, étaient plus basses de plus (i) Annales de Chimie et de Physique, S'' série, t. LXVIII, \i. 49- (2) Comptes rendus de t' Académie des Sciences, t. LVI , p. 977. 114.. ( 856 ) (le loo degrés que celles qu'ils avaient obtenues au moyen d'un ballon en porcelaine fonctionnant comme thermomètre à air à pression constante. Ils ont supposé que le platine étant perméable au gaz hydrogène, il se pro- duisait dans' l'intérieur de l'appareil en platine une certaine quantité de vapeur d'eau qui altérait les déterminations de température. Or mes expé- riences avaient été faites dans des conditions telles, qu'aucune trace de gaz hydrogène n'avait pu être en contact avec le platine. Néanmoins, j'ai repris les expériences de comparaison entre le pyromètre thermo-électrique et le pyromètre à air, et j'ai pu me procurer des appareils à réservoir en porce- laine, à parois épaisses et vernissées, complètement imperméables au gaz. J'ai opéré également avec un pyromètre à réservoir en fer, en employant l'azote comme gaz dilatable. » Je dois d'abord faire remarquer que dans la comparaison des tempé- ratiu'es données parle pyromètre thermo-électrique et le pyromètre à air, les nombres ne doivent pas être sensiblement modifiés depuis la glace fon- dante jusqu'au rouge naissant, car j'ai trouvé pour le point d'ébullition du soufre à 760 millimètres de pression 448"? a, nombre qui diffère de moins de 1 degré du nombre 447? ^5 obtenu directement par M. Regnault dans ses recherches sur les chaleurs latentes. » Non-seulement j'ai opéré avec le pyromètre à air en maintenant le volume de l'air constant et en faisant varier la pression, ainsi qu'en laissant la pression constante et en faisant varier le volume ; mais j'ai eu recours à la méthode que l'on peut nommer ïnéûiodevoluménomélrique, laquelle est indé- pendante de la plus ou moins grande masse de gaz que peut renfermer l'appa- reil à un moment donné. Cette méthode est celle qui est usitée quand on détermine les volumes des corps par le voluménomètre de M. Regnault; elle consiste dans le jaugeage de la masse de gaz confinée dans le réservoir à une température déterminée, par rapport à la masse du même gaz con- tenu à une température constante dans une partie déterminée et jaugée du manomètre. » Cette méthode a l'avantage d'être indépendante de la petite quantité de gaz que l'on pourrait supposer être condensée en proportions différentes aux différentes températures sur les parois intérieures du réservoir du pyro- mètre. Dti reste, je dois dire que dans mes expériences rien n'est venu indi- quer qu'il y ait eu une proportion notable de gaz ainsi condensé contre les parois échauffées de la porcelaine. » Ce qui vient prouver l'exactitude de la méthode précédente, c'est que dans les expériences dont on va citer les résultats, et lorsque la tempé- rature des pyromètres à gaz a été bien fixe, dans une même série de (857 ) déterminations, en faisant varier la masse du gaz contenu dans l'appareil, ainsi que la pression, entre les limites de -j à 2 atmosphères, on a obtenu des températures comprises entre des limites peu différentes. » Parmi les températures des points fixes déterminés dans ce travail, je citerai celle de l'ébuUition du zinc à la pression ordinaire de l'atmosphère. Ce métal se trouvait dans des cornues en fer; mais les réservoirs thermo- métriques ne baignaient pas immédiatement dans la vapeur de zinc : ils étaient placés dans un tube de fer fixé latéralement, pénétrant à l'intérieur de la cornue et fermé de toutes parts, de façon à ne laisser passer au dehors que la tige du ballon. Du reste, le pyromètre thermo-électrique, placé dans cette moufle ou dans la cornue, donnait la même indication. On s'est arrêté chaque fois quand, la température étant fixe, ou variant peu dans un sens ou dans l'autre, suivant l'indication du pyromètre thermo-électrique, on avait distillé environ i kilogramme de zinc. Je me bornerai à rapporter ici les moyennes de dix déterminations expérimentales faites au moyen de trois pyrométres, deux en porcelaine provenant de fabrications différentes, et un en fer, ce dernier contenant de l'azote desséché ; on a eu : Avec le premier pyrométre à air en porcelaine (volume à o degré du réservoir, 149", 578), moyenne de six déterminations 884 ,0 Avec le second pyromètre à air en porcelaine (volume à o degré du réservoir, Sy", 3oo), moyenne de deux déterminations 898.0 Avec le pyromètre à azote en fer (volume à o degré du réservoir, i3i", 074), moyenne de deux déterminations 891 .0 Moyenne ... 89 1 , o M Les écarts des moyennes sont répartis entre i4 degrés. 1) J'ai déterminé dans une expérience le point d'ébullition du zinc à l'aide de la méthode du thermomètre à air à volume constant, en employant un ballon en porcelaine muni d'un col formé d'un tube capillaire assez allongé; on a introduit de l'air sec dans l'intérieur et l'on a évité, au moment de la fermeture de l'extrémité du tube à l'aide du chalumeau, l'introduction d'aucune trace de vapeur d'eau dans l'intérieur de l'appareil. Le nombre obtenu a été de 920 degrés, la pression atmosphérique étant ^GS milli- mètres. Cette valeur est un peu supérieure aux évaluations précédentes ; mais la première méthode me paraît devoir être préférée, en raison de ce qtie le jaugeage de la masse du gaz contenu dans la capacité du thermomètre peut se faire pendant toute la durée de l'opération, et être répété un grand nombre de fois, de sorte que l'on peut suivre, pour ainsi dire, la marche de la température et juger du moment où l'appareil est dans un état calori- fique stationnaire; par l'autre procédé une seide détermination est pos- ( 858 ) sible, et elle peut être ) Je n'ai tloiic pas à modifier les conclusions auxquelles j'avais été con- duit dans le premier travail; au conlraire, les nouvelles recherches dont j'ai l'honneur de communiquer un extrait à l'Académie, montrent que, dans la comparaison des résultats donnés parle pyromètre thermo-électrique et par le pyromètre à air, loin d'avoir à faire subir une augmentation à la valeur des températures exprimées en degrés centigrades, on doit au contraire leur assigner des limites un peu moins élevées. » M. Ch. Saixte-Claike Deville, à la suite de cette lecture, fait remar- quer à l'Académie que son frère J/. H. SniiUe-Claire Deville, dont le nom a été, dans le Mémoire de M. E. Becquerel, rattaché à des résultats repré- sentés comme inexacts, n'est pas présent à la séance. ÉCONOMIE RURALE. — Reehevches expéiimcnlales sur le dévelojipemenl du blé; par M. J. IsiooiiE Pierre. « La question des surchartjes de récoltes donne encore lieu, bien souvent, à la fin des baux, à des contestations entre propriétaires et fermiers. Ceux-ci prétendent que les plantes n'épuisent le sol qu'à partir de la foruîation des graines, c'est-à-dire depuis la floraison jusqu'à la maturité; ceux qui ont a défendre les intérêts du sol répondent, au contraire, qu'il y a épuisement, c'est-à-dire prélèvement sur le sol, quel que soit l'état plus ou moins avancé du développement de la récolte, et que ce prélèvement est déjà considé- rable au moment de la floraison. Au point de vue pratique, la question a paru assez grave pour occuper les agronomes les plus éminenls. Selon Mathieu de Dombasle, une plante fécondée renferme déjà tous les élénients nécessaires à l'accomplissement normal de ses fondions vitales, jusqii à l'époque de sa maturité. » M. Boussingaidt a trouvé, au contraire, que, ])our le blé, le poids total de la récolte pouvait presque doubler depuis la floraison jusqu'à la matu- rité. Si je viens à mon tour, après d'aussi savants maîtres, présenter le résultat de mes observations personnelles, c'est que le procès reste encore pendant aux yeux des cultivateurs, et qu'on ne saurait accumuler trop de preuves, lorsqu'il s'agit d'établir ou d'infirmer des faits d'une importance pratique aussi capitale. Il y a environ deux ans, j'ai eu l'honneur de pré- senter à l'Académie une « Étude sur le développement du colza «, et j'étais arrivé, pour ce qui concerne le poids total de la récolte considérée dans son entier, à des résultats qui se rapprochaient beaucoup de ceux qu'avait obtenus pour le blé M. Houssingault, quoiqu'il s'agit déplantes apjiartc- ( 86o ) iiaiil a tles familles botaniques très-différenles. Toutefois, j'avais été con- duit alors à reconnaître que le poids total de l'azote engagé en combinai- son dans la récolte, celui de la chaux et celui des sels alcalins cessaient d'augmenter plusieurs semaines avant le moment de la coupe de la récolte; le poids de l'acide phosphorique, au contraire, allait en augmentant jus- (|u'à la fin. Dans le travail dont j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui les résultats sommaires à l'Académie, je me suis proposé de faire ime étude semblable sur le blé, de suivre cette plante, la balance à la main, pondant les différentes phases de son développement. Je me suis proposé de chercher quelle peut être la marche de la production et de la répartition, dans les diverses parties de la plante, de la matière organique des substances azo- tées, des principes minéraux les plus importants. J'espérais que cette étude me conduirait à reconnaître pendant quelle période de sou développement une récolte de blé exerce au plus haut degré son pouvoir épuisant sur le sol qui la produit. J'ai donné, dans mon Mémoire, tous les détails qui m'ont paru propres à préciser les conditions dans lesquelles ont été faites les observations, les précautions prises pour assurer dans les limites du pos- sible le succès des expériences; j'ai donné ensuite les nombreux résidtats auxquels j'ai été conduit par les études de détail des différentes parties de la plante, à chacune des époques d'observation. Enfin j'ai représenté, pai' jilusieurs séries de courbes que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, la marche des variations des proportioiis et du poids total des ])rincipaux éléments constitutifs des diverses parties de la plante, i-acines, feuilles, tiges, épis. Ces courbes permettent de suivre, beaucoup mieux qu'on ne le pourrait faire pendant une lecture, l'ensemble des résultats principaux de mon travail. )) En me bornant donc ici aux faits les plus généraux qui paraissent être les conséquences de mes études, j'essayerai de les résumer en disant : que s'il n'est pas rigoureusement exact d'admettre, avec Mathieu de Dom- basle, que le blé n'emprunte plus rien au sol après sa fécondation, il résulte de mes expériences que, plusieurs semaines avant sa complète maturité, la plante cesse d'éprouver, dans son ensemble, un accroissement de poids sensible. De toutes les parties de la plante, l'épi seul paraît faire exception, et augmenter de poids jusqu'à la fin, aux dépens des autres parties de la plante. » Le poids total de l'azote contenu dans la récolte complète, le poids total dos matières orcjani(pies, celui des alcalis, de la cliaux, de la magnésie, de la silice, cessent également d'augmenter un mois environ avant la maturité (86i ) du blé. Le poids total de Vacide pitospliorique paraît seul f.iire exception, puisqu'il a encore éprouvé, pendant les dernières semaines, un accroissement de poids de plus de 20 pour 100, dont l'épi seul a profité. » Enfin, il semble résulter de mes expériences que si, après la floraison, le blé ne contient pas encore la totalité de la matière organique nécessaire à son entier développement, il peut déjà contenir la presque totalité des prin- cipes minéraux qui lui sont nécessaires, ï'ncide phosphorique excepté; par conséquent, c'est avant cette phase de son développement surtout que le blé doit puiser dans le sol ceux des éléments de son organisme que le sol peut lui fournir. » Le travail auquel je me suis livré m'a conduit à faire beaucoup d'observations de détail sur les diverses parties de la plante; les bornes de ce compte rendu ne me permettent pas même de les indiquer ici ; aussi n'en citerai-je qu'une seule : » De toutes les parties de la plante considérée dans son entier, ce sont les nœuds qui contiennent la plus faible proportion de silice et la plus torte proportion de potasse; ils contiennent à poids égal moins de la moitié de ce qu'on trouve de silice dans la partie la plus pauvre de la plante, et quatre fois autant de potasse qu'on en trouve dans celle des parties qui en ren- ferme le plus. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Note sur Ics tissus élémentaires; par M. Thém. Lestibocdois. « A la suite de longues études j'ai entrepris un travail embrassant les di- verses parties de l'anatomie végétale. » Je désirerais placer sous les yeux de l'Académie le résultat de mes observations. )) J'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à son jugement la partie de mon travail qui est relative aux tissus élémentaires des végétaux. Elle est accompagnée de très-nombreuses figures. 1) J'ai constaté des différences innombrables dans la forme, la consis- stance, les arrangements de ces éléments organiques; j'ai fait connaître des dispositions nouvelles dans leurs conformations; mais jai fait voir que les aspects de plus en plus multipliés qu'affectent les tissus élémentaires amè- nent des transitions de plus en plus nombreuses , de sorte qu'on ne peut plus établir entre eux de lignes de démarcation bien distinctes. Par une diversité immense, on arrive à l'unité. G. R., i863, 2'n<' Semestre. (T. LVII, N» 21.) • I 5 ( 862 ) » Les utricitles si divers par leurs dimensions, leurs formes, l'épaisseur, la couleur, la consistance de leurs parois, les pores, les fentes transversales ou spiralées qui les pénètrent, les substances qu'ils renferment, se nuancent par des dégradations insensibles. » Les tubes qui composent les fihres ont aussi une variété infinie de ca- ractères; ils sont très-longs ou très-courts, aigus ou rectangulaires aux ex- trémités, très-déliés ou très-larges; leurs parois sont d'une grande ténuité ou d'une épaisseur considérable, flexibles ou cassantes, cylindriques ou renflées, etc., etc. J'ai montré que les uns sont vides et les autres rem- plis de granules nombreux ; les uns présentent des parois pellucides et sans pores, les autres ont des pores si nombreux, qu'on ne peut les distinguer des vaisseaux poreux; d'autres se divisent en lanières spiralées, etc.; mais, entre des conformations si dissemblables, il y a des intermédiaires si nuan- cés, qu'on peut confondre une fibre corticale avec une fibre ligneuse, et les diverses fibres avec des vaisseaux. » Ces derniers organes sont les mieux caractérisés. » On en a admis d'ordres tout à fait différents : les vaisseaux trachéens, les vaisseaux propres et les latirifères; parmi les trachéens, on a compté de nombreuses espèces, et l'on peut en admettre un beaucoup plus grand nombre que celles qui ont été décrites. Ceux qui me paraissent avoir les formes le mieux arrêtées sont les trachéens, les vaisseaux^en^HS, scalari formes^ poreux, auréolés, rétilamellés, articulés, mixtes, spiralo- striés, coloïdes, inlra- rc.lhilés, etc., etc. Chacune de ces formes présente des modifications va- riées, de façon qu'en définitive on ne trouve qu'un seul type, altéré de mille manières, et se confondant d'ailleurs avec les autres éléments orga- niques. » Les vaisseaux propres et les laticifères ont fait naître de vives discus- sions ; les botanistes ont eu sur leur nature des manières de voir fort divergentes. Naguère, l'opinion dominante considérait comme identiques les vaisseaux pleins de liquides laiteux et ceux qui contiennent des liquides transparents; elle regardait les uns ainsi que les autres comme formant un réseau par leurs nombreuses anastomoses, et constituant un appareil complet de circulation, chargé de transporter la sève élaborée par les feuilles ou sève descendante dans toutes les parties du végétal. » Une étude approfondie des réservoirs des sucs laiteux m'a fait recon- naître qu'ils sont loin d'avoir la même conformation dans les diverses plantes. J'ai reconnu que les sucs colorés sont contenus : » i" Dans des vaisseaux pellucides, rameux, anastomosés, commençant ( 863 ) par des extrémités capillaires, mais ne se terminant pas dans tous les organes par des extrémités ténues et ramifiées; )i 1° Dans des utricules plus ou moins allongés, en séries linéaires, de manière à imiter des tubes à parois minces ou à parois épaisses; » 3'' Dans des utricules réunis en masses irrégulières; » 4" Dans des lacunes droites, cylindriques, régulières, imitant des vais- seaux à parois épaisses, formées d'utricules généralement serrés; » 5" Dans des lacunes irrégulières formées par la déchirure des tissus ; !) 6" Dans des méats interutriculaires, imitant des vaisseaux, présentant souvent des dilatations aux points de réunion des utricules, quelquefois encadrant complètement ces derniers. » J'ai constaté que les réservoirs qui prennent une forme vasculaire dans une partie peuvent affecter une forme différente dans une autre partie; que ces réservoirs peuvent exister dans un organe et ne plus se rencontrer dans un autre organe important. )) Ou ne peut donc considérer comme l'appareil général, et pour ainsi dire exclusif, de la circulation, les réservoirs qui montrent des dispositions si dissemblables, qui d'ailleurs contiennent des liquides fort hétérogènes, et qui manquent dans le plus grand nombre des végétaux. » Quant aux vaisseaux contenant des liquides transparents et granuli- fères, rameux et anastomosés comme certains vaisseaux laiteux, je n'ai pu en constater la présence. On trouve fréquemment des tubes transparents, remplis à divers degrés des liquides granulifères; mais ces tubes sont droits, simples, non anastomosés; ils ne peuvent se distinguer des fibres à parois diversement épaisses, avec lesquelles ils s'unissent par des transitions mul- tipliées. » On ne peut donc admettre dans les végétaux un appareil circulatoire spécial ; toutes les parties de formes diverses peuvent concourir au trans- port des liquides nourriciers, et, quelles que soient la diversité des confor- mations appartenant aux éléments organiques elles fonctions propres qui peuvent leur être assignées, on peut rationnellement considérer comme établie l'unité de tissus dans les végétaux. » M. Lestiboudois, en achevant la lecture de cet extrait, dépose sur le bureau le travail original et prie l'Académie de vouloir bien le renvoyer à l'examen de la Section de Botanique. ii5. ( 864 ) MÉMOIRES LUS. MÉTÉOROLOGIE. — Eloiles filantes; leurs relations avec l'atmosphère; oscillations barométriques; par 31. Chapelas. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires nommés pour les communications de M. Coulvier-Gravier : MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) « Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Aca- démie, je me suis proposé de démontrer et de représenter graphiquement un principe émis par M. Coulvier-Gravier, savoir: que, par l'observalion des éloiles filantes et de leurs perturbations, on peut, quarante heures à l'avance, prévoir le premier mouvement de la colonne barométrique; principe d'une extrême importance, d'autant plus que l'on sait que, jusqu'aujourd'hui, la météorologie, se contentant de recueillir sur tous les points du globe, et à grands frais, une foule d'observations, n'a pu arriver, malgré ces nombreuses recherches, qu'à des résultats relativement peu importants, tels que la pu- blication quotidienne de faits existants. De plus, que d'anomalies n'-a-ton pu expliquer et combien de fois a-t-on taxé d'inexactitude les instruments les plus perfectionnés! » M'appuyant sur luie hypothèse faite par M. Pouillet, et qui mène à croire qu'au-dessus des nuages les plus élevés, là où l'air est plus libre, s'il a plus de sérénité, il n'a pas plus de repos, hypothèse également faite par le météorolo- giste Haemlz, qui dit textuellement que si l'on avait un instrument propre à indiquer les changements de direction des courants des hautes régions de l'atmosphère, nue foule d anomalies se trouveraient expliquées, je démontre l'existence de courants superposés et de directions diverses dans les hautes régions de l'atmosphère, courants que ne peut nous indiquer aucune ob- servation ordinaire. Ceci posé, donnant pour un instant à l'atmosphère une hauteur de a5 lieues, je fais voir que, jusqu'à présent, pour se rensei- gner sur les différentes transformations atmosphériques et sur les oscillations barométriques, on n'a tenu compte uniquement que de ce qui se passait entre le sol et la limite des nuages les plus élevés ou cirrus, c'est-à-dire dans une zone de loooo mètres, ou 2 | lieues de profondeur, négligeant complètement tout ce qui pouvait se passer dans la zone supérieure, plus profonde de 21 ~ lieues. Que serait-ce donc si, au lieu de aS lieues, on adoptait les 85 lieues calculées par M. Liais! C'est donc évidemment dans ( 865 ) cetle zone supérieure que se trouvent les éléments météoriques qui, par leur absence dans toute discussion des phénomènes de la nature, ont tou- jours entravé les progrès de la science météorologique. » Or, l'Académie sait que, depuis longues années, M. Coulvier-Gravier s'occupe des météores filants dont il a fait une étude spéciale. Elle sait que, ne se préoccupant nullement de leur origine matérielle, il s'est principale- ment attaché à rechercher quelles relations pouvaient exister entre les diverses directions qu'ils affectent dans le ciel et les phénomènes météoro- logiques qui suivent ces apparitions. Pour nous, l'étoile filante, qu'elle s'en- gendre dans l'atmosphère même ou cju'elle vienne du dehors, n'obéit pas, dans notre atmosphère du moins, à une impulsion propre, mais à xuie im- pulsion qui lui est donnée par le courant qu'elle rencontre. L'étoile filante n'est donc pour nous qu'une véritable girouette, un anémomètre qui nous signale la direction et la force des courants des hautes régions, comme la simple girouette et les nuages nous indiquent la direction et la force des courants de la zone inférieure. De plus, les étoiles filantes, dans leur par- cours, présentent des particularités fort remarquables que nous dési- gnons sous le nom deperlurbations. Une étoile transportée tout d'abord par un courant du nord rencontre, après un certain nombre de degrés de tra- jectoire, im courant de sud-ouest, par exemple, qui la dévie de sa direction primitive et la renvoie suivant sa propre direction. On dit, dans ce cas, que l'étoile filante a été perturbée par un courant de sud-ouest, et c'est ce dernier courant qui doit entrer en ligne de compte dans les prévisions mé- téorologiques. Enfin, l'influence de ces perturbations ne se faisant sentir sur la colonne de mercure qu'environ quarante heures après l'apparition de ces signes, on se trouve par cela mèuie renseigné à l'avance sur les pre- miers mouvements du baromètre. » Prenant une série de quatorze années d'observations et en détachant toutes les perturbations observées pendant cette période, par des calculs tri- gonométriques fort simples d ailieuis, et eu me servant avantageusement de la position perpendiculaire des deux lignes fondamentales nord-nord-est- sud-sud -ouest, ouest-nord-ouest-est-sud-est, météorologiquement parlant, je suis arrivé à construire une courbe barométrique identique, c'est-à-dire in- diquant les mêmes oscillations que la courbe relevée directement à l'in- strument, c'est-à-dire au moyen des hauteurs barométriques constatées quarante heures après l'apparition de chacune de ces perturbations, ce qui démontre entièrement le principe émis au commencement du Mémoire. » Je mets également sous les yeux de l'Acadéuùe une série de courbes ( 866 ) tendant à faire voir que la résultante des perturbations des étoiles filantes, et la direction moyenne des vents constatés du troisième au quatrième jour après l'apparition de ces perturbations, occupent identiquement la même position azimutale, ce qui démontre clairement la relation intime qui existe entre ces perturbations et les vents constatés trois ou quatre jours après leur apparition. )> MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur ta dispersion de la lumière. Mémoire de M. Ch. Briot, présenté par M. Bertrand. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pouillet, Bertrand, Fizeau.) « On considère en général l'éther comme un milieu formé de molécules agissant à distance les unes sur les autres. Les équations différentielles du mouvement vibratoire dans les milieux homoédriques renferment les déri- vées d'ordre pair par rapport aux coordonnées qui déterminent la position d'une molécule quelconque. On admet que le rayon d'activité des molé- cules d'éther est très-petit par rapport à la longueur de l'onde; il en résulte que les coefficients des dérivées successives diminuent très-rapidement; en négligeant les termes du quatrième ordre ou d'un ordre supérieur, on réduit les équations différentielles à des équations homogènes du second ordre, et ou trouve alors que la vitesse de propagation de la lumière est indépendante de la longueur de l'onde; il n'y a pas dispersion. » Cauchy attribuait la dispersion aux termes négligés dans les équations différentielles, et principalement aux termes renfermant les dérivées du quatrième ordre. Si l'on conserve ces termes, on trouve en effet une vitesse de propagation variable avec la longueur d'onde, et d'autant plus grande que la longueur d'onde est plus grande, ce qui est d'accord avec l'observa- tion. Mais cette explication me paraît présenter une difficulté insurmontable; car si ces termes du quatrième ordre produisaient un pouvoir dispersif assez énergique dans le milieu éthéré qui pénètre un corps transparent isotrope, comme le verre, ces mêmes termes auraient une influence sensible dans l'éther libre; or, l'observation des étoiles changeantes, par exemple de l'étoile Algol, prouve qu'il n'y a pas de dispersion appréciable dans le vide, c'est- à-diie que la différence de vitesse des différents rayons lumineux est telle- ment petite, qu'on n'a pas pu constater une différence de marche, malgré l'énorme distance des étoiles. » Puisque la dispersion n'existe pas d'une manière sensible dans l'éther ( 8^7 ) libre, et qu'elle existe à des degrés différents dans l'éther qui pénètre les corps transparents formés de molécules pondérables, il est naturel d'attri- buer ce phénomène à la présence même des molécules pondérables. L'in- fluence des molécules pondérables peut se manifester de deux manières, soit par l'action directe des molécules pondérables sur l'éther en vibration, soit indirectement par la modification que ces molécules apportent dans la constitution de l'éther. 1) Quand la lumière traverse un corps transparent, une partie plus ou moins grande de la vibration se transmet aux molécules pondérables, le reste passe à travers le corps. Le corps s'échauffe d'autant moins, et par con- séquent la quantité de force vive transmise aux molécules pondérables est d'autant plus petite que le corps est plus transparent. Dans le cas idéal d'un corps parfaitement transparent, on peut admettre que les molécules pondé- rables restent immobiles pendant que l'éther vibre. Or ontrouve que l'ac- tion directe des molécules pondérables immobiles sur l'éther en vibration introduit, dans l'expression de la vitesse de propagation, un terme variable; mais ce terme variable est proportionnel au carré de la longueur de l'onde, tandis que, d'après l'expérience, il devrait être inversement proportionnel à ce carré. J'ai donc eu recours à la seconde hypothèse. » L'éther pénètre les corps transparents et remplit les cellules formées par les molécules pondérables; mais la densité de l'éther n'est pas la même dans l'étendue d'iuie cellule, elle varie d'un point à lui autre, en reprenant la même valeur aux points correspondants des diverses cellules. 11 en résulte dans la distribution de l'éther des inégalités périodiques dont il faut tenir compte. Les équations différentielles du mouvement \ibratoire ne sont plus des équations linéaires à coefficients constants, mais des équations linéaires à coefficients périodiques. Les intégrales elles-mêmes se composent d'une partie moyenne et d nue partie périodique. L'ensemble des observations semble prouver que la distance des molécules pondérables, et par consé- quent la période, est très-petite par rapport à la longueur de l'onde. Il est clair que la partie périodique de la vibration, variant dans l'étendue d'une cellule et étant tantôt positive, tantôt négative, disparaît dans l'ensemble du phénomène; il en résulte que le phénomène sensible est déterminé par la partie moyenne de la vibration; mais la partie périodique, quoique n'ayant pas d'influence appréciable sur la sensation, ne doit pas être négligée dans le cours du calcul ; car elle modifie de quantités constantes les coefficients des équations qui donnent la partie moyenne delà vibration. J'ai déjà essayé d'expliquer la polarisation circulaire, en tenant compte des inégalités pé- ( 868 ) riodiques de l'éther dans un milieu dissymétrique [Comptes rendus, i6 jan- vier 1860) ; je crois qu'on peut expliquer de la même manière la dispersion. En faisant le calcul pour un milieu isotrope et homoédrique, j'ai trouvé que les inégalités périodiques de l'éther exercent luie influence notable sur la vitesse de propagation delà lumière; elles diminuent d'abord cette vitesse d'une quantité constante ; elles introduisent ensuite un terme variable inver- sement proportionnel au carré de la longueur d'onde, ce qui donne naissance au pouvoir dispersif. » Je terminerai par deux remarques assez curieuses. Si l'on égale à zéro le terme variable qui produirait la dispersion dans l'éther hbre, on obtient une condition à laquelle doit satisfaire la force qui s'exerce entre deux mo- lécules d'éther ; cette condition indique que les molécules d'éther se repous- sent en raison inverse de la sixième puissance de la distance. C'est la loi à laquelle m'a déjà conduit l'étude de la propagation de la lumière dans les cristaux biréfringents (Comptes rendus, 5 décembre iSSgj.De même, si l'on égale à zéro le terme proportionnel au carré de la longueur d'onde, terme provenant de l'action directe des molécules pondérables sur l'éther eu vibra- tion, on obtient une condition à laquelle doit satisfaire la force qui s'exerce entre une molécule pondérable et une molécule d'éther; cette condition indique que les molécules pondérables agissent sur l'éther suivant la loi de Newton, c'est-à-dire en raison inverse du carré de la distance. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques propriétés des surfaces d'étendue minimum. Mémoire de M. G. M.4Thet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Bertrand, Bonnet.) « Entre deux points fixes, Mo et M,, on trace une courbe quelconque dans l'espace. Soient 11 une fonction réelle des coordonnées d'un point quelconque M de celte courbe par rapport à trois axes rectangulaires, et o un angle, fonction des mêmes coordonnées. Le point M décrivant la courbe de Mo en M,, on multiplie la longueur de l'arc infiniment petit, compté à partir de chaque position du point M, par la valeur correspon- dante de R, et on fait tourner la ligne obtenue, d'un angle égal à 9, autour d'un axe normal à la courbe en M; on compose ensuite comme des forces les lignes infiniment petites ainsi obtenues : est-il possible de déterminer les fonctions R et ) Deuxième période (du seizième au vingt-cinquième jour), fumeur du cal distincte des organes environnants; oblitération du canal médullaire au niveau de la fracture, et par la membrane médullaire gonflée. » Troisième période (du vingtième au vingt-cinquième jour, au tren- tième, au soixantième, suivant l'état de santé et l'âge du malade), cartilagi- nification de la tiuneur ducal ; ossification succédant promptement à l'état précédent : le cal est alors formé par deux viroles, l'une externe et l'autre interne. » Quatrième période (du soixantième jour au cinquième ou sixième mois), transformation du tissu du cal ossifié qui passe de l'état de tissu spongieux à celui de tissu compacte, formation du cal définitif. 1) Cinquième période (du sixième au douzième mois), disparition de la tumeur du cal et rétablissement de la cavité médullaire, retour du périoste à son état naturel, reproduction de la membrane médullaire et de la moelle. » Dans les fractures mal réduites, lorsque les fragments ne se correspon- dent que par un point, il devient le siège de la soudure. Lorsqu'il y a che- vauchement et que les surfaces de la fracture ne se correspondent plus, le périoste, les muscles voisins s'ossifient pour rétablir la continuité au moyen de jetées osseuses qui deviennent de plus en plus solides et forment le cal définitif. » Dans les fractures compliquées de plaie avec suppuration, le tissu des fraf^ments se ramollit et se recouvre de bourgeons charnus, celluleux et vasculaires qui se réunissent entre eux comme dans les plaies des parties molles. Le cal est constitué par la cicatrice qui s'ossifie quand la suppura- tion est tarie. Septième théorie. )) Pour les auteurs les plus modernes, le développement du cal se ferait comme celui des autres cicatrices. Après la résorption du sang, la lymphe plastique épanchée serait bientôt envahie par un grand nombre de cellules qui, suivant les uns, s'y développeraient de toutes pièces, suivant d'autres seraient le résultat de la multiplication des cellules dites plasma- tiques, appartenant aux tissus voisins. Ces cellules seraient, dans tous les cas, séparées par un tissu soit amorphe, cartilagineux et bientôt osseux. A pe de"ré, elles revêtent tous les caractères des cellules osseuses. Si nous 1 18.. ( 884 ) nous en tenons à ce que l'on peut constater à l'œil nu, nous voyons que, pour ces auteurs, il succéderait à l'épanchement de lymphe i)lastique l'ap- parition d'un lissu cellulaire dense et fibreux, lequel peut se transfoimer directement en tissus osseux sans passer par l'état cartilagineux. )) Pour M. Virchow, lorsqu'on observerait l'intermédiaire de ce dernier état, le cartilage serait envahi par la matière terreuse de la circonférence au centre. M Poiu" lui, la consolidation osseuse peut se faire aussi bien par le déve- loppement du tissu médullaire de l'os que par celui des tissus voisins. » En i855, M. M. -G. Frémi a publié des recherches chimiques intéres- santes sur les os. » Il résulte de ses analyses que la substance organique à laquelle MM. Robin et Verdeil ont donné le nom (Vosséine est isomérique avec la gélatine. Notre honorable confrère a retrouvé cette matière organique dans le cal, ce qui prouve que les os et la cicatrice osseuse sont de même nature. )) Les nombreuses et ingénieuses théories qui viennent d'être exposées prouvent combien la doctrine est difficile et souvent insuffisante. Aussi est-il vrai de dire que la théorie du cal est encore une des parties mysté- rieuses de la science. » Lorsqu'on veut découvrir le mécanisme à l'aide duquel la nature répare ou refait un organe, ce n'est pas chose facile, et voilà pourquoi il convient de rassembler une masse de faits suffisante pour pouvoir formuler une théorie. )> En effet, on ne peut établir de principes qu'autant que tous les faits se correspondent et se coordonnent. )) La régénération des os est un acte trop complexe pour qu'on puisse le saisir d'ini seul coup d'œil, attendu les formes varices sous lesquelles il peut se produire. B Je ne parlerai du cal humain qu'après avoir fait connaître mes expé- riences sur les animaux, dont la cicatrice osseuse sera désignée sous le nom de cal comparé ou expérimental, par opposition au cal de l'homme ou d'obseivation . » Avant d'entrer dans l'exposé des recherches qui nie sont personnelles, je dois dire que, parmi les faits que j'avance, les uns ont été ob.servés sur l'homme, les autres sur les animaux. » Sur l'homme, j'ai étudié la succession des phénomènes auxquels don- nait lieu la présence d'une fracture, et, toutes les fois que les blessés ont succombé à la gravité ou à la midtiplicité des lésions, j'ai examiné dans tous leurs détails les résultats du travail réparateur dont les os brisés avaient été { 885 ) le siège. Mais si l'on songe que le hasard seul offre les observations qu'il nous est donné de faire sur Thonime, que l'expérience est moralement interdite et qu'on ne peut rien tenter sur son semblable, on comprendra qu'il est nécessaire, indispensable que l'opérateur se livre aux vivisections pour découvrir la marche que suit la nature pour arriver à un résultat. » Il n'y a pas de meilleur moyen de préciser les fonctions d'un organe que de le mettre à découvert avec le scalpel, et c'est en pratiquant sur lui une opération que l'on peut savoir que! en sera l'effet. 1) Une opération préconçue faite sur l'homme, sans expérimentation préalable, serait exécutée avec hésitation, timidité et incertitude, l'opérateur n'ayant aucune idée arrêtée et manquant d'une conviction profonde qui lui donne la fermeté nécessaire pour accomplir lui devoir pénible et dou- loureux. » L'existence des animaux ne peut être employée d'une manière plus utile, et il serait déraisonnable d'épargner leur vie lorsqu'il s'agit de la con- servation de l'homme. » Les progrés immenses que la physiologie a faits dans ces derniers temps sont dus aux expériences sur les animaux vivants. On sait qu'en chi- rurgie beaucoup d'opérations hardies, remarquables et d'une utilité incon- testable ont eu pour démonstration des vivisections. » L'importance de l'expérimentation est depuis longtemps prouvée par les travaux des Malpighi, des Duhamel, des Haller, des Detkff, des Grew, des Leuwenhoeck, des Duverney, des Perant, etc. » L'Académie des Sciences a souvent entendu exposer dans cette enceinte le résultat d'expériences faites par beaucoup de ses Membres, sans tenir compte des préjugés qui malheureusement se sont réveillés dans ces der- niers temps, sous l'influence de sociétés pliilanthropiques qui ont confondu les sacrifices nécessaires pour la conservation de l'homme avec les tortures inutiles que l'on fait subir aux animaux pour l'amusement et la distraction des spectateurs. » CHIMIE. — Sur l'apparition du gaz oxyde de carbone pendant l'absorption de l'oxygène par certaines substances vé(/étales; par M. Boussixgai'lt. « Une communication faite, dans la dernière séance, i>ar M. Calvert, me détermine à faire connaître diverses observations que j'avuis réservées pour la seconde partie de mon Mémoire intitulé : Expériences entreprises pour rechercher s'il y a émission d'azote pendant la décomposition de l'acide car- bonique par lesjeuilles submergées. ( 886 » J'ai constaté, il y a plus d'une année, le fait annoncé par M. Calvert, à savoir : que pendant l'absorption du gaz oxygène par le pyrogallate de potasse, il y a production d'une petite quantité d'oxyde de carbone. J'ai consigné cette observation dans un pli cacheté déposé sur le bureau dans la séance du i" septembre 1862. )j En demandant à M. le Président de vouloir bien ouvrir ce dépôt, je n'ai pas d'autre intention que celle de montrer à l'Académie l'attention soutenue que j'apporte dans les recherches délicates où je me trouve engagé. » Le fait que je rappelle a été le point de départ d'expériences qui seront insérées dans mon Mémoire. Je me bornerai à présenter ici quelques ré- sultats. Absorption du gaz oxygène par le pyrogallate de potasse. » I. Gaz oxycjùne, Si'^'ja. — On introduit 5 centimètres cubes d'une solu- tion contenant 2 grammes de potasse; on fait ensuite passer sous la cloche une forte balle de papier imbibé d'une solution renfermant o'-'^S d'acide pyrogalliqiie ; l'absorption a été terminée en vingt minutes. On a obtenu pour résidu 2^,77 d'oxyde de carl)one. Pour 100 reiitimètres d'oxygène absorbé.. . 3"^,4i de gaz combustible (i). M II. Dans un eudiomètre contenant 100 centimètres cubes d'oxygène pur, j'ai fait passer une balle de papier imbibé d'une solution formée de 5 centimètres cubes d'eau dans laquelle on avait mis o^',']S de potasse et 1 grammes d'acide pyrogalliqiie. La balle, fortement comprimée dans un moule, était fixée à l'extrémité d'un fil de platine. J'avais adopté cette dis- position dans l'intention de faire absorber environ les ^ de l'oxygène par le pyrogallate que l'on aurait facilement renouvelé, pour, ensuite, intro- duire du gaz de la pile afin de doser le gas combustible dans l'eudiométre où aurait eu lieu l'absorption; mais cela fut impossible. A peine la balle fut-elle parvenue dans le gaz oxygène qu'elle s'échauffa à ce point, que je crus qu'elle allait s'enflammer; les parois de l'eudiométre voisines du pyro- gallate acquirent une température d'à peu près 70 degrés, et il s'éleva une vapeur qui, en se condensant, forma sur le mercure une couche de liquide de 2 millimètres d'épaisseur. Ce liquide, dont on ne connaissait pas la ten- sion, aurait rendu impossible la mesiu'e des gaz. Je dus prendre de nou- velles dispositions. (i) Les volumes de gaz mentionnés dans cette Note sont donnés après réduction à la tem- pérature de 0 degré et à la pression de o™,76. ( 887 > » III. Dans une cloche graduée, renfermant 90""', 6 de gaz oxygène pur, on fit passer une balle de pyrogallate. Il y eut production de chaleur, mais pas à beaucoup près aussi forte que celle que l'on avait remarquée lorsque la balle était fixée à l'extrémité du fil de platine, le contact du mer- cure étant une cause de refroidissement. L'absorption, d'abord très-rapide, s'arrêta bientôt; pour la ranimer on fit passer successivement sous la cloche quatre balles de pyrogallate qui ne suffirent pas, même après un séjour de vingt-quatre heures, pour absorber tout l'oxygène. L'absorption eut lieu immédiatement lorsqu'on eut introduit ao centimètres cubes d'eau dans lesquels il y avait oK'',3o de potasse et o^^ôô d'acide pyrogallique. On ra- massa le résidu gazeux en ajoutant g'"',S d'azote. C'est dans ce mélange que l'on dosa l'oxyde de carbone; on trouva qu'il en renfermait 0*^*^,93 déve- loppés pendant l'absorption de 90^,6 d'oxygène. Pour 100 centimètres cubes d'oxygène absorbé. . . i'''^,02 de gaz combustible. » IV. Gaz oxygène, 107^^", i. — On a introduit : 2 centimètres cubes de solution alcaline renfermant. . o^'',3o de potasse, 2 centimètres cubes d'acide pyrogallique renfermant. . o^',66 d'acide. » L'absorption de l'oxygène n'ayant pas été complète, vingt-quatre heures après on a fait passer sous la cloche les mêmes doses de potasse et d'acide pyrogallique. L'absorption terminée, on a eu ini résidu de o'^'^,43 d'oxvde de carbone. Pour 100 centimètres cubes d'oxygène absorbé. . . o",4o de gaz combustible. » V. Gaz oxygène, io5'^'',4. — On a introduit les mêmes volumes de dis- solution de potasse et d'acide pyrogallique que dans l'expérience précédente, mais en une seule fois. On a obtenu pour résidu o'^'^,63 d'oxyde de carbone. Pour 100 centimètres cubes d'oxygène absorbé. . . o''"^,6o de gaz combustible. » VI . Mélange formé de : ce Oxygène 4^ > 7 Azote 4^ > 7 884 Introduit sous la cloche : 2 centimètres cubes d'une solution contenant o^',3o de potasse, 2 centimètres cubes d'une solution contenant oS'',66 d'acide pyrogallique. Après l'action du pyrogallate, on a mesuré : azote 45°"^, 75, dans lesquels • 888 ) l'analyse eudiométriqiie a indiqué o'^'^,i'- d'oxyde de cai'l)oiie apparu pen- dant l'absorption des 42*^*^,7 de gaz oxygène. Pour 100 cenlimètres cubes d'oxygène absorbé. . . "",4 de gaz combustible. » La quantité du gaz combustible dégagé pendant l'absorption de rox\- gene par le pyrogallale paraît dépendre de l'intensité de la réaction. Elle est plus forte dans l'oxygène pur que dans un mélange d'oxygène et (l'azote; et si le gaz inerte domine, cette quantité devient assez faible pour (ju il soit nécessaire d'avoir recours aux moyens les plus précis de l'analyse eutliométrique pour la mettre en évidence. Toutefois il est vraisemblable que l'émission a toujours lieu, pour minime qu'elle soit, et c'est probable- ment cette circonstance qui fait qu'en analysant l'air atmosphérique par le pyrogallate, on trouve généralement un peu moins d'oxygène que n'en donne une analyse d'air pris à la même source, exécutée par la combustion de l'hydrogène. Ainsi, comme j'ai en l'occasion de le reconnaître, si par la combustion on trouve, dans 100 parties d'air, 20,9 d'oxygène, le procédé parle pyrogallate n'en donnera que 20,8, 20,7 et même 20, 5, et par cela même la proportion d'azote se trouve sensiblement augmentée. Je crois voir une preuve de ce que j'avance dans deux analyses faites comparati- vement par M. Bunsen : Dans ICO parties d'air. Par h' pytogallaïc. Par la comhusUon. Azote 79» '4 79'04 Oxygène 20,86 20,96 100,00 100,00 » La différence pour l'oxygène est o, 1 en moins dans l'analyse par le pyrogallate. Si on l'attribue à l'apparition d'une très-minime proportion d'oxyde de carbone, qui aurait eu lieu durant l'absorption de 20,96 d'oxy- gène, on aurait une émission de 0,48 de gaz combustible pour une absorp- tion de 100 d'oxygène. Or je viens de montrer un dégagement de 0,38 d'oxyde de carbone pour une absorption de 100 d'oxygène par le pyrogallale, lorsque cet oxygène était mêlé à une forte proportion d'azote. » On a attribué le manquement en oxygène à la difficulté d'enlever par le pyrogallate les dernières parties de ce gaz, en se fondant sur ce qu'en renouvelant dans l'endioinètre la balle de j)yrogallate, en en prolongeant le contact, on voit diminuer l'azote, en un mot on voit le lapport entre les deux gaz se rapprocher davantage de celui fourni par l'analyse de l'air ( 889) faite au moyen de la combustion. Je suis fort disposé à croire que l'effet produit ne dépend pas de l'acide pyrogallique absorbant les dernières traces d'oxygène, mais bien de la potasse absorbant très-lentement de l'oxyde de carbone, comme l'a fait voir M. Bertlielot (i), et comme j'ai pu le vérifier tout récemment. » Ce qui précède ne diminue en rien la valeur du procédé recommandé par M. Liebig pour doser rapidement, à quelques millièmes près, l'oxygène de l'air atmosphérique. » Dès que j'eus constaté l'émission d'une ftiible quantité d'oxyde de car- bone pendant l'absorption de l'oxygène par le pyrogaliate, j'ai cessé de faire usage de ce réactif. Pour rechercher des traces de gaz combustible dans l'oxygène obtenu de la décomposition de l'acide carbonique par les feuilles exposées à la lumière, on soumettait 35 à 4o centimètres cubes de gaza l'épreuve de la combustion, en faisant intervenir, soit l'hydrogène, soit le gaz de la pile, en opérant dans des eudiomètres d'une grande capacité. » L'acide pyrogallique n'est pas la seule matière organique qui, en fixant loxvgène à la température ordinaire, émette de l'oxyde de carbone. » Jcide gallique. — L'action de l'oxygène sur cet acide, en présence des alcalis, a été étudiée par M. Chevreul, qui s'exprime ainsi dans ses Leçons de chimie appliquée à la teinture (2) : a 'Cet acide éprouve les altérations les plus remarquables lorsqu'il est à » la fois en contact avec l'eau, un alcali puissant et le gaz oxygène. Pour » s'en convaincre, il suffit de fiiire arriver du gaz oxygène dans des cloches » de verre placées sur le mercure, et qui contiennent des gallates alcalins » préparés sans le contact de l'air. Voici le résultat de plusieurs expériences » que j'ai faites avec quelque soin en 1820 : 1) I centimètre cube d'eau contenant o^', 1 d'acide gallique et 0^% i d'hy- » drate de potasse absorbèrent assez rapidement 19 centimètres cubes de » gaz oxygène et prirent en même temps une couleur verte. Ayant ajouté B qS"', 2 d'hydrate de potasse, la liqueur passa au rouge et finit par absorber » une quantité d'oxygène qui s'éleva à 58 centimètres cubes. » » M. Chevreul, dans ses conclusions, dit : « Dans cette absorption, il se produit une quantité d'acide carbonique » qui est loin de représenter tout l'oxygène absorbé. >> (i) Berthelot, Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. XLVI, p. 4^0. (2] Vingtième leçon, t. Il, p. 48. C. R., i863, 2"'« Semestre. (T. LVII, N» 22." * ^9 ( sgo) » J'ai repris en 1862 l'expérience de M. Chevreiil. » Dans 6 centimètres cubes d'eau on a dissous o^^g de potasse et 2 grammes d'acide gallique. La moitié de cette dissolution a été introduite sous une clociie graduée renfermant io3 centimètres cubes d'oxygène pur. On a agité : la solution s'est colorée en vert foncé ; il y eut 25 centimètres cubes d'oxygène absorbé. Quatorze heures après, le volume du gaz n'avait pas diminué. J'ai fait alors passer sous la cloche 5 centimètres cubes d'une solution alcaline contenant o^"', 80 de potasse; aussitôt le liquide prit une teinte rouge-bruu, et l'absorption de l'oxygène fut extrêmement rapide. C'est là, on le voit, l'expérience de M. Chevreul. » Cependant, bien que l'absorption ait été presque instantanée, elle ne fut pas complète : il resta un résidu gazeux de i'^'',42. » Comme l'oxygène employé était pur, je ne compris pas d'abord pour- quoi le gallate alcalin, qui eu avait absorbé si vite ioi'^'^,6, n'avait pu en absorber io3 centimètres cubes. En voici la raisou : le gaz résidu n'était pas de l'oxygène, mais bien, comme l'indiqua l'analyse eudiométrique, du gaz oxyde de carbone. » Ainsi, pendant l'absorption par le gallate alcalin de io3 centimètres cubes d'oxygène, il y a eu émission de i",/i2 d'oxyde de carbone. Pour 100 centimètres cubes d'oxygène absorbé. . . i'''^,38 de gaz combustible. » Tannin. — Dans une cloche renfermant 194''°, f)3 d'oxygène, on a fait passer 6 centimètres cubes d'une solution aqueuse, dans laquelle il y avait 2 grammes de tannin obtenu par le procédé de M. Pelouze et 10 centi- mètres cubes d'une solution alcaline contenant i^%5 dépotasse. L'absorp- tion a eu lieu en très-peu de temps ; le liquide prit une teinte rouge. Il est resté un résidu gazeux de 6*^*^,27, que l'analyse a démontré être du gaz oxyde de carbone émis pendant l'absorption des 194'^'^, 93 d'oxygène. Pour 100 centimètres cubes d'oxvgène absorbé. . . 3'^'^,2i de gaz combustible. " Dans une seconde expérience, faite avec du tannin d'une autre prove- nance, j'ai eu, pour une absorption de 87*"^, 2 d'oxygène, une émission de 2", 54 d'oxyde de carbone. Pour 100 centimètres cubes d'oxygène absorbé. . . 2",gi de gaz combustible. » Je me borne à rai^portcr ces deux observations ; mais j'ajouterai que toutes celles que j'ai faites établissent que pendant l'oxydation du tannin à la températine ordinaire, il y a production d'une certaine quantité (Sgi ) d'oxyde de carbone. Ce résultat a bien son importance, puisque le t-inniii est partout dans l'organisme des végétaux. » A la suite de cette communication le pli cacheté déposé par M. Bous- singault le i •"■ septembre 1862 est, sur sa demande, ouvert par M. le Prési- dent et lecture est donnée du contenu qui est conçu dans les termes sui- vants : Note déposée à l'Académie le i" septembre 1862, par M. Bocssingault. « L'acide pyrogallique sursaturé de potasse, constituant un pyrogallate très-alcalin, a été proposé par M. Liebig comme un réactif absorbant aussi efficace et d'un emploi plus facile que le phosphore, dans le cas où l'oxy- gène se trouve en présence de gaz combustible, du gaz oxyde de carbone par exemple, dont on peut, après l'absorption de l'oxygène, déterminer la proporlion par une combustion dans l'eudiomètre, ou par l'action absor- bante du protochlorure de cuivre. Or, je viens de constater que pendant l'absorption du gaz oxygène il y a production de gaz oxyde de carbone. » J'ai commencé l'étude de la réaction de l'oxygène sur l'acide pyrogal- lique, en présence de la potasse, et c'est pour me réserver le droit de continuer mes recherches, dans le cas où quelqu'im traiterait le même sujet, que je dépose cette Note, en y insérant les résultats d'une expé- rience exécutée le iS août dernier. Dans un flacon, posé sur la cuve à mercure, contenant du gaz oxygène extrait du chlorate de potasse et dans lequel il y avait un peu d'air atmosphérique, on a fait passer aS centimètres cubes d'eau distillée, puis on a introduit un fragment de potasse à la chaux. Après la dissolution de la potasse, on a fait passer dans l'eau, sur le mer- cure, une forte balle de papier buvard qu'on avait malaxée dans une solu- tion très-concentrée d'acide pyrogallique à laquelle, pour donner plus d'énergie, on avait encore ajouté des cristaux aciculaires du même acide. « Le gaz sur lequel on agissait, ramené à o degré et pression 0^,76, occu- pait un volume de i5o centimètres cubes. » La réaction se manifesta aussitôt après l'introduction de l'acide pyro- gallique; la dissolution prit une couleur brune très-foncée; le mercure de la cuve s'élevait dans le flacon à mesure que l'oxygène disparaissait; on agitait le mélange pour en favoriser l'action. L'absorption terminée, on laissa en contact pendant cinq heures pour enlever les dernières traces d'oxygène. 119.. ( 892 ) » Le gaz non absorbé, passé sur la cuve à eau, débarrassé de la disso- lution de pyrogallate alcalin, a été mesuré. Il en restait i8",5, à la température de i7",8, la pression étant o^j^aôi. Soit 16''', 55 à o degré et pression o'",76. » C'est ce gaz, non absorbable par le pyrogallalo, que l'on a analysé par le protochlorure de cuivre dissous dans l'acide chlorhydrique. » On a opéré sur Gaz 168', I, à la température de 17°, 8, et pression o'",7436. Soit i3i ,54 à o degré et pression o'",76. » Après l'absorption par le protochlorure de cuivre, on a eu : Gaz 86, 1, à la température de 17°, 8 et pression o"',7436. Soit 77 ,23 à o degré et pression o"',76. Gaz absorbé par le réactif 54 , 3 1 Pour 100 de gaz, 4 1 ,2 de gaz absorbable par le protochlorure. Dans les i6'^'^,55 de gaz que le pyrogallate n'avait pas absorbés, 6,82 de gaz absorbé par le protochlorure. Azote. . . 9,73 » Dans les i5o centimètres cubes de gaz traités par le pyrogallate alca- lin, il se serait donc développé 6", 8 de gaz oxyde de carbone. » Il restait à s'assurer que dans le gaz oxygène soumis au traitement par le pyrogallate, il n'y avait plus de gaz oxyde de carbone qui y aurait pu être amené par une cause accidentelle. Dans ce but on a analysé le gaz dans l'eudiomètre. Volume à o degré Volume. Température. Pression. el pression o'OjjS Gaz 35n,3 i8°,2 o"',3973 175,10 Après l'introduction de 4^ pour 100 de gaz de la pile etdétonation 358,7 '^"''^ o"'>3948 •74!7o Gaz disparu o,4o Pour 1 00 de gaz o , 23 C'est-à-dire qu'on est retombé, après la combustion du gaz de la pile, sur le même volume de gaz que l'on avait introduit dans l'eudiomètre. Il n'y avait donc pas de gaz combustible. En effet, si le gaz oxygène traité dans l'eudiomètre eût contenu la proportion d'oxyde de carbone dosé par le protoclilorure de cuivre, après l'absorption effectuée par le pyrogallate, soit 4,55 pour 100, les lyS volumes misa détoner avec 78 volumes de gaz (893) de la pile auraient éprouvé une diminution de 4 volumes, puisqu'ils au- raient contenu 8 volumes d'oxyde de carbone. » Il y aurait donc eu, dans cette expérience, apparition de gaz oxyde de carbone pendant l'absorption de l'oxygène par le pyrogallate alcalin. » Je continue ces recherches, qui intéressent au plus haut degré l'eu- diométrie, puisque le pyrogallate est aujourd'hui un réactif absorbant gé- néralement usité, suivant les conseils des chimistes les plus éminenls. » Remarques de M. Chevreul à [occasion de la communication de M. Boussingault. « Je demande la permission de faire quelques remarques à l'occasion de l'importante communication de mon confrère M. Boussingault. J'ai parlé dès i8i4 de l'action remarquable de l'acide gallique d'absorber l'oxygène lorsqu'il est en présence d'un alcali en excès, et ce qui m'a frappé dans mes expériences, c'est que l'absorption d'un minimum d'oxygène donne lieu à ime couleur bleue ou verte, et celle d'un maximum d'oxygène à une cou- leur rouge qui finit par passer au roux, et que le premier phénomène n'a lieu qu'avec un minimum d'alcali excédant la neutralisation, tandis qu'au contraire le second ne s'observe qu'avec un grand excès d'alcali. » Tout en observant que l'acide gallique subhmé que l'on considérait alors comme identique à l'acide non sublimé absorbe pareillement le gaz oxy- gène en se colorant lorsqu'il est en présence d'un excès d'alcali, je fis la remarque que l'identité des deux acides n'existait pas; remarque fondée, mais la distinction des deux acides ne fut admise que longtemps après mon observation. » Mes expériences sur l'influence exercée par la force alcaline sin- la com- bustibilité des madères organiques s'étendirent bientôt à l'hématine, à la brésiline, à la carminé, aux principes colorants des violettes, de la filasse de chanvre, de la bile, du sang, à l'albumine, à l'huile empyreumatiquc prove- nant de la distillation des corps gras, etc., etc. Je constatai encore que la potasse concentrée chauffée avec le ligneux, le sucre et l'amidon dans le vide, dégage du gaz hydrogène presque pur, puisque pour 8o volumes ce gaz ne me donna par la combustion que 3 volumes de gaz carbonique, et le fait le plus remarquable, c'est qu'il n'y a pas de coloration; mais si après la distillation le résidu de la cornue a le contact de l'air, l'oxygène est absorbé, la matière se colore, -et c'est alors que la production de la matière que M. Braconnot a appelée ulmine se manifeste à l'observateur par une couleur brune. ( 894) » J'ai insisté sur le fait que les liquides animaux, qui, comme le sang, sont en présence de l'air, sont alcalins, tandis que les liquides de l'économie végétale sont généralement acides. » Je n'ai pas cherché à approfondir en particulier les faits que j'ai réunis en généralités au point de vue de Vanalyse organique qu'on nomme immé- diate pour la distinguer de Vanalyse organique dite élémentaire. Évidemment, |)our moi, il n'existe d'analyse organique que la première, l'analyse élé- mentaire rentrant dans l'analyse minérale. )i Comme je l'ai dit, il est impossible de donner une formule générale pour l'analyse immédiate, puisqu'il n'existe pas une seule matière organi- que quoique peu complexe dont tous les principes immédiats soient connus; c'est cette conviction qui m'a déterminé à soiunettre à une série raisonnée d'opérations analytiques une matière excessivement compliquée, le suint de mouton, afin de donner un exemple détaillé aux jeunes chimistes qui ne croiront pas déroger en se livrant à une branche de la chimie si négligée aujourd'hui, après avoir été un objet de travaux incessants pour la plupart des élèves de Vauquelin. Plusieursdes Com/j^es/em/î/s de l'Académie contien- nent des Notes extraites de ce travail qui remontera bientôt à quarante ans. )) Quoiqu'il y ait au moins quatre corps gras fixes nouveaux, plusieurs corps volatils dont les uns sont acides, les autres neutres, qu'il y ait des composés azotosulfurés doiiés de l'acidité, et qu'il soit curieux au point de vue physiologique d'avoir montré que le mouton sécrète de 1 oxalate de chaux et du silicate de potasse, qu'une des matières azotosulfurées est sé- crétée aussi par l'homme, j'avoue cependant que c'est surtout l'espoir d'être utile à la chimie pure et aux sciences physiologiques qui n'a pas cessé de me soutenir dans mes recherches si longues, si difficiles et si laborieuses d'analyse immédiate sur le suint, entreprises au point de vue le plus gé- nérai de la méthode. « PHYSIQUE. — Réponse aux critiques de M. Ed. Becquerel 5ur tes déterminations de températures élevées de MM, H. Sainte-Claire Deville et L. Troost. Note de M. H. Sainte-Claire Deville. « Nous avons, M. Troost et moi, démontré par des expériences précises que le platine devient perméable à l'hydrogène à une température élevée, et nousen avons conclu qu'un vase en platine étant placé au milieu de charbons ardents dans une atmosphère qui contient, comme on le sait, une notable quantité d'hydrogène, cet hydrogène pénètre dans l'intérieur du vase de platnie, s'y brûle, s'il trouve de l'air, et forme de l'eau. C'est la seule expli- ( 895 ) cation admissible de cette formation de vapeur d'eau que M. Ed. Becquerel rencontrait opiniâtrement dans son pyromètre en platine qu'il avait dû sécher entièrement en se conformant en cela aux prescriptions ordinaires de la physique expérimentale. » A cette observation mon savant confrère répond que « ses expériences » avaientété faites dans des conditions telles, qu'aucune trace de gaz » hydrogène n'avait pu être en contact avec le platine. » Cependant, si on consulte le Mémoire de M. Ed. Becquerel [Annales de Physique et de Chimie, t. LXVIII, p. 80, 3" série), on trouve que « le réservoir en platine a été intro- » duitdans le tube en terre AB {PL If^,fig- 0 ^^ 5 centimètres de diamètre » intérieur qui traversait un fourneau MN. Il était placé au milieu du tube » de terre.... » Ce tube en terre était d'ailleurs fermé à ses extrémités par « un bouchon en terre hité à l'entour avec de l'argile. » Or, ce tube on terre, matière éminemment poreuse et endosniotique, d'après les belles expériences de M. Graham, celles de M. Jamin et les miennes, non-seule- ment laisse passer l'hydrogène, mais encore le concentre autour du réservoir de platine qu'il est destiné à protéger. Tout était donc disposé dans l'expé- rience de M. Ed. Becquerel pour que cette cause d'erreur eût un effet aussi intense que possible. L'expérience suivante complétera cette démonstration. » M. ïroost et moi nous avons pris un de ces tubes en terre dont il est question, nous y avons introduit un tube de platine épais et sans soudure qui dépassait le tube de terre des deux côtés, et nous l'avons fermé avec un bouchon de terre lu lé avec de l'argile. Ainsi nous avons remplacé le pyromètre de M. Ed. Becquerel par un tube de platine fermé à ses deux extrémités par des bouchons en caoutchouc munis de tubes en verre. Un courant d'air sec traversait avec un débit de i à 2 litres à l'heure le tube de platine qui avait été préalablement séché à 200 ou 3oo degrés dans le vide. )> Ce système de deux tubes concentriques a été placé dans un fourneau alimenté par du charbon de cornues. Au moment où le tube de platine a été rougi par le feu, des vapeurs d'eau se sont montrées dans l'air resté sec jusque-là. Nous les avons recueillies dans un tube à chlorure de calcium taré. Nos pesées en accusaient déjà 35 milligrammes dans la première heure de l'expérience. L'hydrogène exhalé par le charbon, s'introduisantau travers du tube de terre dans le tube de platine où il se brûlait, était la seule cause du phénomène. Bientôt cependant le charbon violemment chauffé perdait son hydrogène et ne pouvait plus fournir à l'oxygène de l'air (lui traversait le tube de platine l'un des éléments de l'eau. Aussi la production ( 896 ) d'eau cessait-elle presque entièrement. Mais il suffisait d'introduire dans le cendrier du fourneau une capsule pleine d'eau pour que les vapeurs de cette eau décomposées par le charbon rendissent à l'atmosphère du four- neau l'hydrogène qui avait disparu. Dès lors l'eau reparaissait dans le tube dessiccateur et la balance en accusait autant qu'au commencement de l'ex- périence. » Cette observation rend compte de toutes les circonstances bizarres qu'a consignées M. Ed. Becquerel dans son Mémoire et qu'il attribue tantôt à l'émission d'une innlière gazeuse par \e platine (p. 85), tantôt à une absorp- tion de l'oxygène de l'air par le mercure des manomètres (p. 89 et 90), hypothèses également inadmissibles. i> M. Ed. Becquerel, à l'aide de nouvelles expériences dont les éléments principaux n'ont pas été publiés et qui échappent par conséquent à toute discussion, juge en sa faveur la question en litige entre nous. Cependant il devrait avant tout expliquer une différence d'au moins 48 degrés qui existe entre ses premières déterminations qu'il ne croit entachées d'aucune cause d'erreur et les nouvelles qu'il croit meilleures. Cette simple observation nous suffirait pour ne pas accepter la condamnation qu'il prononce contre nous, si la cause de ces divergences, soit avec lui-même, soit avec nous, n'était évidente. Car il dit lui-même que « les réservoirs (de ses thermomètres à » air) ne baignaient pas immédiatement dans la vapeur de zinc (i). » Or, non-seulement le contact entre le thermomètre et la vapeur dont on déter- mine la température doit être immédiat, mais encore il faut que le réservoir du thermomètre soit séparé des parois du vase distillatoire par une ou plu- sieurs couches de la vapeur elle-même. C'est là le principe des appareils qui ont servi à de telles déterminations, et dans les expériences de M. Ed. Becquerel il est entièrement négligé. Il nie semble donc que ces expériences n'offrent pas encore des garanties suffisantes pour invalider les nôtres. » Nous avons cru cependant devoir refaire une expérience nouvelle avec l'appareil en fer et le zinc qui nous avaient servi dans nos premières (i) Le tube de fer qui sépare le thermomètre delà vapeur de zinc dans l'appareil de M. Ed. Becquerel se trouve dans les mêmes conditions physiques que le tube cylindrique en fer- blanc entouré de vapeur d'eau dans l'appareil de M. Regnault pour les chaleurs spécifiques. Un corps placé dans cette enceinte arrive très-lentement à f)?. degrés, terme qu'on dépasse péniblement sans jamais atteindre 100 degrés. Et cependant la chaleur latente de la vapeur d'eau est incontestablement très-supérieure à la chaleur latente de la vapeur de zinc. ( 897) déterminations; nous avons obtenu les résultats suivants : Pression au moment de la pesée du ballon ouvert 'j59"'",54 Température de la balance 2i°,5 Excès de poids 299"^, 5 Pression au moment de la fermeture du ballon 'j58""",22 Volume du ballon 2'J7",93 Air resté 2.", i4 Dilatation de la porcelaine de o degré au point d'ébuUiiion du zinc. 0,0119 Densité de l'iode 8,7 16 Température déduite loSg" » Ce nombre est presque identique à celui que nous avions déjà fixé (1040 degrés). Cette coïncidence indique seulement l'extrême habitude que nous avons de ces opérations qui nous permet de reproduire invaria- blement les mêmes conditions de chauffage. Car l'appareil en fer dont nous nous sommes servis, et que M. Ed. Becquerel a adopté après nous, présente bien des imperfections que M. Regnault a déjà signalées et que nous indi- querons plus loin. Il est cependant très-propre, comme on peut le voir d'après ces résultats, à la détermination des densités de vapeur. Mais pour fixer un point d'ébuUition, il faut des instruments plus si'irs et malheureu- sement plus compliqués. » PHYSIQUE. — Détermination du point d'ébiillition des liquides bouillant à haute température ; par MM. H. Saixte-Claibe Deville et L. Troost. « Dans un Mémoire présenté à l'Académie le 1 5 novembre 1857, Comptes rendus, t. XLV, p. 821, nous avons fait voir les premiers que l'on pouvait se servir des liquides bouillant à haute température comme sources de cha- leur constantes et susceptibles d'être appliquées dans les recherches de physique expérimentale. Nous avons employé successivement les vapeurs de mercure, de soufre, de cadmium et de zinc à la détermination de la densité de vapeur d'un grand nombre de matières qui avaient échappé jusqu'ici à toutes les tentatives des physiciens. Les résultats obtenus par notre méthode ont été une consécration très-précieuse des principes sur lesquels nous nous fondons. Depuis, M. Ed. Becquerel et d'autres physiciens les ont utilisés. » En pesant deux ballons tarés en porcelaine de même volume et de même nature, l'un rempli de vapeur diode, l'autre rempli de la vapeur G. R , 1863, 1'"' Semestre. (T. LVII, N» 22.) ^20 ( 898 ) qu'on expérimente, tons les deux chauffés, puis fermés dans inie enceinte où la température a été maintenue constante par un liquide en ébullitiou, on a tous les éléments nécessaires au calcul de la densité de vapeur cher- chée. » Ainsi on n'a besoin ni de la température de l'enceinte, ni du coefficient de dilatation de la porcelaine, quand l'expérience a pleinement réussi. Il en résulte que nos densités sont indépendantes de ces deux constantes. » Néanmoins, ces constantes peuvent intervenir dans des corrections de peu d'importance, quand de très-petites quantités d'air sont restées dans nos ballons. C'est pour cela que nous avons cru nécessaire de déterminer le coefficient de dilatation de la porcelaine entre o degré et le point d'ébulli- tion du zinc, en employant de nouveaux procédés qui nous paraissent pré- senter de grandes garanties d'exactitude. Quant au point d'ébullition du zinc, il fallait le déterminer aussi avec le métal qui servait à nos expériences et dans les conditions physiques au milieu desquelles nous nous placions : nous l'avons donc déduit des nombres que nous a fournis la vapeur d'iode, et pour cela nous avons admis que les coefficients de dilatation et de com- pressibilité sont les mêmes pour cette vapeur et pour l'air, et nous avons basé nos calculs sur la densité théorique de la vapeur d'iode. Ces éléments sont certainement insuffisants pour permettre de calculer rigoureusement le point d'ébullition du zinc pur : mais ils nous ont permis d'établir avec quel- que sécurité, entre des limites probablement assez rapprochées, les tempéra- tures auxquelles étaient portés nos appareils. C'était là notre seule pré- tention. » En ce moment nous reprenons ces déterminations dans des condi- tions d'exactitude et de précision que les méthodes connues imposent aujourd'hui à tout physicien. Nos expériences sont loin d'être terminées : mais désirant conserver la priorité pour ce qui nous appartient dans notre système d'expérimentation, nous demandons à l'Académie la permission de le décrire sommairement. » Coefficient de dilalalion de la porcelaine. — On prend un tube de por- celaine sortant du même four que le thermomètre à air dont on va se servir, on trace à sa surface deux traits à l'aide de l'acide fluorique. Après l'avoir fixé solidement, on le refroidit à o degré en l'entourant déglace, et on me- sure avec un cathétomètre de Gand^ey, donnant le centième de millimètre, la distance comprise entre les deux traits (5o centimètres environ). On fait passer ensuite au travers du tube un courant de vapeur de zinc qui va servir au:): expériences thermométriques, en préservant l'appareil au moyen d'une ( «99) grille remplie de charbons rouges contre l'action trop active du rayonne- ment. Si on mesure alors la distance entre les deux traits, on a les éléments nécessaires au calcid de la dilatation cherchée. En refroidissant de nouveau le tube à o degré et déterminant encore la distance entre les deux traits, on voit si la porcelaine s'est contractée par la cuisson qu'elle vient de subir. » Thermomètre à air en porcelaine. — Nous devons à M. Gosse, fabricant de porcelaines à Bayeux, les appareils dont nous avions besoin pour effec- tuer notre travail. Depuis sept ans au moins il a montré une complaisance inépuisable en appliquant toute la connaissance qu'il a de son art à satis- faire nos exigences. Enfin il a réussi, en se conformant à toutes nos indica- tions, à nous procurer des ballons terminés par des tubes capillaires de 35 centimètres de longueur. C'est avec la même complaisance qu'il a fait depuis pour M. Ed. Becquerel, que nous lui avions adressé, des ballons sem- blables, mais plus petits, qui ont servi aux dernières expériences que ce physicien vient de publier. Malheureusement, des ballons ainsi faits ne peuvent être vernis intérieurement, ce qui est indispensable. En outre, on ne peut déterminer à part le volume du ballon et le volume du col souvent très-irrégulier à l'intérieur, deux éléments qu'il est nécessaire de connaître avec la plus grande exactitude. Nous y avons donc renoncé, et nous em- ployons maintenant le procédé suivant : » Un ballon à large ouverture (i centimètre environ et à col court, verni sur ses deux surfaces, est jaugé avec le plus grand soin. On jauge également un tube capillaire en porcelaine aussi régulier que possible et surtout dénué de fissures intérieures. On les soude au chalumeau à gaz hydrogène et oxygène par un procédé que nous ne pouvons décrire ici, et on recommence le jaugeage exact de l'appareil complet. Ces jaugeages se font avec de l'eau qu'on fait bouillir longtemps pour chasser tout l'air ad- hérent aux parois de la porcelaine. On suit à cet égard toutes les prescrip- tions indiquées par M. Regnault dans son grand Mémoire sur les coefficients de dilatation. )) Nos ballons contiennent de 275 à 3oo centimètres cubes. Mais ils sont encore trop petits (i). Nous aurions voulu imiter encore M. Regnault, qui, dans ses expériences relatives au coefficient de dilatation de l'air, emploie des ballons de 800 centimètres cubes. Mais il se présente ici des difficultés (i) Quoi qu'on fasse, à cause des espaces à température indéterminée, on est oblige, pour obtenir quelque précision, d'opérer sur de grands volumes d'air. 120.. ( 900 ) de chauffage d'un ordre tout particulier, sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Les ballons, d'ailleurs, doivent être tout à fait spliériques pour résiter plus facilement à toute déformation permanente à haute tempé- rature. » INous avons songé à remplacer la porcelaine par un métal. Mais nous aurions été privés de ce grand avantage de notre méthode qui consiste à déterminer la dilatation de l'enveloppe de notre thermomètre avec la vapeur même de la substance dont nous voulons obtenir le point d'ébullition. On se rend ainsi indépendant de la température, et on peut espérer d'obtenir toute la précision avec laquelle ont été fixés jusqu'ici les constantes ou coef- ficients dans les parties moins élevées de l'échelle thermométrique (i). » Dans nos expériences, le ballon plonge dans la vapeur jusqu'à la par- tie supérieure et large de son col. Quelques centimètres au-dessus, le col, dans sa partie capillaire, est entouré d'eau maintenue à la température du laboratoire. L'espace à température incertaine occupe à peine un ou deux dixièmes de centimètre cube. Son influence sur les résultats de l'expérience, quand le ballon est suffisamment grand, est entièrement négligeable. » La porcelaine vernissée est moins hygrométrique que le verre. Dans le vide et au moyen de l'air sec elle perd, à loo degrés ou même au-dessous, toute humidité. Cependant nous nous sommes astreints à opérer toute des- siccation au rouge et dans le vide. » Fase distillatoire . — C'est un grand creuset en plombagine (2), des- tiné à fondre l'acier et provenant de la fabrique de M. Coste, à Tilleur, près Liège. On introduit dans sa moitié inférieure 1 7 kilogrammes de zinc fondu. La partie supérieure, destinée à recevoir le thermomètre, contient en outre un diaphragme percé de trous et un petit appareil en terre réfractaire à circulation de vapeur. Le tout ressemble aussi complètement que possible au vase dans lequel M. Regnault détermine le coefficient de dilatation de l'air au moyen de la vapeur d'eau. Le zinc distillé se condense dans un tube de terre assez large et retombe dans le creuset, de manière à maintenir constants la composition et le niveau du bain métalliqtie. (1) Il eût fallu, pour pouvoir se servir de therraomclres à parois métalliques, avoir dé- montré leur indifférence chimique sur les gaz qu'on y renferme et leur imperméabilité, quand elle existe. (2) Nous avons renoncé aux vases de fer parce qu'ils s'attaquent trop facilement par le zinc, et parce que la conductibilité de leur matière rend plus dangereuse l'inûuence du rayon- nement de leurs parois. ( 90I ) )) Manomètre. — C'est l'appareil employé par M. Regnault, décrit dans son Mémoire sur les coefficients de dilatation et dessiné dans la PL /, fig. 19 [Mémoires de i Académie dts Sciences, t. XXI). Son principe est, comme on le sait, le même que celui de M. Pouillet ; mais nous avons profité de tous les perfectionnements que ces manomètres ont reçus, soit de M. Regnault, soit des constructeurs dirigés par lui. Nous devons lui témoi- gner publiquement notre admiration pour la facilité et l'exactitude avec lesquelles peuvent se faire désormais toutes les expériences tliermométriques quand on suit rigoureusement ses conseils. Enfin notre instrument a été consiruit par M. Golaz, l'habile artiste, qui nous a donné toute l'aide de son expérience consommée. » Nous avons toujours opéré une pression très-voisine de la pression at- mosphérique, d'abord pour éviter toute cause de déformation temporaire ou permanente de la porcelaine, phénomène sur lequel on ne sait rien aux températures où nous avons opéré, ensuite pour nous mettre à l'abri des variations de la loi de Mariotte, variations qui, si elles existent, sont incon- nues quant à leur intensité, quoiqu'on en puisse prévoir le sens. » Notre manomètre est placé dans une pièce sans feu dont la tempéra- ture ne varie pas sensiblement pendant la durée des expériences, et com- munique au travers d'un mur, par un tube de cuivre de quelques dixièmes de millimètre de diamètre, avec le réservoir du thermomètre à air. 1) Zinc. — Nous prenons du sulfate de zinc du commerce, que nous dis- solvons dans l'eau légèrement acidulée ; nous laissons la solution limpide en contact prolongé avec de l'hydrogène sulfuré. Nous décantons, nous éva- porons à sec, et nous calcinons le sulfate au rouge blanc pendant douze heures. L'oxyde restant est un peu jaune : on le lave à l'eau commune, on le sèche et on le mélange avec son poids de charbon de bois et un peu de goudron. Le mélange, calciné de nouveau, est introduit dans une grande cornue de terre non vernissée (le vernis contient toujours du plomb) et chauffé violemment jusqu'à cessation complète de toute vapeur métallique. C'est le seul procédé qui nous ait paru praticable pour obtenir à l'état de pureté les 20 kilogrammes de zinc dont nous avons besoin. » Quant au zinc oiistillé ( nous en avons préparé 85 kilogrammes en frac- tionnant les produits), il contient des quantités très- variables de cadiniinn et de plomb inégalement réparties sur les différents lots de la distillation. Les premiers nous ont donné des produits qui contenaient jusqu'à i5 à 20 pour 100 de cadmium, et les derniers renfermaient beaucoup de plomb. Aussi nous ne croyons pas devoir donner ici les nombres très-variables ob- ( Oo-i ) icnus avec ces différentes matières, qui toutes n'ont pas, d'ailleurs, été analysées. » Pour d'autres recherches, nous comptons employer des alliages de zinc et de cadmium, de zinc et de plomb, pour obtenir des températures fixes dans une grande étendue de l'échelle thermométrique, en maintenant con- stante dans nos vases distillatoires la composition de l'alliage volatil sur le- quel nous opérons. » L'Académie comprendra combien il faut de temps pour mener à fin un travail qui exige de nous de nombreuses expériences et surtout de nom- breuses et délicates analyses. Nous n'aurions pas osé lui soumettre des re- cherches en voie d'exécution, si nous n'avions à côté de nous un redoutable concurrent qui presse nos pas. Cette lutte amicale ne sera pas, nous l'espérons, de nature à nuire aux savants : à coup sûr, la science en pro- fitera. » Réponse à M. H. Sainte-Claire Deville par M. Ed.mo.nd Becquerel. (( M. Edmond Becquerel regrette que l'heure avancée de la séance ne lui permette pas de répondre tout de suite aux remarques de M. H. Sainte-Claire Ileville, mais il le fera dans la première séance. En attendant, il se borne à dire qu'il n'est nullement d'accord avec MM. Sainte-Claire Deville et Troost sur les résultats qu'ils ont obtenus, et qu'il les conteste; que ses expériences, en ce qui concerne la détermination du point d'ébullition du zinc, ne se sont pas bornées à une seule détermination expérimentale, comme MM. Sainte-Claire Deville et Troost l'ont fait dans leur premier Mémoire et à une seule faite également dans le second, mais sur des résultats nom- breux et suivis avec le plus grand soin pendant plusieurs mois; qu'il comparera dans la première séance les méthodes expérimentales suivies, et qu'il indiquera quel est le degré d'exactitude ainsi que les limites d'erreurs que l'on peut commettre en employant celle dont il a fait usage dans ses recherches. » PHY-SIOLOGIE. — Adhésion de M. Pouchet à la protestation contenue dans une Noie récente de MM. Joly et Musset. « N'ayant pu, à cause de mon éloignement, signer la réponse aux obser- vations de M. Pasteur adressée à TAcadémie par MM. Joly et Musset, je déclare aujourd'hui que je m'y associe absolument. J'atteste que sur quel- que lieu du globe où je prendrai un décimètre cube d'air, dès que je met- trai celui-ci en contact avec une liqueur putrescible renfermée dans des ma- ( 9"3 ) tras hermétiquement clos, constamment ceux-ci se rempliront d'organismes vivants. » Dans le livre que je viens de publier, j'ai démontré que si l'habile chi- miste que combattent avec moi les deux savants de Toulouse obtient dans ses ballons des résultats si contradictoires, cela tenait à un vice fondamental dans sa méthode expérimentale. » Mais nous n'entreprendrons ces expériences, qui sont ime réminis- cence de celles de Spallanzani, que pour prouver que nous ne nous dérobons à aucune objection. Seulement, au lieu d'employer les procédés du savant Directeur de l'Ecole Normale, qui paralysent toujours, ou même parfois entravent absolimienl tous les phénomènes biologiques, nos matras, her- métiquement scellés, auront une forme un peu différente des siens, et le fluide que nous emploierons sera analogue à celui qui, malgré leurs désirs et leurs prévisions, donnait des organismes vivants dans les appareils à air calciné de Schwann, de Dusch et de Schrœder. » NOmiJVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. (h- trofjradski. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 4<^ : M. Neumann obtient 4° suffrages. M. Helmholtz 3 » M. Clausius 2 » M. Sylvester i » M. IVeumaxn, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission qui sera chargée de proposer la question mise au concours pour le grand prix des Sciences naturelles de 1 865. MM. Milne Edwards, Flourens, Bernard, Brongniart, Decaisne réimissent la majorité des suffrages. L'Académie procède enfin, toujours par la voie du scrutin, à la nomina- tion d une Commission chargée de proposer une question pour sujet du prix Bordin (Sciences naturelles) pour i865. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Bernard, Flourens, Chevreul, Brongniart.) (9o4 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. « *I. LE RIariéchal Vaillant dépose sur le bureau de l'Académie un Mémoire de M. Martin de Br elles, chef d'escadron, professeur de Sciences appliquées à l'Ecole d'artillerie de la Garde Impériale. Ce Mémoire traite de Y Applicalion de la théorie mécanique de la chaleur à l'artillerie. » (Commissaires, MM. Piobert, Morin, Maréchal Vaillant.) liCONOMiE RURALE. — Expériences sur les limons charriés par tes cours d'eau; par M. Heuvé-Mangon. (Extrait présenté par M. Peligot.) (Commissaires, MM. Boussingault, Payen, Peligot.) « La fertilité proverbiale des limons que le Nil dépose chaque année sur les plaines de l'Egypte, et le succès des opérations de colmatage, appellent naturellement l'attention sur les bénéfices que l'agriculture peut attendre d'un judicieux emploi des matières solides entraînées par les eaux. La solu- tion du problème des inondations se rattache d'ailleurs au même sujet de la manière la plus intime. Aussi voit-on un grand nombre d'agronomes et d'ingénieurs, de Gasparin etPolonceau, pour ne citer que les plus connus, signalera l'envi l'emploi des limons comme le seul moyen de faire tourner au profit de l'agriculture et de la richesse publique l'action si redoutée des torrents et des fleuves les plus dangereux. » Lorsqu'on essaye d'approfondir ces idées si simples et si souvent re- produites, on reconnaît qu'il n'a été fait sur la quantité et la nature des limons de nos cours d'eau que des observations peu nombreuses, et que les données numériques, indispensables à des études sérieuses et détaillées, font presque complètement défaut. J'ai cherché à combler en partie cette lacune, en apportant quelques chiffres positifs dans une discussion où l'on ne peut avancer avec sûreté, sans des données préalables parfaitement cer- taines. » J'ai donc été conduit à m'occuper à la fois de deux séries d'expériences: 1 une ayant pour objet l'étude de l'emploi des eaux claires dans les irriga- tions (i), l'autre l'emploi des eaux limoneuses au colmatage et à la fertili- sation des terres. (l) Expériences sur l'emploi des cau.r dans les irrigations sous différents climats; Paris, Diinod, i863, et Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. LVI, p. 292. (9o5) » IjCS troubles dont il s'agissait d'apprécier la nature et l'importance va- rient d'un jour à l'autre dans leur proportion par mètre cube d'eau, dans leur composition, dans leur quantité absolue subordonnée elle-même au volume du débit. Pour obtenir des chiffres exacts dans leur ensemble, il faut donc organiser des séries continues d'observations, et déterminer dans chaque expérience : i° la quantité de limon déposé par mètre cidie d'eau ; 2° la nature de ses éléments minéraux ou organiques; 3° le débit du cours d'eau au moment de la prise de léchanlillon. » On trouvera dans le Mémoire les détails de cette longue série d'études, poursuivies depuis i858, et de nombreux tableaux numériques impossibles à reproduire ici. » Mes expériences ont porté sur la Loire et ses principaux affluents, sur le canal de Carpentras et sur la Durance. Je me bornerai, faute d'espace, à signaler seulement quelques faits relatifs à cette rivière. » La Durance est pour ainsi dire la seule rivière de France dont les eaux soient largement utilisées pour les irrigations. Dix-huit canaux d'arrosage lui empruntent 69 mètres cubes d'eau par seconde, à l'étiage. Elle offre donc les enseignements pratiques les plus variés, et devait particulièrement fixer mon attention. » Il convient de signaler d'abord l'importance du volume des limons entraînés par la Durance. Du i" novembre iSSg au 3i octobre 1860, elle a entraîné 10 770313 mètres cubes de matières solides, pesant 17 millions de tonnes. Un cube déterre de 220 mètres a donc été enlevé aux terrains supérieurs et entraîné dans les parties basses du cours de la rivière jusqu'à la mer. » Si ce limon se déposait entièrement sin* le sol, il recouvrirait d'une couche de i centimètre d'épaisseur l'énorme surface de 107 703 hectares. S'il était amené sur la Camargue, il pourrait en combler les marais et la transformer en plaine des plus fertiles en moins d'un demi-siècle. » Une couche de o™,3o d'épaisseur de ces limons, ou 3ooo mètres cubes par bectare, constitue, dans Vaucluse, des terres excellentes. La Durance entraîne donc chaque année un volume de terre végétale équivalent à celui de 3590 hectares. En cinquante années, elle transporte donc à la mer l'équi- valent du sol arable d'un département moyen. Ces chiffres expliquent faci- lement comment le sol de plusieurs des régions les plus fertiles du dépar- tement de Vaucluse a été formé, à des époques plus ou moins anciennes, par des dépôts limoneux semblables à ceux qui se produisent encore sous G. R., i8G3, 2"'= Semcsire. (T. LVll, N» 22.) J2I ( 9«6 ) nos yeux. Ces résultats permettent aussi de comprendre comment le rivage de la mer s'éloigne d'Ailria d'une dizaine de mètres par an, depuis des siècles; comment les embouchures du Rhône, du Rhin, du Pô, etc., ont pu se modifier depuis les temps historiques; comment le sol de la vallée du Nil s'élève de o", i -26 environ par siècle. » Le relief naturel du sol a suffi pour déterminer le dépôt des limons qui forment aujourd'hui plusieurs de nos plus riches vallées. Il appartient à la science moderne d'imiter ces exemples et de ne pas laisser perdre dans la profondeur des mers de tels éléments de richesse et de fertilit<'. » La composition chimique des limons donne lieu à des observations d'une autre nature. Les 17 aSa 5oi tonnes de matières solides entraînées en un an parla Durance, à Mérindol, sont formées de 9 263 G86 tonnes d'ar- gile, de 6840855 tonnes de carbonate de chaux, de i3 794 tonnes d'azote, de 95 438 tonnes de carbone, et enfin de i 018 728 tonnes d'eau combinée et de matières diverses, le tout réuni dans les conditions favorables à la constitution des terres arables les plus fertiles. " Une seule rivière entraîne donc par au, à l'état de combinaison le plus propre au développement de nos plantes cultivées, 13794 tonnes d'azote, alors que l'agriculture française achète au dehors au prix des plus grands sacrifices d'autres matières azotées, et que l'importation du guano, qui fournit à peine cette quantité d'azote chaque année, coiàte ime trentaine de millions de francs. « La proportion de carbone contenu dans les limons exige quelques explications. 1) Si les limons charriés en un an par la Durance se perilent en totalité dans la profondeur des mers et qu'ils y soient à l'abri, comme on peut le supposer, de l'action oxydante de l'air, les gS 438 tonnes de carbone qu'ils renfermentse trouvent enlevées à la terre végétaleet par suite à l'atmosphère. Cette quantité de carbone entraînée en une seule année et par une seule rivière dans la profondeur des mers formerait l'acide carbonique d'un vo- lume d'air normal de 100 mètres de hauteur et de 904 242 hectares de base. Elle est égale à celle que fixerait en un an une forêt de 47 710 hectares d'étendue. » L'action contiinie d'effets de cette nature et la formation des dépôts de combustibles fossiles suffisent à expliquer l'appauvrissement en acide carbo- nique que notre atmosphère paraît avoir subi depuis les anciennes périodes géologiques. » Après avoir détermuié la quantité de limon entraîné par la Durance et ( 907 ) la proportion de ses éléments, j'ai cherché à me rendre comple des résul- tats que donne son emploi dans la pratique agricole, en étudiant à leur tour les troubles charriés parle canal de Carpentras. » En une année, déduction faite des chômages, les eaux du canal ont transporté iZ'j 217 mètres cubes de limons, pesant 219 4o3 tonnes et con- tenant 119 588 tonnes d'argile, 8/4978 tonnes de carbonate de chaux, 223 tonnes d'azote et i4oi tonnes de carbone. » En poursuivant cette étude, j'arrive en6n aux pratiques agricoles elles-mêmes, c'est-à-dire à l'examen des diverses cultiues irriguées où l'on met à profit les eaux chargées de limon fournies par le canal. » Les expériences faites sur une luzerne, une prairie et une culture de haricots ont démontré que les quantités de limon retenu ]>ar le sol étaient de 16,37 ^' '° tonnes par hectare, représentant une couche variant de moins de i millimètre à plus de 2 millimètres. Dans des cultures plus large- ment arrosées l'exhaussement du sol est quelquefois beaucoup plus fort. » La Loire et ses affluents fournissent des résultats de même ordre que les précédents, que le défaut d'espace ne nous permet pas de mentionner ici. » En résumé, les limons que les fleuves transportent à la mer sont en- levés aux terres en culture, ou bien aux surfaces dénudées du territoire. Dans le premier cas, l'agriculture, en ne les arrêtant pas, abandonne une partie de son capital le plus précieux, laisse échapper une partie de son domaine. Dans le second cas, elle réalise un manque à gagner, elle l'enonce à une conquête que la nature met si généreusement à sa disposition. )i Pour faire comprendre l'importance des ressources que les eaux limo- neuses mettent au service de l'agriculture, il suffira de rappeler qu'une seule de nos rivières, la Durance, transporte chaque année 10 millions de mètres cubes de limon contenant autant d'azote que 100 000 tonnes de guano, autant de carbone que pouriaient en fixer par au 47 000 hec- tares de forêt. » La Durance est de toutes nos rivières celle dont les eaux sont le mieux utilisées, et cependant un dixième seulement de ses limons profite à l'agriculture. » De semblables chiffres disent assez la grandeur des ressources que l'a- griculture peut attendre de l'utilisation des limons pour le cohnatage des terrains submersibles, pour l'amélioration des tern s pauvres et l'entretien delà fertilité du sol arable. Ils indiquent l'utilité de recherches analogues faites sur nos grands fleuves, la Gironde, le Rhône et leurs afflueuls, dont les eaux pourraient trouver de si fructueuses applications. Us fournissent 121.. ( 9o8 ) enfin des éléments essentiels à l'étude de la formation et de la distribution de la terre végétale, en donnant la mesure de la puissance de transport des cours d'eau naturels et de la grandeur des effets que l'on peut attribuer à des actions semblables suffisamment prolongées. » Les matières solides entraînées par les cours d'eau offrent donc, à tous les points de vue, un vif intérêt au savant comme au praticien. C'est avec une grande raison que M. de Gasparin attachait inie si grande impor- tance à l'étude de ces matières. Les limons sont, en effet, un des plus puis- sants moyens de créer ou d'améliorer la terre végétale, source prennère de toute richesse, cette chair du globe terrestre, comme l'appelait un illustre ingénieur. » M. d'Olixcourt adresse de Bruxelles une nouvelle Note destinée à servir de complément aux pièces qu'il a déjà présentées au concours pour le prix de la fondation Morogues concernant un « nouveau système du culture qui, en augmentant les produits, aurait en outre pour résultat de diminuer les chances d'inondation ». (Renvoi à l'examen de la Commission du prix Morogues.) M. LiAXDiEK présente une Note sur les ondes atmosphériques des hautes régions, sur les rapports qu'elles peuvent avoir avec le trajet des étoiles filantes et sur les circonstances dans lesquelles surviennent les calmes pour les régions inférieures. (Renvoi à l'examen de la Commission nommée pour les communications de M. Coulvier-Gravier, Commission qui se compose de MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) M. Bl'issox soumet au jugement de l'Académie une Note sur le traite- ment de la folie. (Commissaires, MM. Andral, J. Cloquet.) CORRESPOND AIVCE . M. LE Secrétaire perpétuel communique des pièces relatives à un nou- veau legs fait à l'Académie. Ces pièces, adressées par J7. Picard, notaire à Versailles, sont des extraits du testament de Mademoiselle A.-O. Letellier, l'amie de l'illustre Savigny, ( P'JQ ) sa coiisolalrice, son appui. Non contente d'avoir allégé les longues souf- frances de ce martyr de la science, d'avoir prolongé sa vie, elle a voulu prolonger son action sur les progrès de la zoologie en préparant les moyens de continuer son oeuvre. Par son testament en date du i*"^ septembre i856. Mademoiselle Letellier lègue à l'Académie des Sciences, au nom de M. J.~C. Lelorgne de Savigny, ancien membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, une somme de 20 000 francs pour que l'intérêt de cette somme soit employé à aider de jeunes zoologistes voyageurs qui, n'étant pas subventionnés par l'État, s'oc- cuperaient plus spécialement des animaux sans vertèbres de l'Egypte et de la Syrie; mis ainsi en état de publier leurs travaux, ils se trouveraient en quelque sorte les continuateurs des recherches faites par M. de Savigny sur ces contrées, recherches qui n'ont pu être terminées par suite de la cruelle maladie qui l'a précipité dans la tombe. M. BoussixGAULT aunouce la mort de M, Wisse, voyageur dont l'Aca- démie avait pu apprécier les importants travaux géologiques et particuliè- rement les recherches sur les volcans de l'équateur. M. Wisse est mort à Quito. M. Fermoxd prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place vacante dans la Section de Botanique par suite du décès de M. Moquin-Tandon. M. Fermond joint à cette demande une Notice sur ses travaux et ses pu- blications, un exemplaire du premier volume de son « Essai de Phytomor- phie » et un exemplaire de ses « Études comparées sur les feuilles ». (Renvoi à la Section de Botanique.) M. Vaillant, qui se dispose à entreprendre un voyage à la mer Rouge et se propose d'explorer cette région au point de vue de l'histoire naturelle, demande des instructions à l'Académie. Une Commission composée de MM. Milne Edwards, Decaisne, de Qua- trefages et d'Archiac est chargée de désigner les sujets de recherches qui seront plus particulièrement recommandés au voyageur. ( 9'o ) HYDRODYNAMIQUE. — Formule (jénérale de V écoulement des fluides élastiques avec ou sans détente. Note de M. Alph. Beau de Rochas, présentée par AI. Babinet. « 1, 'expérience montre que les gaz et les vapeurs, .s'écoulant par des ori- fices en mince paroi, se comportent comme des fluides incompressibles, à cela près qu'au lieu d'être constant, le coefficient de contraction, qui doit affecter la section, diminue entre des limites peu écartées, depuis les plus faibles jusqu'aux plus grandes pressions. On en conclut que dans un vase dont les dimensions sont grandes par rapport à celles de l'orifice d'écoule- ment, le principe de l'égalité de pression dans tous les sens n'est pas sensi- blement altéré, et que le fluide s'échappe par l'orifice avec la même densité qu'il possède dans le réservoir. » L'expérience montre encore que les ajutages, et notamment les aju- tages divergents sous certaines conditions d'angles, ont la propriété d'aug- menter la dépense dans certaines proportions, c'est-à-dire d'augmenter la vitesse de l'écoulement par la détente. On en conclut que l'égalité de pres- sion qui subsiste toujours dans l'intérieur du vase ne subsiste plus dans l'ajutage, et que la pression y décroît d'une manière continue depuis la section d'entrée jusqu'à la section de sortie. » D'après cela, le travail de l'écoulement dans la section contractée est simplement (j volinne écoulé à la densité du réservoir, p pression intérieure et p' pres- sion extérieure. » Dans la délente, le volume variable étant q, la pression correspon- dante/; est po — ' si l'on suppose la température constante, ou p^ (—1 en tenant compte du refroidissement, k étant alors le rapport des capacités calorifiques sous pression et sous volume constants. Les courbes de détente obtenues parles indicateurs de pression montrent que dans la détente de la vapeur d'eau, le refroidissement n'a pas d'ordinaire une influence très-sen- sible, ce qui implique une restitution de chaleur par une condensation cor- respondante; mais pour les gaz en général et l'air en particulier, l'influence est trcs-inarquée. Dans ce cas, qui est le cas général, le travail de la défente (9" ) du volume q^ au volume ç, est exprimé par » Égalant la force vive possédée par le fluide au double de la somme des travaux, prenant pour Ço le volume de l'unité de poids dont la masse est ^» S I Bo ( I -)- a ï ) , , • 1 1 I ) • / 1 1 soit Oq = -^ tTq étant le poids de l unité de volume sous la nres- sion Bo et à la température < ^ o, observant enfin qu'en nommant p, la la force élastique qui reste au gaz lorsque son volume est devenu ç,, a \* V» on a /:>, =Po ( T-j ' l'expression générale de la vitesse d'écoulement des fluides élastiques prend la forme » Dans le cas d'un orifice en mince paroi, la détente est nulle, p, = p^, et l'expression se réduit à la formule connue laquelle tend vers la limite ^ I B.(l H-a/) lorsque l'écoulement a lieu dans le vide ou lorsque la pression intérieure est très-grande par rapport à la pression extérieure. » De même, lorsque la présence d'un ajutage divergent permet la détente de po à/7,, l'expression générale lend dans les mêmes circonslances vers la limite VI B.(i + aO —k Pa i-\P » Quant à la grandeur de la détente, elle peut être poussée depuis p^ jusqu'à p', de la pression intérieure jusqu'à la pression extérieure, et la détente est alors complète ; car, au delà, l'expression de m devient aussitôt imaginaire. » Pour obtenir la détente au degré que l'on veut, il faut régler conveua- ( 9'2 ) blement l'ajutage divergent. A cet effet, il faut satisfaire dans chaque section à la condition de permanence poiu ■= poWoWoi jS, w et m étant les densités, sections et vitesses correspondantes, ou, ce qui revient au même, Pour que l'on ait u = «o» c'est-à-dire pour que la vitesse soit constante dans toute l'étendue du tube, il faut et il suffit que ygw ^ p^o^g. L'expansion se fait alors seulement dans le sens transversal. » Pour déterminer la vitesse r de cette expansion dans le vide suivant le rayon de la section supposée circulaire, on a d'r dv /r'M -— - ou — = p, et de- dt r' =-r^y cl ou » Enfin, pour le temps t qu'une tranche quelconque met à passer du rayon Tq au rayon /', tz= I n' dr dans quoi l'intégrale indéfinie du second membre est, en faisant ik— i =/«, J \ r") 2 {m—\)r"' 2 4(2'« — !)/■='"-' 2 4 (J(3//î— ijr""-' const. » Or dans le temps <, compté à partir du moment où la tranche consi- dérée a passé dans la section de contraction, cette tranche a parcouru le long de l'ajutage un espace X = ut. Il Si l'on construit la courbe des valeurs de r correspondantes aux va- leurs de x pour les mêmes valeurs du temps i, on aura le profil de la veine dans le vide. Ce sera donc celui qu'il faudra donner à l'intérieur de l'ajutage pour que, pendant le cours de la détente, la veine le parcoure en l'épousant exactement sans en frotter les parois. Mais il est clair que le même ajutage ne pourra rigoureusement servir que dans les mêmes circonstances de pres- sion et de détente. (9'3) » Dans le cas où il s'agit de 1 écoulement de la vapeur d'eau et où les variations de la température sont beaucoup moins étendues, il y a peu d'inconvénients à la considérer comme constante. Alors l'expression géné- rale de la vitesse d'écoulement devient, en nommant â la densité tubulaue de la vapeur et 1 indiquant le logarithme népérien, » En supposant la détente complète /?, =p', et si Ion fait R=''— °^-^ '—, cette expression devient " = Y/aKI^Ç, ce qui est la formule primitivement donnée par Navier comme représentant généralement la loi de l'écoulement des fluides élastiques, tandis qu'elle ne convient qu'au cas particulier où, la température pouvant être considérée comme constante, la détente est complète, et dont MM. de Saint-Venant et Wantzel ont les premiers fait connaître le défaut de généralité. » PALÉONTOLOGIE. — Sur une twuvelle espèce de Gyrodus [Gyrodus Gobini). Note de M. A -F. Noguès, présentée par M. Milne Edwards. « M. Gobin, ingénieur des ponts et chaussées à Lyon, m'a communiqué un fragment de mâchoire fossde trouvé dans un calcaire schisteux, juras- sique, des environs de Seyssel (Ain). Ce fragment de mâchoire appartient à une espèce du genre Gyrodus (Agassiz), caractérisé par des dents elliptiques ou circulaires, ombiliquées. A la mâchoire supérieure, les maxillaires n'ont pas de dents, et les inter-maxillaires ne sont garnis que de quatre à six in- cisives; le vomer en compte cinq rangées longitudinales, qui vont en dimi- nuant de dimension d'arrière en avant, et dont la rangée médiane est tou- jours plus développée. A. la mâchoire inférieure, outre les incisives, les dents molaires sont plus nombreuses : on en compte quatre rangées de chaque côté. C'est toujours la troisième rangée à partir du bord externe qui est la plus développée; celles des deux autres rangées sont plus petites et plus irrégulières. Les dents de la mâchoire inférieure sont ordinairement ellip- tiques et toujours implantées obliquement sur l'os, du moins celles des deux rangées principales. Celles de la mâchoire supérieure sont plus circu- laires ; lorsqu'elles sont allongées, elles sont toujours transversales. C. R., iS63, 2'"<' Senfilie. (T. LVII, N" 22.) 122 ( 9'4 ) » Le voiner que m'a fourni M. Gobin présente tous les caractères du genre Gyrodm; c'est une espèce nouvelle bien caractérisée par ses dents, à laquelle j'ai donné le nom de l'ingénieur qui me l'a communiquée. » Gyrodus Gobini. — Cinq rangées de dents non parallèles; les deux ran- gées externes, écartées à leur extrémité postérieure de a4 millimètres, et à leur extrémité opposée de 9 à lo millimètres : longueur, 5o millimètres environ. Dans la rangée médiane, il y a huit dents elliptiques; le plus grand diamètre, dirigé transversalement à la longueur des rangées, est d'environ 3 millimètres plus long que celui qui le coupe perpendiculairement. La pre- mière dent ou la plus grosse, en arrière, a, grand diamètre, g millimètres ; petit diamètre, 6 millimètres. Mais, à partir de cette première dent, les trois suivantes prennent une forme de plus en plus circulaire et vont en dimi- nuant de grosseur, de telle sorte que la quatrième dent a environ la moitié de la grosseur de la première. Les cinquième, sixième et septième rede- viennent elliptiques et vont en se réduisant; la huitième ou dernière, la plus petite, est presque circulaire; son diamètre ne dépasse pas 3 à 4 milli- mètres, c'est-à-dire la différence entre les deux diamèlres perpendiculaires de la première. Les dents de cette rangée médiane montrent au sommet de leur couronne un petit bourrelet central, elliptique, entouré d'une dépres- sion ou sillon, qui sépare ce bourrelet allongé d'une deuxième portion sail- lante, elliptique, qui forme une grande partie de la portion supérieure de la courorme, et qui est séparée de la base de la dent aussi par un sillon peu profond. » De chaque côté de cette rangée médiane, il y a une autre rangée con- tiguë composée de onze dents, qui sont d'un tiers plus petites que celles de la rangée principale, de forme presque circulaire. Les bords saillants ou cercles qui entourent le sillon sont crénelés et comme formés par une série de bourrelets, ressemblant à la carène de certaines ammonites. » La saillie centrale du sommet est entourée d'un sillon circulaire, et au- tour de celui-ci, en s'éloignant du centre, se montre un cei'cle saillant dé- passant la partie centrale. Au-dessous de ce cercle comme perlé, autour de sa circonférence, se trouve un sillon qui sépare la couronne de la racine. « Les dents des rangées externes sont tronquées au bord externe, et comme coupées; elles ont une forme semi-cylindrique, mais il leur manque un tiers en longueur pour compléter les demi-cylindres. Elles sont lisses sur leurs apparentes troncatures. Ces dents sont au nombre de treize sur chaque côté : longueur, l\ à 5 millimètres; largeur, 3 millimètres pour celles d'ar- rière; celles d'avant, deux fois moindres. (9>5) » Le Gyrodus Gobini ressemble à quelques Gyrodus décrils par M. Agassiz, entre autres aux G.Jrontatits, ombiliciis, jurassiens et Cuvieri; mais il diffère de toutes ces espèces par le nombre, la forme et la position de ses dents. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur les feuilles colorées; par M. B. CoRENWiNDEK. (Extrait.) V ...Tout récemment un savant chimiste a annoncé à l'Académie des Sciences que les feuilles ne décomposent l'acide carbonique qu'en raison de la matière verte qu'elles contiennent, et que les parties jaunes ou rouges de certaines feuilles ne donnent pas lieu à cette décomposition. » Je puis affirmer que les feuilles sur lesquelles j'ai fait les expériences exposées dans ma Note étaient colorées fortement et ne présentaient aucune partie verte apparente » Toutefois, je sais, comme tout le monde, que les feuilles colorées en rouge, pourpre, etc., contiennent de la matière verte qu'on peut en extraire à l'aide des réactifs. » Si un chimiste prouvait que c'est cette matière verte dissimulée qui opère la décomposition en question, il ferait une découverte intéressante. » Quant à moi, sans me préoccuper de la cause de ce phénomène, je puis attester que certaines feuilles qui, aux yeux de tout le monde, sont complètement rouges, pourpres ou noirâtres, jouissent de la propriété d'ab- sorber de l'acide carbonique quand on les expose aux rayons du soleil. « PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations éleclro-almosphéricpies et électrotelluriques. Quatrième Note (i) de M. P. Yolpicelu. « Les recherches sur l'électricité de l'atmosphère m'ont conduit néces- sairement à examiner l'électricité de la Terre; et j'ai vu que quand il n'y a pas d'orages, un corps isolé se charge toujours d'électricité i)ositive ou néga- tive, selon qu'il monte ou qu'il descend dans l'air libre. De là il résulte que les expériences électro-atmosphériques doivent s'exécuter à conducteur fixe, et non à conducteur montant, contre ce qui se pratique à l'Observa- toire du Collège romain. » Moyennant le conducteur fixe j'ai déjà reconnu (2) la période diurne de (i) Pour les trois communications précédentes voir Comptes rendus, I. LI, p. c)4> '• LH> p. 875; t. LUI, p. 236. (2) Comptes rendus, t. LUI, p. 236 (4" et 5°). 122. ( 9i6) (juallté électro-atmosphérique, soit à rUniversilé romaine, soit au Casino de l'Aurore, à Villa-Ludovisi, qui est à qS mètres au-dessus du niveau de la mer, où il m'est permis de faire des expériences par une faveur particu- lière de M. le prince de Piombino, actuellement à Paris. » J'ai recouru! aussi, par le moyen du conducteur fixe, que quand il ne pleut pas le temps devient ou plus beau ou plus mauvais, selon que l'élec- tricité atmosphérique passe du négatif au positif, ou vice versa. » La nature de l'électricité atmosphérique varie, dans quelques cas, cinq ou six fois dans le court espace de trois ou quatre minutes. » On ne peut arrivera ces trois conséquences avec le conducteur mon- tant qui, dans les jours où il n'y a pas d'orage, donne toujours l'électricité positive, puisqu'il est trop influencé par l'électricité de la Terre. » Ce que dit M. Quetelet(i) me semble vrai, c'est-à-dire qu'on n'a dé- montré aucune relation entre 1 électricité de l'atmosphère et le magnétisme terrestre. Quant à moi, je crois que même si celte relation existait, elle ne pourrait se manifester avec le conducteur montant employé à l'Observa- toire du Collège romain, parce que ce conducteur ne peut donner la vraie électricité de l'atmosphère. » Mes recherches sur l'électricité tellurique m'ont amené à expérimenter, ici à Rome, l'état électrique des murs d'un bâtiment, et voici ce que j'ai observé : » 1° Un courant électrique passe par les fils qui unissent les extrémités d'un mur avec un galvanomètre de douze mille tours, et se dirige de l'ex- trémité la plus haute à la plus basse. )) 2° Ce courant croît d'intensité à mesure que croît la distance des ex- trémités du mur à partir du milieu. » 3° Le condensateur à piles sèches s'accorde toujours avec le galvano- mètre dans ces recherches, pourvu que l'air ne soit pas trop humide. » 4° En même temps j'ai toujours mis le galvanomètre en communication avec l'électromètre atmosphérique à conducteur fixe, sans avoir aucune manifestation de courant. » 5" Près du milieu du mur le courant est insensible et le condensateur ne se charge nullement; c'est pourquoi il serait un peu hasardé de dire avec le Bultelin météorologique du Collège romain (2) « qu'il est imjjos- (i) Institut, n° i484) année 1862, p. igo. — Foir aussi Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, t. XIII, année 1861, p. 265. (2) T. I, n" 7 du 3i mai 1862, p. 5o, dernière ligne, et ]>. 5i , première ligne. ( 9^7 ) » sible de reconiiaUre si la Terre est positive on négative, parce que nous )) n'avons aucun moyen de reconnaître l'état électrique absolu d'un corps. » Le même journal continue à dire : « Celui qui trouverait des points fixes » absolus aux électromètres rendrait certainement un grand service à la >i science (i). » Or, puisque dans le mur on passe du positif au négatif, on doit par conséquent admettre un état absolu neutre dans ce nuir. En outre, si une grande sphère conductrice isolée est recouverte de deux hémisphères concentriques que l'on enlève ensuite, celte sphère doit présenter un état électrique absolu. Finalement, M. W, Thomson admet, lui aussi, !a possi- bilité d'avoir des états électriques absolus (a). " Quant à l'électricité des murs, je me réserve de continuer mes re- cherches sur les causes qui influent dans ce phénomène, et qui porte à considérer certains murs comlne des piles sèches. Je dirai seulement que dans une bonne journée un mur du palais de M. le duc Caetani a produit une déviation initiale de 85 degrés sur les deux aiguilles du galvanomètre, et que peut-être le courant des murs, qui ne coîite rien, pourra s'augmenter et même s'utiliser. » 1^1. l\oB. KxiGHT adresse de Philadelphie, en date du 12 novembre, une rectification pour une Note sur les causes de la variation de l'aiguille ai- mantée, qu'il annonce avoir envoyée par un précédent navire. Cette première Note n'est pas encore parvenue au Secrétariat. A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. (i) T. I, n° 7 du 3i mai 1862, p. 5i, ligne 18. (2) Archives des sciences physiques et naturelles de Genéi'e, nouvelle période, t. XI, uii- née 1861, p. 224 et 225. ( 9'8 COMITE SECRET. La Section de Géométrie jjropose la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Sleiner. En première ligne. . . M. Sylvester à Woolwich. M. Hesse à Kœnigsberg. En seconde ligne, par ordre alpliabéligue. . M. DE JONQUIÈRES.. . à ToulOH. 31. Kroxecker. ... à Berlin. M. RicHEi.oT à Berlin. M. RiEMANN à Gœttingue. M. RozEN'HEui. ... à Vienne. M. Waerstrass. . . à Berlin. Les titres de ces candidats sont discutés : l'élection aura lien dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 23 novembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Sur les étoiles filantes et leurs lieux d'apparition; par MM. Ad. QuETELET, Le Verrier, Haidinger et Poey. (Extrait des Bulletins de l'Académie Royale de Belgique.) Bruxelles; br. in-8°. Mémoire sur la rage; par M. Lafosse. (Extrait du Bulletin de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse.) Toulouse; br. in-8°. Expériences sur l'aération des eaux et observations sur te rôle comparé de l'acide carbonique, de l'azote et de l'oxygène dans les eaux douces potables; propriétés physiques et chimiques de ces eaux ; par M. Jules Lefort. Paris, i863; br. in-4. Essai d'une théorie géométrique des surfaces (thèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris pour le doctorat es sciences maihématiques) ; par M. A. PiCART. Paris, i863; in-4". ( 9^9 ) De l'application de lagiitta-percha au traitement des fraclurei ; par André Uytterhoeven. Bruxelles, i85i; br. in-8°. Note sur la ventilation naturelle des hôpitaux et des édifices publics en géné- ral; parle même. Bruxelles, i853; br. in-8°. Sur les moyens de porter immédiatement secours aux blessés sur les champs de bataille; par le môme, Bruxelles, i855; br. in-S". Encore tm mot sur les moyens déporter immédiatement secours aux blesse's sur les champs de bataille; jiar le même. Bruxelles, i855; br. 10-8". Mélanges dechirurgie, d'ophthalmologie et d' hygiène publique ; parle même. Bruxelles, 1859; vol. in-S". Notice sur l'hôpital Saint-Jean. Etude sur la meilleure manière de construire et d'organiser un hôpital de malades ; par le même; 1^ édition. Bruxelles, 186-2; vol. in-8°. De la meilleure manière d'extraire la pierre hors de la vessie ; par le même. Bruxelles, i863; br. in-8°. Lettre sur la question des hôpitaux, adressée au Conseil d'administration de i Association internationale pour le progrès des sciences sociales; par le même. Bruxelles, i863; br. in 8". Quelle est la qualité nuisible que l'air contracte dans les hôpitaux et les pri- sons, et quels sont les meilleurs moyens d'y remédier; par A. -P. Nahuys; traduit du latin et commenté par André UYTTEnHOEVEN. Bruxelles, i863; br. in-8°. Sur la théorie de raffouillement glaciaire; par MM. GaSTALDI et Gabr. DE MoRTiLLET. Milan, 1863 ; br. in-8°, partie en italien et partie en français. Coupe géologique de la colline de Sienne; par M. G. DE MORTiLLET. (Extrait des Alli délia Societa ilaliana di Scienze naturali; vol. V.) Milan, br. in-8° avec une planche. Terrains du versant italien des Alpes comparés à ceux du versant français; par le même. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de France, t. XIX.) Paris; br. in-8°. Aviation ou navigation aérienne sans ballons; par G. DE LA Landelle. Paris, i863; vol. in-12. Bibliothèque et cours propulaires de Guebwiller. Guebwiller, i864; in-8°. Travaux de l'Académie impériale de Reims; XXXV vol., années 1861- 1862, n"' I, 2, 3 et 4. Reims, i863; 2 vol. in-8°. Del collodio... Du collodion considéié comme le meilleur moyen thérapeu- tique clans le traitement de l'orchite blennorrhagique ; par le D'' A. RicORDi. Milan, i863; br. in-8°. ( 9^0 ) Aiiszug... ydnaljse de la partie malliémalique de mon ouvrage manuscrit « La Monocralie, » avec des propositions tirées des œuvres d'Arcliimède et dHippocrale^ cl des éclaircissements sur ces propositions; par Daniel-Griist MuLLER. Aschaffenburg, i863; in-S". Die Schiebersteiierungen... Le rèiales delà Propagation de la foi; 11° 211 ; novembre i863; in- ta. Annales télérp^^ydiiques; t . VI ; (septembre à octobre i863); in-S". Atli del reale Instiluto Lombnrdo di Scienze y Lettcre ed Arti; fasc. 1 7 et 18. Milan ;in-8°. Alli deirimp. reg. Instiluto Veneto di Scienze, Leltere ed Arti; t. IX, 8"= et 9" livr. Venise, in-8". Bul'clin de l'Académie impériale de Médecine ; t. XXIX, 11°' i , 2 et 3 ; in-8". Bulletin de la Société Géologique de France ; t. XX, feuilles 3i à 48, livrai- son d'octobre ; in-8'\ Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; septembre i863; in-S". Bulletin des sêcmces de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; a'' série, t. XVIII, r." 11; in-8". Bulletin de la Société d' Encouragement pour [industrie nationale, rédigé par MM. Combes et Peligot; 2*= série, t. X, septembre i863; 'm-[\°. Bulletin de la Société d'Agriculture , Sciences et Arts de la Sarthe^ 1" tri- mestre i863; in-8''. Bulletin de la Société de Geo^n7/;/»'e; septembre et octobre i863; in-8". Bulletin de la Société française de Photographie; g" année, octobre i863; in-8". Bulletin de l'Académie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de BeUfique ; 32" année, 2" série, t. XV, n"* 9 et 10; in-8". Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles- Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; juin et août 1 803 ; in-8". Bulletin de la Société de l'industrie minérale; t. VIII, 3* livraison (jan- vier-mars i863)-, in-8" avec .Allas. (9^3) Bulletin de la Sociélé d'acclimatation et d'Histoire naturelle de l'île de la Réunion ; n° [\\ octobre i863. Saint-Denis (Réunion) ; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des procjrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 12" année, t. XXIII, n°^i8 à ai ; in-S". Catalogue des Brevets d'invention ; année i863, n" 5; in-8". Gazette des Hôpitaux; 30*^ année, n°' 126 a 137; iii-8". Gazette médicale de Paris; 3'i^ année, t. XVIII, n°' 44 à 4? j iH-4°- Il Nuovo Cimento Journal de Physique^ de Chimie et d' Histoire naturelle ; mars i863. Turin et Pise; in-B". Journal d'Jgriculture pratique; 27'' année, i863, n°^ 21 et 22; in-8". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. IX, 4*^ série, novembre i863;in-8°. Journal de la Sociélé impériale et centrale d'Horticulture; t. IX, octobre i863; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie ; 22* année, t. XLl, novembre i863; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 29^ année, n°' 3o, 3 1 et 32 ; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; août et septembre i863; in -4°. Journal desjabricants de sucre; 4^ année, n°' 29 à 32; in-4". L'Abeille médicale; 20^ année, n"" 44 'i 47; in-4°- L'Agriculteur praticien; 3" série, t. IV, n°' 26 et 27 ; m-8°. L'Art médical; 9° année, t. XVII, novembre i863; in-8°. L'Art dentaire; 7" année, nouvelle série; octobre i863; in-4°. La Lumière; iS" année, n"' 20 et 21 ; in-4°- Im Médecine contemporaine ; 5" année, n°^ 20 et 21 ; in-4". La Science pittoresque ; 8^ année; n°* 27 à 3o; in-4°. La Science pour tous; 8" année; n°^ 47 à ?i ; in-4°. Le Gaz; 7® année, n°9; in-4°. Le Moniteur de la Plioiographie ; S*' année, n"^ î6 et 17; in-4". Leopoldina... Organe officiel de l'Académie des Curieux de la nature, pu- blié par son président, le D'"C.-Gust. Cabus; n"' 5 et 6; octobre i863 ; in-4^. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; i'^ année, t. II, bvr. i3 à 16; iii-S". Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine; 6*^ année, t. X; novembre i863; in-8°. ( 924 ) Nouvelles Annales de Mathématiques ; a* série; novembre i863; in-8'\ Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 863, t. l", n°' 21 et 22 ; in-S". Pliarmaccutical Journal and Transactions; vol. V, n°* /j et 5; in-8°. Revue de Thérapeutique médico-chintrcjic aie; 3o* année, n^'ai et i-x; in-8". Revue maritime et coloniale ; t. VII, novembre i863; in-B". Revue de Sériciculture comparée ; n"' 7, 8 et 9; in-S". The quarterly journal of the Chemical Society; 2^ série, t. I, juillet, août et septembre 186.1; in-S". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 7 DÉCEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. 3ÏEM0IUES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre de l"'Instruction publique transmet une amplieition d'un décret impérial eu date du i5 novembre, autorisant l'Académie à accepter le legs qui lui a été fait par 31. Desmazières d'une somme de 35ooo francs dont le revenu sera affecté à la fondation d'un prix annuel pour le meil- leur ou le plus utile écrit sur tout ou partie de la cryptogamie. PHYSIQUE.— 06sen>rt«ions de M. Ed. Becquerel sur la Note de MM. H. Sainte- Claire Doville el Troost, relative à l'évaluation des températures élevées. Or, dans mon premier travail, si dans une série d'expériences l'appa- reil se trouvait placé au milieu d'un tube en terre, dans l'autre il était en- touré d'une douille en fer, et le gaz hydrogène du fourneau ne pouvait pas arri\er en contact avec le platine. J'avais aussi employé indifféremment des tubes en terre, en porcelaine et en fer, et je n'avais pas cru devoir faire atten- tion aux différences qu'ils peuvent présenter, car j'avais constaté par avance que le pyromètre porté au rouge pendant au moins une heure maintenait l'air raréfié par une machine pneumatique, sans changement notable de pression. Du reste, dans les diverses expériences, je n'avais observé auc(uie irrégularité subite dans la dilatation; il devenait donc fort peu probable que l'effet signalé ait pu se produire dans le premier cas, car il se serait manifesté seulement au moment où le réservoir aurait été porté au rouge, et alors le défaut de régularité de marche de l'appareil aurait dû être accusé au moyen du manomètre. Je dois faire observer que dans l'expérience nou- velle signalée par i\IM. Deville etTroost,et qu'ils ont faite dans le but d'imiter la disposition du |)remier pyromèlredont je m'étais servi, ils ont enx-nièmes reconnu [Comptes rendus^ t. LVII, p. SgS) qu'au bout d'une heure l'in- troduction du gaz hydrogène devait s'arrêter, et comme je n'avais pas, comme eux, à introduire une capsule pleine d'eau dans le cendrier du four- neau, je devais, au milieu de l'expérience, n'avoir plus d'introduction de vapeur, en supposant qu'il y en ait eu. » Ainsi, bien qne, d'après ce qui précède, l'assimilation de mon réser- voii" thermométrique au tube en platine parcouru par un courant de gaz ne m'ait pas paru suffisamment établie, néanmoins, pour éviter toute objec- tion de ce genre dans la détermination des températures élevées, ainsi que le failde changement de volume que j'avais remarqué avec l'air confiné, j'ai éliminé complètement le platine dans la construction des appareils pyro- métriques, et j'ai recommencé mon travail, comme on l'a vu, en n'em- jjloyant que des a|ipareils en porcelaine et en fer, dont quelques-uns sont semblables à ceux dont MM. Deville et Troost ont fait usage. Il n'y a plus alors de supposition à faire quant à la production de vapeur d'eau a l'inté- rieur des pyromètres. Ce sont les résultats de ce travail que je suis venu pré- senter à l'Académie il y a quinze jours; ils sont la réponse la plus nette à l'objection qui m'est faite, et démontrent, au moyen d'expériences nom- ( 9^7 ) breiises et suivies [)enclaiit plusieurs mois avec des pyromèlres à réservoirs en porcelaine et en fer, que les résultats qu on m'oppose sont beaucoup trop élevés. » Du reste, il est facile de se coiivaincre, par une description succincte des procédés d'expérimentation employés, cpie celui dont j'ai fait usage est très-simple et d'une grande exactitude en raison du contrôle que l'on peut exercer lors des déterminations expérimentales, tandis que celui dont se sont servis IVIM. Devilie et Troost, bien qu'exact en principe, peut dans l'application, à moins de précautions qu'il n'est peut-être pas possible de prendre toujours, surtout dans les températures élevées, donner des résul- tats qui s'écartent des véritables valeurs; et d'ailleurs, ce dernier procédé ne permet pas de vérification à moins de faire plusieurs déterminations suc- cessives. » La méthode dont je me suis servi est basée, comme dans mon pre- mier Mémoire, sur l'emploi des appareils si précis de M. PouiUet et de ceuxde JVI. Regnault; mais elle a été bien simplifiée en profitant des dis- positions qui ont été données par M. Regnault, dans ses Recherches sur la mesure des températures [Mémoires de l'Académie, t. XXI, p. i68). Cette méthode consiste à faire varier la force élastique du gaz contenu dans le pyro- mètre à r.ne températuie déterminée, et à évahier le changement de volume du gaz dans le tulje manométrique, ainsi que la variation de pression, soit en plus, soit en moins. En exprimant que la masse du gaz reste la même, oti a une formule simple dans laquelle il n'entre que le volume du ballon du pyromètre ainsi que la température inconnue, en fonction du change- ment de volume observé dans le manomètre et des forces élastiques du gaz. Le vokuiie du ballon étant connu, ainsi que celui du tube manométricpie, on a la température que l'on cherche (i). » L'expression siaq)Ie ou la fonction delà température à laquelle on est conduit est indépendante de la masse totale du gaz qui se trouve à un moment donné dans le réservoir du pyrométre; il suffit que cette masse Ci) Si l'on appelle V le volume du ballon du pyroraètre, D son coefficient de dilatation cubique et T sa tempéi'ature; m le volume du tube capillaire de même section que le réser- voir et qui se trouve soudé à lui; n le volume du tube c'apillaire en verre qui joint le pyro- mètre au manomètre; v le volume du tube en verre du nianomèîre jusqu'au niveau du mercure à l'origine de l'observation; k le coefficient de dilatation cubique du vene, et / la température du bain d'eau qui entoure ce manomètre; H la force élastique du gaz contenu dans le pvromèlre et mesuré au moyen de la pression barométrique et de la différence des niveaux du mercure dans le manomètre; la densité du gaz à o degré étant d„ et le coelficicnt de I 2/(. ( 9^8 ) reste la même pendant que l'on observe le gaz sous deux pressions diverses. On peut, du reste, au moyen du tube à trois branches qui est fixé au tube capillaire en verre situé à la partie supérieure du manomètre, enlever du gaz, en remettre d'autre également sec, y introduire de l'azote, etc., et, une dilatation de ce gaz étant a, on a pour la masse de gaz renfermée dans l'appareil : U(i + DT) (" H-D T+^ l + a. T4- t l-f-a- ^)J "(■ kt)\ f/„H (i-t-afj 1 760 Lorsque, comme je l'ai fait avec l'un des pyromètres, une partie de la longueur des tubes m et n se trouve maintenue à une température constante 0 autre que t, par un bain d'eau, il suffit, pour la correction relative à la petite partie de m qui est à une température variable, de > ■• -, - T-+-e supposer cette dernière égale a • Si la température du pyromètre et du manomètre restant la même, on fait varier la force élastique du gaz intérieur en versant du mercure dans la branche ouverte du manomètre ou en en faisant écouler, et que cette force élastique devienne H', le volume c deviendra c + « ou V — a, le volume a mesuré dans le tube manométrique étant égal à cinq, dix ou quinze centimètres cubes. On aura, en supposant par e.xemple H' ]> H, V(i+BT) (i+aT) ' Th-A / , T+t T4- t + a. i'(t+//) a(i+Xf){ rf.H' (I 4-afj (i +y.t) i 760 En égalant les deux expressions, réduisant les facteurs communs et exprimant parj la valeur \ ^ " / Il qui représente la masse de la petite quantité de w H- D 4- a - T-hf de gaz contenue dans les tubes capillaires, laquelle, dans les expériences, était assez petite pour être au-dessous de de celle contenue dans le réservoir V du pyromètre, on a 3,00 ' •' V(i-4-DT) (i + aTj -t-J Dans cette expression T est seule inconnue; il suffit donc de l'observation des deux pressions H et H' et du changement de volume « pour déterminer la température T du j)yromètre. Dans le calcul de T, on peut éviter de résoudie complètement l'équation, car ) , dont la valeur n'atteint pas de V, contenant aussi T, on calcule d'abord par approximation une valeur de T, en su]qiosant 7 nul, puis ensuite, en exprimant^ au moyen du nombre que ( 9^9 ) fois le petit tube refermé, recommencer une nouvelle détermination, et cela à plusieurs reprises, pendant que la température du pyrometre est sta- tionnaire. Ou peut donc, pour ainsi dire, jauger la masse de gaz contenue dans la capacité du pyromètre pendant toute la durée de l'opération par des observations de pression, et l'on reconnaît alors, quand les détermina- tions sont les mêmes, que les indications pyrométriqties sont obtenues dans des conditions régulières. Il est facile également d'agir sous des pressions initiales différentes, et l'on peut arriver ainsi à une grande précision. M. Regnault, dans ses Recherches, indiquait la séparation complète du réservoir thermométrique et du manomètre pendant la durée de l'action calorifique. Dans mes expériences, les deux appareils ne sont restés unis l'un avec l'autre que pour pouvoir suivre d'une manière continue la mar- che ilu pyromètre à air avec celle du pyromètre thermo-électrique. D'ail- leurs, le tube ou robinet à trois branches permettait de changer à volonté la pression intéiieure de façon à la rendre toujours peu différente de la pression atmosphérique. « A l'aide de la méthode précédente, j'ai pris les températures d'ébulli- tion de l'eau, au mercure, du soufre, et, ainsi que je l'ai dit précédem- ment (i), pour le changement d'état de ce dernier corps j'ai obtenu à moins de i degré Ja même température que celle qui est donnée par M. Regnault dans ses Recherches sur les forces élasliques des vapeurs (2). V ( I -H DT ) l'on trouve, on arrive à obtenir — -^ ? et par conséquent T ; à l'aide de deux approxi- I -t- aT mations de ce genre on a la température inconnue. La limite d'erreur de cette méthode tient en majeure ])artie à l'exactitude avec laquelle la quantité • est déterminée expérimentalement au moven de H, H' et de a. Dans les I -|-aT expériences que j'ai faites et avec mes appareils, j'ai vu que l'on pouvait avoir une différence de quelques millièmes au plus dans deux expériences consécutives. A l'aide d'un certain nom- bre de déterminations dont on prend les moyennes, on arrive à une évaluation qui, dans les températures élevées, ne peut différer de la véritable valeur que d'un petit nombre de de- grés, ainsi qu'on le verra plus loin. (1). Comptes rendus, t. LVII, p. 855. (2) Je ferai remarquer à cette occasion que MIM. Deville et Troost se considèrent couiuie les premiers qui se soient servis de liquides bouillant à haule température comme donnant des points fixes susceptibles d'être appliqués dans les recherches de physique expérimentale. Mais la fixité de la température d'ébullition d'un corps à une pression déterminée est admise depuis longtemps, et l'on connaît l'étude approfondie qui a été faite sur plusieurs matières bouillant à hautes températures par IM. Regnault, dans ses longues et importantes Recherches sur les forces élastiques et les chaleurs latentes des vapeurs [Mémoires de t',-/cat/émie des Sciences, t. XXI et XXVI, p. 5o4, 520 et suiv.). (9^o) » J'ai déterminé alors la température de rébullilioii du zinc dans le fer, qui est celle où je me suis trouvé en désaccord avec MM. DevilleetTroost. Je me suis servi de trois sortes de pyrometies : deux en porcelaine et un en fer contenant de l'azote sec. L'un des pyromètres (provenant de la fabrication de M. Gosse) est semblable à ceux dont MM. DevilleetTroost ont fait usage, sauf les dimensions ; il est vernissé à l'extérieur, et le tube en porcelaine qui s'y trouve soudé est à diamètre beauconp plus petit que celui des ballons qu'ils avaient employés, ce qui diminue la correction due à la masse d'air située en dehors du réservoir thermométrique. M J'ai remarqué, dans le projet détaillé d'expériences que MM. Deville et ïroost se proposent d'entreprendre, c|u'i]s pensaient que les ballons en porcelaine étaient d'un usage incertain à cause des irrégularités intérieures que peuvent présenter les tubes qui les terminent. Cela peut être vrai d'une manière générale; mais pour ceux dont j'ai fait usage, le volume intérieur du tube a été diminué encore par l'introduction d'un fil métallique de pla- tine ou (l'or, de sorte que ce volume a été inférieur à — de celui du bal- ' 200 Ion. Ainsi, les irrégularités signalées ne peuvent avoir ici aucune influence appréciable. » Un autre pyromètre ['provenant de chez M. Clauss) était en porcelaine épaisse et vernissée à l'intérieur; il avait le réservoir cylindrique, et, par une dépression à la base du cylindre, permettait au pyromètre thermo- électrique de se placer dans l'axe de l'appareil. » L'appart'il en fer a été fait avec beaucoup de soin par M. Golaz; le tube capillaire en fer joint au réservoir était parfaitement régulier à l'intérieiu', et son volume a été réduit de beaucoup par l'introduction d'un fil de fer. » J'ajouterai que les réservoirs thermométriques n'ont pas présenté de déformation après l'action calorifique, qui d'ailleurs, jusqu'à l'ébullition du zinc, n'était pas très-forte; cela résulte de la mesure du volume de ces réservoirs avant et après chaque opération. » Dix séries de déterminations avec ces divers appareils ont conduit à des valeurs qui ne diffèrent que de quantités peu considérables, eu égard aux difficidtés que présentent les déterminations des températures élevées; en effet l'écart des moyennes n'a été que de iZj degrés et la température moyenne observée a été de 891 degrés. Bien plus, la détermination dans chaque série est elle-même la moyenne d'observations faites en changeant la qu;intité de gaz renfermée dans l'intérieur du pyrométre, et, dans chaque cas, ou n'a pris les déterminations numériques que lorsqu'elles ont été con- stantes avec chaque appareil, ainsi qu'on Ta expliqué plus haut. ( 93" ) )) Je dois signaler une des difficultés que l'on rencontre dans la détermi- nation des températures quand elles atteignent le rouge; elle réside clans la dessiccation des parois des réservoirs thermométriques, ainsi que du gaz contenu. Il faut maintenir ces réservoirs à la température rouge pendant un certain temps et changer l'air un grand nombre de fois pour avoir des résultats sur lesquels on puisse compter. Pour montrer la limite d'erreur que l'on peut commettre avec les appareils que j'ai employés, je dirai que dans les expériences faites avec le second pyromètre en porcelaine, dont le volume à zéro était 149'''', 578, la valeur de —S déterminée par ex- périence à l'ébullition du zinc dans le fer, a varié de 34,95 à 35, 3o, et a été en moyenne de 35",! 5; la différence correspond par le calcul à i5 degrés environ, et, comme c'est la moyenne précédente qui est entrée comme un des éléments dans le calcul, il n'y aurait de ce fait que 6 à 7 degrés au plus de différence sur la véritable valeiu' de la températin-e à mesurer. » La température d'ébullition du zinc se trouvant déterminée de cette manière, j'ai fait usage de la même disposition d'appareils, mais en opérant avec la même masse de gaz confiné dans les hautes comme dans les basses températures et en comparant le volume occupé par le gaz à la température d'ébullition du zinc ainsi qu'à zéro, c'est-à-dire en me servant du pyro- mèlre à air de M. Pouillet, comme dans le premier Mémoire. Par ce mode d'observation, j'ai souvent remarqué des changements anormaux dans la masse totale de gaz confiné (surtout avec le fer et l'azote) dont la mé- thode précédente est indépendante; néanmoins la moyenne obtenue avec la porcelaine n'a différé que de 7 degi'és du nombre indiqué plus haut. » Je me suis également servi de la méthode dont MM. Deville et Troost ont fait usage, méthode employée par Dulong et Petit lors de la compa- raison de la marche du thermomètre à air et de celle du thermomètre à mercure. Mais, ainsi que M. Regnault l'a montré dans ses Recherches sur la dilatation des gaz (i), cette méthode exige des précautions particulières pour donner des résultats exacts; d'abord inie dessiccation parfaite des gaz et du réservoir, puis des précautions extrêmes pour s'opposer à l'in- troduction du gaz dans l'intérieur au moment de la rupture de l'extrémité du tube sous le mercure; ce dernier inconvénient se trouve en partie cor- rigé par l'emploi d'un petit robinet en fer à l'extrémité du tube. Quand on opère ainsi à des températures peu élevées^ on se sert de réservoirs en verre portant une pointe eftîlée à l'extrémité du col, de sorte qu'il est facile tle (1) Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XXI, p. 24 •> 34; 1847- (9^2 ) fermer celte pointe par l'application rapide du dard dû chalumeau; ensuite la transparence du verre permet de juger de la hauteur du mercure et, par conséquent, de la pression du gaz intérieur après le refroidissement. Pour des températures au-dessus du rouge et avec des ballons en porce- laine, le tube en porcelaine peut bien être soudé à son extrémité, comme I\î. H. Deville l'a fait et comme je l'ai répété d'après ses indications, mais la fermeture a lieu au chalumeau à gaz et non pas instantanément: de sorte que l'on peut craindre l'introduction dun peu de vapeur d'eau au moment de la fermeluie. Bien plus, en raison du défaut de transparence de la porce- laine, pour évaluer le volume du gaz, après le refroidissement, on est obligé de le transvaser dans une éprouvette graduée. » Pour faire usage de cette méthode avec un ballon en porcelaine, et me mettre à l'abri autant que possible de ces causes d'erreur, j'ai fait usage d'un ballon à long col ; j'ai joint le tube en porcelaine à un tube en verre effilé au moyen de mastic qui permet aux appareils de tenir parfaitement le vide. J'ai maintenu la jonction des tubes, ainsi que la plus grande partie de ceux-ci, à basse température pendant l'opération ; j'ai desséché le ballon et l'air en maintenant le ballon au rouge; puis, l'appareil étant à la tem- pérature d'ébullition du zinc, j'ai fermé l'extrémité du tube de verre en un instant très-court. En employant ensuite les précautions nécessaires pour jauger le gaz et ramener son volume à o degré et à 760 millimètres de pression, j'ai obtenu le nombre 930 degrés, qui s'éloigne des détermina- tions précédentes, mais qui est de 120 degrés au-dessous du nombre indi- qué par MM. Deville et Troost ; mais, en raison des motifs ci-dessus énoncés et des causes d'erreur dont je ne suis pas certain de m'ètre mis complètement à l'abri, je ne suis pas étonné de l'écart que j'ai pu observer entre la valeur déterminée ainsi et celle qui résulte des autres méthodes que j'ai employées. » Les précautions nombreuses que nécessite ce procédé, qui est celui avec lequel MM. Deville et Troost ont opéré, peuvent peut-être indiquer la cause de la différence entre le résultat qu'ils ont obtenu et celui que j'ai donné, quoique cette différence soit de i5o degrés. En effet, dans leurs recherches, le tube eu porcelaine, joint au ballon de même nature, avait un assez fort diamètre, au moins ^ centimètre à l'intérieur, sur une lon- gueur de 10 centimètres. Il était ouvert et non effilé à l'extrémité, et au moment de la fermeture au chalumeau à gaz avec un bouchon en porce- laine, qui peut affirmer qu'il n'y ait pas eu introduction de vapeur d'eau dans le ballon? Quand on a cassé le col sous le mercure, quand on a trans- vasé le gaz, qui peut assurer que la masse de ce gaz soit restée la même ? ( 933 ) D'un autre côté, la matière de l'enveloppe n'a-t-elle pu exercer aucune action sur les gaz qui s'y trouvaient renfermés à haute température? » En outre, je dois faire remarquer que MM. Deville et Troost n'ont fait qu'une seule expérience avec l'air atmosphérique (i) pour établir le point d'ébullition du zinc, et que c'est sur le résultat de cette expérience qu'ils se sont fondés pour infirmer les nondjreuses déterminations expéri- mentales que j'ai faites en m'entourant de toutes les précautions indiquées dans l'emploi de la dernière méthode dont je me suis servi. Je ne parle pas des deux évaluations obtenues par MM. Deville et Troost avec l'iode, car ils ont reconnu eux-mêmes que les éléments qu'ils ont donnés étaient in- suffisants pour calculer l'ébullition du zinc pur (2). M On pouvait croire, lorsque mes expériences avaient été faites seulement avec le pyromètre à réservoir en platine, que la cause d'erreur signalée par MM. Deville et Troost pouvait expliquer la différence entre la valeur qu'ils ont trouvée et celles que j'ai données; mais aujourd'hui une différence encore plus grande se ti'ouve entre leur résultat et ceux rjue j'indique dans mon second Mémoire, puisqu'elle est de i5o degrés. Ils ont alors supposé que mes pyromètres, n'étant pas placés immédiatement dans la vapeur de zinc, mais se trouvant dans un tube en fer plongé au milieu ilu zinc en ébul- îition, ne prenaient pas la température du métal volatilisé; mais je dois faire remarquer de nouveau que dans mes recherches le pyrométre à air ne marchait jamais qu'avec le pyromètre thermo-électrique platine-palladium placé à côté, dont les indications sont si régulières, et que ce dernier m'a donné sensiblement la même indication à l'intérieiu' du tube en fer bai- gnant dans le zinc en ébullition même, que dans un tube en porcelaine de l'épaisseur du ballon et plongeant dans le zinc par la partie supérieure de l'appareil, c'est-à-dire en moyenne i445 du pyromètre thermo-électrique, le nombre 100 correspondant à l'ébullition de l'eau. Je ne paiie pas, bien entendu, des variations de température provenant, soit des changements dans la pression extérieure, soit d'effets accidentels qui se produisent dans (i) Annales de Cliiniie et de Physique, 3" série, t. LVIII, p. •2g4- (2) Comptes rendus, t. LVII, p. 898. Je ferai encore observer que MM. Deville et Troost ne sont pas les premiers qui aient employé une matière volatile pour déterminer les tempé- ratures et pour servir de terme de comparaison dans la détermination des densités de va- peur ; M . Rejjnault, dans ses Recherches [Annales de Chimie et de Physique, Z" série, t. LXIII, p. 45, et Mémoires de l'Académie des Sciences), avait fait usage de mercure en montrant que l'appareil en porcelaine, construit à cette occasion, constituait une espèce de thermo- mètre à poids, à vapeur. C. R., i863, 2'»« Semestre (T. LVU, N" 25.) ^^^ (934) le fourneau, soit encore des inégalités provenant de ce que les pyromèlres ne sont pas au même instant dans le même état calorifique. Ainsi les diffé- rences de température à l'intérieur du tube en fer servant de moufle et dans le zinc en ébullition ne m'ont pas paru sensiblement appréciables; elles différeraient, du reste, que cela n'aurait aucune influence pour mes expé- riences de comparaison entre la marche du pyromètre à air et celle du pyromèîre thermo-électrique, ces deux appareils étant toujours placés près i'ini de l'autre (i). » D'un autre côté, je n'ai jamais prétendu déterminer la véritable tem- pérature d'ébullition du zinc pur; mais en prenant du zinc ordinaire dans une cornue en fer, je me suis placé dans les mêmes conditions que MM. De- ville et Troost, ne cherchant d'ailleurs qu'à me procurer un point fixe qui put servir à la comparaison des pyromètres, comparaison qui était le but de mes recherches. MM. Deville et Troost ont demandé ensuite comment il y avait une dif- férence entre les résultats publiés dans mon dernier travail et ceux du pre- mier. Cela résidte, d'après ce que j'ai dit il y a quinze jours, de l'effet que j'avais signalédansmou premier Mémoire, et qui est relatif à la pctitediminu- tion de la masse gazeuse confinée dans le platine, effet dont je me suis mis à l'abri dans mes dernières recherches ; et je ferai remarquer à ce sujet que tandis que MM. Deville et Troost signalaient dans mes expériences la pos- (i) .Te dois dire ici que je connaissais parfaitement les travauxde M. Regnault sur ce sujpt, travaux si importants qui embrassent toutes les questions ayant rapport aux phénomènes calo- rifiques et à la mesure des températures. M. Regnault a moxxlvc [Mémoires de V Jcndcmie des Sciences, t XXVI, p. 5i5 et suiv.) qu'il pouvait y avoir une grande différence entre la tempé- rature des parois d'un vase en fer et celle du mercure en ébullition dans ce dernier, de sorte que la vapeur de mercure pouvait être surchauffée bien au-dessus de 358", 5. Ces effets qui ont lieu avec le mercure, liquide qui ne mouille pas le fer, se présentent-ils avec le zinc fondu qui le mouille, mais dont la chaleur latente et la capacité calorifique sont faibles? On ne sau- rait l'affirmer sans des expériences préalables. Seulement, j'aurais dû observer avec le pyro- mètre à air, par le fait de la surchauffe des parois, une température plus élevée que celle de l'ébullition du zinc, et non pas trop basse comme le pensent M,M. H. Sainte-Claire Deville et Troost. Mais si un effet de ce genre se produisait avec le zinc, il expliquerait peut-être plutôt comment MM. II. Sainte-Claire Deville et Troost ont obtenu une température trop élevée. Quant aux pyromètres avec lesquels j'ai opéré, dans le premier comme dans le second tra- vail, ils étaient placés dans des tubes en porcelaine ou en fer plongeant dans le zinc même en ébullition, à la partie supérieure du bain liquide, condition nécessaire pour se rappro- cher le plus possible du point d'ébullition de la substance; car les circonstances ne sont plus les mêmes avec cette matière que lorsqu'on prend le point d'ébullition de l'eau. (935) sibilité d'une augmentation de volume du gaz confiné (nécessaire pour expli- quer une température trop basse), c'est au contraire une diminution que j'avais lieu de craindre d'après ce que j'avais remarqué, et c'est eu effet ce que mes expériences postérieures ont démontré. » MM. Deville et ïroost, dans le Mémoire présenté lundi dernier à l'Aca- démie, décrivent un projet d'expériences pour substituer au procédé de détermination de température dont ils s'étaient servis antérieurement, le pyromètre à air avec tube maiiométrique tel qu'on l'emploie habituelle- ment; mais aucune détermination expérimentale n'accompagne ce projet, et je pense que lorsqu'ils se seront entourés de toutes les précautions néces- saires, ils trouveront des nombres peu différents de ceux que j'ai indiqués. » Ainsi, par une étude longue et attentive faite depuis mon premier Mé- moire, je me suis rendu compte avec le plus grand soin des conditions expérimentales exigées dans l'emploi des pyrométres à air et à azote, ainsi que dans la comparaison de ces appareils avec le pyromètre thermo- électrique platine-palladium, et les résultats de mes expériences ne me paraissent laisser aucun doute sur leur exactitude. » M. H. Saixte-Claiue Deville répond en ces lermes : « Je ferai remarquer en premier lieu que ce n'est point par une seule expérience^ comme l'affirme M. Ed. Becquerel, que M. Troost et moi avons établi le point d'ébullition du zinc, mais en réalité par trois méthodes diffé- rentes qui nous ont donné trois résultats concordants (i). Le nombre ainsi fixé reçoit d'ailleurs, dans le même Mémoire, une nouvelle confirmation par de nombreuses déterminations de la densité de vapeur du soufre. » En second lieu, le point capital dans la discussion actuelle me paraît être beaucoup moins !a fixation d'un résultat numérique en particulier que la valeur des méthodes générales employées dans ce genre de recher- ches. Dans ses expériences M. Ed. Becquerel emploie-t-il des thermomètres à parois imperméables, inextensibles aux températures et aux pressions auxquelles il les soumet, dont le coefficient de dilatation lui soit connu, dont le volume puisse être réellement mesuré, dont les réservoirs plongent dans la vapeur essayée..., etc. Sans ces conditions que nos propres travaux nous donnent le droit d'exiger, et que je ne trouve pas dans les expériences de notre savant confrère, il est impossible de compter sur une approxima- tion qui soit en rapport avec l'état actuel de la science. (i) Voyez Annaics de Chimie et de Physique, 3' série, t. LVIII, p. 298. laS. (936) » C'est précisément pour arriver à cette précision que nous avons, M. Troost et moi, proposé la méthode dont j'ai entretenu l'Académie dans la dernière séance. Pour le moment je persiste dans toutes mes conclu- sions. » Réponse de M. E. Becquerel aux observations de M. H. Sainte-Claire Deville. « M. Edmond Becquerel répond à M. H. Sainte-Claire Deville qu'd maintient ce qu'il vient de dire, savoir : que dans le Mémoire publié par MM. Deville et Troost dans les Annales de Chimie et de Physique, 3*" série, t. LVIII, p. 294, il n'est fait mention que d'une seule détermination de température du point d'ébullition du zinc au moyen de la dilatation de l'air; quant aux déterminations faites au moyen de l'iode ou d'autres matières dont la dilatation est inconnue et qui peuvent réagir sur les parois des ré- servoirs thermométriques, elles sont hypothétiques. 11 ajoute qu'à l'égard des autres observations il s'en tient à la réponse qu'il a faite plus haut. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Eludes sur les vins. Première partie : De t'injluence de l'oxygène de l'air dans la vinification ; par M. L. Pasteur. « Le vin est une des principales richesses agricoles de la France. Le sol, le climat, l'exposition dans un même sol, la nature des cépages, etc., sont autant de causes de modifications dans les qualités et même dans la nature propre du vin. C'est principalement à ces causes qu'il faut rapporter les nombreuses variétés de vins de notre pays. On ne changera point cela, et il y a intérêt à ne pas le tenter. Mais il est certain qu'un même moût de raisin, travaillé de diverses façons, peut produire bien des sortes et qualités de vins. Eu outre, les altérations des vins n'ont rien de nécessaire. On doit pouvoir les prévenir, puisqu'elles sont accidentelles. Il y a donc à faire une part assez large à l'expérimentation et à ses conséquences pratiques. » J'ai tenté d'appliquer à l'étude de la vinification et des altérations des vins quelques-uns des résultats de mes recherches de ces dernières années. Les faits nouveaux auxquels je suis arrivé me paraissent de nature à pro- voquer des essais utiles, et j'ose espérer qu'à ce titre l'Académie les accueil- lera avec indulgence, malgré les lacunes qu'elle apercevra dans mon travail, comme je les aperçois moi-même. >• Ces lacunes sont peut-être inévitables, parce que dans un tel sujet le savant ne peut pas tout attendre de ses propres cttorts. Lorsque ses expé- riences l'ont conduit à des vues particulières, il doit s'empresser de les (937) communiquer au public, afin de les soumettre au contrôle d'essais indus- triels qu'il n'a guère les moyens d'effectuer lui-même. )> Je m'occuperai dans celte première couununication de l'influence de l'oxygène de l'air dans la vinification. » Tout le monde connaît l'ingénieuse expérience de Gay-I^ussac (pii démontra ce que l'on avait depuis longtemps pressenti et énoncé sans preuves, que l'oxygène de l'air est nécessaire à la fermentation du moût de raisin. Le jus sucré du raisin renfermé dans les grains, encore réunis à la grappe qui les portait sur le cep, ne fermente pas. Il était dès lors facile de prévoir que l'air, et dans l'air l'oxygène, est nécessaire à la fermentation du moût de raisin. » Gay-Lussac fit passer cette idée de la spéculation dans le domaine des faits positifs. Il en donna la preuve expérimentale. Après avoir écrasé des grains de raisins sous une éprouvette renversée pleine de mercure, il vit qu'ils ne fermentaieni pas, soit seuls, soit au contact de divers gaz. L'ad- dition d'une petite quantité de gaz oxygène di'terminait au contraire la fermentation. » En étudiant de jjIiis près cette curieuse influence de l'oxygène dans la fermentation alcoolique du moût de raisin, j'ai constaté les faits suivants : » 1° Le moût de raisin ne renferme pas du tout de gaz oxygène en dis- solution, et seulement de l'acide carbonique et de l'azote. J'ai opéré sur des raisins d'espèces différentes, blancs ou rouges. Une expérience faite sur du moût de raisins blans, aussitôt après l'action du pressoir, a donné, par litre de moût, 58 centimètres cubes de gaz ayant pour composition en centièmes : Acide carbonique 78,5 Azote 21,5 Oxygène 0,0 100,0 » 1° Si le moût est abandonné, même en grande surface, au contact de l'air, il ne s'oxygène pas. On n'y trouve, jusqu'à ce que la fermentation se déclare, que ces mêmes gaz acide carbonique et azote. Par conséquent l'oxygène de l'air se combine au fur et à mesure de sa dissolution avec des principes oxydables que renferme naturellement le jus du raisin. » 3" Cette combinaison de l'oxygène de l'air avec le moût n'est pas telle- ment rapide, que l'on ne puisse avoir du moût tenant en dissolution du gaz oxygène pendant quelques heures. On atteint ce résultat en agitant le moût avec l'air, et en analysant les gaz dissous aussitôt après l'agitation. ( 938 ) » 5 litres de uioûl ont été agités dans une grande bouteille de lo litres avec leur volume d'air pendant une demi-heure. 5o centimètres cubes de gaz extraits du inoùl un quart d'heure après l'agitation ont laissé r3 centi- mètres cnbes de gaz non absorbables par la potasse, lesquels renfermaient 20 pour 100 de gaz oxygène. >i La même expérience répétée sur le même moût, en laissant reposer le liquide pendant une heure, après l'agitation avec l'air, n'a plus fourni que 6 pour 100 d'oxygène dans le gaz privé d'acide carbonique. » Enfin, en laissant du moût dans une bouteille bien bouchée en contact avec son volume d'air (à une température de 10 degrés afin de retarder la fermentation), l'air de la bouteille renfermait au bout de quarante-huit heures près de 3 pour 100 de gaz carbonique, et i4 pour 100 de gaz oxy- gène seulement. On avait agité à deux reprises le moût avec l'air pendant une demi-heure. Chaque litre de moût avait donc absorbé environ 70 cen- timètres cubes de gaz oxygène. » La combinaison de l'oxygène de l'air avec le morit modifie sa couleur. Le moût de raisins blancs, à peu près incolore dans le grain et au moment du pressurage, devient jaune-brun en passant par les états intermédiaires. Le moût do raisins rouges renferme également des matières incolores qni brunissent par le contact de l'air. Enfin l'odeur du moût lécent, qui est faible et a quelque chose de vert, prend peu à peu, s'il n'est pas filtré, une odeur agréable, éthérée, au moment où la fermentation connuence, et celte odeur paraît être en rapport avec une aération lente du moût. » Mais ce qu'il importe peut-être davantage de remarquer, au point de vue des applications, c'est l'influence considérable de l'aération sur la fer- mentation du moût. » Laisse-t-on le moût exposé au contact de l'air en grande surface pen- dant plusieurs heures, ou l'agite-t-ou avec de l'air, opération facile à pra- tiquer à l'aide d'un soufflet dont la douille est munie d'un tube qui plonge dans la cuve ou dans le tonncviu (1), la fermentation du moût aéré est incomparablement plus acfive que celle du moût non aéré, et la différence varie avec l'intensité de l'aération. Et il est digne d'attention que l'aération peut avoir lieu et produire des effets au moins aussi sensibles, alors même qu'on l'effectue pendant la fermentation, lorsque le liquide est déjà chargé (1 acide carbonique et de levure alcoolique. (1) Je ne prctcnds i)as cependant (lu'il soit indifférent d'employer l'un ou l'autre de ees deux modes d'acration. (939) » L'aération du moût à des degrés divers se présente donc comme l'un des moyens les plus propres à influer sur la durée et l'achèvement complet de la fermentation. )' Dans les localités où la vendange n'a lieu qu'eu octobre, il arrive tré- queniment, et parliculièrement dans les meilleures années, que le vin reste doux après la fermentation tmnultueuse. Ce vin un peu sucré est sujet aux altérations, et il n'est pas rare de le voir fermenter insensiblement pendant trois ou quatre ans. » On peut dire que dans tous les cas, à moins qu'il ne s'agisse de vins liquoreux, il est utile que la fermentation se termine dès l'origine. Pour atteindre ce but, l'aération du moût, convenablement appliquée, sera peut- être un moyeu aussi efficace que facile à mettre en pratique. N'aura-t-elle pas des inconvénients cachés? Nuira-t-elle à la couleur que l'on recherche dans les vins, à leur goût, à leur bouquet? Trouvera-t-on au contraire sur ce point de uoiiveaux avantages? C'est ici que doit intervenir cette alliance à laquelle je faisais allusion tout à l'heure des essais industriels tentés par les propriétaires intéressés, et des indications de la science. Remarquons d'ailleurs, qu'avantageuse ou nuisible, l'aération est une circonstance obligée de la vinification. Elle mérite donc à tous égards la plus sérieuse attention, alors même que l'on ne sortirait pas des usages habituels, parce qu'elle y intervient déjà présentement, à l'insu des praticiens, et dans luie mesure abandonnée au hasard des circonstances et des coutumes locales. » Une autre conséquence facile à déduire des faits que j'ai exposés, c'est que le vin doit conlenir des principes éminemment oxydables. M. Boussin- gaidt a reconiui depuis longtemps que le viu ne renfermait pas du tout de gaz oxygène en dissolution, et il avait même espéré se servir de la connais- sance de ce fait pour déceler l'addition de l'eau ordinaire au vin. Malheu- reusement, dès le lendemain le vin ne contenait plus d'oxygène libre. Ces faits ont élé confirmés récemment et étendus par M. Berthelot, qui ne connaissait pas les observations de M. Boussingauit, publiées en 1809 dans une de ses leçons du Conservatoire des Arts et Métiers à laquelle j'assistais. » Ce que je tiens à faire observer à ce sujet, c'est que l'existence dans le moîit du raisin de matières qui absorbent l'oxygène de l'air, qui l'absor- bent encore après que la fermentation a commencé, entraîne inévitablement celle de principes semblables, plus ou moins modifiés par la fermentation, dans la composition du vin lui-même. C'est pour ce molif que l'on ne trouve pas d'oxygène dissous dans les vins conservés en vase clos. Si le vase (94o) qui renferme le vin n'est pas fermé, le vin se charge de gaz oxygène, et l'air fin vin est même plus riche en oxygène que l'air atmosphérique, comme il arrive pour l'air dissous dans l'eau. Il y a cependant une circonstance où le vin exposé au contact de l'air ne contient pas d'oxygène libre: c'est lorsque sa surface est recouverte en tout ou en partie de Mycoderma vini, ou fleurs du vin. » L'oxygène de l'air, qui se mêle au vin exposé au contact de l'air, ne s'absorbe donc pas aussi promptement qu'il se dissout. Sous ce rapport le nioùt de la vendange est plus oxydable ou dissout moins vite l'oxygène, puisque ce gaz disparaît au fur et à mesure de sa dissolution, quand le moût est en repos au contact de l'air. » Si l'on étudie les gaz du moût, pendant et après la fermentation, on reconnaît, comme on devait s'y attendre, que la liqueur est saturée de gaz acide carbonique sans mélange d'aucun autre gaz quelconque. Dans une expérience faite sur du vin nouveau, pris sur place, dans le tonneau même où la fermentation avait eu lieu, j'ai trouvé par lilre i'", 481 de gaz carbo- nique. Le vin était à la températiu-e de 7 degrés. » Mais dès que le moût a fermenté dans la cuve et que le vin est mis en tonneau, les choses changent complètement. Les parois du tonneau donnent lieu à une évaporation active, variable avec l'épaisseur des douves, avec l'état du tonneau, avec la nature du vin, et enfin avec la cave, son exposi- tion et la distribution de ses courants d'air. » Des effets d'endosmose de gaz et de vapeurs ont lieu constamment à travers le bois, el je crois pouvoir démontrer que c'est par l'action de l'oxygène de l'air pénétrant lentement dans le tonneau que le vin se fait, et que, sans l'influence de l'oxygène, le vin resterait à l'état de vin nouveau, vert, acerbe, et non potable. )> Analysons, en effet, les gaz dissous dans un vin qui a été mis en ton- neau depuis quelques mois ou depuis quelques années. Les analyses aux- quelles je fais allusion ont été et doivent être effectuées sur place au moyen d'un procédé que je décrirai ailleurs (pour ne pas allonger trop cette com- miuiication), et de façon à ne pas mettre le moins du monde le vin en con- tact avec l'air atmosphérique. Voici les résultats généraux de ces détermi- nations. 11 y a absence constante de gaz oxygène. La raison en a été don- née tout à l'heiu'e. On trouve de l'acide carbonique en proportions variables. Cela doit être, puisque, après la fermentation, le vin était sursaturé de ce gaz. Mais ce qu'il faut principalement remarquer, c'est que le vin renferme (94i ) toujours de l'azote, dont la proportion est, dans tous les cas, sensiblement la même, de i6 centimètres cubes environ par litre. Or ce gaz ne peut avoir été emprunté qu'à l'air atmosphérique, puisque nous avons reconnu que le vin, à l'origine, ne contenait en dissolution que du gaz acide carbonique pur. Si le vin s'est saturé de gaz azote, c'est qu'il s'est également saturé d'air, avec cette circonstance importante toutefois que l'oxygène correspon- dant à l'azote ne restant pas libre, et se combinant avec les principes du vin, un renouvellement incessant de l'oxydation doit avoir lieu. « On comprendra dès lors l'intérêt qu'il y aurait à déterminer cette pro- portion d'oxygène que le vin absorbe sans discontinuité pendant le long intervalle de son séjour en tonneau, et ultérieurement en bouteille, bien que, dans ce dernier cas, l'absorption soit à peine sensible. J'espère arriver directement à ce résultat. Mais je puis dés à présent donner de cette ab- sorption un minimum qui accusera l'influence considérable de l'oxygène de l'air dans la vinification. » Ce minimum est fourni par la connaissance delà vidange qui s'éfablil naturellement dans tous les tonneaux, vidange que l'on peut mesurer exac- tement par l'ouillage. Or il résulte, tant des mesures que j'ai prises dans le ,Tura, confirmées par des renseignements qui m'ont été fournis par l'habile tonnelier-chef du Clos-Vougeot, qu'une pièce de bourgogne de 228 litres se vide par évaporation de plus de 10 litres par année, et le liquide éva- poré est remplacé par de l'azote et de l'acide carbonique. » L'oxygène de plus de 10 litres d'air se fixe donc chaque année sur le vin de la pièce. Et, comme on conserve le vin en pièces le plus souvent trois ou quatre ans avant de le mettre en bouteilles, et quelquefois bien plus longtemps, il est facile de calculer que, dans cet intervalle, chaque litre de vin absorbe de 3o à 4o centimètres cubes de gaz oxygène pur. » Mais, je le répète, ce n'est là encore qu'un minimum éloigné de l'ab- sorption de l'oxygène. Il y a, en effet, un échange continuel des gaz de l'intérieur du tonneau avec l'air atmosphérique, pendant que la vidange par évaporation s'effectue. Nous pouvons en avoir une preuve dans la dif- fusion de l'acide carbonique. J'ai dit tout à l'heure qu'un litre de vin nou- veau pris à la température de 7 degrés avait donné près de i |^ litre de gaz carbonique dissous. Le même vin vieux de deux années n'ayant subi que deux soutirages en mars et en juillet, sans collage, ne renfermait plus par litre que 200 centimètres cubes de gaz acide carbonique. Cette différence donne une idée de la diffusion continuelle des gaz dissous dans le vin, à C. R., i863, 2'n<^ Semeslrc. (T. LVII, N» 23.) ' ^6 ( 942 ) travers les parois du tonneau. La proportion d'oxygène fixée pendant que le vin se fait, sur les principes oxydables empruntés au moût du raisin, est donc certainement bien supérieure à 3o ou [\o centimètres cubes par litre. » Il ne me paraît pas possible de douter que c'est cette oxydation qui fait vieillir le \'n\ et qui lui enlève ses principes acerbes et provoque en grande partie les dépôts des tonneaux et des bouteilles. Des expériences directes m'ont prouvé, en effet, que l'oxygène vieillit le vin nouveau, l'adoucit, lui enlève de sa verdeur, et que, concurremment, il s'y forme des dépôts abon- dants. D'autres essais qui n'ont encore, il est vrai, que trop peu de durée, tendent à établir que le vin nouveau conservé dans des vases hermétique- ment clos ne se fait pas et dépose très-peu. Cependant l'action de l'oxy- t;ène, pour être efficace, doit être lente et ménagée. Si on l'exagère, on tombe dans les phénomènes signalés par M. Berthelot, qui a bien vu le côté nuisible de cette action de l'oxygène. )i La comparaison de ce qui arrive à un même vin conservé en grands ou eu petits tonneaux offre une preuve convaincante, quoique indirecte, des observations précédentes. Plus on exagère les dimensions des futailles, plus le vin met de temps à vieillir. » Si je ne me trompe, les faits dont je viens d'entretenir l'Académie sug- céreronl des idées nouvelles sur les méthodes à suivre pour conserver ou pour vieillir les vins, sur l'action des courants d'air dans les caves, sur l'in- fluence des tonneaux neufs ou vieux, plus ou moins propres à l'évapora- tion. Je crois qu'ils donneront également l'explication de l'influence des voyages sur le vin. C'est là évidemment, à cause de l'agitation, un moyen de modifier beaucoup les conditions de l'aération du vin et de l'endosmose des gaz. Nul doute également que la mise en bouteilles a principalement pour effet de diminuer, dans une grande mesure, l'aération du vin et d al- longer beaucoup, par là même, la durée de sa confection, ce qui, dans le langage ordinaire, s'appelle conservation du vin. )) Pendant que le vin se fait en tonneau ou en bouteille, sous l'influence de l'oxygène de fair, il arrive souvent c}ue des altérations spontanées se manifestent sans causes apparentes bien déterminées. J'étudierai ces altéra- tions ou maladies des vins dans une prochaine communication. « (943) MATHÉMATIQUES. — Note iiir tes ouvrages de Desargues; par M. Chasi.es. « Les ouvrages de Desargnes, géomètre éiniiient du xvii" siècle, ne nous sont point parvenus : il n'en restait que quelques fragments, conservés l)rincipalement dans les ouvrages de Bosse, ou dans quelques autres écrits de l'époque. 1) Les géomètres regrettaient vivement cette perte, surtout celle du Traite des sections coniques, mis au jour en i SSg, sous le titre de : Brouillon piojecl d'une atteinte aux événements des rencontres d\m cane avec un plan; ouvrage dont Descartes, Format et Pascal ont parlé avec éloges. » Une copie de ce traité, faite par de la Ilire, en 1679, ce qui semble indiquer cjue déjà à cette époque il était devenu fort rare, s'est retrou- vée, dans ces derniers temps, avec un exemplaire des traités originaux, très-succincts, sur la coupe des pierres et les cadrants; quatre pages in-folio, d'un caractère très-fin (1). L'Académie s'est empressée de faire l'acquisition de ces fragments précieux. J'ai eu l'honneur, à cette époque, d'entretenir l'Académie, avec quelques détails, de Desargues et de l'intérêt que les géo- mètres attachent à ses ouvrages, où se reconnaissent les premiers pas dans la voie des méthodes de la Géométrie moderne (2). » M. Poudra, officier supérieur d'état-major en retraite, auteur d'un Traité de perspective-relief , sur lequel un Rapport a été fait à l'Académie (3), et d'un Mémoire sur la théorie des courbes géométriqties, qui a obtenu un encouragement de l'Académie, au concoui-s de l'an dernier (4), s'est proposé de sauver de l'oubli cette partie des œuvres de Desargues, si heureusement retrouvée; et surtout de réunir les autres fragments et toutes les notions sur (i) Le titre de cet Écrit, sommaire et substantiel, est : Brouillon project d'exemple d'une manière universelle du S. G. D. L. (du sieur Gérard Desargues, Lyonnois) touchant la prac- tiqtte du. trait à preuves pour la coupe des pierres en l'architecture; et de l'éclaircissement d^une manière de réduire au petit pied en perspective comme en géométral, et de tracer tous quadrans plats d'heures égales au soleil. Paris en août 1640. (2) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XX, p. i55o-i554; année i845. Dans la séance du 3i mars 1862, notre confrère M. Piobert a fait connaître à l'Aca- démie quelques détails sur les rapports de Desargues avec Pascal, à l'époque où celui-ci, très-jeune alors, fit imprimer son premier ouvrage sur les mathématiques, Y Essai pour les coniques. {Comptes rendus, t. LIV, p. 703-715.) (3) Comptes rendus, t. XXVII, p. 880-901; année i843. (4) Comptes rendus, t. LVI, p. 4'- ia6.. ( 944 ) raiitoiir, qui se peuvent rencontrer dans les ouvrages de l'époque. Ce tra- vail, fruit de recherches persévérantes, a donné lieu aux deux volumes dont M. Poudra a l'honneur de faire hommage à l'Académie. « Le premier volume renferme les ouvrages retrouvés de Desargues. M. Poudra y a joint des analyses qui en facilitent la lecture. Nous citerons surtout un commentaire du Traité des coniques, que rendaient nécessaire le style souvent obscur de l'auteur, et l'emploi de beaucoup de mots nouveaux qui ne se sont pas conservés. 1) M. Poudra a réuni dans le second volume les idées théoriques et pra- tiques de Desargues sur la perspective, la coupe des pierres et les cadrants, qui se trouvent dans les ouvrages de Bosse. Il y a joint la reproduction de divers écrits de l'époque, devenus excessivement rares ou restés inconnus, qui se rapportent aux ouvrages de Desargues. Ces écrits montrent combien il a été difficile de faire admettre des principes rigoureux dans les arts de construc- tion, et de lutter contre l'autorité puissante d'une routine empirique. C'est sous ce rapport surtout que le nom de Desargues se doit présenter à l'esprit, quand on parle des services rendus, au commencement de notre siècle, par l'illustre auteur de la Géométrie descriptive. Aussi est-ce avec raison que notre confrère M. Poncelet a nommé Desargues le Monge de son siècle (i). » Les géomètres accueilleront avec intérêt les documents nouveaux dus au zèle et aux recherches actives de M. Poudra. » M. LE Secrétaire perpétuel communique à l'Académie les pièces relatives a un article du testament de feu M. Caristie, Membre de l'Institut, men- tionnant un legs qu'il a voulu faire du travail important de M. Percier, éga- lement Membre de l'Institut, sur le palais duT à Mantoue. M. Percier, par son testament, avait fait don de ce splendide recueil à M. Caristie, sonélève. Celui-ci, voulant en disposer à son tour delà manière la plus utile pour le public et la plus honorable pour sou vénéré maître, a laissé à cinq de ses amis, architectes comme lui, le soin de désigner l'éta- blissement auquel il devrait être donné. M. Lebas, de l'Académie des Beaux- Arts, aujonrd'luii seul survivant des cinq personnes désignées, a pensé que le précieux volume ne pourrait être mieux placé que dans la Bibliothèque de l'Institut impérial, qui possède déjà plusieurs autres œuvres originales de Percier. (Renvoi à la Commission administrative.) (i) Traité (les propriétés projectives des Jtg lires, p. xxx\in. ( 945 ) M. LE Président annonce que le tome LVI des Comptes rendus est en dis- tribution au Secrétariat. NOMIiVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. Steiner. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 48 : M. Sylvester obtient 4'J suffrages. MM. de Jonquières et M. Richelot, chacun. . i « M. Sylvester, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. 3IÉM0IRES PRÉSENTÉS. M. DE Caligxy soumet au jugement de l'Académie une Note ayant pour titre : « Expériences sur tes trajectoires des molécules à l'intérieur des flots et sur les vitesses des ondes liquides » . (Commissaires, MM. Poncelet, Piobert, Combes.) M. Delacroix adresse de Perpignan un Mémoire concernant Vappareil de plongeur dont il avait précédemment entretenu l'Académie à l'occasion de la présentation faite par M. Galiberld'un appareil destiné à de semblables usages. 11 y joint un extrait des Annales de la Société cC Hydrolocjie médicale de Paris, concernant cette invention qui est appliquée depuis six ans à l'Iiô- pital militaire thermal d'Amélie-les-Bains pour les bains à immersion com- plète, bains reconnus nécessaires pour certaines affections de la face et du cuir chevelu sur lesquelles jusque-là on n'avait pu agir qu'indirectement. Un appareil complet et une embouchure détachée qui permet de mieux voir le jeu des soupapes font partie de cet envoi. (Renvoi à la Commission des Arts insalubres.) M. L. Bardoux envoie de Poitiers une Note très-étendue sur les procédés au moyen desquels il transforme en papiers applicables à différents usages, en carton, en pâtes plasticpies, un grand nombre de produits végétaux tous assez communs, les uns de mince valeur et les autres considérés jusqu'ici comme de simples rebuts. Il y joint une collection des principaux papiers ( 946 ) obtcMuis par ces procédés, dont il s'est assuré la propriété par des brevets d'invention. (Commission des Arts insalubres.) M. RoB. KsiGHT adresse de Philadelphie une Lettre concernant la décou- verte qu'il dit avoir faite de la cause des variations de l'aiguille aimantée. Il annonce également une théorie du système solaire à laquelle se rattache- rait sa découverte. Cette nouvelle communication, de même que celle qui a été mentionnée au précédent Compte rendu, semble supposer une autre pièce qui ne serait point parvenue à l'Académie. Une Commission composée de MM. Pouillet, Edm. Becquerel et Fizeau est invitée à prendre connaissance de ces deux Notes, et à voir si elles pré- sentent quelque chose d'assez complet pour devenir l'objet d'un Rapport CORRESPONDANCE . M. LE Ministre de l'Agriculture, dc Com.merce et des Travaux publics adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le n" 6 des Brevets d'inyention pris dans l'année i863. M. le Président présente, au nom de l'auteur, M. le D"^ Berroni, un opuscule italien sur la classiBcation et le traitement des diverses folies, et sur le mouvement des malades dans l'asile des aliénés de Turin, pendant l'année 1862. M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de Fauteur, M. de Billy, inspecteur général des Mines, une Notice sur feu M. Dufrénoy^ lui-même inspecteur général des Mines et Membre de l'Académie des Sciences. La Société des Naturalistes de Bru.nx (Moravie), instituée à la fin de 1861 , envoie le premier volume de ses Mémoires, et exprime l'espoir de recevoir en retour les publications de l'Académie. (Renvoi à la Commission administrative. ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la tempête des 2 et 3 décembre. Note de M. Marié-Davy, présentée par M. Le Verrier. (( La tempête qui a sévi si fortement à Paris dans les journées du 2 et du i décembre est duc à un tourbillon qui a envahi l'Europe par les ( 947 ) côtes iiord-ouesl de l'Irlande et qui achève en ce moment sa course au travers de la Russie. » Les documents qui nous sont nécessaires pour faire l'histoire com- plète de ce grand phénomène ne nous sont pas encore tous parvenus; mais ceux que nous avons déjà recueillis nous permettent de fixer les particu- larités de sa marche au travers de l'Europe. Dès le 27 novembre, l'aspect général des courbes d'égale pression nous inspirait des doutes sur la con- servation du calme qui régnait assez généralement sur nos côtes. Cette si- tuation, toutefois, se maintint jusque dans la nuit du 3o novembre au i" décembre avec des modifications peu importantes au premier abord, mais sur lesquelles nous reviendrons. » Le i'' décembre, la carte météorologique construite au moyen des ob- servations faites à 8 heures du matin et télégraphiées à Paris accuse nette- ment l'arrivée d'un tourbillon sur l'Irlande. Les documents postérieurs semblent nous permettre de placer le centre de ce tourbillon, pour 8 heures du matin, à 5o ou 60 lieues des côtes nord-ouest de l'Irlande. » Le 2, à 8 heures du matin, nous trouvons ce centre dans les environs de Shrevvsbury, au sud de Liverpool. Le tourbillon, au lieu de suivre sa marche habituelle vers l'est, avait donc été refoulé vers le sud. En même temps, le baromètre, à Paris, descendait avec une rapidité extrême et attei- gnait 731 millimètres vers i heure; à ce moment la tempête avait atteint sur Paris une extrême violence. Deux fois déjà, dans la première quinzaine de novembre, un tourbillon avait traversé presque du nord au sud l'Angle- terre et la France, et tout faisait craindre qu'il en fût une troisième fois ainsi, lorsqu'à partir de i heure le baromètre se mit à remonter avec autant de rapidité qu'il était descendu. La tempête rebroussait chemin vers le nord. L'ébranlement vers le sud ne devait toutefois pas s'arrêter complètement, et dans la nuit du 3 au 4 nu vent violent s'élevait sur les golfes de Lyon et de Gênes cl s'étendait jusqu'à l'Adriatique nord. » Le 3,1e centre du tourbillon était revenu sur l'Angleterre dans le voi- sinage d'York. A partir de ce moment le phénomène reprit sa marche habi- tuelle vers l'est. )) Le 4, nous le voyons un peu au nord de Copenhague. » Le 5, il semble cpiitterla Baltique eutie Liban et Rœnigsberg. Mais les documents de cette région sont encore trop incomplets pour que nous puissions assigner sa marche ultérieure. » Les positions occupées les i", 2, 3, 4 et 5 décembre par le centre de ce tourbillon, qui a été d'une extrême énergie, montrent que sa vitesse de (948) translation a été d'une dizaine de lieues à l'heure. C'est une vitesse pareille que nous trouvons encore pour les plus faibles tourbillons qui traversent fréquemment l'almosphère de l'Europe. 11 semble donc permis de croire que la cause de leur progression est indépendante de leur violence et qu'elle doit tenir à un mouvement général de l'atmosphère au nord de l'Europe. » Nous trouverons quelque intérêt peut-être à revenir en arrière et à in- terpréter les modifications subies les 28, 29 et 3o novembre par les courbes d'égale pression. » Nous avons dit plus haut que le 27 nous considérions le temps comme douteux. Depuis la veille le vent était devenu fort de l'est à San-Fernando, près Cadix, et la pression commençait à y faiblir d'ime manière sensible, tandis qu'elle restait très-élevée .sur l'Europe centrale. Le 28, jour où nous considérions la situation comme très-douteuse, la baisse barométrique avait fait de nouveaux progrès sur le sud-est de l'Espagne, en tenant compte de ce fait bien connu que les oscillations barométriques y sont beaucoup moins fortes qu'à des latitudes plus élevées. De plus, la dépression baromé- trique avait gagné le golfe de Gascogne où la pression était descendue de ^67™", 4 à 764™", 5 depuis la veille, tandis qu'à Brest, au contraire, à Pen- zance, à Valentia, le baromètre était resté presque stationnaire; il était même remonté, à Greencastle, au nord de l'Irlande; enfin, les vents étaient de- venus forts du sud ou sud-ouest sur l'Irlande. » Le 29, qui se trouvait un dimanche, nous n'avons pas d'observations anglaises, sauf celle de l'observatoire de Greenwich ; mais l'agitation des cotes irlandaises s'était étendue au golfe de Gasgogne, où le baromètre était descendu à 760™™, 3, ce qui formait une diminution de 7 millimètres en deux jours. La baisse barométrique commençait également à devenir sen- sible à Brest. )i Le 3o, la pression s'est relevée sur l'Espagne ; elle a remonté ini peu sur le golfe de Gascogne, tandis qu'elle est descendue de 5 millimètres à Brest, et que sur l'Irlande elle est à peu près restée stationnaire. )) Si nous rapprochons ces faits de la marche connue du tourbillon du 1'"' au 5, nous arrivons à considérer comme très-probable qu'ils sont les signes sensibles de l'arrivée progressive de la tempête. Le centre du tour- billon se serait trouvé : le 3o, à peu près à la hauteur de l'embouchure de la Manche; le 29, à la hauteur du golfe de Gascogne; le 28 ou le 27, à la hauteur des Arores, dans le voisuiage desquelles il a sans doute passé. Peut- être vient-il du golfe du Mexique, et avons-nous été atteints par un véri- table cyclone. (949) » Le 3 décembre, Marseille recevait avis que le Charles- Martel ^ vapeur français, parti de Nev^'-York le 21 octobre en destination de Marseille, a sombré à la suite de forts coups de vent essuyés les 26 et ij octobre. L'équi- page a abandonné le navire le 29 et a été recueilli par le navire Saint-Georges allant à Buenos-Ayres. » Le Charles-Martel a été sans doute atteint par le tourbillon qu'il n'aïu'a pu éviter. » S'il est probable que ce tourbillon nous arrive des basses latitudes, il l'est tout autant que beaucoup d'autres prennent naissance plus près de nous. La connaissance de leur point de départ doit nécessairement précéder toute tentative d'explication de leur mode de formation. Les nombreux navires de toutes nations qui ont sillonné l'Atlantique pendant le mois de novembre dernier |)ourraient seuls nous fournir les documents indispen- sables à ces recherches. Quelque peu avancée que soit l'étude des tempêtes, nous en savons assez pour comprendre que chaque pas que la télégraphie pourra faire sur l'Océan aura pour résultat de donner plus de promptitude et de sûreté aux avertissements fournis aux ports, et que chaque progrès dans la connaissance de la marche des tourbillons aura pour effet de dimi- nuer le nombre des naufrages eu pleine mer. » Si jamais un câble peut être jeté entre l'Europe et l'Amérique, en pas- sant par les Açores, cette dernière station pourrait nous signaler deux ou trois jours plus tôt l'arrivée des grandes tempêtes. » l'HYSIOLOGIE. — hecherches expérimentales sur les Jonctions de l'encéphale des Poissons. Note de M. E. Baudelot, présentée par M. Blanchard. « Les fonctions de l'encéphale, objet de travaux si persévérants chez les Vertébrés supérieurs, ont été jusqu'ici à peine étudiées chez les Poissons. J'ai donc pensé que des expériences sur ce sujet offriraient un intérêt réel. Dès mes premières tentatives, je reconnus combien il est désavantageux d'opérer sur des sujets de grande taille, toujours très-difticiles à manier, à crâne plus ou moins résistant, et dont le cerveau profondément situé est ordinairement recouvert d'iuie épaisse couche de graisse. Je pris le parti de ui'adresser de préférence, soit à de jeunes sujets, soit à de petites espèces, et, dans cette pensée, je fixai mon choix sur l'Épinoche et l'Épinochette, petits poissons chez lesquels je remarquai un ensemble de qualités qui les rendaient éminemment propres à l'expérimentation. L'intérêt et surtout la C. R., 186S, 2"'= Semestre. (T. LVII, Nû 25.) I 2'] ( 95o ) nettelé des résultats que j'ai obtenus, leur degré suffisant de généralité m'engagent à les signaler. Je passerai successivement en revue les fonctions des lobes cérébraux, des lobes optiques, de la moelle allongée et du cer- velet. » Lobes cérébraux. — Les résultais de mes ex|)ériences sur les lobes céré- braux concordent parfaitement avec les faits déjà signalés par Desmoulins et Magendie. Ainsi la perte de l'un des lobes céi'ébraux, même celle des deux lobes à la fois, n'influe en rien siu* la liberté et la régularité des mou- vements. L'animal, dont la vue et l'intelligence semblent parfaitement con- servées, se dirige avec la même agilité et avec la même sûreté qu'avant l'opé- ralion. Deux Epinoches auxquelles j'avais fait subir cette mutilation ont |)u vivre ainsi jiendant plus d'une semaine sans |irésenter aucun désordre ap- préciable. On voit combien ces résidtats différent de ceux que l'on obtient chez les Vertébrés supérieurs, où l'on sait que la destruction des hémisphères cérébraux s'accompagne toujours d'un état de stupeur profonde et de la perte de toutes les facidtés intellectives. » Lobes opthjues. — i° L'ablation de la voûte de l'un des lobes optiques, ou bien celle des deux lobes à la fois, ne détermine aucun désortlre dans les mouvements. Je m'empresse néanmoins d'ajouter que l'observateur ne saurait agir ici avec trop de précautions, car, ainsi que nous le verrons j^lus loin, la moindre déchirure, le moindre tiraillement de la base des lobes op- tiques est suivi immédiatement de perturbations considérables dans les fonc- tions motiices. » a° A|)rè.^ la destruction complète de la voûte des deux lobes optiques la vue paraît abolie, l'animal reste le plus souvent immobile et comme plongé dans la stupeur; quand on l'excite il fuit ordinairement avec lenteur et va se heurter contre les objets qu'on lui j^résente. » 3" Lorsque la lésion n'intéresse que le sommet de l'un des lobes op- tiques, la vue paraît conservée des deux côtés, mais l'animal offre souvent im peu plus de lenteur dans ses déterminations. » 4° I-^s blessiu'es de la base des lobes optiques .sont constamment sui- vies de troubles extrêmement curieux du côté des facultés motrices. On sait, depuis les belles expériences de M. Flourens, que chez les Mannnifères et chez les Oiseaux, la lésion de l'uîi des pédoncules cérébelleux moyens détermine fatalement la rotation de l'animal autour de son axe; on sait aussi, d'après le même savant, que des mouvements rotatoires s'observent chez les l'>atraciens après l'ablation de l'im ties lobes optiques, mais jusqu'ici, je crois, personne n'a démontré que chez les Poissons la lésion de certaines ( 95. ) parties de l'encéphale pût être suivie de phénomènes de tournoiement. Les faits suivants, je l'espère, établiront cette vérité avec tonte la certitude désirable. » Lorsque l'on vient à picpicr, soit directement, soit à travers la voûte du crâne, le plancher de l'un des lobes optiques, l'animal décrit aussitôt en nageant un mouvement de rotation autour de son axe. Ce mouvement s'effectue toujours vers le côté opposé à la lésion, c'est-à-dire qu'il com- mence par la chute de l'animal sur ce côté et se continue ensuite dans le même sens. » Le nombre des tours de l'animal sur lui-même dans un temps donné est extrêmement variable ; ainsi pai fois on en compte i5, 3o, 4o par minute, mais d'autres fois, après une simple excitation, leur fréquence devient telle, que j'ai vu desÉpinoches exécuter 80, 100 et jusqu'à i 10 et 120 révolutions dans une minute. n La durée de ces mouvements lotatoires n'est pas moins remarquable que leur fréquence : je les ai vus se continuer dix, douze jours et même da- vantage après l'opération ; ils s'effectuent invariablement dans le même sens et, dans les intervalles de repos qui les séparent, l'animal reste constamment couché sur le flanc opposé à la lésion. Presque toujours aussi le corps se recourbe pins ou moins fortement en arc de cercle vers le côté opposé à la lésion. » J'ai remarqué que, lorsque la lésion s'écarte trop du sillon médian ou bien a eu lieu tout à fait à l'une des extrémités, soit antérieure, soit posté- rieure, du lobe optique, les phénomènes de rotation deviennent beaucoup moins prononcés, beaucoup moins nets, ou même cessent complètement de se pi'oduire. » Souvent les mouvements de rotation autour de l'axe allernent avec des mouvements en manège dirigés aussi vers le côté opposé à la lésion. Ainsi quelquefois, aussitôt après l'opération, l'animal présente un mouvement de rotation autour de l'axe, puis ce mouvement cesse et se trouve remplacé par un mouvement de manège; la rotation autour de l'axe peut recommencer ensuite. D'autres fois, c'est le contraire qui arrive : l'animal n'exécute d'abord qu'un simple mouvement en manège, mais bientôt ce mouvement s'exagère, le cercle décrit se rétrécit davantage, l'animal s'incurve en s'inclinant de plus en plus sur le côté, enfui à un certain instant l'équilibre se rompt, le ventre passe en haut et la rotation autour de l'axe commence. » Il semble donc résulter de ces derniers faits que le mouvement de rol.i- tion autour de l'axe et le mouvement en manège ne sont pas deux mouve- 127. ( 952 ) ments de nature réellement différente, mais bien une seule espèce de mouvement, le premier n'étant sans doute que l'exagération du second et paraissant dépendre ou d'une lésion plus grave ou d'une recrudescence passagère dans le trouble nerveux. )> L'accord n'ayant pu jusqu'ici s'établir entre les physiologistes rela- tivement à la manière d'expliquer le phénomène si singulier du tour- noiement, j'ai essayé d'analyser ce même phénomène chez les Poissons. J'ai reconnu d'abord que le mouvement rotatoire ne peut pas être attribué à la paralysie de l'un des membres, ce qui, du reste, est conforme à l'opinion déjà émise par M. Longet au sujet des Mammifères; je me suis ensuite assuré que ce mouvement ne résulte pas de la perte de la vue d'un seul côté, puis enfin qu'il n'est pas la conséquence de cette légère courbure en axe que présente ordinairement le corps des sujets opérés. En effet : » (ry). IjCs moiivf'iuents des nageoires ne sont nullement altérés et les deux membres agissent avec une régularité parfaite chez les sujets que l'on voit tourner ainsi autoin* de leur axe. » [h). La section de l'iuie des nageoires pectorales sur un Poisson sain n'entraîne à sa suite aucune apparence de mouvement de rotation. » (f ). Après la section de l'une ou l'autre des nageoires pectorales sur un sujet tournant autour de son axe, la rotation continue, avec un peu moins de vivacité, il est vrai, mais toujours du même côté. » {d). L'ablation (ie l'un des yeux sur un Poisson sain n'est suivie d'au- cune espèce de troubles dans la motilité. >• (e). Ce n'est pas non plus la légère courbure en arc du corps qui, en se combinant au mouveiiient de progression, peut déterminer la rotation autour de l'axe, puisqu'il arrive souvent que la rotation s'effectue surplace, le corps étant dans la rectitude. " Déduction étant faite de toutes les causes précédentes, je présume que le tournoiement poiurait bien être le résultat d'un sentiment douloureux de contracture auquel l'animal chercherait sans cesse à échapper, sentiment qui résiderait dans les muscles antérieurs du tronc du côtf'' opposé à la lésion. )) Moelle allongée. — La base des lobes optiques n'est pas la seule partie de l'encéphale dont la lésion soit susceptible de déterminer des mou- vements de rotation autour de l'axe ou en manège; des mouvements iden- tiques à ceux que nous venons de décrire se produisent également lorsqu'on pique l'une des moitiés de la moelle allongée; seulement, ici, au lieu de s'effectuer connue précédemment du côté lésé vers le côté sain, les niouve- ( 953) menls rotatoires ont lien en sens inverse, c'est-à-dire du côté sain vers le côté lésé. Dans l'état de repos, l'animal reste toujours couché siu' le flanc correspondant à la lésion; enfin le corps tend aussi à se recourber en arc vers le côté lésé. » En comparant les effets directs qui accompagnent la lésion de chacune des moitiés de la moelle allongée, aux effets entre-croisés qui résultent de la lésion de chacun des lobes optiques, on est donc amené à conclure qu'entre ces deux points il doit exister un entre-croisement des fibres nerveuses avec passage de ces fibres d'un côté à l'autre. » Cervelet. — I.a destruction de toute la portion saillante du cervelet n'influe ni sur la régularité, ni sur la vivacité des mouvements de l'animal, dont l'intelligence et la liberté d'action semblent parfaitement conservées. » Lorsque, au contraire, on détruit les parties profondes du cervelet, il ari'ive parfois que l'animal devient chancelant et s'avance en oscillant à droite et à gauche du plan médian, ou bien il se produit de véritables désordres dans les mouvements, ce que j'attribue aux tiraillements exercés pendant l'opération sur les fibres profondes qui se trouvent en communi- cation directe avec la moelle allongée. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation acétique et sur la combustion alcoolique. Mémoire de M. Ch. Bloxdeau; extrait présenté par M. Pelouze. « L'acide acétique est un des corps que l'on rencontre le plus fréquem- ment dans la nature où il se forme sous les influences les plus variées et qui toutes servent à établir que les éléments des substances organiques ont la tendance la plus prononcée à se réunir pour constituer cet acide. Ainsi, si on soumet une matière organique à la distillation, il est bien rare qu'd ne se produise pas d'acide acétique. Si on abandonne un corps organisé à la fermentation, on voit cet acide apparaître. On le retrouve encore dans les graines qui germent, dans la sueur et une foule d'autres sécrétions; entin, il résulte de l'oxydation de certaines substances, et en particulier de l'al- cool, sous l'influence de la mousse de platine. D'après cela, on doit être naturellement porté à penser qu'un acide qu'on rencontre dans des circon- stances si diverses doit devoir son origine à des causes qui ne sont pas tou- jours les mêmes. Cependant, on n'a généralement admis, ou du mouisétudié, qu'une seule des causes qui président à la formation de l'acide acétique, celle qui produit l'oxydation de l'alcool. » C'est dans le but de combattre cette manière de voir qui nous parait trop exclusive que nous avons cherché à déterminer quelques-unes des ( 954 ) circoiislances dans lesquelles l'acide acéliqiie se produil; et il nous a élé floniK" de constater que lorsqu'on met eu ra|)port de l'eau sucrée avec une matière albiuninoïde telle que du caséum, il se développe des mycoderriies qui trouvent dans la matière azotée les éléments nécessaires à leur dévelop- pement, tandis qu'ils transforment en acide acétique le sucre contenu dans la liqueur. r>a transformation qu'éprouve le sucre dans cette circonstance paraît être une condition nécessaire à l'existence des inycodermes qui ne se développent rapidement que dans une liqueur acide. Si ce changement ne s'était pas produit, la liqueur, devenue alcaline par suite de la putréfaction du caséum, aurait provoqué le développement d'infusoires qui se seraient opposés à la végétation des micropViytes. » C'est à la même cause qu'il ftiut attribuer la production de l'acide acé- tique qu'on rencontre en si grande quantité dans la cuve des ainidonniers, lequel a |)ris naissance par suite d'une transformation isomérique qui s'est opérée dans l'amidon. » Ce changement d'état du sucre ou de l'amidon qui deviennent, sous l'uifluence des microphytts, de l'acide acétique, nous paraît constituer un phénomène spécial auquel on peut, par analogie, donner le nom de finnen- tatioit acétique; car, dans le cas actuel, ces deux substances ne font que pas- ser de l'état neutre à l'état acide sans changer de composition. M II n'en est plus de même lorsque l'acide résulte de la cond^ustion d'une partie des éléments des matières organiques qui se trouvent brûlées par l'oxygène de l'air sous luie influence qui ne nous paraît pas avoir été suffi- samment précisée. A la vérité, M. Pasteur a dil dans ces derniers temps qu'il existait certaines espèces raycodermiques, et en particulier le Tlfjxof/e/'ma aceti, qui possédaient la propriété de s'em[)arer de l'oxygène de l'air et de le fixer siu- les matières organiques telles que l'alcool, qui se trouvait ainsi brûlé eu partie et transformé en acide acétique. Les expériences dont nous avons donné le détail dans notre Mémoire nous ont prouvé que ce n'était que lorsque le mycoderme s'était constitué à l'état membraneux qu'il jouis- sait de la propriété de s'emparer de l'oxygène et de transformer l'alcool en acide acétique. Ce serait, par conséquent, une propriété inhérente à l'état mendjraueux et non une action physiologique qui déterminerait ce chan- gement. » Pour prouver qu'il en est ainsi, il fallait établir que les membranes qui se forment dans les tonneaux où se fabrique l'ox} gène jouissent de la pro- priété décondenser l'oxygène et de déleiminer la combustion des produits hydrocarbonés; il fallait, en outre, faire voir que certaines substances mem- (955) braneuses, telles que celles qu'on obtient en traitant le papier par l'acide sulfurique, jouissaient de la même propriété, laquelle s'étendait même à la cellulose lorsqu'elle était disposée en lames minces comme celles qui con- stituent les copeaux de bois; et c'est ce que nous nous sommes efforcé de faire, ainsi qu'on le verra par le détail des expériences consignées dans notre Mémoire. ') Nous n'avons rieiî négligé pour parvenir à établir cette propriété com- burante des membranes, car c'est dans cette faculté analogue à celle que possède la mousse de platine que nous trouvons l'explication rationnelle de plusieurs phénomènes importants, tels que ceux qui concernent la res- piration des végétaux et des animaux. Ces combustions lentes produites par l'intermédiaire des membranes ouvrent de nouvelles voies aux recherches de la chimie, en lui fournissant le moyen de porter l'action comburante de l'air sur diverses substances organiques qui pourront passer ainsi successi- vement par des états intermédiaires dont l'étude ne peut manquer de pré- senter un grand intérêt. D'un côté, ces phénomènes de combustion se rat- tachent à la respiration des végétaux et des animaux, de l'autre il se produit également au sein des matières en décomposition; de telle sorte que si, d'une part, la vie se trouve liée à l'action des substances membraneuses, la mort et le retour à l'état inorganique paraissent se rattacher à la même cause. )) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la dislillalion des liquides mélangés; par M. E.-J. Maumexé. * <( Dans la séance du 24 août i863, M. Berthelot a présenté des expé- riences et des considérations dont il a cru pouvoir tirer une règle précise pour la distillation des liquides mélangés. » Je demande la [)ermission de faire observer que la présence d'une très- petite quantité de matière étrangère amène souvent une niodificalion des résidtats qui ôte toute valeur pratique à la théorie que M. Berthelot a cru bon de rappeler. 1) Un mélange d'alcool et d'essence offre un exemple frappant des diffi- cultés qui peuvent se présenter. » A la température d'un peu plus de 76 degrés les tensions de ces deux liquides sont, d'après M. Regnauit: Vapeur d'alcool 'J02""" Vapeur d'esseuce 58 "60 ( 956 ) » Théoriquement, les poids des deux liquides qui se vaporiseraient sc- iaient entre eux comme les produits de ces tensions par les densités de va- peurs 46 et ! 36, c'est-à-dire comme 4)1 est à 1 , ce qui conduit à la compo- sition Alcool 80 , 36 Essence • 9 >64 100,00 pour le mélange indécomposable par l'ébuUition sous la pression ordi- naire. » Un liquide plus riche en essence devrait fournir d'abord à la distillation un produit très-rapproché par sa composition du mélange théorique ainsi calculé ; mais l'expérience donne des résultais bien différents, lorsque l'es- sence est devenue, sous l'influence de l'air, de la colophane en très petite proportion. » Ij' hydrogène liquide du commerce est un mélange de Alcool 64 volumes Essence 36 >> 100 volumes » La densité du mélange est 0,88267 à -l- 9°, 8. Il entre en ébullition à 8a degrés sous la pression o™,'764 (corrigée). » Soumis à l'ébuUition d'abord au baiu-marie, puis à feu nu, il donne (fort peu de temps après sa fabrication) : Température Densité Proportion d'ébullition. à + io". d'essence (calcul). Premier produit. . . de 82,0 à 83, 0 0,824 38,67 Deuxième produit. . de 83, 0 83,5 0,824 38,67 Troisième produit. . de 83,5 83,9 0,823 37,33 Quatrième produit . de 83,9 84,6 0,822 36, 00 Cinquième produit. de 84,6 85,1 0,818 30,67 Sixième produit , . . de 85,1 96,4 0,809 18,67 Septième produit. . de i58,o 170,0 0,864 93,24 au bain-marie. à feu nu. » J'ai observé d'autres faits analogues; mais le plus extraordinaire est celui dont on vient de lire les détails. » Il résulte de ces faits : )) 1° Que la règle théorique calculée pour le cas de deux liquides pins (957) et inaltérables à l'air ne trouve pins d'application lorsqu'un des liquides s'altère même en très-petite partie. » 2" Que la règle théorique ne serait plus applicable au cas de trois liquides, le troisième pouvant être considéré comme tme matière étran- gère. » 3° Que la distillation fractionnée, employée en chimie poiu- obtenir des liquides purs, doit être soumise à une étude attentive dans chaque cas par- ticulier. Cette marche donne quelquefois des séparations régulières, comme le prouve l'expérience déjà bien longue des chimistes qui s'occupent de chimie organique; mais, d'après cette même expérience, des difficultés que la théorie ne peut faire prévoir et presque insurmontables se présentent dans quelques cas, et on en voit la preuve bien évidente dans l'exemple que je viens de rapporter. » 4" Que les conclusions de M. Berlhelot ne peuvent être appliquées, comme il l'a fait, au travail de M. Wurtz. » CHIMIE APPLIQUÉE.— Action de l'oxygène sur le vin ; par M. E.-J. 3Iaumené. « J'ai annoncé en 1862 (i) quele vin limpidepeut être mis en contact avec l'oxygène pur, même pendant près d'une année et sous une forte pression, sans en être altéré. J'ai proposé d'administrer ce vin aux malades. >' Récemment l'Académie a été entretenue, par M. Berlhelot, d'une expé- rience dans laquelle du vin rouge agité avec l'oxygène sur le ?nercure perd son bouquet et la plupart de ses propriétés. » J'ai fait agir de l'oxygène très-pur sur trois espèces de vin rouge (2), en ayant soin d'éviter la présence du mercure. Le vin s'est comporté comme le vin de Champagne que j'avais employé autrefois. Aucune altération ne s'est produite; le vin a pris un goût plus vif et a fait naître cette chaleur d'esto- mac dont j'ai parlé dans ma première Note. » Le mercure est la cause de l'altération du vin : il la produit lentement quand il est pur, immédiatement lorsqu'il renferme de l'étain (3), du zinc ou du plomb. » (i) Lettre à M. Dumas [Jnnales de Chimie et de Physique). (2) Du bordeaux vieux de i85c), du bourgogne très-fin de 1842, du vin ordinaire df Paris (à 80 centimes le litre). (3) Voir mes Indications théoriques et pratiques sur le travail des vins, p. 588, § 810. C. R-, i863, 2""^ Semeslre. (T. LVII, N" 23.) I 28 (958 ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur (es générations dites spontanées. Extrait d'une Lettre de M. BÉcHAMP à M. le Secrétaire perpétuel. « Le système physiologique de la génération spontanée et celui de la pan- spermie se sont de nouveau trouvés en présence à l'Académie. J'ai l'honneur de vous demander la permission d'invoquer, en faveur de l'opinion que, dans la séance du iG novembre dernier, vous avez appuyée de votre impo- sante autorité, des expériences que je crois aujourd'hui à la fois assez nom- breuses, assez complètes, et surtout assez démonstratives. » Je suis d'autant plus libre de préoccupations doctrinales, que je suis tout à fait désintéressé dans la question : en effet, mes e.vpériences n'ont pas été entreprises dans le but de vérifier ou de combattre l'un plutôt que l'autre système; elles ont été commencées sans idées préconçues, et les conclusions en ont été tirées à une époque où la question, dans sa phase nouvelle, n'était pas eiîcore à l'ordre du jour. Elles appuient d'autant plus la manière de voir de M. Pasteur, qu'à l'époque où je publiais mon Mé- raoù'e il ne s'était pas encore occupé lui-même des importantes expériences que tant desavants ont, à si juste titre, trouvées concluantes. M Mon point de départ a été le mode d'action de l'eau pure sur le sucre de canne, et mon but, alors, d'étudier l'influence de certaines dissolutions salines, notamment du chlorure de zinc, sur ce composé organique. Le chlorure de zinc, qui transforme si facilement la fécule en fécule soluble, n'a pas d'action, dans les mêmes circonstances et pendant la même durée, sur le sucre de canne. Je notai que dans l'eau sucrée pure se développaient des moisissures et que le sucre de canne se transformait en glucose; qu'en présence du chlorure de zinc les moisissures ne naissaient point et que le sucre ne se transformait point. En poursuivant cette remarque je ne tardai jias à observer que la transformation du sucre de canne dans l'eau pure, ou dans certaines dissolutions salines, coïncidait toujours avec le développement des moisissiu'es et qu'elle paraissait d'autant plus rapide que ces végétations microscopiques étaient plus abondantes. Peu à peu j'ai été amené à for- muler la proposition suivante : « 1^'eau froide ne modifie le sucre de canne » qu'autant que des moisissures peuvent se développer, ces végétations élé- » mentaires agissasit esisuite comme ferment (i) », et à instituer les expé- riences qui ont été commencées à Strasbourg le aS juin i856 et continuées à MontpelUer jusqu'au 5 décembre 1857, époque où elles ont été publiées. (l) Annales de Chimie et de Plnsiijtie, S" série, l. lilV, p. 32. ( 9^9 ) » C'est en partant de lopinioii que le contact plus ou moins prolongé de l'air était la cause du développement des moisissures que les précédentes expériences et celles de la troisième série, qui ont été commencées à Mont- pellier le 17 mars iSSy, ont été instituées, et continuées depuis sans inter- iiiption. » La méthode d'expérimentation que j'ai adoptée dans ces expériences, que je poursuis depuis neuf ans, diffère en deux points de celle des auteiu's qui m'ont précédé ou suivi. La voici telle qu'elle ressort du Mémoire publie en 1867; elle consiste : » a. A mettre la matière transformable ou fermentescible (dans mes expériences d'alors c'était le sucre de canne) eu présence d'une substance mortelle pour les germes que l'air peut apporter avec lui. La substance employée était la créosote, ou le bichlorure de mercure, ou le sulfite et le bisulfite de soude. » fj. A mettre la même matière avec de l'air débarrassé des poussières de l'atmosphère, lorsqu'on voulait, à la manière de Schwann et autres savants, démontrer que cet air est par lui-même infécond. » 7. A ouvrir les vases contenant In dissolution sucrée dans un lieu déterminé de l'atmosphère, lorsqu'on voulait conclure que si des orga- nismes se développent, les germes de ces organismes étaient apportés par cet air. Ceci est la méthode qui a été adoptée aussi par M. Pasteur. « â. A étudier les transformations du milieu cousécutivemenl au déve- loppement des moisissures lorsque l'air avait eu accès, ou à noter sa con- servation lorsque rien ne s'était développé. » Quel a été le résultat de l'application de cette méthode où j'avais pour chaque exemple trois moyens de contrôle? Le voici : dans les trente-neuf expériences que j'ai rapportées en i855 et i85y, qui avaient duré à cette époque, les unes huit mois, les autres dix-sept et neuf mois, j'ai constaté : .1 1° Que les moisissures se sont développées toutes les fois que l'air e.st intervenu ou a agi sur luie dissolution sucrée pure ou additionnée de sels divers et de substances non mortelles pour les germes, et le sucre s'est trans- formé parallèlement; » 2° Que toutes les fois que l'air avait été purgé de poussières, les moi- sissures ne se sont pas développées, et le sucre ne s'est pas transformé; w 3° Que toutes les fois que l'air a eu un libre accès, mais que la disso- lution sucrée était additionnée d'une substance mortelle pour les germes, ou qui rendait le terrain impropre à leur développement en moisissures, celles-ci ne se sont pas développées et le sucre ne s'est pas transformé 128.. ( 9^0 ) » ... Au point où la question eu est arrivée, il ne s'agit plus, suivant moi, de savoirsiles germes des Microplij tes et des Microzoaires viennent de l'air, sont transportés par l'air, la question me paraît jugée, mais comment il se fait que le terrain a une si grande influence sur la naissance de tel on tel être. » Jamais, dans l'eau sucrée pure ou additionnée de sels minéraux qui ne s'opposent pasà la germination des germes, je n'ai vu apparaître que des végétaiix microscopiques, celluleux, suffisamment caractérisés et souvent porteurs de sporanges d'où il m'a été donné de voir s'échapper des spores, mais généralement d'espèces qui m'ont paru différentes selon la nature variable du milieu : autre est la plante qui se développe dans l'eau sucrée pure, antre celle qui naît dans la dissolution additionnée de chlorure de soditmi, de chlorure de strontium ou de magnésium, de sulfate mauganeux ou d'acide arsénieux, etc. Grâce au concours habile de M. Moitessier, chef des travaux chimiques de la Faculté, je pourrai mettre sous les yeux de l'Académie un album photographique de cette flore microscopique. » Dès qu'une matière albuminoïde dans un état convenable est introduite dans l'eau sucrée et que l'on ne s'oppose pas à la germination des germes, la scène change : tantôt c'est la levure de bière qui se développe et qui trans- forme le sucre en glucose, tantôt c'est le ferment globuleux que M. Peligot a découvert dans la fermentation visqueuse et qui intervertit aussi, partiel- lement, le sucre en glucose. Si après que la levure de bière est apparue et a transformé le sucre de canne en glucose, la fermentation alcoolique s'établit et s'accomplit, une nouvelle intervention de l'air fait apparaître de nou- velles générations d'êtres qui se succèdent et s'entre-dévorent, jusqu'à ce que tonte la matière organique soit transformée en matière organisée, et finalement en matière minérale; car, suivant la profonde pensée de M. Du- mas, « les fermentations sont des phénomènes du même ordre que ceux » qui caractérisent l'accomplissement régulier des actes de la vieanimale »; plusieurs fermentations successives défont brusquement ou peu à peu des matières organiques complexes, et elles les ramènent, en les dédoublant, à l'état inorganique (t). Dans l'ordre providentiel que l'on entrevoit, c'est là certainement le but de la création de ces très-petits êtres... » « A l'occasion de cette Note, M. Flourexs fait remarquer que la com- mtmication de M. Béchamp arrive après coiqi. La question est résolue, et complètement résolue par les expériences ;idmirables de M. Pasteur. » (i) Trriitc (te C/iiniie appliquée aux nrls, t. VI, p. So/j ; i^^S. (96' ) ÉCOiSOMiE RURALE. — Sur ta cause méléorologique de la maladie des végétaux et des vers à soie. Extrait d'une Note de M. E. Guéuin-Méxeville. J'ai toujours soutenu et j)ublié que cette maladie avait pour cause principale, unique peut-être, un phénomène météorologique ayant pour effet d'avoir modifié ou plus ou moins supprimé le sommeil hivernal des végétaux. La douceur extraordinaire de nos hivers excitant les végétaux à contre-époque, a produit sur eux ce qu'une mauvaise conservation des œufs de vers à soie amène, c'est-à-dire un commencement d'incubation quand ils devraient rester inactils et engourdis comme les marmottes sous la neige. Eu magnanerie, on dit des œufs qui ont éprouvé ce commencement d'incu- bation eu hiver, qu'ils sont émus, et l'on sait que les vers à soie qui en pro- viendront seront attaqués par des maladies plus ou moins intenses qui feront manquer l'éducation en tout ou en partie. Il en est de même des végétaux, depuis que les températures propres aux saisons sont déplacées, et l'on pour- rait dire également qu'ils sont émus en pleine saison d'hiver, ce qui amène aussi pour eux des maladies. » Jusqu'à présent l'observation seule des faits m'avait conduit à la théo- rie que je soutiens et qui explique si simplement et si bien les phénomènes observés dans les déplorables épidémies des végétaux et des vers à soie. Aujourd'hui, M. Babinet confirme scientifiquement ma théorie quand il dit : « Diverses circonstances, comme le déplacement des eaux chaudes » de l'Atlantique, l'affaiblissement graduel du courant aérien venant du » sud-ouest et qui domine dans l'Europe occidentale; enfin, le déplacement » même du lit de ce grand fleuve atmosphérique qui, dans ces dernières I) années, était remonté vers le nord et avait interrompu la loi de décroisse- » ment graduel de la température en allant du midi au nord : toutes ces » circonstances, mises en ligne de compte, peuvent fournir des indications » générales. » » Si j'avais eu cet appui il y a onze ans (i), quand j'ai présenté un grand (i) Dès le 6 septembre i852 j'exposais ces idées et les faits à l'appui dans une lecture faite à l'Académie des Sciences. Elles ont été développées, à la suite de nouvelles observa- ( 962 ) travail sur la maladie des vignes, pour le concours ouvert à ce sujet par la Société d'Encouragement, ce Mémoire, résultat de nombreuses observations faites sur tous les points de la France, en Italie et en Espagne, aurait eu sans doute lui autre sort » M. IVoi'RRiGAT prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à l'examen de laquelle a été renvoyé un Mémoire qu'il avait, il y a quelques mois, présenté à l'Académie par l'intermédiaire de M. le Ministre delAgriculture, du Commerce et des Travaux publics. (c Ce Mémoire, dit l'auteur, a pour but défaire ressortir les avantages que la sériciculture doit retirer, au double point de vue hygiénique et écono- mique, de la culture du mûrier sauvage à grandes feuilles que j'ai importé du Japon. Ma communication, ajoute M. Nourrigat, était accompagnée d'un carton renfermant les spécimens des diverses races de vers à soie améliorées, races qui, à l'aide de mon mûrier et de procédés d'éducation que je me propose de publier prochainement, ont déjà traversé de nom- breuses générations sans montrer le moindre symptôme de maladies, bien qu'élevés dans un milieu depuis longtemps infesté par l'épizootie. » (Renvoi à la Commission des vers à soie.) M. Olivier prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un Mémoire qu'il lui a présenté sous le titre de « Pathologie morale, » et dont il a élé fait mention au Compte rendu de la séance du 26 janvier dernier. (Renvoi aux Commissaires nommés : MM. Andral, Rayer.) M. Baitdeloque présente des considérations sur l'emploi des anesthé- siques, sur les accidents auxquels cet emploi donne lieu, et sur la manière dont il conçoit qu'on devrait les combattre quand l'agent emplové a été le chloiofoi'me, enfin sur d'autres agents auxquels on pourrait suivant lui avoir recours pour endormir la sensibilité sans s'exposer aux mêmes dan- gers. (Renvoi à l'examen de MM. Serres etRernard.) M. CiiRisTOFFEi. prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte lions, dans If Journnl d' Agriculture pratique du 29 février i853, puis appuyées de nom- bienses figures, dans un travail complet dépose à la Société d'Rncouragement, à la fin de i854j pour 'e concours de la maladie de la vigne. (963) de deux Mémoires qu'il lui a adressés de Zurich, au mois de novembre der- nier, et dont il n'a pas été fait mention dans les Comptes rendus publiés de- puis cette époque. « Dans un de ces Mémoires, dit l'auteur, je donne la détermination com- plète des oscillations d'un système de molécules à constitution périodique^ problème qui a été proposé par votre célèbre Cauchy. L'autre Mémoire, qui n'est qu'un supplément du premier, contient une recherche algébrique sur les déterminants des formes bilinéaires à coefficients complexes. » La cause du retard signalé par M. Christoffel est connue ; elle doit cesser promptemeut, et les deux Mémoires seront, comme le désire l'auteur, ren- voyés à l'examen d'une Commission. A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Botanique présente la liste suivante de candidats pour la place vacante dans son sein par suite du décès de M. Moqidn-Tandon. Au premier rang. ... M. Naudi\. Au deuxième rang. ... M. Chatin. Au troisième rang es. œ(\\\o et ( M. Arthtr Gris. par ordre alphabétique.. . \ M. Lestibocdois. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures et demie. f • BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 7 décembre i863 les ouvrages dont voici les titres : OEuures de Desargues, réunies et analysées parM. Poudba; t. I et IL Fans, i864; 2 vol. in-8°. Rapport sur les travaux de ta Faculté des Sciences de Montpellier pendant l'année scolaire 1862-1 863; par M. Paul Gervais. Montpellier, i8G3; br. in-8°. ( 964 ) Note sur M. Dujrénoy, Inspecteur général des Mines; par M. DE Billy. (Extrait des /énnales des Mines.) Paris; br. in-8°. Statistique morale de i Angleterre comparée avec la statistique morale de la France; pur A. M. GuERRY. Paris, i864; vol. iii-fol. avec planches. Notice sur l'huître; par Aristide Vincent. Chàteaulin ; br. iii-S". Société littéraire et scientifique de Castres [Tarn). Séance générale pu- blique du 5 juillet i863. Castres^ i863; br. in-8°. Appareils préservateurs des fuites de gaz, d'eaux forcées, etc.; par VauSSIN- Chardanne ; br. in-8°. (Destiné au concours pour le prix dit des Arts insa- lubres.) Astronomical... Observations astronomiques, magnétiques et météorologiques faites à l'Observatoire royal de Greenwich dans l'année 1861, sous la direc- tion de George Biddell AiRY, astronome royal. Londres, i863; vol. in-4*'. Memoirs... Mémoires de la Société royale Astronomique de Londres; vol. XXXI. Londres, i863; vol. in-4°. Philosophical... Transactions philosophiques de la Société Royale de Lon- dres pour l'année i8G3; vol. CLIII, 1'* partie. Londres, i863; vol. in-4''. Errata... Errata pour les Tables de la lune de Hansen, publiées dans le Nautical Almanac. Bureaux du Nautical Almanac; 10 mars 1862; demi- feuille in-8°. "Verhandlungen... Transactions de la Société d'Histoire naturelle et de Médecine d' Heidelberg ; vol. III, 2* partie; br. in-8°. \erhandlungen. . . Transactions de la Société des Natuirilistes de Brùnn (P'vol.); année 1862. Brùnn, i863;in-8°. SuUa rabbia... Sur la rage ou hydrophobie rabique ; par le D"^ G.-B. Te- DiCi. Prato, i863; br. in-8° (plusieurs exemplaires). Brevi... Esquisse de classification et de traitement des différentes espèces de Jolie, avec quelques données clinicostatistiques sur le mouvement des malades dans l'hospice d'aliénés de Turin durant l'année 1862; par M. F. -A. Berroni. Turin, i863; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. »»»»» SEANCE DU LUNDI 14 DÉCEMBRE 1863. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. ItfÈMOIRES ET COMMUÎXICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, PHYSIQUE, — Sur la perméabilité du fer à liante température. Note de MM, H. Sainte-Claire Deville et L, Troost. « M. Troost et moi nous avons appliqué à l'étude de la perméabilité du fer une méthode d'observation que j'ai employée dans mes recherches sur les propriétés endosmotiques des corps poreux. » Nous n'aurions pas tardé si longtemps à publier les expériences qui font le sujet de cette Note, si les matériaux ne nous en avaient manqué jus- qu'ici. Nous aurions, en effet, conservé quelques doutes sur le fer le plus parfait du commerce, lequel est simplement une éponge rapprochée par le marteau, comme le platine ordinaire. Mais nous avons pu nous procurer, grâce à la complaisance du capitaine Caron, un tube en acier fondu telle- ment pauvre en carbone, qu'il ne se trempe plus (c'est en réalité du fer fondu), tellement doux, qu'on l'a étiré à froid, et sans soudure, en lui lais- sant une épaisseur de 3 à /J millimètres. » A ce tube ont été soudés à l'argent deux autres tubes en cuivre de faible diamètre, et le tout a été introduit dans un tube de porcelaine ouvert et placé dans im fourneau. Ce système communiquait par des joints en mastic, d'un côté, avec un appareil fournissant de l'hydrogène exempt G. R., i863, 2""= Semestre. (T. LVII, N» 24.) I 29 (96(^ ) (l'uir (ij; de l'aiilre côté, avec un tube de verre recourbé à angle droit, long de 80 centimètres, et plongeant dans le mercure d'une petite, cuve. » On a fait passer l'hydrogène pendant huit à dix heures dans l'appareil maintenu à une température élevée, de manière à épuiser l'action du gaz hydrogène sur les parois du fer et à chasser l'air atmosphérique, ainsi que l'humidité que contient le tube ou qui peut s'y former. Alors on a mter- rompu le courant d'hydrogène en fondant à la lampe le tube de verre qui l'amenait, et l'on a pu voir le mercure monter dans le tube de verre plon- geant dans la cuve, jusqu'à ce qu'il eût atteint une hauteur de 740 mUli- mètres, différant à peine de la hauteur barométrique (2). Le mercure monte avec une vitesse de 3 à 4 centimètres par minute dans la première moitié de l'expérience, et ce mouvement s'accélère quand on augmente la température du fourneau. » Ainsi, le vide presque complet s'est fait dans l'intérieur de l'apjiareil, et l'hydrogène a traversé les parois de l'acier, malgré la pression atmosphé- rique, à cause de l'énergie endosmotique des molécules métalliques. Les parois du tube font donc l'effet d'une pompe parfaite, capable de refouler l'hydrogène jusqu'à la surface extérieure du tube qui est en contact avec l'air, ou plutôt avec l'azote contenu dans le tube en porcelaine. Ainsi, un tube de fer porté dans un foyer où les gaz sont réducteurs est-il un appa- reil des plus puissants pour absorber tout l'hydrogène qui s'y trouve. )) Il nous reste à savoir si le fer laisse passer l'azote. C'est ce que nous apprendra l'analyse de la petite quantité de gaz restant dans nos appareils. C'est une recherche délicate à cause de la difficulté qu'on éprouve à le déplacer sans altérer sa composition. » Le fer doit donc être exclu de la construction des appareils clos et destinés à subir l'action d'une température élevée. » J'étudie en ce inoment un autre genre de perturbations sur lesquelles j'appelle l'attention des physiciens; car il peut être d'une grande utilité pour l'explication de certains phénomènes naturels. Je vais rapporter l'ob- servation d'un fait qui er) fera comprendre l'intérêt. » En coulant moi-même dans une bassine rouge de feu un verre des plus limpides, obtenu dans mon laboratoire par M. Debray, qui en avait préparé les éléments avec plusieurs kilogramriies de chaux et d'émeraude (i) Cet hydrogène est complètement absorbable par l'oxyde de cuivre. (2) Cette e.\pcrience a été répétée huit à di.\ fois en donnant les résultats les plus con- stants. ( 9^7 ) fondus dans un creuset de plombagine, j'ai vu, au moment où la masse devenait pâteuse, s'en dégager de toutes parts un gaz dont les bulles, très- grosses et très-noinbreuses, venaient crever à la surface. Elles prenaient feu en donnant une flamme incolore ou légèrement teintée de jaune, qui déce- lait, sans aucun doute, sa véritable nature. C'était de l'hydrogène emprunté uniquement aux gaz du foyer passant au travers îles parois poreuses d'un creuset bien clos. Les substances vitreuses sont donc, comme l'argent, comme la litharge, comme bien d'autres substances plus nombreuses qu'on ne le croit généralement, susceptibles de dissoudre les gaz. Quelques-unes les laissent s'exhaler à un certain point de viscosité, comme le verre de l'expérience que je décris. D'autres sans doute les conservent, comme l'ob- sidienne, et les laissent dégager à la moindre chaleur pour se transformer en pierres ponces, phénomène qui a été si complètement étudié par mou frère, et que, si je ne me trompe, il n'a pas expliqué autrt^'ment. )) Les propriétés chimiques des matières vitreuses, qui heureusement sont caractérisées, comme l'a montré mou frère, par un phénomène physique facile à mesurer, la densité, me laissent donc encore quelques doutes, que rexpérience(i) seule peut dissiper, sur le mode d'emploi qu'on en doit faire dans les hautes températures pour confiner les gaz. » D'après tout ce que je viens de dire, on sentira combien est peu exa- gérée la prudence que j'ai recommandée de vive voix dans la dernière séancedei' Académie, combien la réserve avec laquelle M. Troostetmoi nous gardons, pour les mieux contrôler, nos nombreuses déterminations ther- mométriques nous est commandée par des difficultés de tout genre, qu'on ne peut écarter sans discussion quand, après une longue et laborieuse expé- rience, on en a découvert les effets et quelquefois pressenti les causes. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Note relative à des réclamations de priorité soulevées [)arM. Béchanip, au sujet de mes travaux sur les jermentations et les généra- tions dites spontanées; par M. L. Pasteur. « M. Béchanip a publié dans ces derniers temps une suite d'articles (2) (i) L'iode n'exerce aucune action sur le feldspath à une température inférieure à sa fusion, et n'attaque pas la porcelaine. {2) Voir Comptes rendus de r Académie des Sciences, t. LVI, p. laSa et i233; t. LVII, p. 677 et oSS, et un ouvrage avant pour titre: Leçons sur ta fermentation vineuse; Mont- pellier, i863. 129.. ( 968 ) au sujet des fermentations et des générations dites spontanées, dans lesquels un œil attentif découvre facilement des réclamations de priorité s'adressant à mes travaux sur ces mêmes matières, jointes à des appréciations histo- riques erronées. Ce savant s'appuie exclusivement sur une Note qu'il a in- sérée dans les Jnnales de Chimie et de Physique pour l'année i858, et qui est intitulée : De f ii\fluence que l'eau pure ou chargée de divers sels exerce à froid sur le sucre de canne. » Celte Note établit : i° que l'eau pure n'intervertit le sucre de canne qu'autant que des moisissures ont pu prendre naissance; 2" que la créosote empêche le développement de ces moisissures; 3° que si l'on fait bouillir de l'eau sucrée en laissant rentrer dans le vase de l'air qui a passé dans de l'acide sulfurique, il n'y a pas davantage de moisissures formées » Ces faits n'ont aucun rapport avec les expériences qui me sont person- nelles (i). » A un point de vue général, ont-ils servi la question des générations dites spontanées ou celle des fermentations? Pas le moins du monde. En effet, en ce qui concerne les générations dites spontanées, M. Béchamp n'a rien ajouté, soit aux expériences nombreuses et anciennes sur l'absence de développe- ment des êtres organisés inférieurs sous l'influence des antiseptiques, soit à l'expérience de M. Schultze, que M. Béchamp a reproduite avec de l'eau sucrée. [Voir l'expérience de Schultze dans mon Mémoire sur les généra- tions dites spontanées.) » En ce qui concerne la théorie des fermentations, M. Béchamp n'a rien ajouté aux conséquences des observations par lesquelles MM. Dubrunfaut et Mitscherlich ont démontré que la végétation cellulaire levure de bière intervertit le sucre. M. Mitscherlich a même été bien plus loin que M. Bé- champ, puisqu'il a montré que c'était la partie soluble de la levi'ue qui inter- vertissait le sucre, ce que M. Béchamp n'a pas encore fait pour les moisis- sures. {Voir Rapports annuels deBerzélius; Paris, i8/i3.) Il n'en a pas moins été utile, et c'est le service que M. Béchamp a rendu, de démontrer que l'eau sucrée ne s'intervertissait que dans les cas où l'introduction de l'air et l'absence des antiseptiques avaient permis la formation de moisissiues. Si M. Béchamp avait pris soin de rappeler l'expérience de Schultze, les expé- ( I ) Je n'ai point étudié l'interversion du sucre de canne, et tous ceux qui connaissent mes travaux, savent bien que si je l'avais fait, j'aurais commencé par distinguer essentiel- lement ce phénomène des fermentations proprement dites qui, seules, ont fait l'objet de mes recherches. (969) riences sur les antiseptiques, et raction delà levure de bière si bien étudiée par M. Mitscherlich, il verrait mieux aujourd'hui sans doute que sa Note n'a rien à faire avec les progrès accomplis ultérieurement dans l'étude des fermentations ou des générations dites spontanées. » Le lecteur qui désirerait se rendre compte de l'étendue des prétentions et des erreurs historiques de M. Béchamp fera bien de lire la préface que ce chimiste a placée en tète d'un petit volume qu'il vient de pubHer à Mont- pellier, sous ce titre : Leçons sur la fermentation vineuse. J'aurai l'occasion d'en parler ailleurs. » NAVIGATION. — Considérations sur les navires cuirassés. Mémoire de M. l'Amiral Paris. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire sur la question qui occupe le plus la marine, celle des navires cuirassés. » Cette transformation si radicale des navires de guerre a complètement réussi sur des eaux tranquilles, en ce qu'elle a été réduite au calcul du poids des canons, des ponts et des mâts, supprimés et remplacés par celui des plaques de fer. » Mais il n'en a plus été de même sur une mer agitée, en ce qu'en chan- geant des poids considérables de position, on a modifié leur réaction sur l'ensemble, parce qu'ils sont alors animés de mouvements violents. Aussi a-t-on observé bientôt que les nouveaux navires, remarquables à tant d'é- gards, avaient le défaut de rouler plus que les anciennes constructions. Il en résulte pour eux un double inconvénient, en ce qu'au lieu de batteries superposées dont les plus hautes sont hors de l'atteinte des vagues, ils ont toute leur force située à peu de hauteur, 1^,70 à 2 mètres au-dessus de la flottaison en calme. Il ne faut donc pas des mouvements très-étendus pour les forcer à fermer les sabords, et, de plus, ces mêmes roulis découvrent toutes les six ou huit secondes le bas de la cuirasse, qui n'est à 2 mètres sous l'eau qu'en pleine charge et au milieu seulement. De la sorte ils an- nulent à la fois, ou du moins diminuent beaucoup, leur force et leur défense. I) Il est donc naturel que cette question importante m'ait préoccupé comme beaucoup d'autres officiers, et qu'elle ait réveillé les souvenirs des anciennes constructions dont les mouvements étaient, d'un commun accord, moins étendus que ceux des navires plus récents. Ces anciennes formes différaient surtout des nouvelles en ce qu'au lieu de sections circulaires sous l'eau. ( 970 ) siirmonlées d un rectangle 611 dessus de la flottaison, elles répétaient presque hors de l'eau les courbes qu'elles avaient en dessous. C'est pour cela qu'elles avaient cette forme nommée rentrée, à laquelle on était arrivé à donner tant de grâce. Elle se rapprochait ainsi d'un solide de révolution dont l'axe seiait au ras de l'eau, et qui, s'il était homogène, n'aurait au- cune stabilité, puisqu'on le ferait tourner avec le doigt. Mais, par cela même que ce solide ne possède, par sa forme, aucune force pour se main- tenir dans une position ou poiu" y revenir, il n'en a pas non plus poui- se détourner de celle que lui imposerait un poids placé loin de son axe. Au contraire, un radeau se tient à plat de Ini-méme, mais il est remué par toutes les ondulations de la mer. On le voit tous les jours en compa- rant les barriques flottantes, servant à désigner des hauts-fonds, avec les ci)f(reg de halage, qui sont des caisses plates. Quand les premières montent et descendent sans changer d'angle, les seconds sont tourmentés et couverts d'écume. » Mais on demandera naturellement : Pourquoi ces anciennes formes ont- elles été abandonnées? C'est qu'à côté de leurs avantages elles présentaient l'inconvénient d'exiger beaucoup de lest, et que, s'il fallait 4oo tonnes de ce dernier, c'était un poids pareil d'approvisionnement qui était laissé à terre. Aussi a-t-on cherché à résoudre le problème attrayant de faire des vaisseaux sans lest; mais ils ont eu des mouvements si violents, qu'on y a renoncé. Actuellement la machine et la chaudière sont un lest permanent et il n'y a plus à craindre de chavirer avec trois petites voiles. Parmi les raisons élevées contre la rentrée, il y avait le manque d'espace pour les manœuvres d'ensemble sur un pont étroit, l'obstacle pour passer d'un na- vire à l'autre dans un abordage, et l'angle trop aigu des cordes destinées à maintenir les mâts. Mais sur ini navire blindé il n'y a plus de manœu- vres d'ensemble avec trois voiles goélettes et un hnnier ; avec des ma- chines de 4000 chevaux de force, il n'y a plus d'abordage possible, et il est facile de maintenir trois mâts légers. Au contraire, nous avons vu (pi'il est plus important que jamais de rouler le moins possible. Il y a aussi lieu de remarquer que toutes les guerres ont eu pour théâtre le^ Océans, sous Louis XIV et jusqu'à l'Empire; mais que, depuis la jiaix, les affaires politiques ont retenu les escadres sur les eaux plus tranquilles de la Méditerranée, et surtout de l'Archipel. C'est aussi de cette époque que datent les murailles droites, et, on peut le dire, l'erc des gros rouleurs. » On comprendra cette influence des formes sur les mouvements en considérant que, puisque la vague élevée d'un côté s'abaisse de l'autre, c'est ( 97' ) la tonne extérieure seule qui, à bien dire, lui donne prise pour remuer le navire ; mais alors elle entraîne tous les poids dont l'inertie réagit énergi- quement et suivant leur position, à tel point que des canons ont été jetés à la mer malgré les cordes qui les attachaient. 1) Ce rôle des poids a porté à comparer les oscillations du roulis a celles d'un pendule, ce qui ne serait vrai que si le navire recevait seulement une première impulsion. Mais il est loin d'en être ainsi; les vagues arrivent pé- riodiquement et toujours, et, au lieu d'être le cas d'un pendule, c'ssî celui d'une balançoire poussée vigoureusement : si celle-ci oscille dans cinq se- condes, par exemple, on la forcera à le faire dans quatre ou dans trois, et les mouvements seront brusques. Si elle n'est poussée qu'au bout de cinq secondes, ils seront doux, mais plus étendus; enfin, au bout de six, ils de- viendront moindres, parce cjue l'impulsion se fera avec la différence fies vitesses. Comme les vagues passent à peu près toutes les cinq ou huit se- condes, suivant la grosseur de la mer, les durées sont égales à celles de ces passages, mais les amplitudes et les secousses sont très-différentes. On le voit lorsqu'avec du caluie la houle donne aux ondes toute leur sim- plicité, et alors, quelle que soit la dimension de chaque navire, chacun obéit à l'instant à l'impulsion. Car ce qui est produit par des poussées sur la balançoire est occasionné par des dénivcllemenîs pour le navire; ce sont 3oo mètres cubes qui, sortis de l'eau, se trouvent sans soutien et sont en train de tomber; tandis qu'à l'opposé 3oo autres ou même plus ten- dent à monter, parce qu'ils sont plongés. Ce qui vient d'être dit parait fort simple; mais si on veut y appliquer le calcul, il devient impossible de trou- ver des éléments traduits en chiffres. Car, que sont ces collines c|ui paraissent courir si vite, qu'aucun navire n'a pu les suivre, et dont cependant chaque molécule s'est bornée à monter et descendre à son tour et presque en ca- dence? On ne connaît même pas la forme d'une vague, et les savants qui se sont occupés d'hj'draulique comprendront qu'il y a dans ces grands mou- vements des liquides des lois qu'il a été impossible d'apprécier. « Il faut donc se reporter vers les formes qu'une ancienne expérience avait adoptées, et qui ne présentent plus d'inconvénients ; en se rapprochant d'un solide de révolution, elles remueront beaucoup moins et ne mettront pas en jeu l'inertie des masses de fer de la cuirasse. C'est ce qui m'a conduit à calquer et comparer un grand nombre de constructions de l'époque re- marquable de Louis XVI, et enfin à prendre pour type le célèbre vaisseau le Royal-Louis, construit en 17/io par Ollivier. Seulement, comme il fallait assortir cette construction aux conditions des cuirasses et de la marche à ( 972 ) la vapeur, elle a été modifiée vers les extrémités d'une manière plus appa- rente que réelle et en conservant soigneusement la forme des coupes trans- versales, qui influent le plus sur le roulis. Comme l'ancien trois-ponts por- tait des poids moins considérables, il a fallu aussi augmenter les dimen- sions, et de 4730 tonnes porter le déplacement à ^Soo, ce qui excède de 1200 tonnes le poids total de la frégate cuirassée ta Couronne, parce que l'artillerie, rendue tous les jours plus terrible, exige déjà des plaques de o",! 5 sous l'eau, au lieu de o", 12, et de o", 12 au lieu de o™, 10 dans les hauts. Il a fallu aussi employer une machine de 11 00 chevaux nominaux au lieu de 900, autant pour traîner une plus grande masse que pour lui im- primer plus de vitesse. » Telles ont été les bases générales du plan, construit à l'échelle de o",! pour mètre, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. » Ce plan offre encore des particularités dont il est utile de dire quelques mots : ainsi sa quille est horizontale, comme à bord des paquebots les plus célèbres, au lieu d'enfoncer de i", 20 de plus vers l'arrière, comme la plu- part des navires de guerre. On gagne ainsi de pouvoir entrer avec le même déplacement dans des ports qui sans cela seraient inaccessibles. Mais il en résulte que l'hélice n'aurait pas un assez grand diamètre pour résister à l'impulsion d'une machine sur une masse de ^500000 kilogrammes. Je propose donc d'avoir deux hélices, comme sur quelques petits navires, et j'y vois surtout l'avantage de diviser les efforts de la machine; car, dans ces grands appareils, la proportionnalité des efforts à la dimension des pièces est loin d'être exacte en pratique, et une machine de 1000 chevaux, sem- blable dans toutes ses parties à celle de 5oo, est très-loin de se trouver dans d'aussi bonnes conditions de fonctionnement. A toute volée, ces efforts de plus de 5oooo kilogrammes sur une seule bielle font trembler lorsqu'on voit cette pièce s'élancer cinquante fois dans un sens et revenir cinquante autres fois dans une minute; de plus, deux hélices s'appuyant sur une masse d'eau double auront moins de recul qu'une seule, c'est-à-dire que l'eau cédera moins à l'impulsion, comme le large pied du chameau en- fonce peu dans le sable. L'effort divisé entre deux propulseurs diminuera aussi les ruptures trop fréquentes d'ailes, qui peuvent mettre de tels navires en danger, puisqu'ils ont trop peu de voiles pour se passer de moteur mé- canique. Les seides personnes qui trouveront des inconvénients aux deux hélices seront les marins qui, voyant ces propulseurs s'étendre davantage sur les côtés, craindront qu'ils n'entourent plus facilement des objets flot- tants autour des ailes de l'un d'eux. Mais au moins on aurait, à bien dire, (973) un propulseur de rechange dont l'action unique donnerait encore une belle vitesse sans trop gêner le gouvernail pour tenir le navire en route. Si cette idée n'a pas encore été émise, c'est que son application était impraticable dans une construction en bois, en ce que la charpente intérieure nommée membrure aurait été découpée par le passage de chacun des arbres. Avec le fer, au contraire, la membrure prend toutes les formes, et le tube de sortie de l'arbre est une partie intégrante de la construction, aussi solide que le reste. » Pour terminer, j'observerai que les navires cuirassés actuels pèsent au- tant qu'un ancien trois-ponls et un quart; cependant, ils ne sont pas plus hauts sur l'eau qu'une frégate. Il en résulte que lorsque le vaisseau ferme ses batteries hautes, l'eau passe par-dessus le bâtiment cuirassé et tombe en partie dans la cale, d'où les pompes seules peuvent l'extraire. J'ai donc proposé, il y a trois ans, d'adopter les mêmes précautions c[ue les paquebots rapides, en couvrant leur avant d'un pont trés-étendu. Mais, comme l'eau qui a passé par-dessus cette surface est animée d'une vitesse relative égale à celle du sillage du navire, elle s'écoulerait rapidement vers l'arrière et annulerait la protection du pont, si on ne plaçait sur celui-ci des rebords obliques pour changer sa direction et la rejeter en dehors. Sans ces pré- cautions, les lourds cuirassés verront passer de riches paquebots sans pou- voir les poursuivre, parce que l'eau tombée dans la cale éteindra les feux de leurs chaudières. » Telles sont en résumé les principales modifications que je viens de proposer à la marine, et dont j'ai l'honneur de rendre compte à l'Aca- démie. » ». M. Tt'LAsxE fait hommage à l'Académie du tome II de l'ouvrage qu'il publie, en commun avec son frère, sous le titre de : Selecla FuiKjorum Car- polocjia. Ce volume, qu'accompagnent trente-quatre planches, est exclusi- vement consacré aux Pyrénomycètes, et fait connaître par une analyse à la fois descriptive et iconographique les principaux types européens de trois des groupes les plus importants de cette grande classe de Champignons. La pluralité des appareils de reproduction dans la même espèce fongine est parmi lesPyrénomycètesunfait d'organisation si ordinaire, que MM. Tulasne ne pouvaient ne pas emprunter à ces derniers un abondant contingent d'exemples à l'appui de la doctrine mycologique que leur livre est destiné à soutenir et à justifier. » C. R., i863, a"' Semestre. (T. LVII, N» 24.) ' 3o ( 974) ÉCONOMIE RURALE. — Remarques et observations pratiques sur le Inliacje et sur le rciidemenl du blé dans une série d'expériences Jaites sur la récolte de i863; par M. J. -Isidore Pierre. « Le travail dont j'ai eu l'honneiir de présenter à l'Académie un résumé très-sommaire dans la séance du 23 novembre m'a conduit à faire un cer- tain nombre d'observations de détail de quelque intérêt pratique. Je me bornerai aujourd'hui à citer celles qui se rapportent au toilage et celles qui concernent le rendement. » Tallage. — En comptant aussi exactement que possible, dans les expériences que j'ai faites sur la récolte de cette année, la totalité des figes mortes, grêles ou vigoureuses, j'ai pu en déduire le tallage moyen produit par chaque touffe de blé qui a pu échapper aux diverses causes de destruc- tion auxquelles est exposée la plante depuis le moment des semailles jus- qu'au moment où elle a pris assez de vigueur pour n'avoir plus à redouter que les accidents météorologiques extraordinaires, tels que grêle, séche- resse tro]) prolongée, etc., etc. Première observation, 19 avril, nombre moyen des titjcs par pied .. . 4)3o Deuxième observation, 16 mai, » 3, 87 Troisième observation, i3 juin, u 4>^o Quatrième observation, 2g juin , » 4>'0 Cinquième observation , i3 juillet, » 3,35 Sixième observation, 3o juillet, » 3,4i Tallage moyen 3,87 C'est-à-dire un peu moins de quatre tiges par pied. » De la comparaison de ces divers nombres il setnble réstilter que le tallage moyen est un peu plus faible dans les dernières observations que dans les premières. Faudrait-il en conclure que les planches prises pour types n'offraient pas luie suffisante hoitiogénéité ? qtie le blé n'y était pas assez régulièretnent réparti? Je serais plutôt disposé à attribuer les diffé- rences constatées à cette circonstance, qu'à l'époque des dernières observa- tions les tiges les plus anciennement atrophiées avaient pu éprouver peti à peu une altération assez avancée pour qu'on ne put s'attendre à les recueillir toutes ; et si l'on considère qu'tin certain nombre de ces liges rudimentaires ne consisl.iietit guère qu'en deux feuilles emboîtées l'une dans l'autre, on comprendra facilement que la disparition de l'une de ces deux feuilles devait rendre la constatation difficile. ( 975 ) » On comprendra également sans peine que, dans les deux dernières observations, lorsque les racines du blé étaient presque sèches et la terre plus dure, on a pu être exposé plus souvent à faire fendre et à compter séparément deux parties d'une même touffe primitive, et à augmenter ainsi, dans une certaine mesure, le nombre des pieds, ce qui diminuait dans le même rapport le tallage constaté. » Les résultats de l'observation semblent donner quelque créance à cette double interprétation, car nous voyons en même temps diminuer le poids total des tiges et augmenter notablement le nombre des touffes. Nombre total Jos tonfl'es Nombre total Tiges mortes sur 3 centiares. des tiges. on douteuses. 19 avril 4' 5 1780 » 16 mai 460 '778 » i3 juin 420 1764 764 2ç) juin 4 ■ 2 • 688 8 1 6 1 3 juillet 4/8 1600 746 3o juillet 45?- i54o 648 » En admettant comme suffisamment établis les faits que nous venons de signaler, il en résulterait que, pour constater le tallage, il faudrait observer la plante à une époque où les tiges les plus grêles sont encore douées d'une certaine vitalité, c'est-à-dire au moment où commence avec une certaine activité l'élongalion des tiges normales. » Si, à l'époque de la maturité, nous comparons le nombre total des épis récoltés avec le nombre total des tiges comptées, ou avec le nombre total des touffes, nous trouvons un peu plus d'un épi pour deux tiges en moyenne ; nous trouvons 2 épis par pied et 275 épis par mètre carré. Un champ qui se trouverait dans des conditions semblables contiendrait donc 2760000 épis par hectare, et chaque épi serait produit, en moyenne, par une étendue superficielle d'environ 36 centimètres carrés, c'est-à-dire par une siqierficie qu'on peut représenter par un petit carré de 6 centimètres de côté. Chaque |)ied ayant produit, en moyenne, 2 épis dans nos expériences, il occuperait ainsi un espace double, c'est-à-dire 72 centimètres carrés, représenté par un petit carré d'un peu plus de 8 centimètres de côté. » Qiiehjiies obsemations sur le rendement. — On a trouvé |)ar une déter- mination directe que i décilitre de blé qui a servi de semence contenait 1733 grains ; les 4o litres employés en contenaient donc 693 3oo. Répartis entre 17 ares ou entre 1700 centiares, ces ^o litres avaient fourni à chaque i3o.. (976) centiare 4o8 grains. Comme, en définitive, chaque centiare n'a produit que 146 pieds mères ou touffes, il en résulte que 262 grains (environ 64 pour 100 de la semence) n'ont donné aucun produit, soit qu'ils aient pourri en terre, soit qu'ils aient été mangés, ou que les plantes auxquelles ils ont donné naissance aient péri par des causes diverses. En somme il y a donc eu perte d'environ 64 pour 100 du grain employé comme semence. Si de cette perte numérique on défalque les grains notoirement défectueux, dont le nombre s'élevait à 6,35 pour 100, la perte de grains susceptibles de germer sera un peu rédnite; mais il n'en reste pas moins établi que 57,6.5 pour 100, ou pins de la moitié du grain employé, n'a rien produit. » Le blé récolté sur 3 centiares (supposé complètement privé d'eau) pesait 791e'', 655, soit pour i centiare 263^^,885. Comme chaque centiare a produit, en moyenne, 275 épis de toutes dimensions, chaque épi moyen portait donc 96 centigrammes de grains complètement privés d'eau, ou |S%o8 de grains pris dans l'état d'humidité où se trouvait le blé quand on l'a battu et nettoyé. » Or on a trouvé dans 100 grammes de ce blé 244° grains ; il en résulte que le poids moyen d'un de ces grains s'élève à 4' milligrammes, ce qui correspondrait à 20,35 grains par épi moyen. Mais, parmi ces grains, il en est qui sont trop iiiqiarfaits pour pouvoir être conservés et mis en vente, et qui constituent les déchets ou mauvaises criblures. J'ai retiré directement de i kilogramme du blé récolté 1700 de ces grains pesant ensemble 3nS'', 2 , ce qui donne pour le poids moyen d'un grain défectueux 17 f milligrammes. » Si l'on séparait préalablement de la totalité de la récolte ces grains dé- fectueux, le poids moyen des bons grains s'en trouverait plus élevé; il se trouverait porté à 42 f milligrammes. Le nombre des grains défectueux, comparé au nombre total des grains récoltés, en représentait 6,97 pour foo, soit 1,84 pour 26,35 grains (un peu moins de 2 grains par épi). La ré- colte de chaque épi moyen se trouvait donc ainsi représentée : Bons grains 24, 5 1 Grains défectueux i ,84 Total 26 , 3 j » Rapportée h l'hectare, la récolle moyenne et complète de grain se trouve représentée par 38 hectolitres 24 litres, sur laquelle i hectolitre 25 litres ( 977 ) de grains complètement défectueux pesant ensemble 89'''', G, et 36 hecto- litres 99 litres de blé marchand pesant 2S7'3'''',8 (*). » Le rendement total obtenu correspond, en volume, à i3i fois la semence mise en terre, et à plus de 29 fois la semence réellement pro- ductive. » M. SvLVESTER, récemment nommé à une place de Correspondant de la Section de Géométrie, adresse ses remercîments à l'Académie. NOi^lIiVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem- bre qui remplira, dans la Section de Botanique, la place laissée vacante par suite du décès de M. Moquiu-Taiidon. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49 : M. Naudin obtient 34 suffrages. M. Chatin 10 » M. Lestiboudois 5 » M. Naudin, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no- mination de la Commission chargée de proposer une nouvelle question pour le grand prix des Sciences mathématiques, la question sur les polyèdres ayant été retirée du concours à la suite du Rapport fait au nom d'une Com- mission par M. Serret (séance du 7 décembre). MM. Bertrand, Chasies, Serret, Bonnet, Herniife réunissent la majorité des suffrages. (*) Nous croyons utile de prévenir que la manière dont nous avons égrené notre récolte a dû nous donner un rendement supérieur à celui qu'on eût obtenu par les procédés usuels* déballage, tandis que notre mode de nettoyage nous a donné, au contraire, un déchet moindre : en sorte que nos résultats doivent nécessairement surpasser un peu ceux qu'on eût obtenus dans une pratique courante. ( 97« ) MÉMOIKES PRÉSEi\TÉS. ANTHROPOLOGIE. — Effets des alliances consanguines. Extrait d'une Note de M. Cadiot, médecin à Vandeléville (Menrthe). (Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Rayer, Bernard, Biena ymé. ) « ... J'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie sur des faits ob- servés par moi dans dix-huit communes du ressort de ma clientèle, et que j'ai consignés dans un Rapport adressé en 1862 à M. l'inspecteur de TAssis- tance publique de la Meurihe, qui les a relatés dans son Compte rendu de la même année. Ces faits peuvent se résumer ainsi : » Siu' 5/| mariages entre parents au troisième ou au quatrième degré, i4 sont restés stériles; 7 ont produit des enfants tous morts avant l'âge adulte; 18 ont donné des enfants scrofuleux ourachitiques, tuberculeux ou dartreux, sourds-muets ou idiots. » Restait quinze familles dont la descendance est saine jusqu'à présent, sans que rien autorise à être bien rassuré sur l'avenir, w ?»i. TiuGER, qui dans la séance du 9 mars dernier avait soumis au juge- ment de l'Académie un travail géologique accompagné de « profils des che- mins de fer de Paris à Rennes, de Tours au Mans, etc., transformés en coupes géologiques », présente de nouveau ces profils après y avoir fait les additions qui, d'après les remarques de M. Elie de Beaiunont, en devaient aug- menter l'intérêt. (Renvoi à l'examen des Commissaires déjà nommés: MM. dArchiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) M. Blait.v'er présente «les réflexions relatives à ime communication faite il V a quelques mois à l'Académie par M. Aucapilaine sur l'ilc de l'Etang- de-Diane (cote est de la Corse). Le sol de cette île est exclusivement composé de coquilles d'huître entremêlées sur certains points de coquilles provenant de mollusques non comestibles. Les pêcheurs qui fréquentent ces parages prétendent qu'au tomiis dos Romains on déposait en cet endroit les coquilles dont le mol- lusque salé et préparé était envoyé sur le continent. M. Aucapitaiue a exposé les raisons qui ne lui permettent pas d'admettre cette explication. M. Blau- ( 979 ) lier ne l'admet pas davantage dans les termes où elle est donnée, mais il y voit d'ailleurs nne formation artificielle due à l'action des hommes et re- montant à l'époque que l'on désigne aujourd'hui sous le nom d'W^e r/ep/e;re. « Les singuliers amas coquilliers observés en Danemark et dans diverses autres contrées du littoral de la Baltique, dit M. Blaiiner, ont fous été una- nimement considérés comme des œuvres humaines : le conseiller Tliomsen, les professeurs Worsaë et Steenstrùp les ont justement rattachés aux pre- miers habitants de l'Europe contemporains des mammifères Bos primic/e- nitis, Ursits spelœus, Eleplias primigenius , RInnoceros ticliorldnus^ etc. Ces amas ont été appelés rei/(/i(s c/eci/îs/zie « kjoëkken-moedding. » M. de Qua- trefages, pénétré sans doute des intéressants résultats obtenus par les natu- ralistes Scandinaves, a repris une hypothèse très-anciennement émise, à savoir que les buttes coquillières connues en Vendée sous le nom de Saint- Mirhel-en-r Hertn étaient dues non point à un soulèvement, mais à l'industrie des hommes. Des fouilles fiites par ce savant naturaliste ont confirmé ce.i données. Ajoutons cependant que pour nous les amas de Saint-Michel-en- i'Herm remontent à une époque bien antérieure à celle que M. de Quatre- fages croit pouvoir leur assigner d'après quelques monnaies par lui découvertes dans ses fouilles, et qu'on peut assimiler ces monceaux co- quilliers aux primitifs entassements de la Scandinavie; je ne doute pas que des fouilles patiemment dirigées n'amènent des découvertes identiques à celle de MM. Worsaë et Steenslriip. » (Renvoi à l'examen de MM. de Quatrefages et Daubrée précédemment désignés pour le Mémoire de M. Aucapitaine.) M. KosMANN adresse de Strasbourg une Note concernant les cpianlilés relatives d'ozone des plantes et de l'air atmosphérique en i863. (Commissaires, MM. Brongniarf, Pouillet, Regnault.) M. Mène envoie une suite à son Mémoire sur les scories des forges à lit houille. Cette deuxième partie est consacrée à l'examen des scories pro- duites dans l'opération du puddlage. (Renvoi aux Commissaires désignés pour la première partie de ce travail ; MM. Balard, Fremy.) M. Freytag présente un complément à sa Note sur le calcul des sinus. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Bertrand, j ( 98o ) M. CiiAMPOiii.LON soumet au jugement de l'Académie un Mémoii-e sur quelques efjets pouvant résulter de l'usage du sucre et des remèdes sucrés. (Commissaires, MM. Payen, Bernard, Longet. ) M. Dumas adresse de Bordeaux un résumé de ses précédentes commu- nications concernant des freins nouveaux à l'usage des chemins de fer, et annonce l'envoi prochain de deux modèles en petit du système qu'il désigne sous le nom àe freins par correspondance, et de celui qu'il nomme maître frein. (Commissaires précédemment nommés : MM. Morin, Clapeyron, Séguier. ) M. NouRRiGAT envoie de Lunel un Mémoire ayant pour titre : « Avan- tages de la culture du Mûrier sauvage sur celle du Mûrier greffé; de l'heu- reuse influence que sa feuille, donnée en aliment aux vers à soie, exerce au double point de vue hygiénique et économique sur la constitution de l'in- secte et sur la qualité de ses produits ». (Renvoi à la Commission des vers à soie.) M. Nauck adresse de la Villa, près Lausanne, un travail annoncé par ses précédentes communications « sur la résolution des équations numériques du troisième degré ». (Commissaires, MM. Bertrand, Serret.) M. PiMONT, qui a déjà appelé à plusieurs reprises l'attention de l'Acadé- mie sur l'invention qu'il désigne sous le nom de calorifuge plastique, lui transmet aujourd'hui divers certificats constatant les bons résultats qui en ont été obtenus dans diverses usines. (Renvoi à la Commission du prix dit des Arts insalubres. ) CORRESPONDANCE . M. LE Ministre de la Marixe et des Colonies adresse, pour la Biblio- thèque de l'Institut, la livraison de décembre de la Revue maritime et co- loniale. M. LE Président présente au nom de Fauteur, M. Fan Dromme, une ( 98' ^ Notice sur le traitement ciiratif et préventif du choléra asiatique, à l'occasion d'une épidémie de choléra qui a sévi à Bruges en iSSg. M. LE Secuétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i" La Connaissance des Temps ]iour V i\nuée iS65 el Y Annuaire du Biirrau des Longitudes pour l'année 1864. Ces deux volumes sont offerts par le Bureau des Longitudes. 2° Les soixante-seize premières feuilles d'un ouvrage cjue publie à Rome M. le professeur /-*. Snmjuinelli, sous le titre de Florœ Ronuinœ Prodromus, ouvrage que des cii'constances indépendantes de la volonté de l'auteur ne lui permettent pas de présenter entièrement terminé. 3° Un opuscule de M. Courly sur les substitutions organiques. Ce travail, qui date déjà de quelques années, est consacré à la défense de la doctrine de la subslilution opposée à la Ivansformation. S'appuyant prin- cipalement sur des considérations d'embryologie, l'auteur soutient que « jamais un appareil, un organe ou un tissu ne se transforme en un autre appareil, un autre organe ou un autre tissu. Lorscju'àla place qu'occupaient les premiers on vient à rencontrer les seconds, c'est cpie ceux-ci se sont substitués à ceux-là. Il s'est opéré une sorte de remplacement molécule à molécule, de telle façon que ce n'est plus à la même matière que l'on a affaire. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les matières colorantes dérivées de la napltty lamine; par M. Hugo Sciiiff. " Il y a quelques années que nous avons décrit le naphtylurée, l'éthyl- naphtylamine, le naphtylphosphamide et quelques autres dérivés, el nous avons démontré par là que la naphtylamine, base soliile et d'un équivalent très-élevé, se comporte d'iuie manière analogue à l'aniline. Comme cette dernière base, aussi la naphtylamine fournit des matières colorantes par l'oxvdation, et Piria, en i85o, a été le premier à décrire une telle ma- tière. D'après nos analyses, cette matière, que nous appelons oxpiaphty- lamme, contient les éléments de la naphtylamine, plus de l'oxygène : N.iphly lamine. Osj naphtylamine. G. R., i8C3, z^e S(,„,<,j,„. (T LVII, N» 24.) l3l ( 98-^ ) « Nous avons eu l'occasiou de comparer les propriétés de notre oxy- iiaphtylamine avec celles de la préparation originale de la matière de Piria qui se trouve dans la collection du laboratoire de notre Université, et je les ai trouvées tout à fait les mêmes. " L'expression la plus simple de notre analyse de l'oxynaplitylaminc correspond en un certain degré à la formule G^H'-N^O, qui, il y a quel- ques années, a été proposée pour l'azaléine. A présent on a trouvé des rai- sons pour multiplier cette formule de l'azaléine, et il ne serait pas im{)os- sible qu'iHie telle multiplication fût exigée plus tard aussi pour l'oxy- naphtylamiiie. i> Néanmoins nous devons faire observer que le mode de formation des couleurs aniliques et naphtaliques est tout à fait diiférent. I/oxy dation de la naphtylamine ne fournit pas d'ammoniaque, et le produit de la réaction ne contient pas l'acide du sel de naphtylamine, tandis que la formation des couleurs d'aniline est toujours accompagnée d'un dégagement d'ammo- niaque, et que l'acide est un constituant essentiel de ces couleius. Déjà l'observation que la base, exposée à la lumière, se transforme en matière colorante, et que cette dernière matière ne subit aucun changement par les alcalis, démontre que la présence d'acide n'est pas de rigueur. Dans ces der- niers temps nous avons eu occasion d'examiner une préparation de naphty- lamine libre de notre collection ; la base était presque entièrement trans- formée en une matière colorante résineuse, ressemblant parfaitement à la pâte de violet d'aniline du commerce. Toutes ces observations démontrent que les couleurs d'aniline ont une constitution différente des couleurs de naph- tylamine. » Jusqu'à présent la naphtylamine a servi seulement pour la production de couleurs violettes. Nous avons réussi à en obtenir une matière rouge écarlate par l'action de l'eau régale en présence de l'acide sulfinique con- centré. Le chlorhydrate de naphtylamine est dissous dans l'acide suUurique contenant un peu d'acide azotique. La solution bleu-verdâire dépose la ma- tière rouge, si l'on ajoute de l'eau, en évitant toute élévation de tempéra- ture. Si l'on opère sur le sulfate de naphtylamine, on obtient une masse brunâtre, mais on réussit facilement à produire aussi le rouge de naphty- lamine avec le sulfate, si, en outre de l'acide azotique, l'acide sulfurique est additionné d'un peu d'acide chlorhydrique. Cette expérience démontre que la production de la matière rouge est due à l'action de la petite quan- tité d'eau régale. ( 983 ) » l^e disiilfonaplitylcarbamide N^ | 2€'"H' , obteini par l'action du siil- Itiie de carbone sur la naphtylamine, peut servira la production d'une ma- tière colorante d'mi jaune tiès-intense. La solution, d'un vert foncé, de la combinaison dans l'acide sulfurique se colore en brun par l'addition d'un peu d'aciile nitrique. Cette solution étendue d'eau, ou neutralisée par un alcali, dépose la matière jaune en forme de grands flocons. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Remarques relnlives à l'action de Hoxycjène sur le vin; /w;- m. Berthelot. « Les résultats de mes expériences, relatives à raction de l'oxygène sur le vin, ayant été contestés dans la dernière séance par M. Maumené, je crois ilevoir faire une réponse à ce sujet. Les faits que j'ai observés sont faciles à vérifier. Il suffit d'agiter le vin avec de l'oxygène ou même avec de l'air; l'oxygène s'absorbe raj)idement. Dans ces conditions, il dénature et dé- truit en peu de temps le bouquet des vins de nos climats. Est-il besoin d'ajouter que le mercure n'est pour rien dans ces résultats, qui peuvent être obtenus en son absence aussi bien qu'en sa présence? Toutes les fois qu'un vin de Bourgogne ou analogue est devenu susceptible de conserver l'oxygène à l'état de simple dissolution au delà de quelques minutes, c'est, pour moi et pour les dégustateurs liabiles que j'ai consultés, un vin fini et dénaturé. C'est d'ailleurs un fait d'expérience vulgaire que l'altération du bouquet d'un vin répandu ou laissé au contact de l'air : je me suis borné à l'expli- quer. J'ai eu le bonheur de voir la plupart de mes résultats confirmés pres- que aussitôt dans le coiu's d'un travail remarquable qui vient d'être publié par M. Pasteur sur la vinification. J'ajouterai quelques observations. » L'action de l'oxygène sur le vin est différente, quant à ses résultats, suivant qu'elle s'exerce brusquement et par agitation, ou lentement et par diffusion. Par agitation, l'oxygène s'empare aussitôt des principes tres-oxy- dables qui concourent avec les éthers 'a, former le bouquet et qui sont répartis dans un certain voliune de vin. Par diffusion, au contraire, l'oxy- gène, pénétrant lentement dans les couches successives de la liqueur, n'est j)as absorbé seulement par les principes les plus oxydables; mais, après leur avoir fait subir une première altération, il a le temps d'agir, et sur les pro- duits de cette altération, pour les modifier plus profondénient, et sur di- vers autres principes moins combustibles. C'est cette action consécutive, i3,.. ( 984 ) constatée par mes expériences, qui préserve les coucîies profondes, au moins pendant un certain temps. Quand l'oxygène agit lentement sur un volume déterminé de vin, il en faut donc une quantité plus considérable pour détruire en totalité la partie oxydable du bouquet que lorsque ce gaz agit brusquement sur le même volume de vin. » La diversité dans les résultats n'est pas seulement relative à la quantité d'oxygène nécessaire pour altérer le bouquet, mais elle paraît s'étendre aux produitsmèuies de l'oxydation. En effet, les dépôts qui se forment dans les vins me paraissent dus, au moins en partie, à l'oxydation lente du principe analogue à un aldéhyde que j'ai signalé: d'où résulte une matière résineuse qui s'unit avec une partie de la matière colorante et de la crème de tartre pour former une laque insoluble dans le milieu où s'opère la réaction. H suffit d'étudier, soit le tartre brut, soit les dépôts qui se produisent dans les bouteilles, soit les produits insolubles de l'évaporation des vinasses, pour justifier cette interprétation. Ainsi s'explique encore un fait signalé par M. de Fleurieu et par moi, à savoir: que la proportion de crème de tartre contenue dans les vins est souvent très-inférieure à celle qui correspond à la solubilité normale de ce sel dans un simple mélange d'alcool et d'eau, de même titre que le vin; et cependant les parois des bouteilles contenant les vins sur lesquels nous opérions étaient tapissées par un dépôt de crème de tartre; mais ce sel était uni à des matières colorantes et résineuses que tout le monde a pu voir. )) C'est en se conformant aux notions que je viens de développer que l'on pourrait essayer de vieillir subitement le vin, sans arriver cependant à la destruction complète de ses qualités : mais il faut se hâter d'ajouter que sur les deux groupes de produits qui concourent à former le bouquet, on n'obtiendrait ainsi, même dans l'hypothèse la plus favorable, qu'un seul groupe, celui des produits qui résultent de l'oxydation; mais on n'obtien- drait pas l'autre groupe, dû à des phénomènes d'étliérifîcation, dont les lois fort différentes ont été exposées dans mes précédentes communications à l'Académie. » En se plaçant au terme opposé des métamorphoses, il est également utile de remarquer que dans un vin usé, comme dans un cidre tue, les pro- duits oxydables du bouquet ont seuls disparu, mais les éthers subsistent, tant que les proportions relatives d'eau, d'alcool et d'acide ne sont pas chan- gées. De là les discussions qui peuvent s'élever sur la conservation plus ou moins complète du goût et de l'odeur des vins soumis à une influence oxvdante. ( 985 ) ') Mes expériences sur la combinaison de l'oxygène avec le vin expli- quent l'absence de l'oxygène libre et la présence de l'azote dans ce liquide, faits que j'ai observés avec M. de Fleurieu : j'ai été heureux d'apprendre que je m'étais rencontré sur ce point avec un observateur tel que M. Bous- singault. D'après ce qui m'est affirmé, cet illustre savant a signalé , dans ses leçons du Conservatoire, l'absence de l'oxygàne dans le vin, mais sans en faire l'objet d'iuie publication imprimée. » J'ajouterai en terminant que diverses rencontres du même genre existent entre mes recherches, soit déjà publiées, soit encore inédites, sur l'oxydation du vin, et celles que M. Pasteur vient d'annoncer sur le même sujet. Cette coïncidence, que je rappelle pour conserver le droit de pour- suivre mes expériences, est pour moi un gage précieux de leur exactitude: du reste, le champ est assez riche pour plus d'un travailleur. » M. Pasteur, si je ne me trompe, a surtout étudié la période initiale, durant laquelle le vin'se fait peu à peu par une première absorption d'oxy- gène, tandis que je me suis occupé spécialement de la période finale, du- rant laquelle le vin se détruit lentement, en continuant a absorber de l'oxygène. Ce double phénomène s'accorde d'ailleurs avec l'existence du principe oxydable, analogue à un aldéhyde, que j'ai signalé dans le bou- quet, un tel principe pouvant se former par une première oxydation et se détruire ensuite par une oxydation plus profonde. » C'est précisément dans un état intermédiaire que le vin possède toutes ses qualités : mais les limites de cette période moyenne varient pour chaque dégustateur, suivant son goût individuel. » Des phénomènes analogues, dus à l'existence d'un principe oxydable de même ordre que celui du vin, mais plus volatil, rne paraissent régler la formation et la durée du cidre ; il en est sans doute de même de diverses autres liqueurs fermentées. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la distillation des liquides mélangés. Réponse à luie Note de M. Maumené par M. Beuthelot. « En m'attribuant l'énoncé « d'une règle précise sur la distillation des )i liquides mélangés », M. Maumené me semble ne pas avoir compris la Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie sur cette question. Dans cette Note, j'ai cherché à rappeler par des expériences l'attention des chimistes sur les phénomènes physiques qui interviennent dans ce genre de distillation, et qui peuvent s'opposer plus ou moins complètement à une séparation rigoureuse. J'avais indiqué comment, deux liquides étant mé- ( 986 ) langés, « ils se vaporisent tous deux à la fois suivant des rapi^orls de )i poids déterminés par le produit des densités de vapenrs multipliées par » leurs tensions actuelles dans les conditions de l'expérience, » énoncé in- contestable, car c'est la traduction du fait lui-même; et j'avais ajouté cpie le produit dont il s'agit serait le même que celui de la densité théorique par la tension de la vapeiu' envisagée isolément, s'il n'était pas nécessaire de tenir compte de l'action réciproque des liquides mélangés, laquelle « tend )i a duuinuer la tension individuelle de chacun des deux liquides suivant Il une loi inconnue, mais qui dépend de la composition du mélange. » » L'exemple nouveau cité par M. Maumené s'accorde parfaitement avec ces notions. S'il était permis d'en conclure quelque chose, il serait très- favorable aux opinions que je soutenais, car il semble prouver qu'il existe un mélange inséparable (i) d'alcool et d'essence de térébenthine, renfermant .38 centièmes (en volume?) du liquide le moins volatil, et cela malgré l'é- norme différence de 80 degrés entre les points d'ébilllition. Malheureuse- ment, celte expérience, au lieu d'être faite sur un mélange d'alcool pur et anhydre et de térébenthène physiquement homogène, a été faite siu' un mé- lange renfermant de l'alcool hydraté, comme tous les alcools du commerce, même ceux que Ion appelle absolus, et de l'essence ordinaire, c'est-à-dire plusieurs carbures de volatilité différente, des produits oxygénés volatils, enfin des produits fixes, tels que la colophane. » Je n'ai jamais abordé lui cas aussi compliqué, m'étant borné aux mé- langes formés par deux liquides seulement, et ayant tâché de me conformer au précepte donné par Descartes, qui prescrit dans son Discours sur la mé- thode « de conduire par ordre ses pensées, en commençant par les objets » les plus simples et les plus aisés à connaître, j)our monter peu à j)eu, » comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés, et sup- » posant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point natiuelle- >■ ment les luîs les autres. « CHIMIE ORGANIQUE.. — Sur la production de l'éther mixte étliyl-nmylicjue et sur l'étliérification ; par M3I. C. Friedel et J.-M. Crafts. « Dans la communication que nous avons eu l'hoiuieur de faire à l'Aca- démie, dans sa séance du 23 novembre, nous avions annoncé que, dans la réaction de l'iodure d'éthyle sur l'alcool amylique, il se produisait proba- (1) Par distillation sous la pression ordinaire. (987 ) blement de l'élher mixte élhyl-amylique. Il nous a semblé que la forina- tion de ce produit présentait un certain intérêt théorique et qu'il valait la peine de le rechercher au miUeu des nombreuses substances qui prennent naissance dans cette réaction compliquée. » Pour isoler l'oxyde mixte éthyl-amylique, qui, d'après M. Williamson, bout à 112 degrés, nous avons pris, dans les produits de l'action de l'al- cool amylique sur l'iodure d'éthyle, les portions bouillant de 100 à 120 degrés. Elles renfermaient beaucoup d'iodures. Nous les avons chaut- fées avec du sodiiuii dans un ballon surmonté d'im réfrigérant destiné à faire refluer les vapeurs. Lorsque le sodium est resté sans action sur le liquide, nous avons soumis ce dernier à la distillation fractionnée, et, après deux ou trois opérations, nous avons obtenu une certaine quantité d'im liquide limpide, d'une odeur éthérée agréable, bouillant entre 110 et ii3 degrés. Ce produit a donné à l'analyse les nombres exigés jiar la for- mule de l'oxyde d'élhyl-amyle » Nous avons fait subir les mêmes opérations aux portions correspon- dantes des produits de l'action de l'alcool ordinaire sur l'iodure d'amyle. Nous y avons trouvé également l'oxyde mixte. Le produit analysé renfermait un léger excès de carbone, qu'il est facile de s'expliquer. En effet, dans ce cas, le mélange dont l'oxyde a été extrait contenait une proportion plus grande d'iodure d'amyle. Ce dernier a fourni de l'arayle par l'action du sodium, et l'on comprend que la moindre trace de ce produit a dû élever sensiblement la proportion de carbone de la matière analysée. » Ainsi, dans l'action de l'iodure d'éthyle sur l'alcool amylique et dans celle de l'iodure d'amyle siu' l'alcool vinique, il se forme de l'oxyde mixte éthyl-amylique. » La production de ce corps est d'ailleurs facile à comprendre. L'iodure d'éthyle et l'alcool amylique réagissent l'un sur l'autre, comme l'iodure d'éthyle réagit sur l'éthylate de soude, dans la belle expérience de M. Wil- liamson, et de l'acide iodhydrique est mis en liberté CH" \ G^ H" 1 ^^ }o + G^H'I = J:,j;, JO + HL » L'acide iodhydrique agit sur l'alcool amylique en excès et forme de l'iodure d'amyle et de l'eau. L'eau à son tour peut décomposer les iodures d'éthyle et d'amyle en régénérant les alcools éthylique et amylique. Il se (988) produit ainsi une sorte de décomposition rotaloire, dans laquelle les mêmes éléments entrent un certain nombre de fois, jusqu'à ce que le mélange des produits ait atteint un état d'équilibre résultant de ce qu'à chaque instant, pour chaque corps, les quantités décomposées et reproduites sont égales. « La production de l'acide iodhydrique et de l'eau n'est pas hypothé- tique. Nous avons déjà signalé la séparation d'une certaine quantité d'eau à la surface des mélanges liquides après la réaction, et nous nous sommes assurés que cette eau renfermait une proportion notable d'acide iodhy- drique libre. » Voici maintenant pourquoi nous avons insisté sur cette réaction. Elle nous paraît donner un appui expérimental à certaines idées émises sur l'éfhérification de l'alcool vinique. » On sait que le chlorure, le bronuire, l'iodure d'éthyle ont la propriété de transformer en éther une quantité d'alcool à peu près indéfinie, par une action que l'on a placée dans cette catégorie de phénomènes mystérieux désignés sous le nom d'actions de présence. Certains chimistes, pourtant, M. Alvaro Reynoso entre autres, dans son Mémoire sur l'éthérification (i), ont émis l'idée que cette transformation pouvait être attribuée à une décom- position et à une recomposition successives de l'iodure d'éthyle. » La formation de l'éther mixte éthyl-araylique nous paraît faire tou- cher au doigt cette réaction réciproque et successive. » Ce n'est pas seulement aux chlorures, aux bromures, aux iodures organiques, que cette explication peut être appliquée. Elle convient aussi parfaitement aux chlorures, aux bromures, aux iodures, aux sulfates métal- liques, dont on peut aussi admettre une décomposition passagère. » M. Pasteur a montré, dans ses belles recherches sur la fermentation, que l'action de présence du ferment n'est autre chose qu'une action phy- siologique s'exerçant successivement sur des proportions de matière très- considérables par rapport à la masse du ferment lui-même. Il nous semble que nous avons ici quelque chose d'analogue. Une quantité très-faible (l'iodure, par exemple, peut, par sa décomposition et sa reproduction suc- cessives, faire passer à l'état d'éther une masse considérable d'alcool, l'io- dure se retrouvant après la fin de l'opération, sans que sa quantité ait sensiblement diminué. L'action de présence, dans ce cas, est donc une véri- table action chimique s'exerçant successivement. » (i) Annales de Chimie et de Physique, l856. ( 989) CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur le diabète non sucré. Note de M. E.-J. Maumeni^, présentée par M. Peligot. ° 24.) 132 ( 99° ) I) o,ioo à très-pen près donnent avec le chlorure de platine, au bout de huit jours, 2 à 3 milligrammes de chlorure double de platine et potassium. » La liqueur alcooHque évaporée reproduit le sirop, qui, mêlé d'acide azotique (à 57 pour 100 d'eau), donne de l'azotate d'urée en abondance. » Le précipité de plomb décomposé par HS donne de l'acide lactique, de l'acide phosphorique, de l'acide sulfurique. » Le sulfure de plomb traité par l'acide HCl étendu donne quelques flo- cons grisâtres. » En résumé, le sel marin et l'urée sont les substances qui dominent dans l'urine diabétique non sucrée. Les autres matières sont les mêmes que dans l'urine ordinaire. Il n'y a point de sucre. » Les 2S%4 contenus dans 1 litre sont représentés par Chlorure de sodium t , 28 Urée o ,g3 Sels ordinaires de l'urine o > ■ 9 2,4o » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur l'analjse des alliages d'argent et de plomb ; par M. Ferdinand Thomas. « L'auteur, dans cette Note, propose l'emploi des dissolutions titrées d'ammoniaque pour dissoudre le chlorure d'argent, et mettre ainsi en évidence la natiue et la quantité du chlorure de plomb, ou bien, comme l'avait proposé M. d'Arcet, de fondre et de réduire le chlorure dans un creuset, et de coupeller le bouton obtenu, en corrigeant, au moyen de la table de compensation, l'erreur due à la coupellation. » M. Basset adresse une réclamation de priorité pour la démonstration de quelques-uns des faits qui ont ruiné la théorie des prétendues générations spontanées. Il cite à l'appui de cette assertion deux livres qu'il a publiés, l'un, en i853, sur Y alcoolisation, l'autre, en i858, sur la fermentation. Relativement à cette dernière question, ses recherches l'ont conduit à des résultais notablement différents de ceux qui ont été exposés récemment au sein de l'Académie. Comme l'auteur annonce l'envoi prochain d'un Mémoire' dans lequel ses idées seront plus complètement développées, nous nous bornerons aujour- d'hui à annoncer sa réclamation. ( 99' ) M. Hemmbnt présente des remarques concernant l'expérience de Ber- thollet sur le mélange des gaz, expérience qui, suivant lui, aurait besoin d'être répétée puisque le résultat, du moins tel qu'on l'énonce, semble difficile- ment conciliable avec certaines observations où l'on voit des gaz de pesan- teurs spécifiques différentes rester longtemps superposés sans se mêler sen- siblement. M. Ch. Sainte-Claire Deville est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoir à l'Académie s'il y a lieu d'encourager l'auteur à faire les communications ultérieures qu'il semble promettre. M. Cabieu demande et obtient l'autorisation de reprendre lui Mémoire « sur les eaux de Paris » qu'il avait présenté l'an passé et sur lequel il n'a pas été fait de Rapport. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. JoBERT DE Lamballe, au uom de la Section de Médecine et de Chi- rurgie, présente la liste suivante de candidats pour une place de Corres- pondant vacante par suite du décès de M. Benjamin Brodie. En première ligne 31. W. Laurence, à Londres. En deuxième ligne ex ?equo et i M. Rokitansky. . à Vienne. par ordre alphabétique (M. Soipson. ... à Edimbourg »• Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. BULLETIN bibliographique. L'Académie a reçu dans la séance du i4 décembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Connaissance des temps ou des mouvements célestes, à Vusage des astronomes et des navigateurs, ])Our l'année i865; publiée par le Bureau des Longi- tudes. Paris, septembre i863; vol. in-8". ( 992 ) Annuaire pour l'an 1864, publié par le Bureau des Longitudes. Paris; in-i8. Setecta Fungoruni Carpologia, ea documenta et icônes polissimum exliibens cjuœ varia frucluum et scminuin gênera in eodem Funcjo simul aut vicissim adesse demonslrent. Junctis studiis Ludov.-Reiiat. ÏULASNE, et Carol. TULASNE; t. Il; Xylariei , Valsei, Sphœriei. Accedunt tabulœ XXXIV, aère incisae. Parisiis, i863 ; vol. in-fol. Notice sur le traitement curatif et préventif du choléra asinlicjue, suivie d'un Rapport de l'Académie de Médecine de Belgique sur la partie de ce travail qui lui a été adressée, et d'une réponse au Rapport précédent ; par le D'' E. Van Dromme. Bruges, i863; in-8°. (Présenté au nom de l'auteur par M. Velpeau.) Mémoire sur les substitutions organiques ; par M. A. COURTY. Paris, 1848 ; in-8". (Présenté au nom de l'auteur par M. Rayer.) Paléoiitolocjicjrcmçaise, ou description des animaux invertébrés fossiles de la F; a?ire, continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un Comité spécial. — Terrain jurassique, livraisons 2 et 3. — Terrain cré- tacé, livraisons 12 et i3; in-8". Propriétés du système des surfaces du 2^ ordre conjuguées par rapport a un tétraèdre fixe; pnr Painvain. (Extrait du Journa/ des Mathématiques pures et appliquées, t. LXIII.) In-4°. Application des coordonnées elliptiques à la recherche des surfaces orthogo- nales; par William PiOBERTS. (Extrait du Journal des Mathématiques pures cl aj'pli'piées, t. LXlI.j In-4". Sur un système de courbes et surfaces dérivées, et en particulier sur quelques surfaces analogues aux ellipses de Cassini; par le même. (Extrait des Annali di Matematica para ed applicata; t. IV, n° 3. ) Rome, 1862; in-4°. Ces trois ouvrages sont présentés, au nom des auteurs, par M. Serret. Explorations géologiques faites avec M. Marcel de Serres. Coup d'œil ra- pide sur les terrains qui constituent le sol du bassin de Saint-Jean-du-Gard et des principaux gisements métallifères quon y rencontre; par MiNGAUD (du Gard). Paris, i863;in-8°. De l'' Arbousier, de la propagation de sa culture et des produits économiques qui en résultent; par le même. Paris, i863; in-S". De l'Erinus alpinus; par le même. Paris, i863; in-8°. Herbier du bassin de Sainl-Jean-du-Gard ; par le même. Paris, i863; in-S". Mémoires de la Société des Sciences jihysiques et naturelles de Bordeaux; t. I[, 2*^ cahier. Paris et Bordeaux, i863;in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 DÉCEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre de l'Instruction publique approuve la décision par laquelle l'Académie a fixé au 38 du présent mois sa séance annuelle. M. LE Président ©E l'Institut invite l'Académie à désigner le lecteur qui devra la représenter dans la prochaine séance trimestrielle, qui doit avoir lieu le 6 janvier 1864. ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur la théorie des fonctions elliptiques; par M. Hermite. (( Les expressions en produits infinis des fonctions elliptiques, savoir : 2Kx__i_ 2yr7sinx(i-27'cos2x + 7')(i-2y'cos3:r+?^)(i-2?'coS2a;4-?").. 1c fk (, — 2îC0S2X + 5=)(l-2î'C0S2^ + 9«)(l-2^'C0S2X + 7'»)... 2K.x_ /F9.:/qco5xïi + 27H-os3x + ?')(i+2g'cos2x+?')(.+ 29«cosar + 7").. COSam -7- -y y (l _- -iq C0S2^ + .7 = ) (l - 29' C0S2X + q<-) (I - 2<7^ C0S2.r + q'") . . . oKx ,- f . ^ o Y cn^-yx-^ a^ (1 + 2<7' C052X+ g°) (1+27^ C052X + ?")• ■ • ^ Aam-^= P' (,_2yc052X-t-"?y(l-2rC0S2X + î«j(.-29=C0S2J. + 7'°)--- C. R., i8f>3, 2™= Semestre. (T. LVIl, N» 23.) sin am ( 994 ) donnent ituniétliatenienl, pour la rncine quatrième du module et de son complément, des fonctions uniformes à l'égard de la variable w définie en posant q = e"^"'. C'est ce qu'on voit dans les Fundamenta, § 36, ou sont établies ces relations : ■-7')(i ('-H7')--- — V ■ ( "■'■'(1+7) (■ + '7n{i -7) (>-'?') l'-'r)-- + 7^)--- ( + ?)(' + 7') (3+ 7^).. VA' on encore sous forme entière VA- = V9. V'?[(> + -?'')(i + 7') (> + /)■••? [('-VJI'-?^)!'- 7')-], VÂ'= [(. + + -7^) (i + r/)...][(,-9)(,-ry')(,-fy^)... p. Mais celte conséquence importante ne résulte pas des développements sons forme de quotients de séries des mêmes fonctions, savoir : >.ni am 2IS..C 1 a^/^sinx — 2 y/iy' sin3 j; -|- 2 y'ç" sinS»: cosani 27 COS2.r -I- 2i7'C0s4 X — 2 7' COs6.r-|- 2K.X / k' 2 ij q COSX + 2 y/ljr" C0s3x -I- 2 y/ç-' COsSjr-f- TT V ^ ' — 217 C0S2X + 2(^' COs4'^ 29'COsG.r-l- . 2K.X — I + 20 COS2X -t- 2«' COS4X + 217'cOSbx + A ara = vA ^ i 7-—^^ — i ,. TT I la CO%7.X -\- ■iq' C0%!lx 2o'c0SDX-|- 4. car c'est seulement alors la racine carrée du module et celle de son com- plément qui sont données en fonction de q par ces formules 2 V 7 + ■! v'?' ■+- 2 v'7" + • ■ ■ vA- = I -4- 2 (7 + 2 7' + 2 17' -H . t; _ : — 27 + 27' — 27'' + ... ~ 1+27 + 27'-!- 279 + ... ') Dans celte Note, je me propose d'établir, poiu' sinam.î', cosanij:, Aamx, de nouveaux développements en série de sinus et de cosinus, ana- logues aux précédents, mais qui donneront aussi bien que les produits infinis les racines quatrièmes de k et k' comme fonctions uniformes de la variable 'j. On en déduira, en effet, (-("s formules remarquables, oii le signe ^ s'étend ( 99^ ) à toutes les vHicurs positives et négatives de h . {/k = • V A-' = V k = ;i ■ ' V ' y/^j = = ' ^r = — et auxquelles Jacobi est déjà parvenu dans son Mémoire uititulé : Ubrr iinendliche Reihen, deren Exponenlen zucjleich in zivei venchiednen qiunhd- lischen Formen enthallen sind, en les déduisant des produits infinis en f/ rap- portés plus haut. Les propriétés si importantes auxquelles donnent lieu ces quantités \/Âet sjk' , lorsqu'on y remplace w par 7- » a, b, c, r/ étant des nombres entiers assujettis à la condition arl — ^c = i, résultent de ces for- mules, et peuvent être établies, comme j'espère le montrer, d'une manière simple et facile. » I. Pour abréger l'écritiu'e, je conviendrai de désigner les quatre fonctions 2Kx\ _ /'2Kx\ ,,/2K.r\ ,. /2Kx\ 0(^1' «-(^)' "(^> "' par 0{jc], 6, (.r), /; (jt), /;, (a), de sorte qu'on ait, en mettant en évidence la quantité '.) dont il a été question tout à l'heure : 5(x, m) =: r -I- iq cos 2X -h 2rj''cosl\x — 2(y^cos6x 4- ..., 5,(x, 0)) = I + a^r cos 2.r+ 27" cos/ix -1- 2 7'cos(')J"-t- ..., ■/) [jc, a) = 1 vysin .r — ■?. y'/'"' sin 3 j: + '2 v^^^ sin Sx — ..., r,,{x, w ) = 2 v'/cosjt- + 2s/f/^ cos^jc + 2 yf/" cos 5 a' + .... Cela posé, la transformation du second ordre donnera ces deux systèmes i33. (996) (le relation : :,= (a., .) = [v/TT^ e(;,^) _VT3i e.(^,^)] y/Hl, ^(j:, w) 5,(a:, w) = '\'k'6 {-ix, 2w) \/—, Yi{x, u) >5,(j:, «) = \k' ■fi[ix,i(ù)\J ^, N v'^ / f'\ /2K •/5(j:, uj(5(jr, ") — -^ "-î^-^' 2J y ~' ■/;(j:, u) 0,(jr,u)= -p -fi^x,—^^^-^, et c'est le second dont je vais faire usage comme il suit : >■> Considérons, par exemple, le sinus d'amplitude: on aura sm am Or, en employant la première et la cinquième de ces relations, on obtiendra de suite w -f- I ' 2Kx . « M"^' 3 sui am == ■■ ,- . - ou bien sm am T V^2 ^/! e(2.r, 2u) aKx v'a y*!/ sin.r + J/iy' sin 3x — y^^sinSx — ... w 'jj l —2q- C0S^X-^-2q'C0s8ar — 2y" COS 12.r-f-. ( 997 ) ,. , , 2K.r ^ . 2K.I- elle même procédé de transformation, applique a cos am —^ et Aam— ^) donnera les résultats que voici sui am = ~ ~ {Ifk 9(2^, 2«r ~ V X^ y (_i)"^'-"'tos4«x ( cos am ^ -7^ V/ T r;^ \ ^^ \/ T ^ Tf l/^ V A 6(20:, 2m1 V * 'V / \„ ,„i / '" 'îil^, Aam = e ^A' — ^ ,.-t.,\ = v/-^ "^ ' y (— 1 )" 7^"'+" cos ( 4 « 4- I ) .2^ M 4- I ■Il I ■2^, et, en second lieu, . . 2 sin ara = — K. v/;5 .(2., 2.) _ , ^/2?/î'2<"'^^'"(«'^ + ^ ;//■ 2 cos am ,77: , , ,7-\/2 5'ff^y '7»"'+"'sin(8/î+ 2).i- ""^ y(— i)"7'"'+"sin(4«4- i)a- A am —^ = e tj/'-" -^ r^ = v-î" >](j;,-j y (7"''+" sin (4^ + r); Tels sont donc les modes nouveaux de développements des fonctions ellip- tiques, qui manifestent immédiatement que les quantités yA" et v A' sont des fonctions uniformes de w. Il suffit en effet de poser x = o dans les deux dernières équations du premier groupe pour obtenir -i|.,(o,l±i)_v/i^^2(-')^^""-^" ^'''- v/2 6(0,2<0) y(_,)"7- {k' = e « ^ ^-^ = ^ ■^Mo,-j 2?"" ? +N ( 99« ) c'est-à-dire deux des formules rapportées plus haut d'après Jacobi, et dont les antres se tirent aisément, comme nous le verrons bientôt. Quant aux équa- tions du second groupe, elles donneraient, en prenant le rapport des déri- vées, deux termes pour x = o, U' = ik'' 2 (4« + ■)(-> )"9"-^" les signes ^ s'étendant, comme précédemment, aux valeurs positives et négatives de n. » Mais ces nouveaux développements n'ont pas seulement pour objet de conduire à ces conséquences, que je devais donner principalement en vue de l'étude des quantités 1 1 et \ k' ; j'en indiquerai encore un usage dans la question suivante : » II. La dérivée de sinamx étant exprimée par V(i — sin^am.r) (i— A- sin^am.;t), d est naturel de se demander si les combinaisons suivantes des facteurs dti radical 1 (.r, k) = v(i -1- sinamx) (n- ksïnumx), A, (a', k) = V(H- sinam.r) (i — ksm ama:;, représenteront aussi bien que cosama.' = v/i — sin^am,T et Aamx = y/i — A-sin-amx des fonctions uniformes de la variable. Or, en désignant par « une racine quelconque des équations l{jc)—o, X,(x) = o, on reconnaît aisément que les développements X («-+-£), A, (a-l-s) commencent par un terme proportionnel à £, de sorte que d'après les principes connus (*) on peut assurer déjà que ces fonctions sont'uniformes. On trouve en effet, par exemple, /(— R + £) = yi. VI — / sin'ame — cosameAaniE Aame (*) Fnypz l'ouvrage de MM. BrinI et Boii(|iiet sur les fonctions doiihlemenf périixliques. ( 999 ) et la quantité so.s le radical est une fonct.on paire de e, qn, s annule avec cette vanable. Mais il reste à trouver leur expression analytique, et or, v parvient d un manière facile comme il suit. ^ i ' y " C'^angeons A- en f^; et ^ en (r + t) .r, en employant la formule sinain (i+ A'J j:, ' ~ "^ .1 _ (■ + 'i') sinam.rcosamjr on trouvera ~ r^iirï V'— ^•'su]''amj:+ 2sinamxcosamjt:Aam.r, X, ' ' i + X'J ~ Aamx ^' - 2A-^sin^am^+/f^sin^am^-+2T^m^^i7:j^^^;;;^^^^:^^^^ Or il arrive que les quantités sous les deux radicaux sont des carrés partaUs a savou- : (cosam^r + sin am^Aamx)^ et (A'sinam^ + cosam^ Aam rf de sorte qu'd vient simplement ^ L ! + /?-'J ^ Aamx — ^'"a'n-a^ -+- sm coamx, X, I (.4- A') .r, i^J = cos amx + £i!iifl!if _ ^„^„,^^ ^ ^ ^^^ L iH- < J Aam*- — ^"^am^T -t- cos coam.r. » Posons encore avec Jacobi Ai^) z=: llZ^ , k'-— ' + ^' .^ i4_X'' ^^ ~ — iv, ces quan- t.tés désignant ce que deviennent A et K par le changement de ./ en f ou de 0. en aco, et mettons ^ au lieu de ^ : on aura ^ I ^r~' ^" = sin am h sm coam ^^, ^{~' ^'^'1 = cosam i^^ + ces coam IJL^-. formutr '""''"' '" ""'^ '"■"" "'"^'■^""- ''-"^^"'^g^ ''- — "es sinamil^ = ^.!i!l!iî) _ .K. , ujP «.^^) ir /- f/T 0 ,„ T— ' COS am • — _ i / \ ^y ( rooo ) car elles donnent, avec le même dénominateur, sui coam = ■ _ . - • — r-^ r- j cos coam = -^ i/ — . — ^ l_ , - ya^X- 6(?.x, 2w) ,: y/a V '' 9(2.r,2MJ' de sorte qu'ayant, comme on le vérifie de suite, ITt on en conclut, en remplaçant x et cù par - et -> ' ' '22 2n'-f-n (■2.x TT w\ 1 6 — 'V' 2 // ^ /2-r ff\ )..^— aj_e y-^ -^^^-^ 4AT ^'v'7i:(-')"7~^~cos(4. + .)('^) / V' ( — i)"5"'cos2«j; Dans ces formules, ki et A', désignent ce que deviennent le module et son complément par le changement de w en -» et ont pour valeur , 2 y/I . f 1 — A K 4 7 5 A" . — 7 • I 1 + X 1 I4-A- Sous forme de séries simples, on aurait X iîi::,AA=:i^y f-i)"— ^-^-^, ' — ? ^._+co ^»cOs(4«4-t)(- — 7) X.i'ïiif, A-^ = ■7 ( lOOI ) MÉTÉOROLOGIE. — Sur la tempête des 2 e< 3 décembre i863. Note de M. le Maréchal Vaillant « Nous croyons que tout n'a pas été dit encore sur ce grand accident météorologique, et nous voulons, en ramenant l'attention sur les circon- stances qui l'ont précédé, accompagné ou suivi, appoiter quelque lumière qui puisse ajouter à lintérèt des observations à venir. » M. le Directeur de l'Observatoire impérial, dans une Note présentée au nom de M. Marié-Davy, le 7 décembre, à l'Académie des Sciences, dit que « la tempête a été due à un tourbillon qui a envahi l'Europe par les côtes » nord-ouest de l'Irlande, et qui achevait aloi-s sa course au travers de la » Russie, Dès le 27 novembre, lit-on dans cette Note, l'aspect général des )) courbes d'égales pressions nous inspirait des doutes sur la conservation » du calme qui régnait assez généralement stn- nos côtes. Cette situation » se maintint toutefois jusque dans la nuit du 3o novembre au 1" décembre, » où la carte météorologique accuse nettement l'arrivée d'un tourbillon M sur l'Irlande — » » Voyons. Si nous remontons jusqu'au 26 novembre, \e Bulletin météo- rologique nous indique un vent est-sud-est assez jaible à Paris. Le vent par- ticipe de l'est dans toute la France et en Espagne; il y a un déversement général des courbes d'égales pressions cotées 776 et 770 à l'est, sur les courbes d'égales dépressions 765 et 760 a l'ouest. Notons cette circonstance du déversement de l'air, des courbes de haute pression sur les courbes de basse pression : il n'en est pas toujours ainsi, tant s'en faut, et ce fait ne se présente guère que par les temps calmes ou des vents modérés. Il semble naturel, au surplus, que pour l'air comme pour l'eau, quand il y a inégalité de pression, la partie la plus pressée descende vers celle qui l'est moins, et cela sans cpie nous voulions négliger l'effet dû à l'élasticité. Nous n'ou- blions pas que la hauteur du mercure dans le baromètre est due, non-seu- lement à la hauteur de la colonne d'air, mais aussi à l'élasticité ou au res- sort de l'air à la surface de la terre. Le problème est assez compliqué dans son ensemble; nous demandons qu'on ne nous fasse pas des objections intempestives, nous croyons avoir réponse à toutes, mais en tant que cha- cune viendra en son lieu. )) Le même Bulletin météorologique du 26 novembre dit que la pression barométrique a rapidement monté sur la France, l'Allemagne et l'Angle- terre, et que les vents ont rétrogradé vers l'est sur les côtes de la Manche et C. R., i863, a-"» Semestre. { T. LVII, IN» 2S.) ' ^4 ( I002 ) de l'Océan ; le ciel s'est un peu éclairci sur les côtes ouest ; la rapidité même de l'élévation de la pression indique une situation peu calme. » Que M. le rédacteur du Butletin nous permette quelques observations : (lu i5 au 26 novembre, la pression n'avait monté que de 5 millimètres à peu près; les vents, presque nuls en France et sur la Manche le aS, étaient très-faibles encore le 26; ils soufflaient à Paris du sud-sud-est le 25, et nor- malement aux courbes d'égales pressions, allant de la plus grande à la plus faible; le 26 novembre, ils soufflaient de l'est normalement aussi aux courbes, et de la grande pression à la petite. Tout était régulier, et l'on pouvait sans trop se compromettre annoncer un temps devant se soutenir au calme et au beau. » Nous voici au 27 novembre, point de départ de la Note communiquée par M. le Directeur de l'Observatoire impérial sur la tempête des 2 et 3 dé- cembre, et nous avons dit qu'en s'en rapportant à cette Note, on avait, à l'Observatoire, dès le 27 novembre, des doutes sur la conservation du calme qui régnait assez généralement sur nos côtes. Mais pourquoi donc ces appréhensions alors que tout était au calme, et pourquoi n'avoir pas fait partager, dès le 27, votre peu de confiance à vos lecteurs des Bulletins? Le 27 novembre, les courbes d'égales pressions ressemblent beaucoup à celles du 26; le vent est faible ces deux jours-là; il vient de l'est, descend de 775 à 765, normalement à ces courbes; il vient du nord de l'Allemagne et de la Russie, région qui est elle-même au calme, nous dit le Bulletin Répétons-le, toutes les apparences, toutes les probabilités étaient pour la continuation du calme, et rien ne justifiait les appréhensions que nous osons tlire tardives, exprimées à la page 947 des Comptes rendus. n Effectivement, le 28, nous avons beau temps, vent d'est très-faible, courbes d'égales pressions peu différentes des jours précédents et descendant de la pression 775 (en Russie et en Allemagne) à 760 à l'ouest de l'Irlande. Tout est régulier et conforme aux lois de la pesanteur; rien ne peut faire prévoir le mauvais temps, si ce n'est le dicton que les jours se suivent sans se ressemblei'. o Nous sommes au 29 novembre. Les courbes d'égales pressions, telles que les indique pour ce jour-là le Bulletin de r Observatoire, ne diffèrent pas beaucoup de celles du jour précédent, du moins dans leur ensemble. On sent que la modification qui s'est opérée s'est faite graduellement, sans se- cousses, lentement : aussi le temps est-il généralement beau et le vent calme. En France, à Paris, sa direction est est, faible, à peu près normale aux cour- bes d'égales pressions, descendant de la courbe cotée 775, qui occupe en- ( ioo3 ) core le nord de l'Allemagne, à la courbe 760, qui traverse l'Espagne et le golfe de Gascogne. « Au sujet de ces courbes données par le Bulletin de l'Observatoire, nous ferons observer que la rapidité avec laquelle le travail de rédaction doit s'ef- fectuer pour conserver son intérêt et son utilité, ne permet pas de considé- rer les courbes comme autre chpse qu'une indication des plus sommaires, à laquelle il ne faudrait pas attacher une foi par trop entière. Selon nous, ce n'est qu'un à beaucoup près; il ne peut en être autrement. a 3o novembre. Ici encore nous ne voyons pas un changement bien notable dans l'ensemble des courbes d'égales pressions. La courbe maxima 775 a disparu, mais c'est peut-être faute de documents parvenus en temps opportun. Quoi qu'il en soit, ce jour-là aussi, le temps est beau en France, comme il doit l'être lorsqu'il y a plus ou moins d'est dans la direction gé- nérale des courants atmosphériques, et le vent, très-faible presque partout, descend, de l'est ou du sud-est, de la courbe 770 à la courbe 760. Encore une fois, la prévision d'une tempête dès le 27 novembre n'était pas justifiée par les circonstances météorologiques des jours précédents. Elle ne fut pas vérifiée par les circonstances météorologiques des jours qui suivirent le 27, c'est-à-dire des 28, 29 et 3o novembre, et nous répétons que nous tenons cette prévision pour un peu posthume. » Nous sommes au i*^"" décembre. Nous voyons bien que les courbes d'é- gales pressions se sont resserrées et qu'il y a une diminution de pression assez prononcée de la France à l'Irlande; mais l'abaissement du baromètre n'est pas de 4 millimètres à Paris; le temps est calme, le vent modéré sur plusieurs points des côtes de France; le courant atmosphérique se déverse encore normalementde la courbe la plus haute de France, 765, sur la courbe 75o, en Ecosse, et 745, en Irlande. Rien, croyons-nous, ne pouvait faire préjuger une tempête. Le temps resta doux et couvert à Paris toute la jour- née du !''■' décembre. » 2 décembre. Il s'est produit un abaissement énorme dans le baromètre : il était à 766,40 le 3o novembre, encore à 762,80 le i" décembre; il n'est plus qu'à 744.8 le 2 décembre. Par contre, le thermomètre, qui était à — o",! le 3o novembre, et à i°,2 le i^'' décembre, monte tout d'un coup, le 2 dé- cembre, à 8°, 8 ((), et cela par un vent du sud ou de l'ouest. Examinons les (i) Nous rappelons ici la températare accusée par le iheimomctre «le l'Observatoire à 8 heures du matin, mais, sans aucun doute, celte température était de 10 degrés et même de plus de 13 degrés ;i une certaine élévation au-dessus du sol. Lorsque le vent souffle, en hiver, i34.. ( ioo4 ) conséquences de ce brusque changement de température. L'air chaud qui a traversé la Manche ou l'Océan est venu se heurter contre l'Ecosse, s'y est refroidi et a dûi y abandonner beaucoup de sa vapeur d'eau, probablement sous forme de neige. La neige, à son tour, continuant à refroidir l'air qui venait s'y frotter, il en est résulté un vide dans la coloiuie d'air correspon- dant verticalement à la contrée niontueuse ^t naturellement froide du pays en question. Cet air, refroidi et condensé, n'a pu rester accumulé sur l'Ecosse : ne trouvant pas à s'équilibrer, i\ s'est répandu violemment, tempêtueusement tout autour de son foyer de refroidissemenl, si on nous passe cette expres- sion, et, pour notre France, refoulant le vent du sud qui y régnait encore à 8 heures du matin, il a donné lieu à cette pluie torrentielle du 2, et à cette bourrasque dont la violence a fait tant de mal. Au reste, ce qui montre que nous sommes dans le vrai, c'est que le vent régnant qui était plein sud, et même un peu est, le matin, a passé au sud-ouest, puis à l'ouest, puis enfin au nord-ouest (direction venant de l'Ecosse), et que, dominant alors sans conteste, il nous a donné un beau soleil vers i heure de l'après-midi. Et, il ne faut pas s'y tromper, le vent qui était sud-est ou est-sud-est sur nos cotes le i" décembre au matin, avait déjà subi l'effet du contre-courant venant de l'Ecosse; mais la lutte avait lieu dans les régions supérieures, et non pas encore à la surface de la terre, l'air allant toujours beaucoup plus vite à une certaine distance du sol que sur le sol même. » A ceux qui s'étonneraient qu'un courant d'air piit venir d'un point où la pression est moindre vers un point où la pression est plus considérable, nous dirions qu'il eu est généralement ainsi lorsque la diminution de pres- sion est le fait d'un refroidissement plus ou moins subit causé par le contact de l'air avec le sol. Ainsi, l'approche de la pluie e.st annoncée par un vent plus vif et plus frais qui vient du côté où la pluie tombe déjà ; ainsi, si vous mettez en communication deux pièces inégalement chauffées, l'air le plus froid se glisse horizontalement et par en bas dans la chambre qui était la plus chaude; ainsi, encore, la plus petite pluie tombant, dans les grandes chaleurs de l'été, sur une montagne au bord de la mer, donne lieu jiarfois à un vent violent qui se précipite de cette montagne, avec tuie vitesse dont nous n'avons pas l'idée dans nos latitudes des zones tempérées, et qui fait ilii sud ou du sud-ouest, la terre s'échauffe et le vent se refroidit, auquel cas l'air le plus refroidi reste à la surface du sol; lorsque, au contraire, le vent souffle du nord ou du nord- est, il refroidit la terre et s'échauffe aux dépens du sol; dans ce cas, l'air le plus réchauffé est en bas et en contact avec le sol. ( ioo5 ) sombrer presque instantanément des vaisseaux à l'ancre clans des eaux sans aucune agitation un instant auparavant; ainsi, enfin, le mistral, qui se pro- duit immanquablement à la suite de pluie tombée dans les montagnes au nord-ouest de la Provence, mistral dont la violence est plus grande encore quand le refroidissement est causé par une chute de neige dans ces mon- tagnes. En I 85i, nous avons été assaillis par uue terrible tempête en sortant (lu port d'Alger pour revenir en France; après avoir lutté péniblement pendant trois jours, et avoir été poussés jusque sur la côte d'Espagne, nous arrivâmes enfin à Cette; toute la plaine du Languedoc était couverte de neige et un affreux mistral s'y était déchaîné un peu avant notre départ d'Alger. Règle générale, quand il se fait un refroidissement subit en un point du globe, ce point est le centre, le point de départ de contre-courants d'air qui rayonnent dans tous les sens, et dont la violence est plus ou moins grande, suivant des circonstances locales qu'il serait trop long de dévelop- per ici. )t f/ouragan dont notre flotte a tant souffert au mois de novembre 1 854, dans la mer Noire, fut causé par la neige tombée tout d'im coup en grande abondance sur les monts Caucase. Le vent assaillit nos vaisseaux par l'est, et, si nous nous souvenons bien, ce vent d'est s'étendit jusqu'à Paris. Ce fut même à cette occasion que nous entrevîmes la possibilité de faire servir la télégraphie électrique à l'annonce, en temps utile, de ces grandes ruptures d'équilibre dans les couches atmosphériques. » Nous disons donc que la tempête du i décembre, comme celle du len- demain, a été l'effet du vent général chaud et humide qui régnait sur la France et dans une partie de l'Europe continentale, contre le vent diver- gent dans tous les sens, mais pour nous du nord-ouest, produit par le re- froidissement subit qui s'est effectué en Ecosse probablement par la chute d'une grande quantité de neige tombée dans ce pays. Ce qui nous confir- merait au besoin dans cette opinion, c'est que la tempête du 3 décembre a présenté absolument les mêmes phases dans son ensemble que celle du 2. Vent du plein sud à 8 heures du matin, puis ce vent s'inclinant au sud- ouest, à l'ouest, et enfin au nord-ouest, et, arrivé à cette dernière direction, le temps s'éclaircissant, parce que la lutte cesse entre les deux courants. » Précisons bien nos idées : lorsque le vent est modéré ou du moins que la vitesse, quelque grande qu'elle soit, n'est produite que par une différence de pression dans les couches atmosphériques, ce vent, dans sa marche à peu près régulière, s'écoule perpendiculairement aux courbes d'égales pressions, c'est-à-dire normalement à ces courbes et par le plus court chemin, ( )oo6 ) sauf les modifications qu'il peut éprouver par suite de la configuration du terrain. « Mais si, dans sa marche et surtout lorsqu'il est devenu tout à coup cliaud et humide comparativement à l'état de l'atmosplière peu de temps auparavant, si, disons-nous, ce vent chaud vient à se refroidir brusquement par son contact avec des montagnes élevées et à y verser beaucoup d'eau et, mieux encore, de la neige, il s'établit inuiiédiatement après la chute de celle-ci un courant inférieur, iroid, qui rayonne dans tous les sens, qui est d'autant plus violent que la pluie ou la neige a refroidi plus brusquement les montagnes par son contact, son évaporation ou son rayonnement. Sub- stituant à cette contrée montagneuse un pic isolé, qu'un vent du sud, par exemple, vienne tout à coup envelopper de sa tiède haleine et couvrir d'un manteau de neige, ce manteau pourra être considéré comme étant à l'instant même recouvert d'un autre manteau d'air mobile descendant du sommet (lu pic jusqu'au pied de la montagne, d'où il s'étale et s'épand en tous sens dans la plaine comme la longue queue d'une robe, si on nous passe cette couîparaison qui rend assez bien notre idée. » Ce qu'on appelle un lourbillon devrait peut-être porter un autre nom, ou du moins faut-il bien s'entendre sur le sens à donner à ce mot. Ce n'est point un tourbillon comme on le comprend ordinairement, c'est- à-dire un mouvement de rotation unique décrivant une circonférence en- tière autour d'un centre déprimé ou abaissé par l'effet de la force centri- fuge; c'est au contraire comme un cùne d'air froid d où part un vent qui rayonne dans tous les sens, et qui, venant heurter, dans toutes les direc- tions aussi, le vent qui régnait avant lui, donne naissance à tous ces mou- vements désordonnés qui constituent ce qu'on appelle une tempête. Il n'y a pas un tourbillon unique, répétons-le encore, mais, à vrai dire, autant île tourbillons qu'il y a d'angles de rencontre entre le vent primitif et le cou- rant accidentel produit par un refroidissement subit du sol. M On conçoit dès lors comment, dans les tempêtes qui ont une origine de cette nature, le vent passe quelquefois si brusquement d'une direction à une autre, qui fait 1 80 degrés et même plus avec la première : c'est ce qui est arrivé dans les journées des 2 et 3 décembre; c'est ce qui explique aussi ces sautes de vent si subites et si dangereuses pour les navires en mer. Les deux courants luttant quelquefois, ainsi que nous venons de dire, dans des directions diamétralement opposées, par exemple sud-est et nord-ouest, comme dans ces dernières tempêtes, on peut s'attendre que tantôt l'un, tantôt l'autre l'emportera sur son opposant, ou qu'il sera vaincu par celui-ci, [ I007 ) autrement qtie le courant alternera suivant deux directions qui se con- fondent, mais avec des signes contraires. Mais pour qu'il en soit réellement ainsi, il faut que le point d'où vient le courant d'air froid soit précisément dans la direction du vent chaud. Ainsi s'explique tout naturellement que lèvent venant d'Ecosse et soufflant du nord-ouest, en refoulant sur lui- même le vent du sud-est, ait traversé toute la France et soit allé s'abattre jusque sur les bords de notre Méditerranée. » Nous finissons : le mot tourbillon nous donne volontiers l'idée d'un liquide qui a reçu un mouvement giratoire et qui tourne le long de la paroi du vase qui le renferme ; cette comparaison est tout à fait inapplicable aux ouragans dits en tourbillons. Dans ceux-ci, c'est une lutte plus ou moins en ligne droite, une façon de duel entre le courant qui vient du fo/er de re- froidissemeiil et le veut qui régnait avant la production de ce refroidissement subit. Seulement, il ne faut pas oublier que, de ce foyer, sortent des vents froids qui rayonnent vers les points de l'horizon. » Une chose bien connue de ceux qui ont un peu observé ce qui se passe dans les pays de montagnes sur lesquelles il est tombé de la neige, c'est non-seulement la production soudaine du vent froid qui arrive de ces montagnes, mais aussi la beauté du ciel, et pour ainsi dire l'absence de tout nuage au-dessus d'elles. L'explication de ce fait est bien facile à trouver si ou veut revenir en pensée à noire pic isolé dont le sommet s'est couvert de neige. L'air froid qui coule de ses flancs est remplacé par l'air qui est au- dessus du pic, et il s'établit ainsi un courant du haut en bas, non-seule- ment le long de la montagne, mais au-dessus d'elle: or, déjà à une assez faible distance de la terre, l'air a une très-grande siccité et est très-avide d'humidité (nous employons le langage usuel); cet air vient remplacer celui qui descend dans la plaine et absorbe promptement les nuages s'il vient à s'en former. L'atmosphère acquiert ainsi une grande transparence, laquelle rend plus puissant le rayonnement naturel de la neige, et par suite augmente l'intensité du froid, et la précipitation de l'air en contact avec le sommet de la montagne, w PALÉONTOLOGIE.— Sur un nouveau genre f/'Ichthyodorulithe propre au ijrès miocène de Léocjnan [Gironde); par M. P. Gervais. « Les Ichthyodorulithes connus ont été trouvés dans des terrains anté- rieurs à la période tertiaire, plus particidièrement dans des terrains [)aléo- zoiques. Je dois à M, le professeur Raulin la communication d'une pièce ( ioo8 ) analogue aux Ichthyodorulithes par sa conformation, qui a été recueillie dans le grès miocène de Léognan (Gironde). Ce curieux fossile est com- primé et son bord postérieur présente un sillon médian bordé par deux rangées de dentelures en scie, qui rappellent assez bien celles de l'aiguil- lon dorsal des Cliimères. Il existe toutefois cette différence qu'elles sont beaucoup plus rapprochées l'une de l'autre. » Cet aiguillon aappartenu à un animal bien plus grand que les Chimères actuelles et d'un genre certainement différent du leur, ainsi que de tous ceux qui ont été établis jusqu'à ce jour parmi les fossiles. J'en publierai ul- térieurement la figure et une description comparative sous le nom de Dipristis cinmœrotdes. » IVO:»IIi\ATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d un Cor- respondant pour la Section de Médecine et de Chirurgie en remplacement de feu M. jB. Brodie. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46. M. Lawrence obtient 4^ suffrages. M. Simpson i » M. Lawrence, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu . MÉMOIRES PRÉSEINTÉS. PHYSIQUE. — Sur les raies telluriques du spectre solaire et du spectre de Si- rius. Sur le spectre de l'étoile a d'Orion. Observations de 31. Jaxssex. M. le Ministre de l'Instruction publique, en transmettant le travail de M. Janssen, l'accompagne de la Lettre suivante : i< Monsieur le Secrétaire perpétuel, M. .1. Janssen, docteur es sciences, chargé par le Ministère d'Etat, eu 1862, d'une mission scientifique en Italie, à l'effet d'y étudier divers phénomènes de physique céleste, vient de m'a- dresser un Rapport spécialement relatif à l'analyse du spectre solaire, ainsi que de ceux de Sirius et d'Oriou ; travaux au sujet desquels il paraît avoir envoyé directement plusieurs Notes à l'Académie des Sciences pendant le cours de cotte année. » J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint communication de ce Rapport. Je vous serai très-obligé de le soumettre à l'examen de l'Académie des Sciences, et de me le renvoyer on me faisant connaître l'appréciation qui ( I009 ) en aura été faite, ainsi que l'avis de l'Académie sur une demande de conti- nuation de sa mission, formée par M. J. Janssen. » Le travail de M. Janssen est renvoyé à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Poiiillet, Le Verrier et Faye. ANTHROPOLOGIE. — Note SUT deux fragments de mâchoires humaines trouvés dans la caverne de Draniquel [Tarn-el-Garonne); jmr MM. F. GARRUiou, L. Martix el E. Trutat. « La caverne deBruniquel a été pour la première fois décrite en 1841^ par M. Boucheporn, dans son Explication de la carte géologique du Tarn, et par MM. Trutat, F. Garrigou et H. Filhol en 1862. » La caverne est creusée dans un calcaire jin-assique. Elle est composée d'une seule salle peu spacieuse, ouverte vers l'est et à 6 ou 7 mètres au- dessus du niveau actuel de l'Aveyron. Le sol en est formé par la superposi- tion de plusieurs couches que nous avons suivies jusqu'à une profondeur de 3 mètres. On trouve, en commençant par la partie supérieure, une sta- lagmite de 22 centimètres, une brèche osseuse de i™,48, des couches argi- leuses noires se répétant plusieurs fois, et au milieu desquelles se voient péle-méle avec des silex taillés de toutes les dimensions et de toutes les formes connues, avec des pointes de flèches barbelées, avec des poin- çons, etc., des ossements de Carnassiers, de Ruminants, d'Oiseaux, et des cailloux roulés formant plusieurs lits. Les cailloux roulés sont des grenats, des leptynites, des gneiss, des micaschistes, des quartzites, des protogynes, des svénites, des serpentines, etc. Des niveaux de charbon existent au milieu des couches que nous venons d'indiquer. Comme nous avons déjà eu occa- sion de le dire ailleurs, les ossements de Ruminants surtout ont été frag- mentés, probablement pour en avoir la moelle et pour les faire servir à la fabrication des outils et des armes; les extrémités, seules conservées, ont permis de détermitier les espèces suivantes : )) Le Renne, une Antilope, le Cervus elaplius, le Chamois, le Chevreuil, une Chèvre, im très-grand Bœui { Bos primigenius) , le Rhinocéros lichoihinus (un seul individu), le Cheval, le Loup, le Chien, le Renard, un Carnassier plus petit que ce dernier, deux Gallinacés, l'un de la taille de la Perdrix, l'autre de la taille du Coq ordinaire, un Oiseau de très-grandes dimensions, deux espèces de Poissons. .. Le Renne est caractéristique de l'âge de la caverne de Bruniquel. En se rappelant les quatre divisions établies par M. Lartet pour l'époque quate» • r R., ,SG3, 2""= Semestre (T. LVII. N» '23." ' '^^ ( lOIO ) Il/lire, on peut voir immédiatement que c'est à la troisième époque paléon- fologiqiie qu'il faut rapporter le remplissage de cette excavation. » La présence des silex taillés, des os brisés et travaillés en forme de j)oinçons et de flèches, l'accumulation de cette masse d'objets dans le même lieu, en même temps que la grande quantité de charbon disséminé à diverses hauteurs dans ce dépôt, seraient bien suffisantes pour prouver l'existence de l'homme dans ces temps géologiques reculés. Mais un argument d'une très-haute importance vient appuyer plus fortement encore l'idée que l'homme vivait en même temps que les Mammifères dont les débris forment le sol de la caverne et qui ont disparu en partie, soit du pays où nous trou- vons leurs restes, soit de la surface du globe. » I/"existence de deux fragments de mâchoires humaines, dans le gise- ment que nous venons de décrire, va nous permettre aussi d'ajouter un élément de plus à la solution dn problème anthropologique soulevé j)ar la découverte de M. Boucher de Perthes. Mais auparavant faisons connaître une pièce presque unique dans la science, et que nos recherches ont mise au jour. » Parmi les fragments d'os nous avons trouvé un humérus d'Oiseau de grande taille sur lequel sont grossièrement sculptées diverses parties du corps d'un poisson. Une queue bifide s'aperçoit sur l'une des faces, et à gauche, imiuétliatement à la suite, existent deux têtes de poissons. Au-dessous et sur une autre face de l'os, ne se reliant par aucun point aux deux tètes précé- dentes, sont trois pattes ou nageoires disposées dans un même sens. Que conclure de l'existence d'une pareille pièce , si ce n'est que c'était là un amulette ou un ornement de distinction? Peu nous importe, dn reste, pour la question d'anthropologie que nous allons aborder en étudiant les deux fragments de mâchoires humaines. » Ces deux demi -mâchoires ont été trouvées en présence de dix témoins : MM. Louis Martin, F. Garrigou, Trutat, le curé de Bruniquel, le neveu de ce dernier et cinq ouvriers, à 2 mètres de profondeur environ, dans une couche d'argile contenant en grande quantité des fragments de charbon, des silex taillés et des ossements de Ruminants. Cette couche en supportait une seconde de même nature, mais sans charbon ; le tout était surmonté par la brèche osseuse et par la stalagmite. » Le coup de bêche qui a amené la première demi-mâchoire a brisé le condyle et fait tomber quelques dents qu'il a été impossible de retrouver, malgré tout le soin mis à les chercher. Une seule dent est en place, c'est la première grosse molaire. Ce fragment de mâchoire appartient à im adulte; ( '"'I ) c'est la mâchoire inférieure du côté droit. Sou exaineu allcntifel minutieux tait connaître les détails suivants : » 1° Face externe. Le bord inférieur de la branche dentaire est presque rectiligne, se relevant ini peu avant d'arriver à la symphyse du menton, après avoir rencontré une sorte d'épine vis-à-vis l'espace qui sépare la canine de la première petite molaire. La courbure de la branche ascendante sui- la branche horizontale n'est pas très-brusque. Le bord alvéolaire forme un angle plutôt légèrement aigu que droit avec le bord antérieur de la branche ascendante. Ce bord va en s'arrondissant légèrement à la partie antérieure vers la première molaire. Il n'y a rien de brusque dans cette courbure. » 2° Face interne. Le bord alvéolaire s'élargit fortement sur le point d'in- sertion de la dernière grosse molaire et forme une saillie. L'angle posté- rieur et inférieur des deux branches de la mâchoire rentre très-sensible- ment de dehors en dedans, sans que la face externe présente de saillies, et limite avec la protubérance formée par l'alvéole de la dernière molaire une gouttière qui se prolonge jusque vers la canine. Les points d'insertions musculaires à la face interne de l'angle postérieur et inférieur sont très- développés. » 3" Du milieu de la courbure et de l'angle saillant formé par la ren- contre des deux branches ascendante et horizontale, au point le plus en relief du menton, lo centimètres; du bord supérieur des alvéoles des inci- sives au bord antérieur de la branche ascendante, 7 centimètres; hauteur de la branche horizontale, en arrière 2 |, en avant 3 centimètres. » 4° La mâchoire est arrondie en avant, formant un menton rond et non carré. Le bord alvéolaire à la partie externe paraît limiter un espace para- bolique. » 5" Les d«nts sont implantées d'une manière perpendiculaire sur la mâchoire. » La deuxième mâchoire, trouvée à 1 mètre environ à côté de la première et dans les mêmes conditions, est moins bien conservée que celle-ci. C'est luie demi-mâchoire inférieure du côté gauche. Elle offre aussi quelques différences avec la précédente, différences qui sont dues probablement à l'âge de l'individu auquel elle appartenait : elle provient incontestablement d'un vieillard. >> La deuxième grosse molaire manque , l'alvéole a disparu. Les dimen- sions sont un peu plus petites que celles de la première mâchoire, le bord inférieur un peu moins rectiligne, la branche ascendante peut-être plus inclinée, autant qu'il est permis d'en juger par le rudiment qui en reste. La i35.. ( I012 ) goiiflière iiostérieure existe comme dans le cas précédent. Les deux petites molaires seules sont en place et usées jusqu'à la racine. » Les contours de l'ensemble de la mâchoire sont doux et bien amenés, le menton est complètement rond, et l'espace circonscrit par l'arcade den- taire est parabolique. » Les caractères que nous venons de faire connaître offrent un ensemble assez complet pour permettre d'arriver à quelques conclusions, quoique ces caractères puissent s'appliquer, eu j^artie du moins, comme l'a si bien fait voir M. le professeur de Quatrefages au sujet de la mâchoire d'Abbeville, à des individus de différentes nations et de types divers. M. Pruner Bev, cependant, dont l'autorité en pareille matière est incontestable, a retrouvé plus spécialement les détails que nous venons de donner sur des mâchoires se rapportant surtout au type brachycéphale, et devenues célèbres aujour- d'hui : ainsi les mâchoires recueillies à Aurignac, à Moulin-Quignon, à Arcy, et dans le mamelon de la Thinière, en Suisse. >) Si nous comparons le fragment venu de Moulin-Quignon avec le pre- mier que nous avons décrit venant de Bruuiquel, nous trouvons entre eux une très-grande ressemblance, eu même temps aussi que certains traits les différencient sensiblement. La nôtre est un peu plus grande que celle d'Ab- beville, et la branche ascendante forme avec la branche horizontale un angle moins ouvert; mais il faut observer que la première mâchoire de Bruuiquel appartient à un adulte, tandis que celle découverte par ^L Bou- cher de Perthes a été attribuée à un vieillard. Aussi notre second fragment venant de Bruuiquel s'adapte-t-il bien mieux aux contours et aux dimen- sions de la mâchoire décrite par le savant archéologue abbevillois. » Cependant, avant de nous prononcer sur ce point délicat d'anthropo- logie, nous avons comparé les deux fragments de la caverne de Bruuiquel a douze mâchoires humaines venant des cavernes de l'Âriége. Ces douze mâ- choires ont appartenu à des métis qui ne sont ni franchement brachycé- piiales, ni franchement dolichocéphales. Nous trouvons dans nos mâchoires lie Bruuiquel certaines ressemblances avec les mâchoires provenant des cavernes de Lonibrives, de Bédeillac et de Saleich. Sur ces spécimens on voit la gouttière sur la face interne, des dimensions générales à peu près les mêmes que celles des mâchoires de Bruuiquel; mais le menton tend à devenir carré sur les métis de Lomhrives, tandis que sin- les preuiieres mâ- choires il est franchement rond ; dans les mâchoires des grottes de l'Ariége, l'espace circonscrit parle bord alvéolaire tend à former un triangle, taudis que sur celles de Bruuiquel cet espace est parabolique: la gouttière déjà ( ioi3 ) citée est elle-riième bien plus marquée sur ces dei'nières niàclioirps que sur les premières. )) Trois mâchoires humaines pouvant se rapporter à un même lype (bra- chycéphale) datent donc de trois époques différentes parfaitement séparées l'une de l'autre : celle d'Aurignao, avec laquelle a été trouvé VUrsus spelœus; celle de Moulin-Quignon, gisant à côté de V Elephas prinùrjeniiis ; et celle de Bruniquel, recueillie au milieu des ossements du Renne. » Quoiqu'il ne soit pas permis de tirer île conclusions de cette uniformité de type de l'espèce humaine pendant une série aussi longue de siècles, il est bon, néanmoins, d'attirer l'attention sur ce fait nouvellement confirmé aujourd'hui, car des observations plus nombreuses et bien faites amène- ront des résultats nouveaux, et qu'actuellement bien des savants s'efforce- raient de combattre, la confirmation des théories des monogénistes. » Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la Commission nonunée dans la séance du lo août pour une communication relative aux cavernes à osse- ments de l'arrondissement de Toul : la Commission se compose de MM. Valenciennes, Ch. Sainte-Claire Deville et Daubrée, auxquels est invité à s'adjoindre M. de Quatrefiiges. CHIMIE APPLIQUÉE. — lîeclienlies théoriques siif (a pvéjinmlion delà soude par le procédé Leblnnc. Mémoire de M. A. Schelreu-Kest.ver. Première partie, présentée par M. Pelouze. (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze, Payen.) « Sur Toxy suif lire de calcium. — L'absence de réaction, regardée connue complète, entre la partie sulfurée insoluble de la soude brute et les disso- lutions de carbonate de sodium, a conduit M. Dumas à admettre l'existence d'un composé de sulfure et d'oxyde de calcium, compo.sé supposé insoluble dans l'eau. » Mais le sulfure de calcium est lui-même fort peu soluble dans l'eau; d'après des expériences auxquelles a été apporté le plus grand soin, l'eau, à à 12", 6, ne dissout que ^-„\-^ de ce corps préparé par la calcination du sulfate de calcium avec le charbon. Le sulfure de calcium obtenu avait été préalablement lavé à l'alcool, afin de lui enlever de petites quantités de po- lysulfures qu'il contient presque toujours. M Le sulfure de calcium pur, mis en contact avec des dissolutions de car- bonate de sodiiun, transforme peu à peu ce sel en sulfure; mais la double décomposition entre les deux sels est très-lente. ( ioi4 ) » En traitant par l'eau, simultanément et dans les mêmes conditions, de 1.1 soude brute réduite en poudre et un mélange en proportions caictdées de carbonate de sodium et de sulfure de calcium, les dissolutions obtenues contiennent, au bout d'un temps d'égale durée, les mêmes quantités de sul- fure de sodium. » L'hypothèse de l'existence d'un oxysulfure de calcium insoluble n'est donc pas nécessaire pour expliquer l'innocuité des résidus sur les dissolutions de la soude brute. On arrive, du reste, au même résultat en laissant la soude brute en contact prolongé avec l'eau. La dissolution ainsi obtenue est plus chargée de sulfure de sodium ; mais les résidus insolubles ne contiennent plus d oxyde de calcium. En y dosant le calcium, le soufre et l'acide carboîiique, on reconnaît qu'on n'a affaire qu'à un mélange de carbonate et de sulfure de calcium. )) Dans ce cas, on voit aussi que la causticité des liquides a considérable- meiU augmenté; il y a donc eu décomposition du carbonate de sodium par l'hydrate de calcium formé peu à peu par l'oxyde. Si l'oxyde de calcium se trouvait combiné au suliure de calcium pour former de l'oxysulfure, il fau- drait que le sulfure de sodium augmentât dans les liquides proportionnelle- ment à la soude caustique, tandis que l'expérience apprend le contraire. » De la soude caustique contenue dans tes dissolutions. — La présence de la soude caustique dans les dissolutions de la soude brute avait fait supposer que ce corps préexiste dans ce produit avant qu'il ait subi l'action de l'eau. C'était une conséquence nécessaire de l'hypothèse de l'oxysulfure de cal- cium. M. Gossage s'était appuyé sur ce que l'alcool ne dissout pas de soude caustique, lorsqu'on le met en digestion avec la soude brute, pour conclure que ce corps se forme pendant la dissolution dans l'eau, raisonnement qui a amené ce chimiste à nier l'existence de l'oxysulfure. M. Rynaston, pour obvier à la difficulté, a admis la formation d'un composé insoluble de sul- fure et de carbonate de calcium, composé prenant naissance par l'action de l'eau, en même temps que la soude caustique. Mais l'absence de la soude caustique dans l'alcool prouve seulement que la soude brute est exempte d'hydrate de sodium, tandis qu'elle pourrait contenir de l'oxyde de sodium anhydre, corps insoluble dans l'alcool. » Comme il est prouvé que l'oxysulfure de calcium n'existe pas, on peut admettre que la soude caustique ne se forme que pendant l'action de l'eau; c'est ce qu'on reconnaît, en effet, en dosant l'acide carbonique contenu dans la soude brute; les quantités de cet acide qu'on y rencontre sont tou- joiMs supérieures à celles nécessaires à la saturation du sodium. Une partie ( ioi5 ) du calcaire s'y trouve même intacte. La décomposition partielle del'excès de calcaire employé dans la préparation de la soude brute rend compte des différences de causticité que l'on remarque dans les liquides obtenus avec des soudes d'opérations différentes. Une "preuve évidente de la formation de la sonde caustique pendant la dissolution dans l'eau, c'est que l'eau en- lève à la même soude brute la totalité du sodium avec des proportions va- riables de soude caustique, ne dépendant que de la durée du contact des résidus insolubles avec la dissolution. » Origine des sulfures soluhles. — MM. Gossage et Ivynaston pensaient que les sulfures solubles contenus dans les dissolutions de la soude brute préexistent dans ce produit à l'état de polysulfure de calcium, et qu'il suffit d'éviter pendant la préparation de la soude la formation de ces polysulfures pour obtenir des liquides purs. Mais ces polysulfures devraient se dissoudre dans l'alcool, tandis que la soude brute bien faite n'abandonne à ce li- quide que des traces (o,oo5 à 0,006 pour 100 parties de soude brute) de monosulfure de sodium, en quantités bien moindres que celles que l'on trouve ensuite dans les dissolutions de cette même soude lavée à l'alcool. 1) Le sulfure de sodium contenu dans les dissolutions de la soude brute provient principalement d'une double décomposition partielle, qui a lieu entre le sulfure de calcium et le carbonate de sodium dissous. Quant aux polysulfures, ils existent dans les parties de la soude brute qui ont subi une température trop élevée, non à l'état de sels de calcium, mais à l'état de sels de sodium. Le sodium et le soufre s'y trouvent dans les proportions corres- pondantes au disulfure de sodium, comme on peut s'en convaincre en ana- lysant la dissolution alcoolique de cette soude. Le disulfure de sodium se forme par la réduction à liante température du carbonate de sodium sur le sulfure de calcium, d'après l'équation suivante aCa'^S + Na^GO" = Na-S= + GO -H aCa'O Sulfure Carbonate Disulfure Oxyde Osyde de de de de de calcium. sodium. sodium. carbone. calcium » La soude brute contenant du disulfure de sodium produit des disso- lutions qui renferment une très-grande quantité de soude caustique. L'ex- cès de la soude caustique est produit par l'oxyde de calcium qui prend naissance en même temps que le disulfure de sodium. De plus, il arrive sou- vent que la soude ayant subi une température trop élevée contient de l'oxyde de sodium formé par réduction du carbonate par le charbon. ( ioi6 ) » Ainsi l'hypothèse tic roxysulfiire de calcium n'est pas nécessaire pour expUquer le peu de réaction qui a heu entre les dissolutions de la soude brute et le résidu insoluble. Ce résidu est formé par iin mélange de carbo- nate et de sulfure, ou de carbonate, d'oxyde et de sulfure de calcium. La soude caustique contenue dans les dissolutions de la soude brute se forme par l'action de l'hydrate de calcium des résidus insolubles, sur le carbonate lie sodium; mais, lorsque la soude brute a été portée à une température élevée, elle peut contenir de l'oxyde de sodium formé par réduction du carbonate. Les sulfiues solubles proviennent d'une réaction partielle entre le carbonate de sodium et le sulftu'e de calcium au sein de l'eau ; de plus, la soude brute ayant subi une température élevée contient des polysufures de sodium; mais on n'y trouve jamais depolysulfures de calcium. » Il reste à déterminer en vertu de quelle réaction a lieu la transformation du sulfate de sodium et de la craie en sulfure de calcium et carbonate de sodium, et pourquoi il est nécessaire d'employer un excès de calcaire sans lequel on obtient tlu carbonate de sodium chargé de sulfure. » 31. Sept. Piesse adresse de Londres une Note sur un produit qu'il a obtenu dans la distillation fractionnaire de l'huile essentielle de camomille, et qu'il désigne sous le nom cVazulèiie à cause de sa couleur franchement bleue. Il a constaté l'existence de cette essence dans plusieurs autres huiles volatiles, et ne doute pas que ce soit elle qui contribue à leur donner la teinte verte pâle qu'elles offrent quand on vient de les préparer, teinte qui s efface bientôt par suite de la prédominance croissante du ton jaune dû a l'oxygénation des résines. M. Basset présente la |)remière partie du travail qu'il avait annoncé par sa présente Lettre. Ce travail a pour titre : Élude sur les cellules primor- diales et leurs transforinalions. Ce Mémoire, ainsi que la Lettre qu'il avait d'abord adressée et qui conte- nait une réclamation de priorité à l'égard de M. Pasteur, sont renvoyés à l'examen de la Commission nommée pour diverses communications de M. Lemaire sur les ferments, Commission qui se compose de MM. Milne Edwards, Bernard et Longet. M. Fo.NTEXEAr envoie de Limoges un travail de géométrie analytique ayant pour litre : Sote sur les systèmes de coordonnées correspondantes. (Renvoi à l'examen de MM. Bertrand et Bonnet.) ( 1017 ) M. DE Saint-Cricq Casaux opposc aux cas que l'on a cités eu preuve des inconvénients des alliances consanguines, le cas des anciens rois de Perse qui ayant, dit-il, depuis le temps de Cambyse, l'habitude de prendre pour femmes leurs sœurs, quelques-uns même leurs filles, n'en auraient pas moins propagé une très-belle race. (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour les diverses commiuii- cations relatives à ce sujet: MM. Andral, Rayer, Bernard et Bienaymé.) M. GuÉRix, qui avait présenté au Concours pour la Statistique de i854 un Mémoire sur la statistique agricole du canton de Benfeld (Bas-Rhin), Mémoire qui fut jugé digne d'une mention honorable, a poursuivi les études qui lui avaient valu cette distinction. Profitant des remarques faites par le rapporteur, il s'est occupé de combler les lacunes signalées, de fournir les preuves qui semblaient désirables, et, au lieu de comprendre dans ses observations une seule année, il a voulu considérer une période décennale toute entière (celle de i853 à 1862 inclus). C'est ce travail qu'il présente aujourd'hui au Concours pour le prix de l'année i 864. (Réservé pour la future Commission.) CORRESPONDANCE . « M. Recquerel présente à l'Académie la troisième édition du Traité d' liy- giène privée et publique de feu son fils Alfred, avec additions et bibliographie par le D' Beaugrand. » Cet ouvrage présente, sous une forme concise, un tableau complet de cette science. M. Alfred Becquerel a profité de ses connaissances en phy- sique et en chimie pour aborder un grand nombre de questions entièrement négligées dans la plupart des Traités d'hygiène, en même temps qu'il a réuni les applications de toutes les sciences à l'hygiène privée et publique. Cet ouvrage est mis au courant des progrès de la science par de nombreuses additions et augmenté d'une bibliographie très -étendue pour chaque article. La première partie est relative à l'étude de l'homme à l'état de santé; la deuxième, à l'influence de l'atmosphère, comprenant celle de la chaleur, de la lumière, de l'électricité et des agents divers qui s'y trouvent constamment, dont quelques-uns en proportions variables. La troisième et dernière partie traite de l'hygiène appliquée aux professions. » G. R., i863, 2'ne Semestre. (T, LVII, N» 2d.) l36 ( ioi8 ) M. Floi-re-vs lit les passages suivants d'une Lettre que lui a adressée ,17. Bécluimp à l'occasion du compte rendu de l'avaut-dernière séance : <> Vous avez bien voulu, dit M. Béchamp, insérer au compte rendu de la séance du 7 septembre un extrait de la Lettre que j'avais eu l'honneur de vous adresser (sur la question des générations spontanées); mais vous avez cru devoir ajouter que ma communication venait après coup, la question étant résolue. Malgré la haute estime que j'ai pour les travaux de M. Pasteur, il m'est impossible de reconnaître que j'ai suivi ses traces : il y a six ans que dans mes cours j'enseigne comme conséquences de mes propres recherches, ([ui sont antérieures à celles de M. Pasienr, la doctrine qui triomphe au- lonrd'hui; est-ce bien venir après coup, lorsqu'on n'invoque que des expé- riences authentiques publiées sans parti pris à une époque où la question n'était jjas encore soulevée? J'en appelle à vous-même et à l'Académie de et? jugement. » M. Flourexs " J'aime à rendre tonte justice aux importants travaux de ■\1. Béchamp. Je n'ai entendu parier que de la question des géitéfations spontanées proprement dites, question que résout seule, à mon avis, rexpc- vieiice de M. Pasteur. » AiNALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions à périodes multiples. Note de M. Casorati, présentée par M. Hermile. « § L — Je me propose de montrer que l'idée d'une périodicité multiple quelconque ne contredit pas l'idée ordinaire de fonction d'une seule va- riable, et que, par conséquent, le théorème de Jacobi, qui met une limite, et Irès-restreinte, à cette périodicité, n'est vrai que poin- une certaine classe (le fonctions. Ce n'est [las sans hésitation que j'ose élever une critique contre le théorème du célèbre mathématicien ; mais je m'y crois d'autaiit l)lus obligé, que ce théorème (*), généralement admis par les analystes, a exercé une très-grande influence, principalement sur la direction des re- cherches du calcul intégral. En effet, il éloigna les analystes de l'étude des fonctions d'une seule variable, que le calcid nous offre dès les premiers pas (comme fonctions inverses des intégrales) douées de la périodicité inter- dite, et les obligea de recoin-ir aux fonctions de plusieurs variables, qui. tout en ayant une grande importance, marchent néanmoins en seconde ligne dans la voie du progrès (\i\ calcul intégral. (') Dus la publication des Funrl. IVov., ou mieux du Mémoire Do funct. duar. variai, fiiiadrupl. pciiod., qitibu.s theoria transe. Abet. innititur [CieUc. t. XIII). ( '0'9 ) » Voyons le Mémoire (que je viens de ciler) lie Jacobi, et [îiirticulière- ment les assertions d'impossibilité, dontja première est page 56. Aprrs l'in- contestable déduction : itnde /imclio X (;() indicem haberel itlla data (jiiaiili- tale ininoiem neqite tamen evcmesrentem, on lit : quod ficri non polcst. Mais d'où vient cette impossibilité? Jacobi n'en dit rien; car, n'ayant alors pro- bablement en vne cjue la classe de fonctions de laquelle font partie les lonc- tioiis circulaires et elliptiques, il dut voir l'impossibilité descendre à l'évi- dence de ce que la fonctinn aurail dû reprendre la même valeur à des intervalles infiniment petits. Mais la périodicité est bien loin d'entraîner cette consé- quence, lorsqu'on a égard à toute classe de fonctions, et qu'on l'envisage du point de vue qui nous est indiqué par la continuité., qui seul peut nous guider sans incertitude à travers la multiplicité des valeurs des fonctions, uuiltiplicité d'ailleiu's que l'on ne peut re|)Ousser sans méconnaître la vraie nature de l'analyse et en affaiblir beaucoup la puissance. )) Soit 3=j:-f- 7^ î une variable complexe dont les valeurs soient représentées, comme à l'ordinaire, par les points z d'un plan [z]. l^e même signe expri- mera donc le nombre aussi bien que son point représentatif Soit de même [Z] le plan des points Z représentatifs des valeurs d'une fonction Z (z) = X + Y/. Nous employons z et Z (z) au lieu de m et X [ii). » Faisons marcher z avec continuité à partir d'une certaine valeur ou points. Si z était monodrome, son mouvement se produirait sans aucune incertitude. Mais si Z, étant contituie, n'était pas monodrome, ce ser.iit à la continuité de rendre le mouvement déterminé. Ayant pris pour valeur de départ de la fonction une de ses valeurs correspondantes de Zq (que je dé- signerai par Zo, en laissant au symbole Z (zq) sa signification multiple), les valeurs successives de Z devront être celles qui succèdent à Z^ avec conti- nuité. C'est bien ce que l'on est habitué à faire. Le mouvement de Z ne ces- serait d'être déterminé qu'au passage de z par des points singuliers. » Voici maintenant le point de vue d'où la continuité nous fait concevoir la périodicité. Soient (i) w, ct', jr",..., autant de périodes de Z (z). Cela doit purement signifier que, pour toute valeur de Zq et pour tout système de valeurs de (2) m, m', m!',... (*), (*) Par la lettre m, avec ou sans accent, je représenterai toujours des nombres entiers ar- bitraires, positifs, nuls ou négatifs ; par la lettre y-, des nombres entiers fixés. i36.. ( I020 ) il soit possible de satisfaire a l'équation (3) Z(Zo H- mv; + m' zs' + ra"sy" + ...) = Z (zj ; dans ce sens, qu'en prenant pour second membre une (Zq, quelconque d'ailleurs) des valeurs de Z correspondantes à Zq, il en existe toujours une égale parmi les valeurs du premier membre. Mais le passage de z^ à (4) Zq + w sr + 7n' 37' -f- m" st" -H . . . , comment doit-on le concevoir effectué par z? Il doit s'effectuer sans dis- continuité, c'est-à-dire non brusquement, mais en suivant un chemin con- tinu. Or, cela étant, est-ce que Z, en partant de Zg et marchant avec conti- nuité, reviendra inévitablement toujours au même point Zo, lorsque s arrivera au point (4) ? Il est clair que non ; car la valeur finale de la fonc- tion ne dépend pas seulement du point final (4) où la variable doit arriver, mais aussi du chemin qu'on lui fait parcourir. Il y aura bien donc toujours mie infinité de chemins conduisant z de Zq à (4), pour lesquels Z reviendra à Zo; mais ces chemins convenables pourront tous se réduire (par des défor- mations permises) à une certaine réunion de chemins élémentaires d'autant d'espèces différentes qu'il y a de périodes, et ils ne formeront par là qu'une catégorie spéciale parmi tous les chemins possibles ayant leur terme dans les mêmes points. Lorsque ces points extrêmes sont infiniment proches, tout chemin infiniment court (comme en particulier la droite) qui les joint, ne pouvant provenir de la réunion requise des chemins élémentaires susdits, ne sera pas dans la catégorie des chemins convenables. Quant au nombre des chemins élémentaires qui doivent entrer dans la composition d'un chemin convenable, il est en général d'autant plus grand que la distance entre les termes de ce chemin est plus petite; car cette distance se rend plus petite en faisant croître les nombres (a). » Mais je ne pousserai pas plus loin les considérations générales, dont la brièveté de cet article ne permet pas le développement nécessaire, et j'of- frirai plutôt l'analyse d'un cas particulier, qui va éclaircir suffisamment les idées qu'on vient d'exposer. A la vérité je crois, du reste, que même la seule énonciation de ces idées suffit à détruire l'opinion que la périodicité multiple exige inévitablement que la fonction reprenne la même valeur à des distances infiniment petites, ce qui formait l'obstacle (*) à son admis- sion dans le domaine des fonctions d'une seule variable. (*) Car on en tirait la conséquence que la fonction aurait dii être une constante. Voyez ( I02I ) » § II. — Pour cas particulier, je prends un cas offrant la |)lus simple périodicité interdite par le théorème de Jacobi, qui est celle à deux pé- riodes w et sr', dont le rapport est réel et incommensurable. Ces périodes sont par là deux nombres (complexes, en général) ayant des arguments égaux, et leur rapport est le même que celui de leurs modules. L'argument reste encore le même pour les sommes ms + m'zs\ dont les points représen- tatifs se trouvent tous sur la droite qui, passant par l'origine, fait avec l'axe réel l'angle mesuré par l'argument. Ces points, en nombre infini, par des systèmes convenables de valeurs de m et ?n', peuvent être conçus comme se succédant à des distances infiniment petites, mais non vraiment avec conti- nuité. Car la quantité mmode^r + m'modar', qui exprime le module ou la longueur à mesurer de l'origine siu- la droite pour obtenir le point mzs -\- m' zs' , peut s'approcher indéfiniment, mais non devenir vraiment égale à une longueur donnée quelconque. Cette quantité conserve tou- jours, pour tout système de valeurs finies de m et m', l'empreinte de sa forme arithmétique particulière (*). Je me hâte de dire cependant que de telles considérations n'entreront pour rien dans notre analyse. « Soit le cas de la fonction inverse Z définie par l'équation {**) (5) ■ z = Z(i-Z)-V^/(,-iz), ou par l'une des suivantes (0) -/(.-^-vS-^)"^. f = -<'W.-)^^e^, par exemple, page 76 de l'excellent ouvrage de MM. Briot et Bouquet : Théorie des fonc- tions doublement périodiques. (*) Si l'on considérait un cas de quatre périodes, deux réelles et deux purement imagi- naires, les points représentatifs de ces périodes et des sommes de leurs multiples (j'entends toujours multiples entiers) seraient les intersections de deux systèmes de droites parallèles aux axes (réel et imaginaire). Chaque système contiendrait une infinité de droites à des dis- tances que l'on pourrait concevoir moindres que toute grandeur donnée. Cependant on ne pourrait encore s'accorder parfaitement avec Jacobi dans l'opinion qu'il en serait de même comme si ces points couvraient vraiment le plan : Unde functione l («) imnuitata manente, ipsum u induere posset vatores omnes reaies aut imnginarios — sive — e numéro valorum, quos ipsum u induere potcst, functione \(u] immutata manente, sempcr forent qui a data qualibet quantitate reali aut imaginaria minus différent quam ulla quantitatc data qaantumvis parm. (Page 71 du Mémoire.) (** ) Il va sans dire que dans le choix de cette fonction j'ai eu égard à sa simplicité et non pas à l'importance de son rôle dans l'analyse. ( lOSQ ^ avec la condition initiale Z = o pour z = o. La lettre l désigne, comme on voit, les logarithmes naturels. • Les théon mes qui servent à l'étude des fonctions définies par des équations différentielles, appliqués à la seconde des équations (6), nous diraient : que dans l'étude de Z les singularités ne peuvent survenir que si z passait par un de ces points qui entraînent (correspondamment) Z au pouit — \/2 , et que, tournant z autour d'un de ces points singuliers, Z crsse d'être monodrome et prend df^ux valeurs différentes. Mais je ne m'appuie- rai pas sur ces théorèmes, dont ici on pourrait même, au premier aspect, douter pour raison de la proximité indéfinie des points singuliers susdits Je vais au contraire étudier la fonction par la seule équation (5), sans re- courir à des moyens qui sortent du domaine de l'analyse algébrique. » PHYSIQUE. — Les corps divers deviennenl-its lumineux à même température: par M. F. de la Provostaye. « On pourrait croire que la solution de cette question est du ressort exclusif de l'expérience. Il n'en est rien. Je me propose de montrer dans ce qui va suivre que la réponse est donnée d'une manière sûre par une série de déductions exclusivement théoriques. Examen de la question : Un même rayonnement calorijîqae commence-t-il h être émis pnr les cor/js divers à même température ? » Cette question a déjà été résolue affirmativement par M. Kirchhoff (Annales de Chimie cl de Physique, 3* série, t. LXII, p. 178 et 179). Je vais la reprendre sous une forme légèrement différente. > 1° Comme je l'ai développé dans un Mémoire inséré aux Annales de Chimif. et de Physique, 3*^ série, t. LXVII, le rayonnement d'un élément noir N à une température t quelconque, placé dans une enceinte noire à même température, peut être donné pary<,y^ étant une somme de fonc- tionsy, t,f2t^...,J,it qui représentent : la première, f, t, l'intensité à t degrés du rayonnement dont la longueur d'onde est 1, ,J,J celle du rayonnement dont la longueur d'onde est X„. Je supposerai de plus ici que le rayon dont la longueur d'onde est X, a pris naissance à la température x', celui dont la longueur d'onde est X^ à la température x*'"*,...; de sorte que yj i sera it x'; de même J„t sera nulle _' ,,, et sera positive pour t > x""' et ainsi de suite. V — — «X ( I023 ) » Les valeurs de x',.r",x''°\..., n'étant pas définies à l'avance, elles peu- vent être égales ou différentes, ce qui signifie en langage ordinaire qu'on ne décide point à priori, parce qu'on l'ignore, si dans une enceinte noire tous les rayonnements prennent naissance à une même température, ou bien si cliacun naît à une température particulière. » 2° Dans une enceinte noire, on peut, sans troubler l'équilibre, rem- placer successivement chaque élément par un aulre élément w à même températiu'e, doué de pouvoir réflecteur régulier. Je supposerai, pour fixer les idées, que cet élément est en or. » J'ai démontré que la chaleur envoyée, à chaque instant, soit par réflexion, soit par émission, de « vers un élément noir quelconque u', est égale à celle qu'il en reçoit dans le même temps. J'ai aussi montré que cette égalité devait, être non-seulement quantitative mais qualitative, que les deux fiiisceaux. allant l'un de oj à w', l'autre de w' à w, devaient avoir la même composition. )) La clialeur envoyée de w' à oo est (i) J]t+J,t + ...-hf„t. Celle qui, venant aussi d'un élément noir, se réfléchit sur w vers &/ est en désignant par ç», le pouvoir réflecteur de l'or pour les rayons de lon- gueur d'onde X, , par x'"'\ dés quey,„f prendra une valeur aussi petite qu'on voudra dans la série (i), elle prendra cette même valeur dans (2) et conse- quemment dans (3). » J^a série (1) représente l'émission d'un corps noir; ( I024 ) » La série (3) celle d'un corps arbitrairement choisi, doué d'un pou- voir réflecteur régulier. » D'autre part, y,„^ représente un rayonnement calorifique quelconque. Donc les corps divers commencent à émettre un même rayonnement à une même température; mais l'intensité de ce rayonnement, différente pour chacun d'eux, est dès l'origine et demeure proportionnelle aux pou- voirs absorbants ou émissifs i, (i — (p,„),..,, des corps considérés, pour l'espèce de rayons définie par la longueur d'onde X,„. » Il se présente ici deux nouvelles questions. )) Première question. — Pour que le rayonnement d'un corps noir y,,,/ soit appréciable par nos appareils thermoscopiques, suffit-il que t sur- passe x"' d'une quantité très-petite? On l'ignore absolument. Il est évident que la température t doit être a,'"' +c?''"', (?<'"' désignant une quantité tout à fait inconnue, variable d'un appareil à l'autre et très-probablement fort notable. Notre œil est un appareil bien plus parfait que les thermoscopes. Il n'en est pas moins certain qu'un des rayons que nous appelons lumi- neux doit, pour l'ébranler, en d'autres termes doit, pour être vu, atteindre une certaine intensité déterminée. On ne doit donc point dire que les rayons rouges, par exemple, commencent à être vus au moment où ils com- ment à être émis. La visibilité suppose une certaine intensité et le nombre des vibrations seul ne suffit pas pour la produiie. )) Deuxième question. — Lorsque le corps noir qui émet le rayon de lon- gueur d'onde X^ atteint l'intensité exactement suffisante /,„f pour agir d'une manière appréciable, soit sur un thermoscope, soit sur l'oeil, le rayonnement de nature identique, mais plus faible, du corps dont le pouvoir émissif est (i _ ç^^)^ t ayant la même valeur que pour le corps noir, peut-il être encore sensible aux mêmes appareils? Évidemment non. Pour que l'acfion repa- raisse, il faut que le second corps atteigne une température t' > t, telle que » Ainsi, nous arrivons par le raisonnement à quatre conséquences par- faitement assurées : « i" Tous les corps, noirs ou doués de pouvoir réflecteur régulier, commencent à émettre un même rayonnement calorifique ou lumineux à une même température ; I) i" Les quantités émises à une température par des corps divers sont proporlionnclles à leurs pouvoirs émissifs ou absorbants pour ce rayonne- ment particulier; » 3" Il ne s'ensuit aucunement que ces rayonnements commencent à ( I025 ) être sensibles aux thermoscopes ou à l'œil à une température très-voisine de celle à laquelle ils prennent naissance ; » 4° Il ne s'ensuit pas davantage que les rayonnements de même espèce émis par deux corps de pouvoirs absorbants ou émissifs divers deviennent appréciables à même température; c'est le contraire qui doit avoir lieu. » L'expérience avait déjà établi cette dernière conséquence pour M. P. Desains et moi. Lorsque nous démontrâmes, en i854 (Comptes tendus de l' Académie des Sciences, t. XXXVIIÏ), que les corps divers sont inéga- lement lumineux à même température, il nous fut impossible de ne pas remarquer, quoique nous ne l'ayons pas imprimé alors, qu'au moment ou la portion noircie de la lame d'or commençait à être vue très-distinctement, la partie métallique demeurait complètement obscure. Nous avons revu le même fait il y a quelques mois en employant des lames semblables et sui- vant la même marche indiquée en détail dans le Compte rendu de la séance du 12 octobre i863. Lors donc qu'on demande si les corps divers progres- sivement échauffés deviennent visibles à même température, je crois qu'il faut, sans hésiter, répondre négativement. La substitution du mot Uunineiix au mot visible, n'altérant pas le sens, ne changerait pas la réponse. » HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur quelques roues hydrauliques décrites et figurées dans des publications des trois derniers siècles et omises dans les traités récents sur ces sortes de machines. INote de M. A. de Caugxy, présentée par M. Poncelet. « Le Theatrum machinarum de Bockler, mentionné dans la Note qiie j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le 26 octobre dernier, renferme plusieurs rouesélévatoiresà augets invariablement attachés à ces roues. Mais on en trouve un perfectionnement remarquable dans le Theatrum machi- narum de Leupold, publié longtemps après, le tome F' de ce dernier étant de 1723. On y trouve un dessin très-net d'une roue élévatoire de ce genre, dont les augets prennent l'eau à élever par la circonférence extérieure, et la versent au sommet par la circonférence intérieure. La forme générale du système est parfaitement analogue, sauf quelques détails de forme qui s'ex- pliquent par la différence des problèmes à résoudre, avec la roue verticale à augets proposée par de Thiville, qui a eu l'heureuse idée de recevoir dans certains cas l'eau motrice à l'intérieur, et de la faire sortir par la circonfé- rence extérieure, de manière à permettre aux augets, convenablement dis- posés pour cet objet, de garder l'eau le plus longtemps possible. Il est G. R., i8C3, ame Semestre. (T. LVII, N» 2S.) I 3^ ( 1020 ) entendu, comme je viens de l'indiquer, que la disposition des parois de chaque auget est très-différente, puisque dans un cas l'eau doit être élevée, tandis que dans l'autre elledoit descendre. On sait que plusieurs ingénieurs de notre époque ont repris d'iuie manière très-intéressante l'étude d'une roue à augets élévatoire d'une forme semblable. Il est utile de suivre ces transformations pour étudier la marche de l'esprit humain dans les décou- vertes de la mécanique. » 11 est permis de s'étonner qu'on ait été si longtemps à transformer la roue décrite par Leupold en roue hydraulique motrice, puisquil semble au premier aperçu qu'il ne s'agissait guère que de changer le sens de son mouvement. On peut s'étonner aussi qu'on ait été si longtemps avant de trouver les machines à colonnes d'eau motrices, si elles ne sont au fond que des pompes renversées, selon la remarque ingénieuse de Gueyniveau qui m'a donné occasion de généraliser les idées sur cette matière, en commmii- quant depuis longtemps à la Société Philomathique des moyens de transfor- mer en moteurs hydrauliques diverses machines élévatoires, et réciproque- ment. Mais ces généralisations, conséquences de l'esprit moderne, ne diminuent en rien le mérite des anciens auteurs; et même de Thiville ne doit probablement que bien peu de chose à Leupold. J'ai d'ailleurs montré comment la théorie rendait compte des grandes vitesses que l'on pouvait obtenir aussi, par un écoulement de l'intérieur à l'extérieur d'une roue hydraulique verticale, mais en courbant les aubes sur lesquelles l'eau arrive avec une vitesse acquise en agissant par des principes analogues à ceux des turbines de Borda [voir le Bulletin de la Société Philomathique, séances du 1 1 décembre 1842 et du 22 janvier 1848, journal /'/n5) En réfléchissant aux deux turbines remarquables dessinées parBoclder, et mentionnées dans ma Note du 26 octobre, surtout à celle de la planche 44 de l'ouvrage précité de cet auteur, où l'eau semble s'élever sur les aubes, et agir ensuite pendant un glissement de haut en bas, j'ai eu la pensée d'une disposition qu'il me paraît utile de signaler, dans le cas où elle ne l'aurait pas été encore, ce que je m'empresserais de reconnaître, s'il y avait lieu, étant surtout au courant de ce qui s'est fait avant l'époque où j'ai com- mencé nies travaux. M. le général Poncelet n'a proposé, je crois, de faire osciller les lames liquides que dans sa roue hydraulique verticale. Or, si l'on conçoit une roue de forme analogue à celle de Borda ou à celle de la plan- che 5o précitée de Bockler, on peut, avec un coursier convenablement disposé, faire arriver l'eau par-dessous d'une manière analogue à ce qui se présente dans les roues verticales à aubes courbes et à grand diamètre de M. le général Poncelet, et surtout dans les aubes courbes que M. Girard a proposé de disposer sous les wagons d'un chemin de fer qu'il étudie. On .37.. ^ 1028 ) conçoit qu'alors les lames liquides pourront se comporter dans une turbine d'une manière qui aura une bien grande analogie avec ce qui se présente dans la roue verticale à aubes courbes. Il est clair qu'il faudra tenir compte des effets de la force centrifuge et de diverses circonstances pour lesquelles l'expérience devra être consultée. Ainsi, il pourra être utile, non-seulement de disposer les aubes courbes entre deux surfaces concentriques verticales destinées à retenir l'eau latéralement, mais de disposer d'autres surfaces concentriques verticales entre ces deux dernières pour mieux régler les mouvements de l'eau, du moins dans les premiers essais. Cette disposition de turbine à lames liquides oscillantes me paraît mériter d'être signalée comme pouvant avoir ses avantages. La théorie rentre d'ailleurs dans celle de la roue verticale à aubes courbes de M. Poncelet, dont celle-ci n'est, à proprement parler, qu'une forme nouvelle à laquelle il ne parait pas qu'on ait encore pensé, mais dont l'honneur doit principalement lui revenir. » Parmi les formes curieuses des anciennes turbines, il est intéressant de signaler celle de Jacques Besson, dont l'ouvrage est du xv*" siècle, et qui a été reproduite sous diverses formes par des auteurs français et allemands. En effet, un érudit a cru y voir seulement un tambour entouré d'aubes de formes hélicoïdes; mais en y regardant de plus près, je me suis aperçu que c'était une erreur, et qu'il s'agissait d'une sorte de roue à surface conique dont la pointe est tournée vers le bas, et qui est plus ou moins renflée selon les divers auteurs qui en ont parlé. Il est bon d'être prévenu, parce qu on ne s'en aperçoit pas toujours, que dans ces anciens auteurs, les dessins offrent quelquefois l'aspect d'une sorte de déchiruTe qui permet de pénétrer par la pensée dans l'intérieur de ces anciennes machines. » M. le général Poncelet, sur l'invitation duquel j'ai repris mes études critiques sur l'histoire des machines hydrauliques, a bien voulu me commu- niquer des dessins qui avaient échappé à mon attention dans V Encyclopédie métliodique, par la raison même qu'au premier aperçu ces dessins ressem- blaient à ceux des roues de côté ordinaires, que si l'on n'avait pas connu la roue de côté de Barker, décrite antérieurement par Desaguillers dans le tome II de son Traité de Physique^ planche 33, on ne se serait peut-être pas aperçu que c'était, comme cette dernière, une roue dont le coursier est un tuyau courbe à section quadrangulaire fendu pour le passage d'un disque ou, plutôt, d'une couronne qui porte des aubes venant s'emboîter dans ce coursier annulaire. Ces roues ayant été exécutées sous cette ancienne forme, il est intéressant de remarquer que la grande épaisseur de la pièce qui porte les aubes leur donne plus de solidité que ne semblait l'indiquer le dessin de ( I029 ) Desaguillers. J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences, les 1 3 janvier et 17 février 1862, des observations sur ces anciennes roues (jioir Jes Comptes rendus de ces séances, p. 1 19, 3']5 et Sa/i). Il m'a donc semblé utile de signaler ces planches de V Encyclopédie méthodique. Je dois dire, quoique ces planches semblent représenter des roues coulant à plein cour- sier, que leurs aubes paraissent trop nombreuses pour bien remplir ce but. L'abbé Mann est le premier qui, à ma connaissance, ait proposé de ne mettre que six ou huit aubes à des roues de côté, ce qui ne peut avoir de sens que pour une roue roulant à plein coursier. (Voir Mechanics for prnctical men, par Gregory, iSaS, p. 3i8.) Je reviendrai sur ce sujet, dont on s'est occupé d'une manière intéressante depuis cette époque. » PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Réponse de M.. Plateac aux observations présentées par M. Chevreul dans la séance du i novembre dernier. Note présentée par M. Faye. « Si j'ai dit que les résultats de mes expériences échappent à la loi du contraste simultané, c'est simplement parce que, dans ces expériences, d y a juxtaposition de deux couleurs sans effet de contraste; si je n'ai pas ajouté que ce dernier effet se manifeste sur mes bandes étroites quand on observe celles-ci à de petites distances, c'est que je considérais le fait comme bien connu, et que mon but était seulement de signaler une circonstance ou je trouvais une exception à la loi dont il s'agit. Suivant M. Chevreul, je suis sorti des conditions de la loi du contraste, pour me placer dans celles du principe du mélange ; M. Chevreul attribue mes résultats à ce qu'aux grandes distances où j'observais, la vision de mes bandes étroites n'était plus dis- tincte; il assimile l'effet produit à ce qui arrive à l'égard des tapisseries des Gobelins, où un ensemble de fils juxtaposés et différemment colorés offre de loin l'aspect d'une teinte unie ou dégradée, parce que l'étendue finie de chaque élément coloré cesse d'être perceptible. » Sans doute, si l'on veut s'en tenir à un premier aperçu, cette explication peut paraître suffisante, et je comprends, d'après le but général que M. Che- vreul s'est proposé dans ses recherches, qu'il n'ait pas été au delà de ce premier aperçu. Ainsi envisagées, mes expériences seraient dépourvues d'intérêt ; mais les choses changent quand on pénètre plus avant dans l'étude du phénomène. » Et d'abord il m'est impossible de reconnaître que je suis sorti des con- ditions de la loi du contraste en général, car, dans mes expériences, tandis ( io3o ) que le phénomène du contraste de couleur fait place à un phénomène op- posé, le contraste d'éclat, ou de ton, se manifeste parfaitement; par exem- ple, une bande jaune de i millimètre de largeur sur fond violet paraissait blanche à partir d'une distance de G mètres, et luie bande du même violet sur un fond du même jaune paraissait noire à partir d'une distance de 3 mètres. Ce blanc et ce noir, au lieu du gris, étaient évidemment des effets de contraste de ton, provenant de ce que le violet est beaucoup plus sombre que le jaune. » En second lieu, il n'y a pas analogie complète entre le cas d'un grand nombre de fils juxtaposés et différemment colorés, et celui de ma bande étroite traversant un fond d'une autre couleur : dans le premier on peut concevoir qu'à une distance suffisante, l'œil, ne distinguant plus les fils les ims d'avec les autres, confonde leurs couleurs dans une même impression; mais, dans le second, la petite bande, à la distance où sa couleur semble se mêler de celle du fond, se distingue très-bien sur ce fond. En restreignant, comme je l'ai fait, les circonstances de l'expérience, en les bornant, pour ainsi dire, à un seul fil coloré tendu sur un fond d'une autre couleur, on rend possible l'étude du phénomène dans ses conditions les plus simples. » Une conséquence qu'on déduit de ce mode d'expérimentation et des l'ésultats qu'il fournit, c'est qu'un ensemble de fils juxtaposés, et alterna- tivement de deux couleurs différentes, semble devoir manifester l'effet opposé au contraste à des distances où chacun des fils en particulier est encore perceptible. » Or, je viens de soumettre cette déduction à l'épreuve de l'expérience. Un carton carré de i décimètre de côté a été recouvert de papier violet, puis on a collé par-dessus une série de bandes de papier jaune de i millimètre de largeur, séparées par des intervalles ayant également i millimètre de largeur, de sorte que toute la surface du carton se trouvait occupée par des bandes de i millimètre, alternativement violettes et jaunes. Ce carton a été fixé au milieu d'une feuille de papier gris; enfin on a collé, en un coin de cette dernière, un carré de papier du même jaune et de quelques centi- mètres de côté, et, en un autre coin, un carré pareil de papier du même violet, afin d'avoir des termes de comparaison. » J'ai fait observer cet ensemble à différentes distances, dans un lieu bien éclairé, par cinq personnes, parmi lesquelles une dame et un peintre. Deux de ces personnes avaient une vue normale, la troisième inclinait vers le presbytisme, la quatrième était légèrement myope, et la cinquième décidé- ( io3i ) ment presbyte; ces deux dernières employaient leurs besicles aux distances où leur vue simple n'était pas distincte. » Or, pour quatre de ces personnes, l'eftet opposé au contraste se mani- festait déjà d'une manière prononcée à ia distance de (io centimètres, c est- à-dire que les bandes violettes paraissaient presque grises, et les jaunes for- tement pâlies. A cette même distance, la cinquième personne voyait seule- ment le jaune plus pâle; mais, à 80 centimètres, elle jugeait en même temps le violet mêlé de gris. Mentionnons ici un phénomène accessoire : à ces distances de Go ou 80 centimètres, les bandes jaunes se montraient un peu élargies aux dépens des bandes violettes; c'est un effet d'irradiation dû à ce que le jaune a beaucoup plus d'éclat que le violet. )) En observant ensuite à !\o centimètres, toutes les personnes ont reconnu un léger effet de contraste à l'égard du violet, qui leur semblait plus beau, mais une seule a vu le jaune également embelli; deux jugeaient déjà cette couleur légèrement pâlie, et une autre n'y voyait aucun changement. » Eu s'éloignant, à partir de 60 ou 80 centimètres, l'effet opposé au con- traste augmentait, ainsi que l'élargissement apparent des bandes jaunes; enfin ce n'est qu'à 6 nu 7 mètres que les bandes jaunes et les bandes vio- lettes se confondaient complètement en une teinte uniforme, laquelle était d'une jaune sale. » On a employé ensuite un antre carton de mêmes dimensions, partage aussi eu bandes de i millimètre, mais alternativement vertes et orangées, et placé, comme le premier, au milieu d'une feuille de papier gris portant des échantillons des deux mêmes couleurs. J'aurais désiré un vert de même hau- teur de ton que l'orangé, mais on n'a pu trouver de papier dont la teinte remplît cette condition, et j'ai dû me contenter d'un vert plus clair. » Avec ce second carton, les résultats ont été du même ordi'e qu'avec le premier; c'est-à-dire qu'à 4o centimètres il y avait tendance à l'effet de cour traste, et qu'à 60 centimètres, l'effet opposé, qui consistait ici en une addi- tion de jaune au vert et à l'orangé, se produisait déjà. Seulement, |)our l'une des personnes, l'orangé n'avait pas varié, le vert seul était plus jaune, et. pour la personne qui avait dû se placer un peu plus loin dans le cas du premier carton, l'addition de jaune aux deux séries de bandes n'était bien évidente qu'à 120 centimètres. A. cause de leur éclat plus grand, les bandes vertes paraissaient im peu élargies par l'irradiation. Il fallait s'éloigner a 5 ou 6 mètres pour ne plus voir qu'une teinte uniforme; celle-ci était d un jaune sale légèrement verdâtre. » Ainsi, quand à une seule bande étroite sur un fond étendu ou substitue ( io32 ) lin assemblage nombreux de pareilles bandes alternativement des deux cou- leurs sur lesquelles on veut opérer, l'effet opposé au contraste de couleur se montre déjà d'une manière prononcée à des distances où l'œil voit par- faitement et sans confusion les deux séries de bandes juxtaposées. Le phéno- mène ne peut donc être dû, comme le pense M. Chevreul, à une vision in- distincte, et conséquemment il doit être attribué, de même que l'effet de contraste, à une cause subjective, à une cause physiologique. » Il y aurait sans doute beaucoup d'autres expériences à faire sur le phé- nomène en question, et celui-ci formerait, je pense, un curieux sujet d'études ultérieures; on s'assurerait, par exemple, si ce phénomène ne serait pas simplement, comme cela parait probable, une modification de l'irradiation; les expériences de mon Mémoire semblent indiquer une différence de na- ture entre le contraste de couleur et le contraste de ton; on examinerait si cette différence est bien réelle, etc. » Du reste, rien n'a été plus loin de ma pensée que de chercher à infir- mer la loi du contraste simultané des couleurs. Cette loi, M. Chevreul l'a fondée sur des expériences nombreuses et incontestables. Dans mon opi- nion, le phénomène dont je me suis occupé, au lieu de porter atteinte à la loi de M. Chevreul, est, au contraire, intimement lié aux effets régis par cette loi, c'est-à-dire qu'il les accompagne constamment ; lorsque deux espaces différemment colorés et suffisamment étendus sont juxtaposés, il y a, selon moi, pour l'œil qui observe l'ensemble, un prolongement de chacune des deux teintes au delà de la ligne de contact, prolongement qui se mêle avec l'autre teinte, et dont l'intensité s'affaiblit suivant une progression très-rapide à partir de cette ligne de contact jusqu'à une distance très-petite, au delà de laquelle apparaît pleinement le phénomène du contraste. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Z)e faction de l'oxj'gène sur le vin. Réponse à ta Note de M. Berthelot /M/' M.E.-J. Malmené. (Extrait.) « ... J'affirme que le vin (le vin normal, ne contenant plus de inoùt el ne contenant pas encore de produits altérés) bien limpide peut être mis en contact avec l'oxygène pur, sons la pression ordinaire, ou sous de fortes pressions, sans éprouver d'altération sensible ni dans son bouquet, ni dans ses autres propriétés. On peut faire du vin mousseux avec l'oxygène, et ce vin, chargé à huit atmosphères, se conserve au moins une année. M. Berthelot nie ces faits. Il les nie en s'appuyant d'uNE expérience faite sur le mercure , et il ajoute que le mercure n'est pour rien dans les résultats. C'est, à mon avis, une erreur des plus complètes. ( io33 ) » M. Berlhelot fait appel à un travail de M. Pasteur. Mais avant de me prononcer sur l'appui que semble lui prêter le travail de ce savant, j'atten- drai que cet appui soit plus explicite. » Je dirai la même chose pour le travail de M. Boussingault. Avant de m'expliquer à son égard, j'attendrai qu'il ait déclaré lui-même qu'il regarde l'absence de l'oxygène dans le vin comme une preuve de l'action réci- proque que leur attribue M. Berthelot. Jusque-là je tiendrai pour certain que cette erreur est fort loin de sa pensée. » MM. de Fleurieu et Berthelot pensent avoir signalé les premiers que la quantité de crème de tartre contenue dans le vin est inférieure à celle qui correspond à la solubilité normale dans un simple mélange d'al- cool et d'eau, mais le fait a été signalé par moi d'abord et ensuite par M. Béchamp. » CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur fa distillation des liquides mélangés. Béponse de M. E.-J. Maumexé à la Note de M. Berthelot. (Extrait.) « ... M. Berlhelot prétend, dans sa Note, qu'il a voulu rappeler unique- ment l'attention des chimistes sur les phénomènes physiques qui intervien- nent dans ce genre de distillation, mais il s'est exposé à son tour au reproche de ne pas donner une théorie exacte; car cette théorie ne tient pas compte, à beaucoup prés, de tous les phénomènes qui interviennent. M. Berthelot, en critiquant un travail d'iui de nos confrères, n'a rien infirmé relative- ment au principe que l'action des liquides mélangés tend à diminuer la tension individuelle de chacun des deux liquides, suivant une loi incon- nue, mais qui dépend de la composition du mélange. » M. DupoxcHEL prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission à laquelle a été renvoyé un Mémoire de Géologie générale qu'il a présenté en février dernier. M. Duponchel joint à celte demande un résumé du Mémoire en question. La Note et l'analyse sont renvoyées à l'examen des Commissaires dési- gnés : MM. Pouillet, d'Archiac, Daubrée. La Société de Médecixe de Metz, fondée en 1819, adresse la collection complète de ses publications et prie l'Académie de vouloir bien la com- prendre dans le nombre des institutions savantes auxquelles elle fait don de ses Comptes rendus. (Renvoi à la Commission administrative.) C. R., i863, 2™« Semestre. (T. LVII, K» 2S.) ' ^8 ( io34 ) M. Artcr signale une omission qui a eu lieu dans l'article qui le con- cerne, au compte rendu de la séance du i3 juillet dernier. Après le titre de son Mémoire ■• sur les retards de l'ébullition et de la congélation des li- quides », on a oublié d'inscrire les noms des Commissaires nommés pour l'examen de son travail. Des Commissaires avaient été en effet désignés par M. le Président : ce sont MM. Babinet, Combes et Morin. A 4 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i4 décembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Rapport médical sur l'asile public des femmes aliénées de Bordeaux pour l'année 1862; par A. BAZIN. Bordeaux, i863 ; in-4''. Mémoires de la Société d' Anthropolocjie de Paris; t. Il, i^' fascicule. Paris, i863;in-8°. Mémoires de la Société Académique de Maine-et-Loire ; i3' et t4' volumes. Angers, i863; in-8°. Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat [Allier). — Compte rendu des travaux de l'année i862-i863; 17^ année. Gannat, i863; in-8°. Ueber den... Sur la structure intime de la partie corticale du cervelet; par F. EilhardScuulze. Rostock, i863; in-4". Florœ Romance Prodomus alter, continens plantas vasculares circa Romam, in bisapcnninis Romance dictionis provinciis., in Umbria et Piceno sponte venientes, juxtà sexuale Linnœi syslemn dispositas a Petro Sanguinetti ; feuilles i à 76, in-4". Pièces adressées à l'Académie; par M"* la comtesse DE VERiNÈDE DE COK- NEILLAN, née DE GiRARD : Mémoire au Roi, aux Ministres et aux Chambres sur la priorité due à la France dans l'invention des machines à filer le lin et sur les droits exclus^s de ( io35 ) M. Philipjoe DE Girard à la création de cette cjrande industrie (i844)- Paris; in-4°. Invention de In filature mécanique du lin; notice chronologique. Paris; in-4°. Réclamation d'icn million et les intérêts', par W"" la comtesse DE Vernede DE CORNEiLLAN, née DE GiRARD, ilièce et héritière de M. le chevaUer Philippe DE Girard, inventeur de la filature mécanique du lin (i856). Paris, i856; iM-4°. Pétition au Sénat soumettant à son équité les erreurs de dates et défaits, source et base de la décision du Conseil d'Etat contre le droit de M""^ la comtesse de Vernède de Corneillan, née de Girard, nièce et héritière de M. le chevalier Philippe de Girard, inventeur de la filature mécanique du lin (1862). Paris, 1862; in-4''. Pétition adressée au Sénat, par M"'' la comtesse de Vernède DE Corneil- lan, etc., etc. (i863). Paris; {11-4°. Rapport fait nu Corps législatif par M. Seydoux, Rapporteur de la Com- mission chargée d'examiner le projet de loi ayant pour objet d'accorder une pension à titre de récompense nationale aux héritiers de Philippe de Girard, inventeur, etc. (Extrait du Moniteur universel des g et '5] mai i853.j Rapportjait au nom de la Commission chargée d'examiner le projet de loi qui confère à titre de récompense nationale des pensions aux héritiers de Jeu Philippe DE Girard, inventeur, etc.; par M. le baron Ch. Dupin. i853; in-8". Philippe de Girard; par Benjamin Rampal. (Extrait de la Revue de Paris du i5 décembre.) 5^ édition. Paris, i863; in-8°. f^ie et inventions de Philippe de Girard, inventeur, etc.; par Gabriel Des- GLOSIÈRES. Paris, i858; in-12. L'Académie a reçu dans la séance du 21 décembre i863 les ouvrages dont voici les titres : Histoire naturelle du corail; par le D' H. Lacaze DUTHIERS. Paris; i864; in-8". Origine et développement des os ; par MM. A. Rambaud et Ch. Renault. Paris, i864; vol. in-8°, avec un atlas grand in-4°. (Présenté, au nom des auteurs, par M. Coste.) Traité d'hygiène privée et publique; par A. Becquerel. 3^ édition, avec additions et bibliographie par le D"^ E. Beaugrand. Paris, i864; in- 12. ( io36 ) liecherches chimiques sur la banane du Brésil; parB. Corenwinder. Lille, i863; in-8°. Études sur Pivraie enivrante {^MViiim temulentiun, L.); pnrMM. Baillet et FiLHOL; i'* partie. Toulouse, i863; br. in-8°. Obseiuations sur les expériences de M. Guillemin ; par M. E. GOUNELLE. (Extrait des Annales télégraphiques.) Paris, i863; br. in-8°. Bibliothèque et Cours populaires de Guebwiller ; par J. BouRCOURT. Gueb- willer, 1864; br.in-8°. Notice aéronautique ; par le vicomte T. DE la G. (Taillei'IED de la Ga- renne.) Paris, 1857; in-8°. Sitzungsberichte... Comptes rendus de l'Académie impériale des Sciences de Vienne. — Sciences mathématiques, t. XLVIII, i" et 2'' livraisons. — Sciences naturelles, t. XLVII, 4* et 5^ livraisons. Vienne, i863; in-8°. Délie... Des principaux ouvrages publiés sur la géologie du pajs vénitien, par M. Giov. Omboni. (Extrait des Atti délia Società italiana di Scienze na- turali.) Milan ; in-8''. Suir... De l'action exercée par les anciens glaciers sur le fond des vallées alpines; par le même. (Extrait du même recueil.) Milan, demi-feuille d'impression in-8°. Studj... Sur deux publications de M. Capellini : •< Etudes stratigraphiques et paléontologiques sur l'injralias des montagnes du golfe de la Spezia >• , et <• Carte géologique des environs du golfe de la Spezia »; par le même. ( Ex^ trait du même recueil.) Milan ; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 28 DÉCEMBRE 1865. PRÉSIDENCE DE M. VELPEAU. PRIX DÉCERNÉS POUR l'année 1863. SCIENCES MATHEMATIQUES. GRAND PRIX DE RIATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE POUR 1834, REMISE A 183G , POIS A 1860, ET PROROGÉE A 18G3. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Pouillet, Fizeau, Duhamel, Serret, Bertrand rapporteur. ) « Reprendre l'examen comparatif des théories relatives aux phénomènes ca- pillaires, discuter les principes mathématiques et physiques sur les(]uels on les a Jondées; signaler tes modifications quelles peuvent exiger pour s'adapter aux circonstances réelles dans lesquelles ces phénomènes s'accomplissent, et com- parer les résultats du calcul à des expériences précises faites entre toutes les limites d'espace mesurables, dans des conditions telles, que les effets obtenus par chacune d'elles soient constants. » Trois Mémoires ont été envoyés au Concours; mais la Commission a décidé à l'unanimité qu'aucun d'eux ne présentait un ensemble assez C. R., i803, 2'"<- Semestre. (T. LVII, N" 26.) • ^9 ( io38 ) complet et n'apportait à la théorie un progrès assez important pour qu'il fût possible de lui décerner le prix, et, après trois prorogations, elle pense qu'il y a lieu de clore le Concours. Cependant votre Commission a distingué le Mémoire inscrit sous le n" 2, dont l'auteur a fait preuve de connaissances mathématiques très-étendues, en discutant avec talent des théories extrê- mement délicates. Nous proposons d'accorder un encouragement de mille Jrancs à l'auteur de ce Mémoire, dont la devise est : Qua ex causa in canalilnis fhddorwn pendent fiyurœ atque ascensioncs? Jb alto sententiom acci- pere maluissem. Les conclusions de ce Rapport sont approuvées. La majorité de la Commission propose en outre d'accorder, sur les deux mille Jrancs qui restent disponibles, une somme de mille francs à M. ËDOCAKD Desaixs, autcur d'un très-bon Mémoire théorique et expé- rimental sur la capillarité, présenté à l'Académie et inséré dans \es Annales de Chimie et de Physique, postérieurement à l'ouverture du Concours. L'Académie adopte cette proposition. GRAND PRIX DE MATHÉSIATIQUES. QUESTION PEOPOSÉE POUR 1848 , REMISE A 1835, PUIS A 1837. — NOUVELLE QUESTION PROPOSÉE POUR 1861 , REMISE A 1863. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Bertrand, Ossian Bonnet, Chasles, Liouville, Serret rapporteur.) « Perfectionner en quelque point important (a théorie géométrique des » polyèdres. » Huit Mémoires avaient été envoyés au Concours de 1861, mais aucun d'eux ne fut jugé digne du prix. Cependant la Commission avait particulière- ment distingué les Mémoires inscrits sous les n"' 4 et 7, et, espérant que les auteurs de ces Mémoires parviendraient par de nouveaux efforts à remplir les vues de l'Académie, elle proposa de remettre la question au Concours pour i863. Mais cet espoir conçu par l'ancienne Commission n'a été qu'imparfai- tement réalisé; le Mémoire inscrit lors du dernier Concours sous le n° 4, et actuellement sous le n° 9, a seul reçu quelques améliorations. La Commission actuelle a dû, en conséquence, concentrer son attention sur le Mémoire; n° q, qui porte la devise : Travaillez^ prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. ( lo^g ) Ce Mémoire très-étendu est un travail d'ensemble dont la rédaction soignée et même élégante est digne des éloges de l'Académie. On y trouve {)articulièrement une théorie des polyèdres semi-réguliers {dits solides cl' Ar- rliimède), présentée avec beaucoup d'ordre et de méthode; cette partie du Mémoire a surtout fixé l'attention de la Commission. Mais la plupart des résultats qui y sont contenus avaient déjà été obtenus par d'autres géomè- tres, notamment par M. Lidonne; aussi, malgré l'estime que votre Com- mission a conçue pour le talent de l'auteur, elle ne pense pas que son tra- vail satisfasse d'une manière suffisante aux conditions du Concours. En résumé, la Commission décide à l'nnanimité qu'il n'y a pas lieu à décerner le prix, et elle propose à l'Académie de retirer la question du Concours. Cette proposition est adoptée. , [Foir le Programme des Prix proposés, à la page 1078.) GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles, Serret, Bertrand rapporteur.) « Trouver quel doit être l'étal calorifique d'un corps solide homocjène indéfini, » pour qu'un système de lignes isothermes, à un instant donné, reste isotherme » après un temps quelconque, de telle sorte que la température d'un point n puisse s'exprimer en fonction du temps et de deux autres variables indépen- » dantes. » Ce prix n'est pas décerné, et la même question est remise au Concours pour l'année i865. [Voir le Programme des Prix proposés, à la page 1078.) PRIX D'ASTRONOMIE, Pour l'année 1865. FONDATION LALANDE. (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Delaunay, Liouville, Le Verrier.) L'Académie ajourne ce prix. 139.. ( io4o ) PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires, MM. Piobert, Combes, Poncelet, Clapeyron, Morin rapporteur.) La Commission du prix de Mécanique de la fondation Montyon déclare qu'il n'y a pas lieu cette année à décerner le prix. PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Mathieu, A. Passy, Boussingaidt, Bienaymé rapporteur.) Le prix de Statistique, fondé par M. de Montyon, n'a pu être décerne. Parmi les ouvrages qui ont été présentés à l'Académie en 1862, la Commis- sion à laquelle la décision du Concours a été confiée, n'en a distingué que deux qui, par leur nature même, ne peuvent prétendre au prix de Statis- tique, mais qui lui ont paru néanmoins mériter des mentions honorables. Le premier est un Jtlas (jéoriraj)ldque, stniislique et historique du départi' n^enl de la Moselle. Il renferme neuf cartes du département, et vingt-sept tableaux correspondant aux vingt-sept cantons qui en forment les quatre arrondis- sements. Les renseignements contenus dans cet Atlas ne peuvent manquer d'être consultés par tous les hommes qui s'occuperont de recherches statis- tiques sur la Moselle. Les cartes portant les n°' 6, 3, 5 et 4 leur seront principalement utiles. Elles présentent la division administrative actuelle et l'ancienne; les anciens pays d'état et provinces qui se sont réunis dans ce département; la répartition des cours d'eau entre les bassins de la Moselle, de la Meuse, de la Nied, de la Sarre et du Rhin; enfin la situation des forêts. Les cinq autres cartes se rapportent aux routes, aux chetuins defer, à la géologie, aux mines et aux voies romaines. L'auteur paraît avoir puisé aux meilleures sources les documents qu'il a condensés dans ses cartes et dans ses tableaux ; et c'est aux frais du Conseil général de la Moselle que l'ouvrage a été imprimé. C'est, en effet, aux administrateurs tpi'il s'adresse surtout. La statistique et l'économie politique y trouveront le cadre des tra- ( io4i ) vaux qu'elles entreprendront, les données nécessaires sur les bornes et le caractère général de leurs investigations, plutôt que les éléments qu'elles ont à faire connaître et qui exigent des études bien plus détaillées. Telles sont les considérations qui ont dirigé la Commission dans le choix de la ré- compense qu'elle accordée cet Allas, dont l'auteur est M. de Saint-Martin. Le second ouvrage qui a fixé son attention est intitulé : Géographie ou Statistique pharmaceutique raisonnée des productions naturelles et industrielle.'- de la France. C'est un dictionnaire, une nomenclature de tous les objets, naturels on fabriqués, dont l'emploi plus ou moins fréquent est nécessaire au pharmacien. L'auteur, M. Malbranche, n'a pas suivi, il est vrai, l'ordre alphabétique, mais une table dans cet ordre sera indispensable, bien que sa classification rende les recherches assez faciles. Il traite, en effet, dans une première partie, des productions naturelles, subdivisées en trois règnes; et dans une seconde, des matières cjue fournissent à la médecine et à la j)harmacie les industries chimiques, pharmaceutiques ou accessoires. On voit quelle étendue pouvait prendre la description, même abrégée, de la foule d'objets qui rentrent dans le domaine actuel de la pharmacie. Le pharmacien est en effet presque partout, comme le fait justement remar- quer l'auteur, le chimiste de la localité; il est appelé souvent à aider l'in- dustrie, et même parfois à fournir des renseignements aux tribunaux. Si la santé publique exige surtout c[ue ses connaissances soient solides, les ser- vices qu'il peut rendre, et qu'il rend dès à présent, demandent qu'elles soient aussi variées que profondes. La Commission n'avait pas à prononcer sur la valeur des descriptions données a chaque article dans le manuscrit de M. Malbranche. Elles appartiennent aux sciences naturelles et aux sciences chimiques principalement. La Commission doit cependant dire qu'au milieu de morceaux qui ont semblé bien traités, nonobstant la con- cision indispensable, elle en a rencontré beaucoup d'autres qui ne semblent qu'ébauchés, et qui réclameront une révision utile. Mais dans un travail si considérable, renfermant de toute nécessité des notices sur ime grande par- tie des produits de la France et de ses colonies, il est peu surprenant que tous les points n'aient pas été dès l'abord complétés avec la même exacti- tude. Ce qui frappe dans une lecture attentive de ce travail, c'est Tabon- dance des ressources de la France, qui, à très-peu d'exceptions près, pour- rait satisfaire à toutes les exigences de la médecine, et doinier à ses liabilants tous les remèdes que la mode fait souvent chercher au loin et à grands frais. Sous ce point de vue l'ouvrage rentre dans les termes si élastiques de ( I042 ) ce qu'on appelle la statistique ; c'est une statistique toute spéciale de faits bien connus sans doute et dont s'occupent d'autres sciences, mais qui, ras- semblés pour les besoins de la pharmacie, prennent un caractère intéressant et nouveau en quelque sorte. La Commission n'insiste pas sur les défectuosités des ouvrages qu'elle a dû écarter du Concours. Elle rappellera seulement aux futurs concurrents que la statistique n'est ni la chronologie, ni l'histoire, ni l'archéologie, ni même la géographie, encore moins la géologie, etc., et que par suite les volumes remplis de matériaux relatifs à ces sciences, et n'offrant qu'un petit nombre de pages, nécessairement très-superficielles, concernant la sta- tistique, ne peuvent figurer dans un Concours de statistique. Elle rappelle encore que les compilations de documents officiels, déjà publiés et connus, ne peuvent que par exception obtenir d'être mentionnées. D'ailleurs, les résultats de ces dociunents ne sauraient s'appliquer à la solution des nom- breuses questions statistiques qui restent à résoudre; c'est, au contraire, par des recherches spéciales et entièrement neuves, qu'il sera possible de déci- der un grand nombre de points, et de confirmer ou d'infirmer les pré- somptions qui ont pu être déduites de ces documents officiels si précieux à d'autres égards. En résumé, la Commission accorde : Une mention honorable à M. de Saixt-Mahtix, de Metz, pour son y^ltas géograplikjue, statistique et historique de la Moselle (volume grand in-folio); Une mention honorable à M. Malbraxche, de Rouen, pour sa Géographie ou Statistique pharmaceutique des productions naturelles et industrielles de la France (manuscrit in-folio de 234 pages). PRIX BORDIN. QOESTION PROPOSÉE POUR 18S8, REMISE A 1860 ET PROROGÉE A 18GS. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Becquerel, Regnault, Fizeau, Edm. Becquerel, Pouillet rapporteur.) La question proposée était : « A divers points de l'échelle thermométrique et pour des différences de tem- » pérature ramenées à i degré, déterminer la direction et comparer les intensités n relatives des courants électriques produits par les différentes substances thermo- » électriques. » ( io43 ) Depuis la dernière prorogation, aucun Mémoire n'est parvenu à l'Aca- démie potir ce Concours. La Commission est d'avis de retirer la question. L'Académie adopte la proposition de la Commission. PRIX FONDÉ PAR MADAME LA MARQUISE DE LAPLACE. Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique, Le Président remet les cinq volumes de la Mécanique céleste, l'Exposition du Système du Monde et le Traité des Probabilités, à M. Demongeot (Armand- Nicolas), né le 9 juin 1842 à Mâcon (Saône-et-Loire), sorti cette année le premier de l'École Polytechnique, et classé dans le service des Mines par décision ministérielle du 25 août i863. ( to4/, ) SCIENCES PHYSIQUES. GRAIVD PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Ttilasne, Brongniart, Diichartre, Montagne, Decaisne rapporteur.) L'Académie a mis an Concours, pour l'année i863, la question suivante: (( Rechercher quels sont les changements qui s'opèrent, pendant la fjerimna- )) a'ort, dans la constitution des tissus de l'embryon végétal et du périsperme, » ainsi que dans les matières que ces tissus renferment. » L'Académie n'a reçu qu'un seul Mémoire en réponse à la question pro- posée, et ce Mémoire porte pour épigraphe : « Fivre, c'est en même temps changer et demeurer sans cesse. » Cette question, à la fois si obscure et si importante, a déjà donné lieu à de nombreuses recherches dont l'auteur du Mémoire présenté a dû natu- rellement tenir compte. Avant d'exposer le résultat de ses propres observa- tions, il a donné un résumé succinct et clair des travaux de ses devanciers, travaux qui n'avaient peut-être pas été bien compris jusqu'ici, en particulier ceux de MM. Hartig et Sachs, qui ont le plus contribué à jeter du jour sur les phénomènes de la germination. Indépendamment de ces laborieuses recherches il reste encore des obscurités à éclaircir, mais votre Commission n'en reconnaît pas moins que l'auteur du Mémoire a fait faire un pas im- portant à la question, dont la solution définitive semble liée aux progrés ultérieurs de la chimie organique. Dans l'état actuel de cette dernière science, la Commission ne pense pas qu'il eût été prudent à l'auteur du Mémoire de dépasser le point où il s'est arrêté, et elle l'approuve d'avoir su se tenir en décade toute hypothèse. Ses recherches ont porté sur des plantes d'organisation très-diverse : le Ricin, la Gourde, le Cytise, Cjui lui ont fourni des embryons dont les coty- lédons deviennent foliacés; le Haricot, le Balisier, le Dattier, dont les cotylé- dons hypogés ne se colorent point en vert; le Maïs, la Belle-de-Nuit, ou il a trouvé des albumens farineux, tandis que le Ricin et le Dattier lui en loiirnissaient de nature oléagineuse ou cornée. En un mot, le choix judi- cieux qu'il a fait lui a permis d'étudier les phénomènes intérieurs de la ger- mination dans les types les plus remarquables des deux grands embranche- ( io45 ) ments des végétaux embiyonnés, et c'est ce qui donne à son travail un ca- ractère de généralité que ne présentent pas au même degré les recherches de ses prédécesseurs. Toutes ces graines ont été en quelque sorte l'objet d'autant de monographies anatomiqnes et physiologiques très-complètes, dans les limites cependant où l'Académie voulait qu'elles fussent renfermées, c'est-à-dire dans le cercle des évolutions qui constituent à proprement parler la germination. On sait que les graines des végétaux phanérogames contiennent sous leurs enveloppes un corps d'une nature particulière, qui est l'embryon, souvent accompagné d'un albumen ou périspermc, et que les cellules qui en forment la trame sont gorgées de matières de natures très-diverses, les unes grasses ou huileuses, les autres amylacées, d'autres encore plus complexes chimiquement et désignées sous le nom de substances albumi- noides. Ces substances se présentent à l'observateur sous des aspects variés; elles sont liquides, diffluentes, concrétées, amorphes ou granuleuses, et ce sont ordinairement les réactifs chimiques qui, sous le microscope, en dé- cèlent la composition. Parmi elles, il en est une qui mérite surtout l'atten- tion des physiologistes : c'est cette substance concrélée, dont les granules affectent des formes cristallines, qui a été récemment découverte par M. Hartig, et a reçu de lui le nom d'aleurone. Longtemps confondue avec la substance amylacée, l'aleurone en diffère par sa composition chimique autant que par sa structure; elle en diffère peut être plus encore par le rôle physiologique qu'elle remplit dans la ger- mination. Sous ce dernier rapport, elle est d'une importance capitale, et l'on peut à bon droit s'étonner qu'elle ait si longtemps échappé aux obser- vateurs. Toutes les substances contenues dans les cellules de l'embryon ou de l'albumen, quelle ([ii'en soit la composition et l'état physique, servent à l'alimentation delà jeune plante dans les premiers temps de son évolution. C'est ce dont personne ne saurait douter, et ce qui a été de nouveau mis en lumière par l'auteur du Mémoire présenté à l'Académie. Mais sous quelle forme ces matériaux sont-ils absorbés par la jeune plante? Quelles transfor- mations chimiques subissent-ils pour être assimilés par elle, et par quelle voie parviennent-ils à travers ses tissus aux régions où ils doivent être mis en œuvre? Autant de questions, autant de points obsciu's qui restaient à élucider, et sur lesquels l'Académie réclamait de sérieuses recherches. La plupart des traités classiques enseignent, et c'est luie opinion encore géné- ralement acceptée, que l'amidon insoluble, et par là non assimilable direc- C. R., i863, 2«" Stmcsiie. (T, LVII, N"2C.; l4o ( io46 ) lemeiU, se convertit, sous rinflnence de la diastase, en dextrine soluble, qui peut dès lors passer dans les tissus de la plante et y reconstituer des granules amylacés. Malgré les objections faites à cette théorie par d'habiles observateurs, c'est elle que professe encore M. Sachs; mais, aux yeux de l'auteur du Mé- moii-e <|ue nous analysons, tout en admettant que l'amidon, transformé par la diastase en dextrine et en sucre, peut être ainsi absorbé par la jeune plante, il n'admet pas la reconstitution directe du sucre en amidon. En effet, cette théorie serait souvent contredite par les observations, et entre autres parcelle-ci, qui semble décisive : le développement d'embryons de Balisier entièrement dépouillés de leur albumen, et dont néanmoins les cotylédons se remplissent de malière amylacée qu'ils ne contenaient pas avant la ger- mination. Cette expérience démontre qu'ici au moins la fécule a dû néces- sairement se former sur place. L'auteur du Mémoire s'abstient sagement, sur ce point, de toute explication prématurée ; il se contente d'indiquer les faits, sachant bien qu'il est quelquefois plus avantageux à la science de rester dans le doute que de présenter une hypothèse comme une vérité démontrée. Pour la même raison, il rejette cette autre théorie de M. Sachs, en vertu de laquelle les matières nutritives de l'embryon se partageraient en deux groupes tranchés chimiquement, savoir : les matières hydrocarbonées et les matières albumineuses ou azotées, qui se rendraient dans les diffé- rentes parties de la jeune plante par des voies également distinctes analo- miquement. Les faits observés lui paraissent trop en désaccord avec cette conception pour qu'on doive lui donner droit de cité dans la science. Il n'en est pas moins établi cependant que, dans l'embryon comme dans la plante adulte, les matières emmagasinées dans les cellules se transforment et émigrent d'un pointa un autre, suivant les besoins de la végétation. D'abord fluides, ces matières seconcrètent diversement: en grumeaux sans figure déterminée, en granulations, en cristaux aux formes plus ou moins nettement arrêtées; puis, à un moment donné, et sous l'influence d'actions vitales encore inconnues, repassent à l'état liquide ou amorphe et cheminent |):ir diverses voies vers les points où les ajîpelle un foyer d'activité. L'auteur du Mémoire a mis en lumière ces phénomènes variés de la vie intérieure des plantes; il nous fait assister à ces merveilleuses transformations de la ma- tière première de l'organisme végétal, dont la fécule et la chloropli\ lie semblent les termes les plus avancés en deçà de l'assimilation qui les incor- porera aux organes de la plante. T^e microscope lui fait reconnaître les formes de ces corps, leur mode de ( 'o47 ) développement et de résorption, et les réactifs lui en dévoilent la natiUT chimique ; mais il y ajoute l'emploi de la balance pour en déterminer les quantités, et ce moyen, encore si peu usité dans ces sortes de recherches, n'est pas le moins fertile en résultats intéressants. Il constate, par exemple, dans le cas des graines oléagineuses, que la diminution de l'aleurone, con- tenue dans l'albumen ou les cotylédons, est proportionnelle à la somme des matières grasses qui se sont déposées dans les tissus de la jeune plante, ce qui semble indiquer assez clairement leur origine. Votre Commission regrette qu'il ne lui soit pas possible d'entrer dans d( plus longs détails; car ce qu'elle aurait à ajouter ne pourrait être bien compris qu'à la condition d'avoir sous les yeux les figures dont l'auteur a fait suivre son Mémoire. Ces figures, au nombre de plus de deux cents, ont toutes été dessinées par lui à la chambre claire, ce qui garantit leur exac- titude ; nous croyons pouvoir ajouter qu'elles sont aussi des modèles d'exé- cution. La Commission est donc d'avis que l'auteur du Mémoire a résolu, autant que le comporte l'état actuel de la science, la question posée par l'Académie. Les obscurités qui peuvent subsister encore ne sauraient lui être imputées. Le microscope seul est impuissant à les résoudre, et c'est à la chimie orga- nique, dont les progrès sont si rapides de nos jours, d'achever l'œuvre com- mencée en fournissant au micrographe, dans des réactifs plus nombreux ou mieux étudiés, de nouveaux et plus puissants moyens d'investigation. En conséquence, votre Commission a été unanimement d'avis de décerner le grand prix au Mémoire inscrit sous le n° i et portant cette épigraphe ; « Vivre, c'est en même temps clianqer et demeurer sans cesse. « L'auteur de ce Mémoire est M. Arthur Gris, docteur es sciences, aide- naturaliste au Muséum d'Histoire naturelle. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1861 POUR 1865. (Commissaires, MM. de Quatrefages, Flourens, Blanchard, Coste, Milne Edwards rapporteur. ) « De la production des animaux hybrides par le mojen de la Jécondation » artificielle. » Ce prix n'est pas décerné, et la même question est remise au Concours pour l'année 1866. {Foir le Programme des Prix proposés, à la page io85.) i4o.. ( io/,8 ) PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Claude Bernard, Flourens, Milne Edwards, Longel, Cosfe rapporteur.) La vessie natatoire des poissons a été le sujet des recherches de M. Armand Morcau. Cet organe, dont les savants ont surtout considéré le côté statique, est rempli d'un air formé, comme l'air atmosphérique, par le mélange de trois gaz, l'oxygène, l'azote, l'acide carbonique, le dernier de ces gazs'offrant toujours en quantité très-faible. D'après les analyses faites au commencement de ce siècle par I\L de Hum- boldt et par M. Riot, l'oxygène et l'azote, qui remplissent presque à eux seuls la capacité de la vessie natatoire, avaient été trouvés comme variant dans les limites les plus étendues, tel poisson, par exemple, offrant go pour loo d'oxygène, tel autre de la même espèce 90 pour 100 d'azote. Les causes de ces variations étaient restées tout à fait inconnues jusqu'au travail de M. Armand Moreau, qui a placé cette question dans son véritable jour en déterminant les conditions physiologiques de ces variations et en s'en rendant maître. L'auteur a présenté, en effet, à la Commission deux poissons, en annon- çant que la vessie natatoire de l'un ne contiendrait point d'oxygène, tandis que celle de l'autre en offrirait plus de 80 pour 100. Ces deux sujets appartenaient à l'espèce Perche qui, normalement, offre de 20 à 3o pour 100 de ce gaz dans l'air de la vessie natatoire. Les poissons sacrifiés et les analyses faites sous les yeux de la Commission ont justifié les prévisions du physiologiste. Pour faire augmenter l'oxygène de la vessie natatoire, M. Moreau vide l'organe à l'aide de la machine pneumatique ou à l'aide de la ponction, suivant ([ue la vessie natatoire est munie d'un canal aérien ou en est dé- pourvue. Les sujets en expérience sont ensuite abandonnés à eux-mêmes dans les conditions normales. Seulement, on dispose sous l'eau un dia- phragme pour empêcher les poissons qui ont un canal aérien de venir â la surface. L'air se reforme alors dans la vessie natatoire et contient d'énormes pro- portions d'oxygène. On est autorisé à penser que c'est de l'oxygène pur qui ( io49 ) se produit dans ces conditions, parce que la proportion de ce gaz va en augmentant à mesure que la vessie se remplit, et s'exagère encore si on vide plusieurs fois l'organe. L'indispensable condition pour le succès de ces expériences est que le poisson sur lequel on opère soit en pleine santé; car, dans le cas contraire, l'oxygène diminue, et c'est sur la connaissance de ce fait que M. Moreau se fonde pour obtenir à volonté la diminution et la disparition de ce gaz. Ayant observé que, sur les poissons morts hors de l'eau , la proportion d'oxygène avait diminué, la pensée lui vint d'asphyxier les sujets, et il vit que, dans ces conditions, c'est-à-dire quand l'animal ne peut plus emprun- ter le gaz au milieu ambiant, il l'emprunte au gaz do sa vessie natatoire, où l'oxygène diminue en proportion de cet emprunt et peut même dispa- raître presque complètement. Toutes ces expériences délicates ont été exécutées avec une précision qui ne laisse rien à désirer. I.a Commission décerne à leur auteur le prix de Physiologie expérimentale. La Commission a eu à examiner deux travaux intéressants de MM. Phi- lipeaux et Vulpian relatifs à la physiologie du système nerveux. Dans un premier travail intitulé : Recherches sur la réunion bout à bout des fibres nerveuses sensilives avec les fibres nerveuses motrices, les auteurs ont cherché à voir si après la section du nerf hypoglosse, qui donne le mouve- ment à la langue, on ne pouvait pas, en soudant le bout périphérique de ce nerf avec le bout central du nerf Ungual sensitif également coupé, obtenir le rétablissement de la fonction motrice. Ils ont montré, en effet, que quand, trois ou quatre mois après celte opération , on pince ou on irrite mécaniquement le nerf lingual au-dessus de sa soudure avec l'hypoglosse, on éveille à la fois la douleur et le mou- vement dans la langue, bien que la fonction motrice normale du nerf hypoglosse ne soit pas rétablie. Ils ont rendu l'expérience plus précise encore en divisant le nerf lingual vers son origine aussi loin que possible de sa soudure avec l'hypoglosse, et, dans ce cas encore, ils ont constaté que le pincement et l'irritation mé- caniques du fragment du nerf lingual séparé du centre nerveux détermi- naient également des mouvements manifestes dans la moitié correspondante de la langue. Cette expérience, qui avait déjà été réalisée par d'autres observateurs, plus catégorique que celles dans lesquelles on a employé l'électricité comme agent d'incitation, ne laisse aucun doute sur la réalité du phénomène. ( io5o ) Dans un second travail intitulé : Sur une modification physiologique qui se produit dans le netj lingual par suite de l'abolition temporaire de la motricité dans le nerf hypoglosse du même côté, MM. Philipeaiix et Vulpian ont con- staté un fait singulier qui consiste dans une sorte de propriété motrice qui apparaît dans le nerf lingual, normalement sensilif, un certain temps après que le nerf moteur du même côté, c'est-à-dire le nerf hypoglosse, a été détruit par arrachement. Lorsqu'on découvre, en effet, le nerf lingual sur un chien chez lequel on a extirpé depuis plusieurs mois le nerf hypoglosse correspondant, on voit que, en irritant mécaniquement ou par le pincement le tronc du nerf lingual, on détermine à la fois la douleur et des mouvements manifestes dans la langue. Si, après cette épreuve, on sépare le nerf lingual du centre ner- veux, le pincement du bout périphérique de ce nerf provoque des mouve- ments dans la langue, mouvements qui paraissent être dus à une modifica- tion survenue dans le nerf lingual du côté où le nerf hypoglosse a été arraché ; car le nerf lingual du côté opposé est complètement dépourvu de cette propriété nouvelle. Ces curieux résultats, dont on ne saurait encore, en l'état actuel de la science, donner d'explication, sont de nature à provoquer de la part des j)liysiologistes de nouvelles recherches et deviendront peut-être un premier jalon pour d'importantes découvertes sur la fonction du système nerveux. A ce point de vue, la Commission les a jugés dignes d'une récompense, et, après avoir décerné le prix de Physiologie expérimentale à M. Mokeau , elle demande à l'Académie de voidoir bien l'autoriser à en donner un autre a MM. PllIUPEAUX et VCLPIAN. La Commission accorde une mention très-honorable à M. Battaille, pro- fesseur au Conservatoire de Musique , pour ses recherches physiologiques et anatomiques sur la voix humaine. A l'aide d'un laryngoscope, cet obser- vateur a étudié avec soin les modifications qui surviennent dans les lèvres de la glotte, lors de la production des sons de poitrine et des sons de tète, et a contribué ainsi à l'avancement de nos connaissances sur la tliéorie de la voix. Enfin la Commission a vu avec intérêt un travail de M. Hœrkel sur les Radiolaires de la Méditerranée; mais ce travail ne rentre pas dans les condi- tions du Concours et, par conséquent, n'a pu être pris en considération. L'Académie approuve les propositions de la Commission. ( io5i ) PRIX DE MEDECEVE ET CHIRl RGIE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Velpeau, Cl. Bernard, Rayer, Jobert de Lamballe, Serres, J. Cloquer, Flourens, Milne Edwards, Longet rapporteur.) La Commission des prix de Médecine et de Chirurgie a l'honneur de pro- poser à l'Académie de décerner, cette année, un prix et quatre mentions honorables aux auteurs dont les noms suivent : à M. Ciiassaigxac, ini prix de deux mille cinq cents francs ; à MM. Bourdox, Caiiex, Debout et Gallois, des mentions honorables avec quinze cents francs pour chaque mention. La Commission a cru devoir distinguer surtout les recherches que M. Chassaignac a entreprises et poursuivies avec talent depuis plus de douze années, recherches qui l'ont amené à constituer luie méthode chirurgicale nouvelle, désignée sous le nom de méthode de l'écrasement linéaire. Diviser les tissus vivants en employant un moyen moins dangereux que les moyens ordinaires, c'est-à-dire de façon à prévenir et à conjurer, autant que possible, dans bien des cas, l'effusion du sang et les autres accidents du traumatisme chirurgical, tel a été le but que s'est proposé M. Chassdignac. L'instrument dont il se sert se compose d'une chaîne à maillons articulés, d'un fourreau à l'intérieur duquel la chaîne est ramenée au moyen d'une double crémaillère et d'un double levier qui lui impriment un mouvement alternatif de va-et-vient, pouvant produire un tassement, luie mâchure linéaire des tissus, au point d'en amener, séance tenante, la séparation complète. Certains modes opératoires, usités en chirurgie à diverses époques, semblent se rapprocher de Vécrasement linéaire. Ainsi l'entérotome de Dupuytren, les pinces de Breschct pour le varicocèle, exercent bien une sorte d'écrasement ; mais la différence essentielle entre leur mode d'action et celui de la chaîne de M. Chassaignac consiste, d'une part, en ce que l'en- térotome et les précédentes pinces n'amènent la séparation des tissus que par l'intermédiaire forcé de la gangrène ; en ce que, d'autre part, ces instru- ments ne sauraient opérer la section immédiate des parties par le seul fait de leur puissance mécanique. En donnant à l'ancien serre-nœud de Graefe lui volume suffisant et en l'armant d'un fil de fer, sans doute on peut (comme ( loSa ) le pratiquent aujourd'hui certains chirurgiens) diviser les tissus organiques assez rapidement et d'après un mode semblable à celui de l'écrasement linéaire; mais il faut reconnaître que celte pratique ne s'est vulgarisée que depuis les travaux de M. Chassaignac, dont le mérite d'ailleiu-s consiste bien moins dans l'invention d'un instrument particulier que dans la création d'ime inélliode de diérèse trouvant son ap|)lication dans un certain nombre des opérations de la chirurgie. Un exemple de section rapide par écrasement fort irrégulier, il est vrai, s'observe dans le cas de morsure où il y a rarement hémorrhagie : c'est, comme on le sait, par ce mode particulier d'écrasement que les femelles de la plupart des mammifères opèrent la séparation du cordon ombilical, pour ainsi dire sans écoulement de sang. Ce dernier exemple, aussi bien que celui des plaies par les roues à engre- nage, par les projectiles de guerre, etc., ces exemples, disons-nous, étaient autant de raisons pouvant faire présumer certains avantages particuliers aux sections mousses que produirait une pression snftisante concentrée sur un trajet linéaire. C'est en i85o cpie M. Chassaignac a pratiqué pour la première fois, à titre d'opération réglée, la section de tissus vivants à l'aide de l'instrument dit écraseur. Depuis cette époque, des résultats cliniques et des expériences en grand nombre sont venus légitimer les premiers essais de cet habile chirurgien. Au Jardin des Plantes, des expériences furent instituées dans le labora- tone de M. Flourens; et toutes démontrèrent que, quand les tissus animaux, même les plus vasculaires, sont divisés à l'aide d'un écrasement conduit avec lenteur, les solutions de continuité ne donnent lieu, le plus ordinaire- ment, à aucune hémorrhagie, ni primitive ni consécutive. A l'abattoir de Grenelle, d'autres expériences faites sur la carotide du mouton, sur les artères ovariques de la vache, donnèrent les mêmes résul- tats. Enfin à tontes ces expériences vinrent encore s'ajouter celles qui furent exécutées, à l'École vétérinaire d'Alfort, par MM. Bouley et Delafond sur le cheval et le taureau. La section comj)lète du cordon testiculaire, au moyen de l'écraseur, a été notamment tout à fait exsangue, et le travail de cicatri- sation a marché avec une simplicité et une rapidité remarquables. Des essais analogues souvent répétés, à Saint-Pétersbourg, par le profes- seur Roschnof, ont confirmé l'exactitude des premières observations. I! convient d'ajouter que, depuis une communication faite à la Société de ( io53 ) Médecine vétérinaire de Paris en i856, M. Bouîey a appliqué la méthode dont il s'agit dans maintes occasions à la clinique de l'École d'Alfort. C'est cette méthode qu'il emploie exclusivement anjoiu'd'hui pour opérer, par exemple, les tumeurs fibreuses du cordon, les sarcocèles, et, en général, foutes les tumeurs profondément placées, telles que les tumeurs fibreuses du fourreau et les tumeurs mélaniques du rectum. Chez l'homme, les résultats cliniques se déduisent des relevés de mor- talité communiqués à l'administration des hôpitaux de Paris, relevés qui établissent que les nombreuses opérations faites par l'écrasement linéaire ont donné lieu à une mortalité relativement faible. Comme document venant concorder avec les précédents relevés, figine aussi la relation détaillée de beaucoup d'observations recueillies par les élèves internes des hôpitaux de Paris et consignées dans diverses thèses inaugurales, ou bien dans l'ouvrage que M. Chassaignac a publié lui- même, en i856, sous le titre de Traité de l'écrasement linéaire. Depuis lors, bien d'autres faits encore ont été publiés dans différents recueils de la presse médicale française et étrangère, et, à de rares ex- ceptions près, ces faits démontrent que les résultats obtenus ont été les mêmes, aussi bien dans les hôpitaux français que dans les hôpitaux étran- gers. En résumé, d'après la masse imposante d'observations publiées jusqu'ici, les avantages qui peuvent être attribués à la méthode de l'écrasement linéaire sont les suivants : 1° Elle permet de détacher, séance tenante, des portions plus ou moins considérables du corps, alors même qu'elles sont revêtues de leur enve- loppe naturelle muqueuse ou cutanée (exemples : langue, testicules, bour- relets hémorrhoidaux, polypes, col de l'utérus, tumeurs sous-cutanées ou profondes). 2° Généralement elle donne lieu à un travail mflammatoire moindre que celui qui succède à l'emploi du bistouri ; d'où une cicatrisation, en général aussi, plus rapide. 3° Si elle ne prévient pas l'hémorrhagie dans tous les cas, du moins elle rend cet accident sensiblement plus rare. 4" Sans mettre à l'abri de l'infection purulente, ce redoutable écueil des opérations chirurgicales, elle paraît en diminuer la fréquence. 5° En somme, la méthode de l'écrasement linéaire, restreinte aux cas auxquels son emploi convient, donne des résultats cliniques d'une valeur réelle. C. R., i863, î^e Scmeslre. (T. LVII, N" 2C.) '4l ( io54 ) Aussi la Commission pi-opose-t-elle de décerner à son auteur un prix de deux mille cinq cents francs. Parmi les divers Mémoires que M. le D"^ Debout a adressés à l'Académie, votre Commission en a remarqué un qui a pour tilre : Des vices de conjor- DKilionprocdtits par l'arrél de dévelojjpement des membres. Ces vices de conformation offrent différents degrés, depuis l'avortement d'un seul doigt jusqu'à celui d'un meiid)re tout entier ou même de plusieurs d'entre eux. Dans son Histoire des anomalies de l'organisation, notre illustre et regretté confrère Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire s'était appliqué à rassem- bler tous les exemples alors connus de ces sortes d'anomalies, rapportées par lui à trois groupes qu'il désigne sous les noms de : phocomélie, liémimélie, edromélie. M. Debout a complété cette classification en y introduisant l'avortement borné au segment terminal des membres, c'est-à-dire au ])ied ou à la main, « modification ou anomalie qui ne m'est encore connue, )) dit M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, par aucune observation authen- » tique. » Or, dans son travail, M. Debout rapporte d'abord dix-sept exemples de cette anomalie affectant un seul des membres; puis, de plus, il met en relief un fait nouveau. Quoique les membres apparaissent à peu près à la même époque de la vie embryonnaire, l'arrêt de leur développement ne se fait point sentir sur le même segment : ainsi, au membre inférieur c'est le seg- ment crural qui avorte, tandis que c'est toujours l'avanl-bras au membre supérieur. Une autre particularité non moins curieuse est encore signalée |)ar l'auteur : tous les muscles de ce membre supérieur avorté appartiennent à l'avant-bras, quoique le squelette soit constitué par l'humérus. - Après avoii" mis en évidence ces faits intéressants au point de vue térato- logique, jM. Debout s'occupe du mode d'union du fémur avorté avec le bassin, mode d'union qui supplée l'articulation coxo-fémorale absente. Puis, rassemblant les observations de neuf individus vivants et affectés de phocomélie pelvienne unique, il montre les différentes ressources dont la prothèse dispose pour rétablir la fonction des membres abdominaux ainsi conformés. Votre Commission a l'honneur de vous proposer d'accorder à M. Deboit une mention honorable de quinze cents Jrancs . M. le D"" Gallois a soumis au jugement de la Commission un Mémoire digne d'intérêt sur Vinosurie, c'est-à-dire sur le passage de l'inosite dans l'urine. Ce principe (que M. Schérer a découvert d'abord dans les muscles, et que ( io55 ) sa composition chimique a fait classer parmi les sucres) peut, en effet, passer accidentellement dans l'urine d'individus atteints de glycosurie ou bien d'albuminurie, ainsi que l'a reconnu le premier M. Cloetta, professeur à l'Université de Zurich. Partant de cette première donnée, M. Gallois a entrepris de longues et persévérantes recherches dans le but de reconnaître si ['inonirie constitue un état morbide spécial et défini, ou bien si elle n'est qu'un symptôme commun à plusieurs affections. De plus, il s'est appliqué à découvrir un réactif capable de déceler de faibles proportions d'inosite dans une petite quantité d'urine. Sous ce double rapport, les efforts de ce laborieux investigateur ont été profitables à la science. Voici les principales conclusions auxquelles il est arrivé: Dans l'état normal, l'urine de l'homme ne renferme point d'inosite ; il en est de même de l'urine d'un certain nombre de carnivores qui a été exa- minée à ce point de vue. Dans l'état morbide, Vinosurie s'observe, non comme une maladie proprement dite, mais seulement comme un symp- tôme. Ce symptôme, recherché par M. Gallois dans un assez grand nom- bre de maladies, n'a pu être retrouvé que dans le diabète sucré et dans la néphrite albumineuse aiguè ou chronique. L'inosurie et la glycosurie, ou bien l'inosurie et l'albuminurie, peuvent donc exister simultanément : en effet, si dans Zjo urines, rendues par des sujets atteints de maladies diverses, l'iiiosite n'a jamais été trouvée, au contraire elle a été rencontrée 5 fois sur 3o lunnes diabétiques, et 2 fois sur ^5 urines albumineuses, résultat qui déjà indique, d'après la remarque de l'auteur, une relation entre les condi- tions qui donnent lieu à certains diabètes, à certains cas d';dbuminiu'ie, et les conditions qui provoquent le passage de l'inosite dans 1 urine. Ce qui autorise encore à croire qu'il en est ainsi, c'est qu'on peut, comme l'a vu M. Gallois, en piquant le plancher du quatrième ventricule, déterminer parfois artificiellement l'inosurie, comme on détermine artificiellement la glycosurie. Enfin, après de nombreux tâtonnements, M. Gallois est parvenu à décou- vrir un réactif très-sensible qui permet de reconnaître dans de petites quan- tités d'urine (i5 grammes, par exemple) l'existence de minimes propor- tions d'inosite : ce réactif est un azotate de mercure donnant lieu à une coloration rose plus ou moins foncée suivant la proportion d'inosite. L'auteur s'est d'ailleurs assuré qu'aucun des principes qui se trouvent i4i.. ( io56 ) naturellement clans l'urine n'est susceptible de produire cette coloration avec le réactif indiqué. La Commission propose d'accorder à M. Gallois une mention honorable de quinze cents francs. Elle propose également à l'Académie d'accorder la même marque de distinction (mention honorable de quinze cents francs) à M. Bourdon pour avoir trouvé la véritable lésion anatomique de Vataxie locomotrice progres- sive, lésion qui consiste essentiellement en une dégénérescence, avec atro- phie, des tubes nerveux des racines spinales postérieures et des cordons postérieurs de la moelle épinière, et en une altération analogue des cel- lules nerveuses de la substance grise. Cette dégénérescence, qui se re- trouve dans les nerfs moteurs oculaires, dans le nerf optique et le plus souvent dans sa papille, s'accompagne d'une hypérémie plus ou moins considérable des mêmes parties, s'étendant ordinairement aux bandelettes optiques et aux tubercides quadrijumeaux. Depuis la publication du premier travail de M. Bourdon, sept autopsies ont été laites dans les hôpitaux de Paris, et dans toutes on a rencontré les mêmes altérations. Cependant M. le D' Bourdon aduiet, d'après des faits observés, qu'iuie lésion d une autre nature (comuie une tumeur cancéreuse ou tuberculeuse, même une simple congestion), lorsqu'elle occupe les racines postérieures et les cordons médullaires correspondanls, peut produire un défaut de coor- dination dans les mouvements. Il ne s'agit plus alors de Ventilé morbide décrite par M. Duchenne (de Boulogne), ayant une symptomatologie tout à fait caractéristique, une marche particulière, une durée en général fort longue et une terminaison fatale; ce désordre du mouvement est simple- ment un syntplome^ comme l'anesthésie, la contracture ou la paralysie. M. Bourdon va plus loin : il admet que l'ataxie locomotrice peut aussi exister sans lésion matérielle appréciable. Dans la partie clinique de son travail, il explique ce qu'on doit entendre \rAr ata.xie locomotrice eX fait connaître les caractères propres à différencier ce phénomène morbide des autres troubles de la myolilité qu'on observe notamment dans les affections du cervelet, dans la chorée et dans les divers tremblements. M. Bourdon a ainsi avancé nos connaissances sur la séméiologie des mala- dies du système nerveux, maladies qui, longtemps encore, ofiriront un vaste champ aux investigations des médecins. ( 'o57 ) M. Cahen a présenté au Concours une monographie remarquable inti- tulée : Des névroses vaso-motrices et de leur traitement. La plupart des idées qui y sont exprimées sont neuves et déduites à la fois de l'observation attentive de f.iits pathologiques et des découvertes récentes de la physiologie. M. Cahen ne s'est pas borné à donner une interprétation nouvelle de phénomènes généralement connus; mais il a, un des premiers, introduit les nerfs vaso-moteurs dans le domaine de la pathologie. Après avoir démontré l'existence des névroses vaso-motrices, il les étudie dans différentes parties de l'économie; il appelle l'attention sur les rapports de sympathie qui s'établissent entre les nerfs vaso-moteurs et les nerfs de sen- sibilité générale ; puis il termine en indiquant un traitement dont l'efficacité, dans des maladies en apparence si diverses, tend à sanctionner son opinion sur l'unité de nature de ces maladies. De tout temps on avait observé que les névralgies peuvent être accom- pagnées de rougeur et de gonflement; mais on considérait ces symptômes comme accessoires, ou bien on les attribuait à l'intensité de la douleur. M. Cahen a établi que ces phénomènes congestifs existent dans des névral- gies peu douloureuses, et qu'ils peuvent manquer dans les névralgies qui s'accompagnent des plus violentes douleurs. I! démontre que le système cir- culatoire éprouve localement, dans ces congestions, une dilatation, une turgescence réelle, et admet que ces effets sont sous la dépendance des nerfs vaso-moteurs. Il donne pour exemples : l'injection de l'œil qui accom- pagne les névralgies de la branche ophthalmique du trijumeau ; le gonfle- ment des gencives et d'une portion de la face dans les névralgies de la branche maxillaire supérieure, etc. Les névroses vaso-motrices peuvent déterminer des congestions sans né- vralgie, et ces congestions, que l'on confond généralement, à tort, avec les inflammations, produisent, dans certains cas, des hypersécrétions ou des hémorrhagies (exemples : larmoiement, salivation, leucorrhée, métror- rhagie, etc.). Les névralgies des nerfs périphériques du système cérébro-spinal peuvent se propager aux filets du grand sympathique avec lesquels ils ont d'ailleurs des rapports anatomiques, et causer ainsi, indirectement, des congestions dans les organes : par exemple, à la névralgie des nerfs ilio-louibaires, l'au- teur a vu succéder des congestions de l'utérus, ou bien des congestions douloureuses du testicule. L'acide arsénieux paraît être l'agent le plus efficace dans le traitement des névroses vaso-motrices. ( io58 ) Telles sont les principales conclusions de l'estimable travail de M. Cahen. Basées sur des faits bien observés, elles apportent une confirmation patho- logique A une notion importante de physiologie, et, en constituant une unité morbide de symptômes épars, elles pourront contribuer au progrès de l'art de guérir. La Commission propose d'accorder à M. Cahe\ une mention honorable de quinze cents francs. Indépendamment des précédents travaux, auxquels elle est d'avis de dé- cerner un i)rix ou des mentions, la Commission croit devoir citer plusieurs autres travaux qui lui ont paru dignes, à plus d'un titre, de l'attention de l'Académie. Tels sont : 1° Des Recherches sur la physiologie et la pathologie du cervelet, par M.\l. Leven et Oi.livier; . 2" Un Traité de l'érysipèle, par 31. Armand Després ; 3° L'Exposé d'un moyen nouveau et très-simple de prévenir la roideur et l'anltylose dans les fractures, par M. Morel-L a vallée; 4° Enfin un Mémoire sur les maladies virulentes comparées chez l'homme et les animaux, par M. Michel Péter. L'Académie adopte les propositions de la Commission. PRLX DIT DES ARTS INSALUBRES, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Boussingault, Rayer, Dumas, Payen, Chevreul rapporteur.) Parmi les pièces qui ont été renvoyées par l'Académie à la Commission des prix Montyon concernant l'amélioration des arts insalubres, la Com- mission a distingué la pièce n° /[ et la pièce n° 2. La pièce n" [\ est un livre intitulé : Des eaux publiques et de leur applica- tion aux besoins des grandes villes, des communes et des habitations rurales. Principes fondamentaux concernant la recherche, l'aménagement de t eau dans tous les pays, la détermination de sa qualité, sa conseivation et sa distribution, ])ar G. Griinaud de Caux. ( 'oStj ) L'ouvrage de M. Griniaud de Caux s'est présenté à îa Cominissioii sous deux aspects, au point de vue général et au point de vue particulier. Au point de vue général, tout en rendant justice à la niiuiiere dont les faits généraux y sont exposés, au choix des matériaux, à l'esprit d'après lequel ils sont classés, à la clarté et à la distinction dn style, la Commission aurait pu hésiter à proposer à l'Académie de décerner un prix à ce livre; mais en l'examinant au point de vue spécial , et dans ses rapports avec la ijensée qui a inspiré la fond.ition des récompenses qu'elle est appelée a décerner, la Commission a cru qu'en s'abstenant de le présenter comme digne d'un prix, elle serait en désaccord avec la pensée du fondateur. Effectivement, en prenant en considération les effoits tentés actuellement chez toutes les nations pour mettre à la portée des populations les meilleures eaux potables et à les y mettre en abondance , en voyant l'importance que l'administration française attache non-senlement à la salubrité des usines, mais encore à la salubrité des lieux où elles sont placées, et sous ce rapport aux bons effets de la puissance des cours d'eau poiu' disperser au loin des matières sortant des usines sans être insalubres, mais susceptibles de le devenir par suite de la putréfaction , la Commission n'a point hésité à pro- poser de décerner un prix de deux mille cinq centjrancs à M. Grimaud de Caux, tout en faisant une réserve relative à quelques opinions de l'auteur. Ce n'est point dans l'isolement d'une bdjliothèque où M. Grimaud de Caux aurait compulsé les matériaux de son livre , qu'il a écrit un Traité général: c'est comme observateur des lieux mêmes où de grands travaux ont amené des eaux de source et de rivière, où des citernes ont recueilli et conservé des eaux pluviales; c'est après avoir vu de ses yeux, donné des conseils et pris part lui-même à des explorations exécutées sur une grande échelle , qu'il a écrit et recommandé les préceptes les plus sûrs pour atteindre le but, en ayant égard aux moyens d'amener les eaux là où on doit les consommer, aux lieux qu'il convient de choisir dans les rivières où on les puise au moyen de pompes. Il a parfaitement apprécié les cir- constances qui se présentent lorsqu'on fdtre les eaux de rivière dans le sol perméable de leurs berges, il a montré les causes qui doivent, après un temps plus ou moins long, diminuer la perméabilité du filtre et dés lors la quantité du liquide fdtré qu'il débite. Il a montré comment, dans certaines localités, ces filtres, eu rendant la limpidité à une eau qui y est entrée plus ou moins trouble, peuvent cepen- dant agir par leur composition chimique de manière à rendre en réalité cette eau moins pure qu'elle n'était en y pénétrant. ( io6o ) D'un autre côté, l'auteur, comme médecin, préoccupé de l'influence des eaux sur la santé des populations qu'elles abreuvent, a consulté la statisti- que pour savoir si dans des contrées comparables par le climat on trouvait dans les éléments recueillis par cette science des faits propres à éclairer sur les maladies qui peuvent atteindre ces populations. F^nfin nous ajouterons qu'après avoir étudié sur les lieux mêmes la con- struction des citernes de Venise et avoir acquis la conviction de leur effica- cité pour conserver les eaux pluviales, il a usé de tous les moyens qu'il avait à sa disposition pour en propager l'usage dans les communes et les habitations rurales dépourvues d'eau de source et de rivière, et qu'avec un sentiment de véritable philanthropie il a rédigé une instruction pour l'amé- nagement et la conservation de l'eau de pluie, qu'il a fait tirer à ses frais à plusieius milliers d'exemplaires afin de la mettre à Cusage des agents voyers. § n. La pièce n° 2 est une préparation, désignée par l'expression vert-nature, propre à remplacer les verts arsenicaux, notamment le vert de Schweinfurlh si dangereux pour les fleuristes ; et ici nous pourrions citer plus d'un exeni])le d'empoisonnement produit chez de jeunes ouvrières employées au travail des fleurs dites artificielles de percale et de papier colorés par le \evtde Sclnveinfiirtli. Ce qui fait rechercher cette préparation, c'est la beauté de sa couleur, son éclat extrême à la lumière des bougies, surtout quand elle est associée à des fleiu's rouges. Après nous être assiu'és que le vert dit nature, résultat du mélange de Vacide j>icr'uiue avec le vert de chrome de Guignet, conserve sa couleur à la lumière artificielle, nous sommes dans l'esprit du fondateur du prix Mon- tyon en proposant à l'Académie de décerner une récompense de quinze cents francs à M. Bouffé, fabricant de tissus et d'apprêts pour fleurs artifi- cielles, qui a eu l'heureuse idée de substituer aux verts arsenicaux un vert dontlemploi ne présente aucun inconvénient, soit pour le travail, soit pour les personnes qui portent des fleurs ou des tissus colorés avec le vert-nature . § ÎIF. La Commission, après avoir apprécié le service rendu à la préparation de ( iu6i ) fleurs tliles artificielles par M. Bouffé, sons le rapport de la salubrité, a pensé que M. Guignet, rinventeur du vert dechrome employé par M. Boufle, avait lui-même rendu un service assez grand à l'industrie en la dotant d'un vert propre à l'impression des étoffes et à la fabrication des papiers peints, pour qu'on lui décernât lui prix de deux mille cinq cents francs. En conséquence, elle soumet cette proposition à l'Académie. Toutes les propositions de la Commission des Arts insalubresont étéfaites à l'uiianimité de ses membres, et l'Académie les a adoptées. En conséquence : i" Un prix de deux mille cinq cents francs est décerné à .11. GriiMaux dk Caux pour son livre des Eaux jmbliques et de leur application aux besoins des grandes villes et des luibilations rurales. 1° Un prix de deux mille cinq cents francs est décerné à M. Guignet pour la préparation d'un vert de chrome salubre, propre à l'impression sur tissus et à la fabrication des papiers peints. 3° Une récompense de quinze cents francs est donnée à M. Bouffé jiour avoir substitué aux verts arsenicaux, dans la coloration des tissus emplojés pour les fleurs artificielles, un vert résultant du mélange de l'acide picrique avec le vert de Guignet. PRIX CUVIER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'AINNÉE 1863. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Valenciennes, Daubrée, Flourens, d'Archiac rapporteur.) La Commission, considérant que ce prix a été décerné jusqu'à présent à des zoologistes très-éminents, a pensé qu'elle devait, cette fois, déférer au vœu exprimé par la Commission de souscription de la statue de Cuvier et l'accorder à lui géologue : en conséquence, elle décerne le prix Cuvier pour i863 à sir R. I. Murchisox, Correspondant de la Section de Géologie et de Minéralogie, et Directeur général du Geological Survey de la Grande- Bretagne, pour l'ensemble de ses travaux sur les terrains de sédiments an- ciens ou palceozoïques. C. R-, i863, 2™f Sfmcsin-. 1. L\ il, ^" 20.; '4^ ( 1062 ) PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1839 POUR 18G1, REMISE A 1865. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Brongniart, Decaisne, Tiilasne, Montagne, Duchartre rapporteur. ) L'Académie avait mis au Concours, en iSSg, l'étude des « vaisseaux du » latex considérés au double point de vue de leur distribution dans les divers » organes des plantes et particulièrement de leurs rapports ou de leurs connexions « avec les vaisseaux Ipnphatiques ou spiraux, ainsi quavec les fibres du liber. » 11 semblait que cette question, qui touche à l'un des points les plus impor- tants, mais en même temps les plus obscurs de l'anatomie et de la |)hysio- logie des plantes, dût exciter l'émulation des botanistes et amener la pré- sentation de nombreux travaux; cependant il n'en fut point ainsi : effrayés sans doute du nombre et de la difficulté des recherches qu'exigeait l'éluci- dation de ce beau sujet, presque tous ceux que leurs études antérieures fai- saient espérer de compter parmi les concurrents se tinrent à l'écart, et un seul Mémoire fut présenté à ce Concours pour lequel le prix devait être décerné en 1861 . Ce Mémoire unique, fruit de nombreuses observations exécutées avec beaucoup de soin et d'habileté, avait malheureusement une direction trop spéciale et ne répondait qu'imparfaitement aux exigences précises du pro- gramme publié par l'Académie. Aussi la Commission proposa-t-elle, tout en réservant le prix, d'accorder à l'auteur de ce travail une mention tres- honorable et de remettre le Concours sur la même question à l'année i863. Dans son Rapport, elle exprimait l'espérance de voir, grâce à ce délai, l'histone des vaisseaux du latex étudiée d'une manière plus approfondie et plus conforme à ses désirs, soit par l'habile observateur qui venait de lui donner des preuves d'un remarquable talent, soit par d'autres savants qui n'avaient pas répondu à son premier appel. Son espoir n'a pas été déçu, et aujourd'hui elle a lieu de se féliciter d'avoir maintenu la question au Con- cours, puisqu'elle a permis ainsi au premier concurrent de compléter son travail et d'en modifier sensiblement les conclusions, à un nouveau savant d'entrer dans la lice et d'offrir à lAcadémie les résultats d'une longue suite de recherches. ( io63 ) Les deux Mémoires qui, cette lois, ont été présentés au Concours por- tent poiu" épigraphes, le n" i, l'énoncé suivant en français : Les résidlats fies obserunlions au microscope font l'essenliel d'une dissertation Idstoloqique j le n° 2, la phrase latine : Organica ab inorcjanicis différant non per accidens, sedipsàsubstanlià, qui était inscrite en tète de l'ouvrage mentionné très-ho- norablcnient en 1 86 1 . Le Mémoire n" i est un travail également remarquable pour le nombre et i.t finesse des observations dont il présente les résultats, pour l'esprit d'ordre et de méthode qui en a inspiré le plan, pour la lucidité d'expression qui en distingue toutes les parties. L'auteur n'a pas envoyé à l'Académie les pré- parations sur lesquelles ont porté ses études, mais il a joint à un texte de io4 pages in-4° un magnifique allas de aS planches grand in 4"? qn' réu- nissent 291 figures dessinées à la plume et lavées par lui avec un rare talent. Ne pouvant, dans l'espace de temps que lui laissait le terme du Concours, étendre ses recherches à tous les végétaux que la nature a pourvus de sucs laiteux ou colorés, c'est-à-dire de latex, il en a examiné attentivement les types principaux, savoir : parmi les Dicotylédons, les Chicoracées, les Papa- véracées, les (;ampanulacées, les Morées, les Euphorbiacées, les Asclépia- déeset Apocynées, les Papayacées ; parmi les Monocotylédons, les Liliacées, les Musacées et les Aroïdées. Pour reconnaître la manière d'être et la distri- bution des tubes qui renferment le latex, c'est-à-dire des laticilères, il a eu recours à l'observation de tranches minces sous le microscope et ensuite, en vue de confirmer les données que lui avait fournies l'examen de ces tubes en place, à leur isolement opéré à la suite d'une courte ébullition dans l'îiy- drate de potasse. Par ces deux moyens d'investigation, dont le second servait en quelque sorte à contrôler le premier, l'auteur du Mémoire n" i a été conduit à ior- muler catégoriquement sa réponse aux deux parties de la question proposée. Eelativement à la première de ces parties, je veux dire à la distribution des vaisseaux du latex dans les divers organes des plantes, il montre que ces tubes se retrouvent dans toutes les parties des végétaux lactescents dans lesquelles s'étendent les faisceaux vasculaires, tandis qu'ils manquent dans toutes celles que composent exclusivement des cellules parenchymateuses. Il explique cette diffusion des laticifères en admettant que ces organes sont en réalité les vaisseaux du liber des plantes lactescentes, énoncé qu'il appuie sur des arguments concluants pour la généralité des cas. mais contre lesquels néanmoins il ne semble pas impossible d'élever des objections dans certaines circonstances. ( io64 ) Envisageant l'ensemble des tubes dans lesquels se trouve le latex et remon- tant à leur mode de formation, il eu distingue trois sortes différentes : i" les véritables vaisseaux du latex ou les vrais laticiferes, issus de cellules plus ou moins régulièrement sériées que la résorption des diaphragmes formés par leur superposition a transfoi'mées en tubes, tantôt pourvus de ramifica- tions closes à leur extrémité, tantôt, et plus généralement, réunis à leurs voisins par des branches transversales anastomotiques; 2° les cellules treilli- sces ou grillagées, ou tubes cribreux, caractérisés par des cloisons persistantes percées en treillis ou en grillage; 3° les canaux du latex dont ses observa- tions lui ont appris que la cavité est due à la résorption d'un nombre va- riable de séries cellulaires juxtaposées. Quant à la seconde partie de la question proposée, c'est-à-dire aux rap- ports entre les laticiferes et les vaisseaux lymphatiques ou spiraux, l'auteur du Mémoire n" i y répond négativement de la uKuiière la plus formelle. A l'appui de cette réponse négative, il rappelle que, comme l'établissent ses observations et celles de divers autres botanistes, les vaisseaux du latex, chez la plupart des plantes lactescentes, sont placés tout à fait en dehors des faisceaux ligneux qui seuls renferment les vaisseaux spiraux. Les vais- seaux de l'une et l'autre sorte, étant ainsi séparés par im intervalle plus ou moins considérable, ne peuvent évidemment communiquer entre eux. Ce défaut de communication devient plus difficile à établir pour un petit nombre (le végétaux, particulièrement pour ceux dont se compose la petite famille des l'apayacées, chez lesquelles les laticiferes parcourent le corps ligneux lui- même; mais là aussi l'auteur affirme que les vaisseaux du latex se trouvent entièrement séparés des vaisseaux spiraux, et qu'il n'existe nulle part ni connexion ni communication entre les deux. Au total, le Mémoire n° i est un ouvrage important, sagement conçu et habilement rédigé, appuyé d'ailleurs sur de nombreuses observations dont il semble impossible de contester l'exactitude et sur une belle série de figures que tout autorise à regarder comme fidèles. La réponse qu'il présente aux deux parties de la question proposée est la déduction logique des laits dont il renferme l'exposé; il satisfait de tout point aux exigences du programme et mérite d'être rangé parmi les plus beaux travaux qui aient été présentés, dans ces derniers temps, aux Concours ouverts par l'Académie. Le Mémoire n" 2 est plus étendu que celui qui a été inscrit sons le n" r, puisqu'il comprend aujourd'hui le manuscrit en 1 i3 pages in-4°et [\i plan- ches qui avait valu à son auteur une mention trè.s-honorable en i8Gi, et un supplément en 5o pages et 23 planches qui portent à 23o le nombre ( io65 ) des figures réunies clans l'ensemble de ce travail. Ces figures, dessinées à la mine de plomb, sont notablement inférieures, pour le nombre et surtout pour l'exécution, à celles qui tonnent l'atlas du premier Mémoire. En outre, de nombreuses préparations conservées entre deux lames de verre ont été envoyées par l'auteur pour fournir à la Commission les moyens de contrôler l'exactitude des descriptions et des dessins. La portion la plus considérable de ce grand travail est déjà connue de l'Académie par le Rapport qui lui a été présenté en 1861; nous n'avons donc à nous occuper ici que de la seconde portion ou du nouveau Mémoire qui a été présenté cette année à titre de supplément. Nous ferons seulement observer que cette division en un corps d'ouvrage et un supplément destiné à remplir les lacunes du premier, à en modifier même à quelques égards l'esprit et les conclusions^ a fait naître dans l'ensemble un défaut d'immo- gétïéité que l'auteur eût pu facilement éviter en fondant ces deux parties en un seul fout par une rédaction nouvelle. Cette réserve faite, la Commis- sion ne peut donner que des éloges au Mémoire 11° 2, dans lecpiei elle a reconiui l'œuvre d'un savant aussi versé dans la connaissance de l'organi- sation végétale qu'habile dans l'art de l'observer. Dans son Mémoire supplémentaire, ce botaniste examine de nouveau les principaux types de végétaux lactescents, mais il insiste particulièrement sur les Papayacées, chez lesquelles on peut dire que se trouvait le nœud prin- cipal de la question relative aux rapports des laticifères avec les vaisseaux lymphatiques, et sur les Chicoracées, pour lesquelles il substitue un cha- pitre nouveau à celui qui existait dans son premier travail. Étendant le cadre de ses études, que la Commission de i86r lui avait reproché d'avoir un peu trop circonscrit, il a suivi les laticifères dans toutes les parties des plantes, et il a dès lors satisfait pleinement à l'une des exigences du progranune académique. Mais c'est à l'étude de la seconde jiartie de la question proposée qu'il a donné une attention toute particu- lière, bien légitimée par l'importance du point à élucider. On se rappelle en effet que, dans un de ses beaux travaux qui l'ont fait ranger parmi les phytotomistes les plus distingués de notre époque, M. Trécul avait signalé ce fait inattendu que les vaisseaux spiraux ou lymphaticpies renferment sou- vent un suc laiteux en plus ou moins grande abondance; qu'il avait montré, chez les Papayacées, les laticifères venant communiquer avec les vaisseaux lymphatiques par des anastomoses transversales ou s'appliquant contre eux sur des longueurs diverses. Pour reconnaître si ces connexions et cette communication existent réellement, l'auteur du Mémoire n" 1 a recouru suc- ( ioG6 ) cessivement à l'observation directe sous le microscope, à rébuUition dans une solution de potasse qui permet d'isoler les vaisseaux, en6n à l'injectior) par de l'eau colorée avec du carmin. Les observations faites d'après ces trois méthodes ont été poursuivies par lui avec une patience infatigable et avec une habileté peu commune ; elles l'ont conduit à introduire uw cor- rectif dans l'énoncé catégoriquement négatif par lequel il avait répondu en 1861 à cette seconde partie de la question. Il a reconnu en effôt que les vaisseaux lymphatiques des Papayacées peuvent contenir du latex qu'ils reçoivent de laticiféres en communication avec eux; mais, d'après lui, ce latex y est si peu abondant, et les points d'union entre ces deux ordres de vaisseaux sont si rares, que l'un et l'autre de ces faits doivent être regardés comme n'ayant qu'une importance subordonnée et comme uniquement exceptionnels. En résumé, les deux Mémoires présentés au Concours pour le prix Bordin relatif à l'étude des vaisseaux du latex sont des travaux d'une haute va- leur, qui témoignent d'un beau talent d'observation et dans lesquels sont exposés, en texte et en figures, les résultats de patientes et difficiles recher- ches sur l'un des points les plus intéressants et les moins connus jusqu'à ce jour de l'organisation végétale. Par le nombre considérable de faits bien observés dont ils renferment l'exposé méthodique, par la netteté et la simi- litude presque complète des conclusions auxquelles arrivent leurs auteurs, ils lèveront la plupart tles doutes qui restaient encore dans cette partie de la science, et que l'Académie s était proposé de faire disparaître lorsqu'elle .'ivait ouvert ce Concours. La Commission a donc l'honneur de déclarer que les Mémoires 11° i et n" 2 qui ont été soumis à son examen lui semblent être l'un et l'autre une réponse satisfaisante à la question proposée; d'un autre coté, si les mérites par lesquels se distinguent ces deux travaux sont dissemblables à certains égards, ils se balancent assez rigoureusement pour qu'elle ne puisse établir entre eux un classement quelconque; aussi est-elle d'avis que le prix Bordin pour 1 863 doit être partagé entre les deux auteurs. Toutefois, le Mémoire n" 2 se composant eu ce moment île deux parties distinctes entre lesquelles il serait indispensable d'établir une coordination plus complète, elle serait heureuse que l'Académie pût achever son œuvre en hâtant la publication du n° 1, dont le plan et la rédaction méritent tousses éloges et qu accompagnent d'ailleurs des figures parfaitement exécutées. L auteur du Mémoire u° s est M. Léopolo Dippel, a Idar, principauté de Birkenfeld (grand-duché d'Oldenbourg). { 1067 ) L'auteur du Mémoire n" 2 est M. le D"^ Johaxxes Haxstein, à Berlin f Prusse). L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. PRIX BORDIN. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNEE 1863. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Decaisne, Brongniart, Tulasne, de Quatrefages rapporteur. ) Dans sa séance publique du i5 mars 1861, l'Académie avait mis au Con- cours, comme sujet du prix Bordiii à décerner en 1862 (i), la question suivante : (i Faire l'histoire anatomique et pli^siologiqiie du corail et des autres zoo- » jjlijtes de la même famille. » L'étendue de cette question, les difficultés matérielles que présentait sa solution, les voyages qu'elle exigeait, pouvaient faire craindre que les con- currents ne fissent défaut. Un ensemble de circonstances qu'il n'est pas inutile de rappeler nous a valu au contraire une solution telle que l'A- cadémie en reçoit rarement aux problèmes posés par elle. M. Lacaze Diithiers, alors professeur à la Faculté de Lille, avait depuis longtemps, on le sait, abordé l'étude des animaux marins. Après avoir par- couru plusieurs points de nos côtes occidentales, il avait voulu conijiarer la faune de l'Océan à celle de la Méditerranée. Dans ce but, il avait visité les Baléares, la Corse, la Sardaigne, et, dans ces deux dernières localités, il avait réuni déjà des matériaux intéressants sur l'histoire du corail et des zoophytes voisins. A cette époque l'administration de l'Algérie et des Colonies, suivant la voie ouverte par notre confrère M. le Maréchal Vaillant, résolut de faire étudier scientifiquement les questions relatives à la multiplication du corail. M. le Comte de Chasseloup-Laubat fit offrir à M. Lacaze de se charger de cette étude, et M. Lacaze se hâta d'accepter. Mais la mission confiée à ce naturaliste ne comprenait que l'espace d'une année; et, à l'expiration de ce terme, M. Lacaze, dont l'Académie connaît les scrupules scientifiques, (i) Le terme de rigueur assigné aux concurrents s'étendait jusqu'au 3i décembre 1862. La séance publique ayant eu lieu avant cette époque, conformément au règlement de l'Aca- démie, le prix n'avait pu être décerne dans cette séance; mais la Commission avait fait son travail, et elle ne fait aujourd'hui que proclamer le résultat de l'examen auquel elle s'était livrée. ( ioG8 ) ne crut )3as avoir suffisamment éclairci certains points délicats. En con- séquence, il demanda un congé et alla passer encore une saison entière sur les côtes de l'Algérie. Ce sont donc les résultats de trois longues campagnes, dont deux faites entièrement aux frais de l'auteur, que M. Lacaze a soumis à votre Com- mission. Pour donner à l'Académie une idée de l'étendue de ces résultats, il suffira de dire que, sans parler des notes et des manuscrits, M. Lacaze nous a présenté un atlas comprenant plus de 3oo figures remarquables par leur exécution et dont 120, aujourd'hui publiées, sont relatives au corail seul. Les autres intéressent l'histoire d'animaux appartenant, soit a la même famille, comme l'indiquait le progranune , soit à des familles voisuies. Toutes ont été dessinées ou peintes surplace et d'après nature par l'auteur lui-même. Des préparations, des échantdlons nombreux, déposés en majeiu-e partie au Muséum, accompagnaient cet atlas et ont permis, dans plusieiu-s cas, de constater la parfaite exactitude des détails reproduits par M. Lacaze. L'Académie comprendra que nous ne saurions lui présenter, même le plus brièvement possible, le tableau complet d'un ensemble de recherches aussi consuiérabies. Aussi nous bornerons-nous à appeler sou attention sur la monographie consacrée au corail. Mais ici même il nous faudra choisir. Cette monographie, aujourd'hui publiée aux frais de l'État, forme à elle seule un volume grand in-8" de 371 pages, accompagné d'un atlas de 20 planches comprenant 120 figures. Analyser un semblable travail rempli de faits et de détails, ce serait dépasser les limites d'un Rapport. Aussi nous bornerons-nous à en donner une idée sommaire en insistant seulement sur les points les plus importants. Dans les considérations qui précèdent l'énoncé de la question, M. Edwards, juge si compétent de cette branche de la Zoologie, a tracé, de l'état de nos coiuiaissances sur le corail et les groupes voisins, un tableau d'où il résulte qu'en dehors de la grande et inaltaqual)le découverte faite par Pevssonnel, à peu près tout était à découvrir ou à préciser. C'est assez dire que l'étude de ces zoophytes présente de grandes difficultés. iM. La- caze, qui lésa surmontées, a voulu les éviter à ses successeurs. 11 a consa- cré un chapitre spécial à ce sujet et montré comment on parvient à se pro- curer en abondance du corail vivant, comment on le conserve, comment il faut s'y prendre pour l'étudier dans les aquariums, etc. L'auteur imite ici les physiciens et les chimistes qui, avant d'exposer les résultats de leurs études. ( loGg ) décrivent les appareils qu'ils ont employés, les méthodes qu'ils ont suivies. Passant à ses études proprement dites, l'auteur commence nalurellement parla description extérieure, qui, toute précise et complète qu'elle est, ne l'arrête que peu de temps. Six chapitres sont ensuite consacrés à l'organi- sation, et, grâce aux détails contenus dans le texte ou exprimés par les figures, on peut dire que cette organisation est aujourd'hui connue jusque dans ses détails les plus minutieux. C'est surtout dans cette partie du travail que nous ne pouvons guère suivre i\I. Lacaze; car nous serions forcément ou trop longs ou trop incomplets. Ilemarquons seulement que partout l'histologie marche de front avec l'anatomieet la physiologie, et que toujours l'auteur se préoccupe de la structure intime des organes, aussi bien que de leur forme générale, de leurs rapports et de leurs fonctions. Nous ne saurions passer aussi rapidement sur les six chapitres attribués aux fonctions de reproduction. Ici tout était à faire. Une observation très- imparfaite de Cavolini, ini excellent dessin de M. Milne Edwards, représen- tant les ovaires avec beaucoup d'exactitude, voilà tout ce que possédait la science sur ce point intéressant à tous égards. M. Lacaze a décrit et figuré avec le plus grand détail les organes reproducteurs mâles et femelles; étudié le développement des œufs, des spermatozoïdes et des larves; observé ces dernièrespendaut leur période de liberté; constaté les premiers signes annon- çant leur transformation future; suivi pas à pas cette transformation, jus- qu'au moment où l'individu u/ii^ue provenant d'un seul œuf se met à bour- geonner et enfante successivement toute une colonie dont il est le parent direct. Essayons de donner une idée succincte de cette série de phénomènes. En général les sexes sont entièrement séparés dans le corail. Toutefois on trouve parfois, sur un pied mâle, un rameau dont les polypes sont femelles, et réciproquement. Un rameau peut aussi réunir des individus des deux sexes. Enfin, mais plus rarement, un même individu peut être à la fois mâle et femelle. Ainsi, au point de vue de la séparation des sexes, le corail présente les deux extrêmes et presque tous les degrés intermédiaires. L'œuf, fécondé dans la capsule qui l'attache au-dessous d'un repli intestini- forme^ subit dans cette capsule toutes ses transformations. Quand l'enveloppe se déchire, c'est un animal et non pas un œuf qui tombe dans la cavité gé- nérale du corps. Ainsi le corail est vivipare. L'animal sorti de l'œuf est une larve d'abord très-petite et qui doit vivre pendant un certain temps dans la cavité viscérale de la mère, pour ainsi dire à la manière d'un ver intestinal. Pendant cette première période de son existence, elle fait plus que tripler de volume. Il y a donc ici une véritable C. R., iS(i3, am^ Semestre (T. LVII, S" 'IG.) '4-^ ( '07° ) gestation. Au moment voulu la mère se débarrasse par la bouche des larves VI] état de supporter l'action des agents extérieurs. A ce moment le futur corail ressemble complètement à un ver entièrement mou, fort petit, en forme de massue, pourvu d'une bouche qui s'ouvre dans une cavité interne proportionnellement très-grande, et dépourvu d'anus. Des cils vibraliles hérissent tout le corps et permettent à ce ver de nager avec assez de rapidité. Dans ces mouvements il progresse toujours à reculons et en génénd se dirige plus ou moins verticalement de bas en haut. Quand il sarrète, il retombe lentement au fond et se repose appuyé sur sa bouche. Ce genre de vie dure de quinze jours à trois semaines. Pendant ce temps la larve grandit et s'allonge; en même temps on voit se prononcer de plus en plus à l'intérieur huit cloisons qui limitent autant de chambres rayon- nantes autour de l'axe du corps. La métamorphose commence évidenmient dès cette époque. Le ver tourne au rayonné; mais à l'intérieur seulement, et sans que rien trahisse au dehors le changement déjà accompli. Au bout d'un temps quelque peu variable, comme nous venons de le dire, la larve en se mouvant à .••eculoDs va se fixer par sa partie postérieure sur un coips solide quelconque. Alors elle s'épate, et ce ver allongé se trans- forme en un disque plat, adhérent par toute sa base et présentant à son centre une ouverture circulaire qui n'est autre chose que la bouche de la larve; bientôt un bourrelet ou /jffn'stome entoure cette ouverture; puis on voit |)araître huit mamelons correspondant aux chambres qui partagent l'intérieur du disque. — Le ver est donc dès cette époque un rayonné à tous égards. — Puis les n)amelons sallongent et se transforment en tentacules, simples d'abord, mais qui, par un procédé analogue, ne tardent pas à acquérir des barbules latérales. — Dés ce moment le jeune animal est caractérisé comme alcvonaire. A ce moment on commence à trouver dans les parois du corps du petit zoophyte des corpuscules colorés, calcaires, plus ou moins irréguliers en apparence, mais dont la forme n'en est pas moins constante. Ces spicules |)ermeltent de distinguer le jeune corail des autres zoophy tes voisins en voie (le développement et qui pourraient, sous tous les autres rapports, être con- fondus avec lui. C'est grâce à cette circonstance que M. Lacaze, faisant une heureuse application des résultats généraux tirés par M. Valenciennes de l'étude des spicules, a pu utiliser pour ses recherches les très-petits individus adhérents aux corps sous-marins que rapportait le filet des corailleurs, et suivre les diverses phases du développement bien au delà de ce qu'eût permis remploi seul des aquariums. On voit que cette caractérisation successive de l'embranchement, de la [ I07I ) famille et de l'espèce, chez le corail, est entièrement d'accord avec les vues générales émises depuis longtemps sur ce sujet par M. Milne Edwards. L'individu résultant de la métamorphose de la larve, laquelle sortait elle- même fl'un œuf, doit maintenant devenir le siège de nouveaux phénomènes pour donner naissance à ini pied de corail, c'est-à-dire à une colonie com- posée de plusieurs centaines d'individus. Dans ce but, sur un point quel- conque du corps, on voit se former >me sorte de bouton, assez semblable à un furoncle et résultant de l'agglomération sur place d'une plus gr.nuie quantité de tissu vivant. Ce bouton, d'abord plein, se creuse ensuite à l'in- térieur d'une cavité dont le mode de production rappelle entièrement ce qu'un membre de l'Académie a vu chez les mollusques et les annelés ; cette cavité s'accroit peu à peu et finit par percer la peau tlu polype; un péri- stome vient border cette ouverture; huit bourgeons se montrent sur ce bourrelet et se transforment en bras qui acquièrent promptement leurs barbnles, et un second individu se trouve greffé sur le premier. Il est iiuitile d'ajouter que la colonie s'augmente toujours par le même procédé. On le voit, le corail ne présente pas les phénomènes de cjénéraliuii alternante constatés chez tant d'autres rayonnes, et cela même était important à mettre hors de doute. Toutefois, il n'en rentre pas moins dans la catégorie des ani- maux généagénétiques, tels qu'ils ont été définis par un membre de l'Aca- démie. Le scolex seul subit une véritable métamorphose; et les proylottis restent fixés au slrobila. Nous aimerions à suivre encore M. Lacaze dans les détails pleins de nou- veauté et d'intérêt qu'd donne sur la formation du polypier; sur les causes qui peuvent en modifier les formes et les proportions, au point que, les branches restant fort grêles, la base peut devenir assez grande pour fournir une bille de billard d'un seul bloc; sur les circonstances qui peuvent faire croire qu'un pied de corail a pénétré dans une roche, circonstance qui peut avoir son importance en géologie, etc., etc.; mais ces détails nous en- traîneraient trop loin, et nous nous bornerons à dire un mot de ce que l'auteur appelle la loi de destruction réciprocjue . L'Académie sait que le nombre des espèces d'animaux agrégés ou soudés vivant dans la mer est très-considérable. On comprend que la dissémination de ces espèces, livrée entièrement au hasard , doit souvent rapprocher des colonies de genres, de classes, et même d'embranchements différents. Or la force de propagation, ou mieux de multiplication des individus, dont elles sont animées, est entièrement aveugle : la volonté n'y entre pour rien. Il résulte de là que quand deux colonies voisines viennent à se rencontrer, 143.. ( 1072 ) elles luttent fatalement l'une contre l'autre, chacune tendant invinciblement à empiéter sur sa voisine. Si la force d'extension est égale des deux parts, les deux colonies continuent à croître en s'adossant l'une à l'autre. Mais presque toujours il en est une qui l'emporte : alors elle passe sur la plus faible et la recouvre si celle-ci présente une solidité suffisante, ou la détruit si elle est composée seulement de ces tissus délicats qu'on trouve chez la plupart des êtres dont nous parlons. Mais la force d'extension dont il s'agit ici, et que M. Lacaze appelle foicehlastoijénélique, s'affaiblit par son exercice même chez la colonie victo- rieuse. La colonie vaincue, au contraire, semble acquérir une énergie nou- velle à mesure que de nouveaux empiétements rétrécissent de plus en plus son domaine. Il en résulte qu'au bout d'un certain temps les rapports deviennent inverses, et que la colonie qui avait d'abord cédé du terrain, en reprend à son tour, c'est-à-dire qu'elle recouvre ou détruit celle qui sem- blait devoir la faire disparaître. Le corail présente parfois de curieux exemples de ces alternatives dans lesquelles se manifeste si nettement la lutte pour la vie {stmggle for lije) de Darwin. Ainsi, qu'un bryozoaire vienne encore à l'état de larve se fixer sur un pied de corail, il se multiplie d'abord, détruit l'écorce vivante (le sarcosome, Lacaze) de celui-ci dans une certaine étendue et s'étale à la surlace de l'axe calcaire mis à ni!. Mais au bout d'un certain temps, sa force blasto- génétique s'épuise, celle du corail grandit, le sarcosome envahit à son tour les loges du bryozoaire, sécrète la matière ordinaire, et l'étranger se trouve englobé dans le polypier qu'il avait envahi. Des faits de même nature se ])roduisent quand des balanes, par exemple, se fixent sur un pied de co- rail. D'abord elles ont le dessus et détruisent le sarcosome; mais celui-ci, bourgeonnant de nouveau, les recouvre à son tour, les revêt de la matière solide du polypier, et ainsi seforment ces /i(/(/je5que les marchands vendent fort cher aux amateurs. M. Lacaze a vu jusqu'à une valve de thécidée qui avait été ainsi ensevelie dans l'épaisseur d'un pied de corail. M. Lacaze termine cette partie de son travail (sar des considérations géné- rales sur les affinités zoologiques du corail. Il ne fait du reste ici que con- firmer les conclusions auxquelles étaient arrivés la plupart de ses prédé- cesseurs, et entre autres MM. Milne Edwards et Jules Haime. 11 ajoute néanmoins ses recherches propres sur les diverses variétés considérées parfois comme des espèces distinctes, peut-être par suite de quelques fraudes de commerce analogues à celle qu'il a reconnue dans le corail blanc des bayadéres. Enfin, en rappelant les analyses chimiques qui ont été faites [)ar divers auteurs, il oppose aux idées de Vogel sur la nature toute ferru- ( I073 ) gineuso de la matière colorante ronge, les doutes de nos confrères, MM. Pelouze et Fremy, et i-apporte succinctement quelques expériences qu'il a faites pour reconnaître l'action de l'hydrogène sulfuré et des sulthy- drates sur cette matière colorante. Tout en résolvant les problèmes scientifiques soulevés par l'étude du corail, M. Lacaze ne pouvait oublier la nature complexe de la mission que lui avait confiée l'administration. Le côté pratique de la question a été étudié par lui d'une manière tout aussi sérieuse que le côté scientifique ; mais nous n'avons pas à le suivre sur ce terrain. Disons seulement que là aussi il a su faire des applications heureuses des données et des procédés de la science. Ainsi, le mode de locomotion des larves, leurs habitudes observées dans VcKfnarkim ont permis à l'auteur d'expliquer pourquoi le corail se trouve de prétérence fixé à la vovile des cavités sous-marines. Ainsi encore, |3oui- déterminer la rapidité de croissance des pieds, ce qui permettrait de régle- menter d'une manière rationnelle l'emménagement des bancs, M. Lacaze a immergé, dans des points déterminés, i5o grandes jarres marquées de signes qui les feront reconnaître. Il est à espérer que ces jarres se recouvri- ront de corail tout aussi bien que les pierres ou les rochers, d'autant plus que leur forme même est en harmonie avec les instincts des larves que nous venons de rappeler. Successivement repêchées, elles fourniront sur le déve- loppement des axes calcaires recherchés par le commerce des renseignements dont on manque entièrement jusqu'ici. C'est donc une expérience que M. Lacaze a instituée sur une grande échelle et dont l'administration de l'Algérie n'a plus qu'à surveiller les résultats. Nous terminerons ici ce Rapport. Quelque abrégé et incomplet que soit cet exposé, il suffira, nous l'espérons, pour que l'Académie juge de l'esprit dans lequel a été traitée la question mise par elle au Concours. Comme nous, elle pensera que cette monographie du corail présente, à un haut degré, les caractères qui distinguent les travaux de M. Lacaze Duthiers, savoir : une grande sîireté d'observation, sûreté qui résulte de la sévérité avec laquelle l'auteur contrôle ses premiers résultats; l'habitude d'aller au fond des choses ; un esprit généralisateur, mais prudent. En se rappelant que cette monographie n'est qu'une portion de l'ensemble de travaux rapportés par l'auteur pour satisfaire au programme du prixBordin, l'Aca- démie verra certainement qu'il n'y a rien d'exagéré dans ce que nous disions au début de ce Rapport, et qu'elle a bien rarement obtenu des réponses aussi complètes, aussi satisfaisantes, aux questions proposées par elle. L'Académie comprendra dès lors le vote unanime de la Commission qui a décerné à M. Lacaze Duthiers le prix Bordin pour 1 862. ( I074 ) PRIX BORDIiN. (Commissaires, MM. Montagne, Duchartre, Brongniait, Decaisne, Tulasne rapporteur.) « Déterminer par des 7'eclierches anatomiques s'il existe dans la structure des « tiges des végétaux des caractères propres aux grandes Jamilles naturelles, et » concordant ainsi avec ceux déduits des organes de la reproduction. » Ce prix n'est pas décerné, et la même question généralisée est remise au Concours pour l'année 1866. (Consultez à ce sujet le Rapport fait sur ce Concours, à la page 1090 du Programme des Prix proposés.) PRIX MOROGUES. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Boussingault, Decaisne, Rayer, Peligot, Payen rapporteur.) La Commission, après avoir discuté le mérite des divers ouvrages pré- sentés au Concours, a été d'avis, à l'unanimité, d'accorder le prix Morogues de Tannée i863 à M. Barral, pour l'ouvrage périodique intitulé : Jour- nal d Agriculture pratique. Cet ouvrage, faisant suite à la Maison Rustique du xjx' siècle, con- stitue la publication qui offre le plus grand nombre de données théoriques et pratiques utiles, recueillies dans les Sociétés d'agriculture et les exploi- tations rurales. Ce recueil comprend les descriptions des divers procédés agricoles appliqués non-seulement en France, mais encore à l'étranger. La Commission a encore distingué dans chacune des publications men- suelles les tableaux météorologiques des différentes régions agricoles de la France. C'est là une innovation dont l'utilité est chaqne jour mieux appréciée par les cultivateurs. PRIX BRÉANT. (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Claude Bernard, Jules Cloquet, Jobert de Lamballe, Serres rapporteur. ) Ce prix n'est pas décerné. {Foir\e Rapport fait sur ce Concours, à la page 1097 du Programme des Prix proposés.) ( I075 ) PRIX JECRER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Dumas, Peloiize, Regnault, Balard, Fremy, Chevreul rapporteur.) La Section de Chimie, à l'unanimité, a rlécerné le prix Jecker à M. Hov- MAXN [cinq mille francs), pour ses travaux de chimie organique, et en |)articulier pour ses travaux relatifs aux alcalis artificiels dits nn/nniqnefi. PRIX BARBIER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Brongniart, Montagne, Rayer, Jules Cloquet. Decaisne rapporteur.) Votre Commission a distingué deux Mémoires importants parmi les tra- vaux soumis à son examen et ayant pour objet les plantes médicinales. Le premier est dû à M. Jules Lépine, pharmacien de première classe à l'hôpital de Pondichéry. Son ouvrage embrasse l'étude des principaux mé- dicaments en usage dans l'Inde, comparés à ceux que fournissent nos ])lantes européennes. M. Jules Lépine a ajouté à ce travail des recherches sur V Ujdrocolyle asiatica çt sur son emploi en médecine. Le second ouvrage distingué par votre Commission est dû à M. Vieillard, médecin de la Marine. Il est relatif aux plantes médicinales et alimentaires particulières à la Nouvelle-Calédonie. Ces travaux éclairent d'un jour nouveau l'emploi thérapeutique de végé- taux encore très-peu connus et étudiés avec un^ attention particulière dans deux de nos plus importantes colonies par des officiers attachés au service médical de la Marine impériale. Les ouvrages de MM. Jules Lépi\e et Vieillard ont donc paru à votre Commission dignes de recevoir le prix Barbier et elle vous propose de le partager également entre ces deux savants. L'Académie approuve les propositions de la Commission. ( I077 ) PRIX PROPOSÉS ponn LES ANNÉES 1864, 186S, 1866 et 1873. SCIEINCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DE MATHEMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE POUR 1836, REMISE A 1839, PROPOSÉE DE NOUVEAU, APRÈS MODIFICATION, POUR 1862, ET REMISE A 1863. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE t863. (Commissaires, MM. Liouville, Mathieu, f-augier, Duperrey, Delauiiay rapporteur.) L'Académie avait proposé comme sujet de prix pour i856, puis remis au Concours pour iSSg, le perfectionnement de la théorie malhémalique des marées. Le prix n'ayant pas été décerné, l'Académie a rerais au Concours, pour 1862, la question des marées, en en modifiant l'énoncé de la manière suivante : <( Discuter avec soin et comparer à la théorie les observations des marées )) jaites dans les principaux ports de France. « Une seule pièce a été reçue au Secrétariat. L'auteur de cette pièce explique nettement comment il entend que la question doit être traitée; mais il n'a pu se procurer les observations faites dans nos ports assez à temps pour en faire la discussion complète. Le plan de l'auteur a paru à la Commission reposer sur des bases assez solides pour qu'il y ait lieu d'espérer qu'en accordant un nouveau délai, l'Académie voie enfin la question dont il s'agit traitée d'une manière digne de fixer son attention. En conséquence, la Commission propose de remettre encore au Concours pour l'année i865 la question des marées, en conservant l'énoncé qui vient d'être rappelé. L'Académie adopte la proposition de la Commission. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de G. R., i8G3, î"». Semestre. (T. LVII, N» 26.) '44 ( «o?» ) l'Institut, avant le i"jiiin i 865 : ce terme est de rigueur. Le nom de chaque autenr sera contenu dans un liillot cachelé, qu'on n'ouvrira que si la pièce est coiu'onnée. GRAND PRIX DE MATHÉ^IATIQUES, A DÉCERNER EN 186iî. QUESTION SUBSTITUÉE A CELLE DES POLYÈDRES. (Commissaires, MM. Bertrand, Chasles, Ossian Bonnet, Hermite, Serret rapporteur.) r/Académie propose la question suivante : « Perfectionner en quelque point important ta partie de C Analyse matlié- )) malique qui se rapporte à P inléyralion des équations aux dérivées partielles » du deuxième ordre. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut avant le i" juillet i865, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRI\ DE MATHÉMATIQUES. QUESTIOH PROPOSÉE POUR 18SS, REMPLACÉE PAR UNE AUTRE POUR 1861, REMISE A 18C5, PUIS A 1860. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANiNÉ 1863. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles, Serret, Bertrand rapporteur ) L'Académie avait proposé pour sujet du prix de Mathématiques la ques- tion suivante : « Trouver quel doit être l'état calorifique d'un corps solide homogène indéfini, » pour quun système de lignes isothermes, à un instant donné, reste isotherme » après un temps quelconque, de telle sorte que la température d'un point puisse » s'exprimer en Jonction du temps et de deux autres variables indépendantes. >> Cette question, proposée pour le Concours de 1861, avait été traitée par deux concurrents qui tous deux avaient fait preuve de beaucoup de science et de talent; mais leurs Mémoires, dont l'un renfermait une grave inexacti- ( J079 ) tiule, et dont l'antre portait les traces d'nne trop grande j)récipitation, n'avaient pas paru mériter le prix. La question, remise au Concours pour cette année, n'a donné lieu à aucun travail nouveau, et nous proposons, en conséquence, de remettre la question au Concours pour i865. Les Mémoires nouveaux, ou les suppléments aux Mémoires déjà envoyés, devront être remis au Secrétariat avant le i" juillet i865. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1862 POUR iSG-î. (Commissaires, MM. Liouville, Bertrand, Lamé, Chasles, Serret.) L'Académie propose pour sujet du grand prix de Matliéiiuiliques à décerner en 1864 la question suivante : « Etablir une théorie complète et rigoureuse de la stabilité' de r équilibre des » corps flottants. « Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1" juillet 1864 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. PRIX EXTRAORDLXAIRE DE SLX aiILLE FRANCS SUR l'application de la vapeur a la mauixe militaire. QUESTION PROPOSÉE POCK I8{57, KEMISE A 18S9, PROROGÉE A 1 8C2 ET REMISE DE NOUVEAU A 1804. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Duperrey, Combes, Glapeyron, Poncelet, le Baron Charles Dupin président et rapporteur.) Au milieu des expériences prodigieuses que présentent les constructions, les mécanismes et l'armement des navires de guerre qui surpassent les limites auxquelles on s'était précédemment arrêté, il est vraiment regrettable que l'Académie n'ait pas reçu de Mémoire qui donnât les éléments et la dé- monstration d'un seul perfectionnement nouveau et considérable. 14/,.. ( io8o ) En conséquence, nous sommes obligés de déclarer qu'il y ;i lieu de remettre à l'année 1864 le prix fondé par le Ministère de la Marine. Les Mémoires, plans et devis devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i" novembre. Nous avons l'espoir qu'alors l'Académie pourra décerner le prix pour quelque progrès digne de notre époque. PRIX D'ASTRONOMIE, FONDÉ PAR M. DE LALANDE. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut excep- tés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique de 1864. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles au progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent cin- quante francs. Le terme de ce Concours est fixé au i" avril de chaque année. PRIX DE STATISTIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à la Statistique de In France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine séance publique de 1864. On considère comme admis à ce Concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages des Membres résidants. ( io8i ) Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quatre cent soixante-dix-sept francs. Le terme du Concours est fixé au i" janvier de chaque année. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE POUR 1862 ET PROROGÉE A 1864. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Chevreul, Pouillet, Lionville, Bertrand, Fizeau rapporteur.) « Étude d'une question laissée au choix des concurrents et relative à la » théorie des phénomènes optiques. » La Commission propose à l'Académie de proroger le Concours jusqu'au r"' juillet 1864. En reproduisant le programme tel qu'il a été donné en i858, la Com- mission a été d'avis d'ajouter que ce programme doit être entendu dans le sens le plus large, de manière à laisser aux concurrents la plus grande liberté, et pour le choix du sujet et pour la manière de le traiter. Dans la pensée de la Commission, le Concours est ouvert à toutes les recherches, soit théoriques, soit expérimentales, entreprises dans le but d'ajouter quelque chose à nos connaissances sur la nature et les pro- priétés de la lumière. L'Académie adopte la proposition de la Commission. Le prix sera décerné dans la séance publique de 1864-, il consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être rerais, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1^" juillet 1864. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1862 POUR 1864. (Commissaires, MM. LiouviUe, Bertrand, Chasles, Serret, [.amé.) L'Académie décernera le prix Bordin pour ,864 à l'auteur d'un travail apportant un perfectionnement notable à la théorie mécanique de, la chaleur. ( I082 ) Le prix consistera en nne médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs fie port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" juillet 1864 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. PRIX TRÉMONT, A DÉCERNER EW I8CÎ. ( Reproduction du Pro;',ramme des années précédentes ) Feu M. le Baron de Trémonf, par son testament en date du 5 mai i84;, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France. » Un décret en date du 8 septembre i85G a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de 1864, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'en- couragement, à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » qui, se trou- vant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'an- née, ime découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. PRIX FONDÉ PAR MADAME LA MARQUISE DE LAPLACE. Une ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite, par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des Ouvrages de Laplace. Ce prix sera décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. PRIX DAMOISEAU, A DÉCERNER EN 186S. Un décret impérial, en date du i3 mai i863, a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Baroime veuve de Damoiseau, d'une sonune de vimjt mille francs^ a dont le revenu ( io83 ) » est destiné à former le montant d'nn prix annuel qui recevra la (léiio- » minalion de prix Dainoizeaii. « Ce prix sera décerné par l'Académie à l'auteur, français ou étrantçer, )) du Mémoire de théorie suivi d'applications numériques qui lid paraîtra le » plus utile au progrès de l'astronomie. Il pourra aussi être partagé entre » plusieurs savants. » Lorsque l'Académie le jugera convenable, l'auteur d'un Mémoire cou- » ronné pourra recevoir le montant du prix pendant plusieurs années con- » sécutives. » S'il n'y avait pas lieu de décerner ce prix, l'Académie pourrait eu em- >i ployer la valeur en encouragements pour des travaux astronomiques fin » même genre. » Ce prix, quand l'Académie le jugera utile au [)rogrès de la science, )) pourra être converti en prix triennal sur luie question proposée. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, pour la première fois, dans sa séance publique annuelle de i865. Les ouvrages devront être parvenus, Jraiics de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" avril i865, terme de rigueur. ( io84 ) SCIENCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES QUESTION PROPOSÉE EN 18S9 PODR 1862 ET REMISE A 1864. (Commissaires, MM. Valenciennes, Milrie Edwards, Flourens, Coste, Emile Blanchard rapporteur.) (Reproduction du Programme de l'année précédente.) « Analomie comparée du système nerveux des Poissons. » Des travaux nombreux et importants ont été faits sur le système nerveux dans les différenles classes d'animaux vertébrés, mais il existe encore beau- coup d'incertitude au sujet de la détermination de plusieurs parties de l'en- céphale des Poissons, et jusqu'ici on ne connaît que d'une manière très- imparfaite les modifications que cet appareil peut offrir dans les diverses familles ichthyologiques. L'Académie appelle particulièrement l'attention des concurrents sur ces deux points. Elle voudrait que par une étude com- parative des centres nerveux dont la réunion constitue l'encéphale, on pût démontrer rigoureusement les analogies et les différences qui existent entre ces parties chez les Poissons et chez les Vertébrés supérieurs ; enfin elle désire que cette étude soit conduite de manière à jeter d'utiles lumières sur les rapports zoologiques que les divers Poissons ont entre eux et à fournir ainsi de nouvelles données pour la classification naturelle de ces animaux. Extrait du Rapport sur te Concours de tannée 1862. La Commission propose de remettre la question [Analomie comparée du système nerveux des Poissons) au Concours pour l'année i864- Il s'agit ici, en effet, d'une de ces belles questions de sciences naturelles pour la solu- tion desquelles on est en droit d'attendre d'études patientes et de recher- ches bien conduites des résultats considérables. Dans le programme donné pour le Concours de 1 862, on signalait aux concurrents comme but de leurs investigatioas, non-seulement la détermination des différentes portions de l'encéphale des Poissons, mais encore l'appréciation de l'impurtance des modifications des centres nerveux comme caractères propres à jeter d'utiles lumières sur les rapports zoologiques de ces animaux. La Commission, pensant que le sujet prenait ainsi des proportions trop vastes, abandonne ( io85 ) cette dernière partie et insiste ponr que la première soit abordée par l'étude auatouiique la plus délicate et par l'observation du développement. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés, yj'rtncs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" septembre i8()4, terme de rigueur. GRAND PRLX DES SCIEIVCES PHYSIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1861 POUR 1CC3 ET REMISE A 1806. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. de Quatrefages, Flourens, Blanchard, Coste, Milne Edwards rapporteur.) « De In production des animaux hybrides par le moyen de la fécondation » artificielle. » L'Académie n'a reçu pour ce Concours qu'un seul Mémoire. Ce travail, intitulé: Notes en réponse à la question proposée par C Académie sur la produc- tion des hybrides, etc., par M. Salles, ne nous a pas paru susceptible d'ob- tenir le prix. Effectivement il ne contient aucun fait nouveau, et ne consiste qu'en une série de considérations plus ou moins générales sur le sujet pro- posé par l'Académie. La Commission déclare donc qu'il n'y a pas lieu de décerner le grand prix des Sciences physiques, et elle propose à l'Académie de remettre ce sujet au Concours pour 1866. Le prix sera de trois mille francs . Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés, yJancs de port, au Secrétariat de l'Académie, avant le 3i décembre i865, terme de riqneur. GRAND PRIX DES SCIENCES PHISIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 1863 POUR 1863. (Commissaires, MM. Flourens, Claude Bernard, Brongniart, Decaisne, Milne Edwards rapporteur.) Les travaux de Cuvier sur les ossements fossiles du bassin de Paris font époque dans l'histoire des sciences naturelles et ont ouvert à l'anatomie zoologique un champ nouveau non moins vaste que fécond. Depuis la mort G. R., i8C3, 2™= Semeslre. (T. LVII, N» 2Q.) '4^ ( io86 ) (leces;ivant illustre, cette branche de la paléontologie française n'est pas lestée stationnaire, et les publications faites |)ar MM. de Blainville, Agassiz, Deslongchamps, Gervais et Lartet, y ont fait fiire des progrés considéra- bles. Mais les recberclies de ces auteurs ont eu principalement pour objet les Mammifères, les Siuriens, on les Poissons, et les travaux des autres paléontologistes français portent presque uniquement sur les coquilles, les Fxhinodermes et les Polypiers de nos divers terrains. 11 reste donc plu- sieurs groupes d'animaux vertébrés dont les débris fossiles n'ont pas encore été l'objet de recherches suffisamment approfondies, et il est aussi à remar- quer que dans l'état actuel de la science l'anatomie comparée des anin)aux récents ne fournit pas aux paléontologistes toutes les données dont ceux-ci auraient besoin pour la détermination de beaucoup de ces fossiles. [..a Conunission croit utile de provoquer de nouvelles recherches sur cette branche de la paléontologie française, et, comme modèles à suivre, elle indiquera les Mémoires de Cuvier, cardans chacun de ces ouvrages l'ana- tomie comparée sert de guide au paléontologiste, et fait elle-même des progrès considérables. La Commission propose donc de décerner le grand prix des .Sciences physiques pour i865 au « bavait osléocjrnphiqiie qui contrilnier.i le plus à « l'avancement de la paléontologie française, soit en faisant mieux connaître les » caractères anatnniiques orl, au Secrétariat de l'Institut, avant le !*"■ avril de chaque année, terme de rigueur. PRIX DE MÉDECINE ET CHIRURGIE ET PRIX DIT DES ARTS INSALLRRES, FONDÉS PAR M. DE MONTYON. Conformément au testament de feu M. Augetde Montyon, et aux ordon- nances du 29 juillet 1821, du 2 juin i8a/| et du ^3 aoi"it 1829, il sera dé- cerné un ou plusieurs |jrix aux auteurs des ouvrages ou des rlécouvertes qui seront jugés les plus utiles à Vart de cjuérir., et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises an Concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la [)ièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de lexamen du Concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des ouviiiges couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec préci- sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libéralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient ten«. (Reproduction du Programme des années précédentes.) L'Académie propose cointiie sujet d'nn prix de Médecine et de Chirurgie à décerner en 1866 la question suivante : De r applicalion de l'électricité à In thévajjeulique. Les concurrents devront : 1" Indiquer les appareil électriques employés, décrire letn- mode d'ap- plication el leurs effets physiologiques ; 1° Rassembler et discuter les faits publiés sur l'application de l'électricité au traitement des maladies, et en particulier au traiteiuent des affections des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique; vérifier et compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir, soit à l'action des courants intermittents, soit à l'action des courants continus. Le prix sera de la soiume de cinq mille Jrana. Les ouvrages seront écrits en français et devront être parvenus au Secré- tariat de l'Institut avant le i" avril 1866. GRAND PRIX DE CHIRURGIE POUR L'ANNEE 186G. (Coiumissaires, MM. Velpeau, Claude Bernard, Jobert de Lamballe, Serres, Andral, Jules Cloquet, Rayer, Milne Edwards, Flourens rapporteur.) (ReprodiiclioQ du Programme de l'année précédente.) Des faits nombreux de physiologie ont prouvé que le périoste a la faculté de produire l'os. Déjà même quelques faits remarquables de chirurgie ont moniré, sur l'hotume, que des portions d'os très-étendues ont pu être repro- duites par le périoste conservé. Le moment setuble donc venu d'appeler l'attention des chirurgiens v< rs une grande et nouvelle étude, qui intéresse à la fois la science et l'humanité. En conséquence, l'Académie met au concours la question de la conser- vation des membres par la conservation du périoste. Les concurrents ne sauraient oublier qu'il s'agit d'un ouvrage pratique, qu'il s'agit de l'homme, et que par conséquent on ne compte pas moins sur leur respect pour l'humanité que sur leur intelligence. ( 'ogo ) L'Académie, voulant marquer p;ir une distinction notable l'imporlance qu'elle attache à la question proposée, a décidé que le prix serait de dix mille JraiKs. Informé de cette décision, et appréciant tout ce que peut amener de bien- faits un si grand progrès de la chirurgie, l'Empereur a fait immédiatement écrire à l'Académie qu'il doublait le prix. Le prix ser.i donc de vingt mille francs. f.es pièces devront être parveiuies au Secrétariat de l'Institut avant le r' avril 1866. ElUs devront être écrites en français. 11 est essentiel que les concurrents fassent connaître leur nom. PRIX CUVIER, A DÉCERMEK EN 1866. (Reproduction du Programme de l'année précédente.) La (Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant f)ffert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le prochut en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou- vernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du g août 1839, , L'Académie aiuionce qu'elle décernera, dans la séance publique de 1866, \\\\ prix (sous le nom àePrix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus remar- (juable entre tous ceux qui auront paru depuis le i""^ janvier i863 jusqu'au 3i décembre 1 865, soit sur le règne animal, soit sur la géologie. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quinze cents francs. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 18C1 POUR 1863, ET REMISE A 1866. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Montagne, Duchartre, Brougniart, Decaisne, Tidasne rapporteur.) S'il est vrai (ju'il n'y ait rien de nécessaire, philosophiquement parlant, dans les objets de la création, chacun d'eux considéré en lui-même a ce- ( I09I ) pendant pour nous, dans une très-large mesure, lui caractère absolu, non- seulement en ce sens qu'il est forcément ce qu'il doit être d'après le plan du Créateur, mais encore parce que les limites entre lesquelles il lui est permis de varier, bien qu'elles nous soient inconnues, ne peuvent être con- çues indéfiniment étendues. Cette réflexion justifie la recherche des types spécifiques aussi bien que celle des types d'un ordre plus élevé qui peuvent être pris à divers titres pour des abstractions. La plupart de ces types, parmi les êtres organisés, se reconnaissent tout d'abord à leurs caractères exté- rieurs, et l'expérience quotidienne des naturalistes montre luie telle corres- pondance, un te! accord, entre ces caractères et la structure interne de l'être qui les présente, que 1rs dehors nous autorisent généralement à juger de ce qui demeure caché à nos regards. Toutefois cette conclusion n'est pas tellement rigoureuse, qu'elle dispense l'anatomiste de l'étayer par l'obser- vation directe des faits; aussi les types organiques ne sont-ils, à juste titre, réputés suffisamment connus et ne peuvent-ils être réellement apjiréciés que lorsque le scalpel et le microscope ont été heureusement appliqués à leur étude. Les recherches de cette nature dans le règne végétal paraissent avoir dé- montré que les types anatomiques, s'il est permis de. parler ainsi, sont bien moins nombreux que les types organiques proj^rement dits, de telle sorte que chacun des premiers peut justement embrasser un nombre plus ou inouïs considérable des seconds. Ce résultat pouvait être prévu d'avance. Si variés que soient les éléments constitutifs des tissus végétaux dans leurs formes, leurs dimensions, leurs rapports mutuels et leur distribution au sein de la plante, il n'en saurait évidemment résulter une diversité égale à celle que présente l'infinie multitude des formes végétales. D'un autre côté, si dans une même plante ou le même organe d'une plante donnée des cel- lules, en apparence identiques, contiennent ou sécrètent les matières les plus dissemblables, des liquides sucrés on albumineux, des gonmies, de la fécule, du ligneux, etc., on conçoit que cet organe élémentaire puisse se rencon- trer avec des fonctions identiques chez des végétaux très-différents les uns des antres, ou remplir, au contraire, des fondions variées en des jjlautes très-analogues entre elles. Quoi qu'il en soit de cette inégalité numérique des types anatomiques comparés aux types organiques, la recherche des premiers offre évidem- ment un grand intérêt et promet d'accroîn-e la science des végétaux de no- tions qui lui font encore défaut à l'heiu-e présente. Ce n'est pas cependant que les vœux des botanistes n'aient appelé depuis longtemps des connais- ( 1092 ) sauces moins incomplètes que celles qu'ils possèdent sur le sujet en ques- tion. Il n'avait point échappé à Desfontaines, lors de ses études sur l'or- ganisation comparée des Dicotylédones et des Monocotylédones^ qu'il ne serait sans doute pas impossible de trouver dans les organes intérieurs des plantes qui composent les grandes familles naturelles, telles que celles des Ombellifères, des Crucifères, des Composées ou des Légumineuses, des caractères communs et particuliers à chacune d'elles, que peut-être arri- verait-on même à distinguer les genres et les espèces si la structure in- térieure obtenait des botanistes toute l'attention qu'elle mérite, que les parties extérieures des plantes ne sont en quelque façon qu'un développe- ment des organes intérieurs, et que si les premières présentent des dif- férences de caractères remarquables, il en existe probablement d'analogues dans les autres {voyez les Mémoires de l'Inslilut national, t. I [1796-1797!, p. Soi). Depuis, l'un de vos Commissaires n'a pas craint d'affirmer que « ce sont les modifications de disposition et d'organisation du tissu vasculaire qui contribuent essentiellement à caractériser les divers groupes des végétaux, » et il fait d'ailleurs la judicieuse remarque qu'il faut se garder d'attribuer à toute une famille végétale, surtout lorsqu'elle est nombreuse et variée, la structure de quelques-uns de ses genres, et que l'étude attentive, tant des modifications qui s'opèrent dans ces familles que des caractères qui y restent constants, permettra un jour d'apprécier la valeur relative des caractères anatomiques. (Ad. Brongniart, Archives du Muséum, t. I[i839], p. 409 et 439.) Jusqu'ici les botanistes se seraient peut-être bornés à souhaiter qu'un type aiiatomique au moins correspondît à chacune des familles les mieux définies du règne végétal, afin qu'étant donné lui rameau dépouillé de feuilles et de fleurs on pût, par le seul examen de sou organisation in- terne, reconnaître à quel ordre de végétaux il eût été emprunté. Mais cette ambition, si modeste qu'elle paraisse, n'a pu encore être satisfaite, et nous aurions peut-être tort d'en èlre surpris. De même, en effet, que des familles végétales bien distinctes par leurs appareils reproducteurs peuvent se res- sembler extrêmement par les caractères de la végétation, de même aussi ces mêmes familles doivent-elles généralement présenter des dissemblances inappréciables si l'on descend à l'examen de leur histologie, puisque celle- ci appartient également, pour la plus grande part, au domaine des organes de la nutrition et de la végétation. ( "JQ^ ) Mais, d'un autre côté, si le aièuie type anatomique se rdrcjuve presque identique dans plusieurs familles végétales, quelques-unes de celles-ci en offrent évidemment plus d'un seul. Certaines grandes famdlcs, très-naturelles il'ailleurs, telles que les Rosacées, les Légmiiineuses, les Bignoniées, les Malpigliiacées, les Sapindacées, etc., renferment à la fois des herbes an- nuelles, bisannuelles ou vivaces, tlroites ou volubiles, aériennes ou aqua- tiques sinon submergées, des arbrisseaux, des arbres, des lianes, etc., et à chacinie de ces manières d'être du végétal correspond une structure anato- mique plus ou moins spéciale. Cette structiu'e, cependant, admet-elle une communauté soit d'éléments histoiogiques, soit de circonstances anato- miques particulières, qui caractérise un type anatomique déterminé et tou- jours reconnaissable? C'est là ce qui ne semble pas avoir été suftisanunent étudié. S'il existe, par exemple, des caractères histoiogiques propres aux Légumineuses, se retrouvent-ils à la fois dans la tige herbacée d'iui Trèfle, le tronc droit du Robinier et les rameaux tordus et anfractueux de la Gly- cine ou des Baiihinin? Le signalement histologique de plusieurs familles végétales a déjà été dressé avec soin par divers botanistes, et c'est avec l'intention de solliciter de nouvelles études dans cette voie de recherches que vos Commissaires avaient proposé pour le prix Bordin à décerner cette année l^i) une question ainsi conçue ; (( Déterminer par des recherches annlomiques s'il existe dans la structure des » liges des végétaux des caractères propres aux grandes familles naturelles et » concordant ainsi avec ceux déduits des organes de la reproduction. » Il n'a été reçu au Secrétariat de l'Académie qu'un seul Mémoire ayant pour épigraphe l'adage connu : « Nalura non fncit saltus. » L'auteur de ce travail est « fort éloigné, dit-il, d'avoir parcouru le vaste cercle d'observa- tions qu'il aspirait à décrire, » et dans le fait il ne traite avec quelque étendue que d'une dizaine de familles végétales apparteuant prescjue toutes au groupe des plantes dicotylédones. Néanmoins, il s'estime fondé à con- clure de ses recherches, continuées pendant près de trente ans, que parmi tous les ordres de plantes qu'il a examinés il n'en est pas deux qui offrent exactement les mêmes traits ou caractères anatomiqucs, et il ne craint pas d'avancer que l'ensemble de ces traits compose toujours une physionomie particulière qui assigne la place de chaque plante non-seulement dans sa (i) Voyez les Comptes rendus de l' Académie, t. LUI, 1861, p. ii85, et t. hV, 1862, p. lOCJ. G. R., iSfi:î, î""- Semestre. (T. LVII, N» 26.) ' 4^^ ( I094 J famille naturelle, mais encore dans le groupe générique déjà indiqué par ses caractères extérieurs. C'est sans doiitc parce que l'étude histologique et anatoniique des plantes n'a pas juscpià présent conduit en générai à des ré- sultats aussi satisfaisants que l'auteur du Mémoire eu question croit pou- voir dire que c'est à peine si « l'anatoniie végétale est encore inventée. » Votre Commission ne partage pas tant de scepticisme; mais en proposatU pour sujet de prix la question de botanique dont il s'agit, elle a suffisam- ment montré qu'elle voit aussi les lacunes de la science et qu'elle convie les observateurs à les combler. Elle rend volontiers hommage au savoir que témoigne dans son auteur le Mémoire présenté, mais il ne lui semble pas que ce travail ait répondu assez com|)létement à la question posée, pour mériter le prix offert par l'Académie. Pour ce motif, votre Conunission vous propose de maintenir au Concours la même question d'anatomie végétale; seulement elle serait d'avis d'ajouter au programme qu'elle admellrn à concourir toul travail consciencieux qui aurnil pour objet spécial l'étude analomique comparée d'un ou plusieurs genres de liqes, et notamment l'examen des lianes cl lie/es (/rimpanles ou volubiles, étudiées comparativement avec tes autres sortes de tiges dans les mêmes familles végétales; de plus, ayant égard aux difficultés inhérentes à de pareilles recherches et au temps qu'elles exigent, votre Commission propose encore d'accorder aux concurrents jusqu'au i" avril 1866 pour l'envoi de leurs Mémoires. L'Académie adopte les propositions de la Commission. Ces Mémoires (manuscrits) devront donc être déposés, francs de port, au .Secrétariat de l'Institut avant le i" avril 1866, terme de ligueur. PRIX BORDIN. QUESTION PROPOSÉE EN 1865 POUR 18Gi>. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Claude Bernard, Flourens, Decaisne, Brongniart. ) « Déterminer expérimentalement les causes de rinégaliléde l'absorption par » des végétaux dijjérents des dissolutions salines de diverses natures que con- » lient le sol, et reconnaître par l'élude analomique des racines les rapports qui Il peuvent exister entre les tissus qui les constituent et les matières qu elles ah- » sorbenl ou qu'elles excrètent. » Les plantes ne puisent pas dans le sol les mêmes éléments minéralogi- ( logS ) qiies; par exemple, le trèfle et le froment, végétant sur la même terre, en tirent (les principes différents. Les plantes aquatiques, non plus, n'absorbent |)as indifféremment toutes les matières salines dissoutes dans l'eau qui les baigne; de même que les plantes terrestres, elles choisissent celles qui leur sont appropriées et sans lesquelles elles ne pourraient pas vivre ou parcou- rir le cycle entier de leur végétation. A quelle cause doit-on attribuer cette élection de matières servant à l'ali- mentation des végétaux? Dépend-elle directement dune structiue ou d'une composition particidière des tissus des racines et des autres parties de la plante, ou bien est-elle la conséquence d'actions physiologiques inté- rieinvs? Comment se produisent les altérations que les végétaux aquatiques font éprouver à l'eau qui les entoure et au sol dans lequel plongent leurs ra- cines, altérations si fortement accusées par l'insahibrité des lieux maréca- geux et les gaz qui s'échappent du sol sous-jacent? Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de />ort, au Secrétariat de l'Institut, avant le i"'' septembre i865, terme de rigueur. I^es noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. PRIX MOROGUES, A DÉCF.ENER EN i8'/3. (Reproduction du Programme des années précédentes.) Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du aS oc- tobre 1834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'Etat, pour faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par l'Académie des Sciences Physiques et Mathématiques, à ïoiivrac/e (fui aura fait Jnire le plus grand progrès à l'agriculture en France, et par l'Académie des Sciences Morales et Politiques, au meilleur ouvrage sui l'état du paupé- risme en France, et le moyen (Vj remédier. Une ordonnance en date dit 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'yVcadémie annonce qu'elle décernera ce prix, eu 1873, à l'ouvrage remplissant les conditions prescrites par le donateur. Les ouvrages, imprimés et écrits en Jrançais, devront être déposés, y;vi/i<> deport,a\i Secrétariat de l'Instittit, avant le i^"^ avril 1873, terme de rigueur. ■ 46. ( io9^J PRIX BRÉANT. Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant n légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du cho- léra asiatique ou qui aura découverl les causes (i) de ce terrible fléau. » Prévoyant que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt rlu capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou en6n que ce prix pût être gngué par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra : ■' Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense >• iiinjorité des cas; » Ou ■• Indiquer d'une manière inconlestfble les causes du choléra asiatique, de !■ façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- » demie; » Ou enfin « Dctouvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par '. exemple, celle de la vaccine pour la variole. » (1 j II paraît convenable de reproduire ici les propres ternies du fondateur : « Dans l'état » actuel de la science, je pense cpi'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la coiii- » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert " au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques « ou autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en " nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette ■• cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, a » reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans » l'eau en se servant des instruments microscopiques (pie la science met à la disposition de >■ ceux qui se livrent à cette élude. » Comme il est probable que le prix de cent mille francs, instilné comme je l'ai explicpié » plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que • l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la " science sur la question du choiera ou de toute autre maladie epidémi(iue, soit en donnant » de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant un . procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à ])résent ont échappe » a l'œil du savant, et qui ))ourraient bien être la catise ou une des causes de la maladie. » ( 1097 ) 0.° Pour obtenir le prix annuel île quatre mille francs, il faudra, par dès procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de ma- tières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le ]M'ix annuel de quatre mille francs pourra, aux termes du testament, èlre accordé h celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. r.es Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être parvenus, francs de port, an Secrétariat de l'Institut avant le i'' avril 1864 : ce terme est de riqueur. L'Académie croit devoir mettre sous les yeux des concurrents le Rapport suivant sur le Concours de l'année r863 : La Section de Médecine et de Chirurgie, instituée en Commission perma- nente pour le prix Bréaut, vient déclarer à l'Aradémie qu'aucune des condi- tions de ce Concours n'a été remplie dans les dix pièces qui ont été sou- mises cette année à son examen. Cinq de ces pièces sont relatives au choléra, et la Commission ne peut s'empêcher d'exprimer le regret qu'elle éprouve de voir que les concurrents ne se pénètrent ni des vues du testateur, ni des commentaires que l'Aca- démie en a faits dans son programme, afin d'en définir les termes avec quelque précision et de les rendre accessibles à l'observation et à l'expé- rience. Il est évident, en effet, que la volonté du testateur est de donner un prix de cent mille francs à la personne c{ui, selon les termes du testament, aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Mais il est clair que, pai- cette expression : quérir du choléra asiatique, le testateur n'entend [las dési- gner une méthode fie traitement analogue à celles anjourd'hui mises en usa^eetqui comptent en leiu'faveiu- lUie proportion plus ou moins notable de succès; il veut qu'on trouve luie médication d'un effet incontestable, qui guérisse le choléra dans l'immense majorité des cas d'une manière .uissi sûre que le quinquina, par exemple, guérit la fièvre intermittente. A cette condition le testateur ajoute que la somme de cent mille frams pourrV également être accordée à la personne qui aura décotivert les causes de ce terrible fléau, f.a Section de Médecine et de Chirurgie a déjà fait re- marquer à l'.'^cadémie que l'esprit du Concours Bréaut avait une tendance à reporter la médecine vers la recherche des causes occultes des maladies, l 1098 ) recherches qui, imprimanl à la science une direction fâcheuse, ont si long- temps entravé sa marche. Néanmoins, les termes par lesquels le testateur exprime sa pensée prou- vent de la manière la plus évidente qu'il veut attirer ici l'attention des mé- decins et des savants sur de nouvelles analyses de l'air, spécialement entreprises pour la recherche des matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui, par leur nature, seraient capables de jouer un rôle plus ou moins actif dans la production ou la propagation des maladies épidémiques en général, et de celle en particulier du choléra. Cette vue n'est pas nouvelle, et, depuis longtemps, des essais infructueux en ont fait délaisser l'étude par les médecins. Toutefois, en considérant jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces derniers temps la connaissance des éléments inorganiques de l'air, M. Bréanta pensé que, d'après cette perfection des procédés physiques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recherches sur les principes organiques morbifiques, ou, selon son expression, sur les animal- cules contenus dans l'atmosphère, principes ou animalcules que l'on de- vrait chercher à isoler sans les altérer, afin de pouvoir étudier leur action sur les êtres vivants. Le simple énoncé de cette vue du testateur en indique toutes les diffi- cultés, difficultés déjà très-grandes pour les physiciens et les chimistes chargés de rechercher et d'isoler les principes morbifiques contenus dans l'air, et qui deviendraient plus grandes encore pour le médecin physio- logiste qui devrait en constater les effets délétères sur les animaux et sur l'homme. Comme on le voit, c'est un programme de découvertes à faire que M. Bréant a tracé dans son testau.ent. Mais, prévoyant avec raison que leur réalisation serait lointaine, il a institué accessoirement un prix an- nuel de cinq mille francs représentant la rente du ca[)ital, et destiné à récom- penser soit des travaux qui auraient fait avancer la question du choléra asiatique ou des autres maladies épidémiques, soit ceux qui indiqueraient le moyen de guérir radicalement les dartres ou ce qui les occasionne, en fai- sant connaître Vaninialcule qui, dans sa pensée, donne naissance à cette maladie, ou en démontrant d'une manière positive la cause qui la produit. Des cinq pièces concernant les affections dartreuses qui ont été en- voyées au Concours, nulle d'entre elles n'envisageant la question Sous le point de vue indiqué par M. Bréant, et ne renfermant d'ailleurs rien qui ne soit d>^jà connu, ont dû être écartées du Concours. En terminant, la Section de Médecine et de Chirurgie croit devoir in- ( '099 ) former l'Académie qu'elle suit avec la plus grande attention les travaux qui se font présentement sur la pathologie parasitaire des maladies de la peau, et qu'elle espère en voir sortir prochainement des résultats qui éclaireront l'étiologie et le traitement des dartres. En résumé, la Commission du Concours Bréant propose à l'Académie de n'accorder cette année ni prix ni récompense, et elle croit devoir rappeler de nouveau que, pour remporter le prix de cenl mille francs, il faudra : « 1° Trouver une médication qui guériise le choléra asiatique dans Cim- » mense majorité des cas; » Ou " Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de )) façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie; » Ou hien « Découvrir une proplijlaxie certaine et aussi évidente que l'est, par » exemple, celle de la vaccine pour la variole. » 1° Pour obtenir le prix annuel de cinq mille francs, il faudra, par des pro- cédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Enfin, dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été rem- plies, le prix annuel de cinq mille francs pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé !e moyen de guérir radicalement les dartres ou qui aura éclairé leur étiologie. PRIX JECKER, A DÉCEKNER EN I864. Par un testament, en date du i3 mars i85i, feu M. le D"^ Jecker a fait à l'Académie un !egs destiné à accélérer les progrès de la chimie organique. En conséquence l'Académie annonce qu'elle décernera, dans sa séance publique de 1864, un ou plusieurs prix aux travaux qu'elle jugera les pins propres à hâter le progrès de cette branche de la chimie. PRIX BARBIER, A DÉCERNER EN 1064. Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Gràce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la botanique ayant rapport à l'art de guérir. » ( MOO ) "En conséquence, rAcadémie annonce que le Prix Barbier sera décerné en 1864 au meilleur travail qu'elle aura reçu, soit sur la cliinue, soit sur la botanique médicale. Les .Alémoires devront être remis, francs de porl, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1'''' avril 1864 : ce terme est de rigueur. Les noms des auteurs devront être contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ou- verts que si la pièce est couronnée. PRIX GODARD, ^ A DÉCERNER EN 1863. Par un testament, en date du â septembre 1862, feu M. le D"^ Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille panes, » trois pour cent, pour fonder un ])rix qui, chaque année, sera donné au .. meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des X organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. .1 Dans le cas où une année le prix ne serait pas donné, il serait ajouté » au prix de l'année suivante. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, pour la première fois, en i865, au travail qui remplira les conditions prescrites par le donateur. Les Mémoires devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le 1" avrd i865, terme de rigueur. CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents, pour tous les Prix, sont prévenus que l'.^cadémie ne rendra aucun des ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. LECTURES. M. Flourens lit l'Éloge historique d'André-Marie-Constant Du-mérw.. M. BEUTnAXD lit une Notice sur la vie et les travaux de Képi.er. F. FIN DU TOME CINQUANTE-SEPTIÈME. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIÉ DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET — DÉCEMBRE I8G5. TABLE DES MATIERES DU TOME LVII. Pages. Acide acétique. — Sur les combinaisons de l'acide acétique anhydre avec les acides borique et arsénieux; Note de M. Rack. ai 3 — Sur la question de l'acideacétique annoncé comme un produit de la fermentation alcoolique ; Lettre de M. Hlmnncné. . . . SgS — Sur la présence de l'acide acétique libre dans le vin ; Note de M. De Liicn 52o Acide arsé.meux. — Sur les combinaisons de l'acide acétique anhydre avec les acides borique et arsénieux; Noie de M. Rac/i. 2i3 Acide BoniyuE. — Voir l'arlicle précédent. Acide cAnBOMQfE. — Dosage de l'acide car- bonique contenu dans l'air aux différentes époques de l'aimée; Note de M. Mené. i55 Acide tautrique. — Sur le dosage de la crème de tartre, de l'acide tartrique et de la potasse contenus dans les vins; Mé- moire de MM. Bcrtlielol et de Fleurieu. 894 Acide vanadiqiie. — Recherche de cet acide dans diverses argiles; Note de M. Phip- son ■ • • 1 52 Acide xyiochloébique. — Nouvelle matière colorante obtenue du bois mort vert; Note de M. Fordns 5o Acier. — Études sur les fers et les aciers; Mémoire de M. de Cizancourt 3 16 AÉRO.NAUTIQCE. — Sur un système nouveau de navigation aérienne sans ballons; Note de M. de Lmwrié C97 — Lettre de M. Villain concernant une pré- C. R., l863, 2""= S.:mestre. (T. LVII.) Pages, cédente communication sur la naviga- tion aérienne 708 — Sur les conditions du problème de la lo- comotion aérienne ; Note de M. Bnucnrd. 799 — Sur un nouveau système d'autolocomotion aérienne à hélice; Note de M. Tlinssr. . 833 Alcooliques (Ferments). — Éludes sur les modifications du sucre de canne sous l'influence des ferments alcooliques; Note de M. Jodin 434 Alcools. — Faits nouveaux concernant les métamorphoses alcooliques ; Note de M. Milhii a35 — Nouvelles observations concernant l'ac- tion du chlorure de zinc sur l'alcool amylique ; Note de M. IVurtz 892 — Sur la question de l'acide acétique an- noncé comme un produit de la fermen- tation alcoolique ; Note de M. Mauniené. 398 — Sur la distillation des liquides mélangés et sur la pureté de l'alcool amylique; Note de M. Berthelot 430 — Sur l'oxydation des alcools; par fc /«(''«(e. 797 — Action des alcools sur les éthers compo- sés ; Note de MM. Friedel et Crnjis. . . 877 Voir aussi l'article DistUlatinn. Alién.\tion mentale. — De la responsabilité légale des aliénés ; Mémoire de M. Brière de Boi.sinont a65 Voir aussi les articles Pathologie, Pcl- liigrc^ etc. 147 ( I I 02 ) Pages. Aloès. — Nouvelles recherches sur l'aloès; Jfémoire de M. Kosmann S77 Amvlène. — Sur quelques dérivés de l'hy- drate d'amylène (l'éther amylénique, l'acétate et le chlorhydrate d'amylène) ; Note de M. U'urtz 479 Analyse matiiématioi e. — Sur la théorie des fonctions elliptiques; Notes de M. Hcr- mite t>i3 et ggS — Note sur les fonctions de sept lettres ; par le même jSo — Sur une classe d'équations du 4° degré ; Lettre de M. Briosclii à M. Ilerniite 106 — Sur les fonctions à périodes multiples; Note de M. Casorati 1018 — Sur les intégrales aux différences finies; Note de M. Tlioman 778 — Sur une nouvelle théorie des calculs transcendants ; Mémoire de M. E. Genv. 738 — Lettre de M. Nauck concernant ses pré- cédentes communications sur la résolu- tion des équations du 3' degré. 744 et 980 — Lettre de M. C/;m7o.^c'/ annonçant l'envoi de deux Notes sur des questions d'ana- lyse mathématique 9G2 AaNATOMiE. — Lettre de M . Rouget concernant son Mémoire sur la terminaison des nerfs dans les muscles 483 — Sur les rapports qui existent entre les poids des divers os du squelette de l'homme; Note de M. De Litca 588 Anatomie compahée. — Note de M. Brandi accompagnant la présentation de figures préparées pour une ostéographie des Sirènes; avec des remarques sur l'os- téologie des Pachydermes et des Cétacés. — Observations sur X Elasmothcrium ; par le même — . Recherches sur la signification homolo- gique de quelques pièces faciales du squelette des poissons ; Note de M. Hol- lard — Recherches sur queUiues points de l'or- ganisation du Lepidosiren anneclens ; Mémoire do M. Serres 540 et — Note sur les habitudes de cet animal ; par M. Jlh. Gcnjfrny Sai/it-Hdnire . .. . — Sur la structure du système nerveux des Mollusques gastéropodes; Note de M. Trincliese Gig — Mémoire de M. Knocli sur les développe- ments et les migrations des Bothriocé- phales 498 — Note sur le développement du Bolhriocé- phale de l'homme; par M. Berlolus. . , . 5G9 Anesthésie. — Note de M. Buudelucque sur les accidents causés par l'inhalation du chloroforme gGa 489 490 G70 577 541 Pages. Amlin'e. — Note sur le bleu d'aniline; par 5L Hofmann 2.') Anthropologie. — Lettre de M. Méret sur la limite qui sépare l'intelligence de l'homme de celle des animaux 45S — Sur les rapports de poids entre les diffé- rents os du squelette humam ; Note de M. De Lucn 588 — Sur l'âge de la pierre dans les cavernes de la vallée de Tarascon ; Note de MM. Fdhol et Garrignu SSg — Sur les amas coquilliers de l'ile de Diane (Corse) considérés comme des monu- ments de l'âge de pierre; Note de M. Blauner 978 — Note sur deux fragments de mâchoire humaine trouvés dans la caverne de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) sous une couche de stalagmites au milieu d'osse- ments de rennes; Note de MM. Garri- goii, Martin et Tnitat 1009 Voir aussi l'article Paléontnhgie. Appareils DivEns. — M. Mnrin présente un petit instrument de l'invention de M. H. de Scidngintweit donnant, avec l'exacti- tude suffisante pour les besoins ordi- naires, le développement d'un périmètre quelconque 877 — M. Plngnioi soumet au jugement de l'Aca- démie un niveau de son invention lo.'i — Appareils destinés à prévenir les fuites du gaz d'éclairage, des eaux forcées, etc. : Mémoire de M. l'aussin-Chardanne io5 — Sur une pompe mue par le vent; Note de AL Castillon-Cliehet 455 — Appareil destiné à assurer une libre et pleine respiration rux personnes plon- gées dans un liquide ou un milieu irres- pirable; Note de M. Galibcrt GG8 — Lettre et Note de M. de Laeroix sur un appareil de son invention applicable aux mêmes usages et employé avec succès à Amélie-les-Bains 871 et 945 — Note de M. Dctcambrc concernant ses machines à composer et à distribuer les caractères d'im[irimerie 872 — Appareil destiné à faire connaître instan- tanément le nombre des membres d'une assemblée; Mémoire de M. de Crcna.. 117 Aucs-EN-ciEL.— Voira l'article Méléorobgie. Abéo.metrie. — M. Bauclin présente un al- coomètre accompagné d'une échelle den- simélrique qui résume ses travaux rela- tifs à cet instrument 5i3 et 583 Argent. — Nouveau moyen de traitement des minerais argentifères; Mémoire de M. Poumarède gS ( " Pages. — Considérations sur l'opération nié(iilliii'- gique connue sous le nom de Pattinso- nage ; Note de M. Valin 785 — Sur l'analyse des alliages d'argent et de plomb ; Note de M. Tlmnas ggo Arithmétique. — Projet d'une Table des carrés destinée à abréger les longs cal- culs ; Note de M. Gnssart 833 Arsenic. — Recherches toxiiologiques sur la transformation de l'arsenic en hydruro solide, par l'hydrogène naissant, sous l'influenre des composés nitreux; Note de M. Bhndlot 596 Astronomie. — M. Le T'crrier, en présen- tant un nouveau volume des Annnlc.s de VObsrtvatoirc impérial de Paris, t. Vil, en fait connaître sommairement le con- tenu 1 8 1 — Note de M. Le />/■/(>/• accompagnant la présentation d'un nouveau volume des Annnlcs de f Observatoire impérial de Paris 731 — Note de M. Le Terrier accompagnant la présentation faite, au nom de M. Rico y Sinnbas, du V volume des Livres astro- nomiques du roi Alphonse X de Castille. 277 o3 ) Pages. — Note de M. Mathieu en présentant, au nom du Bureau des Longitudes, le vo- lume de la Connaissance des Temps pour l'année i865 : détails sur l'état actuel de cette éphéméride 629 — Observations de la lumière zodiacale à Munster; Note de M. Hcis, précédée d'une Lettre à M. Paye 280 — Sur la rotation de la Lune et sur la libra- tion réelle en latitude; Mémoire de M. Simon 324 et — Considérations sur les mouvements cen- trifuges des corps célestes; Mémoire de M"" Henry Atmolyse. — Nouvelle méthode d'analyse des gaz basée sur leur diffusion; Mé- moire de M. Graham sur le mouvement moléculairedes gaz 181 Voir aussi l'article Diffusion. Atmosphère. — Étude des corpuscules ap- partenant aux trois règnes de la nature, tenus en suspension dans l'atmosphère ; Mémoire de M. Sannielson 87 AzuLÈNE. — Produit obtenu par la distilla- tion fractionnaire de l'huile essentielle de camomille; Note de M. Piesse 1016 628 738 B Bananes. — Kecherches sur la composition chimique de la banane du Brésil ; Note de M. Cnrenwinder 781 Baromètres. — Lettre de M. Mondino con- cernant une précédente communication sur un projet de baromètres spéciale- ment destinés pour la mesure des mon- tagnes 364 Bolides. — Lettre de M. Marmusc concer- nant un bolide observé à Mons, le 1 3 sep- tembre, à lo"" 35"" du soir 574 Bulletin bibliographique.— 58, 117, 170, 237, 2g3, 364, 404, 456, 483, 5o2, 523, 574,591,611, 644,680,709, 745,799, 847,880, 918, 963, 991, 1034. Café. — Sur le café, sa culture, ses usa- ges, etc.; Mémoire de M. Robin 214 Candidatures. — M. Fermoml prie l'Acadé- mie de vouloir bien le comprendre au nombre des candidats pour la place va- cante dans la Section de Botanique par suite du décès de M. Moquin-Tandon . . 909 Chaleur. — Sur la chaleur spécifique des corps solides : déductions relatives à la nature composée de corps réputés sim- ples; Mémoire de M. Knpp (suite). ... 47 — Sur quelques équations qui dérivent de la théorie mécanique de la chaleur; Note de M. Clausius 339 — Réponse de M. Duprê à des remarques qui le concernent dans une communica- tion récente de M. Reecli sur les pro- priétés calorifiques et expansives des fluides élastiques io8 Sur les propriétés calorifiques et expan- sives des gaz; Note de M. Reecli 5o5 Nouvelle Note de M. Dupré en réponse à celle de M. Reech 58y Réponse de M. Rrech 034 Application de la théorie mécanique de la chaleur à la discussion des expériences de M. Regnault sur la compressibilité des gaz ; Noie de M. Dupré 774 Recherches sur la chaleur chimique et la chaleur volta'ique ; par M. Rauult 5oy 147.. ( iio4 Pages ) Chaleur. — Sur l'égalité des pouvoirs émis- sifs et absorbants. — Les divers corps liortés à l'incandescence sonl-ils égale- ment lumineux à même température? Notes de M. de la Provostaye. 5i7 et 687 — Note sur l'irradiation des corps incandes- cents ; par M. Edm. Becquerel 68 1 — Détermination des relations qui existent entre la chaleur rayonnante, la chaleur de conductibilité et l'électricité; Mé- moire de M. de Colnet-d'Huart 563 — Considérations nouvelles sur la théorie de la chaleur appliquée au calcul des effets des compresseurs à colonne d'eau du mont Cenis ; Note de M. de Cnligny- 785 — Application de la théorie mécanique de la chaleur à l'artillerie; Mémoire de M. Martin de Breltes 904 Chemins de fer. — Essai d'une théorie des réseaux de chemins de fer, fondée sur l'observation des faits et sur les lois primordiales qui président au grou[)e- ment des populations ; Mémoire de M. L. Lalanne 206 — Description et figure d'un frein pour les chemins de fer; Note et Lettres de M. Dumas, de Bordeaux. 563, 634 et 980 — M. Morin fait remarquer, à l'occasion de cette communication, que de pareilles in- ventions devraient être adressées à M. le Ministre des Travaux publics qui peut ordonner les essais jugés nécessaires pour leur appréciation définitive, ce que ne saurait faire l'Académie 564 Chirurgie. — Théories du cal; Mémoire de M. Jnhert de Lniiiballe 649 et 881 — Bec-de-lièvre double avec division con- génitale de la voûte et du voile du palais : restauration de la voûte pa- latine par autoplnstie périostique, ab- sence de toute régénération osseuse au bout de trois mois; Mémoire de iM. Sé- ddlot 463 — Du succès de l'ouranoplastie avec ou sans ossification périostique; par le méiiir . . 620 — Des procédés d'ouranoplastie applicables aux fentes congénitales de la voûte (lala- tine compliquée de division antérieure de l'arcade dentaire et de projection de l'os incisif ; par le même 727 — Remarques de M. Fhurcns à l'occasion de cette communic;ition 73o — Sur la réduction des hernies étranglées au moyen de la compression élastique de bandes de caoutchouc; Mémoire de M. Maisniuieuve 'ji68 5i3 4^2 Pages. — Sur l'extirpation des tumeurs éburnées de l'orbite; par le même 547 — Sur un cas d'extirpation presque totale de la langue au moyen de la cautérisa- tion en flèches; \aT le même 83i — Sur le cathélérisme du duodénum au moyen de la sonde œsophagienne; Notes àeU.Btanchet 33iet 666 — Sur lecathétérisme obturateurde l'urètre, ses indications, son utilité; Mémoire de M . Rerbard 368 — Sur la méthode galvanocaustique urétrale ; Note de M. Tarignot — Nouvelle méthode pour la réunion des jilaies simples ; Note de M. Tavernier. — Mémoire sur la contention des hernies ré- ductibles ; par M . Dupré 47^ — Sur l'innocuité et sur l'efficacité de la cautérisation des cavités utérines; Note de M. A. Courir 623 — Sur les inconvénients et les dangers des cautérisations intra-utérines profondes; Note de M. Noimt 784 — Considérations pratiques sur les polypes du larvnx : section d'un polype à l'aide d'un simple serre-nœud recourbé; Note de M. Moura-Bourouitlon 693 Chlorures. — Nouvelles observations con- cernant l'action du chlorure de zinc sur l'alcool amyliquc ; Note de M. IVurtz. . . 392 Chronométriques (App.vreils). — Recher- ches sur le mouvement et la compensa- tion des chronomètres; Note do M. Ywn FUlarceau 223 Classifications. — Lettre de M. Rognjshi concernant une précédente communica- tion intitulée : « Principes d'une classi- fication rationnelle des éléments et des composés chimiques » 292 — Sur la méthode expérimentale en général et en particulier sur un mode de distri- bution des espèces zoologiques, dite par OTABLES. — « Quelques faits pour servir à l'étude de l'eau de la pluie « ; Note (le Jï. Robinet 493 et 679 — M. Cabieu demande et obtient l'autori- sation de reprendre un Mémoire sur les eaux de Paris qu'il avait précédemment ])résenté yg 1 Économie rurale. — De la variabilité dans l'espèce du poirier : résultats d'expé- riences faites au Muséum d'Histoire na- turelle de i853 à 1862 inclusivement; Note de M. Decaisne 6 — Remarques de M. Dehaut à l'occasion de la précédente communication 168 — Réponse de M. Decaisne aux remarques de M. Dehaut 169 — Différences dans la composition chimique du foin d'un même pré suivant qu'il a poussé au soleil ou à l'ombre; Note de M. Chci'reul C84 — Changements opérés dans la .composition chimique des feuilles du colza atteintes de certaines maladies dont un des ré- sultats est de diminuer notablement le rendement en huile de la plante; Mé- moire de M. Isid. Pierre SgS — Recherches expérimentales sur le déve- loppement du blé; par te même SSg — Essai fait par cet agronome d'une charrue modihée |)ar M. Pag/ir Sgg — Sur le tallage et sur le rendement du blé dans la récolte de i8G3; Note de M. Isid. Pierre 974 — Sur la culture de la vigne dans les dépar- tements du Haut et du Bas-Rhin et dans la Bavière-Rhénane ; Mémoire de M. Schallenmann 583 — Sur des moyens destinés à prévenir ou à combattre l'oïdium de la vigne ; Notes de M. DrucUe si 3 et 597 — Description et figure d'un appareil destiné à séparer et à recueillir, pour l'usage de l'agriculture, les limons des eaux bour- beuses; communication de M. Gaf;nagc. 097 — M. d'Olincnuri demande que ses diverses communications sur un nouveau sys- tème de culture, devant avoir pour ré- sultat de prévenir les inondations, soient admises comme pièces de concours pour le prix de la fondation Morogues. 696 et 90S Écriture. — Mémoire de M. Hubert sur un système de son invention pour la simpli- lioation des écritures chirographique et typographique 4*^ — Langage abréviatif pour converser avec les sourds-muets ; par le même 332 Électricité. — Action électrique des rayons solaires; Notes de M. i1/;wic/. . loi et 325 — Sur des moyens de diminuer la résistance intérieure des piles voltaïques ; Note de M. VioUct lo3 — Sur l'analogie de l'étincelle d'induction avec toute autre décharge électrique ; Note de M. Seguin 166 — Recherches sur la chaleur chimique et sur la chaleur voltaïque; par M. Raoult... Sog — Sur la méthode de M. W. Thomson pour la mesure de la conductibilité électri- que : application aux métaux fondus; Note de M. L. de la Rire (îyS — Lettre de M. Callaud relative à ses piles sans vases poreux, aujourd'hui adoptées par l'Administration des Télégraphes électriques "44 — Ob.servations électro-atmosphériques et électro-telluriques ; Note de M. Folpi- celti 916 — Recherches sur l'électricité ; par MM. Fer- rait et H. Fwre GgS ÉLECTROPiiysiOLOGiE. — Expériences desti- née» à constater l'éiectricilé du sang chez les animaux vivants; Notes de M. Scoutcttcn iii et 791 ( Pa Errata. — Page 46, ligne 3, au lieu rfe Dal- LE.MAGNE, lisez Dalemagne. Page 1026, ligne 21, mettre la virgule avant le mot aussi. Page 1026, ligne 25, au lieu de 1842, lisez 1847. Page 1029, ligne 9, o« lieu de roulant, lisez coulant. Voir aussi aux pages 296, 407, 5o4, 576 et 800; et à la fin de la Table des auteurs, page 11 41. EspiîCE. — De la variabilité dans l'espèce du poirier : résultats d'expériences faites au Muséum d'Histoire naturelle de i853 à 1862 inclusivement; Note de M. De- cuisiie — Remarques de M. Dehaut concernant cette communication — Réponse de M. Decaisnc aux remarques de M. Dehaut ESSENTIELLES ( HuiLES ). — Suf l'azulèiie, pro- duit volatil obtenu dans la distillation fractionnaire de l'huile de camomille; Note de M. Piesse .' Éthers. — Sur la proportion des éthers con- tenus dans les vins, et sur quelques-uns des changements qui s'y produisent; Note de M. Berthelot 281 et — Sur les éthers de la terpine; Note de M. Oppenlicim — Production de l'éther amylénique; Note de M. yVurtz sur quelques dérivés de l'hydrate d'amylène — Action des alcools sur les éthers compo- sés; Note de MM. Friedel et Crnfts — Sur la production de l'éther mixte éthyl- II07 ) ces. 168 1G9 016 287 199 4/9 '■11 Pages, amylique, et sur l'éthérification; Note de MM. Friedel et Crafls gSti Étoiles filantes. — Résultats des observa- tions faites durant le maximum des g, 10 et u août; Note de M. Coukier- Gravier 403 — Nouvelle communication sur les étoiles filantes ; par le même 829 — Sur les étoiles filantes du milieu du mois d'août 1 863; Lettre de M. /fri.v à M. Paye. .'114 — Note de M. Fnye accompagnant la pré- sentation de cette Lettre 5i5 — Sur les étoiles filantes, leur théorie et l'observation de ces phénomènes; Mé- moire de M. /^cye 53i et 801 — Des étoiles filantes : de leurs relations avec l'atmosphère et les oscillations ba- rométriques; Mémoire de AL Chapelas. 8G4 — Sur les ondes atmosphériques des hautes régions et les rapports qu'elles peuvent avoir avec les étoiles filantes; Note de M. Liandier go8 Expansion. — Réponse de M. Dupré aux re- marques qui le concernent dans une communication de M. Reech sur les pro- priétés calorifiques et expansives des gaz. 108 — Sur les propriétés calorifiques et expan- sives des gaz; Note de M. Reeeh ."ioS Expérimentale (Méthode). — Sur la mé- thode expérimentale en général et en particulier sur un mode de distribution des espèces zoologiques dite pur étages ; Mémoire de M. C/wurcul 409 Fek. — Sur l'élimination du phosphore dans les fontes ; Note de M. Caron 167 — De l'intluence des flux sur la composi- tion des fontes manganésifères; par le même 786 — Sur la perméabilité du fer à haute tem- pérature; Note de MM. H. Sainte-Claire Defille et Jroost gGS — Sur les scories produites dans l'opération du puddlage ; Note de M. Mè/ie 979 Fermentation. — Études sur les modifica- tions du sucre de canne sous l'influence des ferments alcooliques ; Note de M. /o- din 434 — Sur la fermentation acétique et sur la combustion alcoolique ; Mémoire de M. Blomlcau g53 — Note de M. Béchamp concernant ses re- cherches sur la question des fermenta- tions et sur celle des générations dites spontanées o38 — Remarques de M. Flourens à l'occasion de cette dernière partie de la Note de M. Béchamp giSo — Note de M. Pasteur relative à la question de priorilé que soulève la communica- tion da. M. Béchamp sur celle double question cfi- — AL Basset réclame la priorilé pour la démonstration de quelques-uns des faits qu'on oppose à la théorie des généra- tions spontanées ggo — Nouvelles recherches sur les ferments et les fermentations; Mémoire de M. Le- maire 58i et GîfJ Voir aussi aux articles Aeide acé- tique, Alcools, Spontanées ( Généra- tions), etc. Fluides élastiques. — Formules générales de l'écoulement des tluides élastiques, avec ou sans détente; Note de M. Beau de Rochas g i o Forages artésiens. — Lettre de MM. Lau- rent et Drgousée sur des oscillations du sol manifestées par les perturbations observées dans le régime de quelques puits artésiens — M. Élicdc Bcmunont cite à cette occasion ( iio8 ) Pages. 'I i un autre exemple de semblables rapports entre les trépidations du sol et les pro- portions de matières terreuses tenues en suspension par des eaux provenant de forages artésiens Pages- U6 Galv.\nocaustiole (Action). — Sur la mé- thode galvanoraustique urétrale ; Note de M. Tridgnot 5i3 Gaz. — Sur le mouvement moléculaire des gaz ; Note de M. Grahain i8i — Sur la diffusion des gaz à travers certains corps poreux ; Note de M. Mattcucci . . . aSi — Sur les propriétés calorifiques et expan- sives des gaz; Note de M. Rrec/i 5o5 — Remarques concernant l'expérience do Bertholet sur le mélange des gaz: Note de M. Hrinment 991 GÉODÉSIE. — M. Le Terrier, en présentant en son nom et au nom de M. le Directeur du Dépôt de la Guerre un Mémoire con- tenant la discussion des opérations as- tronomiques pour la détermination de la longitude de Berry-Bouy, près Bourges, fait connaître les noms des savants qui ont pris part à ces opérations 181 — Communication de M. Le Verrier con- cernant la mission qu'il avait reçue de l'Académie pour la conservation de la pyramide de Villejuif jSy M. Le Verrier communique une Lettre adressée à M. le Maréchal Vaillant par M. Blondel, Directeur du Dépôt de la Guerre, touchant la conservation des signaux encore existants de la Carie de France 834 GÉoGB.APHiE. — Éclaircissements géographi- ques sur l'Afrique centrale et orientale; Mémoire de M. Trémaux 4G8 GÉOLOGIE. — Tableau des données Numé- riques qui fixent iSg cercles du réseau pentagonal ; Mémoire de M. Elie de Beaumont 121 et 1141 — RapportsurplusieursMémoiresdeM. Pis- sis, relatifs à la structure orographique et à la constitution géologique de l'Amé- rique du Sud, et en particulier des Andes du Cliili ; Rapporteur M. Ch. Sainte- Claire Deville 32 — Rapport verbal sur la publication de la Carte géologique de la Suisse ; Rappor- teur M. Daiibrce 85 — M. /. Bertrand fait hommage à l'Acadé- mie d'un exemplaire de la \T édition des « Lettres sur les révolutions du globe » ; par feu M. J. Bertrand, son père Gi — Remarques de JL Élie de Beaumont à l'occasion do cette présentation Gi — Sur les terrains de transport des environs de Toul ; cavernes à ossements ; Note de M, Husson 32g — Sur l'ophite des Pyrénées considérée comme roche de sédiment métamorphi- que ; Note de M. T'irlet 332 — Sur la constitution géologique des Pyré- nées ; extrait d'une Lettre de M. Nogiiès. 333 — Application du réseau pentagonal à la coordination des sources de pétrole et des dépôts bitumineux ; Note de M. de Chancourtùis 369, 421, 707 et 73i — M. r/vg-rr présente de nouveau, après les avoir complétés d'après le conseil de M. Élio de Beaumont, divers profils de chemins de fer transformés en coupes géologiques 978 — Lettre de M. Duponrhel concernant un Mémoire de géologie générale qu'il avait précédemment présenté io33 GÉOMÉTRIE. — Sur la théorie de la déforma- tion des surfaces gauches ; Note de M. O. Bonnet 8o5 — Sur la courbure des surfaces; Note de M. l'abbé Anust 217 — Sur quelques propriétés des surfaces d'é- tendue minimum ; Note de M. Mathet. 868 — Sur les systèmes de coordonnées corres- pondantes; Note de M. Fontenenu loiG — Sur le calcul des sinus ; Notes de M. Frey- t"S /SIJ et 979 Globulaire ( Forme). — Note de M. Meunier sur la forme globulaire que les liquides et les gaz peuvent prendre sur leur propre surface 401 — M. Cima rappelle à cette occasion ses propres observations sur ce phénomène et celles qu'avait faites antérieurement un autre savant italien 799 Grasses (M.itières). — Sur la formation de la matière grasse dans les olives ; Note de ^L De Luca 5îo ( l'OQ ) H Pages. IlÉTÉROGÉxiE. — Voir l'arficle S/jonta/iccs { Géiiérnlions). HisiToiRE DES SCIENCES. — Sur la méthode expérimentale en général, et en particu- lier sur un mode de distribution des es- pèces zoologiques, dite pnr éltigcs; Mé- moire de M. C/itvrcii/ 409 et 4^7 — Note sur les ouvrages de Desargues; par M. Chax/cs 943 — Lettre de M. de Suint-T'ciiant concernant la vie et les travaux de Du Biiat, ancien Correspondant de l'Académie 4^5 — Sur des turbines décrites et figurées dans des ouvrages du xvi' siècle. — Sur quel- ques anciennes roues hydrauliques, ver- ticales et autres, décrites et figurées par des auteurs des trois derniers sièch^s; NotesdeM. f/c Caligny.. 702, 832 el loîS — Sur un oiseau gigantesque mentionné dans l'Encyclopédie japonaise et qu'on pour- rait supposer être l'Épiornis; Lettre de M. de Piinivey Sol Huile.— Sur la formation de la matière grasse dans les olives; Note de M. De Luai.. . H-io Humus. — Sur la formation de l'humus et du nitre; Mémoire de M. Blondeau 4i4 HvDR.\ULiQUE. ~ Rapport sur un travail de M. Sazin concernant le mouvement de l'eau dans les canaux découverts ; Rap- porteurs MM. Marin el Clapeyron. . . . I 92, 255 et 3o2 — Sur le mouvement des liquides dans des tubes de très-petit diamètre; Note de M. Eni. Mathieu 320 — Expériences sur les trajectoires des mo- lécules à l'intérieur des Ilots et sur les Pages. vitesses des ondes liquides; Note de .M . de Ca/ii(in 945 llvDR.\ULiQUES ( App.\REiLS ). — Sur quclques roues hydrauliques déci'ites et figurées dans les livres du xvi' siècle; Notes de M. t!c Caliony 702, 832 et I025 — NotedeM. Gh<>>v« sur un nouvel appareil hydraulique 4^4 llvDRODY.NAMiQUE. — Forniulc générale de l'écoulement des tluides élastiques, avec ou sans détente; Note de M. Beau de Rochas 910 Hygiène publique. — Sur l'assainissement de l'air par la vaporisation de l'eau ; Note de M. Marin 720 — Influence exercée par l'humidité de l'air sur les résultats des observations ozono- mélriques ; Note de M. Berigny 846 — Uu climat, et en particulier des lieux de Venise; Note de M. Griinaud, deCaux.. 89 — Modificalion apportée au iiarement em- ployé par les tisserands, leur permet- tant de travailler dans un air sec tout en maintenant les (ils humides; Note de M. Mandet 033 — Sur un composé pulvérulent destiné à remplacer la poudre de charbon dont font usage les fondeurs et qui ne doit pas avoir les mômes effets nuisibles pour leur santé; Noie de M. Druelle 21 3 — Sur quelques effets pouvant résulter de l'usage du sucre et des remèdes sucrés; Mémoire de M. Champaudlan 980 — M. P/mo/;? adresse des certificats concer- nant les bons etTels obtenus dans di- \ erses usines de l'emploi de son calori- fuge plastique 9^° I Lncaxdescen'ce. — Notes de M. de ta Pra- mstaye sur cette question : « Les corps portés à l'incandescence sont-ils égale- ment lumineux à la même température »? 637 et 1022 — Sur l'irradiation des corps incandescents; Note de M. Jidm. Bec/juere/ (J8i Infusoires. — Recherches sur les infusoires du sang dans la maladie connue sous le nom de « sang de rate » ; Notes de M. Da- i'aine 220, 35i et 38(1 — Présence des bactéries dans le sang d'a- nimaux atteints d'autres maladies que C. R., i8C3, a™« Semfslre. (T. LVII.) celle dite « sang de rate » ; Note de ^{.Signal '^48 — Infusoires du genre Baclerium trouvés dans le sang humain ; Notes de M. Tigri. G33 et 833 Ininflammables (Tissus).— No te de M. Man- r/c/surlespréparalionsdeslinéesà donner aux mousselines cette propriété. (J33 et 832 Inondations. — Lettre de M. d'Olincauri concernant ses précédentes communica- tions sur un nouveau système de culture annoncé comme devant préserver des inondations ^'P i4S I I 10 ) Instinct et Intelligence des imiinaiu:. — Mémoire de M. Mcrct Institut. — Lettres de M. le Président de rjrutitut concernant la séance annuelle des cinq Académies, fixée au ^endredi i4 août 1 863, et la i" séance trimestrielle A(^ 1864 qui aura lieu le mercredi (i janvier 173 et Pages. 69G 993 Pages. Instruments de physique. — Description d'un sphéromotre électrique ou batlio- réomètre : par M. Giordimo Goy Instruments d'optique. — Description d'un nou\eau spectromètre à vision directe, plus simple et moins dispendieux ; Note de M. T'nlz 69 et i4i J J.\UGEAr.E. — Mélhode chimique pour jauger les fluides, Note de M. Sc/dœsing 1C4 Legs Bréant. — Lettre de M. Durckri' con- cernant une pièce adressée au concours de i858 708 — Lettre de M. rjnibassadeur d'Autriche concernant une pièce adressée à ce con- cours par M. Prister 833 — Sur l'origine astronomique des maladies épidémiques; Mémoire de M. de Mai- zière 872 Legs faits a l'Académie. — Lettre de M. Tliore annonçant le legs fait par son père pour la fondation d'un prix perpé- tuel destiné à encourager les tiavaux dans certaines branches de la botanique et de l'entomologie 634 — Legs fait à l'Académie par M'" Letcllier pour encourager et faciliter la continua- tion des travaux de Savigny sur les in- vertébrés de l'Egypte et de la Syrie. . . . 908 — M. le Ministre de l'Instruction j/ublirjue transmet l'ampliation d'un décret impé- rial autorisant l'Académie à accepler le legs qui lui a éléfait parM. Desmazières. gîS — M. le Secrétaire perpétuel communique des extraits d'un teslament de feu M. Ca- m7«' concernant le legs d'un travail im- portant de Perrier sur le palais du T à Àtantoue 944 Limons des cours d'eau. — Expériences sur ces limons ; Mémoire de M. Herré- Mangon 904 — Appareil destiné à recueillir les matières charriées par les eaux troubles des égouts et certains courants naturels; Note de M. Gngnage 697 Liquides {Mourement, résistance des). — Voir l'article Hydrmilirjue . LiTiioTRiTiE. — Nouveau perfectionnement apporté à la lithotritio par le broiement de la pierre en une seule séance »; Mé- moire de M. Court/ g^) M Machines a vapeur. — Sur des modifica- tions à introduire dans la construction dos fourneaux des machines pour la na- vigation par la vapeur ;NotedeM. £rir- thélemy 697 Magnétisme terrestre. — M. le Secrétaire perpétuel frésenle, au nom de M. Bâche, le modèle en plâtre d'un solide sur lequel deux systèmes de courbes repré- sentent les variations de l'aiguille ai- mantée, telles qu'elles résultent pour les années 1840-1845 des observations faites au collège Girard à l'Iiiladtiphio 6(19 — Communications de M. Kniglit concer- nant la cause des variations de l'aiguille aimantée 917 et 946 Mang.^nèse. — Fontes nianganésifères. 'S'oir à l'article Fer. Mécanique céleste. — Sur la rotation de la Lune et sur la iibration réelle en latitude; Mémoires de M. Simon.. 324 et — Réponse à une objection écrite par M. Bertrand en marge d'une Note de M. Passot intitulée : « Loi de la va- riation de la force centrale dans les mouvements |)lanétaires déduite exacte- ment du principe des aires » ; Lettre de M. Passot Médecine et CiiinuRGlE [Concours pour les pri.r de).— Analyse de travaux ma- nuscrits ou imprimés adressés à ce con- 628 3O9 Pages, cours par les ;uili.nirs dont les noms suivent : — M. l'Fililbergcr (Diverses publications concernant les traitements orthopédi- ques) G44 — M. Bourgogne (Recherches sur l'crysi- Péle) 044 — M. de Pielra Santii (Iniluence du cliniôt du Midi sur les airections chroniques de la poitrine ) GqS .MÉDECINE LÉGALE. — De la responsabilité lé- gale des aliénés; Mémoire de M. Brière de Boismnnt 2G5 — Sur les réactions qui aident à déceler la présence de l'opium ou de la morphine; Note de M. Jliucnt 44o MÉuic,VLE (Constitutio.n). — Des conditions météorologiques de la fièvre puerpérale; Mémoire de M. Espagne 58o MÉL.\NGÉs (r.iQuiDEs). — Siir la distillation des liquides mélangés et sur la pureté de l'alcool amylique ; Note de M. Ser- thclot 4:30 — Sur la distillation des liquides mélangés; Note de M. Mmuncné rj55 — Remarques de M. Bcrthclot à l'occasion de celte Note gS'i — Réponse de M. Mnumené io33 Me.nthol. —Seconde Note de m. Oiiprnhciin sur ce produit 3Co iMÉTÉORiTES. — Sur un essai de reproduc- tion artificielle d'un minéral cosmique, Note de M. Fayc So i MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'état de l'atmosphère pendant la première quinzaine d'août i863, d'après les renseignements recueil- lis à l'Observatoire impérial de Paris; Note de M. Marié-Dm'v 384 — Sur les tempêtes de l'équinoxe; Note de M. Mani-Davy O40 — Note sur la tempête des 2 et 3 décembre i863 ; par le mente 946 — Sur la tempête des 2 et 3 décembre i863; Mémoire de M. le Maréchal Vailhint.. . moi — Sur les ondes atmosphériques des hautes régions; Note de M. Liandier Sy — Sur la grêle tombée à Clermonl-Ferrand le 3 juillet i863 ; Note de M. Leenq. . . yH — Sur les retards de l'ébullition et do la congélation des liquides, et sur la for- 'I ) Pai;es. mation de la grêle et de la neige; Note de l\f. Jr/ur (j2 — Sur les teintes que prennent dans les jours chauds les diverses parties du ciel; Note de M. Zalin'ski 292 — Sur des moyens supposés propres à pré- server nos campagnes de la grêle ; Note de M. Sniwageon 5(j8 — Lettre de M"" Roussel concernant des ob- servations météorologiques qu'elle désire soumettre au jugement de l'Académie. . 455 Voir aussi l'article Médieide (Consti- tution ) . Micrographie. — Recherches sur les cor- puscules tenus en suspension dans l'at- mosphère; Mémoire de M. Stuinielson . . 87 Voir aussi l'article Spontanées ( Gé- nérations). Minéralogie. — Sur les propriétés optiques biréfringentes et sur la forme cristalline de l'amblygonite; Noie de M. Des Cloi- zcnux 3J7 — Sur l'analyse de l'alunite du mont Dore (Puy-de-Dôme); Note de M. Cautier- Liiernzc 3G'2 Minéraux ( Reproduction artificielle des ). — De la reproduction du rutile, de la broo- kite et de leurs variétés : prototluorure de titane ; Note de JI. Haulefeuille . ... 148 — Essai de reproduction artificielle d'un mi- néral cosmique ; Note de M. lùiye 801 Moléculaire (État). — Sur les lumières que peuvent fournir les phénomènes de la végétation pour arriver à la connais- sance de l'état moléculaire de certains composés; Mémoire de M. Ville 4*J-i — Note de M. Gamliit ayant pour litre : « Morphogénie moléculaire, principes mathématiques » h'i ~ Recherches sur les modifications de la co- hésion moléculaire de l'eau ; Note de M. Musculus 583 Moteurs. — Description et figure d'un mo- teur de l'invention de M. Guérineau- Auhry 5(j8 MucÉDiNÉEs. — Études chimiques sur la \é- gétation des mucédinées, particulière- ment de V Ascopliora nigrans ; Note de J[. Raidin ''■■^'^ — Remarques de M. J'ille à l'occasion de cette communication 270 N Navigation. — Considérations sur les navire» cuirassés ; par M. Paris 'jGij — Mémoire sur un nouveau système de na- vigation. — Note sur un gouvernail de proue; communications de M G/iersi. i56 et i4».. 455 ( " Pages. Navigation. — Lettre de M. Mouline concer- nant un appareil, le piston propulseur, qu'il croit pouvoir être avantageusement substitué à l'hélice pour les besoins de la marine marchande 483 — Mémoire de M. TrcinhUiy ayant pour titre : « L'Artillerie rayée de sauve- tage » 5o5 KiTRiFicATioN. — Sur la formation de lim- mus et du nitre ; Mémoire de M. liUm- dcau 4 1 4 Nominations de Membres et de Correspon- dants de l'Académie. — M. Naiulin est nommé Membre de l'Académie, Section XI ) Pages. de Botanique, en remplacement de feu M. Mofjuin Tandon 977 - M. F«i7-6- est nommé Correspondant de la Section de Chimie, en remplacement de ft'U M. Dcsormcs 20G - M. Neiimanii Correspondant de la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. Ostrograilski ijoB - M. Syhcstcr Correspondant de la même Section, en remplacement de feuM.&r/- ncr y45 - M. Lawrence Correspondant de la Section de Médecine et de Chirurgie, en rempla- cement de feu M. B. Brodie 1008 0 Opium. — Sur les réactions qui aident a dé- celer la présence de l'opium ou de la morphine ; Note de M. J'incenl 44° Optique. — Sur les pro|)riétés optiques bi- réfringentes, et sur la forme cristalline de l'amblygonite ; Note de M. Des Cloi- scaux 357 — Sur la théorie de la double réfraction ; Mémoire de M. de Saint-Venant 387 — Recherches sur les propriétés optiques développées dans les corps transparents par l'action du magnétisme; Mémoire de M. 1 erdet 670 — Sur les raies du spectre solaire ultra-vio- let ; Note de M. Mascart 789 — Sur la dispersion de la lumière ; Note de M. Briot 866 Obcine. — Recherches sur ce produit ; par JL De Liiyncs 161 Organogénie et Organoghaphie végétales. — Note de M. Tidasne, accompagnant la présentation du second volume de l'ouvrage qu'il publie, en commun avec son frère, sous le titre de -. Setecta fiingorum carpologia 973 — Note sur les vaisseaux propres, les vais- seaux du latex, etc. ; par M. Lestihou- dois (suite) 17 — Sur les tissus élémentaires des végétaux ; par le même 86 1 — Étude sur l'évolution des bourgeons et sur la force qui préside à la sépariition des divers organes végétaux ; Mémoire de M. Fermond 1 42 et 417 — Conséquences à dédviire des défauts d'exa- stosie, pour la manière d'inlerprétcr la formation de certains organes appendi- culaires ; par le même 688 — Composition organophytogénique des feuilles ; par le même 767 — Anatomie descytinées dans ses rapports avec l'organographie, la tératologie et la physiologie ; Mémoire de M. Chatin. 210 et 771 — Sur la structure anormale des tiges des lianes ; Note de M. Netto 554 Outiiopédie. — Sur le traitement des dif- formités de l'épine dorsale; Note de M. J'errier 872 Oxyde de carbone. — Sur la production de cet oxyde dans une circonstance nou- velle ; Note de M. Calveri 873 — Expériences sur la production de l'oxyde de carbone par l'action de l'oxygène sur le pvrogallate de potasse ; Note de M. Cloéz 875 — Sur l'apparition du gaz oxyde de carbone pendant l'absorption de l'oxygène par certaines substances végétales ; Note lue le 00 novembre i863 par M. Boiissin- ganlt, et Note déposée par lui, sous pli "cacheté, en 18G2 885 et 891 — Remarques de M. Chevretd à l'occasion de cette double communication 893 Ozone. — Expériences sur l'ozone ou l'oxy- gène naissant exhalé par les plantes et répandu dans l'air de la campagne et de la ville ; Note de M. Pney 344 — Sur les relations volumétriques de l'ozone; Note de M. Snret 6o4 — Iniluence exercée par l'humidité de l'air sur les résultats des observations ozo- nomélriques; Note de M. Berigny 846 ~ Observations sur les quantiiés relatives d'ozone des plantes et de l'air atmo- sphérique en i863; Note de ^^ Kos- mann 979 ( i'i3 ) Pages. Pai.n. — Lettre de M. Barrai accompagnant l'envoi de son livre intitulé : « Étude analytique sur le blé, la farine et le pain » 1 57 — Recherches chimiques sur le pain et sur le blé découverts à Ponipéi ; Note de M . De Luca 4; j et 498 Paléontologie. — Sur le crocodile à mâ- choire boursoullée ( Crococlitus j>/ij'io- gnathus) ; Note do M. J'alcncicnncs. . . ■x^\ — Sur un sternum de tortue fossile des collines gypseuses de Sannois et Argen- teuil ; Noie de ^l.f'alciicie/incs 853 — Observations sur \' Elasmutlicriiim ; Note de M. Brandi 49° — Sur une nouvelle espèce de gyrodus (G. Gobi/ii) ; Note de M. Nogi/és 91 3 — Sur un nouveau gisement d'ichthyodoru- lithes propres au grès miocène de Leo- gnan (Gironde); Noie de M. P. Gcrvais. 1007 — Remarques relatives à deux communica- tions récentes concernant la contempo- ranéilé de l'homme et des espèces éteintes de grands Pachydermes; Note de M. Garrignu 5? — Lettre de M. Hu.ssnn accompagnant l'en- voi de nouveaux ossements fossiles. ... 116 — Sur les terrains de transport des environs de Toul : cavernes à ossements ; Note de M. Husxon 829 — Sur la mâchoire humaine de Moulin-Qui- gnon ; Lettre de M. Bmichcr-dcl'cr- thcs à M. Élie de Beaumont 334 — Remarques relatives à cette Lettre, par M. Èlie de Beaumoiit 336 — Sur les gisements d'ossements de grands animaux et de pierres travaillées des environs de Nancy ; Lettre de M. Eiig. Robert à M. Élie de Beaumont 4'^*^ — Sur les terrains superficiels de la Tou- raine et sur les haches en silex ; Lettre de M. l'abbé CItemlier à M. Élie de Beaumont 427 — Sur les amas coquilliers de l'ile de l'É- tang de Diane (Corse); remarques de M. Blauncr sur une communication de M. Aucapitaine 978 — Sur deux fragments de mâchoire humaine trouvés dans la caverne de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) sous une couche de stalagmites, au milieu d'ossements de rennes ; Note de MM. Garrigoii, Martin et Trutat 1009 Papier. — Sur la transformation en papier, Pages carton, pâles plastiques, etc.,dediverses substances végétales presque sans va- leur ; Mémoire de M. Bnrdoux (j4 j Paquets cachetés. — Sur la demande de M. Bdtailhé, deux paquets cachetés, déposés par lui le 20 avril et le G mars i863, sont ouverts dans la séance du 7 septembre, et renferment des Notes de l'auteur concernant ses recherches sur l'infection purulente... 491 — Ouverture dans la séance du 3o novem- bre i8(j3 d'un paquet cacheté déposé, [lar^i. Boiissirigaidt, on septembre i8(J2. Lecture de la Note incluse concernant l'apparition de l'oxyde de carbone pen- dant l'absorption de l'oxygène par cer- taines substances végétales 891 Pabagrèles. — Sur un système de paragrè- les que l'on dit avoir été essayé avec apparence de succès dans le départe- ment de l'Isère ; Note de M. Siuwageon. 5)98 Pathologie. — Sur la question de la pel- lagre dans les asiles d'aliénés; Note de M. Landouzy 82. j — Lettre de M. Bilhd concernant les résul- tats relatifs à la [jcllagre qu'il a consta- tée dans l'asile des aliénés de Sainte- Gemme, près Angers 522 — De la pellagre dans les asiles d'aliénés ; Note de M. Landouzy GG — Remanpies de MM. Ltdtitte et Pcnn sur cette communication 735 — Résultats d'une enquête sur les cas de pellagre consécutive à l'aliénation men- tale, observés dans cinquante-sept asiles d'aliénés ; Mémoire de M. Billod ;82 — Recherches sur les infusoires du sang dans la maladie appelée sang de rate ; Notes de M. Datuiine 220, 35i et 386 — Présence de bactéries dans le sang d'ani- maux atteints d'autres maladies que celle dite de sang de rate; Note de M. Signal 348 — Présence d'infusoircs du genre Baclerium dans le sang humain ; Noies de M. Tigri. 633 et 833 — Sur quelques effets pouvant résulter do l'usage du sucre et des remèdes sucres ; Mémoire de M. Champuuillon 980 — Sur le diabète non sucré; Note de M. Maïunené 989 — Sur les lésions cérébro-spinales consécu- tives au diabète; Note do M. Marelwl de Calvi 633 ( '"4) Pages. 4G 473 473 4'.)' r,So Pathologh;. — Note de M. Dclaunar coii- cernnnt les résultats d'expériences faites sur des chiens enragés et sur des clie- vaux morveux — Sur la nature et le traitement de la rage ; Mémoire de M. Grimaiid, d'Angers... — ff Sur les infections charbonneuse, pu- rulente et rabiquc »; Mémoire de M. Gré- gi)ire — Nouvelles recherches sur l'infection puru- lente ; par M. Batnilhé — Des coriditions météorologiques de la fiè- vre puer|)érale; Mémoire de M. Eqmgne. — M. Velprau^ en présentant au nom de M. JJcbrckh un exemplaire de son Atlasd'ophthalmoscopie, rappelle lespro- grès que divers savants ont fait faire à la pathologie et à la thérapeutique des maladies de l'œil, depuis l'invention de rophlhalmoscope par M. Helmhollz — J99 -- M. Tîmr/- rappelle à cette occasion les re- cherches et l'enseignement de M. Fnllin. 600 — Sur l'ophthalmie produite par le soufrage des vignes ; Note de M. Bouisson 299 — Sur une maladie observée en Sicile chez les jeunes mulets; analyse d'un opus- cule de M. 'le Siinonr 377 — Lettre de M. Olivier concernant son Mé- moire intitulé : « Pathologie morale ».. 962 — Origine astronomique des maladies épi- déraiques; Mémoire de M. de Maizière. 872 Pendule. - Expression générale des condi- tions d'isochronisme du pendule régula- teur à force centrifuge ; Note de M. L. Foucault 738 PÉTROLES. — Recherches sur les pétroles d'Amérique; par MM. Pelouze et Ca- hours (û> — Iniluence des mouvements resiiiratuires sur les mouvements de l'iris ; Mémoire de M. Jigouruuj: 581 — M Rayer transmet et appuie une de- mande faite par M. T/iury, à l'effet d'obtenir que ses expériences, concer- nant la loi de la production des sexes, soient répétées devant des Commissai- res nommés par l'Académie 383 Physiologie comp.\rée. — Sur l'air de la vessie natatoire des poissons; Notes de M. Morcau 37, 816 et 1048 :)Gi 373 Pofjes. — Recherches expérimentales sur les fonc- tions (Je l'encéphale des poissons ; par M. liiiiiilclot g49 — Limite de la résistance vitale au vide et à la dessiccation chez les animaux pseudo- ressuscitants; Note de M. Pourhct 8i3 Phvsiologie végétale. — Sur les fonctions des vaisseaux des plantes; Note de M. Brongniart 5 — Études chimiques sur la végétation des niucédinées, particulièrement de l'./.sro- pliora nigrans; Note do M. Rmilin.. .. 2a8 — Remarques de M. f'i/le à l'occasion do cette Note, et rappel de ses propres travaux 270 — Expiration nocturne et diurne des feuilles: feuilles colorées; Recherches de M. Cr/- rcnn'i/ider îtiG — Observations sur la nature des gaz pro- duits par les plantes submergées, sous l'inlluence de la lumière ; Note do M. Ciof'z 354 — Lettre de M. Boussingault à M. Chevreul concernant la non-émission de gaz azote dans la décomposition de l'acide carbo- nique par les feuilles 412 — jr. Chevreul rappelle à cette occasion les expériences de M. Chez sur le même sujet 4i4 — Sur la décomposition du gaz acide carbo- nique par les feuilles diversement colo- rées; Note de M. Chez^ présentée par M. Chevreul 834 — Expériences sur les feuilles colorées; Note de M. Ciirenaimlcr g 1 j — Sur la formation de la matière grasse dans les olives; Note de M. De Luca. . Sac — Sur le rôle des infusoires dans la germi- nation ; Note de M. Lemaire 562 Physique du globe. — Sur la question des rapports entre les variations météoro- logiques et les perturbations magnéti- ques ; Lettre de M. Broun 342 — Communications de M. Knight concer- nant la cause supposée des variations de l'aiguille aimantée 917 et gJG — Faits pour servir A l'étude de l'eau do la pluie ; Mémoire de M. Robinet 493 — Recherches de micrographie atmosphé- rique ; par M. Samuelson 87 PuYsiQLE GÉ.XKR,VLE. — Sur Ics modifications de la cohésion moléculaire de l'eau ; Mé- moire de M. Musculus 583 — Sur les retards de l'ébullition et de la congélation; Note de M. Jrtur 92 ■ 5 ) Pages. — Sur les forces d'attraction et do cohésion capillaire; Note de M. .S'/vw/c// 5G3 — Nouvelle rédaction d'un Mémoire, pré- sentéle itjjuin, pur'^il. Mureiui-Lciiioine, « Sur le galvanisme, et en général sur les forces qui président à la formation et à la décomposition des corps » 47 Physique .mathématique. — Sur la théorie delà double réfraction; Note de M. Ga- lopin 291 — Sur la théorie de la double réfraction; Mémoire do M. t/e Sriint-T'cnnnl 387 — Sur la dispersion de la lumière ; Mémoire de M. Brint 800 — Sur le mouvement des liquides dans des tubes de très-petit diamètre ; Note de M. E. Mathieu 32o — Sur quelques équations qni dérivent de la théorie mécanique do la chaleur; Note de M. Clausius 339 Voir aussi l'article Chaleur. Plomb. — Considérations sur l'opération mé- tallurgique, connue sous le nom de Pat- tinsonage; Note à^^M. P'tdin 785 Plvie de sable. — M. Daubrée présente, au nom de M. Bertlwlot, consul à Téné- riffe, un échantillon de sable tombé sous forme de pluie aux Canaries 303 Poissons. — Recherches expérimentales sur l'air de la vessie natatoire des Poissons; par M. Moreau 87, 816 et 1048 — Sur les fonctions de l'encéphale des pois- sons ; Note de M. Bautlelot 949 Po.MPÉi. — Pain et blé trouvés dans les fouilles de cette ville : recherches chi- miques sur leur composition ; Notes de M. De Luca 475 et 498 Prix biennal. — M. Brasseur adresse la troisième partie d'un ouvrage qu'il des- tine à concourir pour ce prix 708 Psobospermies. — Sur l'organisation et la nature de ces petits corps; Note de M. Bnlhiani i57 Puddlage.— Sur les scories produites dans l'o- pération du puddlage ; Note de M. Mène. 979 Putréfaction. — M. Lemaire, à l'occasion d'une Note lue par M. Pasteur, rappelle que, dans de précédentes communica- tions, il s'est attaché à faire ressortir le rôle des infusoires dans le phénomène de la putréfaction 57 — Mémoire de M. Lennure « Sur les fer- ments et les fermentations »... 58i et CaS — Expériences sur I altération spontanée des œufs ; Lettre de M. Donné à M. Pas- teur k 44B ( i"6) QciNOLiNE. — Recherches sur ce produit; par M. //. Sclii_lf. Pages. . 83; Sections de l'Académie. — La Section do Botanique présente, comme candidats pour une place vacante dans son sein, par suite du décès AeU.Moqiiin-TtiiKhii: i-M. Naudin; 2°M.Clialin; 3° MM. Ar- tiir Gris et Lestibondois 9*^3 — La Section de Chimie présente comme candidats, pour une place de Cones- pondant vacante par suite du décès de M. Desonuc.s : i" M. Favre ; i" M. Des- saignes; 3° MM. Chancel, Lamy 170 — La Section de Géométrie présente comme candidats pour une place de Corres- pondant vacante par suite du décès de M. Osliognidski : i" M. Neumann ; 2° MM. Clausius, Helmholtz, KirchholT, Plucker , Thomson 880 — La même Section présente comme candi- dats pour la place de Correspondant va- cante par suite du décès de M. Steincr: 1° M. Sylvester; ï" MM. liesse, de Jon- quières, Kronecker, Richelot, Riemann, Rnzenheim, Waerstrass 918 — La Section de Médecine et de Chirurgie |)résenle, comme candidats pour la place de Correspondant vacante, par suite du décès de M. Benj. Brodie : 1° M. La- wrence; a'MM.Rokitansky et Simpson. 991 Soleil. — Action électrique des rayons so- laires.—Faits démontrant cette influence; Notes de M. Musset ici et 3-25 — Sur une nouvelle méthode de mesurer l'action chimique des rayons solaires; Note de M. P/ii/jso/i Goi — Supplément ù un Mémoire de M. Jciinju- (jiict sur les taches solaires 117 — Lettre de !\L Miludincz concernant une précédente communication sur le Soleil et ses rapports avec les autres corps cé- lestes t':9 Soi'DE. — Sur la production de la soude et des sulfates do soude par les sulfures; Note de M. Thibicrgc 597 — Hcrherches théoriques sur la préparation de la soude par le procédé Leblanc; Note de M. Sdieiircr Kcstncr loi 3 SoiRDS-MUETS. — Langage abréviatif pour converser avec les sourds-muets; Mé- moire de M. Hubert 332 — Fréquence de la surdi-mu lité parmi les enfants provenant de mariages entre proches parents. Voir l'article Consan- guines [Àlli<(nrrs). Specthoscopie. — Description d'un nouveau spectromètre, à vision directe, plus simple et moins dispendieux ; Note de M. r«/j Cg, 141 et 298 — Sur les spectres prismatiques des corps célestes; Note du P. Seechi 71 — Remarques sur cette Note ; par M. Jans- sen 2 1 5 — Observations spectroscopiques, faites en Italie, par M. y««.«f/?; Lettre de M. le Ministre de l'Instruction //uldii/uelrans- mettant le Rapport que l'auteur lui a adressé sur ces observations looS — Analyse spectrale do l'étincelle électrique produite dans les liquides et dans les gaz ; Note de M. Daniel 98 — Sur une application de cette analyse à la médecine légale : moyen de constater un empoisonnement par le thallium; Note de M. Lamy 44'^ — Recherches d'analyse spectrale; i)ar M . Tolpicelli .'iy l Spoxt.vnées {Générations dites). — Expé- riences sur l'hélérogénie, exécutées dans l'intérieur des glaciers de la Maladelta (Pyrénées espagnoles); Mémoire de MM. Pouchet, Joly et Musset .')58 — Remarques de M. Pasteur sur la partie de cette Note qui concerne ses propres travaux 724 — Réponse de MM. Jofy et Musset à M. Pasteur 842 — -Vdhésion de M. Pouchrt à cette réponse. 902 — Remarques faites à l'occasion de cette communication par M. Flnurens, par JL Pasteur et par MM. de Quatrefa- ffes, H. Sainte-Claire Dcville, Regnault et Milne Edtvards 845ct 84G — Observations faites sur l'air de la cime du mont Blanc, à 14,800 pieds d'altitude ; Note de M. Pouehet 7(15 — Note de iL Béchamp sur la question des générations dites spontanées 9'>8 — M. Flourens remarque que de nou\ellcs ( >I Pages, preuves sur ce sujet deviennent super- llnes après celles qu'a données M. Pas- ''■'"•••• 960 Lettre de M. Béchnnip à l\f. Flourcns à l'occasion de ces remarques 1018 liéponse de M. Flourcns i o 1 8 ■ Note de M. Pasteur relative à des récla- mations de priorité, soulevées par M. Bé- cliamp au sujet de ses travaux sur les fermentations et les générations dites spontanées nG- Recherches sur l'air atmosphérique et les germes qu'il tient en suspension; Note de M. Samuchon g- Réclamation de M. Basset pour la prio- rité de démonsiration de certains points Concernant les générations dites sponta- ."ées ggO Etudes sur les cellules primordiales et leurs transformations ; par le nwnic. ... 1016 '7) Pages. Statistiqve. — M. Guihin adresse une sta tistique agricole décennale du canton de Bcnfeld (Bas-Rhin) 1017 Sr<,IlE DE C.VNNE et SlCBE DE BETTERAVE. — Rapport sur des conimunicalions de M. AU'aro Reynoso et de M.M. Possoz et Parier, concernant les procédés d'ex- traclion du sucre colonial et indigène; Rapporteur M. Pareil 78 — Sur l'exploitation industrielle des vi- nasses de mélasse de betteraves; Note de iM. Evraril 376 Sucres. — Études sur les modifications du sucre sous l'inlluence des ferments al- ' cooliques; Note do M. Jndi/i 434 — Sur la transformation en sucre de la peau des serpenis ; Note de M. De Luca. . . . I\i-j Sulf.vtes. — Sur la production de la soude et des sulfates de soude par les sulfu- res ; Note de M. Thihirrge 597 Tecu.nologie. — Procédés pour la transfor- mation en papier, carton, pâte plastique, etc., de divers produits végétaux de mince ou de nulle valeur; Note de M. Bardoux 945 Teinture. — Recherches chimiques sur la teinture; par M. ClwiTeul : 13° et li' Mémoires i33et 173 — Sur un coccus àd l'Algérie supposé propre à la teinture; Note de M. Le Mulier. . . 1-0 — Sur des coccus algériens déjà signalés comme propres à fournir une matière tinctoriale ; Lettre de M. Coimlc 376 Te.mpéhatures (Hautes). — Recherches sur la détermination des hautes températures; par M. Edm. Becquerel 68 1 et 855 — M. Ch. Sainte-Ctdirc Dcfille fait remar- quer que son frère, dont le nom a été cité par M. E. Becquerel, pour des ré- sultats non concordants avec les siens, n'est pas présent à la séance SSg — Réponse de M. H. Snintc-Clnirr Dcfillc aux assertions qui, dans le Mémoire de M. Edm. Becquerel, concernent le tra- vail qui lui est commun avec M. Trnnst. 894 — Détermination du point d'ébullition des liquides bouillant à une haute tempéra- ture; Note de MM. H. Sainte -Claire Defille et Tronst 897 — Réponse de M. Edm. Becquerel à M. H. Sainte-Claire Deville goi et 925 — Remarques de JI. H. Sainte-Claire De- fille &w une assertion de M. Edm. Bec- querel g35 C. a , i8G3, 2"" Semest,c. (T. LVII.) — Réplique de M. Edm. Becquerel g36 — Sur la perméabilité du fer à haute tem- pérature ; Note de M.M. H. Sainte-Claire Dci'dlc et Troost 965 Voir aussi l'article Incandescence. TÉRATOLOGIE. — Sur des cas de palmidacty- lisme se produisant dans une même famille pendant plusieurs générations; Note de M. Berii;ny 743 — Sur un monstre parasitaire du genre Epignathe; Note de M. Goubaux 276 — Nouvelles recherches sur la production arlificielle des monstruosités; Note de M. Dareste 445 — Note sur un monstre simple dans la ré- gion moyenne, double supérieurement et inférieurement ; par le même 495 — Sur le mode de production de certaines formes de la monstruosité simple; par le même 549 — Sur l'origine et le mode de formation des monstres doubles à poitrine double ; par le même 685 — Note de M. Chevandier concernant un œuf monstrueux 58 TiiALLiu.M. — Sur les effets toxiques du Ihal- lium ; Noie de M. Lan/y 44^ — Expériences sur l'action physiologique des sels de thallium ; par M. Pnulct 494 Thérapeutique. — Action exercée sur la pu- |iille par l'extrait delà fève du Calabar; Note de M. Giraldès 45 — Lettre de M. Altobelli concernant ses re- •4o ( 1" Pages, cliorclies sur l'aclion do la poudre do salsopareille dans les inflammations éry- Ihémaleuses et phlcgmoneuses 117 TiiÉRArEUïiQUE. — Sur les propriétés physio- logiques et thérapeutiques de l'arnica; Note de M. f'inland 1 56 — Jlémoire de M. Liiton ayant pour titre : « Do la substitution parenchymateuse. Méthode lhéra[)c'Utiquo consistant dans l'injection de substances irritantes dans l'intimité des tissus malades 584 — Action thérapeutique de l'alcoolédeGuaco dans les maladies vénériennes et le pan- sement des plaies; Note de M. Pascal.. C32 — Sur le traitement de l'asthme essentiel par l'électricité statique; Note do M. Pog^io/i 871 — Sur le traitement de la folie ; Note de 51. Buis.m/i 908 Titane [Composés du). — De la reproduc- tion du rutile, de la brookite et de leurs variétés; protofluorure de titane; Note de II. Hnutrfcuille 1 48 ToLUiDES. — Recherches sur les toluides et 8 ) Pnges. leurs homologues; par MM. Riche et Bcrard .' 54 Toxicologie. — Expériences constatant l'ac- tion dangereuse des composés de thal- lium ; Note de M. Lainy 44^ — Expériences sur l'action physiologique des sels de thallium ; Note de M. Paulct... 494 — Transformation de l'arsenic en hydrure solide par l'hydrogène naissant, sous l'influence des composés nitreux : appli- calionsaux besoins de la médecine légale; Note do M. Blondlot. SgG — Sur le principe toxique du redoul ( Coria- ria wyrtifoUa) ; Note de M. J. Rihaii.. 798 Trisection de l'axgle. — Lettre de M. de Notaris annonçant l'intention d'envoyer une Note sur cette question, Note que l'Académie, en vertu d'une décision déjà ancienne, ne pourrait prendre en consi- dération 591 Tr.NGSTiîNE. — Élude sur les tungstates et sur l'équivalent du tungstène; Note do M. Persoz ■ 7li6 VArORisÉE (Eait). — Sur l'assainissement de l'air par la vaporisation de l'eau; Note de M. JMorh/ 7'^o Végétation. — Sur les lumières que peuvent fournir les phénomènes de la végétation relativement à l'état moléculaire des corps ; Mémoire de M. rdle 464 Voir aussi les articles Organogénie et Organographic 7>ègctales , Physiologie végétale. Ventilation. —Note de M. Morin accompa- gnant la présentation d'un exemplaire de ses « Etudes sur la ventilation »... 297 Vers a soie. — Sur une éducation, faite au Jardin d'acclimatation, du ver à soie du chêne, yania-iiiai du Japon; Note de M. Rusz de Lavison 3 1 5 — Sur l'emploi des sulfites pour prévenir la maladie dominante des vers à soie ; ana- lyse d'un Mémoire de M. Polti 879 — Sur l'emploi des feuilles jeunes de mûrier comme moyen de prévenir la maladie des vers à soie et d'obtenir de la graine saine : recherches de M. Rcllotti, ana- lysées par M. Fluurcns 698 — M. Guéri/i-Mc/icfilie rappelle ses pré- cédentes communications sur la cause des maladies de certains végétaux et des vers à soie 9O1 — Lettre de M. Nourrigat sur les avantages que présente l'emploi des feuilles du mûrier du Japon pour la nourriture des vers à soie 962 et 980 Vlns. — Sur la proportion des éthers conte- nus dans les vins, et sur quelques-uns des changements qui s'y produisent ; Note de M. Berihelot 28 1 et 287 — Sur le dosage de la crème de tartre, de l'acide tartrique et de la potasse conte- nus dans les vins; Note de MM. Ber- ihclot et de Flcurieu 3ij4 — Note sur les gaz contenus dans les vins; par les mentes 898 — Sur le bouquet des vins; Note de M.M«k- mcné 48a — Remarques de M. Dtimns à l'occasion de cette dernière communication 482 — Sur les acides du vin ; Note adressée par M. Bccliamp à l'occasion de celle do M. Maumené 496 — Sur la présence de l'acide acétique libre dans le vin ; Note de M. De Liica 620 — Sur l'utilité et les inconvénients des cu- vages prolongés dans la fabrication du vin; — sur la fermentation alcoolique dans cette fabrication; Note de W. Bc- cliamp 674 — Action de l'oxygcuo sur le \\n; Noie de M . Berihelot 793 et 988 ( " Pages. — Eludes sur les vins : de l'influence de l'nxygOne de l'air dans la vinification ; Note de M. Pasteur 936 — Action de l'oxygène sur le vin ; Note de M. Mdiiinnw gSy — Remarques de M. Vcvthclni à l'occasion de cette Note 983 — Réponse de M. Mmwicnc loSa Vision. —Mémoire de M. Serres (d'Uzès) ayant pour litre : « Toxonographie ré- tinienne ou écriture des dislances par le groupement des arcs rétiniens compris entre les axes optiques et les axes se- condaires » 474 — Sur la vision des objets colorés; Mémoire de M. Chevreiil 618, 649, G82 et jiS — Réponse de M. Plaleau aux observations qui le concernent dans les communica- tions de M. Chevreul 1029 ViTn.vux PEINTS. — Note sur les vitraux peints et la vision des objets colorés; par M. Chei'reid 618 et 655 •9 ) Pages. — Appendice à ce Mémoire : observations sur la (lilîusion de la matière 682 — Sur les anciens vitraux peints des églises et sur les précautions à prendre pour les nettoyer ; Lettre (le M. Bontenips. . -^l^i. — Remarques de M. Cherreul à l'occasion do cette communication 74g VoLC.ws. — Sur les pliénomcnes présentés par l'Etna en juillet i863; Lettre de M. Jjmgobnrdo à M. Ch. Sainte-Claire Deviile 157 — Lettre de M. Graviiiti sur l'état actuel de l'Etna, et Lettre do M. Triger 230 Volumes spécifiques. — Note de M. Kopp sur les volumes spécifiques des combi- naisons liquides 283 VoY.VGES scientifiques. — M. f-'ai/la/it, près d'enlreprendre un voyage à la mer Rouge,demande à l'Académie ses instruc- tions pour une exploration do ces ré- gions au point de vue de l'histoire natu- relle 909 'Wasium. — Note ds M. Nic/oïo BAUDELOQUE.— Note sur les aneslhésiques. 9G2 BAUDELOT. — Recherches expérimentales sur les fonctions de l'encéphale des Poissons 949 BAUDIN présente un alcoomètre accompa- gné d'une échelle densimétrique qui ré- sume ses travaux relatifs à cet instru- ment ^ ' ^ — Tableau des densités de l'alcool el de l'é- ther 5iiî BAZIN. — Mémoire concernant le mouve- ment de l'eau dans les canaux décou- verts. (Rapport sur ce Mémoire ; Rap- porteur M. Morin.) 192 et 255 — Rapport sur la partie du Mémoire de M. Bazin, relative aux remous et à la 1I2I ) MM. P; propagation des ondes ; Rapporleiir M. C/fipinro/i BEAU DE ROCHAS. — Formule générale de l'écoulement des fluides élastiques, avec ou sans détente BÉCHAMP. - Sur les acides du vin — Sur l'utilité et les inconvénients des cu- vages prolongés dans la fabrication du vin. — Sur la fermentation alcoolique dans celte fabrication ~ Sur les générations dites spontanées. . . . — Lettre à M. FloiiT-cns à l'occasion de re- marques qu'il avait faites sur cette der- nière communication BECQUEREL fait hommage à l'Académie d'une troisième édition du « Traité d'hy- giène privée et publique » de feu M. -•///. Becquerel, son fils — M. Becr/uerel est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour i863.. BECQUEREL (Edm.). -Sur l'irradiation des corps incandescents — Recherches sur la détermination des hautes températures ( suite ) — Observations sur une Note de MM. H. Suinte-Claire Dcfille et 7>'of«<, relative à l'évaluation des températures élevées. ...... 902 et — Réponse à des remarques de M. H. Sainte- Claire Deville se rapportant à la même discussion — M. Ed. Becquerel est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour 1 863. BÉR.VRD et Riche. — Recherches sur les toluides et leurs homologues BERIGNY. — Sur des cas de palmidactylisme se reproduisant dans une même famille pendant plusieurs générations — Influence exercée par l'humidité de l'air sur les résultats des observations ozo- nométriques BERNARD (Claude) est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le grand prix des Sciences naturelles de i865 — Et de la Commission chargée de proposer un sujet de concours pour le prix Bordin de 1 865 ( Sciences naturelles ) BERTHELOT. — Sur la proportion des éthers contenus dans les vins, et sur quelques- uns des changements qui s'y produisent. 23 1 et — Sur le dosage de la crème de tartre, de l'acide tartrique et de la potasse conte- nus dans les vins. — Sur les gaz con- tenus dans le vin. (En commun avec M. de Fleurieu. ) 394 et âges. 302 910 49'^ G74 958 018 1017 142 681 355 92a 936 1,|2 743 846 903 903 28: 398 Gi ^ 977 522 MM. Pages. — Sur la distillation des liquides mélangés et sur la pureté de l'alcool amylique . . 43o — Réponse à une Note do M. M4 655 77' 23 ) 5 mm. P.iges. la place vacante par suite du décès do M. Mi> i DES CLOIZEAUX. - Sur les propriétés op- tiques biréfringentes, et sur la forme crislalline de l'amblygonite 357 DESPRÉS (Armand). — Son traité de l'éry- sipèle est signalé comme digne d'atten- tion par la Commission chargée de dé- cerner les prix de Médecine et de Chi- rurgie de la fondation Montyon 10.^)8 DESSAIGNES est présenté par la Section de Chimie comme l'un dos candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de 51. Dcsoniws 170 C. R., iS63, ?.'ne Semestre. (T. LVII.) M'\I. Pnjes. DIPPEL (Lèop.). — Le prix Bordin, « Étude des vai.sscaux du lalex », est partagé entre MM. Dippcl et Hnnstein loGG DIRECTEUK GÉNÉRAL DES DOUANES (le^ adresse, pour la Bibliothèque de l'Insti- tut, un exemplaire du « Tableau général du commerce delà France avec ses colo- nies et avec les puissances étrangères pendant l'année 1862 » 697 D'OLINCOURT demande que ses précédentes communications sur un système de cul- ture propre à prévenir les inondations soient admises au nombre des pièces de concours pour le prix Morogues G96 — Additions à ses précédentes communica- tions sur ce système do culture 908 DONNÉ. — Expériences sur l'allération spon- tanée des œufs 448 DRUELLE. — Sur un moyen de combattre l'o'idium de la vigne.— Sur une substance pulvérulente devant remplacer la poudre de charbon dont font usage les fondeurs. 9,i3 — Sur l'emploi du sel pour préserver la vigne des attaques de l'oïdium ^97 DUHOUSSET demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre son Mémoire sur les populationsde la Perse, Mémoire qui n'a pas été l'objet d'un Rapjwrt 117 DUMAS. — Remarques à l'occasion d'une communication de M. Maumrné, sur le bouquet des vins 482 — M. Diiuifis, présente, au nom de M. Dr- hnn\ un ouvrage intitulé : « Cours élé- mentaire de Chimie » 277 — M. Dunma, faisant fonction de Secrétaire perpétuel, présente, au nom de M. ilr Sclilagiiiiivrit, un opuscule sur les tem- pératures moyennes et les lignes iso- thermes de riiule 377 — Au nom de M. le Contre-Amiral Paris, la deuxième partie de l'ouvrage intitulé ; « l'Art naval en 18G2 à l'Exposition uni- verselle de Lon Jres » 4''4 — Et au nom de M. MaitUis, un exemplaire des « Glos.snria lingiiarum Brasitivii- siiiin » 4'''4 — M. Dunitis, faisant fonction de Secrétaire perpétuel, signale, parmi les pièces im- primées delà Correspondance de diverses séances : — Un Mémoire de M. li. Flnclitit sur les chemins de fer; « Questions de tracé et d'exploitalion » ; — un Mémoire de M. Péricr sur l'ethnogénie égyp- tienne; — un Mémoire de M. Fimiiiicr sur la fécondation des Phanérogames; un Mémoire de M. de Siinu/ic sur une i5o ( MM. Pc maladie observée en Sicile chez les mulets dans leur premier âge (Analyse dp ce dernier travail ) — Un travail de M. le D' Polli sur l'emploi des sulfites et liyposulfitespour préxenir la maladie dominante des vers à soie.. , — Deux volumes de M. Zcugncr sur di\ers organes des machines à vapeur et spé- cialement des locomotives — Deux nouveaux volumes des « Mémoires de l'Académie de Nancy, » dont un en- tièrement rempli de documents pour servir à la description scientifique de la Lorraine — La suite des « Recherches sur les affini- tés », de MM. Berllielot et Pénn de Snint-Gillcs ; — un Mémoire de M, Da- restc sur les conditions de la vie et de la mort chez certains monstres produits artificiellement; — un Mémoire de M. Sire sur la forme globulaire des li- quides 1 126 ) ces 377 379 475 475 Si'^ MM. P.nges. DUMAS (de Bordeaux). — Description et figure d'un nouveau système de freins pour les chemins de fer.. 563, 634 et 980 DUl'ONCHEL. — Lettre concernant un Mé- moire de Géologie générale précédem- ment présenté io33 DUPRÉ. — Réponse à des remarques qui le concernent dans une communication de M. Rrcch, sur les propriétés calorifiques et expansives des lluides élastiques. ... io8 — Remarques à l'occasion d'une nouvelle Note de M. Rccdi S89 — Application de la théorie mécanique de la chaleur à la discussion des expériences de M. Kcgmiiili sur la compressibilité des gaz 774 DUPRÉ. — Contention des hernies réduc- tibles : parallèle des trois principaux systèmes 47^ DUYCKER. — Lettre concernant une pièce adressée en i858 au concours pour le prix Bréant 708 E 3l2 85 EDWARDS (Milne). — Sur les précautions à prendre pour rendre concluants les résultats d'une expérience; remarques à l'occasion d'une communication do MM. /n/f et Jlliisset 846 — Rapport sur le voyage de M. Bocourt à Siam — M. Alilne Eihvnrds fait hommage à l'Aca- démie de la première partie du VIIF vo- lume de ses « Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée de l'homme et des animaux » — M. Milne Edwards présente un ouvrage posthume de M. Robineau-Dcsvuidy s,\it l'histoire naturelle des Diptères des en- virons de Paris 601 — M. Milne Edwards est nommé Membre de la Commission chargée de proposer une question pour le grand prix des Sciences naturelles de i8G5 — Et de la Commission chargée de propo- ser un sujet de concours pour le prix Bordin de i865 (Sciences naturelles).. EIIRMANN fait hommage à l'Académie d'un Recueil de plusieurs Mémoires d'anato- mie pathologique et de tératologie qu'il a successivement publiés ÉLIE DE BEAUMOXT. - Tableau des don- nées numériques qui fixent iSg cercles du réseau pentagonal (Voira la fin de celte Table, p. 1141, un errata pour cette communication.) 903 903 ^47 Remarques sur une Lettre de M. Boucher de Pertlie.i relative à la mâchoire hu- maine de Moulin-Quignon 336 Remarques à l'occasion d'une nouvelle édition des Lettres sur les révolutions du globe de feu M. Al. Bertrand, pré- sentée à l'Académie par M. J. Bertrand son fils Ci Remarques à l'occasion d'une communi- cation de SrSL Dei^ottséc et Laurent, sur les oscillations du sol manifestées par des perturbations dans le régime de quel- ques puits artésiens 116 M. Elle de Bcatininnt annonce à l'Acadé- mie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Denis { de Commercy ), l'un de ses Correspondants pour la Sec- tion de Médecine et de Chirurgie G i M. Èlie de Beaumont donne, d'n|)rés sa correspondance privée, communication des pièces suivantes : • Sur l'existence à la Havane des arcs sur- numéraires et sur les arcs-en-cici obser- vés en 1862 ; Lettre de W. Poey 109 Expériences sur l'ozone exhalé par les plantes et répandu dans l'air de la cam- pagne et de la ville; par le même 344 Lettre de M. llussun accompagnant l'en- voi de nouveaux ossements fossiles 116 Sur les gisements d'ossements de grands animaux et de pierres travaillées des en- virons de Nancy ; IjCttre de M. E. Robert. 4^6 MM. Pages. — Sur lus terrains superficiels de la Tou- raine, et sur les haches en sile.\ ; Lettre de M. l'abbé Chevalier 427 — M. Elie de Bcnuinont présente, au nom des auteurs, les ouvrages suivants : — Mémoire sur la détermination des orbites planétaires ; par M. A. de Gaspnris. . . . io5 — Coup d'oeil historique sur la projection des cartes de géographie; par M.f/'.-/i'c- zfic 333 — Plusieurs opuscules de M. Oewalque sur les terrains fossilifères de la Belgique.. . 333 — Divers opuscules de M. Nogitrs sur la constitution géologique des Pyrénées, avec communication de quelques pas- sages de la Lettre d'envoi 333 — Un Mémoire sur la thermographie des mi- nima, des niaxiraa et des moyennes, tirés 27 ) MM. Pages, d'observations faites en 55 stations, dans une période de 137 ans; par M. Zartte- de.schi 4^5 — M. £lie de Benuntont signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un nouveau volume des «Grandes usines de France »; par M. Turban io5 — Une Note sur la théorie mathématique des courbes d'intersection de doux lignes tournant dans le mémo plan autour de deux points fixes; par M. Jdn dcr Mensbriif^ghc 4'^-5 — Un Mémoire sur les tartratesde strontiano et de baryte; par M. -■/. SaialU l^iS ESPAGNE. — Des conditions météorologi- ques de la fièvre puerpérale 58o É'VR.^RD. — Sur l'exploitation industrielle des vinasses de mélasse de betteraves.. 376 F FAVRE est présenté par la Section de Chimie comme l'un des candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Dcsorines 170 — M. Frtirc est élu Correspondant de la Sec- tion de Chimie en remplacement de feu M. Desormes 206 — M. Fmre adresse ses remerciments à r.\cadémie 255 FAVRE et Ferran. — Recherches sur l'élec- tricité 695 PAYE. — Remarques à l'occasion d'une com- munication de M. Heis sur les étoiles filantes du milieu du mois d'août i8G3. 5i5 — Sur les étoiles filantes, leur théorie et l'observation de ces phénomènes 53 1 — Sur un essai de reproduction artificielle d'un minéral cosmique 801 FERMOND. — Études sur l'évolution des bourgeons et sur la force qui préside à la séparation des divers organes végétaux. 142 et 417 — Conséquences à déduiredes défauts d'exas- tosie de certains organes aiipendicu- laires des végétaux 088 — Composition organophytogénique des feuilles 7^7 — M. Fermond prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour une place vacante dans la Section de Botanique 909 FERRAN et Favre. — Recherches sur l'élec- tricité 695 FILllOL. — Recherches sur les matières co- lurautes des feuilles. (En commun avec M. Chatin.) ^g — Recherches sur l'âge de la pierre dans les cavernes de la vallée de Tarascon. (En commun avec M. Garrigmi.) 839 F1ZEAU est nommé Membre de la Commis- sion du prix Bordin pour i8(J3 142 FLEURIEU (de). — Sur le dosage do la crème de tartre, de l'acide tarlrique et de la potasse contenus dans les vins. — Sur les gaz contenus dans le vin. (En commun avec M. ^crt/j(.'/o;.).. 394 et 398 FLOURENS.— Éloge historique de J.-M.-C. Dianéril lu dans la séance publique du 28 décembre 1 100 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de JI. Sédillot sur des procédés d'ouranoplastie 73o — Remarques à l'occasion d'une réponse de M.M. Jolf et Musset à des observations de M. Pasteur 845 — Remarque à l'occasion d'une communi- cation de M. Béchnnip sur les généra- tions dites spontanées 960 — M. Flourens lit des extraits d'une Lettre que lui a adressée W. Béchamp à l'oc- casion des remarques précédentes, et accompagne cette lecture de quelques réfiexions loi» — M. Flourens, en sa qualité de Secrétaire perpétuel, donne communication d'une Lettre concernant le legs fait à l'.\cadé- mie par feu M. Tlmrc pour la fonda- tion d'un prix annuel G34 — M. le Secrétaire perpétuel communique des pièces relatives à un legs fait par M"" Letellier dans le but d'encourager et i5o.. MM. ( I I'2 Pages. goB lie facilitoi- la conlimialion des travaux de Siivigny sur les invertébrés de l'Egypte et de la Syrie — M. le Sfcrétaire pcrijéciicl communique à l'Af-adémie les pièces relatives au legs fait par M. Caristie d'un travail im- portant de feu Pe/ricr sur le palais du T à Manloue 944 — M. le Secrétaire prrpcliicl annonce que le retour de M. Élie de Beaumont se trouve retardé par suite d'un fâcheux événement, M"'= Élie de Beaumont s'est fracturé une jambe G49 — W. /c Sicrétaire pcrprlitcl annonce le décès de M. Mitsriurlirli, l'un des huit Associés étrangers de l'Académie, arrivé le '^8 août dernier O49 — M. le Secrétaire perpétuel [irésente , comme offerts à l'Académie par le Bu- reau des Longitudes, la Connaissance des Temps pour l'année i865, et l'Annuaire pour l'année 1864 981 — M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom des auteurs, les ouvrages suivants : — Mémoire sur le métisme animal dans les espèces humaines ; par M. J,-E. Cornay. — Mémoire sur la rage considérée au point de vue de l'hygiène publique, de la po- lice sanitaire et de la prophylaxie; par M. H. nnuhy — Étude sur le travail de l'homme dans l'air comprimé; par M. FnUy i J6 — Mémoire sur les maladies qui s'observent à Rome, dans leurs rapports avec les di- vers agents météorologiques; par M. F. Ballcy 14/7 — Recherches sur l'aliénation mentale con- sidérée au point de vue étiologique; par M. Bruii-Séchaud 277 — Recherches sur les combinaisons anilo- mélalliques et sur la formation de l'ani- line ; pa-r M. H. Sehiif 564 — Mémoire sur le service médico-chirurgi- cal de la construction du chemin de fer de Lisieux à llonfleur; par M. Lamotte. — Rapport adressé à M. le Gouverneur gé- néral de l'Algérie par M. Mircher, sur sa mission à Ghadamès en octobre et no- vembre 1 862 — Les Mystères de l'Océan; par M. -/. Mani^iii 6G9 — Le modèle en plâtre d'un solide sur lequel deux systèmes de courbes représentent les variations diurnes de l'aiguille aiman- tée pour les années 1840-1845 ; adressé par M. Bâche 669 — L'image photographique d'un métis de ^J 564 565 8 ) MM. Paccs. Bouc cl de Brebis, envoyée par M. Bal- saiw) 669 — Un ouvrage iniilulé : « Physiologie mé- dicale de la circulation du sang, basée sur l'étude graphique des mouvements du cœur et du pouls artériel » ; par !\L Marey 873 — Un ouvrage sur les vignes du raidi de la France ; par M. Mares 878 — Un opuscule de M. Muller sur la théorie de la musique 873 — Une Notice sur feu M. DufréfiI. Le Terrier présente le tome XVIII de la série des Annales 1 3 LODVRIÉ (de). — Sur un système nouveau de navigation aérienne 097 LUNEL. — Nouvelle théorie sur les combus- tions humaines si)ontanées 332 LUTON. — De la substitution parenchyma- teuse, méthode thérapeutique consistant dans l'injection de substances irritantes dans l'intimité des tissus malades 'iSj M SL\C-LEAR, nommé Correspondant de la Section d'Astronomie en remplacement de feu M. Bond, adresse ses remerci- ments à l'Académie 3oi MAISONTS'EUVE. — Mémoire sur la réduction des hernies étranglées au moyen de la compression élasli(iue de bandes .de caoutchouc ^ 2G8 — Mémoire sur l'extirpation des tumeurs éburnées de l'orbite .'147 — Sur un cas d'extirpation de la langue au moyen de la cautérisation en flèches. . . 83 1 MAIZIÈRE (de). — Origine astronomique des maladies épidémiques 872 MALBRANCIIE. — Une mention honorable lui est accordée pour sa « Statisti(|ue pharmaceutique des productions natu- relles et industrielles de la France » (Concours pour le prix de Statistique de i863.) io4a M.XNDET. — Sur les moyens de rendre les mousselines ininllammables. — Sur un parement qui dispense les tisserands de la nécessité de travailler dans un air humide 633 et 83* MARCHAL (dk Caivi). — Sur les lésions cé- rébro-spinales consécutives au diabète. (i33 .MARIÉ -DAVÏ, — Sur l'élal de l'atmosphère pendant la i" quinzaine d'août d'après les renseignements recueillis i\ l'Obser- vatoire impérial de l'aris 384 — Sur les tempêtes de l'écpiinoxe (ijo — Sur la tempête des 2 et 3 décembre 94G — M. Marié -liavy adresse, au nom de ( " MM. riigcs. M. Le renier absent, les Bulletins nrà- téorologiques de l'Observatoire de Paris (lu iG au '21 août i8G3 4^4 MAUMUSE. — Lettre conceinanl un bolide qu'il a observé à Mons, le i3 septembre, à lo'' by du soir :)74 MARQUIER. — Réclamation de iiriorité en- vers M. Motvaii, pour un procédé de pliotolitliographie CgG MARTIN". — Note sur deux fra.nments de mâchoires humaines trouves dans la ca- verne de Bruniquel. (En commun avec MM. Griniifoii el Tnilat.) i ooç) MARTIN DE BRETTES. - Application de la théorie mécanique de la chaleur à l'ar- tillerie 904 M.4SC.\RT. — Sur les raies du spectre solaire ultra-violet 78c) M.\T11ET. — Sur quelques propriétés des sur- faces d'étendue minimum 8G8 M.VTHIEIJ. — Note accompagnant la présen- tation faite, au nom du Bureau des Lon- gitude.'^, d'un exemplaire de la Conmiis- sance des Temps pour l'année i865. .. Sag — M. MfUliieu est nommé Membre de la Com- mission pour la révision des comptes de l'année 1862 3o2 MATHIEU (E.). — Sur les mouvemenis des lii|uides dans les tubes de très-petit dia- mètre 39,0 M.4TTEUCCI. — Sur la diffusion des gaz à travers certains corps poreux aj 1 MAUMENE. — Sur la question de l'acide acé- tique annoncé comme un produit de la fermentation alcoolique SgS — Sur le bouquet des vins 48'>. — Sur la distillation des liquides mélangés. gV'J — Sur le même sujet : réponse à des remar- ques de M. Berthclot 1032 — Action de l'oxygène sur le vin. gjy et io32 — Sur le diabète non sucré gSij .MÈNE. — Dosage de l'acide carbonique de l'air i55 — Sur les scories produites dans l'opération du puddiage g7g MÉRET. —Sur l'instinct et 1 intelligence des animaux, et la limite qui sépare celle intelligence de celle de l'homme. 45.') et CGg MEUNIER. — De la forme globulaire que les li(piiiles et les gaz peuvent prendre sur leur propre surface 4oi MIllALLNEZ demande el obtientl'autorisilion de reprendre un « Mémoire sur le Soleil considéré dans ses rapports avec les autres corps célestes » Gjg C. R., i863, 2»'« Semfil/e. (T. LVII.) 33 ) !MM. Pages. MILLON. — Faits nouveaux concernant les métamorphoses alcooliques '.435 — Sur le dosage et sur l'équivalent du cuivre. (En commun avec M. Cdiimiaitle.). ... 145 et 8io MINISTRE DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE (le) transmet un travail de M. L. Ltivi- ziirri portant pour litre : n Nouveaux phénomènes des corps cristallisés ». ... 45 MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU (::0M- MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS (i.F.) adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, deux nouveaux volumes des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1844, et les six premiers numé- ros du Catalogue des Brevets d'invention pris en 1 8G3 ai4, 5g8, 474- t'fÎQ, 78G et g4G MINISTRE DE LA GUERRE (le) adresse, pour la Bibliothèque de l'Inslilut, un exemplaire du tome IX de la troisième série du « Recueil des Mémoires de Mé- decine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires », avec.\tlas des observations météorologiques faites à Rome de i85o à 18G1...". 4g8 MINISTRE DE LA M.\RINE (le) adresse, l)0ur la Bdîliothèqne de l'Institut, plu- sieurs numéros de la Revue iiuiritiine et ciiloiiiale io5, 333, G34, 78G et g8o — M. le Ministre adresse un volume intitulé : « Réfutation du système des vents de M. Mdiiry, par M. B(>ur<^()is, capitaine de vaisseau » 214 MINISTRE DE L'IXSTRUCTKXN PUBLIQUE (le) transmet amplialion d'un décret impérial qui conhrme la nomination de M. le Contre-.\miral Paris en qualité de Membre de l'Académie, Section de Géo- grai)hie et de Navigation Gi — Et d'un décret impérial autorisant r.\ca- démie à accepter le legs qui lui a été fait par JL Drsmazières 925 — M. le iVi/iistre autorise l'emiiloi propo,sé par l'Académie pour une somme à préle- ver sur les fonds restés disponibles 27G — M. /e Ministre approuve la décision par laquelle l'Académie a Hxé au 28 dé- cembre sa séance annuelle ggS — M. /f Ministre transmet la première livrai- son du tome XI des « Annales de la So- ciété d'émulation du département des Vosges . » 498 — Un opuscule du D' G. Burnicnnn, de Napl'S, sur l'emploi du soufre contre la maladie des raisins. 5 1 3 — Une Note de M. Chariot Plé concernant .5i ( ii34 ) MM. Pages. la découverte d'une substance qui per- mettrait d'olMenir sur papier des images photograpliiqiies reproduisant les cou- leurs naturelles des objets représentés. . 5^4 — M. /(' Ministre (le V Instruction j>iihti5 RAOULT. — Recliorcbes snr la ciialenr chi- mique et la clialpiir vollaïqiie Joi) RAULIN. — Études cliimiques sur la \é;^é!a- lion des Mucodinées. particulièrement de W-Jsrnp/in/ri riigram '228 RAYEll présente et appuie une demande do M. T/mn; à l'ellet d'obtenir qu'une Com- mission prise dans le sein de l'Académio constate les faits exposés dans son Mé- moire sur la loi de la production des sexes 383 — M. /îfljv'' présente un ouvrage de M. Pi- cnrrl sur les accidents occasionnés par les arbres et les courroies do transmis- sion 454 — A l'occasion de la présentation de l'Atlas d'oplithalmoscopie de M. Licbicich, M. Rayer rappelle les recherches de SI. Fdllin sur l'exploration de l'œil, à l'aide de l'oplithalmoscope Goi REECH. — Note sur les propriétés calorifi- ques et expansives dos gaz Sor) — Réponse à des remarques de M. Diij>ii- relatives à la précédente communication. 034 REGNAULT.— Sur les précautionsà prendre dans les expériences pour en rendre les résultats concluants; remarques présen- tées à l'occasion d'une communication de MM. Joly et Musset 84C. — M. rug/iiiii/1 est nommé Membre de la Commission du prix Bordin pour i8(i3 . 142 RENAUD annonce, au nom de l'Administra- tion du Musée de Moscou, l'envoi pro- chain d'un ouvrage intitulé : « Copies photographiquesdcs miniatures des ma- nuscrits grecs de la bibliothèque syno- dale de Moscou » 4^3 — Et au nom de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, l'envoi des n" ■). à 4 du Bulletin de cette Société pour 18G2 454 REYBARD. — Sur le catliétérisme obturateur de l'urètre : ses indications, son utilité MM. Pages, et sa supériorité sur le catliétérisme vé- sical dérivatif 308 REYNOSO (Alv.vro). — Ses procédés pour l'extraction du sucre. (Rapfiort sur ces procédés: Rapporteur M. Pavcn.) 78 RIBAN. — Sur le principe toxique du Coruc- rhi inyiiifiiliii (Redoul ) -g8 RICHE et BÉii.\RD. — Recherches sur lesto- luides et leurs homologues ,')4 lUCHELOT est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant, 918 RIEMANN est présenté par la Section do Géométrie comme l'un des candidats pou ru ne place vacante de Correspondant. 918 ROBERT (Ere.).— Sur les gisements d'osse- ments de grands animaux et de pieires travaillées des environs de Nancy.... 426 ROBIN. — Sur le café, sa culture, ses usa- ges, etc 214 ROBINET. — Mémoire ayant pour titre : « Quelques faits pour servir à l'étude de l'eau de la pluie » 4!)^ — M. Rdbini'l demande cl obtient l'auturi- salion de reprendre ce Mémoire G79 ROGO.ISKI. — Lettre concernant son travail intitulé : « Piincipes d'une chls^ificalion rationnelle des éléments et des compo- sés chimi(|ues » 292 ROKlfANSKY est présenté par la Section de Médecine et de Chirurgie comme l'un des candidats pour une place vacante de Corresp'ondant 991 ROUGET. — Lettre concernant son Mémoire sur la terminaison des nerfs dans les muscles 483 ROUSSEL (M"" V") demande à faire con- naître ses travaux météorologiques.... 4'»5 ROUX. — Recherches sur la composition de l'eau de la mer Morte O02 ROZENHEIM est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats |)iiur une place vacante de Correspondant . 9 1 8 RUEZ DE LA VISON. — Note sur le ver à soie du chêne, lama-Mai, du Japon.. 3iî S SAINT-CRIi:.Q-CASAUX (ue).— Emploi de l'huile dans la fabrication des ciments hydrauliques — Doutes sur la réalité des inconvénients attribués aux alliances consanguines. . . 70O SAINT-MARTIN (de). — Une mention hono- rable lui est accordée pour son « Atlas géographique, statistique et historique de la Moselle ». (Concours pour le prix de Statistique de i803.) 1042 ( I' MM. P^ECS- SAINT- VEXANT (de). — Sur la théorie de la double réfraction ■ 38; — M. (le Saint-Venant demande des rensei- gnements sur Du Buat, ancien Corres- pondant de l'Académie 4 m SAINTE CLAIRE DEVILLE (Ch.).- Rap- port sur plusieurs Mémoires de M. Pi.ssix^ relatifs à la structure orographique et à la constitution géologique de l'Amérique du Sud, et en particulier des Andes du Chili ••• 32 — Remarque à l'occasion d'une communica- tion de M. Bpcfjiicrcl, sur la détermi- nation des hautes températures Sâg SALNTE-CLAIRE DEVILLE (H.). — Remar- ques, faites à l'occasion d'une commu- nication de MM. Jolf et Musset, sur les précautions à prendre dans les expé- riences pour arriver à des résultats con- cluants 846 — Réponse à des remarques de M. Ed. Bcv- qiicrcl concernant la détermination des températures élevées 894 — Détermination du point d'ébullition des liquides bouillant à haute température. (En commun avec M. Troost. ) 897 — Remarques à l'occasion d'une nouvelle communication de M. E/l. Bccriuercl. . g35 — Sur la perméabilité du fer à haute tem- pérature. (En commun avec M. Troost). 965 SAMUELSON. — Recherches de microgra- phie atmosphérique 87 SAUVAGEON. — Note sur un nouveau sys- tème de paragrèles SgS SCHATTENMANN. - Sur la culture de la vigne dans les départements du Haut et Bas-Rhin, et dans la Bavière rhénane.. 583 SCIIEURER-KESTNER. — Recherches théo- riques sur la préparation de la soude par le procédé Leblanc ioi3 SCHIFF (IIuGo). — Recherches sur la quino- lène 837 — Sur les matières colorantes dérivées de la naphtylamine. . . 981 SCllIMKO. — Lettre accompagnant l'envoi de deux ouvrages intitulés, l'un « Consti- tution de l'univers», l'autre « Habitants des iilanètes » 1G9 SCIILCESING. —Nouvelle méthode pour jau- ger les fluides i()4 SCOÛTETTEN. — Expériences constatant l'électricité du sang chez les animaux vivants 225 et 791 SECCIII (le p.)- — Note sur les spectres prismatiques des corps célestes 71 SÉDILLOT. — Bec-de-lièvre double, avec di- vision congénitale de la voûte et du voile du palais. Restauration de la voûte 38 ) MM. Pa^ps. palatine par autoplastie périostique. Ab- sence de toute régénération osseuse au bout de trois mois 4^3 — Du succès de l'ouranoplastie, avec ou sans ossification périostique. (Jao — Des procédés d'ouranoplastie applicables aux fentes congénitales de la voûte pa- latine compliquées de di\ ision antérieure de l'arcade dentaire et de projection de l'os incisif 727 SEGUIN. — Sur l'analogie de l'étincelle d'in- duction avec toute autre décharge élec- trique • ■ ées dans les corps trans- parents par l'action du magnétisme. . . . 'VERRIER. — Sur le traitement des dilTor- mités de la taille VIEILLARD. - Le prix Barbier lui est dé- cerné pour ses travaux sur les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. . . VIGOUROUX. — De l'influence des mouve- ments respiratoires sur ceux de l'iris. . VILLAIN. — Lettre concernant sa Note sur la navigation aérienne VILLARCEAU (Yvg.n). - Recherches sur le mouvement et la compensation des chro- nomètres VILLE. — Remarque, à l'occasion d'un Mé- moire de M. Riitdin. sur la végétation des Mucédinées — Sur les lumières que peuvent fournir les phénomènes de la végétation relative- ment à l'état moléculaire des corps : analyse de la terre végétale par des essais de culture VINCENT. — Sur les réactions qui aident à déceler la présence de l'opium ou de la mor|ihine VIOLAND. — Sur l'arnica et sur ses proprié- tés physiologiques et thérapeutiques... VIOLLET. — Sur des moyens de diminuer la résistance intéiicuredespilesvolta'i'ques. VIRLET. — Surl'ophite des Pyrénées consi- dérée comme roche de sédiment mét;;- morphique VOLPICELLI. — Recherches d'analyse spec- trale — Observations électro-atmosphériques et éleclro-telliiriques VCLPIAN et PiiiLiPF.Aix. — Un prix leur est décerné pour deux travaux relatifs à la phvsiologie du s\stème nerveux qu'ils avaient présenté au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de i863.. 4«4 440 i50 33j! w WAERSTRASS est présenté par la Section de Géométrie comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. 918 WARREN DE LA RUE. -Noie accompagnant la préseniation d'une double épreuve de l'image |)holograplii(pie delà Lune, prise le •/'.* lévrier i863, à 9'' 5'" (194 MILDEBERGER. — Lettre accompagnant l'envoi de plusieurs publications con- cernant les traitements orthopédiques.. C44 WURTZ. — Nouvelles observations concer- nant l'action du chlorure de zinc sur l'alcool am\ lique 392 — Sur quelques dérivés de l'hydrate d'a- uiylene 479 ( l'-^l' ) iMM. YVON VILLÀRCEAU. - Voir ù nilcnrcau. z ZAIJWSKI. — Note, sur les teintes que pren- nent les diverses parties du ciel dans les jours très-ehauds romparées aux Pages. teintes de la luinieie élecljicpie dans l'air raréfié et dans le vide 292 SUPPLEMENT V L'ERHAT.I. Tableau îles données nuntéri